<€/t ■/::^ -A/ f^:^ ? '^-MQ .é' y >;-jjf -^ ,>/■ . f ibrarg xif i\i Puscum OF COMPARATIVE ZOOLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. J^aiinteU O5 pribate suiiscrijjtîon. in 1801. Deposited by ALEX. AGASSIZ. i/ No. éOâj<^ / ^ COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PAB.S - IMOR.VKR.E r.AlTH.ER-V.LLABS ET K.LS, OUA. DES GBANDS-At^GLST.NS, 55. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIÉS, CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE OH DaU 3u i3 éuMet <835, PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CEIVT-VIi\GTIEME. JANVIER - JUIN 1895. PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Graiids-Augustins, 55. 189o 3û3. 1 1895 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAR «lU. liES SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS. TOME CXX. N^ 1 (7 Janvier 1895), PARIS, GAUTHIEU-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, 0"fli des Graiids-Aiiguslins, 55. 1895 RÈGLEMENT RELATIF AIX COMPTES RENDUS. AUOPTli DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1«G2 ET 24 MAI ia75. Lo^ Cony>t,s rendus lubdomailaiies des sceances de | Les Programmes des prix proposés par TAcadémie [ Académie se composent îles exliails des travaux de j sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- scs Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes | ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant présentés par des savantsélrangeis à l'Académie. ! que l'Académie l'aura décidé. Chaque cahier ou nimiéro des Comptes rendus a /|S pages ou G feuilles en moyenne. .>G lunnéros composent un volinne. il V a deux volumes par année. Article \". — Impressions des travaux de l' Académie. LesextraitsdesMéuioires présentés par un ftlembrc ou par un Associé étraugerderAcadcmie comprennent :iu plus G pages j)ar numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur autour a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- l)iique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. I>es Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire an nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nomnii ; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant cju'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le Les Rapports et instructions .lemandés par le Gou- , jg^,^,j ;, ^^ 1^^^,^^-^ j^, ^latin ; faute d'être remis à temps, vernemenl sont imprimés en entier. i ,^. ^j^^.^ gg^,| j^, Mémoire est mséré dans \cCompte rendu Les extraits des Mémoires lusou communiqués par i actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- ies Correspondants de l'Académie comprennent au | vaut, et mis à la fin du cahier. plus !\ pages par numéro. Un Correspuniiant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. ' '' Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les tliscussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les jMeml)res qui y ont pris [)art désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lectme à l'Académie avant de les remettre au Rureau. l/imptession de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivarites, des Notes ou Mé- ioires sur l'objet de leur «liscussiou. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage il part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait ini Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque voltune. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les uoposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant i\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. iq:3j ÉTAT DE L'ACADEillK DES SCIENCES Ail I" .lAWIER 1895. SCIENCES MATHEMATIQUES. Sectiojî I™. — Géométrie. Messieurs: Hermite (Charles) (g. O. ft). Jordan (Marie-Ennemond-Camillc) (o. it). Darboux (Jean-Gaston) (o. *). POINCARÉ (Jules-Henri) (o. *). Picard (Charles-Emile) *. Appell (Paul-Émile)*. Section II. — Mécanique. Resal (Henri-Amé) (o. *). LÉVY (Maurice) (o. *). BOUSSINESQ (Valentin-Joseph)_ ». Deprez (Marcel) (o. *). Sarrau (Jacques-Rose-Ferdinand-Émilc) (o. *). LÉAUTÉ (Henry) *. Sectiox III. — Astronomie. Faye (Hervé-Auguste-Étienne-Albans) (g. O. «). Janssen (Pierre-Jules-César) (c. «). Lœwy (Maurice (o. ■»). Tisserand (François-Félix) (o. *). WOLF (Charles-Joseph-Étienne) *. Callandreau ( Pierre- Jean-Octave). Sectiox IV. — Géographie et Navigation, AbbADIE (Antoine-Thompson d') *. Bouquet de la Grye (Jean-Jacques-Anatole) (c. *). Grandidier (Alfred) *. BUSSY (Marie-Anne-Louis de) (g. g. *). Bassot (Jean-Léon-Antonin) (o. *). GuYOU (Emile) (o. *). ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. Section Y. - Physique générale. Messieurs : • \ / \ FlZEAU (Armand-Hippolj-te-Louis) (O. «). Cornu ( Marie- Alfred) (o. *). Mascart (Éleuthère-Élie-Nicolas) (c. *). LiPPMANN (Gabriel) (o. *). Becquerel (Antoine-Henri) ft. Potier (Alfred) (o. *). SCIENCES PHYSIQUES. Section- YI. — Chimie. Friedel (Charles) (o. *;). Troost (Louis-Joseph) (o. *). Schûtzenberger (Paul) (o. ft). Gautier (Émile-Justin- Armand) ft. MOISSAN (Henri) ft. Grimaux (Louis-Edouard) «. Section VII. — Minéralogie. Daubrée (Gabriel-Auguste) (G. O. *). Pasteur (I^ouis) (g. c. «). Des CloizeAUX (Alfred-Louis-Olivier Legrand) g. #. FOUQUÉ (Ferdinand-André) *. Gaudry (Jean-Albert) (o. ft). N Section YIII. — Botanique. Naudin (Charles-Victor) ft. TrÉCUL (Auguste-Adolphe-Lucien). Chatin (Gaspard-Adolphe) (o. ft). Van Tiegiiem (Phdippe-Édouard-Léon) *. Bornet (Jean-Baptiste-Edouard) «. N. . ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section IX. — Économie rurale. Messieurs : SCHLŒSING (Jean-Jacques-Théophile) (c. *). Reiset (Jules) (o. *). Chauveau (Jean-Baptiste-Auguste) {o. -k). Dehérain (Pierre-Paul) (o. *). DUCLAUX (Picrre-Émile) (o. «). Girard (Aimé) (o. »). Sectio.v X. — Analomie et Zoologie. Blanchard (Charles-Emile) (o. ;?;). Lacaze-Duthiers (Félix-Joseph-Henri de) (c. «). Edwards (Alphonse Milne-) (o. s). Sappey (Philibert-Constant) (c. «). Ranvier (Louis-Antoine) *. Perrier (Jean-Octave-Edmond) «. Section XI. — Médecine et Chirurgie. Marey (Étienne-Jules) (o *). Bouchard (Charles- Jacques) (o. *). Verneuil (Aristide-Auguste-Stanislas) (c ;*). GUYON (Jean-Casimir-Félix) (o. ^). Potain (Pierre-Carl-Édouard) (o. ^). Arsonval (Arsène d') ft. SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Bertrand (Joseph-Louis-François) (c. *), pour les Sciences ma- thématiques. Berthelot (Marcelin-Pierre-Eugène) (g. o. *), pour les Sciences physiques. SECRÉTAIRE PERPÉTUEL HONORAIRE. Pasteur (Louis) (g. c. «). ÉTAT DE L'ACADÉMII- DES SCIENCES. ACADÉMICIEIVS LIBRES. Messieurs : Larrey (le Baron Félix-Hippolyte) (g. O. *). Damour (Augustin-Alexis) (o. *). FREYCINET (Charles-Louis de SAULSES DE) (o. *). Hatonde la GoupillièrE (Julien-Napoléon) (o. ft). JONQUIÈRES (Vice-Amiral Jean-Philippe-Ernest DE Fauque DE) (g. o. ^). Cailleïet (Louis-Paul) (o, »). BlSCHOFFSHEiM (Raphaël-Louis) «. Brouardel (Paul-Camille-Hippolyte) (c. ft). Laussedat (Aimé) (c. *). N ASSOCIÉS ÉTRANGERS. Kelvin (Sir William Thomson, lord) à Glasgow (c. *). Bunsen (Robert-Wilhelm-Eberhard) (o. *), à Heidelberg. Lister (Sir John), à Londres. NordenskiôLD (Nils-Adolf-Érik, baron) (c. ft). N N N N CORRESPOIVDANTS. Nota. — Le rcglemenl du 6 juin i8ûS donne à chaque Section le nombre de Correspondants suivant. SCIEiVCES MATHÉMATIQUES. Section T^. — Géométrie (6). Neumann (Franz-Ernst), à Rœnigsberg. Sylvester (James-Joseph) (o. ft), à Oxford. Weierstrass (Charles) », à Berlin. Brioschi (François), à Milan. Salmon (George), à Dublin. SOPUUS Lie, à Leipzig. ETAT DE l'académie DES SCIENCES. q Sectio.v II. — Mécanique (6). Messieurs : Beltrami (Eugène), à Rome. SiRE (Georges-Etienne), à Besançon. Considère (Armand-Gabriel), *, à Quimper. Amsler (Jacob), à Schaffhoiise. Vallier (Frérléric-Marie-Emmanael),=*, à Lorient. RiGGENBACH (Nicolas), *, à Olten (Suisse). Section III. — Astronomie (i6). HiND (John-Russell), à Londres. Cayley (Arthur), à Cambridge. Struve (Otlo-Wilhelm) (c. *), à Pulkowa. LOCKYER (Joseph-Norman), à Londres. HUGGINS (William), à Londres. Newcomb (Simon), à Washington. Stephan (Ïean-Marie-Édouard), *, à Marseille. Hall (Asaph), à Washington. GYLDÉN(;Jean-Auguste-Hugo) «, à Stockholm. SCHIAPARELLI (Jean-Virginiiis), à Milan. GOULD (Benjamin-Apthorp), à Cambridge (États-Unis),. Langley (Samuel), à Washington. AUWERS (Arthur), à Berlin. Rayet (Georges- Antoine-Pons) ^, à Bordeaux. Perrotin (Henri-Joseph-Anastase) «, à Nice. N Section IV. — Géographie et Navigation (8). RICHARDS (le Vice-Amiral George-Henry), à Londres. David (Abbé Armand), missionnaire en Chine. Teffé (le baron de), à Rio-de-Janeiro. Serpa Pinto (Alexandre-Albert DA Rocha de), *, à ]>isbonne. Grimaldi (Albert-Honoré-Charles) (g. c. *), prince souverain de Monaco, à Monaco. MANEN(Eugène-Hippolyte-Léopold-Marie)(o. *), à Fleury (Seine- et-Oise), et à Paris. TiLLO (Alexis de), à Saint-Pétersbourg. N r . c. p.., iSu.î, I" Semestre. (T i:\.\. N" 1.) 2 lo '»• ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. Section V. - Physique générale (9) Messieurs : , ^ , ^ i • i Stokes (George-Gabriel), a Cambridge. Crova (André-Prosper-Paul) ^, à MontpeUier. Rayleigh (John-William, Baron), àEssex. Amagat (Émile-Hilaire), à Lyon. Raoult (François-Marie) S, à Grenoble. ROWLAND (Henry-Augustin), «, à Baltimore. WlEDEMANN (Gustave-Henri) (o. *), à Leipzig BiCHAT (Ernest-Adolphe), à Nancy. Blondlot (René-Prosper), à Nancy. SCIENCES PHYSIQUES. Section YI. - Chimie (9). Frankland (Edward) à Londres. WILLIAMSON (Alexander-Williams), à Londres. LECOQ DE Boisbaudran (Paul-Émile dit François) *, à Cognac. Reboul (Pierre-Edmond) *, à Marseille. Baeyer (Adolf de), à Munich. Haller (Albin) *, à Nancy. Kekulé (Friedrich-August), à Bonn. ROSCOÉ(SirHenry-Enfield) (o. *), à Londres. CaînnizARO (Stanislas), à Rome. Section YII. — Minéralogie (8). Hall (James), à Albany. Prestwich (Joseph), àShorehand, near Sevenaoks, Kent. Gosselet (Jules-Auguste-Alexandre) *, à Lille. SUESS (Edouard), à Vienne. Pomel (Nicolas-Auguste) *, à Alger. Geikie (Archibald), à Londres. RiCHTUOFEN, à Berlin. N ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. u Section VIII. — Botanique (lo). Messieurs : HOOKER (Sir Jos. Dalton), à Kew, près Londres. Saporta (Louis-Charles-Joseph-Gaston, Marquis de) *, à Aix. Clos (Dominique) *, à Toulouse. ■ SiRODOT (Simon) *, à Rennes. Grand'Eury (François-Cyrille) «, à Saint-Etienne. Agardh (Jacob-Georg), à Lund. Millardet (Alexis) *, à Bordeaux. Masters (Maxwel-Tylden), à Londres. Treub (Melchior) », à Buitenzorg, près Batavia (Java). N Section IX. — Économie rurale (lo). Mares Henri-Pierre-Louis) ^, à Montpellier. Lawes (John-Bennet), à Rothamsted, Saint-Albans station (Her- fortshire). Demontzey (Gabriel-Louis-Prosper) (o. «), à Aix. Gilbert (Joseph-Henry), à Rothamsted, Saint-Albans station (Her- fortshire). Lechartier (Georges-Vital), à Rennes. Menabrea (le comte Louis-Frédéric) (c. *), à Rome. Houzeau (Auguste) *, à Rouen. Arloing (Saturnin) *, à Lyon. Hellriegel, à Bernburg (Anhail) (Allemagne). Pagnoul (Aimé), à Arras. Section X. — Anatomie et Zoologie (lo). Lov N (Svenon-Louis), à Stockholm. Steenstrup (Johannes-Japetus-Smilh), à Copenhague. Dana (James-Dwight), à New-Haven (Connecticut). Huxley (Thomas-Henry), à Hodeslea, Kastbourne (England). VOGT (Cari) !ft, à Genève. Agassiz (Alexandre), à Cambridge (États-Unis). Fabre (Jean-Henri) ^, à Sérignan (Vaucluse). MARION (Antoine-Fortuné *, à MarseUle. N N ,2 ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. Section" XI. — Médecine cl Chirurgie (8). Messieurs ; ViRCHOW (Rudolph), à Berlin. Ollier (Louis-Xavier-Édouard-Léopold) (o. *), à Lyon, Tholozan (Joseph-Désiré) (o. -k), à Téhéran. Paget (Sir James), à Londres. LÉPINE (Jacques-Raphaël) *, à Lyon. LUDWIG (Cari ), à Leipzig. N N COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 7 JANVIER 1893, PRÉSIDENCE UE M. MAKEV. RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice-Président, qui doit être pris, cette année, dans l'une des Sections de Sciences mathématiques. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44, M. A. (Jornu obtient l^i suffrages. M. Tisserand » i » Il y a un bulletin blanc. M. A. Cornu, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé Vice-Président pour l'année 1895. ( >4 ) L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de ses Membres, qui devront faire partie de la Commission centrale admi- nistrative pendant l'année iSgS. MM. FizEAD et Daubrée réunissent la majorité des suffrages. M. Maurice Lcewy, Président sortant, fait connaître à l'Académie l'état oïl se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie, et les chan- gements survenus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de l'année i^94- État de l'impression des Recueils de l'académie cm i^' janvier i 893. Volumes publiés. Comptes rendus des séances de l' Académie. — Le Tome CXVI (i*^'' semestre i8g3) et le Tome CXVII (2* semestre iSgS) ont paru avec leurs Tables. Les numéros de l'année i8g4 ont été mis en distribution avec la régula- rité ordinaire. Mémoires présentés. — Un Mémoire de M. Désiré André, intitulé : « Mé- moire sur le triangle des séquences » (Savants étrangers, t. XXXII, n° 1). Clia/igements survenus parmi les Membres depuis le \" janvier 1894. Membres décédés. Section de Chimie : M. Fremy, décédé le 2 février. Section de Minéralogie : M. SIallard, décédé le 6 juillet. Section de Botanique : M. Ducuartre, décédé le 5 novembre. Section de Médecine et Chirurgie : M. Iîrown-Séquard, décédé le i*^'' avril. Académiciens libres : M. Pavé, décédé le i4 mars 1894 ; M. de Lesseps, le 7 décembre. Membres élus. Section de Géographie et Navigation : M. Guvou, le i5 janvier, en rem- placement de M. l'amiral Paris, décédé. ( -5) Section de Chimie : M. Grimaux, le 16 avril, en remplacement de M. Fremy, décédé. Section d' Economie rurale : M. Aimé Gikard, le 12 février, en rempla- cement de M. Chambrelent, décédé. Section de Médecine et Chirurgie : M. d'Arsoxval, le 4 juin, en remplace- ment de M. Brown-Séquard, décédé. Membres à remplacer. Section de Minéralogie : M. 3Iai.lard, décédé le 6 juillet. Section de Botanique : M. Duchartre, décédé le 5 novembre. Académicien libre : M. de Lf.sseps, décédé le 7 décembre. Changements survenus parmi les Associés étrangers depuis le i"'' janvier 1894. Membres décédés. M. Van Bexedex, décédé en janvier. M. Helmholtz, décédé le 8 septembre. M. TcHÉBicHEF, décédé le 8 décembre. Membres à remplacer. M. KuMMER, décédé le i4 mai 1893. M. Vax Bexedex, en janvier. M. Helmholtz, le 8 septembre. M. TcHEBiciiEF, le 8 décembre. Changements survenus parmi les Correspondants depuis le \" janvier 1894. Correspondants décédés. Section de Chimie : M. de Marigxac, à Genève, décédé le i5 avril. Section de Minéralogie : M. Scacchi, à Naples, décédé en janvier. Section de Botanique : M. Prixgsueim, à Berlin, décédé le 6 octobre. ( '6) Section d'Analomie et de Zoologie : M. Cotteac, à Auxerre, décédé le lo août. Section de Médecine et de Chirurgie : M. Hannover, à Copenhague, décède le 7 juillet; M. Hollet, à Lyon, décédé le 2 août. Correspondants élus. Section de Physique générale : M. Blondlot, à Nancy, le 1 5 mai, en rem- placement de M. Helmholtz, précédemment élu Associé étranger. Section de Chimie : M. Canxizaro, à Rome, le 1 1 juin, en remplacement de M. de Marignac, décédé. Section de Minéralogie : M. de Ricuthofe.v, îi Berlin, le 3i décembre, en remplacement de M. Koltscharow, décédé. Section d'Économie rurale : M. I'agxoul, à Arras, le 22 janvier, en rem- placement de M. de Gasparin, décédé. Correspondants à remplacer. Section d' Astronomie : M. Wolf, à Zurich, décédé le 6 décembre iSg!?. Section de Géographie et Navigation : M. le baron de IVoude\skiold, à Stockholm, élu Associé étranger, le 12 juin iSgS. Section de Minéralogie : M. Scacchi, à Naples, décédé en janvier. Section de Botanique : M. PRiSGSHEiiM, à Berlin, décédé le 6 octobre. Section d'Anatomie et Zoologie : M. Cotteau, à Auxerre, décédé le 10 août. Section de Médecine et Chirurgie : M. Ïïannover, à Copenhague, décédé le 7 juillet; M. Rollet, à Lyon, décédé le 2 août. ( 17 ) MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Préparation, au four électrique, de graphites foisonnants. Note de M. Henri Moissaiv. « Nous avons indiqué, dans un précédent Mémoire ('), une méthode de préparation du graphite foisonnant, en dissolvant le charbon dans du platine à la température d'ébullition de ce métal (-). » Dans l'ensemble de nos recherches sur les différentes variétés de gra- phites, nous avons obtenu ce résultat assez curieux, que tous les graphites obtenus par l'action seule d'une température très élevée, sur une variété quelconque de carbone (diamant, noir de fumée) ou par condensation de la vapeur de carbone, ne présentaient pas trace de foisonnement sous l'action de l'acide nitrique concentré. Au contraire, tous les graphites pré- parés à haute température par solubilité du carbone dans un métal quel- conque en fusion étaient foisonnants. » Le zirconium, le vanadium, le molybdène, le tungstène, l'uranium, le chrome fournissent des graphites foisonnants. Il en est de même de l'aluminium, qui ne se sature de carbone qu'à haute température. Et le phénomène du foisonnement sous l'action de l'acide azotique ne provient pas seulement de l'action du métal sur le carbone, mais surtout de la tem- pérature à laquelle le graphite est produit. » En effet, une fonte grise de Saint-Chamond nous a donné, après at- taque par le chlore et destruction du carbone amorphe par l'acide azo- tique, un graphite qui ne se gonflait nullement en présence de l'acide azotique par une légère élévation de température. La même fonte, chauffée fortement au four électrique sous l'action d'un arc de 2000 ampères et 5o volts, a fourni par refroidissement un graphite très foisonnant ('). (') Comptes rendus, t. CXIX, p. 608. C) Ce graphite foisonnant n'avait pu être préparé jusqu'ici. (') Dans l'étude que nous avons faite de la terre à diamants des puits du Cap, nous avons indiqué que cette brèche serpentineuse renfermait en plus grande quan- tité que le diamant un graphite cristallisé foisonnant. Les cendres de ce graphite étaient très ferrugineuses. C. R., i8g5, I" Semestre. (T. CXX, N° 1.) 3 ( ,8 ) » J" r:M)n 'll'M-.'ii que ce foisonnement se produit sous l'action de l'acide azotique monoliydraté. On peut même sécher le graphite imbibé d'acide à l'étuve à 120° pendant toute une journée, et, aussitôt que la tempéra- ture s'élève, la masse se gonfle abondamment par la calcination. » Pour toutes ces variétés de graphite produites sous l'action d'une chaleur intense, la température de foisonnement n'est pas très élevée. Elle oscille entre i65° et 170°. On voit donc qu'il est inutile de porter ce gra- phite jusqu'au rouge sombre. » Nous avons enfermé dans un tube de verre une petite quantité de ce graphite foisonnant, jiréalablement additionné d'acide azotique, puis séché à l'étuve. Après avoir fait le vide dans le tube, on l'a fermé à la lampe. Le foisonnement se produit dans le vide à la température indiquée précédem- ment, et il se dégage un mélange gazeux contenant de l'acide carbonique, de l'azote et des vapeurs rutilantes, tandis que quelques gouttelettes d'acide azotique viennent se condenser sur les parois du tube. )) Ainsi que nous l'avons fait remarquer précédemment, ce foisonne- ment peut donc être attribué au dégagement brusque d'un certain volume de gaz dilaté par la chaleur. » Ces expériences établissent donc que les graphites foisonnants pré- parés dans les laboratoires peuvent être aussi nombreux que ceux qu'on rencontre dans la nature; elles permettront sans doute d'expliquer la formation des graphites naturels foisonnants dont certains fournissent, comme on le sait, des cendres le plus souvent très riches en oxyde de fer. Ces graphites paraîtraient donc avoir été produits à une température assez élevée, sans grande pression, au sein de masses de fer qui semble- raient avoir disparu ensuite sous l'action de corps gazeux tels que l'acide clilorhydrique ('). » Le graphite est un corps qui résiste à la plupart des agents chimiques. Au rouge sombre, la vapeur d'eau et l'air n'ont aucune action sur lui. 11 s'est donc trouvé séparé de sa gangue métallique, et il a Formé des amas plus ou moins grands ou il a été disséminé dgins les roches. >; De toutes ces expériences nous pouvons conclure, au point de vue chimique, qu'une élévation de température assez grande amène une variété quelconque de carbone à la forme de graphite foisonnant ou non foisonnant. (') Cette formation d'un chlorure de fer facilement volatil pourrait être la cause de la dissémination du fer pendant les premières périodes géologiques. ( '9 ) )) Certains composés, en particulier les corps iodés, peuvent déterminer cette transformation a plus basse température, comme M. Berthelot l'a démontré. Mais ce sont là des réactions comparables à celles de l'iode sur le phosphore ordinaire, qui permettent à une polymérisation de se pro- duire un peu plus tôt sans modifier le sens général du phénomène. n Le graphite est la variété de carbone stable à haute température ; toutes nos recherches le démontrent surabondamment. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Des nerfs vasomoleurs des veines. Note de M. L. Ranvieu. « Claude Bernard a établi c{ue la circulation du sang dans les vaisseaux est sous la dépendance de nerfs auxquels il a donné le nom de vaso- moteurs. )) L'expérience classique pour démontrer l'existence des nerfs vaso-mo- teurs consiste à couper, chez un lapin, le filet sympathique cervical. Un instant après la section du nerf, l'oreille se congestionne. Tons les vais- seaux, artères, veines et capillaires, y sont dilatés par le sang. On ne sait encore si la dilatation des veines est, comme celle des artères, la consé- quence de la paralysie de leur tunique musculaire, ou si elle n'est pas simplement le résultat de l'augmentation de la tension sanguine. En effet, les veines ayant une paroi mince et extensible, si le sang y arrive des artères en plus grande abondance et sous une pression plus grande que d'habitude, on conçoit qu'elles puissent se laisser distendre sans qu'il y ait paralysie de leurs éléments contractiles. » La question des nerfs vaso-moteurs des veines reste donc entière après l'expérience de Claude Bernard. Cette question a cependant une grande importance pour la Physiologie et la Pathologie. J"ai fait remarquer moi- même, il y a près de trente ans, que les effets des vaso-moteurs doivent êlre tout autres suivant que leur action porte sur les artères ou sur les veines. Supposons que, sous leur inQuence, les artères se contractent, il y aura un apport moins considérable de sang dans les capillaires et, par suite, de l'anémie. Si, au contraire, l'action des vaso-constricteurs se fait sentir sur les veines seules, il se produira de la congestion avec stase. M II paraissait fort difficile, au premier abord, de montrer expérimenta- lement que les veines sont soumises aux vaso-moteurs. Je l'ai longtemps cherché. J'y suis arrivé seulement dans ces derniers temps, el cela par un ( 20 ) procédé fort simple, tellement simple que, pour le mettre en pratique, il n'est pas du tout nécessaire d'être physiologiste. )) Je suis oblige de rappeler d'abord une Note antérieure dans laquelle j'ai montré que, chez le Lapin, on peut produire les effets de la vaso-dila- tation arlérielle en pressant transversalement avec l'ongle l'artère auricu- laire contre le cartilage de l'oreille. L'artère se dilate au-dessus du point comprimé tandis qu'au-dessous elle conserve son calibre habituel. Ce n'est pas la compression de l'artère elle-même qui amène ce résultat. Il doit être attribué à la paralysie des nombreux faisceaux nerveux qui sont dans son voisinage immédiat et qui ont été atteints par l'action mécanique. L'artère résiste, mais les nerfs plus fragiles sont coupés. » Voici maintenant les expériences nouvelles que je veux communiquer aujourd'hui : » 1° Si, après avoir déterminé la dilatation de l'artère auriculaire- par le procédé que je viens d'indiquer, on comprime de la même façon, tou- jours avec l'ongle, la veine marginale externe, celle-ci se dilate au-dessus du point comprimé; 2" La compression de la veine marginale suffit à amener sa dilatation, sans qu'il soit nécessaire d'avoir au préalable paralysé l'artère médiane. » La dilatation des veines au delà de la région comprimée est liée à la destruction mécanique des fdets nerveux qui les accompagnent et qui président à l'innervation de leurs éléments musculaires. Il y a donc des vaso-moteurs veineux comme il y en a d'artériels. Je pourrais relater en- core plusieurs expériences que j'ai faites pour établir l'exactitude de cette manière de voir. Je ne les donne pas ici parce qu'elles concourent simple- ment à la confirmer. « VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Sur les premières campagnes scieutifiques de la « Princesse-Alice ». iS[ote du Prince Albert 1*' de Monaco. « Le fonctionnement du matériel scientifique, installé sur la Pn«ceMe- /4//ce, est aujourd'hui complet, et une véritable campagne zoologique et océanographique vient d'avoir lieu. Mais les essais de 1892 et de 1893 n'avaient pas été infructueux et leurs résultats sont compris dans la pré- sente Note, )) Océanographie. — Au cours de ces trois années, 58 sondages ont été opérés dans le bassin occidental de la Méditerranée, le détroit de Gibi-altar ( 21 ) et le golfe de Gascogne, au large des côtes occidentales du Maroc , du Por- tugal et de l'Espagne, jusqu'à la profondeur de 4898"; 46 échantillons d'eau ont été prélevés dans ces mêmes régions, excepté dans le golfe de Gascogne, jusqu'à la profondeur de 3290™. Chacune de ces opérations a été accompagnée d'une prise de température. » M. le Professeur Buchanan, jadis membre de l'expédition du Chal- lenger, a déterminé en partie dans le laboratoire de la Princesse Alice, au moment même des opérations, et en partie dans son propre laboratoire d'Edimbourg, la densité et l'alcalinité de ces échantdlons et d'un nombre considérable d'autres, pris journellement à la surface. » Ces travaux ont confirmé certains faits énoncés par Gwynn Jeffreys et par Carpenter. » Durant les voyages de i8g3 et de 1894, les opérations océanogra- phiques, que l'on faisait précédemment au moyen de fils d'acier, ont eu lieu sur un câble du même métal composé de trois torons de trois fils P, qui offre une souplesse et une résistance bien supérieures sous un diamètre encore très petit ('). » Les bouées des appareils pour la Zoologie, que j'ai réussi cette année à poser jusqu'à une profondeur de près de Sooo™, où elles restaient un ou deux jours, constituaient en pleine mer des points fixes, au moyen des- quels j'ai pu faire, sur la direction et sur la vitesse des courants, cer- taines observations qui ont confirmé les résultats de mes anciennes expé- riences par le flottage (-). Ainsi, j'ai vu, à 80 milles au large de la côte occidentale du IMaroc, que la direction des eaux oscillait durant vingt- quatre heures entre le S. 19° O. et le S. 19° E., sans doute influencée par les marées. Depuis cette région jusque près du golfe de Gascogne, la marche des eaux ne s'écartait pas beaucoup du Sud. » Ces observations, répétées sur un grand nombre de points et à des époques différentes, constitueraient la meilleure méthode pour une étude très exacte des courants. . » Zoologie. — De 1892 à 1894, j'ai fait, dans le bassin occidental de la Méditerranée, plusieurs dragages, dont les résultats insignifiants confir- ment la pauvreté des grands fonds de cette mer en animaux que le chalut peut atteindre, et signalée par les explorateurs précédents. » Mais quatorze descentes de nasse ont montré, jusqu'à la profondeur (') Résistance : 25o''S; diamètre : 2""", 3. C) Comptes rendus, 8 février 1892. ( 22 ) de 223o'", entre Monaco et la Corse, une abondance de poissons et de Crustacés comparable à celle de l'Atlantique; une nasse a rapporté, en effet, 8q Squales noirs (') (Centrophorus squamosus) et une autre 33 Crus- tacés ( A cantephyza piilchra ) . » La camjjague très sérieuse que j'ai accomplie, en 1894, dans l'Atlan- tique a été contrariée par la persistance extraordinaire des vents du nord au nord-est, qui n'ont pas cessé A'ingt-quatre heures, pendant soixante-dix jours, de souffler sur le champ d'exploration choisi })ar Xa Princesse Alice, entre les Canaries et la Manche, et cela avec une violence qui rendait fort difficiles, quand elle ne les empêchait pas, mes travaux déjà si délicats. » Néanmoins douze descentes de nasse, dont l'une a atteint la profon- deur considérable de 4898" pour la première fois, ont présenté des résul- tats fort intéressants. Tout en me donnant des animaux qu'il est impossible d'obtenir par d'autres moyens, elles m'ont permis de cuber, en quelque sorte, l'abondance de certaines espèces sur un point donné. n Dans le détroit de Gibraltar, une nasse demeurée vingt heures à 924"" de profondeur est remontée avec sept Congres (Conger vnlgaiis) énormes, dont l'inertie totale et le gonflement de la vessie natatoire faisaient sup- poser la mort par décompression des organes et des tissus, quand ils reprirent une vitalité telle qu'il fallut les assommer à coups de bâton pour s'en rendre maître. » La visite du banc Gorringe, situé par 36"3i' lat. N. et i3°.')4' long. O., malheureusement interrompue par le mauvais temps, a permis d'y constater la présence d'une faune littorale extraordinairement abondante. Une heure de pêche avec trois ou quatre lignes a fourni environ 90*^^ de poisson (.Ser- ranus et Lahrits) de la profondeur de 60™; une nasse laissée pendant dix-huit heures à 175™, est remontée avec 4 Conger vulgaris, 160 Crevettes du genre Pandalus et une centaine de Comatules. D'autre part, on voyait à la surface, des quantités de poissons grands et petits. )) Deux nasses, descendues à SGio"" et à 3789™ au large du Maroc et du Portugal, ont rapporté des poissons voisins des Paraliparis. » Une autre nasse, laissée pendant quinze heures dans une profondeur de 1674™ au large de la Corogne, est remontée avec 201 poissons (Simenchelys parasidciis et Synaphohranchus pinnatus). C'est la première lois que ces deux espèces de poissons trouvées d'abord et en nombre con- sidérable dans mes nasses aux Açores, paraissent dans les mers d'Europe. (') Comptes rendus, 9 juin 1890. ( ^3 ) )) Une autre nasse encore, descendue à 2620™ dans le golfe de Gascogne et laissée pendant vingt heures, nous a montré, en compagnie de 1 1 Simen- chelys et de 9 grands Amphipodes (^Hoplonyx cicada), un Squale (Cenlro- phorus) long de o'", 80 dont les parties molles, musculaires et tendineuses avaient été totalement dévorées par de petits crustacés, et dont la peau intacte sur la charpente osseuse s'affaissa comme un sac vide quand elle fut sortie de l'eau. Un certain nombre de ces crustacés, remarquables par leur puissance destructive, car ils ont dévoré en quelques heures en- viron 4''^ de matière organique, sont remontés dans les petites nasses que je mets toujours à l'intérieur des grandes. » Je viens donc pour la première fois d'employer les nasses avec succès jusqu'à une profondeur voisine de 4000", et j'ai réussi, en les laissant sé- journer plus longtemps qu'autrefois, à capturer des animaux à marche lente, tels que des Mollusques, des Gomatules et des Ophiures. D'autre part, une descente de nasse et un dragage opérés simultanément sur un point situé par 43°52' latitude nord et ii*'22' longitude ouest, dans une profondeur de i674'"i ont montre que ces deux systèmes ne font pas double emploi, tandis que la nasse remontait des Simenchelys et des Syna- phobranchiis, le chalut ne rapportait aucun de ces poissons, mais des Macroures, des Pycnogonides, des Crinoïdes, des Astéries, des Oursins, etc. i> J'ai obtenu le bras d'un Céphalopode pélagique remarquable, en attachant un fdet très léger à la bouée de mes nasses; je comptais sur le courant pour tenir ouvert ce simple appareil et pour y amener des objets flottants ( ' ). » Mon ancien chalut de surface de {'Hirondelle a donné, entre autres ré- sultats, des Céphalopodes pélagiques transparents et fort petits. » Quatre dragages opérés dans l'Atlantique, depuis la profondeur de 552™ jusqu'à celle de 3745", ont été assez peu productifs. » Dans l'Atlantique et dans la Méditerranée, de nombreux Dauphins, des Tortues et plusieurs centaines de poissons ont été disséqués par M. Jules Richard pour la recherche de leurs parasites et l'examen de leur nourriture. L'estomac d'un Dauphin pris en Méditerranée a fourni de la sorte un Céphalopode nouveau {Chlenopteryx cyprinoïdes) décrit par M. Joubin (-). '> M. Richard, analysant à bord les gaz de la vessie natatoire des Simen- (') Comptes rendus, 24 octobre 1887. (-) Bull. soc. zool. de France: avril 1894- ( 24 ) chelys pris à 1674""» y a trouvé une proportion considérable d'oxygène. » Enfin, j'ai fait, depuis 1892, partout où j'ai été, des expériences sur l'attraction des animaux pélagiques au moyen de la lumière artificielle. Une lampe électrique étanche de 5o bougies, descendue à 2™ de profon- deur, était entourée au bout de cinq minutes par un nuage de Crustacés et d'Annélides très petits dont les espèces variaient suivant les localités. Il venait aussi des poissons tels que des Scopélidés, des Poissons volants (Eccocœtus Rondeleti), des Belone behne et même des Céphalopodes. On capturait facilement tous ces animaux avec un simple filet à papillons. M Le peintre attaché depuis longtemps à mes campagnes scientifiques, M. Marius Borrel a pris les couleurs de tous les organismes pour lesquels cela semblait utile. » En somme l'outillage scientifique de la Princesse- Alice est complet, quoique s'améliorant sans cesse, et les savants qui ont travaillé dans son laboratoire l'ont trouvé tout à fait pratique et commode. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Correspondant, pour la Section de Minéralogie, en remplacement de M. Scacchi. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 4o, M. Matheron obtient 38 suffrages M. de Rouville » i » Il y a un bulletin blanc. M. Matheron, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. J.-H. West adresse une Note intitulée : « Pourquoi les chats retombent-ils toujours sur leurs pattes? » (Commissaires: MM. Marey, Marcel Deprez, Picard, Appell, Guyou.) ( ^.'ï )' COilRESPOIVDANCE. M. le Secrétviue perpétuel donne lecture de Ui Lettre suivante, qui a été adressée à M. le Président par l'Ambassade impériale de Russie : « Paris, le 12 décembre iSg'i. » Monsieur le Président, » L'adresse, par laquelle vous avez bien voulu, ainsi que les Représentants des cinq Académies, exprimer la vive part que l'Institut de France avait prise au deuil où la Russie a été plongée à la suite du décès de Sa Majesté l'Empereur Alexandre III, a été placée sous les yeux de son Auguste Fils l'Empereur Nicolas II. » Très sensible aux sentiments dont, au nom de l'Institut, vous avez bien voulu vous faire l'interprète, Sa Majesté a daigné ordonner de vous en exprimer tous ses remercîments, en vous priant d'en être l'organe autorisé auprès de l'Institut de France que vous présidez. » Je suis heureux, Monsieur le Président, d'être appelé à servir d'intermédiaire auprès de vous, à l'expression des sentiments de gratitude de mon Auguste Souverain, et vous prie de vouloir bien agréer, en même temps, l'hommage de ma très haute considération. » Le Chargé d' Affaires de Russie, « De Giers. » M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beau.\-Arts adresse à l'Académie la Lettre suivante : « Paris, le 3 janvier 1893. « Monsieur le Président, » M. le Ministre des Affaires étrangères vient de me communiquer une dépêche dans laquelle l'Ambassadeur de la République à Berlin lui rend compte de la céré- monie célébrée, le i4 de ce mois, en l'honneur de feu M. de Helmholtz, Associé étran- ger de l'Académie des Sciences. » M. Herbette, qui assistait à cette cérémonie, annonce à mon Collègue que M""' de Helmholtz, en le remerciant de sa présence, a ajouté qu'elle avait été très sen- sible à l'hommage rendu à son mari dans la dernière séance plénière de l'Institut de France. » Je m'empresse de vous faire part des sentiments exprimés par la veuve de l'Illustre savant et je vous serai très reconnaissant de vouloir bien les porter à la connaissance de vos confrères. » M. Bertiielot ai'inonce, à cette occasion, qu'une souscription est ouverte à Berlin, pour l'érection d'un monuineut à M, von Helmhollz. C. R., 1895, 1" Semestre. (T. CXX, N» 1.) 4 ( 26 ) MM. Blanc, Le Chatelier, H. Wili.otte adressent des remercîments à l'Académie, pour les distinctions accordées à leurs travaux. M™" V^* Elliot demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par son mari feu M. Elliot, le 8 janvier 189^1, et inscrit sous le n° 4973. Ce pli, ouvert en séance, contient une analyse du travail de M. Elliot qui a été honoré d'une mention dans la dernière séance publique. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Convspondance, la 3o"^ année du « Journal du Ciel », publié par M. Joseph Vinot. ASTRONOMIE. — Addition à la théorie du mouvement de Saturne par Le Ver- rier et rectification des Tables. Note de M. A. Gaillot, présentée par M. Tisserand. « Les Tables du mouvement de Saturne, construites par Le Verrier, et fondées sur les résultats que lui a donnés la méthode d'interpolation, re- présentent imparfaitement les observations antérieures à leur publication, plus imparfaitement encore celles qui ont été faites dans les années sui- vantes. » Devait-on en conclure que la méthode est défectueuse, ou simple- ment admettre l'existence de quelque erreur dans l'application qui en a été faite? » Pour nous, qui avons vu Le Verrier à l'œuvre, qui avons été son mo- deste auxiliaire dans ce travail, et qui savons avec quelle conviction et avec quel soin méticuleux il en a élaboré le plan, la première hypothèse était peu vraisemblable et la seconde seule admissible. Nous ajouterons, pour répondre à une objection souvent répétée, que si la méthode d'inter- |)olation n'était pas la plus satisfaisante pour l'esprit, au point de vue de l'analyse pure, elle était du moins la plus sûre pour obtenir la somme totale des termes qui sont du troisième ordre par rapport aux masses, et sans lesquels on ne peut espérer d'arriver à une représentation précise et durable du mouvement de Saturne. » Mettant en pratique le conseil donné par Le Verrier, après avoir revu toutes les formules sans y rien découvrir de suspect, nous avons appliqué ( 27 ) exactement la même méthode à la détermination des perturbations pour les époques 235o et 285o : les résultats, comparés terme à terme à ceux que Le Verrier avait trouvés pour i85o, ont donné, sauf pour la grande inégalité, des différences identiques à celles qu'on déduit de l'analyse. Il n'y avait donc pas eu d'erreur sérieuse dans les calculs. » Revenant à plusieurs reprises à l'examen des formules, nous avons fini par découvrir, non une erreur qui eût été probablement plus facile à trouver, mais une omission grave, commise en donnant à ces formules la forme pratique nécessaire pour la mise à exécution du travail. M Le Verrier donne, pour l'expression des parties principales des per- turbations des éléments (') : ,, rfRfi.o) a - |a' taiigt}'' » Ces formules sont exactes, mais, en les développant, il attribue une valeur numérique constante aux facteurs v et v^, comme s'il n'avait eu à calculer que les perturbations du premier ordre par rapport aux masses. » La variation du moyen mouvement n' étant liée à celle du demi grand ' lit- S"' 3 8a' , n' i • i • r -i axe a par la relation — ^ = y, de v=— , on déduit facilement à"/ à ùa . 6(v-) ^oa',^. n ■ i. i i- i i r ■ — = r et ■ — — = — j— p (-). 11 resuite de la que, dans les lormules développées en vue du calcul des termes d'ordres supérieurs, on doit rem- 1 ^ - r ^ / 3 Sa'\ ^ „ / „Sa'\ placer v et v- respectivement par v ( i ^ ) et v- ( i — j -^ J ; ce qui re- 1 a ) \ a vient à dire que toutes les dérivées calculées par Le Verrier doivent être 3 2;' '" I multipliées, selon les cas, par i p ou par i- — ^3— p; chaque valeur (') Voir, pour les notations, Annales de V Observatoire de Paris, Mémoires, t. XI, addition au Chapitre XXI. (^) Il n'y a pas lieu de tenir compte des variations du diviseur n (moyen mouve- ment de Jupiter), introduit dans les formules pour la commodité du calcul et finale- ment éliminé en multipliant tous les résultats par la valeur constante qui lui avait été attribuée au début. ( 28 ) de Srt' correspondant aux mêmes positions de Jupiter et de Saturne que la dérivée considérée. » On trouve ainsi qu'on doit ajouter aux résultats primitivement obtenus un certain nombre de termes dont voici les principaux (ceux dont le coefficient atteint ou dépasse i"). A. S/' r= + 2",o2sin^-l- i",88sin2'C-- i", 1 3 sin (/'-+- 'C) + 23",o3sinV -f-o", 92COSV V = 3/' + 2(^, A. Se' = _ i",26sin(/'-i:)-3",o5sin/'+i",43sin(/'H-(:)H-o",84sinV — l",02C0sV, A.e'W=H- i",27cos(/' — C)-r3",09Cos/'— i",52cos(/' + ?:)- o",99sinV — o",79CosV ; ce à quoi il faut ajouter, pour les variations séculaires : -3- = — i", 3i, -y- ^^ H- o",oo7 65 et e'-7- = — o",o22 27. En tenant compte de ces deux dernières corrections, l'excès des résultats fournis par l'interpolation sur ceux que l'on déduit de l'analvse se réduit, après deux petites corrections de' dTu faites aux résultats primitifs, àA -7- = — o",oo7 32 etAe' -jr = + o", 004.1 5. » Quant au terme séculaire de -vv) que Le Verrier avait trouvé égal à -i- o", 000 204 et qui, après rectification d'une erreur, était en réalité -h o", 000466, il se trouve réduit à + o",oooo33, résultat correspondant à un résidu de 22 unités du dernier ordre, sur une somme de i536 nombres dont chacun est fourni par des opérations multiples. Ce résultat étant plusieurs fois inférieur à son erreur probable peut être considéré comme nul. Il en résulte que, pour Saturne tout au moins, il n'y a pas de varia- tion séculaire sensible du moyen mouvement, et par conséquent du grand axe, même en tenant compte des termes du troisième ordre. » Le Verrier, ayant trouvé pour l'époque iH5o des différences notables entre les coefficients de la grande inégalité (argument V=5/— 2/') fournis par l'analyse et ceux que donnait l'interpolation, n'avait point osé se servir de ceux-ci, et avait conservé les premiers dans la construction de ses Tables. La marche régulière et progressive de ces différences, aux époques 235o et 285o, comparées à l'époque i85o, fait disparaître tous les doutes à cet égard : ce sont bien les coefficients fournis par l'inter- polation qu'il faut employer. Il en résulte qu'on doit ajouter, de ce chef. (29) aux perturbations données par les Tables, les corrections totales : S/' = -+-(+ 67", 20+ 4",26u-i4", i4'j=')sinV -h (— 5",92 — 21", lou + 2",49'j-)cosV + (-+- 3", i4+ 4".52u— i.cjou-) sin2V -+•(-1- o",56-i- o",68u — i", 65u^)cos2V, Se' = + (-+- 1,21 + o",24'J— o", 70u-)sinV -4- (— 5", 40+ o",79'j— o",o9u-)cosV + (4- o",48— o", i3u-f- o", I iu-)sin2V + (— o",4l + o",2I'J — o", l5u^) COS2V. e'Scî'=H-(— i",29+ o",oou-i- o",35'j-)sinV -t-(~ o",54 — o", 57U+ o",53'j^) cos V + (— o",8o — o",G6u-i- o", 23u-)sin2 V -t- (— i",o9-i- o", 5iu+ o",o4'-»')cos2 V, ^ . t— i85o en posant, comme Le Verrier, u = — = » Ces corrections considérables proviennent des termes du troisième ordre, comme nous avons pu nous en assurer par le calcul analytique di- rect de quelques-uns de ces termes, calcul qui nous a donné des coeffi- cients comparables en grandeur aux précédents. Nous avons, d'ailleurs, bientôt reconnu que le nombre de ces termes est si considérable, leur provenance si diverse, qu'il y a tout lieu de craindre d'en omettre un grand nombre, et non des moindres, par le calcul analytique; d'où notre conviction que pour cet objet spécial la méthode d'interpolation est de beaucoup la plus sûre. M Dans ce qui précède, nous avons énuméré les modifications qu'il convient de faire subir à la partie des Tables représentant les perturba- tions dues aux actions réciproques de Jupiter et de Saturne. » Nous avons reconnu, d'autre part, la nécessité de tenir compte d'un assez grand nombre de termes correctifs, les uns dépendant de modifica- tions à apporter au calcul des perturbations dues à l'action directe d'U- ranus, les autres, qui sont du second ordre, ayant pour origine l'influence des actions combinées d'Uranus et de Neptune, et d'Uranus et de Ju- piter ('). )) Tous ces termes sont individuellement très faibles; toutefois leur in- fluence collective est loin d'être négligeable; elle produit, par exemple. (') Le Verrier n'avait calculé, dans cette dernière série, que les termes de l'inéga- lité à longue période dépendant de l'argument W =r2 /i — 6/5 + 34. ( 3o ) une correction totale de la longitude vraie égale à — 3", 5 en iSSg, à -f- 2", 5 en i853. Le nombre total de ces ternies est, d'ailleurs, trop con- sidérable pour que nous puissions en donner le détail ici. » Après avoir refait complètement le calcul des positions théoriques de Saturne, en avant égard aux diverses corrections que nous venons d'énu- mérer, nous avons repris la résolution des équations de condition établies par Le Verrier, après leur en avoir adjoint un certain nombre fondées sur les observations faites de 1870 à 1890. Nous avons préalablement modifié les coefficients différentiels, de manière à ce que les équations tiennent compte, à la fois, des changements que les corrections inconnues de la valeur des éléments doivent produire dans le calcul des lieux elliptiques et dans celui des perturbations. I^es résidus définitifs (calcul — observation), obtenus après les corrections dépendant de la rectification des éléments et du changement dans la valeur des masses perturbatrices, sont pré- sentés dans le Tableau suivant, en regard de ceux qui avaient été obtenus primitivement par I^e Verrier. Epoques ",- I!,. R,- e, dm r;- Époques. R,- R»- R,. . d.' ?; dm' '■ r;. 1752,8 4- 7>ï -f- oi'i +2,2 — i83 —oie 1854,9 + 6;5 + 1,9 —0,6 — 10 —1,2 1755,2 -t- 8,1 -+- 0,8 + «,7 — i57 —0,8 1856,0 + 6,4 + 3,7 +0,2 — i4 —0,4 1758,1 + 4,6 + 0,2 + 2,4 — 93 +1,1 1859,0 + 9,8 + 3,6 +0,9 — 16 +0,5 17) On voit par l'inspection de ces derniers résidus que nous sommes arrivé à représenter d'une manière satisfaisante, toutes les observations faites de 1761 à 1890 : les écarts qui atteignaient 11" dans les solutions précédentes étant tous, sauf deux, inférieurs à 3". Toutefois il est possible d'arriver à une représentation plus exacte encore de ces observations. » L'examen des équations de condition, rapprochées des résidus R^, nous a fait voir qu'il existe une relation entre ceux-ci et les coefficients différentiels - ~, multipliés par le temps « compté à partir de i85o. C'est ce que l'on peut vérifier, k simple vue, en comparant, dans le Tableau précédent, les nombres de la colonne R^ avec ceux de la colonne sui- vante, — ^,5 les signes étant toujours contraires pour des valeurs un peu considérables des uns ou des autres. Cette constatation nous a conduit à admettre, dans le mouvement de la longitude du périhélie, un accrois- sèment annuel A -777' dû à une cause non déterminée. » La résolution à nouveau des équations de condition, après l'intro- duction d'une nouvelle inconnue Ae'„-^, nous a donné pour la valeur de celle-ci : A^o-^ =-+-o",o22 3d, dou A-^- =-(-o",399 14. !) La colonne RJ, donne les résidus relatifs à cette nouvelle solution. » Au résumé on trouve, pour le mouvement annuel du périhélie de Saturne, l^ar l'analyse — -=+ 20", 167 69 Par l'iiUerpolalion complète m H- 20", 235 97 Par les observations = + 20", 643 63 » Les différences entre ces valeurs de -7- sont légèrement modifiées dt » ici en raison de l'omission, dans la première comparaison et dans le calcul des lieux de Saturne, d'un petit terme ( — o",oo8 02) dépendant du mou- ( 32) vement annuel de la longitude du nœud, omission qui nous a été signalée par M. Tisserand. )) Nous croyons qu'il serait au moins prématuré de tirer des conclusions trop absolues de cette anomalie dans le mouvement du périhélie de Sa- turne, anomalie qui pourrait bien n'être qu'apparente. Avant tout, il faut s'assurer que certains termes- de l'inégalité à longue période dépendant da l'argument V = 5/ — 2/ et de ses multiples sont bien exacts, ce qui ne nous est pas absolument démontré, Le Verrier n'ayant peut-être pas emoloyé un nombre suffisant de valeurs particulières des dérivées dans son travail d'interpolation. » Pour élucider cette question très importante, puisqu'elle se rattache au problème de l'existence possible et de la répartition de la matière pon- dérable dans les espaces interplanétaires, nous reprenons le calcul en dou- blant le nombre de ces valeurs. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur le développement approché de la fonction perturbatrice. Note de M. N. Coculesco, présentée par M. Tisserand. « En reprenant les notations de notre Communication précédente ('), nous allons, dans ce qui va suivre, résumer les résultats que l'on obtient dans le cas où aucune des excentricités n'est nulle. On restera encore dans le plan et l'on supposera, comme cela a généralement lieu, que les deux excentricités sont petites. M En cherchant dans ces conditions les singularités de $(3), on verra que cinq paires de points singuliers nouveaux s'introduisent dans le cas présent; en tout, douze points singuliers (et les réciproques respectifs), qu'il faudra discuter. )) Or, on démontre (-) que les points admissibles dans le cas précé- demment considéré ne peuvent pas devenir inadmissibles dans le cas pré- sent et inversement. Il en résulte que le point analogue à D, point appelé [1 dans le cas présent, convient seul au problème. )) Cependant il pourrait y en avoir d'admissibles parmi les points nou- veaux et il y en a effectivement. Seulement il arrive ceci : c'est que, parmi les points singuliers admissibles de module < i, l'affixe du point [a est le plus éloigné de l'origine. (') Comptes rendus, t. CXVIII, p. 69. (') PoiNCARÉ, Les méthodes nouvelles de la Mécanique céleste, t. I, p. 3o8. (33) » Il en résulte, finalement, que c'est encore le point u. et son réciproque (jl', qui vont définir le domaine de convergence de (z) et permettront d'obtenir la partie principale du coefficient général, dans son développe- ment en série de Laurent. » Les formules auxquelles on arrive dans le cas présent sont les suivantes : /■J\ pO_y(. V-'Û'"'^»'''"' (in -^m,m (x-z){,-scz)iy-z'){i-y~.') L-r.n j.mym'cM^J-J^ '?.[l-^1-){l-^-'-)XY /, = c^(, -^ ^^).r( j _ V)^(. -Y^y-[{x-^-^y){i + ^- ) - {x- - i)] ^,à\i + ^•^)y{x - t)Hi - x^y \{f- +,)(,+ t'^) - (v^ — i)] 12 « ' -°c+-')-'fr?;;:i^ri' X \{x — t)(i — ojt) - CT(.r' - i)] - <' + -''> |..J:)(,I;:) [(^' ~ 0(1 + -=) - (^^ + OJ (.-) (f') c — 2a + v'e(c — 8a) aj3rt + .'|C — v'«(rt — 8c) , 2(c-f-a) ' c 2(c-|-a) c c + 4''' — v/'^Cc — 8fl) (7 — at' + y'«(a — 8c) , a; = — ap 2(c + fl) 2(c + «) [c — 2rt — v/c( c — 8rt)| [rt + 4c + v/«(« — 8c)] 2a [a + 4c + \/«(« — 8c)]t + 8apo[c — 2a — \/c(c -^8rt)] t' [c + 4rtH-v/c(c — 8a)j[a — 2C — y/a{n — 8c) J 8c [a — 2C — \Ja{a — 8c)]t -+- acp, [c + 4« + v'<-'('-' ~ 8a)':'] r = tane -> sine» = smo ^ e : L^, L'*, e, e', cj, cr' désignant, respectivement, les demi grands axes, les excentricités et les longitudes des périhélies des planètes P et P'. » On remplacera, dans la formule (II) et les relations (a), x et ypar les coordonnées du point \l . Nous avons conservé les expressions de /et dey, c. R., 1893, I" Semestre. (T. CXX, N° 1.) ^ ( 34 ) sous leur forme (a) pour la symétrie des quantités qui y figurent. Dans les applications ces formules se simplifieront beaucoup. » Remarque I. — La svmétrie des coordonnées des points;;, et p.' montre que l'on passe d'un x à Vy correspondant, en permutant entre elles les quantités t et t', fl avec ^, po ^^^^ ^-j c et a (la permutation de ces deux P Ho dernières étant, d'ailleurs, étroitement liée à celle de p et de p„). En d'autres termes on passera des perturbations dePà celles de P', en permu- tantentreeuxlesélémentscorrespondants aetw', eete',L- etL'-. Cela était d'ailleurs évident à priori et les résultats obtenus ne font que se confirmer. » Remarque II. — Si dans les expressions précédentes on fait -7' == o, on retrouve bien les formules du cas précédemment considéré (Communi- cation déjà citée). » Le cas dcT = 0, -r :^ ose déduit immédiatement, à cause delà symétrie, du cas précédent. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les racines communes à plusieurs équations . Note de M. Waltiier Dyck. (Extrait d'une lettre adressée à M. Pi- card.) « On peut résoudre d'autres problèmes par la même méthode que j'exposais dans le dernier numéro des Comptes rendus, et c'est à cause d'un point de vue nouveau qui se présente encore dans ces questions, que je me permets de m'occuper ici des problèmes suivants. » En substituant pour ^ dans la formule II de Kronecker les fonctions : ^■"^^ ^^ j;. + ^. + D^'^"' signD.i pour

o. En étendant les intégrales de la formule II pour les valeurs («,), (a,), (a,) de la fonction -f au domaine T < o et T — o, elles donnent res- pectivement les sommes ■Ci u M 2 (F) +200. li î* (-') 2 (|F|)+ 2(11^1^' la somme y étendue aux points (Q„ LB), (i = 1,2, ... ,n — 2), (') Ou pourrail introduire par exemple, au lieu des produits dans les formules (6), , . . DL DLF ^ . les expressions i — « Jin ajoutant a D un nombre quelconque réel e qui prend à la limite la valeur e =: o ou s ^ co, on peut faire la dis- cussion des valeurs cherchées comme limites des intégrales pour e ^ o ou pour e =zoo ce que M. Picard a fait pour sa détermination du nombre des racines. (37 ) ainsi que les équations différentielles correspondantes (2) a,-,, 5). » Il est évident que ce système ne renferme que deux variables indé- pendantes et « — 2 variables subordonnées. Les coefficients ne peuvent ici satisfaire aux conditions d'intégrabilité connues, mais ils doivent ce- pendant remplir d'autres conditions que les connues. )) Du système (2) nous obtiendrons aussi ce système sous sa forme habituelle, en regardant dx^_^^.^ comme les fonctions des différentielles indépendantes dx, et dx^ (5) dxs+2 =■ A,,, dx^ -i- \s,2 dx.,, (* = 1 , 2. ...,« — 2). » Notre problème se réduit à trouver les conditions d'intégrabilité, ayant le système (4) donné, dans le cas où le système (4) ne renferme que deux variables indépendantes. Les conditions d'intégrabilité pour le système (5) sont connues sous la forme >) Ensuite en éliminant dx^ du système (4) à l'aide de l'équation pre- (8) ( ;^8 ) mière du système (5) nous obtiendrons ^7^ Î (/•=!, 2 «-3). « Après avoir égalé les coefficients relatifs des systèmes (7) et (5) nous aurons 2 (/? — 3) des expressions suivantes : X^,o+X,.,,A,,, = A,+,,,, (/•= t,2, ...,/? — 3). » Les liaisons ci-dessus (8) expriment toutes les quantités A,.n ,, A,^ ,2 comme fonctions de A, ,, A, , et des quantités X. » Après avoir substitué à l'aide des équations (8) pour tous les coeffi- cients A,.+,_,, ArH_,,2 du système (G) leurs valeurs correspondantes, et après avoir exécuté les simplifications et les éliminations des dérivées par ticulières - — nous obtiendrons enfin le système (9) A,,J(X„),-(X,,,)3]-+-A,,,[(X,,,)3-(X,,.0,]- (X,,,).- (^3-.,).. (5 = I, 2, . . ., n — 3) où nous employons, pour abréger, le symbole de l'opération » Ecrivons deux mêmes équations (9) pour les indices ^ et / A,,, [(X,,,), - (X,,,),] -1- A,,,[(X,,,)3 - (X,,3), 1 = (X*..). - (Xa,,)„ A,,, [(X,.3), - (X,,,),] + A.,, [(X,,,), - (X,,), ] = (X,.,), - (X,,,).. {k, 1= 1,2, .. .,n — 3). » Des équations (10) nous trouvons les formules . ^ [(X,.,),-(X,,,),ir(XM)3-(X,.3).]-[(X,.,).-(X,.,),]r(X,,,)3-(X;,.3),l '•' [(X,,3),-(X,,,),][(X,,,)3-(X,,3),]-[(X,,,),-(X,,,)3][(X,,,)3-(X,,3),i' A ^[(X/,3)2-(X,..,)3][(X,,,),-(X,..),l-[(X,,3),-(X,,,)3][(X,,,),-(X,,,),1 '■' [(XMH-(X;t,.)3][(X,,,)3-(X,,3),]-[(X,,3),-(X,,,)3][(X,,,)3-(X*,3),.l' desquelles il est facile de conclure qu'il doit être [(X,,,),-(X,,,).][(X,.),-(X,3),]-[(X,,).-(X,.).][(X,..)3-(Xm)J-o. [(X,,3),-(X,,,)3][(X,.)3-(X,,3).]-[(X,3),-(X,,,)3][(X,,)3-(X.,3).]=0. [(X;,3).-(X,,,)3][(X,,),-(X„).]-[(X,3),-(X,,)3][(X,,,).-(X,,,).]-o. /, k sont les combinaisons deux à deux des nombres i , 2, ...,« — 3. (10) ( 39) » Les dernières équations nous présentent les conditions d'intégrabilité du système donné (4) dans le cas où parmi n variables Xj il n'y a que deux variables indépendantes et toutes les autres sont des variables dépen- dantes. » L'auteur applique les résultats précédents au cas particulier du système dx; = X I , (/r , -t- X , ^; cix.^ -f- X , ,3 fZa?j , dx-^ = Xo.i dXf 4- Xj,, dx^_-\- Xas dx.^, dXf^ = X.J , dx^ H- X3.2 d^i -+- ^3^3 dx.^. --> ANALYSE MATHEMATIQUE. — Sur la théorie des substitutions échangeables. Note de M. Demeczky, présentée par M. C. Jordan. « Nous allons chercher la condition nécessaire et suffisante (') pour que deux substitutions A et B, échangeables entre elles, de forme quel- conque, d'ordre n et n' , soient des puissances d'une même substitution R. » On montre tout d'abord facilement que, dans tout cas où A et B peuvent être représentées comme des puissances d'une même substitution, il y a toujours une telle substitution R, qui peut être exprimée comme le produit des puissances des substitutions A et B. » Soit maintenant A'' la première des puissances de A (\ étant un en- tier positif), qui soit en même temps une puissance de B, et soit Bi^ la pre- mière des puissances de B ([/.étant un entier positif), qui soit en même temps une puissance tle A. Nous allons prouver qu'on a n = ky., n'= ku., k étant un entier positif. » Soit A^ = B^'. On voit que ces puissances (i) 1, A. A^ A \-\ (') Serrel, traitant la même question, spécialise beaucoup la forme des substitu- tions écliangeables {Cours d'Algèbre supérieure, par J.-A. Serret, 4° édition, t. II, p. 260-270). (4o) sont toutes différentes entre elles. Multiplions la série (i) par B^' et nous aurons (2) B^', AB^', A=B^', ..., A^-'B^'. Les substitutions de la série (2) sont distinctes entre elles et distinctes des substitutions (i) en supposant l.. En poursuivant de cette manière bien connue, on prouve aisément que n est divisible par 1 et l'on aura n = il. » En posant ensuite Bi^ = A^\ on trouve de la même manière n' = i'iL. » Comme il est facile de le montrer, ;/.' doit être un multiple de 1 et 1' un multiple de [j.. )) D'où l'on peut déduire aisément qu'on a k' = k. » Nous avons B''*=i. » Mais comme on a aussi (B'O^. A' étant le plus grand diviseur commun des nombres - et ^', on voit que H" (3) k' -k. » On trouve de la même manière (A) k __ A ~ k'. A étant le plus grand diviseur commun des nombres y et k. » Des (4) et (3), on déduit AA' = i et k' = k, ce qui était à démontrer. » Nous avons obtenu le résultat suivant A^ = B""!^, (4i) r étant un nombre entier positif. Nous pouvons toujours choisir r de manière qu'il soit premier et premier à \. Comme l'ordre de B est n' = k;j.; + ypsEso (mod Aa). » D'après la première de ces conditions, on aura (A-'^B^)P = B''i"=-^P-', d'après (8), (A^B^)P=^i. » De (7) et (8) on déduit facilement (9) ^{pii..T + \y) = o {moàk'jX). » On voit, par cette congruence, que Tordre de la substitution A^B^ sera k^jX, si l'on peut déterminer ^ et j de manière que p]j-x + ^ J soit pre- mier à k'jX. Soit S le plus grand diviseur commun des nombres /j'x et \. Posons p[j.x -h \y = s. Celte équation indéterminée est toujours résoluble. C. K., iS<;'), I" Semestre. (T. C\X. N' 1.) " ( 42 ) .. L'ordre de la substitution A-^B^ sera donc ^.jA à la condition que S et Ay.\ soient des nombres premiers entre eux. Mais comme kul est toujours divisible par Î5, Î5 doit être l'unité. D'après toutes ces considérations, on peut énoncer le tbéorème suivant : » Pour que les deux substitutions Aet B soient des puissances d'une même substitution R, il faut et il suffit que les nombres \et^j. soient premiers entre eux. » Cette condition remplie, il y a précisément ?(N) substitutions R entre les substitutions (6), N désignant le plus petit multiple commun d'ordres n etn'C). » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la valeur absolue des éléments magnétiques au \" janvier iSgS. Note de M. Th. Moureacx, présentée par M. Mascart. « Parc Saint- 3Iaur. - Les observations magnétiques, en 1894, ont été continuées avec les mêmes appareils et réduites d'après les mêmes méthodes que les années précédentes. Les courbes de variations sont dépouillées pour toutes les heures, et les repères vérifiés par des mesures absolues effectuées chaque semaine. La sensibilité des trois appareils de variations est de même vérifiée par de fréquentes graduations. » Une faible perturbation s'étant produite dans la soirée du 1'='" jan- vier 1895, les valeurs absolues des divers éléments, données ci-dessous, sont déduites de la moyenne des observations horaires obtenues aux dates des 3i décembre 1894, i" et 2 janvier 1893, et rapportées à des mesures absolues faites les 27 et 3 1 décembre, en temps de calme magnétique. » La variation séculaire des différents éléments résulte de la compa- raison entre les valeurs actuelles et celles qui ont été données pour le i*"" janvier i8g4 ('). Valeurs absolues Variation au séculaire Éléments. i" janvier 1895. en iSg^. Déclinaison i5°i2',7 —5', 3 Inclinaison 65° 4', 9 —''.2 Composante liorizontale 0,19641 -t-o, 00017 Composanle verticale 0,42277 — o,oooo3 Force totale 0,46617 +o,oooo5 (') Je tiens à remercier M. G. Jordan des précieuses indications qu'il m'a fournies sur ce sujet. (') Comptes rendus, t. CWlll, p. 70; 1894. ( 43 ) » L'observatoire du Parc Saint-Maur est situé par o^g'aS" de longitude Est, et 48°48'34" de latitude Nord. )> Perpignan. — Les courbes magnétiques relevées et réduites sous la direction de M. le D'' Fines sont dépouillées également heure par heure. Les valeurs des éléments au i*'' janvier 1893 résultent, comme au Parc Saint-Maur, de la moyenne des observations horaires des 3i décembre 1894, I*' et 2 janvier 1895, contrôlées par des mesures absolues faites le 29 décembre 1894 et le 2 janvier 189.5. Valeurs absolues Variation au séculaire Eléments. i" janvier iSgâ. en 1894. Déclinaison i4°3',ii — 5',o Inclinaison 6o"9',9 — o',8 Composante horizontale 0,22345 -t-o,ooo25 Composante verticale o,38g6i -)-o, 00021 Force totale o,449'4 4-o,ooo3i » L'observatoire météorologique et magnétique de Perpignan est situé par o°32'45" de longitude Est, et l\i° !\i"6 de latitude Nord. » PHYSIQUE. — Ulilisation de la température du point critique des liquides, pour la constatation de leur pureté. Note de M. Raoul Pictet. (Extrait.) « Ayant été amené à purifier un bon nombre de produits pharmaceu- tiques, nous avons cherché à trouver des réactifs capables de déceler la présence de traces de corps étrangers. Pour les liquides, nous venons de définir une méthode très sensible : c'est Yobservation directe du point cri- tique. Cette température varie de dix à soixante fois plus que la tempéra- ture d'ébullition du même liquide dans les mêmes conditions. » Nous avons été conduit à faire cette constatation, en fabriquant du protoxyde d'azote liquide, conservé dans des bonbonnes d'acier. Il suf- fit de traces de gaz étrangers ou d'impuretés quelconques, pour que le manomètre s'élève de plusieurs atmosphères. Nous avons résolu d'exa- miner les phénomènes de liquéfaction dans des tubes transparents et très résistants. )) Nous choisissons une série de liquidesZreVpur*, aussi purs que nous avons pu les obtenir par l'emploi de tous nos procédés superposés. Nous déter- minons le point d'ébullition, en notant la hauteur du baromètre, puis le ( 44 ) point critique au moyen ci'un thermomètre sensible. Cela fait, nous versons quelques gouttes d'alcool, d'aldéhyde, d'eau, etc., dans le liquide pur, et nous déterminons à nouveau les points d'ébullition et le point critique. Les comparaisons numériques des Tableaux ainsi formés montrent toute l'importance de la détermination expérimentale des points critiques, encore si incomplètement connus. » Construction des appareils. — Pour réaliser ce programme, il nous fallait pouvoir commodément et rapidement déterminer la disparition du ménisque des liquides, et fixer la température avec une grande précision. » Nous remplissons de liquide un tube de 5"™ de diamètre extérieur, S"^™ de dia- mètre intérieur, et 45"'™ à 5o""" de longueur. En vaporisant une partie du liquide et en fermant au chalumeau, nous obtenons des tubes ayant un tiers de leur capacité plein de liquide, le reste du tube ne contenant que des vapeurs saturées. » Ces tubes sont placés obliquement sur un petit chevalet, à côté d'un thermomètre à mercure très sensible, au centre d'un cylindre de tôle mince, percé de deux fenêtres en mica. Une deuxième enceinte en tôle, présentant également deux fenêtres de mica, enveloppe ce cylindre. Les fenêtres sont percées de telle sorte que l'on peut voir, par transparence, le tube contenant le liquide et observer ce qui s'y passe. » Une flamme de gaz multiple chauffe très régulièrement le fond de l'enveloppe extérieure; une partie des gaz chauds passent dans la double enveloppe, au travers d'une série de toiles métalliques qui divisent, en le régularisant, le courant d'air chaud. » Enfin, le tout est encore entouré d'une troisième enveloppe protectrice en amiante, plaquée sur tôle, destinée à paralyser l'action du rayonnement et à égaliser les tempé- ratures dans le centre de l'appareil. » Le thermomètre, dont le réservoir est côte à côte avec le tube en observation, dépasse par sa tige les couvercles des trois enceintes et donne avec netteté le dixième de degré. » Les premières observations, faites en collaboration avec mon assistant, M. le D"^ russe Altschul, ont porté sur trois liquides: le chloroforme, le chloréthyle, lepentalàl'état de parfaite pureté; puis sur les mêmes liquides additionnés de quelques gouttes d'alcool et d'aldéhyde. )) L'observation du point critique, dans un appareil construit comme nous venons de l'indiquer, est très facile et très précise. Nous laissons d'abord monter lentement la température jusqu'au point critique, qui se note à la disparition subite du ménisque et à l'apparition de mouvements giratoires très caractéristiques dans toute l'étendue du volume intérieur du tube. On laisse progressivement baisser la température : brusquement, tout l'intérieur du tube passe d'une transparence parfaite à une opacité non moins complète; les particules liquides minuscules s'assemblent au ( 45 ) l)as du lube et le ménisque apparaît. On chauffe de nouveau, et, après quelques tâtonnements, on trouve une température telle que, ])our ,'-, de dee;rc en plus ou en moins, on voit le ménisque disparaître ou le brouil- lard épais se former. Cette tempéraliue moyenne est celle du point critique adoptée dans nos Tableaux. M Pour le point d'ébullition de ces mêmes liquides, il faut avoir la pré- caution de plonger le thermomètre dans le liquide, toujours à la même place et à la même profondeur, dans le même ballon chauffé par une flamme de même puissance. Ces détails opératoires ont tous leur impor- tance, si l'on tient à une grande précision. » Voici les résultats numériques obtenus pour ces trois liquides, au moyen des méthodes décrites : Température Ecarts du dans les températures point critique. Différences. d'ébullition. 1° Chloroforme pur 258,8 ) Chloroforme mélangé avec | — 3,8 — o.i à o,2 quelques gouttes d'alcool. 2.53, o ' 2° Chloréthyle pur i8i ,o i Chlorélhyle mélangé avec '> -+-6,0 +0,6 quelques gouttes d'alcool. 187,0 ) 3° Pental pur 201 , 2 \ Pental mélangé avec quel- / — 1,7 2° Même expérience avec une dissolution bouillie de glucose à | pour loo. Le Tapes résiste un peu plus à l'asphyxie; le dégagement d'acide carbonique est plus fort et la quantité d'alcool plus grande. (') A. Sabatier, Essai sur la Vie et la Mort; iSgS. (-) Ces expériences ont été faites au laboratoire de Roscoff. ( 53) » 3° Une dissolution de sucre de canne ou de dexlrine se comporte comme celle du glucose; de plus, le résidu réduit la liqueur de Barreswill et brunit une dissolution de potasse ou de soude; avec l'iode (la dextrine) aucune coloration. » 4° L'amidon se comporte comme la dextrine. » Les animaux présentent donc le phénomène de la résistance à l'asphyxie comme les végétaux. » II. Energie musculaire. — L'énergie musculaire, par centimètre carré de section, atteint une valeur de g'^s à lo'^s chez le Tapes decussata. » Elle varie avec la température et possède une température optimum comprise entre iS" et 20". » Ces résultats ont été trouvés : i" par traction directe sur les deux valves; 2° par la pression d'une colonne de mercure qui détermine l'écartementdesdeux valves. Le mer- cure est introduit entre les deux valves au moyen d'un tube adapté à un trou pratiqué dans une valve. w III. Variation du milieu extérieur : température, densité, composi- tion. — Tout changement, survenu dans les conditions normales d'exis- tence du Tapes, détermine des troubles organiques qui ont un certain re- tentissement sur le cœur; la marche des pulsations cardiaques permet donc d'étudier l'action des agents physiques et chimiques. » 1° Action de la température. — a. La chaleur agit comme un excitant. Toute élé- vation de température détermine une surexcitation des mouvements cardiaques. » b. Une température de 45° à 5o°, pendant un quart d'heure, détermine la mort et le cœur s'arrête en systole. » 2" Composition du milieu extérieur (corps neutres et sels dissous dans l'eau de mer, tels que : chlorure de sodium, sulfate de magnésie, chlorure de magnésium, iodure de potassium, bromure de potassium). » a. Le Tapes decussata ne supporte pas l'eau distillée, l'eau ordinaire ou même l'eau tenant en dissolution et isolément les différentes substances dissoutes dans l'eau de mer. » b. Si l'on fait varier dans l'eau de mer même la proportion relative de ses diffé- rents sels, ils deviennent toxiques à une dose variable d'une substance à une autre; les sels de sodium et de magnésium le sont moins que les sels de potassium. B c. Le milieu extérieur agit moins par sa densité que par sa composition. » 3" Action directe de certaines substances. — a. Acides. — Les acides minéraux sont des poisons musculaires très puissants; ils agissent par la coagulation des ma- tières albuminoïdes, à la dose de tîToFô «*■ déterminent l'arrêt du cœur en systole et la rigidité musculaire (acides sulfurique, azotique, chlorhydrique). » b. Les acides organiques (formique, phénique, acétique) sont moins énergiques; leur action est sensible au j^. » c. Les alcalis sont moins énergiques que les acides; ils agissent au j^ par solu- tion des matières albuminoïdes. ( 54 ) » Le gaz ammoniac esl très délétère. » d. Alcool. — L'alcool absolu, en contact direct aveclecœurou avec les ganglions nerveux, détermine Tarrèt immédiat du cœur en systole. » e. Éther et chloroforme. — L'éther et le chloroforme, en contact direct avec le cœur ou les ganglions, déterminent l'arrêt temporaire du cœur en systole; lorsque les pulsations reprennent, elles sont moins nombreuses et l'arrêt du cœur survient au bout de quelques heures. » d. Vapeurs. — Les vapeurs d'éther, de chloroforme, d'alcool absolu sont très délétères; en quelques minutes, le cœur s'arrête en systole et les muscles deviennent rigides. » e. Essences. — Les essences (bergamote, violettes, cèdre) produisent le même effet en quelques heures {2^ à iS''). » /. Alcool, éther, etc., en injection. — L'alcool à So" et l'éther injectés dans le pied ({") déterminent une surexcitation du cœur et provoquent des pulsations nom- breuses et énergiques. » g. L'alcool absolu et le chloroforme injectés dans le pied (^<^'=) déterminent l'arrêt immédiat du cœur en systole et la rigidité musculaire. » h. La caféine en injection dans le pied (i-^^) ralentit les pulsations cardiaques. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur quelques lacs des Alpes, de l'Aubrac et des Pyrénées. Note de M. A. Delebecque, présentée par M. Daubrée. « Pendant l'été de 1894, j'ai continué mes recherches sur les lacs fran- çais, dans les Alpes, l'Aubrac et les Pyrénées. » Le lac d'Allos (Basses-Alpes), situé à l'altitude approximative de 2200™, et d'une superficie de 60'''» environ, est tout entier dans la roche en place, formée par les pou- dingues et les grès oligocènes. Il avait le i""' octobre, en eaux extraordinairement basses, une profondeur maximum de 35™. Il s'écoule souterrainement par un trou vi- sible en très basses eaux, et, comme tous les lacs qui n'ont pas de déversoir superfi- ciel, esl sujet à des variations de niveau considérables : elles dépassent une dizaine de mètres. » Le lac de Lovitel (Isère), à l'altitude d'environ iSSo"", est soutenu par une digue formée de matériaux erratiques. Il est difficile, vu l'uniformité des roches de la ré- gion, de dire si l'on a affaire à une moraine ou à des éboulis. Ce lac a, en eaux basses, une profondeur de 5o™ et, comme le lac d'Allos, s'infiltre sans écoulement superficiel à travers la digue en question; les variations de son niveau atteignent i3-". » Les lacs de l'Aubrac (Lozère), que j'ai explorés avec M. Fabre, le géologue bien connu des Gévennes, paraissent devoir leur origine à des barrages formés soit par des coulées de laves, soit par d'anciennes moraines. Ils sont au nombre de quatre et sont très peu profonds. » Le plus grand, le lac de Saint-Andéol, célèbre dans les légendes populaires, n'a (|ue 10"', 5o de profondeur. ( 55 ) » Viennent ensuite le lac de Borrl, avec 9'", le lac de Salien, avec 11" et le lac de Souverols, que je n'ai pu sonder, parce qu'il est entouré d'une ceinture de marais qui le rendent parfois inabordable; sa profondeur paraît d'ailleurs être très faible. » Dans les Pyrénées, j'ai exploré la pltipart des lacs de montagne ayant quelque importance. » Le Tableau suivant donne le résumé de mes recherches : Profondeur Altitude Lacs. Départements. maximum. approximative. m m Lac d'Artouste Basses-Pyrénées 85 'D^o » de Miguelou Hautes-Pyrénées 58(') 2260 » d'Estaing Hautes-Pyrénées 3, 80 laSo » de Gaube » [\\ 1^20 )i de Tracens » 20, 5o 2180 » d'Escoubous » 23, 5o igSo Lacs du massif de ] » de Cap de Long » 56 2200 Néouvieille ■ ■ ■ \ » d'Orédon » 48 1870 » d'Auber » 44 2160 )) d'Aumar » 28 2200 )) Bleu « 120 i960 Lacs du massif de j » de Naguille Ariège 72 i85o Carlitte ( « de Lanoux Pyrénées-Orientales 53, 5o 2i5o » Je rappelle que M. Belloc a, de son côté, exploré les lacs d'Oo (Haute- Garonne) d'EstoiTi et de Caiallouas (Hautes-Pyrénées), pour lesquels il a obtenu respectivement les profondeurs de 67"", 18" et loi™. J'ai retrouvé dans mes sondages les chiffres donnés par cet excellent hydrographe. » L'origine de ces lacs de montagne, qui tous, sauf le lac d'Estaing, sont entièrement dans la roche en place (éruptive, cristallophyllienne ou pri- maire) et dont quelques-uns atteignent une profondeur considérable est assez malaisée à déterminer. Il est évident, pour beaucoup de raisons, qu'ils ne sont pas contemporains du plissement des Pyrénées. D'autre part, tout ce que nous connaissons des glaciers nous porte à croire que ceux-ci n'ont pu creuser des bassins d'une profondeur tant soit peu importante; il serait bien téméraire de leur attribuer l'origine de lacs comme le lac d'Ar- touste ou le lac Bleu. L'érosion aqueuse ne paraît guère avoir pu être un agent important d'excavation, surtout dans des roches peu solubles, comme celles qui entourent les lacs pyrénéens. Il semble plus naturel de (') Le mauvais temps m'ayant empêché de poursuivre mes opérations, il se peut que la profondeur maximum soit un peu supérieure à ce chiflre. ( 56 ) A'oir dans beaucoup de ces lacs le produit d'afFaissements locaux, bien postérieurs à la formation des montagnes. Les travaux de M. Heim ont mis en lumière l'affaissement en bloc de tout un massif montagneux; il n'est pas impossible que, à l'intérieur d'un semblable massif, certaines régions aient subi des effondrements individuels, en jouant les unes par rapport aux autres. Si l'on examine les lacs qui forment la ceinture du Néouvieille, on est frappé de voir qu'ils offrent, par rapport à cette chaîne, la même disposition que les lacs subalpins par rapport au massif des Alpes. )) Les eaux des lacs des Pyrénées sont en général très transparentes ; j'ai vu, dans celles du lac de Miguelou, le disque de Secchi jusqu'à la profon- deur de 21*". Elles sont très peu chargées de matières dissoutes, comme on pouvait s'y attendre d'après la nature du terrain; j'ai trouvé (eaux de sur- face) pour le lac d'Oo oS'",oi86 de matières dissoutes par litre, pour le lac de Gaube o^"^, o34, et pour le lac d'Estom o^"', 0247. » A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. COMITE SECRET. La Section de Minéralogie, par l'organe de son Doyen M. Daubrée, présente la liste suivante de candidats pour la place laissée vacante par le décès de M. Mallard. En première ligne En seconde ligne, par ordre alphabétique M, Hautefeuille. M. Barrois. M. Marcel Bertrand. M. DE Lapparent. M. Michel-Lévy. La séance est levée à 5 heures un quart. J, B, N° 1. TABr.E DES ARTICLES. (Séance du 7 janvier 1»» Etat de l'.-Vcadémie des Sciences iiu 1" janvier i8;|5. Pages. REIVOUVELLEMEÎVT ANNUEL DU BURE.iU ET DE LA COMMISSIUN AD.MINISTRATIVE. M. Cornu est clu Vice-Président pour l'.ni- née i8t)5 MM. Fizii.iu et Uaubhée snnt élus membres de la Commission administrative pour l'année i8g5 M. Maurice Lœwy, Président sortant, fait ■4 connaitre à l'Académie l'état où se trouve l'impression .les Recueils qu'elle publie et les changements survenus parmi les Mem- bres et les Correspondants pejulant le njur-s de l'année 1S94 MÉMOIRES ET COMaiCIVlCATlOIVS DES MEMitUES ET DE.S CORRE.SPONDANT.S DE L'ACADÉMIE. M. Henhi Molssan. — l'réparatiui], au loui électrique, de graphites foisonnants M. L.Hanviimi. — Des nerfs vaso-moteurs ih - veines AI. le Prince .VnitRT I" de Monaco. — Sur les premières campagnes scieDtiliques de la Princesse Alice NOMINATIONS. M. Mathehon est nommé Correspondant pour la Section de Minéralogie en remplaccmcni de M. Scacchi. MEMOIRES PRESENTES. M. J. H. West adresse une Note intitulée : « Pourquoi les chats relombent-ils ton jours sur leurs patte CORRESPONDANCE . L'Amba.ssade iMi'ÉniALE DE KussiE adresse .1 M. le Président une lettre remerciant l'in Btitut, 'au nom de S. M. l'Empereur Ni- colas II, de la part qu'il a [irise au deuil de la Russie à la suite de la mort île S. M. l'Empereur Alexandre lil M. le M1NI.STRE DE L'iNSTRUOriON PUBLIQUE ET DES Reaux-Akt.s adresse à l'Académie une lettre relative à la cérémonie célébrée récemment en l'honneur de M. de Ilelm- liotlz M. Bertiielot annonce qu'une souscription est ouverte à Berlin pour l'érection d'un monument à M. von llelmlioltz MM. Blanc, Le CriATELiEu, H. Willotte adressent des remcrciments à l'.\cadéniie pour les distinctions accordées à leurs travaux -. M"" Veuve Elliot demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé par son mari feu M. Elliot .. ■i(j M. le Secketaiue perpétuel signale, parmi les pièces impi'imées de la Correspondance, la Mo° année du « .lournal du Ciel », publié pai- M. Joseph Vinot 16 M. A. Caillot. — Addition à la théorie du mouvement de Saturne par Le Verrier et rectilication des Tables >(> M. N. CocuLESco. — Sur le développement approche de la fonction perturbatrice ■ • M. Waltiier Dyck. — Sur les racines com- munes à plusieurs équations i'i M. A.-,L Stodolkievitz. — Sur la théorie du sjitéme des équations différentielles -II' .M. Demeczky. — Sur la théorie des substitu- 'lions échangeables -^9 M. Th. iMoUREAUx . — Sur la valeur absolue des éléments magnétiques au i" jan- vier 1895 .'la M'. Raoul Pictet. — Utilisation de la tem- pérature du point critique des liquides pour la constatation de leur pureté !\'i W 1. SU/TE DE LA. TABLE DES ARTICLES. Page: M A. ViLLiEiîS. — Sur la séparatioo quali- tative du nickel et du cobalt M. Armand Sabatieu. — Sur quelques points de la spermatogenése chez les Sélaciens. . . M. Etienne de Rouville. — Sur la genèse de l'épithélium intestinal .Sa Pages. M. PiERi. — Recherches physiologiques sur les Lamellibranches ( Tapes decussata et autres lapidées) '^ M. A. Delebecque. —Sur quelques lacs des Alpes, de l'Aubrac et des Pyrénées 54 COMITÉ SECRET. La Section de Minéralogie présente la liste suivante de candidats, pour la place laissée vacante par le décès de M. Mallard : 1° M. Hautefeuille : 2" iNIM. Barrois, Marcel Bertrand, de Lapparent, Michel Léi'Y 56 PARIS. — IMPRIMERIE OAUTHIKR-VILLARS ET FILS, Quai des Gr^nds-.^UKuilins, 55. Le Gérant : Gadthieb.Villaws. 3o:b 7 1895 PREMIER SEMESTRE. COMPTES REISDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAR nvi. EiES SECUÉTAIRES PERPÉTUEIiS. TOME CXX. N^ 2 (14 Janvier 1895). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTE[S RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai dos Grands-Augustins, 55. "^1895 RÈGLEMENT RELATIF AIX COMPTES RENDUS. ADOrrÉ DANS LES SÉANCES DES l6 JUIN 18G2 ET 24 MAI uSyS. I es Comptes rendus hchdumadaues des sceances de [Académie se composent des exlrails des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. II y a deux volumes par année. Article 1"^. — Impressions des travaux de l'Académie. I , es extra i ts des Mé moires présentés par un Membre ou par un Associé étranger del'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pagps par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Noies sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. '^ Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui lait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme Us le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de cbaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à lo heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant, et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. ■ àj COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 14 JANVIER 18y3, PRÉSIDENCE DE M. MAREY. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE. MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur un procédé de vérification, applicable au calcul des séries de la Mécanique céleste. Note de M. Poincaré. « Dans mon Ouvrage intitulé « les Méthodes nouvelles de la Mécanique » céleste », j'ai montré comment on pouvait représenter les coordonnées des astres par des séries trigonométriques et je me suis particulièrement étendu sur ce sujet dans les Chapitres XIV et XV. » Supposons que l'on étudie le mouvement de trois corps, par exemple du Soleil et de deux planètes; nous rapporterons les deux planètes à une origine mobile mais à des axes de direction fixe; la première planète sera rapportée à des axes passant par le Soleil et la seconde à des axes passant par le centre de gravité du Soleil et de la première planète. » Soient a;,, a;o,a;3 les trois coordonnées delà premièreplanète,a7^,a:^5, a^B celles de la seconde; soient j,, Jo.ja les trois composantes de la quantité de mouvement de la première planète; soient j,, J5, /c '^s mêmes com- C. R., 1895, I" Semestre. (T. GXX, N- 2.) 8 ( 58 ) posantes pour la seconde planète. Il s'agit, bien entendu, des quantités de mouvement de ces planètes dans le mouvement relatif par rapport aux axes mobiles auxquels elles sont respectivement rapportées et en leur attribuant des masses fictives convenablement choisies qui s'expriment simplement en fonctions des masses réelles. » Dans l'Ouvrage que je viens de citer, j'ai montré que les a;,- et les^,- peuvent s'exprimer de la façon suivante : Soit [j. un paramètre très petit de l'ordre des masses; soient E, et tj, (i" = i, 2, . . ., 6) douze constantes d'intégration dont quatre, que j'appelle 4,, ç,. Çj, E^, sont très petites. » Soient n, (i = i, 2, . . ., G) six quantités s'exprimant à l'aide de ces constantes; les n, seront développés suivant les puissances de j/. et de E3, %if ?5> Eg; les coefficients du développement dépendront encore de E, et deE,; les n, seront donc ainsi fonctions de ^.et des ç,, mais indépendants des ra,. Quatre des /i, à savoir «3, n.,, n^, n^ seront très petits. Les deux autres, n, et n.,, correspondent aux moyens mouvements; ce sont pour ainsi dire les moyens mouvements moyens. » Posons enfin (^)■ = n^t -h CJ,. » Alors j'ai montré que les a;, et les y, sont développables suivant les puissances de jx, E3, Ej, £5 et E^; chaque terme du développement est une fonction périodique des w, de période 2-, et dépend en outre de Ei et de Eo. )) Les douze constantes ainsi introduites rappellent en quelque sorte les « éléments absolus » ll'cos(m, w, + m^co, + . . . + /n^ Wg), y,- = iB;/EH';'E^Ec" sin (m, co, + w, w, + . . . + m.io,). » Les A et les B sont des fonctions de Ei et de E, ; les m et les k sont des entiers; mais ces entiers ne sont pas quelconques; les k sont des entiers positifs, les m {jeuvent être positifs, négatifs ou nuls; on aura m, + rn.,-i-. . .-\- /n,. = o . ( 59 ) » Enfin |ot,| (où i = 3, 4, 5 ou 6) sera plus petit que /•, et de même pa- rité que kl. » La constante des forces vives C sera une fonction des E,, ou bien encore (puisque les n^ sont six fonctions indépendantes des E,) ce sera une fonction des /2,. Je préfère supposer C exprimé en fonction des «,. » Il est à peine nécessaire d'ajouter que les séries obtenues ainsi ne sont pas convergentes, mais qu'elles peuvent néanmoins, à la façon de la série de Stirling, rendre des services aux astronomes. » Elles sont donc importantes et comme les calculs qui y conduisent sont délicats et difficiles, il n'est pas sans intérêt de connaître des pro- cédés de vérification. » Un premier procédé consiste à substituer ces séries dans le premier membre de l'équation des forces vives, ou des équations des aires. Ces premiers membres doivent se réduire à des fonctions des ;, seulement. » Mais il y a un autre procédé de vérification, qui ne s'aperçoit pas aussi immédiatement, et c'est sur ce point que je désirerais attirer l'atten- tion. » Les égalités suivantes doivent être identiquement vérifiées » Les H, sont des fonctions des ç seulement, indépendantes des co. » Quant à C, c'est la constante des forces vives supposée exprimée en fonction des «,. » On peut ajouter, et c'est d'ailleurs une conséquence des égalités pré- cédentes, que l'expression est une différentielle exacte quand on y regarde les ; comme des con- stantes et les w comme six variables indépendantes. « ÉCONOMIE RURALE. — Sur les cultures dérobées d'automne. Note de M. P.-P. Dehékaix. « Bien que j'aie déjà, à diverses reprises, entretenu l'Académie des pertes considérables de nitrates que subissent à l'automne les terres dépouillées 2,-( (6o ) de leurs récoltes, par l'infiltration dans les couches profondes des eaux qui ont traversé le sol et que j'aie déjà insisté sur les avantages que présentent les cultures dérobées d'automne, je lui demande la permission de revenir de nouveau sur ce sujet important. » Les nombreuses analyses d'eaux de drainage que j'ai exécutées m'ont montré qu'après la moisson, les terres qui restent nues perdent des poids de nitrates souvent supérieurs à ceux qui sont distribués au printemps comme engrais et que cette perte représenle une somme égale au prix du loyer de la terre dans une grande partie de la France. » Ces conclusions découlent, il est vrai, d'analyses portant sur les eaux de drainage de terres absolument privées de plantes adventives, tandis que les terres en place se couvrent après la moisson d'une végétation spon- tanée due au développement des graines qui se sont échappées des épis et aussi de celles qu'apporte le vent. » Habituellement, cependant, les cultivateurs soigneux cherchent à se débarrasser de ces pâturages improvisés, de façon à n'avoir pas l'année suivante leurs terres envahies par ces plantes adventives qui prennent leur part de l'eau des engrais, diminuent les récoltes et méritent le nom si énergique de mauvaises herbes que leur donnent les cultivateurs. » Il arrive cependant que les labours de déchaumage, à l'aide desquels on détruit cette végétation spontanée, exercent une influence fâcheuse, particulièrement sur les terres filtrantes, quand ils ne sont pas suivis du semis d'une plante à végétation hâtive; c'est ce qu'a observé notamment M. Battanchon, professeur départemental d'Agriculture de Saône-et-Loire, de telle sorte qu'on est en droit de se demander s'il est bien nécessaire de déchaumer et de semer une plante destinée à être enfouie et s'il ne suffi- rait pas de laisser les terres couvertes de plantes adventives, qui, enfouies au moment des grands labours d'automne, serviraient elles-mêmes d'engrais vert. » Pour savoir quel est celui de ces deux modes d'opérer qu'il faut pré- férer, il convient, il'unepart, de comparer l'aptitude qu'ont les graminées spontanées ou les légumineuses semées de retenir les nitrates, et de l'autre (le suivre la décomposition dans le sol des graminées ou des légumineuses enfouies comuie engrais vert, afin de voir avec quelle facilité elles laissent réapparaître au printemps suivant, sous la forme éminemment assimilable de nitrates, l'azote qu'elles se sont assimilé l'automne précédent. » J'ai déjà, l'an dernier, appelé l'attention de l'Académie sur la pro- priété curieuse que possèdent les racines de retenir en nature les nitrates (6i ) et j'ai trouvé que les racines des graminées sont plus chargées que celles du trèfle; on en jugera par les nombres suivants, observés au mois de dé- cembre i8g3. Azote nitrique contenu dans loo?'' de racines sèches. Blé is'-.oei oP'jSeo Raj-grass oS'', SyS Trèfle os'-joSS » L'analyse des eaux de drainage écoulées de grands pots renfermant .'ïo''^ de terre et ensemencés les uns en ray-grass, les autres en trèfle, dé- montre encore que les graminées retiennent mieux les nitrates que les légumineuses. Azote nitrique (calculé pour i'"') contenu dans les eaux de drainage (automne 1898). Cultures de ray-grass (10 vases) i3''s, y8 Cultures de trèfle » 22''?, i5 » Les plantes avaient été très affaiblies par la sécheresse de l'été de iSgS. Ces pertes sont tout à fait exceptionnelles, très souvent elles sont nulles, toute l'eau tombée étant rejetée dans l'atmosphère par la transpiration végétale. » Pendant l'année 1894, ces mêmes cultures ont donné pour la moyenne des 20 vases d'expériences : Azote nitrique (calculé pour i''") contenu dans les eaux de drainage (année 1894). Cultures de ray-grass (10 vases) 9''°i76 Cultures de trèfle » i5''s,63 » Les plantes sont redevenues vigoureuses et les pertes sont bien moindres qu'à l'automne de 1893; néanmoins les résultats sont tous dans le même sens et pour le premier offlce, retenir les nitrates, les graminées sont préférables aux légumineuses. » Il est bien à remarquer, cependant, que dans certaines contrées où la terre se couvre très aisément de plantes adventives, dans laLimagne d'Au- vergne notamment, on n'hésite pas à détruire cette végétation spontanée qui couvre le sol après la moisson et à la remplacer par une culture dérobée de vesce; c'est un usage très répandu, les praticiens ont reconnu que cette (62 ) manière d'opérer était avantageuse et il était intéressant de chercher la raison de son efficacité. » Ainsi qu'il a été dit déjà, le rôle que remplissent les cultures dérobées d'automne est double; elles doivent, quand elles sont sur pied, retenir les nitrates que les eaux de drainage tendent à entraîner, mais en outre, après qu'elles ont cLc enfouies, fournir par leur décomposition de l'azote sous la forme éminemment assimilable de nitrates. » Or, pour ce second office, les légumineuses l'emportent nettement sur les graminées; c'est ce qui résulte des analyses suivantes : Azote nitrique, calculé pour un hectare, contenu dans les eaux de drainage de terres fumées «cee du ray-grass ou du trèfle enfouis comme engrais verts (année 1892). Ray-grass enfoui 55''5, i5 Trèfle 79''s, Sg » M. Bréal, qui travaille à mon laboratoire du Muséum depuis de lon- gues années et dont le nom est bien connu de l'Académie, a trouvé de son côté ( ' ) : Azote nitrique {en milligrammes) contenu dans les eaux de lavage de i^s de terre enrichie de ray-grass ou de luzerne contenant la même quantité d'azote. Terre sans engrais i4i ,6 Terre avec ray-grass enfoui 190 > 8 Terre avec luzerne enfouie.. 289,4 » J'ai remarqué, en outre, que la culture des prairies naturelles récem- ment défrichées était très difficile, non seulement à cause des insectes qui y pullulent, mais en outre parce que la nitrification est très lente à s'y établir. » Les considérations précédentes justifient donc l'habitude où sont les cultivateurs auvergnats de déchaumer pour semer de la vesce qu'ils enfouis- sent en novembre. » Cette pratique est peu répandue dans le Nord de la France, je crois qu'il serait utile de l'y propager, et pendant ces dernières années j'ai exé- cuté un certain nombre d'essais pour savoir quel était le poids des récoltes (') Annales agronomiques, t. XI\, p. 288. (63 ) qu'on pouvait ainsi obtenir en culture dérobée, et pour en déduire le poids de fumier de ferme que ces cultures permettraient d'épargner. » Les résultats obtenus sont réunis dans le Tableau suivant ; Poids Poids du fumier de la correspondaii Plante Tesce enfouie à la à à l'hectare Azote vesce enfouie. laquelle -.^ — ~ — _ — pour too Azote calculé Années succède Desséchée de enfoui à S kg d'azote des la cullure à matière à par tonne oliservalion:». Localilcs. dérobée. Fraichc. no". sèche. l'hectare. de fumier. .892 Cham] D d'exp. (Grignon) Blé kg 17000 kg 3400 2,60 88,40 kB 17000 1893 id. » 6686 i38o 3,0 4l,4 8240 Id. iMarmi Ihat, Puy-de-Dôme, gran ide culture. » 7637 1607 4,^ 67,5 i35oo 1894 Grignon. Champ d'exp. .. 55oo 990 4,2 4i,6 83oo Id. Id. Case de végét. n" 9. » 12000 2280 3,9 88,9 17780 Id. Id. Case de végét. n» 10. » 1 1000 2080 3,7 76,9 l.Sjgo Id. Id. Case de végét. n" U. « 102Ô0 1933 3,4 65,7 i3ioo Id. Id. Gr. culture. Seigle i25oo 2470 3,07 78,0 13600 Id. Id. Id. » l3200 2554 3,5 90,' 18000 » En 1892, le semis a été fait de bonne heure, et la culture réussie. )) Bien qu'en Seine-et-Oise et dans la Limagne d'Auvergne on ait eu, en juillet iSgS, des pluies qui ont fait cruellement défaut dans les autres parties de la France, la terre était tellement sèche que la levée et la crois- sance de la vesce ont été retardées; en Limagne, on estime que la récolte est inférieure d'un tiers à une récolte moyenne. )) Cette année, à Grignon, la vesce a bien réussi sur les cases de vé- gétation après blé à épi carré, et en grande culture sur plusieurs hectares après seigle ; au champ d'expérience, la culture dérobée n'a donné que de maigres résultats par suite d'un semis tardif. » J'ai déjà insisté sur l'importance que présente l'enfouissement en novembre; si on laisse la récolte sur pied pendant l'hiver, la décompo- sition est trop lente pour que les plantes semées l'année suivante puissent se saisir des nitrates que produisent les fermentations successives des ma- tières azotées de l'engrais vert enfoui (' ). » La culture du blé s'étend en France sur 7 millions d'hectares; si, après la moisson, on s'astreignait à semer de la vesce en culture dérobée, (') Annales agiononiûjucs. ( 64 ) on enfouirait sur chaque hectare la valeur de lo à i5 tonnes de fumier; ce serait donc de 70 millions à io5 millions de tonnes de fumier qui vien- draient enrichir notre sol. Or notre production annuelle de fumier est estimée à 100 milhons de tonnes environ, l'extension des cultures déro- bées d'automne est donc susceptible de doubler la somme des matières fertilisantes distribuées chaque année dans notre pays. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre de la Section de Minéralogie, en remplacement de feu M. Maltard. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 58, M. Hautefeuille obtient 38 suffrages, M. Marcel Bertrand « 9 » M. de Lapparent u 5 » M. Michel Lévy » 4 >' M. Barrois » i » Il y a un bulletin nul. M. Hautefeuille, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la République. MÉMOIRES LUS. PHYSIQUE. — Recherches expérimentales sur le point critique des liquides tenant en solution des corps solides ( ' ). Note de Raoul 1*ictet. « Nous avons montré précédemment que les traces les plus faibles d'alcool dans le chloroforme ou le chloréthyie faisaient varier d'une façon très notable le point critique de ces liquides. Nous nous sommes occupé également de l'influence des corps solides dissous dans les liquides. En même temps, nous avons cherché à déterminer expérimentalement quelle est la puissance dissolvante des vapeurs des liquides portés à une tempé- rature supérieure à leur point critique. (') Voir les Comptes rendus, séance du 7 janvier 1890. (65 ) » Dans cette série de recherches, nous avons pris d'abord l'éther siil- {yirk[ue, parfaitement pur, comme point de départ ; nous avons déterminé la température d'ébullition sous la pression barométrique du laboratoire, et le point critique selon la méthode décrite. Cela fait, nous avons dissous du camphre sous ses trois formes isomériques, appelées bornéol, cinéol et terpinéol, et ensuite du phénol, du gaïacol et de l'iode. Tous ces corps ont été dissous dans l'éther. ). Nous avons continué par la solution d'alizarine C"H''0^(OH)- dans l'alcool et par la dissolution du bornéol dans le chloréthyle. » Ces expériences conduisent à des conséquences inattendues sur le pouvoir de dissolution des vapeurs surchauffées. Voici ce qu'on observe : » Lorsque le thermomètre est placé très près du tube de verre contenant la solu- tion de OS'-, 5 de bornéol dans aSs"- d'éther pur, on constate que sa température dépasse toujours la température qu'il indiquait dans la même position pour l'éther pur. » Au moment où le thermomètre approche de la température du point critique de l'éther, à iSg", on constate, contre les parois supérieures du tube contenant la solu- tion, une condensation de vapeurs qui redescendent vers le liquide du bas; l'agitation du liquide est extrême, beaucoup plus vive que pour l'éther pur. « La température monte jusqu'à 197° avant que le ménisque disparaisse et que l'on ait atteint le point critique de cette solution. Tout le liquide s'évanouit, mais on ne constate aucun dépôt solide dans le tube de verre qui reste transparent. » Le camphre est donc gazeux, ou en solution gazeuse, dans les vapeurs d'é- ther ('). » Cette même solution n'a donné une élévation de point d'ébullition que deo°,2 au- dessus de celui de l'éther pur; la température du point critique s'est élevée de 8°, à 197°. Cependant, à cette température, le bornéol est encore solide : il ne fond qu'à 198°. » En évaporant à l'air libre cette solution, nous retrouvons la totalité du bornéol solide dans l'éprouvette ; donc, sous la pression atmosphérique, la dissolution du bor- néol dans les vapeurs d'éther est nulle. B En répétant la même expérience avec les deux mêmes corps, mais en dissolvant 45s'' de bornéol dans SSe"- d'éther, nous avons élevé la température du point critique de 107°. Le ménisque n'a disparu qu'à 296"; il reparaissait pour une variation de -~ de degré au-dessous de cette température. » La totalité du bornéol est restée dissoute dans le gaz ou les vapeurs d'éther. » Afin d'abaisser la température du point critique de ces mélanges, nous avons remplacé l'éther par le chloréthyle. » Nous dissolvons is"- de bornéol (qui Tond à 198°) dans SoS"- de chloréthyle pur dont le point critique est 181°. (') C'est mon assistant, M. le D"" russe Aitschul, qui, le premier, a fait cette expé- rience et celle constatation. G. R., 1895, I" Semestre. (T. CX\, N" 3.) 9 ( <^<> ) ., La tempéralL.re du point critique s'est élevée de io° à .9.°, mais aucune trace de dépôt solide ne s'est laissée percevoir. or H' „ Des solutions de guaïacol cristallisé C»H* (^^^ dans l'éther nous ont donné des résultats très concordants, confirmant tout ce que nous avions constaté avec le camphre. » L'iode et le phénol se sont comportés de même. >, Afin d'assister à cette dissolution des corps solides dans les gaz, nous avons rempli un tube d'une solution cYalizarine dans l'alcool. » L'alizarine est un solide qui ne fond qu'à 290°. La température du point critique de cette solution a été de 240°. soit 5o° au-dessous du point de fusion de l'alizarine. >> Ici nous avons pu suivre les différentes phases du phénomène. La solution très eolorée d'alizarine occupait le tiers inférieur du tube. L'extrémité supérieure, fermée à la lampe, forme une pointe effilée qui retient par capillarité une goutte de liquide très apparente. » Lorsque la température s'élève progressivement et s'approche dil point critique de l'alcool, on voit distinctement cette distillation intérieure s'établir. Les vapeurs d'alcool sont, à ce moment, incolores et leur afflux continu, vertant se mêler à la gouttelette retenue par la capillarité, provoque la décoloration complète de la pointé fine du tube. La dissolution des vapeurs d'alcool dans la gouttelette primitive fait écouler vers le bas toute la matière colorante. » A 240° le ménisque disparaît et le tube est partagé en deux régions, l'une totale- ment incolore, l'autre très colorée. On voit des mouvements giratoires s'établir entre ces deux, zones et, dans l'espace de cinq à six secondes, la coloration rouge a envahi tout le tuhe, biais la teinte générale uniforme est sensiblement afTaiblie. » Il est donc visible que les vapeurs de l'alcool à i^o" ont la propriété de dissoudre l'alizarine comme l'alcool liquide. » Ces nombreuses expériences donnent Un certain poids à la théorie que nous avons formulée en 1877. Nous avons admis que la liquéfachon des vapeurs se présente sous deux phases distinctes : l'une à des températures supérieures au point critique, dans une multitude de points au centre des vapeurs et dont le nombre est proportionnel à la pression; l'autre, au-dessous du point critique, à la pression des vapeurs saturées. » La pesanteur n'intervient que dans le second cas, pour rassembler au fond du réservoir la masse de gouttelettes permanentes. Dans la première phase, la vésicule n'a qu'une durée si éphémère qu'elle se vaporise presque aussitôt formée, pour être remplacée par une autre vésicule dans une posi- tion voisine. Ces petites sphères licjuides n'arrivent ainsi jamais à consti- tuer une goutte, ni un ménisque visible à l'œil. La liquéfaction ne peut être constatée que pour des températures inférieures au point critique. (67) » Les corps solides, par centre, se dissoudraient dans l'ensemble des vésicules liquides disséminées au sein des vapeurs, sous haute pression, dans le voisinage du point critique. )) Il est probable, d'après cette théorie, qu'en surchauffant ces vapeurs on arrivera au dépôt des corps solides, car le nombre des particules li- quides simultanées diminue rapidement avec la température. Les condi- tions expérimentales pour réaliser cette expérience ne sont pas encore remplies. « Si le dépôt des substances solides n'a pas lieu, il faudrait admettre que les corps solides peuvent devenir gazeux et se mélanger à d'autres gaz, à des températures très inférieures à leur température de fusion, et cela sous des pressions considérables de leurs propres vapeurs, ce qui est en opposition avec toutes les lois sur les changements d'état des corps. Poids Température du point critique. Variation du point des corps dissous. des dissolvants. d'ébullition. critique. 0^,5 de bornéol G'»H'«0 25 éther 197° 0,2 8;o 0,5 de cinéol C'-'H'^O 25 éther 193 0,2 4,0 o,5de terpinoIG"'H>«0 25 éther 197 0,2 8,0 45,0 de bornéol 55 élher 296 pas encore déterminé 107,0 0,5 de phénol C^H^OH 25 éther 201 0,1 12,0 0,5 de guaïacol 25 élher 195 0,3 6,0 1 ,0 d'Iode 3o éther 193 0,2 5,0 1 ,0 de Bornéol 5o chloré thyle 191 0,2 10,0 VITICULTURE. — Le traitement des vignes phylloxérées, par les mousses de tourbe imprégnées de schistes. Note de M. F. de Mély. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) « Les renseignements que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie sur le traitement des vignes phylloxérées, par les mousses de tourbe imprégnées de schiste, proviennent de sources absolument diverses ; ils sont de nature à préciser les doses à employer, comme les modifications à apporter aux expériences de tâtonnements que j'avais indiquées il y a trois ans. » Mon champ d'expérience, pour sa part, a été depuis deux ans très mal- traité : gelé deux fois, écrasé par la grêle d'août iSgS, j'avais tout lieu de craindre qu'il ne disparût. Jusqu'au mois de mai, il avait été très vert; en juin, il était absolument jaune, mais, à la mi-juillet, il a commencé à rêver- dir ; en septembre, s'il était encore maigre de bois, il présentait une ver- deur intense, qui me permet d'espérer que je pourrai tout au moins lutter encore. Il y aura quatre ans l'an prochain que les vignes françaises ont absolument disparu de la région; ma vigne a maintenant dix années d'âge. » Mais ce qui est également intéressant, ce sont les essais scientifi- quement conduits dans d'autres pays. Après ma Communication à l'Aca- demie, M. le Directeur général de l'Agriculture chargeait M. le D"" Cro- las, dont chacun connaît la compétence en ces matières, de faire des expériences officielles. Ce savant a bien voulu m'autoriser à faire connaître à l'Académie les conclusions du Rapport qu'il a adressé à M. le Ministre de l'Agriculture à la suite de cette campagne; les voici : » Les ceps de toutes les parcelles présentaient une assez grande quantité de radi- celles; ceux des parcelles traitées, une quantité d'insectes notablement inférieure à ceux de la parcelle témoin. » Il nous a semblé que la dose moyenne de aSoS"' par ceps donnait d'aussi bons résultats que les doses plus fortes. » 11 résulte de cette prremière série d'expéiences : » 1° Que l'huile de schiste, aux doses que nous avons employées, ne nuit pas à la végétation ; » 2" Que cette huile agit comme insecticide, au moins dans certaines limites; » 3° Que la tourbe agit comme engrais, ce qui était prévu, étant donné sa teneur en azote. » De nouvelles expériences sont nécessaires pour nous permettre de nous prononcer sur la valeur du procédé, , )) D'un autre côté, plusieurs agriculteurs ont également fait des expé- riences. L'une d'elles m'a semblé assez scientifiquement conduite pour mériter qu'on s'y arrête. M. de Borde de Forest, viticulteur dans le Puy- de-Dôme, a cru devoir faire analyser son terrain ; puis il a procédé au traitement, auquel il a apporté certaines modifications raisonnées, que l'Académie nous permettra de lui signaler. » Les expériences ont eu lieu dans un terrain légèrement argileux, contenant i6 pour loo de calcaire, où le sulfure de carbone n'avait donné aucun résultat appré- ciable. Le traitement a été fait en février, avec de la tourbe imprégnée à lo pour lOo, à ^ 2006'' par ceps. Pendant l'année iSgS, il n'y eut aucun résultat; mais la seconde année, les ceps phylloxérés commencèrent à reprendre vigueur et là où, en iSgS, ils n'avaient poussé que de S"^", ils donnèrent. en 1894 du raisin sur des sarments de 2" 5o et 3™. Aujourd'hui, m'écrit-il, il est impossible de reconnaître dans ces vignes les taches phylloxériques. » De ces renseignements éminemment sérieux, nous pouvons conclure qu'un seul traitemenl est ulile; que deux semblent inutiles; qu'il s'agit de détruire les pondeuses au moment du départ de la végétation (' ). » Enfin, M. le D'' Crolas, M. de Borde et moi-même, nous en arrivons chacun séparément à admettre que sSoS"" environ de schiste, dans une dose de tourbe à modifier peut-être, nous permettront d'atteindre le but que nous poursuivons. » MEMOIRES PRESEÎVTES. CINÉMATIQUE. — Sur lin mode de description de la ligne droite au moyen de tiges articulées. Note de M. Raoul Rricard, présentée par M. Haton de la Goupillière. (Commissaires : MM. Haton de la Goupillière, Darboux, Léauté.) « L'appareil que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie constitue une solution du problème de la transformation du mouvement circulaire en mouvement rectiligne au moyen de cinq tiges articulées qui présente peut-être quelque intérêt, même après les belles études de M. Hart sur les pentagones articulés. La démonstration des propriétés de cet appareil peut s'établir aisément comme il suit : » Soit OMPM'O' un système formé de quatre tiges articulées OM, MP, PM', M'O' (-). Les points O et O' sont fixes et le point P est assujetti à décrire la perpendiculaire élevée à 00' en son milieu I. Les deux tiges OM, O'M' ont même longueur R et les deux tiges MP, M'P', même lon- gueur d. On suppose enfin que le système est déformé de telle manière que les points M et M' n'occupent pas des positions symétriques par rap- port à la droite IP. » Prenons sur MO et M'O' deux points Q et Q' tels que MQ = M'Q' = ^. Pendant la déformation du système, la distance des deux points Q et Q' (') Je ne saurais nier d'ailleurs que mon direcleur de culture, M. Monternier, dont je me plais à dire ici toute la compétence agricole, n'a jamais fait qu'à regret le trai- tement de juin, m'affirmant que je faisais sécher les fines radicelles qui s'étaient déve- loppées au printemps dans la mousse de tourbe. (^) Le lecteur est prié de faire la figure. (70 ) reste constante et égale à OO' ^- Il suffit, pour le voir, de remarquer que les deux triangles OPO', QPQ' sont constamment semblables et que le PO , 1 . rf rapport p^ est constamment égal a ^ • » Réciproquement, les deux points Q et Q' étant reliés par une tige de longueur égale à 00'. h' le point P décrit la perpendiculaire élevée à OC en son milieu. Dans la réalisation de ce dispositif, on a fait 00= 2R, (/ = RV2, d'où _ OQ = 0'Q' = R, QQ' = 00V2. Le système, dans sa position moyenne, affecte la forme d'un carré dont les deux diagonales sont tracées et dont deux côtés opposés sont sup- primés. » Je ferai encore, au sujet de ce système, la remarque suivante : le point I coïncide toujours avec le segment de droite limité par les milieux de MM' et QQ'. Si donc on suppose les tiges MP et M' P munies de contre- poids qui fassent tomber leurs centres de gravité respectifs en M et M', et si l'on suppose en outre le poids de chacune de ces tiges égal à la moitié du poids de la tige QQ', l'ensemble des cinq tiges aura toujours son centre de gravité au point I. L'appareil sera donc équilibré dans toutes ses posi- tions. » Je signale, en terminant, une proposition qui permet d'obtenir un nombre infini de solutions du problème de la transformation du mouve- ment circulaire en mouvement rectiligne au moyen de systèmes articulés. Soit AjAo.-.Ajn une ligne brisée à côtés égaux, dont les sommets s'ap- puient alternativement sur deux circonférences C et C. Si, pour une po- sition donnée du point A, cette ligne brisée se ferme après in côtés, il en sera toujours de même, quelle que soit la position donnée au point A. La démonstration de ce théorème résulte immédiatement de ce fait que la droite A„A„+2 enveloppe une conique, et de l'application du théorème de Poncelet sur les polygones inscrits et circonscrits à deux coniques. » Dans le cas où n est un nombre pair, les points A^, ^m+n sont tou- jours symétriques par rapport à la droite qui joint les centres des deux cir- conférences; cette droite peut donc être décrite en articulant deux tiges égales MA„, MA,„^„ aux points A,„. A,„^„. » ( V ) M. Marsde\ Mansox adresse, de San-Francisco (Californie), un Mé- moire intitulé : « Les climats terrestres et solaires; leurs causes et leurs variations ». (Commissaires : MM. Daubrée, Gaudry, Cornu.) M. G. KocH adresse un Mémoire, écrit en allemand, sur le vol des oiseaux. (Commissaires : MM. Marey, Guyon, Marcel Deprez>) CORRESPOIVDAIVCE . M. J. Janssen, en présentant à l'Académie V Annuaire, du Bureau des Longitudes, s'exprime ainsi : « J'ai l'honneur de présenter, comme Président, l'Annuaire du Bureau. » Le Bureau ayant été créé par la Convention en lygS, cette publica- tion a juste aujourd'hui un siècle d'existence et il est curieux de comparer le volume minuscule qui fut le jiremier de cette collection, et qui n'avait pas 5o pages, avec celui d'aujourd'hui qui en compte près de 900. M Les premiers Annuaires, rédigés par Lalande, ne contenaient, en outre du Calendrier donnant le lever, le coucher et le passage au Méridien du Soleil, de la Lune et des Planètes, que quelques explications et Tableaux très sommaires sur les nouvelles mesures, la surface et la population des principales parties de la Terre, celles des Départements français, etc. » Aujourd'hui, les données et les renseignements fournis par notre pu- blication embrassent presque toutes les parties de l'Astronomie pratique et sont l'objet des soins constants de la part de notre savant confrère, M. Lœwy. Les monnaies françaises et étrangères, l'amortissement et l'in- térêt, les poids et mesures, la mortalité, les données physiques relatives aux densités, à l'élasticité, à la dilatation, aUx points critiques, à l'acous- tique, à l'optique et à l'électricité, y forment la matière de Tableaux très complets et très étendus, pour lesquels la collaboration de nos éminents confrères, M\L Fizeau, Cornu, Sarrau, et celle de M. Mathias, nous ont été bien précieuses. » Je citerai encore le travail si complet de Géographie statistique de notre savant confrère M. Levasseur, et enfin celui de notre Secré- taire perpétuel, M. Berthelot, sur la Thermochimie, qui est presque tout (70 entière sa création, et qui occupe à juste titre une grande place dans le Volume. » Une des principales causes du succès de V Annuaire est due aux No- tices dont les astronomes les plus célèbres du siècle se sont plu à l'enrichir, les Lalande, les Laplace, les Humboldt, les Arago, les Delaunay pour ne citer que ceux qui ne sont plus. Parmi eux, la figure sympathique d'Arago se détache d'une manière toute spéciale. Il a personnifié, en quelque sorte, l'Annuaire, depuis 1824 jusqu'à sa mort, par la part si grande qu'il prenait à sa rédaction et par les Notices si intéressantes, si autorisées, si nombreuses, dont il l'enrichissait. » Le Volume de cette année renferme de belles et intéressantes Notices de nos confrères MM. Bouquet de la Grye, Tisserand, Poincaré. )) En résumé, nous pouvons dire que le Bureau s'est surabondamment et brillamment acquitté de la tâche que la Convention lui avait imposée en lui demandant la rédaction d'un Annuaire propre à régler tous ceux de la République. » La KoxiglicheGesellscuaftdek Wisse.vschafte.v de Gottixgen adresse à l'Académie une Lettre dont voici la traduction : « Les Académies de Munich et de Vienne, les Sociélés scientifiques de Gôttingen et de Leipzig se sont réunies depuis un an, pour travailler en commun à une entre- prise d'un intérêt scientifique général; nous sommes chargés de vous donner connais- sance des projets qui ont été présentés par l'Académie de Vienne à la réunion des délégués tenue à Gôttingen les iS et 16 mai derniers. Ils sont relatifs à la recherche des rapports (qui peuvent exister) entre les variations d'intensité de la pesanteur à la surface de la terre et la constitution géologique de l'écorce terrestre, rapports qui sont rendus bien probables par les travaux de M. Defibrges et de M. Sterneck. » Nous avons réuni, dans un Mémoire ci-joint, les résultats de notre conférence, les points de vue qui y ont prévalu ; mais ce Mémoire est seulement destiné à éclairer l'orientation provisoire des recherches abordées et le moyen de les exécuter; il n'a pas l'importance d'un programme déterminé pour l'organisation future. » La solution d'une question si étendue ne semble possible que par la réunion des différentes nations; elles devraient, à cause de la connexité du but poursuivi, avoir recours à la Géodésie internationale. » [Les signataires annoncent qu'une réunion des délégués des Académies aura lieu le 5 septembre à Innsbriick, en même temps que la réunion de la Commission perma- nente de l'Association géodésique internationale. Ils demandent que l'Académie veuille bien envoj'er des délégués à cette Conférence. Ils demandent enfin qu'on veuille bien les informer de la décision de l'Académie, afiu de pouvoir lui transmettre, au besoin, des renseignements plus détaillés]. (Renvoi a MM. Fizeau et Daubrée.) ( 73) M. le Ministre des Affaires étrangères adresse, par l'entremise de M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, la traduction d'une étude de M. Lorenzo Sundtsur le lac Titicaca, publiée dans le journal bolivien El Heraldo. (Renvoi à MM. d'Abbadie et Daubrée.) M. VON Richthofen, nommé Correspondant pour la Section de Minéra- logie, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Matheron, nommé Correspondant pour la Section de Minéralogie, adresse ses remercîments à l'Acadénîie. MM. J. CoNiEL, Meslans, Sappin-Trouffy adressent leurs remercî- ments à l'Académie pour les distinctions accordées à leurs travaux. M. H. Bâillon prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place actuellement vacante dans la Section de Botanique. (Renvoi à la Section de Botanique.) M. Ed. Bureau prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place actuellement vacante dans la Section de Botanique. (Renvoi à la Section de Botanique.) M. J. Carpentier prie l'Académie de le comprendre parmi les candi- dats à la place d'Académicien libre, laissée vacante par la mort de M. de Lesseps. (Renvoi à la future Commission.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur V application aux équations différentielles de méthodes analogues à celles de Galois. Note de M. Jules Dracii, pré- sentée par M. H. Poincaré. « Dans une Note présentée à l'Académie le 8 mai 1893, nous avons essayé d'appeler l'attention sur une classe de problèmes pour lesquels on C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, IN» 2. ) lO ( 74 ) connaît une méthode logique et nécessaire de résolution : tout progrès accompli dans cette résolution est défini par un groupe dont on connaît explicitement les invariants différentiels. En indiquant, à ce moment, un certain nombre de ces problèmes, nous avons annoncé que la plupart des questions d'intégration pouvaient se traiter par la même inéthode. » Au lieu de donner immédiatement les résultats auxquels nous sommes parvenus, il nous a paru indispensable de chercher à les présenter sous une forme aussi élémentaire et intuitive que possible; nous avons été conduits ainsi à reprendre la théorie des équations algébriques donnée par Galois et à l'exposer de façon que son extension aux systèmes différentiels soit immédiate ('). Cette extension fait le sujet d'un travail qui sera prochai- nement publié et dont nous allons indiquer brièvement les points essen- tiels. )) Soit un système formé d'un nombre limité d'équations algébriques entre : i° des données A,, ..., A„, fonctions déterminées, c'est-à-dire isolées logiquement, de variables indépendantes ^r, , . . . , a:^ et leurs dérivées partielles jusqu'à un ordre déterminé; 2° un certain nombre d'incon- nues s,, ..., z,„ et leurs dérivées par rapport aux x, jusqu'à un ordre déterminé : il est, en général, impossible, à l'aide des signes d'opérations qui ont été nécessaires pour définir logiquement les A, d'exprimer d'une manière explicite les éléments Z les plus généraux qui vérifient le svstème. On est alors amené à faire Xintègration logique du système, c'est-à-dire à étudier d'une façon précise le système des relations explicites indépendantes que l'on peut écrire entre les données, leurs dérivées, les inconnues et leurs déri- vées. Lorsque cette étude sera faite, on pourra introduire dans les raison- nements et les calculs les éléments Z considérés comme explicités : ces éléments sont entièrement définis par le système des relations explicites dont il vient d'être question et, au point de vue logique, il est impossible de les définir autrement. » I. Pour intégrer une équation linéaire aux dérivées partielles 0) X(/)=g + A,i^+... + A.i^_=o à (n + i) variables, il est nécessaire et suffisant d'en déterminer n solu- tions; ces n solutions ne peuvent être définies qu'aux transformations près (') Introduction à la théorie des nombres et à l'Algèbre supérieure (3= Partie). Nony et C", iSgS. • ( 75 ) du groupe ponctuel général à n variables ou de l'un de ses sous-groupes. Il existe autant de types de transcendantes définies par l'équation (i) qu'il existe de types de sous-groupes, finis ou infinis, du groupe ponctuel à n variables. Tous ces types de sous-groupes ont été pour i, 2 et 3 variables déterminés par M. Lie qui a donné des méthodes générales pour le cas de n variables. » Pour déterminer à quel type appartiennent les transcendantes qui permettent d'intégrer une équation donnée, il suffira de reconnaître si certaines équations résolvantes, que i on sait former par des opérations ration- nelles admettent ou non des intégrales rationnelles. C'est là un problème pratique qui n'a été abordé que dans des cas très restreints. » L'étude des transcendantes de chacun de ces types, au point de vue de la théorie des fonctions, et celle de leur forme analytique au voisinage des domaines singuliers, se ramènent à celle d'un sous-groupe discontinu du groupe fondamental correspondant. Ces groupes discontinus sont, par exemple, dans le cas où le groupe fondamental est linéaire et homogène ceux qui ont été étudiés par M. Poincaré ('). Le groupe fondamental est toujours \e plus petit groupe continu qui renferme le groupe discontinu qu'on vient de signaler. » IL L'intégration des systèmes complets d' équations linéaires amène à la considération des mêmes groupes, étendus — erweitert — en considé- rant les n solutions comme fonctions da n -\- q variables non transformées, si le système est formé de q équations. Ajoutons que les invariants diffé- rentiels à considérer ne renfermeront, dans tous les cas, que des dérivées prises par rapport à n de ces variables; ce sont donc les mêmes quel que soit le nombre q, les résolvantes seules sont différentes. » III. L'intégration de l'équation aux dérivées partielles du premier ordre X(a7, X,, ..., œ,^,p,p,, p„) = con.i,V., oi\ X désigne, pour plus de netteté, un polynôme, homogène par raj)port aux/;, se ramène, d'après Cauchy, à celle de l'équation linéaire (X,/) = o. » Nos théories montrent que le groupe fondamental est, pour cette équation, un groupe de transformations de contact en (a;, p) à n variables, (') Sur les groupes des équations linéaires {Acla Malheiiiatica, l. IV). ( 76) ainsi qu'il résulte de l'identité PdX.-hV,d\, + . . . -f- P„ r/X„ = 77, dx, -h...-{- p,^dx„, vérifiée par un système déterminé de solutions X,, ..., X„; P,, ..., P„. » On parvient également à des groupes de transformations de contact en (x, p), étendus convenablement, quand on étudie l'intégration des sys- tèmes en involutwn X = a, X, = fl, , • • • , Xy ^ dij, c'est-à-dire celle du système complet (X,, /j = o (« = o, i, ..., q). )) Ces résultats peuvent être obtenus directement en cherchant à déter- miner les intégrales complètes des équations considérées; si on les applique alors à une équation linéaire /> -t- A,/>, + . . . + A„/?„ = o, on reconnaît que le groupe fondamental est simplement un groupe ponc- tuel prolongé. Dans les autres cas, on doit étudier la détermination simul- tanée des X et des P, car les transformations du groupe fondamental ne dépendent point des X seuls. )) Il est bien évident que la méthode s'applique directement, avec une légère modification, aux équations qui ne sont plus homogènes et de degré zéro par rapport aux dérivées p ou qui renferment la fonction z. » IV. Les problèmes qu'on vient de signaler sont des cas particuliers du suivant, qui peut se traiter de la même manière : » Soient cp,, ..., (p„ des fonctions des a; et />, telles que l'on ail : (?/, ?*) = '«',■*( vK V, y, . . . r.^v) j^ = " (y = i , 2, . . . , « ; v < z^. 1=1 connaissant un groupe de v transformations infinitésimales, i qui laissent ce système invariant; de plus les« + v expressions I,^, Y;; sont linéairement indépendantes. Introduisant alors un groupe m (9) 7^Kf=TCu(=;---^.n)^^ (^ = I,2....,v) 1=1 isomorphe au groupe (8), et dont on peut supposer connues les équations finies, on peut démontrer que tout revient à intégrer le système complet L,/=o, ..., L„/=o, Y,/+Z,/=o, ..., Y,/-)-Z,/=o, ce qui conduit de nouveau, en posant .y< = ? at. » 3. Problème. — Du point .r, on isole par une surface a une partie des points ^ lieux des sources lumineuses F(^. t). Remplacer la portion Ide l'inté- grale (2) qui provient de ces sources par une intégrale prise le long de la sur- face G. » Pour effectuer cette transformation de la partie considérée I de l'in- tégrale (2), savoir (5) l=fl^'i'±^d., j'y remplacerai la fonction — '—^ — - par la valeur qu'on peut déduire des formules (r), (3), (4)- Les formules (4) et (1) donnent, en effet, . /C^' '' ° ) = 4^ n^- ^) = 4^^^ (^ + ^^ - -'^') «(^- 0- » Si maintenant je désigne par a(E, t, r) la fonction qui est déduite de u(^, t) comme l\T^ar fÇc,, t, /•) est déduite de r(E, t), il vient _ , fa,t, r) _fcP ,, ,\ „{\, t, r) (') Pour abréger, les points (x, j>', z), (Ç, t;, Ç) sont désignés seulement par leurs premières coordonnées x et 5. G. R., 1895, 1" Semestre. (T. CX\, N" 2.) 12 ( 90 ) « Dans cette formule, l'indice \ qui affecte l'opérateur différentiel V^ indique que les dérivations de cet opérateur portent sur E seul et non sur t. D'ailleurs, d'après la formule (3), on peut remplacerf^ -l-)i--j — j_ — par a}'^- -■^^; ^'^- On aura donc, en affectant l'opérateur V" de l'indice r quand les dérivations portent sur /-seul et, employant des notations et des théo- rèmes connus ( '), » Si l'on applique cette transformation à l'intégrale (5), il vient (5) i=^/i^^.= -i-y-vKv,.^-vo^^./.. » Pour remplacer cette intégrale de volume par une intégrale suivant la surface c qui le limite, il suffit (-) de remplacer, dans l'élément de l'inté- grale, le vecteur symbolique V par le vecteur n égal à l'unité, normal à la surface g et dirigé vers l'extérieur du volume auquel est étendue l'inté- grale (5). Il vient ainsi, en désignant par dr^ l'élément de la surface a, (6) I=^/;.|(V.-V,)^^^^.. » Le problème est ainsi résolu : L'effet des sources intérieures à 'î sur le point extérieur x, représenté par l'intégrale de volume (5) peut être rem- placé par l'intégrale de surface (6). C'est la généralisation du principe d'Huygens. (') V représente le vecteur symbolique {-j-'> j-> ^); V,. et V^ représentent ce vecteur lorsque les dérivations portent sur/- seul ou sur ç seul. Enfin, la notation A|B désigne, selon la notation de Grassmann, ce que M. Resal appelle le produit géomé- trique des deux vecteurs A(a, «i, a,) etB( p, Pi, p,), savoir : AB=ap + a,pi-(-a,Pj. ('j liiillclui de la Soctelé mathciita tique. ( 91 ) ri » 4. Pour revenir à une notation plus répandue, je désigne par -j- la dérivée dans la direction normale à la surface ç, et j'affecte cet opérateur différentiel de l'indice r ou \ suivant que les dérivations portent sur r seul ou sur \ seul. Il vient ainsi Il n'est d'ailleurs pas nécessaire à la démonstration que la surface c soit fermée. Elle peut avoir des branches infinies, de façon à isoler le pointa? du champ alors infini de l'intégrale (5). » Notre résultat représenté parla formule (6) contient ceux de MM. Po- tier et Poincaré. « CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques propriétés du sulfure d'argent. Note de M. A. Ditte, présentée par M. Troost. (( Le sulfure d'argent précipité, mis en contact à froid et à l'abri de la lumière avec une solution saturée de monosulfure de potassium, se trans- forme au bout de peu de temps; il perd sa couleur noire et devient rouge, en même temps qu'il se change en petits cristaux accolés les uns aux autres, transparents quand ils sont minces, et laissant alors passer une lumière rouge grenat; cette matière se dissout fort peu dans la liqueur au milieu de laquelle elle a pris naissance; séchée à l'abri de l'acide carbonique sur une plaque de porcelaine, de manière à la bien débarrasser d'eau-mère, elle présente une composition qui peut être représentée par la formule 4Ag^S, K=S, 2H-O. » Les cristaux ne sont transparents que sous une faible épaisseur; ce sont des paillettes brillantes qui, au microscope, se résolvent en groupes d'aiguilles terminées par des pointements et associées entre elles de ma- nière à se couper très fréquemment à angle droit. » Le même composé peut se produire à chaud; quand on fait bouillir avec du sulfure d'argent une dissolution quelconque de sulfure de potas- sium, l'eau s'évapore peu à peu, et bientôt la teneur du liquide en sulfure alcalin est suffisante pour permettre la transformation du sulfure métal- lique en substance cristallisée rouge, ayant la composition indiquée ci- dessus. Mais la solution alcaline est alors assez concentrée pour qu'il se ( 92 ) dépose, pendant le refroidissement, des cristaux de sulfure de potassium, difficiles à séparer du sulfure double; aussi est-il préférable de préparer celui-ci dans une dissolution saturée simplement à froid. » I.e sulfure double est altéré par la lumière qui le colore en gris foncé ; il est décomposé par l'eau, et cela d'autant mieux que la température est plus élevée; si, par exemple, on ajoute un peu d'eau à une liqueur bouil- lante dans laquelle les cristaux rouges viennent de se former, ceux-ci sont immédiatement détruits et l'on voit apparaître, à leur place, du sul- fure d'argent noir, dont le volume est sensiblement moindre. Il en est de même avec l'eau froide ; elle enlève une certaine quantité de sulfure alcalin au sel double, mais un équilibre ne tarde pas à s'établir entre l'eau, le sulfure double et les sulfures simples qui proviennent de sa décomposition, et celle-ci cesse d'avoir lieu dès que l'eau, à la température de 5", ren- ferme, par litre, Soos"" environ de monosulfure de potassium. » Cette décomposition du sulfure double par l'eau permet de faire cristalliser le sulfure d'argent par voie humide. Considérons en effet une liqueur dont la composition soit telle que, dans les conditions de l'ex- périence, elle n'agisse ni sur le sulfure d'argent, ni sur le sel double, si ce n'est pour en dissoudre une très faible quantité, et mettons-le en contact avec du sulfure d'argent. La température baissant un peu, il se formera quelques traces de sulfure double qui, si elle vient k se relever, se décomposeront en régénérant du sulfure d'argent, et celui-ci cristallise dans ces circonstances, ce qu'il ne fait pas lorsqu'on décompose brus- quement le sulfure double par un excès d'eau. Si donc on introduit du sulfiu'e d'argent précipité dans une solution convenablement concentrée de sulfure de potassium, il suffira que la température ne soit pas rigoureu- sement la même en tous les points du vase pour que, dans les régions les plus froides, il se produise du sulfure double qui, si la température s'é- lève, ou si l'on agite la masse, se décompose en donnant du sulfure d'argent cristallisé. Celui-ci demeurera alors inaltéré, car, par le fait de la cristallisation, sa densité a augmenté, et il a perdu une certaine dose d'é- nergie, si bien que sa combinaison avec le sulfure alcalin est moins exo- thermique que celle du sulfure précipité amorphe; c'est donc celui-ci qui sera attaqué de préférence par le sulfure de potassium pour faire le sel double dont la destruction ultérieure donnera des cristaux de sulfure mé- tallique, et peu à peu le sulfure amorphe cristallisera tout entier; il suffit de quelques jours pour obtenir ce résultat à la température de 20", si l'on emploie une solution renfermant par litre 35oS' de sulfure alcalin. (93 ) » D'ailleurs, la cristallisation du sulfure d'argent a lieu plus rapidement à chaud qu'à froid, et en effet les différences de température entre les di- vers points d'un vase chauffé sans précautions particulières sont plus grandes que si ce vase est abandonné à la température ambiante. Les petits cristaux ainsi obtenus sont gris noir et doués de l'éclat métallique, comme ceux de sulfure d'argent naturel. » Au contact d'une solution saturée à froid de sulfure de sodium, le sulfure d'argent ne change pas de couleur; la solubilité de ce sulfure alca- lin, bien inférieure à celle du sulfure de potassium, ne laisse pas la liqueur froide atteindre la composition limite qui permettrait l'existence d'un sulfure double. Mais comme, à mesure que la température s'élève, la solu- bilité croît plus vite que la quantité de sulfure contenue dans la liqueur limite, il en résulte que si l'on évapore à chaud, en présence de sulfure d'argent, une solution saturée à froid de sulfure de sodium, celle-ci se concentre peu à peu, et il arrive un moment où la quantité de sulfure alcalin dissous est suffisante pour permettre à un sulfure double de se for- mer; on voit alors le sulfure d'argent noir se changer, en quelques instants, en une matière d'un beau rouge, formée de petits cristaux trans- parents; la liqueur qui bout à i io° renferme alors, par litre, environ Soo?'' de sulfure de sodium anhydre. » Pour isoler les cristaux, on peut filtrer rapidement à chaud, ou dé- canter la liqueur et faire tomber la matière cristallisée sur une plaque de porcelaine bien sèche et préalablement portée à une température conve- nable; quelques précautions sont ici nécessaires, car si la plaque n'est pas assez chaude, il se déposera du sulfure de sodium que la liqueur-mère laissera cristalliser en se refroidissant, et, si elle l'est trop, l'évaporation de cette même liqueur déposera encore du sulfure alcalin; on arrive cepen- dant à séparer, avec assez de facilité, les cristaux rouges qui renferment 3Ag-S,Na-S, 2H-O. « Ce sulfure double est, comme celui de potassium, immédiatement décomposé par l'eau froide qui le change en sulfure d'argent noir et flo- conneux; une dissolution saturée à froid de sulfure de sodium le colore aussi immédiatement en noir. » Enfin, si l'on continue à concentrer à chaud la liqueur dans laquelle les cristaux précédents ont pris naissance, le sulfure d'argent se transforme en une poudre cristalline rouge vermillon; mais il est très difficile de les séparer de la liqueur-mère qui se prend en masse solide par le refroidisse- ment, et leur composition n'a pu être déterminée avec certitude. » (94) CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation du silicium amorphe. Note de M. Vigouroux, présentée par M. Henri Moissan. « La méthode généralement suivie dans la préparation du silicium amorphe est celle de Berzélius : réduction par le potassium d'un fluorure double de silicium et de potassium connu sous le nom de fluosilicate. L'analyse, dont nous donnerons plus tard les résultats, nous a démontré que le silicium de Berzélius est loin d'être pur. » M. Moissan ('), ayant obtenu le bore amorphe pur, par la réduction de l'acide borique en excès au moyen du magnésium, nous avons cherché à préparer de même le silicium amorphe en traitant la silice par le même métal. L'acide silicique étant plus difficilement fusible que l'acide borique, cette préparation, qui avait déjà été tentée par plusieurs expérimentateurs, nous a présenté quelques difficultés. » Dès 1864, Phipson fait mention de l'action réductrice du magnésium sur la silice. En 1867, Farkinson signale la présence du siliciure et du sili- cate de magnésium dans les produits de réduction. 1) M. Gattermann (^), en 1889, constate à nouveau avec quelle facilité le magnésium réduit la silice tant artificielle que naturelle. En les chauffant au bec Bunsen il obtient une masse qui, dans l'acide chlorhydrique, dégage un gaz spontanément inflammable, si le magnésium domine, et par les halogènes, donne les chlorure, bromure, iodure de silicium, lorsque c'est la silice qui est en excès dans la réduction. n Enfin, en 1890, M. Winckler (') cherche à préparer le siliciure de formule Mg^ Si. Il fait agir le magnésium d'abord sur le silicium, puis sur la silice. ]1 pulvérise deux atomes de métal avec une molécule de l'oxyde et, en chauffant seulement o^"", 20 de ce mélange dans un tube de verre, il obtient une violente explosion, le tube est brisé et la matière projetée. S'il opère dans un courant d'hydrogène, le tube ne se casse que s'il prend 5^'' ou plus du mélange. Il s'est formé un produit hétérogène, marbré de bleu et de brun. En chauffant une molécule de silice avec un atome de silicium, il n'obtient pas le protoxyde de silicium. Il en conclut que ce dernier com- posé n'existe pas. ( ' ) H. Moissan, Préparation du bore amorphe ( Comptes rendus, t. CXIV, p. 892 ). (') Gattermann, Berichte, t. XXII, p. 186. (') Winckler, Berichte, t. XXIII, p. 2642. ( 95 ) » Nous avons recherché les conditions les plus favorables à la formation du silicium amorphe et, même en opérant sur de grandes quantités, nous avons pu conclure : i° que pour éviter toute explosion, il suffit d'employer des matières absolument sèches; 2." que si le mélange est bien intime, le produit de la réaction est homogène. Il a été exécuté trois séries d'essais: (a). La proportion de magnésium est exactement nécessaire à la réduction de la silice avec formation de magnésie. Après traitement, on obtient une poudre de couleur chocolat dans laquelle se trouvent des siliciures et de nombreux grains brillants constitués par du silicium fondu par suite de la chaleur dégagée au moment de la réduction. Il faut donc modérer la réaction, (b). Nous avons employé un excès variable de silice. Il s'est formé moins dé silicium fondu, peu ou pas de siliciure de magnésium; mais les traitements ont été très longs et les rendements toujours très faibles, (c). On a opéré en présence de magnésie. Si l'on dilue les deux corps réagissants dans cette matière inerte, la température s'élève beaucoup moins. En fai- sant varier les proportions de magnésie, on arrive finalement à éviter la formation du silicium fondu et celle du sihciure de magnésium. On peut donc appliquer ce résultat à la préparation du silicium amorphe. )) Préparation du silicit/m amorphe. — On prend les proportions de silice et de magnésium indiquées par la formule Si02 + 2Mg=::Si + 2MgO, auxquelles on ajoute une quantité de magnésie égale au quart de leur poids. » On a employé : silice, 1808''; magnésium, i44^''; magnésie, Sis^. La silice choisie est du quartz pulvérisé que le commerce livre dans cet état; le magnésium est la poudre employée pour les appareils de photograpliie ; enfin, la magnésie est le produit ordinaire que l'on a soin de calciner fortement avant l'expérience. Ces trois substances, mélangées de façon à former une poudre bien homogène, sont versées non tassées dans un creuset en terre de capacité double, recouvertes d'une couche de magnésie, puis desséchées aussi complètement que possible. M Lorsqu'on veut opérer la réduction, on introduit le creuset encore chaud dans le four Perrot préalablement porté au rouge. Au bout de deux à trois minutes la réac- tion se déclare. Elle se manifeste par un bruissement de quelques instants et une incandescence vive de toute la masse; quelquefois, il y a distillation d'un peu de ma- gnésium qui s'échappe entre le creuset et son couvercle. Une minute après, on éteint le four et on retire le creuset que l'on maintient fermé. On constate que la matière a augmenté de volume, ce qui légitime l'emploi de creusets de grande dimension. La réaction se produit à la température de 54o° mesurée à la pince thermo-électrique. Cette indication peut être mise à profit lorsqu'il s'agit de sécher le produit : il suffit de porter le creuset tout chargé au four Perrot maintenu vers Soo" ou /Joo". » On peut aussi remédier à l'inconvénient des grands creusets qui trouvent diffici- (96) leinenl place dans des fours moyens. Il suffit de les remplacer par de plus petits que l'on recouvre tout simplement d'un second creuset renversé et percé d'un petit trou à sa base, laquelle pourra émerger par l'orifice du couvercle du four. C'est ainsi que la plupart des charges ont été faites avec des creusets n° i4 munis d'un creuset n" 12 comme couvercle. Il n'est pas nécessaire, en effet, que le tout soit porté à la tempéra- ture de réduction. On peut la produire en plaçant le mélange sur une assiette et le recouvrant de poudre de magnésium. Il suffit alors d'approcher une allumette enflam- mée : le métal brûle, et la chaleur dégagée par la combustion de ce dernier amorce la réaction qui se continue d'elle-même. » Après refroidissement, on trouve une masse parfaitement homogène de couleur marron clair, sans marbrures bleues on brunes ('), poreuse et friable que l'on détache très facilement. Les parois intérieures du creuset sont devenues gris bleu, ce qui montre que le magnésium a aussi exercé son action réductrice sur ces dernières. Si l'on veut obvier à cet inconvénient, on doit brasquer de magnésie l'intérieur des creu- sets ou bien rejeter les parties en contact avec les parois. » On traite la poudre d'abord par l'acide chlorhydrique. Si le mélange était bien intime, il n'y a pas trace de siliciure d'hydrogène; donc pas de siliciure de magnésium formé dans la réaction. L'acide sulfurique bouillant enlève les dernières traces de magnésium libre ou combiné. Puis, par deux ou trois traitements alternés à l'acide fluorhydrique, au bain-marie et à l'acide sulfurique bouillant, on fait disparaître la silice et les siliciures. On termine par une ébullition à l'acide chlorhydrique, puis à l'eau. » Après dessiccation, on obtient une matière pulvérulente, de couleur marron, parfaitement homogène. Parfois, surtout lorsque les charges ont été trop fortes ou les mélanges peu homogènes, on découvre, à l'œil nu, des grains brillants, très fins et d'autres plus volumineux, de nuance plus foncée. Au microscope ils présentent des formes bizarres. C'est la cha- leur dégagée par la réaction qui, leur ayant fait subir un commencement de fusion, a eu pour effet de les polir en certains points ou de les souder en d'autres. Si l'on veut les éliminer, on les sépare par lévigation; si l'on veut les éviter absolument, on augmente la proportion de magnésie. )> En employant des matières premières chimiquement pures, on obtient uu silicium titrant 99, 09 à 99, 60 pour too. Avec les produits commerciaux, on a des chiffres très voisins (*). » (') Au début de ces recherches, lorsque les mélanges n'étaient pas suffisamment intimes ou qu'ils contenaient de l'eau, j'ai obtenu aussi de violentes explosions et des marbrures indiquant une matière non homogène. (-) Ce travail a été fait au laboratoire des Hautes Éludes de l'École supérieure de Phrmaacie. ( 97 ) CHIMIE. —Sur l'état prolomorphique. — Sulfures de zinc et de manganèse. Note de M. A. Viixiers, présentée par M. H. Moissan. « Nous avons rappelé précéflemment (^Comptes rendus, t. CXIX, p. 1208 et 1263, et t. CXX, p. 46) certaines réactions déjà connues des sulfures de nickel et de cobalt, et nous avons indiqué quelques propriétés nou- velles de ces corps, qui nous semblent démontrer qu'au moment de leur formation ils doivent exister sous un état différent de celui sous lequel nous les connaissons une fois formés, et que nous proposons de désigner sous le nom à' état prolomorphique. » Les réactions produites sous cet état par les sulfures de nickel et de cobalt ne sont qu'un exemple des réactions dont on connaît déjà un cer- tain nombre et qui peuvent être produites par les corps avant qu'ds aient acquis leurs propriétés définitives, après avoir éprouvé une ou plusieurs transformations correspondant très probablement à des condensations, avec dégagement de chaleur, souvent manifestées par des phénomènes de cristallisation. Ces transformations sont immédiates et ne peuvent être constatées par les méthodes calorimétriques, mais seulement par les réac- tions chimiques effectuées au moment de leur formation. C^'est le cas du sulfure de nickel. Ou bien elles ne se produisent que lentement, soit en quelques minutes, et peuvent alors être mises en évidence par le dégage- ment de chaleur qui se poursuit après que les corps constituant le système primitif ont été mis en présence, soit pendant plusieurs jours, plusieurs années quelquefois, pendant un temps trop long pour qu'on puisse ob- server directement le dégagement de chaleur qui leur correspond. Dans ce dernier cas, qui est celui d'un grand nombre d'oxydes et de sels préci- pités, on pourra, à chaque instant, avoir une idée de l'état actuel des corps soit par les quantités de chaleur qui se dégagent lorsqu'on les amène à un état final déterminé, soit par les différences que l'on observe dans les propriétés chimiques. » Le protomorf>hisme des sulfures métalliques précipités peut être ma- nifesté, par cette dernière méthode, pour un assez grand nombre de sul- fures autres que les sulfures de nickel et de cobalt, dont nous avons déjà parlé, et les sulfures précipités peuvent produire certaines réactions inté- ressantes à un double titre, car elles indiquent l'existence de composés nouveaux, et sont quelquefois susceptibles d'application en Chimie analy- tique. C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N» 2.) • •-' (98 ) » Sulfure de zinc. — La transformation du sulfure de zinc précipité n'est pas immédiate, à fi-oid, comme celle des sulfures de nickel et de cobalt. Elle est très rapide à chaud, mais elle se poursuit, pendant plusieurs heures au moins, à la température ordinaire. C'est ce que l'on peut encore manifester par l'action des sulfures alcalins. » M. Thomsen {Deutsche Chemische Geselhchafl, t. XI, p. 2o44; 1878) a montré que le sulfure de sodium donne, avec une solution de sulfate de zinc, un précipité de sulfure de zinc; que, si l'on remplace le sulfure alcalin par le sulfhjdrate de sulfure, le sulfure de zinc se forme encore si l'on emploie ce dernier en quantité équivalente- mais que, si l'on verse le double de sulfliydrale de sulfure, on n'obtient pas de préci- pité, mais une liqueur limpide ou opalescente, qui fournit un précipité de sulfure de zinc ou de sulfhjdrate, lorsqu'on ajoute soit de la soude, soit un acide. » La combinaison soluble du sulfure de zinc et du sulfhjdrate de sulfure alcalin, comparable à celle de l'oxyde de zinc et de l'hydrate de potasse, peut être produite encore plus nettement de la manière suivante : 1) Si dans la liqueur alcaline obtenue en versant une dissolution de sulfate de zinc dans de la soude, jusqu'à ce que l'oxyde de zinc cesse de se redissoudre, on fait passer de l'hydrogène sulfuré, on constate que les premières bulles de gaz déterminent la précipitation du zinc à l'état de sulfure. Si l'on continue l'action de l'hydrogène sul- furé, ce précipité se redissout et l'on obtient, en quelques instants, une liqueur com- plètement limpide, pourvu que la dilution soit assez grande, par exemple avec une liqueur préparée avec des solutions de soude et de sulfate de zinc à 10 pour 100, et diluée ensuite au dixième. Les acides faibles et les alcalis y précipitent encore du sul- fure de zinc; la même précipitation se produit à l'ébullilion. Il s'agit donc bien d'une combinaison de sulfure de zinc et de sulfhydrate de sulfure de sodium. » Il est facile de montrer, en ne modifiant que très légèrement les con- ditions de l'expérience précédente, que le sulfure de zinc récemment pré- cipité subit une transformation. » Si, en effet, après avoir fait passer les premières portions d'hydrogène sulfuré, de manière à précipiter le sulfure de zinc, on ne prolonge pas l'action du courant gazeux, et si l'on abandonne le mélange à la température ordinaire, vers iS" à 20°, après avoir soigneusement bouché le vase dans lequel on a effectué la précipitation de manière à éviter l'accès de l'air, on constate qu'au bout de quelques heures le sulfure de zinc n'est plus susceptible de se redissoudre par l'action d'une nouvelle quantité d'hy- drogène sulfuré, quel que soit le temps pendant lequel on fait passer ce gaz dans la liqueur. )i Cette transformation peut être immédiate ou lente, suivant des con- ditions que nous définirons prochainement. » Le sulfure de zinc précipité sous sa modification soluble dans le suif- ( 99 ) hydrate de sulfure de sodium, est toujours amorphe. Sous sa modification insoluble, nous l'avons toujours trouvé cristallisé. » L'emploi du sulfhydrate de sulfure de sodium permet de séparer le sulfure amorphe du sulfure cristallisé, et de suivre ainsi la marche de la transformation, lorsqu'elle ne se fait que d'une manière progressive. » Nous ferons remarquer, au point de vue analytique, que les faits précédents montrent que, dans la séparation des métaux, on ne doit faire usage que des sulfures alcalins et non des sulfhydrates de sulfures, surtout si l'on fait la précipitation à froid, et que, de même, on ne peut substituer à l'emploi des sulfures alcalins celui de l'acide sulfhydrique, en faisant passer ce gaz dans la liqueur alcaline. » On voit aussi qu'il peut se présenter une cause d'erreur dans la recherche quali- tative du zinc, et que la précipitation du sulfure de zinc par l'hydrogène sulfuré dans un milieu alcalin peut passer inaperçue. Aussi convient-il d'effectuer cette précipita- tion dans le liquide sursaturé par l'acide acétique. )) Sulfure de manganèse. — Le protomorphisme du sulfure de manga- nèse ne peut être manifesté par la réaction précédente, du moins dans les conditions où l'on peut manifester le protomorphisme du sulfure de zinc. » On peut même séparer le manganèse du zinc en faisant passer un courant d'hy- drogène sulfuré pendant plusieurs minutes, dans la liqueur additionnée de chlorhy- drate d'ammoniaque et d'auimoniaque, en évitant un excès de ces derniers. Si la dilu- tion est assez grande, le sulfure de manganèse se précipite seul à froid, et le sulfure de zinc passe dans la liqueur filtrée, d'où l'on peut le séparer par une addition d'acide acétique. » Nous rappellerons cependant que le sulfure de manganèse peut se présenter au moins sous deux aspects-fort différents, tantôt de couleur chair, tantôt vert. Les deux modifications correspondent à des états d'hydratation différents. La transformation de la première dans la seconde, découverte par Berzélius, a été étudiée par M. Muck {Zeitsch.f. Chem., t. V, p. 58o, et t. VI, p. 6) et par MM. P. de Clermonl etH.Guiot {Bull, de la Soc. cliim., t. XXVIL p. 353; 1877). La première forme peut être comparée au sulfure de zinc amorphe, la seconde au sulfure de zinc cristallisé. La transformation du sulfure de manganèse paraît se produire dans des conditions ana- logues à celles du sulfure de zinc, mais plus difficilement; par exemple, à une tempé- rature plus élevée, ou dans des liqueurs plus concentrées. » Il faut remarquer, du reste, que l'indication négative constatée ici ne démontre nullement que le sulfure de manganèse ordinaire, de couleur chair, ne provienne pas lui-même d'une transformation d'un sulfure existant sous un état protomorphique en- core moins avancé. Il est possible que ce dernier puisse être mis en évidence par des réactions différentes. >• ( 'oo } CHIMIE ORGANIQUE . — Sur quelques réactions sensibles des acides amido-benzoïques. Note de M. Oechsxer de Coxinck. « Voici quelques réactions très sensibles que j'ai eu l'occasion d'em- ployer en analysant des mélanges d'acides amido et nitro-benzoïques; on les exécute en plaçant l'isomère, ou le mélange d'isomères, c'est-à-dire quelques parcell(>s de substance, sur un verre de montre, et ajoutant le réactif petit à petit. M Je ferai connaître l'action des hypochlorites, hypobromites et hypo- iodites alcalins de i'hypochlorite de calcium, et du perchlorure de fer en solution aqueuse très étendue. » I. AcUon de I'hypochlorite de sodium alcalin sur les acides amido et nitro- benzoïques. — Avec l'acide ortho-amido-benzoïque, la liqueur se colore en rouge de sang. n Avec l'acide meta, rouge brun. » Avec l'acide para, rouge orangé. » La réaction est particulièrement sensible avec l'isomère ortho. » Les trois acides nitro-benzoïques ne donnent rien dans les mêmes conditions. » II. Action de Vhypohromite de sodium alcalin sur les mêmes acides. — Avec l'acide orlho-amido-benzoïque, la liqueur se colore en rouge orangé foncé. >> Avec l'acide meta, rouge orangé vif. I) Avec l'acide para, rouge orangé vif. )> Les trois acides nitro-benzoïques ne donnent rien, en présence du même réactif. « III. Action de l'hypoïodile de sodium alcalin. — Je prépare le réactif en dis- solvant, dans un excès de lessive de soude pure et concentrée, un peu d'iode jusqu'à commencement de coloration jaunâtre. >' Avec l'acide orlho-amido-benzoïque, la liqueur se colore en rouge orangé. )i Avec l'acide meta, jaune foncé. » Avec l'acide para, jaune franc. )) Avec les acides nitro-benzoïques, rien de semblable; les cristaux de l'isomère ortlio deviennent jaune foncé au contact du réactif, mais les liqueurs ne se colorent pas comme dans les autres réactions. » IV. Action de I'hypochlorite de potassium alcalin. — Avec l'acide ortho-amido- benzoïque, la liqueur devient rouge brun très foncé. )) Avec l'acide meta, rouge brun foncé. » Avec l'acide para, rouge orangé foncé. » Aucune réaction colorée avec les acides nitro-benzoïques. » V. Action de l'hypobromite de potassium alcalin. — Avec l'acide ortho-amido- benzoïque, liqueur colorée en rouge orangé vif; » Avc'i- l'acide mêla, même teinte. ( loi ) » Avec l'acide para, même teinte. » Le même réactif ne donne rien avec les acides nitro-benzoïques. » VI. Action de l'hypoïodite de potassium alcalin. — Ce réactif a été préparé comme l'hj'poïodite de sodium. » Avec l'acide ortiio-amido-benzoïque, liqueur colorée en rouge brun. Il Avec l'acide meta, orangé foncé. » Avec l'acide para, orangé vif. » Avec les acides nitro-benzoïques, on n'observe pas de coloration dans les liqueurs. » 11 est à remarquer que les cristaux de l'isomère ortho se colorent en rouge orangé, et ceux de l'isomère para en jaune paille, au contact du réactif. » VII. Action de l'hypochlorite de calcium alcalin. — Le réactif a été employé en solution étendue. » Avec l'acide ortho-amido-benzoïque, liqueur colorée en violet foncé, virant liientôl au noir ou au vert sale; cette réaction est extrêmement sensible. I) Avec l'acide meta, jaune brun. » Avec l'acide para, jaune brun. » Aucune réaction avec les acides nitro-benzoïques. » Action du perchlorure de fer en solution aqueuse très étendue. — Avec l'acide ortho-amido-benzoïque, liqueur colorée en rose, puis en rouge vineux. » Avec l'acide meta, jaune ambré. M Avec l'acide para, rouge brun. » La même solution de chlorure ferrique ne réagit pas avec les acides benzoïques; toutefois, les cristaux de l'isomère ortho prennent, au bout d'un certain temps, une coloration rouge clair. » Dans une série de Notes présentées à l'Académie, de 1892 à iSgS, j'ai fait connaître certaines réactions différencielles entre les acides amido et nitro-benzoïques isomériques. Ces relations ne sont comparables ni comme sensibilité, ni comme rapidité, à celles que je décris aujourd'hui. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une classe de ni/riles. Note de M. Albert Colson, présentée par M. Schûtzenberger. « Dans une précédente Communication, j'ai décrit deux éthers cyanés OR de la forme CH'-CHv „ . ('). L'identité de leur point d'ébullition, leur odeur éthérée et leurs réactions portent à les considérer comme des iso- mères physiques. Ils sont stables l'un et l'autre, et, sous l'action de la po- ( ') L'isomère C Az-CH^.CH^OC^H» a été obtenu par M. Henry, professeur à l'tlni- versité de Louvain; il bout à 172°. ( I"2 ) tasse en fusion, donnent un dégagement d'ammoniaque sans perdre d'acide cyanhydrique. » Il en est autrement du nitrile lactique CH^-CHC^^^^, découvert, ainsi que ses homologues, par MM. Armand Gautier et M. Simpson. Tous ces corps, sous l'influence de la potasse, de l'eau, même d'une simple élé- vation de température, se scindent en aldéhydes et en acide prussique. D'autre part, ils se forment par le contact prolongé des aldéhydes avec l'acide prussique : CH^- CO + CAzH-=CH»- C(OH)CAz. )) Les composés de MM. Gautier et Simpson se comportent donc comme des combinaisons moléculaires et diffèrent des nitriles en ce que, au con- tact de l'eau, ils perdent le groupement C Az à l'état d'acide prussique, tan- dis que le propre des nitriles est de fixer de l'eau sur ce groupe C Az inhé- rent à la molécule. )) Je me suis demandé si, en enlevant l'atome d'hydrogène H provenant de l'acide prussique générateur, la molécule de cyanal{*) perdrait sa ten- dance à dégager de l'acide cyanhydrique et si je rentrerais dans le type / OR stable CW^.CW^ ^ . mentionné au début de celte Note et qui, lui, possède \LAz la propriété des nitriles. /Q2JJ3Q2 » Acétate de cyanal GH'.CH^^ „ . . — Appliquant la méthode habituelle, j'ai soumis le cyanal à Faction du chlorure d'acétyle CH'.CH( ";, -f-C2H'0Cl = CH^CH( r: " ^ +HC1. \CAz \CAz » Après avoir chassé l'excès de chlorure, lavé à l'eau alcaline le résidu, séché sur du carbonate de potasse et distillé la matière huileuse qui surnageait l'eau alcaline, j'ai obtenu un liquide bouillant à 167° sous la pression ^So"". B Ce corps, par son analyse et sa densité de vapeur, répond à la composition de l'acétate de cyanal. M. P. Henry, qui a déjà décrit ce composé (^), lui attribue pour point d'ébullition 1^5°. Il résulte de ses recherches que sa densité de vapeur prise à 100" sous pression réduite est normale; j'ai trouvé le même résultat en opérant par la méthode de Meyer dans l'aniline. (') J'appelle cyanal les nitriles de MM. Arm. Gautier et Simpson : ce nom rappelant l'origine de ces composés (acide cyanhydrique et aldéhydes). (») Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, t. XVIII, p. 702; 1889. ( io3 ) » Cet acétate n'est donc plus une combinaison moléculaire, mais il a tous les caractères d'une molécule chimique. J'en ai fait l'étude au jioint de vue sjjécial qui me préoccupait. » Son point d'ébullition pris dans un ballon à double enveloppe esl 169° (non corrigé) à la pression 760. Sa densité liquide est 1,062 à 0° et 1,082 à 14°. L'acétate de cyanal est soluble dans vingt-cinq fois son poids d'eau, et la solution ne précipite pas par l'azotate d'argent, même à la longue. Il est soluble dans l'éther, l'alcool, l'acide acétique, etc. Ce corps, malgré sa constitution, n'a pas les caractères habituels des nitriles ni des alcools secondaires. En effet, d'abord il se saponifie par l'eau plus lentement qu'un acétate d'alcool primaire. » Comparons, en eiïet, une dissolution contenant 4s'',5 d'acétate de cyanal dans 200"^= d'eau avec une solution d'acétate d'éthyle renfermant, par litre, le même poids d'acide acétique. A la température de 33°-35°, on trouve comme acidité (mesurée avec une liqueur de potasse au -^ de molécule) sur 100='= : Cyanal. Éther acétique. Au bout de 3x24'' 3'% 5 5"^s8 » « 17 X 24'' 28^,0 4o°°,o » L'addition d'une solution alcaline renverse les résultats en activant considérable- ment la saponification du composé cyanaldique. » Si l'on opère à chaud, vers r4o'', les résultats sont tout à fait re- marquables. En effet, au bout de trois heures de chauffe, l'acétate de cya- nal est loin d'être entièrement saponifié. Il y a plus : à chaque molécule d'acide acétique mise en liberté correspond sensiblement la formation d'une molécule d'acide prussique et l'eau renferme de l'aldéhyde; de sorte que dans ces conditions la molécule d'acétate cyanaldique éprouve une triple scission qui régénère tous ses éléments constituants, de même que sous l'action de l'eau un éther composé régénère ses deux éléments consti- tuants, alcool et acide : CH'.CH^^\"'°' -^ H^O = CH'.CH. 0 -+- C^H^O^ + HC Az. \C Az » Cette propriété se rencontre dans les éthers des cyanals supérieurs; elle caractérise donc ce genre de composés. » On peut la mettre en évidence par des expériences variées : quantitativement, en ajoutant 16'', I d'acétate d'argent à une solution d'acétate de cyanal (iB"', 7 dans So'^'^ d'eau), on trouve, après quatre heures de chauffe à i4o°, une acidité correspondant à i3s'',6 de potasse et à 1 molécule par litre, c'est-à-dire sensiblement le double de l'acide acétique i-enfermé dans l'acétate d'argent. Qualitativement, l'addition d'acétate de cyanal à une solution ammoniacale d'azotate d'argent additionnée de potasse donne immédiatement à froid un dépôt adhérent d'argent métallique. ( io4 ) » Une solution aqueuse d'acétate de cyanal, additionnée d'une trace de phosphates d'ammoniaque et de potasse et ensemencée de pénicillium, n'accuse aucun trouble, à 12°, au bout d'un mois et demi. » Le gaz chlorhydrique sec donne avec l'acétate de cyanal un corps cristallisé sur lequel je reviendrai. » Propionate de cyanal CH^.CH^ ^ • — Il s'obtient aisément en traitant le cyanal par le chlorure de propionj'le. La réaction est très vive. Débarrassé de l'excès de chlorure, lavé, séché et distillé, ce corps se présente sous l'aspect d'un liquide bouillant à iSi'-iSa" sous la pression 760""" ('). Sa densité à 0° est 1,022; à 18° elle est I ,oo4 ; sa saveur est sucrée; il se dissout dans trente fois son poids d'eau. » Au point de vue chimique, il possède les mêmes propriétés que son homologue ci-dessus décrit : par l'eau bouillante il se scinde en ses éléments constituants : aldé- hyde, acide propionique et acide prussique; au contact d'une solution ammoniacale d'azotate d'argent, il argenté le verre. » Acétate de propylcyanal C^H'.CH<^_ (-). — MM. Arm. Gautier et Simpson ont préparé le propylcyanal en laissant en contact l'aldéhyde propionique et l'acide cyanhydrique sec : c'est un corps tout à fait instable. J'ai répété cette prépa- ration et, dans le mélange obtenu, j'ai ajouté un excès de chlorure d'acétyle en refroi- dissant le récipient. La réaction est très vive, et le composé obtenu est mêlé de car- bylamines, si l'on en juge à l'odeur. » La réaction est plus facile et plus nette si, dans 120''" de chlorure d'acétyle forte- ment refroidi, on fait tomber lentement, à l'aide d'un entonnoir à brome, en agitant sans cesse, goe' de propylcyanal. On laisse la masse s'échauffer lentement, on distille l'excès de chlorure d'acétyle, et, dans le vide, vers 100°, on obtient un liquide qui, redistillé à la pression 762""", passe à i83° : c'est l'acétate de propylcyanal. Sa densité ào" est 1,019; à 12°, 5, elle est 1,006. Il est très peu soluble dans l'eau et se décompose en ses éléments sous l'influence des alcalis. » En résumé, les éthers des cyanals résistent à la chaleur; mais, à l'in- verse des éthers cyanés, ils cèdent aisément les éléments de l'acide cyan- hydrique. Je me propose de rechercher si l'éther cyané insoluble se rattache ou non aux cyanals. » C pour 100. (') Analyse 56, 18 Théorie 56,70 (-) Analyse 56,70 pour 100. Az pour ion. Poids mol. 7,10 10,73 128,5 7,08 1 1 ,o3 127 6,85 1 1 ,00 » ( io5 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la constitution de r hexaméthylènetétramine. Note de MAI. R. Cambier et A. Brochet, présentée par M. P. Schûtzen- berger. « En faisant réagir le gaz ammoniac sec sur le trioxyméthylène, Bout- lerow obtint en i858 une base répondant à la formule CH'^A?/, à la- quelle il donna le nom à' hexaméthylènetétramine ('). Cette base possédait les propriétés des ammoniaques composées : elle formait un chlorhydrate CH'-Az'sHCl, un chloroplalinatc [CH'^ Az',HCl]-.PtCl'' et se combi- nait aux iodures alcooliques RI.Cil'-Az^. » Depuis cette époque le trioxyméthylène ayant été identifié avec l'al- déhyde formique dont il est un des polymères, l'hexaméthylènamine s'ob- tient plus aisément en traitant la solution commerciale de formaldchyde par l'ammoniaque aqueuse et en évaporant dans le vide. » Un certain nombre de formules de constitution ont été proposées pour ce corps; elles ont toutes, à part celle de Boutlerow, l'inconvénient de s'écarter du type ammoniaque composée. » A la suite d'un certain nombre de recherches sur cette base nous avons été amenés à lui donner la formule suivante /CH=-Az = CH- Az — CIF-Az^CH-. \CH^-Az=CfP » On voit de prime abord que cette formule a l'avantage : i° de mettre bien en évidence les propriétés des ammoniaques composées; 2° de mon- trer la facile transformation de l'hexaméthylènamine en ammoniaque et aldéhyde formique sons l'influence des acides employés en excès; 3° d'ex- pliquer aisément l'action de l'acide nitreux. Si cet acide réagit sur un excès d'hexaméthylènamine il se dégage de l'anhydride carbonique, et il sefaitde la dinitrosopentaméthylène-tétramine(CH-)^Az''(AzO)- (-) dont la constitution, d'après notre hypothèse, serait la suivante /AzO /CH2-Az-CH-\ Az CH= Az. \CH2-Az-CH='/ \AzO (*) Boutlerow, Répertoire de Chimie pure, p. 221; i858. (^) F. xMayer, Deulschen Cheniischen Gesellschaft, t. XXI, p. 2883. C. K., 1895, I" Semeslre. (T. C\\, N» 2.) l4 ( 'o6 ) Si, au contraire, l'acide est en excès, il se forme de la Irinitrosotriméthylène- triamine (CH^)' Az'(AzO)* ('). La transformation du produit de Griessen celui-ci se conçoit aisément par perte de Az(CH^)- et fixation de AzO sur l'azote restant AzO \ CH^ AzO. )) Celte formule est précisément celle proposée parMayer. » Étant données nos connaissances actuelles, la seule objection qui puisse être faite à la constitution de l'hexaméthylènamine que nous pro- posons est de prévoir l'existence de dérivés d'addition de la forme C'H'-Az'R''', alors que l'on n'a obtenu jusqu'ici que les termes en R- et R\ )) Est-ce bien là une objection? Les composés d'addition de la forme AzBr — CIPBr sont peu stables; or, précisément les bromures et iodures C*H'-Az\R* perdent facilement une partie de leur élément halogène par simple exposition à l'air; on conçoit alors que ces termes soient une limite d'addition. » Enfin, nous citerons la formation de méthylènamidoacétonitrile CÂz — CH- — Az = CH-, obtenu par MM. Jay et Curtius (") en faisant réagir l'aldéhyde formique sur le cyanure d'ammonium. Ce composé, traité par les acides, régénère l'aldéhyde formique en donnant le nitrile amido-acétique CAz — CH" — AzH". De même l'hexaméthylènamine donne, dans les mêmes conditions, de l'aldéhyde formique, mais dans ce cas l'hydratation est complète avec formation d'ammoniaque, tandis que dans le nitrile de MM. Jay et Curtius, le carbone servant de lien entre l'azote etCH*, la combinaison est stable. » Le méthylènamidoacétonitrile serait donc à l'acide cyanhydrique ce que l'hexaméthylènamine est à l'ammoniaque, d'après notre hypothèse. » Ajoutons que la formule que nous proposons expliquerait par hydro- (') Griess et Harhow, Itnd., l. X\I, p. 2787. (-) Jay et CrRTius, Deulschen Cliemischen Gesellscliafi. t. WVIl, p. Sg. ( I07 ) génation la formation de méthylamine indiquée par MM. Trillat et Fayollat ('); mais nous insistons sur ce fait que l'on ne peut déduire de cette expérience une formuie de constitution de l'hexaméthylènamine. » En effet, en traitant cette base par un réducteur alcalin : amalgame de sodium, sodium et alcool, aluminium et lessive alcaline, on n'obtient pas de méthylamine, tandis que l'on en oblient en traitant l'hexaméthylènamine non seulement par le zinc et l'acide chlorhydrique, mais également avec l'acide chlorhydrique seul; il se forme encore de la méthylamine, plus dif- ficilement, il est vrai, si l'on additionne l'acide chlorhydrique d'acide chro- mique ou si on le remplace par l'acide azotique. Ija prétendue hydrogéna- tion de MM. Trillat et Fayollat est donc au moins inutile et la formation de méthylamine est due à une réaction secondaire tout à fait différente, sur laquelle nous reviendrons d'ailleurs prochainement. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le méthylal éthylénique. Note de M. Louis IIexry, présentée par M. Friedel. « Le numéro des Comptes rendus du 4 juin 1894 (^). renferme une Note de MM. A. Trillat et R. Cambier, ayant pour titre : « Action du trioxymé- » thylène sur les alcools en présence du perclilorure de fer et sur les nou- » veaux dérivés mélhyléniques qui en résultent. » Cette Communication a présenté pour moi un intérêt tout spécial, puisque je m'occupe depuis assez longtemps des composés monocarbonés. Mon intention n'est pas d'en faire en ce moment l'examen. Je n'en veux relever qu'un seul point. » Selon MM. Trillat et Cambier, le produit de l'action du-trioxymé- ihylène sur le glycol éthylénique est le dérivé méthylénique de celui-ci. Ils lui assignent la formule suivante H-C[0 — CH- — CIPOH]-, formule qu'ils déclarent conQrmée par l'analyse de ce produit et la détermination de la densité de sa vapeur. Ce composé constitue, selon ces auteurs, un liquide bouillante ']^°-']^°, légèrement soluble dans l'eau. » Je me suis occupé autrefois du méthylal diéthylique H^C[OC^H=]-, dont le point d'ébuUition est vers 85". Il m'a paru , de prime abord, impossible que le dérivé bi-hydroxylé, bi-primaire, de ce composé, fût plus volatil que ce composé lui-même, et j'ai conçu des doutes sur l'exactitude de la déter- mination spécifique du corps obtenu et décrit par MM. Trillat et Cambier. » J'ai été ainsi amené à refaire leurs expériences, en ce qui concerne l'action du trioxy-méthylène sur le glycol éthylénique. (1) Trillat et Fayollat, Comptes rendus, l. CXVII, p. 628. (-) Comptes rendus, t. CW'III, p. 1277. ( 'o8 ) » Je me hâte de dire que leurs indications sont exactes en bien des points, mais ils me paraissent s'être mépris sur la nature du composé que fournit celte réaction. Ce composé n'est autre, en effet, que le méthylal /O — CH- èlhylènique H^C\ \ ou V oxyde mixte méthyléno-éthylémque. \0 — CH^, » Ce corps constitue un liquide d'une limpidité parfaite, sans consis- tance, très mobile, d'une odeur piquante rappelant celle du méthanai, en solution aqueuse; d'une saveur brûlante, piquant énergiquement la langue. Sa densité à 4-3" est égale à i , 0828.7/ 5e dissout aisément dans l'eau, ai'ec laquelle il est miscible en toutes proportions; le chlorure calcique et le car- bonate bipotassique le séparent de sa solution aqueuse sous forme de couche surnageante. H bout sous la pression de 750°"° à 78°. Sa densité de vapeur, déterminée selon la méthode de Ilofmann, a été trouvée égale à 2,5o. Substance oS'', 0897 Tension de la vapeur 162™'" Volume » 78™, 8 Température 100° » I.a densité calculée est 2,55. La densité de la vapeur de CMI'-O" est 4,69. » L'analyse de ce composé a fourni les résultats suivants : Calculé. pour 100. C'H'G". C'H'=0'. C 48.43 48,64 44,11 Il ': 8,06 8,10 8,82 » Je ferai remarquer qu'entre le méthylal biniéthylique et le méthylal éthylénique, il existe les mêmes relations de composition qu'entre l'oxyde de méthvle et l'oxyde d'éthylène. o( , 0< I ^, \CH' \CH- /OCH^ /0-CH= H^C< , H=C( I . \OCH' \0-CH^ » Aussi les relations de volatilité entre les composés correspondants de ces deux groupes sont-elles les mêmes. /CH' . /CH« . 0( Ebull. — 23», 0( I Ebull. +13". \CH' ' \CH2 DifTérence : -t- 36°; /OCIP . /OCIP . fPC( EbuU. +42°, H^CC I Ebull. -t- 78-^. \UC?P \OCH'- ^ Diflerence : + 36°. ( '09 ) . » La soudure des deux fragments — CH% à la suite de l'élimination de H-, détermine, dans les deux cas, une élévation dans le point d'ébulli- tion de 36°. » Mon intention n'est pas de faire aujourd'hui l'étude complète, au point de vue chimique, du méthylal élhylénique. Il possède, d'une ma- nière générale, les mêmes projtriétés que d'autres composés de cette sorte déjà connus, et notamment que l'acétal élhylénique de Wurtz (') : /O — CH^ IPG-CH( I . \0 - CIP » Comme celui-ci, il réagit vivement sur le pentachlorure de phosphore et il se combine par addition, avec une violence extraordinaire, au brome qui s'y décolore instantanément. « Il se dissout dans le chlorure d'acétyle sans manifester aucini indice de réaction, du moins à la température ordinaire. L'inertie de ce réactif constate à l'évidence l'absence du groupement —OH dans ce composé. » J'ajouterai encore que le méthylal éthylénique ne me paraît pas pou- voir supporter impunément le contact prolongé du chlorure calcique, ni être soumis à des distillations répétées. A l'instar d'autres composés mixtes, ce corps me semble se dédoubler à la longue, sous l'action de la chaleur, dans les deux composés simples dont il renferme les éléments : l'oxyde de méthylène H-C = O et l'oxyde d'éthylcne H'C^ = O. A la fin de sa distil- lation, le thermomètre s'élève comme lors de la distillation de l'oxymé- thylène (li-C = O)" et l'on recueille une certaine quantité de celui-ci sous forme de sublimé solide. Quoi qu'il en soit, la préparation et la purification de ce composé intéressant sont des plus aisées (-). » Je me propose de faire le véritable méthylal bi-éthylique bi-hydioxylé symétrique : H=C[0 - CH= - CH-OH]-. (') Comptes rendus, t. LUI, p. 878; 1861. (-) Je tiens à ajouter qu'il est nécessaire de pousser la distillation du produit brut de la réaction beaucoup plus loin que ne l'indiquent MM. Trillat et Cambier. Ce pro- duit brut, un liquide épais et visqueux, me paraît être constitué par le produit d'ad- /0CH-^-CH2(01I) dition du niéllianal au elycol, H'-C^ ; le méthanal éthylénique 0-cn- . .... , , . II- C, I se forme, selon moi, pendant la distillation, par déshydratation de ce \0-CIP produit d'addition. 11 distille, en eflfet, beaucoup d'eau dont on se débarrasse par le chlorure calcique. Dans la réaction indiquée par MM. Trillat et Cambier, le rôle de Fe'-Cl'^ me paraît être principalement de désagréger, de dépoljmériser le tri-oxy-mé- ihylène qui, seul au bain d'eau, ne réagit pas sur le glycol. ( iio) M Je ne possède encore en ce moment que son dérivé bichlorhydrique H2C[0 — CH- — CH-C1]^ composé très bien défini, liquide, bouillant fixe à 218". Il est évident que le dérivé bi-hydroxylé correspondant aura un point d'ébuUition beaucoup plus élevé encore. » Ce dérivé bichlorhydrique est lui-même le résultat de l'action de /O — CH= — CH'Cl , , , l'oxyde de méthyle-éthyle bichloré H'CC . sur le glycol monochlorhydrique CICIP - CH=(OH). » Cet oxyde de mélhyle-éthyle bichloré bi-primaire est un liquide bouil- lant à i53°. Il résulte de l'action de l'acide chlorhydrique gazeux sur le méthanal en solution aqueuse, en présence du glycol monochlorhydrique, conformément à la méthode que j'ai indiquée pour la préparation des éthers /O ( "li"'^ ' méthyliques monochlorés de la formule générale H-Cs ,. ('). » La constitution de ces composés, sur lesquels je me propose de revenir dans un travail spécial, est donc établie d'une manière certaine. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles recherches sur la pectase et sur la fermen- talion pectique. Note de MM. G. Bertrand et A. 3Iallèvre, présentée par M. Dehérain. « Dans une récente Communication (") nous avons démontré que la fermentation pectique, c'est-à-dire la coagulation de la pectine sous l'in- fluence du ferment non figuré que Fremy a désigné sous le nom àQ pectase, ne pouvait se faire en l'absence d'un sel de calcium, de baryum ou de strontium. Le précipité obtenu dans celte fermentation est en effet un pec- tate alcalino-terreux et non de l'acide pectique, comme on l'avait admis jusqu'ici. )) Nous montrerons aujourd'hui que la transformation de la pectine en pectate alcalino-terreux, sous l'influence de la pectase, n'est réalisable qu'en milieu sensiblement neutre, l'action des acides sur la fermentation pectique étant considérable. Ce point établi, nous ferons ressortir l'une de ses conséquences immédiates. » Après avoir constaté çju'un mélange à volumes égaux de suc de carottes et de solution de pectine à 2 pour 100 se prenait en gelée compacte après une heure envi- (') Comptes rendus, t. CXIII, p. 368; 1891, et Bulletin de l'Académie de Bel- gique, t. XXV (3" série), p. /ISg. (-) Comptes rendus, t. GXIX, p. 1012. ( III ) ron, nous avons préparé une série de mélanges semblables auxquels nous avons ajouté des quantités croissantes d'acide clilorliydrique. 11 est résulté de ces additions un retard dans la transformation pectique, d'autant j)lus notable que la proportion d'acide était plus élevée : avec oS"',o88 deHCl pour ioo''''de mélange, le relard s'élevait déjà à près de quarante heures; si l'on dépassait un peu oS'', loo, il n'y avait plus de coagulation. » Des résultats analogues ont été obtenus en remplaçant l'acide chlorhydriqne par un autre acide minéral, tel que l'acide sulfurique ou l'acide nitrique, ou même par un acide organique. Nous avons essayé, dans ce but, les acides malique, oxalique et citrique. » Ainsi, malgré la présence des sels de calcium, une très petite quantité d'un acide libre, minéral ou organique, retarde jusqu'à la supprimer l'ac- tion de la pectase : il y a là un fait d'autant plus digne d'attention, que beaucoup de fruits contiennent, à côté du ferment, une propoi tion d'acides qui, à certaine époque de leur développement, dépasse de beaucoup les doses employées dans nos expériences. 1) Il faut remarquer, toutefois, que l'action retardatrice des acides est notablement amoindrie par la présence d'une plus forte proportion de sels de calcium on de ferment. C'est même pour cette raison que certains sucs végétaux nettement acides, tels que les sucs de cerises ou de frainboises, déterminent néanmoins la coagulation de la pectine. La fermentation pec- tique dépend, en somme, des proportions relatives de ferment, de sels de calcium et d'arides libres. )) C'est pour avoir méconnu cette influence des acides sur la fermenta- tion pectique que Fremy a nié l'existence de la pectase dans le suc des pommes et des autres fruits acides. On sait qu'il a admis, par contre, l'existence d'une pectase insoluble, accompagnant la partie solide des pulpes : il expliquait ainsi comment le suc des pommes vertes n'agit pas sur la pectine, tandis que la pul^ie, mise dans une solution de pectine, la rend gélatineuse après quelque temps. » En nous basant sur nos expériences et sur la propriété bien connue des diastases de se fixer avec énergie aux corps insolubles, comme les ma- tières colorantes sur le noir animal, nous croyons inutile de recourir à l'bypothèse d'une pectase insoluble pour expliquer l'action différente du suc et de la pulpe des fruits acides sur la pectine. Nous avons effective- ment reconnu que la pectase existait dans le suc de ces fruits. En opérant sur des coings, des poires et des pommes de différentes variétés et cueillis à plusieurs stades de développement, nous avons préparé des sucs qu'il suffisait de saturer, au moins en partie, par un alcali étendu, pour qu'ils déterminassent facilement la coagulation de la pectine ('). Il est donc (') Nous avons constaté, à cette occasion, que la partie centrale des fruits exa- ( M2 ) rationnel d'admettre que si la pulpe des fruits acides agit sur les solutions de pectine, c'est parce que la petite quantité de ferment qu'elle retient n'est plus gênée par la présence des acides, ceux-ci ayant été éliminés, pour la plus grande part, avec le suc cellulaire. Il n'est pas inutile de faire remarquer à ce sujet que la pulpe pressée de carottes retient aussi de la peclase et détermine nettement la fermentation pectique. » Pour confirmer son explication, Fremy avait avancé que la peclase so- iuble pouvait êire rendue insoluble sans perdre sa propriété caractéristique. Il nous reste à montrer que cette transformation n'est qu'apparente. » J'ai, dit Fremy ('), précipité par l'alcool un suc de carottes dans lequel la pré- sence et l'efficacité de la pectase avaient été constatées par une expérience préalable; le précipité a été repris par l'eau et séparé au mojen de la filtration. La liqueur filtrée s'est trouvée sans action sur la pectine, tandis que le précipité produisait au bout de quelque temps la fermentation pectique. » En répétant plusieurs fois cette expérience, nous avons observé les faits suivants : Quand on reprend le précipité alcoolique par l'eau distillée et que le contact de celle-ci est de courte durée, la pectase n'a pas le temps de se dissoudre en quantité suffisante et la solution obtenue est par- faitement inaclive par rapport à la pectine; au contraire, si le précipité est bien délayé et le contact prolongé plusieurs heures, la solution coagide la pectine, surtout si l'on y ajouîe une trace de chlorure de calcium. )) Ce dernier résultat est entièrement d'accord avec ce que nous savons maintenant sur l'intervention des sels de calcium dans la fermentation pec- tique. Quand on ajoute un volume d'alcool à du suc de carottes, presque toute la chaux contenue dans ce suc reste dissoute et le précipité qui se produit en renferme à peine. Dès lors, quand on reprend ce précipité par l'eau, on obtient une solution pauvre en sels de calcium, où le peu de pec- tase échappée à l'affinité capillîiire du résidu insoluble est, par conséquent, sans effet appréciable. » On doit donc conclure de ces nouvelles recherches que la pectase existe en dissolution aussi bien dans le suc cellulaire des fruits acides que dans celui des racines de carottes. Il n'y a pas de pectase insoluble. Mais, dans le suc des fruits acides, la présence du ferment peut être masquée par l'acidité du milieu; son action n'apparaît alors qu'après neutralisa- tion (-). » minés, comprise en dedans des faisceaux calicinaux et corollaires, était plus riche en ferment que la partie extérieure à ces mêmes faisceaux. (') Encyclopédie chimique; Chimie des végétaux, p. 34. (-) Travail du laboratoire de Chimie du Muséum. (ii3) PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De l'influence exercée par le système ner- veux et la sécrétion pancréatique interne sur Vhistoly se. Faits éclairant le mé- canisme de la glycémie normale et du diabète sucré. Note de M. M. Kauf- MAN.v, présentée par M. A. Chauveau. « Dans des recherches antérieures, j'ai établi que l'activité glycoso- formalrice intrahépatique est réglée d'une part, par le produit frénateur déversé dans le sang par le pancréas, et d'autre part, par l'action ner- veuse transmise directement au foie par les nerfs hépatiques; que la sécré- tion pancréatique interne est elle-même soumise à l'action régulatrice directe du système nerveux. » A ces conclusions, confirmées dans les nouvelles recherches, viennent s'en ajouter d'autres, tirées des faits expérimentaux suivants : » (a). Sur l'animal non hyperglycémique, à foie et pancréas complè- tement énervés, la piqûre du plancher du quatrième ventricule ne produit pas son effet hyperglycémique et glycosurique habituel. » (6). Sur l'animal hyperglycémique ou glycosurique, à foie et pancréas énervés, ou à foie énervé et à pancréas extirpé, la piqûre bulbaire déter- mine toujours un accroissement de l'hvperglycémie et de la glycosurie. » Le premier fait a été établi par mes recherches antérieures et con- firmé depuis ; le second est démontré par les expériences suivantes : » Expérience I. — Sur un chien à foie énervé et à pancréas transplanté, devenu diabétique à la suite de l'atrophie consécutive du pancréas, la piqûre diabétique pra- tiquée après un jeûne de vingt-quatre heures a modifié l'hyperglycémie et la glyco- surie comme suit : Sucre pour looos' de sang. d'urine. gr gr Au moment de la piqûre 2,424 8 4 heures après 3 , 720 22 6 heures après » 5o 10 heures après » 100 24 heures après 2,600 18 » Expérience II. — Sur un chien en bon état, à jeun, on extirpe le pancréas; le lendemain, l'animal étant toujours à jeun, on énerve le foie, puis on pique le bulbe. Sucre pour 10005' de sang. Immédiatement avant la piqûre bulbaire 2,819 2 heures après 2 , SSy 5 heures après 3 , 333 6 heures 3o après 3,636 l'ï C. R., 1890, 1" Semestre. (T. CXX, N° 2.) ' '•' (•ï4) » Les résultats fournis par ces expériences montrent que la piqûre bul- baire est capable d'exagérer considérablement l'hyperglycémie et la glycosurie, sans que l'on puisse invoquer la transmission d'une action ner- veuse quelconque ni au foie ni au pancréas. )) Faut-il admettre que la piqûre diabétique provoque la formation de sucre dans les tissus autres que le foie et que cette formation sucrée péri- phérique peut devenir assez importante pour déterminer l'exagération de l'hyperglycémie el de la glycosurie? » Cette interprétation doit être rejetée. Les faits expérimentaux actuel- lement connus et bien établis montrent, en effet, que le foie est le seul centre glycosoformateur important de l'économie, et que les autres or- ganes ne participent que d'une manière insignifiante à la formation du sucre du sang. Après l'isolement du foie chez les mammifères (Bock et Hoffmann, Seegen, Hédon, Kaufmann), après son extirpation complète chez les oiseaux et les animaux à sang froid (Minkowtki) le sucre diminue rapidement dans le sang et même disparaît. La même diminution s'observe sur des animaux diabétiques (Kaufmann). Dès i856, mon maître, M. Chau- veau, a montré que le saug artériel est toujours un peu plus riche en sucre que le sang veineux de la circulation générale. Dans un travail récent, nous avons constaté, M. Chauveau et moi, qu'il en est exactement de même chez les animaux hyperglycémiques, glycosuriques ou hypogly- cémiques : dans tous les cas, quel que soit l'état glycémique de l'animal, le sang perd du sucre en traversant le réseau capillaire des tissus autres que le fuie. J'ai constaté aussi que, pendant l'isolement du foie sur des chiens diabétiques, le sang stagnant dans les vaisseaux qui tiennent encore au foie s'enrichit en sucre, en même temps que celui qui est en circulation dans le reste de l'organisme perd sa glycose. » Tous ces faits ne permettent donc pas d'accepter l'interprétation d'après laquelle du sucre se formerait dans les divers tissus, en quantité suffisante, pour provoquer l'exagération hyperglycémique et glycosurique observée dans les expériences ci-dessus. On est donc conduit à admettre que l'accroissement de l'hyperglycémie et de la glycosurie qu'on observe après la piqûre bulbaire, sur l'animal dont l'appareil glycosoformateur est énervé, est le fait, non d'une formation active de glycose dans les différents tissus, mais bien celui d'une résorption histolytique générale plus active, résorption histolytique qui fait pénétrer en plus grande abon- dance dans le sang des matériaux capables d'activer la formation sucrée dans le foie. » Cette manière de concevoir l'elfet de la piqûre bulbaire est appuyée ( ^r> ) par les faits si clairement exposés par M. Chauveau dans son récent travail intitulé : La vie et l'énergie chez l'animal (' ). » L'histolyse s'accomplit incessamment dans l'organisme animal; elle fait rentrer dans le sang les matériaux qui composent les tissus; le sang transporte ensuite ces matériaux dans le foie où ils sont utilisés pour servir à la fabrication du sucre et à la reconstitution du potentiel énergétique consommé par le travail phvsiologique des divers organes. )) Les faits et les considérations exposés conduisent donc à cette conclu- sion importante, à savoir : que la piqûre diabétique agit non seulement sur le foie et le pancréas, mais encore sur le Irai'ail histolytique général qui s'accomplit continuellement dans les divers tissus de l'organisme anima!. » L'analyse de ces mêuies faits permet, en outre, d'établir que l'histo- lyse est réglée, comme la glycosoformation intra-hépatique, à la fois par le produit pancréatique déversé dans le sang et par le système neneu.r; que le produit pancréatique exerce, par l'intermédiaire du sang, son action fréna- trice puissante sur l'activité de la résorption histolytique en même temps que sur l'activité glycosoformalrice hépatique. » Chez l'animal à appareil hépatopancréatique énervé, la piqûre diabé- tique ne produit pas son effet hyperglvcémique habituel aussi longtemps que la fonction pancréatique conserve son. activité normale. Sur un tel animal, la double action frénatrice qui s'exerce sur l'histolyse n'est pas facile à dissocier, parce que la réfrénation d'origine pancréatique est, à elle seule, assez puissante pour maintenir l'histolyse dans son activité normale; mais cette dissociation devient facile aussitôt que l'on affaiblit ou que l'on supprime totalement le (rein pancréatique. Alors l'animal devient hyperglvcémique et diabétique ; mais son diabète n'atteint pas son maxi- mum d'intensité parce que le système nerveux continue à exercer son action frénatrice sur l'histolyse. La piqûre bulbaire pratiquée alors sup- prime ce reste de réfrénation nerveuse, d'où diabète plus intense. » L'histolyse et la glycosoformation sont deux actes physiologiques soumis l'un et l'autre à une double régulation : l'une d'origine pancréa- tique, l'auti-e d'origine nerveuse. Toutes les actions normales ou patholo- giques qui modifient le travail glycosoformateur modifient aussi dans le même sens l'histolyse. » L'harmonie admirable qui se montre entre l'hystolyse et la glycoso- formation a pour résultat de proportionner l'intensité de la reconstitution du potentiel énergétique à l'intensité de la consommation de ce même (') La vie cl l'énergie cliaz Vanimal. Paris, Asselin, Houzeau; 1894. ( ii6 ) potentiel consommé par le travail physiologique qui s'accomplit incessam- ment dans les diverses parties de la machine animale. » GÉOLOGIE. — Le Pléistocéne de la vallée de Chambéry . Note de MM. J. Rêvil et J. YiviEN, présentée par M. Fouqué. « Un des Chapitres les plus intéressants de la Géologie est celui qui a pour objet l'histoire de la période pléistocéne. Le bassin de Chambéry ne le cède, à ce point de vue, en intérêt à aucun autre : aussi l'étude en a-t-elle été abordée par de nombreux savants qui sont arrivés à des résidtats con- tradictoires (' ). Il vient de faire, tout récemment encore, l'objet d'une Note de M. Delebecque (^), dont les conclusions ne nous semblent pas com- plètement justifiées. Nous nous proposons de donner, dans cette Note, la succession des assises récentes de cette vallée, ce qui nous permettra d'é- tablir nos interprétations sur des bases plus positives. » A la Boisse, près de Chambéry, on trouve des couches alluviales for- mant entièrement la colline que longe la route du Bourget. La série se présente de la façon suivante, de haut en bas : » 4° Glaciaire consistant en marnes bleuâtres à cailloux striés et blocs anguleux. » 3" Graviers avec lentilles de sables. La partie supérieure est formée ici par une couche de poudingue qui limite parfaitement l'assise. » 1° Marne de couleur gris cendre avec débris de végétaux. On a trouvé, à la partie inférieure de cette couche, des élytres d'insectes, et des coquilles lacustres et terrestres [planorbes, lymnées, paludines, clausilies (^)]. » 1° Sables fins fortement tassés mais non cimentés. A signaler un cordon de petits galets ne mesurant que quelques centimètres. » Toutes ces assises sont d'une horizontalité parfaite. » Des marnes à liçnites et des sables se retrouvent à la base de toutes nos collines et sont toujours surmontés par des alluvions à faciès fluviatile. » On peut voir, par exemple, à Sonnaz un banc de gravier bien stratifié qui les recouvre directement; au-dessous viennent des argiles et des couches de combustibles qui sont aujourd'hui recouvertes, mais qui ont été autrefois le siège d'une exploitation très active. Des coquilles lacustres y ont été également recueillies. A Voglans, un banc de lignite, mesurant près (') Ms-- Rendu, M?'' Billet, de Morlillel, Pillet, Hollande, etc. (-) A. Delebecque, Sur l'âge du lac du Bourget et les allumions anciennes de Chambéry et de la vallée de l'Isère {Comptes rendus, t. CXIX, p. gSi). (') Ces fossiles sont déposés au Musée de Chambéry. (II?) de 2™, repose sur des assises argileuses situées au-dessus de sables fins. Cet ensemble est ici encore recouvert par des graviers en couches. » D'autres allavions jîléistocènes se retrouvent près du Viviers, au bord de la route qui côtoie le lac du Bourget. Une carrière a été ouverte en face du restaurant Drivet et l'on peut voir des lentilles de cailloux enve- loppées de bandes sableuses ayant ici une inclinaison très accusée vers le lac. Le pont traversé, la route coupe des assises analogues et présentant les mêmes allures. On observe un peu plus loin, sur la droite, une haute falaise toujours composée de sable et de cailloux parfois assez volumi- neux : ici la stratification paraît mouvementée. Il faut aller ensuite jusqu'à Grésine pour retrouver des alluvions qui, en ce point, inclinent également au nord-ouest. » Cette allure nous indique un alluvionnement en delta. Quant aux cou- ches mouvementées, elles ne sont pour nous que l'effet produit par une masse lourde sur les boues de l'ancien lac. Ces boues, plus ou moins ré- sistantes suivant les points, auraient cédé à la pression et les matériaux supérieurs auraient suivi le mouvement des assises de la base. » Une succession analogue s'observe sur l'autre flanc de la vallée, for- mant la colline de Servolex et du Tremblay. Ici également, on voit d'épaisses couches de gravier se superposer à des marnes à débris de vé- gétaux et à des sables. )) Quant au sous-sol de la plaine, il est constitué par des sables et des marnes dont nous ne connaissons pas l'épaisseur. Un sondage de 23™, ef- fectué dans le jardin du Muséum, n'a pas rencontré autre chose et n'a pas permis d'atteindre la roche en place. )) La vallée de Chambéry était donc occupée par un lac avant l'arrivée des glaciers. Ce lac devait être, comme l'est encore aujourd'hui le lac du Bourget, en communication avec le Rhône. Des courants adveutifs, descen- dant des montagnes environnantes, apportaient les sables et les marnes calcaires que nous avons indiqués comme formant la base des coteaux de la vallée. » Lors du grand développement des appareils glaciaires alpins, des alluvions, formées de matériaux empruntés à des moraines et, par consé- quent, remaniées, nous arrivèrent par la cluse de Montmélian. Elles se superposaient aux assises à matériaux plus fins, dont nous avons parlé. On y trouve bien, ainsi que l'a indiqué M. Delebecque, des roches apparte- nant au massif du mont Blanc. Toutefois, celles-ci devaient provenir des glaciers qui suivaient le cours actuel de l'Arly, ou descendaient des Cha- pieux pour se réunir à ceux de l'Isère et de l'Arc. (ii8) » Ajoutons que nous avons trouvé dans les carrières de la Cossine, près de Chambérv, des diorites anorlhosiques des environs de Bourg-Saint- Maurice, et de gros galets de brèche polygénique éocène venant incontes- tablement de la Maurienne ou de la Tarentaise, ce qui indique suffisamment la provenance de ces graviers. » Avec les progrès de la glaciation arrivèrent les glaciers eux-mêmes, qui séjournèrent longtemps dans notre bassin, où ils ont laissé, sur les alluvions anciennes, des dépôts considérables. T.orsqu'ils se retirèrent, les eaux eurent à se créer un nouveau lit dans les alluvions antérieures. Le lac primitif se reconstitua moins étendu, pour arriver à ne se conserver que dans le synclinal mollassique déprimé, où il se trouve aujourd'hui. Un grand lac baignait donc le pied de nos chaînes avant l'extension glaciaire. Ce lac fut partiellement comblé par un fleuve qui provenait du sud et non du nord. )) Nous ajouterons que malgré de minutieuses recherches, dont les ré- sultats négatifs nous ont arrêtés longtemps, nous n'avons rencontré dans notre bassin aucune preuve nous permettant de reconnaître plusieurs glaciations. Les phénomènes ultérieurs en ont, sans doute, oblitéré les traces, si elles ont existé, à moins, ce qui ne serait pas improbable, que notre vallée ait été trop rapprochée des massifs montagneux pour avoir jamais été entièrement déglacée pendant les périodes interglaciaires. » PALÉONTOLOGIE. — Restes d^ Hyènes rayées quaternaires de Bagnères-de- Bigorre ( Hautes-PYrénées) . Note de M. Edouard Harlê, présentée par M. Albert Gaudry. « Dans une Communication du 9 avril dernier, j'ai signalé la décou- verte de restes d'Hvènes ravées dans la 2;rotte de Montsaunès (Haute- Garonne); quelques jours après, M. Albert Gaudry me fit l'honneur, dans une Note à l'Académie, de revêtir ma détermination de sa haute sanction. On ne connaissait précédemment, dans le midi de la France, d'autre gisement à Hyènes rayées que la grotte de Lunel-Viel (Hérault), explorée jadis par Marcel de Serres. )) Je viens de découvrir un troisième gisement à Hyènes rayées. En exa- minant, dans le Musée de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), des mor- ceaux de brèche extraits d'une fissure de la montagne d'Es-Taliens, située aux environs de cette ville, j'ai remarqué trois mâchoires d'Hyènes ('). (') M. Charles Frossard, qui dirige ce Musée comme représentant de la Société ( "9 ) J'ai reconnu qu'elles appartiennent, comme les restes de Montsaunès, à de grandes Hyènes rayées. » Dans les autres morceaux de brèche d'Es-Taliens, j'ai reconnu des restes d'un grand Bovidé, de Cerf élaplie et d'un petit ruminant. » Le gisement d'Es-Taliens est situé à l'altitude de 800'". Je ne con- nais, dans le midi de la France, qu'un seul gisement quaternaire plus élevé : c'est la grotte de Lestélas (Aricge), située à l'altitude de 900™, où M. Miquel et moi avons recueilli surtout des restes d'Ours et de Mar- mottes. » PALÉONTOLOGIE. — Sur les phosphorites quaternaires de la région d'Uzès. Note de M. Charles Depéret, présentée par M. Albert Gaudry. « Le vaste plateau de calcaire urgonien qui s'étend depuis Uzès jusque non loin du Rhône, en face d'Avignon, est remarquable par l'abondance des poches à phosphate de chaux que l'on y rencontre. Ces poches ont donné lieu à des exploitations industrielles dans les environs de Tavel, de Saint-Maximin, de Pouzilhac. M. Nicolas, d'Avignon, plein de zèle pour les progrès de la géologie de sa région, a bien voulu attirer mon attention sur ces gisements, me conduire sur les lieux et enfin recueillir les matériaux qui m'ont permis d'étudier l'âge et les conditions géologiques de ces dépôts phosphatés. M H y a lieu de distinguer, sur le plateau d'Uzès, deux sortes de poches à phosphate de nature fort différente : » 1° Une première catégorie a pour type le gisement activement exploité par M. Jouve auprès de La Capelle. Ici le calcaire urgonien est raviné en grandes poches profondes (Go"") dans lesquelles ont pénétré des sables grossiers, à grains de silex et à petits nodules phosphatés de consistance crayeuse; il y a, en outre, des blocs de silex urgoniens décalcifiés, avec moules internes de Requienia, de Monopleura, etc.; mais il n'existe ici au- cune trace d'ossements de Vertébrés. Dans les environs du gisement prin- cipal exploité près de La Capelle, on trouve encore quelques autres amas moins imj)ortants de ces graviers phosphatés. M Jj'analogie d'aspect des graviers phosphatés de La Capelle avec ceux Ramond, a bien voulu me confier ces échantillons, que j'ai pu ainsi dégager de leur gangue et étudier à loisir. ( I20 ) du Gault de Clansayes ne laisse place qu'aux deux hypothèses suivantes : ou bien ces graviers sont du vrai Gault, tout à /ait discordant sur T Urgonieh, ou bien ils sont le produit d'un rem,aniement des graviers du Gault à une époque géologique plus récente et indéterminée. La présence de fragments phosphatés d'Ammonites du Gault qui sont disséminés çà et là sur le pla- teau urgonien, l'absence de stratification des poches, la présence au sein des graviers de blocs anguleux urgoniens et parfois de gros nodules con- crétionnés de phosphate presque pur, rendent la dernière hypothèse beau- coup plus vraisemblable. » 2° La seconde catégorie de gisements remplit des crevasses plus étroites et plus irrégulières, parfois profondes de 20" à So™, qui sillonnent en tous sens le plateau urgonien et qui ont été exploitées surtout à Tavel, à La Capelle et à Saint-Maximin. Ces fentes sont remplies d'un dépôt argilo-calcaire rougeàtre, plus ou moins ferrugineux, plus riche en phos- phate que les graviers précités. Le phosphate affecte souvent une allure concrétionnée, stalagmitique, identique aux phosphorites du Quercy. Comme dans le Lot, on y trouve en abondance, vers la partie supérieure des poches, des ossements et des dents de Vertébrés, dont les arêtes ne pré- sentent aucune trace de dissolution. » L'extrême analogie de ces poches phosphatées à ossements avec les phosphorites du Quercy m'a fait songer à rechercher l'origine du phos- phate dans une dissolution lente des calcaires encaissants. Mais l'analyse de ces calcaires urgoniens n'a donné que des traces à peine pondérables d'acide phosphorique, tandis que les calcaires du Quercy ont présenté aux analyses de Dieulafait jusqu'à 3 pour 100 d'acide phosphorique. Je suis donc porté à considérer la dissolution des calcaires urgoniens par les eaux de pluie comme insuffisante pour expliquer la formation des poches phos- phatées de la région d'Uzès et à rechercher la source première du phosphate, pour ce cas particulier, dans le lessivage du Gault, qui a autrefois recouvert le plateau urgonien, comme le témoignent de nombreux fragments d'Am- monites de ce terrain demeurées en place. » Quoi qu'il en soit de cette délicate question d'origine du phosphate, il est certain que l'âge de formation de ces poches est assez récent. J'ai pu étudier une grande quantité d'ossements recueillis dans les poches de Tavel et de La Capelle, et y reconnaître la faune suivante : » 1° Equus aff. Stenonis Cocclii. La forme de la presqu'île d'émail interne des molaires supérieures indique un Cheval intermédiaire entre VE. Stenonis pliocène et VE. caballus actuel, mais bien j)lus voisin du premier. ( 121 ) » 2° Cerviis capreolus L. Très commun. » 3° Cervits, taille de l'ElapIie. » 4° Bœuf ou Bison, de grande taille. « 5° Felis leo, race spelœa. Représenté par un tibia et une première phalange, un peu plus jîetits que ceux du Lion. » 6° Débris de molaires de Rhinocéros indéterminables, » 7° Fragments de grands os, indiquant la présence d'un Proboscidien, dont le genre ne peut être déterminé. M L'âge de cette faune se rapporte, à n'en pas donter, au quaternaire le plus ancien, ou à la limite extrême du pliocène, comme semble l'indiquer l'affinité du Cheval de ces phosphorites avec VEqutis Stenonis du pliocène supérieur. La contemporanéité de ces animaux et du dépôt de pliospho- rite est également tout à fait certaine, car la plupart des dents sont revê- tues d'un enduit stalagmitiqiie phosphaté postérieur à la pénétration des ossements dans les crevasses. » La formation de phosphorites, tout à fait analogues aux phosphorites oligocènes du Ouercv, mais datant seulement du début du quaternaire, est un fait nouveau qui m'a paru digne d'être signalé à l'attention des géo- logues. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Anémomètre à indications électriques multiples et orientation automatique, de M. Jules Richard, présenté par M. J. Janssen. « Cet anémomètre présente quelques dispositions nouvelles qui lui as- surent un meilleur fonctionnement. )) L'anémoscope central a pour effet d'orienter l'axe transversal qui porte les deux anémomètres mesureurs des composantes horizontale et verticale, de façon que ces anémomètres ne puissent se nuire en se mas- quant. 11 Les ailettes de l'anémomèlre qui donne la composante horizontale sont formées par des portions de cylindre, disposition due au R. P. Deche- verens, et qui paraît donner d'excellents résultats. » Une disposition nouvelle, qui assure aux contacts électriques une durée suffisante pour actionner les électro-aimants, tout en les affranchis- sant de ces prolongations de contacts qui épuisent inutilement les piles. En outre, le contact est franc et unique pendant sa durée. » Il faut signaler encore la suppression de deux fils sur sept qui existent C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N° 2.1 '^ ( 1^2 ) dans les câbles des appareils similaires construits jusqu'ici. Cette simplifi- cation aura surtout de l'intérêt quand il s'agira de transmissions à grandes distances. » Cet anémomètre est destiné au nouvel observatoire qui vient d'être érigé à l'île de Jersey par le R. P. Decheverens. » A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures trois quarts. M. B. BULLETIK BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance vv 7 janvier iSgS. Ministère de l'Agriculture. Bulletin. Documents officiels. Statistique. Rapports. Comptes rendus de Missions en France et à l'étranger. Treizième année. N° 7. Paris, Imprimerie nationale, novembre iSg^i; i vol gr. in-S". L' Anthropologie .Tome Y. N° 6. Novembre-décembre 1894. Paris, G. Mas- son; I vol. in-8°. yo«r/2a/ (/m Cie/, couronné par l'Académie des Sciences. 1H94. Directeur : M. Joseph Vinot. i vol. in-4°. Bulletin international du Bureau central météorologique de France. 20 dé- cembre i894' I fasc gr. in-8". Guérison radicale de la syphilis, par le D"^ J.-F. Larieu. Bourges, Tardy- Pigelet, 1894; I br. in-8°. Journal de la Société nationale d'agriculture de France. Novembre 1894. Paris; i fasc. in-S". Journal de Pharmacie et de Chimie, i"^ janvier 1895. Paris, G. Masson; I fasc. in-S". Société de Géographie. Comptes rendus des séances. 1894. Séances des 7 et 21 décembre i8g4. Paris; i Case. in-8°. Archives des Sciences biologiques, publiées par l'Institut impérial de Mé- decine expérimentale à Saint-Pétersbourg. Tome II. N°2. Saint-Pétersbourg, 1894; 1 vol. in-4''. ( 1^3 ) Hullelia de l' Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. 5* série. Volume I. N" 4. 1894. Décembre. Saint-Pétersbourg, 1894; i vol. in-4°. Ascensioni relie determinate simullaneamente a Capodimonle ed a Cordoba (Republica Argentina), par A. Nobile. Napoli, 189^1; i br. in-4°. Ueber Action und Reaction einer Fliissigkeil, von Ingénieur Ignaz Dickl. Linz, I. Wimmer; i br. in-8°. Ouvrages reçus dans la séance du i4 janvier 1890. Revue maritime et coloniale, couronnée par l'Académie des Sciences le 28 décembre 1874. Décembre 1894. Paris, Baudoin; i vol. in-8°. Bulletin mensuel de la Société astronomique de France. Janvier 1 895. Paris ; I fasc. in-8°. Annales médico-psychologiques . N" 1. Janvier-février 1896. Paris, G. Mas- son, 1895; I vol. in-8°. Bulletin des Séances de la Société nationale d' Agriculture de France. Année 1894. N° 8. Paris, Chamerot et Renouard; i fasc. in-8°. Bulletin de la Société chimique de Paris. 5 janvier 1895. N° 1. Paris, G. Mas- son, 1895-, I fasc. in-8°. Bulletin des Séances et Bulletin bibliographique de la Société entomologique de France. N" 20. Paris, 1894; 1 fasc. in-S". Bulletin de l' Académie de Médecine. N" 1. Séance du 8 janvier 1895. Paris, G. Masson; i fasc. in-8". Bulletin international du Bureau central météorologique de France. N" 1. i"' janvier 1895; i fasc. in-4''. Actes de la Société linnéenne de Bordeaux. Cinquième série. Tome VI. Bordeaux, J. Durand, 1893; i vol. gr. in-8°. Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1895. Bruxelles, F. Hayez; i vol. in-S". Bulletin de l' Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. Cin- quième série. Volume I. N" 4. Décembre 1894. Saint-Pétersbourg, 1894; I vol. in-4". Institution of mechanical engineers. Proceedings. July 1894 : Manchester meeting. Westminster, S. W.; i vol. in-8°. Catalog der Astronomischen Gesellschafl. Leipzig, 1894; i vol. in-4". Centenarul liu Lavoisier, 1794- 1894. Bucuresci, Carol Gobi, 1895; i vol. gr. in-8°. ( I2/i ERRATA AU TOME CXIX. (Séance du «24 décembre [894.) Note de M. ViUien, Sur les sulfures métalliques : Page 1210, ligne 26, au lieu de\a pioduclion Usez la proportion. Note de M. N. Wedensky, Des différences fonctionnelles entre le muscle normal et le muscle énervé : Page 1282, ligne i-, nu lieu de sans, lisez sous. (Séance du 3i décembre 1894.) Note de M. Vi/liers, Sur les sulfures de nickel et de cobalt : l^age 1264, ligne 28, au lien de sulfhydrate d'ammoniaque, lisez sulfhydrate de sulfure. Note de MM. H. Parenty et E. Grasset, Sur la préparation industrielle et les propriétés de la nicotine : Page 1273, ligne 28, au lieu de !\o pour 100 de nicotine, lisez 47 pour 100 de nico- tine. Page 1275, ligne i, au lieu de M. Hourmel, lisez M. Hommel. N" 2. TAlUi: DES Al{ÏICLI^:S. (Séance du 14 janvier 1895.) MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIXS DES MIÎMBUES ET DES GOHHESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages . M. PoiNCARK. - Sur un procédi' de vi-rifi- calion, applicable au calcul des séries de la Mécanique céleste 5n M. l'.-l". Deiierain. robccs d'automne.. Pages. Sur les cultures dé- NOMlNATIOrVS. M. HAUTiiFEUiLLii est élu Membre de l'Acu demie, Section de Minéralosie, i-n rernpla coiuiril lie l'eu M. Mallard . <;', 3IEM0IRES LUS. M. R. FicTLT. — liech.'rclies e.spéiimentales sur le point critique des liquides tenant en solution des corps soliiles (i'i M. F. UK Melv. — Le traitenieut des vignes phylloxérécs, par les mousses de tourbe imprégnées de schistes. (iy MEMOIRES PRÉSENTÉS. M. H. liuicAUU. —Sur une nouvelle des- cription de la lisnc droite au moyen de tiges articulées ^L Marsden Man.son adresse, de San Kran- cisco (Californie), un Mémoire intitulé : 'ia i< Les climats terrestres et solaires; leurs cau.ses et leurs variations » M. G. Kocu adresse un Mémoire, écrriL en allemand, suj' le vol des oiseaux CORRESPOrVDANCE. ,M. J. Janssen présenteà l'Académie ■• l'An- nuaire dn fiureau des Longitudes » -'i La Koenigi.icue Gesellscmaet deh "Wissen- sciiAFTEN de GiJttiugue invite l'Académie à envoyer des délégués à la conl'érenee qui doit avoir lieu à Innsbriick pour la re- cherche des rapports entre les variations de la pesanteur et la constitution de l'c- corce terrestre ■)'•. M. le Ministre des Affaires étrangères adresse la traduction d'une étude de M. Lo- renzo Si/ndt sur le lac Titicaca -5 M. VON Riouthofen, nommé Correspondant pour la Section de .Minéralogie, adresse ses remerciments à r.\cadémie 73 M. Masserûn, nommé Correspondant pour la Section de Minéralogie, adresse ses remerciments à l'Académie -j'^ MM. J. CoNIEL, ME.SLANS, SArPIN-'l'ROUFEY adressent leurs remerciments à l'Académie pour les distinctions accordées à leurs tra- vaux -:i M. H. Bâillon prie l'Académie de le com- prendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Botanique.... -'.y M. Ku. Bureau prie l'Académie de le com- prendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Bolanii|iie.. . . 7.1 M. J. Carpentieu prie r.\cadéniie de le com- prendre parmi les candidats à la place d'Académicien libre, laissée vacante par la mort de M . de Lesseps nï M. ,1. Dracr. — Sur l'application aux équations différentielles de méthodes ana- logues il celles de Galois 7.3 M. E. \essiot. — Sur la détermination de-i équations des groupes continus finis 77 M. \'ascry. — Sur la loi de transmission de l'énergie entre la source et le conducteur, dans le cas d'un courant permanent >io M. J. DE KowALSKi. — Sur la production des rayons cathodiques ^i? M. G. FoussEREAU. — Sur l'entrainement des ondes lumineuses par la matière en mouvement S.') M. E. Carvallo. .— Principe d'Iluygens dans les corps isotropes ï^8 M. .\. DiTTE. — Sur quelques propriétés du N" 2. SVITE DR LA TABLE DES ARTICLES. Pages. Pages. sulfure d'ïÉrgeiit M. ViGOUROUX. — Siii'la préparation du sili- cium amorphe M. A. ViLLiEiis. - Sur l'élalprolomorphiqiie. Sulfures de zinc ol de manganèse. ....... i\I. Oechsner Dlî CoNiNCK. — Sur quelques réactions sensibles des acides aniido- benzoïques M. Aluert Colson. — Sur une classe de nilriles MM. R. Cambieu et A. Brochet. — Sur la constitution de l'hexamcthylènetétramine. M. Louis Henry. — Sur le méthylal éthylé- nique MM. G. Bertrand et A. Malli'lVBE. — Nou- velles ï'echercbcs sur la pectase et sur la Bulletin bibliographique Errata !»l fermentation pectiquc .M. M. Kaufmann. — De l'inlUiencc exercée par le système nerveux et la sécrétion pancréatique interne sur l'histolyso. Faits éclairant le mécanisme de la glycémie normale et du diabète sucré MM. .1. RiîviL et J.Vivien. — Le pléistocène de la vallée de Cliambéry M. Edouard Hablé. — Resles d'hyènes rayées quaternaires de Bagnéres-de- Bigorre (Hautes-Pyrénées) M. Charles Depéhet. — Sur les phospho- rites quaternaires de la région d'Uzès.... M. J. Richard. — Anémomètre à indications électriques multiples et orientation auto- matique ii(i ll.S "9 iji \ii PARIS. — IMPRIMERIE liAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augusiin!!, 55. }^e Gérant ; GAUTHiER-ViLtAwB. hzoï 1895 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES . • DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PjIR ifira. \m£» SEOBÉTA^IRES PERPÉTUEIjS. TOME CXX. IV^ 3 (21 Janvier 1895), PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1895 RÈCiLEME^T RELATIF AUX COMPTES RENDUS. - ADOPTÉ DANS LES SÉANXES DES 23 JUIN 18G2 ET 2^ MAI 1875. Les Comptes rendus hcbdomailaiics des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 4s pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 lunnéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1*'. — Impressions des travaux de l'Académie. liCS extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages {)ar numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de oo pages par année. Les communications verbales ne sontmentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite })ar leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lusou communicpiés par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou JMé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Acadéini. sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan que l'Acidéniie l'aura décidé. Les Notices ou D scours prononcés en séance pu blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les ]Mémoires lus ou j)résentés par des personne qui ne sont pas IMembres ou Correspondants de l'Acf demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'tin n sumé qui ne déjiasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires soi tenus de les réduire au nombre de pages requis, t Membre qui lait la ])résentation est toujours nomm< mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le toi pour les articles ordinaires de la correspondance ofl cielle de l'Académie. Article 3. Le Oon à tirer de chaque Membre doit être remis l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temp le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte renc actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su vaut, et mis à la fin du cahier. AiiTicLi: 4. — Planches et tirage à part Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des a teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports les Instructions demandés par le Gouvernement. i Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative k un Rapport sur la situation des Comptes rendus apr l'impression de chaque volimie. Lc> Secrétaires sont chargés de l'exécution du W sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance i leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de , avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suItM COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 JANVIER IHUS. PRÉSIDENCE DE M. MAKEY. MÉMOIRES ET GOMMUIVICATIOIVfi DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE. ASTRONOMIE. — Sur l'étoile variable [i de Persée (Algol). Note de M. F. Tisserand. « I. Algol estime des étoiles variables les plus intéressantes; elle di- minue de la deuxième à la quatrième grandeur dans le court intervalle de quatre heures, remonte dans le même temps à la deuxième grandeur, puis conserve un éclat constant pendant soixante heures environ. M Les minima de l'étoile ont été déterminés depuis plus d'un siècle, par des comparaisons avec les étoiles voisines. Ces minima se suivent avec une régularité remarquable, on peut dire chronométrique, si bien qu'Arago, dans sa Notice de V Annuaire du Bureau des Longitudes de 1842, avait dit que l'on pourrait presque se servir des phases d'Algol, comme des éclipses des satellites de Jupiter, pour déterminer la vitesse de la lumière. Ces va- riations de lumière ont été attribuées dès l'origine aux éclipses produites C. R., 1895, I-' Semestre. (T. CXX, N" 3.) 17 ( 126 ) par un corps obscur de dimensions comparables à celles de l'étoile princi- pale autour de laquelle il circule en soixante-neuf beures. » M. E.-C. Pickering a déterminé l'orbite circulaire, et montré qu'elle explique bien les variations d'éclat dans le cours de chaque éclipse, telles que Schonfeld les a déduites de plus de dix années d'observations. Cette hypothèse a été confirmée depuis par l'analyse spectrale ; M. Vogel a prouvé, en effet, que la vitesse radiale d'Algol éprouve des variations dont la période est la même que celle de l'éclat. » IL M. Chandler, qui s'est beaucoup occupé d'Algol dans ces dernières années, a trouvé que les époques des minima présentent une petite irrégu- larité systématique : en les calculant, en effet, avec une période uniforme, on constate, entre la théorie et l'observation, des différences qui vont presque à trois heures en plus ou en moins. Pour faire disparaître ces écarts, il faut introduire un terme périodique; on a alors la formule (i) / = /„ + jT-h i73'"sin(202°,5 -+- 2°, 55/), tç,= i888janv. 3. 7''3o'"5o*(t. m. de Paris), T= 2J 20'' 48° 55% 425; / est l'époque du i"""* minimum; sous le signe sinus, l est exprimé en an- nées. La période de l'inégalité indiquée par l'observation est d'environ i4o ans. Quelle peut en être la cause.' )) M. Chandler suppose qu'Algol et son compagnon obscur tournent en i4o ans autour d'un troisième corps situé à une distance égale à peu près à celle d'Uranusau Soleil ; la lumière emploierait 173"" à franchir le rayon de cette orbite, et la loi des retours des éclipses serait bien re- présentée par la formule (i). Il a cherché ensuite à mettre cette orbite en évidence, par les variations du mouvement propre d Algol. Mais la preuve de ce déplacement est difficile à faire; elle repose en effet sur la compa- raison très délicate des divers catalogues d'étoiles, et M. Bauschinger, reprenant tout récemment la question (Viertelj'ahrsschrift der Astronomi- schen Geselkchaft, 29' année), arrive à conclure que les irrégularités sup- posées dans le mouvement propre d'Algol n'existent pas. » III. En supposant cette critique décisive, il resterait à trouver une autre cause de l'inégalité (i). Je pense qu'on peut l'expliquer très simple- ment, en admettant l'existence d'un seul satellite obscur, l'ellipticité de son orbite, et un faible aplatissement de l'étoile principale. Cet aplatisse- ment ferait tourner le grand axe de l'orbite d'un mouvement direct et ( 12? ) uniforme, et la longitude du périastre à l'époque t aurait pour expression i CT = c7o -I- ra,;, /^\ ,' cj, étant fourni par la relation \ -f nu R^ T 1 cj, ^ « J — ^; 5 J = £ 7 ; \ ' m„ + m a- %'^ n désignant le moyen mouvement du satellite, a le demi grand axe de son orbite, m sa masse, R le rayon équatorial d'Algol, m^ sa masse, e son apla- tissement superficiel et ;^ le rapport de la force centrifuge équatoriale à la pesanteur. J'admettrai, du reste, que l'orbite soit située dans le plan de l'équateur d'Algol. » Soient OP et OT l'axe de rotation et de révolution d'Algol, et le rayon mené de cette étoile à la Terre, 90° — cp l'angle POT; prenons OT pour axe des x, et faisons passer le plan des xz par OP. Soient v et cj les longi- tudes du satellite et du périastre, comptées à partir de Ox; D la distance des centres des deux étoiles, projetée sur le plan desys; p le paramètre et e l'excentricité de l'orbite. On trouve sans peine l'angle 9 n'est guère que de 3"; sin-(p est donc petit. L'éclat minimum d'Algol correspondra au minimum de D, car le petit aplatissement que nous trouverons bientôt n'empêche pas de supposer que, sur le plan des Yz, Algol est représenté par un cercle de rayon R, et le satellite par un cercle de rayon R'. » Le maximum de la portion de surface retranchée du premier cercle par le second répond au minimum D^ de D. Ce dernier minimum répondra à la valeur de <,' fournie par l'équation sinr(cos-çp cosc + (^cos^) = esin^cp cosi^ sintr. » Le second membre est très petit, en raison du facteur esin'cp, et nous pouvons prendre pour les divers minima „ psino \4; .0 ,_|_(.eosra On a, en désignant par / la longitude moyenne, r = /+ 2esin(/— cj), /= c— 2esin(*' — cj). ( 128) Donc, pour les minima, il viendra /= /2/ + (7 = 2/- H- 2esincj. On en conclut T / = /„ + i r H — esincj, OU bien, en remplaçant nr par sa valeur (2), T (5) f. — tg -\- iT -h -^ es\u(rôg -h r^,f). » Cette formule deviendra Identique à (i), si INm pose T (6) -e^iy'i'", e = o, i32, tT„ = 20j'',5, o, = 2'',55. On obtient donc ainsi avec la plus grande facilité l'excentricité de l'ellipse (j environ) et la position du périastre à une époque quelconque. » IV. Si l'on égale les valeurs (2) et (6) de cr,, on trouve , ))i„ -k- m aP- 2,55 ''■~^'f-— m„ W- 365, 25 « " » En prenant on obtient •iL ) 8 n ■ » En supposant Algol homogène, on aurait £ = ^/; par suite, £ = :^; c'est un aplatissement modéré, comparable à celui de la Terre. Ou aura, daus le cas de l'homogénéité, d'après un théorème de Clairaut. ^5 — 5 M I _ ^^^1 ^ — 3 — 5« 483' ^-^288' » Si l'on adopte la valeur n = ~^, moyenne entre les deux limites, il vient £ = r^. » H reste à voir si les valeurs adoptées ci-dessus pour e et w ne modi- fient pas sensiblement la loi trouvée pour les éclats d' Algol par l'observa- tion. » Eu premier lieu, l'exjjression (4) de D(, variera entre les limites ^ = i,i.iD, et ^ ^ = o,88D , D"=psino; ( 129 ) il n'en résultera qu'une variation assez faible de l'éclat minimum, et dans la longue période de t/jo ans. >) Voyons en second lieu quel est le dérangement introduit dans les phases de l'éclipsé, el notamment dans sa durée. En désignant par R' le rayon du satellite, on a, pour le commencement et la fin de l'éclipsé, en ayant égard à la formule (3), T-v f!_|_D'. R + R' V' — COS-ÇCOS-I' ' p I -(- ecos(c — ct) » Si l'on pose R + R' , 7. ~ = V I — cos- o cos- r, , on aura, en négligeant e" et esin-cp, sin^f, — sin-r = — ae sin-('cos(V — cr); ou v" = — 4^, — e tangi^, cos(ç', + m), commencement de l'éclipsé, <■' = + «',-+- etangi^, cos(r, — cr), fin de l'écIipse. » On a d'ailleurs, en désignant par t" et t' les intervalles compris entre ces phases et le minimum, /„ = 2PsincT, «'"= 4— nz"-h 2esin(/„— nz" — cj) = — c, — e langr, cos(t', 4- ci), <"' = 4+ n-' -+- 2esin(/„H- nz' — zô) = -j- c, 4-etangc, cos((', — n). » On en conclut sans peine «(t' + t") = 2r, — 2f cosrjsinc, ] Sesinrosin'^ / (', = 23". „(.'_.") = \ • ' COSI'i / M On trouve t' — -" = o'",75, donc négligeable. Mais, la durée 2t=;t' + t" de l'éclipsé varie notable- ment; il vient, en effet, 2T = const. — i'', i3 coscj. » Si l'on calcule vs par la formule (2), on trouve que 2t augmente de ( i3o ) 1^,63 de 1800 à 1864, époques moyennes des observations de Wiirm et de Schônfeld. Or, le premier de ces astronomes donne 2-v = 6^,5, et le second, 2t = 9'\o; la variation observée dans la durée concorde assez bien avec la variation calculée, et c'est une vérification de notre hypo- thèse. On aurait un autre contrôle précieux en déterminant la vitesse ra- diale d'Algol pour une série d'époques à peu près équidistantes, de quatre heures par exemple, à partir du minimum, et voyant si toutes ces données de l'observation sont bien représentées par les valeurs de e et ni données ci-dessus. » M. Chandler a obtenu pour U Ophiuchus et UCéphée, deux étoiles variables de la classe d'Algol, des inégalités périodiques qui s'explique- raient de la même manière. » CHIMIE. — Sur l'acier au bore. Note de MM. H. Moissa\ et G. Charpv. « L'étude d'une combinaison du fer avec de petites proportions de bore présente un grand intérêt au point de vue pratique et théorique. Les analogies qui existent en effet entre le carbone et le bore et leur différence de volume atomique rendaient en particulier ces expériences intéressantes en ce qui concerne les théories actuellement proposées sur la constitu- tion des aciers. » M. Osmond (') a étudié, par la méthode du refroidissement, un fragment de fer fondu dans le vide avec du bore adamantin, mais il ne donne pas l'analyse du métal ainsi obtenu; il conclut que le bore agit sur le fer comme le carbone en abaissant les points critiques et par suite en facilitant la trempe. Au contraire, M. Arnold, reprenant cette question, n'a pu constater l'existence du bore dans du fer fondu en présence du bore adamantin ; il estime que les deux corps ne sont pas susceptibles de se combiner dans les mêmes conditions que le fer et le carbone. » Nous avons pu préparer un alliage de fer avec une faible proportion de bore de la façon suivante : du bore amorphe pur, chauffé avec du 1er ré- duit dans un tube traversé par un courant d'hydrogène, a donné une fonte borée contenant environ 10 pour 100 de bore; ce borure de fera été ajouté à (') Osmond, Sur le rôle de certains corps étrangers dans les fers et les aciers {Comptes rendus, t. CX, p. 242; 1890). 3 ( i3i ) de l'acier extra-doux préalablement fondu ('). Après une deuxième fusion, on a obtenu un lingot de plus de 2^^ d'un alliage répondant à la composi- tion suivante : Bore o,58o Carbone 0,17 Manganèse o,3o Silicium, phosphore, soufre traces. » Ce métal a pu être laminé sous forme de barre cylindrique ; il se forge aisément au rouge sombre, mais s'émiette sous le marteau s'il est trop fortement chauffé. D'une manière générale, il se travaille à peu près comme l'acier doux. » Essais par la mélhode du refroidissement. — La courbe des vitesses de refroidissement aux différentes températures présente un point critique indiquant un dégagement de chaleur très marqué vers ii4o°. On trouve également des points critiques, à peine indiqués, à io4o°, 83o°, 730° et 660". Ces trois derniers points semblent correspondre aux points a,, «o, a que l'on rencontre d'ordinaire dans les aciers doux à des températures légèrement supérieures; mais ils sont beaucoup moins nets dans l'acier au bore. » Le point de i i4o" rappelle par son intensité le point correspondant à la recalescence dans les aciers durs; nous l'avons retrouvé d'ailleurs dans divers échantillons de fonte au bore et de borure de fer tenant jusqu'à lo pour 100 de bore. L'étude des courbes de refroidissement permet de constater nettement le déplacement du carbone par le bore signalé par l'un de nous dans une Note précédente. Le point de 670°, très accusé dans la fonte ordinaire au carbone, disparaît presque complètement après une fusion en présence du bore et se trouve remplacé par le point de 1 140". )) Essais mécaniques. — Des barrettes de 2™™ d'épaisseur environ ont été découpées dans le métal et trempées à l'eau après avoir été chauffées à différentes températures. Dans ces barrettes, on a ensuite découpé des éprouvettes de traction de 4™" sur 2™" et 90™™ de longueur entre repères. Ces éprouvettes ont été essayées sans subir aucun recuit. Le Tableau sui- vant donne les résultats obtenus ainsi que ceux relatifs à deux aciers au (') Cette opération a été effectuée à l'usine Saint-Jacques de Montluçon, grâce à l'obligeance de M. Léon Lévy, directeur des forges de Châtillon et Cominentry, auquel nous sommes heureux d'adresser nos remercîments. ( i32 ) carbone traités d'une façon identique et qui nous ont servi de termes de comparaison Acier Charge au bore. Allongement Acier à 0,07 de C. Allongement Acier Charge à 0,37 de C. Charge Allongement de après de après de après rupture. rupture. rupture. rupture. rupture. rupture. Forgé el recuit. . 46 p. 100. II 33,4 p. 100. 22,7 5.5 ^3 p. 100. 16,1 Trempé à 800°. . . 85,6 5, 1 34,8 l5,2 92,4 2.7 » à 900". . . 120 2.7 42,5 i3,5 117. 4 '.7 , » à 1 100". . 129,5 3>i » » » » » à 1200°.. 92,3 0,9 » » » » » On voit qu'au point de vue de l'élévation de la charge de rupture par la trempe, l'acier au bore se comporte comme un acier au carbone nota- blement plus dur, et la diminution de l'allongement est moins marquée qu'avec ce dernier. » Mais il est surtout remarquable que la dureté de l'acier au bore n'aug- mente pas sensiblement par la trempe; les éprouvettes, qui ont donné iio^s et i3-j^^, par millimètre carré, à la traction, ont pu être découpées à la lime aussi facilement que les éprouvettes non trempées; pour l'acier à 0,37 pour 100 de carbone, au contraire, les éprouvettes trempées n'ont pu être façonnées qu'à la meule d'émeri, la lime se trouvant impuissante à les attaquer. » Conclusions. — D'après ces essais, on voit que le bore communique au fer la propriété de prendre la trempe, mais une trempe spéciale corres- pondant à une élévation de la charge de rupture sans augmentation sen- sible de la dureté. Son rôle est donc nettement distinct de celui du carbone. Ces résultats démontrent aussi combien il est nécessaire, dans les théories relatives à la trempe, de définir d'une façon précise les transformations obtenues, au moyen d'essais mécaniques variés. » ANATOMIE GÉNÉRALE. — Morphologie du système lymphatique. De l'origine des lymphatiques dans la peau de la Grenouille; par M. L. Ra.wier. (C L'origine des vaisseaux lymphatiques est encore fort discutée, bien que l'on admette généralement que cette origine est dans le tissu con- jonctif. Pour les uns, il faudrait la chercher dans un système de canaux ( T^'' ) distincts, auxquels conviendrait une désignation spéciale; pour les autres, l'espace cloisonné que forme le tissu conjonctif dans son ensemble serait une dépendance des cavités lymphatiques. » Il m'a semblé qu'une étude méthodique du système lymphatique de la Grenouille devrait apporter quelque lumière à cette question contro- versée. Je pense même que des observations sérieuses autorisent, dès au- jourd'hui, à comprendre les origines du système lymphatique d'une manière plus simple et plus rationnelle qu'on ne le fait d'habitude. Mais il est inu- tile de poursuivre cette discussion; mieux vaut laisser parler les faits. » Je dois dire tout d'abord que, chez les mammifères, il v a des vais- seaux lymphatiques de deux ordres : les capillaires lymphatiques et les troncs lymphatiques. » Les capillaires lymphatiques n'ont pas de valvules, et leur paroi est formée simplement de cellules endothéliales dont les bords sont denticulés. Les troncs lymphatiques, au contraire, ont des valvules, une paroi con- jonctive distincte, dans laquelle on observe le plus souvent des cellules musculaires, et leur endolhélium est constitué par des cellules fusiformes, aplaties, semblables à celles de l'endothélium des veines. » Les valvules des troncs lymphatiques formant des soupapes qui s'ou- vrent de la périphérie au centre, il en résulte que l'on ne saurait injecter ces vaisseaux du centre à la périphérie; c'est bien connu. » Au contraire, les capillaires lymphatiques étant dépourvus de valvules, on conçoit qu'un liquide introduit sous pression dans un département quelconque du réseau que forment ces capillaires puisse se répandre indif- féremment dans toutes les directions. Si l'on suppose ce liquide assez pé- nétrant et la pression convenablement ménagée, rien n'empêche d'admettre qu'on ne puisse remplir d'un seul coup tout le réseau lymphatique de la peau, depuis le sommet de la tête jusqu'à la plante des pieds. Évidemment, on rencontrerait dans cette opération anatomique des difficultés de tech- nique tellement grandes que le succès paraît impossible. En outre, le li- quide injecté remplirait à mesure tous les troncs lymphatiques qui partent du réseau capillaire, puis le canal thoracique et la grande veine lympha- tique, ensuite les veines et tout l'appareil vasculaire sanguin. » Ces difficultés n'existent pas chez les Grenouilles. En effet, les vais- seaux lymphatiques de ces animaux n'ont pas de valvules, à l'exception, bien entendu, de celles qui se trouvent à l'orifice veineux des quatre cœurs lymphatiques. Il en résulte que le système lymphatique des Grenouilles cor- resoond non pas au système lymphatique tout entier des mammifères, mais C. R.,1895, v Semestre. (T. C\X, N'3.) ' '^ ( i34 ) seulement à la portion de ce système auquel il convient de réserver le nom de capillaires lymphatiques. Cette comparaison devait conduire à essayer d'injecter les lymphatiques de la Grenouille, du centre à la périphérie, par un procédé analogue à celui que l'on emploie pour injecter les capillaires sangums. » J'engage les anatomistes qui voudront répéter mes observations à employer comme liquide d'injection le bleu de Prusse additionné d'une faible quantité de gélatine. Le bleu de Prusse liquide est précipité par la lymphe; la gélatine entrave la précipitation et rend, par conséquent, l'in- jection plus pénétrante. » L'injection des lymphatiques de la peau est une opération fort simple. Après avoir fait au haut de la cuisse une incision circulaire, on détache la peau delà jambe. On la retourne ensuite, comme on ferait d'un doigt de gant, de manière à ramener l'épiderme en dehors, puis on applique une ligature à l'une des extrémités du man- chon ainsi obtenu et on introduit la masse d'injection par l'autre extrémité. Il faut que le tout soit porté à la température de 36°. Ces indications suffiront à tous ceux qui sont exercés à la pratique de l'histologie ; il n'est donc pas nécessaire de les dé- velopper. )) Les lymphatiques de la peau débouchent dans les sacs sous-cutanés par des orifices très nombreux. Dans mes préparations de la peau, dis- posée à plat, la face interne en haut, on les voit, au microscope, partir des orifices que je viens de signaler, plonger, pour ainsi dire, dans l'é- paisseur du tégument jusqu'au voisinage des glandes où ils se divisent pour donner naissance à un réseau dont les mailles ont à peu près l'étendue de celles des capillaires sanguins. » Cependant, si l'on compare le réseau capillaire lymphatique au réseau capillaire sanguin, également injecté de bleu de Prusse, on est bien vite frappé des différences qu'ils présentent. Les différences sont encore plus saisissantes lorsque l'on examine au microscope des préparations dans les- quelles les vaisseaux sanguins sont injectés de gélatine carminée, tandis que les lymphatiques sont remplis de la masse bleue. Les capillaires du système sanguin se montrent avec le contour régulier qu'on leur connaît, les bords des lymphatiques paraissent, au contraire, formés d'une ligne tremblée. » Je dois ajouter que le réseau Ivmphatique n'a pas la régularité du ré- seau capillaire sanguin. En outre des mailles principales, dont l'étendue paraît subordonnée au diamètre des glandes de la peau, on v observe des mailles plus étroites, minuscules pour ainsi dire, comme il s'en montre ( i35 ) dans tous les réseaux lymphatiques, quels qu'ils soient; je veux dire dans les divers organes et chez les différentes espèces animales. On y voit aussi des culs-de-sac latéraux, comme il y en a également dans les réseaux lym- phatiques en général. )) Il est encore un autre fait que l'on peut reconnaître dans les injec- tions doubles de la peau de la Grenouille : les lymphatiques sont placés sur un plan plus profond que les capillaires sanguins. Ce fait rentre dans une loi que j'espère établir dans de prochaines publications. Les lympha- tiques, que les anatomistes croient si superficiels, sont toujours placés plus profondément que les vaisseaux sanguins qui leur correspondent, et cela se comprend puisque les lymphatiques ont pour fonction de recueillir ce qui n'a pu être absorbé par les vaisseaux sanguins. » Voilà donc, dans la peau de la Grenouille, des lymphatiques qui prennent naissance dans un réseau de capillaires limités, comparable au réseau des capillaires sanguins. Les capillaires lymphatiques qui forment ce réseau ont, en effet, à peu près le même diamètre que les capillaires sanguins. Si l'on y introduit des liquides colloïdes, sous une pression supé- rieure cà la résistance de leur paroi, il se produit, autour des uns et des autres, des taches de diffusion, mais jamais il ne s'injecte de système régulier de canaux d'une grande finesse, comme le supposait Bichat, et comme l'ont admis, sur des preuves insuffisantes, un grand nombre d'ana- tomistes célèbres, dont je me garderai bien de faire la critique, parce que l'on pourrait me reprocher de les avoir suivis. Ils sont excusables. La doctrine de Bichat était bien séduisante. » Parmi les théories qui ont été émises au sujet de l'origine des lympha- tiques dans le tissu conjonctif, celle qui a eu le plus grand retentissement, celle qui a encore aujourd'hui le plus de partisans, en Allemagne surtout, suppose ^que le tissu conjonctif est creusé de canaux d'une minceur ex- trême constituant les racines du système lymphatique. Cette théorie est née de l'observation de la cornée de la Grenouille imprégnée négativement par le nitrate d'argent. Or, chose bien curieuse, il y a, dans la peau de la Grenouille, une couche qui occupe plus de la moitié de l'épaisseur du tégument de cet animal et dont la structure est celle de la cornée. Le nitrate d'argent y dessine des images négatives semblables à celle de la cornée. Elle est formée rie lames fibrillaires superposées et croisées à angle droit, comme celles de la cornée. J'ai l'habitude de désigner cette couche sous le nom de couche cornéenne de la peau. Les vaisseaux sanguins et lymphatiques la traversent pour gagner la couche glandulaire, située ( i3G ) plus superficiellement, et jamais ils n'y envoient de ramifications. Elle ne contient donc ni capillaires sanguins, ni capillaires lymphatiques. Ces derniers ne sauraient donc y prendre leur origine. Tout cela se reconnaît sans peine, dans des coupes transversales de la peau, après la double in- jection. On V voit aussi que les capillaires sanguins sont sur les côtés des glandes cutanées qui, chez la Grenouille, sont de trois espèces (les glandes séreuses, les glandes muqueuses et les glandes à venin) et que les capillaires lymphatiques, également compris entre les glandes, sont plus profonds que les capillaires sanguins. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la perforation des plaques de blindage. Note de M. E. Tallier. « On traite généralement la question de la perforation des plaques de blindage par des formules purement empiriques. Depuis que l'acier est employé dans cette fabrication, avec des améliorations toujours nouvelles, la question est devenue fort complexe : voici comme je crois pouvoir la présenter aujourd'hui. » En 1892, M. Weaver a proposé un nouveau type de formule, repo- sant sur des observations spécialement faites d'après l'aspect des plaques après perforation. » Autour du trou fait par le projectile se manifeste une auréole de mé- tal oxydé, visible également sur l'arrière de la plaque, et dont le rayon est environ le triple de celui du projectile. Appelant R ce rayon, on considère le travail dépensé comme proportionnel au volume cylindrique ayant pour base l'auréole en question et pour hauteur l'épaisseur e de la plaque, c'est- à-dire que l'on a /jV- = RR=£, p étant le poids et V la vitesse du projectile, et K une constante spéciale à la plaque. » E =pV- est ce que l'on appelle V énergie balistique du projectile. » L'expérience m'a conduit à modifier légèrement la valeur donnée pour R par M. Weaver, et à écrire R = 3,125a X 10°'°"°°'-'", l'épaisseur £ de la plaque, comme le diamètre «du projectile, étant évalués en millimètres. ( i37 ) )) On a alors, pour la perforation des plaques en acier doux du Creusot attaquées par des projectiles en acier durci (type Holtzer), la relation fort simple à calculer (i) ■ E„ = 2a-EX io"'»"'=(^-«'. » Cette formule, comme celles qui vont suivre, suppose la plaque saine et intacte, c'est-à-dire exempte de fentes à moins de 2 ^ calibres du point d'impact. » Si l'on veut passer des conditions données ci-dessus à des plaques ou projectiles d'aciers différents, on constate de grandes variations dans les résultats. » On peut considérer effectivement l'action mutuelle de la plaque et du projectile sous une forme (2) E = E'+E", E' représentant le travail moléculaire de la plaque pendant la perforation et E" celui du projectile. M Dans le cas type étudié plus haut, où le projectile est retrouvé sensi- blement intact après perforation, on peut prendre E"=o et, par suite, E'=E„. » Mais si le projectile présente une moindre ténacité, il y a un travail appréciable E" dépensé soit à le briser, soit à l'aplatir, et l'on écrit alors E = E„+E"=E„(i-f- |)=E„:[... II. est ainsi une caractéristique du projectile, moindre que l'unité (égale à i pour le type Holtzer). » De même, avec ce projectile type, une plaque plus ou moins résistante exigera un travail E' plus ou moins énergique et l'on aura E' = E„>., 1 étant une caractéristique de la plaque. » Ainsi la formule générale sera de la forme (3) E = ^-E„, où E„= 2a=2 X io">'""2^^-"), ( i38 ) ■X et [7. étant respectivement égaux à l'iinité pour l'acier doux du Creusot et l'acier Holtzer. )) On peut ainsi dresser des échelles de comparaison entre les divers éléments expérimentés. Ce mode de procéder convient dans les cas où le rapport - s'écarte peu de l'unité : lorsque ce rapport tend à s'élever, c'est- à-dire lorsque l'on serait conduit à des valeurs très faibles de [/., cela tient à ce que l'énergie E" appliquée au travail moléculaire du projectile est trop considérable, ce qui se traduit expérimentalement par le bris ou l'apla- tissement avant perforation. » Ce fait s'est manifesté lorsque l'on a appliqué aux plaques d'acier le procédé Harvey, consistant à donner à la face antérieure de la plaque une dureté excessive, grâce à une surcémentation intense, obtenue en chauf- fant longuement cette face au contact de matières carburées, et la trem- pant ensuite à l'eau froide avec certaines précautions, car de cette trempe dépend en grande partie la résistance de la plaque. Ce procédé s'est actuellement imposé à toutes les marines. » Effectivement, la résistance des plaques est ainsi notablement accrue, moins toutefois dans les plaques épaisses que dans les autres : la cémenta- tion n'est, en effet, que superficielle, et il s'en faut que l'épaisseur de la couche durcie soit proportionnelle à celle de la plaque. Il ne semble pas que cette couche ait jamais plus d'un centimètre d'épaisseur. Dans ces conditions, l'effort supporté par le projectile à la rencontre d'une plaque Harvey se composerait d'abord d'une sorte de percussion particulière, au contact de la surface cémentée, puis d'un travail de perforation. La per- cussion antérieure est indépendante de l'épaisseur de la plaque, puisque celle de la couche durcie ne varie pas ; donc le terme E" est indépendant I E" de l'épaisseur e, et, par suite, le facteur - = i + — devra décroître avec e, toutes choses égales d'ailleurs. » Effectivement, M. Weaver a été conduit pratiquement à une relation qui revient à poser - = 1,885 — 0,00 1 4 e- » L'expérience a montré, du reste, que, d'une manière générale, aux faibles vitesses le procédé Harvey ne donnait pas de grands avantages, non plus qu'aux très grandes, mais qu'il amenait le bris du projectile aux vi- tesses intermédiaires. Cette action brisante ne semble se produire que si ( i39) la pointe du projectile n'a pas le temps d'atteindre la région non surcé- mentée, ce qui éteindrait, en quelque sorte, les vibrations destructives. Effectivement, lorsque l'on soustrait, par l'addition d'une coiffe en métal doux, la pointe du projectile à l'action de la couche durcie, jusqu'à son ar- rivée au contact de la plaque en acier doux, la fragmentation est atténuée ou même évitée. i> Ainsi, la vitesse de perforation doit être envisagée à deux points de vue. Tout en satisfaisant, pour le calcul des applications, à la relation ex- périmentale nV-=:-E,,, où - =: 1 ,885 — o,ooi4£-, f^ ij. 11. elle doit répondre aux deux conditions suivantes : » 1° Fournir une énergie suffisant à la perforation totale de la plaque, énergie moindre que ne le donne la relation précédente et correspondant sensiblement à A = i , 2 seulement avec p. = i ; » 2° Mais, en outre, fournir une quantité demouvement assez forte pour que la pointe du projectile ait traversé la couche surcémentée avant le bris de l'ogive par cette dernière. Cette condition me semble se traduire provisoirement par la formule ^ = ''^' d'après les expériences faites jusqu'à ce jour. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur /a production du ferment glycolytique. Note de M. R. Lépine. « Si l'on fait macérer deux ou trois heures à38°C., dans loo*"" d'eau additionnée de o^'', 2 d'acide sulfurique, un pancréas de chien, broyé aseptiquement aussitôt après son extraction du corps de l'animal; si, au bout de ce temps, on neutralise l'acide avec de la soude et qu'on ajoute oB'', 5 de glucose pur; si alors on laisse i'" à 38° C, et qu'on dose le sucre, on constate une perte, variable suivant diverses conditions, mais toujours fort sensible (de 10 à 5o pour 100 de la quantité) de sucre et en tous cas fort supérieure à celle que l'on peut observer en ajoutant du glucose à une macération de pancréas frais dans de l'eau non additionnée d'acide sulfu- ( i4o ) rique. Il est donc incontestable que, sous l'influence de l'acide et vraisem- blablement par un processus d'hydratation, il s'est produit du ferment glycolytique, de même que, d'après M. Heidenhain, il se développe de la trypsine dans un pancréas macérant ég'alement dans une solution acidulée. — La question est de savoir quelle substance zymogène donne naissance au ferment glycolylique. Selon moi, cette substance n'est autre que la diaslase saccharifiante, qui se trouve, comme on sait, si abondamment dans le pancréas. Voici plusieurs preuves à l'appui de celte opinion : » 1° Si l'on prend de la diastase du commerce (maltine), qu'on la purifie et qu'on la fasse macérer deux ou trois heures à 38° C. dans de l'eau addi- tionnée de I pour looo d'acide sulfurique, on constate qu'au bout de ce temps le pouvoir saccharifiant de la solution {neulraliséé) a complètement dis- paru et quelle possède en échange un pouvoir glycolylique fort notable. En effet, si l'on ajoute à loo'^'^de cette solution o^'', 5 de glucose, et qu'on laisse une heure à 38° C, on trouvera au bout de ce temps une perte de sucre de lo ou i5 pour loo et même davantage. » 1° Si l'on traite de la salive humaine par l'eau additionnée d'acide sulfurique au millième le résultat est semblable; le pouvoir saccharifiant de la salive a disparu et il est remplacé par un pouvoir glycolylique fort net. » 3° On sait depuis M. Pawlow, dont les recherches ont été confirmées par M. Moral, qu'en excitant le bout périphérique du vague, on fait couler abondamment le suc pancréatique. Si, après avoir mis une canule dans le canal de Wirsung, on recueille quelques centimètres cubes de suc pan- créatique, qu'on les traite par l'eau additionnée d'acide sulfurique au mil- lième, on constate de même la disparition du pouvoir saccharifiant et l'acquisition du pouvoir glycolylique dans le liquide. » De plus, on pourra noter ce fait remarquable que, pendant l'excitation du nerf et l'écoulement du suc pancréatique, le sang de la veine pan- créatique n'a pas de pouvoir glycolylique notable, c'est-à-dire que ce sang ne détruit pas une quantité bien sensible soit de son propre sucre, soit de celui qu'on y ajoute, tandis que le pouvoir glycolylique de ce sang devient considérable dans les heures consécutives, alors que l'écoulement du suc pancréatique est nul. Je reviendrai ultérieurement sur ce curieux balan- cement entre la sécrétion externe et la sécrétion interne du pancréas, dont j'ai constaté la réalité dans plus de vingt expériences. » Je n'ai pas besoin d'ajouter que les expériences dont il vient d'être ( i4i ) question ont été faites dnns des conditions d'asepsie rigoureuse. Je noterai, en particulier, qu'une goutte de macération acide du pancréas, transportée dans du bouillon, reste stérile ('). « NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Correspondant, pour la Section de Médecine et Chirurgie, en remplace- ment de M. Rollet. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant f\-2, M. Herrgott obtient 32 suffrages M. Laveran » 6 » Il y a quatre bulletins blancs. M. Herrgott, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission qui sera chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Associé étranger, laissée vacante par le décès de M. Kummer. Cette Commission doit comprendre trois Membres appartenant aux Sections de Sciences mathématiques, trois Membres appartenant aux Sections de Sciences physiques, et le Président en exercice. MM. Bertrand, Hermite, Tisserand, Bertîielot, Daubrée, Vax TiEGHEM réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. DcpoNciiEi, soumet au jugement de l'Académie trois Mémoires por- tant pour titres : « Applications des principes de la nouvelle théorie atomique aux faits d'observations de la Thermochimie », « Sur l'interprétation à (') Les expériences visées dans les premiers paragraphes de cette Note ont été faites avec l'aide de M. Martz; celles du dernier paragraphe avec celle de M. Metroz. C; R., iSgS, I" Semestre. (T. CXX, N°3.) IQ ( i42 ) donner à la loi de Gay-Lussac concernant la condensation des atomes ga- zeux » et « Note sur l'interprétation des formules des combinaisons biato- miques, dans l'hypothèse de la nouvelle théorie cosmogonique ». (Commissaires : MM. Faye, Schiitzenberger, Friedel.) M, Sarrat adresse une suite à son précédent Mémoire concernant la démonstration du théorème de Fermât. (Renvoi à MM. C. Jordan et Darboux.) M. E. Berrubë adresse une Note, accompagnée d'une brochure, sur le piano-aérostat, ou ballon dirigeable. (Renvoi à la Commission des aérostats.) CORRESPONDANCE . M. L. GuiGNARD prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats la place vacante dans la Section de Botanique. (Renvoi à la Section de Botanique.) M. P. -A. Dangeard prie l'Académie de le comprendre parmi les can- didats à la place vacante dans la Section de Botanique. (Renvoi à la Section de Botanique.) M. F. DE RoMii.LY prie l'Académie de le comprendre parmi les can- didats à la place d'Académicien libre , laissée vacante par la mort de M. de Lesseps. (Renvoi à la Commission.) ( i43 ) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Résumé des obsen'ations solaires, faites à l' obser- valoire royal du Collège romain pendant les 2", 3" et 4" trimestres 1894. Lettre de M. P. Tacchini à M. le Président. « Rome, 10 janvier iSgj. » Voici les résultats obtenus pour les taches et les facules : Fréquence relative Grandeur relative Nombre Nombre ^— — .^ — — _s- -i— -— — des groupes de jours des des jours des des de taches 1894. d'observation. taches. sans taches. taches. facules. par jour. Avril 20 22 ,20 0 ii4,8 63,5 5,6 Mai 21 32,29 0 ii4,6 80,0 6,1 Juin 28 30,93 0 i38,2 86,1 7>' Juillet 3i 28,58 0 125,6 63,9 7,' Août 3i 24,29 0 93,6 121,5 5,7 Septembre . 27 25,74 G 35,9 108,5 6,4 Octobre . . . 20 21 ,55 0 95,3 69,3 4,5 Novembre.. 2.5 17,12 0 39,7 82,8 4,6 Décembre. . 21 18,86 0 61,9 82,2 4,5 » Le phénomène des taches solaires est donc en diminution par rap- port aux séries précédentes. Si nous prenons en considération les an- nées 1891-92-93-94, on voit qu'à partir du mois de septembre iSgt jusqu'à la fin de iBg'j on a observé toujours des taches sur le disque solaire; la période de plus grande fréquence et de plus grande extension des taches s'étend du commencement de 1892 jusqu'au mois de juillet 1894, avec un maximum vers la moitié de 1893. Dans cette dernière série d'observations, on a constaté l'absence de phénomènes extraordinaires dans la chromo- sphère, près et sur les taches observées au bord du Soleil. » Pour les protubérances solaires, voici les résultats : Protubérances. 189Î. Avril Mai Juin Juillet Août Septembre. Octobre . . . Novembre . Décembre. . Nombre de jours Nombre Hauteur Extension d'observation. iiioyen. moyenne. moyenne. 18 5,00 38;'5 2,3 '7 5,94 35,7 ',7 26 6,38 32,5 ',7 3i 4,7' 36,8 1,8 3o 5,20 36,3 1,8 19 5,53 38,5 2,2 16 4,56 32,0 1,8 22 4,64 38,8 ',7 '" 3,4' 35,3 .,8 ( i44 ) » Dans les phénomènes chromosphériques, on a constaté une diminu- tion progressive. Tandis que pour les taches on trouve, dans Ja série, des maxima secondaires caractéristiques, on a trouvé pour les protubé- rances presque toujours un état de calme relatif; les véritables éruptions métalliques ont fait défaut. Une seule grande protubérance a été obser- vée, le 24 décembre 1894, par M. Palazzo, dans l'hémisphère austral, à la latitude 29", 5; elle avait une hauteur de 212" à ii''2G°', et de 290" à II'' Si™, a 12'' 36™, elle s'était déplacée vers le sud, réduite aux pro- portions ordinaires et conservant son caractère nébuleux. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la convergence des déterminanls d'ordre infini et des fractions continues. Lxtrait d'une Lettre de M. H. von Koch à M. Poincaré. « Lemme I. — ■J.^, y.,,, . . . et [i,, ^.,, ... étant des quantités données quel- conques, pour que te déterminant infini A = I z, [i, I 7., fi., I converge absolument, il faut et il suffit que la série (i) \'j.,<^.,\ + \x,^.,\ + \y.,%\ + ... soit convergente. )) Lemme IL — Si les 7.^ et ^., sont des fonctions analytiques d'un certain nombre de variables X,, X,, . . ., X^ et holomorphes dans un domaine donné T, si la série (i) converge uniformément dans T, le déterminant infini A repré- sente une fonction holomorphe dans T. Lemme III. — Désignons par A'"' le mineur obtenu en supprimant dans A les n premières lignes et les n premières colonnes, et supposons remplies les conditions du lemme II. Quand n croît indéfiniment, A'" s'approche indéfini- ment et uniformément de /'unité. M En effet, à tout nombre donné t correspond un n' , tel que l'on ait, pour tout le domaine T et dès que n ^ «', -f-00 n (i+i^vM)-i|<^ dès que n^n pour tout le domaine T. » Considérons maintenant la fraction continue C. Q. F. h. (^) 1^1 1^2- 1^3- l.. les A; et [j.i étant des quantités quelconques. En s'arrétant au dénomina- teur ij.p, on obtient une fraction continue /^ d'ordre/? qui, d'après un théo- rème élémentaire, peut s'exprimer par le quotient de deux déterminants d'ordre p. Supposant d'abord tous les (j., différents de zéro, ou pourra écrire Ap désignant le déterminant formé par les jo premières lignes et les p pre- mières colonnes de la matrice (■^) I 1 o o o ... ),, 1 _ I — ■ o o ... |J.2 ^3 1^2 1 o 1-^3 1 1-^3 o ... o O . et A'p ce que devient A^ quand on y supprime la première ligne et la pre- mière colonne. D'après le lemme I, pour que le déterminant de la ma- trice (3) converge absolument, il faut et il suffit que la série (4) /, + h I^-l [-^2 (J-3 1^4 soit convergente. Supposons celte condition remplie; alors A^ et A' ten- dront (pour/? = ce) vers des limites bien déterminées A et A'. Donc, pourvu que A ne soit pas nul, la fraction (2) est convergente. ( «46 ) » On peut ajouter que ^. n'est certainement pas nul si la somme S de (4) est suffisamment petite. En effet, si S <1 :^, on a, en posant 2(' + l?v-.|)-io. » Supposons que les 1^ et [x, soient fonctions des variables indépendantes X,, ûT.,, ..., x^. Soit T un domaine quelconque dans lequel les fonctions — et — "~ — sont holomorphesetla série (4) uniformément convergente. D'a- près le lemrae If, les déterminants infinis A et A' seront des fonctions ana- lytiques, holomorphes dans T. Donc, dans tout le domaine T, la fraction con- tinue ( 2 ) représente une fonction analytique méromorphe de x^,a\, . . . , x^ qui peut s' exprimer parle quotient de deux fonctions — A' e^ A holomorphes dans T. » Soit ï, un domaine situé tout entier en dedans de T et tel que, pour tous les points de T,, la somme (4) soit <[ ^. Nous savons alors que A ne peut s'annuler pour aucun point de T,. Donc notre fraction continue repré- sente une fonction holomorphe dans T, . » Ainsi, par exemple, la fraction continue Cl 4 c, - où les c, sont des constantes telles que la série V -; converge absolu- ment, représente certainement une fonction F (a;) de x méromorphe dans tout le plan; et cette fonction reste certainement holomorphe tant que l'on a I a; I <; — r^, A désignant la somme 'S C j.-i Cv » De même, si la série ^x^ converge absolument, la fraction continue a. ( '47 ) représente une fonction méromorphe de - qui reste certainement holo- morphe en -^ tant que l'on a | :r | > y/2B où B = V | a, |. » OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Influence du rythme des successions d'éclats sur la sensibilité lumineuse. Note de M. Charles Henry ('). 'c Les successions d'éclats à des intervalles rythmiques déterminent-elles une diminution de la sensibilité lumineuse; les successions à des intervalles non rythmiques, une augmentation? J'appelle, comme on sait, rythmiques, les nombres des formes 2", 2" -f- I (premier), 2"'(2" + i) (2/"-+- i), Ce problème expérimental a été résolu de la manière suivante : » Les successions d'éclats suivant les lois voulues ont été obtenues au moyen d'un tambour noirci, de i'" de rayon, percé sur son pourtour de 60 trous, que l'on pouvait à volonté boucher ou déboucher; ce tambour, dans l'axe duquel on pouvait pFacer des sources lumineuses variées, était entraîné par un mouvement d'horlogerie très puissant et réglé. » On a fiiit varier : i" la vitesse du tambour; 2° l'intensité de la source; 3" la complexité de la succession. » On a considéré trois sortes de vitesses : i" des vitesses maxima, d'un tour en des temps variant de 7",5 à i3"; 2° des vitesses moyennes, d'un tour en des temps variant de 1' 10" à 122"; 3° des vitesses minima, d'un tour en des temps variant de i'5o" à i'53". » On a considéré deux éclairages : un très fort, fourni par un bec Auer alimenté par un réservoir de gaz d'huile, muni d'un régulateur de pres- sion; un très faible, fourni par une lampe de gardien de phare, dont la lumière était en partie interceptée pour l'œil par un écran en papier fort, collé sur chaque trou. (Des indications pliotométriques plus précises sur ces sources sont inutiles, comme le prouveront les résultats des expé- riences.) » On a considéré quatre sortes de successions : 1° les successions de Go trous (21 nombres rythmiques, 4o nombres non rythmiques, l'unité comprise chaque fois); 2" les successions de 3o trous, i trou sur 2 étant bouché (ij nombres rythmiques, 16 nombres non rythmiques; 3° les suc- (') Ce travail a été exéculé au Dépôt des Phares, grâce à la bienveillance de M. Bour- delles, Inspecteur général des Ponts et Chaussées, Directeur du Dépôt. ( i48 ) cessions de 20 trous, 2 trous sur 3 étant bouchés (i3 nombres rythmiques, 8 nombres non rythmiques); 4° les successions de i5 trous, 3 trous étant bouchés sur 4 (10 nombres rythmiques, 6 nombres non rythmiques). Pour avoir à considérer tOTijours le même nombre d'éclats, quelle que soit la succession, on mettait des bouchons sur le nombre excédant des trous de la succession la plus longue, et on les changeait de position dans les com- paraisons ultérieures. » On a estimé les variations de la sensibilité lumineuse en mesurant, pour chacune des deux successions, le minimum perceptible : 1° avant chaque expérience,/?, ; 2" après chaque expérience, p.^, et en calculant la fraction — — — = P, qui exprime la variation de l'anesthésie. )) Pour mesurer le minimum perceptible, j'ai fait construire par ftl. Ra- diguet un nouveau photoptomètre, fondé sur le principe de la diaphragma- lion des objectifs, mais muni, comme source lumineuse, d'un écran de sul- fure de zinc phosphorescent, préparé, suivant mon procédé, par la Société nationale de produits chimiques. Les variations d'éclat de ce corps avec le temps étant connues, il est facile, étant donnée l'ouverture du diaphragme correspondant au minimum perceptible, de connaître la quantité de lumière qui frappe la rétine à ce moment. Il est à noter que l'instrument a l'avan- tage d'être d'autant plus précis que les temps sont plus longs et les éclats plus faibles. D'autre part, la quantité mesurée dépendant de deux facteurs, ouverture et temps, il est à peu près impossible d'être influencé dans ces mesures par une idée préconçue. Comme le minimum perceptible décroît, dans les limites de i" à 80", en raison directe du séjour de l'œil dans l'ob- scurité, on doit, la mesure photoptométrique exigeant quelques secondes, corriger tous les minima perceptibles observés à ces temps différents et les ramener au temps zéro. C'est ainsi qu'ont été calculées les valeurs sui- vantes de P. Voici des extraits des expériences pour les successions de 60 trous, exécutées, pour la plus grande partie, sur l'œil droit d'un de mes auditeurs, M. Meunier, après repos de l'œil dans une obscurité relative durant trois à quatre minutes : Valeurs de P. Vitesses maxima. Successions Vitesses Successions moyennes. Successions Vitesses Successions minima. Successions Successions rvthmiciues . non rylhm . rythmiques. non rythm . rvlhmiques. non rythm. Éclairage fort. . . » » » 1,07 — 0, 126 1 » » » )) 1 ,08 — 0,119 , ; —0,06 ) Eclairage faible. . 0,559 1 J r \ -0.709 ( 0,17 -0,572 0, i36 — 0,598 ( i49 ) » Il résulte de ce Tableau, dont je pourrais étendre les nombres, que la fraction P est toujours négative, pour les successions non rythmiques, avec les éclairages faibles aux trois vitesses, et avec les éclairages forts aux vitesses minima. Avec les éclairages forts aux vitesses maxinia et moyennes, la loi est perturbée par la persistance des impressions qui, on le sait, augmente avec l'éclairage. La loi a été presque constamment vérifiée pour les succes- sions complexes de 60 trous ; pour les successions moins complexes, les résultats ont été trouvés incertains par quatre observateurs. » Les p, sont assez variables d'une expérience à l'autre; en vue de cal- culer, en fonction de la vitesse et de l'éclairage, une relation entre l'anes- thésie et le caractère rythmique ou non des successions, j'ai cherché à obtenir des p, constants; mais, même après des séjours réitérés de l'œil pendant plus de vingt-cinq minutes dans l'obscurité, il m'a été impossible de ramener ma rétine au même état initial. Mais cette difficulté n'infirme pas le sens de cette conclusion : il est possible cV augmenter la portée lumi- neuse d'un signal, en ordonnant les successions d'éclats suivant une loi non rythmique suffisamment complexe. Il va sans dire que, pour ces expériences, comme d'ailleurs pour toutes les expériences physiologiques, l'organe doit être aussi reposé que possible. » CHIMIE . — Influence de la températur-e sur la transformation du sulfure de zinc amorphe. Note de M. A. Viluers, présentée par M. H. Moissan. « Nous avons indiqué précédemment les premiers résultats relatifs aux transformations, immédiates ou lentes, que les sulfures de certains métaux peuvent éprouver après leur mise en liberté. Nous poursuivons cette étude sur les autres sulfures et sur divers corps, solubles ou insolubles, solides, liquides ou gazeux, simples ou composés, et nous nous proposons de déterminer les quantités de chaleur qui correspondent à ces transfor- mations. Mais nous avons à revenir encore sur les sulfures précédemment étudiés, et à définir les conditions dans lesquelles ces corps, à l'état pro- tomorphique, se transforment en d'autres sulfures ne différant pas seule- ment des premiers par leur degré d'hydratation et par leurs propriétés physiques, mais aussi par une perte d'énergie qui se manifeste par la ditTé- rence des propriétés chimiques et leurs affinités plus faibles que celles des premiers. » Influence de la température. — Ces transformations peuvent, à certains C. R., i8(j5, I" Semestre. (T. CXX, N» 3.) 20 ( i5o ) points de vue, être comparées à quelques-unes de celles qui correspondent aux changements d'état de certains corps simples et composés, suscep- tibles d'exister sous plusieurs états allotropiques. Elles s'en distinguent, il est vrai, par ce caractère essentiel qu'elles ne sont pas réversibles et que, tandis que le soufre prismatique reprend à froid la forme octaédrique, il est impossible, sans avoir recours à une réaction chimique plus ou moins indirecte, de transformer le sulfure de zinc cristallisé en sulfure amorphe, le sulfure de manganèse vert en sulfure rose, le sulfure de nickel en sa modifi- cation prolomorphique encore inconnue. Nous verrons, cependant, qu'il y a peut être lieu de faire quelques réserves relativement à ce dernier point. Mais elles peuvent en être rapprochées par ce fait qu'à une temjjérature déterminée, que nous désignerons sous le nom de température de trans- formation, renfermée dans des limites très étroites, l'instabilité de la matière à l'état protomorphique devient telle que la transformation se produit in- stantanément, de même que l'on voit le sesquioxyde de chrome précipité, séché et soumis à un échauffement progressif, devenir subitement incan- descent, en se transformant en sa modification insoluble dans les acides. Si la température descend au-dessous delà température de transformation, la modification se produit encore, non plus instantanément, mais de plus en plus lentement, jusqu'à une certaine limite de température qui corres- pond à un état de stabilité de la forme protomorphique. Cette nouvelle limite peut être encore déterminée d'une manière |)récise pour le sulfure de zinc, et probablement dans beaucoup d'autres cas. L'intervalle qui la sépare de la température de transformation est très variable pour les divers corps. » Enfin, la température de transformation n'est pas fixe pour un même corps. Elle dépend du milieu dans lequel s'est produit le corps au moment de sa formation, et aussi des conditions que ce milieu a pu subir ensuite. » Sulfure de zinc. — Une dissolution alcaline d'oxyde de zinc, contenant un aussi faible excès que possible d'alcali, a été, après dilution, précipitée à froid par l'hydro- gène sulfuré, en évitant la redissolution du sulfure de zinc (p. 98). Le sulfure amorphe ainsi produit a été chauffé au bain-marie, pendant une minute environ, avec le liquide dans lequel il s'est formé, à des températures comprises entre 100° et 70". Dans ces conditions, il s'est transformé en sulfure cristallisé, et est devenu insoluble dans un excès d'hydrogène sulfuré, quel que soit le temps pendant lequel on a pro- longé l'action de ce gaz. » Il faut remarquer cependant que, malgré la vitesse de la transformation pendant cet intervalle de température, cette transformation n'est pas absolument instantanée; c'est ce que l'on peut démontrer en faisant passer, dès le début et sans interruption, ( i5i ) l'hydrogène sulfuré très rapidement dans la liqueur préalablement chauflTée. On observe alors la redissolution du précipité jusqu'à des températures voisines de ioo°. » Cette transformation qui se fait ainsi immédiatement, on en quelques secondes, an-dessus d'une certaine température, se ralentit très vile si la température s'abaisse. » Le sulfure de zinc, précipité de la liqueur précédente, a pu être maintenu à une température inférieure seulement de quelques degrés à 70°, pendant plusieurs mi- nutes, sans que la transformation fût même commencée. Vers So", la moitié environ du sulfure restait encore à l'état amorphe, après trois heures. Entre iS" et 20°, il a fallu dix-sept heures environ pour qu'elle fût arrivée au même point. » Entre 10° et t5°, elle s'est arrêtée complètement, ou du moins nous n'avons pas trouvé de sulfure cristallisé et le sulfure était soluble dans le sulfhydrate de sulfure alcalin après deux jours. 11 en a été de même, entre o" et 10°, après dix jours; et cela, même en présence de traces de sulfure cristallisé, dont la présence accélère la trans- formation, ce que l'on peut constater en semant quelques cristaux sur une couche un peu épaisse de sulfure amorphe, dans des conditions de température telles que la transformation puisse se produire spontanément. On constate, dans ce cas, que la transformation se fait par couches successives, se distinguant assez nettement des couches non cristallisées par une opacité plus grande. » On voit que la transformation du sulfure de zinc ne paraît pas se produire, même après un temps considérable, à une température inférieure de quelques degrés seulement à celle à partir de laquelle on peut l'obser- ver, et à laquelle elle ne se fait que lentement, il est vrai, mais cependant d'une manière fort sensible. On voit aussi que le caractère progressif de la transformation disparaît au moment où l'on atteint la température de transformation, à partir de laquelle elle se produit presque instantané- ment. » Cette température de transformation est très variable pour des mi- lieux différents. )) Elle peut être voisine de zéro, ou supérieure à 100°, ainsi que nous le verrons, suivant la composition de la liqueur et les variations de com- position, pendant et après la précipitation du sulfure de zinc. » ( '52 ) CHIMIE MINÉRALE. — Insuffisance de la méthode de Kjeldahl pour doser Vazole dans les chloroplatinates. Note de M. Delépixe, présentée par M. Henri Moissan. « Sans vouloir entrer dans les discussions qui se sont déjà produites au sujet de la méthode de Kjeldahl ('), je crois devoir indiquer des expé- riences, qui me paraissent établir que ce procédé n'a pas la généralité qu'on lui a attribuée. » Ayant voulu doser, par celte méthode, l'azote du chloroplatinate de triméthylamine obtenu par hydrogénation de l'hexaméthylène-amine, je constatai, dans une première opération, une erreur par défaut s'élevant à \ de l'azote prévu, comme le montrent les chiffres suivants : Matière employée 0,8988 Azote obtenu o,oi357 Azote pour 100 3,88 » Le calcul exige 5,i5 pour 100 d'azote. Comme ce chloroplatinate avait fourni le chiffre théorique de platine, j'attribuai cette erreur à une erreur de lecture ou de manipulation et je refis une deuxième expérience; le dosage fut aussi défectueux. Afin de m'assurer si celte erreur était systé- matique, j'ai préparé exprès du chloroplatinate d'ammoniaque et j'y ai dosé l'azote comme dans un dosage habituel par la méthode de Kjeldahl (acide sidfurique et, après une demi-heure de chauffe, addition de per- manganate). Le résultat fut encore erroné : Matière 0,4376 Azote 0,00827 Azote pour 100 1 189 » La théorie exige 6,26. Ici, l'azote obtenu est plus petit que le tiers du (') Le principe de cette méthode est le suivant : La substance azotée est maintenue pendant quelque temps avec une grande quantité d'acide sulfurique concentré à une température voisine de l'ébullition ; on ajoute une substance quelconque pour faci- liter l'oxydation de la matière organique ; puis on distille l'ammoniaque et on la litre; dans cette opération, Tazole (non nitrique ou azoïque) passe à l'état d'ammoniaque. L'agent oxydant dont je me sers est le permanganate de potasse que j'ajoute par frac- tions après une demi-heure de chauffe et jusqu'à décoloration. ( i53 ) résultat attendu. Quant à la cause de ce fait, elle paraît due à l'action du chlore du chlorure de platine sur l'ammoniaque et sans doute sur l'aminé, dans le cas de la triméthylamine. On sait que le chlorure de platine perd facilement du chlore et que le chlore détruit le chloroplalinate d'ammo- niaque selon l'équation PtCP (AzH'')= + 3C1= = PtCP + 8HC1 + Az^ M C'est sans doute à une action de ce genre qu'est attribuabic l'erreur constatée. Je ne saurais dire si elle est générale, n'ayant pas étudié d'autres chloroplatinates ('). » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V arabinochlnral et le xylochloral. Note de M. Hakriot, présentée par M. Arm. Gautier. « Dans un Mémoire précédent, j'ai montré que le glucose peut s'unir avec le chloral en donnant deux isomères, les glucochlorals. J'ai cherché à généraliser cette réaction en l'étendant à d'autres sucres. » L'arabinose et le xylose sont deux sucres isomériques C H' °0^; ils s'unissent difficilement avec le chloral pur, mais facilement en présence d'une trace d'acide chlorhydrique. » ^-arabinocldoral C"H'C1^0'. — On cliauflTe pendant nne heure à loo" un mé- lange de 25s'' d'arabinose et de doS"' de cliloral anhydre additionné de dix gouttes d'acide chlorhydrique. Une vive réaction se déclare, puis la masse devient homogène et brunit fortement. On la distille à plusieurs reprises avec de l'eau pour éliminer l'excès de chloral, on filtre pour séparer une résine colorée et insoluble et on concentre. Il se dépose des cristaux; les eaux mères en fournissent une nouvelle quantité quand on les additionne d'eau froide. On les purifie par cristallisations d'abord dans l'eau bouillante, puis dans le chloroforme. » L'arabinochloral se dépose en petits cristaux ou en lamelles fusibles à i83°, se sublimant dès celte température. Sous pression réduite, on peut le distiller sans dé- composition. Il répond à la formule CII'CPO^. » Il est peu soluble dans l'eau et le chloroforme froids, assez soluble à chaud dans l'alcool, l'élher et labenzine. i'" d'eau à iS" en dissout 25'', 92. Son pouvoir rotatoire, [a]0=: — 23°, 2; vis-à-vis des différents réactifs, il se comporte comme le p-glucochlo- ral; toutefois, avec l'orcine chlorhydrique, il donne une coloration bleue, tandis que ce dernier donnait une coloration rouge. » Le chlorure d'acétyle l'attaque vivement en présence de chlorure de zinc. Le (') Travail fait au laboratoire de M. Prunier, à l'Ecole de Pharmacie. ( i54 ) produit de la réaction, débarrassé de l'excès de chlorure, est dissous dans l'éther, et la solution laisse déposer par évaporation de beaux prismes de triacétylarabino- chloral que yai analysés. Ils sont fusibles à 92", insolubles dans l'eau, très solubles dans ralcool, l'éther et le chloroforme. Ce corps s'altère aisément avec mise en liberté d'acide acétique. » Le chlorure de benzoyle, ajouté à une solution potassique d'arabinochloral, le transforme en un corps cristallisé, fusible à iSS", très soluble dans l'alcool et le chloroforme, peu soluble dans l'étiier et qui est le dibenzoylarabinochloral. » Il ne m'a pas été possible d'obtenir l'éther tribenzoylé, même en employant le chlorure de benzoyle et le chlorure de zinc. » Lorsque l'on soumet le p-arabinochloral à l'oxydation par le permanganate de potassium, on obtient de petites quantités d'un acide fusible à 267°, assez soluble dans l'eau froide; mais les rendements sont toujours très faibles. D'après sa teneur en chlore (Cl =: 35,79, théorie 35,98), cet acide serait isomérique avec les acides a et p- chloraliques que j'ai précédemment décrits. Je reviendrai du reste prochainement sur ces acides. » a.-arabinochloi'al. — Les eaux mères de la préparation du p-arabinochloral finis- sent par se prendre en une masse cristalline que l'on essore, puis que l'on dissout dans l'éther pour séparer une matière gommeuse et que l'on purifie par de nombreuses cristallisations dans l'eau et le cl)loroforme bouillant; toutefois, la séparation des dernières traces du corps |3 est assez difficile. » L'a-arabinochloral se dépose, par le refroidissement de sa solution chlorofor- mique, en lamelles fusibles à 124°, beaucoup plus solubles dans les divers dissolvants que le corps p avec lequel il est isomère. » En solution potassique, le chlorure de benzoyle le convertit en dérivé diben- zoylé Cl =:r 22,18 (théorie 21,76), fusible à 138°, très soluble dans l'alcool, l'éther et le chloroforme. Avec le chlorure d'acétyle et le chlorure de zinc, il se produit un éther, insoluble dans l'eau, soluble dans les dissolvants organiques, mais qui n'a pu être obtenu cristallisé. » A'ylochloral. — Le xylose s'unit avec le chloral moins facilement que l'arabinose; il faut ajouter plus de H Cl, chauffer plus longtemps, et les rendements sont beaucoup moins bons; à part cela, le mode opératoire est sensiblement le même. Le xylochloral se dépose des solutions à peu près pur; il suffit de le faire recrislalliser dans l'eau bouillante, mais je n'ai pu arriver à le dédoubler comme ses congénères en deux iso- mères ; peut-être le second est-il trop soluble et reste-t-il dans les eaux mères sirupeuses. » Le xylochloral cristallise en lamelles fusibles à 132°, se volatilisant en partie avant de fondre. Il est beaucoup plus soluble dans l'eau que l'arabinochloral. i'" d'eau à i4°,6 en dissout ioS'',943. Son pouvoir rotatoire est [a]i,z= — i3°,6. Il donne, avec l'orcine chlorhydrique, la même coloration bleue que l'arabinochloral. » Avec le chlorure d'acétyle, il forme une masse sirupeuse dans laquelle apparais- sent peu à peu des cristaux fort altérables, et que je n'ai pu obtenir purs; avec le chlorure de benzoyle, il se fait du dibenzoylxylochloral, en petits cristaux, inso- lubles dans l'eau, solubles dans les dissolvants organiques. » D'après l'analogie de formation et de propriétés qui existe entre les ( ï55 ) glucochlorals d'une part, les arabinochlorals et le xylochloral d'autre part, on est conduit à attribuera ces derniers la constitution CCI' I CH o/\c.OH-CH»OH HO.HC \/' CH ch-Iq la position de l'oxygène anliydridiqae restant arbitraire. Cette formule répond bien aux propriétés constatées, savoir formation d'éthers trisubsli- lués et d'un acide monobasique C'HCl'O". » Nous avons vu, à propos des glucochlorals, que l'anhydrisation se faisait entre deux des quatre oxhydriles du noyau, dont trois sont secon- daires et un tertiaire. L'un des oxhydriles restés libres est difficilement éthérifiable. Il est donc vraisemblable que cet oxhydrile tertiaire reste libre et que la déshydratation a lieu entre deux des trois oxhydriles secondaires. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelle synthèse de l'anthracène. Note de M. Delacre, présentée par M. Friedel. « Le présent travail a pour origine différentes recherches que j'ai exé- cutées dans le but d'arriver à une méthode de préparation facile de l'acide tripliénylacétique. )) Elbs et Toile (') ont proposé de préparer cet acide en faisant agir le benzène sur l'acide trichloracétique en présence de chlorure d'aluminium; mais mes essais m'ont démontré que, malgré ses nombreuses difficultés d'exécution et ses rendements souvent très faibles, la méthode basée sur la saponification du nitrile est encore la seule applicable. La première ne m'a donné que des rendements tout à fait insignifiants. C'est dans le but d'améliorer ces rendements que j'ai substitué à l'acide le trichloracétate d'éthyle. Je dois dire cependant que je n'avais qu'un faible espoir dans le succès, mes recherches antérieures m'ayant montré que le chlorure fie trichloracétyle agit sur le benzène, par la méthode de MM. Friedel et Crafts, pour donner non la triphényl-, mais la diphényl-acétophénone (-). » L'expérience confirma mes craintes en me démontrant qu'il n'est pas (') D'après l'Ouvrage de Beilslein, -2" éd., t. II, p. 945. (^) Association IVançaise pour ravancement des Sciences. Congrès de Pau, 1892, p. 181. ( i56) possible d'arriver à l'acide Iriphénylacétique en suivant cette voie; mais si ces essais ont été infructueux dans ce sens, ils m'ont en revanche mis sur la voie d'une série de réactions intéressantes que je me propose d'étudier successivement. » Le trichloracétate d'éthyle réagit sur le benzène en présence de chlo- rure d'aluminium et sous l'influence de la chaleur, avec dégagement d'acide chlorhydrique. En concentrant le benzène, après traitement par l'eau, on obtient un élher se présentant en aiguilles cotonneuses qui cristallisent surtout bien de l'acide acétique et du benzène par refroidissement, et fondent, après un certain nombre de purifications, à 219°; sous l'influence de la chaleur, il se scinde en CO- et un hydrocarbure fusible à ii5° qui distille vers 3oo°. « J'étais enclin à penser qu'il se formait d'abord du diphénylacétate d'éthyle, et que cet éther se décomposait en CO^ et diphénylpropane. Cette hypothèse, qui ne marchait pas sans certaines contradictions, puisque les propriétés du diphénylacétate d'éthyle sont en discordance avec celles du produit fondant à 219", semblait confirmée par l'anahse. Pourtant la combustion donnait toujours, pour l'éther et pour l'hydrocarbure, des chiffres d'hydrogène trop faibles. Ne sachant si je devais attribuer ces dif- férences à des erreurs d'analyse, et ne voulant pas laisser sans solution ce problème, quelque peu important qu'il me parût alors, j'ai soumis à la même réaction le trichloracétate de benzyle; je croyais arriver ainsi au triphényléthane(C''IP)-CH.CH^C«H', décrit par M. O. Saint-Pierre (') comme fondant à S^". Je pouvais donc voir sans difficulté si la réaction s'opérait suivant mon interprétation. » Le résultat a été contraire à mes prévisions, et, au lieu de triphényl- éthane, jen'aipas été peu surprisderecueillirexclusivementdel'anthracène. L'éther provenant de l'action de AFCl" sur un mélange de trichloracétate de benzyle et de benzine peut être isolé facilement ; j'en réserve la des- cription et l'étude pour plus tard; en le distillant, on recueille de l'an- ihracène, tandis qu'il se dégage de l'anhydride carbonique. Il suffit de faire cristalliser une fois l'hydrocarbure pour l'obtenir parfaitement pur, en paillettes argentées, fondant à 210". L'analyse a donné : C pour 100 93 ,7 I H pour 100 (') Bull, delà Soc. chimique, t. V, 3= sér. , p. 292. Calculé pour C'oolt, Bcricbtc d. D. Chein. GeselL, t. XXI, p. 208; 1888. ( i59 ) et en ordonnées les effets optiques. On sait, en effet, que telle est l'allure des pouvoirs rotatoires lorsque le groupe le plus lourd croît indéfini- ment ('). » Pour le carbone T, il en est autrement et trois cas peuvent se pré- senter : » Premier cas. — Si les masses (^) des radicaux satisfont aux relations AO4 ) un nombre d'articles plus grand, et des spores qui soht sphériques, au lieu d'être elliptiques; ce sont donc deux espèces distinctes. Les bâtonnets sont rectilignes, cylindriques, d'un diamètre uniforme, isolés, non réunis en chaîne; nous n'en avons jamais rencontré soudés bout à bout, par deux, comme nous l'avons signalé chez le Bacillus permiensis; il est probable que ce mode de division n'était pas le procédé habituel de multiplication de ce bacille, car on en rencontre n'ayant que Six de longueur et présentant déjà une cloison, d'autres mesurant 6a, 91». et en possédant respectivement deux et quatre. Les spores apparaissaient de bonne heure et s'échappaient comme nous l'avons dit; on en trouve mélangées à des débris de cellules, ou rangées en files le long des arêtes et des lignes transversales des vais- seaux scalariformes: il est vraisemblable qu'elles y germaient et que les jeunes bâtonnets grandissaient et se cloisonnaient sur place en peu de temps. » L'état de destruction des tissus que nous avons rencontrés est assez varié : tantôt les cellules sont réduites à leur membrane mitoyenne déchi- quetée, le dépôt mixte de cellulose ayant disparu ainsi que le protoplasma ; tantôt les cellules sont disjointes et ont conservé leur enveloppe cellulosique plus ou moins incrustée; d'autres fois, les membranes mitoyennes et cellu- losiques ont été détruites, il ne reste plus que le protoplasma granuleux, desséché, qui occupait les cellules; entre les masses protoplasmiques de forme variée qui ont conservé un certain ordre relatif,°on aperçoit quel- quefois les traces des anciennes parois; ces masses elles-mêmes s'éclair- cissent par place, semblent se fondre et disparaître ('). » Nous ne pouvons affirmer que ces états divers de désagrégation soient dus à l'action prolongée du Bacille que nous décrivons aujourd'hui, car ce n'est pas la seule Bactérie que nous ayons observée, ni le seul procédé de destruction des débris végétaux, procédés qui, à cette époque, semblent avoir été exactement les mêmes que ceux de nos jours; de plus on com- prend facilement les difficultés qui accompagnent ce genre d'études, puisque les recherches expérimentales ordinaires de contrôle ne peuvent être employées ici. Cependant, comme nous avons rencontré ce nouveau Bacille au milieu de fragments complètement dissociés, n'offrant aucune trace de conservation, nous le désignerons sous le nom de Bacillus vorax. » Ce Bacille est actuellement le plus ancien qui ait été décrit. » (') Il est évident que ces masses végétales, ainsi détruites, n'ont pu concourir à la formation de la houille et que certaines Bactéries, loin d'avoir contribué à sa pro- duction, en ont fait disparaître les éléments. ( if^:> ) BOTANIQUE. — Sur le développement des lubes criblés chez les Angiospermes. Noie de M. Chauveaud, présentée par M. Ph. van Tiee^hem. « Dans le cours de recherches entreprises sur la Vigne, j'ai eu l'occasion de constater que le développement des tubes criblés est notablement dif- férent de la description donnée par les auteurs qui ont étudié cette plante. En effet, d'après cette description devenue classique, le développement du tube criblé serait indirect; la cellule procambiale ou cambiale qui doit lui donner naissance se diviserait d'abord, par une cloison longitudinale, en deux éléments, dont l'un deviendrait le tube criblé et l'autre la cellule compagne. » Or les premiers tubes criblés qui apparaissent dans la Vigne m'ont présenté un développement direct. Ils dérivent de cellules procambiales qui se transforment sans se cloisonner, par conséquent sans production de cellules compagnes. Leur différenciation est d'ailleurs très précoce; on peut les distinguer nettement dès le second jour de la germination ('), grâce à l'épaississement de leur membrane et à l'apparition de ponctua- tions criblées sur leurs faces transversales. Ces tubes sont disposés bout à bout en files uni-sériées qui s'étendent du sommet de la radicule jusqu'à l'extrémité des cotylédons dans lesquels elles se ramifient. Tous les autres tubes criblés qui se forment ultérieurement dans les diverses parties de la plante se développent aussi directement. » Pour observer, dans les conditions les plus favorables, le développe- ment direct, il faut prendre une extrémité de racine. On voit alors les pre- miers tubes criblés primaires prendre naissance aux dépens des cellules du méristème terminal. Ces cellules, d'abord aussi larges que longues, se transforment directement en tubes en épaississant leur membrane, en même temps qu'elles prennent sur leurs faces transversales des ponctuations cri- blées; puis, elles s'allongent considérablement, leur longueur pouvant dépasser cinquante fois leur largeur, qui, elle, a peu varié. Ces tubes cri- blés, arrivés à cet état très différencié, peuvent demeurer simples indéfini- (') Si ce fait, entre autres, avait été connu de M. Schribaux, il l'aurait sans cloute empêché de soutenir que la sortie hâtive de la radicule est un simple phénomène phy- sique, dans les conditions que j'ai indiquées (voir Moyen d'assurer et de rendre très hâtive la germination des Vignes {Comptes rendus, 22 janvier 1894). G. R., 1895, 1" Semestre. (T. CXX. IN- 3.) 22 ( 1(36 ) ment, mais le plus souvent ils se cloisonnent, et cela de façons très diverses. Tantôt une cloison oblique détache à une extrémité du tube une petite cellule cunéiforme; tantôt c'est au milieu ou sur une portion quel- conque de sa longueur qu'une cloison courbe découpe dans le tube une cellule en forme de calotte; d'autres fois, la cloison longitudinale isole une cellule qui occupe toute la longueur du tube. Enfin, le cloisonnement est souvent double et détache à la fois deux cellules qui peuvent être super- posées ou accolées, soit dans une partie seulement, soit dans la totalité de la longueur du tube. Quand ce dernier cas se réalise, la double cloison sur les coupes transversales dessine un Y circonscrit par la paroi plus épaisse du tube primitif, ce qui donne l'aspect caractéristique que présente le tissu criblé d'un grand nombre de plantes. Les cellules, ainsi détachées des tubes criblés, ne sont autre chose que les cellules-compagnes des auteurs. » Le cloisonnement du tube criblé est très tardif quand la région dans laquelle cet organe se différencie subit un grand allongement, ce qui est le cas pour les premiers tubes criblés primaires dont nous venons de parler; au contraire, il s'effectue plus tôt quand l'allongement de cette région est moindre, comme cela arrive pour les derniers tubes primaires; enfin il a lieu de très bonne heure quand tout allongement a cessé, condition géné- ralement réalisée pour les tubes criblés secondaires. Cette particularité fait comprendre pourquoi le développement direct, facile à observer sur les premiers tubes criblés primaires, peut être méconnu sur les tubes criblés secondaires chez lesquels la phase d'élongation se trouve sup- primée. » Le développement indirect, accordé jusqu'ici aux tubes criblés de la Vigne, est attribué aux tubes criblés de toutes les autres Angiospermes, que l'on oppose sous ce rapport aux Gymnospermes qui ont des tubes criblés à développement direct et dépourvus de cellules-compagnes. L'é- tude du mode de formation de ces organes est donc susceptible d'offrir un intérêt général. Ayant constaté un développement analogue chez les diffé- rentes espèces de Vigne, je me suis demandé si ce genre constitue à la règle une exception unique, ou si au contraire cette exception ne doit pas devenir la règle. Quelques plantes, prises au hasard dans différents groupes d'Angiospermes, ont confirmé cette dernière hypothèse ; toutefois l'examen d'un plus grand nombre de plantes peut seul permettre de formuler une conclusion générale ('). (•) Je me propose de revenir sur ce sujet dans un prochain Mémoire, accompagné ( 1^7 ) » Dans le Blé, par exemple, chaque faisceau libérien radiculaire comprend quatre (quelquefois cinq) éléments. De ces éléments, l'un, le plus externe elle plus petit en diamètre, est un tube criblé qui a été jusqu'ici méconnu comme tel ('). Ce tube est encastré entre deux, cellules qui l'entourent complètement du côté interne et seraient vraisemblablement dites ses cellules compagnes. Or, voici comment se forment ces trois éléments. Une cellule du mérislème terminal se divise par une cloison longitu- dinale en deux cellules dont une demeure indivise et constitue l'une des cellules compagnes; l'autre, en découpant par une cloison son angle externe, dans toute sa longueur, donne naissance au tube criblé et à la seconde cellule compagne. Peu après sa formation, le tulîe crijalé, qui ne se cloisonnera jamais, s'intercale pareille- ment entre les deux cellules compagnes, et comme celles-ci sont redevenues tout à fait semblables, aucun caractère ne peut faire soupçonner dans la suite que l'une d'elles est la sœur du tube criblé. Le quatrième élément ('), le plus interne et le plus grand en diamètre, est aussi un tube criblé, mais il diffère du premier surtout par son mode de développement. Il dérive directement d'une cellule du mérislème ter- minal qui est tout entière employée à le former; il demeure toujours simple et on ne saurait lui attribuer aucune cellule compagne. ') En attendant, les observations précédentes peuvent se résumer ainsi : » 1° La règle admise pour le mode de développement des tubes criblés est loin d'être générale. Les deux modes de développement, direct et indirect, peuvent être réalisés dans le même faisceau (Blé); )) 2° La présence de cellules compagnes ne caractérise pas absolument les tubes criblés des Angiospermes. » Sous ce nom mauvais de cellules compagnes, on confond des éléments qui offrent avec les tubes criblés des degrés de parenté fort différents. )) Enfin, je ferai remarquer que, si la présence de cellules compagnes peut être considérée comme un perfectionnement, ainsi que le voulait M. Janczewski, ce perfectionnement est progressif et ne s'établit point d'emblée en passant des Gymnospermes aux Angiospermes. » SISMOLOGIE. — Tremblement de terre chilo-argentin du 27 octobre 1894. Note de M. A. -F. Noguès, présentée par M. Fouqué. « Le tremblement de terre du 27 octobre dernier, qui a secoué la partie occidentale de la République Argentine et s'est fait également sentir dans de figures, car il est indispensable, dans certains cas particuliers, d'exposer le déve- loppement du tissu criblé avec tous les détails qu'il comporte. (') Klinge, Untersuchung der Graniineen- und Cyperaceeiuvurzeln {Mém. Ac. Se. Saint-Pétersbourg, t. XXVI; 1879). (") Il y a quelquefois deux tubes criblés côte à côte résultant du dédoublement de a cellule génératrice, ce qui porte à cinq le nombre des éléments du faisceau. ( lt>» ) la région nord du Chili, est le plus remarquable que j'aie observé dans ce pays de volcans et de sismes; parmi ses caractères, nous signalons surtout V intensité de l'ébranlement, la longue durée de la secousse, l' amplitude des os- cillations et l'absence des bruits souterrains. » La région épicentrale comprend la Rioja, San Juan, Mendoza, bâties sur des allnvions qui reposent sur des grès et des calcaires anciens, tra- versés par des éruptions de trachy-andésites et autres roches éruptives. » L'épicentre du sisme a été San Juan, la Rioja; la zone d'intensité maximum, ou zone épicentrale, forme une courbe elliptique dont le grand axe dirigé à peu près nord-sud passe par la Rioja, San Juan, Mendoza ; le petit axe, à l'ouest, atteint presque le pied de la Cordillère des Andes. » A San Juan et à la Rioja le tremblement de terre a fait des dégâts considérables; les édifices ont été renversés ou fortement avariés, en quelques secondes ces villes ont été un amas de décombres; un nombre considérable de personnes ont perdu la vie ou ont été blessées. Sur divers points le sol s'est crevassé, les lits des canaux se sont effondrés, les eaux sourdent par des crevasses, etc. )> A San Juan, la Rioja, Mendoza la première secousse violente, le choc qui a pro- duit les dégâts, a eu lieu à 4''io'" du soir et a duré environ cinquante-cinq secondes; dans la même soirée les commotions se sont répétées à plusieurs reprises à 4''2o™, S'' 25", lo'' et i"* du matin, mais avec de faibles intensités. )) En dehors de cette région épicentrale, le sisme se propagea sur l'Ar- gentine orientale; une grande partie de la République a été ébranlée par la secousse. )) £n tenant compte des intensités observées en diverses localités, sur les deux versants de la chaîne des Andes, et des phénomènes que nous avons discutés et analysés, nous pouvons tracer sur une carte trois zones d'intensité différente : » 1° Zone d'intensité maximum, zone désastreuse, épicentrale, dans la- quelle se trouvent San Juan, La Rioja, Mendoza, Uspallata, Albardon, etc. » 2° Zone d'intensité moyenne, zone dangereuse, exépicentrale, embras- sant San Luis, Cordoba, etc., et au delà des Andes, au Chili, lUapel, Ovalle, Santiago. » 3° Zone d'intensité minimum, de sécurité, indéterminée, passant à l'est par Buenos-Ayres, au nord de cette même province, et à l'ouest se per- dant dans le Pacifique. » Les directions des secousses observées sur un grand nombre de points de l'Argentine et du Chili varient; cependant, on peut réduire à trois toutes ces directions E.-O., N.-S. et N.-O.-S.-E. ; à San Juan comme à San- tiago (Chili), la secousse s'est foite en trépidation, c'est-à-dire en toutes les directions; cependant, la direction générale du tremblement de terre. ( 1^9 ) a été, clans la République Argentine, N.-O.-S.-E. en direction du grand axe de l'aire épicentrale ; mais, selon les résistances des couches ébranlées, la structure intérieure de l'écorce, les fractures stratigraphiques, l'orogra- phie locale, il s'est nécessairement produit des variations dans le mouve- ment, qui ont modifié la direction de l'ébranlement; puis les trépidations, les balancements qui rendent difficile l'observation de la direction du sisme. » A Buenos-Ayres, le mouvement sismique s'est fait sentir à 5^2^ soir (temps de Buenos-Ayres) ; à Santiago (Chili), la première secousse se manifesta à 4''7'"4o* soir (temps de Santiago) et dura i™4o^) sans bruit; à Buenos-Ayres, comme à Santiago, c'était un mouvement de balancement, un mouvement de bascule analogue à celui du roulis d'un navire. Le sismographe de 1' observatoire astronomique de Santiago a indiqué une amplitude de mouvement de 2™, 5. » Nous ne pouvons citer ici les phénomènes observés en chaque loca- lilé : durée des mouvements, direction, horloges arrêtées, cloches qui son- nent seules, murs crevassés ou renversés ; l'ébranlement, qui a eu son centre d'action dans les provinces de San Juan, la Rioja, s'est étendu sur une grande surface embrassant une partie du Chili et une aire plus étendue de la République Argentine, qu'il a parcourue en direction nord-ouest- sud-est. La Cordillère des Andes n'a donc pas opposé une barrière infranchis- sable à la propagation du sisme. » Ce tremblement de terre a permis d'observer quelques phénomènes météorologiques encore obscurs qui intéressent le sismologue et le physi- cien. Une baisse barométrique a précédé le tremblement de terre, la dé- pression s'est continuée durant le phénomène sismique; mais, après, les vents du sud ont soufflé avec violence, le baromètre a monté ; la tempéra- ture a brusquement changé, s'est abaissée, le régime atmosphérique s'est modifié, des perturbations se sont produites dans l'atmosphère. » Le sisme violent du 27 octobre, par son intensité, l'étendue de son aire d'ébranlement et sa durée, a fourni aux observateurs les données néces- saires au calcul de l'épicentre, du centre d'ébranlement (foyer sismique) et de la vitesse de propagation des secousses. Le directeur de l'Observa- toire de Santiago, avec une seule observation d'heure, a trouvé pour la vitesse de transmission entre San Juan-Rioja-Mendoza et Buenos-Ayres, Sooo" par seconde. Mais cette vitesse ne peut être prise comme mesure exacte qu'entre les deux points considérés, parce que la vitesse de propagation varie selon la nature de la roche et avec d'autres facteurs, comme l'ont démontré les expériences de MM. Fouqué, Michel-Lévy, les miemies, etc. ( lyo ) Aussi, pour observer une vitesse de propagation moyenne, est-il nécessaire de recueillir un nombre considérable d'observations, et encore ce n'est pas toujours suffisant, et faut-il avoir recours à l'expérience. » La région chilo-argentine est peu étudiée encore au point de vue des failles et des relations des sismes entre eux. Je tâche de découvrir si, dans cette partie des Andes, la cause interne des sismes se déplace ou si elle agit suiA'ant certaines directions ou fractures déterminées; s'il y a ici des failles qui rendent indépendantes des fractures de profondeurs différentes, la connaissance du centre sismique aidera à la solution de ces problèmes de sismologie. Autres problèmes à résoudre. Pourquoi, lors du tremble- ment de terre du 27 octobre dernier, dont l'amplitude d'oscillation a été si considérable, les bruits souterrains ne se sont-ils pas produits? Y a-t-il quelques relations entre la nature et la grandeur des oscillations et les bruits? Les bruits souterrains sont-ils dus aux vibrations longitudinales et les secousses aux vibrations transversales? » Le sisme du 27 octobre semble apporter une preuve en faveur de l'hy- pothèse de M. Fouqué. » En mes diverses Notes {Comptes rendus, t. CVIII, CIX, CXL), j'ai montré les relations entre les fractures de l'écorce terrestre d'une con- trée, entre les failles et les mouvements sismiques; ce que j'observe depuis cinq ans dans l'Amérique méridionale confirme de plus en plus mes ob- servations antérieures sur les sismes. » Au Chili, la plupart des sismes se produisent dans la direction nord- sud, suivant la grande fracture de la vallée centrale, sensiblement parallèle à la chaîne des Andes, et aussi en direction est-ouest, selon des fractures qui coupent la chaîne transversalement. » M. Jules Girard adresse une Note relative à des « Traces glaciaires sur le littoral du Cotentin ». M. F. -S. DE ToDciiiMBERT adrcssc le résultat de ses observations sur les variations diurnes de l'aiguille aimantée de déclinaison. M. L. Daille adresse de nouvelles Notes concernant VUredo vilicida. D'après l'auteur, le liquide sécrété ou transformé par VUredo viticida ne peut pas être une gomme ou ses dérivés, gommose inerte, puisque l'Uredo tue la vigne. C'est une toxine, comme en contiennent tous les corpuscules ( >7' ) étudiés par les médecins... On voit très uettenient, au microscope, les spores injecter les tailles selon le degré de développement de l'Uredo; il n'attaque pas toute la taille annuelle. C'est une sécrétion de la cellule provenant de l'air qui produit le liquide mortel pour la vigne. M. L. Hugo adresse une Note « Sur le rôle de la puissance cinquième dans le système du Monde ». La séance est levée à 4 heures. j. b. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 21 janvier i8g5. L'Education physique de la jeunesse, par A. Mosso, professeur à l'Univer- sité de Turin; traduit de l'italien par J.-B. Bahar. Paris, F. Alcan, iSgS; I vol. in-i2. (Présenté par M. Marey.) Association française pour l'avancement des Sciences. aS* Section. Caen, 1894. Paris, G. Masson, 1894; i vol. in-8°. (Présenté par M. Mascart, comme Président de l'Association.) Révision du genre Catalpa, par M. Edouard Bureau. (Extrait des Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire naturelle.) Paris, G. Masson; i fasc. in-4''. (Présenté par M. Van Tieghem. ) Bulletin de l'Académie de Médecine. N" 2. Séance du i5 janvier 189.5. Paris, G. Masson; i fasc. in-8". Bévue générale des Sciences pures et appliquées. N" 1 . 1 5 janvier 1895. Pa- ris, G. Carré; i fasc. gr. in-S". Bulletin international du Bureau central météorologique de France. Lundi 3i décembre 1894; i fasc. in-4". Bulletin de la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale, publié sous la direction des Secrétaires de la Société, MM. Collignon et Aimé Girard. Paris, 1894; i vol. in-4°. Bulletin de la Société chimique de Paris. N° 2. 20 janvier 1 893. Paris, G. Mas- son; i vol. in-8". Comptes rendus hebdomadaires des séances de la Société de Biologie. N" 1. Paris, G. Masson; 1 fasc. in-8''. ( '72 ) Bergens Muséum. V. On thedevelopment and structure ofthe TT'Aa/c. Part. 1 : On the development ofthe dolphin, by Gustav Guldberg, M. D. and Frtdt- JOF Nansen, Ph. D. Bergen, 1894; 1 vol. in-4°. Curso de Electrotecnica de la Hscuela profesionalsuperior, par M. B. Bahia. Vol. VI. Biienos-Aires, 189^; i vol. in-8''. The Nautical Almanac and astronomical Ephemeris for the year 1898, ybr the meridian of the Royal Observatory at Greenwich. London, iSgS; i vol. in-8°. ERRATA. (Séance du 14 janvier 1895.) Note de MM. G. Bertrand et Mallèvre, Nouvelles reclierches sur la pec- tase et sur la fermentation pectique : Page III, ligne 8, au lieu de o\.alicjue, lisez tartrique. Note de MM. ./. Révil et /. Vivien, Le Pléistocène de la vallée de Cham- béry : Page 117, ligne 2, au lieu de recouvert par des graviers en couches, lisez recouvert par des graviers en couches horizontales. Page 118, ligne i, au lieu de Gossine, lisez Gassine. On souscrit a Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FIES, Quai (les Grands-Augusiins, n" 55. ipuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrernent lo flïWw,/;,? Ilsfonneiu Ha fia de I' é d I • isl'une^ par ordre alphabétique de malières, l'autre par ordre alpliabctique de aoms ,i'Aateurs, termi.'.e-U chaque volume. ?'abonnëment'e8f a Le prix de l'aborinemerU est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. - Départements : 30 fr. - Union postale : 34 fr. _ Autres pays : les'frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs ; Michel et Médan. ÎChaix. Jourdan. RuIT. ns Coui tia-Ilecquet. i Germain etGrassin. '-' Uachèse. nne Jérôme. <çon Jacquard. . Avrard. îaitr Dulhu. ' Muller (G.). ?« Renaud. Lefournier. F. Robert. J. Robert. V Uzel Caioiî. Massif. bery Perrin. ( Henry. ( Marguerie. ( Juliol. ( Ribou-Collay. I Lamarche. Ratel. f Damidot. ( Lauverjat. ' Crepin. ble jUrevet. ! Gratier. chelle Fouclier. Bourdignon. Dombre. Vallée. Quarré. '«"'•g lont-Ferr Lyon . \>re. cliez Messieurs : Lortent ' / M"* lexier. Reruoux et Cumin. Georg. Cutc. Clianard. Ville. Marseille Ruât. , ( Cillas. Montpellier ' '^ > Coulel. Moulins Martial Place. / Jacques. A'ancy Giosjean-.Maupin ' Sidot frères. Loi seau. Veloppé. ( llarma. ]\ice ... ( Visconti el C". Nîmes Thibaud. Orléans ... Luzeray. ( Blanchier. I Drtiinaud. Hennés Plihon el Hervé. /ioche/ort Girard (M""). I Langlois. f Lestringant. S'-Étienne Chevalier. Bastide. On souscrit, à l'Étranger, Nantes Isen Berlin. Poitiers.. Rouen. Toulon . . . Toulouse. { lîuincbe. ^ Gimct. ! Privai. I Boisselier. Tours j Péricat. ' Suppligeon. f Giard. Valenciennes. Lemailre. chez Messieurs : Amsterdam \ ''«'I''''"» Caare / et C^'. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. [ .\sher et C". Dames. Friediander et (ils. Mayer el Miiller. Berne * Sclimid, Francke et I C-. Bologne Zanichelli. Uamiot. Bruxelles ' Mayolezet.^udiarte. ! l-ebègue et G'*. „ , i Haitnann. Bucharest ,, . ' Ranisleanu. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BelletC". Christiania Cainmermeyer. Conslantinople. . Ollo Keil: Copenhague Host el lils. • Florence Seeber. Gand Hoste. Cènes Beuf. , Cherbuliez. Genève . Georg. Stapelmohr. La Haye Belinfanle frères . Benda. Lausanne _ I Payot Barth. 1 Brockliaus. Leipzig , Lorenlz. Max RUbe. Twietmeyer. Desoer. Londres Luxembourg . . . . .Madrid .Milan . . Moscou. Naples. Neiv- }'ork. Liège. ' Gnusé. Odessa Oxford Païenne Porto Prague Rio-Janeiro . Rome . Rotterdam . Stockholm.. S'-Petersbourg. . ] Turin . Varsovie. Vérone . . . Vienne. Ziirich . chez Messieurs I Dulau. j Hachette et C' 'Nuit. V. Biick. ' Libr. Gutenbe I lîomo y Fusse Gonzalès e hij F. Fé. Dumolard frèi Hœpli. Gautier. Furchheim. Marghi.ri di C Pelieraii). Dyrseji et Pfci Slechert. Wesleiiiiann. Rousseau. Parker et G'- Clausen. Magalhaés el M Rivnac. Garnier. Bocca fnires. Loeschci et C". Kramers et fils Sanison et Wa Zinserling. Wolir. Bocca frères. Brero. Clausen. RoseubergetSel Gebelhuer et M Drucker. Frick. Gerold el C'V .Meyer el Zeller. ABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes l»' à 31. — (3 Août i835 â 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Pri,^ 15 fr. Tomes 32 à 61.— ( i°' Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870- Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— ( i" Janvier 1866 à 3i Décembre t88o.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. JPPLÉMENT ADX COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : si: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par M.M. A. DERBÉset A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouven ») par M. Hansen.- Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des niatii I par M. Clacde Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 1! i II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la questiou-de Prix proposée en i85o par rAcadémic des Sciei : concours de i853, et puis remise pour celui de iSS*!, savoir : « htudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains s aires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la na apports qui existent eulre l'état actuel du régne organique el ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4'', avec 27 planches; 1861.. . lE même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences W 3. TABLE DES A.RTTCLES. (Séance du 21 janvier 1895.) MEMOIRES ET COMaïUNlCATIOIVS DES MEMHItES ET DES COnRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. Pages. M. F. TissER.\ND. — Sur l'étoile variable dans la peau de la grenouille 112 |3 de Persée (Algol) 1 'i M. E. Vallier. — Sur la perforation des AIÀI. H. MoissAN et G. CH.VRrY. — Sur l'acier plaques de blindage l'Mi au bore 1 i' M. H. Lépine. — Sur la production du fer- M. L. Ranvier. — Morphologie du système ment glycolytique 1 ici- lymphatique. De l'originedes lymphatiques IVOMINATIOÎVS. M. Herrgott est élu Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie en remplacement de M. tiollet Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Associé étran- ger laissée vacante par le décès de M. Kum- iner : MM. fJertrand, Hermite, Tisserand, fierllielol, Doublée. Van Tieghem MEMOIRES PRESENTES. M. Dvi'ONCiiEL présente à l'Académie trois Mémoires relatifs à diverses applications delà nouvelle théorie atomique 1^1 M. Sarrat adresse une suite à son précé- dent Mémoire concernant la démonstration du théorème de Fermât 142 M. E. Berrubé adresse une Note s'.ir son piano-aérostat i\'i CORRESPOrVDAIVCE. M. L. Guignard prie l'Académie de le com- prendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Botanique.. . . M. P. -A. Danoeard prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la .Section de Botanique.... M . F. DE RoMiLLY prie l'Académie de le com- prendre parmi les candidats à la place d'Acadt-niicien libre, laissée vacante par la mort de i\l. de Lesseps M. P. Tacchini. — Résumé des observations solaires, faites à l'observatoire royal du Collège romain pendant les 2°, 3° et '1" tri- mestres 1894 M. H. VON KooH. — Sur la convergence des déterminants d'ordre infini et des fractions continues M. Charles Henry. —Influence du rythme des successions d'éclats sur la sensibilité lumineuse M. A. V1LI.IERS. — Inlluence de la tempéra- ture sur la transformation du sulfure de zinc amorphe M. Dei.kpine. — Insuflisancc de la méthode de Kjeldahl pour doser l'azote dans les chloroplatinatcs Bulletin muLiOGRAPiiiQUE lÎRRAT.V i2 I ■4 Mil M. Hanriot. — Sur l'arabinochloral et le xylochloral M. Delacre. — Nouvelle synthèse de l'an- thracène MM. Ph.-A. Guye et J. Fayollat. — Con- tribution à l'étude des éthers tartriques. M. A. Gruvel. — Sur un acarien parasite du Lanipyris splendidula M. B. Renault. — Sur quelques bactéries du Dinanlien ( Culm ) M. Chauve AUD. — Sur le développement des tubes criblés chez les Angiospermes M. A. -F. N'oGUÈs. — Tremblement de terre chilo-argentin du 27 octobre iS()4 M. Jules Girard adresse une Note relative à des traces glaciaires sur le littoral du Cotentin M. F. -S. de Touchimbert adresse le résul- tat de ses observations sur les variations diurnes de l'aiguille aimantée de déclinai- son M. L. Daille adresse de nouvelles Notes concernant VUredo l'iticida M. L. Hugo adresse une Note « Sur le rôle de la puissance cinquième dans le sys- tème du Monde >• 1.5.5 ■■'*7 ilii t65 ili- ■ 70 '7' 17' 172 PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Gr;)nds-^ ut>usiins, 5S /-«* (.erant .' Gadtuieb-Villahs. 1895 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAR iTIU. liES SECUÉTAIKË9 PERPÉTVEIiS. TOME CXX. N^ 4 (28 Janvier 1895). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, I.MPRIMEURS-LIBRAIKES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Auguslins, 55. 1895 KÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS. Adopté dans les séances des 23 juin 18G2 et 24 mai i.StS. Les Comptes rendus hehdomadaiies des séances de V Académie se composent des exliaits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Acadcmio. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1*"^. — Impressions des travaux de l'Académie. T/CS extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étranger del'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, -séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits desMémoires lusou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne jiréjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leiu- discussion. Les Programmes des prix proposés par l'AcadéoMi' sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pajjes requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extraii autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire e.st inséré dans le. Compte rendii actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant, et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au leurs; il .n'y a d'exception que pour les Rapports e les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administi'ative fai un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pn' sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de 1 , avant 6''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE iy{} LUNDI 28 JANVIER l89o, PllÉSIDENCE DE M. MAREY. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse une am|)lialion du Décret |)ar lequel le Président de la République approuve l'élection de M. HaïUefeuille, dans la Section de Minéralogie. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Hautefeuille prend place parmi ses Confrères. CHIMIE MINÉRA[,E. — Préparation et propriétés (kl bonire de fer. Note de M. Henri Moissan. « Nous avons établi qu'à la température de l'arc électrique, le carbone pouvait s'unir auK métaux, en produisant des carbures cristallisés par- o G. R., i8,j5, 1" Semestre. (T. CXX, N' 4.) ^^ ( '74) faitement définis, tels que le carbure d'aluminium et les acétylures alca- lino-terreux. » Le bore et le silicium peuvent donner de même des séries de compo- sés également définis et cristallisés. L'étude de ces nouvelles séries enri- chira la Chimie de corps parfois très stables, et dont certains, vraisem- blablement, pourront avoir quelques applications industrielles. De plus, elle fournira d'utiles renseignements pour l'établissement de la valence et la classification des corps simples. » Nous étudierons plus particulièrement, aujourd'hui, la préparation du borure de fer qui peut servir de type pour l'obtention d'un certain nombre de borures métalliques. » Cette préparation découlait d'ailleurs tout naturellement de l'action du bore sur les carbures de fer et elle nous a permis ( ' ) d'aborder avec M. Charpy l'étude des aciers au bore. » Préparation du borure de fer. — Ce nouveau composé peut s'obtenir : 1° par l'action du chlorure de bore sur le fer réduit; 2° en faisant agir directement le bore sur le fer. » i" Action du chlorure de bore sur le fer réduit. — Du fer réduit bien pur est placé dans un tube de porcelaine traversé lentement par un courant de vapeurs de chlorure de bore. L'appareil est porté au rouge sombre ; il se produit aussitôt du chlo- rure de fer volatil et il reste dans le tube un borure de fer amorphe de couleur grise. » 1° Action du bore sur le fer. — Cette préparation peut se faire dans un four à tube chauffé par un bon feu de coke. On brasque une nacelle de porcelaine avec la quantité de bore nécessaire à la combinaison et l'on place par dessus du fer de Suède ou du fer réduit. L'appareil est ensuite traversé par un courant très lent d'hydrogène, et l'on chauffe entre 1 100° et 1200°. On laisse refroidir dans l'hydrogène et l'on obtient ainsi un culot métallique qui, lorsque la teneur en bore est voisine de g pour 100, présente une texture cristalline très nette et se casse avec facilité suivant des plans de clivage bien déterminés. De longues aiguilles traversent la masse et prennent souvent des teintes irisées. » Ijorsque l'on place un cylindre de fer doux sur du bore amorphe bien pur dans les conditions que nous venons d'indiquer, le bore produit un véritable phénomène de cémentation et bien avant le point de fusion du fer, que l'on ne saurait atteindre dans cet appareil, la fusion de la fonte borée se produit avec facilité. Cette fonte borée, lorsqu'elle renferme de 839 pour 100 de bore, fond à une température un peu inférieure à celle (') H. MoissAN- et G. Charpy, Sur les aciers au bore {Comptes rendus, t. CXX, p. i3o). ( 175) de la fonte ordinaire. Avec la pince thermo-électrique de M. Lechàtelier, lions avons trouvé que son point de fusion était voisin de io5o°. » Si la teneur en bore atteint i5 pour loo, la fusion devient beaucoup plus difficile, le culol présente une cassure conchoïde et la cristallisation est confuse. Dans un bon feu de coke ou même dans un four chauffé avec du charbon de cornue, on ne fond qu'avec difficulté le mélange à 20 pour 100 de bore; il vaut mieux, dans ces conditions, utiliser le four électrique. » On peut obtenir aussi une fonte borée au four électrique en chauffant, dans un creuset de charbon brasqué avec du bore, des morceaux de fer doux de bonne qualité. La réaction peut alors se produire sur des masses plus grandes et avec un courant de 3oo ampères et G5 volts, la chauffe ne doit pas durer plus de cinq à six minutes. » Si la température est trop élevée, le carbone du creuset intervient dans la réaction et la fonte borée renferme une quantité variable deborure de carbone cristallisé. )) Les culots métalliques préparés soit au four à tube, soit au four élec- trique, sont concassés etattaquéspar l'acide chlorhydrique étendu dedeux à trois fois son volume d'eau. On dissout ainsi l'excès de fer et il reste en- suite une matière cristalline qu'on lave à l'eau, puis à l'alcool et à l'éther pour éviter dans sa dessiccation l'action simultanée de l'acide carbonique et de l'humidité. Les cristaux obtenus dans ces conditions présentent une composition constante. C'est le borure de fer de formule BoFe. » Propriétés. — Le borure de fer se présente en cristaux brillants, de plusieurs millimètres, d'un gris un peu jaunâtre. Sa densité est de 7, i5 à 18". Ces cristaux sont inaltérables dans l'air ou dans l'oxygène sec. En présence de l'air humide, ils se recouvrent avec facilité d'une couche ocreuse ( '). » Chauffés dans un courant de chlore au rouge, ils sont attaqués avec incandescence et le chlore s'unit au bore et au fer. Le brome attaque ce composé plus facilement et il semble se former un bromure double de bore et de fer. L'iode est sans action à iioo". Il en est de même pour l'acide iodhvdrique. (') Si l'on opère sur la cuve à mercure en présence d'une petite quantité d'eau et d'un volume d'air déterminé, on constate, après vingt-quatre heures, une diminution notable d'oxygène et l'on voit que chaque parcelle de borure s'est entourée d'une couche gélatineuse ayant l'apparence de la rouille. ( 176 ) » Chauffé dans l'oxygène, le borure de fer brûle avec éclat et, lorsque la combustion est commencée en un point, elle se continue sur toute la masse sans que l'on ait besoin de maintenir une élévation de tempéra- ture. Dans toutes ces expériences, le borure de fer amorphe s'attaque plus facilement que le borure cristallisé; et comme celte action de l'oxygène est accentuée lorsque le borure pulvérulent se trouve en présence d'humidité et d'acide carbonique, c'est bien à l'existence de ce borure de fer que l'on doit attribuer les phénomènes d'incandescence qui se produi- sent parfois dans la dessiccation du bore impur préparé par l'action du so- dium sur l'acide borique. » Le borure amorphe est attaqué par le soufre à une température peu supérieure à son point de fusion. Le borure cristallisé s'attaque de même avec incandescence, mais à une température plus élevée. )) Le phosphore au rouge foinnit un mélange de phosphure de fer et de phosphure de bore. )) Le chlorate de potassium, à sa température de fusion, n'attaque pas le borure de fer, mais, lorsqu'on élève la température, l'attaque commence et se continue avec incandescence. H en est de même pour l'azotale de potassium en fusion. » Les carbonates alcalins fondus détruisent avec rapidité le borure de fer; l'attaque est complète en quelques instants. La potasse fondue déshy- dratée attaque vivement le borure de fer, mais sans incandescence. » L'acide sulfurique concentré ou étendu est sans action à froid. L'acide concentré, à sa température d'ébuUition, décompose le borure de fer avec formation d'acide sulfureux et de sulfate de fer anhydre. L'acide chlorhy- drique concentré attaque lentement, à chaud, ce composé, tandis que l'acide étendu n'exerce aucune action et permet, comme nous l'avons indiqué plus haut, d'en séparer l'excès de métal. L'acide fluoi hydrique en solution n'attaque que lentement le borure, soit à froid, soit à chaud, » Le véritable dissolvant du borure de fer est l'acide nitrique, et, par conséquent, l'eau régale. L'acide nitrique très étendu ne le dissout qu'à l'aide de la chaleur, mais l'acide fumant ou hydraté l'attaque avec vio- lence. » Analyse. — Le dosage du fei- a toujours élé fait à l'élat de sesquiovyde; on ne peut pas utiliser pour ce composé la méthode au permanganate. Le dosage du bore a été efleclué sous forme de borate de chaux. » Dans celle dernière analyse le borure de fer a été attaqué par lacide Tliéorie 3. BoFe. 83,86 83,58 .5,59 l6,^2 ( '77 ) azotique dans l'appareil qui sert au dosage, appareil que j'ai décrit précé- demment ('). Après la cessation de tout dégagement gazeux, l'acide bo- rique a été chassé par l'alcool méthvlique et le liquide mis en digestion avec de la chaux vive. De l'augmentation de poids de la chaux, on déduit la teneur en bore. » Nous avons trouvé ainsi les chiffres suivants : 1. î. Fer 84, i5 84,48 Bore i5, iS '4i94 » I.e petit excès de fer qu'indiquent ces analyses provient de ce que les cristaux de borure de fer ont toujours retenu quelque trace de ce métal interposé. Le borure amorphe, obtenu par l'action du chlorure de bore sur le fer réduit, nous a fourni des chiffres plus exacts (analyse n" 3). » Ces analyses conduisent, pour le composé cristallisé que nous venons de décrire, à la formule BoFe. » En élevant la température du four électrique au moment de la pré- paration de la fonte borée, nous n'avons jamais pu obtenir d'autres com- binaisons. A ces hautes températures, la Chimie semble se sim|)lirier et l'on n'obtient plus qu'une scide combinaison toujours de formule très simple. » M. P. -P. Dehérain préseule à l'Académie, au nom de l'Association des anciens élèves de M. Fremy, une Brochure intitulée : x Edmond Fremy, 1814-1894. » Cette Brochure renferme, outre des Notices biographiques, l'indication très détaillée des Mémoires et des Ouvrages publiés par M. Fremy. MEMOIRES PRESENTES. M. Raodl Pictet adresse une nouvelle Note, intitulée : « Elude de la constitution des liquides et de leurs vapeurs aux températures voisines du point critique, par les dissolutions de corps solides dans ces liquides ». (Commissaires : MM. Fizeau, A. Cornu, Cailletet.) (') Comptes rendus, t. CXVI, p. 1087. ( '78 ) M. A. DupoNCHEi- adresse deux nouvelles Notes, concernant « l'Adapta- tion des principes de la nouvelle théorie cosmogonique à l'interprétation des formules dans les combinaisons chimiques ». (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Stan. Millet adresse un « Projet de communication avec la planète Mars » . (Renvoi à la Commission.) CORRESPONDANCE . M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. Gaston de Saporta , Correspon- dant de la Section de Botanique, décédé à Aix le 26 janvier 1895. M. Hergott, nommé Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie, adresse ses remercînients à l'Académie. M. Brendel adresse ses remercîments à l'Académie pour la distinction accordée à ses travaux. M. Prilliecx prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Botanique. (Renvoi à la Section de Botanique.) RI. Maxime Cornu prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Botanique. (Renvoi à la Section de Botanique.) M. I'Inspectecr général de la Navigation adresse les états des crues et diminutions de la Seine, observées chaque jour au pont Royal et au pont de la Tournelle, pendant l'année 1894- ( '79 ) PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de Foiirier. Note de M. E. Le Roy, présentée par M. Poincaré. « La méthode d'approximations successives, au moyen de laquelle M. Poincaré a résolu le problème de Dirichlet, ne réussit pas seulement pour l'équation de Laplace. Appliquons-la au refroidissement d'un corps solide par communication. « Il s'agit de trouver une fonction Y{x,y, :,/) continue à l'intérieur d'un domaine D limité par une surface fermée S, satisfaisant en tout point de D et pour toute valeur positive du temps à l'équation -^' = f. prenant sur S des valeurs données indépendantes du temps et se réduisant pour ^ = o à une fonction de (x-, y, z) arbitrairement donnée. » Le problème ne comporte qu'une solution et, si l'on sait résoudre le problème de Dirichlet, on peut ramener le cas général au cas où la fonc- tion V s'annule sur S. » Soit T une sphère contenant la surface S à son intérieur. Considérons la fonction w„ =/// p(^> •^-. 0^""" ^" ^^ ^^-^ (i^ » On peut choisir a et p de façon que Wo soit positif dans T. Cette fonction jouit d'ailleurs de toutes les propriétés d'une fonction potentielle pour laquelle l'équation de Fourier serait substituée à l'équation de Laplace. » Prenons les sphères envisagées par M. Poincaré dans sa solution du problème de Dirichlet et considérons-les dans le même ordre que cet auteur. » Construisons une suite illimitée de fonctions W, de la façon suivante : à l'extérieur de la sphère de rang i -h i, W/+, coïncide avec W, ; à l'inté- rieur de la sphère de rang i + i, VV,^, satisfait à l'équation de Fourier, se réduit à la même fonction que W, pour l = o et prend sur la sphère les ( i8o) mêmes valeurs que W,. On a alors W,>o, W,v, îW,-. Donc la suite W, est convergente : soit W sa limite. Cette fonction W prend sur S les mêmes valeurs que Wo et se réduit pour / = o à la même fonction que W^. » Un procédé analogue à celui de M, Poincaré montre que la fonc- tion W est continue. » Posons J=J yV(.T,y,z.,-)d-:, J'=f J'{x,Y,z,^)ch. On peut écrire On démontre que l'on a T = f f -— ' da ~ f f f G — (l( G étant la fonction de Green. Donc J' a des dérivées des deux premiers ordres, qu'on peut obtenir en dérivant la série Vâ. terme à terme, et vérifie l'équation de Fourier. On conclut qu'il en est de même pour W. » Soit (iji(x,y, z) une fonction positive dans T. Refaisons, à partir de W, une nouvelle série d'approximations semblable à la précédente, en pre- nant dans chaque sphère la fonction W^ — o pour définir les valeurs rela- tives à / = o. On aura cette fois et les conclusions seront les mêmes. On définira une limite W qui sera solution de l'équation de Fourier, qui prendra sur S les mêmes valeurs que W|, et qui se réduira, pour / ^ o, à Wo — o. » Cela posé, la fonction W — W résout le problème proposé pour le cas où la fonction donnée cp relative à ; = o est positive. On en déduit im- médiatement la solution du problème dans le cas général. » On peut mettre la solution du problème de Fourier sous une autre ( i8i ) forme. Soient U, les fonctions qni jouiss-ent des propriétés suivantes : AU,- 4- Ej U,- = o (lansD, U,= o sur S. Soit

Dans une prochaine Note, nous montrerons que la nature du préci- pité de sulfure de zinc dépend de celle du composé de zint dissous dans la liqueur primitive. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur le chlorobromure et le bromure de carhonyle. Note de M. A. Besson, présentée par M. Troost. « Diverses tentatives infructueuses ont été laites en vue d'obtenir le bromure de carbonyle COBr- correspondant au chlorure COCP : CO ne se combine pas directement avec le brome dans les conditions oîi la combi- naison a lieu avec Cl et les essais d'oxyilation ménagée du broiiioforme ou de bromures de carbone semblent avoir échoué. J'avais tenté aussi une oxydation de ce genre en faisant réagir l'ozone sur le chlorobromure C^Cl^Br^, mais comme produits volatils, je ne pus que constater la forma- tion de Br et COCl^ (^Comptes rendus, 25 juin 1894)- » Le bromure d'ahmiiniiun se dissout aboiidainment dans COCl- li- quide; les tubes scellés étant exposés à la lumière solaire pendant plusieurs jours en été, ou chauffés à une température variant de ioo°-i5o°, on con- state que le liquide se teinte de brome, et, à l'ouverture, il se dégage de l'oxyde de carbone; une légère élévation de lempératin-e permet de clias- ( 191 ) ser l'excès de COCl^, mais, dès que la température s'élève vers do", il dis- tille du brome qui renferme une petite quantité d'un composé dont l'odeur rappelle celle de i'oxychlorure ; après destruction du brome par le mercure ou par l'éthylène, afin de ne pas faire intervenir le mercure qui pouvait détruire le produit cherché, celui-ci étant en quantité négligeable. J'attri- buai, dés cette époque, l'échec de cet essai à l'existence de combinaisons entre APCl" ou Al-Br* avec COCl^. Do pareilles combinaisons existent, en effet, et M. Perrier, qui s'occupe de composés de ce genre, a obtenu une combinaison de APCl' et COCl" qu'il décrira prochainement. » Je songeai alors à remplacer Al- Br° parBBr% dont les propriétés bro- murantes vis-à-vis des composés chlorés sont du même ordre, el j'ai ob- tenu les deux produits de substitution bromes que l'on peut prévoir : COClBr etCOBr=. » On chauffe pendant une dizaine d'heures à iSo", en tubes scellés résistants, BBr' avec la moitié de son poids de COCI^. La température ne doit guère dépasser r5o°, car si elle se maintient quelque temps vers 200°, les tubes, forlement colorés par du brome, renferment de l'oxyde de carbone sous forte pression; si, au contraire, on n'a pas dépassé i5o°, le liquide contenu dans les tubes est fort peu coloré. A l'ouverture des tubes, on constate que presque tout le chlorure de carbonyle a disparu, mais qu'un composé volatil du bore, colorant la flamme en vert, a pris naissance. » Le produit de la réaction de i2oe'BBr^ et 6o5''COCl^ a été soumis à trois fraction- nements successifs avec tube Le Bel à quatre boules et à une température extérieure de 0°. Mais ceux-ci faits de 10° en 10° menaçant de se prolonger, on a eu recours, pour mener à bien la séparation, à la réaction qu'exerce l'eau sur les composés halogènes du bore qui est violente, tandis que, par analogie avec COCI-, on pouvait prévoir qu'elle serait également lente sur ses dérivés bromes. » Des prises d'essai, projetées dans l'eau froide, montrèrent que les premières fractions étaient formées de chlorure de bore presque pur, mais les fractions 3o°-4o° et 6o"'-70° renfermaient des quantités notables d'un liquide lentement décomposable par l'eau froide. Ces Iractions turent alors versées avec précaution, pour éviter les projections qui accompagnent la décomposition par l'eau de BCP et BBr% dans une dissolution d'hypo- sulfite de sodium ilans laquelle nageaient des fragments de glace. Il se ras- semble au fond de l'entonnoir à robinet un liquide débarrassé de brome par l'hyposulfite; on le laisse écouler et on le redistille. 1° La fraction So^-^o" a fourni ainsi un liquide distillant de 35'>-37'>, de com- position COGlBr. Décomposé par l'eau, on a pesé la somme des poids AgCI + AgBr (. '9- ) |)uis transformé le tout en cliloriire dont le poids a servi à fixer les proportions de Ci et Br. . ( AgCl-hAgBr=i5'-,74i ) . (01%) q ( Cl »/„ 24,93) os'-,76o : ."„, . „, ; ) Ag : ( ,3 ' 229,08, '„ ' ^, ^ • '^ ( AgCl-i-AgCl= i!î%5io S " |Bi'7oi (Br°/o54,6o) ( n "/ I Théorie pour CO Cl Br Ag : „/ "pSi ( tSr /o ) ci»/„| , (ci°/o, 24,74 (BrVo, 55,75 Liquide incolore, densité à 0° rr 1, 98; densité de vapeur à 100" prise dans l'appareil d'Hofmann = 4, 85. Théorie 4, 98- 2° La fraction ôo^-yo" a fourni un liquide distillant de GSo-ôG", de composition COBr- (Br "/o 84,27, Théorie "/o 85, 10), liquide légèrement coloré en jaune. Densité à 0° =; 2,48 ; densité de vapeur à 100° = 6,60 ; Théorie 6,53. » L'un et l'autre de ces liquides se colore un peu par Br à la distillation dans l'air; très dilatables sous l'action de la chaleur, leur vapeur irrite les yeux et les voies respiratoires, provoquant une suffocation suivie d'oppres- sion. Lentement décomposables par l'eau froide; au contact du mercure à 100° en tubes scellés, la décomposition est totale au bout de quelques heures. » CHIMIE ORGANIQUE. — Éther mixte et dérivés ammoniés de l'hexaméthyl- triamido-triphe'nylmét liane. Note de M. A. Rosenstieul [Extrait (')], présentée par M. Friedel. (i Pour simplifier les formules complexes des corps qui doivent être décrits dans ce qui suit, je représenterai par le symbole collectif A le groupe [(CH')- Az.CH^] qui, dans les métamorphoses, ne subit aucune modifica- tion. De la sorte A' e= C — H représente l'hexaméthyl-triamido-triphényl- méthane. A' ^ C — OH le carbinol et A' ^ C — Cl la chlorhydrine corres- pondante. Je rappelle que ce dernier corps est connu dans le commerce sous le nom de violet cristallisé. » 1. Quand on verse une solution aqueuse de soude dans la dissolution alcoolique bouillante du violet cristallisé, jusqu'à décoloration, le précipité incolore que Ton (') Cette Note résume une partie d'un travail qui se rapporte à un pli cacheté, déposé le 20 mars 1880 au nom de MM. Poirrier, Bourgeois et Rosenstiehl, ouvert d'office, en 1891, et publié dans le Bulletin de la Société industrielle de Rouen, t. XIX, p. 67. Les déterminations numériques ont été faites par MM. Haas et Crépieux, que je me fais un plaisir de remercier de leur concours. ( 19-^ ) obtient n'est plus le carbinol A' e= C — OH, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, quoique ses dissolutions teignent comme lui, qualitativement et quantitativement, la laine et la soie. Le nouveau corps est caractérisé par la réaction suivante : » Sa dissolution récente dans l'acide clilorliydrique étendu précipite en blanc par l'acétate de soude. Ceci indique que la place du groupe OH est occupée par un radi- cal moins mobile. Dans les mêmes conditions, le carbinol donne une dissolution violette limpide ('). Le précipité incolore, abandonné à lui-même dans la liqueur où il s'est formé, disparait peu à peu à froid, se dissolvant dans l'acide acétique étendu, et le liquide se remplit de cristaux mordorés de A' =; C — Cl. » Le nouveau composé est donc fort instable : sa nature va être déterminée dans ce qui suit. » 2. Selon la nature de l'alcool employé pour dissoudre A' e= C — Cl, on obtient des corps différents. » Dans les alcools raétliylique et éthylique, le précipité est cristallisé; dans l'alcool amylique, il est visqueux. » L'analj'se élémentaire des deux premiers dérivés ne peut conduire à aucun résul- tat, car l'introduction de CH' ou de C-H'^ dans une molécule d'un poids si élevé n'a d'influence que sur les décimales. Celle du troisième ne peut être faite. Mais on a réussi à les transformer en combinaisons bieu cristallisées en les traitant par l'iodure de méthyle. » 3. Ce dernier agit à froid, en présence d'eau ou d'alcool. La matière insoluble au début finit par se dissoudre en deux ou trois jours. On obtient des cristaux blancs ou jaune de soufre, se prêtant bien à l'analyse. » Outre les trois composés alcooliques précédents, on a traité par CH"I le carbinol A3 e::; C - OH et la leucobase A' = C — H. » Il se fixe trois molécules d'iodure de méthyle. D'où l'on infère que tous ces corps sont des triamines. » Les cinq corps obtenus présentent les caractères généraux suivants : ils sont solubles clans l'eau et les alcools, insolubles dans l'éther, le ben- zène, le chloroforme, le sulfure de carbone et la ligroïne. » r.a chaleur les altère bien avant ioo°C. Ils bleuissent et perdent de l'iodure de méthyle. Il faut, pour l'analyse, les sécher à froid dans le vide sur de la potasse. Deux d'entre euv, savoir : (ICH'A)' = C-OH et (ICH'A)^ ssC — OCH% retiennent dans ces conditions 3 mol. d'eau qu'on a réussi à éliminer par un courant de vapeur d'iodure de méthyle chauffée à i5o''C. Parmi les agents chimiques, c'est la soude caustique qui produit les réactions les plus intéressantes. (') Dans des dissolutions trop concentrées, on aurait aussi un précipité; mais, par l'addition d'eau, il se redissoudrait. ( 194 ) » En solution alcoolique la soucie agit profondément : l'iodure de mé- thyle est enlevé totalement, et l'on revient à la triamine qui a servi de point de départ. Dans ces réactions, on observe des corps intermédiaires qui seront étudiés dans une autre Note. » Loxyde d'ar2;ent enlève l'iode et le transforme en bases éner- giques, qui régénèrent avec l'acide iodhydrique le corps primitif. Ils se comportent comme l'octométhylleiicaniline de MM. A.-W. Hofmann et Ch. Girard (Comptes rendus, t. LX[X, p. 6o3). » Malgré leur grande ressemblance, les cinq corps étudiés ici se distin- guent par une stabilité qui va en décroissant à mesure que le poids de la molécule augmente. Mais entre deux termes consécutifs la différence est faible et laisse place à un doute que l'analyse élémentaire ne peut pas toujours lever. (Du premier au dernier, la ricbesse en iode varie de 43 à 47 pour loo.) Mais les doutes sont levés par la détermination de la solu- bilité dans l'eau, ainsi qu'on le voit à l'inspection du Tableau suivant qui donne la quantité dissoute à froid dans loo parties d'eau : Parties. Parties. Rapports. (ICH'A)= '=C — O.C^H" à i8° 48 » 12 )ï = G — O.G^H^ à 18° 3o,5 » 7'5 >) = C-0.CH3 à 18° 24,22 à 16° 21 ,45 6 » = C-O.H — — à 16° 16,08 4 » = C-H à 20» 4,62 à 17° 3>97 I » Les solubilités décroissent du premier au dernier terme dans le rapport de 12 à i, et entre deux termes consécutifs la différence est nette. » Conclusion. — L'alcool qui sert de dissolvant, quand on fait agir la soude caustique sur A'essC — Cl, entre par sa substance même dans la molécule pour former des corps de la forme générale A'f^C — OR, qui sont des dérivés du méthane-oxy-méthane CH' — O — CH'. Leur existence et leur mode de formation font ressortir à nouveau la fonction alcoolique qui est une des particularités des rosanilines. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les éthers acétiques des sucres. Note de M. C. Tanret. « L'éthérification des sucres par l'acide acétique est toujours longue quand on l'effectue soit avec l'acide cristallisable (a 100° et eu tube scellé) comme l'a fait, le premier, M. Berthelot lors de sa découverte des alcools polyalomiques, soit avec l'acide anhydre comme M. Schùtzenberger et ses ( 195 ) élèves. Mais la réaction devient très vive et se termine en quelques minutes, si à l'acide anhydre on a ajouté préalablement de l'acétate de soude fondu ou du chlorure de zinc, ainsi que l'ont proposé MM. I^iebermann et Hor- niann pour le premier de ces sels, cL M. Franchimont pour le second. Ainsi simplifiée, l'opération est devenue courante, chaque fois qu'il s'agit de rechercher une fonclion alcoolique ou de déterminer l'atomicité d'un alcool. On peut cependant se demander si ces deux agents d'éthériflcation produisent ou non et toujours les mêmes éthers, et dans quels cas il pour- rait être préférable d'employer l'un plutôt que l'autre. L'étude de cette question vient de me donner déjà quelques résultats qui m'ont paru inté- ressants; j'ai l'honneur de les présenter à l'Académie. » I. Les sucres stables, comme les inosites, peuvent être indifféremment éthérifiés avec l'acétate de soude ou le chlorure de zinc : les éthers ob- tenus avec l'un on l'autre de ces sels sont identiques. » II. Les saccharoses et les polysaccharides sont transformés par l'acé- tate de soude en élhers, dont il est facile de retirer, en les saponifiant par la baryte, l'hvdrate de carbone primitif: sucre de canne, ratfinose, inuline, hélianthénine, etc. La cryoscopie de leurs solutions dans l'acide acétique indique un poids moléculaire qui concorde avec la formule; on a obtenu, par exemple, PM =^ 65o pour l'éther octacétique du saccharose (calculé 678) et PM = 9^2 pour l'éther dodécacétique du raftlnose (calculé 1008). » Le chlorure de zinc, au contraire, même employé à la dose de ^ de l'hydrate de carbone ou du sucre, donne les éthers des glucoses qui en dé- rivent par hydratation, ce qui est mis en évidence par leur poids molécu- laire, leur pouvoir rotatoire et l'action réductrice de ces élhers sur la liqueur cu|)ro-potassique. » m. Avec les glucoses, la réaction est plus complexe : aussi ne m'oc- cuperai-je en ce moment que des éthers du glucose ordinaire ou dextrose. » En faisant réagir l'acide acétique anhydre sur le glucose en présence d'acétate de soude ou de chlorure de zinc, j'ai obtenu trois élhers pentacé- tiques cristallisés que j'appellerai /?e«Zace/me.y «, p, y ('). (') Trouvé. Calculé — ^ — ^ pour Pentacétine ot. Pentacétine p. Peniacétine y- C«H'0(C=H'O')'. G 49.42 49.33 49.41 49. a3 H 5,72 5,67 5,74 5,64 Acide acétinue par / , ^ , ri r r n a a ■p :■ 77.40-76,40 77,20-76,40 76,40-76,75 76,92 saponiiicalion . .. ) Poids moléculaire.. 407 4o:> 421 Sgo ( 196 ) » Pentacétine a. — Cet éther se produit à peu près exclusivement avec des quan- tités très faibles de sels, soit os^oD à o8'',5o d'acétate de soude, ou os^oi de clilorure de zinc, pour 3s'' glucose déshydraté et 12S'' anhydride acétique pur. On chaufFe le mé- lange vers 134° jusqu'à ce que le glucose soit dissous, ce qui demande quelques mi- nutes, puis on verse le liquide refroidi dans plusieurs volumes d'eau. Il ne tarde pas à se précipiter un corps blanc, qu'on lave, puis qu'on dissout dans 5 à 6 fois son poids d'alcool à gS" bouillant, d'où il se dépose par refroidissement en aiguilles soyeuses : c'est la pentacétine a. » Cet éther du glucose fond a i3o° et est légèrement dextrogyre : aD=:^ r- 4° (en so- lution dans le chloroforme ou la benzine à 9 pour loo). Il est soluble à i5° dans 76 p. d'alcool à 95°, 47 P- d'éther et 7 p. de benzine; il est légèrement soluble dans l'eau bouillante où il se liquéfie avant de se dissoudre; le chloroforme le dissout en toutes proportions. Comme ses autres isomères, il réduit la liqueur de Fehling, et peut être sublimé quand on le chauffe dans le vide un peu au-dessus de son point de fu- sion ('). » Pentacétine p. — On l'obtient en même temps que la précédente, quand on élève les doses d'acétate de soude et surtout de chlorure de zinc. Avec OB'", 20 de ce dernier sel elle se produit à peu près seule; tandis que, avec un poids dix fois plus fort d'acé- tate de soude elle ne forme que le !- du produit total. Lo sel de zinc donne donc prin- cipalement la pentacétine p, comme le sel de soude la pentacétine a. Avec ces fortes proportions de sels, la réaction commence aux environs de 100" et est très vive; i! faut alors retirer le ballon du feu. En quelques instants, le thermomètre monte à i32° avec le chlorure de zinc et à i37°-i42° avec l'acétate de soude. On laisse ensuite refroidir; on précipite par l'eau, et l'on soumet le produit à une série de dissolutions et de cris- tallisations dans des quantités chaque fois décroissantes d'éther, jusqu'à ce qu'on ob- tienne un corps à pouvoir rotatoire et à point de fusion constants. La pentacétine 3 est alors pure. » Cette pentacétine p fond à 82° et est dextrogvre : «-£, = -i- 69 (en solution chloro- formique à 9 pour 100). Elle est soluble à lô" dans 21,8 parties d'alcool à go", 12,7 par- ties d'éther, et en toutes proportions dans le chloroforme. Elle est légèrement soluble dans l'eau bouillante (^). » Pentacétine -;. — Si l'on maintient pendant quelques minutes à rébullition,dans 2 parties d'acide anhydre, les éthers précédents additionnés de yô ^^ chlorure de zinc, on les transforme en un nouvel isomère, la pentacétine -(-. Après précipitation par l'eau et lavage, on dissout à plusieurs reprises le produit dans l'alcool bouillant, d'où (') Herzfeld avait déjà obtenu ce corps, mais n'en avait pas reconnu la nature exacte: il l'avait pris pour un octacétyldiglucose {Berichte d. D. Chem. GeselL, t. XIII, p. 265). (-) Il ya quelques années, Erwig et Kœnigsont obtenu, avec une trace de chlorure de zinc, un produit fondant à 1 1 1°, qu'ils ont caractérisé, d'après leurs analyses, comme un pentacétyldextrose. C'est un pareil mélange résoluble en pentacétines 2 et p qui, dans mes expériences, s'est déposé le premier par cristallisation du produit obtenu avec o8'',o5 de chlorure de zinc ; il marque environ a,, ::= -|- /S". ( '97 ) il se dépose par cristallisation en belles aiguilles. La penlacétine p, qui n'a pas été complètement transformée, et la pentacétine a, dont une partie a échappé à la réac- tion et s'est changée en pentacétine P, restent dans les eauN. mères alcooliques. « La pentacétine Y fond à 1 1 1°; c'est la plus dexlrogyre des trois : aj, =: -4- ioi'',75. Sa solubilité dans l'alcool à gS" et dans l'éther est intermédiaire entre celles des deux, autres isomères; elle se dissout à i5° dans 53 parties d'alcool et 36 parties d'éther. Elle est extrêmement soluble dans le chloroforme et la benzine, et aussi légèrement soluble dans l'eau bouillante. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V hexaméthylène-amine. Note de M. Delépine. « L'hexaméthylène-atnine est une base solide, cristallisée, relativement volatile, découverte par Bouttlerow. Ce savant lui donna la formule ration- nelle Az | Az(CH°)-. Il la préparait par l'action de l'ammoniaque sur I Az(CH*)= l'oxyde de méthylène. » D'autres synthèses ont été faites par M. Friedel, au moyen du chloro- méthylate et de l'acétométhylate de méthylène et de l'ammoniaque ('). J'ai obtenu la même base en employant le chlorure et le chlorobromure de méthylène et une .solution d'ammoniaque dans l'alcool méthylique. » Mes recherches ont porté sur : i" la grandeur moléculaire; 2° l'action des acides minéraux; 3° la nature de la fonction basique; 4° 'a formation de dérivés de substitution : les nitrosés et leur destruction par les acides ; 5° l'hydrogénation. » 1° Poids moléculaire. — M. Tollens, qui s'est beaucoup occupé de cette base, a trouvé pour la densité de vapeur presque le chiffre théo- rique. Plus tard, MM. Tollens et Moschatos trouvèrent, par la cryoscopie, des chiffres moyens voisins de 121, c'est-à-dire plus rapprochés de la for- mule C''H'-Âz^ = i4o que de C'H''Az-— 70, proposée ces derniers teinps par MM. Triliat et Fayollat avec la constitution CH' (. _ . En solu- tion acétique, j'ai obtenu par la cryoscopie les résultats suivants : Matière 4>835o Dissolvant 121, o5 avant 16°, 16 Point de congélation de l'acide après i4°, 96 (') Comptes rendus, t. LXXXIV, p. 2^8. C. K., i8o5, I" Semestre. (T. CXX, N» 4.) 20 ( i9« ; d'où „ 4,835 X 100 „ M = 3q -^ — g — 1 3o. ^ 12 1 ,05 X I ,20 » Si l'on fait une nouvelle détermination quelques instants après, puis une troisième, on a des abaissements plus forts qui conduisent aux valeurs M = 107, puis 100. » Si on la tait immédiatement après la dissolution, on arrive à des ré- sultats des plus satisfaisants : trouve iSy au lieu de i4o. » L'abaissement de M, avec la durée du temps qui s'écoule entre la dis- solution et la détermination expérimentale, est dû à un commencement de décomposition de l'hexaméthylène-amine, faisant retour à l'aldéhyde for- mique et à l'ammoniaque. L'action du réactif de Nessler sur une solution acétique ancienne neutralisée par la potasse le prouve amplement : il se forme un précipité rouge dû à l'ammoniaque, suivi bientôt d'une coloration noire causée par la réduction du sel mercuriel sous l'influence de l'aldé- hyde formique. L'hexaméthylène-amine seule ou en présence de la potasse est, d'ailleurs, rigoureusement sans action sur ce même réactif. ,, Le chloroplatinate a la formule (CH'^Az^ HCl)=PtCl^ + 4H=0, ca- drant avec le poids moléculaire fourni par la cryoscopie. » 2° Action des acides minéraux. — Ils rendent très rapide le retour à l'aldéhyde et à l'ammoniaque, retour d'autant plus rapide que l'acide est plus concentré et plus chaud. » 3° Fonction basique. — L'iodure de méthyle et l'iodure d'éthyle don- nent des corps de formule C^H'-Az'RI, d'après Vohle. J'ai vérifié ce fait et trouvé aux composés formés toutes les propriétés des iodures d'am- motiium quaternaires. L'hexaméthylène-amine est donc une base ter- tiaire. » 4" Dérivés de substitution : nitrosés. — M. Griess a décrit un produit de formule (CH-)''(AzO)=Az'' obtenu par nitrosation; M. Mayer a repris la question et préparé un composé polymère de (CH- = Az — AzO); la cryo- scopie lui donna une valeur moléculaire comprise entre les multiples 3 et 4. Je propose le chiffre 4. et non 3, adopté par Mayer, ce qui donne la série; régulière : ^^" > ^^ ' (AzO)^ i ' (AzO)* i Hexamélhylène- Dinitrosopentamolhylcne- TélranilrosotétraméLhyléne- tétramine. létiamine. tétramine. » Le corps (CH*)^(AzO)-A'', encore deux fois basique, est susceptible, ( 199 ) en effet, de fixer l'iode, tandis que le corps (CH")''(AzO)' Az', dont toutes les fonctions basiques ont été nitrosées, n'a pu être combiné à aucun corps. » La réaction la plus importante de dinitrosopentaméthylène-tétramine est celle qu'il donne avec les acides : M. Griess a montré qu'avec HCl chaud et dilué il subit l'hydratation quantitative (CH-)^(AzO)^Az' + 3H"0 = 5CH=0 - 2AzH' + 2Az^ » En employant l'acide acétique concentré et froid, j'ai obtenu une dis- location moins avancée, également quantitative, (cn^y(Azoy-xz" = ^,[(cïr-ykz"]+- 2âz2+ sch^o, c'est-à-dire qu'il s'est dégagé la même quantité d'azote que ci-dessus, mais que le reste (CH-)^ Az^ ne s'est pas hydraté; il s'est doublé pour régéné- rer l'hexaméthylène-amine. » 5° JJ hydrogénation par le zinc et les acides chlorhydrique ou acétique ne m'a fourni que de la triméthylamine et de l'ammoniaque, ainsi qu'il résulte des analyses très concordantes que j'ai faites du bismuthate,- du chloroplatinate et de l'iodométhylate de triméthylamine. » La formule de constitution suivante / Azr CIP rAz\ CE\ )Cm CH2( >CH= \ A.zrl CH^ ^Az/ satisfait à l'ensemble des faits que j'ai cités. Par exemple, le cas le plus important, celui de la destruction du dinitrosé par l'acide acétique, s'ex- prime facilement par le schéma /Azr CH2 7AZ— AzO /Âzr CH^— GH< >CtP CH< Z..CH'/ )GH2 +2Az^+2CH^0. XAz:: CH= ^Az-AzO \Az^- Le résidu bivalent engendré reconstitue la formule primitive en se combi- nant à un résidu semblable. » L'hydrogénation pour donner la ti-iméthylamine s'explique si l'on re- marque que les azotes sont fixés à trois carbones ( ' ). » (') Travail fait au laboratoire de M. l^iunier, à l'École de Pharmacie. ( 200 ) CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur les graines de Coula du Congo français. Note de MM. H. Lecomte et A. Hébert, présentée par M. A. Gautier. « IjCS premiers échantillons de Coula furent rapportés du Gabon en 1845 par jM. Aubry-Lecomte et étudiés par M. H. Bâillon (') qui créa le £î;enre Coula (famille des Olacinées). L'un de nous a eu l'occasion de ren- contrer, au Congo français, un arbre qui répond à la description du genre Coula de M. Bâillon; les noirs du pays Loango le désignent sous le nom de Koumounou et les M'Pongoués sous celui de Coula. » Élude botanique. — Le Kouiuouuou ou Coula est un arbre de iS"" à 20". Les feuilles alternes, dépourvues de stipules, possèdent un pétiole de 2"^™ à o"^ de long, canaliculé à la face supérieure et supportant un limbe glabre, luisant à la face supé- rieure et acuminé au sommet. Ces feuilles portent des nervures pennées; le limbe mesure o'",i6 à o™,20 de long sur o™,o6 à o'",07 de large. Les feuilles et les jeunes rameaux, présentent une teinte ferrugineuse très nette. » Par tous leurs caractères essentiels, les fleurs se rapprochent de celles du Coula edulis; mais le fruit, de la forme de celui du noyer, n'est pas aplati au sommet, comme celui du Coula edulis Aàcvil\i9.i' M. Bâillon; il est, au contraire, un peu ovoïde, à grand axe continuant le pédoncule, et le noyau est recouvert de petites saillies ar- rondies au lieu d'être lisse. 11 présente à son sommet, à partir du pôle supérieur, et sur une longueur de plus de 1"^", dans trois directions rayonnantes, une saillie repré- sentant les lignes de suture des car])elles. Cliez certains fruits, cette suture est même incomplète, et l'on peut facilement les séparer en introduisant un scalpel dans la fente. » Le noyau, dont les parois ont une épaisseur dépassant souvent 3"™, est tapissé à l'intérieur par une couche peu épaisse de tissubrunàtre, qui paraît avoir pour origine la partie la plus interne du tissu carpellaire. Chaque fruit contient une graine unique, à peu près sphérique, de i'^'°,5 de diamètre environ, présentant extérieurement un sillon très net allant du point d'attache au pôle supérieur. Au-dessous du pôle supérieur se voit une cavité cylindrique de 2"™ à 3"™ de diamètre, renfermant l'embryon. De cette cavité part un canal mal délimité qui débouche dans la région de la chalaze. L'em- bryon ne remplit pas toute la .cavité dans laquelle il est logé; il a au plus 2™" à 2™'", 5 de long et présente deux cotylédons très petits. Le tissu remplissant la graine, en de- hors de l'embryon, est constitué par un albumen d'origine probablement nucellaire, dont les cellules sont gorgées de gouttelettes de graisse d'un diamètre variant de 5;j. à 10 [A. Ces graines sont comestibles; elles présentent un goût assez prononcé et agréable de pain de seigle. » Étude chimique. — Les graines décortiquées ont donné une proportion de ( ') Adansonia, vol. 111, p. 61. ( 20I ) 72 parties d'écorces el 28 parties d'amandes pour 100 de graines. Ces écorces, pi- lées, tamisées, puis sécliées à 100", ont fourni i3 pour 100 d'eau, l.e produit séché avait comme composition : Cendres 3 , 46 Matières grasses 4; 09 Matières azotées totales 11 ,25 (Azote =; i ,80 pour 100) Matières / Matières azotées i ,43(Azote :;.- o,23 pour 100) organiques l Sucres réducteurs traces solubles ', Sucres non réducteurs. . traces dans l'eau j Gommes, tannins, acides végé- 4,o3p. 100. l taux, etc 2,60 Cellulose 29,82 Autres principes (vasculose, xylane ou ana- logues). Par difl'érence 48,78 100,00 » Cette écorce, en raison de sa consistance, ne paraît devoir comporter aucune application importante. » Les amandes, pilées et séchées à 100°, ont accusé une proportion d'humidité égale à 10,5 pour 100. Elles ont été épuisées par la benzine pour en extraire la matière grasse; celle-ci a été isolée par distillation du dissolvant, puis séchée à 100°. Le rendement des amandes en huile a été de 22 pour 100^ ce qui ne correspond qu'à une quantité de 5,5 d'huile pour 100 de graines non décortiquées. » Le tourteau laissé par les amandes, après épuisement à la benzine, a été séché et analysé; il contenait : Cendres 2,63 Matières azotées totales 16,20 (azote =: 2,60 pour 100) / Matières azotées 7,68 (azote = 1 ,23 p. 100) Matières organiques 1 Sucres réducteurs 0,28 solubles dans l'eau < Sucres non réducteurs. . . 0,20 i4,23 pour 100. I Gommes, tannins, acides \ végétaux, etr 6,07 Cellulose 1 6 , 3o Autres principes (vasculose, xjlane ou analo- gues). Par différence 58,27 I 00 , 00 » Ce tourteau constitue donc une substance assez azotée et qui pourrait être em- plo^'ée comme engrais ou comme nourriture pour le bétail. » Etude de la matière grasse. — L'huile extraite des amandes de K.oumounou est jaune, complètement liquide, fort peu soluble dans l'alcool à 90°. Sa densité est de 0,913 à 16° et de 0,906 à 3o°; elle se solidifie vers o" et fond à 5" ou 6°; elle présente les réactions suivantes : » Echauffemenl avec l'acide sulfurique monoliydralé : -h Sg". ( 202 ) » Avec l'acide azotique et le mercure. — Masse jaunâtre, pâteuse après plusieurs heures. » Avec la potasse {c? = 1 ,34). — A froid, masse jaunâtre; à chaud, savon jaune, mou. » Avec l'acide azotique fumant. — Zone de séparation rouge orangé. )) Avec l'acide sulfurique. — Coloration rouge verdâtre. » Avec l'eau bouillante et la litharge. — Emplâtre mou. » Degré marqué à l'oléoréfractomètre d'Amagat et F. Jean : A 30° — 1°,5 A 45° —4° » La matière grasse, après saponification par la soude alcoolique, puis décomposi- tion des sels de sodium par l'acide sulfurique, a fourni une proportion d'environ 90 pour 100 d'acides gras liquides, jaunes, dont les sels de plomb étaient solubles en totalité dansl'éther. » Ces acides ont été caractérisés en les traitant par le nitrate acide de mercure qui les a transformés en une masse jaunâtre ; celle-ci, lavée à l'eau et recristallisée dans l'alcool, a donné un corps fondant à 43''-44°) point de fusion de l'acide élaïdique. Les acides gras de l'huile de Koumounou se composent donc presque uniquement d'acide oléique. » Un dosage approximatif de glycérine, fait sur les eaux-mères de la saponification, en a indiqué une proportion d'environ 9 parties pour 100 d'huile. » L'huile de Koumounou n'est donc que de la trioléine presque pure; c'est un curieux exemple d'une matière grasse contenant un seul acide ('). » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Nouveaux fails relatifs an mécanisme de l'hyperglycémie et de l'hypoglycémie. Influence du système nerveux sur la glycoso/ormation el l'histolyse. Note de M. M. Kaufmanx, présentée par M. A. Chauveau. « Les résultats que j'ai exposés dans une précédente Note (^) éta- blissent que, dans la production de {'hyperglycémie, deux activités fonc- tionnelles interviennent simultanément : la glycosoformation intrahépa- tique et la résorption histolylique générale. En même temps que le foie fabrique du sucre en plus grande abondance, les divers tissus cèdent plus (') La partie botanique de ce travail a été faite au laboratoire de M. Van Tieghem, au Muséum; la partie chimique a été exécutée au laboratoire des Travaux pratiques de Chimie, à la Faculté de Médecine de Paris. (") Comptes rendus,} l\]2in\ie.r iSgS. ( 2o3 ) activement au sang leurs matériaux de réserve. Ceux-ci, transportés dans l'organe hépatique, y sont utilisés pour la formation du sucre. M Parmi les substances de réserve, il en est une qui est tout particuliè- rement propre à la fabrication glycosique; c'est la matière glycogène. Cette matière, répandue un peu partout dans l'organisme, est surtout abon- dante dans le foie et les muscles. » L'hyperglycémie, cause directe de la glycosurie, étant le résultat d'une exagération de la formation sucrée, doit coïncider avec une diminution rapide de la réserve de matière glycogène du foie et des divers tissus. Les faits démontrent qu'il en est bien ainsi. » Expérience I. — Sur un chien à jeun, on prélève un morceau de foie et un morceau de muscle de la cuisse, puis on fait la piqûre bulbaire. Six. heures après, l'u- line étant très sucrée, on lue l'animal par hémorragie et l'on prélève un second morceau de foie et un second morceau de muscle. Ce dernier est pris sur le membre postérieur opposé, en un point bien symétrique à celui où fut faite la première prise. Aussitôt après leur enlèvement, tous ces tissus sont traités parle procédé de IVïilz Briickepour le dosage du glycogène. Celui-ci est finalement transformé en sucre sous l'influence de l'acide chlorhydrique et de l'ébuUition prolongée pendant au moins dixheures. Glycogène en glucose pour loooe' de foie. muscle. Immédiatement avant la piqûre bulbaire... 44 7>2 Six heures après 5,9 2, » Cette diminution rapide et énorme du glycogène hépatique et muscu- laire s'observe non seulement dans le diabète par piqûre bulbaire, mais aussi dans le diabète pancréatique (von Mering et Minkowski) et dans le dia- bète spontané (von Mering, Fi-erichs, etc.). Ce fait, qui semble lié à tout état hyperglycémique, vient contirmer que la fabrication surabondante de sucre dans le foie est accompagnée d'une résorption histolytique générale plus active. » Les faits tirés de l'étude expérimentale de X hypoglycémie viennent également appuyer la donnée ci-dessus. L'hypoglycémie, état inverse de l'hyperglycémie, est le fait de la diminution de la formation et non celui de l'exagération de la destruction du sucre. La perte en glucose qu'éprouve le sang dans le réseau capillaire général est même un peu plus faible que celle qu'il éprouve dans l'état normal ou hyperglycémique (Chauveau et Kaufmann). » Dans l'hypoglycémie, la production du sucre dans le foie est diminuée ; ( 204) Cl. Bernard croyait même qu'elle était arrêtée complètement après la sec- tion de la moelle épinière en avant de la région dorsale et qu'alors la ma- tière glvcogène non seulement ne diminuait pas dans le foie, mais pouvait même y augmenter et s'y accumuler. Cette vue de Cl. Bernard n'est pas vérifiée par l'expérience. Chez l'animal à jeun, la section de la moelle épinière, en avant de la première vertèbre dorsale, n'arrête jamais com- plètement la production du sucre dans le foie et son déversement dans le sang (Chauveau et Raufmann); elle ne détermine pas non plus une accu- mulation de glycogène dans le parenchyme hépatique. Les expériences suivantes le démontrent : » Expériences II et III. — Chiens à jeun. Section de la moelle épinière en avant de la première vertèbre dorsale. Dosage du glycogène du foie pris avant et après la section : Glycogène en glucose pour looos' de foie. Exp. II. Exp. III. Avant la section médullaire >7î6 71,6 S"" 3o" après 2,3 38,7 » Ainsi l'hypoglycémie consécutive à la section de la moelle épinière, en avant de la première vertèbre dorsale, est accompagnée d'une diminution considérable de la matière glycogène du foie. » Ce fait semble devoir infirmer l'opinion d'après laquelle l'hypogly- cémie est attribuée à une diminution de la formation sucrée dans le foie. Mais les résultats suivants montrent que la contradiction n'est qu'appa- rente. En effet, si l'on recherche ce que devient le glycogène qui disparait du foie après la section médullaire, on constate qu'il n'est pas uniquement utilisé pour la fabrication du sucre ; une grande partie de ce glycogène est déversé en nature dans le sang, puis emmagasiné par les muscles. » Expériences IV et F. — Cliiens à jeun. Section de la moelle épinière en avant de la première vertèbre dorsale. Dosage du gljcogène dans les muscles symétriques des deux membres postérieurs, enlevé l'un avant la section, l'autre après : Glycogène en glucose pour looos' de muscle. Exp. IV. Exp. V. Avant la section médullaire 10,7 8,3 5'' 3o après i3,5 10 La réaction du glycogène du sang était également plus nette après qu'avant la section. ( 2o5 ) » L'accumulation du givcogène clans les muscles du train postérieur n'est pas le fait de la paralysie. En effet, si, au lieu de faire la section mé- dullaire dans un point où elle provoque l'hypoglycémie, on la pratique en un point où elle laisse la glycémie dans son état normal, on constate que, malgré la paralysie, le glycogène ne s'accumule pas en proportion notable dans les muscles des membres postérieurs. )) Expérience VI. — Chien à jeun. Section de la moelle entre les deuxième et troi- sième vertèbres lombaires. Cette section ne détermine pas d'hypoglycémie. Glycogène en glucose pour looos' de muscle. Au moment de la section médullaire io,5 Cinq heures quinze minutes après 1 1 1 i » L'ensemble de ces résultats permet de p-oser les conclusions sui- vantes : » 1° Dans les diverses déviations de la fonction glycémique, il y a à la fois une lîiodification de l'activité de la glycosoformation et de l'histoiyse générale; » 2" Dans V hyperglycémie et par suite dans le diabète, la glycosofor- mation et la résorption histolvtique sont activées; » 3" Dans V hypoglycémie, la glycosoformation et l'histoiyse sont dimi- nuées ; » 4° J-a section de la moelle dans la région avoisinant le renflement brachial modifie le mode de fonctionnement du foie : cet organe déverse alors dans le sang moins de sucre et plus de glycogène; » 5° La même section médullaire modifie également la nutrition dans tous les tissus : elle augmente leur puissance d'emmagasinement et, par suite, diminue la résorption histolylique; » 6° Le système nerveux exerce une action régulatrice à la fois sur les phénomènes nutritifs des divers tissus et sur les élaborations intrahépa- tiques. » ZOOLOGIE. — Sur quelques points de la spermato genèse chez les Sélaciens (' ). Note de M. Arma\u Sabatier, présentée par M. Milne-Edwards, « Dans une première Note du 7 janvier, j'ai exposé le mode de forma- tion et la signification des divers éléments cellulaires qui constituent l'ani- (') Travail fait à la station zoologique de Celte et au laboratoire de l'Institut de Zoologie de Montpellier. C. R., iSc^D, 1" Semestre. (T. C\\, N" 4.) ~7 ( 2o6 )• poule testiculaire. Des divisions mitotiques successives des spermatoblastes résulte la formation de colonnes prismatiques dirigées suivant les rayons de l'ampoule et composées d'une masse commune de protoplasme granu- leux au sein de laquelle sont plongés les tritospermatoblastes constitués par leur noyau entouré d'une zone claire de protoplasme propre. Alors commencent les modifications qui transforment ces derniers éléments en spermatozoïdes. » Le noyau prend un aspect homogène, se colore uniformément en ap- parence, et devient très réfringent. Cela tient à ce que la nucléine se pré- sente sous la forme de globules pressés qui se colorent vivement et qui occupent toute la masse du noyau. » Bientôt sur la périphérie de cette masse quelques globules prennent un aspect vésiculeux et perdent leur coloration. Ces vésicules claires, hyalines grandissent surtout vers le pôle céphalique du noyau; à ce niveau la masse colorée se rétrécit et devient pyriforme. Sur la paroi des vési- cules claires se distinguent à de très forts grossissements des grains colorés très fins qui en marquent les contours. » Il résulte de là que le noyau se présente comme coiffé vers sa pointe d'un capuchon hyalin (capuchon céplialique d'Hermann). » Puis la masse colorée s'allonge, parce que les globules qui la com- posent se déroulent comme le ferait un chapelet pelotonné. Ce déroule- ment se fait du pôle céphalique au pôle caudal. Ainsi se produit une tige moniliforme très colorée et réfringente, autour de laquelle les vésicules claires qui se sont allongées et ont perdu leurs fins granules colorés for- ment un manchon hyalin. Ces parties s'allongent encore, et les renfle- ments globulaires du cordon central s'effacent. Mais dans certains cas (Acanthias, Torpédo, Scylliurn) ce cordon prend un aspect ondulé très élé- gant. Tels sont les processus principaux par lesquels se constitue la tète du spermatozoïde. Elle résulte surtout de la condensation et de l'élon- gation d'une portion de la nucléine du noyau et de la vésiculisation et décoloration de l'autre portion. » Voici les modifications subies par le protoplasme de la cellule : la masse cytoplasmique abandonne le pôle céphalique du noyau, pour se porter vers le pôle caudal. Elle devient d'abord pyriforme pour acquérir, en s'al- longcant, la forme d'un cylindre terminé par un cône. Avec de puissants objectifs on y reconnaît un reseau qui englobe les vésicules protoplas- miques. Aux nœuds du réseau sont des grains d'une finesse extrême qui se colorent comme la nucléine. A mesure que le cytoplasme s'allonge les mailles du réseau et les vésicules qu'elles enveloppent se rangent en se- ( 207 ) ries longitudinales parallèles. Entre ces séries les filaments du réseau se présentent comme des lignes presque droites, au nombre de 3 ou 4, et marquées par des grains chromophiles plus nombreux. Elles viennent converger au sommet du cône terminal pour se fondre en un filament unique qui les continue et qui s'échappe du sommet, comme filament caudal. » Les trois ou quatre lignes qui formaient ses racines se réduisent bien- tôt à une seule centrale, qui est j)robablement le résultat de leur concen- tration et de leur feutrage. Les séries superficielles de vésicules rendues ainsi libres sont rejetées ou résorbées, et il ne reste de tout le cytoplasme que le filament central entouré sur un certain parcours par une couche simple de vésicules, et se continuant à l'état libre et très allongé comme filament caudal. Le spermatozoïde ainsi formé comprend donc : i° une tête entourée de son manchon hyalin; 2° un segment moyen, résidu du cytoplasme et formé d'une colonne étroite de vésicules, au centre de la- quelle court le filament caudal; 3° un filament caudal libre très allongé et très fin résultant de la concentration et du feutrage du réticulumdu cyto- plasme. » Pendant ce temps se sont opérés des changements topographiques dans la colonne prismatique qui renfermait les tritospermatoblastes. Ces cellules se sont portées à la périphérie de la colonne, les noyaux dirigent leur pôle céphalique pointu vers la périphérie, et les masses cytoplasmiques se portent vers le centre. » Tous ces éléments sont englobés dans une masse de protoplasme gra- nuleux et vacuolaire, qui est le résixlu du protoplasme commun qui com- prenait les germes. Il est en voie de destruction. Je l'ai appelé, chez les Crustacés décapodes, le protoplasme caduc. A mesure que se forment les spermatozoïdes, il se résorbe et se ratatine vers sa base, c'est-à-dire vers l'enveloppe de l'ampoule, et il entraîne dans ce mouvement les sperma- tozoïdes qui sont ainsi rapprochés et réunis en faisceaux. La destruction et la désagrégation finale de cette espèce de ciment qui les maintenait en place les rend libres, et ils se détachent, laissant la paroi de l'ampoule re- couverte par (les cônes protoplasmiques qui s'étaient insinués entre les faisceaux, et qui renferment à leur base la cellule dite basilaire ou recou- vrante, et parfois vers le sommet le corps problématique plus ou moins effacé. C'était le début d'une nouvelle génération de spermatozoïdes, mais qui avorte par suite de l'atrophie de l'ampoule. » Les points exposés dans la Note précédente et dans celle qui l'a pré- ( 208 ) cédée montrent cnliv l;i sperinatogenèse chez les Sélaciens, cliez les Crustacés décapodes, et plus spécialement chez les Carides, chez les Lo- custides, un parallélisme de processus extrêmement frappant. Il résulte, en effet, de mes recherches déjà publiées que, dans tous les cas, on ob- serve : » 1° Formation de nids primitifs de germes, sous forme de plasmodie, par la multiplication amilotique des novaux du tissu conjonctif germinatif; Il 2" Formation de nids secondaires par la multiplication amitotique des noyaux de la membrane conjonctive propre de la cavité testiculaire ; )) 3° Situation des germes dans une masse commune de protoplasme qui deviendra le protoplasme caduc; » 4° Acquisition par les noyaux-germes d'un protoplasme propre pour devenir des protospermatoblastes; » 5° Division mitotique deux fois répétée de ces éléments cellulaires pour arriver aux Iritospermatoblastes; » 6" Formation de la tête du spermatozoïde aux dépens d'une portion de la nucléine de la cellule qui se condense, tandis que l'autre portion devient achromatique en devenant vésiculeuse et forme le capuchon ou manchon céphalique hyalin; « 7° Formation des fdamenis radiés ou caudal ainsi que du segment moyen aux dépens du cytoplasme. Comme chez les Locustides, le fdament caudal résulte, chez les Sélaciens, de la concentration et du feutrage du réseau du cytoplasme. » Ce parallélisme dans les processus fondamentaux de la spermato- genèse, dans des groupes si différents, me paraît digne de remarque. » ZOOLOGIE. — Sur le mode de fixation des Acéphales à l'aide du byssus . Note de M. Louis Boutan, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Un très grand nombre d'Acéphales se fixent à l'aide du byssus sur les corps étrangers. Depuis longtemps, on a étudié la structure du byssus et l'on a reconnu cju'il provient de la sécrétion d'une glande, souvent très volumineuse, située à la base du pied; mais des questions, pourtant inté- ressantes, paraissent avoir été négligées. )) Comment s'opère l'accolement du byssus contre les corps étrangers? Un animal, dont le byssus est rompu, peut-il se fixer de nouveau? Se fixe-t-il à l'aide de l'ancien byssus? Le mode d'adhérence du byssus est-il le ( 209 ) môme dans tous les Acéphales, malgré la diversité de disposition de cet organe? Pour répondre à ces diverses questions, qui sont en rapport avec les conditions d'existence de ces mollusques, il ne suffisait pas de reprendre les études anatomiques et histologiques faites sur des animaux conservés, il fidlait les compléter par des observations directes, à l'aide d'Acéphales vivants. Grâce aux nombreux matériaux d'étude que j'avais à ma disposi- tion, au laboratoire Arago de Banyuis-sur-Mer, j'ai pu multiplier suffisam- ment les observations et instituer une série d'expériences. » Le type d'Acéphale qui, grâce à la facilité avec laquelle on le fait vivre dans les aquariums, m'a donné les résultats les plus concluants, est VJrca tetragona. Chez ce Lamellibranche, le byssus est compact el repré- sente un volume énorme par rapport à la masse totale de l'animal. » Voici le résumé de quelques expériences : » Première expérience. — Des Arca tetragona adultes sont mises en observation dans un aquarium, après qu'on a eu soin de décoller la partie adhérente du byssus aux corps étrangers. » Résultat. — Au bout de quelques jours chaque Arche a rejeté son byssus et s'est fixée à l'aide d'une sécrétion nouvelle. . » Deuxième expérience. — Des ylrca 5 Sable à bâtir aux environs d'Aix. .. . 82 32,5 (') Les dimensions du densimètre (modèle Salleron-Dujardin) déterminent la capa- cité de l'éprouvette dans laquelle flotte l'instrument, et de cette capacité dérive le choix de volume d'acide réagissant. La dose de aoC"^ s'impose, comme minimum strict, pour les essais de lerie. ï ( 217 ) » Il est évident que la présence dans le sol de divers éléments solubles peut et doit forcer le titre calcimétrique fourni par l'aréomètre et l'élever au-dessus du taux vrai déduit du volume du gaz carbonique ; mais la diffé- rence ne saurait inquiéter l'agronome qui ne poursuit en vue de la pra- tique que des résultats approchés. L'emploi simultané du calcimètre Ber- nard et de notre méthode peut même fournir des résultats intéressants. Ainsi l'excès du pourcentage aréométrique dénotera immédiatement, sans analyse, la présence dans le sol de principes solubles dans les acides (bauxite, phosphates, etc.). » On opère dans un gi'and flacon ou bocal de i"' au moins de capacité; on intro- duit d'abord les 4i"''>6 de terre, puis les 200™ d'acide dont on ménagera d'abord l'af- fusion s'il se dégage trop de mousse. Quand l'efTervescence tumultueuse a cessé, on bouche le vase à réaction et l'on attend qu'une couche liquide à peu près claire se soit formée au-dessus du lit de sable fin et de bourbe qui occupe le fond. Cette couche, relativement limpide, est soutirée au moyen d'un orifice latéral percé dans la paroi du vase, à quelque distance au-dessus du fond; la liqueur, avant d'être éprouvée à l'aréomètre et au thermomètre, achève de se dépouiller en vase clos. » Assurément cette méthode ne présente point la merveilleuse rapidité du procédé de M. A. Bernard, mais elle permet d'opérer encore assez vite puisque, après la dissolution intégrale du calcaire, on peut décanter une .suf- fisante quantité de liquide pour l'étudier après clarification, nettoyer l'ap- pareil et recommencer avec un autre échantillon. On peut même faire écouler des prises de liquide pendant l'attaque et étudier ainsi l'évolu- tion de cette attaque, c'est-à-dire l'assiniilabiliLc même du calcaire. Ajou- tons que les liqueurs soumises à l'expérience se conservent longtemps sans variations de densité dans des vases soigneusement bouchés. « BOTANIQUE FOSSILE. — Sur quelques Micrococcus du Sléphanien, terrain houiller supérieur. Note de M. B. Rexault, présentée par M. Dehérain. « iNous nous proposons de faire connaître aujourd'hui une forme de Bactéries différente de celle que nous avons décrite naguère ('), moins rare que le Bacillus vorax, et qui se rencontre dans les silex des environs de Grand'Croix, par conséquent à la base du Stéphanien. » Les bactéries en question affectent la forme de petites sphères libres (') Comptes rendus, 21 janvier 1896. ( 2i8 ) ou soudées par deux, dont le diamètre moyen est de i,2.jj., à contour par- faitement net et coloré en brun. Souvent ces sphères paraissent transpa- rentes vers le centre, d'autres fois elles semblent remplies d'un proto- plasma finement granuleux et plus foncé. » Sous ce dernier aspect, elles pourraient être confondues avec de petits grains de pyrite de dimensions analogues qui sont assez fréquents, soit autour des fragments de plantes, soit même à l'intérieur de leurs tis- sus ; ces petits grains de pyrite plus ou moins arrondis proviennent sans doute d'une réduction, par le protoplasma des cellules, de sulfate de fer en dissolution ; mais on parvient assez facilement à en faire la distinction, car, en faisant jouer le microscope, les grains de pvrite restent noirs et opaques; beaucoup d'entre eux décèlent des arêtes et se montrent plus ou moins cubiques; en outre, quand ils viennent à se toucher, on voit qu'il y a simplement contact et non soudure, comme cela arrive pour les bacté- ries dont nous parlons. » Les sphères ne peuvent être des spores, car un certain nombre d'entre elles sont allongées en ellipsoïdes dont le grand axe atteint 4 1»-; dans quelques-unes on distingue une cloison dirigée perpendiculairement au grand axe ; d'autres enfin, assez nombreuses, sont soudées deux à deux: ce sont là les phases successives de développement que l'on observe sou- vent chez les Micrococcus. Nous désignerons cette bactérie sous le nom de Micrococcus Guignardi. » Nous l'avons rencontrée avec les différents degrés de développement mentionnés, à l'intérieur du bois de Calamodendron, dans différentes ra- cines, mais principalement dans les téguments de graines, entre autres de Rhahdocarpiis sublunicalus, de Rh. conicus, de Ptychocarpus sulcatus. etc. » Lorsqu'on examine une coupe un peu oblique d'un tissu cellulaire envahi par notre Micrococcus, on remarque de nombreuses petites sphères, la plupart isolées, adhérentes aux parois; quelques-unes sont doubles, elles se sont donc divisées sur place; elles paraissent comme incrustées dans l'épaisseur de la cloison cellulaire, et entourées d'une mince auréole incolore; lorsque, par accident, il y en a qui ont quitté, celles-ci ont laissé un creux hémisphérique plus clair, qui marque la place qu'elles occupaient. » Sur des coupes transversales, les parois des cellules se réduisent souvent à leur membrane moyenne. Le Micrococcus Guignardi s'attaquait donc plus spécialement à la couche cellulosique, même lorsqu'elle était fortement incrustée. Nous avons en effet des portions d'enveloppe de Diplotesta qui montrent des cellules intactes avec les fins canalicules qui ( 219 ) traversent les couches d'épaississement, et, à côté, d'autres cellules de la même couche, contenant des Micrococcus et réduites à leur membrane moyenne. » C'est principalement dans les graines appartenant au genre Rhabdo- carpus que nous avons pu suivre les différentes phases de destruction offertes par les tissus. » On sait que ces graines présentent deux téguments : i° un tégument interne formé de cellules fortement incrustées dont la cavilé a complè- tement disparu; i° un tégument externe composé de nombreux faisceaux hypodermiques, séparés par du tissu parenchymateux. C'est ce dernier tissu qui a été le premier détruit; tantôt il n'y en a plus de traces et les bandes hypodermiques longitudinales sont isolées, tantôt les cellules du parenchyme sont disjointes, libres, flottantes entre les faisceaux hypo- dermiques, encore munies de leurs parois; tantôt les parois mêmes ont disparu et ce ne sont plus que des masses protoplasmiques de formes et de tailles diverses qui paraissent entraînées au hasard. )) Les bandes hypodermiques sont attaquées à leur tour, et, sur une coupe transversale, on peut voir le travail qui s'est produit : les cellules, encore adhérentes entre elles, sont occupées, chacune, à leur centre par des Micrococcus qui en augmentent la lumière en dissolvant la couche cellu- losique par l'intérieur ; d'autrefois, c'est par la face extérieure en contact avec la membrane moyenne que l'attaque a eu lieu et l'on observe des por- tions annulaires de parois plus ou moins éloignées de la membrane com- mune suivant que le travail bactérien est plus ou moins avancé. Quelquefois les cellules hypodermiques sont disjointes, la membrane moyenne ayant disparu la première. » Nous avons vu que le Micrococcus Guignardisa\X.a(\na\\. plus volontiers à la partie de la paroi riche en cellulose; il devait donc y avoir, pour disjoindre les cellules, un autre agent et, en effet, nous avons rencontré entre les cellules et sur la membrane moyenne un deuxième Micrococcus de couleur brune, plus petit que le premier, mesurant o^,'] à o^,^, pré- sentant les mêmes phases de division, mais s'en distinguant par son mode de groupement; il se présente souvent, en eff'et, disposé par deux ou par trois en ligne droite figiu'ant ainsi un court bâtonnet sans cloisons. Nous le désignerons sous le nom de Micrococcus hymenophagus . » De l'action simultanée ou successive de ces deux Micrococcus résultent tous les aspects de destruction que nous avons observés. Si le dernier seul opère, les cellules se décollent, se desagrègent, emportant leur prolo- ( 220 ) plasma; leur contour net et polyédrique indique bien qu'il existe encore une enveloppe résistante autour du protoplasma. Si Iç premier seul agit, on ne trouve plus que la trame légère formée par les cloisons moyennes. Les deux fonctionnant simultanément, les masses protoplasmiques, irré- gulières de formes et de contours, seules persistent pendant quelque temps, antiseptisées sans doute, par la fixation de quelque produit tannique, mais bientôt elles se détruisent à leur tour; nous en avons trouvé un certain nombre, devenues diffluentes, occupées par le Micrococcus Guignardi. » De ce qui précède, il résulte que les Micrococcus houillers jouissaient de la propriété de dissoudre la couche cellulosique plus ou moins comj)lexe des cellules végétales et la membrane moyenne. Les cuticules paraissent seules leur avoir résisté. » Le Micrococcus Guignardi a été rencontré jusqu'ici seulement dans les silex de Grand'Croix. Le Micrococcus hymenophagus, dans ceux de Grand'Croix, du culm d'Esnost et du Roannais. Il concourrait avec le Bacillus vorax à la destruction des tissus végétaux. » VITICULTURE. — Dumddew. Son traitement par un procédé nouveau : le lyso- lage. Note de M. Louis Sipièke, présentée par M. Chatin. (Extrait.) « Béziers, i5 novembre 189Î. » J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie le résultat de mes observa- tions sur les effets du lysol contre le niihlew. Livrer à l'agriculture un pro- cédé de traitement plus facile à employer, plus inoffensif et surtout plus économique que le sulfatage des vignes, tel a été le but que j'ai poursiu'vi dans mes expériences. » J'ai eu l'idée de l'emploi du lysol, à cause : i° de sa puissance micro- bicide et anti-cryptogamique; 9." de sa solubilité dans l'eau; 3° de son innocuité (j'en ai bu plusieurs fois, à la dose de -^, sans en avoir ressenti la moindre indisposition); 4" de son prix modique surtout. Je me sentis encouragé dans mon entreprise, lorsque j'eus pris connaissance des Com- munications faites à l'Académie par M. J. Costantin, sur la Culture du Cham- pignon de couche et ses récents perfectionnements (séances des 6 mars et 27 novembre 189,3) ('). ( ') C'est glace au concours de M. Paul de Ricail, propriétaire-viticulteur à Porti- ragnes, près Béziers (Hérault), que j'ai pu faire, sur une vaste échelle, l'essai de mon procédé nouveau. ( 221 ) » Les solutions employées dans mes expériences ont varié depuis -—^ jusqu'à -^^. Les solutions à i , 2 et 3 pour 1000 m'ont paru trop faibles; celles à 8, 9 et 10 pour 1000 peuvent nuire à la conservation du raisin, qui, en se fendillant, arriverait à se pourrir par les temps humides. La solution pratique à latjnelle je me suis définitivement arrêté est celle de -j-;^ (5**'' de lysol dans 1'" d'eau). A cette dose, l'efficacité de ce produit s'est montrée au même niveau que celle de la bouillie bordelaise, géné- ralement adoptée. » Comme la région où il m'a été permis de faire des expériences n'a pas eu à lutter celte année contre une invasion intense du mildew, j'ai dû faire porter mes observations exclusivement sur les caractères suivants : 1° végétation de la souche; 2° couleur de la feuille; 3° maturité du raisin ; 4° durée de la feuille vivace. Comparativement aux rangées de souches sul- fatées ou laissées sans traitement, les rangées Ivsolées m'ont fourni des preuves de l'efficacité du lysolage. » En outre, je ferai remarquer que les conditions dans lesquelles mes expériences ont été faites n'étaient pas à leur avantage. Ce n'est que très tard que le traitement au lysol a commencé; puis, nous n'avons eu que les effets de deux opérations, tandis que le sulfatage a été fait en temps indiqué, soit par l'usage, soit par les instructions théoriques; de plus, ce dernier traitement a été complet, par les trois opérations réglementaires. Cependant le lysolage a eu le même degré d'efficacité que le sulfatage. » Enfin, les pulvérisations au lysol, à partir de la dose de j^,, ont la propriété de débarrasser les feuilles de tous les parasites, insectes ou larves qui y pullulent; j'ai même vu des pyrales tuées par l'action du lysol; en un mot, c'est un véritable nettoyage de toutes les impuretés de la souche. )) Quant au côté économique, le lysolage procurerait aux vignerons une économie annuelle de 28 pour 100. En effet, l'hectolitre de bouillie borde- laise, à la dose usuelle (S'^^de sulfate de cuivre pour un i''' d'eau), lui revient, chaux comprise, à i*^', 4°; tandis que l'hectolitre de solution de lysol (o'", 5 de lysol pour i'"' d'eau) ne lui coûterait que i*^"". » Si l'on considère que le département de l'Hérault, seul, dépense tous les ans, d'après les statistiques, 3 780 000'''' de sulfate de cuivre, on peut affirmer que, par l'emploi du lysolage, l'économie réalisée chaque année dans ce département serait de un million de francs en moyenne, abstraction faite de l'économie réalisée sur la main-d'œuvre qui, dans le sulfatage, est très onéreuse. » Je crois donc être au-dessous de la vérité, en concluant de tous ces G. R., i8i5. I-' Semestre. (T. CXX, N»4. ) -9 ( 222 ) chiffres que, par l'emploi du Ivsolage, la viriculture française ferait annuel- lement une économie de i j millions de francs. » Cette économie pourrait même s'élever de 28 pour 100 jusqu'à 5o ou 60 pour 100, si des expériences ultérieures démontrent que le lysol peut agir efficacement contre Y oïdium, comme je le suppose. » J'ouvre ici iiae parenthèse : dans l'une des parties Ijsolées à i pour 100, j'avais remarqué, au moment de la pulvérisation, une souche qui était fortement atteinte d'oïdium. Or, après la première aspersion de lysol, la souche a repris sa vitalité: la maladie s'était arrêtée ; le champignon subissait les influences du produit antiseptique, pour disparaître finalement. Ce phénomène remarquable nous ouvre une porte de plus à l'application du lysol en Agriculture. » Si ce que je présume se réalise, nous aurons en Viticulture une véritable révolu- lion, puisque l'on pourra combattre en même temps Voïdiuin et le inildew. M En résumé, le nouveau procédé de traitement du niildew consiste en pulvérisations à répandre dans les vignes, comme pour le suUatage. » Le lysolage doit comprendre trois opérations par an, chacune à la dose de 5 pour 1000 (5ooB' de lysol par hectolitre d'eau ordinaire). Les époques de chaque opération seraient : la première, du 20 au 3o avril; la deuxième, du i"'' au 8 mai; la troisième, du i*^' au 8 juin. » PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — La maladie du Mûrier. Note de M. A. Pru.vet, présentée par M. Chauveau. « Dans de nombreuses localités de tout le midi de la France, les Mûriers sont atteints d'une maladie qui, par son aggravation continue dans ces dernières années, est devenue un redoutable danger pour la Sériciculture. Les auteurs en ont donné des descriptions différentes et peu exactes, mais d'où il semble ressortir, cependant, qu'elle est fort ancienne et qu'elle se retrouve sous des formes plus ou moins grave.= , dans la plupart ties pavs de culture du Mûrier. IjCs inexactitudes elles divergences des auteurs sont dues principalement à la marche peu uniforme de la maladie dont les multiples manifestations ont pu être considérées comme représentant au- tant d'affections distinctes, lesquelles, suivant les cas, ont été attribuées à des circonstances atmosphériques défavorables ou déclarées inconnues quant à leur origine, ou rapportées à d'autres maladies connues du Mûrier. Parmi ces dernières, la plus fréquemment invoquée a été le Pourridié, qui attaque, en effet, les JMùriers, mais pas plus souvent que d'autres arbres ( 223 ) OU arbustes des mêmes régions qui, à l'inverse des Mûriers, sont aussi bien portants que partout ailleurs. » Cette opinion était donc peu probable a priori. Elle est née, en partie, de cette circonstance que, lorsqu'on arrache les Mûriers morts, on trouve fréquemment leurs racmes envahies par des slromas mycéliens en plaques ou en cordons. La plupart de ces stromas appartiennent à des espèces sa- prophytes ne s'attaquant aux racines qu'après leur mort; mais leur pré- sence n'en a pas moins servi à grossir démesurément le nombre des cas de Pourridié vrai. » On voit donc qu'il existe, dans la pathologie du Mûrier, une véritable confusion, rappelant celle que présentait récemment encore tout un côté de la Pathologie viticole. Cela tient à ce que la maladie du Mûrier, comme la chytridiose de la Vigne, prend des apparences extérieures multiples. Et cette similitude d'allure s'explique par la similitude des origines : la maladie du Mûrier est aussi due à un Champignon de la famille des Chytridinées; c'est aussi une chytridiose. » La chytridiose du Mûrier présente de grandes analogies avec celle de la Vigne. Voici ses principaux caractères. » Rameaux de l'année. — Leur surface peut présenter des poncUialions ou pustules de couleur brune ou noire, de o"™,5 à 3"'™ de longueur et de saillie, correspondant d'ordinaire aux stomates ou aux lenticelles. Plus souvent, elle présente des taches irré- gulières, de dimensions variables, allant du brun clair au noir, luisantes ou ternes, légèrement surélevées ou un peu déprimées, se fendillant parfois en divers sens et prenant alors l'apparence de dartres ou de croûtes. Ces taches correspondent à une mortification plus ou moins profonde des tissus sous-jacents, accompagnée générale- ment de formations subéreuses. Lorsque les mortifications sont superficielles, la sur- face des taches peut s'excorier comme à la suite d'un frottement; lorsqu'elles sont profondes, la partie moyenne des taches se creuse de fentes en coin à bords noirs ou formés de bourrelets cicatriciels. Quelquefois, l'extrémité tout entière des rameaux se ride et se dessèche sans changer de couleur ou en prenant une teinte grise, brune ou noire. Ces divers accidents s'accompagnent parfois d'un court noué total ou partiel. Dans leur ensemble ils sont comparables à ceux de la chytridiose des sarments de la Vigne (gélivure de ]\IM. Foëx et \iala). » Feuilles. — Elles peuvent jaunir et se dessécher partiellement ou en totalité. Ou bien, elles conservent leur teinte générale verte, mais portent des taches brunes plus ou moins irrégulières, ayant en moyenne de i"'™ à 3""" de diamètre; ces taches peuvent s'étendre et se fusionner par leurs bords et former alors des zones plus ou moins éten- dues; elles débutent d'ordinaire à la face supérieure et atteignent ensuite la face infé- rieure. D'autres fois, le limbe jaunit sur ses bords et entre les nervures principales. Les parties brunies ou jaunies se dessèchent à la fin. I^e pétiole et les nervures princi- pales peuvent présenter des pustules et des taches analogues à celles des rameaux. ( 224 ) Quelles que soient les lésions qu'elles présentent, les feuilles conservent leur taille nor- male ou, au contraire, deviennent plus petites; elles peuvent se déformer, se creuser en cupule, se gondoler en divers sens. » Ces caractères sont comparables à ceux des formes les plus fréquentes de la chytridiose foliaire de la Vigne (brunissure, accidents chloro- tiques). » Les divers accidents des rameaux et des feuilles que je viens de dé- crire ne coexistent pas nécessairement sur le même arbre. Il est des loca- lités oîi semble plutôt prédominer telle ou telle catégorie d'accidents. De là résulte la variété des aspecls de la maladie. » La chytridiose du Mûrier apparaît d'ordinaire de mai à juillet. Elle peut se re- produire cliaque année avec des variations dans son intensité, sans qu'il en résulte autre chose qu'un affaiblissement lent de l'arbre, ou bien elle s'aggrave rapidement. Les pousses deviennent alors de plus en plus chétives; les feuilles tombent de bonne heure; çà et là dans le tronc, les maîtresses branches ou les racines des massifs cellu- laires prennent une teinte brune; des branches entières se dessèchent, des racines pourrissent et la mort de l'arbre survient au bout de peu d'années. » La cliytridiose du Miu ier, comme celle de la Vigne, est due à un Cla- dochytnum. L'espèce du Mûrier ne diffère du Cladochytriwn viticohim Prunet que par les dimensions un peu moindres de ses zoosporanges, de ses kystes et de ses zoospores. » Les zoosporanges arrondis ont de 4 « '2 [>■ de diamètre moyen; les fusiformes, de 8 à 20 [J. de longueur et de 3 à 8 |jl de Iffrgeur; les zoospores ont en moyenne iS^,5 de diamètre, et les kystes de 4 à 10 [a. On ne peut savoir encore si les deux espèces doivent être réellement différenciées; toutefois, à cause de son habitai, je donnerai provisoirement à celle du Mûrier le nom de Cladochylrium Mori. » Par sa répartition dans les organes et les tissus, par son évolution annuelle, par ses rapports biologiques avec son hôte, le Cladocliylrium Mori rappelle entièrement le Cladochylrium vilicolum. Je ne puis donc, à ce sujet, que renvoyer à mes Notes antérieures sur ce dernier parasite. » La similitude des parasites amène la similitude des traitements : » On s'attachera d'abord à faire pénétrer dans l'arbre une quantité de sulfate de fer aussi grande que possible. Pour cela, immédiatement après la taille, on badigeon- nera copieusement les plaies de taille et les parties voisines avec une solution de sul- fate de fer de 20 à 4o pour loo de concentration; on pourra étendre les badigeon- nages aux maîtresses branches et au tronc et employer le sulfate de fer au pied des arbres. Ce traitement sera complété par des fumures et l'on devra, en outre, éviter d'effeuiller les arbres jusqu'à ce qu'ils aient repris leur vigueur. I ( 225 ) » A titre de traitement préventif, il faudra répéter les badigeonnages des plaies de taille chaque fois que les Mûriers seront taillés. On devra aussi, à l'aide d'engrais, réparer de temps à autre les pertes qui résultent de reffeuiliage et on tiendra la terre propre et meuble au pied des arbres. » GÉOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches sur les conditions qui ont détermine les caractères principaux de la surface lunaire. Note de M. Stanislas Meunier. « Dans son célèbre Ouvrage sur Les Volcans ('), Poulett Scrope décrit l'expérience suivante : » Si l'on emplit, dit-il, une poêle à frire ordinaire, d'un pouce ou deux de plâtre mêlé avec de l'eau dans laquelle on a fait fondre un peu de glu (pour l'empêcher de prendre trop vite) jusqu'à consistance de pâte, et qu'on la place sur le feu de façon à faire bouillir l'eau avec assez de violence, les bulles qui crèvent constamment à la sur- face, en se suivant rapidement aux mêmes points, finissent, lorsque tout le fluide est évaporé, par laisser de nombreuses cavités circulaires, avec un petit rebord de ma- tières tout alentour; ces cavités ressemblent tellement à celles de la Lune, qu'il est difficile de ne pas être convaincu que notre satellite a dû subir une opération ana- logue, quelque différente qu'en soit l'échelle. » J'ai répété celte petite manipulation, et, en en variant les conditions, j'ai obtenu quelques résultats qui me paraissent dignes d'être signalés. Plusieurs photographies, que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, permettront d'en apprécier les principales particularités. » J'ai employé d'abord, sans variante, le dispositif du géologue anglais et j'ai vu se faire les cupules dont il parle; mais je me suis aperçu qu'en changeant la compacité de la pâte, on détermine des accidents spéciaux. Ceux-ci ne peuvent être étudiés commodément que stir nos fourneaux à gaz : c'est en fermant subitement le robinet, an moment opportun, qu'on peut arrêter profîtablement l'expérience, pour laisser la matière plastique dans une immobilité absolue, jusqu'à ce que la prise lui donne la solidité qui assure la conservation de tous ses détails. » C'est en opérant ainsi que j'ai préparé des spécimens présentant l'un des Iraits des volcans lunaires que Poulett Scrope ne semble pas avoir imité; il s'agit d'vm petit mamelon, situé au centre même des cirques. (') Page 234 de la traduction française de Pierruggi; Paris, 1864. En i884, M. Ber- geron a appelé rallention sur ses expériences relatives au même sujet. ( 226 ) En suivant attentivement l'expérience, on s'assure que le mamelon se forme au même moment que le cratère enveloppant. )) Les cratères se produisent en certains points, et même suivant certains alignements réglés par la distribution de la chaleur et par la constitution qui en résulte, de canaux de dégagement de la vapeur. Ils peuvent se grouper par deux ou trois ou davantage, et il arrive qu'un cirque unique en enveloppe plusieurs, ce qui est une disposition fréquente de la Lune. Dans ce cas, il est ordinaire que l'altitude dans les cirques soit différente de celle des régions environnantes : elle est souvent inférieure, ce qui est caractéristique aussi, d'après le témoignage des sélénographes. » On ne peut poursuivre ces essais sans être frappé de la distinction fort inégale des cratères à la surface, cependant bien peu considérable, des récipients employés : certaines parties sont couvertes de cirques et de cratères, les uns béants, les autres pourvus de la colline ombilicale men- ' tionnée plus haut; à côté, des surfaces qui peuvent être relativement fort larges, sont restées presque complètement lisses. Il en résulte des con- trastes comparables à ceux qui, depuis si longtemps, ont fait diviser le disque de notre satellite en mers et en continents. )) La différence entre ces deux catégories de régions s'accentue encore si on recouvre la pâte, au moment où elle entre en ébuUition, d'une très mince couche de sable fin, d'une nuance faiblement grisâtre. Les éruptions apportent la matière blanche du fond par-dessus cette pelli- cule colorée; les chaînes de cratères et les coulées qui en sortent consti- tuent des îlots éclatants, sur le fond général plus terne; la photographie rend le contraste d'une manière intéressante, par sa ressemblance avec les photographies lunaires. Les gouttelettes lancées verticalement viennent retomber sur le sable et simulent les blocs épars signalés dans les mers. » En poussant enfin l'expérience jusqu'au dégagement de la plus grande partie de l'eau, on voit des fissures s'ouvrir, bien analogues sou- vent avec les rainures ou sèlénoclases, par leur longueur relative, leurs anastomoses, et leur continuation imperturbable au travers de tous les accidents superficiels. » Je crois qu'il est difficile d'imaginer un fac-similé plus complet de la surface de notre satellite, et la théorie géologique de la Lune s'en trouve certainement éclairée d'un manière très vive. Le seul point que je veuille signaler aujourd'hui à cet égard, c'est que le genre d'éruption dont le disque lunaire présente tant de témoignages parait relatif à un stade de l'évolu- tion sidérale que notre globe a depuis longtemps traversé. Si notre satellite ( 2-27 ) s'y est arrêté, c'est sans doute que la proportion relative des fluides dont il se trouvait pourvu à l'orii^ine était insuffisante pour lui permettre d'aller plus loin dans la série des états planétaires. La Lune, quoique parvenue à une période de décrépitude qui permet d'y reconnaître des particularités, telles que les rainures, que la Terre acquerra plus tard, représente un organisme comparable, dans la série cosmique, à celui des êtres atteints d'arrêt de développement dans le monde biologique. » On peut, en quelque sorte, vérifier cette conception, en recouvrant le bain de plâtre en éruption d'une couche relativement épaisse de sable, qui représente le revêtement des terrains cristallisés et stratifiés qui fait l'épiderme de notre globe. Les manifestations volcaniques changent alors de caractère et se rapprochent du type terrestre : des soulèvements bien plus localisés déterminent des fissures, sur lesquelle s'ouvrent des cratères laissant exsuder de vraies coulées qui se répandent à l'extérieur. C'est un sujet sur lequel je me propose de revenir ultérieurement. » PS YCHO- PHYSIOLOGIE. — Du rôle de nos sensations dans la connaissance des phénomènes mécaniques. Note de M. P. Cléjientitcii de Engelmeyer, présentée par M. Marey. « Ceux qui enseignent la Mécanique professionnelle constatent que leurs élèves acquièrent très vile la notion des forces et des vitesses, tandis que celles du travail et de la masse sont extrêmement lentes à acquérir. Cela semble tenir à ce que nos sens, qui nous font apprécier les forces et les vi- tesses, nous renseignent fort mal sur la valeur du travail mécanique. )) Le sens musculaire, par exemple, nous donne des impressions à peu près identiques dans deux circonstances très différentes au point de vue mécanique : l'efïort musculaire statique et le travail musculaire. » Ainsi, quand nous soutenons un poids à bras tendu, si ce poids est parfaitement immobile, nos muscles font un effort statique, mais en général cette immobilité n'est pas complète : de petits mouvements se produisent et le poids est alternativement soulevé et abaissé. C'est donc du travail (\ue nous produisons alors. Et pourtant notre sens musculaire ne nous avertit point du changement de nature de l'acte que nous exécutons. Il y a une li- mite où l'effort statique et le travail ne se distinguent pas l'un de l'autre pour le sens musculaire : c'est quand le mouvement exécuté par les muscles n'atteint pas la valeur minima nécessaire pour être perçu. ( 228 ) » Chaque mouvement d'un membre quelconque de notre corps est aussi accompagné d'une dépense d'énergie. » Le muscle accomplit les mêmes actes intimes et fait des dépenses d'énergie dans les deux cas. Il ressemble, en cela, à l'électro-aimant qui, à des degrés divers, consomme de l'énergie électrique, soit pour soutenir une masse, soit pour la déplacer. » Ainsi, le mouvement, la force et le travail qui, en Mécanique, appar- tiennent à des catégories entièrement différentes, sont, pour notre sens musculaire, des actes de même nature, ne différant entre eux que par l'in- tensité. » Il est intéressant de chercher si d'autres sens, le tact et lu vue par exemple, nous renseignent mieux sur les phénomènes mécaniques. M Le tact nous fait apprécier les forces. Posons une main sur une table et chargeons cette main d'un poids : la pression que nous ressentirons nous donnera la mesure de la force agissante, c'est-à-dire de la pesanteur. D'autre part, certains mouvements nous sont perceptibles par le tact; tel est, jjar exemple, le mouvement d'une mouche qui rampe à la surface de notre peau. n Le tact, qui peut nous faire percevoir des forces et des mouvements, pourra-t-il nous donner la notion du produit de ces deux facteurs l'un par l'autre, c'est-à-dire du travail mécanique? Il n'en est rien. En effet, les forces que le tact nous révèle sont celles qui s'exercent perpendicu- lairement à la surface de notre corps; les mouvements que le tact perçoit sont ceux qui se font tangentiellement à cette surface. Or, ces forces et ces mouvements, dont les directions sont perpendiculaires l'une à l'autre, ne peuvent se composer ensemble et donner naissance à un travail. Ainsi le tact ne peut non plus donner à notre esprit la notion du travail méca- nique. » La vue nous renseigne bien sur les mouvements; mais elle n'apprécie que le mouvement, indépendamment des forces qui l'ont produit. Un train de chemin de fer qui passe, un oiseau qui vole, s'ils ont la même vitesse, nous donnent des sensations semblables, et pourtant quelles masses inégales se meuvent dans ces deux cas ! Quelle différence dans la dé- pense de travail effectué! La vue, qui nous fait connaître les mouvements, nous laisse donc ignorer entièrement les forces et le travail mécanique. » Toutefois, comme les notions que reçoit notre esprit lui arrivent par les différents sens, et que les impressions de l'un d'entre eux sont con- trôlées par celles des autres, il est clair que c'est par une combinaison de ( 229 ) ce genre que la connaissance expérimentale des notions mécaniques nous est donnée; car le témoignage du sens musculaire tout seul nous ferait confondre la force avec le travail, comme le daltonisme fait confondre entre elles des ondulations lumineuses de périodes très différentes. » Il ne faut donc pas s'étonner si les conceptions des élèves en Méca- nique restent longtemps sans pouvoir dépasser les notions que les sens nous livrent d'une façon directe : celles de force, de mouvement et de tra- vail. Il est même des esprits qui ne s'élèvent jamais au delà de ces notions : ceux, par exemple, des chercheurs du mouvement perpétuel. Or ces hommes ne constituent pas une minorité négligeable. » Ils ne sont pas non plus, au début, de véritables aliénés, mais seule- ment des esprits dont l'évolution au point de vue mécanique s'est arrêtée trop tôt. Ils sont même logiques dans la poursuite de leur chimère, puisque pour eux il n'existe pas de différence essentielle entre force et travail. Pour eux, dans une machine en repos, des forces égales et contraires se font équilibre; tandis que, dans une machine en mouvement, des forces ré- sistantes apparaissent en antagonisme avec les forces motrices. Il ne s'agit donc que de faire dominer les unes sur les autres. On voit alors ces illu- minés chercher de raille façons, par des ressorts ou par des poids, à rendre les forces motrices supérieures aux forces résistantes, et s'étonner toujours de l'insuccès pratique des plans qu'ils ont conçus. )) Il m'a semblé intéressant de soumettre aux psychologues un état «l'esprit auquel le témoignage des sens nous conduit tout d'abord, et au- dessus duquel on ne s'élève que par un effort assez grand de la raison. » M. le Ministre des Affaires étrangères, par l'entremise du Ministère de l'Instructicm publique, transmet une Lettre du Ministre de la République à Santiago du Chili, relative au tremblement de terre du 27 octobre i8f)4- Ce tremblement de terre, dont les effets ont été si désastreux pour les provinces de la Rioja et de San Juan dans la République voisine de l'Ar- gentine, a été ressenti au Chili vers 4'''o™ du soir : la durée, à Santiago, n'a pas été inférieure à une minute quarante secondes. M. Obrecht s'est livré à une enquête détaillée sur le phénomène. (Renvoi à l'examen de M. Daubrée.) M. F. DE Fougères adresse une Note relative aux essais de culture de la C. R., i8cp, I" Semestre. (T. CXX, N" 4.) - 3o ( 23o ) Persicaire de Sakhalin (Pofygontim sachalinense), qu'il a entrepris à Fort-de-France (Martinique). A 3 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures et demie. M. B, BULLETIN BIBLIOGRAPHIQtrE. Ouvrages reçus dans la séance du -jS janvier iSgS. Edmond Fremy, i 814-1894. Paris, L. de Soye et fils; i vol. in-S". (Pré- senté par M. Dehérain. ) Notice sur M. Duchartre, par M. Louis Passy, secrétaire perpétuel de la Société nationale d'Agriculture de France. Paris, Chamerot et Renouard, 1895; I br. in-80. Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agri- culture, par M. P. -P. Dehérain, Membre de l'Institut, professeur de Phy- siologie végétale au Muséum d'Histoire naturelle, etc. N° 1. 25 janvier 1895. Paris, G. Masson, 1895; i fasc. in-8°. Recherches sur les faunes marine el maritime de la Normandie, par Henri Gadeau de Kerville. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1894; i vol. gr. in-8". Les théories météorologiques de M. Duponchel. Etude critique, par E. Toun- isiER, Lieutenant de vaisseau. Paris, Beaudoin, 1894; i br. in-8". Contribution à l'étude des condensateurs électriques, par Léon Silhol. Bourg-Saint-Andéol, Ed* Charre, 1894; i br. in-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. R. Zeiller, Ingénieur en chef des Mines, Lauréat de l'Académie des Sciences (Prix Fontanes, 1893). Paris, Gauthier-Villars et fils, 1895; i br. in-4°. Mémoires et Compte rendu des travaux de la Société des Ingénieurs civils de France. Décembre 1894. Paris; i vol. in-8°. Atti diUa Accademia Pontaniana. Volume XXIV. Napoli, 1894; i vol. in-4». Memorie délia Società degli spettroscopisti italiani, raccolte e pubblicate per ( 23l ) cura del prof. P. Tacchini. Novembre 1894. Roma, Bertero, i8g5; i fasc. in-4°. Sama an Manhu-nara. Monographia como suhsidio a historia da fauna paidisla. A. -G. de Azevedo Sampaio. Sào Paulo, 1894; i br. in-8°. Programma del regio Istituto tecnico superiore di Milano. Anno 1894-95. Milano, Décembre 1894; i br. in-8°. Ohservaciones meteorologicas efectuadas en el ohservalorio de Madrid du- rante los afios 1892 y 1893. Madrid, 1894; i vol. 10-8°. N" 4. TAlil-K DRS AKTICLKS. (Séance du «28 janvier 1893. MEMOIRES ET COiMMUIVICATlOIVS DES MEMBItES ET DES CORUESPONDANTS DE 1,'AGAnÉMIE. l'ages . M. le Ministre dk L'iNSTiiur.TKjN tubliquic ET DKS Beaux-Arts adresse une amplialion du décret par lequel le Prcsklcnt de la Répuhlii|ue approuve l'élecUon do M./Jau- (c/eiiille dans la Section do iMinoralogie. itj Pages. M. IliMii MoisSAN. — Préparation cl pro- priclcs du borure de fer i-.'l M. P. -P. Deuérain présente à l'Académie «ne brochure intitulée : « Edmond Kreniy, iSi'i-iS'm'i I-- MEMOIRES PRESENTES. M. H. PiCTET adresse une nouvelle Nolo intitulée : « l^tudc de la constitution rio liquides cl de leurs vapeui-s aux tempéra- tures voisines du point critique, par les dissolutions i\Q oor|)S solides dans ces liquides )■ M. \. DiU'ONcRKi. adresse dcn\ nouvelb- Notes concernant « l'Aclaplalion des prin- ciiiesde la nouvelle théorie cosmogoniquc à l'interprétation des formules dans les eo ni binai son s chimiques > M. Stan. Millet adresse un « Projet de com- munication avec la planète Mars k...... CORRESPONDAIVCE. M.leSECRËTAiRE l'EBPKTUEL annonce il l'Aca- démie la perte qu'elle a faite dans la per- sonne lie M. Ga.'iton de Soporttt 17H M. IIergott, nommé Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie, adresse ses remercimenls à l'Académie... 17S .M. P.rexdel adresse ses remercimenls à r.\cadémie pour la distinction accordée à ses travau.v 178 M. Pbillieux prie l'Académie de le com- prendre parmi les candiilals à la place vacante dans la Section de liotaniquc... 171s M. M.axime Cornu prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place ' vacante dans la Section de Botanique.... 178 M. riNSl'EOTEUR GENERAL DE LA NAVIGATION adresse les états des crues et diminutions de la Seine observées chaque jour au poni Itojal et au pont de la Tournolle pendant l'année 189/1 ^'^ M. E. Le Roy. — Sur le problème de Fou- rier 1711 M. Venukofp. — Sur le nivellement de pré- cision récemment fait en Russie rSi M. P. ViLi.ARD. — Sur la dissolution dés solides dans les vapeurs iS ^ M. Jules Garnier. — .action d'un courant électrique sur une série de métaux sulfu- rés en fusion 1S4 M. A. DiTTE. — Sur quelques propriétés du sulfure de bismulh 18O M. .V. Villiers. — Inlluence du milieu am- biant sur la transformation du sulfure de zinc amorphe 1S8 M. .\. Besson.— Sur le clilornbroniure et le bromure de carbonyle 190 .M. .\. R0SENSTIEUL. — Elhers mixtes et déri- vés amii40niés de l'hexamcthyl-triamido- Iriphényiméthane 19 • M. G. Tanret. — Sur les étiiers acétiques des sucres n)_i M. Deletine. — Sur riiexamélhyléne-aniine. 197 M.M. II. Lecomie et A. Hébert. — Sur les graines de Coula du Congo français 1200 M. Kaufmanx. — Nouveaux faits relatifs au mécanisme de rhypcrglycéniie et do l'hypoglycémie. Influence du système ner- veu.\ sur laglycosoformation ell'histolyse. .•\t:< M. AiiMAND Sabatier. — Surquclques points de la spermatogenèse chez les Sélaciens.. ■«».') M. Louis Routax. — Sur le mode de fixation des Acéphales à l'aide du byssus 'juX JL Félix Le Uaxticc. — Sur l'adhérence de- Amibes aux corps solides ' 1 " AL JoANNES CiiATiN. — Observations histo- logiijucs sur les adaptations fonctionnelles de la cellule épidcrmique chez les insectes, ■.fiil M. Antoine de Saporta. — Sur un nouveau procédé pratique de dosage du calcaire dans les terres arables n '> M. lî. Rexiult. — Sur quelques mierococ- cus du Stéphanicn, tei'rain hoiiiller supi'- rieur ■ 17 M. L. Sii'iÉUE. — Du Mildew. Son trai- tement par un procédé nouveau : le lyso- lago ■vio M. A. PuuxET. — La maladie du Mûrier... 252 M. St.an. .Meumep, . — Recherches sur les conditions qui ont déterminé les caractères principaux de la surface lunaire •''> M. P. Ci,, de Engelmeyer. — Du rùlc de * mi* so!i-;;ition'^ daii'; la coiinai-^^aitcc dos \ 4. SUITE nv. LA TABLE DES ARTICLES. l'.i_ -. Pages, phénijinénes physiques • •' .M. F. de Kolgères adresse une Note rela- M. le Ministre des Affaires étraxôèbes live aux essais de culture de la Persicaire transmet une lettre du IMinisIre de la Ré- de ?,n^hAV\n (Polygonum saclialinense) publique à Santiago du Cliili, relative au qu'il a entrepris à Fort-dc-France ( Mar- IrciiiblcmeiU de terre du -j; octobre 181)4. ' ''• tinique) 229 Bulletin BinLioGKAPniQUE .' ^io PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Aucustins. SS. t^ Gérant .• CAUTHlBB-VlLLAHi. ' 1895 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PAK Tlfl. tiBS SBCRÉVAIKES l*ERPÉTDEEiS. TOME CXX. IV^ 5 (4 Février 1895). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIHES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augusliiis, 55. 1895 RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUS. Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. f.cs Comptes rendus hebdomadaires des séances de r Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 9.(3 numéros composent un volume. [1 V a deux volumes par année. Ai'.TiCLE \" . — Impressions des travaux de l' Académie. J.esextmits des Mémoires présentés p;ir un Membre ou par un Associé étranger del'Académie comprennent au plus 6 piges par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, !-éance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o p;iges accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lusou communitpiés par les Corresponilanls de l'Académie comprennent au plus 4 pagfs par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont |)ris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaiies, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne [)rpjudicie en rien aux droits (ju'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académii sont imprimés dans les Comptes rendus, mtiis les Ran ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu biique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personne qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r( sumé qui ne dépasse pas 3 |)ages. Les Membres qui présentent ces Mémoires soi tenus de les réduire au nombre de pages requis. 1 Membre qui fait la présentation est toujours nomme mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foi pour les articles oïdinaires de la correspondance of cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis l'imprimerie le meicredi au soir, ou, au plus tard, jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à tein|: • le titre seul du Mémoire est inséré ilans leCompterem actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sii vaut, et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des ii- teurs; il n'y a d'exception que pour les Ra])()orts les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative H un Rapjiort sur la situation des Comptes rendus api* l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du p- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés deî déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S"». Autrement la présentation sera remise à la séance suivai COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 4 FÉVRIER 1893, PRÉSIDENCE DE M. MAREY. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. Arthur Cayley, Correspondant delà Section d'Astronomie depuis i863. Notice sur M. Cayley, par M. Hermite. « L'illustre géomètre dont la perte est annoncée à l'Académie laisse dans l'Analyse une trace impérissable. » L'œuvre mathématique de M. Cayley est immense; la Géométrie, l'Algèbre, la Théorie des nombres, le Calcul intégrale! la Théorie des fonc- tions elliptiques, la Mécanique céleste, lui doivent des résultats d'une im- portance capitale qui honorent à jamais sa mémoire. Pendant plus d'un demi-siècle, les travaux de notre Confrère se sont succédé sans interruption C. R.,1895, 1" Semestre. (T. CXX, N« 5.) '^ ' ( 234 ) sur toutes les questions qui dans ce long interA'alle de temps ont appelé l'attention et les efforts des géomètres. Avec M. Sylvester il a fondé la théorie des formes et donné à l'art analytique ces notions d'invariants et de covarianls qui ont franchi les bornes de l'Algèbre et jouent mainte- nant un rôle considérable dans la Théorie des équations différentielles. L'étude des coniques, des courbes planes de degré quelconque, de leurs tangentes doubles, de leurs points multiples, celle des courbes gauches, l'extension des propositions célèbres de Plucker à ces courbes, celle des surfaces réglées et de leurs lignes doubles, puis des surfaces gauches et des surfaces réciproques, ont été le sujet d'un grand nombre de profondes recherches, qui ont jeté la lumière sur les questions les plus ardues et contribué avec éclat aux progrès de la Géométrie. D'autres travaux se rapportent à la Mécanique céleste, aux Théories lunaires de Plana, de Hansen, de Delaunay, au développement en série de la fonction pertur- batrice, à l'accélération du moyen mouvement de notre satellite; il suffit de dire qu'ils ont mérité à leur auteur d'être élu Correspondant dans notre Section d'Astronomie à laquelle il a appartenu depuis i863. Tous sont le témoignage d'un talent mathématique de l'ordre le plus élevé; ce talent avait pour caractères la clarté et l'extrême élégance de la forme analytique ; il était secondé par une incomparable puissance de travail qui a fait com- parer l'illustre savant à Cauchy. » La mort l'a enlevé aux universelles sympathies et à l'admiration du monde mathématique, lorsqu'il s'occupait de publier la collection de ses Mémoires dont sept Volumes ont paru, contenant plus de deux mille articles. On doit espérer que cette magnifique édition des travaux du grand géomètre ne restera pas inachevée, qu'elle comprendra le Traite des /onctions elliptiques et donnera son œuvre entière, pour l'éternel hon- neur de l'Université de Cambridge et de la Science anglaise. » J'ai eu une part dans quelques-unes des recherches de M. Cayley; les mêmes questions nous avaient rapprochés au commencement de notre carrière, et le souvenir me restera à jamais de sa bonté, de sa grande sim- plicité, de son entier dévouement à la Science. Je joins ce souvenir, qui m'est bien cher, à mes douloureux regrets, à l'hommage que j'adresse à sa mémoire. » (235) CHIMIE. — Sur l'Argon, nouveau constituant de l'atmosphère, découvert par MM. Ravleigh et Ramsay. Compte rendu par M. Berthelot. M. Berthelot communique à l'Académie les résultats obtenus par Lord ïïayleigh et M. William Ramsay, et la découverte de l'Argon ('), nouveau gaz constitutif de l'atmosphère; résultats que les auteurs lui ont communiqués, après les avoir fait connaître la semaine dernière à la So- ciété Royale. « Le point de départ de cette découverte résulte de la comparaison de la densité de l'azote, préparé par divers procédés, avec l'azote extrait de l'atmosphère. L'azote préparé au moyen du bioxyde d'azote, ou du protoxyde d'azote, ou de l'urée, ou du nitrite d'ammoniaque, toujours avec le concours d'un métal à la température rouge, possède constamment la même densité; et celle-ci est aussi la même avec l'azote préparé à basse température au moyen du nitrite d'ammoniaque. D'autre part, l'azote ex- trait de l'air, soit au rouge au moyen d'un métal, soit à froid au moyen de l'hydrate ferreux, possède aussi une même densité, laquelle surpasse la précédente de un demi-centième environ ; le poids normal du litre d'azote chimique étant : i, aSoS, et celui du gaz tiré de l'atmosphère : i , 25^2. » Les auteurs ont contrôlé ces résultats en absorbant l'azote atmosphé- rique au moyen du magnésium, changeant l'azoture de magnésium en ammoniaque et décomposant celle-ci par le chlorure de chaux. L'azote ainsi régénéré avait la même densité que l'azote préparé par d'autres procédés chimiques. D'où il résulte que l'azote atmosphérique, après pu- rification, n'offre pas de différence isomérique fondamentale, capable de subsister, lorsqu'il a traversé une combinaison. M Ils ont cherché ensuite si cette différence pouvait être attribuée à quelque transformation partielle de l'azote en un gaz isomère, analogue à l'ozone. Mais l'action de l'effluve électrique (décharge silencieuse) n'a modifié la densité ni de l'azote chimique, ni de l'azote atmosphérique. Le temps n'exerce non plus aucune influence, tandis qu'il détruit entièrement l'ozone. (') 'Apydv, inaclif? (236) » Ucslait donc rhy|)olhèse d'un nouveau {^az inconnu, élément consti- Idtifde l'atmosphère. Les expériences des auteurs, exécutées par la mé- thode physique de la diffusion (atmolyse), ont démontré qu'il en était ainsi, mais sans arriver, par cette voie, à une séparation complète. » Ils ont alors eu recours aux méthodes chimiques, et d'abord à celle par laquelle Cavendish a découvert la composition véritable de l'acide azotique, et en a effectué la synthèse. Elle consiste à faire passer une série d'étincelles électriques à travers un mélange d'azote et d'oxygène, et à absorber, à mesure, la vapeur nitreuse par la potasse : l'absorption s'éle- vait à i*^*^ par heure, et elle a laissé finalement, d'après Cavendish, un résidu inabsorbable de -j-^; observation peut-être accidentelle, mais remar- quable par son accord avec la découverte de l'argon. » MM. Rayleigh et Ramsay ont répété l'expérience de Cavendish, avec les procédés plus puissants que nous possédons aujourd'hui, et sont par- venus à absorber 3o™ d'azote par heure. Ils ont eu également recours aux procédés chimiques proprement dits. On sait, en effet, que l'azote se com- bine directement avec les métaux alcaHno-terreux et divers autres. Sous l'influence de l'électricité (étincelle ou effluve), on peut l'unir soit à l'hy- drogène, en présence d'un acide (sel ammoniacal), soit à l'oxygène, en présence d'un alcali (azotate); on peut encore le combiner, d'après mes expériences, au carbone et à l'hydrogène simultanément, c'est-à-dire à l'acétylène, pour former l'acide cyanhydrique. Entre ces différents procé- dés, ils ont choisi l'emploi du magnésium, en complétant la purification du résidu au moyen de l'oxygène, avec le concours des étincelles électriques, continuées pendant quelques heures. » C'est ainsi qu'ils ont obtenu un rendu final de i centième environ. C'est le nouveau gaz, qu'ils appellent argon, gaz unique, ou mélange de plusieurs gaz, caractérisé par sa densité et par les raies de son spectre. » Ils ont vérifié, d'autre part, que l'azote chimique, traité de même par l'oxygène et les étincelles électriques, s'absorbe en totalité, ou plus exac- tement à un demi-millième près ('), sans fournir d'argon. L'argon ne dé- rive donc pas de quelque transformation de l'azote, dans ces conditions. » Ils ont ensuite déterminé les propriétés du nouveau gaz. )) Le rapport entre sa densité et celle de l'oxygène est représenté par |^'. (') Provenant Je traces d'air, dont il est difficile de prévenir absolument l'intro- duction. ( 237 ) » Son speclre est toul à fait caractéristique : il a fait l'objet d'une étude approfondie de M. Crookes, qui a déterminé les longueurs d'onde des raies de ce gaz et en donne le Tableau. » L'argon fournit deux spectres de lignes distinctes, l'un rouge (80 li- gnes), l'autre bleu (119 lignes), selon l'intensité du courant et l'interposi- tion d'une bouteille de Leyde à grande surface : ces deux spectres ont d'ailleurs un certain nombre (26) de raies communes. Ces raies sont dif- férentes de celles de l'azote et des autres éléments connus. » La préparation de l'argon doué de semblables caractères, par deux procédés aussi différents que l'action de l'étincelle en présence de l'oxy- gène et celle du magnésium, sans oxygène, paraît en établir la préexis- tence dans l'air. » La solubilité de l'argon dans l'eau s'élève à 40"'' par litre, vers i 2° à i4"; à peu près au même chiffre que pour l'oxygène, l'azote étant deux fois et demie moins soluble. Aussi l'azote brut, préparé avec les gaz extraits de l'eau de pluie, possède-t-il une densité sensiblement supérieure à celle de l'azote extrait de l'air, d'après les auteurs, c'est-à-dire qu'il est plus riche en argon. » La liquéfaction de l'argon n'a pas lieu à — 90°, même sous unii pres- sion de 100""°. Mais elle a été réalisée par M. Olzewski sur un échantil- lon remis par les auteurs, avec le concours du froid produit par l'évapora- tion de l'cthylène. Son point critique est à —121", sous une pression de 5o^"",6. Son point d'ébuUition est à — 187", sous une pression de o™,74o. La densité du liquide ainsi obtenu est voisine de i,5, très supé- rieure à celle de l'oxygène dans les mêmes conditions (i, 12). Il cristal- lise par un froid plus grand et son point de fusion est à — 189°, 6. Des propriétés aussi bien délinies semblent exclure l'idée d'un mélange de deux corps différents. » Le rapport àes deux chaleurs spécifiques au gaz, à pression constante et à volume constant, a été déterminé d'après la vitesse du son, ou plus exactement, d'après la longueur de l'onde sonore dans des tubes. Ce rapport a été trouvé de [,65 et 1,61, dans deux tubes d'un diamètre res- pectivement égal à 2°"" et à 8""" : rapport très différent du nombre i,f\i qui a été trouvé sensiblement identique pour l'air, l'oxygène, l'azote et l'hydrogène. Ce rapport anormal a déjà été observé pour la vapeur de mercure; il conduirait, d'après la théorie cinétique des gaz, à cette hypo- thèse que le gaz serait formé d'atomes isolés, dont la force vive serait représentée entièrement par la force vive de translation. Observons que ( 238 ) cette hypothèse, aussi bien que les calculs dont on déduit le rapport des deux chaleurs spécifiques, et même la valeur du poids moléculaire, 20, attribué à l'argon, n'est admissible que pour les gaz qui possèdent la même loi de compressibilité (loi de Mariotte ou de Boyle) et la même loi de dilatation (loi de Gay-Lussac). Il serait à désirer que ces deux lois fussent vérifiées pour l'argon ('). On doit se demander aussi ce que devient la loi de Dulong, relative aux chaleurs spécifiques des éléments pour l'argon. On voit par là combien de problèmes soulève la nouvelle découverte. MM. Rayleigh et Ramsay combleront sans doute ces lacunes. » Quoi qu'il en soit, telles sont les propriétés physiques observées dans cette étude intéressante. » Il restait à obtenir les combinaisons chimiques de l'argon. Mais les auteurs déclarent que tous leurs essais dans cette voie ont été infructueux. L'argon ne se combine pas à l'oxygène, même en présence des alcalis et de l'étincelle électrique. Il ne s'unit pas à l'hydrogène sous la même influence, en présence des acides ou des alcalis. Il n'est attaque ni par le chlore, le phosphore, ou le soufre, à froid ou à chaud; ni par l'hydrate de soude, ou la chaux sodée, ou les polysulfures alcalins, ou l'azotate de potasse fondu, ou le peroxyde de sodium. Il n'altère pas l'éclat métallique du sodium ou du potassium, même par distillation. Le noir et la mousse de platine ne l'absorbent pas. L'eau régale, le brome, les hypobromites, le permanganate de potasse acidifié sont sans action, etc. De même, d'après le mode de préparation, les métaux et le magnésium. » Cette inactivité, plus grande encore que celle de l'azote, porterait à supposer que la présence de l'argon dans l'atmosphère n'exerce aucune influence sur les animaux supérieurs. Quant aux bactéries, les faits que j'ai découverts relativement à leur propriété d'absorber l'azote montrent qu'il est opportun de se tenir sur la réserve : il conviendrait à cet égard de vérifier si l'azote, obtenu par la destruction totale d'une plante, ou d'un animal, ne renfermerait pas d'argon. » Cette découverte inattendue est d'une grande importance pour la philosophie naturelle. Peut-être l'argon et les conditions spéciales de son action ne tarderont-ils pas à être reconnus dans quelque composé minéral, ou organique. En tout cas, la méthode qui a conduit à la démonstration (') Et pour la vapeur de mercure, à basse température, vapeur qui a donné aussi un rapport anormal pour les rapports des deux chaleurs spécifiques, calculé d'après la longueur de l'onde sonore. ( ^39 ) (le sa découverte fournit une nouvelle preuve des ressources de l'analyse spectrale, et elle donne une haute idée de la patience et de la précision des expérimentateurs qui ont obtenu de semblables résultats. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions abéliennes. Note de M. H. Poincaré. « Soit F(i/,,M2, ...,Up) ou simplement F(«,) une fonction abélienne, c'est-à-dire une fonction à p variables et à ip périodes qui ne change pas quand l'un des arguments augmente de 2/71; et qui admet, d'autre part, p autres périodes dites de seconde espèce, de telle sorte que l'on ait ¥((/, + a,/,) = F (u,) (k=:i,o, ...,p). Les/?^ quantités ajf, satisfont d'ailleurs à la condition » Parmi les fonctions abéliennes, je distinguerai celles que j'appellerai spéciales et qui doivent leur origine à une courbe algébrique C de genre/?. On sait que pour p = 2 el pour p = 3 toutes les fonctions abéliennes sont spéciales, mais qu'il n'en est plus de môme pour p^ 4- » A l'égard des fonctions abéliennes spéciales, on peut considérer/) inté- grales abéliennes de première espèce qui sont des fonctions des coordonnées a; etj d'un point de la courbe C, ou plus simplement encore des fonctions de l'abscisse ce seulement. )) Considérons maintenant la fonction 0. » On peut étudier ses zéros à deux points de vue différents. On peut d'abord former /j équations k p inconnues (0 0(M,-e,^) = o (/(•= 1,2, ...,/?) où les e,V( sont/>* constantes doimées. Les équations (i) admettent, comme je l'ai montré, pi solutions. » On peut encore, comme l'a fait Riemann, s'il s'agit de fonctions spé- ( Ao ) ciales, former une seule équation à une inconnue (2) 0[(',(a;) -e,] = 0, où les Ci sont p constantes données. Le nombre des solutions est alors égal à p. » Ces résultats peuvent être généralisés de plusieurs manières diffé- rentes : » i" J'appellerai fonction 0 une fonction entière de u^, u.,, . .., iip qui, comme la fonction 6, se reproduit multipliée par un facteur exponentiel quand on augmente les «,• d'une période de deuxième espèce et, de plus, ne change pas quand un des u^ augmente de 2.17:. Je dirai que deux fonc- tions ô appartiennent au même faisceau quand elles admettent les mêmes facteurs exponentiels et qu'une fonction 0 est d'ordre n quand elle admet les mêmes facteurs exponentiels que [6(Ui~e,)]". » Un faisceau d'ordre n comprend «'' fonctions 9 linéairement indépen- dantes. M Cela posé, s'il s'agit de fonctions spéciales, on démontre aisément qu'j/y a dans un faisceau d'ordre n n'' -h p — np — I fondions 9 linéairement indépendantes qui s'annulent identiquement quan l on y remplace u, par i'i{x). » 2" Supposons toujours qu'il s'agisse de fonctions spéciales et formons les q équations à q incor-nues (3) 0[<',(a7,) -h <^,(.r,) +. ..-h^'iÇr,/) - e,/,] =0 (k =^ i, 2, . . . , q), où les e,7( sa ni pq constantes données. » Ces équations admettent p — q\ solutions, en ne regardant pas comme distinctes deux solutions qui no diffèrent que par l'ordre dans lequel se présentent les q points *^i» ^2» •••» *^q ' » Ce résultat, qui contient comme cas particuliers ceux que je viens d'énoncer au sujet des équations (1) et (2), peut se démontrer par une (4) ( 2^> ) méthode analogue à celle qui m'a permis d'élablir le rosultat p;iriicuiier relatif à l'équation (i) (^Bulletin de la Sociélé mathématique de France, t. XI). » Cette méthode consiste à approfondir ce qui se passe dans un cas particulier que j'appellerai eas singulier elliptique, et qui est celui où les ^rt('<'^') s'annulent et où la fonction 0 se décompose en un produit de p fonctions 9 elliptiques. Je me bornerai à dire que, dans ce cas, la courbe C de genre/) se décompose en p courbes de genre i. » Le résultat de Riemann relatif à l'équation (2) et le mien qui se rap- porte aux équations (i) entraînent des conséquences qui semblent, au premier abord, mal se concilier entre elles. Le paradoxe, bien entendu, n'est qu'apparent, et tout s'explique par la circonstance suivante : )) Soit, par exemple,/? = 3; formons les deux équations I 0(i/, — e^, u., — Co, »3 — e.,) = o, ( B(u, — e\, u., — e„, W3 — p!,) = o. Si l'on regarde ?/,, i/o» "3 couime les coordonnées rectangulaires d'un point dans l'espace, ces équations représentent une courbe que j'appellerai A. » Dans certains cas, cette courbe A se décompose. Pour /> = 3, la courbe C se réduit à luie courbe plane du quatrième degré sans point double. Les propriétés géométriques de ces courbes planes permettent très aisément d'expliquer les circonstances de la décomposition de la courbe A, et le pa- radoxe s'évanouit. » J'arrive à une autre question. M M. Lie a appelé surface de translation une surface dont les équations peuvent être mises sous la forme ^i = fi{t) + ?/(^') {i= T, 2, 3), où .r,, J?2, x^ représentent les coordonnées rectangulaires d'un point dans l'espace et où t et t' sont deux variables auxiliaires. » On peut de môme appeler variété de translation une variété kp — i di- mensions dont les équations peuvent être mises sous la forme où X,, X2, .. .,Xp sont les coordonnées rectangulaires d'un point d:ins l'es- pace kp dimensions et où les / sont des variables auxiliaires. » Cela posé, supposons, dans le cas de p = 3, que a,, u.^, «3 représen- tent les coordonnées d'un point dans l'espace; ou, plus généralement, pour c. R., iS.;5. I ' Semestre. (T. CXX, >." 5.) ^2 ( ^42 ) p quelconque, supposons que «i, u>, ..., Up représentent les coordonnées d'un point dans l'espace k p dimensions. » Alors Riemann a démontré que, dans le cas de yo =: 3, la surface est de translation. De même pour/> quelconque, et, s'il s'agit de fonctions spéciales, la variété ©(«,) = o sera de translation. » On peut se demander si cette propriété est encore vraie pour les fonc- tions abéliennes non spéciales. » La réponse doit être négative. » On pourrait déduire de là, sous la forme d'équations aux dérivées partielles auxquelles doit satisfaire 0, la condition pour que les fonctions abéliennes de périodes données soient spéciales. » Mais je n'ai pas traité la question dans toute sa généralité. J'ai envi- sagé seulement les cas voisins du cas singulier elliptique, c'est-à-dire que j'ai supposé que, les a^ restant finis, les an^i^i^lc) sont très petits. On peut alors former aisément les conditions pour que la variété G ^ o soit de translation, en nombre égal à celui des conditions pour que les fonctions abéliennes soient spéciales. Dans le cas de /> = 4» il n'y a qu'une seule con- dition qui s'écrit v/a,2«|3«3/,«24 + V«I3«)<«!23«2« = V^l 2 «I 4 «^23 « En passant à la limite de diverses manières, on peut être conduit à des résultats intéressants; c'est ainsi que l'on voit que la surface xyz + a; -h y + ^ = o est de deux manières différentes une surface de translation. 1) Outre le cas singulier elliptique, il y a un cas remarquable que l'on pourrait appeler le cas singulier abélien ; c'est celui où la fonction 0 se dé- compose en un produit de plusieurs fonctions 0 abéliennes d'un nombre moindre de variables. » En envisageant un cas voisin du cas singulier abélien, puis en passant à la limite d'une manière convenable, on est conduit à certains résultats intéressants au sujet des fonctions abéliennes. » On voit, par exemple, que certaines surfaces, dont les équations ( 243 ) s'expriment à l'aide de fonctions quadriiplement périodiques de deuxième espèce, sont des surfaces de translation. » NAVIGATION. — Aubes propulsives à pénélration tangentielle. Note de M. Guvou. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un modèle de propulseur, dont l'idée m'a été suggérée par les expériences de M. Marey sur la nata- tion des poissons. » Cet appareil n'est qu'une application particulière d'un principe, qui peut être réalisé de diverses manières. Il consiste dans une palette, dont l'axe est perpendiculaire à la direction de la quille du navire et à laquelle la machine imprime un mouvement tel que, pour une valeur déterminée du rapport do la vitesse du navire à la vitesse angulaire de l'arbre moteur, elle glisse tangentiellement dans le liquide à la manière de la vis dans l'écrou. Pour toute autre valeur de ce rapport, elle glisse rapidement sur une trajectoire sinueuse à laquelle elle se présente obliquement de ma- nière à recueillir une pression accélératrice ou retardatrice. » Le principe de la disposition de ces appareils est le suivant : une ma- nivelle, calée sur l'arbre moteur, conduit, par l'intermédiaire d'un méca- nisme quelconque, un point sur une courbe fermée, dont le plan est parallèle à la quille. Une seconde manivelle, faisant, avec la précédente, un petit angle, imprime, à un second point, un mouvement identique sur une courbe placée un peu en arrière de la précédente. Par suite de l'angle des deux manivelles conductrices, ce second point est en retard sur le premier d'un intervalle constant; et il est clair que lorsque le rapport de la vitesse du navire à celui de la machine sera tel que l'espace parcouru dans cet intervalle soit celui qui sépare les deux courbes, le second point décrira la même trajectoire que le premier dans le liquide. Par suite, une lame étroite et mince, entraînée par le premier point et guidée de manière que son plan passe toujours par le second, glissera tangentiellement à la trajectoire commune. » Dans le présent modèle, l'axe de la palette est animé d'un mouve- ment oscillatoire suivant une droite perpendiculaire à sa direction et à celle de la quille. La combinaison de ce mouvement avec celui du navii'e lui fait décrire, dans l'eau, un cylindre, dont la directrice est une sinusoïde. » L'inclinaison de son plan est réglée par une tige glissant dans une ( 2/i4 ) douille arliculée, animée du mêuie mouvement oscillaloire que la tige, mais en relard sur elle d'un intervalle constant. » On peut encore faire conduire l'axe de la palette par une roue ani- mée d'un mouvement uniforme; dans ce cas, la trajectoire déployée est une trochoïde. Le dispositif nécessaire pour guider l'inclinaison serait alors analogue à celui des anciennes roues à pales articulées, avec cette différence essentielle cependant que la direction des pales serait presque perpendiculaire à celle que l'on s'attachait à obtenir autrefois. On ob- tiendrait ainsi des roues propulsives susceptibles d'être complètement immergées. » Le mode d'action de ces propulseurs présenterait, avec celui de l'hélice, une grande analogie. Il est bien difficile de dire a priori si leur application pourrait, dans quelques cas, réaliser un progrès. La compa- raison des deux systèmes fait, en effet, ressortir un ensemble d'avantages et d'inconvénients entre lesquels l'expérience seule peut prononcer. » Le mécanisme de l'hélice est incomparablement plus simple; elle n'exige sous l'eau aucun dispositif susceptible d'accroître les résistances de la carène; ses réactions ne subissent d'autres variations que celles qui résultent des inégalités de résistance de l'eau aux différentes profondeurs. Mais, par contre, la partie réellement efficace de sa surface est relative- ment restreinte, tandis que toute la palette des propulseurs dont je parle agit de la même manière. D'un autre côté, [e pas de l'hélice est invariable, tandis que celui de ces propulseurs pourrait être modifié à volonté par un simple changement de calage de l'une des manivelles conductrices. Il en résulte que l'on pourrait aisément donner au pas la valeur la plus favo- rable à une bonne utilisation. » Il n'est pas inutile de faire remarquer encore qu'un appareil, disposé comme l'indique ce modèle, pourrait peut-être donner la solution du pro- blème, non résolu jusqu'ici, du gouvernail mécanique. On voit, en effet, que cet appareil, inséré dans le plan longitudinal du navire, n'offrirait à la vitesse qu'une résistance insignifiante et, qu'en le faisant tourner dans un sens ou dans l'autre, on produirait une force susceptible d'accélérer les évolutions. M Pour ce qui concerne la nouveauté du principe que je viens d'indi- quer, je crois qu'en pareUle matière il convient d'être très réservé; je me bornerai à dire que je n'ai pas connaissance que son application ait élé tentée juscprici. » ( A'^ ) MEMOIRES LUS. BOTANIQUE. — Etat actuel des éludes sur la végétation des colonies françaises et des pays de protectorat français . Note de M. Ed. Bureau. (Renvoi à la Section de Botanique.) « Le mouvement d'expansion coloniale qui se produit en ce moment peut avoir pour notre pays des résultats heiu-euK ; mais à la condition seule- ment que les entreprises d'exploitation soient basées sur une étude scien- tifique de la contrée où nos colons iront se fixer. Lorsqu'on connaît bien les productions naturelles, et ])articulièrement la végétation spontanée d'un pays, on sait ce qu'on peut lui demander aux points de vue agricole, industriel et commercial. Les études de géographie botanique faites en Algérie j)ar M. Cosson ont dirigé l'emploi des capitaux et évité bien des perles. Un service semblable élait à rendre pour toutes les possessions françaises d'outre-mer, et il importait de provoquer et d'organiser l'étude (le la végétation de toutes nos colonies, de tous nos pays de protectorat pour lesquels de semblables travaux n'étaient pas en cours d'exécution. C'est du reste seulement dans les immenses herbiers du Muséum que les recherches nécessaires peuvent être faites avec fruit, et il était de mon devoir de procéder à la mise en œuvre de ces collections, dont la direc- tion m'est confiée. J'ai, en conséquence, partagé le travail entre un certain nombre de botanistes. Notre but est d'arriver à publier des volumes in-8°, sans illustrations, écrits en français, pouvant être consultés par tout le monde, et remplissant à peu près, pour chacune de nos colonies, le rôie de la Flore des environs de Paris pour la région parisienne. )) L'Académie des Sciences a eu la primeur de cette tentative. La Flore de la Polynésie française : îles de la Société, Marquises, Pomotou, Gambier et Wallis, par M. Em. Drake del Castillo, lui a été présentée en 1893. M. Drake a basé ses études sur les collections recueillies par Dupetit- Thouars, Mercier, Lespine, Vesco, Morenhoul, Pancher, Nadeaud, etc. » Une seconde Flore, celle de la Réunion, est sous presse. Elle a été rédigée par M. Jacob de Cordemoy, à la Réunion même. Cette rédaction sur place présentait des avantages; mais il est à regretter que l'auteur n'ait pu prendre connaissance des herbiers formés dans cette île par Ber- ( 246 ) nier, Richard, Boivin, G. de ï.isle, etc., herbiers qui se trouvent au Muséum. » M. Pierre, Directeur du Jardin botanique de Saigon, en congé, ré- dige la Flore forestière de la Cochinchine. Cet Ouvrage, publié avec un graud luxe, aux frais du Conseil général de la colonie, sort de noire plan; mais personne n'est mieux préparé que M. Pierre à nous donner une Flore usuelle de la Cochinchine et du Cambodge. Outre les matériaux recueillis par lui, il pourra avoir à sa disposition ceux qui sont dus aux voyages de MM. Lefèvre, Beaudouin, Germain, Thorel, Julien, Godefroy, Harmand, Régnier, etc. » Sur la végétation du Siam, les documents que nous pouvons consulter sont insuffisants et se composent surtout des collections recueillies par Schomburgk. )) La Flore du Tonkin est étudiée par M. Franchet. J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, en 1886, un aperçu des premières collections en- voyées du nord du delta par Balansa et de celles qui ont été recueillies dans le sud par l'abbé Bon. Depuis, Balansa nous a fait connaître la Flore du mont Bavi; mais la région montagneuse du nord, et presque tout l'Annam, nous restent inconnus. Pour ces pays, la Flore devra être pré- cédée de travaux partiels ou de la rédaction d'un Catalogue. )) Nos possessions de l'Inde sont bien disséminées et bien peu étendues pour faire l'objet d'une Flore d'ensemble. Un Catalogue des plantes de Pondichéry a été commencé sur place par M. Léveillé, qui pourra consulter avantageusement au Muséum les herbiers recueillis dans cette colonie par Perrottet et par I.épine. » La publication de la Flore de l'Algérie et de la Tunisie est assurée par une fondation de M. Cosson : J\L le D' Bonnet et M. Baratte y travaillent en ce moment. Les matériaux abondent ; car les botanistes qui ont herbo- risé dans le nord de l'Afrique sont très nombreux. » M. Vallota publié, en 1882, le commencement d'un Catalogue des plantes du Sénégal, d'après les anciens herbiers de Perrottet, Heudelot, Leprieur, Boivin, etc., recueillis surtout sur la côte et dans le bas du fleuve. Depuis, nous avons reçu d'intéressantes collections du Haut-Sénégal et du Fouta-Djallon. Nous n'avons que très peu de choses du Soudan et absolu- ment rien du Dahomev. » Le Gabon et le Congo sont l'objet des études assidues de M. Hua, qui trouve au Muséum les herbiers recueillis par MM. Aubry-Lecomte, ( 247 ) Griffon du Bellay, Soyaux, de Brazza, Swebish, Tholion, Dybowski, le commandant Masson, les R. P. Duparquet et Rlaine, etc. » M. Bâillon publie les plantes de Madagascar dans le grand Ouvrage de M. Grandidier. Huit parties de l'Atlas ont déjà paru. Les matériaux en sont fournis par les récoltes anciennes de Bernier, Boivin, Richard, Per- villé, etc., et par les récoltes plus récentes de MM. Grandidier, Hiunblot, Hddebrandt, Le Myre de Villers, Grevé, Baron, Catat, Scott Elliot, Dou- liot, etc. Aucun herbier n'est aussi riche que celui du Muséum en plantes de Madagascar. La végétation de cette grande île est toute spéciale, et les espèces sont si nombreuses qu'il n'est pas d'envoi qui n'en renferme de nouvelles. Personne autre que M. Bâillon ne sera en mesure de rédiger la Flore usuelle de cette importante possession. » L'étude des Comores n'est pas encore commencée. Elle sera possible, grâce aux recherches de M. Humblot. » Pour les Antilles françaises, dont s'occupe M. J. Poisson, nous avons les collections recueillies à la Guadeloupe par Lherminier, Duchassaing, Picard, Mazé, Coudreau et le R. P. Duss, et, à la Martinique, par Sieber, Bélanger, Ilahn, Husnot. Ces deux. îles sont bien connues; mais les dé- pendances de la Guadeloupe : la Désirade, Marie-Galante, les Saintes, Saint-Barlhélemy, la Petite-Terre et Saint-Martin demandent à être explo- rées. » M. Drake del Castillo, aussitôt après avoir terminé la Flore de la Po- lynésie, s'est attaché à celle de la Guyane française. Il a repris le travail fait par iM. le D"^ Sagot, dont nous regrettons la perte, et qui avait publié, dans les Annales des Sciences naturelles, le commencement du Catalogue des plantes de cette colonie. Les collections que M. Drake a à sa disposi- tion sont celles de Richard, Leprieur, Rech, Crevant, Sagot, Huet, Méli- non, etc. » Enfin, je continue à étudier la Flore de la Nouvelle-Calédonie. Le Muséum possède, de cette île, les herbiers récollés par Labillardière, Vedel, Panchei', Vieillard, Deplanche, Beaudouin, Thiébaut, Balansa, Germain, Bronsmiche, etc. Malgré ce nombre, des explorations nouvelles sont désirables dans les montagnes centrales et à l'île Art, située au nord- ouest de la Grande-Terre. » 2^8 ) MEMOIRES PRESENTES. M. Arnaudeau soumet au jugement de l'Académie un travail portant pour titre : « Table des nombres triangulaires de r à looooo, suivie d'une Table des tangentes naturelles de o° à 90°, pour des angles variant de 3o" en 3o", avec textes explicatifs ». (Commissaires : MM. Bouquet de la Grye, Darboux, Tisserand ) CORRESPOND AIVCE . M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i" Un volume de M. Charles Henry, intitulé : « Abrégé de la théorie des fonctions elliptiques i> ; 2." Le deuxième volume des « Recherches de Chimie et de Physiologie appliquées à l'agriculture », par M. Petermann, Directeur de la Station agronomiquede Gembloux (Belgique). (Présenté par M. P. -P. Dehérain.) M. H. Brocard adresse, par l'entremise de M. Poincaré, une Note sur le « Catalogue des travaux mathématiques annoncés ou publiés dans les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences », dont il a entrepris la publication. ASTRONOMIE. ~ Sur un passage de l'ombre du quatrième satellite de Jupiter. Note de M. J.-J. Landerer, présentée par M. Janssen. « Je demande à l'Académie la permission de lui communiquer le résul- tat de l'observation du passage de l'ombre du quatrième satellite de Ju- piter, qui a eu lieu le 25 janvier dernier par une dislance du satellite au périjove de son orbite de io°23' seulement, en même, temps qu'il était éloigné de ^l\°Bc)' du nœud le plus voisin, ce qui constitue un ensemble ( 249 ) de circonstances qui ne doit se reproduire qu'après un espace de deux, siècles. » L'ombre a entamé le limbe à io''27"'2o*, tenij^s moyen de Vidence, en longeant le bord austral du disque sans y laisser apercevoir la moindre trace de filet lumineux, pas même au milieu de la corde parcourue, bien qu'à ce moment-là elle se soit montrée d'un noir intense qui tranchait net- tement sur le fond terne de la calotte polaire. Elle l'a quittée complète- ment à 1 1''32™45*. » Il en résulte donc, eu égard à l'intervalle compris entre chaque con- tact extérieur de l'ombre avec le disque et l'instant où son centre s'est trouvé juste sur le bord, que la demi-duréede la traversée a été de 2i™3o'. C'est assurément la plus courte des demi-durées observées justiu'à ce jour, le centre de l'ombre n'ayant été jamais vu se projeter à ime si petite distance du pôle. » En adoptant l'heure du milieu du passage, déduite des données de la Connaissance des Temps,']' axnis obtenu, par un calcul provisoire, une demi- durée de So". Le second mode de calcul de M. Souillart, appliqué au mo- ment de la conjonction déduite de l'observation, soit ii''i/|'"7% temps moyen de Paris, en y comprenant la correction relative à la vitesse de la lumière, m'a donné, pour la latitude et le rayon vecteur qui s'y rapportent, respectivement A4 = -i''56'2",2, R, = 26,Si33, d'où l'on conclut à une demi-durée de 27'"9' ('). » La comparaison de ce résultat à celui de l'observation fait ressortir une différence de 5"" 39', qui semble au premier abord excessive; mais, en ayant égard, d'une part, au point critique de l'orbite sur lequel le satellite s'est trouvé au moment du phénomène, d'autre part, à ce que les valeurs des constantes que les formules renferment ne sont pas d'une rigoureuse exactitude, on conviendra sans peine que l'accord entre l'observation et la théorie du savant professeur de Lille est encore aussi satisfaisant qu'on peut raisonnablement le désirer. » Il convient de remarquer à ce sujet que la latitude déduite de l'obser- (') En admettant Y5= Si^'Aô' 16". Si l'on adopte pour cette longitude une valeur de 3i4° 45' 10", changement réclamé parla série des observations piécédenles, la ilemi- durée serait de 27'"20'. C'est là un fait qui mérue d'appeler ratlenlioii. C. R., i8ç,5, I" Semestre. (T. CXX, N" 5.) 33 ( 25o ) vation est de — i°56'3o"; elle ne surpasse donc la latitude théorique que de 28", écart qui rentre assez bien dans les limites extrêmes fixées par la théorie elle-même. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Sole iL faites à l'observatoire de Lyon (équatorial Brunner) pendant le quatrième trimestre de 1894. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. Mascart. « Ces observations sont résumées dans les Tableaux ci-joints. Les prin- cipaux faits qui en rassortent peuvent se résumer ainsi : » Taches. — En 4i jours d'observations, on a noté 104 groupes repré- sentant une surface de 3208 millionièmes de l'hémisphère solaire. Le troisième trimestre, en 61 jours, avait fourni 1 10 groupes et une surface totale de 6024 millionièmes. On voit par là que l'augmentation signalée précédemment ne s'est pas continuée, et si l'on prend les moyennes de deux semestres consécutifs, on remarque que l'étendue des taches va en diminuant depuis la fin de 1893. » La comparaison des résultats obtenus pendant ce trimestre et le pré- cédent nous donne 6 groupes en moins dans l'hémisphère austral (57 au lieu de 63); au nord, le nombre^de groupes est le même (4?) ! et, enfin, on a, au total, une surface moindre de 816 millionièmes. » Les trois groupes suivants de notre Tableau I ont été visibles à l'œil nu: octobre 8,1 à —11°; novembre 22,1 à —20°; décembre 20,9 à — 14°. Tous trois dans l'hémisphère austral (le trimestre précédent en avait fourni i au sud et 2 au nord). » Enfin, nous n'avons constaté l'absence de taches dans aucun des jours d'observation. » Régions d'activité. — Pour les facules, les résultats de nos observa- tions dans ce trimestre sont peut-être moins comparables que pour les taches à ceux du trimestre précédent. On y compte, en effet, 20 jours d'observation en moins, et cette lacune a plus d'influence pour les facules que pour les taches, la durée possible d'observation des premières étant moindre, puisqu'elles ne peuvent être observées que près des bords du disque solaire. Néanmoins, on est en droit de conclure que leur allure générale est, comme celle des taches, en décroissance, et cela depuis le premier semestre de 1893. ( -^51 ) » Le premier Tableau donne, à droite de l'indication du mois, le nombre proportionnel des jours sans taches ; les colonnes successives renferment les époques extrêmes d'obser- vation, le nombre d'observations de chaque groupe, le jour du passage au méridien central du disque solaire (en jour, fraction de jour et temps moyen de Paris), les la- titudes moyennes, les surfaces moyennes des groupes de taches exprimées en mil- lionièmes de l'aire d'un hémisphère et réduites au centre du disque; à la fin de chaque mois, on a indiqué le nombre de jours d'observation et la latitude moyenne de l'en- semble des groupes observés dans chaque hémisphère. 1) Le deuxième Tableau donne les nombres mensuels dégroupes de taches contenus dans des zones consécutives de io° de largeur et les surfaces mensuelles des taches (en millionièmes de l'hémisphère). » Le troisième, enfin, renferme des données analogues pour les régions d'activité du Soleil, c'est-à-dire pour les groupes de facules contenant ou non des taches ; dans ce dernier Tableau, les surfaces mensuelles des facules, toujours réduites au centre du disque, sont exprimées en millièmes de l'hémisphère. Tableau L Taches. Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces eltrêmes d'obser- au mer. i» — ^^ — moyennes d'obserr. vations. central. S. N. réduites. Octobre i 894. 0 00. 27- 9 6 3,7 -hlO 122 •i 1 4,5 — 12 2 •i 1 5,2 — 18 2 29- 6 3 5,6 — 12 94 6 I 6,4 -1- I 2 2-l3 ^ / 8,1 — 1 1 838 2-l3 7 8,5 -i-i3 129 6-1 3 6 9,6 + 17 ii5 9 I 9,6 -f- 5 3 6-1 3 6 10,0 — 15 5 6 I 10,2 -T- 6 12 6-16 n / 11,3 -f-IO 267 12-16 3 >',7 — 15 94 12 I l3,2 - 4 2 12-16 3 i3,3 -t-22 28 10-16 4 14,5 — 5 3 19 I 16,1 -1-21 I 16-22 4 ,6,7 + 12 18 12-20 3 16,7 — 8 16 '9 1 17,5 -14 i '9 1 17,6 + 23 4 19 I 18,0 -34 1 <9 I 19,1 -t- 2 2 19 I •9,6 — 7 I '9 1 '9,9 ■^19 2 19 1 21 ,0 — 10 I '9 1 21,5 -*-i4 I 26 1 22,6 -f-22 3 19 1 22,8 — I I 2 23 I 23,2 + 18 2 19-26 5 24,0 -- 9 47 19-30 / 24,7 -14 58 22-23 2 24,7 -y- 5 16 Dates Nombre Pass. Latitudes moyenneiî Surfaces extrêmes d'obser- au mér. ^»_--— — ^- — ^ moyennes d'obserf. TalioQs. central. S. N. réduites Octobre (suite ). 0,00. •9-29 6 25,0 -f-19 i3 26 1 25,4 — 18 2 29-30 2 26,6 -H 5 7 22-26 3 26,7 — 10 ' / 26 I 26,7 + I 4 26 I 26,8 +28 3 26-30 3 27,8 — 12 4 3o 1 28,0 -Hl5 2 29 I 28,3 — 3 2 26 I 29,2 — 12 2 29-3o 2 3o,5 -i3 3 29- 2 4 3o,5 -f-i5 26 3o I 3o,7 -28 I 16 j. — i3°,o -t-i3°,o Novembre 1894. 0,00. 3i- 2 2 0,8 — 13 4 29- 9 9 3,1 + 14 i38 29- 3 5 3,5 — 10 8 5 1 4,3 — 18 2 3o- 9 8 5,1 -1- 8 io4 3i-9 5 5,9 -i-i3 i36 5 I 6,6 -=- 9 2 6- 9 3 6,9 — 1 1 121 2- 6 4 7,9 — 15 20 3-9 5 8,9 — 18 5 9 I 9,4 — 18 1 5-14 5 9,9 — 6 116 9-14 2 10,7 — 22 79 9 I 12,7 -1- 7 4 9 1 i4,o — 7 •9 ( 202 ) Dates Nombre Pasi. Latitudes moyennes Surfaces extrêmes ti'obser- au nier. — i^- -'- ■■' "^ - moyennc& tlobserf. valions, cenlral. S. N. réduites. Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces extrême» d'obser- au mér. ^•^- — - — —■ -- moyennes il'observ. Talions, central. S. N. réduites. Novembre (suite). 0,00. 14-18 2 ■4,4 -!-lo 29 14-18 2 18,1 -^ 7 i3 14-23 3 >9i6 -\- 2 59 18-23 2 20,3 — 13 38 18 1 20,7 -l-ii 7 23-2fi 2 22,1 — 20 38o 23 I 23,8 — 12 I 23 1 25,4 — 12 II 23- I 3 26,3 -+- 8 ')0 I I 28,1 — 14 1 1 I- 3 2 29,5 — 5 fi I- 5 4 29,6 -1-24 201 l'J- -i3'',4 -l-io",3 Décembre 6- C G 0,7 1 1 1,0 7 I 2,5 1- 8 n 4,0 3-1 1 7 5,5 i-ii 8 5,7 I 1 6,3 i-ii 8 6,8 14 9 123 18 2 1 1 35 129 8 63 217 4 33 Déce mbre (suite). 0,00. 8 I 8,5 -f- 2 10 7 I 8,5 — 5i I 3- 8 6 1 9,2 10,2 — 5 — 18 90 255 5-11 5 '0,9 -1- I 25 17 1 •4,7 -^ 5 5 17 I 16,4 — 3 2 '7 1 .8,1 -H 7 1 17 1 18,1 — 4 1 17-19 3 ,8,7 + 5 i3 17 1 18,8 — 7 a '7 I 20,1 — 3 3 17-24 4 20,9 -i4 448 '7 I 21 ,0 — 8 3 17-28 5 22,8 — 17 5i 24-28 2 24,7 — 1 1 4 28 1 26,6 — I I 24-29 3 27,5 -+- 7 25 28 I 27,8 — 9 I 28-29 2 28,1 — 19 6 24-29 ■j 28,8 -H 4 29 28- 2 3 28,9 -H i3 80 29 I 14 j. 29,6 — 2 2 — 12°, 2 -)-io°,o Tableau II. — Distribution des taches en latitude. Totaux so- 4l)' 30-. 20" 10" u". Somme. 22 S'*mme. 24 y". 10" 20" — " 30-. VO" 00". Totaux mensuelà. 46 Surfaces mensuelles Octobre . . . )) , I i3 10 9 5 M i) 1980 Novembre . 1) 1* 1 1 1 4 16 1 1 7 3 I » )) 27 i565 Décembre.. 1 )) ), 8 10 ■9 12 6 6 » )) » 3i i663 32 57 47 23 iS 104 5208 Tableau III. — Bistr i/>u (ion de s facules en latitude. Su.l. Nord so- lo 30*. 2.r. 10", 0". Somme. Somme. 0". 10". 20 ". 30 . 40", 90°, mensuels. mensuelles Octobre . . 2 4 5 II 6 28 3o 12 12 5 1 u 58 70,3 Novembre I » I i5 5 22 18 6 ir I » )> 40 68,2 Décembre )) 1 I 9 5 16 18 7 4 5 2 )) 34 5o,8 Totaux. 3 5 7 35 16 66 66 2 5 27 1 1 3 » l32 -79,3 ( 253 ) MECANIQUE APPLIQUEE. — Sur /es poutres droites continues, solidaires avec leurs piliers. Note de M. Eugè.ve Laye, présentée par M. Maurice Lévy. « Le calcul des poutres continues solidaires avec leurs piliers a déjà fait l'objet des recherches de plusieurs ingénieurs, notamment de M. Ber- trand de Fontviolant qui, dans un remarquable Mémoire autographié en 1884 et inséré au Bulletin de la Société des Ingénieurs civils en 1886, a donné une solution analytique de la question dans le cas où tous les piliers se- raient encastrés en leurs pieds. » La méthode analytique et graphique, que nous exposons dans le Mé- moire dont la présente Note donne l'analyse sommaire, diffère complè- tement de ces travaux antérieurs et s'applique quelles que soient les liaisons des piliers avec leur fondation, que ceux-ci soient encastrés à leur base ou reposent sur rotule. » Cette méthode a un lien étroit avec celle qui a été donnée, pour les poutres continues ordinaires, par M. Maurice Lévy, dans son beau Traité de Statique graphique, et offre, par suite, en application, les mêmes avan- tages au point de vue de la rapidité des calculs. Nous démontrons, en effet, que le théorème des deux moments établi par ce savant s'étend aux poutres continues solidaires avec leurs piliers, l'équation dont ce théorème est la traduction étant, bien entendu, complétée par des termes tenant compte de la solidarité des piliers. » Prenons pour directions positives des axes de coordonnées, dans chaque travée, la partie de droite de l'horizontale et la partie descendante de la verticale, issues de l'appui de gauche, et soient : E et S les coeffi- cients d'élasticité et de dilatation; I le moment d'inertie d'une section de la poutre; Ip, celui d'une section du pilier de rang i et de hauteur A,, dont l'extrémité supérieure, de cote j, au-dessous d'un plan horizontal fixe, subit un déplacement horizontal £, sous l'action d'une variation de température de ': degrés; 3K; le moment fléchissant au foyer de gauche, d'abscisse «,, de la travée de rang i et de longueur /,; [a, le moment de flexion en ce point, la travée existant seule, posée sur deux appuis simples; n le rapport du facteur El à celui EoIq d'une section fixe arbitrairement choisie; et Hf,- l'ordonnée d'un point particulier du pilier {jouissant de la propriété que le moment fléchissant, sous une charge quelconque, y est le même que si ce pilier était détaché du reste de la poutre et simplement ( 254 ) appuyé à l'extrémité supérieure. Cette ordonnée a pour valeur «., = A, ou ».,=.— ,-^, suivant que le pilier est à rotule ou encastré en son pied. » Affectons de l'indice i+ i les mêmes quantités relatives à la travée et au pilier de rang j + i , et posons, avec c, = /, — w,, ^ 6 r''{x — Ui){lt—x)dx r' — ^ r''{x—Ui)xdx ^ _6E„I„ r'"i»'i-y)l) + ^ dzdt- • » Par suite, dans un milieu absorbant rhomboédrique, les équations seront En changeant le signe de C, on a les équations pour vj et V. (') Annales de Chimie et de Physique, iSgS. (3) où ( 260 ) » On satisfait aux équations (2) en posant E=Pe'^"'S U = P, e'=-"'', -„ = Q e'^-«'', V = Q , e''-"", / = - R -t )) On déduit les deux, équations ( PM = -QN, I QM = +PN, ■ n r » Les équations (3) définissent deux rayons circulaires droit et gauche qui se propageront suivant Oz. )) De l'équation M=±Nî, on déduit le coefficient d'absorption R et la vitesse de propagation v de chaque onde. » On trouve, en posant ']> =/j--h «^y^, / K _ JÇO^ _ ^ ' v' n- ~ A n-A ), les deux images doivent être affectées de deux retards con- stants l'un et l'autre, mais inégaux entre eux; la différence se trouve altérée d'une quantité constante, et c'est précisément cette circonstance qui permet de voir ces franges en lumière blanche. 1) Mais, si l'on a affaire à un système non aplanétique donnant naissance à une caustique localisée au voisinage d'un point, la phase, dont il faut affecter ce point, varie avec la direction des rayons que l'on considère, si bien, qu'en calculant le retard en un point de deux rayons émanés des deux images, on doit affecter ces deux images de phases différentes et varia- bles avec la direction, c'est-à-dire avec le point où l'on étudie l'interférence ; il s'introduit donc ainsi un nouveau retard qui contrebalance celui qui pro- vient de la différence géométrique des deux chemins. » En résumé, en tenant compte des chemins réellement parcourus, on trouve pour le prisme un retard nul en chaque point, si l'on suppose né- gligeable l'épaisseur de verre traversée ; le retard en un point provient donc, non de la différence géométrique des deux chemins, mais bien de la différence des deux retards imprimés par les épaisseurs de verre tra- (') Meslin, Sur la constitution des ondes paragéniques de diffraction {Comptes rendus, t. GXVIII, p. 853). C) Meslin, Sur les franges et interférences semi-circulaires {Comptes rendus, t. CXVI, p. 25o, 379 et 570). ( 263 ) versé dans l'appareil qui se comporte, en un mot, comme formé de deux lamelles de verre d'épaisseur différente et dont la différence varie avec le point où l'on étudie l'action. » Ces considérations sont confirmées par l'expérience suivante : en déplaçant transversalement le biprisme, les franges se meuvent dans le môme sens, bien que le point lumineux soit immobile et que les deux images ne soient pas entraînées dans ce mouvement. » J'étais arrivé à une conclusion semblable dans le cas des images fournies par un point lumineux placé devant un réseau, système qui donne naissance à une caustique par diffraction. Là encore le calcul complet du retard en un point montre qu'il ne provient pas de la différence géomé- trique des chemins, mais uniquement de la différence de phase apportée par le phénomène de la diffraction à cause de la constitution spéciale des ondes paragéniques ('); de même, dans le cas actuel, le retard provient des épaisseurs réfringentes traversées, qui sont essentiellement liées au phénomène de la réfraction. » MAGNÉTISME . — Influence des basses températures sur la puissance d 'attraction des aimants artificiels permanents. Note de M. Raoul Pictet. (Extrait.) « ... Les expériences ont été faites sur un aimant pesant 493^'', 5 et formé de trois éléments en fer à cheval. Après l'aimantation, on lui avait fait porter pendant deux ans son armature chargée : il était arrivé à porter 4275^''. Il avait été ensuite abandonné pendant onze ans sans armature, et ne portait plus que 3226^'', 5. » On a noyé l'aimant dans un puits frigorifique de petite dimension, rempli d'alcool pur; il était placé verticalement, les branches en l'air, et calé avec des pièces de bois. » L'alcool qui baignait l'aimant arrivait à toucher la surface d'une glace de 3™" d'épaisseur, placée horizontalement sur ses branches; deux thermomètres indiquaient la température de l'alcool, maintenue constante par un agitateur. L'armature de l'ai- mant, en contact avec la face supérieure de la glace, était fixée au plateau d'une ba- lance sensible. Elle ne pouvait se soulever que de | de millimètre : elle était retenue par deuK pointes, fermant un courant électrique qui passait dans un galvanomètre. » Le Tableau ci-dessous donne les moyennes des résultats obtenus par quatre séries d'observations dans lesquelles les écarts ont toujours été inférieurs à jj de gramme. (') Annales de Clnniie et de Physique, 7" série, t. III, p. 862. ( 264 ) Température Force d'attraction Température Force d'attraction de l'aimant. magnétique. de l'aimant. magnétique. -t- 3o' 07,81 - 4o' 66,70 -t- 25 57,87 - 45 67,41 -H 20 58,48 - 5o 68, i5 -+- i5 59,10 - 55 68,91 H- lO 59,81 - 60 69,64 -t- 5 60, 36 - 65 70,30 ± 0 61, o4 - 70 71,12. — 5 61,80 - 75 71-98 10 62,42 - 80 72.70 i5 63,12 - 85 73,41 — 20 63,93 - 90 74,18 — 25 64,60 - 95 74,95 3o 65,35 — 100 75,80 — 35 66,09 — io5 76,64 CHIMIE ORGANIQUE. — Dérivés monoiodammoniés de V hexaméthyl- triamidotriphénylméthane. Note de M. A. Rosenstieul, présentée par M. Friedel. « DansuneNoteprécédente (') j'ai décrit cinq combinaisonsde la forme (ICH'A)';^C— R, où A représente le groupe [(CH')^Az.C'H''] qui ne prend pas part aux métamorphoses, et est commun à toutes ces com- binaisons; R représente un radical électropositif tel que H, OH, O.CH', O.C^H^O.C=H". » Je rappelle que ces corps triiodammoniés ont été obtenus en épuisant l'action de l'iodiire de méthyle sur les corps A'ssC — H, A'ssC — OH, A= = C - OCH% A^ = C - OC^H% A' = C - OC^H". » Pendant l'action de l'iodure de méthyle, on constate, à un moment donné, la présence d'un produit intermédiaire, se colorant en vert au con- tact de l'acide acétique, à chaud. Cependant ce produit intermédiaire n'a pu être isolé que dans un seul cas. )) 1. Ce résultat, d'une grande netteté, a été observé dans l'action de l'iodure de méthyle sur le corps A'=C - OCH\ Après avoir mélangé ce (') Comptes rendus, t. CXX, p. 192 ( af,'^ ) dernier avec de l'eau el de l'indnre de méthyle, on suit la réaction pas à pas en humectant une goutte du mélange par de l'acide acétique étendu. Quand le produit ne se colore plus en violet, mais en vert pur, on arrête la réaction. » Il faut plusieurs jours de digestion à froid pour atteindre ce point. On ajoute de l'eau, on sépare l'excès d'iodure de méthyle par distillation et l'on fdtre. La dissolution aqueuse renferme le composé triiodammonié, dont la formation est inévitable, tandis que le dérivé monoiodammonié reste sur fdtre, insoluble dans l'eau. » Après purification, par cristallisation dans l'alcool méthylique, ce corps, très blanc, donne à l'analyse des chiffres qui se traduisent par C^H^Az'IO ou r(CH'VAz.C»H'PC,^'^ " ■ '^ ^ xO.CH'. c'est le monoiod-triméthYlamnionium /,,,,, ",,,,■ . , triphenyl-metnane-oxYTnethane, ou tetramethyldiamido ) plus simplement : A^ = C( ' w 2. Ce corps est intéressant entre tous par une belle réaction. » ChaufTé légèremeni avec l'acide acétique étendu, il se dissout avec une riche co- loration verte, et si Ton ajoute quelques gouttes d'une dissolution aqueuse d'iodure de potassium, le liquide se remplit de cristaux mordorés en telle quantité que le tout se prend en masse. L'expérience est frappante; en quelques secondes, on voit la sub- stance incolore se dissoudre, sa dissolution se colorer, puis se transformer en une masse cristalline à reflets métalliques. La matière colorante recristallisée, séchée à ^A.CH^I froid dans le vide, est représentée par A^ = C'^ . ' .H-0. Elle renferme donc une molécule d'eau de cristallisation, qu'on ne peut enlever par la chaleur seule sans qu'il ne se perde de l'iodure de méthyle. Il possède l'instabilité du vert à l'iode décrit par MM. A.-W. Hofmann etCli. Girard ('), lequel est son homologue supérieur, car il est obtenu avec la rosaniline renfermant vingt atomes de carbone, tandis que celui qui est étudié ici dérive de la rosaniline à dix-neuf atomes de carbone. » La chaleur, même au-dessous de ioo°, le décompose suivant l'équation / APHST A2=:C^j .H20=CHn-t-H=0-+-A'=C-L Ce dernier est un violet presque insoluble dans l'eau. On a pu obtenir le vert à l'état (') Comptes rendus, t. LXIX, p. 50.5. G. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N" 5.) J' ( 266 ) anhydre en le séchant dans un courant de vapeur d'iodure de méthyle chauflfée à ioo°. ''A.CH'l Sa composition répond alors à la formule A^=Gc^ . ' . » 3. L'existence de dérivés monoiodammoniés pour les quatre autres triamines complexes étudiées dans ce travail peut être constatée, en trai- tant les composés triiodammoniés correspondants par une dissolution de soude caustique à l'ébullition. » Pour les deux termes les plus élevés de la série, le dérivé éthylique et le dérivé amjlique, la dissolution aqueuse suffît pour enlever l'iodure de méthyle ; mais les termes inférieurs de la série résistent à la lessive caustique, et il faut prendre une so- lution alcoolique de soude, bien plus efficace. » On constate alors, au bout de quelques heures d'ébullition, la présence d'un corps que l'acide acétique transforme en vert, » Dans le cas particulier du composé (I CH'A)';s G — • H, il faut combiner l'action de l'acide acétique à celle du bioxjde de plomb. Le vert a été isolé et analysé, c'est 'ACH^I bien le corps A^ = C(' . qui se forme. La première action de l'alcali caustique est d'enlever à la molécule deux foisCH'I. » En résumé, cette étude montre que l'iodure de méthyle forme, avec les triamines complexes A'^C — R, deux séries de combinaisons inco- lores. » 1° La première renferme un seul atome d'azote totalement saturé. Les composés de cette classe échangent le radical R avec un radical d'acide et se transforment en matières colorantes. 2° La deuxième série, formée par l'addition de 3 molécules d'iodure de méthyle, renferme trois + atonies d'azote totalement saturés. Le groupe R, dans ce cas, ne s'échange plus contre un radical d'acide et ne se colore plus. I;es conclusions qui se déduisent de tous ces faits feront le sujet d'une troisième Note. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la laccase et sur le pouvoir oxydant de cette diastase. Note de M. G. Bertrand, présentée par M. Friedel. « En étudiant le latex de l'arbre à laque du Toukin, j'ai montré (') que sa curieuse transformation en vernis noir dépend, non seulement du (') Comptes rendus, t. CXVIII, p. i2i5. ( 207 ) contact de l'oxygène avec le laccol qu'il renferme, mais aussi de l'action d'une substance diastasique particulière à ce latex, et que j'ai désignée sous le nom de laccase. )) J'ai montré, en même temps, que le laccol se rapproche, par l'en- semble de ses réactions, de certains phénols polyatomiques. Tel qu'on l'extrait du latex, il possède d'énergiques propriétés rubéfiantes et son maniement est très dangereux. C'est même pourquoi je n'ai pu déterminer, à cette époque, le rôle exact de la nouvelle diastase, ni, par conséquent, le genre de transformation subie par le laccol sous l'influence de l'oxy- gène et de la laccase. Néanmoins, comme toutes les diastases antérieure- ment étudiées ne produisaient que des hydratations et des dédoublements, je leur avais tacitement assimilé celle de l'arbre à laque, et j'avais émis l'hypothèse que la transformation du laccol comprenait deux phases : l'oxygène agissant durant la première et la laccase pendant la seconde. )) Depuis, j'ai observé que le laccol, naturellement oxydable, absorbe l'oxygène beaucoup plus vite et en plus grande quantité en présence de son ferment. Ce fait ne peut être expliqué sans admettre que la laccase est l'agent provocateur de roxydation. » Pour vérifier l'exactitude de cette importante proposition et bien faire ressortir le rôle inattendu de la laccase, j'ai fait réagir cette substance sur une série de corps voisins du laccol, mais mieux connus et d'un em- ploi inoffensif. Les résultats obtenus, typiquement les mêmes avec tous les phénols polyatomiques que j'ai examinés, ont été particulièrement nets avec l'hydroquinone et lepyrogallol. » Voici le mode opératoire auquel je nie suis arrêté : dans un ballon à robinet, te- nant le vide, on fait passer, par aspiration, un volume connu de la solution du corps en expérience, et l'on stérilise le tout par la chaleur. Après refroidissement, ou aspire un peu de solution de laccase, préparée aussi aseptiquement que possible, puis on plonge le ballon dans un bain d'eau. Quand l'équilibre de température est atteint, on laisse rentrer l'air. Celui-ci occupe alors tout l'espace libre du ballon, à la tempéra- ture de l'eau et à la pression correspondant à celle du moment. On ferme le robinet, on relie le col du ballon à la pompe à mercure et l'on fait le vide dans la canalisation. On ouvre alors le robinet et l'on extrait les gaz contenus dans le ballon, pour en dé- terminer le volume. Comme il n'a pas fallu beaucoup de temps pour faire cette ex- traction de gaz, il suffit de laisser une deuxième fois le ballon en communication avec l'atmosphère pour qu'il y rentre exactement le même volume d'air qu'on en avait ex- trait, à la même température et à la même pression. On ferme bien le ballon avant de le sortir du bain; il n'y a plus qu'à le mettre en agitation continue, à l'aide d'un mo- teur hydraulique. A la fin de l'expérience, on opère l'extraction des gaz etleur analyse. » Quand on emploie l'hydroquinone, en présence de laccase, on voit ( 268 ) la solution se colorer en rose dès le début de l'agitation. Elle se fonce en- suite de plus en plus et, après une demi-heure à une heure, il y apparaît des lamelles cristallines, d'un vert métallique, dont la quantité s'accroît rapidement. Après quelques heures, on constate que l'oxygène renfermé dans le ballon a presque complètement disparu ('). Le liquide exhale une odeur forte et caractéristique, et l'on peut, après l'avoir séparé du précipité cristallin, enextraire de laquinone par agitation avec de l'éther. Quant au précipité, c'est de la quinhydrone. » En l'absence de laccase, ou avec de la laccase maintenue pendant cinq minutes à l'ébullition, la solution d'hydroquinone peut être agitée plusieurs jours à l'air sans absorber l'oxygène, ni subir d'altération. » Il est donc hors de doute que l'hydroquinone a été oxydée par l'oxy- gène gazeux sous l' influence de la laccase. Ses hydrogènes phénoliques ont passé à l'état d'eau, et il s'est fait de la quinone, conformément à l'équa- tion bien connue /OH /O \0H \0 » C'est la quinone ainsi formée qui donne son odeur à la solution et produit, en se combinant à l'excès d'hydroquinone non oxydée, les cristaux peu solubles de quinhydrone. )) Si, au lieu d'hydroquinone, c'est du pyrogallol qu'on traite par la lac- case en présence de l'air, le corps insoluble qui se précipite est une poudre sublimable en belles aiguilles rouge-orangé, solubles dans l'alcool et l'acide acétique, donnant une liqueur bleue avec l'ammoniaque et identique avec la purpurogalline que M. Aimé Girard a obtenue le premier, en oxydant le pyrogallol par le nitrate d'argent ou le permanganate de potassium (-). (') is-- d hydroquinone en solution à i pour loo, ayant été agité en présence de lac- case et de i74<^S9 d'air, pendant trois heures, a absorbé 25", 4 d'oxygène; dans une seconde expérience, l'absorption d'oxygène a été, en quatre heures, de Zi^^jO, le vo- lume d'air étant de 220", i. (^) Comptes rendus, t. LXIX, p. 865. La production lente de purpurogalline aux dépens d'un mélange de pyrogallol et de gomme arabique a été signalée parStruveen 1872 {Ânnalen der Chem. undPharni., t. CLXIII, p. 160). MM. de Clermont et Chautard l'ont utilisée en 1882, et ils ont cru reconnaître, à cette occasion, que la gomme intervenait d'une autre manière qu'un ie.r- menl (Comptes rendus, t. XCXIV, p. i254); mais j'ai reconnu, pour ma part, que la laccase existait dans les gommes arabique et du Sénégal. Je ne l'ai pas trouvée dans la somme de cerisier. ( 269 ) On constate, en outre, que l'oxygène disparu a été remplacé, en grande partie, par du gaz carbonique. » En opérant sur i^' de pyrogallol dissous dans 6o'=«= d'eau, j'ai obtenu : Oxygène absorbé. CD" dégagé. Première expérience : après cinq heures d'agitation. .. . 28", 3 iS'^'', 7 Deuxième expérience : après six heures d'agitation ... . 29'^=, 8 16™, 4 )) Ce premier exemple de réaction diastasique avec échange gazeux est très remarquable. Il ressemble, en quelque sorte, à une respiration artifi- cielle et, peut-être, représente-t-il un phénomène très voisin de ceux qui se passent dans la respiration des végétaux. Je ne crois même pas cette dernière hypothèse trop risquée. Comme j'ai l'intention de le montrer plus tard, en effet, la laccase se rencontre dans un grand nombre de plantes. De plus, elle peut oxyder, comme elle oxyde le pyrogallol, des corps qu'on trouve fréquemment chez ces mêmes plantes. Je citerai aujourd'hui l'acide gallique et le tannin. » En employant la méthode décrite plus haut, is'' d'acide gallique, en solution au centième, a, en quatre heures, absorbé 12"^ d'oxygène et dégagé 8'" d'anhydride car- , . /C0« 2\ , , . , conique I -^ z^ -\. Avec le tannin, dans une série d'expériences, les volumes de gaz ont été les suivants : Oxygène absorbé. ce ' dégagé. 3,2 1,0 4,7 o>7 3,8 2,8 6,9 2,7 (') M Je ferai remarquer que l'intervention des microrganismes ne peut être objectée contre les expériences sur la laccase. D'après le mode opé- ratoire même, les microrganismes étaient en nombre trop réduit ou même nul; d'autre part, les milieux où ils auraient pu exister étaient antiseptiques. A ces raisons s'ajoutent encore la courte durée des expé- riences et l'importance relative des transformations obtenues. » L'existence d'une diastase oxydante est donc parfaitement éta- blie (^). » (') Les inégalités dans le rapport --=j- dépendent de plusieurs conditions expéri- mentales, entre autres de la température et de la proportion de laccase. (') Travail du laboratoire de Chimie du Muséum, ( 270 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Réactions de la chélidonine avec les phénols en solution sulfurique. Note de M. Battasdier, présentée par M. Chalin. (( Au fond d'une capsule de porcelaine, on met une goutte de gaïacol et environ o<="% 5 d'acide sulfurique de densité i,84; on mélange. Sur les bords de la capsule, on dépose ensuite quelques parcelles de chélidonine et l'on fait arriver sur elles le mélange acide, de façon à les mouiller sans les entraîner. La capsule étant posée sur une table, on voit, au bout de quelques instants, des traînées carmin, d'une intensité et d'une pureté extraordinaires, descendre des parcelles de chélidonine vers le fond de la capsule. Cette réaction persiste longtemps sans modification. Lorsqu'elle réussit bien, c'est une des plus belles que l'on puisse produire, mais elle est un peu capricieuse. Je n'ai pas eu occasion d'essayer le gaïacol pur obtenu par synthèse; mais, avec le carbonate de gaïacol, la coloration est beaucoup moins intense. » Ce mode d'obtention des réactions colorées, qui laisse un large accès à l'oxygène de l'air, est peut-être susceptible de généralisation. Il m'avait déjà donné de bons résultats avec la glaucine. » Dans les mêmes conditions que le gaïacol, le thymol donne une coloration rose se conservant plus de vingt-quatre heures, devenant seulement un peu purpurine à mesure que Facide s'hydrate. Cette réaction réussit toujours facilement, à condition de mettre la chélidonine avant que l'acide sulfurique ait produit avec le thymol une coloration bleue. » Avec le phénol ordinaire, on n'a qu'une légère teinte rosée. » L'essence de giroQes donne une coloration purpurine bien visible malgré la forte coloration brun jaunâtre que l'acide sulfurique produit avec cette essence. » Le naphtol a donne des traînées d'un vert sombre; » Le naphtol ^ en donne de brunâtres passant au violet ; » La pyrocatéchine, de roses passant au violet; ). L'hydroquinone, de jaunâtres. » La résorcine en donne de jaunâtres aussi, bientôt cachées par la couleur bleue que donne l'acide avec ce phénol. » La phloroglucine produit des traînées jaunâtres passant à la couleur chamois. » Le pyrogallol en produit de rouges passant au jaune et disparaissant lente- ment. » L'acide gallotannique donne des traînées jaunes, passant peu à peu au vert d'herbe intense. » Les éthers des phénols agissent, en général, comme les phénols eux-mêmes. » On sait que la chélidonine, en solution sulfurique, verdit par l'addi- ( 271 ) tion d'une trace d'acide azotique; tous les oxydants peuvent produire cet effet. La réaction est particulièrement brillante avec une trace de chlorate de potasse en solution ou avec un arséniate. » ZOOLOGIE. — Sur le développement du corps chez la Crevette (Palemon ser- ratus, Fabr.) et l'Ecrevisse (Astacus fluviatilis, Gesn.). Note de M. Louis Roule, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Je poursuis, depuis plusieurs années, des études sur le développe- ment de ces deux Crustacés. Les faits que j'ai observés sont connus pour la plupart; mais plusieurs des principaux d'entre eux n'ont pas été décrits avec grande précision, et les interprétations qui en ont été données me semblent être fautives. » L'ovule de ces animaux est surtout composé de vitellus nutritif; le vitellus évolutif, au moment de la fécondation, se ramasse en une petite cicatricule, qui, seule, produit tous les éléments de l'économie embryon- naire. Contrairement à ce qu'il en est chez le Porcellio, à l'embryogénie duquel j'ai consacré un Mémoire récent (' ), la cicatricule ne débute point par entourer l'œuf entier, pour engendrer ensuite les appendices; elle évolue sur place et grandit lentement, tout en fournissant à mesure les organes et les paires de membres. L'ovule du Porcellio est globuleux; le jeune embryon est sphérique lui-même, dès l'abord; il s'allonge par la suite, en grandissant de préférence dans le sens du futur axe longitudinal, et parvient ainsi à son état définitif. Il n'en est point de même chez la Cre- vette, ni chez l'Écrevisse. Dès le commencement de l'évolution embryon- naire de ces derniers, la cicatricule se fend, suivant un plan presque tan- gentiel à la surface ovulaire, en deux parts superposées. Cette fente débute à la manière d'une dépression superficielle, qui s'étire transversalement, et s'enfonce peu à peu dans la cicatricule, en la scindant de telle sorte que celle-ci, au lieu de demeurer pleine et compacte, paraît divisée en deux moitiés dont l'une est reployée sous l'autre. Cette disposition demeure, à mesure que la cicatricule grandit en produisant les appendices et les organes; ces moitiés s'accroissent et conservent leurs relations, l'une (' ) Études sur le développement des Crustacés. — I'^ Partie ; i" Mémoire : Étude sur le développement du Cloporte (Porcellio scaber, Lak.) {Annales des Sciences naturelles, Zoologie ; 1894)- ( 272 ) d'elles étant repliée sous la seconde. Finalement, le déA-eloppement ter- miné et le corps achevé, celui-ci se trouve courbé en deux; la part repliée répond à l'abdomen et l'autre au céphalothorax. Au moment de l'éclosion, la courbure s'efface par le redressement de l'ensemble; et l'abdomen, prenant sa place ultime, s'étend suivant l'axe longitudinal du corps. » Le fait important, dans cette série de phénomènes, est le mode sin- gulier de production de la, courbure. Celle-ci ne s'établit pns avec suite, parle reploiement sur lui-même du jeune organisme embryonnaire; elle apparaît d'emblée, au moyen d'une fente de clivage, qui pénètre dans la cicatricule, la divise en deux plans et grandit avec ces derniers. Cette fente n'entre point dans la constitution du corps; elle fait partie de l'espace environnant et se trouve destinée à disparaître. Les auteurs ont déjà signalé sa présence; mais, à mon sens, ils se sont étrangement mépris sur sa valeur réelle. Ils ont considéré son ébauche comme répondant à une invagination gaslrulaire, et cela, autant à cause de son apparition très précoce que de son origine et de son mode de croissance. En suivant avec soin la série des phases embryonnaires, on s'aperçoit que cette invagination ne contribue nullement à façonner les cavités digestives; elle reste indépendante de ces dernières, garde son autonomie tout en s'accroissant, et devient, en défi- nitive, la fente qui, dans l'embryon recourbé sur lui-même, sépare le céphalothorax de l'abdomen. » Une telle division n'est point spéciale à certains des Crustacés supé- rieurs; elle existe, quoique moins prononcée, chez d'autres représentants plus simples de la classe, YAsellus aquaticus Fabr., par exemple. L'embryo- génie de ce dernier procède, au sujet de l'extension de la cicatricule, comme celle du Porcellio, du moins dans ses traits généraux. Seulement, le jeune embryon, d'abord globuleux, donne à son corps la forme allongée défini- tive, en se fendant dans sa région dorsale , laissant indivise la région ventrale et écartant l'une de l'autre les moitiés à la façon de deux valves. Ce phénomène est des plus importants, car il représente, sous un état relativement peu complexe, et dans une phase avancée de l'évolution, la scission précoce de la cicatricule de la Crevette. )i Sous le rapport de l'embryologie comparée, cette scission répond à un déplacement dans l'espace. Le corps de l'embryon, enserré dans sa coque ovulaire, parvient d'end^lée, par son moyen et sans autre modifica- tion, à acquérir une forme recourbée, qui lui permet de tenir dans la cavité limitée par la coque. Sans doute, la cause, en pareil cas, doit être cherchée dans l'abondance du vitellus nutritif : ce dernier rend l'ovule ( ^7-) très volumineux et empêche tout reploiement. Ce déplacement entraine des conséquences fort remarquables au sujet de la position des ébauches de plusieurs organes. Ainsi, l'extrémité de l'abdomen prend naissance au- dessous et en avant de la tète; l'anus se perce immédiatement en arrière de la bouche, etc. Ces phénomènes découlent du précédent. Tous les ap- pareils sont ensuite remis en leur lieu, par le redressement du corps, l'effacement de la courbure et la disparition de la fente. Parmi les altéra- tions introduites dans les évolutions embryonnaires par la présence dans l'œuf d'une grande quantité de vitellus nutritif, la production sur place d'un reploiement de l'être entier, au moyen de la seule formation de l'espace libre qui sépare les deux parties repliées, est une des plus cu- rieuses. » ZOOLOGIE. — Sur la production des femelles et des mâles chez les Méliponites. Note de M. J. Perez, présenté par M. de Lacaze-Duthiers. « Le peu d'observations que l'on possède sur la vie intérieure des colonies de Méliponites tendaient à faire admettre que, chez ces Abeilles exotiques, la production d'individus sexués, mâles et femelles ou reines, ne diffère en rien d'essentiel de ce que l'on sait de notre Abeille domes- tique. Parmi les nombreuses espèces de Mélipones et Trigones, il en est, en effet, chez qui les choses se passent absolument de môme, et l'on voit les jeunes reines et les mâles coexister en même temps dans la ruche. C'est le cas, par exemple, de la Mélipone scutellaire (71/. scutellaris), qui m'a montré simultanément de nombreux individus des deux sexes, à la fin de l'automne, quelques jours avant que le froid vînt anéantir toute la colonie. » Par contre, une ruche de Trigona clavipes Fabr. Çquadrangula Lep.), pendant les longues semaines qu'il me fut donné de l'observer, renfer- mait un assez grand nombre de mâles et pas une seule jeune femelle. » Une petite Trigone de l'Uruguay, que j'ai réussi à conserver depuis les premiers jours de novembre 1891 jusqu'à la mi-octobre i8r)4» qui par conséquent a, jusqu'à trois fois, traversé sous mes yeux la belle saison, m'a montré des faits absolument inattendus. » Pendant la première année, il ne naquit dans la colonie que des ouvrières exclu- sivemenl. Tous les jours à l'airùt, pour ainsi dire, des moindres différences qui pour- raient se manifester dans la forme et les dimensions des cellules nouvellement con- C. K., 181,5, y Semestre. (T. C.W, N° 5 ) -J" ( ^74) struites, et faire supposer la production d'une cellule de reine ou de mâle, je ne saisis jamais rien de particulier dans les travaux, et je ne vis jamais naître que des ouvrières. » L'année suivante, vers le lo août 1898, je remarquai, au centre d'un rayon en construction, une cellule plus large et plus haute que les cellules ordinaires, dont elle dépassait le niveau d'un millimètre et demi environ. Le 28 août, elle était ouverte, et je ne lardai pas à découvrir la jeune reine qui en était sortie, tranchant par sa couleur claire, plus encore que par sa taille, sur le fond noir de la population. Elle vécut dans la ruche jusqu'à la fin de septembre, où elle disparut, sortie par un beau soleil, pour accomplir, selon l'expression consacrée en apiculture, sa promenade nuptiale, ce que l'absence de mâles rendait d'ailleurs inutile. Elle ne rentra point. Ce fut tout pour l'année : aucune femelle ne naquit, ni aucun mâle. » En 1894, une cellule de femelle fut construite le i5 juin, et plusieurs dans le courant de juillet ; mais aucune ne vint à bien. Une maladie parasitaire semblait avoir envahi la colonie; beaucoup de larves mouraient dans les cellules; les dernières bientôt succombèrent en nombre tous les jours ; la reine elle-même fut atteinte et périt dans les premiers jours d'octobre, et les dernières ouvrières quelques jours plus tard. Aucun mâle encore ne s'était montré. » Il était important de voir si les ouvrières, encore assez nombreuses au moment de la mort de la reine, ne travailleraient pas à s'en faire une nouvelle, comme cela se passe normalement chez nos Abeilles domestiques, accidentellement privées de leur pondeuse. Il n'en fut rien, et, a priori, cela était à prévoir. Chez notre Abeille, les larves sont nourries au jour le jour, en sorte que, lorsque la reine vient à disparaître, les ouvrières n'ont qu'à servir à quelque larve, au lieu de la pâtée qui fait les ouvrières, la gelée royale, et la larve choisie, qui fût devenue une ouvrière, deviendra une reine. Chez les Mélipones, la cellule construite est approvisionnée aussitôt et re- çoit toute la nourriture nécessaire au développement de la larve; la reine y dépose un œuf et la cellule est immédiatement operculée. La larve qui y naîtra se développera donc soustraite à toute intervention des ouvrières. La destinée de l'Abeille qui en naîtra est, par conséquent, irrévocablement fixée dès l'origine. Aucun changement, en effet, ne fut apporté aux cellules déjà construites. Les Trigones sont incapables de remplacer, comme nos Abeilles, leur pondeuse disparue. » Il y avait encore intérêt à voir si, ainsi que cela paraît être en certains cas, mais non toujours, chez nos Abeilles devenues orphelines, la faculté de pondre des œufs ne se manifesterait pas chez quelques ouvrières. Les travaux furent continués plu- sieurs jours encore; quelques grandes cellules de reines furent construites sur le bord du dernier rayon et elles reçurent leur provision de pâtée. Les ouvrières déployaient dans ce travail une très grande activité et attendaient souvent plusieurs heures durant que la pondeuse y vint remplir son office; elles finissaient par se lasser. Tantôt la pâtée était livrée au pillage et dévorée en quelques instants» Plus d'une fois les cel- lules furent operculées et je pus croire qu'un œuf y avait été déposé par une ouvrière que je n'avais pu saisir en flagrant délit. Mais bientôt la cellule était rouverte, le contenu dévoré. Approvisionnée et operculée de nouveau, elle subissait encore le même sort. Puis tout travail cessa, et les ouvrières succombèrent l'une après l'autre. )) En résumé, clans l'espace de trois années, une ruche de Trigones a ( 275 ) donné une reine la seconde année, et virUicUemcnt plusieurs reines la troisième année, jamais un seul mâle. La mort prématurée de la reine, en arrêtant l'observation, laisse indécise la question de savoir si elle eût toute sa vie continué à n'engendrer que des femelles, ou si, plus avancée en âge, elle n'aurait pas donné naissance à des mâles, ainsi que cela se voyait dans la colonie de Trigona clavipes, citée plus haut; en tout cas, la production non simultanée d'individus des deux sexes dans une même colonie montre, chez certaines espèces de Méliponites, l'indispensable intervention de la fécondation croisée, dont les avantages sont bien connus des natura- listes. » SYLVICULTURE. — Influence de l' état cUmatérique sur la croissance des arbres. Note de M. Emile Mer, présentée par M. P. -P. Dehérain. « Si l'on connaît depuis longtemps, pour en ressentir trop souvent les effets, l'influence des conditions météorologiques sur le rendement des plantes cultivées, on ne possédait aucune donnée relativement à l'action qu'elles peuvent exercer sur la production ligneuse des massifs forestiers. On ignorait même si cette production est influencée par des sécheresses ou des pluies continues, a fortiori, dans quelle mesure, de quelle manière et pour quels motifs elle l'est. « Les mois de juillet et une partie du mois d'août 1888 ayant été carac- térisés, dans les Hautes-Vosges, par une température relativement basse et une grande nébulosité de l'atmosphère, conséquences de pluies continues, je recherchai si un état climatérique aussi anormal avait exercé quelque influence sur la croissance des sapins et des épicéas de la région. Je con- statai que sur beaucoup de ces arbres les flèches, de même que les poussées terminant les branches, étaient restées plus courtes que celles des années précédentes. En outre, la couche d'accroissement de l'année s'était moins développée ('). C'était un premier jalon dans cette étude. » La période végétative de 1898 ayant été remarquable par une séche- resse exceptionnelle, je voulus m'assurer si la production ligneuse en avait souffert (^). (') Bei-iie des eaux et forêts, 10 mai 1S90. (^) M. Henry vient de publier les résultats de diverses recherches qu'il a poursui- vies à cet effet dans quelques forêts de plaine de la Lorraine {Comptes rendus. ( ^76) » Les sujets que j'ai examinés dans ce but provenaient des forêts de Gérardmer et de Remiremont. Je les ai pris à diverses expositions et dans des massifs d'âges variés. Les arbres aj'ant été abattus, des rondelles furent débitées en différentes régions du tronc. Sur chacune d'elles, la largeur de la couche d'accroissement, formée en iSgS, a été mesurée en divers points pour en obtenir une valeur aussi exacte que possible et comparée à la largeur moyenne des couches antérieures. D'autre part, je relevai les longueurs des flèches et des principales pousses développées dans cette année et je calculai leur rapport à la moyenne des mêmes mesures recueillies sur les flèches et pousses des autres années. Un travail semblable fut fait, en ce qui concerne l'année 1888, pour pouvoir comparer, sur les mêmes individus, les conséquences de deux années aussi dissemblables. » De cette élude, résultent les faits suivants : » 1° La sécheresse de l'année iSgS a exercé sur la croissance du sapin des Vosges un ralentissement bien marqué, mais variable suivant les arbres et les situations. C'est, comme on pouvait s'y attendre, sur les versants ra- pides et exposés au sud, que cette influence s'est fait sentir au plus haut degré. Dans les tourbières qui s'étaient maintenues suffisamment humides, la croissance a, au contraire, été activée. » 2° La réduction a porté sur l'accroissement diamétral du tronc, mais plus encore sur l'allongement des pousses. Dans les individus étudiés, la couche ligneuse de 1893 n'a atteint qu'une épaisseur oscillant entre les deux tiers et les trois quarts de l'épaisseur moyenne des couches formées pendant les dix années antérieures. La longueur des flèches et des pousses a varié des deux tiers au quart de ce qu'elle avait été dans la même pé- riode. » 3° La diminution d'accroissement n'a pas été la même aux divers ni- veaux du tronc. Bien que cette variation ne paraisse suivre aucune loi, la partie supérieure a généralement été moins affectée que la base et surtout que la partie médiane. )) 4" En 1888, il y avait eu aussi, comme je l'ai dit plus haut, un ralen- tissement dans la croissance des sapins, mais de moindre proportion qu'en 1893. De plus, contrairement à ce qui s'est passé dans cette der- nière année, ce ralentissement a porté principalement, et parfois même uniquement, sur l'accroissement diamétral quia atteint une valeur égale 10 décembre i894). Les miennes ont été faites dans les sapinières des Hautes- Vosges. S'appliquant à des régions ainsi qu'à des essences bien différentes et exécutées suivant d'autres plans, ces deux séries d'études sont destinées à se compléter. ( 277 ) à peu près aux quatre cinquièmes de celle des années précédenles et, sui- vantes. )) 5° En 189.3, comme en 1888, certaines essences feuillues : frênes, érables, ont émis aussi des pousses plus courtes. Il est probable qu'il en a été de même dans la plupart des essences. » 6° Ce ne sont pas seulement les états climatcriques extrêmes, tels que ceux qui ont caractérisé les années 1888 et 1893, qui produiseot une per- turbation dans la croissance des arbres. J'ai été amené, au cours de mes recherches, à constater que des conditions météorologiques analogues, mais moins accusées et surtout ayant une moindre durée, comme il s'en est présenté en 1887 et en 1892 d'une part, en 1894 d'autre part, exercent sur leur végétation une influence marquée. Sur six épicéas examinés, pro- venant de deux stations différentes, la couche d'accroissement n'a été en 1887, par suite d'une sécheresse survenue au mois d'août, que les trois quarts de ce qu'elle avait été dans une année normale. » Si les accidents climatériques agissent de diverses manières sur la vé- gétation des arbres, c'est, on le comprend, parce qu'ils influencent diffé- remment leurs fonctions. Ainsi la sécheresse a pour résultat de les priver d'eau et des matières azotées du sol ; les pluies prolongées ralentissent la formation de l'amidon par les feuilles à cause de l'abaissement de tempé- rature et de l'affaiblissement de la radiation solaire qui en sont les consé- quences, du moins dans les régions monta£;neuses. » Il convient, dans l'interprétation des résultats, de faire la part de l'époque à laquelle surgissent ces accidents au cours d'une période végéta- tive. Les effets de la sécheresse varieront suivant qu'elle se fera sentir au commencement ou à la fin de cette période. Dans le premier cas, l'accrois- sement de l'arbre en hauteur sera principalement ralenti, c'est ce qui a eu lieu en 1888, 1892 et surtout en 1893; dans le second cas, ce sera plutôt son accroissement en diamètre, puisque l'évolution des pousses est termi- née : c'est ce qui est arrivé en 1887. Réciproquement des conditions météo- rologiques presque opposées, mais survenant à différents stades de la saison végétative, peuvent produire des effets analogues. Ainsi le régime pluvieux qui a signalé l'été de 1888 a raleuti l'accroissement en grosseur presque autant que la grande chaleur de 1893, survenant au printemps et au com- mencement de l'été. » On voit que la production hgneuse est soumise, comme les autres productions du sol, mais à un moindre degré et surtout d'une manière moins apparente, à des oscillations dues aux conditions météorologiques ( 278 ) et que, pour elle aussi, il v a des années mauvaises et des années médiocres comme de bonnes années. On devra donc à l'avenir tenir compte, ce qui n'était pas fait jusqu'ici, de l'influence qu'exerce l'état climatérique sur la croissance des arbres, quand on aura à apprécier le rendement d'un mas- sif ou à interpréter les résultats fournis par les diverses expériences et opé- rations forestières. » MINÉRALOGIE. — Sur la réfringence des auréoles polychroiques. Note de M. A. -Michel Lévy, présentée par M. Fouqué. « Je me suis, à diverses reprises, occupé des propriétés optiques des auréoles polychroiques, ainsi que de la détermination des minéraux dans lesquels et autour desquels elles se développent. Les premiers sont, le plus souvent, la cordiérite, les micas, la tourmaline, la hornblende, l'an- dalousite; parmi les seconds, le zircon est, de beaucoup, le plus répandu; puis viennent la dumortiérite, l'allanite, et parfois le sphène ou l'apatite. •>■> J'ai montré que le pigment qui donne à ces auréoles un polvchroïsrae intense modifie, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, la biréfringence du minéral influencé. 5) Grâce à l'application du procédé Becke sur les lisérés de réflexion totale qui se produisent au contact de deux corps de réfringence différente, vus en plaque mince, il m'a été tout récemment loisible de rechercher le sens de la variation des indices de la réfraction. » Dans le gneiss à cordiérite et sillimanite de Billiers (Bretagne), de magnifiques auréoles polychroiques se développent au milieu de la cor- diérite autour de petits cristaux nettement reconnaissables de zircon. )) La cordiérite, non influencée, reste incolore en plaque mince. La cordiérite des auréoles est d'un jaune d'or. Ses indices de réfraction sont tous fortement augmentés. Ses lisérés sont au moins aussi intenses que ceux qui se développent entre le quartz et l'orthose de la même plaque. » Les auréoles du mica noir de la roche à apatite et à zircon de Lati- velet, près Marmagne (Saône-et-Loire), ont également une réfringence très nettement amplifiée. » Il en est de même des auréoles d'un grand nombre de musco\'ites des granulites. » Par contre, l'augmentation de réfringence s'atténue dans les auréoles ( 279 ) des tourmalines brunes, et je ne l'ai pas trouvée appréciable autour de celles qui se développent dans la cordiérite de Tvedestrand, au contact des prismes de duuiortiérite. » En résumé, lorsque les auréoles sont bien développées, à contours francs, à teintes foncées, la réfringence de la partie pigmentée est nette- ment supérieure à celle du corps non modifié, et la différence entre les indices de réfraction similaires peut dépasser, notamment dans la cordié- rite, une décimale du deuxième ordre. » Cette constatation précise, jointe à celle de la variation des biré- fringences, montre avec évidence que la constitution intime du minéral est profondément modifiée et que son ellipsoïde d'élasticité optique n'est plus la même. » PALÉONTOLOGIE. — De V existence de nombreux débris de Spongiaires dans les phtanites du Précambrien de Bretagne. Note de M. L. Cayeux, pré- sentée par M. Fouqué. « En étudiant la faune des Radiolaires des phtanites TÇtrécaxnhriens de Bre- tagne, je fus vivement frappé de sa grande différenciation, et j'en arrivai à formuler cette proposition qu'il s'agissait de vérifier : Les Radiolaires ne sont parvenus à un pareil degré de différenciation qu après un temps très long pendant lequel d'autres organismes ont pu faire leur apparition. Ce fut le point de départ de nouvelles recherches qui aboutirent bientôt à la décou- verte de quelques Foraminifêres (') et qui viennent de me révéler l'exis- tence de nombreux débris de Spongiaires (*). » J'ai reconnu des représentants de plusieurs ordres d'épongés sili- ceuses : » 1° MoNACTiisELLiDi. — Les spicules monoaxes sont de beaucoup les plus répan- dus. Ils représentent de 90 à gS pour 100 de la totalité des spicules. Ce sont des bâ- tonnets cylindriques, parfois droits et le plus souvent courbes ou des aiguilles fusi- formes et arquées; quelques-unes de ces dernières sont flexueuses. Les nombre des (') L. Cayeux, Sur la présence de restes de Foraminifêres dans les terrains pré- cambriens de Bretagne {Comptes rendus, t. CXVIII, p. i433-i435 et Ann. Soc. Géol. du N., vol. XXII, p. 116-119). C) Les échantillons qui m'ont servi à préparer ce travail sont originaires de Ville- au-Roi, près de Lamballe (Gôtes-du-Nord). Ils m'ont été procurés par M. Ch. Bar- rois. ( 28o ) formes monoaxes que j'ai observées est de plusieurs centaines. Je ne crois pas qu'elles fassent toutes partie de l'ordre des MonactinelUdœ. On sait, en effet, que les spicules simples se rencontrent non seulement dans cet ordre, mais qu'ils sont fréquents chez les Tetractinellidœ et que les Llthisùdœ en sont également pourvus (spicules super- ficiels et spicules de la chair). L'état de conservation des spicules est tel qu'il est impossible de faire le départ des bâtonnets qui se rapportent au premier groujje et de ceux qu'il conviendrait d'attribuer aux deux derniers. » 2° Tetkactinellid*. — Cet ordre ne compte que quelques représentants, et cha- cun ne comporte que trois rayons cylindriques. C'est d'ailleurs ainsi que se présentent la plupart des spicules à quatre rayons dans les sections minces. Je considère leur attribution aux Tetractinellidœ comme absolument certaine. La faible quantité de formes polyaxes appartenant à cet ordre permet de conclure qu'un nombre assez restreint de spicules monoaxes doivent lui être rapportés. » 3° LiTHiSTiD^E. — Parmi les quatre familles de cet ordre, une seule est repré- sentée, d'une façon certaine, par des spicules encore plus rares que ceux qui se réfè- rent au groupe précédent : c'est celle des Tetracladinœ, caractérisée par des spicules du squelette à quatre rayons bifurques à leur extrémité. » Un spicule paraît se rapporter à la famille des Megamorinœ. C'est un bâtonnet arqué, sans ramifications irrégulières, mais très faiblement bifurqué aux deux bouts. Certains spicules de Doryderma rappellent beaucoup cette forme. » 4° Hexacti^ellid^ ( ? ) — Les spicules d'IJea-actinellidce monlvenl le plus souvent, dans les sections minces, quatre rayons disposés en croix. Ceux que je range dans cet ordre n'en possèdent que deux, de forme cylindrique et rigoureusement perpendicu- laires entre eux. Cette circonstance m'oblige à une certaine réserve dans la fixation de leurs affinités. C'est incontestablement des Hexactinellidœ qu'ils se rapprochent le plus. J'ajouterai que l'examen du point de croisement des deux rayons démontre qu'on est en présence de spicules incomplets, comme fragmentés, et que l'étude des différents états de dissociation des six rayons à'' Hexactinellidœ fournit de nombreux exemples de spicules réduits à deux rayons perpendiculaires entre eux. » Dimensions des spicules. — A quelque groupe qu'ils appartiennent, les spicules entiers sont d'assez grande taille pour être vus avec une forte loupe, en examinant les préparations par transparence. Les spicules monoaxes, qui sont les seuls complets, ont de o"™,o5 à o™™,35 de longueur. Ceux qui mesurent o™™, lo à o""™, i5 sont les plus fréquents. » Mode de fossilisation. — Les spicules, siliceux à l'origine, sont, sans excejjtion, épigénisés par la pyrite. L'emploi de forts grossissements révèle l'existence, au sein de cette substance, de taches noires, extrême- ment ténues, dont quelques-unes paraissent avoir la forme d'octaèdres et qui appartiennent probablement à la niagnétite. » Il est rare que les spicules soient entiers; il est encore plus rare qu'ils aient leurs contours intacts. Les spicules, étudiés avec de forts objectifs, montrent leur surface usée, rongée. Lorsque l'action corrosive a été plus intense, les spicules sont jirofondément creusés de cavités ii'régulières. A ( 2Sr ) un stade de destruction plus avancée, les cavités opposées se rejoignent et déterminent des solutions de continuité dans les bâtonnets. On a alors des spicules tronçonnés qui rappellent en [letit le dessin des Bélemnites du Lias des Alpes. » Là ne s'arrêtent pas les modifications subies ])ar les débris d'épongés. Dans de rares cas, il y a eu fragmentation mécanique sur place. On peut observer, par exemple, un spicule cylindrique divisé en trois parties, montrant le tronçon médian transporté latéralement et parallèlement à lui-même. » Quelque imparfaite que soit la conservation des spicules, il n'en est pas moins embarrassant d'expliquer comment la cristallisation parfois très large du quartz de la roche n'a pas fait disparaître jusqu'au moindre vestige des spicules. Presque toutes les préparations de phtanites à Spongiaires se montrent parcourues par des veinules plus claires, sortes de filonnets de quartz à grands éléments. La séparation des plages à composition normale et de ces veinules est brusque comme celle du marbre et des veinules de calcite blanche qui le traversent. Or, quelques spicules passent du /j/itontVe dans les filonnets quartzeux sans subir la moindre altération. J'en ai môme observé un traversant de part en part une large bande quartzeuse, tout en restant intact. » Si j'insiste tant sur ces particular"tés, c'est qu'elles aident à expliquer la conservation des spicules. Il est de toute évidence que si les restes d'E- ponges étaient encore siliceux au moment de ce que j'appellerai la quartzi- fication des phtanites, leur silice aurait pris part aux transformations qui affectaient la silice ambiante, et toute trace de spicule aurait notamment disparu dans les veinules uniquement composées de grands éléments de quartz. S'il n'en a pas été ainsi, c'est que les spicules avaient déjà perdu leur composition originelle, c'est que la silice était déjà remplacée avant la métamorphose de la roche. La destruction de la substance même des spicules aurait donc été un phénomène essentiellement conservateur de la forme. I) Conclusions. — Il résulte de cette rapide description : )) 1° Qu'il existe, à la hase du Précambrien de Bretagne, des spicules d'Épongés aussi nombreux que variés; » 1° Que presque tous, sinon tous les ordres de Spongiaires à squelette sili- ceux, sont déjà représentés à cette époque lointaine. » Il me paraît important de faire ressortir combien cette dernière con- clusion est conforme à la notion qui se dégage de l'étude des Radiolaires C. R., 1895, I" Semestre. (T. CX\, N* 5.) ^7 ( --^«^ ) du même terrain, c'est-à-dire que les principaux groupes de ces animaux étaient déjà représentés à l'époque précambrienne ('). J'ai conclu de ce fait que la faune de Radiolaires précambriens était loin d'être la première faune de Rhizopodes. On est autorisé à tirer une conclusion identique pour les Éponges et à dire que la faune des Spongiaires des phtanites n'est pas la plus ancienne. » GÉOLOGIE. — Sur r existence d'un Delta sous-marin dans le Crétacé supérieur, près de Châlillon-en-Diois. Note de MM. G. Sayn et P. Lory, présentée par M. Fouqué. (c Dans la région de plateaux qui s'étend à l'est de Chàtillon-en-Diois, le Crétacé renferme des conglomérais puissants, qui n'avaient pas encore été signalés; nous avons essayé d'en reconnaître l'âge et le mode de for- mation. » Comme nous l'avons indiqué dans une Note récente, les couches qui représentent le Barrémien supérieur et l'Aptien inférieur (calcaires à Costidiscus recticostatus d'Orb. sp., avec lentilles oolithiques) sont recouvertes, au nord de Ravel, par des marnes no'irâtres, sans fossiles, mais semblables aux marnes de l'Aptien supérieur. Un ravin qui descend vers le Bez montre au-dessus : » 1. Calcaires à silex, débutant par un banc à Terebralula Duternplei d^Orh. var. , Belemnites semicanaliculatus Blainv. (ou B. minimus List.) et dents de Squales, détritique à sa face inférieure (grains de quartz et de phosphate.) Cette assise doit représenter le Gault. » 2. Marno-calcaires probablement cénomaniens, épais de quelques mètres seule- ment et peu visibles en ce point. » 3. a. Conglomérats à galets variés, la plupart de calcaires néocomiens ou de silex, unis par un ciment calcaréo-gréseux; » b. Glauconie exploitée comme sable à bâtir, et grès grossiers; » c. Calcaires gréseux sublamellaires, riches en grains de quartz et débris de Bryo- zoaires et surtout d'Echinodermes ; radioles de Cidaris (certains, en massues, pour- raient appartenir à Cid. clavigera Kenigh) ; articles de Crinoïdes : Bourgueticrinus ellipticus d'Orb.. Penlacrinus aft\ P. Peroiii de Loriol; » d. Conglomérats, de nouveau bien développés. (') L. Cayeux, Les preuces de l'existence d'organismes dans le terrain précam- brien. Première Note Sur les BadioLaires précambriens {Bull. Soc. Géol. de Fr., 2," Série, t. XXIl, p. 197-228). ( ^83) » L'étude de ce complexe détritique (3) est plus facile encore le long du ruisseau de Boule. » En le descendant à partir du point où commence la route de Ravel, on trouve d'abord des marno-calcaires gris-bleu à Schlœnbachia varians Sow. sp., Acantho- ceras Mantelli Sow. sp., Ac. rhotomagense Brongn. sp. et Inocérames. C'est donc le Cénomanien à faciès vaseux {type niarno-calcaire de M. Fallot). » Il est recouvert par un très puissant ensemble dans lequel i enchevêtrent des conglomérats, des grès et des calcaires, ces derniers semblables à ceux du ravin de Ravel (3, c) et pétris des mêmes fossiles. La stratification est fort irrégulière, les couches se terminent fréquemment en biseau; il y a des intercalations marneuses, mais sans continuité, et les fossiles néocomiens que l'on y rencontre montrent que ces marnes sont des produits d'érosion tout comme les conglomérats; les blocs de ceux- ci, souvent très peu roulés, sont de nature et de dimensions variées, parfois énormes et disposés obliquement à la stratification. On est, en un mot, en présence à\m faciès de charriage très net. )) On atteint cette même formation, quand on remonte la gorge des Gas, un peu en amont du pont de Mensac. » En ce point elle repose directement sur les calcaires à silex de l'Aptien infé- rieur dontsa base, qui semble avoir été formée par leur remaniement, ne se distingue pas sans quelque difficulté. Au-dessus, on voit d'abord surtout des conglomérats à blocs néocomiens (calcaires à silex, calcaires jaunes à Phylloceras Winkleri Uhl., calcaires à débris semblables à ceux des lentilles subrécifales de la région). Puis l'importance de ces conglomérats diminue graduellement, ils passent latéralement à des calcaires gréseux sublamellaires dont les couches inférieures sont très glauco- nieuses. » A la sortie des Gas, ces couches reposent sur les calcaires marneux à Schlœnba- chia varians et Inocérames, identiques à ceux de Boule. Ce Cénomanien avait été confondu jusqu'à présent avec les marnes aptîennes, développées du reste dans le vallon de Glandage, mais séparées des couches à Schœnbachia varians par une barre de calcaires à silex, analogues à l'assise 1 de la coupe de Ravel. » La formation des Gas est couronnée par quelques bancs de grès sableux, dont l'un, énorme, nous a fourni de petites Huîtres. Au-dessus apparaissent des calcaires gris bleuâtres, en couches minces, avec des lits de silex noirs : ils ont l'aspect ordi- naires des lauzes du Sénonien supérieur, mais les intercalations de grès y sont plus fréquentes que dans les régions où les lauzes ont été décrites jusqu'ici, et même que dans le Massif de Lus. Le même faciès se montre jusqu'au-dessus du village de Creyers, c'est-à-dire jusqu'aux couches les plus élevées que l'érosion ait respectées dans la région. » Des faits ci-dessus exposés nous paraissent résulter les conclusions suivantes : » De l'Aptien au Cénomanien la région de Chàlillon a été soumise à un ( 284 ) régime fort différent de celui du Vercors ; le faciès vaseux du Cénoma- nien, identique à celui du bassin de Dieulefit, n'avait pas encore été signalé au nord de ce dernier. » Pendant la première partie du Crétacé supérieur il y a eu des éro- sions importantes, puisque le substratum des premiers dépôts que l'on rencontre au-dessus du Cénomanien varie sur un faible parcours de cet étage à l'Aptien inférieur. » Ces dépôts appartiennent à un niveau déjà élevé dans le Crétacé supé- rieur, car leur faune d'Echinodernies a des affinités sénoniennes; l'en- semble dont ils font partie (calcaires, grès et conglomérats des Cas) est immédiatement inférieur aux lauzes dont la base, à Lus, contient déjà Belemnilella mucronata (V . Lory); enfin cette formation, malgré sa puis- sance de plus de i5o'", a dû s'effectuer en un court espace de temps, étant donnés ses éléments et son mode de stratification. » Ces caractères de stratification, que nous avons indiqués, nous pa- raissent établir que la plus grande partie de la formation des Gas repré- sente la portion neplunienne d'un delta torrentiel important. L'existence de ce torrent implique celle d'un relief alors émergé et peu éloigné, où affleu- raient surtout des couches néoconiiennes. » Les érosions et l'émersion d'un relief sont les traces certaines de mou- vements du sol, qui se placent par conséquent entre le Cénomanien et l'Aturien. Celte phase orogénique explique l'absence, depuis longtemps reconnue par Ch. Lory, de dépôts du Crétacé supérieur antérieurs au Campanien dans les chaînes subalpines du Dauphiné septentrional. » La transgression campanienne a dû recouvrir graduellement la terre dont il vient d'être question et dont l'influence se manifestait encore par le faciès particulièrement détritique que les lauzes revêtent dans la région. » M. DucLA adresse un Mémoire intitulé : « Contraction au moment de la formation d'un corps composé; classifications faites d'après ces con- tractions. » M. C. OusTiMoviTCH adresse une Note sur les phénomènes delà nutri- )n dans l'organisme animal. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. ( 285 ) COailTE SECRET. La Section de Botanique, par l'organe de son Doyen M. Chatin, pré- sente la liste suivante de candidats pour la place laissée vacante par le décès de M. Ducharlre. En première ligne . En seconde ligne, par ordre alphabétique. La séance est levée à 5 heures trois quarts. M. L. GuiGXARD. M. Bâillon. M. G. Bo\NIER. M. Ed. Bureau. M. Maxlue Cornu. M. Prillieux. M. B. Renault. M. Zeiller. J. B. BULLEI'IK BIBLIOtiKAPUigUE. Ouvrages reçus dans la séance du 4 février iSgS. Recherches de Chimie et de Physiologie appliquées à l'Agriculture, par A. Petermann. Tome IL Paris, G. Masson; i vol. in-8°. (Présenté par M. Dehérain. ) Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Pasteur, Friedel, Mascart. Février iSgS. Paris, G. Masson, iSgS; i fasc. in-8°. Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et Jules Tannery. Janvier 1895. Paris, Gauthier-Villars et fils; 1 fasc. in-8°. Contributions à la Paléontologie du Sud-Est de l'Espagne, par R. Nicklès. (Extrait des Mémoires de la Société géologique de France.) Paris, Baudry et C'% 1894; I fasc. in-4''. ( 286 ) Éludes sur les Fourmis, par Ch. Jamet. (Extrait des Mémoires de la Société zoologique de France.) Paris, i8g4; i fasc. in-8°. Société de Géographie. Comptes rendus des séances. 1893. N° 1. Séance du 4 janvier iSgS. Paris; i fasc. in-8''. Bulletin de r Académie de Médecine. N"^ 3 et 4. Paris, G. Masson; 2 fasc. in-8". Le Botaniste. 25 janvier iSgS. Paris, J.-B. Baillière; i fasc. in-8'^. Revue générale des Sciences pures et appliquées . N°2. Paris, G. Carré; i fasc. gr. in-8''. Bulletin international du Bureau central météorologique de France. Ven- dredi 18 février 1893; i fasc. gr. in-8°. Étude sur quelques Cétacés du Miocène, par V. Paquier. (Extrait des Mé- moires de la Société géologique de France.) Paris, Baudry, 1894; i fasc. in-4°. Les Tabacs et Toubekis grecsau point de vue chimique, par A.-R. Dambierges. Athènes; i fasc. gr. in-8°. Twel/th Report 0/ the State mineralogist (second biennal) two years en- ding september i5, i8g4. Sacramento, 1894; i vol. in-8°. Analecta algologica. Observationes de speciebus algarum minus cognitis earumque dispositione. Auctore J.-G. Aga.rdh. Limdse, 1894; i vol in-4°. W 5. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 4 février 1893.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBItES ET DES GOIUIESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. le SiionÈTAiiu: riiisrÉTi;i:i. annonce à rAcadi'mie la perle qu'elle vient de faire dans la personne de M. Arthur Cayley, Correspondant de la SecLion d'Astronomie. 2ii3 M. HuRMME. — Notice sur M. Cayley 233 M. LiKRTJiELOT. — Sur l'Argou, nouveau Pages, constituant de l'almosphcre découvert par .\I,M, Rayleigli et liamsay 23j M. H. PoiNCAUÉ. — .Sur les fonctions abé- liennes 23y M. GuYOU. — Aubes propulsives à péné- tration tangenlielle 2:5 3 MEMOIRES LUS. M. Ed. Burkau. — Etat actuel des études sur la végétation des colonies françaises et des pays de protectorat français 3^5 MEMOIRES PRESENTES. IM. A. AnNAUDEAU soumet au jugement de l'Académie un travail portant pour titre : « Table des nombres triangulaires, de I à 100 000 et Table des tangentes na- turelles de 0" à 90", de 3o" en 3o" 248 CORKESPONOANCE. M. le .Secretaiiu". rERriiTtiEL signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, divers Ouvrages de M. Charles Henry et de iM. Pctermann .M. II. Brocard adresse une Note sur son i< Catalogue des travaux mathémaliiiues des Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ". . . . M. .I.-J. L.vNDEREU. — Sur un passade de l'ombre du quatrième satellite de Jupiter. M. J. Guillaume. —Observations du Soleil, faites à l'observatoire de Lyon (cqualo- rial Brunner) pendant le quatrième tri- mestre de iSjj'i M. EUG. Laye. — Sur les poutres droites continues solidaires avec leurs piliers ... M. V'asciiy. — Sur la nature du « courant de déplacement » de Maxwell M. G. MoiiEAU. — Sur la dispersion rota- toire anormale des milieux absorbants cristallisés j\I. G. MESLtN. — Sur le biprisme de Fresnel. M. R. PicTEï. — Influence des basses tem- pératures sur la puissance d'attraction des aimants artificiels permanents M. A. HosKNSTihlIL. — Dérivés monoiodani- monics de l'Iiexaméthyltriamidotriphényl- mélliane •-.',8 >48 ^18 V'fi3 2G4 M. G. Bertrand. — Sur la laecase et sur le pouvoir oxydant de cette diastase 266 .M. Battaxdier. — Réactions de la cliélido- nine avec les phénols en solution sulfu- rique 270 M. Louis Roule. ~ Sur le développement du corps chez la Crevette {l'alemon serratus, Fabr.) et l'Ecrevisse {Astacus Jluvialilis, Gesn.) 271 M. J. Pehez. — Sur la production des fe- melles et des mâles chez les Mélinopites. 273 1\L E.MiLE Mer. — Iniluence de l'état clinia- térique sur la croissance des arbres 273 M. .\. -Michel Levy. — Sur la réfringence des auréoles polychroïqucs 278 M. L. C.AYEUX. — De l'existence de nom- breux débris de Spongiaires dans les jjhta- nites du Précambrien de Bretagne 279 MM. G. Sayn et P. Lory. — Sur l'existence d'un Delta sous-marin dans le Crétacé su- périeur, prés de Chàlillon-en-Diois 282 M. DucLA adresse un Mémoire intitulé : « Contraction au moment de la formation d'un corps composé; classifications faites d'après ces contractions i 2S.'| M. G. OusTiJioviTCH adresse une Note sur les phénomènes de la nutrition dans l'or- ganisme animal 28 '| N^' 5. SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES. CO.MITÉ SECRET. La Section de Bolanique présente la liste suivante de candidats pour la place laissée vacante par le décès de M. Diichartre : lil'I.LKTtN ItlBI.IOGHVPHIQUE Pages. 1° M. L. Guignard; 2° MiM. Bâillon, G. lionnier, Ed. Bureau, Maxime Cornu, Prillieux, B. Benault, Zeillcr îS.î 285 PARIS. — IMPRIMERIE G\UTHIER-V1LL,\KS ET FILS, Quai des Grands-AuKusLiD!), Sa Le Céranl : GAuTuiEB-VitLAkB. ioz/f 1895 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAR MEn. IiES SECKÉTAIUES PERPÉTUELS. TOME CXX. !V^ 6 (H Février 1895). PARIS, UAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTIÎS RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE- DES SCIENCES, Quai dos Grands-Augusliiis, 55. "1895 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS. Adopté dans les séances des 2.3 juin 18G2 et 24 mai itiyS. Les Comptes rendus hebdomadaii es des séances de l' Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. • 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article l". — Impressions des travaux de l'Académie. liSS extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étra nger de l'Académie comprennen l au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sontmentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- piis dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lusou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne leproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Noies ou Mé- moires SIM' r<)])jct de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-, blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sunl tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le ftlembre qui lait la présentation est toujours nomme; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait V autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour lesaiticles oïdinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temps, ^ le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rendu actuel, et l'extrait est renvové au Compte rendu sui-> vaut, et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au-, teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports e|^ les Instructions demandés par le Gouvernement. " Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à lAcademie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. - ..J5 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 11 FEVRIEFi J89o. PRÉSIDENCE DE M. MAREY. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE. M. Paye, en présentant à l'Académie, de la part de notre Confrère M. Bischoffsheim, les Tomes IV et V des « Annales de l'observatoire de Nice », publiées sous les auspices du Bureau des Longitudes, s'exprime comme il suit : « Dans le Tome IV, M. Perrotin, l'éminent Directeur de l'observatoire, a donné les inégalités du premier ordre de la planète Vesta produites par l'action de Jupiter. M. Perrotin avait déjà publié ces inégalités, déterminées algébriquement dans le Tome III de ces Annales. Ici il les calcule de nou- veau par la méthode d'interpolation recommandée |)ar I^e Verrier, en ne tenant compte que de la première puissance des masses. La comparaison des résultats fournis par les deux méthodes témoigne d'un accord ti'ès satisfaisant. Les différences proviennent de ce que, dans la théorie, on n'est pas allé au delà des termes du cinquième ordre par rapport aux excen- C. K., iSijô, 1" Semestre. (T. C.W, N' 6.) ^^ ( 288 ) tricitcs et aux inclinaisons, tandis que, dans l'interpolation, on est allé jusqu'aux termes du septième ordre. » En second lieu nous trouvons, dans le même Tome, un catalogue de 5o5 nébuleuses très faibles observées, au grand équatorial de Nice, par M. Javelle et découvertes de i8go à 1891 . M Puis vient une belle série d'observations méridiennes au grand cercle méridien de Brunner et à la pendule de Fénon. Les tourillons ont présenté une égalité parfaite. Les observations ont été faites par MM. Fabry, Jabely, Simonin, Colomax et Giacobini. » Ce Volume contient encore les observations de comètes et de petites planètes faites à l'équatorial de Gautier, de o™, 38 d'ouverture, par M. Charlois. Nous y avons remarqué les singuliers noms des petites pla- nètes, prises évidemment parmi les nouvellement découvertes, telles que Cécile, Baptistine, Clarisse, Gordonia, Fraternitas, Marguerite, Rosalie, Pierretta, Madeleine, Nenetta, etc. » Parmi les comètes nous avons trouvé celles de Brooks, de Faye, de Barnard, de Swift, de Borrelly, etc., toutes admirablement observées. Puis viennent les vingt-six planètes de M. Charlois et les onze qu'il a décou- vertes photographiquement. L'observatoire de Nice occupe assurément l'un des premiers rangs dans la découverte et les calculs de ces difficiles observations. » Le Tome Y contient les observations météorologiques faites sur le plan le plus compréhensif de ces phénomènes. Nous devons faire ici une mention spéciale des restrictions avec lesquelles ces observations doivent être consultées. Elles sont faites à i4o" d'altitude, sur le versant nord du mont Gros, tandis que le littoral, et Nice en particulier, sont protégés contre les vents du nord par la ceinture de montagnes qui les dominent. C'est avec raison que les observateurs de Nice font leurs réserves contre les conséquences qu'on pourrait tirer de leurs travaux relativement au climat du littoral. Ce Volume contient, en outre, les observations magné- tiques et une étude des perturbations des éléments présentée graphique- ment. Observateur : M. Auvergnon, assisté par M. Fautapié. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence de ralumine dans les plantes et sur sa répartition ; Note de MM. Berthelot et G. André. « La proportion de l'alumine dans les végétaux et son existence même ont donné lieu à des contestations : on a même été jusqu'à en nier l'exis- ( 289^) tence. Nos recherches sur la formation des tissus végétaux nous ont conduit à faire sur cette question quelques expériences, dont il paraît utile de publier les résultats. Nous nous sommes attachés à isoler l'alumine en nature, après avoir séparé le fer, par les moyens connus, et l'acide phos- phorique, à l'état de phosphomolybdate. » Voici les résultats : I. — Luzerne semée en pots en mai 1898, récoltée le 20 no\-embre. — Racines de luzerne nettoyées et laiées avec soin. Sur 100 parties. Racine séchée à 1 10" . . 25 , 2 Cendres 3,o3o; soit 12, i pour 100 Alumine pure 0,127; soit o,5 » Peroxyde de fer o, i65 Chaux o,i65 Acide phosphorique (P^0=). . . o, 168 Silice s.,i..' 2,307 Alcalis (par différence) 0,10 II. — Autre. Cendres 1 1 , 4 pour 100 Alumine 0,^8 » III. — Racines de liseron (Convolvulus) (janvier 1894). Poids sec 141367 Cendres i ,533 ; soit 10, 5 pour loo Alumine 0,0596; soit o, 4 pour 100 IV. — Racines de chiendent (3i janvier 1894). Poids sec 8 , 873 Cendres 0,3898; soit 4,4 pour 100 Alumine o,on ; soit 0,12 » V. — Feuilles de lupin. Poids sec 34 , 60 Cendres 2,46; soit 10,0 pour lOo Alumine o,oi3;soit 0,087 " VI. — Feuilles de tilleul. gr Poids sec 47 1 6 Alumine 0,0012; soit o, 0025 pour 100 ( 290 ) )) Ou voit par ces chiffres que l'alumine peut exister dans les cendres des plantes annuelles pourvues de racines abondantes et profondes. Sa proportion était comparable à celle des autres bases, dans l'analyse de luzerne ci-dessus; elle coexistait avec l'acide phosphorique. Mais l'alu- mine est arrêtée aussitôt après son absorption (ou sa fixation) par les racines. Elle n'arrive aux feuilles qu'en dose minime, et même, dans le cas d'un arbre, tel que le tilleul, qu'en dose presque infinitésimale. » L'alumine d'ailleurs, aussi bien que le phosphate d'alumine, peut être maintenue en dissolution, et dès lors absorbée, en présence des acides citrique, tartrique et congénères. » CHIMIE MINÉRALE. — Préparation et propriétés du titane. Note de M. Henri Moissax. « Le titane est plus connu jusqu'ici à l'état de combinaisons qu'à l'état de liberté. On ne l'a obtenu que sous forme de poudre amorphe dont l'aspect et les propriétés ont varié avec chaque préparation. » Dans le premier procédé indiqué par Berzélius ce savant faisait réagir le potassium sur un fluotitanate alcalin. On recueillait dans ces conditions une poudre de couleur rougeàtre que l'on a démontrée ensuite n'être qu'un azoture. )) Wohler (') et plus tard W(")hler et Deville (^), en faisant réagir le sodium sur le fluotitanate de potassium dans un courant d'hydrogène, ont préparé une autre poudre de couleur grise qu'ils regardaient comme le titane et qui décomposait l'eau à la température de 100°. » Enfin plus récemment M. Rern ('), en entraînant au rouge la vapeur de chlorure de titane par un courant d'hydrogène, sur du sodium placé dans une nacelle, a obtenu une autre poudre qui ne décomposait plus l'eau qu'à5oo°. Du reste aucun des auteurs de ces travaux n'a produit d'ana- lyses du titane qui, en somme, était toujours obtenu par la réduction d'un composé titane par un métal alcalin. » L'affinité si puissante du titane pour l'azote et la grande difficulté (') WÔHLER, Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. XXIX, p. 166. (-) WônLER et Deville, Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. LU, p. 92. (') IvERN, Chemical News, t. XXXIII, p. Sy, et Bull, de la Soc. ch., t. XXVI, p. 265. ( 291 ) d'avoir un courant continu d'hydrogène absolument privé d'azote com- pliquaient singulièrement cette préparation. Les échantillons obtenus jus- qu'ici renferment tous du potassium ou du sodium, du silicium, de l'oxygène et de l'azote. ■» A la suite de nos réductions par le charbon, au four électrique, de l'oxyde d'uranium, de la silice et de l'acide vanadique, nous avons repris l'étude du titane. » Lorsque l'on chauffe dans notre four électrique, avec un courant de loo ampères et 5o volts (machine de 8 chevaux), de l'acide titanique placé dans un creuset ou dans une nacelle de charbon, on obtient d'une façon constante un oxyde de titane fondu ou cristaUisé d'un bleu indigo. Si l'on répète cette opération avec un courant de 3oo à 35o ampères et de 70 volts ( 4o chevaux) on obtient une masse jaune de couleur bronze par- faitement fondue. C'est l'azoture de titane Ti-Az- de Friedel et Guérin. » Pour préparer le titane la température doit être beaucoup plus élevée. Avec une machine de 45 chevaux, en variant la forme de l'expérience, nous n'avons jamais obtenu que l'azoture. La préparation ne devient possible que si l'on produit une chaleur assez grande pour dépasser la température de décomposition de cet azoture de titane. » Lorsque l'on chauffe à l'air, dans une nacelle de charbon, un mélange d'acide titanique et de carbone, sous l'action d'un arc de 1200 ampères et 70 volts (au moyen du fourneau électrique à tube que nous avons dé- crit), on obtient une masse fondue qui, après refroidissement, a un aspect cristallin très net et est formée par un carbure de titane de formule TiC absolument exempt d'azote. » Enfin, lorsque l'on chauffe sous l'action du même arc, mais cette fois dans un creuset, un mélange d'acide titanique et de charbon, sans qu'il v ait excès de ce dernier, on obtient après refroidissement un culot dont la partie supérieure, sur une profondeur de 2'^™ à 3""^, est fondue et qui est formé par une fonte de titane à cassure brillante et à teneur variable de carbone. » Dans ces conditions, l'azoture de titane ne peut plus exister et le ti- tane, plus ou moins carburé, subsiste seul. » Ces actions successives d'un arc de plus en plus puissant sur le mé- lange d'acide titanique et de charbon me paraissent apporter une preuve décisive de l'augmentation de la température de l'arc électrique en fonc- tion du courant. Cette étude, en démontrant que la puissance calorifique ( 292 ) de l'arc croît avec l'intensité électrique, augmente considérablement le nombre des expériences à entrejjrendre dans cette nouA'elle voie. » Préparation du titane. — On peut employer du rutile de Limoges, choisi avec soin et qui ne renferme qu'une très petite quantité de silice et de fer. Dans ce cas, le titane obtenu ne sera pas pur, et il vaut mieux sub- stituer, au produit naturel, de l'acide titanique préparé au laboratoire. Ce composé est intimement mélangé à du carbone, puis comprimé et séché avec soin. On tasse fortement ce mélange dans un creuset cylindrique de charbon, de 8*^" de diamètre, et l'on dispose le tout au milieu du four électrique. On opère ainsi sur une quantité de SooS"^ à 400^"^. On fait jaillir l'arc provenant d'un courant de 1000 ampères et 60 volts pendant dix à douze minutes; on arrête le courant, on laisse l'appareil se refroidir, puis on ouvre le four. Le creuset renferme une masse homogène qui n'a été liquéfiée que sur une profondeur de quelques centimètres. Cette ma- tière est entourée d'un vernis jaunâtre d'acide titanique fondu. » Si l'on opère avec un courant de 2200 ampères et 60 volts, la quan- tité de titane obtenue est plus grande, mais la fusion de tout le mélange contenu dans le creuset n'est pas complète. Chaque expérience fournit environ 200^'' de titane. » En dessous du titane fondu, on trouve une couche d'azolure jaune plus ou moins cristallisé, et, tout au fond du creuset, une autre couche bleue d'oxyde de titane hérissée de petits cristaux. Ces différentes tranches de composés variables sont une preuve de l'abaissement rapide de la tem- pérature de la surface du creuset jusqu'au fond. » La fonte de titane que l'on obtient dans ces conditions sera plus ou moins riche en carbone selon les proportions d'acide titanique et de char- bon. Nous avons obtenu ainsi les chiffres suivants : Durée de Ampères. Volts. la chauffe. Carbone. Cendres. Rutile -i- charbon 1000 70 ih i5,3 3,3 » )) 1 200 70 12 11,2 2,0 » i> 1 000 60 12 8,2 2,4 Ac. titanique -H chai-bon. . . iioo 70 10 7,7 4>5 Carbure de titane + oxyde. 2000 60 9 4)8 2,1 » Cette fonte de titane peut être mélangée avec de l'acide titanique, puis chauffée à nouveau au four électrique sous l'action d'un courant ( 293 ) aussi intense que précédemment. Dans ces conditions, surtout si l'on a soin d'opérer rapidement pour éviter l'action carburante de l'arc, on ob- tient un titane ne renfermant pas d'azote et de silicium, et ne contenant plus, comme impureté, que 2 pour 100 environ de carbone. Jusqu'ici nous n'avons pu descendre au-dessous de cette teneur. » Propriétés. — Le titane, préparé dans ces conditions, se présente sous la forme d'une masse fondue à cassures d'un blanc brillant, assez dure pour rayer avec facilité le cristal de roche et l'acier, friable néan- moins et pouvant se réduire facilement en poudre au mortier d'Abich, puis au mortier d'agate. Sa densité est de 4,87. » Le chlore attaque le titane à -h 325°, avec incandescence, en produi- sant le chlorure de titane liquide TiCl'. Le brome à 36o° donne un bro- mure de couleur foncée. L'iode réagit à une température encore plus élevée, sans incandescence sensible, et fournit l'iodure de titane solide, préparé à l'état de pureté par notre confrère, M. Hautefeuille. » Dans l'oxygène, le titane brûle à 6io° avec incandescence en laissant un résidu d'acide titanique amorphe. Le soufre attaque lentement le titane au point de ramollissement du verre. Il se produit un corps de couleur fon- cée, inattaquable à froid par l'acide chlorhydrique et dégageant de l'hy- drogène sulfuré avec l'acide concentré et bouillant. » Dans un courant d'azote, le titane en poudre se transforme en azoture à une température voisine de 800°. Cette combinaison se fait avec un dégagement de chaleur, et la nacelle est portée à une température supé- rieure à celle du tube. C'est le premier exemple bien net d'une combus- tion d'un corps simple dans l'azote. » La vapeur de phosphore réagit vers 1000" en donnant un phosphure de couleur foncée, mais l'attaque n'est que superficielle. » Le carbone se dissout dans le titane fondu et s'y combine pour former un carbure défini. L'excès de carbone cristallise sous forme de graphite.'] » Au four électrique, le silicium et le bore s'unissent au titane pour donner des borures et des siliciures fondus ou cristallisés, qui possèdent une dureté aussi grande que celle du diamant. » Le titane se dissout avec facilité dans le fer en fusion et dans le plomb. Avec le cuivre, l'étain et le chrome il donne des alliages dont nous pour- suivons l'étude. M L'acide chlorhydrique concentré et bouillant attaque lentement le titane en dégageant de l'hydrogène. Il se produit une solution violette. Avec l'acide nitrique à chaud l'attaque est assez lente et fournit de ( ^94 ) l'acide titanique. Avec l'eau régale, la dissolution est beaucoup plus rapide mais l'acide titanique qui se produit ne tarde pas à ralentir la réaction. » L'acide sulfurique étendu dissout le titane avec beaucoup plus de facilité, même à froid, mais pour avoir une attaque continue il est pour- tant nécessaire d'élever la température. Il se dégage de l'hydrogène et la solution prend une teinte violette. Avec l'acide sulfurique concentré et bouillant il se produit de l'acide sulfureux. » Dans un mélange d'acide azotique et d'acide fluorhydrique, le titane se dissout en produisant une violente effervescence. L'attaque est aussi rapide que celle du silicium. » Les oxydants agissent sur le titane avec une certaine énergie: l'azo- tate de potassium en fusion l'attaque sans dégagement de chaleur appa- rent; mais si l'on projette du titane en poudre dans du chlorate de potas- sium, chauffé à sa température de décomposition, il se produit une vive incandescence. » Les carbonates alcalins en fusion l'attaquent aussi avec incandes- cence; il en est de même d'un mélange de nitrate et de carbonate de po- tassium. » Le titane porphyrisé, chauffé dans un courant de vapeur d'eau, ne commence à décomposer ce gaz qu'à une température voisine de 700°, et ce n'est guère qu'à 800° que la décomposition se produit d'une façon con- tinue. Il se fait de l'acide titanique, et l'on recueille de l'hydrogène. » Le fluorure d'argent est réduit à la température de 820° par le titane en poudre avec incandescence. M Analyse. — Le titane, réduit en poudre, est attaqué par un mélange en fusion de carbonate (2 parties) et d'azotate de potassium (8 parties). La masse blanche obtenue est reprise par l'eau froide; le résidu de tita- nate insoluble est dissous dans l'acide chlorhydrique froid et réuni à la première solution. L'acide titanique est ensuite précipité par l'ammo- niaque, en suivant les précautions indiquées pour cette analyse. )) Pour doser le carbone, on enlève le titane au rouge sombre au moyen d'un courant de chlore pur et sec, et par combustion du résidu noir dans l'oxygène, on obtient par pesées l'acide carbonique et les cendres. » Ces analyses nous ont fourni les chiffres suivants : 1. Titane 94 > 80 Carbone 3, 81 Gendres o , 60 ). 3. 96. . I I 96,69 2, ,82 1,91 0 ,92 0,4' ( 295 ) M Carbure de litaneTiC. — Lorsque l'on chauffe, sous l'action d'un arc électrique de looo ampères et 70 volts, un mélange d'acide titanique 160 |)arties et carbone 70 parties, on obtient, après dix minutes, un car- bure défini d'après l'équation TiO= + 3C = TiC-t-2CO. » Ce carbure de titane se présente en culots bien fondus, à cassure cris- talline ou en amas de cristaux; il renferme un léger excès de carbone qui a cristallisé sous forme de graphite ('). » Le carbure de titane a une densité de 4.2'). Il n'est pas attaquable par l'acide chlorhydrique, ce qui permet dans certains cas de le séparer avec facilité du titane en excès. L'eau régale l'attaque avec lenteur. A 700°, la vapeur d'eau n'exerce aucune action sur lui. Les autres réactions sont voisines de celles du titane. Cependant il brûle beaucoup mieux que ce corps dans l'oxygène. Au rouge naissant il prend feu, et le dégagement de chaleur est assez grand pour porter la matière au rouge blanc. Réduit en poudre et projeté dans la flamme d'un brûleur, il fournit des étincelles très belles, beaucoup plus brillantes que celles données par le titane. a Analyse : 1. Carbone 20,06 Titane » M Azoture de titane. — L'azoture obtenu en chauffant l'acide titanique soit additionné de charbon, soit seul, sous l'action d'un arc de 3oo am- pères et de 70volts, se présente sous forme de masses fondues de couleur bronze, difficilement friables, très dures, rayant le rubis, taillant le dia- mant et dont la densité est de 5, 18. » Il nous a donné à l'analyse 78,3 et 78,7 de titane. Ce composé, exempt de carbone, répond donc bien à l'azoture décrit par MM. Friedel etGuérin, dont la densité était de 5,28 et la teneur en titane, 78,1 pour loo. » Oxyde de titane. — L'oxyde bleu obtenu sous l'action de l'arc élec- trique sur l'acide titanique, lorsque cet arc est de faible intensité, se rap- proche beaucoup comme aspect duprotoxyde de titane dont l'existence est encore douteuse, et qui a été mentionné par Laugier et par Karsten. (') Ce graphite retient énergiquement du titane et abandonne par la combustion dans l'oxygène des cendres d'un blanc jaunâtre, dans lesquelles on caractérise facile- ment l'acide titanique. G. R., i8i,j, i" Semestre. (T. CXX, N' 6.) SQ 0 .•5. Théorie pour TiC. '9'4o .9,18 19,36 79.94 80,41 80,64 ( 296 ) » L'oxyde que nous avons obtenu se présente sous l'aspect d'une masse d'un bleu indigo foncé, recouverte et formée d'un amas de cristaux. Nous poursuivons l'étude de ce composé. » Conclusions. — Lorsque l'on fait agir la chaleur produite par >in arc électrique dont l'intensité est variable sur un mélange d'acide titanique et de charbon, on obtient : )> 1° Le protoxyde bleu de titane; 2" l'azoture de titane fondu Ti-Az-; 3° le titane fondu ou un carbure cristallisé de titane TiC. » Le titane fondu est le corps le plus réfractaire que nous ayons obtenu jusqu'ici au four électrique; il est plus infusible que le vanadium, et laisse bien loin derrière lui les métaux tels que le chrome pur, le tungstène, le molybdène et le zirconium. il n'a pu être préparé au four électrique qu'à une température supérieure à celle de la décomposition de son azoture et au moven de l'arc produit par une machine de 100 chevaux. Le titane fondu possède vis-à-vis de l'azote une affinité moins grande que les poudres obtenues par l'action des métaux alcalins sur les fluotitanates; cependant ce titane réduit en poudre brûle dans l'azote à une température de 800". » L'ensemble des propriétés du titane le rapproche nettement des mé- talloïdes et en particulier du silicium. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques déru'és de la phènolphtaléine; par MM. A. Haller et A. Guyot. « Dans notre dernière Commimication (') sur la phènolphtaléine et la fluorescéine, nous avons montré que chacun de ces composés se combine à 2 molécules d'isocyanate de phényle, pour donner naissance à des diphé- nylbicarbamates de la forme ,C°H*OCOAzHC/H' .CH'OCOAzHCH^ c / .c / >o CIl*:^ )0 \C^H^OCOAzHC''H^ C«H*<^ )0 \C"H^OCOAzHC«H», réaction qui confirme les vues généralement adoptées sur la présence de deux groupes hydroxyles dans ces phtaléines à l'état libre. » Nous avons en outre montré que, en solution alcaline, la phénolpbta- (') Comptes rendus, t. CXVl, p. 479. ('/ ■w ■or; H' r / >c l^C" R' 'OC H', co ( 297 ) léine donne naissance à un dérivé dibenzylé, quand on la traile par du chlorure de benzyle : en nous basant sur un ensemble de réactions des plus nettes, nous avons attribué à cet éther la formule suivante CH^OC'H' C C»H*<' \0 ^C»H*OC'H', etnon C»H^<^ ^C«H^ = O. \COOC'H^ » Nous avons cherché une autre preuve à l'appui de notre manière de voir, et avons essayé de préparer un dérivé dialcoylé de la phtaléine, en faisantagir du chlorure de phtalyle sur le phénétol, en présence du chlorure d'aluminium. Cet essai avait déjà été tenté par M. Neuberg (Dus. inaiig., Heidelberg, 1890), mais l'auteur n'obtint qu'une huile se transformant lentement en une masse blanche, porcelanique, qu'il ne parvint pas à faire cristalliser. » En répétant l'expérience de Neuberg, et opérant exactement comme il l'indique, nous avons réussi à obtenir, avec de bons rendements, un produit bien cristallisé, fondant à 122°, et ayant la composition d'une diéthylphtaléine C"H*OC=H" /^^^' UC^H'OC^H^ /^. \.M,T.WW.2tl5 C°H\ ^O -H =2HC4-C«H"^ \y ^CH'OC^H'. \(^^ HC«H*OC^H= \C0 » Le mode de formation de ce composé ne laisse aucun doute sur sa formule de constitution, et la façon dont se comporte cet éther vis-à-vis des différents réactifs est également d'accord avec cette formule lactonique. Comme le dérivé dibenzylé ('), ce produit se présente en petits cristaux blancs et incolores, très solubles dans la benzine, beaucoup moins dans l'alcool et dans l'éther. Il se dissout dans l'acide sulfurique concentré avec une belle coloration rouge, d'où l'eau le reprécipite sans altération appa- rente. » A priori, si l'oa admet, avec MM. Bernthsen, Friedhender, Nietzki, que la phénolphtaléine possède en solution alcaline la formule de consti- (') Une erreur d'impression nous a fait dire, dans notre dernière Note, que la di- benzylphtaléine était bleue, tandis qu'elle est d'un blanc pur. ( 298 ) tution \C00H on aurait pu s'alLendre à obtenir un second éther diéthylique de formule quinonique, en faisant réagir de l'iodure d'éthyle sur les solutions alcalines de phénolphtaléine. » Or, si l'on dissout une molécule de phtaléine dans deux molécules d'éthylate de sodium, et si l'on fait bouillir au réfrigérant ascendant avec un excès d'iodure d'éthyle, la solution, primitivement d'un rouge violacé intense, se décolore rapidement, et l'on isole avec facilité un élher qui est identique dans toutes ses propriétés avec le précédent. » Action de la potasse alcoolique sur les deux éthers. — Si, à une solution chaude et concentrée des deux éthers, on ajoute une liqueur concentrée de potasse alcoolique et que Ton chauffe le mélange au bain-marie, on obtient, au bout de quelques minutes, un magma de longues et fines aiguilles blanches d'un sel de potasse qui, essoré et lavé avec de l'alcool absolu froid, répond à la composition ./OH C6ip/ \(C«H40CMP). \C00K » Ce sel dissous dans l'eau se dissocie peu à peu, comme son analogue le dérivé dibenzylé, en régénérant la phtaléine diéthjlée. On sait d'ailleurs que le sel de po- tasse de l'acide triphénylméthane-orthocarbonique subit la même transformation, quand on l'élend d'eau, pour donner naissance au diphénylphtalide. » Action des réducteurs alcalins. — L'amalgame de sodium ou bien la poudre de zinc en présence de la potasse transforment facilement et quantitativement les éthers préparés par l'une ou l'autre méthode en le même produit de réduction, l'acide diéthoxytriphénylméthane-orthocarbonique H\ /C=H'0C2H= \C0 OH » Cette phtaline se présente en cristaux incolores, assez solubles dans les dissol- vants usuels, ainsi que dans les alcalis et les carbonates alcalins, et fond à 135°. » Ce même composé s'obtient d'ailleurs encore en faisant agir de l'iodure d'éthyle sur une solution alcaline de phénolphtaline, et saponifiant l'éther triéthylique formé. » Traité par de l'acide sulfurique froid, ce dérivé se transforme en une phtalidine bien cristallisée, dont l'élude est encore à f;iire. ( 299 ) » En résumé, les deux procédés employés pour la préparation de la diéthylphtaléine aboutissent à un seul et même dérivé, qui ne semble pas posséder de groupement quinonique. En effet, en variant les conditions expérimentales de toutes les manières possibles, nous n'avons jamais pu obtenir d'oxime avec cet éther, ni avec le diphényiphtalide du reste. » Ces faits sont-ils en contradiction absolue avec la théorie qui veut que la phénolphtaléine ait une fonction quinonique en solution alcaline? Nous ne le pensons pas, et la série d'équations suivantes permet même, en admettant cette théorie, de rendre compte de la formation de la diéthyl- phénolphtaléine dans l'action de l'iodure d'éthyle sur une solution sodique de la phtaléine ^/CH^ONa /C'H^OG^H^ \COONa \C00Na ' \COONa \I COONa (3) c.H./j\'^'"'°^^-H' =C.H./\^'"'°^'«VNa,.. COONa CO NOMINATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre de la Section de Botanique, en remplacement de feu M. Duc/iartre. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Sy, M. Guignard obtient 29 suffrages, M. Bâillon n i r » M. Prillieux » 8 » M. Bureau » 4 » M. Maxime Cornu » 3 » M. B. Renault » i » M. Zeiller » i » ( ;^oo ) M. GuiGXARD, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la République. RAPPORTS. PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un travail de M. E. Hardy, relali/à « V Application des vibrations sonores à l'analyse de deux gaz de densités différentes » ( ' ). (Commissaires : MM. Daubrée, Haton de la Goupillière, Cailletet, Laussedat (') et Cornu, rapporteur.) « On sait de quelle importance serait la découverte d'une méthode simple et rapide, fournissant d'une manière continue la proportion de grisou existant dans l'air d'une mine, et l'on connaît les nombreux pro- cédés chimiques proposés pour obtenir ce résultat. » M. Hardy attaque le problème par une voie différente en faisant appel à une propriété purement physique, à savoir la diminution de densité que subit l'air par l'addition du grisou : la méthode est fondée sur ce fait que toute variation de densité d'un gaz alimentant un tuyau sonore se traduit par une variation dans la hauteur du son rendu; et comme cette variation de hauteur devient très sensible par la production de battements, l'auteur l'utilise pour la mesure du grisou (ou formène') à l'aide d'un appareil qu'il nomme Formènophone. » Grâce à la bienveillance de notre confrère M. le colonel Laussedat, Directeur du Conservatoire des Arts et Métiers, M. Hardy a pu, au mois de décembre dernier, installer son appareil d'études dans une des salles de cet établissement et le faire fonctionner devant la Commission. » L'appareil, renfermé dans une cage vitrée bien étanche (représen- tant une galerie de mine), se compose essentiellement de deux tuyaux sonores identiques, préalablement réglés pour donner exactement le même son (uÏ4, 5x2 périodes ou vibrations doubles par seconde) : l'un est ali- menté par une provision d'air pur qui ne se mêle jamais à l'air de la cage, l'autre par l'air même de la cage, dont on fait varier à volonté la [densité (') Comptes rendus, t. CX\'II, p. 578. (') Appelé à faire partir de la Goinmission en remplacemenl de M. iMallard, décédé. ( 3oi ) par l'introduction d'un gaz léger. Ces tuyaux sont mis simultanément en vibration sous l'action d'un système particulier de soufflets qu'on ma- nœuvre du dehors : on entend alors, à Taide de tubes acoustiques conve- nablement disposés, des battements dont le nombre, dans l'unité de temps, est proportionnel : i" à la quantité relative de gaz léger introduit; 2° à la différence de densité entre le gaz et l'air employé; 3" au nombre de vibra- tions du son initial ('). » Pour que la mesure, déduite de cette observation, soit rigoureuse, il faut que l'expérience soit véritablement différentielle, c'est-à-dire que la variation de ^densité soit due exclusivement au gaz qu'il s'agit de doser. Aussi a-t-on soin de dépouiller les deux gaz de l'acide carbonique qu'ils pourraient contenir en quantité inégale, de les saturer d'humidité et d'égaliser leur température : cette dernière condition s'obtient en les faisant passer à travers deux conduites remplies de toiles métalliques et placées au milieu d'une colonne d'eau. » Dans les expériences effectuées devant la Commission, le gaz léger employé était le gaz d'éclairage (dont la densité est très voisine de celle du formène); on en mesurait, sur la cuve à eau, un volume déterminé et on l'introduisait, par un tube abducteur, dans la cage de l'appareil d'une capacité d'environ 200'''. » L'air de cette cage s'enrichissait donc de '., pour 100 de gaz léger pour chaque litre introduit. )) Voici les nombres observés (-) par les Membres de la Commission : 2 pour 100 de gaz d'éclairage ont donné 3o battements en dix. secondes. I pour 100 » i5 » » ^ pour 100 « 8 à 9 » » » On aurait pu observer l'effet d'une proportion encore moindre, si l'ali- mentation avait été plus régulière. Depuis cette séance, l'auteur a remplacé (') L'expression du nombre n de battements par seconde en fonction de la propor- tion X (supposée petite) du gaz de densité d (celle de l'air étant i) et du nombre N de périodes du son initial est précisément la moitié du produit des trois facteurs x, {i—d) et N. « r= — (i — a) X. En prenant IN ^ 5i2 (ou iiti), d = o,5oo, x ^= ^-J-j, on trouve « = i ,28 ou 12,8 batte- ments en dix secondes : on voit par cet exemple la sensibilité de la méthode. (-) Us sont conformes aux résultats calculés avec la formule théorique ci-dessus, en tenant compte de ce que le gaz d'éclairage est un peu plus léger que le formène. ( 3o2) les soufflets simples par des doubles soufflets et a rendu perceptibles les battements correspondant à \ et même | pour loo de gaz léger. » La sensibilité de la méthode est donc suffisante ; on pourrait proba- blement l'accroître encore un peu. » Outre l'appareil fixe qu'on vient de décrire, M. Hardy a exposé les diverses pièces d'un appareil portatif qu'on pourrait transporter en un point donné de la mine à explorer. Mais, d'après l'opinion de la Commis- sion, ce serait moins dans cette voie qu'il conviendrait de marcher que dans la recherche d'un dispositif additionnel transmettant à grande dis- tance les battements des tuyaux sonores. » L'auteur s'est déjà préoccupé de cette question et remplace au besoin par des téléphones les tubes acoustiques servant à l'observation directe. Toutefois les bruits périodiques du mécanisme d'alimentation gênent la perception nette des battements : il y aura donc lieu de modifier ce méca- nisme, de manière à rendre l'observation plus certaine. » Mais il est un perfectionnement que les Membres de la Commission ont spécialement recommandé, ce serait de disposer l'appareil de telle sorte que chaque battement puisse (au moyen d'un relai électrique, par exemple) développer un effort mécanique, capable d'actionner un enregistreur. » La sécurité des mineurs serait, en effet, singulièrement améliorée, si les ingénieurs et le mécanicien préposés aux ventilateurs voyaient se tracer sous leurs yeux un diagramme représentant à chaque instant la proportion de grisou dans les chantiers dangereux. » Ces tracés, joints à ceux d'un enregistrement automatique de la ven- tilation, auraient en outre l'avantage de constituer des documents perma- nents, d'une sincérité incontestable, utiles non seulement à la surveillance de l'exploitation, mais encore à l'étude des causes influant sur le dévelop- pement du grisou et qui permettraient d'établir ou d'infirmer certaines corrélations sur lesquelles les opinions sont encore contradictoires. » En raison de l'intérêt véritablement humanitaire qui s'attache à la prompte solution des problèmes relatifs au grisou (qu'une catastrophe récente vient encore de remettre douloureusement en mémoire) la Com- mission propose à l'Académie d'adresser à l'auteur des félicitations pour les résultats déjà obtenus et de l'encourager vivement à perfectionner ses appareils : le principe mis en œuvre, qui d'ailleurs n'exclut en rien le dosage des gaz par l'analyse chimique ('), paraît en effet susceptible de (') La métliode cesserait évidemment d'être applicable si le gaz inflammable, au lieu dèlre le formène comme dans l'immense majorité des cas, était un carbure d'iiv- ( 3o-^ ) conduire à cet enregistreur continu de la proportion de grisou dont l'usage serait si précieux pour assurer la sécurité des mineurs. » MEMOIRES PRESENTES. M. J.-W. Rasch soumet au jugement de l'Académie un Mémoire inti- tulé : 'i Le mesurage d'un cylindre ». (Commissaires : MM. Faye, A. Cornu, Laussedat.) M. C. Fitzgerald adresse un Mémoire sur une nouvelle théorie de la précipitation atmosphérique de l'eau. (Commissaires : MM. Faye, Mascart.) M. E. Sans adresse une Note sur un procédé de destruction du Phyl- loxéra. (Renvoi à la Commission.) CORRESPONDANCE . ANALYSE MATHÉMATIQUE . — Sur une propriété des fondions méromorphes . Note de M. Emile Borel, présentée par M. Darboux. « J'ai démontré (^Bulletin des Sciences mathématiques, janvier 1894) qu'une fonction méroraorphe, ne se réduisant pas au quotient de deux polynômes, ne peut être représentée par un développement de Taylor à coefficients entiers (réels ou complexes). Le but de cette Note est de préciser le plus possible dans quelle mesure un théorème analogue peut être démontré pour les séries de Taylor à coefficients rationnels. Soit (i) V lliî -« drogène ajanl une densité voisine de celle de l'air, particularité qui s'est présentée, paraît-il, dans certaines mines à pétrole. 0= R., 1895, 1" Semestre. (T. CXX, N»6.) 4o ( 3o4 ) un tel développement; A„ et B„ sont des entiers (réels ou complexes) pre- miers entre eux. » Supposons que l'on ait (a) 1B„1 M. « Posons z=p^^, il est manifeste que cette substitution fera disparaître tous les facteurs p Bgiirant dans les B„. Après un nombre limité de substitutions de ce genre, nous serions amené à une série à coefficients entiers. M On pourrait croire que l'inégalité (oc) est purement artificielle et tient au mode de démonstration employé; il en est peut-être ainsi en partie; il est facile de montrer par un exemple qu'une inégalité restrictive de ce genre est nécessaire pour que le théorème soit exact. Posons z z- z'^ s" (p ( = ) = I -H ^ +■ ^4 + ^-^ -f- . . . -+- ^ + . . . ; on voit immédiatement que la fonction méromorphe — -— admet un déve- loppement suivant les puissances de s, à coefficients rationnels et nayant en dénominateur que le facteur premier 3. » Je signale, en terminant, le rappiochement que 1 on pourrait établir entre ces propositions et certaines propositions de M. Tchebycheff (') sur des sujets analogues. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certains systèmes d'équations aux dérivées partielles. Note de M. J. Beudo.v, présentée par M. Picard. « 1. Soit une expression - .y- - 7(/'-i)y(p) \ ^a,.a.-t-i a„.,,a„— 1, ^a,,cc.+l a„-i \'* i" • • •■> ■-'■n"' • • •> ^ '-'a,,. ...a,,/» /(/') — rf) (V T - 7ip-f>7ip) \ ^a„a a„_,-t-i ,a„— 1 — ^x, «„_,+!«„— iV,"^) > • • •> •^n-'t • • . , 'j ^a,,. ..,»„/'' (') TnESSE, Thèse de Doctorat, iSgS. — Riqdieh, Annales de l'École Normale supérieure, iSgS. ( 3o6 ) et je les difTérentie par rapport ky. J'obtiens, en tenant compte des condi- tions d'intégrabilité, <^Zy;,'a, a„-i.a„ df^ dxi dv (3) < _ <^^a a,+i a„-i à£n _^ ^Zff....^ /d^g g.+i a^_i d£^ ' ~ da^n dy '" ' dy \ dVP] ,. ' ^ dx, (i = I, 2. ..., rt — l). ■ ,«„ » Je choisis maintenant la nouvelle variable y de façon que àx^ d^a^ a,-n o (e = I, 2, ..., « — i). grâce à cette hypothèse, les équations (3) expriment les & dW ♦ "';• •'" {i—i, 2., .... n — i). s dxi en fonction des dérivées d'ordre inférieur ou égal. » Différentiant chacune des équations de (A) par rapport à a?, , a?,, . . . , a;„_, successivement, je me trouve en présence d'un nouveau système dif- férentiel définissant x^, z, ^''', ..., z'P^ en fonction de a;,, x^, ...,x„_,, de telle manière que toutes les dérivées du premier ordre des fonctions incon- nues sont exprimées au moyen de ces fonctions et des variables indépen- dantes. M. Lie a montré qu'un tel système s'intègre par des équations dif- férentielles ordinaires ; sa solution générale ne renferme que des constantes arbitraires, nous devons les considérer ici comme autant de fonctions in- connues dey, dont quelques-unes d'entre elles seront déterminées par les conditions d'intégrabilité (2). » 2. On Aoit de suite que la méthode précédente est applicable aux systèmes généraux définis ci-après : » Ils définissent p fonctions ?/,, Mo, ..., «p des variables x^, x.^, ..., a;,,, et sont composés de p groupes d'équations, tels que le groupe de rang i se compose de r^'~' équations définissant toutes les dérivées d'ordre pi de M, sauf («,y'ii) (2) (H) en fonctions de celle-ci, des dérivées d'ordre infé- rieur de a,, des fonctions «,+ ,, ..., «p et de leurs dérivées. » 3. Des systèmes tels que je les ai définis se rencontrent dans les applications de la théorie des groupes à l'intégration des équations aux dérivées partielles. » Soit, par exemple, une équation aux dérivées partielles d'ordre n, /= o, définissant une fonction :; des variables x et y; supposons que cette ( 3o7 ) équation admette un groupe infini &„_, dont la transformation infinitési- male générale dépend de n — i fonctions arbitraires d'un seul argument [(p,(«,), (p2("2)> •••> ?H-(("«-i)]; supposons enfin que le groupe G„_, con- tienne des sous-groupes G„_,, G„ ^ Go, G, dépendant respectivement de rt — 2, n — I, ..., 2, I fonctions arbitraires. ); Soient w,,r,, w, trois invariants différentiels du groupe G„_, con- venablement choisis; je considère les équations /=o, (p, (m,, t',, «•',)" o; on pourra déterminer (p, de façon que /= o, «p, = o aient une solution commune ; elles en auront de suite une infinité dépendant de ji — i fonc- tions arbitraires; et le système qui définit tp, aura aussi une solution géné- rale dépendant d'une fonction arbitraire d'un seul argument. » J'envisage ensuite le système simultané /= o, -t-cT a, p, CT, X étant les variations fictives de résistance qui correspondent aux forces électromotrices mises en jeu par l'induction et la capacité. On en déduit a . a a a=-rp+ -ra X. b'^ p q a était une résistance étalon en maillechort construite de façon à avoir une self-induc- tion et une capacité négligeables, p était la bobine à étudier, q une résistance formée par un trait de charbon et sensiblement égale à celle de la bobine, b une résistance prise dans une boîte, plus un fil à curseur qui permettait d'établir l'équilibre. « et 6 étaient sensiblement égaux et très faibles vis-à-vis de p et (7(187 u au lieu de loooo). Sur a était placé en dérivation un condensateur d'Elliolt au -^èwâ ^^^ lequel on prenait la capacité G convenable pour établir l'équilibre dans l'étal variable. Une expérience faite ensuite en remplaçant la bobine et le trait de charbon par des résistances assez faibles montrait que l'effet du rhéostat étalon et de la boîte était négligeable : elle permettait d'ailleurs d'en tenir compte. •/. étant nul, p négligeable, a =: — ra. Mais a = — Ca^, donc TU = — Cap. » Pour multiplier les effets je me servais du commutateur tournant d'Ayrton et Perry, seulement je modifiais légèrement le procédé généralement employé. Au lieu ( 3o9 ) d'établir l'équilibre dans l'état permanent, je l'établissais en faisant fonctionner le commutateur pour la pile seule, le galvanomètre étant toujours dans le pont, et par conséquent étant parcouru à la fois par les courants de charge et de décharge, dont les actions s'annulent. De la sorte, le courant, dans les diverses résistances, était tou- jours le même et il n'y avait pas à craindre de déréglage dû à réchauffement des fils. Au bout d'un certain temps l'état stable était atteint et les mesures présentaient une grande sécurité. » En comparant des bobines sensiblement identiques, j'ai tronvé que les erreurs dues à la capacité pouvaient devenir considérables dans les bobines à double fil ordinaire; qu'elles étaient beaucoup moindres avec l'enroulement Chaperon, et qu'on les réduisait encore sensiblement en employant l'enroulement que j'ai indiqué. » Voici les résultats d'une série d'expériences faites avec tiois bobines en fil de cuivre arsenical de 17 centièmes de millimètre (') : Bobines. Enroulement double ordinaire.. Enroulement alterné Chaperon. i4770 Enroulement alterné nouveau » Donc la bobine oïdinaire a un coefficient de self-induclion négatif L = — i»79; en mettant les deux circuits en surface, on n'a que l'induc- tion, puisque les spires les plus voisines sont au même potentiel et on en déduit, en tenant compte de l'induction mutuelle, pour le coeflicient L de la bobine entière, L=:o,i3. C'est-à-flire que, par l'emploi du double enroulement, on a commis une crreiu- de sens inverse douze fois plus grande que celle que l'on voulait corriger. » L'enroulement Chaperon possède encore une capacité : c'est cette même capacité que l'on trouvera dans les bobines d'induction à un fil qui n'en différent que par le sens des spires, ce qui ne change rien à la capacité. En réalité, on ne mesure jamais que la différence L = A — T entre la self-induction et la capacité; quoique celle-ci soit assez faible, elle peut, quand la résistance augmente, se faire sentir et même devenir prépondérante, de façon que l'on pourra avon- des bobines ayant un coefficient de self-induction négatif. jsistance. Nombre de tours. a. G. ra conclu. 13387 9880 .87 9 0,72 — 1.79 14770 2.5o X 38 =: gSoo » 0, 10 — 0,27 14890 » » 9500 » 0,06 — 0, 16 (') Pour être certain que je mesurais des capacités et qu'il n'y avait pas d'effets provenant d'un résidu de self-induction (tenant à ce que les spires de sens contraire pouvaient ne pas se trouver identiques), j'introduisais dans les bobines des noyaux, de fer dou\. Les résultats n'étaient pas changés. ( 3io) M C'est ce que j'ai réalisé avec des bobines en maillechort de 4 <^en- tièmes, d'une résistance de 66,000 oj environ : j'ai obtenu une self-induc- tion négative. » En introduisant un noyau de fer doux j'ai augmenté A, L est devenu positif et enfin en prenant un faisceau de fils de fer convenable L = o, de sorte que l'on peut, dans certains cas, détruire la self-induction appa- rente d'une bobine, en employant un noyau de fer. Inversement, en pre- nant des bobines de 3, 000 w qui avaient une self-induction positive et en les introduisant dans du pétrole, ce qui augmentait F, je rendais leur self- induction apparente négative. » Dans une autre série d'expériences, j'ai cherché quel était l'ordre de grandeur des erreurs que pouvaient entraîner dans les mesures les capa- cités des bobines qui constituent les ponts habituellement employés. » Les bobines sont en maillechort de i dixième de millimètre, dont la résistance par mètre est d'environ 87 w (chiffre moyen). » J'ai mesuré leur capacité en employant la méthode déjà indiquée : je me suis aussi servi d'un pont dont trois des branches étaient en charbon, la quatrième comprenant les bobines, le rhéostat avec le condensateur. Je remplaçais ensuite les bobines par une résistance en charbon, de façon à avoir l'effet de la self-induction du rhéostat étalon. En appelant s la self-induction apparente de chacune des bobines des mille, j'ai trouvé £ <; io~^. » Lorsqu'on mesure un coefficient de self-induction avec le pont par la méthode de Maxwell, au lieu d'avoir au moment de l'équilibre L — CR'' =: o, on a L — CR^=a avec a ^ a a a = — u-i TO — -X. b p q On prend, en général, p^^q^^ 1000, a-=.b, donc ot =r ^ =z « = , ti étant le nombre des bobines de mille employées. Pour loooow, on trouverait a<;o,oi. Or une ligne télégraphique en fils de cuivre de 3'"", distants de i™,5o, aurait, pour une résistance de looooio une self-induction L=t4, c'est-à-dire que l'erreur serait négligeable. B J'ai employé un pont formé avec des bobines Chaperon, mais dans ces faibles ré- sistances la différence n'est pas sensible. » En résumé, je pense : qu'il ne faut em[)loyer les bobines à double enroulement que pour des résistances faibles; si la résistance augmente, on introduit une erreur de capacité qui peut être plus grande que celle que l'on veut éviter. Dans ce cas, il faut avoir recours, pour atténuer les effets, à l'enroulement Chaperon, ou à celui que j'ai réalisé. » La capacité se fait sentir dans les bobines à enroulement simple : elle ])eut devenir prépondérante si la résistance est assez grande, de façon à ( '^II ) donner une self-induction apparente négative. Enfin, ces effets de capacité sont négligeables dans les mesures faites avec les ponts de Wheatstone ordinaires; ils n'interviendraient que si l'on avait à mesurer des bobines ayant de faibles coefficients de self-induction avec de fortes résistances. Dans ce cas, les chiffres que j'ai donnés permettraient d'en tenir compte. » PHYSIQUE. — Surin mesure du Jlux lumineux. Note de M. A. Blo.vdel, présentée par M. Potier. « Dans un précédent travail ('), j'ai indiqué l'intérêt pratique que pré- seute l'introduction dans la Photométrie de la notion de flux lumineux Ç"') et d'une unité correspondante; même au point tle vue théorique il paraît, du reste, désirable d'avoir une idée concrète du flux lumineux, indépen- damment de la cause qui le produit. Je me propose aujourd'hui tle com- pléter ces considérations par l'indication d'une méthode générale et di- recte de mesure de ce flux, reposant sur les propriétés de la diffusion par transmission. » On .sait que, lorsqu'un écran diffuseur mince reçoit sur sa face anté- rieure des rayons lumineux sous un angle d'incidence a, ceux qu'émet sous un angle p un petit élément dS de sa face postérieure présentent une intensité Ip, proportionnelle à la surface d'émission dS, à l'éclaire- ment E de la face antérieure dans la partie correspondante, et à un coeffi- cient /'(a^), qui dépend de la nature de la substance et des angles a. et p : » Certaines substances, qu'on peut appeler ortholropes (verre opale de plus de 2™™, papier, etc.), présentent un coefficient f indépendant de l'angle d'incidence x tant que celui-ci ne dépasse pas certaines limites; en outre, leur indicatrice de diffusion est symétrique par rapport à la nor- male et peut se représenter par une équation de la forme Ip^ Erf4(cosp)'' (') La Lumière électrique, 7 juillet 1794 et The Electriciaii, 28 septembre 1894. Voir aussi sur ce sujet les remarques de M. E. Hospitalier {L'Industrie électrique, 25 juillet 1874). (-) Cette expression est employée ici de préférence à celle de quantité de lu- mière que nous a léguée le siècle dernier, dans le but de rétablir riiarmonie entre cette terminologie et celle qu'on emploie dans l'étude de la chaleur rayonnante, et de conserver les analogies intéressantes qui existent entre le llux lumineux et le flux magnétique. C. R., i8()5, I" Semestre. (T. CXX, N" 6.) 4' ( 3l2 ) dans laquelle l'exposant /i est compris entre i et 2; tant que p ne dépasse pas quelques degrés, on peut donc admettre, sans erreur sensible pourlp, la valeur !„ mesurée suivant la normale (' ). » Cela posé, je projette, par un procédé convenable, variable suivant les applications, tout le flux à mesurer $ sur un écran diffuseur orthotrope plan G {fig- i)' ®^ i® place de l'autre côté un photomètre P dans une posi- tion et à une distance telles que les angles p et p' raaxima restent très faibles pour tous les rayons que le photomètre P reçoit des divers points de la tache éclairée de l'écran S. L'éclairement E' ainsi produit par celle-ci a pour valeur l'intégrale E'= r^f^^ ^ ' rE^s/(p)cos=p. Plus généralement nous supposerons que le photomètre et la tache sont disposés de façon que les variations de ^ soient très faibles d'un point à l'autre de celle-ci; alors on peut remplacer le produit /(p) cos^p par sa valeur moyenne, que j'appellerai K. On égalise cet éclairement E' à celui produit par une source de comparaison I' que l'on amène à la distance convenable /' en supposant qu'il s'agit d'un photomètre Bunsen. ("). On a alors l'égalité I' K /•„ ,_ K* d'où l'on déduit en fonction des autres quantités. Le flux est donc dé- terminé par la mesure photomélrique, tout comme s'il s'agissait d'une source ordinaire h photométrer; le seul coefficient ajouté ici est K. Pour l'éliminer, on doit commencer par tarer, dans une expérience préliminaire, l'écran, par exemple en comparant son éclat apparent à \' éclairement qu'il reçoit. Lorsqu'd s'agit seulement de comparer des flux, cette constante K s'élmime d'elle-même. Il est facile également de déterminer une limite su- périeure de l'erreur admise en supposant /(P) cos- p constant, d'après la forme de l'indicatrice et la forme de la tache lumineuse ('). (') Ces propriétés sont utilisées dans les photomètres à diffuser (Crova, Mascart, Weber, etc.), mais seulement pour la mesure des intensités ou des éclairements. Voir, en particulier, dans les Annales de Physique et de Chimie, le travail de M. Crova sur son photomètre à dififusion. (-) On peut employer les divers types de photomètres, mais de préférence ceux qui servent aux mesures d'éciairement. (') Supposons, par exemple, que la tache ait une forme circulaire de diamètre d, et ( 3i3 ) » IjA ftg. I représente schématiqiiement l'applicntion de la méthode à la mesure du flux d'un projecteur M, éclairé par un arc électrique A, dont un petit écran B empêche les rayons directs de tomber snr l'écran dif- Fis Fig. 1. ■\ fiiseur. La/?«-. 2 représente une autre application à la mesure du flux émis par une lampe à arc oblique dans un angle solide inférieur à 140". On peut alors recevoir directement le flux sur l'écran G, où il est limité, dans ce cas, par une plaque de tôle F placée en avant et percée d'une ouver- ture circulaire de diamètre approprié. En déplaçant celle-ci, on peut faire varier l'angle solide du flux mesuré. » Si l'on compare les mesures faites suivant les schémas i et 2 avec une même lampe et un môme angle solide, on peut en déduire la perte de lumière produite par un projecteur. » Enfui, si l'ouverture angulaire du projecteur {fig. 1) a été choisie égale à 2tc, c'est-à-dire si l'on place la source de lumière dans le plan même de l'ouverture du projecteur, celui-ci recueille le demi-flux de la source, et deux mesures suffisent, par conséquent, pour connaître le flux total et, par suite, l'intensité moyenne sphérique. Je reviendrai, d'ans une prochaine Note, sur cette importante application, en même temps que je décrirai l'appareil qui la réalise pratiquement. J'indiquerai dans un travail spécial les mesures relatives aux deux premières applications, et qui, sans que Ton emploie un écran en papier pour lequel /(P) = Âcos2p sensiblement. On pourra se contenter de prendre K =: A, et l'erreur commise sera certainement infé- rieure à I — cos'i^, en posant tangp = -. On trouve ainsi que, pour avoir une préci- sion assurée de i pour 100 (en réalité, elle sera plus grande) relativement à l'effet de l'écran, il suffit de faire p < 4° ou / >• 'j,^d. Plus généralement, lorsque la tache est annulaire et a pour diamètres intérieur d, extérieur d' et moyen c/(,, il suffit que les angles jii correspondants satisfassent aux relations cos'p — cos*po< s. cos'P'— cos*po a. est réel dans le cas actuel, et la valeur de A peut s'écrire h = e-"^'' ■ on en déduit 4^5 -I (i — /(-)- sin-c » Quant à -, il devient ^ 2 2 ~ X d'où ■ 2 ° sm'' 0 2Trve ,— ^-t: — :r-. — ,— y/n- sm i — i V — i. 0 , /2TCve ■-^, r-^-: \ _ = _SH-(-^V«-s.n^^-.j. )> Substituant dans l'expression de I, il vient (' ) (A) I=- I sin^a SH- — r — y/i- siii-« — I » Pour la lumière polarisée dans le deuxième azimut principal, un calcul analogue donnerait (A') r= ^ /^,e T' P étant défini par (5) tang- = — n-tane;-- » Les intensités des ondes réfléchies seront i — I et r — 1'. (') Les fonctions SH et CH (sinus et cosinus hyperboliques) sont ainsi délînies ( 3i6 ) » Enfin, si la lumière incidente est polarisée dans un azimut quelconque, les vibrations transmise et réfléchie sont elliptiques. » La différence de «p entre les deux composantes principales a la même valeur dans les deux cas; elle est donnée par l'équation sh(^^;? tang

>v; par suite, sin-ji > sin-a et F> ï. On aura une polarisation par- tielle dans le second azimut. Mais a + p croît constamment. On trouve une incidence pour laquelle 0 0,0266 o,o463 33,64 » — o,ooo4 o,o3o7 o,o534 33,63 » — o,ooo5 0,0339 0,0578 34,17 » —0 , 000 1 o,o353 0,0612 33,72 » — o,ooo5 o,o383 o,o658 34, o3 )) — 0,0002 o,o465 0,0793 34, 3i » 4-0, 0001 O,05l2 0,0875 34,20 » — 0,0001 o,o5S3 o,og5o 34,56 )) +o,ooo5 0,454 0,774 34,27 34,06 n 0,618 I ,od4 34, 3i 33,95 ,) 0,688 1,173 34,33 33,93 » 0,765 i,3o5 34,32 33,87 )) 0,779 1,327 34,32 33,86 „ 1,067 i,8i5 34,41 33,78 » 1,098 1,867 34,42 33,78 » 1 ,220 2,071 34,47 33 "- )) 1 ,221 2,073 34,47 33,75 )) 1,475 2,498 34,55 33,69 )) 1,642 2,771 34,67 33,71 )> 2,068 3,471 34,83 33,62 » 2,536 4,225 35,12 33,63 )j 2,838 4,700 35,32 33,66 " 2,923 4,825 35,44 33,73 )J 3,145 5, i5i 35,71 33,87 » O Dans le graphique ci-après, la courbe F représente les résultais delà colonne C en fonction de l'abaissement observé; la courbe G, ceux de la colonne D Les autres donnent rabaissement produit par i molécule dans loos'' de dissolution et calculé d'après les observations d'Arrhénius (H), de Pickering (K), de iM. Raoult (L), de Riidorfl' (M), de De Coppet (N), de Jones (0), de Loomis (P) et de Nernst et Abegg(Q). M La comparaison de ces résultats montre que les abaissements que j'ai observés sont plus petils que les autres : cela tient surtout à ce que, dans la méthode usuelle, on lit la température de congélation non quand l'équilibre est établi entre la glace et la dissolution, mais lorsque la chaleur cédée au thermomètre par suite de la formation de la glace n'est plus sc- différence entre l'abaissement observé et l'abaissement calculé en admettant que l'abaissement moléculaire est constant dans cet intervalle et égal à 34,28, nombre obtenu par la méthode des moindres carrés. ( ;^t9 ) périeure à celle enlevée par le rayonnement. Dans les six séries d'expé- riences que j'ai faites entre o" et — o°, i je n'ai jamais obtenu de résultats semblables à ceux de Jones, Arrhéniiis, Loomis, Pickering, et je n'admets pas les conclusions de ces savants relativement à la dissociation du NaCl. 37,5 35,5 3^,5 33,5L_. OU à la formation d'hydrates; j'ai toujours observé que l'abaissement était proportionnel au poids du sel existant dans loo^ de dissolution. Ce ré- sultat m'a été confirmé par ceux que j'ai obtenus à des températures plus basses; on voit en effet que la courbe F vers l'origine se rapproche d'une ligne droite perpendiculaire à l'axe des ordonnées. )) Les dissolutions de RCI, RBr m'ont donné des résultats semblables à ceux des dissolutions de NaCl : « A la limite il y a proportionnalité entre l'abaissement du point de congélation et le nombre de grammes ou de molécules de sel existant dans loo^'' de dissolution. » Je montrerai d'ail- leurs que ce fait est en parfait accord avec les lois de la pression osmo- tique ('). 1) (') Ce travail a été fait au laboratoire des recherches physiques de la Sorbonne. C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N' 6.) 4^ ( 320 ) CHIMIE MINÉRALE. — Sur le sulfure d'or. Note de M. A. Ditte, présentée par M. Troost. « L'action d'un courant d'hvdrogène sulfuré sur une dissolution étendue de chlorure d'or varie suivant les circonstances : si la liqueur est neutre, les premières bulles de gaz sulfuré y déterminent une coloration brune qui s'accentue à mesure que le courant passe, et, quand elle est saturée, elle n'a donné lieu à aucun dépôt de sulfure métallique : le liquide est brun foncé, transparent, traverse les fdtres sans rien perdre de sa couleur; mais, abandonné à lui-même dans un vase fermé et à la température ordi- naire, il se modifie lentement; le sulfure d'or se transforme, au bout de 24 heures ou d'un temps plus long, la liqueur encore très foncée se déco- lore quand on la filtre, ou, si on la laisse en repos, elle dépose lentement du sulfure d'or gélatineux qui, agité avec de l'eau, y demeure longtemps en suspension en formant une liqueur colorée. L'addition de quelques gouttes d'acide chlorhydrique à la dissolution foncée qui traverse les filtres, ou à celle qui retient en suspension le précipité gélatineux, détermine rapidement le dépôt du sulfure d'or sous la forme d'une poudre noire, et la liqueur devient incolore; on arrive immédiatement à ce résultat, quand on dirige un courant d'hydrogène sulfuré dans une solution acide de chlo- rure d'or. « Le sulfure d'or peut donc présenter des aspects très divers, depuis la matière soluble produite dans une liqueur neutre, ou obtenue comme l'a fait Schneider en dialysant une solution de cyanure d'or dans le cyanure de potassium saturée d'hydrogène sulfuré [/>. chem. GeselL, XXIV, p. 2241], jusqu'au sulfure noir, dense et insoluble dans l'eau, (le sulfure, mis en contact avec un sulfure alcalin, donne lieu à des réactions de plusieurs espèces. » Si l'on ajoute peu à peu du monosvdfure de sodium à du sulfure d'or, noir, insoluble, il se dissout graduellement et un excès de sulfure alcalin donne une liqueur rouge orangé, présentant l'odeur particulière aux solutions de persulfures alcalins. Cette dissolution, lentement évaporée dans le vide, dépose des agrégats de cristaux, formés par des aiguilles incolores et transparentes rayonnant autour d'un point; bien séchées sur de la porcelaine poreuse, leur composition peut être représentée par la formule Au- S, aNa^S, 2oH'0. Ces cristaux noircissent à la surface sous ( 32. ) l'action des substances organiques; ils sont très solubles clans l'eau en donnant une liqueur incolore dans laquelle les acides étendus forment immédiatement un dépôt de sulfure d'or. » Si le sulfure alcalin n'est qu'en très faible excès, on obtient une liqueur jaune orangé, qui dépose dans le vide des aiguilles fines du sullure double Au^S.Na^S, loH^O et l'eau-mère, évaporée davantage, donne lieu à une dissolution sursaturée, qui tantôt se prend en masse, tantôt dépose des petits prismes, courts, déliquescents, ne renfermant pas d'or; très solubles dans l'eau, ils donnent une liqueur jaune dans laquelle les acides étendus produisent un abondant dépôt de soufre; ils sont formés par le bisulfure hydratéNa-S-,8H=0. » Ainsi, au contact de monosulfure de sodium en excès, le sulfure d'or passe à l'état de sulfure aureux Au^S, qui s'unit au sulfure alcalin pour faire des sulfures doubles solubles dans l'eau sans décomposition, tandis que le soufre, mis en liberté, donne lieu à la formation de bisulfure de sodium. « Il en est autrement, quand c'est le sulfure d'or qui est en excès : il s'en dissout une certaine quantité, puis, la portion non dissoute diminue de volume, change de couleur, et, au bout de quelques jours, elle est transformée en une poudre dense, terne, jaune-verdàtre, formée de très petits cristaux, accolés les uns aux autres et opaques; cette matière ne renferme pas de soufre, c'est de l'or pur, cristallisé par voie humide. La faible proportion de sulfure alcalin, mise au contact de l'excès de sulfure d'or, a formé d'abord un sulfure double et du bisulfure de sodium; celui-ci a continué à enlever du soufre au sulfure d'or, en mettant le métal en li- berté, jusqu'à ce que le persulfure alcalin soit saturé de soufre; enfin le sul- fure double, au contact de l'excès de sulfure d'or, se décompose à son tour et se change en persulfure alcalin tout en déposant du sulfure aureux. Si, quand tout le sulfure alcalin est saturé de soufre, il reste encore du sulfure d'or non décomposé, il n'éprouve plus de modification d'aucune espèce, le persulfure alcalin étant sans action sur lui. » Le sulfure d'or ne se dissout, en effet, pas sensiblement dans une dissolution de sulfure de sodium saturée de soufre; d'autre part, une solu- tion de sulfure d'or dans le monosulfure alcalin en excès, étant additionnée de fragments de soufre, donne lieu à la formation d'un dépôt de sulfure noir, qui augmente à mesure que le soufre se dissout, et quand la liqueur en est saturée, elle ne contient plus que des traces d'or. Enfin, l'or mis en liberté ne peut donner lieu à aucune réaction inverse, car des feuilles ( ^2-2 ') ci'oi', abandonnées pendant dix-huit mois an contact d'une solution de sulfure de sodium saturée de soufre, à la température ordinaire et en tube scellé, ne sont pas altérées par cette liqueur. )) Quand on remplace le sulfure de sodium par celui de potassium, on observe des faits analogues; mais le sulfure de potassium, beaucoup plus soluble dans l'eau que celui de sodium, donne naissance à des sels doubles, bien plus solubles, eux aussi, que ceux formés avec le sodium et plus difficiles à isoler purs. Lorsqu'on dissout du sulfure d'or dans un très léger excès de sulfure de potassium, on obtient le plus souvent un résidu d'or métallique, qu'on opère à froid ou à la température de 3o° à 4o°; la liqueur fdtrée, évaporée dans le vide, se concentre jusqu'à devenir un épais sirop rouge duquel se déposent enfin des cristaux, qu'on peut débar- rasser de leur eau-mère en les déposant sur une plaque de porcelaine bien sèche et à l'abri de l'humidité : ce sont des aiguilles jaune d'or, déli- quescentes, attirant avec rapidité la vapeur d'eau atmosphérique, et très solubles dans l'eau, qu'elles colorent en jaune; la lumière leur fait subir une altérations uperficielle, qui les rend grises à la surface, et leur composi- tion peut être représentée par la formule Au'S, 4K."S-, 12H-O. Quanta l'eau-mère, elle se prend en masse quand on la concentre dans le vide, et il ne s'en sépare pas d'autre composé défini. » Enfin, le monosulfure de potassium, mis en contact avec un excès de sulfure d'or, lui enlève du soufre et sépare de l'or métallique; les choses se passent tout à fait comme avec le sulfure de sodium; et le sulfure de po- tassium, saturé de soufre, est, aussi bien que celui de sodium, dénué d'ac- tion à froid, et sur le sulfure d'or, et sur l'or que l'on maintient en contact avec lui. » CHIMIE. — Sur une mélhode pour déterminer la cristallisation des précipités. — Sulfures de zinc et de manganèse, hydrate d'oxyde de cuivre. Note de M. A. YiLLiERS, présentée par M. H. Moissan. « Nous avons montré précédemment (p. 188) que la vitesse de trans- formation et la température de transformation du sulfure de zinc amorphe dépendent, non seulement de la composition du milieu dans lequel on a produit la précipitation du sulfure, mais encore des variations éprouvées par ce milieu après cette précipitation. Tandis qu'un abaissement de tem- pérature retarde cette transformation, toute cause qui peut produire un ( 323 ) effet comparable à une diminution de la dilution des liqueurs exerce une action inverse et détermine un abaissement de la température de transfor- mation. » Nous avons pensé que la congélation complète du dissolvant, pouvant être comparée à une concentration poussée aussi loin que possible, devait permettre d'obtenir les précipités amorphes à l'élat cristallisé, ou, tout au moins, dans un état de condensation plus élevé, malgré l'influence en sens inverse d'un abaissement de température; de faibles variations du milieu ambiant pouvant entraîner une variation de })lus de loo degrés de la tem- pérature de transformation. » Cette méthode paraît être d'une application assez générale et permet de déterminer facilement, par l'action du froid, des transformations qui peuvent être produites aussi par une élévation de température, quelquefois très considérable. Peut-être ces transformations doivent-elles être attribuées à une cause différente, à la compression exercée par la dilatation de la glace qui emprisonne les précipités; on constate en effet, après la congé- lation complète du liquide, qui se produit de l'extérieur à l'intérieur, que le précipité a été réuni dans la partie centrale du bloc de glace, oîi il a dû certainement subir une pression considérable. Nous nous proposons de rechercher quelle est la cause véritable des transformations ainsi observées et nous nous bornerons aujourd'hui à en donner trois premiers exemples. » Sulfure de zinc. — Si l'on congèle complètement le liquide alcalin contenant en suspension le sulfure de zinc amorphe dont on a précipité ce dernier, et que l'on prolonge pendant quelques heures l'action du froid, on constate, si la liqueur est diluée et faiblement alcaline, qu'après fusion de la glace, le sulfure de zinc n'est plus du sulfure amorphe, et qu'il ne se redissout plus, comme avant la congélation, sous l'action d'un courant prolongé d'hydrogène sulfuré (pourvu que le volume du liquide par rapport au précipité ne soit pas trop considérable). » On peut ainsi transformer par la congélation un précipité de sulfure de zinc, même dans des milieux tels que la température de transformation soit supérieure à ioo°. « Sulfure de manganèse. — Une observation analogue a été faite, il y a trente ans, par Geutlier, sur la transformation du sulfure de manganèse rose en sulfure vert (^Jenaische Zeilsch. f. Med. u. Nalur., Il, p. 127), et, bien qu'elle ait été contredite depuis, nous en avons constaté l'exactitude. Pour réussir cette expérience, il faut se placer dans des conditions ana- ( 324 ) logues à celles dans lesquelles se produit le plus facilement la transfor- mation du sulfure de zinc. On doit prendre une solution d'un sel de man- ganèse, de chlorure par exemple, très diluée, afin que la congélation soit aussi complète que possible, et la précipiter par un très léger excès de sulfhydrate d'ammoniaque. Le liquide étant congelé et maintenu à quelques degrés au-dessous de zéro, la transformation se produit d'une manière com- plète du jour au lendemain. » Nous ferons remarquer que, dans les mêmes milieux, la même trans- formation obtenue ainsi à quelques degrés au-dessous de zéro ne peut être produite par l'action de la chaleur qu'à une température supérieure à 3oo°. » Hydrate d'oxyde de cuivre. — On connaît l'oxyde de cuivre hydraté sous plusieurs états. Précipité par un alcali d'une dissolution d'un sel de cuivre tel que le sulfate, il est amorphe, d'une couleur bleue légèrement mélangée de vert, et assez instable. Dans des conditions qui ont été étu- diées par plusieurs auteurs et surtout par M. D. Tommasi {Bull, de la Soc. chim., 1882, t. XXXVII, p. 197), et sur lesquelles nous reviendrons, il se transforme en oxyde noir. » Mais l'oxyde bleu et l'oxyde noir peuvent eux-mêmes exister sous plusieurs états représentant des condensations différentes. Nous étudie- rons plus tard les conditions dans lesquelles se produisent ces transfor- mations successives, conditions qui sont semblables à celles que nous avons trouvées dans l'étude du sulfure de zinc. Nous nous bornerons aujourd'hui à indiquer une transformation du sulfure de cuivre bleu, que l'on peut déterminer par la méthode précédente. <) M. Peligot {Ann. de Ch. et de Phys., 3^ série, t. LXIII, p. 347 '■< i86[) a déjà obtenu, en précipitant par l'eau ou par un alcali, dans certaines conditions, certains sels de cuivre ammoniacaux, un oxyde de cuivre CuOHO, différant de l'oxyde bleu ordinaire par son état cristallisé, sa belle coloration bleu turquoise et sa très grande stabilité, qui le rendent propre à des applications industrielles. » Ce corps peut être préparé très facilement par la transformation de l'hydrate ordinaire. Si, en effet, on prépare ce dernier à froid, en préci- pitant une solution peu concentrée de sulfate de cuivre par un léger excès de soude, et lavant le précipité avec de l'eau glacée, l'oxyde ainsi obtenu se présente au microscope sous l'aspect d'une masse complètement amorphe n'exerçant aucune action sur la lumière polarisée. Si l'on congèle le li- quide qui contient en suspension le précipité, et si l'on maintient la tem- ( 325 ) pérature au-dessous de zéro, on constate qu'au bout de deux heures, la cristallisation du précipité est très avancée, et l'action sur la lumière pola- risée très manifeste. Après plusieurs heures, la transformation est complète et le précipité amorphe s'est transformé en petits cristaux denses, d'une belle couleur bleue présentant la composition et tous les caractères de l'oxyde obtenu par M. Peligot. » Il est probable que certaines espèces minérales cristallisées ont dû être ainsi produites par l'action du froid. Nous retrouverons dans un grand nombre de cas, des résultats semblables dans le courant de ce tra- vail. " CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la cincJwnigine ; dimorphisme d'un composé présentant le pouvoir rotatoire moléculaire spécifique. Note de MM. E. JvxGFLEiscii et E. Léger, présentée par M. Henri Moissan. (' I. En poursuivant nos recherches sur les isoméries de la cinchonine, nous avons observé un fait d'un intérêt plus général. Nous avons constaté, en effet, que la cinchonigine, l'une des bases décrites par nous antérieure- ment (^Comptes rendus, t. CVI, p. SS^), est dimorphe. Si l'on néglige le tartrate acide de strontiane qui se détruit dans les dissolutions, elle fournit le premier exemple d'un corps dimorphe possédant le pouvoir rotatoire moléculaire spécifique. Comme nous avons indiqué des modes de prépa- ration qui permettent de produire facilement cette substance, elle se prê- tera aux recherches que doit provoquer la coexistence des deux caractères physiques précités. Nous nous proposons seulement ici de préciser les cir- constances dans lesquelles se produit ce cas de dimorphisme très particu- lier. » II. La cinchonigine ne cristallise aisément que dans ses dissolutions éthérées bien desséchées. )) D'une liqueur éthérée liumide, la base ne se sépare le plus souvent, par l'évapo- ration spontanée du dissolvant, que sous la forme d'une huile épaisse; parfois il se produit un hydrate de cinchonigine dont il sera parlé plus loin et qui, constituant de beaux cristaux aj'ant à peu près l'apparence des précédents, pourrait être confondu avec eux. L'évaporation lente, opérée à froid, de la solution éthérée, desséchée par contact prolongé avec la potasse caustique solide, donne régulièrement les cristaux anhydres obtenus par nous autrefois et dont M. WyroubofTa bien voulu faire l'élude cristallographique. Leur forme est clinorhombique {/ig- i); elle sera décrite ailleurs. » Une solution éthérée sèche, saturée au voisinage de son point d'ébullition, donne ( :^2fi ) par refroidissement les mêmes cristaux clinorliombiques quand on amorce sa cristalli- sation avec un des ciistaux clinorliombiques obtenus à froid. Si la solution est assez fortement chargée pour qu'elle cristallise étant encore chaude, et si on la préserve du FlK. I. Cinchonigine rlinorhomhiqun. contact des cristaux clinorhombiques de cinchonigine, elle dépose spontanément de fort beaux cristaux présentant une autre forme que les précédents. M. Wyrouboflfles a trouvés orthorhombiques (,fig- 2). Fig. 2. h? m. 3' Cinchoniiïine ortlioilionibique. » III. La multiplicité des isomères de la cinchonine et surtout la faci- lité avec laquelle ces isomères se mélangent dans les cristallisations, nous imposaient l'obligation d'établir qu'il s'agit bien ici de dimorphisme. Les expériences suivantes ne laissent aucun doute sur ce point. » Si l'on évapore lentement, à froid, la moitié d'une solution de cinchonigine dans l'éther sec, en ajoutant un cristal clinorhombique, elle donne jusqu'à la fin des cris- taux clinorhombiques. L'autre moitié, soumise à des concentrations successives, sé- parées par des cristallisations opérées à chaud en ajoutant un cristal orthorhombique, dépose jusqu'à la fin des cristaux orthorhombiques. » Quand, dans une cristallisation orthorhombique bien refroidie, on laisse tomber un cristal clinorhombique, les cristaux orthorhombiques se dissolvent peu à peu et sont remplacés par des cristaux clinorhombiques ; finalement, ceux-ci subsistent seuls. Inversement, quand on enferme dans des tubes scellés des cristaux clinorhombiques, baignés d'élher sec et saturé de cinchonigine, avec un cristal orthorhombique, puis qu'on maintient les tubes à 45''-5o° pendant quelques heures, on trouve, après refroidis- sement, que les cristaux clinorhombiques ont disparu complètement et ont été rem- placés par des cristaux orthorhombiques. ( 3-27 ) » La cinchonigine des cristaux, orlhorhorabiques el celle îles clinorhombiques, observées sous forme de chlorhydrate, ont le même pouvoir rotatoire; dans les deux cas, les points de fusion sont tellement voisins de 129°, qu'il n'est pas possible de les distinguer. En outre, nous n'avons pu relever aucune différence entre les sels produits par les deux sortes de cristaux, non plus qu'entre les dérivés alkylés. Cette dernière constatation aurait été superflue après ce qui vient d'être dit, mais nous avions pro- cédé à ces comparaisons lorsque, n'ayant pu reconnaître encore les conditions de transformation des deux sortes de cristaux, nous étions portés à attribuer les diffé- rences de formes cristallines à une isomérie. » Les changements de forme cristalline indiqués ont été effectués en présence d'un dissolvant. Les cristaux orthorhombiques, obtenus à chaud, gardent leur limpidité lorsqu'on les conserve à la température ordinaire; notre plus ancien échantillon ren- ferme, il est vrai, quelques cristaux devenus opaques en partie, mais leur opacité, qui n'augmente plus, ne correspond pas à une transformation progressive, telle que celle dont il s'agit. » Des cristaux orthorhombiques, maintenus pendant deux semaines entre — 5° et — i5°, au contact de cristaux clinorhombiques, n'ont pas perdu leur limpidité. D'autre part, M. Wj'rouboff, dont l'habileté en ce genre d'observations est bien connue, a exa- miné au microscope, en les chauffant, des lames de cinchonigine clinorhombiques; il n'a constaté aucun changement dans leur structure cristalline. » En résumé, la cinchonigine est dimorphe et ses deux formes se chan- gent facilement l'une dans l'antre. La forme clinorhombique est stable à la température ordinaire, tandis que la forme orthorhombique l'est au voi- sinage de la température d'ébuUition de l'éther, vers 35°. C'est donc dans l'écart d'une vingtaine de degrés, existant entre ces températures, que se trouve la limite qui sépare les deux phénomènes de cristallisation. » IV. I>a formation de l'hydrate de cinchonigine pouvant compliquer un peu les faits précédents, nous donnerons quelques indications sur ce nouveau composé. » Quand on chauffe dans l'eau de la cinchonigine anhydre, fusible à 129°, on observe qu'elle fond au-dessous de l'ébullition de l'eau ; la fusion s'opère à une température plus basse encore, si l'on triture la base sous l'eau, pour augmenter le contact avec le liquide. Ces faits dénoncent la formation d'un hydrate. » On obtient celui-ci cristallisé en agitant la base ainsi liquéfiée avec de l'eau maintenue vers 100°; la liqueur décantée se trouble en refroidissant, puis donne des cristaux prismatiques. La solubilité étant faible, les cristaux déposés sont peu abon- dants; on augmente leur production en ajoutant à l'eau quelques centièmes d'alcool. Il faut éviter cependant de trop accroître ainsi la solubilité, le produit se précipite- rait huileux et donnerait ensuite des masses cristallines confuses. Les cristaux sont un hydrate de cinchonigine à 2 molécules d'eau; ils fondent à 690,3 (corr. ), sont peu altérables à l'air libre, mais perdent la totalité de leur eau dans l'air sec et froid ou dans l'étuve à 100°. G. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N» 6.) 43 ( 328 ) » Les cristaux déposés clans l'eau sont fragiles, fréquemment tuljulaires, de petites dimensions. Pour obtenir le même corps en très beaux cristaux limpides et volumi- neux, il suffit de saturer à la fois d'eau et de cinchonigine de l'éther pur, et d'aban- donner la liqueur à l'évaporation lente, en ajoutant quelques cristaux d'hydrate obtenus dans l'eau. Fig. 3. Hydrate de cinchonigine. » Nous donnerons ailleurs la détermination cristallograpliique de cet I13 drate : nous la devons à l'extrême obligeance de M. WyroubofF; il est possible seulement de dire ici que les deux sortes de cristaux sont orthorhombiques et hémièdres. La fig. 3 repré- sente les cristaux obtenus dans l'éther. » Tl est à remarquer que la cinchoniliue , isomère très voisin de la cinchonigine, forme un hydrate en fines aiguilles, à 3 molécules d'eau. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Pluralité des chlorophylles. Deuxième chlorophylle isolée dans la luzerne. Note de M. A. Etard, présentée par M. H. Moissan. « Dans de précédentes Communications, j'ai montré la complexité de l'ensemble des pigments verts présents dans les feuilles des phanéro- games. Pour une même espèce, ces matières vertes peuvent être nom- breuses; mélangées entre elles ou avec divers principes jaunes, elles con- stituent ce qu'on appelle encore la chlorophylle. » Mais la chlorophylle étant un mélange très complexe possède une couleur plus ou moins bleue, verte ou jaune, suivant les plantes d'où elle vient et les traitements divers appliqués par chaque expérimentateur. Ces traitements enlèvent, à son insu, un ou plusieurs des cléments constituant l'ensemble. » Dans cet ordre de recherches, la présence de bandes d'absorption dans les pigments verts est trop souvent interprétée de façon à donner une sécurité illusoire quant à leur pureté. Jjorsqu'une chlorophylle ayant subi des préparations chimiques conserve une absorption de lumière identique ( 3^9 ) à celle qu'on observerait à travers une feuille vivante, on peut se croire en présence de ce qu'on nomme, par hypothèse, la chlorophylle. Or, un peu de cette dernière, à supposer qu'elle fût simple, mélangée à des graisses, des cires ou des extraits, suffirait à donner le spectre chlorophyllien dont la présence n'est nullement probante dans ces conditions. )) Bien plus, des chlorophylles que j'ai dissoutes dans la potasse fon- dante ou dans lacide sulfurique monohydraté SO' H-, se transforment en matières colorantes brunes, qui, précipitées de ces milieux et redissoutes, conservent encore intactes, bien qu'elles ne soient plus vertes, la fluo- rescence rouge et l'absorption considérées comme caractéristiques de la chlorophylle. De ces deux dernières observations on doit conclure que les matières vertes des feuilles contiennent un noyau fondamental, très stable, portant la fonction d'absorption optique liée au travail biologique. Autour de ce novau, de ce point trophique, peuvent se fixer, d'une façon plus ou moins permanente, selon les besoins de la nutrition, des groupe- ments chimiques différents donnant lieu à des chloro|)hylles diverses par leur composition, leurs poids moléculaires, leurs solubilités, leurs isomé- rieset le rôle qu'elles doivent jouer dans les espèces vivantes. )) La fonction des chborophylles étant d'accomplir des transformations chimiques rapides sous l'influence des radiations, il n'est pas surprenant de les voir se décomposer, même dans leur noyau stable, aux moindres at- teintes de la lumière. Il ne résulte pas de cela que ce noyau soit particu- lièrement instable en toute circonstance. Dans un autre ordre d'idées, le chlorure d'argent n'est-il pas éminemment altérable à la lumière, alors qu'on sait combien il est résistant aux actions chimiques? » En appliquant ma méthode d'analyse immédiate des chlorophylles {Comptes rendus, t. CX.IV, p. 1 1 16) à l'extrait sulfocarbonique de luzerne, il m'a déjà été possible d'isoler une chlorophylle pure, la médicagopliylle-a, et de fixer son poids moléculaire par lacryoscopie (Comptes rendus, t. CX.ÏX., p. 289; 1894). Je me propose aujourd'hui de décrire l'une des chloro- phylles contenues dans l'extrait alcoolique delà même plante. » Si, après avoir épuisé par le sulfure de carbone les feuilles provenant de 48o''5 de luzerne verte, on les traile jusqu'à décoloration par de l'alcool cliaud, on obtient i''s, 35o d'une matière verte qui surnage une grande quantité d'extraits bruns solubles dans l'eau. l>a masse verte précitée se redissout en presque totalité dans une faible quantité d'alcool à go" et, après filtration, puis distillation de ce dissolvant, l'éther sec enlève la matière colorante sans résidu. L'élher chassé à son tour, le pigment vert reste insoluble dans l'eau ; il n'y a donc là ni gommes, ni extraits, ni tannins, ni acides des végétaux. Il convient de rappeler que les feuilles primi- ( 33.. ) lives ayant été complètement épuisées par le sulfure de carbone il n'y a pas lieu de craindre la présence de cires, graisses ou huiles dans la préparation ci-dessus. On se trouve, après raction combinée de ces divers dissolvants, en présence de chlorophylles pures qui ont été soumises à l'action du pentane. Ce liquide se sature de iSoS"' de matière d'un vert bleu qui est après cette action soluble dans l'alcool. L'ensemble des chlorophylles que l'alcool a primitivement extraites est privé par le pentane des matières vertes qui se rapprochent le plus des graisses. Il subit alors de la part de l'éther sec une sorte de dissociation ou de dédoublement à la suite duquel on se trouve en présence d'environ i de matière brune insoluble dans l'éther et | d'une belle chlo- rophylle verte que je nommerai dès à présent, pour plus de clarté, rnédicago- phylle-!^. Celte seconde chlorophylle de luzerne, douée d'un grand pouvoir colo- rant et insoluble dans le pentane, est de beaucoup la plus abondante dans la plante. Elle représente i,o8 pour loo du poids de la feuille sèche, soit environ lo^s par hec- tare. » La médicagophylle-[3 est douée d'une odeur particulière très caractérisée que n'ont pas les autres chlorophylles de luzerne. Séchée à l'air sec sous une faible épais- seur, elle se présente sous la forme d'une matière verte à cassure conchoïdale, vitreuse, devenant plastique entre les doigts. » Plus dense que l'eau qui ne la dissout pas, elle se désagrège et s'émulsionne ce- pendant dans ce liquide. » Dissolution instantanée et limpide dans la potasse très étendue; la fonction acide est donc manifeste, mais faible, carie sel marin suffit à la précipiter, un peu plus len- tement pourtant que les acides. La médicagophylle-p réduit le nitrate d'argent am- monio-potassique en argentant brillamment les tubes, et il est donc bien probable qu'elle renferme la fonction — COU des aldéhydes dans sa molécule ou bien à titre de glucoside peu stable. » Analyse de la matière séchée à l'air sec C =; 58,2, H — 8,0 d'accord avec la formule C«2H"AzO'*4-3H20. » En vue d'une analyse plus complète, une partie de la médicagophylle-p a été sé- chée dans le vide jusqu'à poids constant. Les nombres obtenus dans ce nouveau cas sont : C=:62,35 — 62,24, H=:7,8 — 8,0, Az = 1 ,75 — 1 ,63, Cendres 1,28. » Par cette voie on arrive à la même formule C'^H^'AzO". >t Conclusions. — Une esjièce donnée peut contenir plusieurs chloro- phylles. Il convient donc d'attribuer à ceux de ces pigments qu'on isole chimiquement un nom dérivé du nom botanique, avec un indice. » Le Medicago saliva (luzerne) contient, comme je l'ai déjà annoncé, plusieurs chlorophylles, entre autres la médicagophylle-a C'-^H'^AzO* et la médicagophylle-p C^^H"' AzO'^ qui fait l'objet de cette Note. » Les actions de la synthèse végétale conduisant à la fois à des corps gras insolubles dans l'eau et à des matériaux éminemment solubles, tou- jours par l'intermédiaire des matières vertes à absorption, il est naturel de - ( 33, ) penser qu'une seule et même chlorophvlle ne saurait suffire à ces travaux. Dès à présent, mes recherches démontrent qu'il en est ainsi. Certaines chlorophylles solubles dans le pentane sont par leurs dédoublements clans les cellules les instruments de la production chimique des essences et des huiles. » D'autres, insolubles dans les carbures, déjà miscibles à l'eau et très riches en oxygène, tendent, en se dédoublant, à produire les hydrates de carbone, les tannins et les extraits. » Dans cette chaîne ininterrompue de chlorophylles affectées, dans la même espèce, à des travaux divers, il est remarquable de constater tou- jours la présence de la fonction réductrice des aldéhydes ou des composés peu stables qui sont les plus aptes aux transformations chimiques. » CHIMIE ORGANIQUE. — Comparaison entre les dérivés colorés et les dérivés in- colores de Vhexaméthyl-triamidotriphénylméthane. Note de M. A. Ro- SENSTiEHL, présentée par M. Friedel. <( Dans deux Notes précédentes (*) on a passé en revue trois matières colorantes et onze corps incolores renfermant tous le groupement [(CH')* AzC°H'']'"=C que nous représentons plus simplement par A' ^C. Les corps incolores se divisent en deux catégories, selon qu'ils sont trans- formables ou non, par voie de double décomposition, en matières colo- rantes. Le Tableau suivant présente l'ensemble de ces trois catégories de composés : Corps incolores colorables non colorables Corps colorés. par double décomposition. A3=C-CI A'=C— H (ICH^A)'=G-H A'=C-I A'^C— OH (ICtPA)'^C~OH / K.CWn A3=C — OCH^ (ICtI^A)3=C-O.CH5 \I h.^~C -O.C-W (ICH^A)3e=C — o.cnp A3=3 G — O.C=H" (ICH^A)^EH G — O.G»H" /A.GH3I ~ \O.CtP » 1. On voit d'abord que les corps colorés sont caractérisés par la pré- sence d'un radical négatif Cl, I (ou en général d'un radical acide), uni au (') Comptes rendus, t. CXX, p. 192 et a64. ( 332 ) carbone méthanique ('). C'est ce qui les distingue des cof-ps incolores de la deuxième colonne. » 2. Ils ont en commun avec ces derniers le groupe A qui est un groupe phénylique amidé en para (C H\Az.(CH^)-), et qui satisfait aux trois autres valences du carbone méthanique. Dans ce groupe, l'azote n'est pas saturé, il fonctionne comme élément trivalent. Il est représenté trois fois dans la plupart de ces corps, et au minimum deux fois, par exemple dans ,/A.CHn A._r/'^-^^'ï Matière colorée. Matière incolore. où l'un des trois atomes d'azote fonctionne comme élément quintivalent, c'est-à-dire saturé. » 3. Dans ces deux classes de corps, le radical qui satisfait à celle des quatre valences du carbone qui n'est pas pliénylée, jouit d'une mobilité remarquable; si ce radical est négatif, il peut être remplacé, par voie de double décomposition, par un radical positif et inversement. Quand le radical est négatif, le corps est coloré ; s'il est positif (comme dans les corps de la deuxième colonne), la substance est incolore. )) L'azote non saturé, placé en para dans au moins deux groupes phé- nyliques, constitue le caractère commun aux deux catégories ; caractère auquel correspond la mobilité du radical univalent non phénylé, combiné au carbone méthanique. » 4. Les corps incolores de la troisième colonne renferment tous trois atomes d'azote, fonctionnant comme élément quintivalent. l^'azote y est saturé et les groupes univalents H, OH, O.CH% OC-H^ OC'H' ont perdu la faculté d'entrer en réaction avec les acides étendus. Ils ne sont plus remplaçables par des radicaux négatifs. )) A la saturation de l'azote correspond cette immobilité du radical po- sitif, qui donne à la molécule une stabilité relative. » 5. Dans le triphénylcarbinol triammonié, (ICH'A)'^C — OH, l'hydroxyle n'est donc plus remplaçable par un radical d'acide. Mais il reste remplaçable par des radicaux d'alcool, et sous ce rapport il existe un parallélisme frappant entre lui et le triphénylcarbinol lui-même, dont (') Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, t. LXIV, p. i8i. ( 333 ) MM. Frierlel et Crafts (') ont préparé l'éther méthylique et Hemilian (-) l'éther éthylique. ') Il y a analogie de fonctions entre (C»H=)'^C-OH et (ICH'A)»=C-OH, Tiipliénylcarbinol. Triphénylcarbinol Iriammonié. , qui, étant tous les deux des alcools aromatiques tertiaires, forment les éthers (C«H^)»;sC~OCH' et (ICH'A)'=C-OCH» (CH'^F^C-OC^H^ (ICHU)» = C-OC=H» et ni l'un ni l'autre n'échangent leur hydroxyle contre CI, si on les traite par l'acide chlorhydrique. » La saturation de l'azote a ramené les fonctions du groupe (ICH' A) à égaler celles de CH' (^). » 6. Cette fonction d'alcool aromatique tertiaire du triphénylcarbinol varie entre deux limites extrêmes; dans (C°H*)»seeC — OH, elle se rap- proche des fonctions acides, puisque l'éther chlorhydrique correspondant ^Qojjsy^Q — Cl est décomposé à froid par l'eau; dans le dérivé triamidé au contraire A^ïEsC — OH, elle se rapproche des bases métalliques, car les acides agissent à froid pour former les corps colorés A'hesC — R, et les carbinols amidés en général déplacent l'ammoniaque de ses combi- naisons. » L'état intermédiaire est représenté par les carbinols diamidés, qui réagissent plus lentement avec les acides et les sels ammoniacaux et où les réactions ont besoin du concours de la chaleur pour être complètes. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un éther d'un genre nouveau : le lactate de méthylène. Note de M. Louis He\ry, présentée par M. Fi-iedel. « Au cours de mes recherches sur les composés mono-carbonés, j'ai été amené, pour diverses raisons, à faire réagir le méthanal (H-C = O)" sur certains composés poly-hydroxylcs et notamment sur l'acide lactique. » On a chauffé, pendant quelques heures, au bain d'eau, dans un ap- (') FiUEDEL et Crafts, Ann. de Chim. et de Pliys., 6= série, t. I, p. 5o2 ; 1884. (-) Hemilian, Deut. Chem. Ges., p. 1208; 1874. (') E. el O. l'iscHER, Ibid., p. 2332; 1879. ( 334 ) pareil à reflux, des quantités équimoléculaires d'acide et de méthanal po- lymérisé; celui-ci disparaît assez rapidement et totalement. La distillation du liquide, dont il est inutile d'indiquer ici les détails, fournit, dans sa partie moyenne, un produit insoluble dans l'eau et plus dense que celle-ci, dont la purification est des plus aisées. C'est le mono-lac late mélhylénique 0C-0\ I >CH=. HC-0/ » Le rendement de l'opération représente un bon quart du rendement théorique. » Le lactale de méthylène constitue un liquide incolore, mobile, d'une assez forte odeur rappelant celle du méthanal, d'une saveur extraordinairement piquante. » Sa densité à i°, 5 est égale à i , 1974- » Il bout, avec une fixité remarquable, à i53''-i54° sous la pression de 754""" (')• » Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 3,47; '** densité calculée est 3,52. » Son analyse a fourni des chirtVes concordant avec la formule indiquée ci- dessus. » Ce corps se congèle aisément, dans le mélange de neige carbonique et d'étlier, en une masse cristalline; son point de fusion me paraît être situé à — 28°. » Il est insoluble dans l'eau; à chaud, il s'y dissout en se décomposant en acide lactique et en méthanal; la liqueur réduit intensément l'azotate argentique. Le brome s'y dissout sans réaction sensible; cette inertie est d'autant plus à remarquer qu'il se combine vivement, et avec une sorte d'explosion, avec le dérivé propylénique cor- respondant W C — CH — CIP. 6 6 ' CH2 » L'ammoniaque aqueuse et les alcoyl-amines renfermant encore de l'hydrogène ammoniacal le décomposent rapidement. (') Le propyl-glycol correspondant H^C — 0\ I )CH2 H G — 0/ H' G produit de l'action du poly-oxy-méthylène sur le propyl-glycol ( HO ) GH2 — CH ( OH ) — CH^ bout à 90". ( 335 ) » Le lactate de méthylène, à la fois éther d'acide et éther d'alcool par le même radical hydrocarbure bivalent >CH", est le premier représentant connu de cette classe spéciale A'éthers, d'un genre si particulier. » Je me réserve d'examiner, sous le rapport de leur éthérification réci- proque, d'autres acides-alcools et d'autres aldéhydes. Il me paraît intéres- sant de rechercher si c'est là une propriété générale, propre à toutes les aldéhydes et si, en ce qui concerne les acides, on la retrouve encore dans d'autres acides-alcools que ceux qui, comme l'acide lactique, renferment le système OC — OH . C- OH A )) Je profiterai de l'occasion présente pour dire, en terminant, que la réaction du trioxyméthylène sur la glycérine et sur la glvcérine mono- chlorhydrique fournit les éthers méthyléniques correspondants : ;CH' H^'C— 0/ et CH» H^G- -OH H G- 1 -0\ H^'G- -0/ H'G- -Gl H G- 1 -0\ H^G- -0/ Éb. : 197° Eb. : iSo". » Ces réactions sont d'une grande netteté. Je compte y revenir dans une Communication spéciale. » ZOOLOGIE. — Du rapport de la forme générale à la composition du corps chez les Protozoaires. Note de M. Félix Le Dantec, présentée par M. Edm. Perrier. « Dans une Communication que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Aca- démie le 3i décembre dernier, j'établissais que, chez les Rhizopodes réti- culés d'eau douce, la fonction d'assimilation, c'est-à-dire la fonction par laquelle le protoplasma reste de composition constante et conserve ses propriétés fondamentales, "ne s'accomplit dans ce protoplasma qu'en pré- sence du noyau. » MM. Balbiani, Hofer, Verworn ont attribué au noyau une influence sur les sécrétions et en particulier les sécrétions digestives. J'ai montré c. H., 189.5. 1" Semestre'. (T. C\\, N° 6.) 44 ( 336 ) récemment qu'il n'y a pas de sécrétion digestive chez les Réticulés, puis- qu'il n'y a pas de vacuoles chez eux. Quant aux Rhizopodes lobés et aux . Infusoires ciliés, la sécrétion digestive qui se produit dans leurs vacuoles ne peut pas en réalité s'appeler une sécrétion, puisqu'elle n'est pas le ré- sultat d'une activité cellulaire propre; elle provient d'un drainage opéré dans le protoplasma par une vacuole de dimensions très exiguës, creusée dans son sein, et remplie, au début, de l'eau extérieure ( ' ). C'est un simple phénomène de diffusion, de dialyse, qui s'effectue du protoplasma vers la vacuole. » Que la sécrétion, ainsi conçue, n'ait plus lieu ou ait lieu d'une façon incomplète en l'absence du noyau, cela tient simplement à ce qu'en l'ab- sence du noyau la composition du protoplasma, sans cesse modifiée par des échanges et des diffusions de toutes sortes, ne reste pas constante, et qu'en particulier les substances facilement diffusibles qu'il contenait se trouvent rapidement épuisées. Le résultat des expériences de MM. Balbiani et Hofer s'explique donc fort bien sans qu'il soit nécessaire d'admettre une action mystérieuse du noyau sur la fonction de sécrétion. » Ces considérations, et d'autres que j'ai exposées ailleurs en détail, m'ont amené à conclure que toutes les fonctions intraprotoplasmiques ne dépendent du noyau qu'autant que cet organe est nécessaire à l'assimi- lation; en d'autres termes, que toutes les fonctions de la vie individuelle s' accompliraient dans le protoplasma, eîj L'ABSE^'CE du noyau, si l'on supposait maintenue constante, par un procédé quelconque, la composition de ce pro- toplasma. » Mais que devient, si l'on admet cette conclusion, le résultat, scienti- fiquement certain, des expériences de mérotomie de M. Balbiani sur les Infusoires ciliés : « La régénération, ou reconstitution de la forme générale » du corps, a lieu sous l'influence du noyau et ne se produit pas en son » absence. » Cela revient exactement à dire que, si la composition du pro- toplasma reste constante, la forme générale du corps est, par cela même, déter- minée; en d'autres termes, qu'iL y a un rapport nettement établi entre la FORME DU CORPS ET SA COMPOSITION CHIMIQUE : couclusion tout à fait paral- lèle, quoique avec un degré bien plus élevé de complexité, à ce que nous apprend la Chimie des corps cristallisés. » Si l'on casse un cristal et qu'on lui fournisse une solution de sa substance, il se régénère avec sa forme ordinaire ; si l'on coupe un Infii- (') Bulletin scienlifique de France et de Bclgiijue, 1891, p. 3oo-3oi. ( 337 ) soire et qu'on lui laisse son noyau, c'est-à-dire la faculté de s'additionner de substance semblable à la sienne, il se régénère avec sa forme ordi- naire. » Si l'on casse un cristal et qu'on ne lui fournisse pas de substance semblable à la sienne, il ne se régénère pas : de même, si l'on coupe un Infusoire et qu'on lui enlève son noyau. )) Chaque forme d'Infusoire serait donc caractéristique d'une compo- sition chimique déterminée , qui ne se maintiendrait constante qu'en présence du noyau ; autrement dit, ce serait sous l'influence du noyau que s'établirait V équilibre résultant des échanges incessants de substance entre la cellule et son milieu. » I^e phénomène d'assimilation serait le vrai phénomène vital, encore mystérieux dans l'état de nos connaissances, et sous la dépendance du- quel se trouveraient tous les autres phénomènes intraprotoplasmiques , ramenables, dans ces conditions, à des phénomènes phvsico-chimiques plus ou moins simples, » ÉCONOMIE RURALE. — Etude sur la valeur agricole du phosphate d' alumine du Grand-Connétable . Note de M. A. Andouard, présentée par M. P. -P. Dehérain. « J'ai fait, au printemps de i 894, des cultures en pot, destinées à com- parer l'assimilabilité du phosphate du Grand-Connétable à celle des prin- cipaux phosphates de chaux fossiles connus. » J'ai semé des planles présentant un port et un développement radiculaire très différents : balsamine, lin d'été, moutarde blanche, sarrasin, dans un sol formé de sable et d'argile et contenant, pour tous éléments fertilisants : Pour 100. Acide phosphorique (à l'état de phosphate tribasique). ... o, 10 Potasse (à l'état de sulfate) 0,10 Chaux, (à l'état de carbonate) 0,72 Magnésie ( » ) 0,02 Matières organiques, fer Traces. » Les phosphates expérimentés avaient le titre et l'origine que voici : Acide phosphorique pour 100. Phosphate d'alumine du Grand-Connétable Sg, 10 « de chaux d'Algérie 29,20 ( :«8 ) Acide phosphoriquf pour 100. Phosphates de chaux des Ardennes 18,00 » » de Carentan i8,5o » « de la Caroline 27 , 20 » » de la Floride 27,50 » )) de la Somme 25 , 4o » Ils avaient tous été tamisés à la toile n° 100 et le poids de chacun d'eux avait été calculé de manière à donner au sol des différents pots la richesse uniforme de 0, I pour 100 d'acide phosphorique. » L'ensemencement a eu lieu le 12 avril. Chaque espèce de plante occupait sept pots, correspondant aux sept phosphates en comparaison. Les arrosages ont été prati- qués : une fois par semaine, environ, avec une solution de nitrate de soude à 10 pour 1000, et le reste du temps avec de l'eau distillée. Chaque sujet a reçu ainsi, en tout, 06', 552 de nitrate de soude, soit oS"',o84 d'azote seulement. » Toutes les plantes germées sur le phosphate du Grand-Connétable, sans exception, ont pris une élongation plus rapide et ont donné naissance à des ramificalions plus nombreuses que celles des autres. La floraison s'y est montrée plus précoce et la fructification plus parfaite; ce sont elles qui ont produit le plus grand nombre de semences et qui les ont le mieux conduites à maturité. Quelques-unes ont conservé leurs cotylédons presque jusqu'au terme de leur existence. En un mot, du commencement à la fin, elles ont surpassé leurs congénères de toute façon. Comme exemple des différences dues à l'action des phosphates précités, je résume, dans le Tableau suivant, les résultats fournis par la balsamine : Acide Azote phosphorique Origine Hauteur Poids Poids pour 100 pour 100 du de la à à de de phosphate. plante. létal vert. l'état sec. plante sèche, plante sèche. Grand-Connétable. o,53o 18,06 i,452 2,00 2,o5 Carentan o,34o 7,i4 0,606 i,65 o,58 Ardennes 0,178 a, 83 o,2o4 i,3o 0,96 Somme 0,285 3,i5 0,157 0,^2 0,42 Algérie 0,220 2,76 0,218 0,60 0,21 Caroline 0,210 2,49 OjïQÔ 1,20 » Floride 0,175 1,92 o,i23 » » » Au point de vue de la composition chimique, c'est encore au phosphate d'alumine que répond la richesse maximum en azote et en acide phospho- ( 339 ) rique. Il est évident que cet engrais a été mieux assimilé que les autres phosphates fossiles mis en concurrence avec lui. » M'appuyant sur les observations qui précèdent, j'ai cru pouvoir écrire, dans une Note récemment présentée à l'Académie, que j'espérais voir le phosphate du Grand-Connétable fructueusement utilisé par l'agriculture dans son état naturel. Je n'ai point entendu cependant juger définitivement la question sur des expériences aussi restreintes que celles que je viens d'exposer. » Pour compléter l'enquête commencée, j'ai préparé, l'automne der- nier, des expériences en grande culture et sur des plantes appartenant à des familles variées. En même temps j'ai renouvelé, dans les vases qui ont servi à mes premières constatations et avec un sol artificiel identique à celui dont j'ai donné plus haut la composition, la comparaison du phos- phate du Grand-Connétable à d'autres produits phosphores, mais en m'a- dressant, cette fois, à des engrais plus solubles que les phosphates fos- siles : scories phosphoreuses, phosphate précipité, superphosphate, etc. Lorsque je ferai connaître l'importance relative des récoltes obtenues dans ces divers milieux, je pense pouvoir suivre, plus loin qu'il ne m'est possible de le faire aujourd'hui, l'introduction dans les végétaux des principaux éléments de leur nutrition, sous les différentes influences mises en œuvre. » MINÉRALOGIE. — Sur les phénomènes de contact de la Iherzolite des Pyrénées, Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Fouqué. « L'étude détaillée de tous les gisements Iherzolitiques connus dans les Pyrénées m'a conduit à la découverte d'une nombreuse série de contacts de la Iherzolite et des assises du jurassique inférieur, dans lesquels ces der- nières roches présentent des transformations remarquables, me permettant de généraliser le résultat de mes observations antérieures (' ) et de consti- (*) Comptes rendus, t. CXV, p.974i 1892. Les gisements qui présentent les conlacls les plus intéressants sont les suivants : Ariège : Prades, bois du Fajou en Caussou, Lordat, Croix de Sainle-Tanque en Lercoul, environ de Vicdessos, forêt de Freychi- nède dans la vallée de Suc, et nombreux gisements du port de Massai à l'étang de Lherz, etc. Haute-Garonne : Tue d'Ess en Coulédoux, etc. Hautes-Pyrénées : Moun caou en Louvie-Juzon. Ils seront étudiés en détail dans le Bulletin des services de la Carte géologique de France, t. VI, n" 42; 1896. ( 34o ) tuer ainsi de toutes pièces l'histoire du métamorphisme dû à la Iherzolite. » L'intensité de l'action exercée par la Iherzolite est variable; du reste elle peut être difficilement appréciée dans toute son étendue à cause du manteau des calcaires du jurassique supérieur qui, recouvrant presque partout la Iherzolite et les sédiments modifiés par elle, ne permet pas de suivre ces derniers sur une grande surface à partir de la Iherzolite. J'ai constaté cependant qu'à loo™ d'un des contacts des marnes sont encore entièrement transformées, qu'à Soo"" d'un autre, des calcaires sont extrê- mement riches en minéraux métamorphiques, et qu'enfin ces derniers se rencontrent encore en abondance à i'~"',5 d'un pointement apparent de Iherzolite. » Les roches sédimentaires modifiées étaient des calcaires, des marnes calcaires, très rarement des grès. » Calcaires et marnes calcaires. — Si l'on excepte les calcaires du INIoun caou, dans lesquels les seuls minéraux métamorphiques sont Valbite, la phtogopite, la leuchtenbergile et la pyrite, les minéraux des contacts de la Iherzolite sont les mêmes dans tous les gisements; ce sont les suivants : dipyre, feMspat/is (orûiose, microcline, bylownite, anorthite, plus rarement albite, oligoclase-albite, andésine, labrador), m/ca^ (phlogopite, biotite, ra- rement muscovite), tourmaline, rutile, sp/iène, magnélite, oligiste, pyrite, apatite, quartz, graphite; enfin, comme extrême rareté, spinelle, épulote, grenat. » Tous ces minéraux, à l'exception de la tourmaline, se rencontrent dans les calcaires devenus cristallins; ils y forment les associations les plus variées, généralement dépourvues de toute régularité. » Les marnes calcaires sont d'ordinaire transformées en roches entiè- rement silicatées, constituant un nombre considérable de types, qui passent les uns aux autres et possèdent des structures extrêmement intéressantes. Ces diverses roches alternent entre elles ou sont interstratifiées avec les calcaires à minéraux. J'ai distingué les groupes suivants parmi ces roches métamorphiques : » Les, corncennes très denses, souvent très tenaces, sont à grains extrêmement fins ou constituées par des minéraux, atteignant 2"^°' : leurs éléments les plus habituels sont le dipyre, des feldspaths, des pyroxènes, des ampliiboles, de la tourmaline, du rutile, du sphène : le mica est souvent présent; quand il abonde, la roche passe aux schistes micacés. Ces cornéennes sont fréquemment rubanées, grâce à la concentration des éléments colorés dans des lits distincts. » Les schistes micacés sont surtout riches en mica (biotite) accompagnés de py- roxène, de tourmaline, de dipyre et de feldspaths et parfois d'amphibole. Les éléments ( 34i ) blancs sont soit grenus et également répartis dans la roche (la structure est alors tantôt celle des micaschistes, tantôt celle des schistes micacés de contact du granité), soit concentrés dans des nodules dont le diamètre varie de i™™ à i"^^ {se/listes micacés tachetés). » Ces divers schistes micacés sont très fréquemment associés, en lits minces, aux divers types de cornéennes : dans quelques gisements, ils renferment du quartz. » Les roches amphiboliques présentent deux types : l'un a l'aspect d'une diorite, il est essentiellement formé par de grandes aiguilles d'amphibole d'un vert clair et de dipyre; l'autre ofire l'aspect d'une amphibolite; au microscope, on constate que la hornblende d'un vert plus ou moins foncé est généralement accompagnée de feldspaths basiques grenus, parfois de dipyre, de calcite, de sphène, etc. » Dans toutes ces roches de contact immédiat de la Iherzolite, le pig- ment organique, qui colorait en noir les roches avant leur transformation, a complètement disparu : il n'en est plus de même à quelques centaines de mètres de la Iherzolite, la matière charbonneuse y est alors intacte ou transformée en graphite. Il n'existe plus, en lait de roches entièrement sili- catées, que desjcAw/ef/TZicace'ï à éléments souvent cryptocristallins, parfois riches en grains de quartz et contenant toujours du dipyre ; celui-ci, n'étant plus gêné par les minéraux néogènes voisins comme dans les roches de con- tact immédiat, prend des formes nettes et de grandes dimensions (' ). » Au Tue d'Ess et au port de Saleix, ces schistes micacés sont traversés par des fdonnets quartzeux renfermant de la muscovite, du dipyre, par- fois de la zoïsite : à leurs salbandes, les schistes micacés renferment les mêmes minéraux en plus grande abondance et sont riches en graphite. » Les fissures de toutes les roches métamorphiques dont il vient d'être question sont tapissées de nombreux et souvent fort beaux cristaux de zéolites (chabasie, stilhite, Inurnonite, thomsonite, plus rarement christia- nite), dont la formation ne me paraît pas liée d'une façon nécessaire à la venue Iherzolitique, puisque j'ai trouvé (") en abondance les mêmes mi- néraux dans les fentes des roches les plus diverses de la même région. » Grés. — Je n'ai observé qu'un seul contact immédiat de Iherzolite et de grès. Cette roche est transformée en quarlzite, riche en aiguilles de (') Quelques-uns de ces cristaux atteignent plusieurs centimètres de longueur sui- vant l'axe vertical (port de Saleix, port de Massât) : ce sont ces cristaux, souvent co- lorés en noir par un pigment charbonneux et riches en inclusions variées, qui ont été, à tort, considérés comme constituant une espèce spéciale, la couseranite; ils ne possè- dent aucune propriété didérente de celle du dipyre normal : aussi le mot de cousera- nite doit-il être supprimé de la nomenclature minéralogique. ('-) Comptes rendus, t. CXIV, p. 877; 1892. ( 3/,2 ) rutile, iVanda/ousite, de sitliitiannite accompagnées de quelques paillettes de mica. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Relations nouvelles entre les mouvements baromé- triques sur r hémisphère nord et les mouvements en déclinaison du Soleil et de la Lune. Note de M. P. Garrigou-Lagrange, présentée par M. Mascart. « Pour compléter et préciser mes études antérieures sur la marche de la pression barométrique dans ses rapports avec la révolution tropique de la Lune, j'ai repris l'année météorologique 1 882-1 883, d'après les Cartes du Signal Office de Washington, qui ont déjà servi aux travaux de M. Poincaré. » M'attachant exclusivement à dégager les mouvements en relation avec la révolution tropique, j'ai calculé, pour chacune des i3 révolutions de l'année considérée et pour chacun des parallèles de 10", So", 5o° et 70° nord, la pression moyenne en lune boréale et en lune australe. » Les cotes, en centièmes de millimètre, n'ont subi aucune correction. » Marche comparée des pressions. — Sur le 10* parallèle, les pressions sont en toute saison plus basses en lune boréale qu'en lune australe. Il en est inversement sur le 3o*. Ces résultats concordent avec ceux qui ont été énoncés par M. Poincaré. » Au-dessus de 3o°, la différence, de lune boréale à lune australe, reste constamment positive, au moins jusqu'à 70°; de plus, cette différence va en augmentant vers le nord. » Ainsi la différence moyenne annuelle, de lune boréale à lune australe, est égale à — o™'",6o sur le 10* parallèle, à o""",33 sur le 3o*, à o™'°,56 sur le 5o' et à i™",9i sur le 70*. « Gradients. — Les gradients, estimés du 3o* parallèle vers l'équateur et vers le pôle, sont plus grands en lune boréale qu'en lune australe au-dessous de 3o°, et inversement au-dessus. De plus, la différence va en s'accentuant vers le nord. En lune Moyen Gradient. annuel. boréale. australe. Différence. mm mm mm mm 3o-io 2,86 3,33 2,4o 0,93 3o-5o 0,52 o,4i 0,64 — 0,23 50-70 3,53 2,85 4)20 — 1,35 » Il suit de là que les profils barométriques, tracés entre 10° et 70" nord, ( :^^J3 ) éprouvent, de lune boréale à lune australe, un mouvement de balancement de part et d'autre du 3o* parallèle environ. » L'action ainsi définie conserve la même forme dans tout le cours de l'année. IMais son intensité varie d'une saison à l'autre, parce que les mou- vements qui en résultent se superposent à des mouvements plus généraux, qui sont, ou non, de même sens. Ainsi, au printemps et en lune boréale, l'action de la lune en déclinaison s'ajoutant à l'action solaire, la pente ba- rométrique, de 3o" vers le pôle, est non seulement atténuée, mais encore complètement renversée. )) Conclusions. — i° L'atmosphère éprouve, sur l'hémisphère nord, de part et d'autre du 3o* parallèle environ, un mouvement d'oscillation, cor- respondant au mouvement de la lune en déclinaison, en telle sorte que les pressions sont plus basses en lune boréale qu'en lune australe au-des- sous de 3o°, et inversement au-dessus. » 2° Les gradients éprouvent des modifications corrélatives. Les pentes barométriques, de 3o° vers le sud et vers le nord, sont alternativement relevées et abaissées, plus fortes en lune boréale au-dessous du So" degré, plus faibles au-dessus, et inversement en lune australe. » 3° Ces différences dans les pressions et les gradients augmentent à mesure que l'on avance vers le pôle, au moins jusqu'au 'jo" prallèle. » 4" Ces mouvements se superposent à des mouvements plus généraux, qui les renforcent ou les atténuent, suivant qu'ils sont de même sens ou de sens contraire. » M. E. Drillo\ adresse une Note relative à un bélier horizontal. M. E. WicKERSiiEiM adresse une démonstration du postulatum d'Eu- clide. M. Ch. Jacquiot-Coxstant adresse une Note relative à un projet de « Téléphotoscope ». La séance est levée à 4 heures et demie. M. B. C. R.. 1895, I" Semestre. (T. C\\, IN" 6.) 4^ ( W^ ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus bans la séance bd ii février 1895. Fondation R. Bischoffsheim. Annales de V Ohsen'atoire de Nice, publiées sous les auspices du Bureau des Longitudes, par M. Perrotin, Correspon- dant de l'Institut et du Bureau des Longitudes, Directeur. Tomes IV et V. Paris, Gauthier-Villars et fils, iSgS; 2 vol. in-4°. (Présentés par M. Faye.) Bibliothèque scientijiqiie des écoles et des familles. Directeur : Gustave Phi- LiPPON, Docteur es Sciences. Paris, H. Gautier, 25 fasc. in-12. (Présenté par M. Milne-Edwards.) Atlas de la Société de l'Industrie minérale. 3* série. Tome VIL 4* livraison, 1893. Saint-Etienne, Théolier; i fasc. gr. in-4°. Bulletin international du Bureau central météorologique de France. 3o jan- vier iSgS; I fasc. gr. in-8°. Bulletin de la Société d' encouragement pour l'Industrie nationale, publié sous la direction des Secrétaires de la Société, MM. Collignon et Aimé Girard. Décembre 1894. Janvier 1895. Paris; 2 fasc. gr. in-8°. Bulletin de r Académie de Médecine. N° 5. Séance du 5 février 1895. Paris, G. Masson; i fasc. in-8". Bulletin de la Société chimique de Paris. 5 février 1895. Paris, G. Masson, 1896; I vol. in-8''. Bulletin mensuel de la Société astronomique de France. Février 1893, Paris; I fasc. in-S**. Faunes ichthyologique et entomologique, par Charles Brongniart, Assis- tant au Muséum d'Histoire naturelle. — Sur les débris A'Arthropleura, par Marcellin Boule, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle. Saint-Etienne, Théolier; i vol. gr. in-8°. Le service chronométrique à l'observatoire de Genève et les concours de réglage de la classe d' Industrie et de Commerce de la Société des Arts de Genève, par Raoul Gautier, Directeur de l'Observatoire de Genève. Genève, Aubert Schuchardt, 189'î; i vol. in-8°. Bulletin de l Académie irripériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. Janvier 1895. Saint-Pétersbourg; i vol. in-4''. Origen poliedrico de las especies. Arturo Soria y Mata, Madrid, 1894; I vol. in-8". ( 345 ) ERRATA. (Séance du 4 février iSpS.) Note de M. Berthelot, sur l'Argon : Page 238, ligne 2, au lieu de 20, lisez 4o. Note de M. Giiyou, Aubes propulsives à pénétration tangentielle: Page 244, ligne i, au lieu de tige, lisez palette. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILT>ARS ET FII^S, Quai des Grands-Augusiins, n" 55. epuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils loniieut, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. Deux les, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordie alpliabôtique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel art du !"■ janvier. Le prix île l'abonnement esl fixé ainsi iju'it suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : n Michel et Médan. ( Chaix. r < Jourdan. \ Ruir. ÎKJ Couitin-Hecquet. ( Germain etGrassin. m , , , ( Laciiese. Htne Jérôme. nçon Jacquard. , Avrard. eaux ) Dulhu. ' Muller (G.). ges Renaud. Lefournier. F. Robert. J. Robert. ( V" Uzel Caroff. Massif. nber) Perrin. ( Henry. ( Marguerie. ( Juliot. I Hibou-Collay. ; Lamarche. Ratel. ' Oamidot. ( Lauverjai. ( Crepiii. ^ DreveL / Gratier. ichelle Foucher. ivre.. jBourdignon. i Dombre. j Vallée. '' j Quarré. tiour •lonf-Ferr.. Me. Lorient. I.yon. Nantes chez Messieurs : j Baumal. ) M"' Texier. Bernoux et Cumin. Georg. ( (;cptc. Clianard. Ville. Marseille Ruât. ,,. i Calas. Montpellier ' , ^ I Coulet. Moulins Martial Place. / Jacques. Nancy ■, Giosjean-Maupin. ( Sidot frères. Loiseau. Veloppé. 1 Barma. Nice , ,,• ,■ , ^:, / Visconli el G"., Nîmes Thibaud. Orléans ... Luzeray. ^ Blanchiec. ( Druinaud. Rennes Plihon et Hervé. Rochefor! ... Girard (M""). i Langlois. Rouen , , ( Lestringant. S'-Élienne Clievalier. ( Bastide. ' liuinèbe. ( Gimct. ( Privât. . Boisselier. Tours 1 Péricat. ' Suppligeoti. \ Giard. I Lematlre. Poitiers.. Toulon. . . Toulouse.. Valenciennes . On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam. Berlin. . / Asl \ Uai chez Messieurs : ( Feikema Caarelsen i et 0-. Athènes Heck. Barcelone Verdaguer. Asher el C". âmes. Friediander et (ils. I Mayer el Muller. Serne * Sclimid, Francke el \ C". Bologne Zanichelli. , Kamiot. Bruxelles \ Mayolezel.\udiarte. ( Lebégue el C". ( Haimann. ' Ranisteanu. Kilian. Ilcighlon, Bell et C". Bucharest. . Budapest... ■ Cambridge.. Christiania Cammermeycr. Constanlinople. . Otlo Keil. Copenhague Hijst el fils. Florence.. . . Seeber. Gand Iloste. Gènes Ueuf. Clierbuliez. Genève Georg. ' Slapelmohr. La Haye . Belinfante frères. ^ Beiula. ' Payol Barlli. \ Broclvliaus. Leipzig I Lorentz. iMax Rube. Twietmeyer. 1 Desoer. ^'^Se i,;,,,,.,. Lausanne.. chez Messieurs : i Dulau. Londres ■ ) Hachetle et C'* ' Nuit. Luxembourg. . . V. Bûck. / Libr. Gutenberg. Madrid j Rome y Fussel. Gonzalès e hijos. F. Fé. Milan ( Dumolard frères. \ Hœpli. Moscou . Gautier. [ Furchheiui. Naples . Marghieri di Gius. ( Pellerano. 1 Dyrsen et Pfeiffer. Neu'-f'ork . Stecherl. ' Westermann. Odessa Rousseau. Oxford Parker el C" Païenne . Clausen. Porto Masalhâés et Mofiiz Prague Rivnac. Rio-Janeiro . . . . . Garnier. Rome ( Bocca frères. j Loescherei G'*. Rotterdam Krainers el fds. StoclJtolm Samson el Walliii. S'-Petersbourg. ^ Zinscrling. ■ 1 WolIT. / Bocca frères. 1 Brero. Turin \ Clausen. [ RosenbergelSelher Varsovie Gebelhner el Wold Vérone ... . r Drucker. ( Frick. y tenue ( Gerold el C". ZUrich Meyer el Zeller. 'ABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i8i3. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (!'"■ Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. OPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : «I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par .MM. A. DERBÉset .\.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouveni les es, par M. IUnse.n.- Mémoire sur le Pancréas el sur le rùle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 ' 15 fr. 8 II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Bëseden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences i concours de iS33, et puis remise pourcelui de iSS"!, savoir : « litudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédl- ;aires, suivanll'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur ilisparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature •apports qui existent entre l'état actuel du régne jrganique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Brosn. In-4°. avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. même Librairie les Hémoires de l'Académie des Sciences, et tes Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences N" 6. TABLE DES ARTICLES. (Séance du II février 1893.) MEMOIRES ET COxMMUIVI CATIONS DES MKMHIIES ET DES CORRESPONBANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. ! Pages. M. I''.\YF prcsenle à r.Vcadcniie les Tomes IV .88 et V des « Annales de l'Observatoiie de , .AI. [Iicnui Moissan. — Préparation et pro- Nicc » 287 I priétés il u titane 290 MM. Berthelot et G. A.\i)HE. - Sur la pré- MM. A. H.vller et A. Guyot. — Sur quelques sence (Je raliiiuine daiK les piaules et sur | dcrixés de phénolphtaléine îpG NOMINATIONS. M. L. GijiGNAUDest élu Membre de la Seclion M. Duc/iartre ■ .-j de Botanique, en remplacement de feu | RAPPORTS. M. Coii.NU. — Happort sur uu travail de M. E. Hardy, relatif à « l'application di - vi- brations sonores à l'analyse de deux gaz de densités «lilTérpntes » MEMOIRES PRESENTES. M. .I.-W. H.\S(jii adresse un Mémoire intitulé : n Le mesurage d'un cylindre » .'îoS M. C. FiTZGER.4LD adresse un Mémoire sur une nouvelle théorie do la précipitation atmosphérique de l'eau îi> ; M. E. S,\:ts adresse une Note sur un pro- rédé par l'intérieur, V la limite de W quand on se rapproche de S par l'extérieur; et enfin U = la valeur de W sur la surface S elle-même. Soient >. une constante arbitraire et une fonction donnée définie en tous les points de la surface S. » On peut se proposer de déterminer la double couche de telle c. R., it,,5, 1" Semestre. (T. CXX, N° 7.) 4^ V'=^ u = sv'u;. v„- v — V , + n-. = 2U„ dl , , '/- ( 3/(8 ) façon que (i) V- V' = 7.(V4- V') + li*. » Nous chercherons à développer W suivant les puissances croissantes de 1 en posant (2) W = W„ + >.W, +).-W,+..., et nous poserons de même » On trouve alors (3) v„-v;=2<ï>, » Cela peut s'écrire (4) ^.=-f^^'^- w..--/":,-,^'3^'- » Les intégrales sont étendues à tous les éléments dco' de S ; j'appelle M' le centre de gravité de dio', M le point a-, y, :■ ; j'appelle r la distance MM'; d- -7- est la dérivée de - estimée suivant la normale extérieure à la surface S du r au point M', de sorte que dl d(Ji' -r— du est l'angle solide sous lequel l'élément diù' est vu du point M. » J'appelle il'' la valeur que prend $ et U^,_, celle que prennent W„_i et U„_, quand le point M vient en M'. Les formules (4) permettent donc de calculer de proche en proche tous les termes de la série (2). » La condition (i) se réduit respectivement à V = <1>, ou ¥' = — $, quand on y fait X = — i ouX=:i. » Si donc la série (2) converge pour >, = ±: i, elle fournira la solution du problème de Dirichlet pour la région intérieure à S en y faisant >. = — i et pour la région extérieure en y faisant >. = i. ( 349 ) » Neumann a démontré que la série (a) converge pour 1 = ± i à deux conditions : i" si la surface S est convexe; 2° si l'on a (5) / ffyo'w = o, Y étant la densité de l'électricité en équilibre sur la surface S lorsque l'on suppose cette surface conductrice et très éloignée de tous les autres con- ducteurs. » Cela suffit pour résoudre le problème de Dirichlet toutes les fois que S est convexe, que la condition (5) soit d'ailleurs remplie ou non. » En revanche, un examen superficiel ])ourrait faiic croire que la pre- mière condition est essentielle et que la méthode de Neumann ne s'applique qu'aux surfaces convexes. » Il n'en est rien pourtant; je suis parvenu à démontrer que la série (2) converge encore, pourvu que la condition (5) soit remplie, quand la sur- face S n'est pas comexe. J'ai supposé toutefois que S est simplement connexe et ne présente pas de singularité, je veux dire qu'elle a en tout point un plan tangent et des rayons de courbure déterminés. Il est d'ailleurs probable que ces deux conditions, ou au moins la seconde, ne sont pas nécessaires. » Ne pouvant développer ici toute la démonstration, j'en vais indiquer la marche générale. » Soient J,vi et J^^. les valeurs de l'intégrale étendue respectivement à tous les points ce, y, z intérieurs à S et à tous les points extérieurs à S. On trouve aisément ce qui nous permet de poser » On trouve ensuite facilement J/n + J/n ^= ^/n-l ^m-\ ' ^sm !> O' ^ -zm ^' '^- r.(U,-C„)+l=(U,-C,) + ... ( 35i ) est convergente pour >. = ± i. Nous pouvons donc trouver une double couche satisfaisant, soit à la condition V = $ + const., soit à la condition V'= — $ + const. » ]je problème de Dirichlet est donc résolu. » J'ai été conduit, à ce propos, à certaines propositions que je n'ai pu démontrer complètement, mais que j'ai rendues vraisemblables par un mode de raisonnement dont on s'est souvent contenté en Physique mathé- matique, bien qu'il soit dépourvu de rigueur analytique. » Je crois néanmoins devoir les énoncer ici. » Il existe une infinité de fonctions que je désignerai par cp, , ç^., . . ., et qui jouissent des propriétés suivantes : » La fonction ç, est le potentiel d'une simple couche répandue sur la surface S; si donc l'on considère la projection de l'attraction due à cette couche sur une normale à S, cette projection n'aura pas la même valeur en deux points infiniment voisins du pied de cette normale, mais situés le premier à l'extérieur de S, le second à l'intérieur de S; j'appellerai la pre- mière de ces valeurs ■— et la seconde y^- On aura, et c'est là la propriété qui sert de définition à ç,, dn ' du hi étant une constante positive. L'intégrale étendue soit à tous les points extérieurs à S, soit à tous les points inté- rieurs, sera nulle. Si je désigne par II, et H', les deux valeurs de l'inté- grale étendue à la région intérieure à S et à la région extérieure, on aura » Si est développable en une série de la forme ( 352 ) on aura, pour une valeur quelconque de 1, w=2: /li-hi — X(/i, — i) à l'extérieur de S, à l'intérieur de S ; d'où » J'ajoute que, M et [/. étant les constantes définies plus haut, on a M > A,- > ,j.. )) GÉOMÉTRIE APPLIQUÉE. — Sur la forme de l'intrados des voûtes en anse de panier. Note de M. H. Resal. (c On attribue à Huygens (vers l'année 1700) le premier tracé rationnel d'un profil composé de trois arcs de cercle. On reproche à ce profil, sur- tout pour les faibles montées, de produire un effet disgracieux résultant d'un trop brusque changement de courbure aux points de raccordement. » Perronet, pour le pont de Neuilly (1768-74). a cherché à éviter cet inconvénient par un tracé empirique à onze centres; mais d'après Dupuit, inspecteur général des ponts et chaussées, il eût été aussi avantageux d'avoir recours à l'ellipse, qui diffère très peu de ce profil. » En désignant par n un nombre entier supérieur à l'unité, si l'on se propose de construire un profil à 2« 4- i centres, on peut se donner arbi- trairement, de part et d'autre de la montée, les positions de « — i de ces centres, à la seule condition, en vue du coup d'œil, que les ravons aug- mentent en remontant des naissances à la clef. En se plaçant à ce point de vue, l'inspecteur général des ponts et chaussées Michal (i83i) a donné une solution très satisfaisante du problème, en faisant intervenir d'une manière ingénieuse les rayons de courbure de l'ellipse; toutefois, même pour 77 = 2, il y a trop peu de différence entre le profil de Michal et l'el- lipse pour qu'il y ait lieu de le préférer à cette courbe dont le tracé est d'ailleurs plus simple. )) L'ellipse serait plus employée si le débouché n'était pas restreint aux naissances. M En partant de ces diverses considérations, j'ai été conduit à déter- ( 353 ) miner une forme analogue à celle de Huygens dont la construction est commode, mais de manière qu'elle soit plus agréable à l'œil. Cette nou- velle forme est d'ailleurs à l'abri des critiques dont l'ellipse est l'objet. » Soient A, A' les naissances; I le milieu de l'ouverture AA' = a ; IS = Z> la montée; O, C les centres des arcs de cercle partant de S et de A ; m le point de raccordement des arcs; R = 0G, R' = CÂ. » On a a = R' -H CT, CÎ' = GÔ' - Ôl' = ( R - R')- -• (R - bf ; d'où, par l'élimination de CI, ~" 2(R— a) » On atténuera autant que possi-ble l'effet disgracieux du raccordement en m, si, en considérant R comme variable, on rend maximum le rap- R' port -jY des courbures. On obtient ainsi . j-^ . R _ 1 -!- X^ + ( 1 - X ) v'n- 1' W _ Xy^ + X- _ a 2X a ,_x+y/i + X" en posant - := >,. ' a )> Je vais maintenant traduire algébriquement les éléments du profd de Huygens. » Soient T l'intersection de la direction de IS avec la circonférence décrite sur le diamètre AA' ; An le côté de l'hexagone régulier inscrit; m l'intersection de ce côté avec la parallèle Sm à la corde nT. » Les centres C, O sont déterminés par les intersections, avec lA et le prolongement de SI, de la parallèle en m hnJ. Si l'on pose n IT = 2 a, = So", on a /'-■ /\ I , T. n lA = 90° — 2 a, Ti AI = 90" — - ( 90'' — 2 y. ) = - H- 7.. ( 354 ) » En projetant la ligne brisée AmS sur l'horizontale et la verticale, on obtient wScosa + ATOCOsf ^ + a. j = a, mSsino. + Amsin (^ + a J = Z», où toS = a(sin« -+- cosa) - 6(cosa — siny.), A.m =: — - sin y 4 et mS Cl !■ , \ ^/ ■ \ n/ A m /^cota — ar /•n: \ cota — I 2 siu 7 R= — ; — = -(l + COta.) (cota. — !). R 2 sina 2 ^ ^ 2 ^ ^ . / '^ ce qui revient à (H) — = 2,366o2 — r,366o27., — = i,366o27v — o,366o2, ^ ' a a )) Si pour l'ellipse (E) on désigne par R, R' les i-ayons de courbure à la clef et aux naissances, on a (E) 5=', ^=-^K )> Je vais maintenant appliquer les formules précédentes à deux cas spéciaux. ^ » Les limites pratiques de \ sont i et \, d'où le Tableau suivant : „ , R R' R' Formules. — • — - — a a R i(R) 1,80910 o,366o3 0,20282 (H) i,683oi 0,31699 0,18829 (E) 4;Ooooo 0,26000 o, 06250 l (R) 2,72076 0,15911 o,o5848 X=:| (H) 1,91068 0,08932 0,o486l ' (E) 9,00000 0,11 III 0,01234 ' » Les épures mettent en relief l'avantage du syslème (R) sur les deux autres, » J'avais pensé à prendre pour forme de l'intrados une ligne représentée par l'équation = I, ( a I b- dans laquelle m ^ i et, par suite, R = o, R'= mX-. Pour m = ''-, la Avileur de R' diffère peu de celle qui se rapporte au système (R) ; on peut objecter qu'ici les joints vers la clef se rapprochent trop de la verticalité. » ( 355 ) CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la pluralité des chlorophylles. Remarques à propos de la Note de M. Étard ( ' ) ; par M. Arm. Gautier. « Les travaux de Physiologie végétale de M. Étard sont trop importants et trop consultés pour que je laisse passer sa dernière Note sur la pluralité des chlorophylles sans observer que dès 1877, époque où tout le monde ad- mettait riilentité de cette substance dans tous les végétaux, j'observais que la chlorophylle de l'épinard, que je venais d'obtenir cristallisée, diffère de celle d'autres végétaux, en particulier de celle qu'on peut extraire des Graminées, à la fois par sa pauvreté en azote, sa plus grande richesse en oxygène et ses propriétés spéciales. J'établissais, dès cette époque, non seulement la pluralité des chlorophylles, mais leur cristallisabilité, l'ab- sence absolue de fer et la présence du phosphore et du magnésium orga- niques, dans les cristaux de cette substance, solubles dans le sulfure de carbone et l'éther. » En 188G, revenant sur ce sujet dans mon Mémoire sur le mécanisme de la variation des êtres vivants (-), je montrai que tandis que la chlorophylle principale du rav-grass {Graminées) est bien représentée par la formule C'«H''»Az20% celle de l'épinard {Chénopodées) répond à CTl^Az^O', formule que je suis heureux de trouver l'occasion de rétablir exactement ici('). J'observais aussi, dans le Mémoire que je viens de citer (p. 49)» que d'après des analyses déjà anciennes de M. S. Morot, ancien élève et préparateur de J.-B. Dumas, la chlorophylle de la mauve paraît répondre à la formule C'^H'" Az-0'. Enfin je faisais remarquer, dans le même travail, que chez les Acotylédonées, et particulièrement dans la fougère mâle où je l'ai étudiée de plus près, la chlorophylle est toute différente et douée d'une telle sensibilité à l'oxygène de l'air en présence de la lumière qu'elle se transforme, sous les yeux du chimiste qui veut l'extraire, en une matière brune résultant de son oxydation, circonstance qui m'a empêché (') Voir Comptex rendus, t. CXX, p. 828. Ilnd., t. CXIX, p. 289. ('-) Hommage à M. Clievreitl, à l'occasion de son Centenaire {Fé\i\ Alcan, édi- teur; Paris, 1886, p. 48). (2) Voir Hommage à M. Chevreul, p. 48, et mon Cours de Chimie, t. III, p. 19. Une faute dans le calcul des analyses rapportées aux Comptes rendus (t. LXXXIX, p. 865) m'avait fait donner à la chlorophjlle de l'épinard la compositionC"H'-Az-0'. C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N« 7.) 4? ( 356 ) de la préparer complètement pure et de l'analyser. Celte sensibilité explique du reste que ces végétaux puissent vivre et assimiler dans la demi-obscurité des sous-bois où ils croissent généralement. » J'ai donc le premier donné, par l'étude de leurs propriétés, de leur cristallisabilité, de leur sensibilité à la lumière, enfin par d'assez nom- breuses analyses, la preuve de la pluralité des chlorophylles, confondues jusque-là sous un même nom; en même temps que j'ai démontré la pré- sence dans ces substances du phosphore organique, et l'absence complète de fer auquel on avait attribué l'activité des chlorophylles et même leur coloration (Hlassûvetz), alors que cet élément n'agit qu'indirectement sur les phénomènes déterminés dans la feuille par le pigment chlorophyllien qui ne contient pas trace de fer. » Dans les algues, les fucus, et peut-être dans certains végétaux plus élevés, on peut trouver des pigments bruns, jaunes ou rouges se compor- tant comme les chlorophylles, aptes comme elles à décomposer le système CO^ -+- H-0, ou les systèmes analogues, et à en dégager de l'oxygène. C'est là une nouvelle preuve de la pluralité des pigments complexes auxquels ap- partient la fonction importante de recueillir l'énergie lumineuse qui dans la feuille transforme les corps chargés d'oxygène en corps réduits. » CHIMIE AGRICOLE. — Sur la valeur agricole des phosphates d'alumine. Remarques à propos de la Note de M. Andouard (' ) ; par M. Arm. Gautier. « Mes études sur les phosphates d'origine bactérienne, et en particulier sur ceux de la grotte de Minerve, m'avaient amené à me préoccuper de l'assimilabilité des phosphates d'alumine dont j'avais découvert un banc assez important dans cette grotte. Depuis quelques années d'ailleurs, les phosphates de l'île Redonda (Mexique) et de celle du Connétable (Guyane) arrivaient en Angleterre et en France pour être livrés à l'agriculture, et l'on devait se poser la question de savoir si, sous cette forme, l'acide phos- phorique est assimilable. Déjà, dans des expériences de grande culture faites àNarbonne sur des milliers de tonnes, par mon frère, M. G. Gautier, et d'autres agronomes distingués, les phosphates de chaux et d'alumine d'origine animale de Minerve avaient été reconnus plus efficaces, à même (') Comptes rendus, t. GXX, p. SSt. ( ^^7 ) dose d'acide phosphorique, que les phosphates de chaux habituellement employés, et même que lesisuperphosphates, en sommant les récolles de trois années. Grâce à la présence de la couche de phosphate d'alumine presque pur de la grotte de Minerve ( ' ), on avait même pu se rendre compte de la haute efficacité de ce phosphate employé séparément. » Dans ma Note Sur fa formation des phosphates naturels d'alumine et de fer (-), j'observais aussi que le sol arable, récemment fumé ou non, contient généralement, à côté du phosphate de chaux, de petites quantités de phos- phate d'alumine, d'origine ferraentative, qu'on peut lui enlever par des lessives faibles de soude. Quant à l'assimilabilité de ce phosphate d'alumine, je concluais (p. i49'^) '• » On sait que le phosphate d'alumine est soluble en présence de l'ammoniaque dans le tartrate et le citrate d'ammoniaque. Nous avons aussi reconnu qu'il est un peu dissous par le phosphate d'ammoniaque ammoniacal, mais qu'il l'est très facilement dans le lactale d'ammoniaque surtout ammoniacal, l'un des produits de la fermenta- tion bactérienne. Cette solubilité dans les produits de fermentation des fumiers ou du terreau assure la facile assimilation de ce phosphate par les plantes. » Contrairement à ce que l'on pensait généralement avant ces recher- ches, j'ai donc reconnu la facile assimilabilité de l'acide phosphorique apporté par le phosphate d'alumine, et j'en ai donné en partie l'explica- tion. La Note de M. Andouard sur la valeur agricole du phosphate d'alumine du Grand-Connétable vient confirmer mes observations et celles de mon frère à ce sujet. u Mais s'il est vrai que la mmem/^ (PO*)* Al', 7H'0, d'origine bacté- rienne, et en général les phosphates d'alumine plus ou moins amorphes qui ont pour origine la décomposition des guanos et autres matières ani- males ou végétales, et dont l'alumine a été indirectement empruntée à la roche ambiante (phosphates d'alumine de Minerve, des îles du Conné- table, d'Alta Vala, de Redonda.de la côte du Pérou) deviennent facile- ment assimilables dans le sol, cette propriété ne saurait être attribuée aux phosphates doubles de chaux et d'alumine cristallisés d'origine hydro- minérale ancienne, tels que la cirrholite ou la tavislockite, ou aux phos- phates d'alumine cristallisés de même origine (^variscite, callaïnile, berlinite, gibbsite, vawellite, fischérite, pèganite, evansite). Le phosphore de ces minéraux finement broyés n'est pas plus rapidement ni plus utilement (■) \oir sa composition, Comptes rendus, t. CVl, p. i 178. '^) Ihid., t. CVI, p. 1492- Année 1898. ( 358 ) assimilé par les plantes que celui de l'apatite cristallisée du Canada ou du Valais, et mes observations, aussi bien que celles de M. Andouard, rela- tivement à l'assimilation facile du phosphate d'alumine, ne sauraient s'appliquer qu'aux phosphates indirectement issus des fermentations des matières azotées, animales ou végétales, phosphates généralement amorphes ou indistinctement et partiellement cristallisés. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage des composés tanniques. Note de M. Aimé Girard. « J'ai fait connaître, en 1882 ('), un procédé de dosage des composés tanniques qui repose sur la fixation de ces composés par une membrane animale de composition définie et constante. Cette membrane est consti- tuée par la tunique médiane de l'intestin du mouton, tunique faite de tissu musculaire pur et que j'empruntais alors aux cordes harmoniques livrées par l'industrie aux artistes sous le nom de ré de violon. Ce procédé, à mainte reprise, a été appliqué par divers chimistes, auxquels il a fourni des résultats excellents; mais à d'autres il a donné un insuccès absolu. » A l'occasion d'une longue étucle sur la composition des raisins des principaux cépages de France, entreprise, il y a deux ans, par M. Lindet et par moi, étude dont nous présenterons bientôt les résultats à l'Académie, il m'a semblé nécessaire de reprendre l'étude de ce procédé et de recher- cher à quelle cause il convient d'attribuer le succès des uns et l'insuccès des autres. Je n'ai pas tardé à reconnaître que cette cause devait être cherchée dans l'inégale qualité des cordes harmoniques demandées au commerce courant par les expérimentateurs. » A l'époque oîi j'ai combiné le procédé dont il s'agit, M. Thibouville- I^amy avait bien voulu préparer, à mon intention, des produits d'une pureté exceptionnelle; cette pureté, les chimistes qui ont fuit l'application de mon procédé, ne l'ont pas toujours rencontrée. » Les boyaux de mouton destinés à la fabrication des cordes harmo- niques, doivent être, en effet, tout d'abord, très soigneusement raclés au dé, pour en détacher d'un côté la membrane séreuse ou péritoncale, d'un autre la membrane muqueuse, de façon à mettre à vif la membrane ou tunique médiane, exclusivement faite de fibres musculaires accolées. (') Comptes rendus, l. XCV, p. i85. (359) Immergée ensuite dans une solution potassique, traitée quelquefois par différents réactifs, la membrane, purifiée mécaniquement comme il vient d'être dit, est, dans ces conditions, dégraissée aussi complètement que possible. En même temps, elle acquiert des propriétés adhésives telles que, tordue avec deux ou trois membranes semblables sur un métier, filée, c'est l'expression technique, elle se dessèche sous la forme d'un toron solide qui constitue la corde harmonique. » Mais, à moins de soins tout spéciaux, tels que ceux que M. Thibou- ville-Lamy avait bien voulu donner aux produits qu'il avait spécialement préparés pour mes études, il est impossible d'obtenir, dans ces conditions, une membrane animale absolument pure. » En examinant, au microscope, des produits de fabrication courante, même des produits déjà assez soignés, j'ai reconnu qu'au tissu musculaire restaient toujours adhérentes quelques plages de tissu adipeux, tandis que, d'autre part, du fait de leur macération plus ou moins prolongée dans un bain alcalin, les membranes, malgré des lavages répétés, emportent tou- jours une proportion importante de carbonate et de sulfate de potasse. » Un certain nombre d'échantillons ainsi préparés, d'origine différente, ont été, dans mon laboratoire, analysés avec soin par un de mes préparateurs, M. Lanier, au point de vue de l'importance pondérale des matières grasses et des matières salines ainsi retenues par la matière animale : il a constaté, sur quatre échantillons, que le pourcentage des unes et des autres s"élevait aux chiffres suivants : Humidité Matières grasses. .... Sels solubles à l'eau. Tissu animal sec 73 , 1 4 » Il est aisé de comprendre comment des produits aussi chargés d'im- puretés peuvent, dans la pratique, donner de mauvais résultats. C'est toujours, en effet, un poids connu de tissu animal que le chimiste doit pré- senter au liquide tannifère; mais ce tissu, s'il est aussi impur que les pré- cédents, abandonnera à l'eau de 5 à lo pour loode sels solubles; une fois tanné, soumis à une dessiccation à ioo°-io5'', il perdra, pour peu que la dessiccation se prolonge, i à 2 pour loo de matières grasses entraînées à l'état de vapeur, de telle sorte que, malgré la fixation du tanin, son poids, au lieu d'avoir augmenté, en fin d'analyse, pourra fort bien se montrer in- férieur au poids initial. 1. H. m. IV. I 3 , 4'-i 12,07 6,93 7,53 2,88 1,60 i>9' 0,99 io,56 10,46 5,01 6, 10 73,14 7,5,87 86, i5 85, 3o 100,00 I 00 , 00 100,00 100,00 ( 36o ) » Rien n'est plus aisé, une fois ces causes d'erreur connues, que de les éviter. Au lieu de se préoccuper de la recherche de cordes harmoniques amenées à un état de pureté exceptionnel, on pourra dorénavant se con- tenter de demander, au fabricant de cordes harmoniques, des boyaux pré- parés à la manière ordinaire, avec le plus de soin possible cependant, mais dont on achèvera la purification au laboratoire comme on y purifie les réactifs destinés à l'analyse. » Ces boyaux, il sera inutile qu'ils aient été tordus en forme de cordes harmo- niques. Séchés simplement et individuellement sur le métier, passés, comme de cou- tume à l'acide sulfureux qui en assurera la conservation, ils suffiront largement pour le dosage des composés tanniques. » Recoupés alors sous forme de fils de o", i5 de longueur environ, réunis en petits bottillons, ils seront, à froid, et par simple macération, soumis à l'action de la benzine cristallisable, dissolvant qu'aujourd'hui on trouve dans le commerce à très bon compte. Trois ou quatre fois, jusqu'à ce que la benzine n'enlève plus de matières grasses, ces lavages seront répétés; puis les fils ainsi dégraissés seront exposés à l'air libre, à froid, et quand, dans ces conditions, ils auront abandonné la benzine dont ils étaient imprégnés, on fera succéder aux lavages à la benzine trois ou quatre lavages à l'eau distillée froide. » Sortis enfin de l'eau, gondés par celle-ci, les fils ainsi débarrassés de tout sel so- luble, seront, en les déplaçant de temps en temps pour éviter qu'ils ne collent les uns aux autres, séchés à l'air libre et à froid. » Ainsi purifiés, les fils constitués par la tunique musculaire du boyau de mouton sont prêts à être employés au dosage des composés tanniques, suivant la méthode que j'ai fait connaître en 1882. Toutes les causes d'er- reur sont alors écartées, et aucun des accidents qu'ont éprouvés quelques chimistes dans ces dernières années n'est à craindre. » J'ai eu l'occasion, récemment, de contrôler cette méthode, en opé- rant soit sur des solutions titrées de tanin, soit sur des jus d'écorce, soit sur des vins, etc., et j'ai pu ainsi, de nouveau, constater les avantages qu'elle présente au point de vue de la précision. Appliquée par M. Lindet et par moi au dosage des composés tanniques contenus dans les diverses parties de la grappe du raisin, elle nous a donné, en iSgS et 1894, les résultats les plus satisfaisants. » ( 36i ) CHIMIE. — Remarques sur les poids atomiques. Note de M. Lecoq de Boisbaudran. « Depuis bien longtemps, je m'occupe de chercher des relations entre les poids atomiques des éléments et, si je n'ai pas encore publié mon essai de classification des corps simples, c'est que cette étude présente de grandes difficultés et que les erreurs sont aisées à commettre. On trouve parfois des relations intéressantes en classant les éléments suivant des systèmes, non seulement différents, mais incompatibles. » Telle qu'elle était il y a quelques années, cette classification a donné le poids atomique du gallium avec une exactitude très satisfaisante et m'a permis de modifier assez heureusement le poids atomique du germanium, alors déterminé provisoirement par M. Winkler sur une matière encore impure. » Ces deux petites réussites seront, je l'espère, mon excuse auprès de l'Académie, si j'ose lui soumettre aujourd'hui certaines déductions de ma théorie qui semblent pouvoir se rattacher à la question de l'argon. » Le corps, si brillamment découvert par MM. Rayleigh et Ramsay, vient peut-être en effet prendre place dans une famille d'éléments dont aucun terme n'était encore connu. » Cette famille, dont ma classification paraît permettre de supposer l'existence, serait de nature métalloïdique et comprendrait des éléments ayant pour poids atomiques: 20,0943; 36,4o±o,o8; 84,01 ±0,20; 132,71 ±o,i5 ('), si l'on prend arbitrairement O = 16. » L'atomicité de la nouvelle famille serait théoriquement paire (octo- atomique), mais les éléments qui la composent semblent devoir être privés de la faculté de se combiner aux autres éléments. » Les corps 20,0945 et 36, 4o doivent être relativement abondants dans la nature, mais le corps 84,01 et surtout le corps 132,71 y doivent être rares. » L'élément 36, 40 doit être plus volatil que le soufre et l'élément 20,0945 plus volatil que l'oxygène. Enfin, les éléments 84,01 et 132,71 doivent être respectivement plus volatils que le sélénium et que le tellure. (') Les erreurs possibles, présentement admises, dépendent, en partie, de Tincerti- tude des poids atomiques expérimentaux pris pour bases des calculs. ( 362 ) )) Au moment de présenter cette Note à l'Académie, je lis, dans la Revue générale des Sciences, le Mémoire de MM. Rayleigh etRamsay, et j'y vois que ces savants ont pensé à rattacher l'argon à une famille qui viendrait prendre le huitième rang dans la classification de M. Mendéléeff. Il me semble qu'ils ont parfaitement raison. Les considérations d'après lesquelles j'ai présupposé l'existence d'une nouvelle famille métalloïdique et octo-ato- mique, ne sont point les mêmes que celles qui ont conduit M. Mendéléeff à sa classification, mais elles ne leur sont point contraires, loin de là. Ce sont des points de vue différents qui permettent, je le crois, de voir diffé- rents côtés d'une même vérité et dont chacun présente des avantages spé- ciaux. Ma classification se réclame de l'avantage de permettre le calcul, exact ou très approché, des poids atomiques. » M. H. Resal fait hommage à l'Académie du Tome I de la seconde édition de son « Traité de Mécanique générale, comprenant les leçons professées à l'Ecole Polytechnique ». M. Appelï- présente à l'Académie un Ouvrage intitulé : Théorie des fonctions algébriques et de leurs intégrales, dont il est l'auteur, en collabora- tion avec M. Edouard Goursat. « Le but principal de cet Ouvrage est d'exposer la conception de Riemann pour la représentation des fonctions algébriques et de leurs inté- grales sur une surface formée de feuillets superposés, et de faire connaître les principales découvertes auxquelles ont donné lieu les travaux du grand géomètre dans la voie ouverte par Abel, Cauchy, Puiseux et Jacobi. » La méthode suivie ne repose pas sur le théorème d' existence comme celle de Riemann : elle se rapproche des méthodes de Cauchy et de Pui- seux, et n'emploie le système des feuillets superposés que comme un mode de représentation, bien plus simple que les lacets, conduisant im- médiatement de l'idée de connexion à la notion du genre. M Les points principaux de la théorie sont d'abord exposés pour le cas simple des intégrales hyperelliptiques qui sont formées et étudiées en détail. Les notions essentielles ainsi acquises sont ensuite étendues au cas général; l'étude des transformations birationnelles et le théorème de Niither, dont la démonstration est tirée d'une remarque d'Halphen, ser- vent à faire disparaître les singularités autres que les points doubles et ( 363 ) simplifient beaucoup la formition des intégrales abéliennes des trois espèces. Sont ensuite étudiées en détail les propriétés des intégrales abé- liennes, le théorème de Riemann-Roch, le théorème d'Abel et ses appli- cations analvliques. Au sujet du problème d'inversion de Jacobi et du problème d'inversion généralisé par Rosenhain, par Clebsch et Gordan, il est démontré que les fonctions symétriques des inconnues sont uniformes; ces fonctions ne sont pas formées effectivement, car la théorie des fonc- tions© ne rentre pas dans le cadre de l'Ouvrage. Dans les derniers Chapi- tres, on établit la notion de courbes normales et de modules d'une classe de courbes algébriques, puis on indique quelques-unes des applications géométriques du théorème d'Abel. » MEMOIRES PRESENTES. M. PnoMPT adresse, par l'entremise de M. Bouquet de la Grye, un Mé- moire relatif à la congélation de l'eau. (Renvoi à la Section de Physique.) CORRESPONDANCE. HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur V inscription astronomique de Keskinlo. Note de M. Paul Tannery, présentée par M. Tisserand. « D'un fragment d'inscription astronomique, au déchiffrement duquel j'ai prêté mon concours, et qui vient d'être publié par M. Hiller von Gaer- tringen dans les Inscriptioncs grœcœ insularum maris .Egei, fasc. I, n° giS (cp. les Corrigenda, page 207), on peut tirer des conclusions importantes sur létat de la théorie des planètes immédiatement avant Hipparque. » Cette inscription, trouvée dans l'île de Rhodes, et dont la date peut être assignée entre 1 5o et 5o avant J.-C, donnait en effet, pour chaque pla- nète, et pour une même période (^grande année) commune à toutes, les nombres entiers de quatre sortes de révolutions distmctes, supposées accomplies pendant cette même période. » Les nombres qui subsistent dans le fragment sont ceux qui concernent les trois planètes supérieures, plus le quatrième relatif à Mercure. Quant C. K., i8y6, I" Semestre. (T. C\\, iN» 7.) ''l>^ ( 364 ) à la durée de la période commune, elle est donnée, en années solaires, parla somme, identique pour les planètes supérieures, des nombres I et IV. Cette somme est 291400; la précession des équinoxes n'étant pas encore reconnue, ces années solaires sont à compter de 365J j. Muuvements moyens de Mercure. Mars. Jupiter. Saturne. 1. Longitude [291^00] 154920 245oo 9920 II. Latitude ? i5436o 2456o 9898 IIL Altitude ? 182680 242600 271760 IV. Eiongation 918700 i3648o 266900 281480 » On peut, de ces nombres, déduire, pour les durées des révolutions, les évaluations suivantes : Durée de la révolution de Révolution. Mercure. Mars. Jupiter. Saturne. j ^ ' ^ > Zodiacale 365,25 687,02 4344)24 10729,22 Tropique ? 689,52 4333,63 10708,50 Anomalislique. . . . ? 582,62 488,72 391,65 Synodique ii5,85 779)85 898,78 878,12 » Si les nombres inscrits dans le premier des deux Tableaux ci-dessus diffèrent, en certains points, de ceux que fournirait le texte de l'inscrip- tion, tel qu'il a été publié, ils répondent à de nouvelles lectures obtenues depuis l'impression, lectures dont M. Hiller a d'ailleurs reconnu le bien- fondé, et que son obligeance m'a permis d'appuyer sur mon examen per- sonnel de l'estampage. Ces nombres peuvent désormais être regardés comme complètement assurés, sauf pour trois chiffres d'une importance secondaire (^Mercure, IV, il peut y avoir pour les dizaines un chiffre signi- ficatif. Mars, III, le chiffre des mille peut être i . Saturne, II, le chiffre des unités peut être 6). » L'analogie de la théorie des planètes, sous la forme présentée par l'inscription, avec la théorie de la Lune dans l'antiquité est frappante. Mais, comme Eudoxe n'avait distingué que deux sortes de révolutions pour les planètes, et que Ptolémée regarde comme acquis qu'il n'y en a pas davantage, on doit en conclure que la fausse complication introduite dans l'intervalle n'est pas antérieure au troisième siècle avant notre ère, et que, dès le deuxième, elle fut écartée par Hipparque, dont le rôle, dans cette question, se trouve ainsi précisé et singulièrement relevé. » Il est évident que les durées des révolutions svnodiques et tropiques ( 365 ) ont été directement observées, et cela indépendamment les unes des antres. Au contraire, les durées de révolution zodiacale ont été déduites par le calcul. Le désaccord entre les nombres I et II, qui devraient être égaux, donne précisément la mesure de l'incertitude des procédés; il résulte, d'ailleurs, du mode même de détermination que les nombres II doivent être plus exacts que les nombres I pour Jupiter et pour Saturne, tandis que le contraire doit avoir lieu pour Mars. » Quant à la révolution anomalistique (sur l'épicycle), sa différence avec la révolution synodique doit avoir été combinée (plus ou moins ma- ladroitement) pour essayer de rendre compte de la seconde inégalité, le caractère synodique de la principale étant déjà reconnu. D'après Ptolémée (^Syntaxe, IX, 2), la seconde inégalité avait, en effet, été constatée dès avant Hipparque, par l'observation des stations et rétrogradations; mais le fait qu'on avait cherché à lui assigner une période spéciale prouve bien qu'Hipparque fut le premier à la considérer comme zodiacale. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une surface du sixième ordre, liée aux fonctions abéliennes de genre trois. Note de M. G. Hcmbert, présentée par M. C. Jordan. « Les surfaces pour lesquelles les coordonnées d'un point sont des fonc- tions quadruplement périodiques de deux paramètres correspondent, /70f>?i par couple, à une courbe C, de genre deux, c'est-à-dire qu'à un couple de points de C correspond un seul point de la surf;ice, et, inversement, qu'à un point de la surface correspond, en général, un seul couple sur C. On peut étudier de même les surfaces qui correspondent point par couple à ime courbe de genre p; il est aisé d'établir que, si à un point de la sur- face correspond un seul couple sur la courbe, la surface est de genre {p{p-i). » Le cas de /> ^ 3 sera seul abordé ici; pour les surfaces ainsi intro- duites, les coordonnées non homogènes d'un point sont des fonctions uni- formes, à six paires de périodes, de trois paramètres u, c, ir, liées par la relation &(^/, c, (r) = o, où 2r(M,(>, (v) désigne une des 64 fonctions abéliennes normales du pre- mier ordre, qu'on peut d'ailleurs choisir arbitrairement. La coiu'be C est la courbe plane générale d'ordre quatre. ( 366 ) » Pour obtenir, par ce procédé, des surfaces intéressantes, il importe de chercher à abaisser le degré le plus possible; si d'ailleurs on veut des surfaces de genre trois, on voit facilement que le nombre six est le mi- nimum du degré. » Voici comment on peut définir une surface du sixième ordre, de la classe indiquée : elle présente, en outre, l'intérêt d'être liée d'une manière très simple à la surface de Rummer. » Soient S, et Stj deux quelconques des 64 fonctions thêta abéliennes normales, d'ordre un et à trois variables; le produit SiSto ^i une certaine caractéristique, de plus il est pair ou impair. Les 62 autres fonctions thêta se groupent deux à deux de manière que le produit de deux fonctions, 3-, et 3^;, d'un même groupement, ait même caractéristique que 3, 5., ' o" forme donc, au total, 32 produits 3,&j, parmi lesquels seize sont pairs et seize sont impairs. Les seize fonctions paires (comme aussi les seize impaires) s'expriment linéairement à l'aide de quatre d'entre elles, convenablement choisies. » Désignons maintenant par 0,, Q.,, Q,, Qj. celles des quatre fonctions ainsi définies qui n'ont pas la même parité que le produit ^,5n, et consi- dérons la surface S, pour laquelle les coordonnées homogènes d'un point sont pXj= ©,(«, V, w) (i — i, 2, 3, 4)» II, i'. M' étant liés par la relation S, (h, V, «') = o. » La surface S est d'ordre six : en effet, d'après un important théorème de M. Poincaré, les trois fonctions abéliennes 8, = o, ©^ = o, 2r, = o, d'or- dres 2, 2 et I , ont 2.3.2.2.1 = 24 zéros communs; si donc c? désigne le nombre des zéros fixes communs à ^, et aux quatre fonctions 0. le degré de S sera égal à 7(24 — d), (le facteur ^ provient de ce que les fonctions 0 et &, sont paires ou impaires). Or â, et les quatre 0 s'annulent simulta- nément pour douze demi-périodes : le degré de S est donc bien égal à six. » Aux demi-périodes et aux 63 fonctions 0 d'ordre un, autres que S,, correspondent sur S des points et courbes remarquables. » Les douze demi-périodes qui annulent ^, et les quatre 0 donnent, sur S, douze droites, qui concourent en un même point O : ce pointestun point triple de la surface, il correspond aux valeurs des paramètres qui annulent ( ■^'^7 ) à la fois S, et Sr,. Aux seize autres demi-périodes annulant S',, correspon- dent, sur S, seize points doubles; aux 32 fonctions &, et S'y, telles que le pro- duit SjSy ait la caractéristique, mais non la parité, de S, S,, correspondent trente-deux cubiques planes, situées deux par deux dans seize plans; en- fin, aux 3o fonctions Bj, et &/, pour lesquelles ^^^i a la caractéristique et la parité de &,&2» correspondent trente biquadraliques gauches passant par le point triple. » En étudiant de plus près ces relations, on voit que les seize points doubles de S sont ceux d'une surface de Rummer, dont les seize plans sin- guliers sont précisément ceux des Sa cubiques planes : j'indiquerai, dans une prochaine Note, quel lien géométrique simple existe entre la surface du sixième ordre et la surface de Rummer ainsi définie; de ce qui précède résulte déjà une conséquence. » On sait que, sur une surface de Rummer, les seize points doubles peuvent être associés 8 à 8de trente manières, les points d'un même groupe étant les huits points de base d'un réseau de quadriques; parles huit points de chaque groupe et par un point quelconque O de l'espace, passe donc une biqiiadratique : les trente biquadratiques ainsi obtenues sont sur une surface du sixième ordre, qu'elles déterminent complètement et qui est une surface S. Le point triple coïncide avec O; les douze droites de la surface qui se croisent en O sont les tangentes doubles qu'on peut mener de ce point à la surface de Rummer. » En rattachant S à la courbe générale C, d'ordre quatre, on peut dire qu'à un couple de points pris sur C correspond un seul point de la surface; mais inversement, à un point de S correspondent, sur C, deux couples de points, situés sur une même droite. La surface est néanmoins de genre trois. » Une droite du plan de C coupe cette courbe en quatre points, qui, associés deux à deux, forment six couples, auxquels correspondent, d'après ce qui précède, (rois points de S : ces trois points de l'espace sont sur une même droite issue du point triple O. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur les propriétés du silicium amorphe. Note de M. Vi<.ouroux, présentée par M. Henri Moissan. « Dans une précédente Note (') nous avons indiqué qu'il était pos- sible, dans certaines conditions, de réduire la silice par le magnésium et C) Comptes rendus, t. CXX, p. 94. ( 368 ) d'obtenir un silicium amorphe bien exempt de corps étrangers. Les pro- priétés de ce métalloïde sont les suivantes : )) Propriétés physiques. — C'est une poudre ténue, de couleur marron, s'attachant à toute substance humide ou rugueuse. Il absorbe facilement les gaz et la vapeur d'eau au point qu'il faut le chauffer jusqu'au voisi- nage du rouge pour l'en débarrasser. Densité moyenne à i5° : 2,35. On a pu le fondre et le volatiliser très facilement au four électrique. Il est soluble dans un grand nombre de métaux en fusion. » Propriétés chimiques. — La chaleur ne paraît pas le modifier. On a pu le chauffer longtemps à des températures élevées sans que ses propriétés fussent changées, ce qui tient à la forte chaleur dégagée au moment de sa préparation. L'hydrogène n'a pas d'action. Le fluor l'attaque dès la tempé- rature ordinaire. » Le silicium s'enflamme vers 45o" dans le chlore, vers Soo" dans le brome; dans l'iode, il n'y a ni incandescence ni attaque apparente. » Dans l'oxygène de l'air, il y a oxydation superficielle et sans incan- descence; dans l'oxygène pur il y a combustion vive vers 4oo°; la chaleur est telle que la silice formée est fondue. » Dans le soufre, l'incandescence a lieu vers 600". L'azote n'agit pas au-dessous de 1000°; à une température supérieure, il attaque le silicium et donne un azoture amorphe. Le phosphore, l'arsenic, l'antimoine, chauffés avec lui, distillent mais ne l'attaquent pas. Le carbone et le bore n'agissent qu'au four électrique. Quant aux métaux, ils ne paraissent pas se combiner au silicium aux températures dont on dispose généralement dans les laboratoires. Il n'y a guère que le magnésium qui, au rouge, donne un siliciure en produisant une vive incandescence. » IjCS hydracides gazeux secs l'attaquent lentement vers le rouge sombre. L'hydrogène sulfuré, chauffé graduellement jusqu'à sa tempéra- ture de dissociation, n'a pas agi sur le silicium. Quant à l'ammoniaque, elle est décomposée au rouge cerise; tandis que l'hydrogène se dégage, l'azote se fixe sur le silicium pour donner un azoture. » L'eau en vapeur est décomposée vers la même température; il se forme de la silice et de l'hydrogène qui se dégage. La décomposition est continue mais lente. L'anhydride sulfureux passant sur le silicium, chauffé au voisinage de 1000°, n'est pas réduit. L'oxyde azoteux et l'oxyde azo- tique agissent lentement vers 800°; il v a fixation d'azote et d'oxvgène. Si l'attaque est brusque, il y a incandescence. L'anhydride phosphorique est réduit, avant le rouge, avec incandescence; il en est de même des com- posés oxvgénés de l'arsenic et de l'antimoiue. Entre 800° et 1000°, l'anhv- ( 369 ) dride carbonique est amené à l'état d'oxyde de carbone. Quant à ce der- nier, il n'est pas attaqué même à 1200°. Aucun acide dissous ou liquide, agissant isolément, n'attaque le silicium, ni l'acide azotique fumant porté à l'ébullition, ni l'acide sulfurique concentré et bouillant, ni Vacide Jluor- hydrique concentré chauffé à 100" avec lui. L'action combinée de deux acides, ou d'un acide et d'un autre corps, est souvent efficace. Ainsi, l'eau régale à 100° agit à la longue et finit par le transformer en silice anhydre. Un mélange d'acide azotique et d'acide fluorhydrique l'attaque dès la tem- pérature ordinaire avec dégagement de vapeurs rutilantes et de fluorure de silicium. L'acide fluorhydrique mélangé soit au nitrate, soit au chlorate de potassium, agit avec violence; il en est de même de l'acide azotique ordi- naire, mélangé au fluorure de potassium. » Le fluorure d'argent est décomposé avec incandescence bien avant le rouge; il se forme du fluorure de silicium et l'argent, mis en liberté, se retrouve en petits grains fondus. Il en est de même des fluorures de zinc, de plomb, etc. » La plupart des oxydes sont réduits, un grand nombre avec incandes- cence dans des tubes de verre au bec de Bunsen ; tels sont, [)ar exemple, les oxydes de mercure, de cuivre, de plomb, de bismuth, d'étain, de fer, de manganèse, etc. Les hydrates alcalins et alcalino-terreux sont attaqués avec énergie. )) Le fluorhydrate de fluorure de potassium s'empare du silicium et dé- gage de l'hydrogène. Le sulfate de plomb, le phosphate de calcium sont réduits. On peut projeter le silicium sur le chlorate de potassium en dé- composition sans qu'il y ait incandescence, mais cette dernière se produit si l'on chauffe brusquement les deux corps mélangés intimement. L'azotate de potassium ne l'attaque qu'à sa température de décomposition; les car- bonates alcalins, en fusion ou en solution, le transforment en silice. Certains oxydants, tels que le bichromate de potassium, le chromate de plomb sont décomposés avec explosion et incandescence avant le rouge. Le mé- lange d'acide azotique fumant et de chlorate de potassium n'a pas d'action sensible. » Le silicium amorphe obtenu en réduisant la silice par le magnésium ne correspond ni à la variété amorphe a, ni à la variété amorphe p de Ber- zélius ('). Il paraît, au contraire, se rapprocher du silicium cristallisé. Cependant, jusqu'ici ce dernier a été regardé comme incombustible dans (') Berzëlil'S, a" édition française, année i845. ( 370 ) l'oxygène ('). Cette indifférence n'est qu'apparente; si l'on élève brusque- ment la température, le silicium cristallisé s'enflamme vers 400" dans l'oxygène, il brûle avec un éclat éblouissant, et s'il est suftisamment pul- vérisé, sa combustion peirt être complète. » CHIMIE AGRICOLE. — Sur V oxydalion du tanin de la pomme, à cidre. Note de M. L. Lindet, présentée par M. Aimé Girard. « M. Bertrand vient d'appeler l'attention de l'Académie sur la présence, dans le latex de l'arbre à laque, d'un ferment soluble, la laccase, capable de déterminer des oxydations énergiques, et il a annoncé que des diastases de ce genre se rencontrent dans un grand nombre de plantes (^). Au cours de l'année 1893, en étudiant les circonstances dans lesquelles le jus de pommes se colore au cours de la fabrication du cidre, j'ai été frappé de voir que les conditions d'oxydation du tanin contenu dans ces fruits cor- respondent exactement aux conditions d'existence d'un ferment soluble, et j'ai annoncé que ce ferment soluble semble présidera cette oxydation (^). On ne connaissait à cette époque aucune diastase végétale à fonction oxydante, et j'ai attendu, pour exposer mes recherches à l'Académie, de pouvoir, par de nouvelles expériences, confirmer celles que je venais de publier. La découverte de M. Bertrand me permet d'être aujourd'hui plus affirmatif au sujet de la présence d'une diastase oxydante dans la pomme, et d'exposer les expériences que j'ai établies pour la démontrer. » Quand on abandonne dans une cloche, placée sur le mercure, soit des tranches de pommes, soit de la pulpe, soit des éponges imbibées de jus, on voit le produit rougir et il est facile de constater qu'il y a eu dans la cloche absorption d'oxygène et dégagement d'acide carbonique. Le phé- nomène se produit avec la même intensité quand le jus que l'on répand sur les éponges stérilisées a été filtré à la bougie de porcelaine, quand la pulpe ou le jus a été additionné d'essence de moutarde; l'action oxydante ne peut donc être attribuée au développement d'un ferment figuré. M D'autres antiseptiques, comme l'acide salicylique, diminuent dans (') Sainte-Claire Deville, Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. XLIX, p. 71. (*) Comptes rendus, l. GXX, p. 266. (') Journal le Cidre, 1898, p. i5o. 1 ( '^7' ) une cerlaine mesure la marche du phénomène: If chlorofoimc ralentit l'oxydation, les sels de mercure l'arrêtent nettement. Ces faits ont été observés maintes fois vis-à-vis d'autres diasfases : on sait que le chloro- forme les insolubilise légèrement, que les sels de mercure les précipitent. Quand on fait varier l'acidité ou l'alcalinité des jus, on fait varier égale- ment la vitesse d'oxvdalion : ce sont là les conditions générales de l'action des ferments solubles. » Quand on substitue au jus naturel du jus bouilli, celui-ci reste inco- lore et ne donne lieu à aucun échange de gaz; c'est d'ailleurs un fait connu que la pomme, une fois cuite, ne prend pas à l'air la teinte rouge qui ca- ractérise l'oxydation de la pomme crue, au moment où on la coupe, au moment où on l'écrase. Ce phénomène ne s'explique qu'à la condition d'admettre l'existence d'un ferment soluble, dont la chaleur détruit les propriétés. » On peut, en ajoutant à un jus de pommes de l'alcool, et en délayant dans l'eau le précipité obtenu, provoquer l'oxydation d'un jus préalable- ment bouilli. On peut également, en écrasant dans de l'alcool des pommes, dont on a d'avance extrait les gaz par l'action du vide, produire un jus à peine teinté de jaune, qui ne se colore plus à l'air. L'alcool précipite donc le ferment soluble et celui-ci est donc nécessaire à l'oxydation. » J'ai, comme l'a fait M. Bertrand pour la laccase, cherché à provoquer l'oxydation du pyrogallol en présence d'un jus de pommes, et j'ai obtenu de la purpurogalline; le même jus, cuit au préalable et additionné d'acide pyrogallique, ne s'est même pas coloré sous l'action d'un courant d'air pro- longé. » On sait que les ferments solubles ont la singulière propriété de s'inso- lubiliser momentanément sur les corps qu'ils sont appelés à translormer; le cas de la papaïne qui se fixe sur la fibrine est connu. Le ferment de la pomme agit de cette façon vis-à-vis du tanin contenu dans le tissu végé- tal; on peut, en effet, laver des tranches de pommes à l'eau bouillie, jus- qu'à ce que les liquides ne se colorent plus par les sels de fer, et voir ces tranches, qui jusque-là étaient incolores, prendre, aussitôt qu'elles sont exposées à l'air, la teinte rouge caractéristique. » L'existence d'un ferment soluble, présidant à l'oxydation, et que, généralisant la dénomination adoptée par M. Bertrand, je considérerai comme une laccase, permet de se rendre compte de la rapidité avec la- quelle une pomme coupée, broyée ou râpée, rougit à l'air. Le tanin et le ferment soluble, localisés dans des cellules spéciales, se trouvent brus- G. R., 1895, I" Semestre. (T. CX.\, N" 7.) 49 ( "'72 ) quement en coatact quand le couteau, le broyeur ou la râpe ont déchiré le tissu, et l'oxydation se produit aux dépens de l'air contenu dans les méats intercellulaires de la pomme, puis aux dépens de l'air extérieur. On peut • provoquer celte oxydation dans le tissu même de la pomme ; il suffit de la meurtrir, en la frappant contre un corps dur, ou en la comprimant entre les doigts. » Le tanin ne s'oxyde pas seulement dans le jus au moment où celui-ci sort du pressoir, il s'oxyde également sur le marc, et il se fixe à la cellu- lose que celui-ci renferme , par un véritable phénomène de teinture, comme il se fixe sur le coton, sur la toile, sur le bois, en colorant ceux-ci d'une belle teinte cachou. La matière azotée de la pomme se combine en grande partie au tannin, s'insolubilise sur le marc et y insolubilise le ta- nin ; celui-ci, réparti ainsi dans toute la masse spongieuse, présente à l'air une large surface d'oxydation. » On peut donc considérer comme un fait établi que c'est à l'action d'une diastase, renfermée dans le tissu de la pomme, et appartenant au type des laccases, qu'est due l'oxydation du tanin de ce fruit; mais de nouvelles recherches sont nécessaires pour établir si cette diastase pro- voque directement l'oxydation, ou si elle dédouble le tanin en molé- cules plus oxydables que lui. » CHIMIE. — Sur la composition et l'analyse des eaux-de-vie. Note de M. X. Rocqces, présentée par M. Friedel. « Les documents analytiques concernant les eaux-de-vie sont peu nom- breux, aussi ai-je cru intéressant de grouper les résultats que j'ai obtenus, concernant seulement les échantillons sur la provenance desquels j'ai pu avoir des garanties suffisantes. » Voici, succinctement, quels ont été les procédés de dosage employés : » Acides totaux. — Titrage à la soude décime en se servant de phtaléine comme indicateur; résultats exprimés en acide acétique. » Éthers. — Saponification par ébullition avec excès de soude décime et titrage alcalimélrique; résultats exprimés en acétate d'élhyle. )) Aldéhydes. — Dosage colorimctrique au moyen du bisulfite de rosani- line, par comparaison avec des liqueurs types d'aldéhyde élhylique; résul- tats exprimés en aldéhyde élhylique. » l'urfurol. — Dosage colorimétrique à l'acétate d'aniline, par compa- raison avec des liqueurs types de furfurol. ( 373 ) » Alcools supérieurs. — Dosage par la méthode du Laboratoire muni- cipal de Paris (traitement par l'acide sulfurique après élimination préa- lable des aldéhydes par la métaphénylène-diamine, résultats exprimés en alcool isobutylique. « Ammoniaque libre, des amides et des bases. — Évaporation en présence d'acide sulfurique; dosage par le procédé Kjehldal. » Pour rendre les résultats plus comparables, j'ai exprimé les corps dosés en grammes par hectolitre d'alcool à loo". » Les Tableaux suivants résument les chiffres obtenus : Eaux-de-vie de vins ou trois-six genre Montpellier (i4 analyses). hectol[!re d'alcool à loo" renferme : Maximum. Minimum. Moyenne. S, 28 Acides totaux Élhers. 33o,i7 Aldéhydes 63 , 1 2 Furfurol 2,3o Alcools supérieurs 38^,59 Ammoniaque o,33 Total 773,56 alcools supérieurs Rapport : élhers 2,32 7.34 52,90 10, o3 traces 78,20 0,08 175,03 0,43 45,08 169,91 23,84 0.23 192,04 o,iS 43o,52 i,i3 Cognacs (n analyses). 1 heclolitre d'alcool à luo'^ renferme : Acides 1 38 , 3o Élhers 198,34 Aldéhydes l\a,oh Furfurol 25,25 Alcools supérieurs 3o4.59 Ammoniaque 8,o5 Rapport Total 629,06 alcools supérieurs élhers 2,5 Minimum. ET 8,94 86,80 7,38 1,01 i62,o5 o,36 0.9 Moyenne. 6r 77,65 137,18 22,80 3,94 212,64 1,18 287,78 455,39 ,54 Eaux-de-vie de marcs de vins (10 analyses). I heclolilre d'alcool â 100° renferme : Maximum. Minimum. er gr Acides 169,35 12,40 Elhers 437 ,3 1 78,80 Aldéhydes SiS.gô 73, 11 Furfurol i , 5o traces Alcools supérieurs 333,46 46,82 Ammoniaque i,4i 0,82 Rapport : élhers 2,0!, 0,26 Moyenne. cr 82,15 195,92 25 1,46 0,45 217,73 o,5o Total 1227,95 494,'^'^ 748,12 alcools supérieurs liluuns (ij analyses). I hectolitie d alcool à 1 renferme ; Maximum. Minimum. Moyenne. ... er gr gr .\cides 295,55 189,60 240, 3i Elhers 38i,86 152,77 275,01 Aldéhydes 30,77 «7,33 23, 61 Furfurol 6,94 0,90 4,^3 .\lcools supérieurs 86,00 44,94 62,60 .\mmoniaque 3,70 1,87 2,85 Total 700,07 465,45 608, 6r Rapport alcools supérieurs élhers 0,57 0,22 » J'ai cherché à tirer, de ces chiffres, des indications intéressantes pour l'analyse des eaux-de-vie commerciales, et notamment pour caractériser l'addition d'alcools industriels aux eaux-de-vie naturelles. » On remarque tout d'abord qu'il y a des écarts très importants entre les teneurs maxima et minima des divers éléments étrangers à l'alcool éthylique. » Ce sont les résultats analytiques obtenus avec les rhums qui présentent (374) le plus de constance. Pour ces eaux-de-vie, l'écart est relativement faible entre les valeurs maxima et minima, et il y a une certaine coïncidence entre les écarts observés dans la teneur des divers corps dosés; mais il n'en est pas de même avec les eaux-de-vie de vins ou de marcs. L'acidité, notam- ment, est très variable, et il ne faut pas espérer tirer parti de ce dosage pour tirer des conclusions de l'analyse. )) Les substances qui présentent le moins de variations étant les éthers et les alcools supérieurs, j'ai déterminé le rapport entre ces deux corps. Je crois que ce rapport pourra fournir des indications utiles dans l'analyse des eaux-de-vie du commerce que le chimiste peut être appelé à examiner. » En résumé, dans l'analyse des eaux-de-vie les éléments d'appréciation les plus nets paraissent être la quantité totale des substances volatiles étrangères à l'alcool éthylique, les teneurs en éthers et en alcools supé- rieurs et le rapport de ces deux substances. Si, à ces données chimiques, enjoint la dégustation faite par des personnes exercées, on aura en main des éléments suffisants pour établir, dans beaucoup de cas, la nature des eaux-de-vie. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur ks graines de Moâbi. Note de MM. H. Lecomte et A. Hébert, présentée par M. A. Gautier. « On rencontre, dans la vallée du Rouilou (Congo français), entre Ka- kamocka et Ritabi, de même que dans une des premières forêts traversées par le sentier de Loango à Brazzaville, à So""" environ à 1 est de la pre- mière de ces localités, un grand arbre, véritable géant des forêts, que les noirs du pays désignent sous le nom de Moâbi. » Étude botanique. — Le Moàbi est une plante de la famille des Sapotacées; son tronc atteint facilement 2"", 50 et même 3"' de diamètre, à 2™ du sol, et s'élève à ao" ou 35" avant les premières branches. » L'écorce, très épaisse (jusqu'à o",! 5 sur les gros troncs), contient dans un système de laticifèies articulés un latex assez abondant, épais, fournissant par la coagulation un produit assez riche en gutta-percha. » Cet arbre diffère du D'Javé (Baillonella) par ses feuilles et par ses fruits; mais les fruits présentent, à une petite différence de taille près, les caractères de ceux du Tieghemella Heckelii (Pierre), vulgairement Makerou du Grand-Bassam. » Les graines ont environ 5"^™ de long, 3""' à 3'^°', 5 de large et 2™, 5 d'épaisseur. Sous un tégument brun de 1°"° d'épaisseur, elles contiennent une amande formée de deux cotylédons charnus laissant dépasser, à une extrémité, la radicule de l'embrvon. ( 375) Celui-ci contient, principalement à la périphérie du cylindre central, une multitude de laticifères articulés, constitués par des files de grosses cellules dont le contenu pa- raît surtout résineux. Les cotylédons ont leurs cellules gorgées de gouttelettes de graisse. Il Etude cliimique. — loo parties de graines décortiquées ont donné une propor- tion de 36 parties d'écorce contre 64 d'amandes. Les écorces, pilées et tamisées, puis séchées à ioo°, contenaient i2, i8 d'humidité pour loo. La matière séchée présentait la composition suivante, qui paraît n'en faire qu'un produit de peu d'importance. Cendres i , 20 Matières grasses 2 , 85 Matières azotées totales 4.37 (Azote = 0,70 pour 100) (Matières azotées 0,37 (Azote = 0,06 p. 100) Sucres réducteurs Traces . ^„„ , Sucres non réducteurs. . . Traces i,5opour 100. /Gommes, tanins, acides \ végétaux, etc 1 , i3 Cellulose 5i ,45 Autres principes (vasculose, xylane ou analo- gues); par différence 3g, 00 I 00 , 00 » Les amandes pilées, après dessiccation à 100", ont montré en humidité 3,54 pour 100. La matière grasse a été extraite par la benzine; la distillation de ce dissolvant a permis d'isoler une graisse dont la proportion était de 45 à 5o parties pour loo d'amandes, ce qui correspond à un rendement d'environ 3o à 35 de matière grasse pour 100 de graines non décortiquées. » Le tourteau desséché, après épuisement des amandes par la benzine, donne à l'analyse les résultats suivants : Cendres 4 ) 4o Matières azotées totales 12,81 (Azote = 2,o5 pour 100) / Matières azotées i2,5o (Azote =2 pour 100 Matières organiques \ Sucres réducteurs 0,57 solubles dans l'eau / Sucres non réducteurs. . . 3,5o 3o pour 100. I Gommes, tanins, acides l végétaux, etc i3,43 Cellulose 18,75 Résine 1 2 , 36 Autres principes (vasculose, xylane ou analo- gues). Par différence 34, 18 100,00 » Le totirteau de Moàbi, d'après celte composition, constituerait donc un excellent engrais, ou même un bon aliment pour le bétail. ( 376) » Etude de la matière grasse. — La graisse extraite des amandes de Moàbi est jaunâtre, solide à la température ordinaire; elle fond à Sa^-SS" et se solidifie à 25''-26°. » Elle est très peu soluble dans l'alcool à 90°; sa densité à 3o°, à l'état liquide, est de 0,894; elle présente les réactions suivantes : » EchaufTement avec l'acide sulfurique monohydraté, -H 24°; » Avec l'acide azotique et le mercure : masse jaunâtre se solidifiant après une heure de contact ; » Avec la potasse (<^ = i,34) : à froid, masse blanc jaunâtre; à chaud, savon Jau- nâtre, mou ; » Avec l'acide azotique fumant : coloration rougeâtre; » Avec l'acide sulfurique : coloration rouge; » Avec l'eau bouillante et la litharge : emplâtre mou; » Degré marqué à l'oléoréfractomètre d'Amagal et F. Jean : A 45° H- 2°,o » La graisse de Moâbi, après saponification par la soude alcoolique, puis décompo- sition des sels de sodium par l'acide sulfurique, a fourni 88 pour 100 d'acides gras blancs, fondant à 45°-46''. Les sels de plomb de ces acides, traités par l'éther, ont indiqué pour 100 parties 5o parties d'acides liquides et 5o parties d'acides solides. » Les acides liquides ont été caractérisés par leur transformation en acide élaïdique au moyen du nitrate acide de mercure; ils sont formés d'acide oléique. Les acides solides isolés fondaient à 62°-63°; la méthode des précipitations fractionnées a fourni par l'acétate de magnésium trois portions dont les acides gras régénérés par l'acide chlorhydrique ont accusé les points de fusion et les compositions élémentaires ci- dessous : I" portion. 2" portion. 3" portion. Point de fusion 58°-59<' 64°, 5 66°, 5 „ .. / Carbone o/o 74, i4 75,47 75, 61 Composition „ , . ' „, ,0 ,,, "^ . { Hydrogène "/o 12,48 12,10 12,11 élémentaire. | ^ . , ,.„.. s „, , on t :> o \ Oxygène ( par diiierence) "/o. . . i3,38 12, 43 12,28 Calculé pour C"H"0'. C"H"0'. C"H>'0^ C"H"0'. Carbone "/„ 73,68 70,00 75,55 76,05 Hydrogène "/o 12,28 i2,5o 12,59 12,67 Oxygène "/(, '4,04 i2,5o 11,86 11,28 » La composition de la première portion la place entre l'acide myris- tique et l'acide palmitique, mais on a vraisemblablement affaire à un mé- lange. La deuxième et la troisième portion, que le rapprochement de leur point de fusion et de leur composition peut faire considérer comme presque ( >;7 ) identiques, semblent correspondre à un mélange d'acides palmiliqiie et stéarique et peut-être d'acide margarique. )) Les eaux-mères de la saponification contenaient environ 7 parties de glycérine pour 100 de graisse (' ;. » CRISTALLOGRAPHIE. — Sur les ferrocyanure , ruthénocyanure et. osmiocya- nure de potassium. Note de M. H. Dkfet, présentée par M. Haute- feuille. « Le ferrocyanure de potassium [R*FeCy*, 3H°0], regardé longtemps comme quadratique, est, en réalité, clinorhombique, comme l'a montré M. Wvrouboff (-). Ce savant a obtenu, en faisant cristalliser le sel dans une dissolution de chromate de potassium, des cristaux biaxes à écarte- ment d'axes constant. Des croisements par hémitropie normale autour de l'axe binaire pseudo-quaternaire , d'autres par hémitropie parallèle autour des axes yoiewc^o-6/«a«>e5 situés dans le plan de symétrie, rendent compte, comme l'avait, dès ce moment, indiqué avec une grande netteté M. Wyrou- boff, des anomalies optiques complexes si fréquentes dans ces cristaux. Mais les mesures cristallographiques n'avaient pu être qu'approximatives, comme il le reconnaît d'ailleurs. J'ai repris les mesures sur des cristaux bien homogènes, obtenus soit par la méthode de M. Wyrouboff, soit par cristallisation lente d'une matière bien pure; les uns et les autres étaient identiques, au point de vue des propriétés optiques, avec les cristaux étu- diés autrefois par M. Wyrouboff, qu'il a bien voulu me communiquer. » J'ai comparé au ferrocyanure le ruthénocyanure et l'osmiocyanure de potassium. Marlius a, il y a déjà longtemps ('), signalé leur ressemblance avec le ferrocvanure, sans d'ailleurs donner de mesures. L'étude comparée des trois sels pouvait donner des arguments sérieux au point de vue de la simplicité des cristaux supposés purs, sans parler de l'inlérôt d'ordre chi- mique qu'il pouvait y avoir à établir d'une façon formelle l'analogie du fer, du ruthénium et de 1 osmium dans leurs combinaisons cyanées (*). (') La partie chimique de celle étude a été exécutée au laboratoire des Travaux pratiques de Cliimie, à la Faculté de Médecine de l'aris. (^) Annales de Chimie et de Physique, 4" série, t. XVI, p. igS; 1869. (») Ann. d. Cheni. u. Pharm., t. CXVIl, p. 862; 1861. (*) Les sels de ruthénium et d'osmium ont été obtenus, en bons cristaux, ainsi que le ferrocyanure, par M. Brizard, agrégé préparateur à l'Ecole Normale, avec des pro- duits dont la pureté avait été contrôlée par M. Joly. ( 37» ) » Les anomalies optiques sont les mêmes dans ces trois sels; pourtant on arrive un peu plus facilement à avoir des cristaux homogènes du ru- thénocyanure et de l'osmiocyanure. Les cristaux biaxes présentent un isomorphisme parfait, tant au point de vue cristallographique qu'au point de vue optique. Les cristaux de ruthénocyanure et d'osmiocyanure sont tout à fait incolores, fait bien exceptionnel surtout pour les sels du premier de ces métaux. Les trois espèces de cristaux présentent les mêmes faces : ^§^'(010), très dominant, plan de clivage parfait, m(iio), f''(oii), a'(ioi),o'(ioi)etj(i2i); o' n'était pas mesurable dans l'osmiocyanure. » Voici, pour les trois sels, les paramètres cristallographiques et les angles observés et calculés : Ferrocya lure de K Ruthénocyanure de K Osmiocyanure de K K' Fe Cy + 3H'0. K< Ru Cy + 3H'0. K V. gZuo 977000 28000 280000 3% 13/1 00 ( 38i ) Avant trallcmonl. Après traitement. (noiiui es Oxybéœoglublne pour 100. Hocleur-i. N'oni^ ronges. blancs. Meneau. IM'i- L. XVI. Avant. 3 3. 'i 8 000 O800 8 1893. Après. 4 i85ooo 6200 10 » M»" F. XVII. Avant. 3883ooo 6200 4 Après. 4 o84ooo 3 300 12 » M"' G. XVIII. Avant. t 684 000 21 700 :"> 1803. Après. .3 348 000 3 100 ,S » Gr. XIX. Avant. 36S9000 1 2 400 12 1S93. Après. 4867000 3 100 i3 Sarazin. M"» B. XX. Avant. 2 iSoooo 9300 ') 1893. Après. 3 683 000 4500 " 0 M"' E. R. XXI. Avant. I S29000 9300 8 1S93. Après. 2 5 n 000 4200 12 r.rsiill;ils. Gain en globules rouges. . . 837000 Gain en oxyliémoglobine. . 2"/. Perle en globules blancs.. 600 Gain en globules rouges .. 301000 Gain en oxyliémoglobine. . 8V, Perte en globules blancs.. 3 000 Gain en globules rouges.. . 354000 Gain en oxyhémoglobine. . 37. Perte en globules blancs. . 18600 Gain en globules rouges.. . 1 178000 Gain en oxyliémoglobine. . ' /o Perte en globules blancs. . 9200 Gain en globules rouges. . I 552 000 Gain en oxyhémoglobine.. = 7o Perte en globules blancs. . 5 800 Gain en globules rouges. . . 780000 Gain en oxyhémoglobine. . 4 7. Dimin. en globules blancs. s ICO » Conclusions. — De l'ensemble de no.s recherches, il résulte : )) 1° Que dans le cas de chloro-anéniie, due à une diminution plus ou moins prononcée des globules rouges et de l'oxyhémoglobine ou matière colorante du sang, on voit généralement uneaugmentalion notable des globules rouges et de l'oxyhémoglobine; » 1° Dans les cas de leucocytémie, où le .sang renferme un excès de glo- bules blancs, nous avons toujours constaté une diminution importante de ces éléments. » Presque dans tous les cas, un sang très défectueux dans ses éléments constitutifs est notablement amélioré et le plus souvent devient nor- mal. )> ANATOMIE ANIMALE . — Sur le noyau et la division nucléaire chez les Benedenia . Note de M. Alphonse Labbé, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Les Benedenia sont des Coccidies polyplastidées, parasites de la Sepia offîcinahs. Ces Coccidies pouvant atteindre une taille qui dépasse souvent jtnœ^ il est relativement facile de faire des coupes en série qui permettent d'étudier leur structure et leurs divers stades évolutifs. Sclineider et Min- gazzini, qui les ont étudiées après Eberth et Van Beneden, se sont mépris sur la façon dont se forment les spores et n'ont pu voir la division indi- recte du noyau. Il était intéressant de reprendre cette étude. ( 382 ) » Le novau des Benedenia jeunes ne répond nullement aux descriptions de Schneider; arrondi ou ovalaire, il présente une membrane, un réti- culum très fin, avec des granules chromatiques, et un gros karyosome colorable par l'hématoxyline et les réactifs nucléaires ordinaires. » A mesure que la Coccidie s'accroît, il se passe un certain nombre de phénomènes que j'appellerai /oremiVoïif^Me^. » Tout d'abord, le karyosome dégénère et se fragmente; il se creuse d'une vacuole, forme d'autres karyosomes, qui se fragmentent à leur tour et remplissent le noyau de leurs débris; ces karyosomes, que je nommerai primaires, de basophiles qu'ils étaient, deviennent colorables par les substances acides, la safranine, l'éosine, ce qui est un indice de leur ré- gression. » Alors apparaissent d'autres karyosomes très petits, variant de i à 6 a, basophiles, que je nommerai karyosomes secondaires . A ce stade, le noyau présente une forme irrégulière. Au centre, sont un ou plusieurs karyo- somes primaires plus ou moins dégénérés, et des fibrilles de chromatine, pelotonnées, extrêmement délicates, avec de petits granules disséminés, d'une finesse telle qu'on les colore difficilement; enfin, appliqués étroite- ment contre la membrane du noyau, de laquelle ils semblent vouloir s'échapper, sont les karyosomes secondaires, très variables comme nombre et comme taille ('). » Quand la division nucléaire va se produire, la membrane nucléaire se rompt, le noyau prend une forme étoilée, les karyosomes primaires se ré- pandent dans le cytoplasme ou se dissolvent partiellement dans l'enchy- lema; on assiste alors à un curieux phénomène; une partie des éléments nucléaires, enchylema et karyosomes secondaires, émigrent en un point de la périphérie où ils forment une masse colorable qui n'est pas un noyau et ne persiste pas; tandis qu'au centre du cytoplasme reste une masse ronde ou ovoïde à peine colorable, renfermant des granulations fines et nom- breuses, chromatine et hyalosomes, entourée d'une zone étoilée d'enchy- lema coloré amorphe. Que faut-il penser de cette migration d'une partie des éléments nucléaires à la périphérie? Faut-il voir dans ce phénomène quelque homologie avec l'émission d'un globule polaire? ou bien un phé- nomène comparable à celui que Van Bambeke signalait récemment dans les œufs des poissons (-)? (') BoRN {Arch. f. Mikr. Anal., vol. XLIII, p. 1-79) monUe des figures analogues dans l'œuf ovarien de Triton tœniatus. (^) Archif.-es de Biologie. XIII, p. 89-122. ( 383 ) » Je ne saurais trancher une question aussi importante, qui intéresse toute la Biologie. » Quoi qu'il en soit, revenons aux éléments nucléaires restés au centre de la Coccidie. Les chromosomes s'organisent comme de fins granules au centre d'une aire claire; il se forme un fuseau de fines fibrilles de linine, tantôt aux pôles pointus, tantôt en forme de tonnelet; les chromosomes s'ordonnent suivant l'axe équatorial du fuseau; ils sont très petits, ronds et très nombreux. Les centres d'attraction sont bien visibles, mais il n'y a pas de vraies radiations autour des centres. Puis les chromosomes se retirent vers les pôles, et l'on peut trouver des stades à deux noyaux. Ces stades sont rares, la phase de mitose et celle de deux noyaux devant être très rapides. Les noyaux formés n'ont pas de membrane nucléaire. » Le stade à deux noyaux est le prélude de nombreuses petites mitoses secondaires ('). Les novaux secondaires formés émigrent à la périphérie et forment une couronne de noyaux superficiels. Le protoplasme s'orga- nise autour de ces noyaux, les entoure, et chaque noyau devient le noyau d'une archéspore. » Tels sont les phénomènes nucléaires auxquels donne lieu la formation des spores chez les Benedenia (-). » D'après quelques figures de Wolters, on peut penser que la division nucléaire est analogue chez les Klossia, encore que cet auteur n'ait point trouvé de mitose. J'ai pu constater une évolution nucléaire semblable chez d'autres Polyplastidées. Par contre, la division du noyau, chez les Oligo- plastidées, quoique mitotique, présente des différences notables avec celle des Polyplastidées. » Je me réserve de développer ces diverses observations dans un Mémoire actuellement en préparation. » (') Ce stade est probablement celui où Schneider trouve ses « noyaux en bretelle » et ses « no3'au\ en os de grenouille ». (^) On ne saurait assez insister sur l'analogie des phénomènes nucléaires et de la formation des archéspores chez les Coccidies, avec la segmentation de l'œuf, parti- culièrement de l'œuf des Insectes, telle que les travaux récents de Blochmann et de Henking l'ont surtout fait connaître. La structure du noyau et la division nucléaire ne ressemblent en rien à ce qui se passe chez les Sarcodiens et chez les Foraminifères. (Voir les travaux de Schaudinn.) ( 384 ) ZOOLOGIE . ■ — Sur la Vespa crabro L. Ponte : consen>ation de la chaleur dans le nid. Note de M. Charlfs Janet, présentée par M. Emile Blanchard. « La ponte, chez la V. crabro, peut être observée, dans de bonnes con- ditions, lorsqu'elle a lieu dans un alvéole situé sur le bord d'un gâteau et, par conséquent, encore peu profond. L'abdomen est alors fortement allongé et les deux arceaux du dernier anneau visible bâillent considéra- blement. Ils laissent sortir l'aiguillon qui, en grande extension, rebroussé vers le dos de l'animal, dirige sa pointe vers l'extérieur de l'alvéole et est visible sur la presque totalité de sa longueur. On a dit que l'aiguillon des Hyménoptères vulnérants pouvait jouer un certain rôle dans la ponte. On voit qu'il n'en est rien chez les Frelons et que, loin de servir au guidage de l'œuf, l'aiguillon s'éloigne le plus possible. Après une série de mouve- ments qui se répètent, à peu près exactement dans le même ordre, à chaque ponte, on voit apparaître la pointe la plus effilée de l'œuf et, par une légère pression, cette pointe, qui est pourvue d'une substance adhé- sive, est collée sur le fond de l'alvéole. » J'ai observé la ponte uu très grand nombre de fois aussi bien pour la reine que pour les ouvrières. Sa durée, comptée depuis le moment de l'introduction de l'abdo- men dans l'alvéole jusqu'au moment où il en est retiré, est d'environ 2 minutes. Il est rare que la ponte soit plus rapide, mais, plusieurs fois, je l'ai vue durer près de 4 minutes. » Lorsque, accidentellement, deux œufs sont pondus, le même jour, dans un même alvéole, ils éclosent tous deux et les deux larves sont nourries simultanément par les ouvrières. Deux jours après l'éclosion, lune des deux larves, celle qui occupe la meil- leure position, a reçu plus de nourriture et a grossi plus que l'autre. La différence s'accentue, pour ainsi dire, d'heure en heure et, bientôt, la larve privilégiée occupe tant de place dans l'alvéole que sa sœur, ne pouvant plus rien recevoir, meurt et se dessèche sur place. La présence de son cadavre, formé d'un petit cylindre noir, recouvert d'une pellicule ratatinée, ne gêne nullement le développement de l'autre larve. » La figure ci-contre montre les accroissements successifs de la pre- mière enveloppe d'un nid, dont j'ai observé le développement d'une façon suivie. Elle n'est arrivée à être complète qu'au bout de quarante et un jours. Sa forme rappelle alors celle d'une montgolfière et sa fonction principale est de conserver la chaleur dégagée, dans son intérieur, par la mère. ( 385 ) » Jusqu'au moment de l'éclosion des premières ouvrières (cinquante-six jours), la mère, qui doit, à elle seule, construire le nid et subvenir à tous les besoins de sa pro- géniture, fait des courses nombreuses. Ces courses peuvent ne durer que trois ou quatre minutes pour la récolte de la pâte de bois, mais elles peuvent être beaucoup plus longues et durer jusqu'à quarante minutes, lorsqu'il s'agit de rapporter de la nourriture. » Après avoir employé sa boulette de pâte ou distribué les provisions destinées à ses larves, la mère procède, généralement, à un grand nettoyage de tout son corps, puis à une visite des alvéoles, dans lesquels elle introduit sa tête, les antennes tendues en avant. » Cela fait, cinq à dix minutes après son retour, elle se met au repos et prend pour cela une position tout à fait spéciale (voir la figure). Elle grimpe au-dessus du PosiUon gâteau et s'enroule, en anneau, autour de la tige de suspension : son extrémité abdo- minale arrive presque au contact de ses mandibules. Elle reste dans cette position, le plus souvent, pendant dix à vingt minutes, et, parfois, lorsque le temps est très mau- vais, beaucoup plus longtemps. Dans cette situation, non seulement la mère peut se reposer longuement, mais, de plus, elle occupe la position la plus favorable pour faire profiter ses œufs et ses jeunes larves de la chaleur qu'elle dégage. » Lorsque, dans un nid aérien, libre sur toutes ses faces, les gâteaux ont acquis leur diamètre définitif et que les enveloppes simples qui les entourent n'ont plus be- soin d'être démolies pour être remplacées par de plus grandes, les ouvrières les re- couvrent extérieurement d'un grand nombre de lames formant des sortes de boursou- flures qui s'accumulent les unes sur les autres et finissent par se fermer à leur partie inférieure. Il en résulte une véritable muraille cloisonnée, où l'air emprisonné nepeut guère se renouveler et qui constitue une enveloppe éminemment favorable à la con- servation de la grande quantité de chaleur dégagée dans le nid par ses nombreux habitants. » Le 8 octobre, dans un nid recouvert d'enveloppes complètes et contenant une cinquantaine d'individus, j'ai constaté une température intérieure de 32°, dépassant de i6° la température ambiante. Cette différence de i6° s'est maintenue jusqu'au 19 octobre pour baisser ensuite à peu près de 0°, 5 par jour et tomber à 2°, 5 le 4 no- vembre. La population se trouvait alors réduite à cinq ouvrières encore bien vigou- reuses, et à cinq grosses larves notablement émaciées. ( 386 ) » De Saussure a figuré un nid de Frelons établi dans un arbre creux et entièrement dépourvu d'enveloppe. J'ai aussi figuré un très grand nid établi dans l'angle d'un grenier et dépourvu d'enveloppe sur les trois quarts de son pourtour. En réalité, les nids de Frelons établis dans les ca- vités des arbres et des murs sont toujours, comme les autres, pourvus, à l'origine, d'une petite enveloppe complète, établie par la mère. D'autres enveloppes, extérieures à la précédente et de plus en plus grandes, sont toujours construites par les ouvrières, au fur et à mesure de la démolition des enveloppes internes et de l'accroissement des gâteaux. Mais, lorsque ces derniers arrivent au voisinage des parois de la cavité, les enveloppes qui viennent d'être démolies ne peuvent plus être remplacées, et le nid en reste dépourvu sur tout ou partie de son pourtour. Cette absence finale d'enveloppe ne doit donc pas être attribuée, comme on l'a fait, à l'instinct du Frelon qui n'en construirait pas parce qu'elle est inutile, mais simple- ment à ce que, après la destruction des enveloppes ou parties d'enveloppes devenues trop petites, un obstacle mécanique s'oppose à ce qu'il en soit construit de plus grandes. » Les œufs ont absolument besoin de la température élevée qui règne dans le nid. Au mois de mai, la température atmosphérique n'étant pas encore très élevée, et la première enveloppe n'étant pas encore complète, les œufs n'éclosent qu'au bout d'une vingtaine de jours. En été, l'éclosion a lieu cinq jours après la ponte. Si, à cette époque, on sépare du nid un gâteau pourvu d'œufs, on constate que, seuls, les œufs pondus au moins depuis quatre jours peuvent éclore, tandis que le développement des œufs plus jeunes est complètement arrêté. » GÉOLOGIE. — Observations sur l'étage Tongrien supérieur ou Stampien dans la Chalosse. Note de M. L. Reyt, présentée par M. Albert Gaudry. « Nous avons fait connaître {Comptes rendus de l'Académie, t. CX[X, p. 1021; 1894) la division des couches tongriennes supérieures de la Cha- losse en deux assises. Nous nous proposons aujourd'hui d'indiquer la dis- position de ces couches. » Les grands mouvements pyrénéens qui ont suivi la formation du con- glomérat de Palassou avaient déjà largement ébauché les rides de la contrée, lors de l'irruption de la mer tongrienne dans le bassin de l'Aquitaine. Les eaux marines ont envahi les parties synclinales et sont venues battre les : ( 387 ) flancs plus ou moins disloqués et etfondrés îles anticlinaux, déposant in- différemment leurs sédiments soit sur des marnes et argiles vertes ou panachées formées pendant la période de régression qui a immédiatement précédé cet envahissement, soit sur les assises éocènes ou les derniers dé- pôts du Crétacé supérieur. » C'est ainsi que de Banos, Arcet et Nerbis (vallon du ruisseau de Goueyre) l'étage se poursuit vers Mugron où il limite l'extrémité occiden- tale du pli de Salnt-Seçer. Puis il s'étale sur le revers S. de cette ride et dans le synclinal de la Chalosse centrale, sur le territoire de Mugron (Bibé, Larrouyat, Labrieyre, Basque, Bidaouche, Mingeot, Curé, Megnougrasse, Gay, etc.), de Saint-Aubin (Audouhaou), de Lourquen et de Lahosse, des- sinant nettement des deux côtés de la vallée du Louts une cuvette syncli- nale. Il est vraisemblable que les eaux tongriennes qui ont pénétré dans ce synclinal ne se sont guère avancées, dans la direction du S.-E., au delà des limites de Lahosse; pour retrouver les dépôts de cet âge, il nous faut suivre le pied du revers N. du deuxième anticlinal chalossais Q)li de Louer-Montforl-Gaujaccj) . Us reparaissent en effet à la limite de Lourcjucn et Poyanne (marnières de Jean, de Carrère, de Termy, etc.), et, dans cette dernière localité, à la marnière de Boy-le-Pin, reliant d'une façon heu- reuse les gisements connus de Lourquen aux affleurements de Cassen et de Saint-Jean-de-Lier, vers l'extrémité O. de la nouvelle ride. Nous les retrouvons encore, tout aussi bien caractérisés, sur le revers S. de celle-ci, à Préchacq (Lecouture, Heyron) et, dans le prolongement, sur la rive droite de l'Adour, entre Pontonx et Thétieu (lande communale de Pon- tonx, Lacoste), puis à Goos (Moulin de Pelette), à Montfort etPoyartin, enfin à Donzacq et Bastennes où ils avaient été rapportés par M. Jacquot, avec les grès de Mugron, à l'Éocène supérieur. » A Saint-Aubin, Lahosse, Lourquen, Poyanne et le Moulin de Pelette, nous n'avons observé que l'assise inférieure. A Banos, Arcet, Nerbis, Mu- gron, Cassen, Saint-Jean-de-Lier, Pontonx, Préchacq, Donzacq et peut-être Bastennes, nous avons reconnu les deux assises, avec passage fréquent de l'une à l'autre. A Montfort et Poyartin, l'assise supérieure seule a été ren- contrée. )) Nous pensons que les couches de Saint-Geours-de-Maremme, dans lesquelles M. Fallot a indiqué récemment Pholadomya Puschi et Echino- lampns Blainvillei et qui renferment encore Operculina ammonea et Pecten Mic/ielottii, ainsi que les assises supérieures de Biarritz qui s'étendent de la Côte des Basques à la Chambre d'Amour, doivent être regardées comme C. R.,1895, i' Semestre. (T. CXX, N°7. ) 5l ( 388 ) le prolongement vers l'ouest des assises tongriennes supérieures reconnues en Chalosse. Les couches de Saint-Geours et de la Chambre d'Amour, à Operculina ammonea et Pholadomya Puschi, représenteraient plus particu- lièrement notre assise supérieure avec larpielle d'ailleurs elles ont beau- coup d'analogie , tandis que les grès à Eupatagiis ornatus de Biarriîz deviendraient un faciès latéral de l'assise inférieure à faune de Gaas. » Dans les gisements qui nous ont offert des traces nettes de stratifica- tion, les couches tongriennes supérieures se sont montrées à nous constam- ment inclinées. Si quelquefois cette inclinaison est faible et de quelques degrés, comme dans certaines exploitations de Lourquen ou de Lahosse, dans bien des cas elle acquiert plus d'importance. Elle accuse en effet 6° à Donzacq, 8° à Poyanne, ii° à Cassen et au Tue du Saumon, 8° à i5° à Mugron, io° à i5° à Bastennes, i5° à Nerbis, 20" à aS" à Banos, ^^° à Arcet, etc., et exceptionnellement 85° au Moulin de Pelette. » Ces dernières observations nous paraissent avoir un réel iatérét; elles s'accordent avec les inclinaisons signalées à Lesperon, Gaas, etc., et avec celles que l'on peut relever dans les falaises au nord de Biarritz, pour démontrer dans la région sous-pyrénéenne française Y influence de mouve- ments généraux post-ton griens — indépendants des grands mouvements post- éocènes qui les ont précédés, — dont on peut apprécier l'amplitude et dont on ne saurait méconnaître la part dans le phénomène grandiose de l'élévation des Pyrénées. » MINÉRALOGIE. — Considérations sur le métamorphisme de contact, aux- quelles conduit l'étude des phénomènes de contact de la Iherzolite des Pyré- nées. Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Fouqué. « Les cornéennes formées aux dépens de calcaires et de marnes cal- caires par les granités, les syénites, les dionifes, les diabases, les péridotites (autres que les IherzoUtes des Pyrénées), présentent une telle analogie de composition minéralogique dans les gisements les plus divers, qu'aucune d'entre elles n'est véritablement caractéristique de l'action métamor- phique d'une roche éruptive en particulier : les grenats, Yidocrase, la n'ollastonite, Yépidote en sont les éléments les plus fréquents, souvent as- sociés, du reste, à du pyroxéne, de Yamphibole, des micas et des feld- spaths, etc. » Les contacts de Iherzolite, que je viens de décrire dans les Pyré- ( 389) nées('), rompent cette monotonie en présentant des minéraux spéciaux et de nombreux types pétrographiques particuliers. Il est fort remarquable que, pour la Iherzolite, l'uniformité des produits métamorphiques soit rompue dans un ordre inverse de celui que Ton pouvait supposer a priori, que les calcaires modifiés au contact de cette roche, essentiellement ma- gnésienne et dépourvue d'alcalis (ou très pauvre en alcalis), se chargent surtout de minéraux riches en alcalis, tels que l'albite, l'orthose, le micro- cline, le dipyre, les micas, etc. )) Ce fait donne une démonstration éclatante de l'impuissance de ces roches éruptives à opérer des transformations métamorphiques par l'ac- tion de leur propre substance; les transformations observées à leur contact doivent êlre attribuées à l'action des fumerolles ou des sources thermales qui ont accompagné la venue de la roche éruptive. L'analogie des modi- fications effectuées au contact de la Iherzolite et des ophites (-) fait voir en outre, que, dans les Pyrénées, ces roches de composition différente ont été accompagnées de fumerolles de composition qualitatheinent iden- tiques. » L'abondance et la cristallinité des schistes micacés de contact de la Iherzolite rapprochent le mode d'action de cette roche de celui du granité plus que de celui de toute autre roche éruptive (^); toutefois, la feldspathi- sation effectuée sous l'influence de la iherzolite est toujours limilée à son voisinage immédiat. Déplus, une différence distingue le mode d'action de ces deux roches; le granité, en effet, semble avoir exercé une action corrosive intense sur les roches au milieu desquelles il a fait intrusion. » M. Michel-Lévy a insisté (*) sur le peu de dislocations efTectuées pendant la mise en place de nombreux massifs granitiques dont les contacts semblent se fondre insen- (') Comptes rendus, ii février 1895. {■) J'ai montré {Bull. Service Carte géologique France, n" 42) que les modifica- tions de contact immédiat des ophites pouvaient être surtout comparées aux. modifi- cations observées à une certaine dislance de la Iherzolite. Les roches enlicrement silicatées ne sont représentées dans les contacts d'orphites que par des schistes mica- cés à dipyre, à amphibole, le plus souvent crvplocristallins. Les autres minéraux com- muns aux contacts de Iherzolite sont les micas, Valbite, le rutile, \e.sphène, la pyrite, et enfin la tourmaline, qui se rencontre souvent en cristaux dépassant 2""; le quartz, les chlorites (leuchtenbergite) sont parfois, en outre, abondants. (3) Les modifications subies par les grès mélamorphisés par ces deux roches sont semblables. (') Bull. Service Carte géologique de France, n° 36; 1894. ( 390 ) siblement avec la roche inlrusive, qui piésente alors des transformations endomorphes aussi intenses que les transformations e\omorplies développées autour d'elle. J'ai ob- servé des faits identiques au contact des granités pyrénéens. » Dans les contacts de la Iherzolite au contraire, on ne trouve rien de semblable. Il n'existe aucun passage entre les sédiments modifiés et la roche intrusive qui s'est fait brusquement sa place en disloquant les assises basiques et en produisant à leurs dépens une brèche de friction. Celle-ci indique le manque de plasticité de la Iherzolite au moment de son intrusion. » Au point de vue minéralogique, l'abondance de la tourmaline dans tous les con- tacts de Iherzolite et d'ophites des Pyrénées est fort remarquable en montrant que ce minéral est loin d'être exclusivement caractéristique de l'action des roches granuli- liques. La formation simultanée de minéraux de basicité et d'affinité aussi difl'érenles que le inicrocUne, Vorlhose, le quartz, d'une jsart, et Vanorlhite, de l'autre, n'est pas moins intéressante : ces associations rappellent celles que l'on observe dans les schistes cristallins et les pegmatites. » Les roches modifiées étaient originellement dépourvues d'alcalis; après leur transformation, elles en renferment jusqu'à 9 pour 100; ceux-ci ont donc été apportés en même temps que le bore de la tourmaline, l'acide titanique, une partie de la ma- gnésie, du fer et de la silice. Quant à la chaux, à l'alumine et à une partie de la silice, elles ont été fournies par la roche sédimenlaire normale; ])our l'alumine notamment, cela est démontré par ce fait que sauf le pyroxène et l'amphibole qui se trouvent fré- ([uemment dans les calcaires, la plupart des minéraux métamorphiques sont riches en alumine et plus abondants dans les marnes transformées que dans les calcaires cris- tallins. » L'induence delà chaleur apportée par la roche éruptive est mise en évidence par la disparition totale, au contact immédiat de celle-ci, delà matière charbonneuse orga- nique de la roche sédimenlaire modifiée : mais, d'autre part, la coexistence de cette matière charbonneuse avec des cristaux de dipyre, de mica et des tests délicats de fossiles dans les calcaires situés à quelques centaines de mètres de la Iherzolite indique qu'une haute temj)érature n'était pas indispensable pour la production des transfor- mations qui nous occupent. Les expériences de MM. Daubrée, C. et G. Friedel, Sarasin, dans lesquelles ces savants ont reproduit par voie humide (en solution alcaline) et au-dessous du rouge sombre, le pyroxène, l'albite, l'anorthite, le mica, etc., indiquent la direction dans laquelle devront être dirigées les recherches synthétiques destinées à élucider le mécanisme chimique des phénomènes de contact ('). L'association fréquente du quartz et de l'albite dans les roches de contact des ophites, le dévelop- pement exagéré du dipyre, du mica, du graphite, au contact des veinules de quartz (') L'étude des calcaires métamorphiques des tufs de la Somma et du Latium m'a déjà conduit aux mêmes conclusions {Ji/émoires des Savants étrangers, t. XXXI, u" 7, 68; 1894) et Les enclaves des roches volcaniques, Màcon, 1898. ( 391 ) à dipyre des gisements Iherzolitiques sont encore autant d'arguments qui démontrent rintluence des actions hydrothermales dans la genèse des phénomènes étudiés ici. )) En terminant, je ferai remarquer que tous les phénomènes métamor- phiques dont il s'agit dans cette Note peuvent être expUqués par l'action sur les roches sédimentaires ti'un petit nombre de substances chimiques qui sont précisément celles qui abondent parmi les produits volatils ac- compagnant les éruptions de roches volcaniques de toutes les composi- tions possibles {leucotèphriles du Vésuve, basaltes d'Islande et de l'Etna, andésites (\e Sskwlovm et du Rrakatoa). On s'explique dès lors la ressem- blance des produits métamorphiques développés au contact de roches éruptives de composition différente. Si ces produits volatils sont cjualilati- vement semblables, il ne s'ensuit pas nécessairement qu'ils soient quantita- tivement identiques dans deux centres éruptifs de même composition et a fortiori dans ceux de composition différente. Comme, d'autre part, les conditions dans lesquelles ces produits volatils exercent leur action peuvent elles-mêmes varier, il est possible de comprendre pourquoi la même roche n'agit pas toujours de la même façon sur les sédiments de même composi- tion qui se trouvent à son contact dans des localités différentes. » En résumé, la nature originelle des sédiments modifiés, la composi- tion quantitative des produits volatils ou solubles accompagnant la venue d'une roche éruptive et les conditions dans lesquelles s'effectue leur con- tact avec des roches préexistantes constituent trois facteurs qui peuvent varier indépendamment les uns des autres, et produire des roches méta- morphiques différentes au contact d'vme même roche éruptive étudiée dans deux gisements distincts ou des types métamorphiques analogues au con- tact de deux roches minéralogiquemcnt différentes. » PÉTROGRAPHIE. — Composition minéralogique et sliucture des silex du gypse des environs de Paris. Note de M. L. Cayeux, présentée par M. Fouqué. « J'ai trouvé, dans les collections de Géologie de l'École des Mines et de l'Ecole des Ponts et Chaussées, quelques échantillons étiquetés : silex dits les fusils, originaires du gypse des environs de Paris. Ils ont été recueil- lis en 1860 et 1861 par M. Guyerdet dans la première masse du gypse de Montmartre, des Buttes-Chaumont et de Pantin. )) Examen macroscopique. — Ces silex ont la forine de nodules lenticu- laires intimement soudés au gypse saccharoïde dans lequel ils sont inclus. Le centre est généralement occupé par un nucléus de gypse qui prend ( 392 ) exceptionnellement une telle importance que le nodule ne comporte qu'une mince couronne siliceuse englobant un volumineux noyau de gypse. Les gros silex ont plusieurs centres gypseux. » La couleur de ces nodules est celle du silex pyromaque plus claire et plus grise. Tous les échantillons sont zonair^s. Les zones les plus foncées sont celles qui réalisent le mieux l'aspect de la pierre à fusil. Ces zones sont d'inégale 'épaisseur et s'ordonnent concentriquement par rapport au nucléus de gypse. Elles affectent grossièrement la forme de lemniscates dans les sections pratiquées par les centres des échantillons à double noyau gypseux. » La cassure de ces silex est généralement plane, quelquefois inégale, toujours finement écailleuse. Ces différentes manières d'être se réalisent dans le même échantillon. L'examen attentif de la cassure révèle, à l'œil nu et surtout à la loupe, un état beaucoup plus cristallin que chez le silex pyromaque; il accuse une tendance à revêtir l'aspect des grès lustrés de la forêt de Fontainebleau. » Examen microscopique. — Les sections minces pratiquées dans les parties exclusivement siliceuses montrent que les silex dits les fusils du gypse parisien sont essentiellement formés de quartz et des variétés de si- lice récemment découvertes et décrites par MM. Michel-Lévy et Munier- Chalmas ( ' ), la quarlzine et la lulécine avec son groupement lutécite. » 1° Quartz. — Les formes du quartz peuvent se ramener à deux principales : l'une, géométrique, représentée par des sections de cristaux bipyramidés avec faces du prisme très développées; l'autre, irrégulière, appartenant à des grains à contours découpés et le plus souvent anguleux. « Les sections hexagonales, les plus nombreuses parmi celles qui affectent une forme géométrique, ont des dimensions toujours inférieures à celles des grains irré- guliers les plus répandus. Ceux-ci mesurent, en moyenne, 0"=", i de diamètre. » Les grains irréguliers sont isolés ou groupés en très grand nombre. Ces derniers s'accolent, se pénètrent intimement, et chacun d'eux a son orientation cristalline propre. Il en résulte des plages très étendues, qui ne diffèrent en rien des sections de quarlzite à grands éléments. » 2° Quartzine. — Sur les sections des cristaux de quartz et sur la plupart des grains irréguliers isolés sont implantées des lamelles fibreuses à allongement positif appartenant à la variété de silice appelée quartzine. » La quartzine existe aussi indépendamment du quartz; c'est elle qui constitue les plages, parfois très étendues, où le quartz parait faire défaut. On peut dire qu'elle forme la trame de la roche. (') Micuel-Lévy et Munier-Chalmas, Sur de nouvelles formes de silice cristallisée {Comptes rendus, t. CX, p. 649-652). Mémoire sur diverses formes affectées par le réseau élémentaire du quartz {Bull. Soc. Fr. de Min., t. XV, p. 109-161). ( 393 ) 1) Elle présente son maxin.am rrintérêt lorsqu'elle est en relation directe avec le quartz. Elle forme autour de ses grains une couronne à contours irréguliers et de largeur très variable. Les fibres qui constituent cette zone sont ou parallèles ou dis- posées en faisceaux enchevêtrés sous de petits angles. Que les fibres soient parallèles ou entrecroisées, la couronne de quartzine présente des zones d'accroissement concen- triques. On retrouve également (?es zones de concrétionnement dans les grains de quartz irréguliers, si homogènes qu'ils paraissent, quand on les examine avec de forts grossissements, le condenseur étant baissé. Dans quelques rares cas où la zone de quartzine est d'épaisseur très inégale, on voit les stries d'accroissement passer de la quartzine dans le quartz, qu'elle enveloppe. On peut aussi observer au centre de vo- lumineux grains irréguliers, des stries concentriques dessinant de petits hexagones. Il en existe également dans le quartz faisant partie de grandes plages, à structure de quartzite. » Il ressort de cet ensemble de faits que les grains de quartz des silex ne sont pas élastiques, mais qu'ils ont pris naissance en place. On retrouve conservés tous les stades qu'ils ont parcourus pour arriver à former les plages à structure de quartzite. Je n'en signalerai que quelques-uns : » A. Le point de départ de leur formation est un minuscule cristal de quartz entouré d'une couronne de quartzine avec zones de concrétionnement parallèles aux contours du cristal. Le cristal grandit aux dépens de la quartzine. Il conserve sa forme cristalline et montre des zones d'accroissement rigoureusement parallèles à ses contours. » B. Un cristal de plus grande taille, formé par \e processus précédent, est revêtu de quartzine avec quelques zones parallèles aux faces; celles qui leur succèdent ont leurs angles émoussés. Vers l'extérieur, elles sont de moins en moins parallèles aux contours du cristal. Finalement, elles dessinent des formes quelconques. » G. Le cristal s'assimile successivement ces diflférentes zones de quartzine. Il con- serve d'abord sa forme cristalline, puis ses arêtes s'émoussent. Enfin, il se déforme et devient irrégulier. » D. Lorsque les centres de production de quartz étaient très nombreux dans une plage, l'extension des éléments de quartz s'est trouvée limitée, entravée, et les grains voisins se sont accolés les uns aux autres. Gomme l'orientation de chacun d'eux était quelconque, ils ont formé, en se soudant, de véritables plages de quartzite. M La subslitution de la silice au gypse a donc eu pour résultat de provo- quer la genèse par voie aqueuse de cristaux et de grains irréguliers de quartz, ainsi que la reproduction d'une structure très répandue dans les roches siliceuses à la fois sédimentaires et métamorphiques (quartzites). « .3° Lutécine et lutécile. — On sait que la lutécite a la forme de bipyramides hexagonales surbaissées avec faces du prisme remplacées par une macle en forme de gouttière séparant les deux pyramides. 1) Je n'ai déterminé comme lutécine que les fibres groupées dans les coupes minces, de façon à reproduire rigoureusement les sections caractéristiques des cristaux de lutécile. Je citerai, en particulier, comme satisfaisant à cette condition, des sections ( ;^94 ) formées de quatre quadrants, deux à deu\ symétriques, par rapport à deux diamètres rectangulaires dont l'un correspond à la base hexagonale et l'autre à l'axe vertical (') (section par le plan diamétral de MM. Michel-Lévj et Munier-Chalmas). » Inclusions du quartz et de la quartzine. — L'étude des préparations de silex en lumière naturelle révèle l'existence, dans le quartz et la quartzine, de grains incolores beaucoup plus réfringents que la silice qui les entoure. Ces éléments sont trop ténus pour être isolés et soumis à une analyse microchimique. Les teintes qu'ils présentent en lumière polarisée parallèle rappellent la dalomie. » Les grains les plus volumineux sont rongés ou même déchiquetés; le quartz et !a quartzine, qui les enveloppent, épousent leurs contours très découpés. » Ces particules préexistaient à la silice. Je les ai retrouvées dans le gypse entou- rant les nodules siliceux. Certains échantillons montrent cette même substance à l'état de très fines inclusions, répandues en très grand nombre, tant dans les grains de quartz que dans les plages de quartzine. On a, dans ce fait, une nouvelle preuve que le quartz a pris naissance in situ. n Conclusions. — De l'étude qui pi^écède il résulte : » 1° Que les nodules siliceux du gypse, désignés sous le nom de silex, ont une composition minèralogique et une microstructure essentiellement différentes de celles des silex proprement dits; » 2° Qu'ils résultent d'une substitution de la silice au gypse; » '6° Que la silicification en masse du gypse provoque, ainsi qu'on pouvait le prévoir d'après les recherches de MM. Michel-Lévy et Munier- Chalmas, la genèse de quelques-uns des groupements dont le réseau du quartz est susceptible; » 4° Que le terme ultime de la série des transformations du gypse saccharoïde, sous l'action de la silice, est la production de plages unique- ment quartzeuses, à structure identique à celle des quartzites. » Les silex du gypse et les silex proprement dits diffèrent donc comme composition minèralogique , comme structure et comme origine. Aussi conviendrait-il de restreindre l'emploi du mot silex et de n'appliquer ce vocable qu'aux roches identiques en tous points aux silex de la craie. » PHYSIQUE TERRESTRE. — Tremblement de terre constaté à Grenoble. Note de M. Kilian, présentée par M. Fouqué. « Une secousse séismique a été constatée à Grenoble le 3 février à 6''2™4o* du matin. Elle a été signalée par l'appareil avertisseur de la Fa- culté, et enregistrée par le séismomètre Angot. » (') Bull. Soc. franc, de Min., t. XV, p. i83,/^. 25 et PL IV. phot. 8; 1892. ( 395 ) M. V. DucLA adresse une « Classification générale des corps simples, d'après les quantités de chaleur absorbées par i décimètre cube de chaque corps, à l'état solide, pour une élévation de température de i" ». A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret, La séance est levée à 5 heures et demie. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance di- i8 février i8g5. Traité de Mécanique générale, comprenant les leçons professées à l'École Polytechnique par M. H. Resal, Inspecteur général des Mines, Membre de l'Institut. Tome I, 2* édition. Paris, Gauthier-Villars et fils, iSg'); i vo- lume in-8°. Théorie des fonctions algébriques el de leurs intégrales. Études des fonctions analytiques sur une surface de Riemann; par Paul Appell, Membre de l'In- stitut, professeur à la Faculté des Sciences, et Edouard Goursat, Maître de conférences à l'École Normale supérieure. Paris, Gauthier-Villars et fils, iSgS; I volume gr. in-8". Bulletin astronomique, publié sous les auspices de l'Observatoire de Paris, par M. F. Tisserand, Membre de l'Institut, avec la collaboration de MM. G. BiGouRDAN, O. Callandreau et R. Radau. Février 1893. Paris, Gauthier-Villars et fils, 189?; i fasc. in-8''. Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et Jules Tannery. Février iSgS. Paris, Gauthier-Villars et fils, i8g5; i fasc. in-8°. Mémoires présentés par divers savants à i Académie des Sciences de l'Insti- tut de France et imprimés par son ordre : Tome XXXI. Deuxième série. Paris, Imprimerie Nationale, iSg^; i volume in-4°. Ministère de T Intérieur : Recueil des travaux du Comité consultatif d'hygiène publique de France et des actes officiels de V Administration sanitaire. Tome XXIII (année iSg'i). Melun, 1894; i volume in-8°. Abrégé de la théorie des fonctions elliptiques, à l'usage des candidats à la G. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N« 7.) 32 ( 396 ) licence es Sciences mathématiqnes, par M. Charles Henry, Maître de conférences à l'École pratique des Hautes Etudes, etc. Paris, Nony, 1890; I volume in-8°. Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i844> publiée par ordre de M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie. Tome I.XXIX (i", 2*^ et 3^ Parties). Tome LXXX ( i'^^ et 2' Parties). Paris, Imprimerie Nationale, 1894; 5 volumes in-4°. Bulletin international du Bureau central météorologique de France. Jeudi il janvier iSgj; i fasc. gr. in-8°. Stefano Fraverso, Geologica de/l'Ossola. Genovix, 1893; i volume in-8°. Meteorological observations at stations of the second orderfor theyear 1890. London, 1894; in-4''. Annali deli Ufficio centrale meteorologico e geodinamico italiano. Série se- conda, vol. XII, Parle II; 1890. Roma, 1895; i volume in-4°. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILI.ARS ET FILS, Quai des Grands- Augusiins, n° 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Us forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4*. Deux ibles, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Airteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel part du i" janvier. Le prix de Cubonnement est fixé ainsi ijtCil suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, I igers. chez Messieurs : fén Michel et Médan. iCliaix. Jourdan. Ru(î. •mens Couitio-Hecquet. ( Germain etGrassin. ' ■ ' ' I Lachèse. lyonne Jérôme. sançon Jacquard. iAvrard. Duthu. Muller (G.). târges Renaud. ; Lefournier. \ F. Robert. est ; , „ . I J. Robert. ' V Uzel Garoir. ne/i Massif. Viambery Perrin. I i Henry. lei bourg... J\. ' ■ermont-Ferr Lorient. chez Messieurs I Baurnal. ■ic. l Vi / M"' lexier. (Befnoux et Cumin. Georg. I.yon ^ Cote. Clianai'd. ilte. Marseille Ruai. I Calas. i Goulet. Martial Place. I Jacques. Nancy ! Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. ) Loiseau. ( Veloppé. Montpellier . Moulins.. .. ' Nantes . Nice. Barma. f Marguerie. f JuliuL. ! I Ribou-Collay. I Lamarche. on j Ralel. ' Damidot. ( Lauverjat. \ Crepin. \ Drevet. \ Gratier. r Hochelle l'^oucher. •enoble. ' ■ ( Visconti el C". Nîmes Thibaud. Orléans Luzeray. j Blanchier. ' ' ■ j Druinaud. Bennes Plihon et Hervé. Rochefort Girard (M""). ( Langlois. ' ' ' ( Lestringant. S'-Étienne Chevalier. ( Bastide. Toulon Poitiers.. : Rouen. i Havre. Ile. \ Bourdignon. j Dombre. Vallée. Quarré. ( Rumèbe. ^ Gimct. j Privât. / Boisselier. Tours I Péricat. ' Suppligeon. ( Giard. ( Lemailre. Toulouse. Valenciennes. On souscrit, à l'Étranger, Amsterdam. Berlin . t As 1 Da chez Messieurs : ( Feikema Caarcisen I et C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher el C'*. aines. Friediander el fils. ' Mayer et Muller. Berne * Schmid, Francke el } C". Bologne Zanichelli. , Ramiot. Bruxelles J MayolezetAudiarte. 1 I.ebègue el C''. i Haimann. Bucharest , ,, I Uanisleanii. Budapest Kilian. Cambridge Deighlon, Bell et C°. Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otlo Keil. Copenhague Host el fils. Florence Seeber. Gand Ilosle. Gênes Beuf. iCherbuliez. Georg. Stapelmolir. La Haye Lausanne. Belinfanle fn ( Benda. ' Payot Barlh. t Brockhaus. Leipzig ■ Lorenlz. ] Max lîube. ' Twielmeyer. ^ Desoer. / Gnusé. Liège. chez Messieurs : I Dulau. Londres Hachette et C- (Nuit. Luxembourg.... V. Biick. il.ibr. Gutenberg. Ron>o y Fussel. Gonzalcs e hijos. F. Fé. Milan jDumolard frères. \ Hœpli. Moscou Gautier. / Furchheim. iVaples Marghieri di GiusJ| À, I Pellerano. «j II , Dyrscn et Pfeiffer. New-york > Slechcrt. ' Westermann. Odessa Rousseau. Oxford Parker el C" Palerme Clausen. Porto Magalhaès et Moiiiz Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. i Bocca frères. Rome , , ( Loeschi;ret C". Rotterdam Kramers el fils. Stockholm Samson el Wallin. ^ Zinseriing. / Wolir. I Bocca frères. Brero. I Clausen. Rosenberg et Sel I ier yarsovie Gebethner el Wold Vérone Drucker. ( Frick. Vienne î _ , . _ 1 Gerold el C". Zurich Meyer et Zeller. ïï S^-Petersbourg. Turin. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; 1 853. Pri.x 15 fr. Tomes 32 à 61.— (1" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomel: Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. A. DerbesbI A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent le^ imétes, par M. Hanse:».- Mémoire sur le Pancréas el sur le rùle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières asses, par M. Claude Bernard. Volume in-4'', ""vec 32 planches ; i856 • 15 fr Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences nr le concours de i853, et puis remise pourcelui de i85'), savoir : ^ M. Appell présente à l'Académie un Ouvrage intitulé «Théorie des fonctions algébriques et de leurs intégrales », dont il est l'auteur en collaboration avec M. Éd. Goursat.. ■ ?•&?. MEMOIRES PRESENTES. M. Prompt adresse un Mémoire relatif à la congélation de l'eau. ■.w.\ CORRESPONDANCE. M. Paul Tannery. — Sur l'inscription astro- nomique de Keskinlo 363 M. G. IluMBERT. — Sur une surface du sixième ordre, liée aux fonctions abé- liennes de genre trois 365 M. ViGOURoLX. — Sur les propriétés du sili- cium amorphe 367 M. L. LiNiiET. — Sur l'oxydation du tanin de la pomme à cidre 370 M. UocQUES. — Sur la compositionet l'ana- lyse des eaux-de-vie 372 M.M. H. Lkcomte et A. Hébert. — Sur les graines de Moàbi 374 M. H. DuFET. — Sur les ferrocyanure, rulhé- nocyanure et osmiocyanure de potassium. 377 M. Pu. Lafon. — Des modifications du sang, par le traitement thermal de l'eau de la Bourboule, source Choussy-Perriére 879 M. .\lph. Labbé. — Sur le noyau et la divi- sion nucléaire chez les Benedenia 38 1 M. Cii. Janet. — Sur la Vespa crabro L. Ponte; conservation de la chaleur dans le nid M. L. Reyt. — Observations sur l'étage Tongricn supérieur ou Stampien dans la Clialosse M. .\. Lacroix. —Considérations sur le méta- morphisme de contact, auxquelles conduit l'étude des phénomènes de contact de la Iherzolile des Pyrénées M. L. C.^YEUX. — Composition minéralo- gique et structure des silex du gypse des environs de Paris !M. KiLiAN. — Tremblement de terre con- staté à Grenoble M. V. DucLA adresse 'une « Classification générale des corps simples d'après les quan- tités de chaleur absorbées pai' t décimètre cube de chaque corps, à l'étal solide, pour une élévation de Içinpérature de 1° »... . Bulletin bibliographique , 3S4 3.S6 38S 3ç,, 395 ■>95 PAKIS. — IMPKIMEKIE GAUTHIER-VILLAKS ET FILS, Quai des Grands-^uKu^tin*. 55. Le Cctani .- Gautuier-Villaks. UkSiZbm, 1895 50^9 PREMIEU SEMESTUE. COMPTES REISDUS HEBDOMADAIHES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAR iniTt. EiES SBCKÉTAIKES PERPÉTVEliS. TOME CXX. rV^ 8 (23 Février 1895). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FIF.S, LMPKIMEURS-LlBHAlllES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai (Il'S Graniis-Aiii;usliiis, J"». 1895 RÈGLEMENT RELATIF AIX COMPTES RENDUS, ADOPTÉ DANS LES SÉAISCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI iSyS, XKKII r~— Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de \ Les Programmes des pi-ix proposés par l'Académi r Académie se composent des extraits des travaux de sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autar présentés par des savants étrangers à l'Académie. ! que l'Ac.idémie l'aura décidé. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1"^. — Impressions des travaux de l'Académie. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Les ÎNIémoires lus ou |)résentés par des personn< qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac; demie peuvent être l'objet d'une analyse on d'un r> Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent I snmé qui ne dépasse pas 3 pages, au plus 6 pages par numéro. 1 Les Membres qui présentent ces Mémoires so Un Membre de l'Académie ne peut donner aux \ tenus de les réduire au nombre de pages requis. I Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sontmentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lusou communiqués par les Correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par luiméro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne rt-produit pas les Membre qui fait la présentation est toujours nomm mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extn autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fo pour les articles ordinaires de la correspondance of cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis l'impiimerie le mercredi au soir, ou, au plus lard, jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temf le titre seul du Mémoire est inséré dans leComptereni actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu si vaut, et mis à la fin tiu cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des 3 discussions Aerbales qui s'élèvent dans le sein de ^ teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance lenantc, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative 1 un Rapport sur la situation des Comptes rendus ap l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du p sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera 1 émise à la séance suiva WAR 25 Î895 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 26 FÉVRIER 1893, PRÉSIDENCE DE M. LŒWY. MEMOIRES ET GOMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique, des Iîeaux-Arts et des Cultes adresse ampliatioii du Décret par lequel le Président de la Répu- blique approuve l'élection de M. Guignard, comme membre de la Section de Botanique, en remplacement de feu M. Duchartre. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Guignard prend place parmi ses Confrères. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la pénétration d' un projectile dans les semi-fluides et les solides; par M. H. Resal. i( 1. Il paraît que Euler est le premier qui s'est occupé de cette ques- tion; il admettait que la résistance à la pénétration était indépendante de C. R., iSt|5, !•■ Semestre. (T. CXX, N' 8.) ^^ ( ^9«; la vitesse du projectile. Vers i83o, Poncelel proposa d'ajouter à la constante il'Euler un terme proportionnel au carré de la vitesse. Malgré cette inno- vation, on voit que le projectile éprouverait une résistance quand même il ne pénétrerait pas dans le milieu, ce qui est inadmissible. ') Je me propose, dans cette Note, de donner une nouvelle expression de la résistance dont il s'agit, à l'abri de la critique précédente, en faisant intervenir les notions que nous possédons maintenant sur la cohésion des semi-fluides et la résistance au cisaillement des solides. M 2. Je considérerai d'abord le cas d'un prisme animé d'un mouvement parallèle à son axe. Soient : il, n l'aire et le périmètre de la section du prisme ; P le poids du projectile; A le poids spécifique du milieu ; Y la cohésion d'un demi-fluide ou la résistance au cisaillement, par unité de surface; Vj, V les vitesses du mobile lors de la pénétration et à l'instant t; N la réaction variable du milieu sur le mobile; s le chemin parcouru à l'instant t. n On a, en suivant la marche indiquée par Newton, d'où N ~- Y'îV [ H • Comme les choses ne se passent pas exactement ainsi, il faut affecter le terme en A d'un coefticient s. plus petit que l'unité, que l'expérience peut seule faire connaître; j'écrirai, en conséquence, N.-:=:Y<7V I Le princi[)e de la force vive donne eAQV cl ou s -- lYdY^^yaV(i-,^-^)ds, p r, / fAt2Vç,\ , / , £Aav\"| ( 399 ) Si / est la profondeur de la pénétration ou la valeur de s pour V = o, on a , P , /■ EAflV„\ /= — - logH 5 et, pour un cylindre de révolution dont le rayon est a, (0 /=^lo^(i-l-i^V„). J'admettrai que cette formule s'applique aux projectiles oblongs et sphé- riques en attribuant à e des valeurs convenables. » Pour un même projectile et un même milieu, on peut écrire (2) /r^ ;?zlog(i h nV„). » En admettant que l'expérience donne les profondeurs /, /' répondant à Vfl > Vg et posant k ■= j, on aura, pour déterminer n, (3) loo(i+«V„) ^k\o§{i-\-nV^) = o. » La dérivée, par rapport à n, du premier membre de cette équation ou Vq - _ ^-Vq est positive pour n =- o, car, d'après l'observation, on a V„>/i-V„. Ce pre- mier membre commencera à croître à partir de « = o, atteindra son maximum pour valeur qu'il est utile de considérer pour faciliter la résolution de l'équa- tion (3). » On peut mettre l'équation (2) sous la forme suivante, qui est plus commode pour les applications, (5) / = Alogvulg(n-/iV„), en posant A ^ 2,3o258/n. )) 3. Comparaison avec les résultais de l'expérience. — Les résultats les plus complets que l'on possède sont ceux qui se rapportent à la pénétra- tion des projectiles sphériques de 24 et de 12 dans une terre argilo-calcaire des environs de Metz (expériences exécutées en 1 834-1 835, par les capi- taines Morin, Piobert et Didion). ( 4oo ) )i Les chiffres obtenus pour la pénétration clans chaque série d'expé- riences présentent des anomaHes qui atteignent parfois la proportion de ^ et qui me paraissent dues aux causes suivantes : » 1° La vitesse réelle de pénétration V^, pouvait être un peu différente de la vitesse obtenue dans des expériences préliminaires; ') 2° Le tassement de la terre, dans le coffre qui la renfermait, pouvait présenter des inégalités; » 3° L'état hygrométrique de la terre pouvait éprouver des variations, et celte cause est sérieuse si l'on remarque qu'on a respectivement A = tôoo''^, A = 1750''^ pour l'argile sèche et humide. Quoique la détermi- nation directe de y laisse à désirer, on sait toutefois que ce coefficient croît avec le degré d'humidité. » Comme il était à peu près impossible de s'en rapporter à des moyennes, les expérimentateurs ont corrigé les chiffres obtenus pour les profondeurs de pénétration au moyen de tracés que je n'ai pas à apprécier. » En ce qui me concerne, j'ai choisi pour base de vérification les chiffres qui paraissaient le plus probables. » Projectile de 24 (P = 12"*^, a =---- o", 1482). — En prenant Y„ = SSo»", / = 3"", 28, V;= 265", /' = 2", 58, la formule (3) m'a donné n = 0,004748 ; j'adopterai n = o,oo48. » J'ai été conduit à poser (6) /^7-,4iogvulg. (n-o,oo48V„). » Dans le Tableau de comparaison suivant, j'ai fait un choix spécial des chiffres donnés par l'expérience Observations. Un seul coup a été tiré. Deux coups. Résultats considérés comme anormaux par les expérimentateurs. Un seul coup. Projectile de i2(P = 6'-'î,o8, a = o'", 1 182). En prenant ¥„ = 365™, /= 2'", 4, \'^^ 260™, /' = i'°,94, j'ai obtenu /. V.. Formule (6). Expérience. m m m 575 4,256 4,«i 5o5 3,965 3,5i 45o 3,678 3,72 38o 3,220 3,28 265 2,637 2,65 190 2,o83 1,95 i35 1 ,596 i,i5? ( 4oi ) n = o,oo486. Comme théoriquement n est proportionnel an calibre, ce chiffre serait trop fort et, en considérant comme valable le nombre n=o,oo48, obtenu pour le projectile de 24, on devrait avoir ici «=0,370. Je n'insisterai pas sur celte anomalie qui est de celles qui ont été expliquées plus haut. Je me bornerai à prendre n — o,oo'î8, et, par suite (7) /=.^,85logvulg.(n-o,oo48Vo), d'où le Tableau suivant : V,, Formule (7 ). Expérience. m 555 485 365 m 3>299 3,o55 2,56o m 3,25 (Moyenne.) 2,96 2,47 260 180 2,057 1,582 i>94 .,37 i35 '.269 0,89? T.e rapport des coefficients A des formules (6) et (7) est 0,7931, et théoriquement devrait être égal à celui des calibres. Mais il n'en diffère pas sensiblement, le second rapport étant 0,7972. » 4. Je vais chercher à tirer des expériences de Metz un aperçu sur les valeurs de A, e, y. Comme ce sont celles de ces expériences qui se rappor- tent aux projectiles de 24 qui m'inspirent le plus de confiance, je ne con- sidérerai que la formule (6) qui, eu égard à la formule (i), donne 7>4 4P ,Q eAa 4 ) 0, OyjlXO — 4^ï eA = 229,007, Y= 160"^^ 08. 2,3o258 On déduit de là l'our la terre franche, Navier a obtenu y -= i36''s, » En prenant A— 1600''^, on obtient e = o,i43, chiffre qui n'est pas tout à fait la moitié de celui qui se rapporte à l'air; ce qui n'a rien d'étonnant. » En résumé, il résulte de ce qui précède qu'on peut en toute sûreté employer la formule (5), qui d'ailleui'S est plus simple que celle qu'on dé- duit de l'hypothèse de Poncelet. » ( 402 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d' équations dont l'intégrale générale est uniforme. Note de M. Emile Picard. (c Les équalions différentielles dont l'intégrale générale est uniforme présentent un grand intérêt et ont déjà fait l'objet de bien des recherches. Dans des travaux déjà anciens, je me suis occupé particulièrement du cas ovi la variable indépendante n'entre pas explicitement dans l'équation, et je rappellerai seulement à ce sujet la proposition suivante (Comptes ren- dus, 28 avril 1890). Si, pour une équation /étant un polynôme, l'intégrale générale Y peut s'exprimer à l'aide d'une intégrale particulière j' parla formule Y-R(j,y j""', «.,«. «.), R dépendant rationnellement des y, et les m lettres a représentant des constantes arbitraires, l'intégrale générale de l'équation est nécessairement uniforme et elle peut s'exprimer à l'aide des fonctions abéliennes ou de leurs dégén érescen ces . » Il est intéressant de former des types étendus d'équations à intégrale générale uniforme. On pense tout naturellement pour cet objet à la théorie des groupes, et c'est ainsi que je fus amené à considérer (Comptes rendus, 6 novembre 1893) une classe particulière de ces équations de Lie, à pro- pos desquelles M. Vessiot vient de publier des résultats importants pour la théorie générale des groupes (Comptes rendus, i4 janvier iSgS). En restant dans le même ordre d'idées, je voudrais indiquer aujourd'hui une classe bien délimitée d'équations, dont la théorie paraît susceptible d'être appro- fondie avec détails, et dont l'intégrale générale est une transcendante uni- forme jouissant de propriétés intéressantes. » Envisageons d'abord d'une manière générale le groupe de transfor- mations à r paramètres [ 2, =^/, (a?,, 37, a;,„, a,, a. a/) /\ )-'2^^,/2\"'^i> '^2» • • ■ > >ï',„, (Il , a.2< • ■ ■ , a,.) \ •'m ^^Jm\^t > "^2' • ■ • > ^;n' '^i > '^ai • • • > dr) ( 4o3 ) •■ Supposons r< m. Si l'on met à la place àe x^, x^ x„ des fonc- tions déterminées d'ailleurs quelconques d'une variable t, et que l'on con- sidère r des lettres ::, soit celles-ci deviendront des fonctions de t dépendant de r constantes arbi- traires. On peut donc, par l'élimination des constantes, former un sys- tème S de r équations du premier ordre en z^, z-.,, . . , z^ dont l'intégrale générale est donnée par les r premières des équations (i); il est clair que le système S ne changera pas si, à la place des fonctions x^, x.,, . ., x^, on prend m autres fonctions dérivant des premières par une substitution du groupe. » Ces généralités ont peu d'intérêt. Prenons de suite le cas particulier oh le groupe (i) serait un groupe de substilulions birationnelles entre les r et les X, les a y figurant aloébriquement. Le système S est alors un système d'équations différentielles algébriques, et les coefficients de z,, z.^, . . ., z^ et de leurs dérivées sont des fonctions rationnelles àe x,, x.^, . . . , .r,„ et de leurs dérivées qui restent invariables par les substitutions du groupe. Ceci posé, faisons un choix particulier pour les fonctions x^, x^, . . ., x,„. » Nous donnerons aux constantes a des valeurs déterminées, a", a", . . ., a",. I^a substitution birationnelle (i) est alors parfaitement déterminée, et, comme je l'ai montré (Acta malhematica, t. XVIIl), il existe une infi- nité de systèmes de transcendantes F,(/), ..., F,„(/), uniformes dans tout le plan, admettant une première période w', et telles que F,(^^.co;-=/,[F,(0, F,(^), F,„(/),<, a», ...,«;] {/. .= i, 2, .. .,m). » Nous prendrons pour les x un tel système de fonctions. Or les coef- ficients du système S sont des fonctions des x et de leurs dérivées que laissent invariables les substitutions du groupe (i); on en conclut que ces coefficients sont des Jonctions doublement périodiques de t. Nous avons donc un système S d'équations différentielles algébriques à coefficients double- ment périodiques et dont l'intégrale générale est une transcendante uni- forme jouissant de propriétés remarquables par rapport au groupe de la double périodicité. » On peut se poser la question inverse. La substitution birationnelle donnée conduit au type S d'équations différentielles, où les coefficients des z et de leurs dérivées sont des fonctions rationnelles des x et de leurs dérivées. En remplaçant ces coefficients par des fonctions de /, on rccon- ( 4o4 ) naît immédiatement, au moyen d'opérations élémentaires, si le système correspondant est un système S. S'il en est ainsi, on sera évidemment as- suré d'avoir des équations différentielles à points critiques fixes. En parti- culier, quand les coefficients seront des fonctions uniformes de la variable, on pourra en plus reconnaître si l'intégrale générale est uniforme (à moins qu'il n'y ait des points singuliers irréguliers); si enfin les coeffi- cients sont des fonctions doublement périodiques, on aura comme inté- grales des fonctions se distinguant seulement de celles dont nous avons parlé plus haut par le fait que le changement de t gïi i -i- o' amènera sur les z une substitution différente de la substitution identique. M Pour les équations dont nous venons de parler, les constantes entrent algébriquement dans l'intégrale générale. Il résulte alors des belles re- cherches de M. Painlevé sur les équations à points critiques fixes (Comptes rendus, i8g3 et 1894), qu'elles se ramèneront à des équations linéaires. Il ne faudrait cependant pas tirer de cet énoncé que l'étude de tels cas ne peut rien donner de nouveau au point de vue de la théorie des fonctions. Le mécanisme de la réduction exige en général des inversions d'intégrales, et il sera peut-être intéressant de l'étudier avec détails dans le cas des équations à coefficients doublement périodiques dont il vient d'être ques- tion. Mais il est d'abord utile d'approfondir, au point de vue de leur re- présentation analytique, ces transcendantes qui généralisent les fonctions doublement périodiques; c'est un sujet sur lequel je me propose de reve- nir prochainement, i- ASTRONOMIE. — Sur la mesure du temps en Astronomie par une méthode indépendante de l'équation personnelle. Note de M. G. Lippmann. 1. On sait que la détermination de l'heure du passage d'un astre au méridien est affectée par l'équation personnelle de l'observateur. Les méthodes très précises emplovées pour mesurer l'équation personnelle montrent qu'elle est variable pour une même personne et que l'erreur résiduelle demeure voisine de -^ de seconde. Il en résulte une incertitude de i",5 d'arc pour les étoiles équatoriales. » Il serait inutile de vouloir perfectionner les excellentes méthodes employées pour évaluer l'équation personnelle. Cette cause d'erreur phy- siologique ne peut disparaître qu'en supprimant l'intervention directe de l'observateur. La présente Note a pour objet de faire connaître un dispo- ( 4o5 ) sitif qui ne fait intervenir dans la mesure du temps que des instruments de précision inanimés. » 2. Supposons que l'on rende visibles, d'une manière permanente, les cercles horaires de la voùle céleste de seconde en seconde. Ces cercles sont fixes par rapport aux étoiles. On peut dès lors mesurer micrométri- quement, sans se préoccuper du temps, les distances d'une étoile aux deux cercles horaires les plus voisins; on en conclut exactement l'heure de son passage au méridien; ou, pour mieux dire, on obtient directement sans passer par la mesure des temps, le résultat géométrique auquel il fallait arriver, c'est-à-dire la position des étoiles par rapport aux cercles horaires. » 3. Un premier dispositif, impliquant l'usage de la Photographie, permet d'obtenir, sur les cartes photographiques du Ciel, l'image des cercles ho- raires de seconde en seconde. » Une fente lumineuse fixe, très fine, est placée en avant d'un balancier d'horloge et d'une lampe, de façon à n'être éclairée que pendant un temps très court au commencement de chaque seconde, juste au moment où le balancier passe par la verticale. » La lumière émise par la fente, rendue parallèle par une lentille colli- matrice, est ensuite réfléchie par une glace transparente et orientée de fa- çon à rendre le faisceau réfléchi parallèle au méridien du lieu. Tout ce système optique, fixe par rapport à la Terre, et réglé une fois pour toutes, fournit donc une image virtuelle de la fente rejetée à l'infini dans le plan du méridien et apparaissant par réflexion sur la glace transparente, en même temps que les étoiles sont visibles par transmission. On le règle à la façon d'une mire; c'est en effet une mire dont l'image se projette sur le ciel, et qui n'est visible que par intermittence. » Il suffit dès lors de braquer devant l'appareil une lunette photogra- phique ordinaire, montée parallactiquement sur un mouvement d'horlo- gerie, pour obtenir une carte d'une portion du ciel, obtenue avec une pose de plusieurs minutes ou de plusieurs heures, et portant en môme temps un réseau de lignes fines verticales qui sont les cercles horaires de seconde en seconde de temps (' ). (') Notre confrère, M. Faje, a proposé, dès 1849, d'employer la photographie pour éliminer l'équation personnelle. Tout récemment, des astronomes américains, entre autres M. Hagen, ont appliqué une méthode photographique dans ce même but; cette méthode exige que l'on prenne une série d'épreuves instantanées d'une étoile; elle exclut les longues poses nécessaires pour beaucoup d'étoiles. C. U., 1895. I ■ Semestre. (T. CX\ .N- S.i 54 ( 4o6 ) » Bien que l'intiHge des astres ait exigé une longue pose, et que l'impres- sion du cercle horaire soit due à une série d'impressions instantanées, le tout vient au développement simultanément et avec une égale netteté. On peut s'en assurer sur quelques clichés d'essai que j'ai eu l'honneur de sou- mettre à l'Académie. Ces clichés ont été obtenus au moven d'étoiles artifi- cielles faibles qui ont posé une ou plusieurs minutes, le reste de l'appareil étant disposé comme il est dit plus haut. » 4. On peut se dispenser d'avoir recours à la Photographie et se bor- ner à rendre visibles d'une manière permanente, dans le champ d'une lunette, les cercles horaires en même temps que les astres. L'un des dis- positifs à employer serait le suivant. » Un disque opaque muni de traits verticaux équidistants, éclairés par une lampe, est placé dans le plan focal d'une lentille collimatrice. Les rayons rendus parallèles sont renvoyés dans l'objectif de l'instrument d'ob- servation par une glace transparente à faces parallèles : on voit alors dans le ciel l'image nette des traits verticaux. Le disque opaque se déplace d'ailleurs horizontalement sous l'action d'une vis micromélrique à laquelle un mouvement d'horlogerie imprime une rotation continue d'un tour par seconde. L'appareil doit être réglé ime fois pour toutes, de la manière suivante: i" Il faut que la distance entre deux traits soit égale au pas de vis, et que celte distance soit vue du centre de la lentille collimatrice sous un angle de i seconde de temps. » On vérifie cette condition par une mesure angulaire portant sur toute la longueur du micromètre. Si elle n'est pas suffisamment remplie par construction, on peut faire usage d'une lentille collimatrice double, dont on fait varier la distance des parties, et, par conséquent, la distance focale, d'une manière continue. 2° Il faut que, juste au commencement de chaque seconde, une division verticale se trouve dans le plan du méri- dien. On arrête la vis micrométrique dans une position telle que l'image de l'un quelconque des traits verticaux coïncide avec le fil micrométrique qui marque la position du méridien. D'autre part, un pendule battant la seconde envoie, chaque fois qu'il passe par la verticale, un rayon lumi- neux dans la direction de la vis micrométrique. Celle-ci est munie d'une tête divisée en n (par exemple en 100) parties. On fixe cette tête dans une position telle que le rayon lumineux tombe sur la division zéro. » L'appareil est alors réglé; il est d'ailleurs pourvu d'un engrenage différentiel commandé par une manette et qui permet à l'observateur, pendant la marche, de ramener la division zéro sous le rayon lumineux. ( 4o7 ) En regardant dans la lunette on voit les traits verticaux immobiles par rapport aux étoiles, et il ne reste plus qu'à mesurer la distance des étoiles aux traits. » Il est à remarquer que le réglage une fois terminé, on peut suppri- mer la lunette à réticule qui a servi à le faire, et la remplacer par un télescope ou un équatorial optiquement plus puissant. » La mesure du temps se fait simplement de la façon suivante. L'obser- vateur, en agissant sur la manette, amène un des traits verticaux à bissec- ter l'astre en expérience. Il s'assure, à loisir, que la coïncidence est com- plète; il ne lui reste plus qu'à regarder quelle est la division de la tète de vis éclairée à chaque passage du pendule, c'est-à-dire à lire un nombre entier yj fois de suite. Si ce nombre est par exemple 23, le temps cherché est o% 23. » 5. On peut encore transformer un équatorial en instrument des pas- sages, de la manière suivante : dans le plan focal de l'instrument on met un micromètre dont les traits sont distants de i' de temps. On a, d'ailleurs, disposé en avant de l'objectif la fente à éclairs décrite plus haut, et donnant un faisceau parallèle au méridien. On amène l'image de la fente à appa- raître en coïncidence avec l'un des traits du micromètre; la coïncidence se reproduit d'elle-même pendant les secondes suivantes avec les traits sui- vants. Le micromètre est alors en place, et ses traits, immobiles par rap- port à l'image des étoiles, coïncident avec les cercles horaires ('). M II faut un micromètre différent pour chaque déclinaison. » M. d'Abbadie, à la suite de la Communication de M. Lippmann, ajoute : « Il V a plus de cinquante ans, notre défunt confrère Breguet me montra la gravure d'un champ de lunette traversé par de longs rayons métalliques, se succédant à des intervalles d'une seconde sidérale. Un mouvement spécial d'horlogerie faisait mouvoir ces rayons; l'étoile ou le phénomène céleste était, ou occulté par un rayon lors de son passage, ou vu entre deux de ces rayons mobiles et consécutifs. Dans ce dernier cas, l'observateur estimait, en dixièmes de seconde, la distance à la seconde la (') Le micromètre peut être fabriqué pour la Photographie. On inscrit sur une plaque sensible, placée dans le plan de l'équalorial, les traces successives du méridien, en masquant les étoiles. L'objectif n'étant pas achromatisé pour les rayons chimiques, il est nécessaire d'absorber ceux-ci par un écran de collodioii jauni. ( |oH ) plus voisine. La différence entre le passage d'un rayon par le milieu du champ et les battements de la pendule était mesurée par estimation avant et après l'observation qu'on désirait obtenir en temps absolu. » ARITHMÉTIQUE. — Sur les dépendances mutuelles des déterminants potentiels. Note de M. de Jo.vquièbes. « Au cours de quelques recherches sur le sujet de la présente Note ('), j'ai rencontré la propriété suivante des nombres entiers, qui, je crois,. n'avaitpas été remarquée et dont je donnerai un autre jour la démonstra- tion. )> Lemme. — Le produit îl(a) de n nombres entiers différents a, b, c, . . ., multiplié par le produit II (a — 6) de leurs différences deux à deux, a pour valeur un multiple \ des n premières factorielles, ce qu'on peut écrire sym- boliquement ainsi n(a).n(« - 6) = l.n ! (« - i) ! ... 3 ! 2 ! ou, sous une autre forme, n( a).n(a - b) =^ i" . 2"-' .3"-^ . . (n - jY n' . » Sans m'arrêter aujourd'hui à cette proposition, j'en vais indiquer quelques conséquences concernant les dépendances mutuelles des déter- minants potentiels. » Je désigne par cette appellation les déterminants dont chaque ligne ne contient que des puissances entières de l'élément qui la caractérise, et dont chaque colonne contient une même puissance des divers éléments. Je suppose d'ailleurs que les éléments et les exposants se succèdent dans les colonnes et dans les lignes, respectivement, selon leurs valeurs crois- santes. » Quand les éléments sont la suite naturelle des nombres i , 2, 3, . . . , «, le déterminant A„ sera dit majeur et d'ordre n ; dans le cas contraire, le déter- minant Sp, d'ordre p, sera dit mineur; celui-ci peut être regardé comme étant le résidu d'un majeur d'ordre n(n >/?) dans lequel on a supprimé n — p lignes et un pareil nombre de colonnes. (') Sujet qui, à ma connaissance, n'a pas encore été exploré dans cette voie. ( 4- H) ) >» Ces conventions admises, je vais démontrer que : » Théorème. — Tout déterminant potentiel mineur ^^ est un multiple entier du déterminant majeur de même ordre, c' est-à-dire que S^ = k.!S.p (A étant un nombre entier). » Je commence par rajjpeler deux propriétés connues des déterminants potentiels (') : » i" La valeur de A„ est égale au produit n\ de ses éléments, multiplié par le produit de leurs '—^ — ~ différences deux à deux; )) 2" La valeur de S^ est égale au produit n(a') de ses éléments (pre- mière colonne), multiplié par le produit n(a — h) des différences deux à deux de ceux-ci pris à la première puissance, et par un facteur numérique, dont la valeur change, dans un même ordre p, d'un Op à l'autre ù . » De la première de ces propriétés découlent immédiatement les rela- tions connues qui lient entre eux les déterminants majeurs des divers ordres, savoir : A„= n\^„_, = n\(n-^)\^^_., = ...= n\{n — ^)\(n- 2)! . . . 4 ! 3! 2!. » De la seconde, moyennant l'intervention du lemme, on conclut, directement aussi, le théorème ci-dessus. » Si les exposants des puissances se succèdent régulièrement, à partir de l'exposant initial /, avec l'intervalle constant d'une unité, dans les co- lonnes du déterminant mineur (celui-ci pouvant alors être regardé comme le résidu d'un majeur d'ordre n oîi l'on aurait effacé n — p lignes quelcon- ques, ainsi que les n —p colonnes consécutives de l'ordre le plus élevé à partir de la n'*'""'), la valeur du déterminant mineur est simplement S^ = n('a')n(a — h). » Il n'en est pas de même si les valeurs des exposants sont discontinues (i', j + k, i -\- m, i -\- q, . . .y, la valeur du déterminant, écrite ci-dessus, est alors multipliée par un facteur entier y, qui est, comme n(fl') et n(a — b), une fonction symétrique des éléments a, b, c, ..., et dont la complication s'accroît rapidement avec la discontinuité des exposants. En voici quelques ( ') Pour la démonstration de ces deux propriétés, on peut consulter, par exemple, le Traité d'Algèbre supérieure de notre éminent correspondant M. G. Salnion, sous le titre Lessons introductory to the modem liiglier Algebra, p. i4, i5 et 34o, 4"^ édiiton (Dublin, i885). Pour ^ ( 4io ) exemples où, pour abréger l'écriture, on n'a écrit, entre parenthèses, que la première ligne lie chaque déterminant : (a a'- «•') (a a'' a'" ) j (rt a" a'' ) 1 (a ce rt*)i (^a à- a')l ( a a'- à' ) ' l(ah) l(a-b-) + U(a)l(a) l(a'I/')-^n(a)l[a'(h^c)] lia) l(a)l(a')-^l{a'b-)l(a-hh) -^ll(a)l(a-) {a a'- n' a' ) Pour ^4 = • (a à- «" a") \ia «' a' rt')l » Exemple 1 I I 4 4' 4" 3 5' 5' [y.n(a)n(a- Z/). Ici, d'après le Tableau qui précède, on a ui = 2(a&)= 4 +■ 5 + 20 — 29, puis n(a)Il(a — ^)= 20. 12 et A3 = 12, d'où 83 = 58o A3, comme on le vérifie aisément, etc. » CHIMIE ORGANIQUE. — Étude ëbuUioscopique de certains colorants du triphénylméthane ; par MM. A. Haller et 1*. Th. Muller. « On connaît les intéressantes discussions auxquelles ont donné lieu, dans ces dernières années, les colorants du triphénylméthane. » Les uns, comme MM. O. et E. Fischer, Nietzki, Bernthsen, Friedlan- der, etc., imbus de la théorie fort séduisante des groupes chromophores, introduite dans la Science par M. O. Witt, attribuent la fonction de colo- rants des dérivés basiques du triphénylméthane, à la présence d'un grou- pement quinonimide. Ils représentent ces matières par les formules I ou II, où l'un des atomes d'azote joue le rôle d'élément quintivalent, rôle qui n'est ce|)endant pas tout à fait comparable à celui qu'il joue dans les chlo- rures d'ammonium substitués. ( 4ri ) » Pour M. Rosenstiehl, au contraire, la fonction de colorant de ces composés serait due : i° l\ la position para qu'occupent les groupes AR-(R = H, CfP,C^H', ...) vis-à-vis du carbone méthanique central; 2° à l'union, à ce même carbone méthanique, d'un élément ou groupe- ment de fonction opposée à celle du groupement introduit dans les noyaux benzéniques, formule III. Cette manière de voir, fort simple, dispense d'in- voquer des transpositions moléculaires, des phénomènes de tautoméne, et assimile la formation de ces colorants à celle d'éthers d'alcools dérivés du triphénylcarbinol . I. II. III. /C^H'AzH^ /CMl'AzH^ /C«H'— AzII- C— C«H*AzH2 G— C'H'AzH' CIC— C«H'— AzH' \C«H'AzH,HCl %CsH' = AzH^Cl XCHI' — AzH= Formule de M. Fischer. Formule de M. Nietzki. Formule de -M. Rosenstiehl. » Nos formules représentent le terme le plus simple des corps étudiés, la parafuchsine; les autres, le violet cristallisé ou hexaméthylé et la rho- damine n'étant que des dérivés de substitution ( ' ). Tous ces produits ont été purifiés au préalable et analysés, de façon qu'il n'y ait aucun doute sur leur composition. » Nos recherches ont donc eu pour but de nous assurer comment se comportent ces matières 'quand on soumet leur solution à l'étude ébul- lioscopique. » Nous pouvons calculer à l'avance l'élévation du point d'ébullition e, que nous devons obtenir si nos molécules ne sont pas dissociées; n dési- gnant le nombre de molécules contenues dans i'^^ d'eau, on aura e = o,j2«. » Au contraire, si les molécules sont dissociées par l'eau, e sera nota- blement plus grand que o,52n. Or, on sait, par un ensemble d'expériences faites sur les chlorures d'ammonium simple ou composés, que ces pro- duits subissent une dissociation d'au moins 5o pour loo pour n ^ o,i et n = 0,2. Nous l'avons vérifié nous-mêmes, par la méthode ébuUioscopique, (') La parafuchsine nous a été fournie gracieusement par la fabrique de matières colorantes de Hôclist; le violet nous a été offert par la Société de Saint-Denis (Poir- rier et Dalsace); quant à la rhodaniine, nous l'avons préparée nous-mêmes. ( 4l2 ) sur le chlorhydrate d'ammoniaque et le chlorhydrate d'aniline (dans ce dernier cas, il se produit, comme on sait, une hydrolyse notable de la substance). » Les deux premières formules de constitution de la parafuchsine, données plus haut, représentent, dans une certaine mesure, des chlorures d'ammonium, c'est-à-dire des molécules où le chlore est uni à un atome d'azote pentavalent. Envisagées comme telles, elles font prévoir la disso- ciation de la substance. La troisième formule ne comporte, au contraire, aucune dissociation; l'élévation du point d'ébullition doit être normale et donnée sensiblement par le produit o,52«. Violet cristallise : Cl .C [CH' . Az(C\¥yY = 407,5. «. e (observé). e = o,J3n. o O, 1682 0,068 0,082 O, 1946 o,o83 o, ICI 0,222.^ 0,098 0,116 Parafuchsine : ClC[C«H*AzH2]'-i- 4H*0 = 39.5,5. 0, ..47 0 , 047 0 , 009 0, 1161 0,072 0,060 0, 1 165 0,073 0,061 da mine : ' r/ H Cl ,/c( 0 \ \C''H'/Az[C^H»]2= 478,5. COOH 0, i358 0,061 0,0706 0, i562 0,072 0,0812 » Quoique ces nombres n'expriment que de petites élévations du point d'ébullition, ils montrent cependant, d'une façon très nette, que les chlor- hydrates de nos matières colorantes ne se comportent pas du tout comme les chlorhydrates des sels d'ammonium. Pour ces derniers, l'élévation se- rait au moins de 0,^2 n X f ; la différence entre ces nombres et ceux que nous avons trouvés directement est notablement plus grande que les er- reurs expérimentales possibles. » Ainsi que nous l'avons fait remarquer plus haut, dans la formule de M. INielzki, bien que jouant le rôle d'un élément pentavalent, l'azote peut ne pas se comporter comme l'azote des chlorures d'ammonium, et le groupe = AzHHCl peut résister à toute dissociation. Pour parer à cette ( 4i3 ) objection, nous avons fait une expérience avec le chlorhydrate de nitroso- diméthylaniline, auquel M. Nietzki assigne la formule de constitution AzOH I I Az(CH')^CI Quand on dissout ce sel dans l'eau, il subit l'hydrolyse comme les chlorhy- drates des aminés aromatiques. D'autre part, soumise à un essai cryosco- pique, cette molécule a donné, pour n = 0,1017, "" abaissement o,354. tandis que le calcul produit 0,190 si la molécule restait intacte. » En résumé, et c'est pour le moment la seule conclusion qu'il nous soit permis de tirer de cette étude préliminaire, dans les conditions expé- rimentales où nous nous sommes placés, les chlorhydrates des matières colo- rantes du groupe du triphénylméthane amidè ne sont pas dissociés, tandis que les chlorures d'ammonium et le chlorhydrate de nitrosodiméthylaniline le sont de la façon la plus nette. » Ces recherches sont continuées sur d'autres matières colorantes basiques ('). » M. Sappey, en présentant à l'Académie un « Atlas d'Anatomie descrip- tive », de M. Laskowski, professeur à la Faculté de Médecine de Genève et doyen de cette Faculté, s'exprime comme il suit : « Cet Atlas, remarquable à la fois j)ar ses grandes dimensions, par sa belle exécution et par sa valeur scientifique, se compose de 16 planches en chromo-lithographie, de grandeur demi-nature; ces planches, pour la plupart, comprennent 8, 10, 12, et jusqu'à i5 figures, qui se groupent autour d'une figure principale. Elles se distinguent par la beauté du dessin et l'éclat du coloris. A ces brillantes qualités, l'auteur en a ajouté d'autres, plus précieuses encore : l'exactitude, la précision, la vérité anatomique sous toutes ses formes. Ces solides qualités, puisées dans l'élude appro- (') Dans la dernière Note de M.M. A. Haller et A. Guyot, Comptes rendus, t. CXX, p. 298, au lieu de : « acide tripliénylméthane orthocarbonique », lire : « acide tri- phénvlcarbinol orthocarbonique ». G. R., i8<)5, I" Semestre. (T. CXX, N« 8.) ^S ( /ii4 ) fondie de la nature, ont été l'objet de la constante sollicitude de l'auteur. On les retrouve dans toutes les parties de son Ouvrage. Doué d'un rare talent d'observation, il représente fidèlement les divers organes du corps, dans leur ensemble et leurs moindres détails, dans leur situation relative et leurs rapports. Il a su conserver à chacuu d'eux la forme qui lui appar- tient, l'aspect qui le caractérise, la couleur qui lui est propre » Il me paraît avoir réalisé une œuvre vraiment grande et belle, supé- rieure à la plupart de celles qui l'ont précédée, qui restera comme un mo- dèle, et qui sera longtemps et souvent consultée. » M. Laskowski, en publiant cet Ouvrage, paraît s'être proposé deux buts bien différents. Les planches qui le composent peuvent être réunies; elles formeront alors un Atlas, qui prendra place dans toutes les grandes biblio- thèques. Elles pourront être aussi séparées et fixées sur les murs d'une salle de dissection : ainsi exposées et mises sous les yeux des élèves, elles auraient pour avantage de leur servir de modèles et de les guider dans leurs études. » (Renvoi à la Commission des prix Montyon.) M. Milxe-Edwards, en présentant à l'Académie le premier fascicule d'un nouveau Recueil « Le Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle », s'exprime comme il suit : « Les Professeurs du Muséum ont pensé qu'il y aurait un avantage in- contestable à resserrer les liens qui rattachent les différents services, et à multiplier les contacts entre des hommes qui, chacun dans sa spécialité, concourent à l'avancement de la Science : ils ont réalisé cette pensée en convoquant tous les membres du Muséum à des réunions mensuelles, où chacun vient entretenir l'Assemblée des recherches qu'il poursuit. Les communications qui sont fiiites ainsi sont immédiatement publiées dans le « Bulletin ». Cette feuille apprendra au public ce qui se fait dans cet établissement; elle donnera la preuve de l'activité qui y règne; elle mon- trera, aux personnes qui ont enrichi les collections, que leurs dons ne restent pas sans emploi et sont de suite utilisés ; elle sera, eu quelque sorte, la traduction de la vie scientifique du Muséum. » ( 4i5 ) IVOMIIVATIOINS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la uoiiiination d'un Associé étranger, en remplacement de feu M. Kummer. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45, M. Weierstrass obtient 43 suffrages. M. Frankland » i " M. Huxley » i » M. Weierstrass, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la République. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une Com- mission qui sera chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'Académicien libre, laissée vacante par le décès de M. F. de Lcsseps. Cette Commission doit comprendre deux Membres appartenant aux Sections de Sciences mathématiques, deux Membres appartenant aux Sections de Sciences physiques, et deux Académiciens libres. Le Président de l'Académie en exercice fait partie, de droit, de la Commission, MM. Bertrand, Fizeau, Berthelot, Schlœsixg, Laurey, Da.mour réu- nissent la majorité des suffrages. MEMOIRES PRESENTES. M. E. Carvallo adresse la lettre suivante, concernant un pli cacheté relatif à l'établissement théorique des lois de l'absorption cristalline : « J'ai l'iionueurde solliciter de l'Académie l'ouveiture du pli cacheté accepté par elle, dans sa séance du 2 mai 1892, et inscrit sous le n° 4-789. Elle voudra bien constater que ce pli renferme l'établissement théorique de lois de l'absorption ciistalline qui, explicitées dans le cas d'un cristal uniaxe, s'énoncent ainsi : » I. Pour le rayon ordinaire, l'indice de réfraction et le coefficient d'absorption sont ron>tants, quel que soit l'angle du rayon lumineux a\ec l'axe cristallographique. (4i6) » II. La loi do Findice du ra\on e\lraordliiaiie n'est pas altérée sensiblement par l'absorption. » III. L'absorption du ravon extraordinaire est représentée par la formule A=^cos'-6 + ^sin-^0. n^ ni ni où k, n, 6 représentent le coefficient d'absorption, l'indice de réfraction et l'angle de la normale à l'onde plane avec l'axe cristallographique. » La vérification de cette loi est fournie par plusieurs séries d'expériences, dans quelques variétés de tourmalines, pour des ravons calorifiques. » Un Mémoire donnera bientôt, avec les résultats ci-dessus, le développement de ces matières dans des cas plus complexes. » Le pli cacheté est ouvert, en séance, par M. le Secrétaire perpétuel, La Note qu'il contient est renvoyée à la Section de Physique. M. L. Bardes soumet au jugement de l'Académie un Mémoire relatif aux lois fondamentales d'une synthèse algébrique. (Renvoi à la Section de Géométrie.) M. Prompt adresse, par l'entremise de M. Bouquet de la Grve, une photographie qui doit être jointe à son Mémoire sur la congélation de l'eau. (Renvoi à la Section de Physique.) M. P. KouB.vxoFF adresse un travail « Sur les champignons du palu- disme ». (Commissaires : MM. Van Tieghem, Duclaux, Guignard.) M. L.-L. DE Ko.MxcK adresse, de Liège, une réclamation de priorité con- cernant les propriétés signalées dans les sulfures de nickel et de cobalt. Il joint, à l'appui de cette réclamation, deux feuilles du « Traité de Chimie analytique minérale », qu'il a publié l'an dernier : on y pourra constater les résultats obtenus, soit dans son laboratoire, soit par lui-même. (Renvoi à la Section de Chimie.) (4i7 ) M. DE Malherbe adresse une Note relative à l'emploi (l'un ballon captif, pour les explorations au pôle Nord. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) CORRESPOIVDAIVCE . M. LiNDER prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place d'Académicien libre, laissée vacante par la mort de M. F. de Lesseps. (Renvoi à la Commission.) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Recherches spectrales sur la rotation et les mouvements des planètes. Note de M. H. Desl.wdres, présentée par M. Tisserand. (( J'ai entrepris récemment, sur le conseil de M. Poincaré, l'étude spec- trale de la planète Jupiter, au point de vue des variations spéciales de longueur d'onde ou des déplacements cpie la rotation impose à sa lumière. La vitesse linéaire de rotation à l'équateur, que j'appellerai c^, est considé- rable pour Jupiter, et égale à 12'"", 4 par seconde; et, pour les deux extré- mités du diamètre équatorial vu de la Terre, la différence de vitesse est 2('e ou 2 V'"» 8. Mais la lumière de la planète ne lui est pas propre ; elle vient du Soleil, et l'on peut remarquer aussitôt que, sur la planète supposée en opposition, la lumière solaire, aux deux extrémités du diamètre équa- torial, arrive déjà modifiée, déplacée du fait de la rotation par rapport au Soleil et donc doit présenter déjà la différence due à iv^, lorsqu'elle est transformée en lumière diffuse sur la planète. Pour un observateur ter- restre, la différence totale serait alors 4*'e (' )• ^"^ f^^'-» l'équateur de Jupiter présente un cas entièrement nouveau, parmi les nombreuses applications faites depuis vingt ans en Astronomie, du grand principe de Doppler- Fizeau ; c'est le cas où le corps éclairé a un mouvement radial notable. (') Laxe de rotation de Jupiter est en effet à peu près perpendiculaire à récliplique et donc à la ligne Jupiter-Terre et Jupiter-Soleil. (4i8 ) non seulement par rapport à l'observateur, mais par rapport à la source de lumière. La question mérite un examen spécial par elle-même, et par ses conséquences. » Mais la comparaison des spectres de deux points opposés de l'équateur jovien n'est pas facile, surtout avec le seul appareil dont je dispose. Cet appareil, qui est fixé au grand télescope de i'", 20, est un spectroscope pho- tographique dont la fente, parallèle aux mouvements du télescope en ascension droite, fait un angle variable, mais faible, avec l'équateur jovien, et ne peut être rendue tangente à ses extrémités. Nécessairement, les extrémités à comparer se réduisent à deux points, qui, d'ailleurs, ayant une intensité moindre que le centre de la planète, viennent mal en pho- tographie. De plus, la monture du télescope ne permet pas de maintenir entièrement fixe une image stellaire. )) Les premiers essais furent faits en 1893, en juxtaposant sur la fente les deux extrémités équatoriales photographiées successivement. Le dépla- cement fut trouvé nettement supérieur à 2i\.; mais la faiblesse du spectre au bord de la planète, et les variations de température dans une pose de une heure et demie rendaient le déplacement total incertain. » La recherche fut reprise en 1894, dans des conditions plus f;ivorables, la planète étant en opposition et l'équateur jovien étant parallèle à la fente. Par un très beau temps, le 23 novembre, une épreuve montrant bien les bords fut obtenue avec le concours de mon assistant, M. Millochau, qui m'a aidé dans toutes les expériences. L'épreuve portait des spectres té- moins, déjà décrits dans une Note précédente, qui permettent de corriger les écarts dus à la température. Le déplacement mesuré est égal à 47'*™, 3, le déplacement calculé étant 49'''°> 5 ( ' ). )) Le même résultat fut obtenu plus simplement avec des épreuves d'une intensité insuffisante aux bords, et offrant soit deux Jupiter juxtaposés, soit un seul Jupiter avec un spectre de comparaison. Mais je me suis ap- puyé sur le théorème général suivant, facile à démontrer : Pour- chaque point de l'image d'un astre, le déplacement dû à la rotation, par rappor't à la Terre, peut être représenté, en grandeur et en sigru-, par la distance de ce point (') Le déplacement calculé est inférieur à 4<'t de o''™,or parce que la planète n"élait pas exactement en opposition. Le déplacement observable à l'équateur est donné en ellet par la formule simple 21^(1 -i-cosot), x étant l'angle des lignes Jupiter-Terre et Jujsiter-Soleil. ( 4i9 ) à la projection de F axe de rotation (' ). Le ihéorème conduit aux propriétés suivantes (^) : » 1° La raie spectrale qui correspond à la section faite par la fente dans l'image de Jupiter est, en chacun de ses points, inclinée du même angle sur la raie similaire d'une source terrestre; 2° les mouvements de l'image en déclinaison ne modifient pas cette inclinaison et produisent seulement un renforcement de la partie centrale du spectre; 3° les mouvements de l'image en ascension droite rendent les raies plus larges et diffuses, mais ne modifient pas non plus cette inclinaison. » Avec les épreuves présentant deux Jupiter, on a placé le fil du micro- mètre sur la partie centrale de la raie pour l'un des spectres, et l'on a me- suré le déplacement nécessaire pour bissecter la raie correspondante de l'autre spectre. On a ajouté une petite correction due à la courbure des raies et l'on a trouvé 48""", 5 et So""", 2. » Mais les épreuves avec un seul Jupiter et un spectre de comparaison sont encore meilleures, car elles échappent aux écarts de température. On mesure l'inclinaison de la raie de la planète, dans sa partie la plus nette, par rapport à la raie de comparaison, et l'on en déduit le déplace- ment total pour une hauteur du spectre égale au diamètre équatorial de Jupiter. On a trouvé ainsi So'-™, i; 47'"". 9; 48'"'", 2; 4tJ'''"»9 sur quatre épreuves différentes. » En résumé, la conclusion est la suivante : Lorsqu'un corps est éclairé par dijfusion, sa lumière subit le déplacement , non seulement par rapport à l'observateur, mais aussi par rapport à la source. » Les conséquences sont nombreuses : souvent on a essayé les spectro- scopes stellaires sur la Lune, c|ui était supposée ne pas donner lieu à un déplacement, sa vitesse radiale par rapport à la Terre étant très faible; mais, la vitesse radiale par rapport au Soleil n'est pas négligeable, et est comprise entre -\- et — i'"",5o. De même, pour les planètes, les vitesses _ ^ ■ — (') Le déplacement dû à la rotation est aussi proportionnel à la vitesse linéaire équatoriale et au sinus de l'angle que le rayon visuel fait avec l'axe de rotation. (^) Ce théorème s'ajiplique à la recherche de la rotation de l'atmosphère des étoiles, par l'examen de leurs raies brillantes {Comptes rendus, aS juillet 1892). La raie bril- lante, avec une forte dispersion, donne en raccourci l'image des plages brillantes de l'atmosphère. Le spectroscope sépare, en efl'et. les parties qui ont des vitesses radiales difTérentes; et il est remarquable que la séparation se fasse en conservant l'image des parties dans le sens perpendiculaire à l'axe. Le spectroscope peut donc indifjuer des détails de la surface des étoiles qui échappent absolument aux plus grandes lunettes. ( 420 ) radiales par rapport au Soleil ont les limites suivantes : Mercure rb 9'*™,8i . Vénus ± o'''°,24, Terre ± o^"',î}o. Mars ± 2'"",24, Jupiter ± o'*°,63. » Les corrections correspondantes sont nécessaires avec les spectro- scopes stellaires actuels qui, en exceptant un ou deux appareils américains, donnent cependant une précision bien moindre que les grands spectro- scopes construits par Rowland pour le spectre solaire. Ces derniers assurent la mesure des longueurs d'onde à ;n7ok;7i ^^ f'""^ la mesure des vitesses à 60™ près. Il est permis d'espérer que l'on pourra un jour, grâce aux pro- grès des réseaux, les employer pour les étoiles, en dépit de leurs grandes dimensions, et malgré la faiblesse des lumières stellaires. Or la planète Vénus a un très grand éclat, surtout en haute montagne; le déplacement de sa lumière, mesuré avec un spectroscope de même puissance, donne- rait la vitesse radiale et donc la parallaxe du Soleil à ^ près ; si la même mesure pouvait être faite sur Mercure, l'approximation serait de ^. Mais, l'étude spectrale de Vénus peut, avec des appareils moins puissants, donner la loi de sa rotation; car si la planète tourne aussi vite que la Terre, les différences de déplacement observables, d'après les résultats précédents sur Jupiter, varieraient de o'' à 2'^, la planète allant de la conjonction infé- rieure à la conjonction supérieure. » L'étude spectrale de Vénus, indiquée déjà en 1848 par M. Fizeau, comme décisive pour la loi des déplacements, peut donner aussi la loi de sa rotation, et même une mesure précise de la distance de la Terre au Soleil. » Obsenations au sujet de la Communication précédente de M. Deslandres ; par M. H. Poixcaré. « J^e principe de Doppler-Fizeau ne doit pas être appliqué de la même manière quand l'astre en mouvement possède une lumière propre, ou quand il réfléchit la lumière solaire. » Supposons une planète renvoyant à la Terre la lumière du Soleil. Soient R la distance de la planète à la Terre; R' la distance de la planète au Soleil. » Considérons une vibration lumineuse émanée du Soleil à l'instant O; elle arrivera à la Terre à l'instant (') — \ — ' V étant la vitesse de la lumière. ( 421 ) » La vibration suivante partira du Soleil à l'instant t, si - est la période de la vibration lumineuse envisagée. » Pendant ce temps t, les distances R et R' seront devenues (2) » Cette seconde vibration arrivera donc à la Terre à l'instant \ ' c/t dl » La période apparente sera la différence des expressions (2) et (i), c'est-à-dire 14- \ \di "*" dt ) » Le déplacement de la raie sera donc proportionnel non pas à -7-» mais a -77 -t- -7- • dt dt » Les observations de M. Deslandres confirment ces vues théoriques, ce qu'on n'avait pas fait jusqu'ici, puisqu'on avait opéré sur Vénus dont r/P' l'excentricité est très faible, de sorte que -7^ est négligeable, ou sur des comètes qui ont une lumière propre. )) La lumière qui nous est réfléchie par les planètes a subi une triple absorption, par l'atmosphère solaire, par l'atmosphère planétaire, par l'atmosphère terrestre. Les raies dues à la première absorption ont subi ]' I . .■ , , r/R f/R' , . , , ,, , , , un déplacement proportionnel a -77 H — jr', les raies dues a 1 atmosphère planétaire ont subi un déplacement proportionnel à -r-; enfin les raies telluriques n'ont subi aucun déplacement. 11 II y a là une différence dont on trouvera peut-être un jour le moyen de tirer parti. « ASTRONOMIE. — Détermination de la position du pôle par la photographie. Note de M. C. Flammarion, présentée par M. Faye. « La position perpétuellement changeante du pôle céleste parmi les étoiles en vertu de divers mouvements de la Terre, dont le principal est celui de la précession des équinoxes, peut être déterminée avec une grande c. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N° 8.) 56 ( 422 ) précision en pointant un appareil photographique sur le pôle et en laissant les étoiles marquer, par leur mouvement autour de ce point, leurs traînées sur la plaque destinée à enregistrer ce mouvement. )) Déjà il y a un quart de siècle, pendant l'hiver de 18G9-70, j'avais fait un premier essai pour déterminer cette position du pôle par l'observation du mouvement des circumpolaires, essai publié au Tome VI de mes Etudes sur l'Astronomie, »\ec la Carte de ces circompolaires. Le pôle était alors situé à peu près au milieu d'une ligne menée entre deux étoiles de 7* gran- deur, >. Petite Ourse et 2820 B.A.C., à i°23' de l'étoile polaire. Il était marqué par la rotation de trois petites étoiles formant un triangle allongé et représentant en quelque sorte la dernière constellation tournant autour du pôle. » Précisément, en raison du déplacement assez rapide de ce point sur la sphère céleste, il était intéressant de déterminer périodiquement la po- sition précise du prolongement de l'axe de la Terre. L'habile constructeur Fleury-Hermagisayantbienvoulu mettre à la disposition de l'observatoire de Juvisy un excellent objectif photographique de six pouces, et MM. Lumière nous ayant offert des plaques d'une remarquable sensibilité, nous avons choisi, dans le cours de l'automne dernier, les nuits les plus transparentes (et sans clair de lune) pour pointer l'appareil photographique sur le pôle, l'y laisser immobile, et recevoir sur la plaque le tracé circulaire de toutes les étoiles voisines du pôle. L'expérience a admirablement réussi. Les durées d'exposition ont été de 2, 4 et 6 heures. On voit sur ces clichés les tracés circulaires de 3o°, 60° et 90° d'un nombre considérable d'étoiles de toutes grandeurs, la largeur du tracé dépendant de l'éclat photogénique de l'étoile et de la vitesse de son mouvement, vitesse d'autant plus faible que l'on s'approche davantage du pôle oîi elle est nulle. Les clichés sont des plaques de 18"^™ x 24"", couvrant plus de 12° en largeur et 16" en hauteur, s'étendant au minimum jusqu'à 6° de distance polaire, et portant les tracés de plus de deux cents étoiles. » L'image harmonieuse du tranquille mouvement delà Terre se montre sur ces photographies comme en un reflet céleste fourni par les étoiles elles-mêmes. On a essayé de reproduire par la photogravure le cliché de la pose de quatre heures. Cette reproduction ne renierme pas les étoiles les plus pâles du cliché, mais elles contient les plus brillantes et donne une idée exacte de ces tracés circulaires. La figure a été non pas réduite mais rognée à 120""" de largeur et 164'°™ de hauteur. Elle contient une centaine d'étoiles circompolaires, que l'on peut identifier sur les Catalo- logues, et notamment sur celui de Carrington. ( 423 ) » Le cliché a été pris le 6 septembre dernier et la pose a été de deux Photograpliie de la rotalion de» éLoiles auLuiir du ^jùle. cent cinrjuante minutes, de 7'' 'io™ à minuit. I.es arcs de trajectoires mesu- ( 42/i ) relit donc 62", 5. L'image reproduite ici est directe, c'est-à-dire telle qu'on voit le Ciel à l'œil nn. Les étoiles tournent en sens contraire du mouve- ment des aiguilles d'une monti-e. » La trajectoire la plus épaisse, celle que l'on remarque ii 18""" au- (lessons du centre, est celle tle l'étoile polaire, dont la distance au pôle est actuellement de i°i5'2()" et dont la grandeur =2,2. Ascension droite : l''2o•"5^ )i A gauche ou à l'ouest du pôle, ii la distance de i5'""', la trajectoire brillante est celle de l'étoile 2320 B.A.t;, dont la distance au pôle est j"3'3" et la grandeur 7,1. Ascension droite : ^''^i^'ao'. » A droite, ou à l'est, à la distance de i4'""', la trajectoire est celle de l'étoile "A Petite Ourse, dont la distance au pôle est i°i'28"et la gran- deur G, 5. Ascension droite : i9''2Ç)'"i2\ Quoique l'étoile soit plus brillante que la précédente, sa lumière est moins photogénique et la traînée est moins marquée. » Tout à fait au-dessous du pôle, à la dislance de 5™*" ou de o"2o', on remarque une traînée assez brillante : elle enregistre l'étoile b, de 9,5, du catalogue de Carringlon. L'ascension droite, qui était de i''47'" en i855, est actuellement de 2'' 55"", et Va distance polaire a diminué tle 3i' à 20'. » L'étoile la plus proche du pôle, et qui en est extrêmement voisine, s'est enregistrée sous la forme d'un trait minuscule, malgré son amplitude de 62°, à o'"'",8 seulement du point commun de révolution des étoiles, ou environ 3', 4 Je distance polaire. Cette étoile est la circompolaire t du cata- logue de Carrington, de 10* grandeur. Sa position était, en i855, 22'' i3'" et 0^12'; elle est aujourd'hui vers i^''^^'" t!t o''3'. La trajectoire est très marquée à cause de la lenteur du mouvement. » Entre cette polarissime et l'étoile 6, on en voit une autre, la plus proche (lu pôle après celle-ci, à 10' environ. On peut l'identifier avec l'étoile ade Carrington, de 10" grandeur également. » La réfraction, dont on peut tenir compte d'ailleurs, n'a qu'une action très faible, et uisensible à l'échelle de cette Carte. » Toutes les circompolaires de la Cormaissance des Temps ont été iden- tifiées. Les voici : Étoile polaire, î Petite Ourse. 3^95 B.A.C. . ôi Céphée. . . . GranJcui-. Ascension dioilc. DisUmcc iiolairc, ' . 'J Il m s i.ao. 4 1 . I j 4,\ 18. 6.3o 3.28 .■) ,0 10.14. 1 J 1 0. I 0 ."),o 6. '>o .!\- ^•4; { 425 ) Grandeur. Ascension dioile. Dislance polaire. Il m s » I 42 Céphée (82i3) 5,7 23.27.49 3.17 4i65 B.A.C 6,2 12.14.20 1.43 ), Petite Ourse 6,5 19.29. 12 1 . i I335B.A..C 6,7 4.3.23 4-43 2320 B.A.C 7,1 7.51.20 I. 3 5i4o B.A.C 7,1 1 5. II. 27 2.22 75o4 B.A.C 7,4 21.20.44 3.24 » A ces étoiles s'en ajoutent beaucoup d'autres, depuis la 5° grandeur jusqu'à la 11", et nous avons pu construire une Carte que nous nous propo- sons de mettre prochainement sous les yeux de l'Académie. » GÉOMÉTRIE. — Sur une surface du sixième ordre, qui se rattache à la surface deKummer. Note de M. G. Humbert, présentée par M. Jordan. n Soit K(x,, x^, x.;^) -— o l'équation d'une surface du quatrième ordre; une sécante quelconque issue d'un point 0(a,, x.,, a^, a,) coupe la sur- face en quatre points «,, «., a^, a^ qu'on peut, de trois manières, répartir en deux couples. » Soit «i.a^etaj, a,, un de ces groupements : les couples «,, «o eta^.a^ déterminent sur la sécante une involution du second ordre, dans laquelle le point O a un conjugué m. Cette construction donne trois points m sur toute sécante issue de O : le lieu des points m, quand la sécante varie, est une surface du sixième ordre ayant pour équation K(.r,, X.,, x-i, X:,)]X\x,, ..., x^) — R(a,, y.., %.,, a,) \^-{x , x,) = o, où P et H désignent les premiers membres des équations de la première et de la troisième polaire du point O par rapport à la surface K, c'est- à-dire P^y.,~ OK OK «s c'a', ' ' ' ' dXi )) Lorsque K est une surface de Kummer, la surface du sixième ordre qu'on obtient ainsi est précisément la surface S que j'ai, dans une Note précédente, définie directement à l'aide des fonctions abéliennes de genre trois. ( 426 ) » On voit ainsi que S a, pour ligne double, une cubique plane, intersection de la première polaire et du plan polaire de O par rapport à la surface de Kunimer K. Ce mode de génération montre également que S admet pour points doubles les seize points doubles de K et contient les douze bitangentes qu'on peut mener de O à cette surface; enfin les deux surfaces S et K se touchent le long de la courbe de contact du cône, de sommet O, circonscrit à R. )) Notre construction géométrique met aussi en évidence le lien qui unit la surface S aux fonctions abéliennes. On sait, d'après un beau théorème de M. Klein, que, étant données une surface de Kummer, R, et une droite, S, à toute répartition en deux couples des quatre points communs à R et à S, correspond une répartition en deux couples des quatre plans tangents qu'on peut mener à la surface par la droite, et réciproquement. Si la droite passe par O, les plans tangents précédents touchent le cône de quatrième classe, C, circonscrit à R à partir du point O : il en réstdte que, à un couple de plans tangents du cône C, correspond un seul point de la surface S, et, inversement, qu'à un point de S correspondent deux couples de plans tangents de C, ces quatre plans ayant une droite com- mune. C'est précisément, sous forme corrélative, une relation que nous avons signalée entre la surface S et la courbe plane du quatrième ordre. )) On déduit également de cette remarque que les sections de la sur- face S par les plans tangents au cône C sont des courbes (du sixième ordre) de genre trois, ayant mêmes modules; elles correspondent au cône point par génératrice. » L'emploi des fonctions abéliennes permet d'étudier assez simplement les courbes tracées sur la surface S; nous indiquerons deux propriétés relatives aux sections de cette surface par ses adjointes d'ordre trois, c'est- à-dire par les surfaces cubiques qui passent par la courbe double et par le point triple isolé, O. » Admettons, pour abréger le langage, que la fonction désignée par 'èr^{u,v,\v) dans notre Note précédente, soit la fonction abéhenne du premier ordre ayant tous les éléments de sa caractéristique nuls; cette fonction est paire. Cela posé : » 1° Les courbes communes à S et à ses adjointes d'ordre trois ont pour équation générale f!^{u,v,w) — o, où ç(m, (>, w) est une fonction abélienne paire, d'ordre trois, de caracté- ristique nulle, et réciproquement. ( 427 ) » 2° Les courbes communes à S et à ses adjointes d'ordre trois qui ont un point double en O, ont pour é(|uation générale ()(;/, (', u') = o où 0(?/, (', (t) est une fonction abélienne paire, d'ordre deux, de caracté- ristique nulle, et réciproquement. » Il est à observer qu'il y a huit fonctions 0 linéairement distinctes, tandis qu'il y a seulement sept surfaces adjointes, linéairement distinctes, d'ordre trois, ayant un point double en O; la contradiction apparente pro- vient de ce que, parmi les 6, figure la fonction ^'\{u, c, w), qui s'annule en tous les points de S. » De là se déduisent plusieurs propriétés géométriques; par exemple : » Le long de chacune des trente biquadratiques tracées sur S, on peut circonscrire à la siu'face une surface cubique adjointe, ayant un point double en O et coupant en outre S suivant quatre droites. » Les trente biquadratiques sont situées par groupes de trois, sur des surfaces cubiques adjointes, etc. » Des propositions analogues s'appliquent aux trente-deux cubiques planes de la surface. )) Enfin la considération de la surface S permet d'arriver à des théorèmes nouveaux sur la courbe plane générale du quatrième ordre. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations fonctionnelles. Note de M. Leac, présentée par M. Appell. « L'objet de cette Note est d'énoncer un théorème relatif à l'existence de solutions holomorphcs pour un système d'équations fonctionnelles d'im type très général, et d'étendre, sur certains points, au cas de plu- sieurs variables, la théorie développée par M. Rœnigs {Annales de l'Ecole Normale, 1 884 et i885). " Soient les substitutions ^<-"=î.y(-^. ^«)' ( 5 = 1,2, . . . , n oii les fonctions cp^y, holomorphes au pointa,, a.,, . . ., a^, se réduisent à a^ pour œ^^a^, ...,x„ = «„; et soit s'^' le résultat de la substitution de a?'/', . ., x\{'' à .T,, . . ., j:„ dans une fonction z. ( 428 ) » Soit, d'autre part, le système (r) u,- = F,-(a-s,uf) ('^j = i, 2. . . . , m où les F, désignent des fonctions holomorphes des variables x, des quan- tités iif', au voisinage du point a:-, = a, ar„ = (7„, i/f' = f'i pour lequel on a )' On peut chercher à calculer par différentiation des équations (i) les dérivées des fonctions inconnues u au point a. Soit A» le déterminant, défini au signe près, des inconnues lorsqu'on veut ainsi déterminer les dérivées d'ordre a, celles des ordres précédents étant supposées connues. » Théorème. — Si Von a pour les dérivées des u jusque, l'ordre r inclu- sivement un système de valeurs S, vérifiant les équations dérivées, et si AaF^ o, ( x > r) ; si. de plus Or,, ]e pose dtf ' {)-s> ^ d'f (^* tp d' d>'*''' 9 et il est utile de remarquer que les opérations -r- et ..-> -7- et ^^ sont * ^ ^ ay az dx dy (') Tresse, Sur les ini'ariants différentiels des groupes continus de transforma- tions {Acta mathematica, t. XVIII). G. R., 1895, 1" Semestre. (T. CXX, N» 8. ) ^7 ( 43o ) commutatives, tandis que ~ et ^r ne le sont plus. Voici à quelles propo- sitions on arrive : » i" La formation des invariants, telle qu'elle va être donnée, tombe en défaut pour une seule classe d'équations singulières, définies par n) co, = o. c'est-à-dire de la forme d.v ^■=".(:gr-«.(£v-".ê-".- » Elles ont été étudiées par M. Roger Liouville, au point de vue de leur intégration, et par moi-même, au point de vue de la détermination de leurs invariants ('). » 2° Pour tonte autre équation, il existe une infinité d'invariants rela- tifs, chacun d'eux, J, étant affecté de deux indices entiers, positifs, négatifs ou nuls, p et q, de sorte que, si la transformation (2) change J en J', on a rD(X.Y)-|-/'/^X ()X\P-i ■' -•' LD(^, v)J [00:^" dy) » Tout invariant absolu esl alors une combinaison homogène et de degré zéro, par rapport à chaque indice, des invariants relatifs. » 3" Il existe trois paramètres différentiels : dz ^ (ta- A^.T = ^ - '-^-^^ "^ J (indices n + , , 9 - i). (indices/), y + 1 ), AT <^J , '"s . T , '.l-W,..), -H (0(05+ t04,„ T •' oy 5(0 4 (oj [3/7 + 3^/ 6 (O5 2(0,(0,, -(- (0(0, + (0,,|„\ 2/? + 9(04„,"| (indices/? + i , r/), qui, appliqués à J, donnent de nouveaux invariants. » l\° On obtient tous les invariants relatifs en combinant ces paramètres (') RoGEii Liouville, Sur les invariants de certaines équations différentielles {Journal de l'Ecole Polytechnique, LIX" Cahier). — Tresse, toc. cit. ( 43i ) avec quatre invariants seulement, qui sont bco: co, (ini]ices3, —2), i^e^we (indices 5, — \\, (1); ^ — Sto^Wou, 4- cojtoom + to'-oji (indices i, 2), (indices 4, — ^)- » Les trois paramètres appliqués à w^ donnent des résultats identique- ment nuls. » 5° Il existe deux invariants relatifs du quatrième ordre, w, et H ; trois du cinquième ordre, à,H, A^,H, A_yII; onze du sixième ordre, et, en géné- ral, pour n > 6, du rt"'"" ordre. M On connaît la signification de la relation (3) ; elle exprime que, quelle que soit la direction de sa tangente, la courbure d'une courbe intégrale n'est jamais infinie. La seconde équation invariante du quatrième ordre, II = o, n'a pas encore été signalée, je crois; il serait intéressant d'obtenir sa signification. )) 6° A l'aide de ces invariants, on peut former des critériums néces- saires et suffisants pour qu'une équation (1) puisse se ramener, par une transformation ponctuelle, à une équation donnée de même forme. » Par exemple, on peut chercher à quels caractères on reconnaîtra qu'une équation (i) admet, une transformation infinitésimale. C'est une étude sur laquelle je me réserve de revenir, en même temps que je déve- lopperai la méthode qui m'a conduit aux résultats précédents. Elle exige la discussion de différents cas, suivant que l'équation (i), même avec 0J4 ^ o, admet une, ou deux, ou trois transformations infinitésimales, et suivant la structure de leur groupe. En particulier, en se plaçant dans toute la généralité du problème, les conditions nécessaires et suffisantes pour qu'il y ait une transformation infinitésimale sont que trois invariants absolus quelconques soient toujours liés par une relation. Avec deux transformations infinitésimales, il y aura une relation entre deux invariants absolus quel- conques; mais ici, cette condition n'est plus suffisante. » Au reste, il n'y a plus, dans cette question, qu'à s'inspirer des idées très fécondes exposées par .Lie dans un de ses nombreux Mémoires ('). m (') SopHUS Lie, Classification and InlegraLion von Diffcrentialgleichungcn {ArchiK' for Mathematik og nnturi.idenskal:>, Kiistiania, iS83). ( 432 ) ANALYSE MATHEMATIQUE. — Sur quelques théorèmes de V Arithmologie. Note de M. N. Bougaief, présentée par M. Darboux. « En désignant par E(n), ^i(«) le nombre et la somme de tous les divi- seurs du nombre entier n, par \(rn, n), ^,(m, n) le nombre et la somme des diviseurs du nombre n qui ne surpassent pas n, on aura les lois numé- riques suivantes : » Première loi. — Pour chaque nombre entier n existe la loi 1 X.J^id^^ +n = l,(i^ n, n) + ^, [i -+- E(f ), n\ ' =s::>[-nn)-]- » Pour n == lo, cette loi donne ^^2,0 0) \d---iJ ,, lO - ,, lO ,, lO 2L hJE-r +ioE hio > 4 9 = ç,(ii, lo) -hE,(6, io) + E,(4, io) + ^,(3, lo) 4- 5^,(2, \o) = 5o. )) Seconde loi. — Pour chaque nombre entier n existe la loi numérique = l{\ + n^n) + ^ I + E^' «) » Poui' « := 10, nous avons ^(11, 10) -+-U 1 + E\/^. 10) -4- ^( I + Ei/^, loj = E(i I, 10) + ^(3, 10) + E(2, loj = 4 H- 2-+- 2 = fi. ( 433 ,) )i Troisième loi. — Pour tous les nombres entiers a lieu la relation )) Four « = 12, nous avons 2 ,/«ï 3^ ■,^12 1 . ' - O 1^ jE h2L— H-3L T 2' = E,(Ev iii, 12) + ç,(Ev6. li) H- ^,(Ev'4. 12) + ^,(£^3, 12) = ^, (3. 12; + 2Ç,(2, 12) 4- 9^,(1, 12) = (l -f- 2 + 3 ) H- 2 (1 + 2 ) + 9 . I = 12 + 2.3 -f 3. I = 21 . » Quatrième loi. ~ Pour chaque nombre entier n a lieu la loi Su —Il I ' fi \ Um + Ei/'-> /H + (^1 -(- E\/i) ^(E v'«. n) — E(EVrt, «) = §_^__* ;("+ E^„, nj + (« -h \)lin) - ;,(/«;). » Cinquième loi. — Pour chaque fonction arbitraire ^(n) et pour chaque nombre entier al 2E(\7/) a lieu la relation » Dans le cas oit a = o, nous avons la loi E— E — '^■('O -""l,!") '^"l.ln) » Cette loi, pour la fonction 6(V/) =^ i , prend la forme ( 434 ) )) Pour chaque fonction arbitraire 6(« ) a lieu la loi numérique PHYSIQUE. — Abaissement du point de congélation, et diminution relative de la tension de vapeur dans les dissolutions étendues. Note de M. A. Poxsot, présentée par M. Lippmann. « Soit dans un tube osmotique cylindrique, vertical, de section égale à I, une dissolution très étendue en équilibre, du côté de la paroi semi- perméable, avec l'eau pure dont la surface libre est sur le même plan hori- zontal que cette paroi, et à son sommet avec la vapeur émise par l'eau. La pression osmotique tt a pour valeur le poids de la dissolution diminué du poids de la vapeur déplacée. Si H est la hauteur osmotique, D et 6? les poids spécifiques moyens de la dissolution et de la vapeur d'eau, on a (0, H=g^. » Admettons la relation de M. Van t'Hoff (2) 7:V = /PV=fR,T ou 7:=i^, V et R, se rapportant à i^^' de corps dissous. » J'ai démontré (Co;?2/j;e^ rendus du 29 octobre 1894) que, si T est la température de congélation de la dissolution, lorsqu'elle est très voisine de T„, on avait (3) ii==E/,^.n.^_.^,^^j,^.j.^F-/. » I. Abaissement du point de congélation. — Soit 5 la concentration de la dissolution, exprimée par le nombre de grammes du corps dissous dans looi»''" de dissolution; la relation (2) devient TU = iK, 1 — , 100 et, par suite, la relation (i) s D 100 \J — d' ( 435 ) avec la relation (3), on obtient T — T — ■-' Tî-T -■'_ P " ~' E "?7 Too ÏT^^' et à la limite » Si Mj est le poids moléculaire du corps dissous, n le nombre de molé- cules dissoutes dans loo^"^ de dissolution; si A = R^M, constante molécu- laire des £;az ; comme y;— — 0,01088, on a ^ ' Ex 100 " ' rT-12 T„ — T = z X 0,0 [ (188 ." n. 0 relation ne différant de celles de MM. Van t'Hoff et Duhem que par la signification de n. » II. Diminution rela/ive de la tension de vapeur. — De la relation (4) et des deux derniers membres de la relation (3), on obtient F — / _ . R, s _ .M, s _ . M, F Rf 100 Mj 100 100 ' formule différente de celles de Wûllner et de M. Raoult. » Cette formule, établie seulement au point de congélation, ne sera ap- plicable, à d'autres températures, qu'aux dissolutions suivant la loi de Babo. » Remarques. — i*" Avec les mêmes relations (i), (2) et (3) on aurait pu d'abord trouver la relation entre la diminution relative de la tension de vapeur et la concentration à toutes les températures et en déduire celle de l'abaissement du point de congélation; il n'eût pas été nécessaire de faire intervenir la loi de Babo. Ceci montre que si la relation de M. Van t'Hoff est vraie au point de congélation (voisin de T„), elle ne peut être appliquée à d'autres températures qu'aux dissolutions suivant la loi de Babo. » Or, on sait que la loi de Babo n'est pas générale, même pour les dissolutions étendues; d'autre part, sa vérification directe pour ces disso- lutions manque de précision, ainsi que M. Dieterici l'a montré : j'espère que mes recherches crvoscopiques seront utiles à ce point de vue. » 2° Je rappelle que j'ai trouvé expérimentalement que, pour les dissolu- tions étendues de NaCl,RCl. RBr l'abaissement du point de congélation est, à la limite, proportionnel au poids du sel dissous dans loo^"' de dissolu- ( 436 ) tion, et que l'abaissement moléculaire croît à partir de o". Si avec les nom- bres que j'ai donnés on calcule l'abaissement produit, soit par i molécule de >faCl dans iooo'^'"de dissolution, comme M. Arrhénius, soit par i mo- lécule dans loo^"" d'eau, comme M. Raoult, on trouve que l'abaissement moléculaire décroît d'abord, à partir de o°, puis croît ensuite. Mais il n'en résulte pas nécessairement que NaCl soit dissocié en ses ions, dans ses dissolutions étendues (Arrhénius), ni que ces dissolutions étendues aient une constitution spéciale (Raoult). Alors, la détermination de l'abaisse- ment moléculaire entre — 2° et — 4" perd toute signification précise ('). « PHYSICO-CHIMIE. — Sur rabaissement du point de congélation des dissolu- tions très diluées. Note de M. A. Leduc, présentée par M. Lip()mann. « La récente Note de M. Ponsot (') a mis en lumière une fois de plus les divergences considérables que présentent les résultats obtenus par les divers expérimentateurs relativement au point de congélation des dissolu- tions très étendues. La principale cause de ces divergences réside dans la petitesse des abaissements de la température de congélation qu'il s'agit de mesurer : l'erreur relative devient énorme lorsque ces abaissements descendent au-dessous du centième de degré. » 1. Détermination des abaissements moléculaires limites. — En raison de l'intérêt qui s'attache à l'étude des dilutions extrêmes, je me suis proposé de réduire considérablement cette erreur en remplaçant la mesure de variations de température très faibles par celle de pressions relativement considérables. » Supposons, pour fixer les idées, qu'il s'agisse d'une solution aqueuse. Ajustons le tube à essai qui la renferme (^) sur l'un des orifices d'un réci- pient où l'on peut comprimer im mélange intime de glace pure râpée, soi- gneusement privée d'air, et d'eau distillée. Un regard en face duquel on amène la partie inférieure du tube à essai permet de surveiller, au moven d'un microscope approprié, ce qui se passe dans la dissolution. Celle-ci est d'ailleurs convenablement agitée. » Nous désignerons en général par T la température absolue de congé- lation normale du dissolvant pur (2^3" dans le cas présent) et par T — ST (') Laboratoire des recherches physiques de la Sorboniie, i5 février 1894. ('■') Comptes rendus, 11 février iSgS. ( ') La hauteur du liquide dans le tube ne de\ra pas dépasser 5"'". ( 437 ) celle de la solution contenant, pour loo*' de dissolvant, F»' d'un corps dont le poids moléculaire est M. » Soit encore SF l'excès de pression (par rapport à la pression atmo- sphérique normale) qui provoque la fusion de la glace à la température T — ST, c'est-à-dire à âT au-dessous du zéro centigrade usuel. Pour ame- ner le mélange de glace et d'eau, et par suite notre dissolution, à la tempé- rature de congélation de celle-ci, il suffit d'exercer sur ce mélange un excès de pression SF. » Tant que la pression est insuffisante, des parcelles de glace intro- duites dans la dissolution y fondent; si elle est trop forte, ces mêmes parcelles déterminent la formation d'aiguilles de glace plus ou moins abondantes. Il est donc facile de saisir exactement le point décongélation. » L'avantage de cette méthode saule aux yeux. On sait, en effet, qu'un excès de pression d'une atmosphère produit un abaissement ST un peu inférieur à o^.oo^ô, de sorte qu'une erreur de i°"° sur la colonne de mercure mesurant SF correspondrait à une erreur sur ST inférieure à un cent-millième de degré. Une pareille précision dépasse celle que l'on peut se proposer d'atteindre utilement. On peut donc dire que l'erreur sur ST est pratiquement éliminée, et que tous les soins doivent porter sur le titrage des dissolutions. » Ajoutons que l'on peut, par cette méthode, faire varier lentement ou rapidement la température de l'enceinte et de l'éprouvette entre o° et quelques centièmes de degré au-dessous de o°, et la maintenir rigoureu- sement constante pendant tout le temps désirable. » 2. Calcul de^F. — Proposons-nous maintenant d'établir la relation qui existe entre l'excès de pression SF et la concentration de la dissolution. » Si l'on désigne par nj la force attractive connue sous le nom de pres- sion osmotique, par u le volume spécifique du dissolvant pur à l'état solide, par u' le volume spécifique du dissolvant pur à l'état liquide, parL sa cha- leur de fusion, et par E l'équivalent mécanique de la calorie , on a les deux relations connues (0 (2) On en déduit ST _ u"T ro" ~ EL ' L (/' — Il SF T E — 8T (3) lY^u —- u — u C. K., 1S95, I" Semestre. (T. CXX, N' 8.) oS V = loou' F " CJ «RT ioom' p m' «RT p I OO ( Il — -"') M ( 438 ) Enfin la relation de Vaut' Hoff (4) ctV = /RT, dans laquelle V désigne le volume occupé par une molécule du corps dis- sous, i le coefficient isotonique, et R la constante des gaz (84200, si la pression est mesurée en grammes par centimètre carré), nous donne, en remarquant que (6) Par suite (7) ^F » 3. Démonstration directe de la formule (3). — Considérons un vase clos ne renfermant que de l'eau surmontée par sa vapeur et une solution aqueuse contenue dans un tube vertical AB suffisamment long, terminé à la partie inférieure A par une membrane semi-perméable, ouvert à la partie supérieure dans la vapeur. Amenons tout l'appareil à la température T, de congélation de la dissolution sous la pression F de la vapeur saturante émise par la glace à cette même température. » Tandis qu'à ce moment la dissolution commence seulement à se con- geler à la partie supérieure, la glace est déjà formée à l'extérieur sur une hauteur h. D'ailleurs les deux surfaces libres sont dans le même plan horizontal, puisque la foixe élastique maxima de la vapeur émise par la dissolution au point de congélation est précisément F. » D'une part, l'eau reste liquide à la profondeur h grâce à l'excès de pression (8) âF--. » D'autre part, l'équilibre a lieu entre la pression exercée par la colonne liquide de hauteur h et celle due à la colonne de glace de même hauteur, augmentée de la pression osmotique (9) ^ = 'i + ..('V (') Nous confondons la densité de la dissolulion exlrêmenient diluée avec celle du dissolvant pur. ( 439 ) » En éliminant h entre ces deux équations, on retrouve la relation (3) SF « — M PHYSIQUE. — Sur un pressomètre sensible, pour la mesure des pressions des fluides. Note de M. Paul Cuarpentieu, présentée par M. Troost. « Cet appareil est généralement formé par des tubes communiquants, de sections très inégales, dans lesquels circulent des liquides de densités très différentes. Imaginons un tube recourbé formé de deux réservoirs A, B reliés entre eux par un tube de section généralement plus petite que celle des réservoirs A, B. Au-dessus du réservoir B se trouve un robinet à trois voies r surmonté d'un tube mn dont la section, comparée à celle des réser- voirs A, B, est très faible. Le vide barométrique règne en A au-dessus de la surface du mercure qui se trouve logé depuis A jusqu'en B. Sur le mer- cure, depuis le point B jusqu'en un point variable x, repose un liquide indicateur de densité aussi faible que possible et n'attaquant pas le mer- cure. Pratiquement, ce liquide sera, de l'huile ou simplement de l'eau. Une échelle métrique est disposée depuis le point m qui sera le zéro jusqu'au point extrême n. L'appareil ainsi préparé constituera un b:iromètre très sensible. Dans ces conditions, si la pression atmosphérique s'exerce libre- ment sur la surface x, l'équation d'équilibre sera la suivante : Cî = CI. -I- (i r, 4- A A ) nix. ( 44o ) expression dans laquelle u représente, en millimètres de mercure, la pression atmosphérique ra- menée à la température de zéro centigrade à l'instant où le liquide in- dicateur affleure au point x; rr, et Wj sont les pressions atmosphériques minima et maxima dans les mêmes conditions quand le liquide indicateur affleure aux points (m) ou (n). T, 2, H, sont les sections du tube (^mn) et des réservoirs (A) et (B). A est le rapport existant entre la densité du liquide indicateur et celle du mercure. » Si l'on fait- = - ^ «, puis 2a -+- A — aA = R, on aura plus simple- ment CT = CT, + Rw.r. » Dans cette expression, les quantités (R) et cj, sont déterminées une fois pour toutes pour chaque instrument. Il s'ensuit que chaque observa- tion de mx donne immédiatement la valeur de la pression atmosphérique tr ramenée à la température de zéro centigrade. Les valeurs de R résultent d'une Table qui accompagne l'instrument et sur laquelle, en face de chaque valeur de mx se trouve la valeur de cr correspondante. Dans un baromètre ainsi disposé, la longueur observable (^?2n)peut être pratiquement rendue dix fois plus grande que la hauteur de mercure cto — nr, , en sorte qu'à l'œil nu on lit couramment le -^ de millimètre de mercure; à l'aide du vernier au Yo oii peut déterminer la pression atmosphérique à ^ de millimètre de mercure près. Le maximum de sensibilité de l'appareil, maximum qui ne peut être atteint, aurait lieu pour 5 = 0 soit R = A = ,,, '^.^^ dans le cas d'emploi d'eau comme liquide indicateur. Mais, pratiquement, on peut adopter R=:^ : c'est le cas de l'appareil que j'ai fait construire et qui fonc- tionne régulièrement depuis une année. En définitive l'application de mon appareil à la mesure de la pression atmosphérique permet généralement de reculer d'une décimale l'approximation de cette mesure. Cette approxi- mation est tl'ailleiu's toujours égale à celle du baromètre ordinaire multi- pliée par le facteur t- » Le robinet à trois voies (r) est utile pour la construction, le montage, le transport, le réglage et l'observation de l'appareil. En (/) se trouve une petite vis-piston permettant de repérer à volonté le niveau (^x) et de régler ( 44' ) le baromètre comme on peut le faire d'une montre. Les oscillations du mercure dans les réservoirs (A) et (B) ont fort peu d'amplitude, quelques millimètres seulement. » La hauteur totale du baromètre atteint environ i™. » Les avantages procurés par le dispositif décrit sont importants et mul- tiples. Il peut s'appliquer au baromètre normal. Son emploi ne nécessite qu'une lecture au lieu de deux. Cette lecture se fait toujours sur un mé- nisque très nettement concave. L'erreur due à l'introduction possible d'air dans la chambre barométrique peut être atténuée, dans une proportion variable aA'ec le diamètre du baromètre ordinaire en comparaison, depuis 1^ jusqu'à ■—. La correction de capillarité est supprimée. La correction de température est analogue à celle du baromètre ordinaire. Il est à remar- quer que pour une augmentation de température, le niveau (x) descend. L'inconvénient que l'on pourrait craindre, dû à une évaporation possible du liquide indicateur, n'existe pas; on peut annuler d'ailleurs entièrement cette évaporation, soit en emplovant de l'huile, soit en fermant le tube (mn) dans l'intervalle des lectures. » Finalement, l'application du même principe et des mêmes dispositions peu modifiées me permettent d'apporter une plus grande exactitude dans la détermination de la tension des vapeurs, saturées dans le vide, ou en présence d'un gaz étranger, dans la manométrie, la densimétrie et l'alcoo- métrie. Je dirai que je me propose, en l'appliquant à la densimétrie, de déterminer rapidement le titre des alliages monétaires d'or et de cuivre, avec une très grande approximation; cette étude ultérieure serait en com- plet accord avec l'opinion autrefois émise sur ce point spécial par Peligot. » PHOTOCHIMIE. — Mesure de V intensité de la lumière par l'action chimique produite; expériences avec les mélanges de chlorure ferrique et d'acide oxa- lique. Note de M. Georges Lemoi.ne. « I^a décomposition par la lumière des mélanges d'acide oxalique et de chlorure ferrique (^Comptes rendus, t. CXII) peut être utilisée pour mesurer l'intensité lumineuse; plus celle-ci est grande, plus rapide est la transfor- mation chimique. » Interprétation rationnelle des phénomènes. — Pour simplifier, suppo- sons d'abord que notre réactif soit exposé à la lumière dans une cuve infi- niment mince. ( 442 ) » Même pour cette expérience idéale, on peut objecter que la transfor- mation, comme presque toutes celles de photochimie, est exothermique. Si la lumière n'avait qu'un rôle analogue à celui d'une allumette qui ser- virait à incendier un bûcher, il n'v aurait plus de relation de cause à effet. En réalité, dans le cas actuel, il n'en est pas ainsi parce que la cha- leur dégagée, n'étant pas très grande, se dissémine immédiatement dans la masse d'eau où les corps actifs sont dissous; la température atteinte est très inférieure à celle où dans l'obscurité on aurait une décomposition sensible; enfin, j'ai constaté que la décomposition cesse aussitôt après la suppression de la lumière. La réaction, qu'on peut suivre par des dosages successifs, a une marche parfaitement régulière. En un mot, elle s'effectue suivant un régime permanent. » L'énergie rayonnante de l'éther qui propage la lumière se transmet en partie aux particules matérielles et produit deux effets : d'abord l'absorp- tion physique, considérable avec notre milieu coloré et élevant la tempé- rature; ensuite, une transformation chimique exothermique. Celle-ci, ne se produisant pas sensiblement à froid dans l'obscurité, n'a lieu que parce que la communication des mouvements vibratoires brise, suivant l'expres- sion de M. Berthelot, certains liens qui empêchaient les molécules de réagir entre elles : la décomposition ne se fait que grâce à ce travail préli- minaire sans cesse répété ; mais ce travail correspond à lui seul à une certaine consommation d'énergie qu'on peut appeler l'absorption chi- mique (') et qui, même très faible, est, comme première approximation, proportionnelle à l'intensité lumineuse. Ce rôle excitateur de la lumière dans une réaction exothermique peut être comparé au mécanisme du tiroir dans une machine à vapeur bien réglée; la marche du tiroir peut être confiée à un moteur spécial qui exige un petit travail; dans un régime permanent, la marche et le rendement du grand appareil dépendent de ce petit travail, lui sont consécutifs et sont en relation directe avec lui. » Méthode de calcul pour éliminer l'influence de l'absorption physique. — Les expériences réelles, faites sous une épaisseur /, doivent être ramenées à ce qu'elles seraient pour une cuve infiniment mince. » Nous définissons l'intensité lumineuse par la décomposition de l'unité de poids du réactif, en choisissant cette unité assez petite pour que, quelle que soit la concentra- tion de la dissolution, l'absorption physique y soit négligeable. Suivant que cette décomposition se fera en une ou deux minutes, l'intensité lumineuse M sera i ou A. (') Voir ma Note sur la dépense d'énergie qui peut correspondre à l'action chi- mique tle la lumière {Comptes rendus, 5 mars 1894)- ( 443 ) » Pour un trajet /, les intensités à l'entrée et à la sortie sont pour une radiation déterminée Mn et Mna'; pour l'ensemble des radiations («-(- «'-+-... = i), elles sont : M =(/n- «' + ... )M, Mi—M{na'-i-n'a"-h.. .). » Le poids S de matière décomposée pendant une minute, étant la somme des dé- compositions effectuées dans chaque tranche dl où l'intensité est i, est en appelant a une constante, i=aM f (• dl. » L'expérience donne, pour la décomposition moyenne y S en une minute, car elle est proportionnelle à la fraction de décomposition, c'est-à-dire au rapport entre la décomposition observée et la décomposition possible. On connaît aussi / id/, car l'expérience donne l'absorption physique i, observée sur les mélanges de chlorure ferrique et d'eau semblables aux mélanges de chlorure ferrique et d'acide oxalique, puisque l'acide oxalique est transparent. On voit donc que, avec cette formule, on peut calculer la fraction de décomposition M qui serait observée en une minute dans une tranche infiniment mince : c'est l'intensité réelle. » Si l'on emploie sous diverses épaisseurs / un même mélange actif, on devra trou- ver ainsi des nombres égaux. » Spécimens d'expériences avec la lumière naturelle du Soleil. — Voici quelques résultats pour un ciel pur dans la belle saison et pour un ciel blanc de l'hiver avec une ombre assez pâle et une grande épaisseur atmo- sphérique. Pour ces deux extrêmes, les formules de transmission du chlo- rure ferrique ^normal (28^' de fer par litre) sont à peu près : (A) i = 0,01(0,986/-!- o,07(o,4o)''-h o,i3(o,io)'h- 0,79(10-'»)'. (B) i — 0,05(0,986)' 4-0,19(0,40)' -1-0, -26(0, 10)' -H 0,50(10-'»)'. Fractions de décomposition M en une minute ramenées à une tranche infiniment mince de (Fe^CP-t- G^O', HO = 2"'), soit 28s'- de fer par litre. Cuve de i"". Cuve de 4°". 0,28 0,29 18 septembre 1889 : très beau temps, l 0,82 o,3i 16 mai 1890 : id. A ] 0,24 0,28 9 septembre 1890: id. 1 0,26 0,26 i4 septembre 1S90 : id. I o, 18 0,16 i4 mars 1891 : fond du ciel blanc. l o,2i 0,20 8 avril 1892 : ciel blanchâtre. (0,01 )> 31 décembre 1891. B \ 0,01 0,01 28 décembre 1898 : ombre faible. o,o3 S janvier 1894 : temps très froid. ( o,( ( 444 ) )) Spécimens cV expériences pour les lumières colorées. — La même méthode fournit le moyen de comparer les intensités des lumières colorées à celles de la lumière naturelle en prenant pour mesure l'action chimique. » On voit facilement que le rapport entre les fractions de décomposition effectuées avec deux radiations données varie avec l'épaisseur du milieu actif traversé : l'inégalité entre ces intensités apparentes peut même chan- ger de sens en prenant des épaisseurs très grandes, pour lesquelles par exemple le jaune persiste presque intact, tandis que le bleu est presque entièrement absorbé. » D'après les expériences faites dans la belle saison, on a, tous calculs faits, pour le rapport à l'intensité de la lumière naturelle du Soleil : Jaune (25™" de chromais de potasse) de 0,001 à 0,007 Bleu (verres bleus ou 2.5"™ d'eau céleste) de 0,40 à 0,50 » La proportion relative des différentes radiations n'est plus la même dans l'extrême hiver avec des ciels blancs où la lumière prend une teinte jaunâtre. » CHIMIE. — Sur quelques combinaisons de l'iodure de plomb avec d'autres iodures métalliques ou organiques. Note de M. A. Î^Iosmer. « Les combinaisons que forme l'iodure de plomb avec les iodures mé- talliques ou organiques ne sont connues qu'en nombre restreint. Nous nous sommes proposé d'en trouver de nouvelles. Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie le résumé de nos premières recherches. » Pour obtenir ces iodures doubles, nous avons préparé nous-même de l'iodure de plomb, que nous avons purifié par plusieurs cristallisations : l'iodure du commerce contient des oxyiodures et des iodures de métaux étrangers, ainsi que l'a montré M. Berthelot (^Annales de Chimie et de Phy- sique, S" série, t. X\1X). )) lodure double de plomb et d'ammonium. — Boullay signale un iodure double de plomb et d'ammonium, obtenu en versant du nitrate de plomb dans une solution concentrée d'iodure d'ammonium. » M. Ditte {Comptes rendus, t. XCII)en indique un, formé à équivalents égaux des deux substances. » Nous en avons obtenu un autre, en dissolvant de l'iodure de plomb dans une so- lution concentrée et bouillante d'iodure d'ammonium. Cette solution abandonne à ( iV- ) cliaiul de très beaux cri^ilaiix friodiiie double, répondaul à la linniiile 3PbP, 4AzH^I,6H20 analogue à celle de l'iodure double de plomb et de ])Olassium 3PbP,4KI,6H-0 de M. Berlhelol (Annalrs de Chimie et de PIiYsi(jiie. '>' série, t. WIX) : Trouvé. analyse. [. [[. ! Phi', ', \z H'I.dIl'O. Pb 3o,l ?.o,.-. ;>o A.zH' 3, G 3.:. 3,1 1 - 6o , 5 6 r , 9. 6 1 H- 0 5 , .j .5 , .ï ,5,5 » lodures doubles de plomb et d' indurés orfranir/ues. — Avec les iodures de lélramélhjlamraonium, de lélraélliylammoniuin, de pliéaylaminonium, l'iodure de plomb donne, dans des conditions spéciales, les iodufes doubles : 3PbP, 4(CH»)M, 3PbP, 4(C2H^)'I, 3PbP, /1[(C«H^)11']I, corps ayant une composition analogue à celle du corps précédent, moins l'eau. n lodures doubles de plomb et de sodium. — L'iodure de plomb semble formel- avec l'iodure de sodium plusieurs iodures doubles. » Poggiale en signale un, répondant à la formule Nal, PbP. » M. Ditte {Comptes rendus, t. XCII, p. i3|i) en indique un, formé à équivalents égaux. » Nous avons obtenu des hydrates de ce même corps, de la façon suivante : » En ajoutant de l'iodure de plomb à une solution concentrée et bouillante d'io- dure de sodium, jusqu'à ce que l'iodure de plomb cesse de se dissoudre, on obtient, à chaud, des cristaux d'iodure double répondant à la formule aJValPbP, 4H'0, analogue à celle de l'iodure doulile de plomb et de potassium aKIPbP, 4H=0, obtenu par M. Ditte {Comptes rendus, t. XCII). » Les eaux-mères de cet hydrate abandonnent, à froid, des cristaux transparents, de teinte jaune-citron, répondant il la composition 2NaIPbP, ÔHM). Cj R , i8yj, 1" Semestre. (I. (.\X, .> ■ 8.) Ôç) ( 446 ) Trouvé. ^ ^-^ Calculé Analjse. I. II. iNalPbl", 4H'0. Pb 24,53 24,76 24,84 Na^ 5,57 5,56 5,52 P 60,66 60,67 60,98 H^^O 8,63 8,64 8,64 Trouvé. ■ 1 — — -^ Calculé. Analyse. I. H. 2 NalPbP, 6H'0. Pb 23, 60 23,22 23,82 Na^ 5,3i 5,33 5,29 P 58,28 58, 3o 58,45 H^'0 12,11 12,22 12,43 » lodure double de plomb et de litldum. — En opérant comme précédemment, on obtient à froid des cristaux jaunes, répondant à la formule 2L11P1j1%411-0. » lodures doubles de plomb et des métaux alcaUno-terreux . — L'iodure de plomb forme, avec les iodures des. métaux alcalino-terreu.v, des composés répondant à la for- mule générale 2PbPMP,7lPO, cil M représente l'un des métaux alcalino-terreux. Voici l'analyse de l'un d'eux : 2l^hl^Sll-,7ll-0. Trouvé Analyse. 1. II. ^Pbl'St P,7H"0. Pb 29,57 29,76 29,79 St 6,34 6,3o 6,29 p 54,60 54,66 .54,84 H'O 9,02 9,o5 9,07 » Nous avons également obtenu des iodures doubles avec les iodures de la série magnésienne. » Nous nous proposons de donner, dans un Mémoire plus complet, les détails de la préparation et des propriétés des sels nouveaux que nous avons obtenus ('). « (') Ces reclierches ont été faites au laboratoire de Chimie de la Faculté des Sciences de Clermont, ( 447 ) CHIMIE MINÉRALE. — Si/r quelques combinaisons du bioxyde d'azote avec les chlorures de fer. Note de M. V. Thomas, présentée par M. Troost. « Le bioxyde d'azote réagit sur le chlorure ferrique soit directement, soit à l'état de dissolution. » L'action d'un courant du bioxyde passant sur du chlorure ferrique a été mentionnée par M. Besson, mais il n'a pas étudié les corps ainsi formés. » Dans un flacon de grande capacité et soigneusement desséché, on introduit du chlorure ferrique plusieurs fois sublinjé et bien sec. Après avoir expulsé l'air de l'appareil par un courant d'acide carbonique, on le remplit de bioxyde d'azote. En l'abandonnant à la température ordinaire, on voit au bout de plusieurs jours la surface du chlorure ferrique se recouvrir d'une poussière brune. Si, en outre, on a mis le fla- con en communication avec un manomètre, on peut constater que le gaz est lentement absorbé. Lorsque l'absorption est terminée, le corps ainsi obtenu correspond à la for- mule Fe'ClSAzO. Trouvé. Calculé. Fe 3i,63 3i,55 Cl 60, 1 3 60,00 A z 4)02 3,94 0 4)22 (par difterence) 4i5.l I 00 , 00 I 00 , 00 » En opérant dans des conditions identiques, mais à une température supérieure, vers 60° environ, on obtient une poudre rouge, de formule 2Fe=Cl«, AzO. Trouvé. Calculé. Fe 32,78 32 , 90 Cl 62,81 62,70 Az 2,4o 2,06 0 2,06 ( par diflerence) 2,34 100,00 100,00 » Ces deux corps se produisent également lorsqu'on fait passer un cou- rant de gaz nitreux sur le chlorure ferrique; en opérant à froid, on obtient Fe^Cl', AzO; à chaud, on obtient 2Fe-Cr, AzO. Toutefois, si la température à laquelle on opère atteint celle de sublitiiation du chlorure ferrique, le bioxyde d'azote réagit comme déchlorurant, il se lorme du chlorure de nitrosyle et le composé ferrique se trouve ramené à l'état de protochlorure de fer. )i Ces corjjs, que je n'ai pu obtenir crislaliisés, sont très hygrométri(|ues. Au contact de l'eau, ils dégagent le bioxyde d'azote qu'ils ont absorbé. Chauffés à l'air, ils donnent l'oxvde ferrique. )) La propriété que je viens de signaler, action déchlorurante du bi- oxvde d'azote, m'a conduit à tenter quelques expériences dans le but d'obtenir une combinaison de chlorure ferreux et d'oxyde nitrique, en partant d'un persel de ier. » Le pei'clilorure de (ev a été dissous dans 1 éther jusqu'à saturation. La solution parfaitement limpide, si le chlorure employé est pur, absorbe le bioxvde d azote. La liqueur prend dabord une teinte verdâtre, et devient presque noire. Lorsqu'on juge la saturation complète, le liquide est mis à évaporer sous une cloche à acide sulfurique. Au bout de plusieurs jours, la liqueur prend une consistance sirupeuse et commence à cristalliser. » Il faut alors faire le vide et laisser plusieurs jours en présence d'un excès d'acide sulfurique. Les dernières traces d'éther sont très difficiles à éliminer. On obtient aihsi de belles aiguilles noires ayant pour formule FeCl'-AzO -4- 2H-O. Trouvé. , Calculé. fe 28,92 29,01 Cl 36,73 36,78 Az 7j-^9 7; 25 H"-0 18,80 18, 63 0 8,(6 (par diflérence) 8,33 100,00 100,00 » Si, au lieu de laisser cristalliser la liqueur à froid, on verse la masse sirupeuse partiellement cristallisée sur une plaque de porcelaine et qu'on élève la température vers 60°, on obtient des cristaux jaunes plus petits, mais très nets. Ils correspondent à la formule FeCl'AzO. Trouvé. Calculé. Fe 35,59 35,66 Cl 44.97 45,22 Az 8,90 8,88 0 10,04 (pai- différence) 10,24 100,00 100,00 » Ces cor])s se dissolvent complètement, sans dégagement gazeux, dans l'eau froide en la colorant en jaune pâle. Si l'on chauffe la solution, la cou- leur s'accentue. » Traitée par les alcalis, à l'abri de l'air, elle précipite de l'oxvde fer- reux, mais je n'ai pu constater aucun dégagement gazeux. ( h^[) ) « Le ierro-cvaiuire donne u\\ précipité blanc qui s'altère immcdiale- ment au contact de l'air en donnant une dissolution bleu-verdàlre. » Le sulfocvanure de potassium ne donne rien si le sel est parfaitement pur et si l'on opère à l'aigri de l'air. » Ces quelques réactions semblent démontrer nettement que dans ces composés le fer s'v trouve au minimum. « Je pense que ces corps doivent être identiques à celui qu'obtenait Graham en saturant de gaz nitreux une dissolution alcoolique de cblorure ferreux. D'après lui, en effet, une telle dissolution contenant 17 pour 100 de chlorure ferreux absorberait vingt-trois fois son volume de gaz. La teneur en bioxvde d'azote du composé en dissolution serait pour 100 de 17,5 environ, nombre voisin de celui fourni par l'analyse du corps FeClUzO. » Quant au cor|)s obtenu par Peligot, en dissolution aqueuse, il ren- fermerait à peu près moitié moins de bioxyde d'azote. •» 11 est intéressant de constater qu'en partant du chlorure ferrique, on obtient, comme je viens de le montrer, un corps bien cristallisé et par conséquent bien défini ; tandis que Graham et Peligot, partant du chlorure ferreux, n'ont pu obtenir que des composés en dissolution ('). » CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'aldéhyde formique sur le chforhydrale d'hvdroxYlamine et le chlorhydrate de fnonomélhylamine. Note de MM. A. BnociiKT et R. Cambikr, présentée par M. Friedel. « 1" Cldoi'hyilialc d' liYtlroxylamine. — Si ilans une solution titrée de clilorh3'- drate d'hydroxylamine ou verse un excès d'aldéhyde formique, le liquide devient fortement acide et il est facile de s'assurer, au moyen du méthylorange et d'une so- lution titrée de soude, que dans cette liqueur tout l'acide chlorhydrique du chlorhy- drate est à l'état libre ; il ne reste plus trace de chlorhydrate d'hydroxylamine. Si, au contraire, nous employons un excès de ce dernier sel par rapport à l'aldéhyde formique, le même dosage acidimétrique nous montre que la quantité d'acide chlor- hvdrique mis en liberté est proportionnelle à la quantité d'aldéhyde, molécule à mo- lécule, suivant l'équation Az H'O . H Cl -h ClI-0 = Cll^ : A7.OH + H^O -h HCl. Ce simple titrage, dont la (in est nettement indiquée par le méthylorange, nous a fourni une très bonne méthode pour le dosage des solutions de formaldéhyde (^). (') Travail du Laboratoire d'enseignement et de recherches de la Sorbonne. (-) Nous ferons remarquer que l'hydroxylamine étant neutre à la phtaléine, mais ( 45o ) » R. SchoU a montré (') que le trioximidomélhylène (CH^. AzOH)' polymère de la formaldoxime, se décomposait à une température élevée en eau et acide cyanhydrique et que, par réduction, il fournissait la mono- métliylamine. Nous avons remarqué que la déshydratation de ce composé oximidé se fait avec la plus grande facilité, en chauffant à l'ébullition un mélange d'aldéhyde formique et d'un sel d'hydroxylamine quelconque, en milieu acide ou alcalin. On peut alors retrouver l'acide cyanhydrique formé, soit par son odeur, soit par ses réactions caractéristiques; ajoutons que ce procédé permet de retrouver quelques milligrammes d'aldéhyde formique, et ne s'applique qu'au cas de l'aldéhyde formique, les autres aldéhydes, traitées de même, fournissent un nitrile qui ne jouit pas des propriétés de l'acide cyanhydrique. » 2° Chlorhydrate de inononiélliy lamine . — La monométhylamine possède à la phlaléine une réaction alcaline. Si Ton mélange une solution du chlorhydrate de cette base avec un excès d'aldéhyde formique, le liquide devient acide, et ce liquide exige, pour devenir neutre à la phtaléine, une quantité de soude titrée correspondant à l'acide chlorhvdrique total du chlorhydrate employé, il n'y a donc plus trace de ce sel en solution. « Si l'on mélange maintenant de l'aldéhyde formique avec un excès de chlorhj-drate de méthvlamine, la liqueur devient encore acide, et si on la neutralise en présence de la phtaléine par la soude titrée, il faut un certain temps pour que l'on arrive à une alcalinité persistante; le nombre obtenu ainsi est une limite qui dépend de la quantité d'aldéhj'de employée, la totalité de cette aldéhyde n'entrant jamais complètement en réaction. Si, dans ce titrage, on substitue le méthylorange à la phtaléine, on remarque que le chlorhydrate de méthylamine, neutre à ce réactif coloré, l'est encore après que l'on y a mélangé l'aldéhyde, quelles que soient les quantités employées. L'acide chlor- hvdrique n'est donc pas mis en liberté, comme dans le cas de l'hydroxylamine, mais il reste uni à une base faible, n'ayant pas d'action sur la phtaléine, mais alcaline au méthylorange. » Cette base peut s'obtenir facilement : il suffit d'ajouter au liquide un excès de potasse solide, le liquide se sépare en deux couches; la couche supérieure, desséchée sur la potasse fondue, bout à 166". )) Cette base a été déjà signalée par M. L. Henry (^). Ce savant, en fai- alcaline au méthylorange, il en résulte que ses sels neutres seront acides à la phta- léine et neutres au méthylorange; donc à une solution de chlorhydrate d'hydroxy- lamine contenant i goutte de phtaléine, il faudra, pour obtenir la coloration rouge per- sistante, ajouter une quantité de soude titrée équivalente à la quantité d'acide chlorhydrique contenu dans le sel emploj^é. (') D. Ch. GeselUchafl, t. XXIV, p. .576. (-) Bulletin de l'Académie royale de Beli;i(/iie. t. X\\ 1, p. 200. ( 45i ) sanl agir l'aldéhyde fonuiqiie sur les bases primaires et secondaires, obtint les deux séries de corps R - Az = CH^ et ( R . R. Az)-' = CH=. » C'est ainsi que, par l'action de l'aldéhyde formique sur la méthylamine, il prépara le corps qui nous occupe, bouillant, d'après lui, à i6G" et répon- dant à la formule simple CH^ — Az = CH^ dont il détermina la densité de vapeur (trouvé, i,52; théorie, i,49) par ^'■^ méthode d'Hofmann dans la vapeur d'aniline. » Il nous a semblé de prime abord impossible que le point d'ébullition de la base CH^Az = CH* fût de i66°, alors que la dimélhylamine, qui n'en diffère que par H-, distille à -H 7°, une liaison élhylénique ne produisant pas, en général, une semblable différence; d'autre part, la aiélhvlènediuiétliylamine beaucoup plus complexe (ClP)-Az — GH2-Az(aP)' distille, suivant le même auteur, à 85°; nous avons donc conçu des doutes sur l'exacti- tude de la détermination spécifique des corps obtenus par M. Henry. » Nous avons été amenés à refaire ses expériences concernant l'action de l'aldé- hyde formique sur la méthylamine ; nous nous hâtons de diie que ses indications sont exactes en bien des points, mais il paraît s'être mépris sur la nature réelle du composé fourni par celte réaction. Cette base n'est autre chose, en effet, que la triméthyltri- méthylêne-lriamine (CH' — Az — CH^)'; nous en avons déterminé la densité de va- peur par la méthode de Meyer à la température d'ébullition de l'aniline et de la dimé- thylaniline. \ 182». A 192". Poids de matière 0,0795 o, 1 14 Volume d'air déplacé 35"'', 5 So'^"^, 5 Température 7°, 5 5°, 5 Pression 762""=, 5 766™", 7 Densité de vapeur • j 79 i , 83 Théorie ' • ^9 » Ces densités de vapeur ainsi déterminées sont notablement supé- rieures à celle qu'a trouvée M. Henry en opérant sous pression réduite; nous avons d'ailleurs remarqué que le dégagement gazeux persistait assez longtemps, au lieu de cesser brusquement, ce qui semblerait indiquer une dissociation du corps à la température de l'expérience. C'est pourquoi nous avons cru devoir déterminer le poids moléculaire de ce composé ( 4=i2 ) par la méthode cryoscopique, en nous servant du benzène comme dissol- vant : I. II. Poids de matière ... 26'',o34 1,552 Poids de benzène ^T^'.g 4'2S'',8 Abaissement o^^ga i",^^ Poids moléculaire laS 122, 5 Tliéorie pour CH'^Az' 129 » La triméthyltriméthylènetriamine donne des sels extrêmement so- lubles, incristallisablesdans l'eau et dans l'alcool.son chlorhydrate s'obtient cristallisé en saturant de gaz chlorhydrique sec une solution benzénique de la base libre. Elle se combine violemment avec les iodnres alcoo- liques. » M. Henry compare le point d'ébuUition de la base qu'il a obtenue (166°) avec celui du cyanate de méthyle (45") et se montre étonné que le remplacement de O par H^ élève le point d'ébuUition de 120". Il nous paraît plus exact de comparer cette \>\'-ç, avec le cyanurate fie méthyle .\z.CH' Az.GH» CH* / \, CH- CO / \. GO CtP.Az I ) Az.Cii^' CPP.Az ' ' Az.CH' CH^ CO dont le point d'ébuUition est situé à 274°- » Dans une prochaine Note nous indiquerons l'action de l'aldéhyde for- mique sur les sels ammoniacaux. » CHIMIE ORGANIQUE. — Éthers amyliqiies actifs. Note de MM. Pu. -A. Guye et L. Chavaxne, présentée par M. Friedel. « 1. Comme suite à nos recherches sur les éthers amyliques dérivés des acides gras de la série normale ('), nous avons cru bien faire de rechercher si la position du maximum de [otjn dans cette série était peut- (') Cuve et Chavanne, Comptes rendus, t. CXIX, p. 906. — Par suUe d'une faute d'impression, le pouvoir rolaloire du stéarate d'amyle, a été indiqué comme étant égal à H- 1,27; il est aisé de se rendre compte que les données de nos expériences, telles qu'elles ont été publiées, conduisent à [a]» = -+- i,4à et non pas à [a][) = -f- i, 27. ( 453 ) être modifiée par une élévation de température. Nos mesures polarimé- triques effectuées à deux températures, sur les élhers inférieurs et sur un étlier supérieur de la série, montrent que la position de ce maximun ne change pas, du moins dans les limites de nos expériences. Tarleau I. Rotations spécifiques Rotations spécifiques [a]D à 20" — 22°. [i]i)àGo" — 70'". Fornilate d'amyle -+-2,01 -i-1,98 Acétate » +2,53 -h 2,5i Propionale » -1-2,77 -1-2,68 Butyrate » -i- 2,69 -t-2,54 l'almitate « -t-i,45 -(-i,i6 1) 2. Indépendamment des éthers-sels, nous uvons encore préparé une série d'éthers-oxydes, dérivés de l'alcool amylique actif ([5'-]u= — 4>4)' Ces corps, dont la ])urification présente de grandes difficultés, se distinguent par leur faible activité optique, ainsi que cela résulte des ob- servations consignées dans le Tableau II. On remarquera que les éthers 4 et 5 n'appartiennent pas à la série normale, comme les corps 1, 2, 3 et 6. Que l'on fasse ou non abstraction de ces deux termes (4 et 5), l'existence d'un maximum de pouvoir rotatoire dans celte série d'oxydes n'en est pas moins bien établie. Le produit d'asymétrie passe aussi par une valeur maxima. Le dernier terme, l'oxyde de benzylamyle, appartient à un tout autre groupe; il donne une valeur de [«]„ d'un ordre de grandeur assez différent. Tadleau II. Longueurs Pouvoirs Produit Température Déviations en rotatoires d'asymétrie Corps. d'ébuilitiou. Densités. ao. décim. ["d]- P x to'. 1. Oxvde de métlnlainyle. . . . 87, .j- 88,5 0,754 -1-0.29 i -1-0,89 ^'^ 2. » élhylainjle [07,5-109 0,759 -ho, 23 0,5 -1-0,61 332 3. )) propylaniyle . . . . i25 -127 0,788 -i-o,35 o,5 -t-0,90 374 k. >' isobiilylamyle. . . i45 -'47 0)773 -1-0,74 i -1-0,96 878 5. » isoaniylamyle ('). » 0,774 -1-0,27 O'"^ +0,70 85i 6. » célylainyle » o,8o5 -ho, 25 i -1-0, 3i io4 7. » benzylamyle.... 281 -882 0,911 -t-o,88 o,5 -i-i,83 (3o7) (') Les données relatives à cet étlier sont empruntées à un travail de MM. Guye et Gautier [Comptes rendus, t. CXIX, p. gSS; Bulletin de la Société chimique (3), l. Il, p. 1177] qui l'ont préparé au moyen de l'alcool amylique [5i]d=;^4)4- C. U., 1895, I- Semestre. (T. CXX, N° 8.) OO ( 454 ) » 3. Nous croyons devoir signaler enfin les éthers sels de l'alcool amylique secondaire actif, dont les déviations polarimétriques, telles qu'elles ont été publiées par M. Le Bel ('), passent par un maximum. A notre demande, ce savant a bien voulu faire rectifier à nouveau ces trois corps fort intéressants, et nous a transmis les observations suivantes qui accusent aussi un maximum de [a,],,; d'accord avec M. Le Bel, il convient cependant de n'accepter ce résultat qu'avec réserve, les trois éthers en question n'ayant pas été préparés dans le but de comparer les valeurs absolues de leurs pouvoirs rotatoires, mais d'établir seulement leur carac- tère dextrogyre ou lévogyre. Tarleau m. Dé- Longueurs Pouv. Produit Points viations en rota t. d'asym. Corj: 13. trébullilion. Densités. ao- décimélres. [a]D. PX 10=. Acétate amy liq lie secor id. I25-l3o 0,963 — '.93 0,5 --4,06 249 Propionate » )) i45-i5o 0,895 —3,83 0,5 -8,55 390 Butyrate » H 165-170 0,889 -3,67 0,5 -8,25 483 Valérate » » )) » „ )) » 490 Caproate » » « « » )) i) 487 )) 4. Les diverses séries de corps que nous avons étudiées jusqu'à présent présentent un maximum de pouvoir rotatoire qui, à un ou deux termes près, coïncide avec celui qu'indique la formule du produit d'asymétrie. Cependant, ce maximum ne doit pas se rencontrer dans toutes les séries homologues de corps actifs. Si dans une série de composés amyliques p!H5/C<^P„2 Q . ) le premier terme dérive d'un acide A à poids molé- culaire élevé, ce premier terme sera déjà sur la branche descendante de la courbe et, dans ce cas, les valeurs des pouvoirs rotatoires seront con- stamment décroissantes. Tel est le cas, par exemple, des éthers réimis dans le Tableau IV, dont le premier est le benzoate d'amyle, et qui dé- rivent tous de l'alcool amylique primaire [aji,= — 4>4- Les pouvoirs rota- toires sont constamment décroissants et n'accusent aucun maximum; il en est de même des valeurs du produit d'asymétrie. Tadlkai; I\ . Pouvoirs Produit Points rotatoires d'asymétrie Corps. Formules. d'ébuUition. Densilcs. [a]D. P X lo^ Benzoale d'amyle C/H^COOA 253-254" 0,988 +4,96 27$ Phénylacélate d'amyle CHsCIPCOOA 265-266 0,982 +3,84 245 Phénylpropionate d'amyle C«H^ Cll'^GH^COOA. . . 279-281 0,976 4-2, i5 2i8(-) (') Le Bel, Bull. Soc. Chi/n., 3= série, t. IX, p. 677. (^) Geiiè\e, Laijoraloire de Chimie de l'Uni\ ersilé. ( 455 ) PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Nouvelles recherches sur les variations corrélatives de l'intensité de la thermogénése et des échanges respiratoires. Noie de M. Laulaîvié, présentée par M. A. Chauveau. « Les présentes recherches font suite à celles que nous avons entre- prises depuis plusieurs années déjà et dont nous avons produit les résul- tats dans un certain nombre de publications. Elles ont, pour nous, ce caractère intéressant qu'elles reposent sur une méthode différente de celle qui nous avait déjà servi. » Nous procédons toujours à la mesure simultanée de la respiration et de la calorification, mais comme nous sommes encore resté fidèle aux calorimètres à rayonnement, dont les indications ne valent qu'à l'instant oi^i elles sont fournies, nous avons cru devoir instituer une méthode paral- lèle d'exploration chimique qui nous donnât pour le même instant la mesure correspondante des échanges respiratoires. )) Ce n'est pas le lieu d'insister sur les détails de notre dispositif, d'ail- leurs fort simple. Il suffit de remarquer que les indications simultanées fournies par le calorimètre et par l'appareil à respiration ne répondent qu'à l'état physiologique actuel de l'animal à l'épreuve et que les termes correspondants sont ainsi rigoureusement comparables. » La présente Note contient quelques-uns des résultats que nous avons ainsi obtenus sur le Lapin et le Cochon d'Inde. Nous avons fait intervenir un certain nombre de conditions (inanition, contraction musculaire, tonte et hydrothérapie) qui, toutes, agissent très puissamment sur les caracté- ristiques biologiques (coefficients respiratoires et thermique). » Les variations infligées simultanément et solidairement aux trois coef- ficients, sont exprimées par les trois courbes du diagramme de la figure ci-jointe. Chacune des conditions précitées exerce sur la nutrition une influence très spéciale, et donne lieu à des fiiits particuliers qu'il sera bon de reprendre et d'examiner à part. » Pour le moment, nous ne voulons retenir que la direction générale des phénomènes, et nous nous bornerons à faire la lecture de nos courbes. » Les coefficients normaux ont été pris pour unité et représentés par l'ordonnée initiale unique AA'. Les ordonnées ultérieures n'expriment donc pas la valeur absolue, mais seulement la valeur relative prise par les coefficients en fonction des conditions introduites. ( /i56 ) M Nos courbes embrassent cinquante-sept déterminations portant sur une période de vingt-cinq jours. On voit que, pendant cette période, 1» Contraction muscu laire Douches La ligne pleine épaisse (CTli) représente la marche de la therniogénèse; la ligne pleine niinco (CRÛ), le coefficient de l'oxygène absorbé; la ligne inlerronipiie (C.RCO-), le coefficient de l'acide carbonique exhalé. valeur des caractéristiques biologiques a subi des fluctuations considé- rables. » Pour ne parler que du coefficient respiratoire en CO- sa valeur est ( 457 ) descendue aux o,Go de sa valeur normale sous l'influence de l'inanition, pour s'élever à deux fois et demie cette même valeur sous l'influence de la contraction électrique (une secousse musculaire toutes les deux secondes). » Or, en dépit de l'amplitude de ces variations, on voit que les trois courbes restent toujours très rapprochées l'une de l'autre. Celle de l'acide carbonique incline seule à s'éloigner et s'éloigne, en effet, en certaines régions. Ces régions répondent à l'influence de conditions précises, comme l'inanition ou l'hydrothérapie qui font baisser le quotient respiratoire. En revanche, la courbe de la consommation de l'oxygène reste étroitement attachée à celle de la thermogénèse et se siqierpose souvent à elle. « Les écarts constatés entre ces deux courbes ne dépassent certaine- ment pas la limite des erreurs inévitables de détermination, et l'on peut dire, en résumé, que la thermogenèse et la consommation de l'oxygène sont affectées de la même manière et dans la même mesure, par les diverses conditions que nous avons introduites. » Ces faits, qui deviennent de plus en plus précis et tendent à s'affirmer de plus en plus au fur et à mesure que nos méthodes se perfectionnent, emportent des conclusions intéressantes pour la Physiologie générale. » 1° L'acide carbonique n'est qu'un témoin éloigné et incertain de la thermogénèse. Cela tient à ce que ce gaz ne pi'ocède pas toujours de l'oxydation, au moins chez les herbivores alimentés. M 2° Si, comme nos recherches tendent à l'établir, il existe un rapport constant entre la quantité d'oxygène consommé (' ) et la quantité de cha- leur produite, l'oxygène devient le témoin fidèle et la mesure exacte de l'énergie mise en œuvre dans l'organisme. )) Cette conception semble prévaloir aujourd'hui dans les laboratoires allemands; mais les physiologistes étrangers, Zuntz et Lehmann en parti- culier, l'introduisent ayoriori et paraissent l'accepter comme un jD05/«/«iM/rt. Jusque-là, elle n'avait pas encore toute sa légitimité; mais elle est soutenue avec beaucoup de force par M. Chauveau, qui lui a donné l'appui de ses recherches sur les transformations de l'énergie dans le travail physiolo- gique de la contraction musculaire (^). )) 3" Les phénomènes d'oxydation étant liés par un rapport constant à l'énergie transformée par les animaux constituent très vraisemblablement (') Nous réservons les faits touchant à l'influence exercée jiar la température. (-) Le travail musculaire et l'énergie qu'il représente. Voir aussi La vie et l'énergie chez l'animal. I^aris, Asselin et Houzeau. ( 458 ) la source exclusive de cette énergie. On peut présumer tout au moins que les phénomènes anaérobies n'interviennent clans l'énergétique des ani- maux supérieurs que pour une part tout à fait inappréciable et qu'on doit les négliger. D'un côté, ils n'ont pas de témoins pondérables dans les excréta et, d'autre part, les produits d'oxydation complète ou incomplète qui forment les excréta rendent compte de tout l'oxygène consommé et le restituent entièrement. » PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Aulonarcose carbonico-acètonèmique, ou sommeil hivernal de la Marmotte. Note de M. Raphaël Dubois. « On a fait beaucoup d'hypothèses, plus ou moins ingénieuses, sur le mécanisme du sommeil; mais les faits expérimentaux manquent et les seules indications scientifiques que nous possédions ont été fournies par les cas de sommeil pathologique suivi de mort. J'ai l'honneur de commu- niquer à l'Académie les principaux résultats des recherches que je poursuis depuis plusieurs années sur le mécanisme du sommeil hivernal chez les mammifères, lequel ne diffère du sommeil ordinaire que par sa durée plus prolongée, avec un état d'hypnose et d'hypothermie beaucoup plus pro- fond ('). » J'ai, en vain, recherché la présence de toxalbumines, de toxines et de principes analogues somnifères, dans l'organisme et dans les excrétions des marmottes en hivernation ; mais l'analyse des gaz du sang m'a donné des résultats très importants, au point de vue de l'explication du sommeil et de l'hypothermie. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, d'après les recherches de Regnault et Reiset sur la respiration des hivernants, la quantité d'oxygène contenu dans le sang artériel est à peu près la même dans l'état de veille et dans l'état de torpeur; son chiffre est toujours élevé : on en trouve, en moyenne, o", i6 pour 100'='= de sang. La quantité totale des gaz est beaucoup plus forte que chez le lapin : elle est, en moyenne, deo'^'',87 dans l'état de sommeil et de o*'*, 60 dans l'état de veille. L'écart de ces chiffres est dû à l'acide carbonique, lequel, très abondant déjà dans le jeûne hivernal, augmente de 0*^*^,42 ào'^'^, 71 environ quand l'animal tombe en torpeur. (') Le Mémoire complet paraîtra piocliainement clans les Annales de t'Unà'ersité de Lyon. ( 459 ) » L'acide carbonique s'accumule depuis le commencement du sommeil jusqu'à la fin. Or, on sait qu'en faisant respirer des mélanges convenables d'acide carbonique et d'oxygène à des lapins, on peut provoquer une nar- cose prolongée, accompagnée d'hypothermie considérable. Le même effet s'obtient avec la marmotte, mais celle-ci supporte bien des abaissements de température de So", et elle peut facilement se débarrasser d'un excès d'acide carbonique ne lui venant pas du dehors, au moment du réveil, lequel s'accompagne d'accélération de la respiration et de la circulation. » L'accumulation d'une quantité aussi forte de gaz, dans le sang, s'explique non seulement par la lenteur de la circulation et de la respira- tion, par le refroidissement progressif, mais encore, et surtout, par la concentration du sang, focile à prouver par l'augmentation du nombre des globules rouges, de l'hémoglobine, de la densité, et par la dessiccation. Il y a donc déshydratation du sang. On pourrait employer, pour les marmottes, une expression populaire servant à désigner les individus som- nolents, apathiques : elles ont, en hivernation, le sang lourd, épais. )) Pendant le réveil, une partie de l'eau est éliminée par le poumon, les urines et les fèces; puis l'animal s'endort et, pendant le sommeil, il s'accumule une certaine quantité de liquide dans l'estomac et le cœcum, d'une part, dans les séreuses et surtout le péritoine, sous forme de lymphe, d'autre part. Celle-ci renferme des leucocytes possédant à un haut degré le pouvoir de transformer le glycogène en sucre, et sortis par diapédèse des vaisseaux : ils y rentrent précisément au moment du réveil, avec l'eau de réserve. La circulation porte, qui s'était ralentie considérablement pendant la torpeur, en môme temps que le glycogène s'accumulait dans le foie grâce à la circulation artérielle hé]jatique, s'active au moment du réveil et chasse le glycogène, transformé en sucre, vers le poumon, le cœur et les muscles thoraciques qui concourent très activement, par leur surac- tivité, au réchauffement du réveil. Tous ces phénomènes principaux, ainsi que les modifications vaso-motrices qui les accompagnent, sont placés sous l'influence du système nerveux. Chez la marmotte, la température la plus convenable, pour l'hivernalion, est celle de lo", qui provoque un abaissement de la pression intra-artérielle, avec un ralentissement du cœur chez l'animal éveillé. Le point de départ de l'autonarcose est dans la sen- sibilité thermique périphérique : son centre est situé vers la partie anté- rieure de l'aqueduc de Sylvius et sa voie centrifuge suit l'axe gris de la moelle, \es rami communicantes, qui se rendent au premier ganglion iho- racique, d'une part, et les nerfs moteurs de la cage thoracique, d'autre ( 46o) part. Elle se continue, du premier ganglion ihoracique, par la chaîne sym- pathique et les nerfs splanchniques, vers le plexus solaire, qui commande à la circulation porte et aux phénomènes qui en dépendent, au moment de la veille ou du sommeil. » L'accumulation d'acide carbonique dans le sang et la déshydratation de ce dernier suffisaient à expliquer, à la fois, l'autonarcose et l'autohypo- ihermie de l'hivernant, mais j'ai pensé que, dans ces conditions, il pourrait se produire de l'alcool. Ce n'est pas de l'alcool que j'ai trouvé, mais de l'acétone, et l'acétonémie est notablement plus accentuée dans l'état de torpeur profonde que dans le réveil. Cela n'a rien de surprenant, puisqu'il s'agit d'animaux en état de jeûne absolu et d'autophagie prolongée, con- sommant principalement, pendant la torpeur, des albuminoïdes, et pen- dant la veille des composés ternaires. » 5™ d'acétone, injectés dans le tissu cellulaire d'une grosse marmotte nourrie et n'hivernant pas, ont amené une torpeur prolongée, ressemblant beaucoup à celle de l'hivernation, mais sans hypothermie bien accentuée. » Pour ces raisons, et pour d'autres, qui seront développées et accom- pagnées de tous les documents nécessaires dans un Mémoire complet, je considère comme démontré que le sommeil hivernal de la marmolle esl une autonarcose carhonico-acèlonèmique ('). ZOOLOGIE. — Sur le Rhinatrema bivittatum, Cuvier de l'ordre des Ba- traciens Péromèles. Note de M. Léon Vaillant, présentée par M. E. Blanchard. « Dans la seconde édition du Règne animal, Cuvier fit connaître, sous le nom de Cœcilia bivittata, un Pseudophidia (Péromèles, D. B.) nouveau, originaire de Cayenne, en insistant sur le faciès remarquable de cette espèce, qui rappelle d'nne manière frappante le Cœcilia {Ic/ithfophis) glutinosa, Linné, des Indes orientales, comme aspect général. Duméril et Bibron, étudiant de nouveau cet individu, le regardèrent comme type d'un genre particulier, Rhinatrema, qui fut depuis généralement adopté. » Lorsqu'il s'occupa, en 1879, de reviser ce groupe des Batraciens, Peters, à son tour, examina cet exemplaire, jusqu'ici unique, et se basant (') Laboratoire de Physiologie générale comparée de l'Université de Lyon, 24 février 1890. ( \^l ) sur cette ressemblaoce extérieure, sur la comparaison faite avec un très jeune Tchthyophis glulinosim, long de 120""°, chez lequel la fossette tenta- culaire labiale, non encore visible, était remplacée par une sorte de tenta- cule préoculaire, le savant zoologiste crut pouvoir affirmer que le Rhina- trema bivitlatian, sur lequel il retrouvait cette dernière particularité, n'était qu'un Ichthyophis glutinosus présentant encore quelques traces de l'état larvaire et devait être rayé de la nomenclature, ajoutant que la loca- lité donnée par le vendeur, qui avait cédé l'objet au Muséum, était, sans aucun doute, erronée. » Certains caractères, indiqués déjà par Duraéril et Bibron, auraient cependant dû mettre en garde contre une assertion aussi formelle. Les plis annulaires, par exemple, se continuent à la face ventrale sans inflexion an- guleuse, ce qu'on observe \.ou']oy\rs svwV Ichthyophis glutinosus ; on constate également que les écailles sont unisériées au lieu d'être plurisériées. » D'un autre côté, si l'on compare l'exemplaire en litige, lequel me- sure 195°"", à des individus de l'autre espèce, même d'une taille un peu inférieure, on trouve chez ceux-ci des écailles beaucoup plus petites et la fossette lentaculaire déjà sur la lèvre supérieure à mi-distance entre l'œil et la narine, c'est-à-dire occupant sa position normale. » L'étude anatomique m'a de plus montré récemment que ce Rhina- trerna bi^'ittatum présente un caractère, dont on ne peut, dans l'ordre des Pseudopbidiens, contester l'importance et sur lequel Peters, l'un des pre- miers, avait appelé l'altention, à savoir que le pariétal et le squamosal, au lieu d'être, comme dans la plupart des genres et, notamment, les Ichthyo- phis, réunis par suture, sont écartés, la fosse temporale étant ouverte ea ce point. » Cette dernière particularité s'observe, d'après M. Boulenger, chez les Epicrionops, genre que ce zoologiste a dernièrement établi pour un Pseu- dophidien rapporté de la République île l'Equateur et que caractérise en outre une fossette tentaculaire placée juste en avant de l'œil, ce qui existe, on l'a vu, chez noire Rhinatrema bivitlatum. Il est donc évident que ces Batraciens appartiennent à un même groupe générique. » De ces considérations résulte tout d'abord que le genre Epicrionops, Boulenger, est identique au genre Rhinatrema, Duméril et Bibron, com- prenant alors deux espèces : R. biviltatum, Cuvier; R. bicolor, Boulenger. En second lieu, la localité connue pour le dernier de ces Batraciens mon- trant que le genre appartient à la région néotropicale brésilienne, l'exac- C. R., i8.)5, I" 'Remettre. (T. C\X. ^' S.) 6r ( 462 ) titude de la provenance donnée primitivement par Cuvier pour l'espèce typique ne peut être sérieusement contestée. » ANATOMIE ANIMALE. — Evolution du système nerveux et de V organe vibratile chez les larves d' Ascidies composées. Note de M. Antoine Pizon, présentée par M. Edmond Perrier. « J'ai fait connaître, chez les larves des Botryllidés (' ), la relation étroite qui existe entre le système nerveux larvaire et celui de l'oozoïle fixé : la masse nerveuse de la larve, avant de disparaître, engendre, par proliféra- tion nouvelle, le ganglion de l'adulte qui s'accole plus ou moins aux parois du tube de l'organe vibratile. J'ai également montré que ce dernier organe était produit par un diverticule de la vésicule endodermique primitive et se trouvait être une formation. absolument indépendante du tube nerveux de la larve. M Ces derniers résultats sur l'origine de l'organe vibratile m'ont été fournis non seulement par les larves et les bourgeons des Botryllidés, mais encore par les bourgeons de quatre autres familles d'Ascidies composées i^Pérophore, Claveline, Polyclinidés, Didemnidés et Diplosomidés) . Ils ont été d'ailleurs confirmés, chez les bourgeons des Botrylles, par Hjort (-) et Oka ('), et, chez les Diplosomidés, par Caullery ('). Cette question de l'origine de l'organe vibratile eût donc pu être considérée comme défini- tivement acquise si Hjort n'était arrivé à ce résultat surprenant que, chez les larves de Distaplia (Ascidie composée), l'organe vibratile est un reste du tube nerveux primitif formé par l épiblaste, tandis que, chez les boui'geons, ce même organe vibratile est un diverticule de la vésicule endodermique pri- mitive. » Les généralisations n'ayant de valeur qu'autant qu'elles proviennent d'observations plus nombreuses, je me suis livré à de nouvelles recherches { ' ) Histoire de la Blastogénèse chei les Botryllidés {Ann. des Sciences naturelles, 1892). (2) Zool. Anzeiger. sept. 1892, et Mittheilungen Zoolog. Station Neuapel, lOBand ; 1873. (^) Zeitschr. f. Wiss. Zoologie, 3" fasc, octobre 1892. (*) Comptes rendus, août 1894. ( 463 ) sur le développement de Vorgane vibratile chez les larves de deux autres espèces d'Ascidies composées, Fragariiim elegans, Giard, et Amaroucium Nordmanni, M. Edw., qui ont été recueillies et préparées dans ce but au laboratoire maritime de Saint-Vaast-la-Hougue. Ces recherches me per- mettent de conclure que chez les larves de ces deux espèces l'organe vi- bratile a la même origine que chez les bourgeons que j'ai précédemment étudiés, c'est-à-dire qu'il est constitué par une portion de la vésicule endo- dermique primitive. » Premier stade. — La larve esl réduite à une cavité endoderniique préscnlanl deux diverlicules latéraux qui s'avancent vers rectoderme, sans s'y ouvrir encore, et qui sont les rudiments de la future cavité péribranchiale ; celle-ci est donc nettement d'origine endoderniique. » Le tube nerveux primitif esl étendu sous l'ectoderme et se termine en avant par une dilatation, qui est la future vésicule sensorielle en voie de différenciation; la substance pigraentaire y apparaît déjà. » Deuxième stade. — La vésicule endoderniique présente trois diverticules : les deux latéraux qui constitueront la cavité péribranchiale et qui sont maintenant ac- colés à l'ectoderme, lequel commence à s'invaginer aux points de contact. Le troisième diverticule, plus court que les deux précédents, s'étend vers la région dorsale et, ren- contrant sur son trajet la vésicule sensorielle, il s accole aux parois de celle-ci et fiait par s'ouvrir dans sa cavité. Ce diverticule endodermique est le lube dorsal ou futur organe vibratile. » Troisième stade. — Le tube dorsal, tout en restant en communication avec la vésicule sensorielle, s'allonge vers la partie antérieure, s'accole à la paroi du jeune sac branchial là où se forme le siphon buccal, tandis que son autre extrémité s'obli- tère et perd sa communication avec la cavité endoderniique. » La vésicule nerveuse déjà très dillérenciée se continue en arrière par un cordon nerveux plein parallèle au tube dorsal et qui provient de l'oblitération du tube ner- veux primitif; ce dernier ne s'est pas modifié sur toute létundue de la cliorde. » Il n'y a pas encore de traces du ganglion définitif que portera la larve une fois fixée. » Quatrième stade, — Le tube de l'organe vibratile s'est ouvert en avant dans la cavité branchiale; là il débouche dans la vésicule sensorielle, ses parois s'étranglent progressivement, la communication des deux organes se réduit de plus en plus et finit par disparaître complètement. » De plus, au voisinage de la substance pigmenlaire granuleuse de la vésicule sen- sorielle, les parois de cette dernière prolifèrent activement et engendrent une masse de petites cellules qui se distinguent très nettement de celles du ganglion primitif par leur noyau deux ou trois fois plus petit et l'énergie avec laquelle elles absorbent les matières colorantes. Cette masse cellulaire de nouvelle formation augmente progres- sivement, passe sous le tube de l'organe vibratile, le contourne et va se concentrer sur sa face dorsale à laquelle elle s'accole par endroits, au point de laisser croire ( 464 ) qu'elle provient de la prolifération des parois de ce tube. Elle constituera le ganglion définitif de la larve fixée. » Cinquième stade. — La larve, toujours enfermée dans la cavité cloacale, est très avancée dans son développement et porte plusieurs rangées de fentes branchiales. » Le tube de l'organe vibratile est maintenant complètement isolé de la vésicule sensorielle; il présente son pavillon cilié ouvert dans la chambre branchiale et se con- tinue en arrière jusqu'à l'ouverture cloacale où il se termine en s'effilant. Accolé à sa face dorsale, se montre le ganglion définitif qui envoie des filets nerveux aux deux ouvertures et est encore relié aux parois de la vésicule sensorielle. Il est la seule partie nerveuse qui persistera lors de la fixation de la larve. » Le ganglion larvaire très volumineux se continue toujours en arrière par le tube nerveux qui s'étend sur toute la chorde; en avant, il envoie des filets nerveux qui lon- gent l'endostjle et se terminent dans les papilles adhésives; il n'est plus relié à la vé- sicule sensorielle que par un gros cordon de prolongements cellulaires qui vont se terminer à la base de la masse granuleuse pigmentée et dans trois grandes cellules sensorielles faisant partie de la paroi de la vésicule et dont la présence est constante chez toutes les lar\es d'Ascidies composées et d'Ascidies simples que j'ai étudiées. )) En résumé, chez les larves de Fragariumet d'Arfiaroucium, l'organe vibratile est nne [portion de la vésicule endodermique primitive, coinme d'ailleurs chez les bourgeons de toutes les Ascidies composées. » Cet organe se forme indépendamntient de la vésicule et du tube ner- veux; sa communication avec la Aésicule nerveuse est accidentelle et tem- poraire. C'est pour n'avoir pas étudié des stades suffisamment jeunes que l'existence momentanée de cette communication a amené Hjort à croire que le pavillon vibratile est un reste du tube nerveux. » Quant au ganglion définitif de l'oczoïte fixé, il est une production du système nerveux larvaire, ainsi que je l'avais déjà observé chez les Botr\ lies et que Hjort l'a vu de son côté chez les Dislaplia. Si l'origine du ganglion chez le bourgeon reste encore obscure pour moi, il n'en est pas de même pour le ganglion de la larve fixée qui provient manifestement des parois de la vésicule sensorielle. » ZOOLOGIE. — Sur le rôle des Amibocyles chez les Annélides polychètes ('). Note de M. Emile-G. Racovitza, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Le professeur H. Eisig a démontré dès 187g que l'épiderme des Poly- chètes joue aussi un rôle dans l'excrétion et il a montré de même que les {') Travail fait au laboratoire de Roscofl'. ( 465 ) granules colorés qui s'y trouvent sont des produits d'excrétion. En forçant des Capitella à ingérer du carmin en poudre, il a pu constater que ce colo- rant était d'abord dissous par les cellules intestinales, puis absorbé par elles. Quelque temps après le carmin apparaissait dans plusieurs organes et aussi dans l'épiderme sous forme de sphérules remplies d'un liquide rouge. La voie suivie ])ar le carmin n'est pas difficile à trouver, étant donné qu'il était en solution. Mais l'auteur cité a cru voir passer le carmin dans la cavité générale aussi sous forme de granules solides. Dans ce cas, il suppose qu'il a pénétré dans l'épiderme par les canaux des néphridies, c[ui chez les Capitella ne s'ouvrent pas à l'extérieur, mais se terminent dans les tissus épidermiques. » J'ai cru qu'il serait intéressant de rechercher si réellement des parti- cules solides peuvent pénétrer dans l'épiderme, et aussi, le fait étant reconnu exact, par quel moyen s'effectuait le dépôt. Je pris comme sujet d'expérience le Leiocephalus leiopygos Grube (Maldanien) et j'in- jectais directement dans la cavité générale de plusieurs de ces animaux, une substance inerte, de l'encre de Sépia. Les huit néphridies des Malda- niens communiquent toutes avec l'extérieur, la pénétration des granules noirs dans l'épiderme ne pouvait donc pas s'effectuer par leur intermé- diaire, comme dans le cas précédent. » La couleur rose des segments antérieurs des animaux en expérience a viré au noir au bout de quinze jours environ. Des coupes permirent de constater que cette coloration était due à la présence de granules d'encre de Sépia dans l'épiderme. Ces corpuscules étaient groupés en petits amas dont la plupart étaient contenus dans des cellules arrondies, sans prolon- gements, pourvues de noyaux à chromatine compacte, indubitablement en voie de dégénérescence. Quelques-unes de ces cellules n'avaient pas encore pénétré .dans l'épiderme et avaient été surprises par la fixation dans la couche des muscles circulaires. » Le dépôt des granules noirs dans l'épiderme est donc le résultat de la diapédèse des amibocytes, car il n'est pas douteux que les cellules décrites plus haut ne rentrent dans cette catégorie d'éléments histologiques. )) Il reste à savoir si les granules jaunes de l'épiderme des animaux normaux y sont transportés à l'état solide et dans ce cas quel est l'endroit où ces granules se forment. La plupart des Polychètes sont pourvus de glandes chloragogènes attachées au vaisseau sous-intestinal. Chez les Maldaniens que j'ai étudiés spécialement à ce point de vue, ces glandes ( 466 ) sont formées par des rangées serrées de cellules pyriformes, se multiplient continuellement sur la ligne médiane el se détruisent sur les bords, eh dé- versant dans la cavité générale les granules jaunes dont elles sont remplies. Les granules identiques comme aspect à ceux de l'épiderme sont peut- être les produits de la désassimilation de l'hémoglobine. » Une fois tombés dans la cavité générale, les granules sont recueillis par les amibocytes et déposés dans l'épiderme oîi on les trouve aussi par petits amas et souvent contenus dans les éléments arrondis mentionnés plus haut. Il est donc naturel de trouver d'autant plus de granules accumu- lés dans un endroit qu'il présente moins de résistance à la pénétration des amibocytes ; cette considération explique pourquoi Eisig a trouvé des places limitées (platten) où les dépôts étaient plus intenses, et montre pourquoi les organes nucaux (organes sensilifs) paraissent accomplir une fonction (l'excrétion) qui ne convient pas du tout à leur nature. La faible résistance opposée à la diapédèse doit être considérée comme l'unique rai- son du choix que paraissent faire les Amibocytes pour l'emplacement propre au dépôt des granules. » Ce que j'ai dit jusqu'ici n'exclut pas la possibilité d'un dépôt de pig- ment dans l'épiderme par un autre moyen. Il est certain que ces substances peuvent y pénétrer à l'état de dissolution; il est probable que certains pig- ments peuvent résulter sur place de l'activité propre des cellules. » Dans les néphridies, on a trouvé, à côté d'un petit nombre de granules dont il a été question plus haut, une grande quantité de sphérules parti- culières à ces organes. Ces dernières sont le produit de l'épuration du sang circulant dans les vaisseaux néphridiaux. Comme les granules d'encre de sépia s'accumulent en abontlance dans la paroi néphridiale, il est probable que cette région offre aussi un bon terrain à la diapédèse. Cela expliquerait aussi la présence dans la néphridie de granules à caractère chloragogène. Je crois que la structure liistologique des cellules néphridiales ne justifie- rait pas assez l'attribution du pouvoir phagocytaire à ces éléments. » Le transport des granules excrétoires par les amibocytes a été con- staté dans les groupes les plus divers (par exemple, Vertébrés, Échino- dermes, etc.), et des travaux de plus en plus nombreux viennent tous les jours confirmer la belle théorie d'Eisig sur l'origine excrétoire des pig- ments colorés des animaux (dernièrement encore pour les écailles des ailes des Lépidoptères). Il ne faut cependant pas considérer a priori tout pigment comme excrétoire, et la preuve en est l'observation suivante faite ( 467 ) sur la Micronereis variegala Claparède. Comme je l'ai indiqué dans une Note précédente, les femelles de cette espèce gardent leurs œufs jusqu'à l'éclosion et, pendant ce temps, ne prennent aucune nourriture. De brun foncé qu'elles étaient avant la ponte, elles deviennent incolores à la fin de l'incLibalion avec seulement la tète colorée par un pigment verdàtre et quelques bandes jaune citron sur le corps. Ces derniers pigments existent aussi chez les mâles et femelles normaux, seulement ils ne sont pas visibles, étant noyés dans l'abondante substance brune, fluide, que j'ai constatée être un lipochrome et qui donne la couleur aux animaux. » J'ai été amené à penser que la disparition de ce lipochrome chez les femelles, pendant l'incubation, était en relation avec le jeûne qu'elles su- bissaient. Pour vérifier celte hypothèse, je soumis des mâles et des jeunes femelles à un jeûne rigoureux, et j'ai pu constater alors que le lipochrome était résorbé graduellement à mesure que le jeûne se prolongeait. J'ai pu me convaincre aussi que lesamibocytes sont les agents de cette résorption. Au commencement de l'expérience, le contenu de ces cellules est incolore; puis elles se chargent peu à peu devésicules,rempliesd'unesubstance brune de même nature que le lipochrome épidermique; ensuite, les vésicules se fragmentent en d'autres plus petites et leur contenu de brun devient jaune et de plus en plus pâle, pour disparaître finalement. Les pigments cépha- liques de couleur verdàtre et le pigment jaune des segments n'ont pas bougé : ils sont donc seuls de nature excrétoire; le lipochrome par contre est un produit de réserve. » Les amibocytes servent donc non seulement <à déposer du pigment excrétoire dans l'épiderme, mais, à l'occasion, vont retirer et digérer au profit de l'organisme tout entier les substances de réserve qui s'y sont ac- cumulées. » CHIMIE VÉGÉTALE. — La protophylline naturelle et la protophylline artificielle. Note de M. C. Timihiazeff. (Extrait.) « Dans un article intitulé Ueber das Protochlorophyll, inséré dans le der- nier fascicule des Acta Ilorti Petropolitani, M. Monteverde annonce la découverte d'un nouveau dérivé de la chlorophylle, qui donne naissance à cette substance lors du verdissement des plantes étiolées, et qu'il propose d'appeler protochlorophylle. Il est facile de prouver que cette protochlorophylle n'est autre chose que la protophylline dont j'ai dé- ( 4fi8 ) montré la présence dans les plantes étiolées ('). Je me permettrai de rap- peler la suite des idées qui m'avaient conduit à ce résultat. M En opérant sur des solutions de chlorophylle par le zinc et l'acide acétique {Comptes rendus, p. 686; 1886), j'ai obtenu un dérivé de la chlorophylle, incolore, jaune paille ou rouge selon la concentration, et caractérisé par l'absence totale de la bande caractéristique I et la présence d'une bande II bien tranchée. Cette substance, en s'oxydant, à la lumière surtout, se transforme presque instantanément en chlorophylle. » Le verdissement des plantes étiolées étant (comme l'a démontré Dé- mentieff) un phénomène d'oxydation, j'en conclus qu'elles devaient con- tenir cette protophylline, que je venais d'obtenir en réduisant la chloro- phylle. Cette conclusion était en désaccord avec l'opinion générale des botanistes qui admettaient, à la suite de M. Pringsheim, que, dans les plantes étiolées, il existe une substance possédant essentiellement les mêmes propriétés optiques que la chlorophylle et qu'on était convenu d'appeler èlioUne. La facilité avec laquelle s'opère à la lumière l'oxydation de la protophylline m'a fait supposer que, dans toutes les recherches sur la matière colorante des plantes étiolées, on avait négligé la condition de placer les plantes dans une obscurité parfaite. En multipliant les précau- tions nécessaires, j'obtins d'abord des mélanges de chlorophylle et de protophvUine; ce n'est qu'après avoir obtenu une substance ne présen- tant pas trace de la bande I de la chlorophylle, mais bien la bande 11 carac- téristique de la protophvUine, que je me suis cru en droit d'annoncer la découverte de la protophylline dans l'organisme vivant. Une exposition instantanée des plantes étiolées à la lumière suffisait pour que le spec- troscope accusât la transformation de la protophylline en chlorophylle. Voici, placées en regard, les principales analogies des deux substances : Protophylline artificielle. 1. Se transforme, en s'oxydant (à la lumière surloul), en chlorophylle. 2. Ne présente pas le spectre de la chlorophylle. 3. Incolore en solution diluée; jaune et rouge en solution concentrée. Protophylline naturelle. \. Se transforme en ciilorophylle, en s'oxydant à la lumière, dans la plante vi- vante. 2. Ne présente pas le spectre de la chlorophylle. 3. Incolore, jaune ou rouge, suivant l'épaisseur de la couche liquide. (') La protophylline dans les plantes étiolées {Comptes rendus, t. CIX, p. 4i4) 1889. — A. Gai'Tier, Chimie biologique, p. 25-2G). k. Présente en couche épaisse la bande II bien tranchée ( ' ). 5. Présente une fluorescence rouge peu ( 469 ) 4.. Les solutions concentrées caractéri- sées par la présence d'une bande II bien tranchée. 5. Présente une fluorescence rouge bien inférieure à celle de la chlorophylle. i prononcée. » D'après le silence que j'ai gardé sur certains détails, M. Monteverde considère ces détails eux-mêmes comme distinguant sa protochlorophylle demaprotophylline, tant naturelle qu'artificielle. Voici du reste ces détails. » 1° La protochlorophylle de M. Monteverde présente des traces de la bande III (das sehr schwache Band III). Ces traces, je les ai parfaitement constatées, tant dans la protophyiliue naturelle que dans celle qui est obtenue par réduction, oij elles persistent plus longtemps même que la bande I et ne disparaissent que par suite d'une réduction prolongée. C'est pour cela que je les considère, dans les deux cas, comme accidentelles. » 2° La position de la bande II de la protochlorophylle ne correspond pas parfaitement à la position de la bande II de la chlorophylle et, par suite, conclut M. Monteverde, de la bande II de la protophylline artifi- cielle. Mais je n'ai nulle part indiqué la position précise de la bande II de la protophylline naturelle, et elle se trouve jjrécisément là où l'a trouvée M. Monteverde. Quant à la protophylline artificielle, j'ai expressément indiqué {Comptes rendus, t. CII, p. 686; 1886) que son spectre varie selon le degré de réduction, la bande H se déplaçant entre de larges limites et pouvant même se dédoubler. Dans certains cas, la position de la bande II correspond parfaitement à la bande II de la protophylline naturelle. 1) Il n'y a donc là, en réalité, que des points de ressemblance, peu im- portants d'ailleurs, que j'ai pu et même dû passer sous silence, en raison du laconisme imposé aux Communications destinées aux Comptes remlus. 1) Reste un point important à élucider, pour compléter l'analogie entre la protophylline artificielle et la protophylline naturelle. Cette dernière s'oxyde instantanément à la lumière, dans la plante vivante; mais elle ne présente pas le même phénomène dans ses solutions alcooliques (^). Je (') La protophylline artificielle présente encore une bande II. Il est difficile de se prononcer définitivement sur sa présence dans le spectre de la protophylline natu- relle, cette partie du spectre étant naturellement masquée par la xanthophylle. (^) Il ne faut pas d'ailleurs trop insister sur cette différence, un grand nombre de plantes verdissant sans le concours de la lumière et les solutions de la protophylline artificielle étant sensibles à la lumière {Comptes rendus, p. 4'4; >889)- C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N» 8.) 62 ( 470 ) n'aurais pas manqué de porter mon attention sur ce point si important pour la physiologie de la chlorophylle, si je n'avais appris que j'avais été devancé par M. Fauvelle, qui a réussi à obtenir le verdissement des extraits alcooliques des plantes étoilées. Je ne me croyais pas en droit d'empiéter sur un terrain oîi un autre expérimentateur a été plus heureux que moi. » Je puis résumer la question, sur les deux points qu'il importe de préciser, dans les termes suivants : » 1° La protochlorophylle de M. Monteverde est identique avec ma pro- tophylline naturelle; « 2° Il n'existe pas de différence notable entre la protophylline artifi- cielle et la protophylline naturelle. Reste à préciser les conditions spé- ciales dans lesquelles s'opère l'oxydation de cette dernière, dans ses solu- tions et dans l'organisme vivant. » GÉOLOGIE. — Sur quelques applications de l'océanographie à la Géologie. Note de M. J- Thoulet. « Les données recueillies en océanographie ont permis de dresser des listes dans lesquelles sont indiquées, pour les espèces animales actuelles les plus rapprochées de celles dont on retrouve les restes fossiles dans les couches terrestres, les limites inférieure et supérieure de leur habitat. M. le professeur Walther en a publié une très détaillée, dans son Ouvrage intitulé : Bionomie des Meeres. Lorsqu'on a recueilli, dans une couche géo- logique, divers fossiles déposés ensemble, on peut, en comparant leurs zones respectives d'habitat, arriver à obtenir une notion assez approchée de la profondeur, au-dessous de la surface des eaux, à laquelle se trouvait cette couche à l'époque de sa formation. » Le dosage de la quantité d'argile contenue dans un dépôt littoral permet d'affirmer, quand le volume de cette argile est les o, i6 du volume total de l'échantillon, que celui-ci s'est formé à la limite même des eaux immobiles, c'est-à-dire au point où le mouvement des vagues cesse de se faire sentir. Dans les circonstances ordinaires, l'échantillon se sera déposé au delà ou en deçà de cette limite, selon que la proportion d'argile sera supérieure ou inférieure à i6 pour loo. » Les frères Weber ayant établi expérimentalement que le mouvement des vagues cesse de se faire sentir à une profondeur égale à 35o fois la hauteur de celles-ci, on possède un moyen de calculer la hauteur des vagues ( 47' ) de ia mer disparue et, dans une certaine limite, par comparaison avec les données océanographiques actuelles, les dimensions de cette mer, sa forme, la direction des vents les plus fréquents, et d'autres détails. Il suffit de prendre la 35o* partie de la profondeur indiquée par les fossiles de la couche considérée. » Le dosage de la vase, dans un sédiment ancien ou actuel, se fait très rapidement par un triage à l'eau, dans un tube gradué, analogue aux bu- rettes d'analyse. On décante les grains sableux réunis au fond, on leur fait subir d'autres lavages et l'on verse de nouveau l'eau argileuse qui en résulte dans la burette : l'argile entraînée se dépose, et vient s'ajoutera celle déjà déposée; on décante, on dessèche et on pèse. >' On peut encore obtenir des renseignements sur la genèse d'un dépôt ancien, s'il est calcaire, en l'attaquant par l'acide chlorhydrique étendu, de manière à se débarrasser du carbonate de chaux. Un tirage exécuté comme ci-dessus permet de recueillir le sable contenu : on l'examine au microscope, on l'analyse, on mesure ses dimensions, on observe si les grains sont arrondis ou anguleux, et on déduit les conclusions de chacune de ces observations. « La présence de grains de feldspath est particulièrement intéressante. On les distingue aisément au milieu d'une quantité considérable de grains de quartz, en traitant la poudre pendant trois minutes dans de l'acide fluor- hydrique très étendu. On lave, on sèche, et on la jette encore chaude dans une solution très foncée de vert malachite dans l'eau. On abandonne au chaud pendant un quart d'heure, on lave à l'eau froide jusqu'à ce que l'eau de lavage soit incolore, et on examine au microscope; les grains de quartz n'ont subi aucun changement, tandis que les grains de feldspath sont colorés en bleu. » M. J. Schubert adresse une Note relative à un projet de traversée de la Manche, au moyen d'un canal tubulaire immergé. La séance est levée à 4 heures trois quarts. M. B. ( 472) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 26 février iSgS. La flotte de guerre et les arsenaux, par Emile Weyl, officier de marine en retraite. Paris, E. Pion, Nourrit et C'^, 1894; i vol. in-18. (Présenté par M. G II y ou.) Abaque en points isoplètes de l'équation de Kepler, par M. M. d'OcAGNE. (Extrait du Bulletin de la Société mathématique de France, t. XXII; 1894.) I fasc. in-S". (Présenté par M. Bouquet de la Grye.) Mémoires publiés par la Société nationale d' Agriculture. Tome CXXXVI. Paris, Chamerot et Renouard, 1895; i vol. in-8°. L'Aérophile. Revue mensuelle de l'Aéronautique et des Sciences qui s'y rattachent. Deuxième année, 189'j; i vol. gr. in-8°. Bulletin de l'Académie de Médecine. N° 7. Séance du 19 février i8g5. Paris, G. Masson; i fasc. in-S". Atlas de la Société de l'Industrie minérale. 3* Série. Tome VIII. 3* livrai- son, 1894. Saint-Étienne, Théolier et C'«; i fasc. in-f". Société de Géographie. Comptes rendus des séances, 1896. N° 3. Séance du i*'" février 1895. Paris; i fasc. in-S". Bulletin de la Société chimique de Paris. 20 février 1895. Paris, G. Masson ; I fasc. in-8°. ERBATA. (Séance du 11 février 1 895.) Note de M. Faye, Présentation des Tomes IV et V des « Annales de l'ob- servatoire de Nice » : Page 288, ligne 25, cfM /j'eM rfe elles sont faites à 140™ d'altitude, /«es elles sont faites à 340'" d'altitude. W 8. TAIU.E DES 41ÎTÏCLES. (Séance du 26 février l»î)3.) ftlEMOIUES ET COMMUNICATIOAS DES MEMUIIES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pag M. le MiNisTHE DE l'Insteuction publique," DES Beaux-Arts et des Cultes adresse aiiiplialion du Décret par lequel le l'ré- sidenldc la Hépubiiqiie appi'ouve réloctioti de M. Guignard, clans la Section de Ro- tanique ' M. Resal. — Sur la pénétration d'un pro- jectile dans les semi-fluides et les solides. iM. Emilk Picaud. — Sur une classe d'équa- tions dont l'intégrale est uniforme M. Lu'^MA^'N. — Sur la mesure du temps en Aïti'onomie, par une uiéthodeiDdépendante de l'cqualion personnelle ■"j7 4o3 l'.ises. M. d'Aisi;adie. — Remarque relative à la CummunicatioD précédcnle de M. Lipp- mann M. DE JoNQUiiiHES. — Sur les dépendances mutuelles des déterniinants potentiels... iMM. A. llALLEft et P.-Tii. .\IULLEH. — Étude ébullioseopique de certains colorants du Iripliénylniétliane iM. Saitev présente à l'Académie un Atlas d'Analomie descriptive, de M. LaaAoïvs/.i. M. Milxe-Ed\va1!Ds présente à l'Académie le premier fascicule du " Rulletin du Mu- séum d'Histoire naturelle ) '40S ',io i.3 i\OMIIVATIO]XS. M. \VFiERSTrAss est élu Associé étranger, en j remplacement de feu M. Kuinmer 4'â j Commission chargée de préparer une liste de , candidats pour la place d'Académicien ] lilire, vacante par le décès de Al. F. de Lesseps : MM. Bertrand, Fizcnu, fier- lltvlot, Srhlirsing, Lariej, Dciinoitr. . . . 4 '5 MEMOIRES PRESENTES. M. K. Carvallo. — Ouverture d'un pli ca- cheté relatif à l'élahlissement théorique des lois de l'absorption cristalline M. L. Bardes adresse un Mémoire relatif aux lois fondamentales d'une synthèse al- gébrique .M. Prompt adresse une photographie à joindre à son Mémoire sur la congélation de l'eau. M. P. KouR.iNOFF adresse un travail » Sur î>6 les champignons du paludisme >> |i6 .M. L.-I..UE IvoMNciv adresse une réclamation de priorité, concernant les propriétés signa- lées dans les sulfures de nickel et de co- balt 'pti M. DE Malrerre adresse une îSote relative à l'emploi d'un ballon captif pour les explo- rations au p<>le Norti j i 7 CORRESPO.XDAINCE. M. LiXDER prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place d'Acailé- njicicn libre, laissée vacante par la mort de M. F. de Lesseps '1 17 M. H. Deslandres. — Kecherches spectrales sur la rotation et les» mouvements des pla- nètes \\~; M. 11. PoixXARE. — Observations au sujet de la Communication préeétleiUede M. Des- landres ,'■ 4-'* M. C. Flaji.mabiox. — IJélerniination de la position du pôle par la Photographie.... \i\ M. G. HuMEERT. — Sur une surface du siîiiéme ordre, qui se rattache à la surface de Kummer /(2-3 M. Leau. — Sur les équations fonctionnelles. 4-7 -M. Tresse. — Sur les invariants poni-tuels de l'équation dill'érentielle ordinaire du second ordre 4^') M. BouGAIKFF. — Sur queli|ues théorèmes de r.Vrilhiiiologie 4-^- M. A. l'oNsoT. — Abaissement du point de congélation, et diiiiinulion relative de la tension de vapeur dans les dissolutions étendues 4'4 M. ,V. Leuuo. -- Sur l'abaissement du point de congélation des dissolutions très diluées. 4'''^ M. Paul Charpentier. — Sur un pressa- mètre sensible, pour la mesure des pres- sions des lluides 43() M. Ueorues Lemoine. — .Mesure de l'inten- sité de la lumière par l'action chimique proiluile; expériences avec les mélanges de chlorure leriiiiue et d'acide oxaliijue.. i\\i M. A. MosMER. — Sur quelques combinai- sons de l'iodure de phiiiib a\ec d'autres N" 8. SUITE nK LA TABLE DES ARTICLES. l-^i;;.- iojuies niolallliliios nu i)r;;anic|(ics SI. V. Thomas. — Sur quelques cuinbiiiai- sons du bioxyfie d'azote avec les chlonni tic fer. .MM. \. HnOCIlET el P.. CaiJBIKII. — -\r;lloji (lu raldcliydefornilque sui- le chloiliydrali' ui- les vaiiatioiis corrélatives de l'intensiti; de la thcrmogénèse et des érlianges respira- toires M. Kaphakl Dubois.— Xutmiareosc cari» - uico-acénéniotique, ou sommeil hiverii.i! Bulletin biblioijiwpiikiik llRRVTA III I I ri 1 ' ' Pa(! la Miarutotte ( M. LÉON Vaillant. — Sur le Bhiimliema hivittaUim Tuvier de l'ordre des Batra- ciens Péromêles M. \.NTOixi; PizoN. - Evolution du système nerveux et de l'organe vilira_tilf ehe/. Ii- larves d'.^seidies composées M. ICmile-G. Hacovitza. — Sur le rôle des Auiiliocytes chez les Annélides polyeliétes. M. C. 'riMiiUAZEFF. — La protopliylline natu- relle et la protopliyllinc artiliricllo M. J. Thoulet. — Sur queliiues applications de l'océanographie à la (lénlogie M. .1. SoHiMîEiiT adresse une .Note concer- nant un projet de traversée de la Manche. au moyen d'un canal luhulaire immerge. es. '|S« PAKIS. — IMPKIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Auuusrins, 55. /,c (pliant : (Jauthies-Villahs. / WAR 26 1895 /^/ 7 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PA.R nn. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUEKiS. TOME CXX. IV^ 9 (4 Mars 1895). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTHS RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1895 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES MNDUS, Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de ' Les Programmes des prix proposés par l'Académit l'Académie se composent des extraits des travaux de sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Article 1*"^. — Impressions des travaux de l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personne; qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca LesextrajtsdesMémoires présentés par un Membre demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré ouparun Associé étranger de l'Académie comprennent ' sumé qui ne dépasse pas 3 pages. au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lusou communiqués par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui j les Correspondants de l'Académie comprennent au yant, et mis à la fin du cahier. Les Membres qui présentent ces Mémoires son tenus de les réduire au nombre de pages requis. Li Membre qui fait la présentation est toujours nonimé mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrai autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le to pour les articles ordinaires de la correspondance ofl cielle de l'Académie. Article 3. Lé bon à tirer de chaque Menfbre doit être remis : l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, !< jeudi à 10 heures du matin; faute d'être remis à temps I le titre seul du Mémoire est inséré dans \g, Compte rendiX plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les Article 6. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des aul discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports ej l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont les Instructions demandés par le Gouvernement, pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les Tous les six mois, la Commission administrative faij remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprèl préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de l'impression de chaque volume. lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du préj moires sur l'objet de leur discussion. sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le J déposer au Se'crétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivantir MAR 2b m COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 4 MARS 189S, PRÉSIDENCE DE M. MAUEY. MEMOIRES ET GOMMUNICATIOINS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Notice sur la vie et les travaux de M. l'amiral Paris, Membre de la Section de Géographie et de Navigation ; par M. E. Guvou. « François-Edmond Paris est né à Paris le 2 mars 180G. Une partie de son enfance s'écoula dans les Provinces Illyriennes, à Laybacli, oi!i son père, fonctionnaire de l'Administration des finances, fut envoyé en i8og comme secrétaire de l'Intendant général de la Carniole. » M. Paris, après avoir rempli quelque temps les fonctions d'Intendant intérimaire, venait d'être nommé secrétaire du Gouverneur des Provinces, le général Bertrand, lorsque survinrent les événements de 181 3. » Il fut alors réduit à fuir avec sa famille de ville en ville, de Laybach àTrieste, puis à Venise, Gênes et enfin Marseille : désormais sans situa- lion et sans ressources, il prit le parti de gagner Brest, ville natale de sa femme. C. R., i8y5, 1" Semestre. (T. CXX, N" 9.) 63 ( 474 ) » M"* Paris, femme d'un grand mérite, était fille d'un armateur bres- tois, M. Bersolle, qui, par ses relations, obtint pour son gendre la situation de Directeur des Octrois. » Le jeune Edmond fut placé d'abord dans une pension de Brest; il y contracta des liens d'amitié qui durèrent toute la vie avec de jeunes enfants qui devaient comme lui fournir une brillante carrière : les frères Bouët, et ces deux frères Penaud, dont la passion pour le métier est restée légendaire dans la marine tant qu'on y a parlé de la voile, » En 1816, il fut envové au collège de Pontivy où il fit ses études jus- qu'à la quatrième. C'est de là qu'il partit pour le collège d'Angoulème, Ecole navale d'alors, où il avait été admis par Ordonnance royale du 7 juin 1820. » Sous l'Empire, l'École navale était établie en rade de Toulon et de Brest, à bord des vaisseaux le Tourville et le Duquesne ; mais le Gouverne- ment de la Restauration, dominé par la préoccupation de former des offi- ciers dévoués au nouveau régime, l'avait transférée à terre, à Angoulème, pour soustraire les jeunes gens à l'influence du milieu républicain des ports. Ce n'est qu'en i83o que, sur les instances des amiraux, le collège d'Angoulème fut supprimé et remplacé par le vaisseau l'Orion, auquel suc- céda la série de Borda qui continue de nos jours. » On entrait à Angoulème sans concours; les élèves étaient choisis, dit rOrdonuance de fondation, « parmi les fils d'officiers ou de fonction- » naires qui, ayant servi Sa Majesté avec zèle et fidélité, auraient inspiré » les mêmes sentiments à leurs enfants ». » IjBS jeunes gens restaient deux années à l'École, puis ils passaient dans les compagnies d'élèves de deuxième classe établies dans les ports mili- taires. Ils recevaient là quelques notions de pratique, et étaient ensuite répartis sur les bâtiments armés. » Le jeune Paris fut attaché le i*^' mai 1822 à la compagnie de Brest et désigné quatre mois plus tard pour embarquer sur la corvette /a SapAo, qui armait à Toulon pour la division navale du Levant. » Il prit passage sur la goélette ta Gazelle, où il eut la bonne fortune de rencontrer, comme commandant, le lieutenant de vaisseau Lalande, qui fut plus tard cet amiral Lalande « sous la puissante volonté duquel, dit le » prince de Joinville, nous avons pu refaire une flotte de combat comme » nous n'en avions plus eu, depuis que la Révolution avait balayé du même » coup la marine de Louis XVI, un corps d'officiers éminents et tout l'as- » semblage de traditions, de discipline et d'instruction longuement ac- » quises. » (475) « C'est à Lalande, disait souvent l'amiral Paris, qui avait conservé pour » son premier Commandant une profonde et respectueuse gratitude, que )) je dois mes premières notions sérieuses sur les observations et les cal- » culs nautiques. » » Lorsque la Gazelle arriva à Toulon, la Sapho était partie depuis quinze jours. La goélette poursuivit sa route pour Milo, où elle répartit ses jeunes passagers sur la frégate la Médée, qui portait le pavillon du Commandant en chef, et sur la corvette l'Ariêge, dont la mission était de poursuivre les pirates de l'Archipel et d'escorter les convois de bâtiments de commerce. C'est sur ce dernier navire que l'élève Paris accomplit la période de navi- gation exigée par les règlements pour passer à la première classe de son grade. » Le bâtiment sur lequel il revint en France, la Salamandre, était com- mandé par un de ces officiers que les marins d'alors appelaient les ren- trants. C'étaient d'anciens élèves ou jeunes enseignes de la Marine royale, émigrés pendant la Révolution, auxquels la Restauration avait donné, non seulement les grades auxquels les auraient conduits plus de vingt ans de services et d'expérience, mais encore les fonctions de ces grades. » Le trop célèbre commandant de la Méduse, le comte de Chaumareix, était un rentrant. Quant au commandant du jeune Paris, c'est heureuse- ment sous une forme moins tragique qu'il donnait la mesure de ses apti- tudes. La Salamandre était si mal tenue que les marins de la division du Levant l'avaient surnommée la Salope ! » Paris la quitta sans regrets. Nommé de première classe le i^'' mai 1824, après avoir subi à Brest les examens réglementaires, il fut envoyé à bord de VAmphitrite alors à Cadix. » C'était encore un rentrant qui commandait la frégate, homme de mé- rite à certains égards, mais dont la valem- professionnelle devait plus tard être mise à de rudes épreuves. Il commandait le vaisseau de 74 canons le Superbe lorsqu'il se perdit à Paros, et le prince de Joinville raconte que, à bord de la frégate la Sirène, son second dut prendre le commandement de la manœuvre, dans des circonstances très critiques, lors d'un atterrissage à Brest par coup de vent de sud-ouest. » Ce rentrant était placé sur V Amphitrile entre deux marins de grande valeur : son chef, le contre-amiral Roussin, qui força plus tard l'entrée du Tage, et son second, le lieutenant de vaisseau Laplace, mort amiral, sous les ordres de qui Edmond Paris devait accomplir dans la suite deux voyages de circumnavigation. ( 476 ) » Le jeune officier resta peu de temps sur Y Amphitrite . Il s'était fait remarquer par des aptitudes exceptionnelles; on le désigna, malgré son grade, pour commander le quart sur V Active, gabare affectée à un service de transports entre la France et l'Angleterre. » C'est dans une relâche de V Active à Toulon qu'il eut l'honneur d'être choisi par Dumont d'Urville, qui faisait alors les derniers préparatifs de son expédition. » Dumont d'Urville venait d'accomplir, sous les ordres du capitaine de frégate Duperrey, plus tard Membre de l'Institut, la campagne de la gabare la Coquille. Il avait obtenu du comte de Chabrol, ministre de la Marine, le commandement d'une nouvelle expédition scientifique avec le même bâti- ment, armé en corvette sous le nom à' Astrolabe . » L'acquisition de l'élève Paris était une bonne fortune pour Dumont d'Urville; il trouvait en lui un chef de quart qui avait fait ses preuves à bord de Y Active, et il gardait pour ses collections la chambre que les règle- ments l'eussent obligé de donner à un enseigne. Paris possédait en outre un talent de dessinateur précieux pour une semblable mission. » On sait que Y Astrolabe partit de Toulon le 22 avril 1826, relâcha à Ténériffe pour vérifier ses chronomètres, et fit route pour le sud de l'Aus- tralie qu'elle atteignit après 108 jours de mer ininterrompus. Elle exécuta quelques levés sur la côte sud du continent océanien et se rendit au Port-Jackson pour y faire ses derniers préparatifs. Elle explora alors suc- cessivement la côte est de l'île septentrionale de la Nouvelle-Zélande, les îles Tonga, Loyalty, Viti, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande, leva la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée et vint relâcher à Am- boine, colonie hollandaise déjà florissante, pour y reposer son équipage des fatigues extrêmes de cette première partie de l'expédition. » L'intention de Dumont d'Urville, à son départ d'Amboine, était de retourner, par le sud de l'Australie, en Nouvelle-Zélande pour y reprendre sur la côte nord-ouest la suite de ses travaux. Mais, dans une relâche à Hobart, il apprit par les journaux que le capitaine anglais Dillon avait re- cueilli dans l'archipel de Santa-Cruz des vestiges du naufrage de Lapé- rouse. La recherche de ces vestiges, et des survivants du naufrage, s'il s'en trouvait encore, était l'un des objets de l'expédition àe Y Astrolabe : « Vous donneriez à Sa Majesté, disaient ses instructions, une satisfaction « bien vive si, après tant d'années de misère et d'exil, quelqu'un de nos » malheureux compatriotes était rendu par vous à sa patrie. » Les vagues renseignements qu'il put obtenir lui laissant espérer qu'il trouverait encore (477 ) quelques naufragés, Dumont d'Urville fit immédiatement route pour les îles Santa-Cruz. » Son espoir fut déçu ; mais on sait que, du moins, il eut le mérite de mettre hors de doute le lieu précis où la Boussole et V Astrolabe avaient si tristement fini leur expédition et qu'il y éleva un monument à la mémoire de leurs malheureux équipages. Cette satisfaction fut chèrement acquise, car il fut obligé de fuir devant un climat mortel et devant des naturels féroces, qui devenaient de plus en plus menaçants à la vue de la riche proie que la maladie leur livrait sans défense. » Dumont d'Urville tenta vainement de ramener la santé dans sou équipage par une traversée dans les régions clémentes et saines du Paci- fique. Après une relâche aux îles Marianne, à Guaham, oi!i la moitié de son équipage et de l'état-major, dont Paris, encombrèrent pendant un mois l'hôpital, il revint en France par Batavia, l'île Maurice, Bourbon, le Cap, Sainte-Hélène et l'Ascension. U Astrolabe mouilla à Marseille en mars 1829, après 35 mois d'absence, chargée de richesses pour le Muséum, le Dépôt des cartes et le Musée naval. » Ces richesses avaient coûté cher, non en argent, — on est au con- traire surpris du peu de frais qu'occasionnaient ces expéditions, — mais en hommes et en misères de toutes sortes. » Six fois la corvette avait été à deux doigts de sa perte, avec la per- spective, pour l'équipage, de mourir noyé ou massacré par les naturels, ou tout au moins d'être condamné à un long exil dans quelque îlot perdu de rOcéanie. Dans la baie de l'Abondance, en Nouvelle-Zélande, elle est affalée par une tempête d'une rare violence sur une ligne de brisants qui déferlent à Go pieds de hauteur; elle ne parvient à la doubler qu'en se couvrant de toile, au risque devoir tomber la mâture. A l'île Tonga-Tabou, par grosse houle, elle est drossée par les courants sur un récif auquel elle reste adossée pendant trois jours et demi, perdant successivement ses ancres, dont les câbles sont coupés par les coraux, dans une situation si désespérée que toutes les dispositions restent prises pour le naufrage; la corvette ne doit son salut qu'à un léger souffle de vent qui se lève au mo- ment où elle est si près du récif que déjà les espars qui débordent de la coque viennent le heurter à chaque oscillation. » Aux îles Vanikoro, la (ièvre et la dysenterie couchent dans les hamacs les trois quarts de l'équipage, et ce n'est qu'en faisant appel aux malades qui ont conservé un restant de forces que Dumont d'Urville réussit à en ( 478 ) imposer aux naturels, puis à lever ses ancres et à assurer la manœuvre clans les passes du récif. » Sur 92 hommes qui composaient l'équipage au départ de Toulon, V Astrolabe n'en ramena que 69; 9 étaient morts pendant la campagne et i4 avaient été laissés à l'hôpital de Bourbon. » Paris subit une large part de ces misères communes. Quant à son rôle dans l'œuvre scientifique, il est inscrit dans l'Album hydrographique, où son nom figure sur de nombreuses cartes, tantôt seul, tantôt à la suite de ceux de ses aînés : Lottin, Gressien et Guilbert. Il l'est aussi dans l'Album historique oili il a enrichi de nombreux dessins la collection du dessinateur spécial de l'expédition, M. de Sainson. » Il avait été nommé enseigne cinq mois après son départ ; ce n'est que deux ans plus tard, à l'île Maurice, qu'il en reçut la nouvelle. Dumont d'Urville, si sobre de compliments à l'égard de ses collaborateurs, écrit à cette occasion : « Nous apprenons ici la nomination de Paris et de Faraguet » au grade d'enseigne; j'en suis particulièrement heureux pour Paris ('). » » A son retour, l'enseigne Paris fut attaché au Dépôt des Cartes, pen- dant quelques mois, pour la rédaction de ses travaux personnels, puis envoyé à Brest pour y faire comme second l'armement du brick l'Olivier. » Il était sur le point d'appareiller avec ce bâtiment lorsqu'il fut débar- qué et envoyé à Toulon sur la Favorite, qui allait entreprendre, sous les ordres du commandant Laplace, un voyage de circumnavigation. Circon- stance heureuse à laquelle il dut d'échapper au malheureux sort de l'équipage de Y Olivier, qui disparut en mer dans des circonstances restées inconnues. » La campagne de la Favorite n'avait pas un but scientifique. Elle était destinée à montrer, dans les centres commerciaux de l'océan Indien et du Pacifique, notre pavillon qui en était resté si longtemps éloigné. Son com- mandant était chargé personnellement de recueillir tous les renseigne- ments utiles au développement de nos relations commerciales, et d'éclairer le gouvernement sur l'organisation sociale et politique des pays qu'il visi- (') L'élève Faraguet avait été embarqué sur VAslrolabe peu de temps après sa sortie de l'Ecole Polytechnique. Suffisamment édifié par sa campagne sur les agré- ments de la vie maritime, il quitta la corvette à Bourbon, puis la marine peu de temps après. L'amiral Paris avait conservé de son ancien camarade un excellent sou- venir, il en parlait encore en termes très alTectueux soixante ans plus tard dans une conférence à la Société de Géographie. ( 479 ) terail. Mais, en même temps, ses instructions lui recommandaient de ne négliger aucune occasion d'accroître les documents géographiques, encore très rares pour beaucoup de régions. » C'est à Paris que le commandant Laplace confia cette partie de la mission. » L'enseigne de la Fm-orite n'est plus, en effet, le jeune homme choisi par Dumont d'Urville, plein de promesses, il est vrai, mais ayant encore de nombreuses leçons à demander à l'expérience. C'est un homme mûri par les dures traverses de l'expédition précédente, un marin aguerri par une campagne dans laquelle il avait passé plus de sept cents jours à la mer, dont une bonne part dans les régions rigoureuses de l'océan Austral, un officier formé par des maîtres au métier d'hydrographe. » C'est de son nom que sont signés toutes les cartes publiées au retour de la Favorite, et une partie des dessins de l'Album historique de l'expé- dition. » Les graves événements qui s'étaient accomplis en France pendant cette campagne (décembre 1829 à avril iSSa) restèrent longtemps ignorés à bord de la Favorite. Dix mois après la Révolution, la corvette continuait à promener le pavillon blanc dans les mers de Chine et les îles de la Sonde. A Macao, elle avait recueilli quelques vagues renseignements sur l'expédi- tion d'Alger; c'est seulement en arrivant sur rade de Sourabaya, eu avril i83i, que le commandant Laplace, oublié par le Ministre de la Marine, apprit d'une corvette hollandaise le renversement de Charles X. M La situation était difficile, car les autorités locales ne dissimulaient pas leur hostilité au nouveau gouvernement. (( La France est libre, dit le commandant Laplace, de choisir ses institu- » lions », et le pavillon tricolore fut hissé en tête des trois mâts, salué par l'artillerie et les acclamations de l'équipage. » Quatre mois après son retour, Paris fut nommé lieutenant de vaisseau. » A partir de cette époque sa carrière change de direction. I/ère des voyages d'exploration était à peu près close; d'un autre côté, la marine à vapeur, encore naissante, venait de montrer aux esprits clairvoyants, lors de l'expédition d'Alger, les services qu'elle était appelée à rendre dans les opérations militaires. JWris fut un des premiers et, pendant longtemps, un des rares officiers qui aient eu foi dans l'avenir de la nouvelle invention. » Chacun prévoyait bien, sans doute, que l'introduction des machines aurait une influence considérable sur le développement des relations ( 48o ) commerciales ; mais l'hélice n'avait pas encore été essayée, et il était bien évident que jamais ces machines à roues, dont les principaux organes étaient exposés au tir de l'ennemi, ne pourraient se substituer entièrement sur les bâtiments de guerre à la voilure, non moins exposée, il est vrai, mais susceptible du moins d'être réparée par les moyens du bord. )) A cette défiance venait se joindre une antipathie profonde et bien naturelle pour un état de choses dont l'avènement devait anéantir tout ce qui faisait la poésie et l'orgueil du métier. » Il était bien difficile, en effet, de prévoir que des machines de i4ooo chevaux et des bâtiments de 12000 tonnes exigeraient un jour des officiers des qualités nouvelles non moins propres à satisfaire l'orgueil professionnel que le « sens marin » des anciens manœuvriers. » Il faut dire aussi que le service de paquebots, auquel le gouverne- ment utilitaire de Louis-Philippe affecta la plupart des premiers navires à vapeur, n'était pas fait pour atténuer ces préventions. « Après avoir été » cocher d'omnibus, disait en riant l'amiral Paris, j'ai été cocher du roi, et » je suis redevenu cocher d'omnibus. » Il faisait allusion à ses comman- dements successifs du Castor, du yacht royal le Comte d'Eu et de VOré- noque. » Mais Paris avait bien compris qu'il ne s'agissait que d'une période transitoire, pendant laquelle le patriotisme et l'amour même de la pro- fession imposaient aux esprits éclairés le sacrifice momentané de leurs préférences. M Le sacrifice fut particulièrement méritoire pour Paris, car nul plus que lui n'était épris de la voile. La passion de sa jeunesse laissa en lui des traces si vives, jusque dans un âge avancé, qu'elle lui fit oublier un instant son culte pour la mémoire de Dumont d'Urville. Entraîné par son enthou- siasme pour les belles manœuvres, il lui échappa un jour de reprocher à son ancien capitaine trop de prudence pour saluer les grains! Ce fut la seule fois, d'ailleurs, car il professa toujours une admiration sans réserve pour le manœuvrier hardi des circonstances graves, à l'audace duquel, plus d'une fois, V Astrolabe avait dû son salut. » Paris débuta dans sa nouvelle voie par une mission d'études de deux ans en Angleterre, mission qu'il obtint grâce à l'intervention du baron Tupinier, alors directeur des ports, et plus tard ministre, beau-frère du commandant Laplace. » A son retour, il fut nommé au commandement de l'aviso à roues le Castor, affecté aux transports entre la France et l'Algérie. C'est à bord de ( 4«i ) ce bâtiment qu'il commença ses premières recherches personnelles sur les ressources dont disposent les bâtiments à vapeur à la mer en cas d'ava- ries de machine, et sur la meilleure utilisation du combustible dans les traversées. )) En débarquant du Castor, les circonstances le ramènent une dernière fois sur une h'égate à voiles, VArtémise, commandée par le commandant liaplace. Tl y accomplit, de janvier 183^ à avril i84o, un voyage de circum- navigation analogue à celui de la Fm-orite. » C'est dans cette campagne que, victime de sa nouvelle passion, il tomba dans une machine qu'il étudiait à Pondichéry, et dut subir l'ampu- tation du poignet gauche mutilé par une roue d'engrenage. Paris, dans celte douloureuse circonstance, ne manifesta qu'une crainte : celle d'êti-e obligé de renoncer à la carrière qu'il aimait avec tant de passion. » Heureusement il n'en fut rien ; il reprit son service peu de jours après l'opération, et la main droite qui lui restait lui permit de continuer l'inté- ressante série de dessins cpii accompagne la relation du vovage de V Arté- mise. » Dans cette campagne, Paris eut l'occasion de prendre part à l'une des dernières applications de cette belle manœuvre de force que les marins appellent Vabatage en carène : ressource suprême d'un navire réduit à ses propres moyens pour la réparation d'avaries graves dans les fonds. T.a fré- gate, qui avait talonné sur les récifs de Taïti, fut inclinée jusqu'à éventer la quille de deux pieds. Les charpentiers du bord consolidèrent les parties avariées, et V Artémise put sans danger poursuivre sa campagne en visitant toute la côte occidentale d'Amérique, depuis San-Francisco jusqu'au cap Horn, et rentrer à Lorient où elle fut, il est vrai, définitivement désarmée et condamnée. » Nommé officier de la Légion d'honneur pendant la campagne, Paris fut fait au retour capitaine de corvette à un très grand choix; il avait S'i ans. » Le commandant Paris prit alors deux ans d'un repos bien gagné, qu'il utilisa pour la publication de l'intéressant Album des Constructions navales cks peuples extra-européens. Il en avait recueilli les éléments dans ses campagnes de V Astrolabe, de la Favorite et de V Arlémise. M En janvier i844. il part pour la Chine avec le commandement de la corvette à roues V ArchimèJe. C'est à bord de son bâtiment que fut signé, le 24 octobre suivant, le traité de Wampoa. Après deux ans d'absence, il remit à Suez le commandement à son successeiu- et leutra en traversant G. K.. 18.5. !' Semestre. (T. C\X, N" 9.) 64 ( 4H2 ) l'isthme. Il avait eu la satisfaction de doubler le premier le cap de Bonne- Espérance sur un navire à vapeur; mais, écrivait-il à son retour au Mi- nistre, il lui restait « le regret de n'avoir pas été aussi le premier à faire le tour du monde ». » En i(S46, il est nommé capitaine de vaisseau et choisi pour commander le yacht royal le Comte d'Eu. C'est sous son commandement qu'eut lieu la terrible explosion de chaudière qui fit i4 victimes. Lui-même, en pénétrant le premier dans la chambre de chauffe, reçut des brûlures intérieures dont il souffrit longtemps. » Il commande ensuite VOrénoque, affecté aux transports entre la France et l'Algérie, et commence en i85o, à son débarquemeut, la pu- blication d'une série d'Ouvrages qui ont été longtemps classiques : le Dic- tionnaire de marine à vapeur, le Catéchisme du marin et du mécanicien à vapeur, le Traité de l'hélice propulsive, et plus tard V Utilisation économique des bâtiments à vapeur. » La guerre de Russie interrompit pendant quelque temps ses travaux. Il commanda pendant celte période le vaisseau le Fleurus, d'où il fut dé- barqué par l'amiral Bruat et mis à la tète de la division navale chargée de la garde de Rinburn dans l'hivernage de i855 à i856. Il a rapporté de cette pénible mission un album qui figure parmi les documents historiques les plus intéressants de la campagne de Crimée. » Nommé contre-amiral le 7 novembre i858, après avoir commandé deux ans la frégate à hélice l'Audacieuse, il remplit quelque temps à Brest les fonctions de major-général, commanda ensuite à bord du vaisseau l'Algésiras la troisième division de l'escadre de l'amiral Le Barbier de Tinanl, et fut attaché au Conseil des travaux de la marine où sa connais- sance approfondie des bâtiments à vapeur l'avait fait appeler plusieurs fois déjà. » Il fut enfin placé, en juillet 1864. à la tête du Dépôt des Cartes et Plans, dont il avait tant contribué dans sa jeunesse à enrichir les collec- tions. Cest là qu'il termina sa carrière active, après la Commune, comme vice-amiral et grand officier de la Légion d'honneur. )) Si la dernière partie de la carrière de l'amiral Paris est moins fertile en incidents, c'est au contraire la plus riche en services rendus. Les hautes positions qu'il occupe à bord et à terre élargissent ses moyens d'action. Membre du Conseil des travaux, il prête à la science de l'ing^'^nieur le concours de son expérience de marin et de mécanicien accompli, et con- tribue activement aux progrès de notre matériel naval. A bord et dans les (483 ) arsenaux, c'est l'instruction du personnel qui est surtout l'objet de ses soins : passant dans les machines tous les instants que lui laissent ses fonctions, il s'attache à développer chez nos mécaniciens les connaissances techniques, dont ils puisaient encore les éléments dans ses propres Ou- vrages. » Comme couronnement de sa longue série de services, il eut la satis- faction de remettre à la Marine, après la Commune, le Dépôt des Cartes avec ses collections intactes. Sans se préoccuper des dangers auxquels il s'exposait, il resta fidèle à son poste, et put môme, grâce à sa bonhomie pleine de finesse, continuera exercer ses fonctions sous les yeux du dé- légué du pouvoir insurrectionnel. » L'Académie des Sciences l'avait élu le 22 juin i863 à la Section de Na- vigation en remplacement de Bravais, et, quelques mois après, il était nommé Membre du Bureau des Longitudes. Nul plus que lui n'était digne de ces grands honneurs. Les travaux hydrographiques de sa jeunesse, sa participation à ces voyages qui avaient rapporté pour les Sciences de si riches moissons, avaient appelé l'attention sur lui depuis longtemps. Ses Ouvrages sur les machines, restés longtemps classiques, sou intervention active et efficace dans les progrès du personnel et du matériel de notre flotte à vapeur, le désignaient aux yeux de tous comme le représentant le plus autorisé des Sciences navales. » Atteint par la limite d'âge en pleine possession de son activité phy- sique et intellectuelle, l'amiral Paris devait encore pendant de longues années rendre d'importants services. Hors d'état désormais de contri- buer aux progrès de la nouvelle marine, il se consacra aux choses du passé. » Sa nomination, dès 1871, comme conservateur du Musée naval, fut une des grandes joies de sa vie. C'est en effet au moment même où il se croyait réduit à abandonner pour toujours la marine qu'il se vit entouré de souvenirs de tout ce qu'il aimait. Aussi il s'y consacra avec passion. Pen- dant plus de vingt années, il donna à son musée tous ses instants, et, mêlant sans compter ses appointements avec la dotation, il ne réserva pour ses besoins personnels que les ressources indispensables à la vie la plus modeste. En dehors de son musée, l'existence ne comptait plus. Il ne se sentait vivre qu'au milieu de sa flotte de modèles et de ses collections de souvenirs, et dans ses ateliers qu'il avait installés comme à bord, en marin habitué à tout faire par lui-même. ( m ) » IS'oii coiilciiL d'enricliir les collections du musée, il les compléta par une belle série d'albums remplis de documents précieux pour l'histoire de l'industrie navale. » La vie de l'homme privé fut, comme sa vie publique, un exemple de désintéressement et de dévouement. Sa grande bonté, sa bonhomie si cordiale lui attiraient de nombreux solliciteurs. Il n'en est aucun qui ait fait inutilement appel à son concours quand il s'est agi d'un service à rendre ou d'un peu de bien à faire. » Il fut frappé plus durement que tout autre des deuils qui sont presque toujours le jirix des longues existences. Il avait épousé, en 18^2, une jeune fille très instruite et d'un caractère élevé, M"" de Bonnefoux, fille du premier commandant de VOrion, l'auteur d'un Manœuvrier et du Diction- naire de marine à voiles. Il eut la douleur de la perdre en 1870. Peu de temps après, il perdit son fils aîné, officier du plus grand mérite, qui périt, en 1873, victime de sa passion pour la marine. Il conserva heu- 4-eusement une fille dévouée dont les soins furent précieux pour ce vieillard qui ne songeait jamais à lui-même. » Dans une solennité récente, un de nos Confrères disait de Pierre Cordier : « Peu de savants ont, pendant une vie aussi longue, aimé la » Science avec plus de passion sans négliger pour elle aucun devoir». Toute la vie de l'amiral Paris peut être résumée presque dans les mêmes termes : Peu de marins ont, pendant une vie aussi longue, aimé la Marine avec plus de passion, sans négliger pour elle aucun devoir. » Nommé Grand-Croix de la Légion d'honneur, et membre du Conseil de l'Ordre en 1880, il est mort le 8 avril 1893 revêtu de toutes les dignités dont le pavs honore ceux qui l'ont servi avec le plus de dévouement et laissant un nom dont la Marine et les Sciences navales conserveront la mémoire. » GÉOMÉTRIE. — Axoides de deux lignes planes ; par xM. H. Resal. « 1. Lorsqu'on se donne le profil d'un tuyau dont la section est variable, ou bien l'intrados et l'extrados d'une voûte en berceau, la Mécanique ap- pliquée conduit au problème suivant : » Déterminer une ligne telle que deux segments de sa normale, limités par deux lignes données (^directrices), soient égaux. 1 485 ) » On reconnaîtra jjIus loin que toute une famille de lignes, auxquelles je donnerai le nom à'axoïde, satisfont à la condition énoncée. » Soient j;, y les coordonnées d'un point d'un axoïde; X, Y et X,, Y, celles des points correspondants des directrices F = o, F, = o. On a (') F^X,Y) = o, puis F,(X,,Y,;.= o, , X — > 2 ,_v^v, dy Y -Y, dx X - X, ~ (1 ou (2) F,(2a.--X, 2x-Y) = o, (3) \dx -\-Y dy = X dx -\- y dy. » L'équation (3) sera l'équation différentielle des axoïdes, dès qu'on y aura substitué les expressions de X, Y en fonction de x, y, déduites de (?) et (2). Mais l'intégration de l'équation différentielle ne peut s'effectuer que dans quelques cas particuliers, comme on le verra ci-après. » 2. Les directrices sont les droites Y=wX, Y, = — mX,. — On a „ V ■+- m X , , X = > Y =; v -H mx, m dy I dx — H ; — =0, y m- X et, en désignant par C une constante arbitraire, y'"x = C. » Pour C = o, on trouve les bissectrices des angles des directrices. Si ces ilernières droites sont rectangulaires, les axoïdes sont des hyperboles équilatères dont les asymptotes sont les bissectrices des angles des direc- trices ('). « 3. Les directrices se réduisent à l'ellipse d^\- -\- è'X" == crb'- . — En par- (') Celte remarque m'a conduit à ce théorème qui me paraît nouveau : Les seg- ments de la normale à une hyperbole ou à une ellipse, limités par les axes, sont en raison inverse des carrés de ces axes. ( 4»6 ) tant de cette équation et de la suivante a=(2r - Y) 4- b\2x - X) = a^'b^ on obtient b ■.y I a^b'^ — «^ )'^ — b'^x Y — V — — t /«'^'— «'/'— ^'■^ et l'équation (3) devient / , , ,, , , la- h- — rt^r^ — b''-x^ {a^ydx - è=a.rfj)^/__,_,-Z____ = o. » Le second facteur de cette équation, égalé à zéro, donne l'ellipse comme solution singulière. De l'autre facteur on tire (-0 y=:Ca.^ M Pour C = o, C ^ oc, on trouve les axes de l'ellipse. » Des valeurs réelles de X, Y répondent uniquement aux points de l'arc d'un axoïde intercepté par l'ellipse. » 4. Hyperbole. — Il suffit de changer le signe de è^ dans l'équation (4). Si l'hyperbole est équilalère, on a xy = C, d'où un théorème que je me dispenserai d'énoncer. )) 5. Parabole. — Y- = 2/?X. On a Y =y±.sl:Lpx -y-, X = a; =h ^^s/^px-y', puis dv dx -^-i =o, y p et enfin » 6. Circonférence et droite. — Des équations X-4-Y-=:R-, X, = a. on tire X := 207 - rt, Y = ± yR^ — (2a;-a)^. et l'on a, par suite, -£. [± V'ii' -{ix-a)--y]^x-a — o, équation qui ne parait pas pouvoir s'intégrer. ( 'f87 ) » On arrive à une équation qui est encore plus compliquée lorsque les directrices sont deux circonférences, même lorsque les rayons sont égaux. » 7. Intrados et extrados d'une voûte cÏTculaire. — Soient O, O, les centres, R X ; ■ * \ + II'- 1+ «2 en posant m = , n = 7 .r Si l'on pose encore ar = pcos9, y=psinO, et (5) A. = -J,[p.-('iiil.)][,.-_B._R>cosO, on trouve R'-Rî\ . /R^— R? ,„ I , , a — cos6 Y sin6( p H î + a cosO jrpl cosO H i A a — cosfl p » En substituant ces valeurs dans l'équation (3), qui revient à la sui- vante (^Xcos9 + Ysin9)c?|3+(Ycos6 - Xsine)p(^9 = of/p, on trouve ( -[(^^*+0««in^±(i+^coso)A]p«?9 = o. p ( 488 ) Dans l'hypothèse de a = o, cette équation est vérifiée par les valeurs R + R, R,-R . , , . ) P — ciui annulent A. 2 ' '2 <- )) En tenant maintenant compte de a, je ne m'occuperai que de l'axoïde peu différent de la circonférence de rayon — '■ — ^-, qui peut offrir quelque intérêt au point de vue de la théorie de la stabilité des voûtes, et je po- serai u étant du même ordre de grandeur que a. Sans m'occuper d'abord de la réduction de A, l'équation (G) devient R,-R du / R . ^ , -N équation dans laquelle on devra ensuite substituer d'où une difficulté d'intégration qui me paraît insurmontable. » HYGIÈ^'E PUBLIQUE. — Remède prophylactique des Jici'res paludéennes. Note de M. d'Abbadie. « Il y a plus de douze ans ('), j'appelais l'attention des savants sur la croyance, adnnse en Ethiopie, qu'une fumigation journalière de soufre, sur le corps dénudé, préserve des fièvres intermittentes ou pernicieuses, dans les terres basses et notoirement malsaines de la zone torride. Celte croyance semble confirmée par ma citation de quelques faits remarquables, publiés il V a vingt-sept ans par notre confrère, M. Fouqué. » Il est à regretter que nos hygiénistes n'aient jjas mis à l'épreuve en Europe un remède prophylactique aussi simj)le. Je l'avais indiqué au P. Colin, quand je lui donnais des leçons de géodésie expéditive; mais, en débarquant à ïamatave, il se borna à une seule fumigation. Il est revenu ensuite de Madagascar, souffrant de la fièvre et fatigué par un long usage de la quinine. Espérons que, dans l'expédition projetée, nos médecins (') Compter rendus, septembre 1882. ( 48i) ) mettront au moins à l'épreuve un traitement sulfureux aussi facile à suivre. » PHYSIQUE. — Sur la pression intérieure et le viriel des forces intérieures dans les fluides. Note de M. E.-H. x\magat. « I. Dans un récent travail relatif aux fluides, j'ai été conduit à substi- tuer aux expressions généralement adoptées pour la pression intérieure P de la relation une fonction ~ dont les valeurs numériques sont données par la relation » Cette pression intérieure (-), dans l'hypollièse où l'énergie intramo- léculaire est fonction de la température seule, est telle (\aQ-;:dv soit le travail intermoléculaire relatif à une variation de volume dv; elle prend sous des pressions suffisamment grandes et après avoir passé par un maxi- mum positif, des valeurs négatives de plus en plus considérables. Le fait de ces pressions négatives a paru tout d'abord singulier, sans doute par suite de l'habitude que l'on a de considérer comme essentiellement positif le terme $ de la relation (i). En réalité, le covolume dont la signification est encore fort obscure iniervient dans celte relation comme le ferait une pression intérieure négative, qui agirait en sens contraire de l'attraction intermoléculaire, et rien ne détermine a /^nori dans quelle proportion l'ex- pression de ces actions antagonistes doit être répartie entre les termes (y?) et (a); on pourrait à la rigueur faire rentrer dans P tout l'effet du covo- lume; la fonction tt laisse subsister un covolume fonction du volume seul. Les considérations qui suivent sont complètement indépendantes de la forme adoptée pour la relation (i). » II. Clausius a donné, dans l'hypothèse du mouvement stationnaire, la relation suivante dans laquelle K est une constante et W le viriel des forces intérieures : (2) ¥.T=\pv^-^W, V^ = lro(r). » La valeur de la pression intérieure doit évidemment dépendre de W, les valeurs numériques de ce viriel peuvent être obtenues ainsi qu'il suit. 0. R., i(iy5, I" Semestre. (T. CNX, ^' 9.) 65 ( 490 ) Considérons à la température ï un fluide à l'état gazeux sous une pression />o assez taible pour que W puisse être considéré comme nul; soit i>f, le vo- lume correspondant, on aura pour un point quelconque (pi>) de la même isotherme soit 3 3 W W, '(/'o*'o-/'^')- » On pourra donc calculer facilement, au moyen des Tableaux que j'ai donnés, les valeurs de W pour une pression et un volume quelconques. )) La relation (2) peut s'écrire |(yo-f-77')i' en posant W =: 3:t'('. RT en posant W » Le terme -', qu'on a également appelé pression intérieure, peut être facilement calculé puisque les valeurs de W sont connues. » Voici d'abord des Tableaux comparatifs des valeurs de t: et de :;'. • Valeurs de : - el -' sous les pressions P. Ilydi-o-ène à C Azote à 0. Oxygène à 0°. .\ci i5o e — i4 20 5l - 1,3 52 88 1^,2 73,8 5o 42,3 17,3 25,0 200 9 — 24 33 92 — 7.3 100 i35 40.7 94,3 60 73,9 29,2 44,7 25o 12 — 37 49 127 - '9 .',6 3oo .8,4 182 70 126 49,4 76,6 3oo .', - 52 06 .76 - 36 212 260 ir,7 248 80 218 90,1 128 35o 16 — G9 85 212 - 57 269 3i8 - 1,4 3.9 90 536 2i4 332 4 00 16 — 88 104 25o — 82 332 383 — 19,5 . 3o3 100 80S 272 536 5 00 1 5 — 1 3 1 i46 3i3 - j4o 453 496 — 66,6 563 i5o 1290 3o3 987 600 12 — 172 184 371 — 206 577 589 — 127 716 200 1677 290 1287 700 3 - 234 237 4i3 - 279 692 671 - .94 865 3oo 1904 23l 1673 800 - -8 — 293 285 447 - 355 802 745 — 268 ioi3 4oo 2o48 i58 1890 900 — - 33 — 348 3i5 470 - 435 905 8u - 344 ii55 5oo 2341 So,2 2261 1000 - - 46 — 4i8 372 488 — 5i6 1004 877 -424 i3oi 600 253o — 4,' 2534 i5oo - -,43 - 775 632 5i3 - 948 i46i "49 - 844 "993 700 2699 — 90,2 2789 2000 - -284 — 1162 878 494 -"99 .893 1286 —1284 2570 800 2862 - 179 2932 2400 — -4io — 1488 1078 458 — 1832 2290 1283 — 1663 2946 900 » — 267 » 2800 - -578 —1823 1245 4.0 -2,44 2554 1222 — 2026 3248 1000 „ — 355 >' Azote — - et T.' à valu me constant. Vului lies ^ ,nls. TV. A zéro. 71'. 7: — Tî'. X 99-, S. T.. A 199-, 5. consla 71. 7f. -71 -71". ' 7. 77-71'. al 0,009910 26 Im atm 0,9 alm 25,1 atm 26 alm — 8,2 atm 34,2 2G' atiji alm - «7.2 atm 43,2 0,000195 92 7.5 99.5 92 -44,2 i36 92 - 80,5 172 o,0o3 786 176 ■ 35,9 212 .76 — ii3 289 176 — IS6 362 o,oo3 142 25o S, ,7 332 25o — 202 452 25o — 3i8 568 0,002' 780 3i3 — .40 453 3i3 -3o6 619 3>9 >■ » 0,002, 543 37. 206 577 37, —420 79> » .> " ( 491 ) » On voit que'::' pour une température donnée, de même que - d'abord positif, croît d'abord avec la pression, passe par un maximum, décroît, s'annule et prend des valeurs négatives rapidement croissantes ; mais, nu- mériquement, ces deux séries de valeurs sont extrêmement différentes, tc' devient bien plus rapidement négatif que r; il l'est pour l'hydrogène dès les pressions inférieures, il le devient pour l'acide carbonique alors que Tï est encore dans la région du maximum ; la différence atteint près de 3ooo atmosphères à 4o°, sous une pression extérieure de 800 atmo- sphères. » Il est, du reste, facile de montrer de suite que les fonctions - et t:' sont tout à fait différentes, si l'on admet comme approximation très suffi- sante ici que le coefficient de pression -^ est fonction du volume seul. En effet, de ••- ^ dl P' ' - -U' ^ r ~ r / on tire, à volume constant, dr. d-p dp dp drJ dp , . Tt ~ 'dC' '^ ~di ~ ~di ~ ^' lit ^ "'di ^^ '^ ■ ' '• - = ?(('), ^' = -r,(v')T + C. » Ce sont bien les lois résultant du Tableau à volume constant. » III. D'autre part, M. Sarrau a montré que, dans le cas où le volume des molécules et l'amplitude des mouvements stationnaires seraient très petits relativement aux distances intermoléculaires, le produit t.' dv repré- senterait le travail intermoléculaire relatif à la variation de volume dv. )) Ce résultat va permettre d'examiner la question de savoir si l'hypo- thèse en question est réalisée dans les fluides, si elle l'est approximative- ment ou bien encore dans certaines limites seulement. )) On voit d'abord que si l'énergie moléculaire est fonction de la tempé- rature seulement, ainsi que je l'ai supposé ci-dessus à propos de::, 7:dv sera comme tJ dv l'expression du travail intermoléculaire, par suite, TuetTi' seraient égaux; du reste on peut encore, ici, mettre avec M. Sarrau l'expression de la chaleur élémentaire dq sous la forme dq — M dt + k{p + rJ) dv ; on a donc A(/> + 7t')=/. d'où t:' = T^-/., c'est-à-dire ( 492.) )) Or, on vient de voir que les fonctions :: et t: sont fort différentes. Par suite : ou la constitution des fluides ne répond aucunement à l'hypothèse faite, ou les bases mêmes de la théorie sont inapplicables à cette classe de corps; et ceci n'a pas lieu seulement sons de fortes pressions, car les Ta- bleaux montrent que la différence t. — ■;:' parait rester aux pressions infé- rieures du même ordre de grandeur que les fonctions tï et -' et ne s'annuler qu'avec elles. » M. Sarrau avait déjà fait remarquer que c'est aux solides que les ré- sultats, auxquels pourrait conduire l'hypothèse en question, paraissaient avoir le plus de chance d'être applicables, parce que dans ces corps les molécules oscillent probablement très peu autour de certaines positions d'équilibre stable. » IV. 11 est facile de donner du viriel une représentation graphique très simple : soit une isotherme tracée en portant les pressions en ab- scisses et les produits pv en ordonnées, soit p^v^ l'ordonnée à l'origine (OA) répondant pratiquement à une pression pour laquelle W est nul. Une parallèle à l'axe des/j menée par le point A coupera (sauf pour l'hy- drogène) l'isotherme en un second point R; si d'un point M de l'iso- therme on abaisse IMP perpendiculaire sur AB, on aura évidemment MP =/,„<•„ -p^^^^iW. » L'isotherme, rapportée à AB comme axe des pressions, a donc pour ordonnées les valeurs du viriel (au facteur { près), comptées positivement au-dessous de cet axe. Il résulte immédiatement delà forme de l'isotherme que W, d'abord positif (sauf pour l'hydrogène), part de zéro : la pression croissant passe par un maximum répondant au minimum des produits /Jt', s'annule au point B et prend des valeurs négatives indéfiniment crois- santes. » Le lieu des points B, ainsi obtenus pour chaque isotherme, divise le réseau en deux régions dans chacune desquelles le viriel des forces inté- rieures est de signes contraires. Dans la région où W est négatif, la valeur movenne de ç(/) doit l'être également ; il est naturel, d'après ce qui pré- cède, que la pression intérieure ait le même signe; or la fonction -z, bien que différente de t:' , devrait cependant, si i'hvpothèse faite à son sujet re- lativement à l'énergie moléculaire est exacte, changer de signe en même temps que le travad intermoléculaire, et, par suite, en même temps que o(r) et que tt', ce qui n'a pas lieu; l'hypothèse en question ne semble donc point être satisfaite; du reste, pour en revenir à la relation (i), il paraît ( 493 ) n aturel que la pression 55™3%68 T^'^gn 9"i3'4",4 0,71.5 Position de l'étoile de comparaison. Asc. droite Réduction Déclinaison Réduction moyenne au moyenne au 1895,0. jour. 1895,0. jour. Autorité. 0'' 56™ 32% 6.3 + 2% 08 9" 10' 22", 5 -9", 6 i35o9 Paris ( 494 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Rectification de quelques théorèmes (V Arithmétique . Note du P. Pépin, présentée par M. Jordan. « La démonstration des théorèmes énoncés dans le tome CXIX des Comptes rendus, p. 397-398, se déduit des formules et des théorèmes que j'ai établis dans une étude sur l'équation a;' -h cy- = s'; mais je n'ai con- sidéré dans cette étude que les cas où le cube est impair, en réservant pour un autre travail les cas où ce cube est pair. Les théorèmes énoncés relati- vement à l'équation ip- + c = m' ne sont donc démontrés que pour les cas où le carré doit être pair et le cube impair. Dans les théorèmes relatifs aux nombres de l'une des formes 8/ + (i, 2, 3, 5, 6) aucune restriction n'est nécessaire; car, si le nombre c est de l'une de ces formes, il est clair que l'équation précédente ne peut se résoudre en nombres entiers qu'au moyen d'un cube impair. Mais, lorsque c est de la forme 8Z+ 7, l'équa- tion a;*+c= 85' n'est pas toujours impossible; il reste à en étudier les solutions. » Il faut donc énoncer les théorèmes correspondants en exprimant que les carrés doivent être pairs. Par exemple, pour a = 47, le théorème doit s'énoncer de la manière suivante : » Un seul carré pair devient un cube lorsqu'on lui ajoute 47, savoir le carré de 5oo, lequel devient alors le cube de 63. » Je suis redevable de la rectification présente à M. Brocard, qui a eu roblia;eance de me communiquer les résultats suivants : L'équation x^ 4- 47 = v' est résolue en prenant a7= 4i. 7 = 12; a; = i3, y = 6. De même, l'équation x^ -\- 191 = 7' est vérifiée par les nombres x—S, T ^ 6 . » MÉTÉOROLOGIE. — Le mois de février \9>C)5 à V observatoire du Paie de Saint- Maur. Note de M. E. Rendu, présentée par M. Mascart. « Le mois de février iSgS est très remarquable par sa basse tempéra- ture; nous avons pour moyenne des minima et maxinia diurnes — l\°,ii et pour celle des vingt-quatre heures — 4°. 45- » Le mois de février, dans la région de Paris, est rarement bien froid ; il ofl're assez souvent une semaine de froids assez vifs, mais c'est la conti- ( 495 ) nuité qui est rare, et une moyenne au-dessous de zéro, depuis i^SS, ne se trouve dans les observations de Paris qu'en 1827; le minimum a atteint alors — 12°, 8 le 18 février; la plus basse température de toute la série connue est — 15°,6 trouvée à l'Observatoire le 6, mais correspondant pro- bablement à — 1 7°, o dans la campagne. » Pour trouver une moyenne de février aussi basse, il faut remonter à 1740 et consulter les observations faites par Réaumur avec son nouveau thermomètre, dans la rue Saint-Thomas-du-Louvre, rue qui n'existe plus aujourd'hui et dont l'emplacement était place du Carrousel, près du gui- chet qui conduit au pont des Saints-Pères. La moyenne de ce mois, avec les réductions et corrections probables, donne — 2°, 8 centigrades; la moyenne vraie dans la campagne devait être voisine de — 4°>o> peut-être même encore plus basse et, par conséquent, bien voisine de celle de février 1893. » C'est la continuité du froid qui est rare en février; dans les 35 jours, du 26 janvier au i""" mars, nous n'avons eu qu'une faible interruption, le minimum du 23 n'étant pas descendu plus bas que o°,3 au-dessus de zéro; il est remarquable que les mêmes jours se rencontrent à Châteaudun, avec un minimum, le 28, égal à o°,5. A Vendôme, la gelée a été continue pen- dant les 35 jours. » Dans cette ville, ou plutôt à l'extrémité nord de la ville, M. Renault, dans une excellente station, a trouvé une moyenne des minima et maxima égale à — 3°, 8 correspondant à une moyenne vraie des 24 heures de — 4*'>3 bien peu différente de celle du Parc de Saint-Maur. » A Châteaudun, à une altitude de i4V"> plus grande de 60"° que celle de Vendôme, sur un plateau presque horizontal, M. Roger, dans une très bonne situation, a eu une moyenne de — 4°- 1 • » Au Parc de Saint-Maur, le minimum a eu lieu le 7 et a atteint — 1 5°, 4 ; à Châteaudun, le même jour, — 14", 6; à Vendôme — 19", 4 le 9- » Il y a longtemps que j'ai appelé l'attention sur la relation des chiffres et des dates entre les stations à diverses hauteurs ; les stations hautes sont plus exposées au froid apporté par le vent; pendant qu'à Châteaudun on avait — i4°. 6, à Vendôme on avait — i3°, 2 puis, l'air devenant plus calme, le froid de la nuit a amené par rayonnement la température dans la station basse à — 19°. 4- I' J a peu d'années, j'ai signalé des différences encore plus grandes entre les mêmes stations; j'avais fait remarquer, il y a longtemps, que le SainL-Bernard et Genève offraient des minima à 8 jours d'intervalle, qui s'expliquaient de la même manière. ( 49^ ) » L'eau fournie par la neige, toujours difficile à évaluer, n'a atteint, au Parc, que 2""", 3 ; à Vendôme, M. Nouel a eu 1 5""", 7 ; M. Roger, à Chàteau- dun, 20""", I. « La moyenne barométrique à midi, 707'"°', q5, est inférieure de i™'",25 à la hauteur moyenne de vingt ans, 1874-1893. M Les vents n'ont pas quitté la région du nord-est. » La nébulosité est remarquable; au Parc de Saint-Maur, elle a été 38; on ne trouve depuis 1753 que le mois de février i863 qui ait eu une moyenne nébulosité de 34- A Vendôme, M. Nouel a trouvé 32, chiffre sans exemple. » Au Parc de Saint-Maur, la terre est gelée à la lîn du mois jusqu'à o™, 53 sous les gazons et o'^jôS dans le potager. » Le thermomètre à o'", 3o en terre a marqué au minimum — 2°, 2 le 1 5 ; le thermomètre à 1™ de profondeur se tient à la fin du mois à i°,5. » La Marne est toujours gelée depuis la nuit du 4 au 5 ; cela continue encore le 4 mars. » PHOTOGRAPHIE. — Vues panoramkjues obtenues avec la photojumelle à répétition. Note de M. J. Carpentier, présentée par M. Mascart. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un certain nombre de pho- tographies sur verre, obtenues par agrandissement de clichés 4ï X 6 fournis par la photojumelle à répétition. » Ces photographies sont des vues prises dans les Alpes par M. J. Val- lot, à qui l'on doit le premier observatoire établi près du sommet du mont Blanc. En dehors de l'intérêt attaché à chacune d'elles, elles offrent la particularité de former, par leur réunion en séries, de véritables pano- ramas. Cette condition a été réalisée par l'adjonction, à la photojumelle, d'un petit support spécialement combiné à cet effet. » Cet accessoire, qui s'adapte à un pied photographique quelconque, se compose d'une broche conique fixée perpendiculairement au centre d'un petit plateau circu- laire horizontal de o™,o6 de diamètre, dont la couronne extérieure porte une douzaine d'encoches équidistantes. Ce plateau, étant muni de trois vis calantes, il est aisé d'ob- tenir, avec un niveau de poche, son exacte horizontalité, et, en même temps, la verti- calité de la broche. La pholojumelle dont le corps, d'autre part, a été foré pour s'em- paler en quelque sorte sur la broche, trouve là un pivot tout prêt à la recevoir. Elle s'y pose, sans avoir besoin d'être autrement fixée, et s'en sépare sans effort, quand il ( '»97 ) s'agit d'opérer le changement de plaque par escamotage. Ainsi montée, elle peut tourner horizontalement. Grâce à un doigt métallique dont elle est munie, doigt façonné de manière à pénétrer dans les encoches du plateau support, on peut la placer successivement dans douze orientations distinctes, régulièrement distribuées dans un tour d'horizon, et prendre de la sorte un panorama complet; quelques minutes suffi- sent pour toute l'opération, et cette rapidité de manœuvre est avantageuse, en ce sens qu'elle assure aux divers clichés une grande homogénéité d'éclairemeat. » Les clichés de M. J. Vallot ont été faits en août dernier par temps clair, sur plaques orthochromatiques de Lumière, à travers une glace à faces parallèles de teinte jaune foncé, allongeant la durée de pose dans le rapport de i5 à i. L'objectif, anastigmat de Zeiss, de 85""" de distance focale, était diaphragmé à ~ environ. Le développement a été fait deux mois après l'exposition des plaques, avec un dcveloppateur faible et len- tement. » L'une des séries a été prise du haut du Brévent, h l'altitude de aSaS™. La pose, déterminée par M. J. Vallot, au moyen d'expériences préalables, a été de dix secondes. Ce panorama est celui de la chaîne du mont Blanc, du col de Balme à gauche au col de Voza à droite. Le sommet du mont Blanc, qui se trouve sur l'avant-dernière plaque de droite, était à une distance d'environ la"*™ de l'opérateur. » Une deuxième série représente la même chaîne prise de l'Aiguillette à l'altitude de 2200"" environ. On y distingue à gauche le Brévent et une partie des Aiguilles rouges. » Enfin, une troisième série représente la vallée de Chamounix, vue des pentes de Blaitière, à i loo" d'altitude environ. La pose a été, pour cette série, de trente secondes. » On ne peut pas, en considérant ces photographies, ne pas être frappé de la quantité de détails que l'on remarque, dans les lointains, pour les cimes élevées, et dans les massifs de verdure sombre pour la vallée. Ce résultat, très important, est dii à l'emploi des préparations orthochroma- tiques et du verre compensateur. » Chacune des épreuves sur verre, pour être vue sous sa véritable per- spective, doit être regardée à o°",42 environ du centre de la plaque. Leur netteté résulte surtout de la rigueur avec laquelle avaient été mis au point l'objectif de la photojumelle, et celui du châssis amplificateur, grâce à la méthode suivie dans la fabrication de ces appareils. » Il n'est pas inutile de rapprocher des dimensions de ces épreuves 24 X 3o, la petitesse et la légèreté (Soo^'') de l'appareil qui les a fournies. Grâce à la facilité avec laquelle il peut être emporté par un ascensionniste, cet instrument est certainement appelé à vulgariser des horizons dont la contemplation a été, jusqu'à ce jour, réservée à des privilégiés. » C. R., 1895, 1" Semestre. (T. CXX, N« 9.) ^6 ( 49« ) CHlMIR. — Oxydes et sulfures à fonction acide et à fonction basique. — Sulfure de zinc. Noie de M. A. Villiers, présentée par M. H. Moissan. « L'étude des propriétés des oxydes et des sulfures nous a conduit à penser que les deux fonctions acide et alcali, que peuvent remplir les oxydes indifférents et quelques sulfures, n'appartiennent pas, du moins dans un certain nombre de cas, à un même corps, mais à deux variétés distinctes par leurs propriétés chimiques et physiques. La variété repré- sentant la fonction acide n'entrerait en combinaison avec un acide, et celle à fonction basique avec une base, qu'après une transformation préalable, déterminée par les affinités. Cette transformation peut aussi se produire directement, sans qu'il soit nécessaire d'introduire l'oxyde ou le sulfure dans une combinaison chimique; mais elle est plus ou moins difficile à effectuer. Enfin, chacune des deux variétés peut exister elle-même à des états de condensation différents et passer de l'un à l'autre, tout en conser- vant sa fonction chimique. Ces dernières modifications se produisent sui- vant certaines lois dont nous avons donné un exemple dans plusieurs Notes précédentes; mais les phénomènes sont souvent troublés par des causes analogues à celles qui déterminent la surfusion et la sursaturation, et sur lesquelles nous reviendrons. » Dans le cas du sulfure de zinc précipité, on peut constater très nette- ment l'existence de deux variétés possédant, par rapport au sulfure anhydre, une même composition. Chacune d'elles peut exister sous des états d'hydratation et de condensation variables; mais elles sont complète- ment distinctes, et nous n'avons pu les tranformer directement l'une dans l'autre entre zéro et loo". » Sulfure de zinc acide. — Le sulfure de zinc amorphe, obtenu dans certaines conditions par l'action de l'hydrogène sulfuré sur une solution alcaline de zincate de soude, se présente au microscope sous la forme de masses transparentes, gélatineuses. Une fois qu'il a été transformé par l'action de la chaleur, ou sous plusieurs autres influences, on constate qu'il s'est subdivisé en particules distinctes, infiniment petites, transparentes, qui ne présentent une apparence de cristallisation, il est vrai, que sous les plus forts grossissements, mais dont l'ensemble diffère complètement du sulfure amorphe obtenu d'abord. Pas plus qu'avant sa transformation, il n'exerce aucune action sur la lumière polarisée. Le sulfure transformé, s'il est cristallisé, ce que nous ne croyons pas pouvoir affirmer sans quelques réserves, vu son état d'extrême divi- sion, appartient au système cubique. La différence survenue dans ses propriétés chi- miques démontre, du reste, qu'il a subi une modification j;)rofonde. ( 499 ) » Outre son aspect au microscope, la solubilité de ce sulfure de zinc, transformé ou non, dans une dissolution aqueuse d'iivdrogène sulfuré, permet de le difTérencier du sulfure basique. Cette solubilité peut être observée même après qu'il a été débar- rassé de toute trace d'alcali par des lavages multipliés à l'eau bouillante dans des bal- lons remplis et bouchés pour éviter l'accès de l'air. Elle a été attribuée à un passage du sulfure à l'état colloïdal; mais cette hypothèse nous paraît inexacte, le sulfure de zinc ne devenant pas colloïdal dans l'eau pure et ne se dissolvant dans l'eau chargée d'hydrogène sulfuré que dans des proportions assez peu considérables et déterminées par la quantité d'hydrogène sulfuré dissous ('). La dissolution se fait immédiatement quand le sulfure est amorphe, beaucoup plus lentement quand il est transformé, mais la quantité qui se dissout finalement paraît être la même dans les deux. cas. » Suif lire de zinc baùqiie. — Le sulfure de zinc, précipité d'une dissolution d'un sel de zinc par l'hydrogène sulfuré, peut encore exister sous deux états, amorphe et cristallisé, et passer du premier dans le second, dans des conditions comparables à celles dans lesquelles s'opère la transformation du sulfure acide, précipité d'une liqueur alcaline. La température de transformation dépend, en outre, de la nature des acides combinés à l'o.xyde de zinc et paraît être d'autant plus élevée que l'acide est plus faible. C'est ainsi que le sulfure se précipite presque toujours à l'étal cristallisé dans une solution de sulfate de zinc, amorphe dans le cas de l'acétate. Mais il est facile cependant, en s'appuyant sur les observations faites sur le sulfure de zinc acide, de l'obtenir amorphe ou cristallisé, soit avec le sulfate, soit avec l'acétate. » Ce sulfure dilTère complètement du sulfure acide. » Le sulfure cristallisé, obtenu immédiatement ou après transformation du sulfure amorphe, se présente au microscope sous l'aspect de petits prismes déliés, très nets, et qui, malgré leur opacité assez grande, exercent une action très marquée sur la lumière polarisée. « Le sulfure cristallisé est complètement insoluble dans l'eau chargée d'hydrogène sulfuré, qui ne dissout du reste que des traces négligeables du sulfure amorphe. » Remarquons que la première variété de sulfure de zinc (sulfure acide) peut subsister après qu'il a été formé, malgré l'addition d'un léger excès d'acide tel que l'acide acétique. On peut même la précipiter d'une liqueur primitive acide. C'est ce qui a lieu, si l'on ajoute un petit excès d'acide tarlrique dans une solution alcaline de zincalc de soude. On peut séparer par l'acide sulfhydrique, de cette liqueur, un sulfure de zinc soluble dans l'eau chargée d'hydrogène sulfuré. Nous retrouverons plusieurs faits ana- logues. Ces exceptions apparentes s'expliquent facilement par la théorie de M. Jungfleisch sur la constitution des émétiques et sont même une nou- velle vérification expérimentale de cette théorie. >> (') En admettant même, d'après M. Spring et M. Winssinger {Bull, de l'Ac. lioyede de Belgique, février 1888), que le sulfure de zinc reste à l'état colloïdal, après que l'on a chassé l'hydrogène sulfuré, la dissolution préalable du sulfure précipité dans l'eau chargée d'acide sulfhydrique nous paraît constituer une combinaison chimique. ( ,')00 ) THERMOCHIMIE. — RecJierches calurimèlriques sur les dissolutions salines. — Acétate de soude. Note de M. E. Mo.wet, présentée par M. Troost. (Extrait.) « La dissolution dans l'eau, à la température ordinaire, de l'acétate de soude hydraté donne lieu, on le sait, à une absorption de chaleur. Je me suis proposé d'étudier les variations qui surviennent dans la chaleur de dissolution de ce sel suivant la proportion d'eau dissolvante, c'est-à-dire suivant le degré de concentration de la dissolution finalement obtenue. » La méthode que j'emploie consiste à mesurer la chaleur qu'absorbe, à une même température, la dissolution de poids variables du sel considéré dans un poids constant d'eau. » Voici le résumé de mes expériences. » Soient S la concentration de la dissolution, c'est-à-dire le rapport du poids de sel hydraté au poids de l'eau libre ajoutée au sel, T, la tempéra- ture du sel à l'instant de son mélange à l'eau calorimétrique, Dj^) la chaleur absorbée (en petites calories) à la température T, par la dissolution de is'' d'acétate de soude hydraté dans ^ gramme d'eau libre : l^ 0,04 34,63 0,08 34,93 0,12 35 , 07 0,16 35,19 0,20 35,27 » On voit, à l'inspection de ce Tableau, que la chaleur de dissolution de l'acétate de soude augmente avec la concentration de la dissolution ou, ce qui revient au même, que la dilution d'une dissolution de ce sel dégage de la chaleur. Mais, tandis qu'avec les chaleurs de dissolution je n'ai pu dépasser la concentration 0,2, j'ai poussé la détermination des chaleurs de dilution jusqu'à des dissolutions de concentration 28, 5. » Je représente par une courbe les résultats obtenus, en prenant comme abscisses les concentrations et comme ordonnées les chaleurs de dilution. La courbe, construite vers i5°, est presque rectiligne de la concentra- tion o à la concentration 10 et monte rapidement; puis une courbure très nette se prononce entre les concentrations 5 et 17,0 ; enfin, à partir de la ( 5oi ) concenLralion i'],5, la courbe tend à devenir asyniptotique à une droite parallèle à l'axe des abscisses, dont l'ordonnée serait égale à peu près à i8. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V hexamélhylène - amine ; sels d'ammonium; action des acides; production d'aminés primaires. Note de M. Delépine, présentée par M. Henri Moissan. « Vohle a décrit des combinaisons de rhexaméthylène-aniine,,qui font ressortir cette base comme alcali tertiaire : son iodomélhylate, son iodé- thylate présentent toutes les propriétés des iodures d'ammonium. » lodamylale. — J'ai préparé l'iodamylate qui répond à la formule C*H*^Az'C°H" I par l'action de l'iodure d'amyle employé en léger excès sur une solution chlorofor- mique d'hexaméthylène-amine chauirée à sa température d'ébullition pendant 7-8 heures au réfrigérant à reflux. L'iodamylate se précipite sous forme de lamelles nacrées, qu'on obtient parfaitement blanches en les lavant au chloroforme. » L'iodamylate d'hexaméthylène-amine se ramollit à \(\&° pour fondre vers i56° en se colorant en jaune. Il se combine avec 3 atomes d'iode pour donner une combinai- son cristalline vert foncé, fusible à 127°. )i Action des acides sur les sels d'ammonium. — Je me suis demandé si l'action des acides sur les sels d'hexaméthylène-ammonium ne serait pas parallèle à celle qu'ils exercent sur l'hexaméthylène-amine. On sait que cette action consiste en une fixation de 6 molécules d'eau : C'H'^Az' H- 6H-0 = eCH^O + 4AzH'. Au cas d'un iodure tel que C'H'^Az'.RI, on aurait C^H'^Az'. RI -h 6H^0 = eCH^O + 3AzH'+ AzRH^I, c'est-à-dire un mélange d'ammoniaque et d'aminé primaire correspondant à l'iodure employé. » J'ai constaté que, conformément à ces prévisions, l'acide chlorhydrique dilué bouillant donne avec l'iodométhylate dhexamétliylène-amine un produit précipitant abondamment le réactif bismuthique. La combinaison bismulhique, privée de son eau-mère et analysée, a fourni les chiffres d'iode et de bismuth correspondant à la formule (CH', AzH", HI)'(BiP)-. Le chloroplatinate de la base régénérée de ce bismu- thate s'est présenté sous forme de paillettes jaune d'or et avait une teneur en platine correspondant à la formule (CH^, AzH-HCl)^PlCl*; trouvé /4ij46 pour 100 au lieu de 4ij68. Le rendement est presque théorique. » Toutefois, comme MM. Cambier et Brochet ont montré que l'aldéhyde formique était susceptible de réagir sur le chlorhydrate d'ammoniaque ( 5oa ) pour donner de la monométh\lamine, j'ai cru devoir m'assurerque la cause de la formation de ce corps était bien due à l'existence du groupement . , ,. ■ ■ » /f'-H' lodure d ammonium lertiau'e ^ Az . . « Pour le vérifier, j"ai fait une e\périence témoin avec rhexamélhylène-amine seule ; le réactif bismuthique n'a pas été précipité. D'un autre côté, j'ai produit l'iiydra- tatîon sur l'iodamylate qui contient le groupe = Az •; • L'hydratation demande beaucoup plus de temps (deux à trois heures) et exige un acide assez concentré; si l'on distille le produit de la réaction avec la potasse on obtient, outre l'ammoniaque, une huile basique miscible à l'eau et donnant un bismuthale cristallisé en aiguilles mordorées, ainsi qu'un chloroplatinate, dont les teneurs respectives en bismuth et en platine sont celles des combinaisons correspondantes d'amylamine. Après l'amyla- mine, il passe une petite quantité d'une base huileuse, à odeur amylique, mais inso- luble dans l'eau. J'ai observé que celte base se formait en plus forte proportion quand on chauffait moins longtemps avec l'acide; j'espère, dans une prochaine Note, communiquer les résultats que j'aurai obtenus relativement à cette base dont je me réserve l'étude. » A part cette réaction secondaire, dont la nature m'est encore inconnue, je signale donc l'action des acides sur les iodures d'ammonium de l'hexa- méthylène-amine, comme un nouveau mode de formation des aminés pri- maires. Je signale aussi l'utilité de l'emploi du réactif bismuthique, qui permet de séparer les aminés d'avec l'ammoniaque; même, au cas relatif à l'amylamine, il permet de séparer cette base de la base insoluble dans l'eau, laquelle donne un bismuthate fort peu soluble ('). » ÉCONOMIE RURALE. — Sur la composition de quelques avoines françaises et étrangères, de la récolte de 1898. Note de M. Balland. « Depuis que les avoines exotiques sont exclues, sauf en quelques cas particuliers, des fournitures de l'armée, bon nombre de ces produits sont présentés à l'Administration de la Guerre comme étant de provenance in- digène. Les échantillons analysés, dans le but d'apporter quelques élé- ments nouveaux permettant de mieux caractériser les principaux types d'avoines que l'on trouve sur les marchés français, sont de provenance certaine. Ils ont été prélevés, en grande partie, par les soins de la Chambre (') Travail fait au laboratoire de M. Pruniei-, à l'École de Pharmacie de Paris. ( 5o3 ) syndicale des grains et farines de la place de Paris, sur un ensemble de lois de la même région : ils représentent, par suite, assez exactement le type de la région qui les a produits. » On peut les grouper comme il suit, d'après leur nuance : » Avoines grises ou noires : Beauce, Bretagne, Champagne, Picardie, Vosges, Hollande, Islande, Russie (Libau), Suède. » Avoines bigarrées : Etats-Unis d'Amérique. » Avoines jaunes rougeàlres .-Algérie, Chypre, Grèce, Rodosto, Smyrne. » /tioiVîe* è^artc/ies .• Danube (Brada ), Norwège, Russie (Libau, Nicolaïef, Sainl- Pélersbourg, Thèodosie). » Les avoines de Beauce contiennent une proportion de matières azotées générale- ment supérieures à lo pour loo; le poids des matières grasses est voisin de 5 pour loo; la cellulose est peu élevée (7,5 à 9 pour 100). Elles donnent 74 à 76 pour 100 d'amande, et 26 à 24 pour 100 de balle. Le poids moyen de 1000 grains est de 20b'' à 22S''; le taux des graines étrangères, de i à 3 pour 100. » Les avoines de Champagne se rapprochent par leur composition chimique des avoines de Beauce; mais le poids moyen des graines est moins élevé (iSs' à igS'). » Dans les avoines de Picardie, le poids moyen est de 22S^ Le poids de l'amande descend à 78 pour 100; la moyenne des matières grasses et azotées diffère peu des précédentes. » Pour l'avoine des Vosges, qui est plus foncée que les avoines de Beauce, de Champagne et de Picardie, le poids de l'amande tombe au-dessous de 72 pour 100 (plus deg pour 100 de cellulose) sans que la proportion des matières grasses et azo- tées soit sensiblement modifiée. » Les avoines de Bretagne se distinguent des avoines de Beauce par une plus faible proportion de matières azotées (9 à 9,5 pour 100) et une augmentation de matières grasses (5 à 6 pour 100). La proportion d'amande atteint et dépasse même 77 pour 100. Le poids mojen de 1000 grains est de 35s''; le taux des impuretés est le même que pour les précédentes avoines (i^'' à 3'' pour 100). » Les avoines de Suède se rapprochent beaucoup des avoines de Beauce par leur composition chimique : toutefois, le poids moyen des graines est plus élevé (25e'' pour 1000). Parmi les graines étrangères (2s' à 3s'' pour 100), on remarque la présence de la vesce, que l'on ne trouve pas dans les avoines de Beauce; on observe encore que les avoines de Suède sont plus foncées, plus brillantes et généralement ])lus hydratées. » L'avoine d'Irlande, bien qu'un peu plus terne, se rapproche de l'avoine de Suéde, mais elle contient moins d'amande (72 pour 100) et moins de matières grasses (au- dessous de 4 pour 100) : elle est très pure (moins de i pour 100 d'impuretés). » L'avoine de Hollande, un peu moins foncée que l'avoine d'Irlande, est aussi très pure; la proportion des matières grasses est plus élevée (5 pour 100). » L'avoine noire de Libau est caractérisée par une bonne proportion de matières azotées (10 pour 100), une faible proportion de matières grasses (moins de 4 pour 100) et un excès de cellulose (i i pour 100). Le poids de l'amande est inférieur à 70 pour 100; le taux des impuretés, au-dessus de 4 pour 100. ( ^o4 ) » Les avoines bigarrées d'Amérique présentent une bonne composition moyenne (ro pour 100 de matières azotées, 5 pour loo de matières grasses, 75 pour 100 d'amande) ; les impuretés (2 à 4 pour lOo) sont exclusivement constituées par de l'orge et du blé. » Les avoines blanches de Saint-Pétersbourg renferment jusqu'à i4 pour 100 de ma- tières azotées, la proportion d'amande s'élève à 74 pour 100. Les avoines blanches de Liban, Nicolaïef et Théodosie, contiennent un excès de cellulose (moins de 70 pour 100 d'amande), 3 à 4 pour 100 de matières grasses et plus de 10 pour 100 de matières azotées. Les graines étrangères, en majorité de l'orge, peuvent s'élever à 20 pour 100; on re- marque la présence du millet rouge qui peut aider à caractériser toutes les avoines de Russie. n Les avoines du Danube (Broïla) sont moins ligneuses que les avoines du sud de la Russie (73 pour 100 d'amande); elles sont aussi moins impures (3 pour 100). Le poids moyen des graines est le même (ao?"' à 226'' pour 1000). » L'avoine blanche de Norwège présente la composition des bonnes avoines de Suède et de France, avec une plus forte quantité d'eau. Le poids moyen des graines est de 826'' pour 1000. » Les avoines d'Algérie se distinguent par une faible proportion de matières azotées (au-dessous de 9,5 pour 100), une bonne proportion de matières grasses (5 pour 100) et un excès de cellulose (moins de 70 pour 100 d'amande). Taux des impuretés, 3o à 4o pour 100; poids moyen des graines, 29 pour 1000. » Les avoines de Chypre, de Grèce, de Smyrne et de Rodosto sont très sèches, comme les avoines d'Algérie, dont elles se rapprochent par la nuance et la composi- tion. L'amande est au-dessous de 70 pour 100. Pour les avoines de Rodosto et de Smyrne, le poids moyen des graines est de 35s'- à SgS'' pour 100. Ces deux dernières sont générale- ment très impures (10 à 20 pour 100 d'impuretés); l'avoine de Smyrne est, de plus, caractérisée par la présence d'une crucifère, Rapislrum orientale. » ANATOMIE ANIMALE. — Nouvelles considérations sur ianatomie comparée des membres. Note de M. J.-P. Dur.4Nd (de Gros), présentée par M. Marey. (' L'anatomie comparée des membres, chez les Vertébrés, nous révèle des caractères singulièrement significatifs et précieux pour la détermina- tion des rapports généalogiques des espèces. Cependant, ceux qu'offrent les extrémités ont seuls fixé l'attention jusqu'à ce jour, alors que les seg- ments supérieurs en possèdent de non moins importants, sinon plus. » Dans mes deux Mémoires de 1868 et 1869, imprimés dans les Bulle- tins de la Société d' Anthropologie, dans mon Livre intitulé : Origines animales de l'Homme, paru en 1871, et enfin dans une Communication à l'Académie des Sciences, insérée dans ses Comptes rendus, j'ai signalé toute une série de variations de la conformation du brasetdel'avant-bras considérée dans ( .5o5 ) l'ensemble des Vertébrés supérieurs, qui sont de la nature la plus surpre- nante. Il resterait maintenant à consacrer une nomenclature appropriée à ces caractéristiques morphologiques, fournies par les deux grands articles du membre thoracique; car certainement elles n'en sont pas moins dignes que celles que les naturalistes se sont contentés de relever dans les articles terminaux, et auxquelles ils ont prodigué les distinctions de polydactyle, monodactyle, penladaclyle, périssodaclyte, arliodaclyle, etc. )) S'il a paru légitime et expédient d'embrasser sous une désignation commune les espèces qui ont cinq doigts, et aussi celles qui n'en ont qu'un, et puis encore celles chez qui les doigts sont en nombre pair ou sont eu nombre impair, on ne saurait hésiter à reconnaître qu'il n'est pas moins rationnel ni moins utile d'affecter une appellation collective à chacun des groupes zoologiques qui se constituent dans notre esprit par la commu- nauté de chacun des caractères dont je vais faire l'énumération. « I. Torsion huniérale et renversement consécutif de l'avanl-bras, avec la paume de la main tournée en dehors, le radius et le pouce faisant face au tibia et au pouce de la patte abdominale. (Exemple : Cistude commune.) » II. Absence de torsion liumérale et de renversement autibracbial, les deu\ os de l'avant-bras et la main présentant une liomologie exacte de position relative et de direction avec les parties homotypes du membre postérieur. (Exen)ple : Chélonée Caouanne.) u 111. Identité de conformation et de direction entre les mêmes membres. (Ex.:Icli- ihyosaure. Plésiosaure.) » IV. DilTérence de conformation, ou tout au moins de direction, entre les mêmes membres. (Ex.: Grenouille, Lézard, Pigeon, Cliien, Bœuf.) )) V. Direction latérale, c'est-à-dire parallèle au plan médian du corps, de la ligne des deux articulations luiméro-cubilale et fémoro-tibiale. (E\. : Enaliosauriens.) » Yl. Direction transversale, cesl-à-dire perpendiculaire au plan médian du corps, de la ligne de ces deux articulations. (Ex. : Mammifères terrestres.) M VII. Flexion en arrière des deux articulations, l'une et l'autre à ligne transversale, et conséquemmenl projection en avant des deux saillies articulaires, et apparition d'un genou thoracique qui est la répétition fidèle du genou abdominal. (Ex.: Pelto- céphale Tracaxa et autres Emydiens.) » Vlll. Opposition de l'articulation liuméro-cubilale à l'articulation fémoro-tibiale^ celle-ci continuant à se ployer en arriére, celle-là se ployant en avant, et opposant au vrai genou sa convexité devenue coude. (Ex. : La plupart des Reptiles, les Oiseaux et Mammifères terrestres.) » I\. Gomme addition complémentaire à la torsion liumérale pour le renversement de la main en dehors, luxation complète du coude par un quart de rotation antéro- interne, la ligne intercondylienne liumérale et la ligne intercondylieniie radio-cubitale formant entre elles une croix au lieu d'être en coïncidence. (Ex. : Tortue du Cap.) » X. Gomme correction à la torsion de l'humérus et à l'inversion consécutive de C. R.,1895, i' Semestre. (T CXX, N°9.) t)^ ( 5o6 ) l'avanl-bras et de la main, c'esl-à-dire comme moyen mécanique de ramener l'extré- mité du membre en avant, luvalion incomplète du coude par rotation antéro-iuterne. (Ex. : Batraciens, Lézards, Crocodiles, Oiseaux.) » XI. En vue du même résultat que ci-dessus, révolution radio-carpienne qui couche le radius sur le cubitus en sautoir, sa base d'un cùlé, sa tête de l'autre, ap- puvant par sa face ventrale sur la même face de l'autre os, et tournant sa face dorsale en avant, tandis que la face dorsale du cubitus regarde en arriére. (Ex. : La presque totalité des Mammifères terrestres, sauf les modifications graduelles ultérieurement survenues chez un grand nombre.) » XIL Comme un troisième expédient de pronation, incurvation horizontale de l'humérus en demi-cercle, avec déchirure profonde de sa trochlée dans le sens de l'inflexion. Ce processus a pour effet de ramener l'avant-bras en avant dans son entier — à la différence de la rotation radio-carpienne, qui laisse le cubitus en supi- nation — et sans bouleverser les positions réciproques de ces deux os, lesquels restent ainsi parallèlement et latéralement juxtaposés et d'ajîlomb, et présentant cha- cun sa face dorsale en avant, sa face ventrale en arrière, à l'instar de leurs homolypes, le tibia et le péroné. (Ex. : Monotrèmes.) » Xin. Pouvoir de pronation et de supination facultati\es par le libre jeu de la rotation radio-carpienne. (Ex. : Mégalhérium, Marsupiaux, Lémuriens, Chats, Singes, Homme.) » XIV. Pronation fixe par ankylose et soudure mutuelle, complète ou incomplète, des deux os de l'avant-bras. (Ex. : Tous les Mammifères ongulés et certains Ongui- culés.) » XV. Pronation fixe avec redressement vertical du radius en avant du cubitus. (Ex. : Hippopotame, Cochons, Ruminants, Chevaux, Chiens, Rongeurs.) » XVI. Pronation fixe avec obliquité du radius comme dans la pronation libre. (Ex. : Mastodonte, Eléphant.) » XVII. Atrophie et résorption du cubitus au profit du radius qui le supplante et devient l'unique colonne de sustentation. (Ex. : Ruminants, Chevaux.) » XVIII. Transformation inverse consistant dans la réduction du radius à l'étal de résidu organique, et dans une hypertrophie énorme du cubitus. (Ex. : Proboscidiens.) 1) Les particularités morphologiques, sommairement indiquées ci-dessus, consistent, pour laplupart,cn déformations d'un type primitif et régulier ; et quelques-unes de ces déformations sont telles qu'aux yeux de l'homme de l'art elles présentent les signes frappants de lésions chirurgicales caracté- risées. Je ne puis ici m'étendre sur ce rapprochement, qui jette un jour bien étrange sur la genèse des formes spécifiques; je me contente d'insister sur l'importance de ces indications de l'anatomie comparée des membres, en tant que critérium de ce que, dans la nouvelle langue de l'Histoire na- turelle, on appelle la diagnose phylogénique ; me sera-t-il periiiis d'espérer que l'Académie voudra bien leur donner place dans la nomenclature mor- phologique de la Zoologie, c'est-à-dire assigner à chacune sa dénomination scientifique. « ( 5o7 ) M. Edmoxd Perrier, à l'occasion de la (Communication de M. Durand {de Gros), présentée par M. Marey, s'exprime ainsi : « Pinsqiie le nom de M. Durand (de Gros) est prononcé devant l'Aca- démie, je suis heureux de rendre à ce penseur distingué un hommage que je n'ai pu lui rendre lors de la publication de mon livre : Les Colonies ani- males et la formation des organismes, n'ayant connu que tro|i lard ses pu- blications. M. Durand (de Gros) est l'un des premiers qui aient cherché à établir cette proposition : « Les Vertébrés ne sont pas des animaux simples, mais bien des animaux composés résultant de l'association d'un certain nombre d'individualités dont les vertèbres qui se répètent réguliè- rement d'une extrémité à l'autre du corps sont les indications les plus nettes ('). » Au moment où elle fut énoncée, cette proposition était le contre-pied formel de ce qu'enseignaient en France les naturalistes les plus éminents; elle se présentait sous une forme imprévue qui s'opposait à ce qu'elle fût bien comprise et soulevait l'incrédulité; elle passa inaper- çue, bien que Geoffroy-Saint-Hilaire et Ampère eussent déjà songé à com- parer la structure des Vertébrés à celle des Insectes et que Dugès eût pu- blié, en i83i, son remarquable Mémoire sur la Conformité organique dans le règne animal. On sait cependant aujourd'hui que les répétitions ne se bornent pas aux vertèbres dans le corps des A ertébrés; les nerfs, les vais- seaux et les muscles du tronc, les néphridies mêmes de certains embryons se répètent exactement comme les vertèbres et les côtes, et il serait désor- mais d'autant plus difficile de contester la constitution segmentaire du corps des Vertébrés que l'Embryogénie nous fait assister à l'apparition graduelle des segments qui le composent. Les segments des Vertébrés sont eux-mêmes exactement comparables au point de vue du mode de consti- tution du corps à ce que Moquin-Tandon appelait les zoonites des Arthro- podes et des Vers. Chez les Insectes et les autres Arthropodes (les mèrides de mes Colonies animales) ces zoonites sont inséparables et ne paraissent constituer que les parties d'un même tout; au contraire, si l'on passe aux Vers, on trouve que chez un certain nombre d'entre eux la solidarité des segments est singulièrement relâchée. Le corps peut se dissocier en groupes de segments susceptibles de constituer tle nouveaux individus {Lumbriculus); cette dissociation peut être précédée de la formation d'une tête et d'une queue, de sorte que les groupes de segments Çz-oides) au mo- (') Bulletins de la Société d' Anthropologie ; 1869. ( 5o8 ) menL où ils se séparent sont déjà des individus complets (Z)(VO, Autolytus cornutus, Syllis hyalina, etc.), et il arrive même que chaque segment puisse se constituer en un individu distinct (J/yna^w, Chœtogaster, Nais, Slyla- ria). Au moins dans les instants qui précèdent immédiatement la disso- ciation on ne saurait nier que les Vers dont nous venons de parler soient formés de plusieurs individualités distinctes, soient polyzoïques, au sens où M. Durand (de Gros) entendait ce mot. D'ailleurs dans le corps d'un Ver, les segments zoonites ou mérides sont, comme l'avait déjà vu Dugès, les équivalents des rameaux d'un Polype et l'histoire bien connue de l'Hydre d'eau douce nous montre ces rameaux capables de se détacher un à un, de vivre d'une vie indépendante, constituant, par conséquent, autant d'indi- vidualités distinctes. » Si maintenant, au lieu de descendre, comme nous venons de le faire, du composé au simple; au lieu de nous borner à comparer entre elles les parties constitutives du corps des animaux; de nous arrêter pour ainsi dire à la statique animale, nous procédons en sens inverse; si nous cher- chons à nous élever du simple au composé, à déterminer l'origine des parties que nous ne faisions que comparer tout à l'heure, si nous nous plaçons, en d'autres termes, au point de vue dynamique, nous constatons qu'un même phénomène simple, le bourgeonnemenl, donne naissance aux rameaux des Eponges et des Polypes, aux rayons des Méduses et des Étoiles de mers et aux segments des Vers. » C'est le point de vue éminemment e-r^/jw/;;/ auquel je me suis placé dans mon Livre : Les colonies animales. Or, lorsqu'on suit en détail le déve- loppement de cette idée fondamentale, on arrive, quant au mode de consti- tution du corps des Vertébrés, précisément aux conclusions de M. Durand de Gros, et la méthode employée donne, ce qu'on ne trouve ni dans la_ doctrine de Darwin, ni dans celle de Haeckel, une explication absolu- ment scientifique, puisqu'elle s'appuie uniquement sur un long enchaî- nement de faits, du processus de complication graduelle qui a présidé à l'évolutisn des organismes et les a conduits à la puissance physio- logique qu'ils possèdent actuellement. Celte même méthode donne son véritable sens à la proposition de Serres : L' Embryogénie n'est qu'une Anatomie comparée transitoire, formule que Fritz Mùller a étendue à la Paléontologie en disant : Les formes successii^es que re^ét un embryon ne sont que la répétition abrégée des formes traversées par la série de ses ancêtres et qui se trouve d'ailleursimplicitementcomprise dans l'idée de Lamarck, que La classification naturelle n'est en somme que l'arbre généalogique du ( ;'>'^9 ) règne animal. Ainsi se trom eut étroitement reliées par des liens rationnels ces quatre Sciences : YAnatomie comparée, VEmbryogénie, la Taxonomie ou Science de la classification et la Paléontologie. En fait, tout l'effort de l'Embryogénie et de l'Anatomie comparée (') s'est porté dans ces dernières années vers la démonstration de ce grand fait que les Vertébrés ne sont que le couronnement d'une série organique dont les Versannelés étaient les premiers termes et qui a pour point de départ des animaux analogues aux Rotiféres (Trochosphères); tout ce qui a été fait dans cette direction nous ramène à la proposition de M. Durand (de Gros), prise au sens dy- namique. M. Durand (de Gros) peut donc être considéré comme un pré- curseur des doctrines qui tendent à s'établir aujourd'hui et il n'est que juste de lui attribuer la part d'honneur qui lui revient dans un mouvement qui s'opère en faveur d'idées qui lui sont chères, qu'il a pu croire mortes et à la renaissance desquelles il lui aura été donné d'assister. » ZOOLOGIE. — Sur une maladie des Langoustes. Note de MM. E. L. Bou- vier et Georges Bociië, présentée par M. A. JMilne-Edwards. « A la fin de novembre dernier, M. Guillard, de Lorient, avertit l'admi- nistration de la Marine qu'une épidémie sévissait sur les Langoustes con- servées en viviers par les mareyeurs du Morbihan : la maladie était apparue au commencement d'octobre et, prenant de suite les proportions d'un véritable désastre, avait fait périr en deux mois plusieurs milliers de Crus- tacés. Préoccupé de connaître l'origine delà maladie, d'enraver sa marche, si possible, et tout iju moins de prévenir son retour dans l'avenir, M. Félix Faure, alors Ministre de la Mariue, prescrivit qu'une enquête technique et scientifique fût immédiatement faite à ce sujet. Bien que les recherches issues de cette enquête ne soient pas terminées, nous croyons bon de pu- blier dès aujourd'hui, dans l'intérêt des pêcheurs et des mareveurs, les résultats généraux et les observations qui se dégagent des renseignements recueillis sur les lieux et des examens de laboratoire effectués jusqu'ici. Beaucoup de gens, sur la foi d'un renseignement erroné, ont voulu voir une corrélation entre l'épizootie faisant l'objet de cette Communication 1 1 les cas d'intoxication survenus l'été dernier à la suite de l'ingestion de Langoustes qui avaient subi un commencement de décomposition a^ant ou (') \'(iii' siii-toul les i-echerc!ies fie Seniper, Balfoiir, Dolirji, l[oiissax, etc. ( ^^If> ) après la cuisson. En ce moment encore, le commerce de la Langouste, dont la pêche aventureuse occupe en France une nombreuse population de marins, souffre du discrédit jeté inconsidérément sur ses produits. Il n'est donc pas inutile de rappeler que l'épizootie n'a débuté que très pos- térieurement aux empoisonnements dont nous parlons et d'affirmer que, si elle a causé un grave préjudice aux gens de mer, elle n'a présenté abso- lument aucun danger pour l'hvgiène publique. » C'est un mareyeur de Quiberon qui s'aperrut le premier de l'invasion du mal; il reconnut qvie les Langoustes de ses viviers périssaient en grand nombre et constata, en même temps, que les animaux malades « paraissaient saigner auv articulations ». Quelques jours après, les mêmes faits étaient signalés par les autres mareyeurs de la même localité, puis par ceux du Palais (Belle-Isle-en-Mer), de Groix et de Lomener (près de Lorient). » Il résulte de nos observations que la maladie se manifeste à l'extérieur par des crevasses fréquemment œdémateuses qui envahissent les deux premières articulations des pattes, la face inférieure de l'abdomen et surtout les cinq lamelles de la rame natatoire caudale; dans certains cas, les fausses pattes abdominales sont également atteintes. Il est exact que les Langoustes malades perdent leur sang et nous pouvons ajouter que c'est par les crevasses qu'il s'écoule pour venir se coaguler à l'air; certaines de ces crevasses paraissent se cicatriser, mais la plupart s'étendent en détruisant les tissus voisins et facilitant l'émission sanguine qui amène, au bout de quelques jours, la mort de l'animal. » A l'autopsie, les Langoustes malades paraissent ne dilTérer en rien de celles qui sont indemnes. Mais, si l'on pratique des coupes dans les régions ulcérées, on arrive à mettre en évidence, au sein même des tissus, de nombreuses colonies bactériennes qui se colorent parfaitement par la méthode de Gram ou par le bleu de Kiihne. Ces colonies sont constituées par un cocco-bacille assez large; comme elles abondent surtout au voisinage des lacunes sanguines, en des points où les rubans chromatiques des globules sanguins sont fréquemment dissociés, nous avons craint longtemps de les confondre avec ces débris nucléaires; mais MM. Metschnikow et Borelli ont ]jarfaite- ment reconnu le microbe, signalé plus haut, sur des coupes que nous leur avons pré- sentées et qu'ils avaient colorées en violet par la ihionine. Au reste, nous croyons avoir réussi à cultiver le cocco-bacille dans la gélatine peplone; si les inoculations que nous allons tenter viennent confirmer celle présomption, le microbe des Langoustes malades serait mobile, dépourvu de toute propriété chromogène et liquéfierait la gélatine. Il ne paraît pas être soumis à la phagocytose et c'est là, vraisemblablement, ce qui ex- plique la gravité de Tépizoolie. » Le mal sévit uniquement sur les animaux que l'on conserve dans des viviers (radeaux ou anfractuosités de rochers), en attendant qu'ils soient livrés à la vente ; les causes que lui assignent les gens de mer sont : l'emploi d'appâts plus ou moins décomposés; la corruption des eaux littorales (où ( 5.1 ) sont installés les viviers) par les déchets de l'industrie sardinière; la tem- pérature trop élevée de ces eaux durant le dernier automne; enfin, la con- tamination par des Langoustes espagnoles venues malades de leur point d'importation. Aucune de ces explications ne nous paraît satisfaisante : la maladie, en effet, n'a nullement sévi dans les viviers des localités bre- tonnes où la pêche se pratique sur les mêmes fonds (Le Croisic) ou avec les mêmes appâts (Finistère) qu'à Quiberon ; elle n'a fait son apparition, l'automne dernier, ni à Concarneau, ni dans aucun autre port du Finistère où se pratique l'industrie sardinière; par contre, elle parait avoir ravagé, il y a quelques années, les localités de l'Aberwrach (') et de Roscoffoù n'existe pourtant aucune friturerie de sardines; quant aux Langoustes espagnoles elles paraissent mieux résister au mal que les Langoustes indi- gènes et, d'ailleurs, n'ont nullement souffert cette année à Camaret, l'Aber- wrach et Roscoff. » Pour nous, la source première du mal serait la dépression organique causée chez les Langoustes par les conditions biologiques défavorables qu'elles rencontrent dans les viviers, dépression qui aurait facilité l'inva- sion du microbe en lui offrant un terrain de culture approprié à son déve- loppement. Parmi ces conditions biologiques mauvaises, il y a lieu de signaler l'entassement des Langoustes dans les viviers et la privation presque complète, sinon complète, de nourriture qu'on leur impose; mais on doit placer au premier rang, ce nous semble, les différences considé- rables qui existent entre la pression et la tem])érature dans les viviers et celles que supportent les Langoustes par les fonds de 25"" à 80"" où elles vivent normalement. Il ne sera pas inutile de rappeler, à ce sujet, que les Crustacés presque littoraux, comme les Homards, sont restés parfaitement indemnes dans les viviers où un simple grillage les séparait des Langoustes malades, et que l'invasion de l'épizootie a coïncidé avec une période de chaleur inaccoutumée, rendue plus sensible par la morte-eau. Au reste, les études bactériologiques, que nous avons entreprises, nous permettront sans doute d'établir, avec plus de précision, la nature exacte du mal, son origine et son processus de contamination. » Pour terminer, disons que l'épidémie des Langoustes n'existe plus et affirmons de nouveau qu'elle n'a exercé aucune influence défavorable sur (') -M. Fabre-Doinergue nous a dit avoir observé dans celle localilé, en 1891, des iinimaux présentant les caractères extérieurs de celte épidémie, qui a, d'ailleurs, sévi i\ (^)uiberon en i885 et 1889, aux dires des mareyeurs. ( 5i2 ) l'hygiène publique. Dès que les mareyeurs, en effet, s'aperçurent du mal, ils soumirent à la cuisson, avant qu'ils fussent morts, les animaux atta- qués, et les vendirent à bas prix aux habitants de la côte; les Langoustes de cette provenance ont été consommées en grand nombre dans le Mor- bihan, l'année dernière, et n'ont jamais causé le moindre mal à la ])opu- lation. » ZOOLOGIE. — I)e la formation de la coquille dans les Mollusques. Note de M. MoY.MER DE ViLLEPoix, présentée par M. Milne-Edwards. « Dans une Note présentée à l'Académie le 17 juillet 1891, ainsi que dans mon Mémoire sur la Formation et l' accroissement de la coquille des Mol- lusques, j'ai décrit, d'après mes propres observations, le mode d'accroisse- ment du test chez Hélix aspersa, pensant être le premier à signaler ces phénomènes. » J'ai été à même de constater depuis, que MM. E. Mer et Longe, dans une Communication à l'Académie, en date du 12 avril 1880, intitidée Z)e /a formation de la coquille dans les Hélix, ont donné de l'appareil producteur dei test des Hélicides une description complète, avec laquelle mes observa- tions concordent presque entièrement. » MM. Longe et Mer attribuent à la glande que j'ai appelée bandelette palléale, et qu'ils désignent sous le nom de corn epithélial, l'unique fonction de sécréter la cuticule. Sur ce point seulement existe un léger désaccord. J'ai pu constater, par l'action des réactifs (oxalate d'ammoniaque), la pré- sence du calcaire dans cette glande, et je suis porté à lui attribuer, comme je l'ai fait dans mon Mémoire, un rôle mixte. Cette glande sécréterait à la fois de la chaux et de la matière organique. Le fait n'a rien d'invraisem- blable, puisque j'ai montré que le ligament des bivalves est imprégné de calcaire à l'état diffus, et que d'autre part (ainsi que je le fais remarquer à la page ^5 de mon Mémoire) il est facile de reconnaître que les cellules de la bandelette palléale sont des cellules épithéliales modifiées dérivant de répithéliura palléal qui sécrète la couche calcaire de la coquille. Il est donc assez naturel de leur attribuer un rôle mixte et de considérer la ban- delette palléale comme contribuant à hx formation et à la minéralisation de la cuticule, sinon à la production de la couche calcaire. De nouvelles recherches seraient peut-être nécessaires pour éclaircir complètement ce dernier point. ( 5«'^ ) » Quoi qu'il en soit d'ailleurs, j'igaorais les travaux de MM. jMer et Longe, et je m'empresse de leur restituer, à cet égard, la priorité qui leur appartient. >> En ce qui concerne particulièrement cette partie de l'appareil cu/ogéne de MM. Mer et Longe, que j'ai appelée bandelette palléale, je puis ajouter qu'elle n'est pas spéciale au genre Hélix : je l'ai retrouvée chez les Gasté- ropodes aquatiques et principalement chez Paludina vivipara, avec les mêmes caractères et la même disposition. » PHYSIOLOGIE. — Sur la diffusion des parfums. Note de M. Jacques Passy. « Lorsqu'on dispose dans une enceinte fermée des corps différents, tels que de l'eau, des résines, des huiles, des fragments de papier ou de métaux, et qu'on y introduit un corps odorant, tel qu'un papier trempé dans une solution de musc ou de vanilline, on constate qu'au bout d'un certain temps tous les corps ont contracté l'odeur caractéristique du musc ou de la vanilline. On peut démontrer que cette odeur est bien due à la diffusion tlans l'atmosphère, et à la fixation, par les différents milieux, du parfum primitif. C'est ainsi qu'un tissu qui a contracté le parfiun de la vanilline résistera à l'aclion des lavages répétés, tandis que l'action des bisulfites alcalins détruira l'odeur immédiatement. Les quantités fixées sont fort différentes pour les différents milieux; mais le rapport des quan- tités fixées par ces différents milieux reste le même d'une expérience à l'autre. Il semble que le parfum fixé par les corps solides s'y trouve à l'état de dissolution. Les raisons qu'on peut invoquer sont les mêmes que celles qu'on a données pour expliquer les phénomènes de teinture. » De même que la fuchsine cristallisée est verdàtre, à reflets métalliques, et ne manifeste sa couleur pourpre caractéristique qu'en dissolution, de même la coumarine, par exemple, ne présente pas à l'état cristallisé l'odeur caractéristique de cette substance, et il est permis de supposer que les tissus parfumés la contiennent en dissolution. » Eu résumé, comme cela parait certain a priori, toute production d'odeur s'accompagne de la diffusion dans l'atmosphère et de l'apport à la muqueuse olfactive d'une substance odorante, dont la présence peut être décelée par l'emploi d'un agent chimique approprié, qui, détruisant cet individu chimique, détruit en même temps l'odeur correspondante. » G. R., i8ç)'), i- Semestre. (T. C\\, N° 9.) 68 (5i4) ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur les exigences de la Vigne. Note de M. A. MiJNTz, présentée par M. Dehérain. « La Vigne, comme tous les végétaux, doit trouver, dans le sol, les matières fertilisantes nécessaires à l'élaboration de ses organes; elle les emprunte à la terre elle-même ou aux fumures qu'on lui donne. On connaît les exigences de la plupart des plantes cultivées; celles de la Vigne n'avaient été étudiées qu'imparfaitement ('), et les conditions si diffé- rentes de sa culture et de la production du vin dans les diverses régions de la France ne permettaient pas de généraliser des observations incomplètes et isolées. » Le travail d'ensemble que j'ai exécuté, dans les exploitations des prin- cipaux centres vilicoles, est destiné à fournir des notions précises sur l'application judicieuse des engrais, dans les diverses conditions de culture et de production. Il a été poursuivi, pendant six ans, sur de grands et nombreux vignobles, dont les pratiques culturales variaient suivant la région. » Il est difficile de résumer les résultats obtenus dans le cours de ce travail : ils se traduisent surtout par des données numériques, auxquelles les viticulteurs peuvent avoir recours. Cependant, il s'en dégage quelques faits qui frappent par leur constance et qui méritent d'être mis en relief. » La Vigne est certainement la culture qui offre le plus de variété dans sa production. Celles du Midi portent des récoltes abondantes et régu- lières. Là, les vignes françaises, conservées par la submersion ou plantées dans les sables, donnent annuellement i5o''', aoo''' et même 3oo''' de vin par hectare; les vignes greffées sur racines américaines, cultivées dans des plaines et dans des terrains accidentés, peuvent en donner loo'"' à loo'''. Combien est grande la différence entre ces vignes à haute production et celles du Médoc, de la Bourgogne, de la Champagne, où les rendements moyens sont dix fois moindres, dépassant de peu 20'''. » Il semble naturel d'attribuer aux vignes si productives du INIidi des besoins particulièrement grands eu éléments nutritifs, azote, acide phos- phorique, potasse et, par suite, une tendance à épuiser le sol ou à exiger d'abondantes fumures. (') Boiissingault, M. Mares. (5i5) ') Ce n'est point là cependant ce qui ressort de mes observations et les exigences de ces vignes ne sont pas en rapport avec l'abondance de leurs récoltes. » Le Tableau suivant montre quelles sont les quantités de matières fer- tilisantes absorbées par les divers organes de la Vigne, feuilles, sarments, fruits, et celles qui ont été mises en jeu par cette végétation annuelle pour l'obtention d'un hectolitre de vin. Les vignobles sont classés par régions et par types, avec l'indication des exploitations et des surfaces mises en expé- rience. Jlaliéres fertilisâmes Prodiic- Matières fertilisantes absorbées tioii absinbc'cs pour la production moyenne par Iicctai-e tic vignes. d'un liecLolitre de vin. par — ^ — '^ — ^ — ^ — -~ — -^ _ hectare. Azote. Ac.phosph. Potasse. Azote. Ac. phosph. Potasse. { ignés du Midi. Vienes traitées par la submersion. (Saint- ,, , , , , ^ / ^ hl _ ks Ki; _ k;; ks kg kg ' Laiirenl-d'Aigouzes, 32''-'.) 190 ."J- iS ')'6 0,000 0,09.} 0,294 Vignes plantées dans les saisies. (Jarras, près d'Aigues-Mortes, iGi'"'.) i33 Sg 17 62 0,443 0,137 o,54i Vignes de plaines. ( Guilhennairi et Can- dillargues, 384''".) '3o 71 i5 49 0,546 o,iij 0,376 Vignes de deini-monlagne. (Verchant, La- broiisse, go''-'.) no 44 11 36 o,4oo 0,100 0,337 Vignes de montagne. (Saint-Georges, Bel- levue, 322''".) 80 4' 'I 4o o,.ji3 0,187 o,5oo Vignes du lioiissiUun. Vignes situées à l'aspre. (Mas Déous, SSo'"».) 80 38 10 46 0,475 0,125 0,575 Vignes à l'arrosage. (S'^-Eugénie, iSo'"') . loô 48 12 87 o,457 o,ii4 0,352 Vignes en terrasses. (Banyuls, 2'"'.) 20 18 4 '9 0,720 0,160 0,760 Vignes du Médoc. Crus classés. (Cliàteauv Latour, Ladle, Braiie-Cantenac, Yssan, 197''-'.) 20 4' '4 53 i,64o 0,060 2,120 Crus bourgeois. (Château Beau-Sile, Lou- denne, 1 15'".) 28 46 i4 64 ',642 o,5oo 2,285 Palus. (Étoile, Cantenac, Moulin-d'Yssau, 58''".) 4o 36 10 45 0,900 o,35o 1,120 Vignes de S'-Emilion et de Poinerol. (Châteaux S'-Georges-Côte-Pavie, Belle- font, Gazin, 5o''".) 25 4o 11 45 1,600 o,44o 1,800 ( 5i6 ) MaLicics (erlilisanles Priiduc- Matières fertilisâmes absorbées lion absorbées pour la production moyenne par hectare de vignes. d'un hectolitre de vin. par — — ^ — -~ — -^ ^ -^ — '^^ .^ -^ hectare. Azote. .\c. phosph. Potasse. Azote. Ac. ]>hosph. Potasse. Vignes de la Bourgogne, Vins rouses. (Chamljerliu , I^oiniiiarJ , ,, l l Beaiine, Givrv, 6''-',5.) 23 a.j 7 27 1,087 o,3o4 1,173 \ins blancs. (Monlracliel, oo'".) 18 26 6,5 22 1 ,4'l4 o,36i 1,222 Vignes du Beaujolais. (Villié-iSIorgon, 26''".) jo Sg 11, 5 47 o,8do 0,280 0,940 ] ignés de la Champagne. Vallée de la Marne. (Ay, llaiilvilleis , l'ierry, Cramant, le Mesnil, 337i'^.) .. . 20 46 11 5o 2,000 0,478 2,174 Montagne de Reims. (Verzy, Verzenay, Bouzy, 64'"'0 ■ > 23 4j '2 57 ),9J'3 o,52i 2,478 )) Ces données permettent de formuler les conclusions suivantes : )) 1" Dans tous les vignobles, l'absorption de l'azote et de la potasse est beaucoup plus considérable que celle de l'acide phosphorique. » 2" L'azote est absorbé en grande quantité par la vigne et, contraire- ment à des idées très répandues, les fumures azotées doivent intervenir; ce sont d'ailleurs celles dont l'action se fait le plus sentir. » 3° Dans les vignobles du Midi, l'azote est absorbé en plus forte pro- portion que la potasse; dans ceux des régions plus septentrionales, c'est la potasse, au contraire, t[ui est absorbée jîlus abondamment. Dans ces der- nières, c'est donc la potasse qui est la dominante de la Aigne, tandis que dans le Midi c'est l'azote. » 4" Malgré l'énorme différence qui existe dans les rendements, la vigne de la région méridionale n'exige pas une somme de matériaux nutritifs no- tablement supérieure à celle tles vignes des climats plus tempérés. » 5" La quantité des cléments fertilisants mise en jeu par la vigne, pour j)roduire un hectolitre de vin, est trois ou quatre fois plus considérable dans les pays plus septentrionaux que dans le IMidi. » ( 5i7) l'HYSlOLOGlE VÉGÉTALE. — Sur les partitions anormales des fougères. Note de M. Adrie.v Guëbiiaru, présentée par M. Chatin. « D'un ensemble d'observations que j'ai eu l'bonneur de soumettre an- térieurement à l'Académie ('), j'avais conclu au caractère purement acci- dentel, externe et passager de la cause qui s abat, une année et pas l'autre, en un point et pas dans son voisinage, sur des individus d'espèces diverses, frappés au simple hasard des contiguïtés. » Cette thèse, il est vrai, fut combattue, à la suite d'une très inté- ressante étude anatoniiquc, par M. de Bergevin ( - ), partisan obstiné d'une propension naturelle d'un besoin inné de division résultat à'uïiQ force interne et purement physiologique. Mais de nouveaux faits, que je demande la per- mission de citer, sont venus renforcer mes anciennes présomptions. » Un arbrisseau de Verveine des parfumeurs {Lippia citriodora Kunlh.), que j'ob- serve dans mon jardin depuis plusieurs années, est, à cliaque printemps, attaqué par lÀpiiia cilriodoia Iviinlh.- Asplenium Iriclioinancs L. une clienille qui, des petites l'euilles naissuntes, dévore largement les e\ tiéinités. Or, survienne à ce moment quelque grande pluie, et je suis sur d'avoir bientôt, sur l'arbre, quantité de feuilles nettement bipartites {Jig. i). Qu'au contraire la végéta- tion reste sans à-coup, et je ne retrouve ultérieurement, parmi la feuillaison terminée, (') Comptes rendus, t. CIX, p. 120; 5 juillet 1889. (^) Bull, de la Soc. des Se. NaL. de Rouen, 2" semestre, p. 4'^^; 1889. ( 5i8 ) que quelques demi-feuilles normalement accrues et cicatrisées en cœur autour de leur moignon de nervure, plus ou moins largement débordé. » Ati lieu d'une chenille, supposons pour les fougères un parasite, microscopique au besoin, et l'on comprendra pourquoi, en certaines années seulement, on trouve réunies, comme par taches, au milieu de plantes saines, les partitions les moins communes des espèces les plus diverses. » C'est ainsi que le 3o mai 1898, je récollais prés de Gontes-les-Pins (Alpes-Mari- times), dans un ra}on de ((uelques mètres, deux beaux exemplaires bifurques à'Asplenium liichomanes L. {fig. a) que, depuis des années, je recherchais vaine- ment, et un autre de Ceterach officinarum L. {fig. 3) que j'avais fini par croire absolument inexistant, faute d'en avoir pu touver mention dans les livres ou herbiers spéciaux. Fis. 3. Fis. Asj'/enium Iriclionianes L. — l. Ceterach officinarum C. Banh. — '.. n Le 10 août de la même année, à Lausanne (Suisse), je trouvais encore, réunies sur un même pan de mur, trois partitions (TAspleiudin Irichomaiics, et, huit jours plus tard, sur la terrasse des Charmettes, la campagne habitée par .L-J. Rousseau près de Ghambéry, plusieurs pieds à frondes non seulement bifurcjuées mais véri- tablement rameuses [Ji.ti;. 4)- » Dans aucune de ces circonstances, la trouvaille ne s'étendait en dehors d'un cercle parfaitement restreint; et jamais, une autre année, je n'ai pu la renouveler. » Il nie paraît donc de plus eu plus probable que l'une au moins des causes qui modifient, chez les Fougères, la force physiologique, interne d'expansion foliacée, doit être externe, locale, accidentelle, il serait heureux qu'elle pût, un jour, être prise sur le fait. » ( ^'9 ) M. V. DrcLA adresse. un Mémoire relatif aux constantes calorimétriques des divers corps, rapportées à l'unité de volume. M. Léopoli) Hugo adresse une Note « sur l'analogie eatre le gâteau d'argent fin, après expulsion de l'oxygène, et les régions volcanicpies de la Lune ». J^a séance est levée à /J heures et demie. .T. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du ?.5 février iSgS. {Suite. ) Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle. Année 1895. N° 1. Paris, Impri- merie nationale, iSgj; I fasc. in-S". ( [Présenté par M. Mil ne-Edwards.) Mémoires de l' Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Tou- louse. Neuvième série. Tome VI. Toulouse, Douladoure-Privat, 1894; f vol. in-8°. Bévue maritime et coloniale, couronnée par l'Académie des Sciences. Janvier 1893. Paris, Baudoin; i vol. in-8''. Bulletin international de l' Académie des Sciences de Cracovie. Comptes ren- dus des séances de l'année 1895. Janvier. Cracovie, 1895; i fasc. in-S". Bulletin météorologique de l'Observatoire Impérial de Constantinople . Année 1894. Constantinople, 189"); 1 fasc. in-4°. Icônes fungonim ad usum Sylloges saccardianœ adcommodatœ auctore A.-N. Berlèse. Vol. II. Fasc. I. Putavii Florentiœ, i8g5; i vol. in-8°. Besults of observations of thc fixed stars, made with the Meridian circle at the government obseivaloiy Madras in ihe years i883, 1884, i885, 1886 a^c/ 1887. Vol. VIII. Madras, 1894; i vol. in-4°. Astronomische Mittheitungen von der koniglichen stermvarte zu Gôttingen herausgegeben von D' Wilhelm Schur. Gôttingen, 1891 ; 1 vol. in-4°. ( -iso ) ERRATA. (Séance du 25 février 1895.) Note (le M. G. Lippmann. Sur la mesure du temps en Astronomie, etc. Paire 407, Note, ou lieu rie pour la Photo^rapliie, lixez par la Pliotooraplile. Note de M. A. Ponsol, Abaissement du point de congélation, etc. : Page 434, ligne i5, formule ( 2), au lieu de R,, lisez R,. Même page, ligne 20, formule (3), au lieu de R,, lisez R,. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLA RS ET FILS, Quai des Grands-Atigusiins, n° 55. lepuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régiilièreineiU lo Dimancht-.. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes m-4*. Deus ii les, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel 'iili «rt du i" janvier. , Le prix de V abonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. -- Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : 1 Michel et Médan. iChaix. Jourdan. Ruff. înj Courtin-Hecquet. j Germain etGrassin. \ Lachèse. »ine Jérôme. nçon Jacquard. , Avrard. 'eaux ' Duthu. Muller (G.). ges Renaud. iLefournier. F. Robert. J. Robert. V Uzel Caroff. Massif. nbery Perrin. . ( Henry. bourg 1 ,, ■' mareuerie. Lyon . nont-Ferr. Juliot. Ribou-Collay. ILainarche. Ratel. Daniidol. ( Lauverjat. ( Crepin. i Drevet. I Gralier. ochelle Foucher. Bourdignon. Dombre. Vallée. Quarré. oble. chez Messieurs , . i Baunial. Lorient ' . ( M"" lexier. Bernoux et Cumin. Georg. Cote. Chanard. Vitte. Marseille Ruât. i Calas. Montpellier \ ^ ' I Goulet. Moulins Martial Place. [ Jacques. Nancy j Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. ( Loiseau. ( Veloppé. ( Barma. ( Visconti et C'v JVimes Thibaud. Orléans Luzeray. Blanchier. Druinaud. Hennés Plihon et Hervé. Roche/or t Girard ( M"" ). \ Langlois. ( Lestringanl. Chevalier. t Bastide. ( Rumcbe. i Gimcl. j Privai. ; Boisseller. Tours I Pérical. ' Suppligeon. ( Giard. ( Lemailre. Nantes Nice . . . Poitiers.. Rouen S'-Étienne . Toulon Toulouse... Valenciennes. Amsterdam . chez Messieurs : Feikema Caarelsen et C*'. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher et G'*. Berlin. Dames. Friediander et lils. Mayer el Millier. Berne \ Schmid, Francke et Bologne . Bucharesl . Zauichelii. iRamlot. Mayolez et Audiarte. Lebégue el G'°. ( Haimann. 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Rosenberg et Sellier Varsovie Gebethner et Wolfl Vérone Drucker. ( Frick. i Gerold et C". Zurich ' i'T ci Z«-!ler. S'Petersbourg . Tarin. Vienne . 15 fr. 15 fr. 15 fr. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix Tomes 62 à 91.— (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-i"; 1889. Prix iDPPLÉMENT AUS COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DÉS SCIENCES : tel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, pariVIM. A. DerbesbI A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouveniles 68, par M.Hansen.- Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières s, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 15 fr. 18 II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science-, e concours de i853, et puis remise pour celui de iSS'i, savoir : « Ktudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- taires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature rapports qui existent entre l'état actuel du règne jrganique et ses étals antérieurs », par M. le Professeur Brosn. In-4°. avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. même Librairie les Hémoires de l'Académie des Sciences, el les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences, r 9. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 4 mars 189S.; MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBUES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Piise-. I Piiges. M. GUYOU. - Nolice sur la viu el les Ira- î AI. u'Abbadie. liemcde prophylailiijue iles vaux de M. l'amiral Paris, Membre de la i lièvres paludéennes '|.Ss Section de Géographie el de Navigation.. '171 ' .M. E.-H. Amagat. — Sur la pression inté- M. H. Resal, - \xoïdes de deux lignes rieure et le viriel des forces inlérienres planes '|.S'| dans le> fluitios 'jN.j MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. H.-L. Lk.chappe adresse une Note rela- ! des maladies de la vigne '|i|.l livoà rcniploi de l'alun dans le traitement | CORRESPONDANCE. M. Weikkstrass, nommé Associé étranger, adresse ses remercimcnts à l'Académie... M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, divers Ouvrages de M. F. Pninleve el de M. Christian Garnier ,M. F. RosSARD. Observation de la planète Wolf BP, faite à l'observatoire de Tou- louse (équatorial Brunrier) \'. Pépin. - Rectification de quelques théorèmes d'Arithmétique M. E. Uhnou. - Le mois de février iSgS à l'observatoire du parc de Saint-Maur.. . . \L Carpentier. — Vues panoramiques ob- tenues avec la photojumelle à répétition.. M. A. VlLLiERS. — Oxydes et sulfures à fono- tion acide et à fonction basique. Sulfure de zinc M. E. Monnet. — Recherches calorimétriques sur les dissolutions salines. Acétate de soude .... M. Delépine. ~ Sur l'hexaméthylène-amine; sels d'ammonium; action des acides ; pro- duction d'aminés primaires M. Balland. — Sur la composition do Bulletin BiBLioGriAPHiQUE Krbvt.v 4<)3 -,y.3 '(94 194 'ir)« 498 quelques avoines françaises et étrangères de la réiolte de i.SgS. .-. M. J.-P. Durand (de Gros). — Nouvelles considérationssurl'anatomie comparée des membres M. Edmond Perrieu. Observations au su- jet de la Communication précédente de M. Durand (de Gros) MiM. E.-L. Bouvier et Georges Roche. — Sur une maladie des Langoustes M. MoYNiER de V'illepoix. — De la forma- tion de la C(i([uille dans les Mollusques. .. M. .1. Passy. — Sur la diffusion des parfums. M. A. MuNTZ. Recherches sur les exigences de la Vigne M. .V. Guébhard. — Sur les partitions anor- males des fougères M. V. DucLA adresse un Mémoire relatif aux constantes calorimétriques des divers corps, rapportées à l'unité de volume. M. L. Hugo adresse une Note « Sur l'analogie entre le gâteau d'argent lin, après expul- sion de l'oxygène, et les régions volcaniques de la Lune » ; .') I ■-» .'1 1 ?. '"'1 5.0 519 J20 PAKIS. — IMPKIMERIK GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Aucusiins, 5ô. Le Cci-ant : Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. 1 Tous les six mois, la Commission administrative fi un Rapport sur la situation des Comptes rendus apréf l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le- déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S"". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante A?R o li>95 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 11 MARS 189S, PRÉSIDENCE DE M. MAREV. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. G. Darboux présente à l'Académie la médaille exécutée par notre Confrère M. Chaplain, en l'honneur du cinquantenaire de l'entrée de M. Joseph Bertrand dans l'Enseignement. Cette médaille porte au revers l'inscription suivante : « A Joseph Bertrand, Membre de l'Académie Française, Secrétaire perpétuel d^l'Académie des Sciences, pour honorer cinquante années de dévouement à la Science et à l'Enseignement, ses élè- ves, ses admirateurs, ses amis. Mars 1 844- 1894 >'• CHIMIE. — Sur l' argon ; par M. Berthelot. « M. W. Ramsay ayant eu l'obligeance de m'adresser un petit échantil- lon du nouveau gaz, je l'ai soumis à divers essais et j'ai reconnu qu'il C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N« 10.) 69 ( 522 ) pouvait entrer en combinaison avec certains composés organiques, notam- ment avec la vapeur de benzine, sous l'influence de l'effluve électrique. Je publierai, la semaine prochaine, les détails de cette expérience. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Remarques sur les courbes définies par une équation différentielle du premier ordre. Note de M. Emile Picard. « 1. La discussion, dans le voisinage d'un point singulier, des courbes définies par une équation difl^érentielle du premier ordre, a fait l'objet de nombreux travaux, parmi lesquels il faut d'abord citer les travaux clas- siques de M. Poincaré. Ayant traité récemment ce sujet dans mon cours, j'ai été amené à faire quelques remarques qui, quoique très simples, ne sont pas sans intérêt. En supposant le point singulier à l'origine, prenons une équation de la forme , , dx dv (ï) E = — -â ' les termes non écrits étant de degrés supérieurs au premier. La nature de la singularité dépend, comme on sait, des racines de l'équation du second degré en \ (2) a—X h a' h' -\ » Si les racines, supposées distinctes, de cette équation sont réelles et de même signe, toutes les courbes intégrales approchant suffisamment de l'origine passent par ce point et y ont une tangente déterminée. On a alors ce que M. Poincaré appelle un nœud. » Si les racines sont imaginaires (leur rapport n'étant pas égal à — i), toutes les courbes intégrales approchant suffisamiiient de l'origine ont ce point comme point asymptote, et on a alors un foyer. » Enfin, si les racines de (2) sont réelles et de signes contraires, on trouve facilement que deux courbes intégrales passant à l'origine, et il est aisé de voir qu'en ce point, qui est alors dit un col, il ne passe pas d'autre courbe intégrale ayant une tangente déterminée. Une lacune subsiste toutefois dans cette théorie; on n'a pas démontré, je crois, qu'il n'existe pas de courbe intégrale se rapprochant indéfiniment de l'origine sans y arriver avec une tangente déterminée. La démonstration n'est pas abso- ( 523 ) lumetit immédiate, car on n'a pas ici, comme dans les cas précédents, une forme analytique de l'intégrale générale dans le voisinage de l'origine. » Pour faire la démonstration, remarquons d'abord que les deux courbes intégrales passant par un co!, dont nous venons de parler, ayant leurs tan- gentes distinctes et un point simple à l'origine, on ()eut faire un change- ment de variables tel que les axes des x et des jy soient les intégrales pré- cédentes. L'équation différentielle aura alors nécessairement la forme dx dy arÇK, + ...) j^Xj + ...) les termes non écrits s'annulant à l'origine, >,, et "k,, désignant les racines de (2). » Il est d'abord évident que, dans la région autour de l'origine où les séries des dénominateurs convergent, une courbe intégrale ne peut ren- contrer l'axe des x ou l'axe des y. Si, en effet, une intégrale rencontre l'axe des j au point (a; = o, j ^ o), elle sera tangente en ce point à l'axé des j' et devra, par suite, coïncider avec lui. Ceci posé, envisageons une courbe intégrale passant à l'origine ou s'en rapprochant indéûniment, et distincte de Ox ctOj. Nous pouvons supposer que, depuis un certain point, elle est dans le premier quadrant. Suivons la courbe depuis ce point jus- qu'à l'origine; si P désigne le point mobile de la courbe, le rayon vec teur OP tourne toujours dans le même sens autour de l'origine O, cai- autrement, pour la position de P correspondant à ce changement de sens, la droite OP serait tangente en P à la courbe, et l'on aurait pour les coor données de ce point dx dy 1^ -' Y et, par suite. X, + ... Xj-h... égalité impossible. » Supposons, par exemple, que OP marche constamment dans le sens de Oa? vers Oy, quand P tendra vers l'origine, OP aura nécessairement une limite, puisque la direction OP marche toujours dans le même sens et ne peut dépasser Oy, d'après ce que nous avons dit plus haut. » Il est donc établi que la courbe intégrale considérée a une tangente à l'origine, et il en résulte immédiatement qu'il n'y a pas d'autres courbes intégrales passant à l'origine ou s'en rapprochant indéfiniment que les deux courbes indiquées. ( 524 ) » 2. Nous venons de considérer une équation dilferenlielle du premier ordre et du premier degré. Une étude analogue doit être faite pour les équations de degré supérieur; elle est très facile si l'on se borne à étudier les cas oij les courbes intégrales ont une tangente déterminée au point singulier. Les discussions deviennent, au contraire, plus délicates si l'on veut envisager toutes les possibilités qui, a priori, pourraient se présenter. J'ai fait cette discussion pour l'équation du second degré {ax-^-^by -^ ...)(■£)' +2{a,x -\-b, y -^ .. .)^ + (a^x-^b^y +.. .) = o. où les termes non écrits sont de degrés supérieurs au premier en x et y. Il s'agit d'étudier toutes les courbes intégrales de cette équation différen- tielle passant à l'origine ou s'en rapprochant indéfiniment. En se bornant au cas général, c'est-à-dire en supposant qu'il n'existe pas, entre les a et les b, de relation particulière d'égalité, on arrive à la conclusion que toutes ces courbes ont nécessairement une tangente déterminée à l'origine. J'en donnerai ailleurs la démonstration, qui est un peu minutieuse. Ce cas général de l'équation du second degré est donc relativement plus simple, en ce qui concerne la forme des courbes, que le cas de l'équation du pre- mier oidre, où le point singulier peut être un point asymptote (cas d'un foyer). » On sait qu'il y a de nombreux problèmes de Géométrie conduisant à une équation de la forme précédente; telle est, par exemple, la recherche des lignes de courbure d'une surface passant par un ombilic de cette sur- face. Les résultats énoncés à leur sujet n'étaient peut-être pas établis avec toute la rigueur désirable; le théorème précédent permet de les com- pléter. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur l'éclipsé totale de Lune du 1 1 mars courant. Note de M. J. Janssen. « Les éclipses totales de Lune ont repris, ainsi que je le disais ici même il y a quelques années, un véritable intérêt, en raison des moyens nouveaux d'étude que l'analyse spectrale et la photographie mettent actuellement entre nos mains. » A Meudon , nous nous étions préparés pour des observations, photogra- phiques et spectroscopiques de l'éclipsé totale qui eut lieu celte nuit. ( 525 ) Pendant la totalilé, nous avons aperçu la Lune à de rares intervalles et chaque fois seulement pendant quelques instants. Son disque était visi- blement moins rouge que pendant les éclipses que j'ai eu l'occasion d'ob- server, ce qui tient évidemment à ce que notre satellite, cette fois-ci, a traversé une partie du cône d'ombre oîi pénétraient beaucoup moins de rayons réfractés par l'atmosphère terrestre. » Il y a tout un programme d'intéressantes études à faire actuellement pendant les éclipses totales de Lune; mais ces études demandent que, pendant la production du phénomène, le ciel reste très pur, et c'est ce qui arrive rarement en un même point du globe pour une succession d'é- clipses embrassant une période un peu longue permettant un ensemble d'études. Il est donc très désirable que les astronomes-physiciens qui sont actuellement répartis sur les principales régions du globe veuillent bien ne pas négliger des observations qui peuvent conduire à de très impor- tants résultats, touchant la constitution de notre atmosphère. )) Ces observations se rapportent principalement à la photographie et à l'analyse spectrale. )) La photométrie photographique peut nous instruire sur la quantité de lumière que le globe lunaire nous envoie quand il est placé en un point déterminé du cône d'ombre et, par suite, nous faire connaître les effets de refraction et d'absorption de l'atmosphère terrestre, pour les régions de cette atmosphère qui prennent part au phénomène. » En même temps, l'analyse de cette lumière complétera et éclairera ces premières indications. » Je crois qu'on pourrait tirer de ces observations, bien conduites, de précieuses lumières sur la constitution des hautes régions de l'atmosphère terrestre, encore si mal connue. » Il est, en outre, une question relative à la constitution du spectre de bandes de l'oxygène, qui peut être très utilement abordée ici. )> Les bandes du spectre de l'oxygène se retrouvent dans le spectre solaire, au lever et au coucher de cet astre, et il y a là une des preuves les plus manifestes que ces bandes, d'abord découvertes à l'aide de colonnes gazeuses d'oxygène, ne sont pas dues à des impuretés ou à de petites quan- tités de gaz étrangers ; mais, pour certaines d'entre elles, la manifestation même à l'horizon est assez difficile. Or, comme la lumière solaire qui pénétre dans le cône d'ombre pendant les éclipses totales de Lune a tra- versé une épaisseur atmosphérique double de celle que traverse pour ( 52fl ) nous cette lumière au lever ou au coucher du Soleil, elle sera très propre à mettre en évidence ces bandes de difficile production. » Il y aura seulement à lutter ici contre la faiblesse de cette lumière réfléchie alors par le globe lunaire. Il faudra donc employer des dispositifs optiques donnant beaucoup de lumière. » Je n'insiste pas davantage aujourd'hui. J'aurai peut-être l'occasion de revenir sur cet intéressant sujet. » • CHIMIE AGRICOLE. - Sur les pertes d'azote entraîné parles eaux d'infiltration. Note de M. Schlœsing. « Parmi les questions dont l'étude exige des dosages d'acide nitrique dans les eaux, il en est une qu'on a peu étudiée jusqu'à ce jour, et qui cependant ne manque pas d'intérêt : c'est la question de la déperdition moyenne, par hectare, de l'azote entraîné par les eaux d'infiltration tra- versant une très grande étendue de territoire. » On a publié un grand nombre d'analyses d'eaux de drainage; derniè- rement, notre confrère, M. Dehérain, à la suite d'importantes recherches poursuivies dans les champs de Grignon et dans ses cases de végétation, insistait sur l'utilité des cultures d'automne, pour l'emploi de nitrates qui, sans elles, sont entraînés par les pluies de l'arrière-saison. Mais ses déter- minations, comme la plupart de celles que nous connaissons, ont été ob- tenues dans des cas particuliers, où la nitrification est plus active que dans nos terres en place ; M. Dehérain n'a pas manqué de le faire observer, en sorte qu'on ne peut pas en déduire une réponse à la question posée au début de cette Note. » Ce sont les rivières, drains naturels où aboutissent les eaux d'infiltra- tion, qui reçoivent en définitive l'azote ravi à la terre végétale, et c'est dans leurs eaux qu'il convient, me semble-t-il, de le chercher, si l'on s'en tient aux pertes d'azote dues exclusivement aux eaux infiltrées, en négligeant celles qui peuvent résulter du ruissellement des eaux pluviales à la surface des sols. )) La recherche se réduit à celle de l'acide nitrique. En effet, bien que les eaux d'infiltration, à leur sortie de la couche végétale, emportent, outre les nitrates, des matières organiques qui les colorent en jaune et parfois des traces d'ammoniaque, ces composés sont brûlés et leur azote est nitri- ( 527 ) fié, après un cei'tain trajet dans les profondeurs du sol, pourvu que les eaux ne soient pas absolument dépourvues de bicarbonate de chaux, et qu'elles trouvent en elles ou dans le sol l'oxygène nécessaire; c'est le cas général, puisque les eaux de source et les nappes souterraines sont pres- que toujours incolores et oxygénées. » Dans certaines circonstances l'oxygène fait défaut; par exemple, quand les eaux traversent des terrains réducteurs où abondent les matières organiques, ou bien des formations géologiques à minéraux oxydables, comme il arrive pour les eaux des puits de Grenelle et de Passy, dans les- quelles Peligot n'a trouvé ni oxygène, ni nitrates, et qui contiennent, au contraire, du bicarbonate ferreux. Mais ces circonstances sont exception- nelles, et il est permis de n'en pas tenir compte, lorsqu'on ne cherche sur les perles d'azote par les eaux qu'une première approximation. » J'admets donc que les nitrates ne subissent pas de déchet sensible pendant leur trajet dans les terrains. Mais il n'en est plus ainsi quand ils sont parvenus dans les rivières : ils y deviennent l'aliment des tourbes, des plantes qui garnissent leur fond et leurs bords et des algues qui vivent dans leurs eaux. Il s'en fait ainsi, par la végétation aquatique, une consomma tion qui n'est probablement pas négligeable, mais que l'on n'a pas cherché à évaluer. » Pour éviter cette cause d'incertitude, il faudrait déterminer l'acide nitrique dans les eaux souterraines au moment où elles se déversent dans les rivières. » En attendant que la question des pertes d'azote par les eaux d'infil- tration soit traitée avec la précision désirable, il est possible de lui apporter d'utiles contributions par des mesures obtenues en certains cas particu- liers où l'influence de la végétation aquatique peut être négligée, par exemple pendant une période de froid rigoureux, comme celle que nous venons de traverser. Après plusieurs semaines, pendant lesquelles la tem- pérature s'est maintenue bien au-dessous de zéro, on pouvait être assuré que nos rivières ne recevaient aucun apport d'eau de ruissellement, et s'alimentaient uniquement par des eaux souterraines provenant des infil- trations de la pluie dans les sols. On était également en droit de penser que la végétation aquatique bien allanguie, sinon suspendue, ne consom- mait guère de nitrates. Ainsi l'occasion se présentait, et je l'ai saisie avec empressement, de doser l'acide nitrique dans les cours d'eau, avec l'assu- rance d'obtenir les titres nitriques moyens des eaux d'infiltration de leurs bassins. ( 528 ) » J'ai opéré sur l'eau de Seine, prise en trois points : à Paris, en aval du pont des Invalides; à Charenton, au-dessus de la Marne; à Montereau, au-dessus de l'Yonne ; 11 Sur l'eau de la Marne, prise en amont de son confluent avec la Seine: n Sur l'eau de l'Yonne, prise aussi en amont de son confluent; » Sur l'eau de l'Oise, prise à Pontoise. » J'ai aussi déterminé l'acide nitrique dans les trois eaux de source qui alimentent Paris : la Vanne, la Dhuis, l'Avre. » Les dosages ont été faits sur 4'"'; ils sont rapportés à i'" dans le Tableau sui- vant ; Eau de Seine. Acide nitrique Azote Dates des prises. dans i'''. équivalent. mgr mgr Paris 9 février 8,o8 2,09 » i3 » 8,88 ' 2,3i )) 19 » 8)67 2 ,25 » 23 II 8,71 2,26 Montereau 16 » 7,66 1,99 » 27 » 8,o4 2,08 Charenton i3 » 9>84 2,55 » 28 u iOjSq 2,75 » Boussingault avait déduit un titre moyen de 6"sr d'acide nitrique, de 1 1 déter- minations faites dans l'eau de Seine prise à Paris entre le 29 novembre i856 et le 21 janvier 1857. Le titre moyen fourni par les chiflVes précédents est sensiblement plus élevé. Eau de la Marne. Acide nitrique Azote Dates des prises. dans i'". équivalent. mgr mgr Charenton 1 4 février 9)0i 2,34 « 28 » 7,80 2,02 Eau de l'Yonne. Montereau i6 » 8,.ô4 2,21 » 27 )) 9' 73 2 ,52 Eau de l'Oise. Pontoise 19 février 10,68 2,78 » i«'mars 9)38 2,43 Eaux des sources amenées à Paris. Eau de Vanne 4 mars 10,08 2,61 » Dhuis 8 mars 11, o3 2,86 » Avre 7 mars 11)87 3, 08 ( 529 ) » Ce qu'il v a de |)Ius remarquable dans ce Tableau, c'est runiformité des titres nitriques, du i/j au 28 février, de la Seine et de ses trois affluents principaux. Par conséquent, dans leurs quatre bassins, les eaux souter- raines avaientalors à peu i)rèsnn même titre moyen. Cependant, les débits de ces eaux ont varié, comme on va le voir, pour le moins dans le rapport de 2 à I . » M. G. Lemoine, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, savant bien connu de l'Académie, a bien voulu calculer les débits des quatre rivières les jours où les prises pour analyse ont eu lieu. Je lui en adresse ici mes plus vifs remercîments. » Pour les débits de la Seine à Paris, le niveau des eaux avant été relevé par des embâcles et accumulations de glace, les formules en usage n'ont pu être appliquées. )) Les débits à Mon te reau, ceux de la Marne, de l'Yonne et de l'Oise, aux points de leurs cours déjà indiqués, ont pu être calculés avec une approxi- mation suffisante pour l'usage que j'en désirais faire; les voici : Seine, en amonl de l'Yonne.. Yonne Marne Oise \ 16 1 février. . . . . 80 ! 27 » ... . . 3o \ '6 » . . . . . 3o N7 ») . . . . » (barrage relevé en amont) \ >4 )) ... 120 \ 28 » ... . . 55 \ '9 » ... . .67 ( 1" mars .... .. 96 » Quel que soit le degré d'exactitude de ces mesures, il demeure certain que les débits des quatre rivières ont baissé de plus de moitié du i4 au 28 février; cependant les eaux souterraines ont conservé un titre nitrique à peu près constant, comme si leur constitution chimique avait été indé- pendante de leurs débits. Nous savons déjà que les titres hydrométriques des sources et nappes souterraines importantes ont une certaine fixité, malgré les variations incessantes de la tension du gaz carbonique dans la couche végétale, et celles qui en résultent dans la teneur des eaux d'infil- tration en bicarbonates terreux; mais ces variations s'éteignent dans les réservoirs souterrains comme dans de vastes régulateurs. Il eu doit être pour les nitrates de même que pour les bicarbonates: c'est un point sur lequel il sera facile d'être fixé par l'examen suivi de quelques sources bien choisies. G. 1;., iSyi, 1" Senieslrc. (T. C\\, N° 10.) 7*^ ( 53o ) » Je terminerai cette Note en présentant des estimations des pertes d'azote des sols, déduites des dosages énumérés ci-dessus. Ces estimations devront être évidemment rectifiées, à mesure que se préciseront les ren- seignements sur les quantités d'acide nitrique contenues dans les eaux souterraines. » La moyenne de tous mes dosages est de g^s^^ 33 acide nitrique dans i litre, cor- respondant à 2"'S'^, 42 d'azote. » Admettons que ce nombre de 2™8"', 42 soit le titre moyen d'azote dans les eaux d'infiltration qui traversent les sols pendant une année. » On sait que la hauteur moyenne des pluies dans le bassin de la Seine est, en nombre rond, de 700°"°; mais on n'est pas fixé sur la fraction de cette hauteur qui traverse la couche végétale; d'après les observations de divers auteurs, elle serait comprise entre | et ^ de la hauteur totale des pluies. » Si la tranche d'eau qui s'infiltre dans le sol est de i de 700"'", un hectare est traversé par 1167™"^ d'eau, et perd 2^i, 8 d'azote. » Si la tranche d'eau est de |- de 700™'", le nombre de métrés cubes traversant un hectare est de 1773, et la perle s'élève à 4''") 29. » Enfin, si la tranche atteint le 3 de 700""™, le nombre de métrés cubes d'eau d'in- filtration est de 2333, et le sol perd 5''8, 65 d'azote. « 11 convient d'augmenter dans le rapport de 3 à 2 les quantités d'azote que je viens d'indiquer. En effet, ~ du bassin de la Seine est occupé par des bois, des prairies, des landes, etc., qui fournissent bien peu d'acide nitrique aux eaux d'infiltration, et il est juste de n'attribuer les pertes de cet acide qu'aux terres labourées et aux vignes qui s'étendent sur les deux autres tiers. Les quantités d'azote calculées ci-dessus dans trois hypothèses sont, après cette correction, de l\^^,2., G'^^^/j/j et 8'*s,48. » Ces quantités d'azote sont bien moindres que ne le laissent supposer les dosages d'acide nitrique dans les eaux de drainage qui ont été publiés : im à deux mois d'exposition à l'air d'une terre nue et humide suffisent, tl'après nos recherches sur l'absorption de l'ammoniaque aérienne par les sols, pour les balancer. Mais, en pareille matière, toute conclusion ferme serait prématurée ; les calculs que je viens de présenter n'ont d'autre prétention que de fournir une première et grossière approximation. » Je ne puis cependant m'empêcher de les trouver rassurants; les pertes d'azote par les eaux d'infiltration ne doivent pas être aussi impor- tantes qu'on le jjense. Elles se répartissent très inégalement dans nos cam- pagnes : la nitnfication est sous la dépendance de la matière organique, active ou lente, selon la proportion de cette matière, en sorte que la perte d'azote est comme un impôt proportionnel, qui pèse peu sur les terres pauvres et ne grandit qu'avec la richesse des champs. » ( -'ï3r ) CHIMIE ANIMALE. — Analyse des coquilles d' Huîtres ; par MM. A. Ciiatin el A. Mu.vtz. « Nos études chimiques (') sur l'Huître elle-même demandaient, comme complément, des recherches correspondantes sur sa coquille : c'est l'objet de la présente étude. » L'analyse des coquilles dHuîtres par Vauqiielin remontant au com- mencement du siècle (-), il v avait lieu d'espérer, étant donnés les pro- grès réalisés dans les méthodes de recherches, non seulement que le sujet pourrait être utilement repris, mais que peut-être les nouvelles études jetteraient quelque lumière sur d'anciennes pratiques médicales et agri- coles. Cet espoir n'a pas été complètement déçu. » Avec l'exact Vauquelin, reprenant des observations sommaires aux- quelles s'était associé Fourcroy, nous avons reconnu dans les écailles d'Huîtres la présence du carbonate de chaux qui en forme la base, de la magnésie, du fer et du phosphate de chaux, composés que nous avons appréciés, non plus seulement par des aperçus qualificatifs, mais par la balance. « Nous avons, en outre, isolé et dosé les corps suivants : azote, soufre d'origines diveises (sulfates, sulfures, matières animales), silice, manga- nèse, fluor, brome, iode. » Les divers composants des coquilles ont fourni, pour loo parties, les moyennes ci-après : » Azote, faisant partie de la trame organique des coquilles (gluten animalisé de Vauquelin), oS', oi ; » Silice, appartenant surtout à la couclie nacrée, os'',o7; » Soufre, à l'état d'acide sulfurique, os'',i5, plus soufre à l'état de sulfure ou fai- sant partie de la trame animalisée de la coquille, o5'',o2; » Magnésie, os'',4; » Manganèse, os"',oi2. Le manganèse apparaît souvent, dans l'attaque des coquilles par les acides^ sous forme d'une jolie teinte rose; » Fer, 0''',025; sa proportion n'est que deux fois celle du manganèse; >) Matière animale. Elle forme un réseau dans lequel se déposent les composés (') Chatin et MuNTZ, Comptes rendu/;, t. CXVIIL (') Vauquelin, Annales de Chimie, t. LXXXL année iSiî. ( -^"^^ ) minéraux, el reste, après le traitement par les acides, sous la forme d'une membrane continue très délicate, gardant la forme de la coquille ('); » Fluor. Sa proportion, qui l'emporte de beaucoup sur celle du brome, et plus encore sur celle de l'iode, est d'environ oS'',02o; » Brome. Il dose à peu près os'',oo5; » Iode. Sa proportion, o3'',oo3, est à peu près \ de celle du fluor; » Quant au chlore, ce chef de la famille des Chloridés, si abondant dans les eaux, de la mer, il n'y en a pas trace dans les coquilles; fait qui s'explique par l'extrême solubilité, allant jusqu'à la déliquescence, du chlorure de calcium. » Les proportions, si notablement différentes entre elles, du fluor, du brome et de l'iode, sont d'ailleurs en rapport avec le degré de fixité, très différent aussi, des composés calciques et magnésiques de ces corps, les iodures decalciumetde magnésium, de tous les plus instables, étant même facilement décomposés par le faible acide carbonique, ce qui, soit dit en passant, donne l'explication des hypothèses erronées de Bouchardat et du D'' Grange, attribuant le développement du goitre, le premier, aux eaux séléniteuses (puits du Soissonnais, etc.); le second aux eaux magnésiennes (Villars-le-Goîtreux, etc.); la vérité étant qu'eaux séléniteuses et magné- siennes ne retiennent que peu ou point d'iode. » Acide carbonique. Complémentaire de la chaux et de la magnésie, il entre dans les coquilles pour -^ à -^. » Acide phosphorique. Sa proportion, comprise entre o6'',o3 et oS'',o4 dans les Huîtres communes {Ostrea ed a lis ) des provenances les plus diverses, avant été trouvée de oe'',o-j5 chez une Huître portugaise {Gryphea a/iff ulaia) d''Arcachon, il nous parut nécessaire de contrôler un fait qui pouvait n'être qu'accidentellement exceptionnel. » De nouvelles recherches portant sur des Huîtres portugaises, les unes d'origine inconnue, achetées sur le marché de Paris, les antres tirées d'Oléron, ayant fourni des dosages encore un peu plus élevés (os%o88 et oS'',o89) que celui donné par le mollusque d'Arcachon, il appert bien que THuître portugaise est au moins deux fois plus riche en phosphore que l'Huître commune. Or, cette différence se maintenant dans les deux mol- lusques élevés dans un même lieu, il faut bien admettre dans l'Huître de Portugal une sorte d'affinité élective spéciale, quant au phosphore. Si ce qui est constaté pour les coquilles se retrouve dans la chair elle-même, nul doute qu'il n'y ait là une indication dont l'hvgiène alimentaire aura à tenir compte ('-). (') Cette membrane est mise par les auteurs sous les veux de l'Académie. (') Nos recherches se poursuivent dans celte direction. MgO. Fe. o,368 o,o3o 0,434 0,011 0,344 o,o33 0,340 0.037 0,404 0,018 0,396 0,016 0,476 0,037 0,070 0,018 o,4i8 0,022 0,475 0,025 ( 5,33 ) » Nous avons réuni dans le Tableau suivant les résultais de nos analyses. Coquilles d'Huîtres, pour 100 de matière sèche. Azote. Silice. CaO. PhO'. SO'.HO. Sanlander o,i4 1,60 5i,86 o,o44 i,oo4 Portugaises d'Arcachon 0,09 0,66 49,28 0,074 0,922 Le Croisic o,i3 0,96 4^,44 o,o42 0,920. Carnar o,o5 0,78 .5o,oi 0,028 0,948 Maiennes 0,11 0,72 49,78 ",019 o,885 Salsles-d'Olonne 0,12 0,72 5o,5i o,o38 0,779 Saint-Jean-de-Luz 0,11 0,86 .5o,o6 o,o54 0,938 Cancale (!='■ envoi) 0,09 o,44 03,70 o,o54 0,842 Arcachon o, i3 0,78 .5o,i8 o,o48 0,842 Roscotr o,t3 0,70 5o,io o,o54 0,910 Portugaises, origine inconnue. » « „ 0,088 » » d'Oléron » i> „ 0,089 " Soufre à l'état Matières Mn. lie sulfure, organiques. l'I. I. c.) lo,oi5 0,90 o,oi5 o,oo3 Santander 0,010 ■ 'f , , /ao,020 à 1,00 à 0,020 environ Portugaises d'Arcachon 0,011 » » >, » Le Croisic o , o 1 3 » » » « Carnac 0,012 » >, » » Marennei o.oi5 » » « » Sables-dOlonne 0,009 " » » » Sainl-Jean-de-Luz o,oi5 » » » „ Cancale (i'"' envoi) o,oi3 « » » » Arcacl)oii 0,017 " " " » UoscofT 0,01 5 n » >, » » Une remarque qui se présente d'elle-même, c'est que certain.s des résultats anahtiques consignés dans le Tableau ci-dessus donnent, au moins dans quelque mesure, l'explication de l'emploi des écailles d'Huîtres en agriculture et dans l'ancienne thérapeutique. » En agriculture, le gros apport de chaux, si approprié aux terres sili- ceuses, n'est pas chose négligeable, et il en est de même de l'acide phos- phorique, dont la quantité s'élève jusqu'à os%o90 dans l'Huître portugaise, mollusque aujourd'hui de très grande consoiîunation et de reproduction si envahi.ssante, parfois au grand détriment de VOstrea edulis, qu'on aurait tout avantage à la laisser librement multiplier sur les côtes granitiques des presqu'îles bretonne et normande, au seul point de vue de l'amélioration des terres. Acide carbonique. Br. clc. ,, etc. 0,000 ) 43 ,950 environ ( » kl: ,524 )> 48, , 122 » 46, 801 » 47, io5 » 46,468 » 46, ,5i6 » 43,329 » 46, 619 » 46, 520 ( 534 ) » Quant à savoir si l'on devra employer les coquilles brutes, encore pourvues de leur matière azotée, mais à lente décomposition ou les coquilles réduites par la calcination à leurs éléments minéraux, d'action rapide, c'est là question de temps et de lieux. » Relativement à d'anciennes pratiques médicales, la présence de l'iode, de l'acide phosphorique et du brome n'est pas sans jeter sur plusieurs d'entre elles quelque jour. )) La proportion de l'iode, supérieure à celle qui existe dans certaines eaux minérales reconnues efficaces pour la cure du goitre, justifie l'emploi fait des coquilles d'Huîtres calcinées, par divers médecins, et notamment par le praticien Gendrin contre cette affection. Gendrin supposait, et nos analyses donnent raison à ses prévisions, que les coquilles d'Huîtres con- tiennent de l'iode ('). » L'emploi de ces coquilles par la vieille médecine, dans le rachitisme, trouve aussi sa raison d'être dans l'iode, et surtout dans le phosphore, peut-être aussi dans le fluor, élément des os. » Ambroise Paré (-) faisait appliquer la poudre des écailles d'Huîtres sur les bubons pestilentiels, et Paul d'Egine (^) la recommandait contre les mau- vais ulcères. Ne peut-on rapporter à l'iode les bons effets de ces pratiques? » A noter encore que les coquilles d'Huîtres calcinées qui entrent dans tous les remèdes des empiriques contre la rage (guérisseurs de Viro- flay, etc.) renferment à la fois du brome, anti-nerveux de premier ordre, et de l'iode, énergique microbicide. » Quant au fluor, il sollicite l'expérimentation des physiologistes. » ARITHMÉTIQUE. — Démonstration d'un théorème sur les nombres entiers. Note de M. de Joxquières. « Dans une Communication récente (*), j'ai dû, faute d'espace, omettre la démonstration de la propriété nouvelle des nombres entiers dont j'avais à faire usage pour établir un théorème concernant les déterminants po- tentiels; je viens aujourd'hui la faire connaître. Il s'agit de prouver que : » Théorème. — Si a,, «.,. «3 0^ sont n nombres entiers différents, le (') Gendrin, Journal général de Médecine, t. CV, p. 124. (2) Ambroise ParS, Livre XX, Chap. XXVII. (') Paul d'Égine, Lib. IV, Cap. \P. (*) Voir Comptes rendus. I, CW, p. 4oS. ( 535 ) produit n(a) de tous ces nombres, multiplié par le produit Il(a, — Oj) de leurs différences deux à deux, est un multiple \ du produit des n premiers nombres 1 , 2, 3, .... M, multiplié par le produit de leurs différences deux à deux, c'est- à-dire est égal à 1 ( i" . 2"-' . 3"~- n — 2\ n — i". n' ). » Pour démontrer ce théorème, il est nécessaire et il suffit de faire voir que la plus haute puissance d'un nombre premier p contenue dans le deuxième double produit esl comprise dans le premier. » Or, pour chercher la plus haute puissance de p contenue dans un produit de facteurs, il suffit de chercher : le nombre //z, des facteurs mul- triples de p\ puis le nombre /tz^ des facteurs multiples dep-, le nombre m^ des multiples de />'... , etc. L'exposant le plus haut de p dans le produit est la somme m^ -+- m., -h m^-h etc. » Le théorème sera démontré si l'on prouve que le nombre m,^ ( q quel- conque) des multiples de p''"Î!i est plus grand dans le premier double produit que dans le second, ou au moins égal ; car alors la somme m, -f- m.^ -+- m.^ -+- .... etc., sera plus grande dans le premier double produit que dans le second, ou au moins égale. » Pour compter le nombre des multiples de />'' contenu dans les deux doubles produits, disposons, comme ci-dessous, deux Tableaux 1 et II, formes chacun de /j'' colonnes ayant, respectivement, pour titres les p'' restes possibles de la division par jo'', et inscrivons dans le Tableau I tous les restes de la division des n premiers nombres par /;'', et dans le Ta- bleau II ceux de la division des n nombres donnés, en ayant soin (pour une raison dont on se rendra compte ci-après) de laisser la case zéro vide dans la première ligne de chaque Tableau. I. II. TITRES 0 1 0 R P'\ I TITRES 0 0 0 0 0 1 I 1 0 ■?. 2 ■2 3 3 3 3 3 3 H R R p1-l P'i—l i" ligne 2° ligne 3' ligne ( ( < ) ( 2 F I I I l l î ^ .... p'i p'i p'i P'' — I — 1 — 1 — I i" ligne ■1° ligne V ligne 4" ligne Q''--'»» Q'""" ligne... 0 I ■2 R 0 0 I I I 3 3 Q-(- 1 '"""ligne Q-hi""" ligue 0-1-2 "ligne Q-^j"'"°lionc ( 536 ) " Si l'on désigne par Q la partie entière du quotient de n par^', et par R le reste de la division, le Tableau I contiendra Q lignes remplies (toutes pareilles sauf le zéro qui manque à la première ligne), et une Q-l-i"^'"* ligne incomplète commençnnt par zéro et finissant par R. » Dans le Tableau II le nombre total des restes sera le même que dans le premier, c'est-à-dire n, mais ils y seront répartis différemment : certaines colonnes seront surchargées, aux dépens d'autres moins remplies que dans le Tableau I, le nombre des manque étant égal à celui des excédents. » Or, pour avoir le nombre total des multiples de p'' dans chaque double produit, il suffira de compter, dans chaque Tableau, le nombre des zéros et d'ajouter à ce premier résultat le nombre des combinaisons deux à deux des restes dans chaque colonne, v compris la première, puisque chaque colonne ne concerne que des restes congrus entre eux (module p''). Il suffit donc enfin de montrer que ce nombre total sera moindre, ou au plus égal, dans le Tableau I que dans le Tableau II. » On voit aisément que, chaque fois qu'on supprime un reste au bas d'une colonne et qu'en même temps on en ajoute un au bas d'une colonne moins chargée que celle-là, on diminue le nombre total des multiples de/>^, indiqué par le Tableau, d'autant d'unités que le reste ainsi déplacé (numériquement) a gagné de rangs vers le haut. » En effet, si A est le rang du reste supprimé, on supprime A — i com- binaisons deux à deux dans la colonne dont il faisait partie, sauf dans la première; et, s'il appartenait à celle-ci. on y supprime un multiple de />' et seulement (à cause du vide de la première case qui y occupe le premier rang) A — 2 différences; on a donc, dans les deux cas, supprimé A — i multiples de/>', et amoindri d'autant le total de ceux-ci. » Si B est le rang du reste ajouté au bas d'une colonne, on ajoute B — i combinaisons deux à deux, si la colonne n'est pas la première, et, s'il s'agit de la première colonne, on y ajoute seulement B — 2 combinaisons, mais, en sus, un multiple de p''. Dans les deux cas, on accroît donc de B — i le nombre total de ces multiples. » Or, en déchargeant successiAcment les colonnes surchargées et en re- portant des restes, en nombre égal, dans celles qui présentent des déficits, opérations pour chacune desquelles on a, par leur nature même. A — B>o, on arrivera nécessairement à remplir les cases comprises dans les Q pre- mières lignes du Tableau II, et à obtenir, dans celui-ci comme dans le U'MC Tableau I, R -f- i restes dans la Q 4- 1 ligne, avec un vide au premier rang de la première case. ( 537 ) » Alors, d'après ce qui a été dil plus haiil, pour toute permutation nouvelle (désormais horizontale) on aura A = B. Par suite, le nombre total des multiples sera devenu, après ces déplacements successifs, le même dans les deux Tableaux, et, par conséquent, il était, à l'origine, plus grand dans le second que dans le premier, ou tout au moins égal si aucun déplacement de bas en haut n'a été nécessaire (' ). )) IjC théorème est donc démontré (-). » Corollaire. — Si les n nombres donnés, au lieu d'être quelconques, sont consécutifs à partir de c, leurs différences deux à deux sont les mêmes que celles des n premiers nombres. Par suite, le produit de celles-ci dis- paraît dans les deux membres de l'égalité par laquelle se formule le théorème général, et il reste simplement la relation ,1,1 n («) == ''^ n <")• (i„ n c'est-à-dire : Le produit de n nombres entiers consécutifs est un multiple entier du produit des n premiers nombres, proposition bien connue, qui n'est qu'un cas particulier du tiiéorcnie ci-dessus. » (') Il y a, en elTet, une infinité de cas où le produit n(«)n(a— A) ne contient exactement que le nombre des facteurs p'i- n requis par la formule x(/j'.rt — I '...3'' --.2"-'). et quand l'un de ces cas se présente, on en tire une infinité d'autres, par des considé- rations de congruences qui ne peuvent trouver place ici. Par exemple, pour /i = 6, on a, les nombres donnés a, b, c, cl, c, f étant i, 2, 7, \l\, gS, 21 1 : où X ne contient aucun des facteurs premiers 2, 3, 5. On en conclut qu'il en est de même pour tous les groupes de six nombres que renferment les formes simultané- ment associées : (l8o|Ji H- I, 1801J. -(- 2, 180 "A H- 7, l8o|J. -4- i4, 1 80 IX + 93, 180, u. -H 21 l), où \x peut i-ecevoir toute valeur entière ?o. Etc. J'ai, à ce sujet, un théorème général que je ferai connaître ailleurs. (^) Cette démonstration appartient à notre confrère M. Guyou. Prenant comme point de départ le principe sur lequel reposait la mienne (que je lui avais communiquée avec l'énoncé du théorème), il en a tiré celle qu'on vient de lire, dont la simplicité, l'élégance et la généralité ne laissent rien à désirer, et qui, par conséquent, doit sub- sister seule. C. K., 1S90, 1" Semestre. (T. C.W, N- 10.) 7' ( .5:^8 ) ASTRONOMIE. — Observations de la planète BP {M. Wolf, 2'5 février iSgS), faites au grand equatoiial de l obseï vatoire de Bordeaux par MM . G. Rayel et L. Picart. Note de M. G. Raylt. Planète BP. Temps sidéral Dates de 18S5. Éidile. Bordeaux. Aci planète. AÇ planète. Observ. b m ^ D) s Février i- . . . . . I 9.33. 10,28 — 1 .26,26 +6:24,'44 G. Rayel 28... 2 6.34.13,34 —2.14,69 -t-5. 32,42 L. Picar^ Mars 1 . . . .. 3 6.49.45,13 -1.47,84 -2.49,63 L. Picart 2 . . . f 4 10. 6.32,16 — 2.51,39 —3.57,61 G. Ravel 4 • ■ ■ 5 9.16. 3,80 — 4-4o,79 — 5.46,5i L. Picart Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1895,0. Étoile. Catalogue et autorité. !.. . . Weisse, H. X, n° 1006 2. . . . Weisse, H. X, n° Joo6 3. . . . Paris, n° io5o9 4- ■ • . Paris, n" iSoog 5. . . . Paris, n" i35o9 Ascension Réduction Distance Réduction droite au polaire au moyenne. jour. moyenne jour. b m s s 0 10. 58. 15,70 -1-2,06 80.42.18 7 H-9,63 10.58. 15,70 +2,07 80.42.18 7 -1-9,67 10.56.52,63 -t-2,08 80.49.47 5 -H9,6i 10.56.52,63 H-2,09 80.49.47 5 -1-9,66 10.56,52,63 -1-2, 10 80.49.47 5 +9,7' Positions apparentes de la planète BP. Dates 1895. Février 27. 28, Mars I . 2. 4. Temps moyea de Bordeaux. Il m b II. 3. 9,7 8. 0.41,3 8.12.14,6 II .24.20 ,7 10.26. i>i ,6 .\scension droite apparente. b m 5 io.56.5i ,5o 10. 56. 3,08 10.55. 6,8- 10.02. 1-3,94 » La planète est de 12" graiuleiir. » Log. fact. parallaxe — T, l85 —7,591 -T,574 — 2,947 — 1,279 Distance polaire apparente. 8o.°48.'52,'8 80.48. 0,8 80.47. 7,5 80.45.59,6 80.44.10,- Log. fact. parallaxe. —0,718 —0,761 — 0,755 —0,714 — 0,721 { •>,)9 PHYSIQUE. — Volâmes des sels dans leurs dissolutions aqueuses. Note de M. Leco<> de Boisbaudrax. « On sait qu'en étendant d'eau une solution saline aqueuse, on observe une diminution du volume total. M. Charpy a dernièrement confirmé la généralité de celte règle ('). Il résulte évidemment de là que le volume occupé par un poids donné de sel est d'autant plus grand que la solution est plus concentrée, si l'on attribue un volume constant à l'eau. )) Dans les conditions oîi l'on paraît s'être placé jusqu'ici, c'est-à-dire en observant depuis une dilution infinie jusqu'à la saturation par le sel on présence d'un excès de celui-ci, on a trouvé, qu'à l'exception de quel- ques sels ammoniacaux, tous les sels minéraux donnent une contraction par dissolution dans l'eau. M. Charpv, qui a soigneusement et beaucoup étudié la question, dit, en effet, dans son Mémoire de 1893 : « Ce sel » (AzH'Cl) et quelques autres composés ammoniacaux, sont les seuls 1) corps pour lesquels la dissolution soit accompagnée d'une augmentation » du volume total ("). » « L'acétate de soude (/*) me semble former comme un terme de passage entre le chlorhydrate d'ammoniarpie et la généralité des autres sels mi- néraux; j'espère présenter bientôt à l'Académie le résultat de mes obser- vations sur ce sujet. » Il m'a paru qu'en poussant la concentration des liqueurs plus loin qu'on ne peut le faire en présence d'un excès du sel solide étudié, on obtiendrait bien souvent des dilatations par dissolution et, par suite, des contractions par cristallisation. Aussi, ai-je examiné des solutions sursa- turées par rapport aux sels que je désirais étudier. » Tous les sels que j'ai examinés de cette façon donnent à la tempéra- ture onlinaire une contraction par cristallisation; à l'exception pourtant du suliate de soude à loAq, lequel a toujours prorluit une ddatation. » L'acétate de soude (NaC-HM~)- H- 3Aq) donne une très grande con- traction en cristallisant d'une solution sursaturée. (') Annales de Chimie et de Physique, mai iSgS, p. 29. (-) Annales de Chimie el de Physique, mai iSgS, p. 29. (') Ce sel dérive, il est vrai, d'un acide organique, mais cela esl sans importance au point de vue de la présente reclierche. ( 54o ) » L'hyposulfile de soude (Na^S^D'H- 5Aq) et le monosulFure de so- dium (Na^S ■+- gAq) se contractent beaucoup en cristallisant de leurs so- lutions très sursaturées. » Le carbonate de soude (Na^CO'+ loAq) se contracte très notable- ment en cristallisant d'une solution très sursaturée. » Le sulfate de magnésie (MgSO'-f- 7Aq orthorhombique) se contracte sensiblement en cristallisant d'une solution très sursaturée. Mais le sel MgSO* -+- 6Aq clinorhombique qui se forme spontanément dans cette so- lution s'y dépose en produisant une petite dilatation. Cela tient probable- ment à ce que la solution n'est pas alors suffisamment sursaturée, relative- ment à ce sel à 6Aq. » L'alun d'ammoniaque et d'alumine à 24Aq donne une dilatation en cristallisant d'une solution déjà sensiblement sursaturée; mais, avec une solution très sursaturée, on obtient une notable contraction par cristalli- sation du sel à s^Aq. Dans la même liqueur, très sursaturée, il se forme, avec assez de facilité et spontanément, un sel dont je n'ai pas déterminé la composition. Le dépôt de ce sel est aussi accompagné d'une contraction, mais moins forte que celle produite par l'alun à a'jAq. » L'azotate d'ammoniaque se contracte sensiblement en cristallisant d'une solution très sursaturée. » J'ai aussi observé une certaine contraction en faisant cristalliser de l'azotate d'argent d'une solution très sursaturée. » Le sulfate ferreux (FeSO' -t- 7 Aq clinorhombique) n'est pas très facile à obtenir à l'état de solution extrêmement sursaturée, vu la fréquente for- mation spontanée des cristaux mêmes qu'on étudie. Cependant, j'ai pu constater une sensible contraction pendant la cristallisation du sel ordi- naire à yAq. » Je n'ai pas réussi à préparer des solutions extrêmement sur^lurées de sulfate de soude à loAq. Cette préparation est entravée, soit par la forma- tion du sel anhydre, soit par celle des cristaux de Lœwel à 7Aq. Avec les solutions les plus sursaturées que j'aie pu obtenir, il y a toujours eu dila- tation notable pendant la cristallisation du sel à loAq et cela, non seule- ment vers iS", mais aussi à 3i°,5, c'est-à-dire près du maximum de solubi- lité du sel à loAq. » D'après ces observations, on voit que pour obtenir des solutions lais- sant cristallisera leur sommet et non plus sur leur fond, des substances solides plus lourdes qu'elles, il faut prendre, comme substances mon- tantes, des corps donnant une contraction notable par cristallisation en ( ^41 ) solution sursaturée (dilatation par dissolution) et comme substances auxi- liaires, descorps n'agissant pas chimiquement sur les substances montantes, non isomorphes avec elles (ou alors, desolubilités beaucoup plus grandes) et fournissant des solutions lourdes, de façon que la substance montante solide soit seulement un peu plus dense que la solution complexe. » Il faut en effet que l'augmentation de poids produite par la dissolution de la substance montante soit compensée et au delà, par l'augmentation de volume de la solution lourde. » Il est à remarquer qu'une substance A cjui se dépose, par suite d'un petit abaissement de température, au sein d'une liqueur primitivement sa- turée de A et fortement chargée d'une autre substance B, non isomorphe avec A (ou de solubilité beaucoup plus grande), se trouve dans des condi- tions physiques un peu analogues à celles qui se réalisent, à la même tem- pérature, si l'on fait cristalliser A de sa propre solution sursaturée. Dans les deux cas, A se sépare d'une liqueur très chargée de sel et on doit géné- ralement alors obtenir, pour de fiiibles variations de la température, des contractions par dépôt et des dilatations par dissolution de A. Lors de la présence simultanée de A et de B et à l'instant de l'équilibre entre la solu- tion et le solide A, comme A et B ne sont pas isomorphes, la substance A ne possède pas, à elle seule, une tension de cristallisation suffi-ante pour continuer de se déposer à l'état solide au contact de ses propres cristaux déjà formés, contrairement à ce qui arriverait si toute la matière dissoute appartenait à A. )i En partant de ces principes, j'ai obtenu l'ascension des quatre sels suivants (en outre de l'ascension du Na'S ■+- gAq, dont j'ai déjà entretenu l'Académie) C) : 1° Sel monlaul Acétate de soude (iNaC'''H'0-+ 3Aq). Sel auxiliaire.. . . Induré de sodium. 2" Sel montant llvposulfite de soude (Na-S-0'-4- 5Aq). « auxihaiie. . . . lodure de sodium. 3° Sel montant Chlorhydrate d'ammoniaque » auxiliaire.... lodhydrate d'ammoniaque. 4° Sel montant Carbonate de soude (Na-GO^-l- loAq). » auxiliaire. . . , lodure de potassium. (') On produira certainement bien d'autres ascensions analogues, soit avec des sels, soit avec d'autres substances quelconques. ( 542 ) CORRESPONDANCE . M. le Secrétaire perpétcel annonce à l'Académie que le Tome CXYIII des Comptes rendus ( i*"" semestre 1894) est en distribution au Secrétariat. M. Hale adresse, de Chicago, ses remercîments à l'Académie, pour le prix Janssen qui lui a été décerné dans la dernière séance publique. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la méthode de M. Darboux pour l'intégra- tion des équations aux dérivées partielles du second ordre. Note de M. îC. GouRSAT, présentée par M. Appell. « Etant donnée une équation aux dérivées partielles du second ordre (i) F(.cr, T, 5,/;, <7. r, .?, /) = o. la méthode d'intégration de M. Darboux consiste à rechercher les mi^'ora/pj intermédiaires d'ordre supérieur au premier, c'est-à-dire les équations qui admettent une infinité d'intégrales communes avec la proposée, dépendant d'une infinité de constantes arbitraires, sans les admettre toutes. S'il existe une intégrale intermédiaire dépendant d'une fonction arbitraire 9, telle que u — fp(t')=zo, on peut choisir cette fonction arbitraire de telle façon qu'une intégrale commune du svstème (2) F ^ o, u — o(t') = o satisfasse à des conditions initiales données à l'avance, et la détermination de cette intégrale est ramenée à l'intégration d'un système d'équations différentielles ordinaires (E). Mais, en général, ce système (E) est variable avec la fonction o elle-même et ne peut être intégré que si l'on a particu- larisé cette fonction, de sorte qu'il est impossible d'obtenir des formules pour représenter l'intégrale générale de l'équation proposée, où les fonc- tions arbitraires figurent explicitement. Il n'en est plus de même lorsque les deux systèmes de caractéristiques de l'équation (i) sont confondus; si l'équation admet une intégrale intermédiaire d'un ordre quelconque, ren- fermant une fonction arbitraire, il suffit d'intégrer un système unique d'équations différentielles ordinaires, pour pouvoir en déduire, sans aucune ( 543 ) intégratioii nouvelle, l'inlégrale générale de l'équation (i). qui appartient alors à Va première classe d'Ampère. » Bornons-nous, pour fixer les idées, aux intégrales intermédiaires du second ordre. Soient m^, rn., les deux racines de l'équation (3) d,-'"--^"'+â7 = °- M Toute intégrale intermédiaire du second ordre V doit satisfaire aux deux équations simultanées l \^-li'I^\ OV (dX W __ÔF /d\ , à\ jdF\ [ "'' làr [da:) Or \dj^- ! \ ~ Tt \dy} ~ àl \d^')' ou au système analogue obtenu en changeant m, en m.j: on a posé ' d \ f) ,) à () l iî- + ïï^/^ + ;.7,'"+x,-^' \da;J — dx^ àz' ^ ôi> ^ ôq d\ d ô ô à ^y ) (^y ' àz " dp """ J Jo' • • • • ^0 pc-'~ des fonctions d'un paramètre variable y. satisfaisant aux re- lations ,, V ();., dvi, àVa l(x„,y„,...,t„) = o. _=;,„_> +^„-/^. àPo _ ^. à^ , ^. àr« (^0 _ „ ^ , , ày par une force parallèle à l'axe des quantités réelles. » On sait que, r (a:) étant la fonction eulérienne de seconde espèce, on a, C étant la constante d'Euler, r(^ .-n[(x + j).-^]. où n prend toutes les valeurs entières i , 2, .... )) On peut donc énoncer la proposition suivante : » La fonction inverse arithmétique de la fonction eulérienne de seconde espèce admet une dérivée dont les zéros sont tous réels ( ' ). (') Cours de 1r Faculté des Sciences de Paris, par M. Hermite; année 1891, p. 1-4.!, \\-. ( 549 ) » On en déduit les propositions suivantes )) Les équations en x. im„=„ io£r« - - - -—— • — ...- — -— - =<), /•" ex.y — gy ^d {n -}-i)[x + n) OÙ C est la constante d' Euler, ont toutes leurs racines réel/es. » Je reviens maintenant sur les fonctions entières générales pour donner le théorème suivant : M Les fonctions entières de genre pair io, dont le multiplicateur exponentiel du produit infini de facteurs primaires de M. Weierstrass, est de la forme ^gaj-"+-+p.i>"+ +T, où A est une constante, a., fi réels et y. positif, jouissent de cette propriété que si leurs zéros sont réels, les zéros de leur dérivée sont tous aussi réels. » Il suffit de se rappeler que les fonctions entièresy"(.r), dont on s'oc- cupe dans le théorème, satisfont à l'identité suivante : » Je me propose maintenant de donner ([uelques théorèmes sur des fonctions qui comprennent, comme cas particuliers, les fonctions modu- laires K(^) et les fonctions multiformes que l'on rencontre dans l'étude de la série hypergéométrique de Gauss. » Auparavant, j'ouvre une parenthèse pour donner le théorème sui- vant : » Si H(/, u,^, . . ., w) est une fonction réelle gardant un signe constant pour toutes les valeurs respectives des paramètres réels de t, à /., u, à u.,, . . ., w, à w.,, G(t,u, . . ., w) étant une fonction réelle ou complexe de ces para- mètres, la fonction F(c- )5eee / ■ ■■ dt'^ . . . \ •■■ \ ' "' • • •■ "') ^ ^^^ .^_ ^,, J.„, Z — G(<, u, <•) ros à l'intérieur de tout contour convexe entourant iensemhle de points Z = G(/, u, . . ., «') qui est un espace de discontinuité pour la fonction. » J'ouvrirai encore une parenthèse pour donner le théorème suivant, généralisation de la proposition de Laguerre sur les fonctions modulaires K(z)e\.K'(z.y^K(i-z). ( 55o ) » Considérons la fonction du modulé' z, Y{z)= r f{x).<^{x, r.).(i - zxy-'dx, où l'on a o <[ 7. <] I , /(^) étant une fonction quelconque de x, uniquement assujettie à être bien définie et continue pour toutes valeurs réelles de x entre o et a (a est supposé réel ]> o), o(x, z) étant holomorphe en z quand x varie entre o et a; à l'intérieur de la ligne ce ... -, F (z) e*/ représentable par une fonction uniforme affectée de la coupure oc ... -, donnée par la formule ■.)dx » En appliquant le théorème précédent et celui qui vient immédiate- ment avant dans le cas des deux variables x, y, la fonction H étant ici -/(■r) -, on a xy » La fonction F o(x)^ I fîx')(i — zx)'"^ dx (où l'on a o <; 1 << r et f{x) étant une fonction de x uniquement assujettie à être continue pour les valeurs léelles de la variable entre o ci a. et à garder un signe constant pour ces mêmes valeurs) ne s'annule jamais en dehors de sa coupure ce... -■ » On en déduirait facilement par l'étude au voisinage de la coupure d'après l'intégrale double que ces fonctions F5(5) ont leur partie réelle de signe constant; dans ce groupe de fonctions Fo(s) rentrent la fonction Je (Jx ' , la fonction com- 0 \J{i-x^){i-zx^-) plète de seconde espèce divisée par z"^, et la série hypergéométrique ¥(a,b,c, z)\ , 7 o a-h b ^^ gence. » PHYSIQUE. — Sur la mesure directe de l'intensité lumineuse moyenne sphérique des sources de lumière. Note de M. A. Bloxdel, présentée par M. Potier. « Jusqu'ici on n'a pu déterminer l'intensité moyenne sphérique d'une source de lumière que dans un cas particulier (source symétrique autour ( 55i ) d'un axe), et à l'aide d'une méthode indirecte due à M. Allard; l'emploi de celle-ci est fort pénible et n'offre, dans le cas de foyers instables tels que l'arc électrique, aucune garantie de précision. » La méthode générale que j'ai indiquée pour la mesure du flux lumi- neux, dans une précédente Communication (' ), permet de faire cette déter- mination avec une grande rapidité sans tracer de courbe photométrique. L'intensité moyenne sphérique est en effet égale à -j— du flux total de la source de lumière (-), et l'on a vu comment celui-ci peut s'obtenir à l'aide du dispositif de lay?o-. i, comprenant un photomètre P, un écran diffuseur G Fig. I. LÉGENDE : M luiioii-, L source à photométrer, B écran opaque, G écran diffuseur, P photomètre. et un projecteur en verre argenté M, dans le plan d'ouverture duquel on place le centre de la source à étudier; en additionnant deux mesures faites après avoir donné à la source une rotation de 180", on obtient le flux total, multiphé par le coefficient moyen de réflexion du miroir. )) Ce dispositif ne peut donner de bons résultats que si la perte subie par les rayons est la même pour tous, c'est-à-dire si le coefficient de ré- flexion du miroir argenté est le même en tous les points. » Comme en général ce coefficient varie notablement avec l'angle d'in- cidence, il est préférable d'en limiter les variations en réduisant le miroir à une zone de révolution autour de l'axe optique, d'étendue assez faible pour que l'angle d'incidence soit presque constant; il n'est plus possible (') Comptes rendus, 11 février 1894. (^) Dans les calculs numériques, l'intensité et le tlu\ doivent être évidemment éva- lués chacun en fonction d'une unité de même nature, ainsi qu'on le fait pour toutes les autres quantités physiques. En particulier dans le système pratique international ayant pour base la bougie de -^ de VioUe, le mètre et la seconde, l'unité pratique de flux, à laquelle j'ai proposé de donner le nom de lumen, est le flux que reçoit une surface de i™i soumise à l'éclairement de i lux (ou i bougie à i™) ou celui qu'émet dans un angle solide de 1 sphéradiou une source ayant une intensité uniforme de I bougie décimale. ( 552 ) alors de recueillir la moitié du flux mais seulement une fraction qui doit être bien définie. » Ce résultat est obtenu, comme le montre la fig. 2 en entourant la Fig. 1. LÉGENDE : Coupe horizontale schématique d'un lumen-nièlre à zone. ZZ' zone ellipsoïdale réfléchissante; SS' sphère opaque percée suivant ilcuv fuseaux /, /'; L source de lumière à photométrer. source de lumière L d'une sphère opaque SS', ])arfaitement noircie inté- rieurement, ayant son centre sur l'axe optique et munie de deux ouver- tures en forme de fuseaux symétriques/,/', limités à deux plans diamé- traux verticaux. Les deux flux opposés qui sortent par ces deux fuseaux sont renvoyés sur l'écran diviseur par la zone réfléchissante z-z' , à laquelle diverses considérations m'ont conduit à donner de préférence (bien (|ue cela ne soit pas nécessaire) la forme d'une zone ellipsoïde de révolu- tion ('), ayant pour foyers le centre de la sphère creuse et un point situé à 3™ de distance; en plaçant l'écran en ce point, on réalise une tache de très faible dimension qui permet de se contenter d'un faible recul pour le photomètre, par rapport auquel elle joue le rôle de source de lumière à mesurer. L'angle de chacun des deux fuseaux étant de 18", il faudrait dix mesures successives pour étudier tout le flux par parties (^); mais lorsque la source est de révolution ou à peu près, autour d'un axe vertical, on peut se contenter de deux mesures prises à angle droit (ce qui fait en (') J'ai examiné un grand nombre d'autres dispositifs, comportant en particulier l'emploi d'anneaux catadioptriques de formes diverses; j'indique seulement ici celui qui a été reconou le plus pratique au point de vue de l'exécution et de l'emploi de l'appareil. (^) Une seule mesure suffit quand on peut imprimer à la source un mouvement de rotation rapide. . ( 553 ) réalité quatre fuseaux j. L'emploi simultané de deux fuseaux opposés est d'ailleurs une grande garantie d'exactitude pour la mesure des lampes a arc. ') L'appareil est représenté en perspective par la^o-. 3, qui en explique suffisamment le mode de construction; l'ouverture réservée à sa partie supérieure, et dont l'influence est négligeable, sert à l'introduction des Fi?. 3. Légende : Vue d'cnsfiiililc ilu liimcn-mclro ;'i zone. lampes parle haut (ou par le bas, lorsqu'on retourne l'appareil); une po- tence permet de suspendre les lampes à arc dans la position convenable ; pour taciliter l'introduction des foyers à étudier, ime partie de la demi- sphère antérieure est amovible. On remarquera cjue celle-ci évite toute lumière parasite dans la salle photométrique. )) L'exécution de cet instrument, dont les dimensions dépassent celles des instruments de physique ordinaires, présentait de sérieuses difficultés; elle a pu être menée à bien cependant, grâce au précieux concours de MM. Sautter et Harlé, qui, malgré le caractère purement scientifique de l'appareil, ont bien voulu se charger de le construire à leurs frais dans G. R., 1895, I" Semestre. (T. CX\, N' 10.) 7^ ( 554 ) leurs ateliers (' ) et auront ainsi permis à cette nouvelle méthode d'entrer dans le domaine de la pratique. » I;es dispositifs décrits dans cette Note, et qu'on peut appeler des Lumen-mètres, permettent de faire, soit des mesures comparatives , soit même des mesures en valeurs alisolues, lorsqu'on a déterminé les coeffi- cients de transmission du miroir et de l'écran; le tarage global de l'appareil à zone avec son écran peut être fait d'ailleurs simplement en plaçant au centre de la sphère un étalon d'intensité horizontale connue I^. On isole sur les fuseaux une zone équatoriale de hauteur connue et d'assez faible hauteur pour que le flux qui le traverse soit uniforme. Soient a l'angle solide correspondant, I la puissance lumineuse de la tache de l'écran mesurée au photomètre, le coefficient cherché R est déterminé par le rapport -j-- » Les lectures au photomètre peuvent donner ensuite directement les flux ou les intensités moyennes sphériques en unités correspondantes. » CHIMIE. — Sur V analyse du silicium. Note de M. Vir.ouRoux, présentée par M. Henri Moissan. « Nous avons montré précédemment (-) qu'il était possible, en chauffant delà silice et du magnésium purs, d'obtenir du silicium amorphe titrant 99,60 pour cent. Le produit obtenu en employant des produits commer- ciaux a donné, comme impuretés dominantes, de la silice et des siliciures d'alumiriium et de fer. )> Nous exposerons aujourd'hui les méthodes d'analyse. Disons tout d'abord qu'il importe d'opérer sur une poudre bien sèche. On en pré- lève 0^^,100 environ qu'on introduit dans un petit tube de verre et qu'on chauffe, pendant quelques minutes, jusqu'au voisinage du rouge. » I" Dosage de l\ silice : Attaque par le chlore. — On fait passer un courant de chlore bien sec dans un tube en verre de Bohême, sur le silicium placé dans une na- celle tarée. Lorsque l'appareil, bien sec lui aussi, est plein de ce gaz, on chauffe pro- gressivement. Vers 45o°, le silicium prend feu et se volatilise à létat de chlorure, mais il faut chauffer plus fortement afin d'attaquer les siliciures. L'action terminée, (') J'avais fait exécuter, dès 1892, un appareil d'essai en cuivre argenté, auquel la difficulté d'entretenir un coefficient de réflexion constant m'a forcé promptemejit à renoncer. C) Comptes rendus, t. GXX, p. 94 et p. 867. ( 555 ) on laisse refroidir dans le chlore, puis on déplace ce dernier gaz par un courant d'hy- drogène, à chaud, qu'on laisse. dégager ensuite jusqu'à complet refroidissement ('). On place la nacelle dans le desslccateur et l'on pèse à nouveau. On a la silice. » 2° Dosage du silicium : Attaque par les carbonates alcalins en solution {''). — Un poids donné de poudre fine est soumis à l'action prolongée d'une solution de carbo- nate de potassium, dans un petit ballon à fond plat, d'environ loo*^"^, chauffé sur un bain de sable. Le silicium et la silice sont transformés en silicate alcalin soluble. On jette sur un filtre taré et l'on détermine ainsi le poids des matières étrangères moins la silice. Quant à la partie dissoute, on la traite par l'acide chlorhydrique jusqu'à réaction acide, puis on la chauffe d'abord au bain-marie jusqu'à dessiccation complète, ensuite vers 200°, afin dinsolubillser complètement la silice, ce qui est assez difficile. On reprend par l'acide chlorhydrique étendu, on filtre : la silice reste. On calcine, on pèse. Du poids de silice obtenu, dont on retranche celui fourni par l'attaque au chlore, on déduit la proportion de silicium libre (^). » 3" Dosage des métaux : Attaque par un. mélange d'acide Jluorhydrique et d'acide azotique. — Dans une capsule de platine, on place un poids donné de silicium dans lequel on verse de l'acide azotique et de l'acide fîuorhydrique bien exempts de chlore. Ensuite, on ajoute goutte à goutte de l'acide suliurique concentré. Ce dernier élève graduellement la température et finit par amorcer la réaction qui se traduit par la formation de (luorure de silicium qui se dégage et de fluorures métalliques qui restent dans le liquide. » En évaporant au bain de sable, les métaux se retrouvent à l'état de sulfates. On les dose par les méthodes connues. » Résultats. — Analyse du silicium obtenu en employant le quartz et le magné- sium du commerce. I ('). H III. Silicium % 89>27 94,14 Silice "/o 3,01 • , 90 c-i- • ( Fe: 2,iS «/„ ) 99.90 99-96 (') Cette précaution est nécessaire, attendu que certains résidus peuvent retenir plusieurs fois leur poids de chlore. (^) Cette méthode suppose que les chlorures métalliques sont volatils. Dans le cas contraire, on dissout le contenu de la nacelle et l'on détermine sur filtre taré le poids du résidu insoluble. (^) On peut remplacer la solution de carbonate alcalin par une solution de potasse qui produit une attaque plus rapide; mais cette dernière n'est pas toujours exempte de silice et, de plus, il faut opérer dans un récipient en argent. Enfin l'on peut a'ttaquer par les carbonates alcalins en fusion dans un creuset de platine. On a le silicium total et les métaux. (') Les chiffres I, II, III correspondent à des analyses faites sur un même échan- tillon ayant subi i, 2, 3 traitements à l'acide lluorhydrique et à l'acide sulfurique. Fe:o,4ô »/o Al:o,32»/„ 97» 02 0,66 2,34 1 100,02 ( 556 ) » Les siliciures de fer et d'aluminium sont formés au moment de la réduction aux dépens des impuretés du quartz. Analyse de silicium obtenu en réduisant la silice chimiquement pure pa/' le ma- gnésium distillé et en opérant dans un tube brasqué à la magnésie et traversé par un courant d'hydrogène. 1. II. Silicium 99>09 99>6o Silice 0,68 0,20 Non dosé 0,23 0,20 100,00 100,00 » On a aussi analysé la variété a préparée par le procédé de Berzélius. {tube de fer (tube de verre .N° 3 et agitateiii- cl agitateur (tube de verre en fer). en fer). sans agitateur). Silicium 22,81 4ii58 J4,2i Silice 12,33" 11,18 16, i3 Fer 9,16 6,18 2,93 Potassium 5, 18 7,35 i,32 Non dosé 5o,53 33, 71 25,4 1 1 00 , 00 1 00 , 00 I 00 , 00 » Pour avoir le silicium fi, on a calciné et traité ensuite par l'acide lluorhj^drique la variété a. Les rendements ont été très faibles (compris entre4,o9et 11,09 pour 100) et la matière noire résiduelle ne contenait que très peu de silicium. Enfin, l'analyse a montré que le silicium cristallisé, préparé sans précautions, peut renfermer jusqu'à 5 pour 100 d'impuretés constituées par des siliciures de fer, de zinc, d'aluminium (■). Pour les détruire, le procédé le plus rapide consiste à griller les cristaux à l'air, le silicium se recouvre d'une mince couclie de silice qui le protège, tandis que les sili- ciures sont transformés en silicates fusibles qu'on enlève par l'acide fluorhy- drique. » Conclusions. — Lorsqu'on fait agir le potassium sur le fluosilicate, il se produit une série de réactions analogues à celles indiquées par M. Mois- san dans la préparation du bore par les métaux alcalins ('•). Une grande partie du silicium naissant se combine au potassium en excès et au fer dans lequel on opère. Lorsqu'on traite ensuite par l'eau le produit de la réaction, tandis qu'une nouvelle quantité de silicium disparaît et se transforme en si- (') Ceci explique pourquoi le silicium cristallisé projeté dans l'acide fluorhydrique dégage parfois de l'hydrogène d'une façon lente et prolongée. (-) H. MoissAN, Comptes rendus, t. CXIV, \i. 019. ( 557 ) lice, à la faveur du métal alcalin qui n'a pas réagi, les'matières étrangères insolubles viennent augmenter la proportion des impuretés [silice, siliciures d'hydrogène (' ), de potassium, de fer, etc.]. C'est à leur présence que le silicium a. doit son activité, sa solubilité dans l'acide fluorhydrique, par exemple. Quant au silicium [i, obtenu en chauffant fortement la variété a. il est facile de comprendre que, pendant la calcinatiou, le siliciumlibre disparaissant de plus en plus, grâce à la présence des matières métalli- ques, on n'obtienne finalement qu'un corps différant du tout au tout des variétés préparées à haute température. Enfin le flliosilicate, qui est pré- cieux dans la préparation du silicium cristallisé, convient peut-être moins bien quand il s'agit d'obtenir le silicium amorphe. Par suite de son énergie chimique, il attaque les parois des récipients et, comme il est fluide, les matières dissoutes se diffusent constamment dans le liquide et viennent augmenter d'autant les impuretés (-). Aussi nous semble-t-il préférable d'employer, dans la préparation du silicium amorphe, des poudres infusi- bles et inertes, comme la silice et la magnésie. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action de V aldéhyde fonnique sur les sels ammonia- caux. Note de MM. A. Bkocuei' et R. Gasibier, présentée par M. P. Schiitzenberger. « I. Chlorhydrate d'ammoniaque ; action à froid. — Dans une Note pré- cédente (^), nous avons montré que l'action de l'aldéhyde formique sur les- chlorhydrates de monométhylamine et d'hydroxvlaraine conduit dans le premier cas au chlorhydrate de triniéthylène-triamine et dans le second à la formaldoxime ou son polymère triple (CH-.AzOH)', avec mise en liberté d'acide chlorbydrique. Dans les deux cas, l'action ne va pas plus loin, les corps formés n'étant pas susceptibles de réagir à leur tour sur l'aldéhyde formique. )' Il n'en est plus de même quand on fait agir l'aldéhyde formique sur (') Là présence de l'hydrogène a été constatée au moyen de la trompe. (■) Cet inconvénient n'existe pas pour le silicium cristallisé : les matières étran- gères sont éliminées grâce au métal dissolvant (aluminium ou zinc) qui n'entraîne que le silicium; de plus, c'est précisément à cause de la fusibilité du lluosilicate que le métal se sépare très facilement. (') Comptes rendus, t. CXX, p. 449' ( 558 ) le chlorhydrate d'ammoniaque. Dans ce cas et par analogie avec les pré- cédents, on peut admettre qu'il se forme d'abord le chlorhydrate de tri- méthylène-triamine (CH^.,AzH.HCl)', mais cette base secondaire agit sur l'aldéhyde forraique, une partie de l'azote cesse d'être basique (nous ad- mettons que cela a lieu par suite de la formation de groupes R . Az^ CH"). Il en résulte qu'une- quantité correspondante d'acide chlorhydrique est mise en liberté. Si, d'une part, nous remarquons que les acides libres tendent à détruire par hydratation les combinaisons de l'ammoniaque avec l'aldéhvde, en régénérant cette aldéhyde, et que, d'autre part, l'al- déhyde formique réagit sur les sels ammoniacaux en mettant une certaine quantité d'acide en liberté, on conçoit facilement qu'il s'établit un état d'équilibre chimique, dépendant de la température, des proportions des corps en présence, etc. Cet état d'équilibre pourra être rompu, soit en sa- turant l'acide au fur et à mesure de sa formation, et nous arriverons ainsi à l'hexaméthylènamine; soit en augmentant la concentration de cet acide, et nous arriverons à régénérer la totalité du chlorhydrate d'ammoniaque et de l'aldéhyde formique. C'est ce que l'expérience vérifie : 1) Si à une solution de chlorhydrate d'ammoniaque on ajoute de l'aldéhvde formique, la liqueur devient fortement acide, elle dissout le phosphate calcique, la craie, etc. Si l'on cherche à neutraliser par un excès de ce dernier corps l'acide formé, l'eUer- vescence très vive du début ne tarde pas à se calmer puis se continue pendant un cer- tain temps jusqu'à ce qu'il n'y ait plus en solution que de l'hexaméthylènamine. Si au contraire nous dissolvons de l'hexaméthylènamine dans un excès d'acide chlorhy- drique, et que nous abandonnions cette dissolution à la température ordinaire, nous pourrons bientôt y recueillir un précipité cristallisé de chlorhydrate d'ammoniaque en quantité presque théorique. » Il est dès lors évident qu'il existe entre l'ammoniaque et l'hexamé- thylène-amine une ou plusieurs bases, servant de termes de passage, non isolables à' la vérité, mais dont nous avons pu mettre l'existence en évi- dence de deux façons différentes : i" en faisant l'étude acidimétrique de la dissolution; 2° en fixant ces bases à l'état de combinaisons insolubles, chloroplatinates ou dérivés nitrosés. » Nous avons employé une solution contenant 2 molécules CH^O et i molécule AzH*Cl. Ce dernier sel se trouvait à la dose de 10 pour 100. Le titrage acidimétrique de cette solution, effectué avec la phtaléine comme indicateur, montre qu'elle ne ren- ferme plus trace de chlorhydrate d'ammoniaque, l'alcalinité persistante n'étant obte- nue que lorsqu'on a ajouté une quantité de soude correspondant à la totalité de l'acide du chlorhydrate. Au contraire, avec le mélhylorange comme indicateur, l'alcalinité persistante est obtenue quand on a ajouté une quantité de soude correspondant aux ( 559 ) trois quarts de l'acide total. A ce moment le produit existant en solution est du chlor- hydrate d'hexaméthylène-amine; c'est ce qu'il est facile de vérifier en additionnant la solution de chlorure de platine, on obtient ainsi un chloroplatinate jaune très pâle répondant par son analyse à la formule (C^H'- Az*, HCl )^ PtCl*. Si l'on additionne la solution primitive du chlorure de platine, on obtient un chloroplatinate dont l'analyse correspond à peu près au chloroplatinate de triméthvlène-triamine. Pour obtenir celui-ci dans un état de pureté tel qu'il donne à l'analvse des chiffres théoriques, il faut ajouter à la solution une certaine quantité d'acide chlorhydrique, précisément égale à celle qui est indiquée par le dosage acidimétrique, cette quantité étant néces- saire pour contrebalancer l'action de l'aldéhyde formique sur les groupements azote secojidaire. Enfin, si l'on ajoute une plus grande quantité d'acide on obtient des chloroplatinales dont la teneur en platine augmente régulièrement, se rapprochant de plus en plus du chloroplatinate d'ammoniaque. » Nous ferons également remarquer que, par l'action de l'acide nitreux sur l'hexaméthylène-amine, on peut fixer à l'état de dérivés nitrosés deux bases intermédiaires : la pentaméthvlène-tétramine (deux fois secondaire et deux fois tertiaire) et la triméthylène-triamine (trois fois secondaire). Ces mêmes dérivés nitrosés ont été préparés par nous en traitant par l'acide nitreux un mélange de chlorhydrate d'ammoniaque et d'aldéhyde for- mique. » Si l'on emploie un excès de chlorhydrate d'ammoniaque, on obtient les mêmes résultats que précédemment, mais il subsiste toujours une portion notable de l'aldéhvde qui n'entre pas en réaction. » Action à chaud. — Si l'on vient à chauffer une solution de chlorhy- drate d'ammoniaque et de formaldéhyde, renfermant ou non un excès de ce dernier corps, la formaldéhyde réagit sur la triméthylène-triamine d'abord formée, et l'on obtient du chlorhydrate de monométhylamine, en même temps que se dégage de l'acide carbonique, suivant l'équation 2(CH\AzH.HCl)' -f- 3CH^0 + 3H=0 = 6(CH'.AzH=.HCI) -t- 3C0^ )) Le rendement est théorique. » Si le chlorhydrate d'ammoniaque est en grand excès, le produit obtenu est très pur et ne renferme qu'une faible quantité de chlorhydrate de tri- méthyltriméthylène-triamine dont on peut, du reste, le débarrasser aisé- ment par cristallisation dans l'alcool. Si l'aldéhvde est en grand excès, on arrive finalement au chlorhydrate de trimèlhy lamine par une série de réac- tions identiques. 1 II. Autres sels ammoniacaux. — L'action de la formaldéhyde sur le ( 56o ) sulfate ammoniquea été étudiée par Plochl ('). Il constata l'acidité du mé- lange fait à froid et reconnut qu'en chauffant ce mélange contenant un grand excès d'aldéhvde on arrivait au sulfate de trimcthvlamine. Il avait d'abord pensé obtenir par cette réaction des bases pyridiques, comme il en a obtenu du reste en chauffant les autres aldéhydes avec les sels ammo- niacaux. » Les autres sels ammoniacaux donnent avec la formaldéhvde des ré- sultats semblables; avec le benzoale, une partie de Tacide est précipité; avec le carbonate il y a effervescence, une partie de l'acide se dégage de suite, le reste s'élimine peu à peu; finalement il ne reste que de l'hexamé- thylène-amine; ce à quoi l'on arrive du reste en laissant digérer en milieu neutre (en présence de craie) un sel ammoniacal quelconque et la for- maldéhyde. Si l'on opère à chaud on obtient des mélh\ lamines, en même temps que du méthylal provenant d'une réaction secondaire entre- l'aldéhyde formique et l'alcool méthylique que les solutions commerciales d'aldéhyde renferment comme impiu-eté. )) L'azotate et le chromate d'ammoniaque se conduisent avec la formal- déhvde comme les autres sels ammoniacaux (-). » CHIMIK ORCtAXIQUE. — Sur les chlorures acides et les aldéhydes chlorés. iNote de i\I. PiL'L RivAi.s. « J'ai entrepris d'étudier les chlorures de quelques acides organiques et, en particulier, des acides chlorés, et j'ai cherché à comparer les cha- leurs de formation de ces composés aux chaleurs de formation des aldé- hydes chlorés isomériques, problème intéressant à cause de la différence des fonctions des deux séries d'isomères et des groupements substitués. Voici les premiers résultats de mes recherches. Ils sont relatifs aux chlo- rures acides dérivés des acides acétique, chloracétique et trichloracétique et aux aldéhydes chlorés isomères. » Le chlorure acétique, ainsi que le bromure et l'iodure, avant été l'objet des recherches de MM. Berthelot et Louguinine, je me suis attaché aux dérivés chlorés du premier composé. (') Plocbl, D. chem. Ges., t. XXI, p. 2117. (') Ecole de Physique et de Chimie inrluslrielles. ( 56i ) » 1. Chlorure d'acètyle monochloré. — Il s'obtient facilement par l'action du chlore sur le chlorure d'acétyle en présence de l'iode. On obtient le produit pur et en grande quantité. J'en ai pris la densité de vapeur : poids du litre ramené à o" et à ■760'"'°= 55^26; poids normal = 5s'',o7. » Comme ce chlorure n'est pas décomposé par l'eau immédiatement, j'ai préféré le décomposer par la potasse étendue, et retrancher du nombre obtenu les chaleurs de neutralisation en liqueur étendue des acides chlorhydrique et chloracétique. » J'ai trouvé : Chaleur de décomposition par la potasse étendue -)-52'"'',fi5 d'où l'on déduit : Chaleur de décomposition par l'eau en liqueur étendue -\-i'j^'^, 25 et par suite : Chaleur dégagée par la réaction : C'H^Cl^Oliq.+ H'-Oliq. =C=H'ClO'sol. + HClgaz.... + gC''.^ Chaleur de formation à partir des éléments du chorure d'acé- tyle mônochloré -l-69'^"',8 Chaleur dégagée par la réaction de substitution : C'^H'OClliq. + CP= C^IPCl-O liq. -H HCl gaz -+- 27^^', i » 2. Chlorure de trichloracély le. — Ce corps, préparé par l'action du tri- chlorure de phosphore sur l'acide trichloracétique, purifié et analysé, m'a donné les nombres suivants : Cal Chaleur de décomposition par la potasse étendue -t- 52,6 d'où je déduis la chaleur de décomposition par l'eau en solution étendue, soil H- 24,8 et la chaleur dégagée par la réaction C? Cl» O liq. -t- H^ 0 liq. = C^ CP O^ H sol. + H Cl gaz + 4,5 On a finalement la chaleur de formation à partir des éléments du chlorure de trichloracétyle liquide -(- q3,2 et la chaleur dégagée par la réaction de substitution C^ H3 O Cl liq. -(- 3 CP = C^ Cl* O liq. -+- 3 H Cl gaz + 3i,5 x 3 » On voit donc que la décomposition des chlorures par l'eau donne des nombres peu différents de ceux que MM. Berthelot et Louguinine ont obtenus pour les chlorures d'acétyle ( 4- 23*-"', 3), de butyryle (-1- 21'^"', 7), de valéryle (-f- 20^"', 17). Plus récemment, M. Berthelot a montré que la décomposition par l'eau du chlorure de malonyle, dérivé d'un acide biba- sique, dégage -f- 44^^'» 2, soit 22^''', i x 2, ce qui concorde. c. R., 1895, 1" Semtstie. (T. C.W, N» 10.) 74 ( 562 ) » En outre, les chaleurs de formation des chlorures acétique, chloracé- tique et trichloracélique croissent assez régulièrement; ce qui permet d'es- timer la valeur probable de la chaleur de formation par les éléments du chlorure d'acétyle dichloré; elle serait voisine de 80^'''. » On aurait alors pour les réactions de substitutions successives du chlore à l'hydrogène dans l'aldéhyde acétique avec formation de chlorures acides : « Pour le chlorure acétique GMi'Oliq. -f-Cl-^C^H^OClliq. + HG1 gaz... -h agC'-'.e; » Chlorure chloracétique C'H'Oliq. + 201^ = 02 H^Cl^Oliq. + HCl gaz... +56^"', 7 ou 4-28c-',33 x 2 ; M Chlorure trichloracétique C^H^Oliq. -f-4C12=:C2Cl'01iq. -+-4tlClgaz... h- i24''^',i ou SiC'.Sxi- )) Comparons ces nombres avec la substitution du chlore dans l'acide acétique, en rapportant tous les acides au niême état solide : C-=Il'0=crist.-h CI= = G^H^C102c.ist.-+- HClgaz... +28=-', 2, GMI'O^crisl. + 301^ = 02 HCPO-crist. 4-3 IICI gaz... +90^»', 9 ou +30^'", 3 x 3. » L'excès thermique, observé dans la dernière substitution, répond à l'opposition observée par M. Louguinine, entre le signe de la chaleur de dissolution de l'acide trichloracétique dans l'eau (+ 2^*', 9) et celles des acides acétique ( — 2^^',i) et monochloracétique ( — 2^"', 9); opposition qui amène un certain changement dans la constitution de l'acide perchloré. » Quoi qu'il en soit, la marche des nombres est semblable dans les deux séries. » CHIMIE ORGAIMQLE. — Dédoublement de l'acide butane-i-oloïque (a.-oxybu~ lyrique). Note de MM. Ph.-A. Guye et Ch. Jordax, présentée par M. Friedel. « L'acide a-oxvbulyrique de synthèse CH'.CH-.CH.OH.COOII, tel qu'on l'obtient par la méthode de M. fllarkownikow (') (décomposition de l'acide bromobutyrique par l'hydrate de baryte), est un racémique. (') Maiikownikow, Lieliig's Aniialen, t. GLlIi, p. 24^ ( r>63 ) Nous sommes parvenus à le dédoubler en ses dmiK composants, (lextrogvre et lévogyre. » Nous avons suivi le procédé, devenu classique, de M. Pasteur, basé sur les différences de solubilité des sels formés avec des bases actives, procédé qu'il nous a paru avantageux de mettre en œuvre de la façon suivante : » En premier lieu, nous avons recherché, par quelques essais prélimi- naires, quels étaient, parmi les sels de l'acide a-oxybutyrique avec les bases actives, ceux qui donnent des cristaux bien formés; chacun de ces essais peut se faire avec une très petite quantité d'acide neutralisée par la quantité équivalente d'une base active (quelques décigrammes). Nous avons reconnu que les sels de quinine, de sh'vchnine, de brucine pré- sentent ce caractère, bien qu'à des degrés différents, tandis que le sel de cinchonine ne cristallise que très difficilement. » Cela fait, une seconde série d'essais préliminaires, exécutés chacun sur 10^"" d'acide oxybutyrique, nous a démontré que, parmi les trois sels aptes à la cristallisation, ceux destrvchnine et de brucine permellent seuls d'effectuer une séparation un peu nette de la combinaison racémique en ses deux isomères actifs. Nous entendons par là une séparation suffisante pour que les déviations polarimétriques observées, même sur des dissolu- tions un peu étendues, ne puissent être attribuées aux traces d'alcaloïdes restés en solution. A cet effet, les sels obtenus par cristallisation ont été décomposés par l'ammoniaque. Il importe d'effectuer ces décompositions sur des quantités équivalentes des divers sels, en emplovant le même vo- lume de solution ammoniacale; après quelques heures de digestion, le li- quide Hltré, séparé de la base régénérée, est ramené dans chaque essai à un même volume, puis examiné au polarimètre. Les déviations observées indiquent immédiatement celle des bases employées qui produit la meil- leure séparation. Dans nos expériences, c'était la brucine. » Ce point étant établi, nous avons enfin procédé au dédoublement de l'acide oxybutyrique, en quantité un peu considérable, et nous avons pu constater que la séparation des deux isomères actifs s'opère avec une grande netteté par cristallisation du sel de brucine; toutes nos cristallisa- tions ont été faites pendant l'hiver à des températures qui n'ont pas dé- passé lo"; les températures les plus basses nous ont paru favorables à la séparation des deux isomères. » Par des concentrations successives, la solution aqueuse de l'oxybuty- rate de brucine laisse déposer des cristaux du sel dérivé de l'acide lévogvre, ( 56/i ) puis un mélange des deux sels, enfin le sel dérivé de l'acide dextrogyre. » Pour juger du degré de pureté des sels qui se déposent après chaque concentration, le procédé qui nous a paru le plus expéditif consiste à dé- composer, comme précédemment, par un volume d'ammoniaque et dans des conditions toujours identiques, un poids constant de 2^^ de sel de bru- cine. Les observations polarimétriques efTectuées sur les solutions ammo- niacales filtrées permettent de suivre la marche de la séparation. » A titre d'exemple, voici les résultats obtenus dans une expérience de dédouble- ment ; Déviation do pour L = 2''"" solution ammoniacale. u Première cristallisation — 0,385 Deuxième » — o,388 Troisième » — o,38o Quatrième » — 0,07 Cinquième » + o, 16 » Les trois premières cristallisations, en raison de l'identité des déviations obser- vées, peuvent être considérées comme donnant l'acide lévogyre déjà très pur. Ce fait est confirmé par les observations suivantes : » Le sel de brucine, provenant d'une première cristallisation, a été soumis à une seconde cristallisation fractionnée; trois dépôts successifs ont donné lieu aux obser- vations polarimétriques —00,386, — 0°, Sgo et — 0°, 3odans les mêmes conditions que ci-dessus. » D'autre part, dans toutes nos expériences de dédoublement, les déviations propres aux premières cristallisations ont toujours été comprises entre — o'>,38oet — o°,392. La moyenne était — o°,385. » Au degré de concentration de nos solutions, cette déviation de — 0°, 385 pour L __ pdcra correspond à un pouvoir rotatoire [aju^ — i3, 9 environ, pour l'oxj-butyrate d'ammonium. » Le liquide filtré, provenant de la cinquième cristallisation ci-dessus, était trop épais pour être concentré davantage sans altération; il a été décomposé par l'ammo- niaque pour en retirer un acide dextrogjre déjà fortement actif. » Au total, nous avons opéré sur loo^"', ■y d'acide oxybutyrique racémique pour obtenir 34^% 8 d'acide gauche pur, ce qui représente, en acide gauche, les ^ du rendement théorique. » En raison des variations rapides du pouvoir rotatoire que subissent avec le temps les solutions des acides-alcools, telles qu'elles ont été obser- vées par M. Wislicenus et par d'autres savants ('), notamment avec l'acide (') Voir Van't Ho¥f, La fferi/ng ..., 1894. ( 565 ) lactique, nous avons cru bien faire de caractériser l'acide oxybulyrique gauche par le pouvoir rotatoire de son éther isobutylique. Ce dernier s'ob- tient aisément en traitant par l'acide chlorhydrique sec le sel de baryum pulvérisé, en suspension dans l'alcool isobutylique. Cet éther bout à i90°-2oo''; sa densité est de 0,919 a 1 5°; son pouvoir rotatoire [0.]^=— 7,7. » L'acide dextrogyre, provenant des eaux-mères des diverses cristalli- sations des sels de brucine et contenant encore une petite quantité de combinaison racémique, donne un éther isobutylique de pouvoir rota- toire ['/.]„ = -1- 5°, 7. L'acide droit ne contiendrait donc que 74 pour 100 d'acide actif. » Nous avons commencé l'étude des éthers dérivés de l'acide lévogyre ; ceux-ci sont aussi lévogyres. Nous reviendrons sur leurs propriétés lorsque ce travail sera plus avancé ('). ■> CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide daturique. Note de E. Gérard, présentée par M. Friedel. « Dans une Note présentée à rAcadémie(Co/n/?/e5A-e/îg ne liépasse pas liS"'*''', elle peut atteindre chez les diabé- ( 568 ) tiques jusqu'à Soo^sr par litre. Dans le diabète sucré, il y a donc à la fois dans le sang, excès de sucre, excès de glycogène et excès d'urée. » Ces deux faits : présence constante du glycogène et delà glycose dans le sang des animaux normaux, et surabondance de ces mêmes substances dans celui des diabétiques, ont une grande portée au point de vue de la physiologie générale de la nutrition et de la pathologie. » Ils confirment la vue de Cl. Bernard, d'après laquelle le sucre, formé dans le foie et déversé dans le sang, dérive toujours du glycogène. Cette substance semble représenter la forme transitoire que doivent nécessaire- ment prendre les matières nutritives avant de devenir du sucre. Le travail d'élaboration qui s'accomplit dans le foie comprend deux actes : le premier par lequel les matières hydrocarbonées, graisses et albuniinoïdes, sont transformées en glycogène ; le deuxième par lequel ce glycogène formé est en partie transformé aussitôt en sucre et en partie déversé en nature dans le sang, qui le transporte dans les muscles, où il se met en réserve pour subvenir aux besoins ultérieurs. » Ils viennent également appuyer la doctrine générale de M. Chau veau, sur la transmutation de la matière et de l'énergie, sur le uiode de des- truction et de reconstitution du potentiel énergétique dans l'organisme animal. » Enfin ils rendent compte de certains faits pathologiques incomplète- ment expliqués, par exemple, de l'accumulation, chez les diabétiques, de glycogène dans le réseau capillaire et le tissu de certains organes tels que les centres nerveux et le rein, qui, d'ordinaire, n'en renferment que des traces, de la présence du glycogène dans les urines diabétiques. » CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la signification du dégagement d'acide carbo- nique par des muscles isolés du corps, comparée à celte de l' absorption de l'oxygène. Note de M. J. Tissot, présentée par M. A. Chauveau. « D'après Valentin, Matteucci, les muscles de la grenouille, isolés du corps et placés dans l'air, absorbent plus d'oxygène qu'ils n'en rendent à l'état d'acide carbonique. » D'après Hermann, il faudrait voir, dans l'absorption d'oxygène d'une part, dans la production d'acide carbonique d'autre part, deux phéno- mènes absolument distincts, sans rapport l'un avec l'autre ni avec les phé- nomènes d'activité du muscle. ( 569 ) » Mes expériences m'ont montré, en effet, qu'il n'y a pas de rapport constant entre CO* et O^, et que, à l'état de repos, ce rapport peut être in- différemment j)lus petit que i , égal à i ou plus grand que r . » De telles différences sont certainement placées sous l'influence de causes bien déterminées. J'ai cherch'^ à les établir à l'aide de plusieurs séries d'expériences, destinées à me renseigner sur les relations qui exis- tent entre l'activité des absorptions et des exhalaisons gazeuses du muscle isolé et l'activité de ses propriétés physiologiques survivantes. » J'exposerai d'abord les expériences qui avaient pour but essentiel de déttiêler la signification générale du dégagement d'acide carbonique, et dont les résultats d'ensemble sont exprimés dans les propositions suivantes : » 1° La quantité totale d'acide carbonique dégagée par un muscle placé dans l'air n'a aucun rapport avec les phénomènes d'activité physiologique dont le muscle isolé est encore le siège. » 2° Seule, la quantité d'oxygène absorbée est en relation avec les phé- nomènes physiologiques du muscle. » Les faits qui justifient ces propositions appartiennent à plusieurs caté- gories d'expériences, visant en même temps d'autres points. Je me bornerai à citer maintenant celles qui se rapportent plus spécialement à l'objet actuel. » Expérience I. — On prend le train postérieur de trois grenouilles de même taille, et l'on en sépare les pattes au niveau du pubis. Les six pattes, dépouillées et débar- rassées du pied, à partir de l'articulation tarso-métatarsienne, sont introduites cha- cune, sous le mercure, dans une cloche contenant de l'air, dont on a eu soin de mesurer très exactement le volume. Chaque cloche contient, du reste, à très peu de chose près, la même quantité d'air. Les six. cloches sont placées dans des étuves à des tem- pératures différentes. Au bout d'une heure et demie, on retire les pattes et on analyse les gaz, en recherchant seulement la quantité d'acide carbonique produite. Voici les résultats obtenus : Quantité Température. d'acide carbonique dégagée. O (T. A 17 o, 170 28 0,389 36 ". . o,438 5o 0,691 62 0,745 70 0,776 » Si l'on ne considérait que les chiffres d'acide carbonique inscrits dans ce tableau, et si, selon la manière de voir de la plupart des physiologistes, le dégagement de ce C.R., 1895, I" Semestre. (T. G\X, N° 10.) 7^ ( 570 ) gaz était pris comme témoin de l'activité des phénomènes physiologiques, on serait amené à cette conclusion absurde, que c'est quand le muscle est tué par la chaleur qu'il a la plus grande activité physiologique. » Expérience II. — La même expérience est répétée en faisant, cette fois, le dosage de l'oxygène seulement. Les résultats obtenus sont bien différents, comme l'indique le Tableau suivant : Quantité d'oxygène Température. absorbée, o oc A i5,o 0,210 31,0 o, 296 27,0 0,480 33,5, 0,477 3-,o o,4i8 42,0 o, io5 » Ainsi, la quantité d'oxygène absorbée par le muscle croît d'une manière considé- rable jusqu'à un certain degré, qui est l'optimum (vers 3o°); elle décroît ensuite brus- quement si la température continue à s'élever. Au delà de 42°, température incompa- tible avec la conservation de l'excitabilité du muscle, l'absorption de l'o.xygène cesse bientôt complètement. » D'après ces deux expériences, qui ont été répétées plusieurs fois avec le plus grand soin, toujours avec les mêmes résultats, il y a désaccord complet entre les indications fournies par les quantités d'acide carbonique exhalées et celles d'oxvgène absorbées. » La quantité d'acide carbonique totale, dégagée par un muscle isolé du corps, ne saurait être prise pour la mesure de l'activité physiologique de ce muscle. » L'absorption de l'oxygène est seule liée étroitement à la manifestation de cette activité, l'absorption étant au maximum quand l'activité muscu- laire bat son plein, au minimum quand celle-ci est éteinte ou sur le point de s'éteindre ('). » MICROGRAPHIE. — Sur la structure et les affinités des Microsporon. Note de j\L Paul Ylillemi.v, présentée par M. Bouchard. « Le genre Miciosporon a été créé par Gruby (i843) pour un organisme habitant la peau humaine et caractérisé par un corps arrondi, muni ou non d'une excroissance gemmiforme. Divers auteurs ont pensé que cette diagnose (') Travail du laboratoire de M. A. Chauveau, au Muséum. ( 571 ) ne différenciait j)as botaniquement les Microsporoii ii l'égard des Sacchaio- myces. D'autres ont étendu cette désignation à des espèces filamenteuses {M.furfur Robin i853, M. minutissimiim Baizer i883). f^e parasitisme et le rôle pathogène des Microsporon sont contestés comme leur autonomie. Une connaissance plus approfondie de leurs caractères morphologiques et biologiques pouvait seule nous apprendre, d'une part s'ils constituent un genre distinct à la fois des Saccharornyces et des formes filamenteuses, d'autre part, s'ils possèdent des moyens d'action capables de modifier la vitalité des tissus épidermiques. » Je me suis adressé à une espèce signalée par Rivolta (1873), étudiée avec soin par Maiassez (1874) et depuis par de nombreux observateurs. Vidal a proposé pour cet organisme le nom de Torula vulgaris (4 janvier 1879). Maiassez avait, dans son premier travail, constaté la ressemblance de cette espèce avec le Microsporon Audouini. Nous la désignerons par le nom de Microsporon vulgare, qui a la priorité sur M. ovale, M. Malassezi et autres synonymes. » Structure. — La membrane est réduite, au sommet, à une calotte excessivement mince et extensible. Elle atteint sa plus grande puissance et sa plus grande rigidité au contact de la calotte, où elle est renforcée par trois ou quatre arêtes longitudinales s'éteignant progressivement vers le tiers supérieur. Elle est perforée de ponctuations que Bizzozero a observées (i884) sans en comprendre la nature. Ces ponctuations existent constamment à la base; elles sont inconstantes et disséminées sans ordre sur les côtés. » Le cj'toplasme renferme une, rarement deux vacuoles. La vacuole augmente rapi- dement de diamètre dans certains réactifs et dans l'eau, surtout chez les jeunes sujets. Si le corps n'a pas été tué. la vacuole se contracte à plusieurs reprises. La systole est brusque, la diastole dure de deux à trois minutes; une nouvelle systole se produit au bout de dix minutes; puis la fatigue espace davantage les contractions; bientôt la lé- lanisation est complète et le corps, définitivement distendu, meurt. Dans les cellules plus âgées, la membrane afl'ermie lutte victorieusement contre la pénétration de l'eau. » Des granulations sombres sont disséminées dans le cytoplasme, notamment autour de la vacuole. Elles pourraient en imposer pour un noyau, mais elles se colorent en rose par un mélange de fuclisine et de vert d'iode. Le véritable noyau, moins appa- rent, fixe le réactif vert : c'est une sphère mesurant et"-, 4 de diamètre, appliquée contre la paroi vers le milieu du corps. Le noyau est unique, que le Microsporon soit muni ou non d'une excroissance terminale. » Le prétendu bourgeon n'est qu'une hernie cytoplasmique soulevant la calotte amincie, étranglée à la base par l'anneau épaissi de la membrane. Sous l'action des réactifs qui dilatent la vacuole, il subit une forte tension et s'arrondit. Sur le vivant, son extrémité, irrégulière, se déforme activement et se couvre de mamelons fixant la fuchsine moins énergiquement que le reste du cvtoplasme. Des pseudopodes rétrac- ( ^72 ) tiles, se colorant mal, sortent par les pores de la membrane. Dans leur état d'expan- sion complète, ils sont formés d'un pédicelle grêle, surmonté d'un bouton qui ne dé- passe pas o^, 5. » Division. — Quand le corps unicellulaire a atteint 5l^-6l^ sur S^"-, le noyau se divise. J'ai vu deux noyaux juxtaposés dans le plan transversal; une cellule de même âge contenait un noyau faiblement coloré par le vert d'iode, atteignant environ it'-dc dia- mètre. Cet aspect semble indiquer une refonte du novau comme dans la division indi- recte, plutôt qu'un simple étranglement. » A la même époque, la membrane se gonfle et se décolle, ne laissant qu'une mince couche au contact du protoplasme. Elle entrave la pénétration des réactifs et je n'ai pas suivi plus loin la division des noyaux. Le corps cellulaire se contracte en boule et se partage à plusieurs reprises, donnant des bourgeons endogènes au nombre de 2 à 4o et davantage. Les cellules-filles prennent la structure de la mère. Au début la vacuole est peu apparente, le corps n'est pas plus renflé que le rostre, les arêtes sont situées vers le milieu de la cellule. L'aspect définitif avec le rostre étranglé et les pseudopodes est réalisé avant que les cellules-filles se soient échappées. Quand la division s'est opérée régulièrement, on a une colonie de cellules équivalentes dans un sac formé par le corps maternel. Parfois les produits des premières divisions s'organisent prématu- rément, puis donnent une nouvelle génération endogène; on a des colonies de divers ordres emboîtées les unes dans les autres. Un cytoplasme clair, vacuolaire, réfractaire aux colorants, remplit les interstices laissés entre les cellules-filles el se continue par des pseudopodes à travers les pores dilatés de l'enveloppe commune. Le plasma péri- phérique, dont les pseudopodes sont les expansions, s'est donc séparé du plasma cen- tral consacré à la production des bourgeons endogènes. » Fécondation. — Des individus égaux, de petite taille, sont unis deux à deux par le rostre. La situation des vacuoles et la direction des arêtes montrent qu'il ne s'agit pas d'une division transversale. Dans un état plus avancé de l'accouplement, les rostres sont confondus, puis efTacés; les arêtes des deux individus sont rapprochées. Le corps est alors elliptique, muni d'une vacuole à chaque foyer. A ce stade, j'ai vu deux noyaux rapprochés sur le plan équatorial entre les deux vacuoles, tandis que la mem- brane commençait à se gonfler. Ce phénomène est une fécondation isoganie. D'autres aspects laissent supposer que le contenu d'un des gamètes peut aussi passer dans le corps de l'autre. » Jffinités. — Le Microsporon vulgare s'éloigne définitivement des Sacc/ia- romyces, dont il n'a pas même les bourgeons. Il ressemble aux Algues du groupe des Cénobiées, par l'isogamie, le mode de formation des colonies, la présence des pseudopodes et d'une vacuole pulsalile. Il en diffère par l'absence de chlorophylle et de flagella. Le rostre est un vestige modifié de la base d'implanlation des organes natatoires. Les Microsporces repré- sentent une nouvelle série du groupe hétérogène des Phycomycètes, c'est- à-dire des Champignons qui gardent presque intact l'héritage des Algues. Elles dérivent des Cénobiées comme les Saprolegnia des Siphonées, comme (573) les Entomophthora des Conjuguées. Comme les Volvocinées, elles ont aussi des affinités avec les Protozoaires. Du genre Microsporon, fixé par la des- cription précédente, on exclura les formes filamenteuses. » Parasitisme. — \^e Microsporon vulgare nesl pas un parasite nécessaire. Conservé in vilro sur des squames épidermiques maintenues humides, il était, au bout de trois mois, parfaitement vivant, muni de noyaux en pleine division. On le trouve en abondance sur l'épiderme sain. Cepen- dant je n'ai pas observé de prolifération plus active ni de colonies plus po- puleuses qu'au contact des cellules nucléées, dans l'épiderme des taches naissantes du pytiriasis simple. Doué d'une structure presque animale, muni de pseudopodes comparables à des suçoirs, le Microsporon peut s'in- sinuer activement entre les cellules vivantes, les rançonner, en altérer le contenu. .Sa puissance irritante est tout autre que celle d'une poudre inerte de granulations infimes. Les Microsporon sont donc armés pour le parasitisme. Cette donnée nouvelle pourra éclairer leur rôle pathogène. » ZOOLOGIE. — Sur le développement embryonnaire d'un Dromiacé du genre Dicranodromia. Note de M. Eue. Caustier, présentée par M. A. Milne- Edwards. « L'origine des Dromiacés, c'est-à-dire des Crabes qui servent de point de départ à l'important groupe des Brachyures, a été très discutée dans ces dernières années. Les uns, comme M. Claus (') et récemment M. Ort- mann (-), leur attribuent une origine anomourienne; les autres, comme M. Boas (') et récemment M. G. Cano (*), les rattachent à des formes ma- crouriennes voisines des Thalassinidés. Enfin, tout dernièrement, M. E.-L. Bouvier (^) montrait que les Crabes doivent se rattacher directement à la tribu des Homariens par l'intermédiaire des Dromiacés. L'étude du déve- loppement pouvant apporter quelque indication sur cette question, il m'a paru intéressant de résumer les observations que j'ai faites dans ces der- (') C. Claus, Neiie Beitràge zur Morphologie der Crustaceen {Arbeit. der Zool. Iiist. zu Wien., t. VI, p. 74; i885). (^) A. Ortjianx, Die Decapoden Krebseder Strasburger Muséum {Zoolog. Jahr- buch, B. VI; 1892). (') J. Boas, Sludies on Decapodernes Slœgbskabsforbold: ;88o. (') G. Cano, SviUtppo deiDromidei{Âtti délia R. Accad. Scienze Napoli, vol. VI). (') E.-L. Bouvier, Comptes rendus; 1894. ( •'^74 ) niers temps, sur un Dromiacé du genre Dicranodromia. Grâce à l'obli- geance de M. A. Milne-Edwards qui a bien voulu me confier les œufs des Crustacés abyssaux recueiUis par le Blake et le Talisman, j'ai pu étudier le développement embryonnaire de la Dicranodromia ovata (A. Milne- Edwards). Cette espèce, draguée par le Blake à une profondeur de 1 80 brasses, porte de gros œufs qui peuvent atteindre 2""" de diamètre. Celte dimension, qui est en rapport avec une abondance de matière nutri- tive, fait prévoir un développement plus prolongé. Dans les œufs étudiés, l'embryon, en effet, possède tous ses appendices céphaliques et thoraci- ques, et son abdomen, nettement segmenté, est déjà muni de pléopodes; on est donc en présence d'une forme embryonnaire correspondant au stade Mysis, et cependant la moitié du vitellus n'est pas encore digéré. Ce re- lard, qui n'avait pas encore été signalé chez les Brachyures, est également rare chez les Anomoures chez lesquels il n'a été observé jusqu'ici que sur certains Galathodes par M. Sars (') et sur le Diptychus par M. E.-L. Bou- vier {-'). » Au stade étudié, le développement des appendices montre combien sont nombreuses les affinités de ce Dromiacé avec les Anomoures et les Macroures. Les anlennules, bien développées, présentent à leur base l'orifice du sac auditif; les antennes ont un fouet très allongé et un acicule très large dont le bord interne est garni de longues soies; le deuxième article du protopodite de cette antenne ne présente pas l'épine, qui est si caractéristique des Anomoures. La troisième patte-mâchoire, contraire- ment à ce qui s'observe chez les Anomoures, est bien développée et porte un exopodite disposé pour la natation. Les cinq paires de pattes thora- ciques sont bien indiquées : les quatre premières sont repliées sous la partie ventrale, la cinquième est repliée sur le dos et dirigée en avant; la première paire seule porte un exopodite qui n'existe chez aucun Ano- moure. » L'abdomen , nettement segmenté , n'est pas orné d'épines ; les deuxième, troisième, quatrième et cinquième somites portent des pattes abdominales non bifurquées; le sixième somite présente des rudiments de bourgeons qui sont les futurs uropodes; enfin le dernier anneau abdo- minal est fortement échancré et présente onze paires de longues soies. (') G.-O. Saks, Bidrng til Kiuidskahenom Decopoderiies For\ondLiiiger {Archiv. f. Matheus og Nalur.; 1889). (-) BorviER, Comptes rendus; 1892. ( 575 ) nombre plus considérable que celui qu'on observe chez la Drornia et la Gebia. Ce caractère du segment anal a, du reste, peu d'importance. » La carapace est particulièrement intéressante : elle est arrondie et, contrairement à ce qui se voit chez les Anomoures, ne présente aucune épine; l'aire gastrique se prolonge jusque sur le rostre, rappelant ainsi la disposition qu'on observe chez les Prosoponidés de la période jurassique; le sillon cervical, qui s'atténue beaucoup chez les Dicranodromies adultes et qui n'existe pas chez les larves de Thalassiniens, est très net chez l'em- bryon comme chez tous les Dromiacés primitifs ; le sillon branchial n'existe peut-être pas encore, mais M. Boas l'a figuré chez la Mégulope de la Dromia. » J'ajouterai que les épipodites, organes qui chez l'adulte sont intime- ment liés à la fonction respiratoire, ne sont pas encore apparus; ce qui est bien en rapport avec l'absence des branchies qui font encore défaut à ce stade embryonnaire. » Enfin, j'insisterai particulièrement sur la disposition de la cinquième paire de pattes thoraciques : elle est repliée sur le dos et dirigée en avant, rappelant, par conséquent, les pattes modifiées des Dromics adultes. On sait qu'à ce point de vue les Dromiacés se partagent en deux groupes : ceux qui ont deux paires de pattes moditiées comme les Dicranodromies, les Dromies et les Ilomolodromies, et ceux qui n'en ont qu'une comme les Dynomènes, les Homoliens et les Acanthodromies. Il était donc intéressant de montrer que la Dicranodromia qui, à l'état adulte, a deux paires de pattes modifiées, passe par un stade embryonnaire qui correspond à une forme plus primitive et où il n'y a qu'une seule paire de pattes mo- difiées (M »• MINÉRALOGIE. — Sur une nouvelle eombinaison de formes présentée par des cristaux de quartz. Note de M. Freu. Walleraxt, présentée par M. Fouqué. « Dans les dépôts tertiaires des environs de Paris, se forment de petits cristaux de quariz offrant une combinaison de formes notablement diffé- rente de celles décrites jusqu'ici. Ces cristaux, presque microscopiques, sont disposés en bouquets et ne présentent de faces cristallines qu'à l'une (') Travail fait au Jaboraloire de AI. Milne-Eiiwards au Muséum. ( 576 ) de leurs extrémités. Celle-ci est formée de trois faces/» bien développées, i et à la place des faces e- s'élèvent trois trièdres, que l'on voit dans la fig. A représentant un pointement, vu fie face, et dans lajig. B d'un cristal placé de profd. Des sections faites dans le cristal montrent que ces trièdres sont les extrémités de trois cristaux enchâssés dans un cristal central; leurs sections droites ont un angle interne de 60°, comme le montre la fig. D. Les quatre cristaux ont leur axe optique parallèle, et comme les bases des trièdres, marquées d, sont précisément parallèles à une face p, elles peuvent elles-mêmes être considérées comme des faces p de chacun des cristaux annexes; fréquemment, d'ailleurs, ces bases font défaut et les trièdres sont creux. Quant aux faces latérales des trièdres, elles sont assez complexes : chacune d'elles est formée d'un grand nombre de petites ïd- cettes toutes parallèles entre elles, mais disposées en escalier, comme le montre lay7^. B. Les facettes sont striées très finement et très régulière- ment; ces stries sont parallèles à l'intersection e-e'^ et les stries des deux faces d'un même trièdre font entre elles un angle de 60". Il en résulte 1 que les facettes appartiennent à la zone e'-e'- et, s'il ne nous a pas été pos- sible de déterminer exactement leur notation, à en juger d'après les appa- rences, les facettes d'un même trièdre sont deux faces e- non adjacentes. )) Les faces/) du cristal central, au lieu d'être lisses, comme cela a lieu habituellement, sont chagrinées; de plus, on constate sur elles l'existence de couches minces se superposant les unes aux autres en allant du sommet à la base de la face. Autrement dit, le cristal paraît s'être accru par dépôt de silice en couches parallèles aux faces/). En outre, les accidents de la surface se traduisent généralement par la disparition de fragments paral- lèles à cette surface, comme s'il existait un clivage correspondant aux couches d'accroissement. » D'autre part, comme l'indique la ^g. A, les faces p montrent des stries, fines et continues, parallèles aux arêtes et aux côtés des trièdres. ( "^11 ) Ces stries sont les lignes de suture de cristaux en forme de lamelles, paral- lèles à l'axe du cristal principal et dont la forme gauche se comprend bien en considérant \es, Jig. C et D, où les lignes claires et obscures en repro- duisent les sections droites, la première dans une section perpendiculaire à l'axe faite au-dessus des trièdres, et la seconde plus bas. Ces lamelles sont généralement séparées par des plans de suture bien nets, mais le point intéressant consiste en ce que chacune d'elles se subdivise en deux lamelles présentant des rotations de sens différent. C'est ce qu'indiquent les yig. C et D, où, bien entendu, on a exagéré les différences d'extinc- tion. Il est à remarquer que les cristaux se terminant par les trièdres ont toujours la même rotation que la lamelle en forme d'étoile à trois branches correspondant aux arêtes du rhomboèdre p. Ces cristaux présentent donc une disposition analogue à celle que l'on observe dans l'améthyste, mais les lamelles de rotation différente n'ont pas la même orientation. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur une évaluation approchée de la fréquence des tremblements de terre à la surface du globe. Note de M. F. ue Montessus DE Ballore, présentée par M. A. Cornu. « On a dit qu'il ne se passe pas de jour sans qu'il tremble quelque part à la surface du globe; c'est de minute qu'il faut dire. » Le nombre à connaître pour mesurer la sismicité d'une région, petite ou grande, mais bien déterminée, est le nombre I de séismes qui s'y font sentir annuellement en moyenne. Pour cela, on dispose, suivant les cas, de do- cuments de valeurs très différentes, que l'on peut diviser en trois classes : historiques, sismologiques ou sismographiques. Les observations histo- riques résultent de documents de toute sorte, ayant pour caractère commun de ne s'occuper qu'incidemment des tremblements de terre. Les observa- tions sismologiques, d'une bien plus grande valeur scientifique, provien- nent d'études spéciales, faites en vue de noter toutes les secousses sen- sibles à l'homme, ressenties dans un pays donné. Enfin, les observations sismographiques se font dans des observatoires spéciaux, pourvus d'appa- reils enregistreurs, et peuvent approcher de la perfection, si ces établisse- ments sont assez voisins les uns des autres. » De ces trois sources d'information, se déduisent les nombres i^, i^, i^ de séismes qui se font sentir dans une région, suivant la nature des docu- ments dont on dispose. Ces trois nombres, quand deux espèces d'observa- C. K., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N° 10.) 76 ( 57« ) lions existent à des époques différentes pour une même région, présentent des rapports moyens non arbitraires, auxquels on a trouvé les valeurs / = 4,26, / = 26,59, 7-' = 6,44. pour respectivement 4^. 28 et 22 régions. Or la valeur de 4^ calculée au moyen de celles observées de 4 et ^> est 4. 18, très voisine de celle obser- vée, 4) 26. C'est dire que ces nombres représentent, avec beaucoup d'ap- proximation, les rapports des valeurs des trois genres de documents. » Ces chiffres sont susceptibles d'une intéressante interprétation. Si l'on admet que les observations sismographiques sont complètes, c'est-à-dire que ?3 est, en général, peu inférieur à I, supposition d'autant plus vraie que les appareils sont plus sensibles et les observatoires plus rapprochés, il en résulte que les documents historiques et sismologiques ne relatent en moyenne que 3,76 et i5, Sa pour 100 des secousses, et en laissent perdre respectivement 96, 24 et 84, 48 pour 100. Or, si l'on se reporte aux nombres de secousses de chacune des dix intensités de l'échelle Rossi-Forel pour loSoo secousses italiennes d'intensité connue, on voit que les documents historiques ne relatent que les secousses des intensités X, IX, VIII, et le quart de celles d'intensité VII, et que les documents sismologiques n'enre- gistrent que les secousses des intensités X, IX, VIII, VII, VI et la moitié de celles d'intensité V. Du moins, les choses se passent au point de vue du nombre comme s'il en était ainsi. Ces pertes considérables roulent surtout sur les faibles intensités, les nombres de secousses croissant très rapide- ment quand cet élément décroît, au point que celles de l'intensité I sont au moins 10 000 fois plus nombreuses que celles de l'intensité X. » Les séries d'observations réparties sur 1 1 691 ooo'""'' de régions, bien étudiées sismiquement et sans doubles emplois, donnent i;?, = 341,35, 2^2 = 878,57, 24 = 2222,24, qui, réduits en ^3, au moyen des coefficients 26,59 ^^ 6,44. donnent au total 2ij = 16957. Cela représente une secousse pour chaque demi-heure. Sans faire une hy- pothèse trop risquée, on peut admettre que les choses se passent dans la même proportion pour le reste de la surface, mal étudiée sismiquement. ( 579) des continents et même des océans, l'observation monlrant que ceux-ci sont partout quelquefois ébranlés par des secousses d'origine sous-marine, comme en témoignent souvent les journaux de bord. On a même pu, mal- gré l'imperfection d'une ' telle source d'informations, déterminer dans l'Atlantique méridional, entre l'écueil Saint-Paul et la côte d'Afrique, une région sismique à limites précises, et calculer une valeur approchée de sa sismicité. Cela conduit, par proportion et pour les 5 1 o ooo oco*""^ de la surface terrestre, à un nombre annuel moyen de 4^7768 séismes, soit 5o par heure, ou bien près d'un par minute, fréquence tout à fait insoup- çonnée. » S'il n'est pas de point de la surface terrestre, émergée ou immergée, où il ne tremble peu ou prou, il ne faut pas oublier que la fréquence et l'intensité des séismes, deux choses qui d'ordinaire vont de pair, varient dans d'extrêmes limites pour des régions même très voisines. C'est que les tremblements de terre ont leurs régions d'élection, dont je me propose de donner ultérieurement les caractères physiques, les différenciant de celles relativement plus stables. » M. Mavençox adresse une Note « Sur la perméabilité du platine à l'hy- drogène et à l'oxygène ». M. Léopoid Hugo fait hommage à l'Académie de diverses pièces con- cernant Jeanne Barré, préposée aux herbiers du naturaliste Commerson. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. COMITE SECRET. La Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'Académicien libre, laissée vacante par le décès de M. F. de Lesseps, pré- sente la liste suivante : En première ligne M. Auolphe Car.\ot. M. Lauth. En seconde ligne, par ordre alphabétique. . . l ' „ ' " ^ ^ ^ ' M. DE R0MILI.T. M. RoUCHÉ. ( 58o ) Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures. M. B. ERRATA. (Séance du 25 février iSgo) Note de M. de Jonquières, Sur les dépendances mutuelles des détermi- nants, etc. : Page 4o8, ligne 16, au lieu de = i" .a"-' . 3"-^, . . ., lisez = X. a"-'.3"-S (Séance du 4 mars 1895.) Note de M. E.-H. Amagat, Sur la pression intérieure et le viriel des forces intérieures dans les fluides: Page 489, ligne 6, au lieu de P, lisez f . Page 49I1 dernière ligne, au lieu de — it', lisez ■ii=:zTt'. ît p lift -"^^¥7 On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLA RS ET FILS, Quai des Grands-Augusiins, n" 55. jpuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. lIsFonneiit, à la fin de l'année, deux volumes in-i". Deux es l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel irtdu ]"■ janvier, Le prix de l'abonnement est fixé ainsi <]iCil suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. « On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Michel et Médan. Chaix. Jourdaii. RufT. • 71} Courtin-Hecquet. i Germain etGrassin. I Lachése. tnne Jérùnie. ifOH, . .' Jacquard. . Avrard. îeaux I Dulhu. fMuller(G.). ges Renaud. / Lefouriiier. \ V. Robert. J. Robert. V Uzel Caroff. Massif. nbery Perrin. , 4 Henry. bourg ■" . I Marguene. monl Ferr. I Juliot. / Ribou-Collay. 1 Lainarche. 1 Ratel. ' Dainidot. ( Lauverjal. ' Crepin. ., i Drevet. oble ^ ( Gratier. •oehelle Foucher. 1 Bourdignon. mre ! ° ( Dorabre. Vallée. Quarré. chez iMessieurs : I Bauinai. / M"* Texier. Bernoux et Cumin. Georg. Cote. Chanard. Vitte. Ruai. \ Calas. ) Goulet. Martial Place. / Jacques. Nancy i Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. Loiseau. Veloppé. I Barma. ( Visconti et C". Lorient l^yon Marseille. . Montpellier Moulins.. . Nantes Nice. Nimes Thibaud. Orléans Luzeray. ( Blancliier. Poitiers ,, , ( Druiiiaud. /tenues Plihon et Hervé. Rochefort Girard ( M"" ). i Langlois. Rouen , , . , ( Lestjingant. S'-ÉUenne Chevalier. \ Bastide. Toulon . . Toulouse { Rumèbe. ( Gimct. \ Privât. t Boisselier. Tours Péricat. ' Suppligeon. \ Giard. Valenciennes.. Lemaltre. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : ... 1 Feikenia Caarelsen Amsterdam ( et C". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. 1 Asher et G''. I Dames. ' ' ■ . Friediander et fils. f Mayer et Millier. Berlin. Buchaiest . \ ^g^^jg l Schmid, Francke et I C". Bologne Zanichelli. / Ramlot. Bruxelles.. Mayolezet Audiarte. ( Lebègue et C'". Haimanii. ' Hanisteaiiu. Budapest Kilian. Cambridge Dcightnn, tiellelG". Christiania Cammernieyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Hûst et fils. Florence Seeber. Gand lloste. Gênes iieuf. , Cherbuliez. Genève Georg. ( Stapelmohr. La Haye Belinfanle frères. 1 Benda. / Payol Barlh. \ Bruckhaus. Leipzig ', Lorenlz. Max Rube. Twielmeyer. ^ Desoer. ' Gnusè. Lausanne. ■ Liège. chez Messieurs : iOulau. Hachette et C- Nutt. Luxembourg. ... V. Biick. iLibr. Gutenberg. Rome y Fussel. Gonzalès e hijos. F. Fé. Milan * Dumolard frères. ) Hœpli. Moscou Gautier. !' Furchheim. Marghieri di Gius. Pellerano. . Dyrseii et Pfeiffer. /Veiv- York J Stechert. ' Westermann. Odessa Rousseau. Oxford Parker et G'* Palerme Clausen. Porto Magalhaès et Moniz Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. Bocca frères. Loescheret C'*. Rotterdam Kramers et fils. Stockholm Samson et Wallin. Zlnserling. Wolfr. Rome . S'-Petersbourg. . ' ' Turin. Bocca frères. Brero. Clausen. Rosenberg et Sellier Varsovie Gebethner et Wolff Vérone Drucker. ( Frick. Vienne ! „ , . _ i Gerold et C". Zilrich Meyer et Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes l^àSl. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o.) Volume in-4''; 1 853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4'' 1870. Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (>" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix , 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : ne I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par M.M. A. Derbés et A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouveni les :tes, par M.Hansen.- Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières es, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 -^ 15 fr. ne II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Benedes. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85opar l'Académie des Sciences le concours de i853, et puis remise pourcelui de iSS*?, savoir : « Etudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- ataires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature rapports qui existent entre l'état actuel du règne jrganique et ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bron.m. In-4°. avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. a même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences^ K 10. TABLE DES ARTICLES. (Séance du M mars 1893.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MRMRUES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PaS' ■ M. G. Oarboux présente à l'Académie la mc- rtaillo excculée en riionneur du ciiiquanle- iiaiic rie l'entrée de M. Joseph Heitrand dans l'Enseignement M. Berïhki.ot. — Sui- l'arson M. Emile Picard. — Remarques sur les couibes définies par une équation diffé- rentielle du premier ordre M. .lANSSEN. — Sur l'éclipsé totale de Lune du II mars courant M. SciiLŒsiNG. — Sur les pertes d'azote en- Hages. liaine par les eaux d'infiltration 'i;>6 MM. A. CilATiN et A. MuxTZ. — .\nal.vsc des coquilles d'huitres h.\\ M. DE JoNQuii;nES. — Dcmonslration d'un théorème sur les nombres entiers j3( M. G. Ravet. — Observations delà plancle BP (M. Wolf, 23 février iSr,3), faites au grand équatorial de l'observatoire de Bor- deaux par MiM. G. Itayct et /,. Picarl.. .')3S M. Lecoq de liûisBAUDRAX. — Volumes des sels dans leurs dissolutions aqueuses .^'M^ CORRESPONDANCE. M. le Segretaiue perpetl-el annonce que le Tome CWIII des Coinplcs rendus (\" semestre iHq't) est en distribution au Se- crétariat 5'l ) M. Hale adresse ses rcmerciments à l'Aca- démie, pour le prix Janssen qui lui a été décerné dans la dernière séance publique, ô^ ' M. GouRSAT. — Sur la méthode de M. Dar- boux pour l'intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre â-'p M. E. Cartan. — Sur certains groupes al- gébriques 544 M. Desaixt. — Sur les fonctions entières.. 548 M. .V. Blondel. — Sur la mesure directe de l'intensité lumineuse moyenne sphérique des sources de lumière: M. ViGOUROUx. — Sur l'analyse du silicium, jx', MiM. .'V. Brochet et R. Cambier. — Action de l'aldéhyde formique sur les sels ammo- niacaux ; 55- M. P. RiVALs. — Sur les chlorures acides et les aldéhydes chlorés 56o MM. Pu. -A. GuYi; et Cii. Jordan. — Dédou- blement de l'acide butane-2-oloïque (a- oxybulyrique 562 M. K. Gekard. — Sur l'acide dâturique... 565 M. Kaufmaxn. — Glycogène dans le sang chez les animaux normaux et diabétiques 5G- M. J. TissoT. — Sur la signification du dé- gagement d'acide carbonique par des muscles isolés du corps, comparée à celle de l'absorption de l'oxygène ï6S M. Paul Vuillemin. — Sur la structure et les affinités des Microsporon ô-o M. EuG. Caustier. — Sur le développement embryonnaire d'un Dromiacé du genre Di- ' cranodroniia 'j-i M. Fuéd. Wallerax't. — Sur une nouvelle ■^combinaison de formes présentée par des cristaux de quartz J7J '1. 1'. de Montessus de B.illore. —Sur une évaluation ;»pprochée de la firéquence des tremblements de terre à la surface du glolie ,5-- M. Mayemjox adresse une Note sur la perméabilité du platine à l'hydrogène et à l'oxygène , 5-9 M. Léopold Hlgo fait hommage à l'Acadé- mie de diverses pièces concernant Jeanne pané, préposée aux herbiers du natura- ■Jiste Commerson s-n COMITE SECRET. Liste des candidats présenléâ pour la place d'Académicien libre, laissée vacante par le décès de .M. F. de Lesseps : 1° M. Adolphe Hrh.vtv Carnot; y MM. milly, Houché. . Laulli. Linder, de Jfo- •^7!) 58o PARIS. - IMPKIMERIR GAUTHIER-VILLA.RS ET FILS, Quai des Grands-Aueusiins, 55. /.e Cet etnt : Cautuieh-Villa hs. 3(rif 1.95 1895 PREMIER SEMESTRE COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAR nu. liES SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS. TOME CXX. NMl (18 Mars 4893). PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augiistins, 55. 1895 RÈGLEMENT RELATIF ALI COMPTES RENDUS, ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 24 MAI 1875. \ Les Comptes rendus hcbdumadai.ics des séances de j Les Programmes des prix proposés par l'Acadénii l' Académie se composent des extraits des travaux de sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants- étrangers à l' Académie. Article 1"^. — Impressions des travaux de l' Académie . Les Mémoires lus ou présentés par des personne qui ne sont pas Membres ou Correspondants de rA( I^-f- 7^) — (/>' — r/'-)cos40 — 2p5'sin49 +..., r ■ . n — -art' I / rt — 2n'\- sont, en taisant v = ^ — 7 ( y ) , n — n' k\ n — n' J p, = + 10,096, Qo = - 1,191. P2 = — 2,978, 0, = — 3,3ii, Q2 = + i9'999' Q;=r: - 19,592. » Dans les termes ayant — en facteur, on s'est limité aux termes du se- cond degré enp, q. ( 586 ) )) L'intégration faite, on change m en 0 et l'on efface les termes de p ayant 6 en dehors des signes périodiques. » Le premier point digne d'attention est le suivant. Dans le cas où il n'y a pas commensurabilité, on trouve, avec Laplace, en multipliant les deux équations différentielles par — dq, -\- dp et intégrant, P^ + l'intégrale pourra être réduite à ap- -\- hq- + 2cp =: const. ; de ce que/? et q sont très petits à un moment donné, il ne s'ensuit plus qu'ils resteront toujours petits; q peut varier notablement. » Mais il y a une limite à ces variations, parce que, e augmentant, le terme principal de l'intégrale devient (P^ + 7')' = const., de sorte que l'on retombe sur le cas habituel. » On voit le rôle des termes du troisième degré dans les équations dif- férentielles : ils ont la propriété de limiter les variations; M. Gyldén les appelle termes horisliques. » Essayons, en partant de ce qui précède, d'ajouter un complément à la théorie de la formation des planètes par la nébuleuse solaire, pour tenir compte des perturbations des planètes déjà formées. Voyons l'effet de Ju- (587) piter sur un système de molécules abandonnées par la nébuleuse dans des orbites à peu près circulaires, lors du voisinage de la conjonction avec Jupiter, là où doivent se produire dans la nébuleuse des marées considé- rables. » S'il n'y a pas coraniensurabilité, la condition p- -h q- = const. ayant lieu, les molécules continuent à décrire des orbites presque circu- laires et le travail de condensation décrit par Laplace s'effectue. » S'il y a commensurabilité approchée, les molécules divergent, parce que l'on a à peu près -^ = iq vers la conjonction, et que q varie notable- ment; le travail de condensation est donc gêné et la matière est dispersée avant d'avoir pu se réunir en corps de grandeur notable. » Il est possible aussi que les petits astéroïdes, ayant des orbites assez excentriques, soient éliminés, comme le pense M. Rirkwood, par le fait de leur absorption dans l'atmosphère de la nébuleuse. )) Quoi qu'il en soit des explications précédentes, il reste à intégrer les deux équations simultanées Q. en désignant par H = A le premier membre de l'intégrale déjà considérée, par P et Q des termes en — p-. . . . » L'intégration du système, en laissant de côté P et Q, dans une pre- mière approximation, dépend essentiellement de la théorie des fonctions .elliptiques ('). Change-t-on de variables en posant p = apcosw -+• p, g ^ xp sinw; détermine-t-on les constantes a, p pour que H = A soit réciproque par (') M. Gyldén et M. Tisserand ont montré, il y a longtemps, l'intervention néces- saire des fonctions elliptiques dans les cas de commensurabilité. Voir, en particulier, la Note de M. Tisserand insérée dans le tome GIV des Comptes rendus, p. 209. dp _ dQ ~ - dcj de, _ dd ~ ( 588 ) rapport à p, on a j^ = fonction rationnelle de sinw, cosw et A, ao {b — a) cos'^o) + a — i -H 3 AS — P- I'' a ~ b est indépendant de v et contient — en facteur comme c. » Si l'on a A'- ^ o pour certaines valeurs de co, w ne peut recevoir toutes les valeurs et doit osciller entre deux limites; c'est le cas dit de la libralion. D'après les valeurs obtenues pour a, b, c, il ne peut y avoir de libration si A > o. » Une remarque est nécessaire : on a introduit l'arbitraire a ou n = \/ —^ à la place de l'arbitraire de l'intégrale de Jacobi; mais il faut en fixer le sens. Pour cela, comme dans la théorie de la Lune, envisageant la solution particulière où p elg sont constants, ce qui donne g — o, (' + l)/' + ^P' + 2 J' ^' (Q„ + Q,/j + ...) = o. » On porte la valeur correspondante de p dans l'équation — = tonction de p, -^: de ' a<] on intègre par approximations successives, et la partie proportionnelle à t dans le développement de 0, soit (n, — n')t, fait connaître le moyen mou- vement «, en fonction duquel n sera exprimé. » Si V est comparable à \/^' la valeur constante p^ de p est du même ordre et aussi la différence entre n, et n; si v est comparable à —, Pa l'est à ^^■ » J'avais déjà commencé ce travail quand a paru le Tome II de l'Ouvrage de M. Poincaré, Les Méthodes nouvelles de la Mécanique céleste. Les Cha- pitres XIX il XXI traitent précisément le cas où le petit diviseur est repré- senté par un développement procédant suivant les puissances de l/ — » Le Mémoire détaillé montrera, je l'espère, la simplicité et la couve. ( 589 ) nance des méthodes que j'ai suivies; elles sont, du reste, empruntées à Laplace. » M. Darboux présente à l'Académie une réimpression /"ac simile de l'Ou- vrage de Néper : Mirifici logarhhmonim canonis conslructio et eorum ad nalurales ipsorum numéros habiludincs (édition de Lyon, 1620). M. Darboux fait remarquer que cet Ouvrage, qui a été de tout temps très rare, contient aussi les Proposiùones ad Iriangida sphœrica facdiore calcula resolvenda. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre libre, en remplacement de INL F. de Lesseps. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 68, M. Adolphe Carnot obtient 5o suffrages, M. Laulh » c) » M. Rouché » 7 » M. de Romilly » i » 1 y a un bulletin blanc. M. Ad. Carnot, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la République. MÉMOIRES LUS. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Transformations de la fibrine par T action pro- longée des solutions salines faibles. Note de M. A. Dastre. « La plupart des substances albuminoïdes fraîches sont altérées à la longue par les sels neutres mélangés à leurs solutions. C'est le cas pour les globulines, solubles dans les liqueurs salmes diluées. J'ai constaté qu'elles n'y peuvent êtie conservées longtemps sans éprouver des modifi- cations plus ou moins profondes de leur solubilité, de leur précipitabilité ou de leur coagulabilité; c'est-à-dire, en définitive, des caractères qui ser- C. R., i8y5, I" Semestre. (T. CXX, N» 11.) 78 ( 590 ) vent à les spécifier. Les substances même qui ne sont pas initialement solubles n'échappent pas à cette action des dissolutions salines. C'est le cas pour la fibrine fraîche, dont les modifications forment l'objet de cette Note. » Déjà antérieurement, j'ai montré que les solutions fortes (') d'un grand nombre de sels neutres opèrent une digestion de la fibrine, analogue aux premières phases d'une véritable digestion gastrique. Ces faits, intéres- sants pour l'histoire des albuminoides et de leur digestion, n'ont cependant pas d'application directe à l'être vivant. En effet, ces solutions concentrées ne se rencontrent point dans l'organisme : elles n'existent naturellement ni dans le milieu intérieur, ni dans le milieu ambiant. Tout autre est la condition des solutions faibles. Celles-ci existent partout dans l'organisme en présence des albuminoides, qui constituent les tissus. Le sang, la lymphe, l'urine, beaucoup de sécrétions sont essentiellement des solutions salines faibles. » J'ai donc recherché l'action exercée sur la fibrine fraîche par différents sels, spécialement les chlorures et les iodures alcalins, le chlorure d'am- monium, les fluorures de sodium et d'ammonium. J'ai employé ces sels en solutions étendues d'un titre voisin, en ce qui concerne les chlorures, de celui des humeurs organiques, sang, urine, etc.; c'est-à-dire de 7 à 20 pour 1000, et pour les fluorures de 5 à aS et 3o pour 1000. La fibrine fraîche, pesée d'avance, était immergée dans la solution saline et le flacon placé dans l'étuve à 40", pendant un certain nombre de jours ou de se- maines, pendant lesquels on observe les progrès de l'attaque. » Ces expériences présentent une seule difficulté, mais elle est assez sérieuse, c'est d'écarter tous les agents capables d'altérer la fibrine, autres que celui dont on veut connaître l'effet, le sel. Ces agents pertur- bateurs sont les microrganismes et, d'autre part, les ferments solubles, fixés à la fibrine suivant l'opinion commune. Il faut d'autant plus de soins pour les exclure, que les conditions de l'opération sont éminemment fa- vorables à leur intervention, à savoir : l'action prolongée pendant des semaines, la température de 40", l'état frais de la fibrine, qui exclut la stérilisation par la chaleur, et enfin la présence de sels en minime pro- portion, qui est propice à la pullulation microbienne, tandis que les solu- tions concentrées lui sont contraires. (') A. Dastre, Là digestion saline de la fibrine {Arch. de Physiologie, p. 4^4 et 919; 1894- (Sgi ) » L'indication des précautions prises ne saurait trouver place ici : j'en réserve le détail à un Mémoire spécial ('). Quelles qu'elles soient, il faut, dans chaque expérience, en vérifier après coup l'efficacité. Il faut chaque fois s'assurer de la non-intervention des microrganismes. Nous avons donc, dans chaque cas, pratiqué un examen direct par coloration au bleu de méthylène, une culture sur gélatine sensibilisée, une culture sur gé- lose, et en plus, très souvent, une culture en bouillon. C'est seulement lorsque toutes ces épreuves ont fourni un résultat négatif^ que l'expérience est considérée comme valable et qu'elle est retenue. Si l'une des épreuves a été positive, si elle a décelé des microrganismes, fût-ce en très faible quantité, cela ne veut pas dire qu'ils soient les auteurs des transformations accomplies dans le contenu du flacon; mais le doute seul en serait insup- portable. Ces cas sont donc exclus. » C'est dans ces conditions que l'on constate, avec les solutions faibles, des résultats identiques à ceux qu'ont fournis les solutions concentrées. La fibrine se délite, se résout en poussière et se dissout partiellement. Je n'ai pas observé de dégagement gazeux. La solution contient : une fibro- globuline a analogue au fibrinogène, coagulable vers 55"; une fibro-globu- line<^, analogue à la sérum globuline, coagulable au-dessus de ']5"; enfin des propeptones ou protéoses donnant les trois réactions, ou les deux der- nières tout au moins, des protéoses delà digestion gastrique; enfin des traces de peptones. Quant aux proportions de ces corps, elles dépendent des quantités en présence et de la durée de l'opération. » Avec les chlorures et les iodures, la digestion en solutions faibles est aussi énergique qu'en solutions fortes. Au contraire, avec les fluorures à 5 pour loo, l'action est minime ou nulle : l'attaque s'accentue à mesure que la liqueur est plus concentrée. » Les faits précédents contiennent l'explication d'un certain nombre de particularités observées par les physiologistes. J'en citerai une seule, la fibrinolyse. Au cours de mes expériences sur l'influence des saignées ré- pétées chez les animaux (^), j'ai eu l'occasion de constater un fait curieux, à savoir que la fibrine, laissée en contact avec son sang générateur, y disparaît dans des proportions souvent considérables, en moyenne de 8 pour i oo en vingt- quatre heures. La connaissance de cette particularité a permis, entre autres applications, la détermination précise de la quantité de fibrine d'un sang (') Archives de Physiologie, avril iSgS. C) A. Dastre, Fibrinolyse dans le sang {Arch. de Physiologie, p. 66i; iSgS). ( ''92 ) donné. L'explication restait à trouver. Nous voyons que l'action des sels du sang suffit à en rendre compte ; et cette supposition se trouve confirmée par la constatation de la présence des propeptones dans le sang défibriné au contact duquel a séjourné la fibrine. » Enfin les différentes variétés de fibrine sont plus ou moins sensibles à l'action des solutions salées. La plus attaquable est la néo-ftbrine ('), ob- tenue de l'animal qui a subi des saignées et des réinjections successives de sang défibriné. La fibrine du chien est plus résistante que celle du porc et celle du cheval. » CORRESPONDANCE . ASTRONOMIE. — Sur les variations des latitudes terrestres. Note de M. F. GoNtîEssiAT, présentée par M. Tisserand. « J'ai continué en 1894, à l'observatoire de Lvon, mes recherches sur le déplacement du pôle. Les mesures au cercle méridien ont porté sur dix- huit étoiles circompolaires, avec ce perfectionnement que les apozéniths ont été conclus exclusivement d'observations conjuguées, directes et réflé- chies. Les résultats obtenus font suite à ceux qui ont paru dans le Bulletin astronomique de M. Tisserand (juin-juillet 1894), et étendent à près de dix ans|une série de déterminations du même auteur, avec le même instru- ment. De cet ensemble de recherches se dégagent des conclusions nou- velles, que je demande à l'Académie la permission de lui exposer. » On sait que la loi assignée par M. Chandler aux variations de la lati- tude comporte un terme dont la période t, est voisine de 43o jours, et un second terme à période annuelle, ? = 6, r=i, 2, ...,n — 4) équivaut au système relatif (2) dXr+2^= K,\dx^-\- kr^^dx^ (r= 1,2, ...,n — 2), les coefficients X doivent satisfaire à certaines conditions d'intégrabilité, dont la forme est autre que des conditions connues. » Si, dans le système (i), nous introduisons à la place de dx^, dx^ les valeurs que nous obtenons des deux premières équations du système (2), alors, en comparant les coefficients correspondants des systèmes men- tionnés, nous obtiendrons facilement les liaisons suivantes : /ON ( X/M -+-Xr,3A,,, + X,.,,A2,, = A^+, ,, ) K^) Y _ly a ,y a a (/•=!, 2, ...,n-4). \ ^r,ta'~-^r,3^i,i~T~-^r,i^2,2 — ■■'^1+2,2 ( 5ç,6 ) » Les conditions d'intégrabilité du svsième (2) peuvent être exprimées de cette manière -S^.êi;-*'-^^'' ( = 1 (j = I, 2, ...,« — 2), et, après en avoir éliminé toutes les quantités A^^j ,, A^^, ,, à l'aide des équations (3), nous en obtiendrons facilement I A,,, [(X,,,)2 - (X.,=)3] + A,,,[(X,,,), - (X,,,), ] . J +A,,f(x,o.-(x,,,);| + A,,,[(x,,),-(x,,).] ' ■ (A.,.A,,,-A,,,Â,,,)[(X,,,)3-(X,,,),] + (X,,,).-(X,,0,-o (s = 1, 2, .. .,n — 4), où le symbole ( )j désigne ^ ^j ~ dxj "^ 2é ^rj ^y^^^- On remarque facilement que le système des équations (4) est indéterminé et que, par conséquent, les coefficients relatifs doivent être proportionnels entre eux (X^.3),-(X,.,)3 ^ (X,,,)3-(X,.,), _ (X,,J,-(X;,,,), {X,,z),-{\,,,), (X,,,)3-(X,,3). (X/,,),-(X,.,), ^ (X,,,),-(X,,0. ^ (X,.,J3-(X,,3); _ (X,-.,),-(X,,,), (X,,,)4-(X,,,), (X,,,)3-(X/,3), (X,,,),-(X,,,), * Les dernières équations représentent les conditions d'intégrabilité pour les indices k et /, dans le cas où le système (i) renferme seulement deux variables indépendantes a;, , a?, et que toutes les autres x^, . . ., x^ sont des variables dépendantes. » MÉCANIQUE. — Sur la définition générale du frottement. Note de M. Paul Painlevê. « Soit S un système de n points matériels M assujettis à des liaisons et dont on rapporte le mouvement à des axes quelconques Oxyz. Soit (F) = "î(y). sa force totale {relative aux axes Oxyz) qui s'exerce sur le point M de masse m; soit (F') = /n(y') la force (^relative à Oxyz) qui s'exercerait sur le point M, si (sans rien changer d'ailleurs) l'on suppri- ( 597 ; mait les éléments matériels immédiatement en contact avec lui et qui l'empêchent d'occuper une position arbitraire autour de sa position ac- tuelle ; soit enfin (R) la force absolue exercée sur M par les éléments maté- riels en question ; (F) est égale à (F') + (R). Par définition, (F') est dite la force active et (R) la réaction qui s'exercent sur M. » Toute hypothèse faite sur les réactions, qui sont des forces absolues, est indépendante du choix des axes. Ceci posé, le système S sera àiisans frottemenl si le travail des réactions, pour tout déplacement virtuel com- patible avec les liaisons, est nul. Dans cette hypothèse, la connaissance des forces actives suffit à déterminer le mouvement de S et les réactions. » Quand l'hypothèse précédente n'est pas réalisée, soit (R) la réac- tion qui s'exerce sur M, (R') celle qui s'exercerait sur M si le système était sans frottement. La différence (R) — (R') = (o) est Aile force de frottement, et la force (R) est ài\.e, force de liaison. Le système de seg- ments (p) jouit, quelles que soient les lois de frottement, de propriétés géométriques remarquables. On a d'abord îi' — "v — -t- y ^ m .^ m ' ^ m De plus, le déplacement de S, où chaque point (M) subit le déplacement — tt est un déplacement virtuel. Les forces (R) se trouvent ainsi décom- posées en forces (p) et(R') qui répondent à ces deux conditions : i° Le tra- vail virtuel des ( R' ) est nul; 2° le déplacement — 8/ imposé à chaque point M constitue un déplacement virtuel de S. On montre que, pour un ensemble quelconque de segments, une telle décomposition est toujours possible et d'une seule manière : en sorte qu'il est loisible encore de définir les forces de frottement et de liaison d'après cette décomposition. )) Ces définitions adoptées, le théorème de Gauss sur Vécart s'énonce ainsi : Pour que l'écart d'un système soit constamment minimum, il faut et il suffit que le système soit sans frottement. » Dans les applications, les forces actives sont données. D'autre part, S étant placé à l'instant t dans des conditions initiales quelconques et soumis à certaines forces actives, l'expérience montre que les forces de frottement sont déterminées : d'une façon plus précise, les composantes Px> Pr' P^ <^^6s forces (p) sont des fonctions de (7,, q'^, t et des multiplica- teurs de Lagrange >.,,..., Ij,. On dira qu'on connaît la loi de frottement de S, quand on aura déterminé empiriquement ces fonctions. Les équations de la Mécanique permettent alors de calculer le mouvement. Je laisse de C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N° 11.) 79 ( 598 ; côté ici le cas particulier du frottement au repos, qui exige quelques modi- fications. » H est bien facile d'énumérer des types de liaisons simples pour lesquelles les définitions précédentes sont adéquates à notre notion vulgaire du frot- tement. Pour des liaisons plus compliquées, la concordance est moins immédiate, mais elle ressort de la remarque suivante : imaginons que les liaisons de S résultent de \a combinaison de deux groupes de liaisons maté- rielles G, et Go, et représentons par S,, S2 le système S soumis aux seules liaisons G, ou Gj. La réaction (R) qui s'exerce à chaque instant sur le point M de S est la somme géométrique des réactions (R|), (R2) exercées sur M par les obstacles G,, Go. Pour le système S,, les forces (R,) sont décomposables, d'après la définition générale, en forces de frottement et de liaison (p,) et (R,) et la même remarque s'applique aux forces Ro. Ce qu'il importe d'observer, c'est que, si (p) ne coïncide pas en général avec (p,) + (Pj) = (p'), du moins les forces (p) se déduisent immédiatement des forces (p') et ont même travail pour tout déplacement virtuel de S. Enfin, les lois de froltement de S, et de So déterminent celle de S, pourvu que les liaisons matérielles G, H- G2 ne soient pas surabondantes ( ' ). » En particulier, admettons que les liaisons G, soient sans froltement et qu'on connaisse la loi de frottement des liaisons Go : pour tout déplace- ment virtuel compatible avec les liaisons G^, le travail t des forces (p) est alors connu en fonction du Iravail t' des forces (R'); inversement, si l'on connaît t en fonction de t', la loi de frottement de S est déterminée. Il est donc loisible de remplacer les forces (p) et (R') par deux systèmes de forces qui aient respectivement même travail que les (p) et les (R') pour tout déplacement virtuel compatible avec les liaisons G, ; par exemple, au lieu des forces R, on peut décomposer les forces R^ en segments (p) et (R'), et appeler forces de frottement et de liaison ces nouveaux segments. » Si notamment S est un solide assujetti à des liaisons, les liaisons mu- tuelles des points de S étant sans frottement, on se bornera à décomposer les réactions extérieures en segmenis (p) et (R'); les segments (p) (ou tout autre système de segments géométriquement équivalent) seront les forces de frottement, et les segments (p') les forces de liaison. (') D'une façon précise, j'entends par là que (les liaisons G, et Gj se traduisant respectivement par le.lin relations distinctes) ces {l -^ ni) relations, prises ensemble, sont encore distinctes. Quand les liaisons matérielles sont surabondantes! on peut les simplifier sans changer les liaisons géométriques : si, par exemple, S est un solide dont «points sont en outre assujettis à rester dans un même plan fi\e, il y a sura- bondance dès que i dépasse 3. ( 599) » Plus généralement, quand les liaisons de S résultent de la combi- naison (^non surabondante) de s groupes de liaisons G,, . . ., G^ dont l'un, soit G|, est sans frottement, la connaissance des lois de frottement des liaisons (G, + Ga), . . ., (G, -|- Gj) suffit à déterminer la loi de frottement des. » Ce qui précède s'étend sans peine aux systèmes continus dont la position dépend d'un nombre ^«i de paramètres. Insistons sur le cas des solides : si S est un solide assujetti à la seule condition de toucher en un point P une surface fixe 1, les définitions précédentes introduisent comme forces de frottement et de liaison les composantes tangente et normale à 2 de la réaction extérieure unique appliquée en P. En réalité, S et i sont en contact le long d'une petite surface, mais on peut toujours remplacer les réactions de 2 par une force unique (R) appliquée en P et un couple d'axe (r) : la définition générale donne encore comme force de liaison la composante R„ de R, et comme forces de frottement (R,) et (r); pour qu'il n'y ait pas frottement, il faut et il suffit que les réactions se réduisent à R„; quand il n'en est pas ainsi, les composantes (r„) et (r,) de r s'op- posent la première au pivotement, la seconde au roulement de S ; R^ s'oppose au glissement. Les conditions initiales de S étant données, l'observation montre que (R,), (r„), (r,) sont déterminés en direction et sens, et pro- portionnels à R„, les trois coefficients de proportionnalité devant être mesurés empiriquement. Des conclusions analogues s'appliquent à toutes les liaisons oîi le solide n'a qu'un point de contact avec les obstacles. » Quand le système S est formé de solides assujettis à de telles liaisons, les lois de frottement de chaque liaison suffisent à déterminer celle de S. pourvu que les liaisons ne soient pas surabondantes. Quand il y a surabon- dance, il faut, ou faire des hypothèses sur l'élasticité du solide, ou étudier directement par l'expérience la loi de frottement de S. » Les généralités précédentes s'étendent sans peine à tous les systèmes continus (fils et membranes inextensibles, fluides incompressibles) dont les éléments restent identiques à eux-mêmes. Pour les fluides compressi- bles, etc., des difficultés nouvelles s'introduisent. C'est là un point sur lequel je reviendrai ultérieurement. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le problême de Fourier. Note de M. Le Rot, présentée par M. Poincaré. (i Envisageons un domaine D limité par une surface fermée S. Le pro- blème des températures stationnaires consiste à trouver une fonction ( 6oo ) continue Y(x,y, z) jouissant des propriétés suivantes : AV 4- çp = o . . . dans D, t— = hY . . . sur S, h étant une constante positive donnée et (f(x,y,z) une fonction donnée. » Soit S' une surface fermée tracée à l'intérieur de D : on suppose que S' a le même ordre de connexion que S et qu'il existe une correspondance univoque entre les points M de S et les points M' de S'. Soit >. un para- mètre compris entre o et i. Cherchons une fonction W jouissant des pro- priétés suivantes : AW +

^ W,,. . . . sur (S, S'). Pour cela, faisons les approximations suivantes : AWo+9 = o... dans D, AW/ 4-9 = 0 dans D, W„ = o... sur S, W, = XW;._,... sur (S, S'). On peut, sans restreindre la généralité, supposer 9 = 0. Alors on a W,>o, W, une fonction définie pour tous les couples de points correspondants de S et S'. On peut trouver une fonction JJ(x,y,z) telle que AU = o... dansD, U = XU' + . . . . sur (S, S')- Nous appellerons la surface S' surface caractéristique et le paramètre \ pa- ramètre caractéristique. » On peut considérer W comme une fonction de (^x,y,z,\), si l'on prend pour S' une surface parallèle à S et si l'on pose I ~ a h^ A = 1 a - - - 0, I + a 2 8 étant la distance de S à S'. On vérifie sans peine que W est une fonction continue de >. pour toute valeur de 1 comprise entre o et i. Enfin il est possible d'assigner à W une limite supérieure indépendante de \. » Cela posé, considérons la fonction U telle que AU = o... dansD. U=1U' + W'— ,, ^\,, ?^ ••• sur (S, S'). ( 6oi ) Sachant assigner à W une limite supérieure indépendante de "k, on peut, si S a en tout point une courbure finie, assigner aussi à U une limite supé- rieure indépendante de >.. Enfin on démontre que U est la dérivée de W par rapport à 1. » Considérons une suite de surfaces S, parallèles à S et tendant vers S. Il lui correspond une suite de paramètres >., tendant vers i. Soit W) la fonc- tion qui correspond à chaque groupe caractéristique (S,-, X,). Ou a W>,,, - W,, = (1,,, - X,)U,. I Wx,„ - W), I < (\^, - 1,)N, /(étant compris entre X, et 1,+, etN ne dépendant pas de l'indice i. On con- clut de là que la série 2(W,,,,-W,,) converge absolument et uniformément dans tout le domaine D. Donc la suite W)^. a une limite V et l'on voit que cette limite vérifie l'équation AV -f- ç — o en appliquant le théorème de Harnack. On a W^;- Wl = aKWf-^ Wt) ... sur (S, S,). D'où, en appliquant le théorème des accroissements finis et en désignant par 2, une surface parallèle à S et comprise entre S et S,, Or drii tend vers zéro quand S, tend vers zéro. On conclut de là lim , ^ =hYK °' d\ » Donc -T existe et satisfait à l'équation du rayonnement. Far suite, V résout le problème des températures stationnaires. » Les considérations qui précèdent permettent de construire une fonc- tion analogue à la fonction de Green, mais satisfaisant sur le bord du do- maine D à l'équation du rayonnement. Par suite, en suivant une voie ouverte par M. Poincaré, on peut établir l'existence d'une suite iUimitée de constantes positives et indéfiniment croissantes ^,' auxquelles corres- ( 602 ) pondent des fonctions continues U, telles que AU, -i- l) U, = o dans D, ^ = AU,- sur S, { U; ch = i chacune des fonctions U, étant au plus de l'ordre de grandeur de ^f . » Tout cela posé, en combinant la méthode exposée dans la présente Note avec la méthode exposée dans une Note récente au sujet du refroidis- sement d'un corps solide par communication, on peut résoudre avec une entière rigueur le problème du refroidissement d'un corps soHde par rayonnement, c'est-à-dire trouver une fonction continue V(£c, y, z, z) jouissant des propriétés suivantes : AV = -jT dans D, -r— — hV sur S, Y=^^(x,y,z) pour«=o. On déduit de là la possibilité du développement d'une fonction arbitraire en série de fonctions U,. » Les résultats précédents s'étendent sans peine aux cas où il y a des sources de chaleur intérieures au corps, où le pouvoir émissif n'est pas le même en tous les points de la surface du corps, où le milieu ambiant n'est pas à une température uniforme, enfin où la conductibilité varie avec la température. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Absorption de la lumière dans les cristaux uniaxes. Note de M. G. Moreau, présentée par M. Poincaré. « Dans un cristal uniaxe, l'ellipsoïde de distribution de l'éther, que j'ai défini dans une Note précédente, est un ellipsoïde de révolution dont l'axe coïncide avec l'axe du cristal. » En prenant cet axe comme axe des Z et deux droites quelconques, per- pendiculaires dans un plan normal, comme axes des x el des y, les coeffi- cients des équations du mouvement lumineux se simphfient. » Les coefficients /j, g, r(') sont nuls, et l'on a P = Q = r = î(4A,-t-c.), R = «pCsA, 4-3C,) = Y,. (') Comptes rendus, 3o juillet 1894. ( 6o3 ) 9 est une constante et A, et C, les inverses des carrés des demi-axes de l'ellipsoïde de distribution. » Les équations du mouvement lumineux sont alors dt "^^^'^l ,,v ^,..r . > Élher, avec les équations correspondantes du mouvement d'une molécule maté- rielle M; De ces équations on tire facilement celles d'une onde normale à une direction Os, située dans le plan zOx et qui fait l'angle x avec l'axe du cristal. En prenant pour nouvel axe des x, OXf perpendiculaire à Os, et conservant l'ancien axe des j, il vient P Éther... et ^-B^'^- I H(U M I n^(U."-^.) ou Matière .{ B = A cos' a -t- c sin^ a, H = p cos^a -f- p, sin'a, fî^ycos'a +y, sin'a, X = (xcos*a +csin^a. De ces équations on déduit : » 1° L'onde ordinaire qui vibre parallèlement à Oy aura un coefficient d'absorption constant quelle que soit la valeur de a. » Ce coefficient d'absorption sera K„,j. Il est donné par Vord ik {mn--^a~^Y—,i^f ( 6o4) où n est le nombre de vibrations de l'onde en l'unité de temps et V^ la vitesse de propagation de l'onde. Elle est d'ailleurs donnée par ^-^ Vf 7P" ~ A "^' A«2 '^ n^f^[Unr--\-a — ^Y' La formule (2) montre que si le cristal est peu absorbant, la réfraction de l'onde n'est guère modifiée par l'absorption. » 2" L'onde extraordinaire qui vibre suivant Oa?, sera absorbée sui- vant une seule exponentielle. Son coefficient d'absorption variera avec l'inclinaison de l'onde sur l'axe du cristal. Il est donné par ,„. ■ K _ £2 (M/î^+A)2 V 2B (M«2-i-A— H)2-H^i2Q2 » La vitesse V de propagation est donnée par une formule analogue à (2). Ici encore, la modification apportée à la réfraction par l'absorption est faible. » Si l'on se rappelle que A et £2 sont très petits à côté de M et n, on dé- duit facilement de (3) : (4) | = R'|2cos=a + S'|jsin^a, où S' a la même forme que R', p^ est remplacé par p, . » Pour les cristaux faiblement biréfringents, (3, p, et H sont peu diffé- rents; alors la formule (4) prend la forme plus simple (6) j^ = ^-cos-a+^^sm-x, où Np et Ne sont les indices principaux de réfraction et N l'indice de l'onde considérée. » La formule (5) représente bien les résultats obtenus par M. Cami- chel (') dans l'étude de l'absorption de plusieurs variétés de tourmalines. » I. Avec une tourmaline brune très absorbante, on a, pour la lumière du sodium, avec une approximation voisine du ^, Ke= 2,636, R,o = 3,5o8, K2o^5,9i5; (') Thèse de Doctoral. GsiUÛner-Xillars, iSgS. ( 6o5 ) les chiffres lo et 20 représentent le nombre de degré de l'angle de la vi- bration extraordinaire avec l'axe du cristal. >> Avec ces nombres, j'ai déduit de la formule (5) Ro=3i,o5 avec K,o et K,,. Ro = 3i,f) avec R._,„ et K^. » II. Avec une tourmaline verte parallèle à l'axe, on a mesuré K.^ = o,3i47, R.,„ = o,57:ji. R„ = 2,659, ^30 = o.^9- » La formule (5) m'a donné R2(,= o,')S5 et R3i,^o,895. » III. Avec une tourmaline verte normale à l'axe, l'expérience a donné R„= 1,460. R,„= 1,307, R5„ = 0,9389. » Par la formule (5 ), j'ai calculé R^, puis K-j^, et j'ai trouvé R70= 1,295. » La concordance est donc parfaite, sauf pour la tourmaline brune très absorbante. Il est probable que pour celle-ci, c'est la formule (/j) qui serait vérifiée. )) Dans tous ces calculs, les indices N ont été calculés au moyen des indices principaux. » On peut conclure que la symétrie de l'absorption uniaxe n'est pas aussi complète que la théorie de l'ellipsoïde d'absorption l'indique. La dissymétrie est d'autant plus grande que le cristal est plus biréfringent. » ÉLECTRICITÉ. — Sur le potentiel (fimr surface clectrisée. Note de M. Ji'les A.\drade. « 1. La discontinuité de la couche électrique, qui joue un rôle impor- tant dans la théorie de l'électricité statique, a été souvent démontrée. La rigueur des démonstrations n'est pas toujours incontestable. Il ne m'a pas paru sans intérêt de reprendre la question. » 2. Soient M^ un point situé sur une surface électrisée, et M un point voisin situé sur la normale M„«^ à cette surface, dont on a fixé l'orienta- tion; nous supposons que le point M^ appartienne à une région S, dont G. K., i8.,ô, i" Semestre. (F. CXX, N- 11.) 8o ( 6o6 ) l'équation à l'égard d'un de ses points P(a, b, c) puisse prendre la forme très générale suivante ^ 2^c+p{x- a)+ q{y-b) \ + g{x — a)- + 2h{x — a) (y — b) -+- k(y — b)'-, o el q désignant des constantes comme a, c, b; et g, h, k étant trois fonc- tions finies et continues ainsi que leurs dérivées partielles des deux pre- miers ordres pour des valeurs suffisamment réduites des différences x — a et X — b. )) Pour apprécier la force F exercée sur le point M chargé de la quantité H- I d'électricité, on prend un axe Mz prolongement du segment M,, M et un plan perpendiculaire Mxy passant par M et sur lequel on projette la surface S,. Soient R le rayon vecteur et t]^ l'angle polaire de la projection a sur ce plan d'un point A de la surface pour lequel la normale orientée aura la direction n, et sur lequel la densité électrique est \. En nommant a la valeur de R pour un point de la courbe terminale de S,, et ;;. la con- stante de la répulsion newtonienne, on exprimera la composante F„^ de F, suivant la normale n„, par la formule i F„„ ^ry — ^R^ _^^ dR 4. Celte formule, au moyen de l'identité à z _ zR R^ âz se transforme en la suivante, où 2>, A, 9X, désignent les éléments z, 1, n, relatifs à un point de la courbe terminale, et où >(M(,) désigne la densité électrique en M^, (2) ^ - f'^ f — = — ^^r — 2^]MdR J„ X cos(/i„,«) (fj2^ .5)1 dR ^ ( 6o7 ) » Dans cette formule, qui suppose l'existence des dérivées ^:tt> fr-rr ou celle de -r- et -r- (ar ^ R cosi y ^ R, sinA). an R O'I ox dy ^ le terme essentiel 27:>.(Mo) provient de la quadrature immédiate dans laquelle, en désignant par î^ la distance du point A au plan tangent en M„ à la surface :; = ^ — M^M, et pour la limite inférieure de la précé- dente quadrature (R = o) ^^ j- se réduit à — ,,° = — i. » Lorsque le point M est remplacé par le point M' situé sur la normale Mo'io, mais de l'autre côté de la surface, on aura l'axe des :■ gardant son orientation et cette rois, pour R = o, la traction ^ se réduit a + ,, ., = + i ; alors, en retranchant de l'équation (i) l'équation analogue pour le point M' et désignant par F^^ la composante normale de la nouvelle force F', (3) i(F„,-F:„) = 4«^. + S, S désignant l'excès de la somme des intégrales du second membre de (i), oîi l'on fait s = ^ — MpM, sur la somme des mêmes termes où l'on ferait » Or, il est facile de s'assurer que cet excès tend vers zéro avec la distance MM'. Il tendrait d'ailleurs également vers zéro si le point M' se trouvait du premier côté de la surface. )) Cette dernière remarque nous montre que F„ tend vers une limite „^ si le point M tend vers M^ du premier côté de la surface et que F^^ tend vers une limite <î>^^, quand le point M' tend vers Mo par le second côté de la surface. » L'équation (3) nous donne alors (4) i(<ï.,,-ci,;) = 4^HM„), équation qu'on peut aussi établir par l'emploi d'un théorème de Gauss. ( 6o8 ) » La démonstration sera à peine modifiée et les conclusions subsistent entièrement si l'on suppose que les points M et M' tendent vers un même point P„ de la surface, mais de deux cotés différents. » 3. Ainsi la raison analytique de la discontinuité de la force est de même nature que celle que la Géométrie indique dans le cas d'une den- sité 1 constante. » PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Appareil imitant les mouvements exécutés par certains animaux pour se retourner sur eux-mêmes, sans appuis extérieurs. Note de M. Ed.m. Fouché, présentée par M. Guvou. « Diverses Communications, faites il y a quelques mois, ont mis en lu- mière les inouvements que doivent exécuter certains animaux, pour se re- tourner sur eux-mêmes sans prendre aucun point d'appui extérieur. Il m'a semblé intéressant de pousser plus loin la vérification expérimentale de M. Marcel Deprez, et de réaliser un appareil, simple de construction, reproduisant approximativement les mouvements d'un chat, tels que les a décrits M. Guyou en interprétant les photographies de M. Marey. )> L'appareil, que j'ai construit dans ce but, est constitué par un bâti allongé, figurant le corps de l'animal; aux deux extrémités, sont articulées deux paires de pattes chargées de petites masses à leurs extrémités. Cha- cune des paires de pattes peut effectuer deux oscillations indépendantes : l'une autour d'un axe placé longitudinalement par rapport au corps, mouvement qui représente le déhanchement; l'autre autour d'un axe per- pendiculaire au précédent, mouvement qui permet aux pattes de s'aligner le long du corps, ou de se placer perpendiculairement à lui. Le mouve- ment de déhanchement des pattes d'avant est inverse de celui des pattes d'arrière. Un seul axe coudé, avec ressort, placé transversalement dans le centre de la carcasse, sert, par sa rotation, à produire les deux genres d'oscillations, de telle façon que le mouvement de déhanchement est au point mort, par suite insignifiant, lorsque le mouvement de basculement des pattes est en pleine activité, et vice versa. » La succession des mouvements, pour un tour de l'axe moteur et par rapport au bàli de l'appareil, est la suivante, en supposant que les pattes sont, au départ, perpendiculaires au corps et du même côté : » 1° Les pattes d'avant se rabattent le long du corps; 2° les pattes d'avant et les pattes d'arrière tournent en sens inverse autour de l'axe ( ^'^9 ) longitudinal; 3° les pattes d'avant se redressent en même temps que les pattes d'arrière se replient; 4" mouvement de rotation autour de l'axe longitudinal, inverse de celui du numéro 2; 5° les pattes d'arrière se re- dressent. » Tous les éléments du système sont revenus à leurs positions relatives initiales, et, sauf l'axe moteur, n'ont exécuté que des mouvements alter- natifs, semblables à ceux décrits par M. Guyou. » Cet appareil, remonté d'un tour et abandonné à lui-même, exécute instantanément les mouvements précités et change son orientation de près de i8o". Il vérifie pleinement les explications données. » OPTIQUE. — L'objectif catoptrique et symélriqite. Noie deM. Ch-Y . Zenger, présentée par M. A. Cornu. « La question de la perfection optique relative des objectifs dioptriques et catoptriques a été récemment discutée de nouveau, et il semble que, du moins en Angleterre, on préfère les réflecteurs. En effet, les images fournies par les réfracteurs les plus parfaits ne sont pas des images abso- lument nettes, mais plutôt des superpositions d'images achromatisées seu- lement pour une certaine zone des raies C ou F de Frauenhofer, se con- fondant avec les images des bords rouge et violet, non réunies au même plan focal; même avec les verres d'Iéna cette superposition d'images colorées et de grandeurs différentes existe, quoique amoindrie. » Le réflecteur est tout à fait exempt des aberrations chromatiques et l'aberration sphérique est sept fois moindre que celle d'une lentille de crown simple biconvexe ('). » L'aberration seule à corriger est donc très petite et je vais montrer qu'elle peut être diminuée de manière que les images soient absolument exemptes de toute aberration de forme, sans avoir recours aux miroirs parabolisés. » En combinant deux miroirs de même rayon de courbure, et en plaçant les surfaces symétriques sphériques de manière que le miroir convexe soit placé au milieu de la distance du grand miroir concave et de son foyer, les (') Voir V Objectif caladioptrique aplanélique {Comptes rendus de la Société royale des Sciences. Prague, iS^ô). (6io) rayons sont réfléchis au point placé à la distance focale p du miroir con- cave, c'est-à-dire — > en arrière du miroir concave. 2 » La distance focale du double objectif catoptrique devient alors la même qu'avec le miroir concave seul, mais l'image du Soleil est deux fois plus grande. » Soient - = - 61^ = 7 — -j pour les deux miroirs; si -^ = -, on obtient 'j. p ^ b p ^ ' b p (3 = ^ et| = /« = 2. C'est ce qui donne pour l'aberration sphérique par les formules approchées, qui suffisent pour ce cas : ' 6%p^ L \ f^ } p \ 2d6 />" pour l'aberration assez minime d'une seconde d'arc, on obtient l'ouverture relative du arrand miroir '^— = ^-^ • & p 11,473 » Le petit miroir doit avoir l'ouverture — = -^- Les images photogra- phiques des étoiles démontrent l'aplanétisme et l'astigmatisme du sys- tème double symétrique de miroirs, car il n'y a pas trace des queues dues à l'astigmatisme et les images des étoiles sont de véritables points. Les réfracteurs produisent toujours des disques, parce que les images rouges et violettes superposées à l'image de la région achromatisée réagis- sent sur la couche très sensible du bromure d'argent, par une exposition prolongée, et les bords des disques sont mal définis. » C'est ce qui explique la supériorité indéniable de réflecteurs pour la vision et la Photographie céleste, divisant aisément les étoiles doubles très serrées et donnant des détails très fins des disques planétaires, de la Lune et du Soleil ('). » Mais il reste encore deux grands inconvénients : la courbure du plan focal, et l'impossibilité de placer les deux miroirs en face sur l'axe optique. Heureusement Tarrangement de l'objectif double catoptrique se prête à la destruction complète de ces deux défauts. En inclinant les deux miroirs homofocaux suffisamment pour faire passer les ravons réfléchis par le miroir concave près des bords du miroir convexe, le foyer se forme en (') Voir : La Photographie céleste par les objectifs catadioplriques {Comptes rendus, 2 septembre 1889 et 9 septembre 1895). ( 6.1 ) arrière du grand miroir à la distance -• L'image agrandie deux fois se trouve tout à fait exempte de queues et d'aberration sphérique sen- sible; le plan focal ne montre pas trace de courbure, ce qui est de la dernière importance pour la Photographie et pour la Spectrographie ( ' ). » L'identilê de courbure de deux miroirs seule peut absolument détruire l'effet fâcheux d'astigmatisme, les images des étoiles se montrant tout à fait exemptes de queues, et nettes jusqu'au bord du champ, car la surface concave produit une courbure dans le sens opposé à celui de la courbure du champ produite par le miroir convexe. » On voit que le principe de la construction symétrique (voir Comptes rendus : L'Objectif symétrique, i8g4) s'applique également au perfection- nement des images catoptriques et dioptriques. » ÉLECTRICITÉ. — Sur une classe de piles secondaires . Note de M. Lucien Poincaré, présentée par M. Lippmann. « Dans presque tous les accumulateurs actuellement en usage (^), on utilise l'oxydation et la réduction d'un oxyde de plomb; malgré tous les ingénieux perfectionnements dont ils ont été l'objet, ces appareils pré- sentent, en principe, certains inconvénients : les couches de la matière active doivent être soutenues par une carcasse de plomb qui constitue un poids mort; les oxydes ne sont pas très bons conducteurs de l'électricité, des effets Peltier sont à craindre au contact des oxvdes et du métal, et, pour ces deux causes, une partie assez notable de l'énergie se dissipe sous forme de chaleur; les plaques actives toujours fragiles se désagrègent à la longue; si l'on ne veut pas mettre rapidement la pile hors d usage, il con- vient de ne la soumettre jamais qu'à un régime bien déterminé; il faut prendre bien garde de ne pas pousser la décharge jusqu'au bout, éviter soigneusement les courts circuits, et ces restrictions interdisent p^'esque (') Voir : La Photographie des parties invisibles du spectre solaire (Congrès de Paris de l'Association française pour l'avancement des Sciences, 1889). (^) Parmi les tentatives faites jjour substituer d'autres piles aux. accumulateurs à plomb il convient de citer, en première ligne, les remarquables recherches de MM. Cailletet et Colardeau sur la pile à gaz sous pression. Voir Comptes rendus, t. CXIX, p. 83o. ( ^12 ) l'emploi si intéressant des accumulateurs comme transformateurs. On peut se demander si l'on n'atténuerait pas ces défauts en employant comme électrodes des métaux à l'état liquide où l'attaque pourrait se produire plus complète, où aucune désagrégation ne serait à craindre, et naturellement dans cette voie on est amené à essayer d'abord le mercure. On ne saurait, dans ce cas, se servir d'un acide comme électrolvte, car l'hydrogène se dé- gagerait en pure perte, mais en substituant un sel à l'acide on formera à la cathode un amalgame qui constituera avec le mercure de l'anode une pile secondaire. Parmi les nombreux sels que j'ai essayés les résultats les plus intéressants ont été fournis par les sels alcalins des haloïdes; on obtient avec ces sels des piles parfaitement réversibles, de force électromotrice élevée, généralement voisine de 2 volts, mais le chlore ou le brome qui se combine avec le mercure positif forme une couche peu conductrice et le rendement n'est pas bon. Tout autre est le résultat obtenu avec l'iodure de sodium : pourvu que l'iodure soit en dissolution assez concentrée, que la densité du courant ne soit pas trop grande, et que l'électrode positive soit de surface plus large que la négative, aucun dépôt ne se forme sur l'anode qui reste parfaitement nette ; la liqueur contenant l'iodure de mercure en dissolution dans l'iodure alcalin demeure limpide, cependant que le so- dium se combine presque intégralement à la cathode, si l'on a soin que la température ne s'élève pas trop. On constitue donc, par ce moyen, une pile secondaire où les deux électrodes restent après la charge e/zZieVe»2e/?^ /?2eVa/- liqiies ; on peut, par suite, rendre l;i perte d'énergie aussi petite que l'on vou- dra : il suffit d'adopter un dispositif tel que la résistance soit très faible, prendre, par exemple, deux électrodes concentriques dont les surfaces libres sont à peu près dans le même plan horizontal, séparées par une mince cloison en verre se terminant presque au même niveau, et submergées par l'électrolyte. La seule perte qui se produise dans l'appareil est la disparition d'une fraction du sodium déposé par le courant, mais cette perte peut être rendue très faible quand l'intensité n'est pas très grande; le rendement de l'accumulateur en quantité peut dépasser ^ et le rendement en énergie est presque le même; le régime de décharge est absolument indifférent; la pile peut être mise en court circuit, et déchargée complètement sans in- convénient. La force électromotrice (mesurée par comparaison avec un étalon Gouy) est, en pleine charge, de i''°",85 : elle baisse lentement pen- dant la décharge; la capacité rapportée à i''*'' est de l'ordre de la capacité pratique des accumulateurs ordinaires (10 ampère-heure). J'ai également ( ^i3 ) éludié les variations de la force électroinotricc de celte pile avec la tempé- rature, et j'ai constaté qu'à une période déterminée la valeur de la force électromotrice est sensiblement indépendante de la température. Inter- prété dans la théorie thermodynamique de la pile, ce fait prouve que toute l'énergie chimique donnée à l'élément se récupère bien sous forme d'énergie électrique. Les piles ainsi constituées ne sauraient, à coup sûr, au moins sous leur forme actuelle, être utilisées dans la pratique industrielle courante. T^e prix élevé des matières qui entrent dans leur formation, les difficultés inhérentes à l'emploi d'électrodes liquides, la nécessité, si l'on veut conserver longtemps la pile en charge avant de la faire travailler, de soustraire l'amalgame au contact du liquide (on pourrait arriver à ce ré- sultat par un artifice analogue à celui qui est employé pour les piles à treuil) sont autant d'obstacles à cet usage; mais ces éléments présentent quelque intérêt théorique, peuvent, à cause de la facilité avec laquelle on les obtient, rendre des services dans des cas particuliers et fournissent un nouvel exemple de la possibilité de remplacer, en principe, les accumula- teurs à plomb par d'autres combinaisons (' ). » ÉLECTRICITÉ. — Sur l'effet d'une force électroitiotrice alternative sur l'élec- tromètre capillaire . Note de M. îîer.vard Iîruxhks, présentée par M. Lipp- raann. « Quand on établit entre les bornes d'un électromètre Lippmann une force électromotrice de o™'', 95, la constante capillaire est maximum : on admet qu'alors la double couche d'électricité au contact mercure-eau aci- dulée est nulle. Le condensateur constitué par les deux surfaces en regard est déchareé. » Si on le charge par une force électromotrice complémentaire, l'effet produit sera indépendant du sens de cette force électromotrice : il y aura encore un effet produit si ce sens varie constamment, c'est-à-dire si la force électromotrice est alternative. » C'est ce que j'ai vérifié directement, en employant une force électro- motrice de valeur déterminée, o™", i5 par exemple, et renversant le sens des communications avec les surfaces du ménisque, au moyen d'un com- mutateur tournant mû par un petit; moteur électromagnétique. (') Ce travail a élé fait au laijuraloire dEiiseignemeiU pliysli|iie à la Sorbonne. G. R., 1895. !•' Semestre. (T. C\\, N" 11.) 8' (Gr4 ) » Voici le dispositif expérimental : » On a deux circuits, comme dans la méthode de M. Bouty pour les mesures de ré- sistances électrolvtiques. L'un d'eux comprend une pile Daniell, du système Terquem, et deux boîtes de résistance : l'une sur laquelle on met une résistance R, l'autre sur laquelle on met une résistance R'. Les deux bornes C, D de la boîte R étant mises aux deux pôles de l'électromètre Lippmann, si l'on fait R =: 9000 ohms, R'=:iiii, on a très exactement le maximum de la constante capillaire. » L'autre circuit comprend également un daniell, puis une boîte à pont d'Elliolt ; le courant traverse successivement une résistance r' qui peut varier de o à 9999 ohms, puis deux résistances r qui comprennent chacune quatre bobines de 10, 100, 1000 et loooo ohms. Des fils soigneusement isolés partent du bouton O qui sépare les deux résistances /■, et des deux boutons A, B qui sont aux extrémités de ces deux résis- tances. 1) Les fils partant de A et de B sont reliés d'une manière permanente à deux pièces de laiton a, b qui viennent successivement en contact avec un ressort fixe K. Les pièces a et b sont deux cercles de laiton présentant chacun douze échancrures qui alternent, et fixés sur les deux faces d'un disque isolant. » Pour établir les communications, on adapte un commutateur à six godets de por- celaine, noyés dans un gâteau de paraffine, et pleins de mercure. Je numérote les go- dets I, 2, 3, 4; 5) 6, en suivant les sommets de l'hexagone régulier qu'ils ferment. 1 est relié au mercure supérieur de l'éleclromèlre, 3 au mercure inférieur de la cu- vette. De petits ponts mobiles en cuivre permettent d'établir les communications entre deux godets quelconques. » 5 et 6 sont reliés aux extrémités C et D de la résistance R (i'"' circuit). Si l'on joint par des ponts i — 6, et 2 — 5, on a, aux bornes de l'électromètre, la force électro- motrice qui existe aux deux bouts de R. On règle R de manière que le niveau du mé- nisque soit le plus haut possible dans le tube capillaire; c'est à partir de là qu'on fera agir la force prise alternativement entre O et A, et entre O et B. » Le point O est relié à 3, et le ressort K, qui sera en contact successivement avec rt et 6, à 4- Trois ponts établissent d'une manière permanente les communications : 2 — 3, 4 — 5) 6 — I. Le point C du premier circuit (le courant traverse la résistance R de C à D) et le point O du second sont en communication permanente avec le sol; tout le reste de l'appareil est très soigneusement isolé. » Dans une des expériences, on a pris pour les deux résistances égales /• la valeur 1000 ohms; on a /•' ^ oooo. On a donc pour les forces électromotrices OA, OB, _(_ IJLPJ s^ ,volt r|C » Pendant une fraction du temps qui est ici de l'ordre de J- à -J-, le ressort K n'est en contact ni avec a ni avec b ; il importe de le mettre, avant l'expérience, en commu- nication avec le sol, de façon qu'il soit bien au même potentiel zéro que les points C et O, tant qu'il ne touche ni a ni Z*; il importe surtout de vérifier a posteriori qu'il y reste bien. On v arrive eu faisant /• := o; on doit n'avoir, dans ce cas, aucun déplace- ment du niveau niercuriel pendant la rotation du commutateur, et cela quelle que soit la position primitive de ce niveau (qu'on peut changer en changeant R et R'); on peut en pratique avoir cette fixité de niveau maintenue durant plusieurs minutes. » On introduit alors en /■ les résistances de 1000 ohms. 0"<""l on arrête le commu- ( 'n'5 ) tateur en un point où le ressort K touche a, on a une certaine dénivellation. Par exemple, le niveau était à la division 8 du micromètre; il monte (paraît monter) à la division 16. Si K touche ft qui est en relation avec B, le niveau est encore à la division 16. Dans la position intermédiaire, où K est isolé, le niveau se maintient à 8. Quand on fait tourner le commutateur à une allure un peu vive, une vingtaine de tours par minute (ce qui correspond à 20 X 12 = 24o alternances par minute), le niveau se fi\e d'une façon très nette à une division intermédiaire, à la division i3. » Il reste à cette division i3 quand on augmente la vitesse de rotation. On a atteint 200 tours par minute. » Dans une autre expérience, le niveau primitif correspondant au maximum étant à la division i, on a fait /• =: 1000, /■'.= 2000. En laissant le ressort k' en contact per- manent soit avec a, soit avec b, le niveau vient à 5o,.5. En faisant tourner, il se fixe à 22. » Comme vérification, j'ai fait immédiatement après :/=o, r'^=f\ooo; le niveau est toujours resté bien fixe à la division i. » J'ai vérifié en outre que, si l'on part d'une position du ménisque autre que celle du maximum de la constante capillaire, l'introduction de la force électromotrice alternative ne change pas la pcsition du niveau ( '). » Bien que le résultat obtenu fût a priori le plus probable, on pouvait se demander si, après avoir polarisé la petite surface par l'hydrogène, on obtiendrait quelque chose en y envoyant alternativement, d'un même côté, des quantités équivalentes d'hydrogène et d'oxygène, dont les effets se neutralisent. Avec l'hypothèse de la double couche électrique, l'expé- rience s'interprète au contraire très simplement; ce n'est autre chose que la charge d'un électromètre idiostatique par une force électromotrice alternative ('). » ÉLECTRICITÉ. — Pile thermochimique à charbon. Note de M. Désiré Kord.\, présentée par M. Marcel Deprez. « L'expérience fondamentale de Becquerel (i85j), répétée par Jablochkoff (1877), ayant établi qu'une baguette de charbon portée au (') 11 y aurait intérêt à faire l'expérience en prenant comme point o un point maintenu constamment au potentiel zéro, et pris sur un circuit isolé parcouru par un courant alternatif ordinaire; le ressort k du commutateur serait remplacé par un autre point variable, pris sur le même circuit. Et il y aurait intérêt à voir si, en faisant croître beaucoup la fréquence du courant, le résultat resterait le même; peut- être faut-il une durée minimum pour que l'électromètre puisse être chargé, dans quelque sens que ce soit. (^) Institut de Physique de la Faculté des Sciences de Lille. ( tii<3 ) rouge et trempée dans un creuset eu fonte, contenant de l'azotate de sonde, donne naissance à une force électromotrice avec le charbon au pôle néffa- .... I o tit, je me sais proposé de rechercher si, lors de la réduction des oxydes métalliques par le charbon, une partie de l'énergie chimique mise en jeu ne se manifeste pas également sous forme d'énergie électrique. Parmi les différents corps que j'ai soumis jusqu'ici à mes expériences, j'en ai trouvé deux que je puis signaler comme donnant nettement une force électro- motrice, une fois arrivés à une température élevée, l'un directement avec le charbon, l'autre indirectement, c'est-à-dire par interposition d'un car- bonate alcalin en fusion. » L'un de ces corps est le bioxyde de baryum qui, en se réduisant au contact du charbon à la température du rouge sombre en barvte avec for- mation d'anhydride carbonique, fournit en même temps un voltage de près de I volt avec le charbon au pôle négatif. Aucun des autres bioxydes (celui du cuivre, du manganèse et du plomb) que j'ai mis en contact direct avec le charbon ne m'ont permis de constater une force électromotrice dans ces conditions. Cela s'explique, car ils se réduisent à des corps bons conducteurs formant un court circuit avec le charbon et ne pouvant donner lieu qu'à des courants locaux. » L'autre corps est le bioxyde de cuivre, avec lequel j'ai pu obtenir des forces électromotrices jusqu'à i™'%i, dès que j'ai eu l'idée de le séparer du charbon par une couche de carbonate de potassium, un sel que j'ai choisi à cause de sa résistance contre la chaleur seule et ensuite parce que, en entrant en fusion et devenant électroly tique, il est en même temps décom- posé par le charbon et réduit alors, de son côté, le bioxyde. » En ce qui concerne la réduction du bioxyde de baryum, elle se fait suivant la formule 2BaO='-|- C = CO- + 2BaO. Or, en partant du charbon amorphe, la chaleur de formation de l'anhydride carbonique est de 97^^"', 65 et celle du bioxyde, en partant de la baryte, est de 12^^^', i; par conséquent, la réaction ci-dessus dégage 97,63 — 2 X 12,1 = 73'^'»', 'i^ correspondant à une force électro motrice de i™",58. En effet, dans la pile Daniell, i^"",o8 correspond à une chaleur de oo^^'.iS. La valeur de I volt que j'ai constatée représente donc | de la valeur théorique. » J'ai réalisé l'expérience dans des conditions très simples, afin d'éviter les influences étrangères. A cet effet, j'ai relié une plaque de charbon aggloméré, au moyen d'un fil de platine, à la borne négative d'un voltmètre Richard, divisé en dixièmes de volt, ayant 100 ohms et permettant de mesurer jusqu'à 3 volts. Un morceau de bioxyde de baryum d'un volume (6i7) fie z'^" à 3™ fut relié, par un fil de platine, au pôle positif du même appareil. En tenant les fils à la main, j'ai serré, dans un bec Bunsen, le bioxyde contre le charbon, de façon que les fils restent hors de la réaction. Au rouge sombre il se produit une vive effervescence avec dégagement d'acide carbo- nique. En même temps le voltmètre monte rapidement et j'ai observe dans l'une des expériences o""'', 85, dans une autre i volt. Ce voltage varie à peine, jusqu'à ce qu'il reste du bioxyde. Sur le charbon il se forme une masse spongieuse adhérente, de couleur grisâtre, de la baryte qui semble jouer ici le rôle d'électrolyte, en transmettant l'oxygène du bioxyde au charbon. Sur les bords on voit des traces blanches de carbonate de baryum formé par l'anhydride carbonique qui s'échappe. La baryte se régénérant par l'oxygène de l'air à 5oo"C. en bioxyde, on peut s'en servir presque indé- finiment. » J'ai répété cette expérience en plaçant les deux corps en présence dans un creuset chauffé dans un feu de coke. Au rouge sombre, le volt- mètre montait jusqu'à o''°",9, mais baissait chaque fois qu'on a retiré le creuset du feu, essai que j'ai répété plusieurs fois. Pour déterminer la résistance ultérieure, j'ai mis en parallèle avec le voltmètre une résistance de 4 ohms. Immédiatement le voltmètre, qui marquait à ce moment o™",8, descendait à o™'',2. Il en résulte une résistance intérieure de i3''''™%6. » Une disposition analogue fut choisie pour les expériences avec le bioxyde de cuivre et charbon, séparés par du carbonate de potassium pur et sec. Le Tableau suivant indique la marche du phénomène lors de l'une de mes expériences : voll A froid o , o Après y m in 11 te? o,i " '5 " o,9 34 » 1,0 » 7D >i o,q etc. >i Pour le voltage de i'"",i, la résistance intérieure mesurée était de '^oiims « J » — • )) Dans une autre expérience, en employant du carbonate un peu hu- mide, le voltmètre déviait d'abord eu sens contraire jusqu'à environ i volt avant de monter dans le sens où le charbon est au pôle négatif. Ce phéno- mène est dû évidemment à l'ellet,. chimique des vapeurs d'eau qui se sont formées. » Finalement, je dois remarquer que, en employant du charbon agglo- méré, l'énergie électrique qui accompagne la réaction ne représente qu'une )rès 4-5 minutes . . . volt 1 ,1 » 54 )> ... I , I Il 61 )) ... . 1,0 » 70 » ... • 0,9 ( ^î!^ ) petite fraction de l'énergie chimique qui se manifeste surtout sous forme de chaleur, mais que, par contre, avec du graphite, tout en produisant la même force électromotrice, la quantité de cuivre et de protoxyde formé est mieux en rapport avec le faible courant qui correspond à ces piles mi- nuscules. En aucun cas, la loi de Faraday n'est plus applicable à cause de l'énergie étrangère fournie sous forme de chauffage. » CHIMIE. — Action de r oxyde azoteux sur les métaux et sur les oxydes métalliques. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B. Se\dkrexs. « Dans un travail antérieur (Com/?/e5 rendus, CXIV, 1429, et CXV, 236), nous avons étudié l'action de l'oxyde azotique AzO, et du peroxyde d'azote AzO-, sur les métaux et sur les oxydes inférieurs, généralement obtenus en réduisant des oxydes par l'hydrogène. Nous avons fait une étude analogue pour l'oxyde azoteux {protoxyde d'azote) Az-O. » Son action oxydante sur les métaux et les oxydes est fort mal connue ; on sait que le potassium et le sodium, légèrement chauffés dans ce gaz, y brûlent vivement, et que le fer, le manganèse, le zinc, l'étain, chauffés au rouge, s'y oxydent plus ou moins vite. » I. Le gaz, préparé par la décomposition ménagée du nitrate d'ammoniaque, est débarrassé des vapeurs nitreuses et de l'acide azotique qui peuvent s'y trouver, par un laveur à potasse et par une longue colonne imbibée de sulfate ferreux, puis il est soigneusement desséché. Après plus d'une heure de dégagement régulier, on le dirige, sans accès possible de l'air, dans le tube où sont disposés les oxydes et les métaux, réduits auparavant par l'hydrogène et refroidis dans ce gaz. » Le corps à étudier est chauffé peu à peu à une température connue, toujours inférieure à 5oo°, limite au-dessus de laquelle l'oxydation pourrait provenir des pro- duits de la destruction plus ou moins lente de l'oxyde azoteux. » Aucune trace de vapeurs nitreuses ni d'oxyde azotique n'a d'ailleurs été observée parmi les produits gazeux de l'oxydation, même lorsque celle-ci avait déterminé une incandescence de la matière. » IL Métaux. — Le cadrniinn, cliaufl'é au voisinage de son point de fusion, vers 320°, s'oxvde peu à peu, en même temps qu'il se volatilise, et un dépôt brun d'oxyde se sublime sur les parois du tube. » Le plomb, obtenu à l'étal très divisé en réduisant avec précaution la lilharge pai' l'hvdrogène, s'oxyde lentement vers Soo", en régénérant la litharge jaune. » Le fer, réduit par un courant prolongé d'hydrogène au rouge, brûle au-dessous de 170" et fournit de l'oxyde ferrique rouge Fe^O^. » Le cobalt réduit brûle incomplètement vers aSo", en se transformant en protoxyde brun (cobalt pour 100 : trouvé 82, i , calculé 78,7 ). ( 'ï'9 ) » Le «(c/L'e/ réduit s'oxyde avec incandebcence à 3oo° en donnant du proloxyde. » Le ciiùre réduit est encore inaltéré à 200°, mais au-dessus de 230° il se trans- foiine lentement en oxyde cuivreux rouge. Au voisinage du rouge sombre, on peut obtenir une faible incandescence, le produit d'oxydation étant d'ailleurs identique. » IlL Oxydes inférieurs. — V oxyde mer /i^«rtewjr MnO, jaune verdàtre, obtenu par la réduction du sesquioxyde, s'oxyde avec incandescence vers 35o° et fournit l'oxyde Mn^O' brun clair, qui, calciné à l'air, brunit un peu sans variation de poids. » Le bioxyde de tungstène TuO'', brun noir, se transforme sans incandescence vers 450° en oxyde bleu Tu^O% non mélangé d'anhydride tungstique. » Le sesquioxyde de molybdène Mo^O% noir, se change lentement en oxyde violet MoO^ » IJoxvde stanneux SnO, brun, brOile vers 4oo° en donnant de l'oxyde stannique blanc SnO'-. » h'oxyde cuiçreux pourpre, Cu^O, préparé à l'aNance, n'est pas altéré à SSo" dans ''oxyde azoteux : son poids demeure identique. » Le sesquioxyde de vanadium noir, préparé en réduisant par l'hydrogène l'anhy- dride vanadique Va^O', n'est pas- modifié au-dessous de Soo". » L'oxyde uraniqiie jaune, réduit au rouge vif par l'hydrogène, fournit Voxyde uraneux LIO-, brun marron, qui n'est pas altéré par l'oxyde azoteux à 4.50". Mais, si la réduction a eu lieu à température plus basse, l'oxyde uraneux est noir et brûle dans l'oxyde azoteux vers 4oo" en donnant l'oxyde noir U-0'. » IV. Le Tnbleaii suivant indique comparativement les principaux ré- sultats obtenus avec l'oxyde azoteux, l'oxyde azotique, le peroxyde d'azote et l'air, au-dessous de 5oo°, ilans des condilioas semblables. Az'O. AzO. AzO'. Air. Pb PbO PbO Nitrate basique PbO et Pb'O* Fe réduit Fe"-0' FeO Fe^O' Fe-0' Ce réduit CoO CoO Co'O» Co^O'- Ni réduit NiO NiO NiO(') NiO(') Cu réduit Cu'-O Cu=0 GuO CuO MnO Mn-'O* Mn'O^ Mn^O' Mn'O' Mo-O» MoO^ MoO= MoO= et MoO' MoO' UO^ UO- ou U-0= U^O^ Nitrate basique U^O» Va'^O- WO^ VaH> Va^O=^ Va 0% puis Va- O' TuO^ Tu=0° Tu^O" TuO' (avec ïu^O^) TuO' (et Tu-O^) SnO SnO- SnO- SnO^ SnO- Gu^O Cu^O Cu^O CuO CuO » Ou voit que les oxydations réalisées par l'oxyde azoteux diffèrent peu de celles que donne l'oxyde azotique, étudié de même ati-dessous de 5oo". Un peu suroxvdé ( G20 ) Toutefois, tlans la plupart des cas où l'incandescence a été observée, elle a eu lieu à des températures plus hautes avec l'oxyde azoteux, mais elle est toujours moins brillante et moins active, même pour le fer qui s'y enflamme plus tût que dans l'oxyde azotique et y donne de suite un produit plus oxydé. » Ces oxydations ne peuvent être attribuées à une décomposition pré- liminaire du gaz azoté : car si cette décomposition était réelle, si faible qu'elle fût, l'oxyde cuivreux rouge, stable à 4oo° aussi bien dans l'oxyde azotique que dans l'oxyde azoteux, y serait saroxydé. Elles proviennent donc d'une action propre des deux gaz et, sauf dans le cas du fer, indiquent pour l'oxyde azotique une activité oxydante un peu supérieure à celle de l'oxyde azoteux. » V. Cette analogie de réactions se retrouve encore, jusqu'à un certain point, dans l'action que les deux gaz exercent sur quelques peroxydes. » On sait déjà que l'oxyde azotique, dirigé sur du bioxyde de sodium Na-Q- ou sur du bioxyde de baryum BaO-, chauffés modérément, se fixe sur eux par addition, pour donner des azotites. » Une réaction semblable, signalée par Vernon-Harcourt, et que nous avons vérifiée nous-mêmes, a lieu quand on fait arriver l'oxyde azoteux sur du bioxyde de sodium fondu vers 3oo°; il se dégage de l'azote et il se forme beaucoup d'azotite de sodium. » Nous avons pu obtenir la même formation avec le bioxyde de barium : ce corps, chauffé au-dessous du rouge dans l'oxyde azoteux, fond partielle- ment en donnant de l'azote et une proportion notable d'azotite de ba- ryum. » Au contraire, Voxyde puce de plomb, chauffé progressivement dans l'oxyde azoteux, se détruit en litharge et oxygène, sans donner lieu à au- cune réaction semblable. Dans le gaz oxyde azotique, nous avons montré antérieurement qu'il fournit du peroxyde d'azote et un nitrate basique de plomb. » CHIMIE. — Recherches sur les chaleurs de combinaison du mercure avec les éléments. Note de M. Haoul Varet. « Les recherches que je poursuis sur les sels de mercure m'ont conduit à déterminer la chaleur dégagée dans la combinaison du mercure avec les éléments. Ces réactions ont été l'objet de nombreuses mesures, mais les ( 621 ) résultats obtenus par les divers savants qui se sont occupés successivement de cette question sont très divergents. )) Jusque dans ces dernières années, on admettait les valeurs détermi- nées par M. Tlîomsen, à l'aide d'une méthode dans laquelle il utilisait, comme réaction calorimétrique, la réduction par l'acide sulfureux de l'azo- tate mercureux à l'état de mercure métallique. De ces expériences, ce sh- vant déduisit en particulier pour la chaleur de formation de Hgl^ la valeur 34^''\3i et pour HgBr- le nombre 5o^''',.5j. » En 1888, Nernst détermina directement la chaleur de formation du bromure mercurique avec le brome et le mercure libres; il obtint la valeur 40*^''', 5, qui diffère de lo'^^' de la précédente. » A la môme époque, Thomsen reprit ses expériences; il calcula la cha- leur d'ioduration du mercure, en traitant l'azotate mercureux par une solution d'iodure de potassium, qui décompose ce sel en mercure métal- lique qui se précipite et sel mercurique qui se dissout en faisant la double décomposition avec l'iodure de potassium. Il obtint ainsi pour HgT^ rouge solide -+- 25'^'',64: résultat qu'il ne donna que comme une première ap- proximation. » Dans le travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, je me suis proposé de mesurer directement, ce qui n'avait |)as encore été fait, la chaleur de combinaison du mercure avec l'iode. J'ai aussi déterminé la chaleur de bromuration du même métal. Le nombre que j'ai obtenu, dans ce dernier cas, est très voisin de celui trouvé par M. Nernst. C'est là une confirmation que Ton ne trouvera pas inutile, si l'on veut bien se rappeler la diversité des valeurs que l'on a adoptées successivement pour les don- nées thermochimiques relatives aux sels de mercure. » I. lodure mercurique. — Pour déterminer la chaleur de combinaison du mer- cure avec l'iode, j"ai utilisé, sur les conseils de M. Berthelot, la propriété que possède le mercure de se dissoudre dans une solution concentrée d'iodure de potassium iodu- rée. On dilue ensuite la liqueur obtenue dans un grand excès d'eau. » L'effet thermique mesuré dans ce premier essai comprend la chaleur dégagée par la dissolution du mercure dans la solution iodurée, moins la chaleur absorbée par la dilution de la liqueur ainsi engendrée. Cette dernière est mesurée dans une seconde expérience. » J'ai fait un grand nombre de déterminations, dans lesquelles les poids de mercure dissous ont varié de a?'' à 4"''. De ces expériences, on déduit comme moyenne générale 3o'''',6i pour la dissolution du mercure dans l'iodure de potassium ioduré en solution étendue, les valeurs extrêmes ayant varié de +3o''"',8o à -t-3o''"', 43. J'ai mesuré en- suite les chaleurs de dissolution de l'iode libre et de l'iodure mercurique rouge cris- tallisé, dissous successivement dans l'iodure de potassium étendu et en excès; j'ai C. R., iSnS, I" Semestre. (T. C\X, N" 11.) ^2 ( 622 ) trouvé que la dissolution de I'^ dans le s;ystème absorbait — o'^''',22 et que celle de HgP dégageait -t-5*^^',7. De toutes ces expériences on déduit Hg liq. -H P sol. = Hgl'' crist. rouge dégage +24*^^', 7 » II. Bromure mercurique. — J'ai déterminé la chaleur de formation du bromure mercurique, en faisant agir un excès de brome sur un poids donné de mei'cure. La réaction était effectuée sous une couclie d'eau, afin d'éviter la volatilisation du brome. Dans un second essai, on mesure l'effet thermique dû à l'action du brome en excès sur le bromure mercurique formé et à la dissolution d'une petite quantité de ce dernier dans l'eau qui surnageait le brome. J'ai ainsi observé que Hgliq.+ Br^liq.z^ HgBr^ sol. dégage -h4o*^^',7 ce qui concorde avec l'expérience de M. Nernst. » III. Oxyde mercurique. — De ces résultats et de ceux obtenus par M. Berthelot pour la neutralisation des hydracides par l'oxyde de mercure, on déduit Hg liq. -H O gaz = HgO sol. dégage +2i<^^', 3 » IV. Chlorure mercurique. — Sachant, d'après les expériences de M. Berthelot, que la neutralisation de l'oxyde de mercure par l'oxyde chlorhydrique étendu dégage i8'^''',9 vers i5°, on en déduit Hg liq. + Cl- gaz — HgCl- sol. dégage +49'^"', 8 CHIMIE. — Sur les étals isomériques des oxydes de mercure. Note de M. Raoul Yaret. « On sait que l'iodure mercurique est dimorphe et se présente sous deux étals cristallisés distincts, l'état jaune et l'état rouge, seul stable à froid. M. Berthelot a mesuré la chaleur dégagé par leur métamorphose réci- proque et trouvé que : HgP jaune, devenant HgP rouge, dégage -H S'^^'jO. » Les oxydes mercuriques se présentent aussi sous les deux états rouge et jaune, mais tous les deux stables à froid, contrairement à ce qui existe pour les iodures. Il était donc intéressant d'étudier le phénomène ther- mique correspondant à leur métamorphose réciproque. » Pour cela, j'ai mesuré la chaleur de neutralisation par l'acide cyan- hydrique de l'oxyde rouge de mercure parfaitement pur, obtenu par dé- composition de l'azotate mercurique par la chaleur; j'ai trouvé vers 12° que : HgO rouge -1- 2HCy étendu ^HgCy'' étendu + H^O liq. dégage 4-3iC»',55. ( 623 ) » A la même température et dans les mêmes conditions, M. Berthelot a trouvé que : HgO jaune + aHCy étendu = HgCy^ étendu 4-tPOliq. dégage -l- 3iC>i,6o ') Dans ces deux expériences un état final identique est réalisé. ■» On voit que la transformation de l'oxyde jaune de mercure en oxyde rouge ne donne lieu à aucun effet thermique appréciable. Ce qui explique pourquoi les deux variétés rouge et jaune sont également stables à la température ordinaire. Pour les deux iodures, au contraire, la transforma- tion du composé jaune en iodure rouge étant accompagnée d'un dégagement de chaleur de + 3'^"',o, c'est le composé le plus exothermique qui est seul stable à froid. » THERMOCHIMIE.— Sur la chaleur de formation de quelques composés du fer. Note de M. H. Le Ciiatelier, présentée par M. Daubrée. « La chaleur de formation des corps qui ne peuvent être obtenus par réaction directe se détermine généralement en opérant par différence; on fait successivement dissoudre dans un réactif approprié le composé et ses éléments. Cette méthode se trouve en défaut pour certains oxydes calcinés insolubles dans les acides : les sesquioxydes de fer, d'aluminium, de chrome, la magnésie et un grand nombre de leurs composés, les carbo- nates de la série magnésienne, la plupart des silicates, etc. J'ai pensé que l'on pourrait utihser, dans les cas semblables, quelques réactions par voie sèche, effectuées dans la bombe calorimétrique sous l'action de la chaleur produite par la combustion d'un poids déterminé de charbon. » Je me propose de donner dans cette première Note quelques résultats relatifs au fer. » La bombe calorimétrique employée avec l'eau du calorimètre et les accessoires valaient ensemble 2680»''' d'eau. Le poids de charbon de bois brûlé était de iS''; il y avait, en outre, os'', 16 de papier à filtre servant à entourer et soutenir le mélange du charbon avec la matière à calciner. L'élévation de température produite par la com- bustion de ce charbon et du papier a été trouvée, dans trois expériences faites à des dates différentes, égale à 3°, 01, Oxydes du fer. — Les différents oxydes du fer brûlés en mélange avec le charbon sont ramenés à l'état d'oxyde magnétique fondu, dont la chaleur de formation i34Cai^4=:4x33C'i,G ( (^24 ) est connue par les expériences antérieures de M. Bertlielot. Le poids d'oxyde mêlé au charbon ne doit pas dépasser as-- à 3s' pour ne pas trop ralentir la combustion. » FeO. — Le protoxyde anhydre a été obtenu en calcinant à 900°, dans un mélange à volumes égaux d'hydrogène et d'acide carbonique, du carbonate de fer naturel très pur et de l'oxalate de fer précipité. L'élévation supplémentaire de température pro- duite par la combustion de 28'' d'oxyde a été o",255 et o'',26o, d'où l'on déduit, pour l'équivalent Fe =; aSs'' : FeO + JO = |-(Fe'0*) dégage -h.2c-',6 Fe H- 0 := FeO dégage 4-32'^"' 3 » fe-0". — Il existe deux variétés de sesquioxyde anhydre qui se transforment l'une dans l'autre avec un dégagement notable de chaleur; cette transformation, d'après mes anciennes expériences, se produit rapidement entre 800° et 900°. » La première variété a été obtenue en calcinant à 4oo° l'azotate de fer, la seconde en calcinant la précédente à 1000°. 3s'- de chacun de ces oxydes, soumis à la combus- tion, ont donné les élévations supplémentaires de température — o",09 et —o",io5, d'où l'on déduit : Cal Fe^O^ ordinaires Fe^O' calciné dégage + 1,07 Fe^ 0' calciné = |(Fe»0*)+AO dégage. ... - 7, '53 2Fe + 30 = Fe'i03 calciné dégage 97<^-'',2 = 3 x 32,4 2FeO-l-0=Fe-0^calciné dégage -)- 82,6 » Ces données montrent que chaque équivalent d'oxygène, en se fixant sur le fer, dégage sensiblement la même quantité de chaleur quel que soit l'oxyde formé, soit en nombres ronds 33*^"'. » Carbonate de fer. — La chaleur de transformation du carbonate de fer cristal- lisé naturel (sidérose) en oxyde magnétique a été trouvée rigoureusement nulle FeO, CO^ + }0 = J(Fe^O*) + COMégage + o'-',o on en déduit, pour la chaleur de formation de ce carbonate, FeO + CO- = FeO, CO^ dégage -hi2<^-\6 » Silicate de fer. — 2S'- de carbonate de fer mêlés à i8'-,o3 de silice (quartz broyé) furent soumis à la combustion et donnèrent une élévation supplémentaire de tempé- rature de — o",095, d'où l'on déduit : FeO.CO=+SiO-^(quartz)=: FeO. SiO'- dégage — 7^6 FeO + Si02(quartz) = FeO.SiO- dégage -;- 5 ( 625 ) » Cet écart entre la chaleur de formation du carbonate et du silicate est supérieur à ce que l'on aurait pu prévoir a piiovi. Comme contrôle, j'ai fait une expérience semblable sur la substitution de la silice à l'acide carbonique vis-à-vis de la chaux. 2ii'' de carbonate de chaux précipités, mêlés à is^qo de silice (quartz), furent soumis à la combustion et donnèrent une élévation supplémentaire de température de — o",ao, d'où l'on déduit ; CaO.CO-(précipité)-HSiO-(qLiartz) = CaO.SiO'--hGO- dégage. — iS'^-'.i CaOH-Si02(quartz) = CaO.SiO- dégage + 7'^"', 6 résultat comparable à celui obtenu avec le fer. » Pour contrôler le degré d'exactitude de la méthode expérimentale employée dans ces recherches, je l'ai appliquée à la détermination de la chaleur de formation du carbonate de plomb naturel (cérusite), qui pré- sente la même composition et semble de tout poitjt analogue au carbo- nate obtenu par précipitation. Ils sont l'un et l'autre facilement attaquables par les acides. La chaleur de formation trouvée a été de 10'^"', 7, nombre pratiquement identique à 10^"', 8, connu par des recherches antérieures effectuées par voie humide. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les aldéhydes chlorés. Note de M. Paul Rivals. « On sait que l'aldéhyde acétique donne naissance à deux séries de pro- duits chlorés de substitution, produits isomères et qui possèdent la fonc- tion aldéhyde ou la fonction chlorure acide, suivant que la substitution a lieu uniquement dans le groupement CH^ ou en même temps dans le grou- pement fonctionnel CHO de l'aldéhyde. » J'ai, dans une précédente Note, examiné les chlorures acétiques chlorés; je me propose d'étudier aujourd'hui la série des aldéhydes chlorés dans deux de ses termes : l'aldéhvde monochloré, dont j'ai déterminé la chaleur de formation, l'aldéhyde trichloré ou chloral, qui a été l'objet des recherches de M. Berthelot. M 11 y a lieu d'examiner quatre ordres de problèmes très intéres- sants : » 1° L'étude des substitutions successives du chlore dans l'aldéhyde; » 2° La comparaison des termes isomères dans les deux séries; » 3° Le passage de l'aldéhyde au chlorure acide correspondant; » 4" Le passage de l'aldéhvde chlore à l'acide correspondant. ( 626 ) » Aldéhyde rnonochloré. — Ce corps, préparé par le procédé de IN altérer et analysé, m'a donné, le corps étant pur, les résultats suivants : Chaleur de combustion dans la bombe calorimétrique à volume constant ou à pression constante pour une molécule -h 233'-°',5 D'où je déduis : chaleur de formation à partir des éléments de l'aldéhyde monochloré liquide -)- ôS*-"', 4 » 1. On a alors, pour la substitution du chlore à l'hydrogène dans l'al- déhyde : CIP.COH liq. + Cl^ — CH^Cl.COH liq. -+- HCl gaz +i^^^\Z » D'autre part, M. Berthelot a trouvé, pour la chaleur de for- mation du chloral anhydre, à partir des éléments -t-jy*^"') o {Ann. du B. des Long, pour iSgS). » On déduit de ce nombre, pour la réaction de substitution, CH^COH liq. + SCP r=CCP.COH Hq. + 3HCI +?,8c-',6 x 3 » La comparaison de ces nombres avec les données déjà connues montre que les phénomènes thermiques correspondant aux substitutions succes- sives du chlore croissent plus régulièrement dans la série des aldéhydes que dans les séries des acides et des chlorures acides. » Dès lors, on peut s'en servir pour estimer la valeur probable de la chaleur de formation à partir des éléments de l'aldéhyde dichloré liquide ; elle serait très voisine de + 70*^"'. » 2. Comparons maintenant deux à deux les chaleurs de formation à partir des éléments des termes isomères des deux séries. Nous avons : Cal ( Pour le chlorure d'acétyle ClI'COCl +6^,7 '^' \ l^our l'aldéhyde monochloré CH'-CLCOH +63,4 ( Pour le chlorure de cliloracétyle CH-Cl.COCI +69,8 I Pour l'aldéhyde dichloré CH Cl-. CO H (v. probable) +"o ( Pour le chlorure de dichloracétyle ClICl'^. COCI (v. probable). -+-79 '■ ( Pour le chloral CCP.COH +77 » Les écarts de ces nombres, pris deux à deux, seraient presque de l'ordre des erreurs d'expériences. » 3. On peut considérer un chlorure acide comme dérivant d'un aldéhyde par substitution du chlore à l'hydrogène fonctionnel de l'al- déhyde. » Ces substitutions dégagent, d'après les expériences réalisées : " Pour le chlorure d'acétyle, CH^ COH liq. -h CI2 = CFP. COCI Hq. + H Cl s^z -H agC^SÔ ( B. ) ( ^i^7 ) B Pour le chlorure de chloracélvle CH^Cl.COH liq. + Cr^= CtPCl.COCl liq. + HCl gaz + 28^»', 4 )i Pour le chlorure de trichloracétyle CCl^COH liq. -f- CP== CCl^COCl liq. + HCl ga z + 38C'",2 » Pour ce dernier, l'écart est considérable ; nous allons voir que la même anomalie se présente si l'on étudie le passage des aldéhydes à l'acide cor- respondant. « 4. Il résulte des déterminations de MM. Berthelot et Louguinine que l'oxydation d'un aldéhyde (aldéhyde acétique, aldéhyde valérique), avec passage à l'acide gras, correspond à un dégagement de chaleur à peu près constant. » On a, par exemple, pour l'aldéhyde acétique C=H'01iq.-l- O = C2H'0- crist +62^»', 6 » On a de même pour l'aldéhyde monochloré, d'après mes déterminations, C^H'CIO liq. 4- O = C^H'CIO^ crist + 62^=', 5 Tandis que l'on a pour le chloral C^Cl'OH liq.+ O = G^CFO'-H crist + 67'^^", 7 (B.) )> Par ces caractères thermochimiques, l'acide trichloracétique et son chlorure paraissent donc se différencier nettement de l'acide acétique et de l'acide monochloracétique. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le polymère cristallisé de l'aldéhyde monochloré. Note de M. Paul Rivals. « On sait que l'aldéhyde monochloré donne facilement, comme l'aldé- hyde ordinaire et le chloral, des polymères. » L'un d'eux, le polymère cristalli.sé, purifié et analysé, m'a donné : Chaleur de combustion dans la bombe calorimétrique rapportée à une molécule (G^H'CIO)" à volume constant ou pression constante (+ 229'^'', 3)" D'où l'on déduit la chaleur de formation du polymère à partir des éléments (4- 07^-', 7)" » La transformation de l'aldéhyde monochloré en son polymère cristal- ( 628 ) lise correspond donc à un phcnomène thermique de +4^"'. 4 par molécule d'aldéhyde; ce polymère est donc comparable au métaldéhvde qui est formé à partir de l'aldéhyde acétique liquide avec dégagement de chaleur, tandis que le parakléhyde est formé avec absorption de chaleur. D'ailleurs, comme le métaldéhvde et au contraire du paraldéhvde, il est relativement peu soluble dans l'eau. )) M Berthelot a montré que la transformation du chloral liquide en chloral insoluble correspondu un dégagement de chaleur de +8^*',8t par molécule de chloral. Le chloral insoluble est un produit amorphe qui doit présenter un état plus condensé encore que le polvmère cristallisé de l'aldéhvde monochloré. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une combinaison mercurique du thiophène, per- mettant le dosage et F extraction de ce corps dans les benzènes commerciaux . Note de M. G. Demgès. « Il n'existe pas actuellement de méthode analytique permettant de doser exactement le thiophène dans les benzènes commerciaux, où il se trouve à des doses souvent fort notables, et il n'y a pas de procédé pratique permettant de l'extraire en totalité Ae ces produits. » Dans le but de remédier à cette lacune, j'ai cherché à isoler le thio- . phène sous forme d'une combinaison insoluble, et la présence du soufre dans sa molécule m'a fait songer à employer pour cela les sels de mercure, dont l'affinité pour les composés sulfurés organiques est bien connue. » Mais, tandis que les sulfures acycliques ont, comme les mercaptans, la propriété de se combiner instantanément, à froid, avec les sels mercu- riels, il n'en est pas de même du thiophène, dont le soufre se trouve enclavé dans une chaîne fermée, et l'on ne connaît pas encore de composé d'addition de ce corps avec ces sels. » En effet, les deux dérivés mercurico-thiophéniques décrits par J. Volhard {Liebigs Ann. C/iem., t. 267, p. 172 à i85) : le thiophène mono- chloromercurique ClHg.C'H'S, et le thiophène dichloromercurique ClHg(C^H-S)HgCl, sont des dérivés de substitution. D'ailleurs ils ne se forment qu'avec le thiophène en nature, et la difficulté de leur produc- tion, ou leur solubilité, ne peuvent permettre de les appliquer à une réaction quantitative. » J'ai cependant réussi à combiner, avec la plus grande facilité, ce sul- ( ("'^p ) fure cyclique avec le sulfate mercurique, employé en solution fortement sulfurique, et à obtenir des composés similaires avec l'acétate et le biclilo- rure de mercure. » Je m'occuperai exclusivement, dans cette Note, de la combinaison avec le sulfate, la plus importante par les applications pratiques qu'elle présente. » Le réactif, dont je me suis servi pour la préparer, est, ainsi composé : Oxyde mercurique (jaune ou rou'rf • ,5os'' Acide sulfurique pur ?>oo'' Eau distillée r goo"" )i On mélange l'acide et Feau et Ton ajoute l'oxyde, en agitant : la dissolution de ce dernier est rapide ; on l'accélère encore en rliaufl'ant. La liqueur refroidie est fdtrée, s'il y a lieu ; elle est inaltérable. » Poilr former la combinaison mercurique que nous étudions, on met dans un matras d'envii'on i litre 200™ du réactif précédent et l'on y ajoute i™ de tliiophène. Déjà, à froid, au bout de quelques instants, on observe un trouble blanchâtre, allant peu à peu en augmentant; mais il est préférable de chauffer, dès le début, le mélange jusqu'à l'ébullition. Il se dépose alors un précipité blanc, lourd, cohérent, formé de sphéroïdes radiés, qu'on jette sur un filtre et qu'on lave à l'eau bouillante. Ce précipité est ensuite essoré ou, mieux, étalé sur des plaques poreuses, et l'on achève de le dessécher sur l'acide sulfurique. Il renferme alors une molécule d'eau de cristallisation qu'il peid à loo-i 10°. » Cette substance répond à la formule (SO^Hg, llgO)^SC'ir'-r-Aq =: SO'{^^~^J^ ~ î!^"^SOS SC»IÎ' -+- 11^ o \Hg— O — Hg/ qui en fait un sulfate basique mercurico-lhiophénique. » Propriétés. — Ce corps, d'une assez grande stabilité, peut, après avoir perdu son eau de cristallisation, être chauffé longtemps de 120° à i3o" sans inconvénient. Il ne ])erd même pas de son poids pendant une heure d'étuve à i5o°, et ce n'est qu'au-dessus de 200° qu'il se décompose, en dégageant du gaz sullureux et du ihiophène. La lumière ne l'altère pas. » Il est insoluble dans l'eau et dans les dissolvants neutres usuels. » Lorsqu'on le traite par les acides, il présente quelques phénomènes intéressants, qu'il importe d'examiner de près. Mis, à la température ordinaire, en présence d'un excès d'acide sulfurique (l'expérience peut être réalisée en introduisant dans un tube à essai 5"^s"- à 10=8'' du produit avec V à 2" d'acide sulfurique pur), ce composé se dis- sout en moins d'une demi-minute; au bout d'une minute environ, la solution se trouble faiblement et devient légèrement rosée. A ce moment, elle ne donne rien par addition de quelques gouttes d'une solution sulfurique d'isatine; mais si, après celte addition, on vient à chaufTer légèrement, on constate que la coloration bleue de l'indo- phénine commence à se manifester vers 55" et devient très intense à partir de 70". » Si l'on remplace, dans celte expérience, l'isatine par l'alloxane ou l'alloxanline, C. R., i8i)5, i" Semestre. (T. C\\, N° 11.) 83 ( G3o ) la coloralion bien ver'lAtie que domieiil res prochiils avec le lliiopliène ne se montre nettement qu'un peu au-dessus de 60°, mais son inleusilé s'accroît rapidement, même sans dépasser beaucoup cette température. » A chaud, la dissolution du pioduit dans l'acide sulfurique est presque instantanée à partir de 5o°, et elle s'accompagne bien vite d'un précipité blanc de sulfate mercu- rique et d'une coloration rosée; en chauffant davantage, cette coloration disparaît et fait place à une teinte jaune brunâtre qui va en s'accentuant. » La substance se dissout intégralement, à une douce chaleur, dans un excès d'acide chlorhydrique, en dégageant du ihiophène qu'on peut recueillir par distillation. » L'hvdrogène sulfuré et les sulfures alcalins s'emparent de son mercure en libérant le thiophène. Les alcalis caustiques et l'ammoniaque sont sans action sur elle, même à chaud. » La facilité de formation de ce corps et son insolubilité le rendent précieux, non seulement pour déceler des traces de thiophène, mais encore pour doser et extraire ce dernier dans les benzènes commerciaux. » C'est ce que je me propose de développer dans une prochaine Note. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'étal amorphe des corps fondus. Note de M. C. Taxrkï. « L'étude des éthers acétiques des sucres ( ' ) m'a amené à faire quelques remarques sur l'état des corps primitivement cristallisés, que la fusion a rendus amorphes. Je deinande à l'Acadétuie la permission de les lui ex- poser. » I. Les pentacétines du glucose cristallisent en aiguilles fines et légères, comme le sulfate de quinine, tandis que les cristaux des hexacétines de la racémo-inosite et des inosites actives sont durs et assez volumineux. Or, lorsqu'on fond, dans un tube effdé, ces corps, si différents de cohésion et d'aspect, puis qu'on laisse refroidir la masse fondue, aucun d'eux ne cris- tallise : les uns et les autres se solidifient en restant amorphes. » IL Si l'on prend le point de fusion de ces acétines ainsi devenues amorphes, on le trouve considérablement inférieur à celui des corps cris- tallisés. L'acéline p du glucose fond maintenant vers 35°, alors que cris- tallisée elle fondait à 8G"; les acétines a, et y fondent vers So", au lieu de i3o° et I II"; celles des inosites actives et de la racémo-inosite vers Sa" et 60° au lieu de 96" et 1 1 1", (') Comptes rendus, t. CXX, p. 194. ( <33. ) » in. En maintenant foucliics L s acétines a et Y ;ini<^r|jhes, on voit, au bout (le quelques minutes, des cristaux apparaître dans la masse, puis peu à peu le tout cristallise. Pour les fondre de nouveau, il faut les chauffer jusqu'au point de fusion des corps cristallisés, soit x à i3o° et y à 1 1 1". A loo", cette transformation des acétines « et y amorphes en acétines cris- tallisées est plus rapide : elle se fait en quatorze à quinze secondes. Quant à celle des autres acétines amorphes dont le point de fusion s'est le plus abaissé, elle est beaucoup plus lente : leur cristallisation ne commence qu'après un séjour de sept à huit heures dans un«^ étuve chauffée à 60°. » IV. Ce passage des acétines, de l'état amorphe à t'état cristallisé, se fait avec un dégagement de chaleur très notable. On l'a constaté de la ma- nière suivante : » On met quelques grammes d'acétiue a, avec un llieimomètre sensible, dans un petit tube qu'on porte dans un bain de paraffine, cliauffé un peu au-dessus de i3o°. Quand l'acétine est bien fondue, on relire le tube, on le laisse refroidir jusqu'à 100°. et tout aussitôt on le plonge dans de l'eau bouillante. On voit alors le thermomètre descendre encore d'un ou deux degrés, puis, en moins de trois minutes, monter à 106°, où il se maintient jusqu'à ce que l'acétine soit complètement cristallisée. » C'est là une répétition exacte de l'expérience classique, qui consiste à porter dans une étuve chauffée à 98° du soufre mou au milieu duquel on a placé la boule d'un thermomètre, et dans laquelle on voit celui-ci monter en quelques instants à 1 10", pendant que le soufre redevient jaune. L'acétine et le soufre mou se sont donc comportés de la même manière, eu dégageant la quantité de chaleur de fusion qu'ils avaient retenue, d'où il résulte qu'il n'y a aucune différence entre les modifications allotropiques du corps simple et les états amorphe et cristallisé de l'acétine, et, ajoute- rai-je en généralisant, de tous les corps peut-être, qu'on peut obtenir indifféremment amorphes et cristallisés. Beaucoup de corps cristallisés passent en effet à l'état amorphe, quand, après les avoir fondus, on les refroidit brusquement. Or ces corps, ainsi devenus amor[)hes('), recristal- lisent avec dégagement de chaleur quand on les chauffe, les uns comme la mannite et la santonine, dès que le tube qui les contient touche l'eau bouil- lante, et cela si rapidement, qu'il est souvent difficile de distinguer la fusion; les autres, comme les acétines, au bout d'un temps qui peut être quelquefois très long. )) Je citerai, comme une de ces curieuses cristallisations sous rinfluencc de la clia- (, ' ) Mes expériences n'ont |)orlé (|ue sur des corps organi(|nes. ( ^'2 ) leur, celle du glucose anhydre, donl le point de fusion, qui est à i44°i tombe à 76° pour le corps fondu et amorphe. Si Ton porte quelques grammes de ce dernier dans une étuve chauffée à iod", des cristaux apparaissent déjà au bout de quatre heures et, après douze heures, la cristallisation est à peu près complète. » Ces faits sont conformes à celte relation générale, et qui rencontre peu d'exceptions, d'après laquelle, parmi les états des corps préalablement fondus, le plus stable est l'état cristallisé. » Je terminerai en rappelant que M. Berthelot avait déjà montré que l'état du chloral récemment fomlu, malgré son apparence cristallisée, n'é- tait pas le même qu'avant la fusion, sa chaleur spécifique étant alors quatre fois plus grande que la chaleur spécifique vraie, et la chaleur dégagée pen- dant la solidification n'étant que moitié de la chaleur absorbée pendant la fusion. « Cette identité d'état, ajoutait M. Berthelot, n'existe probable- » nient pas davantage pour la plupart des substances dont l'état physique » se rapproche de celui du camphre, des cires et des résines ('). » Ces vues reçoivent ainsi une grande extension, des foits qui viennent d'être exposés. )) CHIMIE ORGANIQUE. — Dérivés de l'acide a.-oxYbutYrique i^i-butanoloïque) actif. Note de MM. Pn.-A. Gcye et Ch. Jokdax, présentée par M. Friedel. « Après avoir dédoublé l'acide oxybutyrique racémique en ses deux isomères optiques (-), nous avons entrepris l'étude des principaux éthers actifs. Ceux-ci s'obtiennent aisément en dirigeant un courant de gaz chlorhydriqiie sec dans un mélange refroidi d'alcool et d'acide actif; ce dernier peut, du reste, être remplace par le sel de baryum bien pulvé- risé. » Tous ces éthers ont été purifiés par distillation fractionnée, opéra- tion qui ne les altère en aucune façon. » 1 . Pour nous assurer de leur pureté, nous avons déterminé leur réfrac- tion moléculaire et nous avons comparé la valeur de cette constante avec celle que l'on calcule a priori, au moyen des réfractions atomiques. Ce mode de contrôle, qui donne à peu près la même précision cju'une ana- (') Essai de Mécanique chimique, t. I, p. 283. (-) Gl'ye et Jordan, Comptes rendus du 11 mars 1890. ( G33 ) lyse (du moins ])oiir les corps saturés), n'exige qu'une très petite quan- tité de liquide qui peut être utilisée ultérieurement; en particulier, si le corps n'est pas assez pur, on peut, sans perte de substance, le soumettre à de nouvelles distillations fractionnées, et cela jusqu'à ce que la réfrac- tion moléculaire concorde, dans des limites données, avec la valeur théo- rique. Grâce aux appareils perfectionnés construits ces dernières années (nous nous servons du réfractomètre Pulfrich), une mesure d'indice, sui- vie d'une mesure de densité, ainsi que tous les calculs, peuvent se faire en moins d'une heure (' ). » Nous avons employé, pour la plupart des mesures polarimétriques, un petit tube de 1'^" de longueur, contenant environ o'^'', 5 de liquide. La construction du polari- mètre est assez soignée pour que les erreurs d'observation soient inférieures à o", oi, ou, au maximum, à o'',02. Dans ces conditions, les pouvoirs rotatoires sont exacts à une ou deux unités près de la première décimale, écart qui, dans bien des cas, re- présente les différences observées entre plusieurs échantillons d'un même corps actif. » Si nous insistons quelque peu sur ces diverses conditions, c'est qu'elles nous ont permis de déterminer les pouvoirs rotatoires d'un assez grand nombre de dérivés de l'acide oxjbutyrique actif, bien que nous ne disposions que d'une quantité très res- treinte de ce produit. » '2. Quelques-unes des propriétés des éthers de l'acide a.-oxybutyrique gauche sont réunies dans le Tableau I. Tous ces éthers dérivent des alcools primaires; aucun n'a été décrit jusqu'it présent; il en est de même des éthers racémiques, à l'exception du dérivé éthylique. Tableau I. Kotations Produits TemiJS Densités spécifiques d'asymétrie Oxybulyralcs d'ébullilion. à iS". [*]d- P x io'. 1. d'éthyle 169 0,978 — 1)9 Sig 2. de butyle norma! 200 0,982 — 9,7 809 3. d'isobulyle 197 0,965 —7,7 Sog k, d'amyle racémique . . . . 209 0,960 — 8,5 286 5. d'heptyle 2^5 0,928 —6,1 233 6. d'octyle aoS 0,916 —5,3 .209 » Le maximum de P correspond à l'éther propylique, avec une valeur de 33o. (') On trouve dans V Agenda du Cliimiste, édition de 1896, toutes les Tables néces- saires pour effectuer rapidement ces calculs. Nous reviendrons sur cette question dans un Mémoire plus détaillé. ( 63/, ) » On remarquera que les pouvoirs rotatoires ries éthers formés avec les alcools primaires normaux (éUiers i, 2, 5, 6) passent par une valeur maxi- ma; il en est de même dn produit d'asymétrie, dont les valeurs ont été calculées par la formule simplifiée, dans l'hypothèse des masses concen- trées aux sommets d'un tétraèdre régulier. Les deux valeurs maxima ne correspondent pas au même terme. C'est, néanmoins, une nouvelle con- firmation de l'existence d'un maximum de pouvoir rotatoire dans les séries homologues, fait dont plusieurs exemples ont déjà été donnés ('). » 3. Les éthers dérivés de l'alcool amylique actif (de pouvoir rotatoire [a.]p^ — 4'4) 6t àe l'alcool amylique racémique présentent un intérêt particulier, en ce sens que ce sont des composés à deux carbones asymé- triques. Quelques-unes de leurs propriétés sont réunies dans le Ta- bleau IL Tableau II. — Ethers amyliqiies des acides a.-oxybulyriques actifs. [a]i>. 1. Acide oxybulyrique racémique -i- alcool amylique actif -\- i ,5 2. Acide oxjbu lyrique gauche -4- alcool amylique racémique — 8,5 3. Acide oxybuU'rique gauche + alcool amylique gauche — 7,8 k. Acide oxybutyrique droit -t- alcool amylique gauche -)- 8,1 » Ces observations fournissent une nouvelle preuve en faveur des prin- cipes relatifs à la superposition des effets des carbones asymétriques dans une même molécule (-). D'après les observations faites jusqu'à présent, chuque carbone asymétrique agit sur la lumière polarisée comme s'il était seul; d'autre part, les effets des divers carbones s'ajoutent algébri- quement. De là résulte que la rotation spécifique de l'étlier (3) doit être égale à la somme algébrique des rotations spécifiques fournies par les éthers (i) et (2), soit + 1 ,5 H- ( — 8.,)) =— 7,0. Aux erreurs d'expériences près, il en est bien ainsi; on trouve en effet — 7, 3. » Quant à l'éther (4), il dérive d'un acide dextrogyre contenant encore de l'acide racémique ; l'éther isobutylique de cet acide droit est caracté- risé par un pouvoir rotatoire [a][, = -l- 3,7; on a vu plushautque l'isomère lévogyre possède un pouvoir rotatoire [%][,=:— 7,7. Abstraction faite du signe, le rapport de ces deux rotations spécifiques est de ~ = i,35. (,' ) GiJYiî et Ghava>ne, Comptes rendus, t. C\ \ i. p. 1 4")4 ; '• C\I\, p. 90G ; t. CXX, p. 452. (^) GuYE et Gautier, Comptes rendus, t. C\I\. p. 7^0 et gàS; Bull, de la Soc. (/dm.. S"" série, t. XI, p. 1178. ( ^35 ) » Si donc on faisait réagir l'acide oxybiityrique droit sur l'alcool amv- lique racémique, on obtiendrait un éther isomère de l'éther (2) ci-dessus, dont le pouvoir rotaloire serait égal à [x]i, = '^ V-"* = H- (3,3. » Il est dès lors évident qu'en ajoutant à ce nombre -+- 6,3, celui fourni par l'éther (i), on doit obtenir un nombre représentant le pouvoir rota- toirede l'éther (4), soit : + G, 3 + i,5 = + 7,8. Aux erreurs d'expériences près, il en est réellement ainsi : on trouve, en effet, + 8, r . » Nous poursuivons l'étude des dérivés obtenus par des substitutions dans la fonction alcoolique de l'acide oxybutyrique ('). » ÉCONOMIE RURALE. — La production du vin ei l'utilisation des principes fertilisants par la Vigne. Note de M. A. Mùxtz, présentée |)ar M. Dehérain. « J'ai montré ( - ) que les quantités de principes fertilisants qu'absorbent les vignes à grand rendement ne sont pas sensiblement supérieures à celles des vignes peu productives. Ce fait tient à ce que la plus grande partie de ces éléments se concentre dans les organes de végétation, bois et feuilles, tandis qu'une faible fraction seulement se retrouve dans le raisin. L'abon- dance de la vt^ndange a donc une minime influence sur l'absorption des matériaux nutritifs du sol, alors que le poids des feuilles et des sarments produits dans l'année en a une considérable. Or ce poids qui, dans les vignes saines, n'a aucun rapport avec la quantité de récolte, dépend de la nature du sol et aussi du nombre de pieds de vignes plantés dans un hec- tare, nombre variant de 4000 dans le Midi à loooo dans la Gironde, à 25 000 dans la Bourgogne, à Soooo et 60000 dans la Champagne. Les vignes grêles et serrées des régions plus septentrionales ont souvent une production de matière végétale aussi abondante que les pieds vigoureux et espacés du Midi. » Pour montrer à quel point les exigences de la Vigne sont indépen- dantes de la quantité de vendange, je citerai les résultats obtenus sur le (') Genève, laboratoire de Chimie de l'Université. (^) Comptes rendus, t. CXX, p. 5i4- ( 636 ) terroir de Verzenay (Champngne), dans deux années très différentes comme production : Vin produit AI)sorbé par hectare de Vigne. par hectare. .- — «— — ^ — ^~ __^i«i^ 1892.... 6''"'', .5 S^'^s d'azote li'^s d'acide phosphorique 4i''° de potasse 1893.... 55''''', 6 4 1''" d'azote i i''s, 5 d'acide phosphorique 5 i''s de potasse » Qiioiqu'en 1893 la récolle ait atteint presque le décuple de celle de l'année précédente, les exi^^ences de la Vigne n'ont pas été notablement plus élevées qu'en 1892; la potasse seulement est en augmentation, cet alcali entrant pour une part assez forte dans la constitution du vin. » Un développement exagéré de feuilles, qui a pour effet de provoquer l'intervention de grandes quantités d'éléments fertilisants, n'est pas d'ailleurs une condition favorable à la production du vin et souvent on le modère par des pincements et des épamprages. Il suffit qu'il v ait assez de feuilles pour l'élaboration des matériaux qui constituent le raisin; ce qui est en plus entraîne, sans compensation, ré[)uisement du sol. )) Le vin est le seul produit exporté de l'exploitation, c'est-à-dire en en- levant des matières fertilisantes; les feuilles, les sarments, les marcs font retour, au moins partiellement, au sol qui les a produits. » Mais cette exportation par la vente du vin est minime, surtout pour l'azote et pour l'acide phosphorique, sensible seulement pour la potasse, que le vin contient à l'état de bitartrate. » Voici quelques exemples pris dans des vignobles de régions très dilTérentes, en rapportant les résultats à l'hectare : .■Vzote. Guilhermain i absorbé par la Vigne -!^ Acide liosphorique. Potasse. kl? •7 ks 56 2 II 10,7 5o 0,7 2 12,5 46 0,8 4,5 (Hérault) ( exporté par ii2'>''' de vin produit.. . . 4 Ay i absorbé par la Vigne 5o , 5 (Champagne) ( exporté par Sa*"''', 7 de vin produit. . . 0,9 Chàteau-Laffite 1 absorbé par la Vigne 35,5 (Médoc) ( exporté par 26''''', 4 de vin produit. . . 1,1 » Théoriquement, le vin est donc une des récoltes les moins épuisantes, puisqu'elle n'exporte du domaine que des quantités de principes fertili- sants, si faibles qu'elles paraissent négligeables. » Mais la théorie d'une restitution en rapport avec l'exportation se trouve ici complètement en défaut et, en s'y conformant, le viticulteur s'expose- ( 637 ) rait à de £;raves mécomptes. Pour être maintenue en production, la Vigne a besoin de fumures énergiques; abandonnée aux ressources qn'elle peut tirer du sol, elle végète péniblement et ne donne que de maigres récoltes. » Les engrais jouent un rôle d'autant plus grand dans la culture de la Vigne que, d'un côté, beaucoup de vignobles, et parmi les plus réputés, sont établis dans des sols d'une pauvreté extrême et que, de l'autre, les pieds américains servant de porte-greffes se montrent beaucoup plus exi- geants que la Vigne française. Les vignobles ne peuvent donc pas se passer de fumures, sauf ceux qui sont établis dans des terres très fertiles, dans des alluvions profondes. Aussi, malgré l'influence fâcheuse qu'on attribue aux engrais sur la qualité du vin, les Vignes sont-elles, en général, fumées abondamment. » J'ai fait voir ( ' ) que la production d'un hectolitre de vin, dans les ré- gions qui donnent plus de qualité que de rendement, met en jeu de bien plus grandes quantités de principes fertilisants que celle d'un hectolitre de vin ordinaire du Midi. Cette constatation est la conséquence de ce qui a été exposé précédemment, et tient surtout aux différences dans les quan- tités de récolte; mais elle tient aussi en partie à la composition des vins eux-mêmes. J'ai, en effet, constaté que les vins plus appréciés des ré- gions de l'ouest et de l'est sont, indépendamment de la quantité de ma- tières fixes, plus riches en azote et en acide phosphorique que les vins communs et à grande production du Midi. Cette observation me paraît établir, au point de vue chimique, la première distinction entre les vins fins et les vins ordinaires. • » Voici quelques résultats qui indiquent ces clifTérences; ils ont été obtenus avec des vins soutirés et limpides, par suite tout à fait comparables : Acide Azote. phosphorique. Potasse. f „ S"- ^ Er Vins rouges du Midi, moyenne par litre.. . . 0,278 0,200 I , i5o » de la Bourgogne, » . 0,768 0 ,369 1,180 » du Médoc, B . o,3Si 0,333 1,646 » de Saint-Emilion, )) . 0,435 0,320 1,670 Vins blancs du Midi, » • 0,129 0, i57 0,847 » de la Bourgogne, » . 0,509 0,186 0,677 )) de Sauternes, » . 0,265 0,347 0,890 » de la Champagne, )) . 0,233 0,168 0,612 (') Comptis rendus, t. C\X, p. 5i5. G. R.,i8g5, I" Semestre. (T. C\\, N« 11.) "4 ( 638 ) )) La qualité supérieure coïncide donc avec une plus grande teneur en matières azotées et en phosphates ; celle-ci n'est peut-être pas sans influence sur quelques-unes des propriétés organoleptiques qui établissent de si grandes différences de prix entre les vins. » ÉCONOMIE RURALE. — Sur la décortication des blés. Note de M. Balland. « Les premiers essais de décortication des blés sont anciens. Dans une suite de recherches présentées à l'Académie, il y a quarante ans, Millon exposait les avantages que l'on peut retirer du nettoyage du blé par voie humide; il indiquait les meilleures conditions dans lesquelles on doit se placer pour pratiquer le lavage et l'essorage, et faisait connaître les appareils qu'il a imaginés à cet effet. Le lavage des blés est entré depuis dans les habitudes de la meunerie, et les laveuses perfectionnées, em- ployées aujourd'hui au nettoyage des blés reposent encore sur les données scientifiques établies par Millon. L'ingénieux chimiste, avec l'ampleur de vue qui lui était coutumière, a fait entrevoir aussi l'importance de la décor- tication et les conséquences économiques qui doivent en résulter ('). Tou- tefois, il n'obtenait qu'une décortication partielle en portant le grain lavé aux meules avant qu'il eût repris toute sa siccité : l'enveloppe extérieure du blé se détachait alors en feuillets « d'une légèreté incroyable, et d'une » composition chimique tout à fait différente de celle qui appartient aux » sons ordinaires », avec lesquels, d'ailleurs, elle restait mélangée. » La substitution des cylindres aux meules a favorisé plus tard la décor- tication, en facilitant, dans les blés après mouillage, la séparation de l'en- veloppe extérieure; mais ces enveloppes n'étaient toujours pas rejetées de la farine et du son et, en définitive, le problème de la décortication n'avan- çait guère. Depuis peu, il viendrait d'entrer, en Allemagne, dans une voie nouvelle. La décortication se pratiquerait en grand, en faisant passer suc- (') Des phénomènes qui se produisent au contact de l'eau et du blé et de leurs conséquences industrielles (Comptes rendus, t. XXXVIII, p. 3i4). Influence du lavage des blés sur les qualités du son. de la farine et du pain Comptes rendus, t. XXXVIII, p. 345). Mémoire sur la décortication du blé {Comptes rendus, t. XL, p. 678). Voir surtout : J. Reiset, E. Millon, sa vie. ses tracauj: de Chimie et ses études économiques et agricoles sur l'Algérie. Paris, 1870. ( 639 ) cessivement dans une laveuse, un décortiqueur et un aspirateur, les grains préalablement bien criblés ; ceux-ci sortiraient des appareils entièrement secs et débarrassés du péricarpe, avec une perte d'environ 4 pour loo. D'après M. Steinmetz, de i>eipzig-Gohlis, le promoteur de ce nouveau sys- tème de décortication, le blé ainsi traité peut être entièrement transformé en farine panifiable. » J'ai entre les mains, ayant passé par les appareils de M. Steinmetz, les résidus du décortiquage, le blé décortiqué et la farine entière obtenue avec ce même blé. » Les produits du décortiquage sont constitués par des lamelles souples, très minces, souvent assez étendues, ajant la couleur du blé et absolument dépouillée d'amidon. » Le blé présente une teinte plus pâle que celle du blé ordinaire; le péricarpe com- prenant l'épicarpe, le mésocarpe et l'endocarpe est absent, sauf dans le sillon du grain qui est resté à peu près intact avec une partie des poussières qu'on y trouve habituel- lement. C'est plutôt un blé mondé que décortiqué. Les bords du péricarpe laissé dans le sillon vont en s'aniincissant de l'intérieur à l'extérieur, comme s'ils avaient été usés par suite d'un léger frottement des grains mouillés les uns contre les autres. » La farine est fortement piquée et présente les caractères des farines blutées à 90; mais le microscope n'y décèle plus, comme dans celles-ci, la présence des poils du blé. Elle a, comme on le voit par les analyses suivantes, la môme composition que le blé d'origine décortiqué : Produits Blé Farine du décorticage décortiqué entière pour 100. pour lOO. pour lou. Eau 9 180 i4,oo i5,4o Matières azotées 3,69 10, i3 10, i3 » grasses o,4o i,65 1,70 Cellulose résistante 21,20 o,84 0,82 Cendres '. 1,90 i,3o 1,10 » Les produits du décorticage laissent des cendres siliceuses et infusibles, tandis que celui du blé et de la farine sont riches en phosphates fusibles; la matière grasse, extraite par l'éther, est comme résineuse et sans odeur, celle du blé et des farines étant, au contraire, huileuse et aromatique; le poids de la cellulose provenant du traitement par l'acide chlorhydrique et la potasse dilués est exactement celui que Poggiale a trouvé dans les sons ayant traversé successivement les organes digestifs de deux chiens et d'une poule {Comptes rendus, t. XXXVII, p. 178) : c'est, d'autre part, approximativement la composition que M. Aimé Girard assigne au péricarpe du blé, qu'il évalue à 4i45 pour 100 du poids des grains et qu'il a reconnu absolument im- propre à l'alimentation (Comptes rendus, t. XCIX, p. 17). Si l'on s'en tient à ces données, les procédés de décortication de M. Steinmetz auraient donc pour effet de débarrasser les blés et les farines de 3 à 4 pour 100 de produits inertes, qui viennent entraver la digestion et grossir démesurément les matières excrémenlitielles des per- sonnes qui ne se nourrissent que de pains faits avec des farines peu blutées ou avec ( 64o ) des farines de tout grain, comme le pain dil de Graham, aujourd'hui vanté par plu- sieurs médecins. » II convient d'observer que le blé que j'ai examiné est un blé rond, présentant un sillon relativement mince et peu accusé, par conséquent plus favorable à la décortica- lion que des grains longs à sillon épais et profond; il ne faudrait pas cependant atta- cher trop d'importance à cette remarque, car, d'après Millon, le son fourni par ce repli diffère du son de la superficie : il est plus blanc, plus souple et. nuit moins à la farine. » J'ai constaté aussi que l'acidité du blé n'atteint que oS^oSS pour loo, alors que celle de la farine s'élève à oS"', ogS pour loo. Si l'acidité du blé mondé ne s'écarte pas trop de l'acidité des blés ordinaires, ce qui prouve que les téguments situés au-dessous du péricarpe n'ont pas été atteints, on voit qu'il n'en est plus de même pour la farine : les altérations ont commencé dès que ces téguments (testa, endoplèvre et tégument séminal) riches en matières fermentifères ont été lacérés et mis à nu par la mouture. C'est un genre de farines absolument impropres à la conservation et qui gagnent à être consommées de suite. Le pain bis qu'elles fournissent est ainsi plus odorant, plus savoureux et moins noir. M J'ai remarqué autrefois que les macérations de son, abandonnées à la fermentation spontanée à une température de 20° à 25", prennent une coloration noire lorsque l'acidité s'est très développée, et j'avais cru pou- voir rattacher la couleur du pain bis à l'action des ferments naturels du blé sur les principes immédiats du son [matière colorante, cellulosique, tannique (?), huile essentielle, etc.]. » D'autre part, il a été établi depuis que les pains travaillés sur levure ont toujours une acidité inférieure à celle des pains travaillés sur levains {Comptes rendus, t. CXVII, p. 797). H semble dès lors que la teinte des pains bis pourrait être atténuée, en renonçant aux levains et en ne faisant usage que de levures très actives pour porter la pâte, dans le moins de temps possible, au degré de fermentation voulu pour la mise au four. C'est ce qu'obtenait partiellement Mège-Mouriès, en employant exclusivement, à la confection des levains, des farines de première qualité, auxquelles il mêlait ensuite les gruaux blancs et, en dernier lieu seulement, les gruaux bis {Comptes rendus, t. LIV, p. 447)- Ces sages conseils n'ont pas prévalu dans la pratique, et il devait en être ainsi, si l'on songe que la conduite des levains, l'opération la plus délicate de la boulangerie, est générale- ment confiée à des personnes qui en méconnaissent la portée, et qu'en France on s'est préoccupé, avant tout, d'affmer les farines pour avoir dû pain blanc. » ( 64i ) PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la part respective que prennent les actions purement physiques et les actions physiologiques, au dégagement d'acide carbonique par les muscles isolés du corps. Note de M. J. Tissot, présentée par M. Chauveau. « Dans une Note précédente, j'ai démontré que la quantité totale d'acide carbonique dégagée par un muscle isolé du corps n'a aucun rapport avec les phénomènes d'activité vitale dont ce muscle est le siège. J'ai 'à faire voir maintenant que cet acide carbonique provient de deux sources : » i" D'un phénomène purement physique : dégagement de l'acide car- bonique préformé et contenu dans le muscle à l'état de dissolution ou de combinaison très instable; » 2° D'un phénomène physiologique : production d'acide carbonique sous l'influence de l'activité vitale du muscle. » La première proposition est établie par les faits suivants : » A. Le muscle mort, comme par exemple le muscle tué par la chaleur, dé- gage encore de l'acide carbonique. » Expérience. — Une patte de grenouille débarrassée de sa peau est plongée dans de l'eau à une température déterminée et pendant un temps suffisant pour tuer les muscles. On retire ensuite la palle et ou l'introduit dans un tube placé sur le mercure et contenant un volume d'air connu. On ly laisse une heure et demie; puis on la re- lire et on analyse le gaz. On voit alors que celte patte n'a pas absorbé d'oxygène, mais a dégagé de l'acide carbonique. Voici un Tableau qui renseigne sur les quantités de ce gaz dégagées par une patte de grenouille soumise à différentes températures et pendant le même temps. Deux expériences ont été faites en remplaçant l'air par de l'azote, afin de montrer que le phénomène se produit aussi bien en l'absence dVxy- gène : Expériences I. Nature du gaz dans lequel la palle a été mise. Air Température à laquelle la patte a été soumise. So" Durée de l'action de la température t5™ Quantité d'acide carbonique dégagée o'^'^, 33 » Ces chiffres montrent bien que le muscle tué par la chaleur produit, en effet, de l'acide carbonique, mais qu'il en dégage d'autant moins que la température, à laquelle on l'a préalablement soumis, a été plus élevée. » La durée du chauffage exerce une influence analogue à celle de son intensité. En effet, dans les expériences faites pour étudier cette influence, j'ai toujours constaté que la quantité d'acide carbonique se montre d'au- II. m. IV. Azote Air Azote 53° 70° 90» i5™ iS-" iS™ 0'=%20 0='', i5 0™, 096 ( 642 ) tant plus faible que l'action de la chaleur a été plus prolongée. D'après ces résultats, le muscle dégagerait d'autant moins d'acide carbonique qu'on en a, au préalable, chassé davantage par la chaleur. Cette interprétation appelle une démonstration directe. L'expérience suivante ajoute ses en- seignements à ceux qu'on trouve déjà dans quelques-unes de mes expé- riences antérieures. » B. La quantité d'acide carbonique dégagée par un muscle isolé du corps est d'autant plus grande qu'on le soumet pendant le dégagement à une tem- pérature plus élevée. » Expériences. — 6 pattes de grenouille de même taille sont mises dans 6 cloches, placées sur le mercure et contenant des volumes égaux d'air ou d'azote. On les porte dans des étuves à des températures différentes; au bout d'une heure et demie, on ana- lyse les gaz. Voici les résultats d'une expérience faite sur 6 pattes de grenouille pla- cées dans l'azote ; Acide carbonique Température. dégagée. 0 ce 17. o, i5o 28 0,218 36 o , 3 J o 5o 0,567 62 o,656 70 0,694 » C. Un muscle encore vivant, isolé du corps , dégage d' autant plus d'acide carbonique qu'il en contient une plus grande quantité préformée dans son intérieur. » Expérience. — Pour démontrer ce fait, je sépare les deux pattes d'une Gre- nouille au niveau du pubis en les laissant recouvertes de leur peau. Je tétanise l'une jusqu'à épuisement pendant quinze à vingt minutes; l'autre reste au repos. Au bout de ce temps, j'enlève la peau des deux pattes et je les fais passer dans deux cloches contenant deux volumes sensiblement égaux et connus d'air. Au bout d'une heure et demie, j'analyse les gaz. Voici les résultats obtenus dans trois expériences : Oxygène Acide carbonique absorbé. dégagé, ce r. , . , ( Patte normale 0,221 ' o,255 Jixpenence 1- { „ . , { n fatiguée 0,200 0,42/t Expérience IL Expérience III. » Ainsi dans chaque expérience, la quantité d'oxygène absorbée est normale 0,222 o,3o3 » fatiguée 0,194 o,4oi » normale 0,220 0,269 » fatiguée 0,1 83 0,357 ( 643 ) plus faible dans la patte tétanisée, ce qui est bien en rapport avec la dimi- nution de l'excitabilité dans ce membre. Au contraire, la quantité d'acide carbonique dégagé a augmenté d'une manière considérable. Ce résultat est facile à comprendre, si l'on considère que cette patte avait été téta- nisée et que l'acide carbonique produit pendant le travail s'était accumulé dans les muscles. Il y avait donc une plus grande quantité d'acide carbo- nique préformée dans ce muscle que dans l'autre. » En résumé, les résultats de ces diverses expériences montrent que le muscle mort dégage de l'acide carbonique et que certaines conditions (chaleur, accumulation de gaz) exercent sur ce dégagement la même action que dans le cas d'une simple solution d'acide carbonique. On est donc bien là en présence d'un phénomène d'ordre purement physique. » Quant à la seconde proposition énoncée au commencement de cette Note, c'est-à-dire la participation de l'activité physiologique du muscle à la production de l'acide carbonique, elle est établie par le fait suivant : » D. Un muscle placé dans l'air dégage plus d'acide carbonique qu'un muscle identique (^le muscle similaire du même animal) placé dans un gaz inerte et privé complètement d'oxygène. » Expérience. — Voici les résultats de plusieurs expériences faites sur les deux pattes d'une même grenouille placées pendant le même temps (une heure et demie) l'une dans l'air, l'autre dans l'hydrogène. Acide carbonique dégagé dans l'air. dans l'hydrogène. Expérience 1 o, 182 o, i i3 » II o, 180 o, 187 » III o,3o2 0,208 » IV 0,210 o, 149 » On peut donc conclure de ces expériences : » 1° Qu'une partie de l'acide carbonique dégagé par un muscle placé dans l'air est due à l'oxygène absorbé; M 2." Que c'est là un phénomène vital, un véritable phénomène de respi- ration. Ce phénomène de respiration sera analysé en détail dans ime Communication ultérieure. )) Pour le moment, les faits qui viennent d'être exposés suffisent à justifier mes propositions sur la double origine de l'acide carbonique exhalé par le muscle isolé du corps : dégagement purement physique de gaz pré- formé et formation active due à l'exercice des propriétés physiologiques survivantes du muscle ('). » (') Travail du laboratoire de M. A. Chauveau, au Muséum. ( 644 ) MÉDECINE. — Action thérapeutique des courants à haute fréquence (auto- conduction de M. d'Arsonval). Note de MM. Apostoli et Berlioz, pré- sentée par M. d'Arsonval. « Nous venons, depuis un an, de rechercher sur un grand nombre de nos malades l'action des courants alternatifs à haute fréquence, prenant naissance dans le. corps humain par induction, en nous proposant de donner la démonstration clinique des découvertes physiologiques de M. d'Arsonval sur ce sujet. » Les applications localisées de ces mêmes courants en dermatologie ont été déjà faites par le D'' Oudin, mais leur influence sur Tétat général, dans les manifestations pathologiques les plus diverses, restait tout entière à démontrer. )) Nous avons procédé, dans ce but, d'une façon empirique en appliquant presque uniformément un même traitement, consistant dans l'immersion du sujet dans le grand solénoïde de M. d'Arsonval, pendant une durée moyenne de i5 à 20 minutes chaque fois et autant que possible tous les jours. Nous avons pris soin d'éliminer strictement toute influence parallèle, soit d'un régime spécial, soit d'une médication additionnelle, en ne sou- mettant nos malades qu'à cet unique traitement. » Du 20 janvier 1894 au mois de mars 1890, 70 malades (dont 34 du cabinet et 4i de la clinique de l'un de nous) ont été ainsi soignés et, parallèlement, 267 examens des urines ont été soigneusement faits par M. Berlioz. » Le total des séances appliquées à tous ces malades a été de 2446- » Voici les réponses cliniques, soit positives, soit négatives, qui ont été fidèlement enregistrées. » a. liésultats négatifs. — Certaines hystériques et plusieurs névralgies localisées, telles entre autres qu'une névralgie type du radial, se sont montrées absolument réfrac- taires et n'ont retiré aucun bénéfice de ce traitement. » L'examen des urines de ces mêmes malades, fait un certain nombre de fois pen- dant le cours de ces applications, a montré, d'autre part, qu'il n'y avait pas ici de changement appréciable dans la composition de l'urine, avant et après le traitement. » b. Résultats positifs. — La plupart des malades qui ont bénéficié très nettement de ces soins sont des ralentis de la nutrition : arthritiques, goutteux, rhumatisants, glycosuricjues, etc. » Chez presque toutes, une amélioration très marquée a été acquise : mais celles qui en ont éprouvé le plus grand bienfait sont surtout des arthritiques présentant des phénomènes, soit articulaires, soit névralgiques. » Dés les premières séances, avant même toute influence locale apparente ou toute ( 645 ) action sur la sécrétion urinaire, c'est l'état général qui a été tout d'abord heureuse- ment influencé, et voici le schéma d'ensemble de l'amélioration syraptomatique telle que nous l'avons notée au jour le jour, en faisant abstraction des nuances qu'ont pu comporter chaque cas particulier : » Restauration des forces; » Réveil de l'appétit; » Retour du sommeil ; » Réapparition de la gaieté, de l'énergie au travail ; » Sédation de certains malaises nerveux; )) Marche plus aisée, faciès meilleur, etc. » Ultérieurement, les troubles locaux, douloureux ou trophiques, se sont progres- sivement amendés; ainsi, une malade qui s'était vue réduite à une impotence presque complète par une arthrite coxo-fémorale a repris le fonctionnement régulier de ses jambes. Une autre que des douleurs vives empêchaient de fermer la main a complète- ment récupéré ses mouvements, etc. » Parallèlement à celte amélioration symptomatique, l'examen de la sécrétion uri- naire a démontré que la diurèse devenait plus satisfaisante et que les déchets orga- niques étaient plus facilement éliminés. Les combustions étaient augmentées et on en avait la preuve par la diminution du chilTre de l'acide urique, en même temps que le taux de l'urée devenait plus élevé. Le rapport entre ces deux substances qui, avant tout traitement, était très fort, diminuait peu à peu, au point de se rapprocher du rapport moyen de yj. » L'élimination des éléments minéraux était elle-même influencée, mais d'une ma- nière moins évidente. » Nous rappellerons également, tout en nous réservant de compléter nos premiers résultats sur d'autres malades du même genre, que, chez i/'ow diabétiques, la quantité de sucre a diminué considérablement, au point même de disparaître, après un certain nombre de séances, sans autre traitement additionnel. » En résumé, les faits nombreux que nous avons observés depuis un an nous permettent d'apporter, dès aujourd'hui, une confirmation clinique nouvelle aux découvertes physiologiques de M. d'Arsonval sur l'action des courants alternatifs à haute fréquence, prenant naissance, par induc- tion, dans les tissus. » Ces courants ont une influence puissante sur l'activité nutritive et, à ce titre, ils constituent une médication de premier ordre dans un grand nombre de troubles fonctionnels, provoqués par un ralentissement ou une perversion de la nutrition. » C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N" 11.) ^3 ( <346 ) PHYSIOLOGIE. — Application nouvelle de la méthode graphique à la musique. Note de MM. A. Binet et J. Courtier, présentée par M. Marey. « Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie un appareil auquel nous donnons le nom de critérium musical. M Cet appareil est destiné à l'étude et à la vérification du toucher au piano. Il repose sur une application de la méthode graphique, et consiste dans l'enregistrement, au moyen de tubes à air, des actes mécaniques exé- cutés par les doigts du pianiste sur les touches. » Il se compose de deux parties : i" Un tube de caoutchouc placé trans- versalement sous toutes les touches blanches et noires du piano; les deux extrémités de ce tube sont réunies à un seul tambour enregistreur. Le style de ce tambour inscrit les courbes obtenues par la pression des touches. » L'avantage qu'offre cet appareil consiste surtout en ce qu'il se compose d'un organe unique (le tube de caoutchouc et le tambour avec lequel ce tube fait corps). Les erreurs provenant nécessairement des différences de sensibilité et de réglage d'une série d'appareils à air, disposés sous les di- verses parties du clavier, sont ainsi évitées. » Le tube de caoutchouc est collé sur une bande de carton qui est elle- même fixée sur une latte en bois; celle-ci vient affleurer en arrière du pla- teaudupiano, et l'on peut, au moyen d'une simple vis accessible en dehors du piano, élever ou abaisser le tube, suivant que l'on désire ou non enre- gistrer le toucher; la hauteur du support du tube et le diamètre de celui-ci ont été calculés de manière à ménager l'écrasement du tube et la dureté des touches; pour égaliser l'effet de pression des touches blanches et noires, qui correspondent à des bras de levier de longueur différente, on a pratiqué, dans le carton-support, des orifices correspondant aux touches noires, de manière à augmenter la course de celles-ci. » 2° L'appareil enregistreur se compose d'un mouvement d'horlogerie qui actionne deux rouleaux entre lesquels passe à frottement une bande de papier qui se déroule d'une bobine. Le fastidieux noircissage de la bande est évité par une plume à encre, d'un modèle nouveau, composée d'un réservoir ù encre en amadou, qui cède lentement sa provision, par capillarité, à un léger style de bois poreux. L'ensemble de l'appareil est de dimensions réduites, enfermé dans une boîte rigide en cuivre, dont les di- mensions sont à peu près celles d'un volume in-octavo (20*^"* x 1 5"" x 6'''") ; ( 647 ) il est facilement transportable et peut être placé sur le piano, de sorte que le pianiste lit son tracé pendant qu'il joue. » Des expériences de vérification ont prouvé que le fonctionnenaent de ce système donnait, d'un bout à l'autre de la série des touches, des résul- tats comparables et constants. » Nous pensons que cet appareil pourra rendre des services, à trois points de vue principaux : » Utilité pédagogique. — Les tracés renseignent d'une manière très dé- licate sur le jeu du pianiste, quant à la durée des notes, à la rapidité de l'attaque, à l'égalisation des doigts, aux passages de pouce, au lié et au détaché, au crescendo et au decrescendo, aux trilles, en un mot à tout ce qui concerne la rectitude de l'exécution et l'expression musicale. » Les personnes qui veulent connaître, dans le détail, les qualités ou imperfections de leur jeu, ont, à l'aide des tracés inscrits par cet appareil, une vérification objective et durable, qui contrôle les appréciations de l'oreille, toujours fugitives et sujettes à erreur. C'est ce qu'ont reconnu spontanément un certain nombre d'artistes, qui ont joué avec l'appareil. Les imperfections du jeu se montrent spécialement dans les mouvements de grande vitesse, et nous pouvons affirmer déjà, d'après nos tracés, qu'il n'existe point, chez les artistes, de mécanisme impeccable. » Utilité psychologique. — Nous avons eu surtout pour but de faire un appareil utile aux laboratoires de Psychologie et servant à l'étude des mouvements volontaires, du sens du temps, du sens du rythme, etc. Les ré- sultats de nos recherches paraîtront dans un Mémoire spécial. Nous en extrayons simplement, à titre de curiosité, l'observation suivante : que certains virtuoses arrivent à allonger volontairement d'un centième de seconde un intervalle de dix centièmes de seconde. )) Utilité artistique. — Il nous semble, vu l'insuffisance de la notation musicale ordinaire, que notre appareil peut servir aux artistes qui veulent exprimer avec précision comment un morceau doit être exécuté, au point de vue de la force, de la vitesse et de toutes les nuances du jeu. » ANATOMIE VÉGÉTALE. — Recherches histologiques sur le développement des Mucorinées. Note de M. Maurice Léger. « J'ai déjà eu l'honneur de présenter à l'Académie, en collaboration avec M. Dangeard ('), deux Notes sur la structure des Mucorinées et sur (') P. -A. Dangeabd et Maurice Léger, i° Recherches sur la structure des Muco- ( 648 ) leur reproduction sexuelle. Nous y indiquions comme certaine l'existence de nombreux noyaux dans toutes les parties de ces plantes; mais, sauf pour la zygospore, que nous avons étudiée à un grand nombre d'états, - nous n'avions pu préciser les modifications que subissent le protoplasma et les noyaux dans les organes de ces Champignons, aux diverses époques de leur développement. )) J'ai continué ces recherches pour mon propre compte, et elles ont porté sur plusieurs espèces de chacun des genres suivants : Pilobolas, Mu- cor, Sporodinia, Rhizopus , Chœtocladium , Mortierella, Piptocephalis. Dans tous les genres que je viens d'énumérer, j'ai trouvé une structure iden- tique, qui varie suivant l'âge de l'individu; l'homogénéité des résultats obtenus m'a permis d'arriver aux conclusions générales suivantes : » Chez tout individu jeune, le thalle et les organes de reproduction en voie de croissance sont absolument remplis par un protoplasma très dense, qui occupe tout le mycélium et les tubes sporangifères sans solution de continuité : les coupes transversales montrent invariablement, dans les tubes mycéliens ou sporangifères d'une jeune Mucorinée, le protoplasma serré au milieu duquel se détachent les noyaux dont le nucléole se colore surtout avec beaucoup d'intensité sous l'action de certains réactifs. » Dans les quelques documents épars que possède la littérature sur l'or- ganisation intime des Mucorinées, je lis (') que le protoplasma se présente sous forme de traînées pariétales : ce fait n'est vrai que lorsque la plante est plus âgée. En effet, dès que les spores sont formées et que, par consé- quent, la columelle a fait son apparition, l'arrivée du protoplasma dans le sporange n'a plus sa raison d'être : il commence à se modifier, se transforme en huile et devient trabéculaire. Plus tard, il n'y a plus le long des tubes que de minces traînées protoplasmiques, destinées elles-mêmes à dispa- raître. » Les noyaux subissent, pendant cette période, une modification inté- ressante : dans les filaments jeunes, ils se montrent avec un beau nucléole sphérique, entouré d'un cytoplasme généralement incolore et d'une fine membrane. Cette forme est tout à fait générale, et persiste dans la forma- tion des spores : mais, dans les filaments et les columelles, les noyaux qui rinées {Comptes rendus, 19 février 1894); 2" La reproduction sexuelle des Muco- rinées {Ibid., 5 mars 1894)- (') ScBMiTZ, Untersucliungen iiber die Zellkerne der Thallophyten {Verhand- lungen des Naturhistorischen Vereins der preussisc/ien Rheinlaiide und West/ah- lens; 1887). ( 649 ) restent clans les traînées protoplasmiques perdent leur membrane et finis- sent par être réduits à leur seul nucléole, qui subsiste comme un simple ornement de la paroi interne, alors même que toute trace de protoplasme a complètement disparu. J'ai observé partout, avec la plus grande netteté, ce phénomène très particulier aux Mucorinées. » Le développement des chlamydospores se rapproche beaucoup de celui des sporangiospores. Chez le Mucor raceinosus, par exemple, où ces organes sont très nombreux, on voit, le long des filaments jeunes, se former de petits amas protoplasmiques contenant de 7 à 23 noyaux : quand la chlamydospore est définitivement isolée, par des cloisons, du reste du filament, ses parois s'épaississent, le protoplasme se transforme peu à peu en huile, et les noyaux, de plus en plus difficiles à trouver, deviennent, au stade définitif, invisibles dans les fines travées protoplasmiques. M. Dan- geard et moi avons déjà montré cette structure dans la zygospore. La sporangiospore est soumise aux mêmes règles générales de développe- ment : dans toutes espèces qne j'ai étudiées, elle est à l'état jeune, pluri- nucléée('), mais elle subit ensuite toutes les modifications que je viens d'indiquer pour les autres organes. » En résumé, tous les organes des Mucorinées présentent entre eux une analogie frappante dans leur structure et dans leur développement. » GÉOLOGIE. — Sur la géologie de l'Ossola [Alpes Lépontines). Note de M. S. Travers©, présentée par M. Daubrée. « J'ai rhonneur de faire hommage à l'Académie d'une description géo- logique de rOssola que je viens d'étuditr. Cette partie des Alpes Lépon- tines est presque complètement constituée par le terrain primitif; au nord, elle renferme un étroit lambeau des terrains secondaires de la vallée du Rhône, plié en synclinal. » A la base, des gneiss gramililiques et grenatifèies forment une calotte à laquelle est superposé le gneiss granitoïde d'Antigorio (gneiss central de Gastaldi), riche en microcline, quartz, plagioclases et biotite verdie ; ils présentent assez fréquemment la structure verniiculée entre le quartz et les feldspalhs. Une couche de calcschiste (') Schmilz {loc. cit.) prétend que chez les M. racemosus, les spores présentent un seul noyau, exceptionnellemenl deux. Je dois dire que, dans cette espèce, j'en ai toujours trouvé de quatre à liuit, jamais un seul, rarement deux ou trois. ( 65o ) micacé, d'épaisseur variable, marque le passage à la partie supérieure du terrain cristallophyllien, constituée par un gneiss scliistoïde, souvent tourmalinifère, avec des micaschistes gneissiques, des schistes calcifères et des phyllades; un gneiss à biotite et enfin des schistes amphiboliques et chloriteux (lac Majeur et Simplon). Dans les gneiss et surtout aux passages d'une variété à l'autre, se trouvent très fréquemment des bancs de calcaire cristallin, de cipolin, de calciphyre. Les gneiss et les micaschistes ofTrent des phénomènes de contact très caractéristiques près des diorites, des gabbros, des granités. Les schistes du lac Majeur et du Simplon recou- vrent, quelquefois en discordance, les gneiss; ils se transforment en phyllades à séri- cite au contact des filons de porphyrite et du granité. » Les roches éruptives pyroxénlques, amphiboliques et péridotiques, à texture granitoïde ou schistoïde, se trouvent en filons ou en amas au niveau des gneiss supé- rieurs, tandis qu'elles manquent au niveau du gneiss granitoïde et à celui des schistes micacés du lac Majeur. On a des gabbros, des diabases, des diorites, des kersanlites, des amphibolites, toujours associés à des Iherzolites et à des serpentines; et l'on remarque des passages insensibles de l'une à l'autre de ces roches. Les variétés schistoïdes sont dues au djnamométamorphisme. Les amphibolites ( à actinolite et albite, avec pjroxène, épidote, sphène, calcite et quartz) et la serpentine (avec oli- vine, pyroxène, amphibole) représentent les dernières phases épigéniques de la transformation du gabbro et de la Iherzolite. Parmi les roches métamorphiques à structure massive, je dois encore signaler des éclogites. des grenatites à amphibole et des leplynites. » Les roches granitiques sont représentées par le granité typique à biotile du lac Majeur; par des granulites (aplites) à tourmaline noire, béryl, sphène, columbite, en dykes minces et en amas lenticulaires dans les gneiss, dans les amphibolites, dans le granité; par des microgranites en filons dans le gneiss schistoïde. J'ai toujours observé au voisinage de ces roches des phénomènes de contact, avec production de minéraux caractéristiques, parmi lesquels les plus fréquents sont le sjshène, la tourmaline jaune et la séricile. ,J'ai aussi rencontré des fragments de gneiss et d'amphibolite renfermés dans la granulite. La roche éruptive la plus récente de la région est une porphyrite diabasique très altérée, qui se trouve eu filons dans les gneiss, dans les schistes du lac Majeur et dans le granité. « Au groupe paléozoïque des vallées du Rhône etdeFormazza, comprenant quartzite avec gypse, rauchwacke, calcaire, schistes calcifères, schistes noduleux, sont super- posés des couches du trias et des schistes argileux à bélemnites du lias. Le quaternaire est représenté par des alluvions préglaciaires, par des moraines, par la formation lacustre fossilifère de Valle-Vigezzo, et par des alluvions récentes. » La stratigraphie de l'Ossola est, d'aprè.s moi, simple et en parfait accord avec celle du Grand-Paradis. Les gneiss inférieurs (granulitique, grena- tifère, granitoïde) forment une voûte centrale pliée en calotte, entourée et en partie recouverte par les gneiss schistoïdes et les micaschistes supé- rieurs, qui présentent de chaque côté de l'anticlinal central un système compliqué de plis .secondaires. A l'ouest (vallée du Rhône) les roches ( 65i ) schistoïdes et les calcaires triasiques recouvrent, avec un synclinal double, les micaschistes du Simplon. La calotte centrale, allongée du nord-est au sud-ouest, est resserrée par les plis secondaires qui se rapprochent en moulant le massif d'Antigorio, et descendent ainsi au mont Rose. Au nord du massif, les plis sont plus élevés et plus ouverts, et l'on voit paraître, au centre des anticlinaux, le gneiss granitoïde qui constitue la région de Valle-Maggia. Au mont Rose, en correspondance des deux massifs grani- tiques du mont Blanc et du lac Majeur, les axes des plis présentent une sinuosité; prenant ensuite la direction nord-sud, ils descendent mouler l'ellipsoïde central du Grand-Paradis. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur une application de la Photographie à l'océano- graphie. Note de M. J. Thoulet. « On sait qu'il existe près des côtes certains bancs de sable, découvrant à marée basse, dont la position et les contours varient fréquemment, après des tempêtes ou des coups de vent, et dont le levé est rendu à peu près impossible, parce que, si l'on procède par la méthode lente des sondages, à peine a-t-on achevé l'étude, même quelquefois d'une portion de leur étendue, qu'ils subissent un bouleversement qui rend inutile toute la peine que l'on s'est donnée. Cependant, comme ces bancs sont très dangereux pour la navigation, il serait intéressant, outre l'utilité scientifique, de posséder leur plan exact à des époques et dans des conditions détermi- nées. Les bancs de l'entrée du bassin d'Arcachon sont un exemple de ces formations géologiques particulières. Or, on peut arriver au résultat désiré avec sûreté et promptitude, en se servant de la Photographie. Il suffit, en effet, d'une opération sur le terrain, ne se prolongeant pas au delà de la durée d'une seule marée. » La méthode est également applicable au levé de côtes ou de lacs, dans tous les cas où l'on est en présence d'un contour résultant de la rencontre d'un terrain solide avec une nappe d'eau horizontale. Elle s'applique à terre ou à bord d'un navire, même en mouvement, et n'exige qu'une observation unique, sans la mesure d'aucune base, ni l'obligation d'occuper aucune po- sition déterminée. » L'instrument nécessaire est un appareil photographique quelconque, muni d'un bon objectif, de distance focale connue et susceptible d'être installé parfaitement ho- rizontal, soit à l'aide d'un niveau à bulle d'air, à la façon ordinaire, quand on opère ( 652 ) sur terre, soit au moyen d'une suspension à la Cardan, par exemple, dans le cas où l'on serait sur un navire. En installant deux crins se croisant diagonalement dans l'ouverture de l'appareil photographique où s'introduit le châssis portant la plaque sensible, on obtient sur le cliché l'image de deux traits noirs, dont l'intersection donne le point principal. La seule précaution à prendre est de photographier, en même temps que le banc de sable, une mire ou tout autre objet, de hauteur connue et plon- geant dans l'eau. » Pendant l'intervalle d'une marée et, autant que possible, dune grande marée, d'un point élevé tel que le sommet d'une falaise, d'une dune ou du haut de la mâture d'un navire, on prend une photographie instantanée du banc. En même temps, avec un compas de relèvement, on détermine l'azimut de la mire. En opérant avec les pré- cautions indiquées précédemment, à des intervalles de temps quelconques, mais notés, on possède les données suffisantes pour tracer, chaque fois, en plan, la ligne irrégu- lière du contour du banc et, grâce à la série de vues photographiques prises, on a une série correspondante de contours reliés entre eux jiar la position fixe de la mire. On obtient donc le relief au moyen d'isobathes successives, séparées les unes des autres par des distances verticales connues. Il est commode, pour plus de précision dans les mesures sur le cliché, d'accoler celui-ci à une plaque de verre carroyée en carrés égaux, de côté égal à i'^'", par exemple, et de projeter le tout, fortement agrandi et à une échelle facilement déterminable, au moyen de l'image des carrés de la plaque de verre grandis dans une proportion identique. On mesure sur l'agrandissement. » On joint au point principal les deux extrémités de la mire, supposée verticale ou ramenée à être verticale, en lui conservant sa grandeur, si elle était oblique ou horizon- tale. On prolonge ces droites en avant de la ligne d'horizon, et à une distance plus proche ou plus éloignée du point de vue, que le point du banc le moins ou le plus éloigné du spectateur. Dans cette direction, on mène une verticale dont la hauteur représente celle qu'aurait la mire si celle-ci était amenée à cette nouvelle place. » On joint le point de Aue au point principal; on abaisse, des pieds des images de la mire vraie et de la mire fictive, des perpendiculaires sur cette droite. La formule fon- damentale de la métrophotographiey := 73; dans laquelle/représente la distance focale, H et h les hauteurs vraie et apparente sur la photographie de la mire et D la distance de l'observateur à la mire, permet de calculer la distance vraie de l'observateur à chacune de ces projections et, par conséquent, la longueur de la projection linéaire précisément égale à la distance séparant sur le terrain les pieds des deux mires, réelle et fictive. Cette distance servira désormais de base. » Par le pied de la mire fictive, on mène la trace d'un plan de front; sur cette droite, on prend des longueurs égales entre elles, aussi grandes que possible, dont chacune représente l'unité de longueur, 1™ par exemple. On joint l'extrémité au pied de la mire vraie, on prolonge jusqu'au point de fuite, c'est-à-dire jusqu'à la rencontre de la ligne d'horizon. On possède ainsi le moyen d'avoir, en vraie grandeur, la distance mesurée sur la base ou son prolongement, d'un point quelconque situé sur cette base, au pied de l'une quelconque des mires. » Il ne reste plus qu'à mener, par des points convenables de la base, des traces de plans de front qui couperont le contour du banc en des points dont chacun sera dé- ( 653 ) terminé par sa distance à la ligne de base et par l'angle, directement mesurable sur le cliché, que forme sa direction avec la droite allant du point de vue au point principal. » Ce procédé est une application des méthodes de métrophotographie découvertes en France par M. le colonel Laussedat, en germe dans les travaux hydrographiques de Beautemps-Beaupré, et adoptées aujourd'hui, à cause de leurs avantages de simplicité, de facilité et de promptitude d'exécution, par la plupart des nations en Europe et en Amérique. » M. H. Baux adresse une Note relative aux procédés employés pour essayer les robinets. La séance est levée à /| heures et demie. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 4 mars iSgS. Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Pasteur, Friedel, Mascart. Mars iSgS. Paris, G. Masson, 1895 ;i fasc. in-S". Bulletin astronomique, publié sous les auspices de l'Observatoire de Paris, par M. F. Tisserand, Membre de l'Institut, avec la collaboration de MM. G. BiGOURDAN, O. Callandreau et R. Radau. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1895; I fasc. in-8°. Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agri- culture, par M. P.-P.Dehérain, Membre de l'Institut, etc. N° 2. 25 février 1895. Paris, G. Masson, iSgS; i fasc. in-8°. Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et Jules Tannery. Février 1895. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1895; I fasc. in-S"*. Extrait de Paléoconchologie comparée, par M. Cossmann. Première li- vraison. Février 1895. Paris; f vol. gr. in-8''. (Présenté par M. Albert Gaudry. Renvoyé au concours du prix Fontannes pour 1896.) Les Microbes des eaux minérales de Vichy; aseptie des eaux minérales, par G. K.,1895, i" Semestre. (T. CXX, N'il.) 86 ( 654 ) M. le D'' PoNCET. Paris, Baillière et fils, 189^; i vol. in-S". (Présenté par M. Ranvier. ) Cours élémentaire de Chimie, par M. le D'^ C.-l. Istrati, Professeur à l'Université de Bucharest; revu et augmenté par A. Adam. Avec une préface de M. Ch. Friedel, Membre de l'Institut. Paris, G. Carré, j8q5; I vol. in-8". (Présenté par M. Friedel.) Leçons sur l' inlégralion des équations différentielles de la Mécanique et applications, par M. P. Painlevé, maître de conférences à la Faculté des Sciences de Paris. Paris, Hermann, iSgS; i vol. gr. in-S". (Présenté par M. Appell.) Supplément à la Notice sur les travaux scientifiques de M. Adolphe Carnot, professeur à l'École supérieure des Mines, etc. Paris, Gauthier-Villars et fils, iSgS; I vol. gr. in-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. Linder, inspecteur e^énéral des Mines, etc. Paris, Gauthier-Villars et fils, iSqS; i vol. gr. in-8°. Eléments de Chimie physiologique, par M. Maurice Arthus. Paris, G. Mas- son, i8g5; i vol. in-18. (Présenté par M. Chauveau.) Essai de Géographie générale, par M. Christian Garnier. Paris, Hachette, 1896; I vol. in-8°. (Présenté par M. Janssen.) Les Aurores polaires, par M. Alfred Angot. Paris, Félix Alcan, 1895; X vol. in-8°. (Présenté par M. Mascart.) Bulletin de l' Académie de Médecine. N° 8. Séance du 26 février i8q5. Paris, G. Masson; i vol. in-8°. Bulletin international du Bureau central météorologique de France. Mercredi 20 février iBga; i fasc. gr. in-8°. Ministère de i Agriculture. Bulletin. Documents officiels. Statistique. Rapports. Com,ptes rendus de Missions en France et à l'étranger. N^S. Paris, Imprimerie nationale, décembre 1894; i vol in-8°. Archives des Sciences biologiques, publiées par l'Institut impérial de Mé- decine expérimentale à Saint-Pétersbourg. Tome III. N° 3. Saint-Péters- bourg, 1894; I vol. in-4''. The éléments of ihe Jour inner planels and the fundarnental constants of Astronomy, by Simon Newcomb. Washington, iSgS; i vol. in-S". R. Osservatorio astronomico di Brera in Milano. Osservazioni meteorologi- che eseguite nell'anno 1 894 , col riassunto composto salle medesime, da E. Pim. Milano, Bernardoni, iSgS; i br. in-4*'- ( 655 ) Ouvrages reçus dans la séance du ii mafs 1890. Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et Jules Tannery. Mars 1895. Paris, Gauthier-Villars et fils; i fasc. in-8°. Les origines animales de l'homme, éclairées par la Physiologie et V Anatomie comparatives, par le D' I.-P. Durand (de Gros). Paris, Germer-Baillière, 1891 ; I vol. in-B". (Présenté par M. Marey.) L' Anthropologie. 1895. Tome VI. N° 1. Janvier-février. Paris, G. Masson ; I fasc. in-8°. Bulletin de 7a Société astronomique de France. Huitième année : 1894; Paris. I vol. in-8°. Société de Géographie. Comptes rendus des séances, iBqS. N° 4. Séance du i5 février iSgS. Paris; i fasc. in-8°. Bulletin de la Société chimique de Paris. ^lATi^, G. Masson, iBgS; i fasc. in-8°. Bulletin de l'Académie de Médecine. Séance du 5 mars iSgS. Paris, G. Masson ; i fasc. in-8°. Mémoires de la Société zoologique de France, pour l'année 1 894. Tome VII. Paris, 1894; I vol, in-8". Bulletin de la Société zoologique de France, pour l'année 1894. Tome XIX. Paris, 1894; I vol. in-B". Konglia svenska Vetenskaps Akademiens Handlingar, hy Foljd, 1892. Stockholm, 1893-189:1; i vol. in-4°. Observations made during theyear 1889 at ihe IJ nited States naval Obser- vatory, captain Robert L. Phvthian, U. S. N. superintendent. Washing- ton, 1898; I vol. in-4°. Transactions of the New-York Academyof Sciences. Vol. XIII; 1893-1894. New-York; i vol. in- 8°. Annual report of the board of régents 0/ the Smithsonian Institution, for the year ending june 3o, 1892. Washington, 1893; i vol. in-B". Smithsonian Institution. United States national Muséum. Pruceedings of the United States national Muséum. Vol. XVI; 1893. Washington, 1894; I vol. in-8°. Bulletin of the United States fish Commission. Vol. XII, for 1892. Washing- ton, 1894; 1 vol. in-4°. ( 656 ) ERRATA. (Séance du 4 mars 1895.) Note de M. Balland, Sur quelques avoines françaises et étrangères, de la récolte de 1893 : Page 5o4, lignes 19 et 20, au lieu de 3o à 4o pour 100, làez 3 à 4 pour 100. w On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILI.ARS ET FILS, Quai des Grands-Augusiins, n° 55. )epuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le 0/,«««rA,. Ils formflnf A la fin H r ^ a Le prix de l'abonnement est ^xé ainsi qu'il suit ■ Paris : 20 fr. - Départements : 30 fr. - Union postale : 34 fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : 1 Michel et Médan. Chaix. Jourdan, Ruir. Coui'tin-Hecquet. Germain etGrassin. Lachèse. une Jérôme. 1^0" Jacquard. i / Avrard. tai'.i: Dulhu. ' Muller (G.). ^es Renaud. >/ Lefournier. j F. Robert. j J. Robert. ' V- Uzel Caroff. Massif. Perrin. Henry. Marguerie. ( Juliot. ( Ribou-Collay. , Lamarche. Ratel. ( Daniidot. \ Lauverjat. ( Crepin. ( Drevet. ( Gratier. Foucher. i Bourdignon. I Dombre. i Vallée. ' Quarré. Lyon. Montpellier ■ .ber\ '.ouc-Ferr chez Messieurs : Lorient j Baumal. ( M"" Texier. Bernoux et Cumin Georg. Cote. Chanard. Vitte. Marseille Ruât. Calas. Coulet. Moulins Martial Place. / Jacques. Nancy Grosjean Maupin. ' Sidot frères. 1 Loiseau. ( Veloppé. \ Barma. / Visconti et G'". Nimes Thibaud. Orléans .'. Luzeray. Blanchier. Druinaud. Rennes Plihon et Hervé. Bochefort Girard ( M"" ). Langlois. Lesttingant. i S' -Etienne Chevalier. ' -. , ( Bastide. ! Toulon ( Rumefae. | -, , l Gimct. Toulouse ^ . ( Privât. iBoisselier. Pérical. Suppligeon. Valenciennes \ ^ I Lemaitre. Nantes Nice. Poitiers. . Rouen . chez Messieurs : Amsterdam f ^eikema Caarelsen ■ ■ ( et Ci'. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. I Asher et C". Berlin ) Dames. , Friediander et fils. I Mayer et Muller. Berne * Schmid, Francke et i C-. Bologne Zanichelli. [ Ramiot. Bruxelles j MayolezetAudiarte. ( Lebègue et G'". i Haimann. ' Ranisteanu. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, Bell elC Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague HiJst et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Londres . Luxembourg. Bucharest . Gênes . Genève . . La Haye . Lausanne.. Beiif. I Cheibuliez. Georg. [ Stapelmohr. Belinfante frères. ) Benda. ) Payot Banh. Brockhaus. Leipzig ( Lorentz. J Max Rube. \ Twietmeyer, ( Desoer. I Gnusé. Liège. chez Messieurs : Dulau. Hachette et G'" Nutt. V. Buck. ÎLibr. Gutenberg. Ronio y Fussel. Gonzalès e Lijos. F. Fé. Milan j Dumolard frères. ( Hœpli. ^toscou Gautier. iFurchheim. Marghieri di Gius. Pellerano. i Dyrsen et PfeilTer. Neiv-Vork . Stechert. ' Westermann. Odessa Rousseau. Oxford Parker et G" Palerme Clausen. ^«""'o Magalhaés et Moniz Prague Rivnac. Bio-Janeiro Garnier. Borne !^°'^<=^ f'^'^'"". ( Loescheret C". Botterdam Kramers et fils. Samson et VVallin. j Zinserling. ( Woiir. (Bocca frères. Brero. Clausen. RosenbergetSellier Varsovie Gebethner et Wolll Vérone Drucker. Vienne < ^"'=''- ( Gerold et C'V Zurich Meyer et Zeller. Stockholm S^'Petersbourg . Turin IBLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" à 31. - (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix . . 15 f/ Tomes 62 à 91.- (i" Janvier 1S66 à 3i Décembre i88o.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr.' PPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbés et A.-J.-J. Souer. - Mémoire sur le Calcul de, Ppr.„rh.. .res, suivantrordre de leur superposition. _ Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive o ill te 1 Se /^^^^^^^ pports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs ., par M. le Professeur Bro™. In-4^ à"" "pîanchesÎ^Se!" 15 " aême Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Science». W il. TABLE DES ARTICLES. (Séance du 18 mars 1893.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. M. le Ministre dk L'lNbTiiUi:TioN publiquf. DES Bkaux-Arts et des Cultes adressi- nmplialion du décret par lequel le Prési- dent de la République approuve l'élection de M. ll'eierstraxs, comme Associé étran- ger, en remplacement de M. A'HBuner. .. . 5Si M. Bkrtiiei.ot. — Essais pour faire entrer Pages. l'argon eu combinaison chimique 58i \l. O. Callandreau. — Sur les lacunes dans la zone des petites planètes ïS.'i M. Dariîoux présente à l'Académie une réim- pression fric simi/e d'un Ouvrage de Néper .)S() NOaiINATIONS. M. \DOLriiE Carn'ot est élu Membre libre, en remplacement de feu M. F. de Lesseps ôSi) aiÉMOIRES LUS. M. A. Dastre. — Tran.sformations de la li- brine par l'action prolongée des solutions salines faibles. CORRESPONDANCE. M. F. GoNNESSiAT. — Sur les variations des latitudes terrestres Sgs M. A.-.I. Stodoi.kievitz. — Sur la théorie du système des équations différentielles. . Sgj M. Painlevé. — Sur la définition générale du frottement Sg'i M. Le Uoy. — Sur le problème de Fourier.. Sqi) M. G. Moreau. — Absorption de la lumière dans les cristaux uniaxes 6o'! M. Jules Andrade. — Sur le potentiel d'une surface électrisée 6o5 M. Edm. Fouche. — Appareil imitant les mouvements exécutés par certains ani- maux pour se retourner sur eux-mêmes, sans appuis extérieurs 608 M. Ch.-V. Zenger. — L'objectif catoptrique et symétrique 6ot) M. Lucien Poincaré. — Sur une classe de piles secondaires 611 M. Bernard Bruniies. — Snr l'effet d'une force électromotrice alternative sur l'élec- tromètre capillaire 6j.I M. Désiré Korda. — Pile thefmochimique à charbon Ci ') MM. Paul Sabatier cl J.-B. Senderens. — Action de l'oxyde azoteux sur les métaux et sur les oxydes métalliques fiiS M. Raoul Varet. — Recherches sur les cha- leurs de combinaison du mercure avec les éléments Gl>o M. Raoul 'Vauet. — Sur les états isomé- riques des oxydes de mercure 622 .M. H. Le Chatelier. — Sur la chaleur de formation de quelques composés du fer.. 62,) M. Paul Rivals. —Sur les aldéhydes chlo- rés tM3 M. Paul Rivals. — Sur le polymère cristal- lisé de l'aldélij'de monochloré M. G. Denigès. — Sur une combinaison mer- curiquedu thiophène, permettant ledosage et l'extraction de ce corps dans les benzènes commerciaux M. C. Tanret. — Sur l'état amorphe des corps fond us MM. Pii.-.\. GuYE et Ch. Jordan. — Dérivés de l'acide a-oxybutyrique (i-butanoloique) actif M. A. MuNTZ. — La production du vin et l'u- tilisation des principes fertilisants par la Vigne M. Balland. — Sur la décortication des blés. .M. J. TissoT. — Sur la part respective que prennent les actions purement ph3'siques et les actions physiologiques au dégage- ment d'acide carbonique par les muscles isolés du corps MM. Apostoli et Berlioz. — Action théra- peutique des courants à haute fréquence (auto-conduction de M. d' Arsonval) M.M. A. BiNET et J. Courtier. — Application nouvelle de la méthode graphique à la musique -M. Maurice Léger. — Recherches histolo- giques sur le développement des Mucori- nées U. S.'Traverso. — Sur la géologie de l'Os- sola ( \lpes Lépontines) M. J. Thoulet. — .Sur une application de la Photographie à l'océanographie i\L H. Baux adresse une Note relative aux procédés employés pour essayer les robi- nets Bulletin bidlioghapiiique , lÎRIlAT.V (iaS (>3o (i3.') (loS (i4i 'i'i'i «47 65 1 653 (i56 PA,»!». — IMPRIMERIE GAUTHIKR-VILLAKS ET FILS, Quai de* Gran(i«-Aut:u<«iinH, 55. /.e (Jéf-ant : fiAUTUiER-ViLLAH». , , 1895 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADËMIE DES SCIENCES, PAK niITl. liES SECRÉTAIRES PERPÉTLEIiS. TOME CXX. NM2 (25 Mars 1895), PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DKS llOMPTKS RENDUS DES SÉANcIeS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grancjs-Augustins, 55. RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS, ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2/} MAI iHinS. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article 1*'. — Impressions des travaux de l'Académie. lies extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les Correspondants de l'Académie comj)rennent au plus /j pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en lien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie , sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- >. ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu^, blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travauœ des Savants étrangers à V Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personn* qui ne sont pas Membres ou Ciorrespondants de l'Acî demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un r< sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sonf tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nomme; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à lo heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompterendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu suij vaut, et mis à la fin du cahier. Article 4 . — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des a^ teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 26 MARS 189S, PRÉSIDENCE DE M. MAREY. MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique adresse une amplialion du Décret par lequel le Président de la République a})prouve l'élection que l'Académie a faite de M. Adolphe Carnot, pour remplir la place de Membre libre, devenue vacante par suite du décès de M. de Lesseps. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Adolphe Carnot prend place parmi ses Confrères. G. R., 1895, 1" Semestre. (T. CXX, N« 12.) 87 ( 658 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des Surfaces el des groupes algébriques ; par M. Emile Picard. « Dans mes recherches sur les fonctions algébriques de deux variables indépendantes, j'ai donné un théorème sur les surfaces admettant un groupe fini et continu de transformations birationnelles. » Cette proposition peut être généralisée et complétée; c'est ce que je me propose d'indiquer ici en faisant connaître un théorème général sur les groupes algébriques. » 1. Je n'aurai besoin d'employer aucun principe nouveau de démons- tration, et je me reporterai seidement à la proposition suivante que j'ai précédemment établie {Comptes rendus, 28 avril 1890). Soit une équation différentielle où la variable x ne figure pas explicitement (0 /[/./.•••.jn = o, yétant un polvnome. On suppose que, quand on remplace dans une inté- grale quelconque x par x -h /i, h étant une constante arbitraire, on a, en désignant par Y, Y', . . ., Y'""' les nouvelles valeurs de y, y', .. ., j'"'' Y = F [h,y,y,...,y'% Y' = F,[h,y,y',...,y'"q, Y"")=F,„[A,j,/,...,y'")], les F étant rationnelles eny,y', .. .,y"'. Dans ces conditions, l'intégrale générale de (1) est uni/orme et s'exprime à V aide des transcendantes de la théorie des fonctions abéliennes ou de leurs dégénérescences. » Ceci rappelé, prenons une surface algébrique dans un espace à n di- mensions, et supposons que cette surface admette un groupe G continu et fini de transformations birationnelles. Envisageons un dessous-groupes finis à un paramètre contenus dans G; ce sous-groupe sera défini par un système d'équations de la forme (2) ~ = \i{x^,Xi,...,x^) (; = [, 2, ...,«), ( 659 ) les X étant rationnels en x,, x^, . . ., x„. Puisque ce sous-groupe fait partie du groupe G, le système (2) jouit de la propriété indiquée pour l'équa- tion (i), et, par suite, nous pouvons considérer que, dans les équations fîmes (lu sous-groupe précédent, les coefficients sont des fonctions uniformes du para- mètre arbitraire s' exprimant à l'aide des transcendantes de la théorie des fonc- tions abéliennes. » En opérant ainsi pour chacun des sous-groupes à un paramètre, on arrive par combinaison au théorème général suivant : )) Si le groupe G est à r paramètres, on peut s'arranger de manière que les coefficients des fonctions rationnelles des x qui donnent le groupe soient des fonctions uniformes des r paramètres s'exprimant au moyen des transcen- dantes de la théorie des fonctions abéliennes ou de leurs dégénérescences. » 2. Un cas particulièrement simple est celui des groupes de substitu- tions de Cremona. Si, en désignant m lettres indépendantes par Xf,X2, . . ., a;^,, on a la substitution birationnelle entre les x et les X A- , =^ ri| ^t^'), «2/0, . • •, Xfn, 6t, , .... Uf. j , -\-jfi — tXjfiyX ^, X^, * * 't Xffj, a ^, . .., «y. j , formant un groupe à r paramètres, on peut toujours s'arranger de manière que les R soient des fonctions uniformes des a s'exprimant par les transcen- dantes abéliennes . » 3. Reprenons le cas particulier de la surface algébrique f(x,y,z) = o, et supposons que cette surface admette un groupe de transformations bi- rationnelles. J'ai établi (Journal de Mathématiques, 1889, p. 222) que deux cas peuvent se présenter : 1° ou bien il y aura sur la surface un fais- ceau de courbes algébriques de genre zéro ou un, 1° ou bien les coordon- nées d'un point quelconque de la surface s'expriment par des fonctions abéliennes de deux paramètres (ou dégénérescences) au moyen de l'in- version de deux intégrales de différentielles totales attachées à la surface. » Nous allons adjoindre à ce théorème une seconde proposition qui permet de le préciser. Supposons que le groupe soit transitif; nous aurons ( 66o ) alors pour la surface le groupe de transformations birationnelles X = F,(a-, j, 3, a, a,), Y = ¥^{x,y, z, a, a,.), Z = Ys{x,y,z, a,, ...,a,.), les paramètres figurant comme nous l'avons vu au n" 1. On peut donc dire, en laissant x, y, z constants et en faisant varier deux des paramètres, que les coordonnées d' un point quelconque de la surface s' expriment par des fonc- tions abéliennes [ou dégénérescences) de deux paramétres. » Dans le cas où le groupe est intransitif, je n'ai aucune remarque à ajouter à mon énoncé antérieur; il passe par chaque point de la surface une courbe de genre zéro ou de genre un (le module étant indépendant de la position du point quand la courbe est elliptique). On peut aller plus loin quand le genre géométrique de la surface dépasse l'unité, mais je n'ai encore ici qu'à renvoyer à mon Mémoire. » CHIMIE. — Nouvelles recherches de M. Ramsay ^«r /'a/-o-o« et sur l'hélium. Communication de M. Berïhelot. « M. Berthelot annonce avoir reçu samedi dernier de M. Ramsay un télégramme ainsi conçu : « Gaz obtenu par moi. — Clévite. — mélange argon hélium. — Grookes identifie spectre. — Faites communication Académie lundi. » » Il résulte de ce télégramme que M. Ramsay a fait une nouvelle et très importante découverte, celle d'un minéral naturel renfermant de l'argon, la clévite ou ciévéite. Ce minéral est un produit découvert par Norden- skiold, et formé d'oxyde d'urane et de diverses terres rares. » En réalité, il s'agit de tout un groupe de composés, désignés sous le nom A' uraninites, et dans lesquels W. F. Hillebrauda signalé la présence d'une dose sensible d'azote, susceptible d'être dégagé sous l'influence des acides {Bulletin of the U. S. Geological Survey, n° 78; 1891, p. 43 à 79) : il a fait une étude spéciale de cette réaction singulière, qui a suggéré à M. Ramsay l'idée d'un examen approfondi : c'est ainsi qu'il a été conduit à y reconnaître, à côté de l'azote, l'argon et l'hélium. » En effet, M. Ramsay signale en même temps, dans les gaz extraits de ( 661 ) la clévite, la présence du spectre attribué à un élément hypothétique, l'hé- lium, imaginé pour rendre compte d'une raie spéciale du spectre solaire. M. Ramsay a ainsi découvert un composé de l'hélium. 11 Après la séance de l'Académie, lundi, à 6*" du soir, j'ai reçu de M. Ramsay la lettre suivante : » Cher Monsieur, « Je vous ai télégraphié aujourd'hui en vous annonçant la découverte de l'hélium, l'élément inconnu dont la ligne jaune existe dans le spectre solaire. » En vous félicitant d'avoir réussi à combiner l'argon, je pense vous intéresser si je vous explique comment j'ai eu la bonne fortune de faire cette découverte. Hillebrand de Baltimore a étudié un minéral rare, la clévite; il fut étonné de voir que ce minéral contenait environ 2 pour 100 d'un gaz, dont il ex.amina le spectre et il trouva que c'était celui de l'azote. Il a fait passer l'étincelle à travers un mélange de ce prétendu azote avec l'hydrogène, en présence de l'acide sulfurique, et il a obtenu du sulfate d'ammoniaque. Il m'a paru excessivement douteux qu'un corps quelconque pût donner de l'azote libre, après traitement par un acide. » Je me suis mis à examiner le gaz, dans l'espérance de trouver une méthode pour faire combiner l'argon ; car M. Hillebrand a remarqué qu'il existait un rapport défini entre l'azote et l'oxyde d'urane, qui constitue, avec l'oxyde de plomb et des terres rares, ce minéral. En faisant passer l'étincelle électrique à travers un mélange de ce gaz avec de l'oxygène, en présence de la soude caustique, j'ai obtenu un résidu (l'azote est présent en minime quantité). Ce résidu m'a donné le spectre de l'argon et, en outre, un autre spectre, dont la ligne jaune, très brillante, ne coïncide pas avec la ligne D du sodium; mais elle en est très rapprochée. La longueur d'onde mesurée par mon ami Crookes avec son magnifique spectromètre, est 587,49. Il s'y trouve aussi d'autres lignes moins remarquables, qui trouvent place dans le rouge, le vert et sur- tout dans le violet. Toutes ces lignes ne sont pas encore mesurées; seulement la raie caractéristique jaune. Mais voici ce que j'ai trouvé : » En partant du rouge et faisant la comparaison avec le spectre de l'argon, 3 lignes identiques. 2 lignes » Rouge { I ligne faible » I ligne moins faible » I ligne forte dans He, faible dans A. 1 ligne égale dans tous deux. I » )) Rouge orange. . 2 lignes faibles ( 662 ) ^ l I ligne faible. Orange a .• -. . ( 6 lignes assez tories. Jaune orange... a lignes assez fortes. Ij I ligne jaune brillant seulement dans He. C'est la ligne caractéristique de l'hélium. 7 lignes vertes, égales dans tous deux. 5 lignes vertes bleus, » Vert bleu | ' ''^"'' faible, n'existe pas dans l'argon. ( I ligne brillante » » Bleu 8 lignes assez fortes, » n 3 lignes seulement dans A. 2 lignes dans tous deux, plus fortes dans A. 4 lignes seulement dans He. ,,. , (3* lignes seulement dans tous deux. Violet / " 1 » » » 3 )) » » 3 » » » . , 2 » ' » » » Je possède une assez grande quantité de clévite, et un de mes aides a déjà com- mencé à extraire le gaz en plus grande quantité. Ma tâche sera de séparer les deux corps; peut-être cela ne sera pas facile. » MÉTÉOROLOGIE. — Remarques sur les spectres de l'argon et de l'aurore boréale; par M. Berthelot. <( Dans une matière aussi neuve que l'étude de l'argon, il peut être utile de suggérer quelques rapprochements. C'est à ce point de vue que je prends la liberté de signaler les suivants. » En effet, il est possible que les raies propres à l'aurore boréale soient attribuables à une forme ou combinaison spéciale de l'argon, ou des élé- ments encore inconnus qui peuvent l'accompagner. Je demande la permis- sion de rappeler une observation personnelle. Pendant l'un de mes récents essais sur l'argon, exécuté en présence de la vapeur de benzine et avec les circonstances exceptionnelles de la pluie de feu, il s'est développé, à la pression ordinaire, dans toute l'étendue de l'éprouvette, une fluorescence magnifique, jaime-verdàtre, caractérisée par un spectre de raies et de bandes remarquables, et qui rappelait celui de l'aurore boréale, autant qu'il m'a été possible de les comparer, dans les conditions rapides de mon expérience. < 663 ) » Oii apercevait, indépendamment des raies de l'hydrogène et des raies D, diverses raies jaunes et vertes, bleues et violettes, dont je ne veux pas préciser la posilion, à cause de la faible dispersion du spectroscope, et surtout de la difficulté de comparer des spectres de fluorescence. Je me bornerai à signaler une raie brillante, juxtaposée à la raie D, dont elle était séparée par une fine raie noire d'absorption, et deux groupes de bandes, ou larges raies, que l'on entrevoyait l'un à gauche de D, dans l'orangé, l'autre à droite, dans le jaune et le vert, sillonnés l'un et l'autre de fines raies d'absorption (attribuables à l'épaisseur de la couche gazeuse fluorescente). L'aspect de ces bandes était très analogue à celui du groupe de petites raies dessinées à la gauche de E dans la /ig. i du Mémoire de M. Rayet Sur le spectre de l'aurore boréale {Journal de Physique, t. I, p. 366 ; 1872). J'ai montré ces curieux phénomènes aux jeunes savants qui tra- vaillent dans mou I^aboratoire. Leur analyse mérite d'être approfondie et comparée avec les spectres de l'aurore boréale et de l'hélium, afin d'étu- dier ce qu'il pourrait y avoir de commun dans ces manifestations. Mais il est nécessaire pour les reproduire de disposer d'un peu d'argon. » Cette observation aboutirait ainsi à expliquer l'énigme de l'aurore boréale, par la production d'un dérive fluorescent de l'argon, ou de ses congénères contenus dans l'échantillon qui m'a été remis; dérivé engendré sous l'influence des effluves électriques qui se développent au sein de l'atmosphère, c'est-à-dire dans des conditions physiques analogues à celles de l'expérience ci-dessus. Angstrom a déjà fait appel à la fluorescence dans son étude de l'aurore boréale. » Nous ne tarderons pas sans doute à être fixés sur ces points, qui tou- chent à la nature de l'argon et congénères, comme à sa présence dans l'atmosphère, et qui augmentent l'intérêt de sa découverte. » CHIMIE. — Recherches sur les métaux de la cérite; par M. P. SCHUTZENBERGER. t Malgré de nombreuses déterminations, les poids atomiques des mé- de la cérite ne paraissent pas encore être établis avec toute la certi- tude désirable, » Il ne s'agit pas ici d'une précision de l'ordre de celle introduite par Stas dans la mesure des équivalents. Les différences entre les nombres ( 664 ) proposés par divers expérimentateurs portent le plus souvent sur la jiartie entière et atteignent quelquefois plusieurs unités. » Ainsi, pour le cérium, celui de tous dont l'oxyde est le plus facile à séparer dans un grand état de pureté, la valeur du poids atomique a varié de iSy, I à i^a, 3; les déterminations les plus récentes de Brauner (i 885) et de Robinson (i884) se rapprochent beaucoup de 1 4o (iSg, t5 à i4o, 43). » Il est évident que des écarts aussi considérables ne peuvent être attribués au degré de précision apporté dans les analyses, mais qu'ils dé- pendent de causes d'erreurs inhérentes aux méthodes employées. ') J'ai cherché, par une série d'expériences méthodiquement instituées, à me rendre compte de la nature de ces causes perturbatrices, afin de pouvoir les éviter. )) Mon attention s'est surtout portée sur l'analyse du sulfate de cérium, sel facile à obtenir dans un grand état de pureté et sous forme de beaux cristaux, par évaporation au bain-marie de ses solutions aqueuses, en uti- lisant sa moindre solubilité dans l'eau chaude que dans l'eau froide. » L'excellente méthode due à notre éminent et regretté confrère Debray (fusion des nitrates avec huit à dix fois leur poids de salpêtre, entre 820° et 330") permet de séparer facilement et rapidement le cérium sous forme de bioxyde (CeO*) des oxydes de didyme et de lanthane, dont les nitrates beaucoup plus stables ne commencent à se décomposer qu'au-dessus de 400°. » L'opération répétée deux ou trois fois donne un oxyde de cérium tout à fait exempt de didyme et de lanthane. » J'indique rapidement ici comment je me suis procuré le sulfate de cé- rium pur qui a servi à mes expériences, en suivant, à quelques détails près, des méthodes connues. )) i" Attaque de la cérite pulvérisée par l'acide sulfuriqne concentré; » 2" Dissolution des sulfates dans l'eau froide après expulsion de l'excès d'acide sulfurique, filtration, précipitation par l'hydrogène sulfuré; » 3° Évaporation du liquide au bain-marie bouillant, dans une capsule; opération pendant laquelle il se sépare des croûtes cristallines roses, formées par un mélange de sulfates de cérium, de didyme et de lanthane. » 4° I''6s cristaux, séparés d'une eau-mère ferrugineuse, sont déshy- dratés, redissous dans l'eau froide et la solution évaporée de nouveau au bain-marie donne un dépôt plus pur que l'on redissout; la solution est ( 665 ) précipitée par l'oxalate d'ammoniaque. Le mélange des oxalates lavé et séché est dissous à chaud dans un excès d'acide nitrique pur et chauffé jus- qu'à destruction complète de l'acide oxalique. » La solution des nitrates est évaporée à sec; le résidu est mélangé avec 8 parties de salpêtre; le mélange est fondu et maintenu fondu entre 3io° et 325" jusqu'à cessation de dégagement de vapeurs nitreuses; » 5° Le bioxyde de cérium jaune qui se sépare est isolé par lavage à l'eau chaude; on achève de laver avec une solution de nitrate d'ammo- niaque, pour éviter le passage du bioxyde de cérium laiteux à travers les filtres. Après calcination, on retransforme ce bioxyde en sulfate, en oxa- late et enfin en nitrate que l'ou soumet à une seconde fusion au sal- pêtre, à 320". On élimine ainsi le didyme entraîné lors delà première fu- sion et l'on obtient un bioxyde dont la solution ne présente plus les raies d'absorption des sels de didyme. » 6° Le bioxyde blanc, légèrement jaunâtre, ainsi obtenu, est transformé en sulfate cérique par l'aciile sulfurique concentré; le sulfiite cérique est chauffé un peu au-dessous du rouge sombre naissant et converti en sulfate céreux 2[(S0')2Ce] = (SO")'Ce^ -h SO' 4- O. » Ce dernier est dissous à froid dans l'eau, et la solution filtrée et claire est évaporée au bain-marie bouillant. » Le sulfate céreux se sépare peu à peu pendant l'évaporation en cris- taux prismatiques incolores. Lorsqu'il s'en est accumulé une assez grande quantité contre les parois de la capsule, on décante l'eau-mère; les cris- taux déshydratés sont redissous à froid et la solution est évaporée au bain-marie, ce qui fournit une seconde cristallisation et une seconde eau- mère. Cette nouvelle cristallisation est traitée comme la première; on continue ainsi, en répétant la même série d'opérations cinq ou six fois. Finalement, la dernière cristallisation peut être envisagée comme suffi- samment pure et sert aux analyses. M Les cristaux sont broyés et séchés dans une nacelle placée dans un tube à travers lequel on fait passer un courant d'air sec, pendant qu'il est porté à 440" au moyen de la vapeur de soufre. Toute l'eau de cristallisa- tion est ainsi éliminée (elle le serait déjà à 3oo°) sans qu'il se sépare la moindre trace d'acide sulfurique. » Le sel perd, dans ces conditions, i3,66 pour 100 de son poids, ce qui G. K., 1895, I" Semestre. (T. CXX, 1N° 12.) °8 ( 666 ) correspond à 5 molécules d'eau pour un poids atomique du cérium voisin de i39,5. » Sans entrer dans les détails des nombreuses expériences effectuées en vue de rechercher les causes d'erreurs inhérentes aux diverses méthodes que l'on peut suivre dans l'analyse du sulfate de cérium pur, je me borne à indiquer les conclusions auxquelles je suis arrivé. » 1° Il n'est pas possible de doser exactement l'acide sulfurique en préci- pitant, par le chlorure de baryum, une solution bouillante de sulfate de cé- rium additionnée d'acide chlorhydrique. Quoi que l'on fasse, comme l'avait du reste déjà observé Marignac, le sulfate barytique entraîne, en se sépa- rant, de l'oxyde de cérium sous forme de sulfate ou de chlorure, ou sous les deux formes simultanément. En effet, ce sulfate barytique bien lavé et calciné devient jaune lorsque, après l'avoir humecté avec de l'acide sulfu- rique concentré, on le chauffe à nouveau. Le poids du cérium entraîné, compté en sulfate, peut s'élever 3 2,2 pour loo de sulfate barytique brut. » Le poids du sulfate barytique recueilli, bien qu'augmenté de celui du sulfate de cérium entraîné, est plus petit que ce qu'il devrait être, puisqu'à ce sulfate de cérium correspond un poids plus élevé de sulfate barytique non formé. » L'entraînement du sel céreux peut être évité en procédant de la façon suivante : » La solution du sulfate céreux est versée dans un excès d'une solution chaude de soude caustique pure, obtenue par dissolution du sodium dans l'eau. Le tout est maintenu pendant quelque temps en ébuUition. Le pré- cipité d'oxyde céreux est lavé par décantation à l'eau bouillante. Les liquides fdtrés réunis sont acidulés par l'acide chlorhydrique et précipités à chaud par un très léger excès de chlorure de baryum. Formé dans ces conditions, le sulfate barytique se dépose bien et ne passe jamais à travers les fdtres, comme lorsqu'on emploie un excès notable de chlorure bary- tique. » Ainsi appliquée, cette méthode fournit des résultats n'offrant pas, d'une expérience à l'autre, une constance satisfaisante et les poids ato- miques qu'on en déduit sont généralement trop élevés et varient entre i4o et i4i,5. L'erreur provient de ce qu'une petite fraction de l'acide sulfu- rique est retenue par le précipité d'hydrate céreux, malgré l'intervention à chaud d'un excès de soude caustique. » On arrive à vaincre cette difficulté en dissolvant l'hydrate céreux lavé (667 ) par décantation dans l'acide chlorhydrique et en reprécipitant par la soude pure. » Pendant les lavages, l'hydrate cèreux absorbe un peu d'oxygène et se convertit partiellement en hydrate cérique insoluble dans l'acide chlor- hydrique étendu; mais ce fait, peu marqué du reste, n'entrave pas le suc- cès de l'opération. )) L'analyse ainsi conduite donne 1 23, 3o de sulfate de baryte pour 100,00 de sulfate céreux anhydre; ce qui conduit au poids atomique 189,45 pour le cérium, nombre qui ne doit pas s'écarter beaucoup de la vérité. » La méthode de Brauner (calcination du sulfate anhydre de cérium et pesée du bioxyde résidu), en raison de sa grande simplicité, paraît être à l'abri de toute cause d'erreur. Les résultats qu'elle fournit sont néan- ~ moins variables et dépendent de la température à laquelle la calcination du sulfate est effectuée. Au rouge cerise, on arrive à expulser la totalité de l'acide sulfurique; le poids de l'oxyde résidu (CeO^) conduit à un poids atomique compris entre iSp, 8 et i4o. Si, au contraire, on chauffe pen- dant quelque temps au rouge blanc, le bioxyde diminue de poids et le poids atomique calculé s'abaisse à 139,0-188,8. Cette variation peut s'expliquer en admettant une légère perte d'oxygène qui est d'autant plus à prévoir qu'il s'agit d'un peroxyde. Elle peut être due aussi, comme le pense M. Lecoq de Boisbaudran, à ce que les terres fortement calcinées condensent moins d'air et deviennent par là plus légères en apparence. » On arrive à des conclusions analogues en procédant par synthèse : un poids connu de bioxyde de cérium est transformé en sulfate cérique jaune, au moyen de l'acide sulfurique concentré. Le sulfate cérique, calciné modérément dans le voisinage, mais au-dessous du rouge sombre naissant, est converti en sulfate céreux anhydre blanc. Après pesée à l'abri de l'humidité, on dissout le sel dans l'eau et l'on recueille pour la peser et en tenir compte dans le calcul la petite quantité de bioxyde non attaqué. » Avec le bioxyde très léger et très divisé, de couleur jaune citron clair, obtenu en faisant brûler l'oxalate céreux à une température peu élevée, les résultats conduiraient au poids atomique i43; le même oxyde, chauffé pen- dant quelque temps au rouge sombre, donne i4o,5 à i4i; enfin, après cal- cination prolongée au rouge vif presque blanc on retrouve le nombre Ce = 189,0 que donne la calcination du sulfate à cette température. » Donc, les méthodes fondées sur la transformation du sulfate en bi- oxyde, ou inversement sur la conversion du bioxyde en sulfate, manquent de base fixe. Dans les deux cas les nombres varient avec la température ( 668 ) à laquelle le bioxyde a été soumis et l'on est en droit de se demander à quelle température de calcination correspond le vrai bioxyde de cérium. » L'expérience suivante démontre que par simple oxydation à l'air, et sans le concours de l'eau oxygénée, il peut se former des oxydes plus riches en oxygène que le bioxyde. » L'oxyde céreux précipité par la soude pure, bien lavé à l'eau bouil- lante et recueilli sur un filtre, puis séché à l'étuve à ioo°, se dessèche sous forme d'une masse poreuse jaune; celle-ci, séchée à 440", puis au rouge sombre, perd, entre les deux températures, 0,7 pour 100 de son poids et, de nouveau, 0,7 pour 100 entre le rouge sombre et le rouge cerise. C'est en raison de ces incertitudes touchant la composition vraie du peroxyde que l'on a entre les mains, que nous sommes conduit à donner lu préfé- rence au poids atomique 189,5 déduit de l'analyse par voie humide du sulfate céreux. » Au cours de ces recherches, nous avons observé les faits suivants : » Le bioxyde de cérium obtenu par deux ou tro,is fusions successives avec le salpêtre, à Sac", étant transformé en sulfate céreux bien exempt de didyme et de lanthane, si l'on fractionne en plusieurs portions successives les cristaux qui se déposent pendant l'évaporation au bain-marie de la solution, on constate une décroissance du poids atomique du cérium cal- culé d'après le poids du résidu de la calcination (au rouge vif) du sulfate, résidu compté comme bioxyde. » La série suivante, prise parmi beaucoup d'autres qui ont donné des résultats semblables, le montre nettement : Cristallisation n" 1 Ce = 189,4, » n» 2 Ce = i39,o5, » n" 3 Ce ::= l38,o6, » n° k Ce r= i35,2. » Cet abaissement établit nettement la présence de terres étrangères dans le bioxyde de cérium obtenu par la lïiéthode Debray. Nous revien- drons prochainement sur ce point intéressant. » M. Alfred Grandidier, en offrant à l'Académie la feuille Nord de la Carte à tt^^j^ de la province centrale de Madagascar, l'Imerina, qu'il a dressée avec la collaboration des R. P. Roblet et Colin, s'exprime comme il suit : « Cette feuille, à laquelle je travaille depuis vingt-cinq ans, et dont j'ai (669) donné une première esquisse à la même échelle de ^^J„„^ en t 880, n'est pas encore tout à fait terminée ; elle doit recevoir des additions du côté du nord et de l'est et est appelée à subir quelques corrections ; mais, comme elle peut rendre des services au corps expéditionnaire qui va partir dans quelques jours, j'ai dû la faire tirer dans l'état où elle se trouve. Elle repré- sente une surface d'environ 1 1 ooo''"'^ (entre i8°25'et ig^iy'de iat. S., et 44° '9' 6t 45°32' de long. E.) et est établie : 1° sur les observations astro- nomiques et les levés de détail que j'ai faits dans l'Imerina en 1869 et 1870; 2" sur les levés topographiques extrêmement détaillés et très précis que le R. P. Roblet a bien voulu faire à ma demande, et auxquels il travaille depuis 1872 avec un zèle et un succès dignes de tous les éloges; 3° sur les observations astronomiques et de nivellement exécutées dans l'est, de 1891 à 1893, avec d'excellents instruments et une grande précision, par le R. P. Colin, directeur de l'observatoire de Tananarive. » D'après le contrôle auquel ont été soumises nos observations diverses, l'erreur sur la position des points principaux est d'ordinaire inférieure à 100", ce qui est une exactitude très suffisante pour une Carte topogra- phique à cette échelle. » J'ai aussi l'honneur d'offrir à l'Académie la Carte à ,^J„^„ de la bande de l'Imerina comprise entre i8''4o' et 19° 10' de Iat. .S., qui représente la partie la plus populeuse de cette province. C'est la première fois que, dans un pays encore sauvage, on a établi une Carte topographique complète. » MEMOIRES PRESENTES. M. J. Kunckel d'Hercclais soumet au jugement de l'Académie, par l'en- tremise de M. Perrier, un Mémoire intitulé : « Recherches sur la structure intime des organes tactiles chez les insectes diptères. Différenciation de ces organes en vue de la guslat.oii ». (Commissaires : MM. Miine-Edwards, Sappey, Perrier.) CORRESPONDANCE . M. le Seckétaire perpétuel fait part à l'Académie de la perte que la Science vient de faire dans la personne de M. le général cleNansouty, fon- dateur de l'observatoire du pic du Midi. (670 ) ASTRONOMIE. — Observations de la planète BU (Charlois), faites au grand télescope de l'observatoire de Toulouse, par MM. B. Baillaid et Rossard (Communiquées par M. F. Tisserand). Étoiles Dates de 1895. comparaison. Mars 19 18626 Paris 22 io34 Wi, H. 10 28 1008 W,, H. 10 Planète — Etoile. _^_^ Nombre de a. Décl. compar. Obs m s 1.16,84 +6'. 45': ie 18:20 B 0.49,07 — 9.85 .9 24:14 B I .28,28 -9- 8, ,1 18:20 R Positions des étoiles de comparaison. Ascens. droite Déclinaison Dates moyenne Réduction moj'enne Réduction 1895. 1895,0. au jour. 1895,0. au jour, h m s s n . „ „ Mars 19 II. 8.62,06 2,08 — 0.45.51,8 — 11,1 22 10.59.25,62 2,o3 — 0.28.20,0 — 10,9 28 10.57.58,67 2,o3 — 0.21.87,0 — '0,9 Positions apparentes de la planète. Ascension Dates Temps moyen droite Log. fact. Déclinaison Log. fact. 1895. de Toulouse. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Mars 19. - . . h m s 10.87.50 h m s II. 2.87,75 2,8i3„ — o'. 89'. 17; 3 0,788 22 ... . 9.86.28 II. 0.16,72 1,1 8o„ — 0.33. 6,8 0,787 28.... 10.21.85 10. 59.28,98 5,786„ — 0.80.44,9 0,787 ASTRONOMIE. — Observations de la planète BT {M. Wolf, 16 mars iSgS), faites à V observatoire de Besançon Çèquatorial droit), par M. H. Petit, présentées par M. Tisserand. Nombre Dates Temps moyen de Ascens. droite Log. fact. 1895. de Besançon. Am. aÇP. comp. apparente. parall. b m s m s h m s Mars 18. 10. 7.82 ~I. D,09 + 3.49,0 l8:i5 11.55. 2,61 T,3i8„ 21. 9.32.24 -2.43,48 — 0. 3,9 9:18 11.52.48,17 i,375„ 22. . 9.34.58 -1-1.40,57 -1-11.80,4 i5:i7 11.52. 2,98 ï,356„ Dist. polaire Log. fact. apparente. parall. ik-. 82.53.82,0 0,76l„ I 82.48.10,5 0,764n. 2 82.44-5i,3 o,763„ 3 (671 ) Positions des étoiles de comparaison. Asc. droite Réduction Dist. pol. Réduction moyenne au moyenne au 1895,0. jour. 1895,0. jour. Autorités. b m s 11.56. 5, 55 s -+-2,l5 82'. 54'. 29, 7 + l3,'3 WeissCj (gSo) H. 1 1 I 1 .55.29, 48 + 2,17 82.48. 1,2 + I 3 , 2 C. des T. (ti Vierge) I I . 5o.20, 23 -+-2, 18 82.33. 8,0 + 12,9 Munich (7378) » Ces observations ont été faites avec un grossissement de i23, micromètre à fils de platine et champ obscur. » Remarques. — Les 18 et 22 mars : ciel très pur, images bonnes. » Le 21 mars : ciel nuasreux. » GÉOMÉTRIE. — Une propriété générale des axoides. Note de M. A. Mannuelh, présentée par M. Resal. « M. H. Resal a donné (') 1^ nom à'axoïde à une courbe qui partage constamment en deux parties égales les portions de ses normales comprises entre deux lignes données. » Voici une propriété connue qui donne un exemple à'axoide : » Si deux segments de droites op, oq tournent en sens inverses autour de o d'angles égaux, le mdieu ni de pq appartient à une ellipse (m) normale en m àpq. )) Les lignes données sont ici deux circonférences concentriques et l'axoïde est une ellipse {m). M II résulte de cette génération de (m), comme je l'ai déjà dit (^), que ^son centre de courbure relatif au point m est siwpq le point jy,, milieu d'un segment rs, intercepté par les droites op, oq et qui est perpendiculaire kpq. » Le lieu des points [j. est la développée de l'ellipse (m). Celte déve- loppée, partageant en deux parties égales les segments tels que rs qui lui sont normaux, est alors un axoide relativement aux courbes que dé- crivent r et s. » Ce que je viens d'expliquer sur un exemple particulier peut se répéter d'une façon générale; on peut alors énoncer ce théorème : )) Les développées successives d'un axoide sont des axoides par rapport à des courbes engendrées de la même manière. » (') Voir précédemment p. 484- (^) Principes et développements de Géométrie cinématique, p. 62. ( 672) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les lignes de courbure. Note de M. Thomas Craig, présentée par M. Hermite. « Considérons une surface quelconque <^{x,y,z) = o, et soient p et p, les paramètres d'un système conjugué; soient aussi ^ = §■(?' Pi )• 7 = ^(p. ?i). = = '^-(p.p.). les expressions des coordonnées d'un point de la surface en fonction des paramètres p, p,. Nous savons (Darboux, t. I)que x, y, z satisferont à une équation de la forme / v à'-fi dfi , du àpdpi dp dpi' si, en outre, cette équation admet la solution œ'^ -\- y^ -h z'^ , on sait que p et p, sont les paramètres des lignes de courbure de la surface <^(x,y, z). » Cette proposition peut être généralisée très facilement. Supposons que l'équation admettant les solutions x;,y, ^ admet aussi comme solution particulière la fonction a(x, y, z) = CD, (x) -+- ç.( y) + 'i^^i^), les fonctions cp,, Ça» ?3 étant quelconques. » La condition pour que Q soit une solution de (i) est facile à trouver; elle est, en effet /^\ <>'?! dx ôx d'-ij^ dy dy d^^, dz dz ^ ^ dx^ dp dpi dy'- dp dpi ' dz''- dp ^r, ~ » Écrivons maintenant d'9d^) _\dy,{x)Y d'-ïi i4>i3 ' 13,483 Potassium ^SjSg A^jSg 43, 820 Fh.or(par ditr.) 43,50 43,48 42,697 » On obtient des produits analogues, parfaitement cristallisés, où le fluor est remplacé partiellement par du chlore, en refondant le culot pro- venant d'une des expériences précédentes, dans le chlorure de potassium. M La manière dont la magnésie se comporte dans ces expériences, les deux produits obtenus, rapprochent la glucine de cette base pour l'éloi- gner de l'alumine. » Silicate de magnésie et de potasse. — En ajoutant de la silice à la ma- gnésie dissoute dans le fluorure de potassium, laissant refroidir et repre- nant par l'eau, on ne retrouve qu'un mélange de silice et de fluorure MgFP, RFl. Le résultat est le même lorsque l'on refond le culot en présence de chlorure de potassium. » J'ai pu obtenir un produit très bien cristallisé en opérant de la ma- nière suivante : » On dissout dans du fluorure de potassium fondu une partie de magnésie et quatre parties de silice; lorsque la dissolution est achevée, ce qui demande toujours un certain temps, on laisse refroidir. On refond le culot avec du chlorure de potas- sium, ce qui donne un liquide limpide qu'on abandonne pendant trois jours à une température variant du rouge sombre au rouge clair. Le creuset se tapisse d'une croûte cristalline qui va en croissant. Au bout de soixante-douze heures, on laisse refroidir et l'on reprend par l'eau. On obtient un mélange de produits très différents. » Au moyen de l'appareil de M. Thoulet et de la solution de biiodure de mercure dans l'iodure de potassium, j'ai isolé : » 1° Un produit léger, mais en quantité trop faible pour en faire une analyse complète : il est constitué par un silicate contenant du chlore et du fluor : il affecte des formes rectangulaires; deux clivages à angle droit visibles sur la face d'aplatissement. Extinction longitudinale. La face d'aplatissement est perpendiculaire à Tip. L'angle des axes est très voisin de 90°; cependant iip paraît bissectrice aiguë. Biréfringence à peu près celle du quartz. » 1° Un produit plus lourd {dix 0°= 2,55). Ce dernier est cristallisé dans le système hexagonal, à axe négatif, aplati suivant la base. ( 68i ) » Il est facilement attaquable par les acides et est constitué par un si- licate double de formule MgO, K^O,3SiO^. Ce serait un sel de l'hydrate silicique3Si0^2H^O. Trouvé. Calculé. Silice 56,78 57.01 57,32 Magnésie 12,59 i3,27 12,74 Potasse 29,83 29,17 29,94 99'20 99>45 • 100,00 CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau mode de préparation de l'acide chloro- platineux et de ses sels. Note de M. Léon Pigeon, présentée par M. Troost. « Pour préparer l'acide chloroplatineux, on utilise d'ordinaire la décom- position que subissent l'acide chloroplatinique ou ses sels sous l'influence de divers réducteurs. Cette réduction doit faire perdre à la molécule PtCl°H- deux atomes de chlore : l'acide chloroplatineux prend alors naissance. » Pour opérer cette réaction, on emploie fréquemment l'acide sulfureux. La cou- leur jaune d'or de la liqueur initiale fait bientôt place à une couleur rouge analogue à celle du vin vieux. On observe avec grand soin ce changement de teinte; c'est d'après lui qu'on juge que la réaction avance. Il importe de rendre la réaction complète, en évitant un excès d'acide sulfureux. En arrêtant la réaction trop tôt, on ne transforme pas la totalité de la matière; en poussant l'action trop loin on rencontre une difficulté plus grave : la réduction dépasse alors celle que l'on voulait obtenir, et le platine passe à un état de chloruration inférieur. La liqueur prend dans ce cas une teinte brune très foncée et donne des produits incrislallisables. La préparation est alors perdue, et le platine doit passer aux résidus. L'opération ainsi faite exige donc une surveillance attentive. » D'autres réducteurs ont été proposés pour le même usage, notamment le chlorure cuivreux, employé par M. Tlionisen, le bisulfite et l'Iiypo- phosphite de potasse, que M. Carey Lea recommande dans un travail récent. Quand on emploie ces méthodes, la liqueur contient, après la réaction faite, des sels étrangers qu'il faut éliminer par des cristallisations. » On fait disparaître ces difficidtés en employant une méthode nouvelle, dont ce travail contient l'exposé. » Le réducteur dont on fait usage est pris sous un poids égal au poids théorique qui doit réagir. La réaction se produit en totalité, sans qu'elle puisse être dépassée; elle ne demande donc aucune surveillance. Enfin elle ne laisse dans la dissolution, une fois la transformation faite, aucune matière soluble autre que le produit que l'on prépare. C. K., 1S95, 1" Semestre. (T. C.XX, K» 12.) 90 ( 682 ) » L'acide chloroplalinique que l'on veut transformer est pesé tout d'abord. Les cristaux, qu'il donne, lorsque sa dissolution s'évapore, répondent, comme on sait, à la formule PtCl'^H^ + ôH^O. Une molécule de ce produit (5i7S'')est saturée exactement par une molécule de carbonate de baryte pur et sec (1975'') que l'on pèse avant de le faire réagir. La liqueur contient alors en dissolution uniquement du chloropla- tinate de baryte. On pèse alors une molécule de dithlonate de baryte (') cristallisé (S-(3^Ba + 2H^0 ^ 333S'"). On dissout cette matière dans trois fois son poids d'eau chaude. On mélange les deux liqueurs dans un ballon fermé incomplètement par un bouchon de verre, pour éviter une évaporation trop forte. On chauffe ce ballon à 100° au bain-marie pendant vingt-quatre heures. La liqueur se modifie graduellement et, de jaune qu'elle était, prend la teinte rouge des chloroplatinites. En même temps il s'y forme un dépôt blanc de sulfate de baryte. » La réaction peut être représentée comme il suit : PtCFBa -H S-O^Ba -4- aH^O = FtCl^H^-h 2HCI -+- 2S0'Ba. » Toute la baryte est passée à l'état insoluble. Du réactif employé il ne reste rien dans la liqueur : elle ne contient plus, avec l'acide chloroplali- neux, que de l'acide chlorhydrique qui est sans inconvénient. La dissolu- tion de cet acide, soumise à l'évaporation, ne cristallise pas : le fait a été indiqué par Nilson : j'en ai vérifié l'exactitude. Il vaut mieux employer la solution à la préparation du sel de potasse qui forme de beaux cristaux. On ajoutera donc à la liqueur deux molécules de chlorure de potassium (i49^0' Pendant cette addition de chlorure alcalin, la liqueur ne doit pas précipiter; toutefois, on peut obtenir à ce moment, si la température de 100° n'a pas été assez longtemps maintenue, de petites quantités de chloro- platinate de potasse, jaune, insoluble, qui se trouvent ainsi éliminées. La proportion en est minime lorsque la réaction est bien conduite. » La préparation ainsi faite est simple et certaine. On y fait usage de l'hyposulfate de baryte qui se conserve à l'air sans altération, avantage que n'ont pas les sulfites. V Ce traitement permettra d'obtenir commodément le chloroplatinite de potasse, devenu usuel en Photographie. Le rendement, comme je l'ai vé- rifié par des pesées, est presque égal à celui que prévoit la théorie. » THERMOCHIMIE. — Chaleur de formation de l'acétylure de calcium. Note de M. de Forcrand. « l. M. Moissan ayant bien voulu me confier un échantillon d'acétylure de calcium pur, préparé au four électrique, et m'autoriser à en déterminer (') Ce sel classique est l'hyposulfate de baryte de Gay-Lussac et Welter. ( 683 ) • la chaleur de formation, j'ai dissous directement ce carbure dans une dis- solution d'acide chlorhydrique (SG^^S = 2'). Il y a formation de chlorure de calcium qui reste dissous, tandis que l'acétylène se dégage. » La réaction avait lieu dans un appareil analogue à celui que j'ai décrit pour la dissolution des métaux alcalins dans les différents alcools ('). C'est un ballon en verre mince pouvant contenir iSo"^"; il porte un long serpentin formé d'un tube de verre en- roulé autour du ballon et terminé par une partie extérieure qiii communique avec un tube abducteur pour recueillir les gaz sur le mercure. Le ballon contient la quantité d'acide nécessaire pour la dissolution du carbure supposé pur. Un dispositif particu- lier permet de maintenir le carbure, pesé exactement, au-dessus de la liqueur acide pendant la période préliminaire de l'expérience calorimétrique, et de l'y plonger au moment voulu par la manœuvre d'un tube extérieur. Tout l'appareil est placé dans l'eau d'un calorimètre de i'", contenant 700S'' d'eau. La masse totale en eau de tout le système est de 800='' environ. » L'expérience dure de quinze à vingt minutes. » On ne peut apprécier qu'approximativement la quantité du carbure employé par la pesée directe, car il contient toujours 2 à 3 pour 100 de carbone qui reste in- soluble. On en a une évaluation plus exacte par le volume d'acétylène dégagé, gaz dont on vérifie la pureté, ou bien par la pesée du résidu du carbone insoluble dont le poids est retranché du poids de la matière employée. Mais j'accorde plus de confiance à la détermination exacte du titre acide de la liqueur finale du ballon (laquelle est toujours un peu acide lorsqu'on a mis la quantité d'acide équivalente au poids du carbure supposé pur). Ce titre acide permet de calculer le poids du carbure réeUe- raent dissous. )) D'ailleurs ces trois derniers procédés ont fourni des résultats assez concordants. » J'ai trouvé ainsi, à -+-i3° C-Ca sol. H- 2HCl(36s'-,5 = 2i'')= C^H^ gaz -f- CaCl^ dissous dans 4"'. . . . -+-58c«i,25 comme moyenne de deux expériences qui ont donné +58,87 et -1-58, i3. » II. Pour en déduire la chaleur de formation de l'acétylure de cal- cium, il faut tenir compte : » De la chaleur de formation de l'acétylène, soit : — SS*^"', I ù partir de C" diamant ou — Si^"', 5 à partir de C^ amorphe, d'après les dernières déterminations de MM. Berthelot et Matignon (^), (') Ann. Chim. Phys. (6« série, t. XI; 1887). (*) Comptes rendus, t. CXVI, p. i333. ( 684 ) de la réaction Ca sol. H- 5o''' d'eau =: CaO' H» dissous + H= gaz + 8i<^^i,i enfin de la chaleur de neutralisation CaO-H^ dissous dans 5o"' -t- 2HCI dissous dans 4"' • • • • ■+- aSC»' M II n'y a pas lieu de se préoccuper de la différence de dilution des liqueurs finales provenant de ce que, dans mes expériences, CaCP est dissous dans 4''* au lieu de 54'", car j'ai vérifié que le passage de l'une à l'autre ne produit pas d'effet thermique appréciable. » On trouve ainsi : C- diamant + Ca sol. = C^Ca sol — 70=1,25 C= amorphe + Ca sol. = C^Ca sol — oC»i,65 » Il en résulte que, comme l'acétylène lui-même, l'acétylnre de calcium est formé avec absorption de chaleur à partir des éléments. )) On connaît l'hypothèse proposée par M. Berthelot pour expliquer la formation directe de l'acétylène : l'arc électrique aurait pour effet de vo- latiliser le carbone qui, à l'état gazeux, se combinerait à l'hydrogène avec dégagement de chaleur. La chaleur de volatilisation du C* diamant serait donc supérieure à 58^"', 15 d'après certains calculs, elle devrait atteindre 42,1 X 2 ou 84^"', 2 pour C- diamant et 38,8 X 2 ou 77^^', 6 pour C^ amorphe; de sorte que, en réalité, l'acétylène serait formé avec un déga- gement de chaleur de +26'^''',i à partir de C^ gazeux. Si l'on adopte ces nombres on aurait, pour la chaleur de formation de l'acétylure de cal- cium : + 84,2 - 7,25 = + 76'^'^', 95 à partir dii calcium solide et du carbone gazeux, c'est-à-dire dans les con- ditions de sa préparation au four électrique. » CHIMIE ORGANIQUE . — Action de l'acide o-aminobenzoïgite sur la benzoquinone. Note de MM. J. Ville et Ch. Astre, présentée par M. Friedel. « Différents auteurs (Zincke, Hebebrand, Rnapp) ont étudié Faction des aminés sur les quinones, en étendant leurs recherches à certaines aminés à fonctions mixtes (amino-phénols, nitranilines), à l'effet de savoir si les quinones doivent toutes être considérées comme des diacétones. ( 685 ) Il II nous a paru intéressant d'étudier, dans le même but, l'action des amines-acides. Nous indiquons, dans cette Note, les résultats obtenus en faisant agir l'acide o-aminobenzoïque sur la benzoquinone. » 1° Action en li/jiieur alcoolique. — Lorsqu'on mélange des solutions alcooliques d'acide o-aminobenzoïque et de benzoquinone, on obtient une liqueur colorée en rouge pourpre et, après quelques heures, on observe la formation d'un précipité rouge brun cristallisé. Si le mélange s'opère à cliaud, ce produit apparaît très rapidement. On maintient au bain- marie jjendant cinq à six heures et, après refroidissement, le précipité recueilli sur un filtre est lavé, d'abord à l'alcool, puis à l'eau, jusqu'à ce que cette dernière passe incolore. Le meilleur rendement est réalisé en opérant en solu- tions alcooliques à 5o" et dans les proportions de i™°' d'acide o-aminobenzoïque pour jraoi 5 jg benzoquinone. L'analyse a donné, en centièmes : Trouvé ^ — —^ Calculé pour I. II. III. IV. C'H'0'(AzH.C«H'.CO'H)'. C 6-2 , 99 63 , o4 » » 63 , 5o H 4,23 4,o3 n » 3,70 Az » » 7,86 7,42 7,4' O » » » » 2.5,39 » Ces nombres répondent à la composition d'un corps de constitution analogue à celle des composés que fournissent, dans les mêmes conditions, les aminés primaires à fondions simples. Le corps obtenu peut être considéré comme dérivant de la benzo- quinone par la substitution de deux groupes AzH.C^H'. CO-H de l'acide aminoben- zoïque à 2 H, une partie de la quinone se transformant en hydroquinone. Cette der- nière a pu, en effet, être retirée des eaux-mères sous la forme de prismes incolores, facilement solubles dans l'eau, l'alcool, l'éther et fusibles à 169°. La réaction peut donc être exprimée par la formule suivante 2(ÂzH^C«H*.C02H) + 3C=H*0^=C«H^O=(AzH.C8H»GO='H)'4-2C«H'{OH)', et le corps ainsi obtenu peut être désigné sous le uom d'acide quinone-di-o-amino- benzoïque. » Ce corps se présente en minces lamelles microscopiques, d'un rouge brun, isolées ou réunies en faisceaux, insolubles dans le benzène et la ligroïne, à peine solubles dans l'eau, l'éther, le chloroforme, faiblement solubles dans l'alcool. L'acide sulfurique le dissout en donnant une liqueur colorée en rouge de sang, d'où l'addition d'eau le pré- cipite inaltéré sous la forme d'un magma rouge brun. » Ce corps présente une réaction faiblement acide; il décompose lentement les car- bonates avec dégagement de gaz carbonique, surtout quand on opère à chaud. Les bases alcalines le dissolvent très facilement en donnant des liqueurs de couleur rouge brun foncé. Ces dissolutions se troublent et donnent un précipité brun amorphe quand on les soumet à un courant de gaz carbonique; toutefois la précipitation est incom- plète et la liqueur qui surnage reste fortement colorée. ( 686 ) » Les bases alcalino-terreuses et les aminés se comportent comme les alcalis. Les solutions obtenues avec l'eau de chaux et l'eau de baryte, exposées à l'air, se recou- vrent, après un certain temps, d'une croûte de carbonate avec précipitation corres- pondante du corps primitif. » L'acide quinone-di-o-aminobenzoïque devient pâteux vers 325°, puis se décorn- pose sans fondre et se cliarbonne; parmi les produits de décomposition, on trouve de l'aniline et de l'acide benzoïque qui se dépose en lamelles cristallines sur les parties froides du tube dans lequel on opère. » 2° Action en liqueur acétique. — Le mélange de solutions chaudes d'acide o-ami- nobenzoïque et de benzoquinone dans l'acide acétique glacial donne une liqueur colo- rée en un rouge brun intense et l'on observe, après quelques instants, la formation d'un précipité cristallin. On maintient au bain-marie bouillant pendant douze heures en- viron, on jette sur un filtre et on lave le précipité d'abord à l'aciùe acétique glacial que l'on réunit aux eaux-mères, puis successivement à l'acide étendu au dixième et 11 l'eau, en rejetant les liquides provenant de ces deux derniers lavages. » Le produit cristallin ainsi obtenu se présente au microscope en faisceaux de fines aiguilles. L'analyse de ce corps et l'étude de ses propriétés nous ont montré qu'il est identique au composé formé en liqueur alcoolique, à l'acide quinone-di-o-aminoben- zoïque. » Les eaux-mères acétiques, très fortement colorées en rouge brun, abandonnent, par évaporation au bain-marie, un corps pâteux, lequel, par le refroidissement, se prend en une masse dure noirâtre. Ce produit, bien lavé à l'eau bouillante et desséché, se présente sous la forme d'un corps noir insoluble dans l'eau, facilement soluble dans l'alcool. 11 se ramollit au-dessous de loo" et fond vers i45° en un liquide noir épais. L'analyse a donné, en centièmes : Calculé pour Trouvé. , 0. C«H' Az.C'H'.CO'H. I. II. III. ( (AzH.C«H».CO"H)». C 64,91 65, o3 » 65,19 H 4)12 4)25 » 3,82 Az » » 8,75 8 , 45 o » » » 22 ,54 » Ces nombres répondent à la composition d'un corps de constitution analogue à celle des composés obtenus par Zincke et Hebebrand avec les aminés à fonctions simples et dans lesquels, en dehors de 2 H de la quinone substitués par deux groupes AzH.R', un oxygène quinonique se trouve remplacé, comme dans les diacétones, par un radical divalent (AzR')". » Le produit obtenu peut ainsi être exprimé par la formule C«H2 < Az.C^H'.CO^H, ( (AzH.G«H'.CO=H)^ (687) » L'acide o-aminobenzoïque se comporte donc, vis-à-vis de la benzo- quinone, à la façon des aminés primaires à fonctions simples. La formn- tion du produit retiré des eaux-mères acétiques montre, comme le com- posé analogue, la dianilidobenzoqiiinone'anilide, obtenu avec l'aniline, que la benzoquinone présente certaines propriétés communes avec les diacé- tones. » L'un de nous se propose de poursuivre cette étude, en l'étendant aux autres quinones et à d'autres amines-acides. )) Nous indiquerons, dans une prochaine Note, certains dérivés de l'acide quinone-di-o-aminobenzoïque. » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Variations des matières sucrées pendant la germination de l'orge. Note de M. P. Petit. (c O. Sullivan et plus récemment M. lÀnAeX. {Bulletin de la Société chi- mique, t. XL p- i8) ont montré qu'il se formait du saccharose pendant la germination de l'orge; Morris, Fais et Falowetz ont également constaté la présence de ce sucre dans le malt. » J'ai opéré sur deux lots d'une même orge de Champagne; une partie du lot, 60 quintaux, a été trempée cent vingt heures, avec une absorption d'eau de 46 pour 100, et ensuite traitée en neuf jours au germoir. L'autre portion, de 80 quin- taux, a été trempée quatre-vingt-seize heures et germée dans les cases de l'appareil Saladin. On a pris chaque jour un échantillon des deux malts verts, puis à la fin des malts secs, y compris les radicelles. Les malts verts étaient portés brusquement dans une étuve à 45° pour arrêter toute germination; après dessiccation, ils étaient soumis à l'extraction par l'alcool, celui-ci distille; le résidu repris par l'eau bouillante, éva- poré encore, puis redissous dans l'eau après filtration pour éliminer les matières grasses; le liquide étant amené à 100°, on fait le dosage du sucre réducteur à la liqueur de Fehiing et par pesée, le résultat étant exprimé en glucose. On invertit ensuite par 10 pour 100 d'acide chlorhydrique, en mettant dix minutes exactement pour arriver à ôyo-ôS". Après neutralisation, on dose de nouveau le sucre réducteur en glucose. » Les résultats sont rapportés à 1000 grains d'orge. » On a trouvé pour l'orge et pendant la trempe : Premier Deuxième Troisième Quatrième Cinquième Orge. jour. jour. jour. jour. jour. Sucre réducteur en glucose. 24"'S'- 29°'s-- So'-b'- 3i"8'- Sa^s-' Sg-s' Saccharose 2i4"S"',7 aSo""?'- 26o'»8',3 3o7"s-- 384'-5%8 4o6">sr,6 ( 688 ) » Nous voyons que la proportion de sucre réducteur ne varie que d'une façon insignifiante pendant la trempe, tandis que la quantité de saccha- rose augmente constamment et devient presque double du taux pri- mitif. » Pendant la trempe, il se produit donc déjà une transformation de l'a- midon. » La suite de la germination conduit aux chiffres suivants en milli- grammes pour looo grains; on y a joint le pouvoir diastasique suivant Hayduck. Gerniciir. Saladin. Pouvoir Pouvoir Jours. Glucose. Saccharose, diastasique. Glucose. Saccharose, diastasique. 1 48 4i3 o 5j 4o3 o 2 86 420 o 84 433 o 3 187 426 o 172 457 o 4 269 433 364 234 462 025 5 3i9 437 225 287 464 195 6 363 453 143 341 469 125 7 394 476 83 379 489 66 8 417 542 34 409 553 3i 9 402 642 3i 397 65i 28 Tomaillé.. 33o 782 i5o 324 826 100 « La proportion de sucre réducteur augmente constamment jusqu'au neuvième jour. Mais l'accroissement, par vingt-quatre heures, est maximum du deuxième au troisième jour. Il y a une chute du huitième au neuvième jour et plus forte encore après le touraillage. Il semble donc qu'il y ait une relation entre la proportion de sucre réducteur et l'activité de la respiration, puisqu'à la fin de la germination l'on procède à un fanage, et que sur la touraille, l'élévation de température augmente aussi la dose d'acide car- bonique dégagé. Dans l'appareil Saladin, où la ventilation continue assure une respiration régulière, on remarque que le taux de sucre réducteur est constamment plus faible que dans l'orge provenant du germoir. » Le saccharose augmente aussi d'une façon continue, mais avec une période d'accroissement très lent du troisième au sixième jour pour le système et du premier au cinquième jour pour le germoir : la quantité de saccharose est d'ailleurs constamment plus forte pour le maltage pneuma- tique. i> Enfin la diastase ne fait son apparition d'une façon sensible qu'au quatrième jour, et le malt pneumatique est toujours plus riche en diastase ( 689 ) que l'orge traitée au germoir. Cette dittérence est très nette pour le malt touraillé. » Nous pouvons conclure de ces essais qu'il y a une relation entre les quantités de sucre réducteur et de saccharose existant dans l'orge pendant sa germination; en second lieu, que la formation de saccharose commence même pendant la trempe, tandis que le sucre réducteur ne varie pas sen- siblement dans la même période; enfin que la variation du pouvoir réduc- teur représente l'activité de la respiration. » Au point de vue pratique, le maltage pneumatique donne une respi- ration ])lus régulière, et un malt plus riche en diastase, même après touraillage (' ). » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Procédé chimique d' épuration des eaux. Note de MM. F. Bordas et Ch. Girard, présentée par M. Friedel. « Le dosage des matières organiques par le permanganate de potasse a suggéré à de nombreux auteurs l'idée d'employer le permanganate de po- tasse pour purifier les eaux destinées à l'alimentation; mais l'emploi de ce sel ne s'est pas généralisé, parce qu'il présentait des inconvénients graves et dont le moindre était la présence de la potasse dans les eaux traitées de la sorte. » Dans les recherches que nous avon^ faites sur l'action des permanga- nates alcalins sur les matières organiques, nous avons été amenés à nous occuper plus particulièrement du permanganate de chaux dont les pro- priétés oxydantes sont, en effet, beaucoup plus énergiques que celles du permanganate de potasse et qui a, en outre, l'avantage de ne pas intro- duire dans l'eau d'alimentation des principes minéraux étrangers. » Le permanganate de chaux est un sel cristallisé en très belles ai- guilles violettes, déliquescentes, qui se décompose très rapidement au contact de matières organiques en oxygène, oxyde de manganèse et chaux. » L'acide carbonique, soit dissous dans l'eau, soit formé par l'oxydation de matières organiques, facilite cette décomposition. » Cette action a lieu à froid en raison de cette facile décomposition du permanganate de chaux et aussi par le fait de la grande affinité de l'acide carbonique pour la chaux; il en résulte que l'acide permanganique mis en (') Travail fait à l'École de Brasserie de la Faculté des Sciences de Nancj. C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N" 12.) 91 (690 ) liberté attaque immédiatement el à froid la matière organique et se trans- forme en oxyde de manganèse. » Pour l'utilisation du permanganate de chaux dans la purification des eaux d'alimentation, il est nécessaire d'enlever l'excès de permanganate de chaux et de rendre le liquide incolore. » Nous avons songé à employer, à cet effet, des oxydes inférieurs de manganèse qui réduisent le permanganate de chaux en excès en se trans- formant en bioxyde de manganèse. » Ce bioxyde de manganèse par le contact des matières organiques con- tenues dans l'eau, ou encore par le charbon qu'on peut mélanger aux sels inférieurs de manganèse pour l'agglomérer sous une forme quelconque, se réduit en oxydes inférieurs transformables à nouveau en bioxydes de man- ganèse, au contact du permanganate de chaux en excès. » En résumé, l'action du permanganate de chaux et des oxydes infé- rieurs de manganèse sur les matières organiques contenues dans l'eau a lieu de la manière suivante : » 1° Décomposition du permanganate de chaux en présence des matières organiques avec formation de carbonate de chaux, d'oxj-des de manganèse ; » 2° Oxydation dans la masse composée de charbon et d'oxyde de manganèse de ces oxydes inférieurs de manganèse (inférieurs au bioxyde) aux dépens de l'excès de per- manganate de chaux ; » 3° Enfin, réduction lente du peroxyde de manganèse ainsi formé par les matières organiques ou par le charbon lui-même. » A ces oxydations énergiques, nous avons remarqué qu'il se joignait des effets physiques particuliers qui tendraient, en présence de liquides neutres ou légèrement acides, à laquer la matière organique qui se dépose au fond du récipient, et qui se décompose plus ou moins rapidement en oxyde de manganèse avec destruction complète de la matière organique. » Ce qui montre que, dans l'action que nous examinons, il se forme des oxydes intermédiaires, c'est que nous avons constaté que l'eau qui renfer- mait du permanganate de chaux en excès, après son passage sur des oxydes de manganèse, restait quelquefois colorée en brun très clair et se décolo- rait à l'air, après vingt-quatre heures, et laissait déposer une gelée brun cannelle formée par un oxyde manganoso-manganique qui parait être soluble au moment de sa formation, au même titre que l'oxyde de fer dialyse. » L'eau traitée par ce moyen ne contient plus de matières organiques, se trouve privée de tous microrganismes : elle ne contient que de très (691 ) faibles quantités de carbonate de chaux et des traces d'eau oxygénée qui continue à assurer l'asepsie du liquide. « ÉCONOMIE RURALE. — Sur un hk' provenant d'un terrain salé, en Algérie. Note de MM. Berthault et Crochetelle. présentée par M. P.-P. Dehérain. « L'Algérie cultive chaque année environ iSSoooo"* de froment; elle récolte quatorze millions d'hectolitres, soit, en moyenne, lo''' par hectare. » L'aspect des cultures sur les sols profonds et frais ferait croire à des rendements bien supérieurs à ceux que l'on obtient. » Le développement des chaumes, l'exubérance des parties foliacées, la grosseur des épis représentent ce que nous obtenons exceptionnellement de nos terres les plus riches du nord de la France. » Quelques journées brûlantes, au début du mois de juin, suffisent souvent pour anéantir les espérances les mieux fondées. Les tiges blan- chissent rapidement, les épis se dessèchent, le grain se durcit et se ride. Cette transformation commence sur les parties des champs où le sol est le moins bien constitué; mais elle gagne de proche en proche et s'étend par- fois à des surfaces considérables. )) C'est là V échaudage dont les manifestations se retrouvent en France, cà et là, et dans les régions les plus diverses. » Or quelquefois le phénomène, tout en conservant les caractères in- diqués quant à la plante, se montre différent quant à sa marche sur l'é- tendue des champs. Il se cantonne et donne naissance à de véritables taches à contours peu réguliers, et, tandis qu'en ces points la récolte blanchit en un ou deux jours, elle jaunit lentement à côté. )) Alors que les parties atteintes ne rendent que to ou 12 quintaux, on obtient 20 à 25 quintaux sur les points oîi la maturation a été normale. » Il s'agit ici de taches salées, suivant l'expression dont on se sert dans la localité; et, quand la surface des taches devient proportionnellement importante, on délaisse les terrains qui forment des pâturages à végétation très caractéristique. » Nous avons pensé qu'il pouvait être intéressant d'étudier les froments venus sur les taches où le degré de salure, sans s'opposer à une belle vé- gétation, amenait dans les récoltes les phénomènes décrits. » Nous avons examiné des échantillons provenant de la récolte de 1894, ( 692 ) dont l'arrachage avait été fait le 8 juin, trois jours après la dessiccation apparente des épis et des tiges. » Un fait nous a frappés tout d'abord : les nœuds de la partie moyenne des chaumes étaient recouverts d'efflorescences salines. L'étude de ces cristallisations a montré qu'elles étaient formées de chlorure de potassium avec des traces de chlorure de sodium. Les nœuds seuls étaient tapissés de ces sels, les mérithalles n'en portaient pas à l'extérieur; de sorte qu'on doit éloigner cette idée que les chlorures aient pu grimper le long de la tige des céréales. » La pénétration a donc dû se faire par les racines, et la dessiccation du végétal a eu pour conséquence la cristallisation des sels, notamment aux nœuds qui renfermaient une plus haute dose d'humidité et qui sont restés plus longtemps humides. » M. Dehérain, dans une expérience bien connue, a fait périr, par plé- thore de chlorure de potassium, des haricots qui recevaient du chlorure de sodium. Le phénomène actuel se présente dans les mêmes conditions : nos froments, végétant dans un terrain riche en chlorure de sodium, ont absorbé du chlorure de potassium. » Les dosages du chlorure de potassium, dans les diverses parties du végétal, ont donné : Chlorure de potassium pour 1000 parties de matière sèche. Racines ^^oi Nœuds de la portion moyenne de la tige, couverts de cristallisations ",18 Nœuds inférieurs n'offrant pas de cristallisations. ... 4>32 Mérithalles inférieurs 3,68 Mérithalles supérieurs 0,326 Epis entiers, y compris le grain 0,788 Pieds de blé entiers , 1 ,25 » On voit que ce sont les nœuds de la partie moyenne de la tige qui sont le plus chargés de chlorure de potassium; les racines en contiennent aussi une dose élevée, comparable à celle observée dans les nœuds infé- rieurs. Les parties creuses du chaume, les mérithalles, sont relativement peu riches en chlorure de potas.sium; ici encore, c'est à la base du végétal qu'apparaissent lés quantités les plus fortes. L'épi e.st plus chargé de sel que la paille qui le précède. » En incinérant loo^' d'un échantillon moyen lessivé à l'eau bouillante, ( 693 ) nous avons obtenu 5^%3i2 rie cendres qui ont fourni seulement 3i™^ de chlore. Le chlorure de potassium n'est donc pas combiné à l'intérieur du végétal. » Le sol sur lequel le blé a été récolté présente la composition sui- vante : Par kilogramme de terre. Sr Sable grossier 16,2 Calcaire terreux 363 , 2 Sable fin 354,0 Argile 222,8 Humus 24,0 Potasse 6,4 Soude 2,6 Chlore o,i4o Acide sulfurique 0,068 » Le rendement du froment a atteint 12 quintaux à l'hectare; le grain était de qualité inférieure, sa forme attestait une maturité hâtive. )) Sur des terrains voisins de celui que nous venons d'examiner, le ren- dement était de 18 quintaux, le grain régulier et plein. » Il nous semble permis de conclure de ces observations : » i" Que sur une terre salée, comme celle dont il s'agit, on peut obtenir de beaux froments; mais que la récolte du grain y est exposée à un dépé- rissement rapide quand les chaleurs surprennent la plante en pleine végé- tation ; » 2° Que le froment végétant dans un terrain salé absorbe du chlorure de potassium, et qu'il peut en absorber de fortes quantités (1,24 pour 1000 de la matière sèche) sans périr; mais que c'est là une cause de ralentisse- ment de l'activité végétative, ralentissement qui se traduit par une dimi- nution de la quantité et de la qualité du produit. » BOTANIQUE. — Sur les frondes anormales des Fougères. Note de M. Ernest Olivier, présentée par M. Blanchard. « Je viens citer un fait qui contredit l'opinion émise par M. Adrien Guebhard au sujet des modifications de l'expansion foliacée chez les Fou- gères, qui seraient accidentelles et ne se reproduiraient jamais plusieurs années de suite (séance du 4 mars iSgS). ( 694 ) » Je possède, aux environs de Moulins (Allier), un puits construit en pierres sèches dans les parois internes duquel croissent plusieurs toufFes de Scolopendrium officinale L., dont presque toutes les frondaisons sont bifurquées à leur extrémité. » J'observe ces Fougères depuis plus de vingt ans, et j'ai toujours vu, chaque année, un grand nombre de feuilles ainsi conformées irrégulière- ment. Sur ces plants, cette anomalie est donc bien fixée et ne peut être traitée d'accidentelle. » Je ne sais, du reste, quelle en est la cause, mais je ne crois pas qu'elle doive être attribuée à la piqûre d'un parasite. S'il en était ainsi, dans les localités où les Fougères sont communes, ce parasite le serait aussi : l'ano- malie en question se présenterait fréquemment et on la rencontrerait aussi souvent que les autres déformations végétales produites incontesta- blement par des insectes, les diverses galles, par exemple. » Mais tel n'est pas le cas, et M. A. Guebhard dit lui-même que ce n'est que très rarement qu'il a pu observer ces frondaisons irrégulières. » Dans les bois frais et rocheux des environs de Besancon (Doubs), le Scolopendrium officinale est très abondant, mais je n'y ai jamais trouvé de frondes bifurquées, anomalie qui devrait s'offrir souvent dans cette région si elle était due à la piqûre d'un parasite, qui se multiplierait d'autant plus que la plante sur laquelle il vit est plus répandue. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Origine et division des noyaux bourgeon- nants des cellules géantes sarcomateuses. Note de MM. O. Van der Stricht et P. Walton ('). « J^a genèse des novaux bourgeonnants (mégacaryocytes) des cellules géantes, propres aux tumeurs sarcomateuses, est encore relativement ob- scure. Certains anatomo-pathologistes ont émis l'idée qu'ils résultent de la fusion des noyaux dérivés, à la suite d'une division mitosique du noyau mère d'un élément sarcomateux. Dans les mégacaryocytes de la moelle osseuse et du foie embryonnaire des mammifères, M. le professeur Van Bambeke et l'un de nous ont pu poursuivre les différentes étapes de cette fusion. V. Kostanecki a vu des stades analogues. » Il nous a été donné d'étudier un sarcome ayant pris naissance sur le (') Travail du laboratoire d'histologie de Gand. ( 695 ) périoste du fémur, chez un homme de soixante ans. Cette tumeur, à marche très rapide et de nature très mah'gne, renferme un nombre très considérable de cellules géantes à noyaux gigantesques. Les figures de plurimitose y sont très nombreuses et nous permettent de suivre les stades intermédiaires entre l'étape finale de la division indirecte du noyau, et l'apparition des noyaux bourgeonnants au repos. » Au stade repos, ces noyaux sont relativement riches en chromaline. Ils sont limités par une membrane chromatique et renferment un réti- culum chromatique à trabécules épais, parsemés de granulations de même nature. » Quand la division indirecte commence, le réticulum nucléinien s'épaissit et donne naissance à des filaments volumineux, siégeant à la périphérie du champ nucléaire, les parties centrales étant remplies d'un liquide clair : le suc nucléaire. A un second stade, on observe la dispari- tion de la membrane nucléaire, les chromosomes se rapprochent les uns des autres pour former un amas compact, présentant à sa surface un grand nombre d'encoches, au niveau desquelles on trouve les sphères attrac- tives. » Au stade peloton succède celui de l'étoile mère, caractérisé par un nombre variable de plaques nucléaires séparées les unes des autres par les sphères attractives. » Au stade de la métacinèse s'opère l'écartement des chromosomes dé- rivés, qui gagnent les différents pôles des figures achromatiques. On arrive de cette manière à la constitution, d'abord des diasters multiples, ensuite des pelotons fils constitués par des filaments nucléiniens, gros, générale- ment agglutinés. C'est à partir de ce moment que les images deviennent très intéressantes, au point de vue de la genèse ties noyaux bourgeonnants. Les noyaux fils changent de forme, la masse chi'omatique s'allonge, et, dans les cas typiques, elle engendre un boyau contourné sous forme de fer à cheval, hérissé souvent de petites bosselures latérales. D'autres fois, elle prend un aspect bosselé beaucoup plus irrégulier. A cette étape de processus de division, les noyaux dérivés, encore indépendants les uns des autres , s'entourent d'une mince membrane chromatique. Les filaments chromatiques présentent un aspect caractéristique, propre au stade final de la mitose. La disposition de la substance nucléinienne permet toujours de différencier facilement ces noyaux au dernier stade de la division d'un bourgeon nucléaire au repos. Aux chromosomes épais du stade précédent, ont succédé un très grand nombre de filaments minces ( 696 ) très safranophiles dirigés perpendiculairement par rapport au grand axe du boyau nucléaire. Les anses chromatiques sont courtes, ont une direc- tion circulaire autour de l'axe du noyau, et sont plus rapprochées de la périphérie que du centre nucléaire. » Pendant cette phase s'opère la fusion des noyaux dérivés. Celle-ci se fait de manière à engendrer des noyaux de formes très différentes : mi" Plusieurs boyaux nucléaires peuvent se juxtaposer et se fusionner de manière à donner naissance à un noyau volumineux de forme réticulaire, trabéculaire. Dans les mailles du réseau l'on rencontre le cytoplasma (endoplasma) en continuité avec le cytoplasma périphérique ou exoplasma. Au moment de leur formation, ces noyaux montrent encore une réparti- tion de la substance chromatique, analogue à celle des noyaux fils, de sorte que l'on ne peut pas les considérer comme des noyaux au repos. Peu à peu, cependant, les filaments nucléiniens se fragmentent et engendrent un réticulum chromatique propre aux noyaux au repos. » 2° D'autres fois, les boyaux nucléaires se fusionnent, non par leurs extrémités, mais par leurs faces latérales, donnent naissance à une masse unique, volumineuse, munie de bourgeons latéraux. La distribution de la substance nucléinienne affecte un caractère spécial. On y trouve un très 2;rand nombre de filaments minces et courts, très safranophiles. Les limites des noyaux sont très irrégulières, mamelonnées. Mais, bientôt, elles se régularisent et prennent l'aspect de noyaux bourgeonnants au repos. En même temps, le réticulum nucléin propre au stade repos apparaît. » La forme irrégulière des noyaux trabéculaires et des noyaux bourgeon- nants des tumeurs sarcomateuses existe donc dès le moment de leur forma- tion. La forme primitive de ces éléments n'est point arrondie. Sous ce rap- port, ils ressemblent à plusieurs autres noyaux irréguliers des tissus normaux dont l'un de nous s'est occupé dans un Mémoire spécial ('). Il arrive que les noyaux ne se fusionnent pas, qu'ils restent indépendants et rentrent au repos de manière à donner naissance à une cellule géante à noyaux multiples (polycaryocytes). )) Si les noyaux dérivés résultant d'une mitose multiple suivaient une des trois voies que nous venons d'indiquer on ne rencontrerait dans les tumeurs sarcomateuses que des noyaux trabéculaires, des noyaux bour- (') O. Van uer Stricht, Contribution à l'étude de la forme, de la structure et de la division du noyau (Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3= série, t. XXIX, n» 1; 1895). ( «^97 ) geonnants ou des noyauK mulliples. Mais souvent des irrégularités se pro- duisent : les trois processus dont nous venons de parler peuvent se com- biner et donner naissance, de cette manière, à tous les stades intermédiaires entre les trois types en question. » De plus, la fusion des noyaux dérivés peut s'opérer à une époque variable du processus de la division indirecte. Quelquefois elle se produit au stade de peloton fils, avant toute apparition delà membrane nucléaire; d'autres fois elle s'opère ou s'achève quand la substance chromatique affecte déjà la disposition réticulée propre au stade de repos. » Au surplus, dans une même cellule on trouve parfois des noyaux à des phases différentes de la mitose et même un noyau bourgeonnant ou trabéculaire à côté d'un ou de plusieurs autres boyaux nucléaires, au stade final de la cinèse. » A la division mitosique du noyau mère succède la division du corps cellulaire, donnant comme résultat deux ou plusieurs cellules de même nature, dont chaque noyau correspond ordinairement à la fusion de deux ou de plusieurs noyaux fils. Cette division du cytoplasma s'opère, ou bien pendant la phase de la fusion, ou bien au stade repos, de sorte que les noyaux géants des cellules filles sont encore réunis par des ponts nu- cléaires, quand la division du corps cellulaire est déjà presque terminée. » D'autres fois le protoplasma reste indivis et, dans ces conditions, la plurimitose n'a d'autre résultat que la formation d'une seule cellule géante fille beaucoup plus volumineuse que la cellule géante mère et à noyau beaucoup plus grand, résultant de la fusion d'un nombre double de noyaux dérivés. » M. Delauriek adresse une Note ayant pour titre : « Indication d'un procédé facile pour faire le vide parfait, même dans un très grand récipient, sans aucun mécanisme ». Ce procédé consiste à remplir le récipient asec un gaz tel que l'oxygène, susceptible d'être absorbé chimiquement par le fer chauffé au rouge. La séance est levée à 4 heures et demie. M. B. C. R., 1895, I" Semestre. (T. CXX, N' 12.) q2 ( 698 ; BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Odvrages nKçus dans la séance du 18 mars 1896. Mirifici logarithmorum canonis constructio ; et eorum ad naturales ipsorum numéros habiludines ; édit. de Lyon, 1620. Réimjjression enfac simile in-8". Authore et inventore Joânne Nepero, barone Merchistonii, et G. Scoto. Paris, A. Hermann, iSqS; i vol. in-8°. (Présenté par M. Darboux.) Journal de Mathématiques pures et appliquées. Publié de iS^S à 1884 par M. H. Resal. Cinquième série, publiée parM. Camille Jordan, avec la colla- boration de MM. M. Lévy, A. Mannheim, E. Picard, H. Poincaré, H. Resal. Tome premier. Année iSgS. Fasc. n" 1. Paris, Gaulhier-Villarsetfils, iSqS; I fasc. in-4°. Bulletin de l'Académie de Médecine. Séance du 19 mars iSgS. Paris, G. Masson ; i fasc. in-8°. Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et Jules Tannery. Mars 1895. Paris, Gauthier-Villars et fils; i fasc. in-8°. Jnnales médico-psychologiques. N"l. Mars-avril iSgS. Paris, G. Masson, 1895; I fasc. in-8". Mémento-Annuaire de la Médecine et de la Pharmacie, iSgS. Paris, Rugin et C'% 1895; I vol. gr. in-8°. Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen. Rouen, J. Lecerf, 1894; 1 vol. in-S". Bulletin international du Bureau central météorologique de France. 1 895 . Jeudi 28 février. Les collisions en mer; moyensde les éviter, par M. Léon Somzée, Ingénieur des Mines. 1868-1870, 1887. Bruxelles, Ad. Mertens; 1887; i br. in-4°. Loi du rayonnement solaire et ses principales conséquences, par M. Carlos Honoré. Montevideo, 1894; i br. in-4''. Bulletin mensuel de l'observatoire météorologique de V Université d'Upsal. Année 1894. par M. le D' Hildebrand Hildebrandsson. Upsal, Edr. Berling, 1894-1895; i vol. in-4°. Acta Malhematica. Journal rédigé par M. G. Mittag-Leffler. 19 : i. Paris, A. Hermann, 1895; i br. in-8°. Anales de la oficina meteorologica Argentina, por su Director, Gualterio ( 699 ) G. Davis. Tonio IX. Prima Parte; segunda Parte. Buenos-Ayres, 1898; 3 vol. in-4°. OUVRAGKS UEÇUS DANS LA SÉANCE DU 25 MARS iSgS. I Nouvelles Archives du Muséum d' Histoire naturelle, publiées par MM. les pro- fesseurs-administrateurs de cet établissement. Troisième série. Paris, G. Mas- son; in-4°- (Présenté par M. Daubrée.) Les phénomènes de contact de la Iherzolite et de quelques ophites des Pyrénées, par M. A. Lacroix, professeur de Minéralogie au Muséum d'Histoire natu- relle. (Extrait du Bulletin des services de la Carte géologique de la France et des topographies souterraines, n° 42. Tome VI. 1 894-1895.) Paris, Baudry et C'^, 1895; I vol. in-8*'. (Présenté par M. Daubrée.) Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agri- culture par M. P. -P. Dehérain, Membre de l'Institut, etc. Paris, G. Masson, 1895; I fasc. in-8°. Carte de la partie septentrionale d^Imerina, parM. A. Grandidier, Membre de l'Institut, et les R. P. Roblet et Colin. Échelle j^j^n^Jô- Carte topo graphique de l' Imerina (^Province centrale de Madagascar), par M. A. Grandidier, Membre de l'Institut, et les R. P. Roblet et Colin, Missionnaires à Madagascar. Échelle .,„^„^^„. Service hydrographique de la Marine. Instructions nautiques sur la mer Rouge et le golfe d'Aden. Paris, Imprimerie nationale, 1895; i vol. in-S". Bulletin de l'Académie de Médecine. N° il. Séance du 19 mars 1895. Paris, G. Masson; i fasc. in-8°. Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de Belgique. Tome XIII. Bruxelles, F. Hayez, 1894. Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d' Hydrologie (Bruxelles). Tomes I à VIII. Bruxelles, Polleunis, Ceuterick et Lefébure; 8 vol. in-8°. Anuario de la real Academia de Ciencias exaclas , fisicas y naturales. iSgS. Madrid, Aguado; in-i8. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Augustins, n" 55. '^SHs depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4*. Deui )lcs, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel part du :" janvier. Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit : J f Paris ; 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays ; les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Michel et Médan. j I Chaix. fer } Jourdan. ( RuIT. lens Courtin-Hecquet. i Germain etGrassin. ' \ Lachèse. fonne ... Jérôme. ançon Jacquard. j Avrard. deaux i Duthu. ' Muller (G.). \rges Renaud. / Lefournier. \ F. Robert. j J. Robert. I V Uzel Carolî. în Massif. ambery Perrin. . l Henry. zrboure ' . ( Marguerie. , „ 1 Juliol. rmont-Ferr... „., „ ,, I Ribou-Collay. ; Laniarche. On Ratel. ( Damidot. { Lauverjal. '«' „ ( Crepin. . , 1 Drevet. moble l ^ [ Gratier. fiochelle Fouclier. l Bourdignon. avre " ( Dombre. ï j Vallée. ( Quarré. chez Messieurs : ( Baumal. Lorient ,. ( M°* lexier. Bernoux et Cumin, Georg. l^yon l Cote. Chanard. Ville. Marseille Ruai. i Calas. Montpellier ^ ^^^,^^ Moulins Maniai Place. [ Jacques. Nancy Grosjean-Maupin. I Sidot frères. ) Lolseau. Nantes I ir 1 ( Veloppe. I Barnia. '^"^^ / Visconli el C-. Nîmes Tliibaud. Orléans Luzeray. ( Blanchier. Poitiers , ^ , { Druinaud. Hennés Plihon et Hervé. Rochefort Girard ( M"" ) . i Langlois. Rouen i , ( Leslringanl. S'-Élienne Chevalier. J Bastide. Toulon 11, -1 1 Gmicl. Toulouse i „ . . ( Privai. / Boisselier. Tours Pérical. ' Suppligeon. 1 Giard. Valenciennes , Lemaltre. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : . , , j Feikenia Caarelsen Amsterdam ( et C-. Atliènes Beck. Barcelone Verdaguer. 1 Asiier et C". „ ,. ) Dames. Berlin J Friedlander el fils. f Mayer el Muller. £(g,.„g l Schmid, Francke el Bologne Zanichelli. / Ramlot. Bruxelles ! MayolezetAudiarte. I Lebègue et C". i Haimann. Bucharest , ,, / Ranisteanu. Budapest Kilian. Cambridge Deighlon, BellelC". Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Ol.o Keil. Copenhague Husl et fils. Florence Seeber. Gand Hosle. Gènes Benf. i Cherbuliez. Genève Georg. ( Stapelmohr. La Haye Belinfante frères. I lienda. Lausanne , _ / Payot Barth. Brockhaus. Leipzig 'i Lorentz. Max Rûbe. Twielmeyer. i Desoer. ^''Se JGnusé. chez Messieurs : 1 Dulau. t-ondres Hachette el C" ! Nu II. Luxembourg. ... V. Biick. !Libr. Gulenberg. Romoy Fussel. I Gonzalés e hijos. l F. Fé. Milan (Dumolard frères. ■' \ Hcepli. Moscou Gautier. iFurcliheim. Marghieri di Gius. Pellerano. ( Dyrsen et Pfeiffer. New-York Stechert. f Westermann. Odessa Rousseau. Oxford Parker et G'- Palerme Clausen. Porto Magalhaés el Moniz. Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. _ ( Bocca frères. Rome 1 , ( Loescheret C". Rotterdam Kramers et fils. Stockholm Samson et Wallin. „, „ , ( Zinserline. S'-Petersbourg..^^^^^^ ^ I Bocca Irères. Brero. j Clausen. [ RosenbergelSellier Varsovie Gebelhner el Wolrt Vérone Drucker. ( Frick. Vienne )„ ,, ! Gerold et C". Ziirich Meyer el Zeller. 'ABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes l«à31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i86S.) Volume in-4''; 1870 Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume 10-4°; 1889. Prix 15 fr. iUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : el: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DeRBEsel A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouveni le» Hèles, par M.Hansen.- Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières sses, par M. Claude Beknard. Volume in-4°, avec 32 planches; i856 15 fr. ome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas BENEDE^^. — Essai d'une réponse à la queslion de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences I le concours de i853, et puis remise pourcelui de 1856, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- lentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la nature e> rapports qui existent entre l'état actuel du règne jrganique el ses états antérieurs », par M. le Professeur Bromn. In-4°. avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. lia même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. N" 12. TABLE DES ARTICLES. (Séance dn îiiî mars I«93.) MÉMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Pages. Pages. \1. k- .Ministre de l'Ixstiuction pubi.kjiji: M. Jininsay sur l'argoa el sur lliélium. withèseile lluu- rures et de silicates .M. LÉùx Pigeon. — Sur un nouveau mode de préparation de l'acide chloroplatineux et de ses sels M. DE FoRCiiAND. — Chaleur de formation de l'acétylure de calcium .MM. J. Ville et Gii. Astre. -~ Vetion de l'acide o-aminobenzoïque sur la benzo- quinone -M. P. Petit. — Variations des matières su- crées pendant la germination de l'oi-go. .. MM. V. Bordas et Cii. Girard. — Procédé chimique d'épuration des eaux M.M. Berth.ault et Crocheteli.e. — Sur un blé provenant d'un terrain salé, en Algérie. -M. Ernest Olivier. — Sur les frondes anormales des Fougères MM. (.). Van DEii Stiucht et P. Walton. — Origine et division des noyaux bourgeon- nants des caJlules géantes sarcomateuses. M. Delaurier adresse une Note ayant pour titre « Indication d'un procédé facile pour faire le vide parfait, même dans un très grand récipient, sans aucun mécanisme.. 1,7s li,Si l'i.S. (JS'i m- 69, Iii>'î 1)1 BULLKTIN BtBLIOGRAPllIQlIH ''!i: 69,/ PAKIS. — tMPKlMEKlE GAUTHlliR-VlLLAKs KT blLh, Quai des Grands-Autîutiins, 55. /.e Ceranf : ('.authier-Villahs. 302y 1 1895 PREMIER SEMESTRE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES i DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAK n.lW. MaK» SECnéXAIRE» PERPÉTUeiiS. TOME CXX. ÎV^ 13 (1- Avril 189S), PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augusiiiis, 55. '^ 1895 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS. Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875. Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de r Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap^ ports relatifs atix prix décernés ne le sont qu'autai^ que l'Académie l'aura décidé. ^ Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. ArncLE 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l' Académie. Article 1*"^. — Impressions deS travaux de V Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca^* JiBS extraits des Mémoires présentés par un Membre i demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- ouparun Associé étranger del'Académie comprennent | sumé qui ne dépasse pas 3 pages au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sontmentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les Membres qui. jjrésentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; 10; is les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait au ant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer tie chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin ; faule d'être remis à tempsi, le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompterendu Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par 1 actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui; les Correspondants de l'Académie comprennent au I y^ut ^i niis à la fin du cahier. plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés parîle Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation'des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement, y Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5*'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. /-.r'W;^olo95 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU EUIS'DI 1" AVRIL 1893, PRÉSIDENCE DE M. CORNU. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE AGRICOLE. — Sur la composition des eaux de drainage; par M. P. -P. Dehërain. « Bien que, à diverses reprises, j'aie déjà entretenu l'Académie de mes recherches sur les eaux de drainage, je lui demande la permission d'y revenir encore aujourd'hui, ^pour indiquer les résultats obtenus dans ces dernières années. )) J'ai déjà décrit (') les cases de végétation de Grignon à l'aide des- quelles j'ai constaté les faits que je vais exposer. Ce sont de grandes boîtes en ciment à section carrée de 2"" de côté et de i™ de profondeur; elles (") Annales agronomiques, t. XIX, p. 63. G. R., 1895, I" Semestre, (T. CX\, N» 13.) 9'^ ( 702 ) sont parfaitement étanches; le fond, creusé en rigole, s'incline légèrement en avant ; à la partie la plus basse débouche un tuyau de plomb, par lequel les eaux qui ont traversé le sol arrivent dans des bonbonnes, d'où il est facile de les extraire pour les mesurer et les analyser. La seule paroi des cases exposée à l'air est orientée au nord; elle ne reçoit guère le soleil et la terre ne s'échauffe pas. » Les cases ont été construites pendant l'automne de 1891 et remplies, avant l'hiver, de la terre qui avait été enlevée au moment de la construc- tion, de façon qu'il fût possible de semer du blé au commencement de novembre. » Les observations ont commencé régulièrement au mois de mars 1 892 ; j'ai donc actuellement les résultats de trois saisons. » Jachère. — Dès l'origine, on a laissé quatre des cases en jachère, de façon à déduire de la mesure et de l'analyse des eaux qui traversent la terre nue les pertes d'azote qu'entraîne la jîîchère. Drainage des cases en jachère. Azole nilriquo contenu dans les eaux Rapport de drainage . au drainage. par litre. parhectare(')_ er kg 2,9 0,129 225,7 4,5 0,095 101,6 5,5 o,io5 79,8 » Le rapport de la pluie au drainage varie d'une année à l'autre entre des limites assez écartées ; c'est que, en effet, la quantité d'eau qui traverse le sol pour arriver jusqu'aux drains est très différente, suivant l'époque des précipitations; les pluies d'hiver donnent seules un drainage abon- dant; les drains ne coulent, en été, qu'autant que les pluies sont très vio- lentes ; si elles sont modérées, l'eau s'évapore sans gagner les couches pro- fondes. » Pendant la première année, les eaux ont entraîné d'un hectare de terre nue 22.5''^, ^ d'azote nitrique, quantité énorme et qu'on ne retrouvera plus ; cette perte est due non seulement au lavage très complet qu'a subi le sol pendant l'hiver 1892-1893, mais en outre à l'extrême énergie de la (') Les cases ajant une surface de 4 mètres cari'és, on jimltiplie les nombres observés par 25oo pour obtenir les quantités relatives à i hectare. Années Pluie Eau des en millimètres de drain observations. de hauteur. eu millimi Mars iS92-mar3 1893.. 5i8 175 Mars 1893-mars 1894.. 490 107 Mars 1894-mars 1890.. 419 76 ( 7o3 ) nilrification qui s'y est développée. Pour construire les cases il a fallu enlever la terre, elle est restée exposée à l'air pendant plusieurs mois, elle a été triturée au moment du remplissage, et si les nombres trouvés ne peuvent, en aucune façon, indiquer les pertes que subit un sol en place maintenu en jachère, ils montrent ce qu'on pourrait obtenir d'un sol bien aéré. )) Pendant la seconde année d'observations, la nitrification est moins active, le litre ne renferme plus que gS^s"^ d'azote nitrique; mais, comme la quantité d'eau qui a traversé le sol est considérable, l'azote enlevé à l'hec- tare dépasse loo''^. Pendant la troisième année d'observations, la perte est moindre; la teneur du litre s'est cependant relevée, mais la pluie est sur- venue pendant l'été et l'on n'a recueilli que de faibles quantités d'eau de drainage. » Dans la Note qu'il a présentée récemment à l'Académie, M. Schlœsing estime que le rapport de la pluie au drainage est compris entre 6 et 3, et les nombres constatés à Grignon sont, comme on vient de le voir, à peu près compris entre ces limites; mais ces rapports ont été obtenus pour des terres sans végétation. Quand on détermine les rapports de la pluie au drainage de terres couvertes de végétaux, les rapports sont infiniment plus élevés. » Vignes. — Deux des cases de végétation ont été consacrées à la cul- ture de la vigne; celle-ci a été plantée seulement au printemps de 1893; pendant cette première année, elle n'a pas été bien vigoureuse, son évapo- ration a été faible, le rapport de la pluie au drainage est encore 5,r et la perte d'azote nitrique à l'hectare est de 77''^. En 1894, la vigne a pris de la force, le rapport de la pluie au drainage est i2,4; la perte d'azote ni- trique tombe à i4''^ environ. » Betteraves à sucre. — La betterave à sucre est une des cultures les plus répandues dans la région septentrionale, et il était intéressant de savoir quelles pertes d'azote elle entraîne. Bien que les betteraves aient été cul- tivées dès la première année, je ne crois pas devoir insister sur les chiffres constatés en 1892, époque à laquelle, ainsi qu'il a été dit déjà, la nitrifica- tion présentait une activité exagérée. » En 1893, une case a donné une mauvaise récolte qui, calculée à l'hec- tare, représentait 19000"'^ de racines ; le rapport de la pluie au drainage est 7,7, la perte à l'hectare de 32''*^,!. Les récoltes des deux autres cases sont meilleures, elles représentent l'une et l'autre 26200''^ de racines à l'hec- tare; les rapports de la pluie au drainage sont dans un cas de 1 1,3 avec une perte de i9''s,9, dans l'autre de 12,2 avec une perte de 17''^, 2. ( 704) » En 1894, on a obtenu une excellente récolte, elle s'est élevée en moyenne à 3825o''s de racines et les pertes par drainage sont devenues à peu près nulles. Les drains n'ont débité que des quantités d'eau insigni- fiantes : on a recueilli i""°,25 et i™"» au-dessous des cases qui avaient reçu du fumier; le rapport devient 335 et 419; la case qui n'avait reçu que du nitrate de soude a donné 5'"'",2 d'eau de drainage avec un rapport de 80. Une des cases au fumier a donné des eaux si pauvres qu'il n'a pas été possible d'y doser les nitrates, une autre a donné des eaux à 2°"°, 5 par litre et la perte à l'hectare s'est trouvée être de 25^"^; enfin, la case qui avait reçu du nitrate de soude en proportion considérable, ôaS'^s à l'hectare renfer- mant environ 90"*^ d'azote nitrique, n'a cependant perdu que 3i5s'" à l'hectare. » Blé. — Habituellement le blé ne se développe qu'assez mal dans les cases de végétation qui ne sont pas assez profondes pour que les racines puissent s'y étaler à l'aise. En iSgS, la récolte a été médiocre, elle a oscillé de i4'^'" à lô*!™; les eaux de drainage ont été très chargées, elles ont donné 44""^. 5, 58''s et 46''*^, 6 d'azote nitrique. En 189/j, la récolte s'est élevée en moyenne à 23'''" de grain. Sur les trois cases de végétation, une n'a pas coulé, une autre a donné pendant toute l'année i'"'",5 d'eau de drainage et l'autre 2™", 2; le rapport ne peut être calculé dans un des cas, dans les deux autres il est représenté par 279 et 190. Les eaux de drainage étaient très pauvres, elles ne renfermaient que 7™° ou 6"= par litre; la perte à l'hectare est de io5^'' dans un cas, de 1328"^ dans l'autre. » Avoine. — En 1893, l'avoine dans laquelle on a semé du trèfle qui a été maintenu pendant tout l'hiver n'a donné qu'une récolte médiocre de i3'ï'" de grain, la peite par drainage a été de 11^^, c, à l'hectare. En 189'!, trois cases ont porté de l'avoine, elle s'est admirablement développée, et le trèfle qu'on y a semé a très bien pris; aussi, les eaux de drainage sont- elles très peu abondantes et les pertes par drainage très faibles; il est curieux de constater que la perte est d'autant moindre que la récolte est meilleure. PoiJs d'avoine Acide nitrique récolté, entraîné, calculé à l'hectare. calculé à l'hectare. qni gr Case n° 6 4'^ de grain 3oo » n° 7 47)7 » io5 » n° 8 28,2 » 640 » Rapport de la pluie au drainage et perles d'azote nitrique pendant les deux années 1898 et 1894. — Si nous cherchons, à l'aide des observations ( 7o5 ) recueillies sur les 20 cases de végétation, à calculer ces rapports et ces pertes, nous trouvons qu'en i8()3 le rapport est 6,5 et la perte d'azote, à l'hectare, de 5i''S,4; mais, sur les 20 cases, 4 sont restées en jachère et 2 qui portaient de la vigne à sa première année ont laissé Bltrer presque autant de nitrates que les terres nues; il est, par suite, intéressant d'exé- cuter les calculs sur les i4 terres régulièrement emblavées; on trouve alors que le rapport est de 7, 6 et la perte de 33''^, 25. Ainsi, pendant une année de mauvaises récoltes comme iSgS, une terre de qualité moyenne, analogue à celle de Grignon, perd une quantité notable d'azote nitrique et cette quantité croît avec l'étendue de la jachère. M En 1894, pour l'ensemble des cases, le rapport de la pluie au drai- nage est 20, 1 et la perte à l'hectare de 1 7''^, 5 d'azote nitrique. Si l'on établit la moyenne, en laissant de côté les terres en jachère, on trouve que le rapport de la pluie au drainage est de 61 , 2 et la perte à l'hectare de l'^s^ ^(3 ; si, enfin, on exclut de la moyenne la vigne et qu'on ne prenne que les cases, qui ont porté des plantes annuelles, on trouve que le rapport de la pluie au drainage est de i35 et la perte à l'hectare de 200'^''. » Les nombres représentant les quantités d'azote nitrique entraînées par les eaux de drainage sont, en i8g3, très supérieurs, en 1894» très au-dessous, de ceux qu'a déduits M. Schlœsing de l'analyse des eaux de rivière en février iSgS ('). » Convient-il d'insister sur ces différences? .Te ne le pense pas. Si, d'une part, en étudiant le drainage de 80'"'', je ne puis en déduire ce qui se passe dans le bassin de la Seine tout entier, d'autre part, M. Schlœsing ne con- sidère les nombres qu'il a donnés que comme une première approxima- tion. Celte année, il y a souvent accord entre la teneur des eaux de drai- nage et celle des eaux de rivière; cependant la teneur moyenne du litre d'eau de drainage des terres qui ont porté des cultures annuelles est de i5™s'" d'azote nitrique, tandis que la moyenne du litre des eaux de rivière n'at- teint pas 3'"^''; si la composition de ces eaux de rivière reflète exactement celle des eaux de drainage, on devra trouver après une mauvaise récolte et une année où les pluies d'automne sont abondantes des teneurs plus élevées qu'en 1894, où les eaux de drainage ont été rares et très pauvres. » Si, laissant de côté ces questions générales, je me borne aux observa- lions que j'ai recueillies, il me semble pouvoir en déduire quelques notions utiles à la pratique agricole. (') Comptes rendus, ce Volume, p. 526. ( 7o6 ) » En comparant, au point de vue de l'azote, les deux récoltes de iSgS et de 1894, on reconnaît qu'une récolte luxuriante, comme celle que nous avons faite l'an dernier et qui pour le blé est probablement la plus forte que nous ayons jamais eue, n'épuise pas plus le sol qu'une récolte mé- diocre; en effet, dans une année d'abondance comme 1894, tous les ni- trates produits dans le sol ou distribués comme engrais sont utilisés; en 1893, au contraire, une fraction importante de ces nitrates a été per- due. » On calcule que la récolte de blé obtenue. des cases de végétation en 1894 contiendrait, pour i*"*, (.)i^s d'azote; en 1893 la récolte de blé ne contenait que 44'"'') 2 d'azote, et il semblerait qu'au début de 1894 le sol est plus riche qu'au début de 1895, si l'on ne savait qu'aux prélèvements des récoltes s'est joint, en 1893, l'entraînement de 49''^> 7 d'azote nitrique par les eaux de drainage, tandis qu'en 1894 la perte pour drainage a été insignifiante; après la bonne récolte de 1894, le sol a perdu 91'^'^ d'azote; il en a perdu g3^^,g après la mauvaise récolte de 1893. » J'ai entrepris les études sur les eaux de drainage, qui m'occupent de- puis plusieurs années, dans l'espoir de donner aux cultivateurs quelques indications utiles à l'emploi des engrais, en leur enseignant quelles pertes occultes viennent s'ajouter aux prélèvements des récoltes, et c'est sur ce point que nous différons davantage, M. Schlœsing et moi. Si, comme semble le croire notre Confrère ('), les pertes d'azote par les eaux de drainage sont peu considérables et qu'il n'v ait pas lieu de s'en préoccuper, les seules pertes d'azote du sol sont dues aux prélèvements des récoltes ; d'où cette conclusion qu'après une mauvaise année la terre doit être plus riche en azote qu'après une bonne année; or je trouve qu'il n'en est pas ainsi, car ce que la plante ne prend pas est enlevé par l'eau de drainage. » Ce qui résulte encore, avec la dernière évidence, des faits observes aussi bien à Rothamsted par MM. Lawes, Gilbert et Warington qu'à Gri- gnon, c'est que les pertes des terres nues sont infiniment plus fortes que celles des terres emblavées, d'où l'utilité de maintenir le sol couvert de vé- gétaux le plus longtemps possible, et par suite de faire suivre, toutes les fois qu'on le pourra, la récolte du blé d'une culture dérobée d'automne. » (' ) Comptes rendus, ce Volume, p. 63o. ( 707 ) MEMOIRES LUS. M. Ramsay, présent à la séance, donne verbalement quelques dévelop- pements sur les résultats qu'il a récemment transmis à l'Académie et qui ont été résumés dans le Compte rendu du 23 mars. ME3I0IRES PRESENTES. M. J. Leroux adresse une Note ayant pour titre : « Recherches sur l'éclosion de l'œuf des sexués du Phylloxéra de la vigne ». (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) CORRESPONDANCE. La Municipalité et le Conseil général des Facultés de Lille invitent l'Académie à se faire représenter, les i"' et 2 juin prochains, à l'inaugura- tion des constructions universitaires, élevées par le concours de l'État et de la Ville pour l'installation de l'Enseignement supérieur : Facultés de Droit et des Lettres, Instituts de Chimie, de Physique, de Sciences natu- relles. Musée d'Archéologie et d'Histoire de l'Art. ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Rayonnement ullra-violel de la couronne solaire, pendant l'éclipsé totale du 16 avril 1893. Note de M. H. Deslandres, présentée par M. Tisseiand. « Dans une Note préliminaire, j'ai indiqué très brièvement les résultats généraux de la mission qui m'a été confiée par le Bureau des Longitudes, pour l'observation de l'éclipsé totale du 16 avril iSgS au Sénégal. La Note actuelle expose le résumé complet et défmilif des expériences relatives au rayonnement idtra-violet de la couronne, rayonnement non encore étudié dans les éclipses précédentes. » La couronne de l'atmosphère solaire est observable seulement dans les éclipses totales et pendant la durée très courte de la totalité. Or, depuis 1 868, dans toutes les éclipses, le spectroscope a été appliqué à la recherche ( 7o8 ) de la composition de sa lumière et a montré, entre les mains de MM. Young, Janssen, Lockyer, Tacchini et autres, que la couronne est formée par la superposition de trois lumières différentes; à savoir : i° une lumière à spectre continu, relativement intense, fournie par des poussières incan- descentes; 1" une lumière avec des raies fines et brillantes qui décèlent les gaz composants de l'atmosphère; 3" une lumière à raies noires, faible et due à la diffusion de la lumière du disque central ('). Les raies fines et brillantes, par les indications qu'elles fournissent, offrent un intérêt particulier. » Cependant, l'observation a été limitée d'abord à la partie la plus in- tense du spectre lumineux; puis, à partir de 1882, grâce à la Photographie elle a porté aussi sur une deuxième région voisine, peu visible ou invi- sible, et comprenant le bleu, le violet et l'ultra-violet jusqu'à l36o, cette dernière limite étant imposée par l'absorption des verres ordinaires d'op- tique. Mais le spectre du Soleil s'étend bien au delà, jusqu'à 1290; il pré- sente une troisième région qui, avec les prismes, offre la même étendue au moins que chacune des deux régions précédentes. Je me suis proposé d'étendre l'observation de la couronne à cette troisième région non encore explorée. » J'ai construit, dans ce but, un appareil simple et de petites dimensions avec des matières telles que le spath d'Islande et le quartz, qui sont trans- parentes pour la lumière ultra-violette. I^'appareil comprend : {a) une lentille de projection en spath et quartz, achromatique, de o",o2 de dia- mètre et de o™, 20 de distance focale, donnant sur la fente d'un spectro- scope une petite image de la couronne; (b) un spectroscope dont le prisme (angle 60°) est en spath d'Islande, et dont le collimateur et la lunette ont des lentilles identiques à la précédente. Le prisme, qui m'a été aimable- ment prêté par M. de Chardonnet, u ses arêtes parallèles à l'axe optique du cristal, et sépare donc complètement les spectres des rayons ordinaires et extraordinaires entre lesquels la lumière se divise. Avec le spectre ordi- naire employé seul, la dispersion est voisine de celle adoptée par M. Hug- gins dans ses belles recherches sur la lumière ultra-violette des étoiles. » Pendant l'éclipsé, l'appareil était fixé à l'axe d'un grand sidérostat polaire double entraîné par un régulateur, et suivait donc le mouvement du ciel. La fente était radiale et découpait dans l'image de la couronne un (') Il faut ajouter une quatrième lumière, due à la diffusion dans l'atmosphère terrestre; mais cette lumière est variable suivant les conditions du lieu d'observation; elle était assez forte au Sénégal, le ciel élant couvert de cirrus légers. ( 7-^9 ) diamètre voisin de l'équateiir. L'appareil a posé pendant la durée entière de la totalité, soit pendant quatre minutes, et aussitôt après on a projeté sur la fente deux; étincelles de fer encadrant la couronne et destinées à fournir les repères indispensables. » La petite épreuve obtenue (') donne tout le spectre photographiable; elle présente la deuxième région intense, mais avec un prolongement de longueur égale qui constitue la troisième région. » Le spectre est continu, avec de petites raies brillantes, mais sans raies noires, probablement à cause de la faiblesse de la dispersion et de la lumière (^), Par comparaison avec le spectre du fer, on constate que le spectre coronal s'étend jusqu'à x3oo, alors que le disque solaire, dans des conditions favorables, donne des rayons jusqu'à I295. I-.e rayonnement de la couronne dans l'uitra-violet est donc aussi étendu que celui du disque, mais il est relativement très faible; en effet, sur, l'épreuve, le spectre continu est intense dans le bleu, et atteint une hauteur égale aux deux tiers du diamètre solaire; mais lorsqu'on va vers l'uitra-violet l'in- tensité diminue, de même que la hauteur, si bien que, vers >v3oo, le spectre est réduit à une simple ligne. » Cette faiblesse du spectre ultra-violet s'accorde avec les observations d'éclipsés précédentes qui placent vers le rouge le maximum d'éclat de la couronne; elle s'explique aussi en partie par le pouvoir absorbant éner- gique de l'atmosphère terrestre dans cette région. » Les raies brillantes de l'épreuve, dans la région nouvelle, ont été relevées par rapport au spectre du fer et aux longueurs d'onde de Rayser et Runge; elles sont réunies dans le Tableau suivant qui donne les inten- sités (') et indique les raies nettement coronales : Longueurs Longueurs Intensités. d'onde. Intensités. d'onde. 2 308,98 ■ I 314,87 5 3 1 'î , 1 4 2 3 1 5 , 64 6 312,98 6 3i6,45 coronale 4 3i3,34 7 817,09 coronale I 3i3,84 3 817,72 (') Cette épreuve a été obtenue au Sénégal avec le concours de mon assistant M. Joseph Mitlau. (-) La lumière utile est en eflet réduite de moitié avec le prisme de spath employé. (•'') Les intensités ont été estimées par comparaison avec les deux fortes raies H et K du calcium, de la deuxième région, auxquelles on a donné le n° 20. C. R., i8(i5, I' Semestre. (T. CXX, N' 13.) 9'! ( 7IO ) Longueurs Longueurs Intensités. d'onde. Intensités. d'onde. 5 3i8,26 2 328,88 8 318,9.5 coronale 2 33i ,61 I 319,95 2 332,11 4 820,60 3 333,01 2 820,96 5 333,65 3 321,49 ' 333,71 2 321,88 4 334,53 2 322,48 2 334,98 5 822,98 5 835,20 8 323,7 I coronale 5 836, 17 raie P? (') 7 824,01 5 887,54 8 824,42 8 388,89 I 824,80 5 338,91 6 825,55 3 840,21 2 828,28 3 862 , 90 » Les raies brillantes de la deuxième région, parmi lesquelles on peut citer sept raies ultra-violettes de l'hydrogène, ne sont pas comprises. Mais, dans le Tableau précédent, je dois signaler la raie ^317,09, qui apparaît à une grande hauteur dans l'atmosphère solaire, et aussi les autres raies marquées coronales qui, sur l'épreuve, sont comparables aux raies H (>. 4io), He.H;; de l'hydrogène. Quant aux raies sans mention spéciale, elles peuvent appartenir à la chromosphère comme à la couronne, quoique le fait de se montrer avec une petite image du Soleil doive plutôt les faire consi- dérer comme coronales. Ces raies de la couronne, dont la plupart n'ont pas été rapportées à des éléments connus, représentent les gaz composants de l'atmosphère solaire, d'un poids atomique probablement faible. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations solaires des 2% 3^ et \^ trimestres l%^[^. Note de M. Tacchi.vi. « J'ai l'honneur de transmettre à l'Académie les résultats que j'ai obtenus relativement à la distribution en latitude des phénomènes solaires observés pendant les 2", 3* et 4' trimestres 1894. (') Avec la faible dispersion employée, la raie 3i6, 17 coïncide avec la raie P du spectre solaire, qui est l'une des plus fortes de la région ultra-violette, et n'a pas encore été rapportée à aucun élément counu. (9" ) Pi-otubt ;rances. LalilUlies. i' trimesti e. 3' trimestre. /|' trimestre go + 80 o,oo5 0,000 0,000 ^ 80 + 70 o,oo3 0,000 0,000 70 + 60 o,oo3 0,016 0,000 60 -h 5o 0,010 0,002 0,012 5o + 40 o,o46 0 355 o,o59 o,43o 0,045 > 0,43 4o -+- 3o 0,086 0,093 o,o37 3o H- 20 0,073 0,082 0,119 20+10 0,078 0,080 o,i48 10+0 o,o5i 0,098 0,100 0,078 0 — 10 0,071 0,074 10 — 20 0,068 0,107 0,102 20 — 3o 0,1 37 o,i4i 0,143 3o — 4'^ 0,081 o,io4 0, 172 4o — 5o o,o35 0 645 O,0l4 ) 0,577 0,021 ) 0,56 5o —60 0,000 0,000 o,o33 60 — 70 0,099 0,01 1 0,000 70-80 0,106 0,070 0,008 80 — 90 o,o48 0,023 0,008 » Comme dans le premier trimestre, les protubérances sont plus fré- quentes dans les zones australes, particularité qu'on a constatée même pour l'année 1893 et pour les trois derniers trimestres de 1892, avec le fait caractéristique d'un maximum secondaire dans la zone (60° à 70"), tandis que dans la région polaire nord les protubérances se sont montrées toujours faibles et très peu nombreuses. les. Kacules. Lalilui 2' trimestre. 3' trimestre. 4* trimestre. 5o°-4- 40 0,000 \ 0,000 o,0o4 4o + 3o 0,018 j 0,000 o,oo4 3o + 20 0,097 1 0,466 0,074 1 0,437 0,029 1 0,347 20 + 10 0,197 \ o,i85 o,i39 1 lO-h 0 0,1 54 / ■ 0,178 i o,i3o 0,171 0 — 10 0,1 49 j 0,180 10 — 20 0,210 j 0,192 0,241 20 — 3o o,i4o }■ 0,534 0,167 o,563 0,175 o,653 3o- 4o o,o35 \ 0,067 0,045 40- 5o 0,000 / 0,007 0,012 )» Les facules, comme les protubérances, sont plus fréquentes dans les ( 712 ) zones australes, mais les maxima de fréquence par zones se trouvent à des latitudes plus basses. Taches Latitudes. 2° trimestre. 3* trimestre. 4° trimestre. 4o -H 3o 0,000 j 0,008 \ 0,000 3oH-2o 0,094 ( o,o34 0,026 / 0,400 / 0,43J 20 H- 10 0,208 l 0,180 i o,i56 10 -H o o,i.36 I 0,281 ) 0,247 o — 10 0,167 \ 0,111 \ o,i56 10 — 20 0,281 f .„ o,35q f ., o,363 , } 0,062 ^ \ 0,:J47 20 — 00 0,104 \ 0,077 ( 0,002 3o — 4o 0,010 ) 0,000 ] 0,000 » Les taches s'accordent avec les autres phénomènes, c'est-à-dire qu'elles sont aussi toujours plus fréquentes dans les zones au sud de l'équateur. Nous ajouterons encore que les groupes de taches les [)lus beaux se sont formés seulement dans l'hémisphère sud. Les éruptions métalliques ont fait presque défaut, mais nous trouvons aussi les indices d'éruption dans les zones australes. Il est donc bien certain que, depuis quelque temps, l'activité solaire se manifeste de préférence au sud de l'équateur. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des équations aux dérivées partielles du second ordre. Note de M. E. Goirsat, présentée par M. Appell, « 1. Etant donnée une équation aux dérivées partielles de la forme de Laplace s -\- ap -{- bq + cz = o, où les coefficients a, h, c sont des fonctions analytiques holomorphes de x et de j dans le voisinage de a; = x^, y = yg, il existe une intégrale holo- morphe dans le domaine de ce point, se réduisant pour j =^0 à une fonc- tion ç(a-) donnée à l'avance, et à une autre fonction '^(y) pour x = a-„, pourvu que les deux fonctions arbitraires

2, tî > 2). Il suffit donc, pour établir le lemme en question, de montrer que l'équa- tion (2) admet une intégrale holomorphe dans le voisinage de l'origine, qui est représentée par une série entière dont tous les coefficients sont réels et positifs. Or, si l'on cherche une intégrale de celte équation se ré- duisant à une fonction de u = x -hy, on est conduit à l'équation différen- (7i4) tielle du second ordre d'z , /d^zY M VmV ~ du^ \du^J d M, 1 où du . _ 2_ 4M R "^ R^ ' on vérifie aisément que cette équation admet une intégrale holo- morphe se réduisant à zéro, ainsi que ses deux premières dérivées, pour u = o, et représentée par un développement en série dont tous les autres coefficients sont positifs. » 3. On sait qu'une intégrale d'une équation du second ordre est en général déterminée si on l'assujettit à passer par une courbe donnée C et à être tangente tout le long de C à une développable donnée A. Il y a ex- ception si l'ensemble de la courbe C et de la développable A forme une caractéristique . Le théorème précédent permet de démontrer, d'une façon absolument rigoureuse, qu'il existe alors une infinité d'intégrales tangentes à la développable A le long de la courbe C, ces intégrales dépendant d'une infinité de constantes arbitraires. La démonstration suppose toutefois que les deux systèmes de caractéristiques de l'équation considérée sont distincts. Si ces deux systèmes de caractéristiques sont confondus, la proposition n'est plus vraie en général, comme il est facile de s'en convaincre par des exemples simples. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séquences des permutations circulaires. Note de M. Désiré André. « 1. Les permutations circulaires dont je m'occupe sont celles qui ont pour éléments les n premiers nombres. Ce sont les groupes qu'on obtient en plaçant ces n nombres sur une circonférence, dans tous les ordres pos- sibles. )) Les maxima, minima et séquences de ces permutations circulaires se définissent comme ceux des permutations rectilignes. On appelle maximum un élément plus grand que chacun de ses deux voisins; jninimum, un élé- ment plus petit que chacun d'eux; séquence, une suite d'éléments dont le premier est un maximum et le dernier un minimum, ou réciproquement, mais dont aucun intermédiaire n'est ni un niaximum, ni un minimum. (7i5) » 2. Le nombre des maxima, celui des minima et celui des séquences sont liés si étroitement qu'il suffit d'étudier un seul de ces nombres. En étudiant le nombre des séquences des permutations circulaires, j'ai obtenu des résultats nombreux. Je vais indiquer les principaux. » 3. Désignons par Q„,j le nombre des' permutations de n éléments qui présentent chacune s séquences. » I. Pour toute valeur de n supérieure à 2, et quelque soit s, le nombre Q„,j est un nombre pair. » II. Pour toute valeur de n, le rapport de Q„+,,2 à Q„,2 est égal à 2. » III. Pour toute valeur de v supérieure à l'unité, Q2v^i,sv 2 est égal à » IV. Chacun de ces deux derniers nombres est égal au coefficient de — i dans le développement de tanga; suivant les puissances croissantes de x. » 4. Les nombres Q„,j sont liés entre eux par une équation aux dif- férences finies. » V. Pour toute valeur de n supérieure à 1, Qn,s= *Qn-i,s+ (n — S-hl)Qn-,,s--.' 1) Cette équation nous permet de calculer de proche en proche tous les nombres Q„ j, et d'en former le triangle des séquences des permutations circu- laires. Dans ce triangle, le nombre Q„,2(j est à l'intersection de la colonne de rang c et de la ligne de rang n — i. » 5. Appelons série de rang c la série Q2'7,2a+ Q2(H-l,2T^ ^~ V2a+2,aa^' + si2(7+3,2\i-Q{ky)-]dy. » Par suite, la probabilité q*y pour que a-, — x.^ soit compris entre —y et -hy est donnée par ou, en posant ky = u, qVy= 4= r 'e-"V/« - 4 /" 'e-"'(-)(M)f/«. ( 7'9 ) » Or, puisque, par définition, Je " e"" du =^d&(u). on a 2 » Il vient, par suite, (3) y-.;:=3,,(y^j)-©^(/hO. » La valeur probable y„ étant, comme nous venons de le dire, celle pour laquelle qj'y^ ~; est donnée par l'équation <5' ( KYo ) — 2e(^-7o) + -, = o, d'oij 0(^-Va)= 1 — y/i = 0,2929. . ., et, par interpolation dans la table de la fonction 0, kVu = 0,26j'y . . . . » Comme on a d'ailleurs X' = — et /iXg = o,^-]6q . . . , il vient fiiiale- ment ou, très approximativement, r„ = o,8a-„. » Reniai que I. — La fonction B étant paire, la formule (3) peut s'écrire » Or, ■ — est la probabilité pour que jt, — x^ soit compris entre o et y, lorsque j'i et x^ varient de — oo à -t- 05. La formule précédente exprime donc que : » La probabilité pour que, j;, et x^ variant de o à + 00, la différence x^ — x^ soit comprise dans l'intervalle de o à y, est égale au double produit des probabilités pour que, Xj et x^ variant de — 00 à + 00, cette différence soit comprise dans cet interK'alle ou lui soit extérieure. » Remarque II. — Il n'y aurait rien à changer à l'analyse précédente, si l'on admettait que la loi (i) eût la forme p:^^'--^'^e->"—^'dx. ( 720) a étant «ne constante à déterminer expérimentalement. Tl suffirait simplement de reporter l'origine des quantités x au point x = a. » OPTIQUE. — S'Ur les réseaux quadrillés employés en photogravure. Note cleM. Ch. Fêiiy, présentée par M. A. Cornu. « I. On sait que les procédés de photogravure, d'une application indus- trielle si rapide et si commode, sont impuissants à reproduire les demi- teintes; ils exigent l'emploi de clichés de traits ne présentant que des blancs et des noirs absolus. » Un grand nombre d'essais ont été faits en vue de transformer les clichés ordinaires en clichés de lignes, en rompant par des hachures la continuité des demi-teintes. Les solutions ont été souvent ingénieuses, mais d'ime application quelquefois difficile; l'emploi du réseau quadrillé résout le problème d'une manière parfaite et très simple. » Le réseau est un quadrillage très fin (4o à 60 traits au centimètre) gravé ou photographié sur une glace de verre. )) Pendant l'exposition à la chambre noire, on dispose le réseau à une très petite distance en avant de la surface sensible (o""", 2 à o""", 5). Cette distance doit d'ailleurs varier avec la dimension des traits, la distance focale de l'objectif et le diamètre du diaphragme. » Si l'épreuve a été faite dans de bonnes conditions (distance exacte, temps de pose convenable, triple environ de la pose sans réseau), on remarquera en étudiant le cliché à la loupe que les grands clairs sont reproduits par un pointillé très fin, les demi-teintes par une sorte de damier présentant des carrés noirs et blancs de même dimension, et les parties plus foncées par un pointillé blanc sur fond noir, les points blancs étant d'autant plus petits que la teinte était plus noire. » Une épreuve dans ces conditions peut être immédiatement reproduite en photolithographie, zincographie ou photogravure. » Cependant, l'évaluation de la distance séparant le réseau quadrillé de la glace sensible est assez délicate et ne s'obtient que par tâtonnement. » Si la glace est trop près du quadrillage, les demi-teintes apparaissent au milieu des mailles du réseau qui sont reproduites de même épaisseur sur toute la surface. Si au contraire la distance est trop grande, le réseau disparaît dans un gris uniforme. » IL On a invoqué les phénomènes de diffraction pour expliquer les ( 721 ) résultats produits par le réseau quadrillé; il est facile de voir que l'in- fluence de la diffraction est ici tout à fait négligeable, la largeur des franges obtenues, dans ces conditions, ne dépassant pas o°"",oi . » Si l'on remarque d'autre part que le diaphragme fonctionne comme une source lumineuse, chaque point donnant naissance à son système de franges, le phénomène disparaîtrait, même si la diffraction due à un des points de la surface était observable. » La théorie élémentaire des ombres suffit à expliquer toutes les parti- cularités observées : » Chaque trait noir du réseau projette derrière lui un cône d'ombre et chaque intervalle un cône de lumière de même dimension. » Ces deux cônes seront séparés par une pénombre dont l'importance dépendra du diamètre du diaphragme et de la distance de ce diaphragme considéré comme source de lumière au réseau, c'est-à-dire du foyer de l'objectif. » Si nous éloignons graduellement du quadrdlage un verre dépoli, nous observerons les phénomènes suivants : » Au contact, les mailles sont reproduites très nettement, la pénombre étant insensible. Poui- une distance un peu plus graude, la ligne de sépa- ration de l'ombre et de la lumière devient moins nette, la pénombre em- piétant de part et d'autre. » En A'B', lorsque le verre dépoli passe par le sommet des cônes d'ombre et de lumière, l'image du quadrillage disparaît à peu près, les variations d'intensité de la pénombre indiquant seules sa présence. » Enfin, pour une distance plus grande, on trouverait une image gros- sière de mailles, les pénombres se superposant deux à deux. ( 722 ) » Assez difficiles à observer sur le réseau photographique, étant donné le peu de largeur des traits, les phénomènes deviennent très visibles en employant un réseau plus gros : une toile métallique, par exemple. » Il est évident que c'est entre le contact et la position A'B' qu'il faut placer la surface sensible, mais on ne voit pas a priori comment déter- miner cette distance. » Le phénomène est, en outre, compliqué d'un fait bien connu des photographes et désigné sous le nom A' irradiation. » Les particules de bromure d'argent, vivement éclairées, deviennent pour les molécules voisines de véritables sources lumineuses, de sorte que l'image photographique de lignes blanches sur fond noir, par exemple, sera plus grosse que celle de lignes noires sur fond blanc. » Ce phénomène d'irradiation joint aux variations d'intensité lumineuse de la pénombre nux différents, points de l'image photographique explique les effets d'empiétement de la lumière sur les parties protégées par les ombres des traits noirs. » L'expérience, effectuée au moyen de réseaux industriels et sur les émulsions généralement employées, permet seule de donner numérique- ment les meilleures conditions de l'expérience. » J'ai trouvé de cette manière que la largeur de la pénombre doit être égale à la moitié de celle de l'ombre totale et par conséquent de la lumière, pour donner le meilleur résultat final. » Les triangles semblables, formés par les ravons émanés des bords du diaphragme et se croisant aux bords de chacun des traits du réseau, per- mettent facilement de voir que cette condition est réalisée quand — ^ ^ ~ 3D" » Pour un objectif nuini du diaphragme normal ^-> on a sensiblement ce qui donne e = o""", 3 pour un réseau de 5o traits au centimètre. » Le manque de planéité des glaces photographiques ne permet pas de réaliser facilement le parallélisme du quadrillage et de la surface sen- sible; il serait préférable d'augmenter un peu le rapport j- par un plus petit diaphragme, de manière à obtenir e plus grand. Dans ces conditions, les erreifirsdues aux ondulations des glaces seront plus faibles. En tout cas ( 723 ) la formule permettra de déterminer rapidement les meilleures conditions d'emploi du réseau dans les conditions les plus diverses. » OPTIQUE. — Surin a déviation moléculaire » ou le « pouvoir rotaloirc moléculaire » des substances actives. Note de M. A. Aignan. « Au cours de ses beaux travaux sur la dissymétrie moléculaire des sub- stances actives, M. Ph.-A. Guye a été conduit à considérer une constante nouvelle, qu'il désigne sous le nom de déviation moléculaire, et qui, pour la raie D, sera représentée par (S)j,. Par définition, on pose . a 3 /M OC est la déviation du plan de polarisation de la lumière qui a traversé une longueur /de substance active, M est le poids moléculaire, d la densité du corps actif à la température d'observation. » On comprendra aisément, dit M. Guye, que (o)^ représente les déviations oliser- vées pour des colonnes liquides contenant toutes le même nombre de molécules. Le M volume moléculaire apparent étant —5 la racine cubique de cette expression est, en effet, proportionnelle aux longueurs contenant le même nombre de molécules ('). )) D'autre part, le pouvoir rotaloire spécifique [xj^, tel qu'il a été défini par Biot, a pour expression et le pouvoir rolatoire moléculaire [a'ji,, tel que je l'ai défini dans un pré- cédent Mémoire (^), est représenté par f.'] ^M^^=M[a.l. » Il est certain que, s'il s'agit de liquides purs, non mélangés à un dis- solvant quelconque, le terme (S)i,, défini par M. Guye, a bien le même signe que le terme de Biot, et, quand il s'agit de vérifier d'une manière (' ) Comptes rendus, t. CXVI; iSgS. {^) Mémoires de la Société des Sciences physiques et natureltes de Bordeaux, 1893; Annales de Chimie et de Physique, 189^. ( 7^4 ) approchée les lois établies par M. Guye au sujet du tétraèdre schématique, il importe assez peu de considérer l'une ou l'autre formule. » Mais il est utile de remarquer que l'expression proposée par le savant professeur de Genève est inexacte : i" en fait, parce que l'expérience montre que cette valeur de l'action des molécules actives varie avec la dilution; 2" en théorie, parce que (S)„ = - \ —, ne représente pas, comme l'a dit M. Guye, '( les déviations observées pour des colonnes liquides » renfermant toutes le même nombre de molécules actives ». » 1. Si nous comparons la déviation moléculaire (S)p au pouvoir rotatoire spécifique \ y\ de Biot, on a » Considérons une masse M de corps actif, de densité d, égale à une molécule-gramme dissous dans une masse a. d'un dissolvant neutre, c'est- à-dire ne modifiant pas la molécule du corps dissous. Soit d, la densité de la dissolution; sa concentration e sera ^^-j -^- En raisonnant comme M. Guye, nous arrivons, dans ce cas, à l'expression de la déviation molé- culaire et l'on voit que cette déviation moléculaire est une quantité variable, qui diminue à mesure que la dilution augmente et que l'on dissout le corps actif dans un dissolvant plus léger. Le facteur [x],,, valeur du pouvoir rotatoire de Biot, est, en effet, un terme constant. » II. L'erreur de M. Guye vient de ce qu'il assimile implicitement les rayons lumineux à des droites géométriques et les molécules actives à des points rencontrés par ces droites; or, cette conception n'est pas admissible. Il convient de prendre dans le trajet de l'onde polarisée incidente un faisceau prismatique de section finie et d'examiner l'action des particules actives, qui se trouvent sur la trajectoire de la partie de l'onde considérée. Pour fixer les idées, nous supposerons que la section du faisceau lumineux est égale à V unité. En traversant une épaisseur / de dissolution active, le plan de polarisation de la lumière éprouve une déviation a; pour une épaisseur égale à ui7, la déviation serait — Soit dans ce cas N le nombre de molécules actives rencontrées par le faisceau, une molécule produit une déviation moyenne (S)[, = — • V 7'-^5 ) » Soit M le poids moléculaire du corps actif considéré, sa masse spé- cifique, c'est-à-dire la masse de corps actif dans l'unité de volume de la dissolution, sera pz=Nx?vî. d'où N = ^; portons dans l'expression de la déviation moyenne, ou dévlalioii molécit- laire ('5)[), pour employer l'expression de M. Guye, il vient et cette valeur de la déviation moléculaire est constante et indépendante de la dilution, comme le pouvoir rotatoire spécifique de Biot, quand il s'agit de corps actifs qui ne sont pas modifiés par la dissolution. « Conclusion. — Il n'y a ilonc pas lieu de substituer à l'expression du pouvoir rotatoire spécifique de Biot !>■] = 7^ = 777/ l'expression nouvelle et inexacte qui, depuis la Note de M. Guye, a été adoptée, dans la rédaction de lein-s Mémoires, par plusieurs savants en France et à l'étranger. » PHYSIQUE. — Sur un radiomctre de. consiruclion symétrique, tournant sous l'action d'un éclairemenl dissymétrique. Note de M. G. SEcrv, [)résenlée par M. Lippmann. « Ce radiomètre est de construction entièrement symétrique. Les ai- lettes, en mica cuit, ont leurs deux faces pareilles. Exposé simplement à la lumière, l'instrument reste immobile. » On l'entoure d'une boite opaque, percée de deux fenêtres latérales, par lesquelles pénètrent deux rayons de lumière ou de chaleur rayonnante. Ces deux rayons arrivent tangentiellement à la circonférence décrite par un point du moulinet, et en sens contraire comme les forces d'un coujjle. Sous l'action de cette sorte de couple lumineux, le moulinet se met à tour- ner avec énergie ( ' ). » (') Voir G. Seguy, Comptes rendus du r3 décemlirp 1890. C. R., iSt)5, I" Semesrre. (T. C,\\. N» 13.) 9" ( 7-^6 ) ÉLECTRICITÉ. — Electromètre absolu pour les hauts potentiels; modèle étalon; modèle simplifié (' ). Note de MM. H. AfiRAiiAti et J. Lemoixe, présentée par M. Mascart. « L'électromètre absolu que nous avons réalisé est un électromètre ba- lance à disque plan et anneau de garde analogue à celui que M. Baille a construit sur le principe bien connu donné par Lord Kelvin ('- ). » La balance a un fléau court (bras de levier = G*^™) dont l'oscillation est limitée par des butoirs. Elle est établie sur une table solide en laiton portée par quatre colonnes métalliques à 28'=" au-dessus de la base de l'ap- pareil. Une large ouverture circulaire, ménagée dans la table de laiton, laisse passer le disque attiré (R ^ S^'^.qS) placé à l'intérieur d'un anneau de garde (R = i i'"")avec un jeudeo™,oa5. L'anneau de garde est soutenu à i*^^", 5 au-dessous de la table rigide par trois fortes vis de rappel qui per- mettent de le régler. Le disque mobile est maintenu centré dans le plan de l'anneau de garde au moyen de trois haubans horizontaux très légers, à peine tendus. Ce disque, en aluminium, est équilibré par un contrepoids suspendu à l'autre extrémité du fléau, pourvu d'écrous de réglage. Pour l'exécution de la pesée, la tige qui soutient le disque attiré et celle du contrepoids portent chacune un plateau au-dessus des couteaux de suspen- sion. L'aiguille de la balance prolonge le fléau du côté opposé au contre- poids. » Cette balance donne le milligramme. » Le socle de l'appareil, les colonnes montantes, la balance, le disque et l'anneau de garde forment un seul conducteur relié au sol. « Dans l'espace vide qui se trouve au-dessous du disque attiré, se dé- place verticalement un grand plateau horizontal isolé (R = 1 1*^"" ), que l'on reliera au conducteur dont on veut mesurer le potentiel. )) Ce plateau est soutenu en son centre par une genouillère servant au réglage. L'isolement est assuré par une colonne de verre vernie à la gomme laque longue de 7"", 5. La course du ])lateau est un peu inférieure à 5*^'". Ces déplacements sont produits et mesurés par le dispositif connu : pied à crémaillère et fenêtre à vernier. (') Travail fait au laboratoire de Physique de TÉcole Normale supérieure. (-) Cet instrument a été construit avec une grande perfection par M. J. Garpentier à qui nous adressons tous nos reraercîments. ( 72? ) » Les plateaux, travaillés par une méthode de retouches locales, sont dressés au centième de millimètre. Leur distance est de plusieurs centi- mètres, le vernier la détermine au millième; l'électromètre devra donc donner cette précision dans la mesure des potentiels. Ainsi, une différence de potentiel de /joooo volts sera mesurée à 4o volts près. » Contrôle. — L'isolement est suffisamment bon : » 1° Le plateau ayant été chargé à loooo volts, on en tire encore une étincelle au bout de vingt-quatre heures; « 2" Aucune effluve ni étincelle n'est visible jusqu'au potentiel limite de 45ooo volts. » Comme expérience de contrôle, nous avons mesuré un même poten- tiel pour différentes distances entre les plateaux : rf = distance K = altraclioii. des plateaux. Instabilité de la balance. — Le potentiel étant maintenu constant, on soulève le plateau inférieur jusqu'à ce que l'attraction équilibre la surcharge F. A ce moment, la balance culbute, car l'équilibre est instable. » Dans ces conditions, les mesures se font avec une grande netteté. Cependant l'ap- pareil permet d'opérer en équilibre stable en donnant au fléau un moment de stabilité suffisant. A cet effet, le fléau porte un quatrième couteau situé à 6"" au-dessous du couteau principal. L'équilibre devient stable quand on suspend à ce couteau un pla- teau chargé d'un poids suffisant qui, d'ailleurs, n'excède jamis looS''. » Modèle simplifié. — Nous avons fait faire un modèle .simplifié de cet appareil ( ' }. La balance employée est une balance de Roberval du mo- dèle commercial. Les réglages ont été supprimés : le disque mobile et l'an- neau de garde sont mis en place en faisant légèrement fléchir les tiges de support, qui sont en cuivre rouge très doux. li Dans ce modèle simplifié, on a renforcé l'isolement et augmenté la course du plateau attirant : l'appareil supporte des potentiels plus élevés. » Conclusion. — Avec le modèle étalon, on a le millième pour des po- tentiels dépassant 40000 volts; avec le modèle simplifié, on mesure au (') Le modèle simplifié a été très bien construit par M. Torchebeuf, à Paris. ( 7^« ) ccnitè/tic, et toujours en valeurs absolues, des potentiels qui alteigni'iit loo ooo volts. » Ét.ECTKICITÉ. — Un galvanomètre extrêmement sensible (' ). Note de M. Pierke Weiss, présentée par M. Mascart. « Au cours de recherches sur l'aimantation par la méthode balistique qui seront publiées prochainement, et dans lesquelles j'ai eu à mesurer des flux d'induction extrêmement faibles, j'ai été conduit à modifier le type habituel du galvanomètre asiatique de Thomson dans le but d'augmentei- sa sensibilité et la sûreté de ses indications. » T. Si l'on considère la durée d'oscillation comme donnée, la sensi- bilité d'un système asiatique est proportionnelle au rapport du moment magnétique des aimants dans une paire de bobines au moment d'inertie total du systèrtie. Pour un équipage réduit aux deux aimants fixés sur une monture de masse négligeable et n'entraînant pas de miroir, il est évident que la sensibilité est d'autant plus grande que les aimants sont plus courts, à intensité d'aimantation égale, le moment d'inertie décroissant avec la longueur, plus vite que le moment magnétique. Si l'on ajoute dans un tel système, à l'aimant unique dans chaque paire de bobines, plusieurs aimants identiques au premier, on multiplie le moment magnétique et le moment d'inertie par le même nombre, et la sensibilité ne change pas. Quand il v a un miroir, la sensibilité croît, au contraire, tant que le moment d'inertie du miroir n'est pas petit par rapport à celui des aimants. Dans la pratique, l'emploi d'un grand nombre de petits aimants très rapprochés ou d'aimants gros et courts est limité par l'action démagnétisante qu'ils exercent sur eux-mêmes et sur les aimants voisins. » On peut tourner cette difficulté en formant le système asiatique de deux longues aiguilles verticales, parallèles à l'axe de rotation et dont les pôles de nom contraire sont en regard, de façon à réaliser un circuit ma- gnétique presque fermé. Chacun des deux systèmes de pôles voisins rem- place un des aimants de la forme habituelle de l'équipage asiatique et est placé au centre d'une des paires de bobines. L'absence presque complète de force démagnétisante permet alors de donner à l'acier le maximum d'aimantation pei-manente, même pour des aiguilles de fort diamètre el, en faisant décroître leur distance, on augmente à volonté le rapport du moment magnétique au moment d'inertie. (') Travail fait au laboratoire de Physique de l'École Normale supérieuie. ( 7^9 ) » Pour ne pas allonger et alourdir inutilement les aiguilles, il faut que les axes des deux paires de bobines ne soient pas trop éloignés. On a donc intérêt à rapprocher les bobines jusqu'au contact, et à prendre leur dia- mètre extérieur aussi petit que possible. Si l'on se sert de fd de même grosseur pour toute la bobine, il est avantageux, indépendamment de toute considération sur le système astatique, de prendre le rapport du diamètre extérieur au diamètre intérieur plus petit qu'on ne fait d'habi- tude. Soit, en effet, Gi le champ dans une paire de bobines traversée par un courant d'intensité i, et R la résistance du galvanomètre; une forme de bobine donne un résultat d'autant meilleur que -7^ est plus grand. Si l'on suppose la surface extérieure de la bobine homothétique de celle de p la cavité dans laquelle se meuvent les aimants, —= est maximtuii quand le rapport d'honiothétie de ces surfaces est i + \/'5, c'est-à-dire pratiquement 3. Ce résultat est applicable, très approximativement, à des bobines cylin- driques percées de part en part d'une cavité également cylindrique. » II. J'ai construit deux galvanomètres conformes aux irulications pré- cédentes. Dans le premier, le poids total du système mobile est de oB'',47. la partie magnétique est double et composée de deux systèmes de deux aiguilles aimantées de o,""",G de diamètre et de 36'"'" de longueur dont les axes sont écartés de 2""", 6, collés sur chacune des faces d'une lame mince de mica qui porte au-dessous des bobines un miroir concave de 3"°. 75 de rayon et 1'='""^' de surface pesant o»'', i. Les bobines faites en fd de o""'',22 ont une résistance totale de i/\Go>, leurs diamètres extérieur et intérieur sont an'""' et 9""°, et la dimension dans le sens de l'axe 8""" pour chacune d'elles. » Si nous appelons, avec MM. Ayrton Mather et Sumpner ('), sensibi- lités d'un galvanomètre le nombre de divisions qu'il indique pour i micro- ampère-divisé par la racuie carrée de la résistance, l'échelle étant à une distance du miroir égale à 2000 divisions, et la durée de l'oscillation simple étant de cinq secondes, j'ai obtenu avec cet instrument S = 1 10. » Le deuxième galvanomètre est une réduction du premier dans le rap- port de 9 : 5 quant aux bobines. Les deux aiguilles d'acier ont 0°"°, 2 de diamètre et iH"""" de longueur, et leur écartement est de 1°"", 2. Le miroir pèse 8'"s et a une forme rectangulaire allongée dans le sens de l'axe (7™'" sur 2'"'"), qui rend son moment d'inertie très faible. (') AviiTOiN Mathkk et Sumpner, On Gahanomelers (Pliil. Mag., b" série, L. \XX, p. J8; 1890). ( 73o ) » Le fil de cocon ayant un couple de torsion trop fort, on a fait usage, pour la suspension, d'un fil d'araignée qui permettait d'allonger à volonté la durée d'oscillation au moyen d'un aimant directeur. Le mouvement deve- nait apériodique quand elle atteignait cinq secondes. J'ai trouvé, pour la sensibilité, S = 1200. Un système astatique, encore un peu plus léger, m'a donné S = i5oo. Ces nombres, obtenus avec des équipages astatiques gros- sièrement construits avec des matériaux quelconques, sont déjà très élevés, mais seront certainement dépassés dans le modèle définitif dont M. Car- pentier achève actuellement l'exécution avec son habileté bien connue. Je citerai comme terme de comparaison le galvanomètre étudié récem- ment par M. Wadsworth ( ' ) pour l'observatoire de Washington qui donne S = i3oo, avec un système astatique d'une construction plus minutieuse, l'application de procédés perfectionnés pour l'aimantation des aiguilles et des bobines construites suivant le profil théorique avec du fil de cinq gros- seurs différentes. On ne saurait aller plus loin avec le système astatique à aieuilles horizontales, sans faire de la construction tout à fait microsco- pique comme M. Paschen ( -). )) IIL Le système astatique à aiguilles verticales présente encore quel- ques autres avantages. Le circuit magnétique presque fermé assure une grande constance à l'aimantation. Le premier des deux systèmes que j'ai décrit avait, au moment de sa construction, en mars 1894, une durée d'os- cillation de huit secondes dans le champ terrestre; elle a été trouvée inal- térée en décembre, bien que l'instrument ait beaucoup servi et ait été tra- versé à plusieurs reprises par des courants trop forts. » Pour les mesures balistiques, il était fréquemment étalonné par la mé- thode du solénoïde. Les nombres suivants, qui représentent le rapport de l'impulsion au courant inducteur, montrent la constance de la sensibilité : 1 1 mai 1894.. . 1,461 i3 mai 1894.. . 1,462 » » . . 1,457 » » . . ■ I , 469 r2 mai » • 1,467 » » . . . 1,456 » » . . . 1,463 » » . . • 1 , 459 » » . . . 1,463 » » . . . 1,453 )} » . . . 1,463 )) » . i,46o » » . . . 1,458 Les faibles variations qui restent sont altribuables aux variations de la résistance du circuit avec la température ou à des erreurs d'observation. On peut remarquer que la constance de l'aimantation est probablement due en partie à ce que les bobines et l'aimant directeur ne peuvent in- (') Wadsworth, Phil. Mag., b^ série, t. XXXVIII, p. 553; 1894. (») Paschen, Wied. Ann., t. XXXXVIII, p. 284; 1893. ( 73i ) diiire que des aimantations transversales et par conséquent très faibles dans les aiguilles verticales. » I/astaticité est plus facile à réaliser que dans la construction ordi- naire : elle ne suppose en effet que le parallélisme des aimants à l'axe de rotation et ne dépend pas de la grandeur de leur moment magnétique. )) A sensibilité égale, le système magnétique est plus lourd et par consé- quent moins sensible aux trépidations que les systèmes à aiguilles horizon- tales (' ). )) HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur lo. plus ancienne série française cl' observations thermométriques et météorologiques. Note de M, l'abbé Maze, présentée par M. Mascart. « Dans un Recueil de documents astronomiques que possède l'Obser- vatoire national se trouve relié un cahier écrit de la main du prêtre astro- nome Ismaël Boulliau. Ce registre, car c'en est un, a pour titre : Ad ther- mometrum observationes anno i658 Parisiis, et ce sous-titre : Thermometriim Florentiœ fabricatum. Or chacun de ces deux titres est une révélation : on ne connaissait pas, à Paris, d'observations thermométriques antérieures à celles de Lahire, et l'on ignorait qu'il eût été fait, hors de l'Italie, d'obser- vations avec le thermomètre de l'Académie del Cimento. Comtne les ob- servations de Boulliau sont accompagnées de notes sur la direction du vent, les chutes de pluie ou de neige, le gel, le dégel, etc., la comparaison entre ces notes et le degré inscrit en regard permet de s'assurer que l'é- chelle emplovée est bien celle de l'Académie del Cimento, telle que Libri l'a fait connaître en i83o; c'est-à-dire que le zéro de Florence correspond à — 1 8°, tS centigrades et le zéro de nos thermomètres à i3'^ :!: del (Cimento. » Ces observations vont du i5 mai i658 au 19 septembre i66o inclusi- vement, comprenant trois étés et deux hivers. Il y a quelques lacunes, chose inévitable, pour un homme qui observe seul et a d'autres occupa- tions. Tout porte à croire que le thermomètre était installé rue des Poite- vins et orienté à l'ouest, dans l'hùtel de Thou, transformé aujourd'hui en Hôtel des Sociétés savantes. Les moyennes que donnent ces observations (') Une partie des avantages des systèmes asiatiques à aiguilles verticales a été signalée par A. Grav (Absolute mcasitrements in Electricily and Magnelisni , vol. II, 2" Part., p. 3o), mais ils n'ont pas été employés, à ma connaissance, pour obtenir une grande sensibilité. { 732 ) sont trop élevées; ce qui est d'ailleurs le défaut de toutes les observations anciennes. Cela tient, comme l'a fait remarquer M. Renou, il v a plus de vingt ans, à ce que le minimum observé n'est pas le véritable minimum. » Le plus chaud des étés dont la température nous est donnée par cette série est celui de 1660 avec une moyenne de 20°, 6. Il débute par un tremblement de terre qui se fil sentir dans le sud de la France, de l'Océan au Rhône, le 21 juin à 4'' du matin. Dans les Pyrénées, la Gascogne et la région narbonnaise des édifices furent ren- versés. » La température la plus élevée qui figure dans ces observations n'a pas été con- statée en été, mais le 14 avril 1639, à 4'' du soir, elle équivaut à 33°, 33 centigrades. Boulliau affirme que la chaleur était extraordinaire pour la saison. On ne trouve pas dans notre siècle d'exemple de mois d'avril aussi chaud, sauf peut-être celui de i865. » On savait que pendant l'hiver iGSg-iGGo les oliviers avaient été gelés en Pro- vence. Mais on n'avait pas de renseignements sur cet hiver à Paris. » Les observations de Boulliau permettent de l'étudier dans tous ses détails. La moyenne du trimestre décembre, janvier, février n'est que de 1°, 16 centigrade. Nous ne trouvons pas d'observations au-dessous de — 8° centigrades. Mais la température a dû descendre beaucoup plus bas en plaine. Les jours où une température inférieure à — 6" centigrades a été observée sont : les 26, 27, 28 et 29 décembre, les 12, 16, 27, 28, 29 et 3o janvier et enfin les 8 et 9 février. Cet hiver fut très long; la gelée com- mença dans la nuit du i3 au i4 décembre et continua jusqu'à la nuit du 24 au 2.5 fé- vrier; on eut ainsi 74 jours consécutifs avec gelée plus ou moins intense, interrompue çà et là pendant quelques heures seulement. La Seine commença à charrier le 19 dé- cembre; mais on ne trouve pas mention de prise ni de débâcle. 5) On voit que cette série, !a première faite hors de rUalie, et qui n'a pour aînée connue, dans le monde entier, que celle du F. Raineri, commencée à Florence trois ans plus tôt (i655), est loin d'être sans intérêt. Elle comble utilement ime lacune dans l'hisloire climatologique de Paris. » HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur le premier thermomètre à mercure. Note de M. l'abbé Ma/.e, présentée par M. Mascart. « Dans l'histoire du Thermomètre, écrite par M. Renou avec un soin et ime érudition qu'on ne saurait contester, on lit : « Fahrenheit est le pre- » mier qui ait construit un thermomètre à mercure, elc. f^a date, si inté- » ressante pour les météorologistes, du thermomètre à mercure, peut donc )) être rapportée ù 1721. « Or, dès la fin de mars iGSq, ou (j2 ans avant l'invention de Fahrenheit, Ismaël Boulliau employait un thermomètre à mercure concurremment avec son thermomètre de Florence. Ce thermo- mètre avait une échelle arbitraire, mais il nous a été possible de la déler- 733 ) miner en profitant de cette circonstance que les observations ont été faites comparativement avec d'autres pour lesquelles le thermomètre employé était celui de l'Académie del Cimento. Ayant constaté que le degré 6 est celui qui revient le plus souvent, nous en avons calculé la valeur par la méthode des moindres carrés. Cette valeur est 6°, 66 centigrades, avec une erreur probable de o°,2i. Malheureusement les observations donnant les autres degrés sont trop peu nombreuses pour qu'il ait été possible de pro- céder de même à leur égard. Cependant, la comparaison des moyennes nous a permis de fixer, avec une assez grande probabilité, la valeur du degré inconnu à io'',o7 centigrades, ce qui met le zéro de cette échelle à • — 53", 76 centigrades. La température de la glace fondante serait de 5°, 34 et celle de l'eau bouillante i5°, 27. » Il est probable que ce degré, qui en représente plus de dix des nôtres, était indiqué par une distance linéaire assez courte; ce qui ex|)lique com- ment le même degré mercuriel peut avoir été noté comme équivalant tantôt à un degré, tantôt à un autre du thermomètre del Cimento. Cela nous fait aussi comprendre pourquoi, après six semaines, Boulliau cessa de consulter régulièrement ce thermomètre paresseux et presque sans variations. Il est possible aussi que le souvenir de cet échec soit pour quelque chose dans la préférence que, pendant longtemps, les savants français ont donné à l'alcool comme liquide thermométrique. » THERMOCHIMIE. — Étude thermique des iodures anhydres de baryum et de strontium. Note de M. Tassilly. « Les constantes thermiques de l'iodnre anhydre de calcium ont été déterminées par Thomsen. » J'ai essayé de déterminer celles des iodures anhydres de baryum et de strontiimi. 11 On peut obtenir aisément ces iodures fondus, mais ils contiennent une forte proportion d'eau dont il est difficile de les débarrasser, et, en outre, le plus souvent un excès de base. » Pour obtenir ces corps secs et purs j'ai eu recours à deux méthodes. » La première méthode consiste à chauffer l'iodure cristallisé dans un courant d'azote; ce procédé serait excellent s'il permettait de chasser la totalité de l'eau i malheureusement on est obligé de s'arrêter avant la dessiccation complète, car si l'on prolonge l'expérience il y a décomposition du produit, ce qui se traduit par une mise en liberté d'iode. G. R.,i8q5, \" Semestre. (T. CXX, N-IS.) 97 ( 73/. ) » Pour l'iodure de baryum, cette méthode a fourni un produit donnant à l'analyse les nombres suivants : Théorie. Ba 34,1 35, o3 lo 63,4 64,96 97.5 99,99 » Cet iodure contient donc encore 2,5 pour 100 d'eau. » Avec l'iodure de strontium, les résultats sont encore moins bons. » La deuxième méthode à laquelle j'ai eu recours consiste à dessécher l'iodure fondu dans un courant d'acide iodhydrique ; on chasse ainsi l'eau en même temps qu'on sature, par l'acide iodhydrique, l'excès de base. » On peut commencer l'opération dans une cornue et l'achever dans un tube sur une grille à analyse organique. Dans ces conditions, on obtient un produit sensible- ment anhydre. » J'ai déterminé la chaleur de dissolution dans l'eau des iodures de ba- ryum et de strontium préparés par cette méthode, en m'assurant chaque fois que la solution aqueuse était neutre au papier de tournesol et j'ai dosé, dans cette liqueur, l'iode à l'état d'iodure d'argent et le métal à l'état de sulfate. » Voici pour le baryum la moyenne de mes analyses : Théorie. lo 64,23 64,96 Ba 34,76 35, o3 98.99 99.99 » J'ai trouvé, pour la chaleur de dissolution dans l'eau vers 16°, 10,34 10,25 10, 36 I ^ 10,21 soit environ ^- 10^*', .'5 pour BaF. » Pour l'iodure de strontium fondu, desséché dans un courant d'acide iodhydrique, j'ai obtenu Théorie. ï° 73,95 74,38 Sr 25,84 25,62 99.79 100,00 ( 735 ) chaleur de dissolution dans l'eau vers ii", 20,21 / ,,. ,. 20,71 \ soit environ -+■ 20*^^', 5 pour SrP. » Connaissant la chaleur de formation à partir des éléments et dans l'état dissous des iodures de strontium et de baryum, on en déduit : » 1° Chaleur de formation de BaP solide à partir des éléments (x repré- sentant la chaleur d'oxydation du baryum) : Ba solide + P gaz. = BaP solide dégage. .. . x+i3c«',y, Ba solide -t- P solide =: BaP solide dégage r -i- 2*^"', 9; » 2° Chaleur de formation de SrP solide à partir des éléments : Sr solide + P gaz. -n Sr P solide dégage. .. . +128'^»', i, Sr solide -+- P solide =: SiP solide dégage. ... +1 12'^"', 3. CHIMIE MINÉRALE. — Sur les propriétés des sels de nickel etde cobalt. Note de M. de Koninck. « M. de Koninck, professeur-directeur des laboraloh'es de Chimie ana- lytique de l'Université de Liège, adresse en son nom et au nom de M. T,e- crenier et de M. Ledent une réclamation de priorité relative aux propriétés des sulfures de nickel et de cobalt. Ce qui suit est extraiL textuellement de son Traité de Chimie analytique minérale qualitative et quantitative (Liage, iSg^), t. I, p. 423. » Propriétés des sels nickeleux. — .... IL L'acide sulfhj'drique est sans action sur les solutions nickeleuses, acidulées d'un acide fort. En solution acétique, c'est-à-dire en présence d'acétate alcalin en excès, le nickel peut être précipité complètement sous forme de sulfure noir, à chaud et lorsque la proportion d'acide libre est faible. L'a- cétate ammonique réussit mieux ici que l'acétate sodique. » III. Les sels nickeleux se comportent d'une manière très particulière vis-à-vis du sulfure ammonique ( ' ) ; en général, il se produit un précipité de sulfure nickeleux, noir, mais la réaction est sujette à des exceptions remarquables. » 1° Lorsqu'on emploie un excès de sulfure ammonique ordinaire, jaune, c'est- à-dire contenant du polysulfure, une partie du sulfure de nickel, ou même la totalité (') Voir le travail exécuté dans mon laboratoire par le D'' A. Lecrenier ( C/(em. Zlg.. 1889, n"» 27 et 28). ( 7^6 ) (le celui-ci, passe en solution et communique au liquide une coloration brunâtre ou brun noir, parfois très foncée. » Celte solubilité du sulfure de nickel dans le polysulfure ammonique paraît due à la formation de sulfonickelate correspondant à un sulfure de nickel plus sulfuré que le sulfure nickeleu.v. La présence d'ammoniaque libre n'est pas nécessaire pour produire ce phénomène. » 2° Le sulfure ammonique privé de polysulfure, donc décoloré, soit par agitation avec du mercure, soit, ce qui est plus pratique, en le chauffant avec un sulfite alcalin (ce qui donne lieu à la formation d'hyposulfite), précipite entièrement le nickel à l'étal de sulfure, sauf ce qui est dit plus bas au 3°, et le liquide séparé du précipité est donc incolore. » 3" Lorsque la solution nickeleuse est très diluée et exemple de sels étrangers, le sulfure ammonique, même décoloré par le sulfite sodique, peut ne pas produire de pré- cipité, mais seulement colorer le liquide en brun ; cela paraît dû, dans ce cas, à ce que le sulfure nickeleux reste à l'état colloïdal ; aussi l'addition de' chlorure ammo- nique, ou même de carbonate ammonique, détermine-t-eile la formation du précipité. » En présence d'un grand excès d'ammoniaque, le sulfure ammonique incolore pro- duit, dans la solution nickeleuse, une coloration violette, passant rapidement au rouge vineux, puis au brun noirâtre, et finalement il se forme un précipité noir de sulfure. » Le filtrat séparé de ce précipité est incolore, mais si on le chauffe il se produit de nouveau un précipité de sulfure nickeleux. » Le sulfure nickeleux est insoluble dans l'acide chlorhydrique très dilué, surtout en présence d'acide sulfhydrique, et dans l'acide acétique. Il est soluble dans le cya- nure potassique. » IV. Le polysulfure sodique se comporte comme le polysulfure ammonique vis- à-vis des sels nickeleux : un excès de réactif dissout le sulfure de nickel et la solu- tion est d'un brun extrêmement intense {') Même volume, p. 43o. » Propriétés des sels cobalteux. — .... II. L'acide sulfhydrique agit sur les solutions de cobalt f:omme sur celles de nickel. I) III. 11 en est de même pour le sulfure ammonique, à celle différence près que le sulfure cobalteux est complètement insoluble dans le réactif employé en excès ; la réaction est régulière. » De même que le sulfure nickeleux, le sulfure cobalteux est noir, insoluble dans l'acide chlorhydrique très dilué, surtout en présence d'acide sulfhydrique, et dans l'acide acétique. Il est insoluble aussi dans le cyanure potassique, à froid. n IV. Le polysulfure sodique, employé en excès, dissout en petite quantité le sul- fure de cobalt ; la solution possède une teinte brun noir, très légèrement violacée, extrêmement intense ( ^ ) (') De Koninck et Ledent : Z. f. angew. Chem., IV, p. 202; 1891. Voir, Sur les sulfures métalliques en solution (?), les travaux de Picton et Linder, Chem. Soc, I, p. 187 et i^S; 1892. ( = ) De Komnrk et Ledent : Z.f. angew. Chem., IV, p. 202; 1891. ( 7-^7 ) Plus loin, p. 43'''- » Recherche des métaux du groupe du fer dans un mélange. — La solution est traitée par de rammoniaque jusqu'à neutralisation des acides, c'est-à-dire jusqu'à commence- ment de précipitation, puis par du sulfure ammonique, dont on évitera tout excès trop considérable; on ajoutera donc ce réactif par petites portions successives, en agitant chaque fois, jusqu'à ce que le précipité ne se modifie plus, » On chaufiFe alors le mélange à feu nu, jusqu'à ébullition modérée, ou au bain- marie pendant quelques instants, puis on abandonne au repos jusqu'à ce que le préci- pité soit bien déposé et que le liquide surnageant soit jaune ou brun et parfaitement limpide. » Une coloration verte indiquerait un dépôt incomplet du sulfure ferreux ; la colo- ration jaune franc est due au poljsulfure ammonique, tandis que la teinte brune pro- vient de la présence de sulfure de nickel en solution et est caractéristique pour ce métal » Le résidu insoluble (sulfures de nickel et de cobalt, souvent mélangés de soufre) est recueilli sur un filtre et employé, après lavage, à la recherche du nickel et du cobalt, si ces deux métaux n'ont déjà été reconnus, le nickel à la coloration brune du fdtrat ammoniacal, le cobalt, lors de l'essai à la perle de borax. Enfin, p. 453. » Traitement du résidu. Méthode par le borax et le cyanure potassique. — Le préci- pité est essayé à la perle de borax ou de sel de phosphore au feu d'oxydation ; si la perle est brun violacé, elle contient du nickel, mais pas de cobalt ; si elle est bleue, elle contient du cobalt et il reste à rechercher le nickel, s'il n'a pas été décelé avec certi- tude par la coloration du fdtrat ammoniacal séparé du précipité général. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les alcoolates de chaux et de baryte. Note de M. deForcra.vd. « I. J'ai décrit récemment (') un composé (C^H"0)*.(CaO)', qui se forme par l'action à 180° et en tube scellé de l'alcool éthylique absolu sur l'acétylure de calcium C-Ca. » Ce corps se dissolvant lentement dans l'eau et exigeant un volume d'eau très considérable, j'en ai fait l'étude thermique en le faisant dissoudre dans l'acide chlorhydrique étendu, ce qui permet de calculer indirectement la chaleur de dissolution dans l'eau. » A + 18°, j'ai obtenu, dans l'acide très étendu (H. Cl = 36^% 5 = 3o'") -1-92^''', 90 pour I molécule de (C-H'O)'. (CaO)% et comme la chaleur de (') Comptes rendus, t. CXIX, p. 1266. X neutralisation de CaO(5o'") par H=CP(4'") est + 28^»', on trouve (C^H^O)'. (CaO)' sol. 4- làS'i' d'eau + 8^^1,90 en négligeant la chaleur dégagée par le mélange des dissolutions de chau et d'alcool, laquelle est, en effet, sensiblement nulle. » On peut, d'après cette donnée, calculer la chaleur de formation : 4G''H«0 Iiq.+ 3GaO sol.= (C2H«0)'.(CaO)' sol -+- SSc-^SÔ soit, pour CaO, -t- iSf^^'.oa, nombre supérieur de 3'^''',42 à la chaleur de formation de l'hydrate CaO sol. -4- H^Oliq ^_ i5Cai^,o » II. Ce composé est tout à fait analogue à celui que j'ai préparé (') par l'action de l'alcool méthylique sur la baryte anhydre : (CH^O)^ (BaO)». » J'avais trouvé pour ce corps les données suivantes : Chaleur de dissolution dans l'acide chlorliydrique +1 i2'^^',o4 indirectement : Chaleur de dissolution dans l'eau + 28"^'', 94 et, par suite, 4CH*01iq. + 3BaOsol.=r(CH'0)*, (BaO)'sol + 63c=",o6 soit, pour BaO + ai^'^joa, nombre qui se trouve également supérieur de 3'^^',42 à la chaleur de formation de l'hydrate correspondant BaO sol. + H-Oliq -+- i^caigo » En outre, en présence d'un peu d'eau, on a une combinaison hydratée (CH*0)^BaO.(Ii-0)^qui, àpartirde2H20 1iq. donne +29^^1,74, et, à partirdeaH^Osol., +26C''',88. )) III. Enfin, ces nombres doivent être rapprochés de ceux que donne l'éthylate de baryte. Jusqu'ici, ce composé a toujours été considéré (^) comme l'éthylate de baryum (C/H'^O)^ Ba, tandis que c'est, en réalité, une combinaison d'addition de même formule que les précédentes : (C^H»0)\ (BaO)^ C) Comptes rendus, t. Cil, p. 1897. C) Voir le Mémoire de M. Beithelot {Bulletin de la Société chimique, t. VIII, p. 389) et celui que j'ai publié (Bulletin de (a Société chimique, t. XL, p. 180). ( 739) )> Dans l'étucie que j'en avais faite en i883, j'avais obtenu pour le ba- ryum, seul élément dosé avec précision, des nombres constamment un peu trop élevés, de 62 à 64 pour 100, au lieu de 60, 35 calculé pour la formule (C-?PO)-Ba. On attribuait cette différence à un peu d'hydrate de baryte retenu par la combinaison. J'ai repris récemment l'examen de ce composé. Préparé avec soin et desséché à ioo°-i 10°, dans l'hydrogène sec et jusqu'à poids constant, il a fourni à l'analyse les nombres suivants : Trouvé, Calculé pour Calculé pour en centièmes. (C"H«0)'. (BaO)'. (C"H'0)'Ba. _ \ par titrage alcalimétrique .. . 68,67 ) ^., t ^ o^ Ba f ,,, j ,. cj l 63,00 60,35 ( a l'état de sulfate 63,77) ^ H 3,77 3,73 4,1) G 14,64 14,93 19,75 c'est donc bien un éthylate de baryte (C'H*0)'.(BaO)'. )) J'ai pu le dissoudre directement dans l'eau du calorimètre, ce qui a donné, à -4-16°, le nombre -l-49*^'^'.o7 pour une molécule (6436') dissoute dans 56''' d'eau. » On en déduit la chaleur de formation : 4CHFOIiri.-+-3BaOsol. = (C^H«0)'. (BaO)' sol -h45«",09 soit, pour BaO, +i5^*',o3, nombre inférieur de 2^^', 37 à la chaleur de formation de l'hydrate correspondant, 4-17,60. )) IV. Il résulte de ces faits plusieurs conséquences : » 1° L'eau doit précipiter de l'hydrate de baryte, comme l'expérience l'indique, dans la dissolution alcoolique d'éthylate du baryte, car on a 17,60 >■ i5,o3, et cela bien que la dissolution de l'étbylate dans l'excès d'alcool ait dégagé en plus 4- 18*^^', 16 (') pour BaO, parce que les étliy- lates alcooliques sont toujours dissociés dans ces dissolutions. Au con- traire, elle ne doit pas agir sur l'éthylate de calcium et sur le méthylate de baryte, car on a i5, 10 ■< i8, 52 et 17,60 < 21,02, ce que l'expérience confirme encore. » 2° Lorsque l'alcool éthylique en excès agit sur BaO, il se produit un dégagement de chaleur de -1- i5,o3 H- 18,16 =-t- 33,i9 pour BaO. La réaction 2BaO + 2C=H«0 = (C»H«0)^Ba-l-BaO=H» iî dégagerait seulement -1- 16, 63 x 2 + 17,60 = -1- 5o,86 pour 2BaO, soit (') Nombre calculé à nouveau d'après mes anciennes expériences et en tenant compte de la véritable formule du composé. ( 74o ) -f- 25,43 pour BaO, d'après les analogies, et en prenant pour 2C-H"0liq.+ BaOsol.=(C=H'0)«Basol.4-H^Oliq., la valeur 4- 16, 63 que donne dans les mêmes conditions Na^O. La diffé- rence 33, ig — 20,43 détermine le sens de la réaction, et rend impossible la formation de l'éthylate de baryum (C^H^O)*Ba. Elle doit être de même sens avec l'alcool méthylique et la baryte, et l'alcool éthylique et la chaux, puisque déjà l'on a 17,60 •<2i,o2eti5,io<|i8,52.En effet, pour l'alcool méthylique et la baryte, on doit comparer le nombre que j'ai publié {Comptes rendus, t. Cil, p. i558), -\- 40'^"', 78, qui correspond à la dissolu- tion de Ba O dans nCR^ O liq. à + 25,43 environ, qui représenterait encore la réaction donnant le inéthylate de baryum. Enfin, pour l'éthylate de calcium, la réaction donnerait +24,18, nombre cjui est supérieur à 4-18,52; mais on doit noter que l'éthylate de chaux (C^H*'0)\(CaO)' est toujours accompagné de cristaux incolores formés sans doute par une combinaison polyalcoolique; il suffirait d'attribuer à cette combinaison une chaleur de formation supérieure à 24,18 — 18,32 soit -+-5,66, ce qui est vraisemblable, pour expliquer encore que la réaction forme le composé d'addition. » 3" L'action des alcools sur les oxvdes alcalino-terreux ne donne pas de véritables alcoolates métalliques, mais des combinaisons d'addition. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les bases ammoniées, dérivées de l'hevaméthyl- Iriamidotriphénylméthane, et de leur action sur les fuchsines. Note de M. A. RosENSTiEHL, présentée par M. Friedel. (Extrait par l'auteur.) « En étudiant les dérivés triiodoammoniés de l'hexaméthyltriamidotri- phénylméthane, de son carbinol, et des éthers mixtes de ce dernier, j'ai indiqué en passant l'action de la soude caustique et de l'oxyde d'argent sur ces iodures ('). Ce sont les bases ammoniées, produits de cette réaction, qui font l'objet de la présente Note. » La première base de cette nature a été préparée par M. A.-W. Hofmann et Ch. Girard, en 1869 (-), par l'action de l'oxyde d'argent sur le corps qu'ils ont appelé triiodométhylate de leucaniline pentamèlhylèe. L'expérience a été répétée dix ans plus tard par MM. E. et O. Fischer (^) sur le vert- (') Comptes rendus, t. CXX, p. 194. (^) Ibid.,t. LXIX, p. 6o3. (') Deiil. C/iem. Ges., t. XII, p. o.S^p. ( 74i ) méthyle, clans le but d'y constater la présence d'un atome d'azote quaternaire. » 1. Ayant préparé six dérivés iodoammoniés (') de l'hexaméthyl- triamidotriphénvlméthane, j'ai été logiquement conduit à appliquer la réaction de A.-W. Hofmann à ces corps pour en obtenir les bases corres- pondantes. .)) Quoique ces bases ne puissent être isolées dans un état propre à l'ana- lyse, leur étude n'en fournit pas moins des données intéressantes, tant au point de vue de la constitution desrosanilinesquedes propriétés de ces bases ammoniées. Dérivant de corps nettement définis, aucun doute ne subsiste quant à leur formule. Leur basicité forte permet, d'ailleurs, de les doser volumétriquement avec une grande précision, de sorte que l'on peut tirer des conclusions nettes, ainsi qu'on le verra plus loin, d'anal vses exécutées dans ces conditions. » 2. L'action de la soude caustique a pour effet de remplacer de l'iode par de l'hydroxyie; mais la réaction est limitée par une action inverse. On trouve un mélange d'iodométhvlate et de base ammoniée, dans lequel cette dernière peut être dosée alcalimétriquement. Pour ne pas confondre l'alcalinité due à la soude caustique interposée, avec celle qui est propre à la base ammoniée, on emploie l'acide suif urique normal, et on détermine les cendres de sulfate de soude après l'essai alcalimétrique. )) .3. L'oxyde d'argent agit, au contraire, avec une grande netteté, ainsi que le prouve l'exemple suivant : lo^"" du corps (ICH»A)^=C- OH.3H=0 sont traités par l'oxyde d'argent, et sur une portion aliquote, on dose alca- limétriquement la quantité de base obtenue : elle correspond à 9'''',999 du corps primitif. » Cet essai, qui montre la jirécision dont ces mesures sont susceptibles, fixe le poids moléculaire de la substance qui est bien de 893, et confirme la présence de 3 molécules d'eau. Ensuite, il prouve que la base est triva- lente, c'est-à-dire que les 3 atomes d'azote y sont à l'état d'ammonium. » Enfin il montre qu'il y a un moyen simple de reconnaître la présence de corps ammoniés dans un mélange, et d'en déterminer la proportion : ressource précieuse qui permet de distinguer un iodhydrate d'un iodure d'ammonium, dans le cas où l'analyse élémentaire laisserait dans l'incerti- tude. » 4. Ces bases ammoniées sont d'une alcalinité comparable à celle de (') Comptes rendus, t. CXX, p. 192, 264, 33i. a. K.,1895, \" Semestre, (i. CXX, N" 13.) 9^ ( 742 ) l'hydrate de tétréthylammonium, découvert par A.-W. Hofmann en i85i. » Elles possèdent, comme lui, la propriété de déplacer l'ammoniaque et les divers oxydes métalliques, à froid, de leurs sels. Elles dissolvent l'alu- mine récemment précipitée, mais ne dissolvent plus, comme l'hydrate de tétréthylammonium, l'oxyde de zinc hydraté. Il est intéressant de noter leur action sur les fuchsines. La dissolution de celles-ci est décolorée et leurs carbinols, dans le cas où ils sont insolubles, sont précipités. » En comparant entre elles les diverses bases ammoniées, telles que A^ = ^\0H^'^^' (HO.CH^A)'esC - OU ('), (HO.CH'A)' = C-H, on trouve, au point de vue de leur basicité, sensiblement les mêmes réactions. » C'est ainsi que les bases trois fois ammoniées précipitent la magnésie du sulfate à froid, tandis que la base monoammoniée ne la précipite qu'à chaud ou, du moins, très lentement à froid. Mais toutes décolorent les fuchsines. Il suffit donc qu'un seul groupe phénylique sur trois soit ammo- nié pour que l'alcalinité apparaisse bien accusée. » 5. Mais la différence s'accentue quand on envisage les diverses fonc- tions basiques qui se trouvent accumulées dans la même molécule. » Le corps dérivé de la leucaniline (HO. CH'A)' = C — H ne possède qu'une seule fonction, celle de combinaison ammoniée trois fois basique. )) Le corps dérivé du carbinol (HO.CH\A)'^C — OH possède deux fonctions, savoir : trois fois la fonction de base ammoniée et une fois la fonction alcool. Les acides n'agissent que sur OH de l'ammonium; ils n'ont pas d'action sur OH fixé au carbone méthanique, qui ne réagit plus qu'avec les alcools pour former les éthers mixtes. » Enfin, le corps correspondant au vert (analogue au vert méthyle) : ,„ ,, /ACH^OH e , . 1-1 1 I • r ■ A = '-'(pvTT » renierme deux espèces d nydroxyle et trois tonctions basiques différentes, car le groupe A est amidé [il est CH'. Az. (CH'')"]. » Ce corps est : i" base monobasique; 2'' alcool univalent; 3° deux fois amidé. » L'expérience montre que, de ces trois fonctions, la première entre en jeu d'abord. Une molécule d'acide se fixe sur l'azote quaternaire et forme le carbinol du vert A^ = C:^^ (^). (') A représente, comme dans les précédentes Notes, le groupe (CH^)' Az.C'H'. (') On suppose que l'acide employé est de l'acide chlorhydrique. ,/ACH'Cl ( 7^3 ) » La deuxième molécule, ajoutée à froid, n'agit pas immédiatement sur le groupe OH du carbinol, mais sans doute se fixe sur l'un des atomes d'azote tertiaires des deux groupes A; puis lentement à froid, plus rapide- ment à chaud, cet acide réagit avec OH alcoolique et le liquide se colore en /ACH'Cl vert. 11 se forme le composé A^ = C^' . , qui, en présence d'un excès d'acide, se colore en jaune et passe à l'état de sel acide (Cl HA)^ = C<^ „. corps saturé que l'eau décompose comme elle décompose tous les sels de fuchsine. » En résumé. — Selon qu'un carbinol phénylique estamidé ou aramonié (en para), la fonction alcoolique se trouve modifiée. » Dans les corps amidés, c'est la fonction alcoolique qui entre la pre - mière en jeu : (AzH^C«H^)'^C-OH + ClH = H=0 4-(AzH=.C''H')' = C-Cl. » Dans les corps ammoniés, au contraire, c'est la fonction ammonium qui agit d'abord : [HO(CH')='Az.C«H']' = C-OH + 3ClH = 3H=0 + [Cl(CH')'Az.C<'H*]' = COH, et l'hvdroxyle alcoolique ne réagit plus avec les acides, mais réagit encore avec les alcools pour former des éthers mixtes. )) Enfin, quand la même molécule renferme l'azote aux deux états de saturation, la fonction de base ammoniée l'emporte encore sur la fonction aminé et sur celle d'alcool. Mais, entre ces deux dernières, il y a un mo- ment d'hésitation. La fonction aminé entre en jeu avant la fonction alcool, d'une manière* passagère seulement, et quand l'équilibre s'est étabU avec le temps ou par l'intervention de la chaleur, c'est encore la fonction alcool qui l'emporte sur la fonction d'aminé double. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques nouvelles combinaisons de Vhexamélhy- lène-amine. Note de M. Delépiive, présentée par M. H. Moissan. « MM. Moschates et Tollens ont signalé un grand nombre de combi- naisons de l'hexaméthylène-amine avec divers éléments ; sels métalliques, phénols, etc. J'ai déjà signalé des combinaisons avec les sels d'argent; j'étudierai aujourd'hui les combinaisons de l'hexaméthylène-amine avec les chlorure et iodure mercuriques, ainsi que l'action du chlorhydrate de phénylhydrazine. < 744 ) » 1° Chloromercurate .• C^H'^ Az', aHgCl^ -H H=0. — Ce corps se préciiùte sous forme d'aiguilles déliées, soyeuses, lorsqu'à l'hexaméthylène-amine en solution aqueuse on ajoute une solution froide de chlorure mercurique. On cesse quand le sublimé ne produit plus de précipitation. » Après essorage à la trompe, le produit donne à l'analvse des chiffres concordant exactement avec la formule indiquée; chauffé, il se contracte vers 170" (perte d'eau?), se colore légèrement, pour fondre vers 208" sous forme de masse visqueuse gris jaunâtre. L'hexaméthylène-amine, contenue dans ce chloromercurate, fixe encore le brome à raison de Br^ par molé- cule : trouvé ^3,25 pour 100 au lieu de 22,86 exigé par la formule C''H'^\z'Br-,2HgCl- + H20. » 2° Chloiome/ciirale : CH'- Az'HCl, 2MgCl- h- H-0. — Obtenu comme ci- dessus, mais en employant une solution chlorhydrique de la base. » Aiguilles soyeuses légères fondant tout d'un coup à i65°; puis le liquide devient pâteux, se colore vers 200° et bouillonne à 210°. Fixe Br^. » 3° Chloioinercurate double d' hexaméthylène-amine et d'ammonium (C«H'2Az\2HgCP.H20)'--i-(AzH*G1.2HgCP.H20). — Obtenu en faisant agir à l'ébullition une solution concentrée de chlorure mercu- rique dans le chlorure d'ammonium sur une solution d'hexaméthylène-amine conte- nant elle-même du chlorure d'ammonium. Le précipité, formé au point de contact des liquides, se dissout en se réparlissant dans le liquide bouillant. » Par refroidissement, on obtient des cristaux durs, prismatiques, trans- parents, ayant la composition ci-dessus; chauffés, ils perdent leur transpa- rence vers 168° en se contractant; ils se colorent ensuite en jaune sale et ne sont encore que pâteux à 21 5°. Chaque molécule fixe Br'* soit Br- pour CH'-Az" : trouvé, Br fixé 17,9^ pour 100 au lieu de 18, 36 calculé. Ce fait confirme la formule. » Ces chioromercurates, bouillis quelque temps avec l'eau, donnent une poudre jaune, et la liqueur surnageante donne, par refroidissement, le deuxième chloromercurate. La poudre jaune est un oxyde mercurique plus ou moins souillé de chlorure mercurique ou même de chloromercu- rate non attaqué. L'équation de décomposition peut se représenter par C«H'-Az".2.11gCl- -+- 81!- 0 -^ alîgO -^6CHH") -+- 4AzH*Cl. Le chlorhydrate d'ammoniaque formé sert à maintenir le chloromercurate non encore décomposé en solution : car ces corps se dissolvent facilement ' dans l'eau chargée de sel ammoniac. ( 74.'5 ) " » 4° lodomercurale : C*H'^ Az'.aHgl- -+- H^O. — Obtenu en ajoutant à l'hexamé- thylène-amjne, en solution aqueuse, un excès de réactif de Tanrel (solution acétique d'iodomercurate de potassium) faisant bouillir jusqu'à redissolution du précipité jaune formé et laissant refroidir. » Jolies écailles jaune d'or, fusibles nettement à lôS" en un liquide rouge transparent, mais commençant déjà à fondre vers i56°. » 5° Action du chlorhydrate de phénylhydrazine. — L'iiexaniétliylène-amine réagit à froid sur ce composé en solution aqueuse : il se produit lentement un louche qui se transforme en précipité huileux ou pâteux. Une chaleur de 60-70° et une addition lente de riiexamélliylène-amine à la solution du chlorhydrate de phénylhydrazine sont les plus favorables à la réaction. » La pâte jaune obtenue privée d'eau-mère et purifiée par deux cristal- lisations dans l'alcool absolu donne des aiguilles brillantes, satinées, à peine jaunâtres, fusibles à i83°. Ce corps n'est autre que l'anhydroformal- déhyde phénylhydrazine (C«H'.Az^)2(CH2)^ de MM. Vellington et Tol- lens, pré[)arée par eux à partir de l'aldéhyde formique : d'après ces auteurs elle fond à iSa^-iSS". Un dosage d'azote sur le produit fait à partir de l'hexaméthylène-aniine m'a donné 22,05 au lieu de 22, 22 pour 100. » L'équation génératrice est probablement C6H'Uz' + 4C''H'Az^H\HCl= 2(C«H' Az=)=(CH-)' + 4AzH'Cl. On retrouve facilement l'ammoniaque dans les liqueurs-mères, mais il est possible que la réaction se passe après dédoublement de l'hexaméthylène- amine en aldéhyde formique et ammoniaque et que l'on rentre alors dans le cas de MM. Vellington et Tollens. La réaction est toutefois beaucoup moins rapide qu'avec l'aldéhyde formique (M. » ZOOLOGIE. — Sur les gaz de la vessie natatoire des Poissons. Note de M. Jules Ricmaro, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Nous possédons déjà des documents assez nombreux sur la nature des gaz de la vessie natatoire des Poissons. On sait qu'ils sont formés d'oxv- gène, d'azote et d'une quantité, le plus souvent très faible, d'acide carbo- nique. Mais les proportions d'oxygène et d'azote varient dans des limites très étendues puisque le premier de ces gaz peut faire presque complète- ment défaut ou former au contraire les ^^du voluine total. (') Travail fait au laboratoire de M. Prunier, à l'École de Pharmacie de Paris. ( 746 ) » Quelles sont les causes de ces variations? Pour Biot, la proportion rl'oxygène augmente avec la profondeur: pour Delaroche, elle dépend de la taille de l'animal; pour Configliachi, elle est sous l'influence de la sai- son, etc. Moreau a montré, d'autre part, qu'on peut à volonté augmenter la proportion d'oxygène en retirant une partie du gaz de la vessie; le nou- veau gaz sécrété est presque uniquement de l'oxvgène. » On le voit, l'accord n'est pas fait sur le point de savoir quelles sont les causes qui font varier les proportions des deux gaz, dans les conditions naturelles ordinaires. Le problème est du reste fort difficile et je désire seulement donner le résultat de quelques analvses faites, pendant l'été de 1894, à bord du yacht Princesse- Alice, commandé par S. A. S. le Prince de Monaco. Elles ont porté sur les gaz de la vessie natatoire de trois espèces de Poissons pris à des profondeurs de 60", 175™ et 1674™ et ont été effec- tuées au moyen de la potasse et de l'acide pyrogallique ( ' ). » Voici les résultats obtenus, après les corrections relatives à la pression et à la température : » 1° Serranwi cabrilla Linné, pris le 26 juillet 1894, à la ligne, par 60" de profon- deur, sur le banc de Gorringe. 22'='^, 7 du gaz ont donné : Soit pour 100. Az 4>4 19)3 0 18,3 80,7 CO^ traces traces » 2° Congres {Conger vulgaris Linné), pris le 28 juillet 1894 dans une nasse, sur le banc de Gorringe, par 175*" de profondeur (moyenne de deux analyses). 20'^'', i ont donné : Soit pour 100. Az 3 " i9 0 22 87,7 CO^ 0,1 0,4 » 3° Sinienchelys parasiticus Gill. 289 exemplaires ont été pris dans une nasse, le 21 août 1894, au large de la Gorogne, par 43°52' L. N., i i''22'Lg. O., à 1674"" de pro- fondeur. 19^,2 ont donné : Soil pour 100. Az 3,9 31,4 o i4,3 78,6 GO- traces traces » L'oxvgène et lazote se trouvent ainsi en proportions inverses de celles que ces gaz présentent dans l'air atmosphérique. (') M. le professeur J.-Y. Buchanan a bien voulu recueillir une partie des gaz ana- lvses, et M. de Guerne m'a aidé à extraire le gaz de la vessie des Sinienchelys. ( 747 ) » Chez les Sirnenchelys la vessie natatoire est très allongée. C'est ainsi qu'un indi- vidu de cette espèce, de S^o™"" de longueur totale, a une vessie de 265""", com- mençant à 3o"™de l'extrémité antérieure par une poche globuleuse. Celle-ci est suivie d'un rétrécissement après lequel viennent les corps rouges, qui s'étendent sur une loneueur d'environ 20™™. Puis la vessie se continue en diminuant très lentement de diamètre et se termine peu à peu en pointe. Elle a de 5°^" à 6™™ de diamètre dans sa partie moyenne. » Dans les trois cas qui précèdent, l'oxygène se montre en proportion considérable; à tel point que nous avons pu répéter avec le gaz de la vessie natatoire des Congres et des Serrans l'expérience classique, qui consiste à enflammer, en la plongeant dans l'oxygène, une allumette présentant encore un point en ignition. La flamme réapparaissait aussitôt, accompa- gnée d'une petite explosion. La faible quantité de gaz extraite de la vessie des Sirnenchelys n'a pas permis de répéter l'expérience. » Biot avait déjà analysé le gaz de la vessie de poissons ramenés de grandes profondeurs et il avait trouvé jusqu'à 87 pour 100 d'oxygène. Mais ces profondeurs, qui n'atteignaient sans doute pas looo"", n'ont été évaluées que par les pêcheurs qui ramenaient les poissons au bout de leur ligne. Il s'agit au contraire ici de poissons {Sirnenchelys) qui habitent essentiellement le fond de la mer et qui ont été pris exactement à 1674™- Cette précision dans l'évaluation de la profondeur donne un intérêt parti- culier à l'analyse du gaz de la vessie de ces poissons. Or nous constatons que les Serrans pris à 60" offrent au moins autant d'oxygène que lesSirnen- chelys qui viennent de i674"' I' "'y •* donc pas là une simple question de profondeur; le volume des animaux n'est sans doute pas sans influence, non plus que la nature chimique du milieu. Les conditions biologiques diverses ont certainement aussi quelque importance. Pour élucider le problème, il faudrait analyser séparément le gaz de la vessie de différents individus de même espèce, pris à une même profondeur et à des profon- deurs différentes; opérer de même pour des espèces diverses, etc. Nous nous proposons de saisir toutes les occasions qui pourront se présenter à l'avenir de façon à réunir le plus grand nombre possible de documents nécessaires à l'élude de la question. » PHYSIOLOGIE. — Action du système nerveux sur les principaux canaux lym- phatiques. Note de MM. L. Camus et E. Gley, présentée par M. Bou- chard. « La contractilité des vaisseaux lymphatiques est connue depuis long- temps; mais son rôle exact et les conditions dans lesquelles elle entre en ( 748 ) jeu sont restés indéterminés, pour la simple raison que ce fait n'a jamais été soumis à une investigation systématique ; une telle étude exigeait, en effet, l'emploi de la méthode graphique. )) Nous avons réussi à enregistrer sur un animal usuel de laboratoire, le chien, soit les mouvements de la citerne de Pecquet, soit ceux du canal thoracique. On trouvera nos procédés d'inscription décrits dans les Archives de Physiologie, avril 1894, p. 4^4 et avril i8g5, p. 3oi. L'applica- tion de ces procédés nous a permis d'abord de déterminer l'influence du système nerveux (') sur les vaisseaux lymphatiques. » Nous avons montré l'année dernière (^loc. cil.) que l'excitation élec- trique (courant induit) du bout inférieur du nerf splanchnique gauche fait dilater la citerne. Quelquefois, cependant, comme nous l'avons reconnu depuis, cette même excitation donne lieu à un resserrement des parois contractiles de ce réservoir. Il résulte de là que le tronc du splanchnique contient un mélange de filets constricteurs et dilatateurs de la citerne de Pecquet, les dilatateurs étant de beaucoup prédominants. » C'est dans le sympathique thoracique que nous avons trouvé des nerfs agissant sur le canal thoracique; l'excitation de ce cordon, immédia- tement au-dessous du ganglion étoile, amène, en général, la dilatation du canal; dans quelques cas, pourtant, nous avons vu se produire le resser- rement des parois de ce vaisseau. Ici encore, nous pouvons donc constater le mélange de filets constricteurs et dilatateurs d'un même vaisseau dans un même tronc nerveux. » Les réactions de la citerne ne dépendent nullement, comme nous nous en sommes assurés dans beaucoup d'expériences, des modifications de la pression sanguine intra-aortique qui résultent de l'excitation du splan- chnique; quant à l'excitation du syiupathique thoracique, elle est sans effet sur l'aorte. Les réactions considérées sont donc bien propres aux vaisseaux lymphatiques. » Nous avons aussi constaté que des excitations sensitives diverses, comme la ligature du nerf scialique, l'excitation du bout central de ce nerf (') En 1S82, Paul Bert et LafTonl {Comptes rendus, i3 mars 1882) ont annoncé que l'excitation électrique des nerfs mésentériques provoque le resserrement des chj- lifères sur un animal en digestion, et que l'excitation des splanchniques en amène la dilatation. Mais cette observation, faite de visu, n'a pas été soumise à une étude méthodique et est restée comme un fait isolé, sans même attirer l'attention des phy- siologistes. — Quant aux recherches de S. Lewachew (Comptes rendus, t. CIII, p. 76; 1886), elles n'ont eu pour but que de déterminer les variations de la lymphe de la langue à la suite de la section ou de l'excitation de l'hypoglosse ou du lingual. ( 749 ) sectionné, etc., peuvent |)rovoquer le relâchement des parois du canal thoracique; et ainsi nous montrons qu'il peut se produire, dans le système lymphatique comme dans le système artériel, des actions vaso-motrices réflexes. Jusqu'à présent nous n'avons observé que des réflexes vaso- dilatateurs. Ce fait est à rapprocher du résultat obtenu par les excitations directes des nerfs des vaisseaux lymphatiques, qui mettent en jeu la plu- part du temps dans ces nerfs les filets dilatateurs. » Ainsi les vaisseaux lymphatiques reçoivent, comme les artères, des nerfs qui président à leurs mouvements. Ces vaisseaux cependant n'appar- tiennent pas au type artériel, mais se rapprochent, au contraire, du type veineux; la remarque n'est pas sans intérêt, an moment où d'autres physiologistes sont en train de découvrir les nerfs des veines (Bayliss et Starling, E. Cavazzani et G. Manca). » Notons aussi que nos expériences démontrent directement l'exis- tence, dans le nerf splanchnique, de fibres vaso-dilatatrices; on soupçonnait seulement que ce nerf contient des filets vaso-dilatateurs rénaux et des fibres d'arrêt pour la vésicule biliaire. » D'autre part, il ressort immédiatement de nos expériences, ce nous semble, que l'écoulement de la lymphe, s'il est déterminé d'abord par la production plus ou moins abondante et incessante de ce liquide, est pour une part aussi dépendant de la contractilité de la citerne de Pecquet et du canal thoracique, et plus généralement des vaisseaux lymphatiques, régie par le système nerveux. Par conséquent, à côté de la cause essentielle de la circulation lymphatique, de la vis a tergo qui résulte de la production continue de la lymphe (force de propulsion agissant aux extrémités du système lymphatique), il faut considérer comme cause importante de cette circulation la contractilité vascidaire (force de progression pouvant agir en tous les points du système lymphatique). De ce fait, que cette propriété est commandée par le système nerveux, il s'ensuit, en effet, qu'elle doit être mise en jeu dans une foule de conditions diverses. Et ainsi les contrac- tions ou le relâchement des parois du réservoir lymphatique règlent sans doute en partie l'écoulement de la lymphe; la dilatation de la citerne, par exemple, peut le diminuer dans une forte mesure. De même, les mouve- ments du canal thoracique ont certainement une grande influence sur le cours de la lymphe, la dilatation de ce conduit, par exemple, facilitant beaucoup l'écoulement. Le rôle de ces mouvements de la citerne et du canal thoracique apparaît assez important dans certains cas, pour qu'il soit permis de le rapprocher du rôle que jouent, chez les Vertébrés inférieurs, C. R., 1895, I" Semei^re. (T. CXX, N° 13.) " 99 ( 75o) les cœurs lymphatiques. De plus, la réalité de ces actions nerveuses con- duit à admettre la possibilité de circulations lymphatiques locales, par analogie avec les circulations locales sanguines. » BOTANIQUE. — Sur le genre Eurya, de la famille des Ternstrœmiacées. Note de M. J. Vesque, présentée par M. Van Tieghem. « La structure de la tige est constante dans tout le genre Eurya; seul, \'E. chinensis porte sur les jeunes rameaux un épiderme papilleux, tandis que l'épiderme est plan dans les autres espèces. Les stomates, les poils, les cristaux d'oxalate de chaux sont également constants : les deux pre- miers rappellent les mêmes organes des Ébénacées, confirmation inatten- due d'un lien qui est peut-être plus que du hasard, et qui a été signalé depuis longtemps. » Les Symplocos qui, malgré les divergences florales, présentent une ressemblance extérieure très frappante avec les Eurya, ont un bois assez analogue à celui de ces dernières plantes, mais les poils sont cloisonnés par de nombreuses parois très fines ; il y a une légère indication de ce détail chez VE. chinensis, de même que chez les Ébénacées. En revanche, l'appareil stomatique est moins franchement renonculacé, deux stomates sur trois étant plus ou moins nettement rubiacés. » L'étude des organes floraux m'a conduit à diviser les, Eurya en quatre sections, dont les deux dernières sont nouvelles : Eueurya, dioïque, à fleurs mâles io-20-andres; Euryodes (Asa Gray), dioïque, à fleurs mâles 5-6-andres ; Gynandra, à fleurs hermaphrodites, et Meristotheca, aux thèques des anthères subdivisées en iogettes superposées. Les Gynandra établis- sent le lien entre le gros des Eurya et les genres voisins. » Si l'on considère l'ensemble des espèces de la section Eueurya, de beaucoup la plus importante, on remarque que les espèces, dépouillées de ce que'lles ont de particuher, se laissent toutes, immédiatement ou mé- dialement, ramener à une même espèce centrale très variable, absolu- ment comme les fleurs monocotylédones se laissent ramener à l'archétype liliiflore à cinq verticilles 3 -mères. Cette espèce variable, V E . fasciculala , représente ce que j'ai appelé le groupe nodal; elle est sans doute le des- cendant le plus direct, le moins modifié de l'ancêtre commun. Les autres se disposent autour du groupe nodal suivant des lignes comprenant cha- cune les espèces qui ont varié dans le même sens. Je ne puis les citer toutes, mais les plus importantes sont : ( 75i ) » 1. AnaorcemenL dans le sens des feuilles crénelées (non denliculées) el des styles libres : E. japonica, obovata. vitiensis, ce dernier velu, les autres glabres, comme YE. fnsciculata. » 2. Epiderme plus ou moins collenchymateux, cuticule souvent ornée de perles irrégulières, styles libres : E. MacarLneyi, glabre; zeYlanica,\e\\x, avec une variété glabre; parnfolia, velu; Sandi'icen.sis, à hypoderme. » 3. A.morcement dans le sens de la multiplication des assises mésophylliennes : a. E. chinensis, macrocyte, très aberrant sous plusieurs rapports; b. E. systyla, peu distinct de VE. fasciculala. E. castaneifolia el pubinerçis, deux espèces nou- velles à hypoderme; c. l'ancien E. coneocarpa, privé d'hypoderme, d'où j'ai détaché, pour des raisons anatomiques, les E. Korthalsiana et varions que Korthals avait considérés comme de simples variétés. » 4. Amorcement dans le sens du pilosisme el de l'épiderme gummifère, à cellules en apparence divisées en deux ou en trois; styles ordinairement libres, unis cepen- dant dans une variété Wallichiana, qui fait le passage à VE . fasciculala : c'est VE. acuminata, très inconstant, voisin de VE. fasciculata et représentant une sorte de groupe nodal secondaire plus jeune. » 5. Amorcement dans le sens des feuilles presque entières : E. Sytyiplocina, espèce à hypoderme qui se rattache à VE. fasciculata par l'intermédiaire de VE. p hy liant ho ïdes . » Il suffit d'étudier de près les variétés de V E . fasciculata, notre groupe nodal, pour y retrouver le plus souvent en germe, et parfois même très nettement accusées, les amorces de ces lignées : la var. Fortunei a des feuilles crénelées et ne se distingue de VE. japonica que par ses styles unis; la var. Perrottetiana présente la multiplication des assises mésophyl- liennes ; la var. Roxburghii est souvent velue. C'est enfin la forme la plus neutre de toutes, la var. stricla, qui fournit les lignées de V E. Macartneyi et de Y E. Svmplocina. » Il est à noter que des caractères épharmoniques tels que l'hypoderme, le pilosisme et même l'épiderme gummifère, souvent compliqués par des sphérocristaux logés dans la masse gommeuse inférieure, se présentent in- 'dépendamment dans différentes lignées. » Les caractères épharmoniques les plus sujets à varier sous l'influence du milieu sont ici d'une finesse remarquable; c'est un fait qui se dégage de l'analyse d'environ 200 échantillons appartenant à 26 espèces, et souvent récoltés dans des localités fort éloignées. » Les Euryodes me paraissent se rattacher le plus naturellement à 1'^. acuminala; une espèce nouvelle, V E. sanguinea, présente un hypoderme, d'ailleurs imparfaitement différencié. » Enfin les Meristolheca, glabres et à styles unis, dérivent certainement ( 7-^2 ) de VE. fasciculata. Cette section comprend deux espèces très différentes, YE. myrtifolia et VE. irichocarpa, dont l'anatomie m'a permis de découvrir le type mâle, jusqu'alors inconnu. » MINÉRALOGIE. — Sur les roches basiques constituant des filons minces dans la Iherzolite des Pyrénées. Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Daubrée. « Dans la plupart des e[isenients de Iherzolite des Pyrénées, j'ai trouvé des filons de roches très denses, très tenaces, dont l'épaisseur varie de quelques centimètres à plus d'un mèlre. Ces roches sont généralement à grands éléments, leurs minéraux constituants atteignent souvent plusieurs centimètres de plus grande dimension. Elles résistent mieux à la décom- position que la Iherzolite au milieu de laquelle elles se rencontrent; aussi font-elles saillie sur les parois Iherzolitiques altérées à l'air : leur allure rappelle celle des filons pegmatoïdes des massifs granitiques. » Ces roches sont liées d'une façon intime à la Iherzolite en dehors de laquelle je ne les ai jamais rencontrées : elles en diffèrent essentiellement par l'absence de l'olivine qui constitue l'élément essentiel et caractéris- tique de la Iherzolite. » Je les ai divisées en deux groupes, celui âes pyroxénolites et celui des amphibololites, suivant que ce sontles pvroxènes ou l'amphibole qui consti- tuent leur élément essentiel et caractéristique. Dans le groupe des py- roxénolites, j'ai établi deux divisions pour distinguer les roches dans les- quelles le pyroxène dominant est orlhorhombique (bronzitites) de celles ùans lesquelles il est monoclinique (diallagites et diopsidites). Quant aux amphiboiolites, elles ne renferment qu'un seul groupe {hornblendites) . » Toutes ces roches sont holocrislallines et grenues. Les dimensions de cette Note ne me permettent pas d'entrer dans des détails sur leur compo- sition primaire m sur les formations secondaires que j'ai observées au milieu d'elles; je renvoie pour ce sujet à un Mémoire plus détaillé (') et je me contente de résumer dans le Tableau suivant les données les plus essentielles qui résultent de mon travail. J'y indique les gisements étrangers ( ' ) iVoMi'e//e5 Archives du Muséum, i" série, t. VI, p. 264, el Bulletin Services Carte géoL, n° ki, p. 49; 1895. ( 753 ) dans lesquels j'ai recueilli ces mêmes roches, ou dans lesquels elles ont été antérieurement signalées par divers savants. Bronzite domi- nante. (Bronzititcs.) I Bronzite -+- spinelle. j Bronzite et diopside, / nelle. - spi- ) i Pyroxénes domi- nants. (PyroxènoUtes.) Bronzite, diopside, spinelle, / grenat ( ± mica). * Bronzitite normale. Bronzitite à diopside. Bronzitite à diopside, grenat, etc. Nouvelle-Calédonie. Pyrénées, Piémont, Nouvelle-Calédonie, Caroline du Nord, iMaryland, Afrique australe. Lherz, Afrique aus- trale. Am|)hiboIc domi- nante. ( A niph ibotolites.) Diopside chromi- fère dominant. {Diopsidites.) Diallage domi nant. ( Diallagites. ) Hornblende do- minante. (Hornblendites.) Diopside et grenat, spinelle. Diopsidite à grenat. Lherz. Diallage, spinelle {±bron-( zite et diopside ). * Diallage, spinelle, grenat py- ] rope (rt bronzite). ( Diallage, liornblende, spinelle ) (±bronzite,olivine, grenat). ( Hornblende (±mica et py- ) I roxéne). S I Hornblende et grenat (i:py- J roxène). ) Diallagite normale. Diallagite à grenat. Diallagite à horn- blende. Hornblendite normale. Hornblendite à grenat. ( Pyrénées, Piémont, (N"'-Zélande,Maryland ( Pyrénées. ( Prades, 1 Moncdup). \ Lherz. Lherz. Lherz. » Ainsi que je l'ai fait remarquer plus haut, toutes ces roches présentent d'étroites relations de gisement avec la Iherzolite. De nombreux minéraux (^bronzite, diopside chromif ère, spinelle, Aor/zé/e/îr/e) leur sont communs avec cette dernière roche; seuls, le grenat pyrope, le diallage et le mica sont spé- ciaux à mes nouveaux types pétrographiques, mais se retrouvent dans des péridotites autres que la Iherzolite des Pyrénées. )) Aussi n'est-il pas douteux que la Iherzolite, les pvroxénolites et les amphibololites proviennent du même magma initial. La seule question sur laquelle on puisse discuter consiste dans la façon dont ces diverses roches se sont produites aux dépens de ce magma. Ont-elles été formées par différenciation au moment de sa consolidation ou bien constituent- elles de véritables filons ayant rempli les fissures de la Iherzolite déjà con- solidée? » Il semble que la première hypothèse soit applicable à la plus grande partie des bronzitites à diopside, ne différant de la Iherzolite que par l'ab- sence du péridot. Quand, en effet, on étudie sur place la Iherzolite, on observe souvent quelle ne possède pas, dans ses grandes masses, l'homo- généité des échantillons de petit volume. Ses éléments les plus colorés (spinelle, diopside vert, bronzite brune) s'orientent souvent suivant des ( 754 ). directions parallèles : les lits minces ainsi produits se réunissent parfois en grand nombre pour former des pseudo-filons parallèles [entre eux, pré- sentant tous les passages possibles avec les bronzitites à diopside. C'est là un phénomène analogue à celui qui a été récemment décrit par MM. A. Geikie et Jiidd dans les gabbros tertiaires de l'île de Skye. J'ai observé, du reste, dans divers gisements des Pyrénées de véritables ségrégations à contours irréguliers de bronzite, de diopside avec ou sans spinelle . » En ce qui concerne les diallagites et les hornblendites, la seconde hvpothèse me paraît plus vraisemblable : les filonnets très minces de hornblendite rappellent, dans leur disposition, les fdonnets de tourmaline et de feldspath que l'on observe souvent dans les fentes de roches diverses au voisinage de la granulite. Il est, du reste, assez remarquable que ces roches (diallagites), souvent épaisses de plus de i™, soient presque uni- quement composées par des minéraux (grenat, diallage) n'existant jamais dans la Iherzolite elle-même. )) Dans tous les cas, si ces roches sont véritablement d'origine filonienne, leur formation a dû suivre immédiatement la consolidation de la Iherzolite, car je ne les ai jamais observées dans les sédiments basiques mélamor- phisés par cette dernière roche ('), et elles se trouvent toutes avec la Iherzolite en galets dans les brèches du jurassique supérieur. )) Le Tableau suivant montre les relations de ces roches basiques avec les divers types du groupe des péridotites et des roches grenues feldspa- thiques : Famille des pyroxénolites et Famille des Famille roches grenue^ les amphibololites. des péridotites. feldspathiques. Bronzitite. Bronzitite à di( opside. Harzburgite. Lherzolite. ) Norites. Diallagile. Wehriite. Gabbro. Hornblendite. Picrite à horn ibl ende. Diorite. » L'acquisition de péridot ou de feldspath conduirait les pyroxénolites et les hornblendites aux roches des autres groupes dont le nom se trouve sur la même ligne horizontale, mais il n'est pas sans intérêt de faire re- (') Cet argument perd un peu de sa valeur par suite de ce fait que, dans les con- tacts immédiats de Iherzolite et de lias que j'ai décrits, je n'ai jamais trouvé dans la Iherzolite de filons de ces roches. ( 755 ) marquer que, dans les Pyrénées, ces passages n'existent pas (' ), tout comme dans cette région on n'observe pas de passages entre les Iherzo- lites et les ophites qui les accompagnent. » En résumé, il existe deux familles de roches basiques grenues, à la fois dépourvues de péridot et de feldspath, qui, au point de vue génétique, sont étroitement liées aux péridotites et doivent désormais occuper dans les classifications pétrographiques une place parallèle à celle des roches à péridot. » M. J. Rué adresse une Note « sur les courbes de chemins de fer et sur les moyens pratiques à employer pour les vérifier ou pour les rectifier ». La séance est levée à 4 heures un quart. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages iieçus dans la séance du i" avril iSgS. Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Pasteur, Friedel, Mascart. Avril 189.5. Tome IV. Paris, G. Masson, 1895; i vol. in-8°. Bulletin asironomique, publié sous les auspices de l'Observatoire de Paris, par M. F. Tisserand, Membre de l'Institut, avec la collaboration de MM. G. Bigourdan, O. Callandreau et R. Radau. Avril 1895. Paris, Gau- thier-Villars et fils. Stéréuchirnie. Exposé des théories de Le Bel et VantHoff, complétées par les travaux de MM. Fischer, Bceyer, Guye et Friedel, par M. Edouard-Gabriel MoNOD, avec une Préface de M. C. Friedel. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1895; I vol. in-S". (Présenté par M. Berthelot.) Contribution à l'étude des feld spaths des roches volcaniques, par M. F. Fou- QUÉ. Pans, Chaix, 1894; i vol. in-S". (Présenté par M. Fouqué.) Traitement des fractures par lemassageet la mobilisation, par M. le D'' Jusr (') On pouirail toutefois considérer quelques diallagiles à hornblende de Lherz comme le passage à la wehrlite si la proportion d'olivine y était plus considérable. ( 756 ) Lucas-Ch\mpio?»xière, chirurgien de l'hôpital Beaujon , etc. Paris, Rueff et C'*, 1895; r vol. gr. in -8°. (Présenté par M. Guvon.) Exposition universelle internationale de 1889 à Paris. Palais. Jardins. Con- structions diverses. Installations générales. Monographie, par A. Alphaxd, Membre de l'Institut, avec le concours de M. Georges Berger, Député. Publication achevée sous la direction de M. Alfred Picard, Inspecteur gé- néral des Ponts et Chaussées, etc. Paris, J. Rothschild, 1892-1895; i vol. in-/}" avec atlas. Annuaire de la Marine pour ï%<^^ . Paris, Berger-Levrault et C'*; i vol. in-8°. Quelques pages de l' histoire d^un grain de poussière, par M. G. Van der Mensbrugghe, Professeur à l'Université de Gand. (Extrait de la Revue des questions scientifiques. Juillet 1894.) Transactions 0/ the american Society 0/ mechanical Engineers. Vol. XV, 1894. New-York City, 1894; i vol. in-8°. Minutes ofproceedings of the institution of civil Engineers; with other se- lected and abstracted Papers. Vol. C\IX. Londres, iSgS; i vol. in-8°. Annalen der schweizerischen meteorologischen Central-Anstalt. 1892. Zurich; I vol. in-4°. ERRATA. (Séance du 26 mars 1895.) Bulletin bibliographique. Page 699, ligne 4- Au lieu de Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire naturelle — (Présenté par M. Daubrée). Lisez Élude minéralogic/ue de la Ikerzolite des Pyrénées et de ses phénomènes de contact, par M. A. Lacroix. (Extrait des Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire naturelle. 3» série, VI, 209-808 et pi. 5 à 10; 1894.) (Présenté par M. Daubrée.) On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VIIJ.ARS ET FII,S, Quai (les Grands-Au£;iisiins, n" 5"). Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimnmiie. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4'. Deux ables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnement, est annuel t part du i" janvier. Le prix de V abonnement est fixé ainsi qu'il suit : Paris ; 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, ngers. rges. chez Messieurs : [gen Michel et Médan. iChaix. Jourdan. Ruir. 'miens Courtin-Hecquet. \ Germain elGrassin. * Lachèse. layoïine Jérôme. 'esançon Jacquard. Avrard. 'ordeaux Duthu. ' Muller (G.). Renaud. Lefournier. F. Robert. J. Robert. ( V Uzel Caroir. -«e/e Massif. 7hamùer)- Perrin. ,, , 1 Henry. ,heibourg -^ ' Marguerie. ( Juliot. / Ribou-Collay. . Lamarche. 'Jijoii ! Rate). Damidot. r,„ \ Lauverjal. Oouat -' ' Crepin. Irest. ^lernioiit-Fer ( Drevel. ' Gratier. jrenoble- . . Ui liochelle Foucher. r„ £/ \ Bourdignon. Le Havre " [ Dombre. chez Messieurs : , . , i Baumal. Lorient ( M"' Texier. Bernoux et Cumin Georg. I.yon (' Cote. i Chanard. ' Vitte. Marseille Ruât. Montpellier Moulins.. . \ Calas. t Coulet. Ville.. ) Vallée. I Quarré. Martial Place. / Jacques. Nancy ! Grosjean-Maupin ! Sidot frères. ) Loiseau. ' Veloppé. ( Barma. / Visconli et C". Nimes Thibaud. Orléans Luzeray. „ . i Blanchier. Poitiers ' . ( Druinaud. Hennés Plihon et Hervé. Boche/ort Girard (M""). I Langlois. ( Lestringant. S'-Étienne Chevalier. „ , i Bastide. Toulon , ,, ., { Rumche. _ ■ I Gimct. Toulouse „ . ( Privât. Boisselier. Tours Péricat. ' Suppligeon. ( Giard. ( Lemaltre. Nantes Nice. Rouen. Valenciennes. On souscrit, à l'Étranger, chez Messieurs : , , , . ( Feikema Caarelsen Amsterdam { et C'V Atliénes Beck. Barcelone Verdaguer. I Asher et C'*. „„ ,. ' Dames. Berlin , Friediander et lils. I ' Mayer et Muller. fierne * Schniid, Francke et i ' '^"• pologne Zanichelli. ' . Ramiot. Bruxelles Mayolezel.\udiarte. ! Lebégue et C'*. _ , j Haimann. Bucharest , ,, ' Ranisteanu. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, Bell et C°. Christiania Camraermeyer. Constantinople. . Otto Keil. Copenhague Host et fils. Florence Seeber. Gand Hoste. Gènes Beuf. Genève. . La Haye. (.ausanne , Cherbuliez. ■ • Georg. ' Stapelmohr. BeUnfante frères. ( ISenda. ' ' I Payot Barth. 1 Brockhaus. Leipzig ' Lorentz. ) Max Riibe. ' Twietmeyer. ( Desoer. "1 Gnusé. Liège. chez Messieurs : I Dulau. l-ondres Hachette et C- 'Nutt. Luxembourg. . . . V. Biick. ILibr. Gutenberg. Romo y Fusse!. Gonzalès e hijos. F. Fé. Milan i Dumolard frères. \ Hœpli. Moscou Gautier. iFurchheim. Marghieri di Gius. Pellerano. ( Dyisen et Pfeiffer. New- York Stechert. ' Westermann. Odessa Rousseau. Oxford Parker et G" Palerme Clausen. Porto Magalhaès et Moniz. Prague Rivnac. Rio-Janeiro Garnier. Bocca frères. Loesclieret G'". Rotterdam Kramers et fils. Samson et Wallin. ( Zinserling. ( Woinr. Bocca frères. Brero. i Clausen. RosenbergetSellier, Varsovie Gebethner et WolR Vérone Drucker. ( Frick. ! Gerold et C". Ziirich Meyer et Zeller. Rome . Rotteri Stockholm S'-Petersbourg. . Turin Vienne . 70 Prix . 3q. Prix . 15 fr. 15 fr. 15 fr. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Tomes 1» à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume 10-4»; i853. Prix. Tomes 32 à 61.— (i*' Janvier i85i à 3i Décembre 1863.) Volume in-4°; lï Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à3i Décembre 1880.) Volume 10-4°; 18 SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DerbèscI A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvenl les Comètes, par M.Hansen.- Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières ;rasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benede.n. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences jour le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- > mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature ■ des rapports qui existent entre l'état actuel du règne jrganique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°. avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.  la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciencesi ■ffifl jN° 13. TABLE DES ARTICLES. (Séance du l" avril 18«3.) MÉMOIRES ET C0M»IUJ\1CAT10J\S DES MEMUURS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. i\I. P. -P. DEHÉnAIN. — Sur l;i ci] mpositiun .les caii\ ,1,- iIi-hiim:;.. Pages. MEMOIRES LUS. m ij. Pages. | IM.Hamsay donne verbalement quelques réremmenl i™„.,„i. •■. r i ^' ■ développements sur les résullats qu'il ;, | '"""'"'""'"' l'ausuus a i Académie M. J. Leroux adresse une Note ayiml pour titre : « Recherches sur l'éclosio'ii de l'oeuf MEMOIRES PRÉSEIVTÉS. I des sexués employer pour les vérifier ou pour les rectifier "^ 73-! 73:i 73.-, 737 7^" 7l3 74i 73,-) 755 730 PAKIb. IMPKIMEKIE GAUTHIEK-VILLARS ET FILS, Quai des Orands-Auausuna, 55. f'f f.vrant .- liAUTMiEn- Villjiks. Date Due ■*ws^ \'^^^.^. "l. N. X^;i- .^ ^ ^.. %.^. ^-.'a'* ^1--- .^'H:- %^-^ W)-^-. ^ X. 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