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HARVARD UNIVERSITY.
I. I B R A R Y
OF THE
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY.
'ôîùî\
GIFT OF
ALEXANDER AGASSIZ.
^
VrJj(>\AAXOvA^ Ip^ _ A^-. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet d-i leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Acadénaie^^
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au-
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des q-avaux des Savants
étrangers à l'AcadérUie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-i
sumé qui ne dépasse pas S^pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au noi|»j3i'e de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé:
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
à l'Lnprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au
Compte rendu suivant cl mis à la fin du cahier.
Akticlk 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches,
ni figures.
Dans le ca
autorisées, l'f
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
fait un Rapport sur là situation des Comptes rendus
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
exceptionnel où des figures seraient
pace occupé par ces figures comptera
Les Savants étrangers à 1 Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autreawnt la présentation sera- remise à la séance suivante.
ÉTAT DE L'ACADÉllIE BES SCIENCES
AU \-' JANVIER 1!)05.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Sectio.v I■^^ — Géométrie.
Messieurs:
Jordan (Marie-Ennemond-Camille) (o. *).
POINCARÉ (Jules-Henri) (c. «).
Picard (Charles-Emile) (O. *).
Appell (Paul-Émile)(c. «;).
Painlevé (Paul) *.
HUMBERT (Marie-Georges) *.
Section II. — Mécanique.
Levy (Maurice) (o. *).
BoussiNESQ'(Valentin-Joseph) (o. *).
Deprez (Marcel) (o. *).
LÉAUTÉ (Henry) (o. *)
Sebert (Hippolyte) (c. ^).
Vieille (Paul-Marie-Eugène) (o. *).
Section III. — Astronomie.
Janssen (Pierre-Jules-César) (c. *).
Lœwy (Maurice) (c. ^).
WOLF (Charles-Joseph-Étienne) (o. *).
Radau (Jean-Charles-Rodolphe) ■^.
Deslandres (Henri-Alexandre) «.
BiGOURDAN (Guillaume) *.
alion.
Section IV. — Géographie et Navigat
Bouquet de la Grye (Jean-Jacques-Anatole) (c. ft)!
Grandidier (Alfred) (o. ss).
Bassot (Jean-Léon-Antoine) (c. *).
GUYOU (Emile) (o. *).
Hatt (Philippe-Eugène) (o. i,>).
Bertin (Louis-Emile) (c. «).
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section T. - Physique générale.
isieurs :
Mascart (Éleuthère-Elie-Nicolas) (g. O. «)•
LiPPMANN (Gabriel) (c *).
Becquerel (Antoine-Henri) (o. *).
Potier (Alfred) (o. ;■?).
ViOLLE (Loiiis-Jules-Gabriel) (o. «).
Amagat (Émile-Hilaire) *.
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie.
TROOST (Louis-Joseph) (C. ft).
Gautier (Émile-Justin-Armand) (o. «).
MOISSAN (Henri) (c. é).
DiTTE (Alfred) (O. è).
Lemoine (Georges) (o. *).
Haller (Albin) (o. * ).
Section TH. — Minéralogie.
Gaudry (Jean-Albert) (c. «).
Bertrand (Marcel-Alexandre) (o. ft).
LÉVY (Auguste-Michel) (o. *).
Lapparent (Albert-Auguste de) «.
Lacroix (François-Antoine-Alfred) s.
BarrOIS (Charles-Eugène) (O. ft).
Section VIII. — Botanique.
Van Tieghem (Philippe-Édouard-Léon) (o. *).
BORNET (Jean-Baptiste-Edouard) (o. *).
GUIGNARD (Jean-Louis-Léon) «.
BONNIER (Gaston-Eugène-Marie) ^.
Prillieux (Édouard-Ernest) (o. *).
Zeiller (Charles-René) (o. *).
ÉTAT DE l'académie AU I*' JANVIER igoS.
Section IX. — Économie rurale.
Messieurs :
SCHLŒSING (Jean-Jacques-Théophile) (c. *).
Chauveau (Jean-Baptiste-Auguste) (c. 5*).
MUNTZ (Charles-Achille) (o. *).
Roux (Pierre-Paul-Émile) (c. ;*).
ScHLŒSiNG (Alphonse-Théophile) *.
Maquenne (Léon-Gervais-Marie).
Section X. — Anatomie et Zoologie.
RANVIER (Louis-Antoine) (o. *).
Perrier (Jean-Octave-Edmond) (o. *).
Chatin (Joannès-Charles-Melchior) *.
GlARD (Alfred-Mathieu) *.
Delage (Marie- Yves) *.
Bouvier (Louis-Eugène) w.
Section XI. — Médecine et Chirur
Bouchard (Charles-Jacques) (c. *).
GUYON (Jean-Casiniir-Félix) (o. *).
Arsonval (Arsène d') (o. *).
Lannelongue (Odilon-Marc) (c. ^).
Laveran (Charles-Louis-Alphonse) (o. *).
Dastre (Albert-Jules-Frank) ».
SECRETAIRES PERPETUELS.
Darboux (Jean-Gaston) (c. *), pour les Sciences mathéma-
tiques.
Berthelot (Marcelin-Pierre-Eugène) (g. c. «), pour les Sciences
physiques.
Mcssi
ACADÉMIE DES SCIENCES.
ACADÉMICIEIXS LIBRES
Freycinet (Charles-Louis DE Saulses de) (o. *).
Hatonde la GoupilliÈre (Julien-Napoléon) (g. o. *).
Cailletet (Louis-Paul) (o. «).
BiSCHOFFSHElM ( Raphaël-Louis) *.
Brouardel (Paul-Camille-Hippolyte) (g. O. *)•
Laussedat (Aimé) (g. o. *).
CARNOT (Marie- Adolphe ") (c. «).
ROUCHÉ (Eugène) (o. *).
Picard (Alfred-Maurice) (g. C. ).
Labbé (Léon) (c. *).
ASSOCIÉS ÉTRANGERS.
Kelvin (Sir William Thomson, Lord), à Glasgow (g. O. *).
Lister (Lord), à Londres.
Newcomb (Simon) (o. *), à Washington.
Suess (Edouard), à Vienne.
HOOKER (Sir Joseph-Dalton), à Kew.
Schiaparelli (Jean-Virginius), à Milan.
KOCH (Robert), à Berlin.
Agassiz (Alexandre) (o. *), à Cambridge (Massachusetts).
CORRESPO]\DAIVrS.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Section I'*. — Géométrie (lo).
SCHWARZ (Hermann-Amandus), à Grùnewald, près Berlin.
Klein (Félix), à Gœttingue.
MÉRAY (Hugues-Charles-Robert) (o. *), à Dijon.
Zeuthen (Hieronymus-Georg), à Copenhague.
Mittag-Leffler (Magnus-Gustaf) (o. ;^), à Stockholm.
ÉTAT DE l'académie AU I*-^ JANVIER rgoS.
sieurs :
Dedekind (Jiiliiis-Wilhelm-Richard), à Brunswick.
Nœther (Max), à Erlangen.
VOLTERRA (Vito), à Rome.
GuiCHARD (Claude), à Clermont-Ferrand.
GORDAN (Paul), à Erlangen.
Section II. — Mécanique (lo).
Sire (Georges-Etienne) *, à Besançon.
Considère (Armand-Gabriel) (o. *), à Quimper.
Amsler (Jacob), à Schaffhouse.
Vallier (Frédéric-Marie-Emmanuel) (o. *), à Versailles.
BOLTZMANN (Louis), à Vienne.
Dwelshauvers-Dery (Victor-Auguste-Ernest) ft, à Liège.
Bazin (Henrv-Émile) (o. *), à Chenôve (Côte-d'Or).
DUHEM (Pierre), à Bordeaux.
Zeuner (Gustav-Anton), à Dresde.
N
Section III. — Astronomie (i6).
Struve (Otlo-Wilhelm) (g. o. «). à Carlsruhe.
LOCKYER (Sir Joseph-Norman), à Londres.
HUGGINS (Sir William), à Londres.
Stephan (Jean-Marie-Édouard) (o. *), à Marseille.
Hall (Asaph) *, à Washington.
Langley (Samuel-Pierpont), à Washington.
AUWERS (Arthur), à Berlin.
Rayet (Georges- Antoine-Pons) (o. *), à Bordeaux.
Backlund (Oskar), à Poulkova.
GlLL (Sir David), au Cap de Bonne-Espérance.
Bakhuyzen (Van de Sande) (c. *), à Leyde.
ClIRlSTlE (Wdliam-Henry), à Greenwich (Angleterre).
ANDRÉ (Charles-Louis-François) *, à l'Observatoire de Lyofi.
BaillaUD (Edouard-Benjamin) (o. *), à l'Observatoire de Toulouse.
HiLL (George-William), à West-Nvack.
c. R., 1903, I" Semestre (T. CXL, N° 1.) ^
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section IV. — Géographie et Nangation (lo).
Messieurs :
Teffé (le baron DE ), à Rio-cle-Janciro.
Grimaldi (Albert-Honoré-Charles) (a. C. *), prince souverain de
Monaco, à Monaco.
Nansen (Fridtjof) (c. *), à Bergen (Norvège).
Helmert (Frédéric-Robert), à Potsdam.
Colin (le R. P. Édouard-Élie), à Tananarive.
Gallieni (Jospph-Simon) (g. O. ft). à Sainl-Raphaël (Var).
BlENAYMÉ (Arthur-François-Alphonse) (c. ■*), à Toulon.
Normand (Jacques-Augustin) (o. *),'>u^Havre.
Davidson (George), à.San-Francisco.
OUDEMANS (Jean-ALraham-Chrétien), àjUtrecht.
Section Y. — Physique générale (lo).
Crova (André-Prosper-Paul) (o. ^), à Montpellier.
Rayleigh (John-William Strutt, Lord) (o. *), à Essex.
BiCHAT (Ernest- Adolphe) (o. *), à Nancy.
Blondlot (René-Prosper) «;, à Nancy.
HiTTORF (Wilhem), à Munster (Prusse).
Van DER WAALS (Johannes-Diderik), à Amsterdam.
MiCHELSON (Alberl-A.), à Chicago.
GOUY (Georges-Louis), à Lyon.
Benoit (Justin-Miranda-René) *, à Sèvres.
LORENTZ (Hendrik-Atiton), à Leyde.
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie (lo).
Lecoq DE ROISBAUDRAN (Paul-Émile dit François) *, à Cognac.
Baeyer (Adolf von), à Munich.
ROSCOÉ (Sir Henry-Enfield) (o. *•), à Londres.
Cannizzaro (Stanislas) (o. *), à Rome.
RAMSAY (William) (o. *), à Londres.
Mendeleef (Dmitrv-Iwanowitch), à Saint-Pétersbourg.
Fischer (Emile), à Berlin.
ETAT DE L ACADÉMIE AU l""' JANVIER 190.5.
Messieurs :
Sabatier (Paul), à Toulouse.
FORCRAND (HippoIyte-RoberLDE), à Montpellier.
N
Section VII. — Minéralogie (10).
Gosselet (Jules-Auguste-Alexandrc) *, à Lille.
Geikie (Sir Archibald), à Londres.
RiCHTHOFEN (Ferdinand, baron de), à Berlin.
TSCHERMAK (Gustav), à Vienne.
DepÉRET (Charles-Jean-Julien) «, à Lyon.
ROSENBUSCH (Harry), à Heidelberi^.
Peron (Pierre-Alphonse) (c. *), à .\uxerre.
OEhlert (Daniel) *, à Laval.
Klein (Johann-Friedrich-Carl), à Berlin.
Brôgger (Wlademar-Christoferj, à Christiania.
Section VIII. — Botanique (10).
Clos (Dominique) *, à Toulouse.
Grand'Eury (François-Cyrille) *, à Saint-Etienne.
Masters (Maxwel-Tylden), à Londres.
Treub (Melchior) *, à Buitenzorg, près Batavia (Java).
Schwendener (Simon), à Berlin.
Pfeffer (Wilhelm-Friedrich-Phihpp), à Leipzig.
Strasburger (Edouard), à Bonn.
Warming (Johannes-Eugenius-Beilow), à Copenhague.
Flahault (Charles-Henri-Marie) #, à Montpellier.
Bertrand (Charles-Eugène) ft, à Lille.
Section IX. — Économie rurale (10).
HOUZEAU (Auguste) (O. -â), à Rouen.
Arloing (Saturnin) (o. «), à Lyon.
Pagnoul (Aimé) «, à Arras.
Gayon (Jjéonard-Ulysse), à Bordeaux.
KUEHN (Julius), à Halle.
ACADEMIE DES SCIENCES.
Messieurs :
Wlnogradski (Serge), à Saint-Pétersbourg.
Yermoloff (Alexis) (c. «), à Sainl-Pétersbourg.
Tisserand (Louis-Eugène) (g. O. *), à Vaucresson.
Fliche (Paul) *, ;i Nancy.
N
Sectiox X. — Anatomie et Zoologie (lo).
Fabre (Jean-Henri) a, à Sérignan (Vaucluse).
SabaïIER (Armand) (o. *), à Montpellier.
Retzius (Gustave), à Stockholm.
Bergh (Ludwig-Rudolph-Sophus), à Copenhague.
I.ANKESTER (^Edwin-Ray), à Londres.
LORTET (Louis) (o. *), à Lyon.
Maupas (Emile-François), à Alger.
Van Beneden (Edouard), à Liège.
Metchnikoff (Elle) (o. *), à Sèvres.
Waldeyer (Henri-Guillaume-Godefroi), à Berlin.
Sectiox XI. — Médecine el Chirurgie (lo).
Lépine (Jacques-Rai)haël) (o. *), à Lyon.
Herrgott (François-Joseph) (o. *), à Nancy.
Engelmann (Théodor-Wilhehn), à Berlin.
Leyden (ErnstVON), à Berlin.
MOSSO (Angelo), à Turin.
Burdon-Sanderson (Sir John), à Oxford.
Zambaco (Dèmétrius-Alexandre) (o. *), à Constantinople.
Czerny (Vincent-Joseph), à Heidelberg.
Baccelli (Guido), à Rome.
Calmette (Léon-Charles-Albert) (o. *), à Lille.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2 JANVIER 1903.
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
M. Mascart, Président sortant, fait connaître à l'Académie l'état oîi se
trouve l'impression des Recueils qu'elle publie, et les changements sur-
venus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de
l'année 1904.
État de l'impression des Recueils de l' Académie au i" janvier 1906.
Volumes publiés.
Comptes rendus des séances de l'Académie. — Le Tome CXXXVI (i"" se-
mestre 1903) et le Tome CXXXVII (2* semestre igoS) ont paru avec leurs
Tables.
Les numéros de l'année 1904 ont été mis en distribution, chaque
semaine, avec la régularité habituelle.
Mémoires de l'Académie. — Le Tome XLVII a été mis en distribution au
mois de mars 1904.
ACADEMIE DES SCIENCES.
Changements survenus parmi les Membres
depuis le i^" janvier igo^j.
Membres décédés.
Section de Mécanique : M. Sarrau, le lo mai.
Section d' Astronomie : M. Callandreau, le i3 février.
Section de Minéralogie : M. Fouqdé, le 7 mars.
Section d'Économie rurale : M. Dpclaux, le 3 mai.
Section de Médecine et Chirurgie : M. Marey, le i5 mai.
Membres élus.
Section de Mécanique: M. Vieille, le 21 novembre, en remplacement
de M. Sarrau, décédé.
Section d'Astronomie : M. Bigocrdax, le aS avril, en remplacement de
M. Callandreau, décédé.
Section de Minéralogie : M. Lacroix, le 1 1 janvier, en remplacement de
M. Munier-Chalmas, décédé; M. Barrois, le 9 mai, en remplacement de
M. Fouqué, décédé.
Section d'Économie rurale : M. Maquenxe, le 27 juin, en remplacement
de M. Duclaux, décédé.
Section de Médecine et Chirurgie : M. Dastre, le 28 novembre, en rempla-
cement de M. Marey, décédé.
Associé étranger élu.
M. Agassiz (Alexandre), à Cambridge (États-Unis), le 7 mars, en rem-
placement de Sir George-Gabriel Stokes, décédé.
Changements survenus parmi les Correspondants
depuis le \" janvier 1904.
Correspondants décédés.
Section de Géométrie : M. Salsion, à Dublin, le 22 janvier.
Section d'Astronomie : M. J. Perrotix, à Nice, le 29 février.
SÉANCE DU 2 JANVIER IQoS. l5
Section de Chimir : M. Williamsox, à Haslemer, le 6 mai.
Section de Minéralogie : M. Kakl vox Zittél, à Munich, le 5 janvier.
Section d' Economie rurale : M. Laurent, à Gembloux, le 20 février.
Correspondants élus.
Section de Géométrie : M. Voltekra, à Rome, le i4 mars; M. Gciciiard,
à Clermont-Ferrand, le 28 mars; M. Gordav, à Erlangen, le 24 avril.
Section de Minéralogie : M. Brogger, à Chrisliania, le i4 mars.
Section de Botanique : M. Warmixg, à Copenhague, le 7 mars; M. Fla-
HAui-T, à Montpellier, le i4 mars; M. Eugène Bertrand, à Lille, le 21 mars.
Section d' Économie rur-ale : M. Tisserand, à Vaucresson, le 20 juin;
M. Fliche, à Nancy, le 4 juillet.
Section d' Anatomie et Zoologie : M. Metchnikoff, à Sèvres, le 20 juin;
M. Waldeyer, à Berlin, le 27 juin.
Section de Médecine et Chirurgie : M. Calmette, à Lille, le aS janvier.
Correspondants à remplacer.
Section de Mécanique : M. Gibrs, à New-Haven (Connecticut), ilécédé le
28 avril 1903.
Section d' Astronomie : M. J. Perrotin, à Nice, décédé le 29 février 1904.
Section de Chimie : M. Williamson, décédé à Haslemer, le 6 mai 1904.
Section d'Économie rurale : M. Laurent, à Gembloux, décédé le 20 fé-
vrier 1904-
MEMOIRES ET GOMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Pouvoir refroidissant d' un courant fluide sur
un ellipsoïde à axes inégaux, immergé dans ce courant. Note de M. J.
BOUSSINESQ.
I. Dans une Note du 16 mai 1904 {Comptes rendus, t. CXXXVIII,
p. 1 189) j'ai représenté par une certaine intégrale le pouvoir refroidissant
d'un courant fluide, faiblement conducteur, sur un corps convexe quel-
,6 ACADEMIE DES SCIENCES.
conque enveloppé par ce courant et dont la surface présente un excès
donné 60 f'e température sur l'ensemble du fluide. Cette intégrale, expres-
sion du flux total de chaleur soustrait au corps, dans l'unité de temps, par
le courant fluide, est
D'une part, R, C, V y désignent les trois constantes du courant, savoir,
sa conductibilité intérieure, sa capacité calorifique par unité de volume,
enfin, sa vitesse générale; d'autre part, p y est (abstraction faite du fac-
teur V) le potentiel des vitesses d'écoulement, paramètre, croissant de
— co à +00 le long des filets fluides, caractéristique des surfaces qui
coupent orthogonalement tous ces filets, et considéré, ici, depuis sa va-
leur Po ^ 'î* proue ou extrémité amont du corps, point où le Jilet central
aborde le corps et se divise, à son contact, en filets élémentaires qui le
recouvrent, jusqu'à .sa valeur p, relative à la poupe ou extrémité ami, point
où ces filets élémentaires, après avoir baigné toute la surface, se rejoignent
pour reconstituer le filet central et quitter ensemble le corps. Enfin,
y désigne un paramètre, variable de zéro à 2tc, définissant les divers filets
élémentaires qui sillonnent le corps, et e est la distance infiniment petite,
fonction de p et de y, qui sépare, sur la surface, le filet élémentaire à para-
mètre y de son voisin à paramètre y + f/y.
Comme c?p est, également, la distance de deux surfaces voisines d'égal
potentiel, considérées loin du corps, là où ces surfaces se réduisent
à des plans parallèles, les éléments £- c/p ont trois dimensions et l'inté-
grale / e-rfp exprime un volume infiniment petit; d'où il suit que, pour
tous les corps semblables et semhlablement situes dans le courant, le pouvoir
refroidissant (i) est proportionnel, sn ta désigne leur volume, au produit très
simpled^s/iLCVu.
Il ne reste donc à calculer, pour chaque forme du corps et chacun de
ses modes d'orientation par rapport au courant, que le coefficient numé-
rique de cette proportionnalité.
II. L'ellipsoïde paraît devoir être l'exemple naturel à choisir de la
théorie précédente. Et, cependant, les calculs y présentent de grandes dif-
ficultés, insurmontables même, dans le cas général, quand on veut arriver
au résultat définitif.
dl\ ( l dl\ ( I C^I\
SÉANCE DU 2 JANVIER ipoS. 17
Soient, respectivement,
x"- V- z^ .r- y- z-
l'équation de l'ellipsoïde, rapporté à ses axes 2a, 26, 2c, et celle de ses
homofocaux extérieurs, à paramètre 1 croissant de zéro à l'infini aux dis-
tances de plus en plus grandes de l'origine.
Le potentiel des vitesses, déterminé, à une constante près, par Téqua-
tiou indéfmie A^p ^ o, avec la condition d'avoir sa dérivée suivant la nor-
male nulle sur toute la surface )i = o et ses trois dérivées partielles en x,
y, z égales, pour >^ infini, aux trois cosinus directeurs donnés /, m, n du
courant fluide général, a l'expression
où I désigne l'intégrale
r' di
et où A, B, C sont les trois constantes
,£,,,_,, 2 I d /"" d\ ■ 'i\
A la surface du corps, X = o et, par exemple, A se confond avec
-,- H — -J-; d ou d suit que — r -7- a la valeur 1 j—r-- Il vient donc
abc a da ^ «A da abc\
(6) (,,, surface) p=i(^' + ^ + '^).
expression linéaire en x, y, z; de sorte que, si l'on suppose l'ellipsoïde con-
venablement placé, les courbes d'égal potentiel y sont les lignes de niveau et,
par suite, les filets fluides, celles de plus grande pente.
III. Mais bornons-nous à l'hypothèse d'un courant dirigé suivant un
axe, celui des z, par exemple; ce qui donne ^ proportionnel à z et, pour
(') Voir, par exemple, pour la démonstration de cette formule du potentiel des
vitesses, les pages 217 à 219 du Tome II de mes leçons sur la Théorie analytique de la
chaleur, mise en harmonie avec la Thermodynamique et avec la théorie mécanique
de la lumière.
C. R., 1903, I" Semestre. (T. CNL. N» 1.) ^
j8 académie des sciences.
lignes de pente, les courbes j = va;*, avec v comme paramètre et k égal au
quotient de ar par b"^ . L'écart e des deux lignes à paramètres v, v + c/v, pro-
jeté en vraie grandeur sur le plan des xy, sera y , _^ y^-:,, 2^-2^-2 ^'^ ' ^^"^ ^^
paramètre différentiel A,v de la fonction v = ya;-* est y ^..h-h2 ou
4 /i±-^!4l£!^ et représente, comme on sait, la dérivée ^ de v le long de
l'élément de chemin e.
Cela posé, la formule (6) devient p = Mz, si, vu la troisième (5), on
appelle M la constante définie par la relation
-t-À)
et le produit e'i/p dans (i) prend la forme Mt-dz. Cette expression devra
être intégrée de Po à p,, c'est-à-dire depuis z — --c jusqu'à z =c, et don-
nera un résultat double de celui qu'on aurait en intégrant de s = o à s = c.
Or, le long du demi-filet fluide ainsi considéré et que, pour fixer les idées,
nous supposerons pris dans l'angle des coordonnées positives, l'équation
de l'ellipsoïde se réduit à
AV^^*=«^(i- J);
ce qui permet de substituer à^, comme variable d'intégration, l'abscisse x,
décroissante jusqu'à zéro, dans l'intervalle considéré, à partir d'une li-
mite y^ définie par l'équation
(8) :x + >tv^/ = «^
Il vient ainsi, en posant finalement a?- = ^ et même ^ = [ati,
(s) . ... - ,M,
IV. Comme l'équation (8) se résout facilement par rapport à v, il est
avantageux de substituer au paramètre v, variable de zéro à l'infini dans
l'angle des coordonnées positives, le paramètre tx, qui y décroît de a- à zéro.
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. ig
Alors le troisième membre de (9) devient
Posons-y, pour simplifier, ix = a- sin-9, où cp sera un angle variable entre
zéro et -; puis, après avoir extrait la racine carrée, qui figure dans la for-
mule (i) du pouvoir refroidissant, intégrons le résultat de(p = oà(p = -;
ce qui étendra la sommation à tous les filets compris dans l'angle dièdre
des arK positifs. Enfin, multiplions par 4. pour tenir compte des trois autres
dièdres analogues, et il viendra, pour le pouvoir refroidissant du courant
sur l'ellipsoïde :
( Pouvoir refroidissant
= 8Ô„i/ ^T / 1// -===_== (sm-ç+/l-cos=ç) 4.
On se souviendra que M y a la valeur tirée de (7) et que k y désigne le
rapport de a.- à b^.
V. Les intégrations en n et cp ne paraissent guère effectuables, au moins
sous forme finie, que dans les deux cas : 1° d'un ellipsoïde de révolution
autour de l'axe (des :;) parallèle au courant, c'est-à-dire dans l'hypo-
thèse yt = I ; 2° d'un ellipsoïde ayant sa section principale, perpendiculaire
au courant, très aplatie, par exemple, suivant l'axe des a;, de manière qu'on
ait k infiniment petit.
Le premier cas, de l'ellipsoïde de révolution, ayant été traité directe-
ment dans la Note citée du 16 mai 1904, bornons-nous ici à celui de k infini-
ment petit, où l'intégration en -/i porte sur la différentielle -^ — , ^ et
donne (entre les deux limites zéro et i) -r— • La formule (11) devient
donc, en se rappelant que k désigne le quotient de a" par b-,
(12) Pouv. refroid. = 8I0(,i/^^ — ^M, où 1 = / (sincp)^r/cp.
Or une réduction connue permet de diminuer de deux unités, dans l'in-
tégrale L l'exposant du sinus; après quoi la substitution sin (p = cos'^il/
20 ACADEMIE DES SCIENCES.
ramène celle intégrale à une intégrale elliptique complète F, de Legendre.
Et il vient ainsi :
(i3)
= i Tt-^^^ r-T-^— fF.(-L)=o,874
Il ne reste donc plus qu'à évaluer M ou, plutôt, l'intégrale définie en \
figurant dans l'expression (7) de son inverse. Si, d'abord, c est compa-
rable à b ou que l'ellipsoïde soit un disque plat n'ayant de très petit que
l'axe 2a, on reconnaît aisément que le facteur a du numérateur rend cette
intégrale évanouissante; de sorte que M ^ i.
VI. Si, au contraire, c est très petit, comme a, on que l'ellipsoïde soit
une longue aiguille ayant le grand axe 2b, les éléments correspondant aux
petites valeurs de 1, dans le dernier terme de (7), éléments évidemment
réductibles à
donnent à ce terme la valeur -; j (' — -) = ; eL la formule (12)
a- — c- \ cl a + c ^ ■'
devient
(14) Pouv. refroid. = SlOoi/^^ b-{a + c).
Elle comprend comme cas particulier, si l'on y fait évanouir a devant c,
la formule du disque.
On l'obtient d'ailleurs, sans employer la formule générale (i i), en dé-
composant l'aiguille, par des plans normaux à l'axe principal 2 b, en tranches
assimilables à des tronçons de cylindre elliptique battus par un courant
perpendiculaire à l'axe du cylindre, cas traité à la fin de ma première Note
de mai 1904 Sur le pouvoir refroidissant des courants fluides {Comptes rendus,
t. CXXXVIII, p. ii34)- Cette méthode directe a l'avantage de montrer
que la formule (i4)» symétrique en a et c, subsiste quelle que soit la direc-
tion du courant dans le plan des deux petits axes 2a, ic de l'aiguille.
SÉANCE DU 2 JANVIER igOJ.
OPTIQUE. — Franges d'interférence produites par le système de deux miroirs
perpendiculaires entre eux. Note Me M. G. Lippmaw.
On obtient des franges pareilles à celles des miroirs de Fresnel en em-
ployant, au lieu de deux miroirs dont l'angle est voisin de 180°, deux
miroirs dont l'angle est voisin de 90°.
La théorie n'est pas la même que pour l'expérience de Fresnel : ici
chacun des faisceaux interférents a subi deux réflexions. La moitié des
ravons émanés d'un point lumineux S se réfléchit d'abord sur le miroir (i),
puis sur le miroir (2) et donne finalement une image S' de la source S.
L'autre moitié est réfléchie d'abord par le miroir (2), puis par le miroir (i)
et fournit une image S" de la source. Les images S' et S" se confondraient
si les miroirs faisaient un angle de 90". Si cet angle est de 90°+£, les
images S' et S" se séparent, et leur distance vue de l'intersection du miroir
est égale à 2e. Les deux images S' et S" fonctionnent comme deux sources
synchrones et fournissent un système de franges, à frange centrale blanche,
parallèles à l'intersection du plan des miroirs ( ' ).
On peut donner à l'expérience plusieurs formes. En face d'une fente
lumineuse on dispose deux glaces argentées, que l'on rend perpendiculaires
entre elles à l'aide d'une équerre; ce réglage sommaire donne un angle
voisin de 90" et capable de produire des franges. Il n'est pas nécessaire,
comme dans les dispositifs de Fresnel, de régler la position de l'un des mi-
roirs en le déplaçant parallèlement à lui-même : l'expérience est donc plus
simple.
La source lumineuse étant une fente, au lieu d'être un point, il faut
amener la fente à être parallèle à l'intersection des miroirs, pour avoir le
maximum de netteté. Pratiquement il suffit, pour la netteté, d'amener la
fente et l'intersection des miroirs à être dans un même plan.
Un autre dispositif dispense de l'emploi de deux miroirs argentés. En
(*) Il ne faut pas confondre cette expérience avec une autre plus anciennement
connue, qui est décrite dans le Traité d'Optique de M. Mascart (t. 1, p. 462). Dans
celte ancienne expérience une lame plane à faces parallèles joue un rôle essentiel; la
théorie en est celle des miroirs parallèles de Brewster-Jamin. D'ailleurs, les franges
ainsi produites ?,o\n perpendiculaires à l'intersection des miroirs. Les franges que je
décris soni parallèles à celte intersection.
22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
face d'une fente verticale on installe, à peu près verticalement, un prisme
à réflexion totale isoscèle, comme il s'en trouve dans tous les laboratoires.
La réflexion a lieu, réflexion totale, sur les deux faces de l'angle droit.
Cet angle étant presque droit par construction, on obtient les franges du
premier coup sans aucun réglage. Par contre, l'angle étant invariable, on
ut plus faire varier à volonté l'intervalle entre les franges.
ne pe
MINÉRALOGIE. — Sur les micro granités alcalins du terriloiie de Zinder.
Note de M. A. Lacroix.
Dans la précédente séance, M. de Lapparent a présenté à l'Académie
les intéressants résultats de l'étude des documents géologiques rapportés
par les membres de la Mission de délimitation de la frontière du Sokoto.
Grâce à l'obligeance de notre confrère, j'ai pu examiner les roches
éruptives recueillies par la même Mission. Celles dont l'état de fraîcheur
permet une étude complète proviennent de Zinder et des environs de
Gouré, à environ loo'"" plus à l'est. Ces roches présentent plus que l'in-
térêt qui s'attache à tout document géologique provenant d'une région
inexplorée. Celles de Gouré, en effet, se rapportent à un type de roches
alcalines quartzifères, connu jusqu'à présent dans un très petit nombre de
gisements; elles possèdent en outre des particularités spéciales. Ces roches
forment au milieu du sable du désert de petits monticules, dont la surface
est couverte de blocs provenant dé leur désagrégation in sUu.
Je ne ferai que citer les roches de Zinder, à rapporter à des aplites, à des
pegmatites et au type, aujourd'hui bien connu, du granité à œgyririe et
riebeckite. M. Foureau, qui, dans son grand voyage, a le premier recueilli
des roches dans cette localité, se propose du reste de les étudier.
Les roches de Gouré sont des micro granités (') à œgyrine et amphiboles
sodiques, qui présentent deux types distincts; le premiei' est caractérisé
par de nombreux cristaux porpbyriques de quartz bipyramidé et de feld-
spaths, distribués dans une pâte quarlzofeldspathique finement cristalline;
dans le second type, au contraire, c'est cette même pâte qui prédomine,
alors que les phénocristaux porphyriques de quartz et de feldspaths sont
(') La collection contient aussi uri petit fragment d'une roche lamprophyfique à
orthose et augite avec fort peu de biotitë el de horribleiide (mîneilé adgîtique), riche
en riebeckite secondaire.
SÉANCE DU 2 JANVIER IQoS. 2^
rares, mais on y distingue en grand nombre de petits cristaux verts ou
bleuâtres de métasilicates, à aspect moucheté très caractéristique. A l'état
intact, ces roches sont grises avec une teinte verdàtre, mais le plus souvent
elles possèdent une coloration rouge, par suite de la transformation des
minéraux ferrugineux en hématite.
L'examen microscopique montre que, comme dans les roches porphyriques ordi-
naires, les phénocristaux de quartz sont très corrodés; les feldspaths sont constitués
par de l'orlhose et de l'albite, existant en Individus distincts ou groupés en microper-
lite. Le centre des cristaux est homogène, mais leurs bords englobent pœcilitique-
ment le quartz de la pâte. Celle-ci est holocrislalline et essentiellement constituée par
du quartz en grains ou en cristaux bipyramidés, associés à des feldspaths (orthose ou
albite). L'orthose est xénomorphe et enveloppe le quartz; l'albite au contraire forme
des cristaux aplatis suivant g^, dont les sections longitudinales, allongées, donnent
à la pâte une structure caractéristique.
Les minéraux colorés sont exclusivement constitués par de l'asgyrine, d'un vert foncé,
très pléochroïque et par diverses amphiboles sodiques. L'une d'elles est d'un vert bleu
tellement foncé que les propriétés optiques ne peuvent être déterminées avec préci-
sion; elle paraît différer de la riebeckite; la seconde apaphibole est, elle aussi, extrê-
mement pléochroïque ; les bords de ses cristaux n'ont pas la même teinte que leur
centre [n^= jaune verdàtre ou bleu vert; «,„ = brun rosàtre à brun vert; np = jaune
vert clair]. La biréfringence est faible, l'angle des axes très petit autour de la bissec-
trice aiguë négative: la dispersion est très forte, donnant lieu en lumière parallèle à
des teintes de polarisation cuivrées qui rappellent celles des chlorites.
Cette amphibole, dont l'allongement est positif, se rapproche à certains égards de
la katoforite et de la hastingsite, mais il est difficile de préciser la valeur de l'extinc-
tion maximum à cause de la rareté des clivages et de formes géométriquement déter-
minables; elle parait être plus faible que dans ces amphiboles.
Dans le premier type de microgranites, l'œgyriue et l'amphibole à couleur variable
forment uniquement de petites plages irrégulières, moulant les éléments de la pâte;
dans le second type, l'œgyrine et l'amphibole à couleur uniforme présentent au contraire
l'apparence de phénocristaux à formes distinctes, souvent groupés en petit nombre à
axes parallèles, mais ce ne sont que des squelettes englobant pœcilitiquement les
éléments de la pâte et réduits souvent à si peu de chose, malgré leur grand volume,
qu'il est difficile de les étudier en lumière convergente. A ce propos, je ferai remar-
quer combien est caractéristique des pyroxènes et des amphiboles des roches alcalines
acides cette cristallisation très tardive, qui en fait les derniers minéraux consolidés
(à structure pœcilitique), tandis que les pyroxènes et les amphiboles des roches simi-
laires calcosodiques cristallisent généralement avant les éléments blancs.
Je signalerai en terminant un minéral orthorlionibique en baguettes incolores à
allongement négatif, de biréfringence de o,oi5; l'angle 2 V est très grand autour
de la bissectrice aiguë positive, normale à une face delà zone d'allongement; la réfrin-
gence est supérieure à celle du quartz; la structure pœcilitique n'a pas permis d'isoler
cette substance que je ne puis rapporter à aucune espèce connue.
24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces microgranites sont à comparer aux paisanites de MM. Osann et
Rosenbusch; elles se distinguent cependant de la plupart d'entre elles,
d'une part par leur structure plus franchement microgranitique et, d'une
autre, par la nature de l'amphibole qui, dans ces roches, est d'ordinaire
constituée par de la riebeclute.
L'analyse a a élé faite par M. Pisani sur le type 1 de la roche de Gouré; elle est
intéressante à comparer à celles des paisanites : b, du Mosquez Canon, Texas
(M. Osann); c, du Magnolia Point, Mass. {in Rosenbusch); d, du mont Scholoda,
Abyssinle (M. Prior); et enfin à celle, c, d'une rhyolite à œgyrine de Ilelabala,
désert Somali (M. Arsandaiix) :
a. b. c. d. e.
SiO'^ 75,25 73,35 76,49 76,01 76,0
TiO-^ 0,19 » tr. )> >>
APO^ 11,60 i/i,38 11,89 11,96 12,7
Fe=0^ 0,78 1,96 1,16 i .g j 2,1
FeO 3 0,34 1,56 | ''°'' i 0,6
CaO 0,70 0,26 o,i4 0,26 0,2
MgO 0,39 0,09 tr. tr. »
Na'O, 3,98 4,33 4,o3 4,46 4,o
K^O '1,20 5,66 5,00 4,73 4,2
Perte au feu.. » » o,38 0,28 1,1
100,09 100,37 100,77 99,73 100,9
L'analogie chimique existant entre toutes ces roches est fort grande;
elles sont essentiellement caractérisées par l'extrême pauvreté en chaux et
souvent l'absence de la magnésie, par l'abondance des alcalis parmi lesquels
la potasse est légèrement en excès sur la soude. La roche de Gouré ren-
ferme cependant un peu plus de fer, de chaux et de magnésie que les
autres et contient une faible quantité d'acide titanique; ce sont ces petites
différences chimiques qui entraînent la production d'une amphibole spé-
ciale à la place de la rieheckite commune aux roches de tous les autres
gisements.
Il est aujourd'hui devenu banal de parler de la richesse du continent
africain en roches alcalines, mais il est intéressant de noter que tous les
gisements de roches quartziferes à pyroxène et amphibole sodiques, qui y
sont connus depuis peu, sont localisés dans deux provinces pétrographiques
distinctes.
L'une d'elles est constituée par la région du Tchad, sur laquelle des
notions précises viennent seulement de nous être rapportées. Aux roches
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 25
de Gouré et de Zinder, il faut ajouter les granités à segvrine trouvés par
M. Foureau dans l'Air, à environ Coo'*'" plus au nord. Toutes ces roches,
d'âge probablement ancien, constituent des massifs ou des filons au milieu
de schistes cristallins; de petits échantillons de micaschistes et de gneiss
à pyroxène ont été trouvés à Goufé en même temps que les microgranites.
Les rhvolites à segyrine, recueillies par MM. Foureau, Lacoin et par la mis-
sion Chari-Tchad, à l'Hadjer-el-Hamis, sur la rive sud du Tchad, et celles
rapportées par le capitaine Lenfant de M'Bourao (lit du Mayo-Kebbi, af-
fluent de la Bénoué) constituent la Forme d'épaiichement du même magma.
Ces divers gisements sont compris entre les 6° et 12" de longitude est, le 9°
et le 19° de latitude nord. Toutes les roches éruptives qui ont été rap-
portées du voisinage de la région ainsi délimitée, notamment, à l'ouest, des
bords du Niger et, à l'est (mission Chari-Tchad), du Baguirmi, du Dar-
Rounga et du Dar-Banda, sont constituées par des granités, très différents
des précédents et appartenant à la série alcalino-calcique.
Une seconde province pétrographique (*) qui renferme des roches
quarlzifères ressemblant à celles du Tchad, mais accompagnées de types
alcalins non quarlzifères et de basaltes, se développe à 2000""" plus à l'est,
dans l'Abyssinie et les régions voisines. En effet, c'est presque sur le même
parallèle que Zinder, dans le Tigré, aux environs d'Adoua et d'Axoum,
que se trouvent les paisanifes analysées par M. Prior.
En outre, de nombreuses roches d'épanchement, parmi lesquelles s'en
trouvent de comparables ou d'identiques à celles d'el Hamis, abondent
dans le désert Somali-Dankali, le Choa et les plateaux Gallas. Enfin des
rhyolites à riebeckite ont été signalées beaucoup plus au sud, au lac Nai-
vasha au sud-sud-ouest du mont Kénia.
En terminant, je signale aux futurs explorateurs de l'Afrique centrale
l'intérêt que présente dans celte région la récolte d'échantillons des
roches les plus communes telles que les granités, trop souvent négligées
comme d'intérêt médiocre : ce sont elles qui permettront de délimiter et
de faire connaître d'une façon plus complète la nouvelle province pétro-
graphique qui vient d'être spécifiée. Il serait à cet égard particulièrement
{') L'île de Socotra, où la riebeckite a été découverte pour la première fois (dans un
granité), se rattache à cette province qui se prolonge au delà de la mer Rouge, dans
l'Yemen. J'ai montré d'autre part antérieurement que les granités à aegyrine et à
riebeckite abondent à Madagascar.
G. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 1.) 4
26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
intéressant de connaître la constitution minéralogique de la région com-
prise entre l'Ouaclaï et le Nil, région qui sépare l'une de l'autre les deux
provinces pélrographiques dont il est question dans cette Note.
M. H. PoixcARÉ fait hommage à l'Académie du premier volume d'un
Ouvrage où il rassemble les Leçons de Mécanique céleste qu'il a professées à
la Sorbonne.
Ce livre ne fait double emploi ni avec l'Ouvrage du même auteur sur
Les Méthodes nouvelles de la Mécanique céleste, ni avec le Traité de Mécanique
céleste de Tisserand.
Dans Les Méthodes nouvelles, l'auteur s'élait placé le plus souvent au
point de vue du géomètre et avait recherché la parfaite rigueur analy-
tique; l'approximation était ainsi poussée beaucoup plus loin que ne l'exige
la pratique; on insistait à peine d'autre part sur les résultats anciens,
regardés comme connus, de sorte que l'Ouvrage ne pouvait convenir au
débutant et n'était accessible qu'au lecteur déjà familier avec la Mécanique
céleste.
Dans son nouvel Ouvrage, M. Poincaré s'est efforcé avant tout au
contraire de réduire les méthodes nouvelles à ce qui peut être immédiate-
ment utile et de les rattacher aux méthodes anciennes en montrant com-
ment elles sont logiquement et historiquement sorties de l'œuvre immor-
telle des fondateurs de la Mécanique céleste.
PRESENTATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui devra être présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique, pour la chaire d'Histoire naturelle des corps inorganiques,
vacante au Collège de France par suite du décès de M. Fouqué.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candi-
dat, le nombre des votants étant 48,
M. Michel Lévy obtient 47 suffrages
M. Caveux w i »
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 27
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
le nombre des votants étant 3g,
M. Cayeux obtient Sp suffrages
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique comprendra :
En première ligne M. Michel Lévy.
En seconde ligne M. Cayeux.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Ouvrage suivant :
La bobine d'induction, par M. H. Arniagnat. (Présenté par M. E. Mas-
cart. )
M. BoREL (Emile), M. Fabre (J.-H.), M. Richard (Gustave) adressent
des remerciments à l'Académie pour la distinction dont leurs travaux ont
été l'objet dans la dernière séance publique.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions limites et les opérations fonc-
tionnelles. Note de M. Maurice Fréchet, présentée par M. P. Painlevé.
I. De même qu'en Mécanique, une théorie préliminaire des vecteurs
permet d'éviter la répétition des mêmes démonstrations sur les forces, les
moments, les vitesses, etc.; de même, il y aurait avantage à détacher des
théories sur les ensembles de points, de fonctions, de lignes, etc. et sur les
opérations fonctionnelles définies dans ces ensembles, les propriétés qui
leur sont communes. Mais il est indispensable, dans ce but, d'introduire,
en outre de la notion de puissance, la notion de limite sans spécifier la
nature des éléments auxquels elle s'applique. C'est de cette manière qu'on
peut arriver (\oir [es Comptes rendus, 21 novembre 1904) à la généralisation
d'un théorème fondamental de Weierstrass sur les fonctions conlhiues.
Cette extension ne suppose rien sur la définition du mot limite, si ce n'est
28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que cette dérinilion répond (comme dans les cas classiques) aux deux con-
ditions suivantes : i°si A,, Ao, ..., K ••• sont des éléments identiques à un
même élément A, la suite a pour limite A; 2° si la suite A,, A^, . .., A„, ...
a une limite A, toute suite d'éléments contenus dans la première et pris
dans le même ordre a la même limite. On peut se demander s'il y aurait
lieu d'ajouter à ces deux conditions la suivante (qui constitue une des pro-
priétés les plus importantes des ensembles de points) : « Tout ensemble
dérivé est fermé. » Ou bien cette condition ne résulte-t-elle pas des deux
premières? La réponse à cette double question est négative; il suffit, pour le
voir, de montrer que cette propriété se trouve en défaut lorsqu'on l'applique
à l'une des définitions classiques de la limite. C'est, en effet, ce qui a lieu
quand on prend pour éléments les fonctions réelles définies dans un même
intervalle, et quand on adopte la définition classique de la limite {non
nécessairement uniforme). Par exemple, à ce point de vue, l'ensemble
dérivé de l'ensemble des polynômes n'est pas fermé. Ainsi, soit une suite
infinie de fonctions distinctes/,,/,, ..../„, ... qui tendent vers une fonc-
tion/(a?), chacune de ces fonctions /„( a;) étant elle-même limite d'une
suite infinie /„">, /„'-', ..., fT, ..., et toutes les fonctions f{x), ffx),
fl''''{x) étant supposées uniformes dans un même intervalle (a, b) : on ne
peut généralement pas trouver parmi les fonctions fl une suite infime /„''', . . . ,
fP^, . . . qui ait pour limite f.
II. Cette remarque donne de l'intérêt à la proposition à laquelle je
suis arrivé, d'après laquelle : lorsque les fonctions précédentes f, /„, /f
sont mesurables, on peut cependant trouver parmi les fonctions // une suite
infinie fil , /f;, . . . , /f;, . . . qui tend vers f en tous les points de (a, b), sauf
en un ensemble de mesure nulle.
Comme corollaire, on voit que toute fonction pouvant rentrer dans la
classification de M. Baire est la somme d'une série de polynômes, sauf en un
ensemble de mesure nulle.
III. Les opérations fonctionnelles. — En revenant à la considération des
opérations fonctionnelles continues, définies (voir la Note déjà citée) dans
un ensemble fermé d'éléments quelconques, on peut encore ajouter d'autres
généralisations de théorèmes connus. Ainsi, appelons ensemble continu
tout ensemble fermé E, tel que, étant donnés deux éléments quelconques A,
B de E, on puisse trouver un ensemble E^n contenu dans E, renfermant A,
B et qui corresponde univoquement aux points de l'intervalle (o, i) de
façon que, si dans cet intervalle la suite de points a;,, x^, ,.., a;„ a une
limite x, les éléments correspondants de E^^ tendent vers l'élément cor-
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 29
respondant à x. Ceci étant, toute opération fonctionnelle continue dans un
ensemble continu prend au moins une fois dans cet ensemble chacune des
valeurs comprises entre deux quelconques des valeurs qu'elte y prend.
Une autre proposition nécessite pour sa démonstration d'importantes
modifications au raisonnement qu'on emploie dans le cas particulier des
fonctions d'une variable, afin de se passer de l'emploi des intervalles. C'est
la suivante : la condition nécessaire et suffisante pour qu'une série d' opérations
fonctionnelles continues U"\ . . ., U'"', . . . {définies dans un ensemble compact
et fermé E f/'éléments quelconques) ait pour somme une opération U con-
tinue dans cet ensemble, est que cette série converge quasi uniformément dans
cet ensemble. Nous disons que la série converge quasi uniformément vers U
dans E si : 1° elle converge vers U en tout élément de E; 1° étant donnés
deux nombres positifs e et N, on peut trouver N'^N tel que, en tout élé-
ment A de E, on puisse choisir un entier n^ compris entre N et N' pour
lequel on ait
|UA-[u;"+ui-'4-... + u^']|<£.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les substitutions à trois variables et les
courbes invariantes par une transformation de contact. Note de M. S.
Lattes, présentée par M. P. Painlevé.
1. Je me suis proposé de déterminer les courbes et les surfaces inva-
riantes par une substitution à trois variables et passant par un point double
de la substitution. Dans le domaine d'un tel point, la substitution se ramène
à la forme
(i) X = S,^ + F(a:,j,5). Y=^S,y + <^{x,y,z), Z^S,z + Q{x,y,z),
S, , Sj, S3 étant les racines supposées distinctes de l'équation en S et F, ,
0, trois fonctions que je suppose holomorphes. En se bornant aux courbes
analytiques, c'est-à-dire telles que deux des coordonnées x, y, z soient des
fonctions holomorphes de la troisième, on obtient le résultat suivant :
Si S,, Sj, S3 sont différents de o et de i et si aucune des racines S, , So, S3
n'est une puissance entière d'une autre racine, il existe trois courbes analytiques
invariantes, et trois seulement, passant par le point double.
En cherchant de même une surfiice analytique invariante, on démontre
la proposition suivante :
Si S,, So, S;, sont différents de o et de i et si aucune des racines n'est égale
3o ACADEMIE DES SCIENCES.
au produit de deux puissances entières des deux autres racines, il existe
trois surfaces analytiques imariantes passant par le point double, quand i n'est
pas compris entre "le plus grand et le plus petit des nombres | S, |, | S„ \, \ S3 ], et
une sur/ace invariante dans le cas contraire.
Dans le premier cas, les trois surfaces obtenues sont les seules surfaces
analytiques invariantes passant par le point double; je ne puis rien affirmer
dans le second cas.
Les résultats précédents généralisent une proposition établie par M. Poin-
caré pour une substitution à deux variables ('•).
L'analogie de ces résultats avec ceux relatifs aux courbes définies par
des équations différentielles, dans le domaine d'un point singulier, peut
s'expliquer en considérant la substitution
(2) X = x + {S,x-h...)k, Y=j4-(S,j+...)S/, Z = z. + (S,z-h...)h.
Les équations fonctionnelles définissant les courbes ou les surfaces inva-
riantes par (2) deviennent, lorsque S/ tend vers zéro, des équations diffé-
rentielles. Dans cet ordre d'idées, j'énoncerai encore le résultat suivant :
Si |S, |, IS2I, IS3I sont tous trois plus grands (ou plus petits) que i,
toute courbe, analytique ou non, invariante par (i) est définie par des équa-
tions de la forme
F.^co,„,s.(l'^?F.) = l%'"^co,,,,XlogF,) ^ F3^»co,,sXl«gF3),
où F,, F., F3 sont trois fonctions de x, y, z holomorphes et nulles à l'ori-
gine et ù)a(^) une fonction périodique arbitraire de période a. Lorsque la
substitution (i) devient (2), on retrouve, en faisant tendre It vers zéro, un
résultat b-en connu de l'étude des équations différentielles.
2. Soit maintenant à trouver une courbe invariante par une transfor-
mation de contact :
(3) \ = f{x,y,y') Y = -, contient tous les commutateurs de G aussi bien que
la puissance p- de chaque opération. De ceci il résulte que 777 est un groupe
abélien ne renfermant aucune opération dont l'ordre excède j9*.
Chaque sous-groupe invariant d'indice p- contenu dans G correspond
à un sous-groupe d'indice //- contenu dans 777) et vice versa. Le nombre de
ces derniers est égal au nombre de sous-groupes d'ordre p- dans -^, (").
Nous déterminons d'abord la forme de ce nombre.
Soit />" l'ordre de 777- Lorsque n est pair, le nombre des invariants de ce
groupe est - -1- a(o = a=-V Si n est impair le nombre de ses invariants
est " "*" ' 4- a. Dans le premier cas, le nombre de sous-groupes invariants
d'indice p- contenus dans G est
/ :'^a \{ ^ + «_, \ ï + a-,/ l-a \
\P' -■A/'- — ■/ _^ p- \P^ -'/ .
(') Ouarterly Journal of Mathemalics, t. XXVIII, i
(-) Weber, Lehrbiich der Algebra, t. II, 1S99, p. 56.
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS, 33
Dans le dernier cas, ce nombre est
(^2_l)(p_,) p-l
Dans les deux cas, ce nombre est
a„-l-a,/7 + a-.p'^ -\-...-\-a<^p'^ -^...
où les coefficients satisfont aux conditions suivantes : «p< — h i; si ap= o,
il faut que ap_j., == o ; et si «js est le plus grand nombre entier qui n'excède
pas - + I, il suit que (/[j , est le plus grand nombre entier qui n'excède
3 — 1
pasi^+i.
On peut déduire des conditions précédentes des formules importantes
sur les nombres de sous-groupes invariants d'indice/?^ contenus dans G.
Les plus utiles sont les suivantes : si G contient plus d'un sous-groupc
invariant d'indice/?^, le nombre de ces sous-groupes est^i -{- pmoàp'^. Si
G contient plus de i + p ■+■ ip'^ sous-groupes invariants d'indice p-, leur
nombre est ^ i +/j + 2/>^ mod/?'.
MÉCANIQUE. — Au sujet de la déviation des corps dans la chute libre.
Note de M. de Sparke, présentée par M. Léauté.
Dans la chute libre les corps ont, comme on sait, une déviation vers
l'est qui est donnée par la formule
y = ^^uigl^cosl.
Mais beaucoup d'auteurs disent que, si l'on pousse l'approximation plus
loin, on obtient une déviation vers le sud, donnée par la formule
or ceci n'est pas exact. L'erreur provient ^de deux causes :
1° De ce que l'on a négligé la variation de la force centrifuge pendant la
chute du corps ;
G. R., igoS, I" Semestre. (T. CXL, N» 1.) 5
34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° De ce que l'on a également négligé la variation de l'attraction en gran-
deur et direction pendant la chute ( ' ).
Si l'on veut tenir compte de ces deux causes, et en supposant d'abord la terre sphé-
rique et homogène, oi est conduit à distinguer deux cas :
1° La chute a lieu dans un puits; on trouve alors une déviation vers le 5«(j? exprimée
par la formule
X r= iio^ sinÀ coslgt'',
donc égale au f de celle indiquée habituellement.
2° La chute a lieu du haut d'une tour; dans ce cas on trouve une déviation vers le
nord exprimée par la formule
j=— ia)*siQncosXR<\
où R désigne le rayon de la terre. De plus ces deux déviations sont mesurées par rap-
port à la verticale du point de départ, qui fait avec celle du point d'arrivée un angle
de l'ordre de w^.
Cette déviation vers le nord est beaucoup plus faible que celle vers le sud, donnée
pour le cas précédent.
Dans ce qui précède nous avons supposé la Terre sphérique; il y a lieu
toutefois de remarquer que l'influence de la forme ellipsoïdale de la Terre
introduit des termes de l'ordre de w- dans l'expression de la déviation.
Si l'on assimile la Terre à un ellipsoïde de révolution homogène aplati dont le
demi-grand axe serait a et le demi-petit axe b et si l'on pose de plus
on a, par rapport à la verticale du point de départ, une déviation toujours vers le
sud donl la partie principale est donnée, pour la chute dans un puits, par la formule
<-^>
et, pour la chute du haut d'une tour, par la formule
x^-r- 2-— sinÀ cos/.
4o b
Si Ton introduisait la hauteur de chute h, la première de ces formules deviendrait
sinX cosX
g
{-m
(') L'attraction fait avec la verticale un angle, par suite duquel la direction de
l'attraction varie pendant la chute.
SÉANCE DU 1 JANVIER IQoS. 35
et la deuxième
X 1= sin A rosA.
lob
On peut remarquer que cette dernière déviation vers le sud est, avec les valeurs de
a et è correspondant à la forme de la Terre, plus de loo fois plus forte que celle vers
le nord que l'on obtient pour la Terre supposée sphérique.
Toutes ces déviations sont d'ailleurs beaucoup ti-op petites pour être
constatées par l'expérience; la plus forte d'entre elles serait à peine de
-— de millimètre pour une chute de looo™.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur une formule fondamentale de la théorie
cinétique. Note de M. P. Langevin, présentée par M. Mascarf.
I. La seule méthode rigoureuse en théorie cinétique des gaz est la
méthode dynamique introduite par Maxwell et développée par KirchholT,
à laquelle M. Boltzmann consacre une partie importante de ses Leçons sur
la théorie des gaz (' ).
Malheureusement elle conduit à des calculs d'une extrême complexité que Maxwell
n'a poussés jusqu'au bout que dans le cas où les molécules se repoussent en raison
inverse de la cinquième puissance de la distance, grâce à une simplification considé-
rable qu'introduit cette loi particulière d'action. Les résultats qu'il obtint ne s'ac-
cordent pas cependant avec les faits expérimentaux; la loi d'action qu'il y a lieu
d'admettre entre les molécules n'est pas celle qui conduit aux calculs les plus simples.
Et pour celte seule raison il est essentiel de pouvoir prolonger la méthode dynamique
dans le cas d'une loi d'action quelconque.
De plus, la méthode ordinairement suivie, celle de Clausius ou des chemins de libre
parcours, a l'avantage d'être concrète, tangible, et de permettre, sans trop d'efforts
analytiques, de pénétrer dans le détail des phénomènes de difFusion, de frottement
intérieur, de conductibilité calorifique ou électrique, mais elle n'est applicable que
dans le cas où l'on assimile les molécules à des solides élastiques, n'exerçant d'action
mutuelle qu'au contact et encore conduit-elle à des résultats suspects parce qu'elle ne
tient pas compte des conditions 'dynamiques dans lesquelles se produisent les chocs :
c'est une méthode essentiellement statistique, où l'on évalue le nombre total des chocs,
en faisant jouer à tous le même rôle, que la perturbation apportée par eux dans le
mouvement des molécules soit importante ou légère.
{') L. Boltzmann, Théorie des gaz. traduction française de MM. Gallotti et Bé-
nard( Paris, Gauthier-Yillars, 1902-1904).
35 ACADÉMIE DES SCIENCES.
II. Je suis parvenu à résoudre complètement par la méthode de Max-
well le problème de la diffusion de deux gaz l'un dans l'autre en supposant
une loi quelconque d'action entre les molécules des deux gaz et à obtenir,
pour le coefficient de diffusion mutuelle ou pour la mobilité relative sous
l'action de forces extérieures, une formule générale ne faisant intervenir
qu'une intégration graphique analogue à celle effectuée par Maxwell dans
le cas particulier qu'il a traité. Ce calcul graphique devient inutile si les
molécules sont des sphères élastiques.
III. Dans ce dernier cas. il est intéressant de comparer au résultat de la
méthode de Clausius la formule exacte à laquelle j'aboutis pour le coeffi-
cient de diffusion d'un gaz dont les molécules ont la masse m, dans un gaz
de molécules m en nombre égal à M par unité de volume, c étant la somme
des rayons de deux molécules m et m, et h une constante inversement pro-
portionnelle à la température absolue, la même pour tous les gaz et égale
aux trois quarts de l'inverse de l'énergie cinétique moyenne d'une mo-
lécule :
D =
V /« + /»,
M. Boltzmann (') déduit de la méthode de Clausius une formule qui
prend une forme analogue à celle-ci dans le cas seulement où le gaz m, est
rare par rapport au gaz m et qui devient alors
D„ =
3-j=Mv -/;('« + '"i)
En dehors du coefficient numérique, sans grande importance, les deux
formules diffèrent surtout par la substitution de ^^^^ à m -h m,, de sorte
que la méthode des libres parcours conduit à un coefficient beaucoup trop
faible dans le cas où les molécules m et m, sont très différentes, le raison-
nement purement statistique étant particulièrement faux dans ce cas.
IV. La formule générale permet, sans qu'il soit nécessaire d'effectuer les
intégrations graphiques correspondantes, de montrer que le coefficient de
diffusion sous pression constante varie avec la température absolue T
(') L. BoLTZMA^^•, Théorie des gaz, trad. franc., l. I, p. 90.
SÉANCE DU 2 JANVIER igo5. 87
si les molécules se repoussent en raison inverse de la n -\- i'™« puissance
de la distance. Cette loi comprend comme cas particulier le résultat de
Maxwell en T- dans le cas de la cinquième puissance et celui T^ relatif aux
chocs élastiques, assimilables à une action suivant une puissance infinie au
moment du choc. La loi expérimentale de variation donne l'exposant 1,70
environ, intermédiaire entre - et 2, qui correspondrait à la dixième puis-
sance si une loi aussi simple était valable à toute distance.
V. Le problème qui m'a conduit à rechercher la solution générale est
celui du déplacement dans un gaz de centres électrisés qui attirent les
molécules neutres à cause de la polarisation diélectrique de celles-ci ('),
avec possibilité de chocs élastiques si le contact direct se produit entre le
centre électrisé et la molécule. L'application delà formule générale à cette
loi d'action complexe nécessite des calculs numériques très étendus, pour
lesquels M. Moulin a bien voulu m'aider et qui conduisent aux résultats
suivants :
1° A la température ordinaire, l'attraction des molécules neutres est
insuffisante pour expliquer la faible mobilité des ions; dans l'air sec, il y a
lieu d'admettre pour les ions négatifs un diamètre sensiblement double et
pour les positifs un diamètre sensiblement triple de celui des molécules;
cette différence correspondant bien à l'extrême petitesse des corpuscules
cathodiques, centres des ions négatifs, par rapport aux centres positifs, de
la grosseur des molécules. Une seule couche de molécules neutres main-
tenues par attraction électrostatique autour de chacun de ces centres
représente bien le résultat obtenu pour la grosseur des ions.
2° Dans les flammes, où la mobilité des charges négatives est beaucoup
(environ trente fois) plus grande que celle des charges positives, et où
probablement les agglomérations n'existent pas à cause de la température
élevée, l'application de la formule générale permet de calculer, en partant
des mobilités expérimentales, la masse des ions par rapport à celle des
molécules. On trouve ainsi pour les centres négatifs une masse environ mille
fois inférieure et pour les positifs une masse égale à celle de l'atome d'hydro-
(') P. Langevin, Ann. de Chim. et de P/iys., t. XXVIII, igoS, p. Siy.
38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gêne, en conformité complète avec les résultats relatifs aux rayons catho-
diques ou aux rayons rie Goldstein.
La plus grosse partie de la conductihilité des flammes est ainsi due à la pré-
sence de particules cathodiques libres provenant de la dissociation corpusculaire
spontanée ('), dans le volume de la flamme, d'un certain nombre de molécules
sous l'action de la température élevée.
ÉLECTRICITÉ. — Mesure de la conductibilité des diélectriques au moyen
des gas ionisés. Note de M. Charles Nordmaxn, présentée par M. Lœwy.
Dans toutes les méthodes employées jusqu'ici pour la mesure de la
résistance des isolants, on soumettait ceux-ci à une différence de potentiel
donnée et l'on étudiait à l'aide soit d'un galvanomètre très sensible, soit d'un
électromètre pour les isolements très grands, l'intensité du courant de
charge produit par cette différence de potentiel.
Le procédé que je vais tiécrire est basé sur un principe entièrement
différent : il consiste à fournir à l'une des faces a du diélectrique (dont
l'autre b est à la terre) des quantités constantes et connues d'électricité
dans l'unité de temps et à observer électrométriquement le potentiel
variable de cette face a.
Soient Q la quantité constante d'électricité ainsi fournie à a, E le potentiel de «,
R la résistance du diélectrique, G Ja capacité de l'appareil et de ses connexions électro-
naétriques. On peut écrire que Taugmentation de charge de l'appareil dans le temps rf<
est égale à la quantité connue d'électricité qu'il a reçue dans ce temps moins la perte
au sol à travers la résistance
CdE = (^dL-^dt d'où F^=-7 — ^- — r-C):
expression qui au bout d'un temps très court (moins d'une minute quand R est de
l'ordre de lo" ohms ou plus petit, et G de l'ordre de lo^' microfarad) se réduit
àR=:^.
(') P. UxGEViN, Ânn. de Cluin. et de Phys., t. XXVIIl, igoS, p. 36o.
(^) C'est précisément la relation que j'ai utilisée dans le principe de l'ionographe
(voir Comptes rendus, i4 juin et 20 juin 1904); mais dans cet appareil, contraire-
ment à ce qui se passe ici, R est donné et c'est Q qui est l'inconnue.
SÉANCE DU 2 JANVIER IQoS. Sg
Le potentiel reste donc stationnaire quand il a atteint la valeur E = QR.
Réalisation et limites d'application de la méthode. — L'une des armatures d'un
condensateur à air étant isolée et réunie à la face a du diélectrique, on ionise à l'aide
d'un échantillon radifère d'activité constante l'air situé entre les deux, armatures et l'on
porte la seconde à l'aide de piles de charge à un potentiel suffisant pour produire le
courant de saturation entre les armatures. Sous l'influence du champ existant entre
celles-ci, a recueille par seconde une quantité Q d'électricité qui dépend de l'activité
de l'échantillon radifère employé et des dimensions du condensateur. Avec les échan-
tillons les plus actifs Q est de l'ordre de lo"' coulomb par seconde; pour avoir de très
petites valeurs de Q on peut utiliser l'ionisaliou spontanée de l'air atmosphérique en
vase clos (on utilise alors un condensateur cylindrique fermé) qui donne des valeurs de Q
de l'ordre de lO"'* coulomb-seconde et qui varie très peu d'une heure à l'autre.
Entre ces limites on peut avoir toute une échelle de valeurs intermédiaires de Q, en se
servant de deux ou trois échantillons radifères d'activités décroissantes; avec un seul
échantillon on peut avoir une série de valeurs de Q très étendue; il suffit pour cela
d'utiliser l'échantillon en le plaçant dans un petit récipient en plomb épais ouvert d'un
côté; sur ce côté on place des écrans métalliques d'épaisseurs variables qui ne laissent
passer que la fraction que l'on veut de l'activité du rayonnement.
Supposons par exemple que l'on opère avec un électromètre de sensibilité moyenne
dont l'échelle permet les lectures exactes de o,oi à i volt. On produit alors une ioni-
sation du gaz correspondant à une valeur de la limite E r= QR comprise entre 0,01
E
et 1 volt et de la formule R =n t=- on déduit la résistance à mesurer R, connaissant E
donné par l'électromètre, et Q qui est donné par une mesure directe suivant la méthode
ordinaire.
Puisque les valeurs réalisables de Q sont comprises entre io~' et io~'* coulomb, les
valeurs mesurables de R sont comprises entre 10^ et 10'* ohms, c'est-à-dire varient
dans le rapport de i à 10'. Les résistances spécifiques mesurables sont réparties sur
une échelle encore plus considérable, car on peut employer la substance sous forme de
plaques très minces et de grande surface ou sous forme de fil étroit et long.
Les résultats des mesures que j'ai faites de cette manière, sur divers
isolants industriels, seront publiés ultérieurement. Tel qu'il est exposé plus
haut le procédé s'applique aux corps dont la conductibilité a une valeur
définie.
Cette méthode permet d'aborder d'un point de vue nouveau, comme je
le montrerai prochainement, une question pendante, à savoir : si l'isolement
variable avec le temps de certains diélectriques provient d'une variation
de leur pouvoir inducteur apparent, ou d'une modification réelle de leur
résistivité.
4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Influence de la vapeur d'eau sur la réduction des oxydes
de fer par r oxyde de carbone et l'anhydride carbonique. Note de M. O.
BouDouARD, présentée par M. Troost.
Depuis l'apparition du travail de M. Gayley sur l'emploi de l'air sec dans
les hauts fourneaux, les ingénieurs métallurgistes français restent un peu
sceptiques quant aux résultats annoncés. L'explication rationnelle de l'éco-
nomie de combustible provenant de l'emploi d'air sec a déjà fait l'objet de
quelques Mémoires, dans lesquels on n'a malheureusement pu discuter que
sur des hypothèses ; mais si M. le professeur Le Chatelier, dans la Revue de
Métallurgie, constate qu'il serait très onéreux de réaliser une expérience
de contrôle dans les conditions oi^i ont été effectuées les essais de M. Gayley,
il pense, au contraire, qu'il serait facile d'instituer des expériences de labo-
ratoire ayant pour objet d'étudier les conditions d'équilibre de l'oxyde de
carbone avec le carbone et le minerai de fer ou de la vapeur d'eau avec le
sulfure de calcium, et que ces expériences pourraient peut-être jeter un
jour nouveau sur la question.
C'est guidé par ces conditions que j'ai recherché quelle pourrait être
l'influence de la vapeur d'eau dans les phénomènes de réduction des oxydes
de fer.
Les travaux de Lowlhian Bell, Griiner, Deville, Debray, Tissandier et M. Moissan
sur celle queslion sonl bien connus; mais ces savants semblent n'avoir opéré qu'avec
des gaz secs. En particulier M. Moissan indique que, pour avoir le métal par réduction
de l'oxyde de fer à la température du ramollissement du verre, il faut employer un gaz
parfaitement desséché à cause des actions secondaires.
Dans une première série d'expériences j'ai fait passer le mélange à volumes égaux
d'anhydride carbonique et d'oxyde de carbone, tel qu'il résulte de la décomposition de
l'acide oxalique par l'acide sulfurique, sur du sesquioxyde de fer. Les gaz étaient des-
séchés par leur passage à travers l'acide sulfurique, ou bien ils étaient saturés de
vapeur d'eau à la température du laboratoire par barbotage dans un flacon laveur.
L'oxyde ferrique, placé dans une nacelle de porcelaine, était pesé avant et après l'expé-
rience, et la perte de poids observée permettait de mesurer l'action réductrice des gaz.
La nacelle était chauffée à l'aide d'un four à résistance électrique dont on mesure la
température au 'moyen d'un couple thermoélectrique. Chaque essai avait une durée
d'une heure, et la vitesse de débit des gaz était d'environ 6' à l'heure. On laissait re-
froidir dans une atmosphère réductrice.
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 4l
Voici les résultais obtenus, les nombres incliquant la perte centésimale observée
par rapport au poids initial d'oxyde de fer employé :
Perle pour loo du poids de Fe-O^.
Températures. CO + CO^secs. CO + CO- humides.
4oo° 0,87 0,45
55o° 1,3 3,8
800° 4 > o 2 , 63
923» 5,6 4>4
io5o° 6,5 6,9
La perle tliéorique d'oxygène de Fe-0* pour Fe^O' est 3,33 pour 100; celle de
Fe^O' pour FeO est 10 ])our 100 et celle de Fe-0^ pour Fe est 3o pour 100. Le pro-
duit obtenu est donc un mélange de deux oxydes Fe'O* et FeO; il est attirable par
l'aimant.
Dans une deuxième série d'expériences j'ai éuidié l'action réductrice de l'oxyde de
carbone pur obtenu par la décomposition du formiate de soude sur le protoxyde de
fer provenant de la calcination de l'oxalate ferreux. Les essais ont été conduits de la
même manière que les précédents; seule la vitesse du courant gazeux à varié : elle
n'était que de 4'j 5 environ à l'heure. Ils ont donné les résultats suivants, les nombres
indiquant la perte centésimale observée par rapport au poids initial de protoxyde de
fer employé :
Perle pour 100 du poids de FeO.
Températures. CO sec. CO huuiide.
800" 1 5 , 3 11,0
io5o° a I ,5 21,5
La perte théorique pour arriver au fer métallique est 32,22 pour 100; à io5o°, la
réduction est donc pratiquement complète. Le produit obtenu est très magnétique.
Ces expériences montrent nettement que les gdz réducteurs, à l'état sec,
ont une action plus énergique qu'à l'état humide : la différence, qui est
importante aux basses températures, devient nulle aux environs de 1000°;
le phénomène présente exactement la même allure, qu'il s'agisse de l'ac-
tion à volumes égaux de CO et CO- sur le sesquioxyde de fer, ou de
l'action de l'oxyde de carbone sur le protoxyde de fer. Dans les régions les
moins chaudes du haut fourneau, avec des gaz secs, il y aura donc une
réduction plus complète de l'oxyde de fer par l'oxyde de carbone; comme
on sait que la réaction de l'acide carbonique ainsi formé sur le carbone est
d'autant moins énergique que la température est plus basse, il en résultera
finalement une économie de combustible. Nous devons cependant remar-
quer que dans le haut fourneau, au niveau des tuyères, la vapeur d'eau se
C. H„ 1905, I" Semestre. (T. CXL, N" 1.)
(1
/J2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
décompose en hydrogène et oxygène, et nous n'avons pas actuellement de
données exactes sur le rôle ultérieur de l'hydrogène qui, en présence de
l'acide carbonique, peut régénérer de la vapeur d'eau et de l'oxyde de
carbone.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l' existence d'an sulfate vert normal de sesquioxy de
de chrome. Note de M. Albert Colson, présentée par M. G. Lemoine.
Préparation. — Pour continuer mes recherches sur la constitution des
sulfates {Comptes rendus, 1904), j'ai préparé un sulfate chromique Cr-(SO'')'
nouveau et parfaitement défini, en désoxydant une solution d'anhydride
chromique refroidie à 0° par la quantité d'acide sulfureux nécessaire. La
dissolution verte ainsi obtenue est évaporée dans le vide, puis maintenue
dans le vide sec. Elle abandonne ainsi un corps solide, vert foncé, non
cristallisé, hygrométrique, dont la composition est Cr-(SO*)', ro H-0;
car 0^,3725 de sel renferment 0,0985 Cr°0' et fournissent 0,4(17 de sulfate
de baryte.
Propriétés. — Il esl surprenanl que l'action du gaz sulfureux sur l'acide chromique
ait été si mal étudiée; car le sulfate vert qu'elle fournit est tout aussi normal que le
sel violet ordinaire. Tout d'abord il répond à la formule normale Cr2(S0*)'; en d'autres
termes, tout l'acide est combiné et non juxtaposé à la façon de l'eau de cristallisation,
attendu que ses dissolutions diluées ne renferment pas d'acide libre, Même une faible
quantité d'eau de baryte ( ^,- de molécule BaO par molécule de sulfate chromique),
ajoutée à une dissolution de ce sel à ^ de molécule ne m'a fourni qu'un dégagement
de 27'^'", 2 au lieu de 37C2',6, par molécule, qu'eût exigé l'acide libre, et toute la baryte
ajoutée ne se retrouve pas à l'état de sulfate : une partie reste en dissolution à l'état de
composé complexe dont la formation précède généralement la précipitation des sels
chromiques Ba{0H)2.
La formule brute Cr^(SO')' étant ainsi légitimée, il me reste à diiTérencier ce corps
du composé vert isomère décrit par M. Recoura. Ce dernier, en solutions étendues,
reprend assez vite la teinte violette du sulfate ordinaire, et il ne précipite pas par le
chlorure de baryum. Au contraire, le nouveau sel vert conserve sa couleur, même au
bout d'un an, et il précipite abondamment par les sels baryliques.
Dédoublement. — Ce n'est pas tout : j'ai constaté que la densité des solutions
s'abaisse après qu'elles ont été chauffées à 100° : le sel vert initial change donc de
composition. Effectivement, ajoutons 1™°' de baryte dissoute à 2"'°^ de notre sulfate
vert dont la solution (à -j^ de molécule par litre) a été préalablement chauffée, puis
vivement refroidie. Il se manifeste un dégagement de chaleur compris entre 37^"', 6
et 37"^"', 8, avec précipitation de sulfate SO*Ba pur. Or, une molécule d'acide SO'H^
pur dégage 37'^"', 6. L'addition d'une nouvelle quantité de baryte en faible quantité
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 43
donne ensuite un dégagement moindre. Donc l'ébullition dédouble notre sulfate vert
comme les sulfates violets suivant les proportions :
(i) ■iCr^(SO*)'+H^O = SO'tP + Cr*0(SO'')^
Dans les deux cas, le pentasulfate obtenu est vert, mais il n'est pas identique, car la
dissolution issue du sulfate violet retourne assez rapidement à la forme initiale par
réaction inverse; tandis que, après ii mois de contact, la solution provenant du sul-
fate vert normal reste verte, quoique au même taux que la solution violette et quoique
l'acide mis en liberté par l'ébullition soit recombiné, comme l'attestent les mesures
thermiques.
Constitution. — L'existence de trois composés de forme Cr''(SO*)' suscite la ques-
tion fort délicate d'attribuer à chacun d'eux une formule propre, en rapport avec ses
propriétés. Ces formules de constitution, analogues à celles de la Chimie organique,
existent. Celle du sulfate vert normal peut se trouver en appliquant au chrome les mé-
thodes classiques de Gerhardt. Le chrome étant tétravalent dans le sesquichiorure
CP^ Cr — Cr ^ Cl^, la constitution du chlorure de chromyle en rapport avec cette ca-
0\ /Cl
pacité atomique et avec la densité de vapeur est i /Crf et celle du chromale de
K0\ /O
potasse qui en découle est /*-''\ I -L'anhydride chromique qui procède de la réac-
tion mutuelle de ces deux corps est alors, non pas GrO', mais 0^= Cr(^ ^ /Cr ^= 0^.
L'action du gaz sulfureux faisant passer ce corps à l'état de sel chromique (à radical
Cr — Cr) donne nécessairement, à cause du jeu des valences, le sel
S0''= Ci-/ ^Gr = SO*,
que l'eau hydrate de la façon que j'ai indiquée pour les sulfates de zinc et de cuivre.
Cryoscopie. — La forme Cr-(SO')' est all'ermie par la cryoscopie, telle que je l'in-
terprète pour les sulfates. En eflet, une solution nqueuse, à j% molécule par litre, de
notre sel vert normal, provoque un abaissement de o°,8i. Dans les mêmes conditions,
l'acide libre correspondant abaisse le point de congélation de l'eau de 2», 45, soit trois
fois o, 8i environ. Ce rapport ne résulte pas d'une simple coïncidence, car notre sulfate,
porté à l'ébullition et brusquement refroidi, produit un abaissement cryoscopique
de o^Sa. Or, l'ébullition dédoublant le sulfate vert conformément à l'équation (i) ci-
dessus, le nombre des molécules ne change pas; donc, l'abaissement doit lui-même
demeurer constant en dépit de la nature extrêmement diflérente des nouvelles molé-
cules, si l'abaissement moléculaire d'un sulfate métallique quelconque est le même que
celui de l'acide sulfurique, comme je le prétends, et comme l'expérience le montre une
fois de plus.
En résumé, la Cryoscopie et la Chimie montrenL que le sulfate de chrome
résultant de la réduction de l'acide chromique par le gaz sulfureux ren-
ferme trois radicaux sulfuriqiies (3S0''). Déplus, ce sel Cr*(SO"/, loIPO
44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est un sulfate vert normal, en tout point comparable au sel violet corres-
pondant. Enfin j'ai pu, en suivant les règles de la Chimie organique, attri-
buer à ce corps une véritable formule de constitution. H me reste à cher-
cher s'il existe un radical commun entre les sels verts isomères et à obtenir
les autres sels correspondant à ce sulfate.
CHIMIE ORGANIQUE. — Séparation de 3 dimélhylanlhracènes obtenus dans
l'action du chlorure de méthylène et du chlorure d' aluminium sur le toluène.
Note de M. James La vaux, présentée par M. Haller.
Dans une précédente Note {Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 976) j'ai
cité les corps nouveaux que j'ai isolés parmi les produits de la réaction due
à Friedel et Crafls de CH-Cl" sur le toluène en présence d'AlCP. J'indi-
querai ici les modifications que j'ai dû apporter au mode opératoire de ces
auteurs et les méthodes qui m'ont permis de séparer les 3 diméthylanlhra-
cènes que j'ai appelés provisoirement A, B et C.
Modifications apportées au mode opératoire de Friedel et Crafls. — i" J'ai été
amené à employer, pour aSosde toluène et 900 de CH^Cl^, 120? d'AlCP introduits d'un
coup au lieu de Sgs en 3 fois comme Friedel et Crafts. Jusqu'à celle proportion l'aug-
mentation d'AlCl^ est favorable à la production d'une plus grande quantité de carbures
anlhracéniques, mais il n'y a pas lieu de la dépasser. La réaction s'amorce seule en
agitant un peu, il faut bientôt même refroidir pour la modérer.
2° Une innovation à laquelle j'attache la plus grande importance, dont j'ai décou-
vert ailleurs le principe et que je crois applicable à toute réaction par Al CP, consiste à
la régler par un bain d'eau, Iroide au début, que l'on chauffera progressivement, de
telle sorte que la température soit à chaque instant insuffisante pour produire seule
un rapide dégagement c^'HCl, qui ne sera obtenu que grâce à une agitation très fré-
quente, pour ne pas dire continuelle. Si l'on cesse d'agiter, le dégagement gazeux,
devra se ralentir bientôt, puis s'arrêter pour reprendre par l'agitation. Celle-ci fait-elle
dégager trop de gaz, la température est trop élevée. Cette façon d'opérer, donlj'expli-
querai ailleurs le mécanisme, est très efficace. Elle permet d'atteindre des rendements
élevés et de plus constants. On arrêtera l'opération quand, par l'agitation, il ne se dé-
gagera plus d'HCl à la température de 80°.
3° J'ai enfin amélioré la méthode encore en un point. Friedel et Crafts distillaient
toute la masse obtenue par traitement à l'eau du produit de la réaction. Ceci est inu-
tile et mauvais. Après ce traitement, on obtient une bouillie jaune tenant en suspen-
sion à l'état de poudre très fiue Sgs de carbures anthracéniques et 38 en dissolution
pour les proportions indiquées plus haut. On décante donc l'eau autant que possible,
puis on essore le produit à la trompe, ce qui donne un carbure très propre si l'on a
soin de le laver au toluène sur le (litre. On distille le reste, soit seulement 36 sur 42s
de carbures anthracéniques.
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 45
Séparation des jjrodiiiLs de la réaclion. — Les portions essorées à la trompe sont
un mélange des carbures A et B. Après quelques cristallisations dans le toluène,
destinées à enlever des traces de goudrons, la matière fond vers 224°. On y ajoutera
les produits similaires obtenus dans la distillation des liquides de la réaction. Pour
séparer A on peut épuiser par le toluène froid la masse jusqu'à ce que le résidu fonde
vers 237°, puis le cristalliser dans ce dissolvant jusqu'à point de fusion constant 240°.
Afin d'abréger je dissous le tout dans du toluène bouillant, je laisse cristalliser une
partie seulement du produit et je décante le liquide avec précaution. La partie déposée
la première est riche en corps A que Ton purifie facilement. Le reste est épuisé à froid.
En évaporant le toluène employé on obtient un carbure mélange de A et B fondant
presque au même point qu'avant, 22.5°, que je n'ai pu séparer par des méthodes phy-
siques. Je l'oxyde et transforme le tout en anthraquinones que j'épuise par l'alcool
froid, ou en opérant par cristallisation partielle. J'isole ainsi une dimélhylanthraqui-
none peu soluble fondant à 286°, 5. Par évaporation l'alcool d'épuisement donne un
produit fondant vers i63°. C'est un mélange de l'anthraquinone A avec un peu de B
que je n'ai pu jusqu'ici séparer, mais d'où l'on peut régénérer un mélange de carbures
très riche en A et séparable. L'anthraquinone f. 286", 5 correspond au carbure B que
j'ai obtenu en la réduisant par le zinc et l'ammoniaque. Il fond à 244°, 5. En mélangeant
parties égales des carbures A f. 240" et B f. 244°,5 on obtient un corps f. 225° comme
le produit initial dont l'analyse et la synthèse ont été ainsi effectuées.
Les portions liquides des produits de la réaction soumises à la distillation frac-
tionnée donnent benzène, toluène, xylène et homologues supérieurs, ditolylméthane
fondant à 289" après rectification. Puis distillent, vers 860" et au-dessus, des carbures
solides qui cristallisent au sein d'un liquide huileux. J'essore à la trompe et lave au
toluène les cristaux sur le filtre. J'obtiens ainsi au début un mélange des carbures A
et B dissous. Distillant plusieurs fois ces produits huileux auxquels j'ajoute le toluène
de lavage et répétant chaque fois le même traitement, je m'aperçois qu'ils se séparent
en ditolylméthane, en carbures solides qui cristallisent et en matières résineuses indistil-
lables. Mais en lavant au toluène les produits solides obtenus successivement on re-
marque qu'ils deviennent de plus en plus solubles dans ce dissolvant, au point de dis-
paraître complètement par quelques gouttes. Dès lors, les produits obtenus seront
essorés d'abord à la trompe puis avec des plaques poreuses, enfin cristallisés dans
l'alcool. En combinant les cristallisations avec la sublimation fractionnée dans le vide
qui éliminera en tête les produits étrangers, tous plus volatils, quoique fondant plus
haut, on aura à peu près pur, fondant vers 86°, le diméthylanthracène C.
Enfin, dans la concentration des liqueurs mères ultimes de la purification des car-
bures A et B, de même que dans le traitement des portions moins solubles accompa-
gnant le carbure C, on trouve un produit dont le point de fusion apparaît bientôt
comme inférieur à 225° qui correspond au mélange A + B. En épuisant ces portions
par l'alcool on arrive à isoler du fi-méthylanthracène fondant à 2o5°. Ce corps et le
carbure C sont en très faible proportion.
46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giacobini (6^1904) faites à
r Observatoire d'Alger, à l' équatorial coudé de o™,3i8; par MM. Rambaud
el Sy, présentées par M. Lœwy.
£>■• — * Nombre
Dates. Temps moyen — -^ — — 1 1 — ~- de
1904. Étoiles. d'Alger. A^. A(0. comparaisons.
Dec. 19 a i6.5o.3i — 0.22,67 — 4.47>3 12:12
19.. ... a 17.12.18 —0.20,18 —4-22,4 12:12
20 b 16.44.28 +0.12,32 — 8.48,1 12:12
20 b 17. o.i5 -1-0.14,09 —8.28,5 12:12
Positions des étoiles de comparaison.
Ascension Réduction Réduction
droite au Déclinaison au
Étoiles, moyenne 1904,0. jour. moyenne 1904,0. jour. .autorités.
(/.. 16.19.58,99 -t-o,5i -(-28.27.19,1 — 2,3 A. G., Cambridge, n° 7 625.
b.. 16.21.56,45 -l-o,5o -t-28.59.21 ,6 — 2,4 A. G., Cambridge, n" 7647.
Positions apparentes de la comète.
Dates. Ascension droite Log. fact. Déclinaison Log. fact.
1904. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
Dec. 19 i6.i9"36',83 1,678 -i-28°.22'.29'i5 o,632
19 16.19.39,32 1,672 -1-28.22.54,4 0,598
20 16.22.09,27 ï,73i -t-28.5o.3i , 1 0,636
20 16.22. Il, o4 1)727 -t-28.5o.5o,7 0,612
Dec. 19. — Condensation très nette avec un diamètre de 4" environ, nébulosité peu
étendue à l'ouest du noyau dans l'angle de position 282°.
MINÉRALOGIE. — Sur les roches cristallines rapportées par la Mission
saharienne. Note de MM. F. Foureau el L. Gentil, présentée par
M. A. Lacroix.
Les nombreux échantillons pétrographiques recueillis par l'un de nous,
sur l'itinéraire de Ouargla au Congo par le Tchad, permettent de délimi-
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 4^
ter, le long de cet itinéraire, de grandes zones de roches cristallines, érup-
tives ou métamorphiques, sur lesquelles nous désirons, par cette Note,
appeler l'attention de l'Académie.
Les roches cristallophylliennes recouvrent de grandes surfaces entre le
Tassili et le Tchad d'une part, le long du cours du Chari et du Gribingui de
l'autre. Elles appartiennent à des types pétrographiques très variés (mica-
schistes, chloritoschistes, schistes amphiboliques, amphibolites, gneiss à
enstatiteet hornblende de l'Aïr, gneiss à hvpersthène du Gribingui, gneiss à
pyroxène, etc.). Des intercalations de cipoltns se montrent çà et là, parmi
lesquels un calcaire à forstérite et spinelle de l'Anahef.
Il paraît intéressant de constater que celte série renferme les types pétrographiques
observés par l'un de nous dans des pointements iriasiques du Tell algérien, alors qu'ils
sont plus ou moins mal représentés le long des côtes barbaresques. Dans les gisements
algériens, ces roches ont été amenées au jour, en fragments plus ou moins volumineux,
avec le trias gypseux, par les edorts orogéniques; elles se développent donc vraisem-
blablement en profondeur, depuis le nord de l'Algérie, sous la couverture sédimen-
taire du Tell, du Grand Erg et du Tassili.
Des roches éruptives grenues affleurent, en beaucoup de points, dans les régions
cristallines qui nous occupent, parmi lesquelles des types de granité très variés (gra-
nités à biolite, granités à amphibole, granités à pyroxène, un granité à sphène et alla-
nite qui forme un massif imposant dans l'Anahef, des granulites à microcline, à anor-
those ou à tourmaline, des granités à œgyrine ou à riebeckite) et des diorites avec ou
sans quartz.
Parmi les granités dont l'énumération précède, certains sont remar-
quables par leur composition minéralogique et chimique.
Déjà les granulites à microcline ou à anorthose se montrent de plus en
plus fréquentes à partir de l'Anahef jusque versZinder; mais le caractère
alcalin des roches dont nous voulons parler atteint son maximum avec le
granité à œgyrine des environs d'Iferouane (Air) et le granité à riebeckite
et œgyrine de Zinder. Le premier rappelle fidèlement le granité à œgyrine
signalé par M. A. Lacroix dans l'Ambongo (Madagascar).
L'échantillon rapporté de la région du Tchad n'a pas été recueilli en
place, mais il est très vraisemblable que celte roche forme un massif im-
portant et qu'elle est accompagnée d'autres granités alcalins, d'autant plus
que les granulites à microcline ou à anorthose redoublent de fréquence
depuis Iferouane (Air) jusqu'à Zinder. En ce dernier point le granité à
riebeckite se trouve en place.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
NAVIGATION. — Résistance de l'eau à la translation des navires. Carènes
de moindre résistance. Note de M, le vice-amiral Foirxier, présentée par
M. Berlin.
1. Les formules I et II, données dans ma Note précédente, ont été
déduites, en grande partie, des mesures dynamométriques recueillies sur
des petits modèles, réduits au seizième, de cinq bâtiments des types les plus
dissemblables de notre flotte par leurs dimensions et leurs formes de
carènes. Ces modèles avaient été soumis, il y a quelques années, dans
un bassin de Brest aménagé à cet effet, à des tractions continues, à toutes
les vitesses représentant, par similitude dynamique, c'est-à-dire réduites
dans le rapport -4= = y. les vitesses réalisées sur les bâtiments eux-mêmes.
Le Tableau ci-dessous reproduit les valeurs moyennes des résistances R^
subies par les modèles dans ces expériences, en regard de celles R^ que
j'ai déduites des formules I et II.
La comparaison des nombres correspondants R^ et R^. de ce Tableau
fait ressortir entre eux un accord aussi complet que possible.
Terri
gjrde-côtes
ca'ir.ss
9=0
U= I
L=5
7670
5i56
/ =.
110
p = o
4509
W = 1 ,875
[,7450
I ,og6
0,4200
5,756
o,837
Q. = G,:
\V= i,(
i,8o3o
5,0940
1,087
0,4905
0,594
0,669
0,752
5,775
0,2209
0,782
0,786
728
2,237
a = o,i53
w= 2,494
V (').
R,.
R„.
V,
n,.
li„.
V.
R..
w,.
R..
R„.
V.
11,;.
R„.
0,60
0,660
0,533
o,So
1,280
1,5
//
0,60
0,18
0,10
"
"
«
1,00
1,922
.,926
1,00
2,060
2,180
1,00
2,257
2,55
1,35
i,.i6
1,20
.,00
0,25
0,249
./.o
4*092
4,20.
i,4o
4,322
4,. 45
i,4o
4,384
4.55
1,65
1,98
2,20
.,40
o,536
0,559
1,80
7,4So
7,746
1 ,80
7,828
8,528
.,80
7,400
8,95
2,00
3,49
3,5o
1,80
1,00.
i,oi3
2,00
12,46
I2,300
2,00
.1,437
2,00
12,600
12,900
2,40
6,3i
6,3.
2,20
,,855
.,800
2,IO-
17,25
17,300
2,10
t5,oo
i5,o8
2,10
16,29
:6,25
2,5o
7,2'
7,20
2,40
2,370
2,270
2,20
24,00
24,5oo
2,20
19.60
■ 9.85
2,20
20,98
21,00
2,60
8,20
8,20
2,5o
2,58o
2,55o
(') Les vitesses en mètres de ce Tableau représentent des vitesses des bâtiments
.i\-mêmes comprises entre 4 nœuds et 20 iiœuds à Tlieure.
SÉANCE DU 2 JANVIER igo5. ^q
Nota. Les trois nombres soulignés sur ce Tableau sont les seuls qui
différent sensiblement de ceux du calcul. Mais ces différences mêmes con-
firment l'accord de ces formules et de l'observation, par le fait qu'elles se
produisent seulement à une même vitesse, i,8o, voisine de W dont les
valeurs sont, pour le Terrible, le Bajard el l'Océan, 1,875, 1,92, 1,78.
Elles proviennent en effet de ce que les opérateurs, en cherchant 'à Lire
disparaître, par la continuité des tracés moyens, les saillies dont étaient
affectées les courbes des résistances observées, ont augmenté ces résis-
tances dans le voisinage de leur vitesse critique, en v arrondissant incon-
sciemment l'angle vif qui aurait dû subsister sur ces tracés moyens, comme
y marquant la brusque transition entre les deux régimes indiqués par les
formules I et II.
Il est remarquable que les vitesses critiques, W, indiquées dans la
première colonne du Tableau ci-dessous comme satisfaisant aux deux
régimes de la résistance, peuvent être calculées très exactement au moven
de la formule
(III) W := ^ [,_ 38,85 (^-o,636)(^- 0,669)] (i) Vu
conforme à la loi de similitude dynamique. Le Tableau ci-dessous donne
en effet, dans sa deuxième colonne, les valeurs déduites de cette formule,
dans laquelle la constante o,636 =: - lo^e •
2 ^
Terrible ,^8^5 j^g^^
^""y"'^ 1,920 .,'950
Océan ,^^80 ,„
^'^«- 2,23; ,,,%
^°"'^<' 2,494 2,480
L'expression III permettra d'employer les formules I et II aux calculs
des résistances et, par suite, à celui du travail moteur nécessaire, par
unité de temps, pour imprimer une vitesse V, au bâtiment qui est en
projet; car il suifira, pour cela, de multiplier ces formules I et II par cette
vitesse.
2. Dans le cas d'un flotteur quelconque ayant sa plus grande largeur /.
non plus au mdieu du plan de flottaison, mais à une distance quelconque A
de 1 etrave, le coefficient il doit se calculer par la formule
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N» 1.) n
5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui atteint son minimum en même temps que A atteint son maximum L, et
a, p, y, S leurs minima
yo = z' ^0
lï»
Cet ensemble de valeurs limites se trouve réalisé dans une carène demi-prisma-
tique, à faces latérales verticales, coupée obliquement, de la base de sa face isoscèle
supérieure, au pied de son arête antérieure formant élrave.
Ce volume est, entre ses limites d'encombrement, Llp, celui qui utilise le mieux
son travail moteur, et dont M. Quernel, lieutenant de vaisseau, s'est approché le plus
possible, par une très heureuse et remarquable intuition, en n'en sacrifiant les avan-
tages, dans le tracé des formes du canot-automobile Mercedes IV, vainqueur dans les
régates de Calais à Douvres, que dans la mesure à peu près indispensable pour assurer
sa navigabilité.
Il est évident qu'un tel volume-limite ne doit point être utilisé, tel quel, en navi-
gation courante, à cause de sa trop faible capacité et de l'acuité excessive de son
avant. Mais, en arrondissant légèrement ses lignes d'eau et ses angles vifs et en le sur-
montant d'une tranche de (lotlabilité proportionnée au cubage de carène que l'on veut
atteindre, c'est avec lui que l'on obtiendra le record de la vitesse, en eau calme, à
égalité de puissance motrice et de dimensions principales L, /, p.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Eau oxygénée à l'étal naissant. Activité bac-
téricide sur les germes des eaux. Note de M. Ed. Bonjean, présentée
par M. E. Roux.
En étudiant comparativement l'action bactéricide sur les germes des
eaux de quantités déterminées de peroxyde d'hydrogène produit par le
peroxyde de calcium ou par l'introduction de solution commerciale d'eau
oxygénée, ainsi que l'action de la chaux pure, on obtient les résultats
exposés dans le Tableau ci-dessous :
Essais de stérilisation sur l'eau de Seine dii moyen de solution commerciale d'eau oxygénée,
de peroxyde de Calcium., de chaux put
Solution commerciale
d'eau oxygénée.
3<'iii' Sein» loc""
par litre, par litre, par litre.
Quantité de H^O^ en gramme
par litre o5, o63 os, i oo oS, 292 os, 070 ob, 060 os, o53
Nombre de germes par cen-
timètre cube » » » » » »
Cliaux pure
exempte
Peroxyde de calcium.
de carbonate.
^, - ,1
r .^
[b- oe,5 0^,5
,f o^O
litre, par litre, par litre.
par litre, par litre.
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS.
Chau
s pure
Solut
ion commerciale
exe
mpte
d'
îau oxygé.
ée.
Fero
cycle de calcium.
de car
bonate.
3cm3
5cm»
of.-,5
"oB,D ~
05,6
par litre
par litre
par litre.
par litre.
par litre.
par litre.
par litre.
par liti
Eau tf
allée après 3o
Tiiniites.
l3i6
960
496
190
472
627
78
594
» I heure...
558
48o
371
42
io4
364
II
364
» 2
leures. .
463
4oo
65
24
44
78
10
106
» 8
»
2l3
126
42
20
23
36
8
67
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»
fog
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.-
Chaque expérience a été effectuée sur 5' d'eau de Seine canalisée dans
Pans. Les numérations ont. été faites dans des boîtes de gélatine nutritive
à la température du laboratoire (18° à 22°) et i5 jours à 3o jours après les
ensemencements.
Le peroxyde criiydrogène esl titré au moyen du permanganate de potassium en so-
lution sulfurique
5CaO^+ aMnOMv + 8S0'H^= 2MnS0'H- 5S0»Ca + Iv^SO'+ 8IP0 + 50^;
on emploie une solution à is de permanganate par litre dont i""' correspond à o'"s,538
de H^O^
Les doses de leet de os, 5 de chaux sont 10 et 5 fois plus élevées que la dose maxima
qui pourrait être mise théoriquement en liberté (os,i).
L'analyse du peroxyde de calcium préparé par Freyssinge et Roche, que nous avons
employé, nous a donné la composition suivante :
Peroxyde de calcium CaO- , 53, 1 5
Carbonate de chaux (') 35,00
Eau 11,94
Lorsque ce peroxyde esl en contact avec un grand excès d'eau, il se produit du
peroxyde d'hydrogène en solution: A.q + Ca 0'-+ 2 H-0 = Aq + Ca (OH)--t- H^O- ;
cette réaction esl limitée : Aq + Ca (0H)2+ 11-0-'= Aq + CaO-+ 2H2O.
L'acide carbonique en solution effectue la décomposition totale
Aq + CaO^+ H^O + CO'^- (A(| + CaCO^) = H^O^
Celle réaction joue un rôle très important dans l'action des eaux naturelles sur le
peroxyde de calcium.
(') Avec traces de magnésie.
52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il résulte de ces ex|)ériences qu'il faut 0^,291 de peroxyde d'hydro-
gène par litre pour stériliser un litre d'eau de Seine après 6 heures de con-
tact lorsqu'il provient de solution commerciale d'eau oxygénée (lo"""") et
que, dans les mêmes conditions, 0^,060 de peroxyde d'hydrogène produit
à l'état naissant par le peroxyde de calcium suffisent pour obtenir la stéri-
lisation en 4 heures.
L'influence bactéricide que peut exercer la chaux du peroxyde de cal-
cium est négligeable d'autant plus que cette action s'effectue dans les eaux
chargées d'acide carbonique qui transforment immédiatement la chaux en
carbonate de chaux ne possédant aucune action antiseptique.
C'est donc à l'état naissant de l'eau oxygénée ou peroxyde d'hydrogène
que nous attribuons l'activité bactéricide particulière du peroxyde de cal-
cium sur les germes dans l'eau.
CRYPTOGAMIE. — Hyphoïdes et Bactèmides. Note de M. Paul Vuillemix,
présentée par M. Guignard.
On rencontre, à la fin de l'hiver, sur les racines de diverses Légumi-
neuses, des tubercules dont le parenchyme bactéroïdien, partiellement
détruit, est parcouru par des filaments portant des zoosporocystes et des
chronispores. J'ai nommé, en 1888, ce Champignon Cladochytrium tuber-
cidoram. L'étude de matériaux plus complets me |)ermet aujourd'hui de
rectifier cette détermination. L'endophyte n'est pas une Chytridinée, mais
un Phycomycète du genre Pythium.
Dans les tubercules jeunes et dans l'écorce de la racine qui les porte,
on observe des filaments à paroi cellulosique, ayant sensiblement la dimen-
sion et la réfringence du ihalle de Pylhium; ils sont souvent renflés en am-
poules terminales ou intercalaires.
Les filaments ampuUifères n'ont rien de commun avec les filaments
fructifères du Pythium.
Le Pythium est un des organismes saprophytes qui utilisent le riche
aliment accumulé dans les tubercules.
Les filaments des tubercules jeunes ne sont pas des hyphes de Phyco-
mycètes; ils n'en ont que l'apparence : c'est pourquoi nous les nom-
merons hyphoïdes. Leur nature n'a pas été précisée jusqu'à ce jour. C'est
cette question que nous nous proposons d'élucider.
L'hvphoïde se compose de deux éléments: i" une gaine, 1° un mucilage renfer-
SÉANCE DU 2 JANVIER ipoS. 53
ma„t des corpuscules semblables aux bactéries isolées des tubercules et capables de
faire naUre de nouveaux tubercules sur les racines des Légumineuses. Les corps bacilli-
formes et le mucilage qui les enrobe appartiennent à l'organisme générateur des tuber-
cules, .nHIu.olnu,n. La gaine appartient à la Légumineuse. EUe est en rapport de
continuité avec les membranes des cellules qu'elle traverse depuis les poils radicaux
jusquaux cellules spéciales remplies de bactéroïdes. Elle présente la constitution chi-
mique de ces membranes : cellulosique dans la majorité des cas, subérisée dans son
trajet à travers l'endoderme.
La gaine des hvphoKles est le produit d'une réaction des tissus contre l'excitation de
lorgan.me étranger. Les cellules préformées de la Légumineuse, toutes celles qui
appartiennent a la raone mère, restent fermées au Rhizobium. Elles n'échan-ent avec
n, que des produUs solubles à travers les membranes. Au contact des colonies bacilli-
formes la membrane s'hypertrophie localement, s'invagine et isole le Rlu-.obu,n, du
protoplasme jusqu à ce qu'il ait atteint l'autre bout de la cellule. Ce phénomène se
répète de cellule en cellule. Le parasite, constamment séparé du protoplasme par une
membrane, n est pas à proprement parler, intracellulaire, il répond à la définition oue
J ai donnée ailleurs du parasite transcellulaire.
A la limite de deux cellules, la multiplication du parasite est parfois si active an'il
fuse entre les deux lamelles décollées avant que la nouvelle cellule ait ébauche la'.aine
qui isolera le Wuzobium pendant sa traversée. Le parasite devient alors intercelluraire
Nous avons observé de puissantes colonies intercellulaires dans les tubercules d'un
Mechcago récolte au bord du chott Melghir par le D^ Legrain. La rigidité spéciale des
membranes, résultant de l'habitat désertique, rendait la traversée^les ceHulespu
difficile que dans le cas habituel. ^
Dans le tissu néoplasique qui forme la moelle des tubercules, les cellules naissantes
on forcées avant d'avoir élaboré les matériaux nécessaires à la séquestration des para
sues Les gaines transcellula.res font défaut ou opposent une barrière insuffisa te à
I invasion parasitaire.
Au parasitisme intercellulaire ou transcellulaire succède le parasitisme intracellu-
laire. Les antagonistes qui, jusqu'alors, s'influençaient à distance, ont pris con ac
Dans cette melee corps à corps, ils sont également hypertrophiés et déformés. Sous la
forme nouvelle de bactéroïdes, le Rlù.ohium est étroitement mélangé au cyloplasm
II en prend même certaines réactions colorantes. Ainsi, en traitant par un mSledê
fuchsine acide et de vert d'iode des coupes pratiquées dans les tubercules du ./iC
nons colore en bleu les bactéries intercellulaires, en rose les bacté-
ahar
nous
Les hyphoïdes, comme le.s bactéroïdes, ne sonl donc pas de pures for-
rnattons parasttaires : ce sontdes prodt=its symboliques. Les portions appar-
tenant a la Legnm.neuse et les portions apparlenant au M.-.oZ>.««z sont bien
distinctes dans les hyphoïdes et immédiatement reconnaissables à leurs
caractères spécifiques; elles sont intimeme.n unies dans les bactéroïdes et
moditiees par action réciproque.
54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherche sur la radioactivité végétale.
Note fie M. Pail Becquerel, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une Note présentée à l'Académie des Sciences le 7 novembre 1904,
M. Tommasina annonçait la découverte chez les végétaux et les animaux
d'une radioactivité due essentiellement à leur énergie vitale.
Désirant connaître la valeur de cette radioactivité chez les végétaux et
particulièrement chez des graines en germination ou en vie ralentie, afin de
savoir s'il n'y avait pas là un moyen beaucoup plus sensible que celui
de l'analvse des échanges respiratoires pour déceler la présence de la vie,
j'ai été amené à répéter les expériences de ce savant et à chercher à obtenir
des mesures précises de cette radioactivité, mesures qui n'ont pas encore
été données.
L'électroscopedonlje me suis servi est un électroscope à cadran composé d'une cuve
en verre fermée par un couvercle d'ébonile qui portail un bouchon de paraffine au
travers duquel passait une tige de cuivre. L'extrémité supérieure de cette tige se
terminait au-dessus du couvercle d'ébonite en petit plateau circulaire en cuivre pendant
que l'extrémité inférieure dans la cuve de verre supportait des feuilles d'or de 4™ de
longueur.
Avant chaque expérience l'appareil était soigneusement essuyé dans toutes ses
parties, puis chaufle légèrement pour que toutes ses parois soient bien sèches.
Ensuite on plaçait au fond de la cuve un morreau de barvte caustique anhydre
destiné à absorber toute l'humidité de son atmosphère.
Les objets en expérience étaient placés sur le couvercle en ébonile dans un petit
tube de verre à fond plat dont l'ouverture arrivait à 3™ au-dessous du plateau circu-
laire décrit plus haut. L'électroscope était ensuite chargé puis les objets et le plateau
de cuivre étaient recouverts par up gobelet dont les bords suiffés s'appliquaient her-
métiquement sur le couvercle d'ébonite. On notait l'heure et Ton enregistrait l'écarte-
ment des feuilles d'or sur les degrés du rapporteur qui servait de cadran. Au bout
d'un certain temps on refaisait sur le cadran une seconde observation et l'on notait la
variation de la divergence des feuilles d'or s'il y en avait une. Avant de commencer des
expériences sur des graines de pois, des mousses et des rameaux de buis, j'ai tenu à me
rendre compte d'une cause d'erreur possible : c'est celle que pouvait occasionner la va-
peur d'eau émise par la transpiration des végétaux. A cet effet on constitua les expé-
riences dont le Tableau ci-après montre les résultats:
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 55
AnsI
la moitié Ant>)p ■>' ^ • .
émise
par heure.
expérience. l'expérience, des feuilles d'or, l'expérience. parteure
1. Tube de verre vide n'' ," 0=: ,k" / ' " ' o-"
n rp , , '"* 17.00 15.40 o. Q.35
2. Tube de verre +1 cm' d'eau.... 2 2, ^^ .5-
3. Tube de +1™' d'eau + barjte ' '''"
à côté du tube ,, ,„ „
'7 i5.io o. 9. 9 08,0075
Ces trois expériences ont été recon.mencées de nombreuses fois et ont toujours
donne des résultats concordants. ■'
Ainsi, la vapeur d'eau en quantité extrêmement petite joue un rôle cdn-
sulerable dans la décharge de l'électroscope, et l'on peut éliminer, d'une
manière presque parfaite, cette action en plaçant à côté de l'objet en expé-
rience un morceau de barjte.
tuet rtT m'""' "r"' '" ''"""'^^ obtenus: ,0 avec des graines de pois soit
es p,, le b Mo,,,e de mercure en solution, soit en vie ralentie, soit en germina-
30 ;' r", """"' ,' ''"'" ^^y^"""" 'y'"' ^'' «Po-gones pas encore mûrs;
à° avec de petits rameaux de buis. roi ,
Objets en expérience. Durée
1. Graines tuées sèches 1 2""
2. Graines sèches en vie ralentie. . 12
3. Graines germant dans i"^'"' d'eau
du tube -i- morceau de baryte à
côté ".... ,Q
4. Mêmes graines dans le tube sans
baryte 2
5. Mousses dans /'^°'' d'eau du tube
+ baryte à côté 12
6. Même tube contenant la mousse
saiis ba^yte à côté 3
7. Rameau de buis plongeant par
un bouchon dans le tube conte-
nant I""' d'eau -+- baryte à côté. 16
8. Même rameau sans baryte 4
Diminution
Quantité
de
Angle a
Angle a'
final.
de
l'angle j
par heure.
vapeur d'eau
par heure.
i8".io
i6°.i5'
0°. 9.35"
18.35
16.45
0. 9.53
'9
16. 58
0. 9. 10
0,009
'7
9
4
18. i5
16. 5
0. lO.So
o,oo85
20
8. 5
3.58
21.45
'9
0.10.18
0,0042
20
10.20
2.25
56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si pour ce rameau de buis la décharge appréciable de 2° 25' a été plus faible que
pour les mousses et les graines, c'est parce que, la surface d'évaporalion de l'eau du tube
ayant été interceptée par un bouchon vaseline au travers duquel passait la tige, la
transpiration seule a été en jeu. Ce petit rameau ne possédait que 3 feuilles et 2 bour-
geons.
Dans leur ensemble ces résultats sont tous nettement démonstratifs. Ils
nous indiquent qu'après 12 heures et même 16 heures d'expérience, il
nous a été impossible de déceler la moindre trace de radioactivité de la
part des graines, des mousses et du rameau de buis, lorsque nous prenions
les précautions les plus minutieuses contre l'émission de la vapeur d'eau.
Comme M. Tommasina n'a décrit dans sa Note aucune précaution contre
la transpiration des végétaux, nous pensons qu'il se pourrait que les phé-
nomènes observés par ce savant fussent entièrement produits par cette
cause. En outre, la remarque faite par M. Tommasina lui-même, que tous
les végétaux, herbes, fruits, feuilles fraîchement cueillis, et dans cet état
seulement, présentent une bioradioactivité, justifie encore notre manière
de voir.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur l'acccnluation des caractères alpins des
feuilles dans les galles des Genévriers. Note de M. C. Houard, présentée
par M. Gaston Bonnier.
Les Genévriers qui croissent à de hautes altitudes dans les montagnes
de l'Europe centrale {Juniperus communis L. var. alpina elJuniperus Sabina
L.) présentent des galles curieuses non seulement par leur forme exté-
rieure, mais encore par l'accentuation de certains caractères, dits alpins,
qu'offre leur structure histologique.
En 1891, dans son intéressant article sur « La variation de la structure
chez une même espèce », M. Gaston Bonnier ( ' ) a montré que les aiguilles
du Juniperus communis des Alpes possétlaient les caractères spéciaux sui-
vants : épaisseur supérieure du limbe; tissu palissadique d'un tiers ou d'un
quart plus allongé en moyenne; canal sécréteur à grandes dimensions;
fibres hypodermiques mieux formées et couche lignifiée de la cuticule bien
(') Comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des sciences,
2" partie, Paris, 1891, p. 521-522.
SÉANCE DU 2 JANVIER 19OJ. 37
développée. En un mot, les tissus foliaires destinés à l'assimilation et à la
sécrétion sont bien développés, de même que ceux qui ont pour rôle de
protéger l'organe contre les variations tle température.
Ces caractères sont très accentués dans les galles suivantes :
A. Cécidie en forme de calice évasé comprenant deux verticilles d'ai-
guilles déformées et due à l'action d'un Oligotroohus. Rencontrée aux
environs de Chamonix à 1800°* d'altitude.
Comparée à une section normale, la coupe transversale d'une feuille du verticille
externe montre des parenchymes chlorophylliens et lacuneux. à cellules hyperplasiées;
les cellules de l'épiderme supérieur augmentent en nombre et écartent les files sloma-
tiques qui deviennent irrégulières. Le faisceau libéro-ligneux est plus étalé que celui
de la feuille saine et muni de deux grandes ailes latérales de tissu aréole. Ce grand
développement du parenchyme et de l'appareil vasculaire entraîne surtout l'hypertro-
phie du canal sécréteur qui acquiert un diamètre énorme (260!^ au lieu de i^of-) et
s'entoure d'une forte gaine.
L'appareil de protection de la feuille anormale est aussi renforcé : hypoderme et
épidémie à membranes lignifiées très épaisses ; fibres corticales nombreuses et courtes,
à grosses parois, apparaissant au milieu de la face supérieure du limbe, au-dessus du
faisceau vasculaire. Ces fibres envahissent ensuite le parenchyme cortical et se relient
par l'intermédiaire de l'endoderme lignifié au volumineux amas de fibres péricycliques
situé à la face inférieure de la nervure médiane.
B. Cécidie en forme de bourgeon, due à VOligolrophus juniperinus L.
et comprenant jusqu'à quatre verticilles de feuilles courtes, très élargies.
Commune à la limite supérieure de végétation du Genévrier.
La coupe transversale d'une feuille hypertrophiée appartenant au deuxième ou au
troisième verticille de la cécidie montre que le cylindre central subit une hypertrophie
considérable (i/looi^ de diamètre au lieu de 36ol^). Ce développement anormal provient
d'une part, de l'élargissement du faisceau vasculaire (3ool^ au lieu de i2ol'-), et d'autre
part de l'hyperplasie énorme que subissent les ailes du tissu de transfusion : le nombre
des cellules aréolées peut, en eii'et, s'élever à plus de lool^ (au lieu de loK' à i5i^) pour
chaque aile dont la longueur atteint jusqu'à huit fois la dimension ordinaire.
Le tissu en palissade augmente le nombre de ^s éléments dans le même rapport
et devient riche en cliloroleucites; le parenchyme lacuneux multiplie ses cellules; les
stomates se montrent plus nombreux et rangés sur une trentaine de files au lieu de
quinze environ. L'appareil de sécrétion se développe dans les mêmes proportions que
le tissu assimilateur : le diamètre du canal sécréteur atteint 200!-^ au lieu de 60!^ et les
cellules de sa gaine sont épaisses et allongées.
Les cécidies du Juniperus Sabina présentent des caractères analogues.
C. Cécidie ovoïde brusquement rétrécie à la base, composée princi-
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N" 1 ) 8
58 ACADEMIE DES SCIENCES.
paiement de quatre grosses feuilles hypertrophiées, à sillon dorsal très
accentué et due à une larve cécidomyide. Récoltée à 2000" d'altitude dans
le Piémont.
L'énorme accroissement en largeur d'une aiguille hypertrophiée provient de ce que
son faisceau libéro-lignenx s'étale beaucoup et possède de longues ailes vasculaires
très aplaties, environ trois fois aussi développées qu'à l'état normal. Ces ailes com-
prennent une seule assise de grandes cellules aréolées enveloppée par les cellules en-
dodermiques hypertrophiées.
D. Cécidie en forme de pyramide, engendrée par VOligolrophus Sabinœ
Rieff, et composée d'un grand nombre de feuilles hypertrophiées; même
altitude que la galle précédente.
L'accroissement en largeur de la feuille anormale tient encore au développement
exagéré du faisceau libéro-ligneux et surtout des ailes vasculaires de tissu aréole, la
longueur de ces ailes pouvant atteindre environ sept fois celle du faisceau.
En résumé, les feuilles hypertrophiées constituant les cécidies des Gené-
vriers des Alpes présentent les caractères histologiques suivants : dévelop-
pement plus accentué des appareils normaux d'assimilation et de sécrétion
(faisceau libéro-ligneux à grande taille, tissu aréole très étalé, canal sé-
créteur à diamètre énorme) et renforcememt de l'appareil de soutien (fibres
hypodermiques, corticales et péricycliques bien développées).
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur V accroissement du poids des substances
organiques et minérales dans l'avoine, en fonction de l'âge. Note de
M'"' M. Stefanowska, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une Note antérieure (') j'ai montré que la courbe de l'accrois-
sement du poids de la matière fraîche chez plusieurs espèces végétales
est une hyperbole, cette recherche n'ayant toutefois été poursuivie encore
jusqu'à la fructification des plantes que pour le Pénicillium glaucum (-).
Dans le présent travail, je ixie suis proposée d'étudier l'accroissement en
poids de diverses substances pendant le développement de la plante,
(') Sur la croissance en poids des végétaux {Comptes rendus, 1" février igo/i)-
('-) Voir ma Note : Sur la loi de variation de poids du Pénicillium glaucum en
fonction de l'âge {Comptes rendus, 21 novembre 1904).
SÉANCE DU 2 JANVIER igo5. 5q
depuis la germination jusqu'à la maturation des graines, plus précisément
j'ai cherché à construire les courbes de croissance en poids pour la sub-
stance végétale fraîche et sèche, pour les cendres, l'azote, ainsi que pour
quelques-unes des substances minérales les plus importantes : l'acide
phosphorique, la chaux, la potasse, le fer.
Courbes de croissance de V avoine.
Substance fraîche.
Cencli
.^^KX^iiT ^\^''T °"' :t"^f-'- -'■'■— et le sarraùa cultivés en plein
au a 1 Ecole d HorUcuhure de Genève, et la croissance a été observée depuis le i6 mai
jusquau oo ju.ilet 1904. Etant données les conditions de culture on a dC. faire des
On d^tL",-^-!'! '"?'"'" "''"T ''" "°'^^''"^' ™^'^ '^^ '"«'"'^ âge et'de tailles variées.
On deterrau les plantes avec leurs racines, on les débarrassait soigneusement des par-
6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
licules de terre en les lavant sous un jet d'eau; on essuyait ensuite les racines, et l'on
pesait les plantes toujours à l'état de turgescence. Pour chaque pesée, on prenait un
lot de dix plantes de la même espèce, mais le poids de ces dix plantes était contrôlé
par une moyenne calculée d'après un nombre plus considérable d'individus (3o à 5o)
cueillis dans la même journée. De cette façon, les erreurs provenant des pesées col-
lectives étaient atténuées.
Sur les courbes ci-contre on a reporté les poids réels de dix individus (avoine) :
les courbes du sarrasin sont analogues à celles de l'avoine.
Si l'on compare les courbes de la substance fraîche, de la substance sèche et des
cendres, on voit que ces courbes affectent la même allure générale dans la première
période de la croissance. Les différences n'apparaissent que vers l'époque de la matu-
ration des graines : le poids de la substance fraîche baisse alors par suite de la dimi-
nution d'eau dans les tissus, mais la substance sèche ne subit point cette décroissance.
Les analyses chimiques exécutées par M. Alfred Monnier, de Genève,
démontrent que les poids d'azote organique (méthode de Rjeldal), de
Vacide pliosphoriqiie, de la chaux, de la potasse et du fer subissent une
augmentation rapide dans la première période de la croissance, la seule
que nous envisagions ici. Les courbes de sentiment tracées à travers les
points d'observation sont, pour ces substances comme pour les substances
fraîche et sèche et pour les cendres, des hyperboles dont les équations
ont été calculées par M. Louis Bastien.
Les X représentent les jours et les y représentent en grammes le poids
moyen d'un individu; on trouve :
Substance fraîche i^oo.r^-)- aïo.r/— y- — 75007 — 0
Substance sèche ilix'^ + aS^rj— y^ — 7907 = 0
Gendres 25ir'+ 240.2-7 — 1007-— 78007 = 0
Azote &x^+ 880.Z-7— 29007'' — 180007 = 0
Chaux 4'^°-t- 700^-7 — 100007^— 260007 = 0
Acide phosphorique 6 a:' + 1800 .r7 — 180007^— 55ooo )' = o
Potasse 5a?--+- 800x7 — 107007 = o
Fer ar' -1-6800x7 — 400007^— 1600007 = 0
PHYSIOLOGIE. — Mesures respiratoires sur tes poissons marins. Note de
M. J.'P. BouNHioL, présentée par M. Edmond Perrier.
Au moyen d'un appareil déjà utilisé (') et légèrement modifié depuis, je
me suis appliqué à mesurer les diverses constantes respiratoires ( GO- par
(') J.-P. BouNHiOL et A. Foix, Sur la mesure des échanges respiratoires en milieu
aquatique {Comptes rendus, 2.5 mai 1908).
SÉANCE DU 2 JANVIER igoS. 6l
gramme-heure; oxygène par gramme-heure, et -ry- ) des poissons ma-
rins ayant subi des captivités plus ou moins longues.
Cet appareil produit, dans une masse déterminée d'eau de mer habitée
par un poids connu d'animal vivant, une aération telle que l'oxygénation
de l'eau reste constante. La possibilité d'en modifier le réglage permet d'ail-
leurs d'obtenir un grand nombre de régimes permanents, correspondant à
des taux d'oxygénation très différents de l'eau de mer.
J'ai procédé comme suit :
Après avoir, dans chaque cas, analysé l'eau des bassins où vivaient les animaux,
j'ai réglé l'appareil de manière à maintenir dans le récipient à expériences l'oxygéna-
tion de l'eau constante et égale précisément à celle donnée par l'analyse. La tempéra-
ture étant supposée invariable, je réalisais ainsi sensiblement pour chaque animal les
conditions respiratoires particulières de sa captivité. J'ai réalisé de Ja même manière
le régime permanent correspondant à sa vie libre (taux de l'oxygénation maintenu à
la valeur normale de l'oxygénation de l'eau de mer libre). Ces mesures ont été faites
au laboratoire maritime de Tatihou et ont fourni les résultats suivants :
Vie libre (oxygénation &em' par litre). Captivité.
C0= Oxygène C0= Oxygène
Poids pargr.-heure pargr.-heure O^Jg- par gr .-heure pargr.-heure
en en c. cubes en c. cubes cq; par en c. cubes en c. cubes qq-
Espèces. grammes àcet'jeo"'". à cet 760"". G litre. Durée. ào°et76o"". ào°et76o°"". o
S(iuale roussette. . 685 0,0666 0,0876 0,76 » « » » »
Id. .. 660 » » >. 4,8 I an 0,0661 0,0788 0,84
Syngnathes 7 o,i536 0,19^6 0,79 » » » » »
Id 7,6 » » » 4i2 I mois 0,1241 0,1 364 Oi9i
Congre 80 0.0748 0,0976 0,76 » » » » »
Id 108 » » » 5,2 3 mois 0,0669 0,0887 0,80
Sole 80 0,0915 o,i347 O168 >- » « » ).
Id 62 )> » » 4,7 I an 0,0925 0.1187 0,78
Brème 407 o,i3o8 0,1791 0,78 » » » » »
Itl 825 » » » 3,9 I an o,i53o 0,1700 0,90
I-abre 57 0,1498 0,1915 0,78 » » » » »
Id 82 » ), » 4,9 2m.i o,i588 0,1785 0,89
Cotte 12,3 o,i632 0,1920 o,85 » » » » »
Id 26 » » » 4>9 2m.^ 0,1648 0,1811 0,91
Le Tableau précédent montre deux faits très nets et superposés : i" la diminution
des échanges respiratoires de tous les animaux captifs; 2° l'élévation du quotient res-
02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
piratoire. Quant à l'influence de la durée de la captivité, elle est donnée par le Tableau
suivant :
Durée
Poid, de la
Espèces. en gr. captivité.
1 80 O
Sole ' 46 I mois
1 an
ij'génatiun
, Cû^p.gr.h.
Oxyg. p. g,-. 11.
de
en cent, cubes
en cent, cubes
co-
l'eau.
à 0° et 7Go"°.
ào'et76û"=.
0
eT'i
0 , 09 1 5
0,134;
0,68
4,9
0,0931
0,1179
0,79
4-7
0,0925
0,1187
0,78
6,4
0,1493
0,1915
0,78
5,2
o,i579
0,1791
0,882
4,9
0,1 588
0,1785
0,89
6,35.
0,2016
0,2345
0,86
4 , 7
0,1909
o,2o53
0,93
4,9
0,1879
0,2021
0,93
6,2
o,i633
0, 1920
o,85
4,2
0, 1645
0,1798
0,915
4,9
0,1 648
o,i8ii
0,91
4-7
o,i64S
0,1820
0 . 9o5
f 62
( ^1 o
Labre < 58 i mois
' 32 2 mois :
/ 1 3 , 5 o
Blennie.... 16, 5 i mois
(38 1 an
j 12,3 o
' 26,4 I mois
Cotte
1 24 2 mois -,
102 I an
On voit que, très rapidement, au bout d'un mois de captivité, et peut-être bien
avant, les poissons marins possèdent l'activité respiratoire et le quotient respiratoire
qu'ils possèdent encore au bout de 3 mois et demi, au bout d'un an, et sans doute
jusqu'à la fin. A partir de ce moment l'oxygénation insuffisante, mais constante, du
milieu ne paraît pas influencer cette activité respiratoire réduite. Dans les captivités
où la vie est possible aux poissons marins, l'activité respiratoire que l'on mesure n'est
donc pas le résultat d'une décroissance lente et continue de l'activité respiratoire nor-
male, elle est la caractéristique d'un nouvel équilibre, d'un nouveau régime permanent,
rapidement établi, constamment maintenu ensuite. Est-ce à dire qu'il s'agisse, comme
pour certains animaux marins à respiration variable, d'une véritable adaptation'?
Point. Chez ces derniers le quotient respiratoire reste normal. Ici, au contraire, le
quotient respiratoire est manifestement asphj'xique. Il s'agit donc seulement d'une
gêne respiratoire, d'une asphyxie partielle et permanente compatible, je ne dirai pas
avec l'existence, mais avec une certaine survie plus ou moins longue.
Si, d'autre part, on songe que les besoins respiratoires de ces animaux
sont plus immédiatement impérieux que tous les autres besoins, que la
première perturbation morbide dont leur vitalité se trouve atteinte en cap-
tivité est une perturbation respiratoire, que celle-ci précède et domine,
provoque ou aggrave toutes les autres, il sera possible de conclure que le
problème de la captivité marine est d'abord un problème respiratoire.
La séance est levée à 4 heures et quart.
M. B.
SÉANCE DU 2 JANVIER iqo5. 63
BULLETIN BIBI.innRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 9.6 décemrre 190/4.
(Suite.)
Abschajffang der Rechtschreiben-Lehre . Die Notwendigkeit einer einfachern
neaen intenialionalen Schrift, begrïmdet von Konrad Buttgentsach. Aaclien, Otto
Mûller, s. d.; i fasc. in-8".
Alnianaque nautico para el ano 1906, calculado de orden de la Superioridad en
el Institato Y Observatorio de Marina de San Fernando. San Fernando, igo/J; i vol.
in-8".
Report of the Superintendent of the United States Nai-al Observatory, for the
fiscal year ending june 3o, 190^. Washington, 1904; i fasc. in-8°.
Report of the meteorological Council, for the year ending Si"' of march 1904,
lo the Président and Council of the Royal Society. Londres, 1904; i fasc. in-S".
Annual report of the Keeper of the Muséum of Comparative Zoôlogy at Harvard
Collège, to the Président and Fellows of Harvard Collège, for 1908-1904. Cambridge
(Etats-Unis), 1904; i fasc. io-S".
Rapporta annuale dello I. R. Osservatorio astrononiico-meteorologico di Trieste,
contenente le osservazioni nieteorologiche di Trieste e di alcune altre stazioni
adriatiche, per l'anno 1901, redatto da Edoardo Mazelle; vol. XVIII. Trieste, 1904;
I fasc. in-4°.
Jahrbuch des Kôniglich sâchsischen meteorologischen Institutesfiir dasJahrigoo ;
Jahrgang XVIII derneuen Reihe; herausgegeb. v. Director Prof. D-'Paul Schreiber ;
mit einer Vorarbeit: Kritische Beobachtung der Luftdrucksmessangen im Kônigreich
Sachsen wâhrend der Jahre 1866-1900, vom Iierausgeber, mit 6 ïafeln. Zugleich
Deutsches meteorologisches Jahrbuch fur 1900. Beobachtungssystem der Koni-
greicher Sachsen. Chemnitz, 1904; i vol. in-4".
Annuaire géologique et minéralogique de la Russie, rédigé par M. Krischtafo-
witsch; vol. VI, livr. 10. Novo-Alexandria, 1904; i fasc. in-4''.
U. S. Department of Agriculture. Twentieth annual Report of the Rureau of
animal Industrie, for the year igoS. Washington, 1904; i vol. in-8°.
Census of India, 1901; vol. I. India : Etnographic appendices, bylI.-H. Risley.
Calcutta, 1908; I vol. in-f".
Memoirs of the geologit:al Survey of India \ vol. XXXV, part 3; vol. XXXVI,
part i. Calcutta, 1904; 2 fasc. in-8''.
Records of the geological Survey of India ; vol. XXXI, parts 1 and 2. Calcutta,
1904; 2 fasc. in-S".
The Journal of the Collège of Science, Impérial University of Tokyo, Japan;
vol. XVIII, art. 8; vol. XIX, art. 9, 13; vol. XX, art. 1, 2. Tokyo, 1904,- 5 fasc. in-8°.
g/^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Publications of tke earthquake investigation Committee in foreign languages;
n" 18. Tokyo, 1904; i vo!. in-S.
Bulletin ofthe United States Fish Commission, vol. Wll, for 1902. Washington,
1904 ; I vol, in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 2 janvier 1900.
Leçons de Mécanique céleste professées à la Sorbonne. par H. Po.ncaré, Membre
de l'InstiliU. Tome I. Théories générales des pertubations planétaires. Pans, Gau-
Ihier-Yillars igoS ; i vol. in-S". (Hommage de l'auteur. )
La bobine d'induction, par H. Armagnat. Paris, Gauthie.-Villars, .906 ; . vol. in-S".
(Présenté par M. Mascart.) , , a,- • , 1»
Archives de Médecine et de Pharmacie militaires, publ. par ordre du M.n.stre de
la Guerre. Tome XLIV. Paris, .904; i vol. in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie. Rédacteur principal : M. Bourquelot. gô" année,
e» série, t. XXI, n» 1, i" janvier 1906. Paris, Octave Doin; i fasc. in-S".
Le Magasin pittoresque. Directeur : Emile Fouqoet. 78= année, n»!, ."janvier igoô,
'^Tle \lTteof Missouri, an aulobiography edited for the Missouri Commission to the
Louisiana purchase Exposition, by Walter Williams, Columbia, E,-W. Stephens, 1904 ;
' ^Memoria sobre el barometro alarma, apparato mecanico-electrico; su inventor
D-'GuiLLERMO Vives. Ponce, 1904; I fasc, in-8°. , - t r^ « n
An epitome of the British Indian species of Impatiens, by s.r J,-D, Hooker; paît 1.
(Becords of the « Botanical Survey of India » ,■ vol. IV, n" 1.) Calcutta, .904 ; > fasc.
"'tcuolad'applica.ionepergl'Ingegneri.Annuarioperrannoscolastico.goi-.9o5.
Rome, iqo4; i fasc, in-12. r> f r.r ui 1
Stad Antwerpen. Pœdologogisch jaarboek, onder redact.e van Prof, D 1 h.l,
M, C, Schuyten; jaargang V, Anvers, 1904; i vol, in-8°,
SociedadescientificadeS, Paulo. Belatorio da dcrectona ,903-904. Saint-Paul,
iQo4; 1 fasc, in-S". . • • ,;
Subject list of ^vorks on the fine and graphie arts, and art industries, in the
library ofthe Patent Office. Londres, 1904; i vol, in-12,
S.eriges offentliga bibliotek, Stockholm, Upsala, Lund, Gôteborg Accesstons-
kalalog,n, 1902; utgifvenafkungl, Bibiiotekel genom Emil Haverman. btockholm,
1Q04; I vol, in-S". I •; /•
PubbUcazioni scientifiche del Conte Prof. Napoleone Passerim : Indice bibliogra-
phico, compilato dagl' insegnanti dell' Istitulo agrario di Scandicci (Firenze), Flo-
rence, 1904; .fa-.in-8°. ^A suivre.)
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
Depuis .835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement lo Dimancl.e. lis forment à la fin d. 1. • < , •
Lies, l'une par ordre alphabétique des matières, l'autre par ordre aiphabét.que des noms dAutLrs™' - ' "'"'"" '""''"• '"^ ^
Tables,
ei part
terminent chaque volume. Labonncineiit est an
Le prie de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit ■
Paris: 30 fr. - Départements: 40 fr. - Union postale': 44 fr.
On souscrit dans les départements,
On souscrit à l'étranger,
Agen.
Alger .
liez Messieurs :
Ferran frères.
Cliaix.
jjourdan,
' Kuir.
Courtin-Hecquei.
/ Gastineau.
'«ne Jérôme.
iesançon Régnier.
I Feret.
iordeaux Laurens.
' Muller (G.
hanibéry .
herbourg
Urmont-F
ijon.
' F. Robert.
' Oblin.
' Uzei fréies
Jouan.
Perrin.
1 Henry.
( Marguerie.
Julioi.
Bouy.
, Nourry.
Ralel.
( Rey.
\ Lauverjat.
chez Messieur
( Ba,„nal.
\ M- Texier,
cliez Messieurs :
Feikema Caa
" ' sen et C'V
Lyon.
Effa
I Vitte.
Marseille Ruât.
'^^'^^pMier jcouletetnis.
Moulins Maillai Place.
Jacques.
Kancy J Grosjean-Maupii
lit frères.
renoble
3 fiochelte
lie
^'anle!
Nice . .
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Orléan
l GiMsfl.ai
j Velopp*.
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Thibaud.
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Poitiers .
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• î Lévrier.
tiennes Plihon et Hervé,
Hochefort Girard ( M"" ).
Bouen } Langlnis,
( Leslringant.
S'-É tienne Chevalier.
Toulon } Ponteil-Burles.
) Rumébe.
Bourdignun
Dombre.
j Thorez.
' Quarré.
j Toulouse .
Tours
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Périra:
Suppli
Volenciennes .... ) «^'a^d,
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Athènes
... lieck.
Barcelone . . .
... Verdagiier.
Ashcr el G".
Berlin
Dames.
■•■ Friedlander et fils.
.Mayerei Mliller.
Berne . . .
„ . , , „
Bologne .
Zaniclielli
Bruxelles
Lamertin,
Lebegne et Ov
Bucharest ....
Sotchck et C'.
(Dulau
Hachette el
' ,\utt
V. Buck
Ruiz elC-.
Romo y l'y
Capdcville.
F. Fé
Afilan J Bucca frères.
■■■ ( Hœpli.
Moscou
A'aples
Tastev
, Marghi
Pellera
Budapest
Cambridge . . . .
Christiania. . .
Constantinople
Copenhague. . .
Florence
Gand..
Gênes
/.a Haye .
Lausanne .
Leipzig .
Icalay.
Kilian.
Deighton, Bell et G-
Cammermeyer.
Otto Keil.
Hôst et fils.
Seeber.
Hnste.
Cherbuliez.
Georg,
Stapelmohr
Bi-linfante frèr
Benda,
Payot et C.
Barlh,
Brockhaus.
Kœhler,
Lnrenlz.
Liège .
Twietm
Gnusé.
Kew-rork Stechert.
Lemcke el H.ie,-
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C-.
Palerme Reber.
Porto Magalhaps el Mt
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garn er.
Bocca frères.
Loescher el C'*
Botterdam KramcTS et fil"
Stockholm Nordiska Bonliat
^ Zinscrling.
; Borca frères
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SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES •"
irome '•- ":-«-^^-l:^'^P^i^^^|^ Pi-;;^...-^^ Al^ MM . DKRB.setA J.-J Sou.a. - Mèmoiresur le Cal,:,,, des Per.nbation, ,„'épr„„ve„,
es, par M. CLAUDE B";"rRD vlme in"" avec s',' p'i^oches':-,'"""''"''"' '^"^ ''' pbé..omènes digesl.fs, part.culi, ren.en. dans la IJ.Ù.,. des
:?T ï:^T^i^^, '^^ ':^:^::^^-^1.^i^r\^f r ^rï^rv '«/i-^^- ^^p^-'p^p^^éj ;. ;«;; pa; i^;;dé;n;e des seuils
édime,,, aires, suivant lordre de reursuperposkion -- Di,;,!^^^^^^^^ ' ? '"" ''' •''■ "^'^f't'ution des corps organisés fossiles dans les dilTérents terrains
Jre .le, rapports qui existent entre l'état actuel du vè^n7^^tllfJ^,"',',.^'^P^"^^°" ""''«,'<="■• 'l'spar,l,..n successive ou simultanée. - Rechercl,erla
^^ ^ 1 état actuel du règne organiqneetsescuts antérieurs», parM, le Professeur Bronn. In-ii', avec 7 planches ■. ,,Sfi, ., . 25 fr
A la même Librairie le. Mémoires de T Académie des Sciences, el l.s Mémoires présentés par divers Savant.s à I Académie des Sciences
1.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 2 janvier l»Oii.)
Etal fie l'Académie au i" janvier 190.1
M. Mascaht, Président sortant, fail con
nailre à l'Académie l'état où se Irouv
rinipression des recueils qu'elle public, t
Pages,
les changements survenus parmi les Mem-
bres et les Correspondants pendant le cours
de l'année k)o4 '3
MÉMOIRES ET COMMUI^ICATIOIMS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. J. BoussiNESQ. — Pouvoir refroidissanL
d'un courant fluide sur un ellipsoïde à axes
inégaux, immergé dans ce courant
M. G. LlPPMANN. — Franges d'interférence
produites par le système de deux miroirs
perpendiculaires entre eux
M. A. Lacroix. — Sur les microgranites al-
calins du territoire de Zinder
M. H. PoiNCARK fail hommage à l'Académie
du premier volume d'un Ouvrage où il
rasseinble les Leçons de Mécanique céleste
qu'il a professées à la Sorbonne, .
PRESEIVTATIOIVS.
Liste de candidats présentée à M. le Minis
de l'Instruction publique, pour la cba
d'Histoire naturelle des corps inorganiqu
vacante au Collège de France par suite du
décès de M. Foui/in' : \" M. Michel Lévy:
■>' M. Caveux
CORRESPOND AIVCE .
I. le Secretairk perpétuel signale u
brochure intitulée : n La bobine d'indu
tion », par M. Arma^nat
MM. BoREL (EMILE), Fabre (J.-H.). Richard
(Gustave) adressent des remerciments
à r.Académie pour les distinctions dont
leurs travaux ont été l'objet
M. Maurice Fréchet. — Sur les fonctions
limites et les opérations fonctionnelles... .
M. S. Lattes. — Sur les substitutions à trois
variables et les courbes invariantes par une
transformation de contact
■M. G. -A. Miller. — Sur les sous-groupes
invariants d'indice p-
M. DE Sparre. — Au sujet de la déviation
des corps dans la chute libre
M. P. Langevin. — Sur une formule fonda-
mentale de la théorie cinétique
M. Charles Nordmann. — Mesure de la con-
ductibilité îles diélectriques au moyen des
lises .
M. O. BouDOUARD. — Influence de la vapeur
d'eau sur la réduction des oxydes de fer
par l'oxyde de carbone et l'aniiydride car-
bonique
M. Albert Colson. — Sur l'existence d'un
sulfate vert normal de sesquioxyde de
chrome
M. James Lavaux. — Séparation de ^ dinié-
BULLETIN BlBLlOtiRAl'HIylE
thylanthracènes obtenus dans l'action du
chlorure de méthylène et du chlorure
d'aluminium sur le toluène
MM. Rambaud et Sy. — Observations de la
comète Giacobini ( rf 1904) faites à l'Ob-
servatoire d'Alger, à l'équatorial coudé
deo",3i8
MM F. FouHEAU et L. Gentil. — Sur les
roches cristallines rapportées par la Mission
saharienne
M. le vice-amiral Fournikr. — Résistance
de l'eau à la translation des navires.
Carènes de moindre résistance
M. Ed. Bonjean. - Eau oxygénée à l'état
naissant. Activité bactéricide sur les germes
des eaux
M. Paul Vuillemin. — Hyphoïdes et Bacté-
roïdes
M. Paul Becquerel. — Recherche sur la
radioactivité végétale
.M. C. HoUARD. — Sur l'accentuation des ca-
ractères alpins des feuilles dans les galles
des Genévriers
M"* M. Stefanowska — Sur l'accroissement
du poids des substances organiques et mi-
nérales dans l'avoine en fonction de l'âge.
M. J.-P. Bounhiol. — Mesures respiratoires
sur les poissons marins
PARIS. - IMPRIMERIE GAUTH I E R - V I L L A R S.
i^uai des Grands-Augustins, 56.
Le Gérant • Gai
-i.^<^ 1905
PREilIIER SE3IESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS
T03IE CXL.
N° 2 (9 Janvier i 905)
"PARIS,
GAUTHIER- VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES i-E L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quai des Granrls-Aui^ustins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALI COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2/, MAI 1870
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l'Académie sa composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l"'. — Impression des travaux
de l' Académie .
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ouparunAssociéétrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires ; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au-
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font paspartie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remii
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tardj
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis ^
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans 1
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé a
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraien
autorisées, l'espace occupé par ces figures compter
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des aui
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports ni
leslnstructions'demandéspar le Gouvernemenl.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administraùve
fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus^
après l'impression de chaque volume. |
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pi ''
sent Règlement
tH\. IllJ|Ji lllA^O ViWI».J *^^.J ^ / l
Les Savants étrangers àlAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les S\"étaires perpétuels sont pn^^^^^^^^
^noser au Secrétariat au olus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 9 JANVIER 1903.
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET COMMUrVICA FIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le SECRÉTAia,. pekpétcel présente un Volume imprimé à TObser-
L :8oVL '^' 'Zll' ''" ■ ^^— ^/-- «« cercle ,.1^L
eniSgç) et igoo, par M,V]. VerschafTel, Lahourcade, Sougarret, Ber^^ara
et Wegu.eta, pubHées par M. l'Abbé Verschaffel, directeur d; l'Obse"
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. - ConducMté exténeure ou super/îdelle
7Jde%T\ P^rr'' ''^'"''^ ^" ^^'^'""''■^ refroidissant cl'L courait
Jluide. Note de M. J. Iîoussinesq.
I Un corps solide, immergé dans un courant fluide d'une nature, d'une
vitesse et d une d.recUon données, est refroidi par ce courant proportion!
mc.on et en re des bmUes beaucoup pins étendues que lorsque le refroi-
dissement a heu dans le vide ou dans un air en repos. En d'a'utres termes,
lo. usuelle de Newton s'y applique très bien, et pour des vf/L;
et elle aura l'expression
IL La quantité entre crochets y est un coefficient numérique, variable
avec la forme de la bande EL arrosée par le filet fluide, c'est-à-dire avec le
rapport ^ de sa largeur effective e en chaque point à sa largeur moyenne E,
et variable aussi avec la configuration du corps dans le courant, d'après
SÉANCE DU 9 JAXVIER igoS. 67
laquelle se réglera, sur chaque élément r/L du trajet, le rapport ^ fie la vi-
tesse locale V d'écoulement à la vitesse générale V du courant fluide. Ce
coefficient numérique sera évidemment le même, dans tous les corps sem-
blables et seuiblablement orientés dans le courant, pour les filets qui s'y
trouveront disposés d'une manière analogue. Ainsi, toutes choses égales
d'ailleurs, la conductibilité extérieure k représentative du pouvoir refroidissant
d'un courant fluide est proportionnelle à i/— ? — 5 c'est-à-dire aux quatre ra-
cines carrées de la conductibilité intérieure R du courant, de sa capacité calo-
rifique C par unité de volume, de sa vitesse générale V, et de l'inverse du
trajet L des filets fluides sur le corps.
Cette proportionnalité inverse, de ^ à ^L, s'explique en observant que le
fluide s'échauffe le long du chemin Ij et y devient de moins en moins
apte à refroidir le corps.
III. Le cas le plus simple est celui d'un plateau mince, tangent au cou-
rant, ou qui ne le trouble pas d'une manière sensible. Alors des filets voi-
sins glissant sur le corps gardent leur vitesse primitive V et leur espacement
initial E; de sorte que la valeur moyenne du produit fp) -r^ est l'unité. Le
coefficient numérique entre crochets, dans (2), se réduit donc à -^ = i , 1 281-
Vient ensuite le cas d'un cylindre indéfini ayant son axe normal au cou-
rant, où, par raison de symétrie, l'écoulement se fait de la même manière
dans tous les plans perpendiculaires à cet axe. On y a donc e = E; et le
coefficient numérique entre crochets, dans (2), devient le produit de -^
V ~
par la racine carrée du rapport moyen de la vitesse v d'écoulement sur le
corps à la vitesse générale V du courant. Par exemple, si le cylindre est
elliptique, cas traité dans ma Note du 9 mai 1904 (Comptes rendus,
t. CXXXVIII, p. I i3Zt), le trajet L est la moitié du contour S de la section
droite. Soit alors S' le |)érimèlre du rectangle circonscrit à cette ellipse et
ayant ses côtés parallèles aux axes 2a, 2 A. Il résulte aisément de la der-
nière formule de la Note citée du 9 mai 1904, que j — ou ^ -r- ,i h
S'
valeur -^- La formule (2) devient donc
(3) k
68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le coefficient numérique i/- -^ y grandit de
2 . / 2 y_ 4 _ b'
S_i,27:
quand le cylindre, supposé d'abord infiniment aplati, ou réduit au plateau
mince du premier cas (mais heurté par le courant sous un angle quel-
conque), acquiert une épaisseur de plus en plus grande et devient circu-
laire ('). On voit que le rapport^ y a, le long du trajet des filets fluides
sur le corps, sa valeur moyenne supérieure à l'unité.
IV. Il n'en est plus de même pour une sphère, corps le plus simple de
tous ceux qui sont de révolution autour d'un axe ayant la direction du
courant et que j'ai étudiés dans une Note du i6 mai igo/j {Comptes rendus,
t. CXXXVIII, p. 1 189). Alors ce rapport ^ a. 'e long du trajet L des filets
fluides sur le corps, sa valeur moyenne un peu inférieure à l'unité, savoir,
égale au quotient, -, par le demi-méridien L = 7:R, del'uitégrale / f/p prise
le long de ce demi-méridien. Mais, par contre, la largeur i des filets fluides
contigus au corps est très variable, le long du même demi-méridien L; et
il en résulte, comme on verra ci-après, une notable augmentation du coef-
ficient numérique 1/^ / (^j VTT' <1''' 'devient ^2 = i,4i42.
On voit, par les deux exemples du cylindre circulitire et de la sphère,
comparés à celui du plateau mince et entre eux, que ce coefficient numé-
(1) Son accroissement continu se reconnaît aisément sur la l'orniulc du contour S
approchée (sauf pour les ellipses très aplaties) que j'ai donnée dans mon Cours d'Ana-
lyse injinilésimale pour la Mécanique et la Physique (t. II, Partie élémentaire,
p. 112). Celte expression est
Divisée par le contour ^' =z [^{a -^ b) du rectangle circonscrit, elle donne
S it / \J'2a.'2b\
valeur visiblement croissante quand la moyenne géométrique v'2n. J ^ des axes a un
rapport de plus en plus faible à leur moyenne arillimétique a -r b, c'esL-i-dire quand
l'ellipse s'éloigne de la forme circulaire.
SÉANCE DU 9 JANVIER rpoS. 6q
riqiie croît sensiblement avec la convexité du corps le long du filet fluide,
non seulement suivant le sens de celui-ci, mais même dans le sens perpen-
diculaire. Cela résulte aussi des valeurs qu'il prend chez les ellipsoïdes de
révolution ayant leur axe parallèle au courant, notamment dans les deux
cas extrêmes d'un disque circulaire et d'une longue aiguille, oîi ses valeurs
respectives sont —j= = 1,4702 et ;y/3^ = 1,1731, dont la première est
rendue très forte, sans doute, par le retournement rapide des filets sur le
contour du disque, et dont la seconde excède ^> mnlgré la forme presque
rectiligne du trajet L, en raison des fortes courbures de l'aiguille dans le
sens des (cercles) parallèles.
V. En général, le rapport ^, nul aux deux extrémités du trajet L, oi:i se
font l'épanouissement et la reconstitution du filet central, excède sensible-
ment l'unité vers le milieu de ce trajet, à cause du rétrécissement qu'ap-
j)orle le corps aux sections d'écoulement des filets qui l'entourent et de
ruccélératioii du mouvement qui en résulte (').Sa valeur moyenne ne doit
donc pas différer beaucoup de l'unité. Et comme, d'autre part, le rappoit |
a pour valeur moyenne i, l'on conçoit que la valeur moyenne du pro-
(luitfjjj y ne s'écarte pas, non plus, beaucoup de l'unité. Par suite, le
coefficient numérique de h ne sera pas très éloigné de -L = 1,1284. Les
exemples précédents tendraient à le faire prendre égal environ à i,3, avec
des écarts qui ne déj)asseraienl guère le huitième de cette valeur en plus ou
en moins.
~VI. L'on s'explique, comme il suit, que toutes ces valeurs excèdent -^•
(') Cette accélération, qui rend le rapport ^ toujours supérieur à l'unité sur le
contour du corps, prend, naturellement, ses fortes valeurs, quand le passage des filets
fluides est le plus rétréci ou gêné, c'est-à-dire dans les cas comme celui du cylindre de
longueur indéfinie normal au courant, où le fluide ne peut franchir le corps que par
deux côtés, suivant les deux sens opposés perpendiculaires à l'axe ; et elle est moindre, au
contraire, en donnant lieu, comme on vient de voir, à des valeurs moyennes de -j infé-
rieures à I, dans un corps limité de toutes paris, comme la sphère, que le courant
contourne librement suivant tous les azimuts.
70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Posons, en général,
e=E(i^£'), v = y(I-^S),
expressions où e' aura l;i valeur moyenne zéro et S Jine valeur moyenne
(positive ou négative) assez petite. Il en résultera
O'v
dL
Donc l'intégrale / ( "? ) y "p deviendra, en désignant par le symbole 3K,
la moyenne de la quantité inscrite à la suite,
I -r- .Tc^ — OR (b-) -h 3rc(2c'S) -h dK,(l'- S).
expression où non seulement la moyenne de s'^, mais celle de 2= § seront
positives, vu que S aura le signe (négatif ou positif) de a' tant aux deux
extrémités qu'au milieu du chemin L. Les signes divers de S devant rendre
peu sensible la valeur movenae du produit du troisième degré e'-S, il ne
pourra guère y avoir de négatif (quand il le sera) que le petit terme 3ïï.S.
L'intégrale paraît donc devoir être toujours supérieure à l'imité.
Le coefficient numérique par lequel il faut multiplier \/ .' , pour
obtenir k. aurait ainsi comme valeur minimum ^ = i, 128 1 (').
(') Jai appris depuis peu l'existence d'expériences déjà anciennes sur le pouvoir
refroidissant des couranls fluides, dues à Ser. professeur à l'Ecole centrale des Arts et
Manufactures, qui les a relatées dans son Traité de Physique industrielle (t. I. 188S.
p. 142 à 162). Quoique le courant, au lieu d'être latéralement indéfini, y fût toujours
d'assez faible épaisseur et, le plus souvent, contenu dans un tube de quelques centi-
mètres seulement de diamètre, qui constituait le corps chaud, néanmoins les deux
lois de proportionnalité du pouvoir refroidissant du courant à l'excès 9(, de tempéra-
ture du corps et à la racine carrée de la vitesse Y, se vérifiaient toutes les fois que la
dislance moyenne du fluide à la paroi était quelque peu comparable à la longueur du
tube; en sorte qu'on pût admettre, tout au moins pour le filet central ou aœial, la
conservation approchée de sa température primitive ou d'amont, hypothèse essen-
tielle de notre analyse.
Dans les tubes plus étroits, la chaleur emportée était proportionnelle à une fonction
de V plus rapidement croissante que v/V, susceptible même d'atteindre la première
puissance V quand tous les filets fluides, jusqu'à l'axe, finissaient par acquérir, avant
leur sortie, la température 65 du tube: alors, en efi'et. tout le fluide quittait le tube
SEANCE DU 9 JANVIER ipOD. 71
CHIMIE MINÉRALE. — Étude micro graphique de (a météorite de Canon Diablo.
Note de MM. H. Moissax et F. Osmoxd.
Pour tirer des conclusions plus complètes de l'étude de la météorite de
Canon Diablo il était indispensable d'en faire l'étude micrographique. Cet
examen a porté sur le métal et sur les nodules que renferme cette
météorite.
Méthode employée. — Parmi les constituants habituels des météorites
holosidères nous avons rencontré les suivants :
1° La Kamacite ; c'est le fer lui-même pouvant contenir, en solution
solide, une proportion variable de nickel, mais toujours inférieure à
7 |)our 100 environ. Il forme la masse importante de la météorite et entoure
complètement les nodules dont nous avons parlé. Il peut présenter un
très beau poli, mais ne possède pas toujours une grande homogénéité;
2° la Plessite, mélange eutectique de Kamacite et de Taenite pouvant se
réduire, si le refroidissement a été infiniment lent, à de simples filameuls
de Taenite (alliage de fer riche en nickel); 3" laCohénite, appelée aussi, en
micrographie métallurgique, cémentite, et qui est formée par le carbure de
fer Fe^ C\ f\° \a Schreibersite, appelée aussi rhabdite quand elle est sous
la forme de petits grains nettement cristallisés; c'est le phosphure de fer
et de nickel (FeNi)'P; 5° la Troïlite ou sulfure de fer de formule FeS;
6° des fdons de matières oxydées. L'examen microscopique présente aussi
un certain nombre de cavités provenant de l'arrachement des substances
qui ne sont pas assez résistantes pour sup[)orter le grattage et le polissage
nécessaires pour produire la surface miroitante.
avec sa charge maxiina de chaleur, proportionnelle à ^^, et le pouçoir refroidissant du
courant devenait proportionnel au débit, c'est-à-dire à V.
Dans quelques observations de Ser, le courant, encore peu épais, mais relativement
très large, circulait autour d'un gros et court tuyau (qui était le corps chaud), soit
lisse, soit fortement nerié, ou entaillé de profondes cannelures longitudinales, par le
fait desquelles sa surface se trouvait multipliée respectivement (à hauteur constante
du cylindre) par 4 et par 6,6. Or ces accroissements relatifs de la surface ne multi-
pliaient guère le pouvoir refroidissant que par leurs racines carrées environ. C'est
bien, à peu près, ce qu'indiquent nos formules, sujiposé que le tr;ijet L des filets fluides
sur les cylindres à nervures ait grandi, en moyenne, dans le méaie rapport que la sur-
face totale.
•*v
72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour distinguer ces différents constituants nous avons employé la mé-
thode suivante : nous avons obtenu d'abord, sur une petite surface, un
polissage plan. On distingue immédiatement, grâce à leur couleur jjropre,
la Troïlile qui est jaune et les filons oxydés d'un gris plus ou moins violacé.
Les autres constituants sont blancs, mais le carbure et le phosphore
prennent un poli plus brillant que le fer el apparaissent en léger relief.
En éclairage vertical les cavités apparaissent naturellement noires.
Pour rendre la distinction plus nette, on peut attaquer la surface par
l'acide picrique qui granule la Kamacite et n'agit pas sur les autres consti-
tuants. La Taenite se différencie du carbure et du phosphure par son éclat
moins vif, ses formes très allongées et le manque de netteté de ses con-
tours. Ce dernier fait tient à ce que le passage de la Taenite à la Kamacite
se fait, le plus souvent, d'une façon insensible. Il reste à séparer alors le
carbure du phosphure. On y parvient aisément en chauffant la plaquette
métallique aux couleurs de revenu. C'est une des premières méthodes qui
aient été appliquées à l'analyse des fers météoriques. Comme l'a démontré
récemment W. Stead, on peut donner à la Cohénite une couleur saumon
ou même violette alors que la Schreibersite est encore blanche et la Kama-
cite jaunâtre. On peut aussi remplacer cette méthode par l'attaque au
picrate de sodium alcalin en solution chaude comme l'a conseillé M. Le
Chatelier. Dans ce cas, les colorations sont parfois moins uniformes que
par recuit; mais ce second procédé nous a donné de meilleurs résultats
parce quela Troïlite subit une transformation isomérique avec changement
de volume, au-dessous de la température du recuit, et par suite se désa-
grège facilement.
Élude du mêlai. — La plaquette à étudier a été prélevée près de la sur-
face de la météorite. Ou y rencontre surtout de la Kamacite avec une petite
quantité de Plessite irrégulièrement répartie, alignée connue d'hubitude
suivant les trois côtés d'un triangle e.t dessinant vaguement les figures de
Widmannstaetten; dans quelques endroits, la Plessite prend des formes
courbes; ceci vérifie bien, sous le microscope et sur une petite surface,
l'apparence extérieure que présente le bloc métallique au moment de son
attaque par l'acide chlorhydrique étendu ( ' ).
La Cohénite et la Schreibersite sont quelquefois indépendantes, mais, le
plus souvent, associées soit en lames orientées [)arallèlemeat à la Plessite
(') II. iMoissAN, Nouvelles recherches sur la météorite de Canon Diable {Comptes
rendus, t. CXXXIX, 1904, p. 7/3).
SÉANCE DU 9 JANVIER igo^. -^3
et qui contribuent même plus que cette dernière à dessiner les figures de
Widmannstaetten, soit en rognons qui ont une^tendance bien marquée à
se relier aux figures précédentes. Sur ces petits échantillons, le carbure tend
à envelopper lephosphure ainsi que nous l'avons vu déjà pour des nodules
de plus grandes dimensions. Tous deux sont brisés et recoupés de failles.
Ces failles peuvent être de simples fêlures mais souvent les rebords
s'écartent et laissent voir entre eux soit le vide, soit des fdons oxydés.
Cette absence de cohésion ne permet pas un polissage complet. Il se pro-
duit toujours des arrachements, par conséquent des vides au fond desquels
on aperçoitdes cassures conchoïdales. Le polissage ne montre pas deTroïlite.
Cependant, en attaquant la surface par une solution de sulfate de cadmium
acidifié par lo pour loo d'acide sulfurique, on voit, sous le microscope,
sortir de certaines failles de petites bulles gazeuses qui fournissent un
précipité.
Les filons oxydés, rares et uniformes dans la Ramacite, se ramifient à
l'infini dans les cassures de la Schreibersite et de,la Cohénite. Ils sont souvent
feuilletés et caverneux avec des colorations variables sans limites bien
nettes; le degré d'oxydation n'est certainement pas uniforme et, de plus,
les oxydes ont scorifié partiellement le pliosphure de fer. La Kamacite
contient fréquemment des inclusions de Rhabdite sous les formes connues,
notamment en parallélogrammes.
Cet examen démontre que, dans les parties métalliques qui paraissent
homogènes, on trouve, par l'étude microscopique, ce phosphure de fer
entouré de carbure ainsi que nous l'avons rencontré dans les nodules et
ainsi que le fournissent les expériences synthétiques de M. Slead.
Nous devons rappeler que la présence de la Schreibersite dans la météo-
rite de Caiîon Diablo a déjà été indiquée par Friedel, celle de la Taenile
par Florence et par Zingler. Il en est de même de la Cohénite (Derby), de
la Trodite (Brezina) et de la Rhabdite (Florence). Celte question a été
exposée d'une façon magistrale par M. Coiien dans son Traité des météo-
rites (').
Étude d'un petit nodule. — Ce nodule elliptique, légèrement écorné par
le sciage, mesure )6""" suivant son grand axe. Il est essentiellement formé
d'un noyau de ïroïlite ou sulfure de fer, jibisou moins fragmenté, entouré
d'une couche de phosphure qui, elle-même, est enveloppée de carbure de
fer au contact du métal. Une veine oxydée discontinue est venue s'intro-
(') E. Cohen, i}Jelcorilenkunde. StuUgart, iSiil et igoS.
G. R., 1906, I" Semestre, (T. CXL, N' 2.)
n/, ACADÉMIE DES SCIENCES.
(luire entre la Troïiile et la Schreibersite en poussant aussi de fines ramifi-
cations au milieu (le la ïroïliLe et clans les couches enveloppantes de phos-
phure et de carbure. Elle contient d'ailleurs un grand nombre de petites
inclusions de Troïiile. Les quelques branches qui se détachent du nodule
sont aussi formées par de la matière oxydée qui a entraîné et cimenté de
menus fragments de Schreibersite et de Cohénite. D'après ce photo-
gramme, il est évident que des phénomènes mécaniques violents ont dû
réagir sur ces fragments métalliques au moment de la venue des agents
d'oxydation.
La reproduction agrandie de ce photogramme (/ig-i) montre nettement
les couches superposées de sulfure de fer, de phosphure et de carbure.
Fig. >•
Z^
TroUelFeSl ^
Composes oxydes HBB
/
Étude d'un gros nodule. — Cet autre nodule, grossièrement elliptique
avec des axes de ai'""" et de 17°"", a dû avoir, à l'origine, la même structure
que le précédent, mais il en est actuellement très ddïérent par suite des
phénomènes d'oxydation ultérieure dont nous avons parlé précédemment.
Comme l'a démontré M. Le Chatelier, il peut s'établir un équilibre
entre le fer, le protoxyde et le protosulfure du même métal. Au contraire,
en présence d'agents d'oxydation, rien ne limite l'oxydation du phosphure.
SÉANCE DU 9 JANVIER igoS. "jS
Dans ce nouveau nodule, le sulfure de fer a été, en grande parlie, con-
servé, tandis que le phosphure est réduit à un petit nombre de grains qui
ne sont plus à leur place primitive et que le carbure a complètement
disparu.
Le nodule reste formé de fragments anguleux de sulfure cimenté par
des matières oxydées. Si l'on regarde cette surface polie avec un grossisse-
ment suffisant, on remarque que ni l'un ni l'autre de ses constituants n'est
homogène. La Troïlite a été comme laminée et a pris une structure schis-
teuse avec interposition de lamelles de protoxyde de fer, parallèlement à
la schistosité.
D'autre part, le ciment oxydé de composition variable, comme l'attes-
tent les teintes différentes de sa couleur, est criblé de petits grains micro-
scopiques de Troïlite irrégulièrement répartis. I^e ciment oxydé a aussi
charrié quelques grains résiduels de phosphure et accidentellement de
carbure. Il n'est pas rare de trouver des grains de phosphure qui ont gardé
leur forme après oxydation totale et d'autres qui ont conservé un noyau
encore intact. Enfin, le nodule entier est entouré d'un mince liséré poreux
qui n'a pu être identifié avec aucun constituant connu.
Conclusions. — En résumé, cette étude niicrographique de la météorite
de Cafion Diablo nous a démontré que les parties métalliques qui paraissent
homogènes renferment souvent des noyaux microscopiques et irréguliers
formés de couches superposées de phosphiue et de carbure de fer. De plus
l'examen des nodules qui n'ont pas été soumis à l'oxydation extérieure
nous a permis de reconnaître qu'ils sont formés de sulfure de fer ou Troïlite
entourés de couches successives de phosphure et de carbure de fer. Enfin
l'étude d'un autre nodule nous a permis de conclure que ce sulfure avait
été soumis ultérieurement à des phénomènes d'oxydation et que, dans
certains cas, il a dû supporter des pressions considérables, car la Troïlite
a été comme laminée et a pris une structure schisteuse caractéristique.
PATHOLOGIE. — Trypanosomiases et. Isélsé dans lu Guince française.
Note de M. A. Laveran.
Dans une Note antérieure (') j'ai montre que, en dehors de la Trypa-
nosomiase humaine, endémique dans la plus grande partie de la Haute-
(') A. Laveran, Les Trypanosomiaxes dans lOacsl africain français (Comptes
rendus, séance du .'ii octobre iyo4)-
y(3 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Guinée, on observait, clans la Guinée française, une Trypanosomiase des
Équidés; j'ai signalé aussi l'existence de plusieurs espèces de Glossina ( Gl.
palpaUs, Gl. morsitans notamment) dans différentes localités de la Guinée
française.
Depuis la publication de celte Note, M. le D'Tautain, secrétaire général
du Gouvernement de la Guinée française, m'a adressé de nouveaux échan-
tillons de sang d'Équidés atteints par l'épizootie, en même temps que plu-
sieurs lots de mouches piquantes et des notes intéressantes sur la Trypano-
somiase des Équidés en Guinée; je suis donc en mesure de compléter, sur
quelques points, ma précédente Communication.
J'ai trouvé des Trypanosomes dans le sang de deux chevaux. L'un de
ces chevaux appartenait au poste de Télémélé (région du Fouta-Dialon),
l'autre au poste de Toumanéa sur lafrontière du Fouta-Dialon et du Soudan.
M. Sauvain, chef du posle de Toumanéa, a foLuni sur ce dernier cheval les rensei-
gnements qui suivent :
Jeune cheval, à Toumanéa depuis le mois d'avril 1904; a été conduit au mois de mai
à Sanguiana (province de Balaya) où il est resté i mois environ. Les indigènes rap-
portent qu'il a été piqué par des mouches appelées sigui légué (nom malinké). A
son retour à Toumanéa, au mois de juin, il a commencé à maigrir.
A la fin de juillet, le cheval avait beaucoup maigri et il présentait un œdème abdo-
minal très prononcé. Le bourrelet œdémateux, large de 10'"' à 12'"°', se prolongeait du
côté des bourses qui elles-mêmes n'étaient pas engorgées. A la dernière période, on a
noté un léger œdème des membres postérieurs.
Pendant la première quinzaine d'août l'animal a eu la fièvre presque continuel-
lement; pendant la deuxième quinzaine, au contraire, et jusqu'à la mort, qui est sur-
venue le 4 septembre, la température était le plus souvent au-dessous de la normale.
La faiblesse des membres était caractéristique à la dernière période de la maladie :
la tête était abaissée, presque engagée entre les membres antérieurs et, quand on met-
tait l'animal en mouvement, le train de derrière flécliissait fortement.
On n'a noté aucun trouble de la vue.
Les urines ont toujours été de couleur normale.
Le 4 septembre, jour de la mort, la maigreur était extrême.
La maladie a duré trois mois environ.
L'autopsie faite une heure et demie après la mort a révélé les altérations suivantes :
La rate est augmentée de volume, friable; on distingue, sous la capsule, de petites
taches ecchymotiques.
Le foie est également augmenté de volume, friable, avec de petites ecchymoses.
Sous le péricarde viscéral il existe une infiltration de matière gélatineuse; le myo-
carde est pâle. Caillots ambrés dans le cœur droit.
Poumons congestionnés s'all'aissant incomplétemeiU a l'ouverture du thorax; petites
ecchymoses sous-pleurales.
Reins d'aspect normal.
SÉANCE DU 9 janvii:r 1905. 77
Ce cheval appartenait au chef indigène de Toumanéa. C'est, dit M. Sau-
vain, le quatre-vingt-onzième cheval que perd ce chef qui esc âgé de 55
à 60 ans; deux seulement sont morts de blessures, quatre-vingt-huit
sont morts de la même maladie que le cheval dont l'observation est
rapportée ci-dessus; jamais un cheval n'a pu vivre une année entière
à Toumanéa.
A Sambatignan il est mort aussi dans ces dernières années beaucoup de
bœufs, de moutons et de chiens, mais M. Sauvain n'a pu se procurer que
des renseignements très vagues sur ces épizooties. Les bœufs vivent bien
à Toumanéa alors qu'ils meureni dans une très forte proportion à Samba-
tignan.
La mouche sigiti légué existe à Toumanéa, comme à Sambatignan
(Sauvain).
Les Trypanosomes trouvés dans le sang des chevaux de Télémélé et de
Toumanéa sont courts, ils ne mesurent que 14*^ à iS"^ de long et se rap-
prochent, au point de vue morphologique, du Trypan. dimoqjlwn de la
Trypanosomiase des chevaux de Gambie. Il me paraît d'ailleurs impossible
de se prononcer sur la véritable nature de ces Trypanosomes (comme de
beaucoup d'autres) en s'appuyant sur les seuls caractères morphologiques;
il sera nécessaire de les étudier à l'état vivant, au point de vue de leur
action pathogène sur différentes espèces animales, et sur des animaux
ayant acquis l'immunité pour les Trypanosomiases voisines.
En même temps que des préparations de sang de chevaux malades,
M. Tautain m'a envoyé des mouches piquantes recueillies dans les localités
suivantes : Télémélé, Toumanéa, Dinguirav, Touba, Kollangui, Medina-
Routa.
Dans le lot de mouches piquantes venant de Télémélé j'ai trouvé 10 Glas-
sina morsitans.
Dans le lot de Toumanéa : 4 Gl. palpalis cl 4 Tabanas.
Dans le lot de Dinguiray : ïo Gl. morsitans et 3 Tabanas.
Dans le lot de Touba : i5 Gl. palpalis et 4 Tabanas.
Dans le lot de Kollangui, comprenant 4 Diptères, je n'ai pas trouvé de
Glossina.
Dans le lot de mouches venant de Mediiia-Kouta il s'agissait, 12 fois
sur 12, de Glossina (GL morsitans ii, G l. palpalis i).
Dans ma Note antérieure j'avais déjà signalé la fréquence des Glossina
dans les localités suivantes : environs de Conakry, Kissosso, Boffa (Rio-
nS ACADEMIE DES SCIENCES.
Poiigo), pays Baga, Boké, Bagatay (bas Rio-Nuiiez), vallée de Kolenté,
Dinguiray.
Une conclusion s'impose : c'est que les Glossina ou tsétsè abondent dans
presque toute l'étendue de la Guinée française où l'existence de plusieurs
maladies à Trvpanosomes est déjà démontrée : la Trypanosomiase humaine
et une ou plusieurs Trypanosomiases des Équidés dont la nature n'est pas
encore exactement connue.
C'est grâce au bon vouloir et à l'activité de M. le D'' Tautain et de ses
collaborateurs que cette enquête sur les Trypanosomiases et les tsétsé dans
la Guinée française a pu donner les résultais importants que j'ai fait con-
naître; il serait à désirer que des enquêtes semblables fussent entreprises
dans toutes nos colonies. Il faut ajouter que M. le D'' Tautain s'est trouvé
dans des conditions exceptionnellement favorables pour ces recherches en
raison des importantes fonctions administratives qu'il remplissait.
ASTRONOMIE. — Obsenalions de la comète BurreUy (28 décembre 190Z1),
faites, au grand éqiiatorial de V Observatoire de Bordeaux, par M. F.
Courtv. Note de M. G. Rayet.
Observations de la lonièlt
Tenips sidéral
Dates. Étoiles. Bordea
1 904. Dec. 01 a
5.
5.
10,07
+ 1 .
.59,78
— 10.40,4
5.
1.5.
7,o3
+2.
4,60
H- 5.45,0
I.
9-
0,71
4-2.
9,33
-1- 9.18,2
1905. Janv. « V
Positions moyennes des étoiles de comparaisons pour 1904,0 et 1905,0.
Asc. dinilc :ni polaire iiu
nioyoniic. jon''- moyenne. j'Hir. Kquinoxc.
a A.G. Wien-OUak.. Il" 2(35 i.i4-ii.2i +2,86 98.29'.4i",i -1-9,8 1904
b A-G. Wien-Otlak., 11° 263 i.i4- 7, '2 4-2,86 98.12.38,0 -t-9'9 '904
c \.G. Wien-Oltak., 11° 27', i.i6.3o,i6 — o,i5 96.39.22,8 —8,8 1900
SKANCE DU 9 JANVIER ipoS. 79
Positions appareilles .6,6 1.16.14,54 +1,566 98.18.14,1 —0,823
1905. Janv. ?.. 6.22. 8,8 i.iS.39.34 —'T,279 96.48.50,2 — o,843
Nota. — Les observations du 3i décembre oui été faites dans la brume ou les
nuages et la seconde position en $ n'a pu être déterminée que par un seul pointé.
Le 2 janvier, le ciel est beau. La comète offre alors l'aspect d'une nébulosité à peu
près ronde de 1' de diamètre; elle possède un noyau assez nettement stellaire de
t3* grandeur.
CORRESPOXDA!\CE.
M. le Secrét.ure perpétuei, signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, la brochure suivanle :
Inlernational Association of Académies. Second gênerai Assemblv, held
in London, mav 25-27, 1904, under the direction of tlie Royal Society of
London. — Report of Proceedings.
MM. A. BiXET DU J.iSSO.VEIX, ClIAVA.NXi: (G.), Gl'ILI.IER.MOVD, d'Or-
BiGNY (H.), Resal (J.), Sauvageau (Cajiille), Seuvant adressent des
remercîmenls à l'Académie pour les distinctions dont leurs travaux ont
été l'objet dans la dernière séance publique.
PHYSIQli:. — Sur un mode de risée des surfaces larges de mercure.
Note de M. A. Berget, présentée par M. Lippmann.
La difficulté que l'on éprouve toujours à pointer, pour des mesures de
précision, une large surface de mercure, m'a conduit à employer le dispo-
sitif suivant :
Soit M le mercure dont il faut pointer le niveau libre. Ou installe à côté
de M un collimateur C horizontal, à fente très étroite F. Ce collimateur
envoie un faisceau de rayons parallèles, et l'on dispose l'appareil de façon
que le niveau libre à viser soit sensiblement vers le milieu du faisceau lumi-
neux qui émerge du collimateur.
8o
ACADEMIE DES SCIENCES.
Derrière le vase contenant le mercure on dispose un tube 1res fin T,
contenant aussi ilu mercure; on emploie avantageusement une lige thermo-
métrique non graduée.
Dans ces conditions, toute la partie de la tige T qui est au-dessus du
f!^^^^
niveau libre se trouve éclairée, alors que la partie qui est au-dessous reste
dans l'obscurité.
L'éclairement de la partie supérieure se traduit par l'existence, sur le
mercure du tube T, d'une génératrice lumineuse très fine AB, qui se ter-
mine brusquement et avec une grande netteté au point A, situé dans le
plan même dont il s'agit de déterminer la cote au cathétomètre.
Cette génératrice est une ligne focale d'un miroir cylindrique, elle est
donc définie en position, et le pointé de l'extrémité A se fait avec la plus
grande précision. Dans les déterminations que j'ai faites, on a facilement
et sûrement le centième de millimètre.
PHYSIQUE. — Attraction observée entre goiilles liquides suspendues dans un
liquide de même densité. Note de M. V. Crémieu, présentée par M. G.
Lippmann.
Quand des gouttes d'un liquide sont suspendues dans une masse d'un
liquide non miscible avec elles, et de même densité, ces gouttes sont sous-
traites à la pesanteur et aussi à leur attraction mutuelle, qui se trouve
équilibrée par la poussée due au liquide ambiant.
Si la distance qui sépare les gouttes est grande par rapport à leur dia-
mètre, les forces capillaires sont tout à fait négligeables.
Cependant j'ai observé que les gouttes se rapprochent lentement, quel
que soit le rapport de leur diamètre à leur distance mutuelle.
11 faut opérer sur une masse liquide maintenue à une tempéralui
orme, et d'ailleurs à l'abri de toute trépidation.
e constante et uni-
SEANCE DU 9 JANVIER 1903. 81
J'ai opéré dans la cave obscure d'une ferme distante de 2'"" de lout eiulruil Iiahiié;
la bâtisse est en partie creusée dans le schiste silurien qui forme la base des terres
environnantes. La température, parfaitement uniforme, ne varie pas, dans cette cave,
de o^joS du jour à la nuit.
Le liquide était un mélange d'eau distillée et d'alcool absolu; les gouttes faites
d'huile d'olive épurée.
Le mélange, de densité égale à celle de l'huile, est placé dans un cristallisoir cjiin-
drique de 10"" de hauteur, i5'^" de diamètre, dont les bords supérieurs rodés peuvent
être fermés par une glace transparente plane.
Les gouttes d'huile y sont introduites à l'aide d'un tube capillaire très fin, (ju'un
dispositif très simple permettait de retirer normalement à la surface du liquide, à
l'aide d'un déclic assez brusque pour que la goutte d'huile, retenue par frottement,
restât immergée dans le liquide.
Le cristallisoir est protégé par un cj'lindre métallique contre le rayonnement de
l'observateur.
On observait la projection de la position des f^oultes dans un plan vertical et dans
un plan horizontal. Pour cela le cylindre métallique, ouvert à sa partie supérieure,
portait de plus une fente latérale verticale. Sous le cristallisoir, et en face de la fente,
se trouvaient deux miroirs plans. Les gouttes jaunes, éclairées par un faisceau de lumière
réfléchie, envoyé dans des directions convenables, se détachaient nettement de la masse
du liquide; leurs positions s'observaient sans erreur de parallaxe sensible, grâce à
la rédexion dans les miroirs.
Ascension verlicale d'une goutte. — Quels que soient les liquides employés
l'égalité absoltie (le densité n'est jamais obtentie; d'ailleurs il se produit
toujours de très légères altérations chimiques, qui viennent modifier les
densités initiales. Par suite, les gouttes tîiontent ou descendent, mais avec
une extrême lenteur.
En particulier, dans le cas de gouttes d'huile, dans un mélange d'eau et
d'alcool, le phénomène connu des larmes du vin fort amène une augmen-
tation lente de la densité des couches inférieures du mélange. Par suite les
gouttes d'huile montent vers la surface ; on constate de plus que leur trans-
parence initiale est troublée, petit à petit, par une opalescence grisâtre.
On sera assuré que la masse liquide est en repos parfait lorsque l'ascen-
sion de la goutte d'huile se fera suivant une verticale.
Dans les conditions où j'ai opéré, j'obtenais toujours cette ascension
verticale avec des gouttes placées soit au centre, soit à des distances quel-
conques des bords du cristallisoir.
Ascension dans le cas de deux ou plusieurs gouttes. — Si l'on introtluit dans
le mélange deux gouttes d'huile, les phénomènes changent. J'opérais sur
des gouttes de diamètre variant de i'"'" à j°"", abandonnées sur un même
C. R., igoS, i" Semestre. (T. CXL, N° 3.) II
82 ACADEMIE DES SCIENCES.
fliameirc à environ 2?"™ des bords; la dislance initiale élaiil d'enviroi
Des lectures faites de 2 en 2 heures, verticalement et horizontalement,
permettaient de suivre la trajectoire de ces gouttes.
On a constaté ainsi qu'elles montent vers la surface selon une trajectoire
dont les projections horizontales et verticales sont légèrement courbes,
et toutes deux dirigées de façon à rapprocher les gouttes. Les vitesses de
rapprochement sont à chaque instant sensiblement comme l'inverse de
la distance entre les gouttes au même moment.
Si au cours d'une expérience on vient à introduire, avec des précautions
convenables, une troisième goutte d'huile, les trajectoires des deux pre-
mières gouttes sont déviées vers la troisième goutte, qui suit elle-même
une trajectoire analogue.
epreseiite le grii£]
le sur d,
expéiieni;
a été de 70 heures. Les portions «a' et 6i>' se rapportent à l'attraction entre les deux pie-
inières gouttes, a' a" , b' b" , ce' sont les trajectoires obtenues après l'introduction de
la troisième goutte. L'expérience a été arrêtée parce que les gouttes sont arrivées à la
surface avant de s'èlie rejointes et, à partir de ce moment, se sont très rapidement
rapprochées.
Ces expériences sont assez difficiles; aussi je n'ai pu obtenir en deux
mois (juillet-septembre 1902) que six courbes différentes.
Toutefois, la constance qui se manifeste dans leur allure générale m'a
amené à étudier l'attraction entre corps solides immergés au sein d'une
même niasse liquide.
SÉANCR DU 9 JAN'VIl'R IQoS. 8'^
Les métliodes employées dans ces recherches feront l'objet d'une pro-
chaine publication.
ÉLECTRICITR. — Su7- les propriétés radioactivas photogéniques du corail cal-
ciné placé dans le vide radiant et soumis à Vinjluence des rayons catho-
diques. Note de M. Gastox Skguy, présentée par M. Lippmann.
An cours d'une série d'expériences sur la phosphorescence des minéraux,
des gaz et des corps chimiques soumis dans le vide à l'influence des rayons
cathodiques et sur la valeur comparée de ces diverses luminescences et
phosphorescences au point de vue photogénique, nous avons été conduit
à exposer à l'influence de radiations d'origine différente, pendant une
même durée de temps, des plaques sensibles photographiques, de même
émulsion, de façon à juger de l'action radiochimique des diverses sub-
stances, constituant la source d'émission.
Ces expériences nous ont conduit à des résultats que nous nous bor-
nerons à énoncer, sans interpréter, pour l'instant du moins, les causes et
les origines du phénomène observé.
Les plaques exposées ont donné des clichés dont la valeur comparative,
au point de vue photogénique, peut être exprimée par les nombres o, i, 2,
3, 4. chiffres qui correspondent à un effet nul, une pose insuffisante, un
commencement d'image, une impression normale et, enfin, une image
d'une netteté et d'une intensité parfaite.
(,
■laasemri
Il des 20
clichés. s<
Ion 1(1 1
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'• !o
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"^A
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bleu
17.
19.
»
A/. 101
ige
3.
10.
»
vert
IS.
8.
»
violet
11.
»
GO2 vert
Spectre
louge
bleu
ZnS vert
violet
bleu
rouge
Az rouge
lampe incanc
('orail violet
(') Voir le Tableau des épreuves, clichés négatifs résultant des expérience-
84 ACADEMIE DES SCIENCES.
Comme l'indique le Tableau ci-contre, c'est le corail calciné (carbonate
de chaux et de magnésie) qui a donné le cliché le plus parfait et le plus
intense. Ce corail phosphorescent excite la fluorescence des écrans au
platinocyanure de baryum.
La puissance photogénique de cet éclairage est phis grande que celle
d'autres lumières, qui, à l'œil, paraissent plus brillantes. On en peut sans
doute conclure que cette phosphorescence est riche en rayons ultra-
violets.
PHYSIQUE. — De l'action des très basses tempêralures sur la phosphorescence
de certains sulfures. Note de M. F. -P. Le Roux, présentée par
M. H. Becquerel.
L'action de la température sur rémission delà lumière par les corps phosphorescents
avait été entrevue par les anciens observateurs tels que Dufay et Gouton. Mais c'est
dans les mémorables recherches d'Edmond Becquerel que les circonstances de cette action
ont commencé réellement à être précisées. Dans ses propres recherches, M. H. Bec-
querel a confirmé et étendu les résultats annoncés par son père {Comptes rendus, 1891,
p. 557).
Le résultat général de leurs observations peut s'exprimer en disant que, pour chaque
corps phosphorescent et chaque radiation émise, l'intensité relative de l'émission est
une fonction nettement déterminée de la température; elle reste la même lorsque le
corps en état de phosphorescence passe, toutes choses égales d'ailleurs, par une tempé-
rature donnée, soit par échauffement soit par refroidissement.
Les différents corps phosphorescents se comportent d'ailleurs de manières entière-
ment différentes.
Depuis l'époque des travaux d'Edmond Becquerel, la Physique s'est remarquable-
ment enrichie du côté de l'obtenlion des basses températures, à l'occasion des recherches
sur la liquéfaction des gaz.
Divers physiciens ont utilisé ces nouvelles ressources dans l'étude des phénomènes
de phosphorescence. C'est ainsi que M. Pictet {Comptes rendus, t. CXIX, 189/4, p. 527)
opérant sur les sulfures de calcium, .de baryum et de slronlium, a observé l'extinction
à des températures comprises entre — 100° et — 70°.
M. Dewar {Chemical News, 1894) aurait obtenu des résultats analogues. De même
M. Ch. Henry {Comptes rendus, {..CKWl, 1896, p. 662) a constaté que son sulfure
de zinc phosphorescent Aeyitnl presque noir vers — 79", et qu'après réchauffement il
reprenait, autant qu'on en peut juger, l'intensité initiale.
J'ai pensé qu'il ne serait pas inutile de reprendre toutes ces expériences
en descendant jusqu'à la température de l'air liquide et en établissant des
comparaisons méthodiques.
SÉANCE DU 9 JANVIER igoS. 85
J'ai opéré sur le sulfure de calcium bleu clair, dont l'éclat, aux environs de la tem-
pérature du corp< humain, varie d'une façon très sensible dans le même sens que la
température,
A cet effet, j'ai tassé une certaine quantité de sulfure dans deux petits tubes de verre
plats, scellés à la lampe, que j'ai excités simultanément avec une lumière de ma-
gnésium.
En plongeant un de ces tubes dans l'air liquide, la phosphorescence s'éteint com-
plèteitient. Le tube étant retiré du bain réfrigérant, on voit la phosphorescence com-
mencer à se rétablir au bout de quelques secondes et son intensité prendre sa valeur
maximum lorsque le tube se trouve ramené en équilibre de température avec l'enceinte.
Elle apparaît plus ou moins supérieure à celle du tube témoin suivant que le tube réfri-
géré est resté plus ou moins longtemps dans l'état d'extinction. Cela s'explique immé-
diatement dans l'hypothèse que la réfrigération ne fait que suspendre l'émission de la
lumière phosphorescente, sans la détruire même partiellement. La phosphorescence est
conservée à l'état potentiel. Il en résulte que lorsque le tube réfrigéré revient à la même
température que le tube témoin, il est plus lumineux que lui parce qu'il reprend une
intensité que possédait ce dernier à une époque antérieure.
Une seconde question se pose maintenant : le corps étant initialement
à une température où son énergie lumineuse acquise deviendrait conti-
niiment latente, peut-il acquérir directement une telle énergie sous forme
continûment latente?
L'expérience répond affirmativement. Un tube de sulfure, ramené à l'état inactif par
un abandon suffisamment prolongé dans la chambre noire, fut plongé, étant toujours
dans la chambre noire, en un bain d'air liquide. Tout le système étant sorti de la
chambre noire, il fut activé, ainsi qu'un tube témoin, au moyen de la lumière du ma-
gnésium.
Le tout étant ramené dans la chambre noire, le tube immergé ne manifeste point la
moindre luminosité; on devait s'y attendre. Mais en sortant le tube du bain, et en le
laissant se réchauffer, il devient lumineux, se comportant par rapport au tube témoin
comme dans l'expérience précédente.
Il faut remarquer que, dans les expériences telles que je les ai réalisées,
l'énergie lumineuse potentielle acquise a toujours été celle maximum que
pouvait produire la lumière activante. La conclusion de ces expériences
pourrait donc être formulée en disant : l'énergie lumineuse potentielle
maximum que peut induire dans un corps phosphorescent donné une
lumière activante donnée est indépendante de la température. La cir-
constance température n'influe que sur la vitesse de transformation de
l'énergie lumineuse potentielle en énergie lumineuse actuelle.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — A propos d'une prétendue, démonstration de l'existence des
rayons N par la photographie d'écrans au sulfure de calcium insolé. Note
(le MM. M. CiiANo/ el M. Perrigot, présentée par M. d'Arsonval.
M. Bordiei- ('^ croit pouvoir démontrer l'existence des rayons N par
l'expérience suivante :
Sui- une plaque sensible recouverte de papier blanc il place un ou des f-ci-ans insolés
formés de gouttes ou de Isandes étroites d'un mélange de coilodion el de sulfure de
calcium.
Une masse d'acier trempé (lime ou billes) recouvre un certain nombre de ces
gouttes ou bandes. Un poids égal de plomb est déposé sur d'autres gouttes ou bandes de
sulfure.
La pose est de 48 l)eure>.
Après développement de la plaque, on constate que chaque placard de sulfure a
donné une impression photographique complexe : une zone noire centrale, une auréole
grise dégradée périphérique. Dans ses expériences, M. Bordier observe que les auréoles
sont plus larges sous la lime que sous le plomb. Il admet que la plus grande largeur
de l'auréole est due à l'action de la lime, ou plutôt aux. rayons N qu'elle émet. 11 en
conclut que c'est là une preuve objective de l'existence des rayons \.
N'ayant jamais, ilans de nombreuses expériences antérieures, constaté
de différences appréciables dans la trace photographique d'écrans au sul-
fure insolé soumis on non au rayonnement N d'un bec .\uer, nous avons
tenu à répéter les essais de M. Bordier et à éluiiier les conditions de forma-
tion de l'auréole à laquelle cet auteur attache une si grosse importance.
Nous résumons ici ce que nous avons constaté d'essentiel dans nos re-
cherches faites avec des écrans sulfurés : au coilodion, à la gomme arabique
et à matière poisseuse spéciale.
i" 11 n'est pas nécessaire, pour constater les auréoles, de faire des poses de a^
ou [[8 heures. Il suffit d'un temps très court (des secondes) pour les obser\er nette-
ment quand elles doivent se produire,
3° Pour des écrans ne dillérant que par l'épaisseur de la couche de sulfure, la lar-
geur de l'auréole dépend de l'épaisseur de celle couche.
Un écran à couche mince de sulfure obtenu par tamisation ne donne pas d'auréole
appréciable s'il est placé rapidement au contact du papier blanc recouvrant e.racle-
ment la plaque sensible. Un écran épais, formé par écoulement d'un tube du mélange
(') Comptes renflas, décembre igo4.
SÉANCE DU 9 JANVIER igOD. 87
de sulfure el de iiialière adhérente, donne dans les mêmes conditions une large auréole.
3° Pour uu écran donné, la largeur de l'auréole dépend de la distance de cet écran
à la plaque sensible.
L'auréole est mininia si l'écran est muni d'une masse pesante plane qui l'applique
aussi exactement que possible contre la plaque photographique. Dans de certaines li-
mites, l'auréole augmente par éloignement de la plaque sensible, que cet éloignement
se produise par l'existence d'un pli du papier blanc, d'une incurvation de l'écran ou
de toute autre cause.
4° Si deux écrans identiques, adaptés prcalahleineiil sous des masses pesantes
('■gales, planes, sont au même instant placés sur la plaque sensible, les auréoles sont
les mêmes, quelle que soit la nature de chacune des masses pesantes.
Une différence de quelques degrés centigrades dans la température de ces masses
pesantes n'influe pas pratiquement sur la grandeur des auréoles.
5° Soient deux écrans insolés identi(iues. L'écran n" 1 est placé sur le papie;- recou-
vrant la plaque sensible; on dépose ensuite sur la même plaque le i\° 2 adapté préala-
blement sous sa masse pesante; finalement, c'est-à-dire i5à 20 secondes après ledébul
de l'expérience, on recouvre le n° 1 d'une charge égale.
Le cliché obtenu dans de telles conditions montre les résultats suivants :
'/. Si les écrans employés sont à couche mince de sulfure, l'écran n" I possède une
auréole; il n'y a pas d'aui-éole pour le \\° -2.
b. Si les écrans sont à couche épaisse, l'auréole (;>t plus large pijur le n'> I que pour
le n" -2.
Ces résultats sont vrais H5N2CI-i-G«HMN-NHC«IP4-NaOHr;i(C41'^N^)M\C«H°+iNaCI + H^O.
Aucune copulation ne se produit dans ce cas, quelles que soient les conditions de
l'expérience.
b. 2'"°' de chlorure de diazobenzène sur 1"°' d'aniline suivant
2(C«HMN'2Cl)-i-C»H»NH^-f-2(NaOH) = (C«IPi\2)i\C«H=-t-2(NaCI) + 2(H-^0),
SÉANCE DU 9 JANVIER igoS. q3
résultat négatif. Ces réactions n'ont lieu ni en solution aqueuse, ni en solution dans
les alcools éthylique ou méthylique.
Par contre, l'anilinebidiazobenzène se forme facilement dans la réaction indiquée
par Pechmann et Frobenius : action de 2™°' de nitrosoacélanilide sur 1"°' d'aniline en
présence d'un alcali suivant :
2 (OIPNON COCH') + 2 KOH + C^H^N H-^= 2(C1 PCO^K) + (C«Hh\-^)"-NC«H=+ 2(H^^0);
en opérant à — 5°, l'anilinebidlazcbenzène se précipite en aiguilles jaune orange; elle
est très peu stable et détone fortement par élévation de température.
L'anilinebidiazobenzène, chauftee pendant 2^ heures à 40° avec l'aniline et le chlor-
hydrate d'aniline, se transpose en un corps azoïque qui n'est autre que l'aminoazoben-
zène
L'aminoazobenzéne représente en somme la limite stable des combinaisons azoïques
possibles entre le diazobenzène et l'aniline. Il faut remarquer que cette limite diffère
de celle qui est donnée par le diazobenzène et le jjhénol ; j'ai montré, en eiïel (Comptes
rendus, 24 mai 1904), que, dans ce dernier cas. In limite était constituée par le pbé-
nolbidiazobenzène.
CHIMIE ORGANIQUE. — Camphéne, camphénylone, isobornéol et camphre.
Noie de MM. L. Houveault et G. Blanc, présentée j5ar M. A. Haller.
L'hytirogénation du cainphre donne naissance à deux alcools capables
l'un et l'aiilrc de réi^cnérer le camphre |jar oxydation : l'un des deux est
leljc/riiéoj, identique au pioJuit naturel, le second a été iioiniiié d'abord
bornéol inslable, puis isobornéol. On les considéra naturellement comme
deux alcools secondaires et M. Haller expliqua leur isomérie par des con-
sidérations sléréochimiques.
Ces deux alcools ont des propriétés chimiques assez différentes; tandis
que le bornéol présente une très grande rési'-lance à la déshydratation, son
isomère perd fiicilement 1™°' d'eau, en .se transformant en cam])hènc. De
son côté, le camphéne se combine liés aisément aux aciilts gras, en pié-
sence de petites quantités d'acide sulfurique, en donnant des éthers de
l'isobornéol.
Depuis que l'oxydation méthodique du c;imphène a montré que cet hy-
drocarbure, si facile cependant à transfumer en catnphre, possède nu
squelette d'atomes de carbone différent do celui du camphre, un certain
nombre de savants, notamment xM. E. Wagner, oui émis l'ulée que l'iso-
bornéol est un dérivé immédiat du camphéne et non pas du camphre et
94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n'est transformé en ce dernier qu'au moyen d'une transposition molécu-
laire. Ces savanis représentent le camphène |iar une formule que, pour
éviter tonte controverse sur ce sujet spécial, nous écrirons simplement
C'n<'^C = C.l]-;
pour eux, l'isobornéol est l'hydrate de camphène, c'est-à-dire l'alcool ter-
tiaire
C«H'^=C -CH\
OH
Les mêmes savants sont d'accord pour donner à la camphénvlone la
formule C*H'^ = CO, étant entendu que le groupement C'H'" est iden-
tique dans le camphène et la camphénylone.
Si les vues de M. Wagner sur la constitution de l'isobornéol étaient
exactes, on devrait pouvoir faire la synthèse de l'isobornéol en traitant la
camphénvlone par l'iodure de méthylmagnésium. Cette expérience, réalisée
par M. Tschugaeff, lui a fourni un alcool différent de l'isobornéol. Elle a
été répétée par MM. E. Wagner, H. Moycho et F. Zienkowksi (D. ch. G.,
t. XXXVII, p. 1087 ) qui ont, en effet, obtenu un alcool fondant à ii7°,5-
118°, complètement différent de l'isobornéol.
Ce nouvel alcool, le mélhylcamphénylol, traité par l'acide sulfurique et
l'acide acétique, donne un hydrocarbure présentant les constantes phy-
siques du camphène et un acétate qui a semblé aux auteurs russes un mé-
lange de son propre acétate et d'acétate d'isobornyle. Nous avons tenu à
préparer également cet alcool tertiaire afin de le comparer à l'isobornéol,
au point de vue de leur action sur l'acide pyruvique. L'un de nous a montré
récemment (Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. 984) que l'acide pyruvique
décompose les alcools tertiaires en hydrocarbures éthvléniques et eau,
tandis qu'il donne des pyruvates avec les alcools primaires et secondaires.
Afin d'êU'e cerlain d'avoir un produil exempt d'isobornéol, nous avons purifié la
camphénylone en la faisant passer à l'état de semicarbazone.
Celte combinaison cristallisée, très peu soluble dans les dissolvants, cristallise bien
dans l'acétate d'éthyle bouillant et fond à 242". La camphénylone qu'on en régénère
bout à igS" et fond à 43°.
L'alcool tertiaire obtenu à l'aide de l'iodure de méthylmagnésium répond fidèlement
à la description donnée par MiM. Wagner, Moycho et Zienkowski. Nous l'avons mélangé
à son poids d'acide pyruvique et nous avons porté rapidement le mélange à i4o"-i5o°.
Le produit se sépare aussitôt en deux couches : la supérieure est formée d'un hydro-
carbure que nous verrons être le camphène raccmique; l'inférieure, de Tacide pyru-
SÉANCE DU 9 JANVIER I^oS. (p
viquu aqueux. Si, au lieu d'interrompre la réaction aussitôt, on maintient le produit
pendant 6 à 8 heures à la température de 160", on constate que les deux, couches se
mélangent à nouveau. En distillant le produit dans le vide on en relire du campliène
et une notable quantité d'un pyruvale bouillant à i33°-i34° sous 11''"' et fournissant
une semicarbazone qui, après cristallisation dans le benzène, fond à 2i4° sur le bain
de mercure (par projection sur le bain chaud, on n'obtient la fusion instantanée
qu'à 221°).
Cette formation de pyruvale est due à ce que le camphène qui prend naissance dans
la réaction se combine à l'acide pyruvique. Nous avons constaté que le camphène
actif (a[,:=: — So" ) aussi bien que le camphène racémique, maintenus même à 100°
pendant 6 à 8 heures avec de l'acide pyruvique, donne naissance au même pyruvate,
fournissant la même semicarbazone. L'isobornéol régénéré de ce pj'ruvate est dans
tous les cas inactif.
Le nouvel alcool se comporte donc bien comme un alcool tertiaire. Il y a
d'abord déshydratation et ce n'est qu'ensuite que l'acide pyruvique se
combine au camphène. Au contraire, l'isobornéol réagit sur l'acide pyru-
vique à 160° en s'éthérifiant lentement, comme le font les alcools pri-
maires et secondaires. L'eau formée distille peu à peu entraînant avec elle
une petite quantité de camphène, ce qui ne ressemble nullement à la
réaction immédiate avec séparation en deux couches. On obtient avec un.
très bon rendement un pyruvate que sa semicarbazone démontre iden-
tique au précédent.
Pour démontrer la constitution du camj)hène provenant du méthvlcam-
phénylol, nous l'avons transformé en camphre par la méthode de M. Ber-
thelot. Ce camphre qui est racémique a foiuni une oxime en magnifiques
cristaux fusibles à 120°, identique à la camphoroxime racémique. Ce pas-
sage de la camphénylone au camphre en constitue une synthèse partielle
assez intéressante.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la coagulation diastasique de V amidon. Noie
de MM. J. WoLFF et A. Ferxbacii, présentée par M. Rotix.
Dans une Note précédente {Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 1217) nous
avons fait voir le rôle important que joui', clans la coagulation diastasique
de la fécule, l'état de liquéfaction de l'amidon produit soit par unediastase
liquéfiante, soit par l'action de la chaktir sous pression. Nous avons rap-
porté des expériences dans lesquelles l'extrait coagulant et l'extrait liqué-
fiant agissaient soit simultanément, soit successivement. Les deux actions
q6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
successives peuvent êlre séparées d'une manière encore plus complète, en
faisant as.\r l'une des diastases pendant un certain temps, et la détruisant
ensuite par l'aclion de la chaleur avant de faire ag:îr l'autre.
Eirpérieiire I. — On prépare île l'empois de fécule à ^.5 pour loo el on le rhaufle
penclanl une lieure à i25", c'est-à-dire 1res modérément. lo'''"' de cet empois sont addi-
tionnés de o"''",5 de macération d'orge ou de blé à lo pour lOo. Après 20 minutes de
contact, on chauffe à l'ébuUition, on refroidit à la température ordinaire, el l'on
ajoute o™",25 d'une macération de malt, cha-uffée au préalable à 75°. Dans ces condi-
tions, la coagulation se produit de la manière habituelle. Elle est d'autant plus lente à
se produire qu'on ajoute moins d'extrait liquéfiant; mais le coagulum est d'autant
plus abondant qu'il s'est produit plus lentement.
Expérience 11. — On arrive à un résultat tout à fait compaiable à celui de Texpé-
rieiice ci-dessus en modifiant la température à laquelle on fait agir l'extrait liquéfiant.
On hâte l'action de cet extrait en opérant à une température comprise entre 60° et 70°.
Dans ce cas, il devient nécessaire de n'employer qu'une trace d'extrait liquéfiant qu'on
laisse agir seulement pendant un temps très court. En employant les volumes d'empois
el d'extrail d'orge indiqués dans l'expérience I, nous avons, à 60", fait agir o™',o5
seulement d'extrait de malt chauffé à 7^°. Au bout de 10 minutes, nous portons le tube
à Fébullition et nous le refroidissons à la température ordinaire. La coagulation com-
mence à apparaître presque aussitôt.
Il sii'L d(^ ces expériences que l'action de l'extrait de mnll, rhiniffé de
manière à ne lui conserver que sa propriété liquéfiante, révèle l'état de
coagulation produit par l'amylocoagulase. Nous voyons, en outre, que le
phénomène sur lequel nous avons antérieurement attiré l'attention pour
la formation diastasique de l'amylocellulose (Co/n/3Zeire/?c?My, t. CXXXVIII,
p. 819) se manifeste également pour la coagulation de l'amidon; il sidfit
que la coagulation ait été amorcée, pour qu'elle se poursuive ensuite, alors
même que les diastases ont été détruites.
Le phénomène amorcé petit être arrêté, aussi bien dans le cas de la for-
mation lente d'amylocellulose que dans le cas de la production rapide
d'amidon coagulé. Il suffit, [)our arriver à ce résultat, d'ajouter un excès
d'extrait de malt (5™' environ d'extrait à 10 pour 100) après avoir fait agir
successivement les deux diastases, comme dans l'expérience II; même à la
température ordinaire l'amidon se trouve saccharifié, sans laisser le résidu
d'amylocellulose qui accompagne toujours l'amidon coagulé.
L'addition de cet excès d'extrait de malt, produisant la saccharificalion
complète, n'est même pas nécessaire pour arrêter le phénomène amorcé;
il suffit de mainleiiir la température à 60°; on constate alors que, même
après un temps très long, tout l'amidon est resté saccharifiable.
SÉANCE DU 9 JANVIER igoS. 97
On peut même empêcher la formation d'amylocellulose dans un empois
qui n'a été additionné d'aucun extrait diastasique si l'on maintient cet em-
pois à une température voisine de 60°, alors que cette amylocellulose se
forme en quantité déjà appréciable au bout de i heure, si l'empois est
ramené à la température ordinaire. Nous avons pu ainsi conserver pendant
plusieurs jours de l'empois sans avoir vu s'y former d'amylocellulose.
Cette observation fournit un nouvel argument au rapprochement que
nous avons déjà fait dans une Note antérieure, en assimilant le phénomène
de formation spontanée d'amylocellulose, découvert par M, Maquenne, à
un phénomène amorcé diastasiquement.
Dans les expériences mentiontiées plus haut, nous nous sommes servis
d'empois modérément chauffé. Si l'on s'adresse à de l'empois fortement
fluidifié par chauffage sous pression, on peut reproduire, en se contentant
d'amorcer le phénomène, l'expérience de coagulation par l'extrait d'orge
seul signalée dans notre Note précédente.
A io''°'Me cet empois fortement fluiditié on ajoute 0™',$ d'extrait d'orge à 10 p. loo.
Au bout de 20 à 25 minutes de contact, on détruit la diastase par ébuUilion et l'on
refroidit à la température ordinaire. On obtient au bout de i heure un coagnlum abon-
dant, dont la production est facilitée par l'absence de toule diastase saccharifianle ou
liquéfiante.
Un tube témoin renfermant le même amidon, abandonné à lui-même, reste tout à
fait fluide et ne fournit, au bout de i5 à 18 heures, qu'une quantité très faible d'amy-
locellulose alors que le coaguluni de l'expérience précédente, étudié au bout du même
temps, renferme ce corps en abondance. Pour donner une idée des rapports de ces
quantités, nous citerons les résultats de deux expériences : dans l'une le rapport a été
de I, dans l'autre -pj.
Si l'on fait agir de l'extrait d'orge seul sur de l'empois d'amidon chauffé modérément,
en détruisant la diastase par ébuilition au bout de 20 minutes, on n'observe pas de
coagulation; mais il se forme néanmoins de l'aniylocellulose. Toutefois, sa proportion
n'est pas beaucoup plus élevée que celle qui se produit dans un tube témoin, n'ayant
pas reçu de diastase.
Nous pouvons tirer de ces dernières expériences la conclusion que l'état
de liquéfaction favorable à la coagulation favorise également la formation
diastasique d'amylocellulose. La différence entre les quantités d'amylocel-
lulose qui se forment, d'une part en l'absence de diastase et d'autre part
en présence de diastase, est d'autant plus grande que l'amidon a été amené
par chauffage préalable à un état plus éloigné de son état naturel.
C. K., 1905, I" Semestre. (T. CXL. N° 2.)
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Dosage de l'oxyde de carbone dans les atmosphères
confinées. Note de MM. Albert-Lévy et A. Pécoul, présentée par
M, Armand Gantier.
Dans les atmosphères confinées dont l'étude nous est confiée par la
Ville de Paris (écoles publiques, salles d'hôpital, voilures et tunnels du
Métropolitain, etc.), nous dosons l'oxyde de carbone, même à l'état de
traces, jjar la méthode si sensible et si précise, indiquée par M. Armand
Gautier, fondée sur la réduction de l'acide iodique anhydre à une tempé-
rature comprise entre 60° et So^C). Longtemps nous avons dosé l'iode
ainsi mis en liberté par la méthode Rabour.liu-Nicloux (potasse, acide
nitreux, sulfure de carbone), mais en ayant soin de ne chauffer l'acide
iodique qu'à 80°, comme l'avait indiqué M. Gautier, et non à i^o" pour
éviter l'action des autres gaz réducteurs de l'air.
Mais nous avons observé que ce dosage de l'iode peut être encore sim-
plifié en le recueillant directement dans 3'"' à 4""' de chloroforme bien
purifié. Nous empêchons la volatilisation du liquide en le surmontant
d'une petite colonne d'eau distillée.
Le chloroforme prend une leinte rose soiis rinfluence des plus légères traces d'iode
et l'intensité de sa coloration permet de doser immédiatement le poids d'iode mis en
liberté et par conséquent la proportion d'oxyde de carbone, en la comparant à une
gamme colorée formée de tubes scellés contenant les mêmes volumes de liquide et des
poids connus d'iode.
En évitant ainsi toute manipulation chimique, nous avons pu établir un appareil
très simple, transportable à la main, que nous déposons dans les locaux suspects et
qui, sur place, par la simple ouverture d'un robinet, permet d'indiquer rapidement,
avec 4 litres d'air seulement, la présence de ^^«090 d'oxyde de carbone.
Nous avons même pu déceler ainsi, en raison de l'oxj'de de carbone qu'il contient,
la présence de fuites de gaz d'éclairage, alors qu'elles n'étaient pas encore perceptibles
à l'odorat.
(■) Ce savant avait montré qu'à celte lenjpéraUire les dilutions très étendues dans
l'air, de vapeurs d'alcool, d'alcool méthylique, d'aldéhyde, d'acétone, n'agissent pas
sur l'acide iodique. Nous ajoutons que, d'après nos propres expériences, l'aldéhyde
formique lui-même n"a aucune action, dans ces conditions de dilution, sur l'anhydride
iodique à 80°.
SÉANCE DU 9 JANVIER IQoS. 99
Nos expériences ont établi les faits suivants :
1° Tout l'iode mis en liberté est retenu par le chloroforme. Nous avons
pu retrouver la totalité de l'oxyde de carbone contenu dans une atmo-
sphère artificielle connue.
Après son passage à travers le chloroforme, l'air n'agit plus sur une solu-
tion de potasse. Il a donc cédé au chloroforme la totalité de son iode.
2° Le procédé est quantitatif. En comparant la coloration du chloro-
forme à une gamme de colorations obtenues en versant dans le même
volume de liquide des poids d'iode connus, on obtient la proportion d'oxyde
de carbone à :t^^^^ près.
Voici l'une de nos expériences :
D'un mélange d'air pur et de S^'jSSo d'oxyde de carbone (toutes corrections de
volume faites), formant en tout 5oo"=™', on prend io™° qu'on étend à 2000""° par intro-
duction d'air pur.
Cette atmosphère artificielle contient donc jj^-g^ d'oxyde de carbone, soit, pour
ces 2 litres, o'^"'',i07; notre lecture a donné o'^"'', 108. Ce résultat est obtenu en multi-
pliant par un coefficient donné le poids d'iode qui fournit une coloration identique à
celle de l'analyse.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sitr le dosage rationnel du gluten dans les farines
de blé. Note de M. E. Fleurent, |irést'ntée par M. Th. Schlœsing.
Dans une série de Communications antérieures j'ai attiré l'attention de
l'Académie sur l'importance que présente aujourd'hui le dosage du gluten
contenu dans les farines de blé, tant au point de vue des transactions com-
merciales qu'au pointde vue de l'appréciation de la valeur industrielle des
blés de grande cuUure. Or, la méthode em|)loyée pour ce dosage étant une
méthode mécanique, il apparaît de suite que la façon dont elle est appliquée
peut donner par entraînement des |)crtes variables qui conduisent, pour
l'examen d'un même échantillon, à des résultats discordants. Ces pertes,
bien connues de tous les praticiens et signalées notamment par AI. Balland,
sont dues à diverses influences. J'ai montré (') que la principale réside
dans la qualité défectueuse de l'eau employée au malaxage du pâton de
farine, cette eau devant toujours contenir une certaine proportion de
chaux qui joue, dans la coagulation de la gliadine du gluten, un rôle émi-
(') Annales de la Science agronomique française et étrangère, t. I, 1898.
lOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
nemment propre à la fixiaion des particules de gluténine. Mais l'absence
de chaux n'est pas la seule cause des erreurs qui se commettent journeile-
ment dans le dosage de gluten : la durée du malaxage, la nature de l'acide
combiné à la chaux, l'acidité de la farine, la température de l'eau sont autant
de facteurs qui interviennent pour jouer, suivant les cas, un rôle favorable
ou défavorable. La présente Note le montre d'une façon péremptoire; en
même temps elle fixe une méthode qui porte au minimum les proportions
de gluten entraîné mécaniquement et elle règle les conditions dans les-
quelles doit se poursuivre le dosage de l'élément azoté pour porter les
erreurs au minimum et conduire à des résultats concordants.
La méthode en question consiste à laver le pâton de farine servant au dosage avec
de l'eau prise à la température de i6°, contenant ioo"'s de chaux par litre, cette
chaux étant, pour la totalité ou pour les ^ au moins, à l'état de bicarbonate; la durée
de l'opération est fixée à lo ou ii minutes pour le malaxage et a à 3 minutes pour le
lavage final, soit i3 minutes en tout. Le gluten est séché à ioo°-io5° et pesé. Les
chiffres suivants montrent, par comparaison avec les résultats obtenus au moyen d'un
dosage chimique opéré par saccharification à la diastase, que dans ces conditions la
quantité de gluten entraîné mécaniquement ne dépasse pas o, i pour loo.
dosé
liquement.
7.94
8,1 5
dosé
mécaniquement.
9,o6
L'application raisonnée de celle méthode a permis de déduire les conclusions prin-
cipales suivantes :
1° L'emploi de l'eau distillée au lavage du pâton de farine donne toujours un poids
de gluten trop faible.
2° Dès que l'eau contient so^b de chaux à l'étal de sulfate ou de chlorure, la quan-
tité de gluten s'abaisse et la perte atteint o,4 à o,5 pour lOo du gluten quand la dose
de chaux, à cet état, s'élève à loo"-? par lilre.
Gluten
pour 100.
8,59
8,54
8,3o
Eau type
Eau à lo^e de CaO à l'état de sulfate
70
100
3" L'eau contenant du chlo
S, 22
S,i5
Eau Ivpe..
• S,.5()
Eau à lo"'? de CaO II
l'état de chlo
u re . .
. S, 10
20 »
).
. 8,3.)
5o i>
»
. 8,21
1 00 »
»
. 8,10
e de sodium se comporte comme l'eau contenant du
SÉANCE DU 9 JANVIER IpoS. lOI
chlorure et du sulfate de chaux. Il semble que dans ces trois cas la matière azotée
entraînée soit constituée, pour la plus grande partie, par la globuline de la farine.
4° La présence du bicarbonate de chaux atténue les effets du chlorure et du sulfate.
Gluten
pour 100.
Eau type 7 > 77
„ ( T.ô^e CaO à l'état de bicarbonate )
Eau contenant \\ ,. 7,78
( a.j » » sulfate \ ' '
„ ( 73™8 CaO à l'état de bicarbonote )
Eau contenant ■, . , , 7 ,66
/ 2.5 » » chlorure \
5° Le dosage prolongé a pour effet d'éliminer la matière, gliadine ou gluténine, qui
domine dans la constitution physique du gluten, et de ramener celle-ci au voisinage
de la composition la plus favorable que j'ai fixée précédemment à 7.5 de gliadine pour
25 de gluténine.
Lavage normal. Lavage prolongé.
— — -- I— — . Pour 100 - — ~. — - _— — ~ Pour 100
Gluten. du gluten. Gluten. du gluten.
( Gliadine.... 6,i3 ) 83,3 4,-57 \ „ 77,8
^•(Gluténine... i,3ii^'^^ 17,8 i,3o('^'^'' 22,2
g j Gliadine.... 6,54 ( „ 64,3 6,54) 74,5
^■(Gluténine... 3,64! ' 35,8 3,^4 i^'^ 25,5
6° Le lavage après repos dii-pâton tend plutôt à diminuer qu'à augmenter le poids
du gluten sec.
7° En opérant avec soin, la quantité de gluten trouvée aux températures comprises
entre i5° et 35°, est sensiblement la même.
8° Lorsque, par suite de l'ancienneté, l'acidité d'une farine s'est élevée au point
d'empêcher le gluten de s'extraire, la saturation par le bicarbonate de soude permet
d'extraire l'élément azoté en quantité sensiblement égale à celle trouvée au moment
où la farine était fraîche.
PHYSICO-CHIMIE. — Recherches physico-chimiques sur l'hémolyse.
Note de M. Victor Henri, présentée par M. Dastre.
Nous avons entrepris, M"* P. Cernovodeanu et moi, l'étude systématique
du processus de l'iiémolyse dans le but d'analyser le mécanisme de l'action
des hémolysines et des différents corps qui favorisent ou empêchent leur
action. Nous présentons d'abord les résultats relatifs à l'hémolyse des
hématies de poulet par le sérum de chien.
Le sang de poulet est défibriné, puis centrifugé et les globules lavés deux fois avec
ro2
ACADÉMIE DES SCIENCES.
une solution de NaCl à 8 pour looo. Le sérum de chien est obtenu par ceotrifugation
du sang défibriné.
L'hémolyse est étudiée à la température de Si". La proportion de matière colorante
abandonnée par les hématies hémolysées est dosée au moyen du colorimètre.
i" La vitesse d'hémolyse est indépendante de la quantité de globules rouges
mis en contact avec une quantité donnée de sérum de chien.
Ainsi, par exemple, on trouve les quantités suivantes de globules rouges hémo-
lyses :
24 décembre ïÇ)o[\.
Quantités
de
globules hémolyses
après 35 minutes.
20 émulsion glob. à 20 pour 100 -t- 0,25 sérum 5,4
20 » 10 » +0,25 » 4;8
20 » 5 » -1-0,25 " 5,2
20 » 2,5 I) -t-0,25 » 418
3i décembre 1904.
Hémolyses en
35 minutes. 67 minutes.
3o émulsion glob. à 20 pour too -I- 9,5 NaCi H- o,5 sérum . . . 5,5 9,5
3o >' 10 » -I- 9 , 5 » -1- o , 5 » . . . 6,2 11,2
3o » 5 » -+-9,5 » -1-0,5 » ... 5,1 9,6
3o » 2,5 » -1- 9 , 5 » -t- o , 5 1) . . . 5,1 »
Ce résultat rapproche l'action des hémolysines de celle des ferments
solubles; on sait, en effet, que pour des concentrations moyennes la vitesse
de transformation d'un corps, par un ferinenL soluble, est indépendante de
la quantité de ce corps.
2° Une quantité donnée de sérum de chien n'est capable d'hémolyser qu'une
quantité limitée de globules rouges de poulet.
Ainsi, par exemple, en additionnant io™' d'une émulsion d'hématies de poulet à
10 pour loo de quantités variables de sérum et de Ps'aCl à 8 pour 1000 de façon que le
volume total soit égal à 40'^"'', on trouve que la proportion limite d'hématies hémoly-
sées augmente avec les quantités de sérum :
Quantité de sérum.. . . o'""",.S o''°'',4 o'^"'",5 o'^'"',75 i''°'',o i^^^'jS 2''°'',o
Globules pouvant être
hémolyses i5 'QjS 3o 56 90 100 100
SÉANCE DU 9 JANVIER igoS. Io3
L'action hémolytique d'un sérum est donc limitée, c'est là un caractère
essentiel qui distingue les hémolysines des ferments sol ubles (pour ces der-
niers l'action est illimitée). Les microbiologistes identifient donc à tort
l'action des hémolysines avec celle des ferments solubles.
3° La vitesse cV hémolyse augmente lorsqu'un augmente la quantité de sérum ;
cette vitesse augmente bien plus rapidement que la quantité de sérum.
Ainsi, par exemple, les quantités de globules hémolyses en 36 minutes sont les sui-
vantes :
Quantités de sérum o""",3 o''"',4 o^^'jS o""',75 i''"'',o !"»''=, 5
Globules hémolyses en 36 minutes. 5,o 6,9 10,0 28,2 66,6 95,6
Arrhenius et Madsen ont trouvé que cette vitesse d'hémolyse augmente comme le
carré de la quantité de sérum. Cette conclusion ne peut pas être considérée comme
exacte, puisque l'on trouve des résultats difterents suivant le moment après lequel on
détermine la quantité de globules hémolyses. L'influence de la quantité de sérum sur
la vitesse d'hémolyse ne pourra être discutée que lorsque nous aurons établi la loi sui-
vant laquelle se produit l'hémolyse.
4° La vitesse d'hémolyse est très lente dans les 5 à 10 premières minutes,
puis elle augmente rapidement et se ralentit ensuite régulièrement jusqu'à
la fin.
11 y a donc un certain temps de mise en train, temps d'induction, comme on dit en
Chimie physique, après lequel la réaction marche d'une façon régulière.
Nous montrerons prochainement que cette première partie de la courbe de vitesse
correspond au temps d'absorption de l'hémolysine par les globules rouges. Etudions
maintenant la deuxième partie de la courbe de vitesse, c'est-à-dire à partir de la
dixième minute jusqu'à la Un.
5" La loi suivant laquelle se produit l'hémolyse des hématies de poulet par le
sérum de chien est une logarithmique.
Si a représente la quantité totale de globules hémolyses à la fin de la réaction et x
la quantité hémolysée t minutes après le début de la réaction, l'expression
reste constante pendant toute la durée de l'hémolyse.
ocm»/, d
'"sérum.
3
ocm',5 de
Wun,.
oi-".',-.5 c
c sérum.
—
^-— ^ —
—~-~—
.
x
K.
X
K.
X
K.
0,35
0,0077
0,33
0,0072
o,5o
0,0120
0,67
0,0076
0,65
0,0072
0,83
0,0122
0,80
0,0074
0.79
0,0072
0,90
0,0106
0,94
o,oo65
0,96
0,0071
0,98
0 , 0090
104 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Donnons des exemples :
29 décembre 1904.
3Qcm' d'émulsion de glob. à 10 pour 100 + 9'™', .5 NaCI à 8 pour 100 -H sérum.
Durées. -• K
2/4 minutes.. . o,33 o,c
63 » ... o , 56 0,0
94 » ... 0,78 0,0
I 90 » ... o , 96 0,0
Les valeurs de K resleiil donc bien constantes. Nous devrons maintenant étudier
comment varie K avec la quantité de globules d'une part et la quantité de sérum de
l'autre.
Nous présenterons d'abord l'étude des conditions d'absorption de l'iiémolysine par
les globules rouses.
ASTRONOMIE. — ComiHe e 1904, découverte le 28 décembre 1904,
à r Obseivaloire de Marseille. Note de M. Borrelly (').
Date Temps moyen Nombre Ascension Distance lîloil
i!c de de droite Log. fact. polaire Log. facl. de
l'obscrv. Marseille. A*. i'!*. compar. apparente, parallaxe. apparente. parallaxe, comp
1901. h m s m s , „ h m s
Dec. 28. .9 1 . 12 101
» 29.. 9. 5.54 — 1.40,16 — 22.25,1 5:5 i.i3.38,io T,4'3 100. o.3i,5 — o,84i «
» 3i.. 7.25.33 — 3.12,44 — 4-3o,8 6:6 1.16. 2,95 2,961 98.25.42,4 — 0,839 b
Positions des étoiles de comparaison.
Ascension fîédurtion Distance Réduction
droite moyenne au polaire moyenne au
1904,0. jour. 1904,0. jour. Autorités.
7 i.i5. 15,39 +2,87 100.23.6,0 —9,4 H'96W, l'' + 3o8 Radcliffe)
6-7 1.19.12,51 +2,88 98.30.22,7 —9,5 1(1747 Paris + 323 RadcliÛe)
La position du 28 n'est que grossièrement approchée. Ce premier jour, la comète a
ité vue au chercheur (182""" d'ouverture) par M. Borrelly pendant une dizaine de
(') Cette Noie a été reçue le 3 janvier.
SÉANCE or 9 JANVIER tC)o!^. I o "5
minutes seulement, après quoi le ciel s'est voilé. Son aspect était celui d'un iiovau
slellaire, entouré d'une très faible nébulosité d'un diamètre de 20" à 3o". L'ensemble
ressemblait à une étoile nébuleuse de io"'-ii'' grandeur.
Le 29, l'observation micrométrique a encore été faite au chercheur par M. Borrelly.
Le noyau semblait moins brillant que la veille, tandis que la nébulosité était plus
dense et plus apparente avec un diamètre d'une quarantaine de secondes.
Le 3o, le ciel est resté couvert.
Le 3;, l'observation a élé faite à l'équatorial ( 25:V"™ d'ouv.) par M. Esniiol, avec un
ciel très pur. L'éclat général de la comète a sen^ii)lement augnienli'. Le noyau n'a plus
l'apparence stellaire du premier jour; on dirait plutôt une nébuleuse planétaire avec
un diamètre total de .'55".
ASTRONOMIE. — Eléments provisoires et éphéméride de la nouvelle comète
Borrelly (1904, déc. 28). Note de MM. G. Fayet et E. 3I.4Ubant, pré-
sentée par M. I.œwv.
Les observations utilisées pour ce calcul sont celles des 3i décemijre
(Rœnigsberg), i" et 2 janvier (Marsedle); on a obtenu :
T =r igoS janvier i,o8o5, temps moyen de Paris.
w:r=34l"l8i8 j
Q= 69.43,9 , 1905,0
«■= 35.40,7 )
Iog'/ = o,i945i,
d'où l'on a conclu l'éphéméride suivante, pour la*" temps moyen de Paris :
Dates.
droite
Déclinaison
1903.
apparente.
apparente.
LogA.
Log/-.
liclal.
anvier
5....
.. i\-îf. &
— 4-1 ''■
0,0708
0,1948
0,95
»
7
25.58
-- 2.36
0,0768
0, 1952
0,92
»
9....
28.57
— 1 . 2
0,0809
0, 1907
0,90
»
IL....
32. 0
-h 0.02
o,o864
0 , 1 963
0,87
»
i3....
35 . S
+ 2. 3
0,0920
0,197'
o,85
n
i5....
38.21
+ 3.34
0,0978
0, 19S0
0,82
»
17
.. 41.39
+ 5. 3
o,io38
0,1990
0,80
»
19. . . .
. . 1 .45. 2
-H 6.3o
0, 1097
0,2001
o>77
L'éclat du 3i décembre a été pris comme unité.
C. K., 1905, I" Semestre. (T. CM., N» 2.)
[o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHRONOMÉTRIE. — Sur l' isochronisJTie du pendule des horloges astronomiques .
Note de M. Cu. Féry, présentée par M. Lœwy.
Des observations que je poursuis depuis 1901 sur un régulateur de Cai-
ller, retouché par M. Bondeaud, son successeur, semblent montrer que la
relation qui existe entre l'amplitude du balancier et la marche de l'hor-
loge n'est pas conforme à celle du pendule libre; ces variations d'amplitude
sont dues surtout à l'épaississement des hniles.
J'ai donc résolu d'étudier le pendule en question en faisant varier systé-
matiquement l'amplitude par le changement du poids moteur. Voici les
résultats obtenus :
Marche calculée
Poids Marche en supposant
moteur. Amplitude. diurne observée. le pendule libre,
ks o , s_ s
I 1.17 — o,.07 —I ,■5
2 '',.02 -(-o,5o — 3,3
3 .!.29 +o,5o — 5,0
4 2.45 -4-0,14 —6,3
Les mesures portaient sur une semaine, l'heure était prise à l'Observa-
toire au moyen d'une bonne montre à détente.
La comparaison faite au départ était recommencée à l'arrivée et a tou-
jours fourni le même résultat, le temps séparant ces deux mesures extrêmes
n'était d'ailleurs que de trois quarts d'heure environ.
On a, d'autre part, constaté, au moyen d'un thermomètre donnant la
température moyenne de la salle de l'horloge et que j'ai fait construire |)our
cette expérience, que la variation de marche due à la différence de tempé-
rature était de l'ordre de o*,i seulement.
Il résulte du Tableau précédent qu'entre i°oi' et i°i(j', soit pour une
variation d'amplitude de 9™" environ, la variation de marche a été nulle.
La courbe montre que pour 2°t3' le balancier présente son minimum de
temj)S d'oscillation.
Je propose d'appeler amplitude de réglage d'un pendule actionné méca-
niquement celle qui correspond au minimum de temps d'oscillation et
pour laquelle une variation d'amplitude produit la variation minima de la
marche.
SÉANCE VV 9 JANVIER 1905. I07
J'altribiie cette pertuibation heureuse du défaut d'isochronisme à l'échap-
penient, qui est toujours disposé de telle façon que l'iuipulsion ait lieu
après le passage à la verticale.
Ainsi que l'a si bien fait remarquer M. Lippmann ('), une telle restitu-
tion fait retarder le pendule; mais on conçoit facilement que cet effet per-
turbateur croisse lorsque l'amplitude diminue.
Au contraire, pour de très grands arcs, qu'il m'a été impossible d'at-
teindre, la marche tendrait vraisemblablement vers celle du pendule libre.
Sans vouloir dire que la perturbation due à l'échappement intervienne
seule dans l'explication du phénomène observé, dont une part est peut-être
due à la suspension, je pense que cette Note répond à la question si souvent
posée : à quelle amplitude doit fonctionner une horloge astronomique?
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la valeur des éléments magnétiques au
1^'' Janvier ic)o5. Note de M. Tu. Moukeaux, présentée par M. E.
Mascart.
Les observations magnétiques, à l'observatoire du Val-Joyeux (Ville-
preux, Seine-et-Oise), ont été continuées, en 1994. pac M. J. Itié, avec les
mêmes appareils, et réduites d'après les mêmes méthodes que les années
antérieures.
Les valeurs des différents éléments au i"'' janvier 1903 résultent de la
moyenne des valeurs horaires, relevées le 3i décembre 1904 et le 1®' jan-
vier 1905, rapportées à des mesures absolues faites dans les derniers jours
de décembre.
La variation séculaire est déduite de la comparaison entre les valeurs
actuelles et celles qui ont été données pour le i*"" janvier 1904 (^).
Valeurs absolues et variation séculaire des éléments magnétiques
à l'observatoire du Val-Joyeux.
Valeurs absolues
au Variation
Éléiiieuts. I»' janvier igoS. séculaire.
Déclinaison occidentale i4"57',69 — 4'i 5o
Inclinaison 64"ôi', i — 3', 8
( ' ) Sur l'entretien du mouvement pendulaire sans perturbation [Comptes rendus,
t. CXXVII, 1898, p. .5).
(') Comptes rendus, t. CXXXVIII, 1904, p- 4u.
[o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
\'alciii-^ aljsolues
au Variation
Eléments. i" janvier iijoj. séculaire.
Composante horizontale 0,19-2/) 4-0,00042
Composante verticale 0,^201.5 — 0,00029
Composante nord o, igo55 +0,000^7
Composante ouest o,o5og2 — 0,00014
Force totale 0,46414 — 0,00009
La slation du Val-Joyeux est située par o'iy'a'i" de longitude ouest et
18° 49' 16" de latitude nord.
PHYSIOLOGIE AMMALE. — Communication osmotique chez les Poissons entre le
milieu intérieur et le milieu extérieur (à propos de deux Notes de .)/. Quint o/i) .
Noie de M. Jeax Gautrelet, présentée par M. Yves Delage.
Dans la Communication qu'il a faite le 5 décembre ic)o4 à l'Académie
des Sciences, M. Qninton s'exprime ainsi : « Le fait que les Poissons pos-
sèdent une concentration saline de leur milieu vital toujours différente de
celle du milieu où ils vivent pouvait donner à penser que ces organismes,
contrairement aux Invertébrés marins, sont fermés osmotiquement au
milieu extérieur. D'autre part le phénomène osmotique observé chez
l'Anguille après son passage expérimental de l'eau de mer dans l'eau douce
autorisait tous les doutes à cet égard. »
Nous tenons à rapprocher les conclusions lie M. Quinton de celles que
nous avons obtenues et publiées en 1902 ( ' ).
Nos expériences ont porté alors sur des iinimauv marins, Invertébrés ou Poissons, à
la station zoologique de Roscoff.
Au lieu de déchlorurer l'eau de mer nous l'avons bicarbonatée, et nous avons
mesuré les variations parallèles de l'alcalinité apparente du sang des animaux qui y
étaient plongés:
1° Dans un bac contenant 11' d'eau de mer et 3os de bicarbonate de soude, nous
avons laissé séjourner 3 Carcinus mœnas durant 20 heures.
L'alcalinité du sang du Crabe qui normalement est de 48"'S (exprimée en soude et
par litre) était devenue égale à Sgg^Sjg de IVaOH.
2^ Une Maia, dans des conditions identiques, nous a indiqué une augmentation
analogue de l'alcalinité.
(') Les pigments respiratoires et leurs rapports cnec l'alcalinité apparente du
milieu intérieur. (Thèse Doct. Sciences. Paris, Schleicher, igoS.)
SÉANCE DU g JANVIER 19OJ. I09
3", 4°, et 5° Mêmes résullats avec j)/j(7, avec Pecie/i et ^/-ertico/a.
6° Un Gobius, toutes conditions étant identiques, n'a donné comme alcalinité de son
sang que 66""» de NaOH dans deux cas et i33"s dans une autre expérience. L'alcalinité
normale du Gobius est d'ailleurs de Sô'^s.
7° Avec le Conger nous avons obtenu une augmentation de l'alcalinité un peu plus
forte : dans un cas 2i6"8 et dans l'autre 333™s.
Le Congre est un poisson très voisin de l'Anguille; les expériences deM.Quinton et
les nôtres se peuvent donc d'autant plus rapprocher; et l'on se rend compte que les
conclusions auxquelles il aboutit sur l'ouverture osmolique des Poissons au milieu
extérieur sont celles (|ui se déduisent aussi tout naturellement de nos reciierclies.
ZOOLOGIE. — L'infection du Padda orv/.ivora par le Trvpaiiosoma padd;e
na pas de rapports avec l'infection de cet oiseau /jar /'Halteridium Dani-
lewskyi. Note de M. Thiroux, présentée par M. A. Laveran.
Lorsque nous avons présenté, l'année dernière, à l'Académie des Sciences
une Note sur le Trypanosoma paddœ ('), nous avions été frappé de la fré-
quence, chez les paddas inoculés, d'une infection double par les trypano-
somes et les haltfridiums.
En présence des faits ra[)porlés par Schaudinn au sujet des hématozoaires
de \ Alhene noctua et par Billet au sujet de certains hématozoaires de la
grenouille verte, nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas une relation
entre le Trypanosoma paddœ et Y Halteridiuni Banilewskyi et si, en injectant
des Irypanosomes, on n'arriverait pas à provoquer l'apparition dans le
sang des paddas de formes d'halteridium qui n'y préexistaient pas.
Les paddas, chez lesquels l'infection naturelle par le trypanosome est
fort rare, sont très souvent parasités par l'halteridium, et cela d'une façon
très inégale; certains de ces oiseaux n'ont que très peu de parasites endo-
globulaires et il pourrait arriver que l'on ne s'aperçût de leur présence
qu'après l'inoculation du trypanosome, ce qui pourrait conduire à des
déductions erronées.
Nous basant sur ce fait que les serins, qui sont sensibles à l'inoculation
du Trypanosoma paddœ., sont exempts d'hématozoaires endoglobulaires, et
cela d'autant mieux qu'ils sont élevés en cage et moins exposés à l'infection
(') Comptes rendus, séance du ii juillet 1904.
IIO ACADÉMIE DES SCIENCES.
que les oiseaux vivant à l'étal de liberté, nous avons inoculé un certain
nombre de serins.
Scrius inoculés
Serins inoculés Serins inoculés avec
avec avec du sang de serin
du sang de padda du sang de padda couteuanl
contenant contenant des trvpanosomcs
des trypanosomes des trypanosomes et pas d'hématozoaires
sans halteridiums. et des IiaJteridiums. endoglobulaires. Total.
7 2 3 12
Les douze serins, inoculés avec du sang de padda contenant des trypano-
somes seuls ou mélangés d'halteridiums ou inoculés avec du sang de serin
ne contenant que des trypanosomes, ont tous contracté une infection à
trypanosomes et n'ont jamais présenté d'hématozoaires endoglobulaires.
Ces oiseaux sont en observation depuis deux mois au moins.
L'expérience a été faite, d'autre part, sur des paddas dont le sang avait
été soigneusement examiné à plusieurs reprises avant l'inoculation.
Paddas inleclés
Paddas inoculés
Paddas inoculés
d'halteiidiums inoculés
avec
avec
avec
du sang de padda
du sang de padda
du sang de padda
contenant
contenant
contenant
des trypanosomes
des trypanosomes
des trypanosomes
sans halteridiums.
et des halteridiums.
sans halteridiums.
Total
4
5
3
i-2
Les résultats de cette seconde série d'expériences confirment pleinement
les précédents; en effet, sur les douze paddas inoculés avec du sang ne con-
tenant que des trypanosomes ou renfermant des trypanosomes et des halte-
ridiums, les oiseaux chez lesquels des halteridiums avaient été notés comme
préexistants ont seuls présenté ces hématozoaires endoglobulaires.
De ces expériences nous pensons pouvoir conclure que lorsqu'on ren-
contre, chez un même padda, Trypanosoma padclœ et UaUeridiiun Dani-
lewskyi, les deux parasites ont dans l'organisme du padda une évolution
parfaitement distincte et qu'il y a réellement double infection.
M. L. TouRNEL'x adresse un Mémoire iutiUilé : Uit mal ancien du cuir et
de la peau. La guérison.
(Renvoi à l'examen de M. Th. Schlœsing.)
La séance est levée à 4''. G. D.
SÉANCE DU 9 JANVIER igo5.
HILI.ETI.'V BIBI.IOfillAPIIIQUK.
Ouvrages reçus dans la séance du 2 janvier igo5.
(Suite.)
Programme de la Société batave de P/iilosop/iie expérimentale de Rotterdam,
1904. I fasc. in-8°.
Meddelelser om Gronland, XXVI, XXVIIl, i afd., XXIX, i aW., XXXI. Copen-
hague, 1904 ; 3 vol. et I fasc. in-S".
Arkii' for Botanik, utgifvet af K. Si-enska Vetenskaps-Akademien; Bd. III,
Hâfte 1-3. Stockholm, 1904; i vol. in-S".
Publicationen der V. Kuffner'sclieti Slermvarte; Bd. VI. Theile 2-4. Vienne,
1908-1904; 3 fasc. in-4°.
Observations météorologiques suédoises, publiées par l' Académie royale des
Sciences de Suède, exécutées sous la direction de l'Institut central météorologique,
1903 ; vol. XLV, Stockholm, 1904; i vol. in-4''.
Annalen der schweizerischen meteorologischen Central-Anstalt, 1902. Zurich,
s. d. ; I vol. in-4°.
Annales de l'Observatoire météorologique et magnétique de l'Université impé-
riale d'Odessa, 1901-1900. Odessa, 1906; i vol. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 9 janvier 1905.
Observations faites au cercle méridien en 1899 et 1900, par MM. Verschaffel,
Labourcade, Sougarrei, Bergara et Sorreguieta, i>ubliées par]M. l'abbé Verschaffel,
directeur de l'Observatoire d'Abbadia. Ascain, 1904; 1 vol. in-4°.
Marseille médical. Directeur : Gii Livon. 4^° année, n" I, i"'' janvier 1905. Mar-
seille; I fasc. in-8°.
Bulletin de l' Académie de Médecine. 69= année, n° 1, séance du 3 janvier igo.ï.
Paris, Masson et G'"'; ; fasc. in-8°.
Annales médico-psychologiques. Rédacteur en clief : D"' Ant. Ritti. 63'= année, n" I,
janvier-février igoo. Paris, Masson et G'"; i fasc. in-S".
International Association of Académies. Second gênerai Assembly, iield in London,
WMy 25-27, 1904. London, published by llie Royal Society, igo4 ; i fasc. in-4''.
Archives des Sciences biologiques, publiées par l'Institut impérial de Médecine
,,2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
expérimentale à Sain.-Pélersbourg. Tome X, n" o. Saint-Pé.ersbourg, ,904; i fasc.
'""observaciones meleorolôgicas de Madrid. 1900 y .90.. Mr,arld. Bailly-Ballière e
Hiios, iQo4; I vol. iii-8°. . ,, , , , ■ 17 -i
Studien uber die Arnvendang der CapUlaranalyse. Basel, Buchdruckere. Emd
Birkliauser, 1904; ) vol. in-8».
A'o9o4; i vol. 1.1-8°.
F/./e/»A«i'e%e Meddelelser fra den nalurUistoriske Forening i Kjobenhavn fo,
aaret .904. Kjôbenhavn, Bianco Lunes Bogtrykkeri, 1904; i vol. in-B"
Journal of the Royal colonial Institute. Session .904-1900, n» 1. London, 1900.
I fasc. in-8°. -, 1 - *■ „
The geographical Journal. Vol. XXV, n» 1, januai-y .90D. London, ,900; . tasc.
^"^Boletin de la Sociedad astronomica de Mexico. Num. 3!^, enero de igoS. Mexico,
1905 ; I fasc. in-8°.
ERRA TA.
(Séance du 2 janvier igoS.)
Noie de M. A. Lacroix, Sur les raicrogranites alcalins du territoire de
Zinder :
Page 23, lignes 8 et 9, au lieu de ralcroperlite, lisez microperlhite.
Page 24', ligne 16, au lieu de 3, lisez 3, 00.
Même page, iigne 27, après fer, lisez (snrtoi.t a l'état de FeO).
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
f jis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrecnenl le Dimanche. Us forment à la fin d. P,n - ^ , •
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris: 30 fr. - Départements: 40 fr. - Union postale: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
chez Messieurs :
Ferraa frères.
j Chaix.
j Jourdan,
(Ruff.
Courtin-Hecquet.
I GeiDiain et Grassir
( Gastineau.
e Jérôme.
Régnier.
iFeret.
Laurens.
Muiler(G.)
Renaud.
IDerrien.
F. Robert.
Oblin.
Uzel frères.
ry....
rg
U-Ferr .
Jouan.
Perrin.
( Henry.
( Marguerie.
i Juliot.
\ Bouy.
ÎNourry.
Ratel.
Rey.
\ Lauverjat.
/ Degez.
chez Messieurs ;
1 Baumal.
■ j M- Texier.
l Georg.
Lyon , ElTantin.
j Savy.
Marseille . .
Montpellier .
Vitte.
Ruai.
) Valat.
|Couletetnis.
Martial Place.
Nantes
Nice
Poitiers.
elle Foucher.
1 Thorez.
\ Quarré.
Macques.
Nancy j Grosjean-Maupin
( Sidot frères.
IGuist'hau.
■ j Veloppé.
iBarma.
Appy.
Nîmes Thibaud.
Orléans Loddé.
\ Blanchier.
( Lévrier.
Rennes Plihon et Hervé.
Rocliefort Girard ( M»" ).
Rouen J Langlois.
( Lestringant.
S'-Étienne ... Chevalier.
Toulon . I Ponteil-Burles.
/ Rumébe.
^ , i Gimet.
Toulouse „ .
I Privât.
/ Boisselier.
^O"" Péricat.
! Suppligeon.
Valenciennes .... J *^'"'^-
/ Lemaltre.
On souscrit à l'étranger,
chez Messieurs :
I Feikema Caarel
"I sen et G".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et G''.
I Dames.
^^'■''" Friodiander et als.
( Mayeret Muller.
■^«'•«e Schmid Fraucke.
Bologne Zanichelli.
( Lamertin.
Amsterdam
I uxelles
Mayolez et Audiarte,
Lebègue et C'V
Bucharcst .
Sotchek et G".
Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et
Christiania Cammermeyer.
Constantinople . . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
1 Cherbuliez.
Genève j Georg.
( Stapelmohr.
La Hayi
Lausann
Leipzig.
Liège .
Bel infante frères
( Benda.
) Payotet C'v
; Barth.
I Brockhaus.
< Kœhler.
/ Lorentz.
' Twietmeyer.
1 Desoer.
' Gnusé.
Londres . . .
Luxembour
Milan .
Naple
chez Messieurs :
I Dulau.
■ . I Hachette et G'-
( Nuit.
■ . V. Bûck.
iRuiz et G'-.
Romo y Fussel.
Capdeville.
. F. Fé.
Bocca frères.
Hœpli.
^loscou Tastevin.
Marghieri di Giu;
Pellerano.
Dyrsea et Pfeiffer.
Stechert.
( Lemcke et Buechnt
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et €'•.
Palernie Reber.
Porto ' Magalhaés et Moniï
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
Bocca frères.
Loescher et G'*.
Rotterdam Kramors et fils.
Nordiska Boghaode
Zinserling.
■ York .
Rome.
Stockholm
S'-Pétersbourg
woiir.
Bocca frères.
Brero
Clausen.
Rosenberg et Sellier.
Varsovie Gebethner et Wolff.
Vérone Drucker.
Frick.
Gerold et G'».
Zurich Meyer et Zel 1er.
Vienne
LES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" à 31. - (3 Août i835 à 3i Décembre iS5o. ) Volume in-4°: r853. Prix . .
lomes32a61. —{ i" Janvier i85i à 3i Décembre r 865.) Volume in-4"; 1870. Prix.
'■"Janvier (866 à 3i Décembre i8So.)Volume in-4''; 1889. Prix
" ^' imbre " '
25 fr.
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Tomes 62 à 91. — (1
Tomes 92 à 121. -(i" Janvier 1881 à 3t Décembre iSgS.) Volume in-4°; 19J0. Prix 25 fr
PLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES •
e;:"aTM:H?NX'l"'M%PmotetMrK^ DBaoEsetA -J.-J Sol.hh. - Mémoiresur le Galcul des Pertubations ou'éprou.ent
SrasLs, par M. Claude EKaNTarvlmern^^^avec 3. plancher '^°' '^' phénomènes digestifs, particulièrement dans la aigertion des
'n7oîfÀ7e^Vs" e^^'uTs rS°p"^
ooo, ei puis remise pour celui de i856, savoir : «Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains
. —Uiscuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercherla
u règne organiqueetsesétats antérieurs», parM. le Professeur Bronn. In-4», avec 7 planches ; 18G1. . . 25 fr
flaires, suivant l'ordre de leur superposition
les rapports qui existent entre l'état actuel d
même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
2.
TABLE DES AKTICLES (Séance du 9 janviei 1903.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages
M. le Secrétaire perpétuel présente un Vo-
lume imprimé à l'Observatoire d'Abbadia,
sous le titre « Observations faites au cercle
méridien en 1899 et 1900 » 6'
M. J. BoussiNESQ. — Conductibilité exté-
rieure ou superficielle, représentative, pour
un corps donné, du pouvoir refroidissant
d'un courant fluide *=■
MM. H. MoissAN et F. Osmond. — Etude
Pages.
micrographique de la météorite de Caiion
Diablo 7'
M. A. Laveran. — Trypanosomiasesettsétsé
dans la Guinée française 7^
M. G. Rayet. — Observations de la comète
Borrelly (28 décembre 1904) faites, au
grand équat
deaux, par M.
I de l'Observatoire de Bor-
F. Courty
CORRESPOND AIVCE .
M. le Secrétaire perpétuel sign
bro-
chure en anglais sur la deuxième Assem-
blée générale de l'Association internationale
des Académies
MM. A. BiNET DU Jassoneix, Chavanne (G),
GUILLIERMOND, d'ORBIGNY (H.), BeSAL (J.),
Sauvageau (Camille), Servant adressent
des remercîmenls à l'Académie pour les
distinctions dont leurs travaux ont été
l'objet dans la dernière séance publique...
M. A. Berget. - Sur un mode de visée des
surfaces larges de mercure
M. V. Cre.mieu. — Attracliuii observée entre
gouttes liquides suspendues dans un liquide
de même densité
M. Gaston Séguy. — Sur les propriétés ra-
dioactives photogéniques du corail calcine
placé dans le vide radiant et soumis à l'in-
fluence des rayons cathodiques
M. F.-P. Le Roux. — De l'action des très
basses températures sur la phosphores-
cence de certains sulfures.
MM. M. Chanoz et M. Perrigoi. — A propos
d'une prétendue démonstration de l'exis-
tence des rayons N par la photographie
d'écrans au sulfure de calcium insole.....
M. Marage. — Sensibilité spéciale de l'oreille
physiologique pour certaines voyelles .....
MM. C. Charrié et A. Bouchonnet. — Sur
les fluorures d'indium et de rubidium
M. LEO Vignon. - Limite de copulation du
diazobenzène et de l'aniline
Bulletin bibliographique
Errata ' ' •
MM. L. BouvEAULT et G . Blanc. — Camphéne,
camphénylone, isobornéol et camphre
MM. J. Wolff et A. Fernbach. — Sur la coa-
gulation diastasique de l'amidon
MM. Albert-Levy et A. Pécoul. - Dosage
de l'oxyde de carbone dans les atmosphères
confinées
M. E. Fleurent. — Sur le dosage rationnel
du gluten dans les farines de blé
M. Victor Henri. — Recherches physico-
chimiques sur l'hémolyse
M. Borrelly. — Comète e 1904, découverte
le 28 décembre 1904, à l'Observatoire de
Marseille ,
MM. G. Fayet et E. Maubant. — Eléments
provisoires et cphénicride de la nouvelle
comète Borrelly ( 1904, déc. 28)
M. Ch. Fery. — Sur l'isochronisme du pen-
dule des horloges astronomiques
M. Th. Moureaux. - Sur la valeur des élé-
ments magnétiques au 1" janvier igoS
M. Jean Gautrelet. — Communication os-
motique chez les Poissons entre le milieu
intérieur et le. milieu extérieur (à propos
, de deux Notes de M. Quinton )
M. Thiroux. — L'infection du Padda oryzi-
vora par le Tripanosoma paddœ n'a pas
de rapports avec l'infection de cet oiseau
par VHalteridium Danilewskyi. . . . . . • . • .
M. L. Touuneux adresse un Mémoire inti-
tulé : « Un mal ancien du cuir et de la
peau. La guérison »
IMPKIMEKIE GAUTHIER-VILLARS.
Ouai des Grands-Augustins, ai).
l^oïA
lîtOS
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME C\L.
^' 3 (16 Janvier 1903)
à
PARIS.
GAUTHIER-VILLARS, IMÎ RliMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES !»E L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Qitai des Graiids-An-Lislins, 55.
1905
RÈGLEMENT REL4TIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN
■ ■■. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qu
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
A[it(cle2. — Impression des travaux des Sai>t
étrangers à V Académie .
Les Mémoires lus ou présentés par des persoi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de Vi
déuiie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'ur
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours nom
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet ex
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être n
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus t
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être ren
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dai
Compte rendu actuel, et l'extrait est i'envoy(
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4.
Planches et tiragi
a part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni plane
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures sera
autorisées, l'espace occupé par ces figures conip
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappon
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission adminislin
fait un Rapport sur la situation des Comptes rei,
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Rèslement.
Les Savants étrangers àlAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés d
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séaace, avant 5'. Aulre.neal la pré33atatioa sera remise àla séance suit
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 16 JANVIER 1903.
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES KT DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOMÉTRIE. — Sur la généralisation d'un théorème élémentaire
de Géométrie. Noie de M. H. Poincaré.
La somme des angles d'un triangle est égale à deux droits; mais nous
n'avons aucun théorème analogue pour le tétraèdre.
La surface d'un triangle sphérique est proportionnelle à l'excès sphé-
rique; mais nous n'avons aucun théorème analogue pour le tétraèdre
hypersphérique tracé sur l'hypersphère de l'espace à quatre dimensions.
On peut donc se demander si les théorèmes en question sont suscep-
tibles d'être étendus aux espaces à plus de trois dimensions. Ainsi qne nous
allons le voir, le premier de ces théorèmes peut être généralisé dans tout
espace d'un nombre pair de dimensions, mais non dans les espaces d'un
nombre impair de dimensions. Le second théorème peut être étendu aux
hypersphères des espaces à un nombre impair de dimensions, mais non
aux hypersphères des espaces à un nombre pair de dimensions.
Plaçons-nous dans l'espace à n dimensions, et soient E,. $o E„ les
coordonnées d'un point dans cet espace et
(0 ç' -i- Ei; -h . . . 4- Ei;= i
l'équation d'une hypersphère. Soient
(2; X, = o, X. = o, ..., X„=o
les équations de n plans passant par l'origine. Alors X,, X., . . . , X„ sont
G. R., igoS, I" Semestre. (T. CXL, N- 3.) l5
I,/, ACADEMIE DES SCIENCES.
des polynômes linéaires et homogènes en ^,, l., . . ., l,,. Nous pouvons
toujours supposer que l'on a identiquement
(■^)
. + X,
En effet, quels que soient ces polynômes, on pourra trouver n con-
stantes 1,, l.i, . . . , K telles que 2a,X, = $„; mais comme nous pouvons
aussi bien écrire les équations des plans 1,X/ = o, au lieu de X, = o, nous
ne restreignons pas la généralité en supposant que ces constantes sont
égales à i .
Cesn plans (2) divisent la surface de l'hypersphère (1) en 2" régions,
qui se distinguent entre elles par les signes des polynômes X. L'une de ces
régions sera le tétraèdre hypersphérique que nous voulons étudier et que
j'appelle T; ce sera par exemple celle pour laquelle tous les polynômes X
sont positifs.
Mais ce n'est pas tout à fait comme cela que nous opérerons: nous
commencerons par diviser l'hypersphère en deux hémisphères par le pian
1^=1 o, et nous envisagerons seulement l'hémisphère ^„> o ; la surface de
cet hémisphère sera partagée en 2" — i régions seulement; car, en vertu
de l'équation (3), tous les X ne peuvent être négatifs si leur somme ^„ est
positive.
Pour distinguer ces régions les unes des autres, nous désignerons cha-
cune d'elles par les indices de ceux des polynômes X qui sont positifs a
l'intérieur de cette légion. Ainsi la région où les polynômes Xj, X,, X5 sont
positifs et tous les autres négatifs sera la région 245. Nous appellerons
régions R^ celles où p de nos polynômes seront positifs et qui seront dé-
signées par conséquent par p indices. Le nombre total des régions R^ est
évidemment
n\
Il n'y a qu'une seule région R„ qui est le tétraèdre T, il n'y a pas de
région R„. La surface des diverses régions sera évaluée en prenant pour
unité la surface de l'hémisphère.
Cela posé, il nous faut définir les angles du tétraèdre; et distinguer
parmi eux les angles dièdres ou angles Aj. les angles triédresou angles A3,
et plus généralement les angles A^ limités par p plans.
Un angle A^ sera donc l'ensemble des régions où les p polynômes X
SÉANCE DU l6 JANVIER IQoS. Il5
correspondant aux plans limites de l'angle sont tous positifs, ou tous né-
gatifs. Ce sera la somme des surfaces de ces régions qui sera la mesure de
l'angle A^. Cela revient, pour les angles dièdres par exemple, à prendre 77
pour unité d'angle.
Les régions R^ faisant partie d'un angle A^ seront celles où les yo poly-
nômes X correspondant aux plans limites seront tous positifs ainsi que
(] ~ p autres, et celles où ces p polynômes seront tous négatifs ainsi que
n ~ (j — p autres. Il y aura donc
q\ ,l-p — q\
régions R^ dans l'angle A^,. Soit alors [i.^, la somme des angles A^; nous
voyons que chaque région R, figurera
q—pl p ! n-p--V"^i/>! ■
Ces relations peuvent d'ailleurs se mettre sous une autre forme. Posons
(lo) n-p\i,,,^i,, 2;v=?('^o-
la relation (()) deviendra :
Ces relations sont établies pouf /;<«;. mais si p > /z, ;j.^ devient nul et
n — p\ infini, de sorte que \ est indéterminé. Rien n'empêche alors de
supposer que ces relations définissent encore \p pour p^ n. On remar-
quera que ces relations (ii) sont indépendantes de n. Elles peuvent d'ail-
leurs s'écrire :
(I.)
(p(.r) = cp(- x)p^
d'où l'on tire :
(.3)
o(x) = f)(ar')e-,
SÉANCE DU l6 JANVIER ipoS. I17
^(.r- ) étant une série quelconque procédant suivant les puissances de x".
La relation (i3 ) permet de calculer les 1^ et par conséquent les [j.^. .
Reprenons l'équation (9) et faisons-y p — n. Dans le premier membre,
le coefficient de [a„ est i et, dans le second membre, -1- i si « est pair et — i
si n est impair, de sorte que les termes en [j.„ se détruisent dans le premier
cas et ne se détruisent pas dans le second.
Si donc n est impair, c'est-à-dire dans un espace d'un nombre impair de
dimensions, il y a une relation linéaire entre : jj.„, qui représente la surface
du tétraèdre hypersphérique T; (^.„_,, [j.„ o. ■■■, IJ-2, q"i représentent les
sommes de ses angles des différents ordres; [j., et [7,„, qui sont égaux à n et
à 2. C'est la généralisation du théorème sur le triangle sphérique.
Pour passer du tétraèdre hypersphérique au tétraèdre plan, il suffit de
supposer ce tétraèdre infiniment petit; c'est ainsi en effet que l'on passe du
triangle sphérique au triangle plan. Ainsi, pour avoir la relation entre la
somme des angles des différents ordres du tétraèdre plan situé dans l'espace
plan an — i dimensions, il suffira de prendre l'équation (9) et d'y faire :
p — n, n impair, ;y,„ = o.
C'est là la généralisation du théorème sur la somme des angles d'un
triangle rectiligne.
Je n'aurais pas développé celte généralisation si je ne poursuivais un but
particulier. Ce but, c'est de faciliter la recherche des groupes finis ou dis-
continus contenus dans un groupe continu donné et en particulier dans le
groupe linéaire, et par là l'intégration algébrique des équations différen-
tielles linéaires. C'est là une théorie à laquelle les beaux travaux de
M. Klein et de M. Jordan ont déjà fait faire beaucoup de progrès.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur (jue/(/ues théorèmes relatifs aux surfaces
algébriques de connexion linéaire supérieure à l'unité. Noie de M. Emile
PlCAliD.
1. J'ai récemment fait connaître {Comptes rendus, 21 novembre 1904) un
théorème général sur les surfaces algébriques dont la connexion linéaire
est supérieure i\un. La démonstration que j'ai indiquée met en œuvre une
propriété du groupe d'une certaine équation linéaire E. Une seconde dé-
monstration m'a permis d'établir, outre le théorème rappelé, plusieurs
autres propositions oii figure la différence /?^ —^„ entre le genre géomé-
Il8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trique /)g et le genre numérique/?,, de la surface ; c'est ce que je vais exposer
succinctement.
2. Ayant, comme habituellement, la surface algébrique de degré m, et
dont une section plane arbitraire est de genre p
et y-p intégrales de seconde espèce I^ de la courbe algébrique entre x et z
représentée par l'équation précédente, dont les périodes, fonctions de y,
sont
nous formons les équations qui jouent le rôle essentiel dans ma théorie
oj' +a.,to-. H- . . . + «.,„w!;'' = P..,
(I)
p...
La surface, comme on sait, aura des intégrales de différentielles totales
de seconde espèce, si l'on peut déterminer les constantes P de façon que
les équations (i) donnent pour a des fonctions rationnelles de j. Or on
peut supposer que les périodes (pour h quelconque) correspondant aux
indices i et 2, 3 et 4, . . . , 2/? — i et 2/j sont relatives aux p rétrosections
du type (C, D) de Riemann. On voit alors très facilement que la condition
nécessaire et suffisante pour que les constantes P correspondent à des inté-
grales de seconde espèce de la surface est que la combinaison
(2) p,(,3^- p,co';' + ..,-i- i',/,_,o4- p,/,o4, , (A = i, 2, ..., 2^)
se réduise à un polynôme en y. S'il reste parmi les P un nombre r d'arbi-
traires, une équation différentielle linéaire E aura alors comme solutions
r polynômes distincts. C'est le théorème que nous avions établi {loc. cit.)
par une voie différente, au moins quant au mode d'exposition.
3. Allons plus loin, en supposant d'abord que la surface soit régulière,
c'est-à-dire que Pg = p„- Dans ce cas, l'ensemble des adjointes d'ordre
m — 3 de la surlace découpe sur un plan quelconque l'ensemble des
adjointes d'ordre m — 3 de cette section plane. Parmi les I/,, nous pouvons
supposer ^que se trouvent, pour A = i, 2, ...,/>, les /> intégrales de pre-
SÉANCE DU l6 JANVIER igoS. I I9
mière espèce relatives à la courbe entre x et z, qui seront de la forme
,(./•,.)-, z)d.,
n^
*^=T.2 p).
Q^ = 0 représentant une surface adjointe d'ordre m - 3 de la surface /.
Remarquons que la période
J;^ (/• = f. 2, ..., 2/?; /i ), pour toute valeur de h de i à 2/?, est un polynôme
SÉANCE DU l6 JANVIER igoS. I2i
en y; il faut en outre que celte combinaison se réduise à zéro pour
A = 1,2, ..., p.
Il en est nécessairement ainsi pour
/( = I, 2, .... p — (.),
puisque les développements des 0/ commencent par un terme en — • Mais,
pour h=p — |„=i8->2'.
La semicarbazone CH'^N'O fond à 146°- 148".
^j-méthyldiaUylcyclohexanojw C"H-°0. — Ce composé s'est formé en
quantités notables à côté du dérivé monosubstitué. Il constitue un liquide
19 '
11,11
I....
. 76,30 1
11, i5
i4 1
11,43
II. .
. 76,90 1
[1,36
• 9'
11,69
i]i..
. 77^21 1
11,33
■>:
11,90
IV..
. 78,52 1
..,98
SÉANCE DU 16 JANVIER igoS. 129
donl l'odeur spéciale diffère de celle de la menthone, et qui bout à i3o°-
i32° sous 20°"". Sa densité Dj'' = o,r)'3G") et [a],, = + 62° 2'.
La semicarbazone C'^H—N'O fond à i4i°-i43".
<^-méthyl-i-isobutylcyclohexanone CH-^O. — Ce composé a été obtenu
eh opérant au sein du toluène au lieu d'étlier. Liquide à odeur rappelant
faiblement celle de la menthone, et bouillant à g^^-g^" sous 1 1""". Sa den-
sité D'_^ = o.ggSo, [a][, = — o°24'.
La semicarbazone fond à I7i°-i73°.
P-MÉTHYL-S-A.LGOYLCYCLOHEXANOLS. — Ces liomologues et isomère du
menthol ont été préparés en réduisant les hexanones dialcoylées par du
sodium en milieu alcool absolu.
Ce sont en général des liquides, dont l'odeur se rapproche plus ou moins
de celle du menthol et qui bouillent à une température un peu plus élevée
que celle à laquelle distillent les cétones correspondantes.
Le ^j-méthyl-t-éthylcyclohexanol dV* O bout à 85°-87° sous 11""".
Le ^-mélhyl-t-propylcyclohexanol C"'H-''0 distille à io2"-io4° sous iS"™.
Le ^-méthyl-t-allylcyclohexanol C'TI'^O a comme point d'ébullition
98°- 100" sous 10""".
Le fp-mëthyl-i-isobutylcydohexanol C"H--0 est solide. Cristallisé au sein
de l'éther de pétrole il se présente sous la forme de fines aiguilles fondant
à 68°-69".
Dans la réduction de la ^-méthylisobutylhexanone il se forme en outre
un produit liquide de même composition que le solide et dont le point
d'ébulhtion est situé entre iio" et 112" sous iG™". Ce composé constitue
sans doute un stéréoisomère du produit cristallisé.
Toutes les mélhylalcoylcyclobexanones, dont nous venons de donner un
mode de formation, ayant une constitution analogue à celle de la menthone,
seront susceptibles de former avec de l'aldéhyde benzoïque des dérivés
benzylidéniques :
„,, LH' H
/ /
H^Cf^C rr CHC'H^ -t- O = CO^-H.CH - CH-— CH^CH _ COOH -t- OH^COOH
CHH
Ces composés en solutions acétoniques fourniront, par oxydation au
moyen du permanganate de potasse, des acides :c-méthyl-a'-alcoyladipiques
et de l'acide benzoïque. La beuzylidènenienthone donne en effet, dans ces
G. K., lyoi, I" Semestre. (T. GXL, N" 3.) I7
l3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
conditions, de l'acide a-mélhyl-a'-isopropyladipiqne, comme l'a montré
M. Martine dans son étude sur la menthone.
Nous continuons l'élude de ces divers composés et nous nous proposons
en particulier de les reproduire en partant d'une ^-mélhylcyclohexanone
synthétique et partant inactive..
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une synthèse de la menthone et du menthol.
Note de MM. A. Haller et C. Martine.
Il n'existe plus aucun doute sur la constitution de la menthone et du
menthol. Les divers produits de dédoublement auxquels ces composés
donnent naissance, et la synthèse qu'a faite M. G. Léser (') du premier
d'entre eux, permettent de les représenter par les schémas
Ces formules fout de ces corps des dérivés delà p-méthylcyclohexanone.
Or, nous venons de voir comment on peut obtenir des homologues et
isomères de la menthone et partant du menthol.
Les procédés employés pour préparer ces homologues et isomères nous
permettent également de réaliser la synthèse de ces deux principes consti-
tuants des essences de menthe. Il suffit, en effet, de traiter la méthylcyclo-
hexanone (-), sodée par l'amidure de sodium, par de l'iodure d'isopropyle
et de soumettre les produits de la réaction à la même série d'opérations
que celles citées dans le Mémoire qui précède. On obtient finalement une
huile, à odeur de menthone, qui distille de 207° à 209° et dont l'analyse
donne des nombres conduisant à la formule C"'H"0 qui est celle de la
menthone :
=cH.-cH<;;«::f:«>c„.c„<™:^N...
C) G. Léser, Comptes rendus, t. CXXXIV, p. iii5.
(^) Pour ces essais nous avons employé de la métliylhexanone active, dérivée de la
pulégone. Dans un autre travail nous nous proposons de partir de la méthylhexanone
synthétique et parlant inactive.
SÉANCE DU l6 JANVIER igoS. l3l
Deux échantillons différents de ce produit ont accusé les constantes
suivantes :
I. D'^^cgooS aj, = H- 1 2» 56' pour une colonne de loo""",
II. D'' = o,90i7 «0 = + 8''52' pour une colonne de loo""".
On ne saurait d'ailleurs, pour l'identification du produit, tirer aucune
conclusion de ces déterminations polarimélriques; la réaction, en effet,
s'est accomplie en milieu alcalin, et il est reconnu que les propriétés
optiques des menthones sont très fortement influencées par de tels milieux.
Mais les observations qui suivent ne laissent aucun doute sur la constitu-
tion de cette substance. Comme la menthone provenant de l'oxydation du
menthol, elle donne en effet :
1° Une oxime fondant à Sp^-Bo", quand on la traite en solution alcoolique
par du chlorhydrate d'hydroxylamine et du bicarbonate de soude. On
obtient, il est vrai, dans ce cas, surtout de l'oxime huileuse, mais le fait est
d'accord avec les observations de M. Beckmann (') qui a constaté que les
menthones donnaient d'autant plus d'oxime huileuse qu'elles étaient plus
fortement dextrogyres.
2° Une semi-carbazone fondant à i83°-i84°, identique avec celle de la
menthone naturelle.
3° Du menthol, fondant à 420-43° comme le menthol ordinaire, lors-
qu'on le réduit par du sodium au sein de l'alcool absolu. Ce menthol com-
biné à l'acide phtalique donne un phtalate acide fondant à 120".
4° Une hydrochlorobenzvlidène-menthone fondant à i4o°, identique
avec celle que M. Wallach ( ' ) a préparée, par saturation à 0°, d'un mélange
équimoléculaire de cette menthone et d'aldéhyde benzoïque, par de l'acide
chlorhydrique sec.
La préparation de ces dérivés met hors de doute l'identité de la men-
thone synthétique avec la menthone naturelle.
Indépendamment de ce produit, il se forme des huiles passant, les unes,
de ïio°à 120" sous i5""" de pression, et qui sont sans doute constituées
par de la diisopropylméthylhexanone, et les autres, de 160° à 175° sous
la même pression, et qu'on peut considérer comme des produits de poly-
mérisation de la [3-méthyUiexanone. Ces dernières prennent d'ailleurs
(') Beckmann, Liebig' s Annale n, t. CCL, p. 3^2.
(') Wallach, Liebig's Annalen, t. CCCV, p. 261,
l'il ACADÉMIE DES SCIENCES.
naissance dans tontes les alcovlations fie cette cétone par l'intermédiai
des alcalins.
ASTRONOMIE. — Obsenritinns de la noinellp comète Borrelly (1904, e), faites
à l'Observatoire de Paris {cqualorial de la tour de l'Ouest, de o^.Soj d'ou-
verture). Note de M. G. Bigourdan.
Dales,
Étoile.
1905.
de compar.
anv. 10.. . ,
, . a
2,53 BD - 0"
10.. . .
a
0,53 BD — o
11....
. h
261 BD — 0
9,5
Positions des ('toiles de comparaison.
Asc. rlroilc Dccliniiisiiii
Comète —
Étoile.
Nombre
de
Asc. droite.
Déclinaison.
compar.
+04M0
— 0.19" 3
18:16
-t-o.5o,45
+ 0.29,2
6: 4
—0.15,93
-+- 7-37,0
12:12
Dates.
moyenne
Héduction
moyenne
Kéduclioii
1!I05.
•
1905,0.
au jour.
1005,0.
au jour.
Autorités.
anv. 10
. a
1.29.42,99
—0, 10
-o'. i5'. i';3
-7', 7
A. G. Nicolajew. 3o2
I I
. Il
I .32.i3,io
— 0, 10
+0.19.40,1
-7,6
Rapportée à c.
>>
■ '■
1.29.54,64
+0.28. 1,9
>'
A. G. Nicolajew, 3o3
Etoile /* — Étoile c, A^R =+ 2'''i8»,48, A(D=:— S'2i"8 9:6compar.
Positions apparentes (te ta comète.
Dates. Temps moyen Asc. droite Log. fact Déclinaison Log. fact.
1905. de Paris. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
Janv. 10 9. 8.26 l.3o. 31,69 •,433 — 0.15.28,3 0,824
10 9.32.34 i.3o.33,34 ^,476 • — 0.14.39,7 0,823
Il 6.38.3i 1.31.07,07 2,690 +0.27. 9,5 0,819
Remarque. — igoj jiimier 10 : la comète, all'aiblie par la brume pendant la pre-
mière observation, se voyait mieux pendant la seconde : elle paraissait alors de la
12" grandeur et présentait un no^au assez vif; la nébulosité, qui l'entoure symétri-
quement, paraît avoir de 3o" à 4o" de diamètre.
SÉANCE DU 16 JANVIER ipoS. I 33
CORRESPONDANCE.
GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces algébriques irrèottlières.
Note rie M. Federigo Enriques, présentée par M. Emile Picard.
D'après Clebsch et M. Nœther, étant donnée une surface algébrique
f{.r, j, -) = G,
d'ordre m, on peut former généralement des intégrales doubles de pre-
mière espèce
If
S^i^,kJy
qui restent toujours finies sur la surfiice; il faut, pour cela, que les Q
soient des polynômes, de l'ordre m — 4. adjoints à /, c'est-à-dire (pour se
borner au cas ordinaire) qu'ils s'annulent sur la courbe double dey'= o.
Ce nombre des polynômes Q linéairement indépendants est ce que l'on
appelle \e genre géométrique p^ de/.
Or, en désignant par N un entier suffisamment gr;ind, on peut évaluer
le nombre des polynômes d'ordre N adjoints à /, d'après une formule
donnée dans toute sa généralité par M. Nœther.
Faisons dans celte formule
N = m — 4;
dans le cas que l'on envisage comme étant le plus général, on obtient ainsi
le nombre pg. Mais il peut arriver que la valeur p^ ainsi obtenue diffère
àe pg', précisément que l'on ait
C'est Ca\lev qui, avant aperçu le premier la curieuse circonstance qtii
précède, a a]ipelc l'.iltention sur ce que le nombre /j„, quand il n'est pas
égal à Pg, fournit un nouvel invariant des surfaces. M. Zeuihen établit
ensuite luie démonstration de l'invariance de/J^, sous quelques restrictions,
dont on s'est affranchi par des recherches plus récentes.
On appelle p„ le genre numérique ou arithmétique de/, et l'on dit qu'une
surface e^t régulière si
p. = l>S'
t34 ACADÉMIE DES SCIENCES,
qu'elle est irrègulière dans le cas contraire
Pa„ est égal à la différence entre le nombre des inté-
grales de Picard de seconde et de première espèce attachées à la surface.
M. Castelnuovo pense que la relation entre Pg — pa «t 'e nombre des
intégrales de première espèce pourra être établie en poursuivant l'étude
des systèmes non linéaires de courbes tracées sur la surface.
ANALYSE MATHÉMATiijUE. — Sur quelques points de la théorie des nombres.
Note de M. Georges Rémoundos, présentée par M. Emile Picard.
1. En utilisant une méthode célèbre d'Hermite, M. Lindemann a dé-
montré la transcendance (') du nombre tu; il a, à cette occasion, établi un
théorème d'une grande importance, à savoir :
Si les nombres a,, x., . . ., a„, A, , A., A„ sont algébriques, l'égalité
(i) A,f?°'i+ Aofi"---!-. . .-I- A„e°'«= o
entraîne la nullité de tous les coefficients A,, A^, . . ., A„.
Le théorème présente une analogie visible avec celui de M. Borel, qui
(') Mathemalische Annaleii, Volume XX, 1S82, p. 2i3.
l36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
m'a servi de base clans mes recherches sur l'extension aux fonctions mul-
tiformes (') du théorème de M. Picard et de ses généralisations, surtout
avec son cas particulier qui consiste dans l'impossibilité de l'identité
(2) P,(^)e'"''='+P,(:;)e"='=' + ... 1- P„( = )e""'=' = o,
dans laquelle P, (2), V,(z), ...,?„(:.), H, (3), H,(2), ..., H„(:;) désignent
des polynômes. Cette analogie paraît plus grande dans les conséquences
de ces deux théorèmes.
Ainsi, notre méthode d'élimination, avec l'appui du théorème d'Hermite-
Lindemann, nous conduit aux résultats suivants :
2. Soit
{/(u) — u' -+- y, u'-' -+- Y-2 «" " -4- ... -H Yv-, Il -+- y./
un polynôme en u, dont les coefficients y,, y^, ..., y,, sont des nombres
transcendants (non algébriques) et considérons l'équation
(5) q{u) = Ae\
où A et Cf. désignent deux nombres algébriques quelconques.
Je démontre qu'une telle équation n'admet pas, en général, des racines
algébriques. Une équation (5) admettant des racines algébriques doit être
considérée comme exceptionnelle, grâce au théorème suivant:
// est impossible d'avoir 2v équations de la forme (5)
q(^u) = kyc'^', q(^u) =:^ A.,e^--, . . ., q(^u) ^ h..,,,e'^--'
admettant des racines algébriques.
Plus particulièrement , il est impossible d'avoir v + i équations de la
forme (5),
y({<) =,A,e°'i, ^(?/) = A^.e^-, .... ^(h) — Av+, e^'+i
admettant des racines algébriques, si l'on a
a, :^ O, oL..=^0, . . ., av+,^0,
c est-à-dire, si les seconds membres sont des nombres transcendants.
Si j'appelle u = «(s) la fonction algébrique, définie par l'équation
(') Comptes rendus. 20 avril igoS, 8 tV-vrier, 20 juin, 8 août 1904, et Bitll. de la
Soc. mathématique, 1904, fascicule i.
SÉANCK UU l6 JANVIER ipoS. l'^-j
notre théorème prend la form<,' suivante :
Il est impossible d'avoir l'i nombres algébriques «,. «o. a.^., tels que tes
équations ( ' )
?(s) = «,, ^(z) = a., (p(5)z=a,,_,, cp( = ) = a,,
admettent des racines de la forme Ae", les nombres A et a étant algébriques.
Celte forme rappelle immédiatement l'extension du théorème deiM. Picard
aux fonctions à v branches.
3. En renvoyant d'autres conséquences du théorème d'Hermite-Linde-
mann à un Mémoire étendu, je tiens ici à appeler l'altenlion des mathéma-
ticiens surcette analogie fort remarquable entre ce théorème et le cas par-
ticulier du théorème de M. Borel. C'est là un point de contact de la théorie
des nombres avec la théorie des fonctions qui doit servir de point de départ
pour un développement de la première conforme à celui de la seconde.
Un jjroblème important se pose maintenant:
Est-il possible de généraliser le théorème de Lindemann de façon à obtenir
une correspondance parfaite entre ce théorème et celui de M. Borel, pris dans
sa forme la plus générale ?
Je crois que la question sera résolue par l'affirmative, ce qui nous con-
duira à un classement des nombres transcendants, analogue à celui des
fonctions entières.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations du type parabolique.
Note de M. S. Berxstei.v, présentée par M. Emile Picard.
Considérons l'équation
(i) • --—,=a~---\-b^-+cz + d.
J'ai indiqué dans ma Thèse (^Math. Annalen, t. LIX) une méthode d'ap-
proximations successives poui- résoudre cette équation avec les conditions
initiales(non analytiques) de Cauchy, lorsque a:=o. J'ai reconnu en même
temps que toutes les solutions de cette équation sont dans ce cas analytiques
par rapport à x sans l'être nécessairement par rapport à y. Je me propose
(') Je ne compte pas ici l'infini.
C. R., 190:), I" Semestre. (T. CXL, N" 3.) • '^
l38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(l'indiquer ici une autre mélhode pour démontrer la même proposition
pour a =^ o. Nous nous poserons le problème suivant :
Problème fondamental : (a>o). — Déterminer une solution de {\)
à l'intérieur d'un rectangle R dont les côtés sont parallèles aux axes, lorsqu'on
donne les valeurs qu'elle prend sur le coté inférieur ainsi que sur les deux côtés
parallèles à l'axe des y du rectangle R.
Ce problème admet toujours une solution et une seule. La deuxième partie de cette
assertion se démontre par la considération d'une certaine intégrale double; pour en
établir la première partie et calculer effectivement la solution, on emploie la méthode
des approximations successives, l'équation élémentaire étant de la forme
Lorsque les dimensions verticales de R sont quelconques on n'a qu'à répéter un
nombre limité de fois le même calcul. Au contraire, si ce sont les dimensions horizon-
tales qui sont tiop grandes, on peut employer avec succès le procédé alterné.
Si l'on dirige la méthode des approximations successives dans le but de
montrer que la solution trouvée est analytique (par rapport à x), on est
amené à discuter les intégrales suivantes
A,(.r)
^„{y) = e-"'-'- j\'„{z) e"'-- dz,
c étant un nombre réel, tandis que k el n sont des nombres entiers com-
plexes dont la partie réelle n'est pas négative. On peut trouver dans ces con-
ditions une limite supérieure du module de A a(^) et de sa dérivée à l'intérieur
d'un losange, si l'on connaît la limite supérieure de ('a(^-) dans ce même
losange ('). Pareillement on a une limite supérieure de B„(j) et de sa
dérivée, lorsque la partie réelle de y n'est pas négative. B'inalement la solu-
(') Dans ma Thèse, pour étudier des intégrales analogues, j'ai introduit des déve-
loppements spéciaux. Mais l'on pourrait simplifier notablement les calculs en considé-
rant les régions où ils convergent, sans les introduire explicitement.
SÉANCE DU r6 JANVIER IQoS. iSq
lion se présente sous la forme
Z = S A;, (a;) e*-' + S B„( j) e"^'.
La première partie est, en vertu de ce qui précède, analytique par rap-
port à X (sans l'être nécessairement par rapport à j); la seconde est ana-
lytique par rapport à y et, a fortiori (à cause du théorème de Cauchy-K.o-
walewsky), |)ar rapport à x.
Une fois le problème fondamental résolu, on peut ramener à une simple
intégration la résolution du problème suivan! dont la possibilité se trouve
en même temps établie :
Problème de Dirichlet : (rt ^ o). — Déterminer une solution de l'équa-
tion (i) régulière à l'intérieur d'un contour fermé C, tel qu'aucune droite y = p
ne le rencontre en plus de deux points distincts, et prenant sur ce contour une
succession continue de valeurs.
PHYSIQUE. — Sur la fluorescence. Note de M. C. Camichel,
présentée par M. J. VioUe.
Dans une série d'expériences sur l'absorption de la lumière par divers
cristaux et verres colorés ('), j'ai recherché si les équations de vibration
de l'éther dans les milieux étudiés sont linéaires. J'ai montré, en parti-
culier, que le coefficient d'absorption ne varie pas quand on éclaire le
corps par une source de lumière placée transversalement. Le résultat est
encore le même, si le corps est fluorescent.
M. J. Burke (-) s'est trouvé amené à des conclusions tout à fait diffé-
rentes à la suite d'expériences entreprises en vue de vérifier l'idée suivante
émise par M. Poynting : un corps absorbe diiïéremment, suivant qu'il est
fluorescent ou non, les rayons provenant d'un autre corps identique éga-
lement fluorescent. Par une méthode très élégante, mais peu précise,
M. Burke trouve que le coefficient de transmission du verre d'urane est,
pour les radiations qu'il est capable d'émettre, ^o = 0,78, si le corps n'est
pas fluorescent et kf = o,45 quand la fluorescence est excitée.
Ces résultats avant été admis par divers auteurs, en particulier par
(') Annales de Chimie et de Pliysique, 7" série, t. V, p. ^Sg et suiv.
(-) John Burke, On the change of absorption produced by jluorescencc {Pliiloso'
pliicai Transactions, série A, t. CXCI).
l4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Pringsheim ( ' ) dans ses importants travaux sur l'émission, j'ai cru néces-
saire de reprendre mes expériences, en employant le corps qui manifeste
la fluorescence la plus vive, le verre d'urane, le seul corps d'ailleurs sur
lequel M. Burke ait expérimenté. Mes nouvelles recherches ont entière-
ment confirmé les premières, je les résumerai en quelques mots.
L'appareil employé est le spectrophotométre à compensateurde quartz. Deux lampes
à pétrole éclairent les deux collimateurs de Finstrument. Les deux plages monochro-
matiques observées sont amenées à l'égalité, quand on place devant l'un des collima-
teurs : 1° un morceau de verre de même dimension et de même indice que le cube de
verre d'urane étudié; 2° le cube de verre d'urane soigneusement protégé contre toutes
les radiations qui pourraient le rendre fluorescent; 3" quand on produit la fluores-
cence du cube de verre d'urane; 4° quand on excite la fluorescence du verre d'urane et
qu'en même temps les rayons lumineux de la lampe à pétrole sont interceptés par un
écran opaque.
kf et Ao s'obtiennent par les équations
(1) I,= l2Sln2î!,,
(2) 1,A(,= I, sin-otj,
(3) I,A7+I/=L.sin-^a„
(4) I^=Lsin-^a;,
dont la signification est évidente; on en déduit Ay et A„.
Les rayons lumineux utilisés traversent le verre d'urane dans une région voisine de
la surface où la fluorescence est particulièrement vive; celle-ci est provoquée par l'arc
électrique dont les radiations sont tamisées par l'écran de Wood. En employant un
charbon positif à mèche, la constance de l'arc est très suffisante pendant la durée des
expériences (3) et (4).
Pour que la détermination de A,, soit correcte, il faut que dans l'expérience (2) la
lumière qui traverse le verre d'urane soit dépouillée des radiations capables de provo-
quer la fluorescence : Ce résultat est obtenu d'une façon complète en plaçant entre la
lampe à pétrole et le verre d'urane un long parallélépipède également en verre d'urane
ayant 7'^°' de longueur. Si cette précaution est négligée, la valeur de k^ obtenue est
trop grande. C'est vraisemblablement la cause d'erreur qui s'est glissée dans les expé-
riences de M. Burke. Il résulte de l'interposition de ce deuxième parallélépipède de
veire d'urane sur le trajet des rayons lumineux que les mesures ne peuvent être faites
pour des radiations plus réfrangibles que la raie F. Ce n'est pas un inconvénient
puisque les bandes principales 2, 3, 4, 5, 6, 7 (notation de Becquerel) (-) du nitrate
d'urane et du verre d'urane correspondent à des longueurs d'onde plus grandes que
celles de la raie F.
(') Rapports présentés au Congrès international de Physique. I. II, 1900, p. 129.
Rapport de M. Pkingsheim, traduit par M. Roïhé.
(^) M. Bkcql'ehel, La Lumière, t. I, p. 38o.
SÉANCE DU ï6 JANVIER 1900. l4l
Voici deux exemples de déterminalion de /./ et de Aq : verre d'urane, épaisseur 67"'"'
(parallèlement au rayon lumineux).
/lande n° 6, À = .jio, verte.
.2a,=:0,703 , „
, Av=o,cioo
l'a2= 0,20b / „
o,3i3
:o,o85
Ao = o , 293
Bande n" 6, 1^ Ô32,5, verte.
sin=a, = 0,4.3 ;r 668
s„.= a,= o,273 ;;, = o,66.
sin'a3=o,3i2
sin-o(i:= o,o3o
Les valeurs trouvées pour Ay et Aq sont égales, aux erreurs prés des expériences.
Toutes les mesures ont donné le même résultat.
La conclusion qui s'impose esl donc la suivanle : le coefficient d'absorp-
tion du verre d'urane pour les radiations qu'il émet par fluorescence est le
même, que la fluorescence soit excitée ou non.
CHIMIE MINÉRALE. — Combinaisons du chlorure de samarium avec le gaz
ammoniac. Noie de MM. C. Matignon et R. Tran.noy.
Le chlorure de samarium anhydre préparé récemment (') absorbe à
froid le gaz ammoniac en quantité considérable.
La combinaison est caractérisée par une notable augmentation de volume
de la matière qui blanchit et perd sa teinte jaune pâle initiale.
Nous avons étudié systématiquement les diverses combinaisons qui se
forment dans cette réaction. A cet elfet, nous avons laissé séjourner le
chlorure dans un tube scellé avec de l'ammoniac liquide préalablement
desséclié par un contact prolongé avec de la soude. On a laissé partir len-
tement l'excès de gaz ammoniac à l'ouverture du tube suffisamment refroidi
et déterminé par la chaleur la décomposition successive des combinaisons
à leur température de dissociation sous la pression atmosphérique.
(') C. Matioon, Comptes rendus,, t. CXXXIV, 1902, p. i3o8.
j42 académie des sciences.
Le tube, maintenu d'abord à — aS" jusqu'à cessation complète de dégagement gazeux,
a été porté progressivement de — 28° à 890° en maintenant la température constante
quand un commencement de dégagement d'ammoniac indiquait que l'on atteignait la
température de dissociation de l'un des composés.
Les opérations ont été faites successivement dans un bain-marie, un bain d'huile et
un bain de nitrates.
Le tube contenait primitivement 78,960 de chlorure de samarium pur SmCl^.
La substance ammoniacale ne perd point d'ammoniac quand on la porte lentement
de — 28° à 10°; on pèse alors le tube qui la contient et l'on continue à chauffer. A
partir de i5° le gaz ammoniac commence à se dégager en indiquant l'existence d'une
combinaison dissociable sous la pression atmosphérique à cette température. Le déga-
gement gazeux se poursuit pendant 5 heures pour s'arrêter définitivement, même
lorsque la température est amenée à 80°. On a recueilli iSôi"^"' de gaz ramenés à 0° et
760™"' et constaté une variation de poids de i8,oy5. En admettant le départ de 2AzH'
pour SmCH, on calcule 1882'^™° de gaz et une variation de poids de is, o538.
La même méthode a été appliquée jusqu'au départ complet du gaz ammoniac; les
résultats des observations sont résumés dans le Tableau suivant :
Perte de poids Volume de AzH'
Température de la substance. recueilli.
décomposition. Trouvé. Calculé. Trouvé. Calculé.
2AzH3 i5 - 3o 1,07.5 i,o538 i36i 1882
i,5AzI-P 4o Oj/QS 0,7908 ? 1087
SAzH^ 76-84 1,609 1,5807 2069 2078
lAzH' io5-ii5 j ,„ .„„ 1 698 691
> u, -■■ ^ ''043 i,oo88 „; /
iAzH=' io.3-ibo ^ ( 647 691
lAzH» 200-210/ „ „„„ 648 691
:AzH3 240-246 i "'99^' ''°^'' j 63o 69.
lAzH^ 876-885 o,483 0,5269 661 69!
A la température de 385", des fumées sont apparues annonçant un commencement
de décomposition, on a cessé l'expérience avant le départ complet de l'ammoniac
comme l'indique le dernier nombre o,488 au lieu de 0,6269.
Le poids de la matière qui reste actuellement dans le tube a été trouvé égal à 88,o36;
on y a recherché et dosé l'ammoniaque restant, soit o5, o45. Ce poids additionnel cor-
rige exactement le poids trop faible d'ammoniac recueilli dans la dernière disso-
ciation.
Enfin le chlorure de samarium anhydre pèse ainsi, à la fin de l'expérience,
85,086—0,046 = 75,991 au lieu de 78,960 pesée initiale. La petite différence pré-
sentée par ces deux nombres peut tenir à des traces d'humidité absorbées par le
chlorure pendant ces longues manipulations.
Le chlorure de samarium forme donc avec le gaz ammoniac huit combi-
naisons dissociables aux températures indiquées^ ;
SÉANCE DU l6 JANVIER ipoS. ï43
t. T. Q.
Col
SmCP. AzH^ 375 648 20,7
2AzH' 240 5i3 16,4
BAzIP 200 47^ '5*1
4AzH» i55 428 i3,7
5AzH' io5 378 12,1
8ÂzH3 rjQ 3/lg i,,2
9,5AzH' 4o 3i3 10,0
SmCl'.ii,5AzH^ i5 288 9,2
En appliquant la loi de constance de la variation d'entropie relative aux
combinaisons ammoniacales (' ), on déduit immédiatement de la connais-
sance des températures absolues de dissociation T la chaleur dégagée Q dans
la formation de ces combinaisons à partir de 1™°' de gaz ammoniac.
Cal
SmCI^ H- AzH'=zSmCl^ kzW +20,7
AzH'-h AzH^= 2AzH^ +16,4
2AzH^+ ÀzH3= 3AzH3 +i5,i
3AzH^+ AztP=: 4AzH' +i3,7
4AzH^+ AzH^= 5AzH' -t-12,1
5AzH^+ 3AzH'= SAzH^ +33,6
SAzH^H- i,5AzH^= 9,5AzH^ -hi5
SmCl'.9,5AzH3-h 2ÂztP= SmCP. 1 i,5AzH» +18,4
On ne retrouve pas ici l'analogie si étroite entre les hydrates et les com-
binaisons ammoniacales. Le composé SmCP.ëAzH'' qui correspondrait
à l'hydrate SmCl'.6H-0 n'existe pas, on ne trouve que SmCP.AzH^ cor-
respondant à SmClMI-0 obtenu récemment (-).
Comme toujours la vitesse de décomposition dans ces réactions a varié
sensiblement avec la température. A 1 5" et à SyS", par exemple, le départ
de quantités égales d'ammoniac exigx^ respectivement 2 heures et demie
et une demi-heure.
Nous ferofis remarquer, eu terminant, que cet exemple démontre une
fois de plus la sensibilité des méthodes physiques pour la résolution de
certains problèmes chimiques.
(') C. Matignon, Comptes rendus, t. CXXVIII, 1899, p. io3.
C^) C. Matignon, Comptes rendus, i. CXXXIV, 1902, p. iSoS.
l44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE. — Sur un hydrate colloïdal de fer obtenu par électrodialyse et sur
quelques-unes de ses propriétés. Note de MM. J. Tribot et H. Chrétiex,
présentée par M. Alfred Giard.
On sait que par dialyse d'une solution de chlorure ferrique dans laquelle
on a dissous, à froid, de l'hydrate ferrique, on obtient, au bout d'un certain
temps, un hydrate de fer colloïdal qui retient toujours des quantités assez
notables de chlore.
Nous avons recherché si, au moyen du courant électrique, il n'était pas
possible d'abaisser cette teneur en chlore. A cet effet, employant un dialy-
seur de Graham, nous avons mis dans le vase intérieur une solution fer-
rique obtenue par dissolution à froid de l'hydrate ferrique dans le chlorure
ferrique; dans le vase extérieur se trouvait de l'eau que l'on changeait fré-
quemment. On a ensuite fait passer un courant d'environ i=""p, la cathode
plongeant dans la solution ferrique.
Soient : V le volume du liquide extérieur;
V le volume du vase intérieur;
p la quantité de H Cl contenue à chaque instant dans la solution ferrique;
m celle qui a été dialvsée.
dp
Dans le cas de dialyse ordinaire, on peut admettre que la vitesse de transport -^
est à chaque instant proportionnelle à la diflérence des concentrations des liquides au
contact
en posant
=:K
■(v-0-
Celte équation s'intègre immédiatement et donne
dans laquelle r= —
Dans le cas de l'éleclrodialyse, la vitesse de transport est augmentée d'une quantité
a qui ne dépend que de Tinlensité du courant.
SÉAKCE DU l6 JA.WIHR 1905. l45
L'équation différentielle est donc, si l'on néglige les variations d'intensité du cou-
rant,
dp
en intégrant, il vient
P __ r a / I a \ _^^^
Po ^ ' + r 'ipa \ 1 -H /■ npf, )
Les deux équations ont même forme — = A -f-Be~"', mais, dans le second cas, la
Po
teneur en H Cl a été diminuée de (i — e~"').
A cause du renouvellement du liquide extérieur, on peut négliger A ; B devient égal
à I et, pour les petites valeurs de t, on peut écrire
8-"'= +. . .,
I -+- nt
et s'en tenir au premier terme.
L'expérience a donné les résultats numériques suivants :
1° Dialyse simple n = o,233
t U. 1. 2. 5. 6. 7.
p observé 7,84 5,5 4,6 8,9 3,5 3,34
/> calculé 7,B4 6,35 5,37 3,65 3,29 3, 00
Écarts o — o,85 — o>77 +o,25 -1-0,21 4-o,34
2° Électrodialyse /i ^ o , 4 ' i
p observé 7,84 5,52 4,38 3, 00 2,08 i,3i
/> calculé 7,84 5,56 4,45 2,07 2,26 2,02
Écarts o — o,o4 —0,07 -ho,43 —0,18 —0,71
On voit donc que le courant facilite le départ du chlore à la condition
toutefois qu'il soit d'une intensité assez faible.
L'hydrate colloïdal ainsi obtenu possède toutes les propriétés de l'hy-
drale de Graham.
En vue de chercher à préciser l'importance du fer comme élément bio-
génique (') nous nous sommes proposé de rechercher si cet hydrate col-
loïdal, obtenu comme nous venons de le dire, ne pouvait pas se comporter
vis-à-vis des albuminoïdes comme le colloïde de platine.
(') E. SoLVAV, Oxydation, catalyse et odogenèse, p. 12. Bruxelles, 1904.
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N° 3.) IQ
ï46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons, pour cela, opéré avec de l'hydrate de Graham et avec de l'hydrate obtenu
par électrodialyse et nous avons fait les quatre essais comparatifs suivants :
Poids
Essais. d'albumine. Colloïdes. HOai-lifs ajoutés
I 5,021 ajoutés à 5o""° hydrate électrodialytique 2""' KOH d'une sol. à
Il .5,014 ') 50""' » 2"""HC1 d'une sol. à
ni 5,078 B 50™° hydrate de Graham a'""' KOH d'une sol. à
IV 5,04 1 » ,5o™" >. 2™' H Cl d'une sol. à
,5 KOH
1000
,2llGI
1000
,5 KOH
1000
,2HC1
Ces mélanges ont été placés à l'étuve durant quatre heures à une température variant
de 4o° à 42°. Au bout de ce temps, chaque liqueur a été reprise par l'eau et traitée de
façon à séparer les albumoses et les peptones; nous avons reconnu qu'il ne s'était pas
formé de peptones, mais seulement des albumoses, phase intermédiaire de transforma-
tion des matières albuminoïdes sous l'action d'un ferment. Les résultats quantitatifs
ont été les suivants :
Essai"
!..
11.
III
IV.
Poids
Poids
Poids
pour 100
d'albumine
d'albumine
d'albumose
employée.
transformée.
formée.
5,021
1.370
27,02
5,oi4
1,234
24,62
5,073
o,4i32
8,16
5,o4i
0 , 3 1 07
6,23
On voit ainsi nettement que c'est l'iivdrate colloïdal obtenu jjar élec-
trodialyse qui a donné les meilleurs rendeiïients et que, dans un cas
comme dans l'autre, c'est en milieu alcalin que le pourcentage le plus élevé
a été obtenu. Nous avons pu observer également que, à égalité de teneur
en HCl pour chaque hydrate, l'hydrate électrodialytique donnait un chiffre
d'albumine transformée en albumose plus élevé que l'hydrate de Graham.
Nous poursuivons nos expériences sur ce sujet.
CHIMIE ORGAMQUE. — Sur un isomère de l'acétone Irichlorèe. Note de
MM. G. Perrieu et E. Prost, présentée par M. A. Ilaller.
Les alcools de la série grasse en solution dans le sulfure de carbone
réagissent vivement sur le chlorure d'aluminium et donnent plusieurs séries
SÉANCE DU l6 JANVIER ïgoS. l4'7
de composés, les uns d'addition, les autres de substitution, signalés pré-
cédemment par MM. Perrier et Pouget (').
Nous nous sommes proposé de faire agir les composés de substitution
sur un certain nombre de produits organiques chlorés et, en particulier,
sur les aldéhydes trichlorés, dans l'espoir de remplacer les 3" de Cl par le
groupement (C-H'^O)' et d'obtenir les éthers normaux correspondant au
groupement CCP.
Nous nous sommes adressés d'abord au chloral. Le résultat cherché n'a
pas été atteint, mais nous avons obtenu un corps nouveau C^Cl'H'O, iso-
mère de l'acétone trichlorée.
La dissolution du conaposé M- CA^ {C H^ 0 )'■' , obtenue en ajoutant par petites por-
tions l'j^ii de AlCl^ à 6oB d'alcool absolu dissous dans eGo^"" de CS- et en chauflant
pendant environ 24 lieures, est additionnée de 94^ de chloral, quantité correspondant
à la réaction APCP(C2H5 0)^ -i- CCP— CHO.
Après quelques heures d'ébullition, la liqueur abandonnée au refroidissement se
s'épare en deux couches : la couche supérieure liquide, la couche inférieure pâteuse et
noirâtre.
On décompose le tout peu à peu par de l'eau, en évitant une élévation de tempéra-
ture. Le CS- se sépare, entraînant la majeure partie du produit de décomposition.
L'eau décantée est épuisée par de nouvelles quantités de CS- et les liqueui-s sulfocar-
boniques sont réunies. Lorsque tout le CS- a été chassé au bain-marie, on obtient 5o»'
environ d'un liquide qu'on purifie d'abord par entraînement à la vapeur d'eau, ensuite
par distillation.
Le corps ainsi obtenu bout avec une légère décomposition entre 182° et 187° sous la
pression de 764°"", entre ioi° et io3° sous la pression de So™".
Il est incolore, mobile et possède une odeur rappelant celle des terpènes. Sa densité
à i5° est f,423. L'analyse lui assigne la formule C^Cl^H^O. La valeur du poids molé-
culaire déterminée par la cryoscopie dans le benzène est 169,8 (calculé pour C^CFII^O :
i6i,5).
Ce nouveau corps a donc la même formule brute que l'acétone trichlorée
C'CPH'O, mais ses propriétés sont différentes. Cette dernière, en effet,
est, d'après les travaux de Cloez ("), soluble dains l'eau; l'ammoniaque la
convertit à froid en acétamicïe. Le liquide que nous étudions e.st insoluble
dans l'eau et l'ammoniaque n'agit sur lui ni à froid, ni à chaud.
Tout le Cl doit être fixé sur le même atome de carbone, cail- l'action à
chaud de l'acide sulfurique fournit du chloral, l'oxydation au moyen du
mélange chromique donne du chloroforme et enfin l'action à chaud de la
(') Bull. Soc. chim., 1901, 3= série, l. X.W, p. 53l.
{-) Ann. de Clam, et de Phys., 6" série, t. IX.
14» ACADEMIE DES SCIENCES.
potasse et de l'aniline en solution alcoolique produit une carbylamine
reconnaissable à son odeur.
On peut donc assigner provisoirement à ce corps la formule développée
CCI'
HC\ qui en fait un oxvde de propène trichloré.
H'C/
Nous poursuivons l'élude de ce composé pour établir sa formule avec
certitude, aiusi que le mécanisme suivant lequel il prend naissance.
CHIMIE ORGANIQUE. — Migration de la liaison èthylénique dans les acides
non saturés acycliques. Note de MM. E.-E. Blaise et A. Luttringer,
présentée par M. A. Haller.
En condensant les éthers a-bromés répondant à la formule
R-CHBr — CO -OC-H^
avec le trioxyméthylène en présence du zinc, et en décomposant le produit
de la réaction par l'eau, on obtient les éthers oc-alcoylhydracryliques qui,
déshydratés, donnent lesélhersa-alcoylacryliques. C'est par cette méthode
qu'ont été obtenus les acides a-alcoylacryliques qui ont servi pour nos
recherches.
On sait, d'après les travaux de Filtig {Ann. de Liebig, t. CCLXXXIII,
p. 5o), que les acides non saturés Py se transposent sous l'influence des
alcalis en acides non saturés ap. Nous avons observé que l'acide sulfurique,
dans des conditions convenables, était susceptible de produire une migra-
lion inverse de la liaison èthylénique des acides a-alcoylacryliques.
Le mode opératoire employé est le suivant : l'acide non saturé est versé goutte à
goutte dans six à dix fois son poids d'acide sulfurique concentré ou à 80 pour 100, se-
lon le cas, refroidi à 0°. Le produit est chaufte au bain-marie pendant quelques heures,
puis versé sur de la glace. En saturant de sulfate d'ammonium, épuisant à l'éther et
traitant la solution éthérée par le bicarbonate de potassium, on isole, d'une part, des
produits acides, et d'autre part, des produits neutres.
Cette étude, qui a porté sur les acides a-éthyl-, propyl-, isopropyl-, bu-
lyl-, heptylacryliques, a.-méthyl-P-éthylacrylique et ap-hexénique normal,
nous a montré que l'on obtient des résultats différents suivaut la constitu-
tion de l'acide employé.
CO'H
GO^H
i-GH-CH^-CH_CH»
R_CH-GH^-GH-GH=
OH GO' H
0 GO
OH
G = GH' -^ R-CI1=— Gil-
- G - CH' -* H _ CH» - GH
CO^H
GO^H
SÉANCE DU l6 JANVIER IQoS. l49
D'une manière générale, la double liaison émigré dans la chaîne la plus longue, soit
en aj3 pour donner un acide non saturé isomère, soit en P'c en donnant une Y-Iaclone.
Le mécanisme de la transposition de la liaison èlliylénique sous l'influence de l'acide
sulfurique a lieu vraisemblablement par hydratations et déshydratations successives.
Nous avons' d'ailleurs pu mettre en évidence l'existence d'a-oxyacides intermédiaires
par la formation de cétones résultant de la décomposition de ces oxyacides avec perte
de 1°»°' d'oxyde de carbone et-de i™°' d'eau.
OH
R_GH'-CH^— G = GH^ R-CH-— CH^-G — GH' R— GH^— GH = G - GH^
GO' H ~^ GO- H GO- H
OH
-> R — GH^— GH - GH _ CH^ -^ R - GH = GH - GH — GH^
CH^— GO — GH'
Lorsque l'atome de carbone qui se trouve en y par rapport au carboxyle est pri-
maire, on obtient un acide non saturé a^, la double liaison se trouvant dans la chaîne
la plus longue. L'acide a-éthylacrylique, par exemple, fournit de l'acide tiglique et de
la méthylélhylcètone. Toutefois, si l'atome de carbone en p est tertiaire, la migration
s'arrête au premier ternie de passage et l'on n'obtient que la cétone correspondante :
l'acide a-isopropylacrylique ne donne que de la nièthylisopropylcélone.
Quand l'atome de carbone en y par rapport au carbonyle est secondaire, la réaction
donne naissance, à côté de la cétone, à une ^-lactone, dont la constitution a été dé-
montrée en la préparant d'autre part synthétiquement.
Lorsque la chaîne est normale, la migration semble se faire beaucoup moins facile-
ment; l'acide ap-hexénique, étudié à ce point de vue, ne nous a donné qu'une quantité
assez faible de lactone.
On peut remplacer, dans ces expériences, les acides a-alcoylacryliques par les acides
hydracryliques correspondants; il se produit alors une première déshydratation don-
nant l'acide alcoylacrylique.
Des essais faits en vue de rechercher si la migration ne se produit pas, soit en pré-
sence de soude caustique, soit par simple ébulliiion des acides, ne nous ont donné que
des résultats négatifs.
Fittig a donné une méthode de séparation des acides ap et pY non saturés {Ann. de
Liebig, t. GGLXXXHI, p. 5o).Gette méthode repose sur l'action de l'acide sulfurique
dilué (i^°' acide conc.-t-i'"' eau) sur les acides non saturés dans des conditions
convenables, les acides ap restant inaltérés, les acides Py étant transformés en
Y-lactones. Nous nous sommes demandé si nos expériences n'étaient pas en contradic-
ï5ô ACADÉMIE DES SCIENCES.
lion avec le principe de cette méthode. Il n'en est rien : les acides alcoylacryliques,
traités dans les conditions indiquées par Filtig, restent inaltérés. Ce résultat nous a
même permis de vérifier que les acides «-alcoylacryliques que nous avons étudiés
étaient exempts d'acides flY non saturés isomères.
CHIMIE ORGANIQUE. — Soudure de la leucine naturelle à l'acide carbamique.
Note de MM. Hugouxexq et Albert Morel, présentée par M. Armaiitl
Gautier.
L'union en une même molécule dus acides amidés est la voie par laquelle
on s'efforce d'arriver à la synthèse des glucoprotéines et peut-être à celle
des peptones et des albumines. On sait que M. E. Fischer obtient des pep-
tides
(AzH-R — CO - AzH - R'.COOH)
dérivés de deux acides amidés en transformant en amide la fonction acide
de l'un avec la fonction aminé de l'autre.
Nous avons essayé de souder ces acides amidés en les faisant entrer
dans une même molécule d'urée substituée :
/AzH-R— COOH
^^\AzH-R'-COOH
type de corps que Schûtzenberger prévoyait dans la molécule d'albumine.
Nous avons mis en œuvre les procédés classiques de préparation des
urées substituées ; ils nous ont tous donné des résultats que nous publie-
rons. Aujourd'hui nous signalons l'action de l'urée sur la leucine naturelle
(4 mélhyl-2 amino-penlauoïque).
CH^\
Acide leucine-hydanloique ^j^3pCH — CH- — CH — COOH. — Une molécule de
/AzH
^°\AzH^
leucine se dissout à i3o°-i35<' avec dégagement d'AzH^" dans un excès d'urée fondue.
Une fois la réaction achevée, on dissout la masse dans l'eau ammoniacale, puis on
précipite par un acide minéral étendu. On obtient une poudre blanche, cristalline,
que l'on purifie par cristallisation dans l'alcool et qui est l'acide leucine-hydantoïque,
dont les dosages élémentaires ont vérifié la constitution.
C'est un coq)S très blanc, leucinimoTphe, cristallisé en aiguilles fines, qui fond en se
décomposant entre 200° et 210°.
11 est très peu soluble dans l'eau froide, beaucoup plus dans l'eau bouillante; soluble
daos l'alcool, mais beaucoup pins à chaud qu'à froid.
SÉANCE DU l6 JANVIER îgo5. l3l
11 est insoluble dans les acides minéraux étendus, mais soluble dans l'acide acétique.
Il se dissout dans les bases alcalines avec lesquelles il donne des sels tiès solubles.
Ceux des métaux lourds sont fort peu solubles.
L'acide leucine-hydantoïqiie est décomposé en solution alcaline par riivpobromite
de soude avec dégagement d'azote et formation d'acide carbonique et d'acide leucique,
d'après l'équation :
CH'\
-CH=-CH-C00I1
COc(^^^JJ,H-3BrONa+2NaOII
= Az2+CO'Na2+2H=0 + 3Nf
™3^CH — CIP- CH - CO OH
OH
L'acide leucique que nous avons obtenu ainsi a été analysé après purification du sel
de zinc et identifié avec le produit décrit par Strecker et par Waage.
Leucine-/iydantoïne : ^^^^y en — CH'-—CH — CO. - En chauflant l'acide leu-
AzH AzH
\/
CO
cine-hjdantoïque au-dessus de i5o", nous l'avons transformé par perte d'eau en son
anhydride que nous avons purifié par cristallisation dans l'alcool et dont d'excellentes
anah'ses nous ont permis de vérifier la composition et la constitution.
La leucine-hydantoïne est un corps blanc, fondant en se décomposant à 200''-2io";
cristallisé en fines aiguilles soyeuses, très peu soluble dans l'eau froide, très soluble
dans l'alcool même froid, insoluble dans les acides minéraux étendus, très soluble dans
les bases alcalines. C'est un acide monobasique par l'atome H lié à l'Az placé entre
les deux CO. Elle est très stable et elle résiste à l'action ménagée de l'hypobromite de
soude, ce qui s'explique par l'existence du noyau — CH — CO.
AzH AzH
\/
CO
La soudure de la leucine avec l'urée donne donc naissance à un acide très résistant,
comme celle du glycocolle à l'urée a déjà donné de l'acide urique entre les mains
d'Horbaczewsky,
Par une longue ébullilioii avec l'eau, la leucine-hydantoïne s'hydrate et donne
l'acide leucine-hydantoïque.
Nous poursuivons sur ces corps, ainsi que sur l'acide tyrosine-hydantoïque déjà décrit
par Jaffe, ainsi que sur la tyrosine-hydantoïne découverte par Blendermann dans
l'urine, des recherches pour étudier pins particulièrement comment ces corps se com-
portent en présence des ferments digestifs et des microbes urophages. Nous exarfii-
nerons aussi si ces substances peuvent, dans les bouillons de culture des microbes
pathogènes, remplacer les glucoproléines dont M. Lepierre a indiqué l'utilisation par
ces organismes.
52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle méthode de synthèse des cétones satu-
rées par la méthode de réduction cataly tique . Noie de M. Darzens, pté-
senlée par M. A. Haller.
Dans une Note précédente j'ai montré que l'on pouvait préparer, par
une réduction convenable de l'oxyde de nickel, un catalyseur capable de
réduire des cétones aromatiques en carbures correspondants, sans toute-
fois hydroe;éner le noyau benzénique existant dans ces cétones.
En cherchant à hydrogéner à l'aide de ce même catalyseur des cétones
grasses saturées, j'ai été amené à reconnaître que ces corps résistaient à
l'action hydrogénante et passaient complètement inaltérées. Ce résultat est
entièrement conforme avec les observations de MM. Sabatier et Senderens
qui ont constaté la production des cyclohexanones dans l'hydrogénation
des phénols, ces cétones cycliques ayant beaucoup d'analogie avec les
cétones grasses saturées.
Cette stabilité remarquable du groupe CO vis-à-vis des catalyseurs, atté-
nuée par une réduction à une température convenable ou un simple recuit
d'un catalyseur actif, m'a fait penser que l'on pourrait facilement préparer
les cétones saturées C"H^"0 par hydrogénation des cétones non saturées
dutypeC"H^"-^0.
L'expérience a entièrement confirmé cette prévision, mais elle a montré,
en outre, que la température de préparation du catalyseur avait encore
une importance bien plus grande.
Pour réussir ces sortes d'hydrogeDations, sans production d'alcool, il convient
d'opérer la préparation du catalyseur entre 245° et 25o°, la température de réduction
étant de 180° à 190°.
Pour séparer la cétone saturée ainsi préparée, je traite simplement le produit de la
réaction par de l'acide sulfurique à 60 pour 100 environ, qui a la propriété de détruire
les cétones grasses non saturées et de dissoudre les alcools qui auraient pu prendre
naissance; le liquide décanté est ensuite lavé, séché sur le sulfate de soude et distillé.
L'oxyde de mésityle :
J^[J'\c = CH-CO-CH'
se transforme ainsi en raélhylisobutylcétone.
La méthylhexanone synthétique, préparée par condensation de l'acétone avec l'iso-
butylaldéhyde,
CH[\C - CH =: CH - CO - CIP
SÉANCE DU l6 JANVIER KV.'Ï.
m'a condiiil avec de bon"; rendements à la mi'thj'lisoamylcétone,
J^^^I'^C - CIP- CH'- CO - CH'
Cri''/
bouillant à i44°-i46°- Semirarbazone fondant à i4i°-i42"-
La méthylhepténone naturelle :
[.'53
CH3
)C = CH - CH= - CIP - CO - CH'
que la méthylhepténone svnlhéliqu
CH
CM - CPP— CH = CH - CO - CH
m'ont donr
carbazone,
i toutes les deux la même isohe
i53''-i54°.
dcétone, bouillant à t68°-i70''. Semi-
Les cétones non saturées se préparant très facilement par la condensa-
tion des aldéhydes avec l'acétone ordinaire, il en résulte une méthode
générale et pratique pour la préparation des cétones saturées, permettant
de passer d'une aldéhyde grasse en C* à la cétone saturée en C"'^^.
J'ai indiqué dernièrement une méthode de synthèse des aldéhydes qui a
pour point de départ ces cétones saturées; la combinaison de ces deux
méthodes de synthèse perinet donc de réaliser également le passage d'une
aldéhyde grasse en C" à l'aldéhyde homologue supérieure en C""^'.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Borrelly (1904 e) faites à l'Obser-
vatoire de Besançon, avec iéquatorial coudé. Note de M. P. Chofardet,
présentée par M. Lœwy.
Temps moyen
Nom
bre
Dates.
de
fie
190.3.
Étoiles
Gr.
Besançon,
h m s
Afi.
AP.
comparaiso
nvier 7 .
. a
10
6. .53. 5
—
o'!'4o'28
- 4'. 3.", 5
9
6
7.
. a
10
7.29.14
—
0.38,28
^ 5.44,0
9
6
8.
. b
10
6.34. 19
—
1 . 1,11
+ 4. 9,'^
12
9
9.
. c
8,9
6.49.52
-)-
1.39,61
r- 5. 3,3
12
9
» 10.
. d
8,3
6.26.14
+
0.10,47
- 6.34,4
12
9
10.
. e
9-'
6.26.14
—
0.39,63
— T. -25, 8
8
9
» II.
■ I
7,5
6.20.51
H-
2. 0,81
+ 1.49,8
12
12
C. R.
1906, !•
Semestre
(T. CXL, N° 3
)
?.o
[54
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 190.5,0.
Distance Rëd
Catalogues.
An. rapp. à 1933 Paris, i
An. rapp. à 3o8 AG. Nicolajew i
290 AG. Nicolajew i
3o4 id. 1
807 id. I
3o3 id. I
Ascension
droite
moyenne.
26.26,2.5
28.16,23
27. 8,77
3o. 10,02
3i . 0,02
29.54,62
Réductid
au
jour.
— 0,12
— 0,11
■0,11
moyenne.
92. 49'. 20'; 8
91.53. 0,7
gj . 3.3o,6
90.27.59,5
90.22.49, 5
8q.3l
.58,3
8,2
8,0
■7.7
■7.7
■7>7
■7.4
Dates.
1905.
Janvi
Positions apparentes de la comète.
Ascension Distance
droite Log. fact. polaire
apparente. parallaxe. apparente.
25.45,86
25.47,86
27. I 5, 02
28.48,26
3o. 20, 38
3o. 20, 3o
3i .55,32
8,77>
9,082
8,482
8.79«
8,392
8,392
8,285
92.44.57,5
92.43.45,0
91 .57. 18,2
91. 8.41,6
90.21 .32,8
90.21. 3i ,4
89. 33.55,5
Log. fact.
parallaxe.
0,824„
o,8i8„
o,8i3„
o,8i3„
Remarques : Janvier 7. — La première série est interrompue par des nuages. Pen-
dant la seconde série, faite par un beau ciel, la comète apparaît comme une conden-
sation ronde de 10'= à 11" grandeur et de i' de diamètre.
Janvier 9. — Un assez fort venl du SW agite la lunette.
Janvier 10. — La comète a sensiblement le même aspect que les jours précédents,
mais le noyau est plus brillant.
Janvier 11. — Le voisinage de la Lune, âgée de6jours, atténue l'éclat de la comète,
aussi les pointés en sont gênés.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète BorreUy{e, 1904) /ailes à r Obser-
vatoire d'Alger, à l'équatorial coudé de o'",.3i8. Note de MM. Rambaud
et Sy, préseotée par M. Lœwy.
Dates.
1904-05.
Dec. 3o.
3i.
Janv. 5.
Temps
moyen
d'Alger.
9.25. 7
8.45. 6
9. o.i3
9.28.39
-1-0.36,82
— o.3i ,52
— o. 8,25
— o. 6,54
AtD.
-i5'. i6"3
- 7-23,9
-i3.i4,4
-12. 17,7
Nombre
de
compar. Observ.
SÉANCE DU l6 JANVIER 1905. l55
Positions des étoiles de comparaison.
Ascension Réduction Réduction
droite au Déclinaison au
Étoiles, moyenne 1904-05,0. jour. moyenne 1904-05,0. jour. Autorités.
a.... i.i4!'i3'33 H-a'sS — 9.25'..5a"5 +9^6 Wien-Ottakring
b.... 1.16.86, 38 +2,87 —8.30.17,9 +9-7 Wien-Otlakring
c 1.23.6,28 —0,12 —4.3.55,3 —8,3 Paris, n° 1811
Positions apparentes de la comète.
Dates. Ascension droite Log. fact. Déclinaison Log. fact.
1904-05. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
Dec. 3o i.i/(-53,oo T,.5oi — 9.10.26,6 0,782
3i 1.16. 7,73 T,4o.5 — 8.22.44i3 0,676
Janv. 5 1.22.57,91 ~i,\'J& — 4-i7-i8>o 0,754
5 1.22. 5g, 62 T,534 — 4-'6.2i,3 0,700
On voit la comète sous la forme d'une nébulosité arrondie d'un diamètre de 45"
environ, avec un noyau central très net de 6", dont l'éclat est comparable à celui d'une
étoile de 10' grandeur.
GÉOLOGIE. — Esquisse orogénique des chaînons de l'Atlas au nord-ouest
du Choit cl Hodna. Note de M. Savor.mx, présentée par M. Michel
Lévy.
L'orographie de l'Algérie se résume, comme on sait, en deux grandes
chaînes convergentes connues sous le nom A' Allas ; au nord V Allas tellien,
au sud V Atlas saharien. La rencontre géographique des deux systèmes mon-
tagneux se fait au nord du bassin du Chott el Hodna, qui est la terminaison
orientale, l'angle aigu du triangle des Hautes-Plaines intermédiaires. Or
les deux Atlas se distinguent nettement par leur direction générale, par
leur aspect extérieur, par les terrains qui les constituent, et enfin par
l'architecture de leurs chaînons.
La structure simple de l'Atlas saharien est mise en évidence par la troi-
sième édition de la Carte géologique au 800 000" de l'Algérie. Les plisse-
ments y sont en quelque sorte seulement ébauchés et constituent des fais-
ceaux amygdaloïdes ('). Les seuls terrains que ces ondulations laissent
(') Et. RiTTER, Le Djebel Amour et les monts des Ouled Naïl {Bull. Sert', de la
Carte d' Algérie, 1902).
,5h ACADÉMIE DES SCIENCES.
voir, dans le sud algérien (monts des Ouled Naïl), sont les étages créta-
ciques, du Néocomien au Turonien. Le Sénonien est rarement conserve; le
jurassique supérieur ne pointe que dans quelques dômes plus accusés. ^
L'Atlas tellien est autrement complexe à tous les points de vue. L oro-
graphie en est plus variée, plus tourmentée, pourrait-on dire. La série des
éta-es qui s'y montrent comprend tous les terrains connus en Algérie,
depuis les schistes les plus anciens, cristallins ou non, jusqu'au Pliocène
le plus récent. Les plissements y sont extrêmement énergiques et ont
réalisé les structures les plus diverses et les plus compliquées.
Or i'ai pu conslaler que les plis embryonnaires de l'Atlas saharien se retrouvent
parlout au nord du Hodna, dans les contreforts méridio.aux de l'Atlas tell.en mais
qu'Us y sont empâtés, déformés par une structure plus récente et plus ""'pliquee.
Dans cette région, qui comprend de l'ouest a l'est : VOuennon^ha. le sud de U Med-
jana les Monts hodnéens et, sans doute, le Bellezma ('), on peut reconnaître 1 exis-
tence d'une série d'anciens dômes, surtout indiqués par des arêtes de calcaires luro-
niens formant ceinture à des noyaux infracrétaciques : I, au flanc sud du Djebel
Choukchot; II, à Sidi Amar {Dreat); III, à Medje. el Foukany, \N .^ Djebel
Maâdid; V, au Talemlaga; VI, dans les monts des Ouled Hamreche;^\\, à^ns les
monts d;s huled Tebben; VIll, dans le Djebel Boa Taleb ; IX, dans le Djebel Gne.s.
Ces trois derniers sont depuis longtemps reconnus comme se rattachant a la chaîne
saharienne. Plus à l'est, le Djebel Touggourt, de B^in,, .e rattache évidemment au
faisceau de l'Aurès. Plus à l'ouest, le Bou Taleb a été parfaitement décru par M H-
cheur (») et il ressort de cette description que ce massif avait déjà acquis une mdivi-
dualité bien nette avant le dépôt du Sénonien .V^/eV/e,//- (poudingues rouges). J ai
moi-même indiqué récemment que, dans le Maâdid C), VMu.e àa Senonœnsuj^e-
rieur révèle l'existence d'un dôme elliptique à cette place avant le dépôt des calcaires
à Heterolamnas Maresi. .
Mais ce n'est pas tout : tandis qu'au sud du Hodna ou delà zone des steppes qui lui
fait suite à l'ouest, les montagnes de l'Atlas saharien ne semblent montrer aucune
trace de terrain plus récent que le Sénonien, au nord sont largement représentes
l'Éocène et même le Miocène inférieur. Ce dernier terrain, signale depuis Brossard ( ).
au sud des monts du Hodna, existe également au nord de ces montagnes, ainsi que je
l'ai fait connaître (3). On sait que ce Cartennien débute constamment par des orina-
lions littorales, ce qui m'a permis de reconnaître sur une assez grande étendue le,
contours di-s rivage^ correspondant?. ^
"^Voir pour ces noms : A. Bernard et E. F.c.ikur, Les régions naturelles de
l'Algérie.
r^\ B. S. G. F., Z' série, t. XXI.
» B S G F., 3= série, t. IV : Structure du Djebel Maâdid et du Talemlaga.
H Constitution physique et géologique de la région de Sétif {Mém. S. G. F.,
a'^ série, t. Vin ).
SÉANCE DU r6 JANVIER igoS. l5n
En outre, j'ai reconnu que la constitution des sédiments supérieurs décèle leur dépôt
dans un géosynclinal en voie d'affaissement continu. Or, ce /)//o«vieparticipp lui même
à des plissements remarquables. C'est une deuxième structure, véritablement super-
posée à la première. Les anciens plis ont été déformés, exagérés. C'est au point que le
flanc sud du Djebel Choukchol{V) montre un remarquable recouvrement d'un paquet
infracrétacique sur des tranches peu inclinées de Sénonien; montre aussi le Cénoma-
nien arrivant, par un pli faible déversé au sud, sur le Miocène.
Dans le Dreat {II), le noyau infracrétacique (peut-être même avec du
jurassique supérieur : dolomies de El Hamra rappelant celles de Bou Saada),
s'est comporté comme un solide môle contre lequel les plis récents, venus
du nord, se sont écrasés. Par contre, au sud de ce massif, les dépôts mio-
cènes sont demeurés absolument tranquilles : on y voit le rivage de la
première invasion marine presque exactement repéré par la courbe
de lOGo"".
Le dôme de Medjez (III) est trop peu accusé pour qu'on puisse y recon-
naître deux phases de plissement.
Dans le Maâdid (IV) le mouvement miocène a simplement déplacé l'axe
du dôme elliptique, ce qui a produit l'apparence d'anomalie delà direction
de cet axe, par rapport à ceux des autres chaînons des monts du Hodna (').
Ici, l'effort orogénique de la deuxième structure semble s'être satisfait par
le système de failles que j'ai fait connaître. Mais, plus au nord, dans le
Medjana, j'ai reconnu des plis couchés au sud et admettant du Cartennien.
En résumé : i" Les plis de l'Atlas saharien ont existé, avec tous leurs ca-
ractères propres, flans la région actuellement occupée par l'Atlas tellien
au nord des plaines de Hodna et de l'oued el Ham.
■2° L'âge de ces plis est ordinairement compris entre le Crétacique supé-
rieur el l'Eocèue inférieur.
3° Un géosynclinal miocène {Carlennien) s'est constitué au nord du
Hodna et, plus exactement, au nord de la série de dômes que j'ai énii-
mérés.
4° De ce géosynclinal sont sortis des plis d'âge miocène (fin du i" étage
méditerranéen), qui ont rénové la structure primitive, en la compliquant
de plis étirés et de grandes fractures accompagnées ou non de chevauche-
ments.
(') Cf. BiiossARD, loc. cit.; KirrER, loc. cit.; Savor.mx, loc. cil.
l58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur l'existence et la situation tectonique anormale de dépôts
èocènes en Nouvelle-Calédonie. Note de MM. J. Deprat et M. Piroutet,
présentée par M. Michel Lévy.
On observe, le long de la côte occidentale de la Nouvelle-Calédonie, une
formation assez importante de calcaires et de calcaires gréseux accompagnés
de poudingues. Ces dépôts furent d'abord assimilés par MM. Garnier et
Heurteau (') aux formations cristallines que l'on observe en lentilles dans
les terrains anciens de l'ile. Ensuite, M. Pelatan (-) les rapporta au même
niveau que les couches à Mytilus problematicus Zitt. de Téremba, mais
constata que la zone à Pseudomonotis leur était superposée. Enfin, l'un de
nous, envoyé en mission géologique par le Ministère des Colonies, par-
courut, en 1901, une partie de l'île. Observant ces formations sous le
niveau à Pseudomonotis, il crut pouvoir les considérer provisoirement
comme antérieures au Trias supérieur; la présence de Numm. pristina
Brady, indiquée dans les anciens Traités de Paléontologie comme carboni-
fère, lui parut confirmer l'âge indiqué par la situation stratigraphique et
l'autoriser à rapporter certaines sections au groupe des Fusulines (').
Des études récentes entreprises par l'un de nous en utilisant un grand
nombre de plaques minces et de préparations des foraminifères inclus dans
la roche ont permis d'y reconnaître une grande abondance de foramini-
fères appartenant principalement aux Orbitoïdes et notamment aux formes
dont les loges équatoriales présentent une section cariée ou rectangulaire
et que l'on groupe sous le nom lY Orthophragmina.
On sait, d'ailleurs, que les Orthophmgmina ne se retrouvent pas dans
les dépôts inférieurs ou supérieurs à l'Éocène, comme cela a été nettement
(') Garnier, Essaisur la géologie et les ressources minérales de la Nouvelle-Calé-
donie {Ann. des Mines, 6^ série, t. XII, 1867, p. 1-92, pi. I-II, Carie). — Heurteau,
Rapport à M. le Ministre de la Marine et des Colonies sur les richesses minérales
et la constitution géologique de la Nouvelle-Calédonie {/bid., 7" série, l. IX, 1876,
p. 282-454, Carte).
(2) Pelatan, Les Mines de la Nouvelle-Calédonie, etc. (Génie civil, t. XIX, 1891,
p. 351-439).
(=*) Piroutet, Notes préliminaires sur la géologie d'une partie de la Nouvelle-
Calédonie {B. S. G. F., 4' série, t. III, p. i55 à 177).
SÉANCE DU l6 JANVIER igoS. iSg
indiqué par plusieurs auteurs qui se sont spécialement occupés de la
question.
La présence de ces formes caractéristiques suffirait donc à elle seule à
affirmer l'existence de l'Eocène. M. Douvillé, à qui nous avons soumis
nos échantillons, a bien voulu nous confirmer cette attribution par son
contrôle.
En plus des Orthophragmina qui remplissent certains bancs, l'un de nous
a observé une grande abondance de sections de Nummulites et d'autres
foraminifères moins caractéristiques (Popidéry, usineàgaz deNouméa, etc.).
Ces dépôts paraissent nettement transgressas sur les étages plus anciens,
comme le prouve la présence de poudingues également riches en Ortho-
phragmina et où l'un de nous a reconnu au microscope des débris arrachés
à toutes les formations antérieures. D'après nos recherches, ces dépôts
paraissent exister tout le long de la bande occidentale de la portion de la
Grande-Terre, c'est-à-dire des environs deNouméa au cap Goulvain.
L'étude de la chaîne centrale n'a pas permis encore d'observer de lam-
beaux de cet âge.
La présence de l'Éocéne en Nouvelle-Calédonie présenle également un
grand intérêt, par suite de la situation absolument anormale de ces cal-
caires, par rapport aux terrains secondaires et anciens. Partout où l'on
peut les observer, ils s'enfoncent en couches, parfois voisines de l'hori-
zontale, sous les dépôts plus anciens. Tantôt c'est le Trias à Pseudomonotis
qui recouvre l'Eocène fossilifère, tantôt c'est le Lias qui le surmonte. Ces
derniers dépôts diminuent de plus en plus d'épaisseur en avançant vers la
chaîne centrale et même paraissent manquer quelquefois, sauf entre Bou-
loupari et Thio où l'on rencontre ces couches jusqu'à la Roua, aux envi-
rons de Bourail et dans la vallée de Ni.
D'après les faits observés, on trouve généralement au-dessus de l'Eocène
une série normale allant des couches à Pseudomonotis au Crétacé inférieur
(avec lacune correspondant à une partie du Jurassique). Le fait très
curieux est que, la série qui repose sur l'Eocène étant normale, on ne
pourrait supposer l'existence d'un paquet de plis empilés et couchés sur
cet étage, plis dans lesquels il constituerait l'axe des synclinaux. On est
donc forcé d'admettre la présence d'une puissante écaille de terrains
secondaires, refoulée d'abord sur l'Eocène et plissée ensuite avec lui.
La chaîne centrale, formée de terrains anciens et contre laquelle se
relèvent et se renversent vers le sud-ouest les terrains secondaires, semble
une seconde écaille poussée sur la première et recouvrant sa racine.
^Q^y ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces charria^es n'ont pour nous rien de couimim avec celui des serpen-
tines indiqué par M. Classer. Ce géologue a cru devoir ui.liquer que les
roches serpentineuses étaient charriées sur le Crétacé. Or pour nous elles
ont bien été charriées, mais avec le Crétacé et non sur le Crétacé. Il serait
prématuré sans doute de chercher déjà à retracer en déta.l Tensemble des
faits observés. Nous pouvons toutefois admettre déjà au début de l'Eocene
la présence d'un géosynclinal compris entre l'Australie et une chaîne de
terrains secondaires et anciens bordant la mer de Corail. La transgression
éocène envahit toute la région sud-occidentale et peut-être bien toute la
ré-ion occidentale de la Nouvelle-Calédonie. A la fin de la période éocène
des mouvements tectoniques puissants refoulèrent sur les calcaires a OrzAo-
phragmina des écailles superposées de terrains de plus en plus anciens,
écailles dont la racine doit être cherchée vers le nord-est.
GÉOtOGlE. — Observations géologiques recueillies par la mis-
sion Chari-Lac Tchad. Note de M. H. Courtet, présentée par
M. A. Lacroix.
Les investigations géologiques de la mission scientifique Chari-Lac Tchad
portent : , . .
lo Eu prenant pour point de départ Fort-de-Possel, poste s.tue au con-
fluent delà Rémo avec l'Oubangui, sur une région mesurant au nord-nord-
est 525'- à vol d'oiseau, soit de la Haute-Ombella (S^SoMe latitude et
,6°45' de longitude) jusqu'au pavs des GouUas (9030'de latitude et 19° de
lono;itude). , v. i 1.
20 En prenant pour point de départ Ndélé, capitale des Etats du sultan
Snoussi. sur une région mesurant au nord-ouest 825- ^ jo^ ^ «'^^^"
(rive droite du Bangoran, Bamingui et Chari). soit de Ndélé (8o25 de lat.
tude et i8"25' de longitude) jusqu'à Mondo (Kanem) (i3<>45' de latitude e
i3° 10' de longitude).
La plus grande partie de ces régions n'avaient été parcourues jusqu a
présent par aucun géologue, mais nous avons recoupé en outre les itiné-
raires de deux explorateurs, MM. G. Bruel et L. Lacom, qui ont fourni des
indications géologiques (') sur leur vova^e.
(•) G. BnuEL, La région civile du Haut-Chari {La Géographie, t. V, .902).
- L. I.ACO.N, Observations sur la Géologie du pays de l'Oubangui au Tchad
{BuUelin de la Société géologique de France, k" série, t. 111, igoS).
le et
SÉANCE DU l6 JANVIER igoS. l6l
La première région offre, sur tout son parcours, l'aspect d'un immense
plateau ondulé, dont les altitudes vont en croissant dans la direction du
nord-nord-est et varient de 442- (fort Sibut) à 6n- (Ndélé), pour at-
temdre un maximum de 827"^ un peu au sud-est de Ndélé. Des points cul-
minants on aperçoit, s'estompant jusqu'à l'horizon, les lignes de plus en
plus m.lecises des collines, lignes desquelles émergent par endroits des
mamelons disséminés, arrondis ou des rochers abrupts que Ton nomme
kagas, ceux-ci atteignent rarement 100- au-dessus du niveau général des
terrams environnants.
Jusqu'au voisinage de Ndélé, la surface du sol est recouverte par des formations
rouges, très ferrug.neuses, plus ou moins latériiiques. Par places, les érosions ont mis
a nu des roches variées dont je poursuis l'étude minéralogique dans le laboratoire de
M. A. Lacroix, au Muséum : je me propose de donner dans cette Note un premier
aperçu de leur distribution géographique et de leur nature.
Le cours de la Tomi franchit dans sa partie inférieure un échelon de schistes mi-
cacés de calcschistes et de quartzites , un peu plus au nord, se rencontrent les premiers
granités (parfois riches en épidote). A l'est, la Haute-Ombella est caractérisée par un
lambeau de gneiss amphibolique et, au nord, par des gneiss et du granité. De Fort-
S.l3ut a la ligne de partage des eaux (Dekoiia), on rencontre une série de gneiss, sou-
vent pyroxeniques, quelquefois pyroxéniques et amphiboliques, et l'on atteint, à
Dekoua, un important affleurement de granité à épidote. La rive droite du bassin de
la INana est surtout caractérisé-
sistance à l'érosion les chutes de cette rivière.
Au confluent de la Nana et du Gribingui et sur la rive droite, le Kaga Bandéro (Fort-
Crampel) constitue un important mamelon de gneiss, auquel sont associées des lepty-
nites, avec lentilles ou lits de gneiss pyroxéniques et amphiboliques. Non loin delà
apparaissent des quartzites à muscovite.
Le Kaga M'Bra est constitué par un amas de blocs gigantesques de ces mêmes quart-
zites micacés, empilés comme au hasard et dans lesquels il est impossible de déter-
miner une direction certaine de stratification. Certains lits de ces quartzites renferment
aes minéraux interesçants, en particulier du disthène, avec fort peu de duraorliérite et
de klaprothite.
Au nord du Kaga M'Bra, on entre dans une région caractérisée par des mamelons
«;anU.ques,dontiIa été parlé plus haut; ils sont rarement isolés et se présentent
o.dinaire groupes en plus ou moins grand nombre, par suite de l'irrégulière désagré-
gation d un même massif, voici les principaux gisements à signaler : Aux Djé, le gra-
'11 e est a grain moyen ; le groupement de Balidja est plus complexe, le type granitique
le plu^s abondant y est pcphyroïde ( grands cristaux de microcline ), mais il passe parfois
n lamte a grain un.lorrae. Des filons d'aplite et de granité à grain fin sont fré-
quents, ils ont une direction NO-SE.
La trace d'actions mécaniques puissantes se manifeste dans quelques
pouits de ce massif granitique, les roches sont dans ce cas laminées et
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. C.XL, N° 3.) 21
jg2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
leurs éléments orientés dans une direction parallèle à celle des fdons
"^Elfin, à l'extrémité de cette région, le pays de Snonssi est caractérisé
par des grès horizontaux en masses épaisses, que l'on doit sans doute
assimiler à ceux de Raroo. Ces grès ne sont que localement recouverts par
la roche ferrugineuse, ils reposent sur des gneiss, des quartzites micacés
ou sur des granités. j j i j^
Enfin, je citerai au milieu de ces quartzites 1 existence de dykes de
norite et de gabbro.
La seconde région constitue une immense plaine, généralement maréca-
geuse, dont la pente très faible vers le nord-ouest n'atteint qu une diffé-
rence d'environ iio™ sur une distance a vol d'oiseau de 700-. De celte
plaine émergent quelques mamelons ou rochers abrupts, toujours de
faible allitud^e au-dessus du niveau général.
Parmi ceux-ci je citerai en particulier les monts des Nlellims et aussi le Dar-el-
Hadjer (pays des rochers), situé entre le lac Tchad et le lac Fiuri, qu, sont .onstUues
par du granité fréquemment porphyroïde.
' Le Dekaldré, également granitique, traversé à Korbol par un filon de — S'-'
à grands cristaux de microcline. Tous ces affleurements sont entoures d -« «- -J«
de latérite très ferrugineuse. Enfin les rochers de Hadjer-el-Hamis, sur le bord même
du Tchad sont, on le sait depuis quelque temps, constitués par unerhyohte a a^gynne.
En résumé, les gisements discontinus de roches que nous avons observés
au cours de notre long voyage montrent que la région est constituée par
des schistes cristallins, souvent plus ou moins redressés verticalement, tra-
versés par des roches granitiques variées, et recouverts en strat.f.cation
discordante par les grès horizontaux sans fossiles que l'on rencontre sur de
si vastes étendues en Afrique (•)• Enfin, nos observations montrent que
l'Hadier-el -Hamis est le dernier gisement vers l'est de cette province pelro-
graphique caractérisée par des roches alcaUnes qui, d'après des recherches
récentes, se développe au nord, au sud et à l'ouest du Tchad, et qui est
fort différente de celle que nous étudions ici.
"^^N^i^T^^^^ouvé, dans le Kanem, des calcaires et des marnes non fossilifères,
ainsi qu'un tuf calcaire contenant des débris de roseaux actuellement à l étude.
SÉANCE DU iG JANVIER iqoS. l63
CHIMIE appliquée; — (ontrihulion à l' élude chimù/iie des sols, des eaux, et
des produits minéraux de la région du Chari et du lac Tchad. Note de
M. Alexandre Hébert, présentée par M. Armand Gautier.
Au cours de la dernière mission qu'il a remplie dans la région du Chari
et du lac Tchad, M. Auguste Chevalier a réuni un certain nombre de do-
cuments géologiques, agricoles et industriels dont il a bien voulu nous ré-
server l'étude. Nous sommes heureux de l'en remercier.
Terres à culture. — La mission a prélevé des échantillons des principaux
types de sols cultivés par les indigènes ou sur lesquels croissent à l'état spon-
tané diverses plantes industrielles ou alimentaires. Les prélèvements ont
été faits en quatre régions très distinctes au point de vue du climat ou des
productions : i°à Krébedjé, à 5° de latitude N., sur l'emplacement du jardin
d'essai installé par la mission, où le sol se prête bien à la culture des plantes
tropicales; 2" dans le pays Snoussi, par 7°, 5 dans la zone soudanaise, sur
des terrains où l'on trouve à l'état spontané le Coffea excelsa; 3° dans le
Bas-Chari, à Bousso et à Mandjafa, entre le 10" et le 11* parallèle, sur des
emplacements très favorables à la culture du coton ; 4" au^ environs de
l'Ouadi Rédessa où croît à l'état spontané le Gossypiun anomalum. De
l'état physique et des compositions de ces divers échantillons il se dégage
les conclusions générales suivantes :
Tous ces terrains, fortement sablonneux, sont généralement très riches
en azote, ce qui contribue à leur donner des propriétés fertilisantes. Cet
avantage est partiellement contrebalancé par l'absence presque complète
de chaux, de potasse, de magnésie et d'acide phosphorique et par la pré-
sence d'une assez forte quantité d'argile et de sels de soude. Bien que la
plupart de ces terrains soient favorables à la culture d'un certain nombre
de végétaux déjà acclimatés, ils gagneraient beaucoup à recevoir des addi-
tions d'engrais supplémentaires, quand les moyens de transport pourront
le permettre d'une façon pratique.
Minerais et produits minéraux. — Le seul minerai rencontré en grande
quantité par la Mission Chevalier est le minerai de fer, très abondant dans
le bassin du Chari du 6" au 12* parallèle et dont les indigènes font l'exploi-
tation.
Ces minerais présentent une bonne composition moyenne et se prêtent
l64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à l'extraction du métal par la méthode dite catalane. Nous donnons ci-
dessous la composition d'un de ces minerais ainsi que de la scorie et du
métal qui en résultent après traitement indigène :
Minerai de fer- du pays d'Oiilgoii.
Oxyde de fer (Fe-0^) 4i,JO (Fe — 29,o5 p. loo)
Oxyde de manganèse (Mn'O') i , lo (iMn =0,79 p. 100)
Oxyde d'aluminium 5, 61
Oxyde de calcium 0,78
Oxyde de magnésium o,54
Acide sulfurique 0,07 (S =o,oa8 p. 100)
Acide phosphorique i , 17 (P = o,5i p. 100)
Gangue ou parties insolubles 87 , 58
Perle au feu 1 1 , 70
100,00
Fer fabriqué avec ce minerai. {Pour 100 de métal brut.)
Carbone total 0,216
Manganèse o, i à 0,2
Soufre moins de 0,02
Phosphore 0,22
Silicium i,63
Fer Le complément
Scorie provenant de la fabrication de ce fer.
Silice 62,74
Oxyde d'alumiiiiuin 12, 54
Oxyde de calcium i ,92
Oxyde de magnésium Traces
Protoxyde de fer 2 1 , Sg
Protoxyde de manganè-e 0,91
Acide phosphorique 0,22
99-92
Le carbonate de soude naturel, ou natron, se trouve en gisements au Borkou et au
SÉANCE DU l6 JANVIER IQoS. l65
Sahara et donne lieu à un commerce important avec le Bornou, le Baguirmi et
rOuadaï. Un échantillon de natron de Borkou, qui nous a été soumis, s'est montré
composé de carbonate de sodium hydraté presque pur. On le trouve aussi, mélangé
d'une forte proportion d'autres sels alcalins, à Test du Tchad dans des cuvettes assé-
chées ou partiellement recouvertes d'eau.
Le chlorure de sodium existe en couches blanches stratifiées dans le lit du Rahat-
Saraf et à l'état de dépôts rouges dans l'Ouadi Demi à l'est du Borkou. Ce dernier sel
prend, après quelque temps, une couleur rouge brique due à la présence d'un composé
de fer qui s'oxyde peu à peu. Cette matière est constituée par du sel marin très impur.
Le chlorure de sodium d'origine végétale du pays Assala est fabriqué par lessi-
vage des cendres du Doum {Hyphœna Thebaica) et du Salvadora Persica: il s'ex-
porte au Baguirmi et au Bornou et est prélevé comme impôt par l'administration
française. Ce sel est composé principalement d'un mélange de chlorures de potassium
et de sodium. Il est intéressant de rapprocher sa composition de celle donnée par Dy-
bowski et Demoussy ('), pour les sels d'origine végétale employés comme condiments
par les populations voisines de l'Oubanghi et qui étaient composés de carbonate, sul-
fate et surtout de chlorure de potassium, à l'exclusion de sels de sodium.
Efflorescences cristallines et eaux de la région du Tchad. — Le Chari, qui
se jette au sud du lac Tchad, subit en novembre une crue telle que ses eaux
se répandent dans une série de bassins bordant la grande nappe du lac.
L'évaporation et l'infiltration amenant la baisse des eatix, les bassins ne
communiquent plus avec le lac et finalement, la concentration continuant,
il reste une croiite de sel à la surface du sol asséché.
Les efflorescences qui ont été rapportées formaient une masse compacte, cristalline,
grise, alcaline, à odeur d'ammoniaque et de méthylamines, de saveur salée et amére,
formée principalement de sulfate de sodium hydraté avec un peu de sels de potassium,
de calcium et de magnésium. Ces sels proviennent de l'évaporation des eaux d'inon-
dation, car un échantillon de ces dernières, que nous avons également analysé (^),
présentait aussi une réaction alcaline, la même saveur salée et amère et était constitué
principalement par du sulfate de sodium avec quelques sels de potassium. De plus,
il était sulfhydrique, par suite vraisemblablement d'une réduction biologique par-
tielle des sulfates, et renfermait une forte proportion de matières organiques azotées
qui donnent naissance aux composés ammoniacaux et aminés que renferment les efflo-
rescences.
(M Comptes rendus, t. CXVI, p. 898.
{"-) La composition intégrale et détaillée de tous les matériaux cités dans cette Note
sera indiquée dans un Mémoire qui paraîtra au Bulletin de la Société chimique.
i66
ACADÉMIE DES SCIENCES.
HYDROLOGIE - Sur la source de Hammam Moussa près de Tor (Sinaï).
Noie de MM. R. Fourtau et N. Georgiadês, présentée par M. Albert
Gaudry.
Nous croyons intéressant de communiquer à l'Académie les résultats de
notre examen d'une source thermale située sur la côte ouest du Sinai a 5
au nord du petit port de Tor, station quarantenaire pour les pelerms musul-
mans à leur retour de la Mecque. , „ ,
Elle est au pied du Gebel Hammam Moussa auquel elle a donne son nom.
Cette montagne est la plus méridionale de la chaîne côtière ciu Gebel Araba,
oui de l'embouchure de l'Ouady Feiran à Tor, forme la partie occidentale du
Lnd synclinal d'El Gara décrit par le savant professeur de 1 Université
d'Iém M J VValther('). Une faille est-ouest a coupé brusquement ce syn-
clinal au Gebel Hammam Moussa et c'est au pied de l'abrupt versant sud de
cette montagne que l'on trouve la source qui nous occupe.
La température moyenne est d'environ + 25" ainsi qu'il résulte des notes prises par
mt de rÔus (^) au cours d'un voyage d'études dans cette région. Comme la tempera-
ire moyenne à Tor est de + i8" il semble résulter de la température de la source une
venue en profondeur de i5o™ à 200™. - u ■ , .
Cette source a un débit peu abondant, elle sourd entre des marnes «//---
Lmk., c est-à-dne a la limite du Ceno-
cubicus Des. et des calcaires à Oslrea af ricana Lmk., c'est-a-dire a la limite au .eno-
Z'Z inférieur et du Cénomanien moyen. Les marn.s -"—" \^^^-™^^X:
filons de gypse cloisonné et de petits amas de sel gemme, ce qui nous autouse a due
nue la source doit sa minéralisation au lavage de ces marnes. . , .„
' ;! les résultats de l'analyse faite par l'un de nous (^) sur un échantillon apporte
nar ordre du Supérieur du couvent du mont Sinai : . -,
' clcr.«.BOKL.o..PTiQ..s. - A froid, odeur ^'^ V-^^%^°"^— /j; :;r!:
à chaud odeur sensible de matières organiques. - Sa.eur franchement saline.
^H à i5o=i,oo5. - Réaction légèrement acide = o,oi568SO^H^ pour 1000. -
?::C normale'. - De.ré hyarotiméCri.ue So^. - E.traU a i2oo=9^,33o par
lit.
(.) J. Walt„.k, Die Korallenriffe der Sinail,aMr^eliAI>nand,. d. nuUk. phys.
Classe d. kôn. sdcksisckcn Ges. d. Wiss., .888, Band XIV, n« 10).
(2) M. li. Fourtau.
(3) M. N. Georgiauès.
SÉANCE DU l6 JANVIER igoS. 167
Analyse quantitative, par litre.
Matières organiques os,026i
Chlorures en Na CI 65, 3^7
Sulfates en SO'*H- i5,o36
Phosphates traces
A.cide carbonique total oS,542
Potasse 08, 200
Chaux 16, o34
Magnésie os, 543
Nous devons faire remarquer que cette eau nous est parvenue dans une bonbonne
mal nettoyée ayant contenu du vin, très probablement, ce qui a influé fortement sur
la quantité de matières organiques; cependant l'absence totale de sulfures nous incite
à croire que l'eau de la source, si elle en contient réellement, ne doit en contenir que
des quantités infinitésimales.
Il résulte de cette analyse que la souice de Hammam Moussa appartient
à la catégorie des sources chlorurées sodiques avec sulfates et se rapproche
beaucoup de la source de Wiesbaden, de l'une des sources de Rissine^en et
surtout de la source de Hammam Selam dans le bassin de Hodna (Algérie)
qui se trouve dans des conditions géologiques à peu près semblables et ne
diffère de notre source, d'après l'analyse de Vatonne, que par sa plus
grande teneur en sulfates.
Il est d'ailleurs à noter que toutes les sources des déserts d'Egypte, qui
se présentent dans des conditions semblables de gisement, sont toutes plus
ou moins minéralisées, mais qu'en général elles sont plutôt séléoiteuses
avec une fort petite quantité de chlorures. Tel est le cas de la source de
rOuady Tayebah, d'Ayoun Markha et d'Ain Taggadeh au Sinai, ainsi que
d'Ain Araïdah et de la source du couvent de Saint-Paul dans la partie
septentrionale du désert arabique entre le Nil et la mer Rouge. Il est donc
incontestable que la source de Hammam Moussa doit sa grande teneur en
chlorures à l'abondance des amas de sel gemme dans les marnes à Hemiaster
cubicus qu'elle traverse avant de s'écouler à l'air libre.
t68
ACADÉMIE DES SCIENCES,
l- emplacement de la rue de Rennes. Note de M. Capital, présentée par
PALÉONTOLOGIE. - V Homme et le Mammouth à ^'^P''_^';;'J''^^"^^^^^ ;^"'
l'emplacement de la
M. Albert Gaudry.
Les fouilles pratiquées pour l'établissement du Métropolitain au sud de
Saint-Germain-des-Prés, sous la rue de Rennes, ont permis de constater
h S"- sons le pavé de la rue, et sur une épaisseur de .- a 3», ex,stence de
sables et de graviers qualernaires. reposant sur les marnes du gypse Ces
ab e et .raviers ont leur base à la cote .7 et .8 et leur sommet a la cote 3o
ou 3i (la surface de la Seine, dans le prolongement de la rue de Renne ,
étant à la cote .9)- L« -PI- ^^^-^^^ souterraine a été —ont-xe a a
cote .6. L'épaisseur de ces dépôts quaternaires va en dxmmuan lu nord
au sud, pour arriver à zéro, à peu près à la hauteur de la rue SauU-Plac.de.
Ces couches quaternaires ont fourni un cerlam nombre de sdex tailles
extrêmement grossiers que j'ai recueillis durant l'exécution des travaux et
une dent de Mammouth parfaitement conservée. C'est, comme on peut le
voir sur la pièce présentée, qu'ont b>en voulu étudier les professeurs Gaudry
et Boule, une dernière molaire inférieure droite dont les lames d emad
assez espacées indiquent qu'il s'agit d'une variété un peu différente du
Mammouth type. . 1 ni-
Je montre également à l'Académie une molaire supérieure de Rhino-
céros tkhorhmus qui provient du même gisement et a été recuedlie par
M. ThieuUen.
On peut déduire de ces observations qu'au moment ou se déposaient les
cxraviers du Quaternaire inférieur, des Hommes, des Eléphants et des
Rhinocéros vivaient dans la vallée de la Seine, précisément sur 1 empla-
cement du Paris actuel.
Les découvertes d'ossements quaternaires dans les alluvions sableuses du sol de Paris
quoique rares, ne sout pas exceptionnelles. Dès 1867, le professeur Gaudry iBulletu
de il Société géologique, p. ^^^) avait signalé les trouvailles muluples d'instrument,
en silex et d'oîsemelits de Mammifères faites dans le sol de Pans (par exemple a Gre-
nelle et sur l'emplacement de l'hôpital Necker) et publiées par Cuvier de Blainv.lle
Gervais, Gosse fi86o), Lartet et Christy (i864), CoUomb (.86 ). M. ^^^^ ^
insisté sur les récoltes abondantes de silex taillés et d'ossements fossiles, faite depui
quelques années par M. Martin, à Grenelle, et M. Reboux, à Levallo.s. Il s agissait
SÉANCE DU 16 JANVIER igoS. 169
surtout d'ossements d'Éléphant antique, d'flippopolame, de Alaramouth, de Rhino-
céros, de Bœuf, Cheval, Renne, Cerfs.
Ultérieurement, M. Guadet, architecte, en creusant les fondations de l'Hôtel des
Postes, a recueilli une dent à^ Elephas priinigenias. lien a été également trouvé une,
lors de la construction des magasins du Bon Marché. M. Gustave Lecomte, architecte,
a découvert, également dans Paris, des pièces de Rhinocéros tichorhinus. Dans ces der-
nières années, M. Thieullen a trouvé sur divers points de Paris, principalement à
Vaugirard, de remarquables spécimens de Mammouth, notamment une mâchoire infé-
rieure tout entière, actuellement dans la galerie de Géologie du Muséum. En 1897,
M. Hénault, en creusant les fondations du pont Caulaincourt, au cimetière Mont-
martre, a découvert un squelette de Mammouth qui paraissait être entier; les dents,
à peu près seules, ont été conservées. Quelques autres trouvailles du même genre ont
été également faites dans Paris.
Tous ces faits indiquent un mouvement intense de vie à Paris durant
l'époque du Quaternaire inférieur.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Assimilation chlorophyllienne en l'absence d'oxy-
gène. Note de M. Jean Friedel, présentée par M. Gaston Bonnier.
Au cours d'une série d'expériences sur l'action de l'oxygène sur l'assi-
milation chlorophyllienne, j'ai constaté que l'intensité de ce phénomène
n'était pas sensiblement modifiée si l'on (hminuait la proportion d'oxygène
jusqu'à 2 pour 100, la proportion de gaz, carbonique étant la même que
dans un appareil témoin contenant 18 pour xoo d'oxygène.
Dans des recherches antérieures (') j'avais observé que l'assimilation ne
variait pas non plus si l'on augmentait la quantité d'oxygène jusqu'à une
proportion de 5o pour 100.
Je me suis proposé de voir si une dose minima d'oxygène était néces-
saire à l'accomphssement du processus d'assimilation.
Les expériences ont porté sur les feuilles à'Evonymus japonicus. Une feuille déta-
chée de l'arbuste est placée dans un tube à essai retourné sur le mercure et contenant
un mélange d'azote et de gaz carbonique sans traces d'oxygène décelables au pyrogal-
late de potassium. L'appareil est exposé à la lumière du soleil et, dans des conditions
favorables à l'assimilation, on observe un dégagement d'oxygène accompagné d'une
absorption corrélative de gaz carbonique.
(1) L'assimilation chlorophyllienne aux pressions inférieures à la pression atmo-
sphérique {Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 1902).
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 3). 22
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Exemple : 3, décembre .go^- Beau temp. clair. L'expérience ;-^«";« ^ J^J^^
„,atin a L arrêtée à S^.C" de l'après-midi. Le volume gazeux ou se IrouvaU la feudle
était de S™' environ.
Gaz initial. ^«^ «"=>'■
C0= 17.89 GO^ °'^^
Az 83.
0 18,70
Az 80,81
Le dégagement d'oxygène est de ,8,70 pour .00 en volume, l'absorption de gaz
^^tm^irst •^t.e chimiquement pur préparé au moyen d'.zotite d'ammo-
"irfeuilles, comme tous les organes vivants contenant des réserves sucrées pé-
sententle phénomène bien connu de la résistance à l'asphyxie. En abandonnant pen-
dant "/ou^ heures, à l'obscurité, des feuilles dans de l'azote, on obuen un mélange
d'"zoL et de gaz carbonique; c'est dans un pareil mélange que les feu.lles m,ses en
expérience ont assimilé.
Ainsi la présence d'oxygène, dans l'atmosphère mise à la disposition
d'une feuille, n'est pas indispensable pour l'accomplissement du processus
^ Te phénomène de la résistance à l'asphyxie remplace au début pendant
un temps très court, celui de la respiration quand 1 oxygène fait défaut.
Dès que l'assimilation chlorophyllienne s'est produite, le phénomène c^ a
respiration peut reprendre grâce à une partie de l'oxygène provenant de
l'assimilation.
BOTANIQUE - Une Bignoniacèe à gomme de Madagascar.
Note de M. Henri Jumelle, présentée par M. G. Bonnier.
Les plantes les plus diverses peuvent présenter des écoulements gom-
meux- U n'est donc pas surprenant d'observer le fait chez uneB,gnon.acee.
Nous ne croyons pas, cependant, que, jusqu'alors, une gomme de ce te
famille ait été Ldiée, et c'est pourquoi nous donnons ic. les -a. -^^^^^^^^
produit qu'a recueilli à Madagascar notre correspondant, M. Perrier de la
Bathie, sur le Stereospermum eiiphorioides.
Ce Stereospermum, appelé mangarahara par les Sakalaves, est un -b- ^-o^ à
3o-.de hauteur, qui est spécial aux forêts sèches de tous les terrains s.hceux.
SÉANCE DU l6 JANVIER igoS. I71
grandes (leurs blanches, au tube un peu rosé, se forment de septembre à novembre,
et les fruits mûrissent de novembre à juillet.
Le tronc, très droit et bien cylindrique, est à bois blanc très dur, que recouvre une
écorce grisâtre, sans crevasses.
Pour obtenir la gomme, M. Perrier de la Bathie a enlevé cette écorce par plaques.
Deux ou trois mois plus lard, de grosses larmes blanc laiteux perlaient sur les surfaces
dénudées, et ce liquide a ensuite bruni.
Peu à peu, l'écoulement est devenu plus abondant, et une récolte de iok par arbre a
pu être faite, dès lors, tous les quinze jours.
r,a substance que nous avons reçue formait un bloc brun clair, terne à la surface.
Elle est assez dure, mais peut être, cependant, brisée avec une relative facilité, et sa
cassure est irrégulière, brune et brillante.
Elle est inodore et sans saveur appréciable. Lorsqu'on la laisse pendant quelques
instants dans l'eau, elle colle ensuite très légèrement aux doigts. Au contact de la
flamme, elle fond en se boursouflant, sans s'enllammer.
Sa densité est de 1,20 environ. La teneur en cendres est de i pour 100 en moyenne.
Dans le mortier, la pulvérisation est très facile; nous avons donc traité la poudre par
dillerents dissolvants.
L'eau la dissout entièrement, mais la solubilité est très faible. Il faut environ à la
gomme 20 fois son poids d'eau bouillante pour qu'elle se dissolve complètement; et,
dès que la solution se refroidit, le liquide se trouble, par suite du dépôt d'une partie
de la substance.
A la température du laboratoire, il ne reste guère que js de substance dissoute pour
60S à 70K d'eau. La solution froide saturée ne représente donc, à peu près, qu'une solu-
tion à 1,5 pour 100.
Le séjour dans l'eau à 120" n'augmente pas celte solubilité.
Les autres dissolvants de la gomme sont l'alcool à gS", l'acétone et leterpinéol. Avec
ces trois liquides, le résidu qui reste sur le filtre semble composé uniquement de débris
végétaux et autres impuretés.
Le chloroforme, Téther, la benzine, le toluène, l'essence de térébenthine ne dis-
solvent pas, ou n'entraînent, même à chaud, que de très petites quantités de la sub-
stance.
Lorsqu'on jette la poudre dans l'élher froid, elle s'agglutine aussitôt. Le même efl'et
est produit par le chloroforme bouillant.
Quant à la solution aqueuse, ses caractères sont les suivants :
Elle est légèrement brune et à peu près neutre. Comme la solution de gomme ara-
bique ordinaire (gomme iV Acacia Sénégal), elle donne avec le sous-acétate de
plomb un abondant précipité gommeux, alors que, on le sait, en présence du même
réactif, la solution de gomme d'Acacia arabica ne précipite pas.
Avec l'acétate neutre, qui ne provoque pas la précipitation de la gomme d'Acacia
Sénégal, on obtient, dans la solution de notre gomme de Stereospernium, un précipité
grumeleux.
Un précipité analogue est produit par le perchlorure de fer, qui, en même temps,
donne au liquide une coloration vert sale.
2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le sulfate de fer ne modifie pas la coloration, mais donne un précipité qui se redis
;omme
uliaie ae lei ne muui..^. j^^- — , , . . / ,. . ,
sont dans Tacide chlorhydrique. Le persulfate, qui gélatinise la solution de
A^ Acacia Sénégal, sans la colorer, laisse d'abord claire au contraire, la so ut-r. c
gomme de Stereospermum, en la colorant, par contre, légèrement en ^er^a tre m .
bientôt le liquide se trouble et prend une coloration brune. On peut toutefois, ici
encore, l'éclaircir de nouveau par l'addition d'acide chlorhydrique.
L'alcool, la potasse, le borax, l'alun sont sans effet. „ . . c / «
La teinture de gaïac, qui bleuit la solution de gomme A\Acacia Sénégal, ne
change pas la couleur de la solution de gomme de Stereospermum.
Enfin la liqueur de Fehling n'est pas réduite.
En résumé, donc, celle gomme de Stereospermum euphorioides est une
eomrae vraie, contenant un peu de tanin et entièrement soluble dans 1 eau,
Quoique sa solubilité soit très faible et ne puisse être complètement reahsee
qu'avec les grandes quantités d'eau que nous avons indiquées plus haut, a
chaud et à froid. Elle est en outre .soluble dans l'alcool, l'acétone et le ter-
pinéol.
Nous ne voyons pas, du reste, quelle application pourrait trouver ce
produit dans l'industrie. Ses solutions aqueuses sont beaucoup trop diluées
pour convenir à un emploi quelconque ; et ce n'est que théoriquement qu il
faut classer la substance parmi les gommes arabiques, si l'on désigne sous
ce nom général toutes les gommes dont la dissolution dans l eau est com-
plète.
PHYSIOLOGIE. - Les effets physiologiques de l' oi'ariotomie chez la chèvre.
Note de MU. P. Oceanu et A. B.^bes, présentée par M. A. Chauveau.
L'ovariolomie chez la chèvre n'étant pas connue, nous l'avons pratiquée,
pour la première fois, à la salle des opérations de l'Ecole vétérinaire de
Bukarest, au mois de juin 1902.
Le but que nous avons poursuivi en pratiquant l'opération chez cette
femelle a été de connaître les effets de l'ovariolomie sur la composition
des éléments constituants du lait, sur l'engraissement, la prolongation
de la sécrélion lactée, svu' le mauvais goût et l'odeur hircine du lait de
chèvre. . ,
E'opéralion a été pratiquée, chez la chèvre comme chez la truie, par les
flancs et non par le vagin, à cause de l'étroitesse vulvaire et de celle du
canal vaginal.
SÉANCE DU if) JANVIER I9o5. 1^3
Préparation des opérées. — Les chèvres ont été soumises, pendant 3 jours, à une
demi-diète; elles seront à jeun et n'auront reçu la veille qu'une demi-ration.
Quelques instants avant l'opération, la peau des creux des flancs sera rasée, savonnée
et désinfectée par des solutions de sublimé à i pour looo ou par l'acide phénique à
5 pour 100.
Assujetlissemenl de la chè\-re pour Vovariolomie. — L'opération doit être faite la
femelle étant assujettie debout, attitude qui facilite beaucoup l'exécution.
Ainsi donc, la chèvre étant assujettie sur une table, un aide sera chargé de la tète
qu'il tiendra immobile; un autre aide, placé à côté de la femelle, au niveau de la
croupe, s'opposera aux mouvements des parties.
La disposition anatomique des organes génitaux de la chèvre est la même que celle
des femelles des grands ruminants, avec celle exception toutefois que ces organes sont
moins volumineux, plus étroits et plus courts que ceux de la vache.
Les ovaires de la chèvre, ayant le volume et la forme d'un haricot, sont situés à
proximité du bassin, au voisinage du corps de l'utérus ou de la base des cornes et
près de l'extrémité de celles-ci, où ils sont fixés à la face interne et près du bord anté-
rieur des ligaments larges par une lame séreuse doublée de faisceaux fibreux qui
forme le pédicule de l'ovaire.
La région du flanc est constituée par trois muscules superposés; le superficiel
recouvert par la peau, le profond doublé par le fascia transversal ou aponévrose sous-
péritonéale sur laquelle est appliqué le péritoine doublé d'une couche conjonctivo-
adipeuse.
Cette région est irriguée par l'artère circonflexe iliaque, parles branches inférieures
des artères lombaires et les dernières intercostales.
Les instruments et objets dont il convient de se munir sont : un bistouri convexe,
une aiguille Reverdin et des fils de soie et de catgut, lesquels seront aseptisés par des
solutions phéniquées ou de sublimé.
La technique opératoire comprend quatre temps principaux :
1° Incision des parois des flancs;
2" Recherche et préhension de l'ovaire;
3° Ablation de l'ovaire, en appliquant d'abord une ligature à l'extrémité du pédi-
cule ;
4° Suture de la plaie cutanée avec de la sole en la recouvrant avec du collodion
iodoformé.
Durant les premières heures qui suivent l'ovariotomie, on n'observe pas de signes
de coliques et il ne survient qu'une légère réaction fébrile, l'hyperthermie dépassant
rarement 39,9.
Pendant quelques jours la sécrétion lactée est amoindrie, elle ne tarde pas à revenir
à son chiffre normal.
Les soins qu'il convient de donner aux opérées sont très simples. La cicatrisation
totale des plaies opératoires s'obtient presque toujours par première intention en 7
à 8 jours.
Le renversement du rectum serait un accident chez la chèvre au cours de l'opéra-
tion lorsqu'on fait des lavements pour vider le rectum; s'il survient, il faut eft'ectuer
1^
ACADÉMIE DES SCIENCES.
la réduction, puis prévenir la récidive en appliquant sur Tanus un tampon ouate et
continuer l'opération. _ _
Indigestion et ballonnement des flancs sont des complications a craindre chez les
chèvrel ovariotomisées, pouvant être combattues par des frictions révulsives et injec-
tiens de pilocarpine.
Les conditions les plus favorables pour eftectuer l'ovar.otomie sont :
i» L'âge entre 5 et 6 ans;
2° L'état de santé; . .... .
3» L'époque de l'ovariolomie correspondant aux mois de ma, ou de juin lorsque la
lactation est à son summum.
Les avantages de l'ovariolomie sont les suivants :
lo Par cette opération on fait disparaître l'odeur hircine du lait; l'ova-
riotomie est un moyen plus simple, moins coûteux et plus rapide dans ses
effets que la sélection, pour obtenir le même résultat;
oo On active et prolonge la durée de la sécrétion lactée, laquelle, chez
les chèvres que nous avons ovariotomisées, a été de i3-i 5 mois en moyenne;
30 On favorise l'engraissement et le rendement en viande de qualité
supérieure sans mauvais goût et sans odeur hircine;
4° On fait augmenter le rendement du lait;
5° On modifie avantageusement les éléments physiologiques constituants
du lait en augmentant la quantité du beurre, du caséum et de l'acide phos-
phorique et en diminuant le lactose.
M. Emm. Pozzi-Escot adresse une Note ayant pour titre : Étude de
quelques dérivés de l'acide aminoéthanoïque : I. Synthèse et propriétés des
acides thiuhydanloïques monosubstitaés .
La séance est levée à 4 heures.
M. B.
SÉANCE DU l6 JANVIER IQoS. lyS
BUM.ETIN RIRI.IOnRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du r6 janvier igoS.
Mécanique et Physique du globe. Essais d' Hydraulique souterraine et fluviale,
|)ar Edmond Maillet. Paris, A. Hermann, igoS; i vol. in-8°. (Présenté par M. Georges
Lemoine. Hommage de l'auteur.)
Les tremblements de terre de igoS en Portugal, par Paul Choffat, avec une
planche. (E\tr. des Co/nmunicaçées du Service géologique du Poitugal; t. V; Lis-
bonne, 1904.) I fasc. in-8°. (Présenté par M. de Lapparent, Hommage de l'auteur.)
Visite de la Société des Ingénieurs civils de France aux mines de Bruay {Pas-de-
Calais), 10 Juin 1904, par J.-M. Bel. Paris, au siège de la Société, 1904; i fasc. in-8".
Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale, paraissant tous les
jeudis; n" 1092, 5 janvier igoS. Paris, Ministère du Commerce, de l'Industrie, des
Postes et Télégraphes (Office national de la projiriélé industrielle); i fasc. in-4''.
Bulletin de la Société astronomique de France et Bévue mensuelle d'Astronomie,
de Météorologie et de Physique du globe, paraissant le i"^'' de chaque mois; janvier
igo5. Paris, au siège de la Société; i fasc. in-S".
La Bévue des Idées, études de critique générale, paraissant le i5 de chaque mois;
n" 13. 2' année, i5 janvier igo5. Paris; i fasc. in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de la Société de Biologie, publiés
le vendredi de chaque semaine; t. LVHI, n" 1, i3 janvier igo5. Paris, Masson et C'';
1 fasc. in-8°.
Bévue générale de Chimie pure et appliquée, paraissant tous les i5 jours. Direc-
teur : George-F. Jaubert; 7= année, t. VIII, n" 1, 8 janvier igoS. Paris; i fasc. in-8''.
Bévue bryologique, bulletin bimestriel consacré à l'étude des Mousses et des Hépa-
tiques; '67,' année, igoS, n° 1. Gahan, par Atliis (Orne), T. Husnot; i fasc. in-8°.
Mémoires de la Société centrale d'Agriculture, Sciences et yirts du département
du Nord, séant à Douai; 3" série, t. VIII, 1900-1902. Douai, A. Bassée, 1904; i vol.
in-8°.
Société centrale d'Agriculture, des Sciences et des Arts du département du
JVo/'d. Bulletin du Comice agricole, Années : 189g (2° partie), 1900 ( :'''-' et 2'= parties),
igo2-i9o4 (i"''' partie). Douai, imp. A. Bassée, 1901-1904 ; 6 fasc. in-S".
The N-rays of M. Blondlot, by G. -G. Abbot; with plate I. (From llie Sniithsonian
Beport for igoS, 207-214.) Washington, Government printiag Office, 1904; i fasc.
in -8°.
Guide lo ihe Archives of the Government of the United States in Washington,
g ACADÉMIE DES SCIENCES,
by Claude Halstbad van Tvke and Waldo G>.foku LELA^D; pub. by ihe Carnegie 1ns-
ted Jh \ke coopcraùon of the American pkysœal SoaHy. by Kwa«d-L. ^.c„o s,
Eknest Me-hut, and Fhkuekt.k Beueu.; Vol. XX, n° 1, janua.y ,900. Lancaster, Pa.,
et New-York, The Macmillan Company; . fasc.in-8°.
7/,eyo«/v,«/ 0/ «Ae ^/»îe/7-c«« chcmical Society , pubhshed monlhly, vol. X\\U,
n" 1, januaiy igoS. Easlon, Pa.; t fasc. in-S". . , ^, . . , „ , . ,^
The journal of the Collège of Science. Impenal Un.versity of Tokyo, Jap
vol. XIV. Tokyo, 1904; I vol. in-8°.
, aoan
ERRATA.
(Tome CXXXIX, séance du 26 décembre 1904.)
Note de M. Deslandres, Sur le groupe de bandes négatif de l'air :
Page 1.75, ligne 3i, au lieu de (.886), lisez (.887).
PaL 1178 ligne .6, au lieu de formulée en 1902, Usez, formulée en .908.
P^ge ,180', ligne 9, au lieu de le. mêmes longueurs d'onde, lisez les mêmes nombres
de vibrations.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
.•s.835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissenr^^^^i^lii;^;^;^^^ . „ ,
■4°. Deuj
st annuel
:S GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES
Tomes 1" ', ■ii .. a ^. o, °^ L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
^oZllliéH I XvLr'j'.''^'i''T^^^ Volume in-4«; .853. Prix....
Tomes 62 II. _ " Janv'r Sfifi l V ?,'î«'''"^'« 'f") Volume in-4°; ,870. Prix
Tomes 92 à 121 - V ," wfer ,S8 à\ Décembre ,880.) Volume in-4°; ,889. Prix
ÉMENT AUX COMPTES ^RENDUS DtsTÉANcÊs '" "'''^''' ''''' '°'"^^ '^'^
Prix
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
etA.-J.-J.SoLi
sses -" - ---...._ . . - -
Mémoire sur les
' -- ■-■ -■ -- ine réponse à la questi
ois de la distribution
. ' apparition ou de leur clisnariri, .....„,, .-
règne organ.queetses états antérieurs ..,parM. le Professeur BkonnI
eme L.brairie les Mémoires de r Académie des Sciences, et les Mém^s
25 fr.
25 fr.
25 fr.
25 fr.
ours de i853,
res, suivant Tordre de leur superposition
rapports qu, existent entre l'état actueMi
intestinaui;, par M. P.-J. Van 1
remise pour celui de i856, sa
planche
ENEDEN. — Essai
Etudi,
-Discuter la question de
„e H.„= 1 ui Mémoiresur le Calcul des Pertubations qu'éprouvent
ue dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestTon Ses
,•;,■• 25 fr.
'HJi^ïZ"'- ^''''P'"^! 7 '85o par l'Académie des Sciences
des c«rp, organisés fossiles dans les différents terrains
3u simultanée. — Rechercherla
vec 7 planches ;i 86 1... 25 fr.
présentes par divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 3.
TABLE DES ARTICLES (Séance du i6 janvier 190o.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M H. PoiNCARÉ. - Sur la généralisation
d'un théorème élémentaire de Géométrie.
M, MULE P.c.RD. -Sur quelques théorèmes
relatifs aux, surfaces algébriques de con-
nexion linéaire supérieure à lunile...^..
MM. H. MoissAN et Chavanne. — sui
quelques constantes physiques du calcium
et sur l'amalgame de calcium . ••■•••■ ■ • , •
M. A. Halleb: -Sur les fl-metliyl-e-alcoyl-
cyclohexanones et les alcools correspon-
dants, homologues de la menthone et du
nth
M.M. A. Haller et C. Martine. - Sur une
synthèse de la menthone et du menthol..
M. G. BiGOURDAN. — Observations de la nou-
velle com.He B..rrcllv (iq'M. e) faites a
l'Observatoire de Paris (équatorial delà
tour de l'Ouest, de o-.ScJ d'ouverture ).. .
CORRESPONDANCE.
type
M. C
MM. C
par
M
. T
al y
ibnll
cil EL
\TIGN
lu cl
^IBOT
r..lb
e et
lue
Sur la Ikiorescei
t H. Trannuy. -
ure de samarium
Con
avec
bi-
le
gaz
MM. .
I.Vih
et
ida
H. Chrétien. - Sur
de fer obtenu par é
r quelques-unes de
SCS
de o°,3i8.
I. Savorni>
— Esquisse orogénique des
Atlas au nord-ouest du Cliott
AT et M. PiROUTET. — Sur
la situation tectonique anor-
•,m éocéncs en Nouvelle-Calé-
\|M. G. Perrier et E. Prost. - Sur un iso-
mère de l'acétone trichloree • • •
MM E.-E. Blaise et A. Luttrin-cer. - m-
^ration de la liaison éthylénique dans les
acides non saturés acycliques ■ ■ ■ •
MM IIuGoimENQ et Albert Morel. - Sou-
dure de la leucine naturelle à l'acide car-
^,''lURz:^s;-■s;,;•;n::■^:.uV'■,l;■ méthode
desynthésedes cl-. n.-^:.in,,. ..par la mé-
thode de réduction r,,i
M. P. Chofabdet. — ' 'b
m.He Borrelly dgOH <-' > '•"""^ "
t,.ire de Besançon, avec l'équalc
\1M. Rambaud et Sy. — Observa
comète Borrelly (e, >9o'i) f»'"' . , ^,,
vatoire d'Alger, à l'équatorial coude
BlLLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Ehbvta ■ "
is de I
rObs
de la
bser-
M. H. COURTET.
i mi-sion Ohari-Lac Tchad.
,F.BEttT. - Contribution à
„. des sols, des eaux et des
„„x ,1e la resion du Char.
— Su
près
deTor
MM. K. l-uuinAU et ,\.
la sourci- de llaiiimaiii
(Sinai) .;■■■■■
M. Capitan. — Lllomn
l'époque quaternaire ;
la rue de Kennc^....
M. Jean Ebiedi.l.
phyllienne en I ab- n.
M. Henri Jumei.li:
gomme de Madagasci
MM. P. OoEANU et A. Ba
siologiques de l'ovariotomie chez a che\ie.
M Emm Pozzi-Escot adresse une Note ayant
pour titre ; n Étude de quelqu
de l'acide aminoéthanoïciue : I.
et propriétés des acides ihio-hyi
monosubstitués »
et le Mammouth a
l'emplacement de
.iiiiil.iiion chloro-
,,,/ l;it;noniacée à
s.— Les effets phy-
ch
dérivés
ivnthèse
IMPRIMERIE iiA.UTHIER-VILLARS.
Quai des Grands-Augustins, 5d.
^'^^^ PREMIEIt SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
W 4 (23 Janvier 1905).
^ PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Aii^'ustins, 55.
1905
RÈGLEMENT REL4TIF ALX COMPTES RENDIS
A.^nW. T^iNS IFS SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2', MAI 1870
DANS, LES SÉANCES DES
■<»
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances 1
de l'Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse de^fe Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Coniples rendus a
/|8 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un voUmie.
Il y a deux volumes par année.
Article 1"'. — Impression des travaux
de r Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ouparunAssociéétrangerderAcadémie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu delà semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages*accordées a chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
pins 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3'. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pns
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenanle, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture àJ' Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
piéjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
Rapporls relatifs aux prix décernés ne le sont <
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séan. |
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des St.
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés pardesper.M
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoire •
tenus de les réduire au nombre de pages reqi .
Membre qui fait la présentation est toujours ne 1
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet 1
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils i
pour les articles ordinaires de la correspondan.
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le boa à tirer de chaque Membre doit clrt
à rhnpiimerie le mercredi au soir, ou, au plu
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être i
temps, le titre seul du Mémoire est inséré
Compte rendu actuel, et l'extrait est renv.
Compte rendu suivant et mis à la fin du calue
Article 4. - Planches et tirage à pa
Les Comptes rendus ne contiennent ni pla
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures s>
autorisées, l'espace occupé par ces figures co:
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des arlic
leurs; il n'y a ,i-rx.T|,;,ou (]
les Inslructions (Iciniiiiili's pa
lin ,
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés p
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
l'Académie
s est aux frais
: pour les Ha PI
le Gouveruemc
AuTur.LE o.
Tous les six mois, la Commission adminii
fait un liapporl sur la sllualion des Comp:es
après riuqiression de chiique volume.
Le
àcnt
becretaires sont chargés de l'exécution
vèi;lemenl.
■^^T^-^-:^s:f:t^XX:i^-^'^'^'!'^^i^^^^^^
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 23 JANVIER 1905,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES GORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
ARCHÉOLOGIE. — Nouve.lles recherches sur les altérations séculaires
des substances hydrocarbonées d'origine organique, par M. Berthelot.
Les expériences exécutées dans nos laboratoires sur les altérations
spontanées que les composés hydrocarbonés d'origine organique éprouvent
sous l'influence prolongée du temps, spontanément, ou bien avec le con-
cours des agents atmosphériques, ne portent en général que sur des
espaces de temps très limités : quelques jours, quelques mois, quelques
années au plus ('). Il faut un soin tout particulier et des conditions spéciales
pour qu'un observateur conserve des échantillons authentiques et bien dé-
finis pendant quelques dizaines d'années. Quant aux transmissions d'un
expérimentateur à l'autre, elles ne réalisent pour ainsi dire jamais ces con-
ditions favorables, et il arrive plus rarement encore que le nouveau direc-
teur d'un laboratoire consente à poursuivre les études de son prédécesseur :
contrairement aux prévisions faites autrefois par Fr. Bacon sur la conti-
nuité nécessaire des recherches scientifiques.
Aussi les investigations relatives aux modifications lentes des composés
chimiques, et spécialement des substances organiques, ne peuvent guère
être réalisées que sur des échantillons provenant soit de plantes connues
{') Voir mes observations sur l'oxydalion spontanée de l'éther hydrique au bout
de 17 ans {Ann. de Cliim. et de P/iys.. 7" série, t. XX, p. 42).
C. R., iqc5, I" Semestre. (T. C\L, N" 4.) 2.^
lyS ACADÉMIE DES SCIENCES,
dans l'antiquité, soit et surtout de fouilles et travaux archéologiques,
spécialement sur ceux conservés dans les musées. Là surtout il est possible
d'en établir l'origine et l'authenticité, sans la connaissance desquelles
les études de ce genre seraient dépourvues de toute valeur.
C'est dans ces conditions que j'ai eu déjà l'occasion d'opérer à diffé-
rentes reprises : notamment pour l'étude d'un vin de l'époque gallo-
romaine, contenu dans une fiole do verre, scellée à la lampe, tirée d'un
tombeau des champs Aliscans ('); de matières grasses renfermées dans
un vase antique rencontré près de Reims (-), dans une nécropole gallo-
romaine; de blés trouvés à Pompéi ('); delà manne du Sinaï, qui se recolle
encore aux mêmes lieux qu'autrefois (''), etc. Les recherches de celte
nature sont d'ailleurs intéressantes à un double point de vue : l'un pure-
ment chimique, l'autre historiqtie et archéologique.
Voici l'origine et la composilion des nouvelles matières que j'ai étudiées
pendant l'année 1904.
J'avais appelé l'attention obligeante de M. G. Bénédite sur l'utilité qu'il y
aurait à rechercher les matières qui pourraient exister encore dans l'inté-
rieur des fioles et vases analogues, provenant de l'antiquité. L'analyse de
ces matières est susceptible de fournir quelques renseignements histo-
riques nouveaux sur les usages funéraires et autres. D'autre part elle nous
apprend aussi ce que deviennent certaines matières organiques au cours de
longues périodes de conservation; ce qui intéresse à la fois les chimistes et
les archéologues.
Le savant conservateur du Musée du Louvre a bien voulu examiner,
avec moi, à ce point de vue, différents objets et notamment trois vases pro-
venant de l'ancienne Egypte (1070 a, 1070 b et 1071 g).
Ces vases {/ig- i) sont pareils, en forme de fioles hautes et étroites,
munies d'une anse, fabriquées en terre cuite rougeâtre à surface polie,
sans dessins ni inscriptions. En voici les dimensions :
Hauteur totale, o'",28 à o'",26, non identique pour tous;
(') Histoire des Sciences : la Chimie au moyen âge, t. I, p. 38o.
(-) Ann. de Chim. et de Phys., 7° série, t. XVI, p. 445- — Voir aussi les résidus
d'une lampe préhistorique, même Recueil, ']" série, t. XXV, p. 77 ; et quelques obser-
vations relatives à l'altération séculaire des huiles siccatives, même Recueil, 7° série,
t. XXIII, p. 25.
(^) Journal de Pharmacie^ 3" série, t. IV, i863, p. 4o2.
(*) Histoire des Sciences : la Chimie au moyen âge, t. I, p. 385.
SÉANCE DU 2,3 JANVIER IQoS. 179
Venlre, o^.iS à o^.ao; Col, o™,oG;
Diamètre intérieur de l'orifice, o,25; Plus bas dans le col, o'",o2;
Diamètre extérieur de la bagne qui entoure l'orifice, o",o35;
Diamètre extérieur maximum de la fiole, o™,io;
Diamètre minimum au bas, 0,07;
La capacité intérieure doit être voisine de 100""'.
La date de ces objets pourrait être précisée, d'après les indications que
voici :
Deux exemplaires de fioles semblables, appartenant au mobilier funé-
raire de tombes de la XVIIP dynastie (1600 à 1370 av. J.-C), ont été dé-
couvertes dans la nécropole d'Abydos, au cours des fouilles de MM. Ma-
civer et Mace (1899-1901). Ils sont figurés dans les planches Xf.V et L de
la publication intitulée El Amrah and Abydos, qui fait partie de la collection
du Egypl Exploration Fund, London, 1902.
J'ai décalqué plus haut l'une de ces figures, semblable aux fioles du
Louvre.
C'est de ces fioles que M. Bénédite a extrait les matières que j'ai ana-
lysées, savoir : matière pulvérulente empâtée de sable (1070a et 1070^),
]8() ACADEMIE DES SCIENCES.
plus visqueuse el épaisse dans la troisième (n° 1071^). La dernière éLait la
plus abondante ; c'est celle qui a servi surtout à mes expériences. La matière
extraite des deux autres fioles n'en différait, d'après mon étude, que parce
que le produit organique était comme solidifié par imprégnation dans une
masse de sable, mélangée avec un peu de paille; cette dernière peut être
moderne et due aux accidents de transport. Après avoir fait ces vérifica-
tions, je me suis attaché à la substance extraite de la fiole 1071^.
C'est une matière noirâtre, visqueuse, possédant une odeur de corps
gras altéré, avec nuance aromatique et bitumineuse Réaction acide. Sou-
mise avec précaution à l'action de la chaleur, elle développe une odeur em-
pyreumatique, analogue à celle de l'acroléine. Chauffée sur une lame de
platine, elle se gonfle, se volatilise, puis brûle presque sans résidu. L'inci-
nération fournit en petite quantité des cendres blanches, exemptes de
sulfates et de phosphates, ne faisant pas effervescence avec les acides;
mais du chlore en proportion relative notable. Distillée dans un tube
fermé par un bout, elle fournit un |)roduit volatil, gr^is, insoluble dans
l'eau, acide et qui se concrète par refroidissement.
Le poids total extrait de la fiole 1071^^ s'élevait à 148,108; sans préjudice
des portions notables adhérentes à l'intérieur et au col du vase. Ce corps est
soluble dans l'éther.
Un essai de sa|)onification par la chaux hydratée, à loa", pendant plu-
sieurs heures, n'a pas fourni de glycérine, préexistante ou régénérée. Il
semble que celle-ci ait disparu par l'effet d'une oxydation séculaire.
Donnons maintenant les analyses :
1. Voici la composition de la madère totale, reilissoute dans l'éther, puis
isolée par évaporation et desséchée à iio" pendant un court espace de
temps (pour éviter autant que possible l'oxydation).
C'est une huile rougeâtre, sirupeuse, à réaction acide.
Elle ne laisse que -^ de son poids de cendres, qui ont été déduites.
Traces négligeables d'azote.
coiiibuslioi] a doi
C := 64 , I 5
H= 9.29
0= 26,56
100,00
Ils atomiques
exigeraient :
G=6/i,5
H = ;9.7
0 = 25,8
On a essayé de titrer l'acidité avec de l'eau de chaux; mais le titre est | eu
certain. D'autre part, la matière cl.aufléc au baui-marie pendant plu-
SÉANCE DU 2.3 JANVIER I9o5. l8l
sieurs heures avec de la lilharge en poudre fine, a perdu 6,99 centièmes de
son poids (eau).
Ces chiffres s'apphquent à un mélange de principes neutres ou acides,
insolubles dans l'eau, avec des principes acides formant des sels de chaux
solubles. Les derniers acides représentent environ le dixième du poids
total, comme il va être dit.
2. En efTet, on peut isoler ce dernier ordre d'acides à l'état de sels
calcaires blancs et cristallins, d'apparence écailleuse. A cet effet, on traite
la matière précédente par l'iiydrate de chaux; on mélange aussi bien que
possible, on filtre, on précipite l'excès de chaux j)ar l'acide carbonique, etc.
Ces opérations ont fourni finalement des sels de chaux solubles dans l'eau,
qui les a séparés d'autres sels calcaires insolubles.
Les sels solubles, débarrassés de l'excès d'alcali par l'acide carbonique
et soumis à une évaporation bien réglée, ont fourni trois cristallisations
successives, renfermant toutes sensiblement la même dose de calcium.
1° Le second et principal sel (brûlé au chromate de plomb) renferme
Calculé
pour C'»H'«CaO«.
c 43,8
H ., 6,6
Ca i4,6
o 35,0
c
... 43,3
H
... 6,4
Ca....
l5,2
0
. .. 35,1
C'est le sel de chaux d'un acide C*I1'°0^
1° La première cristallisation, -obtenue exprès au voisinage de la limite
de saturation de l'eau par les sels calcaires, était très peu abondante;
l'analyse a fourni sensiblement la même proportion de chaux que la pré-
cédente.
3° L'eau mère, évaporée à sec, a donné, en proportion semblable, un
mélange salin un peu moins carboné :
C 4i,6
H 6,1
Ca 1 .5 , 1
0 37,2
Il semble donc qu'on ait affaire à plusieurs acides d'une même série
homologue, C»H'»0' et C'H'O', de la famille des acides hydroléiques
(oxystéarique); ces acides homologues étant produits par une lente
pour C'H'«CaO'
C...
4,^5
H....
6,1
Ca...
i5,3
0....
3-.[
l82 ACADEMIE DES SCIENCES.
réaction d'oxydnlion spontanée; conformément aux observations que jai
faites sur les corps gras trouvés dans la nécropole de Reims. Je rappellerai
d'ailleurs que l'acide oléique et les corps analogues manifestent d'une
façon marquée les propriétés des corps oxydables-oxydants, formés sous
la seule influence de l'oxygène atmosphérique.
3. Après extraction des sels précédents, il reste une masse insoluble
dans l'eau. Cette masse, traitée par l'éther froid, lui a cédé seulement
quelques centigrammes d'une matière amorphe, de l'ordre de l'oléate de
chaux et analogues.
On a chauffé ensuite la matière insoluble sur un bain-marie pour chasser
l'éther; puis on l'a fait digérer à chaud avec l'acide chlorhydrique concentré
et l'on a repris par l'éther, afin d'isoler l'acide gras séparé delà chaux.
Cette séparation n'était d'ailleurs que partielle, comme il va être dit. Le
corps extrait par l'éther n'était pas cristallisé. Il a fourni à l'analyse :
U-s rapports C'-H^^O^
C'eit-à-tlire, cendres dciluilcs. exigeraient :
C 6-,i C 67,7 C 67,9
H 9.7 H 9,9 H 9.4
0 22,35 0 22,4 0 22,7
Cendres . o,85
Ce sérail donc un acide du type C"H^"~-0' (acides oxyoléiques); proba-
blement un mélange.
4. Cependant l'acide chlorhydrique, même par une digestion prolongée
à chaud, n'a pas réussi à attaquer complètement le sel calcaire ; ce qui semble
indiquer une constitution différente de celle des sels des acides gras pro-
prement dits. J'ai cru utile de procéder à l'analyse des composés restants,
insolubles dans l'éther et qui se présentaient, après lavage et dessiccation,
sous la forme de grains durs et compacts. L'analyse a donné :
G 44.9
H G, 9
O 3i,4
Ca 16,8
Ce qui répond aux rapports bruts :
C''.'H"'CaO\
C'est sans doute un mélange. En déduisant la chaux, on arrive aux rap-
SÉANCE DU 23 JANVIER IC}C,^. l83
ports (CMP^O)", susceptibles de représenter des composés de l'ordre des
bitumes ou des résines.
5. Il résulte de ces observations et analyses que les composés trouvés
dans la fiole égyptienne représentent les produits d'une oxydation lente,
séculaire, accomplie dans l'obscurité des hypogées. Il est ditficile de re-
monter avec certitude à la matière originelle.
C'était une offrande funéraire, préparée sans doute par l'association de
plusieurs produits naturels, tels qu'une huile grasse, mélangée avec des
baumes, résines, bitumes, etc.
D'après le caractère et la composition des sels de chaux solubles et cris-
lallisables qui ont été obtenus, je suis porté à croire que l'huile grasse
primitive était l'huile de ricin : l'acide ricinoléique répondant à la for-
mule C'^H^^O', c'est-à-dire au type des acides à 3 atomes d'oxygène,
observés parmi les produits oxydés que renfermait la fiole funéraire égyp-
tienne. L'huile de ricin était en effet connue et employée dans l'ancienne
Egypte; elle figure dans les écrits et lexiques alchimiques (') et il paraît
qu'elle est encore aujourd'hui usitée comme aliment.
ARCHÉOLOGIE. — Quelques métaux trouvés dans les fouilles archéologiques
en Egypte; par M. Bektiif.lot.
Voici les résultats de l'examen que j'ai fait de quelques échantillons
métalliques provenant de l'ancienne Egypte :
1. Les uns m'ont été envoyés en juin 1904 par M. Maspero. Ils pro-
viennent d'une tombe récemment ouverte par notre confrère, appartenant
d'après ses indications : « à l'époque thinite, et datée du Pharaon que l'on
appelle, faute de mieux, le Serpent, lequel est probablement de la fin de
la IP ou du commencement de la III'' dynastie ) .
Ce sont des débris de lames minces, constituées par un alliage de cuivre
pur, en très grande partie transformé en oxychlorure (atakamite) et
hydrocarbonate, et mêlé de calcaire pulvérulent.
L'état de décomposition et de désagrégation était tel qu'il n'a pas été
possible de séparer l'alliage métallique proprement dit, de sa patine
et çançue.
(') Collection des anciens alchimistes grecs, traduction : Lexique alchimique,
p. 10. — Introduction à la Chimie des anciens : Signes alchimiques, p. 109, 1 13.
,84- ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'analyse, opérée sur de petites quantités de matière, a donné
Cuivre 56,7
Élain , 2,o
Il V avait des traces de zinc, et dans la patine une dose notable de
chlore, d'acide carbonique, d'oxygène, de chaux. Point d'arsenic, de
plomb, d'argent, de fer, du moins en doses notables.
Cet échantillon est intéressant par sa grande antiquité, puisqu'il remonte
aux dates les plus reculées de l'ancien Empire. Il doit être rapproché de
ceux que j'ai analysés précédemment ( ' ).
La présence de petites quantités d'étain dés cette époque est remar-
quable : ce métal ne pouvant guère provenir que de l'addition volontaire
d'un minerai stannique au minerai cuivrique, mis en œuvre dans la prépa-
ration du métal.
Quant à l'oxychlorure et à l'hydrocarbonate de cuivre, ils ont été pro-
duits dans le cours des siècles, par l'action lente des eaux saumâtres et de
l'air sur le métal primitif (-).
2. J'ai examiné également un lingot de cuivre, provenant du musée du
Louvre, et qui m'a été remis pour cette étude par M. G. Bénédite. Ce lingot
vient des fouilles de Mariette à Saqqurah; il est d'origine pharaonique. Sa
forme générale rappelle celle des lingots métalliques empilés, qui figurent
dans certaines inscriptions hiéroglyphiques.
Le poids de cette lame est de 36o^. C'est un parallélépipède, qui offre
l'aspect d'une plaque coulée dans un moule grossier. Elle est longue de
o",i4o; large de o"',oZj2 à o™,o45; épaisse de o'",oo75 ào^.ooô, suivant
les points où on la mesure. La face de la tranche est légèrement arrondie,
dans le sens de sa largeur. Les quatre lignes droites qui en définissent les
bords, dans le sens de la plus grande longueur, sont légèrement dentelées
par des entailles pratiquées sur les deux tiers environ de cette longueur,
à partir de l'extrémité la plus large.
Le métal est couvert d'une légère patine verdàtre, dont l'usure laisse
apparaître un fond rouge et brillant. L'aspect même de la patine n'est
uniforme, ni sur les faces opposées, ni sur les tranches. Il manifeste plu-
(') Annales de Chimie elrde Physique, '-/ série, i. i^', p. 5/l7, 55i,'ô5t), 5Gi;
histoire des Sciences : la Chimie au moyen âge, t. I, p- Sgi, etc.
(^) Sur la genèse de ces altérations voir Annales de Chimie et de Physique,
7° série, t. IV, iSgS, p. 55i.
SÉANCE DU 2,3 JANVIER igoS. l85
sieurs régions ilislinctes, limitées parallèlement à la largeur et dont l'exis-
tence est atlribnable à l'entrecroisement des plaques superposées.
Au point de vue chimique, cette lame est constituée par du bronze, avec
sa composition normale. On a trouvé :
Cuivre 87,44 87,52
Ktain 11.4* '1,47
98,91 98,99
Traces de plomb, paline oxvdée, etc.. . ',09 1,01
Point d'arsenic, d'argent, de zinc, de fer, de calcium en proportions
sensibles.
CHIMIE MINÉRALE. —S«/' l'augmentation fie vo/ame de la foule liquide, saturée
de carbone au four éleetiique, au moment de la solidification. Note de
M. He.xui HIoissax.
Dans nos recherches sur la reproduction du diamant, nous avons pensé
que la pression, produite par l'augmentation de volume de la fonte saturée
de carbone au four électrique lorsqu'elle passe de l'étal liquide à l'état
solide, pouvait être la cause de la transformation de l'une dans l'autre des
différentes variétés de carbone. Cependant, nous avons fait remarquer
que cette interprétation était en dehors des résultats très nets de nos expé-
riences, et, dans le Mémoire (') publié aux Annales en 1896, nous disions :
« Telles sont les idées vraies ou fausses qui nous ont amené à changer la
direction de nos recherches sur le diamant et à faire intervenir la pression.
Nous ne savons si cette théorie résistera aux expériences de nos succes-
seurs, mais c'est à elle que nous devons les expériences que nous allons
décrire qui nous ont amené à reproiluire le diamant en cristaux microsco-
piques. »
l,a question de savoir si la fonte augmente de volume au moment de sa
solidification a été étudiée depuis très longtemps par un grand nombre
(l'mgénieurs et de métallurgistes. Nous rappellerons tout d'abord que cette
question ne peut pas être jugée sur la vue d'un lingot coulé dans un moule
plus ou moins conique (^). Dans un moule métallique tel que ceux qui
(') H. iMoissAX, llMchcrc lias sur les dij)'érenles variétés de carbone {Annales de
Chimie et de Physi^/iir, ']'■ série, l. Vlll, 189G, p. 2S9, 3o6 et 466).
{'^) Dans un vase conique, l'eau, par exemple, qui, incontestablement, augmente de
G. K., i9Qà, !"■ Se-nestre. (T. CXL, N« 4.) 24
l86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sont employés |)oiir hi coulée de l'acier, le métal se solidifie en partie, à la
base du moule, avant même que la coulée ne soit complète. Dans une lin-
gotière, une partie du métal fondu se trouve en contact avec des parois
métalliques plus ou moins épaisses, tandis qu'une autre p:trtie forme la
surface libre. Aux différents points de la surface du lingot, les vitesses de
refroidissement sont donc très différentes.
Cette question a fait d'ailleurs le sujet d'un grand nombre de détermina-
tions précises et de mesures exactes.
Ces mesures sont encore discutées, mais la difficulté des expériences
et la complexité des fontes ordinaires ne rendent pas toujours les résultats
comparables. Nous rappellerons d'abord les recherches de Réaumur. Dans
des expériences multiples et poursuivies avec soin, de Réaumur (') a sou-
tenu, le premier, que la fonte de fer augmentait de volume, en passant de
l'état solide à l'état liquide. Il a établi ce fait curieux en démontrant qu'un
morceau de fonte chaud et parfaitement décapé nageait sur un bain liquide
de la même fonte, ou bien, qu'un fragment de fonte solide, placé au fond
d'un creuset, remontait à la surface lorsqu'on emplissait le creuset de la
même fonte liquitle. Il a fait voir aussi que le bismuth possédait cette même
propriété déjà connue pour l'eau.
Beaucoup plus tard, cette question a été reprise par différents expérimen-
tateu)-s et les résultats ont été tout d'abord contradictoires. En 1874.
Robert Mallet (*) a publié un certain nombre de déterminations qui
étaient en opposition avec les expériences de Réaumur. Peu de temps
après, Wrightson (^), en 1880, a mesuré exactement une sphère liquide
volume en se solidifiant, peut passer à l'état de glace en produisant, suivant l'axe du
cône, une cavité plus ou moins profonde qui peut aller jusqu'à i de la liauteur du
vase. Une expérience de Sage a, depuis longtemps, mis ce phénomène hors de doute :
« Si le vaisseau dans lequel on fait geler l'eau est un cône évasé et bien proportionné,
il ne se rompt pas pendant la congélation parce que l'eau glacée s'élève le long des
parois du vase, de manière qu'elle déborde de plusieurs lignes, mais, si le vaisseau est
cylindrique, il ne manque pas de se rompre. » [Sacsk, Analyse chiinujuc et concor-
dance des trois règnes, t. I, p. "jf^, fig. 2. (Paris, 1786.)]
(') De RftAUMUR, Que le fer est de tous les métaux celui qui se moule le plus par-
faitemenl et quelle en est la cause. {Histoire de l' Académie royale des Sciences.
Paris, année MDCC.\\-VI; p. 278.)
(^) Robert MAi.t.ET, On the alleged expansion in volume of varions substances in
pnssing hy réfrigération from the state of liquid fusion to that of solidification
{Royal Society, l. XXII, p. 336 et t. XXIII, 1S74, p. -209).
(^) Th. U'nrGiiTSON. On sonic plirsical changes occi/ring in iron and steel al high
températures. ( The Journal of the iron and steel Institute. t. I, /880, p. 11.)
SÉANCE DU 23 JANVIER igOD. 187
de fonte au moyen de l'onkosimètre, et il a Iroméque, en se solidifiant,
son diamètre passait de i5,28 pouces à i5,358 pouces pour diminuer en-
suite en se refroidissant. De plus, la densité de la fonte refroidie, choisie
à la partie extérieure de la sphère, était de 6,ç)5, tandis qu'un échantillon,
pris au centre, donnait 7,1 3. Il a vu aussi nettement que des morceaux de
fonte, maintenus au fond d'un bain de la même fonte, jusqu'à un commen-
cement de fusion, remontaient à la surface. D'après un certain nombre
de ces expériences, Wrightson donne, pour la densité de la fonte de fer de
Cleveland à l'état liquide et à l'état plasticpie ('), les chiffres suivants :
Élat liquide. Étal plastique.
6,94 6,68
6,92 6,70
7 6,5o
6,88 6,55
6,73 6,2:'|
6,84 6,32
La conclusion est que la lonle, de inèiue que l'eau, augmente de volume,
en passant de l'état liquide à l'état plastique.
M. Lowthian Bell (^), dont |)ersonne ne discutera la com|)étence dans ces
questions, conclut, à la suite de nombreuses expériences, que la fonte solide
flotte sur la fonte liquéfiée. Il établit, par les courbes obtenues au moyen
d'un appareil enregistreur, que le phénomène du changement de l'état
liquide à l'état solide corresjjond à une augmentation de volume. Enfin, il
appelle l'attention sur l'importance des gaz qui se trouvent en solution
dans le métal.
Sans vouloir épuiser l'historique d'une question qui nous entraînerait
trop loin, nous parlerons encore des recherches de M. Keep publiées
en 1895. M. K.eep (^) a démontré, au moyen d'un appareil très ingénieux,
que la fonte ordinaire liquide, eu se solidifiant et en se refroidissant, four-
nissait trois expansions successives et que, de ces expériences, résultait
une augmentation permanente du volume de la fonte. M. Keep a distingue
et enregistré, au moyen de courbes, les changements de volume des fontes
(') L'étal plastique est intermédiaire entre l'étal liquide et l'état solide.
(^) LûWTHUN Bell, The journal of the iron and steel InstUute, n° 1, 1880; p. ii
{') W; J. Keep, Détroit, Michigan; Cooling curves and lest for cast iron {Iro
inrl ateel Institule, août iSgS).
lS8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et (les aciers et il a élal)li ainsi l'influence du silicium et des autres éléments
dans ces phénomènes complexes.
En somme, on n'a commencé à mettre de l'ordre dans ces recherches
qu'après avoir entrepris, d'une part, l'étude de la fonte au carbone et au
silicium et, d'autre part, l'étude de l'acier. En 1897, dans des expériences
que nous avons poursuivies au moyen de noire four électrique ('), nous
avons fait remarquer qu'il fallait séparer nettementle phénomène du chan-
gement de volume dans la fonte et dans le fer. Ces remarques ont été faites
justement à propos de nos expériences sur la reproduction du diamant.
Nous rappellerons comment est conduite celle expérience. Lorsque nous
refroidissons brusquement un culot de fonte en fusion dans l'eau froide, il
se forme tout d'abord, à quelques degrés en dessous du point de solidi-
fication de la fonle, c'est-à-dire vers 1000°, une couche solide qui, à cette
température, est malléable et épouse complètement la forme de la partie
liquide qui se trouve encore à l'intérieur. Il y a adhérence entre la fonle
liquide au milieu du culot et la couche extérieure déjà solidifiée. Le refroi-
dissement continuant, celte couche s'épaissit tout en restant malléable tanl
qu'elle est au rouge. Mais, lorsque, par suite de raugmenlatioii du refroi-
dissement, cette couche solide devient sombre, elle j)erd sa malléabilité et
oppose, à la partie liquide qui reste encore à l'intérieur, une résistance
plus grande. Dès lors, l'enveloppe solide est conslituée et la fonte, encore
liquide j)ar son changement tl'état, augmente de volume et produit une
pression à l'intérieur du culot métallique. Eu somme, dans cette expérience,
toute la fonle est plongée dans l'eau et la croûte solide qui se forme con-
stitue la surface entière du lingot.
Notre expérience de la fonle refroidie brusquement dans l'eau, dans
le plomb fondu ou dans la limaille de fer, esl donc tout à fait difterente
d'une coulée de fonle ou d'acier dans un vase de métal. Dans notre
manipulation, le phénomène de refroidissement de la fonte liquide dans
l'eau est un phénomène complexe. Nous estimons qu'il y a augmentation
de pression à l'intérieur du culot métallique et cela pour trois raisons :
1° Grâce à l'emmagasinement des gaz en solution dans la fonle qui, au
moment du passage de l'état liquide à l'état solide, se dégagent instantané-
ment;
•2° A cause tie la contraction de la couche superficielle refroidie brus-
HecLii(jue, p. 'i'6'j. l'aiib, Sleiiihe
SÉANCE DU 23'JANVIER IpoS. 189
quement pendant que le centre, encore liquide, est maintenu à une tempé-
rature plus élevée;
3° Par suite du changement de l'état liquide à l'état solide de la fonte
saturée de carbone au four électrique.
Examinons successivement ces différentes causes :
i" On sait depuis longtemps que la fonte, portée au-dessus de son pomt
de fusion, renferme en solution une grande quantité de gaz hydrogène et
oxyde de carbone. Il nous suffira de rappeler sur ce point les travaux de
notre confrère M. Cailletet ('). ceux du colonel Caron C), ceux de
MM. Troost et HaulefeuiUe («). de DeviUe (^ et de MuUer C). Si, par
refroidissement brusque, nous formons une couche résistante et homogène
à la surface de la fonte en fusion, les gaz qui se dégageront exerceront
une pression sur la fonte encore liquide. Lorsque le culot métallique,
refroidi dans l'eau, présente extérieurement une surface lisse comme celle
de la figure 3, les gaz contenus dans la fonte liquide n'ont pu sortir au
travers de l'enveloppe.
00 II est bien évident que, par suite du refroidissement brusque de la
couche métallique extérieure et solide, mise au contact de l'eau froide, cette
dernière diminue de volume, se contracte, tandis que la partie interne est
encore liquide. Lorsque la couche métallique extérieure est devenue noire
par son refroidissement rapide, si l'on sort de suite le culot métallique de
l'eau qui l'entoure, .1 revient au rouge indiquant ainsi que le métahnterieur
est encore à une température suffisante pour être liquéfié.
Nous avons démontré de plus, dans des expériences précédentes, que
les diamants ne se rencontrent qu'au centre des culots métalliques.
3° L'augmentation de volume, due au changement de l'état liquide à l'état
solide, tend également à augmenter la pression supportée par la partie restée
liquide au centre du lingot.
Grâce à notre four électrique, qui nous permet de fondre le fer et la
^ . , CAlLLHTE-r, Hccherch>^s .sur le. gaz contenus dans la fonte et l'acier a l'état de
fusion (Comptes rendus, t. LXI, i86o, p. S5o).
C) Cakon, Sur les soufflures de l'acier (Comptes rendus, l. LXII, iSbc, p. 29b,
l. LXX, 1870, p. 45i et 1263.
(■') Troost el Hautufelille, hochage de la fonte (Comptes rendus, t. LXX, .670,
p. 255, et t. LXXVI, 1873, p. 482 el 562, el t. LXXX, 1875, p. 788).
<*) Deville, Comptes rendus, t. LXX, 1870, p. 256.
n MuiLKH, Ueber die in hJisen und Stahl eingeschlossenen Gase (BericlUe, l. XII.
p. 93).
igo ACADEMIE DES SCIENCES.
fonte en un temps très court, nous avons pu faire de nouvelles recherches
sur ce sujet.
Si l'on place 5ooS de fer de Suède en petits fragments, dans un creuset
de magnésie cylindrique et que l'on chauffe rapidement le métal au four
électrique de façon à l'amener à l'état tle fusion complète, puis que l'on
vienne à retirer le creuset et qu'on le laisse refroidir à l'air, le culot métal-
lique se creuse et se solidifie, sans que rien sorte de l'intérieur (').
Répétons la même expérience avec le même poids de fer additionné de
charbon de sucre et placé dans un creuset de graphite cylindrique, bon
conducteur de la chaleur, de même forme que le creuset de magnésie
employé précédemment. Nous avons chauffé ce fer pendant 5 minutes
avec un courant de 600"'"'' sous iio™'**, de façon à obtenir la fonte la
plus simple, celle qui ne renferme que du fer et du carbone. Nous sortons
alors du four électrique le creuset qui contient la fonte liquide, nous le
plaçons sur une plaque métallique et nous le laissons refroidir lentement
à l'air en évitant toute vibr-ation. Dans ces conditions, le métal reste liquide
un certain temps, quelques bulles de gaz viennent se dégager à la surface,
puis il commence bientôt à se solidifier. Il se produit tout d'abord une
couche métallique solide et bien horizontale. Mais, peu d'instants après,
par un point de moindre résistance, on voit sortir une certaine quantité de
métal encore liquide qui est chassée par la pression intérieure. Tantôt cette
sortie du métal liquide se produit en une fuis, tantôt elle se produit par
deux poussées successives. La figure i représente la surface d'un culot île
fonte après sortie du métal dans ces dernières conditions. En même temps,
si l'on examine la j)artie inférieure du culot de fonte, on remarque qu'elle
a épousé, dans ses moindres sinuosités, la surface intérieure du creuset.
Nous avons souvent répété cette double expérience; elle nous a toujours
donné les mêmes résultats.
Mais on peut penser que celte sortie ilu métal est due à l'expansion des
gaz en solution dans le liquide, gaz qui se dégagent au moment île la soli-
dification.
Nous ferons remarquer à ce sujet que la surlace du métal repoussé en
dehors du culot, est absolument lisse et qu'elle ne présente aucune trace
d'un rochage semblable à celui de l'argent. De plus, si nous scions le culot
( ' ) Dans un creuset de magnésie, le fer fondu ne mouille pas la paroi ; au contraire,
dans un creuset de graphite, la fonle en fusion mouille le carbone et s"élève légè-
rement sur les bords par capillarité.
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 191
en coupant en deux la partie repoussée, on reconnaît que le point de départ
de la sortie du métal encore liquide est une très petite poche gazeuse dont
le volume n'est peut-être pas la cinquantième partie du volume métallique
rejetée en dehors du lingot (/?§". 2).
Cette petite cavité, examinée à la loupe, est tapissée de cristaux de gra-
phite. PiMsque, dans ce cylindre de fonte en fusion, qui se refroiflit lente-
ment, unecerlaine partie encore liquide est rejetée au dehors au moment
de la solidification, il faut bien admettre que, si nous empêchons ce liquide
de sortir du cylindre, il produira une augmentation de pression.
Ainsi s'explique que certains de nos culots, refroidis brusquement lorsque
la croûte est suffisamment solide, ne laissent pas sortir de métal à l'exté-
rieur i^fig. 3). Ils possèdent alors une surface rugueuse, bombée, mais
régulière, et, dans ce cas, ils contiennent des diamants.
Au contraire, si, par suite du défaut d'épaisseur de la croûte solidifiée,
le métal a pu se faire jour au travers de l'enveloppe {^fig-Xk)^ 'e culot mé-
192 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lalliqtie. après traitement par les acides, ne renferme pas fie diamants
microscopiques.
De plus, nous ferons remarquer que le métal, resté encore liquide à l'in-
térieur du culot métallique au moment du refroidissement brusque, possède,
grâce à la pression qu'il supporte, un point de fusion plus bas que celui de
la fonte ordinaire. De sorte que si, sous l'action de la pression intérieure,
il peut briser la croûte solide qui l'entoure, il sera repoussé sous forme
d'un jet métallique qui se solidifiera brusquement. C'est ce qui est arrivé
dans le culot dont la section est représentée dans la figure 5.
Il découle donc de nos expériences que le fer pur ou ne contenant que
peu de carbone, en passant de l'état liquide à l'étal solide, suit la loi géné-
rale de la solidification et sa densité s'accroît. Il diminue de volume. Par
contre, ce métal, salure de carbone au four électrique, fait exception à cette
loi et augmente de volume en passant de l'état liquide à l'état solide. Si
les expériences que nous relatons aujourd'hui sont concluantes, c'est parce
que notre four électrique nous a permis d'abord fie fouflre le fer en quelques
minutes et ensuite d'exagérer la dissolution du carbone dans ce métal.
L'échantillon de fer fondu dans un creuset fie magnésie renfermait moins
de I pour 100 de carbone, celui qui a été fondu flans un creuset tle charbon
en contenait de 7,65 à 8,17 pour 100.
ASTRONOMIE. — Ètucle des photographies lunaires. Considérations sur la
marche de la solidification dans l'intérieur d'une planète. Noie fie
MM. LcEWY et PtJiSEUx.
L'ensemble des faits topographiques mis en lumière au cours de notre
travail et particulièrement dans les deux dernières feuilles du huitième
fascicule de \' Atlas lunaire nous semble apporter un témoignage important
dans deux questions souvent agitées : Comment se fait, pour une planète,
le passage de l'état liquide à l'état solide? A quel point de cette transfor-
mation la Terre et la Lune sont-elles actuellement parvenues?
En fait, la réponse à la première question dépend ortlinairement de la
solution que l'on adopte jiour la seconde, et celle-ci est envisagée avec le
désir d'expliquer le plus simplement ou le plus mathématiquement possible
certains phénomènes terrestres.
Ainsi, ime école scientifitjue se réclamant tle l'autorilé fie Lorfl Kelvin,
de MM. G. -H. Darwin, King et Barus, considère la solidification de la Terre
SÉANCE DU '23 JANVIER 190'). 19,'^
comme l\ peu [)rés achevée. Les plicnomènes volrani(|iiPs mnnifesterRient
seulement l'existence de poches liquides isolées, insignifiantes p;ir rapport
au volume total. Dans ce système, la solidification a commencé par le
centre et s'est propagée juscpi'à la surface.
La plupart des géologues admettent, au contraire, avec le professeur
Suess, avec M. de Lapparent, l'existence d'une lithosphère, écorce relati-
vement mince enveloppant une masse incandescente. Ici la solidification
a débuté par la surface et progresse lentement vers le centre, en opposant
aux épanchemenls volcaniques un obstacle de plus en plus efficace, mais
non encore insurmontable dans le cas de la Terre.
Si, au lieu de partir de l'état actuel, on tente de présenter les faits dans
l'ordre historique, les deux écoles sont d'accord pour placer à l'origine un
état de fluidité totale, conformément aux idées de Descartes et de Laplace.
Le passage à l'élat solide se fait par petites portions sous l'influence du
refroidissement superficiel.
Que deviennent les scories ainsi formées? Ici la divergence apparaît.
Les partisans du noyau solide font valoir que la plupart des substances
minérales se contractent en se solidifiant, à l'inverse de ce qui se passe
pour l'eau. Elles ne vont donc point flotter comme des glaçons, mais plon-
ger à l'intérieur, où elles repasseront h l'état liquide sous l'influence d'une
température plus élevée. Ce brassage tend à rendre la température uni-
forme dans toute la masse. De plus, les fortes pressions qui régnent à l'in-
térieur arriveront à maintenir à l'état solide les substances qui se dilatent
en fondant. La profondeur que les scories peuvent atteindre va donc en
croissant avec le temps. Elles finissent par gagner le centre, en prenant la
place de matériaux plus légers, qui sont refoulés vers la surface.
Leur agglomération forme un novau solide qui s'étend par degrés jus-
qu'à comprendre toute la planète, en respectant quelques poches forniées
de substances plus fusibles.
A cela les partisans de la lithosphère opposent l'existence de matières
minérales qui, de même que l'eau, se dilatent en se solidifiant. Nous avons
donc au moins une classe de scories dont la destinée est de flotter et de
s'accroître toujours, en formant une première croûte solide. Restent les
corps de la seconde classe, ceux qui se contractent et plongent en se soli-
difiant. Mais même une partie de ces corps n'a chance de gagner le centre,
car ils rencontrent très rapidement des couches plus denses, déjà réparties
à un niveau inférieur par les exigences de l'équilibre hydrostatique. Cette
nouvelle classe de scories ne peut donc se mouvoir que dans une épaisseur
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N- 4.) 35
Tr)'| ACADÉMIE DES SCIENCES.
rpstreiiile ;i pniiir df la surface; elle finit néce-isan'ement par s'amalgamer
avec la pi'emière; e! aussitôL que la première croûte ainsi formée est
devenue capable de meltre obstacle aux épanchements superficiels, le
refroidissement se trouve ralenti dans une énorme proportion. Dès lors les
couches supérieures du fluide interne ne se solidifient qu'avec une extrême
lenteur. L'ampleur et la généralité des phénomènes \'olcaniques, l'ascen-
sion universelle et régulière du thermomètre quand on pénètre dans le sol,
indiquent actuellement pour l'épaisseur moyenne de l'écorce solide un
chifîfre inférieur ou peu supérieur à So*"".
Ces faits sont certainement plus difficiles à interpréter dans la théorie
du noyau solide. Il en est de même d'autres phénomènes généraux et bien
constatés, par exemple :
(a). La présence, jusque près de la surface, de matériaux de densités
très diverses y compris des métaux beaucoup plus lourds que la moyenne
du globe terrestre. Il semble que, si les choses s'étaient passées suivant
l'ordre indiqué par Lord Kelvin, ces métaux auraient dû être englobés de
bonne heure dans le noyau solide sans aucune chance de revenir au jour.
(h). La tendance générale à l'isostase, c'est-à-dire l'existence de varia-
tions de densité qui compensent les inégalités du sol au point de vue de
l'intensité de la |)esanteur et rendent possible, à une certaine profondeur,
l'équilibre hydrostatique. Cette compensation apparaît comme obligée si
l'écorce terrestre est flottante, comme fortuite si la masse entière du globe
est solide.
(c). La grandeur des différences de niveau qui existent à la surface des
planètes dont nous pouvons apprécier le relief.
On comprend que ces différences aient été produites par la réaction d'un
liquide intérieur sur une écorce relativement mince et de densité irrégu-
lière. Il semble, au contraire, que si la solidification s'était faite à partir
du centre, et n'avait |)orlé en dernier lieu que sur une nappe superficielle,
nous devrions constater une figure bien plus voisine de l'équilibre relatif.
Sur la Lune nous ne sommes pas à même de reconnaître s'il y a augmen-
tation de température avec la profondeur ou variation dans l'intensité de
la pesanteur. Mais nous pouvons relever sur les photographies lunaires
diverses particularités qui témoignent que la solidification se fait en partant
de la surface.
Ainsi, les différences de niveau sont relativement plus fortes et plus
brusques sur notre satellite, et, de plus, elles traduisent sous bien des
formes les elFets dynamiques que doit exercer un liquide en mouvement
SÉANCE DU 'ïi JANVIER 1905 193
sur les parois solides qui le coiitienneul. Ces effets soiil en premier lieu les
épanchements superficiels qui ont envahi lesdeiix cinquièmes de la surface
visible et les ont transformés en plaines unies, laissant voir à leur péri-
phérie de nombreux vestiges du relief antérieur.
Ce sont encore les nombreuses traces d'instabilité des massifs monta-
gneux dans le sens vertical, les cassures linéaires qui circonscrivent les
monts Hœmus, les A[)ennins et le Caucase, les terrasses si nettes du Mur
Droit et de Théophile, les fissures marginales de Sabine et d'Hésiode.
La proximité d'une nappe licjuide puissante est encore nécessaire pour
rendre compte des flottements et charriages en masse dans le sens hori-
zontal, intéressant à la fois de larges portions de la surface. .4 cette origine
se rattachent le démantèlement de la crête des Apennins, la "[/^(^
2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour résoiiflre le problème dans le cas où la charge P ne recouvre
qu'une moitié de la travée, on divise par 2 le second terme et, pour avoir
l'effet d'une variation linéaire /, on le remplace par -^i!L.
' ' 1000/^
De la valeur de la réaction par mètre R, on déduit la pression totale
jj qui agit normalement sur la section de l'arc à la clef et l'on peut tracer
très rapidement deux épures représentant, pour tous les points de l'ou-
vrage, l'une les moments de flexion et l'autre les flèches. Dans ce but, on
lit dans un court barème les valeurs des moments et des flèches qui se pro-
duisent dans une poutre droite à section uniforme supportant des charges
réparties comme les P et comme les R, mais d'intensité égale à l'unitè^'et
on les multiplie par P et par R. La somme algébrique des chiffres ainsi
obtenus représente, pour chaque point, le moment de flexion et la flèche.
Tout ce qui précède est applicable au cas où les monlanLs verticaux sont
en nombre fini, à la condition d'ajouter aux moments de flexion générale
ainsi calculés les moments de flexion locale produits par le porte-à-faux
des charges placées entre les montants.
La méthode qui vient d'être exposée ne néglige aucun des éléments du
problème.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Borrelly (1904 e), faites, ai
grand équatorial de l'Observatoire de Bordeaux, par M. F.- Gourty
Note de M. G. Rayet.
Observations de la comète.
Temps sidéral
Dates. de
1905. Éloiles. Bordeaux.
2.29.28,18 +2.18,08 — 2;36,'o
5.13.57,77 -'.49,5o + 4. 7,2
Positions moyennes des éloiles de comparaisons pour 1903,0.
Héduction Distance Réduction
Asc. droite au polaire au
^"^"""=- moyenne. jour. moyenne. jour.
A.G. Nicolajew, n" 2g.5 i.'28"'6'96 — o'ia 90". 2 1 '. 4 2", 5 — 'J^Q
A.G. Leipzig, II, n" 693 1.45. 53, 10 -0,06 83. 56. 21, 2 +6,5
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 207
Positions apparentes de la comète.
Temps moyen Ascension
DaLcs. fie droite Log. facl.
1905. Bordeaux. apparente. parallaxe.
Janv. 10 7. 10. .55, 8 i.3o.34,92 +1,029 90-'9-'4)0 —0,798
18 9.23.31, 3 1.44.3,53 +T,5?.7 84.0.35,1 —0,765
lynta. — Le 10 janvier, l'aspect de la comèle est à peu près ]e même que le 3 (').
La nébulosité paraît cependant légèrement moins étendue. L'observation du iS jan-
vier est très difficile; la comète étant, sans doute à cause de l'éclairement du Ciel par
la Lune, à l'extrême limite de visibilité.
M. Emile Picard, en déposant sur le bureau la seconde édition du Tome I[
de son Traité d'Analyse, s'exprime comme il suit :
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la seconde édition du Tome TI
de mon Traité d'Analyse. Le plan de cette nouvelle édition ne diffère pas
de celui de la première; mais, dans plusieurs Chapitres, un assez grand
nombre de modifications et d'additions ont été faites. J'indiquerai seu-
lement ici le Chapitrerelatif aux théorèmes généraux sur les équations diffé-
rentielles qui a été complètement remanié, et un Chapitre nouveau ajouté
sur la théorie des courbes gauches algébriques.
S. A. S. le Prince Albert de Moxaco présente le fascicule XXIII des
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albeit F'',
Prince souverain de Monaco.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et di:s Beaux-Arts invite l'Aca-
démie à lui présenter une liste de candidats à la Chaire d' « Histoire naturelle
des corps organisés », vacante au Collège de France par suite du décès de
M. Marey.
(Renvoi à une Commission composée des Sections de Botanique
et de Zoologie.)
(') Comptes rendus, n" 2 (9 janvier igoS).
2o8 • ACADÉMIE DES SCIENCES.
MM. Flek; et H. de la Vaulx adressent des remercîmeiits à l'Académie
pour les distinctions dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière
séance publique.
M. le Secrétaire perpétuel signale, dans les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
I " Cours de Chimie à l'usage des étudianls du P. C. iV. , par M. R. de Forcrand .
Tome II : Chimie organique. — Chimie analytique,
2° Traité des maladies des vins. Description — Étude — Traitement, pAr
M. L. Semichok.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les familles de surfaces
à trajectoires orthogonales planes. Note de M. S. Carrus.
Soit y"(ir, jK, ;;) =: p une famille de surfaces admettant des trajectoires
orthogonales planes. On trouve facilement que la fonction /(a;, j, ^) doit
vérifier la relation suivante
A /; /:
lî^ u'^. u, = o,
A B C
en posant, pour abréger,
"(^.7-)=5[(y;)^+(/;.)=+(/;r].
B = «;^/: +":=./;■ + 'v y;.
Guidé par certaines analogies, j'ai réussi à mettre ce résultat sous la
forme suivante
./>'.^ + ./>r+y^'^=o,
en posant
Nous nous bornerons à vérifier rapidement ce fait.
v'j. se compose en effet de deux parties : une partie dans laquelle on ne
SÉANCE DU 23 JANVIER 190"). 209
flérivora que /j., /j., f.\ une seconde partie dans laquelle on dérivera i/,.'
")• ".-■
De même pour c'^, v.. Dans la somme ^Z,*',, la première partie dispa-
raît. Il reste donc simplement
en désignant par N et D le numérateur et le dénominateur de la fonction
v(^x,y,z). On vérifie que cette somme est identique au déterminant au
facteur — f'^ près. Donc :
Théorème. — La condition pour que la famille de surfaces f{x, j, :;) = p
admette des trajectoires orthogonales planes peut se mettre sous la forme
/:«':,. +./;<';+/;<4=o.
en posant
u(,r, y. z) :- l \(f;y- + ffiy + (fiy l K^- 7- -) = '^i^C/:!; '
on en déduit les conséquences suivantes :
Considérons la nouvelle famille de surfaces v(.t, r, z) = n.
La relation indique qu'en un point quelconque commun aux deux sur-
faces p, T les deux surfaces se coupent ortliogonalement.
Partons d'un point M(.ro, Vq. -o)- En ce point passent une surface p, une
surface c. L'élément de courbe trajectoire passant en ce point, normal à la
surface p, est donc tangent à la surface a. La même surface c passe donc
aussi par le point M' infiniment voisin sur la courbe trajectoire. L'élément
de courbe trajectoire passant par M' sera donc encore tangent à la même
surface a. En d'autres termes :
La même surface c contient la trajectoire orthogonale tout entière.
Quelle est l'équation du plan de la courbe?
Soit
/// X + // Y H- /)Z -I- 7 = o
l'équation de ce plan. On a trouvé les conditions
ni.i\, -h «,y„ H- />;„ + <7 = o,
rrTf/',^ -h nu[. 4- pu'.^ = o.
G R., iqof-,, I" Semefitre. (T.:C? = o, P = o,
^ = *'o'
/„;
on en déduit cette conséquence extrêmement remarquable :
Les trois surfaces v=iv^, w^=w^, ^ = ^0 se coupent suivant une même
SÉANCE DU 23 JANVIER igoD. 211
courbe />/ane qui est la trajectoire orthogonale passantpar le point ii-u,jo,r„.
L'équation du plan a été donnée ci-dessus.
On obtiendra des familles de surfaces à trajectoires orthogonales planes
en prenant
if=^ const.;
on obtient ainsi une équation aux dérivées partielles du deuxième ordre
dont toutes les solutions appartiennent à l'équation aux dérivées partielles
du troisième ordre qui régit le problème.
Note sur la Communication précédente,
par M. Gaston Darboux.
On i^eut développer et compléter comme il suit les résultats obtenus par
M. Carrns. Soit
(') /'(a-, j, i) = const.
l'équation eu coordonnées rectangulaires d'une famille de surfaces. Les tra-
jectoires orthogonales seront définies par les équations différentielles
auxquelles on peut, en introduisant une variable auxiliaire t, donner la
forme suivante ;
, . ^ — /' i^ — '■' 'Il — f
^"^J dt ~~J-^' dt ~Jy' dt ~J^-
si l'on pose
(3) /"+/"+/;'= 2«
et si l'on introduit le symbole bien connu défini par l'équation
( 4 ) \'P=^ y.[, K + 4 ?''r+"-'zf^'^ = \''-'
les équations (2), différentiées successivement deux fois par rapport à t,
nous donneront les suivantes :
d-j: , d'Y , d-z
(5)
fP.r ;, , d^Y ^ , cl
((^)
dt'
212 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La coiiiJitiou pour qu'une courbe soit plane s'obtient en égalant à zéro
le déterminaiiL
(II- d'.r ,Px
dl df' 111=^
dy d-y d'y
lû Hr- ~dF
dz d-z d'-z
dl de- dl'
(7)
on voit donc que la condition pour que la famille de surfaces admette des
trajectoires planes se présentera sous la forme
(8)
Ofli.
obtenue en remplaçant dans l'équation (7) les dérivées de x, y, z relatives
à t par leurs valeurs déduites des formules (2), (5) et (6). On se trouve
ainsi conduit à l'équation aux dérivées partielles du troisième ordre qui
caractérise les surfaces cherchées et qui a servi de point de départ à
M. Carrus.
Ce jeune géomètre en a fait connaître des transformations intéressantes.
Nous allons les retrouver, en donner de nouvelles, et surtout montrer que
l'équation du troisième ordre peut être intégrée une fois au moins, et
ramenée à une équation aux dérivées partielles du deuxième ordre seule-
ment.
A cet effet, considérons une famille quelconque de surfaces définie par
l'équation (i) et proposons-nous de déterminer, pour un point quelconque
de l'espace, de coordonnées x,y, z, le plan osculateurde celle îles trajec-
toires orthogonales des surfaces qui passe en ce point. Si
est l'équation de ce plan osculateur, on aura les conditions
1 /a' + my -h nz = i,
<.9)
, d.r dy dz
dl dl dl
dl-
dl-
dl-
SÉANCE DU 2i JANVIER igoS.
qui tlélermiiieroiit /, m, n et donneront les valeurs
2l3
(lo)
dt dt:' dt dt' fyll
-.n
a'y
D "~
D
dz d-jc dx d-z
Tt lïïï ~ ~dï lû} /: ».
D
,,'
D
dx d-y dy d-x
dt. di' Tlt 7/F /■;,.«
^
^'
D ""
D avant l'une ou l'autre des valeurs suivantes
(")
X y z
dx dy dz
Ut Ht 7lï
d-x d-y d'- z
'dF UF 77F
X
y
:;
/;
f'r
A
"t
">
u.
Cela [losé, si les trajectoires orthogonales doivent êti-e planes, il faudra
que /, m, n demeurent les mêmes en tous les points d'une même trajectoire,
c'est-à-dire satisfassent aux équations
(12)
dm
It
ou, si l'on suppose /, m, n exprimées en fonction de x, y, z, aux trois sui-
vantes :
(i3)
S,/:
Voilà donc trois formes diflérentes de l'équation (8) obtenue plus haut
d'oîi l'on déduit évidemment les suivantes
(•4)
{^)
VU
'f\l.
qui sont celles obtenues par M. Garnis.
On obtiendra aisément la relation entre l'équation (8) et les formes
nouvelles (i3) à l'aide des identités telles que la suivante
dz dY
dl
y dt ^ dt ^ =fy-yA
dt ~~
D-^ "- D^
(.5)
que le lecteur vérifiera sans difficulté.
21 'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
Voici comment on peut intégrer une fois l'équation (8) :
Puisque les trajectoires orthogonales sont planes, les plans de ces
courbes forment évidemment un système sim|)lementou doublement infini.
Considérons d'abord le cas où les plans forment une suite simplement
infinie et, par conséquent, enveloppant une surface développable. Il v a
alors une infinité de trajectoires dans chaque plan tangent de la dévelop-
pable et les siufaces cherchées sont des surfaces moulures dont les profils
se trouvent dans les plans tangents de la développable. Ecartons celle
solution, qui était évidente a priori, et supposons que les plans des trajec-
toires enveloppent une surface non développable. Alors les quantités que
nous avons appelées /, m, n devront satisfaire à une relation
(.(•.) £{Lm,n) = o,
qui sera du second ordre par rapport aux dérivées àef(^x,y, z) quand on
y remplacera /, m, n par leurs secondes expressions (lo) en fonction
de X, y, z. C'est /.'intégrale première générale de l'équation du troisième
ordre (S).
I>es équations (i5) permettent d'ailleurs de vérifier ce résultat avec la
dernière précision et conduisent à l'identité
07)
o et qui se réduit pour t = o k une fonction de x continue
mais pas forcément analytique. Pour t non nul mais aussi petit qu'on vou-
dra /(x, t) restera analytique mais tendra aussi avec telle approximation
qu'on voudra vers la fonction non analytique qui la remplace pour t = o.
Voici d'abord comment on peut déduire de là la méthode de dévelop-
pement de Weierstrass (Journal de Liouville, i886, p. io5; E. Borel, loc.
cil., p. 5i).
Soit l'équation de la propagation de la chaleur par conductibilité
(0 ^-^ = °
et la solution de Cauchy-Fourier, facile à obtenir,
qui, pour ^ = o, se réduit à la fonction non forcément analytique /(x).
Intégrant par rapport à a on a
7= r'fi^y"'^' du.
ce qui, en posant /j y = ^% est l'intégrale i|/( a;, ^)(E. Borel, loc. cil., p. 52)
donnant un développement analytique qui, pour k aussi petit qu'on veut,
représente /(ic) avec l'approximation qu'on veut.
La méthode de M. Picard {Traité d'Analyse, t. I, 2^ édit., p. 27'») revient
à remplacer ( 1 ) par l'équation de Laplace à deux variables dont on prend
la solution
— / /■(-», >^ Au) = o.
On peut donc dire qu'à tout point), de la surface ou variété ©, à rf dimen-
sions, correspond une courbe de S,,, et vice-versa. Or la variété (p jouit
d'une propriélé extrêmement remarquable : elle admet un groupe G,; tran-
sitif oo'' de transformations birationnelles en elle-même, deux à deux permu-
tables. Une de ces transformations est entièrement déterminée dès qu'on
connaît deux points de ç, c'est-à-dire deux courbes A, B du système S,„
qu'on veut faire correspondre; alors toute courbe C de S,/ est transformée
en une nouvelle courbe C, de S,/, telle que l'on ait
|C,| = |C + B-A|.
On voit aussi que la variété (p est déterminée, à une transformation bira-
tionnelle près, lorsque est tlonnée la surface F. C'est pourquoi, en ayant
égard aux profondes recherches de M. Picard sur les surfaces admettant
un groupe de transformations birationnelles en elles-mêmes, je propose
d'appeler la variété (p (et le groupe G,/) la variété (ou le groupe) de Picard
attachée à la surface F.
D'après un théorème de M. Picard (Bendiconti del Circolo mathematico
diPalermo, iSgS. Voir aussi un Mémoire de M. Painlevé, Acta Mathematica,
t. XXVII), une variété telle que (p possède d intégrales distinctes de diffé-
rentielles totales qui, dans le cas actuel, sont de première espèce. Soit I,„('X)
une de ces intégrales (m = 1,2, . . ., d). Si le point 1 parcourt une courbe
algébrique arbitraire y tracée sur «p, !,„(>.) devient une intégrale abélienne
de première espèce de y. Aux points de y correspondent sur la surface F
00' courbes du système S,/ ; par tout point (x. y, z) de F passera un nombre
fini, k, de ces courbes, correspondantes aux points X''', X'^', ..., X'^' de y.
Formons maintenant la somme :
I,«(V") + I™(^'") + --- + I™(^*)-
222 ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'est une fonction ïm(a\ y, z) du point (x, v, :;) de F, fonction partout
finie sur F. C'est donc une intégrale de différentielle totale de la première
espèce de F. En attribuant à m les valeurs i. 2, . . . , d on obtient ainsi
d intégrales.
Il peut bien se faire vraiment que quelques-unes de ces intégrales (pas
toutes) se réduisent à des constantes, ou que les d intégrales ne soient pas
indépendantes. Mais on démontre que, si les d intégrales s'expriment
linéairement par S d'entre elles, la variété o contient une série ac''-^ de
variétés de Picard V5 à S dimensions, dont chncune est'transformée en elle-
même par les transformations d'un sous-groupe G5 du groupe de Picard G,/.
On reconnaît aussi l'existence sur «p d'une seconde série ao* de variétés de
Picard Yj^s, qui se comportent d'une manière analogue par rapport à un
second sous-groupe Gj_g. Il suffit alors de remplncer la courbe y nommée
ci-dessus par deux courbes y,, y^, contenues, l'une dans une des V5, l'antre
dans une des V^_j, pour retrouver S -)- (rf — S) =r r/ intégrales distinctes
de F, et S de ces intégrales possèdent S systèmes de 2 S périodes; les inté-
grales restantes ont r/ — S systèmes de i{d — t) périodes.
La surface F ne peut d'ailleurs posséder plus de d intégrales distinctes de
première espèce. On le voit en s'appuyant sur le théorème cité de M. Picard
et de M. Severi; par suite :
Une surface ayant les genres pg, p^ possède pg — p^ intégrales distinctes de
différentielles totales de première espèce et i(^pg — p„) intégrales distinctes de
seconde espèce. Le continuum réel à quatre dimensions représentant la surface
a la connexion linéaire yo, = 2 {^pg — p^) -\- i .
On remarquera l'analogie parfaite de ce résultat avec le théorème de
Riemann concernant les intégrales abéliennes relatives à une courbe algé-
brique de genre d. Au point de vue de la connexion linéaire, une surface
ayant l'irrégularité d correspond donc à une courbe de genre d. Même à la
courbe est attachée une variété de Picard à d dimensions, dont les points
représentent les séries linéaires complètes, non spéciales, d'un ordre quel-
conque, appartenant à la courbe (par exemple les groupes de rf points de
celle-ci).
SÉANCE DU 2,3 JANVIER igoS. 223
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles linéaires du
second ordre renfermant un paramètre. Note de M. Tzitzeica, présentée
par M. Emile Picard.
Dans une Thèse présentée à Gœttingue, M. Mason a étudié certains pro-
blèmes d'intégration de l'équation
(i) )'" + ■>, A(.;r ) y- = G,
déterminés par des conditions aux limites (Randwertaufgaben). Un de ces
problèmes avait été auparavant étudié par M. Picard, à l'aide d'une mé-
thode très simple et très suggestive. C'est cette méthode de M. Picard que
je veux étendre aux autres problèmes considérés par M. Mason, en me
bornant dans cette Communication au problème suivant : La fonction k(^x)
étant positive dans V intervalle (a, b), et continue ainsi que ses deux premières
dérivées, trouver les valeurs de 1 pour lesquelles l'équation (i) admet une inté-
grale y{x) continue ainsi que sa dérivée première dans (a, b) et telle que
y(a) = o, /(*) = »•
J'emploie pour trouver une première valeur de >., à savoir celle à laquelle
correspond une intégrale r( r) dont la dérivée ne s'annule qu'aux extré-
mités de l'intervalle (a, t), deux méthodes tout à fait distinctes, basées
cependant sur des principes analogues à ceux de M. Picard.
I. Je démontre d'abord que X doit être positif. Gela étant, je pose
(2) y=z^ik{x).
On trouve que -: vérifie l'équation
(3) z«+xh
et que l'on a
[.v/xX(7)]'
^^' y- xA(x) '
ce qui prouve que dans les conditions précédentes il y a correspondance univoque
entre les intégrales des équations (i) et (3); les formules {i) et (4) définissent bien
celte correspondance.
Il résulte de (3) que le problème proposé est impossible pour les valeurs de >., pour
lesquelles X ^ | -L 1
v^ Va;
est constamment négatif dans (a, b).
224 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Soit Xo> o une valeur telle que >.„ — ( — ] soit constamment positive. Calcu-
Ions la constante c (Picard, Traité d'Analyse, t. III) pour l'intervalle («, t) et avec
la fonction Bo(.r) = A X^ — ( -— ) -Si Ton a c= i, X^ est la valeur cherchée deX.
Si cjz^i, on peut arriver à c = i de la manière suivante : Supposons, par exemple,
c> I ; alors si nous faisons décroître, dans B(a-) r= A X — ( — = | > )> à partir
L v/Â Wa; J
de Xo, de manière que B (x) reste positif dans (a, Z»), ce qui est possible ; comme pour
B(a;) ^o on a c = o, il résulte qu'il y a une valeur X, pour laquelle c^zi. L'équa-
tion (3) admet pour X r= Xj une intégrale ^(.r) telle que ^(rt) =:: o, 5(6) := o et qui ne
s'annule pas dans l'intervalle; par conséquent (i) admet pour X = X, une intégrale y(x)
telle que j'(fl) =/'(Z>) := o et j'{j;) ne s'annule pas dans {a. h).
II. On peut employer une méthode encore plus simple et qui ne demande même pas
que les dérivées de k{x) existent. Je démontre de la même manière que M. Picard
qu'il y a une valeur X' de X pour laquelle (1) a une intégrale y\{x) telle que
y,(a)==:o, y'^{b)^o, de même une valeur \" et une intégrale y^ix) pour laquelle
y'iia) ^o, yï{b)^o, yi{x)^ y^{x) ne s'annulant pas dans (a, b). On peut raccorder
ces intégrales en un certain point de (a, i) et pour une même valeur de X, soitÀ = X,.
On aura ainsi une intégrale /(,r) de (i) pour X =r X, telle que y'(rt) := j''( 6) =; o et
s'annulant une seule fois entre a et b, dont la dérivée, par conséquent, ne s'annule
qu'en a et b.
III. Nous venons de trouver par deux voies une valeur X, de X pour laquelle (t)
admet une intégrale y (a-) dont la dérivée ne s'annule qu'aux extrémités de l'intervalle
(a, b). Je vais prouver qu'il n'y en a pas d'autres. Supposons qu'il y ait encore la va-
leur X2 et l'intégrale jsl-î^)- On a
(>^2.r2j', — À, J, j;)'= (X,- x,)j;/,,
donc
o = (X,— X2) j y\y',dx,
égalité absurde si X, p^Xj.
IV. Arrivés là, il est facile d'établir, par un procédé géométrique tout à fait sem-
blable à celui de M. Picard, qu'il y a une suite de valeurs de X pour lesquelles on a
des intégrales dont les dérivées s'annulent non seulement en a el b, mais aussi dans un
certain nombre de points intermédiaires.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un ihéonme de M. Borel. Noie de
M. F. RiESz, présentée par M. E. Picard.
I. Le théorème de M. Borel, qu'un ensemble déuombrable d'intervalles,
tel que chaque point d'un intervalle ah est intérieur au moins à un inter-
SÉANCE DU 23 JANVIER igo5. 225
valle de l'ensemble, contient un ensemble fini d'intervalles jouissant de la
même propriété, peut être énoncé sous une forme plus générale, en laissant
à part la restriction de la dénombrabilité de l'ensemble. Sous cette nou-
velle forme, le lliéorème sert de base commune à plusieurs théorèmes prin-
cipaux de la théorie des fonctions de variables réelles.
Pour démontrer le théorème, soit c un point de l'intervalle ah tel que
pour l'intervalle ac il y ait un ensemble fini, partie de l'ensemble infini
d'intervalles, tel que chaque point de l'intervalle ac soit intérieur au moins
à un intervalle de l'ensemble fini, c étant un tel point, chaque point de
l'intervalle ac l'est aussi; de même chaque point intérieur à un intervalle
de l'ensemble, auquel le point c est aussi intérieur. Le point a lui-même
étant intérieur à un intervalle, chaque point intérieur en même temps à
cet intervalle et à l'intervalle ah pourra servir de point c. Nier le théorème,
ce serait affirmer que, dans certains cas, il y aurait des points de l'inter-
valle ab, n'appartenant pas à la classe des points c. Or, ces points forme-
raient une seconde classe et les deux classes définiraient une coupure, dans
le sens de M. Dedekind, ayant pour point limite un point/) de l'inter-
valle ah. Donc, il y aurait un intervalle de l'ensemble, auquel le point/)
serait intérieur; cet intervalle contiendrait des points de chacune des
classes, résultat qui serait absurde.
Applications. — ■ 1. Le lliéorème de Weierslrass, que jjour chaque fonction bornte
définie dans un intervalle ab il y a au moins une valeur de l'argument telle que pour
chaque intervalle interceptant cette valeur la limite supérieure de la fonction sera la
même que pour tout l'intervalle ab, résulte immédiatement de notre théorème; parce
que, s'il n'en était pas ainsi, chaque valeur de l'argument serait intérieure à un intervalle,
dans lequel la limite supérieure serait inférieure à celle dans l'intervalle ab-. alors il y
aurait un ensemble fini d'intervalles, recouvrant tout l'intervalle ab, tels que dans cha-
cun d'eux la limite supérieure serait inférieure à celle dans tout l'intervalle, ce qui
serait absurde.
2. Pour démontrer le théorème bien connu que chaque fonction continue est uni-
formément continue, on déterminera autour de chaque valeur de l'argument \\n inter-
valle pour lequel l'oscillation soit plus petite que le nombre donné s. L'ensemble de
ces intervalles contiendra un ensemble fini d'intervalles, tel que chaque point de l'in-
tervalle ab sera intérieur au moins à un intervalle de cet ensemble fini. Ces intervalles
auront des parties communes; soit 5 la longueur de la plus petite de ces parties.
Alors, dans tout intervalle inférieur à o l'oscillation sera inférieure à s.
IL Autour de chaque point de l'ensemble complémentaire d'un ensemble
fermé contenu dans l'intervalle ah, on peut déterminer un intervalle ne
contenant aucun point de l'ensemble fermé. De là il suit que notre théo-
C. R., iflnô, ," Semestre. (T. C^KL, N" 4.) 29
226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rème et ses conséquences restent vrais, si l'on substitue à l'intervalle ah
un ensemble fermé quelconque.
Le théorème peut être généralisé pour des dimensions quelconques. En
raisonnant de « à « -l- i, on le démontrera d'abord pour un ensemble fermé
de points et pour un ensemble de domaines par exemple rectangulaires,
chaque point de l'ensemble fermé étant intérieur au moins à un des
domaines. De là, on passera aisément à un ensemble de domaines quel-
conques. (On appellera domaine chaque ensemble d'un seul tenant, dont
aucun point n'est point limite de l'ensemble complémentaire). On énoncera
alors le théorème :
Un ensemble de domaines tel que chaque point d'un ensemble fermé de
points est intérieur au moins à un domaine de l'ensemble, contient tou-
jours un ensemble fini de domaines jouissant de la même propriété.
De là on déduit aisément que, si pour un domaine D il y a un ensemble A
de domaines tel que chaque point intérieur à D l'est aussi au moins à un
domaine de A, l'ensemble A contiendra un ensemble dénombrable de
domaines, jouissant de la même propriété. En outre, ce théorème rendra
des services dans la théorie du prolongement analytique.
MÉCANIQUE. — Sur la déviation des graves i^ers le sud et sur la courbure
des lignes de force. Note de M. Maurice Fouché, présentée par M. H.
Poincaré.
Dans la séance du 2 janvier, M. de Sparre a communiqué à l'Académie
des formules relatives à la déviation des graves. Comme je me suis occupé
autrefois de la question et que je trouve des résultats différents, je demande
à l'Académie la permission d'y revenii'.
M. de Saint-Germain (^Nouvelles Annales de Mathématiques, i883) et
M. de la Fresnaye se sont déjà inquiétés de l'effet de la courbure des lignes
de force. Le travail de M. de la Fresnaye a fait l'objet, à la Société astro-
nomique de France, d'un rapport de M. Caspari (^Bulletin de la Société
astronomique de France, 1903, p. 175 et seq.).
Le mouvement relatif du mobile est déterminé par trois forces : 1" l'at-
traction ; 2" la force centrifuge; 3" la force centrifuge composée. Comme
les deux premières se composent pour former le poids du corps, il suffira
de considérer le champ de la pesanteur et la force centrifuge composée.
On traitera comme des infiniment petits : 1° la vitesse angulaire w du globe
terrestre; 2" la hauteur A et, par suite, la durée de la chute.
SÉANCE DU 23 JANVIER IQoS. 227
Pour calculer l'effet de la force centrifuge composée, on peut procéder
par approximations successives et déterminer la composante nord-sud de
cette force au moyen de la vitesse ouest-est du mobile, calculée en négli-
geant la seconde puissance de o). On trouve ainsi une déviation vers le sud
indiquée par la formule connue
^ oj- sinX coslgt'' (\ latitude, t temps).
Il est inutile, dans ce calcul, de tenir compte de la variation de g,
puisque cette variation ne donnerait dans le résultat que des accroissements
infiniment petits d'ordre supérieur.
Pour déterminer l'effet de la variation de la direction du poids, je dé-
compose, à chaque instant, le poids en deux composantes, l'une suivant la
verticale du point de départ, l'autre perpendiculaire à celle-là et contenue
comme le poids dans le plan méridien. C'est cette deuxième composante
qui est la force déviatrice. Soit p le rayon de courbure de la ligne de force
qu'on peut .supposer constant. Quand le mobile sera descendu d'une hau-
teur s, la direction du poids aura tourné d'un angle -, et la force dévia-
trice agissant sur une masse égale à l'unité sera
On n'altère cette valeur que d'une quantité infiniment petite si Ton
suppose g constante, et z égale à ^ gi'- On a alors, pour la déviation S,
dr- — 1 p ' '
d'où, par deux intégrations successives,
~ 24 7" ~ 6 7'
formule qui s'accorde avec celles de MM. de Saint-Germain et de la
Fresnaye.
Pour déterminer p, je vais montrer que le rayon de courbure des lignes
de force ne dépend que de la distribution des forces sur une surface de
niveau, et nullement de la variation de la force suivant sa direction. Soit V
228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le potentiel; les paramètres directeurs de la force F sont
ày_ à\ d\_
àr dy ' âz
Si l'on s'avance, dans la direction de la force, d'une longueur dn, on aur;
aœ = -7=. -r- an, dy = = -^—dn, dz = ^ ~^dn,
et le premier paramètre devient
(TV i_ l'dy d^ d\ d-v .cos>..
d\
Donc
I o,o5o . . .
- = — îT-sinlcos/.
= -VrrSinXcosÂ.irr.
24 H "
Cette déviation, dirigée vers le sud, est la même soit qu'on laisse tomber
le corps d'un lieu élevé, soit qu'on l'abandonne dans un puits de mine.
Elle est un peu plus petite que la moitié de celle qui est due à la force
centrifuge composée et doit lui être ajoutée.
Il est bien entendu qu'en pratique ces formules sont illusoires, non seu-
lement à cause de la petitesse du résultat, mais encore parce que les attrac-
tions locales peuvent altérer considérablement la valeur de p.
ÉLECTROMAGNÉTISME. — Champ magnétique auquel est soumis un corps en
mouvement dans un champ électrique. Note de M. H. Pellat, présentée
par M. Poincaré.
Un corps animé d'une grande vitesse V dans un champ électrique d'inten-
sité (I> est soumis par là même à un champ magnétique dont la direction est
normale au plan contenant la direction de la vitesse et celle du champ élec-
trique, dont le sens est la droite d'un observateur disposé de façon que le mou-
vement aille de ses pieds à sa tête et qui regarderait dans le sens du champ
électrique, et dont l' intensité est donnée par
(1) 5e = RVsina,
en appelant a V angle de la vitesse et du champ électrique et K le pouvoir induc-
teur spécifique du milieu, cette relation étant exacte dans l'un et l'autre sys-
tème d'unités électriques.
Pour établir celte proposition, considérons un condensateur à armatures planes
parallèles et indéfinies, chargé et présentant une densité uniforme a sur ses faces en
regard. Pour la commodité du langage, prenons ces armatures verticales. Supposons
qu'elles se déplacent, en emportant leur charge, avec une grande vitesse V, dans leur
propre plan, suivant une direction horizontale. Pour tout point fixe placé entre les
23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
armatures, il en lésultera un champ magnétique, car chaque bande horizontale des
armatures en mouvement produit l'effet d'un courant électrique; il est facile de voir
que les deux armatures produisent des champs magnétiques de même sens, que le
champ magnétique résultant est uniforme, que sa direction en verticale, son sens
donné par la règle d'Ampère et son intensité par
(2) 3t — !iT.n\.
Si nous supposions maintenant un déplacement des armatures dans une direction
normale à celles-ci, les considérations de symétrie montrent immédiatement que le
champ magnétique en P serait nul. On déduit de ce qui précède que, si le déplacement
des armatures a lieu dans une direction faisant un angle a avec les lignes de force du
champ électrique et une vitesse V, l'intensité du champ magnétique est donnée par
(3) 3C = 4-n;aVsina.
La relation entre l'intensité * du champ électrique et la densité i sur les armatures
est K* 1= 4''^^; en remplaçant il vient
(4) 3e=:K'i>Vsina.
Remarquons maintenant que, en vertu du principe d'action de milieu, l'effet sera le
même si le point P considéré a le même mouvement relatif par rapport aux lignes de
force d'un champ électrique de même intensité, quelle que soit la manière dont ce
champ électrique est obtenu et quelle que soit la manière dont le mouvement relatif
est produit. En particulier, si les lignes de force du champ électrique sont immobiles
et le point P en mouvement, il se produira pour ce point (portion d'un aimant, d'un
solénoïde, d'un courant) un champ magnétique conformément à l'énoncé qui est en
tête de cette Note.
On voit que la relaLion (1) a même forme que la relation qui donne
l'intensité du champ électrique agissant sur un point mobile dont la trajec-
toire coupe sous un angle a. les lignes de force d'un champ magnétique :
il n'y a qu'à permuter 3e et et à changer K en ;y. (perméabilité magné-
tique) dans les formules, à permuter a magnétique » et « électrique » dans
l'énoncé et à changer « droite « en « gauche ». Ainsi le phénomène dont la
la loi est donnée en tête de cet article est le phénomène réciproque de
l'induction électromagnétique.
Si, dans la relation (r), nous employons les unités- électromagnétiques,
on a K = j^, en désignant par k la constante diélectrique du milieu (l'unité
dans le cas du vide) et par U le rapport des unités (U = 3 x 10'"); de façon
que la relation devient
(5) x=^ilî^.
SÉANCE DU 23 JANVIER IQoS. aSi
Il n'estpasdiffîcile d'obtenir pour yy 11 ne valeur de plusieurs unités; mais pour
que 3e soit notable, il faut encore que yr ne soit pas trop inférieur à l'unité,
c'est-à-dire que V ne soit pas trop éloigné de la vitesse de la lumière. Ce
ne sont guère que les corpuscules lancés par une cathode ou par un corps
radioactif qui peuvent être dans ce cas.
M. Villard a montré (') que les rayons magnéto-cathodiques découverts
par M. A. Broca subissent une déviation en coupant les lignes de force
d'un champ électrique. M. Fortin (-) a donné de ce phénomène une expli-
cation simple et excellente, si l'on admet que ces rayons sont formés par
les mêmes corpuscules que les rayons cathodiques ordinaires; dans ce cas,
le phénomène que nous venons d'exposer ne donne naissance qu'à un
terme correctif pour la formule de déviation établie par M. Fortin. Mais si,
conformément à une expérience de M. Villard, les rayons magnéto-catho-
diques ne transportent avec eux qu'une charge plus faible que celle des
rayons cathodiques, l'explication de M. Fortin ne convient plus. Peut-être,
peut-on alors expliquer le phénomène de la déviation rien que par la
composition du champ magnétique produit par le mouvement dans le
champ électrique de ce qui constitue les rayons magnéto-cathodiques
avec le champ magnétique préexistant (celui de l'électro-aimant) : ces
deux champs magnétiques, à angle droit, donnent par leur composition un
champ oblique que doit suivre le rayon magnéto-cathodique, d'après sa
propriété fondamentale. Le sens de la déviation due à cette cause est bien
conforme à celui trouvé par M. Villard. Quant à l'ordre de grandeur,
il faudrait connaître les intensités des champs électriques et magnétiques
employés par ce physicien pour voir si l'explication ne nécessite pas des
valeurs trop grandes pour la vitesse des rayons magnéto-cathodiques. Tout
ce que l'on j)eut dire, c'est qu'avec des intensités de champ facilement réa-
lisables et des vitesses d'un ordre de grandeur très acceptable, on obtien-
drait de ce chef des déviations non seulement visibles, mais bien mesurables.
(>) Villard, Comptes rendus, t. CXXXVIII, 1904, p.
('-) FoRTlx, Ibid., p. i:J94.
232 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur les ions de l'atmosphère. Note de M. P. LAVfiEvix,
présentée par M. Mascart.
I. Les travaux de MM. Elster et Geitel d'une part, C.-T.-R. Wilson
d'autre part, ont démontré la présence permanente dans l'atmosphère
d'ions des deux signes, identiques à ceux que produisent les rayons de
Rôntgen et dus à l'action des substances radioactives dont l'existence cons-
tante en petite quantité dans l'air est expérimentalement établie.
La détermination du nombre de ces ions et de la conductibilité qu'ils
communiquent à l'air est de première importance pour la météorologie.
tant au point de vue des phénomènes de condensation de la vapeur d'eau,
de l'origine des pluies et des orages, de la cause du champ électrique ter-
restre, qu'au point de vue des variations du champ magnétique dues, en
partie au moins, aux courants que produit le déplacement des ions sous
l'action du champ électrique ou des mouvements d'ensemble de l'atmo-
sphère.
IL Aussi des recherches systématiques dans ce sens sont-elles effectuées
depuis deux ans, principalement en Allemagne, par deux procédés distincts.
L'un, dû à MM. Elster et Geitel, consiste à suivre la déperdition électrique dans l'air
d'un cylindre chargé relié à un électroscope d'Exner; malheureusement, s'il a l'avan-
tage de la simplicité, sa signification théorique est incertaine.
L'autre procédé, de signification plus précise, est dû à M. Ebert et consiste à
mesurer les quantités d'électricité des deux signes disponibles dans un volume connu
d'air, c'est-à-dire une grandeur proportionnelle au nombre des ions présents, l'expé-
rience ayant montré que ceux-ci portent tous la même charge en valeur absolue, égale
à 3,4 X io-"> unité électrostatique.
L'air passe à cet effet sous l'action d'un aspirateur dans un condensateur cylindrique
chargé dont l'armature intérieure communique avec un électroscope dont la cage est
reliée à l'armature extérieure. Si le condensateur est assez long et le champ assez
intense pour qu'on soit certain de recueillir tous les ions d'un signe déterminé sur
l'électrode intérieure, la déperdition mesurée à l'électroscope est proportionnelle au
nombre de ceux-ci.
IIL J'ai commencé, avec l'aide de M. Moulin, depuis le mois de mai
dernier, au sommet de la Tour Eiffel, des expériences de ce genre dont je
donnerai ultérieurement les résultats et qui m'ont conduit à préciser la
signification des mesures ainsi faites.
Il était en effet important de s'assurer, par des procédés électrométriques
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 2^3
de laboratoire, dans quelles limites on peut admettre que les mesures faites
avec l'appareil d'Ebert donnent bien tous les ions présents dans l'air qui
passe, foutes les charges électriques disponibles. On va voir qu'il en est
autrement, dans une proportion tout à fait inattendue.
J'ai utilisé dans ce but une méthode de courant gazeux (') sous une
forme qui permet d'étudier la répartition des ions contenus dans un gaz entre
les diverses mobilités, problème important en pareille matière.
Soit p la densité par unité de volume du gaz des charges portées par
les ions d'un signe déterminé; ceux dont la mobilité est comprise entrée-
eik-^ dk correspondent à une densité élémentaire :
dp=/{k)dh,
et le problème de la répartition consiste à déterminer la fonction /(X)
pour toutes les valeurs de la variable.
Pour résoudre ce problème, faisons passer le gaz sous le débit U dans un conden-
sateur cylindrique de capacité C chargé par une batterie d'accumulateurs de force
électromolrice V dans un sens tel que l'électrode intérieure E recueille les ions du
signe considéré. Si la saturation est atteinte pour les ions de mobilité A, c'esl-à-dire si
tous ces ions sont recueillis par E, le courant correspondant sur celle-ci sera
^I = U^7. = U/(A)f/A-.
Mais les ions de mobilité assez faible pour que la saturation ne soit pas atteinte don-
neront seulement :
zi = '-Lr- = ''"' ^' - = -[r^'
ce qui suppose, puisque di ne peut être supérieur à dl, que A- est inférieur à ~ ; pour
A- supérieur à cette limite, la saturation est atteinte et di est égal à dl.
Le courant total / recueilli par E sous la dilTérence de potentiel V est donc donné
par
(0
i={]^- j' kf{L)dk-\-\j j f{k)d/,,
it une fonction de a: que l'on peut obtenir expérimentalement en mesurai
(') On trouvera dans le travail de M. E. Bloch {Ann. de Chimie et de l'hysique,
janvier igoS, p. 65 à 71) l'exposition que j'ai donnée de ces métliodes au Collège de
France en igoS-igo/i.
C. R., 1905, I" SemesLie. (T. CXL, N° 4.) ^^
234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
moyen d'un électroraètre relié à E, le courant i qui correspond à dilFérentes valeurs
de V et, en construisant une couilie S avec / en ordonnées et en abscisses la quantité j-
proportionnelle à V.
Cette courbe expérimentale permet de déterminer la fonction /(/,). La relation (i)
donne facilement, en elïet,
donc
U/ ~ ~ u ^^ ■
On déduit de là qu'il existe dans le gaz des io/is de mobilité k, seulement si
la courbe expérimentale S présente une courbure au point d'abscisse a; = j-
Les mobilités des ions présents dans le gaz correspondent aux régions
incurvées de S el/(k) peut se déduire de la mesure de cette courbure.
En appliquant celte méthode à l'air atmosphérique. J'ai obtenu seulement
deux régions de forte courbure : l'une correspondant aux ions ordinaires, de
mobilité égale à environ i", 5 pour un volt par centimètre, l'autre à des ions de
mobilités plusieurs milliers de fois plus faibles (k = ^-^ environ), de même ordre
que celles obsersées par M. Townsend dans les gaz récemment préparés et par
M. B loch pour les ions du phosphore.
Un point essentiel est que, dans les conditions où j'ai opéré, au niveau
du sol, la quantité totale d'électricité portée par ces derniers ions peut être cin-
quante fois plus grande que celle portée par les ions ordinaires et seule mesurée
dans l'appareil d'Ebert.
Je crois donc important d'appeler l'attention des physiciens qui s'occupent
d'électricité atmosphérique sur l'existence de ces centres chargés, beaucoup
plus nombreux en général que les ions ordinaires. Je reviendrai sur leur
origine probable et sur leur rôle.
PHYSIQUE. — Contribution à l'étude de l'ionisation dans les flammes.
Note de M. Pierre Massoulieu, présentée par M. J. VioUe.
I. La conductibilité des flammes doit être attribuée à la présence d'ions
dont on a pu mesurer les mobilités, très variables avec le signe de la
charge de l'ion et avec la température. Cependant un des caractères essen-
tiels de la conductibilité produite par les ions dans les gaz, l'existence d'un
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 235
courant rie saturation, ne s'observe pas ici de manière complète : le cou-
rant i augmente, en général, moins vite que la différence de potentiel t'
appliquée aux électrodes sans cependant devenir indépendant de celle-ci.
La cause de cette absence de saturation est la grande densité en volume
des ions présents qui produit une déformation considérable du champ et
localise celui-ci presque entièrement au voisinage de la cathode quand les
électrodes sont également chaudes, alors que la saturation ne s'observe
que quand le champ reste approximativement uniforme.
Pour des différences de potentiel suffisamment élevées on peut même
observer un relèvement de la courbe qui relie i k i> analogue à celui que
M. Towusend (') a obtenu dans les phénomènes qui précèdent la décharge
disruptive, à partir du moment où l'ionisation par les chocs commence à se
produire. La courbe, d'abord concave vers l'axe des c, présente alors un
point d'inflexion plus ou moins étalé et à tangente inclinée, l'ionisation
par les chocs se produisant avant que la saturation puisse être atteinte. De
telles courbes ont été obtenues avec des flammes de gaz par F.-L. Tufts et
J. Stark (^) et j'en ai moi-même retrouvé de semblables, avec les mêmes
flammes, mais dans des conditions très différentes et sans avoir eu connais-
sance de ces travaux.
II. Eii^ remplaçant le gaz d'éclairage par de la vapeur d'éther, j'ai pu obtenir des
flammes beaucoup moins chaudes dans lesquelles les électrodes de platine de 2"™', 8 de
surface, à 2°"" l'une de l'autre, peuvent rester sombres ou au rouge à peine visible.
J'ai pu appliquer dans ces conditions des dilTérences de potentiel de 880"""% ce qui
correspond à des champs moyens de ^z+oo'"'"* par centimètre, sans cesser d'obtenir des
courbes dont l'allure est nettement parabolique. Voici par exemple les données de l'une
de ces courbes; une division de l'échelle galvanométrique représentes x io~* ampère :
Voltages SS^""' 2 x 88 4 X 88 6 x 88 8 x 88 10 x 88
Déviations... 36 78 128 i58 181 200
Ces résultats sont conformes à ce que permet de prévoir la théorie dans l'hj'pothèse
où la conduclibilitè serait uniquement due à une ionisation en volume se produisant
dans le corps de la flamme sous l'action de la température élevée ou des réactions chi-
miques, indépendamment de la présence des électrodes.
Pour retrouver par le calcul des courbes de saturation d'allure parabolique, il suffit
en ell'et d'admettre, comme l'a montré M. P. Langevin (^), qu'en raison de l'agitation
(') Phil. Mag., 1901, t. I, p. 198.
(^) Phys. Zeitschrift. i" mai 1904.
(3) Ann. de Chim. et de Phya., l. XW III, igoS, p. 443.
2^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tliermiqiie t'-levée le rapport e du nombre des recomblnaisons au nombre des collisions
est 1res faible.
III. Ainsi, conlrairemenl à l'opinion émise par divers auteurs ('), les électrodes,
au moins dans les conditions de mes expériences, ne jouent qu'un rôle secondaire; et
cela résulte encore nettement de l'expérience suivante : Si l'on emploie au début une
îjrande proportion de vapeur d'éther et si on la fait tendre progressivement vers zéro,
la flamme, d'abord grande et blanche, bleuit en se raccourcissant, présente un cône
vert, puis bleu et finalement s'éteint. En même temps les électrodes passent du rouge
tiès sombre au jaune clair, puis au rouge et au noir. Si l'on maintient entre elles une
différence de potentiel constante, 880'°''* par exemple, l'intensité du courant varie
comme l'Indique le Tableau suivant :
Courant.
Electrodes rouge sombre 190
— rouge clair i5o
— jaune de 120 a 5o
— rougeiclair i5
— rouge sombre a
Or les électrodes étant larges, épaisses et tréi rai)|)i ociufs, leur température est
très approximativement celle du gaz compris entre elles, de sorte que le courant obtenu
paraît dépendre de tout autre chose que de la température. Cette température aurait,
au contraire, une influence énorme et bien connue si les électrodes jouaient le rôle
essentiel.
IV. Si l'on considère comme établi que le courant est dû à une ionisation ayant son
siège dans toute la flamme, on peut se demander encore si la cause de cette ionisation
doit être cherchée dans les phénomènes chimiques qui s'accomplissent au sein de la
flamme ou seulement dans une élévation de température qui serait suffisante pour
provoquer la dissociation corpusculaire de certaines molécules. Les remarques sui-
vantes, étudiées de plus près, permettront peut-être de jeter quelque lumière sur ce
point :
a. Quand la flamme présente un cône vert, dès que ce cône arrive entre les élec-
trodes ou les touche, l'intensité du courant augmente beaucoup, quoique, dans cer-
tains cas, une portion au moins des électrodes perde de son éclat.
II. Quand on supprime l'arrivée de Téther, au moment où la vitesse d'inflammation
du mélange devient plus faible que sa vitesse d'écoulement, la flamme, très petite,
quitte le brûleur et s'élève lentement. Dès que cette petite flamme atteint les élec-
trodes, on note encore un accroissement subit et substantiel du courant.
( ' ) J.-J. Thomson, Conduction of clectricUy ihrough gases. — H. -A. Wilson, Pliil.
Trans., 1899, p. 499. — Moreau, Ann. de Chirn. et de Phys.. t. XXX, 1908, p. i.
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 5,37
MAGNÉTISME. — Sur les coefficients d'airnaniaùon spécifique des liquides.
Note (le M. Georges Mesli.x, présentée par M. Mascart.
En ponrsnivant mes étndes sur le dichroïsme magnétique, j'ai été amené
à déterminer la susceptibilité magnétique d'un grand nombre de liquides
organiques et de sels cristallisés : pour certains de ces corps les données
numériques faisaient défaut; pour les autres, il y avait de telles discor-
dances entre les valeurs Irouvées^ar les différents expérimentateurs qu'il
y avait lieu de faire de nouvelles déterminations. Ce désaccord apparaît
dès qu'on jette un coup dœil sur les tableaux donnés par les différents
traités classiques et la confusion est d'autant plus grande qu'on met quel-
quefois en regard des nombres qui ne sont nullement comparables, tels
que les susceptibilités rapportées soit à des poids égaux, soit à des volumes
égaux de matière, car les différents phvsiciens ont eu en vue tantôt l'une,
tantôt l'autre de ces deux quantités. Il importe donc de fau-e soigneuse-
ment la distinction pour voir si les nombres sont réellement comparables
et si les écarts ne tiennent pas seulement à la différence des définitions
adoptées.
Et d'abord, on peut se demander quelle est celle de ces deux quantités
qu'il est préférable de considérer. Celle qui correspond à la définition
ordinaire (moment magnétique rapporté à l'unité de volume et à l'unité de
champ magnétique) est la susceptibilité à volume égal; c'est celle qui
s'introduit directement dans les calculs partout où l'on considère un vo-
lume limité qui peut être rempli par des corps différents, volume dont la
perméabilité varie par de telles substitutions; en particulier, c'est cette
grandeur qu'il y a lieu de considérer dans les phénomènes de dichroïsme
magnétique que j'ai étudiés et où l'on a affaire à des particules cristallines
immergées dans divers liquides.
Mais il faut remarquer que, dans la plupart des méthodes, le résultat
immédiat des mesures fournit la susceptibilité rapportée à l'unité de poids;
c'est ce que nous désignerons sous le nom de coefficient d'aimantation
spécifique : en effet, on n'opère pas généralement sur un volume connu,
mais sur une masse déterminée et l'on fait le quotient d'une certaine
grandeur (déviation, torsion, force antagoniste) par la masse de matière
qu'on a employée.
Lorsqu'on veut ensuite obtenir la susceptibilité proprement dite, ou à
238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
volume égal, on multiplie la quantité précédente par la densité et c'est là
une des causes de divergence dans les résultats obtenus, les différents
physiciens ayant utilisé des densités notablement différentes; pour beau-
coup de liquides organiques, les nombres ne sont pas donnés par les
Tables avec une suffisante certitude; ces nombres diffèrent d'ailleurs
suivant la température qui, au contraire, influe peu sur le coefficient d'ai-
mantation spécifique, et les écarts sur les valeurs adoptées atteignent
souvent i pour loo.
Il en résulte que les nombres donnés pour la susceptibilité n'ont de sens
précis que si l'on inscrit à côté la valeur de la densité qui a servi à les
calculer et, d'autre part, si l'on veut comparer les nombres fournis pour
cette grandeur par les différents physiciens, il faut les ramener à des poids
égaux en se servant pour chacun d'eux de la valeur numérique de la den-
sité utilisée par le même expérimentateur, de manière à éliminer l'influence
de cette densité introduite seulement dans le calcul; il faut, en outre,
prendre un point de départ commun, car la plupart des physiciens n'ont
fait que des déterminations relatives et les quelques déterminations abso-
lues que l'on possède, et qui se rapportent généralement à l'Cau et au
bismuth, ne sont pas absolument concordantes.
Le Tableau ci-contre, relatif à un certain nombre de liquides diamagné-
tiques, contient, dans la première colonne, les résultats de mes détermina-
tions pour les coefficients d'aimantation spécifique, celui de l'eau étant
pris égala —0,79.10"°; ils ont été corrigés du magnétisme de l'air, bien
que la correction soit très faible et, dans quelques cas, de l'ordre de gran-
deur des erreurs possibles; j'en ai tenu compte, néanmoins, afin de ne pas
ajouter à une erreur accidentelle, dont on ignore le sens, un écart systé-
matique dont on connaît exactement la grandeur et le signe; celte correc-
tion a été inscrite entre parenthèses à côté du nombre correspondant, elle
contribue généralement à diminuer la valeur absolue, sauf dans quelques
cas où on l'a fait alors précéder du signe -t- ; pour trois de ces liquides elle
est tout à fait négligeable. Les colonnes suivantes du Tableau contiennent
les nombres que l'on peut déduire des expériences de divers physiciens en
prenant le même |)oint de départ ( — 0,79.10"'' pour l'eau) et en tenant
compte des densités, comme il a été dit, lorsque le Mémoire fait connaître
la densité du corps sur lequel on a opéré, ce qui est le cas des expériences
de Henrichsen et de Quincke; pour les déterminations de Becquerel et de
Faraday, on a pris les densités moyennes.
:;nricl.sen.
Ouinckc. Becquerel.
Faraday. Plucker,
0,79
0,79 0,79
0,79
0,490
0,470
0,540
o,55o
0,534
0,574
0,616
o,556 o,83
0,600
0,64 0,81
SÉANCE DU 23 JANVIER I9o5. 289
Coefficients d'aimantation spécifique des liquides. Valeurs de — K.io-».
Eau 0,79
lodure d'élhyle o,475 (+o,oo3)
Acide formique o,485 (o,oo5)
Bromure d'élhyle 0,687 (o , 0002)
Aldéhyde acétique o,566 (+o,oi4)
Chloroforme 0,576 (0,002)
Acide acétique o,58o (0,006)
Sulfure de carbone 0,587 (+0,001)
Glycérine o,644 (0,0006)
Acétone o,645 (0,012) 0,642
Aldéhyde formique 0,676 (0,002)
Glycol •■■• 0,684 (0,0008)
Cinnamène 0,70^ (0,006)
Acide phénique 0,712 (0,001)
Glycérine hydratée (5o p. loo). . 0,781 (+0,001)
Alcool méthylique 0,744 (0,009) 0,7.56 0,806
Benzine 0,777 (o,oo4) 0,747
Toluène 0,800 (o,oo4)
Xylène '• • 0,812 (o,oo4)
Cumène = ■•• o,8i3 (o,oo4)
Térébène o,8i3 (o,oo3)
Alcool éthylique o,8i3 (0,007) 0,810 0,811 0,78
» butylique 0,8x5 (0,006)
» isobutylique o,834 (o,oo5)
» amylique o,84o (o,oo5)
» caproïque o , 84o (o , oo4)
Eiher o,84o (0,009) 0,874 o,83o o,85
Amylène o,84o (o,oi4)
Pétrole 0,908 (o,oo3)
PHYSIQUE. — De l'action des très basses températures sur (a phosphorescence
de certains sulfures. Rappel d'un Mémoire de MM. A. et L. Lumière. Note
de M. F. -P. Le Roux. (Extrait.)
Depuis la dernière séance il m'a été signalé que, dans un résumé que
j'avais présenté de recherches antérieures, j'avais omis de mentionner un
Mémoire très étendu de MM. A., et L. Lumière, publié aux Comptes rendus,
février 1899, p. 549.
0,746
0,810
0,8!I
o,858
o,86[
0,874
o,83o
0,847
2^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Qu'il me soit permis de faire maintenant ce que j'aurais fait dans ma
Note du 9 janvier si j'avais connu le Mémoire de MM. Lumière, c'est-à-dire
de proclamer la part d'antériorité qui peut leur revenir sur le point que
j'ai traité. Leur travail vise, en effet, un très grand nombre de faits qui
sont en dehors de ceux que j'avais en vue. Ils reconnaissent (p. 55o) que
« M. Dewar avait signalé avant eux la propriété que possèdent les sub-
stances phosphorescentes, préalablementexcitées par la lumière, de perdre
instantanément leur faculté de luire lorsqu'on les plonge dans l'air liquide,
de rester obscures aussi longtemps que leur température est maintenue
à — 191°, et de reprendre leur phosphorescence quand on les réchauffe ».
En ce qui regarde l'excitation au moyen du magnésium pendant l'immer-
sion réfrigérante, le principe de l'expérience appartient à M. Pictet qui
activait ainsi le corps phosphorescent plongé dans l'alcool refroidi à — 70°.
Si j'avais connu le Mémoire de MM. Lumière, j'aurais rappelé qu'ils ont
opéré avec l'air liquide. J'aurais aussi pu dire, mais cela n'avait pas d'in-
térêt dans la question qui m'occupait, qu'ils avaient activé avec des lumières
spectrales des corps phosphorescents immergés.
Je ne pense pas que MM. I^umière puissent revendiquer l'hypothèse que
l'abaissement de la température ne détruit pas l'énergie lumineuse; celte
hyjiothèse est commune à tous les observateurs, depuis MM. Eiim. et
H. Becquerel jusqu'à MM. Lumière.
]^e but de ma Note était d'exposer un système d'expériences d'un prin-
cipe connu, mais disposées dans des conditions faciles à réaliser et compor-
tant d'utiles comparaisons, lesdites expériences choisies comme néces-
saires et suffisantes pour permettre de présenter comme plausible, au
moins en ce qui concerne le sulfure phosphorescent bleu, la proposition
que j'ai énoncée, à savoir que « l'énergie lumineuse potentielle que peut
induire dans un corps phosphorescent donné une lumière activante donnée
est indépendante de la température, la circonstance température n'influant
que sur la vitesse de transformation de l'énergie lumineuse potentielle en
énergie lumineuse actuelle ».
En appelant l'attention sur cette espèce de mécanisme de la phospho-
rescence, je m'étais proposé d'orienter les idées vers une théorie dans
laquelle la phosphorescence pourrait être attribuée à la présence de petites
quantités de matières particulières subissant, sous l'influence de certaines
radiations, une transformation physicochimique réversible, se réverbant
(qu'on me pardonne ce néologisme) lorsque les radiations excitatrices
cessent d'intervenir.
SÉANCE DU 2l JANVIF.K I9o5. 2 '| l
Il en serait de ces Iransformations comme de celles qui entrent en jeu
dans la Photographie, elles s'effectueraient généralement avec une vitesse
fonction croissante delà température. Ce côté de ressemblance des phéno-
mènes photographiques avec ceux phosphorogéniques n'a pas échappé à
M. Dewar dans ses recherches de iSgS sur l'action de la température de
l'air liquide. Il constata que la sensibilité des préparations photographiques
ainsi réfrigérées diminue considérablement, c'est-à-dire qu'une même
source de radiations demande un temps beaucoup plus considérable pour
produire une impression déterminée.
Dans leur premier Mémoire : Sur r action des basses températures (Comptes
rendus, février 1899, p. SSg), MM. Lumière ont indiqué que « en partant
de plaques au gélatinobromure possédant la sensibilité maximum, ils
avaient constaté que, pour obtenir des impressions égales, il fallait un
temps d'exposition de 35o à 4oo fois plus considérable à — 191° qu'à la
température ordinaire ».
Je crois que les citations qui précèdent sont de nature à prouver mon
intention de rendre justice aux travaux de MM. Lumière sur les sujets où
nous avons pu nous rencontrer et sur d'autres encore.
RADIOACTIVITÉ. — Sur un nom^eau minéral radifère.
Note de M. J. Danxe, présentée par M. A. Potier.
J'ai trouvé, récemment, que certains terrains plombifères situés aux en-
virons d'Issy-l'Évèque, dans la Saône-et-Loire, renferment du radium. Les
matières radioactives de ces terrains sont une pyromorphite, des argiles
plombifères et des pegmatites; mais c'est le plus souvent avec la pyromor-
phite que se trouve le radium.
Aucun de ces minéraux ne contient d'uranium. C'est là un fait très
remarquable, car, jusqu'à présent, on n'avait observé la présence du
radium que dans les minéraux uranifères. Il semble même qu'il y a pro-
portionnalité entre la quantité d'uranium et la quantité de radium qui
l'accompagne dans divers minéraux ('). Si elle était bien établie, cette
proportionnalité aurait une grande importance théorique et tendrait à faire
supposer que le radium a été réellement créé par l'uranium.
L'existence de la pyromorphite radioactive d'Issy-l'Evêque ne contenant
pas d'uranium est en contradiction avec cette manière de voir. Cependant
(') B. BoLTWOOD, Engineering and mining Journal, 12 mai 1904.
G. R., iç,o5, I- Semestre. (T. C.\L, N" 4.) J'
242 ACADÉMIE DES SCIENCES.
il me semble que l'on peut éviter cette contradiction en admettant que le
radiimi a été apporté dans la pyromorphite à une époque toute récente par
des eaux radioactives.
En effet, à Issy-l'Évêque la pyromorphite se rencontre en filonnets
étroits encastrés dans des roches qiiartzeuses et feldspathiques. Ces fîlon-
nets sont toujours très humides; ce fait s'explique par la |)résence de
nombreuses sources dans le voisinage, dont les eaux se répandent dans les
terrains plombiféres qui constituent le sol le plus perméable de la région.
De toutes ces eaux on a pu extraire des gaz radioactifs dont la radioac-
tivité était due à la présence de l'émanation du radium. Si au moyen d'un
courant d'air on entraîne toute l'émanation contenue dans ces eaux et si
on laisse ensuite ces eaux pendant plusieurs jours dans un récipient clos,
on peut de nouveau en extraire des gaz actifs. Ceci prouve qu'il s'est re-
formé de nouvelles quantités d'émanation. Cette production continuelle
d'émanation ne peut s'expliquer qu'en admettant l'existence d'un sel de
radium en solution dans cette eau. L'expérience a d'ailleurs confirmé mes
prévisions. J'ai précipité par l'acide sulfurique une grande quantité de cette
eau radioactive, préalablement additionnée de chlorure de baryum.
Le précipité obtenu a présenté une activité permanente d'ailleurs très
faible.
On peut admettre que ces eaux, en passant sur des minéraux radifères
situés dans les profondeurs de la terre, entraînent de petites quantités de
sels de radium, qu'elles abandonnent ensuite en cours déroute par réactions
physiques ou chimiques.
D'ailleurs diverses constatations sont en faveur de cette hypothèse. Seuls
les terrains perméables sont radioactifs. Des échantillons de quartz prélevés
au milieu même de filonnets radifères et lavés n'ont aucune action sur la
plaque photographique; au contraire, les boues qui résultent du lavage
l'impressionnent rapidement. Enfin un grand nombre d'échantillons de
pyromorphites provenant d'autres localités, mis obligeamment à ma dispo-
sition par M. Lacroix, n'ont jamais manifesté de propriétés radioactives.
La présence de sels de radium dans cette région n'a d'ailleurs rien
de surprenant; on a signalé à Saint-Symphorien-de-Marmagne, qui se
trouve à une quarantaine de kilomètres d'Issy-l'Evéque, des paillettes
à^autunùe qui ont été décrites par M. Lacroix. Il est possible que ce
minéral se retrouve eu profondeur en gisements plus importants (').
(') On a déjà signalé des traces de radium dans des dépôts de sources minérales,
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 2^3
Certains échantillons de pyromorphite d'Issy-l'Évêque ont une activité
atteignant plusieurs fois celle de l'uranium; mais en général l'activité est
considérablement plus faible.
La teneur en radium est variable. Une tonne de minerai peut fournir
des quantités de bromure de radium de l'ordre de grandeur du centi-
gramme. A Issy-l'Évêque ces minéraux se sont présentés en quantités
suffisantes pour que l'on ait pu établir un traitement en vue de l'extrac-
tion des sels de radium. Ce traitement a été effectué à l'usine de M. Armet
de Lisle, à Nogent-sur-Marne.
CHIMIE PHYSIQUE. — Dissociation des »€ls de strychnine décelée par leur
pouvoir rotatoire. Pouvoir rotatoire dans les séries homologues. Influence de
la double liaison. Note de M. J. Mixglix, présentée par M. Ilaller.
Dans nos déterminations nous avons employé comme solvant un mé-
lange d'alcool benzylique | et d'alcool éthylique absolu |. Ce liquide nous
a permis de dissoudre des quantités appréciables de sels de strychnine.
Pour faire une observation, on introduit o?, 334 ''e strychnine et la quan-
tité équimoléculaire d'acide dans un flacon de 25""' qu'on remplit avec le
dissolvant indiqué. On lit l'angle observé sous une épaisseur de 20*^"'.
Il est certain que les choses se passent comme si l'on avait préparé les
sels d'avance et qu'on les eût ensuite dissous. D'ailleurs, nous nous
sommes assuré qu'il en était bien ainsi avec quelques sels (succinate,
fumarate, maléate, nitrate, etc.).
Le Tableau suivant renferme les principaux résultats obtenus :
Tube de lo"'.
Poids Angle observé,
Corps de substance Angle observé, déviation
soumis à dissous dans 2.51.11' déviation permanente,
l'expérience. du solvant. première. excès d'acide. Différence.
Strychnine 0,334 ^^ — 2. 4 » »
Succinate acide o,334 de strychnine +0, 1 18 d'acide a = — o. 6 a = + o.i.5 ai
Maléate acide o,334 » 0,116 » a = -+-0.20 a =+0.20 o
Fumarate acide 0,334 » 0,116 » a = -Ho.38 ar=4-o.38 o
mais leiu- teneur en radium était extrêmement faible en comparaison de celle des
minéraux dont il est question ici (Strctt, Proc. Roy. Soc, t. LXXIII, p. 192;
Phil. Mag., novembre 1904. — Dorn, Physikal. Zeits., 1904).
244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tube (le Jo="
Poids Angle observe.
Corps de substance Angle observé, déviation
soumis à dissous dans 25"n» déviation permanente,
l'expérience. du solvani première excès d'acide. DifTérence.
Malonale acide o.334 de slrvchnine » dacidp a=: + o.i2 ît = -4-o.i4 ■>.
Formiate 0.334 » o,o46 » ^ = — o.io c<=:h-o.io 20
Acélale 0.334 » 0,06 » a = — o-.3o a = H-o.io 40
Propionate o,334 » 0,075 « a = — 0.34 x=: + o.i2 46
Bulyrate o,334 » 0,088 >• a=— o.36 a = + 0.14 ào
Laurate o,334 >■ 0,200 « ï=— o.36 x =4-0.1 4 ào
Stéarate o,334 » 0,284 .. -.< = — o.34 ï = -i-o.io 44
Crotonate o,334 » -0,086 ■ a=:— o.i4 «= + 0.28 42
Salicylalede strvclinine. o,334 .. "" o, i38 « c(=-i-o.48 a = + o.52 4
Métaoxybenzoale 0,334 ■> o,i38 >• a=-i-o. 4 o( = + o.3o 26
Paraoxybenzoale o,334 » 0,1 38 " ï=— o. 4 a = -(-o.3o 34
Benzoale o,334 » 0,122 ■■ a = 4-o. 6 a = -»-o.34 28
Cinnamate o,334 » o, i48 . 5i=-+-o. 8 -/ = +o.5o 42
Chlorhydrate o,334 » o,o36 ■' -/=+o. 4 o( = 4-o. 4 o
Nitrate o,334 » o,o63 >• -/ = -t-o.i8 a= + o.i8 o
Sulfate 0,334 » 0,098 II ■/ = + o.i5 a=:-i-o.i5 o
Dans ce Tableau, nous avons deux colonnes d'angles observés.
La colonne 3 indique les déviations des sels quand on met en dissolution les quan-
tités théoriques de base et d'acide, c'est-à-dire les nombres indiqués dans la deuxième
colonne.
La colonne 4- comprend les angles observés quand on ajoute un grand excès d'acide.
Nous appellerons déviation première celle qui correspond aux quantités
théoriques de base et d'acide et déviation permanente celle qui résulte de
l'addition d'un excès d'acide.
Pour un certain nombre de sels, la déviation première est bien différente
de la déviation permanente; c'est-à-dire que l'angle observé change quand
on ajoute plus d'acide que n'en réclame la quantité théorique; puis, à un
moment donné, il reste constant quelque soit l'excès d'acide. Pour d'autres
sels les déviations sont sensiblement les mêmes.
Nous ne pouvons expliquer ces résultats qu'en admettant une sorte d'hy-
drolyse, une dissociation partielle de la molécule des sels de strychnine au
sein du mélange alcool benzylique et alcool.
Cette dissociation doit être d'autant plus grande que l'acide est plus
faible.
Ainsi, nous dirons que l'acide formique est plus fort que l'acide acétique.
SÉANCE DU 23 JANVIER IQoS. 245
parce que la différence 20' entre les deux angles observés relatifs au for-
miate est plus petite que 40', différence existant entre les deux angles ob-
servés pour l'acétate. Nous dirons pour la même raison que l'acide ben-
zoïque (différence 28') est plus fort que l'acide acétique (différence ^o').
L'acide fumarique et maléique sont plus forts que l'acide succnique.
L'acide salicylique est plus fort que les acides meta- et paraoxyben-
zoïques, etc.
Pour le moment, nous nous contenterons de considérer ces résultats au
point de vue qualitatif. • ^/ • a.'\
Avec un polarimètre très sensible (nous ne répondons ici que de a' à 6')
et en observant sous une plus grande épaisseur, nous obtiendrions des dif-
férences plus accentuées et plus précises qui pourraient peut-être repré-
senter approximativement l'acidité.
Nous constatons aussi que, dans une série homologue, la déviation per-
manente, pour une même concentration moléculaire, est sensiblement con-
stante (formiate, acétate, propionate, butyrate, etc.). Ce fait a été observé
dansd'autres séries par M. Tchugaeff (' ) et aussi par nous-même (^). Fai-
sons remarquer que la déviation permanente de l'orlhooxybenzoate de
strychnine est bien plus grande que celle du meta et du para.
Enfin, la double liaison, comme un certain nombre de savants l'ont déjà
montré '('), exerce une influence sur l'activité optique de la molécule dans
laquelle elle se trouve.
Pour s'en rendre compte, il suffit de comparer les déviations perma-
nentes des succinate, maléate^et fumarale. puis celles du butyrate et du
crotonate.
Nous nous proposons de poursuivre cette étude en prenant des bases
actives qui nous donneront des sels plus solubles dans un dissolvant plus
simple.
(') TcBUGAEFF, D. ch. G., t. XXXI, p. 36o, 1775 et 245i.
( ') MiNGUiN et Grégoire de Bollemont, Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 69.
(') Haller, Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 1223, 788, .6i3. - Eykman, D. ch. G
t. XXIV, p. 1278. - Zelinskv, d. ch. G., t. XXXV, p. 2488. - Rupe, ^«"- ff' '
Chemie, t. CCCXXVII, igoS, p. 157. — MiNGum, Comptes rendus, t. CXXXVI,
p. 75:.
^46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le méthylamidare de caesium.
Note de M. E. Rengade, présentée pnr M. H. Moissan.
M. Moissan a montré (•) que la méthylamine liquéfiée, sans action sur
le sodium, le potassium ou le calcium, dissout au contraire le lithium en
donnant du lithium-mélhylammonium. Le caesium étant, après le lithium, de
tous les métaux alcalins et alcalino-terreux celui dont l'ammonium se forme
à la plus haute température (-^), on pouvait espérer qu'il réagirait égale-
ment sur la méthylamine. C'est ce que l'expérience a confirmé; mais la
solution de caesium dans la base organique ne se conserve pas, même à
basse température. Elle se décolore rapidement en donnant du méthylami-
dure de cœsium. C'est ce composé dont je présente aujourd'hui l'étude.
Le métal alcalin était enfermé dans un tube à essai fermé par un bouchon rodé à
robinet communiquant avec un ajutage latéral. Le tube ayant été préalablement pesé
vide d'air, on le remplit de gaz carbonique sec, on j introduit le cœsium lavé à l'éther
de pétrole dans un courant de ce gaz, puis on refait le vide et l'on pèse une deuxième
fois le tube. Enfin on y fait rentrer la méthylamine, conservée sur du sodium dans un
tube de cristal à robinet. La réaction se produit déjà à ia température ordinaire En
plongeant le tube à expérience dans un mélange réfrigérant, on condense Famine qui
dissout immédiatement le métal avec la coloration bleu foncé caractéristique des'am
moniums. Cette solution, maintenue à - ao-environ, se décolore rapidement, et d'autant
plus vite qu elle était plus concentrée (pour des poids de ca-sium de l'ordre du déci
gramme, .1 faut de lo à 4o minutes, avec des quantités de solvant variant de o'-' 5 à
i""- ,5 environ). En même temps le manomètre annexé à l'appareil indique une au-
mentation de pression. Il ne reste finalement qu'un liquide limpide et incolore. On le
refroidit alors à - So» à l'aide d'un mélange de neige carbonique et dacétone, et l'on
fait le vide au moyen de la trompe à mercure, jusqu'à ce que le gaz extrait soit entiè-
rement absorbable par l'eau. Le résidu non soluble est de l'hvdrogène, comme le
montre une combustion eudiométrique. La réaction
CH^NH^Cs = CH'NHCs + H
indique qu'un poids de os,, 33 de métal devrait dégager i,^-',,2 d'hydro-ène l'ai
trouvé ii'^"'',o8 et ii™\2i par milliatome. ' ^ s •
Si, d'autre part, on distille l'excès de méthylamine resté dans le tube, il se dépose
un corps d un blanc pur, à reflets soyeux, très bien cristallisé au microscope en pail-
lettes brillantes. L augmentation de poids du tube, vidé à la trompe, a été trouvée de
22,35 et 22,17 P0">- 100; la théorie indique 22,55 pour 100.
(') H. Moissan, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. 26.
(') H. Moissan, Comptes rendus, t. CXXVII, p. 685 et t. CXXXVI, p.
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 247
Ce que ce mélhylamidure présente de |)lus remarquable, c'est son insta-
bilité : chauffé brusquement il détone avec une flamme violet pourpre.
Le tube est brisé et les débris sont recouverts d'une matière blanche déli-
quescente, à odeur caractéristique et présentant les réactions des cyanures :
c'est du cyanure de caesium.
La décomposition se fait lentement si l'on maintient le tube, vide d'air, dans un
bain d'huile dont on élève progressivement la température jusqu'à 1 1 5°. A ce moment
il commence i se dégager de l'hydrogène pur. Le dégagement s'accentue vers i3o° et
l'on obtient un volume de gaz vérifiant l'équation
CH^NHCs — GNCs hall^
(Trouvé par milliatome de cassium : 40"'°' au lieu de 44'""\48.)
Le méthylamidure n'est pas sensible au choc, au moins à un choc modéré, car on
peut secouer le tube qui le contient sans en provoquer l'explosion.
L'oxygène bien sec est sans action à la température ordinaire. Mais il n'en est pas
de même de l'air humide : chaque cristal détone bruyamment dès qu'il arrive à l'ori-
fice du tube, avec un éclair violet et en dégageant l'odeur des cyanures.
Pour étudier l'action de l'eau, j'ai dû opérer de la manière suivante : l'ajulage latéral
du tube à méthylamidure est mastiqué sur un second tube semblable, au fond duquel
se trouvent quelques centimètres cubes d'eau. Un tube à dégagement, soudé latérale-
ment, plonge dans la cuve à mercure. Tout l'appareil a été rempli d'azote. On refroidit
alors par de la glace le méthylamidure de manière à provoquer la distillation lente de
la vapeur d'eau. On l'accélère au besoin en chauffant légèrement le second tube. Au
bout de quelques jours la substance est entièrement décomposée, sans qu'il se soit
produit aucun dégagement gazeux.
Les tubes sont alors rincés avec un volume connu d'acide sulfurique décinormal,
dont on titre finalement l'excès avec une solution de potasse. On trouve ainsi qu'à
chaque atome de métal alcalin mis en expérience correspondent deux molécules d'acide
sulfurique neutralisé, ce qui est conforme à la réaction :
CH^NHCs + H^O = CsOH + GH'NH^
L'expérience nous a donné, par milliatome de cœsium, i9'='"',5 d'alcalinité totale
exprimée en potasse décinormale, au lieu de 20'^'"'.
En résumé : la méthylamine dissout à froid le caesium métallique. La
solution de cœsium-méthylammonium ainsi obtenue se décompose rapi-
dement avec dégagement d'hych-ogène, en donnant du mélhylamidure de
caesium, composé cristallisé, très instable, détonant par une brusque
élévation de température ou par le contact de l'air humide. Une tempé-
rature de 120° le décompose sans explosion en hydrogène et cyanure de
cœsuim. L'eau, agissant très lentement, produit de la méthylamine et de
l'hydrate de caesium.
i)48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On n'avait jusqu'à présent isolé à l'état de pureté aucun dérivé de substi-
tution des aminés grasses avec les métaux alcalins. Titherley mentionne
bien (*), dans l'action de l'éthylamine sur le potassium vers 200°, la pro-
duction de petites quantités d'éthylamidure de potassium, avec dégagement
d'hydrogène. Mais il ne donne aucune analyse vérifiant la composition de
ce produit.
Je continue l'étude des autres aminés sur le caesium.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du penlachlorure de phosphore sur les aminés
cycliques tertiaires. Synthèses des matières colorantes et formation de phos-
phore. Note de M. P. Lemoult.
L'action de PCI* sur la monométhylaniline ayant donné CH^Cl et le
composé PCI(AzHC°H'')* (Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 978) et non pas
le corps cherché PC1( Azv pc „s ) , il ne restait comme moyen d'obtenir
directement cette dernière substance que l'action de PCI' sur la diméthyl-
aniline et, par généralisation, sur les aminés analogues.
Pas plus que la précédente, cette réaction ne réalise la formation du
corps cherché; mais elle présente néanmoins quelque intérêt, car elle
engendre des matières colorantes. Dès que PCI* est en contact avec
l'aminé, il se produit une coloration bleu A'iolacé très intense; si l'on porte
à l'ébullition, elle disparaît et il se dégage en abondance du CH'CI
(exempt de PH') comme dans le cas de la monométhylaniline; les pro-
duits solides obtenus ici seront étudiés ultérieurement. Si, au contraire,
on maintient la température vers 80° à 100", il ne se dégage aucun gaz et
la coloration va en s'accentuant; la masse prend un reflet cuivré intense.
Michler tt Walder {Berichte, t. XIV, 1881, p. 2175) ont constaté ce
second mode d'action de PCl* sur la diméthylaniline et ils attribuent la
coloration au tétraméthyldiamidodiphéiiylmélhane et au colorant qui en
dérive. Mais ils n'ont étudié ni les particularités, ni le mécanisme, ni la
généralisation de la réaction et il m'a semblé, l'ayant découverte à nou-
veau, qu'il y aurait utilité à combler cette lacune.
On opère sur 5ooe de diméthylaniline à laquelle on ajoute peu à peu, en refroidis-
sant énergiqueraent, loos de PCl^ finement pulvérisé; après quelques heures de
') TlTBEHLEV, Jour, of cliem. Soc. t. LWl. p. 463
SÉANCE DU 2'3 JANVIER IQoS. 249
conlacl, on porte au bain-inarie à loo" et l'on maintient pendant 3o heures environ.
Le produit brut refroidi est épuisé par l'eau bouillante jusqu'à ce que celle-ci, d'abord
fortement colorée, reste incolore; la liqueur obtenue, débarrassée de l'excès d'aminé,
laisse un résidu solide pesant environ 6os, d'où l'alcool extrait : i° du létraméthyl-
diaraidodipliénylméthane identifié par son point de fusion, son analyse, son poids
moléculaire et surtout son produit d'oxydation, matière colorante qui donne, sur laine,
un très beau violet plus bleu que celui que donne le violet cristallisé; 2° de l'hexa-
mélhyltriamidotriphénylméthane, leucobase du violet hexamélliylé, identifié par son
point de fusion, sa résistance à l'acétylation et surtout par son produit d'oxydation et
les teintures qu'il donne sur laine et sur coton tanné. La séparation de ces deux corps
est assez délicate et on la réalise par des cristallisations dans des mélanges d'alcool et
de benzène.
La portion qui ne s'est pas dissoute dans l'eau seule se dissout très bien dans l'eau
acidulée par HCI, mais en laissant encore un résidu d'abord brun sale, puis franche-
ment jaune orangé ; la liqueur aqueuse donne avec les alcalis une substance pesant en-
viron Sb'ô que l'alcool bouillant dissout aisément et qui à froid cristallise en très belles
aiguilles. Ce composé contient du phosphore; son analyse, qui donne
C pour 100 : 70,71, H pour 100 : 7,36, Az pour 100 : 10, 49,
P pour 100 : 7,55, O pour 100 : 8,89 (par différence),
ainsi que son poids moléculaire (4i3b), indiquent comme formule brute C-'IP" Az^OP;
c'est probablement le composé PO[C''H' — Az(CH^)'']' non encore décrit, mais dont
Michaelis et von Soden ont obtenu le produit d'addition avec i""' d'alcool
PO[C=H'Az(CH»)-p,C^H^(OH);
point de fusion, i49"-i5o" {Lieu. Ann., t. CCXXIX, p. 333).
Une des particularités les plus curieuses de cette réaction, c'est la destinée d'une
partie du phosphore; il reste dans le traitement précédent une substance jaune orangé
qui apparaît déjà au cours du chauffage des réactifs; elle est très riche en phosphore,
se dissout très rapidement dans l'acide nitrique, dans les alcalis, en donnant PH^, et
présente les mêmes propriétés que les corps analogues dont j'ai signalé à diverses
reprises la formation dans l'action de PCP ou de PCP sur les aminés cycliques (il s'en
fait ici 3 à 3 pour loo du poids de PCP). De plus, au moment où l'on traite le produit
brut par l'eau bouillante, on perçoit une forte odeur de phosphore et d'ozone et, si
l'on opère à l'obscurité, le liquide s'illumine d'une phosphorescence très intense que
l'agitation active; avec quelques précautions, j'ai pu isoler du phosphore blanc. La
présence de ces deux derniers corps permet de ramener à l'état de leucobases les pro-
duits colorés formés pendant la réaction : il suffit d'en traiter le produit par les alcalis
étendus bouillants : il se dégage PH^ et l'hypophosphile formé exerce son action
réductrice.
L'action de PCl' sur la diméthylaniline donne donc, outre le produit
signalé par Michler et Walder, la leucobase du violet hexaméthylé et les
deux colorants qui dérivent de ces corps, puis un produit cristallisé peu
c. K., 1903, 1" Semestre. (T. CXL, N- 4.) 32
25o ACADÉMIE DES SCIENCES.
riche en phosphore, puis un produit orangé amorphe riche en phosphore,
puis ce métalloïde hii-même sous forme de phospliore blanc. Quant à la
réaction qui engendre les dérivés du di- et du Iriphénylméthane et qui con-
stitue la synthèse des colorants; elle s'explique aisément par la tendance à
la formation de CH^Cl qui apporte le « C central ».
En cherchant à généraliser celte réaction, j'ai constaté qu'elle réussit très
bien avec la méthyléthylaniline, la diméthyl-o.-toluidine (colorants violets) ;
la méihylbenzylaniliae (colorant vert et odeur de chlorure de benzvle) ; la
mélhyldiphénylamine(très beau colorant bleu) mais que par contre elle ne
donne pas de matières colorantes avec la dimélhyl-/>.-toluidine, la diéthvl-
aniline et l'éthylbenzylaniline quoique cependant ces corps donnent lieu à
d'assez vives réactions. Ces faits montrent que la synthèse au moyen de PCI^
nécessite une aminé cyclique tertiaire R — (,)Az(^ ' dont la posilioii para
soit libre et dont un au moins des groupes R, ou Rj soit un CH^ (il n'y a
exception que pour la dibenzylaniline qui donne un vert).
Ni POCI^, ni PCI' ne donnent, dans les mêmes conditions, de colorants
avec les aminés de la première catégorie, mais des produits incolores qui
seront étudiés ultérieurement.
CHIMIE ORGANIQUE. — Produits d' oxydation de l" octohydnire d'anlhracène;
dihydro-oxanlhranol et hexahydroanthrone. Note de M. Marcel Godciiot,
présentée par M. Haller.
Dans une précédente Communication (' ) j'ai indiqué les conditions de
formation de l'octohydrure d'anlhracène, C'* H", et de ses principaux dé-
rivés halogènes. J'étudierai dans la présente Note l'action des agents oxy-
dants sur ce carbure.
L'octohydrure d'anlhracène oxydé énergiquement à l'acide chromique
donne de l'anthraquinone; par des actions plus ménagées, il donne, avant
ce produit ultime de l'oxydation, des dérivés intermédiaires : ceux-ci cor-
respondent à des hydrures d'anthraccue et renferment un ou deux atomes
d'oxygène. On peut, en effet, isoler dans les produits d'oxydation un ddiy-
drooxanlhranol et une hexaliydroanlhrone.
(') Comptes rendus, l. GXXXIX, p. 6o4-6o6.
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 25 I
Ces deux corps s'obtiennent simultanément lorsqu'on oxyde, en solution acétique et
à la température oïdinaire, l'octolijdrure d'anlhracène (i partie) par l'acide chro-
mique (2 parties); la réaction achevée, on précipite par l'eau, on reprend par la ben-
zine et l'on fait cristalliser dans l'alcool oïdinaire; le diliydrooxanthranol se dépose le
premier; quant à l'iiexaliydroanthrone, elle reste dans les eaux-mères sous forme hui-
leuse, mais, après avoir été distillée dans le viJe, elle cristallise peu à peu.
Le dihydrooxanthranol, C'H'^ .CH*, se présente sous forme de grandes
aiguilles prismatiques, jaune clair, fondant à iSg" sans décomposition. A chaud, il se
dissout facilement dans l'alcool, la benzine, le toluène, l'acide acétique. Il n'est pas
fluorescent. Ses solutions, par une réaction très sensible, virent au i-ouge foncé lorsqu'on
y ajoute une trace d'alcali.
Le dihydrooxanthranol dérive de l'oxanthranol-g. 10 ou oxanthranol-p, comme l'in-
diquent les réactions suivantes. 11 donne, par perte de H', dans une oxydation plus
profonde, l'anthraquinone ordinaire. Il fournit d'ailleurs la même aiithraquinone
lorsqu'on fait agir sur lui le brome dans une solution sulfocarbonique; il y a sépara-
tion de HBr. Comme l'indique la formule ci-dessus, il possède deux fonctions alcoo-
liques, car il peut donner naissance à des éthers à deux molécules d'acide.
Le dihydrooxanthranol possède une giande stabilité : il diffère en cela de l'oxan-
thranol ordinaiie qui s'oxyde très rapidement à l'air en se transformant en anthraqui-
none. Cette stabilité, due à l'introduction d'hydrogène dans la molécule anlhracénique
semble être, du reste, générale pour le groupe de composés dont il est question ici.
Le diacétyldihydrooxanlhranol, C«H*x ^^p lyCM", s'obtient lorsqu'on fait
bouillir pendant 3 heures le dihydrooxanthranol avec l'anhydride acétique en présence
d'acétate de sodium. Il cristallise en grandes aiguilles incolores, fondant à 220° sans
décomposition. Il est soluble, à chaud, dans l'alcool, la benzine, l'acide acétique. Ses
solutions alcoolique et acétique présentent une très belle fluorescence bleue.
L'hexahydroanihrone, C'*H"0, cristallise en petites tables, dures, transparentes,
fondant à 45°, 5- Elle distille sans décomposition vers 222"'-225'', sous une pression
de 25"»"'. Elle est très soluble dans presque tous les dissolvants. La vapeur d'eau l'en-
traîne difficilement. Très stable, elle ne se décompose pas à l'air. Elle réduit la liqueur
cupro-alcaline et l'azote d'argent ammoniacal.
L'acide chromique, en solution acétique, la transforme à rébuUition en anlhraqui-
none ordinaire. Chauffée en solution dans l'alcool faible, avec la quantité calculée de
chlorhydrate de semi-carbazide, elle donne une sernicarbazone,
AzlP- CO _ AzH - Az= C'H'S
cristallisée en petites feuilles, légèrement jaunâtres, fondant à 25o°. L'hexahydroan-
ihrone correspond donc à une des deux formules suivantes : C°H*(^ ^^C^H'" ou
^ ^ \CH^/^ " •
Les réducteurs tels que l'amalgame de sodium et l'alcool, l'étain et l'acide acétique,
sont sans action sur l'hexahydroanthrone.
252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le brome el le chlore réagissent, dès la température ordinaire, sur rhexahydroan-
ihrone, en solution dans le sulfure de carbone. Avec le brome, par exemple, un com-
posé dibrotné, la dibromohexahydroanlhrone, C"H'*Br'0. Celle-ci se présente en
cristaux prismatiques, fondant à i23°-i24°; elle est très soluble dans l'alcool, le sul-
fure de carbone, l'éther. L'acide chromique, en solution acétique, la transforme à
Tébullition en anlhraquinone ordinaire.
CHIMIE ORGANIQUE. — Thymomenthol et dérivés.
Note de M. LÉox Iîruxel, j)résentée par M. A. Haller.
En appliquant aux phénols la méthode d'hydrogénation de MM. Sabatier
et Senderens j'ai notamment montré que le thymol peut être facilement
transformé en un alcool hexahvdroaromatique correspondant ('). J'ai
indiqué que l'hvdrogénation est plus rapide à i8o°; cependant la petite
quantité d'acétone formée calalvtiquement aux dépens de l'alcool hexahv-
droaromatique par une réaction générale pour les alcools primaires et
secondaires (Sabatier et Senderens, Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 981-
983) m'a conduit à effectuer l'hydrogénation aux environs de 160°. Dans
ces conditions, il ne se forme plus de quantités appréciables d'acétone et
la rapidité d'obtention de l'hexalivilrothymol esta peine diminuée. L'étude
de cet alcool, que je désignerai sous le nom de thymomenthol, pour rappeler
son origine et sa constitution, voisine de celle du menthol, fera l'objet de
la présente Communication.
Le thymomenthol pur est un liquide sirupeux, incolore, présentant une odeur forte
de menthe; sa densité est 0,918 à 0°. il cristallise par le froid en une masse qui fond
ensuite entre — 5° et 0°. Il bout à 21 5°, 5 sans altération sous la pression normale.
Complètement insoluble dans l'eau, il se dissout en toute proportion dans l'alcool,
l'éther, l'acide acétique, etc. Il se volatilise très rapidement à l'air, dès la température
ordinaire, sans abandonner de cristaux.
Traité à chaud par l'anhydride pliosphorique ou le bisulfate de potassium, il se
déshydrate comme le menthol naturel, en donnant naissance à un létrahydrocymène
ou thy morne nthè ne, dont les propriétés sont voisines de celles du menthène actif. Le
thymoraenthène, en effet, a une densité de 0,828 à 0° et bout à 1670-168°, alors que
le menthène a une densité de 0,8226 à 0° et bout à 167°, 4-
Le thymomenthol forme des étiiers avec les acides; par suite de transposition lors de
l'éthérification, ces éthers sont ceux d'un stéréoisomère du thymomenthol générateur.
Pour différencier le thymomenthol provenant de l'hydrogénation du stéréoisomère
(') Comptes rendus, t. CXXX\'II, p.
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 2'>3
formé par aclioii des acides, je désignerai le premier para, le second par^. J"ai obtenu
le phtalate acide et le succinate acide de p-tliymomenthyle. Pour les préparer, trois
procédés différents ont été suivis :
1° Action d'un excès d'anhydride d'acide, soit i^^^S sur 1""°' de thymomenthol. Le
mélange est chauffé 12 heures à i^o". La masse est reprise à l'éther qui dissout peu
l'anhydride et complètement l'éther acide. Ce dernier, après évaporatlon du solvant,
est traité par une lessive alcaline diluée qui le dissout. La liqueur claire est additionnée
d'acide chlorhvdrique et l'éther acide précipité est purifié par cristallisation dans la
ligroïne ou l'alcool. C'est la méthode employée d'abord par M. Haller pour la purifica-
tion des bornéols {Complea rendus, t. CVllI, p. i3o8).
2° Action du thymomenthol sur l'anhydride d'acide en présence de pyridine, les
trois corps étant en proportions équimoléculaires. Le mélange est chauffé doucement
pendant quelque temps, puis lavé à l'acide chlorhydrique; l'éther acide résultant est
purifié comme précédemment.
3° Action à froid du thymomenthol sodé, préparé à basse température, sur l'anhy-
dride d'acide en suspension dans l'éther. La purification est conduite comme ci-dessus.
Dans les trois cas les résultats sont identiques.
Le succinate acide de ^-Ihymomenthyle CO^H — CH» — CH^ — C0-— CH" cris-
tallise de la ligroïne en fines aiguilles incolores et inodores. Il fond à 80°. Il est soluble
dans l'alcool, soluble à chaud dans la ligroïne qui l'abandonne à peu près complètement
par refroidissement. Les lessives alcalines diluées le dissolvent en formant le sel cor-
respondant. Celui-ci se précipite dans les solutions alcalines concentrées.
Le phtalate acide de <^-thy}nomenthyle CO'H — C«H'— CO''— C'H" cristallise
en gros prismes incolores, inodores et fusibles à 128". Il est très soluble dans l'alcool,
le chloroforme et les alcalis dilués.
Lorsqu'on chauffe à une douce température les solutions alcalines de ces éthers, en
présence d'un excès d'alcali, la saponification est à peu près immédiate. Le p-thymo-
menthol ainsi obtenu vient surnager le liquide et se prend bientôt en une masse cris-
talline. On fait recristalliser à plusieurs reprises dans l'alcool, en opérant à basse tem-
pérature.
Le '^-thymomenthol cristallise en longues aiguilles incolores, présentant l'odeur et
l'aspect du menthol naturel. Il fond à 28° en un liquide bouillant à 317° sous pression
normale. Il est très soluble dans l'alcool, l'éther, l'acétone, l'éther de pétrole, l'acide
acétique, il est insoluble dans l'eau. Il se volatilise moins rapidement à la tempéra-
ture ordinaire que l'isomère a. Si en effet on dissout une partie de |3-thyniomenthol
dans dix parties d'a-thymomenthol et qu'on abandonne à l'évaporation spontanée, on
obtient au bout de quelques jours de longues aiguilles du dérivé p.
Avec les anhydrides succinique et phtalique, le p-thymomenlhol donne des éthers
identiques à ceux qui ont servi à sa préparation. Ce dernier résultat montre que la
transformation du dérivé a en isomère p s'effectue bien lors de l'éthérification. Cette
isomérisation porte simplement sur la fonction alcoolique. Ceci est vérifié par ce fait
que les ihymomenthols a et [3 donnent tous deux naissance au même acétone : le thy-
momenlhone C'"H"0. Je reviendrai prochainement sur ce composé.
Les deux thymomenthols possédant trois carbones asymétriques sont vraisembla-
blement des racémiques.
854 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Contrihittion à l'étude des dérivés du benzodihydro-
furfurane. Note de MM. A. Guyot et J. Catel, présentée par M. A.
Haller.
Nous avons fait remarquer, dans un précédent Mémoire publié par l'un
de nous en collaboration avec M. A. Haller ('), que le phtalate neutre de
mélhyle et l'o.-benzoylbenzoate de méthy le réagissent d'une façon normale
sur le bromure de phénylmagnésium et nous nous sommes réservé l'étude
des produils qui |irennent naissance dans ces condensations.
Lesrecherclies publiées dans la présente Note ont été effectuées sur les
éthers obtenus par élhérification directe des acides en présence d'acide
chlorhydrique; mais on sait que l'acide phtalique (-) et l'acide benzoyl-
benzoïque (') sont capables de donner dans certaines conditions des
éthers isomères des précédents sur lesquels nous avons également étudié
l'action des combinaisons organomagnésiennes; cette seconde partie de
notre travail n'est pas encore complètement terminée.
Action du bromure de phénylmagnésium sur le phtalate et le benzoylhenzoate
de inéthyle. — Lorsqu'on fail agir un large excès de bromure de phénylmagnésium
sur le phtalate neutre de méthyje ou sur l'o.-benzoylbenzoate de méthyie, on obtient
dans les deux cas un même composé, bien cristallisé, fondant à n8°, répondant à la
formule centésimale G-^H^^O^, que nous considérons comme étant le triphényloxy-
a.a'-benzo-p.p'-dihydro-a.a'-furfurane de constitution suivante :
a>
C-OH
La formule de constitution de ce composé résulte, d'une part, de l'étude de ses dé-
rivés décrits ci-dessus et, d'autre part, de ce fait qu'on peut encore l'obtenir avec
d'excellents rendements par condensation du bromure de phénylmagnésium avec la
(') A. Haller et A. Guyot, Comptes rendus, t. GXXXIX,
O Graebe, Berichte d. d. chem. GeselL, t. XVI, p. 860.
(^) H. Meïer, Monatshejte fur Chemie, t. XV, p. 473.
SÉANCE DU 23 JANVIER ipoS. 355
diphénylphtalide :
C— C/?P C— G=H5 C-CH-
CO C G
/\ /\
G«H= OMgBr G' H» OH
Il était à présumer, d'après ce dernier mode de formation, que la diphénylphtalide
prend naissance, comme produit intermédiaire, dans l'action du bromure de phényl-
magnésium sur les éthers précédents. Nous avons reconnu l'exactitude de ces prévi-
sions en faisant agir sur ces éthers des quantités insuffisantes de bromure de phé-
nylmagnésium. Dans ces conditions, le phtalate neutre de méthyle nous a donné
successivement de l'acide benzoylbenzoïque et de la diphénylphtalide ; avec le benzoyl-
benzoate de mélhyle, nous avons obtenu de la diphénylphtalide; mais nous avons isolé
en outre, d'une façon constante, de petites quantités de son isomère, l'o.-dibenzoyl-
benzène :
,GO-G«H=
GO — G^H^
La formation d'o.-dibenzoylbenzène est inattendue et ne saurait être attribuée à la
présence d'une impureté dans l'éther benzoylbenzoïque mis en œuvre. Nous nous
abstiendrons, pour le moment, d'en tirer une conclusion quelconque, au sujet de la
constitution probable de l'éther benzoylbenzoïque; nous mentionnerons toutefois que
nous avons également observé la formation de dibenzoylbenzène à côté de quantités
considérables de diphénylphtalide et d'acide benzoylbenzoïque dans l'action du bro-
mure de phénylmagnésiiim sur l'anhydride phtalique.
Etude du triphényloxybenzodihydrofurfurane. — Grâce à la présence d'un
hydroxyle carbinolique, le dérivé hydrofurfuranique décrit plus haut se condense faci-
lement avec la diméthylaniline (p. f., 177°), le phénol (p. f., 167°), l'aniline (p. f.
vers 200°), et la plupart des phénols et aminés aromatiques, en donnant des dérivés
du type suivant :
/G'H^
G-G»H'
C«H»/\0 où R=— N(GH')^ -^W -OH, etc.
G-G=H*— R
Traité en solution alcoolique par l'amalgame de sodium, le triphényloxybenzodi-
hydrofurfurane fixe 2=' d'hydrogène avec rupture du noyau furfuranique et donne
256 ACADÉMIE DES SCIENCES,
ro.-benzhydrvltiipliénjlcarbinol :
roH /^'"'
CH*;^ (i). f. ioo°).
\CHOH-C»H^
L'extrême facilité avec laquelle le noyau furfuranique s'ouvre sous l'influence des
réducteurs est évidemment due à l'accumulation des radicaux négatifs OH et C'H^ sur
les atomes de carbone voisins de l'oxygène furfuranique.
Ce dernier composé, traité à son tour en solution acétique par quelques gouttes
d'acide chlorhydrique, perd i""' d'eau et fournil un composé fondant à 120° et répon-
dant à la formule centésimale C-'H-^O.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur la valeur agricole des matières humiques.
Note de M. J. Dumont, présentée par M. Mùntz.
On connaît assez mal le rôle alimentaire des composés humiques. 11 est
démontré, cependant, par des expériences cultiirales nombreuses, que cer-
tains végétaux profitent plus avantageusement des apports de fumier que des
fumures essentiellement minérales. J'ai rendu compte, dans une précédente
INote (*), des résultats obtenus par l'emploi des engrais humiques qui ac-
cusent, au chamj) d'expériences de Grignon, une supériorité manifeste. Il
m'a paru intéressant de rechercher les causes réelles de cette supériorité.
Pour cela, j'ai essayé comparativement l'action des engrais à base d'humus;
le fumier de ferme a été employé à des doses variables, tantôt seul, tantôt
en mélange avec des engrais humiques et phosphatés.
Voici, pour l'ensemble des cultures, les rendements constatés par hec-
tare :
a. Betteraves à sucre.
Rendements Excédents
(en kilogr.). (en kilogr.).
Sans engrais 24 aoo »
Engrais humique (4oo''S) 26 000 i 750
Engrais humique (20o''8).( M 28700 5 5oo
b. Betteraves roses derni-sucrières.
Sans engrais (moyenne de cinq parcelles ) 23 160 »
Scories de phosphoralion (Sgo"») 26 200 i o4o
(') Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. 1429.
(*) Cette parcelle avait reçu l'année précédente 750''? d'engrais humique complet;
elle se ressent de l'arrière-fumure.
SÉANCE DU 23 JANVIER ipoS. 257
HendemonU Ext^éiionts
feu Uilogr.). (en kilogr.).
Scories (Soo'^s). Engrais liumique (fino'^s) 28 600 3 4/io
Scories (4oo''s). Fumier (9,oooo''s) 26800 i fi^o
Scories (4oo''s). Fumier (20ooo''s). Eng. Iiiim. (Sco'-s). 28000 a S4o
Fumier seul (4oooo''s) ^8 5oo 3 34o
Fumier seul (Soooo'^s) 3(3 100 109^0
e. Pommes de terre fiiclUer Imperalor.
Sans engrais (moyenne de trois parcelles) 20070 »
Superphospliale minéral (Soo'^s) 20 600 53o
Super (4oo''S). Engrais humique (4oo''s) ^7 3oo 2 23o
Super (4oo''S). Fumier (20 ooo''s) 2G 700 i 63o
.Super (4oo''S). Fumier {2oooo''8). Eng. Imni. (^oo*--). . 82000 G g3o
Fumier seul (4oooo''s) 3o 34o à 270
Fumier seul (80 ooo'^s) 33 4oo 8 33o
d. Maïs, fourrage jaune des Landes (au vert).
Sans engrais ïo 5oo »
Engrais humique (4"o''") 58 200 7 7)0
e. Luzerne de Provence (foin sec total).
Sans engrais 7 4oo »
Engrais humique (GooI-k) 10940 3 54o
Il convient de remarquer que l'engrais humique agit très favorablement,
même quand on l'associe au fumier. Par contre, les phosphates minéraux
employés séparément exercent une faible action dans des sols régulière-
ment fumés depuis 3o ans. L'application des fortes fumures organiques a
produit seule des excédents notables de récolte.
Toutefois, l'équivalence des fumures, sous le rapport des rendements,
n'est, en aucune façon, subordonnée à la quantité totale des principes
fertilisants incorporés à la terre. En prenant pour terme de comparaison
la plus faible dose de fumier (•joooo'-b) et la plus forte dose d'engrais hu-
mique (Goo'"*-'), nous trouvons respectivement :
lùiinici-. Engrais liumic|uc-.
Azote total 86 i3,2
Acide phosphorique 74-5 'J'i
Potasse totale 92,0 34,6
Matières solubies 1 220,0 3o2,4
C. K., 1905, I" Semestre. (T. C.\L, N" 4.) ^>
258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
T.es différences sont énormes. Et en admettant même que le tiers des
principes apportés par le fumier soit utilisé dès la première année, on ne
s'explique pas pourquoi les rendements obtenus avec l'engrais humique
se montrent supérieurs. Il est bien manifeste que si la richesse du sol n'in-
tervenait pas, la dose d'engrais serait notoirement insuffisante pour sub-
venir aux besoins de la végétation. On était donc en droit de supposer que
les excédents d'azote, de potasse et d'acide phosphorique du fumier deve-
naient inutiles, surperflus pour la culture en cours. Une telle hvpothèse me
paraît téméraire puisque les fumures massives font croître les rendements
d'une manière sensible.
L'inégale efficacité du fumier et de l'engrais humique complet dépend
plutôt de la constitution difïérente de la matière noire. C'est sur ce point
surtout que je voulais appeler l'attention : la valeur culiurale des stibslances
humiques ne saurait être la même dans tous les cas, et c'est moins la richesse
globale de la matière noire que sa composition qualitative qui influe sur le ren-
dement des récoltes. La capacité nitrifiante de l'engrais est incomparablement
plus grande; en outre, les composés phospho-humiques, les humâtes et les
humophosphates s'y montrent bien mieux équiUbrés et plus actifs.
J'ai étudié, d'autre part, l'action du superphosphate minéral et d'un
superphosphate humique préparé en traitant une tourbe calcaire par une
solution d'acide phosphorique de titre connu. Je supposais que la suppres-
sion du plâtre (le superphosphate humique n'en contenant guère) devait
offrir de sérieux avantages au point de vue cultural. Le sulfate de chaux
englobe le phosphate monocalcique et s'oppose, par son agglomération ou
son état physique, à la dissémination de l'acide phosphorique ('). Les essais
ont été effectués sur une culture de pommes de terre (variété Saucisse);
on répandit les engrais au printemps, à des doses égales et à richesse
équivalente (-). On obtint, à la récolte, les rendements suivants qui sont
rapportés à l'hectare :
(') Au moment où j'entrepris cette expérience, on n'avait pas encore démontré
l'action retardatrice du plâtre qui se trouve en forte proportion dans les superphos-
phates ordinaires. Les récents travaux de M. Grégoire, de l'Inslilui chimique de
Gembloux, sont venus depuis confirmer ma supposition.
(-) Pour contrebalancer l'influence des matières azotées de l'humus, la parcelle au
superphosphate minéral reçut, en outre, 5o''s de nitrate de soude et 5o''s de sang
desséché.
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 269
Rendements. Excédents,
kg kg
Sans engrais 21 600 »
Superphosphate minéral (Soo''8) 24000 2^00
Superphosphate huraique (8oo''s) aSôoo 4ooo
La supériorité du superphosphate humique ressort manifestement de
cette expérience; elle doit être attribuée à la dissémination plus facile de
l'acide phosphorique, en l'absence du sulfate de chaux, et à la présence
de l'humus qui atténue dans une large mesure la rétrogradation.
En résumé, il résulte de nos recherches que les matières humiques, sous
certaine forme, possèdent une réelle valeur et peuvent agir sensiblement
sur les rendements et parfois même sur la composition des plantes. Déjà,
l'an passé, j'avais signalé les changements survenus dans la constitution
des betteraves fourragères; le même fait a été observé cette fois pour la
variété sucrière expérimentée : les racines récoltées sur la parcelle témoin
accusant iG,2 pour 100 du sucre, contre i'],4S; en tenant compte des
rendements moyens obtenus, la quantité totale de sucre produite à l'hec-
tare passe de 3928''^ à 4872'^s, soit un excédent de 944'''* en faveur des par-
celles ayant reçu l'engrais complet.
C'est aux humophosphates, aux composés phospho-himiiques que j'at-
tribue surtout ces différences.
ASTRONOMIE. — Sur le caractère elliplique de la nouvelle comète Borrelly
(e 1904). Note de M. G. Fayet, présentée par M. Lœwy.
Cet astre, mesuré pour la première fois le 3i décembre 1904, a -cessé
d'être visible momentanément à cause de la Lune, dès le 11 janvier de
cette année. Bien que les observations obtenues pendant ce court inter-
valle ne paraissent pas devoir fournir des renseignements bien précis à
cause de la petitesse de l'arc parcouru par la comète, on a entrepris néan-
moins le calcul, guidé par cette particularité que, dans une première para-
bole, on avait obtenu des éléments présentant un caractère qui distingue
presque toutes les comètes à très courte période : je veux parler de la
petitesse de l'inclinaison et de l'élément u, = t. — Q. qu'on avait trouvés
respectivement égaux à
j = 36°, co = 34i".
2bo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les résultais que l'on a obtenus semblent confirmer une fois de plus,
l'importance de ce double critérium.
A l'aide des observations du 3( décembre (Kœnigsberg) et ii janvier (M. Bigour-
dan, à Paris) comme lieux extrêmes, corrigées préalablement de l'aberration et de la
parallaxe, on obtint une première parabole, qui donna la représentation suivante des
observations des 5 et 7 janvier obtenues à Marseille et à Besançon :
o - c
i j janvier — 3o,43 —0,87
(-janvier -27,6; — 8,5i
Ces écarts étaient inadmissibles; voulant rechercher s'ils devaient être attri-
bués il un choix défectueux du rapport M= ^ des rayons géocentriques extrêmes,
pour lequel on avait adopté la valeur logM = o,02i 726, on calcula une nouvelle para-
bole, en attribuant une variation arbitraire de -1-0,002 à ce logarithme; ce nouveau
système, résultant de log M = 0,028726, laissa subsister les écarts suivants dans les
lieux intermédiaires auxquels on avait joint, pour plus de sécurité, deux observations
des 2 et 10 janvier :
f/À. d'ii.
2 janvier — 88,91 — 15,88
j » —66,89 —29,48
7 " — 59)9^ —85,35
' o » — 1 4 • 1 8 —6,04
On se rendit compte, en discutant ces deux premiers systèmes, qu'aucune parabole
ne pourrait fournir une représentation satisfaisante des observations.
Calculant alors une troisième orbite sans faire d'hypothèse sur l'excentricité, et rap-
prochant les résultats qu'elle fournit avec ceux qu'avaient donnés les deux paraboles,
on fit une première application de la méthode de la variation des distances; on trouva
ainsi -eomme valeurs les plus probables
'''&'Pl= 9-968814, l0gp3— 9,990436.
La quatrième orbite déduite de ces résultais fut l'ellipse suivante :
T = '9"5, janvier 16, (joiiS. 0 — C
T. m. de l'aiis. ^J^——^.
iî= 76. 53'. 53'^ 22 )
«■=: 30.24.49,18 I igoo,o '
0)=: 352.25. 16,76 ]
log(j ^ o, i4365i
l«ge =9> 779730
(l\.
d?.
2. .
■ —0,98
-1-2,60
5..
. 4-1,55
+ i,i3
7. .
• +2,74
-6,o3
c. ,
. -t-7,08
+ 3,22
SÉANCE DU 12 3 JANVIER igoS. 26 1
Cette orbite, qui mettait nettement en évidence une courte période (environ 6 ans),
donnait déjà une représentation meilleure; il parut néanmoins, suivant le conseil que
voulut bien nous donner M. le Directeur de l'Observatoire, qu'il y aurait possibilité de
l'améliorer encore.
Prenant alors comme nouveau point de départ cette ellipse et utilisant les systèmes
précédents, on fit une nouvelle approximation de la méthode de la variation des dis-
lances.
Traitant les huit équations que l'on obtint par la méthode des moindres carrés, on
fut conduit à prendre pour nouvelles valeurs
l0gp, = 9,979743, l()gp3= 0,001 234.
La cin(|uièiiie et dernière orbite déduite de ces derniers nombres a été la suivante :
u= 76. 6.43,97 I _ j^,„^.^,. ., _„;33 ^3;„5
1= 3o. 00. 21, 2.5 ; Iqo.J.o ^ -
.^ „„ ' • .. .)... —1,06 +3,70
(0 rr Soi .35.27, 1 1 1 , ,.
1) "... +1 ,21 — 1,01
log(/ = o, 1 49 236
loge = 9,818 195
Les écarts paraissent maintenant assez satisfaisant
+6 , oq -i- :i , 66
On est donc amené à conclure, malgré l'incertitude tenant nécessaire-
ment à la petitesse de l'arc dont on disposait, que l'on est en présence d'une
comète très intéressante, puisque les éléments qui précèdent donnent
V. = 4a3',9r5,
c'est-à-dire une durée de révolution d'environ 8 ans.
Parmi tous les astres déjà apparus, la comète 178^ paraît être ceîîîrqui
présente le plus de ressemblance avec la comète actuelle.
Nous donnons ci-dessous le Tableau comparatif de leurs éléments :
Cuiiiijle [-ÎS.J. Comète (e iyo4 )•
'-^- >/ I 76-7' I ^
i 45" ; 1900,0 3o"55' - 1900,0
oj 355- ) SSioSS' )
log7 o,i64i 0,14924
loge 0,5520 0,65796
202
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHRONOMÉTRIE. — Pendule électrique à èchappemenl libre.
Note de M. Cu. Féry, présentée par M. Lœwy.
Description. — L'horloge que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui se
compose d'un balancier moteur qui fait progresser d'une dent, à chaque
oscillation complète, la roue d'échappement C d'une minuterie ordinaire.
Lorsque le pendule oscille dans le sens de la flèche, le rochet B, porté
par une fourchette h, ou fixé directement à la tige du pendule, fait avancer
la dent avec laquelle il est en prise ; ce mouvement est terminé et limité
par le ressort sautoir g.
Ce dernier ressort est disposé de manière à produire la restitution, en
lançant dans la bobine E le courant de la pile F. La durée du contact est
réglée par la vis/' qui commande le ressort /, et le courant de la pile cir-
cule dans la bobine de manière à produire l'attraction de l'aimant D consti-
tuant une partie de la masse pendulaire.
Au retour, c'est-à-dire lorsque le balancier se déplace en sens inverse de
la flèche x, le rochet B est simplement soulevé, la roue d'échappement
étant maintenue en place par le sautoir g.
Propriétés de cet échappement. — L'échappement ainsi décrit est cornplè-
SÉANCE DU 23 JANVIER igo*). 203
tement analogue à V échappement dit à détente employé dans les chrono-
mètres de marine. Le pendule commandé de cette façon possède une
amplitude de réglage, ainsi que je l'ai démontré pour l'échappement de
Graham (').
Supposons en effet que la restitution ait lieu dans la verticale; son action
sera nulle sur la marche, mais le dégagement qui la précède et qui est une
action ralentissante, se produisant avant la verticale, tendra à donner du
retard aux petits arcs.
Supposons au contraire que le dégagement ait lieu exactement dans la
verticale ; l'impulsion qui se produit plus tard tendra encore à faire retarder
aux petits arcs ; le sens de cet effet est donc indépendant du réglage.
L'expérience a pleinement vérifié cette manière de voir ; voici les
marches obtenues en faisant varier l'amplitude d'une pendule à demi-
secondes de ce système :
Vmplitudc. Marche diurne.
10 — 100
l5 — 25
3o — I
35 — i5
Ces variations d'amplitude étaient obtenues en insérant des résistances
dans le circuit de la pile, mais des résultats analogues peuvent être observés
en agissant sur l'amplitude par tout autre moyen (freinage d'un des mo-
biles de la minuterie, ou amortissement par une lame de mica fixée au
balancier).
Celte perturbation heureuse s'ajoutant au défaut d'isochronisnio' naturel
a d'ailleurs déjà été signalée dans les chronomètres de marine.
Fonctionnement électrique. — L'ensemble de la bobine et de l'aimant de
ce système constitue un moteur magnéto-électrique dont le rendement,
malgré sa faible puissance (2 à 3 gr.-millim. par seconde), est d'environ
70 pour 100.
Des mesures directes montrent que la force contre-électromotrice déve-
loppée à l'amplitude normale est de o'"^\']^, lorsque la pile qui actionne le
système est de i^°",o9 (élément du chlorure d'argent).
(') Sur l'isochronisme du pendule des horloges astronomiques (Comptes rendus,
séance du 9 janvier igoS).
204 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ceci explique la faible dépense de l'appareil, inférieure à o,5 watt par
an. Les variations diurnes d'une pendule à demi-secondes, entretenue par
une pile étalon suffisante pour fournir ce faible débit, sont inférieures
à o%3.
MINÉRALOGIE. — Sur les azotates de potasse et cl' ammoniaque, et sur la loi
de Bravais. Note de M. Frédéric Wallerant, présentée par M. de Lap-
parent.
Quand un corps dimorphe passe par la température de transformation
sans que celle-ci se produise, on admet que le corps, à l'état de surchauffe
ou de surfusion cristaUine, possède les mêmes propriétés qu'aux tempéra-
tures où il est stable. Les azotates de potasse et d'ammoniaque nous montrent
que les choses ne sont pas toujours aussi simples.
L'azotate de potasse, orthorhombique à la température ordinaire, passe
à une modification rhomboédrique a à la température de i itf. Mais si l'on
part des cristaux rhomboédriques et si on les laisse refroidir, la surfusion
a presque toujours lieu, et dans cet état instable les cristaux se transforment
brusquement en une modification nouvelle p, également rhomboédrique,
en relation immédiate de structure avec les cristaux a. Les sections per-
pendiculaires sur l'axe optique dans les uns restent perpendiculaires sur
cet axe dans les autres, et c'est seulement sur les sections obliques que l'on
peut constater le changement brusque de biréfringence, dénotant un chan-
gement de structure. Le phénomène est réversible, mais bien entendu la
modification p ne peut être observée en partant de la forme orthorhom-
bique, qui passe directement à la forme a.
Il existe entre les modifications a et fl un rapport analogue à celui qui
relie les deux formes du quartz, qui, comme l'ont montré MM. Mallard
et Le Chatelier, se transforme à 570°, tout en restant uniax(> et en conser-
vant son orientation.
Les cristaux p se maclent sous l'influence d'actions mécaniques suivant
les trois faces d'un rhomboèdre et, par suite, il y a tout lieu de les assimiler
à la modification rhomboédrique de l'azotate de soude, qui jouit au plus
haut point de cette propriété.
De son côté, l'azotate d'ammoniaque fondu cristallise en cubes qui par
refroidissement se transforment en cristaux uuiaxes, que M. VVyrouboff
considère comme quadratiques par analogie avec les cristaux de chlorate
SÉANCE DU 23 JANVIER igo"). 265
(l'argent. Il est jDossible de démontrer le bien fondé de cette assimilation,
car si l'on agit mécaniquement sur une section d'azotate perpendiculaire à
l'axe optique, on détermine quatre systèmes de macles orientés à 90",
comme les quatre plans />' d'un cristal quadratique. A 82° ces cristaux
quadratiques passent, en se dilatant fortement, à une modification ortho-
rhombique, qui elle-même, par refroidissement, donne naissance à la
modification ordinaire. Or, si à 82" on empêche les cristaux quadratiques
de se dilater, ils passent directement à la forme ordinaire, qui se trouve à
l'état de surchauffe cristalline. Elle présente alors des macles que l'on n'a
jamais observées jusqu'ici : d'une part elle possède deux plans de macle
sensiblement à 90", rempLicant les plans de symétrie m de la modification
quadratique; d'autre part elle présente les mêmes plans de macle 6' que
celle dernière. De plus, si l'on refroidit notablement les cristaux de celte
modification, on détermine des clivages excessivement faciles, faisant
entre eux un angle voisin de 120° et passant par la bissectrice obtuse des
axes optiques; ces plans de clivages sont également des plans de macles.
Si le refroidissement s'accentue, les cristaux deviennent rhomboédriques,
l'axe optique coïncidant avec la bissectrice obtuse. L'azotate d'ammoniaque
est donc quasi ternaire comme l'azotate de potasse, qui possède également
des clivages et des macles à 120". Pour orienter les cristaux parallèlement,
il faut faire coïncider les plans des axes optiques, la bissectrice aiguë de
l'un coïncidant avec la bissectrice obtuse de l'autre. Ils ont alors sensible-
ment les mêmes paramètres. D'adleurs les deux substances peuvent se
mélanger pour cristalliser, et il en résulte dans leurs propriétés optiques
des modifications faciles à prévoir, mais dont je n'ai pas à parler ici.
Voilà donc deux corps, qui ont la plus grande analogie au point de vue
de leurs propriétés chimiques et physiques, qui d'après ces propriétés
doivent avoir des formes primitives très voisines, et cependant, quand on
les fait cristalliser à la température ordinaire, aucune des faces de l'un ne
se retrouve sur l'autre. On devrait donc, si on voulait appliquer la loi de
Bravais dans le sens absolu qu'on lui a attribué dernièrement, leur donner
des formes primitives différentes : pour satisfaire à une loi empirique, il
faudrait se mettre en contradiction avec l'ensemble des propriétés.
D'autres cas analogues peuvent être cités : dès 1860, par une série
d'exemples, v. Hauer montrait que, dans des corps isomorphes, la pré-
pondérance n'appartenait pas toujours aux mêmes faces. A la même époque,
on signalait ce fait que les clivages pouvaient être différents, soit comme
facilité, soit comme orientation, dans des corps isomorphes. Dans bien des
C. R., 190'), 1" Semestre. (T. CX^L, N°4.) 3 '1
oGfi ACADEMIE DES SCIENCES.
cas, ies faces parallèles à des clivages faciles n'ont jamais été observées, ou
ne l'ont étéque très exceptionnellement. D'ailleurs l'azotate d'ammoniaque
nous montre que les clivages sont sous la dépendance des conditions exté-
rieures, puisque l'abaissement de température en fait apparaître de nou-
veaux.
D'ailleurs, d'une façon générale, la nature des faces est sous la dépen-
dance immédiate des conditions de cristallisation ; or pour un grand nombre
d'espèces minérales, tous les cristaux connus se sont produits dans les
mêmes conditions et il est bien certain que, si l'on arrivait à modifier ces
dernières, on produirait de nouvelles faces, ce qui conduirait à modifier la
notation des faces actuellement connues. Les quelques cas réalisés de
reproductions artificielles sont là pour nous montrer le bien fondé de cette
observation.
De ces faits et de ces remarques il résulte que si, comme l'ont montré
Bravais et Mallard, les lois d'Haûy et de Bravais, sur la simplicité des carac-
téristiques et la grandeur des mailles des faces, se trouvent fréquemment
réalisées, il n'en est pas moins vrai que ces lois n'ont rien d'absolu ; que les
faces à caractéristiques élevées peuvent se produire, non accidentellement,
mais normalement si les conditions de cristallisation leur sont favorables;
que les faces se produisant le plus fréquemment dans des conditions déter-
minées ne sont pas forcément les faces ayant les plus petites caractéris-
tiques, les plus petites mailles. Par conséquent, les lois de Haiiy et de Bra-
vais, qui ne font intervenir qu'un élément de la structure des corps
cristallisés, sont impuissantes dans bien des cas à nous révéler la véritable
nature du réseau.
On paraît d'ailleurs oublier que M. Brillouin, analysant les conditions de
stabilité des faces cristallines, a été amené à formuler la loi suivante : « Les
faces cristallines peuvent être étendues lorsque les nœuds d'un plan réticu-
laire parallèle à la face sont distribués d'une manière à peu près symétrique
par rapport à la normale passant par un nœud du plan réticulaire limi-
trophe. )) La considération des formes cristallines à mériédrie restreinte
m'avait d'ailleurs amené à reconnaître que les faces les plus fréquentes sont
perpendiculaires sur les éléments de symétrie. Mais bien entendu la loi de
M. Brillouin, pas plus que celles de Haûy et de Bravais, n'a rien d'absolu,
puisqu'elle ne lient pas compte du milieu extérieur.
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 267
GÉOLOGIE. — Le bassin hoidller de la Lorraine française.
Noie de M. Francis Laur.
Comme suite à notre première Communication nous dirons qu'il résulte
des travaux de sondage entrepris déjà sur plusieurs points à Eply, à Les-
menil, à Pont-à-Mousson, à Four-à-Chaux, etc. (c'est-à-dire aux environs
de l'axe de Sarrebruck-Pont-à-Mousson déterminé par nous en 1900) que
les terrains traversés pour arriver au Houiller sont d'une remarquable
régularité. Nous allons donner une idée de leur succession et de leur
puissance.
Le Keuper supérieur n'a que quelques mètres; le Keuper moyen esl l'étage princi-
pal, il a 160™ environ, le Keuper inférieur a 25'" à Se". L'étage entier atteint à peine
la puissance de 200" environ, il est traversé avec la plus grande facilité par les instru-
ments de sondage, notamment par ceux dérivés du système Fauvel qui emploie sinnil- .
tanément le trépan et l'injection d'eau.
Le Mushelkalk est peu puissant. L'étage supérieur a 5o'", le moyen 70'", et linfé-
rieur ^o"; en tout 160"" environ. Cet étage est traversé assez facilement aussi.
Le Grès bigarré n'a qu'une faible importance, 65" à 70™ environ de puissance
totale. C'est cet élage qui donne les venues d'eau jaillissanlesjau sol. Leur débit est
plus ou moins grand selon les emplacements.
Le Grès des Vosges est l'étage le plus important, il dépasse 280™ et est particuliè-
rement homogène. Enfin, il y a entre les grès des Vosges et le terrain houiller, suivant
les positions, de petites intercalations de roches rouges représentant une pellicule de
Permien, mais on peut dire qu'il est en général ou supprimé ou peu puissant, sauf
peut-être au nord du bassin, vers Lesmenil, où il commence à apparaître avec des
conglomérats dangereux pour les sondeurs.
En résumé, la coupe moyenne des sondages exécutés jusqu'à ce jour
donne :
Keuper 260
Mushelkalk 170
Grès bigarré 70 690"
Grès des Vosges 280
Permien 10
Houiller (Westphalieu) »
Aucun de ces terrains ne présente de difficultés réelles pour le sondage.
La faible profondeur d'environ 700'" à laquelle se présente le terrain
bouiUer met en lumière un phénomène d'arasement colossal, après la
26y ACADÉMIE DES SCIENCES.
période permienne, sur une surface encore indéterminée, mais assurément
énorme, car la prol'ondeur du terrain houiller est à peu près la même en
allant vers Sarrebruck (Faulquemont, 740"'), à 3o'~'" au nord-est de Pont-
à-Mousson (en Lorraine annexée).
Dix-huit sondages sont en voie d'exécution, treize Sociétés anonymes
sont formées; .4 millions sont souscrits. Tout cela témoigne de l'ardeur
apportée à la recherche de la solution du problème de la houille en Lor-
raine française.
GÉOLOGIE. — Sur le niveau dialoinijère du ravin des E gravats, prés le
mont Dure ^Puy-de-Dôme). Note de M. Laubv, présentée par M. Mi-
chel ijàxy.
La florule diatomique du dépôt du ravin des Égravats nous était en partie
connue par l'examen d'un échantillon trouvé sous une dénomination géo-
logique fausse (psammite) dans les collections Bouillet. L'étude de ce frag-
ment par Frère Hétibaud (') a fait connaître l'existence dans ce gisement
de vingt-trois espèces de Diatomées.
litant données l'absence d'indications précises sur la situation slratigra-
phique de ce niveau, la valeur paléontologique relative du nombre restreint
d'espèces provenant d'un seul échantillon, il était à supposer qu'une élude
méthodique de ce ravin serait fructueuse. Je l'ai entreprise les 3 et 2- juil-
let 1904.
Malgré certains points d'accès difficile, j'ai pu suivre le torrent sur toute l'étendue
de ce ravin et relever la coupe géologique ci-après qui débute à la cote 1290, point
supérieur des éboulis sur les pentes; on remarque successivement : cinériles à blocs,
i3"'; brèche cinéritique, S""; sable, S'Ojôo; lignite terreux, o™,5o; cinérite à blocs,
i'",5o; brèche cinéritique, 4"; andésite inférieure, 1 3""; argile à Diatomées, 3", 5o;
lignite, o"',35; argile, o™,25; brèche, i^jSo; éboulis, 8™; brèche, o™,5o; argile,
2'", 5o; cinérite fine, 2°'; éboulis, i"; cinérite fine, 2"; andésite, i^iSo; cinérite à
fragments de Irachjte, 58"; irachyte à grands cristaux, 3o™; andésite supérieure.
Le dépôt dialomifère se trouve à l'altitude de i3/i2"; c'est le plus élevé des gise-
ments connus du Massif Central, i^ar sa couleur, il peut se différencier en trois
couches : une inférieure, grise, de i", 5o de puissance, pauvre en frustules; une
moyenne, blanche, de i'",5o d'épaisseur, très riche en Diatomées; une supérieure,
gris pâle, de o'",5o, contenant moins de carapaces siliceuses que la précédente.
(' } DiaLomét'sfosxilexd'Advcrgnc. pi-emier Mémoire, 1902, p. 26; second xMémoire,
1903, p. 19.8.
SÉANCE DU 23 JANVIER [goo. 269
A leur point d'affleuremenl (visible seulemeni Jaiis le ravin) les couches sont hori-
zontales en stratification parfaitement concordante. Je n'ai pas constaté dans ce dépôt
l'existence de feuilles appartenant à des végétaux mono ou dicotylédones.
L'élude des diverses zones de ce niveau a été faite à l'aide de nombreuses préparations
provenant d'échantillons pris de to"" en 10'" de la base au sommet de chaque couche;
et, il la surface des petites tranches ainsi obtenues, par des prises faites au centre et
aux extrémités de chacune d'elles.
Dans l'ensemble de ce gisement les Diatomées sont généralement entières, sauf
quelques grandes espèces qui parfois sont cassées.
J'ai observé dans ce dépôt cent six espèces ou variétés appartenant aux
genres : Achnanlhes, Amphora, Cocconeis, Cyinatopleura, Cymhella, Diatoma,
Encyonema, Epithemia, Eunotia, Fragilaria, Gomphonema, Grunowia.
Hantzschia, Melorisa, Meridion, Navicula, Nùzchia, Opephora, Rhoicosphenia,
Slauroneis, Surirella, Synedra, Telracyclus, Van-Heurckia.
Dans ce nombre, 2.3 espèces n'ont pas été retrouvées à l'état vivant dans
le Massif Central, 54 existent à l'heure actuelle dans nos eaux; 18 actuel-
lement vivantes n'avaient pas élé signalées à l'état fossile; enfin j'ai pu
décrire 1 1 espèces ou variétés nouvelles. Il est à noter que cette florule ren-
ferme 6 espèces saumàtres et 3 espèces marines.
Je considère ce dépôt comme étant en place parce que sa stratigraphie
indique des couches non remaniées et que les espèces fossiles n'y sont pas
fragmentées.
Dès lors l'épaisseur de ses couches nous fait entrevoir une longue période
d'accalmie durant laquelle l'activité volcanique aurait cessé de se mani-
fester.
I^es espèces fossiles de ce niveau se retrouvent dans d'autres dépôts bien
datés; quelques-unes sont signalées dès le Miocène supérieur; mais c'est au
Pliocène inférieur que ces Algues ont eu leur plus grand épanouissement,
un tiès petit nombre d'entre elles ont survécu jusqu'à l'époque pliocène
supérieure.
Cette donnée confirme ce que la Géologie nousenseigne, c'est-à-dire que
certaines cinérites et andésites (?) de cette région ont été épanchées dès
l'aurore du Pliocène, ou au Miocène tout à fait supérieur.
Quant à la présence des espèces saumàtres et marines, je me propose de
faire connaître les causes et les conséquences de leur présence dans les
eaux tertiaires qui ont déposé les argiles liu ravin des Egravats.
270 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Surlla biologie et l'anatomie des suçoirs de /'Osyris alba.
Note de M. A. Fraysse, présentée par M. Bornet.
Le parasitisme de VOsyris alba a été signalé par Planchon en i858.
Depuis cette époque, Chatin, MM. de Solms-Laubach, Granel se sont
occupés sommairement de l'anatomie ou de l'origine probable des suçoirs.
La pénurie des faits concernant la biologie générale de cette Santalacée
et son abondance dans la région méditerranéenne m'ont conduit à faire
une étude plus complète de cette plante. La présente Note a pour objet de
faire connaître les principales conclusions biologiques et anatomiques aux-
quelles je suis arrivé.
A. Biologie générale : i" L'O. alba ne présente d'aptitude particulière ni pour un
terrain déterminé, ni pour un hôte spécial; partout il végète avec la même facilité en
se fixant à l'aide de nombreux suçoirs sur les racines ou rhizomes qu'il peut atteindre.
2° Les suçoirs s'observent à une profondeur qui varie entre 5"" et 20"=™. Les plus
superficiels sont souvent les plus développés.
3" Ils se développent en toute saison; cependant on les rencontre plus nombreux en
septembre et octobre, après que la plante a fleuri et mûri ses graines.
4° Leur durée est liée à la nature de l'organe qu'ils pénètrent.
5° Les Légumineuses à nodosités bactériennes {Coronilla glauca) sont envahies de
préférence. Les suçoirs y sont plus nombreux et placés à la base des racines.
6° Les plantes à mycorhizes sont également très favorables à l'installation de
VO. alba.
7° En général, les végétaux qui croissent dans les stations riches en humus sont de
même facilement attaqués.
B. Développement. — 1° Le suçoir atteint toujours un assez grand a ohime avant
de perforer les tissus de l'hôte. C'est, tout d'abord, un présuçoir d'une structure très
simple. Une coupe, passant par son axe, montre un parenchyme homogène périphé-
rique, à l'inférieur un second parenchyme à éléments plus petits, plus allongés dans le
sens axial, au centre, un no^'au de inéristème très actif divisé en deux régions symé-
triques par l'orientation dilTérente des éléments constitutifs.
1° A un étal plus avancé, le suçoir est plus volumineux et plus étendu par sa base;
l'hôte est pénétré en un point correspondant à l'axe du mamelon; de part et d'autre,
des régions de faible croissance se séparent légèrement de l'organe hospitalier,
3° Le sommet du noyau méristématique devient le pôle d'épanouissera'ent des
vaisseaux.
[\° Des trachéides se différencient de très bonne heure dans la racine du parasite et
dans son voisinage pour arriver plus tard jusqu'à l'hôte. {Dans aucun cas, ils n'ar-
rivent à la base du suçoir acant la perforation de l'hôte).
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 27 1
5" La résistance opposée par les tissus attaqués à la pénétration du cône haustorial
détermine la formation d'une zone mécanique écrasée.
C. Anatomie. — 1° Tous les suçoirs peuvent être ramenés à deux formes essentielles
déterminées par la structure anatomique de l'hôte. La première réduite à un mamelon
parenchymateux. avec son système d'irrigation , plus un cône de pénétration. La seconde
présentant plusieurs mamelons successifs, superposés, distincts et un cône de pénétra-
lion : Suçoir simple et suçoir composé. Cette dernière forme s'observe toutes les fois
que les tissus de l'hôte sont très difficiles à perforer ( rhizome de Carex, de Triti-
cuin, etc.).
2° Quelle qu'en soit la forme, l'anatoraie générale est la même. Une coupe passant
par l'axe du suçoir montre les tissus suivants :
a. Assise ou zone subéreuse entourant le mamelon ainsi que la racine du parasite qui
lui a donné naissance;
b. Parenchyme de réserve à éléments ponctués, grands, avec méats et cellules sécré-
trices à oxalale de calcium de forme et de structure déterminées {Ce sel ne se ren-
contre pas dans les suçoirs jeunes);
c. Zone écrasée ayant une position constante et se terminant toujours au pôle d'épa-
nouissement des vaisseaux;
d. Seconde zone de parenchyme conduisant à une espèce de tissu palissadique rap-
pelant le liber et en relation arec le liber du parasite;
e. Méristèrae aux dépens duquel se différencient les vaisseaux;
/. Appareil conducteur : trachées et trachéides;
g. Région centrale formée d'un noyau de cellules allongées dans le sens axial. Elles
étaient primitivement obliques;
h. Zone de soudure péridermique se confondant avec les tissus de l'hôte ;
i. Assise basilaire absorbante, à membranes partiellement lignifiées. Les cellules de
cette assise sont très allongées et rappellent par leur forme les poils absorbants. Leur
longueur est déterminée par la nature des tissus attaqués;
y. Autour de la racine parasite, entre elle et les vaisseaux, autour du mamelon, plu-
sieurs rangées de cellules à membranes colorées, (phlobaphènes).
3° Les suçoirs composés correspondent morphologiquement à une succession de
suçoirs simples. On y remarque autant de zones de tissu écrasé que de cônes em-
boîtés, et toutes convergent vers le même point qui est le pôle d'épanouissement
de l'appareil irrigateur.
ZOOLOGIE. — Sur la biologie des Cestodes. Note de MM. L. Jammes
et H. Ma.xdoul, présentée par M. Alfred Giard.
Les variations d'intensité du pouvoir bactéricide des sucs helminthiques
que nous avions déjà signalées (') ne semblent pas tenir, exclusivement,
(') Comptes rendus, 25 juillet igo/i-
272 ACADEMIE DES SCIENCES.
au mode de préparation des extraits. Nous sommes enclins à admettre que
l'étendue de ce pouvoir n'est pas la même chez les différents Tncnias.
Pour une même espèce de Taenia, l'intensité du pouvoir bactéricide
paraît être en rapport avec le degré de concentration de l'extrait. Ce pou-
voir reste appréciable dans des dilutions étendues de bouillon ou de sérum
artificiel.
Enfin, l'intensité de ce pouvoir varie selon les microbes. Dans l'ordre de
sensibilité décroissante se rangent, d'abord, le vibrion cholérique et le
bacille typhique, puis le colibacille, enfin les microbes sporulés (siiblilis,
mesentericus) .
Le pouvoir bactéricide ne constitue pas un fait exceptionnel donnant un
monopole exclusif au Cestode. Les recherches récentes de Delezenne et
Nicolle montrent, en effet, qu'une action bactéricide se manifeste, norma-
lement, dans l'intestin grêle; celte dernière apparaissant comme une pro-
priété du mélange des sucs pancréatique et intestinal. Les résistances
microbiennes observées par ces auteurs forment une échelle superposable
à celle que nous avons dressée par l'emploi des sucs helminthiques : le
vibrion cholérique est le plus sensible, le bacille tv[)hique vient ensuite,
le colibacille n'est que faiblement détruit.
On peut poursuivre le parallélisme entre les fonctions du Cestode et
celles de l'intestin grêle. Les travaux de Weinland, Dastre et Stassano
montrent, des deux côtés, une analogie étroite entre les moyens de défense
contre l'action dissolvante des sucs digestifs : les Helminthes et la paroi
intestinale se défendent de la même manière en sécrétant une kinase.
Le Cestode et l'intestin se conduisent donc de façon semblable vis-à-vis
des microbes et des sucs digestifs; ils ont, pour se protéger contre chacun
de ces agents nocifs, les mêmes moyens de défense.
Enfin, le Taenia absorbe, comme la paroi digestive, par sa surface entière,
les produits élaborés de la nutrition.
La convergence des fonctions du Taenia et celles de la paroi digestive de
l'hôte paraît être le résultat d'une adaptation de plus en plus étroite du
premier à la vie intra-intestinale. Cette adaptation a certainement, chez le
Cestode, une part d'influence dans l'atrophie du tube digestif, la perfora-
tion de la cuticule et le transfert des fonctions digestives à la surface du
corps. Comme conséquence de ces phénomènes, le parasite fait sienne la
cavité digestive de l'hôte et y fonctionne j)arallèlement à la paroi intesti-
nale; il y exerce ses fonctions d'absorption tout en déployant ses moyens
de défense, notamment le pouvoir bactéricide.
SÉANCE DU 2^5 JANVIER igo^. 278
Ces considérations nous conduisent à interpréter d'une façon simjjle
l'action bienfaisante, spéciale, que peut exercer le Tœnia sur l'hôte : ce ver
apporte des moyens de défense propres qui s'ajoutent à ceux de l'hôte. Il
est possible que, dans certains cas, ce dernier lire avantage d'un tel
appoint.
En même temps qu'elles permettent de comprendre l'existence du pou-
voir bactéricide chez les Cestodes, les considérations précédentes expliquent
peut-être son absence chez les Némalodes. Les premiers sont revêtus d'une
cuticule perforée, permettant l'absorption, mais impropre à assurer ime
protection efficace; le pouvoir bactéricide apparaît comme un mode de pro-
tection compensant l'action insuffisante de la cuticule. Les seconds sont
recouverts d'une cuticule continue et manquent, ainsi que nous l'avons
montré ailleurs, de pouvoir bactéricide. N'y a-t-il, dans ces remplacements,
qu'une simple coïncidence; est-il permis d'y voir une relation de cause à
effet?
i3ACTÉRlOLOGlE. — Action du magnésium et de la magnésie sur les microbes.
Note de M. F. Dienert, présentée par M. E. Roux.
Dans une Communication antérieure (C'w/n/)^Pi rfiWa5, 16 mars i9o3)
nous avons signalé que le zinc ainsi que l'oxyde de zinc sont capables de
tuer les bacilles qu'on rencontre dans les eaux si le contact entre le métal,
ou son oxyde, et les microbes est intime et suffisamment prolongé.
Nous avons continué cette étude en nous adressant à un métal très voisin
du zinc par ses propriétés chimiques, le magnésium. Nos études n'ont
surtout porté que sur deux espèces de microbes, le b. d'Eberth (' ) et le è.
coli communis, qui nous intéressaient tout particulièrement.
Voici comment nous avons opéré :
On cultive ces microbes dans io""'de bouillon de veau peptonisé. Au bout de trois
jours on centrifuge ces cultures, on décante le bouillon surnageant, on lave le résidu
microbien avec de l'eau stérile et ce sont ces microbes lavés qu'on met en suspension
dans 10""' d'eau distillée.
Si à ce mélange d'eau et de microbes on ajoute du magnésium (le plus pur possible,
(•) Les variétés de b. d'Eberth et de b. co/« provenaient de la collection de l'Institut
Fasteur et nous avaient été très obligeamment fournies par M. le D' Binot, que nous
remercions ici.
G. R., ion5, I" Semestre. (T. CXL, N» 4 )
35
274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais l'on sait combien ce métal est liifticile à |nirifiii) les bactéries sont mortes après
deux ou trois jours.
On sait qu'en présence de l'eau le magnésium réagit selon l'égalité sui-
vante :
(i) Mg-h2H-0 = iVlg(0H)-+H-,
égalité qui semble indiquer que c'est en réalité la magnésie qui aseptise
le milieu; conclusion qui demande a être vérifiée à cause de la pureté
relative du métal employé.
Quand au mélange eau + microbes on ajoute de la magnésie pure (pro-
venant de la calcination du nitrate de magnésium pur) les bactéries ne sont
jamais tuées au bout de quelques jours. La magnésie n'a cependant pas été
inactive, car, si l'on ensemence le mélange eau -+- microbes traité par la
magnésie, dans du bouillon, le développement est plus lent que si l'on
ensemence le mélange eau + microbes non traité par la magnésie.
Pour obtenir la destruction de ces microbes en deux ou trois jours, il
faut mettre le mélange eau -i- microbes -h magnésie en présence d'hydro-
gène, c'est-à-dire rétablir les conditions réalisées par l'égalité (i). De ces
expériences on [)ent conclure que le magnésium, comme le zinc, jouit de
propriétés antiseptiques dans certaines conditions.
Il était nécessaire d'élucider cette action de l'hydrogène (on emploie de
l'hydrogène préparé par l'action deHCl pur sur du zinc pur exempt d'arse-
nic et purihé par le sulfate de plomb, le nitrate d'argent et une colonne de
cuivre chauffée au rouge). Quand, dans ces expériences, on remplace l'hy-
drogène par l'acide carbonique, il se forme du carbonate de magnésie,
letiuol n'a aucune action antiseptique, même en présence de l'hydrogène
(toutefois, comme avec la magnésie, le développement des cultures trai-
tées par le carbonate de magnésie est en retard sur celui des cultures non
traitées).
Quand on fait le vide au-iles-.us du mélange eau -f- microbes H-Mg(OH)^,
l'action antiseptique de cet oxyde reparaît.
Il suffit donc d'éliminer l'oxygène de l'air, soit en faisant le vide, soit en
le chassant par un courant d'hydrogène, pour voir réapparaître l'action
antiseptique de la magnésie. L'oxygène n'ayant aucune action sur cet oxyde,
il faut bien admettre que ce gaz rend ces microbes plus résistants à l'action
de la magnésie par un mécanisme difficile à connaître.
Pour expliquer celle action on peut faire l'hypothèse suivante : Ces mi-
SÉANCE DU 23 JANVIER igoS. 276
crobes se combinent à la magnésie et aux sels de magnésie (comme
semblent l'indiquer les retards dans les ensemencements signalés plus
haut), mais la combinaison avec la magnésie est seule nocive (probable-
ment par suite de la présence des oxhydriles OH). Sous l'influence de
l'oxygène il se produit une oxydation dans l'intérieur des microbes et pro-
duction d'acide, d'où formation de sels non nocifs (c'est-à-dire disparition
des oxhydriles OH).
Nous avons déjà essayé l'action de la magnésie en présence de l'hydro-
gène, sur les bactéries banales de l'eau. On n'obtient, après celte action,
qu'un retard dans le développement des ensemencements sur bouillon de
veau, mais aucune action antiseptique.
M. G. -T. Bennett adresse à l'Académie une lettre dans laquelle il fait
ressortir qu'un théorème relatif à la transformation d'un mouvement de
rotation autour d'un axe en un mouvement de rotation autour d'un autre
axe, signalé à la page io68du Tome CXXXIK des Comptes rendus el allribué
à M. Borel, a été publié par lui une année auparavant, le 4 décembre igoS,
à la page 777 de la Revue Engineering.
M. Alfred Brust adresse une Note ayant pour titre : De C application des
ondes électriques hertziennes pour éditer les abordages de la mer.
La séance est levée à 4 heures et quart.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 23 janvier igoS.
Cours de la I^acullé des Sciences de Paris. Traité d'Analyse, par Emile Picard,
Membre de l'InsliUil; 7.^ édition, l. II : Fonctions harmoniques et fonctions analy-
tiques. Introdnclion à la théorie des équations différentielles, intégrales abéliennes
et surfaces de Rieniann. Paris, Gauthier- Villars, igoS; 1 vol. in-8°. (Hommage de
l'auteur. )
Université de Paris. Fondation R. BisciiofTsheim. Annales de l'Observatoire de
2^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nice, travaux exécutés sous la direction de M. J. Ferrotin, Correspondant de l'Institut;
t. Vin, IX, X. Paris, Gauthier-Villars, 1904-1905; 3 vol. in-4°. (Présentés par M. le
général Bassot. )
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht iiar Albert 1"%
Prince souverain de Monaco, publiés sous sa direction avec le concours de M. Jules
Richard. Fasc. XX VIII : Méduses provenant des campagnes des yachts a Hirondelleyi
et n Princesse- A lice ^^, iSSô-igoS, par Otto Maas; avec six planches. Imprimerie de
Monaco, 1904. (Présenté en hommage par S. A. S. le Prince de Monaco.)
Cours de Chimie à l'usage des étudiants du P. C. iV., par R. de Forckand, Corres-
pondant de l'Institut, t. II : Chimie organique. Chimie analytique. Paris, Gauthier-
Villars, 1905 ; I vol. in-S". ( Hommage de l'auteur. )
Traité des maladies des vins : description, étude, traitement, par J^lcien Skmichon,
avec une préface par U. Gayon, Correspondant de l'Institut ; avec i3pl. h. t.etiiôfîg.
Montpellier, Coulet et fils; Paris, Masson et C'% i9o5; i vol. in-8°. (Présenté par M.
Muntz. Hommage de l'auteur.)
Beziehungen des Du Bois-Heymondschen Mitielwertsatzes zur Ovaltheorie; eine
mathematisclie Sludie von Herman.n Brunn. Berlin, Georg Reimei-, 1905 ; i vol. in-4".
(Présenté par M. Poincaré. Hommage de l'auteur.)
Annales de la Faculté des Sciences de Marseille, t. XIV. Mémoires I-IV. Paris,
G. Masson, 190.5; I vol. 111-4°.
{A suivre.)
ERRATA.
(Tome CXXXIX, séance du 26 décembre 1904.)
Noie de M. le Général de Lainothe, Les anciennes lignes de rivage du
Sahel d'Alger :
Page 1235, ligne i3, au lieu de sept, lisez huit.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 25 janvier 190o.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES ME^fBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. BE11TI1EI.0T.
rlir^
hydrocarlioni'cs (i iHi^iiie nii:.nM'|iir
M. BEnxHKi.oT. — Oucl.|iie-. ]ihI.iij\ IroiivOs
dans les f.niilles arcliéolugiqucs en Egj'ple.
M. HKNtVi MoissAN. — Sur l'augmenlation
(le voliinic de !a fonte liquide saturée de
d'une planclo
M. rSASSOT. — Piés.-nlalion de Ir
des Aiiiia/i'.s (le l'Obsen-alnir
\I. J. Janssen. — Sur une récente ascension
M. CoNSiDÈui:. — ('.alrul des ponts en arc et
des peints suspendus
M. G. Rayet. — Observations de la comète
Borrelly (1904c), faitesau grand équalorial
de l'Observatoire de Bordeaux, par M. F.
M. Kjiiij, I'i,;ai;i. |,n-r,,lr I,, -, Ir /..lilion
du ■]■. ■ Il Ar -.„ ., Tr.Mir iIVh.iInsp,,...
s. A. s. le Priiicf \i,ni,iir lii Mn\M;o pré-
sente le fascicule Wlll des « liésultats des
campagnes scientifiques accomplies sur son
yaclit par Albert A'', Prince souverain de
Monaco
CORRESPONDANCE.
M. le MiNisTHE mi i.'lNSTrin:
ET DES BeAUX-AuTS irlVllr 1'
présenter une liste de. ainlid
ivemenl da
ns de l'atn
-/ rA de
surfaces
M. G
IM. \.
-. - rapports
i-l,lriiic de
■face liypcr-
ntégialcs de
M . norel.
, uiiinn des
iriiurc des
M. IJ. Pellat.
M. J. MiNOUIN.
laloire. — I
séries homoln
liaison
M. E. Benciade.
pbospl.o
lîappcl i
■un
•lal
n des scl>
de
pouvoir
re dans
de la doi
rô-
les
ble
Sur le méthjla
:de
M. P. I,i;Moui.r. — Action du pcnlaclilorure
de phosphore sur les aminés cycliques ter-
tiaires. Synthèses des matières colorantes
et formation de -phosphore
M. Maucel GoDciioT. — Produits d'oxyda-
tion d< T., et. diydiure d'à min a cène; dihydro-
iithol ej dé-
iVlM. A. GUYOT et J. Catel. — Gontribution
à l'étude des dérives du bcnzodihydrofur-
furane
M. J. DfjioNT. — Sur la valeur asricole des
SUITK DR LA TABLK DES ARTICLES.
Pages.
M. G. Fayet. — Sur le c.iraclère elliptique
de la nouvelle cornèle Borelly (1904 e)... 269
!\I. Cii. FÉRY. — Pendule électrique à échap-
peuienl libre ™2
M. FiiiiDERic \\'allerant. — Sur les azolales
lie potasse et dammonia(|ue, et sur la loi
de liravais 264
M. Francis Lalr. — Le bassin houiller de la
Lorraine française 267
M. Lauby. — Sur le niveau diatoinifère du
■s Vr'V
près
le mont Dore
268
M. \ II, : - Sur la biologie et l'ana-
l.iiijir il - -iiv'HS de VOsyiis alba
BtLLETlN UIBLIOGRAPIIIQIE
MM. L. Jamme-s et H. Mandoul. — Sur la
biologie des Cestodes
M. F. DiKNKMT. — Artion du magnésium et
delà iii,ii;i..-sie mu- les miei'nlies
M. G. -T. 1:. .MIT .hIm --r .1 l'\r;i.l.:-niir une
lettre ni,i(nr .1 un 1 lM-..i(-ini- ^-iir l.i tr.ins-
autour d'un axe en un mouvement de rota-
tion autour d'un autre axe
M. Alfred Urust adresse une Note ayant
pour litre : « De l'application des ondes
iierlziennef- pour éviter les abordages de la
mer »
,7.3
275
PAlUS. — IMPRIMEIUE GAU riUli; K-V ILLAKS.
Quai des Grands-Augustins, .So.
1905
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
r 5 (30 Janvier 1905)
^ PARIS,]
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2'\ MAI 1873
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l'Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étranf,^ers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
/jS pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l"'
— Impression des travaux
de l! Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associéétranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
Hmite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou com'muniquéspar
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3->. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de ies re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sonl 'jii
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séii
blique ne font pas partie des Comptes rendu
Article 2. — Impression des travaux des >
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pn
qui ne sont pas Membres ou Correspondants il
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou ( 1
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoin n
tenus de les réduire au nombre de pages req'
Membre qui fait la présentation est toujoursn
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils
pour les articles ordinaires de la correspondan
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit êtr(
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plu
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être i
temps, le titre seul du Mémoire est inséré <
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvi
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahie
Article 4. — Planches et tirage à pa
Les Comptes rendus ne contiennent ni pla
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des ligures S(
autorisées, l'espace occupé par ces figm-es coi
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux fiais 1
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapp
les Instructions demandés par le Gouveriienit'
^ Article 5.
Tous les six mois, la Commission adinim
fait un Rapport sur la situation des Comples
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent ;
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui pi
leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pn-
e, avant S*-. Autrement la présentation sera remise à la séance
ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 50 JANVIER 1903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques expériences nouvelles relatives
à la préparation du diamant. Note de M. Henri Moissan.
A la suite des nouvelles recherches que nous avons poursuivies sur la
météorite de Canon Diablo ('), nous avons été amené à reprendre
quelques-unes de nos expériences sur la reproduction du diamant.
En répétant ces expériences telles que nous les avons décrites dans notre
premier Mémoire (-) nous avons obtenu les mêmes résultats, c'est-à-dire
la formation de cristaux empilés à impressions carrées {fig. i), de gouttes
Fi2 I. Fig. 2. Fig. 3. Kig. 4-
{fig. i) et d'octaèdres à faces courbes (//^. 3). Ces cristaux parfaitement
(') H. iVloissAN, Comptes rendus, t. CXXXIX, 1904, p. 778.
(») H. Moissan, Recherches sur les différentes variétés de carbone {Annales de
Chimie et de Physique, 7= série, t. VIII, 1896, p. 289, 3o6 et 466).
36
C. R., 1905,
Semestre. (T. C.\L, N° 5.
278 ACADÉMIE DES SCIENCES.
transparents possèdent une grande réfringence, ont une densité voisine
de 3,5 puisqu'ils tombent dans l'iodure de méthylène de densité 3,4; ils
rayent le rubis et ils brûlent dans l'oxygène sans laisser de cendres et en
donnant de l'acide carbonique. Quelques-uns éclatent peu de temps après
leur préparation, comme il arrive à certains diamants du Cap lorsque l'on
vient de les séparer de la terre bleue, après les avoir retirés des puits pro-
fonds du TransvaaI.
Nos expériences ont été répétées, telles quelles, par Sir William
Crookes(') qui a obtenu, comme nous, des diamants noirs et transparents.
M. Majorana (=") a fait intervenir une pression extérieure sur la fonte en
fusion saturée de carbone et il a préparé aussi des diamants microscopiques
transparents.
Mais l'étude du bloc de i83''s de fer de Canon Diablo nous a démontré
que les diamants se rencontraient dans les fissures de la météorite au milieu
même du métal. De plus ces fissures étaient en relation par d'étroites cas-
sures avec les novaux de sulfure de fer ou troïlite dont nous avons, en
collaboration avec M. Osmond, donné la description dans une Note pré-
cédente (').
Il paraissait donc logique d'admettre que le soufre avait pu aider au
déplacement du carbone dans le carbure de fer.
En plus de cette troïlite, nous avons démontré que la météorite de Cafion
Diablo contenait du silicium sous forme de siliciure de carbone et l'on savai t
depuis longtemps qu'elle renfermait du phosphore. Ces différents métal-
loïdes avaient pu intervenir dans la séparation et dans la cristallisation du
carbone.
Nous avons repris l'étude de cette question et nous avons opéré de la
façon suivante : iSo» de fer de Suède coupés en fragments de plusieurs
centimètres cubes sont fondus au four électrique en présence de charbon
de sucre. La saturation de la fonte par le carbone à la température du four
électrique est terminée en 2 ou 3 minutes avec un courant de 4oo ampères
sous 120 volts. Le creuset renfermant la fonte liquide est retiré du four, on
y ajoute alors un fragment solide de monosuUure de fer d'environ 5^ qui
fond aussitôt et se mélange à la masse. Le métal se boursoufle et des gaz
se dégagent en abondance. Après refroidissement, le culot métallique est
( ') Sir William Crookes, Proceedings of the Royal Institution,
(2) Majorana, Alli Ac. Lincei, 5° série, t. VI, 11, 1896, p. i4i-
(') H. MoissAN el OsiMOND, Comptes rendus, t. GXL, 1900, p. 71
SÉANCE DU 3o JANVIER igoS. 279
traité par les acides. Le graphite est transformé en oxyde graphitique, puis
en oxyde pvrographitique et ce dernier composé est détruit par un mélange
d'acide siilfurique bouillant, dans lequel on jette par petites portions une
cinquantaine de grammes d'azotate de potassium. A|)rès plusieurs traite-
ments alternés de ce résidu, par l'acide fluorhydrique et l'acide sulfurique,
puis fusion avec le fluorhydrate de fluorure de potassium, on décante, on
sèche et l'on traite par l'iodure de méthylène de densité 3,4 en ne re-
cueillant que ce qui tombe dans ce liquide. Dans ces conditions on n'ob-
tient jamais de diamants.
Les résultats sont tout autres, si l'on refroidit brusquement le creuset
rempli de fonte liquide et additionné de sulfure de fer dans une masse
d'eau froide. Après le premier phénomène de caléfaction, le creuset de gra-
phite poreux se laisse rapidement pénétrer par l'eau; la masse métallique
est refroidie extérieurement, il se forme une croûte solide, et dans ces con-
ditions, comme nous l'avons établi antérieurement ('), il se produit une
pression intérieure et le carbone qui se dépose dans la partie centrale
encore liquide prend la forme diamant.
L'apparence des lingots métalliques dans lesquels on a ajouté du soufre
est parfois un peu différente des lingots de fonte ordinaire refroidis dans
l'eau. Il se forme encore une partie externe résistante; mais la surface
supérieure du métal, si l'on refroidit de suite le mélange de fonte et de
sulfure de fer, est recouverte d'une mousse noire, solide, d'apparence
spongieuse qui provient de la solidification rapide du métal émulsionné par
un brusque dégagement de gaz. Si les gaz ont eu le temps de se produire
avant l'immersion dans l'eau, le lingot présente l'apparence ordinaire.
Les diamants que l'on obtient par celte addition de sulfure de fer ont
les mêmes formes que ceux qui ont été préparés antérieurement. Ils se pré-
sentent en gouttes possédant parfois des pointements oclaédriques {fig. 4),
en lames superposées en octaèdres caractéristiques à faces courbes. Nous
avons obtenu plusieurs de ces octaèdres, ces différents cristaux ont été
placés entre deux lamelles de verre au milieu de baume du Canada. Nous
avons l'honneur de présenter quelques-uns de ces échantillons à l'Aca-
démie. Certains de ces cristaux se brisent plusieurs semaines après leur
préparation, d'autres contiennent des crapauds et un très grand nombre
(') H. MoiSSAN, Su/- i augmentation de volume de la fonte liquide, saturée de
carbone au four électrique, au moment de la solidification {Comptes rendus, t. CXL,
1905, p. i85).
2»0 ACADEMIE DES SCIENCES.
présentent des impressions carrées et ces stries parallèles que l'on ren-
contre souvent sur les diamants naturels. Tous ont un aspect gras et un
indice de réfraction élevé. Nous en avons chaufFé un certain nombre
dans l'oxygène, au moyen d'une petite nacelle de platine que nous avons
décrite dans notre premier Mémoire sur la production du diamant, et ils
ont brûlé en ne laissant pas de cendres.
La seule différence que nous présente l'expérience avec addition de sul-
fure de fer, c'est que le renilemenl, tout en étant toujours faible, est cepen-
dant supérieur à celui que nous avions obtenu jusqu'ici. Dans un seul culot
nous recueillons parfois huit ou dix petits diamants dont la moitié ou les deux
tiers peuvent être séparés à l'œil nu au moyen d'une petite pointe d'acier.
Nous avons poursuivi plusieurs séries d'expériences en additionnant la
fonte saturée de carbone au four électrique soit de siliciure de fer soit de
silicium fondu avant de refroidir brusquement le métal dans l'eau. Dans ce
cas nous avons encore obtenu du diamant et parfois le rendement était
supérieur à ce que nos premières expériences nous avait donné. Mais la
grande quantité de siliciure de carbone qui se produit, surtout lorsque l'on
emploie le silicium fondu, rend plus difficile la séparation au moyen de
l'iodure de méthvlène.
Il ne faut pas oublier que le siliciure de carbone préparé dans le fer est
toujours bleu ou vert ainsi que nous l'avons indiqué dés iSgS, de telle
sorte qu'il est impossible, si l'on s'est donné la peine de regarder ce siliciure
au microscope, de le confondre avec des fragments de diamant noir ou
transparent. Du reste sa densité n'étant que de 3, 12, il flotte à la surface de
l'iodure de méthylène.
Les diamants préparés avec le silicium ont des formes plus tourmentées
que les précédents. Ils renferment de nombreux diamants à crapauds et des
diamants noirs. Nous avons obtenu dans ces nouvelles conditions des dia-
mants qui présentent un grand nombre d'impressions carrées. Les extré-
mités de certains fragments étaient terminées par des chapelets de cubes
échelonnés. Les quelques diamants qui se sont brisés, plusieurs semaines
et même plusieurs mois après leur préparation, nous présentaient aussi
des cassures couvertes de très petits cubes. Dans ces préparations les
gouttes étaient plus rares et nous n'avons pas eu d'octaèdres. Le ren-
dement était aussi un peu plus élevé que dans nos expériences de 1893.
Nous avons séparé plusieurs fois dans un seul lingot 10 à i5 petits dia-
mants microscopiques. Les plus gros de ces diamants ont comme lon-
gueur o"™, 70; l'oclaéclre, représente figure 3, o™",2; plusieurs gouttes ont
SÉANXE DU 3o JANVIER I9o5. 281
(le o°"°,4à o""",(. Ces diamants sont du même ordre de grandeur que
ceux que nous avons retirés du bloc de fer de Canon Diablo de i83''s,
quelques-uns sont même un peu plus gros. Mais ce ne sont cependant que
des parcelles microscopiques.
Deux séries d'expériences faites dans les mêmes conditions avec du
phosphure de fer ne nous ont donné aucun diamant (').
Propriétés optiques. — Les diamants de synthèse possèdent un aspect gras
caractéristique et un grand indice de réfraction. Cette dernière propriété
permet souvent, avec un peu d'habitude, de les distinguer lorsqu'ils sont
encore mélanges avec d'autres substances transparentes.
Nous avons étudié l'action de ces diamants de synthèse sur la lumière
polarisée parallèle et convergente. Nous avons constaté que leur biréfrin-
gence toujours très fiuble était de grandeur variable et sans rapport avec
la forme extérieure. Eu particulier, en lumière convergente, on n'observe
que des lignes neutres trop floues et trop larges pour que l'on puisse tirer
quelques conclusions de leur aspect. Le cristal représenté figure i s'éteint
à 60° des traces de clivage, tandis que l'octaèdre de la figure 3 s'éteint
parallèlen.ent à l'un des côtés du triangle supérieur.
La goutte représentée figure 2 a une forme trop arrondie pour donner
des phénomènes nets.
En résumé, les caractères optiques de ces cristaux en lumière polarisée
sont variables. Ils sont très peu birélringenls. Four établir une compa-
raison avec un cristal connu que l'on rencontre dans les mêmes conditions,
le sihciure de carbone, nous ferons remarquer qu'U n'y a aucun rappro-
chement à faire entre les diamants de synthèse et les cristaux de siliciure
de carbone. Ces derniers présentent une biréfringence normale beaucoup
plus élevée. De plus, le siliciure de carbone préparé dans le fer est toujours
fortement coloré. Le siliciure de carbone de Cafion Diablo est vert.
D'ailleurs, cette action du carbone cristallisé sur la lumière polarisée
est connue depuis longtemps. Bien qu'appartenant au système cubique, le
diamant présente des phénomènes de biréfringence très marqués, étudiés
d'abord par Brewsler (■) et fréquemment observés, en particulier, par
(') Nous donnerons le délaii de ces différentes expéiiences dans le Mémoire que
nous publierons aux. Annales de Ckiinie et de Physique.
(-) Brewsieh, Pliil. Trans., t. GV, i8i5, p. 3i; t. GVl, I, 1816, p. 167; t. CVill,
1, i8i8, p. 255. Edinburgii, Trans., l. XXUl, 1864, p. 4i.
282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Jannettaz ('), Hirchswald (-), Mallard ('), Reinhard Brauns (^). Des
Cloizeaux (') indique que la plupart des cristaux manifestent en lumière
polarisée des couleurs irrégulières et une extinction plus ou moins complète
selon l'azimut. Pour Hirchswald, le phénomène est presque général.
Jannettaz admettait que la biréfringence du diamant provenait de pressions
intérieures ou de phénomènes de trempe. Brauns admet aussi que la biré-
fringence du diamant est due à des tensions internes et qu'il est vraisem-
blable qne ce minéral s'est formé sous l'action de fortes pressions qui
auraient été la cause de sa biréfringence. Cohen (") a observé un diamant
présentant les phénomènes de polarisation d'un agrégat dans lequel les
couleurs étaient aussi vives que dans un cristal de quartz.
Ce phénomène est d'ordre général. On sait aujourd'hui que la plupart
des cristaux cubiques présentent fréquemment des phénomènes analogues
de biréfringence : tels l'alun, l'analcime, le nitrate de plomb, les grenats,
la blende, etc.
Après ces différentes séries d'expériences nous n'avons pas repris l'étude
de la combustion en poids des diamants de synthèse, parce que nous avons
pensé que les trois analyses publiées en 1894 étaient suffisantes pour ré-
soudre la question. Nous rappellerons que, dans la première, 6™^ de dia-
mants noirs nous ont donné 23™^ de gaz carbonique et que les cendres
restant après la combustion étaient impondérables.
Dans la deuxième, iS^^ de fragments transparents ont été brûlés et ont
laissé un résidu de 2"'e,a de grains arrondis brillants qui ne brûlaient pas
dans l'oxygène à 1000°. Ces grains n'étaient pas des cendres de diamant.
Ils étaient formés d'une matière transparente riche en silicium, qui dispa-
raît par une attaque au fluorhydrate de fluorure de potassium en fusion. Le
poids de iS"^ de diamants transparents brûlés dans cette analyse nous a
donné 49'"''', 6 d'anhydride carbonique.
Enfin dans une troisième combustion 5™«,7 de diamants transparents,
(') JA.W£TTàz, Bull, des Mines, l. II, 1879, p. 124.
(') Hirchswald, Zeitscluift fiir Krysl. u. Minerai., l. I, 1877, p. 216.
(^) Mallakd, Bull, des Mines, t. V, 1882, p. 241.
(') ReIiNhard Brauns, Die oplischen Anomalien der Krvstalle. Leipzig, 1891, p. 180.
(^) Des Cloizeaux, Manuel de Minéralogie.
(*) Cohen. Ueber Einschliisse in sUdafrikanischen Diamanten {Zeitschrift fùi
Krysl. u. Miner., 1876, p. 762).
SÉANCE DU 3o JANVIER igo5. 283
IraitQs cette fois au préalable par le fluorhydrate de fluorure de potassium,
nous ont fourni 20"^, 5 de gaz carbonique. Les cendres n'étaient pas appré-
ciables à la balance.
Ces trois chiiîres suffisent pour établir que les fragments microscopiques
obtenus dans nos recherches sont formés de carbone pur.
Les nouvelles expériences que nous publions aujourd'hui, à la suite de
noire étude de la météorite de Caûon Diablo, viennent donc corroborer nos
précédentes recherches. Nous pouvons toujours regarder le diamant comme
la variété de carbone qui a été liquéfiée sous une forte pression, tandis
que nous avons démontré, depuis longtemps, qu'à la pression ordinaire
tous les échantillons de carbone soumis à l'action d'une très haute tempé-
rature se vaporisaient, sans passer par l'état liquide, et fournissaient tous
la même variété de carbone : le graphite.
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse dans la série anthracènique. IIL Dihydrure
d' anthracène y tétraphér^ylé et ses dérivés. Note de MM. Haller et
A. GUYOT.
Pour compléter nos recherches sur les dérivés y substitués du dihvdrure
d'anthracène ('). il nous restait à faire connaître les dérivés y tétraphénylés
de ce carbure. Nous sommes arrivés à ces dérivés par deux voies diffé-
rentes qui nous ont été inspirées par les travaux récents de MM. v. Baeyer
et Villiger (-) et par ceux de MM. Ullmann et Munzhuber (').
Ces savants ont montré que le triphénylcarbinol se condense avec la plus
grande facilité avec les phénols et les aminés aromatiques pour donner des
dérivés du triphénylméthane, conformément à l'équation
(C«H')' = COil -+-i/Hni = H-Oh-(C°(P)-^— C - C'H'R.
En particulier, en condensant le triphénylcarbinol avec le chlorhydrate
d'anilme, puis éliminant le groupe aniidogène par la réaction de Griess,
MM. Ullmann et Munzhuber ont pu préparer avec d'excellents rendements
du tétraphénylméthane, carbure jusqu'alors fort rare, et qui n'avait été
(') A. Haller el A. Guïot, Bull. Soc. chim. Paris, i" série, t. XXXI, p. 79.5
^979-
(•') Von B^YER et Villigeu, Deut. chern. Ges., i. XXXV, 1902, p. 3oi8.
(') Ullmann et Munzhubkr, Ibid., t. XXXVI, 1908, p. 4o4.
28 'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'entrevu par M. Gomberg (') parmi les produits de décomposition du
triphénylméthane azobenzène.
Pour obtenir les dérivés du dihydrure d'anthracène y télraphénylé, il
était donc tout indiqué, soit de condenser le dihydrure d'anthracène
y-hydroxylé y-triphénylé précédemment décrit, avec l'aniline, le phénol,
la diméthylaniline, etc., conformément à l'équation
H^ C«H^
(>H« C^H^
Y
\/
C
l'<^^C«H*+C«H5R =
= C«H*<^\C'=HM
C
C
H^ OH
C6H^ r/H*R
soit de condenser les mêmes aminés et phénols avec le dihvdrure d'anthra-
cène y-dihydroxylé-y-diphénylé symétrique (-) :
C«H= OH Cnv C«H»R
C C
DH*<^^C«H*4-2C«H^R=C'=H*(^^OH*+2H-^0.
C C
/\ /\
C/W 011 C'H' r/H'R
La première de ces réactions nous a conduit presque quantitativement
aux dérivés cherchés, mais nous avons rencontré quelques difficultés dans
l'exécution du second procédé. Le dihydrure d'anthracène y-dihydroxylé-
y-diphénylé symétrique est en effet un oxydant puissant; il met en liberté
l'iode de l'iodure de potassium et oxyde un grand nombre de molécules
organiques en se transformant en diphénylanthracène symétrique, con-
formément à l'équation
C«H^ OH C'H^
C C
OH^/\c«H'= O -f- H^O + C^H'/I^C^H^
C'W OH cm
C) Gomberg, Deal. chem. Ges., t. WX, 1897, p. 979.
C) A. Hàller et GuYOT, Bull. Soc. cliim., 3" série, t. XXXI, 1904, p- 795.
SÉANCE DU 3o JANVIER l()nD. l85
de sorte que, dans la plupart, de nos essais de coiideusaLioii, nous n'avons
obtenu que les produits d'oxydation des phénols ou îles aminés mis en
œuvre; nous avons pu, cependant, préparer avec d'excellents rende-
ments les produits de condensation normaux avec la dmiélhylaniline et la
diélhylandiue. Chacun d'eux s'est présenté sous deux modifications iso-
mères, fournies en égales quantités et présentant des solubilités tellement
différentes qu'elles peuvent être séparées avec la plus grande facilité. Ces
deux modifications correspondent, évidemment, aux deux formes stéréo-
isomères cis et trans, théoriquement prévues :
C«H^^ C«H^H
C«H^ G^H'R
C
\/
C
C8H'<^")C'=H- et
C
C
ne- H* C'H^
Il est à remarquer qu'on devrait retrouver cette isomérie dans le diol,
qui donne naissance à ces produits de condensation. Nous ne sommes
cependant pas parvenu, jusqu'à présent, à provoquer le dédoublement de
ce composé par cristallisation fractionnée.
Nous nous bornons aujourd'hui à donner les résultats obtenus par le
premier procédé.
Condensation du dihydrute d'anlhracéne y hydroxyle-ytriphénylé, avec les
aminés et les phénols . — Les produits de condensation de ce carbinol avec
les aminés se forment, avec la plus grande facilité, lorsqu'on chauiïeau ré-
frigérant ascendant des quantités équimoléculaires des deux composants
en solution dans l'acide acétique cristallisable. L'opération est terminée
lorsqu'une goutte de la liqueur, projetée dans l'acide sulfurique concentré,
ne donne plus la coloration rouge orangé qui s'observe tant qu'il reste du
carbinol non transformé ; ce résultat est généralement atteint au bout
d'une demi-heure. La présence d'un acide minéral n'est nullement néces-
saire pour provoquer la condensation ; toutefois, lorsqu'on opère avec une
aminé primaire comme l'aniline, il convient de prendre l'alcaloïde sous
forme de chlorhydrate; on s'exposerait, en négligeant cette précaution, à
obtenir un isomère du dérivé cherché, isomère dans lequel la condensation
se serait effectuée par l'intermédiaire du groupe amuiogène, ainsi que l'ont
montré MM. Ullmann et Mûnzhuber. La condensation avec les phénols
s'effectue également en milieu acétique bouillant, mais il est nécessaire
c. K., lyoD, I" Semestre. (T. CXL, N° 5.) -^7
286 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'ajouter une petite quantité d'acide sulfurique concentré. La liqueur, qui
a pris une teinte orangé intense, grâce à la présence de l'acide minéral, se
décolore spontanément au bout de quelques minutes et laisse déposer des
cristaux du produit formé.
Nous avons ainsi préparé, avec des rendements sensiblement quantitatifs
par condensation avec la diméthylaniline, la diéthylaniline, le phénol et
l'aniline, les dih^drures d'anthracène y-létraphénylés diméthylamidé, di-
éthylamidé, hydroxylé et amidé dont la formule générale est la suivante :
C
C
C«H= C«H*R
formule dans laquelle R= N(CIP)-, N(C=H»)% NH = , OH.
Le dihydrure d' anthracéne ^[-tèlraphènylè diméthylamidé se présente sous
la forme de petits cristaux blancs, fondant vers 285°, solubles dans l'acide
chlorhydrique d'où le chlorure de platine précipite un chloroplatinate en
fines aiguilles d'un jaune pâle.
Le dihydrure d' anthracéne -^-tétraphé ny lé diéthylamidé comiAne. de fines
aiguilles incolores fondant à 216".
Le dihydrure d'anthracène -^-tétraphénylé hydroxylé cristallise en petits
prismes brillants, fondant vers 3o8°, insolubles dans les lessives alcalines,
mais très solubles dans les solutions alcooliques de potasse.
Le dihydrure d'anthracène -(-tétraphénylé monoamidé se présente sous la
forme de petits cristaux blancs, fondant vers 320°. Traité par l'azolite de
soude en milieu chlorhydrique, ce dernier corps s'est laissé diazoter et
transformer en un colorant rouge insoluble par copulation avec le P-naphtol.
Cette expérience met en évidence la présence d'un groupe aminogène dans
notre produit et montre par là que nous avons bien entre les mains le com-
posé dont nous venons de donner la formule et non son isomère
C
SÉANCE DU 3o JANVIER IQoS. 287
Dihydrare cV anlhracène ^-télraphénylé ethoxylè. - Ce composé prend
naissance lorsqu'on cherche à remonter du diazoïque précédent au carbure
C'«H^^ par ébulUlion au sein de l'alcool absolu. Il se présente en très
petits cristaux d'un blanc pur fondant vers 265», très difficilement solubles
dans tous les véhicules organiques. Sa formule est
\/
C
C
C«H* C«H»OC'H'
Dans une prochaine Communication nous aborderons l'étude des pro-
duits de condensation du dihydrure d'anlhracène y-dihydroxylé-y-diphe-
nylé avec la diméthylaniline et la diéthylanlline.
MÉDECINE. - Traitement mixte des Try panosomiases par l'acide arsénieux
et le trypanroth. Note de M. A. Laveran.
J'ai montré déjà qu'on pouvait guérir les petits rongeurs (souris, rats)
infectés de Mbori ou de Surra, à l'aide du trypanroth et mieux encore a
l'aide d'un traitement mixte par l'acide arsénieux et le trypanroth ; dans les
infections produites par Trypanosomagambiense, ces médicaments m avaient
paru peu efficaces ('). , . ,. .
J'ai continué mes recherches sur ce sujet en les étendant a d autres ani-
maux que les petits rongeurs; les résultats favorables obtenus précédem-
ment au moyen de l'emploi combiné de l'acide arsénieux et du trypanroth
ont été confirmés; j'ai constaté en outre que celte même médication jouis-
sait d'une efficacité incontestable dans les infections produites par Trypa-
nosomagambiense. , 1 nti „:
Je crois inulUe de revenir sur les conditions du traitement de la Mbon
ou du Surra, chez les petits rongeurs, à l'aide du trypanroth seul ou de
,') A. L.VERAN, Comptes rendus, séance du 4 juillet 1904. Je rappelle que P Ehr-
licl it K. Shiga o'nt e.„p.oye le. p-e.ie.., avec succès, le ^-TPao-tMin-o^uU «.lo
de la série benzopu.purine) dans le traitement d uneTrypanosom.ase, le Cade.as,
la souris {Berlin, klin. Wbchenschr., 28 mars et 4 avril 1904).
288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'acide arsénieiix et du Irypanioth. La guérison est ol)tenue plus facilement
dans la Mborr, qui paraît être une forme atténuée du Surra, que dans le
Surra lui-même ('). Je possède des rats et des souris guéris de Mbori ou de
Surra depuis 7, 8 et g mois. La guérison des Trypanosomiases chez ces ani-
maux est complète; le sang des animaux guéris n'est plus infectieux; pour
m'en assurer, j'ai saigné à blanc un rat guéri de Mbori depuis plusieurs
mois et j'ai injecté la totalité du sang dans le péritoine d'un cobave qui ne
s'est pas infecté.
Une chienne du poids tie i2''s,5oo, inoculée de Mbori le 7 septembre
1904. a été guérie par le traitement mixte (acide arsénieux et trvpanroth).
Les animaux guéris n'ont pas l'immunité qui s'observe chez les animaux
(Bovidés, chèvres, moutons) qui ont résisté à une atteinte de Mbori ou de
Surra. Ayant inoculé, à diverses reprises, la Mbori à des souris ou à des
rats guéris de cette Trypanosomiase, j'ai constaté que, chez ces animaux, la
maladie évoluait comme chez des animaux neufs et qu'elle se terminait
invariablement par la mort.
Je m'occuperai spécialement, dans celte Note, des infections produites
par Trypanosoma gambiense, qui présentent un intérêt tout particulier pour
le médecin, puisque ce TrypanO!!.ome paraît bien être l'agent de la maladie
du sommed.
J'ai obtenu des guérisons chez le rat et chez le chien; le cobaye, beau-
coup plus sensible que le rat à l'acide arsénieux et au trvpanroth (-), s'est
montré plus réfractaire. Des expériences sur des singes macaques sont en
cours.
Lorsqu'on fait à un animal infecté de Trypan. gambiense une injection
d'acide arsénieux et, 48 heures après, une injection de trypanroth, et qu'on
attend la réapparition des Trypanosomes dans le sang pour intervenir à
nouveau, les résultats sont beaucoup moins favorables que si l'on fait des
traitements successifs, sans attendre les rechutes; les avantages des traite-
ments successifs ont été signalés dans une autre maladie due également à
des Protozoaires parasites du sang : le Paludisme.
( ' ) Vallée et Pamsseï, Sur les rapports du Surra et de la Mbori ( Comptes rendus.
séance du 21 novembre 1904). — A. Laveran, Observations au sujet de cette .\ote
(même séance).
{-) Un rat de 200s suppuile bien i"s d'acide arsénieux et 2'^s de Irvpanrolli ; chez un
cobaye de 400s à 5oos, il ne faut pas dépasser les doses de 1'"=' d'acide arsénieux et i.5"8
de trvpanroth. Plusieurs cobayes en traitement par ie trypanroth ont succombé à des
congestions rénales et à des néphrites.
SÉANCE DU 3o JANVIER ipoS. 289
Chez le rat, trois traitements à 8 jours d'intervalle les uns des autres suf-
fisent en général, comme le montrent les observations ci-jointes. Chaque
traitement se compose d'une injection d'acide arsénieux (o^s^i pour 20^
d'animal) et, 48 heures après, d'une injection de trypanroth (2™^ pour 20^
d'animal). Celte médication donne lieu à un amaigrissement passager chez
les rats qui y sont soumis; les téguments sont fortement colorés en rouge;
les urines sont roses et souvent albumineuses. Les injections d'acide arsé-
nieux et de trypanroth faites dans les muscles des cuisses avec des solutions
stérilisées ne donnent lieu, chez le rat, à aucun accident local.
Le 1" octobre 1904 trois rats blancs sont inoculés, dans le péritoine, avec du sang
dilué de cobaye infecté de Trypan. gambieme.
Rat n° 1, poids i/i4°- — Le 29 octobre l'examen du sang révèle l'existence de Try-
panosomes rares; acide arsénieux o™s,7. — 3i octobre, l'examen du sang est négatif,
trypanroth 15""?. — 5 novembre, les Trypanosomes n'ont pas reparu. Nouveau trai-
tement par l'acide arsénieux et le trypanroth donnés à Ifi heures d'intervalle, aux
mêmes doses que la première fois. — i4 novembre, les Trypanosomes n'ont pas reparu;
troisième traitement par l'acide arsénieux et le trypanroth toujours aux mêmes doses.
— 16 novembre, urines roses, légèrement albumineuses. — 5 décembre, les Trypano-
somes n'ont pas reparu, le rat pèse iS^s. — 11 janvier iQoS, le rat qui avait diminué de
poids sous l'influence du traitement pèse aujourd'hui 142s. — 28 janvier, les Trvpano-
somes n'ont pas reparu depuis le 29 octobre 1904. c'est-à-dire depuis 91 jours, et le
rat peut être considéré comme guéri.
Rat n" 2, poids [475. — Le 29 octobre on noie l'existence dans le sang de rares Try-
panosomes, le traitement mixte par l'acide arsénieux et le trypanroth est institué et
suivi comme chez le rat n° 1 (trois traitements à 8 jours d'intervalle, mêmes doses des
deux médicaments). Les Trypanosomes disparaissent à la suite de la première injection
d'acide arsénieux et ne reparaissent pas. Le 5 décembre on note une légère diminution
de poids, i36s, mais l'amaigrissement n'est pas durable. Le 11 janvier le poids est
de iS^s et le 28 janvier les Trypanosomes ayant disparu du sang depuis 91 jours, la
guérison peut être considérée comme définitive.
Rat n° 3, témoin des précédents, poids i52S. — Le 9 novembre, Trypanosomes rares
dans le sang; le nombre des parasites augmente jusqu'au 22 novembre, puis il diminue
pour augmenter de nouveau d'une manière continue. — 4 décembre, Trypanosomes
très rares; 8, Trypanosomes non rares. Le poids est de i8os. — Du 20 décembre 1904
au II janvier igoS, Trypanosomes nombreux. — Le 1 1 janvier, le poids est de 1788.
— 17 janvier, Trypanosomes très nombreux. — JVtorl le 22 janvier. Le rat pèse 122S;
sa rate, volumineuse, pèse 3s.
Un rat inoculé le 22 juin 1904 et qui le 22 juillet avait dans son sang des
Trypan. gamhiense assez nombreux, a été guéri après avoir subi deux
traitements pai- l'acide arsénieux et le trvpanroth. Depuis 6 mois les exa-
290 ACADEMIE DES SCIENCES.
mens du sang de ce rat ont toujours été négatifs, la giiérison n'est donc pas
douteuse.
Les chiens supportent bien l'acide arsénieux à condition qu'on injecte la
solution arsenicale dans les veines. Les injections faites dans le tissu coii-
jonctif sous-cutané ou dans les muscles provoquent facilement des phleg-
mons.
Il est prudent de ne pas dépasser la dose de i"^,5 d'acide arsénieux par
kilogramme d'animal; chez des chiens de lo'^s à 12'^*-', les doses de 14™*'
à 16"^ ont suffi d'ailleurs pour faire disparaître les Trypanosomes.
J'ai employé la solution suivante :
Eau distillée 260
Chlorure de sodium chimiquement pur.. 1 ,70
Arsénile de soude chimiquement pur. . . i ,63
On ajoute une goutte de solution de soude pour rendre la liqueur fran-
chement alcaline et l'on stérilise à l'autoclave.
1"°' de la solution représente 4™^ d'acide arsénieux.
Les chiens de lo^'s à i2''Sont bien supporté, en général, des doses de try-
panroth de So^s à 40"^. Je dois noter cependant que deux de ces animaux
ont succombé au cours du traitement; chez l'un d'eux il y avait une né-
phrite interstitielle, évidemment ancienne, qui a dû contribuer beaucoup
à la terminaison funeste en gênant l'élimination des médicaments; chez
l'autre chien, j'ai noté une néphrite épithéliale. D'après les renseignements
que j'ai recueillis, la néphrite est commune chez le chien.
Les deux observations qui suivent sont des exemples de guérison de
l'infection produite, chez le chien, par Trypan. gambiense .
1° Un chien du poids de tS'^s est inôôulé le 12 octobre igo4avecle sang d'un cobaye
infecté de Trypanosoma gambiense. Le 24 octobre, le sang du Chien contient des Try-
panosomes en petit nombre. Acide arsénieux i6"'Sen injection intra-veiueuse. -^ 26 oc-
tobre : examen du sang négatif au point de vue de l'existence des TrypaiiosonSes. Try-
pànrôth 40''" en injection intra-musculaire. — Du 29 octobre au 8 décembre, tous les
examens du sang sont négatifs. -^ Le 8 décembre je notel'éxistenee de Trypanosomes très
rares. Acide arsénieux i6*Seninjeclion intra-veineuse. — 1 1 décembre :les Trypanosomes
ont disparu ; trypanroth 4o''s. — Du î6 au 23 décembre les examens du sang sont négatifs.
— Le 23 décembre, sans attendre la réapparition des TrypanOsomés, on fait un nouveau
traitement. Acide arsénieux i6"8 le 28 décembre, trypanroth 3o'S le 26 décembre. —
Lé 28 décembre le poids dû chien est de 1 i''S,6oo, élat général très satisfaisant. — Le
5 janvier le poids est de 1 1"*?, 800 et le i3 janvier de i2''s. 3oo. Tous les examens du sang
faits du 26 décembre au ay janvier lyoD sont négatifs.
SÉANCE DU 3o JANVIER ipoS. 391
î" Un chien du poids de io''p,5oo est inoculé, le 11 novembre 1904, avec le sang
d'un cobaye infecté de Trypanosoma gambiense. Le 21 novembre, je constate
l'existence de Trypanosomes rares dans le sang du chien; injection intra-veineuse
d'une solution arsenicale représentant \[^^i d'aride arsénieux. — aS novembre, les
Trypanosomes ont disparu; trypanroth 3o'S. — 3o novembre, Trypanosomes très
rares; acide arsénieux i6""e en injection intra-veineuse. — 2 décembre, les Trypano-
somes ont disparu; trypanroth Scb. — Du 2 au 20 décembre, les Trypanosomes ne
reparaissent pas. Le îo décembre, sans attendre une rechute probable, je fais un
troisième traitement (acide arsénieux i^^^ le 20 décembre et trypanroth 3o'S le 28).^-
28 décembre, le poids du chien est de i£''s,8oo. — 4 janvier 1900, les Trypanosomes
n'ont pas reparu, néanmoins je fais un quatrième traitement (acide arsénieux i^^^ le
4 janvier, trypanroth Scs le 7). — Le poids du chien est de ii''e,90o le 5 janvier et
de i2''s,2oo le i3 janvier. Le 29 janvier, les Trypanosomes n'ont pas reparu dans le
sang du chien qui est en excellent état et qui peut être considéré comme guéri.
La guérison spontanée des infections produites par Trypan. gambiense
étant tout à fait exceptionnelle ('), les observations résumées dans cette
Note me paraissent démontrer que ces inteclions sont curables au moins
chez certaines espèces animales. La médication la plus efficace consiste,
actuellement (2^, dans l'emploi de traitements successifs par l'acide arsé-
nieux et le trypanroth. Les doses de ces médicaments efficaces dans le
traitement des Trypanosomiases étant voisines des doses toxiques et la
toxicité étant variable suivant les espèces animales, on conçoit que, pour
chaque espèce, les doses à prescrire doivent être rigoureusement déter-
minées, ce qui est particulièrement difficile pour l'espèce humaine.
MÉCANIQUE. — Faculté que le béton arrne possède de supporter
de grands allongements. Noie de M. Coxsidère.
Dans trois Communications faites à l'Académie le 12 décembre 1898, le
î janvier 1^99 et le i8 août 1902, j'ai rendu compte d'expériences qui
iémontrent les faits suivants :
« Lorsqu'on soumet des pièces de béton armé à la traction sim[)le ou à
(') Je parle du Trypanosome avec lequel j'expérimente en ce moment; la virulence
de ce Trypanosome pour les rats et les chiens a été exaltée par de nombreux passages
chez ces animaux.
(') Il faudra chercher, bien entendu, à perfectionner cette médication; il est à
désirer, par exemple, que l'on puisse remplacer le trypanroth par une substance aussi
active et moins toxique.
202
ACADEMIE DES SCIENCES.
la flexion, les fibres tendues se com[)ortent comme si elles n'étaient pas
armées tant que leur tension et leur allongement ne dépassent pas ceux que
le béton non armé peut supporter sans se rompre. Si l'épreuve est poussée
plus loin, le béton armé et préparé comme il convient peut supporter des
allongements beaucoup plus iorts pendant lesquels sa tension reste sensi-
blement constante et, par suite, son module d'élasticité est nul. »
Ces faits, acceptés par nombre d'ingénieurs comme base de la théorie et
du calcul des constructions armées, ont été accueillis par d'autres avec
incrédulité, malgré l'explication que j'en avais donnée dans la Communi-
cation du 2 janvier 1899. Des savants allemands et américains ont fait des
expériences de contrôle; ils ont observé que les pièces armées fabriquées
sous leur direction se fissuraient dès qu'elles subissaient les allongements
sous lesquels se brise le béton non armé; ils ont décrit les moyens em-
ployés par eux pour déceler les fissures capillaires et la conclusion qui
ressort, implicitement au moins, de leurs publications est que, dans mes
expériences aussi, il a dû se produire des fissures que je n'ai pas réussi à
apercevoir.
Pour trancher cette question, qui a une sérieuse importance au point de
vue de la théorie du béton armé et aussi des propriétés générales des corps
qui ont une constitution moléculaire analogue à celle des bétons et mor-
tiers, j'ai cru utile de faire de nouvelles expériences. Elles ont été exécu-
tées au laboratoire de l'École des Ponts et Chaussées, sous la direction de
M. Mesiiager, avec la collaboration de M. Mercier.
Des ouvriers de M. Grouselle, entrepreneur de béton armé, ont fabriqué
deux poutres de 3™ de longueur et de la section ci-dessous en employant les
procédés pratiques dont
tions spéciales.
avaient l'habitude et sans prendre de précau-
SÉANCE DU 3o JANVIER fgoS. 293
Le béton renfermait 4oo''Bde ciment de Portland de la marque E. Caudlot
et C'* pour 4oo' de sable et 800' de gravier calcaire. La quantité d'eau em-
ployée pour le gâchage représentait g,() pour 100 du poids des matières
sèches.
L'armement de la poutre consistait en deux barres d'acier doux de iG™"
de diamètre et trois barres de 1 •_'">'" placées près de la face qui devait subir
les plus grands allongements.
L'une de ces poutres a été conservée à l'air et couverte de sacs vides et
de planches qu'on arrosait fréquemment pendant le premier mois et tous
les deux jours ensuite; l'autre a été immergée après un jour de durcisse-
ment et conservée sous l'eau.
Ces poutres, fabriquées les 27 et 28 mai 1904, ont été essayées par flexion
les 21 novembre et 22 décembre. Posées sur des appuis distants de o™,o5
de leurs extrémités, elles ont subi la pression d'un appareil hydraulique en
deux points placés symétriquement à o*", 70 de part et d'autre du milieu, de
sorte que, sur une longueur de i'°,4o, le moment de flexion était constant
et l'effort tranchant nul.
Au milieu de cette longueur, on a observé les allongements de la face
tendue sur une longueur de i'",o2, au moyen de deux microscopes montés
sur une même tige et l'on a mesuré les raccourcissements de la partie com-
primée sur une longueur de o^.So au moyen de deux appareils Manet-
Rabut placés sur les faces latérales.
Conformément au plan fixé d'avance, on a arrêté le chargement au mo-
ment où l'allongement des fibres extrêmes du béton était de o^^.GaS pour
la première poutre et de i'"'",3oo pour la seconde. On n'apercevait alors
au microscope aucune fissure dans l'enduit mince et lisse de ciment pur qui
avait été appliqué sur la face tendue pour faciliter l'examen.
Pour chaque poutre on a ensuite enlevé au burin le béton qui recouvrait
les armatures et arraché celles-ci avec précaution, puis on a aplani, autant
que possible, la surface du béton ainsi entamé.
Enfin on a détaché, à la scie, du reste de la poutre la plaquette AB dont
la section est hachurée dans la figure.
En faisant l'épure des tléformations, on a reconnu que les diverses fibres
des plaquettes ainsi isolées avaient subi des allongements compris entre
o""",22 et o°"",5o pour la première et entre o"'",56 et i^^joy pour la
seconde et l'on sait que le béton non armé sebrise dès que son allongement
dépasse o'"'",io à o'"'",2o.
Ces plaquettes privées du secours des armatures métalliques et du béton
C. K., 1900, I" Semestre. (T. CXL, N° 5.) 38
1>()4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
moins fatigue auraient ilù tomber en morceaux au moment où la scie les a
isolées si le béton armé avait la même limite d'allongement que le béton
non armé. Or il n'en a rien été et l'on n'y a ajjerçu aucune trace de fissure.
Pour rendre impossible toute contestation, on a soumis ces plaquettes à
des épreuves de flexion et l'on a reconnu qu'elles avaient une grande rési-
stance.
Pour avoir un terme de comparaison, on a essayé de la môme manière les
parties supérieures BC des poutres dont on avait détaché les plaquettes en
question. Le Tableau suivant donne les résistances calculées par la formule
qui est généralement employée pour les pièces élastiques soumises à la
flexion.
Désignation
Partie
(les poulres.
essayée.
Position.
Késislancc.
Poutre n" 1.
Plaqtietle .\B.
Comme dans la figure.
32ks,8
»
»
Renversée.
27 ''6,1 et 32'
»
Partie BC.
»
36^s, I
Pou ire n° 2.
Plaquette AB.
Comme dans la figure.
22^ 2
»
Partie BC.
Renversée.
28^8,9
Pour apprécier ces chiffres il ftmt tenir compte des faits suivants :
Les faces des plaquettes AB avaient été obtenues l'une par burinage,
l'autre par sciage du béton et l'outil y avait fait des blessures qui pouvaient
amorcer des fissures et hâter la rupture.
D'autre part, l'essai des plaquettes AB a eu lieu le 28 novembre et le
12 décembre et celui des parties BC le 12 janvier. La résistance du béton
a certainement augmenté entre ces dates surtout pour la poutre n" 2 qui
a été immergée jusqu'au i'''" décembre et conservée depuis hors de l'eau.
Exposée à l'air, la chaux encore libre a dû se carbonaler en augmentant la
résistance du béton.
Il est donc démontré non seulement que le béton armé et convenable-
ment préparé peut subir, sans se briser, des allongements très supérieurs à
ceux qui bri.sent toujours le béton non armé, mais encore qu'après ces défor-
mations considérables il possède une résistance à la traction comparable et
peut-être égale à celle du béton qui n'a subi aucune déformation préalable.
Il est non moins certain que les constructions armées présentent géné-
ralement des fissures et la principale cause de cette différence est la sui-
vante.
Le béton exposé à l'air sec après sa fabrication subit un très fort retrait
pendant les premiers jours et n'a d'abord qu'une faible résistance. Si sa
SÉANCE DU 3o JANVIER lf)o5 290
contraction est entravée par des armatures métalliques, il n'a ni la force
nécessaire pour imposer au métal des raccourcissements importants ni la
ductilité qu'il faudrait pour se plier à ses exigences. Il se produit géné-
ralement des fissures d'abord invisibles qui s'ouvrent et se prolongent
lorsque la pièce armée est soumise à des tensions mécaniques. Au con-
traire, si l'on maintient le béton constamment humide pendant un temps
suffisant, son retrait est nul et rien ne tend à v produire des fissures pen-
dant qu'il acquiert de la résistance et de la ductilité. Sans doute, le béton
tend à se raccourcir lorsqu'on cesse de le maintenir humide, mais il possède
alors une résistance élevée et la faculté de supporter de grands allonge-
ments et il ne se fissure pas malgré l'entrave que les armatures apjiortent
à sa contraction.
L'éventualité des fissures force à donner aux armatures des sections suf-
fisantes pour résister à la totalité des tensions, mais il est néanmoins indis-
pensable de connaître les lois qui régissent les déformations non élastiques
du béton armé. En effet, sans elles, on ne saurait déterminer ni les défor-
mations des constructions armées ni les répartitions d'efforts dans les cas
où elles dépendent des déformations, ni les positions de l'axe neutre dans
les pièces fléchies et, par suite, les pressions qui se développent dans leurs
fibres comprimées.
MEMOIRES PKESEIVTES.
M. L. Bachelier soumet au jugement de l'Académie un nouveau
Mémoire intitulé : Probabilités continues du troisième genre.
(Renvoi à l'examen de M. H. Poincaré.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire përpétuei. signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Ouvrage suivant :
Cours du Collège de France de 1880 à 1904 et Travaux du laboratoire de
1875 à 190/i, par M. Ch.-A. François-Franck.
196 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Sur la nouvelle coméle à courte période 1904*' {Borrelly.
28 déc. 1904). Noie (]e M. G. Fayet, présentée par M. Lœwv.
Les observalions de cet astre s'étendant maintenant sur près d'un mois,
on a pu entreprendre une nouvelle recherche relative à son orbite, avec une
base beaucoup plus sûre; les résultats confirment pleinement le caractère
périodique de cette comète, caractère que l'on avait déjà indiqué ici comme
très probable.
On a pris cette fois, comme point de dépari, les lieu\ suivants :
l'JU.J. Al'.HI.J.O. ;i 1p rapprochée de l'horizim n'ont plus permis de poursuivre ces observations.
29S ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces diverses inrlicalions prouvent, snffisammenl que la ligne somhre flonl
il est question n'appartient |)asaux anneaux, n'est pas une tache, puisqu'elle
n'est pas entraînée dans leur mouvement de rotation. Est-ce une ombre
véritable, résultant d'une interception des rayons solaires par un corps
opaque? De prime abord on pourrait le supposer; mais l'éclat plus accentué
de la portion des anneaux comprise enlre la ligne sombre et la partie
éclipsée par la planète fait penser plutôt à une déviation, par réfraction,
de la lumière du Soleil aux environs de la planète. Les rayons lumineux
ainsi déviés laisseraient naturellement une région moins éclairée entre la
zone de concentration et le reste de l'anneau éclairé normalement.
Il est à remarquer que les ravons solaires qui éclairent la portion susdite,
plus lumineuse, des anneaux, passent à la latitude de la région actuellement
la plus tourmentée de Saturne, celle de la zone obscure de l'hémisphère
nord.
I/instrument qui nous a servi pour ces observations est un équatorial
de I -()'"'" d'ouverture utile et de 2"^, 02 de longueur focale. Les différents
oculaires employés donnaient des grossissements compris enlre 107 et 35o
fois. Quant aux conditions atmosphériques, elles ne laissaientgénéralement
rien à désirer ( ' ).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une propriété des ensembles Jermés.
Note de M. Emile Borel, présentée par M. Emile Picard.
Dans le dernier numéro des Comptes rendus, i\L Riesz indique une inté-
ressante généralisation d'un théorème que j'ai donné en 1894 dans ma
Thèse, et utilisé depuis dans plusieurs travaux. Cette généralisation a été
donnée pour la première fois par M. Henri Lebesgue, dont la démonstra-
tion est à peu près identique à celle que donne M. Riesz (voir, pour |)!us
de détails, Lebesgue, Leçons sur rintëgration et la recherche des Jonctions
(') Pour nous rendre conijjle des conditions alniosphériques au\ jours des obser-
vations, nous avons répété les expériences sur la scintillation que M. Bourgel fit au
Pic du Midi {Comptes rendus, t. GXXXVI, p. i^ig)- I-es nombres obtenus à l'équa-
torial de 170""" j)nur le rayon de courbure des ondes lumineuses varient de 63.00'"
à 2o4oo"'.
On peut encore ajouter comme preuve de la netteté des images que, le 24 novembre,
le i4 elle 20 décembre, nous avons remarqué que l'ombre de la planète était moins
accentuée sur l'anneau intérieur que sur l'autre.
SÉANCE DU 3o JANVIER igo5. - 299
primitives, p. io5, et Borel, Leçons sur (es fv notions de variables réelles et les
développements en séries de polynômes, p. 9).
Plus réceaiment, M. René Baire m'a communiqué une démonslration de
la généralisation de M. Lebesgue, qui n'est pas plus simple que celle de
M. Lebesgue, mais qui me parait, à certains égarils, intéressante. Voici
comment on peut l'exi^oser, en se bornant au cas du continu à une dimen-
sion :
Soient donnés des intervalles lels que toiil point du segment o — i soit intérieur à
l'un d'eux (le mol intérieur est pris au sens étroit, c'est-à-dire que les extrémités
d'un intervalle ne sont pas regardées comme intérieures à l'intervaHe). A tout nombre x
compris entre o et i on peut faire correspondre un nombre s défini comme il suit :
soient ah l'un des intervalles contenant x et h le plus petit des deux nombres positifs
X — a el b — ^; le nombre s est la limite supérieure des valeurs de h qui correspondent
à tous les intervalles al/ contenant ,r. Il est visible que le nombre s ainsi défini est une
fonction continue de jt, lorsque x varie entre o et i ; celte fonction continue admet
donc une limite inférieure r, (ju'elle atteint elfeclivement et qui, par suite, ne peut pas
être nulle. En désignant par r/ un nombre positif quelconque inférieur à r,, il est
visible que tout point x compris entre o et i est à l'intérieur d'un intervalle ab tel
que b — X el x — a soient tous deux supérieurs au nombre déterminé •(]'; il est clair,
dès lors, que l'on peut recouvrir tout l'intervalle o — i par un nombre d'intervalles au
|ilus égal à l'entier immédiatement supérieur à — ; donc, par un nombre fini d'inter-
valles. C'est le résultat qu'on voulait démontier.
Cette démonslration de M. Baire n'est pas sans analogie avec celle que
Heine a donnée de l'uniformité de la continuité (Journal de Crelle, l. 74).
C'est sans doute à cause de cette analogie que certains auteurs ont donné
au théorème dont il est question le nom de théorème de Heine-Borel. Il
semble d'ailleurs que l'on ait cru parfois que j'avais donné l'énoncé gétié-
ralisé ilù à M. Lebesgue, c'est-à-dire que l'on n'ait pas pris garde que mes
deux démonstrations (dont la première a des points communs avec celle
de M. Lebesgue) supposent toutes deux la dénombrabilité de l'ensemble
lies intervalles ilonnés. Je suis heureux que l'occasion me soit offerte de
signaler la part qui est due à M. Lebesgue dans le théorème généralisé et
ses applications (^voir sa Thèse et les Livres cités plus haut).
La propriété énoncée dans ce théorème caractérise les ensembles fermés.
[Voir BoREL, Contribution à l'analyse arithmétique du continu {Journal de
M. Jordan, iC)o'd, |). 829, et O. Veblen, The Heine-Borel theorem (Bulletin
0/ tlie American mathemalical Society, 1904, p. 436). )
Eu d'autres termes, pour qu'un ensemble E soit tel que, sicl\acun de ses
\
3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
points A est intérieur à un ensemble fermé d'un même nombre de dimen-
sions e^, il en résulte que chacun de ses points est intérieur à un nombre fini
d'ensembles choisis parmi les e^, il est nécessaire et suffisant que l'ensemble E
soit fermé.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les zéros des fondions entières d'ordre infini
non transfini. Note de M. Ed. Maillet, présentée par M. Jordan.
Voici un certain nombre de résultats pris parmi les plus saillants de ceux
que je viens d'obtenir au sujet des zéros des fonctions entières d'ordre
infini non transfini.
I. Soient a,, a^ 7.„, ... les zéros d'une fonction entière rangés par
ordre de module croissant, et
/•„>(log^^«)'^ (^-, et <: fixes, /{■, >o, |«„ I = /•,,)
dès que n est assez grand. J'appellerai produit canonique de facteurs pri-
maires corrèVàùï \e produit
n(.-i)«è'â-
OÙ p„= T„ log/^, T„ restant compris entre deux limites fixes arbitraires > o.
Alors, quand | :; | = r est assez grand,
o), si l'on décrit autour de chaque zéro a„ comme centre
(') E, s', ... sont toujours des quantités fixes positives, qu'on peut prenclr
petites qu'on veut dès que /( est assez grand.
SÉANCE DU 3o JANVIER igoS. 3oi
un cercle r„ de rayon r, = <'aX'"«)'"'' ''^^^ (k.„ r) quelconque >(/■, p) i^'),
en tout point extérieur à ces cercles dès que r ^=\z\est assez grand, on a
lF(--)|>0,.^,(r,)-
I T, arbitraire, pourvu que ( /.,, t, ) >> ( /•, p )|.
La surface totale des cercles r„ est limitée.
2" Pour une fonction entière d'ordre -^{k, p), on peuL déterminer une suite
indéfinie de couronnes circulaires D ayant leur centre à l'origine et telles que,
sur toute circonférence concentrique comprise dans une de ces couronnes, le
maximum M^ du module de F(s) pour \z\ = r soit =eA+i(^^~'')- La surface
totale de ces couronnes D est infinie.
'^° Soient une fonction entière
d'ordre (,'^',p). {k ou ?>o); ..., /«,, m., . .. les valeurs de m croissantes
pour lesquelles
|a„;i<(loe,/n;)*^"'^"\
La condition nécessaire et suffisante pour f/ue F(;) ait sa croissance régu-
lière est que
lim " — = = I pour m, = ce.
4° Soit G(-) une fonction entière ; si /"" est d'ordre (k, o) non transfini .
G{z) est d'ordre {k-i, p), {k > o ).
III. Soient A, (s), ..., A,,(s) des fonctions quasi-entières ou quasi-
méromorphes aux environs du point essentiel isolé s =: co, et «(;) la fonc-
tion à V branches définie par
f{z, u) = »■'+ f/''"'A,(s) +...+ \;(z) = o.
Si {k,y) est le maximum des ordres apparents de A,, .... A,,, f\z,u)
ne peut avoir: i° son ordre apparent <^(k, p) pour plus de [j. valeurs finies
distinctes de u, et ry. ^v — i; ■?." son ordre réel fini <^(k,p) pour plus de
[j. -+- a, inleurs finies distinctes de u, et \i.f^'). [j. 4- y-, = -'' — i ; 3° son ordre
(') Ce qui veiil dire i|iie l'on a soit /.,> /., soil - < p avec />,= /,.
C. R.. iqc5, I" Semestre. (T. CXL, N» B.) 3n
3o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réel des zéros < (Je, p) pour plus de a 4- y-, -t- i": 2v valeurs dislincles, finies
ou non, de II.
Ici V ordre réel des zéros àe, .^j{z) aux environs de :; = co est l'ordre du
produit canonique formé avec ces zéros; de même, pour l'ordre réel des
pôles, l'ordre r éel {proprement dit) est le plus grand de ces deux ordres.
IV. J'ai pu également étendre à peu près complètement aux fonctions
entières d'ordre infini non Iransfini les théorèmes de M. Borel sur la régu-
larité de la distribution des zéros d'une fonction entière d'ordre fini. Ainsi,
quand une fonction entière d'ordre réel et apparent (X-, p) n'a pas sa crois-
sance résiilière, la distribution de ses zéros est inéo-uUère.
GÉOGRAPHIE. — Sur la pr-ccision de positions géographiques obtenues en cours
de voyage avec l'astrolabe à prisme. Note de M. Driescourt, présentée
par M. Guyou.
L'Académie, en décernant il y a deux ans le prix Binoux à M. A. Claude
pour son Astrolabe à prisme a proclamé, par la voix autorisée de son rap-
porteur, la précision merveilleuse avec laquelle on peut, eu une heure
d'observations par nuit claire, déterminer la latitude et l'heure locale à
l'aide de cet instrument. L'affirmation du commandant Guyou était basée
sur l'inspection des nombreux résultats que nous avions obtenus à l'Obser-
vatoire de Montsouris en 1901 et 1902, M. Claude et moi, en nous plaçant
dans les conditions mêmes où l'on se trouve en cours de campagne. La
possibilité d'atteindre la même précision en voyage ne pouvait guère faire
de doute pour quiconque s'était servi de l'instrument et connaissait la ma-
nière de traiter les observations. Toutefois aucune expérience n'était encore
venue corroborer cette opinion. Les résultats que j'ai l'honneur de soumettre
à l'Académie permettent de combler cette lacune. Ils ont été obtenus par
mon collègue M. Cot et moi au cours de la campagne hydrographique de
17 mois que nous venons de faire sur les côtes de Madagascar et durant
laquelle nous avons fait usage systématiquement de l'astrolabe de
M. Claude toutes les fois qu'il s'est agi de déterminer la latitude ou l'heure
en vue du transport du temps.
Je rappelle que cet instrument sert à observer l'instant oh la hauteur
apparente d'un astre atteint une valeur rigoureusement invariable voisine
de 60°. La haute précision d'observation qui résulte du fort grossissement
SÉANCE DU 3o JANVIER IQoS. 3o3
de sa lunette et le grand nombre d'étoiles qu'il permet d'observer en un
temps suffisamment court, joints à cette égalité absolue de hautein-. en
font, pour celte hauteur unique, le véritable instrument de la méthode des
hauteurs égales de Gauss généralisée dont le principe est le suivant :
Si l'on connaissait exactement la hauteur vraie, chaque étoile observée
fournirait, pour l'heure de l'observation, un lieu géométrique de la |josi-
tion du zénith perpendiculaire à la direction de l'astre. En ramenant tontes
les observations à une même heure de la montre au moyen des heures
notées et de la marche supposée connue, on aurait une série de lieux géo-
métriques de la position du zénith à cet instant qui, abstraction faite des
erreurs d'observation et de celles des positions d'étoiles, se couperaient au
même point. En employant dans le calcul au lieu de la hauteur vraie incon-
nue une hauteur approchée, on obtient des lieux géométriques tangents à
un petit cercle qui a pour centre le zénith et pour rayon l'erreur de la
hauteur. Il importe seulement dans l'application, tant pour le choix des
étoiles à observer en vue de la meilleure détermination de ce petit cercle
que pour son tracé sur le graphique à grande échelle, d'avoir égard à la
précision relative de chacun des lieux géométriques, laquelle, en un même
lieu, varie avec l'azimut de l'astre.
I. A Madagascar même, nous avons été amenés, par nos Iravaux, à observer au?^
cinq points suivants : Nosy Maroanlaly et Cap Bepoaka sur la côte ouest, Majunga et
Hellville sur la côte nord-ouest, et Antsirana ( baie de Diégo-Suarez). En ces trois der-
niers, comme il ne s'agissait que d'obtenir l'Iieure, la latitude ayant été déterminée
antérieurement au moyen d'un petit cercle méiidien portatif, nous aurions pu nous
contenter de prendre des étoiles horaires. Nous avons préféré cependant observer dans
toutes les directions, car il y a avantage, même lorsqu'on ne cherche qu'une des incon-
nues, à prendre le problème dans toute sa généralilé. Nous avons ainsi obtenu de nou-
velles valeurs des latitudes des piliers méridiens de Majunga, Hellville et Antsirana
dont la comparaison avec les anciennes va nous permettre de juger de la précision
relative des déterminations de latitude avec les deux instruments.
Le Tableau suivant résume les résultats fournis par nos observations en ce qui con-
cerne les latitudes et donne en regard, pour les trois derniers points, les chilTres cor-
respondants obtenus avec le cercle méridien.
07/ 7/03 22 18.24.59,4 S. j
Nosy Maroanlaly ) 3o, 8 <> 18 69,7 f
(pointe nord). 1 aS ' g » 21 09, G 1
1 29/>o " -7 59,2 )
3oi ACADÉMIE DES SCIENCES.
slrolabc
Cap BepoaUa
1 1 ■< ' •) /fil
(n- signal).
1-, ,.;ur
Majunga
, ./ 8/03
(pilier méridien).
llellville
\ 4/:o/03
(pilier méridien).
(
.7/ 3/(H
Anlsirana
\ M./ 4/ '.
( pilier méridien).
i ^4/ 4/ ..
'j3.22,.;S.
.!2,3 15.^3. -2, .S S. i 'l'i .5.(13.24,2 8.
■J>;7 ' (M. Favé.)
.2è,:>S. I i3.2'|.-,!3,5S. .''. li] 15.24.33,4s.
) (M. Favé.)
.20,85. \ \ .5^ 12. iG. 19,6s.
20,4 f (M. Favé.)
:o,3S. .2.16.23,4 s.
( M. Mion.)
::■: \
A part le résultat du 3 novembre à Majunga qui présente quelque inceitilude en
raison de la variation rapide de marche dn compteur dans le cours des observations,
et auquel pour ce motif nous avons donné un poids |, on voit que tous les résultats
obtenus en une heure s'écartent au plus d'une demi-seconde de la latitude adoptée
correspondante. Ainsi, quoique, par suite de la pénurie d'étoiles bien déterminées
dans l'hémisphère sud, nous n'ayons pu. en obseivei- que 20 en moyenne par série
d'une heure au lieu de 3o que nous avions à Monlsouris, l'écart maximum reste sensi-
blement le même.
Les résultats partiels pour un même point étant absolument indépendants les uns
des autres, on peut en conclure que l'erreur de chacun d'eux et a fortiori celle
de chaque moyenne ne dépasse pas une demi-seconde d'arc.
Parlant de là, le Tableau montre :
i" Qu'à Majunga, la latitude fournie par deux longues soirées d'observations au
cercle méridien est erronée d'au moins i",4;
2° Qu'à Hellville, l'astrolabe, en une heure d'observations, a donné à o",i près
le chiffre qui résulte de 5 soirées au cercle méridien avec 61 étoiles;
3° Enfin qu'à Diego, M. Favé, en 4 soirées avec 09 étoiles, a obtenu un résultat
moins approché que l'un quelconque des nôtres, et M. Mion, en 3 soirées avec 17 étoiles
seulement il est vrai, a trouvé un chiffre qui s'écarte du véritable d'au moins 2", 6.
C'est à dessein que je cite les noms de ces deux habiles observateurs pour montrer
que le petit cercle méridien ne peut guère donner mieux que ce que l'on vient devoir
et que, pour obtenir avec cet instrument une latitude aussi précise qu'avec l'astrolabe
en une heure, il faut un assez grand nombre de soirées.
II. La Nièvre ayant été envoyée à la Réunion à la suite du cyclone du 21 mars igo^
pour porter les secours de la colonie de Madagascar, nous avons profité de ce voyage
pour déterminer la position géographique du mât de signaux du Port des Galets en
nous servant de l'astrolabe à prisme. Nous avons obtenu pour la latitude de ce point :
Pai' les observations du 1 1 avril 1904 2o''55'34'',5 S.
" 13 » 2o<'55'34",9 S.
SÉANCE DU 3o JANVIER IQoS. îoS
La soirée du i i a été fortement contrariée par les nuages et le tracé du cercle lan-
gent aux droites de hauteur présente une légère incertitude. Celui du 12, au contraire,
est bien déterminé. Nous adoptons, en conséquence, le résultat du 12, 20"'55'34",9 ou
en chiffres ronds 20° 55' 35" S.
111. L'examen des graphiques d'observations montre que l'état du
compteur est obtenu, en général, à o%o5 près, erreur à peine supérieure
il celle de la latitude : c'est la conclusion à laquelle nous étions arrivés,
M. Claude et moi, en 1902, avec les observations faites à Montsouris.
Quant aux différences de longitude par transport de temps qui se
déduisent des états ainsi déterminés, elles se ressentent très nettement de
leur exactitude, mais il est évident qu'elles ne peuvent rien ajouter à la
preuve fournie par les graphiques et, pour cette raison, elles ne sauraient
trouver place ici.
PHYSIQUE. — Sur an enregislreur des ions de l'almosphcrc. Note ilc
MM. P. Langevin et M. Moulix, présentée par M. Mascdrt.
1. Les mesures que nous poursuivons au sommet de la tour Eiffel sur
le nombre d'ions contenus normalement dans l'air nous ont montré, con-
formément aux résultats obtenus en Allemagne par d'autres expérimenta-
teurs, l'existence de variations continuelles et rapides. D'où la nécessité
de transformer la méthode d'Ebert pour obtenir uu enregistrement con-
tinu qui soit applicable aussi bien aux ions ordinaires de grande mobilité
qu'aux gros ions dont l'existence et l'importance numérique ont été si-
gnalées dans une Note présentée par l'un de nous dans la derni'ère séance.
L'énorme différence des mobilités de ces deux sortes d'ions nécessite l'em-
ploi d'enregistreurs différents, basés néanmoins sur le même principe.
IL Nous avons pu réaliser un appareil de ce genre qui fonctionne
actuellement au Collège de France et que nous installerons prochainement
au sommet de la tour Eiffel.
Un courant d'air puisé à l'extérieur par un aspirateur rotatif que commande une
turbine à eau (ou un petit moteur électrique), dont le fonctionnement n'a pas besoin
d'être régulier, passe d'abord dans un condeiisateur cylindrique ( ') de capacité C
(') Nous nous sommes assurés, par des expériences comparatives, que le passage de
l'air dans des tubes métalliques mêmes coudés, avant son arrivée dans le condensateur,
ne modifie pas appréciablement les résultats si le séjour dans ces tubes est suffisam-
ment court.
3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui peut, être chargé par une Laiterie craccuuiulateurs sous une difTérence de polen-
ùeï V et dont Télecti-ode inlérieuie peut communiquer, soit avec Tune des paires de
quadrants d'un éleclromètre du genre Curie, très amorti par un dispositif magné-
tique spécial et dont l'aiguille est chargée, soit avec la cage de cet électromètre main-
tenue au même potentiel que l'autre paire de quadrants, que l'un des pôles de la bat-
terie Vet que les écrans conducteurs disposés autour des canalisations; nous prendrons
ce potentiel commun pour zéro. L'autre pôle de la batterie est à l'armature extérieure
du condensateur.
Le courant d'air de débit U (environ lo' par seconde) passe ensuite dans un ané-
momètre Richard qui peut être remplacé par un compteur à gaz pour l'es débits plus
faibles employés dans les mesures relatives aux gros ions. La m^inuterie de l'anémo-
mètre ou du compteur porte des contacts disposés de telle manière qu'après passage
d'un volume constant d'air (7"' pour ranémomètre) un mouvement d'horlogerie se
déclanche qui accomplit, au moyen de cames convenalîles, les opérations suivantes :
1° L'électrode E, qui recueillait les ions d'un certain signe et communiquait avec
l'électromètre, est séparée de celui-ci qui reste isolé, et ramenée au potentiel zéro où
elle est maintenue pendant un temps très court, suffisant pour qu'une came voisine
réalise l'inversion du champ dans le condensateur C en inversant les connexions de la
batterie V. L'électrode est ensuite isolée et recueille les ions du signe contraire au
précédent.
2" L'électromètre qui vient d'être isolé, et qui avait dévié d'une quantité proportion-
nelle au nombre d'ions recueilli pendant la période précédente, reste isolé pendant un
temps suffisant pour que la position atteinte par l'aiguille se marque nettement, grâce
à un faisceau lumineux réfléchi, sur un papier sensible que porte un cylindre tour-
nant placé à I™ environ du miroir de l'électromètre derrière une fente horizontale.
3° Après quelques secondes, l'électromètre est ramené au zéro, où il se fixe presque
immédiatement, grâce à son amortissement, et où il reste un temps suffisant pour que
cette position se marque à son tour.
4° Enfin l'électromètre est isolé de nouveau et remis en communication avec l'élec-
trode E qui partage avec lui les charges qu'elle a recueillies depuis l'opération 1°,
l'ensemble des opérations ultérieures ayant demandé 60 secondes environ. L'électro-
mètre dévie, et cette déviation augmente jusqu'à ce que le volume d'air fixé ait de
nouveau passé dans l'anémomètre, en 10 à i5 minutes. Un nouveau contact se produit
alors dans la minuterie et la même série d'opérations se répète, alternativement pour
les ions des deux signes. On obtient ainsi deux ou trois points par heure pour chaque
signe.
La condition pour que l'appareil ait recueilli tous les ions de mobilité
supérieure à k est d'après la Note citée :
^ - U ^ ^ k
Si l'on veut enregistrer seulement les charges portées |)ar les ions ordi-
naires, de grande mobilité (A' = 5oo environ si V est mesuré en unités
SÉANCE DU 3o JANVIER igoS. 807
électrostatiques), on doit employer une capacité faible et de gros débits.
Pour mesurer au contraire la lolalilé des charges |X)rtées par les ions petits
et gros (k à 20 pour too) sont malléables à
chaud, tandis qu'ils sont brisants à froid.
Nous basant sur le remarquable diagramme établi par MM. Heycock et
Neville qui détermine la constitution des alliages cuivre-étain, nous avons
cherché à préciser l'influence de la trempe sur les propriétés mécaniques.
A cet effet, nous avons soumis à des trempes, dont la température variait
de 3oo" à 800", des bronzes renfermant de 5 à 21 pour 100 d'étain.
Les Tableaux suivants résument les principaux résultats obtenus :
[■2,T -kS
11,1 0,7
?!,■>. 3,9
ipoi-atuic lie iroinpc.
n-
Non ireiiipr'.
20,0
55o"
38,6
65o
38,3
700
35,8
7.50
35,2
Température de Irem
ipe.
H.
E.
Non li-empù.
25
4.7
3oo»
9.2
?
400
24.4
?
5oo
19.4
5,6
55o
4o, 1
10, [
600
4^,6
7
65o
36,3
?
700
n,4
".'
750
2q,6
?
Tvpi: 111.
Température de trempe.
H.
Non trempé.
24,1
5oo»
21 ,7
55o
23,7
600
28,0
65o
28,0
700
28,0
700
3o,5
■J,9
3,6
.V poiu
3
3
SÉANCE DU 3o JANVIER iqo"). Sop
Température de trempe.
R.
E.
A pour K
Non trempé.
25,4
10,3
t6,5
400°
.8,4
10,5
l4
5oo
18,4
10,5
11,5
600
2.5
9.2
23,5
700
25
10,5
23,5
800
20,7
7>'
3o
900
3,9
3,9
2
Type V.
— Cu = 95. Sn =: 5.
Température de trei
11 po
K.
E.
A pour .,
Non trempé.
'9.2
?
20
300°
24,0
10,3
27,5
450
24,6
11,1
27
5.5o
23,4
6,8
28
600
21 ,0
?
27
65o
■9,3
6,1
25
700
.9,3
4,8
20
7.50
19.2
7.5
22
800
6,7
?
3
En rapprochant ces différeals résultats on voit que :
1° Les alliages renfermant plus de 92 pour 100 de cuivre voient leur
charge de rupture augmenter un peu par trempe à basse température entre
400° et 600°. Les allongements subissent des variations analogues;
2° Pour des métaux contenant moins de 92 pour 100 de cuivre, la charge
de rupture et les allongements croissent très nettement dès que la tempé-
rature de trempe dépasse Soo". Ceci est absolument en accord avec le dia-
gramme de MM. Heycock et Neville.
Le maximum de la charge de rupture est atteint quel que soit le bronze
pour une trempe faite aux environs de 600°.
Le maximum des allongements parait, au contraire, se déplacer avec la
composition de l'alliage. Il a lieu par une trempe à 800° pour le bronze
Cu = 91, Sn = 19; par une trempe à 600" pour l'alliage Cu = 79, Sn = 21.
La différence entre la charge de rupture du métal brut de coulée et celle
du métal trempé à la température la meilleure est d'autant plus accentuée
que la teneur en cuivre est plus faible.
Quoi qu'il en soit, on doit conclure que la trempe des bronzes faite entre
600° et 800" améliore considérablement les résultats des essais à la traction.
c. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N- 5.) 4°
3lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il reste à voir l'influence de ce traitement sur la résistance au frottement.
Il ne faut pas oublier en effet que, fra|)res les travaux de MM. Hevcock
et Neville, la trempe fait disparaître le composé S(Cu*Sn) qui est un corps
très dur et peut jouer un rôle important dans le frottement.
En résumé, aux changements de constitution étudiés par MM. Heycock
et Neville correspondent les transformations très remarquables des pro-
priétés mécaniques que nous avons précisées dans cette étude.
CHIMIE MINÉRALE. — Sesquioxyde de fer colloïdal , modificalion brune.
Note de M. P. Nicolardot, présentée par M. Henri Moissan.
Les sels ferriques cristallisés sont blancs pour la plupart : azotate, sulfate,
formiate, fluorure. Le sesquioxyde de fer normal devrait être blanc, et, en
fait, on peut l'obtenir à cet état, pendant quelques instants, en versant
dans l'ammoniaque refroidie une solution ferrique concentrée et de pré-
paration récente; mais, dans l'eau ou dans l'alcool absolu, le sesquioxyde
de fer, précipité de ses solutions neutres ou acides, est brun.
Cet oxyde précipité subit encore des modifications, et il devient peu à
peu insolubledansla plupartdesacides. Lessolutionsferriqueselles-mèmes,
comme on le sait depuis fort longtemps, se colorent sous l'action du temps,
de la chaleur, de la dialyse. Elles deviennent très brunes ou rouges; elles
contiennent alors, suivant i'opipion généralement admise, l'oxyde soluble
de Graham ou l'oxyde soluble aussi de Péan de Saint-Gilles. On obtient
aussi des précipités jaunes insol^bles qui renferment une autre modification
considérée, par tous les auteurs, confimp étant la modification insoluble.
Par suite de quels phénomènes le sesquioxyde de fer, dpnt les sels cri-
stallisés sont incolores, se présente-t-il sous des couleurs si diverses, noire,
jaune ou rouge dans ses solutions ou à l'état de précipité? Quelle est la
nature des combinaisons complexes étudiées par M. Béchamp ou tles oxydes
solubles de Graham et de Péan de Saint-Gilles? Comment relier des faits
en apparence contradictoires et qui servent d'appuis aux théories les plus
diverses?
On trouve une explication très simple de tous ces faits en admettant que
la molécule de sesquioxyde de fer subit des condensations diverses et
MM. Wyronbolf et Verneuil ont les premiers émis celte idée dans un remar-
quable Mémoire sur les oxydes condensés des terres rares.
Pour vérifier l'exactitude de cette hypothèse et déterminer la grandeur de la mole-
SÉANCE DU 3o JANVIER igOD. 311
cule, je n'ai pas pu recourir aux. méthodes physiques ou physicochimiques, puisque,
la plus précise de toutes, la détermination de la densilé de la vapeur, est ici inappli-
cable et que, d'après l'opinion générale de tous les physicocliimistes, qui admettent
l'existence d'une fonction colloïde, les substances colloïdales ne relèvent pas de la loi
de Raoult.
J'ai eu recours à l'analyse chimique et j'ai cherché à déterminer quelle était la quan-
lilé d'eau contenue dans la molécule de sesqnioxyde de fer, soit quand elle était com-
binée au radical acide, soit quand elle en était séparée par précipitation. Le composé
initial ou l'hydrate ferrique que l'on en retirait étaient amenés à poids constant, tou-
jours dans les mêmes conditions.
J'ai été amené ainsi à reconnaître l'existence de quatre modifications du sesquioxyde
de fer dont les condensations diverses produisent les solutions brunes, jaunes
ou rouges.
J'ai réussi en effet à obtenir des combinaisons solubles de la modification jaune. Je
ne m'occuperai dans cette Note que des condensations présentées par la modification
brune.
Cette modification existe dans les composés de M. Béchamp. Ce sont des combi-
naisons complexes neutres aux réactifs, comme certains composés de la Chimie orga-
nique, car le chlore n'est pas précipité par le nitrate d'argent, le fer n'est pas révélé
par le ferrocyanure ni par le sulfocyanure de potassium. Le premier terme qui présente
ces propriétés possède, selon ce savant, la composition Fe-Cl'^, 5Fe^0'.
En dialysant ces composés, on arrive à un corps excessivement pauvre en chlore,
considéré jusqu'ici comme du sesquioxyde soluble renfermant un peu de chlore comme
impureté : l'hydrate colloïdal de Graham.
Par des méthodes spéciales, j'ai réussi à obtenir ces divers composés très purs
et leur analyse m'a conduit aux formules suivantes :
Composé total. Oxyde.
Premierterme (Fe'0=); (CIH); ("'O)]'» [(Fe'-O') {H^O)^"
l (Fe'O')î^ (C1H)?(1F0)1,\» [(Fe^G')(H^O)'."r
Termes intermédiaires, j (Fe^O')^,» (CUt); (H'-O)?^'^ [(Fe^O') (H^O)'.»]-
Corps de Graham (Fe^O')^'*' (ClH)UH^O)n,',-« [(Fe^O') (U'-O)'-^]-
D'autre part, à l'aide de la dialyse, j'ai pu retirer les composés bruns qui se forment,
en versant goutte à goutte, dans l'eau bouillante, du perchlorure de fer concentré; les
composés ainsi obtenus présentent les mêmes propriétés que ceux de M. Béchamp,
comme eux, ils sont des colloïdes. Ils n'en dilTèrent que par une solubilité moindre et
une coloration moins intense. L'analyse de ces composés conduit à leur attribuer les
formules suivantes :
Composé total. Oxyde.
Premierterme (Fe^O')? (CIH); (PPO)? [(Fe'0')(H-^0)'.^]'-
i (Fe"-0^);'„(CiH)f(H^O)l»,'r [(Fe"-0')(H^O)'.'r
Termes intermédiaires, j ^pe^O')!' "(CIH); ( H^O)J^, L(Fe^O')( «'^O)''"]"
Corps de Graham (Fe-O')!^'' (CIH)? (H-O)^^ [(Fe^O»)(H^O)'l"
On peut passer des corps de M. Béchamp aux composés de la série parallèle en les
3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chaufTant à loo", soil à l'i-lat sec pour les premiers termes, soit plus rapidement en
solution. Inversement, les composés obtenus à chaud s'hydratent lentement en solu-
tion et tendent à passer à l'état de véritables composés de M. Béchamp.
J'ai étudié les composés analogues obtenus avec d'autres acides et, pour
tous, j'ai trouvé un terme limite comparable, retenant toujours du brome,
de l'iode, de l'acide nitrique. En outre, j'ai constaté que l'hydrate ferrique
était un merveilleux réactif pour déterminer la valence d'un acide et aussi
la présence de fonctions alcooliques dans les acides organiques.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la chloruration de la méthylèthylcèlone .
Note de M. André Kli.ng, présentée par M. Troost.
L'action du Cl sur la niéthylélhylcétone a été étudiée pour la première
fois par Vladesco (') et a fourni à cet auteur deux dérivés : l'un dichloré,
l'autre monochloré. A celui-ci l'auteur attribua la constitution
CH'COCHCICH',
en se basant sur ce fait que, par saponification, il se transforme en
CH'COCHOIi.CH'.
Quelques années plus lard, V. Reymenant (^), revenant sur cette question
et opérant soit avec Cl, soit avec SO-CI, prépara à nouveau le dérivé
monochloré de Vladesco, mais ne put retrouver le composé dichloré. Par
contre, il décrivit un nouvel isomère monochloré bouillant à i25° et auquel
il attribua la formule CH-C1C0C-H% en considération de ce que, par oxy-
dation azotique, ce dérivé chloré fournit CHCl-CO-H.
Enfin, dernièrement, M. Rolshorn (') indiqua incidemment, dans uu
travad sur les amino-alcools, qu'd avait obtenu, à l'état impur, l'isomère
monochloré deReymenanl par action du Cl sur l'acétone aqueuse en présence
du marbre. Il n'insiste pas du reste sur celte préparation au sujet de
laquelle il ne donne pas de détails. C'est précisément la raison qui me
décide à publier les résultats d'une étude que j'ai faite autrefois en vue de
rechercher les meilleures conditions de préparation des dérivés mono-
(') BuU. Soc. c/iùn., 3= série, t. VI, p. 407.
(^) Bull. Ac. R. de Belgique, 1900, p. 724.
(^) Berichte, 1904, p. 2474.
SÉANCE DU 3o JANVIER IQoS. 3l3
chlorés de la méthvlélhylcétone. Ces recherches m'ont précisément conduit
à adopter le procédé auquel l'auteur allemand fait allusion et qui n'est autre
qu'une modification de la méthode que Frilsch a proposée pour la prépa-
ration (le la monochloracétone.
J'ai constaté que les résultats obtenus dans une cliloiuralion incomplète de la méthyl-
éthylcétone sont à peu près équivalents quels que soienl les chlorurants employés
(Cl, Cl + 1, SOCIS Cl + H-^0 + CaCO^).
Néanmoins, c'est avec la solution aqueuse d'acétone, le chlore et le marbre qu'on
obtient les produits les plus purs et le minimum de produits de queue. C'est donc ce
dernier procédé que j'ai adopté et étudié en détail. J'ai observé, en outre, qu'en
opérant à froid, ainsi que le recommandent la plupart des auteurs (Frilsch, Kolshorn),
il se produit fréquemment des explosions dues à ce que, par action du Cl sur l'eau et
le marbre, il se fait ClOH qui s'accumule dans l'eau pour ne réagir sur la cétone qu'à
un certain moment en donnant une réaction très violente. Au contraire, en opérant
vers 6o''-70'> on détruit l'acide hypochloreux sitôt que formé et l'on obtient une réac-
tion très régulière et des rendements très avantageux.
Les meilleures conditions opératoires sont réalisées en partant d'un mélange de
5 parties de cétone, 2,5 parties de IV O et i partie de marbre qu'on chlorure rapide-
ment à la température de 70°. Après dissolution de tout le marbre, on décante la couche
supérieure du liquide, on la sèche sur le CaClS on chasse l'excès de cétone et l'on frac-
tionne à la colonne. Dans une opération au cours de laquelle on a traité en 5 fois S^s de
cétone industrielle, l'e, aSo de cétone ont été transformés et l'on a obtenu, après 7 tours
de fractionnement à la colonne à 6 boules, 8ooe d'un premier dérivé monochloré
bouillant entre iiS" et 118° et 2o5s d'un second passant entre iSi^-iSS". Par trois rec-
tifications à la colonne à 20 boules sous 3o»°' on a amené la portion nS"-! 18° à bouillir
à4o<'-4i°(H = Se"-") [soit 114-117, 11 = 760] et la portion iSi^-iSS-'à passer entre 09°
et 60° (H = 3o"'-) [soit i34-i36, H = 760].
La portion 1 14-117 est la cétone chlorée CH'CHCICOCH', dont Vladesco a dé-
montré la constitution en la transformant, par saponification, en CH^CHOH.COCH^
J'ai complété cette démonstration en transformant, parréduction, cet alcool cétonique
en glycol CIPCHOH.CHOH.CH^ Quant à la cétone chlorée i34-i36, c'est l'isomère
((ue V. Reymenant a obtenu pour la première fois et qu'il donne comme bouillant à
125°. Cette divergence entre nos résultats provient vraisemblablement de ce que
l'échantillon préparé par V. Reymenant était un mélange des deux isomères 1 14 et i34.
Un dosage de Cl effectué sur le produit i34-i36 m'a donné, pour C^H'CIO,
Cl trouvé 33, 3o
Cl calculé 33,33
Quant à la constitution de cet isomère, elle ne m'a pas paru suffisamment établie par
ce fait que l'oxydation azotique de cette cétone chlorée fournit CH-ClCO-ll. Nous ne
3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
savons si les cétones halogénées suivent la loi de Poppof, déjà peu rigoureuse en ce qui
concerne les célones non subsliluées, par conséquent l'oxydation mentionnée ci-dessus
ne nous apprend pas si nous avons affaire à CH-CIGOC^H' ou à CHHJOCH-CH^Cl.
Pour lever cette indétermination, j'ai transformé la cétone chlorée en alcool célonique
qui, par réduction, m'a fourni le glycol C'H°.CHOHCH^OH. Ce qui cette fois établit
que le produit i34-i36 a bien pour constitution C-H'COCH-CI.
Dans la réduction des alcools cétoniques C=IPCOCH-^OH et CIFCOCH OHCH^,
j'ai obtenu, à côté des gljcols correspondants, de la méthjlélhylcétone en quantités
notables.
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Acli&n de l'acide azotique dilué sur les fibres
végétales. Noie de M. Jasdi.v, présentée par M. A. Haller.
On sait que l'acide azotique dilué peut, vis-à-vis de certains composés,
même à la lenipéralure ordinaire, jouer le rôle d'agent oxydant susceptible
de proiluire très régulièrement des oxydations très douces. Ces oxydations
m'ayant paru comparables aux oxydations |)roduites par l'air et la lumière,
j'ai songé à les appliquer aux fibres végétales dans le but de simplifier le
traitement suranné et dispendieux des fibres blanchies par les procédés
habituels des expositions nombreuses sur prés.
J'ai observé qn'aprés avoir soumis la cellulose du lin à l'action d'une lessive alca-
line, puis d'une immersion dans l'acide chlorhydrique dilué, on pouvait remplacer les
effets des longues expositions sur prés par des immersions de 5 ou 6 heures, à froid,
dans l'acide nitrique dilué à 5 pour looo environ; chacune de ces immersions peut
être suivie d'un traitement aux lessives alcalines, en vue de dissoudre les impuretés
rendues solubles par l'oxydation. Après environ quatre oxydations, ainsi pratiquées, je
me suis trouvé en présence de fibres dtint l'état était en tout semblable, comme aspect,
à cflui des tissus de lin soumis six à huit fois à des expositions siir prés, avec une ma-
nipulation au moins trois fois plus longue.
Ce nouveau mode de blanchiment du lin, comparé avec les procédés usuels des
expositions sur prés, a donné les résultats suivants :
I. Perte de poids au blanchiment. — Elle est sensiblement la même dans les
deux cas.
II. Allongement de la fibre. — Les essais faits sur des faisceaux de lo fils sur
loo"'™ de long, provenant d'un même fil de lin, ont donné pour le blanchiment azo-
tique un allongement t\0 à 5o pour loo plus grand que pour le blanchiment sur prés.
III. Résistance. — Les essais comparatifs des faisceaux ci-dessus ont donné, pour
le blanchiment azotique, une supérioiité de i5 à iS pour loo.
IV. Vea^amcn microscopique a été fait après passage en solution iodée, puis en
solution sulfurique glycérinée. Il a fait constater pour le blanchiment nitrique, comme
SÉANCE DU 3o JANVIER igoo. 3l5
différences très nettement marquées, de très nombreuses cloisons transversales, un
canal central parfailement vidé, une liomogénéilé remarquable de la matière de la
fibre et son affinité très régulière pour le colorant, tes fibres provenant des traite-
ments habituels sur prés sont loin de montrer une pareille intégrité des cloisons trans-
versales; le canal central n'y est jamais totalement vidé et la matière de la fibre s'y
montre le plus souvent hétérogène et pigmentée.
En résumé, ces résultats montrent que les composés oxygénés de l'azote
et spécialement l'acirle azotique dilué sont susceptibles de provoquer des
oxydations lentes des fibres végétales; ce procédé offre, sur le procédé
d'oxydalion par expositions sur prés, les avantages suivants : économie de
temps et de main-d'œuvre, homogénéité parfaite de la fibre se prêtant à
une imprégnation régulière de la matière colorante.
MINÉRALOGIE. — Sur la fiedlerite. Note de M. A. de Schulten,
présentée par M. A. Lacroix.
M. A. Lacroix, ayant découvert une quantité notable d'assez grands cris-
taux de fiedlerite dans les scories plombeuses athéniennes immergées du
Laurion, a bien voulu me confier l'examen chimique de ce minéral, dont
la composition quantitative n'est pas connue, les très petits cristaux décrits
par vom Rath n'ayant pu se prêter qu'à des essais qualitatifs.
Les cristaux sont incolores; leurs faces sont un peu ternes. Ils sont par conséquent
légèrement altérés.
Chauffés dans un tube de verre étroit, au bec Bunsen, ils décrépitent et deviennent
opaques en perdant de l'eau. Ils fondent ensuite en donnant, avec un sublimé de chlo-
rure de plomb, une masse où l'on observe des cristaux tabulaires. La laurionite donne
dans les mêmes conditions une masse fondue renfermant de longs prismes enchevê-
trés (»).
Le minéral est assez facilement attaquable par l'eau froide. Des fragments de cris-
taux transparents exposés à l'action de l'eau pendant l heure deviennent opaques.
Il se dissout facilement à froid dans l'acide azotique sans dégagement d'acide carbo-
nique.
La fiedlerite est un oxychlorure de plomb hydraté. Chauffé à tSc» il perd son eau.
L'analyse quantitative a été faite avec os, 5 1 45 de matière, après déduction de os, 0020
de gangue insoluble dans l'acide azotique à froid.
(') A. DE ScHULTEN. BuU. Soc. de Min., t. XX, 1897, p. 186.
3l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'analyse a fourni les nombres suivants qui conriuiseiil à la formule
PbO,2PbCl»,H'0 ou 2pbOHGl,PbCI' :
lioiivé. Calculé.
Cl 17,48 17,80
Pb 5i,oi 51,9.5
PbO ^.9,02 27,99
H^O 3,33 2,26
99,84 100,00
Les cristaux étant légèrement altérés à la surface, il devient probable qu'ils ont subi
l'action de l'eau qui leur a enlevé une petite quantité de chlorure de plomb. ,\insi
s'expliquerait la diflérence entre les nombres donnés par l'analyse et ceux déduits de
la formule.
La formule de la laurionite étant PbO, PbCI', H-0 et celle de la penfieldile
PbO,2PbCl^, la fiedlerite est ainsi surtout voisine du dernier composé; il n'en
diffère, en effet, que par la présence de 1"°' d'eau. Aussi trouve-t-on la fiedlerite et
la penfieldite associées dans les mêmes géodes des scories de Laurion, comme l'a
déjà fait remarquer M. A. Lacroix (').
La fiedlerite raye difficilement le calcaire; sa dureté est donc un peu supérieure à 3.
La densité, prise avec os,5i de matière, dans l'acétate d'amyle, a été trouvée égale
à 5,88 par rapport à l'eau.
MINÉRALOGIE. — Les sels de la région du Tchad. Note de M. H. Courtet,
présentée par M. A. Lacroix.
On peut considérer le Tchad comme la limite méridionale d'une vaste
région du centre africain, s'étendant au nord, jusqu'à Bilma (i8°3o' delat.
et 1 1° de long.), à l'ouest jusqu'à Agadès (17° de lat. et 6° de long.), et à
l'est jusqu'au Dar Ouara (18° de lat. et 20° de long.), et dans laquelle
abondent les sels alcalins.
Le gisement de Bilma estdepuis longtemps connu et, selon Barth, il fournit
deux espèces de sel : du chlorure de sodium ayant un goût amer, et un
autre sel plus fin pouvant être utilisé par les Européens. Barth signale en
outre sur les bords des bassins d'extraction la production de longues ai-
guilles salines (sulfate de magnésie?). Ce voyageur indique aussi qu'on
(1) A. Lacroix, Comptes rendus, t. GXXIll, 1896, p. gôj.
SÉANCE DU 3o JANVIER igoS. 3 17
recueille du natron un peu au nord-est d'Agadès et que les grès de cette
ville sont saturés de sel.
Nous avons étudié sur place (mission Chari-Lac Tchad) les alentours du
Tchad. Les environs immédiats de la partie est et nord-est du lac sont
caractérisés par une série de bassins ou de lagunes, communiquant plus
ou moins avec lui au moment de la crue, et s'asséchant ensuite en aban-
donnant sur le sol des croules alcalines.
Une des lagunes que nous avons particulièrement explorée est celle de
Grand Baissé. Au moment de son assèchement, la croûte saline de quelques
millimètres d'épaisseur qui se forme sur le sol est constituée jiar un mé-
lange de carbonate et de sulfate de soude (thénardite) (' ) avec des traces
de chlorure de sodium; plus tard, quand les eaux sont plus basses encore,
la croûte est surtout formée par du sulfate de soude.
A 200'''" environ à l'est du Tchad, la lagune de Rédéma a été aussi spé-
cialement étudiée; son eau laisse sur le sol, après évaporation, une croûte
de S""" d'épaisseur, renfermant surtout du chlorure de sodium avec du car-
bonate de chaux et un peu de carbonate cl de sulfate de soude.
En ouiie de ces observations faites sur le terrain, nous nous sommes procuré de
nombreux, renseignements et des échantillons provenant d'autres régions qui n'ont pas
été explorées jusqu'à présent. Il s'agit des gisements du Dar Ouara qui alimentent le
Borkou, le Thibesti, le Ouadaï et le Baguirmi, et qui fournissent trois espèces de sels
que j'ai étudiés dans le laboratoire de M. A. Lacroix au Muséum :
1° Le sel gemme que l'on trouve dans un endroit appelé Toro ou Touroii (Tourke-
chi), en couches stratifiées dans le lit du rahatSaraf, où il n'y a de l'eau qu'à la saison
des pluies. En saison sèche, on creuse le sol à o".4o ou o^jSo de profondeur et l'on
recueille la roche par petits blocs de 8"° à 12="" d'épaisseur. C'est un sel à grands cris-
taux renfermant beaucoup de sulfate de magnésie (epsomite) qui s'efQeurit à l'air sec.
2° Un sel gemme impur, en fragments de couleur rougeâtre, contenant près de 5o
pour 100 de matières terreuses ou siliceuses et de menus galets roulés. On le trouve
dans un endroit qui s'appelle Ouadi-Démi, appartenant aux Arabes Mohamid du Dar
Ouara, et situé à l'est du Toro.
3° Le minéral désigné vulgairement sous le nom de natron et qui est constitué par
l'espèce minérale le trôna (3Na-0,4COS5H'0), provenant du Ouadi-Démi.
Le trôna du Dar Ouara constitue une véritable roche et offre la plus grande res-
semblance avec celui des lacs Natron (Egypte). 11 est débité par les indigènes 1
mor-
(') Il existe aussi du sulfate hydraté; un échantillon que nous avions enfermé encore
humide dans un tonnelet étanclie a présenté au retour un nodule cristallisé de mira-
bilite qui a été analysé par M. Hébert {Comptes rendus, t. CXL, p. i63) : sa cristalli-
sation est d'origine secondaire, elle s'est produite au cours du voyage.
G. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N° 5.) 4'
3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ceaux tabulaires fie 6™ à 8"^" d'épaisseur, de couleur gris-jaunâtre, à struclure caver-
neuse. Leur cassure montre qu'ils sont constitués par des cristaux raonocliniques,
allongés suivant /)/('(ooi)(ioo) et possédant un clivage facile suivant/), à éclat vitreux
très vif. Ces cristaux, de longueur inégale, atteignent de 20°"° à aS™"" de longueur. Ils
se groupent en agrégats fibro-baciliàires terminés par des pointenients aigus, libres
dans les cavités de la roche ou engagés dans de l'argile; leurs faces sont trop arfondies
pour pouvoir être mesurées exactement. Il existe parfois une seconde génération de
cristaux plus petits, implantés sur les premiers, ou constituant des masses blanches,
à texture très lâche, qui remplissent leurs intervalles : on peut y constater l'aplatisse-
ment des cristaux suivanla' ( ioi\
Enfin, dans le pays des Krédas, nommés aussi Gouranes, traversé par le Bahr-el-
Ghazal (i4° environ de latitude et i5°de longitude), une région nommée Sagarda ren-
ferme dû trôna en gi'andes tables, mais, aii dire des indigènes, il n'existe pas de sel
gemme dans la région.
Comme dernier renseignement, ajoutons que l'eau du puits du poste de Bédanga
(i i°4o' environ de latitude et 1 5°3o' de longitude) est alcaline.
Le trôna est utilisé pour l'alimentation à défaut de sel gemn:ie par les
iniligènes qui lui préfèrent toutefois le sel extrait de certaines plantes (mé-
lange de chlorures de sodium et de potassium) ; ils s'en servent aussi pour
la fabrication de leur tabac. Ils connaissent et utilisent en outre les pro-
priétés purgatives du sulfate de soude.
BOTANIQUE. — Sur le parasitisme de /'Osyris alba. Note de M. A. Fraysse,
présentée par M. Bornet.
Dans une précédente Note j'ai formulé quelques conclusions relatives à
la biologie de VOsyris alba et à i'anatomie des suçoirs. Celle-ci a pour objet
principal de faire connaître la physiologie générale de ces mêmes suçoirs
et les actions diverses du parasite sur son hôte.
A. Physiologie. — 1° Le parenchyme périphérique d'un suçoir complètement déve-
loppé renferme beaucoup d'amidon. Celte substance est particulièrement abondante
dans la région axiale. 11 n'en existe que des traces dans la partie médiane et dans
l'assise absorbante en contact avec les tissus de l'hôte.
2° Les suçoirs jeunes, en voie de développement, sont moins riches en matière amy-
lacée. Elle se localise principalement autour du noyau méristématique central.
3° Toute racine attaquée par le parasite, peiforée ou non, présente une région dé-
pourvue d'amidou qui délimite la zone d'action du mamelon haustorial.
4° Le sucre réducteur se rencontre dans l'assise absorbante, le périderme de sou-
dure, autour de la racine du parasite et dans la partie corticale de l'hôte comprise
dans le rayon d'activité du suçoir. Le corps réducteur va de l'organe parasité, où il
SÉANCE DU 3o JANVIER IQoS. 3l9
r,rend naissance par transformation diastasique de l'amidon au parasite II est en
Çrt ab -o, bé par ce dernier, en partie localisé sous forme de substance de reserve
'^;! Ï:Zls::^Z^^es quantités très variables de matière ,rasse. Elle se L>^
caL très souvent dans les assises basilaires et vers le point d'épanouissement des
''e'Tu^isle dans tous les corps hausloriaux des diastases diverses parmi lesquelles
on peut distinguer par leurs effets ; l'amylase, la cellulase, le ferment .ommtque.
Elles se rencontrent constamment en trois points bien détermines :
Dans la dernière assise absorbante;
Dans la zone d'accolement;
Autour de la racine du parasite.
L'amylase que l'on peut facilement extraire, solub.hse l'am.don de 1 hôte
La ril u se'agit sur tous les tissus; son action est très apparente sur les fibres pen-
cyXue les vaisseau, du bois et le parenchyme lign.u. qui se colorent en brun et
2 désorganisent partiellement. Grâce à cette diastase, le cône de pénétration du suçoir
oeul arriver très loin, à l'intérieur de l'organe attaque. , ■ a.
r Le trachées et es trachéides se placent en contact intime avec les vaisseau, de
l'hôte sanp. forer. Ils s'arrêtent à une faible distance de l'assise hbéro-ligneuse
danTles racines et pénètrent généralement jusqu'au centre dans les rhizomes.
B Actions du parasite sur son hôte. - Elles se traduisent par :
,o La formation d'un tissu de défense issu d'une zone cambilorme;
.0 L'ac.lvilé souvent plus grande de l'assise libéro-l.gneuse du cote du suçoir,
o La formation de thylles provoquées par l'e.citation du parasite : thy les d ob-
struction et de défense nettement localisées dans le rayon d'activité du parasite,
40 Dépôts de mucilages divers dans beaucoup de cellules v T«
C Cicatrisation des plaies faites par le cône de pénétration du suçoir. - La
chu^e spontrél d'un suLr es( suivie d'un processus de cicatrisation dont voici les
"';T'îi:;:;^^épais correspondant à l'assise la plus interne du suçoir en voie de
'""ztne lignifiée de cellules plus allongées tangentiellement, ponctuées et très amy-
liferes. Dans^ette large zone, trois régions différenciées au point de vue de 1 orienta-
tion des éléments anatomiques.
3° Assise libéro-ligneuse.
4° Liber.
.5° Écorce avec beaucoup de fibres.
6° Périderme externe avec liège très développé.
'o Thylles nombreuses dans les vaisseaux du bois situés à l'intérieur des tissus cica-
triciels.
320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les changements de composition du fruit
des Cucurbitacées. Note de M. Leclerc pu Sablon, présentée par
M. Gaston Bonnier.
J'ai étudié la proportion de sucres, de matières amylacées et d'eau qui se
trouve dans les fruits d'un certain nombre de Cucurbitacées appartenant
aux genres Cucubita, Cucumis et Citrullus, en les considérant successive-
ment avant la maturité, au moment de la maturité et un temps plus ou
moins long après la maturité. Le Tableau suivant résume les résultats
obtenus pour la race de Cucurbita Pepo dite Courge olive; les nombres
donnés se rapportent à loo parties de matière desséchée à 90°.
Sucres
réduc- non Matières
leurs réducteurs. amylacées. Total. Eau.
22 août 11,7 0,0 21,6 33,3 i36o
4 septembre 6,1 o,3 39,6 46, o 1600
24 septemljre i,3 0,8 45>5 47i6 453
i3 janvier. ...... . 12,6 7,0 '4'3 33,9 644
9 mars 10,9 5,4 8,7 25, o 752
12 juin 2,3 2,1 7,4 11,8 i354
22 juillet 0,9 2,1 5,2 8,2 i4o4
Le fruit du 22 août était à moitié formé; celui du 4 septembre avait cessé de
s'accroître; celui du 24 septembre était mûr; enfin les fruits étudiés plus tard ont été
cueillis mûrs à la fin de septembre et conservés ensuite dans une salle du laboratoire;
lorsqu'ils ont été ouverts, ils avaient la même apparence extérieure qu'au moment de
la récolte.
Les sucres relativement abondants dans le fruit jeune diminuent jusqu'à la maturité,
passent alors par un minimum très bas, puis augmentent après la récolte et diminuent
ensuite régulièrement. Les matières amylacées augmentent pendant toute la période
de formation, passent par un maximum à la maturité et diminuent ensuite.
Il est facile d'interpréter ces résultats en comparant le fruit de la Courge
à un tubercule amylacé tel que celui du Colcliique. Pendant la période de
formation, aussi bien dans le fruit que dans le tubercule, les matières amy-
lacées se forment aux dépens des sucres et constituent la presque totalité
des réserves hvdrocarbonées au moment de la maturité du fruit et de la vie
ralentie du tubercule. Ensuite, et après un temps de repos plus ou moins
SÉANCE DU 3o JANVIER igoS, 321
long pendant lequel la composition change peu, la digestion des réserves
commence. On sait que, dans les tubercules, les matières amylacées sont
transformées par les diastases en maltose, puis en glucose qui est employé
à la formation des tiges, des feuilles et tlu fruit. Dans le fruit de la Courge,
les mêmes réactions se passent, l'amidon donne un mélange de sucres
réducteurs et non réducteurs, puis les sucres sont décomposés à leur
tour. Mais, dans ce cas, il n'y a pas formation de nouveaux organes. Les
réserves hvdrocarbonées servent seulement à entretenir la respiration; le
sucre qui résulte de la digestion de l'amidon est décomposé en gaz carbo-
nique qui se dégage et en eau qui reste dans les tissus.
L'étude des variations de l'eau vient d'ailleurs corroborer ces résultats. La propor-
tion d'eau, très forte dans le fruit jeune, diminue rapidement pendant la maturation,
passe par un minimum, puis augmenle dans le fruit conservé après la récolte. On sait,
d'autre part, que dans les tubercules l'eau varie de la même façon. La proportion
d'eau très considérable qui se trouve dans un fruit conservé peut paraître extraordi-
naire, surtout si l'on sait que ce fruit est resté dans une atmosphère sèche, favorable à
la transpiration; on peut cependant se l'expliquer par plusieurs considérations :
d'abord, la matière sèche disparaissant en grande partie, par suite de la digestion, la
proportion relative d'eau augmente par cela même ; puis, la décomposition des hydrates
de carbone par la respiration peut fournir une certaine quantité d'eau ; il est nécessaire
enfin que la transpiration soit fort alTaiblie. 11 y a là un exemple très net d'un végétal
qui vit pendant presque un an d'une vie relativement active en n'empruntant au milieu
extérieur d'autre aliment que l'oxygène. Celte vie indépendante peut môme se pro-
longer pendant plus longtemps; j'ai conservé, en effet, dans une salle du laboratoire
une Courge de Siam depuis le mois d'octobre igo3 jusqu'au mois de juin igo^. A cette
époque la Courge avait toujours le même aspect extérieur, ses tissus étaient vivants et
renfermaient 700 parties d'eau pour 100 de matière sèche, mais les réserves hydrocar-
bonées avaient presque entièrement disparu.
Les autres Cucurbitacées à réserves amylacées se conduisent à peu près
comme la Courge olive; celles qui ont des réserves sucrées sont dans une
certaine mesure comparables aux bulbes sucrés tels que l'oignon, le saccha-
rose passant par un maximum au moment de la maturité. Dans tous les cas,
les réserves du fruit mùr sont formées, puis digérées de la même façon que
dans un bulbe ou un tubercule; mais, dans le fruit, cette digestion n'a pas
d'utilité évidente pour la conservation de l'espèce.
322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur (a composition chimique et la signification des
grains d'aleurone. Noie de M. S. Posterxak, pré■^entée par M. Armand
Gautier.
Les grains d'aleurone se forment dans le contenu liquide des cellules,
au mouienl où la graine à maturilé commence à se dessécher, par un pro-
cessus rappelant la cristallisation. En étudiant le mécanisme de ce pro-
cessus, d'autant plus intéressant à élucider qu'il se passe dans un milieu
essentiellement colloïde, je fus conduit à isoler et analyser ces éléments
morphologiques. Je ne tardai pas à reconnaître que la conception courante
du grpin d'aleurone représentant la matière azolée de réserve des semences
ne répond pas exactement à la réalité des faits et qu'il y a Ueu de l'élargir
considérablement. En eifet, si les grains d'aleurone contiennent, en chiffres
ronds, suivant leur provenance, de 5o à ^5 pour loo, de matières albtimi-
noïdes, il n'en est pas moins certain que 25 à 5o pour lOO de leur poids
sont constitués par d'autres substances d'origine minérale ou organique.
Ces dernières jouent nécessairetpent un rôle déterminé dans l'économie
de la graine, ces matériaux emmagasinés résultant d'une sélection spéciale,
d'une adaptation aux besoins de l'embrvon. Parmi ces substances, j'ai
signalé (') un principe nouveau, l'acide anhvdro-oxyméthylène-diphos-
phorique ou phyline (çutov, plante). En outre il m'a été possible d'isoler
des grains d'aleurone du sapin rouge un acide organique, donnant par
hydrolyse un sucre réducteur et dont je poursuis actuelletnent l'étude.
Enfin, l'analyse élémentaire d'un certain nombre de grains d'aleurone
m'a démontré qu'ils contiennent en quantité considérable tous les élé-
ments minéraux reconnus indispensables au développement de la plante.
Le grain d'aleurone nous ap])araît, par conséquent, non seulement
comme une matière azotée de réserve, mais aussi comme un aliment minéral
complet de l'embryon végétal, ceci dit sans rien préjuger de la forme sous
laquelle se présentent les éléments minéraux qui très probablement s'y
trouvent, comme le |3hosphore, en combinaison organique.
Quelques mots sur la méltiode de préparation des grains d'aleurone. Les semences
oléagineuses se prêtent le mieux à leur séparation. On écrase les graines dans un mor-
(') Comptes rendus, t. CXXXVII, p. 202 et Comptes rendus de la Société de
Biologie, séance du 17 octobre igoS.
SÉANCE DU 3o JANVIER rgoS. 323
lier ou entre deux rjlindres. Les membranes externes se brisent, les memblanes cellu-
laires éclatent. On épuise la poudre avec un dissolvant des graisses et l'on dessèche.
On sépare alors à l'aide d'un tamis fin les grains d'aleurone qu. s'échappent facilement
des cellules rompues. Pour débarrasser la préparation des débris de membranes qu'elle
contient encore on la met en suspension dans l'éther sulfurique. Les impuretés tombent
les premières aii fond du vase. On décante le liquide surnageant, on filtre et l'on répète
la même opération une ou deux fois. On obtient finalement Une poudre blanche, légè-
rement teintée par la matière colorante des membranes externes et bien homogène
à l'examen microscopique. . ., ,
Dans le Tableau qui suit sont inscrits les résultats d'analyse des grains d aleurone
des semences de sapin rouge, de tournesol, de chènevis et de lupin blanc. Le^ dosages
du carbone et de l'hydrogène n'ont pas été pratiqués. L'azote fut dosé d après Kjeldahl,
le soufre d'après Liebig, le phosphore après. combustion avec le mire et le carbonate
de soude par la méthode molybdique.
Sapin ronge. Tournesol. Chènevis. Lupin blanc.
Az 12,97 'O'^- ^^'^^ '°'^°
p ,... 2,67 2,78 3,83 0,61
S.'.'-^.... o!64 oM o,8r non dosé
Si!.! 0,35 0,24 0,36 0,013
K 2,5o 2,29 2,71 non dosé
Mg 1,25 1,46 1,67 0,28
Ca 0,37 0,32 0,27 0,11
Pe 0,09 o,o54 0,028 non dosé
auanlité faible
Mn 0,25 ^ , ,. traces o,ii
non dosable
Là recherche du chloré et du sodium est restée négative.
On volt que, quelle que soit l'origine des grains d'aleurone, le plan sui-
vant lequel ils sont composés est le même. On y constate l'absence complète
des éléments inutiles à la vie de la plante et la présence constante des
éléments minéraux indispensables en quantité qui méritait d'être notée. Il
est tout à fait curieux de signaler dans ces grains d'aleurone la présence
régulière et inattendue du silicium. La silice est considérée généralement
comme partie constitutive des membranes cellulosiques, destinée à aug-
menter la résistance des tissus. L'embryon paraît en avoir besoin dès les
premiers stades de son développement.
Le taux de manganè.se dans les grains d'aleurone est beaucoup plus va-
riable que celui des autres éléments. Presque nul dans les grains de chè-
nevis, il atteint la valeur de 3 pour 100 environ des cendres pour le lupin
blanc et de 2 pour 100 pour le sapin rouge. Cette variabilité semble indi-
324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qiier que les fonctions du manganèse ne sont pas générales chez les plantes
vertes, mais se manifestent de préférence dans la vie de certaines d'entre
CHIMIE AGRICOLE. — Préparation de moûts de pommes pratiquement stériles.
Note de M. G. Perrier, présentée par M. A. Haller.
Dans la fabrication habituelle du cidre, les moûts obtenus par pression
ou par diffusion sont abandonnés à la fermentation sans aucune addition
de levures; aussi n'est-on pas maître de cette fermentation qui marche
tantôt bien, tantôt mal, et fournit des cidres de qualité assez souvent mé-
diocre et en tout cas rarement constante.
Dans une fabrication rationnelle on doit s'efforcer d'obtenir des moûts
stériles de manière à pouvoir les ensemencer avec des levures pures,
uniques ou mélangées, et obtenir des produits de bonne qualité.
De nombreuses expériences ont été faites dans le but de stériliser les
moûts; toutes ont montré la grande altérabilité du jus de pommes sous
l'influence des divers traitements (chaleur, antiseptiques, etc.) qu'on doit
lui faire subir pour parvenir à ce résultat.
Ne pouvant stériliser les moùls qui renferment déjà les levures, j'ai
cherché s'il n'était pas possible d'obtenir (/«rerte/ne/2Z des moûts sans levures.
Les travaux de Pasteur ont montré que pour le raisin les germes étaient
uniquement à la surface du fruit; il est généralement admis qu'il en est
de même pour la pomme (les germes se trouvent |)rincipalement à l'œil).
S'il en est bien ainsi on pouvait prévoir que les moûts obtenus avec des
fruits stérilisés avant leur broyage seraient stériles au point de vue des levures.
Les expériences que je poursuis depuis 3 ans ont confirmé cette prévi-
sion.
Le stérilisant employé est la formaldéhyde en solution dans l'eau. Ce
produit est d'élimination facile, c'est un antiseptique des plus puissants et
de faibles doses suffisent pour détruire les ferments, avantage très appré-
ciable au point de vue du prix de revient du procédé.
Les expériences (décembre 1902-1903-1904) ont porté successivement sur i''?, S'e,
8oo''s et i20o''ff de pommes. Dans les premières les fruits étaient mis à macérer de i5
à 24 lieures dans de l'eau fonnolée à 4 pour 1000 CH-0 pure. Ce long séjour occa-
sionnait de légères perles en sucre et pouvait rendre diflicile l'application de la mé-
SÉANCE DU 3<) JANVIER '1905. iaD
lliode iiiduslrielleiiient. J'ai donc cherché à réduire le temps de conlacl en portant le
titre de l'eau formulée de .'1 pour 1000 à 8 pour 1000. Les derniers essais ont alors été
faits dans les conditions suivantes :
Les fruits, préalablement lavés à l'eau ordinaire, sont maintenus pendant 5 à 10 mi-
nutes dans l'eau formolée à 8 pour 1000, lavés une seconde fois à l'eau ordinaire ])our
enlever les traces de formol adhérentes, puis égouttés.
Leur broyage et leur pressurage s'effectuent ensuite à la manière habituelle en prenant
la seule précaution de laver au préalable les appareils à l'eau formolée à 4 pour 1000.
Les moûts obtenus, soit purs, soit réunis, placés dans des louries de 70' à 80', ne
fermentent pas. Ils sont donc stériles au point de vue des levures, bien que ne
répondant pas à la définition de la stérilité telle que l'entendent les bactériologistes,
puisque, dans toutes les opérations ultérieures à la stérilisation, les fruits subissent le
contact de l'air.
Des échantillons de ces moûts ont subi le voyage de Rennes à Buenos-Ayres aller et
retour sans fermenter.
Les moûts obtenus par la méthode précédente ne renferment que des traces de for-
mol qui disparaissent spontanément au bout de quelques jours, leur saveur et leur
composition sont identiques à celles des moûts jiréparés avec des pommes n'ayant subi
aucun traitement.
Pai' ensemencement ils fermentent régulièrement et fournissent des cidres de bonne
qualité, des cidres absolument naturels ne renfermant aucune trace de formol (').
Il ressort nettement de "cette élude :
I" Que le formol permet une stérilisation des fruits et par suite l'obten-
tion de moûts pratiquement stériles (au point de vue des levures) et sans
autre goût que celui des fruits eux-mêmes;
2° Que les moûts ainsi obtenus supportent l'exportation;
3° Que ces moûts qui semblent pouvoir se conserver indéfiniment, fer-
mentent régulièrement lorsqu'on les ensemence et fournissent des cidres
de très bonne qualité complètement exempts de formol.
La méthode que je viens d'exposer et qui se réduit à un simple lavage
des pommes peut avoir d'importantes conséquences pratiques.
Elle permet au cidrier :
t° De conserver d'une année sur l'autre des moûts en prévision d'une
disette de pommes;
2° De fournir à ses clients, à n'importe quelle époque de l'année, du
cidre fraîchement préparé;
3° D'expédier au loin des moûts que l'acheteur pourra transformer sur
place en cidre en les faisant fermenter.
( ) La f.M-nienlalion des moûts ne se déclare qu'après la disparition complète du
lormol.
C. R., igoS, 1" Semestre. (T. CXL, N" 5.) 42
326 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Du mode de fixation dorsale du Lern^enicus Sardinaî
sur son hôte. Note de M. Marcel Baudouin, présentée par M. E.-L.
Bouvier.
Dans une précédente Noie (') nous avons signalé la présence, sur cer-
taines Sardines pèchées au niveau des côtes de Vendée, d'un Copépode
parasite, très voisin du Lernœenicus sprattœ, et que désormais nous consi-
dérons comme une espèce spéciale, lo Lernœenicus Sardinœ.
Nous avons dit alors que ce parasite se fixait tantôt sur le globe de l'œil,
tantôt sur le corps de l'animal, le plus souvent au niveau de la région dorsale.
Laissant de côlé aujourd'hui l'espèce trouvée sur l'œil, espèce qui a fait surtout l'objet
de notre premier article, et qui est, peut-être, zoologiquement distincte de celle qu'on
trouve sur le corps du poisson, nous tenons à signaler de suite le mode de fixation de
cette dernière sur son hôte, au niveau de la nageoire dorsale, car nous ne croyons pas
que pareille observation ail été faite antérieurement.
Yoici d'ailleurs ce que nous avons constaté, en disséquant, en igoS, le premier
exemplaire rencontré a fixation dorsale, correspondant à la nageoire.
Le céphalothorax s'enfonce presque perpendiculairement à l'axe du corps de la Sar-
dine et passe, en pleins muscles, sur les parties latérales de la colonne vertébrale, lon-
geant l'une des faces de la série des apophyses épineuses, sur une étendue de i™ envi-
ron. Il se trouve au niveau de la partie latérale (droite, dans ce cas) des vertèbres
dorsales, et comme enkysté dans une sorte de petite poche adventice, transparente,
bien isolée du tissu musculaire. Le cou lui-même est enveloppé en entier par un
prolongement cylindrique de cette capsule, disposée en gaine allongée. Celte gaine et
celte capsule résultent évidemment de la formation d'une sorte de membrane isolante,
de nature conjonctive, produite par une réaction de l'hôte.
Le céphalothorax semble avoir voulu s'agripper à la charpente osseuse de l'animal,
comme le pic-vert sur un tronc d'arbre, de façon à s'assurer d'un solide point d'appui
sur ce poisson très mobile et très agile. Nous avons cru remarquer aussi l'existence
d'une légère excavation, colorée en noir, sur la vertèbre correspondante, c'est-à-dire
une véritable lésion pathologique secondaire de cette partie osseuse.
La conformation du céphalothorax, que nous décrirons ultérieurement, permet de
comprendre comment la fixation peut être assurée; cette région est, en effet, disposée
en forme de crochet ou de crosse; elle est très trapue et très volumineuse par rapport
au cou.
En 1904, nous avons disséqué deux autres exemplaires; et nous avons pu constater que
(') Marcel Baudouin, Le Lernaîenicus spralla;, parasite de la Sardine en Vendée
{Comptes rendus, 5 déc. 1904, n° -23, p. 998-1000).
SÉANCE DU 3o JANVIER IpoS. 827
le mode de fixation du parasite était exactement le même. Sur un quatrième exem-
plaire, apporté en janvier 1900 au Laboratoire Hn Professeur Bouvier, au Muséum
d'Histoire naturelle, il a été facile de vérifier, sur la pièce anatomique, la réalité de la
description ci-dessus.
Il s'agit donc là d'une disposition constante pour le Lernœenicus Sardinœ,
implanté, sur le corps de son hôte, au niveau de la nageoire dorsale.
Ajoutons que, quand le parasite est inséré à ce niveau (ce qui s'observe
le plus fréquemment), le céphalothorax et le cou disparaissent dans les
masses musculaires, jusqu'à la partie renflée du corps (région génitale,
de coloration rouge); et, sur six cas de fixation de celte nature, observés
directement par nous en Vendée, nous avons noté que le point d'entrée
correspondait 4 fois au côté gauche, et 2 fois au côté droit de la partie
moveniie et latérale de la nageoire dorsale.
MÉDECINE. — Existence du rachitisme intra-utérin.
Note de MM. Cbarrix et Le Play, présentée par M. d'Arsonval.
L'existence du rachitisme intra-utérin est de plus en plus contestée; on
rattache à l'achondroplasie les modifications qu'on pourrait lui attribuer.
Or, à l'aide des photographies, des radiographies, des examens macrosco-
piques et microscopiques, des analyses chimiques, des données cliniques
que comporte l'observation du nouveau-r)é dont nous présentons le sque-
lette, il est possible d'établir la réalité de ce rachitisme fœtal.
Ces pièces proviennent d'un enfant qui, né e'i 8 mois, n'a vécu que 2 jours et
dès sa naissance a offert des déformations caractéristiques : chapelet costal, saillie des
bosses frontales, élargissement apparent des épiphyses, taille et poids ( i i6os) inférieurs
à la normale, etc. — L'autopsie a, d'ailleurs, permis de vérifier l'existence de ces
anomalies et d'en préciser les détails. En particulier, elle a révélé que ces tares portent
presque exclusivement sur la tète et le tronc; à peine raccourcis deo'=°',.5à l'^et, sauf
une légère torsion des extrémités basses du radius et du cubitus gauches, les os longs
sont réguliers. Toutefois, au point de vue histologique, au lieu d'observer les bandes
ordonnées des travées directrices^ on constate que, dans le cartilage de conjugaison,
les cellules sont réparties sans aucun ordre; en outre, des faisceaux de fibrilles con-
jonctives serpentent au milieu d'ostéoblasles rares, mal dilTérenciés; la calcification est,
d'ailleurs, imparfaite; les nrines sont riches en acide phosphorique (1,089 ^^ "**"
0,687 pour 1000) ; le sang contient d'abondants globules rouges nucléés et de nombreux
lymphocytes; le corps thyroïde sclérosé est pauvre en matière colloïde.
Attribuable, d'après une série d'auteurs, aux poisons qui se forment au sein d'un
J2S ACADEMIE DES SCIENCES.
liibe digestif alleinl de gastro-enlérile, le rachitisme ne saurait par suite se développer
avant la naissance. Or, en imprégnant de toxines variées de nombreux, animaux, milles
et femelles, on obtient parfois, expérimentalement, des rejetons qui, à moins de ne pas
tenir compte des définitions, sont des racliitiques (petite taille, abdomen volumineux,
nodosités costales, diaphyses incurvées, métatarsiens épaissis, bassin irrégulier, ostéo-
blastes rares, etc.) ('). De plus, femme d'un simple manœuvre quelque peu alcoolique,
âgée de 49 ans et paraissant en avoir 60, épuisée par onze grossesses, la mère de notre
nourrisson a subi des influences (surmenage, inanition, privations, émotions dépri-
mantes, misère physiologique, etc.) bien connues comme génératrices d'une dyscrasie
acide plus ou moins prononcée, ma'îs toujours apte à préparer la solubilisation des
phosphates et, partant, à provoquer des tares du squelette. En franchissant le placenta,
les principes acides vont attaquer l'appareil osseux du fœtus; nous avons clairement
établi que les processus paliiologiques peuvent commencer le jour de la conception.
Ainsi l'expérimentation établit la réalité du rachitisme intra-utérin. En
outre, l'achondroplasie se caractérise par une indiscutable micromyélie et,
en tant qu'affection intéressant le cartilage, est impuissante à frapper des
os à développements fibreux. Par suite, dans notre cas, les notables. locali-
sations costales ou crâniennes, les déformations de la cage thoracique et la
craniomalacie, d'un autre côté, l'intégrité macroscopique relative des
membres, des os longs, prouvent qu'il s'agit bien de rachitisme. Sans
doute, on décèle quelques lésions cartilagineuses, mais ce rachitisme n'en
est pas absolument exempt; d'autre part, dans l'achondroplasie ces altéra-
tions sont prédominantes et non accessoires. Du reste, en dehors des cel-
lules spécifiques telles que la bacléridie charbonneuse, habituellement un
seul élément, anatomopathologique ou autre, ne suffit pas à caractériser
une entité pathologique; il fiiut un ensemble qui, dans notre cas, est en
faveur du rachitisme (étiologie; aspect, siège des déformations; modifica-
tions humorales, urinaires; données cliniques, etc.). Notre sujet, qui avant
tout est rachitique, par quelques détails se peut rapprocher des achondro-
plasiques; en Pathologie on connaît des types de transition ou encore d'as-
sociation.
On ne doit pas, d'ailleurs, oublier que, sans changer ni d'organe ni d'agent
morbifiqiie, les manifestations analomiques ou fonctionnelles varient avec
l'état de chacun de ces deux éléments, dont le conflit constitue la maladie.
Il faut, de plus, se souvenir que l'appareil osseux passe par des phases
muqueuse, fibreuse, cartilagineuse, calcaire; que, pendant longtemps, sa
(') Voir CiiARHiN et Gi.i;v. Acad. Se. et Soc. liioL. 1890-1894.
SÉANCE DU 3o JANVIER 190). rit)
Structure n'est pas ait niveau des épiphyses ce qu'elle est clans les diaphyses.
Impressionné par une cause provocatrice déterminée, il est clair que, sui-
vant ces phases et suivant ces zones, le squelette réagira différemment et
de ces réactions distinctes dériveront des conséquences vari;ibles. Si, par
exemple, dès le début de l'existence, dans le sein maternel, la dyscrasie
acide détériore le cartilage, sorte de matrice de l'os, les déformations auront
chance d'être plus graves, plus difficiles à enrayer, que si plus tard cette
dyscrasie touche à quelques points d'une diaphyse déjà calcaire.
Dans ces données se trouve, en partie, l'origine des désaccords, des dis-
semblances enregistrées dans ce domaine du rachitisme et de l'achondro-
plasie; ces dissemblances constituent des types distincts d'un unique pro-
cessus plutôt que des entités pathologiques séparées : l'achondroplasie n'est
peut-être que du rachitisme intra-ulérin.
GÉOLOGIE. — Sur les plis couchés de Sainl-Jean-de-Bacges {Hérault).
Note de M. Rexé JXicklês, présentée par M. Michel Lévy.
Parmi les régions où les phénomènes de plissement ont atteint leur
degré extrême, une des plus remarquables est incontestablement la vallée
comprise entre le Causse de la Selle et la montagne de la Séranne. Elle
se présente sur la Carte géologique sous l'aspect d'une boutonnière de
Trias et de Lias encadrée de toutes parts par le Jurassique moyen et le Ju-
rassique supérieur.
SaiiU-Jean-de-Buèges occupe à peu près le milieu de cette région allongée, limitée
au sud-ouest par Pégairolles-de-Buêges el au nord-est par le hameau de la Croix. La
longueur en est de 12''™ environ sur 2''"' à peine de largeur.
Le relevé des contours pour le Service de la Carte géologique m'a conduit à y ob-
server les faits suivants : toute la surface de celte boutonnière est couverte uniformé-
ment par les marnes du Trias, par Tlnfralias et un peu de Lias.
Les couches, presque toujours parallèles, plongent sensiblement dans la même direc-
tion, vers le sud ou le sud-sud-est.
Lorsqu'on en relève une coupe transversale, on voit l'Infralias apparaître sept fois,
supportant à six reprises différentes des couches parallèles de marnes bariolées du
Trias plus anciennes que lui : c'est un exemple remarquable de structure imbriquée
due au moins à six plis couchés successifs et parallèles, et où l'efTort de plissement a
été tel que les (lancs renversés de ces plis ont été annihilés, en sorte que la succession
normale de l'Infralias reposant sur les marnes bariolées triasiques se représente six
fois de suite superposée toujours dans le même ordre, le tout reposant sur l'Infralias
33o ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui vient biiler, en le surplombant, contre le Jurassique supérieur plus récent que
lui.
Un seul de ces plis présente encore une partie fie son flanc renversé mais très
aminci : c'est le pli supérieur que l'on peut observer au sud-ouest de Sainl-Jean-de-
Buèges et qui aboutit aux premières maisons de cette localité; tous les autres sont
réduits à l'étal d'écaillés donnant parfois l'illusion d'une simple récurrence de marnes
bariolées dans les couches parallèles de l'Infralias. L'érosion intense qui a déblayé et
mis à jour cette petite région du Buèges rend cet ensemble frappant.
Dans sa partie occidentale, cette boutonnière est limitée au sud par la barrière ox-
fordienne de Saint-André-de-Buèges, barrière notablement alTaissée par rapport à
l'ensemble. Mais l'afiaissement n'a pas été as^ez profond pour provoquer la formation
de plis d'appel déversés à l'arrière, c'est-à-dire vers le sud. Les couches plongent verti-
calement, violemment étirées, simulant une faille depuis Saint-Jean-de-Huèges jusqu'à
Brissac.
Au nord, le massif imposant de la Séranne a servi d'obstacle résistant
et n'a pas élé ébranlé par l'efTort qu'il a soutenu : au sud, le massif calcaire
et dolomitique du Causse de la Selle, quoique très fracturé, ne présente
plus de preuves nettes de ces chevauchements : soit parce que, dans ces
assises, uniformes sur une grande épaisseur, les chevauchements sont plus
difficiles à reconnaître; soit parce qu'en raison de l'absence de couches
marneuses (marnes du Trias, marnes du Charmoulhien) elles se sont
moins prêtées à la formation de ces écailles empilées les unes sur les autres;
soit peut-être plutôt parce que ce massif correspond à une région plus
affaissée où le plissement a changé d'allure.
Quelle que soit la raison de celte modification, il est hors de doute que
l'effort qui a déterminé la formation de ces plis couchés est venu du sud,
et a été orienté du sud au nord; que la masse charriée du sud au nord
est venue s'écraser contre la grande faille de la Séranne qui constitue, on
le sait, la limite sud-ouest des Gausses; et que les couches repliées sur
elles-mêmes par celle compression sont venues en montant les unes sur
les autres constituer cet exemple remanjuable de structure imbriquée.
Ceci n'est, d'ailleuis, ipte la continuation de la longue bande de plis couchés post-
éocènes qui s'étend sur près de loo'"" de longueur au sud du pied méridional des
Causses et de la montagne Noire, et dont j'ai eu occasion de signaler (') les principales
parties à Rabieux, à Clerniont-l'llérault, à Fouzlllion, Cazouls-les-Béziers et Saint-
Chinian.
,\u sud-ouesl, au nord de Cazouls-les-Béziers, cette bande plissée a une grande
(') Comptes rendus, 3i oclobre 1898.
SÉANCE DU 3o JANVIER igoS. 33l
amplitude; les plis, de grande envergure, s'étalent Hbrenient, n'offrant que peu de
complications de détail. Mais, plus à l'est, la zone affaissée qui semble en avoir déter-
miné la genèse par une compression dirigée du sud au nord se rapproche de la limite
méridionale des Causses, c'est-à-dire de la grande faille de la Séranne; elle détermine
des plis couchés moins amples qu'à Saint-Chinian (Clermont-l'Hérault, Saint-Jean-
de-Buèges), mais de plus en plus compliqués et serrés dans leurs détails : la limite
extrême en est marquée à l'est, dans le Languedoc, à l'extrémité de la boutonnière de
Saint-Jean-de-Buèges, c'est-à-dire aux hameaux delà Croix et deNotre-Dame-du-Suc,
au point même où cette région affaissée vient en contact avec le massif de la Seraune.
MÉTÉOROLOGIE. - Sur les ascensions de cerfs-volants exécutées sur la Mé-
diterranée et sur l'Océan Atlantique à bord duyacht de S. A. S. le Prince de
Monaco en 1904. Note de M. H. Hehcesell.
Au printemps 1904 S. A. S. le prince de Monaco entreprit l'étude des
conditions météorologiques de l'atmosphère au dessus des mers. Nous avons
employé des cerfs-volants Hargrave de S"",; et 3"' et un câble de 0°"", 7
En tout 25 ascensions ont été exécutées dont 8 sur la Méditerranée
(hauteur moyenne ^Bo^), une sur la mer Baltique et 16 sur l'océan Atlan-
tique (hauteur moyenne igoo""). La hauteur maxima fut de 4^ 10™; elle fut
atteinte au nord-ouest des Canaries. Une hauteur presque égale à la pre-
mière, 4360", a été atteinte au sud des Açores le 28 août. Plusieurs autres
ascensions ont dépassé 2000™.
Les ascensions sur la Méditerranée (12-24 avril à l'ouest et au nord-ouest
de la Corse) ont donné ce résultat général qu'au-dessus d'une surface
libre d'eau se trouve une décroissance rapide de températui'e et que les
vents diminuent beaucoup avec la hauteur. Toutefois, près de la côte de
l'île de Corse, par un vent de sud-est, on a trouvé un courant chaud venant de
laCorse, la température augmentait avec la hauteur, l'humidité diminuant
en même temps. A quelques centaines de mètres on trouvait le calme. Ces
constatations exceptionnelles paraissent dues à l'influence de la côte voisine.
Les ascensions faites sur l'Atlantique avaient pour but particulier d'ex-
plorer les conditions météorologiques de la région des alizés. Elles ont
commencé le 19 juillet, à la côte portugaise au large d'Oporto. Le navire se
dirigeait vers les Canaries, qui furent doublées au sud et ensuite vers les
Açores. De là, le yacht retourna dans la Méditerranée. Dans toutes ces
332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
régions on faisait des ascensions dans des inLervalles convenal)les; la der-
nière ascension date du 20 septembre. Voici les résultats principaux :
Nous avons trouvé les alizés venant du nord-est à la latitude d'Oporlo, à une
hauteur de 4oo™; au niveau de la mer on notait un vent nord-ouest. A partir de la
latitude de Lisbonne les alizés furent constatés aussi dans les couches inférieures,
comme vent faible du nord-est. A mesure qu'on avançait vers les Canaries ce vent
augmentait de force. Depuis 35° de latitude jusque vers les Canaries on conslatait
un courant régulier de 7™ par seconde. Plus au sud les vitesses ont même atteint
19'", mais au voisinage des îles seulement. Les résultais de toutes les ascensions faites
dans cette région des alizés sont assez concordants pour permettre de les résumer
comme suit :
Dans les couches les plus basses il y a une i'orle décroissance de température; le
gradient adiabatique (1° par 100") est toujours atteint; tout en bas il est même
dépassé. L'épaisseur de cette couche adiabatique vai-iede 100™ à 600'". L'humidité rela-
tive, qui est 70 à 80 pour 100 au niveau delà mer, y monte graduellement à go
ou 100 pour 100. A la limite supérieure de cette couche il y a un changement brusque.
La température monte subitement de plusieurs degrés et l'humidité diminue d'un saut
jusqu'à des valeurs inférieures à 5o pour 100. Après ce changement brusque vient une
couche d'inversion (couche de mélange) atteignant quelquefois plus de,iooo"> d'épais-
seur, où la température continue de monter et où l'humidité diminue jusqu'à 10
ou 20 pour 100. Dans cette couche, parfois à une altitude de 1000'", on trouve des tem-
pératures atteignant 3o°, alors qu'au niveau de la mer on trouve 22" à 3o°. Au-dessus de
la couche de mélange on trouve de nouveau une couche à gradient exactement adià-
tique, mais dans laquelle l'humidité est petite contrairement à la première couche
adiabatique. Cependant l'humidité relative augmente avec la hauteur de façon que la
richesse hygrométrique soit constante. Cela permet de conclure à un courant des-
cendant. J'appellerai cette zone couche de contre-alizé. D'après nos observations elle
atteint au moins 45oo"' et monte probablement bien plus haut. Il a été possible de
déterminer la direction du vent dans les difierenles hauteurs et même d'en mesurer la
vitesse par des méthodes directes et indirectes. Dans la première couche adiabatique
on trouve l'alizé de nord-est avec environ 7 mètres-seconde. Avec la hauteur le vent
tourne graduellement, le plus souvent de nord-est par nord vers nord-ouest et dans
deux cas de nord-est par est, vers sud-est et sud. A la hauteur de l'inversion (c'est-
à-dire vers 600™) la direction change parfois brusquement et la force diminue consi-
dérablement. La couche de l'alizé proprement dit est donc peu épaisse. Un courant de
sud-ouest qui correspondrait au contre-alizé théorique n'a jamais été trouvé par les
cerfs-volants, bien qu'ils aient plusieurs fois dépassé la hauteur du Pic de Ténériffe.
Plusieurs constatations m'amènent à penser que ces vents de sud-ouest observés au
Pic par plusieurs observateurs sont d'origine locale et dus à l'influence de l'île.
Les vents de nord-ouest ou de sud-est trouvés par nous dans les couches les plus
élevées avaient une force de 3" à 4" par seconde au plus. Dans les couches intermé-
diaires la vitesse était, en généi-al, encore plus petite. Dans les régions que nous avons
explorées l'air du contre-alizé aflhiail donc surloul do nord-ouest, la direction de
SÉANCE DU 3o JANVIER IQo5.
313
l'alizé nord-est changeant plus haut en nord pour s'arrêter au nord-ouest. Une fois
nous avons observé des cirrus venant du sud-ouest, le même jour oii le vent a tourné
du nord-est au sud avec la hauteur. Nous avons souvent observé les cumulus des alizés,
rouleaux de nuages plats étirés dans la direction du vent. Ils se forment toujours dans
la partie supérieure de la première couche adiabalique, donc à quelques centaines de
mètres. Les diagrammes de l'hygromètre démontrent à l'évidence qu'il s'agit de cou-
rants ascendants dont la limite supérieure était donnée par la hauteur de l'inversion
où ces nuages se dissolvaient. Quand la zone d'inversion était descendue assez bas
pour que les courants ascendants ne puissent atteindre leur point de condensation, il
ne se formait point de cumulus. Quand, au contraire, les cumulus se formaient, on
pouvait dire d'avance que la zone d'inversion se trouverait à un niveau plus élevé. A
litre d'e\em])le. je donne ici quelques nombres résultant d'une ascension.
9 aoâl 1904 à
l' ouest des
C
anaries.
uilcur.
Température.
Humidili
■lative.
Direclion du v
o
2.3 "0
80 po
100
NSaE
200
ao,5
88
/|00
18,5
88
N 36 !•
5oo
18,0
93
600
.8,9
80
800
2 '1,5
35
1000
26,4
iG
N -M) I-:
1200
26,2
16
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JOOO
iS,o
21
5ooo
9 , 0
3o
iooo
1,5
4o
',5oo
5,6
I7
N25W
Au voisinage des Açores, on a constaté fies vents de nord-ouest; la dis-
tribution de la température et de l'humidité offre un caractère différent.
Immédiatement au-dessus de la mer, la décroissance adiabatique ou
l)lus qu'adiabatique existe à toutes les heures du jour. Nous n'avons jamais
observé l'inversion nocturne si connue sur les continents.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur l'existence de hautes terrasses dans l'Oural
du Nord. Note de MM. L. Duparc et F. Pearce, présentée par M. de
Lapparent.
Lorsque nous explorâmes, il y a quelques années, les montagnes de
quartzites qui se trouvent à l'est de la Koswa et qui se continuent au nord
c. H., 1905, 1" Semestre. (T. C\L, N» 5.) k^
334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la cluse de Touloum, notre attention fut attirée par la singularité des
formes to"^3ogra[)hiques que présentaient certains de leurs principaux
sommets. Ceux-ci, vus obliquement ou de profil, paraissent formés par
plusieurs plateaux rocheux étages, échelonnés en plusieurs gradins succes-
sifs d'une horizontalité parfaite. Cette disposition saute aux yeux lorsqu'on
regarde par exemple les monts Bacéguy depuis la chaîne de l'Aslianka,
située plus au nord; cette dernière présente également un aspect ana-
logue, mais c'est principalement sur l'Ostry que cette structure si particu-
lière ressort avec le plus de netteté. Vue depuis Verkli-Roswa, cette mon-
tagne paraît composée de deux plateaux rocheux horizontaux étages, limités
vers l'ouest par une crête aiguë, formée par les bancs redressés delà roche
en place. Cette forme topographique de l'Ostry est si caractéristique qu'elle
frappe déjà l'observateur le moins prévenu; chose curieuse, elle ne se
retrouve pas sur les montagnes boisées inférieures à 800™ qui viennent à
l'est comme à l'ouest des chaînes de quartzite; on ne l'observe pas égale-
ment sur les hautes chaînes éruplives qui forment la ligne de partage dans
la région des sources de la Koswa ou de ses affluents (Koswinsky-Ramen,
Tilaï, etc.).
A cette époque déjà, nous pensions que ces formes topographiques
bizarres étaient dues à d'anciennes terrasses, conservées grâce à la nature
pétrographique spéciale du sol.
L'an dernier nous avons exploré une contrée plus septentrionale, qui
comprend le bassin supérieur des rivières Uls Soswa et Wagran. Là les
montagnes de quarlzites sont très développées, elles forment une longue
chaîne qui fait ligne de partage des eaux asiatiques et européeimes, et qui
s'appelle Poyassovoi-Kamen ; ainsi qu'une série d'autres rides situées à l'est
comme à l'ouest. Le phénomène des terrasses y présente une ampleur et
une généralité telles que le doute n'est j)lus possible.
La chaîne du Poyassovoï est entièrement formée de quartzites blancs
et saccharoïdes sur plus de 30*""; d'un bouta l'autre, elle est découpée
en terrasses successives, d'une netteté admirable, qui s'échelonnent à
partir des sommets, c'est-à-dire de l'altitude moyenne 1180™ environ,
jusqu'à Soo" en chiffres ronds.
En certains endroits favorables, nous avons pu compter jusqu'à onze de
ces terrasses étagées, d'une importance variable; les sommets de la chaîne
du Poyassovoï sont sans exception rasés en plateaux parfaitement horizon-
taux, et présentent la forme de pyramides tronquées, à base plus ou moins
SÉANCE DU 3o JANVIER igoS. 335
large. La régularité de cette disposition est telle qu'à une certaine distance
et vue du sud-ouest, la chaîne du Poyassovoï ressemble à une gigantesque
fortification, et qu'en voyant le Choudinsky-Karaen, qui se trouve un |)eu
plus au nord, on croirait avoir devant soi un énorme tronc de pyramide
construit par la main de l'homme, tant est grande sa régularité.
Des terrasses analogues se rencontrent sur la seconde chaîne de quart-
zites suivant immédiatement à l'ouest le Poyassovoï, puis sur Rosmer et
Antipowsky-Grébine, qui sont deux arêtes comprises entre le Poyassovoï et
la longue chaîne de Kwarkouche, située à une vingtaine de kilomètres plus
à l'ouest, et enfin sur la chaîne de Kwarkouche elle-même, qui leur doit
les formes lopographiques si bizarres de ses différents sommets. Le phé-
nomène des terrasses est donc absolument général dans toute cette région ;
c'est lui qui est la principale cause de la topographie si particulière et si
monotone aussi de celte contrée. Malgré le manque de cartes et de cotes
fixées par triangulation, nous avons pu établir plusieurs niveaux hypsomé-
triques que l'on retrouve constamment sur un certain nombre des princi-
pales terrasses, qui paraissent donc se ct)rrespondre sur une étendue de
pays considérable. Il ne nous a pas paru que ces terrasses eussent une re-
lation avec les vallées actuelles; elles sont sans doute beaucoup plus an-
ciennes et datent d'une période que l'on ne peut fixer, mais qui est en tout
cas antéquaternaire et pendant laquelle le régime hydrographique était
fort différent de ce qu'il est aujourd'hui. Ces terrasses sont donc l'expres-
sion d'une ancienne topographie, qui ne s'est conservée que grâce à l'ab-
sence de phénomènes glaciaires dans la région, et surtout à la présence de
roches essentiellement réfraclaires à la désagrégation, comme les quart-
zites. Il parait vraisemblable d'admettre que ces terrasses existaient aussi
sur d'autres chaînes, notamment sur les hautes montagnes éruptives qui
forment la ligne de partage plus au sud, mais qu'elles ne nous ont pas
été conservées avec celte netteté par suite de la nature même de leurs
roches constitutives. En tout cas, si l'on tient compte du fait que, de la
montagne de Bacéguy au Choudinsky-Kamen, il y a du sud au nord au
moins 200''™, on voit que le phénomène des terrasses n'est pas un accident
local, mais qu'il doit tenir à une même cause très générale.
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BUI.I.KTIN BIRI.IOtiltAIMIIVUF..
Ouvrages reçus dans la séance du 28 janvier igo.i.
(Suite.)
Compte rendu des séances du Conseil d'hygiène publique et de salubrité du dé-
partement de la Seine; II' année, n" 1. Séance du 6 janviei- igo5. Paris, Préfecture
de Police, inip, Cliaix, igoS; i fasc. in-8°.
Société des Ingénieurs cii'ils de France : Résumé, paraissant les premier et troi-
sième vendredis de chaque mois. Procès-verbal de la séance du 6 janvier igo5. Ordre
du jour des séances à venir. Paris, i fasc. in-8°.
La Pharmacie française, organe officiel de l'Association amicale des Etudiants en
Pharmacie de France, paraissant le i5 de chaque mois. 8" année, numéro de Noël igo^.
Paris, au siège de la Société; i fasc. in-8°.
Recueil de Médecine vétérinaire, publié par l'Ecole d'Alforl le 1 5 et le 3o de chaque
mois, t. LWXI, n» 1, i5 janvier 1905. Paris, Asselin et Houzeau; 1 fasc. in-S".
/.« Tempérance, organe mensuel de la Ligue nationale contre l'alcoolisme, Société
française de temjiérance, jinldié sous la direction de Frédéric RiÉmain; 2g' année, n" 1,
janvier igoô. l'aris, Asselin el Houzeau; 1 fasc. in-8».
Enhanced Unes of titanium, iron and chromium in the Fraunhoferic spectrum,
by Sir J. Norman Lockïer and F.-E. Baxandall. ( Exti-. des Proceedings of the Royal
Society, t. LXXIV.) i fasc. in-8°.
On the group IV Unes of silicium, by Sir Norman Lockyeii and F.-E. Baxandall.
(Extr. des Proceedings of the Royal Society, t. LXXIV.) 1 fasc. in-8".
Coloration in « Polistes», by Wilhelmine-M. Ememan, publ. by the Carnegie Insti-
tution. Washington, igOi4; i fasc. 10-8°.
Verslag omirent den slaat van 's Lands Planlenluin te Builenzorg over hetjaar
igo3. Batavia, igoA; i vol. in-4°.
Protective inoculation against asiatic choiera, an expérimental study by Riciiard-P.
Stro.N', Director of the binlogical Laboralory. Manille, Imprimerie du Gouvernement,
igo/i; 1 fasc. in-S".
Observatoire de Zi-Ka-Wei. Calendrier-annuaire pour igoô. Chang-Hai, Impri-
merie de la Mission catholique, igo^; 1 vol. in-i8.
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER-VILLAHS,
Quai des Grands-Auguslins, n° 55.
.«^S les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la Bn de l'année, deux volumes ln-4°. Deux
Il par ordre al,l«béti,ue des matières, l'autre par ordre alphabétique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
u i" Janvier. '
Le prix de l'abonnement est fixe ainsi quUsuit:
Paris : 30 fr. — Départements: 40 fr. — Union postale: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
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liez Messieurs :
Ferra n frères.
Cliaix..
Jourdan,
' KulT.
Courlin-IlecqueL
j Gastineau.
Jérôme.
Régnier.
, Ferel.
Laurens.
I Muller{G.)
Kenaud.
Ueirien.
P. Robert.
■ Oblin.
' Uzel frères.
. Perrin.
I Henry.
t Marguerie.
Juliot.
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■ Ratel.
( Rey.
(Lauverjat.
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chez Messieurs :
1 Baiimal.
■ ( M— Texier.
Bernoux et Cumii
\ Georg.
. , EfTanlia,
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f Vilte.
. Ruai.
l Valal.
• j Goulet et fils.
. Martial Place.
! Jacques.
Grosjean-Mauf
Sidot frères,
l Guist'hau.
IVantes ■ • J Veloppé.
IBarma.
Appy.
Thibaud.
Lyon
Marseille . . ■
Montpellier.
Uoulins ...
A'ice
Nîmes
Orléans Loddé.
\ Blanchi:
Poitiers.
Hennés . . . ■
fiochefort
Rouen
S'-Ètien
Toulon .
) BourdignuEi.
( Uombre.
Toulouse .
Tours
Valencienr
j Lévrier.
Plihon et Hervé.
Girard (M"")-
i Langlois.
j Lestringant.
Chevalier.
\ Ponleil-BuTles.
) Rumèbe.
^ Gimet.
( Privât.
Boisselier.
Périrai.
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\ Giard.
( Lemaltre.
Athènes . .
Barcelone .
Berne .
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Feikema Caarel-
■ I sen et G'*.
. . . . Beck.
. . . Verdaguer.
Asher et G".
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• • ■ Friedla rider et Sis.
' Mayeret Miiller.
, ... Schmid Francke.
... Zanichelli.
Lan
Bruxelles Mayolez et Audiarte.
' Lebègue et G'*.
Sotchek et G».
Bucharest Alcalay.
lUidapest Kilian.
Cambridge Deightoo, Bell et C-.
Christiania Cammermeyer.
Cons'tantinople . . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
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Madrid.
Milan .
Naples .
Genève 1 ««"''S
La Haye .
Lausanne.
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iBLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
IPPltHEKT lOX COMPTES KEMDOS BES SÉANCES DE LAfi DEMIE DES SCIENCES : , j,„., j„ ,.„.,,.„.„ .«.jp,..,»
;s grasses, par M. Glaude Bernard. Volume in-4°, avec 33 planche^; •^^^■■- • .' ', ' ' ',!'-Vinn di. Prii oroDOsée en i85o par l'Académie des Science:
, II.-Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Bened.« - Essa.d'une ^IPO-^^JJ^^^^'^^Ta^^oIo. 'JZTés fossiles'dans les différents te^lra-
; concours de i853, et puis remise pour celui de i85b, :
nenlaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Disci
rt des rapports qui existent entre l'élal actuel du régne o ^^
,8 Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences
,E;uHier les lois de la distribution des corps orga
n de leur apparition ou de leur dispan" — "■'•
iétats antérieurs», par M
; Professeur Bronn. In-^'
Rechercher U
7 planches ;i86i... 25 fr.
Librairie les Mémoires de l'Académie des Scienr
r 5.
TABLE DES ARTICLES (Séance du ÔO ianviei 190o.
MEMOIRES ET COMMIIIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
iVI. Henri Moissan. —
riences nouvelles relal
quelques expé-
à U préparation
Pages.
M. A. Lavehan. — Traitemetil mixte des
Trypanusomiases par l'acide arsénieux et
le Irypanroth ^x^
M. CoNsiDE]{E. — Faculté que le béton armé
possède de supporter de grands allonge-
ments 2(j,
MEMOIRES PRESENTES.
ML. Bachelier soun.et au jugement de , babililés continues du troisième genre „ . .q5
I Académie un Mémoire intitulé : <■ Pro- |
CORRESPOND AIVCE.
igo'i e (Borrell
par M. Ch.-A. Fia
M. G. Fayet. - Su
à courte période
■90h)
Dom M. AmaN'X et llom Cl. Koziir. —
Ombre secondaiie observée sur les an-
neaux de Saturne en octobre, novembre et
décembre 1904
M. ÉMiLK BoRKL. — Sur une propriété des
ensembles termes
M. Ld. Maillet. ~ Sur les zèr.is ri,- Innr-
tions entières d'ordre infini h.MiMini
M. UiiiENCoURT. — Sur la pr.-. 1-1. m .1. |,,,.,i
tions géographiques obtenues en 1 nuis ,|ij
voyage- avec l'astrolabe à prisme
MM. P. Lanuevin et .M. Moulin. - Sur un
enregistreur des ions de l'almosphère
M. Léon Guillet. — Sur la trempe des
bronzes
M. P. Nioolahdot. — Sesquioxyde de Ter
colloïdal, modilicalion brune
M. A^DRÉ Kling. — Sur la chlururalion de
la mélliyléthylcétone
M. Jardin. — Action de l'acide azotique
dilué sur les fibres végétales
Bui.LETl.N BIIILIOURAPHIQUE..
M. A. DE Schl'lten. — Sur la fiedlerite
M. H. CouiiTEr. — Les sels de la région du
Tchad
M. A. Kraysse. — Sur le parasitisme de
VOsyris alba
M. Leclerc du Sarlon. — Sur les change-
ments de composition du fruit des Cucur-
bitucées
M. S. PosTEiiNAK. — Sur la composition
limiquc et la signification des grains
aleurone
M. G. Peurier. — Préparation de moiUs de
pommes pratiquement stériles
M. Marcel Baudouin. ~ Du mode de fixa-
lion dorsale du Lernœenicux Sardinœ
sur son hôte
MM. Crarrin et Le Play. — Existence du
rachitisme intra-utérin
1. René Nicklès. - Sur les plis couchés de
Saint-Jean-de-Buéges ( Hérault )
H. H. Hergesell. — Sur les ascensions de
cerfs-volants exécutée^ sur la Méditer-
ranée et sur l'Océan à bord du yacht de
S. A. S. le Prince de Monaco, en 1904
MM. L. Durarc et F. Pearce. — Sur l'exis-
tence de hautes terrasses dans l'Oural du
Nord
IMPRIMEKIE iJAOTH[BR-VILLAKS.
yuai «les Grands-Auguslins. 55.
U Ocrant Haï
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIKES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAB MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
N' 6 (6 Février 1905
-^PAUIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES OE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUl
SÉANCES DES 23 JUIN
1862 ET o'i MAI 187:
l.ps Comptes rendus hebdomadaires dr.s séances
de V Académie ^
Les observations que j'ai recueillies dans la Côte-d'Or, où l'on emploie
non seulement des canons, mais aussi des fusées, confirment en général les
conclusions des expériences du Beaujolais.
Il paraît démontré que le tir contre les nuages tend à rétablir l'équilibre
électrique, les canons, les fusées ou les bombes se montrant à peu près
également efficaces. Cela doit être si, comme il est permis de le supposer,
ces engins agissent surtout par les gaz chauds et ionisés auxquels ils
donnent lieu.
Les appareils paragrêles fonctionneraient alors comme de véritables pa-
ratonnerres opérant au sein même des nuages.
On se rendrait compte semblablement des pluies torrentielles constatées
plus d'une fois à la suite des décharges formidables de l'artillerie dans les
grandes batailles. Ainsi, par ailleurs, de la pluie violente qui dans un orage
succède ordinairement aux premiers éclairs.
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèses dans lu série anthracênjqiie. IV. Dérivés
diamidés tétraalcoylés symétriques du dihydriire d'anthracéne '^-tétraphé-
nylé. Note de MM. A. Hali.er et A. Guyot.
Ainsi que nous le faisions remarquer dans notre dernière Commimica-
tion ('), nous avons imaginé un second procédé de préparation de certains
de ces dérivés et, en particulier, des composés tétralcoyldiamidés symé-
triques.
(') A. Haller et A. Guyot, Comptes rendus, t. CXL, p. 283.
C»H
C«H'
<^c.„.
C»H
5/ '"
^CH^NR'
344 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Des essais tentés pour obtenir des composés diphénoliqiies ou ciiamidés
symétriques n'ont pas donné de résultats jusqu'à présent, en raison des
propriétés oxydantes que possède le dihydrure d'anthracène y-dihydroxylé
y-diphénylé symétrique.
Rappelons aussi que la condensation de ce diol avec les diétlivl- et
diméthvlaniline donne naissance aux deux formes stéréoisomères ris et
trans qu'on peut représenter :
Produits de condensation du dihydrure d'anthracène ^-dihydroxylé y-di-
vhénylê symétrique avec la diméthylaniline et la dièthylaniline . — On obtient
ces produits en chauffant au réfrigérant ascendant des quantités équimo-
léculaires des deux composants en solution acétique. La condensation s'ef-
fectue en deux phases caractérisées par les Leinles successives qu'on
observe lorsqu'on projette quelques gouttes de la solution acétique dans
de l'acide sulfurique concentré. Au début de l'opération, la liqueur est
soluble en bleu intense dans l'acide minéral : on sait que cette coloration
est caractéristique du diol; après quelques minutes d'ébuUition, la liqueur
se dissout en rouge orangé dans l'acide; elle renferme, à ce moment, un
produit de condensation intermédiaire, très difficile à isoler à l'état pur,
résultant de l'union d'une molécule de diol avec une molécule d'aminé :
C'>H\ .011 CM' X°H*i\tP
C«H*( )C^H*-t-G'=H^NR^=G«H- ^OH- -^ 11^0
cens/ \oH O'H- '\0H
niol soluble Produit de condensation
en bien intermédiaire
ilaiis SOMl-. soluble en orangé
dans SCI^P.
Enfin, en prolongeant l'ébullition, la liqueur se dissout dans l'acide sul-
furique sans coloration appréciable. La condensation est alors terminée.
Jjorsqu'on opère avec la diméthylaniline, la li(|ueur se remplit à ce moment
de petits cristaux brillants, qui rendent Tébullition très pénible. Ce produit
constitue un des deux stéréoisomères. Les eaux mères, additionnées d'un
peu d'eau, fournissent une abondante cristallisation d'un second stéréo-
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. 345
isomère formé en égale quantité et totalement différent du premier dans
toutes ses propriétés. On obtient de chacun de ces corps 45 pour loo du
rendement théorique, soit en tout 90 pour 100 du rendement calculé.
Les deux stéréoisomères répondent à la formule C^H^'N' et présentent
un écart de plus de 85° dans leurs points de fusion, écart qui ne s'est pas
modifié après de nombreuses cristallisations.
Ils possèdent des solubilités différentes, et, comme il était à prévoir,
c'est le dérivé à point de fusion le plus bas qui est également le plus
soluble. Ils forment tous deux des chloroplalinates bien cristallisés lorsqu'on
traite par le chlorure de platine leurs sohUions dans l'alcool clilorhydnqiie.
Le chloroplatinate de l'isomère à point de fusion le plus élevé se précipite
aussitôt en fines aiguilles jaunes, tandis que le chloroplatinate du second
isomère ne se dépose que lentement, en feuillets dorés. Tous les deux ont
donné à l'analyse le même poids de platine pour cent, légèrement inférieur
au pour cent théorique. (Pt pour 100 calculé pour la formule
19,88; calcul 19,42 et 19,60).
La condensation avec la diélhylanilme a donné lieu aux mêmes obser-
vations; la séparation des deux stéréoisomères est cependant un peu plus
délicate en raison de leur moins grande différence de solubilité.
Dihydrure cVanthracène -;-télraphénylé tclraméthylé diamidé symétrique :
Premier slércoisomère C'-R^'^K-. — Petits prismes brillants, fondant au-
dessus de 360", presque insolubles dans tous les véhicules. Son meilleur
dissolvant est l'alcool chlorhydrique d'où l'ammoniaque le reprécipite en
cristaux microscopiques.
Deuxième sléréoisomère. — Cristaux blancs fondant à ijo", beaucoup plus
solubles que le précédent dans tous les dissolvants.
Dihydrure d'anlhracène -^-létraphénylè létrélhylédiamidé symétrique :
Premier stéréoisomére C'^H^^N". — Petits cristaux blancs fondant à aSo".
Deuxième stéréoisomére. — Cristaux blancs beaucoup plus solubles dans
tous les dissolvants, et en particulier dans l'éther sulfurique, que le corps
précédent. Leur point de fusion est situé à 23o°, c'est-à-dire de 20° plus
bas que celui de l'isomère.
Nous continuerons ces recherches sur les dérivés y-substitués du dihy-
drure d'anthracène et de ses divers produits de substitution.
(,T. C\L, N' 6.
3/(6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE AGRICOLE. — Le moelleux des vins.
Note de M. A. Muntz.
La composition du vin est connue dans ses grandes lignes, mais l'analyse
chimique s'est montrée jusqu'à présent impuissante à définir certaines pro-
priétés organoleptiques, qui ont une grande influence sur ce que l'on est
convenu d'appeler la qualité et qui établissent d'énormes différences dans
les prix.
Ijes praticiens ont recours à des définitions empiriques, qui répondent
souvent en termes très clairs, mais ne correspondant à aucune notion scien-
tifique, à la façon dont nos organes apprécient les vins.
C'est ainsi qiie les expressions très imagées de houqael, de finesse, de
corps, Ae fraîcheur, de moelleux, ôei^eloiité, etc. rendent très bien la pensée
des personnes habituées à la dégustation. Mais la nature des substances
auxquelles ces propriétés sont dues reste le plus souvent inconnue. Il y a
intérêt à déterminer comme espèces chimiques des produits qui, même à
l'état de faibles traces, jouent un rôle si important.
Parmi les propriétés les plus prisées, et en même ternps les plus frap-
pantes, on remarque ce qu'on appelle le moelleux, le velouté, c'est-à-dire
cette sorte de viscosité appréciable au palais et qui fait quelquefois dire que
le vin roule dans la bouche. A quoi est-elle due? Ce n'est certainement pas
aux principes qui constituent essentiellement le vin, puisque beaucoup de
vins contenant ces principes ne la possèdent pas. Puisqu'elle est exception-
nelle, c'est à des matériaux exceptionnellement jirésents qu'il faut l'attri-
buer.
Dans beaucoup de cas, et surtout lorsqu'il s'agit de vins liquoreux, ce
sont les sucres, et principalement la lévulose, qui donnent cette viscosité
que nous remarquons si facilemer)t. Mais ce n'est pas aux sucres seuls
qu'elle est due, puisque, à égalité de richesse saccharine, les vins ont un
moelleux variable, et puisqu'on retrouve ce moelleux même dans des vins
dont le sucre a disparu par la fernjentation.
Depuis longtemps on a signalé dans les vins des corps gommeux dont la
nature et l'origine n'ont pas été établies. Y a-t-il une corrélation entre le
moelleux et la présence de ces corps gommeux? A première vue, cela
n'apparaît pas, puisque cette gomme existe également dans les vins qui
n'ont pas de moelleux. Mais ces gommes étant des mélanges complexes, et
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. 3ZJ7
dont l'élude offre de grandes difficultés, n'y a-t-il pas quelquefois dans ces
mélanges des substances de nature spéciale qui communiquent au vin cette
propriété ?
En examinant des vins très moelleux, j'ai pu reconnaître, dans la masse
gommeuse qui en a été extraite, de la pectine, qu'on caractérise avec une
grande netteté par sa transformation en une gelée d'acide pectique sous
l'influence de la pectase.
On sait quel degré de viscosité la pectine communique aux liquides, et
je lui attribue une part prépondérante dans le moelleux, que j'ai pu d'ail-
leurs commutiiquer à des vins qui ne le possédaient pas, en les addition-
nant d'une petite quantité de pectine.
Ces constatations m'ont porté à étudier l'origine et les modifications des
corps pectiques existant dans le vin, en partant du raisin, pour aboutir au
liquide fermenté.
On sait que les corps pectiques sont abondamment répandus dans les
tissus végétaux, sous des états variés. En examinant le grain de raisin, on
trouve que le tissu du parenchyme interne et celui de la pellicule con-
tiennent abondamment de la pectose, forme insoluble des corps pectiques,
et cela à tous les degrés de maturité. Mais le liquide sucré qui les baigne.
et qui fournit le moût, renferme de la pectine, c'est-à-dire la forme soluble,
en proportions extrêmement variables. C'est avant la maturité qu'on eu
trouve le moins; à mesure qu'elle avance, la proportion de pectine soluble
augmente, et c'est lorsque la maturité est dépassée qu'on en trouve le plus.
Il se produit ainsi dans le raisin un phénomène qui est très fréquent dans
les fruits, et qu'on constate particulièrement dans les poires, dans lesquelles
le blessissement produit un jus auquel la i)ectine communique une grande
viscosité. Le raisin éprouve également une sorte de blessissement, lors-
qu'on le récolte à une époque où la maturité normale a été dépassée, et
les vins qu'il donne alors ont ordinairement un moelleux très accentué.
Les proportions de corps pectiques, pris dans leur ensemble, diffèrent
dans le raisin suivant les variétés. Elles sont généralement comprises entre
I et 3 pour looo. Voici comment ces corps pectiques se répartissent dans
i''*"' de raisin mûr.
Pectose Peclinc
insoluble. soluble.
Dans 2238 de pellicules brutes • > '9 "
^ Dans I io8 de parenchyme du tissu intérieur. . 0,69 »
Dans 667S de moût » 0,72
Ensemble des corps pectiques 26,60
34^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce qui donne :
ose Peclinc
ible. ^ohiblr.
Pour loo de pellicules liriites o,534 »
1) de parenchj'nie intérieur o,63i »
» de moût » o, io3
Comme nous venons de le dire, la proportion de pectine, c'est-à-dire de
la forme soluble dans le mot'it, augmente à mesure que la maturité avance.
En voici un exemple :
Pectine
par litre de moût.
5 septembre : Raisin d'Aramon approcliant de la maturité. o,ii5
II» » arrivé à maturité . o, i83
Dans un raisin très mûr. on a trouvé i ,o3o
Si, comme on le fait quelquefois, on chauffe le raisin en vue d'obtenir
certaines qualités de vins, on exagère l'effet dû à la maturation, en trans-
formant en pectine soluble la peclose insoluble des tissus, par une action
bien connue de l'acidité. On a alors des moûts très visqueux et, ultérieu-
rement, des vins ayant beaucoup de moelleux.
Comment se comportent les corps pectiques au cours de la fermentation
de la vendange? J"ai pu constater qu'une partie disparaissait assez rapide-
ment.
Dans une vendange renfermant primitivement 23,496, on n'a plus retrouvé, après
I I jours de fermentation, que i?, 48o de corps pectiques par kilogramme.
Mais ce n'est pas à la fermentation alcooliqtie proprement dite que cette
disparition est due, puisqu'elle n'a pas lieu lorsque la vendange a été, au
préalable, stérilisée et ensuite ensemencée de levure pure. C'est donc à
des fermentations secondaires qu'il f;iut attribuer cette diminution.
Une partie seulement des corps pectiques disparus se retrouve à l'état de
ces corps gommeux présents dans tous les vins. Voici un exemple de cette
disparition partielle des corps pectiques, au cours de la fabrication du vin;
il est emprunté à un raisin très mûr riche en pectine, et qui a été aban-
donné à la fermentation |5endant 1 1 jours.
Il y avait :
Avant la fermentation :
Dans Dans
le moût. le mare.
Pectine soluble i*^, 127 »
Pectose insoluble » 16,262
Ensemble des corps pectiques 2". SSg
SÉANCE DU 6 FKYRTKR ipo'). S/Jp
. Après la fermentation :
Dans Dans
le moût. le marc.
Pectine et gommes solubles 0*^, 5^7 »
Pectose insoluble » os, 227
Ensemble des corps pectiques et gommeux.. 0"i774
Une partie de la pectine soluble s'est retrouvée en nature, une autre
partie à l'état de corps gommeux, plus de la moitié a disparu. Quant à la
pectose insoluble du marc, la plus grande partie a subi des modifications
profondes qui l'ont fait échapper à toute recherche.
Les matières gommeuses, qui sont présentes dans tous les vins, et qui
dérivent en majeure partie des corps pectiques, n'ont pas par elles-mêmes
une grande viscosité, et on les trouve aussi dans les vins auxquels le moel-
leux fait défaut; elles ne paraissent pas, à ce point de vue, jouer un rôle
important. Mais'dans les vins où une partie de la pectine persiste, en rai-
son de son abondance dans le raisin, et où l'on peut la retrouver avec ses
caractères propres, on constate cette qualité spéciale du moelleux.
Le degré de maturité du raisin joue le principal rôle dans l'élaboration
de la pectine soluble, à laquelle il convient d'attribuer une part importante
dans la qualité de certains vins.
GÉOLOGIE. — Sur l'extension des mers crétacées en Afrique.
Note de M. A. uk Lapparent.
A diverses reprises, j'ai entretenu l'Académie des traces laissées, au
Sahara et au Soudan, par les mers du crétacé supérieur. Il était naturel de
penser que ces mers, reconnues depuis Bilma jusqu'au Damerghou,
devaient être en relation par l'ouest avec l'Atlantique; mais on n'en avait
encore aucune preuve directe sur les 2 5oo''™ qui séparent le Damerghou de
l'Océan.
Cette distance vient d'être considérablement réduite, grâce aux trou-
vailles de deux officiers français, le lieutenant Desplagnes et le capitaine
Théveniaud. Le premier a recueilli, dans un dallol qui aboutit au Niger
non loin du coude de Tosaye, et qu'on appelle la vallée Telemsi, un lot
de fossiles roulés, parmi lesquels M. Douvillé a reconnu des oursins
paraissant appartenir au genre Linthia, et de petites huîtres du genre
Lopha, très différentes de celles de ïamaské, tandis qu'elles ont beaucoup
d'analogie avec certaines formes du crétacé supérieur d'Algérie.
35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'une de ces huîtres se montre aussi clans un échantillon de roche
recueilli sur le parcours du même dallol, à une centaine de kilomètres au
nord, par le capitaine Théveniaud. La localité de Tabàtikôrt, d'où provient
l'échantillon, se trouve, d'après les roches communiquées à M. Lacroix,
sur le bord méridional d'une vaste région granitique s'étendant au nord
du i8° parallèle.
Enfin, sur le 20'' degré de latitude, à Mabrouk, à un peu moins de 2° en
longitude à l'est de Totjîbouctou, M. Théveniaud a recueilli un fragment
de calcaire contenant des cardites où M. Douvillé a reconnu les caractères
distinctifs du groupe de la Cardita Beaumonti, espèce qui, en Libye comme
en Inde, occupe la partie tout à fait supérieure du crétacé.
Ces constatations, qui étendent de 1200'^™ à l'ouest le domaine des mers
crétacées en Afrique, ne laissent plus de doutes sur l'ancienne communi-
cation de l'Atlantique avec la mer où vivait l'oursin de Bilma.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les trois méthylcyclohexanones et les mèthyl-
cyclohexanots correspondants. Note de MM. Paui- Sabatier et A.
Mailhe.
Les trois métliylcyclohexanes que prévoit la théorie ont été atteintes
jusqu'à présent par diverses voies, toujours compliquées. Une seule d'entre
elles, la méthylcyclohexanone i.3. est assez bien connue, parce qu'elle se
produit facilement au moyen de l'hydratation de la pulégone : en traitant
par le sodium sa solution dans l'éther aqueux, on en a déduit l'alcool cor-
respondant. On connaît moins bien l'acétone 1.2 et l'alcool 1.2, et encore
plus mal la méthylcyclohexanone 1.4» décrite par un seul auteur, et dont
l'alcool n'a jamais été préparé.
On sait que les trois crésols, ortho, meta, para, se prêtent bien, comme
le phénol lui-même, à la méthode d'hydrogénation de MM. Sabatier et Sen-
derens('), et peuvent ainsi conduire facilement aux trois méthylcyclohe-
xanols correspondants, dont la préparation devient ainsi très aisée à accom-
plir. Nous sommes partis de cette réaction pour obtenir les alcools et étu-
dier leurs propriétés, ainsi que celles des acétones qui s'y rattachent.
1° MéLhylcyclohexanol 1.2. — L'hj'drogénation de l'orlliocrésol sur le nickel réduit
a lieu très régulièrement à 2oo''-22o° et fournit avec un excellent rendement (supérieur
(') Paul SabatieS et Senderens, Comptes rendus, t. CXXXVll, 1908, p. 1026.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. 35 1
à 90 pour 100) le méthylcyclohcxanol 1.1. sensiblement j:)ur el ne contenant que de
très faibles quantités de l'acétone corresponrlanle. Pour caractériser cet alcool avec plus
de certitude, nous ravons, par l'action de ranliydride acétique, transformé en éther
acétique. Ce dernier est un liquide d'odeur de fruits, c?2^0i9'^S. Il bout à 181°, 5-
182°,:) (corr.). Saponifié par la potasse alcoolique, il régénère le uiélhylcycloliexa-
nol 1.2:
/CH- ^CH-
C'est un liquide incolore, dont l'odeur est semblable à celle du cyclohexanol
f/J — 0,9452.
Il bout à 164°, 5- 165", .5 (dans la vapeur) sous 745"^";
Son phényluréthane est facile à préparer par l'action directe de l'isocyanate de phé-
nyle : il se présente en prismes brillants qui fondent à io5°.
Cet alcool, chauffé avec du chlorure de zinc anhydre, se déshydrate en donnant deu-x
méthylcyclohexènes isomères, l'un bouillant à toSo-ioq", rfj =0,828; l'autre qui bout
à io3°-io5°, c?2 = o>82i.
La niéthylcyclohexanone 1.2. peut être préparée facilement par oxydation de
l'alcool au moyen du njélange chromique. Mais il est beaucoup p|us avantageux de
l'obtenir par l'action du cuivre à Soo" sur les vapeurs de l'alcool, selon la méthode
générale de MM. Sabatier et Senderens ('); par ce dernier procédé, le rendement est
à peu près théorique; une très petite quantité de l'alcool est seulement scindée en eau
et mélhylcyclohexène, et une autre portion très petite fournit de l'hydrogène et de
l'orthocrésol.
La méthylcyclohexanone 1.2. est un liquide incolore, d'odeur semblable à celle de
la cyclohexanone f/|; = o,944i- Elle bout à lôa^-iôS" (corr.), Elle donne une combi-
naison cristallisée avec le bisulfite de sodium. Nous avons préparé sa semicarbazide,
qui cristallise de l'alcool chaud en minces lames clinorhombiques, qui fondent à 191°
en se décomposant un peu.
1" Mélhylcyclohexanone i.3. — Le métacrésol subit facilement l'hydrogénation
directe sur le nickel à 200°-220°, et fournit un mélange qui contient à la fois le
méthylcyclohexanol i..?. et l'acétone correspondante, dont la présence est indiquée
par la combinaison cristallisée avec le bisulfite de sodium. La proportion d'acétone est
d'autant plus grande que l'hydrogénation a été conduite à température plus haute. Le
mélange ainsi préparé peut servira obtenir à volonté soit l'alcool, soit l'acétone, selon
la marche indiquée par MM. Sabatier et Senderens pour le cyclohexanol,
Afin d'obtenir l'alcool tout à fait pur, nous l'avons transformé, par l'action de l'anhy-
dride acétique, en éther acétique. Ce dernier est un liquide d'odeur un peu moisie
c?J= 0,960. Il bout à i85°,5 (corr.). Par saponification à la potasse alcoolique, il
fournit le méUiylcyclohexanol i.3. :
CH -CH^^cH.-CHOH/^'"-
(') Paul Sabatier et Se.nderens, Comptes rendus, t. CXXXVI, 1908, p. gSS.
352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'est un liquide incolore d'odeur non désagréable. f/J = 0,9836. 11 bout à 172°, 5,
sous 745"™ (dans la vapeur).
Son phénylurélhane est en gros cristaux épais qui fondent à 96°.
Cet alcool, chauffé avec du chlorure de zinc anhydre, donne un niéthylcyclohexène,
qui bout à 100° (corr. ), d^ = 0,819.
En faisant passer les vapeurs de cet alcool, ou du mélange fourni par l'hydrogénation,
sur du cuivre réduit maintenu vers Soo", nous avons obtenu aisément l'acétone corres-
pondante. La production secondaire de crésol régénéré est peu importante, quoique
cependant plus abondante qu'avec l'alcool 1.2.
La méthylcyclohexaiione i.3. est un liquide incolore, d'odeur cétonique camphrée,
û(J = o,933o : elle bout à 169" (dans la vapeur) sous 765'"™.
Elle se combine facilement avec le bisulfite de sodium. Sa semi-carbazide cristallisi'
de l'alcool méthylique en lames rhombiques très minces, d'aspect nacré, qui fondent
à 182°, 5 en se décomposant un peu. Ces diverses propriétés diflerent très peu de celles
qui avaient été généralement décrites pour la même acétone, issues de la pulégone.
3° Méthylcyclohexanol 1.4. — L'hydrogénation directe du paracrésol, réalisée sur
le nickel à 20o°-23o°, donne aisément le méthylcyclohexanol i.4', mélangé seulement
d'une faible dose d'acétone.
Pour avoir l'alcool tout à fait pur, nous l'avons transformé en éther acétique :
celui-ci est un liquide incolore d'odeur agréable à pointe de fenouil, (/J = 0,962. H
bout à 186°, 5 (corr.).
Saponifié par la potasse alcoolique, il fournit le inélhylcyclohexanol 1.4.:
cii3-cH<^;;;i;5;;;>c.ioii.
C'est un liquide incolore, un peu visqueux, d'odeur agréable. o?J =10,9328. 11 bout
à 172°, 5-173° (dans la vapeur) sous 745™".
Son phényluréthane se présente en prismes brillants allongés, qui fondent à i25°.
Chauffé avec du chlorure de zinc anhydre, cet alcool donne un méthylcyclohexène,
qui paraît identique à celui qui a fourni l'alcool i.3. f/J = 0,818, point d'ébul-
lition : io.5° (corr. ).
L'action du cuivre à 3oo" transforme facilement cet alcool en inclhylcyclohexa-
none 1 .4. C'est un liquide d'odeur agréable. «?J = 0,9332. Elle bout à 169°, 5 (dans la
vapeur). Elle donne avec le bisulfite de sodium une combinaison cristallisée. Sa semi-
carbazide cristallise de l'alcool en prismes obliques épais, qui fondent à 197° sans subir
de décomposition appréciable. Ce dernier nombre est très voisin de celui que Einhorn
avait indiqué comme point de fusion de la semi-carbazide de l'acétone i.4- Mais le
point d'ébullition qu'il a indiqué pour l'acétone elle-même (i63"-i65'') est très diffè-
rent de celui que nous avons trouvé nous-mêmes sur une grande quantité du cuui-
posé ('). Le méthylcyclohexanol i .4- n'avait jjas encore été décrit.
(') EiNHOR.N, Ànn. Chern. Pliarm., l. CCXCV,
SÉANCE DU 6 FÉVRIER iqo5. 353
PRESE\'TATIO]\S.
L'Acaflémie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui devra être présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique, pour la chaire d'Histoire naturelle des corps organisés, vacante
au Collège de France par suite du décès de M. Marey.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candi-
dat, le nombre des votants étant 47>
M. François-Franck obtient 45 suffrages
M. Delezenne » i »
Il v a un bulletin blanc.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
le nombre des votants étant l\2,
M. Tissot obtient Sg suffrages
M. François- Franck « 2 »
Il y a un bulletin blanc.
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique comprendra :
En première ligne M. Fra.vçois-Fra.vck.
En seconde ligne M. Tissot.
CORRESPONDAJXCE .
M. le Secrétaire pkrpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Les bases de la Météorologie dynamique. Historique. État de nos connais-
sances, par M. H.-HiLDEBRAND HiLDEBRANDSSON et M. LÉON TeISSERENC DE
BoRT (7® livraison). (Présenté par M. Mascarl.)
G. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 6.) 46
354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Les centres nerveux, physiopathologie clinique, par M. J. Grasset.
(^Présenté par M. Bouchard.)
M. A. Hansky adresse des remercîments à l'Académie pour la distinc-
tion dont ses travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique.
ASTRONOMIE. — Sur une mesure de la hauteur de la couche renversante,
obtenue à l'aide de la grande lunette de l' Observatoire du mont Blanc.
Note de M. Millochau, présentée par M. J. Janssen.
M. Janssen ayant mis à ma disposition les crédits nécessaires, j'ai fait
construire, eu 1904, un spectroscope pouvant se monter à l'arrière de la
grande lunette de l'Observatoire du mont Blanc.
L'une des conditions à remplir étant la légèreté, le bàli supportant les pièces
optiques a été construit d'un seul morceau, en aluminium fondu, et sa forme a été
calculée pour assurer une grande rigidité avec le minimum de poids.
Ce spectroscope, destiné en principe à l'étude des spectres planétaires, se compose
d'un collimateur de o^jôo de distance focale, d'un prisme dont l'angle est de Se", ar-
genté sur la face opposée au collimateur, et d'une lunette de o™,3o de distance focale.
Grâce à ce dispositif le rayon sortant du prisme revient sur lui-même, et la longueur
totale de l'appareil est réduite au minimum.
La chambre et le collimateur font entre eux un angle de So"; par suite, le prisme
fonctionne de manière que l'image delà fente soit diminuée et l'appareil permet d'ob-
tenir des raies relativement fines avec une fente large.
Le ï3 août Î904, faisant à la grande lunette de l'Observatoire du mont
Blanc des observations du spectre du bord solaire, à l'aide de ce spectro^
scope, je remarquai que, lorsque la fente était exactement tangente à ce
bord, deux raies brillantes étaient visibles dans le rouge, alors que les
raies chromosphériques C et D3 ne l'étaient pas.
Ces deux raies brillantes étaient beaucoup pitis intenses au milieu et se
terminaient à leurs extrémités par des pointes fines.
L'oculaire du spectroscope étant muni d'un micromètre gravé sur verre
pouvant prendre toutes les positions par rapport au spectre, je pus me-
surer celle de chacune de ces raies, ainsi que leur longueur.
La mesure de cette longueur fut très facile, la netteté et la stabilité des
images étant parfaites.
Les raies observées correspondent à celles du calcium X 6439,29 et
>k 6494>ooi et sont dues à la couche renversante.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. 355
La mesure de la longueur de la raie brillante permet de déterminer la
hauteur de la couche renversante qui les produit.
En efTet, si l'on appelle /( cette hauteur, R le rayon du Soleil et 2 c la longueur de la
raie, on a
/î = - R ± v/K- + c\
La longueur mesurée pour 2C donne fi rr 4'^,oi sur la fente du sjjectroscope, ce qui
correspond à o",i5.
Richard et Proctor, en 1869 [Monthly notices, t. XXX-XXXI), donnent pour
hauteur de la couche renversante o",2, soit 80 à 90 miles.
W.-II. Pulsifer, en 1877 [American Journal, ji. 3o3), a mesuré cette hauteur, pen-
dant une éclipse, par le procédé que j'ai enjployé, mais en évaluant la longueur des
raies par rapport à la hauteur du spectre; il a trouvé 024 miles.
Je pense qu'il serait intéressant de faire, de temps en temps, des me-
sures de ce genre, la hauteur de la couche renversante variant peut-être
avec l'activité solaire.
ASTRONOMIE. — Observations de la lumière zodiacale faites au sommet du
mont Blanc. Note de M. A. Hansky, présentée par M. J. Janssen.
Le sommet du mont Blanc, à cause de la pureté et la raréfaction de l'air,
l'absence complète de lumière diffuse, présente des conditions très favo-
rables pour l'observation de la lumière zodiacale. C'est ainsi qu'à ma der-
nière ascension, pendant les nuits des 21 et 22 septembre 1904, j'ai pu faire
les observations suivantes :
Grâce à ces conditions exceptionnelles j'ai pu constater dans la lumière zodiacale les
détails très difficilement visibles ordinairement sous nos latitudes.
La forme de la lumière zodiacale est un triangle sphérique, dont le sommet est
situé très près de l'écliptique. Dans l'espace elle doit avoir la forme d'une lentille,
La hauteur visible du sommet de ce triangle au moment de l'observation (3''4o"'
temps moyen de Paris) était 52°; la longueur, comptée du centre du Soleil, 80°. Sa lar-
geur à l'horizon 25°, celle dans le plan de l'axe du Soleil So".
Ce triangle n'est pas symétrique par rapport à l'écliptique. 11 est plus large du côté
nord, mais moins défini que du côté sud. Le rapport de ces deux parties est 2:1.
L'intensité de cette lumière augmente vers le centre, mais son maximum n'est pas
situé sur l'écliptique; il en est distant de 3".
Le sommet du triangle a une latitude + 2°. On peut distinguer trois zones dans la
lumière zodiacale. La première (lumière diffuse) a la forme du triangle sphérique dont
nous venons de parler et est très faible. La deuxième (lumière médiale) est plutôt para-
bolique et la troisième (lumière centrale) a la forme d'une parabole.
356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Elles se changent de l'une à l'autre par degrés insensibles.
Les parties supérieures de la lumière zodiacale sont très faibles. A la distance de 55°
du Soleil son intensité est égale à celle de la voie lactée; à 4o° elle est double, çt à la
distance de 3o° elle est triple, ainsi que j'ai essayé de le montrer.
La couleur de la lumière zodiacale est très difficile à apprécier à cause de son peu
d'intensité. D'après mon observation elle est blanche avec une tendance au vert, mais
M. Beaudouin, architecte de l'Etat, qui a aussi observé avec moi ce phénomène au som-
met du mont Blanc, l'a trouvée jaunâtre ; il a pris aussi, de la lumière zodiacale, des
dessins qui sont en plein accord avec les miens.
Il serait important de continuer les observations de la lumière zodiacale
en attirant l'attention surtout sur les détails suivants :
1. Étudier la forme de la lumière zodiacale; faire les dessins les plus exacts de sa
position et de ses limites parmi les étoiles;
2. Observer son intensité dans différentes parties en la comparant avec celle de la
voie lactée. Ces déterminations permettront de constater les variations de son intensité,
lesquelles sont peut-être liées à la périodicité de l'activité solaire. Tâcher de déter-
miner la couleur de cette lumière;
3. Étudier son spectre, qui offre une bande très faible dans le vert (5oo-555H-l^) ;
celle-ci peut avoir une liaison avec la raie verte du coronium (53il'l^);
4. Tâcher de photographier ce phénomène régulièrement ;
5. Faire les observations simultanées de la lumière zodiacale dans des endroits très
éloignés les uns des autres pour déterminer si cette lumière change sa position ou sa
forme avec le lieu d'observation.
Si ce phénomène est purement terrestre, comme le suppose Arrhenius, la
lumière zodiacale n'aura pas de parallaxe, parce qu'elle suit alors l'obser-
vateur, comme une ombre lumineuse.
Si, au contraire, elle appartient au Soleil, elle aura une parallaxe assez
appréciable dans ses parties supérieures qui sont les plus proches de la
Terre.
Je pense que la lumière zodiacale est un phénomène électrique du même
genre que la couronne solaire et l'aurore boréale.
D'après les nouvelles théories le Soleil envoie de sa surface dans toutes les directions
des particules très petites portant une charge électrique négative.
Ces particules, détachées de la surface solaire surtout aux endroits où l'activité du
Soleil est la plus intense et ayant un diamètre moindre d'un micron (il^), sont repoussées
par la pression de la lumière solaire avec une force dépassant l'attraction.
Elles se meuvent avec une vitesse de plusieurs milliers de kilomètres par seconde et
électrisent toute matière qu'elles rencontrent.
Cette matière électrisée produit le phénomène delà couronne solaire et de la lumière
zodiacale. Arrivées jusqu'à la Terre ces particules produisent l'aurore boréale et autres
phénomènes électriques terrestres.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER IQoS. 357
Les rayons de la couionne indi(|uenl la direclion de ces jels de particules qui sortent,
dans la plupart des cas, normalement à la surface solaire.
Comme l'activité du Soleil est plus grande dans les zones situées prés de son équa-
teur, surtout aux époques des minima des taches, la couronne a un développement
plus grand dans le plan de i'équateur du Soleil surtout aux années des minima.
On a vu exceptionnellement la couronne solaire se prolonger dans cette direction
jusqu'à 12 rayons du Soleil (pendant l'éclipsé de 1878, par M. Langley).
Ceci porte à croire que la couronne se prolonge encore plus loin, mais la lumière
diffuse du ciel et celle de la couronne elle-même (plus intense que celle de la pleine Lune)
ne permettent pas de voir pendant les éclipses totales les parties extérieures de la cou-
ronne qui sont très faibles.
La lumière zodiacale est le prolongement de la couronne.
Les particules éleclrisées sortant du Soleil ne se meuvent pas en ligne droite; mais,
sous l'action d'une force qui paraît être magnétique, elles ont une tendance à s'appro-
cher de plus en plus du plan de I'équateur solaire.
Si la vitesse de ces particules n'est pas grande, cette tendance devient très accusée.
Ceci explique la forme de la couronne des minima qui est celle d'une lentille très aplatie
dans le plan de i'équateur solaire.
Les rayons de la couronne, pendant les minima des taches, ont la forme d'aigrettes
très visiblement recourbées vers I'équateur et leur vitesse doit être très petite.
En s'éloignant du Soleil ces particules perdent leur vitesse, acquièrent de plus en
plus la direction parallèle au plan de I'équateur solaire et se propagent plus loin en
ligne droite.
De cette manière peut être expliquée la forme de la lumière zodiacale qui est lenti-
culaire et devient, aux endroits très éloignés du Soleil, plane et parallèle au plan de
I'équateur solaire.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les solutions des systèmes d'équations diffé-
rentielles linéaires à coefficients monodromes. Note de M. Ed. Maillet,
présentée par M. Jordan.
Je considère le système
/ clr,
dx„
dz
a,,x, -\- .
a„,œ, +
où a,,, . . . , a„„ sont, dans le domaine de s = ao, par suite en dehors d'im
cercle C^^, de rayon y. assez grand, ayant pour centre l'origine, des fonc-
tions monoiiromes ayant pour point singulier essentiel isolé s = 00, autre-
358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment dit des fonctions quasi-méromorphes pour ^ = gc. Je décris autour
de chaque pôle des Uji, en dehors de Cj^, des cercles de rayon e^^{r.)~\
^hi^iy^ pour le pôle «/, avec | a,- 1 = r,- et (^-, pX (A,, t') < (^,,t) (')
[t, t' fixes, T — t' assez grand, (k, p) ordre maximum des Oj/ supposé non
transfini, ^ ou p^o]. Soient H, H' les régions formées des points en dehors
de C|j. et de chacune de ces deux catégories de cercles respectivement, ces
dernières formant elles-mêmes les régions E, E' respectivement. Je prends
encore un cercle Cr, de rayon R fixe (-), ayant pour centre l'origine.
On a la propriété suivante :
Soit A un point de H', d' affixe z, m>ec \z\ = r; [x étant choisi a priori suffi-
samment grand et fixe, ainsi que t — t', l'angle sous lequel C„ est vu du
point A est aussi grand qu'on veut par rapport à la somme des angles sous les-
quels sont vus de A les cercles de E, quand r est suffisamment grand, mais
quelconque.
Par suite, il passe toujours par A une infinité de droites qui coupent le
cercle Cr et sont, en dehors du cercle C^, en entier dans la région H.
Celte propriété sert pour établir le théorème général suivant relatif au
système (i) :
En tout point pris en dehors de H', on a, pour r assez grand,
dés que {k^ , -') > (X-, p), t, étant fixe et arbitraire, pourvu que
(y!-,,T,)>(X-,p),
k ou p^ o.
Une manière avantageuse de choisir k, et t, consistera à prendre k, = X-,
T, = p + £.
Cette propriété s'étend de suite à toute équation différenlieMe linéaire homo-
gène d'ordre n dont les coefficients sont analogues aux aji.
Je mentionnerai en passant le théorème suivant :
La série
(') (A, p) <(/.-,, t') par exemple signifie que roii a soit k <_ k^, soil p < -'
avec Ar = Aj.
(^) R peut d'ailleurs être aussi petit que Ton veut, pourvu que |x et /■ m | ; | soient
assez grands.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1905. 35g
OÙ (j est fixe et où r^ est le module chif'"'" zéro d'un produit canonique d'ordre
(k, p) (^ ou p ^ o), converge ou diverge suivant que (k,, n) est plus grand ou
plus petit que (^, p).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégrale de Poisson et les lignes singu-
lières des fonctions analytiques. Note de M. P. Fatou, présentée par
M. Painlevé.
Considérons une série de Taylor
/(z) = a^-i- rt,s + . .. + a„="+ . . .
dont le rayon de convergence soit égal à i; on peut exprimer /(s) et les a„
par les formules de Cauchy
l'intégration étant effectuée le long d'un cercle intérieur au cercle de con-
vergence. Dans quels cas peut-on prendre pour C le cercle de convergence
lui-même? Il en serait évidemment ainsi si f{z) était continue à l'intérieur
du cercle et sur lé cercle. Mais cela n'est nullement nécessaire.
Supposons seulement que/(-) soit bornée à rinlérieur de son cercle de convergence,
mais ne faisons a priori aucune hypothèse sur la façon dont elle se coniporte au voisi-
nage du cercle. S'il en est ainsi, on démontre, en s'appuyant sur des propositions dues
à M. Lebesgue, concernant l'intégrale des fonctions de variables réelles, que Ton peut
encore intégrer sur le cercle de convergence, autrement dit que la partie réelle et la
partie imaginaire de f{z) s'expriment par des intégrales de Poisson :
les fonctions g et /( étant des fonctions discontinues de la première ou de la seconde
classe de M. Baire dont j'ai étudié la dépendance mutuelle (').
(') Ne sachant pas si la fonction a une valeur sur le cercle, c'est par un procédé
indirect que nous obtenons la définition des fonctions g el h; nous démontrons a pos-
teriori qwe f{f)-+- ig{.,Co +. . . + >.,C,= a,,, Cf^, +. . .+ [v-aQ.
ou, comme nous écrirons symboliquement,
(2) >,c, +)^oCo+... + >.,c,-t->f^,(;+, -+-... + >./,C;,=o,
en posant
Alors nous dirons que les courbes C,, C,, ..., C^ sont algébriquement
dépendantes; tandis qu'on les dira algébriquement indépendantes dans l'hy-
pothèse contraire.
Soient »?,, m., . . ., m,, les ordres, n,,, n,.,. ..., n^/, les degrés virtuels, 7:,,
z.,. . . ., -A les genres virtuels des courbes C,, . . ., C^, et désignons par n,^ le
nombre des points communs aux courbes C, et Cj.
La matrice de h colonnes verticales et h + 2 lignes horizontales
(3)
^/r2
m. 2
0.,
où l'on a posé ,0,= 277, — 2 — «,,, si
groupement (C,, C,, . . ., C/,).
c. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N-
m,,
■ 'h
dite la matrice discriminante flu
47
362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces définitions étant posées, je vais énoncer le théorème suivant :
Pour que les courbes C,, Cj, . .., C/, soient algébriquement dépendantes, il
faut et il suffit que la matrice discriminante du groupement (C,, Co, . . ., Ch)
soit nulle (c'est-à-dire que ses déterminants d'ordre h soient nuls).
J'appuie la démonstration fie ce théorème sur la lemarque que, si deux courbes
A, B de F ont le même degré, le même genre el le même ordre, les systèmes algé-
briques complets
(4) (D). (D + A-B), [D + 2(A-B)]. ...,
qui contiennent les systèmes linéaires [D|, |D + A — B|, |D -t- 2( A — B)|. ... (pourvu
que ces systèmes existent, comme on peut le supjjoser lorsque la courbe D est clioisie
dans un système régulier convenable), ont les caractères du premier d'entre eux.
Puisque sur une surface algébrique les courbes d'un ordre donné se distribuent en un
nombre fini de systèmes algébriques, on en conclut que la série (4) renferme un nombre
limité de termes distincts, c'est-à-dire que aA = o(B, où a(ii) est un entier positif.
2. On peut présenter sous une forme transcendante la condition pour
que les courbes C,, Cj, ..., Q soient algébriquement dépendantes, en
ayant égard aux intégrales de différentielles totales {intégrales de Picard)
attachées à la surface.
Si, en effet, les courbes C,, . . ., C/i sont liées par la relation (i) ou (2), il existera
un système oo', algébrique et irréductible S, dont
X,C,-i-...4-),,C,(=A) et |j.,_„C,+, -+-...+ iJ./,C/,(=B)
sont deux courbes totales. Désignons par o une courbe jjlane dont les points représen-
tent les courbes de S, par a, b les points de cp homologues des courbes A, B, par $,,
^j, . . . , ^v les V points de (p qui représentent les courbes de S issues d'un point {xyz)
de F, et enfin par ra une intégrale abélienne de troisième espèce, avec les deux points
singuliers logarithmiques a, b. La somme t5(?,) -1- 73(^2) -h. . .-H tn(^v) est égale à
la valeur d'une certaine intégrale de Picard !„ au point (.2;/^), et comme elle demeure
finie lorsque le groupe (?,, ^2» •■•i^v) ne contient aucun des points a, b, l'inté-
grale J deviendra infinie logarithmiquement aux seuls points des courbes C,, Gj, ..., C/,;
c'est-à-dire que J sera de troisième espèce, avec les seules courbes logarithmiques Ci,
C2, ...,Ca.
Réciproquement, si l'on peut former sur F une intégrale J de troisième espèce, ayant
les seules courbes logarithmiques Cj, ..., C/,, avec les périodes polaires respectives
c,, . . ., C/,, la somme des résidus de l'intégrale abélienne de troisième espèce, qu'on
obtient en regardant J comme une fonction d'un point variable sur une courbe irré-
ductible D de la surface, doit être nulle, et donc, en désignant par (C,D) le nombre
des points communs aux courbes Ci et D, on aura
(5) c,(C,D)+c,(C2D)-i-... + o,(C;,D) = o.
En prenant successivement, pour courbe D, chaque courbe d'un groupe convenable,
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. 363
on voit que la matrice (3) est nulle, c'est-à-dire que les courbes logaritlimiques sont
ilépendanles.
Donc : La condition nécessaire et suffisante pour que les courbes C,, Cj, ... C^
soient algébriquement dépendantes, est qu' il soit possible de former sur¥ une
intégrale de Picard, de la troisième espèce, ayant seulement pour courbes
logarithmiques C,, C^. . . ., C^.
En se rappelant le théorème fondamental que M. Picard a élabli pour
les intégrales de différentielles totales de troisième espèce ( rAeoTte des fonc-
tions algébriques de deux variables, t. II, p. o.l^i et Ssg), d'après ce qui
précède, on peut énoncer le théorème suivant :
Sur une surface F on peut tracer p courbes irréductibles C,, C^, ..., C^,
qui soient algébriquement indépendantes, mais telles qu'en prenant sur F
une (p + yy^>"e courbe algébrique quelconque C, les courbes C,, C,, .... C^, C,
soient algébriquement dépendantes.
On dit que les systèmes algébriques (C,), (Cj), ..., (Cp) forment une
base de, la totalité des courbes tracées sur F. Lorsque la surface e&i régu-
lière (Pf;'=pn)i la base est formée par des systèmes linéaires, ou, si l'on
vent, par p courbes linéairement indépendantes.
3. Grâce aux théorèmes que je viens d'exposer dans cette Note, et au
théorème d'Abel pour les intégrales abéliennes de troisième espèce, on
arrive à répondre par la négative à l'importante question, posée par
M. Picard, de savoir s'il existe une surface ayant l'ordre de connexion
linéaire/?, = i, et dont toutes les intégrales de différentielles totales ne se
réduisent pas à des combinaisons algébrico-logarilhmiques. Je puis, en
effet, démontrer le théorème suivant :
Pour que les intégrales de Picard attachées à une surface algébrique se
réduisent toutes à des combinaisons algébrico-logarithmiques, il faut et il suffit
que la surface soit régulière, c'est-à-dire que son ordre de connexion linéaire
soit /», = !.
MÉCANIQUE. — Sur la déviation des corps dans la chute libre.
Note de M. de Sparre, présentée par M. Léauté.
M. Maurice Fouché a, dans une Communication du 23 janvier igoS,
contesté les résullats que j'avais énoncés le 2 janvier, au sujet de la dévia-
tion des corps dans la chute libre; mais les résultats auxquels il arrive ne
364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diffèrent des miens que parce que, sur deux points, il a négligé des quan-
tités dont il faut tenir compte.
Je supposerai la Terre s|)hérique et homogène; le point pesant e'^t dans
l'hémisphère boréal. L'attraction sur ce point varie en raison inverse du
carré de la distance au centre quand il est extérieur et est proportionnelle
à celte distance lorsqu'il est intérieur.
Soit le système rectangulaire OXYZ; OZ a la direction de la verticale descendante,
OX est dirigé vers le sud dans le méridien et OY est dirigé vers l'est.
Je suppose que O est un point, dans le voisinage de la surface de la Terre, d'où le
mobile est abandonné sans vitesse initiale relative. Soit C le centre de la Terre, X la
latitude en O et a la latitude géocentrique au même point. Le mobile M, dont je suppose
la masse égale à l'unité, est soumis à l'attraction de la Terre résultante d'une force
constante, en grandeur et en direction, égale à l'attraction G-sur l'unité de masse en O
et d'une force déviatrice, sur laquelle je reviendrai plus loin. Étudions le mouvement
de M par rapport au système OXYZ. Ce système est animé d'abord d'une translation
égale à celle de O et, pour en tenir compte, il faut appliquer au point M la force centri-
fuge en O égale à w^Rcosx, R étant la distance de O au centre. Celte force constante
se compose avec l'attraction G en O pour donner la gravité g en O, qui est aussi con-
stante. Mais le système est animé de plus d'une rotation autour d'un axe 01 parallèle à
l'axe de la Terre; pour tenir compte de cette roLution, il faut appliquer au point M :
1° une force centrifuge composée dont la composante suivant OX est 2(u sinX-^,
2° une force centrifuge dont la composante suivant la même direction est
io'(j; sinX — z cosX) sin X,
ou, en négligeant des termes au plus de l'ordre de oj*, — w-z sinX cosX.
M. Maurice Fouché lient compte de la première force mais non de la
seconde, ce qui lui fait trouver pour la déviation due à la rotation
^ i»- sinl coal gt'' ,
au lieu de la valeur exacte ^w- sinT.cosX^^'/*.
M. Fouché rencontre ensuite une seconde cause d'erreur en ne tenant
pas compte de l'angle yi de la verticale avec la direction de l'attraction.
En effet, quand le mobile, parti de 0, est venu en M, en étant descendu d'une hau-
teur Z suivant la verticale, sa projection sur le plan du méridien se trouve à une
distance Zsiniri du rayon OC. L'attraction a, ainsi qu'on le voit aisément, une compo-
sante suivant OC égale à G I i -(- -^ J pour un point extérieur et à Gl i — -jr j pour
un point intérieur; sa composante suivant la perpendiculaire à OC est égale à
_GZ .
j^ smv
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. 365
Comme d'ailleurs OC fait l'angle - -Ht, avec OX, la composante, suivant OX, de
la force dévialrice due à l'angle r„ si l'on néglige les termes en r,- el en —, e=t égale,
pour le cas de la chute du haut d'une tour, à - ^ sinri, el est nulle pour le cas de
la chute dans un puits.
Par suite, dans ce dernier cas, la déviation, qui se réduit à celle due à la rotation,
est égale à i o/^ sinÀ cosXi'^' el est dirigée vers le sud, tandis que pour la chute du
haut d'une tour, en tenant compte des relations,
co^Rcosasina
Gsinr, = io=KcosasinX, a =: X — ï,, sin-rj^ >
on obtient sans peine pou&la déviation la valeur ([ue j'ai indiquée
— io)*sin^Xcos).Ki'
qui coriespond à une déviation vers le nord.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. - Sur un nouvel embrayage. Note de M. HÉRisso.t,
présentée par M. Léaulé.
La puissance et la progressivité sont les qualités essentielles que l'on
recherche dans les embrayages. La progressivité n'est pas la moins impor-
tante ; car, en évitant toute brusquerie dans la transmission du mouvement,
elle donne une grande douceur à la mise en marche, assure la conservation
du mécanisme et permet l'emploi d'organes plus légers.
Jusqu'ici la progressivité des embrayages purement mécaniques n'a été
réalisée que par un seul moyen : en les réglant pour une puissance très
légèrement supérieure à celle du moteur, en sorte qu'ils patinent pendant
la période de mise en roule et absorbent ainsi par un travail de frottement
une partie de la puissance du moteur, ce qui permet l'entraînement pro-
gressif de la machine conduite. Ce moyen expose l'embrayage à patiner
d'une manière permanente.
Le but que l'auteur a poursuivi a été d'obtenir des embrayages absolu-
ment progressifs quelle que soit leur puissance, et il a réalisé cette con-
ception par le dispositif mécanique suivant :
Soil une cuvette entraînée par un moteur et tournant folle sur un arbre relié à la
machine conduite; le corps de l'embrayage con^ste en un support portant deux parties
symétriques constituées chacune par un patin puLivanl se déplacer du centre vers la
366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
circonférence ; ce patin est appuyé contre la paroi intérieure de la cuvette par un levier
mobile dans le plan de l'axe du patin et de l'axe de l'arbre, levier articulé sur le sup-
port en un point voisin du fond de la cuvette. Supposons que le mouvement de ce levier
soit obtenu par l'eiTel d'un coin soulevant son extrémité libre en glissant sur l'arbre
quand il est poussé du côté du support par un collier sur lequel agit le levier d'em-
brajage. C'est là un moyen de serrage non réversible. Supposons, de plus, qu'entre
chaque coin et le collier soit intercalé un ressort agissant par compression. Si l'on
vient à exercer sur le collier d'embrayage une pression f, elle est transmise aux deux
coins par les ressorts, les leviers sont soulevés, et les patins serrés contre la cuvette
qui tend à les entraîner.
Ceci posé, imaginons que l'on enlève, sur une certaine épaisseur, de la matière à la
surface intérieure de la cuvette de manière à constituer une chambre d'une longueur
moindre qu'une demi-circonférence. Lorsque, parle fait de la rotation de la cuvette,
la partie chambrée viendra se présenter devant l'un des patins. A, par exemple, ce
patin pourra progresser plus en avant et il le fera grâce au ressort a qui se détendra
en poussant le coin. Supposons le déplacement du coin limité par une butée à une lon-
gueur /. Le patin A à la sortie de la partie chambrée fera pression sur la partie intacte
de la cuvette raccordée à la première par une rampe. Dans la suite de la rotation, la
partie chambrée viendra se présenter devant le second patin B, pour lequel les mêmes
phénomènes se reproduiront. Le ressort h du coin commandant le patin B se dé-
tendra et le coin s'avancera de Z, suivi par le collier qui, sous l'action de la force /,
s'avancera à son tour de la longueur l en comprimant le ressort a. Lorsque le patin A
se retrouvera devant la partie chambrée, le ressort a se détendra de nouveau et le col-
lier s'avancera également de l en comprimant le ressort h, et ainsi de suite. En sorte
que, à chaque tour, le collier s'avancera de il. Si donc la course nécessaire pour pro-
duire un serrage suffisant qui entraîne le corps de l'embrayage est 2 /î/, cet entraînement
ne pourra être obtenu qu'au bout de n tours de la cuvette. On réalise ainsi une pro-
gressivité absolue, car elle est indépendante de la manœuvre et même de Teflort /
exercé sur le collier d'embrayage.
Ce principe est général et peut s'appliquer à un nombre quelconque de
patins et à d'autres .systèmes que celui qui vient d'être examiné.
Au lieu de placer des ressorts entre le collier et les coins on peut arti-
culer ceux-ci à l'extrémité d'un palonnier sur le milieu duquel agit le
collier; le fonctionnement est le même, mais l'avancement du collier à
chaque tour est moitié moindre.
De même on peut appliquer ce principe de palonnage à un embrayage à
cuvette non chambrée tel que le suivant :
Supposons que, dans le dispositif précédent, on fasse entraîner par la cuvette le sys-
tème des deux coins en les faisant coulisser sur une douille concentrique à l'arbre,
folle autour de lui et reliée à un couvercle assujetti sur la cuvette. Imaginons que l'on
élargisse ces coins jusqu'à leur donner la forme des deux moitiés d'un tronc de cône
concentrique à la douille et fendu suivant un plan passant par l'axe. Supposons enfin
SÉANCE DU 6 FÉVRIER iqo5.
367
qu'il n'y ait plus qu'un seul patin, dont le levier de commande soit terminé par un axe
parallèle à l'arbre et portant un galet s'appuyant sur les demi-troncs de cône. Si le
collier d'embrayage est poussé en avant jusqu'à ce que le patin portant sur la cuvette
fasse appuyer le galet, le demi-tronc de cône A sur lequel ce galet passe à un instant
donné ne pourra s'avancer par suite du frottement déterminé par cette pression et son
ressort» sera comprimé. Le demi-tronc de cône B s'avancera librement et, par ce mou-
vement, ira faire saillie par rapport à A, formant un échelon qui, par la rotation,
viendra se présenter devant le galet, le soulèvera et augmentera ainsi le serrage. Mais
aussitôt que le galet passera sur B, A, ne supportant plus sa pression et devenant ainsi
libre, obéira à la poussée du ressort a et s'avancera par rapport à B, d'où production
d'un nouvel échelon sur lequel devra monter le galet, et ainsi de suite.
Cet embrayage, dont la manœuvre ne demande qu'un faible effort, se
règle de lui-même à la puissance du moteur.
PHYSIQUE.
Thermomètre intégrateur. Note de M. Ch. Féry,
présentée par M. Lœw y.
Dans une précédente Note (') j'ai mentionné l'emploi d'un thermomètre
donnant la température moyenne de l'endroit où il se trouve.
Diverses applications de ce petit appareil ra'ayant été signalées depuis,
je crois utile d'en donner une courte description.
L'axe AB qui supporte une roulette /■ (^fig. i) peut être déplacé longitudinalement
au moyen d'un thermomètre métallique (non représenté sur la figure), de telle sorte
A—
que la distance or de la roulette au centre du plateau sur lequel elle repose est pro-
portionnelle à la température.
(') Sur l'isochronisme du pendule des horloges astronomiques {Comptes rendus,
9 janvier igoS).
368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le plaleaii o est lui-même mis en rolation au mnyen du mouvement d'hor-
logerie 11.
Il résulte de ce dispositif que le nombre de tours de la roulette par unité de temps
sera proportionnel à la température moyenne, l'appareil ayant tourné au bout d'un
temps T d'une quantité égale à / ôo'T.
Un dispositif très simple permet d'obtenir l'enregistrement du nombre de tours de
la roulette, et à intervalles réguliers le plateau s'abaisse pendant quelques secondes,
pour permettre à la roulette de prendre sa position exacte, ce qui élimine les erreurs
pouvant provenir du frottement de la roulette suivant le rayon oi\
L'appareil a été étalonné an moyen du régulateur d'Ostwald qui maintient constante
la température aussi longtemps qu'on le désire à j'û de degré près. La courbe qui repré-
sente le nombre de tours en fonction de la température est rigoureusement une droite.
Remarquons en terminant que la précision Hti monvement d'horlogerie
n'a pas besoin d'être très grande, une variation de i5 minutes dans la
marche diurne n'affectant les mesures que de -^ de la quantité à mesurer.
Une division du tambour enregistreur vaut environ j^ de degré.
ÉLECTRICITÉ. — Frein synchronisant électromagnétique.
Note de M. He\ri Abraham, présentée par M. J. VioUe.
Dans un assez grand nombre d'expériences, on est conduit à entraîner
un appareil au moyen d'un moteur synchrone actionné par un courant
alternatif. On peut alors être gêné par la complication qu'apporte le dispo-
sitif spécial de démarrage et par la perturbation que le moteur introduit
dans le circuit.
On atténue beaucoup ces inconvénients à l'aide de l'artifice suivant.
L'appareil particulier qu'il faut entraîner est mii par un moteur auxi-
liaire. L'axe du moteur porte une rç)ue dentée en cuivre rouge dont les
dents défilent dans l'entrefer d'un électro-aimant ayant ses deux branches
de part et d'autre du plan de la roue. Cet électro-aimant est actionné par
le courant alternatif sur lequel on veut synchroniser le moteur.
Supposons pour un instant le synchronisme établi et supposons en
outre que chafjue dent passe dans l'entrefer au moment où le champ ma-
gnétique est presque nul. Les courants induits sont alors très faibles et le
freinage qu'ils produisent est, par conséquent, minimum. Pour maintenir
le synchronisme ainsi établi, il suffirait que la puissance fournie au moteur
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. ^69
auxiliaire fût juste suffisante pour proiuire le mouvement voulu et pour
compenser la petite quantité d'énergie absorbée par le frein.
Si nous fournissons maintenant au moteur une puissance un peu supé-
rieure à cette valeur critique, ce moteur prendra d'abord une légère
avance de phase sur le courant alternatif. Les dents de cuivre rouge pas-
sant alors dans l'entrefer à des instants où le champ magnétique a une
valeur sensible, les courants induits augmenteront et le frein absorbera
toute l'énergie supplémentaire du moteur, sans que sa vitesse puisse aug-
menter.
En pratique, la manœuvre se réduit à ceci : on met le moteur en marche
et l'on fait passer le courant alternatif dans l'électro-aimant. La synchroni-
sation se produit spontanément, le moteur s'accroche tout seul.
— Si les deux appareils à synchroniser produisaient tous deux des cou-
rants alternatifs, on pourrait exercer le freinage sur un disque de cuivre
continu ou sur le rotor d'un moteur. Il suffirait que l'électro-aimant eût un
enroulement différentiel dont les deux circuits seraient parcourus par les
courants des deux machines.
MAGNÉTISME. — Hystérésis magnétique aux fre'ffuences élevées dans le nickel
et les aciers au nickel. Note de MM. Cu.-Eug. Guye et A. Schidi.of,
présentée par M. Lippmann.
Nous avons appliqué la méthode bolométrique (') à l'étude de la chaleur
dégagée par hystérésis aux fréquences élevées dans le nickel et quelques
aciers au nickel. Les résultats de cette étude peuvent être résumés comme
suit :
1° Entre 3oo et 1200 périodes à la seconde, l'énergie dissipée par cycle
est comme pour le fer indépendante de la vitesse avec laquelle le cycle
d'aimantation est parcouru. L'exactitude de cette vérification est du même
ordre que celle obtenue avec le fer (Note du 26 septembre 1904).
1° En maintenant la température et la fréquence constantes et en faisant
varier l'intensité efficace du champ magnétisant alternatif, nous avons
obtenu pour l'énergie dégagée sous forme de chaleur, par cycle et par cen-
timètre cube, les chiffres suivants :
(') Voir Comptes rendus, 20 avril igoS et 26 septembre 1904-
G. K., 1905, 1" Semestre. (T. C.\L, N- 6.) 4^
3^0
ACADEMIE DES SCIENCES.
Energie dégagée par cycle el par ceotimètre cube (ergs).
Champ
culé
Acier
Aci
""-
Acier
(fréquence 12
00).
à 17 pour
10...
Fer.
à 36 p.
.00 Ni.
NicUel.
à4.-. P- -00 Ni.
107.7 C.G
.S.
1198 X
10^
639 X
lO''
23l X 10^
i36x :
10-
107 X 10'
94.3
II 56
628
225
.3i
106
80.8
II9Ô
594
219
(26
ICI
67.3
956
58o
217
120
97
53.9
695
548
208
102
93
40.4
281
5i4
'97
64
87
33.7
i3i
493
188
42
83
26.9
48
47'
180
20
79
20.2
II
4 16
i58
inappréci
able
72
i3.5
inappréci
able
>i^
i36
)-
64
6.8
»
inappréciable
inappréciable
"
2
La première colonne contient leà valeurs approximatives du champ maximum,
calculé en mulliplianl la valeur efficace par v^a (hypothèse sinusoïdale).
Comme on le voit, la perte par hystérésis reste faible jusqu'à des champs relati-
vement élevés. Ce fait peut être expliqué par la dureté des fils, résultant de l'écrouis-
sage à la filière. Cette dureté aurait pour effet de déplacer le maximum de la perméa-
bilité du côté des champs élevés. Peut-être convient-il de faire intervenir également
la viscosité magnétique, la magnétisation ne pouvant suivre les fluctuations du champ
magnétisant dans le cas des champs faibles.
3* Les trois aciers-nickel étudiés appartiennent au groupe des aciers
dits réversibles; cependant l'acier à 27 pour 100 se rapproche beaucoup
du groupe des aciers irréversibles.
D'une façon générale, il y a analogie entre les courbes relatives au
nickel et à l'acier 27 pour 100 d'une part; entre les courbes relatives au
fer et aux aciers-nickel 36 pour 100 et 45 pour 100 d'autre part.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la fixation direcle des dèrii,>és éthéru-organo-ma-
gnésiens sur la liaison éthylénique des élhers-sels non saturés. Note de
MM. E.-E. Blaise et A. Courtot, présentée par M. A. Haller.
Ayant obtenu au cours de recherches le diméthylpropénylcarbinol,
nous avons été amenés à préparer synlhéliquement cet alcool. Dans ce but
nous avons fait réagir l'éthéro-iodure de magnésium-méthyle sur le métha-
crylate d'éthyle.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. 371
Comme il n'exisle pas à proprement parler de mélliode de préparation de cet élher,
nous indiquerons qu'on peut l'obtenir très aisément par action delà diéthylaniline sur
l'a-bromoisobutyrate d'éthyle; mais, au lieu de faire bouillir le mélange à reflux, ce
qui polymérise l'élher non saturé, il faut surmonter le ballon d'une colonne peu puis-
sante et régler l'ébullilion de façon que la température du distillât se maintienne
vers 120°. On obtient ainsi facilement des rendements de yS à 80 pour 100 en éther
non saturé. En faisant réagir 1™°' de méthacrylate d'éthyle sur 2™"' d'éthéro-iodure
de magnésium-méthyle, en ayant soin de ne pas dépasser 0°, nous avons obtenu, après
la décomposition par l'eau et entraînement à la vapeur .d'eau, un mélange de deux
corps : l'alcool tertiaire non saturé que nous cherchions, le diméthylpropénylcarbi-
nol (P. E. 1 19) et une cétone (P. E. 116) d'odeur agréablement camphrée. Cette cétone
donne une oxime (P. E. 89 sous 20"""), une phénylhydrazone (P. E. i53 sous 10"") et
une semicarbazone très bien cristallisée (P. F. 96). Les différents éléments ayantété
dosés dans ces corps, nous avons reconnu avoir affaire à une cétone saturée possé-
dant 6" de carbone dans sa molécule. La semicarbazone différant de celle de la pina-
coline, nous avons pensé que la cétone obtenue était la méthyl-3-pentanone-2. Nous
avons vérifié cette hypothèse en reproduisant synlhétiquement cette dernière par
saponification du niéihyléthylacétylacétate d'éthyle. Les points d'ébullition de la
cétone synthétique, de son oxime et de sa phénylhydrazone sont identiques aux précé-
dents; la semicarbazone fond à 96° et le mélange des deux semicarbazones fond égale-
ment à cette température.
Le mécanisme de la réaction est le suivant :
0 Mgl QMgl O
//^ I /^ Il II
CH^'^C— C-OC=H^ -^ CH'-Cll^-C— C— OC-II' ^v CH'-CH^— C-C— CH'
I I \cH3 I
CH= CH» ^" CIP
Dans la réaction nous n'avons obtenu ni la cétone non saturée, terme
intermédiaire dans la formation de l'alcool tertiaire, ni alcool saturé résul-
tant de l'action du dérivé magnésien sur la cétone saturée.
Il faut avoir grand soin, après la décomposition du dérivé organo-mélailique par
l'eaq, d'entraîner à la vapeur d'eau et non de dissoudre la magnésie par l'acide sulfu-
rique. L'addition de cet acide met toujours en liberté urie petite quantité d'acide iodhy-
drique et il suffit d'une trace de cet acide ou d'un acide minéral pour que, à la distil-
lation, l'alcool tertiaire soit déshydraté : on obtient alors le carbure éthylénique : le
diisopropényle (P. E. 69-70). C'est sans doute à cette cause qu'il faut attribuer le fait
que divers auteurs, ayant voulu préparer par cette voie des alcools tertiaires, ont
obtenu non l'alcool, mais le carbure, produit de déshydratation.
Le rendement de l'opération en cétone saturée n'est bon qu'à condition d'opérer au-
dessous de zéro; si, au contraire, on laisse la température s'élever vers 20°, il se forme
très peu de oélone, la proportion d'alcool terliairc augmente et Ton obtient en même
temps un peu de diisopropényle.
372 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons essayé de remplacer, dans celle réaction, l'iodure de méthyle
par l'iodure d'élhyle, en opérant exactement de la même manière. La fixa-
tion ne se produit plus, nous n'avons pas obtenu trace de cétone saturée,
le seul produit de la réaction est le diéthvlpropénylcarbinol (P. E. 162).
Nous n'avons pu également fixer l'iodure de magnésium-méthyle sur la
liaison éthylénique d'une aldéhyde non saturée, malgré l'emploi d'un excès
du dérivé magnésien. L'expérience a porté sur le crotonal et nous avons
obtenu uniquement du méthylpropénylcarbinol (P. E. ii-j.).
Par contre, nous avons pu effectuer la fixation sur des éthers non
saturés ap possédant en y. un carbone secondaire. L'iodure de magnésium-
mélhyle et l'aa-diméthylacrylate d'éthyle nous ont donné, à côté du dimé-
thylisobuténvlcarbinol (P. E. i38) et de son produit de déshydratation, le
diméthyl-2-4-pentadiène-i-3 (P. E. 90), une très petite qtiantité de cétone
que nous n'avons pu isoler qu'à l'état de semicarbazone(P. E. 124). L'azote
de cette semicnrbazone a été dosé et correspond à une cétone saturée pos-
sédant y'"' de carbone dans sa molécule. Cette cétone est vraisemblable-
ment la dimélhyl-2-2-pentanone-4, la fixation ayant lieu comme dans le cas
du méthacrvlate d'éthyle. Nous n'avons pu élucider ce dernier point, la
synthèse de la tliméthyl-2-2-pentanone-4 présentant de grandes difficultés
pratiques.
En résumé, l'expérience montre que les dérivés organo-magnésiens peu-
vent se fixer directement sur la liaison éthylénique, mais la fixation exige
la présence d'un groupe électro-négatif en a par rapporta la double liaison.
En ce qui concerne les iodures acycliques, elle semble limitée à l'iodure de
magnésium-méthyle, et, par suite, cette réaction intéressante au point de
vue théorique ne semble devoir comporter d'application pratique que dans
lies cas exceptionnels.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la crjoscopie des sulfates. Note de M. Albert
Coi.sox, présentée par M. G. Lemoine.
Dans un lumineux Mémoire sur le poids moléculaire des liquides (').
M. E. Mathias a tiré de la théorie liquidogénique des conclusions qui sont
(') E. Mathias, Le poids moléculaire des liquides {Mémoires de l'Académie de
Toulouse, 10' série, t. ill) el Le point critique des corps purs (Paris, C. Naud, 1904).
Voir aussi DE Heen, Henry, Traube, Sur les théories liquidogéniques.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igo,'!. 373
en parfaite harmonie avec celles que j'ai formulées à la suite de mes études
sur les sulfates dissous {Comptes rendus, p. 42). Après avoir fixé les con-
ditions qui, en tonomélrie et en cryoscopie, permettent de substituer les
molécules gazeuses aux molécules liquides qui seules interviennent dans
les phénomènes. M. Malhias établit que, dans la formule générale de la
cryoscopie (T — T'= K — - — ?> où T et T' sont les températures de solidifi-
cation des liquides, n le nombre des molécules dissoutes, n' le nombre des
quand y molécules liquides se groupent pour n'en faire qu'une.
Or, dans mes expériences, (T — T') relatif à l'acide sulfurique libre est
le double de la valeur correspondant au sulfate de zinc dont la solution est
au même taux d'acide sulfurique; elle est le triple de la valeur relative au
sulfate chromique vert normal. Donc le coefficient d'association j est 2
pour le sulfate de zinc liquide; il est 3 pour le sulfate chromique vert
liquide, par rapport à l'état régulier de l'acide sulfurique liquide à la même
température. Or j'ai précisément conclu de mes expériences chimiques
que, si l'acide sulfurique dissous est SO'H", le sulfate de zinc dissous est
(SO'Zn)- et le sulfate chromique vert que j'ai décrit {loc. cit.) est à l'état
dissous Cr-(SO'')^ L'accord me semble donc établi entre les résultats de
la Physique et ceux de la Chimie.
Il n'est pas inutile de montrer que ces résultats s'étendent au sulfate
chromique violet ordinaire de façon à mettre hors de doute l'isomérie de
ces deux séries de sels. Je l'ai constaté de la manière suivante :
A une dissolution de sulfate violet renfermant par litre loi,'] d'oxyde Cr-0'
(o™°',09) j'ai ajouté o^^^og d'acide sulfurique, avant de compléter à i'. Au bout
de 6 mois celte solution violette correspondait à un abaissement cryoscopique deo°,7 r,
soit dans notre supposition 0°, 355 pour le sel et o°,355 pour l'acide libre. Celte sup-
position est exacte; cnr l'acide total, s'il était libre, équivaudrait à 0™°', 36 et à un
abaissement cryoscopique de 1°, 43. Ln part incombant à Facide libre, dans un mélange
à molécules égales SO'H^H Cr-(SO*)\ serait le quart de i°,43 soil o°,3575, c'est-
à-dire o°,355.
En outre le mélange initial porté à rébulliliim verdit par suite d'un dédoublement
qui, d'après M. Recoura, ne change pas le nombre des molécules; de sorte que l'abais-
sement cryoscopique initial o, 71 ne doit pas changer. C'est ce que l'expérience con-
firme absolument. Je retrouve donc sur le sulfate violet les particularités et les con-
stantes physiques que m'a données le sulfate vert.
En résumé, la cryoscopie des sulfates fournil des indications en rapport avec les
données chimiques quelle que soit la valence du métal.
374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Chlorures. — 11 n'en est plus de même pour les clilonires, du moins à la première
inspection des nombres trouvés par Raoult et les autres physiciens. Cela tient sans
doute à ce que les chlorures dissous ont une complexité qu'il est facile de mettre en
évidence. Partons d'une dissolution de chlorure cuivrique GuCl^ Si cette molécule
existait dans l'eau, la baryte la transformerait en oxyde. Au contraire, j'ai trouvé que
l'addition de l'eau de baryte à la solution cuivrique précipite dès les premières gouttes
un corps vert bien connu GuO, 3CuCl' qu'un excès de base n'altère pas sensiblement,
même à chaud. Cette expérience si simple et susceptible de formes variées prouve que
la molécule dissoute n'est pas CuCl*.
Il se pournnt aussi que d'autres complications cryoscopiques proviennent
de ce que, dans la relation n ='XN qui lie les nombres n etN des molécules
gazeuses et liquides du corps dissous, la valeur de \ ne soit plus la même
que dans la relation correspondante relative aux molécules n' et N' du dis-
solvant. Et alors, d'après M. Malhias, il ne serait plus permis de substituer
les molécules gazeuses, seules connues, aux molécules liquides inconnues,
dans la formule générale de la cryoscopie.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouveau procédé de recherche de l' ammoniaque : appli-
cation pour caractériser la pureté des eaux. Note de MM. Trii.lat et Tur-
CHET, présentée par M. Roux,
La présence de l'ammoniaque étant considérée comme un indice de pol-
lution, sa caractérisation a toujours fixé l'attention des hygiénistes.
En dehors de la méthode classique de M. Schlœsing, on utilise couram^
ment comme procédé rapide la méthode de Nessler qui consiste à former
l'iodure de tétramercure-ammonium qui communique à l'eau une coloration
jaune ou forme un précipité de même couleur.
Au cours de recherches sur la sensibilité de ces méthodes, nous avons
constaté que l'emploi du réactif de Nessler pouvait donner lieu à des inter-
prétations erronées à moins de recourir à la distillation, ce qui est une com-
plication; tel est le cas lorsque l'on opère sur des eaux bicarbonatées, cal-
caires, sulfureuses ou sur des eaux chargées de matières albuminoïdes. C'est
ainsi que nous avons été amené à rechercher une nouvelle méthode pré-
sentant plus de sécurité, tout en conservant la sensibilité et l'instanta-
néité du réactif de Nessler.
Quand on ajoute à un liquide contenant de l'ammoniaque de l'iodure
de potassium en solution en même temps qu'un hypochlorite alcalin, il se
forme instantanément une coloration noire intense qui se résout en un pré-
SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1905. 3^5
cipité dont les propriétés ont pu être identifiées avec celles de i'iodure
d'azote décrit par Gay-Lnssac.
C'est sur cette remarquable propriété de I'iodure d'azote de communiquer à l'eau
une coloration noire nettement visible encore au . ^ „'„ (, „ qu'est fondé notre procédé.
On ne peut réussir à former I'iodure d'azote en mettant en contact direclemenL de
l'iode ou de I'iodure de potassium avec des traces d'ammoniaque. Par contre, si l'on
provoque la formation intermédiaire de chlorure d'iode, la réaction a lieu instanta-
nément en présence d'une petite quantité d'alcali. La réaction peut être exprimée ainsi :
3ClI-f- AzH3 + 3NaOH=3NaCl-H A.zl'-t- SH^O.
La mise en œuvre de cette réaction est extrêmement simple, comme on le verra plus
loin.
Nous avons vérifié conformément à nos prévisions que cette précipitation inslanlanée
de I'iodure d'azote provenait bien de la formation d'un chlorure d'iode : en effet, les
solutions aqueuses du protochlorure et du Iriclilorure d'iode fournissent immédiate-
ment après légère alcalinisation le même précipité d'iodure d'azote que dans la mé-
thode précédente. Ces solutions ne présentent toutefois aucun avantage sur les pre-
miers réactifs, qui sont d'ailleurs plus faciles à se procurer. Il faut, pour la bonne
réussite de la réaction, se conformer aux prescriptions suivantes, le précipité d'iodure
d'azote disparaissant dans un excès de réactif. Voici comment on peut opérer pour
rechercher les traces d'ammoniaque dans Teau.
Dans un tube à essai on met 20"^"'' à So'"' de l'eau à analj'ser; on ajoute 3 gouttes
d'une solution d'iodure de potassium à 10 pour 100 et 2 gouttes d'une solution con-
centrée d'hypochlorite alcalin (nous avons employé l'eau de Javel du commerce) (').
La coloration noire se produit immédiatement (^) et est assez stable pour permettre
de faire des évaluations colorimétriques. Dans ce cas, on prépare, comme dans le pro-
cédé de Nessler, une série de types contenant des doses connues d'ammoniaquevariant
par exemple au tôo^ô' l'erreur d'évaluation colorimétrique n'étant pas supérieure à ce
chiffre et l'on compare les colorations. On a le soin d'opérer sur la même quantité de
liquide disposé dans des tubes à essai bien calibrés et de même nuance.
Nous avons contrôlé par une série d'essais faits à part qu'en opérant dans les condi-
tions qui viennent d'être décrites, aucune coloration noire, semblable à celle de I'iodure
d'azote, n'était fournie par d'autres corps que l'ammoniaque; nous avons notamment
expérimenté les aminés de la série grasse et de la série aromatique, les amides, les
uréides, les dérivés pyridiques, les nitrates et les niti'ites minéraux et organiques. Par
contre, la réaction est obtenue avec tous les sels ammoniacaux.
La salive humaine, l'urine, le suc gastrique, les jus de viande fournissent
(') Nous nous sommes assurés que l'eau de Javel ne contenait pas de 1
niaque libre ou des sels ammoniacaux.
(') Dans les cas douteux, pour ne pas confondre avec la coloration due
mis en liberté, on ajoute un très léger excès d'hypochlorite qui dissout l'iode.
376 ACADÉMIE DES SCIENCES.
abondamment, même en solutions aqueuses très étendues, la coloration
noire de l'iodure d'azote, provenant de leurs sels ammoniacaux : la méthode
colorimétrique pourra permettre d'en évaluer l'ammoniaque en présence
des substances qui les accompagnent, avec, bien entendu, les erreurs
inhérentes à tous les procédés colorimétriques.
Nous avons appliqué spécialement notre méthode à caractériser la
pureté d'une eau potable.
Yoici les résultats qu'elle a donnés en opérant comparativement avec le
procédé Nessler sur une eau contenant j^~^ d'ammoniaque additionnée
de diverses substances et en comparant les colorations.
lodure d'azule.
Eau bicarbonatée o aUénuce auénuée col. norm. col. nor. col. nor. col. nor.
Eau sulfureuse o o atténuée atténuée Id. Id. Id.
Eau calcaire atténuée atténuée atténuée col. nor. atténuée Id. Ll.
Eau chargée de chaux atténuée atténuée atténuée Id. atténuée atténuée Id.
Eau avec matière albuminoïde o atténuée atténuée Id. atténuée col. nor. Id.
Eau additionnée d'urine atténuée atténuée col. nor. Id. col. nor. Id. Id.
Dans beaucoup de cas, les eaux suspectes contiennent de la matière
albuminoïde, elles peuvent être chargées plus ou moins de sulfures alcalins
dont l'accumulation peut faire échec à la réaction de Nessler. Le Tableau
indique que l'influence des sulfures est nulle dans le cas de la deuxième
méthode.
Enfin, nous avons comparé, comme procédé quantitatif, les doses d'am-
moniaque contenues dans les eaux d'égout qui nous ont été fournies et
contrôlées par le Service des Eaux de JMontsouris : on a comparé les
résultats avec ceux provenant des mêmes dosages effectués avec les
méthodes de Schlœsing et Nessler.
Méthodes
Extrait à 100" à l'iodure
Eaux d'égout. par litre. Schlœsing. Nessler. d'azote.
g uiB mg nig
Bassin de Clichy 2,12 28,9 9 18
Région de Méry o,84 21,4 i3 23
Conduite sous Poissy 2,98 20,2 10, 5 17,0
Collecteur de Triel » 27,2 11,4 28,40
En résumé, la réaction de l'iodure d'azote pourra rendre service dans
beaucoup de cas pour déceler l'ammoniaque; elle est spécialement à recom-
mander pour caractériser la pureté des eaux et y déceler les infiltrations
SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1900. 877
(le matières organiques en décomposition. A ce titre, elle pourra être
employée en même temps que le fliiorescope décrit dans ces Comptes
rendus (' ).
CHIMIE. — Sur l'éi'olution du carbone dans les combustibles.
Note de M\T. Isidoki: Bav et Just Atjx.
Les combustibles fossiles proviennent, comme on le sait, de la transfor-
mation des anciens végétaux sous l'influence d'agents divers, chaleur,
pression, fermentation, etc. Les végétaux étant composés en majeure partie
de cellulose, on peut considérer les combustibles comme des produits
d'alléralion de la cellulose. Nous avons étudié un grand nombre de com-
bustibles et nous avons constaté que la richesse en carbone augmentait
avec l'âge du combustible. Il était intéressant de voir comment et dans quel
sens évoluent les quantités de carbone, fl'hydrogéne, d'oxvgène et d'azote
à travers toute la série des combustibles, en partant de la cellulose, terme
premier de cette évolution, pour arriver au diamant qui en est le terme
ultime. C'est le résultat de ce travail que nousavons l'honneur de présenter
à l'Académie.
I^oui- rendre plus saisissante l'évolution des divers éléments à travers la série des
combustibles, nous l'avons représentée par des courbes, en portant en abscisses les
corps étudiés et en ordonnées les quantités pour 100 de carbone, d'hydrogène, d'oxy-
gène et d'azote qu'ils contiennent.
Les nombres nous ont été donnés en prenant la moyenne de trois cents analyses de
chaque combustible, provenant de mines et de pays difterents.
Sur la courbe d'évolution du carbone, nous remarquons que le carbone, qui entre
pour 44)44 pour 100 dans la cellulose, monte rapidement pour atteindre une moyenne
de 74>46 dans la houille, 89,29 dans l'anthracite, 93,86 dans le graphite.
L'oxygène, qui part de 44>39 pour 100 dans la cellulose, diminue très rapidement,
surtout entre le lignite (28,08) et la houille (9,08).
Nous avons dû tracer les courbes d'évolution de l'hydrogène et de l'azote à une plus
grande échelle, afin de mieux saisir des dilTérences qui auraient passé inaperçues à
l'échelle des courbes du carbone et de l'oxygène.
On remarque le saut brusque que fait l'hydrogène entre la houille (4,83) et l'an-
thracite (3,3.8) et surtout entre l'anthracite (3, 08) et le graphite (0,1).
En résumé, tandis que le carbone augmente de la cellulose au graphite,
(') Comptes rendus, 1899; Annales de i Institut Pasteur, mai 1899.
C. R., 1905, j" Semestre. (T. CXL, N° 6.) ^9
378 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les autres éléments (oxygène, hydrogène) diminuent. T/azole ne suit pas
cette loi et, par notre courbe de l'évolution de l'iizote, on voit que cet élé-
ment, absent dans la cellulose, augmente du bois à la tourbe, pour dimi-
nuer ensuite normalement. Nous nous proposons d'expliquer cette marche
irrégulière de l'azote.
BIOLOGIE VÉGÉTALE. — Anomalies héréditaires provoquées par des trauma-
tismes. Noie de M. Blaringhem, présentée par M. Gaston Bonnier.
Des essais commencés en 1902 et poursuivis depuis avec succès semblent
justifier l'hypothèse suivante : lorsque Von coupe tes tiges aériennes de cer-
taines plantes lierbacées, à une époque de développement rapide, on provoque
Vapparition de nombreux rejets qui présentent pour la plupart des anomalies
de l'appareil végétatif et de la grappe florale .
Mes expériences ont porté sur plus de trente variétés de Maïs, diverses
variétés d'Orges et d'Avoines cultivées, le Sorgho, le Coix lacryma, la
Mercuriale annuelle et le Chanvre. La section des liges principales a pro-
voqué les anomalies suivantes :
1° Fascies des panicules du Muïs, des rameaux de la Mercuriale, suture
des rameaux du panicule du Sorgho ;
2° Torsion des tiges du Maïs, de l'Orge, de l'Avoine, des rameaux de la
Mercuriale; déplacements des feuilles du Maïs qui sont groupées en verti-
cilles, disposition alterne des feuilles de Mercuriale ;
3° Métamorphose des fleurs mâles ou stériles en fleurs femelles ou her-
maphrodites dans le Maïs, l'Orge à deux rangs, le Chanvre, le Coix
lacryma ;
4" Multiplication du nombre des étamines dans les fleurs mâles du Maïs,
du nombre des épillets de l'Orge, des épis sur un axe latéral du Maïs, sur
un chaume d'Orge et des panicules sur un chaume d'Avoine.
Pour une même plante, il existe des relations entre les diverses anoma-
lies. Ainsi la fasciation des rameaux de l'inflorescence terminale du Maïs
entraîne la métamorphose des fleurs mâles en fleurs femelles fertiles. Sur
plusieurs variétés de Maïs j'ai pu réaliser expérimentalement l'anomalie
inverse; la torsion des épis en voie de croissance provoque un amincisse-
ment de l'axe et la métamorphose des fleurs femelles en fleurs mâles.
Orienté par ces résultais expérimentaux, j'ai reciierché et trouvé, dans des prairies
artificielles ayant subi plusieurs coupes avant la maturité, des anomalies que je crois
SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1905. 879
pouvoir rapporter à la même cause. Au début du mois de septembre 190/4, et dans la
même localité dont le sol est très fertile, j'ai trouvé dans des champs de TrifoUum
pratense, semé dans Tannée, une proportion de 5 à 8 pour 1000 de pieds portant des
feuilles de quatre et cinq folioles, et dans les champs où la même variété, semée
l'année précédente, avait subi deux coupes, une proportion de 13 à 87 pour 100 de
pieds anormaux. Les anomalies, dans ce dernier cas, étaient réunies en grand nombre
sur les mêmes pieds; les feuilles avaient de quatre à onze folioles et présentaient des
ascidies ou des sutures. De même, les rejets iVOnobrychis sativa, après la coupe,
présentent, dans la feuille composée pennée, des folioles groupées par trois ou quatre.
Le LoUum perenne a, dans les mêmes conditions, des épis ramifiés ou des épillets
multiples insérés au même point. Enfin, l'anomalie la plus curieuse a été fournie par
des pieds de Leucanlhemum vulgare présentant des traces manifestes de section de
tiges; dans un cas, les fleurons ligules du pourtour étaient en partie transformés en
fleurons tubulés; dans un autre cas, les bractées du capitule portaient à leur aisselle
des fleurons ligules surnuméraires doublant, pnur ainsi dire, la couronne formée par
les ligules du capitule normal.
Un (nuimatisme brutal produit donc des variations très accusées de
bourgeons; j'en ai montré des exemples piis dans des familles très diverses.
Certaines de ces variations sont particulièrement intéressantes parce qu'elles
présentent une hérédité assez accusée de l'anomalie provoquée artificiel-
lement.
La métamorphose des fleurs mâles de l'inflorescence terminale du Maïs
enfleursfemellesdonnedesgrainesqui.raidgrérabsenced'autofécondation,
fournissent une forte proportion de pieds déformés. L'hérédité atteint pour
un pied mutilé en 1902, dont les graines ont été plantées en igoS, la pro-
portion de 75 pour 100, et en 1904, malgré la sécheresse (qui semble être
un facteur nuisible à la variation), environ 5o pour 100.
De môme, pour une variété de Maïs sucré toujours vert tardif de Vilmorin
qui avait présenté, à la suite de section de tige principale, des feuilles et
des épis femelles dans la panicule tordue, la torsion des panicules a été
héréditaire à un haut degré (60 pour 100), pour des cultures faites aussi
bien dans le Pas-de-Calais que dans les environs de Paris.
Ce fait m'a conduit à trouver une explication possible de la cause de la
variation \\érëA\lA\ve an Dipsacus silvestris, var. torsus élnàiëe pardeVries. Le
savant professeur d'Amsterdam déclare qu'après avoir coupé les tiges
principales de plantes ataviques, qui n'avaient pas hérité de la particularité
anatomiqiie des plantes mères, il a observé une tendance très remarquable
à la torsion dans les rejets qui se sont développés après la section. Il a
38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
répété cette expérience pendant deux années consécutives avec le même
succès (').
Il semble donc que les sections des tiges principales de plantes herbacées
en pleine période de végétation provoquent le développement extrêmement
rapide de bourgeons adventifsqui reçoivent brutalement un excès de nour-
riture. Dans un sol riche, les bourgeons même anormaux donnent des
graines fertiles qui reproduisent l'anomalie à un haut degré. Les trauma-
tismes violents semblent donc pouvoir être utilisés pour provoquer l'appa-
rition des caractères latents des plantes en voie de mutation ( - ), s'ils ne son!
pas eux-mêmes une des causes de ces variations spontanées et héréditaires.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur l'emploi de la leucine et de la tyrosine comme
sources d'azote pour les végétaux. Note de M. L. Lutz, présentée par
M. Guignard.
Parmi les substances dont le rôle comme aliment azoté n'est pas encore
nettement élucidé figurent la leucine et la tyrosine. A la suite d'essais de
culture en présence de ces corps ajoutés comme unique source d'azote à
un sol artificiel de sable lavé et calciné, j'avais constaté que, dans ces con-
ditions, les Phanérogames ne peuvent tirer parti de ces substances orga-
niques, tandis que les Champignons inférieurs les assimilent fort bien (').
Il y avait là une différence qui s'est représentée par la suite dans plusieurs
séries d'essais conduits d'une façon analogue. J'eus alors l'idée de substi-
tuer au sable un substratum constitué par des billes de verre de petites
dimensions, pensant que les racines des plantules en germination pour-
raient ainsi arriver plus facilement en contact avec les substances nutritives.
Les plantes qui végétaient péniblement dans le sable se développèrent fort
bien dans le nouveau milieu, ce qui m'a engagé à reprendre complètement
l'étude de l'assimilabilité de ces deux amides.
Phanérogames. — Le vase de culture est formé d'un verre eylindri(|ue, coifte par
une cloclie à douille de forme basse et munie d'un bouchon de caoutctiouc traversé
(') Hugo de Vries, Veber die Erblichkeit der Zwangsdrehung {Bericlite der
deulschen botaiiisclien Gesellschaft, Bd. VU, 1889, p. 291).
(■') 11. DE Vries, Die Miitationstlieorie, Leipzig, 1901.
{') Ann. Se. nat., Bot., 8- série, l. VII, 1898, p. i.
SÉA>fCE DU 6 FÉVRIKR IpoS. 38 1
par trois tubes de verre destinés à rintroduclion des semences et au renouvellement
de l'air, par l'intermédiaire d'une trompe. Tous les orifices des tubes sont garnis de
coton, ainsi que la périphérie du vase, à la jointure de la cloche supérieure. Le fond de
l'appareil est occupé par une couche de 6=" à -■"' de billes de verre imbibées d'une
solution nutritive sans azote, analogue à celle qui m'avait servi lors de mes premiers
essais,.et additionnée de o?, 5o de leucine ou de tyrosine par 75'^"'. Le tout est stérilisé
par tjndalisalion. Les graines employées sont celles de Cuciimis vulgaris. Elles sont
stérilisées par immersion de 2 heures dans une solution aqueuse de sublimé à -5^,
suivant la technique de Laurent. Les résultats sont résumés ci-après.
Poids moyen sec d'une graine avant expérience : 3o"'s.
Azote total contenu dans une graine : i'"i,']']'i.
Leucine.
Premier essai. Deuxième essai.
Durée a8 juillel-i7 août 1904. 28 juillet-25 août 1904.
Gain de poids sec 21,6 pour 100 i3 pour 100
Gain d'iiz.ote 35,88 pour 100 4o,8 pour 100
Tyrosine.
Premier essai. Deuxième essai.
Durée i3 aoùl-6 septembre uj<)4. i3 août-10 septembre 1904.
Gain de poids sec 5,6 pour 100 9,7 pour 100
Gain d'azote 11,9 » i9'5
Champignons. — Les cultures ont été faites, ainsi que dans mes expériences précé-
dentes, dans des modifications du liquide de Raulin, de composition élémentaire con-
stante et dont tout l'azote était à l'état de leucine ou de tyrosine. L'ensemencement
a été fait avec quelques spores. Voici les résultats rapportés à So"'"' de solution nutritive.
eiicine.
Aspergillus niger. Aspergitlus repens. Pénicillium gh
Durée i3 janvier-i 2 février 1904. i3 janvici-i... févrieri9o4. .2 février-8 avril 1904.
Poids sec du
champignon. 05,470 08,694 oS,634
Tyrosine.
Aspergillus niger. Asprrf^illus repens. Pénicillium glaucum.
Durée i3janvier-i2 février 1904. i3 janvier-u février 1904. 12 février-S avril 1904.
Poids sec du
champignon. os, 584 o^OgS oe,639
Tyrosine usée.. os,5i4 (sur os,645) os,4945 o5,355
Ces résultats montrent que la leucine et la tyrosine sont également assi-
382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
niilables par les Phanérogames et les Champignons. Les divergences obser-
vées précédemment tiennent à ce que le contact des racines avec les deux
corps azotés s'opérait d'une manière défectueuse dans le sable, par suite de
leur faible solubilité. On s'explique alors que la leucine et la tyrosine accu-
mulées dans certaines graines puissent être assimilées malgré cette faible
solubilité, qui ne constitue plus, dans ces conditions, une entrave à leur
transport au lieu d'utilisation.
ÉCONO.MIE RURALE. — Su?- la cause de l'appauvrissement des sources dans
les 7'égions de plaines. Note de M. Hoillieiî, présentée par M. de Lap-
parent.
La diminution progressive du débit des sources, constatée par tous les ob-
servateurs, présente, au point de vue économique, une importance consi-
dérable. Elle a été particulièrement bien étudiée dans les régions de mon-
tagnes. Mais, dans les régions de plaines, les conclusions auxquelles on est
arrivé sont loin d'être péremptoires.
En ce qui concerne le bassin de la Somme, des observations poursuivies
pendant plusieurs années nous autorisent à affirmer que, si les raisons or-
dinairement admises (déboisement, diminution des pluies et des neiges,
érosion interne du sol), sont bien susceptibles d'expliquer certaines séche-
resses passagères, ainsi que la diminution ou le tarissement, avec ou sans
résurgence, de sources isolées, etc., elles ne donnent pas la solution du
problème d'ordre général qui fait l'objet de la présente Note.
La superficie du bassin de la Somme, comprenant les bassins affluents jusqu'à Abbe-
ville inclusivement, est de ôgoooo'^; la hauteur des pluies est, par année, de o"",63.
Le volume des eaux reçues s'élève donc, en moyenne, à 118"' par seconde.
La rivière écoule, pendant Je même intervalle de temps, 27™', soit 28 pour 100, et en
hauteur o"',i45 de la tranche annuelle: dans la première moitié du xix= siècle, elle en
écoulait davantage, puisque son débit niojen était alors, au minimum, de 35™' par
seconde.
Les pertes par évaporation directe n'ont pas varié, la température et les conditions
climatologiques n'ayant subi dans rinter\alle aucun changement ajipréciable; elles
représentent très sensiblement 60 pour 100.
Il reste un volume de 17 pour 100 dont l'utilisation n'est pas encore définie; ce
volume représente en presque totalité l'évaporalion par transpiration \égétale, qui
doit retenir notre attention (').
(') Nous négligerons les pertes par ruissellement, par évaporation industrielle, etc.,
SÉANCE DU 6 FÉVRIER IQoS. 383
Les travaux c!e Lawcs, d'Haberlandt, d'Hellriegel, etc. ont démontré
qu'une plante évapore un volume d'eau de 25o à 35o fois supérieur au
poids de matières sèches qu'elle produit. Cette évaporation formidable
correspond, pour un champ de blé par exemple et pendant la durée de la
végétation, à l'absorption d'une tranche verticale de o^'.oS a o", 20 d'eau
et parfois davantage. L'on comprend, dans ces conditions, que toute
modification sensible du nombre ou de l'importance des plantes est susceptible
d'influer considérablement sur le volume d'eau qui, non absorbé par la végé-
tation, alimente seul les nappes et les courants souterrains.
L'exploitation agricole du sol a subi, depuis 5o ans surtout, un change-
ment considérable. Les jachères nues, qui occupaient autrefois le tiers de
l'assolement, ont presque totalement disparu; les terres médiocres, jadis
abandonnées, sont livrées à la culture. A l'heure actuelle, on ne compte
plus que 25 000''" de jachères ou de terrains incultes; il y a 100 ans, on en
comptait au minimum 193 000''^ pour 3 10 000''=' de surface cultivée.
La jachère, ne subissant guère les ellets de la transpiration végétale, laisse écouler
une fraction notable de Teau qu'elle reçoit. Ce fait est constaté expérimentalement
dans le drainage, où Ton remarque, pendant les années sèches et pendant Tété, que les
drains des jachères donnent seuls de l'eau. Il est également observé par les agronomes,
mais au point de vue spécial de la perte des nitrates assimilables qui en est la consé-
quence.
En nous basant sur les intéressantes observations faites à l'école de Grignon ('),
nous pouvons admettre que les jachères laissent passer annuellement une tranche d'eau
supplémentaire de o"',o85 par comparaison avec les terres emblavées.
Puisqu'il y avait autrefois 170000 hectares de jachères de plus qu'aujourd'hui,
l'excédent de volume d'eau qu'elles laissaient écouler était annuellement de
170 000 000™ ■' X o,o85,
soit, en moyenne et par seconde, 4"', 600.
Un autre changement important résulte du perfectionnement considérable des pro-
cédés et du matériel de culture. A l'heure actuelle, le sol produit à l'hectare au moins
iooo''s de matières sèches de plus qu'il y a 100 ans et, à cette production, correspond
une consommation supplémentaire qui, pour les Sioooo hectares jadis seuls emblavés,
peut être évaluée à 3ioooo"»X looo''» X aSoi'S par ;in, ou 2™', 5 par seconde.
Ainsi donc, la suppression des jachères el l'amélioration des cultures ont
ces pertes n'ayant aucune inOuence sur les comparaisons d'ensemble qui forment
base de la présente étude.
(') Comptes rendus, Communications de M. Dehérain, notamment 1895-1896.
384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
eu pour conséquence une augmentation de consommation d'eau qui, ré-
partie sur toute l'année, atteint 7°'',ioo pur seconde et correspond à une
tranclie verticale d'environ o™,o4.
Comme nous nous sommes toujours placé dans les hypothèses minima,
il est évident que les raisons données justifient facilement la diminution
de 8°' précédemment constatée.
L'étude particulière des débits d'étiage donne lieu à des constatations
très intéressantes, qui corroborent manifestement toutes nos hypothèses.
Conclusions. — Il est ainsi démontré que l'appauvrissement progressif
des sources du bassin de la Somme résulte du perfectionnement de l'ex-
ploitation AGRICOLE DES TERRES, entraînant une augmentation importante de
l'évaporalion par transpiration végétale.
Or l'agronome cherche déplus en plus à s'approprier loule l'eau recueillie
par le sol, d'abord parce que celle-ci est, suivant l'expression de M. Dehé-
rain, « la condition essentielle de la fertilité », et ensuite, parce que l'eau
non utilisée entraîne avec elle, en pure perte, de précieuses matières ferti-
lisantes.
On peut donc, sans pessimisme exagéré, prévoir que le débit des sources
émergeant des bassins cultivés subira dans l'avenir de nouvelles dimi-
nutions, et qu'en particulier nombre de sources permanentes deviendront
périodiques.
Ces diminutions, qui inléressent au plus haut point : l'alimentation
publique en eaux potables, le développement de la houille blanche, la
conservation d'industries existantes, l'alimentation des canaux, etc., ne
pourraient être enrayées, dans les régions de plaines, que par une limi-
tation, a priori impossible, des laborieux efforts des agriculteurs et non p:ir
les reboisements tant préconisés.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Les proportions des gaz- du sang artériel,
pendant le cours de ianesthésie chloroformique, restent invariables tant que
la ventilation pulmonaire reste à peu prés normale. Noie de M. J. Tissot,
présentée par M. Chauveau.
Les physiologistes quiont étudié les variations des gaz du sang artériel pen-
dant l'aneslhésieparle chloroforme.ont obtenu des résultats fort différents.
P. Bert indique dans deux publications différentes des résultats qui se con-
tredisent: augmentation de la proportion d'oxygène dans l'une, diminution
SÉANCE DU 6 FÉvr.iKR igoS. 385
dans l'autre. Mathieu et Urbain, de Saint-Martin, Olivier et Gnrrett ont
trouvé une diminution à des degrés divers de la proportion d'oxygène;
Arloing, au contraire, a vu que la proportion d'oxygène augmente. Les
expériences qui suivent ont pour but d'expliquer les raisons de ces diffé-
rences, et en outre de rechercher l'influence que peut exercer la diminu-
tion de l'oxygène du sang artériel sur les accidents du chloroforme, syn-
cope respiratoire et syncope cardiaque.
Dispositif expérimental. — Les expériences ont été effectuées surle chien. Le chlo-
roforme était administré à l'animal au moyen d'un appareil respiratoire à double
soupape inspiratrice et expiratrice adapté à la trachée. L'air inspiré passait au préa-
lable dans un flacon contenant du chloroforme dont il entraînait la vapeur. On pouvait
faire varier à volonté la proportion de chloroforme contenue dans l'air inspiré par deux
procédés : 1° en élevant ou abaissant la température du flacon contenant le chloroforme;
2" en mélangeant avec l'air chargé de vapeur de chloroforme une quantité déterminée
d'air pur. Pendant toute la durée de l'expérience, j'enregistrais les mouvements respi-
ratoires au moyen d'un tambour à levier relié à une canule fine piquée dans la trachée;
j'enregistrais en même temps la pression artérielle. Avant et pendant le cours de l'anes-
thésie, j'eflectuais de nombreux prélèvements de sang dans l'artère fémorale et j'en
déterminais la proportion des gaz. Je reproduis deux expériences seulement parmi
celles que j'ai eflectuées parce qu'elles suffisent à montrer les causes des variations des
gaz du sang.
Expérience I. — Décembre 1902. Chien de S-i's. La dose de chloroforme admi-
nistrée est toujours suffisante à déterminer l'anesthésie complète de l'animal. La dose
de chloroforme est augmentée momentanément et à dessein quelques minutes avant
les 4° et 6" prises de sang, afin de provoquer des modifications respiratoires.
Proportions des gaz dans 100"''"' de sang artériel.
Volume
total
Temps, de gaz. CO=. O-'. Az Observations.
3.17 68,70 49,4 17,2 2,1 f" prise de sang avant l'anesthésie. Respiration
normale. 18 inspirations par minute.
Début de l'administration du chlorofoinie.
Anesthésie complète.
2" prise de sang. 42 inspirations par minute.
3" prise de sang. 17 inspirations par minute.
4° prise de sang. 7 ou 8 inspirations par minute.
5" prise de sang. 4o inspirations par minute.
6= prise de sang. Tout à fait au début de la syn-
cope respiratoire terminale, après un ralentis-
sement respiratoire très marqué.
Cette expérience montre nettement que, lorsque la ventilation pulmonaire ne varie
C. R., 190.5, I" Semestre. (T. CXt., N° 6.) -^^
3.3o
»
»
1)
3.32
»
1.
»
3.35
59.70
39,2
18, 8'
1,7
3.42
59,00
39'9
i7>'i
',7
4.1S
60,47
44,1
14.4
i>97
4.29
61,20
4l,2
18,2
1,8
4.37
59 , 00
47' '
9,6
2,3
Temps,
h m ?
9.59.30
total
de gaz.
•"J9.9-i
36™5
cra>
22,71
10. 4
„
„
„
10.17
»
»
"
10.27
10.57
58,56
58,17
60,20
36,28
3C,25
37,09
21,08
20,64
21,86
386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pas, la proporlion d'oxygène, qui est normalement de 17™', 2, reste invariable (3" prise,
'7''"'>4). qu'elle augmente lorsque la ventilation pulmonaire augmente (2° prise,
18"°°, 8 et 5'= prise, 18'"', 2) et qu'elle diminue lorsque la ventilation pulmonaire
diminue (4= prise, i4™',4 et 6" prise, g'"'', 6).
Expérience II. — Janvier 1903. Chien de 40'?: le chloroforme, au lieu d'être mis à
demeure dans le flacon, y est versé goutte à goutte avec beaucoup de précaution et en
quantité juste suffisante pour déterminer l'insensibibité de la cornée, sans atteindre
une anesthésie plus profonde. Souvent même la cornée conservait un peu de sensi-
bilité.
Az. Observations.
,18 I" prise de sang artériel avant l'anesthésie.
Polypnée violente, 84 inspirations par mi-
nute, animal agité.
» Début de l'administration du chloroforme.
)i Anesthésie avec insensibilité presque com-
plète de la cornée.
,20 2'' prise de sang. 60 inspirations par minute.
,28 3" » 4i » »
,25 4" » 42 » »
Avatit de tirer les conclusions de ces résultats, il est bon d'entrer dans
quelques considérations sur les conditions dans lesquelles doivent être com-
parées les proportions des gaz du sang. La première prise de sang avant
l'anesthésie, devant servir de point de comparaison, doit être effectuée sur
un animal dont la ventilation pulmonaire est normale. Le sang recueilli sur
un animal en état de polvpnée fournit un point de comparaison défectueux
parce que la polypnée modifie inégalement les proportions des gaz du sang,
en augmentant la proportion d'oxygène et diminuant beaucoup plus celle
de C0-.
Si la prise de sang initiale a été faite sur un animal en polypnée, on n'est
donc pas autorisé à conclure d'une diminution ultérieure de l'oxygène dans
le sang artériel à une diminution au-dessous de la normale. C'est ce fait qui
explique en grande partie la diversité des résultats obtenus par P. Bert et
d'autres auteurs; l'intluence de la polvpnée est manifeste dans les expé-
riences de P. Bert et peut être décelée sûrement dans les Tableaux qu'il a
donnés, par les modifications beaucoup plus considérables qu'elle a appor-
tées aux propoitions d'acide carbonique qu'aux proportions d'oxygène.
Cette action de la polypnée s'est manifestée de façon très accentuée dans
mes expériences, notamment dans l'expérience H, dont la première prise
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. 387
de sang, qui révèle une proportion d'oxygène de 22""', 71 pour 100""', four-
nit un point de comparaison anormal et trop élevé.
De ces deux expériences je tirerai les conclusions suivantes :
i" Les proportions des gaz du sang artériel restent sensiblement inva-
riables et normales pendant l'état d'aneslhésie par le chloroforme tant qu'il
ne se produit pas de modifications très importantes de la ventilation pul-
monaire;
2° Une diminution importante de la ventilation pulmonaire au cours de
la chloroformisation provoque une diminution de la proportion d'oxygène
dans le sang artériel;
3" Les conclusions de plusieurs auteurs relatives à une diminution impor-
tante de la proportion d'oxygène du sang artériel résultent le plus souvent
de l'inexactitude du point de comparaison initial;
4" Les doses faibles de chloroforme déterminent chez l'animal une aug-
mentation considérable et persistante de la ventilation pulmonaire et pro-
voquent indirectement de ce fait la fixation d'une proportion d'oxygène
constamment très élevée et au-dessus de la normale dans le sang artériel.
Les deux premières conclusions ressortent nettement de l'expérience 1;
les deux suivantes ressortent de l'expérience II et expliquent la raison de
l'augmentation notable trouvée par M. Arloing dans la proportion d'oxy-
gène. Cette dernière expérience a, en effet, été effectuée dans les mêmes
conditions que celles où se plaçait M. Arloing.
PHYSIOLOGIE. — Su/ le mécanisme de l'accommodation. Note de MiM. H.
Bertin-Sans et J. Gagnièke, présentée par M. d'Arsonval.
Il y a actuellement deux théories en présence pour rendre compte du
mécanisme suivant lequel s'effectuent les changements de courbure des
faces du cristallin pendant l'acte de l'accommodation : la théorie d'Helmhollz
qui attribue ces changements de courbure au relâchement de la zonule de
Zinn et à l'élasticité de la cristalloïde, élasticité qui tendrait à donner au
cristallin une forme sphérique; la théorie de Tscherning qui explique au
contraire les déformations du cristallin accommodé par une traction exercée
par la zonule de Zinn sur la cristalloïde atitérieure.
D'après la première de ces théories, la déformation du cristallin serait
en quelque sorte active ; elle serait passive d'après la seconde. La forme
3H8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'équilibre (]ii cristallin libre de toute adhérence devrait donc, selon la
première, correspondre plus ou moins exactement à celle du cristallin
accommodé; si la forme d'équilibre du cristallin était par contre analogue à
celle du cristallin non accommodé, il faudrait bien admettre, comme dans la
seconde, que la déformation delà lentille oculaire est passive lors de l'effort
de l'accommodation. On comprend dès lors que l'on puisse déduire de la
comparaison des rayons de courbure du cristallin, avant ou après la mort,
un argument capable de confirmer ou d'infirmer l'une des théories que
nous venons de rappeler.
On a sans doute déjà remarqué que les nombres donnés par Helmholtz
pour les courbures de cristallins morts se rapprochaient de ceux qu'il
avait trouvés pour des cristallins vivants non accommodés; maison ne saurait
rien conclure de certain de cette remarque, parce que les mesures n'ont
pas porté sur les mêmes cristallins et que les valeurs obtenues diffèrent
notablement d'un cristallin à l'autre. Helmholtz avait d'ailleurs constaté
que les cristallins morts étaient un peu plus épais que les cristallins vivants
et c'est même cette constatation qui fut le point de départ de sa théorie.
Il faudrait, pour avoir des résultats concluants au point de vue qui nous
occupe, déterminer les rayons de courbure d'un même cristallin : i° sur le
^ivant pendant le repos de l'accommodation ; 2" aussi rapidement que pos-
sible après la mort, la zonule de Zinn étant préalablement sectionnée. Ce
sont ces déterminations qae nous avons effectuées sur une série de lapins;
nous les avons fait porter seulement sur la face antérieure du cristallin
parce que c'est la courbure de cette face qui se modifie le plus pendant
l'acte de l'accommodation.
Nous nous sommes d'abord assurés, grâce à l'instillation successive
d'ésérine et d'atropine, que la variation des rayons de courbure de la cris-
talloïtle antérieure, sous l'influence de l'accommodation, était pour nos
lapins supérieure à 2'""".
Nous avons ensuite déterminé la valeur exacte du rayon de courbure de
cette cristalloïde antérieure dans l'œil atropinisé. Nous avons dû renoncer
pour cela aux méthodes généralement usitées pour l'homme et imaginer un
])rocédé qui nous permit de contrôler pendant la durée de certaines déter-
minations la direction de l'axe optique de l'œil.
Nous mesurons d'aljord, à l'aide de rophlalniomèlre d'HelmhoUz, les rayons de
courbure de la cornée et de la suiface apparente de la ciislalloïde antérieure dans un
plan bien défini MN. Ces rayons connus, nous fixons une lampe sur l'axe optique de
SÉANCE DU 6 FÉVRIER ipoS. 389
l'œil du lapin examiné, en amenant cette lampe dans une position telle que ses trois
images oculaires, a (cornée), b (cristalloïde antérieure) et c (crislalloïde postérieure),
soient bien sur une même droite. Nous plaçons ensuite l'oplitalmomètre en dehors de
cet axe, dans le plan MN, nous l'orientons de telle sorte que son axe coïncide avec un
axe secondaire du miroir cornéen et nous mesurons les distances des images a et i à
l'axe même de l'ophtalmomètre.
On peut déduire de ces mesures la distance de limage cristallinienne b au centre
de courbure de la cornée et la distance apparente de la cristalloïde antérieure à la
surface de la cornée. De la valeur de cette dislance apparente on lire, à l'aide d'une
formule classique, celle de la distance vraie de la crislalloïde antérieure à la surface
cornéenne. Comme l'on connaît d'autre part le rayon de courbure apparent de la cris-
talloïde antérieure, il suffît d'ajouter sa valeur à la dislance apparente de la cristal-
loïde à la cornée pour avoir la position du centre apparent de la cristalloïde antérieure.
La même formule classique que tout à l'heure permet enfin de trouver la position
vraie de ce centre de courbure. Il est dès lors facile, connaissant les positions vraies
de la cristalloïde antérieure et de son centre de courbure, de calculer le rayon de
courbure de celte même cristalloïde.
Le rayon de courbure de la crislalloïde antérieure une fois déterminé sur
l'œil vivant, nous avons sacrifié l'aninial, enlevé la cornée, sectionné la
zonule et mesuré à nouveau, en Lassant le cristallin reposer sur l'humeur
vitrée, le rayon de courbure de sa face antérieure.
Les nombres ainsi trouvés pour chacun des lapins examinés sont consi-
gnés dans le Tableau suivant :
Rayons de courbure de la crislalloïde anlérieure.
Animal vivant.
(Accommodation Animal mort,
relâchée par lalropine.) (Cristallin libéré.)
Lapin A 6,2 6,1
,) B 5,6 5,7
„ C 5,7 5,8
» D 6,3 6,4
„ E G,i 6,2
Il résulte de ces déterminations que la courbure de la cristalloïde anté-
rieure ne diffère pas, pour le cristallin libre de toute adhérence, de la cour-
bure de cette même cristalloïde sur le vivant lors du repos de l'accommo-
dation.
La forme normale du cristallin est donc, chez le lapin, celle qui
correspond au repos de l'accommodation; la déformation de la lentille
Sgo ACADÉMIE DES SCIENCES.
oculaire pendant l'effort de raccommodatiou doit par suite être passive
comme l'admet la théorie de Tscherning et non active comme le voudrait
celle d'Helmhollz.
On peut conclure par analogie qu'il doit en être de même chez l'homme.
PHYSIOLOGIE. — Obsermtions sur les bandes d'absorption du sang et de l'oxy-
hèmoglobine. Note de MM. Piettue et Vila, présentée par M. Roux.
I. La méthode usuelle d'observation spectrale du sang consiste à intro-
duire ce liquide dans une cuve en verre, prismatique ou à faces parallèles,
dont l'épaisseur ne dépasse pas, en général, !f'^ à 5"™. En employant
la méthode d'observation signalée par M. Etard, en 1897, dans l'étude des
chlorophylles, nous avons vu dans le sang une bande d'absorption non dé-
finie par les différents auteurs qui ont publié les spectres de ce liquide.
C'est en remplaçant la cuve par des tubes de verre, de longueur variable,
aux extrémités soufflées aussi planes que possible, que nous avons pu
l'apercevoir et déterminer ensuite les conditions favorables de sa visibilité.
Voici, en résumé, le mode opératoire suivi :
Du sang, puisé dans le cœur d'un cobaye vivant, à l'aide d'une seringue, est réparti
aussitôt dans des tubes de 20"^°' à la température de 19".
Nous nous sommes assurés, par une expérience comparative, que ces dillérentes
opérations, faites dans des conditions d'asepsie rigoureuses, ne modifiaient aucunement
les résultats. Un de ces tubes, placé devant la fente d'un spectroscope préalablement
réglé en portant la raie du sodium devant la division 100 du micromètre, permet,
outre les deux bandes classiques à droite de la raie D, d'en voir une autre, très nette,
dans le rouge, à la division 86 de notre appareil. Les longueurs d'onde correspondant
aux axes des bandes déjà décrites dans le vert sont À:=535 et 675, l'axe de celle du
rouge coïncide avec la radiation de longueur d'onde 63^.
J-'our une concentration donnée du sang, l'observation à la cuve ne montre que les
deux bandes du vert; si l'on transvase dans un tube de 3o'™, la solution diluée, bien
qu'elle contienne toujours la même quantité de matière, permet de voir un spectre à
trois bandes.
II. Toutes ces expériences ont été faites avec des dissolutions de sang
dont les teneurs étaient inférieures ou analogues à celles employées par
les auteurs qui se sont engagés dans l'étude spectroscopique de ce liquide.
Certaines de leurs observations ont été faites à la concentration de .,,'„,
SÉANCE DU 6 FÉVRIER IQoS. Sgi
pt, la bibliographie, à noire connaissance, ne signale aucun cas où cette
dilution très grande puisse produire un phénomène accessoire.
D'autre part, en préparant une série de liqueurs contenant de o,5 à 120
gouttes de sang pour 100"°', nous nous sommes assurés que l'addition d'eau
n'était pour rien dans l'apparition de la bande dans le rouge et il reste
acquis qu'elle se manifeste aussi bien dans les grandes que dans les faibles
concentrations.
Avec le sang de cobaye sa présence est incertaine dans les premiers
moments qui suivent la prise du sang sur l'animal, mais après un temps
très court elle apparaît d'une façon nette. Si, au lieu d'opérer entre iS^et
22", on se place dans les conditions de l'organisme, le phénomène est ins-
tantané.
III. Afin de ne pas confondre cette modification dans le spectre ordinaire
du sang avec les spectres donnés pour les produits d'oxvdation ou de
réduction de l'oxyhémoglobine, nous avons préparé directement ce produit
par la méthode d'Hoppe-Seyler. Nous avions constaté, en effet, par une
expérience préalable, que les cristaux d'oxyhémoglobine ne se conservent
pas sans altération à l'étal sec et que, par suite, la matière que l'on trouve
sous ce nom dans le commerce n'a aucune signification biologique.
L'oxyhémoglobine fraîche, que nous avons préparée à partir du sang de cheval, a
été obtenue en très beaux prismes orthorhombiques, mesurant de 2™" à 3""", agissant
fortement sur la lumière polarisée, ce qui permet de constater rhomogénéité de la
préparation. Ils sont rouge rubis et possèdent une consistance cireuse très caractérisée.
On peut conserver ces cristaux. Intacts dans l'éther aqueux à basse température.
Dans ces conditions, nous avons pu réunir ^os de matières provenant de 5' de sang.
Les solutions qui nous ont servi pour faire des comparaisons de spectres ont été
faites avec des cristaux récemment obtenus.
Un tube a été préparé avec du sang frais, l'autre avec une solution d'oxyhémoglo-
bine cristallisée; ils ont été disposés de façon à superposer les bandes qui coïncidèrent
exactement; comme elles se trouvent dans le prolongement l'une de l'autre, l'observa-
teur est mis à l'abri de toute erreur de lecture. Le tube renfermant du sang normal
contenait une dissolution de 5 gouttes dans 100'"'" et celui renfermant roxyhéinoglo-
bine, 50""°' d'une liqueur titrant 3^ de cristaux solides.
Les deux tubes avaient 20'='" de longueur mais, si l'on réduit cette mesure à une
faible épaisseur en introduisant le liquide des tubes dans une cuve, on ne peut perce-
voir que les deux bandes bien connues dans le vert.
IV. chose remarquable, lorsque les solutions de sang ou d'oxyhémoglo-
bine cristallisée sont faites dans du fluorure de sodium à 2 pour 1000, la
situation de la bande est changée, elle se place au 7^ = 612.
392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce n'est d'ailleurs pas là la seule complexité que comportent ces obser-
vations spectrales, car le sang normal, frais, reçu et dilué dans des solu-
tions isotoniques, ne nous a jamais montré que les deux bandes dans le
vert.
Il existe donc, au point de vue spectral, une différence très importante
entre le sang laqué et le sang qui a conservé son intégrité globulaire grâce
à des solutions isotoniques.
En dehors de toute altération on peut constater que les solutions
d'oxylîémoglobine donnent une bande dans le rouge, dont la présence se
manifeste quand la lumière traverse une longue colonne de substance
active et que par conséquent elle rencontre un plus grand nombre de
molécules.
MÉDECINE. — Myélites par toxines tuberculeuses. Note de M. E. Clémext,
présentée par M. E.-II. Amagat.
L'observation clinique la plus rigoureuse a démontré que, chez les
tuberculeux, il y avait des névrites périphériques indépendantes de toute
lésion de la moelle et des racines, et produites par les toxines tubercu-
leuses.
J'ai recueilli un certain nombre de faits cliniques qui tendent à démon-
trer qu'il y a également des myélites toxiques tuberculeuses, indépendantes
de toute production néoplasique dans la moelle et ses enveloppes.
Dans la plupart des cas que j'ai observés, les troubles nerveux sont ceux
du tabès incipiens.
. Les manifestations nerveuses uiasqueiU tout d'abord les symptômes pulmonaires.
Le malade attire l'attention du médecin surtout sur les manifestations nerveuses (dou-
leurs fulgurantes) et parle à peine des troubles respiratoires. Le médecin constate les
douleurs fulgurantes, la perte des réRe\&s patellaircs, le signe de Romberg et celui
d'Argyll Robertson, et il porte le diagnostic (Vala.iie locomotrice au début, alors
qu'en réalité il s'agit d'une tuberculose initiale avec symptômes tabétiques.
Nous pouvons caractériser ces faits par cette dénomination : Forme larvée, iniliale
de la tuberculose pulmonaire à type tabétique.
Dans les cas observés par nous, la marche du tabès s'est arrêtée à la première
période comme si les toxines tuberculeuses étaient impuissantes à produire l'évolution
complète de la sclérose des cordons postérieurs. De même, la tuberculose paraît
évoluer lentement. Je ne donne pas l'explication de ce fait, c'est le résultat de l'obser-
SÉANCE DU 6 FÉVRIER igoS. SgS
Les données actuelles de la Pathologie générale attribuent à des infec-
tions diverses le rôle principal dans le développement des myélites. D'autre
part, l'existence des névrites périphériques par toxines tuberculeuses est
admise par tout le monde. Nous nous croyons donc autorisé à dire que les
myélites survenues au début d'une tuberculose pulmonaire sont également
d'origine toxique.
GÉOLOGIE. — Sur la constitution du Djebel Hadid {Maroc occidental).
Note de M. Paul Lemoine, présentée par M. de Lapparent.
Chargé par le Comité du Maroc d'une mission géologique dans le Bled
maghzen, j'ai parcouru la région de Marrakech et une partie de l'Atlas pen-
dant l'automne de 1904.
Un des premiers résultats de cette étude a été de mettre en évidence la
constitution tectonique très particulière et jusqu'ici inconnue du Djebel
Hadid, chaîne située un peu au nord de Mogador (') et comprenant deux
sommets principaux, le Djebel Hadid et le Djebel Rourat.
Le nom même du premier sommet (la montagne de Fer) indique la pré-
sence d'anciennes mines. Thomson y a signalé le redressement de couches
qu'il regardait comme crétacées; Brives (') y a noté l'existence de couches
triasiques rouges; mais il ajoute : « Toutes ces couches sont sensiblement
horizontales. »
Or le Djebel Hadid est en réalité un dôme anticlinal très aigu, au centre
duquel apparaît le Trias.
Sur la face est on trouve d'abord des calcaires crétacés en couches liorizontales,
puis une dépression sèche est occupée par des argiles et des sables, appartenant à la
base du Cénomanien ; leur allure est masquée par les éboulis ; mais on les retrouve aux
extrémités de la chaîne où ils ont participé au mouvement de plissement.
La masse même du Dj. Hadid est formée par des calcaires redressés jusqu'à ta verti-
cale (voir la figure). Une couche, épaisse de plus de 20°", est particulièrement remar-
quable : elle constitue comme l'ossature de la chaîne, déterminant sur presque toute la
périphérie un escarpement abrupt; ces calcaires sont traversés par de nombreuses ca-
vernes qui correspondent à des fissures dues à l'enlèvement d'une couche tendre entre
deux couches plus dures. Ces fissures ont été, en certains points, remplies par des mine-
(') Voir DE Flotte de Roquevaire. Carte du Maroc au vrôoirro-
(-) A. Brives, Aperçu géographique et géologique sur le grand Atlas marocain
{Bull. Soc. Géographie d'Alger, 4'= trimestre igoS).
C. R., 1905, ." Semestre. (T. CXL, N° 6.) 3'
394 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rais ferrugineux, exploités activement à une époque très ancienne. Ces poclies ont été
complètement vidées ; le minerai ne paraît d'ailleurs pas avoir été particulièrement riche ;
il n'y a pas lieu d'essayer de reprendre son exploitation. L'étude détaillée de ces poches
serait cependant intéressante à cause de l'espoir d'y trouver des Vertébrés fossiles.
N.W.
■—(O.Allanlif
Ces calcaires (calcaires du Djebel Hadid de la coupe) ne m'ont fourni aucun fossile ;
toutefois ils passent insensiblement à des alternances de calcaires et d'argiles où j'ai
trouvé des fossiles, non encore étudiés; mais la présence de tronçons de Bélemnites ne
permet d'hésiter qu'entre le Jurassique supérieur et le Crétacé inférieur.
Ces alternances reposent directement sur des marnes, de couleurs variées, surtout
rouges, traversées par des pointements d'ophite et contenant des lentilles de gypse et
de sel gemme, exploitées à Souq-el-TIatta. Celte formation représente vraisemblable-
ment le Trias; en tous cas sa position au-dessous des calcaires du Djebel Iladid
contredit l'opinion de Thomson qui y voyait du Crétacé inférieur.
Enfin on trouve, au sommet du Djebel Hadid, près de Sidi-bou-Yacoub (altitude,
666™ environ), des calcaires avec nombreux galets de roches éruptives et anciennes,
des Foraminifères et quelques Ostrea; ce sont des calcaires tertiaires, identiques à
ceux qu'on voit sur le bord de l'Océan, au sud de l'oued Tensift jusqu'à l'oued Tidsi.
Ces calcaires sont souvent effondrés dans de véritables poches, analogues à celles qui
contiennent le minerai de fer; la formation de ce dernier semble donc s'être produite
pendant la période continentale qui a précédé la transgression de la mer tertiaire. On
retrouve ces calcaires en place sur le flanc ouest du Djebel Uadid; ils y sont très
redressés, presque verticaux.
Au point de vue tectonique, c'est un exemple cui'ieux de ces dômes
anticlinaux, très aigus, qu'on connaît dans le reste de l'Afrique du Nord,
toujours liés à la présence du Trias. Le phénomène de plissement s'est
produit sur le même emplacement et dans le même sens en deux phases
au moins, l'une poslcrélacée et prémiocène, l'autre poslmiocène. Le fait
mérite d'autant plus d'être noté que je montrerai ultérieurement qu'il ne
paraît pas en avoir été de même à toutes les époques dans le nord-ouest
africain.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER ipo*). '5()^
GÉOLOGIE. — 5;//" /rs terrains eocrnes dans le Maroc occidental.
Note de M. A. Iîrives, présentée par M. de r.apparent.
Depuis le mois de novembre 190 1 j'ai entrepris trois voyages successifs
dans le Maroc occidental. Je ne reviendrai pas sur le premier, dont j'ai
déjà fait connaître les principaux résultats (').
Au cours des deux autres voyages, effectués de juillet à novembre ir)o3
et de janvier à juillet 1904, j'ai exploré surtout le Haut-Atlas occidental,
dans lequel j'ai pu pénétrer à plusieurs reprises jusque dans l'axe même de
la chaîne, au voisinage de cimes élevées qui atteignent 45oo"'; enfin, péné-
trant dans le Sous, j'ai atteint à Tiznit le pied de l'Anti-Atlas.
Laissant de côté les considérations générales sur les formations géolo-
giques reconnues (-), je tiens à signaler tout spécialement l'extension de
l'Éocéne inférieur. Les terrains de cette formation, très développés dans le
Maroc occidental, ne comportent pas de divisions analogues à celles éta-
blies pour le bassin de Paris. Leur faciès rappelle au contraire celui des
terrains de même âge pour lesquels le terme de Suessonien a été conservé
en Algérie. J'emploierai donc ici ce terme comme synonyme d'Éoccne
inférieur.
L'Éocène supérieur avait seul été signalé dans la région de Tanger oii il
avait été étudié par Coquand, Bleicher, etc. J'ai pu constater son extension
vers le sud jusqu'à l'oued Inaoun. Cet étage reste toujours en rapport avec
les derniers contreforts du massif des Djebala et du Rif; il ne dépasse pas
vers l'est la ville de Taza.
J'ai reconnu en 1904 la présence de l'Éocène inférieur aux environs im-
médiats de Tanger, sous forme de calcaires à silex qui affleurent le long de
l'oued Marhar et dans l'oued El-Hachef sur le chemin d'El-Ksar-el-Kebir.
Ce terrain, peu développé, est recouvert en discordance soit par le Mio-
cène, soit par l'Eocène supérieur.
Au sud d'EI-Ksar, les calcaires à silex, forment la base du Djebel Sarsai- et sur le
revers sud de celte montagne, dans l'oued Mda, ils sont surmontés par des marnes gré-
(') Sur la consliluliori géologicjae du Miiroc occidental {Comptes rendus,
21 avril 1902); voir aussi Ficheur, Les études Lçéologiques récentes de M. Drives sur le
Maroc occidental; Vienne, ipo^-
(') Voir Brives, Bull. Soc. Géog. Alger, kjoS.
■396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
seuses el des grès grossiers. Dans ces couches, ;i Chericliera-el-Aïd, sur le chemin
d'Ouazzan, j'ai trouvé quelques nummuliles qui appartiennent toutes au groupe de
N. Biarrilzensis.
Ces couches, recouvertes en discordance par l'Eocène supérieur qui forme la partie
supérieure du Sarsar, se développent dans les Meçmouda et jusqu'auprès d'Ouazzan.
Sur la rive gauche de l'oued Zaz, près de cette ville, on peut constater le passage
latéral des couches marno-gréseuses à des calcaires à litholkamnium et à pecten. Ce
faciès calcaire paraît se développer vers le nord dans les collines de Ahl-Shérif.
Vers le sud, c'est le faciès des calcaires à silex qui domine; il se poursuit au flanc
du Djebel Kourt et jusqu'à l'oued Ouerra où ces couches sont recouvertes par le Mio-
cène fossilifère. Elles reparaissent plus au sud, dans les berges du Sebou, à Mechra-
ech-Cherifa, pour venir se rattacher à la zone que j'ai déjà signalée des environs de Fès.
Toujours constitué de la même manière, le Suessonien se poursuit, sou-
vent caché par le Miocène, jusqu'à l'Oum-er-R'bia et sur la partie ouest du
plateau des Rehanna, mais il n'avait pas été reconnu au sud de cette région.
Au cours de mon voyage de juillet-octobre iqoS, j'ai constaté sa présence
en plusieurs points de la bordure sud de la plaine de Marrakech et jus-
qu'auprès de Mogador.
La composition est la même que dans les régions du nord. A la base, reposant tantôt
sur le Crétacé inférieur, tantôt sur le Cénoraanien, quelquefois sur les terrains pri-
maires, existe toujours une petite zone argileuse bleue ou plus souvent blanche de i™
à 1", 5o d'épaisseur.
Au-dessus se développent les calcaires à silex sur une puissance moyenne de 4o™.
Ces calcaires sont tendres, quelquefois crayeux et renferment de petits lits marneux
pétris de fossiles : cônes, turritelles, cardites et surtout des ihersites de grande taille.
Ces couches s'observent à So"-'" à l'est de Mogador près de Bou-Rikki, dans la vallée
de l'oued Kseub. Elles forment un léger synclinal qui repose au sud sur le Turonien,
au nord sur le Cénomanien. Ce synclinal passe au nord du plateau découjjé des Oulad-
Zergoun et vient se perdre dans la plaine de Marrakech.
En arrière de cette première bande, et à la hauteur de Si-Abd-el-Moumem, com-
mence une deuxième zone qui s'infléchit vers le sud-est de façon à atteindre à Imin-
tanout les premiers contreforts de l'Atlas. La constitution lithologique reste la même.
A partir d'Iminlanout, le Suessonien se prolonge vers l'est, toujours à la bordure de
la plaine jusqu'au Mesfioua, formant une bande étroite quelquefois interrompue.
A la bordure nord de la plaine de Marrakech, cet étage semble faire défaut. Il a dû
cependant lecouvrir au moins toute la partie occidentale de cette plaine, si l'on en
juge par les témoins épars qui émergent des formations alluvionnaires. Ces témoins
constituent, au milieu de la plaine, des collines curieuses, de forme tabulaire, aux-
quelles les indigènes appliquent le terme de Raïat. Les couches à silex y sont partout
presque horizontales, ce qui permet d'affirmer qu'elles étaient légèrement ondulées et
qu'elles devaient s'étendre plus au nord pour rejoindre la bande de l'Oum-er-R'bia
soit en contournant les Djebilat, soit même en les recouvrant.
SÉANCE DU G FÉVRIER igoS. 897
En résumé, l'Éocène inférieur s'est étendu dans toute la partie du Maroc
située au nord de l'Atlas. Sur le revers sud de cette chaîne, je ne l'y ai pas
rencontré ni dans la plaine du Sous, Le faciès des calcaires à silex est
général, je n'ai rencontré aucune couche pouvant rappeler le faciès des
calcaires à nummulites de l'Éocène inférieur d'Algérie. Quant à l'Éocéne
moyen, il est représenté, dans la région de Fès, par des marnes et des grès
qui surmontent en transgressivité les couches suessoniennes, mais je n'ai
rien trouvé d'analogue aux formations nummulitiques de la région littorale
d'Alger et de Constantine.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur la relation des phénomènes erratiques avec le
modelé des hautes vallées glaciaires. JNote de M. Paul Girardix, présentée
par M. de Lapparent.
La zone d'altitude où l'action du glacier est tout à fait prépondérante,
dans les Alpes françaises, est celle qui s'étend entre 2200™ et 2700"", où
l'erratique proprement glaciaire constitue un paysage de moraines vives, ni
écrêtées ni gazonnées, aux formes anguleuses et aux pentes abruptes. La
vue de ces édifices gigantesques, construits avec des ruines, fait qu'on est
tenté de s'exagérer les effets de transport du glacier et sa puissance de
creusement. Mais l'erratique ne provient pas uniquement du glacier, et l'on
doit noter la provenance des différentes sortes d'erratiques qui encombrent
les hautes vallées glaciaires : tous se rattachent par des termes insensibles
à la moraine de glacier vivant, par l'intermédiaire du glacier mort.
i" Erratique de glacier mort. — Le glacier mort -joue, aux dépens des
glaciers subsistants, un rôle de plus en plus marqué, en rapport avec la
phase actuelle de décrue. Il se présente sous deux formes : la plus répandue,
c'est celle d'ancien glacier suspendu passé à l'état de glacier mort, qui reste
collé aux pentes, protégé par sa couverture de moraine superficielle. Dans
certains cirques peu visités du soleil, les glaciers de cette catégorie tapissent
tout l'intervalle entre les glaciers subsistants. Ils datent au moins de la
grande extension glaciaire du milieu du xix* siècle. La glace, invisible
sous le cailloutis, n'alimente aucun torrent; mais l'eau, filtrant sous la
moraine, nourrit pendant quelques semaines de petits lacs. Telle est cette
forme d'erratique complexe, qui joue alternativement le rôle de moraine,
dans les périodes d'activité, et d'éboulis, dans les périodes de repos.
398 ACADÉMIE DES SCIENCES.
11 arrive rFaiitre pari que, en avant du front du glacier, subsistent, sous le cailloiitis,
des lobes de glacier mort, détachés de la masse et qui ne participent plus à son mou-
vement. Le front du glacier commence par se sectionner en plaques de glacier mort
entre lesquelles circule le torrent et qui s'aplatissent à la longue jusqu'à ce que la
moraine superficielle repose directement sur le sol. Alors la limite du glacier se trouve
reportée d'un coup à des centaines de mètres en arrière. Actuellement c'est, pour la
plupart des glaciers que nous visitons, la forme habituelle du recul qui se fait par
l'intermédiaire du passage au glacier mort.
C'est le glacier mort qui a édifié la plupart des moraines frontales qui se
dressent en avant des glaciers actuels. Suivons un de ces glaciers en voie
de recul : nous verrons qu'il n'édifie, à l'endroit d'où sort le torrent, qu'une
série de petites moraines concentriques, dont chacune mesure le retrait
d'une année, et dont il ne subsiste jamais plus de deux ou trois parce qu'au
bout de 2 ou 3 ans le torrent en a dispersé les matériaux. Au contraire le
glacier mort, fondant lentement et sur place, ne donne pas lieu à la for-
mation d'un torrent, et toute la moraine superficielle qui chargeait le front
s'affaisse avec lui et s'accumule sur place au même endroit, édifiant ces
moraines frontales en relief (sources de l'Arc).
2" Erratique de. névé. — On le trouve en abondance au pied des pentes
tournées au nord. Forme de passage entre l'erratique de glacier et l'erra-
tique d'avalanche, c'est une forme intermittente, qui n'entre en jeu qu'à
certains moments de l'année. Mais le névé n'est pas localisé comme le gla-
cier aux cirques supérieurs, il tapisse toutes les pentes aux expositions favo-
rables, et le glacier de névé a une grande extension en surface. Il peut
revendiquer tous les dépôts meubles situés en contre-bas des arêtes, et qui
ne sont pas de l'éboulis. Ses dépôts, anguleux et blanchâtres, sont de
moyenne grosseur, ce qui les distingue de l'éboulis à gros blocs, et ils
offrent cette particularité de se continuer à quelque distance du talus, parce
qu'ils ont glissé sur la neige.
3" Erratique d'avalanche. — Il tient à la fois des deux précédents par
l'agent de transport, glace ou neige, qui est le même, et de l'éboulis, par
sa forme intermittente. Chaque année, lors de la fonte subite des neiges,
notamment par les coups de fœhn, l'avalanche se produit et entraîne avec
elle de la terre et des quartiers de roc. La multiplicité des couloirs d'ava-
lanches (encouloires, dévaloirs, rizes), suffit à faire comprendre quelle part
revient à l'avalanche dans le modelé des hautes régions. De dislance en
distance, au pied de chaque couloir, le cône d'avalanches, moins surbaissé
SÉANCE DU 6 FÉVRIER IQoS. 899
que le cône d'éboulis, f;\it saillie sur le talus continu d'erratique de névé.
Quand les cônes alternent des deux côtés de la vallée, ils donnent au
torrent, sans cesse renvoyé d'un versant à l'autre, ce tracé sinueux zigza-
guant, caractéristique de la haute montagne. L'avalanche entraîne de très
gros blocs, qui roulent d'autant plus loin qu'ils sont plus gros, et beaucoup
de ces blocs, à arêtes vives, qu'on retrouve loin de leur lieu d'origine,
sinaulent des blocs erratiques et passent à tort pour tels.
On voit par là combien il faut réduire la part de l'erratique proprement
glaciaire au profit de l'erratique de névé et de l'erratique d'avalanche.
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 3o janvier igoS.
Atlas photographique de la Lune, publié par l'Observatoire de Paris, exéculé par
M. M. LoEWï, Directeur de l'Observatoire, et M. P. PuisEux; 8^ fascicule, comprenant :
1° Éludes sur la topographie et la constitution de l'écorce lunaire (suite) ;
2° Planche II : Image obtenu au foyer du grand équatorial coudé: 3° Planclies XLII
à XLVII : Héliogravures d'après lés agrandissements sur verre de cinq clichés des
années 1899, 1900 et 1903. Paris, Imprimerie nationale, 1904. Texte, i fasc. in-4''.
Atlas, I fasc. in-plano. (Envoi de M. le Ministre de l'Instruction publique.)
Cours du Collège de France de 1880 à 1904 et travaux du laboratoire de 18-5
à 1904, par Cil. -A. François-Franck. Paris, Octave Doin, 1904; i vol. in-S". (Pré-
senté par M. d'Arsonval. Hommage de l'auteur.)
La Cinématicfue dans ses rapports absolus avec les pseudo-surfaces, et condi-
tionnels avec les surfaces, par M. Issaly. Paris, A. Hermann, igoS; i vol. in-S".
(Hommage de l'auteur.)
Fruticetum Vilniorinianum. Calalogus priniarius. Catalogue des arbustes exis-
tant en 1904 dans la Collection de M. Maurice Létêque de Vilmohin, avec la description
des espèces nouvelles et d'introduction récente, p;ir Maurice L. de Vilmohin et D. Bois.
Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, et 0. Doin, 1904; i vol. in-4''. (Hom-
mage des auteurs.)
La Genèse du Monde, par Jules Huré, et un Couiplément intitule : l'rincipes de
Morale. Paris, A. Laliure, igoS; 2 fasc. iii-8". (Hommage de l'auteur.)
400 ACADEMIE DES SCIENCES.
L'Enseignement mathématique : méthodologie et organisalion de renseignement;
philosophie et histoire des Mathématiques; chronique scientifique; mélanges; biblio-
graphie. Revue internationale paraissant tous les 2 mois, dirigée par C.-A. Laisant et
II. Fehr; 7" année, n° 1, i5 janvier 1905. Paris, Gauthier- Villars; Genève, Georg et 0'=
I fasc. in-8°.
Comptes rendus mensuels des réunions de la Société de l'Industrie minérale
janvier igoS. Saint-Etienne, au siège de la Société; 1 fasc. in-8°.
Annales des maladies de l'oreille, du larynx, du nez et du pharynx. Directeurs
MM. Lermoyez, p. Sebileau, E. Lombard; paraissant tous les mois. T. XXXI, n" 1,
janvier igoS. Paris, Masson et C''=; i fasc. in-S".
Journal de la Société contre l'abus du tabac, paraissant tous les mois; 29= année,
n° 1, janvier igoS. Paris; i fasc. in-8°.
{A suivre.)
ERRATA.
(Séance du 23 janvier iQoS.)
Note de M. Considère, Calcul des ponls en arc el des ponts suspendus :
Page 2ob, ligne 5, au heu de -j-r > usez ktf'
4/ 0/
Note de MM. A. Guyot et J. Catel, Contribution à l'étude des dérivés du
benzodihydrofurfurane :
Page 254, ligne 6, au lieu de d'une façon normale, lisez d'une façon anormale.
(Séance du 3o janvier iQoS.)
Note de MM. Haller et A. Guyot, Synthèse dans la série anthracénique.
III. Dihydrure d'anlhracène y-tétraphénylé et ses dérivés :
Page 280, ligne 10 en remontant, au lieu de triphénylméthane, lisez télraphénU-
méthane.
I On souscrit à l'ans, chez GAUTHIER- VILLARS,
il Quai des (irands-Augusiins, n° 55.
SI Depuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomailaires paraissent régulièremenl le Dimanche. Us forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. l'i'
jaMes, l'une par ordre alphabétique des matières, l'autre par ordre alphabétique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est amn
(|. part du i" Janvier.
i Le prie de in bonnement est fixé ainsi qu'il suit:
j Paris : 30 fr. — Déparlements: 40 fr. — Union postale: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
gen.
Iger
miens Courtin
llecquel
et Grnssi
"»*" ^Gastineau.
lyonne Jérôme.
isançon Kégnier.
Feret.
ordeaux Laurens.
' Muller(G.)
hambery.
herbourg .
; 18S9. Prix .
Tomes 92 .. 121. — (i" Janvier 1881 à 3i ix mbre 1895.) Volume in-4°; 19""- '^rix
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L àCADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I.-Mémoiresurquelquespoinlsdel.n,ysiol.giedesAl.ues, par NIM.A.DE,u.KselA.J.-JS0L,««.-Mémoire^^^^^^^
!S Comètes, par M. Hansen. - Me^moire sur le Pancréas et sur fe rôle >U> suc pancréatique dans les phé.iomene, digestifs, parliculirremenl dans
latières crasses, par M. Claude Bernard. Volume \n-l^', avec 1-) plan.l.o: i8d6 • „■■"■"/.' . ^
Tome II. -Mémoire sur les vers intestinau^t, par M. P.-J. Van Beneden. -Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en ^S^opar 1 A^dém.e des Science,
uur le concours de i853, el puis remise pour celui de iH56, sa
sédimentaires. suivant l'ordre de leur superposition. - Discute
nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne org
lidier les lois de la dislribu
.liiin de leur apparition ou de
scsélals antérieurs», par M.
n'éprouvent
igesti.m des
. . 25 fr.
organisés fossiles dans les différents terrains
sparition successive ou simultanée. — lleclien lier la
sseur Bhonn. In-'i*, avec 7 planches ; i8«i . 25 f'
Ala
Librairie les Mémoires de I Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à lAcadémie des Sciences.
N" C.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 6 fcv.iei 190o.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES El' DES CORRESPONDANTS DE L ACADÉMIE.
M E. Bertin.
la guulion de
M. J. ViOLLK, — Sur l'action des canons
paiagréles :î4-
M.M. A. Haller et A. Guyot. — Synthèses
dans la série anthracénique. IV. Dérivés
(lianiidés tétraaicoyies symétriques du di-
hydrure d'anlliracène y-létraphényjé 343
M. A. MuNTZ. — Le moelleux des vins 346
M. A. DE Lapparent. — Sur l'extension des
mers crétacées en Afrique 34
MM. Paul Sabatieh et A. Mailhe. — Sur les
trois méthjlcyclohexanones et les méthyl-
cycioliexanols correspondants 35o
PRESEIVTATIOIVS.
Liste de candidats présentée à M. le Ministre
de l'Instruction publique, pour la chaire
il'llistuire naturelle des corps organisés,
vacante au Collège de France par suite du
décès de M. Marey : 1" M. François-
Franck. ■>' M. Tissot
CORRESPONDANCE.
i\L le Secrétaire perpétuel signale divers
Ouvrages de MM. H.-HUdebrand lliUle-
brandsson, Léon Teisserenc de Bon et de
AL y. Grasset
M. A. Hansky adresse des remercinients à
r.Vcadéniie pour la distinction dont ses
travaux ont été l'objet dans la dernière
séance publique
M. MiLLor.iiAU. — Sur une mesure de la hau-
teur de la couche renversante, oblenue à
l'aide de la grande lunette de l'Ubserva-
loire du mont Blanc
M. A. Hansky. — Observations de la lumière
zodiacale faites au sommet du mont Blanc.
AL Ed. Maillet. — Sur les solutions des
systèmes d'équations dillérentielles liné-
aires à coefficients monodromes
AL P. Fatou. — Sur l'intégrale de Poisson
et les lignes singulières des fonctions ana-
lytiques ,. .
M. FuANCEsco SÉVERi. — Sur la totalité des
courbes tracées sur une surface algébrique
et sur les intégrales de Picard attachées à
la surface
AL iJE Sparre. — Sur la déviation des corps
dans la chute libre
AL Hérisson. — Sur un nouvel embrayage.
M. Cil. Fery. — Thermomètre intégrateur.
Al. Henri Arraiiam. — Frein synchrohisant
électromagnétique
MM. Ch.-Eug. Guye et a. Sciuulop. — Hys-
térésis magnétique aux fréquences élevées
dans le nickel et les aciers au nickel
AL\L E.-E. Blaise et A. Courtot. — Sur la
fixation directe des dérivés éthéro-organo-
inaguésiens sur la liaison éthylénique des
Bi;lletlv bibliouraphiquë
Errata
éthers-sels non saturés
,_
M. Albert CoLsoN. — Sur la cryoscopie des
sulfates
372
377
MAL Trillat et Turchet. — Nouveau pro-
cédé de recherche de l'ammoniaque : appli-
cation pour caractériser la pureté des eaux.
MM. IMDORE Bay et JusT Alix. —Sur l'évo-
lution du carbone dans les combustibles..
M. Blahinghem. — Anomalies héréditaires
provoquées par des traumalismes
37S
L L. Luïis. — Sur l'emploi de la leucine et
de la tyrosinc comme sourc. s d'azote pour
les végétaux
M. HouLLiEB. — Sur la cause de l'appau-
vrisseirent des sources dans les régions de
plaines
I. J. Tissot. — Les proportions des gaz du
sang artériel, pendant le cours de l'anes-
thésie cblorolormique, restent invariables
tant que la ventilation pulmonaire reste à
peu près normale
IM. H. Bertin-Sans etJ. Gaoniere. - Sur
le mécanisme de l'accommodation
MM. PiETTRE et ViLA. — Observations sur
les bandes d'absorption du sang et de
l'oxyhémoglcjbine
I. E. Cle.meni. — Myélites par toxines tu-
berculeuses
M. Paul Lkmoink. — Sur la constitution du
Djebel Hadid ( Alaroc occidental )
AL A. Brives. — Sur les terrains éocénes
dans le Maroc occidental ,
M. Paul Girahdin. — Sur la relation des
phénomènes erratiques avec le jjiodelé des
hautes vallées glaciaires
384
387
392
395
^97
399
400
IMPKIMEKIE GAUTHIER-
Quai des Grands-Augusiins, bb.
"bfca^
1905
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMAItAlRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
iT 7 (13 Février 1905)
^"^PAHIS,
GAUTHIER-VILLARS. I MPRIMEUR-LIBRAIRK
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
RÈGLEMENT RELATIF Al)X COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2/', MAI lSj5
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de /'Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à rAcadémie.
Chaque cahier ou numéro des Comples rendus a
/|8 pages ou 6 feuilles en mo3^enne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article !'
— Impression des travaux
de rAcadémie.
Les extraits d.'S Mi', noires présentés par un Membre
ou par un Ass( .(•:<■ ('Si augei' de l'Académie comprennent
au plus () pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
phis 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3:î pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re
mettre au Rureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de.
lire, dans les séancs suivaiilcs, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet d.- leur discussion.
Les Programmes dr.s prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séan
blique ne font pas partie des Comptes rendus
Article 2. - Impression des travaux des Si
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés pardespers
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d
suuié qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduira au nombre de pages retju
Membre qui fait la présentation est toujours no
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils I
pour les articles ordinaires de la correspondant
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dî
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoj
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier,
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni plan
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures 1
autorisées, l'espace occupé par ces figures coiuf
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais di-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Ua|i|ior
les Instructions demandés par le GouverneuiLiit
Article 5.
Ions les six mois, la Commission admiiiislni
)port sur la situation des Comples ren
fait un
après rini|)ivss|(
Les Seciviain
sent Règlement
ia<[ue volume.
'Ii;irgés de l'exécution du
>tnL!7'°Q' etraagers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés dl
déposer au Secrétariat
plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'' Autrement la présentation
sra remise à la séance suiv 1
ACADÉMIE T)ES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 FÉVRIER 1905,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
OPTIQUE. — Sur l'existence d'un ellipsoïde d'absorption dans tout cristal
translucide, même sans plan de symétrie ni axe principal. Noie de M. J.
BOUSSISESQ.
I. L'ensemble des faits optiques tend à montrer que la résistance
opposée par les molécules pondérables d'un corps aux déplacements vibra-
toires ^, -/), C de son éther est analogue à celle qu'éprouve un fluide, de la
part de petits solides massifs s'y trouvant entièrement immergés, à exécuter
de brèves oscillations. Cette résistance comprend d'abord une partie prin-
cipale, fonction linéaire des accélérations vibratoires E", t" , C" et dérivée
d'un potentiel, c'est-à-dire égale, suivant chaque axe coordonné, à la
dérivée, par rapport à l'accélération correspondante E", ou ti", ou (^", d'un
polynôme homogène du second degré en ^", yj", "(". Mais elle comprend en
outre (par l'effet des frottements s'il s'agit d'un fluide) une petite partie,
fonction linéaire des vitesses l,' , n', '(', à coefficients largement dépendants
de la période vibratoire, et toujours décomposabie en deux résistances
distinctes, comme on peut voir par les pages 602 à 6o4 du Tome II de
ma Théorie analytique de la chaleur, mise en harmonie avec la Thermodyna-
mique et avec la théorie mécaràque de la lumière : l'une admet un potentiel,
ou égale, suivant chaque axe, la dérivée, par raj^i^ort à la vitesse corres-
pondante E', •/)' ou 'Q, d'un polynôme homogène du second degré, que nous
écrirons, à un facteur constant près, «'^'^ -I- è'vi'- -|- c'CS en choisissant
comme axes coordonnés ses axes principaux, dont la propriété caractéris-
tique est d'y faire disparaître les rectangles r''Q , CE', E''i'; l'autre partie,
dissymétrique et dont rien jusqu'à présent ne prouve l'existence effective.
re. (T. CXL, N° 7.)
52
/,Oo ACADÉMIE DES SCIENCES,
a ses trois composantes, sauf encore un facteur constant, de la forme
fV_eC, .IC-f^,'. el'-dW.
II. Si l'on fait abstraction de la petite partie des résistances représentée
par les trois dérivées du trinôme a'^'^ + b'n'- -+- c'Z,'' , le milieu est transpa-
rent, c'est-à-dire susceptible de propager des ondes planes exprimées par
les parties réelles des formules symboliques
(,) {l, -n, ■(•) = (1/, M', N')e*"-''--"'-'-"-''^,
avec k, !, m, n réels et constants, mais L', M', N' seulement constants. En
effet, la substitution de ces valeurs de E, y,, "C dans les équations du mouve-
ment donne, en L', M', TN', trois équations comme
; (pi; +)cM' + AN' = o,
(2) (p,L'-f-x<'^'^'+4't^'= O'
' Ooi;-t-X2 IM'-h J;2TN'= o,
dont les neuf coefficients o, /, i^, ?(, Xi' 4')' 92' 7.2' '1^2 «nt 'es expressions
suivantes, où U, V, W désignent les trois différences
- (/- + jn- -^ n'^).
(a-, /'■-, V-) ^
avec a, b, c constantes positives, et oîi D, E, F sont trois constantes réelles,
proportionnelles aux coefficients des termes en ■i]"'Cj' , 'Q'I", 'V'tC dans le
potentiel de la partie principale des résistances :
' (p = U + /% ^ = F + ///? - /, V -~ï, ■]> -= E + ni + I v'
(3) / ©, = F + /m + ^, V— I , /.. = V + m-, J/, = r3 -H mn — '-^ y
r^, =. E + «/— ^; v'— I . X2 = D + mn -t- 7 V — i , 'f. = VV + «-.
Or il suffit de former, même sans le développer, le déterminant des
neuf éléments 9, /, vj/, ..., d/o- pour reconnaître qsie ses six termes sont,
quatre, réels, et, deux, conjugués ou à sonnne réelle; de sorte que l'annu-
lation obligée de ce déterminant donne en /, m, n une équation Ae forme
réelle, définissant, comme on sait, pour chaque direction de la normale aux
ondes planes, la vitesse w de propagation, inverse de \ji^ -h m^ -t- nK D'ail-
SÉANCE DU l'i FÉVRIER igoS. /jo3
leurs, au moins dans le cas, seul efleclif, de d, e, f nuls ou très petits, les
valeurs en résultant pour w sont réelles; car ce sont celles qu'on doit à
Fresnel, au changement près entraîné par l'orienlation, ici différente,
des x,y, z, qui n'est généralement pas celle des axes du potentiel de la
partie principale des résistances. Ainsi la transparence du milieu, quand on
annule a', b' et c', est bien établie.
III. Si, justement, la partie principale des résistances avait ses axes de
symétrie en coïncidence avec ceux des x, y, z, qui sont les axes princi-
paux des peliles résislances en ^', W, C pourvues d'un potentiel, l'on aurait
D = o, E = o, F = o; et les expressions de tp, y, . . . , tj/o se réduiraient à
celles, (27), que j'ai étudiées, comme principale application, dans ma Théorie
gcnéralti de la Iranslucidilé (même Ouvra^^e, t. II, p. 61 1 à6i8). Or les con-
stantes D, E, F n'empêchent pas, dans (3), les quantités imaginaires (p,,
o.,, y., et /, 'j/, i, d'être respectivement conjuguées, ni de garder leurs
dérivées en /, m, n. Par suite, uniquement basés sur ces deux circonstances
(quant aux six fonctions menée du
centre au plan tangent à son extrémité. Ap|)eIons d'ailleurs /', , m\, n\ les
cosinus des trois angles faits, avec les axes de l'onde courbe de Fresnel, par
la projection du rayon rsur le même plan tangent, projection qui est aussi
celle, sous un très petit angle, de la vibration quasi-transversale correspon-
dante, perpendiculaire au rayon. Il faudra faire, comme on sait,
dans la formule (5), devenue
(7) /cosV = (sensiblement) u>(a'/"- ■+- b'm"- -+- c'n'-).
Et il viendra
(8) /cosV = sjà-l!^ -+- Irni^ -f- c-n'-( nP + b'm'- + c'n"-).
Comme la direction (/,, m\, n\) est presque la même, dans l'espace, que
celle, (/', m', n'), de la vibration, ce sont les cosinus des angles de celle-ci
avec les axes de l'onde courbe qu'on mettra, sauf erreur entièrement négli-
geable, pour (/',, m\, n\); et le coefficient d'absorption ne dépendra, en
définitive, chez un même corps, que de l'orientation des vibrations.
Ainsi se trouve confirmé pour l'absorption, comme il l'était déjà pour la
vitesse de propagation, le double et merveilleux pressentiment de Fresnel,
qui voulait, en effet, qu'elles dépendissent uniquement, dans un corps
homogène, de la direction des vibrations.
CHIMIE MINÉRALE. — Étude du siliciarc de carbone de la météorite
de Canon Diablo. Note de M. Henri Moissan.
Dans la nouvelle étude que nous avons poursuivie de la météorite de
Caiion Diablo, nous avons rencontré des cristaux dont la forme était iden-
tique à celle du siliciure de carbone de formule SiC. En examinant le
résidu laissé par le bloc de 53''s que nous avons dissous dans l'acide chlor-
hydrique, il nous a été possible d'isoler une très petite quantité de ce
composé et d'en déterminer plus exactement la nature.
Le composé retiré de la météorite de Canon Diablo se présente tantôt
4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SOUS la forme d'un cristal hexagonal dont les arêtes sont très nettes et les
pans bien perj)endiculaires, tantôt sous forme de fragments à cassure vive
présentant toujours les angles bien accusés d'un hexagone. Ces différents
fragments sont tous colorés, le plus souvent en vert plus ou moins foncé,
parfois en vert émeraude, comme les cristaux de silioiure de carbone ob-
tenus dans It's ferro-nickels.
Le bromoforme de densité 2,9 se mélange en toute proportion avec
l'iodure de méthylène pur de densité 3,4- Les cristaux recueillis nagent
sur le premier et tombent dans le second. Nous avons fait des mélanges de
ces deux composés organiques de façon à avoir deux liquides de densité 3
et 3,2. Nos cristaux nageaient sur le premier et tombaient dans le deuxième.
Leur densité est donc intermédiaire entre ces deux chiffres; elle répond
bien à la densité du siliciure de carbone que nous avons déterminée autre-
fois (') et qui est égale à 3,2.
Nous avons pu poursuivre quelques réactions chimiques au moyen de
j)etils fragments retirés de l'ensemble de nos traitements de la météorite
de Caiïon Diablo. Cette substance ne brûle pas dans l'oxygène à 1000°;
elle n'est pas attaquée par le chlorate ou l'azotate de potassium en fusion.
Les acides sulfurique, azotique et chlorhydrique concentrés ne la décom-
posent pas à leur point d'ébullition ; il en est de même de l'eau régale, du
niélange d'acide azotique et d'acide fluorhydrique et du mélange d'acide
azotique et de chlorate de potassium. La potasse caustique en fusion le
désagrège lentement avec formation de silicate de potassium qui a été
nettement caractérisé. Le chromate de plomb en fusion l'attaque en donnant
de l'anhydride carbonique.
L'ensemble de ces réactions établit donc nettement la présence du sili-
ciure de carbone dans la météorite de Canon Diablo. La provenance de ce
bloc de fer peut être terrestre ou sidérale, mais l'existence du siliciure de
carbone, au milieu de ce métal, montre que les produits préparés au four
électrique se rencontrent dans la nature.
(') H. Moiss.w, Préparation et propriétés du siliciure de carbone cristallisé
{Comptes rendus, l. CWll, p. 42Ô).
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 407
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quefr/ue.'; constantes du méthane pur et sur l'action
(lu méthane solide sur le fluor liquide. Noie de ^'Sï. H. I^Ioissast et Ciia-
VAXXE.
Le méthane pur, qui a servi à nos expériences, a été préparé par
décomposition du carbure d'aluminium par l'eau froide. L'un de nous (')
a démontré antérieurement que ce carbin-e d'aluminium pouvait se pré-
parer facilement au four électrique par imion directe du métal et du
charbon. On sépare l'excès d'aluminium en traitant la masse, réduite en
petits fragments, par l'acide chlorhydrique concentré et refroidi à 0°. Le
traitement doit être poursuivi jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de gaz
hydrogène; le résidu cristallin est lavé ensuite rapidement à l'eau glacée,
puis à l'alcool anhvdre, à l'éther sec, enfin séché dans le vide.
Ce carbure d'aluminium, à reflets mordorés, est enfermé dans de petites
ampoules de verre dans lesquelles on fait le vide à la trompe avec soin.
Nous avons préparé, d'autre part, des ampoules contenant de l'eau privée
d'air par ébuUition. Dans une éprouvelte, remplie de mercure, on fait
passer une ampoule contenant du carbure d'aluminium et une autre ren-
fermant de l'eau bouillie. Les pointes se brisent en arrivant au sommet
de l'éprouvette et la décomposition lente du carbure d'aluminium par l'eau
se produit ; elle n'est complète qu'après plusieurs jours.
L'excès d'eau est ensuite enlevé et le giz desséché par des plaques
de potasse fondue bien exempte de bulles d'air; le gaz passe ensuite dans
un appareil où l'on a fait le vide au préalable avec une trompe à double
chute. Cet appareil est formé d'un tube à acide métaphosphorique, d'un
tube à boules (-) plongé dans un mélange d'acétone et d'anhydride car-
bonique à — 85", et enfin d'un petit condensateur dans lequel le gaz peut
être liquéfié, puis solidifié. En isolant ensuite ce condensateur de l'appareil
dessiccateur, on peut y faire le vide, puis, en laissant le méthane solide
reprendre l'état gazeux, obtenir un dégagement régulier de gaz pur.
(') H. MoiSSAN, Préparation ri' un carbure d'aluminium cristallisé {Comptes
rendus, l. CXIX, 1894, p. 16).
(^) IL MoisSA.N, Description d'un nouvel appareil pour la préparation des ^az
purs [Comptes rendus, t. CXXXVII, igoS, p. 363).
4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Analyse. — Deux analyses eudiométriqiies faites sur des échantillons
différents de ce méthane nous ont donné les chiffres suivants :
1° Gaz 2,85
Oxygène 9,10
Volume total ''i95
Calculé
Observé, pour CH*
Après explosion 6, 3o Contraction 5,6.5 5,70
Après absorption par K OH.. . 3,5o Volume CO^ 2,80 2,85
Oxygène employé. 5, 60 5,
Méthane employé i ,5o
Oxygène 3,72
Volume total 5,22
Calculé
pour CH'
Après explosion 2 , 20 Contraction 3 , 02 3 , 00
Après absorption par K OH. . . 0,75 Volume CO- i,45 i,5o
Oxygène employé. 2,97 3, 00
Densité. — Nous avons utilisé, pour cette détermination, des ballons de
verre fermés par un bon robinet et pouvant contenir environ 25o"°'. Le
vide a été fait dans cet appareil jusqu'à 77, de millimètre; puis on a laissé
arriver le méthane pur et sec qui a rempli le ballon à densité. Ce dernier
était maintenu dans de la glace et le gaz s'y trouvait à une pression supé-
rieure de 1'='" à 2*^^™ de mercure à la pression atmosphérique. Après une
heure d'attente, lorsque l'équilibre de température est bien établi, on
ferme le robinet du ballon, on sépare ce dernier de l'appareil à vide tout
en le laissant dans la glace et l'on ouvre lentement le robinet pour que la
pression intérieure devienne égale à la pression atmosphérique. Le robinet
est fermé, puis on sèche et l'on pèse le ballon.
Le vide est ensuite fait dans l'appareil à^ de millimètre; enfin l'on répète
la même observation avec de l'air sec sous la pression atmosphérique.
Deux déterminations ont conduit aux valeurs suivantes pour la densité du
méthane à o" et 760"°" .
D=: 0,55/40; D = 0,5554.
La densité théorique est de o,555. Notre densité, très voisine de la den-
SÉAA'CE DU l3 FÉVRIER 19OJ. 409
site théorique, est donc un peu plus faible que celle qui a été indiquée au-
trefois par Thomson (o,5')8) et que celle trouvée par notre confrère M. Th.
Schlœsin? (o, 558 ) sur un échantillon de méthane provenant de l'action de
l'acide sulfurique concentré et froid sur le inercure-dimélhyle (' ).
Il est vrai que la difTérence ne porte que sur trois unités de la troisième
décimale et qu'elle est voisine de la limite d'erreur que comporte la mé-
thode.
Point d'èhullitionel de solidification. — Pour reprendre la détermination
de ces constantes, nous avons placé un couple thermo-électrique (fer
constanlan) dans le tube à liquéfaction et le couple a été gradué avant et
après l'expérience par comparaison avec un thermomètre étalon à éther de
pétrole.
Lorsque l'on ftiit arriver le mélhane pur et sec dans le tube à liquéfaction
entouré d'air liquide, ce gaz se solidifie de suite et prend l'apparence d'un
verre transparent et incolore.
Après quelques instants, il cristallise brusquement en aiguilles blanches
dont le point de fusion est de — 184°. M. Olszewski avait indiqué précé-
demment, comme point de fusion du mélhane solide, la température
de — i85'',8. Le liquide incolore, obtenu dans ces conditions, entre en
ébullilion à — 164° sous la pression de 760°"". Ce chiffre se confond exac-
tement avec celui qui a été trouvé par M. Olszewski.
Nous ajouterons que le gaz mélhane, qui a été recueilli après la solidifi-
cation, i)ossède toujours une odeur douce, légèrement alliacée, qui ne peut
être attribuée aux impuretés et qui lui appartient en propre.
Action du mélhane solide sur le fluor liquide. — Nous avons profité de notre
préparation de méthane à l'état solide pour faire réagir ce composé sur le
fluor liquide à — 187°. Pour réaliser cette expérience, nous avons empli de
gaz méthane pur un petit tube de verre de i5™' environ de volume, dont
la pointe était finement étirée, puis, dans un tube à essai, on a liquéfié
o™",5 de fluor. En trempant la pointe fermée du tube de méthane dans l'air
liquide, on a solidifié tout le méthane dans cette pointe effilée. On a cassé
aussitôt cette pointe au contact du fluor liquide à — 187° : il s'est produit
instantanément une vive lueur accompagnée d'une violente explosion et les
deux tubes de verre ont été pulvérisés.
La réaction est donc tout aussi énergique que celle qui se produit entre
(') Th. Schloesing (ils. Sur la coiuposilioii du grisou {Comptes rendus, l. CXXIl,
1896, p. 398).
C. R., 1905, I" Semestre. (T. C\L, N' 7.) 53
/(tO ACADÉMIE DES SCIENCES.
le fluor solide et l'hydrogène liquide ('). Elle nous démontre donc encore
que l'affinité chimique persiste à de très basses températures.
MINÉRALOGIE. — Les roches èruplives basiques de la Guinée française.
Note de M. A. Lacroix.
L'ossature de la Guinée française est constituée par des schistes cristal-
lins et des roches éruptives que recouvrent, sur dévastes espaces, des grès
sans fossiles; on sait que parmi ces roches dominent les granités (surtout
dans le Foula Djallon), mais, jusqu'à présent, aucune étude minéraiogique
n'en a été faite.
Depuis plusieurs années, M. l'administrateur en chef des colonies
Salesses, qui, avec tant d'habileté, dirige la construction du chemin de fer
de Ronakry au Niger, a recueilli lui-même ou fait recueillir par ses colla-
borateurs (en particulier par MM. Normand et Dolissie) des roches qu'il a
bien voulu m'adresser; elles ont complété une série que je dois au gouver-
neur Ballay; enfin, récemment, M. Hubert m'a envoyé des échantillons
qu'il a recueillis dans la même région.
Ces collections montrent qu'en outre du granité à biotile(-) il existe
en Guinée de nombreuses autres roches éruptives, mais basiques, yoeWf/o-
tites, gahbros et diabases, auxquelles est consacrée cette Note.
Le massif du Kakoulima qui, à l'est de Dubréka, dresse ses trois pointes à une alti-
tude maximum de gSo", est constitué par une péridotila et par des gabbros, en con-
tact avec des grès, que M. Salesses considère comme d'âge plus ancien (').
La péridolite ofl're un vif intérêt minéraiogique; elle réalise, en effet, à l'état de
pureté et de fraîcheur parfaites, le type théorique de la wehrlite, tel qu'il est défini
par M, Rosenbusch, c'est-à-dire la combinaison de l'olivine et du diallage; toutes les
wehrliles qui ont été rencontrées jusqu'à ce jour sont plus ou moins transformées en
(') H. MoissAN et J. Dkwar, Sur la solidification du Jhtor et sur la combinaison
à — 95a<',5 du Jhtor solide et de l'hydrogène liquide ( Comptes rendus, t. CN^XXVI,
igoS, p. 64i)'
(}) Les syénites néphéliniques, qui consliluenl les îles de Los, ne semblent pas
exister dans l'intérieur de la Guinée : elles caractérisent une province pétrograpliique
distincte, qui fera l'objet d'une prochaine étude.
(') Cette ojDinion est rendue vraisemblable par Tevamen d'un grès de ce gisement
dont les grains quartzeux sont solidement soudés les uns aux autres et entourés par
des paillettes de micas (biotiteet muscovite).
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igOD. /jH
serpentines, à Fexception de celle de la localito classique de Szarvaskô en Hongrie, mais
celle-ci ne correspond pas exactement à la définition qui vient d'en être donnée,
puisqu'elle contient, en outre, une proportion importante de hornblende. Cette péri-
dotite est formée par une masse grenue, d'un vert foncé, d'olivine, sur laquelle se
délachent de grands clivages pœcilitiques, à éclat bronzé, de diallage; son aspect
eMérieur rapjielle celui de la harzburgile de Baste, L'examen microscopique ne
montre, en plus de ces minéraux, que des grains de chromite. Cette composition se
complique parfois par l'apparition de quelques paillettes de biolite ou par celle de la
bjlownite (kiiom. 5o à 5i du chemin de fer); l'olivine qui, dans le type normal, forme
des grains arrondis, enveloppés par le diallagv, prend des formes géométriques au
contact de ce feldspath: cette variété de welulite établit le passage au gabbro à
olivine. Quand la roche s'altère, l'olivine se scÈ-pantinise et le dialloge se transforme
en aclinote fibreuse.
Les gabhros présentent deux types : le preniii-r, en filons minces dans la péridotite,
rappelle la roche à grands éléments du mont Genèvre, il est formé par de larges masses
clivables de labrador et de diallage bronzé. Le second, qui est plus abondant, est
à moindres éléments, constitués par de la bjtownite et par un pyroxène monoclinique
d'un brun jaune, d'ordinaire accompagné d'hypersthène (voisin de la bronzile) et
parfois d'olivine. Ces roches sont grenues, l'hypersthène est le minéral le plus ancien;
il est ninulé par le diallage qui, de même que l'olivine, a une tendance à envelopper le
feldspalh, bien que celui-ci ne soit pas aplati. Ce pyroxéne est souvent maclé sui-
vant /i'(ioo); par suite de la valeur (presque exactement 45°) de l'angle que iig fait
avec l'axe vertical, dans g^, les divers indivia surface montagneuse reconnue et représentée sur la feuille que j'ai
fait exposer est de 600"""' à ■yoo"'"'. F.a plaine environnante étant à une alti-
tude moyenne relativement faible, de iioo™ à 1200™, on peut avoir une
idée de l'effort qu'il a fallu faire pour réunir, en si peu de temps, et en
s'occupant d'autres recherches, les matériaux nécessaires à la construction
de cette carte.
Les instruments dont s'est servi le D' Penther étaient d'ailleurs des plus
simples; en voici la liste complète :
1" Une chambre noire ordinaire de 21 1'"™, 5 de distance focale, munie à la
hâte, au moment du départ, des organes les plus indispensables pour rendre
l'axe optique horizontal et l'élever ou l'abaisser, au besoin, par rapporta
la plaque sensible, enfin pour faire tourner l'appareil autour d'un axe
vertical. Le champ de l'objectif dépassait à peine 3o°; il fallait tlonc 12 vues
pour faire un tour d'horizon;
2° Un petit théodolite qui donnait pour les angles une approximation de
i5" sur le cercle vertical et de 20" sur le cercle horizontal ;
3° Un ruban de toile armé de fils métalliques de 3o™ de longueur;
4° Deux boussoles dont les indications, troublées le plus souvent par
l'action des roches volcaniques sur l'aiguille aimantée, ont pu être rare-
ment utilisées ;
5° Un baromètre anéroïde;
6° Deux thermomètres ébullioscopiques pour déterminer les nltitiules;
7° Deux thermomètres ordinaires.
Une base de 1200™ de longueur ayant été mesurée ilans le voisinage de
la petite ville d'Everek, située à 35''" au sud de Kaisarie (Césarée), c'est-
à-dire à l'autre extrémité du massif de la montagne, on a procédé au choix
des stations tl'où l'on devait prendre les vues photographiques et, comme la
plupart se trouvèrent très avantageusement situées sur des cônes adven-
tifs de l'ancien volcan, on a pu en général y relever des tours d'horizon
complets. Sans s'astreindre à les signaler par des pyramides de |)ierres ou
par des perches, de chacune d'elles, avec le théodolite, on a visé sur toutes
celles que l'on découvrait et sur d'autres points remarquables, et l'on a
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. /| 1 5
mesuré les angles horizontaux el les angles verticaux, ces derniers pour
calculer les ditrérences de niveau.
Après le retour à Vienne, grâce au soin avec lequel avait été tenu le
registre des observations, sans prendre la peine de calculer les triangles,
on a tracé immédiatement les angles horizontaux sur le papier au moyen
d'un rapporteur de o^.So de diamètre muni d'une règle tournant autour du
centre, désigné sous le nom de transporteur. C'est ainsi qu'ont été obtenus
le réseau des 3o stations photographiques par cinq intersections concor-
dantes et 366 autres points visés, par trois uiterseclions jugées satisfaisantes.
Tous les autres points ont été déterminés en projection et k*urs altitudes
calculées, d'après les photographies au nomljre total de 271.
Cesdernieis points sont d'ailleurs généralement vérifiables, leurs images
étant bien reconnaissables sur trois épreuves au moins, comme on peut
s'en rendre compte en regardant attentivement celles que nous avons dis-
posées sur la carte.
M. le colonel b;iron von Hiibl, chef de la section technique de l'Institut
1. R. d'Autriche-Hongrie, qui m'a fait l'honneur de m'adresser cette carte
accompagnée de plusieurs des photographies qui ont servi à la construire,
a, en outre, eu la prévenante attention d'y joindre une copie (photogra-
phiée) de la minute établie par M. Ignace Tschamler, officier technique très
distingué, attaché à cet Institut.
J'appelle tout particulièrement l'attention de l'Académie sur le nombre
restreint des épreuves, eu égard à l'étendue du lever, et sur celte circons-
tance, si avantageuse pour les savants voyageurs qui ne sauraient ou ne
pourraient pas trouver le temps de dessiner la carte, que, grâce à la colla-
boration d'habiles professionnels, exercés à la lecture des vues photogra-
phiées, ce travail peut être entrepris partout et en tout temps.
Avec un scrupule exemplaire et même trop de modestie, M. le doc-
teur Penlher, dans une lettre qu'il a bien votdu m'adresser avant la publi-
cation officielle de sa carte et du Mémoire fait en commun avec M. Ignace
Tschamler, qui doit l'accompagner, me signale ce qu'il appelle les faiblesses
de son oeuvre.
Je ne crois pas nécessaire d'insister ici sur de légères imperfections qui,
en réalité, sont devenues insensibles sur une carte exécutée à l'échelle
de goûoo, où les courbes de niveau sont seulement figuratives, les nom-
breuses cotes d'altitude qui y sont inscrites étant encore exactes à ± 20"
près, rapportées à celle qui a été admise pour le repère de Césarée.
Je rappellerai simpleuienl l'incerlilude de ce repère coté io65"',
4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'après 3i observations barométriques ou thermo-hypsométriques, par
M. le D"" Penther, qui a su depuis que les ingénieurs du chennin de fer
d'Anatolie avaient trouvé ii4o™par un nivellement trigonométrique, con-
duit depuis le bord de la mer, et naturellement beaucoup plus précis.
L'orientation de la carte a été déterminée avec soin par l'observation de
l'un des passages de la polaire au méridien, en un point du ])lateaii situé
à l'ouest de Derbent, dans la région médiane de la montagne; mais, faute
de chronomètres, il n'a pas été possible de chercher à obtenir des positions
géographiques pour les comparer à celles des explorateurs précédents.
M. le D'' Penther termine sa lettre en disant, et on peut l'en croire, que
si, au lieu d'une entreprise accessoire, le lever phototopographique du
mont Argée avait été l'objet principal de sa mission, s'il eût été mieux
outillé (*) et un peu mieux préparé lui-même, il aurait pu réunir, à peu près
dans le même temps, des matériaux suffisants pour la construction d'une
carte avec courbes de niveau régulières, à l'échelle de .,.',„^, tout à fait sa-
tisfaisantes.
Au surplus, en nous en tenant à la carte au j^^, supérieurement
gravée d'ailleurs dans le système de la lumière oblique, je suis persuadé
que toutes les personnes compétentes qui prendront la peine de l'examiner
de près en seront émerveillées et souhaiteront que l'exemple donné par un
savant naturaliste soit imité par tous les voyageurs scientifiques, explora-
teurs, géogra[)hes, géologues, etc. ('-).
Je m'empresse de reconnaître qu'un assez grand nombre de nos compa-
triotes ont déjà employé et continuent à employer la méthode photogra-
phique avec beaucoup de succès; mais il est néanmoins à désirer que ces
bonnes volontés ne restent pas isolées et que nos services publics ne pa-
raissent pas demeurer étrangers à un mouvement qui se manifeste jusque
chez les nations les plus éloignées, lesquelles ne sont pas, pour cela, les
moins avisées, on commence à s'en apercevoir.
J'espère que l'on me permettra, à ce sujet et en terminant, de signab-r,
(') Rien qu'en substituant un objectif grand angulaire à celui de 3o° d'amplitude,
on eût gagné beaucoup de temps en réduisant le nombre des photographies.
(-) Pour convaincre les incrédules, j'avais apporté à la séance plusieurs feuilles
magnifiques des derniers levers exécutés au Canada dans des conditions analogues à
celles qu'indique M. le D' Penther. Ceux qui les ont examinées ont pu reconnaître qu'il
serait impossible de faire mieux par les procédés dits réguliers, qui exigent un temps
beaucoup plus considérable et deviennent même impraticables dans les hautes altitudes,
où la méthode photographique s'applique, au contraire, parfaitement.
SÉANCE DU IJ KÉVRIER ipoS. 4l7
en effet, d'après un correspondant de Tokio digne de foi, l'usage que les
Jai)onaisfont en ce moment même de la métrophotographie, après s'en être
servi en Corée pour construire des cartes alors qu'ils supposaient avoir à y
soutenir la guerre (' ).
J'avais cru, et je l'ai dit ailleurs (-), que les Russes, qui, de()uis lo ans
au moins, pratiquent très habilement la méthode, devaient être aussi bien
préparés que leurs adversaires; mais j'avais compté sans la négligence d'un
état-major qui, d'après des renseignements récents très précis, aurait pour
ainsi dire ignoré ou tout au moins méconnu l'initiative prise par le Service
des voies de communication, oii la métrophotographie est devenue usuelle,
et par l'Académie des Sciences de S;unl.-l'elcrsbourg elle-même, dont plu-
sieurs membres distingués, MM. Tschernvscheff, le prince Galitzyn et
d'autres, ont largement mis à profit les mêmes méthodes dans deux mis-
sions célèbres, l'une à la Nouvelle-Zemble et l'autre au Spitzberg (' ),
I ' ) Consulter le ii° 43 de La Photographie J'iançaise, octobre 1904 ; on y verra qu'il
ne s'agit pas seulement de photographies plus ou moins documentées, mais d'un service
de reconnaissances parfaitement organisé qui met à profit toutes les ressources de la
métrophotographie.
(') Dans une réponse, nécessairement hypoliiL-tique d'ailleurs, à la question qui
était faite dans l'article précité du n" k'i de La Photographie française, et insérée
dans le numéni suiv^int de la même Revue.
(■') Parmi les nomlireuses publications faites i-n Kussie dont j'ai pu prendre connais-
sance, en me faisant aider par un officier de mes amis qui sait le russe et comprend le
polonais, je citerai seulement les quatre Ouvrages suivants dont les deux premiers sont
d'excellents Traités élémentaires destinés à guider les débutants et les deux autres des
Mémoires contenant de nombreux plans avec courbes de niveau exécutés à de plus ou
moins grandes échelles, exclusivement à l'aide de photographies :
Thilé, Phototopographie pratique. Saint-Pétersbourg, 1898.
Professeur D'" W. Laska. Photogranimétrie. Lith. de l'Ecole Polytechnique de
Lemberg, 1898-1899.
J. Chschowroff, Application de la Photographie aux projets de voies de eoni-
munications; accompagnée de planches où figurent des tracés de chemins de fer, des
vaiiantes, des profils, etc. Tillis, 189S.
Compte rendu de l'expédition envoyée par l'Académie impériale des Sciences
dans la Nouvelle-Zemble en été 1896, avec 8 photographies et 6 cartes dont les échelles
varient de ^^ à ,o„'„|)„ {Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-
Pétersbourg, VHP série : Classe physico-mathématique, t. VIII, n» 1).
Semestre. (T. CXI
■14
4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. GuiBXARD, en faisant hominage à l'Académie d'un Ouvrage intitulé :
Centenaire de l'École supérieure de Pharmacie de l'Université de Paris, t8o3-
1903, Volume commémoratif publié par le Directeur et les Professeurs de
l'École de Pharmacie, s'exprime en ces termes :
A l'occasion du centième anniversaire de sa fondation, l'Ecole supérieure
de Pharmacie de Paris a lait paraître récemment un Volume destiné à
rappeler les principales phases de son histoire.
L'École de Pharmacie de Paris a été instituée, en même temps que celles
de Montpellier et de Strasbourg, par loi du 21 germinal an XI (ir avril
i8o3). Mais cette loi n'a pas créé de toutes pièces un organisme nouveau :
elle n'a fait, en quelque sorte, que consacrer officiellement l'existence de
l'ancien Collège de Pharmacie, établi par déclaration royale de 1777 dans
le local occupé, rue de l'Arbalète, par le Jardin des Apothicaires, qui avait
été fondé deux siècles auparavant par le philanthrope Nicolas Houel. En
1793, au moment de la suppression des Universités, des Académies, des
Corporations et des Maîtrises, le Collège de Pharmacie fut le seul établisse-
ment d'instruction publique conservé et autorisé par la Convention.
L'histoire de cette période ancienne méritait, en raison de son intérêt,
d'être retracée dans ce Volume du Centenaire, car c'est dans les labora-
toires des pharmaciens de l'époque qu'avait commencé la rénovation des
sciences expérimentales. A ce propos, on me permettra de rappeler les
paroles suivantes de J.-B. Dumas : « La Pharmacie opposa les leçons des
choses à l'esprit de système; elle dissipa les rêves de l'alchimie, donna
l'essor à l'étude des plantes et prépara de loin la transformation de la
chimie moderne. C'est elle qui en a fondé et perpétué l'enseignement, qui
en a créé les méthodes expérimentales et les |)remiers appareils, qui lui a
valu Scheele, Vauquelin, Davy, Pelletier, Robiquet et tant d'autres savants,
et qui a eu l'insigne honneur de donner à Lavoisier ses premières leçons. »
Après avoir consacré la première partie du Volume à la période anté-
rieure à i8o3, j'ai exposé l'organisation et le développement de l'École à
partir de cette date, d'abord à la rue de l'Arbalète, ensuite dans les locaux
qu'elle est venue occuper, en 1882, sur les terrains de l'ancienne pépinière
du Luxembourg. Cet aperçu général est suivi de plusieurs chapitres dans
lesquels les professeurs actuels ont retracé l'historique de leurs chaires, en
rappelant les travaux et les services de leurs prédécesseurs. On y trouve la
preuve que notre École, à toutes les périodes de son existence, a été un
important foyer de recherches scientifiques.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER ÏÇ)o5. /jlQ
Aussi l'Académie des Sciences a-t-elle toujours compté parmi ses
membres un certain nombre de pharmaciens. Avant la Révolution, onze
avaient fait partie de l'ancienne Académie royale, parmi lesquels on peut
citer Lémery, les trois Geoffroy, dont l'un était en même temps membre
de la Société royale de Londres; ensuite Rouelle, Baume, Bertrand Pel-
letier. En 1795, l'Institut national des Sciences et des Arts remplaçait
l'Académie royale des Sciences, supprimée en 1793. Bertrand Pelletier et
Baume y furent élus de nouveau, et l'on y vit entrer en môme temps Vau-
quelin, qui devait être le premier directeur de l'École, Parmentier, Bayen,
qui avait été le premier maître de Lavoisier.
Depuis cette époque, 26 pharmaciens, presque tous professeurs à l'Ecole
de Paris, ont été élus membres de l'Académie des Sciences, parmi lesquels
on en compte i3 dans la Section de Chimie, i dans celle de Physique,
1 dans celle d'Économie rurale, 4 dans celle de Zoologie, 5 dans celle de
Botanique. Il y a eu, en outre, 2 membres libres,
En raison des liens qui ont toujours existé, comme on le voit, entre
l'Académie et l'École de Pharmacie, j'ai pensé que l'Académie voudrait
bien accepter l'hommage du Volume que j'ai l'honneur de lui offrir
aujourd'hui.
Édité avec soin, ce Volume comprend plus de 4oo pages in-4° ; il est
orné de 26 planches hors texte, qui représentent des vues de l'ancienne et
de la nouvelle École et contiennent 60 portraits, parmi lesquels ceux de
tous les professeurs qui s'y sont succédé depuis un siècle.
M. Henri Moissav fait hommage à l'Académie de deux nouveaux fasci
cules du Traite de Chimie minérale, publié sous sa direction.
M. G. Dahboux présente le Volume XII des Alti del Congresso internazio-
nale di Sciense storichc (Roma, 1-9 aprile igoS), qui contient les Al li délia
seziune VIII : Storia délie Scienze fisiche, matemaliche, nalurali et mediche.
ACADEMIE DES SCIENCES,
CORRESPOND AI\ CE.
ASTRONOMIE. — Observation de. la comète liorrelly (1904 e) faite à l'èqua-
torial Brunner (o™, 16) de V Observatoire de Lyon, par M. J. Guillaumk.
Note présentée par M. Lœwy.
Iriijps moyen .,# — if. Nomlii-e
l'.in5. Paris. A3. A3. roi,i|jai-aisons. Ktoilp.
Janviers.... 6.10.12 +o.29,.3.J 3.23,3 S : iq a
Pnsitinns des étoiles de comparaison .
,\sc. ilroilr nrduclion Doclinai-^cn Itédiiclioii
a.;. 1.19.18,10 — o,i3 — 5.5-. 4,4 — f^.7 HD — fi'',2G5. rapp. à /<
l>... 1.19.3,94 ). —6. 18. 33. S » A.G.Vienne — Oit. ,0.81
Positions apparentes de la comète.
Vsren'ion
Dalr. droite Log. facl. Déclinaison Log.farL
100.">. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
.lanvier 3 1.19.47.31 — S,"?]! — 6. 0.38,4 + 0,837
f;_ Remarques. — Les images sont diffuses et îles nuages gênent par nionienls. La
comète a l'éclat d'une étoile de lo" grandeur; il semble qu'elle a un petit noyau.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Snled faites à V observatoire de
Lyon {èqiiatorial Brunner de o", 16) pendant le quatrième trimestre de 1 904.
Noie de M. J. Guill.mi.me, présentée par M. Mascart.
Il y a eu 5j jours d'observation pendant ce trimestre et les princi|)aux
faits qui en résultent sont les suivants :
Taches. — Les taches ont augmenté tant en nombre qu'en étendue: on a noté
64 groupes avec une surface totale de 4167 millionièmes, tandis que le trimestre
précédent (') on avait 4^ groupes et 8175 millionièmes. L'examen du Tableau II
montre en outre que, d'un mois à l'autre, l'aire tachée s'est constamment accrue.
(' ) Comptes rendus. 1. CXX\I\, p. 1017.
SÉANCE DX]
FEVRIER 190:
42,
La production des taches a été beaucoup plus forte au nord de l'équateur qu'au sud;
on note, en effet, 43 groupes avec 3i8i millionièmes d'une part, et 21 groupes avec
986 millionièmes d'autre part.
Une grande tache, en novembre, s'est développée rapidement à +28° de latitude:
le 21, au moment de l'observation, son emplacement était marqué par trois très petites
taches, 12° à l'ouest du méridien central: le 23 il y avait 9 taches; mais le 24, les
taches de la veille avaient fait place à une belle formation qui mesurait 5° en latitude
et autant en longitude; le 26 ses dimensions s'étaient encore accrues, elle était alors
près du bord occidental du disque solaire, entourée de facules brillantes, peu étendues
(les 22, a5 et 27 l'état du ciel n'a pas permis d'observer). A la rotation suivante, ce
groupe était en décroissance et il a disparu le 19 ou le 20 (ciel couvert), soit i ou 2 jours
après son passage au méridien central.
Il n'y a eu aucun jour sans tache.
Régions d'activité. — Les groupes de facules ont augmenté également: on a enre-
gistré 121 groupes dont l'aire totale est de 122,0 millièmes, contre 98 groupes et
100,2 millièmes dans le troisième trimestre. Leur répartition entre les deux hémi-
sphère est restée plus forte au nord (65 groupes au lieu de 52) qu'au sud (56 groupes
au lieu de 46).
Table Ai: L — Taches.
3o- 3
5-IO
3- 8
i3-i5
6-17
7-i5
■3,9
9.0-25
4
2 1 ,0
17-24
23,0
17-25
4
23,5
21
I
24 , 1
20-21
2
23,7
24-29
6
25,5
24-29
6
26,4
24-29
6
27,3
25-26
2
30,9
27-28
2
3i,5
iVi
■K- 7
6
2,3
— 17
82
V- 7
2
4,6
+ 19
.,
ô- 8
3
5 "
+ 12
'9'
7
I
6',6
+ 7
ji
1-12
6
7,3
— 1 j
21 5
11-19
6
i3,3
-^19
1 1 - :>. 1
10
16,4
—22
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18,8
—2 (
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2
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8
■'Cl
I
20,7
-!-22
3
■<<■<
1
21,7
— 1'.
25,3
26,0
27,3
422
ACADÉMIE DES SCIENCES.
il'oliaerv. valions, cen
8-14 i
3-l6 7
^-9 4
-,- g 06
+ 9
+17
-I- 8
14-22
1 4-2 r
.0,2
18,3
atts. Lalltudcs niuye
Décembre ( suite.)
5 18,5
2 20 , 6
2 22,6
I 23,6
3 24,0
6 27,5
1 27,8
I 3o,2
6 3o,9
-1-28 53
Distribution des taches en latitude.
Octobre.. .
Novembre.
Décembre.
3 10 2
3 j, 3
8 28 7
Distribution des facules en latitude.
Octobre
» I
9
Novembre...
2 3
10
Décembre. . .
» 2
6
■ :.
ajon>ue 5.
'''
3
10
3 2 1
35
36,5
■>.
12
5 3 3
4;
44,3
3
12
C )> »
39
41,2
8 3i i4 5 4
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations aciinornétriques faites au sommet
du mont Blanc. Note de M. A. Hansky, présentée par M. J. Janssen.
Le but principal des observations actinométriques est la détermination
de la constante solaire, laquelle, jusqu'à présent, n'est connue que très
approximativement.
Depuis Pouillet, qui, le premier, a déterminé celle quanlilé, les divers auteurs ont
SÉANCE DU l3 FÉVRIER IQoS. i'i23
augmenté de plus en plus sa valeur; voici, d'ailleurs, les valeurs qui ont été successi-
vement attribuées à la constante solaire :
rai
Pouillet 1 , 763
Vielle a , 54
Crova 2 , 83
Langlej 3, 068
SaveliefT 3,47
AngstroiH 4 .00
Les deux derniers nombres sont évidemment trop grands.
Les parties du spectre solaire produisant le plus grand effet calorifique sont très peu
absorbées par notre atmosphère lorsque celle-ci n'est pas chargée de vapeur d'eau;
aussi choisissait-on toujours, pour ces déterminations, des endroits très élevés. Violle
observait au sommet du mont Blanc, Crova au mont Ventoux, Langley au mont
Whitney, Rizzo au mont Rose et Angstrôm au pic de Ténériffe.
Les dernières déterminations faites par Langley à l'aide du bolomètre lui ont donné
i'^'\âii comme la valeur la plus probable de la constante solaire.
Mes observations actinométriques, faites au sommet du mont Blanc
pendant les années 1897, 1898 et 1900, m'ont conduit à admettre la valeur
3^*', 3 comme très probable.
A cause de l'importance de cette question, je tiens à présenter en détail
les observations de 1900 qui ont été faites dans des conditions météorolo-
giques extrêmement favorables.
Etant in\itt' par M. Janssen à continuer au mont Blanc mes recherches actinomé-
triques, je fis deux ascensions au sommet et, pendant les douze jours que j'y passai,
j'obtins cinq courbes actinométriques et une grande quantité de déterminations
directes de la radiation calorifique solaire. Toutes ces observations ont été faites avec
les appareils de M. Crova.
Pendant mon premier séjour, du 23 au 28 juillet, le temps fut très beau, mais la
température trop élevée (elle varia de — 2° à — 7°). La neige fondait vers midi au
sommet même du mont Blanc. Le calme était presque absolu. Les courants aériens
ascendants venant de la vallée étaient très forts, ce qui était indiqué par la formation
de cumuli au-dessous du sommet. L'étal hygrométrique au sommet même était
70 pour 100, ce qui donne pour la tension de la vapeur d'eau i™"", 2.
La polarisation du ciel était en moyenne o,5o et n'a jamais dépassé 0,67 ; sa couleur
était d'un bleu ordinaire. La pression baromélri([ue variait de 426""° à 430'°'".
Les courbes actinométriques très régulières, le matin et le soir, ont été fortement
déprimées un peu avant et un peu après midi (de g^ à 1*') ce que M. Crova avait déjà
signalé à Montpellier et au mont Ventoux. Cette dépression peut en partie être attri-
buée aux courants ascendants de la vallée apportant une grande quantité de vapeur
d'eau.
Les calculs, faits d'après la méthode de M. Crova, ont donné, pour la
424 ACADÉMIE DES SCIENCES.
constanle solaire A, des valeurs très petites, même d'après les meilleures
courbes, celles des 25 et 26 juillet.
Ces valeurs sont les suivantes :
... Cal Cal
25 juillet malin, A variait de 2,69 à 2,87
» soir » 2,78 à 2,25
26 juillet matin, » -ï.Sg à 2,20
Quelques j)artics de la courbe ont donné 3''*',o ; mais, comme elles corres-
pondent au moment où le Soleil était très près de l'horizon, je considère
cette valeur comme devant être rejetée.
Les maxima d'intensité du rayonnement solaire observés directement
ont été :
2^ juillet à 12. 5o 1,81
20 » i2.o5 ... 1,72
26 ,, H./15 1,78
Les conditions furent beaucoup plus favorables pendant ma seconde
ascension, faite au mois de septembre et surtout les 4 et 5 septembre.
La température variait de — 9° à — 14°. Le vent était très fort (excepté le 4), ce qui
empêchait la production des courants ascendiinls. L'horizon était tout à fait dégagé
de nuages.
La pression barométrique variait entre 423""' et 427""", c'est-à-dire peu. I^'élat hy-
grométrique de l'air fut remarquablement faible, i5 pour 100 seulement en moyenne
les 4 et 5 septembre, le minimum étant 5 pour 100 le 4 à G*" du matin et à i5'', ce qui
donne, pour la température de — i3°, o"""",! pour la tension de la vapeur d'eau. Le
point de rosée descendit jusqu'à — 27" à midi.
Le ciel fut absolument clair le ^, la jtolarisation était faible, 0,60 en moyenne, avec
un maximum de 0,67.
La courbe du 4 septembre a été très régulière et complète depuis le lever jusqu'au
coucher du Soleil, ce qui arrive très rarement au mont Blanc; celle du 5 fut bonne seu-
lement le soir.
La dépression de midi a été assez nette.
Ce sont les parties de la courbe assez éloignées de midi qui se sont le mieux prêtées
au calcul.
Les maxima de la radiation solaire directement observés ont été :
4 septembre à i'' de l'après-midi 2'-''',o2
5 septembre à i i''3o'° du matin i'~''',99
Les calculs ont donné pour la constante solaire A les valeurs suivantes
pour les masses atmosphériques (/n) traversées par les rayons du Soleil.
t. -.'. 3. '1. V (■:. 7.
4 septembre, matin, A.... 2,76 2,97 0,29 ,..,1 j..,, ^.,^
4 septembre, soir 2,49 '■^'^'^ 2,07 3, 11 3,22 3, 08 ^■^
5 septembre, soir 2,62 2,4^ 2,80 2,9'! 3,45 2,96 3,19
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 4^5
En moyenne, la constanle solaire ainsi déterminée est 2^*', 90, mais
comme flans ces déterminations ce sont les maxima qui sont les plus pro-
bables, on peut considérer 3*^»', 29 comme la quantité qui se rapproche le
plus de la vraie valeur de la constante solaire.
Le nombre 3^^', 45 a été obtenu pour une hauteur trop faible du Soleil
(9" au-dessus de l'horizon du mont Blanc) pour être accepté.
Pour la journée du 4 septembre, j'ai dressé des courbes théoriques de la
variation de la quantité de chaleur reçue au sommet du mont Blanc, en
supposant la constante solaire égale à 2^*', 5, 'i^^^,o et 3^»', 5.
La courbe qui correspond à 3^''',o coïncide parfaitement avec la courbe
réellement obtenue dans les parties correspondant aux observations du
matin et du soir, mais en diffère vers midi. Le maximum qu'elle atteint à
midi vrai est de 2^"', 28, celui obtenu directement étant 2^^', 02.
La courbe correspondant à la constante 2^^'. 5 est intérieure dans toutes
ses parties à la courbe réelle et atteint un maximum de i^*',9 seulement.
La courbe construite pour 3'^''',5 enveloppe entièrement la courbe réelle
et son maximum, 2^"', yS, est évidemment trop grand.
Quelques parties de la courbe obtenue le 4 septembre ont donné 3"^»', 3;
c'est ce nombre qui peut être considéré maintenant comme la valeur la
plus probable de la constante solaire. Il est presque certain qu'elle est com-
prise entre 3^='',o et 3^='', 5 et que, en tout cas, elle est supérieure à 2^="', 54.
nombre donné dernièrement par M. Langley.
Qu'il me soit permis, en terminant, d'adresser mes remercîments à
M. Janssen de m'avoir donné la possibilité d'exécuter ces travaux et de
m'avoir aidé de ses savants conseils.
Je remercie aussi M. Crova, dont les précieux instruments m'ont été
d'une grande utilité et qui m'a guidé si obligeamment dans la réduction des
résultats obtenus.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations linéaires aux dérivées partielles.
Note de M. Hadamaud, présentée par M. Poincaré.
Dans une Communication précédente ('), j'ai formé la solution fonda-
mentale d'une équation linéaire aux dérivées partielles à n variables indé-
pendantes (solution infinie d'ordre "~^ sur le conoïde caractéristique T
(') Séance du i^ décembre igoS.
C. R., 190J, ]•' Semestre. (T. CXL, N° 7.
55
426 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui a pour sommet un point quelconque O de l'espace à n dimensions j et
appliqué cette solution fondamentale à la résolution du problème de Cau-
chy dans le cas de « = 3.
Je me propose maintenant de résoudre le même problème pour les équa-
tions à plus de trois variables,
I. L:i généralisation au cas de n impair n'offre pas de difficulté. Au lieu
déformer les solutions analogues à celles de M. Volterra et de M. Tedone,
j'ai préféré, cette fois, partir directement de la solution fondamen-
tale, en employant, ici encore, la notion de partie finie d'une intéiçrale
infinie, qui intervient dans la solution relative à « = 3. On obtient ainsi,
d'un seul coup, la valeur de l'inconnue au point O, en fonction des
données.
Il est à remarquer, toutefois, que l'on est obligé de supposer celles-ci
dérivables jusqu'à l'ordre '-^^^ • La forme même de la solution obtenue
paraît montrer que cette nécessité est dans la nature des choses.
IL La méthode cesse, au contraire, de s'appliquer aux valeurs paires
de n, et cela pour deux raisons :
1° La solution fondamentale n'est plus définie qu'à une fonction régu-
lière près (solution de l'équation) ;
2° La notion à^ partie finie est également en défaut pour les intégrales
définies que l'on serait conduit à introduire, l'ordre d'infinitude de ces in-
tégrales étant entier.
Nous allons voir que ces difficultés n'ont rien de fortuit et qu'il existe
une différence profonde entre le cas actuel et le précédent.
Un artifice simple permet, en effet, de passer de l'un à l'autre et, par
conséquent, de résoudre le problème pour toutes les valeurs de n.
Cet artifice consiste à introduire une variable supplémentaire s, en choi-
sissant les données de manière à ce que la solution soit indépendante de :;.
Le problème ainsi modifié est évidemment équivalent au problème pri-
mitif; et cependant on est ramené, par cette modification, à une équation
contenant une variable indépendante de plus. C'est ainsi que l'on pourrait
retrouver les formules de M. Volterra relatives aux ondes cylindriques en
traitant ces dernières comme leur nom l'indique, c'est-à-dire comme des
ondes qui se propagent dans un espace à trois dimensions, mais qui sont
dues à un ébranlement distribué cylindriquement.
En opérant ainsi pour une équation à « == 1n^ variables, on arrive à un
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 4^7
résultat entièrement différent de ce que présentent soit le cas elliptique,
soit le cas de n impair, mais que le cas de « = 2 (méthode de Riemann)
aurait pu faire prévoir.
La solution obtenue ne fait intervenir aucune fonction présentant une
singularité.
Si
v = MV ^+ V.logr
est la solution fondamentale, ce sont les fonctions holomorphes V, V, qui
figurent dans l'expression de la fonction inconnue.
La seconde de ces deux fonctions, le coefficient du terme logT, est celle
qui intervient dans l'intégrale étendue à l'intérieur du conoïde de caracté-
ristique. Au contraire, le-coefficient V du terme méromorphe s'introduit
dans l'intégrale prise sur ce conoïde Ini-mème.
Il résulte de là que les équations pour lesquelles le principe d'fluygens a heu
ne sont autres que celles dont la solution fondamentale ne contient pas de partie
logarithmique.
MÉCANIQUE. — Sur la déviation des graves. N^ote de M. Maurice Fouché,
présentée par M. H. Poincaré.
Dans une Note présentée à la dernière séance, M. de Sparre m'accuse de
fautes que je n'ai pas commises et m'oblige ainsi à demander à l'Académie
la permission de revpnir sur la question.
Les différences entre les résultats de M. de Sparre et les miens ne tiennent
à aucune erreur, ni de sa part, ni de la mienne, mais seulement à ce que
nous n'avons pas traité le même problème. J'ai calculé la déviation au sud
de la verticale du point de départ sans faire aucune hypothèse sur la forme
de la Terre, et en admettant seulement que la surface terrestre est une sur-
face de niveau sur laquelle la pesanteur est répartie suivant la formule de
Clairaut. M. de Sparre calcule ce que serait cette déviation si la Terre
était sphérique, c'est-à-dire si la direction de l'attraction passait par le
centre de la Terre. Dans celte hypothèse, la surface de la Terre cesse d'être
une surface de niveau, et les lignes de force du champ de la pesanteur
tournent leur concavité vers le nord, tandis que dans le champ réel, elles
la tournent vers le sud. De là vient qu'il trouve une déviation vers le nord
que je ne pouvais pas rencontrer. De plus, la courbure des lignes de forces
428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n'est plus la même à l'intérieur et à l'exlérieiir de la Terre, ce qui entraîne
des résultats différents, suivant que le mobile est abandonné du haut d'une
t(!iu' ou à l'ouverture d'un puits.
M. deSparre partage comme moi la déviation en deux parties, mais celle
c[u'il appelle déviation de rotation est calculée en supposant \' attraction
constante, tandis que celle que j'ai attribuée à la force centrifuge composée
a été calculée en supposant \?k pesanteur constante. De là vient la différence
des coefficients ^ et ^ qui représente l'effet de la variation de la force cen-
trifuge pendant la durée de la chute, effet dont M. de Sparre devait tenir
compte, mais dont je n'avais pas à m'inquiéter, puisque je supposais con-
stante la résultante de l'attraction et de la force centrifuge.
Enfin M. de Spane me reproche de n'avoir pas tenu compte de l'angle
de l'attraction et de la verticale. Je n'avais pas à en tenir compte, puisque
l'attraction ne figure pas dans mon raisonnement. J'ai calculé l'effet du
changement de direction de la pesanteur, et cela suffit.
PHYSIQUE. — Épaisseur des lames transparentes de fer. Note
de M. L. HouLLEviGUE, présentée par M. Mascart.
On peut obtenir aisément des pellicules métalliques très minces au
moyen des projections cathodiques (ionoplastie), mais on rencontre des
difficultés sérieuses dans la mesure de leur épaisseur.
J'ai montré (') comment le procédé d'ioduration indiqué par Fizeau
pour l'argent est également applicable aux lames minces de cuivre.
Mais il ne réussit pas avec le fer; d'autre part, la transformation en oxyde,
qui se fait aisément pour ce dernier métal et donne des colorations très
nettes, ne permet pas de faire des mesures, l'oxyde formé ayant des com-
positions variables suivant les cas.
J'ai recouru alors à l'emploi d'une méthode qui paraît devoir être géné-
rale, fondée sur les substitutions chimiques; une pellicule de cuivre, par
exemple, peut être aisément transformée en argent par immersion dans le
cyanure d'argent ou dans l'azotate d'argent ammoniacal, et l'épaisseur de
l'argent peut être mesurée par les anneaux d'iodure. Mais l'application de la
méthode de Fizeau au cuivre et à l'argent prouve que les poids des métaux
qui se substituent l'un à l'autre n'ont pas de rapport avec les équivalents
i;') Comptes rendus, l. C\\\V, 1902, \\. 636.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER IQoS. '129
de substitution et ne sont même pas en rapport fixe. Toute méthode de
mesure fondée sur ces réactions serait donc mauvaise. D'ailleurs, en ce qui
concerne le fer déposé par ionoplastie, ces substitutions elles-mêmes sont
fort difficiles; le fer ionoplastique est, en effet, fort peu altérable, ce qui
paraît tenir à l'absence d'éléments étrangers; les acides ne le dissolvent
que lentement; il ne s'oxyde pas à la température ordinaire, même dans
l'air humide; plongé dans une solution de sulfate de cuivre, il ne subit
aucune altération, mais, si on le touche avec du fer ordinaire, sa transfor-
mation en cuivre se produit peu à peu autour du point de contact.
Les divers essais que je viens de rapporter, et d'autres encore, m'ont
amené à conclure que la méthode d'analyse chimique colorimétrique était
seule applicable au fer. La lamelle ferrée est dissoute dans l'eau régale et
dosée colorimétriquement par comparaison avec une liqueur titrée de fer,
en prenant comme réactif colorimétrique le sulfocyanure de potassium; la
méthode, employée avec les précautions d'usage, est sensible au centième
de milligramme.
Ce procédé a l'inconvénient de détruire la lamelle de fer; aussi ai-je cru
nécessaire de le combiner avec la comparaison photométrique des transpa-
rences, comparaison possible avec la lumière blanche parce que le fer,
quand il ne contient pas d'oxyde, est gris, c'est-à-dire absorbe également
toutes les radiations visibles; j'ai pu ainsi constituer un procédé de mesure
qui, tout en respectant la pellicule à étudier, permet de déterminer immé-
diatement son épaisseur :
Deux lampes à incandescence, montées sur une même batterie d'accumulateurs, sont
placées de part et d'autre d'un photomètre Lumraer et Brodhun; les rayons de l'une
d'elles sont concentrés par une lentille sur le trou d'un diaphragme contre lequel on
peut placer la lamelle à étudier, puis repris par une seconde lentille et ramenés sur
l'écran dépoli du photomètre de manière à y produire un éclairement intense et uni-
forme. La seconde lampe se déplace sur un banc d'optique et l'on mesure ses dis-
tances d et d' au photomètre, correspondant à l'équilibre photométrique, la lame
ferrée étant placée contre le diaphragme, puis enlevée. La transparence brûle, ainsi
mesurée, estT — -r^-- Elle dépend du pouvoir réflecteur, mais on peut l'obtenir très
rapidement, et c'est le point essentiel. L'emploi d'un diaphragme dont le trou a un
diamètre de i'™ permet d'ailleurs d'étudier la transparence région par région.
En procédant ainsi sur des lames choisies parmi les plus imiformes, et
dont la teneur en fer a été déterminée ensuite par la colorimétrie, j'ai pu
43o ACADÉMIE DES SCIENCES.
réaliser la Table de gradualion suivante (on a pris 7,8 pour le poids spéci-
fique du fer) :
Poids de fer
Épaisseur
en milligrammes
du fer E
e
par centimètre carré.
en ix^..
Trai
Qsparence T.
-logT.
~i^
0,024
3i
0,114
o,943i
33
0.0265
34
0 , 09.5
I ,0223
33
0,043
35
o,o36
1,4437
38
o,o56
72
0,0093
2,o3i5
35
Les courbes qui représentent la relation entre e et T sont plus régulières
qu'on n'aurait pu s'y attendre. En particulier, celle qui relie £ et logT est
très sensiblement une droite passant par l'origine (T = i pour e = o).
L'emploi de celte courbe fournit donc un procédé immédiat pour déter-
miner les épaisseurs des pellicules de fer. L'incertitude qui pèse sur les
déterminations ainsi obtenues est probablement de l'ordre de 23 pour 100.
PHYSIQUE. — Enregistreur à écoulement liquide de l'ionisation atmosphérique.
Noie de M. Charles IVordmanjî, présentée par M. Lœwy.
L Depuis la découverte des phénomènes d'ionisation de l'atmosphère,
Elster et Geitel ont montré leur importance pour l'interprétation de l'élec-
tricité atmosphérique; j'ai moi-même indiqué (') qu'ils semblent éclaircir
sur divers points les questions soulevées par les aurores boréales et les
variations du magnétisme terrestre. L'importance de ces phénomènes au
point de vue de la Physique du Globe se dessine de plus en plus, et la
nécessité se fait senlir de les enregistrer d'une manière continue dans les
observatoires, au même lilre que les variations des champs magnétique
et électrique de la Terre.
Malheureusement les méthodes habituelles, celles d'Ebert comme celles
d'Elster et Geitel, ne se prêtent aucunement à un enregistrement continu
et il a fallu chercher autre chose.
J'ai proposé en juin 1904 (^) une première solution du problème de
l'enregistrement. Elle consiste, en principe, à équilibrer la charge progres-
(') Annales de l' Observatoire de Nice, t. IX.
(') Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. i4i8î el mùme Volume, p. iSgô.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 43l
sive fournie par les ions de l'air à un système isolé électrode-électromètre,
au moyen d'un faible courant de décharge de ce système, obtenu en reliant
celui-ci au sol par l'intermédiaire d'une résistance élevée. Les positions
d'équilibre successives du potentiel indiquées par l'électromètre sont alors
proportionnelles au degré d'ionisation de l'air et peuvent être enregistrées.
Mais les résistances élevées nécessaires dans ce dispositif (lo** ohms envi-
ron) exigent l'emploi d'un thermostat très sensible, par suite de leur coef-
ficient de température considérable, ce qui complique passablement l'ap-
pareil (').
De|)uis, M. Langevin(-)adécrit un autre dispositif d'enregistrement, fort
ingénieux, qui évite l'usage d'une résistance. Mais, en revanche, il néces-
site l'emploi d'un mouvement d'horlogerie et de mécanismes assez compli-
qués; de plus, par suite de la nécessité d'une remise au zéro périodique,
l'enregistrement n'est pas continu, mais par points, et l'on n'a pas d'indi-
cation sur les variations possibles de l'ionisation pendant les intervalles
fréquents où le mécanisme est en marche.
II. Ces inconvénients sont, semble-l-il, évités dans la méthode suivante
que j'ai réalisée à l'Observatoire de Paris : elle consiste, en principe,
à remplacer le courant ohmique de décharge de ma première méthode
par un courant de convection, ce qui élimine l'emploi de la résistance;
de plus, elle ne comporte ni mouvement d horlogerie, ni mécanisme d'au-
cune sorte et fournit un enregistrement absolument ininterrompu.
Voici comment ce résultat est obtenu : l'air ionisé passe entre les armatures
A et B d'un condensateur cylindrique (dont l'armature externe A est reliée à une
pile de charge Pj), et fournit à l'armature interne B une quantité d'électricité Q par
seconde pour un débit donné du courant gazeux, Q étant proportionnel au nombre
des ions' par unité de volume du gaz. L'armature B est reliée à l'une des paires de
quadrants de l'électromètre E (du type Curie amorti) dont l'autre paire est au sol,
l'aiguille étant chargée. B communique également avec le récipient métallique isolé M,
contenant un liquide conducteur, de l'eau par exemple; ce récipient constitue un vase
de Mariotte et fournit, par un orifice capillaire placé à sa partie inférieure, un écoule-
ment régulier de n gouttes par seconde, r étant le rayon de ces gouttes. Celles-ci
tombent dans un récipient métallique R relié au sol, et, comme chacune d'elles emporte
une charge égale à /V (V étant à ce moment le potentiel du système BxVI), il s'ensuit
que l'écoulement liquide enlève chaque seconde, à BM, une charge égale à /i/'V.
Soit C la capacité du système BM. En exprimant que l'augmentation de charge de ce
(') J'ai utilisé l'ingénieux thermostat, sensible au ,-L. de degré, qui a été imaginé
par M. Marie; il m'a été obligeamment prêté par son auteur.
(*) Comptes rendus, ce Volume, p. 3o5.
432
ACADÉMIE DES SCIENCES.
svsléme est égale i'i la charge fotii-nie par le gaz ionisé, diminuée de celle qu'emporte
l'écoulemenl liquide, on a l'équation
Cfl\ —Qdt — nr\ ill.
Dans la prali(|ue et conformément au calcul, ré([nilil)re s'étahlil au boni d'un temps
très court entre la charge Q apportée par les ions et le courant de décharge nr\ par
unité de temps, de sorte que
Les dénalions (Je l'électromèlre sont donc sans cesse proportionnelles au
nombre des ions par unité de volume du gaz. — Elles sont pholographiées
sur un cylindre enregistreur C à fente horizontale, au moyen d'un pinceau
lumineux réfléchi sur le miroir de l'électromètre.
III. La sensibilité de la méthode est d'autant plus grande avec un élec-
tromètre donné que V est plus grand pour une valeur donnée de Q; dans
les conditions ordinaires Q est de l'ordre de io~" coulomb avec l'air
atmosphérique passant dans un appareil de dimensions moyennes. On
apprécie d'ailleurs facilement le demi-millimètre sur le cylindre enregis-
treur. Avec un électromèlre donnant une déviation de 5oo""" pour i volt
sur le cylindre, il faudra donc, pour pouvoir apprécier facilement toutes
les variations supérieures ou égales à -j^Q, prendre V = -pj de volt, c'est-
à-dire, comme le montre la formule ci-dessus.
ce qui correspond par exem[)le à un écoulement de quatre gouttes et demie
de 2°"° de rayon par seconde, écoulement facilement réalisé avec le réci-
pient M. Il suffit d'ailleurs, pour régler l'appareil et modifier sa sensibilité.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER IÇ)o5. 433
de soulever ou d'enfoncer le tube qui passe dans le bouchon de M; on
modifie par là même à volonté la vitesse d'écoulement, c'est-à-dire la
valeur de nr.
La seule précaution à prendre pour que l'écoulement soit bien constant
est de placer le vase M dans un endroit oi:i les variations de température ne
dépassent pas une dizaine de degrés. Dans ces limites, et par suite de la peti-
tesse du coefficient thermométrique de la viscosité de l'eau, l'influence des
variations de température sur la vitesse de l'écoulement reste négligeable.
Les expériences concernant cet appareil ont été faites avec le concours
de M. René Decorse à qui j'adresse ici mes bien vifs remercîments.
ÉLECTRICITÉ, — Sur la chaleur dégagée dans la paraffine soumise à l'ac-
tion d'un champ électrostatique tournant de fréquence élevée. Note de
MM. Cii.-EuG. GuYE et P. Denso, présentée par M. Lippmann.
L'appareil se composait de quatre armatures métalliques disposées
à angle droit et noyées dans la paraffine.
Au moyen d'un dispositif qui a iail l'objel d'une |)iécédeiUe étude, on produisait
entre ces quatre armatures un cliamp électrostatifiue tournant dont la foinie circulaire
pouvait être minutieusement vérifiée à Taide d'un appareil construit à cet effet (voir
Éclairage électrique, 7 mai 190/4),
La chaleur dégagée dans la paraffine était mesurée par un couple thermo-électrique
fer-constantan, dont l'une des soudures était placée au centre du champ tournant,
tandis que l'autre soudure était disposée semblahliinent dans un appareil identique,
mais dont les ([uatre armatures étaient isolées.
On pouvait ainsi faire agir le champ tournant dans l'un ou l'autre appareil et
observer le déplacement correspondant du galvanomètre pour diverses tensions et
diverses fréquences. Celte étude a conduit aux résultats suivants :
i" Pour une même fréquence l'énergie dégagée sous forme de chaleur
est proportionnelle au carré de la tension ; comme cela a été observé d'ail-
leurs par plusieurs expérimentateurs avec les champs alternatifs lents. Les
limites de fréquence entre lesquelles celle relation se trouve vérifiée sont
comprises entre 4oo et 1200 périodes à la seconde.
2° Pour une même tension, la puissance consommée sous forme de
chaleur est proportionnelle à la fréquence;
3° Le rapport entre la puissance consommée dans le champ tournant à
celle consommée dans le champ aUernalir(à lension et fréquence égides)
G, n., 1905, I" Semestre. (T, CXL, N° 7 ) ^^
434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous a fourni la valeur provisoire de 2,06. Toutefois, les expériences effec-
tuées dans le but de déterminer ce rapport sont encore trop peu nom-
breuses; aussi le chiffre précédent n'est-il donné que sous toutes réserves.
En résumé, l'ensemble de cette étude comj)lèle, pour les fréquences éle-
vées et pour le champ tournant, l'étude de l'hystérésis diélectrique de la
paraffine. Les résultats qui en découlent permettent la discussion de
quelques-unes des formules proposées pour représenter l'hystérésis dié-
lectrique en fonction de h\ fréquence et de l'intensilé du champ alter-
natif.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une Jiouvelle réaction des aldéhydes et
l'isomérie de leurs oxydes. Note de M. A. Coxduché, |jrésenlée par
M. H. Moissan.
Les composés de formule générale R — NH- (ammoniaque, hydroxyla-
mine, aniline, phénylhydrazine, etc.) donnent, avec les aldéhydes, des
produits de condensation intéressants. On sait le parti que l'on a tiré de la
semicarbazide ou aminourée pour caractériser les aldéhydes. Sur les con-
seils de M. L.-J. Simon, je me suis proposé de voir comment se comporte
l'oxyurée dans les mêmes conditions. Ce sont les premiers résultats que
j'ai obtenus dans cette direction que j'ai l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie.
Quand on ajoute de l'aldéhyde beiizylique à une solution aqueuse étendue de chlor-
hydrate d'hjdroxylatnine et de cyanale de potassium en proportion équimoléculaire,
il se produit, au bout de quelques heures, un abondant dépôt cristallin. Purifié par
cristallisation, le corps ainsi obtenu se présente en longues aiguilles blanches, assez
solubles dans les dissolvants chauds, beaucoup moins à froid, fondant à laS".
Cette réaction n'est pas particulière à l'aldéhyde benzylique, je me suis assuré
qu'elle appartient aux autres aldéhydes aromatiques et à l'oenanthol. J'ai obtenu ainsi
des dérivés des :
Aldéhyde anisique (fusion) iSa
» salicylique (décomposition) 100
» mélanitrobenzylique (fusion) 172
Furfurol (fusion) i44
OEnanthol (fusion ) 85
Les rendements sont généralement avantageux.
]'ar contre, aucun des dérivés céloniques que jai examinés jusqu'ici n'a paru se
prêter à cette réaction.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER I9o5. 4^5
Ces dérivés ne présentent plus les propriétés caractéristiques des aldé-
hydes et de l'oxyurée. Le groupement fonctionnel aldéhydique et l'hy-
droxyle de l'oxyurée ont donc dû être intéressés dans le processus de la
condensation. Ces observations, jointes aux données analytiques et cryo-
scopiques, conduisent à représenter la réaction par l'équation
C«N^CHO + CO^^^ =IPO + C"N'.CH — N.CO.NH^
\NH.OH \/
O
Le mélange d'un sel d'hydroxylamine et tle cyanate renferme de l'oxy-
urée, mais sous deux formes isomériques : l'une découverte par Dresler et
Stein (Ann. der Cli., 1869, p. i5o-2/|2), l'autre par Francesconi et Paroz-
zani {Gazz. ch. ital, 1901, p. 3i; t. H, 1'. 324). Il était intéressant de
savoir si les deux modifications étaient capables d'intervenir. L'expérience
directe m'a montré que la variété de Francesconi et Parrozzani donne le
dérivé qui fait l'objet de cette Note, et qu'elle seule le donne. Cette réac-
tion permet ainsi de différencier nettement ces deux variétés.
Action des réducteurs. — L'amalgame d'aluminium réduit en donnant
l'urée substituée, dans le cas particulier du dérivé benzylique, la benzy-
lurée :
C«H=.CH-N.C0.NH^ + 4H = H-0 -f- C'^H\CH\NH. CO.NH-.
\/
O
Action des acides. — Les acides faibles n'agissent pas. L'acide acétique,
par exemple, est un bon dissolvant cryoscoinque. Au contraire, les acides
forts produisent une profonde destruction.
L'acide chlorhydrique concentré détruit immédiatement avec efferves-
cence en donnant l'aldéhyde génératrice et du chlorure d'ammonium.
L'acide étendu au bain-marie provoque un dédoublement plus régulier.
On a ainsi le moyen de régénérer à l'état de pureté l'aldéhyde de la combinai-
son dans laquelle on l'a engagée.
En solution alcoolique les choses ne se passent pas de même et l'on
recueille surtout île la benzamide à l'état de chlorhydrate.
C" IP. eu N . CO .mV + H'O + 2IICI
436 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Action de la potasse. — La potasse clendue aqueuse ou alcoolique
dédouble le composé lentement en benzaldoxime d'une part et d'autre
part en cyanate qu'on recueille pur ou souillé de ses produits de décompo-
sition suivant que l'on opère en solution alcoolique ou aqueuse
CH^CH N.CO.NH^'H-KOH
= C'=H\CH NH + CO — NK. + IPO.
Cette benzaldoxime est la ^-benzaldoxime .
Inversement l'action du cyanate sur la [î-benzaldoxime à l'état de chlor-
hydrate fournit le dérivé primitif, alors que l'x-benzaldoxime et le cyanate
neutralisé par l'acide chlorhydrique n'ont rien donné d'analogue.
Ces deux réactions analytique et synthétique distinguent donc très net-
tement l'une de l'autre les deux benzaldoximes isomères. On sait que la
nature de leur isomérie est encore controversée. Pour les uns elles corres-
pondraient aux deux modifications stéréoisomériques du schéma
R — CH = N(OH).
Pour les autres, l'isomérie serait structurale et la modification serait repré-
sentée par la formule C^^H'.CH NH.
\o/
Les faits que j'ai signalés, difficiles à inler|)réter tlans l'hypothèse stéréo-
chimique, me paraissent au contraire s'expliquer très heureusement avec
l'autre.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide cyanhydrique sur l'c[jiélhyUne.
Note de M. Lespieau, présentée par M. A. Haller.
/
O^
En faisant agir l'épiéthyline CH" — CH — CH-OC-11 ' sur l'acide cyanhy-
drique j'ai obtenu lenitrileCH-OC^H^ — CIIOH — CfP— CN, ce qui m'a
permis de préparer ensuite quelques dérivés de ce composé.
L'épiéthyline a élé découverte par Reboui, qui traitait la chloroélhyliue de la gly-
cérine par la potasse; j'ai obtenu cet oxyde, avec un rendement quelque peu meilleur,
en partant de la bromoélhyline. Celle-ci résulte de laclion du bromuie phosphoreux
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 43^
sur la rnonoélhyline de la glycérine; c'est un liquide bouillanl à 197" sous 760""" et
qui réagit facilement sur la potasse ordinaire en donnant l'épiétliyline. Ce dernier
composé fixe l'acide prussique lorsqu'on abandonne le mélange des deux corps, soit
un mois à la température de Télé, soit 5o heures à 70° en niatras de Wurtz. Le rende-
ment en nitrile est d'environ 70 pour 100 du rendement théorique.
On arrive d'ailleurs à ce même nitrile en traitant la bromoéthyline précédente par
le cyanure de potassium dissous dans l'eau, l'action est vive mais assez complexe et
l'isolement du nitrile ofl're des difficultés.
Le nitrile CH-OC=H'* — CHOH — CH-— CN est un liquide incolore, so-
liible dans l'eau et bouillant à 243°-245° sous 760""". Poids moléculaire
cryoscopique : 137.
La saponification de ce composé par l'acide chlorhydrique en présence
d'alcool aqueux fournit l'éther-sel CH= OC- W — CHOH — CH' - CO' C= H%
liquide bouillant à i20°-i2i° sous i3™™ et soluble dans l'eau, dont on peut
le séparer par addition de carbonate de potassium. Poids moléculaire
cryoscopique : 17G.
L'acide CH-OC=H^ - CHOH — CH^— CO-H, ou du moins son sel de
potassium, s'obtient en dissolvant l'élher-sel correspondant dans l'alcool,
ajoutant la quantité théorique de potasse, puis évaporant dans le vide sec;
les cristaux obtenus sont dissous dans l'alcool absolu qu'on évapore à nou-
veau dans le vide sec. Le sel est en effet très déliquescent.
L'acide, mis en liberté par l'acide chlorhvdrique en quantité dosée, est
un sirop qui n'a pas cristallisé dans le vide sec; il est soluble dans l'éllier.
Lorsqu'on veut le distiller, il perd i"""' d'eau en donnant naissance à un
acide non saturé.
Le nitrile CH-OC-H' — CHCl - CH- — CN résulte de l'action du penta-
chlorure de phosphore sur le nitrile hydroxylé décrit ci-dessus. Il bout
à io5° sous ig™™ et perd assez facilement de l'acide chlorhydrique.
Si on le dissout dans l'acide chlorhydrique fumant, saturé à 0°, puis que
l'on ajoute, quelques heures après, du carbonate de sodium, on obtient un
précipité cristallisé qu'on essore et redissout dans l'éther bouillant. Par
refroidissement il se dépose une amide fondant à 64° et répondant à la
formule CH-OC-H= - CHCl - CH-- CONH^
La saponification de cette amide s'effectue en la maintenant quelques
heures à 100° en dissolution dans de l'eau où l'on fait passer un courant
d'acide chlorhydrique ; on arrive ainsi à l'acide
CH-OC^H» - CHCl - CH- - CŒH,
liquide bouillant à i44°-i45° sous 14°"" et fondant à + 2".
438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CIinilE ORGAMQUE. — Sur la non-exisleiwc de deux dioximidobulyrales
d'élhyle stéréuisoméres. Noie de MM. L. Iîoivkal'lt et A. Waiil, pré-
sentée par M. A. Haller.
La curieuse isomérie constatée par Victor Meyer et Auwers dans le cas
des trois benzile-dioximes a été expliquée par MM. Hantzsch et Werner,
au moyen de l'hypothèse d'une stéréoisomérie spéciale due à l'azote. Il en
résulte que ces trois dioximes se distinguent entre elles par une orientation
(hlférente, dans l'espace, des deux groupements hydroxyles.
Cette isomérie particulière, bien établie chez les oximes des composés
aromatiques, n'a encore été signalée dans la série grasse que dans un petit
nombre de cas. En particulier, le dioximidobutyrate d'éthyle existe d'après
M. Nussberger {D. chem. Gesellsch., t. XXV, p. 21,12) sous deux modifica-
tions bien définies qui constituent, d'après lui, deux des quatre dioximes
que la théorie de Hantzsch et Werner permet de prévoir.
En faisant l'étude des éthers dicélobutyriques, dont nous avons donné
l'an dernier (Comptes 7 endus, t. CXXXVIII, p. 1221) une méthode de pré-
paration fort commode, nous avons été amenés à nous occuper de la
dioxime du dicétobutvrate d'élhyle et nous sommes arrivés à des résultats
entièrement différents de ceux de Nussberger.
Le dioximidobutyrate d'éthyle a-p s'obtienl eu liailanl nne solution aqueuse de
dicétobulyrale par 2™°' de chlortiydrate d'iivdroxjlamine également dissous dans
l'eau. Au bout de quelques heures, il se forme de gros cristaux transparents qui,
recrislallisés dans un mélange d'éther anhydre et d'éther de pétrole, fondent à i6o"-i62''
(projetés sur le mercure) en donnant un liquide rouge qui se décompose.
Ces cristaux présentent bien à l'analyse la composition de la dioxime CU'^N'O*
formée d'après
CH'—CO- C0-C00(>H'+!(XH-0H,11CI)
= 2HCl + 2ll^0-+-CM'— C C-CO-C^ll'.
NUII NOH
Or le composé déjà décrit sous le nom de dioxiinidohulyrate d'éthyle par MM. Cé-
résole el Kœckert [D. chem. GeselL. t. WIl, ]i. Sig) fond à 140° et les deux isomères
«le Nussberger fondent à 132° et à 142".
Il importait au plus haut point de comparer notre produit à ceux de ces
auteurs, afin de vérifier s'il ne constituait pas im troisième isomère ; c'est ce
SÉANCE DU l3 FÉVRIER IQoS. 4^9
qui nous a conduits à reprendre le travail de Cérésole et Rœokert et plus
spécialement celui de Nussberger.
Il ont obtenu le dioximidobulyrate d'élhyle en traitant l'isonitrosoncétylacélate
d'éthyle par le chlorhydrate d'hydroxylamine :
cip-co — c-coo(-^H'4-Nn^oii = iiM_) + cip-c; — c — r.o^CMi^ + iici.
i; MCI II "
NOH NOH NOH
11 se forme en même temps de la nitrosométh\iisoxazoione provenant de l'anhydri-
sation de la dioxime :
CH3_C C-CO^CMi^ GH3-C-C = N0H
NOH NOH =Cni'OH+ N CO
\o/
Celte anhydrisation s'opère sous l'influence de l'acide chlorhydrique ainsi que nous
nous en sommes assurés par une expérience directe. La séparation de ces deux produits
de la réaction est singulièrement facilitée si l'on a soin de partir d'isonitroso-acétyla-
célate d'élhyle cristallisé, parfaitement pur, au lieu d'employer comme les auteurs
précédents une matière première impure.
Il suffit en effet d'ajouter un léger excès de chlorhydrate d'hydroxylamine dissous
dans l'eau à de l'élher isonilrosoacétylacétique solide pourvoir celui-ci se liquéfier
puis redevenir solide à nouveau. Après une recrislallisation dans un mélange d'élher
et d'élher de pétrole le produit est pur et fond à 162°. C'est le dioximidobulyrate
d'éthyle identique à celui que nous avions obtenu en parlant du dicétobulyrate
d'élhyle. Si l'on neutralise le chlorhydrate d'hydroxylamine par le carbonate de sodium
le rendement (5o pour loo) ne change pas sensiblement et le produit obtenu est iden-
tique.
Les eaux mères extraites de l'élher fournissent Visonitroso-mélhylisoxazolone qui,
recristallisée dans un mélange d'acide acétique el de benzine, fond à iSg». Sa compo-
sition analytique est donnée par la formule C'H'N^O'; d'après M. Nussberger ce pro
duil renferme \ molécule d'eau et fond à i3o".
Guidé par les idées théoriques de M. Haulzsch, M. Nussberger attribue
à l'éther dioximidobutyrique ainsi obtenu la constitution d'un dérivé syn
qui, d'après lui, subit, sous l'influence de l'acide chlorhydrique sec, une
transposition qui le transforme en dérivé amphi {onA&ni à i32° :
CIP- C C - COOC^IP CH^- C C - CO^CMP
N - OH HON -> N - OH N - OH
syn. amplii.
En réalité l'élher dioximidobutyrique fondanl à 162°, dissous dans l'élher anhydre
el traité par H Cl sec, subit une anhydrisation partielle et donne un mélange d'oximi-
/,/,0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tlométhylisoxazolone et de dioxime inaltérée. Ce iiK'lange est facile à séparer; le pro-
duit, bien desséché dans le vide sur la chaux (pour enlever tonte trace d'acide chlorhy-
drique), est repris par l'eau qui dissont l'isoxazolone et laisse la dioxime inaltérée
fondant à 162°.
D"après M. Niissberger, les deux isomères se comportent très difFérem-
ment vis-à-vis de l'anhvdride acétique, le dérivé syn donnant un diacélate
fondant à 5o°, et le dérivé amphi un diacétate isomère fondant à 1 19°-! 20°.
Ce dernier résulte aussi de l'action du chlorure d'acétyle sur le dérivé 57/?.
Notre éther dioximidobutyrique, traité par l'anhydride acétique, donne
effectivement un tiiacétate fondant à 53°-54", mais traité par le chlorure
d'acétvle dans les conditions les plus diverses il nous a fourni toujours un
monoacétate fondant à 149°, présentant au point de fusion près toutes les
propriétés du corps décrit par Nussberger sous le nom de diacétate amphi.
Ce monoacétate traité à son tour par l'anhydride acétique à chaud se trans-
forme intégralement en diacétate fomiant à 53"-54''.
I.a raison pour laquelle le chlorure d'acétyle même bouillant ne fournit
qu'un monoacétate, c'est que la température n'est pas assez élevée; le
diacétate ne s'obtient qu'avec l'anhydride acétique au bain-marie; à froid,
il ne se fait que le monoacétate.
Il résulte de ces faits qu'on ne connaît jusqu'ici qu'un seul dioximido-
butyrate d'éthyle, lequel fond à 162", et que l'existence des deux stéréoiso-
mères de Hantzsch et Nussberger repose uniquement sur des erreurs à la
fois analytiques et expérimentales.
CHIMIE. — Sur la transformation de l' amylocellulose en amidon.
Note de M. Eigèxe Roux, présentée par M. Maquenne.
L'amylocellulose est la p:irtie de l'amidon qui résiste à la saccharification
par le malt. M. Maquenne (') a montré qu'elle se produit en quantité consi-
dérable par rétrogradation de l'empois et qu'elle est constituée par un
mélange de produits qui représentent la matière amylacée à ses divers
degrés de condensation.
Il nous a paru intéressant de rechercher dans quelles circonstances la
réversion de l'amylocellulose, insensible, ainsi que l'a reconnu M. Ma-
quenne, entre les limites de température compatibles avec la saccharifica-
(') Ann. de Cliim. et de Pliys., %" série, t. II, p. 109.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 44 1
lion (liastasiqiie, mais rendue probable par ce fait que sa formation dans
l'empois est limitée, peut devenir apparente. Nous avons reconnu qu'elle
se produit sous l'action de l'eau à i5o°-i55°, et nous avons pu ainsi repro-
duire avec l'amylocellulose de véritables amidons artificiels, identiques,
pour la plupart, à ceux que la fécule naturelle fournit dans les mêmes
conditions.
Jj'amylocellidose qui nous a servi a clé extraite par saccharificalion
d'empois de fécule rétrogrades à basse température; pour en séparer les
parties les plus attaquables on l'a, à deux reprises différentes, traitée par
l'eau pure à f20°, puis par l'extrait de malt à 56°. Le produit, essoré sur
plâtre et séché dans le vide, présente alors l'aspect d'une masse cornée,
très dure, renfermant i,6 pour loo de cendres siliceuses et un peu de
matières azotées. Il n'est pas sensiblement attaqué par l'eau à 125", mais,
vers i55°, on le voit se désagréger rapidement et finir par se dissoudre
d'une manière complète.
I. Reproduction des gelées d'amidon. — On la réalise en chauffant pendant lo mi-
nutes, à 155°, 5s d'amylocellulose avec ôo"^"' d'eau ; il se forme une liqueur visqueuse,
opalescente, ayant l'aspect d'un empois fortement chauflTé, qui se prend aussitôt, par
refroidissement, en une gelée opaque et consistante, bleuissant fortement par l'iode
et ressemblant à un empois de fécule rétrogradé. Le même résultat peut être obtenu,
mais en un temps beaucoup plus long, en chaufl'ant à i4o° seulement.
II. Reproduction de l'amidon en grains. — On l'efTectue en prolongeant la chauHe
pendant un temps qui- ne doit pas dépasser 3 heures; la liqueur s'éclaircit et, après
I heure, devient suffisamment fluide pour pouvoir être filtrée. Dès lors elle ne donne
plus de gelée par refroidissement, mais un précipité formé de grains sphériques, dépas-
sant souvent la grosseur des grains d'amidon de riz, et parfois groupés comme ces
derniers, ce qui leur donne alors une apparence polyédrique. Ces grains, qui se
colorent en bleu par l'iode, se forment d'autant plus vite et plus abondamment qu'ils
résultent d'une chaull'e moins prolongée. Ils ressemblent par tous leurs caractères exté-
rieurs aux. amidons naturels et, comme ces derniers, ne sont pas saccharifiés par le
malt à l'état cru. Leur résistance à l'action de l'eau bouillante va en décroissant; les
derniers obtenus sont complètement solubles à ioo° et deviennent entièrement saccha-
rifiables : les autres ne le sont que partiellement.
L'empois de fécule à 5 pour lOo est susceptible de fournir des produits semblables :
il suffit de le chauffer pendant 3o à \o minutes à i55° pour qu'il devienne filtrable et
qu'il précipite de l'amidon en grains, soluble à loo".
III. Reproduction de l'aniylodextrine. — Lorsqu'on dépasse 3 heures de chauffe, la
liqueur devenue brune laisse déposer un précipité qui n'est plus un amidon véritable,
mais de l'amylodextrine, paraissant identique à celle de Naegeli. Ce produit est formé
de petits grains qui ne se colorent plus qu'en jaune par l'iode et sont très solubles dans
l'eau chaude.
G. R., ,90,, I" Semestre. (T. CXL, N" 7.) 51
442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On obtient aussi de Tninylodextrine en chaud'anl la fécule dans les mêmes conditions
pendant 5o minutes : le rendement est alors très inférieur à celui que fournit l'amylo-
cellulose.
Enfin, après 3 heures et demie de chaude, les liqueurs cessent de précipiter : elles
ne renferment plus qu'un mélange de dextrines et de glucose, qui a été caractériGC par
son osazone.
Conclusions : i" La rélrogradalion de l'empois de fécule est un pliéno-
mèiie réversible entre o° et iSo". A cette dernière température et en pré-
sence d'un excès d'eau l'amylocellulose se liquéfie, puis subit une dégrada-
tion progressive qui porte vraisemblablement sur tous ses termes à la fois
et les ramène à une forme plus siinple que l'iode colore en bleu. A l'état
dissous les produits de cette désagrégation, tant qu'elle n'est pas trop pro-
fonde, sont susceptibles de rétrograder à nouveau et de reproduire ainsi
l'amylocellulose dont ils dérivent. Les termes ultimes de cette hydrolyse,
pour lesquels la réversibilité ne s'observe plus, sont l'amylodextrine, la
dextrine amorphe et finalement le glucose ordinaire.
2° Par dégradation incomplète de l'amylocellulose on produit de vérita-
bles amidons artificiels, présentant l'aspect microscopique des amidons
naturels, qui bleuissent comme ceux-ci par l'iode et ne s'en distinguent que
parce qu'ils ne donnent pas de gelée au contact de l'eau bouillante et se
dissolvent sans résidu dans les alcalis.
Ces amidons artificiels, différemment solubles ou saccharifiables suivant
leur mode de préparation, doivent eux-mêmes être considérés comme des
mélanges complexes, renfermant encore de l'amylocellulose.
3° Les amidons artificiels dérivés de l'amylocellulose sont identiques à
ceux que donne plus i\Tpidement la fécule ordinaire, dans les mêmes con-
ditions de température.
L'amylocellulose, les amidons naturels ou artificiels ne diffèrent donc
chimiquement que par l'état de condensation plus ou moins avancé d'un
même noyau fondamental.
ÉLECTROCHIMIE. — Si/r l' éleclrolysc d'acides organiques au moyen du
courant alterualif. Note de MM. Anuké IÏuochet et Joseph Petit,
présentée par M. H. Moissan.
Outre la réaction commune à tous les acides oxygénés d'après laquelle
l'anion agissant sur l'eau régénère l'acide avec mise en liberté d'oxygène,
SÉANCE DU l3 FÉVRIER I9o5. 443
la plupart des acitles organiques donnent lieu à des réactions spéciales, le
plus souvent non réversibles, et leurs sels se comportent d'une façon iden-
tique.
Nous avons pensé que quelques-uns de ces acides donneraient avec le
courant alternatif des résultats intéressants.
Dispositif employé. — L'appareil que nous avons utilisé pour celte série de
recherches est constitué par une éprouvette contenant i5o'^™' de solution. Deux rubans
de platine de o'''",4 de largeur et ii'^" de longueur servent d'électrodes, leur surface
ulile est de g'"'', ce qui correspond pour une intensité de lo ampères (efF.) à une
densité de courant de i ampère (moyen) par centimètre carré.
Dans ces conditions, l'échaufTement est consiilérable et, bien que l'appareil soit
placé dans un courant d'eau froide, l'électrolyte est rapidement porté à 6o°-70°. C'est
ainsi qu'ont été faites toutes nos expériences; nous indiquons à l'occasion les essais
poursuivis avec une plus faible densité de courant.
Le volume gazeux qui se dégage à chaque série d'essais est considérable; nous le
donnons à litre d'indication. Le rendement est établi d'après le dosage de l'hydrogène.
Acide formique cl formiates. — Sous l'influence du courant continu, ces produits
sont décomposés d'après les équations suivantes :
-2F = C0=+H=,
2F.^C0'KH + H%
4F=:CO'Ha+C02+'!lP.
(')
IICOOH
(2)
HCOOK + IPO
(3)
i;So>B-H-o
Ces réacli(
ins ont été étudiées par d(
Le courani
L alternatif sinusoïdal, à 4
produits dai
is les conditions que noi
breiix auteurs,
à [\2 périodes par seconde, décompose ces mêmes
tionnoiis plus haut avec un rendement
Comme électrolytes nous avons utilisé une solution renfermant 25os environ et lo'^™'
d'acide sulfurique par litre, du formiate de potassium à 336s par litre et une solution
saturée à froid de formiate de baryum.
Avec l'acide formique, nous avons obtenu cojume moyenne d'un certain nombre
d'essais environ 60"=™' de mélange gazeux par minute. D'après l'analyse, le rendement
eu hydrogène calculé d'après la quantité d'électricité est de 55 pour 100 environ et
l'oxygène à g pour 100. Ce dernier gaz corrrespond à une électrolyse secondaire de
l'eau. La destruction du formiate est donc à 46 pour loo de la quantité prévue par la
théorie.
Si l'essai dure un certain temps, les électrodes so dépolissent elle rendement baisse.
C'est ainsi que, dans un essai, la quantité de gaz dégagée par minute n'était plus au
bout d'une demi-heure que la moitié de ce qu'elii- était au début.
Lorsqu'on diminue la densité de courant le rendement baisse rapideuient ; avec o''"p,5
par centimètre carré il n'est plus que de 10 à 12 pour 100 et, avec o™'p,25 par centi-
mètre carré, de 5 pour 100.
444 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Avec le fonuiale de potassium, les résultats sont extrêmement variables, les élec-
trodes se recouvrent rapidement d'un léger dépôt de carbone, aussi le rendement
baisse-t-il assez vite et faut-il faire de suite les mesures en ayant soin, avant chaque
opération, de calciner les électrodes, ce qui leur rend leurs propriétés. Après une
trentaine d'essais les rendements étaient du même ordre de grandeur. Le carbone
obtenu n'est pas adhérent, il se répand dans le liquide et se dépose ensuite. Le gaz qui
se dégage est de l'hydrogène presque pur ne renfermant qu'une très faible quantité
d'oxygène et d'acide carbonique.
Le rendement en acide formique détruit, calculé d'après le dégagement d'hydrogène,
correspond, pour différentes densités de courant, aux moyennes suivantes :
I ampère par centimètre carré 80 à 90 pour 100 70-80
0,5 » )' 3o à /40 » .'io-ôo
0,25 )i » 10 à i5 » i5 -20
Le formiale de baryum donne par minute environ 65'^^'"' d'un mélange d'hydrogène et
d'acide carbonique, le rendement calculé d'après le premier correspond à 75 pour 100.
Le liquide se trouble dès-le début et les électrodes se recouvrent rapidement d'un dépôt
formé d'un mélange de charbon et de carbonate de baryum.
Avec les formiates, le dégagement d'oxygène est insignifiant; dans tous les cas la
formation d'oxyde de carbone est sensiblement nulle.
Acide oxalique. — La solution à aSo^ et 10'=°'' d'acide sulfurique par litre était
versée tiède dans Féprouvette, la circulation d'eau froide autour de l'appareil n'était
établie que pendant le passage du courant. La quantité de gaz recueillie par minute
est de i35'^"'° environ, la destruction d'acide correspond à 80 pour 100 de la quantité
calculée d'après la théorie.
Acide acétique. — La solution à /(O pour 100 additionnée d'acide sulfurique
(2 pour 100) ne donne qu'un faible dégagement de gaz formé en majeure partie du
mélange tonnant. Les électrodes se dépolissent rapidement et le \ olume gazeux tombe
à zéro. L'essai n'est donc pas intéressant.
En résumé, i'électrolyse des acides formique et oxalique peut être facile-
ment réalisée par le courant alternatif; les résultats sont les mêmes qu'avec
le courant continu et les rendements sont très élevés.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la phosphorescence du phosphore.
Note (le M. E. Juxgfleisch.
Depuis plus de deux siècles, des opinions fort diverses ont été émises sur
les dégagements lumineux produits par le phosphore exposé à l'air. Toute-
fois,, à la suite des belles recherches de Schroter, de Miiller et de
M. Joubert, on a admis généralement l'interprétation suivante : « La
SÉANCE DU l3 FÉVRIER ipoS. 445
phosphorescence est un phénomène de combustion; — l'oxydation porte
exclusivement sur hi vapeur de phosphore (M. J. Joubert, Ann. scient, de
l'École norm. siip., 2" série, t. III, 18741 \>- 219)- » Ayant observé, à plu-
sieurs reprises, des faits auxquels la seconde de ces propositions est inap-
plicable, leur étude longuement poursuivie m'a fourni des indications
susceptibles d'apporter quelques modifications aux iilées généralement
adoptées.
Je crois pouvoir établir : 1° que la vaporisation du phosphore à la tem-
pérature ordinaire porte sur des quantités de matière très laibles, inca-
pables de donner par leur combustion les phénomènes lumineux, relati-
vemement intenses, de la phosphorescence; 2" que le phosphore passe
surtout dans les gaz qui l'entourent en formant, au contact de l'oxygène
raréfié ou des gaz inertes faiblement chargés d'oxygène, un oxyde de
phosphore beaucoup plus volatil que le phosjihore; 3° que les phénomènes
lumineux de la phosphorescence résultent, presque exclusivement, de la
combustion spontanée de la vapeur de cet oxyde de phosphore arrivant au
contact de l'oxygène, leurs variations d'intensité dépendant surtout des
circonstances dans lesquelles ce contact est eflèctué.
L'oxyde phosphorescent présente beaucoup des caractères de l'anhy-
dride phosphoreux, P'O'; je m'occupe de sa purification et de son analyse.
Je rapporterai ici une seule de mes expériences; elle compare les rôles
respectifs joués dans la phosphorescence par les vapeurs de phosphore et
par les vapeurs de l'oxyde dont il s'agit.
Un tube (Ij=:i"',7o; D = o"\i8) eu verre peu fusible, pcutaiU soudé vers son milieu
un petit ajutage à robinet, est garni, à l'une de ses extrémités, sur une longueur
de o™,5o, de tournure de cuivre, et à l'autre extrémité, sur une longueur de o^jôo, de
fragments de phosphore sec, à surface bien purifiée. La colonne de cuivre étant portée
au rouge et la partie médiane du tube, resiée libre, étant maintenue au voisinage
de i5°, le tube est traversé par un courant de gaz carbonique pur et sec, allant du
cuivre au phosphore, et s'échappant dans l'atmosphère par un tube étroit; le gaz arrive
donc au phosphore, dépouillé de toute trace d'oxygène. D'autre part, rinstallation est
telle que le phosphore et l'arrivée du gaz dans l'air peuvent être observés à l'obscu-
rité.
La vitesse d'écoulement n'étant pas trop gr;iiide, le gaz inerte se sature de vapeur de
phosphore au contact prolongé de cet élémenl. Le phosphore est alors ccjuiplétement
obscur, même aux points où le gaz entre en contact avec lui. A l'endroit où le jet
gazeux, chargé de vapeurs de phosphore, pénètre dans l'air, on observe un dégagement
lumineux extrêmement peu intense, si faible que l'œil doit être habitué à l'obscurité
pour l'apercevoir : le gaz se montre très faiblement lumineux sur une longueur de o",ooi
environ; au delà, l'atmosphère reste obscure et ne se charge pas sensiblement de pro-
446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
duits odorants. Le gaz sortant est cependant saturé de vapeurs de phosphore, car le
phénomène lumineux n'augmente pas, si, ralentissant le courant, on prolonge le contact
du gaz avec le métalloïde. Le développement de lumière observé traduit la petitesse
des quantités de phosphore vaporisées.
D'ailleurs, la tension de vapeur du phosphore à i5" étant mesurée par i"'™,o2 d'eau
(M. J. JouBERT, loc. cit., p. a33) et la densité de vapeur du phosphore étant 4,4. 'e
calcul indique, pour i5° et la pression normale, os,ooo535 comme poids de la vapeur
de phosphore qui sature i' d'air. Des dosages elTectués sur le gaz sortant de l'appareil
m'ont donné des chiffres analogues.
Un gaz inerte, saturé de vapeur de phosphore aux températures voisines
de la normale, en contient donc seulement des poids extrêmement faibles,
dont l'oxydation ne produit qu'une phosphorescence presque nulle. Cette
conclusion prend un caractère d'évidence lorsque, sans interrompre la
marche de l'expérience, on mélange une très faible quantité d'oxygène au
gaz arrivant sur le phosphore.
A cet effet, on relie l'ajutage à un flacon rempli d'airet portant une ampoule à robi-
net garnie d'acide sulfurique pur; le robinet de l'ajutage étant ouvert, si on laisse
écouler l'acide dans le flacon, un volume d'air égal à celui de l'acide écoulé est intro-
duit dans l'appareil. Une goutte tombant par seconde et 7' ou 8' de gaz carbonique
s'écoulant par heure, la colonne de phosphore devient faiblement lumineuse dans sa
première partie, puis le gaz sortant de l'appareil donne lieu à des phénomènes de
phosphorescence intenses : le jet gazeux devient fortement lumineux aux points où il
pénètre dans l'atmosphère, et la masse gazeuse, plus dense que l'air, tombe et se
répand, restant lumineuse pendant que s'effectue son mélange avec l'air. Le gaz,
recueilli dans un vase rempli d'un gaz inerte, n'est pas lumineux, mais il le devient
fortement lorsqu'on le verse dans l'air. Des dosages ont montré que l'intervention d'une
faible quantité d'oxygène augmente considérablement la proportion du phosphore en-
traîné.
Quand on fait passer le même gaz dans un tube refioidi à — lo", il se trouve rendu
beaucoup moins phosphorescent à l'air; dans le tube s'est condensé l'oxyde phospho-
rescent chargé d'un peu d'anhydride phosphorique et d'oxj'de de phosphore P*0.
Fait-on passer dans ce tube, détaché de l'appareil et réchauffé vers i5°, un courant
de gaz carbonique pur, ce gaz se charge de l'oxyde phosphorescent et devient forte-
ment lumineux au contact de l'air;. les phénomènes observés ainsi sont identiques
à ceux que donne un courant de gaz carbonique ayant traversé un vase contenant de
l'anhydride phosphoreux; celui-ci est, d'autre part, le seul oxyde de phosphore actuel-
lement connu qui soit spontanément combustible à l'air. La matière condensée dans le
tube refroidi rend phosphorescent un volume de gaz inerte très considérable; la réac-
tion lumineuse qu'elle fournit est d'une sensibilité singulière.
Les observations recueillies en faisant varier les proportions des gaz et
SÉANCE DU r3 FÉVRIER igoS. 44?
leurs vitesses d'écoulement fournissent d'autres renseignements sur la
phosjîhorescence du phosphore.
L'intervention d'un composé oxygéné du jjhosphore, volatil et phospho-
rescent au contact de l'oxygène, apparaît dans la plupart des expériences
anciennes sur la phosphorescence, lorsqu'on les examine au point de vue
indiqué ici. On la retrouve dans des expériences récentes, telles que celles
relatives à l'air ionisé par le phosphore.
Je ferai connaître d'autres expériences que j'ai effectuées sur le même
sujet, dont je poursuis l'étude.
MINÉRALOGIE. — Sur l'isodirnorphisrne.
Note de M. Frédéuic Wali.erant, présentée par M. de T.appareat.
On admettait jusqu'ici que deux corps appartenant à des systèmes cris-
tallins différents ne pouvaient être isomorphes, même si leurs angles avaient
des valeurs très voisines; s'ils se mélangeaient pour cristalliser, ils devaient
donner naissance à deux séries distinctes de cristaux, appartenant au sys-
tème du corps qui prédomine dans le mélange. Autrement dit, on admet
qu'ils sont isodimorphes, c'est-à-dire que si Ab est la modification biaxe,
par exemple, de l'un des corps, Cu la modification uniaxe de l'autre, il
existe une modification Au, uniaxe du premier, se mélangeant à Cu et une
modification Cb, biaxe du second, se mélangeant à Ab; les modifications Au
et Cb n'étant pas stables dans les conditions ordinaires.
Ces conclusions, qui résultaient de l'étude de deux ou trois cas, ne sont
pas suffisamment générales : il était, en elfet, singulier qu'un mélange ne
puisse passer graduellement d'un système à un autre, ce qui revient à dire
que dans un mélange les angles peuvent varier sans toutefois passer par la
valeur de 90°. En réalité, à côté des séries de mélanges AbCb et AuCu, il
doit dans des conditions favorables se produire des séries de mélanges AbCu
et AuCb, dans lesquelles les termes deviennent graduellement uniaxes ou
biaxps.
Un exemple intéressant est celui des mélanges de l'azotate de potasse, quasiternaire
d'apparence oithorliombique et de l'azotate de rubidium rhomboédrique quasi-
cubique. Les axes optiques du premier sont dans le plan A' et leur dispersion est assez
forte, les axes rouges étant moins écartés que les axes violets. Si l'on ajoute graduelle-
ment du RbNO' dans la dissolution du KNO', on voit dans les cristaux obtenus les
axes se rapproclier, de sorte que le cristal devient uniaxe pour le rouge; puis les axes
448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rouges s'écartent dans le plan perpendiculaire, c'est-à-dire dans g^ , et l'imiaxie se
produit successivement pour toutes les couleurs; enfin les cristaux redeviennent nette-
ment biaxes, mais tous les axes étant dans g^. Il est à remarquer en passant que Félé-
vation de température détermine le même efTet (jiie l'augmentation de RbiN'O' et fait
passer dans g^ les axes optiques qui, par refroidissement, reviennent dans leur position
première. Tous ces cristaux sont négatifs, fortement biréfringents et se présentent avec
l'habitus du KNO', l'angle tnin étant légèrement inférieur à 120°. Mais, quand les pro-
portions dans la dissolution deviennent de 10 de RbXO' pour 6 de KNO', les cristaux
ne présentent plus que des faces irrégulières, mal venues et, si la proportion de rubi-
dium augmente, on passe brusquement à une série de mélanges tout à fait difFérenis.
Les premiers termes, c'est-à-dire ceux renfermant le moins de rubidium, sont
encore biaxes, mais l'anyie des axes est notablement plus grand que dans les mélanges
précédents, la dispersion est nulle, la biréfringence faible, et surtout ils sont positifs
comme le RbNO'. La proportion de celui-ci augmentant, l'angle des axes diminue et
les cristaux deviennent finalement uniaxes.
Les modifications des formes cristallines sont particulièrement intéressantes.
Dans les premiers termes, c'est le faciès du KiVO' qui prédomine : on observe les
faces m faisant un angle un peu inférieur à 120° et les faces g^\ puis, dans les termes
suivants, on voit une face g^ et deux faces m prendre un développement prépondérant,
tandis que deux faces m et une face^' diminuent et même disparaissent, de sorte que
le cristal a l'aspect d'un prisme triangulaire régulier. D'autre part, l'exlrémilé ne
présente plus que trois faces, dont l'une, correspondant à la face g^, est beaucoup
plus développée que les deux autres; dans un cristal étudié de plus près, la grande
face fait avec les deux facettes des angles égaux à ii4°32', tandis que celles-ci font
entre elles un angle de ii3°22'. Ces cristaux présentent donc dans leurs formes cris-
tallines une symétrie monoclinique, avec le faciès des cristaux de RbXO', auxquels
ils passent graduellement par régularisation des angles.
Par cristallisation en dissolution, on obtient donc deux séries de mé-
langes : une première résultant du mélange de deux biaxes et correspon-
dant au type AbCb, et l'autre du type AbCu résultant du mélange d'un
biaxe et d'un uniaxe.
Pour obtenir les autres séries, il faut opérer dans d'autres conditions,
faire cristalliser par fusion par exemple. On sait que le KNO^ quasi-ter-
naire à froid passe quand on le chauffe à deux formes rhomboédriques du
type calcite, c'est-à-dire dont les formes primitives sont des rhomboèdres,
,i .2.', i4,:
Fe'O^ 6,0 5,9 3,7 3,4 2,1 5,«; 3,6 6,0 (i,2 3,,> i,(
FeO 1,3 0,8 1,1 0,9 0,6 1,4 (i,4 2,3 2,2 2,4 i ,(
CaO 0,4 0,3 0,7 traces 0,2 0,2 0,4 0.6 0.6 0,1 trace
MgO 0,2 traces traces 0,1 traces 0,6 0,1 traces
K'0 4,4 4,3 5,2 4,4 4,2 4,3 4.3 5,1 4.5 4,3 4,
INa-0 4,0 4,6 4,o 4,o 4.o 4,2 6,2 5,2 ti,i 4,4 3,
100,3 100,3 100,, s 101,2 100,9 100,9 '"0,6 101,2 100,5 100,4 "00:
Densité 2,62 2,51 2,jli 2,60 2,59 2,49 2,5i 2,51 2,47 2,40 a,
(') A ces derniers, il convient d'ajouter une amphibole spéciale, plus commune
dans le bassin supérieur que dans l'autre.
(^) D'après les renseignements communiqués, cette roche ne paraît pas être filonienne.
(') Min. Mag., Vol. XII, n" 57.
{') Les résultats imprimés en caractères gras concernent le bassin supérieur de
l'Aouache et les autres le bassin inférieur.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 45 1
A. MicROGKANiTE DE OiARDJi. — B. Rhïolite DE Karojia. — C. Rhvolite du Morne
Rouge (env. Obock). — D. Rhyolile du Hol-Hol (env. Djibouti). — E. Rhyolite
de Héiabala. — F. G. H. I. J. K. Pantellérites de Moullou, Fanlalé (obsidienne),
Yaba, Tadetchemaika, TclieiTedonza, Baldji (obsidienne).
Ces résullats analytiques montrent quelle étroite corrélation existe entre
les caractères magmatiques et pétrographiques des roches alcalines du
bassin de l'Aouache; il semble donc que ces roches constituent des faciès
de variation d'un même magma acide et sodico-potassique.
Le calcul des analyses, d'après les méthodes préconisées actuellement,
fournit des résultats en accord avec cette opinion; en effet, l'emploi des
paramètres établis par M. Michel Lévy fait de ce magma un magma méga-
potassique oscillant entre les groupes granit o-diorilique et alcalino- grani-
tique; d'autre part, la récente classification américaine conduit à considérer
les pantellérites. peu chargées en oxydes de fer comme représentant, sous
le nom de liparoses, le terme moyen de notre série, lequel passerait aux
grorudoses pour celles riches en ces mêmes oxydes, et aux alaskoses pour
les roches les plus riches en silice (microgranites et rhyolites).
D'après ce qui précède nous avons actuellement en main une série de
documents permettant de démontrer l'énorme extension des roches alca-
lines-acides dans le bassin de l'Aouache; il existe entre la longitude
d'Obock-Djibouti et celle d'Adis-Abeba une bande d'environ Soo'*'" de
longueur, sur laquelle ces roches semblent exister d'une façon presque
ininterrompue.
BOTANIQUE. — Deux 'DixWiQro'iA à palissandre de Madagascar.
Note de M. He.xri Jumelle, présentée par jï. Gaston Bonnier.
Les déterminations botaniques de Baker, de Bâillon et de Vatkc nous ont
fait connaître à Madagascar vingt-cinq espèces environ de Dalbergia; mais
il n'a pas, jusqu'alors, été bien précisé quelles sont, parmi ces espèces,
celles qui fournissent le palissandre qui est exporté, de temps en temps,
de notre colonie.
Baker dit seulement que le Dalbergia Baroni, qui est un des voamboana
des indigènes, dans la région orientale, donne un bois utilisable.
Les renseignements que nous pouvons fournir ici se rapportent |)lutôt à
la région occidentale et spécialement au Boina, où les deux principaux
arbres à pahssaadre seraient ceux dont M. Perrier de la Bathie nous a
452 ACADÉMIE DES SCIENCES.
envoyé des échantillons, sous les noms respectifs de manipika et de manary.
Le manipika, qui serait l'espèce la plus importante et la plus commune,
est un arbre qui se trouve partout dans le Boina, sauf dans les terrains
humides. Son tronc, qui a de lo™ à 25"" de hauteur et quelquefois 3o'^'"
à 4o™' de diamètre, porte des rameaux étalés; il est à écorce jaunâtre.
Les feuilles, imparipennées, sont composées ordinairement de 7 àg paires
de folioles, qui ont, à peu près, la forme des folioles du Dalbergia purpu-
rascens Bail., mais sont plus petites, et surtout moins allongées. Elles sont
elliptiques, arrondies à la base et au sommet, qui est parfois un peu émar-
giné; elles ont de i4"'" à 22"'" de longueur sur 9"'" à i3°"" de largeur, et
sont portées, par des pétiolules de i™™, sur un pétiole principal long de 7*-"'
à lo*^'". Pétiole, pétiolules et les deux faces des folioles sont parsemés de
poils plus ou moins espacés.
Les inflorescences, qui sont terminales ou latérales, sont de grandes
cymes dont les dernières branches tornient des cymes corvmbiformes très
denses, comprenant un grand nombre de fleurs.
Ces fleurs sont blanches et à odeur forte, quand elles sont fraîches;
sèches, elles sont jaunes et marquées de stries longitudinales brunes.
Toutes les ramifications de l'inflorescence sont couvertes d'une forte
pubescence rousse.
Les fleurs ont 4°"" environ de longueur. Le calice (i"™, 8) est velu avec un lobe
caréné, lancéolé, plus long que les quatre autres, qui sont ovales, à peine aigus. Les
pétales sont glabres ; les étamines sont soudées en un seul faisceau ; l'ovaire est revêtu
d'un duvet serré.
Les fruits, à i ou 2 graines, sont également couverts de ce même duvet dense, de
couleur de rouille ; ils sont réticulés aux niveaux des graines, atténués, sans être très
aigus, aux deux, extrémités ; leur sommet est même quelquefois arrondi. Ils ont de
35°^" à 65""° de longueur, sur i3""" à iS""" de largeur.
Aucune partie de la plante ne noircit pendant la dessiccation.
De toutes les espèces de Dalbergia actuellement connues à Madagascar, c'est le
Dalbergia purpurascens qui se rapproche le plus, par ses divers caractères, du mani-
pika. La ressemblance n'est cependant pas complète : dans le D. purpurascens, le
calice et l'ovaire sont bien velus, et il y a un sépale plus long que les autres ; mais les
folioles sont beaucoup plus allongées que dans nos échantillons, et ont presque une
longueur double pour une largeur à peu près égale, puis les dernières ramifications
des inflorescences, qui sont glabres, ont une forme très nette de grappe, que nous ne
retrouvons pas chez le manipika, et enfin la plante étutliée par liaillon est à fleurs un
peu plus grandes et noircit en se desséchant.
Nous nous croyons donc autorisé à considérer ce manipika comme une
espèce nouvelle que nous dénommons Dalbergia boinensis.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER 1900. 4-^-^
Nous avons dit que le second arbre à palissandre de la même région est
le manary.
Sous ce nom indigène, Baker a déjà décrit, en 1890, le Dalbergia In-
chocarpa.
Mais nous devons admettre que les Sakalaves désignent sous un même
terme plusieurs espèces différentes, car les échantillons que nous avons
examinés ne présentent aucun point de ressemblance avec ce Dalbergia.
Notre manary est un arbre de 10™ à 20"" de hauteur, dont le tronc, à
écorce gris noirâtre, et ponctuée de très nombreuses petites lenticelles,
atteint parfois o™,6o de diamètre et devient donc plus gros que celui du
manipika.
L'espèce se plaît principalement en forêts sèches, dans les terrains sili-
ceux du Haut-Bassin de la Betsiboka et de l'Ikopa. On ne la retrouve pas
dans le Bas-Boina.
Les rameaux sont plus fortement lenticelles que ceux du manipika. Les
feuilles, imparipennées, sont composées de quatre paires de folioles très
espacées, alternées, glabres, et qui ont presque la forme de celles du Dal-
bergia Uernieri Bail., mais sont beaucoup plus acuminées. Le pétiole a 10™'
à 13*^™; les pétiolules ont 5""" à 8"™ et les folioles, qui sont ovales, aiguës
à la base, ont de 3™, 5 à 4*^", 5 de longueur, sur a*^"" à 2*"", 5 de largeur,
l'acumen avant de 7™" à 10™'".
Les inflorescences sont de grandes cymes lâches, très ramifiées et dont
les derniers rameaux, qui portent quelques |)oils, forment des grappes al-
longées, de 1'=™ à 2*=", ou même davantage. La floraison a lieu en octobre
et novembre ; les fleurs sont blanches, et n'ont que 2™™ à 3°"" de longueur.
Le calice est glabre, avec un sépale lancéolé plus long que les quatre
autres, qui sont légèrement aigus.
L'ovaire porte des poils épars. Les fruits cependant sont glabres, blancs
à l'état sec, monospermes, réticulés au niveau de la graine. Ils mûrissent
de novembre à mai, et ont de 35'"'" à 40™"' île longueur, sur 18°^™ à 22™""
de largeur.
L'espèce est, pensons-nous, également nouvelle; nous la nommons
Dalbergia Perrieri.
Tels seraient les deux arbres qui fourniraient à Madagascar la plus
grande partie du palissandre de la région de Majunga, lequel est, d'ail-
leurs, assez peu exporté jusqu'alors.
454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la Inologie des Saprolc.gniées. Note de
M. S*AUL Dop, présentée [)ar M. Gaston Bonnier.
J'ai obtenu des cultures pures de Saprolegnia Thureti, recueilli sur un
barbeau, par ensemencement du mycélium dans une solution de peptone
à 4 pour loo, additionnée d'acide citrique à 3 pour looo. Ce milieu m'a
paru plus favorable que ceux décrits par Maurizio, Radais et d'autres au-
teurs.
Deux séries de cultures en milieu peptonisé à la température de 3o° ont
été faites les unes au contact de l'air, les autres en vie anaérobie, l'atmo-
sphère artificielle étant constituée par de l'hydrogène. Dans les cultures
aérobies, le développement est extrêmement rapide, et la culture prend
une forme hémisphérique très caractéristique. La recherche de l'indol dans
le liquide de culture ne m'a jamais donné de résultats positifs. En milieu
anaérobie, le développement est presque impossible, les filaments mycéliens
au lieu d'être réunis en sphère sont épars cà et là, et la culture dépérit
rapidement.
J'ai ensuite cultivé le Saprolegnia Thureti, en vie aérobie et anaérobie,
dans une solution de glucose pur à 4 pour loo, additionnée d'acide citrique
à 3 pour looo. (L'acidité m'a paru nécessaire au développement du cham-
l)ignon.)
Eli vie aérobie, c'esl-à-dirt' dans un milieu très oxygéné, puisque dans mes exjjé-
riences un courant d'oxygène traversait le liquide de culture, le champignon se
développe très facilement. Il dégage une grande quantité d"anliydride carbonique, il
ne donne pas de produits volatils, et l'acidité primitive de la liqueur diminue très légè-
rement. La recherche dans ces cultures des acides acétique, formiqae et oxalique a été
infructueuse.
Contrairement à ce qui se passe pour les milieux peptonisés, la vie anaérobie est
parfaitement possible dans la solution glucosée. J'ai suivi, dans ces conditions, le déve-
loppement du champignon pendant plus d'un mois, à une température oscillant entre
17° et 20°. L'analyse de l'atmosphèrB des cultures m'a montré une production de gaz
carbonique variant entre 236 et 3 pour loo de l'atmosphère totale en 4 à 5 jours. Eti
outre, la distillation au-dessous de 100° du liquide de culture m'a permis de recueillir
une substance volatile formée en assez grande abondance, douée d'un pouvoir réduc-
teur considérable, mais qui ne recolore pas la fuschine décolorée par le gaz sulfureux.
J'ai tout lieu de croire que celle substance se rapproche de l'aldéhyde glycérique déjà
signalée par Péré dans certaines fermentations bactériennes. L'acidité de la liqueur
primitive diminue légèrement et je n'ai pu, dans aucune circonstance, reconnaître la
SÉANCE DU l3 FÉVRIER I9o5. 455
formation d'arides fixes ou volatils. L'aldéhyde forinif[iip n'a jamais apparu. Les pro-
duits visibles de cette fermentation anaérobie se réduisent donc à l'aldéhyde glycé-
rique et au gaz carbonique. Cette vie annérobie ne peut se poursuivre indéfiniment,
car, après un mois, mes cultures présentaient un notable aft'aiblisseraent.
Ces cultures m'ont amené en outre à une autre remarque : j'ai pu cultiver ce cham-
pignon dans des dissolutions faites avec une eau ne renferniant que des traces de
substances minérales. Il s'y développait très bien, tandis que dans le liquide de Nœgeli,
par e.\emple, le développement était difficile.
En résumé, le Saprolegnia Thureti peut être, en présence du glucose,
facultativement aérobie ou anaérobie. Dans ce dernier cas il produit une
fermentation complexe dont un des terines est probablement l'aldéhyde
glycériqiie. Enfin ce champignon peut vivre dans des milieux ne renfer-
mant que des traces de substances minérales.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Consommation de matières odorantes chez la plante
étiolée. Note de MM. Eue. Charabot et Alex. Hébekt, présentée par
M. Halle:-.
Nous nous sommes occupés déjà (') de l'irifliience de la lumière sur l'ac-
cumulation des composés odorants chez la plante. Comparant la menthe
poivrée (^Mentha piperita) , cultivée à l'ombre, à la même plante ayant vécu
à la lumière, nous avions constaté que cette dernière renfermait plus d'es-
sence que la plante étiolée. Mais nous ne nous étions nullement préoccupés
d'observer les variations subies chez le végétal à partir du moment oîi il est
privé de lumière. Dans le but de combler cette lacune nous avons effectué
une nouvelle série de recherches à l'aide du basilic (^Ocymum basilicum).
La question ainsi envisagée présentait l'intérêt de se rattacher au problème
du rôle physiologique des matières odorantes.
Un peu avant l'époque de la floraison, le 4 juillet igo^, les plantes ont été divisées
en deux lots : le premier renfermant les végétaux témoins cultivés en pleine lumière;
le second, des pieds de basilic abrités contre la lumière solaire et maintenus ainsi jus-
qu'au moment de la floraison complète des sujets témoins, c'est-à-dire jusqu'au
26 août.
Le 4 juillet, le jour même où l'expérience commençait, la plante fut analysée et un
lot fut soumis à la distillation de façon à déterminer la quantité d'essence renfermée
dans chaque pied, ainsi que sa composition. Puis la même opération fut répétée le
{^yXomples rendus, t. CXXXVIII, p. 38o.
/i56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ofi août, (l'une pari aver li- lot île plantp"; ((■moin'i, d'aiitr-f piirt avec les pieds rie ba-
silic olioU's. Ces flpiniers, exempts de fleurs, portaient des feuilles d'un vert clair à
pétioles allongés.
Les parties aériennes de chaque pied pesaient, le .'i juillet, 37^,8; elles atteignaient,
le 26 août, le poids de SaSi'.G (dont 256s, 5 d'organes verts) à la lumière, et seulement
le poids de 79^, .5 à Tombre. L'augmentation de poids de la plante étiolée est donc
faible et encore porte-t-elle surtout sur l'humidité.
Voici les résultats de Tanalvse des huiles essentielles, ainsi que les
nombres faisant connaître le poids de leurs principes constitnlifs dans
les diverses plantes soumises à notre examen :
Essence extraite le 5G aoiH
Essenee extrait
fies
plantes témoi
ins.
des plantes
éliokvs.
Tiges
(Plantes
et
Inflnres-
I>lantes
Plantes
entières).
fcnilies.
cenees.
entières.
entières.
Estragol
.. 5l,5»/o
73,0 "/„
53, , «/„
57,3 7o
74,2 »/o
Composés terpéniques (
'). 48,5 7o
37,0 "/o
46,9%
42,7 Vo
2.5,8 »/„
Huile essentielle
Estragol
Composés terpéniques.
'r,i,ls
Poids
menu
eontenii
(1.-10 s
dans Ic-s
parties
inflo-
ertes
rescenre
n pie.l.
,run piec
. '"-.
i6S,'o
37,9
89,2
14,0
78,8
'9,9
Plantes
étiolées.
Poids
rontenu
dans un
îied entier.
9.3
3,2
On voit donc que, du ./j juillet au 26 août, époque de la floraison com-
plète : 1° lorsque la plante vit à la lumière, le poids d'estragol augmente
de 27"^^ g dans les parties vertes de chaque pied, et de ii7"'^,i dans le
pied entier; le poids de composés terpéniques s'accroît en même temps de
4"^, 5 dans les organes chlorophylliens d'un pied et de 83""^, 3 dans le vé-
gétal entier; 1° au contraire, à l'obscurité il v a consommation d'estragol et
de composés terpéniques, mais ce sont stirtout ces derniers qtii dispa-
(' ) L'essence de basilic renferme de l'estragol ( para-métlioxyalhlbenzène) et des com-
posés terpéniques (linalol, C'"'H'"OH et eucalyplol C'"H"0, notamment).
SÉANCE DU l3 FÉVRIER IQoS. '1*^7
raissent : le poids d'estragol diminue tie o'"-, 7 seulement, celui de com-
posés terpc niques de 6"'^, 3.
En résumé, il ressort de ces observations que, à l.'ahn de la htmièir, la
plante est susceptihie de consommer l'huile e<:srn!ieUe qu'elle ren feime et notam-
ment les composes terpéniques.
Ces résultats montrent déjà que les matières odorantes ne sont pas
comme on a l'habitude de l'affirmer, d'une façon tout à fait gratuite
d'ailleurs, des composés d'excrétion désormais inutilisables. Lorsque la
plante, |)lacée dans l'obscurité, n'assimile plus que fiùblement le gaz car-
bonique de l'air, ces substances sont détruites soit pour contribuer à la for-
mation des tissus, soit pour fournir une fraction de l'énergie que n'apporte
plus la lumière.
ZOOLOGIE. — Bougainvillia fruticosa Allm. est le faciès d'eau agitée du
Bougainvillia ramosa Van Ben. Note de M. Paui, Hallez, présentée par
M. Delage.
Comme le fait observer Allman (Monoffr. 0/ ihe Gymnobl. Hydroids,
p. 3ij), B. fruticosa est étroitement allié à //. ramosa. Les caractères dis-
tinctifs que cet auteur énumère sont bien secondaires.
L'hydranthe de B . fruticosa est plus cvlmdrique et plus élancé que celui
de B. ramosa, le pcrisarqne le recouvre moins que chez B. ramosa. Les
tentacules de B. fruticosa, au nombre d'environ quatorze, sont générale-
ment courbés, alternativement dressés et rejelés; les tentacules de B. ramosa,
au nombre d'environ douze, sont plus droits, mais de même alternative-
ment dressés et rejetés. A l'origine des branches, il n'y a pas d'annulations
chez B. fruticosa; il y en a chez B. ramosa. lînfîn Allman ajoute que peut-
être l'on peut encore noter, comme différence, l'attitude des tentacules
marginaux de la Méduse récemment libéiée : ces tentacules pendraient en
ligne droite dès leur point d'intersection chez B. fruticosa, tandis que, dans
l'espèce de Van Beneden, ils se dirigeraient d'abord liorizontalement sur
une courte longueur pour prendre bientôt une direction parallèle à l'axe
de la Méduse. Telles sont les différences spécifiques relevées par Allman.
Par tous les autres caractères, les deux espèces se confondent.
Ces caractères distinctifs, déjà si minimes, ne sont pourtant pas absolus.
D'abord le nombre des tentacules varie d'un hydranthe à l'autre dans les
deux espèces. Hincks compte environ vingt tentacules et Van Beneden dix
C. H., 190.'), I" Semestre. (T. C\L, ^• 7.) '^9
458 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à dix-sept chez B. ramosa. J'en ai compté quatorze à vingt tant clans les
colonies du Portei que dans celles que j'ai demandées à Naplespourla com-
paraison. Chez B. Jruticosa, provenant de Naples ou du Forlel, le nombre
des tentacules oscille entre douze et seize, chez les hydranthes complète-
ment développés bien entendu. L'absence des annulations chez B. Jruti-
cosa n'est certainement pas générale, car ces annulations sont très nettes
sur les exemplaires de Naples comme sur ceux du Portei, et même parfois
beaucoup plus accentuées que sur certaines branches de B. ramosa. J'ajou-
terai qu'il est parfois difficile de pouvoir distinguer les hydranthes d'une
espèce de ceux de l'autre. Même sur les figures de B. fruticosa et de B. ra-
mosa données par Allman, on ne trouve pas les différences que cet auteur
signale dans son texte relativement à la forme de l'hydranthe et au dévelop-
pement du périsarque qui l'enveloppe plus ou moins. La direction particu-
lière de'S tentacules marginaux de la Méduse de B. ramosa, indiquée, avec
doute d'ailleurs, par Allman comme pouvant constituer un caractère spé-
cifique, me paraît sans valeur. Cette particularité n'est signalée ni par Van
Beneden ni par Hincks qui tous deux figurent cette Méduse qui ne se dis-
tingue pas de celle de B. fruticosa.
Si j'avais à différencier ces deux espèces, c'est sur l'aspect des colonies
que je me*; baserais. Les colonies de B. ramosa sont plus grêles, moins
touffues, plus régulièrement ramifiées que celles de B. Jruticosa; les colo-
nies types ne présentent pas de," stolonisation. L'aspect touffu vraiment
remarquable des belles colonies de B. Jrulicosa tient au phénomène de la
stolonisation. C'est à ce phénomène qu'est dû l'aspect « much branched,
with the main stems composed of aggregated tubes » signalé par Allman.
En effet les stolons, qui peuvent atteindre facilement 2"™ et plus sans se
ramifier, se dirigent souvent parallèlement aux branches sur lesquelles ils
prennent naissance et en y restant accolés, ce qui produit, notamment sur
la branche principale, l'aspect décrit par Allman.
Le 25 août de l'année dernière je trouvai, dans le produit d'un dragage fait au
Porlel, un Sertularia argentea EU. et Sol. qui portait quelques petites branches de
B. ramosa. J'en prélevai une que je montai pour la collection, car celte espèce n'avait
pas encore été signalée dans le détroit du Pas-de-Calais. Puis je remis le Sertularia
dans une cuvette que je plaçai dans un bac de l'aquarium directement sous le jet d'eau
qui produisait dans la cuvette une agitation assez grande. Occupé à d'autres travaux,
je n'examinai de nouveau l'échantillon que dans les premiers jours d'octobre, à la
veille de mon départ du laboratoire maritime. Je ne reconnus pas l'échantillon et je
crus d'abord qu'on l'avait remplacé par un autre, bien que le bac portât une éliquelte
indiquant qu'il était réservé. Le Sertularia était entièrement envahi par le Bougain-
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 459
villia qui formait une forte touffe très dense, présentant une abondante stolonisation,
ce qui le rendait méconnaissable. La production des Méduses était très active et les
hydranlhes paraissaient plus rares, plus clairsemés, par suite de rallongement de toutes
les parties de la colonie. Cet allongement général explique la forme plus élancée des
hydranlhes signalée par Allman chez B. fruticosa et c'est à l'allongement de la base
des hydranthes qu'il faut attribuer la dispersion irrégulière des gonophores le long des
rameaux chez B. fruticosa, gonophores qui sont disposés par grappes chez 5. /-amosa.
De ce qui précède il résulte à mon avis que B. ramosa et B. fruticosa
ne sont que deux faciès d'une seule el même espèce : B. ramosa est le faciès
des eaux calmes, B. fruticosa celui des eaux agitées.
Les quelques indications que nous possédons sur l'habitat de ces deux
Boiigainvillia corroborent cette manière de voir. Allman dit qu'il a trouvé
B. fruticosa attaché à une bouée et à des bois flottants, c'est-à-dire dans
des conditions d'agitation continue, tandis que B. ramosa vit dans la zone
des corallines el des eaux profondes, c'esl-à-dire dans l'eau normalement
calme. Billard (^Ann. Se. nat., 1904) fait observer que les espèces stoloni-
pares qu'il a étudiées sont pour la plupart des espèces littorales. Or les
espèces littorales sont bien plus que les autres soumises à l'agitation.
L'exemple de Bougaimiltia est une nouvelle preuve de l'action morpho-
gène de l'eau en mouvement signalée par Giard chez Campanularia calicu-
lata Hincks (^Comptes rendus de la Société de Biologie, 1 898).
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches expérimentales sur les relations
entre la pression artérielle et les doses de chloroforme absorbées; r examen
continu de la pression artérielle permet d'éviter sûrement tous les accidents
de l'anesthésie chloroformique, quel que soit le procédé de chloroformisation
employé. Note de M. J. Tissor, présentée par M. Chauveau.
Les faits connus actuellement sur l'action du chloroforme démontrent
qu'il provoque la mort par son action toxique sur le cœur ou les centres
nerveux cardiaques. Il est facile d'étudier cette action toxique sur le cœur
en remplaçant l'examen direct de la contraction cardiaque par celui de la
pression artérielle qui en reproduit fidèlement les modifications. Le but de
ces recherches a été d'étudier les relations qui existent entre les doses de
chloroforme absorbées et les modificalions de la pression artérielle qu'elles
déterminent. Cette étude, jointe à celle des modifications que les mêmes
doses de chloroforme impriment aux mouvements respiratoires, m'a donné
1^" ACADÉMIE DES SCIENCES.
(les résultats pratiques intéressants et m'a permis d'établir une comparaison
entre les valeurs respectives des différents procédés utilisés pour se ren-
seigner sur le degré d'intoxication.
Dispositif ea:péri,nental. - Il est le même que celui qui a élu décrit dans une Note
précédente On prend un graplùque de la pression artérielle et de la respiration et Ton
fau vaner la dose de chloroforme administrée comme il a été indiqué dans cetle même
l^ote. Un peut dniser eu quatre catégories les faits que j'ai étudiée.
I" L'action déprimante du chloroforme sur le cœur ou sur la pression arté-
rielle croît régulièrement avec la dose de chloroforme absorbée.
Si chez un animal anesthésié, on fait croître progressivement la dose
de chloroforme administrée, on voit la pression artérielle subir une dimi-
nution parallèle jusqu'au voisinage de la dose mortelle pour le cœur
Le phénomène est complexe à étudier parce qu'il n'y a pas que les chan-
gements de la dose de chloroforme dans l'air inspiré qui fassent varier la
proportion de chloroforme dans le sang; il y a d'aulres facteurs, principa-
lement es modifications de la ventilation pulmonaire. Si l'on tient compte
de ces différents facteurs, il est plus exact
1 , 1
2,2
- 4
4
2
20 a
— 14 £
— 20 £
— 20
-'4
22
10
16
— 21
î I
— 16
a 1
.4 à .
19 a I
II
a I
Je n'ai pas besoin d'insister sur l'étrangeté de ces résultats si on les juge
avec les idées reçues jusque dans ces dernières années, mais ces pheno-
mènes paraissent mom
s extraordinaires si 1 on suppose que
la zone où la tem-
47° ACADÉMIE DES SCIENCES.
perature cesse de descendre Jorme la limite de la partie de l'atmosphère où les
mouvements à composante verticale intense se produisent. Alors on peut com-
prendre que, plus les phénomènes qui comportent des courants à compo-
sante verticale, tels que les cyclones ou anticyclones, ont une grande
épaisseur, plus le régime des isothermes systématiquement décroissantes
s'étend en hauteur, plus aussi la température continuant à diminuer peut
atteindre des valeurs basses; et l'on conçoit alors que les isothermes de la
haute atmosphère présentent des variations importantes.
Il y a plusieurs années que cette conception s'est présentée à mon esprit
et que j'ai cherché à la vérifier. Jusqu'ici tous les faits observés ont donné
raison à cette hypothèse. Je citerai les vérifications suivantes :
On sait que dans les régions basses l'air sort des maxima barométriques, ces phé-
nomènes s'alimentant à des hauteurs variables suivant les circonstances, ce que
montrent très bien et la marche des nuages et celle des ballons-sondes. Dés que l'air
commence à descendre dans le m£(ximum, il doit se produire un échauffement par
compression; l'endroit où l'air qui s'est élevé dans les dépressions ou autrement com-
mence à redescendre doit être le point où sur une même veine fluide la température
est la plus basse. Or, justement, nous remarquons que les températures les plus froides
s'observent à une certaine distance des dépressions barométriques et au voisinage du
centre des hautes pressions : ces températures ne sont pas symétriquement distribuées
par rapport aux dépressions, mais se rencontrent surtout à l'avant. Nous savons d'autre
part, par les cirrus et par la marche des ballons-sondes, que les mouvements aériens
commandés par les dépressions s'étendent bien plus haut à l'avant qu'à l'arrière des
dépressions.
Ainsi nous observons que les températures les plus froides se placent
justement là oîi les mouvements ascendants atteignent les couches les plus
élevées et que la zone isotherme se rapproche du sol dans les régions où
l'air supérieur n'est pas manifestement animé de mouvements à grandes
composantes verticales.
M. A. lÎLOT demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui le
12 décembre igo3, dont le dépôt a été accepté par l'Académie le i4 dé-
cembre 1903 et qui a été inscrit sous le n° 6767.
Ce pli est ouvert en séance par M. le Président.
Il contient un Mémoire sur l'Aviation mécanique.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
La séance est levée à 4 heures et quart.
G. D.
SÉANCE DU l3 FÉVRIER igoS. 471
BULLETIN BIBLlOGItAPHIQUË.
Ouvrages iieçus dans la séance du 3o janvier igoS.
(Suile.)
Die Ermilthing des richligen elektrody namischen Elementargesetzes aiifGrund
allgeinein anerkannler Thatsaclien and auf dam Wege ein fâcher Anschauung,
von Franz Kerntler. Budapest, igoS; i fasc. in-S».
The Scottish national antarclic Expédition ; Second antarclic voyage of the « Sco-
tiay, by J.-H. Harvet Pirie and R.-N. huDMOSE BroWn; willi map and illustrations.
Edimbourg, s. d.; i fasc. in-8°.
Geograjia fisica y esferica de las proi'incias del Paraguay y Missiones Gua-
raniès, por Don Félix de Azara; bibliografia, prologo y anotaciones por R. Schullër.
{Anales del Museo nacional de Montevideo. Seccion hislorico-filosofica. tomo 1.)
Montevideo, igo^; i vol. in-8°.
Anuario del Obscrvatorio ast/onomico nacional de Tacubaya, para cl ano de igoj,
ano XXV. Mexico, igo4; i vol. in-12.
Boletini inensal do Obserçatorio do Rio de Janeiro, Janeiro a junho de igo^. Rio
Janeiro, Imprimerie nationale, 1904; i fasc. in-8°.
The astrophysical Journal, an international Review of Speclroscopy and astrono-
mical Physics, edited by George-E. Hale and Edwi.n-B. Frost; vol. XXI, number 1,
january igoS. Chicago; i fasc. in-S".
Publications of the Verkes Observatory of the University of Chicago; vol. II.
Chicago, 1904; I vol. in-4°.
Memoirs of the Muséum of comparative Zoôlogy at Harvard Collège; vol. XXXI.
The panamic deep sea Echini, by Alexander Agassiz. Cambridge, Étals-Unis, 1904;
texte et planches, 2 vol. in-4''-
Atti délia R. Accademia dei Lincei, anno CCXCVllI, 1901, séria quinla : Memorie
délia Classe di Scienze fisiche, matematiche e naturali; \o\. IV. Rome, 1904; i vol.
in-4».
Ouvrages reçus dans la séance w 6 février igo4-
Les bases de la Météorologie dynamique; historique, état de nos connaissances,
par H.-HiLDEBRAND Hildebrandsson et Léo.n ïeisserehc de Bort; 7' livraison. Paris,
Gauthier -Villars 1904; i fasc. in-8°. (Présenté parM. Mascart. Hommage des auteurs.)
Les centres nerveux, physiopathologie clinique, par J. Grasset; avec 60 figures
et 26 tableaux. Paris, J.-B. Baillière et fils, igoS; i vol. in-8°. (Présenté par M.
Bouchard. Hommage de l'auteur.)
Annales scientifiques deVÉcole normale supérieure, publiées sous les auspices du
'^72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Minisire de l'Instruction publique, par un Comité de rédaction composé des Maîtres
de Conférences de l'Ecole; 3e série, t. XXII, année .900, n" 1, janvier. Paris, Gauthier-
Villars; i fasc. in-^".
Bulletin international du Bureau central météorologique de France. Directeur ■
E. Mascart, Membre de l'Institut; 46= année, n- 1-31. janvier igoD. Paris; 3, feuilles
in-^".
Ville de Paris. Annales de rObsermtoire municipal ( Observatoire de Mont^ouris)
publiées trimestriellement sous la direction des Chefs de service; t. V année loo/i
3« fasc. Paris, Gauthier- Villars ; i fasc. in-8".
Annales de Vlnstitut Pasteur; 18= année, i. XVIII, n° 1, o5 janvier .qo5 Paris
MassonetC-; , fasc. in-8°. ^ • raris,
Bulletin de la Société entoniologique de France; igoS, n° 1. Paris, au sié-^e de la
Société ; i fasc. in-8°. ^
L'Électrochimie, revue mensuelle des Sciences et de l'Industrie; actualités scien-
tifiques, radiologie médicale. Directeur : Adolphe Minet; ..«année, n" 1 janvier ,ûo5
Paris; i fasc. in-4''. '•" ^
Revue générale des Sciences pures et appliquées. Directeur : Louis Olivier- parai.-
sant le 10 et le 3o de chaque mois; 16' année, n- 1 et 2, janvier 190,5. Paris, krmand
(,.olin; 2 fasc. in-4°.
Theproper motions of ihe Hyades, derived from plates prepared by prof. Andehs
Do.NNER measured and d.scussed by prof. J.-C. Kaptey. and W. de S.tter; Publica-
tions^ ofthe Astronomical Laboratory at Groningen, n" 14. Groningue, 1904; , fasc.
UeberdieelastischeNach.irAung bei Aneroid-Barographen, v. Elmar Rosenthal.
(Exlr. du Bulletin de V Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbour'r
5« série, t. XIX, n" 3, octobie igoS.) i fasc. ln-4<'. *'
[A suivre.)
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER- VILLARS,
Quai des Grands- A uguslins, n° 55.
puis r83i les COMPTES RENDUS hfibiiomadaires paraissent régulièremenl lo Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4". [icm
!S, l'une par urdro al()liabélii|ue des matières, l'autre par ordre alphabétique des noms d'Auteurs, termitiont chaque volume. L'abonnomeiil cï^i annuel
ri du i" Janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit:
Pari.s : 30 Ir. — Départements: 40 fr. ~- Union [lostalc: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
Courtin-Hecqueu
, Germain et Gras, in
xne Jérôme.
çon Régnier.
, Feret.
-"- Laurens.
' Muller ((
•es Kenaud.
1 F. Kobert.
• ' Oblin.
' Uzel frères.
. Jouan.
ibe,^....
. Perrin.
. . , 420
M. A. Hansky. — Observations actinomé-
triques faites au sommet du mont Blanc. !\-i-i
M. Hadamard. — Sur les équations liné-
aires aux dérivées partielles [s,ih
M. Maurice Fouohe. — Sur la déviation des
graves 42-
M. L. H0ULLEVIGUE. — Épaisseur des lames
transparentes de fer 4^8
M. Charles Nordmann. — Enregistreur à
écoulement liquide de l'ionisation atmo-
sphérique 430
MM. Ch.-Eug. Guve et P. Denso. — Sur la
chaleur dégagée dans la paraffine soumise
à l'action d'un champ électrostatique tour-
nant de fréquence élevée 433
M. A. Co.NDUCHÉ. — Sur une nouvelle réac-
tion des aldéhydes et l'isomérie de leurs
oxydes 434
M. Lespieau. — Action de l'acide cyan-
hydrique sur l'épiéthyline 436
MM. L. BouvEAULT et A. Wahl. — Sur la
nou-existence de deux dioximidobutyrates
d'éthy le stéréoisomères 438
M. liuQlîNE Roux. — Sur la transformation
de l'amylocellulose en amidon 440
MM. .\ndhe Brochet et Joseph Petit. —
Sur l'électrolyse d'acides organiques au
moyen du courant alternatif 442
M. E. JuNGFLEiscH. — Sur la phosphores-
cence d u phosphore 444
Bl LLKTIN UIBLIOGRAPHIQIE
M. FREDERIC Wallerant. — Sur l'isodimor-
phisme ^^-
M. H. Ars.andaux. — Sur l'extension des
roches alcalines dans le bassin de l'Aouache. 449
M. Henri Jumelle. — Deux Dalbergia à
palissandre de Madagascar ;^5r
M. Paul Dop. — Sur la biologie des Sapro-
légniées 454
MM. EuG. Charabot et Alex. Hébert. —
Consommation de matières odorantes chez
la plante étiolée 455
M. Paul Hallez. — Bougainvillia fruticosa
Ail. est le faciès d'eau agitée du Bougain-
villia ramosa Va n Ben 45^
M. J. TissoT. — Recherches expérimentales
sur les relations entre la pression artérielle
et les doses de chloroforme absorbées;
l'examen continu de la pression artérielle
permet d'éviter sûrement tous les accidents
_ de l'ancslhésie chloroformique, quel que
soit le procédé de chloroformisation em-
ployé , 459
MM. A. MouTiER et A. Challamel. — Étude
comparative sur l'action de la cage auto-
conductrice et du lit condensateur dans
le traitement de l'hypertension artérielle
parla d'.\rsonvalisation 4(12
M. Maurice .Mendelssohn. - De l'action du
radium sur la torpille ( Torpédo marmo-
rala) 403
M. JulesBergeron. — Surla tectonique de la
région située au nord de la Montagne Noire. 466
M. L. Teisserenc de Bokt. — Variation de
la température quotidienne dans la haute
atmosphère 46^
M. A. Blot. — Ouverture d'un pli cacheté,
contenant un « Mémoire sur r.\viation
mécanique » 470
PARIS. - IMPRIMERIE G A UT H l E R - V I L L A R S.
Quai des Grands-Augustins. 55.
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS,
TOME CXL.
iT 8 (20 Février J905).
PARIS,
GAUTHIER-YILLARS, IMl'UIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Giands-Augusiins, 55.
1905
RÈGLEMENT REimP AUX COMPTES RENDUS
DANS LES SÉANCES DES 23
►«HSMÏH
JUIN 1862 ET 24 MAI 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de L' Académie SQ composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l''
— Impression des travaux
de V Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
oupar un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu delà semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent, au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3>. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qj
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séancn
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Swi
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés pardespersd
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i >
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires 11
tenus de les réduire au nombre de pages requi i
Membre qui fait la présentation est toujours noi 1
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet e a
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils 1(
pour les articles ordinaires de la correspondance l
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être i
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être rei
temps, le titre seul du Mémoire est inséré da
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoj
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part
Les Comptes rendus ne contiennent ni plam
ni figures. /
Dans le cas exceptionnel où des figures seri
autorisées, l'espace occupé par ces figures com|
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais de
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rappo:
les Instructions demandés par le GouvernemenI
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administri
fait un Rapport sur la situation des Comptes re I
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du '
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés
époser au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance sui
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 20 FÉVRIER 190o,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Obsen'ation de V éclipse pari ielle de Lune du U) février 190J;
par M. G. BiGOURDAJT.
Lorsque cette éclipse a commencé ('), le ciel était presque entièrement
couvert, et il est resté couvert ou très brumeux jusqu'à 7 heures.
La brume a ensuite diminué peu à peu, mais dans la lunette (') la limite
de l'ombre était extrêmement vague, et les détails de la surface lunaire
étaient très peu visibles.
A partir de 7''5o'° le ciel a été assez pur et l'on a pu faire les observations
suivantes où les heures, comme les précédentes, sont données en temps
moyen de Paris :
7.5i .5o la limite de l'ombre est tangente au premier bord de Plato.
7.53.35 la limite de l'ombre est tangente au second bord de Plato.
Longueurs de la cordç de lu partie éclipsée.
i. s! 46'
8. 10. 32
8. II .54
8.13.42
i3.
.11
1 1
.41
9
.55
• 7
.11
(') Heures calculées, d'après la Connaissance des Temps
Entrée dans l'ombre 6. 3, 1
Sortie de l'ombre 8.16,0
(^) Equatorial de la tour de l'Ouest.
C. R., i9o5, I" Semestre. (T. CXL, N» 8.)
/■["/j ACADEMIE niîS SCIENCES.
A 8''i5'"io/ on voit encore une trace d'assombrissement sur le bord de
la Lune, au point où l'ombre vient de disparaître; cela est peut-être dii
déjà à la pénombre. Cette heure paraît être celle de la sortie de l'ombre.
A l'œil nu, cet assombrissement était plus visible, et il se voyait encore
à 8'' 25™. On a même cru l'entrevoir jusqu'à 8''5o™, mais ce n'est pas
certain.
CHIMIE ORGANIQUE. - Sur une nouvelle mél/iodc de synthèse de dérivés
alcoylés de certains alcools cycliques saturés. Préparation d'homologues du
menthol. Note de MM. A. Haller et F. M.vrch.
L'un de nous (') a montré, il y a quelques années, que lorsqu'on fait
agir, à une température de 200°, des alcoolates de sodium sur le camphre,
on n'obtient, dans le cas de l'éLhylate de sodium, rien que du bornéol et
de l'isobornéol, tandis que, si l'on opère avec des propylate, isobutylate et
amylate de sodium, il se forme, outre ce mélange de camphols (-), des
huiles dont la composition est intermédiaire entre celle des camphres et
celle des bornéols alcoylés :
/CH.C"H="+' /CH.C"H="+'
\co ce - OH
Opère-t-on avec du benzvlate de sodium ('), à une température de 220°-
225", on obtient, avec un excellent rendement, du benzylcamphre, accom-
pagné d'un produit huileux, qui est sans doute du benzylbornéol, et du
benzoate de sodium. Ce benzylcamphre a été identifié avec celui préparé
par d'autres voies, notammment par réduction du benzylidène-camphre et
dans l'action du chlorure de benzyle sur le camphre sodé.
Nous nous sommes proposé d'étendre cette réaction à d'autres cétones
c\r-
cvcliques renfermant le complexe 1 , notamment à la p-méthvlcyclo-
■' CO " ■
hexanone, dans le but d'obtenir, par une nouvelle méthode, les homologues
de la menthone que l'un de nous a récemment décrits.
(') A. Hallkr, Coinples iendus,l. C\II, lî^gi, p. 1/190.
(^) L'élude de ces huiles a élé reprise en collaboruLion avec M. Minijuin et fera
l'objet d'une prochaine Communication.
(') A. Halli-u, Coinples rendus, t. CXL, i<)o5. p. 107.
SÉANCE D€ 20 FÉVRIER I905. 475
A 220°-225", en autoclave, les alcools sodés réagissent, en effet, sur la
p-méthylcyclohexanone, mais, contrairement à noire attente, c'est l'alcool
alcoylé correspondant qui prend naissance, et non la cètone alcoylee. La
p-méthylcyclohexanone échappe d'ailleurs en partie à l'alcoylation, par
suite de sa réduction en fi-méthylcyclohexanol, ce qui diminue considé-
rablement les rendements. Ces derniers, assez faibles pour les premiers
termes des alcools de la série grasse, augmentent cependant avec le poids
moléculaire de l'alcool. Nous avions déjk fait la môme remarque dans
notre étude sur l'action des alcoolates sur le camphre.
On retrouve également dans les soluiions aqueuses les acides correspon-
dant aux alcools employés, de sorte que la réaction peut s'exprimer :
Cil Cl'- /\
H^c<">cii^ CH^ ^^H^ <^^"^ V"^ -.Rroom
I I -HR.CH^ONa + H.CH^OI!= 1 I + I ' ^^
llH-,„ ..co <-"^ <^HOH CiP CHOU
CIP— R
L'alcoylation ne s'arrête pas à une monosubstitution. On a réussi, dans
certains cas, celui de l'alcool benzylique par exemple, à isoler le dérivé
dialcoylé, mais avec les alcools de la série grasse la séparation de ce com-
posé est rendue plus difficile par la présence des produits de la polyméri-
sation de la p-méthylcyclohexanone sous l'influence des alcalis.
Quant à la fixation du radical de l'alcool, elle se produit sur l'atome de
carbone en position (4 ou e) de la p-méthylcyclohexanone. L'un de nous
a en effet récemment montré, et par la synthèse des homologues de la
menthone (' ), et par celle de la menthone elle-même (-), que telle est la
constitution des alcoylcyclohexanones méthylées, obtenues par l'action des
iodures alcooliques sur la (i-mélhylcyclohexanone sodée par l'amidure de
sodium. Toutes ces alcoylméthylhexanones fournissent, par réduction, des
alcools identiques avec ceux préparés par la méthode des alcoolates.
Action de l'alcool propylique sodé. Mélhyl-i-propyl-l\-cyclohexanol-'i. —
On a chauffé en autoclave, à 2i5°-22o", pendant 12 heures, un mélange
de 112S (i"""') de p-méthylcyclohexanone provenant de la pulégone
(') Â. Maller, Comptes rendus, t. CXL, igoâ, p.
(^) A. Haller el C. Martim;, Ibid., p. i3o.
476 ACADÉMIE DES SCIENCES.
([a ji, = — i2°24'), avec du propylale de sodium, obtenu en dissolvant 28*^
de sodium dans ■iBo'^ d'alcool propylique. A l'ouverture de l'autoclave on
ne constate qu'un faible dégagement gazeux. On traite par l'eau et on
extrait avec de l'éther. Après avoir été desséchée sur du carbonate de po-
tasse anhydre, la solution éthérée est distillée à la pression ordinaire pour
chasser l'éther et l'alcool propylique en excès. L'huile restante est fina-
lement rectifiée dans le vide. Une première fraction, constituée princi-
palement par du p-méthylhexanol mélangé d'un peu de cétone, passe entre
75° et 90" sous 20™'" de pression, puis la température s'élève rapidement
jusqu'à loS". On obtient une fraction assez abondante de loS"^ à ii5°, sur-
tout entre 107" et 110°. Le thermomètre monte ensuite peu à peu jusqu'à
25o"; il passe alors un liquide jaune, très épais et il reste dans le ballon
une masse résineuse assez abondante.
La portion passant de 75° à 90" a été traitée par de l'anhydride phtalique
à une température de i4o° et le phtalate acide, qui a pris naissance, a
fourni par saponification avec les alcalis un liquide distillant en majeure
partie à 78''-7q" sous 16™'". C'est du [i-méthylcyclohexanol, comme l'analyse
et son identification avec le fi-méthylcyclohexanol obtenu par réduction
directe de la méthylcyclohexanone le démontrent.
Nous avons en effet préparé l'hexanol en traitant cette cétone par du
sodium et l'alcool absolu. Bien que le point d'ébullition du corps ainsi
obtenu coïncide avec celui de l'hexanol isolé comme produit secondaire
dans noire réaction, nous avons cru devoir pousser l'identification plus
loin et préparer la phényiuréthane correspondant à chacun de ces alcools.
Ce dérivé s'obtient en abandonnant la soJution des fl-mélhylhexanols dans
la ligroïne avec de l'isocyanate de phényle. La phényiuréthane ne tarde
pas à cristalliser. On la purifie en la soumettant à une série de cristallisa-
tions dans l'éther de pétrole et l'alcool. Elle se présente sous la forme de
prismes blancs solubles dans la plupart des dissolvants organiques.
Nous résumons dans le Tableau suivant les constantes physiques des
deux hexanols et de leurs phényluréthanes :
p. d'ébullilion. P. Je fusi<.n. P. roi. [ï]„.
p-mélhylcvcloliexanol (obtenu comme
produit secondaire) 78°-79° sous 16'""' — 4-4'T
Phényiuréthane correspondante ii6"-ii7° — 17. ^-'iCj
P-méthylcyclohexanol (par réduction
de l'hexanone) 8i°-82" sous iS"""^ -—4-45
Phényiuréthane correspondante ii6°-ii7'' »
(') Solution dans l'alcool absolu. En solution beuzénique [a],,^ — 26°22'.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER igoS. \'j'j
Nous devons ajouter qu'on connaît déjà une phényluréthane d'un mé-
thylcyclohexanol préparée par M. Knœvenagel (') avec son alcool de syn-
thèse, par conséquent avec un alcool inactif. Son point de fusion est gi".
La fraction io5°-ii5° sous 20°"", soumise à une nouvelle rectification,
peut être séparée en deux portions principales : l'une bouillant à i ii°-i i3"
sous 23™" et l'autre à i i3°-i 16*^ sous la même pression. Ces liquides ne se
solidifient point par refroidissement avec un mélange de glace et de sel.
L'analyse de la fraction iii°-ii3° donne des nombres correspondant au
i-méthyl-l\-propylcYclohexanol-'i ou ^-méthyl-i-propylcyclohexanol.
C'est un liquide assez mobile, incolore, d'odeur rappelant celle du men-
thol dont il est isomère. Sa densité D" = 0,9105 et D'/"' = 0,8976. Son
pouvoir rotatoire a = — (S" ro' pour / = o, 5 et / = 19°, d'où [a,]i, = — 18°.
Il fournit, avec l'isocyanale de phénylc en présence d'éther de pétrole,
une |)hényluréthane assez soluble dans cet éther bouillant et cristallisant
par refroidissement en longues et fines aiguilles fusibles à io8°-io9°. ^"
obtient la même phényluréthane fondant à loS^-iog" quand on traite par
l'isocyanate le produit de réduction de la p-méthyl-s-propylhexanone
obtenue précédemment par l'un de nous (- ).
Il convient d'ajouter que, avec les deux alcools, cette phényluréthane
cristalline se forme toujours en assez faible quantité et qu'elle est accom-
pagnée d'une huile épaisse, incristallisable, constituant sans doute des
phényluréthanes de sléréoisomères.
La portion ii3°-ii6° sous 23™"", moins pure, a été chauffée avec de
l'anhydride acétique pendant 2 heures et a fourni un liquide d'odeur
agréable, différant de celle île l'acétate de menthyle, et dont il est l'iso-
mère. Il bout à 227°-23o".
Action de l'alcool isobulylique sodé sur C'H'^0. \-mèlliyl-[\-isohiayl-
hexanol-Z. C"H^-0. — On a opéré comme avec l'alcool propylique sodé
et obtenu : 1° un produit passant de 70° à 9.6°, sous 16'"", principalement
composé de p-méthylcyclohexanol qu'on a caractérisé par sa phényluré-
thane fusible à ii6°-ii7°; 2° un liquide peu abondant distillant de 96° à
108° sous 16'"™; 3" un composé, passant de 108° à 120° sous la même pres-
sion, et qui se solidifie quand on le refroidit à 0°; 4° un produit ne pré-
sentant pas de point d'ébullition constant et qui passe de 120° à iSo" sous
16°"". Les cristaux que laisse déposer la portion n° 3, purifiés par une série
(') KncikvkiNagel, Ann. der Cheinic. t. CC\<'.\ II, ]). i53.
(-) A. HALLEJt, loc. cit.
/j'78 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de cristallisations dans l'éther et dans l'élher de pétrole, se présentent sous
la forme de fines aiguilles, d'odeur agréable rappelant celle du menthol et
fondant à 68"-69° sur le mercure.
Son poids moléculaire déterminé par la cryoscopie dans le benzène a été
trouvé M = 172,4. Calculépour CH--0:M== 170.
Sou pouvoir rotatoire dans l'alcool absolu [«.]„= - 70° 32'.
La phényluréthane C'*H-'NO* cristallise en longues aiguilles fondant
à 77°.
Par sa composition et son point de fusion, cet alcool est donc identique
avec celui préparé récemment par l'un de nous. Le pouvoir rotatoire de ce
dernier [aju= — Gô^/jg' est toutefois de quelques degrés inférieur à celui
obtenu par l'isobutylate.
Comme le montrent les analyses que nous avons faites, la partie liquide
qui baigne les cristaux du i-mèthyl-^-isobiUylcyclohexanol-'i, qu'elle pro-
vienne du produit étudié dans cette Note ou de l'alcool décrit antérieure-
ment, est constituée par des isomères stéréochimiques. Ce liquide redistillé
sur du sodium bout de 110° à m" sous 16°"" et possède, suivant l'échan-
tillon, un pouvoir rotatoire [«•]d= — iS'^S' à — 22° 11'.
Action de l'alcool amylique sodé ('). i-méthyl-[.\-isoamylcyclohexanol-2> :
Q(2jj24Q _ L'isoamylate de sodium se comporte comme les alcoolates
précédents, quand on le chauffe avec de la fj-méthylcyclohexanone. Après
deux fractionnements du produit de la réaction, on peut isoler, outre une
certaine quantité de p-méthylcyclohexanol, un liquide incolore, d'odeur
agréable, bouillant à 187° sous 23-24'"'" et qui a la composition C'-H-''0.
Sa densité D" = 0,9000, D^" = 0,8909. Son pouvoir rotatoire
"28'.
On a traité ce liquide par l'isocyanate de phényle. 11 se forme une huile
épaisse qui n'a point cristallisé.
En résumé, dans les conditions où nous avons opéré, les dérivés sodés
des alcools primaires propylique, isobutylique, isoamylique, agissent tout
à la fois comme réducteurs et substituants sur la ^-méthylcyclohexanone et
fournissent des homologues et isomères du menthol, identiques avec les
méthylalcoylhexanols obtenus par réduction des méthylalcoylhexanones
synthétiques. Question de rendement à part, ce nouveau procédé présente
(') L'alcool amylique employé est de l'alcool du commerce, et parlant un mélange
d'alcool actif et d'alcool isoamylicjue.
SEANCE DU 20 FEVRIER 1903. '179
sur l'ancien l'avantage de fournir ces alcools en une seule opération, alors
que ce dernier en nécessite deux successives.
Nous nous proposons d'étendre cette étude non seulement à d'autres
cétones cycliques mais encore à des cétones aliphatiques.
ZOOLOGIE. — Sitr les Palinurides et let Erynnides recueillis dans l' Atlanlique
oriental par les erpèditions françaises et monégasques. Note de M. E .-L.
Bouvier.
Les nombreux exemplaires de Palinurides et d'Eryonides recueillis dans
l'Atlantique oriental par le Travailleur, le Talisman, ['Hirondelle et la Prin-
cesse-Alice se distribuent entre 16 espèces, dont 7 appartiennent au groupe
subcôtier des Palinurides, et 9 à la famille des Eryonides, c'est-à-dire à des
Macroures qui se tiennent dans les abysses ou entre deux eaux et qui sont
toujours aveugles. Il ne sera pas sans intérêt de jeter un coup d'œil rapide
sur les espèces de ces deux groupes.
1° Palinurides. — La famille des Paliniu-ides comprend elle-même deux
tribus : les Palinuriens ou Langoustes et les Scyllariens ou Palinurides à
antennes courtes et larges.
Abstraction faite de la Langouste commune, les Palinuriens sont repré-
sentés par deux exemplaires seulement : un spécimen très normal de la
Langouste du Cap- Vert (Palimirus regius Br. Cap.) et le type d'une espèce
nouvelle appartenant au genre Puer Oitm. Ce dernier genre constitue un
groupe tout spécial dans la tribu des Palinuriens; représenté jusqu'ici par
trois espèces indo-pacifiques dont les types uniques sont immatures et ne
dépassent pas 36°"", il semble ne renfermer que des Langoustes rares et
de très petite taille. L'espèce nouvelle n'est pas faite pour modifier cette
conception du genre, mais elle offre un intérêt propre, parce qu'on la trouve
dans l'Atlantique, où le genre Puer n'avait pas encore été signalé; pour
cette raison, je crois devoir lui attribuer le nom de Puer atlanticus. L'unique
représentant de cette espèce a été capturé par la Princesse- Alice aux îles du
Cap-Vert; très voisin du P. spiniger Orim. recueilli par M. Richard Semon
à Amboine, il s'en distingue essentiellement par la présence d'un exopodite
rudimentaire sur les pattes-màchoires postérieures. Sa longueur, sans les
antennes, est de 20"™.
Les Scyllariens sont représentés par quelques grands Scyllarus lalus
Latr., par de nombreux Ardus arct us L., par plusieurs Arctus py gmœus S. B.
/|So ACADEMIE DES SCIENCES.
recueillis aux Canaries où l'espèce fut découverte durant les campagnes
du Challenger, enfin par le type unique d'une espèce nouvelle à laquelle
on peut donner le nom à' Ardus crenulatus à cause des carènes très cré-
nelées qui ornent sa carapace. 1J Ardus crenulatus provient de Porto-Santo
(Madère), où la Princesse- Alice en captura un exemplaire; c'est une forme
représentative de VA. depressus Smith qui habite la rée;ion subcôtière de
l'Atlantique aux États-Unis. Il ressemble à cette dernière espèce par ses
ornements en saillie et par sa paire d'épines post-sternales; il s'en distingue
surtout par les épimères très aigus de ses segments abdominaux 3, 4 et 5.
Abstraction faite de cette espèce, il n'y a pas d'analogies étroites entre
les Palinurides propres à l'Atlantique américain et ceux de l'Atlantique
oriental; ce qui tient sans doute à la distribution de ces animaux dans des
zones peu profondes et à leur localisation dans des eaux chaudes ou tem-
pérées.
2° Eryonides. — Tout autres sont les caractères propres de la distribu-
tion des Eryonides dans les eaux de l'Atlantique; en raison de leur locali-
sation dans les abvsses, les espèces marcheuses de la famille sont pour la
plupart identiques à l'est et à l'ouest de cet Océan. C'est ainsi que les
expéditions françaises et monégasques ont capturé en abondance la Wille-
mœsia forceps A. M.-Edw., le Polycheles sculptus Smith et le P. crucifer
W. S., primitivement signalés dans l'Atlantique américain; c'est ainsi, en
outre, que le Talisman a recueilli, dans le golfe de Gascogne, un exemplaire
An P. debilis Smith des États-Unis et le Caiidan quelques spécimens du P.
nanus Smith. J'ajoute que le Polycheles typhlops Heller se retrouve égale-
ment, avec une grande fréquence, dans toute l'étendue des mêmes régions;
très répandu dans l'Atlantique oriental où les expéditions françaises et
monégasques en ont capturé de nombreux spécimens, il n'est pas moins
fréquent aux Antilles où on l'avait considéré à tort comme une espèce
nouvelle, sous le nom de P. Agassizi A. M.-Edw. ( ' ).
Les expéditions françaises et monégasques ont pourtant capturé deux
espèces de Polycheles dont on ne connaît jusqu'ici aucun représentan t dans
les eaux américaines. L'une de ces espèces nouvelles, le P. dubius, semble
se rapprocher beaucoup du P. validas A. M.-Edw. des Antilles; très
(I) Jai pu comparer les types des P. Agassizi, recueillis par le Blake avec un
exemplaire de P. typhlops donné au Muséum par le Musée de Vienne et avec les très
nombreux représentants de la même espèce, capturés par les expéditions françaises et
monégasques.
SÉANCK DU ao FÉVRŒR 1905. 4^1
répandue dans la région des Açores, elle se distingue par l'atrophie com-
plète des carènes exogastriques, par ses carènes exocardiaques faiblement
indiquées, par le bord postérieur inerme de la carapace, parla forte saillie
aiguë qui limite en dedans et en dehors chaque sinus orbitaire, par les ca-
rènes obtuses et peu saillantes de ses tergiies abdominaux 4 et 5, par
l'absence de tout dessin sur le tergile 6 et par le développement d'une
légère saillie à la base du telson. Cette belle espèce est accompagnée par
une autre, non moins robuste mais plus rare, le P. Grimaldii n. sp. qu'on
pourrait confondre au premier abord avec le P. sculptus, mais qui se rap-
proche surtout, en réalité, du P. andamanen.nskXc. recueilli i^iixrV Investi galor
dans l'océan Indien. De même qu'une autre espèce indienne, \e P . HexU k\c. ,
présente les alfinités les plus étroites avec notre P. typhlops, de même le
P. Grimaldii n'est qu'une forme européenne très peu modifiée du P. anda-
manensis; il se distingue pourtant de cette espèce par les épines moins nom-
breuses qui avoisinent sa région cardiaque, par le dessin mal limité de son
sixième tergile abdominal, et par la forte dent aiguë qui termine en arrière
ce dessin.
L'identité absolue ou la grande ressemblance que présentent, en des
points fort éloignés, les Eryonides marcheurs des grands fonds, se con-
state également chez certaines espèces du genre f/ro/HW/y dont les habi-
tudes sont probablement tout autres. Avec leur test hyalin et leur carapace
épineuse démesurément dilatée en tous sens, les Eiyonicus ressemblent
quelque peu aux larves flottantes de certaines Décapodes et doivent, comme
elles, se tenir à la surface ou entre deux eaux. Or, il est curieux de con-
stater qu'un Eryonicus recueilli par le Talisman dans l'Atlantique oriental
présente une identité presque complète avec une espèce capturée par
l'Albatros dans les eaux américaines du Pacifique. Quoique immature, le
joli spécimen du Talisman ne mesure pas moins de 3o""" de longueur; il
appartient à une espèce que je désignerai sous le nom d' Eryonicus Faxom
parce qu'il ressemble beaucoup aux exemplaires adultes recueillis par
VAlbatros et rapportés avec doute, par M. Faxon, à \E. cœcus S. B.
Peut-être même y a-t-il identité absolue entre les deux formes, car c'est
tout au plus si le type du Talisman se distingue par la présence d'une
rangée de spinules exogastriques et par le développement plus fort de
l'épine postérieure des tergites abdominaux.
Quoi qu'il en soit, aucune des deux formes précédentes ne saurait être
rapportée à Y Eryonicus cœcus de Spence Bâte, car elles s'en distinguent
l'une et l'autre par de nombreux caractères fort importants. En identifiant
G. R., 1905, ■- Semestre. (T. CXL, N° 8.) "^'
/■,82 ACADEMIE DES SCIENCES.
ses exemjîlaires avec l'E. cœcus, M. Faxon a certainement pensé que les
différences des deux formes pouvaient être dues à des différences d'âge, le
type de Spence Bâte étant immature et mesurant un demi-pouce, tandis
que les tvpes de V Albatros sont adultes et déjiassent 60'"'". Or, les pêches
de la Princesse- Alice m'ont permis de constater que les Eryonicus (comme
les Palinuridés, d'après les observations de M. Ortmann et les miennes
propres) présentent de très bonne heure leurs caractères morphologiques
définitifs. En effet, au nombre des Eryonides recueillis par le vapeur
monégasque dans l'Atlantique oriental, se trouvent deux exemplaires
à'Eryonicus qui ressemblent tout à fait à l'E'. Puritani Lo Bianco, encore
que leurs dimensions soient plus que doubles (25™'" au lieu de 6"""" à 10""").
On sait que cette dernière espèce n'était pas connue jusqu'ici en dehors du
golfe de Naples.
En résumé, l'étude des collections réunies par les expéditions françaises
et monégasques a eu pour résultats principaux : 1° de faire connaître
quelques espèces nouvelles intéressantes, entre autres deux types appar-
tenant au genre Puer el Eryonicus dont les représentants sont d'une rareté
extrême; 2° d'établir que ces formes présentent de très bonne heure leurs
caractères morphologiques définitifs; 3° de montrer enfin que les Eryo-
nides et les Palinuridés, malgré leurs affinités zoologiques, diffèrent beau-
coup par l'étendue de leur distribution géographique qui semble dépendre
étroitement de leur distribution bathymétrique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Application aux nitriies de la méthode d'hydrogé-
nation directe par catalyse : synthèse d'aminés primaires, secondaires et
tertiaires. Note de MM. Paul Sabatier et J.-B. Sendereivs.
Ainsi que les analogies permettaient de le prévoir, notre méthode géné-
rale d'hydrogénation directe en présence du nickel réduit s'applique facile-
ment aux nitriies forméniques. La réaction peut généralement être réalisée
à température peu élevée, comprise entre 180° et 220"^.
Comme par les méthodes d'hydrogénation |)ar voie humide, on a tout
d'abord production d'aminé primaire, de môme richesse carbonée que le
nitrile, formée selon la réaction :
C"H-"+VCN +2H== C''H-"+'.CH-.NH^
Mais, à la température atteinte par la réaction, le nickel exerce sur
SÉANCE DU 20 FÉVRIER 190,^. 483
l'aminé primaire une réaction secondaire semblable à celle que nous avions
déjà rencontrée dans l'hydrogénation directe de l'aniline f ) ; il y a forma-
tion d'ammoniaque et d'aminé secondaire, selon la formule :
2(C«H^«^'.CH\NH'-') =NH' + (C«H^"^'.CH^)^NH.
Il y a également, quoique dans une proportion plus restreinte, production
d'ammoniaque et d'aminé tertiaire, selon la réaction :
3(C"H*"+•.CH^NH0=:2NH^ + (C«H="+'.CH^)'N.
Ces actions secondaires sont, dans tous les cas, fort importantes, et elles
tendent d'autant plus à prédominer que l'hydrogénation est conduite à
température plus haute.
Avec un débit convenablement réglé du nitrile et de l'hydrogène, em-
ployé en excès notable, le nitrile est totalement transformé, et l'on con-
dense seulement un mélange des trois aminés, primaire, secondaire et
tertiaire.
Dans la plupart des réactions effectuées au voisinage de 200°, l'aminé
secondaire a été la plus abondante, l'aminé primaire et l'aminé tertiaire
étant obtenues à doses peu différentes.
Une autre formation doit être également signalée, bien qu'elle soit habi-
tuellement peu importante : c'est la production, par hydrogénation trop
complète, d'ammoniaque et de carbure forménique :
Mélhane-nilnle. — Les vapeurs de méthane-nitrile (acide cyanhydrique),
entraînées sur le meivel par un excès d'hydrogène, ne subissent pratique-
ment l'hydrogénation qu'au-dessus de 2^50°. De aSo" à 3oo°, la réaction se
produit facilement et donne de l'ammoniaque, de la mélhylamine, de la
diméthylamine, de la triméthylamine, qu'on arrête toutes ensemble en
faisant barboter les gaz dans un peu d'eau refroidie.
La solution incolore obtenue contient bien réellement le mélange des
quatre aminés : la méthylamine y est nettement indiquée de suite, par
l'action successive de l'iode et de la potasse qui donnent lieu à un préci-
pité jaune cristallin d'iodoforme. Les quatre aminés, transformées exacte-
ment en chlorhydrates, peuvent être séparées par les méthodes connues.
(') Paul Sabatier et Sënberens, Comptes rendus, t. CKXXVIIl, 190/i, p. 457.
4f^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Éthane-nitrile. — L'éthane-nitrile, ou cvanure de méthyle, bout à 82°.
Son hydrogénation, réalisée sur le nickel à 200", fournit un dégagement
important d'ammoniaque, qui entraine de l'éthylamine et, dans un réci-
pient refroidi, on condense un mélange :
D'élhylamine, bouillant à 18° 5
De diéthylamine, bouillant à 55,5
De triéthjlamine, qui bout à 89
Le produit dominant est la diéthylamine, qui forme à peu près les | du
mélange; l'éthylamine et la triéthylamine se trouvaient en quantités peu
différentes.
Propane-nitrile. — Le propane-nitrile, ou cyanure d'éthyle, bout à 98°.
Son hydrogénation nous a donné un mélange, d'où le fractionnement a
permis d'isoler :
1 partie de propylamine, bouillant à Se";
8 à 9 parties de dipropylamine, bouillant à 110°: «/J = 0,7.58 ;
2 parties de tripropylaraine, bouillant à i56° : 1^2 = 0,774.
Mélhyl-i-pentane nitrile-^. — Le nitrile issu de l'action du cyanure de
potassium sur l'alcool amylique ordinaire, appelé fréquemment nitrile
caproïque, est un liquide, d'odeur affreuse, qui bout à i55". Il subit aisé-
ment l'hydrogénation vers 200°-220°. On a condensé environ 75 parties
de liquide, d'où le fractionnement a séparé :
5 parties de méthyl-2-pentane, bouillant à 62";
8 parties d'aminé primaire;
20 parties d'aminé secondaire ;
i3 parties d'aminé tertiaire.
L'aminé primaire, ou amino-^-méthyl-i-pentane,
CW
^^3 ;CH - CH= - CH^ - CH^NH^
n'avait été qu'entrevue et n'avait pas été décrite. C'est un liquide incolore
d'odeur désagréable, qui est un peu sokible dans l'eau; il bleuit fortement
le tournesol et attaque le liège.
Elle bout à 1-2.5° sous 762""" et donne un chlorhydrate très soluble.
Comme la cyclohexylamine dont la formule brute ne diffère que par H-,
elle possède la propriété de fixer l'acide carbonique de l'air humide en un
carbonate blanc cristallisé en petits prismes microscopiques très allongés,
SÉANCE DU 20 FÉVRIlîR igoS. 4^5
inaltérable à l'air, et qu'on prépare facilement en dirigeant un courant
d'anhvdride carbonique dans l'aminé dissoute dans un peu d'éther aqueux.
Chauffée avec la potasse alcoolique et un peu de chloroforme, elle donne
une carbylamine d'odeur repoussante.
L'oxalate neutre est bien cristallisé en longues aiguilles fines, peu
solubles dans l'eau, assez solubles dans l'alcool chaud : il fond sans décom-
position à 166°.
L'action de l'isocyanate de phényle transforme aisément l'aminé en
phényl-caprylurée
^ \NH.CM4'"
peu soluble dans l'eau et dans l'alcool froid, très soluble dans l'alcool
chaud, qui l'abandonne en faisceaux de belles aiguilles fines blanches qui
fondent à 84".
L'aminé secondaire, ou dimètho-i-penlylamine
(^U3^(;H.CH•^cH^(;H^yNH.
n'avait jamais été décrite : c'est un liquide incolore qui bout à 134°
sous 35°"", et à 225° sous 762"™. dl = 0,797.
Elle est moins soluble que l'amine primaire : elle bleuit fortement le
tournesol. Son odeur est désagréable. Comme la dicyclohexylamine {loc.
cit.), elle donne avec l'acide carbonique humide un carbonate cristallisé,
mais celui-ci se dissocie à l'air en régénérant l'amine liquide.
L'oxalate est peu soluble dans l'eau et dans l'alcool froid, beaucoup
plus soluble dans l'alcool chaud, d'où il cristallise en belles lames nacrées
qui sont constituées ])ar un feutrage de cristaux rhombiques très minces
à angles presque droits; il se détruit sans fondre à 220".
L'isocyanate de phényle donne de suite la phényldicaprylurée :
-'^\N(C"H"r'
qui recristallise aisément, de l'alcool chaud, en prismes obliques incolores
assez volumineux, qui fondent à io4°-
L'amine tertiaire ou trimétho-i-pentylamine
/^U'^CH.CH^-CH^ - CH^'J'n
486 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est obtenue soiis forme d'an liquide un peu jaunâtre, d'odeur désagréable,
moins intense que celle des aminés primaire et secondaire. Elle bout à 178°
sous 35°"", et à 283° sous 762°'" en se décomposant légèrement,
< = 0,807.
L'oxalate cristallise en petits prismes fins peu solubles dans l'eau, plus
solubles dans l'alcool. Il se détruit en fondant au-dessus de aSo".
On voit que l'hydrogénation directe des nitriles forméniques pratiquée par
notre méthode permet d'obtenir régulièrement avec de bons rendements
les trois aminés correspondantes, primaires, secondaires, tertiaires. Or les
aminés secondaires et tertiaires, de teneur carbonée un peu forte, sont
généralement très difficiles à obtenir pratiquement, en suivant la méthode
générale d'Hoffmann. L'emploi des nitriles, hydrogénés selon notre mé-
thode, permet de les atteindre facilement.
Les résultats sont beaucoup moins satisfaisants quand on soumet à l'hy-
drogénation directe sur le nickel les intriles aromatiques, où la production
d'un carbure et d'ammoniaque tend à devenir prépondérante. Ainsi le
nitrile benzoïque, hydrogéné sur le nickel à 200®, fournit presque exclu-
sivement du toluène et de l'ammoniaque.
M. le Seciiktaike perpétuel présente le Tome II des OEuvres de Laguerre,
publiées sous les auspices de l'Académie des Sciences, par MM. Cn. Her-
MiTE, H. PoiNCARÉ et E. RoucHÉ, Membres de l'Institut. Ce Tome deuxième
et dernier contient les Mémoires de Laguerre consacrés à la Géométrie.
CORRESPOND AI\ CE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Laboratoire scientifique international du Mont-Rosa. Travaux de l'an-
née 1903, publiés par M. A. Mosso, Directeur du Laboratoire de Physio-
logie du Mont-Rosa. (Présenté par M. Dastre au nom de M. A. Mosso,
Correspondant de l'Institut.)
2° Accumulateurs électriques, par M. L. Jumau. (Présenté par M. d'Ar-
sonval, pour le Concours du prix Gaston Planté.)
SÉANCE DU 20 FÉVRIER IQoS.
487
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — La grande tache solaire de février iqod.
Note de M. Th. Moreux, présentée par M. Deslaiulres.
Deux taches solaires ont été visibles à l'œil nu sur le Soleil, mais l'une
d'elles a été si intéressante par sa grandeur que je crois bon de la signaler.
Elle a paru offrir la plus grande surface tachée que l'on ait pu constater
depuis que les astronomes font des observations à l'aide des lunettes.
Plusieurs observateurs, Herschel entre autres, ont signalé des taches
visibles à l'œil nu. Depuis de longues années que je m'occupe du Soleil,
j'en ai relaté un grand nombre.
A partir de So' une tache devient visible à l'œil nu ; la dimension d'un tel
objet est de 36ooo'"" sur le Soleil. Or, le 2 février, la tache enregistrée
avait une longueur de 180200*"", soit, en prenant, pour le 2 février, un
diamètre solaire égala 32'3i", 46, une grandeur angulaire de 232" ou 4'i2".
En 1898, j'avais déjà signalé et dessiné un groupe de 160000'"°, mais son
importance était minime, comparée à la tache actuelle. En raison de la
grande largeur de celte dernière (102000'""), la surface tachée s'est élevée,
488 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le 2 février, au chiffre de i3 milliards de kilomètres carrés. La tache occu-
pait en longueur le huitième du diamètre solaire.
La plus grande tache que les astronomes aient mesurée a été observée
en i858. Sa plus grande dimension était de aSoooo'"", mais la surface ne
couvrait que le ^ du disque solaire, tandis que la dernière occupe environ ^
de la même surface.
Le dessin ci-joint représente la tache observée le 3 février; elle offre
plusieurs points lumineux.
Voici les positions approchées résultant des mesures effectuées à l'Ob-
servatoire de Bourges.
Les coordonnées sont rapportées au centre du noyau principal, 1 étant
la latitude héliocentrique et L la longitude par rapport au méridien
central.
Étendue
Da
tes.
Heures.
A.
L.
en longitude
Janv
ier
3,...
. s"
— '4
49" lî
220
Févi
ier
I . . .
. 8
-i4
36 E
»
„
2. . .
i4
-i3
20 E
252
„
3...
. 8
— '4
10 E
243
,)
4...
• 9,3o
-1.5
5 W
»
»
5...
9,3o
-.4,5
18 W
»
„
6. ..
■ 9.>5
— 1 5 , :j
3i,5W
»
»
8...
. i5
-17,5
48 W
»
Le passage au méridien central a dû avoir lieu le 4 vers 2'' du matin.
Perturbations magnétiques le 3. Calme rétabli le 4 février d'après les ren-
seignements communiqués par M. Th. Moureaux.
La tache s'étendait en latitude
le 2 février de —
3
»
de -18
4
»
de — 20
5
»
de-. 8
6
.)
de — 19
8
))
de — 2 .
La surface tachée étant considérable, les ileux. noyaux ont été soumis
à de grandes oscillations en latitude et la région pénombrable s'est étendue
en se dissipant plus ou moins.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER I9o5. 489
ANALYSE MATHÉMATIQUE. - La série de Taylorsur le cercle de convergence.
Note de M. Paul Dienes.
M. Pfingsheini a démontré (') le théorème suivant :
Étant donnée une fonction analytique
par son dé^^eloppement taylorien de rayon de convergence égal à L'unité, si la
suite
(S) l^oLi^,', ...,Unl = |«o + «. + ••• + ««!' •••
a pour limite l'infini, c'est-à-dire n'a pas de points limites finis ou nuls et si la
différence des arguments des s, est inférieure en valeur absolue à-^, la fonc-
tion f{x) devient infinie au point i .
Nous pouvons compléter ce résultat de la manière suivante : Admettons
que la suite (S) des s„ (qui seront réelles comme les a„ pour plus de sim-
plicité) ait pour limite supérieure l'infuii, mais supposons qu'elle ait aussi
des points limites finis ou nuls. Ce cas étant beaucoup plus compliqué que
le précédent, nous nous bornerons à supposer que les coefficients aient,
en valeur absolue, une limite supérieure finie. Dans ces conditions, nous
pouvons démontrer le théorème suivant :
Si, pour les s,, positifs, on a
(2) iTl^"""^
et, pour les s„ négatifs,
où a est un nombre fini, la fonction la^x" devient infinie au point i.
Nous démontrerons en effet que, dans le cas indiqué, on n
(4)
jué, on a
lim— = o
, = .'So + *i
(1) Munchner Suzungsberichte, 1900, p. 4o-
C. R., 19' 5, I" Semestre. (T. CXL, N° 8.)
àgo ACADÉMIE DES SCIENCES.
et que -r,, est positif pour n assez grand. Alors, en appliquant le théorème
(le ]M. Cesaro (') sur les fonctions
(i-joy
./•(■^)
(1- j:-)-
y'^,.^•'
nous aurons
lim — .. ' =: hm—r — - — uni — = o,
{i-xy-
c'est-à-dire nous obliendrons le théorème énoncé. Pour établir l'éga-
lité (4), nous procédons comme il suit. Supposons que
I i m 1 «„ I < <^/ < I ,
ce qui n'est pas une restriction nouvelle, vu que nous avons supposé celte
limite supérieure finie et qu'en divisant la fonction par une constante con-
venable, les propriétés de la fonction resteront les mêmes. Dans la suite
finie
le nombre des termes qui sont plus grands que n'- est au moins
! -1 '
/r . a„ — rr = ir ( y.„ — i )
si n^a„ est la plus grande des valeurs de 5,, .v,, . . ., i„, à cause de la peti-
tesse des coefficients «„ qui constituent les s„. [D'après notre hypothèse (2),
lima„= co .] Donc quand nous formons
les termes considérés tout d'abord donnent une somme supérieure ou
égale à «-.«•'(a,,— t), c'est-à-dire que cette partie de c„ devient infinie
d'ordre supérieur à i. Les autres termes positifs ne diminuent point cet
(') Voir, par exemple, Borel, Leçons sur les séries à termes positifs, p. 66.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER igoS. 49'
ordre; les termes négatifs non plus, car, d'après (3), leur somme en valeur
absolue est inférieure à ni.. Donc l'équalion (2) est vérifiée.
Plus généralement, ayant
TTTTT I '"" I
nous pouvons énoncer le théorème suivuiil :
Si l'on a pour les s„ négatifs
„ _ „ n '
B étant un nombre fini ou nul, et pour les s„ positifs
\\m ■ ; —30,
la fonction représentée par ^^n^" devient infinie au point 1 .
Le théorème que nous allons énoncer [)ermel d'établir des résultats ana-
logues dans le cas de coefficients com|ile\es. La suite des coefficients étant
r/„ = p„ e'?., f/, = p, e". «„ = :-',y'^"
dont tous les termes se trouvent, au moins pour n assez grand, dans un
angle du plan complexe d'ouverture plus petite que tt, les deux fonctions
{x)^^a„oif.
deviennent infinies au point i de la même manière, c'est-à-dire que, pour
toutes les valeurs de x réelles, positives et inférieures à l'unité, on a
1/(^)1 >Ao(x),
A étant une constante convenable qui ne dépend pas de x.
492 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentieUes du second ordre
renfermant un paramètre. Note de M. G. Tzitzéica. présentée p.n-
M. Emile Picard.
Dans une Note publiée dernièrement, j'ai appliqué la méthode de
M. Picard à un problème traité par M. Mason et relatif à l'équation
(i) Y"+lk(.T)y = 0.
k{x) étant une fonction continue et positive dans l'intervalle (a, h) et 1 un
paramètre. Je vais indiquer maintenant comment on peut employer la
même méthode pour étudier les autres problèmes résolus par M. Mason.
1. Il s'agit d'abord de trouver la valeur de 1 pour laquelle (ï) a une
intégrale y{x) continue ainsi que sa dérivée première, vérifiant les condi-
tions y {a) - a/ (a) = o, y{b) + p/(i) = o (a, p des constantes positives)
et ne s' annulant pas dans (a, b). La méthode de M. Picard s'applique ici
sans la moindre difficulté. Il suffit de remarquer que la solution de
y" -¥- A (a;) = o vérifiant les conditions précédentes est
^(-)=^^fi^/A(.)(. +.-.)./.-,,
:/"a(.)(,
et que cette intégrale est constamment positive dans {a,b). Ln suite des
raisonnements et des calculs dans le cas où a = p = o est précisément
celle qui a été donnée par M. Picard. Dans le cas où a = p = o), la valeur
de > correspondante est nulle; ce n'est qu'en cherchant des intégrales
s'annulant un certain nombre de fois dans (a, b) que l'on trouve pour \
des valeurs différentes de zéro. D'ailleurs, dans ce dernier cas, le problème
se réduit à celui que j'ai étudié dans la Note mentionnée.
2. Considérons maintenant l'équation
(2) y"+kA{x)y=o,
où k{x) est positive, périodique et a pour période b — a. Soit y5:,,/f.,, ...
la suite qui intervient dans le problème de M. Picard. Je dis qu'en général
SÉANCE DU 20 FÉVRIER tpoS. ^9^
il y a une valeur k' comprise entre /•, et k, et pour laquelle (2) arlmet une inté-
grale périodique. Voici d'abord le principe de la démonstrafon
Je considère une intégrale u(x) de (2) telle que l'on a,t u(a)=u(h)=^,
et qui dépend naturellement de k. S. je démontre que pour X- = /t on a
f\(.) uOr) cl. = o, on aura (^)^^^ = (^£)^^^ et l'intégrale sera pé-
riodique. Or, on a pour k < k, le développement suivant :
alors l'intégrale I(;t) = f"A(.x-) «(^)c/.r pourra, pour ^ = /î-', > >t,. mais
très voisin de^,, s'écrire
!(/[:;)=.— ^y k{x) u' dx -^ . . .
et, pour k = k'^ o et l'on peut démontrer que f \(x)i''dx>o. Dans le cas
général on a f" A(x)^>' dx> o et alors de I(^;)o on lire
qu'il y a l{k') = o(k, % =/(-. V).
Soit j, une fonction de x satisfaisant aux conditions suivantes :
Dans un intervalle (I) (*o. ^« + «, « > o), cette fonction est bien dé-
finie, continue, admet une dérivée qui peut être discontinue pour des
valeurs isolées de x.
De plus, dans le domaine D limité par les lignes a; = a;„, x = x^+a,
Y = J, - ^,y=y, + ^K^>>^)'f(x,y) est bien définie, continue, ei satis-
fait à la condition de Lipschitz |/(ic, y) - f(^x,Y')\<:_k\y - v'|.
Soient r„ la valeur de y, pour x = x,„ m un nombre'siipéricur an mo-
dule de/(,r, y) - Ig l,)rs([ue x, y reste dans D, jx un nombre supérieur
au module de/(.r. y,)_ g lorsque x reste dans (I). Appelons h un
nombre positif inférieur à « r!, au plus grand des deux nombres -,
-log(^,+ _j.
Dans l'intervalle x„ x, + h, il existe une intégrale Y de V équation (i),
et une seule, continue, prenant pour x = x„ la i^aleur j„, et le module de la
différence Y — y, est inférieur à ^ [e*'''-^; - i].
^ Ce résultat s'établit soit en procédaiil comme M. Picard et M. Lindelëf
l'ont fait lorsque y,{x) = y„ soit en ramenant le cas général à ce cas
particulier au moyen du changement d'inconnue j(a^) =j, (a;) -t- u{x).
On voit que, si [j. est petit, ce qui précède fait correspondre, à toute fonction
satisfaisant à peu prés à l'équation différentielle, un renseignement sur l'exis-
tence et la valeur approchée d'une solution exacte.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER IpoS. %5
2. Montrons maintenant que la connaissance d'un intervalle (E) où il
existe une intégrale régulière de {i) permet de donner un critérium simple ser-
vant à reconnaître quune fonction donnée est assez près de satisfaire à l'équa-
tion différentielle pour ne s écarter de la solution exacte, dans tout V inter-
valle (E), que d'une quantité inférieure à un nombre donné.
D'une façon précise, soit Y une intégrale de (i), définie dans l'inter-
valle (E), [^„ x^ + /i(A >o)], continue, prenant pour a; = a;„ la valeur j„
et supposons que, dans le domaine A limilé par les lignes x = x^,
x = x,-hh, y = Y—t, J = Y+ e(£>o), la fonction /(a;,/) soit con-
tinue et satisfasse à la condition de Lipschitz.
D'autre part, u étant une fonction de x définie et continue dans
l'intervalle (E), prenant la valeur jg pour x = x„, admettant une dérivée
(qui peut être discontinue comme plus haut), appelons ,
(4) jTV^ - "1^-^ < !g ['' ^ I'~ ' - (^ - -^o)]-
Des inégalités (3) et (4) nous déduisons
ce qui nous montre, en vertu de (2), que A' ne peut être inférieur à h, et
la proposition est démontrée.
3. On établit aisément avec ce qui précède la propriété fondamentale
de la méthode de Cauchy-Lipschilz, bien mise en évidence par les travaux
de MM. Picard et Painlevé, relative à l'approximation d'une intégrale
de(i) dans tout son domaine de régularité. Inversement, la méthode
de Cauchy-Lipschilz semble devoir conduire à des résultats analogues à
ceux du n° 2, mais en imposant sans doute à la solution approchée des
restrictions plus étroites.
k. Soit D un domaine compris entre de\is. parallèles quelconques à l'axe des >', où/
est continue et satisfait à la condition de Lipschitz. La recherche d'une approximation
uniforme pour les intégrales de (i) situées dans D revient à la détermination d'une
fonction Lquelles il aboutit.
SÉANCE DU Jtn FÉVRIER 190'^. 497
MÉCAîVlQUE APPLIQUÉE. — Sur le mode de fonctionnement du différentiel
des aiitomohiles. Note de M. A. Petot.
Quand on veut étudier le fonctionnement dynamique du différentiel des
automobiles, on doit tout d'abord chercher la relation qui existe entre les
deux couples moteurs partiels *I"et W , transmis par un même pignon satel-
lite D aux deux denii-arbres A et A' dos pignons de chaîne.
Soient e la demi-distance des roues motrices O et 0', I, le moment d'inertie d'un
pignon D par rapport à son axe de pivotement, 1 le demi-angle au sommet des cônes
primitifs des engrenages coniques E et E' clavetés sur A et A', [ji' le rapport des
nombres de dents de E et D, et enfin, à l'instant t, to la vitesse angulaire de la cou-
ronne du différentiel, et p le rayon de courbure de la trajectoire décrite par le milieu
de l'essieu d'arrière. .T'ai obtenu la relation
(,, .r-M-.(,+V)-na + |r-/<-I,^('^j|tang.,
en supposant que le demi-arbre A est à l'intérieur de la trajectoire, et en désignant
par r,, t/ et C' des couples très petits provenant des diverses résistances passives.
Ce premier résultat permet de voir comment l'elTort total du moteur se répartit sur
les roues O et O', par l'intermédiaire du différentiel. Soient R' le rayon des roues den-
tées de chaîne, \i. le rapport de ce rayon à celui des pignons de chaîne, F et F' les efforts
moteurs transmis à O et O', I et I' les moments d'inertie des demi-arbres A et A' par
rapport à leur axe commun. Les couples moteurs transmis définitivement aux roues
par le différentiel sont FIV et F'R', et l'on obtient pour leur différence
(.) FR'-PR'^,[..^C'_Ç^(l-i)^+.(I'^.)^(:^)],
en désignant encore par t,' et Ç deux couples très petits provenant des résistances pas-
sives, et en représentant par z le second membre de l'équation (i), et par Se la somme
des divers termes e pris pour chacun des pignons I).
Comme tout est disposé pour as^surer un bon graissage des diverses par-
ties du différentiel, on voit que le couple moteur, transmis à la roue inté-
rieure, est un peu supérieur au couple reçu par la roue extérieure, mais
que leur différence reste toujours très petite par rapport à chacun d'eux.
La fonction du différentiel n'est donc pas, comme on le croit généralement,
de transmettre la force aux roues dans un rapport variable, et proportion-
nellement à leurs besoins, d'après les résistances que le sol leur oppose.
Ce résultat pouvait d'ailleurs être prévu, car chaque pignon satellite se
G. R., igoj, I" Semestre. (T. CXL, N" 8.) t)/|
/198 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comporte .s< lisiblement comme le fléau d'une balance en équilibre, qui
reçoit et transmet de chaque côté des efforts égaux.
M. Arnoux a signalé tout récemment (') ce rôle d'égalisateur d'efforts
et de balance dynamique, joué par le différentiel; on me permcltra de dire
que je l'ai fait connaître, depuis plusieurs années, dans mon Cours de
l'Université de Lille, et que je l'ai indiqué dans les premières feuilles aulo-
graphiées de ce cours, non encore parues en librairie, mais distribuées Tan
dernier à mes auditeurs.
On sait, d'autre part, que le différentiel est un mécanisme à plusieurs
degrés de liberté; il faut donc montrer pourquoi, et sous quelles condi-
tions, les pignons satellites sont forcés de rester en repos relatif pendant la
marche en ligne droite, et de prendre à chaque instant d'un virage la
vitesse variable qui convient. Ici l'on doit considérer deux cas suivant
que les roues motrices disposent d'une large marge d'adhérence, ou sont,
au contraire, près de l'adhérence limite. La stabilité de fonctionnement du
différentiel est bien assurée dans le premier cas, mais elle ne l'est plus
dans le second. J'ai obtenu ce résultat en discutant les équations de l'équi-
libre dynamique des roues motrices, et j'en ai étudié les conséquences pour
la stabilité de la voiture.
Les équations (i) et (2) montrent en outre comment on doit construire
le différentiel pour le rendre sensible. La question se pose alors de savoir
si la stabilité et la sensibilité sont pour le différentiel deux qualités
s'excluant un peu l'une l'autre, comme cela a lieu, par exemple, pour le
régulateur de Watt. J'ai trouvé qu'il n'en est plus ainsi dans le cas du
différentiel; rien ne s'oppose à ce qu'il soit en même temps très sensible et
très stable.
J'ai enfin cherché si le différentiel peut avoir quelque influence sur la
stabilité de la voilure; voici les résultats que j'ai obtenus dans cet ordre
d'idées. Quand la résistance n'est pas la même sur les deux roues motrices,
ce sont les termes ï et T', marquant les fractions utilisées de l'adhérence,
qui viennent faire la compensation, de façon que l'équation (2) puisse être
vérifiée. Il se produit alors un couple de dérapage égal à la valeur absolue
de e(T — T'). L'adhérence se trouve en outre mal utilisée, car le plus
grand des deux efforts T et T' est précisément appliqué à celle des deux
roues qui est la moins chargée. De là un double inconvénient du différen-
tiel en ce qui concerne la stabilité de la voiture.
J'ai calculé dans divers cas le couple de dérapage f(T -- T); il est très
{') Lu Vie aiitomabile, ininu-i-M du 11 févrlrr i9or), j). 92.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER igoS. 499
f;iible en régime normal, etle sol fournit largement, à l'avant et à l'arrière,
l'adhérence transversale nécessaire pour l'équilibre. On doit néanmoins
en tenir compte en étudiant le problème de la stabilité, car, s'il n'est pas
suffisant pour faire déraper la voiture, il peut y contribuer. Le plus sou-
vent, eii effet, les accidents ne se produisent pas sous l'action d'une seule
cause perturbatrice, mais ils résultent plutôt de l'action simultanée de plu-
sieurs causes, dont les effets viennent fortuitement à s'ajouter.
Dans certains cas exceptionnels, par exemple quand la fusée de l'une
des roues motrices vient à gripper, ou encore lorsque l'un des freins de
roue se trouve serré par accident, l'une des forces T ou T' diminue beau-
coup, et peut même changer de sens, tandis que l'autre garde sa valeur. Le
couple e(T — T') devient alors assez grand pour que l'on soit en danger de
déraper, comme les praticiens l'ont d'ailleurs remarqué depuis longtemps.
Cela montre que l'on doit tenir compte du mode d'action du différentiel,
quand on étudie le problème de la stabilité des automobiles. J'indiquerai
prochainement les résultats que j'ai obtenus dans cette voie, comme suite
à ma Note du 7 avril 1902 sur ce même problème.
PHYSIQUE. — Sur le coefficient d'aimantation du bismuth et sur quelques
points de repère dans l'échelle diamagnètique. Note de M. Geoiiges Meslin,
présentée par M. Mascart.
Afin d'obtenir avec plus de certitude les coefficients il'aimantalion, j'ai
mesuré cette constante pour un certain nombre de corps qui ont été déjà
l'objet de déterminations soit en valeur absolue, soit en valeur relative, et
qui peuvent ainsi servir de points de repère. I^a plupart des métaux ne se
prêtent guère à de telles comparaisons à cause de la difficulté qu'on éprouve
pour les obtenir exempts d'impuretés; il n'en est pas ainsi pour le mercure,
c'est donc à ce corps que je me suis adressé en premier lieu ; le bismuth
est tout indiqué à cause de la valeur élevée de sa susceptibilité magnétique;
enfin j'ai également étudié deux sels, le sulfate de potasse et l'azotate de
potasse, dont M. Curie a déterminé les coefficients d'aimantation.
Mercure. — En prenant pour l'eau — 0,79.10"°, j'ai trouvé pour résultat
immédiat de la mesure —0,180.10"°, et, en faisant la correction due au
magnétisme de l'air, correction qui ici est additive et atteint o,ooj, on
a — o,i85.io °.
Les résultats de Plû.ker fouraissent — 0,182.10"° et ceux de Quincke
— o,i83.io^°; ces deux nombres ont été calculés en prenant pour l'eau le
jon ACADÉMIE DES SCIENCES.
même point ne départ (— 0,79.10 ') : il n'y a aucune difficnlté pour le
nombre de Plûcker, car les -valeurs qu'il indique sont rapportées à l'eau
dont le pouvoir était pris égal à 100; Quincke fournit au contraire dans ses
Tableaux des nombres d'un ordre de grandeur tout à fait différent pour les
valeurs absolues des susceptibilités magnétiques :
— 4) -'•7"'^ • lO"'" pour l'eau et — i3, '|2 . to^'" ]jour le iiierciire ;
voici comment ces nombres sont transformés : on obtient d'abord les coef-
ficients d'aimantation en les divisant respectivement par les densités qui
sont d'ailleurs indiquées dans le Mémoire, 0,998 pour l'eau, i3,54G pour
le mercure; il suffit de prendre le rapport et de le multiplier par — 0,79.10"".
I.es nombres que l'on obtient ainsi sont beaucoup plus grands que ceux
indiqués par Quincke (2000 fois plus grands environ); cela tient à ce que
ces derniers doivent être en réalité multipliés par 2g- ou 2 X 981 ; on obtient
alors
— 0,889. 10"'= pour l'eau ^^ — o, 190 . lO"* pour le mercure.
Telles sont, dans le système C.G.S., les valeurs absolues que l'on peut
déduire des expériences de Quincke; ces remarques s'appliquent à tous les
autres nombres extraits du même Tableau et dont j'ai parlé dans une pré-
cédente Note. En prenant pour l'eau — 0,79.10"°, on aurait pour le mer-
cure — 0,183.10"°, comme il est dit plus haut.
Bismuth. — l'our le bismuth cristallisé, j'ai obtenu à 10° —1,39. iu~%
en tenant compte de la correction de l'air qui, ici encore, était additive et
atteignait o,o5; pour le bismuth fondu, j'ai obtenu de même — 1,42.10""".
M. P. Curie donne — 1,35.10"° comme moyenne à 20° (') d'une série de
mesures qui ont porté sur plusieurs échantillons et qui ont fourni des
valeurs comprises entre i,38 et 1,34- Voici d'ailleurs un Tableau d'en-
semble relatif aux principales mesures faites sur le bismuth (-).
Valeur relative.
Faraday 96, 6
Becquerel 10
Curie
Etlingshausen . .
Bisimi
'9^7>6 _
9,82
217,6
9.82 ~
\aleur
absolue
«,64
En
1,75
pour
1,35
4,i5
(') Celle valeur correspond à — i,38.io * à 0°.
(-) Faraday et Becquerel n'ayant déterminé que les valeuis relatives de la suscepti
SÉANCE DU 20 FÉVRIER IQoS. JOI
Le nombre adopté comme résultat des expériences d'Etlingshausen sur la
susceptibilité magnétique, i4i';^ est la moyenne d'une série de nombres
obtenus par différentes méthodes et qui sont :
13,5; i3,99 i^,^^ i3,/i8 i^.n i5,3o i3,io i3,6o.
Les premières expériences d'Eltingshaiisen, combinées avec les résultats
(le Christie, donnaient comme moyenne i 'i.(J qui a été adoptée par beaucoup
de physiciens; c'est cette valeur qui a servi à calculer les susceptibilités
magnétiques qui figurent dans plusieurs Traités classiques (Mascart et
Joubert, i'^* édition); la susceptibilité —14,6.10^° donnerait — 1,49.10-'^
pour le coefficient d'aimantation spécifique du bismuth.
Du Bois a également donné les grandeurs absolues des susceptibilités magnétiques de
quelques liquides (eau, alcool, éther, sulfure de carbone) et il a calculé comme il suit
les valeurs qui résultent des mesures faites sur ces corps par Faraday, par Becquerel
et par Quincke.
Pour les expériences de l'araday et de Becquerel, le calcul a été fait par comparaison
avec le bismuth pour lequel on a adopté la valeur i4,i5.io-'> (résultat moyen
d'Eltingshausen) en prenant, dans le cas des expériences de Becquerel, la moyenne
des deu.r valeurs obtenues, 22,4, pour le bismuth comparé à l'eau; c'est ainsi que du
Bois indique pour l'eau : — o, 6g. lo"' d'après les expériences de Faraday et — 0.63.10-*
d'après celles de Becquerel.
Ces nombres correspondent à -i4,i5.io-« pour la susceptibilité du bismuth et
à — 1 ,44- '0""° pour son coefficient d'aimantation.
En ce qui concerne les nombres de Quincke, du Bois a multiplié par ■îg comme il
a été dit antérieurement, mais il a soustrait 0,024 (') qui représente la susceptibilité
de l'air, ce qui lui a donné pour l'eau o,8i5 au lieu de OjBSg obtenu plus haut; cette
valeur — o,8i5. 10-' est celle que du Bois indique comme résultat des expériences de
Quincke; il a d'ailleurs employé u
— 0,837. lo-^
On a donc pour l'eau le Tableau sui
ine métho
de semblable
et obtenu 1
à son toui
ivant :
yuincke.
Calculé
Becquerel.
par du Bois.
Du Bois.
Curie.
— o,63
— 0,8l5
— 0,837
— 0.79
Valeur absolue X 10" — 0,69
Sulfate de potasse et azotate de potasse. — J'ai obtenu pour le sulfate :
— 0,42.10-» et pour l'azotate : — o,;^)2. io-«, en tenant compte de la
correction due à l'air; cette correction additive pour le premier de ces
bilité, valeurs qui figurent dans les deux premières colonnes, on a calculé la valeur
absolue du coefficient d'aimantation du bisnuitli en prenant pour le coefficient de
l'eau — 0,79. lo^'^ et, pour la densité du bismuth, 9,82.
(') o,o33 d'après les mesures de M. Curie.
5o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
corps atteigriail o,oo4; |30ur le second elle était soiistraclive et deux fois
moindre en valeur absolue.
Ces nombres s'écartent très peu de ceux qu'a obtenus M. Curie et qui
sont, toutes corrections faites :
— 0,43.10-" pour le sulfate de potasse et — o,33.io-''' pour l'azotate.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les perborales. Note de M. P. Melikoff,
présentée par M. H. Moissan.
Dans le Tome CXXXIX, p. 796-798 des Comptes rendus, a paru une Com-
munication de M. Jaubert concernant l'étude des perborates. Je crois
utile de mentionner qu'après M. Etard, qui a étudié le premier l'action du
peroxyde de baryum sur l'acide borique ('), j'ai eu, moi aussi, l'occasion
de traiter la question des perborates dans une série de travaux sur ces
composés, poursuivis en collaboration avec M. Pissarjewsky et parus
en 1898. Nous y avons décrit plusieurs sels, et parmi ceux-ci le sel de
soude NaBO'.H-O identique avec celui qui a été préparé par M. Jaubert.
Nos travaux ont été publiés dans les périodiques suivants : \° Berichte cl.
deutschen chem. Gesellschaft, Jahrg. XXXI, p. G78 et 953 ; 2° Zeilschrift f.
anorganische Chemie, Bd. XVIII, p. 59 ; 3° Mémoires de l Académie impériale
des Sciences de Saint-Pélershourg, 8* série, t. IX, n^S. Voir aussi : Dammer,
Bandbuch d. anorganischen Chemie, Btl. IV, p. 667 et H. ERDM.^.NN,
Anleitung zur Darslellung chemischer Prœparate, 2. Aufliige, 1899, p. 27.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide laclyUactyllaclique et le dilactide de l'acide
lactique inaclif. Note de MM. E. Jusgfleisch et M. î^odchot, présentée
par M. A. Haller.
Diverses observations recueillies en étudiant les acides lactiques actifs
nous ont conduits à reprendre l'examen des dérivés de déshydratation
par la chaleur de l'acide lactique de fermentation. La présente Note fait
connaître un nouveau produit de cette déshydratation et rectifie quelques-
unes des données acquises sur un autre, le dilactide.
Acide lactyllactyllactique. — On peut, par analogie avec l'acide lactyl-
lactique ou acide dikictique, désigner sous ce nom, ou sous celui moins
correct A'acide trilactique, le nouveau dérivé lactique dont il s'agit ici. Il se
(') Ktaru. Comptes rendus, t. \CI, p. gSi.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER ipoS. 5o3
forme, on môme temps que le dilactide, lorsqu'on distille l'acide lactique
hien sec, vers 25o" et sous une faible pression.
On mainlienl l'acide lactique entre 90" et 100", sons une pression réduite (o"', 026),
pendant plusieurs heures, dans un appareil distiilatoire; de l'eau se vaporise, entraî-
nant un peu de produit et le résidu se charge d'acide lactyllactique. En élevant ensuite
la température, la matière distille. Entre 180° et 220'', on recueille surtout du dilac-
tide; au-dessus de 320° et jusque vers 25o", l'acide lactyllaclyllactique accompagne le
dilactide. On dissout à chaud le second produit dans l'éther pur et sec; le dilactide,
moins soluhle, cristallise le premier; le composé qui l'accompagnait reste dans la
liqueur. En concentrant cette dernière par distillation, puis en maintenant la solution
éthérée pendant quelques jours entre —5" et 0°, l'acide lactyllactyllaclique se dépose
cristallisé. On le sépare et on le piirille par de^ cristallisations successives dans l'éther
pur et sec.
L'acide laclyllactyllactique constitue des petites aiguilles incolores, groupées en
masses rayonnées. Il fond très nettement à Sg" et bout sans altération à 235°-24o° sous
la pression o'»,020. Chauffé sous la pression normale, il se décompose et charbonne.
Il est très soluble dans l'éther, le chloroforme, la benzine, l'acide acétique. Il est très
hvgroscopique et l'eau le transforme finalement en acide lactique.
Les résultats de son analyse, comme ceux de déterminations cryosco-
piques effectuées sur des solutions dans l'acide acétique sec, indiquent qu'd
s'agit d'un corps formé par l'union de 3"""' d'acide lactique, 2""'' d'eau étant
éliminées. Les faits suivants établissent que les réactions auxquelles il doit
sa formation, à partir de l'acide lactique, sont deux éthérifications effectuées
entre la fonction acide d'une molécule et la fonction alcool d'une autre
molécule
OU - CM - CO-H -+- OH - CH - COMl -h OH - GH - COMI
CH' CH^ CH'
= OH — CH - CO-^ _ CH — CO^ ^ CH - COMI -^ 2 H' O.
CH' CH' CH'
Il possède, en effet, une fonction acide, une fonction alcoolique et deux
fonctions d'élher-se! ; il est donc analogue à l'acide lactyllactique de
Pelouze et Wislicenus; il n'est pas un composé cyclique, tel que le dilactide
de G:iy-Lussac et Pelouze, ou un éther-oxyde tel que l'acide dilactylique
de Wûrlz et Friedel.
Il n'a qu'une seule fonction acide : lorsqu'on le met en contact avec l'eau,
il se dissout très rapidement; si l'on titre aussitôt la liqueur acide par l'eau
de baryte, on trouve que 100 parties sont neutralisées par 36, 80 parties de
5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ba(OH)-, le composé formulé plus haut correspondant à 36,53 d'hydroxyde
de baryum pour sa neutralisation.
Si l'on attend longtemps, avant de neutraliser et surtout si l'on chauffe
à ioo° la solution aqueuse, les fonctions d'éther-sel sont atteintes progres-
sivement et la saponification devient complète par production de 3"°' d'acide
lactique. C'est ainsi qu'une solution neutralisée à froid par la baryte, étant
chauffée à ioo° pendant un certain temps, redevient acide et exige pour sa
neutralisation des quantités croissantes de baryte : après i heure, 53,3
pour loo du corps primitif; après 2 heures, 69,5 pour 100; après 4 heures,
97,0 pour 100; après 5 heures, 104,7 pour 100; l'action est alors terminée
et la liqueur ne redevient plus acide sous l'action de la chaleur. Or l'acide
lactvUactyllactique, représenté par la formule ci-dessus, doit donner par
hvdratation complète 3*"°' d'acide lactique, absorbant pour se neutraliser
io5,32 d'hydroxyde de barvum pour 100 du corps traité.
Il reste à savoir si le dédoublement final en 3""°' d'acide lactique fournit
transitoirement de l'acide lactyllactique avec 1™°' d'acide lactique.
L'action du gaz ammoniac sur l'acide lactyllactyllactique doit donner
2™°' de lactamide et 1™°' de lactate d'ammonium.
CO^-AzH-
cela correspond à la fixation de 21,79 P""'' '""^ d'ammoniaque. Or, en
faisant passer jusqu'à refus un courant de gaz ammoniac sur une quantité
connue du corps dont il s'agit, l'augmentation de poids trouvée a été égale
à 21,55 pour 100.
Dilactide. — On admet que l'hydratation change le dilactide racémique,
le seul actuellement décrit, en 2"°°' d'acide lactique. Tel est en effet le
dédoublement final effectué, mais celui-ci ne se réalise qu'en passant
par un intermédiaire, l'acide lactyllactique, qui s'hydrate à son tour.
DéjàM.Wislicenus,en neuU-alisantà l'owde de zinc la liqueur fournie par le dilaclide
au contact de l'eau froide, avait obtenu une solution qui ne déposait du lactate de zinc
que fort lentement; il avait attribué ce fait à la sursaluration. En réalité la liqueur
neutre obtenue contient à l'origine du lactyllactate de zinc; abandonnée à elle-tnème,
à froid, elle dépose peu à peu du lactate de zinc; mais, en même temps, elle devient
acide et se charge d'acide lactique en proportion de la quantité du sel déposé : le lactyl-
lactate de zinc se dédouble par hydratation en acide lactique et lactate de zinc.
OH— CH— CO'-
_CH-C()^-CH-CO^]
CH='
CH' CH'
= 20H-CH-
6h.
-CO-AzH^+OH-CH
SEANCE DU 20 FEVRIER Kjo). ont)
D'ailleurs la production de l'acide lactyllactique dans l'hydratation du dilaclide peut
être mise en évidence d'une manière différente. Un poids connu de dilaclide ayant été
hydraté à l'eau tiède, si l'on neutralise aussitôt la liqueur à l'eau de baryte, on emploie
65s, 18 de Ba{OH)'- à la neutralisation du produit fourni par loos de dilaclide.
Lorsqu'on chauffe ensuite le mélange à 100°, il redevient acide; en complétant la neu-
tralisation après chaque heure de chauffage, on emploie progressivement 74i 3, 85, 1,
99,7, iio,o4, it6,6 et 118,96 de Ba(0H)2; à partir de ce point, la neutralité
persiste même après la douzième heure de chauffage. Or la formation de 2™°' d'acide
lactique correspond à l'emploi de 118,7 pour 100 de Ba(OH)^. Si l'acide lactyllactique
se formait seul à l'origine, la première neutralisation aurait exigé 59,87 seulemeut de
Ijaryte; le chiffre plus élevé qui a été trouvé indique qu'une petite proportion d'éther-
acide s'est déjà saponifiée.
A froid, la même hydratation est lente; elle s'accomplit cependant à la longue.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la carbimide de la {l ) leucine naturelle.
Noie de MM. Hugounenq et Morel, présenlée p:ir M. Armand Gautier.
Nous avons indiqué dans une précédente Note (' ) le but que nous pour-
suivons : faire entrer les acides amidés dérivés des albunaines dans une
, , j, , u . ^,^/AzH— R— COOH
même molécule d iiree substituée eu, . ^, _, , et nous avons
\ Az H — n — \JJ U H
fait connaître les résultats obtenus en faisant agir l'urée sur la leucine.
Aujourd'hui nous décrirons nos essais pour préparer la carbimide de la
leucine CO — Az — CH — CH- — ^^^\ ,y,i' corps qui doit servir de point
GOGH
de départ pour la préparation des urées substituées d'après les réactions
(:GC1- + AzH-.R.GOOH = CO\z.R.COOH + 2HCI
et
CO = Az — R — GO . OH + AzH^ R'COOH =: Co(\^'^ ~~ ^^V^w^u-
\AzH — K L-UUH
Ces réactions pour la préparation des urées substituées donnent en général
de bons résultats, si l'on suit les indications de M. Vittenet {- ).
Sur la (/) leucine naturelle, l'oxychlorure decarlione en solution à 20 pour 100 dans
le toluène ne réagit pas à froid.
(') Comptes rendus, 16 janvier igoS.
(^) ViTTENKT, Thèse de La Faculté des Science de Paris, 1900. .
G. K., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 8.)
65
5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A i3o° il réagit, en donnant certainement naissance à la carbimide de la leucine,
reconnaissable à sa solubilité dans le toluène, à son odeur, à ses vapeurs irritantes, à
ses réactions; mais celte carbimide ne peut être purifiée par distillation, même dans le
vide, car elle se décompose.
A cause de l'instabilité de ce composé, nous avons pensé qu'il serait plus avan-
tageux d'en préparer le dérivé éthylique :
GO Az — CH — CH2— CH<^^||3.
coocnp
Le GO Cl- dissous dans le toluène réagit molécule à molécule à iSo" sur Téther
éthylique de la leucine préparé facilement suivant les indications de M, Emil Fischer ( ' )
/GH^
et il donne naissance à un mélange de carbimide GOAz — CH — CH' — CIK „ et
COOG^H^
/AzH
\CPP
COOC=H=
d'urée bisubstituée GOc rr»r»r°iJ5 , que l'on sépare par dislilla-
\AzH- CH -GHC^JJ,
tion dans le vide après élimination du COCP et du toluène en excès.
La carbimide bout à i'20°-i3o° sous i8"""; l'urée bout à i8o°-i9oo sous i8™".
La carbimide de l'éther éthylique de la (/) leucine a été identifiée par l'analyse élé-
mentaire et par ses dérivés, notamment par les urées substituées qu'elle engendre.
C'est un liquide incolore quand il vient d'être distillé, mais se colorant peu à peu
en rouge brun par altération, comme font les isocyanates liquides. Il possède l'odeur
de fauve et il émet les vapeurs très irritantes de cette classe de corps. Il est inso-
luble dans l'eau, soluble dans les alcools avec lesquels il donne immédiatement des
urélhanes. 11 est soluble dans le benzène, dans l'éther, dans le chloroforme, etc.
Les urées substituées auxquelles cette carbimide donne naissance par
union directe avec les aminés et avec les acides aminés sont particulière-
ment intéressantes; nous les décrirons prochainement.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur ks perborates.
Note de MM. .1. Bruhat et H. Dubois, présentée par M. d'Arsonval.
Les perborates sont des sels à acide peroxygéné, qui diffère de l'acide
borique par une molécule d'oxygène supplémentaire. Elle est très stable
{') Ber. deideutsch. chem. Ges., t. XXXIV, p. 444.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER igoS. 607
dans les sels amorphes et cristallisés même renfermant une ou plusieurs
molécules d'eau de constitution ou de cristallisation, mais une élévation de
température ou un excès d'eau suffisent pour décomposer ces corps. Cet
oxygène instable semble ne devoir sa cohésion qu'à la réaction alcaline
que présentent tous les perborates; aussi l'acide perborique libre n'a pu
être isolé, tous les perborates étant décomposés avec mise en liberté de la
molécule d'oxygène supplémentaire, dès qu'ils sont en milieu acide.
L'oxygène naissant ainsi produit se combine à l'eau pour produire de
l'eau oxygénée. Les perborates sont des hydroperoxyli gènes, et c'est à ce
titre surtout qu'ils sont intéressants.
En liqueur neulie ou alcaline, un excès de perborale mis en contact de l'eau cède à
celle-ci tout l'oxygène actif de la partie dissoute, l'excès restant généralement inaltéré ;
l'addition de bioxyde de manganèse pulvérisé provoque la décomposition totale de tout
le perborate dissous et en excès. Il en est de même sous l'influence de certaines matières
organiques et en particulier des ferments solubles catalasiques qui décomposent le
bioxyde d'hydrogène; M. Bruhat a pu l'observer dans une série d'expériences faites en
février 1904 au laboratoire d'électrothérapie de l'hôpital de la Charité, en collaboration
avec les D" Régnier et O. Benoit, notamment sur les rédactases qu'il avait retirées de
la levure de bière, puis sur les oxydases extraites des sulfuraires de certaines eaux
sulfureuses (Saint-Honoré).
Traités par l'acide sulfurique concentré et froid, les perborates donnent du bioxyde
d'hydrogène très concentré mais qui se décompose spontanément avec dégagement
d'ozone. Ils dissocient l'iodure de potassium et mettent son iode en liberté; leur alca-
linité ne met pas obstacle à la réaction; souvent la couleur de l'iode disparaît bientôt
et il se fait alors un abondant dégagement d'oxygène. Avec l'acide sulfurique et le bi-
chromate de potasse ils donnent de l'acide percliromique. Ils transforment les mo-
lybdates en permolybdates jaunes, dont l'acide, que no"us avons isolé à l'état de
liberté, répond à la formule Mo^O',H^O. Les perborates développent également
une coloration rouge sang intense dans les solutions sulfuriques d'acide litanique et de
vanadate de soude.
Avec cette dernière il se dégage souvent de lozone. Us décomposent le permanga-
nate de potasse comme l'eau oxygénée et l'on peut titrer par ce procédé leur oxygène
actif absolument comme celui du bioxyde d'hydrogène.
Ils cèdent facilement leur oxygène actif aux protovydes pour les amener à un degré
supérieur d'oxydation, mais ne forment pas toujours avec eux des perborates : les sels
ferreux sont transformés en sels ferriques, en liqueur alcaline il se dépose du sesqui-
oxyde de fer; les sels inercureux donnent de l'oxyde j^iune mercurique. L'hydrate de
plomb donne du plombatede plomb hydraté rouge; les sels manganeux sont oxydés et
en liqueur alcaline le bioxyde de manganèse formé dégage tout l'oxygène actif du per-
borate. Avec l'oxyde de cuivre et ses sels, il se fait du peroxyde de cuivre qui sponta-
nément se décompose plus ou moins avec mise en liberté d'oxygène, et l'oxyde cui-
vrique se combine au perborate et au borate restants, pour donner des sels insolublea
5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui, selon que la perte en oxygène a été plus ou moins forte, ont une teinte variant du
jaune olive au vert. Avec le bioxyde d'urane on obtient du perborate d'uranyle, corps
jaune, anhydre très stable répondant à la formule BO'U et renfermant 5,09,9 pour 100
d"o\ygène actif.
Avec les sels de nickel on obtient des perborates basiques d'une belle couleur verte.
Avec les sels de chaux, de magnésie, de strontiane, de baryte, de zinc, il se foi-me des
perborates blancs généralement peu solubles, mais la composition exacte des sels for-
més varie avec le degré de dilution des sels primitifs et la température à laquelle s'est
produite la précipitation, la durée des lavages et la nature du sel apportant la base du
perborate.
Nous avons obtenu ainsi un certain nombre de chaque perborate et nous
cherchons actuellement à déterminer ceux qui sont des entités chimiques
nettement définies.
En précipitant avec précaution par l'alcool une solution de bibnrate de potasse dans
Teau oxygénée on obtient des cristaux de hiperhorale de potasse répondant à la for-
mule B^0^K,2H-0 et renfermant 2"""' d'oxygène actif, soit 18,06 pour joo; is de ce
sel dissous dans l'eau produit i2'^°'',6 d'eau oxygénée à 10^°'. Desséché dans le vide sur
l'acide phosphorique anhydre, il perd encore une partie de son eau et tend à la for-
mule B^O'K.H^O.
Avec l'ammoniaque on obtient plusieurs perborates, dont l'un AzH*BO',H^() ren-
ferme 16,8/4 pour 100 d'oxygène actif. Ils donnent avec le réactif de Nessier la réaction
des sels ammoniacaux. Les plus intéressants sont les sels de soude.
Le perborate quadrihydraté B0^Na,4H^0 peut s'obtenir par électrolyse d'une solu-
tion d'orthoborate de soude, ou en précipitant par l'eau oxygénée une solution d'or-
thoborate (qui est beaucoup plus soluble que le perborate); soit enfin en saturant une
solution d'acide borique par une proportion convenable de peroxyde de sodium. Ce
sel litre à l'état de pureté 10, 38 pour 100 d'oxygène actif. Desséché avec précaution,
il perd peu à peu son eau et donne les perborates triiiydraté, bihydraté et monohy-
draté. Le perborate monohydraté BO'Na,H^O, très stable, renferme 16 pour 100 de
son poids d'oxygène actif. Ses solutions se comportent absolument comme un mélange
de 66 pour 100 d'orthoborate sodique et 34 pour 100 de bioxyde d'hydrogène chimi-
quement pur. is donne avec l'eau 11™', i3 d'eau oxygénée à 10^'°'. Sa dissolution dans
l'eau se fait sensiblement sans élévation de température, i' d'eau à 20° en dissout aofi.
L'addition d'acides borique, tartrique ou citrique augmente ce coefficient de solu-
bilité. Il est beaucoup plus soluble dans la glycérine.
Ce perborate desséché dans le vide sur l'anhydride phosphorique jierd peu à peu sa
dernière molécule aqueuse et tend à la formule BO'Na. A cet état, il renferme 19, 5i
pour 100 de son poids d'oxygène actif et correspond à 45ji58 pour too de bioxyde
d'hydrogène.
11 est long et difficile à obtenir et à conserver. Toulefois un échantillon ])réparé par
nous il y a 18 mois, titre encore actuellement 17 pour 100 d'oxygène actif. 11 n'a donc
pas repris, au bout de ce temps déjà long, une molécule entière d'eau.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER IQOD. Sog
Comme on le voit, le nombre des perborates que nous avons pu préparer
est déjà notable; et nous pensons pouvoir en obtenir d'autres, dont la
préparation n'est pas sans difficultés, et que nous éludions actuellement
avec quelques autres persels, parmi lesquels les permolyhdat.es ei les /?er-
phosphates.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — A propos de l' assimilation en dehors de l organisme.
Note de M. Ch. Bernard, présentée par M. E. Roux.
,T'ai publié en 1904 (') le résultat de mes recherches sur ce sujet.
Après avoir fait l'historique de la question, je rappelais l'importance
prise en ces dernières années par les ferments, et je disais que les bota-
nistes avaient émis l'opinion que toutes les fonctions de l'être vivant
s'accomphssaient au moyen d'enzymes.
Friedel, en 1900, prépare d'une part de la poudre d'épinard, d'autre
part un extrait glycérine, puis il mélange ces deux substances en les expo-
sant à la lumière; il constate une décomposition d'acide carbonique,
accompagnée d'un dégagement corrélatif d'oxygène. Il annonçait avoir
ainsi réalisé la décomposition d'acide carbonique au moyen du ferment
contenu dans l'extrait, sous l'influence de la chlorophylle et de la lumière,
et indépendamment de toute substance vivante,
Harroy et Herzog répétèrent ces expériences mais n'obtinrent que des
résultats négatifs. Seul Macchiati eut de forts dégagements d'oxygène.
M. le professeur Kny me conseilla de reprendre cette question, mais d'ap-
pliquer à son étude, outre les méthodes macroscopiques des auteurs (analyse
desgaz), des méthodes qualitatives utilisant des réactifs très sensibles : celui
de Schiitzenberger (recoloration, par suite du dégagement d'oxygène, de
l'indigo décoloré au préalable par SO^'NaH) et celui d'Engelmann (bac-
téries très sensibles à l'oxygène et qui ne sont mobiles qu'en présence de
traces de ce gaz).
J'ai exposé en détail dans mon précédent Mémoire les conditions de
mes expériences et les résultats qu'elles m'ont donnés; je n'y reviendrai
pas ici. Quoi qu'il en soit, ni par ces réactifs, ni par la méthode de Friedel,
ni par celle de Macchiati que j'ai quelque peu modifiée, je n'ai pu constater
(') Bernard, Beihefte z. bot. Centralbl., L. XVI, 1904, p.
5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
le moindre dégagemenL d'oxygène lorsque je mettais k la lumière un
mélange de poudre de chlorophylle et l'extrait glycérine. J'ai cependant
travaillé avec diverses plantes, récoltées à diverses saisons, et j'ai varié
autant que possible les conditions des espériences.
Cette pidîlication me valut une lettre de M. Macchiati ('), où cet auteur
maintenait ses précédentes observations et oii il me conseillait de suivre
exactement ses indications.
Dans sa dernière Noie, Macchial! (^) disait avoir simplement mélangé de la poudre
avec de l'eau et non avec de l'extrait glycérine, la poudre contenant assez de ferment
non détruit par la dessiccation. Il remplissait de ce mélange un entonnoir surmonté
d'une éprouvette et retournait le tout dans un récipient plein du même liquide et
qu'il exposait à la lumière. Au début il n'avait pas de résultat positif; mais, après
quelque temps, et notamment lorsque la température était assez élevée (22''-23°), il
recueillait dans l'éprouvette une grande quantité d'oxygène.
Je refis donc des expériences en suivant à la lettre les données de cet auteur ; j'exposai
à la lumière des mélanges d'eau et de diverses poudres de plantes (épinard, lamium,
acanthus). La température était assefc élevée. Au débuts en effet, je ne remarquai rien ;
cependant après peu d'heures un dégagement gazeux commençait et devenait rapide-
ment très énergique. Mais en plongeant une alluuielte incandescente dans ce gaz, elle
s'y éteignait; une flamme, au contraire, provoquait une explosion. Ce gaz n'était donc
pas autre chose que lé produit d'une fermentation due à des bactéries et qui, comme
toutes les décompositions anaérobieâ de plantes, dégageait du méthane et d'autres gaz.
Je traitai le gaz dégagé au moyen du pyrogallol, qui ne décela pas la moindre trace
d'oxygène, lîn outre, des antiseptiques (camphre), ajoutés au liquide à expérimenter,
empêchèrent totalement le dégagement gazeux.
Molisch (^) publia aussi des observations intéressantes sur ce sujet. Pour reconnaître
le dégagement d'oxygène il se servit du réactif si sensible recommandé par Beyerinck,
les bactéries lumineuses, et il n'obtint, sauf un cas douteux, que des résultats négatifs.
Je complétai mes recherches en utilisant ce réactif et en l'appliquant aux diverses
plantes que j'ai étudiées; j'ai répété l'expérience bien des fois, mais toujours sans
succès.
En somme ces nouvelles observations, dont le détail sera publié autre
part, ne peuvent que me confirmer dans l'opinion que j'ai déjà énoncée :
elles ne sauraient fournir de preuve contre l'hypothèse de l'intervention
d'un ferment dans le processus assimilateur. 11 est permis au contraire
d'espérer que dans l'avenir nous verrons réaliser la décomposition d'acide
(') Macchiati, In litteris, 1904.
(-) Macchiaïi, Bull. Soc. bol. Uni., 1908.
(*) MouscB, BotanisGhe Zeilung, 1904-
SÉANCE DU 20 FÉVRIER IQoS. )II
carbonique en dehors de l'organisme. Mais on peut dire que, dans l'état
actuel de nos connaissances, cette donnée n'est encore qu'une hypothèse
et que certains auteurs ont hâtivement homologué des dispositifs expéri-
mentaux trop simplistes à cet appareil compliqué qu'est une cellule assi-
milatrice.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur la composiljon des eaiix-de-vie de lin.
Note de M. X. Rocques, présentée par M. A. Miintz.
La composition des eaux-de-vie de vin présente 4. 1 et 3,7 dans des eaux-de-vie pauvres en éthers.
CHIMIE PHYSIQUE. — Prévision d'une réaction chimique formant un système
monovariant . Note de M. Camille Matiunox.
Il est possible de prévoir les réactions chimiques en utilisant, d'une
part, la loi des phases ou la loi d'action de masse et, d'autre part, une autre
loi que l'on peut appeler la loi de constance de la variation d'entropie aux
températures correspondantes.
Dans cette Note, je ne m'occuperai d'abord que des réactions satisfaisant
aux conditions suivantes : Il n'intervient dans la réaction que des corps
solides et des corps gazeux et ces derniers se trouvent tous dans le même
membre de l'équation.
Considérons la réaction réversible avec n corps A, ..., C et n! corps
A', . . ., C tous solides sauf A qui e^t gazeux :
Si toutes ces substances ne présentent pas entre elles d'autres relations
SÉANCE DU 30 FÉVRIER 1901. 3li
que la précédente el sont incapables de donner naissance à des dissolutions
solides, le nombre des composants indépendants est égal à « + /?'— i et le
nombre des phases h n -h n', par suite le système est monovariant. A|)pe-
lons Q la chaleur dégat;ée dans la réaction à la température absolue T où
la pression de dissociation est égale à 760.
D'après la loi de constance de la variation d'entropie, le rapport ^ est
constant et voisin de 32*^^', à condition que Q corresponde à la mise en
réaction d'une molécule du corps gazeux.
Or une condition nécessaire pour que la réaction soit possible, c'est que
la tension maxima du corps A à la température T soit supérieure à la pres-
sion atmosphérique; c'est-à-dire que la température absolue d'ébullition To
sous la pression normale du corps A soit inférieure à T,
T>T„.
D'après la relation approchée de M. de Forcrand, T„ dépend des cha-
leurs de fusion S et de volatilisation L moléculaires de A,
et, par la suite, la condition précédente nous donne comme valeur approchée
Q>L + S.
Ainsi donc, pour qu'une réaction du type précédent soit possible, il est
nécessaire que la chaleur dégagée, à la température où la pression de dis-
sociation est normale, soit plus grande que la somme des chaleurs de fusion
et de volatilisation moléculaires du corps gazeux,
Q-('L+ S)>o.
Si la valeur de T n'est pas trop élevée, 01. pourra pratiquement remplacer
la quantité de chaleur précédente qui nous est inconnue la plupart du
temps, par la chaleur Q' qui correspondrait à la réaction s'effectuant à la
température ordinaire.
Q'- (L + S)>o.
La quantité Q' — (F. -t-S) est précisément la chaleur dégagée dans la
réaction en supposant que le gaz A lui-même soit amené à l'état solide. Or
M. Berthelot, depuis longtemps, a été conduit par l'expérience à envisager
cette quantité comme décidant, par son signe, de la possibilité de sem-
blables réactions.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N« 8.) ^6
5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lorsque plusieurs gaz A, . . ., B interviennent clans l'équation avec les
coefficients respectifs a, ...,/>,
«A +. . .+ ftB +...+ :-- A' + B' + ...4- (7,
la quantité de chaleur Q qui correspond à i""' iJe gaz est donnée par l'équa^
tion suivante oîi N = a + . . . 4- è,
^(aA+...+ *B-h...^C)^j;j(A' + B' + ...+ (:') + Q.
Quand le système se dissocÏQSOUS la pression atmospiiérique, à la tempé-
rature absolue T, les pressions des gaz A. ..., B sont respectivement H^> ■■ ,
H j^; il est alors nécessaire que les tensions maximades corps A, ..., B à lu
température T soient respectivement supérieures aux quantités H^, •■•,
H:j^i conditions qui peuvent aussi se traduire en fonction des chaleurs de
fusion et de volatilisation, quoique moins simplement que dans le cas pré-
cédent.
Je montre, par un exemple simple, comment il est possible d'appliquer
ces faits à la prévision des réactions.
Soit la réactidii
sBaO sol. H- O^gaz. ^ 2BaO-sol. -^ 24*-'', i-
Est-elle possible d'une façon réversible ? Pour l'oxygène, d'après la relation de
M. de Forcrand, I^ + S :=: 2*^"', 7; Q est donc plus grand que L -t- S et la réaction est
possible.
La température pour laquelle la pression de dissociation est 760""° sera donnée d'une
façon approchée par le rapport ^^^ — 753" absolus, soit 480° C, nombre parfaite-
ment d'accord avec ce que nous savons sur les propriétés de la baryte et du bioxyde
de baryuna. Il importe de remarquer ici que la connaissance d'un point de la courbe
de dissociation entraîne la connaissance de la courbe entière.
Pour déterminer avec plus de rigueur la température précédente, il faudrait rem-
placer 24'^°',! par la chaleur dégagée réellement à la température de dissociation sous
la pression normale, quantité qui peut être calculée par la méthode des approxima-
tions successives en faisant usage des chaleurs spécifiques des corps réagissants.
Soit encore la réaction
SO'Na^sol. + HClgazi,^SO*IVaHsol,-HNaGlsol. + le-^'i.g.
PourHCl, L-|-S=:5«°',7.
La réaction est donc possible d'une façon réversible.
iGgoo
~3
SÉANCE OU 20 FÉVRIER ipoS. 'ïlS
La température approchée de dissociation sous la pression atmosphérique est
= 528° absolus oti aSS" C.
M. Colson a trouvé les pressions suivantes d'équilibre à diverses températures :
t. p.
10 2 et 2,5
100 i5 i> i5
lao 23,5 » 23
175 77 1, 78
120 24 » 24
En extrapolant ces résultats, on trouve 280° pour la température de dissociation
sous pression normale.
Un assez grand nombre de réactions rentrant dans le type précédent n'ont pas donné
de résultats en contradiction avec les faits connus. On peut toutefois se demander
a priori si des faits nouveaux ne montreront pas par la suite que les valeurs de — au
lieu de rester constantes viennent se grouper autour de plusieurs nombres distincts,
comme cela se produit pour beaucoup de lois physicochimiques.
Les réactions ne se produisent qu'au delà d'une certaine température à
partir de laquelle ces réactions sortent de la zone de repos chimique. Cette
température pourra correspondre à un point de la courbe de dissociation
où la |)ression est déjà fort élevée et, pour manifester l'entrée des gaz en
combinaison, il conviendra d'opérer au-dessus de cette pression; en tous
cas, à partir de ce point, les phénomènes seront d'accord avec les pré-
visions.
Lorsque Q <; L -t- S, l'examen des cas qui satisfont à cette condition
semble indiquer que la réaction n'est plus possible que dans le sens de la
mise en liberté des gaz. En tenant compte de la loi d'action de masse, ces
faits peuvent être généralisés et étendus à d'autres types de réactions.
BOTANIQUE. — Deux lianes caoutchoutifères méconnues. Note de
M. E. DE WiLDEMAiv, présentée par M. Guignard.
Pendant bien longtemps, le caoutchouc exporté en si grande quantité de
l'Afrique tropicale fut considéré comme produit par une seule liane du genre
Lanclolphia. Jusque dans ces dernières années, on rapporta très souvent la
production du caoutchouc au L.Jlorida répandu dans tout le centre africain.
Les recherches récentes ont non seulement fait voir que le L.Jhridu n'est
pas une espèce exploitée par l'indigène, son latex étant sans valeur, mais
5ï6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
encore que plusieurs lianes du même genre peuvent fournir du caoutchouc
et que les genres voisins, tels que Clilandra, renferment des plantes qui
tiennent une place très importante parmi les producteurs du caoutchouc
africain.
Ces recherches ont en outre démontré l'exploitabilité de certains arbres ;
mais la production du caoutchouc africain de lianes semblait provenir uni-
quement d'espèces du petit groupe des Landolphiées. Il existe cependant
en Afrique centrale d'autres genres dont certaines espèces fournissent du
caoutchouc; nous en avons eu récemment la preuve. On nous a, en effet,
envoyé pour la détermination une liane caoutchoutifère congolaise pouvant
atteindre une quinzaine de mètres de hauteur et dont les tiges, privées de
vrilles, sont volubiles. Cette liane appartient au genre Baissea et à l'espèce
décrite par le botaniste allemand Karl Schumann sous le nom de Guerkea
gracillima, nom qui à la suite de recherches de M. H. Hua a dû être modifié
en Baissea gracillima. Cette liane signalée au Cameroun et au Congo
français (l.oudimaet Mayombe-Thollon) n'avait pas encore été indiquée
dans le domaine de l'Etat indépendant du Congo oii elle est désignée sous
le nom de Eie.
Le latex est assez abondant; le caoutchouc, lors de sa préparation, est blanchâtre et
devient assez rapidement noir. Ce Baissea possède de petites fleurs disposées en
cymes subombelliformes, réunies à l'extrémité des tiges en grandes panicules termi-
nales; à la face inférieure de ses feuilles, les nervures sont velues et des poils plus
abondants et plus allongés forment, à l'intersection de la nervure médiane et des ner-
vures latérales, des acarodomaties très nettes.
Pendant le courant de i'atmée 1904, nous avons reçu presque simultané-
ment, de la réiiion du Kasiii et du centre du Congo, des éléments d'une
seconde liane caoutchoutifère, le Periploca nigrescens kh. Celle-ci apj)ar-
tient à la famille des Asclépiadacèos et à un genre dont une autre espèce,
le P. graeca, a parfois été considérée comme plante caoutchoutifère. Le
caoutchouc de Periploca est noir et de bonne qualité. Cette liane est relali-
vement peu développée, ses tiges acquièrent un peu plus de l'épaisseur du
pouce et sont recouvertes d'une écorce écailleuse. Le latex existe dans la
couche sous-corticale et dans la moelle. La première indication relative à
la valeur caoutchoutifère de cette plante nous avait été fournie, il v a quel-
ques années, par M. le commandant Cabra. Il l'avait rencontrée dans une
de ses expéditions de délimitation de frontières. De divers côtés, nous
avons reçu des échantillons de cette même espèce sans qu'il fût fait men-
SÉANCE DU 20 FÉVRIER ipoS. 017
lion de production de caoutchouc; c'est ce qui nous a empêché de signaler
plus tôt cette propriété.
Le Periploco nigrescens donne beaucoup de graines dont le pouvoir germinatif ne
s'est pas altéré pendant le voyage d'Afrique en Belgique et le développement des plan-
tules, dans nos serres, est assez rapide. Cette liane est indiscutablement exploitable;
mais si l'on tient compte, à la lettre, du décret promulgué récemment par le Gouver-
nement de l'État indépendant du Congo (défense de couper la liane), le P. nigrescens
ne pourra être exploité.
Il n'est pas possible, en effet, sur une plante à tiges de 2™ à 3"=" de diamètre, de faire
des saignées, surtout quand elle possède une écorce aussi irrégulière.
Nous sommes persuadé que des saignées, faites même avec certaines précautions,
entameront toujours le bois et que la mort de toute la partie située au-dessus de la
blessure en sera presque irrémédiablement le résultat.
L'exploitation de cette liane n'est possible que par coupe réglée, comme
cela a été préconisé pour d'autres lianes. Le Periploca nigrescens repousse
très facilement du pied, il peut se multiplier par boutures et, d'après cer-
taines indications, deux ans après la coupe, les nouveaux rejets pourraient
être exploités à leur tour.
BOTANIQUE. — Un Caféier nouveau de l'Afrique centrale. Note de
M. AuG. Chevalier, présentée par M. Ph. Van Tieghem.
Parmi les Caféiers utilisables rencontrés au cours de notre mission au
Chari, il faut citer le Coffea congensis Frœhu., espèce encore mal connue
des bords du Congo et de l'Oubangui, et deux autres espèces, nouvelles
pour la flore africaine, que nous avons dénommées C. sylvaticaeiC. excelsa.
Cette dernière plante est particulièrement intéressante par le produit
qu'elle est susceptible de fournir à l'alimentation. Depuis sa découverte
nous nous sommes attaché à réunir les divers renseignements indispen-
sables pour nous permettre d'en donner aujourd'hui une monographie
complète.
Rappelons d'abord brièvement la diagnose :
Coffea excelsa A. Cliev. — Arbre de 6'" à i5"' de hauteur, à écorce grisâtre fendillée
longitudinalement. Feuilles de i8'°'-28'"" de long sur 9':"-i2'^"' de large, à pétiole court
de i°™,5 à 2"^", 5 de longueur, à limbe ordinairement obovale-lancéolé, parfois obovale-
spatulé sur les pieds croissant à l'ombre, brusquement terminé en pointe obtuse au
sommet et muni de 6 à 9 paires de nervures saillantes en dessous.
Inflorescence en cymes axillaires de i à 4, comprenant chacune de i à ô fleurs
5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
blanches odorantes. Chaque cyaie est entourée de 2 à 3 calicules à surface résineuse
et à bords plus ou moins finibriés. Sur les pédicelli-s, on trouve d'ordinaire l ou a petites
bractéoles apprimées.
Fleurs à calice presque nul, plus court que le disque et à limbe annulaire entier.
Corolle de 20"" de longueur totale, le tube mesurant de 8°"" à lo*""" de long et les
lobés toujours au nombre de 5 mesurant de 10"" à 12""" de long sur 6"™ de large.
Étamines entièrement vertes de 10""" de longueur totale, sur laquelle les anthères
occupent 6""° environ. Style grêle de iS"" à 20""™, terminé par deux stigmates filiformes.
La plante fleurit en février ou mars.
Ce Caféier géant, qui peut atteindre exceptionnellement, à l'âge adulte,
la hauteur de 20™, croît dans les galeries forestières des affluents orientaux
du Chari, entre 8° et 8''3o' de latitude nord. Il a été aussi rencontré sur les
rives du Bâta, affluent de la Rotto (bassin de l'Oubangui), c'est-à-dire à
une altitude de 5oo" à 800™; on ne le trouve jamais dans les stations
inondées.
Voisin du Coffea Dewevrei De Wild. et Dur. découvert par Dewèvre au
Congo belge, le C. excelsa est aussi proche du C. Dybowskii Pierre, recueilli
par M. Dybowski sur les bords de la Remo et que nous avons pu retrouver
au cours de notre exploration; il possède d'ailleurs les principaux carac-
tères de ces deux espèces.
Actuellement il est récolté exclusivement dans la vallée du Boro, dans
les États du sultan Snoussi, et nous avons fait analyser, par les soins de
M. Hébert, les terres dans lesquelles il croît de préférence.
Analyse du sol. — Cette terre ne renferme sensiblement ni cailloux, ni
chlore, ni acide sulfurique.
1° Su/face du sol.
Analyse physique. Analyse chimique.
Sable 883 pour 1000 .\zote 3,58 pour looo
Argile 4>5 Ac. phosphorique. traces
Calcaire , traces Chaux id.
Humus 21 ,6 pour 1000 Magnésie id.
Potasse 0,16 pour 1000
Soude 4j73
à o'",5o).
Sable 926 pour 1000 Azote 2,4o pour rooo
1° Sous-sol
(C
925
3o
pour 1000
traces
4,6
pour 1000
Argile 3o Ac. phosphorique. traces
Calcaire traces Chaux id.
Humus 4,6 pour 1000 Magnésie id.
Potasse id.
Soude 4,89 pour 1000
SÉANCE DU lO FÉVRIER igoS. 5 19
Le sol dont il s'agit est donc caractérisé par sa richesse en azote et en
soude, et aussi par l'absence presque totale de potasse, d'acide phospho-
rique et de chaux.
Le café se présente en petits grains arrondis, rappelant par leur forme
et leur grosseur certains cafés d'Abyssinie et de Moka. 100™' renferment
700^710 fèves dont le poids, d'après Greshoff, du Kolonial Muséum de
Harlem, qui a bien voulu nous transmettre les chiffres de ses différents essais,
est de 69S, 3. Le poids de 100 fèves oscille entre 7^,40 et iS^.ga. Il résulte
de tous ses calculs et des nôtres que 100^ de café renferment 1020 à
1060 grains. A l'état spontané, un pied de 5 ans environ mesurant 8™ de
hauteur nous a fourni 600 fruits ou 1200 grains, soit environ une produc-
tion annuelle de 120». La teneur en caféine du café de Snoussi est très
élevée; elle atteint 1*^,89 pour 100, Voici d'ailleurs l'analyse effectuée par
M. Hondas, chef du Laboratoire de l'École supérieure de Pharmacie :
Eau à 1 00° 7 , 66
Caféine i , 89
ÀKOle total 3,11
Matières grasses 1 2 , 58
Cendres 3,7-5
Les analyses de M. Greshoff, de Harlem, donnent un chiffre un peu infé-
rieur, dû probablement à la teneur un peu plus forte en eau de ses échan-
tillons et aussi aux méthodes employées, mais on peut néanmoins conclur,'
que ce café doit être classé parmi les meilleures sortes actuellement con-
nues (').
Après torréfaction, il donne une infusion d'un arôme excellent et tous
les experts à qui nous en avons confié sont unanimes à le ranger parmi les
qualités de très bonne moyenne.
Nous en avons d'ailleurs fait constamment usage pendant notre long
séjour dans les États de Snoussi et nous avons appris qu'il était depuis long-
temps connu des Arabes; une petite quantité est encore annuellement
exportée au Ouadaï. M. Rivière nous a dit aussi avoir vu, il y a une ving-
taine d'années, une certaine quantité de ce café sur les marchés de Tripoli.
Conclusions, — L'espèce nouvelle de Caféier, que nous avons dénommée
Coffea excelsa, produit un café dont la teneur en caféine et les qualités
( > ) Voir Gap. Bertrand, Recherche et dosage de la caféine dans plusieurs espèces
de cafés {Bull. Se, pharmaçQl., Paris, t. V, 1902, p. 283),
520 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'arome et de goût font une sorte très estimable. 11 y a donc lieu d'aviser
aux moyens de cultiver et d'améliorer cette espèce sauvage, susceptible de
devenir une source de profits pour notre colonie du Congo.
Pour faciliter la récolte, les indigènes grimpent sur l'arbre et en brisent
les branches, ce qui amène le dépérissement et la mort du sujet : des
mesures de protection s'imposent au plus tôt, d'autant plus que, dans le
traité passé entre Snoussi et l'administration du Chari, il est demandé,
entre autres choses, au sultan de fournir 3oo''f^ de café décortiqué prove-
nant du Caféier qui croît dans ses États.
BOTANIQUE. — Sur l'appareil sécréteur des Diptérocarpées.
Note de M. P. Guérin, présentée par M. Guignard.
L'étude anatomique des Diptérocarpées et, en particulier, celle des canaux
sécréteurs que renferment les divers organes des représentants de cette
famille a déjà donné lieu à un grand nombre d'observations. Cependant,
malgré les travaux de Muller, Van Tieghem, Solereder, Burck, Heim,
Brandis et Sieck, le sujet ne semble pas complètement épuisé, surtout en
ce qui concerne plus particulièrement les canaux sécréteurs du bois. Le
mode de développement et la course de ces éléments à l'intérieur du corps
ligneux appellent de nouvelles recherches.
Les observations doivent être faites de préférence chez les Dipterocarpus .
Quelle que soit, en effet, l'espèce considérée {D. alatus, turhinatus, Dyeri,
intricatus, etc.), les canaux sécréteurs du bois y sont toujours nombreux.
De plus, s'il est vrai que dans certains genres tels que Shorea, Doona,
Hopea, Vatica, les canaux sécréteurs n'apparaissent que plus tard, souvent
même, comme parfois dans le Doona odorata, en cercles concentriques,
chez ie^ Dipterocarpus, au contraire, les canaux ligneux se montrent dans
le bois de la première année. Leur nombre ne varie pas sensiblement dans
les couches ligneuses successives et leur répartition est toujours très irré-
gulière.
Pour étudier le mode de développement de ces canaux, il suffit d'observer le fonc-
tionnement de la couche cambiale dans une tige quelconque de Dipterocarpus. La
même coupe transversale permet, en général, de rencontrer ces organes à tous les
stades de formation. Le canal sécréteur prend toujours naissance par simple écarte-
ment de quatre cellules cambiales, ces quatre cellules de bordure du canal étant abso-
lument semblables aux autres éléments du cambium. Par leur disposition même et
SÉANCE DU 20 FÉVRIER IQoS. Sàl
celle des cellules environnantes, il est aisé de se rendre connpte que ces quatre cellules
ne sont pas le résultat de la division d'une cellule mère unique primitive, contraire-
ment à ce que l'on observe d'ordinaire chez les autres plantes.
Le canal sécréteur ne conserve parfois que ces quatre cellules de bordure et l'on peut
le retrouver au centre du bols avec les mêmes caractères qu'il avait à l'origine. Toute-
fois (sans être jamais bien considérables) les cellules qui bordent le canal peuvent
atteindre un nombre plus élevé; mais il y a lieu de remarquer que ce résultat ne pro-
vient pas d'une division radiale des cellules de bordure primitives. En effet, le méat
primitif s'élargit en dissociant et écartant les cellules qui l'entouraient à l'origine, de
telle sorte qu'il arrive ainsi au contact d'autres cellules cambiales qui viennent
concourir à former sa bordure définitive en même temps que les quatre cellules pri-
mitives. De toute façon, le diamètre du canal n'augmente guère avec l'âge; mais, à
un moment donné, les minces membranes des cellules sécrétrices qui limitent le canal
se déchirent, et la bordure primitive disparaît plus ou moins complètement.
Lorsqu'on examine les coupes transversales précédentes, il n'est pas rare de remar-
quer de place en place la fusion de deux canaux voisins, ce qui laisse supposer immé-
diatement que les canaux doivent s'anastomoser dans leur course longitudinale
à l'intérieur du bois. C'est ce qu'il est facile d'observer sur des sections tangentielles,
chez les Diplerocarpus en particulier. Si certains canaux restent indépendants sur la
plus grande partie de leur parcours, en suivant un trajet plus ou moins sinueux,
d'autres, au contraire, confluent en un réseau à mailles plus ou moins inégales. Les
unes sont grandes et englobent plusieurs rayons médullaires en même temps que des
fibres, d'autres plus petites ne comprennent qu'un seul rayon médullaire. Les anasto-
moses s'observent avec la plus grande netteté en colorant directement le contenu des
canaux au moyen de l'orcanette acétique. Ce réactif donne les meilleurs résultats dans
le cas qui nous occupe. Bien souvent, en effet, sinon pour les Diplerocarpus, du moins
chez certains genres tels que les Shorea, Doona, Vatica, les canaux sont si peu
nombreux et si petits qu'ils pourraient passer Inaperçus si l'on n'en colorait le
contenu.
En résumé, les canaux sécréteurs répandus dans le bois de la tige des
Diplerocarpus (ceux de la racine et des autres Di[)léiocar|)ées, comme nous
espérons le montrer dans la suite, oflVent vraisemblablement les mêmes
caractères) présentent, par leur mode de développement dans le cambium
et leurs anastomoses, une particularité qui, à notre connaissance, n'a été
signalée jn.'qu'à présent que datis les Copaifera et les Danietlia par M. Gni-
gnard. Comparés à ceux de ce dernier genre en particulier, les canaux des
Diplerocarpus ollrenl en ellel une comjjjèie analogie. En imlicpiant que ces
éléments sécréteurs se développent comme ceux îles Cnpaijera, Sieck ne
voit de ressemblance que dans un dévelo|.|)ement scliizogèae, s;ms rem.ir-
quer l'origine cambiale des canaux des Diplerocarpus. Quant aux anasto-
moses signnlées [jar Burdi, elles ne semblent s'appliquer qu'aux canaux
de la moelle, et peut-être d'après l'examen seul de coupes transversales.
C. R., igoS, I" Semestre. (T. CX L, N° 8.) 67
522 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les canaux sécréteurs du bois des Dipterocarpus présentent donc certains
caractères restés inconnus jusqu'à ce iour et que nous avons cru intéres-
sant de faire connaître.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l'aclwn qu'exercent les basses lempératures
sur les zoospores des Algues. Note de E.-C. Teodoresco, présentée par
M. Gaston Bonnier.
Des observations faites depuis longtemps nous ont appris, que les
zoospores de Vaucheria clavata, Ulolhrix zonata et Hœmatococcus pluvialis
ne cessent pas leurs mouvements dans l'eau dont la température tombe
à près de zéro. D'autre part, il est bien probable que les Zoospores des
Algues, qui vivent dans les régions polaires, sont mobiles à une tempé-
rature plus basse encore. En effet, Kjellman a fait connaître en 187,5 (')
qu'à Mosselbay (Spitzberg) la température de la mer descend, en hiver,
à i",8 au-dessous de zéro et que chez les Algues trouvées pendant l'hiver,
dans cette localité, l'activité vitale ne s'est pas montrée diminuée.
Dans le travail dont j'ai l'honneur de présenter un extrait à l'Académie,
je me suis proposé d'étudier l'action qu'exercent les températures basses
sur les zoospores des Algues.
Comme l'eau douce ne se prête pas, pour les zoospores, aux expériences
faites à des températures au-dessous de zéro, j'ai eu recours aux zoospores
vivant dans l'eau salée. J'ai choisi dans ce but le Dunaliella salina, Volvocacée-
Polyblépharidée, que j'ai eu l'occasion d'étudier dernièrement au point de
vue morphologique (-). Le Dunaliella, qu'on trouve en abondance dans les
lacs salés de Roumanie, supporte une eau très concentrée, dont la densité
peut atteindre, d'après mes observations 1,35^, ce qui correspond à 38°
Baume. A cet état, l'eau salée est presque sirupeuse. Or on sait que le point
de congélation de l'eau, qui tient en dissolution des sels, est d'autant plus
bas que le nombre des molécules dissoutes, dans l'unité de volume, est
plus grand. L'eau salée dans laquelle vit l'Algue mentionnée, pouvant ainsi
supporter, sans se prendre en glace, des températures très basses, j'ai pro-
(') Comptes rendus, t. LXXX, p. 474-
(*) Organisation el développement du Dunaliella, nouveau genre de Volvocacée-
Poiyblépharidée, in Beihefte z, botan. Cenlralblatt, 1904.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER igo5. SaS
fité de l'occasion qui m'était offerte pour entreprendre une série d'expé-
riences, dont je rapporte ici quelques-unes.
1° Je verse dans une fiole d'Erlenmeyer 5™' d'eau salée très concentrée, contenant
des zoospores, que j'avais apportées, en mai 1904, de Lacul-Sarat (aux environs de la
ville de Braïla) ; celte eau formait, au fond de la fiole, une couche ayant à peu près 5"™
d'épaisseur. La fiole ouverte est placée dehors, dans la cour du laboratoire, le i5 oc-
tobre 1904; elle 3' est restée jusqu'au 20Janvier tgoS (l'expérience continue d'ailleurs).
I^a quantité d'eau a été presque constante jusqu'à la fin de l'expérience, car, l'eau étant
salée, ce qu'elle perdait par évaporation, dans les jours secs, elle le regagnait en absor-
bant, dans les journées humides, les vapeurs d'eau de l'atmosphère. Pendant ces trois
mois, le temps fut particulièrement froid et le thermomètre descendit jusqu'à 20° sous
zéro. Presque journellement, mais surtout quand il faisait très froid, j'observais, entre
j^ et 8^ du matin, les zoospores au microscope. Celles-ci sont restées toujours vivantes
et en bon état; parfois elles paraissaient, il est vrai, un peu engourdies par le froid,
se mouvant avec difficulté; mais il suffisait de laisser une préparation pendant quelques
minutes dans le laboratoire, pour voir les zoospores reprendre leur agilité habituelle.
Je ne pus observer aucun changement sensible dans leur structure interne. Mais la
chose la plus surprenante, c'est que, pendant ce temps, je n'ai pu voir les zoospores
s'enkyster ou passer à un état immobile (stade Protococcus). Il est probable que
l'exposition constante de trois mois, à une température aussi basse, n'est pas propice à
la vie du Duitaliella, mais l'Algue résistait cependant.
2° Un flacon à grande ouverture, contenant à peu près iSo""' d'eau salée, est resté
toujours ouvert et absolument dans les mêmes conditions que la fiole précédente. Les
zoospores se sont comportées de la même manière.
3° Je verse de l'eau salée, concentrée à 38° Baume, dans un petit tube en verre,
ayant 8"'™ de diamètre; j'enfonce ce tube, contenant beaucoup de zoospores, dans un
mélange réfrigérant, composé de parties égales de neige et d'alcool. Le thermomètre
descend d'abord à — 3o° pour remonter après 3 minutes jusqu'à —29°. Au bout
de 6 minutes, en retirant le tube du mélange réfrigérant, je constate qu'une partia
des sels a formé, au fond, un dépôt, tandis que, dans la solution plus diluée qui reste, les
zoospores sont vivantes et nagent assez facilement. Je place une goutte suspendue tout
près d'une fenêtre, dans la chambre du laboratoire, et je constate que les zoospores
sont phototactiques; elles se rassemblent, en effet, sur le bord qui regarde la chambre.
4° Le même tube est placé ensuite de nouveau dans le mélange réfrigérant, où il reste
3o minutes. Pendant ce temps la température a varié entre — 3o° et — 26°. J'observe
alors que les sels ont formé, au fond du tube, un dépôt transparent, tandis que l'eau
surnageante a commencé à se prendre en glace et s'est transformée en une espèce de
neige opaque, blanchâtre et molle, dans laquelle on peut enfoncer sans difficulté une
spatule. Cette neige est formée de cristaux séparés par de l'eau non solidifiée encore.
Je retire alors le tube du mélange réfrigérant et je le laisse à —2°, température de l'air
où j'opère; au bout de quelques minutes la neige est fondue. J'observe les zoospores
et je constate Ique la plupart sont vivantes et mobiles; dans une goutte suspendue,
laissée dans la chambre du laboratoire, elles se ramassent du côté opposé à la lumière.
Mais j'obser\ e en même temps, dans la préparation microscopique, un grand nombre
524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de zoospores mortes, les unes entières, d'autres éclatées et comme déchirées; ce sont,
sans contredit, celles qui ont été transpercées ou emprisonnées dans les cristaux, qui
s'étaient formés par l'abaissement de la tempéralure, tandis que les zoospores qui se
trouvaient dans l'eau séparant les masses cristallines sont restées en bon étal.
ZOOLOGIE. — Un nouveau type cellulaire de Grégarine à cytoplasme méta-
mérisé. Noie de M. Louis Léger, présentée par M. Alfred Giard.
On sait qu'au point de vue de leur structure les Grégarines se groupent
en Monocystidèes dont la cellule constituante ne comporte pas de cloison
interne et en /'o/ycj'5/«V/ee.y chez lesquelles il existe une cloison ou septum
divisant le sporadin en deux compartiments : l'un antérieur ou protomérite,
sans novau, l'autre terminal nucléé, le deutomérite. Il est aisé de faire
rentrer toutes les Grégarines connues dans l'un ou l'autre de ces deux
groupes morphologiques et l'on peut ajouter que l'on ne connaît pas actuel-
lement de Grégarines possédant, an stade de sporadin, plus de deux seg-
ments.
Or, en poursuivant mes recherches de parasitologie chez les Diptères,
j'ai rencontré, dans l'intestin des larves de Ceratopogon solstilinlis Winn. ( '),
recueillies à Cavalière dans les marais voisins de la Méditerranée, une Gré-
garine que j'appellerai Tœniocystis mira n. g. n. sp., et dont la structure
réalise un type cellulaire nouveau.
A l'état de sporadin, en effet, l'animal, doué de mouvements assez lents, se montre
sous la forme d'une cellule allongée, vermiforme, comme un Monocystis ; mais cette
cellule, au lieu d'être indivise comme dans ce dernier genre, ou pourvue d'un unique
septum comme chez les Polycyslidées, se montre divisée en nombreux compartiments
ou segments, séparés complètement les uns des autres par des cloisons transversales.
In vivo, ras|>ect de cette curieuse Grégarine est tout à fait celui d'un petit Cestode
polymérique, d'où le nom générique de Tœniocystis que je lui donne.
(') La détermination de ce Diptère que j'ai obtenu à l'état adulte par
larves infestées est due à l'obligeance du D'' Bergroth.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER ipoS. 5l5
Le nombre des segments s"accroît avec la taille de l'organisme et, chez des individus
mesurant 3ool^ de long sur 24^ de large, j'en ai compté jusqu'à 29. Ainsi que le montre
la figure, ces segments sont à peu près de longueur égale ; toutefois il n'est pas rare d'en
observer quelques-uns un peu plus grands, notamment vers le milieu du corps. En
outre, il y a une céphalisation marquée par ce fait que le segment le plus antérieur,
plus grand que tous les autres, se termine par une sorte de mucron mousse et change
de forme à cha((ue instant, pouvant s'allonger ou s'étaler en une ventouse circulaire
du centre de laquelle surgit le mucron. Je pense qu'il s'agit là d'un appareil permettant
l'adhérence à la paroi intestinale.
Malgré cette segmentation cvtoplasmique, il n'v a qu'un seul noyau, ce qui démontre
suffisamment l'unité cellulaire de l'organisme. Chez l'adulte, ce noyau, situé dans le
sixième ou le septième segment, est sphérique, à paroi épaisse, fortement colorable,
renfermant de nombreux corps chromatiques sur un réseau très dense avec un ou
plusieurs gros nucléoles.
Une mince cuticule, ou épicyte, finement striée en long, limite le corps. Il n'y a pas
de couche ectoplasmique, ou sarcocyte, bien délimitée sous l'épicyte.
L'endoplasme ou entocyte qui remplit tout l'intérieur des compartiments, montre,
baignant dans un reticulum à larges mailles, un hyaloplasma bondé de grains de
réserve comme chez les autres Grégarines, avec quelques grains chromatiques rares et
épars.
Les cloisons qui semblent s'insérer directement sur l'épicyte sont fortement chroma-
tiques au niveau de leur ligne circulaire d'insertion. Elles divisent complètement le
corps de l'animal, car, en faisant éclater celui-ci par pression sur le couvre-objet, on
voit qu'elles s'opposent à la sortie des granulations endoplasmiques des compartiments
qu'elles limitent.
Malgré ses caracLères morphologiques si particuliers le Tœniocystis se
reproduit à la façon des autres Eugrégarines, c'est-à-dire que deux individus
adultes s'accouplent dans un même kyste et donnent, après division mito-
tique de leur noyau, des gamètes qui copulent deux à deux pour former
dessporocystes biconiques de 7^^,20 sur 3*^,20 rappelant beaucoup ceux des
Monocyslis. Il existe une faible différence sexuelle entre les deux Gréga-
rines accouplées; par contre, les deux gamètes qui copulent sont à peu
près semblables au moins au moment de leur fusion, caractère qui rap-
proche aussi Tœniocystis des Monocystidécs. Toutefois la position exacte de
ce nouveau genre dans le groupe des Grégarines ne sera déterminée avec
certitude qu'après une étude suivie de son développement, ce que je
compte faire dans la suite.
Quoi qu'il en soit, le Tœniocystis est un Protozoaire remarquable par le
fait que l'unique cellule qui le constitue est, à elle seule, un organisme mé-
tamérisé à segments disposés en série linéaire et auquel la théorie coloniale
est évidemment inapplicable. Sa métamérisation, purement cytoplasmique,
526 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est d'ordre iMomécanique et tropliique. Elle constitue du reste un perfec-
tionnement de l'otganisme lui permettant de résister aux causes de deslru-
tion mécanique, la blessure d'un des segments n'entraînant pas fatalement
la mort par expulsion totale du contenu cellulaire, comme chez les autres
Grégarines.
En terminant, il n'est pas sans intérêt de remarquer que certaines dispo-
sitions organiques qu'on observe chez les Protozoaires peuvent être éga-
lement interprétées comme l'expression d'une métamérisation plus ou
moins localisée. C'est ainsi que chez les Condylostoma. les Spiroslomum. et
les Stentor, l'appareil nucléaire très allongé et divisé en segments d'égale
longueur est seul métamérisé; que chez V Anoplophryafdum c'est l'appareil
excréteur seul qui est métamérique, tandis que chez d'autres Protozoaires
(Polykrikos, certains Infusoires) c'est l'appareil locomoteur ou légumen-
taire qui présente cette disposition. Parfois aussi la métamérisation intéresse
à la fois l'appareil nucléaire et excréteur comme chez les Loxodes et l'on
peut concevoir que, lorsque celle-ci s'exerce d'une façon harmonique,
c'est-à-dire intéresse tous les organes essentiels dans une mesure propor-
tionnelle, elle conduise à la scissiparité {Anoplophrya nodulata, Schizocys-
iù), chaque métamère ayant alors les éléments nécessaires pour sa vie
propre ('). Il suffit qu'il apparaisse une zone transversale superficielle
d'atrophie entre chaque métamère pour entraîner peu à peu l'individuali-
sation de ceux-ci. Une métamérisation harmonique serait ainsi, en certains
cas, la cause et non l'expression d'une multiplication agame d'un organisme
primitif.
ZOOLOGIE. — Variations géographiques des Pleuronectides. Note de
M. A. Cligvy, présentée par M. Alfred Giard.
L'étude des caractères métriques ou numériques d'une espèce révèle
des variations purement individuelles qui, provisoirement, nous semblent
fortuites, et des variations collectives qui affectent dans le même sens toute
une catégorie d'individus; ces dernières sont liées au phénomène qui ca-
ractérise la catégorie. Ainsi, des Plies de même taille et même origine ont
(') Kunstler et ses élèves Busquet et Gineste interprètent ainsi l'HopUlophrya eisa
chaîne de descendants comme un organisme métamérisé {voir Gineste, Trav. de la
S ta t. biol. d'Arcachon, 1908).
SÉANCE DU 20 FÉVRIER IQoS. 527
la tête plus ou moins longue, mais en moyenne les mâles ont la tête plus
courte que les femelles. C'est là une variation collective (\m est une varia-
tion sexuelle.
Ces variations collectives sont souvent très générales et affectent dans
le même sens les catégories correspondantes d'un grand nombre d'es-
pèces; en pareil cas, elles révèlent presque toujours des lois biologiques
capitales. Les variations collectives les mieux connues sont celles que dé-
terminent la croissance, la sexualité, l'èthologie. Longtemps on n'en a
guère étudié que les cas les plus frappants et les plus compliqués, ceux
qui, par leur exagération même, sont le moins susceptibles d'une explica-
tion générale.
Les variations liées à l'âge sont, de tout • ' .
Sang sus-hépatique i ,02 (')
(') Après oblitération de la veine porte.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER igoS. 535
V. 3 mars 1904 : Sang porte 2,06 *
Sang sus-hépalique i ,78
Sang porte 2,08
Sang sus-hépatique 1 ,98
Sang porte 2,21 (')
VI. 17 mars 1904 : Sang porte 1,71 jjar litre
Sang sus-hépatique 2,1 3
injection de 10""' de suc pancréatique :
Sang sus-hépatique 2,67
VII. i5 avril 1904 : Sang porte 2,4o
Sang sus-hépatique x>
injection de 20™' de suc pancréatique :
Sang sus-hépatique 4, 18
Sang sus-hépatique 5, 16
Sang sus-hépatique 3,44 par litre
Sang sus-hépatique 4^42
VIII. 21 avril 1904 : Sang porte 1 > '9
Sang sus-hépatique ' ,98
injection de 20<^"' de suc pancréatique :
Sang sus-hépatique 2,5o
Sang porte i , 24
Sang sus-hépatique 3, 10
IX. 23 avril 1904 : Sang porte i,43
Sang sus-hépatique i ,32
injection de 20*^"' de suc pancréatique :
Sang sus-hépatique 2,21
Les résultats de ces expériences m'ont donc permis de conclure que
l'injection de suc pancréatique dans le sang porte augmente parfois du
simple au double la quantité de sucre dans la veine sus-hépatique.
Le suc pancréatique étant très alcalin, on pouvait penser que cette
alcalinité jouait un rôle dans l'hydrolyse du glycogène hépatique.
L'expérience suivante n'a pas confirmé cette hypothèse : l'injection de
carbonate de soude en solution à 5 pour 1000 a donné les résultats
suivants :
26 novembre 1904: Sang porte 1,29 par litre
Sang sus-hépati(|ue ï,4o
(') Après oblitération de la veine porte.
536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
injection de So'^'"' d'une solution de carbonate de soude à 5 pour looo :
Sang porte i , o3
Sang sus-hépatique i , 3o
Sang porte i , lo
Sang sus-liépatique i , lo
Donc pas d'augmentation du sucre sus-hépatique par une injection
alcaline.
Vu la difficulté du manuel opératoire jusqu'ici employé, j'ai abandonné
la cannle en T pour me servir avec avantage d'une sonde de verre que
j'introduis dans la veine porte en passant par une de ses collatérales.
Dans ces conditions, reprenant l'expérience type, avec le suc pancréa-
tique, j'ai obtenu :
17 novembre 1904 : Sang porte i,o4 par litre
Sang sus-hépatique i , i4
injection de 20'=°'' de suc pancréatique :
Sang sus-hépatique 1,61 (')
Sang porte 1 , 24
Ayant éliminé l'hypothèse de l'alcalinité comme cause efficiente, restait à
vérifier si l'action hydrolysante était bien le fait d'un ferment.
L'injection de suc pancréatique bouilli donne les résultats suivants :
24 décembre 1904 : Sang porte i ,27 par litre
Sang sus-hépatique i ,27
injection de 20°'°' de suc pancréatique bouilli :
Sang porte ' ,34
Sang sus-hépatique '127
Sang sus-hépalique i ,5o
Sang sus-hépatique 1 ,46
On voit qu'il y a une augmentation très minime de sucre, qui dimmue
dès la troisième prise; elle est due sans doute à la perturbation produite
dans le foie par l'injection.
Pour confirmer la réalité de l'injection d'un ferment et pour la mettre
en évidence par une sorte d'exagération des phénomènes, j'ai injecté dans
la veine porte une diastase très active, amylase végétale extraite du malt.
(') Pris immédiatement après l'injection.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER 190/). .)37
Voici quels ont été les résultats :
20 janvier igoS : Sang porte i ,06 pnr litre
Sang siis-liépallque 1 , 10
injection de 20'''"' d'une solution d'amylase à 2 pour 100 :
Sang sus-hépatifpie • > 19
Sang porte 1,04
Sang sus-hépatique i ,72
27 janvier igoS : Sang porte 0,96
Sang sus-hépatique t ,44
injection de 20 '""'' d'une solution d'amylase à 2 pour 100:
Sang porte »
Sang sus-hépatique i,46
Sang sus-hépatique 2,3i
Sang sus-hépatique 2)29
Les résultats de ces expériences permettent de conclure que l'action
hydrolysante produite sur le glycogène du foie par l'injeclion de suc
pancréatique dans la veine porte est due au ferment amylolytique qu'il
contient.
PHYSIOLOGIE. — Sur rexcitatinn des nerfs par les ondes électriques très hrfh'es.
Note de M. Louis Lapicque, présentée par M. Dastre.
La théorie classique de l'excitation électrique, qui admet comme seule
cause efficace d'excitation la variation dn courant traversant un nert (loi
de Du Bois-Reymond), explique de la manière suivante l'action des otules
très brèves : le courant, passant rapidement de o à la valeur maximale, pro-
duit une excitation puis, repassant immédiatement ou au bout d'un temps
extrêmement court de cette valeur à o, il produit une deuxième excitation;
ces deux excitations se fusionnent en une seule ; la secousse unique obtenue
ainsi représente par conséquent à la fois la secousse de fermeture et la
secousse d'ouverture qu'on observerait pour nn passage de courant durant
un certain temps.
On peut démontrer expérimentalement, sans faire intervenir aucune con-
sidération théorique sur la cause de l'excitalion elle-même, que la secousse
produite par une onde très brève répond exclusivement à la secousse de
fermeture de la description classique.
C. R., 1905, I" Semeslre. (T CM., N- 8 ) (J9
538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° L'excitation produite par une onde très hrè^e naît, dans les mêmes con-
ditions que l'excitation de fermeture classique, à l'électrode négative, quelle
que soit la forme de l'onde.
On sait depuis longtemps que l'onde fournie par un appareil d'induc-
tion (chariot de Du Bois-Reymond) au moment de la rupture du courant
primaire excite une préparation physiologique à son point de sortie. Cette
localisation polaire n'offre pas grande difficulté d'interprétation pour la
théorie classique qui admet qu'entre deux variations de courant égales et
de signe contraire la variation positive (fermeture) est ia plus efficace;
cette onde d'induction, en effet, présente, si on la figure par la courbe des
intensités en fonction du temps, la forme d'une pointe à peu près symé-
trique dont la durée est de l'ordre du millième de seconde (').
A fortiori cette théorie classique peut-elle s'accommoder du fait connu
qu'une décharge de condensateur produit aussi l'excitation à la cathode.
Une telle décharge se produit dans les conditions ordinaires de l'excita-
tion physiologique (circuit de très grande résistance avec self-induction
négligeable) sous forme d'une variation brusque de o à une valeur maxi-
male avec une descente logarithmique : elle doit donc, dans celte théorie,
agir essentiellement comme excitation de fermeture.
Mais on peut se servir d'une onde très brève de forme inverse : c'est-
à-dire dans laquelle l'intensité croîtra progressivement jusqu'à un maximum
d'où elle retombera brusquement à o. Une telle onde dans la théorie
classique devrait produire essentiellement une excitation d'ouverture ; en
fait, cette excitation naît, comme dans les cas précédents, à la cathode.
Je me suis servi, pour avoir des oncles bien mesurées et modifiables à volonté, d'un
dispositif rhéotomiqne construit sur le principe de celui de G. Weiss( = ). Soit un
circuit A, B, C, D donnant une différence de potentiel réglable à volonté entre A et D;
entre A et B, il y a une résistance de quelques milliers d'ohms sans self-induction;
entre C et D sont les électrodes sur lequelles repose le nerf (résistance de l'ordre de
looooo ohms); un fil métallique placé de B en D fait court-circuit, de sorte qu'il ne
passe par le nerf qu'un courant absolument négligeable. Si, au moyen d'une balle de
pistolet, on coupe successivement BD, puis BC, le courant passe par le nerf pendant
le temps qui sépare les deux ruptures; l'onde d'excitation a ainsi une forme rectangu-
laire et sa durée peut facilement être réglée et connue au dix-millième de seconde.
Mais, si l'on met une self-induction en B ou une capacité en dérivation de B à D, on
(' ) Voir les Oscillogrammes de ces ondes que j'ai publiés dans le Journal de Phy-
siologie et de Pathologie générale, septembre 1904.
(*) Archices italiennes de Biologie, t. XXXV, 1901, p. 432.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER igoS. S3g
aura une onde de la forme clieichée et qui pom la èlie connue exaclement dans les
conditions de l'excilalion.
Pour déterminer le pôle excitant j'ai employé le principe de l'excilalion unipolaire
double de Cliauveau, le dispositif étant le suivant: sur une grenouille, les nerfs lom-
baires sont séparés de la moelle à leur origine, puis tout le corps de l'animal jusqu'à
la naissance des cuisses ayant été enlevé, on place les nerfs droits sur une électrode,
les nerfs gauches sur une autre; le circuit est ainsi fermé entre les nerfs droits et les
nerfs gauches par un large pont de substance musculaire qui forme pour chaque nerf
à cette extrémité une électrode difi'use; au contraire les électrodes impolarisables sont
terminées par un petit morceau de terre poreuse imbibée de solution physiologique,
taillé de façon à présenter au contact du nerf une arête aiguë. Ainsi l'action spéci-
fique des pôles apparaît d'une façon très claire : on voit, pour une large échelle d'inten-
sités, la patte correspondant à la cathode donner seule une secousse à la fermeture;
l'autre patte une secousse à l'ouverture.
2° Da/is une onde très brève, la rupture du courant ne joue aucun rôle dans
l'excitation.
Au moyen Ju rhéolome balistique décrit ci-dessus on peut faire passer
dans un nerf un courant constant pendant des temps qui seront successi-
vement I, 2, 3, ...; l'unité de temps étant inférieure au millième de
seconde. Si l'on attelle un gastro-cnémien de grenouille ou de crapaud à
un myographe et qu'on l'excite suivant ce schème par l'intermédiaire de son
nerf, on observe pour une intensité convenablement choisie que la secousse,
nulle pour le temps le plus court, apparaît avec une certaine durée d'exci-
tation et croît pour des durées plus longues en tendant vers un maximum.
Ce maximum étant atteint, par exemple avec une durée de 3 millièmes
de seconde, on dispose les fds de telle sorte que le court-circuit seul soit
coupé et non le circuit d'excitation. On obtient ainsi un courant de même
intensité, s'établissant exactement dans les mêmes conditions, mais durant
indéfiniment. La secousse produite est la même qu'avec l'onde brève pré-
cédente.
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Reproduction expérimentale de la lèpre chez
le singe. Note de M. Charles Nicolle, présentée par M. E. Roux.
Une des affections spéciales à l'homme les plus anciennement connues
est la lèpre. Son agent pathogène a été découvert dès les premiers temps
de la Microbiologie" par Hansen. Depuis celte époque, l'étude scientifique
de la maladie n'a fait, pour ainsi dire, aucun progrès. On ne sait ni cultiver
54») ACADEMIE DES SCIE^'CES.
le bacille lépreux, ni reproduire la lèpre chez les animaux. Une expérience
tentée sur l'homme, dans des conditions en quelque sorte légales, n'a donné
qu'un résultat discuté.
La reproduction expérimentale d'une maladie humaine chez l'animal
étant la condition indispensable de son étude, j'ai pensé qu'il y avait lieu
de reprendre sur ce point les expériences des auteurs avec une technique
nouvelle. Je me suis adressé, comme animal d'expérience, au singe et j'ai
fait choix d'une espèce sur laquelle j'avais antérieurement reproduit deux
maladies regardées longtemps comme spéciales à l'homme : le chancre
mou et le chancre syphilitique. Cette espèce est le Macacus sinensis (bonnet
chinois).
Grâce à la complaisance de M. le D'' Ilaval, il m'a été possible de prélever, chez un
cocher de Tunis alleinl depuis quatre ans de lèpre tuberculeuse généralisée, un frag-
ment de tissu lépreux. De ce fragment j'ai fait deux parts : l'une, fixée et incluse
dans la paraffine, m'a permis de contrôler par un examen microscopique le diagnostic
clinique de lèpre que mon confrère et moi nous avions porté; l'autre a été utilisée
comme matériel pour les inoculations.
Le 28 novembre 1904, quelques minutes seulement après la biopsie, j'inocule le
produit de broyage de ce fragment, dilué dans de l'eau physiologique stérile, à un
bonnet chinois femelle en plusieurs points :
j" Sur la région lemporo-frontale des deux cotés, après scarification superficielle;
2" Sur la muqueuse conjonctivale de l'œil droit par friction, sans érosion préalable;
3" Sur les deux muqueuses nasales gauche et droite, cette dernière préalablement
excoriée ;
4° Au-devant de l'oreille gauche, sous la peau;
5° Dans l'épaisseur du pavillon de l'oreille. En ce dernier point, la densité du tissu
m'a semblé telle que j'ai eu l'impression de n'avoir rien inoculé.
Un autre singe macaque, appartenant à une espèce voisine, que je n'ai pu encore
déterminer, a été soumis en même temps à des inoculations identiques, à ces seules
différences près qu'il n'a été tenté chez lui aucune inoculation dans le tissu du pavillon
de l'oreille et que, par contre, quelques gouttes de virus lui ont été injectées dans la
cavité péritonéale.
Les échecs de mes prédécesseurs ont été la cause de la multiplicité des voies d'ino-
culation que j'ai employées. J'avais assez d'espoir dans la voie nasale, celle-ci n'ayant
été probablement jamais tentée et la lèpre paraissant rlébuter fréquemment chez
riiomme par le nez. C'est la voie sous-cutanée qui m'a donné seule, du moins jusqu'à
présent, des résultats.
Les suites immédiates des inoculations furent des plus simples. 4 jours plus tard,
toute trace d'intervention était disparue chez les deux singes. Ceux-ci fréquemment
observés n'ont présenté aucun symptôme local ou général pendant 2 mois. Un examen
de leur mucus nasal pratiqué le 21 décembre ne montrait aucun microbe donnant la
réaction d'Ehrlich, par conséquent pas de bacilles lépreux. Je dois faire remarquer
SÉANCE DU 20 FÉVRIER rgoS. 54 1
que CHS fleuv singes étaient au moment de l'expéilence en parfaite santé; l'un d'eux,
le bonnet cliinois, est à l'Institut Pasteur de Tunis depuis plus de r an, l'autre depuis
6 mois.
l^e iç) Janvier {62'' /o(/r). J'insiste sur celte lon^'iie incubation, la région préauri-
cuhiire gauche du honnet chinois fait une légère saillie, et l'on constate à la palpation
l'existence d'un petit nodule sous-cutané, dur, irrégulier, indolore. La même lésion
s'observe chez l'autre singe, mais le nodule est de dimensions moindres.
2 jours après, chrz le bonnet chinois, l'extension des lésions est très manifeste, la
peau devient adhérente en un point très localisé et présente à ce niveau une teinte
rouge sombre discrète.
Le 4 février, une lésion nouvelle se montre diez le même animal; elle consiste en
deux petits nodules indurés et rouges siégeajit au niveau de la partie moyenne du
pavillon à l'oreille; à la palpation, on sent un cordon dur qui réunit les deux éléments.
Ces lésions ont exactement pour siège le trajet de l'aiguille qui a servi à l'inoculation,
que je supposais avoir été virtuelle et qui ne l'avait pas été entièrement.
Depuis cette époque jusqu'au 11 février, l'aspect des lésions est resté le même, les
dimensions des divers éléments se sont seulement accrues. A cette date, le nodule
préanriculaire du bonnet chinois atteint le volume d'une noisette; je pratique alors
l'ablation d'une partie de cet élément.
L'examen microscopique de la pièce, a[3iès coloration par 1 hématéineet
la méthode d'Ehrlich, montre l'existencp dans l'hypoderme de plusieurs
petits nodules constitués par accumulation de lymphocytes et de leucocytes
mononucléaires. Pas de cellules géantes, aucune trace de caséification, les
vaisseaux ne paraissent pas participer au processus inflammatoire. Les
bacilles lépreux sont en nombre assez restreint, ils siègent uniquement ou
presque uniquement dans des cellules. Celles-ci ont le caractère des leuco-
cytes mononucléaires ordinaires, de dimensions parfois un peu plus consi-
dérables que la normale. Elles contiennent un, deux ou plusieurs bacilles
lépreux; la cellule la pi us para si tée que j'aie rencontrée sur mes coupes en pré-
.sentail une douzaine. Nulle part on ne trouve comme chez l'homme de ces
celhdes lépreuses volumineuses rem[)lies d'un nombre prodigieux de bac-
téries. L'absence de ces cellules constitue la seule différence sensible entre
la structure du léprôme de notre singe et celle des léprùnies humains. Il est
d'ailleurs vraisemblable qu'il ne s'agit là que d'une différence d'âge dans
les lésions (1q léprôme du singe n'avait que 1 4 jours d'existence au moment
de mon examen), et il sera intéressant de voir plus tard si ces mononu-
cléaires déjà porteurs de quelques bactéries ne s'enrichissent pas progres-
sivement en microbes et ne s'hypertrophient pas parallèlement jusqu'à pré-
senter les dimensions et l'aspect des cellules lépreuses de l'homme.
542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ces cellules, le bacille lépreux se présente avec ses caractères orrli-
naires : il est généralement assez court, plus court que le bacille tubercu-
leux; le plus grand nombre des individus est coloré fortement par la
méthode d'Ehrlich, quelques-uns présentent cet aspect granuleux si com-
mun chez le bacille tuberculeux des tissus et aussi chez le bacille lépreux
de l'homme.
L'interprétation de ces faits ne peut prêter à aucun doute. La maladie
reproduite est la lèpre; on peut donc espérer que l'étude expérimentale de
cette infection jusqu'alors inaccessible à nos recherches va devenir possible.
Dès à présent, des expériences sont en cours à l'Institut Pasteur de
Tunis pour déterminer si la lèpre du singe est réinoculable au singe infecté
et transmissible par inoculation de cet animal au singe neuf.
GÉOLOGIE . — Sur le rôle des charriages dans les Pyrénées de la Haute-
Garonne et de l'Ariège. Note de M. Léon Bertrand, présentée par
M. Michel Lévy.
Des explorations sommaires faites récemment dans la partie centrale des
Pyrénées espagnoles, jusqu'à la limite des terrains primaires, m'ont montré
que, dans les vallées de l'Esera et des Nogueras, ceux-ci présentent un
plongement constant de leurs assises vers le nord et que les répétitions de
couches qu'on y observe sont dues à des plis poussés vers le sud; les
couches secondaires en bordure montrent aussi la trace de poussées diri-
gées dans le même sens. Par contre, lorsqu'on revient vers le nord, ou
traverse d'abord une région axiale, où le sens du déversement des plis est
hésitant et variable, et l'on constate ensuite que, sur le versant français,
les plis sont légèrement, mais uniformément, déversés vers le nord. La
zone centrale des terrains primaires présente donc une disposition en éventad,
dans laquelle les plis du versant nord sont peu déversés.
Au contraire, la zone secondaire située en avant montre des complica-
tions tectoniques bien plus grandes; on y observe des plis fortement cou-
chés et devrais chevauchements, toujours poussés au nord. JJe plus, cette
zone secondaire contient encore d'importants affleurements primaires, mais
en massifs isolés et tranchant par leur allure avec la continuité de la zone
centrale, et l'on constate que la plupart d'entre eux ne sont formés que-
par une série simple des divers étages primaires, qui se succèdent dans
SÉANCE DU 20 FÉVBTER ipoS. 543
l'ordre siratigraphiqne normal avec un plongement régulier au nord, sauf
quelquefois sur leur bord septentrional où se montrent alors des plis
poussés au nord et servant de racine à ceux de leur couverture secondaire.
Il faut mettre en évidence le fait que cette série unique débute souvent par
des gneiss, alors que ceux-ci ne se montrent que dans la partie axiale de
la zone centrale et que cetle dernière se termine vers son bord nord par
ses couches les plus récentes. Cette constatation acquiert une grande por-
tée lorsqu'on remarque que les massifs en question sont immédiatement
contigus à la zone centrale et n'en sont séparés que par une bande secon-
daire très mince, souvent réduite à une simple lame d'un calcaire devenu
marmoréen, et qui souvent même s'étire complètement; dans ce cas, les
massifs primaires en question acquièrent manifestement une disposition
imbriquée par rapport à la zone centrale. On observe déplus que ce contact
anormal se poursuit sur une longueur considérable, depuis Sarrancolin
(et même probablement plus à l'ouest) jusqu'auprès d'Ax-les-Thermes, où
la bande secondaire qui sert de jalon vient en apparence se fusionner avec
la couverture du massif primaire du Saint-Barlhélemy ; elle conserve en
réalité son individualité beaucoup plus loin vers l'est et j'espère prochai-
nement suivre cette longue dislocation jusqu'au voisinage de la Méditer-
ranée.
Maintenant que nous sommes fixés sur la très grande longueur de ce
contact anormal, qui nous montre bien qu'il ne peut s'agir de phénomènes
locaux, nous allons en préciser la nature. J'ai déjà conclu, d'après le seul
examen du Primaire, qu'il y a superposition de la zone secondaire, avec
ses massifs primaires isolés, par rapporta la zone centrale; l'étude som-
maire du Secondaire va nous fournir des arguments nouveaux et je me bor-
nerai ici à quelques faits obserA^és aux environs de Saint-Béat, à la termi-
naison orientale du massif primaire qui vient, de Sarrancolin, disparaître
au pied du Pic de Gar sous sa couverture régulière et continue depuis la
Neste. Tout d'abord, cette série secondaire se différencie de la couverture
de la zone centrale, bien observable et complète auprès de Boutx, en ce
qu'elle ne montre pas à sa base les grès permotriasiques qui constituent un
(les termes les plus constants de cette dernière depuis la Neste jusqu'à la
Garonne et que j'ai retrouvés en témoins transgressifs h l'intérieur de la
zone centrale. D'autre part, la façon évidente dont le marbre de Saint-
Béat s'enfonce sous la série secondaire du Cagire et la liaison évidente de
celle-ci avec son substratum primaire qui Unit à Bézins m'ont amené aux
;V,4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
conclusions tecloniqiips suivantes : i" le boni nord de ta zone primaire cen-
trale et sa comerture secondaire très laminée s' enfoncent au nord sous le massif
primaire situé en avant; i" les terrains primaires de celui-ci, qui déb nient ici
par les gneiss de Marignac, disparaissent en s' étirant à la base de la nappe
charriée et celle-ci n'est plus formée momentanément, à l'est de Bézins.
que par leur couverture secondaire superposée à celle de la zone centrale.
C'est avec le même caractère de réapparition à la base de la nappe char-
riée que se présente le massif gneissique de Castillon, dont la séparation
d'avec un substratum localement granitisé est jalonnée, dans les vallées
de Bethmale et d'Esbints, par une traînée très discontinue de lambeaux
secondaires; à partir du Salât et jusqu'à Vicdessos, la bande secondaire
reprend un assez grand développement et un aspect moins laminé, au sud
du massif des Trois-Seigneurs, qui me paraît avoir une origine analogue.
Puis après le bassin secondaire de Tarascon, qui montre aussi l'existence
d'intenses refoulements vers le nord, la bande secondaire reprend son
étroitesse habituelle au sud du massif du Saint-Barthélémy, qui appartient
évidemment toujours à la même nappe. Quant à l'important massif pri-
maire qui s'étend de Sainl-Girons à Mercus, diverses raisons que je ne puis
développer ici me le font, au contraire, considérer comme probablement
autochtone et du moins inférieur à la nappe précédenti^
.Te ne puis non plus entrer dans aucun détail sur la limite nord des
affleurements que je rapporte à cette grande nappe; je me bornerai à
indiquer qu'on en trouve un témoin dans le chevauchement qui, de Prat à
Monlégiit, vient au sud de Saint-Girons passer en arrière du massif que
j'ai excepté et qui superpose, aux schistes siluriens granitisés de celui-ci, les
calcaires urgoniens de la couverture renversée du massif de Castillon. De
plus, je persiste à envisager les lambeaux triasiques de Salies-du-Salat et
de Betchat comme des témoins isolés de la même nappe et il me paraît
vraisemblable que la limite du refoulement de la nappe se trouve aux
Petites-Pyrénées, que je suis même porté à considérer comme ayant peut-
être été produites dans le substratum par le chevauchement même de la
nappe en question.
Les divers arguments que j'ai énumérés très sommairement me semblent
devoir entraîner l'existence d'une importante nappe charriée venue du sud
et qui a été conservée, en avant de la zone primaire centrale en éventail,
d'une façon remarquablement continue; mais mon hypothèse sera plus
solidement étayée si j'mdique une origine probable pour cette nappe. Le
SÉANCE DU 20 FÉVRIER lyo5. 545
fait que les lambeaux primaires conservés à sa base débutent fréquemment
par des gneiss m'amène à en chercher la racine dans la partie axiale de la
zone centrale et à l'y trouver dans cette étroite bande primaire, formidable-
ment écrasée dans les gneiss, que M. Roussel a appelée Bande de Mérensei.
qui présente au plus haut degré la structure des racines connues des char-
riages aujourd'hui classiques. J'indiqui-rai, pour terminer, que la région du
Bentaillou, au sud de Sentein, me semble pouvoir nous donner un témoin
intermédiaire entre la racine et la région où la nappe a été habituellement
préservée de l'érosion par son plongemenL au nord.
PÉTROGRAPHIE. — Sur tes météoriles d' Amana. Note de M. G.-D. Hinricus.
Les météorites sont de la plus haute importance scientifique, car elles
constituent la seule substance cosmique que les chimistes peuvent sou-
mettre aux essais dans les laboratoires. Quand le grand météore du
12 février 1876 a pi-ojeté sur le comté d'Iowa un nombre considérable de
pierres météoriques à une trentaine de kilomètres de ma demeure d'alors,
j'ai dû sentir le devoir de ramasser ce nialériel cosmique aussi complète-
ment que possible pour le service des institutions scientifiques et notam-
ment de celles de l'Europe. Les premières publications sur la chute de ces
météorites d' Amana ont été insérées dans les Comptes rendus (t. LXXX,
p. 1175, et t. LXXXl, 1875, p. 1020). Pour marquer le trentième anniver-
saire de cette chute de météorites, je voudrais bien présenter quelques faits
inédits sur l'hisloire et les propriétés générales de ces météoriles notables.
La première pierre lui Uouvée, 3 jours après la ciiuie, sur les terrains du fermier
Sherlock. Comme toutes les autres pierres sonl restées exposées aux éléiiieuts pendant
7 semaines durant l'hiver exceptionnellement rigoureux, (les températures miniraa étant
de 3o°C. au-dessous de o), j'ai dû considérer la pieire Sherlock à part, et j'en ai pré-
senté aux. Musées de Paris (loos et 878), de Londres (3o8 et 5ie), et de Vienne (24°)
séparément comme type. Le premier échantillon fut adressé à M. Berihelot, le 19 mars
1876, avec la première notice sur la chute et avant la trouvaille des autres pierres.
La première décade de mars 1870 présentait encore une température de — So"; mais
cette rigueur fut suivie d'un temps modéré, et pendant la dernière décade de mars il y
avait déjà du tonnerre et des pluies. Au commencement d'avril les fermiers travaillant
leurs champs faisaient les premières trouvailles de pierres météoriques, et le 10 avril
j'ai acheté les premiéies pierres dans la région même. Quand je n'ai pu obtenir les
pierres par achat, j'ai demandé la permission de les relenir pour l'étude; de cette
manière j'ai examiné 85 météorites du poids de 204''S.
G. K., lyoô, I" Semestre, (i C\L, N" 8.j 70
546 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai fait ])liotogiapliier ce» inéléorites au cinquième, groupées dans les siu: collections
suivantes
Collection I, 9 pierres (') pesant 24,684
» II, lo )> 20,453
» III, II » 4o,i52
IV, 3 » 33,774
V, i5 » 21,478
» VI, 22 » 45,980
El i4 fragments i5,553
La « pierre Sherlock » ( type ) 2 , o57
Total, 85 météorites 204 , 1 3 1
Ces six photographies au cinquième permettent l'étude de la forme caractéristique
de ces météorites; il paraît très probable que le météore est entré dans notre atmo-
sphère sous forme d'une seule pièce discoïde dont le diamètre avait 70'^'" environ, indi-
qué par ra])posilion des deux principales pierres de 2i''i>' et de 34''S. Les photographies
des deux premières collections ont été présentées à MM. Daubrée, Maskelyne et
Tschermack pour les musées de Paris, Londres et Vienne. Deux publications (au
dixième) de ces photographies ont paru dans le Chaperon de Saint-Louis, septembre
1891, et dans ma Chimie générale, 1897, p. 45. Dans le Mémoire commémoralif
actuellement sous presse on trouvera 5 planches in-8° de représentations des formes de
ces météorites; il ne sera donc point nécessaire ici de donner une description détaillée
de ces formes.
Les plus belles météorites dont j'étais propriétaire constituent mes collections I et II,
du poids de 45''8, 1 36. J'ai présenté, en mai 1875, à douze musées de l'Europe, 74 pour 100
de ce poids; j'ai donné âmes associés ici 11 pour 100 et j'ai conservé iSpour 100. Qu'on
me permette d'indiquer la signification de ces nombres.
Les deux chutes les plus notables de pierres météoriques de l'État d'Iowa sont celles
d'Amana 1875 et de Forest City 1890; à celle dernière époque je n'étais plus en lowa.
J'ai fait don de 33''8, 387 de météorites d^Âmana à douze collections d'Europe.
Ces mêmes collections ont acquis, d'après les données de Wulfing {'), 3''?, 392 de
Forest City, dont 21^5,560 font parti de la riche collection du Brilish Muséum, ne lais-
sant aux onze autres collections que 83os. Mais ces deux chutes ont fourni, d'après la
même autorité ( Wûlfing) à peu près le même poids observé {nachweisbar), soit 124"^, 5
d'Amana et i22''« de Forest City. Apparemment j'ai compris assez bien le devoir que
je m'étais imposé.
D'après la coiiUime américaine, j'ai désigné (') ces mèléorites sous le
nom du comté (Counly) où elles sont tombées, c'esl-à-dire : « lowa County,
État d'Iowa ;.. Mais celte désignation est trop vague, le comté d'Iowa ayant
une étendue (le 1600'""'.
(' ) Avec croûte complète ou à très peu près.
(-) Diè Meteoriten in Sai7iinlungen, 1897, p. 122.
(') Comptes rendus, t. LXXX, 1875, p. 1170.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER ipoS. 547
J'ai donc dû adopler la méthofle européenne et désigner la localité par
le nom de la commune (V Amana sur le territoire de laquelle sont tombées
les plus grandes de ces météorites. Cette désignation : « Amana, lowa
CounlY, lowa, États-Unis >), a été annoncée (' ) par Daubrée et usitée par lui
depuis (^) comme l'a fait aussi M. Tscbermak dans son catalogue ofiiciel
de la collection de Vienne ('). Cette désignation est donc légitimement
établie.
L'étiquette « West Liberty, loiva Couniy. lowa » est erronée; car il n'y a
point de West Liberty dans le comté d'b.wa, et il n'est jamais tombé de
météorite ta West Liberty, ville distante de plus de 60'"" de la région oii
les météorites d'Amana ont été trouvées.
J'ai fait beaucoup d'examens chimiques sur ces météorites d'Amana,
mais tous mes efforts pour déceler une différence constante entre les glo-
bules (chondres) et la masse ont échoué; même la séparation mécanique
paraît tout à fait illusoire. La composition moyenne de ces pierres est :
7 pour 100 de fer nickelé, 1,8 pour 100 de troïlite et 91,2 pour 100 de sili-
cates dont /|(3,8 oliviniqries. Le fer dans ces sporadosidères présente sou-
vent des caractères syssidériques. J'ai séparé de petites masses dont le
poids spécifique était l\,(S et au-dessus, et dont les surfaces polies mon-
traient le fer parfaitement continu. Ces faits m'ont induit à entreprendre
une élude sur le poids spécifique de ces météorites dont les résultats
seront exposés prochainement.
PALÉONTOLOGIE. — Les Lions dos cavernes. Note de M. Marcellin Boule,
présentée par M. Albert Gaudry.
Grâce à la générosité du baron Edmond de Rothschild, je viens de faire
installer, dans la galerie de Paléontologie du Muséum, une vitrine renfer-
mant huit squelettes de grands carnassiers trouvés dans des gisements
quaternaires français : trois Ours des cavernes, une Hyène des cavernes,
un Jjoup des cavernes, trois Lions des cavernes.
Nous avions depuis longtemps deux des squelettes d'Ours; le troisième,
qui est le plus grand, faisait partie de la collection Filhol ; il a été offert au
(') Séance du 29 novemln-o iSyS {Comptes rcmhis, t. LXXXI, 187.5, p. loaS).
{'-) Comptes rendus, t. LXXXII, 1876, p. gSo.
(') Mineralogische Mittheilungen, 1877, p. Sog-Sio.
.t'ile....
helle .
ez Messieurs :
Ferran frères.
Chaii.
Jourdan,
Ruff.
Courlin-Hecquet.
Germain et Qraiais.
ery....
urg
mt-Ferr .
Jérôme.
Régnier.
( Feret.
. I Laurens.
I Muller(G.)
Renaud.
/Derrien.
\ F. Robert.
• I Oblin.
1 Uzel frères.
Jouan.
. Perrin.
( Henry.
I Marguerie.
\ Juliot.
) Bouy.
INourry.
Ratel.
Rey.
ILauverjat.
Degez.
l Drevet.
I Gratier et C".
Foucher.
{ Bourdignon.
j Dombre.
iThorez.
Quarré.
Lorient.
chez Messieurs :
I Bail mal.
M" Texier.
Barnoux st Cumi
{ Georg.
Lyon / Effantin.
Savy.
f Vilte.
Marseille Ruât.
l Valat.
Montpellier | Goulet et f.Is.
Moulins Martial Place.
Jacques.
Nancy \ Grosjean-Maup
Sidot frères.
Guist'hau.
Veloppé.
Nantes .
Nice
iBarma.
Appy.
Nîmes Thibaud.
Orléans Loddé.
Poitiers. .
Blanchier.
Lévrier.
Rennes Plihon et Hervé.
Rochefort Girard ( M"" ).
Rouen } Langlois.
( Leslringant.
S'-Étienne Chevalier.
Toulon j Ponteil-Burles.
] Humèbe.
i Gimet.
Toulouse ( Privât.
Boisselier.
Péricat.
Suppligeon.
Giard,
Lemaître.
On souscrit à l'étranger,
Amsterdam
Athènes
Berne . . .
Bologne .
Cambridge
Christiania
Constantinople
Copenhague...
Florence ,
Gand ,
Gines
Genève . . .
La Haye .
Lausanne .
Leipzig.
lez Messieurs :
I Feikema Caarel-
/ sen et C».
Beck.
Verdaguer.
Asher et G".
' Dames.
Friediander et fils.
' Mayeret MUller.
Schmid Fraiicke.
Zanichelli.
Lamertin.
Mayolez et Audiarte.
' Lebègue et C'*.
Sotchek et G*.
! Alcalay.
Kilian.
DeightoD, BeU et C-.
Cammermeyer.
Otto Keil.
Hôst et fils.
Seeber.
Hoste.
Beuf.
I Chet-buliez.
j Georg.
( Stapelmohr.
Belinfante frères.
l Benda.
i Payot et G'*.
/ Barth.
l Brockhaus.
' Kœhler.
' Tv^ielmeyer.
Desoer.
' Gnusé.
chez Messieurs:
iDulau.
Hachette et G'
Nutt.
Luxembourg .
Naple.
V. Back.
' Ruii etc.
..... I Romo y Fussel.
Madrid {„ , ■',,
I Capdeville.
' F. Fé.
„., l Bocca frères.
Milan } „ ,.
j Hœpli.
Moscou Tastevin.
ÎMarghieri di Gius.
Pellerano.
Dyrsen et Pfeiffer.
New- York Stechert.
( Lemcke et Buechuer
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C'*.
Palerme Reber.
Porto Magalhaéï et Mooiz
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
l Bocca frères.
■"<""« I Loescher et G".
Rotterdam Kramors et fils.
Stockholm Nordiska Boghandel
l Zinserlinj.
S'-Pétersbourg .. | ^volff.
I Bocca frères.
Brero.
Clausen.
Bosenberg et Sellier.
Varsovie Gebethner et Wolff.
Vérone Drucker.
l Frick.
'''■«"«« JGeroldetC".
Zurich Meyer et Zeller.
IBLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" ;i 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4*; i853. Prix 25 fr.
Tomes 32 à 61. —( i" Janvier i85i à 3i Décembre 1 865.) Volume in-4°; 1870. Prix 25 fr.
Tomes 62 à 91. — (i" Janvier 1866 à 3i Décembre i88o.)VoIume in-4°; 1889. Prix 25 fr.
Tomes 92 à 121. — (i" Janvier 1881 à 3i Décembre 1895.) Volume in-4''; 1900. Prix 25 fr.
OPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
el. — Mémoire surquelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBSSet A.-J.-J.Solikh. — Mémoiresur le Calcul des Pertubations au'éprouven
nètes, par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion de
es grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4", avec 3^ planches ; 1 856
e II. — Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la q
concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Etudier les lois de la distribu
nentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de
re des rapports qui existent entre l'élat actuel du règne organiqueetsesélats antérieurs», par M.
25 fr.
de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
des corps organisés fossiles dans les différents terrains
disparition successive ou simultanée. — Rechercherl»
jfesseur Bronn. In-/|», avec 7 planches ; 1861. . . 25 fr.
i la même Librairie les Hémoires de l'Académie des Sciences, et les Hémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 8.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 20 février 190o.)
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOXS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. G. BiGOURDAN. — Observation de l'éclipsé
partielle de Lune du 19
février igoâ '^-3
\IM. A. Haller et F. M
ARCH. — Sur une
nouvelle méthode de s>
lUliése de dérivés
alcoylés de certains aie
ools cycl.ques sa-
tnrés. Préparation iflio
iiulosnes du men-
M. L.-L. Bouvier. - Sur
Ics Palinurides et
les Eryonides recueillie
dans l'Atlantique
Pages.
oriental par les expéditions françaises et
monégasques 'j-j(j
MM. Paul Sabatier et J.-B. Senderens. -
Application aux nitiiles de la méthode
d'hydrogénation dirccLe par catalyse : syn-
thèse d'ajuines primaires, secondaires et
tertiaires 4*^2
M. le Se.:iii, rATRE perpétuel présente fe
Totr.e II des : u Œuvres de Laguerre »... 486
CORRESPOND AIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale divers
Ouvrages de M. A. Mosso et de M. i. Ju-
e tache solai
de Taylor si
appro-
1\L Th. Moreux. — La grai
de février 1905
M. Paul Dienes. — La sér
le cercle de convergence.
M. G. Tzltzéica. — Sur le
rentielles du second ordr
paramétre
M. Emile Cotïon. — Sur l'ii
chée des équations dillért-niiellcs
M. A. Petot. — Sut- le mode de fonctionne-
ment du dilléreiitiel des aulomobiles
M. Georges Meslin. — Sur le coeflicient
d'aimantation du bismuth et sur quelques
points de repère dans l'échelle diamagné-
tique
M. P. Melikoff. — Sur les perhorales
.MM. E. JUNr,FLi:i>nii ,( M. Godchot. — Sur
de
MM.
niide de la (/) leucine naturelle 5o5
MM. J. Bruhat et H. Dubois. — Sur les per-
borates 5oG
M. Ch. Bernard. — A propos de l'assimila-
tion en dehors de rorganisme Ô09
M. X. Rocques. — Sur la composition des
eaux-de-vie de vin 5ii
M. CA.MILLE Matignon. — Prévision d'une
réaction chimique formant un système
monovarianl 5i3 M. G,
M. E. DE VViLDEMAN. — Deux lianes caout- « Essai sui
choutifères méconnues ji5 galion aér
.M. .\UG. Chevalier. — Un Caféier nouveau |
Bulletin bibliographique
de l'Afrique centrale
M. P. GuERiN. — Sur l'appareil sécréteur
des Diptérocarpées
M. E.-C. Teodorksco. — De l'action
qu'exercent les basses températures sur
les zoospores des Algues
M. Louis Léger. — Un nouveau type cellu-
laire de Grégarine à cytoplasme métamé-
risé
M. A. Cligny. — Variations géographiques
des Pleuronectides
M. H. Ivronecker. — L'extension des états
fonctionnels de l'oreillette au ventricule
se fait-elle par voie musculaire ou par
voie nerveuse ?
MM. Charrin et Lk Play. — Variations des
processus morbides suivant la composition
des organes
M. Paiuset. — Hydrolyse du glycogène
hépatique produite par l'injection de
l'amylase dans la veine porte
M. Louis Lapicque. — Sur l'excitation des
nerfs par les ondes électriques très brèves.
M. Charles Nicolle. — Keproduclion expé-
rimentale de la lèpre chez le singe
M. LÉON Bertrand. — Sur le rôle des char-
riages dans les Pyrénées de la Haute-Gar-
ronne et de l' Ariége
M. G.-D. HiNRicHs. — Sur les météorites
d'Amana
M. Warcellin Boule. — Les Lions des ca-
EZ adres;
se une Note
veau procédé de N
547
lée :
m p K I M h; K I
GA.UTH1KR-VILLARS.
-Augustins, 5à.
Le Gtranl : Gadtbibh-VillaRS.
^O^Ol
1905
PRECHER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIHES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
K 9 (27 Février 1905
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, liMPKlMEUR-LlBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES LE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUE
ADOPTE DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2 /, MAI 1870
Les Compte^ rendus hebdomadaires des séances
de V Académie •&& composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
■Il y a deux volumes par année.
Article I'
— Impression des travaux
de l' Académie .
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
oupar un Associéétrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par lé Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3>. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les sent Règle
Rapports relatifs aux prix décernés ne le soiii
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en se,i
blique ne font pas partie des Comptes rendue
Article 2. — Impression des travaux des h
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pei
qui ne sont pas Membres ou Correspondants 'df
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémom
tenus de les réduire au nombre de pages reqi
Membre qui fait la présentation est toujours n(
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet t
autant qu'ils le jugent convenable, comme il
pour les articles ordinaires de la correspond;! 1
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit ùli
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plu. ,
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être n
temps, le titre seul du Mémoire est inséré d 1
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvo
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier
Article
Planches
H tirage a par
Les Comptes rendus ne contiennent ni plai i
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seie
autorisées, l'espace occupé par ces figures corne
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais do
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rappo ■
les Instructions demandés par le Gouvernemen
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administii
fait un Rapport sur la situation des Comples rel
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution dm
Les Savants étrangers à rAcadémie qui désirent fai:
déposer au Secrétariat au plus tard le Samed:
présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés
qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suii
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 27 FÉVRIER 1903.
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel, a l'ouverture de la séance, annonce à l'A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Emile Fernel,
Inspecteur général de l'Instruction publique, qui, depuis 1866, étintchargé,
sous la direction des Secrétaires perpétuels, de la rédaction des Comptes
rendus. M. Fer net avait succédé, dans ces importantes et délicates fonc-
tions, à M. Roulin, Membre libre de notre Académie, qui lui-même les rem-
plissait depuis la fondation des Comptes rendus en i835. Il a su, en toute
circonstance, s'inspirer des excellentes traditions qu'avait laissées son pré-
décesseur et conserver, pendant près de quarante ans, aux comptes rendus
de nos séances la régularité, la correction, la netteté, la modération et la
courtoisie dans les termes qui en ont fait une œuvre digne de la Science et
de l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel se plaît à rappeler aussi les services éminents
que M. Fernet avait rendus comme professeur de Physique, comme auteur
de Traités classiques et comme Inspecteur général de l'Enseignement
public.
ASTRONOMIE. - Précautions à prendre dans le mode d'exécution de certaines
recherches de haute précision. Note de M. Lœwy.
Sur une cause d'erreurs systématiques attribuée à tort à !ajlexion des cercles
des instruments méridiens. - L'instrument méridien, installé dans le jardin
de l'Observatoire, muni dès l'origine de deux cercles divisés, a été doté,
en 1898, d'un second système de six microscopes établis sur le piher ouest.
C. K., iqoô, 1" Semestre. (T. CXL, N° 9-; ''
554 ACABEMIE DES SCIENCES.
Il était (lès lors possible de déterminer toute distance angulaire décrite par
la lunette à l'aide de lectures effectuées à la fois au moven des douze micro-
scopes des deux cercles. En agissant ainsi, on s'est aperçu que des diffé-
rences systématiques très sensibles se manifestaient entre les indications
de ces deux cercles pour une même rotation de l'axe optique.
Cet instrument devait être consacré, à partir de 1904, à la détermination
de la latitude et à celle des coordonnées absolues des astres au moyen de
méthodes nouvelles dues au Directeur actuel de l'Observatoire. Mais, avant
de se livrer à une telle étude, il a été reconnu indispensable de découvrir
l'origine de cette anomalie qui rendait problématique toute recherclie de
haute précision.
Pour atteindre ce but, on a été obligé de consacrer une grande partie
de l'année 1904 h de nombreuses expériences auxquelles ont collaboré le
Directeur et MM. Renan, Lancelin et Fayet.
Le procédé utilisé pour mettre en lumière dans chaque cas donné les
grandeurs de ces discordances systématiques était le suivant :
On commençait à placer la lunette dans la position horizontale, de façon
à viser le sud, on lisait respectivement les six microscopes de ch; jue
pilier; puis, en tournant la lunette successivement de 60° en 60°, elle reve-
nait alors au point de départ au bout de la septième rotation; les images
des mêmes traits étant ainsi toujours pointées dans les microscopes, les
erreurs de divisions ne pouvaient avoir aucune influence. Par suite, la
somme des lectures aux deux cercles, l'une étant, après chaque déplace-
ment, croissante, et l'autre décroissante, aurait dû normalement rester
constante. Mais il n'en était pas ainsi et les premières mesures révélaient
immédiatement des différences systématiques allant quelquefois jus-
qu'à o",5.
Diverses hypothèses ont été mises en avant et soumises au contrôle indi-
qué. Il était bien naturel d'attribuer, en premier lieu, ces effets à une
flexion de l'un ou de l'autre des deux cercles, causée par une dissymétrie
du poids de leurs rayons, explication qui paraissait ici particulièrement
plausible, car, en plaçant à l'extrémité d'un rayon quelconque un poids
de 200^, le cercle correspondant tout entier subissait une torsion rotatoire
d'environ o",6 et revenait à sa position primitive lorsqu'on enlevait la
charge supplémentaire.
En se plaçant même à un point de vue plus général, il était dès lors
indispensable d'examiner si les cercles à jour, comme çehii de Paris, sont
exposés à éprouver pendant leur mouvement des déformations irrégulières.
SÉANCE DU 27 FÉVMll'R igoS. 555
Afin d'arriver sous ce rapport à des conclusions sûres, il a été procédé
ainsi qu'il suit :
On remplaça chaque cercle par ua plateau plein en fonte de fer sur
lequel on avait, de 60° en Go°, tracé des traits toilt à fait analogues à ceux
sur lesquels on elï'ectue leS lectures ordinaires. Il était, eu effet, bien évi-
dent que, si l'écart constaté tenait bien à une flexit)n, il ilisparaîtrait à peu
près complètement par l'emploi de disques épais et homogènes. Or, cet
écart, bien qu'un peu faible, restait encore très sensible; il arrivait même,
lorsqu'on avait modifié le centrage de la source lumineuse, éclairant'les
divisions des cercles, que la divergence atteignait de nouveau environ o", 4-
On a aussi supposé une imperfection diuis le mode d'attache des cercles.
Après avoir procédé à un nouveau centrage des cercles sur l'axe de rotation
en les y rendant, en outre, absolument solidaires, on a pu se convaincre
encore une fois, au moyen des séries de mesures accomplies dans les con-
ditions expliquées plus haut, que les modifications n'avaient pu amoindrir
la grandeur des inégalités signalées.
En dernier lieu, nous avons été amené à soumettre à un examen attentif
les douze microscopes servant aux lectures. Cette revision a révélé des
imperfections sensibles dans les qualités des objectifs employés et en outre
une insuffisance générale de leur pouvoir optique : les im;iges d'un même
trait n'offraient pas le même aspect en passant successivement sous les six
microscopes. Cette différence de netteté d'un même objet ne laissait aucun
doute sur l'origine de la divergence des lectures». Pour faire cesser cet état
de choses si préjudiciable, on a fait remplacer les objectifs par de liouveaux
un peu plus grands et d'une distance focale plus longue, et réglé aussi
bien qUe possible le centrage du système d'éclairage des traits. Grâce à ces
mesures, les erreurs systématiques signalées ont cessé de se manifester
d'une manière appréciable pour les nouvelles divisions nettement gravées
sur les deux plateaux d'étude en fonte de fer, dont il vient d'être question.
Mais les anciennes divisions des deux cercles iiyant ]perdu par un long
usage une partie de leur netteté, leurs bords mal définis donnent encore
lieu à des discordances de lecture entre les divers observateurs. Cette im-
perfection a oblige à faire remplacer les deux Cercles actuels divisés sur
argent par d'autres dont les divisions seront tracées sur une bande de pla-
tine iridié.
Les divisions étant tracées sur des cercles de i*" de diamètre et les
microscopes de l'instrument en question étant, malgré les inconvénients
signalés, de qualité supérieure à celle d'un certain nombre d'instruments
556 ACADÉMIE DES SCIE^XFS.
méridiens existants, le défaut mis en évi lence ici doit probablement se
présenter ailleurs.
Une autre conséquence fâcheuse résultant de cet état de choses est que
les erreurs de division déterminées dans des conditions pareilles deviennent
très douteuses. Avant les améliorations réalisées, nous avons en effet con-
staté que la g;randeur de ces éléments changeait très notablement à chaque
dé[)lacement d'un cercle sur son axe ou à chaque centrage différent de la
source lumineuse.
Je suis persuadé que, dans bien des cas, on a attribué à la flexion des
cercles des effets uniquement dus à la mauvaise définition des images des
traits et à un défaut de centrage dans l'appareil d'éclairage.
Détermination de la constante de l'aberration et de la réfraction à l'aide
de la méthode basée sur l'emploi d'un double miroir taillé dans un même bloc de
verre. Forme à donner aux deux surfaces réfléchissantes pour obtenir des images
stellaires très régulières. — J'ai fait connaître en 1886 une méthode (') qui
ofl're la faculté d'évaluer dans l'espace la distance entre deux astres appar-
tenant à des régions éloignées du Ciel. Elle repose sur l'emploi de deux
miroirs taillés dans un même bloc de verre en forme de prisme et installés
devant l'objectif d'un équatorial. Cet appareil constitue ainsi, en quelque
sorle, un compas d'ouverture constante; il permet d'évaluer les variations
que peut subir, en vertu d'un phénomène physique quelconque (réfraction
ou aberration), l'arc notable qui sépare deux étoiles, avec la même préci-
sion que les petits arcs compris dans le champ d'une lunette à l'aide des
mesures micrométriques ordinaires. Celte méthode est affranchie de toute
erreur instrumentale, de la précession, de la nutation, de la variation de la-
titude, etc. ; et, ainsi que cela a été démontré, elle est également indépen-
dante des petits mouvements accidentels du prisme lui-même qui peuvent
se manifester pendant le déplacement de la lunette. La vis micrométrique
elle-même n'intervient, en fin décompte, que pour mesurer une quantité
égale à la valeur de l'élément cherché.
Le procédé pour déterminer la constante de l'aberration consiste à faire
paraître simultanément, dans le champ de Téquatorial, au moyen des
deux miroirs formant entre eux un angle de \^° par exemple, l'image de
deux couples d'étoiles qui sont respectivement éloignés l'un de l'autre de 90°
dans l'espace. On les observe une première fois aux époques où l'aberra-
(') Comptes rendus, t. Cil, 11 janvier, 8 et 22 lévrier 1886. et suivants; t. GXII,
16 mars et 19 mai 1891.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER IQoS. 557
tion agrandit de son double effet la distance des deux étoiles dans un
groupe et la diminue dans l'autre, et l'on compare ces mesures avec celles
accomplies 4 à 5 mois plus tard, lorsque le phénomène produit à peu près
l'effet contraire. Dans chaque soirée, on effectue les mesures au moment
oii les deux étoiles de chaque couple se trouvent à égale hauteur, c'est-
à-dire à 3o" au-dessus de l'horizon. Dans ces conditions, l'influence de la
réfraction sur la différence entre les deux arcs de grand cercle correspon-
dant à chaque couple ne dépasse pas en moyenne i". On peut répéter
ces opérations plusieurs fois dans chaque nuit, en passant alternativement
d'un arc à l'autre; en agissant ainsi, on élimine entièrement une petite va-
riation possible dans l'angle du prisme sous l'influence d'un changement
de température. On a, en outre, la facilité de pouvoir utiliser pour cette
étude un nombre notable de couples de belles étoiles. Ainsi qu'on le voit,
cette méthode est susceptible d'une très haute précision ; elle impose comme
seule condition un égal aspect des images pendant toute la durée du travail.
Ce procédé a déjà été appliqué antérieurement par MM. Lœwy et Pui-
seuxau |)etit équatorial coudé, peu après l'installation de cet instrument.
On avait alors choisi 12 j)aires de couples d'étoiles et l'éclat du plus faible
des 24 astres était celui d'une étoile de la 7* grandeur. On peut donc se
convaincre ainsi que le recrutement des couples steilaires, réalisant les
conditions géométriques voulues, n'offre pas de difficultés.
Mais, durant l'exécution de cette première étude, on s'est trouvé en pré-
sence d'un inconvénient qui, normalement, n'aurait pas dû exister : les
images étaient souvent déformées et surtout allongées perpendiculairement
à l'axe du double miroir, elles présentaient l'aspect d'un fuseau. A cette
époque, ces irrégularités furent attribuées à l'action des deuK miroirs plans
de l'équatorial, exposés à des variations notables de température. 11 y avait
donc lieu de penser que ces perturbations ne devaient pas se produire avec
un équatorial droit, comme celui de la Tour de l'Ouest, où cette recherche
va être exécutée par M. Bigourdan.
Contre toute attente, les premières observations, effectuées avec cet
appareil, sur lequel on avait provisoirement installé le miroir qui avait servi
autrefois, montrèrent dans les images des altérations à peu près analogues.
Eclairé par cette expérience, j'ai reconnu immédiatement qu'il y avait là
un effet optique intéressant le système utilisé et indépendant de la tempé-
rature.
En effet, les deux niirt)irs, taillés dans le même bloc de verre, avaient
558 ACADEMIE DES SCIENCES.
une forme circulaire; leur projection sur Tobjectif était par suite tinê ellipse
allongée et le pouvoir optique de la partie de l'objectif qui agissait était très
inégal j)ar rapport aux deux axes de la surface elliptique. Les images de-
vaient être forcément très allongées perpendiculairement au grand axe de
cette surface. L'inconvénient, ainsi reconnu, était très facile à éviter. Il suf-
fisait de diaphragmer les deux extrémités de l'ellipse» de manière à faire
produire les images stellaires^à l'aide de deux parties de l'objectif rendues
ainsi presque circulaires.
Sur le nouveau prisme de plus grande dimension, construit exprès pour
les recherches actuelles, on a donné, ce qu'il convenait de faire dans le cas
considéré, aux deux miroirs la fot-me d'un l-ectanglé de 18'''° sur 3o*^^™ de côté.
En tenant compte de ce que chacun de ces miroirs est incliné sur la surface
de l'objectif d'un angle de 22** 3o', leurs projections sont des sections rec-
tangulaires de 18*'"' sur ia*^™. Les itnages obtenues au foyer de la lunette
seront ainsi de petits traits de longueur | plus grande que la largeur. Mais
on peut donner aux images l'aspect d'un disque tout à fait rond en se
servant, pour l'entrée desfaisCèaUx lumineux, de deux diaphragmes circu-
laires de 12''"' de diamètre.
11 m'a semblé très important de signaler ces faits, afin de faire éviter à
l'avenir toute méprise sous cefapporl.
En vérité, dans la mise en pratique de toute méthode nouvelle, quelle
que soit la justesse de la conception théorique, on ne réussit presque jamais
à atteindre du premier coup lé but poursuivi. Elle révèle presque toujours
quelque inadvertance d'ordre secondaire commise et facile à éviter dans
les expériences ultérieures.
Nous avons la certitude maintenant que l'application de la méthode four-
nira, cette fois, d'une manière définitive, la valeur de la constante de
l'aberration.
CORRESPOND AIV CE.
M. le SECRÉTAiRii PEKPÉTUEL sigualc, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Ouvrage suivant :
Malgaigne [ i 8o6-i865). Étude sur sa vie cl ses idées d'après ses écrits, des
papiers de Jamille et des suuvenirs particuliers, par E. Pilastre. (Présenté
par M. Lannelongue.)
SÉANCE nu 27 FÉVRIEll igoS. 5jg
M. Cazalbou adresse, de Ségoii (Soudain français), des remercîments à
l'Académie pour la distinction dont ses travaux ont été l'objet dans la der-
nière séance publique.
ASTRONOMIE. — Sur l'observation de l' éclipse parlielle de Lune
du i^ février igoS. Note de M. Puiseux, présentée par M. F.œwy.
Le phénomène a été observé au grand équatorial coudé de l'Observa-
toire de Paris. Vue dans la lunette, la transition de la lumière du Soleil à
l'ombre de la Terre se faisait par une frange assez large et indécise, d'abord
brun sépia, puis cuivrée, puis gris d'ardoise, puis bleutée. La luminosité
moyenne s'est ainsi déplacée dans le sens d'une réfrangibilité plus grande,
en parcourant la plus grande partie du spectre visible. Vers la fin de
l'éclipsé, quelques nuages s'étant formés devant la Lune, la teinte brun
sépia du début s'est remontrée.
En raison de la situation de la Lune près de l'horizon et de l'état nébu-
leux du ciel il n'a paru possible de photographier utilement que la phase
décroissante de l'éclipsé. Pour chacun des dou/o clichés obtenus, nous
indiquons l'Iieurc moyenne de la pose en temps moyen de Paris et la durée
d'expositiou.
NUMUTOS.
1 y'.'Sa'"., 3"
2 7.33,6 y<
3 7.35,0 10
4. 7 -3'), 7 6
5 ?■ ■»")'■'• 3
G 7 • ^7 1 9 3
7 • 7-59>y 'o
8 Î3 . o , <) (3
9 8. 9,2 a
10 8.10,2 6
11 • . . . . 8. II,-. A
12 8.i2,J 2
Dans l'examen des clichés, l'attention s'est portée sur les points sui-
vants :
a. Effet du passage de la pénonsbre sur l'aspect d'objets connus, ou l'on
distingue ordinairement peu de détails en raison d'un éclat général trop
vif. Cette circonstance est surtout fréquente vers les bords du disque.
56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
h. Variation d'importance relative, dans le passage de l'ombre à la
lumière, des formations Linné, Messier, Messier A, où divers observateurs
ont signalé des changements anormaux.
L'éclat plus vif des bords s'accuse partout, mais surtout dans les clichés à pose
courte et dans ceux de la plus grande phase de l'éclipsé. On peut dire que, dans le
cliché n° 1, les bords dépassent de i5" la limite générale de l'ombre et prédominent
même sur les massifs montagneux normalement éclairés. Cette extension est plus mar-
quée encore dans le cliché n° 5, où tout le contour apparent, de Cardan à Harding,
c'est-à-dire sur plus de 25", est en recrudescence visible sur l'intérieur du disque. Les
plaines sombres, qui s'approchent en bien des points du contour, ne l'alteignent
jamais efTectivement.
Beaucoup de cirques se présentent dans la j)leine Lune comme des taches brillantes
uniformes. Leur passage dans la pénombre met en évidence leur bourrelet sous l'as-
pect d'un cercle lumineux. Ce cas se présente pour Agrippa et Godin (n° 1), pour
Calippus et Autolycus (n° G), pour Macrobc et Posidonius (u° 9). La montagne cen-
trale de Langrenus se détache comme plus lumineuse que le fond (n° 2). L'intérieur
d'Eratosthène montre trois grandes taches sombres (n° 4). Aristote en a toute une
série formant ceinture à l'intérieur du rempart du côté nord ( n° 12). Les bourrelets
d'Arislote et d'Eudoxe montrent plusieurs foyers lumineux indépendants et bien
limités (n" 10). Philolaiis possède comme Tjcho un fond brillant, une auréole exté-
rieure sombre, un système de traînées divergentes remarquablement fines et distinctes.
Deux petits cirques interrompent ces traînées {n°9), en s'y détachant plus nettement
qu'aucun accident sur les rayons de Copernic ou de Tycho. On voit avec une clarté
inaccoutumée les bandes d'Archimède (n°()), la concentiation de la lumière dans la
partie ouest de Proclus (11° 7).
Messier et Messier A sont visibles à partir du cliché n° k, où Messier A semble un
peu plus étendu et plus net que son voisin. Dans les clichés suivants, les deux cirques
paraissent être des taches tout à fait identiques, sans relief appréciable. Les formes
caractéristiques et dissemblables qu'ils prennent sous un éclairement matinal ne se
révèlent en aucune façon.
Linné, sortant de l'ombre sur le cliché n° 6, ne semble pas plus étendu qu'il ne l'est
d'habitude après une insolation prolongée. 11 y a accroissement d'étendue quand on
passe du n" 6 au n° 7. Sur le n° 8, on dislingue une tache centrale brillante et une
auréole diffuse, plutôt triangulaire que ronde. Le n° 10 ne montre plus que la tache
centrale. L'auréole reparaît sur le n° 11 et s'étend plus encore sur le n° 12. Le diamètre
apparent de Linné varie ainsi en peu de minutes du simple au double. Il est certain
que celle variation n'est qu'apparente. Elle est entièrement subordonnée aux conditions
d'éclairement et à la durée de pose, qui favorisent plus ou moins le contraste de l'au-
réole [jar rapport à la plaine environnante.
Cet examen nous semble autoriser les conclusions suivantes :
Les bords du disque lunaire ont opposé une résistance pai ticuiièrement
efficace aux épanchemenls liquides.
SÉANCE DU 27 IlivniKR 190'). 56l
L'activité volcanique ancienne dont témoignent les cirques a eu pour
siège principal soit les montagnes centrales, soit des orifices semés d'une
manière discontinue sur la crête limite.
La convexité du fond de certains cirques, la formation de bassins dc-
jirimés sur leur circonférence, peuvent êlre constatées à l'occasion des
éclipses de Lune sur un plus grand nombre d'exemples.
On peut citer des cirques indubitablement |)!us récents que certains
systèmes de traînées divergentes.
L'identité d'aspect des cirques jumeaux de Messier est liée à un éclai-
rement qui fait disparaître le relief et substitue aux vraies limites des
cirques celles des auréoles qui les englobent.
Les mesures du diamètre fie Linné peuvent, suivant les cas, se rapporter
au noyau central de la tache ou à ce noyau complété par une zone périphé-
rique qui n'est pas toujours apparente.
Il n'est pas douteux que, pour Messier comme pour Linné, l'aspect actuel
est inconciliable avec les descriptions antérieures à l'année i866. Mais les
observations plus modernes, sans excepter celles de M. W.-H. Pickering,
n'apportent pasunegrande probabilitéen faveur dechangements nouveaux.
ASTRONOMIE. — Sur une application du duiphragme-ins en Astronomie.
Note de M. Salet, présentée par M. Poincaré.
Dans un oculaire construit récemment |),ir M. Mailhnt et grossissant en-
viron 5oo fois, j'ai fait pliicer un diaphragme-iris tout près du plan des fils
du micromètre, devant la lentille de cliamp. On peut rétrécir ce dia-
phragme, quand on a amené l'objet à étudier au centre du champ, en tour-
nant un cylindre concentrique à l'oculaire et muni d'une couronne moletée.
Le but que je me proposais était d'abord de supprimer la lumière diffuse
du fond du champ due à la clarté du ciel ou à l'éclairage des fds. Cette
lumière éblouit l'œil et nuit aux observations physiques et à l'observation
des objets faibles.
De plus cet oculaire va me permettre d'étudier l'erreur due à l'astigma-
tisme dans l'observation des étoiles doubles. En effet, si on limite la partie
visible du fil aux environs immédiats du couple, deux lignes parallèles dans
cette petite étendue donneront sur la rétine des images parallèles malgré
les déformations de l'œil. Si donc dans ces conditions il reste encore trace
d'une erreur systématique, ce ne pourra être qu'une erreiu- d'appréciation
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 9.) 72
562
d'ordre psvchologiqiu
(le l'a'il.
ACADÉMIE DES SCIEXCES.
et non une erreur physiologique due à la structur
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. - Familles de Lamé à trajectoires orthogonales
planes. Familles de surfaces à lignes de courbure planes. Noie de M. G.
Carrus.
Frappé de la grande analogie qui existe entre l'équation des systèmes
orthogonaux et l'équation des familles des surfaces à trajectoires orthogo-
nales planes, j'ai cherché à déterminer dei familles de Lamé à trajectoires
planes. On remarquera d'ailleurs, qu'étant donnée une telle famille , les deux
familles quon lui associera pour former le système triple admettront des lignes
de courbure planes dans un système. Une telle étude présente donc le plus
grand intérêt. Nous allons donner le résultat de nos recherches dans le cas
où les plans des courbes trajectoires restent parallèles à une direction
donnée. Nous devons d'ailleurs dire que la question générale a été résolue
par M. Darboux. Cette Noie a simplement pour but de donner les formules
de ces familles dans le cas restreint indiqué, de rechercher les lignes de
courbure de ces familles, et d'en déduire des familles de surfaces à lignes
de courbure planes dans un ou deux systèmes.
Pour que la famille de surfaces u[^.r,y, s) = p admette des trajectoires
orthogonales planes parallèles à Oa-, il faut que la fonction u(x,y, z) satis-
fasse à une équation de la forme
H ^ ' ., = F{u, .r).
Si l'on cherche à déterminer quelle doit être la forme de la fonction
r(«,^) [)our que la famille correspondante soit une famille de Lamé, en
transportant les valeurs des dérivées de H dans l'équation de ces familles
M,, H.
H,
SEANCE DU 27 FÉVRIER igoS. 563
f;.=a,
A|| désignant le mineur relatif au premier clénient du déterminant.
La condition A,| = o donne les familles de surfaces moulures cylin-
driques. Reste la condition 1'^.,= o. Donc, si l'on écar/e les familles de sur-
faces moulures cylindriques, la condition nécessaire et suffisante pour que la
famille u(œ, y, z) = f adm'tle des trajectoires orthogonales planes dans des
plans parallèles à Ox et constitue une famille de Lamé, est que la fonction
M(.r, y, z) satisfasse à une équation de la forme
A c/ B désignant deux fondions quelconques de a.
Si, d'après une mélhode donnée par M. Darboux, on recherche une solu-
tion complète de la forme
(.r — c/ )- 4- ( v — V )'- 4(2 — »-•)- — R'' — o,
on trouve que v et w sont des constantes et que l'on peut prendre
a = f^(M) -t- xc" -I- l^er". R = a',
(p(») désignant une fonction quelconque, a etp deux nouvelles constantes.
De cette solution complète nous déduisons la solution générale. D'où le
résultat suivant :
1° Toutes les familles de surfaces re|)résentées par les équations
/ ' ^ „ y — '' - — " u. 9' -- 4'^"
(x — 'Si -h o )c" = ■-— I — =: — j = 2e" — , ; 1 , , , o . ^,.
sont des familles de I^amé et admettent des trajectoires orthogonales planes
dans des plans parallèles à Ox.
■2" Réciproquement, si l'on écarte les familles de surfaces moulures cy-
lindriques, toutes les familles de Lamé admettant de telles trajectoires
orthogonales sont comprises dans ces formules.
3° On obtient les surfaces de la famille en laissant u constant. On obtient
les trajectoires orthogonales en laissant r, w constants.
Eu particulier, l'équation du plan de la courbe est
564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(p(«) esL une fonction quelcon jue de ;/; y(r, (v) une fonclion quel-
conque de (', «'.
4° Si l'on sait déterminer les lignes de courbure d'une surface de la
famille, on aura, sans nouveaux calculs, deux familles de surfaces à lignes
de courbure planes dans un système.
5° En particulier, si çp = o, les courbes trajectoires sont des cercles.
Lignes de courbure. — Si l'on forme l'équation des lignes de courbure,
on arrive à l'équation remarquablement simple
Elle ne dépend pas de la fonction „=0, Pa<-1
correspond toujours à un cylindre (dont la section plane a le genre — p„).
Une sur/ace de genres
"s = "' P„ -= - ' .
admet un groupe continu de transformât ion s birationnelles en elles-mêmes,
groupe dépendant d'un paramètre d'une façon elliplique; les courbes (ellip-
tiques) trajectoires du groupe forment sur la surface un faisceau rationnel.
Les surfaces admettant un groupe elliptique ce' de transformations birationnelles en
elles-mêmes ont été signalées d'abord par l'analyse profonde à laquelle M. Picard a
soumis le problème général des groupes algébriques; M. Painlevé, en poursuivant
l'étude de ces surfaces, a établi qu'elles admettent une représentation paramétrique
caraclérislique, à l'aide de fonctions algébriques d'un paramétre, et elliptiques d'un
autre. C'est pourquoi les surfaces qui nous occupent peuvent être appelées des sur-
faces ellipliqaex.
Les surfaces elliptiques n'ont pas, en général, le geure
/V = o;
mais il sulllt pour cela que les trajectoires du groupe correspondant forment un
faisceau rationnel.
La représentation paramétrique citée permet maintenant de construire tous les types
de surfaces elliptiques de genre p^^izo; la construction de celles qui ne se ramènent
pas à des cylindres constitue un problème de transformation de fonctions elliptiques.
Le cas où le déterminant 7j{>i) de la transformation est un nombre composé se
ramène au cas de /i nombre premier, auquel nous nous bornerons ici, pour plus de
simplicité.
On obtient aloi-s les types représentés par les ècpialions suivantes :
t>\i, /i,.) d'ordre r{m — 4)
('■> i), qui se comportent, le long de la courbe double de/, comme si
celle-ci avait pour ç la multiplicité /■; le nombre P,. des 9;.(,,,_j, linéairement
indépendantes constitue un caractère invariant de/, ainsi que je l'ai dé-
montré en 1896; on appelle P, le gertte d'ordre r de la surface /; on a
d'ailleurs
Or, en calculant P^ pour les surfaces (1), on trouve
Po = ^ - 3
et, pour / = 3,
P,>i
ou bien
tandis cpie pour les cylindres on a toujours
P,= o (r= 1,2,:;. ...).
Il en résulte ainsi une expression simple des conditions jjour qu'une sur-
face de genre /?„•< o puisse être ramenée à un cylindre; il suffit que l'on ait
Or, si/?,;=o, ces mêmes conditions entraînent la rationalité de la sur-
face, car les conditions établies par JM. Castelnuovo (^^=P^ = o) se
trouvent satisfaites.
On aura donc le théorème suivant :
Les conditions pour quiine surface algébrique f{x, y, s) = o puisse être
Iransfotmée birationnellemenl en un cylindre F(X, Y) = o s expriment sim-
plemenl par les équations
l', = P.,= o.
SÉANCE DU 27 FÉVRll'H ipo'j. Sô^
ANAM'SË MATHÉMATHjl'E. — Sur les Joli' liiins d'une infinitc de varialdes.
Note (le M. 3ïaurice Fréchet, présenlée par M. P. Paiiilevé.
La plupart des théorèmes sur les ensembles linéaires de points ont pu
être généralisés dans l'espace à « dimensions. 3e me propose de montrer
qu'on peut pousser cette extension jusque dans un espace E„ à une in6nité
dénombrable de dimensions. Une telle généralisation n'u rien d'artificiel :
un grand nombre des éléments qui s'introduisent dans l'Analyse peuvent
être envisagés avec profit comme déterminés par une suite infinie de
variables indépendantes. Ainsi, une fonction holomorphe est connue
lorsqu'on se donne les coefficients a,, a.^, ..., o„, ... de son développe-
ment. On peut donc dire qu'elle correspond à un point de l'espace E„ ayant
pour coordonnées a,, a.,, • . ., ««i . . •
La seule définition vraiment nouvelle qu'il y ait lieu d'introduire pour
réaliser cette extension est celle de la llmiLe d'une suite de points. Si A
et A„ ont respectivement polu' coordonnées a,, a.,, ..., a^„ ...,
et fl',"',rt ,", . . . , a'''\ . . . , nous dirons que la suite de points A,, A^, . . . , A„, ...
tend vers A, lorsque, quelque so'ilp, la suite des nombres a^', . . . , a^"', . . .
tend vers le nombre «^ (')• Les définitions tle point-limite d'un ensemble,
d'ensembles dérivé, fermé, parfait se déduisent alors de la précédente
comme dans l'espace ordinaire. Nous dirons encore qu'un ensemble de
points A de coordonnées (a,, a.. a„ . . .) est limité si, pour tout point A
de l'ensemble, on a
|a,|\\u\ lliéorènie qui, d'après
le paragraphe IV de la Note déjà citée, est identique à la condition suffisante de notre
énoncé. Ce théorème, qui lui a fourni de nombreuses applications dans la théorie des
fonctions, est le suivant : Tout ensemble limité rie points de E„ possédant une infinité
de points distincts donne lieu à au moins un point limite.
{"-) C'est-à-dire soit un pjint de I non limite de points de V n'appartenant pas à 1.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER ipoS. 56()
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques théorèmes de Riemann.
Note de M. P. Fatoc, présentée par M. Painlevé.
Dans son célèbre Mémoire Sur ta représentation d'une fonction par une
série tri go nomé trique, Riemann a fait connaître une condition nécessaire et
suffisante pour la convergence d'une série de la forme
a„ -\- («, COS./.- + />, sina;) + . . . -1- («„ ço?,nx + />„ sin«.r) -\- . ..
pour laquelle on a
lima,, = o, lim/y„= o.
Il résulte de la condition que donne Riemann (') que la convergence de
la série en un point ne dépend que de la façon dont se comporte, au voisi-
nage immédiat de ce point, la fonction F(.r) représentée par la série con-
vergente qui s'obtient en intégrant deux fois de suite terme à terme la série
proposée.
On peut déduire de ce critère de convergence un résultat intéressant au
point de vue de la recherche des points singuliers d'une fonction définie
par son développement en série de Tavlor, à savoir :
Une série de Taylor dont le rayon de convergence est égal à i , et dont les
coefficients tendent vers zéro, est convergente en tout point non singulier de son
cercle de convergence.
Une application convenable du principe de multiplication des singularités
de M. Hadamard, par exemple la substitution à la série de Taylor consi-
dérée de l'une de ses dérivées généralisées, permettra d'ailleurs d'étendre
considérablement le champ d'ap|3lications de ce théorème : toutes les fois
que l'on obtiendra ainsi une série ayant mêmes singularités que la série
proposée et dont les coefficients tendront vers zéro sans former une série
absolument convergente, tous les points de divergence que l'on pourra
trouver sur le cercle de convergence seront des points singuliers. Si les
coefficients de la série ne tendent pas vers zéro, mais restent finis, la
somme des n premiers termes doit, pour tout point régulier du cercle de
convergence, osciller entre des limites ///»e.v.
A un autre point de vue, je signalerai les extensions que l'on peut donner
(') Rieniann's Malhematische W'erke, éd. Weber el Dedekind, p. 288.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N" 9 ) 73
570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'un autre théorème rie Riemann faisant connaître une relation remar-
quable entre une série trigonométrique convergente f{x) et la fonc-
tion F(a7) dont nous rappelions plus haut la définition : en faisant des
hypothèses particulières sur la série /( f), il pourra arriver qu'une seule
intégration terme à terme de cette série conduise à une fonction continue
admettant /'(.r) comme dérivée première. Ainsi :
Si na„ et rih„ lendeni vers zéro, la série
yi(a„cosA/a- + h,^?,'\nnx)
supposée convergente représente une fonction dérivée, par suite, une fonction
qui ne peut passer d'une valeur à une autre sans prendre toutes les valeurs
intermédiaires.
Cette proposition n'est ti'ailleurs plus exacte si l'on suppose seulement
que na„ et nb„ restent finis.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Indétermination de la trajectoire limite des
planeurs rigides. Note de M. 3Iarcei. Bkim.oui.v, présentée par
M. Maurice Levy.
Lorsque le mouvement d'un planeur par rapport à l'air est k peu près
rectiligne el uniforme, à chaque direction de la vitesse par rapport au
planeur correspond une direction et une seule du torseur (force et couple
d'axe parallèle à la force) qui définit la réaction de l'air sur le planeur,
de position entièrement définie par rapport au planeur. La réunion de
ces droites forme un faisceau qui dépend de deux paramètres seulement,
les deux angles qui définissent la direction relative de la vitesse; en consé-
quence, par un point quelconque, de coordonnées déterminées par rapport
au planeur, il ne passe, en général, qu'une seule des droites du faisceau.
Si le centre de gravité du planeur est en dehors de l'espace couvert par le
faisceau des réactions de l'air, aucun mouvement de translation sans rota-
tion du planeur n'est possible. Si le centre de gravité est dans le domaine
couvert par le fiusceau des réactions, il y a une et une seule réaction passant
par le centre de gravité, une et une seule vitesse relative correspondante,
de l'air et du planeur. Je supposerai que cette réaction qui passe par le
centre de gravité se réduit à une force sans couple; c'est ce qu'on s'efforce
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. $71
toujours de réaliser en donnant au planeur un plan de symétrie longitu-
dinal qui contient le centre de gravité. Dans tout mouvement de translation
sans rotation (ou avec rotations très lentes), l'accélération du mouve-
ment y, appliquée au centre de gravité, résulte de l'accélération de la
pesanteur g, et de la réaction particulière, qui passe par le centre de gra-
vité, rapportée à l'unité de masse du planeur, pV". La position du planeur
est liée à la direction de cette réaction et de la vitesse V correspondante.
Soient Pie plan de ces deux droites et i l'angle, supérieur à -> de leurs direc-
tions positives.
Occupons-nous seulement dans cette Note du mouvement limite. La
vitesse devient constante en grandeur lorsque l'accélération lui est per-
pendiculaire; la vitesse de chute devient constante lorsque l'accélération
est horizontale. Ces deux conditions qui définissent un mouvement limite
ne fixent pas complètement l'orientation du plan I', c'est-à-dire du pla-
neur, par rapport à la verticale; contrairement à ce que l'on pourrait
supposer en raison du caractère résistant de l'action de l'air, la trajectoire
finale du planeur n'est pas déterminée par sa seule construction, elle
dépend encore des conditions initiales.
Considérons dans le plan P' perpendiculaire à V une direction quel-
conque, et prenons-la pour direction de l'accélération y. Par y et par la
réaction de l'air menons un plan et dans ce plan une perpendiculaire à y;
cette droite est la verticale du mouvement final, d'après ce qui a été dit
plus haut; la résultante de —y et de pV est dirigée suivant cette ver-
ticale, vers le haut, et égale à o-. A chaque orientation de y dans le plan P'
correspond ainsi une direction de verticale, une vitesse V, une pente
du mouvement, une accélération latérale y et par conséquent un rayon de
courbure défini de la trajectoire.
L'accélération y peut être nulle, la trajectoire est dans un plan vertical,
et la chute se fait en pente douce. Mais l'accélération y peut aussi avoir une
direction quelconque hors du plan P de la vitesse et de la réaction de l'air.
Sous l'influence des circonstances initiales en air calme, ou sous l'action acci-
dentelle d'un coup de vent à l'air libre, la chute à vitesse constante considé-
rable sur une hélice de pas très court est toujours un état final possible d'un
planeur rigide, quelque bien équilibré qu'on le suppose.
Soient petit j.
Lorsque la chute se rapproche de la verticale (a = o) le rayon du cylindre et le pas
de l'hélice tendent vers zéro. L'hypothèse que le mouvement diffère peu d'un mouve-
ment de translation cesse d'être satisfaite pour des valeurs de a d'autant plus grandes
que le planeur est lui-même plus grand et que sa projection sur le plan P est plus
étendue; il n'est donc pas permis de poursuivre jusqu'à la chute verticale l'appli-
cation des formules, non pas que cette chute soil impossible, mais parce qu'elle serait
certainement accompagnée d'une rotation rapide du planeur sur lui-même, dont on
n'a pas tenu compte.
Celte indétermination partielle du inouvement limite est d'accord avec
l'observation. C'est ainsi que, au récent concours d'aviation, un même
planeur lancé à diverses reprises a suivi tantôt une trajectoire presque rec-
tiligne, tantôt en hélice de court rayon. C'est aux accélérations latérales
initiales, variables d'un lancé à l'autre, que ces différences sont imputables,
et non aux planeurs eux-mêmes. Les écoliers savent que, pour atteindre
le but avec leurs flèches de papier plié, il faut les lancer d'un mouvement
doux, ce qui veut dire que la fin du lancé doit se faire à vitesse pas trop
grande, rectiligne et uniforme, sans aucune accélération, pour être sûr
d'éviter les accélérations latérales déviatrices.
Cette indétermination de la trajectoire limile, qui peut approcher beau-
coup de la chute verticale pour un planeur rigide quelconque, a une consé-
quence importante.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 190,'». 573
Aucun planeur rigide n'offre de sécurité. Il iie suffit pas que l'expérimen-
tateur qui monte un planeur ait sous la main des organes mobiles permet-
tant de rectifier la trajectoire; car un coup de vent un peu violent peut
rendre la trajectoire limite tellement verticale, que la chute se produise
avant tout effet utile des organes correcteurs qui, d'ailleurs, se caleront
sous l'action de l'air dans une position extrême résistant à tous les efforts
par suite de la très grande vitesse de chute 1res rapidement acquise.
La sécurité exige que la trajectoire limite de l'aéroplane non monté reste
toujours très éloignée de la verticale, et cela est impossible avec un planeur
rigide, quelle que soit sa forme, du moins quand on néglige les couples
qui prennent naissance lorsque le mouvement de translation est accom-
pagné de rotation.
Lorsque la symétrie par rapport au plan P est insuffisante, et laisse sub-
sister un couple de même axe que la résultante, tout mouvement de trans-
lation pure est impossible; la progression est accompagnée d'un tournoie-
ment en azimut qui ne semble en aucun cas pouvoir augmenter la sécurité.
PHYSIQUE. — Sur l'intensité des impressions photographiques produites
par de faibles éclairements. Note de M. C. Gutton, présentée par
M. Poincaré.
Il a été souvent constaté qu'un éclairement par trop faible de la plaque
photographique ne produit pas d'impression, même après un long temps
de pose. Je me suis proposé de déterminer comment varie l'impression pho-
tographique quand on fait croître l'éclairement à partir de cette limite in-
férieure.
La source de iuruièie employée est une lampe à incandescence alimentée par une
batterie d'accumulateurs. J'ai réglé l'intensité du courant de telle sorte qu'à 6"\6o de
la lampe, une plaque Lumière (9x12, bande bleue) donne, après une minute de pose,
une impression à peine visible.
J'expose successivement à la lumière de cette lampe 12 plaques provenant de la même
boîte. La première plaque est placée à 6™, 60 de la lampe et éclairée pendant une mi-
nute, les suivantes sont placées à des distances de plus en plus petites jusqu'à i mètre
et impressionnées pendant le même temps. Dans chaque expérience, une moitié seu-
lement de la plaque est éclairée, l'autre restant couverte par un écran opaque. Les ex-
périences sont faites dans une chambre noire dont les parois sont recouvertes d'une
peinture au noir de fumée ne diffusant pas de lumière. La lampe est enfermée dans un
tube en carton rouge percé d'une ouverture, qui n'envoie de lumière que dans la di-
574
ACADÉMIE DES SCIENCES.
rection sur laquelle on dispose les plaques. Dans ces conditions, les plaques ne reçoivent
que de la lumière venant directernent de la lampe et Téclairement varie en raison in-
verse du carré des dislances. En prenant comme unité l'éclairement de la plaque placée
à i" (le la lampe, on pcul calculer l'éclairement des pi;i(|ues dans les diflérentes
expériences.
Pour développer les douze clichés, je les place verticalement dans un support fi
rainures et les plonge en même temps dans un bain révélateur à l'hydroquinone.
Je mesure l'intensité de l'impression des clichés ainsi obtenus en déter-
minant au photomètre la quantité de lumière absorbée par le cliché. Pour
éliminer l'absorption due au verre et à la gélatine, et les pertes de lumière
par réflexion sur les faces du verre, j'opère de la manière suivante : Comme
une moitié seulement de la plaque a été impressionnée, je mesure la quan-
tité de lumière transmise par cette moitié, soit I,, puis la quantité de
lumière transmise par la partie non impressionnée, soit I.^. La fraction de
lumière absorbée par la couche d'argent réduit est -^-j — '-•
Je trace une courbe dont les abscisses sont les éclairements qui ont pro-
duit les photographies et les ordonnées de la fraction
h-
Celfe courbe
'
n
1 1
,
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u.
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op
Q9
part d'un point de l'axe des abscisses dont la distance à l'origine est le plus
faible éclairement qui impressionne la plaque en une minute. A partir de
ce point la courbe monte très vite, fait un coude et continue avec une
inclinaison beaucoup moindre. De cette forme de la courbe, il résulte que
la différence d'intensité de deux clichés, correspondant à une différence
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. 575
d'éclairements donnée est beaucoup plus grande si ces éclairements yont
faibles que s'ils sont grands. Sur l'épreuve négative de la photographie
d'un objet le contraste entre deux plaques peu éclairées sera exagéré. On
sait que la photographie donne cependant une représentation suffisamment
exacte des différences d'éclairement ; cela peut tenir à ce qu'on ne se sert
du cliché négatif que pour obtenir par contact des épreuves positives. Pour
savoir si ces dernières conservent, en effet, les grandeurs relatives des
éclairements, j'ai cherché comment variait l'intensité de l'impression
photographique sur des épreuves positives des douze clichés négatifs
obtenus avec des éclairements connus.
Dans ce but, j'ai reproduit sur verre, dans un châssis-presse, à i™ d'une
lampe à incandescence et avec i minute de pose, ces douze épreuves posi-
tives. Après développement, j'ai mesuré, comme je l'ai déjà indiqué, l'in-
tensité de ces épreuves. La courbe qui représente les intensités en fonction
des éclairements qui ont servi à obtenir les épreuves négatives, se rap-
proche beaucoup d'une ligne droite ('). Il y a donc proportionnalité entre
les différences d'éclairement et les différences d'intensité des épreuves
positives.
En résumé, sur une photographie négative, les contrastes sont exagérés
dans les régions très peu éclairées et atténués dans les régions plus éclai-
rées. Sur l'épreuve positive, les différences d'éclairement sont, au con-
traire, fidèlement reproduites.
ÉI.ECTRICITÉ. — Sur les rayons cathodiques émis par l'anode.
Note de M. E. Rogovsky, présentée par M. Lippmann.
En prenant un tube de Crookes ordinaire avec une croix d'aluminium
et en reliant l'électrode opposée à la croix à l'anode d'une petite bobine de
Ruhmkorff, 3"''-5<^°' de l'étincelle ( l'autre électrode étant reliée à la cathode),
on obtient une ombre de la croix sur le fond vert; il suffit seulement
d'augmenter la résistance du circuit primaire de la bobine à peu près
(') Celte courbe aurait pu être déduite immédiatement de la précédente. Celle-ci
donne, en efTel, la quantité de lumière absorbée et, par suite, transmise par les clichés
négatifs. Cette quantité de lumière est propoiUunnelle à l'éclaireraent qui donne
l'épreuve positive. La même courbe permet de liouver l'intensité photographique cor-
respondante.
5']^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
jusqu'à ce qu'elle cesse de fonctionner. La luminescence du tube se change
brusquement et l'ombre de la croix apparaît; seulement le fond vert est
moins brillant que dans le cas où la même électrode du tube est reliée à la
cathode d'une bobine. Les rayons émis par l'anode sont déviés par un
aimant dans le même sens que les rayons cathodiques. Un électroscope
prouve une électrisation positive de l'électrode (plaque) opposée à la croix,
qu'elle soit anode ou cathode.
On peut encore observer l'émission des rayons cathodiques par l'anode
en mettant une électrode du tube relié à la bobine en communication avec
le sol par un fd muni d'une courte interruption.
ÉLECTRICITÉ. — Tension superficielle d'un diélectrique dans le champ
électrique. Note de M. Ch. Fortin, présentée par M. J. Violle.
Quand la surface de séparation de deux diélectriques fluides est placée
dans un champ électrique, on sait qu'il se manifeste des attractions et,
pour interpréter certaines expériences de cette nature, on est conduit à se
demander si la tension superficielle n'est pas modifiée sous l'action du
champ. C'est la question que je me suis posée au cours des recherches
commencées en igoS.
Pour la résoudre, la méthode employée consistait à produire l'ascension
capillaire d'un liquide diélectrique entre les deux armatures planes et pa-
rallèles d'un condensateur, et à observer la dénivellation qui accompagne
l'établissement du champ électrique. Deux causes peuvent être assignées à
cette dénivellation : d'abord les attractions électriques étudiées par
M. Pellat (') produisent une dénivellation égale à 5 — j^ — (en appelant K
le pouvoir inducteur spécifique du liquide, d sa densité, g l'accélération de
la pesanteur, e la distance des armatures, V leur différence de potentiel);
en second lieu une variation éventuelle DA de la tension superficielle sous
l'action d'un champ électrique normal à la surface produirait une dénivel-
a D \
lation é£;ale à ^— 7— • La dénivellation totale peut donc s'écrire :
^ eag '
, , K — I V 2DA
( I ) « = ë-— 1 H 1- ■
(') Comptes rendus, t. CXXIII, p. 691
SÉANCE DU 27 FÉVRII:R 1905. H'J-J
Malgré la |)résence gênante tie la première cause de dénivellation, on
neut trancher la qneslion de savoir s'il y a une variation notable de la ten-
sion superficielle. L'expérience montre en effet que, pour une distance
donnée des armatures, a est proportionnel a V'- : il en est de même pour DA
d'après l'égalité (1); et comme DA ne ppiil être fonction que du champ
électrique F = -. il en résulte que DA est proportionnel au carré du
champ. On peut donc poser : DA = BF=, et l'égalité (1) devient
On voit que si B est nul, c'est-à-dire si le champ ne produit aucune mo-
dification de la tension superficielle, le rapport p-, doit être indépendant de
la distance c des armatures, ce qui n'aurait pas lieu dans l'hypothèse con-
traire. Il suffit donc pour trancher la question de vérifier si le rapport p
varie avec la distance des armatures.
L'appareil se composait essentiellement de deu\ kimes de glace platinées ou argen-
tées transparentes, maintenues, les faces métallisées en regard, par des pinces, et
séparées par des cales de verre. L'épaisseur des cales, déterminée au sphéromètre,
fournissait une mesure de la distance des lames, et l'uniformité de cette distance pou-
vait être contrôlée par l'observation, en lumière monochromatique, des franges d'in-
terférence dans la lame d'air interposée. Le tout constituait un condensateur à arma-
tures transparentes, fixé verticalement, ayant environ lo"^"" de hauteur et 8"^" de
largeur, et dont les armatures plongeaient, à leur partie inférieure, dans une cuve
remplie de pétrole. Les lames étant bien mouillées par le liquide, le ménisque, visible
par transparence dans toute sa longueur, était pointé en son milieu au moyen d'une
lunette de cathétomètre munie d'un oculaire à vis micrométrique : le micromètre, une
fois taré, servait à mesurer la dénivellation produite par le champ électrique. La diffé-
rence de potentiel nécessaire était alternative (4 '- périodes par seconde), précaution
généralement adoptée dans les expériences de cette nature. Cette différence de poten-
tiel, fournie par un transformateur, était mesurée au moyen d'un voltmètre Ellioll
préalablement étalonné.
Parmi les résultats obtenus, je citerai deux séries de mesures dans lesquelles la dis-
tance des armatures fut respectivement
^1= 0''"',0255, e2=:: 0'"',OI24.
Dans les deux cas, la dénivellation se montra proportionnelle au carré du champ,
qui fut poussé au delà de 20000 volts par centimètre. Les dénivellations correspon-
dant à une même valeur de champ, égale à 2000a volts par centimètre, furent respec-
tivement
a, = o"",24o, (/. = o''™,246.
C. R., lyoS, 1" Semestre. (T. CXL, N° 9 ) 74
578 ACADÉMIE DES SCIENCES,
La dill'érence esl de l'ordre de grandeur des erreurs expérimentales, el il est inté-
ressant de calculer la limite supérieure qu'on peut en déduire pour la vaiiation rela-
tive de tension superficielle sous l'action du chiiiiip. Un calcul simple donne pour la
variation absolue DA :
DA < o,o56S d^ne par centimètre.
lit C(jmme la tension superficielle du pétrole esl de 25,5 dynes par centimètre, on
arrive à la conclusion suivante :
Dans lin champ électrique de 20000 volts par centimètre^ normal à la sur-
face, la i^aiiation relative de la tension superficielle du pétrole est inférieure
à T-'-.
On peiiL en conclure aussi que la dénivellation d'environ 2'"'",5 citée
plus haut est due tout entière à l'attraction du diélectrique par le champ
électrique. Le dispositif du condensateur à armatures transparentes et r,ip-
prochées permet donc d'observer à l'œil nu et même de projeter ce phéno-
mène difficile à mettre en évidence par d'autres moyens (dans les expé-
riences ci-dessus rapportées de M. Pellat, les plus grandes dénivellations
observées ne dépassèrent pas o^'^joGG).
Le même dispositif se prête également bien aux mesures, et l'on peut
fonder sur' ce principe une méthode de mesure du pouvoir inducteur
spécifique. Les nombres précédents conduisent pour celui du pétrole à la
valeur
R = 2,08.
SPECTROSCOPIE. — Sur les spectres des Jhiorures alcalino-terreux dans l'arc
électrique. Note de M. Cii. Fabrv, présentée par M. Deslandres.
Le fluorure de strontium, introduit dans Tare électrique, donne un
spectre analogue à celui du fluorure de calcium, que j'ai précédemment
décrit T' ). Les deux spectres présentent la particularité suivante : chacune
des raies est, en réalité, la tête d'une bande à raies tellement serrées que
l'on réussit à peine à les séparer; j'ai dû renoncer à les mesurer, même en
employant un grand réseau concave de Rowland de 7" de rayon. Les
séries, dont j'ai donné les équations pour le fluorure de calcium, ne sont
pas des bandes, mais bien des séries de têtes de bandes; il faut renoncer à uti-
liser ces spectres pour accroître nos connaissances sur la répartition des
(') Comptes rendus, 20 juin 1904.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER IQoS. Syg
raies dans une bande, puisque ces raies ne sont pas séparément mesu-
rables; Us peuvent utilement servir pour l'étude de la répartition des têtes
,1e bandes, celles-ci étant nombreuses et bien définies.
Si dans une série, on numérote les têtes, à partir d'une origine et dans
un sens quelconque, la fréquence N de la tête numérotée m s'exprime par
une fonction entière et du second degré en m
N = A-(Bm + C)^
Les valeurs des constantes B et C dépendent de l'origine et du sens du
numérotage. . . i- <
Dans chacune des séries, les intensités vont en décroissant a partir ce
l'une des têtes, qui est le commencement de la série; en d'autres termes,
la série s'étend d'un seul côté à partir de la tête la plus brillante. Nous
donnerons à celle-ci le numéro 0 et aux suivantes les numéros 1,2, 3, etc.,
de telle manière que les intensités décroissent toujours quand les numéros
s'élèvent (').
Le Tableau suivant donne les valeurs des constantes A, B, C pour
les diverses séries des deux fluorures, en adoptant ce système de nu-
mérotage.
A,.... .88i3,i
A,.... i8Soo,8
B, . . . . i835o,5
B., 18827,6
\) 1 5902 , 8
D' . . . . 1 5622, 5
K. ... 15492,7 -0,34 11,9
Iv 15455,9 —0,35 11,9
E". . . . i5i6i,4 —0,35 11,9
E' i32i4,i —0,33 11,9
Al . .
A2. .
20458, 9
20455 , 2
+0,3776
+0,3768
32,
32,
B,..
19925,1
i99'«.9
+0,3209
+0,3.895
32,
32,
C...
,7,46,.
—0,420
7,
D...
D' ..
D"..
D'" . .
. 16609,3
. 16570,8
. 16534, 4
. 16473,0
-0,417
— o,4oo
— o,4o4
—0,383
7-
7
E...
E'. .
. 16046,2
. 16006,5
-o,5o
-0 , 5o
\\
835
32,10
874
32,10
35
32. 10
28
32,10
i5o
7,07
25o
7,07
ma première Noie Sur les spectres des fluorures, j'avais choisi le n.inie
nstanle C soit sensiblement nulle; la lêle la plus bn
C) D
rotage de telle manière qu
^^O ACADÉMIE DES SCIE.NXES.
Les Séries, dont le tableau précédent donne les constantes, se divisent
en deux catégories, aussi bien par leur aspect que par la forme de leurs
équations :
Pour les unes (séries A et B, que j'appellerai séries de première espèce )
la constante B est positive; les intervalles entre les tètes successives voni
en croissant à mesure qae les numéros d'ordre augmentent, c'est-à-dire à
mesure que les mtensités décroissent; en même temps, l'aspect de ces
séries montre que les bandes, issues de chaque tête, sont dégradées vers le
rouge.
Pour les autres (séries de la seconde espèce), la constante B est négative •
les intensités des tètes vont en décroissant à mesure que leurs intenalles
diminuent; les bandes sont dégradées vers le violet.
La comparaison des nombres donnés ci-dessus conduit aux résultats
suivants :
i'^ Si l'on considère les séries analogues des deux fluorures la con-
stante A est toujours plus grande dans le cas du calcium que pour'le stron-
tium; en d'autres termes, les séries se déplacent vers les grandes longueurs
d onde lorsque le poids atomique du métal augmente. On sait qu'iUn est
de même pour les spectres des métaux.
2'^ La constante C a la même valeur pour les séries analogues des deux
sels.
3^ La constante B diminue lorsque l'on passe d'une série du calcium à
la série analogue du strontium.
Le fluorure de baryum donne, lui aussi, un magnifique spectre de
bandes, dont les lêtes seules sont mesurables. Toutes les séries de têtes
appartiennent à la seconde espèce (B les courants de saturation fureni mesurés dans des récipients conve-
nables au moyen d'un électromèlre el d'un quartz piézo-électrique, les lectures étant
faites de minute en minute pendant les 10 preniiéies minutes et moins fréquemment
ensuite.
En fait, l'équation (2), avec
«^0,00401, /> = 0,OOo538, < izr (. ,ooo4i3,
a — 2,07. (3=: (,37. /,-; 0,570 |J^ = 0,438
(■) Comptes rendus, i[\ mars igo^-
582 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et la seconde comme unité de lemps, concorde avec la moyenne des valeurs observées
à 0,5 pour 100 près pour les 10 premières minutes et à i pour 100 pour les 20 minutes
suivantes.
«0, dans l'équation (2), est la valeur de t quand « = o, et nous supposerons dans ce
qui suit que /» représente le courant de saturation dû à rémanation seule. ,5 est
approximativement égal au rapport des courants dus respectivement à l'activité induite
et à l'émanation quand elles sont en équilibre radioactif et — est sensiblement égal au
rapport des courants dus au premier et au troisième des composants successifs de la
radioactivité induite (dans la théorie des transformations).
Les constantes a, |3, y et ix sont fonctions des dimensions de l'appareil. Cependant
elles varient peu quand on n'emploie que des vases larges comme dans les expériences
dont il est question ici. Lorsque le maxinuini est atteint, environ 42 pour 100 du
courant total est dû à l'émanation, 33 pour 100 au premier et 25 pour 100 au troisième
des composants de la radioactivité induite.
La quantité d'émanation émise par une solution d'un sel de radium est
proportionnelle à la masse du sel et au temps. Nous prendrons comme
unité de quantité d'émanation celle émise pendant une seconde dans un
grand volume d'air par une solution de faible volume contenant i^ de
bromure de radium. Si le temps pendant lequel on laisse s'accumuler
l'émanation n'est pas court, il faut faire une correction qui tient compte fie
la destruction de l'émanation pendant ce temps.
Il est important de connaître l'ionisation produite par une quantité
d'émanation unité dans des conditions données. Si l'émanation est en-
fermée dans un récipient, une partie de sa radiation est absorbée par les
Pour déterminer l'eflet produit par ces parois, on conslriiislt trois récipients cylin-
driques de zinc portant suivant leur axe une tige de zinc isolée servant d'électrode.
Le plus grand contenait 5i' d'air et le plus petit moins de o', 5. La longueur de chaque
cylindre était égale à environ deux fois son diamètre. On mesurait dans ces appareils
les courants de saturation à divers moments après l'introduction d'une quantité
connue d'émanation et l'on calculait l'intensité initiale du courant en utilisant l'équa-
tion (2). Les courants initiaux sont très exactement repiésentés par l'expression
(3) d=h-/.^,
S étant la surface du récipient, V son volume, ù et k des constantes. Si la quantité
totale d'émanation contenue dans chaque récipient est l'unité, la valeur de fc est o,326
et celle de b o,63 en unités électrostatiques et à 18° et 760™™ de pression.
L'équation (3) peut s'interpréter de la manière suivante : on peut supposer que i;i
radiation absorbée par les parois et la radiation secondaire qui peut en résulter sont
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. 583
proportionnelles à la surface el n la quantité cl'tMiianation contenue par unité de
volume d'air. Si chaque récipient contient la même quantité totale d'émanation,
la quantité contenue par unité de volume est inversement proportionnelle au volume
total. L'elFel dû aux parois est donc proportionnel au rapport de S à V. La quantité b,
dans l'équation (3), est le courant qui serait produit par la quantité d'émanation unité
si tout son rayonnement était absorbé par l'air.
La constante k est positive, ce qui indique que lellet du rayonnement absorbé est
plus grand que celui de la radiation secondaire qui peut prendre naissance.
On a utilisé, pour obtenir les valeurs ci-dessus de h et de k, l'émanation fournie en
3 heures par une solution de 08,0001096 de bromure de radium, c'est-à-dire environ
0,79 unité. Le volume de la solution était d'environ i"^™' et celui du réservoir de verre
qui la contenait, d'environ 3o''"''. Pour établir un régime permanent on prenait la
précaution de balayer plusieurs fois ce réservoir avec de l'air, à des intervalles de
2 lieures, avant de recueillir l'émanation. On a aussi utilisé deux autres solutions
contenant respectivement 08,000110 et 08,0000127 de bromure de radium dissous dans
5"""' d'eau. On a trouvé pour b les valeurs 0,61 el 0,60 et pour k les valeurs o,3i6
et 3ii. Ces résultats sont très voisins de ceux qui précèdent. Toutefois les résultats
étaient plus réguliers en dissolvant le bromure de radium dans une moins grande quan-
tité d'eau comme dans la première série de mesures.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur kl purification de la gacloline el sur le poids a tu-
mique du gadolinium. Note rie M. G. Urbai.v, présentée par M. Haller.
La matière première qui m'a servi dans cette étude était constituée par
de la gadoline ne renfermant déjà plus que quelques centièmes d'impu-
retés. Elle provenait des traitements de l'europium et des traitements de
l'élément Z3. Le poids de cette gadoline brute dépassait 1"^. J'ai éliminé les
fractions renfermant encore de l'europium et les fractions riches en Zg, et
j'ai fractionné cette gadoline dans l'acide nitrique de densité i,3 à l'état de
nitrate double de gadolinium et de nickel :
2(AzO')^G(l + 3(AzO^)-Ni + 2/,H^O.
Cette méthode présente sur la méthode de Demarçay [ Frac l ion nement
des nitrates doubles magnésiens [Comptes rendus, t. CXXX, 1900, p. 1019)]
d'assez sérieux avantages. Elle rejette plus rapidement dans les fractions
très solublesla terbineet permet d'observer aisément la forination toujours
possible des nitrates simples, qu'il faut soigneusement éviler.
Mon but était de m'assurer que le gadolinium était une substance unique. J'ai pro-
longé ce fractionnement pendant plus de 6 mois à raison de deux séries de cristallisa-
tions par jour et j'ai opéré sur 20 à 22 fractions consécutives. Lorsque ce traitement
fut arrêté, la première fraction portait le n" 18, les fractions précédentes ayant été
réduites à zéro; la dernière jjorlait le n" 39. Les oxydes étaient parfaitement blancs
58/» ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour la majeure partie du fractionnemenl et, sen'fes. les 4 dernières fractions avaient
une légère coloration jaune et présentaient en solution un beau spectre d'absorption
ultra-violet dont j'ai déterminé approximativement les X {Bull. Soc. chiin.. Procès-
verbal de la séance du 27 janvier igoS) et qui appartient peut-être en propre à l'élé-
ment Zg, car les bandes du spectre me paraissent accompagner la bande À r= ^88
observée autrefois par M. Lecoq de Boisbaudran (').
Le spectre d'étincelle de mon gadolinium a été étudié spécialement par Sir William
Crookes, et le spectre d'arc par le D'' Eberhard. Ces savants publieront incessamment
leurs résultats.
Sir William Crookes {Chein. News, vol. XCI, n" 2359, p. 61) a observé en outre
que ma gadoline la plus pure présente le spectre de phosphorescence cathodique qu'il
a attribué à un élément nouveau, le victorium.
Mes mesures de poids atomique accusent, du commencement à la fin de mon frac-
tionnement, rigoureusement le même nombre, et la phosphorescence cathodique
observée par Sir William Ci'ookes ne peut être due qu'à une trace impondérable d'une
impureté sur la nature de laquelle il m'est impossible de me prononcer actuellement.
Les déterminations de poids atomique ont été efïectuées en transformant
le sulfate octohydraté(SC)'Gd--l- 8H-0 en oxyde Gd^O'. Ces deux com-
posés peuvent se peser sans cause d'erreur. Le sulfate anhydre provenant
de la déshydratation du sidfate hvdralé absorbe dans le dessiccateur une
proportion d'air considérable qui ôte toute précision aux mesures de poids
atomirjue que l'on sérail tenté de faire |)ar dosage d'eau.
Les six premières fractions de mon fractionnement m'ont donné les
nombres suivants :
Fractions.
(SO')'Gd--+-S
18....
I ,92.56
19....
' .9749
» . . . .
•>99-5
20....
2,io83
»
.,8993
21....
2,2065
>.
1,9535
22....
2 , 2008
»
2,2^82
23....
2,1982
Gd=0\
(SO'-r-H'
0)poui
0,9800
5i
,443
0,9089
5i
,445
0,9698
5i
,449
1,0281
5i
,472
0,9214
5i
,486
1,0707
5i
,475
0,9479
DI
,47«
i,o685
5i
>449
1,0914
ji
,4o4
1,0646
5i
,459
107
,35
137
,35
107
,82
,57
107
107
, i5
,o4
,i3
i5-
, 12
i.j-
,32
.57
,28
107
,25
i7,23
(') M. Lecoq de Hoisbaudran a publié récemment une .^ote dans les Comptes ren-
dus {Comptes rendus, t. CXXXIX, 1904, p. ioi5) à propos de ma Communication
Sur l'élément Zg {Comptes rendus, t. CXXXIX, 1904, p. 786). J'abandonne bien
volontiers le mot hypothétique dont j'avais qualifié l'élément Z5. IM. Lecoq de Bois-
baudran avait en effet bien établi l'indépendance de la bande X ^ 488, caractéristique
du Zs et des bandes bleues du dysprosium sans avoir pu cependant séparer ces deux
éléments. C'est cette séparation que je suis parvenu à réaliser complètement.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER ipoS. 585
J'ai analyse de même les dernières f'r;ictions.
Fractions.
(S0«)»Gd-+8H-0.
Gd^O'.
(SO^
+ H-0) pour 100.
Poids alomiqi
35...
2,o55i
0,9974
51,466
15;, '9
36...
2,1.555
-,0469
5i,43o
157,45
37...
■?. , 2277
1,0807
5 1,488
.57,04
38...
2,2559
1 ,0946
51,478
l57,..
39...
2,2523
1,0989
5,, 43.
107,45
Moyenne ... i57,25
J'ai admis O = 16 H =: 1,007 S = 32, 06.
On voit que la constance tle ces nombres se maintient d'une façon remar-
quable. Ma gadoline est vraisemblablement la plus pure de celles qui aient
encore été préparées et mes mesures ont une précision suffisante pour que
l'on puisse admettre comme valeur la plus probable du poids atomique du
gadolinium le nombre 167, 23.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques osmiomlrites et sur un nilriie d'osmium.
Note de M. L. Wi.^trebert, présentée par M. A. Haller.
Dans un travail antérieur {Ann. de Chini. et Phys., 7* série, t. XXVIII,
janv. igoS) j'ai signalé l'existence de plusieurs nitrites complexes d'osmium
et de potassium :
L'osmylnitrite OsO''( AzO^)*K-
L'osmyloxynitrile OsO'(AzO^)-K^ 3H^O
L'osmionitrite Os(AzO-)*K*
Les deux premiers de ces corps dérivent de l'osmium hexavalent et sont
étroitement liés aux osmiates, aux sels d'osmyldiammonium ; ils permettent
aussi d'obtenir avec un rendement parfait les plus importants des sels de
l'osmium, les chloroosmiates. Le troisième est, au contraire, l'un des très
rares composés qui se rattachent à l'osmium trivalent et son étude paraît
devoir conduire à un grand nombre de combinaisons nouvelles.
L'objet de la présente Note est d'indiquer avec plus de précision les con-
ditions de fonction de l'osmionitrite de potassium et de montrer comment
ce sel peut servir à préparer, directement ou indirectement, toute une
série d'osmionitrites et même le nitrlte d'osmium correspondant.
1° Osmionilrite de potassium, Os(AzO'^)*K^ — On le prépare en faisant agir un
excès d'azotile de potassium sur le chloroosniiate du même métal à la température
C. B., 1905, !•' Semestre. (I'. CXL, N" 9.) 75
586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de 80° environ :
OsCl«K= + 7 AzO^K ^ Us(AzO-)^K= + 6KCI + AzO'K + AzO.
Il eâl indispensable d'opérer à l'abri de l'air si Ton veut éviter la formation d'une
grande quantité d'osmyloxynilrite et même des pertes d'osmium sous forme de per-
oxyde OsO'.
L'osmionitrite se dépose, après refroidissement, en parallélépipèdes aplatis de couleur
jaune serin. Très soluble dans l'eau pure il l'est beaucoup moins dans son eau mère
chargée de sels de potassium, aussi le rendement est-il facilement de 70 pour 100.
1° 05/?i(o /i«7/v'iea^eioc?mw. Os (AzO*)=Na', 2 H- O. — Parallélépipèdes aplatis de cou-
leur jaune lésèrement orangé, un peu plus solubles que le sel de potassium et qu'on
obtient plus facilement, par double décomposition, à partir de l'osmionitrite d'argent
ou de celui de baryum.
3° OsmioniLrile d'ammonium, Os{ AzO^)'^( AzH')^ 2H-O. — On prépare ce com-
posé en traitant le sel coirespondanl de baryum par une quantité slriclement équiva-
lente de sulfate neutre d'ammonium. Il se présente en beaux cristaux jaune orangé
dont la solubilité rappelle celle du dérivé potassique. A l'état sec, et à la teuipérature
ordinaire, ces cristaux sont parf.iitement stables. Pbicés dans un cour-ant d'hydrogène,
ils noircissent légèrement dès i3o°isi l'on porte rapidement à 160", ils se décomposent
brusquement donnant les produits de décomposition de l'azolite d'ammonium et un
peu de peroxyde d'o-miuui, le résidu vraisemblablement formé en grande partie de
nitrite d'osmium n'est totalement réduit qu'à température ])lus élevée. On peut d'ail-
leurs éviter toute explosion en chaufl'ant graduellement la matière et obtenir ainsi un
dosage exact de l'osmium. En dissolution, l'osmionitrite d'ammonium e>t bien stable
à froid, mais il s'altère à chaud, quelques bulles gazeuses se dégagent et la liqueur
prend une tt-inte rouge orangé de plus en plus accentuée.
4° OsmioniLrile d'argent, Os(AzO^)''Ag-, 3 H'O. — Petits cristaux jaune d'or assez
peu solnb'es et non parfaitement stables en dissolution, mais qui se conseivent très
bien à l'état sec, si on les préserve de la lumière. On les obtient en mtlangeant des
solutions chaudes et moyennement concentrées d'osmionitrite de potassium et d'azotate
d'argent.
5° Osmionitrites de baryiim> Os(AzO-)»Ba,H-0 et Os( AzO-)'Ba, Zj H-0. —
Lorsqu'on ajoute une solution de chlorure de baryum à une solution chaude d'osmio-
nitrite de potassium, on obtient un osmionitrile de baryum diversement hydraté sui-
vant la température à laquelle il se dépose. Au-dessus de i5° environ, on recueille des
tables jaunes constituant un produit monohjdraté; à température plus basse, on a des
aiguilles prismatiques jaune d'ambre contenant 4H-0. Il est très important que la
liqueur résultant du mélange des deux solutions n'ait point une température supérieure
à 40° ou 00°; le chlorure de potassium mis en liberté dans la réaction pourrait, en
effet, donner avec l'o-Nmionitrite de baryum divers produits d'addiiion.
6° Osmionitrile de strontium, 0s(Az0-)^Sr,2ll-0. — Ciistaux orang(''S qui ne se
forment qu'au sein d'une eau mère sirupeuse et qu'on obtient fa'ilement par double
décomposition à partir du sel d'argent correspondant. Ces deux dernières remarques
valent pour les trois sels suivants.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. 687
7" Osmionitrite de cnlcitim, Os(A7,0-)'^Ca , 4 H'O. — Longues lamelles jaune
orangé.
8° Osmionitrite de magnésium, Os(Az02)'^Mg,4H-0. — Cristanx jaune de soufre.
9° Osmionitrite de sine, Os( AzO^)'Zn ,iH'^0. — Houppes cristallines jaune légè-
ment orangé.
10° Divers essais tentés pour obtenir les osmionitriles de fer, de manganèse, de
cuivre et de plombent généralement amené la foimation de produits cristallisés; mais
ceux-ci (iu bien n'ont pu être analysés, ou bien ne correspondaient pas à la forme
normale des osmionitriles. Une communication ultérieure fera connaître les plus inté-
ressants de ces derniers.
Il" Acide osmiomtreux, Os( AzO')'H% et nitrite d'osmium, Os(AzO^)^ — L'addi-
tion d'acide suiluiique, en quantité strictement é(|uiva!ente, à une solution d'osmio-
nitrile de baryum, précipite la totalité du baryum à l'élat de sulfate. Si l'on opère à
froid, aucun dégagement gazeux ne se produit et l'on obtient après filtration une
liqueur jaune verdàtre, acide au tournesol, capable de reproduire avec la potasse
l'osmionilrite de potassium. Cette liqueur contient vraisemblablement en dissolution
l'acide osmionilreux Os(AzO')'H-.
Mais, quand on essaie de concentrer cette dissolution, il se produit lentement à
froid, rapidement à chaud, un abondant dégagemeut de vapeurs niireuses; la liqueur
devient alors jaune brun et Ion est fondé à cioire qu'elle ne contient plus que le com-
posé Os(AzO-)^ Aucun cristal, à la vérité, ne s'y dépose, lors même qu'elle serait
amenée à consistance sirupeuse, mais, évaporée à siccité, elle fournit un produit brun
foncé qui peut sans altération être dessécjié dans l'air à une température voisine de ioo°.
Après maintien durant un temps suffisamment long à cette température, le poids du
produit ne varie plus : son rapport au poids du sel de baryum employé est alors sen-
siblement égal à celui des poids moléculaires du nitrite Os(AzO-)^ et de l'osmionitrite
de baryum.
Ce composé serait donc le nitrite d'osmium correspondant aux osmionitriles. L'ana-
lyse a confirmé cette hypothèse.
La slabililé remarquable des divers corps qui viennent d'être décrits
contraste singulièrement avec les propriétés des sels d'osmium obtenus
jusqu'ici; parmi ces sels, aucun grou|)e, d'ailleurs, ne possède d'aussi
nombreux représentants. Il convient donc d'assigner aux nitrites dérivés
de l'osmium trivalent une place des plus importantes parmi les combinai-
sons de ce métal.
MÉTALLURGIE. — Constituant spécial obtenu dans la trempe d'un bronze
d'aluminium. Note de M. Pierre Brelu., présentée par JVl. Ad.
Carnot.
Nous avons eu récemment l'occasion d étudier un alliage de cuivre et
d'aluminium dénommé Fortiorei fabriqué par MM. Agésilas etO^ qui nous
'ÎHB ACADÉMIE DES SCIENCES.
paraît mériter un certain intérêt. Nous ne pouvons en donner la composi-
tion exacte, mais nous sommes autorisé à dire que les métaux constituants
comprennent du cuivre et de l'aluminium et quelques millièmes d'autres
éléments.
Cet alliage fond entre 1010° et 1030" et présente un point singulier entre
690° et ^So". Il se forge très bien à toutes les températures depuis le rouge
sombre jusqu'au rouge cerise clair.
Dans le cours de nos recherches, nous avons soumis ce métal à des
trempes à températures croissantes dans l'eau à i5°. Les barrettes trempées
étaient brutes de coulée.
La première a été trempée à SSo", c'est-à-dire en dessous du point singulier.
Le métal qui, brut de coulée et naturel, présente au microscope de grands îlots
blancs de cuivre en excès ou d'une combinaison de cuivre et d'aluminium noyés
dans un constituant noir, paraissant un eutectique, est devenu, après celte trempe
à .550°, plus homogène et présente un aspect granuleux dans ses parties principales;
l'élément noir eutectique a presque disparu.
Trempé à 650° et ~âo°, c'est-à-dire autour du point singulier, le métal présente un
constituant nouveau au milieu de lambeaux paraissant appartenir au constituant gra-
nulaire de la trempe à 55o°. Ce nouveau constituant se montre à l'état de fines aiguilles
s'enchevètrant à la manière des aiguilles de la martensite des aciers trempés. L'appa-
rition de ce constituant concorde d'ailleurs avec une élévation de la limite élastique et
de la cliarge de rupture du métal, qui n'atteint pas moins de 5o jiour 100; l'allonge-
ment à la rupture diminue beaucoup; malheureusement, des défauts de coulée dans
nos éprouveltes ne nous permettent pas d'être aussi affirmatifs qu'il le faudrait à ce
sujet.
Le métal trempé à 85o° ne présente plus au microscope que le constituant uiarten-
sitique seul en longues aiguilles parallèles dans un même grain; car il se forme en
même temps des joints cristallins dès que ce constituant reste seul. Les aiguilles mar-
tensiliques paraissent naître de petits îlots qui sont vraisemblablement les résidus du
constituant granuleux précité.
Trempé à gSo", c'est-à-dire près de son point de fusion, le constituant martensi-
tique seul subsiste et ses aiguilles sont devenues extrêmement fines et serrées, s'arrê-
tantsur les bords des joints cristallins et changeant de direction d'un grain à l'autre.
Pour ces deux dernières trempes, la limite et la charge de rupture par traction ou
par compression ont presque doublé; il en est de même pour la dureté, si on la déter-
mine par la méthode de pénétration de Brinell.
Ces constatations paraissent calquées sur celles faites par M. Osmond
dans sou élude des effets de la trempe sur l'acier a o, i4 de carbone (')
à i34o".
(') Bulletin de la Société d'encouragement, mai 1895.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER ipoS. SSp
On remarque, pour cet acier, de g;rands polyèdres dans lesquels la mar-
tensite s'organise en aiguilles parallèles changeant de direction sur les joints
cristallins. M. Campbell a signalé déjà l'apparition de ce constituant des
cuproaluminitims dans le numéro de septembre dernier du Journal de l'In-
stitut Franklin, mais il n'en a pas décrit la genèse ni l'influence sur les pro-
priétés mécaniques du métal.
Le constituant martensitique précédent est bien dû aux effets seuls de
la trempe; car d'autres barrettes du même fortior, recuites aux mêmes
températures que celles des barrettes trempées et refroidies à l'air, n'ont
pas décelé ce constituant; on n'a constaté que les éléments du métal natu-
rel plus ou moins fins.
Il y a, à notre avis, une analogie, géométrique tout au moins, entre les
aiguilles du constituant martensitique et les déformations cristallines des
aciers doux obtenues par écrouissage. Ces déformations cristallines,
décrites par MM. Ewing et Rosenhain sous le nom de slipsbands, par
M. Heyn, MM. Osmond, Cartaud et Frémont se traduisent par des lignes
[)arallèies dans l'intérieur des grains; M. Guillet les a prises pour de l'au-
sténite dans ses études des aciers au nickel et au manganèse écrouis,
admettant ainsi l'équivalence entre les effets de la trempe et de l'écrouis-
sage; on pourrait émettre la même hypothèse à propos du constituant
aciculaire du fortior; c'est un point que nous chercherons à vérifier expé-
rimentalement aussitôt que possible.
En admettant les vues de M. Osmond sur l'action de la trempe et en
les appliquant au cas du présent métal, on pourrait dire : Au-dessus
de 690° à 720°, le fortior forme une solution solide qui cristallise en don-
nant des cristaux dont il faudrait rechercher le système; ces cristaux se
détruiraient au point singulier et fourniraient les éléments constatés dans
le métal naturel; la trempe empêcherait cette transformation. L'analogie
entre les aiguilles du fortior trempé et les figures de corrosion du fer y cris-
tallin étudiées par M. Osmond (^Annales des Mines, 1900) est très grande
d'ailleurs. Le fortior Irempé se rompt avec de gros cristaux sillonnés de
stries à la cassure.
Nous avons employé pour nos recherches micrographiques le réactif de
MM. Heycock et Neville (Fe^Cl*-l- HCl); l'acide chromique dilué convient
également et donne des attaques complémentaires de ce réactif.
D'autre part, un laiton à 65 pour 100 de cuivre trempé au rouge sombre
nous a révélé une cristallisation bien nette; les joints, dans ce cas, sont
incurvés et nous n'avons pu encore déterminer l'organisation exacte de
5go ACADÉMIE DES SCIENCES.
ces cristaux; attaqués par l'acide chromique ils se colorent dilTéremment.
Ce même laiton très écroui présente une orientation de ses cristalliles con-
stitutifs très analogue à celle des aiguilles martensiliques du fortior, mais
sans formation de joints cristallins aussi net^i.
Ces constatations nous amènent à penser qu'il serait très important de
faire des études de trempe sur des métaux autres que les aciers et plus net-
tement définis qu'eux, pour s'expliquer les phénomènes qui se passent
dans les aciers trempés.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le decciliydronaphtol-^^ et ioctohydrure
de naphtaline. Note de M. Ue.vri Leroux, présentée par M. Haller.
Dans une Communication précédente, j'ai exposé les conditions dans
lesquelles la naphtaline peut être hydrogénée au moyen de la méthode de
MM. Sabatier et Senderens; j'ai indiqué les pro|)riélés du tétrahydrure et
du décahydrure de naphtaline ainsi que de quelques-uns de leurs dérivés;
la présente Note a pour objet l'étude des produits d'hydrogénation du
na|)htol-p parle même procédé.
Décahydronaphtol-^, C'H'^— OH. — J,enaphtol-p, hydrogéné au-dessous
de 200° dans les conditions mentionnées pour la naphtaline ('), donne un
mélange liquide d'hydronaphlolsqni, soumis à une nouvelle hydrogénation,
produit le décahydronaphtol-|3; celui-ci se sépare cristallisé des composés
moins satui'és qui raccompagnent. Les cristaux recueillis fournissent,
après plusieurs cristallisations dans l'éther de pétrole, le décahydro-
naphtol-p pur. Ainsi obtenu, ce composé se présente en aiguilles incolores;
il fond à 70°; est peu soluble dans l'eau, mais se ilissout facilement dans
l'alcool, la benzine, l'éther, le sulfure de carbone. Par évaporation spon-
tanée de la solution éihérée ou sulfocarboniqne, il cristallise en petits
prismes très réfringents. Le décahydronaphtol-p est insoluble dans les so-
lutions alcalines. Il distille à la pression ordinaire vers 23o° en se décom-
posant; il passe à ii5° sous i3"™; il est entraîné à la distillation par la
vapeur d'eau.
ChaufTe en présence de bisulfate de potassium, il fournit, par déshydra-
tation, l'octohydrure de naphtaline; cette réaction met nettement en évi-
dence la fonction alcoolique du composé.
(') Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 672.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. Sgi
En solution dans l'élher sec, il est attaqué par le sodium en donnant de
l'hydrogène et le décahydronaphtol-^ sodé.
Vét/ier acétique du décahydronaphtol-^, (:"'H"0 — CO — CH', s'obtient
en chaufi'ant l'alcool avec l'anhydride acélKjue à iSo" pendant plusieurs
heures. Le produit, lavé d'abord à l'eau alcaline, puis à l'eau pure, est
séché et distillé. Il passe à 120° sous 12°"" et à 25o° à la pression ordinaire.
Il constitue un liquide incolore, possédant nue odeur de fruit agréable.
\J uréthane phénylique du dècahydronaphlol-^ ,
C«H'- HN- CO- U - C'OH''.
se forme facilement en mélangeant le décahydronaphlol-p avec la quantité
théorique d'isocyanate de phényle. La réaction est instantanée; son pro-
duit, soumis à des cristallisations répétées dans l'élher de pétrole, fournit
des aiguilles blanches, très fines, qui constituent l'uréthane précité.
Celui-ci fond à lôo" et se sublime dés 160°; ses meilleurs dissolvants sont :
l'alcool, l'acétone, le chloiofornie.
Octohydrure de. iiaphtalirw, C'°H'". — Ce composé se produit, comme il
a été dit plus haul, par iléshydrat ilion du dccaliydronaphtol-p, lorsqu'on
chauffe ce dernier avec le bisulfate de potassium. Il constitue un liquide de
densité 0,910 à 0°, 0,90093 iS". Il bout à i90"(corr.).
L'oclohydrure de naphtaline fixe le brome par addition pour donner un
composé à 2"' de brome.
Le dibrnmure d' octohydrure de naphtaline, C'°ll"Br-, s'obtient en
ajoutant à une solution chloroformique d'octohydrure de naphtaline,
niaïuteniie à 0°, la quantité théorique de brome. Le chloroforme étant
distdié et le rési lu élant repris |)ar l'alcool, la lijueur abandonne des
cristaux de (bbromure; on le purifie par des cristallations dans l'alcool. Il
se présente en petits prismes incolores rouiiant à 85°, très soluhles dans le
chloroforme, l'éther et l'élher de pétrole, peu solubles dans l'alcool et
l'acétone.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'anélhoglycol (glycol de Vanélhol). Note de
MM. E. Yarexnk et L. (jodkfruy, présentée par M. L. Troost.
En traitant l'anélhol bibromé par la potasse alcoolique nous avons pu
obtenir le glycol de l'anélhol (anelhoglycol).
592 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La réaction de la potasse alcoolique sur l'anéthol bibromé commence à la tempéra-
ture ordinaire; la masse s'échaufTe rapidement et il se forme du bromure de potassium
sans dégagement d'aucun produit volatil ni gazeux. On termine la réaction à une douce
chaleur.
On obtient ainsi un produit huileux, lourd, de couleur brune qui s'émulsionne aus-
sitôt en présence de l'eau, mais s'en sépare après un repos un peu prolongé; on peut
alors le rectifier dans un courant de vapeur d'eau.
L'anélhoglycol est un corps liquide, épais, de couleur ambrée, d'odeur légèrement
aromatique et de saveur douceâtre. Sa densité est de i,oi3 à 17°. II bout à 245°-25o°
sans se polymériser (comme le fait le bibromure dont il dérive); cependant il se dé-
compose lentement : il distille de l'eau, une huile non encore étudiée et une certaine
quantité d'un corps se rapprochant d'une acroléine.
La formation de l'anélhoglycol s'expliqtie par la réaction suivante :
\OCH'
Anélhol bibromé.
CHOH- CH.OH-CH'.
Anéthoglycol.
;RBr-^C«H .
\OCH
L'analyse élémentaire de ce corps a donné
Trouv
G 60,90 66,02
H 7,65 7,63
O
Avec le perchlorure de fer, l'anéthoglycol ne donne pas la coloration caractéris-
tique des phénols; aucun des deux groupes oxhydryles ne se trouve donc placé sur le
noyau benzénique.
Avec Vacide azotique, la réaction est complexe et variable suivant concentration;
entre autres produits, il se forme de l'acide oxalique.
Avec un mélange d'acide acétique et A''acide chlorhydrique, l'anéthoglycol donne,
après chaufTage au réfrigérant ascendant, une monoacéline :
,,,„,/GH0(OH30) - CH.OH - CH'
^ *^ \OCH^
3.
C"H"0'.
55,87
7,64
65,94
7,69
26,37
100,00
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. SqS
monoacéline de l'anéthoglycol qui a donné à l'analyse :
Trouvé. Calculé
1. -2. 3. C'^H'^O*.
C 64,10 63,97 64, o5 64,29
H 7,08 7,12 7,11 7,i4
O » .. » 28,57
I 00 , 00
Avec le chlorure d'acélyle, l'anélhoglycol chauffé légèrement donne une huile
lourde, d'odeur éthérée, rappelant assez celle de l'acétate d'élhyle. Ce composé est la
diacétine de l'anéthoglycol et a pour formule
0(C^H^0)0(OH'0)
,„,,,, /CH CH CH'
^ "' \OCfP
Diacétine de l'anéthoglycul.
Ce corps a donné, à l'analyse, les résultats suivants :
Trouvé. Calculé
1. 2. 3. C"H"0^
C 63, 3o 62,9.5 63,12 63, 16
H 6,73 6,7' 6,74 6,77
O ,. ., ,. 3o,o7
Enfin, ajoutons que Vanélhoglycoi semble posséder certaines propriétés
thérapeutiques (antiseptique et analgésique) qui sont actuellement à
l'étude.
ANATOMIE COMPARÉE. — Caractères des muscles poly gastriques.
Note de M. J. Chaîne, présentée par M. Alfred Giard.
Les muscles polygastriques, qui ont été le sujet de bien des travaux et
l'objet de nombreuses discussions, sont déterminés par des caractères spé-
ciaux que nous nous proposons d'étudier dans cette Note.
L'anatomie humaine et l'anatomie vétérinaire, seules, étaient incapables
de nous faire connaître certains caractères qui ne nous ont élé révélés que
par la comparaison des dilîérents aspects que les muscles polygastriques
présentent dans tout l'embranchement des Vertébrés. Cette remarque
explique comment de ces caractères les uns sont connus depuis fort
c. R., 1906, I" Semestre. (T. CXL, N» 9.) 76
594 ACADÉMIE DES SCIENCES.
longtemps, au point que nous pourrions nous dispenser de les rapporter
ici, si nous ne désirions pas faire une énumération complète, tandis que les
autres n'ont pas encore été signalés jusqu'aujourd'hui. La myologie com-
parative est, en effet, la branche la plus récente, et partant la moins connue,
de l'Anatomie com[)arée ; aussi toutes nos connaissances sur les muscles et
leurs homologies dans la série des Vertébrés sont-elles actuellement fort
incomplètes.
La myologie comparative nous apprend d'abord que les muscles polygas-
triques sont de beaucoup plus nombreux que ne pouvait le faire supposer
l'étude des xMammifères supérieurs et que, par suite, Velat de potygastricité
ne constitue pas une sorte d'exception dans la constitution des muscles.
Les caractères des muscles polygastriques sont les suivants :
1° Les muscles polygastriques sont divisés en deux ou plusieurs régions musculaires
par des intersections tendineuses (grand droit de l'abdomen, etc.); cliacune de ces
régions porte le nom de ventre. Lorsqu'il n'y a que deux ventres, l'intersection
tendineuse peut se transformer en un tendon intermédiaire plus ou moins allongé
(digaslrique de l'Homme).
■2° Chaque ventre d'un muscle polygastrique a une innervation propre. Dans quelques
cas, les rameaux nerveux des diverses régions musculaires ont une origine commune
(omo-hyoïdien de l'Homme); d'autres fois, au contraire, les nerfs des différents ventres
appartiennent à des territoires distincts (digastrique, etc.).
3° La direction des fibres musculaires de chaque ventre est parallèle à l'axe du
corps. Quelques exceptions à cette règle peuvent être signalées, par exemple, dans la
région cervicale des Mammifères supérieurs, pour l'omo-hyoïdien et le digaslrique.
Ces muscles forment une courbe plus ou moins prononcée et leurs ventres, par suite,
ont une direction plus ou moins oblique. Mais la myologie comparée démontre, d'une
façon indéniable, que c'est là une disposition acquise, résultant du développement
particulier de certaines parties voisines; chez les formes inférieures, en effet, le digas-
trique est parallèle à l'axe du corps et ce n'est que progressivement, chez les formes
supérieures, que cette direction se modifie.
4° La direction des intersections tendineuses, envisagées dans leur ensemble, est
perpendiculaire à l'axe du corps; nous disons dans leur ensemble, parce que ces inter-
sections peuvent présenter des inflexions antérieures et postérieures. La direction de
ces iiUerseclions est donc parallèle aux plans métamériques du corps et, par suite,
aux différentes sections encore persistantes chez l'adulte (métamérie de la colonne
vertébrale, etc.).
5" Les muscles polygastriques n'occupent pas une situation quelconque. Dans une
Note précédente, communiquée à la Société de Biologie ('), nous nous sommes
(') J. Chaîne, Localisation des muscles polygastriques {Comptes rendus de la
Société de Biologie, décembre i9o4)-
SÉANCE DU 27 FÉVRIER IQoS- 59,5
occupé de celte question; voici les conclusions de ce travail : « Les seuls muscles
susceptibles de présenter une forme poljgastiique sont ceux du cou et ceux qui, dans
le tronc, forment les parois de la cage llioraci(]ue et de la cavité abdominale. Aucun
de ces muscles n'agit directement sur un levier quelconque d'un membre.... » Au-
trement dit, les muscles polygastriques ne se rencontrent qu'au niveau d'une couche
musculaire allant de la tète à l'extrémité postérieuie du corps et qui est recouverte
en dehors, sur une plus ou moins grande étendue, par une couche superficielle dont
les muscles se rendent sur les segments proximaux des membres.
6° Certains muscles qui, chez les Vertébrés supérieurs, ne présentent pas de cou-
p\ires tendineuses, sont normalement polygastriques chez des formes inférieures :
génio-hyoïdien, etc.
7° Chez les Vertébrés supérieurs, des muscles ordinairement simples peuvent être
accidentellement polygastriques et le nombre des intersections qu'ils présentent alors
peut être fort variable : grand complexus, etc.
8° Le nombre des intersections tendineuses que possède un muscle polygastrique
semble d'autant plus grand que l'on considère un N'ertébré moins élevé en organisa-
tion. C'est ainsi, par exemple, que le génio-liyoïilicn de certains Reptiles supérieurs
ne possède qu'une seule intersection tendineu?e, tandis que, chez les Serpents, le
même muscle en compte plusieurs.
9° Un muscle polygastrique peut présenter un nombre d'intersections supérieur à
celui qu'il possède normalement j c'est ainsi que Idn a décrit des intersections sur le
ventre postérieur du digasirique de l'HotUme, etc.
ZOOLOGIE. — Sur les glandes (salicaires, rép/ialiques et mélathoraciques) de
quelques Hémiptères. Note de M. L. Bordas, pfésentée par M. Edmond
Perrier.
Les glandes salivaires des Notonectides et des Gerrides ont été étudiées,
pour la première fois, par L. Dufour. Pour ce dernier groupe, l'auteur n'a
décrit que les glandes thoraciques proprement dites; mais il s'est mépris
sur la fonction de l'organe principal ou externe (qui n'est qu'uri réservoir
et qu'il considère comme de nature glandulaire) et surtout sur le nombre,
la disposition et la place des orifices excréteurs.
Aux glandes salivaires déjà connues nous ajoutons deux organes glan-
dulaires nouveaux i les glandes cephaliques et les glandes métathoraciques.
i" Glandes salivaires. — On trouve, chez les Gerrides {Vellia rivuloriun Fabr.,
Gerris paludum Fabr., Gerris lacustris L.), une paire de glandes salivaires ou thora-
ciques volumineuses, occupant toute la face dorsale des deux premiers segments du
thorax et recouvrant complètement l'œsophage et la première partie de l'intestin
moyen. Les deu.x organes sont contigus, et chacun d'eux est formé par un certain
nombre (5 à 8) d'utricules blanchâtres, ovoïdes ou piriformes, cylindriques ou irré-
596 ACADÉMIE DES SCIENCES.
guliéremenl sphériques. Leur extrémité amincie con%'erge dans une sorte de réceptacle
aplati, de la face antérieure et externe duquel partent deux conduits, dont l'un est le
canal excréteur de la glande et l'autre celui du réservoir salivaire.
Le réservoir est une poche allongée, de forme très variable d'une espèce à l'autre.
Il est situé sous l'intestin et s'étend jusqu'à l'extrémité postérieure du thorax. Une
constriction transversale le divise en deux lobes : un lobe antérieur, parfois digité, et
un lobe postérieur, plus volumineux que le précédent, se continuant par deux prolon-
gements cylindriques, dont l'externe est bifide.
Les canaux excréteurs passent sous l'œsophage et sous le pharynx, traversent la
tête et vont s'ouvrir, sans se fusionner, à la base de la trompe, en avant de la bouche.
La structure de ces conduits est identique à celle des canaux des réservoirs salivaires.
Les deux tubes sont recouverts intérieurement d'une membrane chitineuse {intima),
présentant de fines et nombreuses striations, comparables à celles des trachées. De
plus, cette membrane peut se découper en une bandelette étroite spiralée, qui se
déroule quand on exerce une traction parallèle à l'axe du tube et présente la disposi-
tion d'un ressort à boudin.
Les glandes salivaires des Notonectides {Notonecla glauca) sont presque complète-
ment incluses dans la tête et recouvertes par la plaque occipitale : seule leur extrémité
postérieure pénètre légèrement dans la cavité prothoracique. L'ensemble de chaque
organe présente une forme oblongue, allongée, légèrement recourbée et à contours à
peu près réguliers en avant, mais présentant en arrière de fines sinuosités. Une échan-
crure interne, suivi d'un sillon transverse, divise la glande en deux lobes inégaux.
De cette échancrure, et en deux points contigus, naissent le canal excréteur de la
glande qui se dirige en avant, et le conduit du réservoir salivaire. Ces deux canaux ont
une structure histologique sensiblement différente consistant dans la disposition
qu'affecte la membrane chitineuse interne.
Les réservoirs salivaires sont deux petits saccules, aplatis, plissés, de couleur blan-
châtre, situés dans le thorax, de chaque côté de l'œsophage. Ils sont inclinés oblique-
ment et leurs extrémités, appliquées contre les parois dorso-lalérales de l'intestin
moyen, se rencontrent et dessinent de la sorte une figure en forme de V, à sommet
postérieur. Quant aux canaux excréteurs des glandes, ils passent sous l'œsophage,
au-dessus du ganglion sous-œsophagien, se rapprochent et vont déboucher, sans se
fusionner, en avant de la bouche, sur la ligne médiane de la trompe, un peu au delà de
son origine, vers son quart postérieur.
Les glandes salivaires des divers groupes d'Hémiptères que nous avons étudiés pré-
sentent une disposition anatoraique à peu près identique, et il est possible de passer,
par des transitions insensibles et graduelles, d'une forme à l'autre.
Chez les Népides, elles sont disposées en forme de grappe simple, dont les divers
lobules ou acini, séparés et indépendants, vont s'ouviir dans un conduit collecteur
central cylindrique. Les lobules sécréteurs des glandes salivaires des Gehrides sont
encore distincts, peu nombreux, piriformes volumineux, plus ou moins réguliers et
débouchent dans un réceptacle commun aplati. De ce dernier partent, en deux points
très rapprochés, le conduit excréteur de l'organe et le canal du réservoir salivaire.
Enfin, chez les Notonectides, les glandes salivaires sont presque complètement loca-
lisées de chaque côté de la région postérieure de la tête, les réservoirs glandulaires
SÉANCE DU ^7 FÉVRIER igoS. 597
sont seuls logés dans le thorax. Les lobules ou aci«t sont recouverts extérieurement par
une membrane enveloppante commune et ont perdu toute indépendance. Ils sont étroi-
tement soudés entre eux, débouchent dans un. canal cylindrique axial et, par leur en-
semble, donnent à chaque organe une apparence compacte et massive.
2° Glandes céphalicjues ou maxillaires. — Ces glandes, qui présentent une disposi-
tion et une structure à peu prés semblables à celles que nous avons décrites chez les
JVepa, n'ont encore fait l'objet d'aucune étude. Ce sont des organes sacciformes, de
couleur blanchâtre, peu volumineux (de i™™ à i^^jS de long), et complètement loca-
lisés dans la tête des Notonectides. Ils reposent sur l'arceau inférieur céphalique, au-
dessous du cerveau, et vont déboucher de chaque côté de la base de la trompe, en
avant des yeux. L'orifice excréteur, de forme ovale, est surmonté d'un tubercule
conique portant une touffe de soies chitineuses. La structure de la glande est partout
la même, sauf à son extrémité antérieure, où les cellules sont moins nombreuses et
moins hautes que dans la région médiane. Cette partie forme le canal excréteur. La
cavité glandulaire est large et limitée par une assise épithéliale très plissée, constituée
par des cellules aplaties et recouvertes d'une lamelle chitineuse interne.
3° Glandes métalhoraciques. — Ce sont des organes pairs, formés par des tubes
ramifiés, situés à l'extrémité postérieure de l'arceau sternal du métalhorax des
Gerrides, Ces glandes tranchent nettement, par leur teinte d'un blanc mat, avec le
tissu adipeux et l'intestin moyen sous lesquels elles sont placées. Elles sont constituées
par un tube régulièrement cylindrique, portant latéralement de courtes ramifications,
simples ou parfois bifides et terminées par une extrémité arrondie. Le canal central,
cylindrique, est limité par une épaisse gaine chitineuse supportant l'assise épithéliale
recouverte elle-même par une membrane externe. L'extrémité prcximale de chaque
tube glandulaire débouche dans une masse ovoïde médiane, fonctionnant comme
réservoir. Ce dernier s'ouvre à l'extérieur par une fente transversale placée sur la ligne
médiane du métathorax, au milieu d'une aire chitineuse fortement colorée en noir. Le
revêtement interne du réservoir porte de fines et longues denticulations cornées simu-
lant des soies.
ZOOLOGIE. — La rësorplion phagocytairc des éléments reproducteurs dans
Its vésicules séminales du Lumbricus herculeus Sav. Note de M. Louis
Brasil, présentée par M. Delage.
La présence d'amibocytes nombreux dans les vésicules séminales des
Lumbriciens est normale et connue. Les amibocytes seraient attirés dans
ces organes, a-t-on dit, par les parasites qui y abondent presque toujours
(Grégarines du genre Monocystis) et contribueraient par leurs propriétés
phagocytaires à prévenir un encombrement qui, s'il n'était entravé, abou-
tirait falalement à la castration tout au moins partielle de l'hôte. L'attraction
des amibocytes par les kystes des Grégarines qui s'établissent dans les vé-
sicules séminales des Lumbriciens est indéniable, mais elle ne correspond
5gS ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'à une fraction restreinte du rôle dévolu à ces amibocytes. Le but prin-
cipal de rémigration des amibocytes dans les vésicules séminales réside dans
l'intense résorption phagocytaire qu'ils exercent vis-à-vis des éléthents re-
producteurs non emi)loyés et du reliquat de l'appareil nourricier de ceux
qui sont parvenus à maturité, c'est-à-dire vis-à-vis aussi des cytophores
dénudés.
Si l'on examine, en temps ordinaire, le contenu d'une vésicule séminale de Lombric,
on y trouve, en dehors des parasites, un nombre incalculable de bouquets d'éléments
reproducteurs à tous les stades de la spermatogenèse. Les amibocytes sont relativement
peu nombreux et, en presque totalité, ils sont groupés autour des kysles de Monocystis,
à la surface desquels ils forment un dense revêtement continu.
A l'époque de la reproduction l'aspect change; la plupart des éléments sont trans-
formés en spermatozoïdes mûrs, une très faible quantité seulement est restée aux di-
vers stades antérieurs. Les spermatozoïdes ne sont pas tous émis au dehors lors des
accouplements ; il en demeure dans la cavité des vésicules séminales, où ils accompagnent
les éléments non totalement évolués. Tout l'espace libre est alors occupé par des ami-
bocytes, et ceux-ci ne sont plus agglomérés en amas, ils sont isolés et donnent des
signes manifestes de mobilité et d'activité phagocytaire.
Ij'examen d'une section transversale de vésicule séminale est alors très instruc-
tif (*). Litérieurement une rangée périphérique d'amibôcytes dépourvus d'inclusions
représente les éléments migrateurs qui viennent de traverser la paroi ; quelques-uns
sont, d'ailleurs, encore engagés dans son épaisseur. Ces amibocytes à jeun gagnent
l'intérieur de la vésicule et s'attaquent à tous les corps qu'ils rencontrent. S'il s'agit
d'un cytophore encore pourvu d'éléments à sa périphérie, deux ou trois amibocytes
s'associent pour le détruire; ils s'insinuent chacun de leur côté entre les saillies que
font les éléments non détachés, disloquent l'ensemble pour finalement en englober les
fragments. Les spermatozoïdes isolés sont phagocytés sans embarras. Les corps volu-
mineux et difficilement dissociables comme les cytophores dénudés qui, dès la chute
des spermatozoïdes, se condensent en sphères lisses et massives, sont traités comme les
kystes de Monocystis; les phagocytes les entourent, s'anastomosent les uns avec les
autres pour former aiilôUr de chaèuft d'eux un tissU CdHlinu au sein duqtiel le cyto-
phore dégénère et devient bientôt tifiê proie facile à eftglober.
Ainsi, quelles que soient leur forme et leur nature, tous les corps contenus dans les
vésicules séminales sont attaqués et disparaissent. On peut, pendant un certain temps,
les reconnaître à l'intérieur des phagocytes, surtout lorsqu'il s'agit d'éléments très
chromatiques et à contours précis comme les spermalides ou les spermatozoïdes; mais,
peu à peu, les corps englobés sont digérés et les phagocytes se montrent alors comme
chargés soit de grosses sphérules. sôîl d'une multitude de petits grains. A cet éial les
amibocytes doivent être rejetés datis la cavité cœlomique générale par Une nouvelle
poussée d'éléments reproducteurs pour l'évolution desquels ils otit préparé la place-
(') Les observations rapportées dans celte Note ont été faites sur Luinbricus her-
culeus Sav.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. Sgg
Ainsi donc le rôle principal des amibocytes des vésicules séminales con-
sisterait dans le nettoyage complet de ces organes après les émissions
spermatiqiies, de façon à laisser le cham[) libre à de nouvelles générations
d'éléments reproducteurs. L'action sur les parasites ne serait qu'un épi-
sode particulier de celte fonction plus générale. D'un autre côté, Siedlecki
a très justement fait remarquer, à propos de l'observation défaits du même
ordre chez une Annélide polychète, l'intérêt immense qu'il y a pour l'orga-
nisme dans la récupération de l'énorme masse de substance qui forme les
cytophores, masse qui s'accroît encore ici de celle des spermatozoïdes non
employés.
Cette résorption phagocytaire d'éléments reproducteurs a été vue chez
différents types; en particulier, elle a été signalée chez des Hirudinées,
chez une Polychète; il est donc intéressant, mais on ne doit pas en être
surpris, d'en retrouver un exemple dans la troisième section des Annélides,
celle des Oligochèles.
PHYSIOLOGIE. — Sur l'importance pratique de l'exploration de la pression
artérielle pour éviter tes accidents de Vanesthésie. Note de M. L. Hai,lion,
présentée par M. Alfred Giard.
M. J. Tissot rapportait dans une Note récente (^Comptes rendus, i3 fé-
vrier igoS) des expériences d'où il concluait que « l'examen continu de la
pression artérielle permet d'éviter sûremcMit tous les accidents de l'anes-
thésie chloroformique » chez le chien, et qu'on trouverait la môme sécurité
dans la chloroformisation chez l'homme « si l'on appliquait sur l'artère un
instrument suffisamment précis permettant de mesurer approximativement
la pression » (artérielle).
Je rappelle que j'ai publié, en août 1900, avec M. Duplav, dans les Ar-
chives générales de Médecine, un travail intitulé : Recherches sur la pression
artérielle dans l'anestliésie par le chlorojorme et par l'éther. Nos expériences,
nos conclusions, nos déductions pratiques présentent, avec celles que vient
de publier M, Tissot, une concordance très remarquable. D'une série de
recherches systématiques nous avions conclu « qu'en résumé, ni la respi-
ration, ni le pouls, ni l'intensité de l'anesthésie ne nous fournissent de
renseignements siîrs, au point de vue qui nous préoccupe » (p. i58).
Nous avions souligné cette proposition, à savoir que « de tous les phéno-
mènes objectivement appréciables qui accompagnent l'anesthésie, ceux qui
6oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
se rapportent à la pression artérielle sont de beaucoup les plus essentiels à con-
naître. Pratiquement, ajoutions-nous, il serait nécessaire d'étudier le pro-
cédé à l'aide duquel on évaluerait commodément, avec une suffisante pré-
cision, les valeurs de cette pression « (p. i58). Nous disions, enfin, que
« des essais, pratiqués sur l'homme sain, nous laissaient espérer de bons
résultats à ce point de vue ».
Le procédé pratique imaginé consistait à réaliser sur le membre supérieur une com-
pression d'une valeur donnée, connue; tous les fois ([ue la pression artérielle devient
sensiblement inférieure à cette valeur, le pouls radial disparaît purement et sim-
plement.
J'ai repris, avec M. Tuffier, des recherches purement pratiques, dont nous espérons
pouvoir bientôt exposer les résultats.
Est-il besoin d'ajouter que je n'entends pas reprocher à M. Tissot cette omission bi-
bliographique, telle que tout le monde est exposé à en commettre bien involontai-
rement?
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Influence de T émanation du radium sur
la toxicité des venins. Note de M. C. Phisalix, présentée par M. A.
Chauveau.
Dans une précédente Communication (') j'ai montré qu'une solution
de venin de Vipère exposée aux radiations du radium pendant 5o à 60 heures
perd complètement ses propriétés toxiques et vaccinantes. Grâce à l'obli-
geance de M. Curie, j'ai pu compléter ces premières indications et étendre
mes expériences à d'autres venins.
Le venin de Cobra, dont la résistance à la chaleur est beaucoup plus élevée que Celle
du venin de 'Vipère, est également détruit par les radiations du radium.
Mais il n'en est pas de même des venins de la Salamandre terrestre et du Crapaud
commun; le radium n'exerce sur eux aucune influence modificatrice; les solutions de
ces venins irradiées pendant 72 heures ont déterminé la mort de la Grenouille dans le
même temps et avec les mêmes symptômes que les solutions témoins.
Il était à prévoir que l'émanation du radium, source de la radiation,
pourrait agir sur les venins d'une manière beaucoup plus rapide. Pour le
vérifier, voici comment on opère :
Une solution aqueuse de venin de Vipère à i pour 1000 est versée dans un tube à
(') Comptes rendus. 22 février 1904.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. 60 r
robinet, de façon à n'en remplir que le tiers du volume. On fait le vide à la trompe et
l'on introduit ensuite l'air chargé de l'émanation. On ferme le robinet et on laisse le
venin en contact avec l'émanation pendant un temps variable. Si, au bout de 24 heures,
on retire la solution, on constate qu'elle est devenue opalescente et qu'elle a perdu
toute toxicité : on peut en inoculer deux ou trois fois la dose'mortelle sous la peau
d'un cobaye .sans déterminer, tout d'abord, le moindre symptôme local ou général.
Toutefois, le liquide n'est pas complètement inoffensif ; il provoque un amaigrissement
assez marqué et les animaux, mettent plusieurs semaines à revenir à leur poids initial.
La destruction des principes toxiques ne peut pas être attribuée à une
pullulation microbienne, à laquelle fait d'abord songer le trouble du
liquide. En effet, le bouillon reste stérile quand on l'ensemence avec du
venin radié, tandis qu'il donne une culture avec le venin témoin. Du reste
cette action microbicide du radium a déjà été constatée par MM. Curie et
Danysz sur différentes bactéries, notamment sur la bactéridie charbon-
neuse (').
En réalité, l'opalescence de la solution radiée est due à une agglutination
de fines particules qui restent en suspension dans le liquide. Cette solution
émet, en outre, une faible odeur qu'il est difficile de définir.
A quoi peut-on attribuer ces modifications qui altèrent si profondément
les propriétés des principes actifs? Sont-elles dues à une oxydation sous
l'influence de l'ozone, ou bien, si l'on admet la nature matérielle de l'éma-
nation, à une combinaison entre les molécules du radium et celles des albu-
mines toxiques? De nouvelles recherches sont nécessaires pour déterminer
le mécanisme intime de ce phénomène.
On sait que l'énergie de l'émanation, d'après la loi formulée par
MM. Curie et Danne, décroît de la moitié de sa valeur en 4 jours; mais,
comme j'ai pu l'observer, elle est encore suffisante, au bout de 7 jours, pour
inactiver une nouvelle solution contenant 3"°" de venin.
La rapidité avec laquelle agit l'influence atténuante du radium varie sui-
vant diverses conditions, en particulier suivant la nature du dissolvant;
tandis que le venin dissous dans l'eau distillée est en grande partie détruit
au bout de 6 heures, le venin en solution dans l'eau glycérinée à 5o
pour 100 n'a subi, pendant le même temps, qu'une très légère atténuation.
Tous les venins ne sont pas aussi sensibles à l'émanation que celui des
serpents; les venins de la Salamandre terrestre et du Crapaud commun.
(') Comptes rendus, 16 février igoS.
C. K., ,i,o5, 1" Semestre. (T. C\L, N' 9.) 77
6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
inattaquables par la radiation, peuvent rester plusieurs jours dans une atmo-
sphère radioactive sans subir le moindre affaiblissement dans leur viru-
lence. Comme les principes actifs de ces deux venins ne sont pas de nature
albuminoïde, on peut en induire que l'action chimique du radium s'exerce
seulement sur les substances albuminoïdes. S'il en est ainsi, l'emploi de
l'émanation pourrait servir à élucider la nature île certains venins que l'ana-
lyse chimique n'a pu encore déterminer.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Étude comparative sur l'action de la cage auto-
conductrice et du lit condensateur dans le traitement de l' hypertension
artérielle par la d' Arsonvalisation. Note de MM. A. Moutier et A. Chal-
LAMEL, présentée par M. A. d'Arsonval.
Dans une Note antérieure ( ' ) nous avons montré que si l'on soumettait
un malade, atteint d'hypertension artérielle, à l'action du lit condensateur,
on observait un abaissement de la pression artérielle et que l'on observait
un nouvel abaissement, si l'on soumettait immédiatement après ce même
malade à l'action de la cage auloconduclrice; or nous avons soumis un
certain nombre d'hypertendus à une médication inverse, c'est-à-dire que
nous les avons d'abord soumis à l'action de la cage autoconductrice et
ensuite à celle du lit condensateur.
Par la cage autoconductrice nous avons obtenu un abaissement de l,i
pression artérielle, puis nous avons observé dans 12 cas sur i3 un relève-
ment de la pression sous l'influence du lit condensateur, nous avons alors
soumis ces malades à une deuxième séance de la cage autoconductrice et
la pression est revenue au même chiffre ou à un chiffre légèrement infé-
rieur à celui observé après la première séance de cage, ainsi que le montre
le Tableau suivant ;
Pression artérielle.
la première séance la séance la deuxième séance
de la cage du lit de la cage
autoconductrice, condensateur, autoconduclrice.
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SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1905. 6o3
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Ces nouveaux faits viennent donc confirmer nos premières conclusions,
à savoir que l'action du lit condensateur n'est pas équivalente à celle de la
cage autoconductrice et qu'il est préférable d'employer cette dernière
dans le traitement de l'hypertension artérielle.
MÉDECINE. — Différentes sortes d'otites scléreiises. Note de M. Marage,
présentée par M. d'Arsonval.
Quand on mesure, au moyen de la sirène à voyelles, l'acuité auditive des
malades atteints cliniquement d'otite scléreuse, on obtient des courbes dif-
férentes. Peut-on, au moyen de ces tracés, reconnaître si l'oreille interne
présente des lésions? Telle est la question qu'il s'agit d'étudier.
L'expérience nous montre que les malades, atteints de surdité à la suite
d'otorrliées, ont toujours la même forme de courbe (fig. i)('), tandis
que ceux qui, comme les sourds-muets, présentent des lésions du nerf ou
des centres auditifs, ont des tracés absolument différents {fig. 2) avec
trous dans l'audition.
Par conséquent, nous pourrons dire que la sclérose affecte seulement
l'oreille moyenne {fig. 3) lorsque la courbe d'audition se rapprochera de
celles que nous trouvons dans la figure i ; au contraire {fig- 4)' nous
(') Les chiffres indiquent les pressions sous lesquelles les difl'érentes voyelles sont
entendues; Tintensité du son est proportionnelle à la pression de l'air qui le produit.
6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
serons en présence d'une otite scléreuse mixte, avec lésions de l'oreille
moyenne et de l'oreille interne, lorsque nous rencontrerons des trous dans
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l'audition.
Remarque. — La courbe A (fîg. 3) est le type de la sclérose pure de
l'oreille moyenne; cette courbe pouvant se trouver soit en A, soit en A',
SÉANCE DU 27 FÉVRIER IQoS. 6o5
soit en un point quelconque des ordonnées; des observations suivies
depuis 6 ans ont montré que" la courbe B était une courbe de début, la
I ou\ 0 I A
Otites sclereuses.
Otites sclereuses m
voyelle OU, la moins sonore, étant la moins bien entendue; la maladie
continuant à évoluer, la courbe B se change peu à peu en la courbe B', qui
rentre dans le type des surdités à lésions de l'oreille moyenne.
()o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Conclusion. — I.,a surdité peut être produite par des affections très
diverses; à chacune correspond une courbe spéciale dont la forme est carac-
téristique du siège de la lésion.
MÉDECINE. — Action atrophique glandulaire des rayons X.
Noie de M. le D'' Foveau de Courmelles.
L'action atrophique des rayons X sur les glandes, de l'appareil repro-
ducteur notamment (testicules, ovaires), est de plus en plus prouvée par
des recherches de laboratoire sur les animaux (Albers-Schonberg, F. -T.
Brown, L. Halberstâdter, J. Bergonié, L. Tribondeau et D'' Récamier).
Voici maintenant des faits cUniques qui les confirment.
J'ai eu l'occasion, depuis une Communication antérieure (') sur le diagnostic et
la thérapeutique de certains fibromes par les rayons X, confirmée ensuite par Deutsch,
de Munich, de traiter encore un certain nombre de ces tumeurs et de constater presque
toujours les phénomènes suivants : dès la première séance, durée 5 minutes; intensité
du courant au primaire de la bobine, 5"™p à iio''"''^; o'^,2b d'étincelle équivalente;
7 au radiochromomètre de Benoist : sensation de contraction dans l'utérus, de resser-
rement des tissus, qui s'accentue avec la répétition des séances et la diminution de la
tumeur. Si des symptômes douloureux existent, ils cèdent rapidement. Quant aux
hémorragies, elles augmentent plutôt au début du traitement, laissant après chaque
période, augmentée ou non d'ailleurs, la tumeur plus affaissée. Puis, peu à peu, ces
hémorragies s'éloignent et s'atténuent. Des fibromateuses ayant d'abondantes hémor-
ragies toutes les trois semaines, ne les ont bientôt plus, atténuées du reste, que toutes
les 4, 5, 6, 7, 8 semaines, progressivement, puis tous les 5 ou 6 mois pour cesser enfin
complètement.
Gomme on ne peut juger sur le vivant de l'état d'un organe que par ses manifes-
tations fonctionnelles, cet éloignement et cette diminution des époques menstruelles
indiquent évidemment une régression atrophique des ovaires. Selon l'âge des patientes,
il faut, pour arriver à cet état atrophique, un nombre variable de séances de rayons X,
allant de 5 à i5 minutes selon les cas et la façon dont elles sont supportées par l'étal
général (toujours sans réaction cutanée grâce à la plaque d'aluminium bien reliée au
sol, mais parfois avec fièvre et frissons qui font espacer les séances); après 5o ans,
on a souvent, dès les premières époques qui suivent les applications, une véritable
diminution de ces menstrues. Vers 4° ans, je ne l'ai obtenue qu'après des mois
(5 à 6 mois et deux séances par semaine) de traitement chez des malades qui ne vou-
laient pas être opérées, mais toujours cette régression se produisait et se traduisait
(') Comptes rendus, ii janvier 1904.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER IQoS. 607
manifestement. Avant 4o ans, cet état, tout en s'obtenant, exigeait plus de temps
encore (8 à 10 mois).
Chez les patientes, soit une trentaine que j'ai pu suivre, et d'âges variant entre 35
et 55 ans, les phénomènes ont été constants.
Pour des cancers du sein contre lesquels on a préconisé l'ablation des ovaires, j'ai eu
l'idée de faire dans trois cas des applications consécutives sur la région galactophore
cancéreuse et sur la région abdominale : j'ai ainsi obtenu des résultats plus rapides
dans la régression de la tumeur du sein que quand j'agissais simplement sur celle-ci.
Les menstrues s'atténuaient aussi. Dans un de ces cas, la peau et le système pileux du
sein exposé noircirent. Dans un autre que l'on dut opérer quand même, les douleurs
d'abord apaisées ayant reparu, l'examen histologique de la tumeur ne révéla plus que
du tissu fibreux; aussi est-il probable que la douleur réapparue tenait à la présence
du corps étranger inerte et encore volumineux qu'était devenue la tumeur; quant aux
ganglions axillaires, ils étaient réduits à de minuscules grains de millet et très durs.
En résumé, la clinique confirme les recherches expérimentales : les
ovaires, les seins, les ganglions lymphatiques se rétractent et s'atrophient
sous l'action des rayons X; d'autre part, la pénétration de ceux-ci varie
suivant les organes et semble se faire de façon élective.
HYGIÈNE PUBLIQUE. - Sur l' application de la thermomètrie au caplage des
eaux d'alimentation. Note de M. E.-A. Martel, présentée par M. Albert
Gaudry.
Depuis plus de 10 ans j'ai établi : 1° que la température des rivières
souterraines et de leurs résurgences n'est nullement égale, comme on le
croyait, à la moyenne température annuelle du lieu de l'émergence;
2° que les variations saisonnières ou journalières de cette température
fournissent de précieuses indications sur l'origine et les contaminations
éventuelles de ces eaux; 3° que les infiltrations froides et les neiges de
l'hiver (ou des montagnes) exercent une action réfrigérante considérable,
même jusqu'à plusieurs centaines de mètres, sur les eaux souterraines des
terrains fissurés {Comptes rendus, 12 mars 1894, t3 janvier 1896 et suiv.).
Tant d'hygiénistes ignorent encore la réalité et la portée utilitaire de ces
notions nouvelles qu'il importe vraiment d'en faire connaître les confir-
mations récentes et d'en résumer la mise en pratique.
Celle-ci a été du reste con.sacrée promptement et expérimentalement
par de nombreux géologues-hydrologues : MM. Van den Broeck, Schardt,
6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Foiirnier, Boursault, l^e Couppey de la Forest, Marboiitin, Dienert ( à la
source? de l'Abîme, près Dreux), etc.
Je ne citerai que trois des grands faits qui, tout dernièrement, ont corro-
boré mes pi'opres constatations et affirmations sur ce sujet :
1° En igoS, la, fontaine de Vaucluse a présenté un écart de température d'une am-
plitude qui n'avait encore jamais été observée : de 8° en janvier à i'\°,'] en mars;
cette énorme différence de 6°, 7 (Commission météorologique de Vaucluse, 1908) s'ex-
plique par l'absence de pluies d'hiver qui a provoqué l'airèt des liantes infiltrations
réfrigérantes, causé un très faible débit pendant 3 mois et exceptionnellement favorisé
le réchauffement géothermique des poches d'eaux souterraines les plus rapprochées
Ae.Véxne.Tgence {Comptes rendus. 10 novembre 1902).
2° hts venues permanentes d'eaux froides qui, depuis igoi, dans le coté sud du
tunnel du Simplon et à travers 700°" d'épaisseur de terrain, ont fait rencontrer des
températures de 19°, 16° et même 11° au lieu de la normale 36° à 38° (Mémoires de
M. H. Schardt).
3° La source du Breuil est la seule des émergences de la région de l'Âvre captées
par la Ville de Paris dont la température soit invariable (à très peu de chose près);
aussi sa composition chimique est constante, sa teneur bactériologique satisfaisante
jusqu'à présent, sa relation avec toutes les expériences à la fluorescéine et à la levure
de bière tentées à ce jour complètement négative (deux troubles du 20 février 1900 et
du 10 féviier 1904 ont été des accidents locaux, facilement évitables et dus à des
extravasions accidentelles du cours, voisin, de l'Avre). Au contraire les autres émer-
gences montrent des variations de température qui peuvent s'élever à 2° G. ; ce sont des
résurgences ; la fluorescéine, la levure de bière, les analyses chimique et bactériolo-
gique (voir les Rapports de la Commission scientifique de Montsouris) ont démontré
leurs relations plus ou moins rapides et directes avec les infiltrations qui, à plusieurs
kilomètres au sud-ouest, les exposent en permanence à des contaminations tout au
moins fortuites et temporaires.
Il est donc bien avéré que l'observation thermométrique des émergences
d'eaux, destinées à l'alimentation, mérite d'être très sérieusement prise en
considération et qu'elle ne doit pas se borner à apprendre si une eau est
assez fraîche pour la consommation.
Pratiquement, on peut dès maintenant formuler les régies suivantes,
d'application courante pour l'examen géologique des projets de captagc
d'eaux défini par la circulaire ministérielle du 10 décembre 1900 :
1° Les émergences ne méritent le nom de sources (les griffons thermo-
minéraux sont ici hors de cause, en raison de leur modalité toute spéciale)
que lorsque leurs variations de température sont à peu près nulles; dans
ce cas, en effet, on peut en général préjuger l'origine l'éritablement sou-
SÉANCE DU 27 FÉVRIER IQOT. 609
terraine de leur eau, géothermiquement équilibrée dans le sol, à l'abri de
tout mélange artificiel et impur, ou bien sous des conditions de séjour et
de contact au sein de la roche qui favorisent tout spécialement la stérilisa-
tion naturelle.
2° On peut admettre, pour les variations, qu'il n'y a pas lieu de tenir
compte de celles inférieures à 0°, 5; cette tolérance paraît nécessaire pour
les erreurs d'observations (mêmes les mieux faites) et les imperfections
instrumentales (mêmes les plus réduites).
3° Dès que l'écart approche de i°C. (évaluation résultant d'une foule
d'expériences, ainsi que des recherches de Mohn, etc.) l'émergence rentre
dans la catégorie des résurgences, c'est-à-dire des eaux sujettes aux conta-
minations par infiltrations lointaines ou raj^prochées qui, selon la saison,
le volume des eaux et d'autres facteurs, influent en froid ou en chaud sur
l'émergence. Alors les causes et points de contaminations éventuelles
doivent être recherchés avec le plus grand soin, soit pour interdire le
captage, soit pour le mettre à l'abri des pollutions (captages profonds
géologiques de MM. Janet et Babinet; périmètre de protection, article 10
de la loi du i5 février 1902; surveillance médicale, etc.).
4° L'observation thermométrique devrait être faite, sinon pendant une
année entière, chose théoriquement désirable, mais matériellement impos-
sible, du moins à quatre reprises : en hiver pendant la sécheresse (étiage)
et après des pluies (en crue) et de même en été; au strict minimum
deux fois : après les pluies ou neiges d'hiver et après les sécheresses d'été.
Une seule observation est insuffisante, si ce n'est dans certaines conditions
trop longues à spécifier ici.
5° Les mêmes règles s'appliquent, en principe, aux nappes dites phré-
atiques, parce que la contamination en est généralement très aisée et que,
plus souvent qu'on ne le pense, les puits s'alimentent à de vrais ruisseaux
de fissures au lieu de réelles nappes d'interstices.
GÉOLOGIE. — La Jormation charbonneuse sénonienne des Balkans.
Note de M. L. De Lauxay, présentée par M. Zeiller.
Une exploration récente dans le Balkan central entre Trevna et Slivno,
oîi M. le D'' Wankoff, géologue du gouvernement bulgare, m'a commu-
niqué les résultats encore inédits de ses explorations et sa carte géologique
G. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 9.) 7"
6lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
détaillée de la région, m'a ameoé à quelques conclusions nouvelles, préci-
sées par les déterminations paléohtologiqiies que MM. Douvillé et Zeiller
ont bien voulu prendre la peine de faire sur mes échantillons.
1° Il a existé à de nombreuses reprises, depuis le Carbonifère jusqu'à la
fin du Tertiaire, sur l'emplacement du Balkan central, un géosynclinal, où
se sont dé[)osés des sédiments détritiques gréseux et schisteux, d'aspect
très analogue, avec accumulations de plantes. Ces dépôts ont donné lieu :
d'abord, dans l'ouest, aux anthracites carbonifères de la vallée de l'Isker;
puis, après des interruptions marquées par les retours momentanés et
locaux de la mer pendant le Trias, le début du Jurassique et le Cénoma-
nien, aux charbons sénoniens(campanien>) daniil sera question plus loin;
ensuite aux végétaux dispersés dans les grès supracrétacés-éocènes du faciès
flysch; enfin aux lignites néogènes. De très nombreuses lacunes existent
dans la série sédimentaire, la région ayant dû rester longtemps émergée et
cette émersion ayant pu, en même temps qu'elle entraînait l'absence de
certains dépôts, déterminer la disparition par érosion d'autres dépôts
antérieurement formés.
2° Dans la région de Trevna à Slivno apparaît, sur 65'*™ de long, une
formation charbonneuse s[)éciale, qui ne paraît pas représentée par le
même faciès dans le reste des Balkans : formation de caractère lacustre ou
saumâtre, avec rares intercalations franchement marines marquées par des
bans calcaires à Exogyra nvenvegi, Os/rea sp., et Gervillia sp. Il s'y trouve,
à la base, un faisceau de plusieurs couches minces et discontinues, compo-
sées d'un charbon gras, riche en matières volatiles, donnant environ 8000*=*'
après triage et, plus haut dans la série, que biues lentilles du même charbon,
plus larges, mais très courtes et tout à fait éparses. Cette formation, que
M. Toula avait reconnue en quelques points seulement et attribuée proba-
blement à l'oligocène, doit être considérée comme campanientie.
Les fossiles, recueillis sur les gisements découverts par M. le D'' Waii-
koff, sont les suivants, d'après les déterminations de M. Douvillé pour la
faune, et de M. Zeiller pour la flore.
Faunk. (Gisements de Boukova Poïana, Tschoumerna et Ratchoulka,
près Bêla.) — Niveau inférieur : couches charbonneuses à Cyrena solilaria
Zittel, Mylilus sp., Pyrgidifera Pichlen H jernes, Terebralia cf. Prosperi
d'Orb. — Niveau supérieur : lumachelle à Exogyra Oi'envegi Buch, Oslrea
sp., Corbula angustata Sow et Gervillia sp.
Flore. (Gisements de Prinz Boris près Radevsti, de Bodoshti près
SÉANCE DU 27 FÉVRIER ipOD. 61 1
Stoïevlsi et de Seltsi.) — Folgèhes : Pecopieris (Cladophlebis?) sp., Pe-
copteris sp.. Pecopteris cf. Haidingeri, Debey et Ettingsh., Gleichenia Zippei
Corda (sp. ', Gleichenia cf. gracilis Heer, Asplenium Foersteri, Debey et
Eltingsh. — Conifères : Dammariles w . sp. ; Cunninghamites elegans Corda,
forme slenophyllus Velenovsk\ . — Dicotylédones diverses, dont Proteo-
phyllum (Grevillea?) n. sp.
3" Au milieu de la formation charbonneuse sénonienne, des calcaires
construits, qui avaient été considérés par M. Wankofï comme des inlerca-
lations contemporaines dans cette formation, renferment, d'a[)rès les déter-
minations de M. Douvillé, des RadioUtes du groupe du Cantahricus avec
Orbiloliiia conica, Caprina sp. et Toucasia sp. Ils représentent donc une
apparition locale du Cénomanien, déjà signalé par M. Toula 40*"" plus au
nord, au nord de Tirnovo et, en un point isolé, So""" au nord-est, entre
Elena et Tschoumerna Cette apparition paraît imputable aux phénomènes
de plissement.
4° Tous ces terrains ont subi, d'abord avant le flysch, puis postérieure-
ment au flysch et avant le néogène, une jjremière série de mouvements,
par suite desquels l'ensemble des dépôts antérieurs au néogène présente,
dans le Balkan central, un renversement complet et général vers le nord;
les strates avant toutes un piongement vers le sud et se montrant, quand
on les recoupe transversalement du nord au sud, dans un ordre de super-
position inverse de leur ordre normal. La coupe des Balkans se présente,
dès lors, comme dissymétrique : la série des terrains étant relativement
complète sur le flanc nord qui est le flanc adouci, et brusquement inter-
rompue au gneiss ou au Trias sur le flanc sud, qui est le flanc abrupt, jalonné
par des effondrements. Ces caractères et, en particulier, ce renversement
semblent attribuables à la compression du géosynclinal est-ouest entre
deux voussoirs solides de l'écorce terrestre (plate-forme russe et Rhodope),
qui se seraient rapprochés l'un de l'autre avec des vitesses inégales et qui
auraient ainsi déterminé le chevauchement du Balkan plissé sur son avant-
pays resté horizontal.
Des dislocations longitudinales, qui semblent avoir pris l'allure d'effon-
drements, ont ensuite amené le dépôt des terrains néogènes à lignites dans
une série de cuvettes parfaitement délimitées, dont une traînée marque le
flanc sud de la chaîne, mais dont plusieurs s'y intercalent; et la suite de
ces mouvements (avec accidents connexes nord-sud), mouvements accom-
pagnés par des manifestations éruptives nombreuses à partir des andésites
f)I2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sénoniennes jusqu'aux basaltes post-néogènes, a disloqué par endroits ces
terrains néogènes eux-mêmes.
5° Enfin, il y a lieu de signaler une disposition orograpliiijue très carac-
téristique, par suite de laquelle la ligne de partage des eaux est, dans une
zone étendue, à plusieurs kilomètres en avant vers le nord de la crête oro-
graphique; les rivières, qui coulent vers le sud, traversent cette crête, où
dominent, avec les grès sénoniens et |)arfois les calcaires triasiques, les
roches dures granitiques et gneissiques, par des gorges analogues à celles de
nos rivières du Plateau central. La distance horizontale entre les deux
lignes va de 5"*" à lo*"" et la différence d'altitude atteint 4oo™ à Soo". Bien
que d'autres hypothèses soient également à considérer, cette disposition
pourrait être due à un mouvement tectonique récent, que divers autres
indices amènent à supposer, par suite duquel la crête granitique aurait
continué à s'élever après le début du creusement des vallées et aurait été
sciée transversalement par le travail progressif des cours d'eau.
PÉTROGRAPHIE. — Sur l'uni formilé de composition des météorites d' Amana.
Note de M. G.-I). Hixrichs.
L'analyse chimique des pierres météoriques est assez pénible et très diffi-
cile, mais de peu de valeur scientifique; même la détermination du fer
nickelé magnétique est le plus souvent illusoire. J'ai reconnu la justesse
de cette opinion de vom Rath (') quand j'ai examiné par ces moyens les
météorites d'Amana afin d'obtenir quelque connaissance générale et posi-
tive sur la nature de cette masse cosmique pesant 204''^ qui était devant
moi en 85 pierres météoriques. J'avais reconnu de petites masses syssidé-
riques, et les déterminations par les procédés communs m'avaient donné
de 5 à 3o |)Our 100 de 1er. Dans les mêmes circonstances, vom Ralh (/oc.
cj/.) s'est tourné vers la détermination du poids spécifique.
J'ai suivi la même méthode :
Opérant avec le picnomètre et avec la balance hydrostatique sur des fragments de
diverses dinicnsioiis, sur les pierres pulvérisées et sur des pierres entières, j'ai trouvé
(') Ueber die Meleoriten von Pultiisk. Bonn, 1S68, j). i54-i55etp. i^g- Rammels-
berg a dit la même chose sur la détermination du i94 4''s,>58 S^SSg S^^iôS 3^^o38
d.. 3,46 3,44 3,42 3,45 3,45 3,44
Ces six météorites complètes, du poiels de 23''s,3i5, ont donné des v;>-
leurs extrêmes différant de o,o4, ce qui correspond à une différence de
I pour 100 de fer seulement; la moyenne d = 3,443 ne diffère des extrêmes
que par o,5 pour 100 de fer. I..a masse ilont ces six météorites sont des
fragments a donc été très uniforme, car leur densité présente une unifor-
mité aussi grande que celle des divers fragments d'une roche pris dans la
même carrière.
Voici le résultat de mes pesées faites pendant l'été de 187.5 :
Poids en kil.is. Moyennes.
Nombre. Extrêmes. Total. Poids. d.
Pierres 6 5,4 -3,o 23,32 3,88 3,443
Pierres 9 i,5-i,i 11, 56 1,28 3,457
Pierres n 0,99-0,57 7,89 0,72 3,462
Pierres i4 o,5o-o,o6 3,59 <^'25 3,46i
Pierres 4o 5,4 -0,06 46,36 1,16 3,458
Fragments 12 i, 5-0,3 7,24 0,60 3,479
Totau.\ 02 5,0-0,06 53,60 i,o3 3,462
Une seule pierre, le numéro 60, de i''8,i49, a donné une valeur un peu différente,
3,389. C'est le seul écart sur 53 déterminations. Cet écart est de 0,073 au-dessous de
la moyenne pour toutes les pierres, et celte diliéieiice équivaut à i,5 pour 100 de fer
en moins seulement. Voilà l'extrême et seul écart. La pierre n» 60, collection VI, est
de forme écaille, comme le n» 15, à Paris ('), et le n" i2 de ma collection personnelle.
Cette irrégularité insignifiante mise à part, !e résultat des cinquante-trois détermi-
nations est frappant : le poids spécifique croît régulièrement avec la diminution
du poids de la pierre et, pour les fragments, le poids spécifique est un peu supérieur à
I,') Daubrée, Comptes rendus, t. LXXXI, 1875, p. io25.
6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
celui des pierres d'un poids semblable. La variation est de 3,44 à 3,46, soit de 0,02,
pour les pierres complètes, ce qui équivaut à un accroissement de o,5 pour 100 de fer.
Vu la manière dont ces pierres se sont formées par la fragmentation des
masses plus grandes, il serait absurde d'admettre une telle dépendance
entre le |)oids spécifique et la taille arbitraire de ces pierres. La variation
systématique démontrée par les expériences doit être une erreur systéma-
tique de ces expériences mêmes; évidemment c'est l'effet d'un déplacement
de l'air par l'eau de |)lus en plus incomplet avec l'accroissement du poids
de la pierre pesée. De même ce déplacement tloit être un peu plus prompt
pour les fragments.
Que ce raisonnement est fondé, cela est démontré par une Note manu-
scrite sur le n" 56. Celte [)ierre de 3'''5,359 donnait d = 3,449» d'accord avec
les autres; mais, laissée dans l'eau, elle fut trouvée plus lourde de lo^, ce
qui donne c?= 3,484 « a fier long soaking ».
La conclusion finale est donc que les pierres météoriques d'Amaaa ont
le même poids spécifique, donc elles contiennent la même proportion de
fer, à 0,5 pour 100 près; donc toutes ces pierres sont des fragments d'tme
masse cosmique aussi uniforme que les pierres prises dans un même banc
en un point donné d'une carrière. C'est peut-être la première fois qu'un
résultat aussi général a été démontré pour une chute de météorites aussi
étendue que celles lyAmana, lowa County, lowa (États-Unis).
M. VON Daniel Lagerlof adresse une Note en allemand intitulée :
Recherches thermochimiques sur la constitution des carbures d'hydrogène.
(Renvoi à la Section de Chimie.)
M. H. Pêcheux adresse une Note intitulée : Action de l'aluminium et de
quelques alliages d'aluminium sur l'eau de quelques solutions salines.
La séance est levée à 4 heures.
SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS. 6l5
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 90 février igoS.
Œuvres de Laguerre, publiées sous les auspices de l'Académie des Sciences par
MM. Ch. Hbrmite, h. Poincaré et E. Rouché, Membres de rinstitul. Tome II. Géomé-
trie. Paris, Gauthier-Villars, igoS; r vol. in-S". (Présenté par M. Darboux.)
Les accumulateurs électriques, théorie et technique, descriptions, applications, par
L. JuMAU. Paris, V" Gh. Dunod, igo^; i vol. iii-8°. (Présenté par M. d'Arsonval,
pour le concours du prix Gaston Planté. )
Resolution brève, clara y exacta de los problemas mas usuales en la pralica de
la Navigacion, por Miguel Gonzalez Avkno. Valence, Manuel Alufre, igo4; i fasc.
in-8°. (Présenté par M. Bouquet de la Grye.)
Laboratoire scientifique international du Mont Rosa : travaux de Vannée igo3,
publiés par A. Mosso, Directeur du Laboratoire do Physiologie du Mont Rosa. Turin,
Herman Loescher, igo4; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Dastre. Hommage de .M. Angelo
Mosso, Correspondant de l'Académie des Sciences.)
Parafoudres industriels {Bulletin de l'Assoc. des anciens Elèves et Elèves de l'Ins-
titut électrochimique de Grenoi)le : La houille blanche, 3' année, igo3-igo4, 2= se-
mestre, n" k). Grenoble, imp. Allier frères; i fasc. in-8°.
Congrès international d'Archéologie. Session d'Athènes, igo5 ; Bull. n° 1. Athènes,
igoS; I fasc. in-S". (Adressé par M. Homolle, Membre de l'Institut, Secrétaire du
Congrès.)
Assemblée généraledes actionnaires de la Banquede France, du iÇ> janvier igo5,
sous la présidence de M. Georges PallaIn, Gouverneur. Compte rendu au nom du
conseil général de la Banque et rapport de MM. les Censeurs. Paris, Paul Dupont,
igo5 ; I fasc. in-4°.
Académie des Sciences, Agriculture, Arts el Belles-Lettres d'Aix. Prix- Thiers,
de 3ooo''', à décerner en igoy à l'auteur du meilleur Ouvrage sur la Provence : Pro-
gramme. Aix, igo5; I feuille in-8°.
Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. G. Darhoux, E. Picard et
J. Tanneuy; i" série, t. XXIX, janvier igo5. Paris, Gauthier-Villars; i fasc. in-S".
Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des candidats aux Écoles spéciales,
à la Licence et à l'Agrégation, dirigé par C.-A. Laisant, C. Bourlet, R. Bricard;
4^ série, t. V, janvier igo5. Paris, Gauthier-Villars; i fasc. in-S".
Revue de Mécanique: t. XVI, n° 1, 3i janvier igoo. Paris, V" Ch. Dunod; i fasc.
in-4"-
Annuaire de la Société météorologique de France; Revue mensuelle publiée sous
la direction de M. Tu. Moureaux; 53= année, janvier igo5. Paris, Gauthier-Villars;
I fasc. in-8°.
^'6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, Membre de l'I
nslitiit ;
t. XVII, livraison de janvier ,90.5, n» 193. Paris, Librairie générale de l'Enseignement •
1 fasc. in-8°. "
Mé,noires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux ■ 6<^ se
ne, l. II, 2= cahier. Paris, Gaulhier-Villars ; Bordeaux, Feret et fils, igo^- , vol' in-8"
Procès-verbaua^ des séances de la Société des Sciences physiques et naturelles de
Bordeaux, année 1908-1904. Paris, Gaulhier-Villars; Bordeaux, Feret et fils; , vol.
Journal de la Société nationale d'Horticulture de France, paraissant mensuelle-
ment ; 4e série, t. V, décembre 1904, avec la Liste générale des Membres de la Société ■
t. VI, janvier igoS. Pans, au siège de la Société ; 2 fasc. in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, publié sous
la direction de M. E. Collignon; io4» année, t. G VU, n» 1, 3i janvier iqoS Paris
au siège de la Société ; i fasc. in-4». '
ERRATA.
(Séance du i3 février igoS.)
Note de M. A. Conduché, Sur une nouvelle réaction des aldéhydes et
l'isomérie de leurs oximes :
Page 435, ligne 8 en remontant, au lieu de en donnant l'aldéhyde génératrice lisez
donnant le nitnie correspondant à l'aldéhyde génératrice.
Même page, ligne 6 en remontant, au lieu de régénérer à l'état de pureté l'aldé-
de, lisez engendrer le nitrile correspondant à l'aldéhyde.
en don
M(
hyde
On souscrit à l'aris, i uez GAUTHIER-VILLAUS,
Quai des Grands-Augiislins, n" 55.
puis i835 les COMPTES RENDUS liebdomadaires paraissent régulièrement lu Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, (ieux volumes in-4°. Deui
5S, l'une \>AT ordre alpliabélique des matières, l'autre par ordre alpliabctique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
l.e prix de l'abonnement ett fixé ainsi qu'il suit:
'aris ; 30 l'r. — Départcmcnl-;: 40 fr. - Union postale: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
chez Messieurs :
Ciiaix.
. J.,ur,lao,
' Kull.
. Courlin-llecqueL.
, Geimaia et GraiisiD.
*
■ / Gastineau.
me
. Jérôme.
Çon
. Kégnier.
, Feret.
^aux
. Laurens.
' Muller(G.)
■es
. iienaud.
.
Dcirien.
' F. Koberl.
•'Oblin.
1 Uïel fré.es.
Jouan
béry....
0"'-g
1 Henry.
• 1 Marguerie.
iOnt-Ferr
Juliot.
Nourry.
Key.
\ Lauvcrjal.
■ ) iJegez.
bit
j Drevet,
/Gralieret C.
chelle . .
. FoucLer.
"re
\ Bunrd.gnon.
■ 1 Doiiibre.
l Thorez.
■ \ Quarré.
chez Messieurs :
, Baumal.
■ I M- Texier.
l Georg.
. ElTunlin.
f Vitte.
Marseille Ruât.
Ualat.
Montpellier | Coulet et fils.
Moulins Martial Place.
(Jacques.
Grosjean-Maupin
Sidol frères.
IGuisl'I.au.
^'""" jvelopp*.
iBarma.
Appy.
, Tbibaud.
. Loddé.
J Blanchier.
• I Lévrier.
, Plihon et Hervé.
. Girard (M"").
l Langlois.
I Leslringanl.
, Chevalier.
iMmes. ..
Orléans
Rocliefoi
Bouen . .
oulon j Ponleil-Burles.
I lîumébe.
l^ Gimet.
I Privât.
I Boisselicr.
Pérical.
( Suppligeon
jCard.
) Lemaltre.
On souscrit à l'étranger,
chez Messieurs :
Amsterdam.. .. '''^''"^">^ <='""•*'
■ sen et O'.
Athènes Beck.
tiarcetone Verdaguer.
Asher et C".
Dames.
*«'■''" Friedlander et fils.
Mayeret Muller.
IJerne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
. Lamertin.
Bruxelles Mayolez et Audiarte
' Lebégue et O'.
Sotchcket G'.
Bucharest .
Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, Bell et G-
Christiania Cammermeyer.
Constantinople . . Otto Keil.
Copenhague liôst et fils.
riorence Seeber.
Gand Iloste.
r.énei neuf.
, Cherbuliei.
Genève . . .
Lausanne.
j Georg.
' Slapelmohr.
Im Baye Bclinfante frères.
I Benda.
! Pavot et C.
j Barlh.
Brockhaus.
Leipzig < Kœhler.
I Lorenlz.
' Twietrneyer.
Desoer.
l-'^S'-: Gnusé.
chez Messieurs:
, Dulau.
Londres Hachette et G'*.
' Nuit.
Luxembourg
Milan
Moscou . . . .
Naples
JVetv- Vork .
V. BUck.
Ruiz et G''.
Romo y Fussel.
Capdeville.
F. Fé.
Bocca frères.
Hœpli.
Tastevin.
Margiiii-ti diCiu
Pellerano.
Dyiseu et l'feiffer.
Stecherl.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et Ci
Palerme Reber.
Porto Magalhacs et
Prague Rivnac.
Bio- Janeiro Garo er.
\ Bocca frères
Borne
Bolterdam .
Stockholm .
S'I'étersboiirg .
Loescher et G'*.
Kramcrs et fils.
Nordiska Boghandel
Zinserlin^'.
^ Wolff.
(Bocca frères.
Brero.
'""" \ Clausen.
I Rosenherg et Sellier.
Varsovie Gebethner et Wolff
Vérone Drucker.
* Frick.
^""""^ JGerold et G'-.
Ziirich Meyer et Zeller.
ABLES 6ÈNËRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Tomes 1" :'i 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre 1830.) Volume in-4° ; i853. Prix
25 fr.
25 fr.
25 fr.
25 fr.
] Tomes 32 à 61. —( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix
i Tomes 62 à 91. —(i" Janvier 1866 à 3i Décembre r 880.) Volume in-4''; i8.S(). Prix
! Tomes 92 à 121. — (i" Janvier 1881 à 3i Décembre 1895.) Volume in-4°; 1900. Prix
JPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
e I. — Mémoire surquelques points de la Plivsiologiedes Algues, par MM. A. DKUBtael A.-J.-J.Solibr. — Mémoire sur le Calcul des Pertu bâtions qu'éprouvent
néles, par M. Hanskn. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc paocréatique dans les phé.iomènes digestifs, particulièrement dans la digestion de>
II. — Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — E-.sai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science:
rcmcours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrain;
leiiunires, suivant l'ordre deleur superposition. -^ Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Recherclierli
e des rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs», par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 7 planches ; 1861. . . 25 fr
il le même Librairie les Hémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à T Académie des Sciences.
9.
TABLE DES AHTICLES (Séance ,lu 27 t.vrie. 190o.)
RIEMOIRES ET COMMUrVICATIOIVS
DES MEMBRKS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Seciikiaiiik pkbpétukl annonce à l'Aca-
démie la inoiL de M. Emile Fernet. In-
specteur général de l'Inslriiction publique.
M. LoEn Y. —
mode d'exéc
de haute pif
à prendre dans le
•rtaiiies recherches
CORRESPOIMDAiVCE .
M. le SEcnÊTAiRK perpétuel signale l'Ou-
vrage suivant : -« IMalgaigne (i8o6-i865).
Élude sur sa vie et ses idées d'après ses
écrits, des papiers de famille el des souve-
nirs particuliers ", par E. Pilastre
M. Cazalbou adresse des reniercinients à
l'Acadénriie pour la distinction dont ses tra-
vaux ont été l'objet dans la dernière séance
DUbli.
M. PuiSFUX. — Sur l'observation de l'eclipsc
partielle de Lune du 19 février
M. Salet. — Sur nue application du dia-
phragme-iris en Astronomie •.
M. G. Caubus. — Familles de Lamé à trajec-
toires orthogonales planes. Familles de
surfaces à lignes de courbures planes
M. Kedeuioo Emiiquks. - Sur les surfaces
algclMK,ues de genre zéro
M. -Maibick l-ni:ciii;ï. — Sur les fonctions
dune inliiiité de variables
M. P. Katou. — Sur quelqlle^ lliéurerncs de
Riemann
M. Marcel Brillouin. — InileicEiiiiiiiiiidii de
la trajectoire limite des planeuis rigides. .
M. C. GuTTON. — Sur l'intensité des impres-
sions photographiques produites par de
faibles éclairements
M. E. RoGovsKi. — Sur les rayons cathodi-
ques émis par l'anode
M. Ch. Foutin. — Tension superficielle d'un
diélectrique dans le champ électrique
.M. Cn. Kabry. — Sur les spectres des fluo-
rures alcalino-terreux dans l'arc électrique
M. William Duane. — Sur l'ionisation due
à réuianation du radium
M. G. Urbain. — Sur la purification de la
gadoline et sur le poids atomique du gado-
iim.
I. L. Wintrebeut. — Sur quelques osmio-
nitrites et sur un nitriie d'osmium
I. Pierre Breiiil. — Constituant spécial
obtenu dans la trempe d'un bronze d'alu-
jm .
M. Heniii Leuoix. — Sur le décahydro-
naphlol-p et l'octohydrure de naphtaline.
MM. E. \ ARENNE et L GoDEFROY. — Sur
l'anéthoglycol (glycol de l'anéthol)
M. J. Chaîne. — Caractères des muscles
polygastriques
M. L. Boudas. — Sur les glandes (salivaires,
céphaliques el métathoraciques) de quel-
ques Hémiptères
M. Louis Brasil. — La résorption phagocy-
laire des éléuienls reproducteurs dans les
vésicules séminales du Lumbricus hercu-
leits Sav
M. L. Hallion. — Sur l'importance pratique
de l'exploralion de la pression arlériélle
pour éviter les accidents de l'aneslhésie. . .
C. Pu
du
adiuii
de
du lit condensateur dam
l'hypertension artérielle
M. Marage. — Diflérenles sortes d'otites
scléreuses
M. le D' FoVKAU DE Courmelles. — Action
alrophique glandulaire des rayons X
M. E.-A. Martel. — Sur l'application de la
thermométrie au caplage des eaux d'ali-
mentation
M. L. De Launay. — La formation charbon-
neuse sénonieniie des Balkans
M. G.-D. HiNRiCHs. — Sur l'uniformité de
composition des météorites d'Amana
M. VON Danill Lagerlof adresse une Note
intitulée : u Recherches thermochimiques
sur la constitution des carbures d'hydro-
gène » "....
M. H. Pkcheux adresse une Note intitulée :
« Action de l'aluminium et de quelques
alliages d'aluminium sur l'eau de quelques
solutions salines «
BULLETI.\ BIBLlOGRAIMllyt E.
Errata
PARIS - IVtPKlMKRIE GA UTll [ E R - V IL L A K S.
i^uai des Grands-Augustins. bb.
le Gér-ani : (Ja
1905
^ PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
N^ 10 (6 Mars 1905)
^ PAIOS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quai des Gran'is Augustins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUS
ADOHTK dans les séances des 23 JUIN 18G2 ET 1\ MAI i8-5
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l'Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou iNotes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
/|8 pages ou G feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes pai- année.
Arti
|e,.
— Impression des travaux
de t Académie.
Les extraits des M^émoires présentés par un Membre
ouparunAssociéétrangerde l'Académie comprennent
au plus () pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées ii chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou^^
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Acadéniie ne peut donner,
plus de 3-'. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des
prix proposés par l'Académi
qu i.
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont
tant que l'Académie l'aura décidé.
_ Les Notices ou Discours prononcés en séance |i.
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. - Impression des travaux des Sava,,
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personit
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac-
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un i.
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présenteint ces Mémoires so
tenus de les réduire au nombre de pages requis, ii
Membre qui fait la présentation est toujoursnomm !
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet extn
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fo 1
pour les articles ordinaires de la correspondance of !
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rem 1
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tan !
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis j
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans i
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé ,1
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article î. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches
ni ligures.
Dans le cas exceptionnel où des figures se
autorisées, l'espace occupé par ces fi
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au '
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports e !
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
fait un Rapport sur la situation des Comples rendm
après rimpression de chaque volume.
aien
gures compter)!
Les Secret;,
ires sont chargés de l'exécution du pré-
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les sent Règlement
plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la
sont priés de lei
séance suivante
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 6 MARS 1903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIV^
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
.M. le Président communique le télégramme suivant reçu, de la part de
M. le D'' Jean Charcot, par le journal Le Matin :
l'ueilo-iMadrjn, 4 murs, ii''5o" malin.
.\'ous sommes tous en bonne santé. Notre lilvernage à File Wandel nous a permis
d'exécuter dans de bonnes conditions tous nos travaux scientifiques. Un raid nous a
permis d'élucider la question du détroit de Bismarck; nous avons reconnu la terre
Alexandre, mais les glaces la rendaient absolument inabordable.
Nous avons exploré plusieurs points inconnus de la terre de Graliam, malgré un
échouage causant à notre navire de sérieuses avaries.
La côte, auparavant inconnue, a été par nous suivie d'une façon continue et nous
avons pu en relever le contour extérieur.
Nous avons ensuite reconnu l'archipel Falmer, et maintenant nous rentrons nous
reposer à Buenos-A) res.
Prière de transmettre cette dépêche à l'Académie des Sciences et à la Société de
Géographie, l'argent liquide nous manquant pour leur envoyer directement nos salu-
tations et nos remerciments.
J'espère que vous serez satisfait de nos travaux.
Jean Charcot.
Le Président ajoute ce qui suit :
La dépêche qui nous annonce l'heureuse issue de l'expédition Charcot
nous fait entrevoir qu'elle a réahsé de nombreuses et intéressantes obser-
vations pendant son hivernage dans les régions antarctiques.
L'Académie des Sciences sera heureuse d'enregistrer les résultats scien-
tifiques que les intrépides explorateurs ne tarderont pas à nous faire con-
naître.
C. R., 1905, 1" Semestre, (f. CXL, N° 10.) 79
6l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les trajectoires orthogonales
d'une famille de surfaces. Noie de M. Gaston Darboux.
I . Dans une Note placée à la suite d'une Communication de M. S. Car-
rus (p. 211 de ce Tome), j'ai présenté quelques remarques relatives à
l'équation aux dérivées partielles du troisième ordre qui définit les surfaces
dont les trajectoires orthogonales sont planes. Je me propose aujourd'hui
de montrer que ces remarques se rattachent à une théorie générale et
peuvent être étendues aux cas où les trajectoires orthogonales de la famille
de surfaces considérée doivent satisfaire à des conditions très variées.
Soit
(i) /(a7, j, s) = const.
l'équation en coordonnées rectangulaires d'une familk; de surfaces. Si l'on
introduit, comme je l'ai déjà fait, une variable auxiliaire /, les trajectoires
orthogonales de la Famille seront définies par les équations aux dérivées
partielles
(.\ dœ^df dy^ z, a,, a.,, .... a„) = o,
qui contient n paramètres a,, a^, .. . , a„. La surface (.r.r, -,«,,«2) = o<
et comme cette nouvelle équation ne contient plus que deux constantes,
on voit que la solution du problème proposé sera ramenée à l'intégration de
l'équation du second ordre que l'on obtient en éliminant «,, a., entre l'équa-
tion (il) et les deux suivantes
A<î> = o, A-<î> = o.
Nous avons effectué ainsi, en introduisant n — 1 fonctions arbitraires,
n — 1 intégrations successives de l'équation proposée ( 7).
4. Dans la discussion qui précède, nous avons négligé les solutions de
l'équation (7) pour lesquelles le déterminant D serait nul: Il est facile de
voir qu'il existe en général de pareilles solutions.
Remarquons d'abord que. si l'on porte les valeurs dew,, o,. • ••.«'« déter-
minées par les équations (5) dans le déterminant D, la relation
(12) D = o
SÉANCE DU 6 MARS igoS. 62 I
deviendra une véritable équation du (n — iy^™'ordreà laquelle devra satis-
faire la fonctiony! Je dis que les solutions de cette équation appartiendront
en général à l'équation (7).
En effet, reprenons les identités (8) et supposons que, pour la solution
considérée de l'équation ( 12), un au moins des déterminants de la matrice
I àoj I « = o, I, 2 n— 2,
ne soit pas nul. Alors les rapports mutuels de Aa,, Aa.,, ..., Aa„ seront
déterminés par les n — i premières équations (8) et, en vertu de l'équa-
tion ( 12), ces rapports mutuels satisferont aussi à l'équation
^'Aa, + ... + %^Aa„ = o.
àa, (1(1 „
qui donne
Ainsi toutes les solutions considérées de V équation (12) satisferont à l' équa-
tion {']).
5. Il nous reste maintenant à donner la signification géométrique de
l'équation (12). Pour cela on remarquera qu'elle résulte de l'élimination
des a, et des Aa, entre les équations
?'=°' 2^1''^'^*=° (« = o, I, 2, ...,7l-l).
On peut écrire ces équations comme il suit.
Remplaçons Aa^t P^'' «Â et posons
il faudra éliminer les a, et les a] entre les équations
9 = o, o, =0, . . ., 0„_| =: O,
•i = O, lii^o, ..., (L„_, ^ o
dont l'interprétation est évidente. Elles expriment que la courbe définie
par les équations
o =: o, i = o,
622 ACADÉMIE DES SCIENCES.
c'est-à-dire l'intersection des deux surfaces o infiniment voisines, a un con-
tact du (n — i)'^'"<= ordre avec la trajectoire orthogonale.
Ainsi l' équation aux dérivées partielles (12) définit les familles de surfaces
dont les trajectoires orthogonales peuvent avoir un contact du (n — i)'"""" ordre
avec l'intersection de deux surfaces infiniment voisines appartenant à l'en-
semble des surfaces définies par l'équation (3).
6. a^, a.^, . .., a„ désignant toujours les fonctions des dérivées des n — i
premiers ordres de /, définies par les équations (0), l'analyse précédente
conduit à l'intégration de l'équation aux dérivées partielles du (« — i'^™*^
ordre
F(rt,,a2, • ••.«„) = (J
et même à celle des équations simultanées qu'on obtient en prenant plu-
sieurs relations de cette nature. Nous n'insisterons pas sur ces détails et
nous nous contenterons de faire remarquer qu'il y aurait lieu de faire subir
quelques modifications aux résultats précédents dans certains cas particu-
liers, par exemple, si l'équation (3) était linéaire par rapport aux con-
stantes a,-. Alors l'équation (12) est remplacée par deux équations qui ne
sont pas toujours compatibles.
OPTIQUE. — Formule rationnelle du coefficient de l'absorption de la lumière
par un corps translucide quelconque. Note de M. J. Boussinesq.
T. Le coefficient de l'absorption de la liuniére par un corps translucide
quelconque prend une forme extrêmement simple, à la fois rationnelle et
exacte, quand on évalue le IrajetS du rayon lumineux dans le corps par le
temps t qu'emploie la lumière à le parcourir, quotient du chemin § par la
vitesse r du rayon. J'ai montré dans une précédente Note {Comptes rendus,
i3 février igoS, p. 4o') ^y^ l'amplitude du mouvement vibratoire est pro-
portionnelle à une certaine exponentielle e~^", égale à g-i/'^'"^ - ou enfin
à e-'''''''V"^ u désignant la distance du point quelconque {x,y,z) atteint
par le mouvement au plan de la face d'entrée de la lumière dans le corps;
et que l'on a la formule
/cosV = r{a'l'- -f- h'm"^ -4- en'-),
dans laquelle /', m' , n' sont les cosinus directeurs de la vibration par rap-
port aux demi-axes ^> -=, -= de l'ellipsoïde d'absorption.
SÉANCE DU 6 MAItS igoS. 628
Appelons f le nouveau coefficient, /rcosV, d'absorption. Il viendra
donc
(i) i = r''{a'l'-+b'jn- + c'n'-).
II. Or soient /', , m\ , n\ , comme dans la même Note, les cosinus directeurs,
par rapport aux axes de Vonde courbe de Fnsnel, de la projection du rayon r
de cette onde sur le plan langent mené à l'extrémité du même rayon ; o^ la
perpendiculaire tirée du centre de l'onde courbe au même plan tangent
et £ son petit angle avec le rayon r; enfin, (', m', .■' les cosinus directeurs,
encore par rapport aux axes de l'onde courbe, de la vibration qui, perpen-
diculaire au rayon r dans le plan de r et de w, fait également l'angle s avec
la projection {l\,m\,n\). On sait, par une propriété caractéristique de
l'ellipsoïde inverse (dit d' élasticité), que
( 2 ) L CHC«H'
Nous devons ajouter que la constitution du premier " s— /"■ s = "-^-' '■■s'"'/"-'"'
La vitesse verticale de O est c — (ort. Si nous supposons que le disque soit très dur
par rapport à la plauche et s'enfonce dans celle-ci d'une quantité ;. cette hypothèse
donne
et reniai
qua
Si donc / 16 et/ > - — j — , on ne peut négliger -^ sans trouver pour N une valeiii
négative. Mais il n'en est plus de même dès que -— ^ surpasse g -\- m-^r — h).
Nous pouvons serrer la question de plus prés en admettant que jr. soit égal à une
636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
constante X. Considérons un inlervalle de temps assez court pour que les variations de
a el b soient négligeables et prenons, pour simplifier, le cas où h = /■. En posant
A A-
et remarquant qu'à Finslant initial N est nul ainsi que sa dérivée, on trouve
valeur positi\e et très rapidement croissante. Il en résulte, d'après les formules (i).
que // diminue et lo augmente très vite. La vitesse de glissement iv =z a - hr.) est donc
presque subitement anéanle.
L'élasticité de la planche permet par conséquent de conserver la loi de
Coulomb.
D'ailleurs il ne faut pas croire qu'avec les solides naturels / atteint
instantanément sa valeur maximum. Au moment où les corps commencent
à se frôler, les aspérités des deux surfaces s'accrochent mutuellement; la
couche extérieure de chaque corps éprouve, par rapport aux couches pro-
fondes, un déplacement progressif, proportionnel à chaque instant à la
force tangentielle, et c'est seulement quand le déplacement a acquis une
certaine valeur que le glissement relatif devient possible. M. Bailbv, en
Angleterre, MM. Osmond et Cartaud, en France, ont trouvé expérimenta-
lement que, même dans le cas de métaux polis avec le plus grand soin, les
surfaces manifestent ce génie d'entraînement. Il y a donc une période pré-
paratoire pendant laquelle/ croît à partir de zéro, et nous allons voir que
cette circonstance suffirait, à elle seule, pour écarter les incompatibilités
résultant de la loi de Coulomb.
A l'instant initial il n'y a pas encore de frottement et les formules donnent
pour N une valeur positive. Si N, pour la valeur maximum de/, est encore
positif, d n'y a aucune difficulté. Si au contraire la valeur finale de N appa-
raît comme négative, c'est qu'il y a eu un instant intermédiaire pour lequel
cette quantité a changé de signe. N a donc passé par zéro ou l'infini. Dans
le premier cas, le contact cesse à l'instant oii N ~ o. Dans le second, N se
présente sous la hirme -''—., n et cp étant des quantités finies; à mesure
que/ se rapproche de cp, la réaction langentielle -^" augmente indéfi-
niment, et elle ne permet pas au glissement de prendre naissance.
Reprenons à ce point de vue l'exemple précédent, en négligeant cette fois l'enfonce-
SÉANCE DU 6 MARS ipoS. 687
nient z, et regardant le disque comme formé d'un noyau rigide recouvert d'une couche
infiniment mince qui se déplace par rapport à lui et demeure, au début, adhérente à
la planche. La vitesse iv du déplacement relalit \érifie la relation
(hv^_^ f{l<'-+b-') -ah _ ^^, ^^
A mesure que /se rapproclie de cette dernière limite, la décroissance de ir devient
de plus en plus rapide, et, en aucun cas, / ne peut atteindre 7 — , car toute ten-
dance au glissement est supprimée auparavant.
En résumé, je suis loin de soutenir l'exactitude de la loi de Coulomb: je
pense même qu'elle ne constitue qu'une règle empirique assez grossière;
mais lesdifficullés théoriques qu'elle semble entraîner tiennent uniquement
à ce qu'on fait abstraction de l'élasticité des solides naturels : elles sont
donc du même ordre que celles qu'on rencontre en étudiant le choc de
corps parfaitement polis.
MÉCANIQUE. — Oscillation des véhicules de chemin de fer sur leurs ressorts
de suspension. Note de M. Georges Maru^, présentée par M. Léauté.
L'étude des oscillations des véhicules de chemin de fer présente un grand
intérêt, d'abord à cause des déraillements occasionnés par des oscillations
exagérées, ensuite au point de vue de l'aclion fâcheuse des secousses pour
les voyageurs, le matériel et la voie.
Cette étude prend de jour en jour une importance plus grande, à mesure
qu'on tend à augmenter la vitesse des trains rapides. Ces oscillations sont
causées, soit par les défauts du matériel, soit par ceux de la voie.
Elles ont été étudiées par des ingénieurs d'un grand talent; il fiiut citer
notamment les travaux de MM. Phillips, Le Chateher, Yvon Villarceau,
Vicaire, Pochet, Nadal, etc., ainsi que les expériences scientifiques de
MM. Coùaril, Sabouret, etc. Dans ces travaux, on s'est d'abord attaché à
étudier les oscillations occasionnées par le matériel; mais, depuis quelques
années, on se préoccupe davantage des oscillations occasionnées par la voie.
Parmi ces oscillations, on a étudié, notamment, celles qui sont dues aux
dénivellations périodiques verticales se produisant à chaque rail. Le plus
638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
souvent les joints des deux files de rails sont concordants, c'est-à-dire situés
en face l'un de l'autre; il en résulte que ces dénivellations périodiques pro-
duisent leur effet à la fois sur les deux roues d'un même essieu, et donnent
lieu à des oscillations verticales simultanées, quand les oscillations hori-
zontales ne viennent pas les compliquer. On a pensé que ces oscillations
verticales devaient être forcément divergentes et par conséquent dange-
reuses, quand il y a svnchronisme entre le temps que le véhicule met a
parcourir la longueur d'un rail et la durée de son oscillation naturelle sur
ses ressorts; on en a conclu qu'il fallait empéchei- les véhicules de circuler
à cette vitesse spéciale (ju'on a appelée vitesse criluf ne.
J'ai étudié celte question en 1901 (') et j'ai constaté qu'elle avait une graiiiif ana-
logie avec celle des régnlateius de vitesse. Il est impossible d'empêcher les vé'iiciiles
de circuler parfois à leur vitesse critique qui correspond souvent aux vitesses les plus
usuelles; mais les oscillations divergentes qui semblent résulter de la théorie ne se
produisent pas, en général, dans la pratique, à cause des frottements des lames de
ressorts, des attaches et des guidages dont les calculs n'avaient pas tenu compte. 11 y a
là une grande analogie avec l'amortissement des oscillations des régulateurs par les
frottements ou les freins à l'huile. Cependant des oscillations divergentes peuvent se
produire dans certains cas et être la source de dangers redoutables; d'où la nécessité
d'examiner la question de très près. J'ai donc été amené à rechercher la condition de
convergence des oscillations des véhicules de chemins de fer sur leurs ressorts, à la
vitesse critique, qui est la plus défavorable; j'ai fait, dans ce but, une étude de ces
oscillations par des procédés graphiques, dans un cas théorique simple, et je suis arrivé
à établir, dans le Mémoire de 1901, la formule suivante qui donne la condition de
convergence :
h l'if a,
h est la dénivellation périodique maxima de la voie (o",oo4 environ);
/, le frottement relatif du ressort, ou rapport constant de la somme des frottements
des lames de ressort, des guidages, etc., à la valeur correspondante de l'effort du
ressort, ces frottements étant rapportés au même chemin parcouru que l'eflorl du
ressort lui-même (0,02 à 0,06 suivant les ressorts);
a, la flèche du ressort sous la charge immobile (o'",o3 à o", 20 suivant les cas).
Puis j'ai montré que cette formule, établie pour un cas théorique simple, pouvait
s'appliquer le plus souvent, dans la pratique des chemins de fer, et donner une condi-
tion de convergence des oscillations du véhicule, pour le cas qui nous occupe.
Cette formule montre :
i" Qu'on doit employer une voieaussi rigide quepossible pourdiminner
la valeur de h;
('; Pli cacheté déposé à l'Académie dans la séance du !"■ avril.
SÉANCE DU fi MARS ipoS. 689
1° Qu'il faut avoir des ressorts ayant une grande flexibilité el, en même
temps, un frottement relatif assez élevé;
3" Que, si la conHition ci-ilessus est réalisée, le véhicule n'aura pas d'os-
cillations divergentes verticales, quelle que soit la vitesse.
J'ai appli([aé cette formule à un certain nombre de véhicules de chemins de fer,
locomotives, tenders, voitures, fourgons; j'ai constaté que la condition de convergence
était réalisée, dans la grande majorité des cas, mais que, cependant, certains véhicules
défectueux ne la remplissaient pas et pouvaient être voués, dans certains cas, aux
oscillations divergentes. J'ai indiqué divers procédés graphiques qui permettent de se
rendre compte de l'amplitude des oscillations suc<'essives, de leur durée, etc.
Je dois ajouter que les oscillations en question ne sont pas les seules à considérer; il
\ (Ml a d'autres, parfois dangereuses, qui iniposenl souvent une limite à la vitesse.
Depuis que j'ai établi la formule de convergence rappelée plus haut, il s'est produit,
dans la pratique, des faits qui concordent avec elle ; tout d'abord, dans l'industrie des
iiutomobiles, on a rais en relief l'avantage prati(iue des ressorts munis de frottements
additionnels; d'autre part, en Allemagne, il a été fait des expériences de traction élec-
trique sur une ligne spéciale, jusqu'à la vitesse de 210'"" à l'heure; ces expériences
montrent que les véhicules de chemins de fer bien établis ne sont pas soumis à des
oscillations divergentes dues aux dénivellations verticales de la voie, même à ces
énormes vitesses.
GÉOGRAPHIE. — Sur la déterminalion par transport de temps des diffrrcn^-es
de longitude à Madagascar el à la Réunion. Note de M. Driencolrt,
présentée par M. Guyou.
Dans une Note que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie récem-
ment « Sur la précision de positions géographiques obtenues en cours de
voyage avec Vaslrotabe à prisme de M. Claude », j'ai donné les latitudes
déduites des observations que nous avons faites avec cet instrument,
M. Cot et moi, durant notre c^tmpagae hydrographique de 1903-1904 sur
les côtes de Madagascar. Il me reste à indiquer le procédé que nous avons
employé pour calculer, au moyen des états tirés de ces mêmes observa-
tions, les différences en longitude de Nosy-Maroantaly (côte ouest de
Madagascar) et du Port des Galets (Réunion) avec le màt de pavillon
d'HellviUe (Nossi-Bé) qui est notre méridien fondamental dans cette
région et à donner les résultats obtenus.
1. DifFÉREîKCK ; NosY-Maroaataly {pointe nord)— Mât de pavillon d' l/ell ville. —
Nous avons transporté le temps entre Nosy-Mai oanlaly, le sommet le plus sud de la
triangulation des abords du nouveau Maiulirano, et nos divers centres de ravitaille-
64o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment, Nossi-Bé, Majiiriga et Diego qui sont reliés enti'e eux par la triangulation de la
côte nord-ouest. Nous disposions de 4 chronomètres et 4 compteurs et nous avons
réussi à faire 7 transports de temps, 4 à l'aller vers Vlaroantaly et 3 au retour.
Les faibles variations de température de l'armoire des montres dans le cours de
chaque traversée ont été trop brusques pour qu'il ait paru possible d'évaluer leurs
eflfets et d'en corriger les états. Du reste la méthode employée pour obtenir les marches
moyennes pendant les transports tient compte de l'influence de toutes les causes qui
peuvent modifier une marche. Elle consiste à tracer la courbe de marche absolue de
chaque chronomètre pour la période entière des transports de temps au moyen des deux
graphiques qui représentent la suite des marches moyennes entre deux étals consécu-
tifs obtenus au même point ou en divers points dont la différence de longitude est
connue exactement. La courbe de marche absolue est tracée de manière que les aires
situées au-dessus et au-dessous de chaque marche moyenne soient équivalentes.
Les 56 valeur.s obtenues pour la différence de longitude présentent une
concordance remarquable surtout si l'on tient compte de l'installation
défectueuse des chronomètres à bord de la Nièvre et de la durée de certains
transports qui a été de 8 jours pour deux d'entre eux et de 11 jours pour
le dernier.
Voici les résultats fournis par trois instruments
Moyenne Ecart maximum
des des
7 valeurs. 7 valeurs.
Chronomètre 771 Leroy i7.24i46 o,44
SSBerthoud. .• 24,44 0,76
Compteur 1493 Delépine 17.34,29 0,70
Leur moyenne i7"a4'',4o coïncide avec la moyenne générale des 56 valeurs.
Le chronomètre 483 Winnerl, dont les huiles étaient vieilles et dont la courbe de
marche indique une forte accélération, donne 1" d'écart avec la moyenne générale. Le
chronomètre 434 Jacob, après avoir eu une marche assez capricieuse au début, a pi is^
à l'approche de la saison des pluies pendant laquelle la température est plus constante,
une marche d'une régularité remarquable. Il a donné dans les 3 dernières traversées :
i7"24%46, i7'"24%4o et i7"'24%39.
Enfin, des 3 compteurs qui restent, le IM Jacob, quoique sujet à des sauts, a
donné 17'" 24*^,95, chiffre supérieur de o^j.oo seulement à la moyenne générale; le
sidéral 495 Dumas et le moyen 803 Leroy qui servaient, le premier, pour les observa-
tions de nuit, le second, pour celles de jour, ont donné respectivement i7"24', i4 et
i7n'25°, 77, chiffres encore très acceptables étant donnés les nombreux déplacements
et les variations brusques de température qu'ils ont subis.
Si l'on examine maintenant les résultats moyens par traversée, on trouve 0^,69
comme écart maximum des 7 valeurs; les plus éloignées de la moyenne générale,
i7">24",oi et i7"24*,o8 proviennent de la premièie et de la dernière traversée pour
lesquelles le traoé des courbes de marche absolue est plus indéterminé.
SÉANCE DU 6 MARS igoS. 04 r
Nous avons adopté le chiffre moyen 17'" 24% 4 et nous estimons qu'il est
exact à o% i près.
Cette précision est rarement obtenue avec des transports de temps et
c'est pourquoi je crois devoir la signaler. Je l'attribue : d'une part, à la
précision des états déterminés avec l'astrolabe à prisme; d'autre part, à la
méthode que nous avons employée pour avoir les marches durant le trans-
port. Le tracé des courbes de marche absolue ne suppose qu'une certaine
continuité de la marche, hypothèse d'aul;int plus admissible que l'examen
des courbes de marche relative permet, lorsqu'on dispose d'un certain
nombre de chronomètres, de découvrir les sauts et de les éliminer; il pré-
sente d'autant moins d'incertitude que le nombre des marches moyennes,
et par conséquent des conditions à satisfaire, est plus grand. Le procédé
s'applique surtout aux cas comme celui qu'on vient de voir où, ayant eu à
effectuer une série de traversées entre les deux points dont on veut obtenir
la différence de longitude, on a observé au moins un état avant et un après
chaque traversée.
11. Différence : Mal de signaux du Port des (,alels — Mal de pavillon d'IlelU'ille.
— Dans notre voyage à la Réunion, nous avons transporté le temps entre Diego et le
Port des Galets à l'aller et au retour. Ici, nous n'avons que 2 marches moyennes, l'une
à la Réunion, l'antre pendant la période entière des transports de temps; aussi le tracé
des courbes de marche absolue par le procédi- indiqué plus haut ne laisse pas de
présenter beaucoup d'indécision. Néanmoins les résultats fournis par les 4 chrono-
mètres et 2 compteurs s'écartent assez peu et nous aurions adopté la moyenne pon-
dérée des 12 valeurs si nous n'avions eu la bonne fortune de posséder le chronomètre
43.'|. Jacob, dont la marche durant 8 mois n'a présenté que des variations insignifiantes.
Voici, en particulier, ses marches moyennes avant, |)endant et après cette période de
transport de temps :
Du :j janvier au 27 mars 190/i . . . -^2,92 Régime de mer avec quelques interrup-
tions assez courtes jusqu'à l'arrivée à
Diego, le 25 février; régime de rade
du 25 février au 27 mars.
10 jours de rade, 10 jours de mer.
Dans le Port des Galets.
En rade de Diego; commencement de la
mousson.
Déjà ce chronomètre s'était conduit d'une façon très remarquable dans les trois der-
nières traversées entre la côte nord-ouest et Nosy-Maroantaly, comme on l'a vu plus
haut. Devant une pareille constance de marche et nous basant sur celte expérience
antérieure, nous n'avons pas hésité à adopter, à l'exclusion de tous les autres, le ré-
sultat fourni par le 434 Jacob qui est le même à l'aller et au retour, en raison de ce
lu 27 mars au 19 avril
1904...
• -1-2,94
lu 1 1 avril an 12 avril
» . . .
■ H2,9I
lu 19 avril au i'i avril
»
. +3,00
1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 10.)
82
6/j2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que les inarclies moyennes à la Réunion et dans le cours du vojage sont presque iden-
tiques. ^'ous avons obtenu ainsi pour la longitude du niât dé signaux du Port des
Galets par rapport au pilier méridien d'Anlsirana : 33'"56%7E. ; et nous pensons que
ce résultat est exact à moins d'une demi-seconde de temps. On en déduit, pour la lon-
gitude du mât de signaux du Port des Galets par rapport au mât de pavillon d'Hell-
ville : 27-»'58%8E.
On remarquera que les deux états déterminés à la Réunion à 24 heures
d'intervalle avec l'astrolabe à prisme nous ont donné à o',o3 près la marche
moyenne du 434 Jacob durant le voyage. Si l'on admet, ce qui est assez
plausible, que la marche du chronomètre a été à très peu près constante
pendant tout le voyage, on a là un exemple de la précision avec laquelle
l'instrument de M. Claude permet de déterminer l'heure.
PHYSIQUE. — Sur quelques densités de gaz el la précision quelles comportent.
Note de M. A. Leduc, présentée par M. Moissan.
Diverses C>ommuiiications récentes ou quasi récentes relatives aux den-
sités de gaz m'engagent à revenir sur quelques-uns des résultats obtenus
par moi-même il y a quelques années, et sur la précision qu'il semble illu-
soire de vouloir dépasser, et que je crois avoir atteinte dans la plupart des
cas.
I. J'extrais d'abord de mon Tableau des densités par rapport à l'air (') renfer-
mant Yj^,-,) de son poids d'oxygène, et dans les comlitions normales, les nombres sui-
vants :
Gaz. expérinicnUilc. calculée.
Az- O 1 , .j3o I 1 , 53o2
SO'^ 3 . '.'A'i^ 2 , 2689
Cl •'.. U)! 2,4918
Cil' ,. 0,554.5
Pour un certain nombre de gaz qui ne figurent pas dans cet extrait, faciles à prépa-
rer à l'état de pureté et difficiles à liquéfier, j'ai cru pouvoir affirmer que l'erreur
relative de la densité était inférieure à , ^ '„„ . De fait, je me suis trouvé d'accord avec
Lord Rayleigh, pour quelques-uns à ,„àuij P'és, et je suis porté à croire que celte
coïncidence n'est pas fortuite.
(') Annales de Chimie et de l'/ijsii/ae, 7" sér., i. XV. 1898, p. 94.
SÉANCE DU 6 MARS ipoS. 643
Mais pour d'autres gaz, au contraire, j'ai lait des réserves sur la possibilité d'at-
teindre la précision du dix-millième. C'est ainsi que :
i" J'ai donné la densité de Az^O comme exacic à ± o,ooo:î près seulement, à cause
surtout de la difficulté de sa préparation à l'état de pureté;
a" Bien que tous mes résultats partiels relatifs à SO' fussent compris entre 9,, 2638
et a, 2641, j'ai indiqué que le résultat moyen pouvait fort bien com])orler- une erreur
d'un dix-millième, c'esl-à-dire > 0,0002, à caus(^ de la condensation de ce gaz sur les
parois;
3° Pour le chlore, j'ai supprimé la quatrième décimale à cause de l'incertitude que
comporte la correction relative aux impuretés.
D'autre pari je considère les densités calculées par la méthode exposée dans- mon
Mémoire comme équivalentes, en général, aux densités expérimentales fournies par les
itieilleures méthodes, el plus certaines lorsque la préparation des gaz à l'étal de pureté
présente des difficultés particulières.
II. Celte opinion se trouve pleinemetit confirmée par les nombres ré-
cemment obtenus par MM. Moissan et Chavanne (') pour le foraiène pur
0,5540 et 0,5554.
Ma densité calculée, 0,5545, que je considère comme exacte à moins
de 0,0001 près, se place entre ces deux nombres, et coïncide presqne avec
leur moyenne, tandis que M. Schlœstng fils avait retrouvé le nombre de
Thomson : o,558.
III. En ce qui concerne le chlore, MVI. Moissan et Binet du Jasso-
neix (-), après avoir obtenu successivement des nombres compris entre
2,3:^5 et 2,509 (ce qui suffit à donner une idée des difficultés rencontrées),
ont pu resserrer d'abord les résultats entre 2, j86 et 2, 494. et obtenir enfin
les deux nombres encore plus rapprochés 3,488 el 2,492, entre lesquels
se trouve de nouveau compris mon propre résultat : 2,491 ± o.oni.
Cependant, d'une part, aucun de mes résultats partiels (dont i'ecarl est
quatre fois plus faible) ne s'est trouvé inférieur, toutes corrections faites,
à 2,490, et la moyenne de ma deuxième série, que je considère comme la
meilleure, est 2,4907.
D'autre part, si l'on tient compte de ce que, vraisemblablement, les
impuretés sont, en moyenne, plus légères que le chlore, on est porté à
considérer la moyenne arithmétique des résultats partiels comme une
limite inférieure de la densité du gaz p ur.
(') Comptes rendus, t. GXL, p. 4o8.
(^) Comptes rendus, t. GXXXVll, p. 1198.
6/|4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour ces motifs, je persiste à croire quela moyenne 2, 490 de MM. Mois-
san et Binet du Jassoneix est approchée par défaut, et que la densité du
chlore pur est très voisine de ma densité calcidée 2,4918.
IV. La densité de l'oxyde azoteux a été reprise par MM. Ph. Guye et
Pintza ( ' ), qui ont trouvé un nombre inférieur au mien de moins de -;j~-
Il faut considérer cet écart comme insignifiant et inférieur à l'erreur pos-
sible d'une semblable détermination. Mais, malgré cette concordance et
pour les mêmes raisons que ci-dessus, je suis porté à croire que mon
nombre, et a fortiori celui de MM. Guye et Pinlza sont approchés par
défaut.
V. Enfin, MM. Jacquerod et Pintza (-) ont repris aussi la densité
de l'nnhydride sulfureux. Ils constatent que leur nombre diffère du mien
iVun cinquante millième!
Je suis très heureux d'une aussi parfaite concordance ; mais je la consi-
dère comme fortuite, la densité d'aucun gnz, el a fortiori celle de l'anhy-
dride sulfureux, ne pouvant, à mon avis, être déterminée avec cette
précision.
PHYSIQUE. — Action du bromure de radium sur la résistance électrique
des métaux. Noie de M. Hkomslas Sabat, piéseulée par M. Berquercl.
Grâce à la grande obligeance de M. Curie, qui a mis toutes les ressources
dont j'avais besoin à ma disposition, j'ai fait un grand nombre d'expériences
relatives à l'action des rayons du radium sur la résistance électrique de
différents métaux comme le cuivre, le fer, l'acier, le platine, le laiton, le
maillechort et le bismuth.
Pour mesurer des résistances je me suis servi d'un dispositif avec un poul Wlieal-
stone-Kirchboir et un galvanomètre à miroir suffisamment sensible.
M. Cuiie a mis à ma disposition la plus forte préparation de radium de sou labora-
toire, c'est-à-dire 08,2 de bromure de radium pur enfermé dans une ampoule eu verre
à paroi mince.
Les résistances des différents fils métalliques (épaisseur des fils o""",i-i""") étaient
enroulées sur des tubes de papier mince (diamètre du tube o^'.ô), et la bobine sou-
mise à l'action du rayonnement du radium en plaçant l'ampoule contenant le radium
dans 1 intérieur du tube.
(') Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 679.
(-) Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 129.
SÉANCE DU 6 MA.RS iqo.'î.
64:
Pour mesurer l'action des rayons du radium sui- la résistance du bismuth, j"ai em-
ployé une spirale de bismuth comprise entre deux himes minces de mica. L'épaisseur
du disque, composé de deux lames de mica et de la spirale de bismuth qui y était inter-
calée, était de o^^jy. La spirale de bismuth était soumise à Tinfluence des rayons
du radium en mettant l'ampoule contenant le bromure de radium sur le disque de mica
placé horizontalement et recouvert d'une feuille de papier mince.
Toutes les expériences ont été disposées de telle façon que les fils métalliques ont été
soumis à l'action d'une partie considérable des rayons p et •( émis par le bromure de
radium.
Dans les expériences où les fils métalliques étaient soumis à l'action du radium pen-
dant un temps plus long, on ne pouvait pas éviter une communication de chaleur aux
fils métalliques par le radium. Je me suis convnincu, par différentes expériences
comparatives, que les élévations de température des fils des bobines et de la spirale de
bismuth, produites par la communication directe de la chaleur émise par le radium,
pouvaient être au maximum o", 3 à o",4 C.
Les tableaux suivants contiennent quelques-uns des résultats obtenus :
Hcsislance (/■) d'un /il de fer (épaisseur du fil : <>""". i I.
Résistance initiale à i6°, 8 C 'l.'^o
r immédiatement après avoir soumis la Ijubiiie a
l'action du radium 'l-GSg
;■ après 5 minutes dexposilion '1.676
r .> 3o secondes après avoir éloigné le radium. 45'*4
r « 3 minutes après avoir éloigné le radium. :i,6'i4
Maximum de variation de la résistance: Ar = o"''"",o36,
ce qui fait 0,776 pour 100 de résistance initiale et corres-
pondrait à une élévation de température M — l'fii C.
[Coefficient de température du fer: a = o.oo'iS (Preece).]
Hésistance {r ) d'un fil de platine (épaisseur du fil : o""" ,1) .
Késislance initiale à 16", iC 8,180
/■ inimédiatemcnt après avoir soumis la bobine à
l'action du radium 8, 188
/■ après 6 minutes d'exposition 8.ini
/■ )> 1 minute après avoir rlMl:;ii.> !,■ r.idiuin. H.190
/■ " 5 minutes après avoii 1-lni;:]!.- le i.idiiiin . 8,iSi
Ma.vimum de variation de la résistance : Ir = o<''"",o2i,
ce qui fait - pour 100 de résistance initiale et corres-
pondrait à une élévation de température: A^ = o"',7iC.
[Coefficient de température du platine : a = o,oo365
(.Matlhiesstn)!
{/•) d'un fil de mailleclwrt
(épaisseur du fil : o°"",i).
Résistance initiale à 16°, 5 C '',')H
;• immédiatement après avoir soumis la bobine a
l'action du radium 6,546
7- après h minutes d'exposition 6,55o
/■ ). 3o secondes après avoir éloigné le radium. 6,548
;■ )i .1 minutes après avoir éloigné le radium. 6,545
Maximum de variation de la résistance : A;- = o''''",oo6,
ce qui fait 0,092 pour 100 de résistance initiale et corres-
pondrait à une élévation de température M = 2°,56C.
[Coefficient de température du maillechort : a = o,ooo36
)•]
Mattli
llesistance ( r ) de la spirale de bis
nilli.
liésistance initiale à 16° C 25, 018
;■ immédiatement après avoir soumis la spirale
à l'action du radium 25,o45
/• apris 5 minutes d'exposition 25,o8g
r >' 3o secondes après avoir éloigné le radium. 25,o5i
/• >. 4 m'iutes après avoir éloigné le radium. 25,021
Maximum de variation de la résistance: Ar = o°'"",07i,
ce ijui fait 0,284 pour 100 de résistance initiale et corres-
pondiait à une élévation de température It = o°,S C.
[Cocflic ient de température du bismuth ; « = o,oo357
, MallI.K-ssen).]
Les valeurs et les variations des résislances des différents fils métalliques
646 ACADÉMIE DES SCIENCES.
semblent dépendre de plusieurs conditions des expériences, telles que :
dimensions du fil, pouvoir absorbant pour les rayons Becquerel, chaleur
spécifique et conductibilité thermique, coefficient de température de résis-
tance électrique du métal, etc.
D'après un grand nombre de Tableaux semblables aux précédents, on
peut tirer les conclusions suivantes :
1° Le bromure de radium, placé à proximité de fils métalliques tels que
le bismuth, le fer, l'acier, le cuivre, le platine, le laiton, le maillechort, aug-
mente leur résistance électrique;
2° Une certaine augmentation de résistance des métaux se produit déjà
immédiatement après les avoir soumis à l'action des radiations du radium,
c'est-à-dire quand la température des métaux ne peut pas encore être éle-
vée d'une façon perceptible par la communication directe de la chaleur
émise |>ar le radium. Lorsqu'on maintient le radium pendant un temps plus
long à proximité des fils métalliques, leur résistance augmente jusqu'à une
valeur à peu près constante; lorsqu'on éloigne le radium, les métaux
reprennent lentement la résistance primitive.
3" La variation de la résistance va jusqu'à une valeur quelquefois plus
grande que celle qui pourrait être produite par la communication directe
de la chaleur aux fils métalliques par le radium.
4° En me basant sur les points précédents (i°, i°, 3°) je conclus que
les métaux absorbant les rayons Becquerel et principalement (dans mes
expériences) les rayons p, transforment une partie de l'énergie de ce rayon-
nement en énergie calorifique qui, élevant la température des métaux,
augmente leur résistance électrique.
Cette conclusion est d'accord avec nos idées sur les rayons p, parce qu'il
est plus que probable que les électrons de ces ravons, qui possèdent une
grande énergie cinétique, en frappant les molécules des métaux, élèvent
leur tenqîérature ainsi que le font les rayons cathodiques, auxquels les
rayons p sont analogues. Les rayons ^ en frappant les métaux élèvent
leur température beaucoup moins que les ravons cathodiques, parce que
le pouvoir absorbant des métaux pour les rayons p est moindre que celui
pour les rayons cathodiques.
SÉANCE DU 6 MAliS 1905. 647
ÉLECTRICITÉ. — Contribution à l'étude de l'ionisation dans les flammes.
Note de M. Pierre Massoi'i.ier, présentée par M. J. Violle.
De nombreuses recherches ont déjà été entreprises sur l'ionisation dans
les flammes par divers expérimentateurs, notamment par H. -A. Wilson,
Marx, Morean (' ); mais, outre que les flammes pures ont été souvent dé-
laissées au profit de flammes contenant des vapeurs salines, les conditions
dans lesquelles ont été faites les expériences rendent parfois difficile l'in-
terprétation des résultats obtenus. Par exemple, dans les expériences de
H. -A. Wilson et Marx, les électrodes sont des toiles de platine horizontales
disposées l'une au-dessus de l'autre dans la flamme; la vitesse du courant
gazeux ascendant, de même ordre de grandeur que la vitesse de déplace-
ment des ions, introduit une dissymétrie considérable, exagérée par la dif-
férence de température aux électrodes, l'électrode la plus élevée étant né-
cessairement moins chaude. Cette dissymétrie est mise en évidence par les
résultats différents obtenus quand on renverse le champ : en particulier les
courbes de répartition du champ changent complètement d'aspect et les
écarts entre les résultats obtenus par H. -A. Wilson et Marx peuvent, en
grande partie, s'expliquer par des considérations de cet ordre.
Les résultats sont beaucoup plus réguliers quand on emploie des élec-
trodes verticales disposées symétriquement dans la flamme. Celles-ci sont
alors, à très peu près, à la même température et dans les mêmes conditions
et le renversement du champ n'altère plus du tout l'allure des phénomènes.
1. Les électrodes étaient à 2"^" au-dessus du bec, de iq"™ ou de 16"""' de diamèlre,
portant à son extrémité une toile métallique en cuivre. J'iii employé soit une grande
flamme blanche, éclairante, contenant des jiarticiile'. de carbone incandescent, snil une
flamme bleue sans particules de carbone mais sans cône, soit enfin une flamme très
chaude avec un cône vert de 5""™ de hauteur. Dans ces diverses conditions, avec des
difTérences de potentiel de 2, 4, 88, 880 volts, alors (|ue la distance des électrodes va-
riait de I™"' à 10""", 12"'" et même 24'"'", l'intensité du courant recueilli s'est montrée
sensiblement indépendante de cette distance :
Flamme blanche. Écartement : 2"»"'
F. E. M. = 88 volts. Courant : 3o
F. E. M. =880 volts. » i52 I
(') H.-A. Wilson, Phil. Trans., A., l. CXC
der Physik, t. II, 1900, p. 7(18. — Moreau, Annales de Phys. et CInmie, 7» séri
t. XXX, 1908, p, 1.
8mm ,2mn,
jgmm 201.11
„. 24,..,,.
53 65
46 35
'9
i3o 275
219 176
96
99. P- 499-
- Makx,
Annalen
Flamme ble.ie.
Ecarte ment : lo"""
S""
„ (yl
F. E. M. = 2 volls.
Courant : 97
io3
100
F. E. M. ^88 volts.
» 21
■!1
ïi
648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
, jinni ,,nm 5mm ,Qmm
90 89 99 loi
20 19 24 20,5
Enfin avec la flamme très chaude présentant un cône vert et une diflTérence de po-
tentiel de 88 volts, la déviation du galvanomètre (') s'est maintenue entre 3 ou ^ di-
visions alors que la distance des électrodes variait de i""" à 12™™.
Comme on le voit, les variations d'intensité du courant n'ont rien de bien svstéma-
tique et doivent plutôt être attribuées au manque d'homogénéité de la flamme que
décèlent les changements de couleur des électrodes quand on les déplace depuis le
centre jus(|u"au bord. C)r le professeur J.-J. Thomson (-) a montré que, dans le cas
d'une ionisation superficielle qui serait due au\ lames de platine à température et à
différence de potentiel constantes, quand on est assez loin de la saturation, le courant
doit être inversement proportionnel au cube de la distance des électrodes.
Remarquons que, quand on remplace Im flainme bleue formée de gaz en
combustion par la flamme à cône, plus chaude, mais forméede gaz presque
complètement briilés, toutes les autres conditions restant les mêmes, la
déviation du galvanomètre passe de 20 à 4. ce qui montre, comme je l'ai
indiqué dans une Note précédente ('), que l'ionisation intense dont les
flammes sont le siège dépend non seulement de leur température, mais
des réactions qui s'y produisent.
II. Si l'ionisation est réellement un phénomène de volume, la quantité
d'ions libérés par seconde est proportionnelle à la distance des élec-
trodes. Si l'on pouvait obtenir les courants de saturation, ils devraient donc
être proportionnels à cette dislance. F/expérience montre que cette loi
de proportionnalité ne se vérifie pas, mais nous savons déjà qu'on ne peut
pas obtenir, dans les flammes, de véritable courant de saturation; d'autre
part, l'étude de la répartition du champ permet d'élucider complètement
la question : les résultats .sont représentés par les courbes ci-contre.
Avec des différences de potentiel de 2 ou 4 volts et des électrodes à 8°"" ou 10™"'
l'une de l'autre, le champ est tout entier localisé au voisinage immédiat des électrodes
dans des couches qui n'ont pas plus de \ miliimètie d'épaisseur chacune. Dans presque
tout l'espace compris entre les électrodes, le champ est insignifiant, de sorte que les
ions produits dans cette région ne peuvent jjas augmenter rinleii-ilé du coûtant ; la
recombinaison y équilibre à peu piés la proiluction et l'état électrique y est seiisi-
(') Une division de Féchelle vaut 2 X io~" ou 3, i x 10 ^, suivant qu'on opère avec
2 ou avec 88 volts.
('-) J.-J. Thomson, Conductian of elcclricily Ihroiigh gases, p. 17.5.
(■') Comptes rendus, 23 janvier 1900.
SÉANCE DU 6 MARS iqoS.
649
blement le mèiiie qu'en l'absence île toute dilTrience de potentiel appliquée aux élec-
trodes. 11 est donc indiflerent que l'épaisseur de cette région soit o"'" ou 10""".
Avec des dilTérences de potentiel beaucoup plus élevées, de 88 volts par exemple, la
chute de potentiel à l'anode est relativement faible, de l'ordre de 3 volts, mais à la
cathode, elle est énorme, de l'oidre de 02 volts sur l millimètre, de sorte que, dans la
1^
~- —
r.^.j,
^^r
"^
~^
^~-
. ^
^&=-
«f^^.
T "t — — ^
région centrale, le champ est encore ou nul ou faible. Ainsi que la théorie d'une
ionisation en volume permet de le prévoir, on ne peut donc pas appliquer effectivement
un champ intense à cette région centrale dont l'épaisseur ne doit, par conséquent, pas
avoir d'effet marqué sur le courant recueilli.
La dissymétrie constatée entre la cathode et l'anode tient à la difTérence des mobi-
lités des ions qui croît avec la température, et le fait que de pareilles chutes de poten-
tiel se produisent aux électrodes ne doit pas nous étonner, car l'ionisation dans les
Ilammes est extrêmement intense : les résultats i[ue j'ai obtenus permettent de calculer
que chaque centimètre cube de la région centrale renferme au moins 10'" ions de
chaque signe.
RADIOLOGIE. — Variations de l'étincelle équivalente du tube à rayons X.
Noie de M. S. Tukchisi, présentée par M. d'Arsonval.
On sait toute l'iinporlance que présenle en radiologie la connaissance
de l'étincelle équivalente d'un tube à ravons X. En faisant des radiogra-
phies au radiochromomètre de Benoist, on a pu s'assurer que, si un tube
a même étincelle équivalente, le degré du radiochromomètre est toujours
le même. Cette donnée nous renseigne donc d'une façon très précise sur
la nature des rayons émis.
J'ai cru intéressant d'étudier systématiquement les diverses conditions
G. R., igoS, 1" Semestre. (T. CXL, N° 10.)
83
65o ACADÉMIE DES SCIENCES.
suivant lesquelles elle varie, et j'ai vu que les constantes électriques du cir-
cuit, intensité, bobine employée, et fréquence de l'interrupteur avaient
une influence très grande sur cette variation.
La bobine était actionnée par l'inlerriipleur-iur])iiie à mercure; dans le circuit du
tube était intercalé un milliampèremètre, dont l'un des pôles était h la terre pour éviter
les effets électrostatiques.
J'ai opéré avec des fréquences mesurées de la façon suivante :
Sur l'axe de l'interrupteur-turbine avait été adapté un disque stroboscopique formé
de quatre couronnes présentant des secteurs équidistants et égaux, alternativement
blancs et noirs. La couronne du centre avait deux secteurs, la suivante quatre, la troi-
sième huit, et la quatrième seize.
Le disque stroboscopique était éclairé par une étincelle de baule fréquence, produite
par une petite bobine auxiliaire, actionnée au moyen de l'interrupteur à diapason de
Villard, donnant quarante-deux interruptions par seconde. On avait ainsi quarante-deux
trains d'ondes par seconde, ce qui permettait de mesurer facilement quatre fréquences
de l'interrupteur, et de s'assurer à tout instant de la constance de la vitesse, en vérifiant
si l'immobilité apparente des couronnes du dis(]ue stroboscopique persistait.
J'ai pu ainsi déterminer les variations de l'étincelle équivalente en fonction : i" de
l'intensité; 2° de la bobine employée; 3" de la fréquence de l'interrupteur.
Variations de l'étincelle équivalente en fonction de l'intensité, — On sait depuis
longtemps qu'en augmentant l'intensité au primaire d'une bobine d'induction, l'étin-
celle équivalente du tube à rayons X augmente, mais aucune détermination un peu
précise n'a été faite à ce sujet, et ne pouvait être faite utilement, car on ne savait pas
quelle était l'intensité du courant qui circulait dans le tube, qui seule est importante
à connaître. L'emploi du milliampèremètre, fait pour la première fois par M. Gaiffe, a
rendu le travail facile.
On obtient ainsi :
Étincelles
Intensités. équivalentes.
,3mÂ.
10,5
On voit que l'étincelle équivaienle ci oit j)l(is vite que l'intensité.
Variations de l'étincelle équivalente avec deux bobines différentes. — Je me suis
adressé pour cette étude à deux bobines : l'une de 23'^" d'étincelle et l'autre de /iS""-
Toutes les deux étaient actionnées par l'interrupteur-lurbine à mercure, donnant dans
une première expérience 63 interruptions par seconde, et dans une seconde 3i inter-
ruptions. Dans l'un et l'autre cas, pour l'une et l'autre bobine, l'intensité au secondaire
a été de o,4 railliampère.
SÉANCE DU 6 MARS i9o5. 65 1
Voici les nombres obtenus ;
63 intetruplions par seconde. 3i interruptions par seconde.
Étincelles. Étincelles.
Petite bobine 9 Petite bobine 12
Grosse bobine 7 Grosse bobine 7, .5
Toutes choses égales d'ailleurs, l'élincelle équivalenLe d'un tube excité
par une bobine à grosse self est |)lns faible que lorsqu'il est excité j3ar une
bobine à petite self, et la différence s'accentue à mesure que la fréquence
de l'interrupteur devient plus basse.
Variations de l'étincelle équivalente en fonction de la fréquence de l'interrup-
teur. — Les fréquences ont été de i5, 3i, 63 et 126 interruptions par seconde; l'inten-
sité au secondaire était de o, 5 milliarnpère.
Fréquences. Étincelles équivalentes.
1 5 par seconde 8
3i » 6,5
63 » 4
126 » 2,5
En traçant la courbe de celte variation on verrait que l'étincelle équi-
valente tend vers une limite à mesure que la fréquence augmente.
Autres causes de variation de l'étincelle équivalente. — Pour les détermi-
nations précédentes, le tube à rayons X était placé à taie certaine distance
de l'excitateur qui servait à mesurer son étincelle équivalente.
M. Guillaume m'a fait remarquer que, par suite de phénomènes d'an-
tenne, l'étincelle pourrait bien ne pas être la même si le tube était placé
'tout contre l'excitateur. Des mesures faites dans les deux cas, toutes choses
égales d'ailleurs, ont montre que l'étincelle étant de 12"^'", quand le tube
était placé à grande distance de l'excitateur, n'était plus que de ii"^""
quand il était tout contre. La différence est donc trop faible pour modifier
les résultats signalés plus haut, et tient uniquement à des conditions de
circuit.
J'ai vu d'ailleurs qu'en interposant entre le tube et l'excitateur un écran
de plomb, qui supprime l'action des rayons X sur les gaz où se fait la
décharge par étincelles, il n'y avait aucune modification sensible. On ne
peut donc incriminer, pour ces diverses causes, l'ionisation de ceux-ci par les
rayons de Rœntgen.
D'autre part deux radiographies du radiochromomètre de Benoist ayant
C52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
élé failes clans les deux positions du tube, à intensité constante et même
temps de pose, ont montré que le degré de l'appareil était le même dans
les deux cas.
PHYSICOCHIMIE. — Sur le temps que la précipitation met à apparaître dans les
solutions d' hyposulfite . Note de M. Gaston Gaillard, présentée par
M. J. Violle.
De nombreuses observations faites sur le temps qu'il faut compter pour
voir se produire l'opalescence dans les solutions d'hyposulfite lors de la
précipitation de ces sels par les divers réactifs qui la déterminent nous
ont permis de mettre en évidence les résultats suivants :
I. En faisant varier uniquement la concentration de la solution du sel et en lui
donnant des valeurs de plus en plus faibles, si l'on porte en abscisse l'intervalle de
temps qui s'écoule entre l'instant où l'on verse le réactif (acide, chlorure, etc.) et celui
de l'apparition du trouble, et en ordonnée la valeur de la concentration, on obtient
une courbe qui, dans les cas étudiés, a l'allure d'une logarithmique descendante dont
l'asymptote est parallèle à l'axe des temps et semble assez voisine de lui. En faisant
varier la dilution du réactif on obtient des courbes différentes qui s'étagent, comme le
mon Ire, par exemple, la figure ci-joinle établie d'après les chiffres que nous donnons
ph
is bas pour mon
trer 1
"ordre de grandeur
des variatio
ns
observées.
ColiceriLlalio
de la
solution de S=0-
"
Sol
ulion d'acide (
,lique
'i\a-'.
normale.
déci normale.
ccntinormale.
fia
■3»«,5
4-, 2
4-,8à5-
.2
I o^'^^S 5
I2-S5
15"- à 16^-
T^
6-s 5
8'"% 5
1 2"'^
2osec
28sec à So^ec
1000
,3sec à ,4-
18-' à 19"-
.5o^«
^-h
26"-
3;»-
i'",5o à a""
_L!L
I™ à i™,5
i™,5
6'" à 7"
II. Quand on fait réagir successivement les composés que donne un même corps ou
des corps ayant des jjropriétés voisines, on obtient généralement des courbes qui
s'étagent d'une façon régulière.
a. Ainsi, en traitant l'hyposulfite de soude par les acides hypochioreux (au moins
pour les concentrations moyennes, car pour les solutions étendues le phénomène devient
plus complexe), chlorique à 20° B. et perchlorique à 3o° B., 4o° B. et 55° B., on a des
courbes analogues, et la plus basse est celle qui correspond à l'acide perchlorique le
plus concentré.
SÉANCE DU 6 MARS
[qo3.
e.'îs
h. Eln emplovanl les acides chlorhydrique à ■>.?." B., biomhydrique à 4"" î^- et
iodliydrique à So^B., les courbes se superposeut dans l'ordre où l'on a l'iiabilude de
ranger ces acides d'après le poids atomique de leur métalloïde, la plus basse corres-
pondant à HCI.
Temp
c. En opérant avec un même acide HCI pur à 22° B. sur les hyposulfites d'ammo-
niaque, de soude, de strontiane, on obtient des courbes qui se superposent encore dans
l'ordre des poids moléculaires, la plus basse correspondant à Fhyposulfite d'ammo-
niaque. Quant à l'hyposulfile de potasse, il ne semble pas se comporter d'après la
même loi, et la faible différence qu'il manifeste avec l'hyposulfite de soude ne permet
pas une comparaison exacte.
III. Si, pour un même volume de solution d'liy|)0sulfile de soude de concentration
connue, on met en présence des quantités du )j1u-. en plus grandes de réactif, l'appari-
tion de la précipitation est relardée. '
a. Avec HCI pur à 22° B., le retard croît d'abord lentement, puis de plus en plus
b. Avec HCI en solution normale, bien que le temps soit d'abord plus grand pour
les volumes les plus petits, le retard croît cependant beaucoup moins vite, en sorte
que, pour les volumes les plus grands la précipitation apparaît plus tôt qu'avec l'acide
pur et se produit selon des lignes presque droites.
IV. Les corps mélangés à la solution du sel ou des réactifs ont une
action sur le temps que le précipité met à apparaître.
a. Si l'on mélange des quantités croissantes de soude normale à une
solution d'hyposulfite de soude à i5 pour 1000 et qu'on verse ensuite 2°°'
de HCI pur à 22° B, la précipitation est de plus en plus retardée et arrive
même à ne plus se produire.
654 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au contraire, si l'on verse la solution normale de soude à des intervalles
de temps déterminés après le réactif, l'apijarition de la précipitation se fait
plus rapidement pour des quantités croissantes de la solution alcaline (' ).
Dans ce cas, comme au reste dans d'autres, il serait intéressant de pouvoir
tenir compte de la quantité du précipité formé dans le même temps.
b. Si l'on mélange du sulfite de soude à la solution d'hyposidfite et que
l'on porte en ordonnée la quantité de celle-ci par rapport à celle de sulfite
de soude et en abscisse le temps, on obtient des courbes rappelant celles
que l'on avait avec les dissolutions aqueuses de plus en |)lus étendues d'un
même réactif, et, indiquant un retard •de plus en plus considérable dans la
formation du précipité avec HCl (-).
c. Si l'on dissout les différents chlorures, bromures, iodures, solubles
dans l'hyposulfite de soude, on constate que :
1° D'une façon générale l'adjonction de ces sels retarde l'apparition de
l'opalescence;
2° Pour certains métaux l'action retardatrice du chlorure est moindre
que celle du bromure et celle du bromure moindre que celle de l'ioduredu
même métal ;
3° Pour ime sorte de sels donnée, l'action retardatrice paraît d'autant
plus grande que le métal occupe un rang plus élevé dans la famille où l'on
a l'habitude de le ranger. Ainsi agissent, par exemple, les chlorures de Mn,
Ni, Co, dont les temps sont très voisins, les chlorures de Mg, Zn, Cd. Ici,
toutefois, la progression est interrompue et se complique d'une modifica-
tion du phénomène : le temps augmente encore du magnésium an zinc,
mais à partir du cadmium le chlorure détermine, comme on le sait, de
lui-même, la précipitation, et le chlorure de mercure beaucoup plus vite
que celui de cadmium. Il en est de même avec les bromures et iodures de
ces mêmes métaux, et aussi avec les iodures doubles de Cd etR, de Hget R.
d. Inversement si l'on opère avec un corps soluble, comme le sulfate de
soude, dans la solution du réactif et la solution du sel :
1° Entre une solution sulfurique normale pure et une autre contenant
^IIj de sulfate, il n'y a pas de différence bien sensible;
2° Avec une solution sulfurique norm de et une solution d'hyposulfite de
soude à T^ contenant -^ de sulfate, il v a un retard considérable.
(') MoissAX, Traili- de Chimie minérale, 1904, t. 1, p. 388.
{'-) OsTWALD, Eléments de Chimie inoi'ganicjue, trad. L.
. 352-353.
SÉANCE DU 6 MARS I9o5. 655
3° En opérant avec le réactif et la solution contenant tous deux du sul-
fate, le retard dans l'apparition du précipité est voisin du précédent, mais
toutefois moindre.
V. Si l'on dilue une solution aqueuse d'hyposulfite de soude à 5o pour looo
successivement avec différents dissolvants, eau, glycérine, ou avec de l'al-
cool, les temps comptés avant l'apparition du précipité par H Cl sont diffé-
rents, et pour des dilutious égales le temps augmente à partir d'une cer-
taine proportion, de l'eau à la glycérine et de lu glycérine à l'alcool.
ÉLECTROCHIMIE. — Sur la dissohuion élect/v/ytù/ue du platine dans l'acide
sulfuricjue. Note de MM. André Brochet et Joseph Petit, présentée par
M. Moissan.
Nous avons étudié précédemment la dissolution du platine dans les cya-
nures sous l'action du courant alternatif (' ) et avons établi que cette disso-
lution résultait d'une pulvérisation de l'électrode agissant comme cathode
du fait de la formation d'un alliage. Cet alliage décomposé par l'eau laisse
le platine dans un état physique tel qu'il se dissout spontanément dans le
cyanure (^).
Depuis, nous avons remarqué que la quantité d'hydrogène qui se dégage
est considérable et représente jusqu'à lo ou i5 fois celle qui correspond à
la dissolution du platine. Il y a donc une oxydation importante du cyanure
atteignant, dans les conditions de nos essais, environ 5o pour loo de la
quantité d'électricité fournie à l'appareil.
Dans un autre ordre d'idées, M. Ruer a montré que le courant alternatif
provoque la dissolution du platine dans l'acide sulfurique si l'on ajoute un
oxydant ou si l'on superpose l'action du courant continu en utilisant les
deux électrodes comme anodes d'un autre système (').
Étant donné que dans aucun cas le platine ne se dissout du fait du courant continu,
Ruer admet que le courant alternatif a une action spécifique et que la dissolution du
(') Anuké Bbochet et Joseph PErrr, Comptes rendus, t. CXXXVIII, iyo4, p. logS
et i42i.
(2) ÀNDUfc HiiOtiiEV et Josiii'iJ Petit, Ann. de Chiin. et de Phys., 8" série, t. III,
1904, p. 433.
(') R. Ruer, Zeitscli. f. Elektroch., t. IX, 1900, p. 233 e\. Zeitsch. f. phys. Chetn.,
l. XLIV, 1908, p. 881.
656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
platine est due à la formation sur l'électrode agissant comme anode d'une couche hypo-
tiiélique d'un o\yde supérieur du platine également hypothétique et insoluble dans
l'acide sulfurique. Cet oxyde est réduit partiellement pendant que l'électrode agit
comme cathode, l'oxyde qui en résulte est alors susceptible de se dissoudre dans
l'acide sulfurique concentré et l'hydrogène en excès se dégage.
Cette hypothèse ne reposant sur aucun fait précis nous a paru discutable et nous
avons indiqué, a priori, que la théorie que nous proposions pour le cas du cyanure
pouvait s'appliquer à celui de l'acide sulfurique.
Une réplique de M. Ruer (') nous a amenés à étudier en détail la léaction en utili-
sant, comme nous l'avions fait dans le cas du cyanure, le courant redressé fourni par
une soupape électrolytique.
Nous avons alors constaté que le platine se dissout à l'anode, la solution se colore du
fait de la formation de sulfate et le métal se dépose à la cathode. L'addition d'un oxy-
dant, loin de favoriser la dissolution du métal à l'anode, atténue au contraire celle
dissolution; par contre elle empêche la précipitation du platine à la cathode, la réduc-
tion portant sur rox.ydant.
La dissolution du platine n'est donc pas une action spécifique du courant alternatif,
elle est propre au courant à intensité variable.
Dans le cas du courant alternatif, nous avons observé également une réduction im-
portante de l'oxydant; c'est ainsi que, pendant un essai, une solution d'acide sulfu-
rique renfermant 9,5oS par litre d'acide persulfurique est passée à loos par litre, avec
un rendement moyen de 70 pour 100 environ. Résultat du même ordre de grandeur
que ceux obtenus, dans des conditions aussi voisines que possible, soit avec le courant
continu, soit avec le courant redressé.
Si l'on comjjare les quantités d'électricité mises en jeu, on }■ voit que la dissolution
du platine dans l'acide sulfurique est très faible vis-à-vis de la réduction de l'oxydant.
D'autre part, nous avons établi la cause de la dissolution du platine dans l'acide
sulfurique lorsque l'on superpose l'action anodique du courant continu à l'action du
courant alternatif. C'est encore à la variation de la densité du courant que l'on peut
attribuer l'attaque du métal.
Ces essais établissent donc d'une façon bien nette que, contrairement à ce qui se
passe avec les cyanures, la dissolution du platine dans l'acide sulfurique est due à une
réaction de l'anode. Sauf ce point, tous les faits que nous venons de passer en revue
sont en contradiction formelle avec les hypothèses de Ruer.
Dans un Mémoire plus détaillé, nous donnerons nos conditions d'expériences; résu-
mons ici les résultats de la présente série de recherches.
Conclusions. — 1° Le courant à intensité variable provoque la disso-
lution du platine dans l'acide sulfurique.
2° Le courant alternatif n'a pas d'action spécifique du fait du chan-
gement de sens du courant, et les résultats que l'on observe corres-
pondent à la résultante des phénomènes anodique et cathodique.
(') R. Ruer, Zcilscli.J. Elektroch., t. XI, 1906, p. 10.
SÉANCE DU 6 MARS igoS. 657
3° Sans oxydant, la dissolution du métal agissant comme anode, et due
à la variation d'intensité, est contrebalancée exactement par la précipi-
tation sous forme de noir de platine.
4" IjH présence d'un oxydant n'a nullement pour effet de permettre la
formation d'un oxyde supérieur de plaliae, ni même de favoriser sa disso-
lution, il empêche simplement la réduction du sel de platine du fait de sa
propre réduction, de sorte que le métal reste en solution. Naturellement,
la concentration du platine dans la solution est limitée, et l'on arrive à un
état d'équilibre variable suivant les conditions de l'expérience.
5° Si, dans l'électrolyse de l'acide sulfurique seul, on superpose au cou-
rant alternatif l'action du courant continu, la dissolution se fait par un
processus anologue, et le métal entré en solution pour une quantité donnée
d'électricité anodique résultant de l'action combinée des deux courants ne
sera que partiellement déposé par la seule action cathodique du courant
alternatif. L'action absolue du courant alternatif est nulle, et le courant
continu à intensité constante se comporte comme s'il était transformé en
courant continu à intensité variable.
CHIMIE MINÉRALE. — Propriétés physiques comparai ii^es du cobalt
et du nickel purs. Note de M. H. Copaux, présentée par M. Moissan.
Les données actuelles sur les pro|jric'tcs physiques du cobalt n'ont
aucune certitude. Exception faite pour l'excellent travail de M. Tilden sur
la chaleur spécifique ('), les nombres antérieurs se rapportent à des mé-
taux pris sous des états d'agrégation physique variables (mousses, métal"
forgé, métal fondu) et de pureté chimique inconnue. Or le mode de pré-
paration a, pour l'exactitude du résultat final, une importance autrement
grande que la sensibilité des mesures proprement dites.
J'ai repris l'étude de cette question en opérant sur du cobalt fondu, dont
la pureté a été contrôlée par analyse.
En outre, bien que nos connaissances sur le nickel soient plus précises,
j'ai tenu à comparer, sur des données personnelles, deux éléments aussi
voisins : ce sont les résultats de cette comparaison que je présente ici.
Purification du cobalt. — J'ai transformé jle chlorure de cobalt commercial en
(') Tilden, Trans. Roy. Soc, t. CCI, igoS, p. 87.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 10.) 84
658 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chlorure pentaminecobaltique. Après double préoipitation, ce sel est exempt de nickel
ou, plus exactement, il en renferme des dix-millièmes, que la photographie spectrale
seule m'a permis de retrouver. 11 est ensuite converti en oxalate cobalteux et celui-ci,
calciné dans une atmosphère d'hydrogène, abandonne du cobalt en mousse compacte.
Purification du nickel. — Le chlorure de nickel commercial est débarrassé de
cobalt par addition de nitrite de potassium en excès et saturation par l'anhydride
azoteux. Dans de telles conditions, le cobalt est éliminé très complètement; j'en ai
difficilement retrouvé des traces par le nitroso-p-naphtol ('). Le nickel est précipité
dans les eaux mères à l'état de chlorure ammoniacal, NiCl^.ôAzH', puis converti en
oxalate et enfin en métal.
Fusion des métaux. — S'il est relativement simple de purifier le cobalt et le nickel,
il est moins facile de les fondre sans les altérer.
Le cobalt, chauffé sans précautions particulières, s'oxyde énergiquement. Bien qu'il
dissolve assez peu son oxyde, il forme une masse pâteuse, qui ne se rassemble pas, à
la température de fusion du métal. Chauffé dans l'hydrogène, il fond régulièrement,
mais il absorbe un certain volume de gaz, qu'il restitue en se solidifiant : on retrouve
au sein du lingot des bulles emprisonnées.
J'ai tourné la difficulté en opérant comme il suit : la mousse métallique est chauffée
au four de Fletcher, dans un creuset de silicate d'alumine, brasqué à l'aluminate de
chaux. Un courant d'hydrogène purifié arrive par le fond de l'appareil ; je l'interromps
immédiatement après fusion et je laisse refroidir. Le lingot obtenu, pesant 3o8 à 5o§,
n'est oxydé qu'à la surface; il est sain et forgeableau rouge, condition très importante
pour façonner les barrettes propres à la mesure de la résistivité électrique et des pro-
priétés mécaniques.
Cette manière de faire n'est pas applicable au nickel. Le nickel, en efiet, a la pro-
priété de dissoudre son oxyde, en l'amenant à l'état de Ni'O, tout comme le cuivre
dissout le sien, à l'état de Cu^O. En interrompant le courant d'hydrogène pendant
la solidification, le métal se réoxyde dans la masse et ne se martèle plus, même au rouge,
sans gerçures profondes.
Si l'on maintient l'afflux d'hydrogène, le nickel est pur, mais il a pour ce gaz une
grande affinité et roche abondamment. On peut, sans inconvénient, mesurer sur de tels
échantillons la chaleur spécifique et même la densité, mais non plus la résistivité et la
charge de rupture.
Pour déterminer ces valeurs sur le nickel, j'ai pris, à défaut de barreaux fondus,
des baguettes de mousse comprimée à la presse hydraulique, forgée, tournée, puis
recuite dans l'hydrogène.
Propriétés. — En somme, le cobalt et le nickel fondus, à l'état de pureté où j'ai pu
les obtenir, renferment ^^ à ^J^ de métalloïdes, dosés comme résidu de la disso-
lution du métal dans le chlorure de cuivre et de potassium.
Ce sont des métaux magnétiques, très cristallins, non malléables à froid, assez dif-
férents pour qu'on les distingue au premier coup d'œil : le cobalt est brillant et blanc
d argent, le nickel est gras et terne.
(') H. CoPAUx, Bull. Soc. cil., 3" série, t. XXiX, igoS, p. 3oi
SÉANCE DU 6 MARS igoS. 6D9
Voici, quanl au reste, mes déterminations, auxquelles je joins pour comparaison
les données antérieures, dont l'origine est indiquée dans mes articles Cobalt et Nickel
du Traité de Chimie minérale de M. Moissan.
Valeurs observées. Données antérieures.
'Cobalt. ""^id^ Cobalt. Nickel. Unités.
Densité à iS» 8,8 8.8 7,96-9'5 8,8-9,2 Eauà/l°=i
Dureté .5,5 3,5 ? ? Échelle de Mohr
Point de fusion i53o° i470° lôooo-iSoo" i48o°(')
Chaleur spécifique de
20° à 100° 0,104 0,108 o,io3(-) 0,108^) EauàiSo^i
Résistivité électrique
ào" 5,.ï 6,4 ? 6,9 microhms-cm
Coefficient de tempé-
rature de o" à 20°. o,oo55 0,0061 ? 0,0061
Charge de rupture. . 5.> 42 ''5 go-So kg par ram-
Les valeurs de la charge de rupture doivent être considérées comme de simples
renseignements et non comme des constantes. On sait que les propriétés mécaniques
des métaux sont profondément altérées par les moindres variations moléculaires : une
barrette forgée et recuite ne saurait être assimilée mécaniquement à un lingot fondu.
Je réserve d'ailleurs, pour un Mémoire plus détaillé, tout ce qui concerne le choix des
méthodes et la discussion de mes résultats.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du permanganate de potassium sur les sels
d'hydroxy lamine {nitrate, phosphate, arséniate). Note de M. L.-J. Simon,
présentée par M. Moissan.
Lorsqu'on fait agir sur une solution neutre de nitrate d'hydroxylamine
une solution décinormale de permanganate, celui-ci est décoloré; on voit
apparaître un précipité brun d'oxyde de manganèse qui se redissout par
agitation. Des que l'on ajoute une certaine quantité de permanganate, ce
précipité cesse de se dissoudre, ce qui fait apparaître une teinte jaunâtre
assez facile à saisir.
L'oxydation de l'hydroxylamine est alors complète et peut alors être
représentée par l'équation
2Mn0-K + 5NO'HNH=0H = 2[(N0»)-VInj-f-2N0»R + 2N=O+ioH=O.
(') HoLBORN et WiEN, Wiedemann's Anii., t. LVI, iSgS, p. 36i.
(*) TtLDEN, loc. cil.
66o ACADÉMIE DES SCIENCES.
I molécule d'hydroxylamine réduit donc dans ces conditions o™°',4o
de permanganate; nous avons indiqué antérieurement {Comptes rendus,
t. CXXXV, 1902, |). i33g) le même résultat pour le chlorhydrate et le sul-
fate d'hydroxylamine.
La solution obtenue est neutre aux indicateurs colorés; si à ce moment
on acidifie, la teinte jaunâtre du virage précédent disparaît et la liqueur
est capable de décolorer une nouvelle quantité de l'oxydant. L'allure de la
réduction est celle que l'on observe dans le dosage des nitrites et la quan-
tité de permanganate est celle que fournit le calcul fondé sur l'équation
précédente : 2 molécules de nitrite de potassium exigent \ de molécule de
permanganate. Pour i molécule d'hydroxylamine, \\ faut ainsi employer
^ de molécule ou o°"",i6 de permanganate.
Les choses se passent de même qualitativement, mais non quanlitatWe-
ment, pour le chlorhydrate et le sulfate {loc. cit.); la quantité de perman-
ganate qui intervient dans la seconde phase est moitié de ce qu'elle est ici,
soit o'"''',o8 d'oxydant.
Avec le phosphate ou l'arséniate d'hydroxylamine, les résultats sont ana-
logues qualitativement mais quantitativement très différents. L'oxydation
dans la première phase peut être représentée par l'équation suivante pour
le phosphate :
i2MnO^R+ i6(PO''H^3NH^OH)
=4[(PO0'Mn^J + 6PO^H='K-i-2PO'HK=-^2NO=K+4oN+3]N^O-f-89H=O.
Pour l'arséniate l'équation serait identique. On voit qu'une molécule de
permanganate oxyde 4. molécules d'hydroxylamine. Inversement i molé-
cule d'hydroxylamine réduit 0"°', 20 d'oxydant; ce quotient moléculaire
est différent de celui qui correspond aux autres sels d'hydroxylamine (ni-
trate, sulfate, chlorhydrate); c'est le même que pour l'oxalate (/oc. cit.).
Lorsqu'on acidifie, on peut réduire une nouvelle quantité de permanga-
nate, à la vérité fort petite, égale au quinzième de la précéilenle, soit
o^^^oiôG. La nature de l'acide intervient donc dans le procès de réduction
du permanganate j)ar l'hydroxylamine : le pouvoir réducteur total de
l'hydroxylamine passe de o'""', 27 à o""*', 56, c'est-à-dire de i à 2, suivant
qu'elle se trouve à l'état de phosphate et arséniate ou nitrate.
Action du permanganate de potassium en présence d'acides. — Les choses
sont encore beaucoup moins simples si l'on acidifie dès le début. D'une
manière générale le pouvoir réducteur est augmenté. Le pouvoir maximum
semble, dans une certaine mesure, être indépendant de l'acide; il oscille
SÉANCE DU 6 MAHS igoS. 66l
autour de la valeur 0,8 du quotient moléculaire, ainsi que cela résulte du
Tableau suivant que j'extrais de données numériques nombreuses qui
seront consignées ailleurs :
ro""' nitrate (0 = 0,263), 200'™' eau, 18s SO'H^ pur 0,770
i> » 20" PO' H' crist o , 85o
SoniNO^Hpur 0,827
os, 1864 phosphate, 3oo<^"" SO'H- (0 = o,483) 0,802
08,4972 » 200™' eau, 100"'' PO'H' (6 = 1,012) . . 0,808
os,5i48 » loo''"'' eau, 200™' PO'H' (9 = 1,012) . . 0,810
oB,7624 arséniate et acide sulfurique 0,810
Ces valeurs sont beaucoup plus élevées que dans le cas examiné tout
d'abord. Mais, si la teneiu' en acide est trop faible, la valeur maximum n'est
pas atteinte ; il en est de même si la concentration en acide est trop forte.
En outre, la valeur observée dépend de la température et de la vitesse avec
laquelle l'opération est conduite; à'ce point que deux opérations effectuées
successivement dans des conditions identiques à la vitesse près ont fourni
des nombres différant l'un de l'autre du qiiinzième de leur valeur.
Il ne peut donc être question d'utiliser pour le dosage de l'iiydroxylamine
l'oxydation directe par le permanganate en liqueur acide. J'ai proposé anté-
rieurement {loc. cit.) un mode d'emploi beaucoup plus régulier de cet oxy-
dant pour le même but; j'en indiquerai prochainement les conditions et le
degré de précision.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'oxygène qaadrivalent. Note de M. E.-E. Blaise,
présentée par M. A. Haller.
Dans une Communication antérieure, j'ai montré que l'action des
chlorures d'acides sur l'éthéroiodure de magnésium met en évidence la
quadrivalence de l'oxygène dans ce composé et en établit la constitution.
L'expérience montre que le magnésium peut être remplacé par le zinc,
mais les combinaisons de l'iodure de zinc avec les éthers-oxydes ont moins
de tendance à cristalliser que les dérives correspondants de l'iodure de
magnésium. Cependant, en partant de l'oxyde d'éthyle, j'ai réussi à isoler
un composé cristallisant en beaux prismes et répondant à la formule
(C=H=)'^0(I) — Zu - (1)0(C^H^)=.
Ce corps est beaucoup moins stable que l'éthéroiodure de magnésium et,
602 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par chauffage au bain-marie dans le vide, d ne laisse qu'un résidu d'iodure
de zinc. Vis-à-vis du chlorure de benzoyle, il se comporte comme le dérivé
magnésien correspondant, mais la réaction s'effectue plus facilement. En
raison de ce fait, je me suis adressé de préférence aux dérivés iodozinciques
pour les recherches que je vais indiquer.
J'ai délenniné d'abord dans quel sens s'eflectue la réaction du chlorure de benzoyle
sur les iodozincales des étiiers-oxydes lorsqu'on part d'un éther dissymétrique. L'ex-
périence montre qu'avec l'iodozincale de l'oxyde de mélhyle et d'amyle, on obtient
de l'iodure de méthyle et du benzoate d'amyle. C'est donc le radical le moins carboné
qui passe à l'état d'iodure, le radical le plus carboné étant transformé en éther-sel.
Cette conclusion n'est cependant valable qu'autant que l'élher est exclusivement
acyclique. Dans le cas où l'un des radicaux carbonés est cyclique et fixé directement
à l'atome d'oxygène par un alon)e de carbone du noyau, le résultat observé est différent.
Dans ce cas, en effet, l'atome d'oxygène est très peu basique, comme je l'ai déjà
indiqué, l'iodozincale est, par suite, très instable et n'intervient pas dans la réaction.
Le chlorure d'acide réagit alors sur un atonie de carbone du noyau, avec élimination
d'hydracide, et l'anisol, par exemple, donne le yo-benzoylanisol.
Dans le cas des acélals, la réaction est tout à fait comparable à celle qu'on observe
avec les élhers oxydes acycliques à fonction simple. L'un des radicaux carbonés ter-
minaux est transformé en éther-sel, tandis que le reste de la molécule, fixant un atome
d'iode, donne un éther-oxyde iodé. Celui-ci, en milieu aqueux, se décompose immé-
diatement en aldéhyde, alcool et acide iodhydrique :
C2H^-0-CH=-0(C»H^)(I)-Zn-(I){C^H^)0-CH-— 0-C^H^+2C'H^-C0Cl
=i2C'H-'-co-'cnp + ZnCi'+2Cn¥— o -ch^i.
J'ai constaté, d'autre part, que l'orthoformiate d'éthyle donne avec l'iodure de
magnésium une combinaison très bien cristallisée, répondant à la formule
(C'-1I=0)=CH — 0(C2H=)(I) - Mg — (1)(C2H=)0 - CH(0 - C^Wf.
Ce composé s'obtient très facilement en ajoutant peu à peu de l'orthoformiate d'éthvle
dans une solution élhérée de la combinaison iodomagnésienne de l'oxyde d'éthyle. Ce
dernier corps est déplacé, avec ébuUition, et le dérivé ortlioformique se précipite. Le
dérivé iodozincique correspondant réagit énergiquement sur le chlorure de benzoyle.
Les produits formés sont du formiate, de l'iodure et du benzoate d'éthyle.
J'ai enfin étudié l'action du chlorure de benzoyle sur la combinaison iodozincique
de l'acétate d'éthyle. Dans ce cas, la réaction est lente et nécessite un chauffage au
bain-marie. Les corps qui prennent naissance sont principalement le chlorure d'acé-
tyle et l'iodure d'éthyle. Il ne se forme que des traces de benzoate d'éthyle.
On voit, par les recherches précédentes, que les composés mono-, ili- et
trioxydiques (éthers-oxydes, acélals, orlhoélhers) donnent des combinai-
sons iodomagnésiennes du même type, renfermant 1"°' d'iodure de magné-
SÉANCE DU 6 MARS 1905. 663
sium pour 2"°' du composé oxydique. Toules ces combinaisons réagissent
d'une manière analogue sur le chlorure de benzoyle et les réactions obser-
vées mettent en évidence l'union intime de la molécule minérale et de la
molécule organique, par l'intermédiaired'unatomed'oxygènequadrivalent.
Dans le cas des éthers-sels, la combinaison iodomagnésienne répond à un
type différent : (CH" — CO-C-H^)*MgI-. De même, la réaction sur le
chlorure de benzoyle n'est pas absolument comparable. Il ne me semble
pas impossible que, dans ce cas, la fixation ait lieu, non plus sur l'oxygène
quadrivalent, mais sur la double liaison du groupement CO. Cette hypo-
thèse permet également d'expliquer avec facilité la réaction fournie par le
chlorure de benzoyle.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la décomposition de l'alcool o-nilroheiizylique,
sous l'influence de la soude aqtteuse, et de la soude alcoolique. Note de
M. P. Carré, présentée par M. Moissan.
L'alcool o-nitrobenzylique subit, en liqueur alcaline, des phénomènes
d'oxydation et de réduction, aux dépens de son groupement nitré et de son
groupement alcool. Je me suis proposé d'étudier la nature des produits
formés, suivant que celte décomposition est provoquée par la soude
aqueuse ou par la soude alcoolique.
D'après M. Jaffé ('), la décomposition de l'alcool o-nitrobenzylique sous
l'influence de la soude aqueuse fournit de l'acide azoxybenzoïque et du
nitrotoluène. Ce fait est en contradiction avec une expérience de IVI. Joh.
Maier (-), qui, en traitant les aldéhydes o-, m- et ;D-nitrobenzoïques par la
lessive de soude n'obtint que les acides azoïques correspondants; cet
auteur admet, en effet, que ces acides azoïques résultent de l'oxydation et
de la réduction simultanées des alcools nitrobenzyliques qui prennent
naissance quand on fait agir la soude étendue sur les aldéhydes nitrées.
M. Freundier (^), ayant répété l'expérience de M. Jaffé, obtint des résul-
tats différents; il a bien voulu m'abandonner l'étude de cette réaction.
Lorsqu'on cliaiifTe Talcool o-nilrobenzylique a\ ec la soude aqueuse, on obtient les
produits suivants :
L'aldéhyde o-nilrobenzoique, caractérisée à l'état de /?-nitrophénylhydrazone, qui
(') Jaffé, Zeitschrift fiir Phys., t. II, p. 55.
(2) Joh. Maier, D. cii. G., t. XXXIV, 190 1, p. 'i'34-
(3) Freundler, But. Soc. chiin., t. XXXII, 1904, p. 878.
6G'i ACADÉMIE DES SCIENCES.
cristallise dans l'acide acétique en petits prismes rouges fusibles à 263°; l'aldéhyde
o-aminobenzoïque, caractérisée par son chloromercurate, 20 M \jyjj2 j.jq] 3jja(]|2
lequel cristallise dans l'eau en belles aiguilles fusibles à 149°; ces deux aldéhydes se
forment toujours en faible quantité. Les produits dominants sont : l'acide anthrani-
lique, l'acide o-azobenzoïque, et enfin l'aldéhyde acide o-azobenzoïque
/CHOCO=H\
*^' "\ N=:A' /^ " '
celle dernière n'a pu être isolée, mais elle a été caractérisée par son oxime qui cristal-
lise dans l'acide acétique en paillettes orangées fusibles à 282°, et par sa semi-carbazone,
qui se présente en fines aiguilles orangées fusibles à 240». Cette aldéhyde acide pos-
sède la propriété curieuse de se transformer, lentement à froid, et rapidement à chaud,
en un composé jaune pâle, fusible vers 294°, signalé par M. Freundier (/oc. cit.). Ce
composé répond à la formule (C'*H'N-0-)- ; par hydrolyse, il fournit de l'acide o-hy-
drazobenzoïque; il peut être reproduit, avec un faible rendement il est vrai, en chauf-
fant l'acide o-hydrazobenzoïque. Sa formation aux dépens de l'aldéhyde acide o-azo-
benzoïque s'eflectuerait de la façon suivante : cette aldéhyde acide subirait une oxydation
et une réduction simultanées pour donner (') de l'acide o-hydrazobenzoïque, lequel, à
l'état naissant, subirait une déshydratation pour donner le corps (C'*H*N'0-)^
AcHO co'hA Ac°'" "--''""ri
— H2 0-v(C'*H»N=0^)=^
Contrairement aux indications de M. Jaffé, je n'ai jamais obtenu d'acide azoxyben-
zoïque, ni de nitrotoluène.
La soude alcoolique réalise une décomposition, difterente de celle produite par la
soude aqueuse. On obtient les composés suivants :
L'alcool o-amlnobenzylique, l'aldéhyde o-aminobenzoïque, l'anlhranile , l'acide
anthranilique, l'alcool indazyl-o-benzylique, tous en faible quantité; les produits
principaux sont l'acide indazyl-o-benzoïque, et l'aldéhyde acide-o-azobenzoïque, ou
bien son produit de transformation, le composé (C"H*N20-)^
J'insisterai seulement ici sur la présence de l'anlhranile. La formation de ce corps
en liqueur alcaline constitue en effet, ainsi que l'a fait remarquer M. Freundier (-),
une preuve de plus contre sa formule amidique. J'ai réussi à séparer l'anlhranile de
l'aldéhyde o-aminobenzoïque qui l'accompagne par l'intermédiaire de son chloromer-
curate. Le chloromercurate d'anthranile est beaucoup moins soluble dans l'eau que
celui de l'aldéhyde o-aminobenzylique; j'ai obtenu ainsi le chloromercurate d'anthra-
nile (') fusible à 178°.
(') Des phénomènes analogues ont été signalés par M. Freundier dans ses /?e6-/ie/c/iex
sur la transformation des azoïques orthosiibstitués en dérivés indazy ligues {Bull.
Soc. citini., t. XXXIV, igo4, p- 865).
(^) Fkedxdler, Bull. Soc. chim., t. XXXIV, 1904, p. 877.
(') Bamberger, D. ch. G., t. III, 1901, p. 3875.
SÉANCE DU 6 MARS tgoS. 665
En résumé, sous l'influence de la soude aqueuse, le groupe NO^ de l'al-
cool o-nitrobenzyiique est réduit aux dépens du groupement alcool, qui
disparait complètement pour être transformé en groupement acide, ou en
groupement aldéhvdiqne; tandis que, sous l'influence de la soude alcoo-
lique, la réduction du groupe NO^ s'effectue, en partie aux dépens de
l'alcool introduit, en partie aux dépens de l'alcool o-nitrobenzylique; nous
retrouvons alors des composés alcooliques et des composés indazyliques
qui peuvent provenir de la déshydratation d'alcools azoïques, ainsi que
l'a établi M. Freundler {loc. cit.). L'éthylate de sodium agit d'une façon
analogue à celle de la soude alcoolique, avec cette petite différence que
la proportion du groupement alcool non altéré est un peu plus élevée.
Enfin, les quantités relatives des produits formés varient avec la teneur
en soude de la liqueur aqueuse ou alcoolique.
Une étude analogue est entreprise sur les alcools m- et p-nitrobenzy-
liques.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. - Sur V assimilabilité comparée des sels ammo-
niacaux, des aminés, des amides et des nitriles. Note de M. L. Lutz,
présentée par M. Guignard.
Dans une suite de travaux publiés précédemment (') J'ai montré que
certains composés azotés organiques appartenant aux trois séries des
aminés, amides et nitriles sont, à des degrés divers, assimilables par les
végétaux et j'ai établi pour chacun de ces groupes l'ordre d'assimilabilité
de leurs différents termes. Il restait à coordonner ces résultats en exami-
nant comparativement l'action exercée sur les plantes par des corps de
même grandeur moléculaire appartenant aux trois catégories. Je me suis
borné à l'étude des termes inférieurs de la série grasse, les composés plus
complexes étant moins assimilables ou ne l'étant pas du tout, de même que
ceux de la série aromatique.
Les Champignons devaient, pour des raisons qu'il est inutile d'exposer de nouveau,
fournir les végétaux de culture; j'ai utilisé VAspergillus niger, VAspergdlus repens
et le Pénicillium glaucum. Leur enseniencement a été fait comme de coutume sur
(•) Comptes rendus, t. CXXVl, 1898, p. 17.77. - ^n«. ^c nat. Bot., 8^ série,
VIL 1899, p. I. — Comptes rendus Congr. Soc. sav., Mémoires, XVI, 1900,
. i5i. - Bull. Soc. bot. Fr., t. XLVIII, 1901, p. SaS.
8 ')
G. K., 1905, I" Semestre. (T. C\L, N» 10.)
666
ACADEMIE DES SCIENCES.
des modifications du liquide de Raulin, dont la composition élémentaire restait
constante quelle que fût la source d'azote employée.
Ces liquides, répartis dans des fioles d'Erlenmeyer, à raison de 5o™' par fiole, ont
été stérilisés par tyndalisation, puis ensemencés avec quelques spores du Champignon
choisi, prélevées aseptiquement sur une culture pure.
VAspergillus niger et VAspergillus repens ont été maintenus à la température
de 38°, le Pénicillium à la température ordinaire. Après développement suffisant et
fructification complète, les thalles ont été recueillis sur des filtres tarés, puis lavés
soigneusement, séchés et pesés. Les résultats, conformes d'ailleurs aux observations
journalières qui ont pu être faites au cours de la végétation, sont résumés ci-après :
1. — Aspergillus
niger.
Durée de 1'
expérience : a jani
.•ier-28 janvier igoô.
Raulin modifié .... oR, 86q
Monométhylamine. is, Sao
Formiamide. . . .
18,371
Monoélhylamine.. . 0^,82.5
Acétamide
.^593
Acétonilrile . . .
traces
Propylamine i8,o56
Propionamide..
0^,89-
Propionilrile . .
traces
Butylamine traces
Butyramide.. . .
qb, 616
Butyronitriie . .
traces
II.
Durée de l'expi
Raulin modifié ... . is, io5
Monométhylamine. 08,907
Monoéthylamine. . . o»', 63 r
Propylamine 0^,907
Butylamine traces
— Aspergillus repens.
rience : 2 janvier-i6 janvier 1903.
Formiamide.... 0^,935
Acétamide o», 748
Propionamide . . os, 900
Butyramide.... 0^,896
Acétonitril
Propionitri
Butvronitr!
traces
DP, 002
traces
III. — Aspergillus repens.
D/irée de l'expérience : .5 janvier-22 janvier
Raulin modifié ....
oS,68i
Monométhylamine.
0^,877
Formiamide. . .
. os, 835
Monoéthylamine.. .
qs, 702
Acétamide
0^,726
Acélonitriie . . .
08,182
Propylamine
»
Propionamide. .
08,879
Propionilrile . .
08, oo3
IV.
— Pénicillium
glnucum.
Durée de l'expérience : 2 jan
v'ier-12 févi
■ier igoS.
Raulin modifié ....
0^732
Monométhylamine.
os, 849
Formiamide. . . ,
, os, 838
Monoéthylamine. . .
os, 243
Acétamide
oï,9o4
Acétonitrile . . .
traces
Propylamine
0S.3.5O
Propionamide.
08,909
Propionitrile . .
os, 0.56
Butylamine
traces
Butyramide.. . .
05,876
Butyronitriie . .
08, o4i
SÉANCE DU 6 MARS ipoS. 667
J'avais constaté précédemment que l'assimilabilité des aminés est en
raison inverse de leur grandeur moléculaire, tandis que celle des amides
échappe presque complètement à cette règle, et que celle des nitriles est à
peu près nulle.
Les résultats précédents montrent de plus que les amides sont, de tous
ces corps azotés, les plus assimilables; les rendements en leur présence
sont, dans le cas des Champignons, su|)érieurs à ceux obtenus dans le
liquide de Raulin, c'est-à-dire avec les sels ammoniacaux. Les aminés
occupent le second rang et les nitriles le troisième.
Cette conclusion est en parfaite concordance avec ce que nous savons
de la constitution chimique de ces divers corps, ceux dont la molécule est
la plus simple devant être théoriquement et étant pratiquement les meil-
leures sources d'azote pour les végétaux.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Réparlùioris successiics de l'estragol et des composés
terpéniques entre les ilivers organes d'une plante annuelle. Note de MM. Eug.
Charabot et G. Laloue, présentée par M. Haller.
Après avoir étudié {Comptes rendus, t. CX.XXIX, p. 928) la formation et
la distribution de l'huile essentielle dans une plante annuelle, le basilic
(Ocymiim basilicum), nous avons examiné comment se répartissent, au fur
et à mesure de la végétation, les diverses substances qui forment l'essence
et recherché les causes qui président aux variations de ces substances. Pour
cela nous avons établi la composition des essences extraites de la plante
dans les conditions et aux époques indiquées dans la Note citée plus haut.
Les résultats de nos analyses ne sauraient trouver ici leur place; ils seront
publiés en détail dans le Bulletin de la Société chimique. Nous nous borne-
rons donc à en indiquer la nature et à présenter les conclusions qu'ds
appellent.
Aux diverses époques de la vie végétale nous avons comparé entre elles,
au point de vue de leur composition et de leur solubilité relative, les huiles
essentielles des divers organes de la plante. Nous avons établi les varia-
tions que subissent les essences à ce double point de vue, dans les parties
vertes, dans les inflorescences et dans la plante entière. Nous avons déter-
miné les quantités absolues des divers produits odorants renfermés dans
chacun des principaux organes, et observé les variations qu'elles subissent
au cours de la végétation. La connaissance de la distribution des consti-
668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tuants des huiles essentielles nous a permis de suivre les modifications suc-
cessives subies par les poids de ces substances dans les différentes parties
(le chaque pied.
Durant la période qui précède V apparition des premières inflorescences une
huile essentielle assez pauvre en estragol et par conséquent riche en composés
terpéniques s'accumule dans les parties vertes. Cette huile essentielle est relative-
ment solubie, car nous avons constaté que les composés terpéniques, et
principalement les composés terpéniques autres que le linalol, sont plus
sohibles que l'eslragol. Sa composition correspond à un produit en
quelque sorte rajeuni. Les premières inflorescences qui, d'ailleurs, ne ter-
minent encore que les pousses les plus vieilles, renferment une essence
moins solubie, c'est-à-dire plus riche en estragol. Il est probable que, pen-
dant la formation dans les jeunes pousses d'une essence nouvelle, riche en
composés ter[)éniques, une certaine fraction de ces composés a été con-
sommée dans l'inflorescence. Cette manière devoir cadre parfaitement avec
le fait que, à l'abri de la lumière, la plante consomme des composés terpé-
niques. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il en puisse être ainsi chez
la fleur; et d'ailleurs, nous allons voir que, dans la suite, cette consomma-
lion deviendra manifeste, car elle ne sera finalement plus compensée par
la formation de nouvelles quantités d'essence.
Lorsque la floraison est avancée et que l;i fleura accompli ses fonctions, ou
constate que le poids d'essence diminue dans les |)arties vertes et auejmente
dans les inflorescences. Eu même temps la solubilité de l'huile essenlielle
décroît dans les parties vertes et devient moindre que dans les sommités fleuries.
Ce fait concorde ;ivec nos conclusions antérieures relatives à la migration
des composés odorants des organes chlorophylliens vers la fleur. En effet,
on conçoit qu'une |)ortion relativement solubie, en dissolution d'abord
chez la feuille, gagne la tige par osmose et se déverse ensuite dans la fleur
où, au liavail de la fécondation et à la formation des réserves, correspond
un appel de matières organiques. Chaque fois que la combustion des
substances, leur consommation ou leur msolubilisation produira dans la
fleur un abaissement de pres>ion osmotique, des principes immédiats s'y
rendront venant de la feuille; les essences y seront appelées ainsi tout
comme les autres substances; mais, produits peu solubles arrivant dans un
milieu qui en renferme déjà, elles se précipiteront et pourront ainsi s'accu-
muler.
Malgré cela, la solubilité de l'essence il'mflorescences n'augmente pas;
c'est que la solubilité de l'essence de la plante entière décroit par suite de la
SÉANCE DU 6 MARS [QoS. 669
diminution fie sa teneur en composés terpéniques. Il en résulte que ces com-
posés sont partiellement consommés dans l'inflorescence. Mais jusqu'ici la
production l'a emporté sur la consommation.
Plus tard, lorsque la fleur aura accompli ses fonctions, lorsque la graine
aura mûri, on observera que le poids d'essence aura augmenté dans les
parties vertes et décru dans les inflorescences. L'huile essentielle, en s'accu-
mulant dans les organes chlorophylliens, y devient plus soluble, car elle s'en-
richit en composés terpéniques et notamment en composés terpéniques autres que
le linalol. Cet ensemble de faits tend à montrer que, à la fin de la végéta-
tion, l'essence revient en partie dans les organes verts. Malgré ce retour à
la tige et à la feuille, la solubilité de l'essence d'inflorescences ne semble, pas
avoir décru; c'est qu'un travail chimique s'est accompli réduisant la solubilité
de l'essence de la plante entière. Effectivement, il y a eu une consommation
d'estragol et de composés terpéniques qui l'a emporté sur leur producticjn, et
cela notamment en ce qui concerne l'estragol.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l'analyse dite pbysico-chimique de la terre
arable. Note de M. H. Lagatu, présentée par M. Mùntz.
Depuis 1891, j'ai effectué des recherches continues sur les relations lo-
giques qu'on peut établir entre la technique agricole et l'analyse des terres,
en vue de l'amélioration des rendements.
On saitque l'analyse des terres utilise, concurremraentavec les méthodes
scientifiques de la chimie analytique, des procédés [)urement conven-
tionnels, qui donnent à cette branche de l'analyse un caractère quelque peu
incertain, en sorte que la critique perso miellé est constamment requise
pour l'interprétation des résultats, chacun d'eux n'ayant toute sa signifi-
cation qu'à la condition de n'être abstrait ni de la convention qui le régit,
ni de l'ensemble des autres résultats, ni même des autres facteurs du milieu
agricole. Il s'agit donc de rechercher dans un ordre de faits très complexes,
où la principale ressource réside dans la mullqjlicité des cas envisagés.
Peu après leur publication, en 1891, j'ai piis comme point de départ les
conventions analytiques proposées par le Comité consultatif des stations
agronomiques, dont M. Mùntz fut le rapporteur. J'ai effectué selon ces con-
ventions un très grand nombre d'analyses liétaillées. Les terres, d'origine
très diverse, ont été observées sur place; je me suis documenté à leur égard
auprès des cultivateurs, et, pour beaucou]) d'entre elles, j'ai suivi leurs vi-
cissitudes culturales.
670
ACADÉMIE DES SCIENCES.
A l'heure actuelle, je crois être en mesure d'énoncer, pour les méthodes
du Comité des stations, des règles d'interprétation, d'une application assez
siire et assez aisée, sans laquelle, on en conviendra, l'emploi de ces mé-
thodes risque, soit de conduireà des conclusions erronées, soit de demeurer
un stérile exercice de laboratoire.
La présente Note a pour objet d'énoncer les problèmes distincts en les-
quels il convient, à mon sens, de subdiviser l'interprétation de ce qu'on
appelle couramment Vanalyse physico-chimique des terres si bien étudiée
par M. Th. Schlœsing. J'indiquerai préalablement un mode de représenta-
tion graphique uniforme des documents que cette analyse fournit pour
chacun de ces problèm-^r..
Représentation graphique. — Les valeurs simultanées que prennent trois
variables a;, j, s, soumises à la seule condition que leur somme reste con-
stante {x -\-y -h z = k), peuvent être représentées sur une surface plane :
le système ne comprend, en effet, que deux variables indépendantes.
Considérons, par exemple, un triangle rectangle isoscèle ( ' ) dont le côté
de l'angle droit est mesuré par le nombre k. Soit M un point pris à l'inté-
rieur de ce triangle et déterminé par les deux valeurs ce et y comptées en
coordonnées rectangulaires, les côtés de l'angle droit du triangle étant pris
comme axes. Le prolongement z de l'une des deux coordonnées est tel
que l'on a, quel que soit M,
■V -hy -h z = k.
Donc tout point M pris à l'intérieur du triangle est représentatif d'un sys-
(') En prenant pour triangle de référence un triangle équilaléral et pour coor-
données les distances aux trois côtés, on gagnerait en symétrie, mais on perdrait
l'avantage des deux coordonnées rectangulaires, plus familières au monde agricole.
SÉANCE DU (î MAI!S igoS. 671
tème de valeurs simultanées de trois variables à somme constante, et réci-
proquement. La corrélation est sans ambiguïté.
Ce mode de représentation peut être appliqué :
1" A la terre complète considérée comme somme des trois constituants cailloux,
gra\'iers, terre fine (résultats des tamisages) : élude de la désagrégation de la masse
totale, donnant la valeur naturelle relative des terres issues d'une même roche mère et
indiquant, par suite, l'intensité de la culture dont elles peuvent être l'objet;
2" A la terre fine considérée comme somme des trois constituants argile, sable fin,
sable grossier {'^) (résultats des lévigations) : élude de la constitution mécanique
donnant des indications sur la perméabilité, l'aération et, par suite, sur les labours,
les drainages, les formes d'engrais, en vue de leur appropriation à ces conditions mé-
caniques;
3° A la terre fine considérée comme somme des trois constituants calcaire, argile,
sable siliceux (résultats des séparations chimiques adjointes aux lévigations) : élude
de la constitution minéralogique définie, selon l'usage simpliste des agriculteurs,
donnant des indications sur l'activité chimique de la terre et, par suite, sur les formes
d'amendements et d'engrais appropriées à ces conditions chimiques.
L'observation m'a montré que, en dehors du choix voulu d'une même
variable (argile) dans les deux derniers cas, aucune liaison nécessaire
n'est établie par la nature entre ces trois ordres de considérations : le point
représentatif d'une terre étant fixé sur deux des trois graphiques, le point
représentatif de la même terre dans le troisième graphique reste, en
général, trop indéterminé pour qu'on puisse le fixer sans recourir à l'expé-
rience. En conséquence, une analyse physico-chimique qui (ainsi qu'on
en publie souvent) ne comporte pas toutes ces déterminations nous laisse
désarmés quant à l'un des groupes de conclusions éminemment utiles dont
je viens de faire l'énumération.
Pour chaque ensemble de trois variables, la surface continue du triangle représente
toutes les terres possibles. On y peut découper des aires correspondant aux. divers
groupes de terres considérés par la technique agricole comme méritant une indivi-
dualisation. De là une classification des terres faite sous les trois points de vue diffé-
rents précédemment énumérés. De là également une triple nomenclature fixant pour
chaque terre une dénomination (ternaire, sinon (|uant aux mots, du moins quanta
l'idée) dont le sens sera précis.
Ces tentatives mettent en jeu des considérations distinctes, dont on ne paraît pas,
jusqu'à ce jour, avoir fait nettement le départ :
1° Une estimation du rôle propre de chaque constituant : question d'analyse et
d'agrologie ;
(') Le sable comprenant indistinctement les fragments calcaires et les fragments
siliceux.
672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1" Une individualisation, considérée comme utile, de certains types de terres :
question d'agriculture;
3" Des dénominations : question de nomenclature;
4" Une concordance cherchée avec les préoccupations et le lanï;age des agricul-
teurs : question d'information.
La représentation graphique, utile pour placer clairement sous les yeux tous les cas
à interpréter, est évidemment indépendante du fond de la question.
J'indiquerai ultérieurement les conclusions auxquelles je suis arrivé, conformément
à ces principes, touchant la classification des terres arables d'après les résultats de
l'analyse physico-chimique.
ZOOLOGIE. — Sur tjnelqaes faits relallfs au développemenl du rein des Elas-
mohranclies. Note de M. I. Borce.i, présentée par M. Yves Delage.
Nous avons montré dans une Communication précédente (')quelesca-
nalicules du rein des Élasmobranches ont une ébauche double. D'ailleurs
ce fait est soutenu par la majorité des auteurs, pour le rein des Vertébrés
supérieurs. Nous pouvons maintenant compléter l'étude du développe-
ment. Nos observations sont tirées surtout de V Acanthias imlgaris. Le cana-
licule rénal primaire dérive du canalicule de réunion et d'une partie de la
vésicule movenne du canal segmentaire. Après la formation de ce premier
canalicule rénal, le reste de la vésicule moyenne a un aspect bilobé. Un des
lobes est supérieur et l'autre inférieur, par rapport au corpuscule de Mal-
pighi déjà formé. Tant qu'il n'y a qu'un seul canalicule rénal par segment,
la métamérie primitive est conservée, mais il n'en est plus de même pour
les stades plus avancés. Dans chaque segment du rein, les canalicules uri-
naires secondaires, tertiaires, etc., supérieurs par rapport au canalicule
rénal primaire, se forment complètement aux dépens des parties provenant
du même canal segmentaire (cupules séparées du lobe inférieur de la vé-
sicule moyenne et canalicules collecteurs formés par bourgeonnement
de la base du canalicule rénal primaire). Mais pour les canalicules rénaux
inférieurs, leur corpuscule de Malpighi et leur partie initiale sécrétrice se
forment aux dépens du lobe supérieur de la vésicule moyenne du canal
segmentaire immédiatement inférieur, et ce n'est que leurs parties termi-
nales (canalicules collecteurs de deuxième, troisième ordre, etc.) qui pro-
(') Comptes rendus, t. CXXXIX, n" 19.
SÉANCE DU 6 MARS 1905.
673
viennent du même canal segmentaire et se forment par bourgeonnement
de la base du caiialicule rénal primaire.
Donc, par rapport aux restes des canaux segmentaires, non employés
dans la formation du rein, les segments de celui-ci sont inter- segmentaires
et, par conséquent, le rein acquiert dans son développement une mètam,èrie
secondaire par rapport à la nictamérie priinauv des canaux segmentaires.
1 , Stade des canaux
'2. Stade d'un seul canalicule rénal par scgmen
.'i, Formation des canalicules rénaux secondaires.
4, Figure schématique qui représente deux segment
it compris dans
Les
corpuscules qui
chez Acanthias.
L proviennent d'
Nous insistons de plus sur le fait que le canal primitif du rein, ou uretère
primaire, prend part à la formation du rein, non seulement en participant
à la formation des canalicules de réunion, mais aussi en contribuant à
G. R., 1900, I" Semestre. (T. CXL, N» 10.) 86
674 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'allongement des canaux collecteurs primaires. Ce fait est tout à fait évi-
dent pour les canaux collecteurs des segments inférieurs qui arrivent à se
terminer soit séparément, soit réunis respectivement par leurs bases dans
un canal collecteur commun ou uretère proprement dit.
En ce qui concerne la formation des corpuscules de Malpighi, les cupules
d'origine sontd'abord fermées pardu tissu niésenchymateux, embryonnaire.
Celui-ci est pénétré de lacunes vasculaires. Il proémine dans la cavité des
cupules. C'est aux dépens de ses éléments que se forment la membrane
interne et la plus grande partie de la membrane externe de la capsule de
Bowman, snnf la partie basale de celle-ci, en continuité avec la partie ini-
tiale du canalicule rénal et qui provient de la partie épithéliale de la cupule;
tandis qu'aux dépens des lacunes vasculaires se formera le vaisseau duglo-
mérule.
Enfin, cbez les Elasmobranches les plus évolués (observations sur Raia
clavata), les parties initiales des canaux segmentaires perdent leur relation
avec la cavité générale et se transforment en un cordon à peu près complet
de tissu néphrogène. Aux dépens des éléments de ce cordon se différencient
des cupules, qui se développent et forment les corpuscules de Malpighi et
les régions initiales des canalicules rénaux secondaires, tertiaires, etc. C'est
aux dépens d'un cordon de tissu néphrogène semblable que se développent
les parties initiales des canalicules du rein des Vertébrés supérieurs, aussi
bien dans le corps de Wolff que dans le rein proprement dit. Il en est cer-
tainement de même pour le rein des Ganoides, des Téléostéens, desDipnoï
et des Batraciens.
Ces faits con6rment une fois de plus que la distinction morphologique
entre un mésonephros et un métanephros ne repose sur aucun argument
sérieux. L'épididymeest du rein transformé et le corps de Wolff est du rein
atrophié.
ZOOLOGIE. — Sur une forme de phanères propres aux Pandalniie.
Note de M. H. Coutière, présentée par M. E.-L. Bouvier.
Les Décapodes de la famille des Pandalidœ possèdent un caractère assez
curieux, qui ne parait pas avoir été aperçu jusqu'à présent chez ces Crus-
tacés.
Toute la surface du corps, carapace et appendices, est recouverte de
phanères affectant la forme d'écaillés lancéolées, lisses et planes, de o™™,3
SÉANCE DU 6 MARS 1905. 675
à o""",5 (le longjueiir, sur une largeur n)a\iina deo""", i à o'"'°,2, se recou-
vrant partiellement l'une l'autre, d'une minceur et d'une caducité extrêmes
et rappelant celles des Lépidoptères. Chacune est implantée par un court et
étroit pédicule dépendant de la face inférieure de l'écaillé, et parcourue par
une nervure médiane qui cesse rapidement d'être visible. Le pédicule est
creusé d'un canal central, rappelant celui que l'on trouve à la base de tous
les poils chez les Crustacés. Ces phanères sont parfaitement transparentes
et ne deviennent visibles que par une coloration superficielle du spécimen,
circonstance qui explique sans doute pourquoi elles sont jusqu'ici passées
inaperçues.
Aucun exemplaire ne possède en entier son revêtement d'écaillés; mais,
comme chacune d'elles laisse par sa chute une cicatrice circulaire, que de
semblables pores se trouvent sur toute la carapace, comme aussi quelques
écailles sont d'ordinaire préservées au milieu de larges surfaces dénudées,
on ne peut avoir aucun doute sur la continuité primitive de ce revêtement.
Les parties dénudées sont surtout les branchiostégites et les pleurons,
directement et constamment exposés à des frottements et des chocs. Au con-
traire, le revêtement d'écaillés imbriquées, d'une élégance très grande, est
facile à voir dans son intégrité de part et d'autre du rostre, sur le scapho-
cérite de l'antenne, le bord inférieur des branchiostégites et des pleurons,
la face inférieure des uropodes et du telson. Ces écailles se retrouvent
d'ailleurs jusqu'à l'extrême pomte du rostre et des pattes thoraciques, sur
les fouets antennulaires et les ophtalmopodes.
J'ai examiné à ce point de vue les espèces suivantes : Pandahis bnrealis
Kroyer, P. ensis A. M.-Edwards, P. miles A. M.-Edwards, P. martius A.
M.-Edwards, P. pristis A. M.-Edwnrds, P. longipes A. M.-Edwards,
P. geniculatus A. M.-Edwards, Helerocarpus ensifer A. M.-Edwards, H. Gri-
/waMVA.M.-EdwardsetE.-L. Bouvier, C/i/orotocus gracilipes A. M.-Edwards,
Pantomus panmlus A. M.-Edwards. .l'ai aussi examiné un certain nombre
d'espèces non encore déterminées de Paudales, sans trouver aucune excep-
tion. Peut-être ce revêtement est-il encore |)lus marqué chez les espèces
telles que P. platyceros Brandt, P. pubescentuUis Dana, Pandalopsis aleulica
Rathbun, indiqués par les auteurs comme ayant une « dense et courte
pubescence ».
Par contre, rien de semblable ne peut être relevé chez les Hippolylidae
et les PaleraonidîE. On ne trouve pas non plus de ces phanères chez les
Nematocarcinida? et les Acanthephyridœ, dont les espèces sont abyssales et
pélagiques comme la plupart des Pandalid;e. Ces phanères, de forme si
070 ACADEMIE DES SCIENCES.
spéciale, el iloiit je ne connais pas d'autre exemple chez les Crustacés,
apparaissent donc comme un caractère propre des Pandalidae, pouvant
servir à fixer les limites de cette famille, et qu'il sera intéressant de
rechercher dans d'autres groupes.
Comme toujours pour les phanères des Eucyphotes, poils ou épines, ces
écailles sont beaucoup plus denses aux extrémités que dans la région car-
diaque et dirigées en sens inverse. Il est intéressant de remarquer que les
deux extrémités céphaliqiie et anale étaient chez l'embryon contiguës,
occupant une extrémité de l'œuf, alors que la région du cœur et des glandes
génitales occupait l'autre. L'un des pôles apparaît ainsi nettement carac-
térisé par la prédominance des formations eclodermiques, toutes dirigées
en avant, phanères et organes des sens.
HISTOLOGIE. — Sur quelques formes anomales de l'amitose dans les épithé-
liums de revêtement des Mammifères. Note de iM. Pacaut, présentée par
M. Joannes Chatin.
Le nombre des auteurs qui signalent et qui décrivent les anomalies de
la division directe est assez restreint; aucun travail d'ensemble n'a encore,
que je sache, résumé l'état de nos connaissances à ce sujet. Aussi m'a-t-il
paru intéressant de noter quelques formes un peu spéciales d'amitose nu-
cléaire, qu'il m'a été donné d'observer assez fréquemment au cours de
recherches sur ce mode de division dans les épithéliums de revêtement des
Mammifères, et en particulier dans l'épiderme normal.
Tout d'abord, l'amitose ne se présente généralement pas, dans ces tissus,
absolument conforme au schéma classique de Remak.
Voici en effet ce que l'on peut observer en étudiant, par exemple, l'épi thélium
cutané du cobaye. L'allongement du noyau y est limité par les dimensions assez res-
treintes de la cellule, qui, en raison de ses rapports, ne peut guère se déformer. Aussi
le pédicule reliant les deux moitiés du noyau sera-t-il extrêmement court; même,
dans le cas considéré, il est en quelque sorte virtuel. Le noyau s'étire légèrement en
devenant un peu plus vésiculeux; tout autour de son petit équateur se forme un sillon
circulaire qui s'approfondit; de la sorte prend naissance une cloison semblable à celle
que constitue un diaphragme-iris dont l'ouverture se rétrécit; au centre persiste une
communication. Ce pertuis représente ici le filament qui unit les deux masses nu-
cléaires dans l'amitose des éléments amiboïdes. Puis ce pertuis lui-même finit par
s'oblitérer, et ainsi les deux noyaux-fils se trouvent parfaitement individualisés dans
la cellule mère.
SÉANCE DU 6 MARS IpoS. 677
Dans le cas considéré se trouve de la sorte réalisée la formation de ce que j"ai
appelé (') un svslème de noyaux géminéx (A).
A côlé de cette forme normale, où les deux noyaux néoforniés sont sen-
siblement égaux, tant en volume qu'en teneur en matière chromatique,
une première anomalie consiste dans la formation de deux noyaux très
nettement inégaux.
Cette inégalité comporte des degrés. Elle peut ("tre faible et, dans ce cas. la teneur
en chromatine, évaluée approximativement d'après le nombre de masses chromatiques
et l'intensité de coloration de l'enchylème nucléaire, paraît être sensiblement la même
dans les deux noyaux.
Ou bien l'un de ceux-ci est notablement (par exemple deux fois) plus petit que
l'autre; il est arrondi, moins riche en chromatine; le plus grand, généralement
allongé, s'accroît suivant son axe longitudinal (P.). La physiologie d'un tel système
est particulièrement intéressante; en eflTet, on voit fréquemment le plus grand noyau,
quand il a atteint une longueur environ égale au double de sa largeur, présenter à sa
partie médiane une constriction (C), en même temps que tous les signes d'une pro-
chaine amitose. Comme, d'autre part, dans le tissu considéré, il n'est pas absolument
rare de trouver des systèmes de 3 noyaux géminés dans une même cellule {systèmes
Irigéminés), il est naturel de penser que ceux-ci ont pour origine une amitose anor-
male de ce dernier type. Et, de fait, il m'a été donné de trouver tous les passages
entre les deux stades.
L'inégalité des produits de l'aniitose peut être encore beaucoup plus accentuée; dans
ce cas on voit, accolé à un noyau ayant, le plus souvent, le volume et la teneur en
chromatine d'un noyau normal, un autre tout petit noyau, souvent hémisphérique,
qui ne possède généralement que très peu de chromatine (i ou 2 masses) (D). On
peut, dans ce cas, se demander si le nom de division directe du noyau est justifié, et
s'il ne s'agit pas là d'un véritable phénomène de Imurgeonnement nucléaire. Quoi qu'il
en soit, je signale le fait, me réservant d'en dounei- ultérieurement l'interprétation.
(SQ?9)d
r 1;
Une autre anomalie de l'amitose peut porter, non sur le volume des pro-
duits de la division, mais sur le processus même de celle-ci.
On voit, dans ce cas, que, fréquemment, le sillon de constriction du noyau n'appa-
raît pas tout autour de l'un de ses équateurs, mais d'un côté seulement (E). En même
temps qu'il s'approfondit, il s'étend latéralement à une plus grande portion de la mem-
(') Comptes rendus, t. CXXXVIU, 16 mai 190^, p. i24i.
678 ACADÉMIE DES SCIENCES.
brane nucléaire, mais sans embrasser complètement le noyau, sauf parfois tout à la fin
du processus. II en résulte que le pertuis de communication des deux noyaux-fils se
trouve situé, non plus sur l'axe principal du noyau primitif, mais excentriquement, et
contre sa surface. Ce pertuis. suivant que le sillon s'est plus ou moins étendu latérale-
ment (c'est-à-dire suivant que sa courbe a été plus ou moins fermée), peut être circu-
laire ou ovale. Ou bien si, à un moment donné, la conslriction a été plus rapide au
centre que sur les bords du sillon, le pertuis a la forme d'un croissant. Dans ce cas, il
est assez difficile à observer.
Il peut arriver que les noyaux-fils tendent à se séparer alors qu'ils communiquent
encore; le sillon s'élargit alors (F, G) et l'on observe des figures d'aspect variable,
suivant le stade où commença cet écartement, en forme, tantôt du cœur de carte à
jouer, tantôt de rein, tantôt enfin, quand le pertuis est extrêmement réduit, comme
une sorte de binocle. Du reste, l'autonomie des noyaux-fîls se trouve réalisée par l'obli-
tération du peituis.
Cette dernière anomalie (apparition latérale du sillon) parfois très fré-
quente, n'a pas encore été signalée, à ma connaissance, dans les épilhé-
iiums de revêtement normaux, alors qu'elle est presque constante dans
d'autres éléments (cellules de Serloli, etc.).
Enfin, dans aucune de ces anomalies, pas plus d'ailleurs que dans les
amitoses normales dans les mêmes tissus, je n'ai pu apercevoir le centro-
some.
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — La rouille blanche du fabac et la nielle ou mala-
die de la mosaïque. Note de M. Georges Delacroix, présentée par
M. Prillieux.
En 1894, M. Prillieux et moi-même nous avons décrit succinctement une
maladie du tabac que. sur la foi de notre correspondant, nous avons qua-
lifiée de me/Zs (' ). En réalité, j'ai pu m'en assurer depuis, la maladie que
nous avions en vue ne réalise |)as le type de la nielle vraie, laquelle est
identique à la maladie de la mosaïque, dont la cause est encore aujourd'hui
incertaine, bien qu'elle ait fait depuis vingt ans l'objet de nombreuses
controverses. Les études que je poursuis depuis près de deux ans me per-
mettent de différencier la maladie étudiée par nous en 1894 de la nielle
vraie et de la rapporter à une forme pathologique bien nette, appelée quel-
quefois en pratique la rouille blanche du tabac. La distinction entre la
(') Prillieux ei Delacroi.v, Comptes rendus, 1894, p. 668.
SÉANCE DU 6 MARS igoS. 679
mosaïque et les taches de la rouille blanche a d'ailleurs été négligée aussi
par un certain nombre d'auteurs qui se sont occupés de la question (Bei-
jerinck, Marchai, Koning, Woods, Bouygues, etc.). La rouille blanche est
d'origine bactérienne; la cause de la nielle ou maladie de la mosaïque est
encore très incertaine et, malgré l'opinion d'Iwanowskv ('), il n'est pas
établi d'une façon définitive qu'elle soit d'origine parasitaire et due à la
présence d'une bactérie. Je serais plutôt disposé à accepter l'opinion
opposée.
La nielle vraie, qui dans ses formes graves peut raccompagner de déformations de la
feuille (cloques), parfois aussi d'une atrophie variable du limbe (Woods, Iwanowsky),
montre assez rarement ces formes en France, quoi()ue j'en aie vu quelques spécimens
en igoS dans le Dauphiné. En France, comme ailleurs, le symptôme le plus commun
est la présence sur le limbe de bigarrures en peliles taches, les unes d'un vert foncé,
les autres d'un vert très pâle. Le même symptùnie se montre, au début également,
dans la maladie décrite par nous en 1894, la rouille blanche. Mais, dans la nielle
vraie, ce sont très généralement les feuilles les plus jeunes qui présentent les pre-
mières ce caractère de la maladie et la bigarruie s'étend le plus souvent à toute
l'étendue du limbe; dans la rouille blauche, au conti'aire, les feuilles sont atteinles
à l'étal adulte, très rarement quand elles sont jeunes, et les bigarrures, de taille plus
petite que dans la nielle vraie, sont plus discrrles et moins nombreuses. L'évolution
des taches est, dans les deux cas, dilTérente. iJans la nielle vraie, les taches pâles
s'étendent de plus en plus sur le limbe au détriment des parties vertes. Bientôt
la teinte s'uniformise, devient jaune grisâtre et la feuille se dessèche el meurt.
Les deux maladies, rouille blanche et nielle, sont toujours plus accen-
tuées dans les années humides.
Dans la rouille blanche, la lâche pâle ne tarde pas à se limiter en s'entourant d'une
marge brunâtre de largeur un peu variable, légèrement proéminente; cette marge est
manifestement d'origine subéreuse et elle a pour effet d'arrêter l'extension du para-
site. En même temps, la macule centrale pâle donl le diamètre atteint généralement à
peine 3""", blanchit de plus en plus et se dessèche, et l'on y rencontre des cellules sou-
vent vides de tout contenu, figuré ou non, et remplies d'air. Exceplionnellemenl, à
cet étal, elles renferment quelques bactéries; mais, quand la tache de rouille blanche
est jeune, quand le bourrelet subéreux n'est pas complètement formé, les cellules de
la macule étant encoie vivantes, on trouve dans ces cellules de nombreuses bactéries
mobiles.
La chlorophylle disparaît progressivement des cliloroleucites et j'ai lieu de penser
(') Iwanowsky, Ueher die Mosalkhrarikheil fier Tabakpjlanze {Zeilsch. f. PJlan-
zeiikranklieiten, Vol. XIII, igoS, fasc. I).
68o ACADÉMIE DES SCIENCES.
que la sécrétion baclérienne qui amène ce résultai est sans doute une diastase oxy-
dante. Si, en eft'et, on traite par l'alcool fort une culture de cette bactérie, qu'on filtre
et reprenne par l'eau le résidu, ce dernier filtré à nouveau colore en jaune pâle la
chlorophylle du tabac récemment préparée et privée de l'alcool par évaporation ; et,
le même liquide donnant à la teinture de gaïac une coloration bleue, on peut penser
qu'il renferme une oxydase.
La bactérie de la rouille blanche se cultive facilement dans divers milieux. Le
bouillon de veau est à peine coloré en jaune pâle; le voile à la surface du liquide est
à peine apparent et les bactéries ayant cessé de se multiplier sont préciptées au fond
en un dépôt blanc, filamenteux, légèrement visqueux par agitation. La gélatine est
liquéfiée rapidement et en masse. Sur gélose, les colonies sont isolées, petites, opaques,
arrondies, assez brillantes à la surface, d'un blanc qui est d'abord un peu crémeux,
puis devient avec lâge très légèrement bleuâtre. En devenant confluentes ces colonies
isolées prennent des bords assez irréguliers.
La bactérie se colore par les procédés ordinaires; elle ne prend pas le Gram. Elle
forme des éléments cylindriques, courts, d'environ iH-,5 sur oS^,75, le plus souvent
isolés, quelquefois associés par deux, bien plus rarement par trois. Je n'ai j)u y découvrir
ni cils, ni spores. Un caractère assez spécial à cette bactérie, c'est l'odeur que présentent
les cultures vieilles, surtout celles sur gélatine, qui se rapproche un peu de celle de la
nitrobenzine, quoique plus faible et vire ensuite vers celle du tabac incomplètement
brûlé dans une pipe. Cette bactérie est bien celle dont nous parlions sommairement
dans notre Communication de 1894. L'infection a été réalisée sans difficulté de diffé-
rentes manières, et, en particulier, en aspergeant les feuilles saines, sans blessure,
avec une culture récente.
L'indication la plus importante du traitement consiste dans l'alternance suffisam-
ment prolongée delà culture; on devra aussi éviter de porter au fumier les pieds atteints
qui, ramenés sur le tabac, seraient sans doute capables d'y produire la rouille blanche.
La distinction précise entre la nielle ou mosaïque et la rouille blanche a été
sans doute déjà faite par d'autres observateurs : Iwanowsky et Polowtzow
distinguent, en effet, la mosaïque et le Pockenkrankheit ; Sturgis, le calico
et le spolling, qui semble identique au Pockenkratdiheit, peut-être aussi à la
rouille blanche. Enfin, O. Cornes, d'après la doctoresse Francesca Pirazzoli,
distingue la holla, considérée comme la nielle des Français et le mosaico,
qui répond à la rouille blanche. Il y a évidemment là une confusion dans
l'acception donnée généralement à ces deux termes.
Aucun de ces auteurs n'a déclaré bactérienne cette maladie; comme je
crois cette bactérie non décrite, je l'appellerai Bacillus maculicola.
SÉANCE DU () MAliS iqo5. 68l
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Étude expérimentale des conditions (jm
déterminent la pénétration des vapeurs de chloroforme dans le sang pendant
Vanesthésie chloroformique. et de l'influence des variations de la ventilation
pulmonaire sur cette pénétration. Note de M. J. Tissot, présenlée par
M. Chauveaii.
Il est actuellement admis par de nombreux physiologistes que la méthode
de chloroformisation par les mélanges titrés d'air et de vapeur de chloro-
forme (méthode de P. Bert) offre une grande sécurité en vertu du principe
physique suivant : Si l'on fait respirer à un animal un mélange titré d'air
et de vapeur de chloroforme (7^ à 12e de chloroforme pour 100' d'air),
cette vapeur se dissout dans le sang jusqu'à ce qu'elle y atteigne une tension
équivalente à celle qu'elle possède dans l'air. Avec les mélanges titrés qui
ne dépassent pas 12 pour 100, cet équilibre de tension correspondrait
pour le sang à une dose de chloroforme anesthésique et non dangereuse
qui ne pourrait être dépassée.
Les expériences que j'ai effectuées m'ont montré que celte conception
est inexacte. Je démontrerai dans cette Noie :
1° Que, pendant l'anesthésie avec des mélanges titrés variant de 7 à
12 pour 100, il ne peut pas s'étabhr d'équilibre de tension de vapeur enlre
le sang et le mélange anesthésique, parce que cet équilibre correspond pour
le sang à une dose de chloroforme qid dépasse la dose mortelle.
2° Qu'il ne se produit à aucun moment d'équilibre stable entre les pro-
portions de chloroforme contenues dans le sang et dans le mélange
anesthésique pendant l'anesthésie avec des mélanges titrés.
3° Qu'il se produit un éqwlibre variable enlre la vitesse de pénétration
du chloroforme et sa vitesse d'élimination et que cet équilibre dépend
principalement des modifications de la ventilation pulmonaire.
La constatation de ces faits peut être obtenue par deux voies différentes :
ï" sur le sang in vitro; 2° sur l'animal vivant.
Expériences in vitro. — Dans un bain-inaiie à température constante de 38°, 5
sont inamergés jusqu'au goulot trois flacons d'une capacité de i' et dont l'ouverture
est fermée par un bouchon de caoutcliouc sur lequel sont ajustés un manomètre à mer-
cure et un tube destiné à l'introduction du cliioioforme. Un de ces flacons renferme
seulement de l'air et les deux autres 100""' de sang délibriné ou Ùuinx- dans lequel
C. K., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 10) '^7
682 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on a fait passer au préalable un courant d'air prolongé pour le mettre en équilibre de
tension avec l'air extérieur.
L'un des deux flacons contenant le sang sert do li'moin; on introduit dans le flacon
contenant seulement de l'air une quantité de chloroforme suffisante pour élever la ten-
sion de l'air de i5""" de mercure, soit une quantité de 82™s,6. On en fait autant dans
un des flacons contenant du sang et l'on s'assure que la tension reste constante à lô"""
de mercure après agitation du sang; le flacon témoin agité en même temps a dû con-
server une tension invariable. Des quantités injectées respectivement dans chaque
flacon, on déduit facilement la quantité de chloroforme fixée par le sang. Dans sept
mesures successives, loo™' de sang mis en contact avec un mélange titré à 8,26 pour
100 ont fixé : gS"»?, 8, 97"°°,7, 98'"b,8, 104"^, i, 92^8,7, j/t'°s,2, c'est-à-dire une pro-
portion de chloroforme notablement supérieure à la dose mortelle qui serait voisine
de os, o5 pour loo"^"'' de sang, d'après Gréhant et Quincaud. En présence d'un mélange
titré à 10 pour 100, loo"^™' de sang fixent environ o-,i2 de chloroforme.
Donc, pendatiL l'aneslhésie avec les mélanges titrés à 8 ou 10 pour 100,
il ne s'établit pas d'équilibre de tension de vapeur entre le mélange et le
sang, puisque la mort se produirait avant que l'équilibre soit atteint. On
peut s'en rendre compte par un autre procédé qui ne nécessite aucune
mesure.
On prélève ào'^"' de sang artériel à un animal et l'on fait passer dans ce sang un
mélange anesthésique à 8 ou 10 pour 100, Puis on tue l'animal par inhalation de
chloroforme et l'on prélève So'''"' de sang artériel au moment de la mort. Si l'on agite
ensuite ces deux échantillons de sang avec de l'air dans deux flacons hermétiquement
bouchés et d'égale capacité, l'odorat permet de constater sans difficulté que le sang
mis en contact avec le mélange à 8 pour 100 conlennit plus de chloroforme que le sang
prélevé sur l'animal.
Expériences sur l'animât. — La deuxième et la troisième proposition
énoncée au début de cette Note sont établies [lar les faits suivants, qui sont
constants et d'une constatation facile :
1° Pendant l'anesthésie d'un animal avec un mélange titré à 9 ou
10 pour 100, la pression artérielle subit des oscillations considérables qui
sont l'indice de variations importantes dans la proportion de chloroforme
contenue dans le sang;
2" Un mélange titré de G à 7 pour 100, qui n'est que très lentement ou
incomplètement anesthésique pour le chien, devient rapidement et profon-
dément anesthésique s'il survient une période de polypnée, ou si l'on
détermine artificiellement pendant un temps très court cette polypnée par
les pressions manuelles sur le thorax. Lu période d'excitation apparaît ra^
pidement et la polypnée qui se continue naturellement détermine une
SÉANCE DU 6 MARS ipoS. 683
aneslhcsie profonde avec une chute souvent considérable de la pression
artérielle.
3° Pendant l'inhalation d'un mélange titreWt 4 pour loo, qui n'est pas du
tout aneslhésique dans les conditions normales de la respiration, une
augmentation artificielle de la ventilation pulmonaire par des pressions
sur le thorax détermine rapidement l'apparition de la période d'excitation
et de la polypnée, et enfin l'anesthésie complète de l'animal.
Si, après une certaine durée de l'aneslliésie, on provoque, pendant i
ou 3 minutes, une polypnée artificielle par des pressions sur le thorax, on
détermine une intoxication rapide et prol'onde avec chute énorme de la
pression artérielle.
Ces faits, qui montrent l'impossibilité d'un équilibre stable entre les
tensions de vapeur dans le sang et dans le mélange anesthésique, font
en outre ressortir l'action importante de la ventilation pulmonaire sur la
quantité de chloroforme fixée par le sang.
Je montrerai prochainement que les variations de la ventilation pulmo-
naire et notamment la polypnée de la période d'excitation sont la cause
principale des accidents de la chloroformisation.
PHYSIOLOGIE. — Sur le pouvoir sécréteur du rein.
Note de MM. He.\ki Lamy et André Mayek, présentée par M. Dastre.
La sécrétion urinaire a pour résultat la constitution d'un liquide molécu-
lairement plus concentré que le sang, l'urine. Le rein accomplit donc un
certain travail. Le lieu où s'accomplit ce travail, et le mode d'énergie qu'il
met en jeu sont encore des sujets de controverse. Certains auteurs ont
pensé qu'il s'agit surtout d'énergie mécanique (théorie de la filtration) ou
d'énergie de concentration, d'énergie osmotique (théorie des membranes
hémiperméables).
Pour eux, le travail s'accomplit au niveau des cellules rénales sans
qu'elles y prennent une part active. D'autres auteurs croient à une inter-
vention active des cellules, soit qu'elles utilisent d'une manière encore
inconnue un mode d'énergie connu; soit même qu'elles mettent enjeu une
énergie encore inconnue (théorie vilalisle).
Il nous a semblé qu'avant d'entrer dans ce débat il était nécessaire
d'avoir des renseignements précis sur les conditions du travail rénal. La mé-
thode générale que nous avons employée consiste à étudier simultanément
684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les variations de concentration, dans le sang et dans l'urine, des diverses
substances sécrétées.
En particulier, l'étude faite à ce point de vue de la polyurie qui suit les
injections intraveineuses de sucres peut apporter quelques éléments d'in-
formation.
I. On élablil à travers un rein mort, extrait de ranimai, une circulation artifi-
cielle. On fait passer, à température et sous pression constantes, un liquide composé
d'eau et de trois crislalloïdes en solution : chlorure de sodium, urée, glucose. On re-
cueille les liquides qui s'écoulent par l'uretère et par la veine : à l'analyse, on trouve
que ces liquides ont une composition identique à celle du liquide injecté.
Exemple : Circulation à travers un rein de chien prélevé sur l'animal encore vivant.
Pression, i'",5o. Température, 3-]° environ. Durée de la circulation : 4 heures. Quan-
tité de liquide écoulé par la veine, Sio'^™'; par l'uietère l\2'^^'.
Na Cl. Urée. Glucose.
Composition du liquide injecté ispouriooo 4>8o 9>75
» » écoulé par la \eine
(portions passées pendant la première
demi-heure, rejetées) 12 pour 1000 4j8o 9i75
Composition du liquide écoulé par l'uretère. 12 pour 1000 4i78 9i79
Ainsi, l'expérience montie que sur le rein mort : 1" la concentration du liquide
excrété est la même que celle du liquide injecté; 2° le rapport des concentrations
des trois éléments injectés est invariable.
II. A un animal vivant, non anesthésié, on fait une injection intraveineuse d'une
solution concentrée de glucose. La polyurie s'établit. On prélève alors, à des inter-
valles déterminés, une certaine quantité de sang. On recueille l'urine qui s'écoule entre
les moments de ces prises. On cherche la concentration des sels, du sucre et de l'urée
dans ces deux liquides aux divers moments.
Voici les résultats d'une de ces expériences (10 décembre 1904, chien griffon à poils
ras, 18''", 200.)
Sang. Unne.
n.lcs.
A loUil.
A des sels.
p.iono.
en eu'.
A total.
A des sels.
p. 100».
p. .000.
Observations.
0
-0,57
-0,42
2, 10
»
"
»
»
»
( Injection : loof
25
"
»
"
10
—0,86
10,00
0
1 glucose dans
( 100'"°'' d'eau.
3o
—0,66
-0,38
■ 4,33
72
-0,82
—0,32
2,30
3o,9o
3,->
■>
»
»
95
— 0,72
— 0,26
1,55
35,70
r>o
-0,66
-0,3-
8,75
1 9 '
— 0,76
—0,24
0,47
38, 00
80
— 0,62
-o,38
3,44
83
— 0,98
— 0,10
i,3o
60,06
.j5
-o,65
— 0,4'2
3,98
0
»
»
„
»
SÉANCE DU () MARS igo5. 685
On constate qu'après l'injection, d'une pari : i°ia concentration des sels dans le sang
varie extrêmement peu; 2° la concentration du sucre y diminue d'une façon continue.
D'autre part : i° la concentration moléculaire totale d^ l'urine est constamment
supérieure à celle du sang; 2° la concentration des sels et de l'urée diminue d'une
façon continue mais non parallèlement; 3° la conrcnlration du sucre y a(/^mertte d'une
façon continue.
De l'ensemble de ces expériences il résulte qu'au cours de la polyurie
qui suit l'injection intraveineuse de sucres :
i" Les cellules rénales vivantes accomplissent un travail actif, puisque
la concentration totale de l'urine est supérieure à celle du sang;
2" Les cellules rénales vivantes accomplissent un tra^'ail électif, puisque
le travail de concentration porte seulement sur un des crislalloïdes, le sucre,
et non sur les autres, sels et urée; au sens étymologique (^secernere^ la
fonction rénale est une sécrétion ;
3° Que ce travail électif est variable, puisque, en ce qui concerne le sucre,
la différence entre les concentrations dans le sang et dans l'urine s'accroît
du début à la fin de l'expérience. Par conséquent ce travail dépend des
conditions de l'expérience. C'est l'étude des conditions qui déterminent ces
variations qui peut nous faire pénétrer le mécanisme intime de la sécrétion
urinaire.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Etude speclroscopique de l' oxyhémoglobine .
Note de MM. M. Piettre et A. Vila, présentée par M. Houx.
L Dans une Note précédente nous avons annoncé que du sang de cobaye,
extrait des vaisseaux et immédiatement dilué dans l'eau distillée, montre,
lorsqu'on l'examine au spectroscope à l'aide d'un tube de 20*^™, selon le
mode opératoire de M. Etard, les bandes d'absorption ordinaires de l'oxy-
hémoglobine et en outre une bande moins intense dans le rouge. Les solu-
tions d'oxyhémoglobine cristallisée de cheval donnent cette même bande
d'absorption, qui, jusqu'à présent, n'avait jamais été signalée dans ces con-
ditions; elle correspond à >. = 634, c'est-à-dire à la position assignée par
Hoppe Seyler à la bande de la méthémoglobine.
Est-ce à dire qu'il existe de la méthémoglobine dans le sang frais dissous
dans l'eau, ou dans les solutions de cristaux d'oxyhémoglobine? Ou bien,
la bande dans le rouge appartient-elle au spectre de l'oxyhémoglobine?
Seuls, des faits pourront nous ré|)ondre.
Nous ferons remarquer que la même bande est fournie par les cristaux
686 ACADÉMIE DES SCIENCES.
récemment préparés d'oxyhémoglobine de cheval, de porc, de chien et
qu'écrasés entre deux lames de verre ils la montrent nettement, ce qui éli-
mine l'idée d'une modification du pigment rouge par l'eau employée à la
dissoudre. Examinés de la même manière, les cristaux d'oxyhémoglobine
de cobaye ne nous ont pas permis d'apercevoir la bande X = 634-
Aujourd'hui nous voulons signaler certaines particularités relevées au
cours de nos expériences, notamment le déplacement ou la suppression de
la bande dans le rouge sous l'influence de certains produits regardés comme
ne causant aucune transformation de la matière colorante et employés
journellement dans les manipulations du sang.
II. Le chlorure de sodium, un des sels les plus importants de l'organisme,
joue un rôle 1res remartiuabje vis-à-vis de l'oxyhémoglobine. En solution
à 8 pour loo, il supprime nettement la bande >. = 634 d.ins le rouge, ré-
putée appartenir à la méthémoglobine et, dans certaines conditions de con-
centration, ce sel fait apparaître une fine bande 1 = 397.
Le fluorure de sodium déplace la bande de 634 à 612, tous les fluorures
alcalins produisent le même déplacement.
L'acide fluorhydrique en solution très étendue donne les mêmes résidtats
que ses sels alcalins. Nous avons remarque en outre qu'il faut tenir compte
de la concentration et de la température : à 38°, par exemple, la dose de
fluorure de sodium, nécessaire au déplacement de la bande, n'est plus la
même qu'à 20°, elle est devenue si faible que le fluor n'est plus décelable
par le chlorure de calcium. Pour ces concentrations extrêmement faibles en
fluorure les deux bandes 634 et 612 peuvent coexister, mais sont peu mar-
quées; on renforce la bande 634 d ajoutant dos cristaux d'oxyhémoglobine.
Le chlorure de potassium, les iodure et bromure de sodium et de potnssium
n'ont pas d'action.
L'influence des fluorures est, comme nous l'avons montré, tout à fait
prépondérante; si dans une solution salée d'oxyhémoglobine, dont le
spectre ne présente plus que les deux bandes du vert, on ajoute une quantité
suffisante de fluorure de sodium, la bande 1 = 61 2 apparaît aussitôt.
L'inverse n'a pas lieu, le chlorure de sodium ne supprimant pas la bande
caractéristique des fluorures lorsqu'elle est acquise.
Certains sels à réaction légèrement alcaline : phosphate cl arséniate de
soude en solution concentrée, donnent dans le rouge une plage obscure
600-606 à la place de la bande 634; enfin cette bande est renforcée par les
sulfates alcalins et le sulfate dé magnésie ajoutés en quantité insuffisante
pour précipiter le pigment.
Les alcalis et le bicarbonate de soude à froid la suppriment; par contre
SÉANCE DU 6 MARS igoS. 687
les acides en solutions étendues, l'acide acédque, l'acide carbonique même,
la laissent subsister ou la font apparaître après l'action des alcalis.
Les sérums normaux, les sérunis naturellement ou artificiellement hé-
molytiques, que nous devons à l'obligeance de MM. Martin et NicoUe, se
sont comportés comme des solutions faiblement alcalines. L'albumine
d'œuf diluée dans l'eau distillée atténue et peut môme supprimer la
bande X = 634-
L'oxyhémoglobine cristallisée est donc sensible, au point de vue spec-
troscopique, à des substances chimiques que nous regardons, dans les
7 0 103 UO 120 130 M 150 160 170 180 190 200 210
pure (vue sous 20"').
fluorée (vue sous 20"»).
conditions ordinaires, comme des corps inactifs à cause de leur grande sta-
bilité en solution. Cette sensibilité se manifeste surtout par des variations
déterminées dans la position de la bande dans le rouge, bande qui joue ainsi
le rôle d'indicateur en se déplaçant dans cet espace du spectre, qui ne com-
prend pas moins de 26 divisions de notre micromètre (75-100).
Nous devons à l'extrême obligeance de M. P. Lambert de pouvoir pré-
senter ici deux reproductions typiques de nos expériences prises parmi les
remarquables clichés qu'il a bien voulu nous remettre.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l'action des sels ammoniacaux sur la nitriftcalion
du niiriie de soude par le ferme ni nitrique. >fote de MM. E. Boiili^anger
et L. Massol, présentée par M. Roux.
Les expériences entreprises jusqu'ici sur l'action des sels ammoniacaux
sur le ferment nitrique ont été effectuées dans des milieux qui ne con-
viennent pas à ces études. Le milieu minéral de VVinogradsky et Oméliansky
contient, en effet, i pour 1000 de carbonate de soudé calciné et quand on
688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
introduit dans ce milieu du sulfate d'ammoniaque, il se produit du carbo-
nate d'ammoniaque qui se décompose lui-même en donnant de l'ammo-
niaque. On ne peut donc pas savoir si l'action nocive observée sur le ferment
nitrique provient du sel ammoniacal ou de l'ammoniaque libre. D'autre
part, Winogradskv et Oméliansky ont établi que le carbonate de soude est
indispensable pour la culture du ferment nitrique. Il est possible que les
sels ammoniacaux soient sans action sur le ferment nitrique et que seuls
l'ammoniaque libre et le carbonate d'ammoniaque qui en dégage sans cesse,
gênent ce ferment. Cette idée a été émise récemment, mais sans démons-
tration expérimentale, par M. Lohnis.
Réduisons la dose de carbonate de soude dans le milieu de culture où
nous ajoutons du sulfate d'ammoniaque. Il est clair qu'en diminuant la
dose de carbonate de soude, nous diminuerons celle du carbonate d'ammo-
niaque formé, et, par suite, celle de l'ammoniaque libre.
Expérience. — i[\ maU-as Pasteur reçoivent chacun 20'™' du milieu minéral Wino-
gradsky et Oméliansky, mais sans carbonate de soude : nitrite de soude, i^; phosphate
de potasse, os, 5; chlorure de sodium, os, 5; sulfate ferreux, os, 4; sulfate de ma-
gnésie, 0^,3; eau distillée, loco""^'. On ajoute à ce milieu des doses de carbonate de
soude croissantes de oS,i5 à is par litre. Après stérilisation, les matras sont divisés en
trois séries : l'une, a, reçoit i"""' d'eau distillée stérile (témoin); la deuxième, p, reçoit
1 pour 1000 de sulfate d'ammoniaque sous la forme de i"^™' d'une solution stérile
à 2 pour 100; la troisième, f, reçoit 2 pour 1000 de sulfate d'ammoniaque sous la forme
de I™' d'une solution stérile à 4 po"r 100. Tous les matras sont alors ensemencés
avec -5 de centimètre cube d'une culture pure de ferment nitrique. Le Tableau suivant
indique la durée des nilrifications :
Doses de carbonate
de soude. Série a.
So
rie p.
Série Y.
I
pou
r 1000
6
jours
incomplète
manque
0,75
„
5
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id.
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3o
jours
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1 1 jours
0,3
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7
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10 »
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0,20
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4
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5
»
6 »
o,i5
i>
7
»
5
»
7 "
Cette expérience permet de tirer les conclusions suivantes : i" La dose
de I pour 1000 de carbonate de soude n'est pas nécessaire au ferment nitrique;
cette dose peut descendre sans inconvénient à 0^,2 pour loou dans le milieu
Winogradsky et Oméliansky complet. 1° Si la dose de carbonate de soude dans
ce milieu n'est pas supérieure à o^,i5 par litre, la durée de transformation du
SÉANCE DU 6 MARS igoS. 689
nilrile par le ferment est indépendante de la présence on de l'absence de
sulfate d'ammoniaque. 3° L'action nocive observée par VVinogradsky et Omé-
liansky dans h milieu ordinaire provient de l'ammoniaque libre mise en liberté
par la dose de i pour 1000 de carbonate de soude, et le sel ammoniacal ne gêne
pas la nitrification nitrique si le milieu ne contient pas de substances capables
de déplacer l'ammoniaque en quantités suffisantes pour empêcher le développe-
ment du ferment nitrique.
Nous étudions les conséquences de ces faits sur la vie symbiotique du
ferment nitreux et du ferment nitrique et sur la théorie de la nitrification.
MICROBIOLOGIE. — Sur la maladie des jeunes chiens.
Note de M. U. Carré, présentée par M. Roux.
La lecture des nombreux travaux concernant l'étiologie de cette affec-
tion, les résultats négatifs ou peu probants de l'inoculation des divers
microbes décrits comme agents spécifiques de la maladie, la comparaison
de certaines des lésions de celle-ci avec celles que l'on constate parfois au
cours de l'évolution des maladies provoquées par des microbes ultra-micro-
scopiques passant à travers les fillrcs, m'ont engagé à reprendre l'étude
bactériologique de la maladie des chiens.
Tout au début de celle-ci, le jetage nasal est fréquemment virulent. La virulence de
ce produit est parfois très grande : inoculé à la dose de 2 gouttes à un jeune cliien, il
amène la mort en 5 à 6 jours, sans lésions au point d'inoculation.
La filtration, sur bougie très poreuse, du jetage dilué dans de l'eau stérilisée, fournit
un liquide qui, largement ensemencé en différents milieux, se montre stérile. Cepen-
dant, ce liquide, inoculé à de jeunes clilens, provoque révolution de troubles morbides
fort intéressants.
Au bout de 4 jours la température monte; elle atteint rapidement 4o° à 4o°,3 et se
maintient élevée pendant 2 à 3 jours. L'animal né larde pas à présenter un coryza plus
ou moins intense, les yeux sont pleureurs, les larmes sont souillées de pus. L'innam-
mation envahit plus ou moins rapidement et avec une intensité variable les voies
respiratoires profondes. Enfin, après 6 à 10 jours, de magnifiques pustules se montrent
sous l'abdomen, aux aines, aux cuisses, aux aisselles.
Le jetage, de séreux ou séro-purulent qu'il était, devient muco-purulenl ; l'animal
maigrit considérablement et finalement meurt de broncho-pneumonie.
Cette expérience a été répétée plusieurs fois avec succès.
Suivant l'âge et la race du chien et, probablement aussi, suivant la quantité de filtrat
inoculée, la réaction à la suite de l'inoculation est plus ou moins vive.
L'élévation thermique ne (ail jamais défaut; le coryza et l'éruption de pustules sont
fréquents; la terminaison fatale est exceptionnelle.
C. R., lyoô, ."' Semestre. (T. CXL, N« 10.) ^''^
(Sgo ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'inoculation du sang dé fibrine d'un animal infecté par le filtrat à un ani-
mal neuf lui donne de la fièvre, du coryza et des pustules. Ce même sang,
largement ensemencé en différents milieux, ne donne aucune culture.
Toutes ces expériences ont été réalisées dans des conditions d'isolement
si parfaites que les résultats m'autorisent à penser que le virus de la mala-
die des chiens rentre dans le cadre des microbes filtrants.
GÉOLOGIE. — Sur une coupe géologique du [laut- Allas, dans la région du
Glaoui (Maroc). Note de M. Paul Le.moi.ve, présentée par M. A. de
Lapparent.
Thomson ('), qui avait parcouru tout le versant nord du Haut-Atlas
marocain, avait laissé des notes géologiques, publiées après sa mort; il s'y
trouve une coupe de la région du Glaoui. J'ai parcouru à nouveau la région
en automne 1904; j'ai pu compléter et modifier la coupe de Thomson.
Je rappellerai d'abord que, dans toute cette région, il n'a pas été trouvé
encore de fossiles. Les déterminations d'âge sont donc toutes provisoires
et très conventionnelles; elles reposent sur les analogies de faciès avec
l'Algérie où les fossiles sont d'ailleurs rares (Trias) ou absents (Permien).
On trouve d'abord à Tazert et dans le Touggana des couches d'argiles, de grès
rouges et de conglomérats où s'intercalent des roches éruptives vertes et des bancs de
calcaires, dépourvus de fossiles à l'examen macroscopique et microscopique. Ces
couches (Trias) sont disposées suivant des anticlinaux, dirigés sensiblement est-
ouest; en beaucoup de points, ces anticlinaux sont très aigus, de sorte que les bancs
de calcaire sont presque verticaux (Tazert). L'axe de l'un de ces anticlinaux est
occupé par la vallée de l'oued Imin Zat, en amont de Dar el Caid Mesfiona (Souq
el Tlalla).
Dans la vallée de l'Oued Rdat, en amont de Quantra el Abid, on trouve ensuite des
grès rouges el des marnes blanches en couches à peu près horizontales; plus loin, en
amont de Zerekten, ces grès sont, au contraire, fortement redressés et se présentent en
bandes presque verticales, plongeant vers le nord et affleurant suivant des horizontales
sensiblement est-ouest. Ces grès sont identiques d'aspect à ceux que j'ai vus aux en-
virons d'Asni (vallée jde l'Oued Reraia), que von Fiitsch appelle les ^rès de Wan-
sero et que Suess rattache aux grès permiens d'Algérie.
Entre Zeieklen et Souq el Gourgah, se substituent brusquement à ces grès, sans
qu'on puisse voir le contact, des schistes vevls [Schistes de Tislil), puis noirs (S'c/iKiei
(') J. Thomson, Tlie geology of Norlliern Morocco and Ifw Allas inounlains
{Quart. Journal, t. L\ , mal i88g, p. 190-^12; p. '100.^ Jig. 2).
SÉANCE DU 6 MARS ipoS. %!
de Tiouloii), qui se prolongent jusqu'au col Tizin Teiouët. Je n'y ai trouvé aucun fos-
sile; les derniers sont identiques d'aspect aux schistes du nord de Moiilay Braliim où
Balansa a trouvé des plantes fossiles que Pomel rapporte être du Culm ; on doit les
rapprocher des schistes et calcaires que Brives a signalés dans le Haut Goundafi et
qu'il considère comme d'âge carbonifère, sans preuve publiée d'ailleurs.
Ces schistes sont affectés de plissements de direction sensiblement nord-sud; ils
plongent vers l'ouest ou vers l'est; on sait que Brives a signalé le même fait dans le
Goundafi où les plis ont une direction N. 20° E.
Par contre les grès rouges et les poudingues (Permien?) qui viennent au-dessus du
col Tizin Teiouët et constituent le versant méridional du Haut-Atlas, plongent nsllc-
ment vers le sud et ne présentent aucune ondulation de direction approximativement
nord-sud. Ils montrent, au contraire, dans la vallée de Teiouët des plis faibles qui
laissent apparaître des couches gypsifères et salifères (Trias) et dont la direction est
le à celle de l'Atlas en ce point, c'est-à-dire à peu près N.-E.-E.
Tandis qu'au Djebel Hadid (' ) le phénomène de plissement s'est produit
sur le même emplacement et dans le même sens, depuis l'époque triasique
jusqu'à l'époque actuelle, dans le Haut-Atlas marocain l'on peut mettre en
évidence deux séries de plis superposés.
Les uns affectent les couches primaires et sont dirigés sensiblement
N. 20" E. (presque exactement nord-sud dans le Glaoui) ; ce sont les plis
de la chaîne hercynienne; ils ont été signalés par Th. Fischer au nord du
Tensift, par Brives dans le Goundafi et jusque dans l'Anti-Atlas. Les autres,
parallèles à la chaîne, avaient frappé Thomson; mais Brives, qui avait noté
l'existence de grandes failles à peu près est-ouest, avait nié l'existence de
ces plis : « L'Atlas n'est donc pas une chaîne de plissements. La chaîne
réelle existe, elle a pour orientation celle des plis (N. 2o°E.) » (-).
Contrairement à cette assertion, je reconnais des plis parallèles à la chaîne
et affectant les couches plus récentes (Pennien, Trias, Crétacé). Ces plis
paraissent pouvoir être considérés comme le prolongement de ceux que
mettent en évidence, dans la haute vallée de la Moulouya, les impressions
et les croquis de de Foucault, les indications de de Segonzac et l'étude de
ses matériaux faite par Ficheur.
Les points où, sur la surface du globe, des plis récents se superposent à
des plis anciens de direction différente semblent assez nombreux quoique
encore mal étudiés. Les plus connus sont les Sudètes et la vallée du
(') Paul Lemoine, Sur la conslituUoii du Djebel Hadid {Maroc occidental)
[Comptes rendus, 6 janvier 1906, p. SgS-Sg/i)-
(2) A. Brives, Aperçu' géographique et géologique sur le grand Atlas marocain
{Bull. Soc. Géogr. d'Alger, 4' trim. 1904, p. 55o-557; p. 555).
692 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Guadalqiiivir. Là, comme l'a indiqué Suess, et le même phénomène paraît
s'être produit dans l'Atlas, « ce n'est pas la direction des anciens plis, mais
la direction de leur bord fracturé, qui détermine l'allure des plis posté-
rieurs plus récents ».
Il reste à déterminer jusqu'à quel |Kjint les poussées tangentielles qui
ont déterminé ces plis récents ont remanié les plis anciens, dans quelles
conditions tectoniques de détail se fait la superposition des deux sortes de
plis et quel rôle prédominant y a joué le Trias, argileux, gypseux et
salifère.
PALÉONTOLOGIE. — Examen des fossiles rapportés du Yunnan par la mission
Lantenois. Note de M. H. Mansuv, présentée par M. de Lapparent.
M. Lanlenois, ingénieur en chef des Mines, fut chargé, en igoS, par le
Gouvernement général de l'Indo-Chine, d'une mission d'études géologiques
et minières se rattachant au choix du tracé de chemin de fer de Lao-Kay
à Yunnan-.Sen.
Au cours de cette exploration (sept. 1903 -janv. 1904) accomplie avec
la collaboration de MM. Counillon, du Service géologique, Bourguignon,
capitaine d'artillerie coloniale, de Balz, officier topographe, de nombreux
fossiles, à la recherche desquels nous avons participé, furent recueillis.
M. Lanlenois a bien voulu nous en confier la détermination. Nous avons
effectué cette élude sous la direction de M. Douvillé, au laboratoire de
l'École des Mines. Nous avons pu reconnaître les niveaux suivants :
i" Camhrien injèiieur. — Schistes argilo-sableux de Lou-Fon-Tsen, de
Tchin-Tcha-In et de I-Lcan-Chien (N.-N.-E. de Yunnan-Sen).
Olenelliis (Mesonacis), nov. sp. Celte espèce rappelle par sa forme Mesonacis
asaphoides, mais ne présente qu'une épine sur l'un des derniers anneaux du thorax;
Lingulella, Obolella, Discina. Ce niveau se rattache, par la présence du genre Meso-
nacis, au Cambrien inférieur des États-Unis, ainsi qu'à Thorizon à O. {Mesonacis)
Mickwitzi, de la Russie orientale.
2° Dévonicn injérieur. — Calcaire de La-Ngi-Tsin, au sud de Lou-Nan :
Pterinea lineala.
3" Dévonien moyen. — Environ cinquante espèces provenant de nom-
breuses localités; nous citerons :
Belle rophon slrlalus, Murclnsonia bilineata, Al. angulaln. Strophalosia produc-
SÉANCE DU 6 MARS ipoS. 693
toicles. Orlhis slriatula. Spirifer undiferus, S. {ISucleospira) Taknancnsis, Rhyn-
chonella procitboides, ces deux dernières espèces déjà signalées au Yunnan et au
Se-Tchouen par Richthofen ; Penlamerus galealiis. Stringocephalus Bitrlini, Atrypa
explanata, A. dcsquamata, A. aspera, Carterina, sp.?, voisin de Carterina pyrami-
dala. plus récent, des calcaires à Productus de Tlnde ; Cyathophyllumd. hcliarithoides,
Cyalhophyllum cf. Rœmeri, Cysliphyllum cf. americanum, Pachypora, etc.
L'analogie de cette faune importante avec celle des assises à Stringocephalus Bur-
tini de l'Oural a été déjà établie par M. Douvillé {Comptes rendus, 26 février jgoo,
mission Leclère).
4° Dévonicn supérieur. — Calcaires roses de Si-Tché-I :
Paradoceras, cf. globosum.
Calcschistes, entre I-Leang et Lou-Naa :
Spiriferina cristata, Retsia radialis, Terebratula linguata; ces espèces viennent
s'ajouter à celles déjà citées de la même localité (mission Leclère).
5° Carboniférien. — Calcaires et calcschistes de Eul-Long-Si-Chou, Lo-
Chou-Tong, etc.
Orlhotetes crenistria.
6" Carboniférien supérieur. — Calcaire de Rouen-Iang, au sud du lac de
Yunnan-Sen :
Spirifer mosquensis, atteste le synclironisme du calcaire de Kouen-Iang avec le
Carboniférien du Tonkin (Douyillé, Bull. Soc. géol. France, avril 1886). De I-Léang
Chien, CampophyUum. Environs de Tong-Hai, Fusulina, cf. Kattaensis du groupe
des fusulines subcylindriques des calcaires à Productus de l'Inde.
7° Permien moyen ou supérieur. — Fossiles silicifiées, dégagés, de
Lou-Me-I, près I.ou-Nan :
Spirifer Blasii Vern., identique au spécimen fii;nré dans Russia, PI. VI.
Camarophoria globulina Phill., du permien d'Europe et du calcaire à Productus
moyen de Jabi et de Chidru (Indes). Hemiptychina cf. sparsiplicata, du calcaire à
Productus moyen de Katta. Le Spirifer Blasii, nous montre que les nombreuses
similitudes paléontologiques reconnues dans la plupart des termes delà série primaire,
entre les terrains synchroniques de la Russie et de l'Extrême-Orient, se sont manifestées
jusqu'à la fin de la période paléozoïque.
8° Trias supérieur. — Marnes vertes de Tse-Tchou, près A-Mi-ïchéou :
Prolrachyceras Thous Dittmar, du niveau à Trachyceras auslriacuni, étage
carnien.
Schistes argileux, entre A-Mi-Tchéou et Ni-Oa-Ré; calcaire près Roa-
Tien :
Trachyceras Suessi Mojs.
(\ç)\ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Point situé à 7'*'" S.-S.-E. de A-Mi-Tchéou :
Trachyceras Tihclicum Mojs., du carnien fie Riinkin Paiar.
De La-Ni-Pc :
Daonella indica Biltner.
Le trias supérieur des environs de A-Mi-Tchéou renferme ainsi des espèces du cal-
caire de Hallsladl et de l'étage carnien de l'Inde.
9° Tertiaire. — Les terrains tertiaires sont localisés dans des cuvettes
lacustres, dont l'origine est peut-être altribuable à des phénomènes d'effon-
drement. A Pou-Tchao-Pa, les schistes subordonnés aux lignites nous ont
donné des Planorbis et des Paludina, fréquemment écrasés et que nous
n'avons pu identifier. A Mi-La-Ti, les couches de combustible renferment
des Tylotorna, qui établiraient la contemporanéité de ce gisement avec les
lignites de Yen-Bay, au Tonkin.
La présence de grands amas de coquilles de Piihiclina {Margaria)^ dans les argiles
de décalcification, à plus de 5o"' au-dessus du lac de Tong-Haï, laisserait supposer que
le niveau des lacs du Yunnan se serait maintenu, pendant l'époque quaternaire, à une
altitude beaucoup plus considérable qu'à l'époque actuelle.
En résumé, l'élude des nombreux fossiles recueillis par M. Lantenois
confirme lesanalogies reconnues antérieurement entre les faunes primaire
et secondaire de la région indo-chinoise et les faunes synchroniques de
l'Inde et de l'Asie centrale. L'intéressante découverte de Trilobites du
genre Olenellus nous montre, d'autre part, que, dès les temps cambriens,
la vie animale revêtait déjà des formes presque identiques, en Extrême-
Orient, dans l'Europe orientale et en Amérique; de plus, nous constatons
que celte ressemblance a persisté avec l'Europe pendant toute la durée de
l'ère primaire.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Le cercie de Bishop de la Montagne Pelée
de la Martinique. Note de M. F. -A. Forel.
.T'ai déjà entretenu deux fois l'Académie (') de l'apparition nouvelle en
1902-1903 de la couronne circumsolaire cpie nous avons appelée cercle de
Bishop, en 1884, quand elle avait été observée, pour la première fois, à la
suite de l'éruption du Krakatoa (-). Cette réapparition d'un cercle de dif-
(') Comptes rendus, t. CX.VXVII, igoS, ].. 38o et t. GXXXVIII, 1904, p. 688.
(^) Comptes rendus, t. G, i885, p. 11 32.
SÉANCE DU 6 MARS IQoS- 69$
fracLion a été attribuée, par moi et par tous les physiciens qui s'en sont
occupés, à des cendres projetées dans la haute atmosphère par les érup-
tions volcaniques des Antilles, Montagne Pelée de la Martinique et Sou-
frière de Saint-Vincent, en mai 1902.
Cette seconde manifestation du cercle de Bishop a été signalée par des
observateurs isolés depuis l'été de 1902; elle est devenue bien évidente et
de constatation continue depuis les premiers jours d'août igoS; elle a
diminué d'intensité vers la fm de l'hiver; elle est devenue rare et espacée
au printemps et a disparu vers le milieu de juillet 1904.
Parmi les nombreuses observations dont je dispose, je choisis, pour donner une idée
de ses allures, celles de M. Richard Fink, le savant météorologiste de la station du Saint-
Golhard, qui sur ma demande, depuis septembre 1908, surveille, à 2114™ d'altitude,
les apparitions du cercle de Bishop. Il l'a reconnu : ii
1903. Septembre 20 jours 190i. Mars 2 jours
Octobre 16 » Avril r »
Novembre 16 <> Mai i d
Décembre 10 n Juin o »
1904. Janvier i4 » Juillet i «
Février ci » Août.
D'accord avec ceux de mes collègues qui ont suivi cette observation, je (ix.e à la fin
de juillet 1904 la fin de l'apparition du cercle de Bishop de la Montagne Pelée.
Le phénomène a duré un peu plus de 2 ans; il avait duré 3 ans après l'éruption du
Krakatoa.
Gomme pour celui du Krakatoa, le phénomène, après avoir été d'apparition continue,
est devenu, à sa fin, intermittent et discontinu. Nous traduisons ces faits en supposant
que les cendres volcaniques projetées dans la haute atmosphère, au-dessus de la région
des pluies et des neiges, se sont étalées en un anneau d'abord continu, un anneau de
Saturne terrestre, qui plus tard s'est divisé en nuages isolés, discrets, promenés par les
courants supérieurs successivement sur les divers méridiens du globe.
Donc, le phénomène a cessé d'être visible en juillet 1904. Mais dans l'automne de la
même année ou l'a vu reparaître. M. E. Bosshardt, dessinateur de panoramas alpins,
à Winterlhur, dans ses ascensions au Tfidi, à plus de Sooo™ d'altitude, l'a reconnu les
5 et i5 octobre. M. le professeur Mercanton, de Lausanne, l'a vu au Saint-Bernard,
2470", le 5 novembre; à Champéry, 1050"", le 6 décembre; à Anzeindaz, 1900°", le
18 décembre, et maintes fois encore pendant l'hiver, jusqu'au 5 janvier 1905, dernière
observation utilisable. M. G. Maier, de Zurich, l'a vu sur le Righi, 1800™, le 20 octobre.
M. le D"" E. Sarasin, de Genève, l'a vu de son chalet de la Faucille, i3oo", le 20 no-
vembre. En plaine, M. le D"' J. Maurer l'a vu de Zurich, le 4 décembre; moi-même de
Morges, du 8 au 12 décembre.
Enfin AL R. Fink l'a noté au Saint-Golhard, du 1'' au 4 octobre, les 2, 5, i4, i5, 19,
'^9^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
20 novembre, le 18 décembre et jours suivants,- les 2, 3, 9, 14, 20, 22 2.5 3o Jan-
vier 1905. ' ' ■'
Donc, nouvelle apparition du phénomène. A-t-elle des relations avec celle de .002-
.904. Est-ce un autre anneau de poussières, dû peut-être aux éruptions des volcans de
I Islande, d avril 1904? Je n'ai pas encore les éléments de réponse à ces questions
Mais je constate que le phénomène du cercle de Bishop est relativement fréquent •
trois apparitions, dune durée totale de près de 6 ans, dans les vingt dernières années'
Je constate que, s'il est difficilement visible de la plaine, il est d'observation facile pour
ceux qui, sur la montagne, sont au-dessus des couches poussiéreuses des basses
régions.
Les relations probables du phénomène avec les éruptions volcaniques riches en cen-
dres rendent son" observation intéressante; il serait utile qu'elle fût suivie avec atten-
tion. Ce ne sont que les observatoires de montagne qui peuvent le faire avec succès-
donc il est urgent que ces instituts y consacrent une partie de leur activité.
Je me permets donc de demander aux observatoires de montagne :
1° D'admettre dans leurs tableaux d'observations une colonne intitulée :
cercle de Bishop;
2° D'inscrire dans cette colonne :
de 1 à 5, les notes d'apparition plus ou moins évidente de la couronne,
o, l'absence de la couronne, les conditions étant favorables,
?, les jours où l'observation n'est pas possible;
3° Dans le cas d'une nouvelle apparition du cercle de Bishop qu'ils
avertissent immédiatement tous leurs collègues des observatoires de mon-
tagne, afin que l'étude soit faite .simultanément et avec ensemble.
M. P. Etges adresse une Contribution à l'étude des rayons N.
M. E.-S. Bellexoux adresse une Note Sur la culture de la Pomme de terre .
La séance est levée à 4 heures et quart,
M. B.
W 10.
JWME DES ARTICLES Séance du 6 mars 190^.)
MÉVIOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRIÎS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
l'-oe^ 1 liages.
if"'^* I pur un corps translucide quelconiiue 622
M. le ''«'■:«'f''=f/'''''";""7"VrreTnlôrà'ti'..n ! MM- A. IUller et b\ Mauch. - Etude des
de Al. Jean Charcot. relatif a I exploration ^^ j ^ _^^ .^(jy,_,^_,3^„^y,eyclohexanols et i-me-
des régions anlarcliqncs.... ..•■ •■■■^- /j n ,i_/_jibenzylcyclol.cxaiiol ■• '^'^
M. Gaston DAimorx. - Snr e» trajeciouc | ^^^^ ^^ BouviKR et G. Skijiiat. - £-ume-
orll.osonales d'une fa, M, lie de surface ..^. 1 ^^-^ com'iclor, Crabe couinien^al d'un
M. J. BoussiNESQ. — lormule rationnelle au ^,2,^
coefficient de ralisorption
de la
MÉMOIRES PRÉSENTES.
iaoureux et dans les 1
... ■ I ^ .,,B les i-limats rigoureux et uans
W. Bkll Dawson adresse un Mémoire „"' lointaines ..
-elatif à r « Installation des marégraphes I gions lointaine»
CORRESPONDANCE.
M le Si'CRÊTAiRE PERPÉTUEL signale l'Ouvrage
suivant : « Nouvelles Tables d'intérêts
composés et d'annuités et Précis ce a
M 11. COPAUX. - Propriétés physiques com-
paratives du cobalt et du nickel purs 65-
\l L.-J. Simon. - .Vclion du pcrnianganate
■,1e potassium sur les sels d'bydroxylamine
(nitrate, pWospbate, ai-éniale, ^9
M. E.-E. Bi.AiSK. - Sur I oxygène <
mi
M. Th. MoiiEtx. - on. ... '"■
lii •
M. P. Caiu.e. - Sur la decnmposili
taches s..laire5
M. L. LECoiiNV. -Surlefr..Ue
■ ■ ' ,'■'
1 alcool o-nitrobenzyli.iue, sous l'iiil
lient lie g .■•
sèment
lique
M. L. LUTZ. - Sur l'assimilabilite cou
M. GEORGES MA.UE. - Uscillat
cules de chemin .le fer sur
,„s des veill-
eurs ressorts
desuspens,.,.n....^.......;--
■ tii'i-. ,!.■ loi.-
amides et des nitriles
M. DuiENCOruT. - Sur la l.- e
transport .le temps des iliU'-i
M\l. EfG. CuARABOTel G.LAi.om:.-
lilions successives de lestrag.d
gitude à Madagascar cl à !..
'" 'l","""h.s d.-
composés terpéniques enlie les .liv
M. A. LEOf.-,. ' sur .i..cl.|..
gaz et la p..:-c.si.m .|u'elles .
M. BiiONibi.As S.uiAT. - A.l".
de radium sur la lé^slan.c
, ,lu bromure
•lectrique des
ga.ies d'une plante aiinu.dle
M. 11. Lagati.- Sur l'analyse .1. t.- /'/
M. PlElilll. \lAssnrilEII — <
'"'n''!!!mcs!." <\
l',^,._,ij,.l,cs
l'étllllc .II- rinlM-all.ii. ilali-.
, \| 11. C.r.rTiEBE. — Sur une forme .
M s. Tri..:uiM - Variai. ..n.
''■ ' •■"""■"'■ ^ ,
iieres iiropres aux l'andatidœ . . ■
de
M. Gaston Gaillaud. - Sur le temps qi
la précipitation met à apparaître dans I
solutions d'hyposullite
MM. Anube Bbocuei et Joseph Petit.
Sur la dissolution clectrolyti.|ue du pi
Gne dans l'acide sulfurique
«71
''jM. PacÀi;t.' - Sui' qucl<|ues forme., ano-
r, . ! revêtement des .Mammifeiçs • • ''7''
M. Georges Del.acko.x. - La roLulle
Uanclie du tabac et la nielle ou maladie
,50 1 de la mosaïque ">*
IV° 10.
SVITF. DE LA TABLE DKS ARTICLES.
M. J. TissoT. - Étude expérimeotale de^^"*^
conditions qui déterminent la pi-iu^tralion
des vapeurs de chloroforme dans le san"
pendant l'anesthésie clilorofortnique et de
I influence des variations de la ventilation
pulmonaire sur cette pénétration gj
MM. Henri Lamy et André Mayeh. "l'sur
le pouvoir sécréteur du rein " ce
MM. M. PiKTTR.etA.Va.. -Étude'spe;:
MM. E. BeuLLANGER et L. Massol. - Sur
I action des sels ammoniacaux sur la nitri-
f.cat.on du nitrite de soude par le ferment
nitrique ' „
Glaoui (Maroc) "
M.H M..so-.-Examen-des-}ossi-|es-rap: ^'°
pones du Vunnan par la mission Lante-
";/m ''^■, ''°''";; ~ ^' "^"^^ <^^ Bishopde ^'^^
la Montagne Pelée de la Martinique 6n/,
M P. ExoEs adresse une « ContribuUon à ^'
I étude des rayons N » g g
M. E.-S. Bellenoux adresse une Note'«"sur ^
la culture de la Pomme de terre ...... 6q(3
PARIS. _ IMPRIMERIE G A UT H I E R - V I L L A R S
Quai des Grands-Augustins, 56.
i« Gérant : Gautbibr-Villabs.
o-^C
-^f^^^ 1905
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
Nil (13 Mars 1905).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, I.MPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELiTIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 2\ mai 187.5
-aif^a--
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l' Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
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Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
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26 numéros composent un volume.
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Article l".
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pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
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vernement sont imprimés en entier.
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plus de 3:>. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
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ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
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moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
le sont qi|{
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sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
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tenus de les réduire au nombre de pages requis,
Membre qui fait la présentation est toujours nor
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet ej
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils 1«
pour les articles ordinaires de la correspondance!
cielle de l'Académie.
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le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être n'iiii
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fait un Rapport sur la situation des Comptes renû
après l'impression de chaque volume.
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ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 13 MARS 1905.
PRÉSIDENCE DE M. TItOOST.
MÉMOIRES ET COMMïjrVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. - Des surfaces applicables sur le paraboloide
de révolution. Note de M. Gaston Darboux.
1. Les surfaces applicables sur le paraboloïde de révolution qui a pour
équation
sont définies, comme on sait, par des équations de la forme suivante :
où y, /,. /s désignent des fonctions d'un paramètre x assujetties à la con-
dition
(3) /^ + /r + ./: = ^.
et où 9, 9,, 9, désignent des fonctions d'un autre paramètre [i assujetties
de même à la relation
(4) 9^ + 9; + 9^=-i. .
Si les fonctions 9, 9,, 9, sont imaginaires conjuguées de/, /,, /a res-
pectivement, et si 00 et p prennent des valeurs imaginaires conjuguées, les
G. R., i9o5, 1" Semestre. (T. CXL, N° 11.) 9
698 ACADÉMIE DES SCIENCES.
formules (2) définiront évidemment une surface réelle (I) applicable sur
le ])araboloiile proposé. Eu y changeant le signe de 9, ç,, 9^, on obtiendra
les foi-mules suivantes :
(5) .r'=^'(.A? -f 9-^ + '-if{fAf -f if-^-^-^ fi^-A^ -?4.).
qui détermineront une nouvelle surface réelle (-'). Cette surfiice sera, elle
aussi, applicable sur le paraboloïde proposé. Les deux surfaces (i), (i')
sont tangentes à la droite qui unit leurs points correspondants M, M' et
elles consliLuent les deux nappes de la développée d'une surface normale
à toutes les positions de la droite MM'.
2. Si l'on définit la fonction H par l'équation
(6) H=/ :; = -(H — i),
qui font correspondre un point réel de (l) à un point réel du paraboloïde;
pour le second élément, au contraire, l'application est déterminée par les
formules
(12) aî = T/v'-2H + 2COS— ., y = Tj'y/2ll -\- 1 sin— ., 3 = (H+i),
qui font correspondre la nappe réelle de (!') à une nappe imaginaire du
paraboloïde proposé.
3. On n'a pu encore déterminer toutes les surfaces algébriques qui
peuvent être fournies par les formules (2) ou (5). La solution de ce pro-
blème dépend, comme on sait, de la recherche des courbes algébriques à
torsion constante. Malgré les efforts d'un grand nombre de géomètres,
cette question, aussi intéressante au point de vue analytique qu'au point de
vue géométrique, n'a pu être encore entièrement résolue. Je me propose 'ici
de faire connaître des surfaces particulières algébriques qui sont sans
doute les plus simples de toutes celles qui sont définies par les formules (2)
et (5) et de montrer ensuite comment on peut en faire dériver une suite
illimitée de solutions du problème.
D'après la relation (3), la courbe imaginaire décrite par le point de
coordonnées /, /i./a est tracée sur la sphère de rayon i. Parmi toutes les
courbes tracées sur la sphère, le cercle est la plus simple et, parmi tous les
cercles, le plus simple est celui qui est contenu dans un plan isotrope. En
choisissant convenablement les axes, on pourra ramener l'équation de ce
plan à la forme simple
X -\-iy ^^ a,
cù a désignera une constante réelle et positive. Les valeurs correspon-
dantes i\e J, J\, f., s'en déduiront et seront
. .>K ,. l + rt'^— 2- ,. .1— «^— a-
('^) J= — ' J^ = l Ta ' f'^""-
Celles de cp, 9,, «p^, qui doivent être imaginaires conjuguées, seront de
■yOO ACADÉMIE DES SCIENCES,
même
En remplaçant les /et les ç par ces valeurs dans les formules (2) et (5)
;iprès avoir posé
( 1 5 ) T — — 2 a" , a = w -t- ('/, [i = f/ - cj,
on trouvera les formules
(16) j
z,a
trtç' ;r
qui définiront la surface (i) et les suivantes :
I x' = 2 rtH ( ('- -Jr ^ + à- — l\,
(17) {/= 4ay'
qui définiront la surface (i'). L'une et l'autre seront applicables sur le
paraboloïde
(18) x''-^y- = ^a-'z.
'i. Les formules (16) et (17) se prêtent très bien à l'étude de (2) et
de (i); les deux surfaces sont, l'une et l'autre, unicursales. Au point de
vue algébrique, elles ne diffèrent pas essentiellement, car on passe de la
première à la seconde en remplaçant
a. II, v, X, y, z-, a, p
respectivement par
10, iv, iu, y, x' , — z' , — p, a.
Leurs sections planes sont représentées par des courbes du quatrième
ordre ayant les mêmes directions asymptoliques; et, par conséquent, les
surfaces sont du douzième ordre.
SÉANCE DU l3 MARS igoS. 70 1
Leur classe aussi se détermine aisément. Si l'on écrit l'équation d'un plan
sous la forme
Ix + my -h nz -h p — o,
on aura par exemple, pour le plan tangent à la première snrf;irp,
(19)
I l = i -\- a^ — u- + v'^, fn = 2iw, n = lau,
] p = "^ [(y- + 1 + ^<= + i-)^ + /'i ( '(r- b) + Yl[' -^ è -f'êy
M. Lecornu admet ensuite que N est proportionnel à z, soit jy =>• : si >.
est très petit, N et F sont très grands, et, par suite, w s'annule très vite au
bout d'un temps qui tend vers zéro avec).. Il est donc loisible de supposer),
assez petit pour que l'intervalle de temps /„ — '. soit inappréciable et que le
phénomène constitue une véritable percussion.
Les hypothèses précédentes sont logiquement admissibles, mais elles
sont d'autre part arbitraires. Elles introduisent une indéterminée 1, et l'on
dispose de cette indéterminée pour atteindre le but qu'on s'est proposé
d'avance : à savoir, garder la loi de Coulomb, ce qui exige qu'on réduise
presque à rien l'intervalle de temps /„ — ^ •
Mais ces hypothèses ne sont pas seulement arbitraires; elles sont encore,
SÉANCE DU l3 MARS IQoS. 7o5
à mon avis, peu vraisembhibies. En effet, si la planche n'existait pas, le
disque descendrait au-dessous du plan H défini par la planche, et l'accé-
lération verticale z" du centre géométrique C du disque serait (comme
on le montre aisément)
Or, dans l'équation (i), le coefficient de N est positif ainsi que N lui-
même; l'équation (i) signifie donc que (entre les instants t^ et t,) le disque,
en vertu de la réaction de la planche, s enfoncera dans la planche plus rapide-
ment qu'en chute libre. Bien plus, comme N {percussion) est considérable,
par rapport au poids Mg- du disque, on peut dire que (entre les instants t^
et /, ) le disque s'enfoncera daus la planche beaucoup plus vile que s'il tombait
en chute libre. Enfin, si l'on remplace, dans (i), N par p on voit que la
pénétration du disque dans la planche est d'autant plus rapide que \ est plus
petit, c'est-à-dire que la planche est plus dure.
Ces considérations, auxquelles il serait facile d'en ajouter d'autres sur
les valeurs des forces en jeu ( ' ), me paraissent donc rendre peu admissibles
les hypothèses qu'exige la première explication de M. Lecornu.
4. Passons à la seconde explication : M. Lecornu admet, celte fois, que
dans l'intervalle de temps t„ — t,, la loi de Coulomb ne s'applique pas, et
qu'on a ^ • H est donc, sur ce point, d'accord avec moi. Mais, tenant
compte ici des seules déformations tangentielles, il admet, sur ces défor-
mations et les forces qu'elles engendrent, des hypothèses qui le conduisent
à la conclusion que le frottement arrête la vitesse de glissement en un
temps /„ - t, extrêmement faible, assez laible pour se confondre avec la
période d'établissement de régime, laquelle est inévitable quand on met
deux corps en contact.
Là encore, je ferai aux hypothèses de M. Lecornu cette objection
qu'elles sont arbitraires et actuellement invérifiables, et qu'elles ont été
choisies précisément pour arriver au résultat voulu d'avance : percussion
arrêtant presque instantanément le glissement. On pourrait en imaginer
(') Si l'on admet que les déformations de la planche sont inférieures à 2""", que
ir„= 5-° et que, dans l'équation (3), le coefficient de N est de l'ordre de i, on voit aisé-
ment, une fois admises les hypothèses de M. Lecornu, que la durée de rinlervalle <„— s'arrêter et cela si considérable que soit la traction
exercée sur lui.
6. Un second exemple intéressant, qui m'a été communiqué par ]\1. H.
Chaumat, est le suivant :
Considérons, dans un plan vertical, une horizontale Ox et une demi-
droite 0/ située au-dessus de Ox, qui fait avec Oa; un angle aigu. Une
roue homogène, pesante, glisse avec frottement sur Ox et sans frottement
(ou avec un frottement très faible) sur Ov. La roue est abandonnée, à un
instant /, en contact avec Ox et Oy dans l'angle xOy, avec une vitesse
angulaire w qui a le sens de l'angle xOy. Une discussion tout élémentaire
montre que la roue ne peut s'écarter d'aucune des deux droites Ox, Oy,
et que, dans le glissement de la roue sur ces deux droites, on a nécessai-
rement
|- + !x/^);
a, \ et |x sont des coefficients numériques dépendant de la forme seule des brins de
poudre et jk l'expression suivante
(2)
^m--
En outre, A étant le rapport du poids initial de la charge au volume de la chambre,
avec
"- t-aD-'' i-AD-' •
Pour les poudres dont il s'agit, A est pris d'ordinaire égal à 0,2, en sorte que la
valeur de k est voisine de -Jj. Des équations (i), (i) et (3) il résulte qu'en représen-
tant par V une fonction de r, ainsi définie,
V^' " F(7) "^ '"
on a
En raison de la petitesse de k, V peut être remplacée par un ou deux termes de
son développement suivant les puissances de cette quantité. Il s'introduit ainsi les
fonctions elliptiques correspondant aux invariants a', = o, ^3= ^ — et I on trouve
L'intégrale ( F(7) f/U se réduit à
7IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
et se calcule par des procédés classiques. Soil V In racine réelle de l'équatic
l, pour abréger,
[6) 6A:
m obtient sans peine la formule
(7)
Y- RTi _ izi^ _ ^ />u ^ ±_ /^u(vu-x)
'-'- 3^ 3 (//U-/yV)^ + 36!. ir^\}-p^\
A r 2.MU-V) 1 , '-'^i r^(u-yv)i
+ 3 '^La'Ua-^V(;>'U-/yV)|-*"^/3'^L'(L'-/^V)J'
qui, jointe à l'égalilé (5), ne laisse à craindre, sur la valeur de -, qu'une erreur de
l'ordre de -^ pour loo.
Mais déjà la formule approchée
plus rapide à calculer, ne laisse qu'une erreur de 1 ,5 pour 100 au plus.
On sait donc e-cprimer les pressions en foncUon du temps.
Pour comparer la théorie à l'expérience, il faut remarquer que t dépend
un peu des circonstances de la fabrication. On doit l'emprunter chaque
fois à une expérience spéciale ou bien le déterminer de telle façon que
le temps écoulé, entre les instants où se produisent deux jjressions don-
nées, soit le même pour le tracé théorique et pour le tracé expérimental.
L'origine de ce dernier n'est pas connue, c;ir les pressions ne s'inscrivent
pas avant d'avoir atteint 200''^ environ par centimètre carré. Il est naturel
de choisir ce point et celui qui correspond à la pression maximum, pour
en déduire la valeur de T . Les points intermédiaires devront être ensuite
à peu près identiques sur les courbes théorique et expérimentale. Tout
l'intérêt de l'étude précédente consiste dans la vérification numérique de
cette coïncidence.
SÉANCE DU l3 MARS igoS.
HYDRODYNAMIQUE. — Sur l'onde explosive. Note de M. E. Jouguet,
présentée par M. Jordan.
Nous nous proposons de signaler ici certaines circonstances qu'on ren-
contre quand on calcule la vitesse de l'onde explosive par la méthode tpie
nous avons proposée dans deux Notes insérées aux Comptes rendus des
27 juin et II juillet 1904. Nous adopterons les notations de ces deux Notes.
I. Limites de détonation. — D'après Dixon, quand on dilue le mélange
tonnant H^ 4- O dans de l'azote, le mélange à la limite de détonation est à
peu près H'- + O + 7 Az.
Si ron applique notre mélliorle de calcul à ce im lange, on Irouve une onde explo-
sive pour laquelle —^13,9. Celle valeur est remarquablement voisine de celle
— =12,1, qu'on obtiendrait dans une onde de choc qui porterait siiiiplemenl le mé-
lange à sa température d'inflammation, celle-ci étant supposée égale à 373°+ 555°.
Cette remarque fait entrevoir pour les limites de détonation une explication ana-
logue à celle que Mallard et Le Chatelier ont donnée des limites d'inflammabilité (').
Ces savants ont montré que les mélanges à la limite d'inflauimabililé étaient carac-
térisés par le fait que la température de combustion (tension calorifique) y était égale
à la température d'inllammalion. Il semble que les mélanges à la limite de détonation
soient ceux pour lesquels la pression de combustion (tension mécanique) est égale à la
pression qui provoque la réaction.
II. Influence de la dissociation. — Les calculs numériques donnés dans
notre Note du r i juillet 1904 ont été faits en supposant la combustion to-
tale dans l'onde explosive et la dissociation négligeable en arrière, de sorte
que la vitesse désignée par H^ pouvait être égale à la vitesse du son calculée
par la formule de Lapliice appliquée au mélange complètement brûlé.
Nous avons fait quelques calculs en supposant que la combustion, incomplète dans
Tonde explosive, s'aclievait en arrière en suivant la loi de la dissociation. Nous avons
d'ailleurs admis, pour la loi de la dissociation, celle de Gibbs. Dans ces conditions, en
arrière de l'onde, la pression d'un élément est toujours fonction de sa densité seule
et H.2 toujours égal à — i/( -7- ) • Mais, en principe, celte formule n'est plus iden-
(') Le principe de cette explication se trouve dans le Mémoire de Dixon, bien que
ce savant ne calcule pas comme nous la vitesse de l'onde explosive.
712
ACADÉMIE DES SCIENCES.
tique à celle de Laplace, parce que la composition chimique varie en même temps
que p. Toutefois, des calculs numériques, exécutés sur le cas particulier du mélange
tonnant d'hydrogène et d'oxygène, nous ont montré que l'influence de la variation de
composition chimique sur la valeur de la vitesse était faible; aussi avons-nous pris,
pour vitesse Hj, dans nos calculs, celle que donne la formule de Laplace appliquée au
mélange tel qu'il se trouve en arrière de l'onde.
Nous avons obtenu les résultats suivants :
Composition supposée
Vitesse
Vitesse observée.
Mélanges.
en arrière de l'onde.
calculée.
(l)ixonouLeChatelici-.)
H^+0
H=+0
2629 )
lP+0
. o,9H = 0 + o,i (li-H-
0)
2646
2821
PP+0
. o,5H^O + o,5(H-^ +
0)
.54- 1
c^H^-i-eo...
H20 + 0 + 2CO°-
2120 j
C-H=+60...
H^O + SO + aCO
2320 i
2220
C^Az-^-t-2 0^.
2CO^+Az2
2075 /
2321
C-2Az^-t-2 0'-..
2C0-i-20 + Az^
236o i
CH'+20-. ..
CO^'-i-aH^O
2220 j
2322
CFl'+2 0^ .
C0+0-h2H^0
22^4 (
En faisant, dans notre Note du 11 juillet 1904, l'hypothèse que la disso-
ciation était nulle, nous exposions à des objections assez graves les vérifi-
cations numériques que nous présentions à l'appui de notre théorie de
l'onde explosive. Les calculs ci-dessus sont intéressants en ce qu'ils
montrent que la dissociation peut parfois être assez grande sans que la
vérification cesse d'être satisfaisante : la dissociation ne doit pas nécessai-
rement être faible pour être négligeable.
HYDRAULIQUE. — Sur la vidange des systèmes de réservoirs.
Note de M. Ed. Maillet, présentée par M. Jordan.
I. J'ai étudié les variations des débils des systèmes de n réservoirs cylin-
driques qui communiquent soit par des orifices noyés ou non, soit par des
déversoirs superficiels supposés non noyés (à crête horizHitaie). On peut
former les équations différentielles corrélatives dans le cas le plus général.
En désignant par u^, . . ., u^les vitesses à travers les orifices, noyés ou non,
iip-^i, •■ -, Uj les vitesses à travers les déversoirs supposés non noyés, ou des
quantités proportionnelles à ces vitesses, le système à intégrer peut tou-
jours se mettre sous la forme
/< {i = i,-2,...,p + .,y légèrement variables
dans les limites des phénomènes.
V. Par analogie, j'ai pu représenter approximativement les variations du débit de
(') L'élude de ce cas m'a été proposée par Al. Debauve, inspecteur de l'École des
Ponts et Chaussées, et m'a conduit à m'occuper en général des systèmes de réservoirs.
C. R., ignS, 1" Semestre. (T. GXL, N° 11.) QI
7l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la FoiUaine de Vaticluse ( ' ), dans les périodes (3 à 4 mois au plus, périodes de régime
propre) où les pluies ne l'iiilluencenl pas, par la formule
f) = 4"
(H-o,290^
{t en mois, Q143"'').
J'ai eu soin de vérifier, dans le cas d'un système de deux réservoirs égaux et dont le
débit externe peut être représenté par Q', que, lorsque les conditions initiales ne dif-
fèrent pas beaucoup de celles qui correspondent à la loi asymptotique Q', si Q" est le
débit réel, supposé < Q', x= qi décroît assez rapidement. Quand y — o,'2Z
pour f = o, au bout de g jours, )r sera réduit au plus aux | de sa valeur initiale.
La courbe vraie, qui donne, dans la période de régime propre, le débit Q, de la
Fontaine i mois après que le débit Q^^ 43""' a été réalisé, présente d'ailleurs de légers
écarts suivant les diverses décrues considérées (*).
VI. Enfin, dans le cas du paragraphe IV, il existe des systèmes particuliers de n ré-
servoirs doués à\in régime propre permanent, c'est-à-dire tels que, le débit étant
régi par la loi «,= ' ' > l'arrivée simultanée à chaque réservoir S, d'une quantité
d'eau kih {h arbitraire. A, constante) venant de l'extérieur a pour seul effet, quel que
soit h, de changer la valeur de a. Quand /; = i , cette propriété est vraie pour tout
réservoir.
AÉRONAUTIQUE. — Sur les dangers de l' électricité atmosphérique pour
V aèrostation et les moyens d'y remédier. Noie de M. A. Breydel.
(Extrait.)
L'Auteur propose de. mouiller les cordages ou de les enduire, ainsi que l'enveloppe
et la nacelle, d'une substance conductrice ([uelconque, et à l'atterrissage de laisser
pendre attenant au guide-rope un câble bon comlucleur terminé par un faisceau
métallique.
(') Divers auteurs ont admis l'existence de réservoirs souterrains dans le massif d'où
émerge la t'ontaine de Vaucluse {voir Dyrion, Bulletin de l'Hydraulique agricole,
Fasc. Q, 1894).
Je ne prétends aucunement conclure que mes calculs démontrent cette existence.
Dans V Annuaire de lâSociété météorologique de France {iqo3, p. 206), j'ai indiqué,
pour le débit de la F'ontaine, les formules
o - 4i . _ 43
^ ^"^(n-o,43?.0'' ''^^(i -+-0,3680'"
(') Cette courbe et les formules donnant le débit de la Fontaine ont été établies à
l'aide des courbes des débits journaliers publiées dans le Bulletin annuel de la Com-
mission météorologique de Vaucluse (président M. Dyrion).
SÉANCE DU l3 MARS \C)o5.
PHOTOGRAPHIE. — Sur la cause du sillwueltage photographique.
Note de M. Adrien Gukbiiaud, présentée par M. Lippmann.
Dans une Note du 9 mai 1898, Sur le rôle de la diffusion dans les bains
révélateurs ('), j'exprimais le doute que ce fùL à une cause de cet ordre que
pussent être attribués, ainsi que venait de le |)ublier M. R. Coison (^), les
accidents du silhouettage photographique. « Le phs^nomène, disais-je, ne se
manifestant jamais sur pellicule ou papier, mais seulement sur verre, il ne
doit être autre que celui de Y irradiation, dont W. Abney a formulé (^) la
loi trop oubliée, et A. Cornu (') le remède trop peu appliqué. »
Ma |)rémisse était certainement fausse, car je suis devenu maître de pro-
duire le silhouettage à volonté sur toute émulsion, quel que soit le support.
Mais il n'en sera que plus curieux de voir sortir, de cette constatation même,
en la rapprochant de mes récentes recherches Sur la fonetihn photogra-
phique dans ses rapports avec l' inversion (^ ) et de mon Essai de représentation
de la loi du développement en fonction de sa durée ("), la démonstration
rétrospective de ma simple présomption d'autrefois (') et une confirmation
nouvelle des données de sir W. Abney.
D'après celles-ci, chaque sphérule de sel d'argent, en suspension dans la
couche colloïde trans|)arente, devient, par insolation, un centre secondaire
d'irradiation, diffusant dans toutes les directions une grande proportion de
l'énergie lumineuse reçue. Or, de cette diffusion il y a lieu de faire deux
parts : l'une qui, pénétrant dans le support vitreux, s'y réfléchit, partielle-
ment ou totalement, sur la face postérieure, et vient, par derrière, atta-
quer une seconde fois la gélatine; c'est à celle-là que sont dus les phéno-
mènes, à lois bien connues, d'auréolement, improprement dits de halo (');
(') Comptes rendus, t. CXXVI, 1898, p. i44i-
("-) Comptes rendus, t. CXXVI, 1898, p. 471.
(») Philos. Magazine, 4° série, t. L, 1876, p. 46.
(') Comptes rendus, t. CX, 1890, p. 55i.
{') Soc. fr. de P/tjs.. 3 février 1905.
(«) Comptes rendus, t. CXXVIII, 1904, p. 491.
C) Présomption si bien oubliée que, M. P. Viilard ayant évoqué à la Société de
Physique (3 février igoS) la question du silhoueUage, je ne trouvai à rappeler, à ce
sujet, que l'observation de M. R. Coison.
(,**) A. GuÉBUARD, L'Arrii-iste photographique {Munit, de la Phot.. t. XXIX, 1890,
p. m5).
7lb ACADEMIE DES SCIENCES.
l'autre qui, emprisonné dans l'épaisseur de la couche sensible, n'a qu'un
rayon d'action forcément limité aux premières rencontres de granules opa-
ques; c'est à celle-là que le silhouettage apporte la preuve objective caté-
gorique qui lui manquait.
Si ron prend, sur pellicule ou sur une bande de papier, pour éliminer d'emblée
toute complication d'auréolement, une série d'images soit à travers un objectif, soit
par exposition directe avec des poses progressivement croissantes, depuis Tinstan-
lanéité jusqu'à la surexposilion (sola/isation) suffisante pour produire l'inversion de
l'image d'un objet fortement contrasté, tel qu'un damier ou (pour juger comparative-
ment de l'influence des proportions relatives du blanc et noir) les carreaux d'une
fenêtre profilant sur le ciel, par paires, des découpures de papier noir avec leurs contre-
parties à jour, on constate, en soumettant le tout au même développement, que, sur la
série des images allant du négatif au positif, le trait noir du silhouettage ne se montre
jamais que comme phase intermédiaire et transitoire, quoique constante et nécessaire,
de l'inversion finale, c'est-à-dire comme indice d'un excès de pose par rapport au déve-
loppement emploj'é ou de développement par rapport à la pose('). Le bain jouant vis-
à-vis des poses variables le rôle de constante d'expérience, les phénomènes de son
intimité ne sauraient être invoqués comme cause, et encore moins la circonstance, ici
absente, d'une superposition d'impressions que, tout réceniuienl (^), M. P. Villard
donnait comme raison exclusive des premiers silhouettages observés par lui.
Examinons donc la genèse du phénomène. A la place de la ligne noire du silhouet-
tage s'aperçoit, sur la figure normalement développée, une légère bavure de péné-
lumière débordant de la plage la plus impressionnée et faisant paraître plus grande
l'image d'un objet blanc sur noir que noir sur blanc. Mais, au fur et à mesure que la
prolongation du développement tend à engrisailler les blancs du cliché et à éclaircir
les noirs, on voit ceux-ci se détacher nettement de leur bord dégradé qui, se fonçant
au contraire en ligne nette, semble tirer à lui le voile montant du côté opposé jusqu'à
ce que celui-ci l'atteigne et finalement l'absorbe, pour donner, au moment de l'inver-
sion achevée, une image positive à contours francs et à proportions restituées.
Tous ces faits s'expliquent avec la plus grande simplicité si l'on considère
d'abord que, sur toute émulsioii ayant reçu côte à côte deux impressions
très contrastées, il doit se former nécessairement une troisième zone inter-
(') On peut, en efl'et, répéter les mêmes observations en soumettant, à des bains
d'intensité ou de durée croissante, soit des poses rigoureusement égales, soit des séries
identiques comme on les obtient en découpant longitudinalement en jjlusieurs rubans
le rouleau impressionné transversalement. Dans tous les cas, on voit l'accroissement
d'énergie chimique emprunté au bain agir exactement comme l'accroissement d'énergie
physique tiré de la pose, pour resserrer vers l'origine la zone silhouettée et la faire
disparaître tout à fait au moment de l'inversion généralisée.
(') Société française de Physique, 3 février igoô.
SÉANCE DU l3 MARS IQoS. 717
médiaire, impressionnée indirectement par l'irradiation tangentielle, partie
du bord de la zone la plus fortement illuminée pour se dégrader rapide-
ment vers l'ombre. Or, si l'on se reporte au schéma que j'ai donné (') de la
marche du développement en fonction du temps pour des valeurs diverses
d'impression, on voit tout de suite que, sur un phototype ne comportant
que trois valeurs, deux extrêmes et une moyenne, tandis que la courbe de
celle-ci s'attarde en plateau, les deux extrêmes, l'une par une chute rapide,
l'autre par une lente ascension, assez bas, se recoupent, bien avant que la
plus haute, à son tour, descende pour se croiser avec celle qui monte en-
core. L'apparition du silhouettage, c'est le croisement de la courbe moyenne
par la chute de la plus haute; son maximum, le croisement des deux courbes
extrêmes (uniformité du fond); sa fin apparente, le dernier croisement, et
sa résurrection en dégradé retoiumé, la prolongation de marche de toutes
les courbes en ordre de superposition inversé.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les poids atomiques de l'hydrogène et. de l'azote et
la précision atteinte dans leur détermination. Note de M. A. Leduc, pré-
sentée par M. H. Moissan.
I. Prenant pour poids atomique de l'oxygène 0=i6, j'ai trouvé pour
celui de l'hydrogène H= 1,0076 (^).
MM. Ph. Guye et Mallet (') apportent aux expériences de M. Morley des
corrections qui, si ingénieusement qu'elles soient calculées, ont le tort,
suivant moi, de porter sur les cent -millièmes, alors que les nombres des
meilleures séries présentent des écarts supérieurs à deux dix-millièmes,
et les résultats moyens des diverses séries des écarts supérieurs à douze dix-
millièmes.
Par ce moyen M. Guye (') trouve H= 1,00765, alors que M. Daniel
Berthelot incline pour 1,0075.
Je considère ces résultats comme en parfaite concordance avec le mien;
car, ainsi que je l'ai montré, cette tléterminalion comporte à peine la pré-
cision du dix-millième, ella cinquième décimale ajoutée par M. Guye est
tout à fait illusoire.
(') Comptes rendus, t. CXXVIII, 1904, p. 492.
(') Annales de Chimie et de Physique, 7" série, l. XV, 1898, p. 44 à 55.
(») Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. io34.
(*) Comptes rendus, l. CXXXVIII, p. i2i3.
7l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
II. J'ai trouvé, pour l'azote, le poids atomique Az.^ 1 1,005 (').
Étant donné que la Commission internationale des poids atomiques n'a
pas encore tenu compte des résultats obtenus par les méthodes physiques
et continue à inscrire dans sa Table pour 1904 : Az = i4,o4, M. Guye (^)
a institué dans son laboratoire plusieurs séries d'expériences, les unes pure-
ment chimiques, d'autres faisant intervenir les densités gazeuses.
Sans discuter ici les expériences, dont on trouvera le détail dans les
Comptes rendus ( '), je constate que les résultats moyens des diverses séries
sont 14,007, i4,oo85 et 14,012.
Il est vrai que le premier nombre, par exemple, est la moyenne de résul-
tats partiels compris entre i3,()92 et i4,o23, ce qui montre une fois de plus
qu'en pareil cas la méthode physique est susceptible de plus de précision
que la méthode chimique.
Mais il semble Inen confirmé, par ces expériences purement chimiques,
que le poids atomique de l'azote est inférieur à i4,oi et présente une diffé-
rence inférieure à — -^ avec le nombre proposé par moi-même et retrouvé,
avec cette limite d'erreur, par M. D. Berthelot et M. Giiye.
Je suis heureux d'enregistrer cette nouvelle confirmation de mes déter-
minations.
Remarque. — Ainsi s'évanouit l'objection formulée par M. Vèzes (*) qui, adinellanl
avec Stas que l'argent employé par ce dernier ne renfermait que ^3^5-0 ^^ ^°" poids de
gaz, ramène le poids atomique de l'azote de 14,044 à i4,o4o, nombre certainement
inexact, comme on vient de le voir.
Dans cette Note, d'ailleurs, M. Vèzes commet une erreur que je n'ai pas cru néces-
saire de relever spécialement.
La proportion d'oxygène que /enferme l'argent grenaille varie, d'après Dumas, entre
7 et 00. 10^*, suivant qu'il a été fondu à l'air libre ou en présence d'agents oxydants.
Or le nombre introduit dans mon calcul est 12 .io~^, voisin du minimum de Dumas;
il ne correspond donc pas, comme te dit M. Vèzes, à la fusion en présence d'oxydanls.
D'ailleurs, le nombre qui ferait concorder parfaitement les expériences de Stas avec
les miennes est 17 . 10^^. Il serait intéressant de rechercher par expérience s'il est pos-
sible, en opérant comme Stas, d'obtenir, comme il le pense, une proportion 4 fois plus
faible, ou si, au contraire, comme le prétend Dumas, on ne peut descendre au-dessous
de 7. 10-^.
( ' ) Comptes rendus, t. CXXV, p. 299 ; et Annales de Chimie et de Physique, ']" série,
t. XV, 1898, p. 56 à 59.
( = ) GuYE et BoGDAN, Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. i494-
(■') Jaquerod et BoGDAM, Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 49; Guye et Pintza, Ibid.,
P- 679-
(*) Comptes rendus, t. CXXVI, p. I7i4-
SÉANCE DU l3 MARS rpoS. 7 19
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'aride lactique droit . Note
(le MM. E. JuNGFLEiscii et M. Godchot.
Il résulte d'observations publiées par l'un de nous (^Comptes rendus,
t. CXXXIX, p. 2o3) que l'extraction de l'acide lactique-rf des lactates-<^
entraîne, dans certaines conditions, la transformation plus ou moins avancée
de l'acide lactique-^/ en acide lactique-((/ -1- /). Nous avons recherché les
circonstances qui permettent d'obtenir l'acide lactique-^/ exempt d'acide
lactique-(rf-(- /) en partant du lactate-f/de quinine.
L'action prolongée des alcalis, et plus particulièrement celle delà baryte, changeant
facilement l'acide actif en inaclif, les alcalis ne doivent être employés dans les traite-
ments qu'à température basse et sans grand excès. La conversion du lactate-r? de qui-
nine en lactate-f^ de zinc exige dès lors certaines précautions. A une solution saturée
à froid de lactate-f? de quinine, on ajoute un tiers de SQn volume d'alcool amylique,
puis de l'eau de baryte saturée et froide, jusqu'à déplacement complet de la quinine;
par une lente agitation, celle-ci passe dans ralcool amylique. La solution aqueuse de-
venue alcaline, et épuisée de quinine par de nouvel alcool amylique, contient du
lactate-c^ de baryum ; elle est débarrassée de la baryte en excès par le gaz carbonique
et filtrée. On décompose exactement à froid le lactale-c? de baryum par l'acide sulfu-
rique dilué, on filtre et on neutralise au carbonate de zinc; enfin on évapore au bain-
marie la solution limpide, jusqu'à cristallisation de lactate-rf de zinc. Les cristaux de
ce sel, déposés dans plusieurs cristallisations successives, ont des propriétés identiques;
ils présentent la composition (C^H^O^)-Zn -4- 2IPO.
Wisiicenus a attribué au lactate-c/ de zinc un pouvoir rotatoire variable
suivant que la liqueur est normalement saturée ou en sursaturation. Nous
avons constaté simplement que le pouvoir rotatoire du lactate-c? de zinc
augmente fortement quand s'accroît la dilution de la solution aqueuse :
par exemple, avec des solutions contenant respectivement 5^,0, 2^,5, i^,iS
et oB,5i2 de sel sec dans 100'"'' de solution aqueuse, nous avons trouvé, à
i5°, a„= — 6°,o, ao= — 8°,o, ao= — 1 1", I et cf.^ = — i3°,35. Nousavons
vu, en outre, que la détermination du pouvoir rotatoire du lactate-rf de
zinc se complique parfois par la présence dans les liqueurs de lactyllac-
tate-c? de zinc. Nous reviendrons ailleurs sur ces faits.
Ainsi que l'a dit Wisiicenus, l'hydrogène sulfuré ne décompose pas entièrement les
solutions aqueuses des lactates de zinc. Nous avons constaté, d'autre part, que les so-
lutions aqueuses des acides lactiques, dès qu'elles sont quelque peu concentrées, se
chargent, à chaud et même à froid, d'acides lactyllactiques. On est conduit par là à
opérer de la manière suivante l'extraction de l'acide lactique-af de son sel zincique.
720 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La solution froide de lactate-c? de zinc est traitée jusqu'à refus par l'hydrogène sul-
furé. La liqueur, filtrée et débarrassée de ce dernier par séjour sous une cloche, à côté
de chaux vive, est agitée avec Téther qui dissout l'acide; à cause de la forte quantité
d'eau présente, il faut répéter un grand nombre de fois les agitations avec de nouvel
éther. Les liqueurs élhérées réunies sont évaporées sous une cloche en présence d'acide
sulfurique; afin d'atténuer la formation d'acide lactyllactique-c?, on les a, au préalable,
mélangées d'eau. 11 reste finalement une solution aqueuse d'acide lactique-rf, aussi pur
que possible.
Si l'on concentre cette solution au bain-marie ou même par distillation dans le vide,
la vapeur d'eau entraîne beaucoup d'acide lactique-c?. En même temps, et d'autant
plus qu'on a opéré à une température plus élevée, il se forme de l'acide lactyllaclique-
e?, facile à reconnaître par son pouvoir rotatoire, lévogyre et très élevé, «pr^ — i5o°
environ.
L'acide iactique-c? peut être obtenu cristallisé par le procédé qui a fourni
à MM. Rrafft et Dye l'acide lactiqiie-(6?+ /) à l'état de cristaux {Berichle,
t. XXVIII, p. 2589), ou même en suivant une méthode un peu plus simple
que nous indiquerons ailleurs.
L'acide lactique-rf constitue des aiguilles prismatiques, d'un aspect net-
tement différent de celui des cristaux de l'acide lactique-(c?+ /) : tandis
que ceux-ci nous ont paru être des prismes rhomboïdaux, à base très for-
tement inclinée sur l'axe dans le sens des angles aigus, l'acide lactique-rf
forme des prismes aplatis, ne laissant a|)parailre que des angles droits. Les
cristaux d'acide laclique-c/ se groupent en agglomérations rayonnées et
dures, qui envahissent peu à peu toute la masse. Ils fondent vers 25°-26'',
soit 7 ou 8 degrés plus haut que l'acide lactique-((/-f- /); toutefois
l'extrême hygroscopicité des acides lactiques cristallisés impose quelques
réserves sur la précision de ces chiffres.
La solution de l'acide lactique-rf le plus pur présente un pouvoir rota-
toire droit qui diminue quand la dilution augmente. Par exemple, des
liqueurs contenant dans 100""' 10^,458, 5s,o22 ou 2^,51 1 de C^H''0',
observées à 1 5°, ont donné aB = -h 3°, 82, aB = -i-3°,33 ou a,, = -i- 2°,67.
Une solution de 1^,627 d'acide cristallisé pour 100""' a donné
aB=-+-2",6l (').
(') Dans une Noie publiée par l'un de nous {Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 2o3)^
les chiffres cités pour les comparaisons doivent être rectifiés afin de représenter exac-
tement les valeurs de an; la série de mesures à laquelle ils appartiennent ayant été lue
sur une échelle saccharimélrique, ils doivent être multipliés par le facteur constant
4,332.
SÉANCE DU l3 MARS l9o5. 721
Ces nombres ne sont voisins de ceuv fournis par Wislicenus que lorsqu'ils porlent
sur les solutions étendues; dans les autres cas, le d»->iaccord est manifeste. C'est ainsi
que nous ne pouvons reconnaître à l'acide laclique-f/ les propriétés indiquées sur ce
point par cet auteur : « Le pouvoir rotatoire spécifique de l'acide paralactique en
solution aqueuse s'abaisse fortement et brusquement à chaque nouvelle addition d'eau,
mais pour se relever peu à peu, par abandon prolongé, sans cependant retrouver
jamais sa valeur primitive » (Annalen der C/iemie. t. CLXVII, p. SaS). Wislicenus
partait de solutions très concentrées, contenant jusqu'à 428,65 d'acide pour loo'^"* et
préparées depuis longtemps; de telles liqueurs contenaient forcément à l'origine de
l'acide lactyllactique-r/ en quantité importante. Il indique, par ex.eraple, pour la solu-
tion à 425,65 pour 100™', aD=:-l- o°,4i; la déviation due à l'acide lactique-^/ y était
donc presque annulée par la déviation énergique et contraire de l'acide laclyllaclique-f/.
D'après nos expériences, lors de la dilution d'une semblable liqueur, la déviation due
à l'acide lactique-^ s'abaisse instantanément, tandis que le composé éthéré, lévogyre,
n'est pas modifié immédiatement, mais se saponifie plus tard par l'eau, en donnant de
l'acide lactique-rf; la formation de celui-ci concourt avec la disparition de l'acide lac-
tyllactique-c? au relèvement lent du pouvoir rotatoire à droite. D'ailleurs, Wislicenus a
lui-même observé que, par concentration lente, eflecluée à froid, l'acide lactique-c^ se
charge de quantités importantes à^éLhers-anhydrides de cet acide; il a même supposé
la formation, dans ces conditions, de lactide-c?; cette hypothèse est peu compatible
avec les valeurs des pouvoirs rotatoires publiés par lui; nous avons, en elTet, préparé
autrement le lactide-(i et son pouvoir rotatoire lévogyre surprend par son importance;
il est voisin de Soo".
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l* amalgame de magnésium sur la diméthyl-
cétone. Note de MM. F. Couturier et L. Meunier, présentée par M. A.
Haller.
L'un de nous avait déjà démontré que l'amalgame de magnésium se
combinait très énergiquement avec l'aldéiiyde ordinaire pour donner nais-
sance à une combinaison, de formule
/OM^Ox
CH' - CM- ^ ^CH - CH%
susceptible d'être décomposée par l'eau, pour donner naissance au glycol
bisecondaire
C\V - CH OH - CH OH - CH^
Nous nous sommes proposé d'étudier l'action du même amalgame sur
la dunéthylcétone.
Si l'on fait tomber par petites portions de l'acétone pure et sèche sur de l'amalgame
C. K., 1905, .•' Semestre. (T. CXL, N» 11.). 9^
■722 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de magnésium, on constate qu'il se produit une réaction énergique avec un fort déga-
gement de chaleur. On continue l'addition d'acétone tant que, par agitation, il y a élé-
vation de température sensible à la main. La réaction est complète, lorsque Ton a con-
sommé environ 3™°' d'acétone pour i'" de magnésium. On obtient ainsi une niasse
pulvérulente, blanc grisâtre, dont l'anilyse est impossible, en raison, d'une part, de la
présence d'un peu de mercure finement divisé qu'elle retient mécaniquement et, d'autre
part, de son instabilité à l'humidité.
Sa composition est cependant facile à établir; m elTet, si on l'iniinecte d'eau glacée
petit à petit, puis qu'on épuise ensuite la masse à l'eau bouillante, celle-ci laisse dé-
poser une cristallisation abondante d'hydrate de pinacone.
Les formules suivantes rendent compte de la réaction :
riH'\ /OMgO\ /CW
2(CFF-C0^Cll') + Mg.= J^J|,)c/ L^cQjJ^
CH'/^— — ^\CH^ + H O _ ^jj,/GOH - COH^^^^, + MgO.
De ces équations il résulterait qu'il faut employer deux molécules
d'acétone pour un atome de Mg, tandis qu'en réalité il en intervient trois.
[I semble qu'une molécule d'acétone est fixée par la combinaison comme
acétone de cristallisation que l'on retrouve dans les eaux-mères de Thy-
drate de pinacone, ainsi que dans les produits de la distillation sèche,
comme nous le verrons plus loin.
Distillation sèche de l'acétone-magnésium. — Nous avons soumis à la distillation
sèche la combinaison céto-raagnésienne en vue d'obtenir, par séparation de MgO,
l'oxyde de tétraméthyléthylène.
O
Nous avons cliaude pendant 36 heures la combinaison au bain de limaille, dans un
courant de gaz carbonique sec, entre 25o° et 3oo°. Nous avons obtenu un liquide inco-
lore se séparant en deux couches : une couche inférieure constituée par de l'eau et
une couche supérieure dans laquelle nous avons séparé, par fractionnement, puis
caractérisé l'acétone, l'alcool isopropylique, la pinacoline ( produit principal) et l'oxyde
de mésityle.
L'acétone ainsi obtenue représente l'acétone de cristallisation de la combinaison
céto-raagnésienne.
La pinacoline que l'on obtient à la place de l'oxyde de tétiaméthyléthylène provient
d'une transposition moléculaire qui se produit au moment de la séparation de MgO.
rw)^ c(^„3=CH»-CO-C-CH^-^MgO.
SÉANCE DU r3 MARS 1905. 728
On obtient un rendement en pinacoline (21 pour 100 d'acétone) qui permet de consi-
dérer cette réaction comme le moyen le plus rapide et le plus avantageux de prépara-
lion de ce corps, car le procédé ordinaire, en parlant de la pinacone, ne donne qu'un
rendement beaucoup plus faible (3,5 pour 100 d'itcétone primitivement employée).
La formation d'oxyde de mésityle résulte de la déshydratation d'une
partie de l'acétono de cristallisation sons l'influence de Mi^O
^jJ'^^CO + CH'— CO - CH' -+- MgO
Cette réaction est en concordance avec le mode de préparation de l'oxyde
de mésityle signalé par Fittig et consistant à faire réagir l'acétone sur la
chaux.
La couche aqueuse recueillie à la distillation sèche provient de la décom-
position relativement facile, sous l'action de la chaleur, de Mg(OH)- en
MgOetH^O.
C'est à l'action d'une partie de cette eau sur les dernières traces d'amal-
game n'ayant pas réagi qu'il faut attribuer la présence d'une petite quan-
tité d'alcool isopropylique dans les produits de la distillation sèche.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide oxéthylcrotonique
et l' acide élhylérythriqne. Note île M. Lespieau, présentée par M. A. Haller.
Dans une Note précédente (Comptes ren lus, t. CXL, p. 436) j'ai indiqué
la préparation des acides
CH-OC-^H^ - CHOH - (MF - CO-H
et
CH-OC^H' — CHCI -Cil- -CO-H,
ainsi que celle de leurs nitriles; j'ai pu, depuis, passer de ces composés à
l'acide non saturé CH-OC" H'* — CH = CH - CO=H et de ce dernier à un
acide éthylérylhriqne CH-OC-H= - CHOH - CHOH - CO-H.
Pour créer la douljle liaison en a|î on peut partir de Télher
CH^OC^H^ - CHOH - CH' - CO'C^HS
l'additionner de la moitié de son poids d'anhydride phosphorique et le distiller ensuite
'^l'\ ACADÉMIK DES SCIENCES.
sons une pression légèrement réduite; la même opération peut être effectuée sur le
nitrile correspondant à cetéther; on arrive ainsi à un éther et à un nilrile non saturés,
qu'on peut obtenir également en traitant par Fétlivlate de sodium Fétlier
CH=0C=H5-CHCI -CM'— CO^CMi'
ou le nitrile qui s'y rattache. En outre, l'action de la chaleur seule permet de passer
des mêmes composés saturés aux mêmes corps éili\ léniques, mais avec des rendements
notablement moins bons.
Le nitrile CH^OC^H-' - CH = CH - CNestun liquide incolore, bouillant
à i90<*-i9i° sous 750"", cristallisant quand on le refroidit avec du chlorure
de mélhyle; il fixe facilement une molécule d'acide chlorhydrique.
L'acide CH^OC-H^ — CH = CH — CO=H est un corps solide blanc;
soluble dans l'éther, la ligroïne, le benzène, l'alcool qui, par évaporation,
l'abandonnent cristallisé. Il fond à 45° et bout à i45°-i46° sous 26"°'.
Son éther éthylique bout à 2oi°-2o3° sous 760"™; c'est la saponification
de cet éther par la potasse qui a fourni l'acide dont il vient d'être question.
Préparation de l'acide élhylérythrique. — On dissout los d'acide oxéthylcroto-
nique fondant à 45° dans un litre d'eau, on ajoute ensuite assez de baryte pour donner
une réaction franchement alcaline et l'on maintient le tout à 0° pendant qu'on ajoute
goutte à goutte i4^, 5 de permanganate de baryum dissous dans 720^ d'eau. L'addition
terminée on fait passer dans le liquide un courant d'acide carbonique; on fait ensuite
bouillir, on filtre et l'on précipite exactement par l'acide sulfurique le baryum resté en
solution. Après une nouvelle ébullilion, on filtre, puis on évapore dans le vide sulfu-
rique. On obtient ainsi 4^ de cristaux, mais ils sont de deux espèces; on les sépare en
dissolvant le tout dans le minimum de benzène bouillant ; par refroidissement il se
précipite as d'acide éthylérythrique pur; quant au produit resté en solution il ne ren-
ferme guère que l'acide éthylénique d'où l'on était parti.
L'acide éthylérythrique CH='0(,= n5— CH OH — CH OH — CO^H fond
à 90°-92°. Saturé parla quantité ihéonq e 6n &5 yo -.; 80 8ô gc
(intimèovs citioi- d'uTw solutinTi cinTolaU dbSoclii]ue (o,oefot.J
positifs qu'elle coupe évidemment au point représentatif de l'expérience
faite sur le nitrate pur.
Donc, le nitrate d'hydroxylamine additionné d'une quantité d'oxalate
inférieure à une demi-molécule se comporte à l'oxydation comme si tout cet
oxalate était transformé en oxalate d ' hydroxylamine et comme si ce sel et
r excès de nitrate réduisaient indépendamment le permanganate chacun selon
sa loi particulière en liqueur neutre.
Ces deux séries d'observations sont d'ailleurs la conséquence directe du
seul fait expérimental que le pouvoir réducteur de l'oxalate d'hydroxyla-
mine n'est pas modifié par l'addition d'une quantité quelconque de nitrate
de sodium.
IV. En réalité les choses ne sont pas aussi simples.
La courbe de gauche n'est pas rectiligne et présente un point d'inflexion
qui se trouve sur la droite théorique.
Il y a pour cela deux causes aiilagoiiisles dont les effets ne se compensent pas. D'une
pari rinceitilude de lecture inhérente au virage peu précis diminue le pouvoir réduc-
teur apparent de l'Iiydioxylaniine; d'autre part l'oxalale monopotassique qui résulte
de l'action réductrice de l'oxalate d'hydroxylamine [équation (II)] agit comme le ferait
un acide sur le pouvoir réducteur du nitrate; c'est-à-dire que, même à très petite dose,
il élève ce pouvoir réducteur comme je l'ai vérifié directement.
La courbe de droite n'est pas non plus rectiligne; elle s'abaisse au-dessous
SÉANCE DU l3 MARS igoS. 727
de la droite théorique, passe par ua raiiiimim et se relève ensuite lés;ère-
ment pour devenir asymptote à une droile voisine de la droite thîoriq ue,
mais pratiquement distincte de celle-ci.
Cet écart ne tient pas à la lecture qui est très précise; il est dû, comme je m'en suis
également assuré directement, à l'action atténuaiUe de l'ovalate disodique sur le pou-
voir réducteur de l'oxalate d'hydroxylamine.
V. Cette légère diminution du pouvoir réducteur prend de l'impo rtance
si l'on envisage le dosage de l'hydroxylamine par la méthode que j'ai pro-
posée. Elle conduisait en elFet, si on la négligeait, à une erreur qui peut
atteindre ^„. On peut améliorer ce résultat comme il suit : Une mesure
faite en présence d'un excès d'oxalate disodique fournit une première
estime de l'hydroxylamine exacte à ^i près par défaut . Cette valeur permet
de calculer le volume (') d'une solution titrée d'oxalate de soude qui lui
correspond d'après l'équation (i). Si l'on répète la mesure en employant
cette quantité par défaut d'oxalate, on trouvera une nouvelle valeur de
l'hydroxylamine, yoa/- excès cette fois comme cela résulte de l'examen de la
courbe. La vraie valeur sera comprise entre ces deux limites; en prenant
la moyenne on peut espérer l'approximation du centième. C'est tout ce
que peut donner la méthode.
CHIMIE ORGANIQUE. — Glyccrojihosphates de pipérazine.
Note de M. A. Astruc, présentée par M. H. Moissan.
Frappé de quelques caractères chimiques de la pipérazine, bien mis en
évidence par M. Berthelot (-), j'ai songé à effectuer un travail d'ensemble
sur les sels de cette base; j'ai obtenu un certain nombre de corps nouveaux
dont quelques-uns seront susce|)tibles, sans doute, d'applications médi-
cales. Les glycérophosphates de pipérazine feront l'objet de cette Note.
La pipérazine qui a servi à mes expériences est l'hvdrate solide, cristal-
lisé avec 6"°' d'eau, répondant à la formule C^H'^Az^.ôH^O. L'acide gly-
cérophosphorique employé est une solution commerciale du corps pur, à
20 pour 100 d'acide anhydre.
(') Si l'on emploie des liqueurs décinoiinules de permanganate et d'oxalate le
volume d'oxalate à employer tians le second essai est le double de celui du permanga-
nate utilisé dans le premier.
(^) Comptes rendus, t. GXXIX, p. 687-701.
728 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Gtycérophosphale acide de pipérazine. — En évaporant au bain-marie une solution
aqueuse de 'î^°^ d'acide glycérophosphorique et i""' de pipérazine, on obtient un
résidu liquide sirupeux; oelui-ci, conservé quelques jours dans une cage à dessicca-
tion, sur l'acide sulfurique, se présente alors comme une masse non cristallisée,
pâteuse, filante, transparente, lentement soluble dans l'eau, mais en toutes pro-
portions.
La solution aqueuse louchil par l'addition d'alcool à 9o°-95°; elle préci-
pite par l'acétate neutre et basique de plomb, par l'acide picrique, etc.;
elle ne trouble pas par le chlorure de baryum (sauf en présence de potasse),
parle nitrate d'argent, par l'iodure de potassium ioduré, par le nitromo-
lybdate d'ammoniaque à froid, par la mixture ammoniacomagnésienne, etc.
L'analyse lui assigne la composition
/OH, C'H'«Az^ H0\
PO— OH HO— 0P,H20.
XOC^H^OH)- (H0)^H5C'0/
Au point de vue acidimétrique, la solution de glycérophosphate acide de
pipérazine est très sensiblement neutre à riiélianlhine A, et acide en pré-
sence de la phtaléine du phénol. Li neutralisation vis-à-vis de ce dernier
colorant exige, pour 1™°' du corps, 3™°' d'alcali, d'après l'équation
f /OH Y
PO— OH ) , C
V \OC'H^(OH)V
H"
»Âz^+3M0H('
Neutre à l'hélianthine.
Acide à la phtaléine.
/OH,C*H>''Az'
= PO— OM 4-
\0C^HM0H)2
Neutre
à la phtaléine.
/OM
PO— OM
\OC'H=(OH)-^
Neutre
a la phtaléine.
-)-3H*0.
Cette réaction m'a même permis d'établir un procédé de dosage volumé-
trique du glycérophosphate acide de pipérazine.
Glycérophosphate neutre de pipérazine. — J'ai préparé le glycérophosphate neutre
de pipérazine :
1° Par évaporalion au bain-marie, et dessiccation ultérieure sur l'acide sulfurique,
d'une solution aqueuse d'acide glycérophosphorique et de pipérazine, faite dans des
proportions équimoléculaires ;
(') M représente un métal monovalent.
SÉANCK [)LI l3 MARS 1»).'5. -2.)
2° Par précipitation nu moyen de l'alcool IVirl (» go° et absolu), rie la solution
aqueuse précédente concentrée. L'opération est hissez pénible, par suite de la sépa-
ration d'une partie du produit en masse d'aspect huileux et adhérant aux parois du
vase; cette masse nécessite une redissolution dans une petite quantité d'eau et une
nouvelle précipitation par l'alcool;
3° Par mélange des solutions d'acide et de bise, ellécluées dans les ]]ropoilions ci-
dessus, mais dans l'alcool à 90°-95°. On obtient un liquide fortement trouble, ne tar-
dant pas à se transformer en précipité cristallin et floconneux. Au bout de quelques
heures ce précipité peut être facilement séparé du liquide qui l'englobe en s'aidant de
la trompe et séché par simple exposition à l'air ou sous une cloche, en présence d'acide
sulfurique; en le maintenant alors pendant quelques minutes dans l'étuve à ioo°, on
l'obtient parfaitement sec et anhydre.
Préparé par les deux premiers procédés, le glycérophosphale neutre de pipérazine
se présente sous l'aspect d'une poudre blanche, amorphe; la troisième méthode donne
un produit fort joli, bien cristallisé en lamelles brillantes, légères. Inaltéiable à loo",
ce corps fond vers iSS" en se décomposant; il eit soluble en toutes proportions dans
l'eau, insoluble dans l'alcool absolu et presque insoluble dans l'alcool à Qb° et 90°.
La solution aqueuse précipite en blanc par l'alcool fort, par l'acétate neutre et ba-
sique de plomb, par l'azotate d'argent (ce précipité est soluble dans l'acide glycéro-
phosphorique), par le chlorure de baryum, en piésence d'un excès de potasse; elle
donne un précipité, jaune avec l'acide picrique et l'acétate d'urane, brun avec l'iodure
de potassium ioduré; elle ne trouble pas à froid parle nitromolybdate d'ammoniaque,
ni par la mixture ammoniaco-magnésienne.
Ses caractères d'analyse répondent à la formule :
/OH, C»Hi"Az-'
PO-OH
XOC^H^Oll)-^
Ce glycérophosphate de pipérazine se comporte comme un corps à la fois acide et
alcalin : acide à la phtaléine du phénol et alcalin iiu méthylorange. Une molécule de
base le neutralise vis-à-vis du premier colorant et une molécule d'acide monobasique
vis-à-vis du second. Les réactions qui s'effectuent dans les drux c;is sont représentées
par les deux équations suivantes :
/OH, C'H'"Az- OH, C'Hi"Az'-
PO— OH -hMOH^^PO-OM +ir-o
\0C=HH0H)2 \OG3H5(OH)^
Acide à la phi
/OH, C'H'^Az^^
-OH )-H2RH(')=r( PO-OH I ,(>H'»A/.^-hCMl'»AzS2RH
.0OW{0ti)
à l'hélir.nthinp. Neutre à riiclianthine
(') RH représente un acide monobasique : IICI par exemple.
C. K., 1906, I" Semestre. (T. CX.L, N" 11.) 9^i
7^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Grâce à ces deux équations, j'ai imaginé une méthode de dosage volii-
mélrique du glycérophosphate neutre de pipérazine; elle présente des
caractères de simplicité, de rapidité et d'exactitude.
Je poursuis actuellement l'étude de composés salins de ce genre, et don-
nerai sous peu les résultats que je possède sur d'autres corps parfaitement
cristallisés tels que cacodylate, salicylate, etc. de pipérazine.
MINÉRALOGIE. — Sur les hases expérimentales de l'hypothèse réticulaire.
Note de M. G. Friedel, présentée par M. Michel Lévy.
On se contente généralement de justifier l'hypothèse de la structure
périodique de la matière cristallisée par l'anisotropie et l'homogénéité. Li
plupart des auteurs définissent le cristal : toute portion de matière solide
anisotrope et homogène. Il est clair cependant que, si cette définition était
suffisante, elle serait applicable à tout fragment de matière amorphe aniso-
trope (verre comprimé ou trempé, gélatine, fibres animales ou végétales)
assez petit pour être homogène. Si la structure périodique pouvait s'en
déduire, on devrait l'attribuer à ces substances amorphes aussi bien qu'aux
cristaux, quitte à ne considérer la périodicité comme rigoureuse que dans
une portion rigoureusement homogène, comme on doit le faire aussi pour
les cristaux. Ni ranisotroi)ie, ni l'homogénéilé ne sont donc des propriétés
caractéristiques du cristal.
Parmi les propriétés des corps solides il faut distinguer : i° les propriétés
scalaires; i° les propriétés vectorielles continues, c'est-à dire qui varient
d'une manière continue avec la direction; 3° les propriétés vectorielles
discontinues, qui varient d'une manière discontinue avec la direction.
C'est aux deux premiers groupes (jue l'on réserve en général impropre-
ment le nom de propriétés physiques et c'est des propriétés continues que
l'on pense pouvoir tirer la structure réticulaire. Mais les unes et les autres
appartiennent aussi bien à la matière amorphe qu'à la matière cristallisée.
Elles ne peuvent par suite servir à définir d'une manière précise l'état cris-
tallin, ni à supporter la différence essentielle de structure entre le ciisial
et le corps amorphe, que suppose l'hypothèse réticulaire.
Il n'en est pas de même des propriétés vectorielles discontinues. Elles se
manifestent par l'existence de plans et droites de directions déterminées
qui jouissent de propriétés dont les plans et droites de direction voisine ne
jouissent pas à un degré voisin. Ce sont : l'existence des faces planes et
SÉANCE DU l'^ MAKS ipoS. 7-'^'
arêtes rectilignes extérieures, Aes clivages |)lans ou linéaires, des plans et
axes de glissement et de macle. On donne à ces propriétés, très impropre-
ment, le nom de propriétés géométriques des cristaux. Ce sont des propriétés
physiques comme les autres et qui n'ont que cette particularité de s'exprimer
par des ensembles de plans, tandis que les propriétés continues s'expriment
par d'autres surfaces, des ellipsoïdes par exemple. Ces propriétés discon-
tinues sont seules caractéristiques de l'état cristallin.
Il est donc parfaitement illusoire d'essaver de baser, sur autre chose que
sur les propriétés discontinues, une hypothèse qui attribue à la matière cris-
talline une structure spéciale, différente de celle de la matière amorphe. Eu
d'autres termes, l'existence des faces planes est un fait d'observation, indé-
pendant des autres propriétés des cristaux, qui n'en peut être déduit logi-
quement par aucun moyen, et qui seul différencie nettement la matière
cristallisée de la matière amorphe.
La théorie réticulaire ne peut donc se dispenser de prendre pour base
l'existence des faces planes et la loi qui régit leurs directions. Dès lors, il
importe, au lieu de poser a /jr/oriThypothèse du réseau, comme on l'a fait
généralement jusqu'ici, de rechercher d'abord les conséquences purement
logiques de ces faits d'expérience fondamentaux, dont il est impossible de
se passer. On saura alors d'une manière précise ce que l'hypothèse réticu-
laire leur emprunte et ce qu'elle leur ajoute.
On appelle élément de symétrie d'un objet quelconque un élément de
symétrie qui appartient à toutes ses propriétés. Par suite la symétrie d'un
corps ne peut être supérieure à la symétrie de celle de ses propriétés qui
est le moins symétrique. Il n'y a aucune différence à faire à ce point de
vue, dans un cristal, entre les propriétés discontinues (dites géométriques)
et les propriétés continues (dites physiques).
Soient r«, T/,, T,., ... les groupes de symétrie appartenant aux diverses
propriétés a, b, c, ... d'un même corps. Le groupe r qui caractérise la
symétrie du corps est, par définition, tin sous-groupe de chacun des
groupes r„, r*, r^, . . -, r^, Une propriété p ne peut, de par sa nature,
comporter qu'un certain nombre de types de symétrie T',, Tj; Elle
impose par là au groupe T un certain nombre de ujaxima.
En particulier, considérons un cristal et les propriétés discontinues qui
le caractérisent. On peut les exprimer de la manière la plus générale par un
faisceau de plans menés par un point parallèlement à toutes les faces (cli-
vages, etc.) du cristal, les deux faces tle chacun de ces plans étant en gêné-
7-^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ral distinctes. Ces pl:ins, en nombre essentiellement fini (discontinuités)
répondent à la loi d'Haûy. Prenons celle-ci, pour en rechercher les consé-
quences, sous sa forme la plus large et la moins précisée (loi des caracté-
ristiques rationnelles) : I^es caractéristiques de toutes les faces du faisceau
peuvent toujours être prises entières et inférieures à un certain maximum. Il
est aisé de déduire 7
2ri,6
i3,9
'O-'i
11,7
7.5
41,4
4i,7
37,3
47.6
7'. 9
SÉANCE DU l3 MARS ipoS. 735
absorjîtioii, le tabac ne possède ni un système foliiicé ni un système radi-
culaire exceptionnellement dévelop[)és.
Toute la culture du tabac doit être dominée par les données physiolo-
giques que nous venons de résumer. Elles nous ont permis de discuter
utilement les questions relatives au choix des sols et à leur préparation, à
la place du tabac dans les assolements, à la nature et au mode d'application
des fumures; elles nous ont conduit notamment à cette conclusion pratique
importante, c'est que les engrais chimiques à éléments immédiatement
assimilables répondent le mieux aux exigences d'une récolte qui absorbe
beaucoup en peu de temps.
ZOOLOGIE. -- La genèse des gamètes et l'anisogamie chez les Mouocystis
du Lombric. Note de M. Louis Brasil. présentée par M. Yves Delage.
Depuis la découverte par Siedlecki de In conjugaison des sporoblastes
chez Monocystis ascidiœ, le phénomène a été retrouvé pour plusieurs autres
Grégarines. Cuénot, Prowazek et Cecconi, en particulier, ont étudié les
Monocystis des Lombrics, et de leurs recherches est résultée celte conclusion
que pour ces formes, comme d'ailleurs Siedlecki l'avait reconnu chez Mo-
nocystis ascidiœ, les gamètes copulant deux à deux sont identiques. Contrai-
rement à ce qui se passe chez diverses Polycystidées, il semblait donc que
l'isogamie fût constante chez les Monocystidées. L'observation de deux
Monocystidées parasites d'Annélides marines, Urospora et Gonospora,
m'ayant conduit à une conclusion différente, j'ai été engagé à reprendre
à mon tour l'étude des Monocystis des Lombrics. Les résultats complets de
cette étude vont faire l'objet d'un travail accompagné de planches; je ne
donne dans cette Note que les points les plus saillants.
Du début de l'enkystement jusqu'au moment de la mise en liberté des gamètes, mes
observations concordent dans les grandes lignes avec celles de Cuénot; je ferai
remarquer cependant que la genèse des gamètes ne suit pas un schéma unique appli-
cable à tous les Monocystis des Lombrics. Il y a des variantes considérables, chaque
espèce présentant à ce point de vue une modalilé qui lui est spéciale. Le point de
départ de ces variantes paraît résider d;ins la quarilité plus ou moins grande de chro-
matine — quantité sensiblement constante pour cliaque espèce — employée dans la
mitose initiale.
Les sphères attractives toujours annexées aux noyaux en activité sont constamment
pourvues de centrioles excentriques très nets. La première sphère, d'origine nucléaire
comme les suivantes et comme elles munie d'un centriole d'abord unique, apparaît
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dès que le noyau commence à présenter les signes précurseurs de la première mitose.
Elle se dédouble ainsi que son centriole pour occuper les deux pôles du fuseau, le
centriole subissant un nouveau dédoublement au moment de l'anaphase. Les mêmes
faits se reproduisent à chaque division nucléaire.
Les divisions nucléaires étant terminées dans un kyste et tous les petits noyaux
s'étant disposés à la périphérie des deux grégarines ou des lobes qu'elles ont formés,
les gamètes s'isolent, et l'on peut alors constater, de la façon la plus nette, sur les pré-
parations de matériel rigoureusement bien fixé, que les gamètes ne sont pas tous sem-
blables. Ils appartiennent à deux types, chacune des deux grégarines associées donnant
naissance à un type unique particulier. La forme générale est bien la même, et ce
n'est d'ailleurs pas celle qu'ont représentée Wolters, Cuénot et Prowazek. Quelle que
soit leur origine et quelle que soit l'espèce à laquelle ils appartiennent, tous les ga-
mètes ont l'apparence d'une petite poire presque sphérique et très régulière rappelant
tout à fait les gamètes A'Urospora; le noyau est marginal, le centrosome déterminant
une petite saillie conique qui donne l'aspect piriforme. Mais, si tous les gamètes ont
une apparence générale identique, ils diflerenl pour une même espèce dans les dimen-
sions et dans la structure. La dilTérence la plus appréciable, en dehors de la taille, est
d'ordre nucléaire. Le noyau du gamète le plus volumineux est lelativement grand et
pauvre en chromaline; le noyau du petit gamète est réduit mais très chromatique. El
ces difïerences sont suffisamment accusées pour frapper immédiatement la vue dans
les kystes où les deux types de gamètes ne sont pas encore mélangés. L'accumulation
dans l'un des hémisphères des petits éléments chromatiques, dans l'autre des élé-
ments pâles, produit un tel contraste que l'ceil le perçoit avant d'en analyser la
cause.
La copulation a lieu entre éléments dissemblables et, sitôt opérée, les deux noyaux
se rapprochent et se fusionnent. Le zygote prend alors la forme naviculaire; trois
mitoses successives bien cai-actérisées donnent les noyaux des huit sporozoïtes.
De ceci résulte que chez les Monocyslis du Lombric, contrairement à
l'opinion généralement admise, la conjugaison est anisogame, certes à un
degré moins accusé que chez Stylorhynchus et Plerocephaius, mais cependant
d'une façon extrêmement nette et absolument indubitable. L'isogamie qui
semblait la règle chez les Monocystidées perd donc tous les jours du ter-
rain; elle tend à devenir l'exception.
ZOOLOGIE. — Sur les Alpheidœ des Laquedives et des Maldives.
Note de M. H. Coutière, présentée par M. E.-L. Bouvier.
Une expédition anglaise, sous la direction de M. J. Stanley Gardiner, a
exploré les Laquedives et les Maldives pendant une année presque entière,
de juin 1899 à fin avril 1900. Elle a rassemblé des collections très impor-
tantes au point de vue de la faune terrestre et marine de ces curieux archi-
SÉANCE DU l3 MARS ipoS. ■737
pels, inhospitaliers el peu connus, malgré la proximité de l'Inde anglaise.
Les Décapodes de la famille des Alpheidse m'ont été communiqués, et les
résultats de leur étude forment une partie de l'Ouvrage consacré à l'expé-
dition.
Les archipels des Laqnedives et des Ahildives étant par excellence une
poussière d'alolls madréporiques, il était permis de penser a priori que leur
exploration méthodique apporterait une contribution importante à notre
connaissance de la fiuine corallienne.
En ce qui concerne les Alpheidie, la richesse de la faune dépasse tout ce
que l'on pouvait espérer. La collection comprend 76 espèces, près de la
moitié des formes actuellement connues, et, parmi ces formes, 48 sont
nouvelles pour la Science. Aucune expédition n'a jamais donné, même de
loin, un semblable résultat. Si la localité choisie s'est montrée exception-
nellement riche, il faut aussi que son exploration ait été conduite avec une
méthode et une science de la recherche des espèces marines qu'on ne saurait
trop mettre en relief.
Ces 76 espèces, comprenant plusieurs centaines de spécimens, ont été
recueillies dans 83 stations. Dans 62 d'entre elles, des dragages ont été
effectués par des profondeurs de 3" à 17J™, le plus grand nombre par
5o™ à 80™. Les dragages ont fourni la plus grande partie des formes nou-
velles. Cette méthode de recherches se montre toujours féconde en résultats,
la faune de la zone littorale étant de beaucoup la plus variée, et il est
certain qu'elle donnerait une riche moisson de faits nouveaux si elle était
appliquée à de nombreuses régions littorales du globe, encore inconnues à
ce point de vue.
Les Alpheida; devront désormais occuper l'un des tout premiers rangs
parmi les groupes d'animaux sédentaires qui viennent chercher le vivre et
le couvert dans les anfracluosités des Coraux constructeurs de récifs.
Six genres de cette famille ont reçu, par l'étude de la collection ci-des-
sus, des additions d'importance variable.
V Automate Gardineri n. sp. porte à quatre le nombre des espèces du genre Aiito-
male de Man, qui en comptait une seule en igo3, et dont l'aire de dispersion com-
prend toute la zone intertropicale.
Le genre Arête Slimpson, qui comprend aussi quatre espèces avec une dispersion
assez identique, s'augmente, avec V Arête Borradailei n. sp., d'une très curieuse forme.
En lui comparant deux espèces, nouvelles également, du genre Athanas Leach, VAth.
Naifaroensis et VAth. areteformis, on assiste en effet au mécanisme par lequel les
espèces des deux genres ont pu diverger assez pour ne plus pouvoir être maintenues
dans une même coupe générique. Aucun autre exemple n'illustre non plus de façon
C. R., iQoS, ." Semestre. (T. GXL, N° 11.) 9^
738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aussi tangible le recouvrement graduel des yeux par des expansions du bord frontal,
recouvrement qui atteint une perfection si singulière chez des espèces telles que l'Al-
pliée frontale.
Le genre Syncdpheus Bâte s'augmente de douze espèces ou variétés. C'est dire qu'il
est plus que doublé. Un genre de vie identique a donné un faciès commun à la jilupart
de ses espèces, lentes à se mouvoir, commensales des Madrépores et des Eponges, de
formes arrondies et trapues. Elles doivent sans doute à ces conditions élhologiques
communes d'avoir offert peu de prise à des variations persistantes et fixées sous forme
spécifiques; les caractères de ces espèces se montrent rares et peu visibles, plusieurs
sont fondés sur l'atténuation variable de détails propres aux Hippolylidœ, dont le
genre Synalpheus est particulièrement voisin. Les espèces faciles à distinguer dans le
genre sont précisément celles qui possèdent un genre de vie très tranché, S. comatu-
laruni, par exemple, dont le nom indique suffisamment le commensalisme.
Dans le genre Alplieus Fabr., le nombre des formes nouvelles est particulièrement
grand dans certains groupes d'espèces, qui précisément ressemblent par « convergence n
à celles du genre Synalpheus, dont elles partagent le genre de vie sédentaire,
les formes massives, la tendance à la réduction de l'écaillé antennaire. Les unes
et les autres sont les plus hautement caractéristiques des récifs, dont elles peuplent les
interstices s'il s'agit de Madrépores cespiteux, ou les trous et les galeries s'il s'agit de
blocs compacts creusés par les Mollusques saxicaves. Pour quelques-unes de ces Al-
phées du groupe crinitus, les différences spécifiques, constantes cependant, sont si
faibles, et laissent si clairement apercevoir leur filiation, qu'on échappe difficilement
à cette impression (malheureusement non susceptible de preuves) qu'il s'agit d'es-
pèces de formation actuelle, résultant de variations en voie de se fixer. Entre VA. pa-
raculeipes n. sp. et VA. spongiarum H. Coutière, par exemple, tout se passe comme
s'il y avait corrélation entre les minimes différences de forme et les différences d'ha-
bitat, ce dernier étant toujours les oscules d'une Eponge pour 1'^. spongiarum.
L'espèce A. Miersi H. Coutière, dont j'ai jju étudier de nombreux spécimens, s'est
trouvé présenter un cas de dimorphisme des mâles, lié vraisemblablement à l'activité
sexuelle, et dont il existe quelques rares exemples chez les Décapodes et les Isopodes.
Parmi les espèces du groupe « Edwardsi ^t , les plus grandes et les plus évoluées du
genre, plusieurs formes se montrent aussi comme si elles étaient d'isolement spécifique
récent. Les espèces de ce groupe sont moins étioilement liées aux Polypiers morts ou
vivants, leur territoire de chasse est plus étendu et leur vie plus active. C'est chez elles
que l'on trouve, sous sa forme la plus perfectionnée, le singulier appareil d'intimida-
tion et d'attaque qu'est la grande pince de la première paire, avec ses dispositifs de
détente et de frénation.
PHYSIOLOGIE. — Stérilité el alopécie chez des Cobayes soumis antérieurement à
rinjluence d'extraits ovariens de Grenouille. Noie de M. Gustave Loisel,
présentée par M. Alfred Giard.
Au commenceinentde l'année dernière, nous avons expérimenté sur des
Cobayes l'action des extraits toxiques que nous avions retirés des glandes
SÉANCE DU l3 MARS igoS. 789
génitales de divers animaux ('). Depuis cette époque, nous avons conservé
et fait reproduire un certain nombre de Cobayes qui avaient reçu des injec-
tions sous-cutanées d'extraits ovariens de Grenouilles, de la façon que nous
avons fait connaître dans nos précédentes publications.
1° Élude des procréateurs mâles. — Ce sont d'abord neuf niàles, dont quatre sont
morts 8 et 10 nnois après la dernière injection, présentant comme phénomènes
morbides un fort amaigrissement et une chute plus ou moins généralisée des poils; ces
mâles avaient leurs épididymes gorgés de sperme. Deux autres mâles ont présenté les
mêmes symptômes maladifs, mais ont survécu; les trois derniers n'ont jamais été
malades.
2" Étude des femelles et de leur descendance. — L'étude des femelles est beaucoup
plus intéressante que celle des mâles. Nous avons d'abord un groupe de six jeunes
femelles qui étaient âgées de 1 à 2 mois rpiand elles ont reçu, en janvier-
février igoS, de 4'''°' à iS''"' d'extrait salé ovarien.
De ces six femelles, quatre sont mortes en présentant des phénomènes d'amaigris-
sement : une, 2 mois après la dernière injection; une deuxième, 8 mois après
(celle-ci avait perdu tous ses poils), les deux autres 10 mois après. Deux autres ont
survécu, mais une de celles-ci a présenté un commencement d'alopécie.
La descendance de ces six femelles a donné lieu aux observations suivantes : deux
n'ont jamais procréé malgré la présence de mâles sains (l'une est morte, l'autre vit
toujours); deux n'ont eu, en l'espace de 10 mois, qu'une seule portée de deux petits
et sont mortes ensuite; une cinquième, qui est morte le huitième mois, a eu cinq
petits en deux portées (un de ces petits meurt nu bout de quelques jours) ; enfin la
dernière femelle, qui vit toujours, a eu huit petits en trois portées (un de ces petits est
mort au bout de quelques jours).
Un second groupe de femelles comprend deux individus seulement qui étaient âgés
de 3 ans au moment de l'expérimentation. L'une de ces femelles, de race angora, qui
avait reçu en plusieurs séances 10™' d'extrait salé, meurt 9 mois après la dernière in-
jection en présentant une chute de poils à peu près complète de tout le corps. Mais
auparavant cette femelle donne deux portées : l'une, 73 jours après la dernière injec-
tion, produit deux femelles que nous allons retrouver tout à l'heure; la femelle reste
stérile pendant 4 mois, bien que vivant toujours avec un mâle, puis, le sixième mois,
elle avorte de six petits non à terme (quatre fœlus femelles et deux mâles); elle meurt
3 mois après sans avoir procréé à nouveau.
La seconde femelle âgée, qui avait reçu 34"°'' d'extrait acide, vit encore. Elle reste
stérile pendant 8 mois pour donner alors une première portée de trois mâles; 4 mois
après elle donne une seconde portée de trois petits (deux mâles et une femelle).
Nous avons conservé seulement les deux seuls enfants viables de la femelle angora
qui étaient deux petites femelles, comme nous l'avons vu. Or ces deux enfants, élevés
(') Comptes rendus de la Soc. de Biologie, igoo et 1904, et Journ. de l'.lnat. et de
la PhysioL, t. XLI, 1900, p. 64-8o.
74o ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans des condilions normales, n'ayant jamais été expérimentés, présentent quelques-
uns des caractères anormaux que nous avions observés cliez leur mère.
C'est d'abord une alopécie qui commence 7 mois après leur naissance, au mois
de décembre ('), mais qui s'arrête bientôt. Ensuite, mises avec leur père, ces deux
femelles donnent, l'une et l'autre, une première portée, 3 mois après leur naissance :
l'une met bas deux petits, la seconde un seul.
Trois mois après, la première avorte de cinq petits; puis elle reçoit le mâle et vient
de donner, le 10 février dernier, quatre petits dont nn non viable.
Au contraire, la seconde femelle reste stérile pendant 7 mois, bien que vivant
dans la même cage que sa sœur; comme cette dernière cependant, elle vient de nous
donner, également le 10 février, quatre petits, dont un meurt aussi quelques jours
après sa nais-ance.
En résumé, voilà un ensemble de faits qui mettent de plus en plus en
évidence l'action nocive des extraits que nous avons retirés des ovaires de
Grenouille.
Des Cobayes ayant reçu, sousla peau, des doses non immédiatement mor-
telles de ces extraits ont subi d'abord une chute de poids prononcée, comme
nous l'avons montré dans nos précédentes publications; puis la courbe de
poids est redevenue normale et, pendant un certain temps, ces individus
n'ont présenté aucun caractère maladif. Mais, au bout de 8 à 10 mois,
nous les avons vus maigrir, quelques-uns perdre leurs poils et la plupart
mourir. D'un autre côté, toutes les femelles ont montré une tendance mai-
quée à la stérilité. Les petits, à chaque portée, étaient en moins grand
nombre que d'habitude et ces petits étaient plus petits qu'à l'ordinaire;
ainsi, chez les vieilles femelles, il y avait seulement 2 à 3 petits au lieu de
6 à 7. De plus, les gestations étaient beaucoup moins fréquentes; ainsi ces
viedles femelles qui, dans des conditions normales, auraient eu dix portées,
n'en ont eu ici que quatre.
Les poisons ovariens de Grenouille semblent donc agir en produisant
l'atrophie d'un certain nombre d'ovules. C'est ce que Malchinsky (-) avait
également obtenu en injectant des toxines ou des poisons inorganiques à
différents Mammifères; c'est ce que nous observons encore actuellement
dans des expériences en cours d'exécution, en injectant de l'huile phos-
phorée à des Mammifères.
Au sujet de la descendance de nos Cobayes, d est à noter une mortalité
(') Le local où étaient élevés ces animaux est toujours chauH'é pendant les grands
froids de l'hiver.
(-) Ann. de l'I/isl. Pasteu , 1900, p. Ii3-i3i.
SÉANCE DU l3 MARS igoS. yZjl
plus grande des fœtus ou des jeunes, mais surtout la présence de tares hé-
réditaires : tendance à l'alopécie et à la stérilité.
Enfin il faut remarquer que, dans le local où ont été élevés nos animaux,
l'on n'a jamais observé aucun des phénomènes que nous avons décrits ici.
De plus, nous avons élevé en même temps un grand nombre de témoins
qui n'ont présenté aucun phénomène semblable. Cependant, il est possible
aussi que l'alopécie constatée ici soit due à une maladie parasitaire de la
peau n'ayant que des rapports indirects avec nos poisons ovariens.
PHYSIOLOGIE. — Sur l'antidote de la nicotine. Note de M. C. Zalackas,
présentée par M. Yves Delage.
On a considéré longtemps que l'antidote de la nicotine était la strych-
nine, mais il résulte de mes expériences faites sur les cobayes et particu-
lièrement sur les lapins que l'antagonisme entre la strychnine et la nicotine
est nul. Avec l'ésérine l'antagonisme est plus marqué; une dose non
toxique de nicotine neutralise une dose toxique d'ésérine à condition que
la nicotine soit administrée avant l'alcaloïde de Physostigma venenosum;
ou obtient le même résultat lorsqu'on injecte chez le lapin la nicotine
après l'ésérine. l'ar contre, une dose toxique de nicotine ne neutralise
nullement une dose toxique d'ésérine; cependant, si cette neutralisation
n'a pas lieu effectivement, elle est apparente, car la nicotine masque com-
plètement les effets de l'ésérine; par conséquent nous nous trouvons en
présence de ce fait curieux, qu'a si bien démontré Martin Damourette, à
savoir : la nicotine possède deux propriétés, une excitante et une paraly-
sante, l'une inverse de l'autre; or il arrive parfois que les effets paralysants
qui forment, probablement, une minorité parmi les effets totaux de l'ésé-
rine, s'ajoutent aux effets paralysants qui sont les principaux de la nicotine
et ainsi les deux antagonistes, souvent, deviennent deux ardents auxiliaires.
Mais il est un autre antidote de la nicotine qui rend de grands services
dans les cas des psychoses nicotiniques ; j'ai nommé le Nasturtium officinale
appartenant à la famille des Crucifères; ce dernier est très riche en azote et
surtout en iode et fer; il est encore plus riche lorsqu'il croît près des
sources iodurées ou ferrugineuses. Il est démontré que la nicotine produit
l'anoxémie (je sais qu'elle est intlirecte, néanmoins elle est occasionnée
par cet alcaloïde), par conséquent il faut quelque chose pour vivifier les
globules. Or, de mes expériences personnelles, il résulte ce qui suit :
7/42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai pris looos de Nasturliutn officinale que j'ai piles dans un mortier; ensuite j'ai
filtré le suc à froid. J'ai injecté une dose toxique de nicotine (oS,025) dans la jugu-
laire d'un lapin; l'animal, après i minute, a eu une contracture tétanique de l'intestin,
puis des mouvements péristaltiques, la respiration devenait accélérée, ce qui indiquait
une excitation bulbaire; mais la section préalable du pneumogastrique (faite chez uu
autre animal) Tempêche d'avoir lieu; les cordes vocales et la glotte étaient resserrées,
oflTrant ainsi un obstacle au passage de l'air, ainsi l'asphyxie devenait imminente par
raideur des muscles respiratoires; le système artériel s'était rétréci de manière à se
vider complètement ; quand à la température, elle a varié ; pendant la première période
(excitation) elle s'est élevée, fort probablement sous l'influence du tétanisme; pendant
la seconde (coUapsus) elle a diminué; lorsque j'ai vu que l'asphyxie était imminente,
je me suis décidé à tenter l'expérience suivante : J'ai injecté dans la jugulaire, après
avoir chauffé au bain-marie le suc ainsi préparé du A'astarlium officinale et ajouté
os, 3o de caféine, le contenu d'une seringue de Pravaz; après 10 minutes, une forte
diurèse s'était produite et l'urine excrétée sentait fortement le tabac; après i heure,
j'ai de nouveau injecté, mais cette fois-ci la moitié du contenu d'une seringue de
Pravaz; l'urine excrétée était abondante et l'odeur nauséabonde du tabac était moins
forte qu'à l'excrétion précédente; les convulsions diminuaient peu à peu d'intensité et
de fréquence, la respiration redevenait normale, les battements cardiaques reprenaient
leurs mouvements rythmiques et la sensibilité, qui, sans ayoir totalement disparu,
avait diminué, reparaissait; seulement j'ai constaté une forte salivation après le réta-
blissement de l'animal; les mêmes expériences tentées sur les chiens ont donné des
résultats analogues; par conséquent nous pouvons affirmer que le jVasturtiitm offici-
nale est l'antidote par excellence de la nicotine, à condition qu'il soit injecté à temps.
MÉDECINE. — De l'abaissement de la pression artérielle au-dessous de la nor-
male par la d'Arsonvalisation. Note de MM. A. Moutier et A. Chal-
LAMEL, présentée par M. A. d'Arsonval.
Contrairement à nos premières conclusions, nous avons amené la pres-
sion artérielle de quelques-uns de nos n)alades au-dessous de la normale;
nous avons observé, après des séances d'autoconduction, des pressions de
ï[\, i3, 12 et même ii'^" de mercure. En général il s'agissait de malades
ayant été antérieurement atteints d'hypertension artérielle, chez lesquels
nous avons ramené par ce moyen la pression artérielle à la normale et
chez qui nous avions cru devoir continuer le traitement pour des raisons
diverses que nous exposerons ultérieurement.
Comme il n'y avait pas d'intérêt et qu'il pouvait même y avoir des incon-
vénients pour ces malades à avoir une pression artérielle au-dessous de la
normale, nous relevions immédiatement celle-ci par l'application de cou-
rants de haute fréquence et de haute tension le long de la colonne verte-
SÉANCE DU l3 MARS ipoS. 743
brale; aussi n'avons-nous jamais observé de pression inférieure à ii"^" de
mercure.
Le plus souvent la pression artérielle reste 1res longtemps à iS'^'" de
mercure et ce n'est qu'après des séances répétées que l'on observe une
pression inférieure à ce chiffre, mais dans certains cas on arrive à ce résul-
tat au bout de très peu de temps.
Ces nouveaux faits viennent non seulement confirmer les premières
expériences de M. le professeur d'Arsonval, qui a constaté l'action hypo-
tensive de ces courants sur des animaux ayant une pression normale, mais
ils constituent une indication précieuse au point de vue thérapeutique.
Il n'est pas désirable, en effet, d'amener la pression artérielle au-dessous
de la normale, on devra donc mesurer avec grand soin la pression arté-
rielle des malades que l'on soumettra à la d'Arsonvalisation et cela pen-
dant les diverses phases du traitement, afin de ne pas dépasser le but
cherché.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Modification du spectre de la met hémoglobine sous
l'action du fluorure de sodium. Note de MM. J. Ville et E. Derriex,
présentée par M. Armand Gautier.
En étudiant l'action du fluorure de sodium sur la matière colorante du
sang, nous avons observé que ce principe salin imprime au spectre de la
méthémoglobine une modification très nette qui nous parait intéressante.
Lorsque, à une solution de mélhénioglobine ou de sang méthémoglolsinisé, on ajoute
une solution récente de fluorure de sodium pur, on constate que la bande dans le
rouge, la plus foncée et la plus nette du spectre de la méthémoglobine acide, disparaît
pour faire place à une nouvelle bande plus foncée, située bien à droite de la précé-
dente. Le centre de cette nouvelle bande se trouve à X = 612, alors que l'axe de la
bande, dans le rouge, de la méthémoglobine acide est à X =; 633 ( ' ).
Ces faits ont été observés avec du sang méthémoglobinisé par les diflerenls agents
connus (ferricjanure de potassium, nitrite de sodium, palladium hydrogéné, etc.), avec
des solutions d'oxyhémoglobine en partie mélhémoglobinisée spontanément et avec des
solutions de méthémoglobine cristallisée.
(1) Comme les autres bandes de la méthémoglobine disparaissent également, cette
bande très nette, dont le centre est àX = 6i2, caractérise spectroscopiquement la
modification qu'éprouve la mélhénioglobine en présence du fluorure de sodium.
L'intensité de cette bande pourra permettre en outre de rendre plus manifeste la pré-
sence de faibles quantités de méthémoglobine dans un liquide.
744 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette modification du spectre de la mcthémoglobine par le fluorure de
sodium pourrait, il nous semble, donner In raison de certains faits indiqués
récemment par MxM. Piettre et Vila ('). En dehors des deux bandes
connues, ces auteurs signalent dans le spectre de l'oNyhémoglobine l'exis-
tence, dans le rouge, d'une nouvelle bande dont l'axe coïncide avec la ra-
diation de longueur d'onde 034-
Or cette nouvelle bande, ainsi signalée dans le spectre de l'oxyhémoglobine, occupe
la même place que la bande, dans le rouge, de la métliémoglobine (centre à ), =; 633).
Elle semble même n'être autre que celte dernière, car l'addition de fluorure de sodium,
comme l'indiquent ces auteurs, entraîne le déplacement, à droite, de cette bande, dont
le centre est alors à X = 6i3 ; or c'est là précisément la position de la bande que nous
avons observée en traitant la métliémoglobine par le fluorure de sodium.
11 semble donc que la nouvelle bande, signalée par MM. Piettre et Vila dans le
spectre de l'oxjhémoglobine, soit due à une métliémoglobinisation partielle de la
matière colorante du sang. Cette manière de voir nous paraît être confirmée par la
difTérence que ces auteurs indiquent, au point de vue spectral, entre le sang laqné et le
sang qui a conservé son intégrité globulaire grâce à des solutions isotoniques, ce der-
nier ne présentant pas, dans son spectre, la nouvelle bande en question; cette difle-
rence, en efî'et, peut s'expliquer par la résistance à la métliémoglobinisation qu'oflVe
l'oxyliémoglobine fixée dans le globule rouge (-).
Nous nous proposons de continuer ces recherches et de voir en particulier si la mo-
dification spectrale que nous signalons n'est pas due à la formation d'une combi-
naison fluorée de la méthéuioirlobine.
GÉOLOGIE. — Sur les dépôts de CÈocène moyen du Sénégal.
Note de M. J. Chautard, présentée par M. de [^apparent.
Les formations éocènes ont été signalées depuis quelques années déjà
dans plusieurs localités du Sénégal, malheureusement les fossiles recueillis
jusqu'ici étaient peu nombreux, et, sauf la petite faune de Balol citée par
M. Stanislas Meunier en 1904, on n'avait guère indiqué que des échantd-
lons isolés.
J'ai pu recueillir à la fin de 1908 sur les côtes du Baol et du pays de Sine
un certain nombre de fossiles en place, les uns dans une falaise qui borde
l'Atlantique au nord du village de Joal, les autres dans un puits creusé à
N'Boutit, à 6'"" à l'est de ce premier gisement.
(') Comptes rendds, t. T.XL, 6 févriei' igoS, j). G()o.
(-) Yo.N Mf.ring, Zeiticli. f. physiol. Client., Bd. Vlll
SÉANCE DU l3 MARS igoS. 7l5
A ces premiers cléments d'étude sont venus s'en ajouter de nouveaux,
mis aimablement à ma disposition par M. H. Douvillé, professeur à l'École
des Mines, provenant de puits creusés à Fandène et à Diobène, près de
Thiès, dans le Baol.
Les fossiles du pi-emier gisement, silué e^acteiiienl à la ferme-école de N'Gazobil,
sont dans des couches de calcaire marneux que séparent deux intercalations argileuses;
les diverses couches plongent d'environ io° vers le sud. La falaise suivant laquelle sont
recoupées ces assises s'étend sur une longueur de i5oo™ et atteint 8™ dans sa plus
grande hauteur.
La faune fossile comprend de nombreux Lamellibranches dont le têt, calcaire ou sili-
ceux, est assez fréquemment conservé : Oslrea archiaciana d'Orb., Ostrea multicos-
tata Desh., Ostrea cymbula Lamk., Ostrea Eschcri M. E., Vulsella n. sp., Corbis cf.
subeUiptica d'Arch., Cytherea nitidula Lamk., Cardita n. sp., etc.
Les Gastéropodes sont représentés par des moules internes : Cassidaria diadema
Desh., Volutililhes crenulifer Bayan, Terebellum distortumà'krch., Calyptrea tro-
chiformis (var. d.) Lamk., etc.
On rencontre sensiblement la même faune au puits de N'Boutit.
Parmi les fossiles de Fandène j'ai reconnu : Cardita gracilisLocurd, Carditan. sp.,
Luciiia Lelourneu.vi Locard et Cypraea sulcosa Lamk.; parmi ceux de Diobène :
Echinolampas Goujonl Pomel, de i'Éocène moyen d'Algérie et de Tunisie, Cytherea
liumala Locard et Cyprina subatpoœnsis d'Arch.
Ces diverses faunes ont des caractères qui doivent nous faire rattacher à
I'Éocène moyen les terrains où elles ont été rencontrées. En outre les
remarquables affinités qu'elles présentent avec les faunes éocènes de l'Al-
gérie, de la Tunisie, de l'Egypte et de l'Inde, d'une part, avec celles corres-
pondantes du Cameroun d'autre part, sont particulièrement intéressantes.
La mer éocène couvrant une grande partie de l'Afrique du Nord et com-
muniquant vraisemblablement avec l'Inde par l'Egypte et la Perse, devait
dès lors contourner lemassifdu Fouta Djalon, soit par l'est, soitpar l'ouest,
pour atteindre le Cameroun.
GÉOGRAPHIE PH-ïSlQUE. — Sur des phénomènes de capture de cours d'eau
datant du xvii% du xviii^ et du début du xix* siècle, prouvés par des
documents cartographiques. Note de M. E. Fournier, présentée par
M. Michel Lévy.
Depuis que les études de MM. Morris Davis, Powel, Lavvson, etc., en
Amérique, de MM. de la Noé, de Margerie et de Lapparent, en France, ont
G. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL. N° 11.' 9^
746 ACADÉMIE DES SCIENCES.
altiré l'attention des géologues et des géographes sur les phénomènes de
capture des cours d'eau, les exemples les plus concluants et les plus typiques
de ce processus d'évolution des réseaux hydrographiques se sont multipliés
à l'infini.
Mais si les exemples de phénomènes de capture aujourd'hui connus sont
extrêmement nombreux, ils remontent presque tous aux périodes géolo-
giques ou préhistoriques, ou tout au moins à une époque assez éloignée
pour qu'il soit impossible d'appuyer leur constatation sur des documents
historiques.
Ce qui fait l'intérêt tout spécial des phénomènes de capture que nous
allons décrire ici, c'est qu'ils se sont accomplis à la fin du xvii' siècle, pen-
dant le xviii* et au commencement du xix° siècle et que des documents
cartographiques très précis nous permettent de prouver, en dehors de toute
considération géologique, la réalité du phénomène.
La région où se sont accomplis ces phénomènes est située sur la feuille d'Elat-
Majoi- de Lons-le-Saunier, au sud-ouest de cette ville, sur le territoire des communes
de Frébuans, Gouilaoux, Trénal, Savigny, Bonnaud, etc.; elle est constituée par une
large plaine d'alluvions, dans laquelle coulent aujourd'hui la Vallière, la Sorne, le
ruisseau de Dérobé, le ruisseau du Roi et la Sonnette; ces quatre derniers cours d'eau
sont afduents du premier (la Vallière) et indépendants les uns des autres.
Or, si l'on consulte la carte de la partie méridionale de la Franche-Comté, publiée
en 1608 par Sanson d'Abbeville ('), on constate qu'à cette époque la Sorne formait
deux bras dont l'un recevait le nom de ruisseau du Roi et allait se jeter dans la Sonnette,
affluent de la Vallière. Notre figure 1 est un calque de la carte de i658 sur lequel nous
avons ajouté, pour l'intelligence des explications qui vont suivre, quelques noms de
lieux, noms qui se sont d'ailleurs peu modifiés depuis l'époque, sauf pour Fluans
devenu Fébruans et plus tard Frébuans, la Vaille devenue la Vallière.
Si nous nous reportons maintenant à la carie de Querret (carte des Baillages de
Franche-Comté, 2= feuille, 1748) nous voyons apparaître, entre Frébuans et Nilly,
un nouveau bras de la Sorne allant rejoindre directement la Vallière, tandis que le Bief
du Roi continue sa course vers' le sud et que la Sonnette s'en est séparée pour rejoindre
indépendamment la Vallière {fig. 2). Arrivons à la carte de Cassini : un nouveau
ruisseau (ruisseau de Dérobé) apparaît entre le ruisseau du Roi el la Sorne qui se
sépare définitivement du ruisseau du Roi {Jîg. 3, A) ('-).
(') Sanson d'Abbeville, géogr. ord. de S. M., Sequani Archidiac. de Salins du
Diœcese de Besançon, partie méridionale de la Franche-Comté, où est le Baillage
d'aval. Mariette, Paris, i658.
{^) La carte du département du Jura divisé en six districts (1790) donne le même
tracé que Cassini.
SÉANCE DU
1905.
747
Enfin sur J'Élat-Major (rS^i) apparition d'un noui-eau bras de la Sorne ie délaclnant
près de Frébiians et allant rejoindre directement la Vallière en face de Courlaoux
(Jtff. 3, B). Nous avons pu recueillir, sur la date de formation de ce nouveau bras, des
renseignements très précis : un plan détaillé de 1-^4 n'indique sur son emplacement
qu'un ruisseau de peu d'importance se jetant à la N'allière et n'atteignant pas encore la
2°û'âprés une Carte de <{^
V D'après unf Ceote de 1653
A D'âpres ta Carte de Casiini
Sorne; enfin une délibération du Conseil municipal de Frébuans, en date du 8 mars
t8i I, constate que la Sorne s'est « jetée sur un chemin qui est à réparer sur la longueur
de quatre-vingt-dix mètres, qui est irréparable à cause du dégrandemenl des eaux »
(ijc) et donne ensuite le nom des propriétaires sur le territoire desquels le phénomène
s'est produit : en se reportant à la matrice cadastrale, nous avons pu constater qu'il
s'agit précisément de la portion comprise entre la Sorne et la source du petit ruisseau
figuré sur le plan de ly^A-
Nous avons constaté en outre que tontes les parcelles cadastrales traversent ce bras
dérivé, comme s'il n'e.rislaitpas, tandis que partout ailleurs le cours d'eau primitif
748 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sert de limite aux parcelles et même aux deux commune^ de Frébuans et de Courlaoux,
sur 2*"° environ de longueur : ce bras dérivé de la Sorne est donc postérieur à la divi-
sion parcellaire. Les traditions locales confirment encore ces faits et les anciens du
pays se rappellent avoir passé à pied sec sur un chemin traversant ce bras de la Some
en un point où l'on a été obligé de nos jours d'établir un pont.
Enfin, plus récemment encore, et postérieurement à 184 1, le ruisseau de Dérobé
s'est définitivement séparé de la Sorne {fig. 3, C) et est en voie d'assèchement.
Noiisavons pu retrouver, sur le terrain, les traces des anciens lits aujour-
d'hui asséchés, et corroborer, par des considérations géologiques, les faits
que nous venons d'exposer brièvement.
HYDROLOGIE. — Bésiiltals (F une année d'étude de la conductibilité électrique
de l'eau du Rhône à Lyon. Note de M. M. Ch.\noz, présentée par
M. d'Arsonval.
Une étude poursuivie depuis 1902 sur plus de 200 échantillons d'eaux
minérales provenant de io4 stationsdifférentes(') nous avait t'ait admettre
les conclusions suivantes :
« Le point de congélation et la conductibilité électrique d'une eau mi-
nérale caractérisent suffisamment ce liquide pour le faire toujours recon-
naître. Ces deux déterminations simultanées permettent de suivre dans le
temps les variations que cette eau peut présenter à la source même ou
subir du fait de l'embouteillage ou d'une altération quelconque (perte
de gaz dissous et précipitation de corps en dissolution, action micro-
bienne, etc.). »
Nous nous sommes proposé d'appliquer ces méthodes à l'étude physique
de l'eau potable utilisée à la dose de 87000"' environ par jour par les habi-
tants de Lyon.
L'eau potable de Lyon provient du Rhône. Elle lui est empruntée en amont de la
(') Ghanoz et DoYON, Point de congélation, conductibilité électrique et action
hémolytique de quelques eaux minérales {Journal de Physiologie et de Patho-
logie générale, mai igoS). — P. Viallier-Ravnaud, Contribution à l'étude de
quelques propriétés physiques des eaux minérales ( Thèse de Médecine de Lyon,
1904)-
SÉANCE DU l3 }.[ARS ipoS. 749
ville et, par suite, avant que le fleuve se soit eiiridii des eaux de son important affluent :
la Saône. Cette eau est naturellement filtrée horizontalement au travers de graviers,
dans des puits et galeries, puis refoulée au moyen de machines à vapeur puissantes
(2000 chevaux) dans des réservoirs de charge et un système de canalisation atteignant
un développement d'environ ^oo'"".
Nos déterminations ont été faites de janvier 190') à janvier igoâ. Les prises d'essai
ont été pratiquées presque chaque jour, à la même heure, à un robinet de fort débit
ouvert depuis un quart d'heure environ. Des mesures faites sur des échantillons
récoltés au même instant à des robinets distants de plus de 500"", ou provenant du
même robinet, mais à des heures dillerentes de la journée, ne nous ont donné, dans les
essais entrepris à des époques diverses, que des difTérences assez faibles pour légitimer
nos conclusions.
A. Le point de congélation, déterminé au y^î •^''^ degré, a été trouvé égal à — o°,oi.
Il n'a pas varié de façon appréciable pendant l'année.
B. La conductibilité électrique a été déterminée au moyen d'un pont de Kohlrausch
à téléphone, dans le voisinage de 18° C. et en adoptant le coefficient de température
o,025 par degré centigrade.
Nous avons représenté par un graphique : a, l'étiage des eaux du Rhône vers le
pont Morand; b, la conductibilité électrique de ces eaux ramenée à 17°,.!.
De l'exarnen de ces courbes découlent les faits suivants :
Si l'on ne tient pas compte de l'anomalie certaine, mais insuffisamment expliquée,
qui a donné une conductibilité relativement faible le 1 1 juillet {2,12 X lo"' mhos), on
constate que la conductibilité électrique de l'eau potable de Lyon a passé par un mini-
mum en août et septembre (2,60 X io~* environ). Elle s'est élevée, à partir du mois
d'octobre, pour atteindre son maximum en mars (3, 20 x io~' mhos).
La conductibilité est minimum pendant la saison d'été où le Rhône est alimenté sur-
tout par la fonte abondante des glaciers.
Au moment des crues du fleuve, crues faibles celte année et déterminées princi-
palement par la rivière d'Ain, la conductibilité électrique de l'eau s'est ordinairement
abaissée brusquement.
En résumé l'eau potable qui, dérivée du Rhône, alimente Lyon après
filtralion naturelle, a une miuérali.sation, indiquée par le point cryoscopique
et la conductibilité électrique, relativement constante. Les valeurs limites
de la conductibilité correspondent aux conductibilités des solutions deNaCl
voisines : 1^^,53 61 1^,85 par litre.
Addendum. — Nous avons recherché ce qu'était, en amont et en aval de
Lyon, la conductibilité de l'eau du Rhône. Voici les chiffres trouvés :
A la fin de janvier 1906 la coniluctibililé étant à Lyon de 2,92 X io~^
environ, on a trouvé les valeurs 2,82 x i')"* et 2,83 x io~* pour des
échantillons 'puisés au milieu du Rhône a i jour d'intervalle, à ôo""" en
amont de Lyon (bac de Montalien à Serrières-de-Briord).
75o ACADÉMIE DES SCIENCES,
En avril 1904 nous avons noté les chiffres suivants pour des échantillons
puisés dans le fleuve le même jour :
A l'entrée de Lyon (Pont Saint-Clair) , . 2,76 x lo"'' mhos
A la sortie de Lyon (La Mulalière) 2,84 x (O"'
A Avignon. 3, 10 x lo"'
M. G. Mahik demande l'ouverture d'un pli cacheté reçu en séance, le
i" avril 1901, sous le numéro d'ordre G'.V.W.
Ce pli, ouvert par M. le Président, conlient un Mémoire intitulé : Lpx nscil-
lations des ressorts et la stabilité des véhicules de chemins de fer.
(Renvoi à la Section do Mécanique.)
M. J. GrUi\berg adresse une Note : Sur la stabilité des dirigeables.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
M. Emm. !*ozzi-Escot adresse une Noie intitulée : Action de liodure
d'éthylmognésium sur les ihio-urées, synthèse du diamidoéthylearhinol .
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
I.a séance est levée à 4 heures.
G. D.
BUM-ETIN BIBLIOORAPIIIQUE.
OOYB+GES REÇUS DANS J.* SÉANCE DU 27 FÉVRIER igoS.
Malgaigne (i8o6-i865), étude sur sa vie et ses idées d'après ses écrits, des papiers
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The Amana météorites of fe^ri^ary 12, 1S75, h)y GusTAyuç Det|.ef IIimuci)s, witli
SÉANCE DU ]3 :.;ai;s 1905. 731
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Statistique des villes de France pendant l'année igoS et tableaux récapitulatifs
des années i886 à igoS, 18° année; Ministère de rintérieur; Direction de l'Assistance
et de rilygiène puljli(|ues, 1904; i vol. in-8°.
Revue économique internationale, publiée sous le patronage de M. Emile I^evassbuu,
Membre de rinstitul; 2' année, vol. I, n" 2, i5-2o février igoS. Paris, Félix Alcan;
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Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, pub. sous la
direction de M. Ernest Olivier; 17" année, 1904. Moulins, Etienne Auclaire, 1904;
I vol. in-8".
The Nautical Almailac and Astronomical Ephemeris for the year ujoS, for the
meridian of the Royal Observatory at Greeawich, pub. by ordei- of the Lords
Commissioners of the Admiralty. Edimbourg, s. d. ; i vol. in-S».
Carnegie Institution of Washington. Vear Book. n" 3, 1904; published hy the
Institution. Washington, igoS ; 1 vol. in-8".
Division sexcentesimal de la circunfcrencia, por IIorauio Bentadol y Ureta.
Madrid, 1904; i fasc. in-8°.
Observatorio astronomico de Madrid. Memoria sobre el éclipse total de Sol del dia
3o de agosto de igoS. Madrid, 1904; 1 fasc. in-4".
Untersuchungen liber die aslronomische Réfraction, von L. Courvoisieu.
( Verôffentlichungen der Grossherzoglichen Slernwarte zu Hei Iclberg, lierausg. v.
D'- \V. Valentiner; Bd. IIL) Carlsruhe, igo4; i fasc. in-8".
n52 ACADEMIE DES SCIENCES.
Ueber TheodoUlhgoniometer, von C. Klein. (Exlr. de Silzungsberichle der k.
preussischen Akademie der Wissenschaften, 19 janvier igoS.) Berlin; i fasc. in-S".
Report to llie Government of Ceylon on the pearl oyster Jlsheries of tlie guif of
Manaar, by W.-A. Herdman; with supplementary Reports upon the marine Biology
of Ceylon, by ollier naluralisls; pari II, pubiislied by the Royal Sociely. Londres,
1904; I vol. in-4".
Ouvrages reçus dans la séance du 6 mars igoS.
Science et Éducation, Discours et Notices académiques, par M. Bertiielot. Membre
de rinstitut. Paris, Société française d'Imprimerie et de Librairie. 1901 ; i vol. in-12.
(Hommage de l'Auteur.)
Nouvelles Tables d'intérêts composés et d'annuités, et Précis de la théorie et de la
pratique des opérations financières à long terme, particulièrement des eniprunts,
par F. ViNTÉJOUx. Paris, A. Hermann, igoS; 1 vol. in-S". (Présenté par M. Darboux.)
Mikroskopische Physiographie der Mineralien und Gesteine. ein Hûlfsbuchbei
mikroskopischen Gesteinsstudien, von H. Rosenbuscu; Bd. I : Die petrographiscli
wichtigen Mineralien, vierte neu bearbeilete Aullage von H. Rosenbusch und E.-A.
Wùlfing; erste Hàlfle : Allgemeiner Teil, von E.-A. Wùlfing, mit 286 Figuren im
Text und 17 Tafeln. Sluttgard, E. Naegel, 1904; 1 vol. in-S". (Hommage de M. H. Ro-
senbusch, Correspondant de l'Institut.)
Exposé de la méthode hydrothérapique : histoire, théories, technique, applications
cliniques, par le D'' Beni-Barde. Paris, Masson et 0'% igoo; 1 vol. in-8°. (Prétenté par
M. Brouardel, pour le Concours du prix Bellion.)
Diagnostic différentiel des lésions de Voreille moyenne et de V oreille interne, par
le D"- M. Makage. Paris, cliez l'auteur, i fasc. in-8". (Hommage de l'auteur.)
Cent mille kilos de pommes de terre à l'hectare, nouveau système de culture à
grand rendement, par E.-S. Bellenoux. Paris, Charles Amat, igoS; i fasc. in-S».
(Hommage de l'auteur.)
Nouvelle théorie des machines électriques à injluence, par V. Schaffers. Bruxelles,
Polleunis et Ceuterick, 1904; ' iasc. in-8°.
Fermentas oxidantes, oxidiases arlificiales, del D'' Daniel iMlnoz Limbieh. Cliihua-
hua, igoD; 1 fasc. in-8°.
Étude des fèces normales, par le D'' Ricardo Lvncii. Buenos-Ayres, 1904 ; 1 vol. in-S°.
(Hommage de l'auteur.)
Examen microscopique des fèces, son importance et son application dans la pra-
tique professionnelle, par le D"' Ricardo Lynch. Leipzig, Georg Thiem, 190/I; i fasc.
in-8\
Médecine populaire russe, par le D"' Gabriel Popoff. (En langue russe.) Saint-Pé-
tersbourg, 1903 ; I vol. in-S". (Hommage de l'auteur.)
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièremenl le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'annoe, deux volumes in-4°. Deui
par ordre alpliabélique des mal leros, l'autre par ordre alphabétique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnemeiii esi annuel
" Janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit:
Paris : 30 fr. — Oppar lemonts: 40 fr. — Union postale: 44 l'r.
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On souscrit à l'étranger,
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Ruiï.
Courtin-Hecquei.
' Gastineau.
Jérôme.
Régnier.
, Feret.
! Laurens.
' Muller (G.)
Renaud.
Derrien.
F. Robert.
Oblin.
Uzel fréies.
I Henry.
I Marguerie.
' Bouy.
iNourry.
Ratel.
Rey.
* Lauverjat.
/ Oegez.
i Drevel.
( Gratierel C-
Foucher.
\ Bourdignon.
I Dombre.
1 Thorez.
I Quarré.
chez Messieurs
I M- Tex.er.
Bernoux et Ou
^Georg.
. , ElTantin.
Marseille Ruât.
Montpellier j Goulet et fils.
Moulins Mai liai Place.
/ Jacques.
Nancy j Grosjean-Mau|
( Sidot frères.
C Guisl'hau.
^«"'« jveloppé.
l Barma.
^'<^<' Appy.
Nîmes. . .
Orléans
Poitiers.
Pennes P
Pochefort G
Rouen
Tbibaud.
Loddé.
1 Blanchier.
j Lévrier.
el Hervé.
Girard (\ ).
Langlois.
S'-E tienne .
Toulon
Cbevaher.
\ Ponteil-Burl
j Rumébe.
( Gimel.
( Privât.
IBoisselier.
Péricat.
Suppligeon.
) G lard.
/ Lemaitre.
■Athènes.
Harceton
Berne . . .
Sologne .
Bucharest .
Budapest
Cambridge
Christiania. . .
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Copenhague . . ,
Florence
Gand
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ta Haye .
Lausanne.
Feikema Caarel-
sen et G'*.
Beck.
Verdaguer.
Asher et C.
Dames.
FriedUnder et fils.
Mayer et Muller.
Schmid Francke.
Zanicbelli.
Lamertin.
Mayolez et Audiarte
Lebègue et G'*.
Sotchek et G*.
Alcalay.
Kilian.
Deighton. Bell et G"
Cammermeyer.
Otto Keil.
Hôst et fils.
Seeber.
Hoste.
Beuf.
Cherbuliei.
Georg.
Stapelmobr.
Belinfante frères
Benda.
Pavot et C'V
Barlh.
I Brockhaus.
Koehler.
I Lorenlz.
Twietiiieyer.
Desoer.
Gnusé.
Londres Hachette et C'*.
Luxembourg V. BUck.
Ruiz et G".
ÎRomo y Fussel.
Capdeville.
F. Fé
l Bocca frères.
■ j Hoepli.
. Tastevin.
l Margbieri di Gius
• i Pellerano.
Dyrsen et i'foiffer.
New-York Slechert.
Lemcke et Buechae
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G".
. Reber.
Madrid.
Milan . .
Moscou .
Naples .
Palern
Porto .
agalhaés
Potterdam
Stockholm .
S'- Pétersbourg . . j „/
Prague Kivnac.
Bio-Janeiro Garo er.
\ Bocca frères.
■"<""« j Loescber et C'V
Kramers et fils.
Nordiska Boghaodel
rlin^'.
Wolff.
i Bocca frères
Brero
'"^rin ciausen.
I Bosenberg et Sellier.
Varsovie Gebethner et W oief.
Vérone Drucker.
\ Fiick.
Vienne ) Gerold et C'«.
Ziirich Meyer et Zeller.
],ES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" à 31. - (3 Août i835 a 3i Décembre i85o.) Volume in-4°; i853. Prix 25 fr.
Tomes 32à61. - (i" Janvier .85i a 3i Décembre ,865.) Volume in-^; 1870. Prix 25 tr.
Tomes 62 à 91. —(i" Janvier 1866 à 3i Décembre i88o.)Volume in-4°; 18S9. Prix -sa r.
Tomes 92 à 121. - (i" Janvier .881 à 3i Décembre iSgV) Volume in-r; ig»»- P"" ■*» "•
tLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LACADÉMIE DES SCIENCES :
'-Mémoire surquelques points de la Phv-i ïiedes Aiguës, par MM. A. DRR«KsetA.-J.-J. SoUER. - Mémoiresur le Calcul des Pertubat.on» au ^^^^^
es, par M HansTn- Mémoire sur le Pancrea, el sur fe rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion de,
irasses, par M. Glaude Bernard. Volume in-4», avec 32 planches; i836 • ■• ',',['".'." '"j \- ■
:.-Mémoire sur les vers intestinaux, par ^ ■ ^ -^^:ir' ^'ir^^Ii^^ï X^^ 1!^!^^:^^^^^^ Tg^nî é^Tos'&^ns^^s'dr.^re'n" ^e^ra":
:res"s'u%Lfl'Vo"d7e'L7e";\'u^p:r;VsUi::!'^- ■Discu\T q e'sUotle'^e^l^L^pa^oao'trur dîs.anllon sLcessive ou simultanée. -^Recherclierla
l'srapp'rirqui existent entré l'état ^actuel du régne organiqueelsesétals antérieurs ., par M. le Professeur Bronn. In-;)., avec 7 planches ; .86. .. . 25 h
même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoire, présentés par divers Savants à r*cadémie des Sciences.
N"^ 11.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 13 mars 1903.)
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages. I
M. Gaston Darboux. — Des surfaces ap- M. Paix Painleve. — S
plicables sur le paraboloïde de révolution. 697 | temenl de Liissenient.
■ les lois du froUe
Pages.
CORRESPOND ANGE.
Le journal Le Matin communique une nou-
velle dépêche de M. Jean Charcot
M. le Secrétaire perpétuel signale divers
Ouvrages de M. Eriist Lindelôf el de M. L.
De Launay
M. R. LiouviLLE. — Sur les pressions déve-
loppées, à chaque instant, en vase clos par
des poudres colloïdales de diverses formes.
M. E. JouGUET. — Sur Tonde explosive
M. Ed. Maillet. — Sur la vidange des sys-
tèmes de réservoirs
M. A. Bbeydel. — Sur les dangers de Vélec'-
tricilé atmosphérique pour l'aérostation et
les moyens d'y remédier
M. Adrien G.uebhard. — Sur la cause du
silhouettage photographique
M. A. Leduc. — Sur les poids atomiques de
l'hydrogène et de l'azote et la précision
atteinte dans leur détermination
MM. E. Junofleisch et M. Godchot. — Sur
l'acide lactique droit
MM. F. Couturier et L. Meunier. — Action
de l'amalgame de magnésium sur la dimé-
thylcétone
M. Lespieau. — Sur l'acide oxetli ylcroto-
nique et l'acide éthylérytlirique. . "
M. L.-J. Simon. — Sur une méthode de do-
sage volumélrique de l'hydroxylamine
M. A. AsTRUc. — Glycérophosphates de p'il
pérazinej.
M. G. Kriedel. — Sur les
ases expérimen-
tales de l'hypothèse réticul
MM. A.-Ch. Girard et E. Rousseaux. — Les
exigences du tabac en principes fertili-
sants
M. Louis Brasil. — La genèse des gamètes
Bulletin bibliographiqie..
et lanisogamie chez les Monocystis du
Lombric
M. H. CouTiÈiiE. - Sur les Alpheidœ dès
Laquedives et des Maldives
M. Gustave Loisel. — Stérilité et alopécie
chez des Cobayes st)umis antérieurement à
l'influence d'ex traits ovariens de Grenouille.
M. C. Zalackas. — Sur l'antidote de la ni-
cotine
MM. A. Moutier et A. Ch.\llamel. — De
l'abaissement de la pression artérielle au-
dessous de la normale par la d'Arsonvali-
sation
MM. J. Ville et E. Derrien. — Modification
du spectre de la méthémoglobine sous l'ac-
tion du Duorure de sodium
M. J. Chautard. — Sur les dépôts de l'Éo-
cène moyen du Sénégal
M E. FouRNiER. — Note sur des phéno-
mènes de capture de cours d'eau datant du
xvir, du xviir et du début du xix» siècle,
prouvés par des documents cartogra-
phiques
M. M. Chanoz. — Résultats d'une année
d'étude de la conductibilité électrique de
l'eau du Rhône à Lyon
M. G. Marie. - Ouverture d'un pli cacheté
contenant un Mémoire intitulé : « Les os-
cillations des ressorts et la stabilité des
véhicules de chemins de fer >
.M. J. Grunbero adresse une Note : « Sur la
stabilité des dirigeables »
M. Em.m. Pozzi-Escot adresse une Note inti-
tulée : « Action de l'iodure d'éthylmagné-
sium sur les thio-urées, synthèse du di-
amidoéthylcarbinol >>
iV\
IMPRIMERIE GAUTKIËR-
Quai des Grands-Augustins. 55.
> 1905
-,,^<^ 1905
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
rV^ 12 (20 Mars 1905).
- PARIS,
GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES HE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Aui;uslins, 55.
1905
RÈGLEMENT REL4TIF ALX COMPTES RENDUl
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN 1862 ET 2', MAI 1870
[^es Comptes rendus liehdomadaires des séances
de l'Académie se composent des extraits dé#travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
/|8 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Aktjcle I'
— Impression des travaux
de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus (j pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3:i pages par année. '
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit faif mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des iNotes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le soi (j
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en sp -
blique ne font pas partie des Comptes rendi
Article 2. — Impression des travaux des
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pi»
qui ne sontpas Membres ou Correspondants c'j
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou h
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Ménioi 1
tenus de les réduire au nombre de paires reis;
Membre qui fait la présentation est toujoursiii
mais les Secrétaires ont le droit de réduire ce :l
autant qu'ils le jugent convenable, comme jj; I
pour les articles ordinaires de la correspon(|ir 0
cielle de l'Académie.
Article 3. |
Le bon à tirer de chaque Membre doit èii
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au |
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être u
temps, le titre seul du Mémoire est inséré ï
Compte rendu actuel, et l'extrait est reiii '
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahi
Article 4. — Planches et tira^
Les Comptes rendus ne contiennent ni
ni ligures.
Dans le cas exceptionnel où des figures
autorisées, l'espace occupé par ces figures co;
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rap)
les Instructions demandés par le Gouvei'nenu
Article 5.
Tous les six mois, la Commission adminis'
fait un Rapport sur la situation des Comptes
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution
sent Règlement.
■I
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pri
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance
»,'h
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2() MARS 1903.
PRÉSIDÉE PAR M. H. POINCARÉ.
MÉMOIRES ET COMMUNICATION^ S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuei, annonce à l'Académie que leTomeCXXXVIII
i]es Comptes /c/jf/w^ ( janvier-juin 1904) esL en distribution au Secrétariat.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches thrnnochimiques sur la strychnine
el sur la brucine. Note de MM. Berthelot et Gaudechon.
Nous avons soumis à un examen tîiermochimique la strychnine et la
brucine, afin de continuer la série des études entreprises dans le labora-
toire du Collège de France sur les alcalis naturels : alcalis de l'opium, des
quinquinas, etc. ('), alcalis si intéressants au point de vue purement chi-
mique, comme au point de vue biologique. Nous en avons déterminé les
chaleurs de combustion, de formation par les éléments, et de neutralisa-
tion par les acides chlorhydrique et sulfurique, les états moléculaires mul-
tiples, etc.
Ces expériences sont délicates, à cause de la faible solubilité des sels de strychnine
et analogues, qui nécessitent des doses d'eau 20 à 25 fois aussi fortes que les doses
susceptibles de dissoudre les poids moléculaires correspondants des bases minérales :
elles comportent dés lors des limites d'erreur plus étendues. Il est d'ailleurs nécessaire
de tenir compte de la non-identité des alcaloïde^ organiques précipités avec les mêmes
alcaloïdes cristallisés.
(•) Annales de Chimie et de Pliysique. r" série, t. .\XI, p. 87, et t. XXIX, p. 443.
C. R., igo5, 1" Semestre. (T. CXL, N- 13.; 9"
754 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous admettrons dans nos calculs pour les chaleurs de neutralisation du chlorure et
du sulfate de potassium, à la température t, les valeurs suivantes :
HC1(2')4-K0H(2') +i3,6-o,o5(i-2o»)
iSO'H' (2I) H- KOn (2') + i5,7 - o,o3 {t - 20°)
H-0 liquide, supposée solidifiée à l", dégagerait., i ,43 -h 0,009^
I. — Strychnine : C^' H" Az-0-= 334- Monoacide.
Alcali séché dans le vide; crislallisé; anhydre. Composition vérifiée avec
soin.
1. Combustions. — Trois combustions dans la bombe calorimétrique,
exécutées sur des poids compris entre o", 700 et 0^,800, ont fourni pour i»
de matière :
8043, 5; 8024, 3; SoSg, i ; moyenne 8o35':°',6
Soit pour le poids moléculaire 2689*-"', 9 à volume constant
» » 2685'^"',9 à pression constante
Il en résulte pour la formation par les éléments +53*^"', 6
2. Etats moléculaires multiples. — La strychnine récemment préci-
pitée se présente sous un ou plusieurs étals moléculaires (ou d'hydratation)
spéciaux et différents de la strychnine anhydre; états dont la transforma-
tion dans l'état cristallisé anhydre dégage environ 3^*' à 3^*', 5, d'après les
expériences de neutralisation qui vont être rapportées. Elle présente à cet
égard les particularités déjà remarquées et définies par la Thermochimie (')
sur d'autres alculoïdes naturels, telles que la morphine, la quinine, etc.
Ainsi la strychnine, séi)arée de son chlorhydrate dissous par l'ammo-
niaque, puis lavée à l'eau pure, essorée et sechée à l'air |)endant quelques
heures entre des papiers, retient environ 25, o parties d'eau pour 100 par-
ties de son poids. Abandonnée à l'air libre à 1 1", elle perd lentement cette
eau excellante, et elle la perd de suite à i 10". Ces chiffres réponilraient à
6H-0 environ ; mais on ne saurait garantir cette formule.
3. Chlorhydrate de strychnine : SlrHCl.
Chaleur de formation, (i). Sel dissous.
1 ° Synthèse directe. — On a dissous 6''', 68 ( soit — ) de strychnine anhydre
(') Morphine, d'après Leroy [Ann. de Chim. et de Pliys., 7*= série, t. XXI, p. 99).
— Quinine, d'après Berthëlot et Gaudechon {Ibid., 7= série, t. XXIX, p. 447)- —
Çuinidine {Ibid., p. 467).
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 755
cristallisée dans l'acide chlorhydriqiie éteadu (HCl = 20'); dilulion néces-
saire pour que le sel formé entre en dissolution.
On a obtenu ainsi, dans quatre essais, vers la température de i3° :
Str + HCl étendu = Str HCl dissous: +-'^•''',04; +6,98; +6,91; +7,24,
le quatrième chiffre avec une dilution plus grande. Nous adopterons la
moyenne +7*^"',o3.
L'addition d'une seconde molécule de HCl n'a produit qu'une variation
thermométrique de o°,oo2, c'est-à-dire négligeable. H ne paraît donc
exister qu'un seul chlorhydrate, du moins en dissolution étendue.
2° Réaction inverse.- («). Str.HCl (dissolution précédente) H- KO H, à iS". -+-9C»',36
Précipitation sensiblement totale; d'après laquelle la séparation de la
strychnine précipitée répond -a 9,4 — \^,o = — 4,6.
On opère aussitôt la redissolution dans HCl, ce qui dégage : + [f''\']^.
Observons que, d'après (a), la somme des deux réactions ci-dessus
représente la formation de KCl, soit à .3° : i4,i. Or l'expérience directe,
c'est-à-dire HCl + ROH, avec des liqueurs plus concentrées, donne i4,o:
ce qui contrôle l'exactitude des expériences.
(6) (Str.HCl + HCl) 4-2lvOH, à iS'' +23,42
D'après {b), la même séparation répond à 23,4 — 27 .9 = — 4,5.
n résulte de ces trois chiffres que la strychnine, dans l'état où elle a été
précipitée, dégage ensuite, en s'associant à un équivalent d'acide chlorhy-
drique,
4,75; 4,6; 4,5 : moyenne 4^"''^
nombre inférieur de 2C-',4 de celui obtenu avec la strychnine anhydre.
La strychnine précipitée n'est donc pas identique à la strychnine anhydre.
On a dit plus haut qu'elle renferme une certaine proportion d'eau, facile-
ment dissociable.
(2). Chlorhydrate cristallisé : Str.HCl. i,5H'0.
lo Nous avons vérifié la composition du sel acheté chez Merck. Ce sel
séché à 120° est devenu anhydre : Str.H Ci, en perdant 7,08 d'eau; calcul :
6,82.
Les expériences suivantes ont été faites les unes avec le sel du commerce,
les autres avec un échantillon préparé dans notre laboratoire.
756 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Chaleur de dissolution du sel. — Dans y") fois son poids d'eau, vers 8°,
pour 1™°' de sel hydraté.
3 expériences — 5cai^ 8o
5e/ anhydre : i expériences iCai^2o
Donc l'union de i,jH-0 liquide dégage +4, G; eau solide : +2,35;
c'est-à-dire + 1,5^ pour chaque H-0.
3" Chaleur de formation du sel anhydre :
Str. crist. -t- MCI gaz = Str.HCl solide H-2.5<--=i,6
4° Décomposition du sel par la potasse.
(a). On a dissous le chlorhydrate hydralé, préparé dans le laboratoire,
dans 7.5 parties d'eau, à 9°, 8, puis :
On l'a traité par un équiv. de potasse KO H +qC»',34
valeur concordante avec 9,36 obtenue plus haut, et correspondant au
chiffre 4,6 pour la neutralisation de la stryclinine précipitée.
Le même sel, dissous dans l'eau et traité par 2KOH (excès de potasse)
à 10°, 5, a fourni + 10'^=', 25; valeur correspondant à -t- 3,8 pour la strych-
nine précipitée, au lieu de 7,0 obtenue avec l'alcaloïde anhydre.
La redissolution immédiate du précipité, dans la liqueur même, par
2HCI +17,52 (')
c'est-à-dire, en tenant compte de la formation de i""'' KCl :
+ 17,5 — 14,0 = + 3,5;
valeur voisine de la précédente.
Le précipité, conservé en vase clos pendant 1 an et redissous dans H Cl,
a foiu-ni un chiffre voisin de 7^'',o, quoiqu'un jjeu plus faible; c'est-à-dire
que l'alcaloïde s'était rapproché de l'état aiihvdre et cristallisé.
En le reprécipitant par K.0 H, et le redissolvant dans H Cl, à 9° : +4*^"'. 55;
ce qui montre qu'il avait repris par là son état normal de corps précipité.
(') Contrôle:
17 ,52 + 10,25 = 27,8.
Or, à 10°, 5 :
2(KOH) + 2HCl=ri4,ox 2 = 28,0.
SÉANCE DU 20 MARS 1905. 757
(3). Chlorhydrate de strychnine el ammoniaque. — Résultats annlognes à
ceux que fournit la potasse.
(4)- Équilibre. — Entre la sirychnine et l'ammoniaque, mises à équiva-
lents égaux, en présence d'un équivalent de HCl, il se produit un certain
équilibre, en proportion trop faible, à la vérité, pour influer sur les chiffres
calorimétriques. On accuse cet équilibre de la façon suivante.
Dans un vase à fond plat, on a mis 1,67 Sir cristallisée i-^ — 1 et 20'"'' d'une
solution aqueuse contenant o,262AzH'CI i- — j; le tout superposé à Tin
autre vase renfermant une i^olulion normale de SO'H^. On opère sous une
cloche.
Après 34 heures, vers 12°, la perle de titre de l'acide répondait à oe,oo35
de AzH';
Ce chiffre a été vérifié par distillation avec la potasse. C'est un déplace-
ment des 5 centièmes de l'ammoinaque du chlorhydrate, non encore
terminé dans les conditions de temps et de concentration signalées.
4. Sulfate de strychnine :
Sulfate neutre : Str^.SO'H". — Ce sel n'est pas connu à l'état anhydre.
Nous avons étudié deux hydrates.
Str-.SO^H%6H^O. Analysé.
I partie de ce sel, dissoute dans isS parties d'eau, vers 1 1°, absorbe
pour i-""' _6Cai,42 (3 exp.)
Str-.SO'H-, 2H- O (séché à 1 10°). Analysé.
I partie de ce sel, dissoute dans i25 parties eau, vers 11°, absorbe
pour 1"°' + 3*^"', 12
D'où résulte
Pour l'union de 4H20 liquide -hg<^'\^r, AH'O solide.. +3,42;
soit pour Il-O solide +0,85
Sulfate acide : Str.SO^H-.
Sel anhydre, i partie + i3o parties eau, à i i°,4- Pour 1"°' -+- 10:11^29
Hydrate : Str. SO'H-, 2H-O.
I partie -t- 100 parties eau, à 1 1° — S'^^'.SS (3 exp.)
758 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'où résulte
PouraH-Oliq... +6^=1,62 Eau solide... +3c»i,,56 !«»', 8 pour H'O solide
On a encore
Str crist. + S0*H2 crist. = Str.SO*II- anhydre + 23c»i,o.5
Neutralisation. — On a dissous la strychnine anhydre dans l'acide sul-
furique très étendu (SO'H- = 80') à 9°. Le jjremier équivalent d'acide
(|SO^H- pour Str) dégage à peu près toute la chaleur. Mais la dissolution
totale est lente et pénible.
On a trouvé ainsi
-1- 7'^'>',36. — Deuxième essai (100') H-yf^^', 21
Dans ces liqueurs on a précipité la strychnine par AzIP étendu. -t-S»:»!, i5 (aexp.)
ce qui répondrait à + 6,3 pour l'alcali précipité.
Puis on a redissous par |SO'II- + 5c»',9
Les deux derniers chiffres sont peu différents entre eux, mais fort infé-
rieurs au premier, comme pour le chlorhydrate : ce qui accuse également
la différence d'états moléculaires de l'alcaloïde précipité.
5. Acétate de strychnine. — Sel cristallisé : Str. C^H''0-, T:Î^H-0. Ana-
lysé.
La dissolution dans l'eau ne se fait bien qu'en présence de l'acide acé-
tique ; soit I partie du sel +[20 parties d'eau, à 11° : 3^"', 9.
La strychnine anhydre elle-même n'a |>u être dissoute entièrement dans
l'acide acétique, mais on y réussit avec l'alcaloïde précipité.
La dissolution précédente (renfermant 2 G" H' O) a été traitée par 2AzH^;
elle a dégagé : -1-19^^', 8 à 9°.
La redissolntion de l'alcaloïde ainsi prccipilé, dans 2C-H'0-, s'est faite
aisément : -f- 3, 5.
On déduit du premier chiffre (i i ,9 x 2 = 23,8) — 19,8 = 4,0, chaleur
de neutralisation de Str précipitée par C-M'O".
Les valeurs 4,0 et 3,5 sont suffisamment voisines, en raison de la grande
dilution des liqueurs.
II. — Brucine : C"H^»A7.2 0' =394.
1. Analyse. — Nous avons contrôlé la formule de cet alcali, qui a été,
dans ces derniers temps, l'objet d'une contestation, d'après des analyses
SÉANCE DU 20 MARS IQoS. 739
d'ailleurs fort incomplètes. Les dosages complets et répétés que nous avons
exécutés de tous les éléments du corps ont clé faits non seulement sur des
échantillons d'origine différente, et expressément purifiés par nous, mais
sur les portions successives d'une précipitation fractionnée du sulfate par
l'ammoniaque; ce qui a montré l'homogénéité de l'alcali mis en expé-
rience. Les détails de ces analyses, trop longs pour être présentés ici,
seront exposés dans les Annales de Chimie.
2. Combustion. — D'après trois déterminations : 7 440"'"', 3 pour i^, à
volume constant.
Pour 1"°' : à volume constant: 2931*^"', 5; à pression constante: 2g33^^',5.
Formation par les éléments : + t32^^',6.
La différence entre cette quantité de chaleur et la chaleur de formation
de la strychnine H- 53,6 est égale à + 79,0 ou + 39,5 X 2. Elle répond
à la fixation de 2CH-O (oxymélhyl) sur la strychnine. Or, nous avons
trouvé précédemment (^Annales de Chimie et de Physique, 7" série, t. XXIX,
p. 470) que la différence CH-0 entre les formules de la quinine et de la
cinchonine répond à 45^^', 2, valeur peu éloignée de 3g, 5.
3. Hydrates. — (a). La brucine, séchée à i 10°, est anhydre.
Cette brucine, délayée dans l'eau, dégage une quantité notable de cha-
leur, ce dégagement se prolongeant longtemps; de façon qu'il est difficile
de définir la chaleur totale d'une réaction accomplie.
(è). La brucine fournie par Merck renfermait 2H'-0; soit 8,71. La for-
mule exige 8,5.
(c). La brucine précipitée (à l'état cristillisé) de ses sels par l'ammo-
niaque, et essorée dans un air humide, renferme 4H-O. Trouvé : i5,i;
calculé : i5,4.
Abandonnée à l'air, elle perd peu à ptni 2H-O et le surplus à 110°, ou
par une exposition prolongée sur SO'H" dans le vide froid.
Quoique la brucine soit monoacide, sa dissolution ne se fait bien que
dans un excès d'acide chlorhydrique étendu. Nous avons opéré avec 2IICI
dilué (HCl = 20'). On a obtenu :
(rt) Brucine anliydre, à I2°,5 (4essais) +11,3
{b) Bi-. 2II-O à i2°,5 (aessais) H- 6,8
(c) Br. 4II-O à i2'',2 (2 essais) +4,36
D'où résulte :
Br + 2II-O liq 4-4*^»', 4 Eau solide +1,1
Br-4-4H=01iq -|-6«''',8 Eau solide -t-0,6
760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La précipitation par l'amnioniaque fournit des résultats voisins de l'hv-
drate 4H- O, mais peu concordants; parce que l'alcaloïde se sépare d'abord
sous une forme huileuse, qui se concrète peu à |)eu.
4. Alcoolate. — La brucine cristallisée dans l'alcool aqueux fournit un
alcoolate cristallisé assez stable, répondant à la formule Br. C-H''0, 2H^0.
Sa chaleur de formation a été déterminée en dissolvant à 10" :
D'une part cet alcoolate contenant un certain poids de brucine dans
2HCI étendu +5,42;
D'autre part, le même poids de brucine, dans la même solution chlor-
hydrique, additionnée préalablement de la dose d'alcool uni au poids de
brucine de l'essai précédent -1-10,61.
La différence + 5'^''',i9 représente la chideur dégagée par l'addition de
C-H''0 + 2H-0à 1'"°' de brucine. En retranchant 4,4 pour 2IPO liquide,
il reste 0,8 pour C-H^O liquide.
5. Chlorhydrate. — Ce corps a été étu lié sous trois états :
(a). Sel anhydre : Br.TICl. — On l'obtient en desséchant les corps sui-
vants à i3o°.
(b). Hydrate cristallisé Br.HCl, 4H-O.
Il perd 3H-0 à froid, ce qui l'amène à l'état de
(c). Br.HCl, H-O.
Br.HCl, 4H^0 dissous dans 80 fois son poids d'eau, renfermant H Cl
équiv., à 10°, 7 — 6"^^', 96
D'autre part
Brf^Cl anhydre dissous dans H Cl {20'), à 10", 7 -H 4'''''>36
L'évaporation de cette liqueur ne fournit jjas de bichlorhydrate.
Il résulte de ces chiffres que la combinaison
BiHCl-H4H^0dégage ii<-='i,32
On a encore
Br solide -h H CI gaz = sel anhydre, dégage H- 23<^',9
(d). Le chlorhydrate de brucine anhydre est susceptible d'absorber de
nouvelles proportions de gaz chlorhydri{[ue : près de 4 équivalents nou-
veaux, soit 4,83 en tout; en formant des composés où ce gaz conserve à i5°
une tension de dissociation plus ou moins considérable. Nous avons déter-
miné la chaleur de formation de ces composés, en les dissolvant dans l'eau
SEANCE DU 20 MARS irjoS. -jCn
renfermant déjà la dose complémentaire de HCi, destinée à ramener la li-
queur à un même état final, vers lo".
I^a courbe ainsi tracée, d'après 7 points mesurés, répond aux valeurs
suivantes :
Br-f-HClgaz +23,5
a^HCI +14,5
S^HCl + 10,5
4- HCI -h 10,4
Total +58,9
6. SULF.VTES.
P.iaiil)ytlre + 4SO'H-(5o'),à io",4-. . + 1 1 ''^^' ' . 5 soit + 23<-i pour Hr* + SO* H'
Sulfate cristalli.sé Br^SO'H" + 6,5 H^O.
Dissolution dans SO'II- étendu — 7'^='', 26
Ce corps n'a pas pu être déshydraté à l'étiive, sans décomposition.
On remarquera que la dissolution de la brucine dans les deux acides
chlorhvdriqiie et sulfurique dégage à peu près la même quantité de chaleur,
et qu'il en est de môme de la strychnine; relation qui s'observe aussi pour
certains oxydes métalliques jouant le rôle de bases peu puissantes. Les sels
de quinine (HCI et 2HCI, comparés à ^SO'H" et SO'H-) (') et de mor-
phine (-), donnent lieu à des remarques analogues, avec des valeurs peu
différentes. La formation des chlorhydrates de ces deux bases par HCl
gazeux montre une relation analogue. De même pour les chlorhydrates
des bases de l'opium et des quinquinas ('). La chaleur de formation cor-
respondante de tous ces composés est inférieure à celle du chlorhydrate
d'ammoniaque, rapportée aux mêmes états des corps réagissants.
PHYSIOLOGIE DE LA VISION. — Sur les varuilions d'éclat et les éclipses totales
des imaf^es primaires formées sur la rétine par de très faibles sources lumi-
neuses de valeur constante , par M. A. Chauveau.
Dans une récente Communication à la Société de Physique et d'Histoire
naturelle de Genève {\^ février iQoa), M. i.ullin a raconté l'expérience sui-
vante :
(') Annales de Chimie et de Physique, 7° série, t. XXIX, p. 464-
(2) Même Recueil, 7^ série, t. XXI, p. 92.
(') Même Recueil, t. XXIX, p. 464 : Quinine; p. 476 : Cinchonine. — Même Re-
cueil, t. XXI, p. 121 : Codéine, Morphine, Thcbaïne, etc.
C. R., 1905, ." StniesLre. (T. CXL, N» 12.) 97
nÇ)i ACADÉMIE DES SCIENCES.
ExpÉRiENCK. — Je dispose quatre petits écrans phosphorescents fortement insolés
de forme carrée et de aS"'™ de côté, alignés à la dislance de iC^»» les uns des autres.
Si l'observateur, se plaçant à i™ environ, fixe attentivement un des écrans, il le voit
s'assombrir puis disparaître tout à fait. Portant alors le regard sur l'écran adjacent, il
le voit s'éteindre à son tour tandis que le premier se ravive instantanément; le même
phénomène se produit pour toute la série.
Si l'on fait l'expérience avec un seul écran, il suffit, après l'avoir fixé et vu s'éteindre,
de dévier légèrement la direction du regard pour voir instantanément reparaître l'éclat
primitif.
On peut employer des écrans de dimensions et de formes différentes de celles que j'ai
indiquées; il faut alors déterminer par tâtonnements la meilleure dislance d'observa-
tion, ainsi que l'écartement à donner aux écrans; s'ils sont trop rapprochés les uns des
autres, la zone d'extinclion en assombrit plusieurs à la fois.
Ces phénomènes s'expliquent par des difTérences de sensibilité des diverses parties
de la rétine. On sait que sa partie centrale est comparativement peu sensible aux
rayons les plus réfrangibles du spectre; elle sera donc peu sensible à la lumière phos-
phorescente riche surtout en rayons bleus et violets.
Il faut distinguer, dans cette expérience, les faits et leur explication.
Celle-ci est insuffisante ou incomplète. Ceux-là méritent d'attirer l'atten-
tion, parce qu'ils constituent une élégante démonstration des phénomènes
de la variabilité spontanée de l'intensité des réactions rétiniennes pro-
duites par les faibles sources lumineuses que représentent les écrans phos-
phorescents.
Mais ce n'est pas seulement dans le cas d'emploi de la lumière phospho-
rescente qu'une surface éclairée peut, quand le regard s'y fixe, s'obscurcir
de plus en plus et s'évanouir tout à fait, pour reparaître instantanément,
lorsque le regard se détourne un peu de sa direction première. Avec la
lumière du jour, on observe ces phénomènes aussi bien qu'avec la lumière
phosphorescente. Dans une chambre obscure, à peine éclairée par une
très petite quantité de lumière diffuse, un petit carré de papier blanc se
prête, tout comme une tache phosphorescente, aux diverses constatations
dont il vient d'être parlé.
Ces faits sont connus et signalés depuis longtemps, tout au moins celui
de l'évanouissement des objets très faiblement éclairés et regardés fixement
avec persistance.
Il y a quelque intérêt à rappeler comment, ignorant de ces faits, j'ai eu
l'occasion de faire spontanément connaissance avec eux par le plus grand
des hasards.
ExpÉRiKNCK. — Il y a de cela i- ou 38 ans. J'étais à Heidelberg où j'avais été attiré
par la présence d'Helmholtz et le désir de profiter, pour mon instruction, fort rudimen-
SEANCE DU 20 MAUS igoo. 76^
laire en optique physiologique, des bonnes relations qui s'étaient établies entre nous
à Paris, au moment de l'Exposition universelle de 1867. Ayant un soir, dans mon lit,
déchiré une lettre en en émiettant les morceaux, je constatai le lendemain matin, en
commençant à me réveiller, aux toutes premières lueurs de l'aube, qu'il était resté sur
mon édredon un de ces morceaux de papier. Je le fixai machinalement et je le vis dis-
paraître. J'en conclus que je l'avais fait tomber sans m'en apercevoir et je n'y pensai
plus. Quelques instants après, étant tout à lait réveillé, j'eus l'étonnement d'apercevoir
encore à la même place, se détachant faiblement en blanc sur l'édredon, le débris de
papier que je me figurais avoir fait tomber à te rre. Et de nouveau, en le regardant
fixement avec beaucoup d'attention pour bien m'assurer de sa présence, je le vis s'éva-
nouir complètement. Cette fois mon regard se détourna un peu en quête de la tache
blanche disparue et le morceau de papier redevint instantanément visible, pour s'obs-
curcir encore aussitôt que je refis converger exactement sur lui mon angle visuel.
Intéressé par ces alternatives d'éclairements et d'éclipsés, je cherchai à les reproduire
systématiquement et j'y réussis à tout coup, tant que la lumière diffuse introduite dans
ma chambre par le jour naissant resta au-dessous d'une certaine intensité. Après quoi,
je ne parvins plus à obtenir l'éclipsé totale en regardant mon papier avec une grande
Naturellement, je fis part de ces faits à Helmholtz, qui m'indiqua le court
passage de son Optique physiologique, où il signale la facilité avec laquelle
s'évanouissent, dans l'ombre, les objets très faiblement éclairés quand on
les regarde avec une grande fixité qui fatigue la rétine. Il n'y est point
question de leur réapparition sous l'influence d'un déplacement de l'angle
visuel. (Ce phénomène n'est pas, du reste, à ce que je crois, signalé ailleurs :
c'est M. LuUin qui l'a sans doute publié le premier.) Mais on comprend
très bien comment le changement de direction du regard, en reportant
l'image d'un objet éclairé d'un point fatigué de la rétine sur un point neuf,
s'il est permis de s'exprimer ainsi, ou eu opérant le déplacement inverse,
produise les successions d'éclairements et d'éclipsés dont l'histoire vient
d'être faite.
C'est surtout la raison delà plus grande aptitude, en apparence para-
doxale, des faibles excitations lumineuses à fatiguer la rétine que j'aurais
voulu connaître. Helmholtz ne réussit pas à me donner cette satisfaction.
J'ai eu en l'écoutant et j'ai conservé l'impression qu'il établissait un cer-
tain parallélisme entre la loi de la marche de la fatigue rétinienne et la loi
psychophysique sur les relations qui existent entre l'intensité des impressions
rétiniennes et celle des sources lumineuses qui les provoquent. Mais cette
comparaison n'entraînait aucune démonstration d'un mécanisme précis.
La conversation que j'eus sur ce sujet avec Helmholtz me fut en tout cas
7^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
exlrêmemenl profitable. J'appris de lui, et il me fit voir que la fatigue ré-
tinienne et les manœuvres inconscientes que nous faisons pour nous y sous-
traiie font varier la visibilité des sources lumineuses, même dans la partie
moyenne de l'échelle de leurs intensités, où l'exactitude de la loi de
Weber et de Fechner passe pour être irréprochable. Il s'ensuit que cette
exactitude peut être plus ou moins voilée par ces variations de visibilité.
Elles exposent en efFet l'observateur à se méprendre sur la valeur des dif-
férences existant entre deux sources lumineuses d'intensités voisines.
A fortiori ce danger est-il à craindre dans les parties basses de l'échelle des
intensités lumineuses, oi^i la visibilité varie au point d'être ou de ne pas être.
Ces différences extrêmes ne sont, du reste, qu'un cas particulier du fait
général de la variabilité à laquelle sont soumis l'éclat et la coloration des
surfaces ou des objets blancs qui s'enlèvent sur un fond sombre, noir ou
coloré. Les caractères de ces changements dépendent exclusivement des
lois du contraste et de la formation des images accidentelles. Il serait cer-
tainement possible de présenter l'explication de ces variations d'une ma-
nière simplifiée, en les considérant purement et simplement comme le ré-
sultat du conflit permanent des images primaire et accidentelle exactement
superposées. Je l'essaierai peut-être un jour si je remets la main sur les
documents expérimentaux spéciaux que j'avais autrefois recueillis à cette
intention.
CHIMIE. — Sur la valence de l'atome d'hydrogène.
Note de M. de Forcrand.
Parmi toutes les notions fondamentales de la Chimie, il en est peu qui
aient rendu autant de services que la théorie des valences; ce n'est pour-
tant pas une raison pour penser qu'elle n'est pas perfectible.
L'expérience nous montre que, si l'atome d'hydrogène est monovalent,
les atomes des corps simples sont habituellement mono, di, tri, . . . valents,
c'est-à-dire que la valence de chaque élément est déterminée par rapport
à celle de l'hydrogène.
Mais l'expérience ne nous a jamais dit que l'atome d'hvdrogène était
réellement monovalent. Ce n'est que pour simplifier les choses et parce
que cette conception simple a suffi pendant longtemps que l'on a admis la
monovalence de l'hydrogèue.
On pourrait tout aussi bien supposer l'hydrogène divalent. Les rapports
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 705
entre les valences resteraient ce qu'ils sont, mais la valence serait toujours
paire, tous les nombres étant doublés.
Les choses se passeraient de la même manière que lorsqu'il s'est agi de
doubler le poids moléculaire de l'hydrogène et d'écrire : H" = 2. On n'a
pas, pour cela, cessé de rapporter tous les poids moléculaires à celui de
l'hydrogène et de dire qu'aucun corps ne possédait un poids moléculaire
inférieur à celui-là; mais, au lieu de le représenter par 1, on a admis qu'il
était égal à 2.
Tl est certain d'autre part, que le maintien de la monovalence de l'atome
d'hydrogène présente des inconvénients dont le nombre et l'importance
augmentent sans cesse.
Je me bornerai à signaler les suivants :
1° Certains métaux appelés monovalents (parce qu'ils ont le même degré
de valence que l'hvdrogène) donnent des sous-sels haloïdes et des eous-
oxydes tels que Ag-F ou Ag'O. Or il est impossible d'unir Ag et F, élé-
ments monovalents, suivant des rapports d'atomes différents de l'unité.
La formule Ag''0 ne p.eut pas non plus èlre développée.
2" Nous connaissons des composés tels que ICI' ou S F" qui nous obligent
à admettre de |)lus en plus fréquemment que la valence d'un même élé-
ment peut varier. Or, personne ne peut nier que la confiance dans une
théorie comme celle dont il s'agit diminue d'autant plus que ce caractère
de la valence devient plus variable.
3° Nous savons qu'un grand nombre de sels, composés saturés d'après
la doctrine actuelle, s'unissent entre eux; surtout lorsqu'il s'agit de sels
haloïdes alcalins tels que KCl, il est impossible de comprendre ces combi-
naisons.
4° Une multitude d'autres composés saturés, tels que l'eau, l'ammoniac,
les alcools, les phénols, les acides, les alcalis organiques, se font précisé-
ment remarquer par leur aptitude à se combiner entre eux ou avec d'autres
composés également saturés. Combinaisons dC addition moléculaire, dit-on;
mais ces mots n'ont même pas la prétention d'être une explication. On a
essavé encore défaire intervenir, lorsqu'il en était besoin, des valences sup-
plémentaires, mais je ne pense pas que personne ait jamais pu se faire
d'illusions sur la solidité de pareils artifices. Je crois que tous ces inconvé-
nients et bien d'autres disparaîtront i)ar l'adoption de la divalence de
l'atome d'hydrogène, c'est-à-dire en doublant la valeur de toutes les
valences.
766 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Ainsi les formules de Ag-F et Ag*0 s'écriraient :
Ag/ Ag/ \Ag
Le trichlorure d'iode, l'hexafluorure de soufre deviendraient :
Cl /F\
CI \F/^
et, d'une manière générale, il ne serait plus nécessaire de faire varier la
valence de la plupart des éléments suivant les besoins.
Les chlorures alcalins devenant : R = Cl, par exemple, la double liaison
se simplifierait: — K — Cl — en donnant un groupement divalenl qui
pourait entrer en combinaison. Ainsi les chloroplalinites et chloroplalinates
s'écriraient :
R. /Cl
'' X'
cr 'Cl
en respectant la létravalence constante du platine.
Quant aux composés comme l'eau, l'ammoniac, leurs formules se-
raient :
. ^H O = H
H
le chlorhydrate d'ammoniaque deviendrait, sans changer l'hexavalence de
l'azote :
H<>„
Cl
/^'
Cl \p,/ CI
K /'
\ a
c/
\à
SÉANCE DU 20 MARS 190,'). 767
les hyflrates se formeraient de la même manière :
0 = H
/\
/ H\
deux valences devenant libres et permettant la soudure d'un nombre
quelconqne de molécules d'eau, et la soudure de ces groupements toujours
divalents avec d'autres molécules.
Enfin, dans le cas particulier de l'eau solide, on pourrait aller plus loin.
L'expérience nous apprend, en effet, que les molécules de l'eau liquide
froide sont : (H^O)- ou (H-O)-'S et les analogies autorisent à supposer
que la condensation augmente encore un peu et très peu au moment de la
solidification. On respecterait donc les faits connus et la vraisemblance en
proposant pour la formule de l'eau solide le schéma :
H
O
hAh
oKjo
^ H \
H H
qu'il est impossible de ne pas rapprocher de la forme habituelle des cris-
taux de neige. Celte conception, bien que tout à fait hypothétique, ne serait
que ^'extensiou de certaines idées émises, il y a i5 ans, par Friedel au sujet
des hexachlorures de benzène ( ' ).
Bien entendu, et il est facile de s'en rendre compte, toutes les explica-
tions que nous fournit la théorie actuelle (y compris la Stéréochimie) sub-
sisteraient avec cette modification.
On y gagnerait seulement, au prix d'une complication d'écriture plus
apparente que réelle, de faire disparaître des difficultés et des impossibilités
qui s'accusent chaque jour un peu plus. Le gain serait net.
En un mot je ne verrais que des avantages à l'adoption de cette nouvelle
convention fondamentale : l'atome d'hydrogène est divalent (-).
(') Friedel, Agenda du Chimiste, 1891, p. 5o3 à 5i4.
(^) Cette proposition n'est pas sans analogie avec les idées émises par Schutzenberger
à plusieurs reprises, notamment dans ses Leçons de Chimie générale, 1898, p. 122
et 177, sur le fractionnement des valences. Mais sous cette nouvelle forme elle me
paraît plus simple, moins hypothétique, et d'une application plus pratique.
.^68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. G. LiPPMANN présente, au nom du Bureau des Longitudes
1° La Connaissance des Temps poor l'an 1907;
2° Une Carte de l' éclipse totale de Soleil des 29 et 3o aoi'/t 1905.
CORRESPONDAINCE.
ASTRONOMIE. — Sur la pJiotographie de la couronne solaire au sommet
du mont lilanr. Note de M. A. Hansky, présentée \n\r M. J. Janssen.
Beaucoup d'astronomes ont cherché à photographier la couronne solaire
en dehors des éclipses totales, mais jusqu'alors on n'est pas arrivé à un
résultat positif.
Depuis quatre ans, j'ai commencé ces ri'cherches au sommet du mont
Blanc, où le spectre de la lumière (.liffuse du ciel est très faible dans le
rouge par rapport à la partie jaune et verte.
Je me suis basé sur les données suivantes :
1. Les rayons appartenant à la partie rouge du spectre solaire traversent
notre atmosphère sans absorption générale sensible ni dispersion.
2. Le spectre continu de la couronne est très intense dans sa partie la
moins réfrangible, comme il résulte des observations faites pendant les
éclipses totales.
.3. La photographie rend très sensibles les petites différences dans l'in-
tensité lumineuse des objets photographiés.
Il y a des procédés qui |)ermettent d'augmenter encore les contrastes
dans les images données par la photographie.
L'ensemble de ces raisons m'a déterminé à chercher à photographier la
couronne dans la partie rouge de son spectre.
Dans ce but, j'ai examiné les spectres d'absorption d'un grand nombre
de milieux absorbants, notamment les couleurs d'aniline.
1. Les couleurs rouges (type rubis) absorbent le spectre de \ = ^^o^^
jusqu'à "K = Goo'^i'-, mais laissent passer les parties violettes du spectre.
2. Les couleursjaunes (type aurantia, orange II) absorbent de). = SGoi^i^
jusqu'à la fin du spectre.
Cette propriété les rend utilisables pour photographier à l'aide des objec-
tifs visuels.
3. Les couleurs vertes (type vert de malachite) absorbent le spectre
SÉANCE DU ?.o MARS igoo. 769
depuis X = 65oi^i^jiisqu'àX = 5c)Q^^el soiuent (vert d'iode) ;iprès>. = 460'^'^
jusqu'à la fin du spectre.
4. TiCs couleurs violetlcs( violet degenliane) absorbent depuis >. = 6^\o^v-
jusqu'à 1 = 5'io^^ et quelquefois (violet de méthyle) depuis >. = 'jdo^^'- vers
le rouge et depuis X = 470"^*^ vers le violet.
En combinant d'une certaine façon les écrans colorés par ces couleurs,
on peut obtenir une absorption du spectre depuis X = Gôoi^'' jusqu'à la
limite du spectre.
La combinaison des écrans colorés choisie par moi fut la suivante :
rubis, orange II, vert de malachite, violet de gentiane.
Pour préparer ces écrans, je trempais pendant 20 ou 3o minutes les pel-
licules Lumière très minces, fixées sans développement, dans une dissolu-
Lion très épaisse des couleurs correspondantes. Ces pellicules se coloraient
alors très uniformément. Elles ont l'avantage d'être superposables et con-
stituent un écran composé assez mince. Je les plaçai au nombre de sept
entre deux verres, dont l'un est une glace |)lane parallèle et l'autre la
plaque sensible serrée contre la glace assez fortement, pour que les [jelli-
cules ne gâtent pas l'image.
Sur la glace de l'autre côté est collé un (lisi|ue en laiton noirci, dont le
diamètre est un peu plus grand que celui de l'image du Soleil au foyer de
la lunette.
J'ai examiné beaucoup de plaques sensibles au rouge avant de m'arréter
à celles de Lumière dites panchromatiques et Ilford chromatiques qui le
deviennent plus encore, étant ortliochromatisées par les procédés ordi-
naires.
Invité par M. Janssen à continuer mes recherches au sommet du mont
Blanc, j'en ai profité pour faire mes essais de photographies de la couronne
avec la grande lunette de 12 pouces |)lacée à l'observatoire du sommet.
Les préparatifs ont été faits à l'observatoire de Meudon avec l'aide de
MM. Chevallier et Pasteur.
Pendant mon séjour au sommet en 1904, j'ai fait le 3 septembre, avec le
concours de M. Millochau, douze photograj)hies des régions circumsolaires
en employant les écrans cités, Pendant ces essais le ciel était très transpa-
rent, il n'y avait presque aucun halo blanchâtre autour du Soleil.
Les poses variaient de 3o secondes à 2 minutes et la disposition des pelli-
cules était changée avant chaque photographie. Après les six premières,
toutes les pellicules ont été remplacées par une autre série. Tout ceci pour
C. R., 1903, I" Semestre. (T. CXL, N« 12 1 9^
770 ACADÉMIE? DES SCIENCES.
éviter les taches et les différences de teinte des pellicules, qui, sur les pho-
tographies, pourraient être prises pour les ravons de la couronne.
Ces douze photographies ont été développées à l'Observatoire de Meudon.
Elles ont montré un halo presque uniforme autour du disque solaire. Le
positif de la photographie n" l est donné sur la planche I {Jig. i).
Pour faire apparaître l'image delà couronne, si elle existe sur celte pho-
tographie, je procédais de la manière suivante :
Du négatif donné (premier négatif) a été fait un positif sur une plaque
au chlorure d'argent développée très énergiquement. Le positif sec, on le
renforce autant que possible avec l'urane, qui colore encore la photogra-
phie en rouge, ce qui donne plus de contraste.
Le négatif (second négatif) obtenu avec ce positif et renforcé, donne
presque toujours les détails et les différences de nuance cherchées. Quel-
quefois on doit aller encore plus loin, c'est-à-dire faire un troisième
négatif, puis un quatrième, etc.
J'ai choisi parmi mes douze photographies quatre (lesn°' i, 6, lo et 12)
et je les ai traitées de la manière indiquée plus haut. Les seconds négatifs
m'ont déjà montré un halo d'une forme spéciale et très accusée (voir
PL I, fig. 2; PL 11, ftg. I, 2, 3). On voit sur la planche l, l'énorme
différence entre les copies des négatifs, premier et second, de la même
photographie. Sur la figure i, le halo autour du disque solaire n'a aucune
forme déterminée, tandis que sur la figure 2 la forme de ce halo est
tout à fait particulière, très ressemblante à celle de la couronne solaire.
Les autres photographies ont donné presque la même forme, quoique la
différence du temps entre les photographies extrêmes (n° i et n° 12) ait
été plus d'une heure. Tout ceci donne une grande probabilité à la suppo-
sition que le halo qui est sorti autour du disque du Soleil, sur les seconds
négatifs de mes photographies, est réellement la couronne solaire photo-
graphiée en dehors des éclipses.
Il serait très intéressant de continuer ces recherches.
Ce procédé peut être encore amélioré par l'emploi d'autres couleurs mieux
choisies, par l'augmentation du nombre des écrans, par l'emploi de plaques
plus sensibles pour le rouge, et alors on arrivera à photographier journel-
lement la couronne solaire.
En changeant un peu ce procédé, surtout par l'emploi de plaques très
sensibles au rouge près de C, on pourra photographier les protubérances
solaires avec les lunettes ordinaires. Je reviendrai sur ce sujet quand j'aurai
obtenu des résultats positifs.
SÉANCE DU 20 MARS ipoS. 77 I
J'adresse ici à M. Janssen mes vifs remerciinents pour ses savants conseils
et son assistance qui m'ont été d'une si grande utilité, et pour la permission
qu'il m'a donnée de me servir de la lunette de l'Observatoire du mont
Blanc, dont la haute situation astronomique olFre des conditions si excep-
tionnelles de raréfaction et de pureté atmosphériques.
ASTRONOMIE. — Remarques sur la Note précédente, par M. J. Jaxssex.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une Noie de M. Hansky sur ses
travaux à l'observatoire du sommet du monl Blanc.
Ces travaux avaient pour objet la photographie de la couronne solaire.
La rareté et la pureté de l'atmosphère au sommet du mont Blanc per-
mettent en effet d'obtenir la couronne solaire sans qu'il soit besoin d'at-
tendre une éclipse totale, ce qui était jusqu'ici indispensable.
Les photographies que je mets sous les yeux de l'Académie montrent, en
effet, la couronne solaire avec une intensité et une perfection qu'on ne
constatait que sur des épreuves obtenues pendant les éclipses totales.
772 ACADEMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — La notion d' écart dans le Calcul fonctionnel.
Noie (le M. Mauuice Frêchet, ])réscnlée pnr ]M. P. Paiiilevé.
Dans ses Leçons sur le calcul des variations, Weierstrass a fait un grand
usage (le ce qu'il appelle le voisinage de deux courbes infiniment voisines.
Je nie pro[)ose de nionlrer ici l'inLérêt (ju'il y a, dans le Calcul fonctionnel,
à étendre cette notion (sous le nom (Vécart) au cas de deux éléments quel-
conques.
Nous considtjrons donc des éléments de iiiilure quelconque (points, courbes, fonc-
tions, etc.) tels seulement que Ton puisse faire correspondre à tout couple A, B de ces
éléments un nombre bien délei'ininé positif ou nui appelé écart (') de A et de B [re-
présenté par la notation (A, B)J et jouissant des propriétés suivantes : i" l'écart de A
et de B e?t nul ê! A et B ne sont pas distincts et seulement dans ce cas; 2° A, B, C
étant trois éléments quelconques, si les écarts (A, C) et (B, C) sont infiniment |jetils.
il en est de même de l'écart (A, B),
Ceci posé, nous dirons qu'une suite d'éléments A,, A,, .... A„, . . . tend vers l'élé-
ment A si l'écart (A, A„) tend vers zéro a\ei- — (^).
(') J'em|)loie la dénomination d'écrt/7 pirce ([iie l'on peut prendre, en particulier,
pour valeur de (A, B), lorsque les éléments considérés sont des points de l'espace à
n dimensions, la quantité qui a été ainsi nommée par M. Jordan.
{^) Cette définition satisfait au\ conditions imposées à la définition la plus géjiérale
de la limite dans la Noie des Comptes rendus du 21 novembre 190 '1 : Généralisation
d'un théorème de Weierstrass. En paLticularisanl la nature des éléments, on peut
obtenir ainsi, par un choix, convenable de l'écart, la plupart des défuiilions classiques
de la limite d'une suite d'éléments. Si l'on |irend comme éléments des points de l'es-
pace à une infinité dénombrable de dimensions, on retrouve la définition qui a été uti-
lisée dans la iNote (lu 27 février igoS {Sur les fonctions d'une infinité de variables)
en appelant écart îles deux, points (a-'i. .f,, r„, . . .) et {.<•',, .rj, . . ., .^■,',, . . . ),
par exemple la ([uanlité
|.r,-.r; I ,1 |^'.,-^;| , I |^„^<1
I + i -t'i — -k'i 1 2! I -h|.«.-j— .r^ I ■ n\ H-|x„ — j:;, I
Pour l'écart de deux courbes, il suffit de généraliser le voisinage de deux courbes
infiniment voisines. On appelle ainsi le maximum de la distance de deux points de
même abscisse (ou d"abscisses très peu différentes) pris chacun sur une des courbes.
Prenons alors deux courbes continues quelconques, mais qui ne sont plus nécessaire-
SÉANCE DU 20 MARS igo.*). 773
On en déduit facilemenl les définitions d'élémenl-limile d'un ensemble; d'ensemble
déiivé, fermé, parfait, compact ('), Nous dirons mainlenanl qu'une opération fonc-
tionnelle U est définie dans un ensemble E, si à tout élément A de cet ensemble on a
fait correspondre un nombre U^ bien déterminé; celte opération fonctionnelle sera
continue dans E si U.^^ tend vers Ua lorsqu'un élément A„ deE tend vers un élément A
quelconque de E.
Pour arriver aux théorèmes que nous avons en vue, nous dirons encore qu'une opé-
ration fonctionnelle U est uniformément continue dans E, si ii tout nombre t on peut
faire correspondre ïj tel que l'on ait | U^ — L'ii| < s lorsque A, B sont deu\ éléments
quelconques de E, dont l'écart est inférieur à y,. Si 5 restant fixe, on change l'opéra-
tion U, le nombre r, varie en général. Lorsqu'iitii; famille G d'opérations uniformément
continues dans E est telle que, quel que soit i. on puisse lui faire correspondre la
hiême valeur de r, pour toutes les opérations do d, on dit que celles-ci sont également
continues {^).
Partant de ces tléfiuilioiis, nous avons pu démontrer directement, sans
nous servir des propriétés des fonctions continues ou des ensembles de
points, les propositions suivantes :
Lorsqu'on a pu définir la limite d'une suite d'éléments {de nature quel-
conque) au moyen de l'écart, on peut affirmer que pour de tels éléments :
I. Tout ensemble dérivé est fermé ( ' ) ;
II. Toute opération fonctionnelle continue dans un ensemble compact et
fermé y est uniformément contiime.
III. Soit G une famille d'opérations fonctionnelles continues dans un
ensemble compact et parfait P dont tous les éléments appartiennent à un
voisines,
x^f{t),
j = .^"-(0.
z=h{t),
c,
■r = (ï. sintp -t- costp — 6 sinO — coslj),
H := ( I ; j ( sin'f — tp costp) ( sin-!p — sin'O)
_ o _ L!_iî _)_ _ /.p _|- "' " '*' \\{o sln'f + cosip — e sinô — cos9),
if — sin2cp,
-T^ h cos'i 7—- — cosf) —, sino sin9(cos9 — cos6).
SMTi ' sin9 / ,.! T \ T J
On reconnaît assez facilement que dans la plupart des cas on peut négliger le second
/•2 . /■'
terme de E et que le terme en — ■ dans N, et le premier terme en — ■ de il, ont une faible
p' P'
importance relative; ces deux derniers termes représentent l'influence de l'effort tran-
,■2 fi
cliant. Au contraire, le terme en — de \ el le second terme en — de H, qui proviennent
^-6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'influence de la compression longiludiniile due à la poussée, onl une importance
souvent considérable.
Pour faciliter les calculs numériques, nous avons développé ces expressions en
séries, procédant suivant les puissances de 'i et conlenanl le rapport - =r m. Les valeurs
des inconnues prennent la forme
0=-^-^^ i^— , S = L ^^ , U = -LUS.
L = P9 est la demi-longueur de l'arc. On vérifie aisément que. pour ç = o. Q s'annule
et que S et U prennent les valeurs qui conviennent au\ poutres droites encastrées.
Nous avons calculé des Tables donnant les valeurs des diverses fonc-
tions Q°, Q", S°, S°, UJ, S», pour des valeurs de m croissant de dixième en
dixième, de m = o à m == 0,9, et pour des valeurs de ç croissant de deux
en deux degrés, de 10° à 5o°, ainsi que les valeurs limites pour 9 = 0.
2° Cas d'une charge uniformément répartie sur l'horizontale, de valeur
unité, la température restant constante.
On a, dans ce cas
^[K-?)^-'--"^^-'""')]'
1 r siu2-i
K'--Ï)J<
Les expressions développées de Q et S sont de la forme
?j> •*oi *ï ^°"^ '^^ nouvelles fonctions de 'i finies pour 9 = 0, dont nous avons cal-
culé les valeurs entre o = o et » =: 5o°.
Il y a lieu de noter l'innuence presque toujours prépondérante du terme correctif du
numérateur de S.
3" Cas d'une élévation de température sans surcharge.
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 777
On a, dans ce cas :
U=:0,
^ 4EIai ... , 4ELa< 80
S =: sin'i(sin» — 9 cos'i) ;= z ; •
p^L^ "
Nous avons calculé, dans les nnêmes limites que précédemment, les valeurs numé-
iques des fonctions ^^ et §„.
ÉLECTRICITÉ. — Distribution el contrôle d' actions produites à distance par les
ondes électriques. Note de M. Edouard Branlt, présentée par M. de
Lapparent.
La télégraphie sans fil est l'application la plus simple des effets d'induc-
tion dus aux étincelles électriques, puisqu'elle consiste en une répétition
d'un même mouvement d'attraction d'un contact d'éleclro-aimant, à inter-
valles convenablement réglés pour la distinction des signaux. Je me suis
proposé de réaliser à une station de réception divers effets dans des cir-
cuits agencés à l'avance, puis de les siq)primer, l'ordre de réalisation et
l'ordre de suppression étant quelconques et ces deux ordres pouvant varier
au gré de la station de transmission, sans qu'un opérateur ait jamais à
intervenir à la station de réception, de telle sorte que les effets puissent
avoir lieu dans un poste abandonné ou dans un bateau non monté.
Le modèle de démonstration que j'ai établi se comporte avec une par-
faite régularité dans un laboratoire, mais l'expérience de la télégraphie
sans fil démontre que son emploi n'offrirait pas de difficulté spéciale s'il
s'agissait de la portée de la télégraphie sans fil elle-même. Je me limite à
trois effets pour la simplicité de la description du dispositif : entraînement
d'un moteur électrique, incandescence de lampes, explosion. La succession des
effets est variable à volonté, par exemple : 1° mise en marche du moteur,
allumage des lampes, explosion, extinction des lampes, arrêt du moteur;
ou bien : 2" allumage des lampes, mise en marche du moteur, arrêt du
moteur, explosion, extinction des lampes; ou une autre succession qui
paraîtrait opportune, au moment même de la réaliser.
Les phénomènes sont arbitraires; ceux-ci ont été choisis sans motif
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 12.) 99
■j'jS ACADÉMIE DES SCIENXES.
spécial, ils peuvent être purement mécaniques; en particulier, ils pour-
raient consister en actions solidaires les unes des autres, constitutives par
exemple du fonctionnement d'une machine complexe de travail ou tie
direction qu'il s'agirait de mettre en train à un moment donné.
La localisation de l'efFet de l'étincelle du poste transmetteur sur un phé-
nomène choisi dans un groupe installé au poste récepteur et le choix facul-
tatif de l'ordre des phénomènes du groupe résultent de la construction du
distributeur.
Distribiileur. — Le distributeur consiste en un axe isolant sur lequel
sont montés des disques métalliques qui frottent contre des balais et des
ressorts pour le passage d'un courant électrique. F/axe est entraîné dans
sa rotation |)ar un mouvement d'horlogerie. Chaque disque est un inter-
rupteur correspondant à un phénomène spécial qu'il provoque ou qu'il
suspend.
l'oiir fixfi- les idées, cuiisidéi'ons le disque des lampes à incandescence. Son bord
latéral frotte constamment contre un balai. Sur son pourtour, sur un arc d'en-
viron 90°, il offre un secteur d'un rayon un peu supérieur au reste de la circonférence;
ce secteur presse sur une lige à ressort. Celte pression complète la fermeture d'un
circuit que nous appellerons le circuit d'allumage des lampes, mais seulement quand
le relais annexé au radioconducfeur vient à agir, Il faut pour cela qu'une étincelle
éclate au poste transmetteur pendant la fraction de tour où la pression s'exerce. Alors,
bien que le relais n'ait agi que momentanément, l'incandescence persiste par le jeu
d'un électro-aimant. Celte incandescence est alors soustraite à Tinfluence des étin-
celles du poste transmetteur. Elle n'est supprimée que si une étincelle vient à éclater
au poste transmetteur quand le disque ferme de nouveau par pression le circuit d'al-
lumage.
Pour nos trois phénomènes, nous avons ici trois disques, l'arc des secteurs de pres-
sion est d'environ go" et ces secteurs touclienl à tour de rôle leurs tiges à ressort
respectives. Une étincelle du poste transmetteur ne peut |)rovoqner que la fermeture
d'un seul des trois circuits.
L'employé du poste de transmission sait qu'il est en mesure d'agir sur tel
ou tel circuit à l'inspection d'une bande à dépêches d'un inscripteur Morse
à radioconducteur qui se déroule sous ses yeux et reçoit un signal du poste
de réception pendant les trois courts intervalles de 20° d'arc qui séparent
les secteurs sur leur circonférence complète (circonférence projetée sur
un plan perpendiculaire à l'axe); ces intervalles restent toujours libres de
tout contact avec les tiges à ressort.
C'est dans l'intervalle compris entre les signaux i et '}. par exemple qu'une étincelle
du poste Iriinsinelteur produira au poste récepteur l'allumage ou l'extinction des
SÉANCE DU 20 MARS lgo5. 779
lampes; entre les signaux 2 et 3 aura lieu la mise en maiclie ou l'ariêl du moteur;
entre les signaux. 3 et i l'explosion. Les signaux résultent de la fermeture temporaire
du circuit d'une bobine d'induction au poste de réception, celle fermeture ayant lieu
par un disque qui ofTre 3 dents de formes dilférentes respeclivenienl intercalées entre
les secteurs sur la circonférence complète de projection.
Le radioconducteur et son frappeur, le relais elles accessoires sont enfermés dans
une cage métallique grillagée; cette cage protège leur circuit de l'induction des étin-
celles qui éclatent dans leur voisinage pour signaler là position des secteurs. Au
moment des étincelles, l'antennô s« ti-oUve par le mouvement même de l'axe reliée à
la bobine tandis qu'elle passe au circuit du radioconducteur lorsque les secteurs pres-
sent sur les tiges à ressort.
Contrôle. — Le raciiocotidncteiir emplové est un trépied-disque, bien
prépat'é, qui n'est pas sujet à des défaillances; en outre si, par inadver-
tance, l'étincelle du transmetteur consiste en delix ou trois étincelles très
rapprochées, bien que le radioconducteur y obéisse, les appareils de
déclenchement ont assez de lenteur pour qu'il n'y ait pas renversement
immédiat du phénomène produit. Il v a cependant intérêt à savoir au
poste transmetteur si l'elTet a eu lieu au poste récepteur, surtout s'il
s'agit d'actions solidaires où un second phénomène peut causer des
désordres lorsque le premier a fait défaut.
Le contrôle se fait par un nouveau disque à dent unique annexé à chaque phénomène;
cette dent se trouve placée dans l'échancrure de So" réservée aux signaux indicateurs
de la position des secteurs à pression. Celte dent donne à l'aide de la bobine un signal
qu'on intercale dans celle des échancrures où l'on a le plus d'intérêt à la voir, il per-
siste à chaque tour tant que le phénomène correspondant n'a pas disparu.
Dans mon premier modèle, la rotation île l'axe porteur des disques se
fait en 36 secondes, soit 12 secondes par tiers de circonférence. Un secteur
presse sa lige à ressort pendant 9 secondes et 3 secondes correspondent à une
échancrure. On dispose donc de 9 secondes pour faire éclater une étin-
celle au poste transmetteur et pour réaliser le passage sur la bobine d'in-
duction de l'antenne du Morse. L'appareil Mor.se du poste transmetteur
est protégé par une cage métallique grilhigée.
Le dispositif qui vient d'être décrit est un simple dispositif de démon-
stration, on conçoit que les appareils industriels exigeraient des niodifica-
lions.
780
ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur la variation du pouvoir inducteur spécifique du verre avec
la fréquence. Note de MM. André Broca et Turchini, présentée par
M. H. Becquerel.
Dans une série de mesures relatives aux courants de haute fréquence,
nous avons eu besoin de capacités susceptibles d'être connues à ^ près
environ de leur valeur, pour des fréquences variant approximativement
entre 10* et 3. 10' par seconde. N'ayant pu employer des condensateurs
à air, qui auraient été trop coûteux et trop encombrants, nous avons dû
employer des bouteilles en verre, mais il fallait savoir comment variait leur
capacité avec la fréquence. Pour cela, nous avons employé la méthode
suivante :
Un point A du circuit LM, parcouru par un courant de fréquence connue, est mis
en communication avec le circuit AB . . . . Le conducteur ABCD se divise en D, et
deux, dérivations se rendent aux armatures de deux condensateurs G et C,. C, est un
condensateur à air formé de deux plans dont on peut faire varier la distance au moyen
d'une vis. C est un condensateur formé de deux feuilles de papier d'étain collées sur
un échantillon du verre employé pour les bouteilles. Les deux autres armatures des
con
SÉANCE DU 20 MARS ipoS. 78 1
densateurs C et C, sont respectivement en contact avec les plateaux fixes P et P'
d'un électromètre de Hankel, dont la feuille d'or F est en communication avec la
cage de l'appareil et avec le point D. La feuille d'or reste en équilibre si tout est
symétrique; elle dévie au contraire, si les deux capacités C, et C ne sont pas égales.
On ne peut jamais avoir un électromètre exactement symétrique. Dans ce cas,
l'équilibre sera établi quand les capacités C et C, seront dans un rapport constant.
Le circuit L, dans la plupart des expériences, est parcouru par un courant de haute
fréquence, dû à une bobine d'induction. Le potentiel en A subit donc d'abord une
variation relativement lente due àrascensiondupotenlielavantréclatementderétincelle
active, puis la variation correspondant au courant de haute fréquence. On peut élimi-
ner l'effet de la première cause en mettant le point D à la terre parl'intermédiaire d'une
self-induction assez grande (secondaire d'une bobine d'induction de yo'" d'étincelle).
Dans ces conditions, la perturbation lente du début ne sera pas arrêtée par la self-in-
duction, au lieu que les oscillations de haute fréquence seront arrêtées et chargeront
l'électromètre. On vérifie que, quand l'éclatement de l'étincelle active n'a pas lieu, la
feuille d'or ne bouge pas, quelle que soit la distance des deux armatures du condensa-
teur C, même quand elles sont au contact.
Au contraire, dès que la décharge de haute fréquence a lieu, il faut régler convena-
blement la capacité C, pour établir l'équilibre.
L'expérience monlre que, quand la fréquence varie enlre les environs
de 10^ et ceux de 3. 10» par seconde, la valeur de la capacité G, qui équi-
libre la capacité C ne varie pas assez pour permettre une mesure, au
moins avec la sensibilité que présentait l'appareil assez grossier dont nous
nous sommes servis. Cependant, l'observation de la feuille d'or F au mi-
croscope permet de voir un mouvement extrêmement petit, mais non
mesurable, indiquant que le pouvoir inducteur spécifique du verre décroît
très légèrement pour les fréquences croissantes dans les limites indiquées.
On pouvait penser que ce résultat était dû aux oscillations propres du
système ABC..., excitées par les courants de haute fréquence. Pour
nous assurer qu'il n'en était pas ainsi, nous avons intercalé des résis-
tances R,, R2, R3 formées de tubes de verre remplis d'eau du robinet, et
nous avons vu que l'introduction ou la suppression de ces résistances ne
modifiaient en rien l'équilibre. La résistance R3 était de iSoooo
à 200 000 ohms, R, et R, de 20 000 à 3o 000 chacune et à peu près égales.
Pour avoir l'allure de la courbe de variation du pouvoir inducteur avec
la fréquence, nous avons opéré avec des fréquences plus basses en suppri-
mant la mise à terre. Nous avons ensuite excité le point A d'abord avec les
oscillations de Mouton de la bobine (environ ^ de seconde), puis avec le
potentiel alternatif à 42 périodes obtenu en excitant la bobine avec le cou-
'jél ACADÉMIE DES SCIENCES.
rant du secteuf, puis avec une perturbation durant environ o', i. Nous
avons eu les résultats suivants :
Durée de la charge. licartement des plateaux.
0,1 .^ , à
0,0288 7
o,oo5 environ y
0,00001 10,5
Pour o';Oooooi on peut apprécier par la déviation de là feuille d'or
qu'on aurait environ 10™", 7
Cette méthode pourrait être rendue très [)récise en effectuant les correc-
tions relatives à la limitation des plateaux, et elle se prêterait à des mesures
absolues, même avec de très petits échantillons de la substance à étudier,
en ayant deux condensateurs réglables C, et C^, tarant avec C, le conden-
sateur C, et substituant à celui-ci le condensateur C^.
En résumé, on peut utiliser pour produire des courants de haute fré-
quence de période calculable, des bouteilles de Leyde en verre à condition
d'introduire dans les formules une capacité environ moitié de celle mesurée
pour des charges d'environ 0% i, et les o, 7 de la capacité mesurée en em-
ployant la fréquence d'un secteur alternatif ordinaire.
La première mesure peut se faire baiistiquement, en mesurant le poten-
tiel à l'électromètre absolu de Thomson. La seconde peut se faire, d'après
une idée qui nous a été suggérée par M. Villard, en chargeant la capacité
à mesurer au moyen du courant alternatif transformé au moyen d'une
bobine d'induction, et mesurant d'une part le voltage efficace aux bornes
du condensateur avec l'électromètre absolu, et, d'autre part, l'intensité
efficace de charge au moyen d'un millianipèreinètre à courants alternatifs.
MAGNÉTISME. — Sur le coefficient d'ahnanlalion spécifique et la suscep-
tibilité magnétique des sels. Note de 1\L Georges Mesi.ix, présentée par
M. Mascart.
En employant la même méthode que pour les liquides organiques, j'ai
obtenu pour le coefficient d'aimantation spécifique K. dés sels les résultats
contenus dans le Tableau ci-après, le coefficient de l'eau étant —0,79.10^".
A cùlé de la valeur de K.io' j'ai indiqué entre parenllièses la coirection due au
SÉANCE DU 20 MARS igoS.
783
magnétisme de l'air, en la faisant, précéder du signe -+- lorsque celle correction contri-
buait à augmenter la valeur absolue du coeffioienl; c'est le cas qui doit se présenter
pour les corps paramagnétiques, puisque ces corps, plongés dans un milieu magnétique
tel que l'air, sont en réalité plus paramagnétiques qu'ils ne le paraissent.
Perchloi-iirc de fer crisla
Sulfate de fei-
Sulfate de cobalt
Sulfate de nickel
Ferricjanure de potassii
sdeK.lO'.
(+3,6)
( + <,9)
( + .,5)
(+0,7)
(+0,3(3)
SulfaLc de cuivre
Permanganate de potasse.
Sulfilr lie soude anhydre..
Bii:lircriii;ae de potasse . . . .
Valeurs de K.W.
+ 7,28 (+0,28)
+ .,98 (+0,08)
+ n,36 (+0,02)
+ oo")
0,614 (+0,006)
0,643 (+o,oo4)
1,39 ( + o,o5)
Pour les corps diamagnétiques, on peut s'ttonnei au premier abord que la correction
due à l'air ne soit pas constamment souslractive; cette sorte de contradiction provient
de ce que, dans le calcul, on emploie pour l'eau la constante vraie — 0,79.10-* et non
pas la constante apparente qui est plus élevée en valeur absolue; si l'on introduisait
dans le calcul le pouvoir apparent, il y aurait lien, en effet, d'opérer une correction
toujours souslractive pour les corps diamagnétiques, correction qui aurait d'ailleurs
une valeur constante s'il s'agissait de la susceplibilité magnétique; il est facile de
le voir par une transformation simple des formules employées pour ces corps diama-
gnétiques. On a, pour le coefficient d'aimantation
I /•, - 0 , 0.39 ^ i^ -/-ij lo,79.
et pour la susceptibilité
[>-,D-
,D)].
Ces formules, dans lesquelles r, désigne le résultat immédiat de la comparaison avec
l'eau et D la densité, peuvent s'écrire
— 10''. K == r,D(i + 0,089)0,79
— 10". A" = /', ( I + 0,089) '''79 "
0,089 ■
= /', X 0,821
o,o3i
,79 = /-jD X 0,821 — 0,081
H ainsi en évidence un dernier terme toujours soustractif; or, 'dans ce dernier
784
ACADÉMIE DES SCIENCES.
valeur de la susceptibilité de l'air ( — 0,082 . 10 ' 6) ; mais ce n'est là qu'un artifice de
calcul, car on ne peut dire que ce dernier terme soit le seul qui provienne de l'action
de l'air; celte action intervient pour modifier le quotient qui figure dans la première
partie et remplace le coefficient vrai 0,79 par le coefficient apparent 0,82. Il est donc
préférable de conserver le nom de correction due à l'air au terme
0,089 X 0'7o(î^ — '-ij-
c'est la valeur de ce terme qui
les fois que l'on a
été mise entre parenthèses : elle est soustractive toutes
iD<
c'est-à-dire pour tous les corps diamagnétiques dont la susceptibilité est inférieure en
valeur absolue à celle de l'eau : elle est positive dans le cas contraire, comme on peut
s'en assurer à l'aide du Tableau donné ci-après.
Pour les corps paramagnétiques, la correction est toujours positive, puisqu'on a les
formules
= /■, -h 0,089 ( y- + /■, 1 0,79 s^ ro^ A- = [/-(D -I- 0,089(1
,r3)]o,79.
Les sels qui figurent dans le précédent Tableau sont ceux qui par leur
association avec les liquides déjà étudiés fournissent des liqueurs présentant
le dichroïsme magnétique; j'ai calculé pour ces mêmes sels la susceptibilité
magnétique et les résultats sont groupés dans le Tableau suivant; j'ai fait
remarquer déjà que ces nombres n'ont de sens précis que si l'on indique les
densités prises pour le calcul; les densités employées, que j'ai déterminées
pour quelques-uns de ces sels, figurent dans la dernière colonne.
Perchlorure de fer +2S7
Sulfate de fer + gS.S
» cobalt -I- 76,3
B nickel + 3n, i
» cuivre + lO,.")?
Ferricyanure de potassium. -H 16,48
Permanganate de potasse.. . + S, 87
Sulfite de soude anhydre. . . -I- 0,986
Bichromate de potasse -t- o,363
Bicarbonate de soude — o,5o8
Azotate de potasse — 0,669
» soude — 0,699
Acétate de soude — 0,760
Chlorate de potasse — 0,77*^
l'errocyanure de potassiu
Oxalate de potasse
Acide borique
Sulfate de soude
Phosphate d'ammoniaque
Carbonate de potasse
Borate de soude
Sulfate de magnésie
" zinc
potasse
Tarlrale n. de potasse....
Potasse
BiMllUth
3,S3i
3,839
5,938
1,97'
>>97
SÉANCE DU 20 MA lis I9o5. ^85
PHOTOGRAPHIE. — Sur le silhouettage photographique. Réponse à la Note de
M. A. Guébhard. Note de M. P. Villard, présentée par M. J. Violle.
Dans une Note du dernier numéro des Comptes rendus, M. A. Guébhard
donne du silhouettage photographique une exphcation fort détaillée mais
certainement inapplicable à celles de mes expériences rpie cet Auteur
rappelle à cette occasion. Ce que j'ai décrit et montré à la Société fran-
çaise de Physique est en effet non une ligne noire entourant le contour des
objets, mais un liséré blanc, c'est-à-dire exactement le contraire.
Je n'ai d'ailleurs donné aucune explication de ce singulier phénomène
et les conditions précises dans lesquelles on l'observe ne me sont pas
encore complètement connues. J'ai sini|)lcment indiqué quelques-uns des
cas où on peut l'obtenir; voici peut-êlre le plus intéressant :
Un papier au chlorure d'argent pour noircissement direct sans développement, exi-
geant au moins une lieure d'exposition, sous un bon cliché, pour donner une image
convenable, est exposé seulement quelques secondes sous ce cliché; une moitié de
l'épreuve est ensuite masquée par un papier noir; l'autre moitié est soumise à l'action
prolongée des rayons jaunes (2 heures par exemple). La moitié ainsi exposée est donc
continuée comme dans l'expérience classique d'Edmond Becquerel et l'image apparaît.
Le tout est ensuite développé, soit à l'acide galllque, soit à l'hydroqulnone.
Avec l'acide gallique mélangé d'azotate d'argent, véritable bain d'argenture capable
de développer (renforcer serait plus exact) même une image fixée, la moitié continuée,
ofl'rant plus de prise à l'argenture, monte assez vite; mais l'autre moitié rattrape
bientôt la première et entre les deux apparaît une bande étroite claire, marquant le
contour du papier noir. Cette bande se produit ici entre deux images toutes les deux
en train de monter et non, comme l'admet M. Guébhard, l'une ascendante, l'autre
descendante.
Le phénomène est encore plus frappant si l'cui révèle à l'hydroquinone. Ce révéla-
teur est, en effet, complètement indifférent à leHel continuateur de la lumière jaune ;
la demi-image continuée et celle qui a été protégée par le papier noir se développent
simultanément, et c'est entre deux régions moulant avec la même vitesse qu'apparaît
le liséré clair dont il s'agit.
J'ai simplement dit à cette occasion que la présence d'une cache en
papier noir ou en papier d'etain, au contact de la surface sensible, m'avait
paru nécessaire, n'ayant jamais obtenu ce silhouettage clair sur des images
fournies p;\r un objectif.
Semestre. (T. CXL,
^86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
RADIOACTIVITÉ. — Sur l' ionisation produite entre des plateaux parallèles
par Vèmanation du radium. Note de M. AVilliam Duane, présenlée par
M. A. Potier.
Dans un travail (') que j'ai fait au laboratoire de M. P. Curie, j'ai
constaté que le courant produit par l'unité de l'émanation du radium
répandue dans l'air est de o,63 es. u., si tous les rayons sont absorbés
par l'air. Dans le travail que je présente aujourd'hui j'ai vérifié la détermi-
nation dont je viens de parler et j'ai estimé la loi d'absorption par l'air
des rayons de l'émanation et de la radioactivité induite.
L'étude actuelle a été faite avec un condensateur à plateaux, avec anneau de garde
situé dans une cloche dans laquelle on pouvait introduire de l'air chargé d'une quan-
tité connue d'émanation. On établissait une diflërence de potentiel de plusieurs cen-
taines de volts entre les plateaux du condensateur et l'on mesurait le courant corres-
pondant à la partie centrale par la méthode du quartz piézoélectrique. On pouvait
facilement changer la distance des plateaux et eflectuer la mesure pour toutes les
distances. On prenait les précautions déjà décrites dans le travail précédent pour
avoir sous la cloche des quantités bien connues d'émanation; on contrôle du reste la
quantité d'émanation introduite en observant 20 heures après'l'introduction le cou-
rant électrique pour une distance constante (1"") entre les plateaux.
J'ai déterminé pour diverses distances des plateaux : i" le courant initial
au moment où l'on vient d'introduire l'émanation (^); 2° le courant
maximum au bout de 3 heures quand un état de régime est établi dans
l'appareil; ce courant est dû à l'émanation et à la radioactivité induite;
3° le courant que l'on obtient avec la radioactivité induite seule en renou-
velant l'air de l'appareil pour chasser l'émanation. Cette nnesure a été faite
une demi-heure après avoir retiré l'émanation, de telle sorte que le rayon-
nement est uniquement dii à la troisième substance C de la radioactivité
induite.
Dans le premier cas, avec l'émanation seule, le courant par centimètre
carré entre les plateaux est représenté approximativement (à 6 pour 100
(') Comptes rendus, 27 février igoS.
(*) Ce courant n'est pas déterminé directement, mais déduit par extrapolation du
courant observé dans les premières minutes ainsi que je l'ai expliqué dans le précédent
SÉANCE DU 20 MARS IQoS. 787
près) par la formule
(.) I = o,63[r/_(i -.")],
la quantité d'émanation étant égale à i dans chaque centimètre cube d'air,
d représentant la distance des plateaux.
On peut établir théoriquement la formide suivante •
(2) l = Clcl-k(^i-e^'')\,
où C, k et a sont des constantes. On suppose pour y arriver que l'énergie
absorbée par seconde dans chaque élément de volume d'air est proportion-
nelle à l'énergie totale qui traverse cet élément par seconde. On admet de
plus que, s'il existe un rayonnement secondaire sur les plateaux, ce rayon-
nement est proportionnel au flux d'énergie reçu par le plateau. Dans le cas
particulier où le rayonnement secondaire est nul on a ^ = -• C'est précisé-
ment ce qu'indique l'expérience; en comparant les formules (j) et (2) on
aC = o,('.3, /(■= ^ = 1.
La deuxième mesure (courant maximum au bout de 3 heures) donne la
somme des courants dus à l'émanation et à la radioactivité induite. On en
déduit le courant dû à l'activité induite seule. Les résultats sont très bien
représentés par la formule
I = C,rf(i-c-P'')
avec C, = o,63 et |i = 0,72. On voit que la quantité de matière radioactive
qui se trouve sur les plateaux est proportionnelle à la distance des plateaux.
Cette formule représente bien les résultats de l'expérience, bien que, théo-
riqueriient, il semble qu'une formule avec deux exponentielles devrait être
nécessaire, puisque l'on est conduit à admettre qu'il y a deux substances
(A et C) qui rayonnent sur les corps activés, p peut être considéré comme
un coetficient moyen d'absorption intermédiaire entre ceux des rayonne-
ments des substances A et C.
Dans la troisième série de mesures faites 3o minutes après avoir enlevé
l'émanation, le courant est seulement dû à la troisième substance C de la
radioactivité induite (la première substance A a complètement disparu au
bout de 3o minutes et la deuxième substance B ne rayonne pas). Les
expériences sont bien représentées par la formule
. = r;(i-e-ï").
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lorsque l'on fait seulement varier la distance des plateaux pour une activité
donnée de leur surface. On a 1^ = 1,^(0 et y = o,85 en prenant comme
point de départ j'= i pour une distance de i*"" des plateaux.
On peut tirer diverses conséquences des résultats qui se trouvent
énoncés dans les deux Notes que j'ai présentées à l'Académie :
1° Si l'on admet que la charge d'un ion este = S.io"'" unités électrosta-
tiques, on trouve que le nombre maximum d'ions de chaque signe produits
en une seconde par l'unité d'émanation est — — = 2,1. 10';
1° Si l'énergie nécessaire pour ioniser une molécule d'air est égale
à 3.io~" ergs(Stark et Langevin), l'énergie d'ionisation que peut produire
l'unité d'émanalion pendant sa vie est au total égale à 3, 1 3. 10* ergs. Cette
énergie pour l'émanation dégagée par i^ de bromure de radium pendant
une heure correspond à 2,7 petites calories, soit environ ^ de la chaleur
totale dégagée par le bromure de radiimi pendant le même temps;
3° Si l'émanation en équilibre au bout d'un temps prolongé avec i^ de
bromure de radium est égale à celle qui occupe o™',ooo 88 à l'état gazeux
à 0° et 760""" de pression (Ramsay et Soddy) et si le nombre de molécules
dans chaque centimètre cube multiplié par la charge d'un ion est égal
à 1,24x10'" (Townsend), on peut en conclure qu'une molécule d'éma-
nation produit en se détruisant i45oo ions de chaque signe. L'énergie
utilisée en produisant ces ions est égale à 4>4- lo"' ergs, soit environ ~ de
l'énergie d'une particule o. trouvée par Rulherford.
CHIMIE ORGANIQUE. — Diazoaminés de la diphénylamine, dérivés des homo-
logues de l'aniline et des naphty lamines. Note de MM. Léo Vig.vox et
A. SiM05ET, présentée par M. H. Moissan.
Nous avons décrit une série de nouvelles combinaisons diazoaminées
dérivant des diazoïques de l'aniline et de ses produits de substitution, cal-
culées avec la à[p\ïény\.{m\ne (^Comptes rendus , 1 mai et to octobre 1904).
Les homologues de l'aniline se prêtent à la même réaction.
Toluidines. — Nous avons opéré sur les trois bases. Une dissolution aqueuse de iiitrite
de sodium (i°»oi) est ajoutée à une dissolution alcoolique de chlorhydrate de lolui-
dine (1™°') et de diphénylamine (1™°'); la température du mélange, étant de i5°à l'ori-
gine, s'élève au-dessus de 20°, en même temps que la liqueur se colore en brun de
plus en plus foncé : au bout de 20 minutes, le mélange se trouble en laissant déposer
une huile rougeàtre; après 3o minutes, on précipite par un excès d'eau glacée. Le
SÉANCE DU 20 MAHS 1905. 78g
diazoaminé obtenu sous forme d'huile est extrait à rélher. La solution éthérée est
desséchée sur le carbonate de potassium sec. Elle abandonne par évaporation le diazo-
aminé.
Voici les particularités relatives à chaque isomère.
Orthotohiidine. — Rendement : 8" de diazoaminé pour 5"' de base o-toluidine. Pro-
priétés : huile rouge s'épaississant par le froid et par l'action du temps sans se soli-
difier, dégage de l'azote par les acides étendus à chaud, très soluble dans l'alcool et
l'éther, insoluble dans l'eau, assez stable.
Analyse.
CH'
Calculé. Trou
N^_N(C«IF)^ Azote diazoïque 9,78 8,65
» total i4,63 13,89
Mélatoluidine. — Poudre rouge brun, soluble dans l'éther et l'alcool, facilement
cristallisable dans l'alcool, se décomposant vers iSo^-i^o".
Analyse.
Calculé. Trouvé.
Azote diazoïque 9>73 9i75
Paratoluidine. — Huile rouge brun, moins stable que les dérivés précédents, perd
de l'azote à la température ordinaire.
Analyse.
Calculé. Trouvé.
Azote diazoïque 9,78 9,29
yVylidines. — Nous avons pris comme point de départ les 3 xylidines :
CH^ CH^ CFP
UcH' UnH^
NH=
nous avons employé le mode de préparation appliqué au\ toluidines. Les résultats
obtenus sont moins satisfaisants.
Orllioxylidine. — Le diazoaminé obtenu par évaporation de l'éther est d'abord
semi-fluide, devenant complètement liquide à 4o"; il devient solide au bout de quelques
jours, et ne fond alors que vers 100° à 1 10°, en se décomposant à i2.5"; soluble dans l'al-
cool, moins soluble dans l'éther.
Les résultats analytiques sont :
a Analyse. Calculé. Trouvé.
Azote diazoïque 9,8 4>6
» total i3,q5 i3,iq
790 ACADEMIE DES SCIENCES.
m.-xylidine. — Réaction beaucoup moins netie qu'avec l'o.-xj-lidine : après 3o se-
condes de réaction vers So^-S-S", on obtient une huile rouge présentant les propriétés
de diazoamïnés, mais donnant à Panalyse des nombres très faibles pour l'azote di-
azoïque.
p.-xylidine. — Aucune réaction ne se produit dans les conditions indiquées, même
en chaufTant à ôo".
(extrémité » ).. 2,800 i-
Clieminée d'usine (origine de la clieminée) 3,5oo »
» (extrémité n ) 3,4oo »
La première conséquence qui découle de l'ensemble de ces résultats est
la constatation que j'ai faite de la présence de l'aldéhyde formique dans
l'atmosphère des villes. Les expériences suivantes ont été faites dans le
quartier de l'Institut Pasteur à Paris et, dans la banlieue, à Courbevoie.
Tableau indiquant les doses d'aldéhyde formique trouvées dans 100"' d'air.
I" Inslitul Pasteur (prise d'air sur le toit) 0,024
2° Id. ( id. à mi-hauteur face est du bâtiment). o,o3i
3° Courlievoie (prise d'air sur un toit) o,o55
Ainsi se trouve expliquée la présence de l'aldéhyde formique qui avait
été déjà signalée dans l'atmosphère de Paris par MM. Albert Lévy et Hen-
riet (-). Les expériences entreprises par ces savants en se plaçant loin des
(') Comptes rendus, 20 juin et 7 novembre i9o4-
{-) Comptes rendus et Annales de l'Observatoire municipal, t. II, p. 295.
79^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
villes ayant démontré l'absence de l'aldéhyde formiqiie, ils ont conclu
comme moi que la présence de ce corps dans l'air devait être attribuée aux
fumées.
Mais l'intérêt principal de cette Note réside surtout dans la constatation
que j'ai faite que les matières sucrées, les racines riches en saccharose et
certaines résines pouvaient, sous l'influence de la chaleur, dégager des
quantités considérables d'aldéhyde formique.
Doses d'aldéhyde formirj lie dégagées par le sucre et par certaines substances
(pour iH en substance sèc/ie).
Combustion
dans un foyer
Combustion à
Substances. à l'air. parois métalliques.
Sucre raffiné 5 , 200 3o , 000
Pastinaca saliva 2,85o 26,000
Baies de genièvre 3, i.5o 38, 000
Benjoin 2,000
Comme on le voit, la combustion du sucre, surtout si l'on se place dans
des conditions favorables en utili.sanl les propriétés catalytiques dues au
voisinage de parois métalliques chaudes, estime véritable source d'aldé-
hyde formique.
Ce sont précisément ces substances dont la combustion a été recom-
mandée dès la plus haute antiquité comme procédé d'assainissement. La
coutume de brûler des racines contenant du saccharose, des baies de ge-
nièvre et des racines, en temps d'épidémie, remonte à Hippocrate : elle
s'est généralisée, comme on le sait, jusqu'au siècle dernier (' ).
Pour nos ancêtres, la notion de la désinfection semble avoir été intimement liée
avec celle de la désodorisation : comme je Pai fait ressortir antérieurement, la formal-
déhyde possède cette propriété de former des composés inodores non seulement avec
l'hydrogène sulfuré et ses dérivés les mercaptans. mais aussi avec les aminés de la
série grasse et le scatol. Guidés par l'observation fondée sur la disparition de la mau-
vaise odeur, ils se sont ainsi adressés, dans les cas d'épidémie, aux. substances qui
dégageaient le plus d'aldéhyde formique. On peut même prétendre que par ces pra-
tiques ils ont pu parfois obtenir sinon une désinfection, dans le sens que nous attri-
buons aujourd'hui à ce mol, du moins une atténuation dans la propagation des épi-
démies.
(') GuYTON DE MoRVEAU. Traité des moyens de désinfecter l'air, iSo5, p. i53.
SÉANCE DU 20 MARS 1905.
799
J'ai étudié la composition et les propriétés antiseptiques des fumées du sucre. A
côté de l'aldéhyde forraique, l'analyse a révélé la présence de l'acétone, des alcools
méthylique et éthylique, de l'acide acétique, de l'essence d'amandes amènes et de
divers dérivés phénoliques.
Ces substances, notamment l'acétone et l'acide acétique, agissent probablement
comme agents favorisants en retardant la polymérisation de la formaldéhyde. C'est ce
qui explique les résultats suivants qui ont trait à la détermination des doses microbi-
cides des fumées d'un poids donné de sucre.
Stérilisation d'objets contaminés soi/niis à l'action des vapeurs
provenant de la combustion de 26 de sucre sous une cloche de 12'.
Nombre
d'objets
Germes. contaminés. Apres 00 uiin. Après i beure. .\prés 4 heures à 40°.
Coli-bacille 10 Stérilisation. » »
Bacille typliique 5 Id. » «
Charbon 12 Id. » »
Vibrion cholérique . . 5 Id. » »
Staphyloccoque doré. 8 Non stérilisé. Stérilisation. »
Subtilis . . . , 8 Non stérilisé. Non stérilisé. Stérilisation.
Pour connaître l'utilisation que l'on pourra tirer de l'application de ces résultats au
point de vue d'un procédé pratique de désinfection, j'ai institué à l'Institut Pasteur
une série d'expériences dans des locaux, d'une capacité d'environ 100""'.
En résumé, la démonstration de la présence constante de la formaldé-
hyde dans les parties gazeuses ou solides des fumées explique donc le rôle
de celles-ci dans une foule de circonstances (' ). Au point de vue de l'hy-
giène, il était intéressant de faire ressortir que les propriétés antiseptiques
de la formaldéhyde avaient été utilisées bien avant que l'on eiit isolé et
étudié ce corps.
(•) Revue d'hygiène et de police sanitaire.
; rôle de la formaldéhyde dans la fumaison de
février igoS. J'ai fai
landes.
8oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Effets du fihosphore sur la coagulabililé du sang. Origine
dujîbrinogéne. Note de MM. M. Dovon, A. Mokel et N. Kareff, pré-
sentée par M. Dastre.
I. L'intoxication subaiguë des chiens par l'huile phosphorée détermine :
a. la dégénérescence graisseuse du foie, b. la disparition du fibrinogène du
plasma sanguin; c. l'incoagulabilité du sang.
II. Les modifications du sang dépendent étroitement des lésions hépa-
tiques. Plus la dégénérescence graisseuse est accusée, moins il y a de fibro-
gène. Lorsque le plasma ne contient plus ou presque plus de fibrinogène, le
sang est absolument incoagulable. Lorsque le plasma contient encore une
quantité appréciable de fibrinogène, il se forme un caillot, mais le caillot
se désagrège et se dissont en partie à la moindre agitation. Chez le coq nous
n'avons pas réussi à provoquer par le phosphore la dégénérescence grais-
seuse du foie, même au bout de 4 semaines; et alors le plasma contenait
une quantité très abondante de fibrinogène et le sang coagulait pour ainsi
dire instantanément.
IIL Si l'on sacrifie les chiens intoxiqués, immédiaiement après une saignée
d'essai, donnant un sang incoagulable, jamais on ne trouve de caillots, ni
dans la veine porte, ni dans tout autre vaisseau, ni dans le cœur. L'incoa-
gulabilité ne peut donc s'expliquer par une défibrination du sang préala-
blement produite dans l'organisme. A la vérité, si l'autopsie est faite un
certain temps après la mort provoquée par le phosphore, ou peut trouver
des caillots dans le cœur et les vaisseaux, lorsque le sang contenait encore
une quantité appréciable de fibrinogène.
IV. Le fait que le sang peut rester liquide dans l'intoxication phosphorée a été
signalé très anciennement. Corin et Ansiaux ont vu que le plasma, dans ces conditions,
ne contient plus de fibrinogène. Mais ces auteurs estiment que le fait dépend princi-
palement de lésions intestinales, tandis qu'en réalité l'incoagulabilité dépend des seules
lésions hépatiques. Les modifications du sang provoquées par un sérum hépatotoxique
spécifique sont, à cet égard, très démonstratives. MM. Dojon et Petitjean ont vu que
ce sérutn, altérant pour le foie, rendait le sang incoagulable. Les expériences que nous
publions aujourd'hui viennent à l'appui de cette conclusion.
y. Le Tableau suivant résume quelques-uns de nos résultats. Nous avons administré
tous les jours par l'estomac ('), à une série de chiens, i'"' à 2"="' d'une huile phos-
(') L'intoxication sous-cutanée provoque les mêmes eil'ets.
SÉANCE DU 20 MARS igo5. 801
phorée à 1 pour ;oo. Avant la première ingestion, on pratiquait une saignée de 5o™" ; le
sang était recueilli sur 0^,3 de fluorure, centrifugé, le fibrinogène dosé dans le plasma
suivant la méthode de Reye. Une seconde saignée était pratiquée lorsque l'état de
l'animal faisait prévoir une mort prochaine. Dans quelques cas, on a pratiqué une
saignée à une période intermédiaire; l'augmentation passagère de fibrinogène, cons-
tatée à ce moment, est la conséquence de la première saignée, comme l'indiquent les
résultats obtenus sur deux chiens témoins auxquels on n'a pas donné de phosphore.
Quantité de fibrinogène en gr
Survie en jours — — »^
et dates des analyses 1. 2. ^. '1. ■>■
Chien de Si-B, 930 6,28 »
Chien de 7''s, -■00 3,43 »
Chien de 6''ï 3, 80 » 5,9
Chien de 5''8,38o 4,o »
! Chien de 6''s,7oo. 4)25 » 6,6
Chien (soumis au
jeûne) de 7''?. 4 160 »
Coq de 4''» mort après avoir
reçu, pendant 4 semaines,
o™',25 à o"°',5 d'huile
phosphorée à i pour 100
sous la peau » «
our iooo<''B' de plasma.
» 0,63
Pour 100
de foie
frais.
^-,^_-
Extrait
Léci-
étliéré.
tliines.
.5,0
8,80
17,20
10,27
20, 3o
10,35
23,11
10,37
2,44
PHYSIOLOGIE. — Durée des processus cl' excitation pour différents muscles.
Note de M. et M"*" L. Lapicque, présentée par M. Dastre.
Dans des recherches communiquées antérieurement à l'Académie (')
nous avons étendu à des muscles lents pris sur des invertébrés la loi d'exci-
tation électrique trouvée par G. Weiss sur le gastrocnémien de la grenouille,
muscle rapide. Pour tous les tissus étudiés, l'intensité du courant nécessaire
pour produire un effet physiologique donné (contraction minima) varie
avec la durée du passage. En appelant t cette durée, l'intensité I est donnée
en fonction de t par la formule I = 7^^^' «. P. Y étant trois constantes.
L'excitabilité d'un muscle donné dans des conditions données est déter-
minée complètement quand on connaît ces trois constantes et elle ne peut
être complètement exprimée d'une autre manière. Mais il y a, pensons-
(') Comptes rendus, 11 mai et i5 juin 1900.
C. B., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N° 12.)
8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous, intérêt à exprimer d'une façon moins abstraite la grandeur des temps
qu'il faut considérer dans les divers cas.
En effet, dans la formait} ci-dessus, on voit que, lorsque / devient infini-
ment grand, I tend vers une valeur constante qui est fi; lorsque t est très
grand, I est très peu différent (en plus) de [î et varie très peu avec t.
Qu'est-ce que très grand veut dire pratiquement ?
Nous allons montrer que l'on peut, pour chaque tissu, calculer un temps
absolu qui est, pour les processus d'excitation de ce tissu, le module de
la durée et qui le caractérise par rapport aux autres.
Pour simplifier, nous pouvons nous contenter ici de la formule de Weiss
I ^ — + è; nous avons été obligés de corriger cette formule et d'y ajouter
une troisième constante pour traduire avec exactitude les résultats des
excitations très courtes sur les muscles lents. Quand t est vm peu grand
(par rapport au module dont nous parlons), on obtient une approximation
suffisante avec deux constantes.
a
w passe
d'un muscle à un autre : qu'il augmente quand on passe du gastrocnémien de la gre-
nouille au gaslrocnémien du crapaud. Nous avons nous-mêmes montré des variations
• bien systématiques de ce rapport suivant la vitesse de contraction des muscles de la
grenouille, soit que l'on compare entre eux deux muscles difTérents, soit que l'on
échauffe ou refroidisse un muscle donné. Ce rapport est donc en relation avec ce
qu'Engelmann a appelé le temps physiologique d'un tissu. C'est celte notion que nous
voulons préciser.
a est une quantité; h est une intensité; -j est donc un temps. Faisant
^ = ^ et portant dans la formule, on trouve I = 2^; on trouve aussi, en fai-
sant le calcul, que pour cette durée l'énergie dépensée par l'excitation cor-
respondant au seuil passe par le minitiium sur lequel divers auteurs ont
insisté. Nous avons pensé d'abord à caractériser, au point de vue du temps,
l'excitabililé tl'un tissu par cette durée pour laquelle l'énergie d'excitation
est minima. Mais nous avons trouvé ensuite, dans les expériences où nous
avons été obligés d'introduire un terme de correction à la formule de
Weiss, que le minimum d'énergie n'existe pas toujours en fait. En outre,
pour ces durées il arrive que la correction atteigne et dépasse lo pour loo;
on ne pourrait donc pas se servir en général de la formule à deux con-
stantes seulement.
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 8o3
Prenons T=: io~ La correction la plus forte que nous ayons trouvée
serait alors de l'ordre du centième, c'esl-à-dire négligeable par rapport à la
précision des expériences. I devient égal à i,ib; l'intensité est arrivée au
voisinage de sa limite et, si l'on cherche expérimentalement, à partir de
cette durée d'excitation T, comment doit varier l'intensité pour se trouver
toujours au seuil avec des durées 2T, jT, . . ., 10 T, les valeurs correspon-
dantes devant être respectivement i,o5 6; i,o3ft, ..., i,oib, la variation
échappera vraisemblablement à l'observation et il paraîtra que la durée de
passage du courant ne doit pas entrer en ligne de compte. Au contraire
pour -j TT' ■••»—) les valeurs devront être 1,2e; i,3è, . . ., 26: la varia-
tion sera apparente et rapidement considérable.
T = 10 T peut donc être pris comme la durée d'excitation au delà de
laquelle l'intensité correspondant au seuil ne varie plus que d'une manière
pratiquement insensible.
Voici, en millièmes de seconde, les valeurs de T que nous pouvons tirer de
nos expériences :
Gastrocnémien de grenouille {Rana esculenta) 3
Gastrocnémien de grenouille {Raita Icinporaria) 7
Droit antérieur de l'abdomen {Rana esculenta cf) 9
Gastrocnémien de crapaud {Bufo vitli^aris) . . .- i3
Pied de l'escargot {Hélix pomatia) 48
Pied du couteau {Solen marginatus) ^5
Cœur (ventricule) de tortue {Testudo grœca) 82
Pince de crabe ( Carcinus mœnas) Soo
Manteau d'aplysie {Aplysia puiiclata ) 800
Ces valeurs sont les moyennes de celle-, que nous avons obtenues; il y a, bien
entendu, des variations individuelles. Or, quelques-unes de nos séries sont très peu
nombreuses. D'autre part, il y aurait lieu de tenir un compte exact delà température;
notamment, nous devons signaler que les expériences sur le Solen, le crabe et l'aplysie
ont été faites toutes à quelques degrés plus bas que la généralité des autres expériences.
Ces réserves ne touchent en rien l'ordonnance générale de ce Tableau de comparaison.
Nous rappelons qu'il est exclusivement question ici du seuil de l'excitation.
On voit par ces exemples que la loi d'excitation, toujours la même,
pourra se présenter à l'expérience sous des allures totalement différentes
suivant l'objet choisi. Un centième de seconde qui apparaît à l'imagination
comme un temps très court est, en fiit, presque infiniment long pour le
^Olt ACADÉMIE DES SCIENCE,!d.
gastrocnémien de la grenouille. On s'explique ainsi très bien que du Bois-
Reymond, éludianl exclusivement ce muscle, ait nié complètement l'in-
fluence de la durée de l'excitation, tandis que Fick etEngelmann, portant
leurs investigations sur des muscles lents, ont été amenés à faire de cette
durée un élément essentiel de la loi d'excitation.
PHYSIOLOGIE. — Sur l'indépendance analomique et fonctionnelle des lobes
du foie. Note de M. H. Sérégé, présentée par M. Daslre.
Des raisons anatomiques, physiologiques, anatomo-pathologiques et cli-
niques plaident en faveur de l'indépendance des lobes du foie.
I ° Argument anatomique :
Si l'on injecte une des brandies de bifurcalioii de la veine porte, ou un canal hépa-
tique, ou une veine sus-hépatique avec une solution de bleu de méthylène, la coloration
est limitée à un seul lobe et permet d'établir les limites réelles de chaque foie, formées
par une ligne fictive allant de l'incisure biliaire à l'embouchure des veines sus-hépa-
tiques. On voit ainsi que le lobe carré fait intégralement partie du foie gauche.
L'indépendance anatomique, affirmée par Glénard en iSgS, par Wer-
theimer et Lepage en 1896 estdonc complète. Secondairement, elle pose le
problème de l'indépendance fonctionnelle à la solution duquel nous nous
sommes particulièrement attaché.
2° Physiologiquement celie indépendance est démontrée :
a. Par l'existence d'un double courant sanguin dans la veine porte. — Si Ton
injecte dans une veinule de l'intestin grêle une goutte d'encre de Chine, on retrouve les
particules coloiées dans le foie droit; si, au contraire, on fait pareille opération dans la
veine splénique, on les retrouve dans le foie gauche.
Ce double courant est donc orienté, l'un, du territoire delà veine grande
mésaraïque vers le foie droit; l'autre, de celui de la veine splénique et de
la petite mésaraïque réunis vers le foie gauche. Le sang issu de ces régions
ne se mélange pas dans le parcours du tronc porte. La veine porte, virtuel-
lement double, permet ainsi l'accouplement du foie gauche avec l'estomac,
la rate et la partie terminale du gros intestin et celui du foie droit avecl'in-
testin grêle et la première partie du gros intestin.
h. Par l'élude de la fonction urèopoiétique :
Si l'on recherche la teneur de chaque foie en urée, en rapport avec les phases de la
digestion, on trouve que la teneur du foie gauche est supérieure à celle du foie droit
jusqu'à la III" heure de la digestion; à partir de ce moment, le foie droit renferme
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 8o5
beaucoup plus d'urée que le foie gauche jusqu'au repas suivant. — A l'état de jeune,
la même quantité d'urée existe dans chaque foie. — Comme corollaire, la courbe de
l'élimination horaire de l'urée par les urines est parallèle à celle de la teneur de
chaque foie en urée, ainsi que nous l'avons constaté.
c. Par r étude de la fonction glycogénique :
Si l'on dose par la méthode de Frenkel, dans des conditions parallèles, la quantité
de gljcogène que retient chaque foie aux divers moments de la digestion, on trouve
que le glycogène est en quantité supérieure à gauche jusqu'à la IIP ou la IV= heure. De
la IV" à la X« heure, au contraire, il est en plus grande abondance à droite. Mais, si
l'on poursuit l'analyse, on est surpris de voir qu'il redevient plus abondant dans le foie
gauche, à partir de la KU" heure, pendant le jeune même prolongé et jusqu'au repas
suivant.
Ces résultats inattendus ne permettent pas d'établir nettement la courbe
des variations glycogéniques de chaque foie en rapport avec les phases di-
gestives. Comment les interpréter?
d. Par l'existence de conditions de circulation spéciales à chaque/oie :
Si l'on mesure la valeur de l'angle d'abouchement de chaque veine sus-hépatique dans
la veine cave, on trouve pour le lobe médian une valeur de i.5°-2o"; pour le foie droit,
cette valeur ne dépasse pas 55°; pour le foie gauche, elle peut aller jusqu'à 11 5°.
Il est aisé dès lors d'en déduire que l'aspiration thoracique qui règle la
circulation du foie ne se fait pas uniformément sentir dans tout l'organe;
conséquemment la vitesse de circulation du sang de chaque foie peut être
différente.
e. Mesure de la vitesse de la circulation du sang dans le foie droit et le foie
gauche. (En collaboration avec le D' E. Soulé, préparateur du professeur
JoWet.)
Si l'on mesure le temps de passage à travers chaque foie d'une solution de ferrocya-
nure de potassium, en inscrivant électriquement sur un cylindre enregistreur préala-
blement chronométré, d'une part le moment de l'injection du réactif, d'autre part le
début, la durée et la fin de chaque prise de sang faite par la jugulaire au moyen d'une
sonde introduite dans la veine cave inférieure ; si l'on élimine toutes les causes d'erreurs
possibles dues à la lobulation du foie du chien et que l'on multiplie les expériences,
on peut, en les groupant, établir les trois points suivants :
Après l'injection.
droit. gauche.
Début du passage 8'-io' 18=
Maximum io'-3i= 32^-59^
Fin 45' 96'
8o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La moyenne de ces chiffres, pour une même expérience, est é({uivalente aux chiffres
classiques donnés par MM. Jolyet et Rosapelli.
Ces résultats, qui accusent une vitesse de circulation du sang différente
pour chaque foie, fournissent une explication rationnelle des variations
glycogéniques rapportées plus haut.
3" Vanalomie pathologique aussi conCirme cette indépendance. Il nous a
été permis, en effet, de trouver dans les archives médicales, sans compter
nos observations personnelles, nombre d'observations d'autopsies où des
lésions primitives, nettement localisées à un seul point du territoire intes-
tinal, avaient déterminé des lésions secondaires du foie correspondant au
territoire porte envahi.
4° La clinique enfin, bien avant l'expérimentation, avait affirmé l'indépen-
dance des lobes du foie. Fr. Glénard, en effet, dès 1890, décrivait les hy-
pertrophies monolobaires hépatiques du diabète, de l'alcoolisme, de la
lithiase biliaire, dilficiles à expliquer sans accordera chaque foie une indi-
vidualité propre. Nous avons pu nous-même, en igoS, montrer l'influence
manifeste du foie gauche sur la pathogénie des gastrites dites primitives.
Ces premières recherches sont suffisantes, croyons-nous, pour nous per-
mettre, d'ores et déjà, de conclure à l'indépendance anatoraique et fonc-
tionnelle des lobes du foie.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Étude expérimentale des relations entre
la pression artérielle et la ventilation pulmonaire dans V anesthésie par le
chloroforme. La polypnée est une cause déterminante des accidents de la
chloroformisation. Note de M. J. Tissoï, présentée par M. Chauveau.
J'ai montré, dans une Note précédente, que les propriétés d'un même
mélange aneslhésique varient chez un même animal suivant la valeur de sa
ventilation pulmonaire.
Ainsi, un mélange titré de chloroforme à 4 pour 100, qui n'est pas anes-
thésique avec une ventilation pulmonaire normale, peut devenir anesthé-
sique s'd survient une période de polypnée violente, et provoque une
intoxication profonde et dangereuse si l'on exagère artificiellement de
façon considérable la ventilation pulmonaire. Dans la présente Note,
j'éiudie les relations qui existent chez le chien entre la ventilation pulmo-
naire et la pression artérielle dans l'anesthésie par le chloroforme et j'en
ai tiré les conclusions pratiques qui en résultent.
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 807
Les propositions qui découlent de mes expériences et les faits qui justi-
fient ces propositions sont résumés ci-après :
1. L' augmenlation passagère de la pression artérielle qui se produit au
début de la période d'excitation du chloroforme ri est pas due, au moins dans
la plupart des cas, à une vaso-constriction périphérique, mais à l'influence
connue de l' exagération du rythme et de V augmentation de l'amplitude des
mouvements respiratoires sur la pression artérielle .
Cette conclusion résulte de Texamen de graphiques de la pression artérielle et des
mouvements respiratoires pris simultanément chez le chien. Cet examen montre :
1° Que l'augmentation de pression manque souvent;
2° Qu'elle débute toujours exactement avec la période de poljpnée;
3° Qu'elle débute plutôt que la période d'excilalion quand la poljpnée précède la
période d'excitation;
4° Que la même élévation de pression se produit chez l'animal avant l'administra-
tion du chloroforme quand survient une période de polypnée passagère.
2. La chute brusque de la pression artérielle qui accompagne la période
d 'excitation du chloroforme est due, non pas à une vaso-dilatation périphérique,
mais uniquement à une intoxication rapide du cœur ou des centres cardiaques
provoquée indirectement par la polypnée.
Les faits suivants démontrent cette proposition :
i" La chute rapide de la pression suit de très prés le début de la période d'excita-
tion et de polypnée.
2° Avec un même mélange anesthésique la chute de pression est d'autant plus consi-
dérable et plus rapide que la polypnée est plus intense.
3° Quand la chute de pression se fait en plusieurs temps, ses oscillations repro-
duisent fidèlement, mais en sens inverse, celles de la ventilation pulmonaire. Ce rap-
port entre les deux ordres d'oscillations se retrouve pendant toute la durée de l'anes-
thésie.
4° On peut provoquer une chute de pression identique et même plus considérable à
un moment quelconque de l'anesthésie en donnant la même dose de chloroforme que
pendant la période d'excitation et en déterminant artificiellement une ventilation pul-
monaire de même valeur.
5° Si l'on détermine lentement l'anesthésie et que l'on prolonge ainsi la période
d'excitation, on n'observe jamais de chute rapide de pression suivie d'un relèvement ;
on ne constate qu'une chute très lente, faible et régulière qui conduit insensiblement
à la valeur atteinte par la pression pendant l'aneslliésie complète.
3. La période d'excitation nest pas dangereuse par elle-même, mais par la
polypnée qui l'accompagne et l' intoxication rapide qui en résulte.
Les faits énuiiiérés plus haut, ainsi que ceux de ma dernière Note, dé-
montrent amplement cette proposition.
8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Avec les mélange titrés à lo et 12 pour 100, la polypnée provoque une
intoxication qui dépasse inutilement, de façon souvent très considérable,
la limite nécessaire à la production de l'effet anesthésique.
C'est cette intoxication rapide provoquée par la polvpnéequi est la cause
de la fréquence des accidents et de la mort chez le chien pendant la chloro-
formisation. C'est pour cette même cause que la mort par le chloroforme
se produit le plus souvent chez l'homme au moment de la période d'exci-
tation.
Le procédé qui consiste à opérer avant l'anesthésie complète est dange-
reux à cause des mouvements respiratoires fréquents et violents que pro-
voque la douleur et à l'occasion desquels on administre souvent d'un seul
coup ime forte dose de chloroforme.
4. La méthode d'anesthésie par les mélanges titrés de chloroforme à
8 pour 100 et au-dessus est une méthode sidéralrice ; son influence sur le rac-
courcissement de la période d'excitation est due à la polypnée.
L'expérience démontre que la chute de la pression artérielle qui accom-
pagne la période d'excitation est d'autant plus profonde que cette période
est plus courte, c'est-à-dire que la dose de chloroforme administrée est plus
forte, la période d'excitation ne pouvant être raccourcie qu'en augmentant
la dose de chloroforme.
Ce fait est en opposition avec l'idée que le raccourcissement et la sup-
pression même de la période d'excitation par les mélanges titrés résul-
teraient d'une propriété particulière de ces mélanges.
De nombreuses expériences dans lesquelles j'inscrivais à la fois la pres-
sion artérielle, le débit et les mouvements respiratoires m'ont donné les
résultats suivants :
1° La période d'excitation ne manque jamais.
3" l^a métliode des mélanges titrés raccourcit la période d'excitation parce que
c'est une méthode sidéralrice. En effet la ventilation pulmonaire, qui peut s'accroître
de 4' à 5o' et 60' par minute pendant la période d'excitation chez un chien de 2o''8 à
25''s, fait pénétrer dans le poumon 4^ à 5s de chloroforme par minute avec les mélanges
titrés à 8 pour 100 et 58 à 6s avec les mélanges à 10 pour roo; c'est une dose massive.
3° La méthode des mélanges titrés est un procédé sidérateur excellent, si l'on ne
dépasse pas la dose de 8 pour 100, parce que la diminution de la ventilation pulmo-
naire réalise automatiquement, au moment où l'anesthésie surrient, la diminution
progressive qu'il est nécessaire d'opérer sur la dose de chloroforme administrée, si
l'on veut éviter de dépasser inutilement le degré d'intoxication nécessaire.
Avec le procédé de la compresse, si l'on effectue cette diminution pro-
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 809
gressive à mesure que la polypnée de la période d'excitation diminue, en
supprimant même le chloroforme quand la ventilation pulmonaire est re-
devenue normale, on réalise l'anesthésie sans plus de danger d'intoxi-
cation qu'avec les mélanges titrés à 6 ou 8 pour 100.
Pratiquée de cette manière, la chloroformisation au compte-gouttes est
exempte de danger. Il suffit que l'opérateur, donnant toujours le chloro-
forme prudemment, goutte par goutte, ne perde jamais de vue les deux
indications fondamentales suivantes ;
i" Une période d'excitation longue est préférable à une période d'excita-
tion courte, parce que la première ne s'accompagne jamais d'une chute rapide
de la pression artérielle, c'est-à-dire d'intoxication inutile et dangereuse.
2° Taule période de polypnée est une période dangereuse pendant laquelle il
convient d'administrer V anesthésique avec prudence.
ÉNERGÉTIQUE. — Sur la mesure de l'énergie disponible par un dynamo-
mètre totaliseur- enregistreur . Note de M. Charles Henry, présentée
par M. Alfred Giard.
Le nouvel appareil consiste essentiellement en une poire sphérique de
caoutchouc, remplie d'environ i''s,6de mercure qui, sous la pression de
la main, soulève plus ou moins haut dans un tube gradué une masse de
fer. Celle-ci, par l'intermédiaire d'un fil enroulé autour d'une poulie de
réduction au sixième, communique le mouvement à une plume qui trace
les pressions sur un cylindre recouvert de papier millimétrique et tournant
à une vitesse de i™™ à la seconde.
L'expérimentateur s'attache à obtenir et à conserver la pression maxima
à chaque instant, jusqu'à épuisement. Deux échelles indiquent, en face du
tube gradué, l'une la pression totale, l'autre le travail.
L'aire enregistrée mesure le travail statique (produit de la pression
moyenne par la durée de l'effort) des fléchisseurs des doigts; or, il a été
montré, avec M"* J. loleyko, par l'ergographe, que pour connaître en kilo-
grammètres le travail de même dépense, c'est-à-dire l'énergie disponible
de ces muscles, E^^ ('), il suffit de diviser par 120 le nombre de kilo-
grammes-seconde représentés par l'aire statique,
{') Comptes rendus, 28 déc. igoS. — Ermest SoLVAï, formules d'introduction à
V Energétique, p. 7.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N" 12.) Io3
8io
ACADÉMIE DES SCIENCES.
On a obtenu ainsi, au cours de huit expérience» sur des sujets différents,
des travaux statiques variant de 99 à 490, des £„ variant de 0,8 à 4 et un
rapport moyen du travail statique à la pression maxima égala 3,3.
Les courbes de fatigue enregistrées avec le nouvel appareil présentent des différences
frappantes avec celle d'un dynamographe à ressort ; d'abord décroissance beaucoup
plus lente, puis à la fin, décroissance plus rapide, de l'effort avec le temps.
Quand on emploie un dynamographe à ressort, la douleur empêche le sujet de donner
à chaque instant sa pression maxima; le muscle se repose dans une mesure inconnue;
l'aire statique et l'énergie disponible calculées dans ces cas n'ont aucun sens.
s'as;it de calculer l'effort total Een kilogrammes et le travail
Théorie. -
dépensé 'W.
I. Effort total. — C'est la résultante : 1° de la pression totale P que le mercure
exerce sur la surface intérieure de la poire; 1° de la réaction élastique opposée . par
celle-ci à la déformation. Soient /■,, i,, c, respectivement le rayon, la surface et le
volume de la poire sphérique vide de mercure; /o, s^, (•(, ces mêmes quantités quand
la poire est pleine, mais ne subit aucune pression; /;„ := r, la cote du niveau mercu-
riel dans ce cas ; 7 la section intérieure du tube ; soient c le volume de la poire déformée
par l'effort; s sa surface intérieure; r le rayon d'une sphère de même capacité; /( la
hauteur à laquelle l'eflort fait monter le niveau mercuriel au-dessus du centre de la
poire vide.
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 81I
Lorsque les condilions normales de l'expérience sont réalisées, on peut admettre
que le centre de pression ne s'éloigne pas beaucoup du centre de gravité du volume
liquide renfermé par l'enveloppe et que celui-ci coïncide [sensiblement avec le centre
d'une sphère de même capacité se raccordant normalement au tube au même endroit;
il suffit d'ailleurs que ces points soient dans le niûiue plan horizontal. La surface s peut
être identifiée avec la surface de cette sphère tant qu'on a c > t'j ; quand on a c < c„
elle peut être identifiée à i,, car, si le volume diminue par l'effort, la surface se repliant
sur elle-même reste sensiblement constante : ce qui a lieu à partir de A, = ^0 '
Soient D la dislance verticale de la surface libre du mercure au centre de pression,
p la densité du mercure; on a P = pi'D, 5 el D étant liées à h par les relations
7)' étant une surélévation fictive du niveau, équivalente à l'action du poids de l'appareil
inscripteur. On peut, de même, tenir compte de la réaction élastique de la poire, en
calculant une autre surélévation t;, déterminant sur l'enveloppe une pression totale
équivalente à cette réaction élastique. Cette quantité vient s'ajouter à D ou s'en retran-
cher suivant que l'enveloppe est comprimée ou dilatée par rapport à son état de
vacuité : dans le premier cas, y] se calcule par les formules connues de l'équilibre
d'élasticité d'une sphère, la constante ayant été déterminée par l'expérience; dans le
deuxième cas, il a fallu déterminer par une série d'expériences la marche de la fonc-
tion qui relie t| à h. On a ainsi, pour l'effort total E exprimé en kilogrammes, les lon-
gueurs étant comptées en centimètres,
E = j-jjLj pi- (/(—/(„+/•+ T| -(- ï|' ).
II. Le travail total se décompose en : 1" travail d'élévation du liquide, égal au
poids total du système mobile multiplié par la variation de hauteur du centre de gra-
vité; 2° travail de la réaction élastique, lequel se déduit de la courbe expérimentale
de la foncliomf)(A) par la formule 5=^- / pdv.
Les déformations doivent s'accomplir d'une façon continue et lente.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — L'aire cardiaque chez les tuberculeux guéris.
Note de M. H. Guillemisot, présentée par M. Bouchard.
En collaboration avec M. Chiron j'ai mesuré, au moyen de mon ortho-
diagraphe, l'aire du cœur chez des sujets sains de 23 à 3o ans, et chez des
sujets du même âge ayant été atteints anlcrieurement de tuberculose pul-
monaire avec bacilles constatés et actuellement complètement guéris. C'est
8l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le résultat de ces observations que nous apportons ici : la conclusion
à tirer des cas observés est la suivante : tandis que chez les tuberculeux au
début ou chez les prétuberculeux le cœur est plus petit que la normale
ainsi que l'ont établi les mensurations orthodiagraphiques de MM. Bouchard
etBalthazard, au contraire, chez les tuberculeux qui ont guéri leurs lésions,
le cœur paraît être au-dessus de la normale. La mensuration de la surface
du cœur chez les tuberculeux au début et les prétuberculeux aurait ainsi
une grande importance : non seulement elle serait un élément de dia-
gnostic en ce sens qu'un cœur petit est un des signes de l'évolution tuber-
culeuse au début, mais encore elle permettrait, dans une certaine limite,
de prévoir un pronostic favorable lorsqu'on constate un cœur au-dessus de
la normale dans l'évolution d'une tuberculose confirmée mais débutante (').
Voici le résumé de ces observations :
Onze sujets normaux, de 23 à 3o ans du sexe masculin donnent comme moyennes :
Surface du cœur en centimètres
carres.
79'"
S
Rapport de l'aire à la taille du sujet mesurée en décimètres q- 4,^0
Rapport de Taire à la surface du thorax (produit de la largeur du thorax au
niveau de la pointe par la distance delà fourchette sternale au diaphragme,
lignes mesurées par leurs projections orthogonales sur l'écrau) = o, 198
Rapport de l'aire au {)oids - 1,28
Rapport de l'aire au poids de l'albumine fixe déterminé suivant le procédé de
S
M. Bouchard — 8.24
Ces moyennes, on le voit, sont inférieures à celles données par MM. Bouchard et
Balthazard; inférieures surtout à celles du professeur Moritz. Nous ferons remarquer,
pour expliquer peut-être celle différence, que nos sujets avaient tous de 28 à 3o ans,
et nous ajouterons que, dans le mode opératoire, il entre un coefficient personnel
à l'opérateur, comme cela a lieu aussi dans la mesure de la pression artérielle, par
exemple. Nous ferons remarquer en outre que tous nos sujets, sains ou anciens
tuberculeux, ont été pris à dessein à la même période de la vie, de 28 à 3o ans, et
dans le même milieu social (étudiants en médecine), pour donner plus de valeur à la
comparaison.
(') Ce qui exclut bien entendu le cas d'hypertrophie des tuberculoses chroniqi
à évolution fibreuse et celui de dilatation des périodes avancées.
SÉANCE DU 20 MARS igoS. 8l3
Si nous considérons maintenant les résultats obtenus chez nos trois tuberculeux
guéris, nous trouvons :
S S S S
s. h' f' p' a'
M. C, 2.5 ans 82'"'' 5,08 0,198 i,3o 9,26
M. E., 29 ans SS'-''"' 4,8.5 o,2o5 1,43 9.-79
M. L., 28 ans 85'^™' 4,97 o,i9'2 '^'S 7'53
Les chiffres les plus imporlants à considérer ici sont, d'une part, la sur-
face du cœur en valeur absolue et, d'autre pari, le rapport de l'aire du
cœur à la taille; en effet, il se peut que la musculature et l'adiposité chez
les tuberculeux guéris restent longtemps faibles et alors on trouverait for-
S S
cément des rapports élevés j, ^j il se peut, d'autre part, que les tubercu-
leux guéris prennent subitement de l'embonpoint et de la force muscu-
S S
laire comme notre troisième sujet, et alors les rapports p> -^ pourront des-
cendre au-dessous de la normale, tant que le cœur, du moins, n'aura pas,
lui aussi, pris du développement. Si nous rapprochons les moyennes obte-
nues chez ces trois sujets de celle des sujets normaux, nous trouvons :
s s s s
s. h' t' p' a"
Sujets sains 79™' 4>70 0.193 1,28 8,24
Ex-tuberculeux.. 83™', 3 4,96 0,198 i,3i 8,86
Sans vouloir attribuer plus d'importance qu'il ne convient à ces chiffres,
il nous a paru utile de signaler ces résultats qui sont comme un corollaire
des faits établis par MM. Bouchard et Balthazard relativement à la surface
du cœur chez les tuberculeux. Ils complètent aussi par des mesures pré-
cises les travaux de Sciallero, de Gênes, qui ont montré, dans la tubercu-
lose récente et maligne, le cœur diminué de volume, et chez les sujets por-
teurs d'anciennes lésions béniijnes, un cœur sensiblement normal.
M. J.-D. Cartier adresse une Note : Sur la gamme musicale.
(Renvoi à la Section de Physique.)
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie.
M. B.
ti4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BlBLlUGliAPilKjUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i3 mars igo5.
Le calcul des résidus et ses applications à la théorie des fonctions, par Erkst
LiNDELÔF. Paris, Gauthier-Villars, igoS; i vol. in-S". (Présenté par M. Emile Picard. )
Note sur quelques applications de la Nomographie à l' Astronomie nautique, par
M. Per«et. Paris, Imprimerie nationale, 1904; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Gu} ou. )
La Science géologique, ses méthodes, ses résultats, ses problèmes, son histoire,
par L. De Launaï. Paris, ArniaïKl Colin, igoà; 1 \nl. in-8". (Présenté par M. Miciiel
Lévy. )
Sur un nouveau traitement de la tuberculose et en particulier de la tuberculose
laryngée, par M. MouNiEa; Paris, Institut international de Bibliographie scientifique,
1905; I fasc. in-8°.
La nouvelle allumette sans phosphore, l'invention Dominique Barbé, par Edouard
Dencausse. Tarbes, imp. Vimard, igoS; i fasc. in-8°.
M. Hei^ri Quillon adresse cinq Opuscules relatifs à la confection des vêtements.
Annales des Ponts et Chaussées, yS" année, 8" série, t. V, 2* partie, i"' Cahier,
janvier igoS. Paris, E. Bernard; i fasc. in-8°.
Bulletin de la Société des Agriculteurs de France, paraissant deux fois par mois,
37" année, 5 mars igoS : Liste générale des Membres de la Société et des Associations
affiliées. Paris, hôtel de la Société; i vol. in-8°.
Bulletin trimestriel de la Société de l'Industrie minérale: l^' série, t. IV,
livraison 1, igo5. Saint-Etienne, au siège de la Société; 1 vol. in-S".
Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen; [^' série,
3g' année, i" et 2' semestres igo3. Rouen, imp. Lecerf fds, ig04; i vol. 10-8».
New principles, by D.-A.-N. Grover. Part IV : The orbit of Sun; Part V : A
simple key to the changes of the weather. Kansas City; 2 fasc. in-12.
Verslag van den Staat der Sterrenwacht te Leiden en van de aldaar volbrachte
waarnemingen van 16 september 1902 to iq septeinber igo4, uilgebracht door H.-G.
Van de Saxde Bakhuyzen, Leide, igoS; i fasc. in-8".
Nuovo planisfero ad usa délia Marina, di D.-F. Faccin. Pavie, igo5; i fasc. in-8°.
Die geschichtliche Entwicklung der farbigen Photographie, von Miethe. Berlin,
Denter et Nicolas, igoS; i fasc. in-S".
L''énergie obtenue par l'énergie, par Pedro Gomez Sanchez. Madrid, janvier igoS;
I fasc. in-12 oblong.
// terremoto di Niscemi del i3 luglio igo3, per S. .\rcidiaco.\o. Modène, igo4;
I fasc. in-S°.
SÉANCE DU 20 MARS ipoS. Hl.'ï
Principali fenomeni erultU-i avvenuti in Sicitia en nel/e isole adiacenli durante
l'anno igoi, per S. Arcidiacono. Modène, 1904; i Tasc. iii-8°.
Sullo speLtro dei maleriali incandescenli eruttati d'all'Etna nel 1892, per A.
Ricco. (Exlr. de Bolletlino delV Accademia Gioenia di Scienze nalnrali in Catania,
fasc. LXXXII, juillet igo^). i fasc. in-8°.
Erutioni e Piogge, Nota di A. Ricco. Catane, imp. Galatola ; i fasc. in-4".
Risultati délie osservazioni meteorologiche del m^oZ faite nel R. Osservatorio di
Catania, Nota di A. Ricco e L. Mbkdola. Catane, imp. Galatola; i fasc. in-4°.
Résumé météorologique de l'année igoS pour Genève et le Grand Saint-Bernard,
par R. Gautieii. Genève, igo/i; i fasc. in-S".
Observations météorologiques faites aux fortifications de Saint-Maurice pendant
l'année igoS. Résumé par R. Gautier et H. Duaimf,. Genève, 1904 ; 1 fasc. in-8°.
Observatorio meteorologico del collegio salesiano S. José en Punta Arena de
Magallanes, Chile : Resumen de las observaciones de quince anos 1888-1902, por
P. Marabini, parle I" : Datos y Diagramas. Santiago du Chili, Cervantes, 1904; i fasc.
in-S".
Essai d'une Carte tectonique de la Belgique, par Emile Df.ladbier. Bruxelles,
Hayez, igo4; i fasc. in-S".
Réplique sommaire à M. le baron GreindI au sujet de la Carte tectonique de la
Belgique, par Ém. Deladrier. Suite de la discussion sur l'Essai de Carte tectonique
de la Belgique présenté par M. Deladrier. Bruxelles, Hayez, igo4; i fasc. in-S".
Recherches souterraines aux environs d'Eprave, par Emile Deladrieh. Bruxelles,
Hayez, igo4; i fasc. in-S".
Annuario da Universidade de Coïmhra. anno lectivo de igo4-igo5. Coïmbre,
Imprimerie de l'Université, igo4; i vol. in-8".
Archiva bibliographico da bibliotheca da Universidade de Coïmbra, publicaçao
mensal; vol. IV, n°' 8-12, vol. V, n" 1. Coïmbre, igo4; G fasc. in-4°.
Catalogue of polish scientific litcraturc : I. IV, igo4, n°' 1 et 2. Cracovie, igoS;
I fasc. in-8°.
Catalogue of Library Crescent démocratie Club. Baltimore, igo4; i vol. in-12.
R. Accademia délie Scienze fisiche e matematiche, Classe délia Societa reale di
Napeli : Indice générale dei lavori pubblicati dal 17S7 al igoS. Naples, igo4;
I fasc. in-8°.
Bibliotheca collectiva, Catalogus XLIX. Leyde, Burgersdijk et Niersmans, igo5;
I vol. in-8°.
Atti délia Reale Accademia dei Lincei, anno CCCII, igo.ï ; série quinta. Bendi-
conti, Classe di Scienze fisiche. matematiche e naturali; vol. XIV, fasc. 1. Home,
igo5; I fa«c. in-S".
Rendiconto delV Accademia délie Scienze fisiche e matematiche, sezione délia
Societa reale di Napoli; série 3^, vol. XI, fasc. i. Gennaio, igo5. Naples; i fasc.
in-8°.
Memorie délia Societa degli Spettroscopisti italiani, pub. per cuia dei Prof. P.
Tacchini ed A. Riccô; vol. XXXIV, dispensa 1», 1906. Catane; i fasc. in-4''.
Proceedings of the Cambridge philosophical Society; vol. XIII, parti. Cambridge,
iqo5 ; I fasc. in-8".
8l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Journal of the Royal microscopical Society, ediled by R.-G. IIebb; igoS. pari I.
Londres; i fasc. in-S".
Proceedings of Ihe Royal physical Society for ihe promotion of Zoology and
other branches of natural History ; Session 1904-1905, vol. X\'I, n" I. Edimbourg,
1904; I fasc. in-8°.
Archives des Sciences physiques et naturelles; 1 10° année, 4° période, t. XIX, n° 1,
i5 janvier igoS. Genève; i fasc. in-S".
Boletin de la Real Sociedad geografica. Ret-ista de Geografia colonial y mer-
cantil; t. III, n° 1. Madrid, igoS; i fasc. in-8°.
Bulletin de V Académie royale de Médecine de Belgique; 4° série, t. XIX, n° 1.
Bruxelles, Hayez, 1905 ; i fasc. in-S".
Annaes da Escola de Minas, u° 6. Ouro-Prelo, 1908; i vol. in-8°.
Boletim do Museu Gœldi de Historia natural e Etnographia (Museu Parense);
vol. IV, n° 1, fevereiro 1904- Para, 1904; i vol. in-8°.
{A suivre.)
ERRATA.
(Séance du i3 mars igoS.)
Note de M. Adrien Giiébhard, Sur la cause du silhoueltage photogra-
phique :
Page 715, note (*), au lieu de L'Arriviste, lisez L'Auréole.
On souscrite Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Auguslins, n° 55.
lis i8î5 les COMPTES RENDUS liebrJoinadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. Deui
l'une par ordre alpliabétiiiue des matières, l'autre par ordre alphabétique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement esl aniiuel
idu i" Janvier.
F l.e prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit:
Paris : 30 Ir. — Départements: 40 fr. — Union postale: M fr.
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lez Messieurs :
Ferra n frères.
Chaix.
JourdaD,
Courtin-Hecquei.
, GermaiD et Grassii
' Gastineau.
Jérôme.
Régnier.
, Feret.
Laurens.
' Muller (G.)
;s Renaud.
Uerrien.
F. Roberl.
>ery.
lurg .
Oblin.
I Uzel frères.
Jouan.
Perrin.
I Henry.
I Marguerie.
Juliot.
Bouy.
[ Nourry.
Ratel.
( Rey.
) Lauverjat.
) Uegez.
Drev
/ Gratieret G'-
chelle ... Foucher.
Bourdignon.
Dombre.
I Tliorez.
Quarré.
Lyon.
( M- Teiier.
Bornoux et Cumin
\Georg.
... 'EfTantin.
Savy.
f Vitte.
Marseille Ruai.
l VaUt.
Montpellier j ^.^^^^^ ^^ ^,5
Moulins Martial Place.
Î Jacques.
Grosjean-Maupii
Sidot frères.
Nantes
Nice . . .
l Guist'hau
} Veloppé.
iBarma.
Appy
Nimes Thibaud.
Orléans Loddé.
\ Blanchier.
^°"'*" I Lévrier.
Tiennes.: Plihon et Herv
Boche/ort Girard ( M"" ).
l Langlois.
I Lestringanl.
S'-Étienne Chevalier.
j Ponleil-Burles
' i Rumèbe.
Rouen .
Toulon .
i Gimet.
■ (Privât.
Boisselier
Tours
.. Péricat.
Suppliseo
Valenciennes .
J Giard.
( Lemaitre
Amsterdam ..
Athènes
Barcelone . . .
cliez Messieurs :
Feikema Caarel
' sen et G'*.
. . . Beck.
. . Verdaguer.
Asher et G''.
Dames.
Berlin FriedUnder et Bis
Mayeret Muller.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
Lamertin
Bruxelles
Bucharest .
Mayolez et Audiarte.
' Lebègue et G".
Solcbek et G'.
Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et C».
Christiania Gammermeyer.
Constantinople . ■ Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
. Gherbuliez.
Genève j Georg.
' Stapelmohr.
Bel in faute frères.
Benda.
Pavot et G".
, Barth.
l Brockhaus.
Leipzig < Kœhler.
J Lorentz.
Twietmeyer.
Desoer.
f'i^S' Gnusé.
La Haye
Lausanne
Madrid .
Milan .
Naples
chez Messieurs:
, Dulau
Londres , Hachette et G'".
' Nutt.
Luxembourg V. Bûck.
Romo y Fussel.
Gapdeville.
F. Fé.
i Bocca frères.
I Hœpli.
Moscou Tastevin.
Marghieri di Gius
Pelleran...
Dyrsen et i foitTer.
New- York Stechert.
Lemcke et îlutichaer
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G'V
Palerme Reber.
Porto Magalhaés et Mooiz
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garn er.
1 Bocca frères.
Loescl.er et G'-.
Rotterdam Kramors et fils.
Stockholm Nordiska Boghandel
1 Zinserlin ■.
S'-Pétersbourg .. ^y^\^
I Bocca frères.
\ Brero.
Twin 1 Gtausen.
I Rosenberg et Sellier
Varsovie Gebethner et Wolff.
Vérone Drucker.
^ Frick.
Vienne j g^rold et G'v
ZUrich Meyer et Zeller.
ABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes!";. 31. - (3 Août i835 a 3i Décembre ,85o. ) Volume in-4° ; i853. Prix 25 fr.
Tomes 32 à 61. -( i" Janvier i85i à 3i Décciiil)re i865.) Volume in-4''; 1870. Prix ^s 'r.
Tomes 62 h 91. — ( i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4'': 1889. Prii ^a ir.
Tomes 92 0 121. — (i" Janvier 1881 à 3i Décrmbre 1895.) Volume in-i"; 1900. Prix .«o t.
UPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES ;
A la même Librairie les Mémoires de V Académie des Sciences, et les Mémoires présentes par divers Savants à T Académie des Sciences.
W' 12.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 20 mars I90;J.)
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE LACADÉMIE.
M le Secketairk perpétuel annonce à |'\ca-'
demie que le Tome CXXXVHI des Comptes
/■«„./„. est en distribution au SecrétatHat.
MM. BERTHELoret Gaudechon. - Mecl.erches
la b™éTn "'''"''' '"' '" '"'^'^'^"'"^ et sur
M. A. Cuauveae! - Sur l'es'v;
les écl
d'éclat
753
formé
pses 1
es ues images pri
ine par de très
ibles
sources lumineuses de valeur constante
M. i.E FoRCRAND. - Sur la valence dé
1 atome dbydrogéne
M. G. LippMANN présente, au nom du Bureau
des Longitudes : ,- U « Conn^iissance des
'S » pour Tan 1907; 2" Une « Carte
I éclipse totale de Soleil des 30 et
août igoô »
Tem
CORRESPONDAIVCE.
M. A. Ma
Sur la photographie de la
e au sommet dii mont
• Rema
arqi
sur la Note
Blanc
M. J. Janssen
précédente
M. Maurice Fréchet. - La' notion' 'd'éca'r't
dans le Calcul fonctionnel
M. PiGEAUD. - Sur le calcul 'des 'arcs 'en-
castrés
M. ÉDOUAMn BnANEY."-Distri'b'utio'„ 'et'con-
iroe il actions produites à distance par les
M. LÉON Crinei.
nenthone déri
EUNDLER et Ledri:.'- Sur l'acét
des hexabydrothymol
MM. P ■■ ^
brom
M. IsiD
"RE Bay^ - Remarques sur la réac-
de la diphénylamine avec l'acide
MM. André Broca et Tuhchini!"-!' Sur' la
variation du pouvoir inducteur spécifique
du verre avec la fréquence. .
M Georges Meslin. - Sur le coefficient
d aimantation spécifique et la susceptibilité
magnétique des sels
M P. ViLLARD. _ Sur iesilhouéttage 'p'ho-
tograpbique. Réponse à la Note de M. A.
Cruebkard . . .
M William Duane! '- 'sur l'ionisation p^oé
duite entre des plateaux parallèles par
I émanation du radium
MM. LÉO VioNON et A. SiM0NE'T."-"Diàzo-
aminés de la diphénylamine, dérivés des
homologues de l'aniline et des naphtvial
mines ' ■'
MM. Blaise et A. LuTTRiN'qER! '-'ca'racté'
nsation des lactones au moyen de l'hydra-
zine ' ^
Bulletin BiBLioGRAPHioiJR..
Errata.
sepiiqi
.LAT. — Sur les propriétés anti-
de certaines fumées et sur leur
tirets du phosphore sur la coagulabilité du
sang. Origine du fibrinogène..
M. et M». L. Lapicque. - Durée des pro-
cessus d excitation pour difi-érents muscles.
M. H. Serege. - Sur l'indépendance anato
mique et fonctionnelle des lobes du foie
VI. J. TissoT. - Etude expérimentale de;
relations entre la pression artérielle et la
venlilation pulmonaire dans l'anesthésie
par le chloroforme. La polypnée est une
cause déterminante des accidents de la
chloroformisation
M. Charles Henrv. — Si
l'énergie disponible par 1
totaliseur-enregistreur
M. U. GU1LLE.MIN0T. — L'aire cardi
les tuberculeux guéris
■VL J.-D. Cartier adresse u'ne 'Noté '• 'J Sur
la gamme musicale « _
la mesure de
dynamomètre
chez
IMPRIMERIE GAUTHIliR-VILLARS
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant .- Gac
sûs.^ 1S05
PREMIER SE3IESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TO»IE CXL.
W 13 (27 Mars 1905)
i
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des GrandsAugustins, 55.
1905
RÈGLEMENT REL4TIF ALI COMPTES RENDUS
ADOPTE DANS LES SÉANCES DES 2 3 JUIN 1862 ET
:875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l' Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
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26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1*
— Impression des travaux
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ouparunAssociééti'angerdel'Académie comprennent
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démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
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hmite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
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vernement sont imprimés en entier.
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cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait nïention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire '^""" ' '
Mé-
_. dans les séances suivantes, des Notes ou
moires sur l'objet de leur discuéâion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séan(
blique ne font pas partie des Comptes rendus..
Article 2. - Impression des travaux des Sa
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pers.
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages, requi
Membre qui fait la présentation est toujours non
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet e:
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondanc
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être r
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être ren
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dai
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni plancl
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures se
autorisées, l'espace occupé par ces figures compi
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapport
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Tous
Article 5.
six mois, la Commission administrai
fait un Rapport sur la situation des Comptes ren(\
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pi
sent Règlement.
plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivai
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 27 MARS 1903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AGADÉMrii.
CHIMIE GÉNÉRALE. - Sur les vases de silice fondue. — Leur emploi en Chimie ;
par M. Berthelot.
Depuis quelque temps on trouve clans le commerce des vases fabriqués
avec un verre nouveau, dit quartz fondu, et qui se distinguent par des
qualités particulières, telles que leur infusibilité jusqu'à des températures
voisines de i4oo°, leur résistance aux acides ('), ainsi qu'à l'action d'un
refroidissement brusque, etc. J'ai entrepris d'exécuter avec celte matière
des expériences analogues à celles opérées par la méthode des vases de
verre, scellés à la lampe : méthode dont j'ai généralisé l'emploi, jusque-là
exceptionnel, et fixé la technique en Chimie organique, de i85o à 1860, par
mes recherches sur la synthèse directe des corps gras neutres et la décou-
verte des alcools polyatomiques, sur la statique des réactions éthérées et,
d'une façon illimitée, par l'étude des réactions lentes, exécutées à tem-
pérature constante et sous des pressions susceptibles de s'élever jusque
vers 200="'". Mais les applications de celte méthode sont entravées par la
température du ramollissement et de la fusion du verre : les termes
extrêmes de température où j'ai pu opérer n'ont guère dépassé 55o°.
L'emploi des vases de silice fondue permet d'atteindre des températures
s'élevant jusqu'au voisinage de i5oo"; il comporte certaines réserves et
(') On sait que les alcalis attaquent la silice.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N- 13.) 1 o4
,Si8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cliffiCLiltés, qu'il me semble ulile de signaler, avant d'exposer les expériences
et problèmes nouveaux que j'ai abordés dans mon laboratoire.
11. — • Technique.
(I). Tubes. — Les tubes de silice fondue, de petite dimension, peuvent
être travaillés à la rigueur avecle chalumeau oxyhydrique et, plus aisément,
avec le chalumeau oxygène-acétylène, qui donne des températures beaucoup
plus hautes. Ou les étire, on les soude à la façon du verre, sauf à se tenu-
en garde contre la promptitude du refroidissement.
Les tubes que j'ai surtout mis en œuvre sont ceux de lo millimètres de
diamètre, sur loo millimètres de longueur. Leur capacité, après clôture,
est comprise entre 4 et 5 centimètres cubes. L'épaisseur, assez régulière,
est voisine de o'"'",7. La résistance aux pressions intérieures est voisine
de 3 atmosphères, jusqu'au moment où ils commencent à se ramollir, entre
i3oo° et 1400°. On y introduit, s'il y a lieu, les corps solides, simples
ou composés, sous un poids défini, avant l'étirage du col; puis on étire
celui-ci; au besoin, en le soudant avec un tube capillaire plus épais el plus
commode à joindre avec une trompe à mercure. On ne laisse jamais péné-
trer de mercure dans le tube de silice. La trompe sert à faire le vide, puis à
introduire, par un mécanisme connu, des gaz bien purs, soit à la tempé-
rature ordinaire, soit sous une pression réduite au degré voulu. On scelle
ensuite la partie capillaire au chalumeau, dans la région qui fait partie du
cylindre principal, en évitant avec soin de chauffer les portions élargies et
les gaz qu'elles renferment.
(II). Madères introduites. — Les quantités de matière solide et de gaz
doivent être réglées avec soin, d'après les limites de résistance signalées
plus haut. S'il s'agit de gaz isolés, ou mis en présence de matières abso-
lument fixes à i4oo°, on remplit le tube à froid avec ces gaz, sous une
pression de 36 à 38 centimètres de mercure au plus, et souvent réduite
à i5 centimètres. On mesure exactement cette pression, en môme temps
que celle du baromètre. Quant aux matières solides, susceptibles d'ac-
quérir l'état gazeux à i4oo", leurs poids doivent être établis de telle façon
que les pressions réunies de leur vapeur et des gaz introduits à froid ne
surpassent pas 2,5 à 3 atmosphères à i4oo°.
Les quantités de matière sur lesquelles on opère, dans les conditions précédentes,
étant très restreintes, j'ai fait fabricjuer, sur modèle, des tuiies de 20 à 2.5 millimètres
de diamètre, et de 3o centimètres environ de capacité; tubes terminés de part et
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 819
d'autre par des parties capillaires, susceptibles d'être soudées et scellées. Je dois dire
que je n'ai guère eu de satisfaction de leur emploi; le travail en fabrique de ces tubes
étant peu régulier et leur épaisseur non uniforme. Ainsi, d'après des mesures faites
au palmer, je l'ai trouvée comprise entre i"'", i et o'""', 25 pour un même tube, suivant
le point examiné. Cette circonstance oblige à réduire la pression des gaz introduits, à
la température ordinaire, au tiers et même au cinquième de la pression mise en œuvre
pour les tubes plus réguliers, de diamètre voisin de 10 millimètres, si l'on veut éviter
les explosions. Dans ces conditions, on ne gagne rien en définitive sur les poids de
substance mise en expérience; tandis que les frais de fabrication du tube deviennent
6 fois aussi élevés. Dans tous les cas, il convient de se mettre en garde contre l'impu-
reté de la silice employée, laquelle renferme souvent des proportions sensibles d'alca-
lis, qui en augmentent la fu-ibilité et railéraiiiiité ; tout en diminuant, ce semble, la
perméabilité.
(III). Chauffage. — Les lubes de silice fondue sont échauffés par le cou-
rant électrique, "suivant les procédés connus, en les plaçant dans de gros
tubes de terre non vernis, 'entourés par une lame mince de platine con-
tournée en spirale. L'air extérieur pcnèlre à peu près librement dans
l'intérieur du tube de terre. On règle le courant avec des résistances.
On opère jusque vers 25 ampères, en général, à une température déter-
minée avec un régulateur Le Chatelier, ou lotit autre instrument exact. La
température est maintenue constante pendant une ou plusieurs heures. Il
n'y a pas, en général, bénéfice à prolonger plus longtemps le chauffage,
pour des motifs tirés de la perméabilité de la silice, qui seront développés
plus loin.
Le tube de silice fondue, introduit dans le gros tube de terre, est entouré
par une mince feuille de platine ('); de façon à éviter son adhérence avec
le gros tube de terre. Mais si l'on dépasse i4oo°, on est exposé à l'adhérence
des feuilles de platine avec ce tube de terre. Le tube de silice fondue com-
mence d'ailleurs à se gonfler, sous la pression des gaz, à cette température.
Si celle-ci devient trop forte, le petit tube fait explosion; ce qui rompt
le gros tube de terre et fausse l'appareil ; mais il est facile de le reconstruire
soi-même.
(IV). Refroidissement et extraction des matières. — Quand l'expérience est
terminée, on peut laisser refroidir lentement tout l'appareil. Mais il est sou-
vent préférable de retirer aussitôt le tube de silice fondue et la feuille de
platine qui l'entoure, au moyen d'un fil de platine fixé à l'avance. Le refroi-
dissement peut être rendu instantané, en plongeant à l'instant même le tube
(') Ne communiquant pas avec le courant électrique.
820 ACADEMIE DES SCIENCES.
(le silice tout rouge et enveloppé de plalirie, conservant le maximum de sa
température, dans une cuve remplie d'eau distillée. Ce tube résiste bien
dans ces conditions; ce qui permet de disenter certains problèmes impor-
tants de Mécanique chimique.
(V). Récolte des gaz et autres produits. — On examine d'abord avec soin
le tube de silice fondue et son contenu, sans l'ouvrir; au besoin, avec le
concours de la loupe ou du microscope.
Gaz. — Les gaz doivent être recueillis sur le mercure, mesurésetanalysés.
A cette fin, on prend à la main le tube de silice refroidi, on le tient im-
mergé dans une grande cuve à mercure, la pointe en bas, et l'on casse
cette pointe avec précaution, à l'aide d'une pince à mors tranchants. Le
mercure s'élève peu à peu dans le tube, jusqu'à une certaine hauteur, qui
dépend de la pression originelle et du volume des gaz de nouvelle for-
mation. On retourne alors le tube, sur la cuve même, au-dessous d'une
petite éprouvette pleine de mercure, et, jiar o\xr Vhëlmm {Comptes rendus , t. CXXXIX, p. 789); cela même au-dessous
du rouge.
J'ai reconnu qu'il en est de même, (pioique à un moindre degré, pour
l'azote et l'oxygène, et j'ai observé la marche des échanges entre les gaz
engendrés à l'intérieur de tubes de silice fondue et les gaz atmosphériques,
dans certaines conditions dignes d'intérêt.
Tous les tubes dont il va être question ont été chauffés dans une atmo-
sphère d'air atmosphérique, sous la pression normale. Ils avaient été soumis
à l'action de la trompe à mercure, de façon à y faire pénétrer les gaz mis
en expérience sous une pression exactement connue, mais sans y intro-
duire la moindre trace de ce métal.
Voici quelques-uns des faits observés :
1. Carbone amorphe (charbon de fusain purifié par l'action du chlore au
rouge, etc.). — Quelques milligramuies ont été déposés dans un tube
d'une capacité égale à 5'"', 5. On a fait le vide à la trompe à mercure pour
en chasser les gaz inclus, avec la précaution de chauffer le tube sur une
flamme, avant de le sceller. Le vide était aussi parfait que possible. On a
scellé le tube.
On a maintenu ce tube entre i3oo" et i325°, pendant une demi-heure.
Au bout de ce temps, il a été ramené lentement à la température ordinaire
puis ouvert sur le mercure. Il n'était plus vide, mais renfermait des gaz,
exerçant une pression sensible, quoique fort inférieure à la pression atmo-
sphérique; ce qui exclut l'existence d'une communication directe. En fait,
le volume de ces gaz, réduit à la pression atmosphérique, représentait seu-
(') Sauf le cas, non encore bien éclairci, tlt-s layons catliodiques.
822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lement i ,.t centième de la capacité intérieure du tube. Ce gaz était formé
par:
Az 0,9
GO o.n
L'azote vient de l'air, dont l'oxvgène a concouru à former Toxyde de
carbone. Les éléments de l'air avaient donc pénétré par endosmose, au
cours de l'expérience.
2. Carbone amorphe (charbon de fusain purifié par le chlore) : 9 milli-
grammes. Capacité du tube ; 29 centimètres cubes. — On a rempli ce tube
d'azote pur et on l'a chauffé pendant quelques instants sur une flamme;
puis on a raréfié le g.iz, de façon à le réduire <à une pression de o'", ifj, c'est-
à-dire au cinquième environ de la pression atmosphérique; on opérait avec
la trompe à mercure. On a scellé, puis chauffé à iSoo" pendant i heure.
La pression intérieure aurait dû s'élever dans ces conditions à i*'™, 3 envi-
ron. Elle avait gonflé le tube ramolli. Après refroidissement, on l'a ouvert
sur le mercure. Le volume du gaz extrait, réduit à la pression atmosphé-
rique, était 7'°'', 3; c'est-à-dire notablement supérieur au cinquième du
volume initial (ô'^'.o). Ce gaz était formé d'azote (82 centiènies) et d'oxyde
de carbone (18 centièmes). Comme contrôle, on avait pris soin de recueillir
une prise d'azote sur le trajet de la pompe et au cours même de la raréfac-
tion initiale : d'après analyse ultérieure, ce gaz ne contenait pas trace
d'oxygène. La formation de l'oxyde de carbone, ainsi que l'accroissement
de volume du gaz, attestent la pénétration de l'oxygène par endosmose.
3. Oxygène pur (vérifié) introduit dans un tube jaugeant 4 centimètres
cubes. — Au début, on l'a réduit à une pression moitié de la pression
atmosphérique; puis on a scellé le tube et on l'a chauffé à i3oo° pendant
I heure et demie. Au bout de ce temps, le tube a été ouvert sur le mer-
cure. Le gaz contenait 3 centièmes d'azote, entré par endosmose.
4. Hydrogène. — J'ai exécuté plusieurs expériences avec des tubes con-
tenant de l'hydrogène; expériences confirmatives de celles citées plus
haut. Je citerai seulement la suivante :
Hydrogène pur; pression initiale o™, 132; la pression atmosphérique
étant 0,751. Capacité du tube : S'^'"'. i3oo°. i heure. Gaz final extrait : o""\68
sous la pression atmosphérique (au lieu de ^""\o volume initial réduit). Le
gaz final contenait (d'après combustion eudiométrique) : Az = o""°, 12.
Il résulte de ces nombres que : sur 100 volumes d'hydrogène, 44 ont
SÉANCE DU l-j MAliS Ic)o5. 828
disparu (par transpiration, ou action de l'oxygène) et il a pénétré 12 vo-
lumes d'azote. Il ne restait dans le tube que la moitié environ de l'hydro-
gène initial.
5. Avec X acide carbonique, la pénélratioii de l'azote est très faible.
6. La pénétration de l'oxygène dans Vazote a été trouvée douteuse.
L'étude des carbures d'hydrogène a donné lieu à des observations très
intéressantes, qui feront l'objet d'une Note prochaine. Je me bornerai à en
signaler ici quelques-unes, relatives à la transpiration de l'hydrogciie et à
la pénétration progressive de l'oxygène de l'air.
La naphtaline a été choisie, à cause de sa grande stabilité, el le formène,
à cause de la simplicité de sa composition.
7. Naphtaline, o»,o5i, placée dans un tube vide. Capacité du tube:
5'"'' environ. i3oo°. Le tube a fait explosion : ce qui s'explique en raison
du volume considérable, occupé tant par la vapeur de naphtaline que par
l'hydrogène résultant de sa décomposition.
8. Naphtaline, 0^,021. Tube vide. Capacité : 4"'"' environ. i3oo°. i heure.
Le tube a résisté. Il s'est trouvé rempli de carbone, en partie brillant, en
partie pulvérulent. Ce carbone ne contenait plus de naphtaline. Si tout
l'hydrogène avait été mis en liberté (oS,ooi3, équivalent à i4™' environ à
froid), la pression à iSoo" aurait dû s'élever à près de 17 atmosphères et le
tute faire explosion. Loin de là : au moment où il a été ouvert sur le mer-
cure, sous l'influence de l'ébranlement produit par le broiement de la
pointe et la variation brusque de pression, provenant du grand excès de
la pression atmosphérique sur la pression intérieure des gaz, le tube s'est
écrasé, ou plutôt divisé en longs fragments; de dimension et de forme d'ail-
leurs bien différentes de ceux qu'aurait produits une explosion.
Le gaz extrait dans ces conditions, réduit à la pression atmosphérique,
s'élevait seulement à o^^'.iS (au lieu de i4'"' fournis par le carbure) et
renfermait :
Azote o, i5
Hydrogène o,o3
0,18
Ces faits montrent que la décomposition de la naphtaline en éléments,
depuis la température ordinaire jusqu'à i3oo° et pendant le maintien à
i3oo°, n'a pas eu lieu rapidement, mais peu à peu, et pendant un temps
assez notable, durant lequel l'hydrogène a transpiré peu à peu, en se
brûlant au dehors, il a pénétré dans le tube un |)eu d'azote, dont le mé-
824 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lange avec un peu d'hydrogène restant ne représentait guère à froid que
le vingtième de la capacité du tube.
9. I^e formelle pur a donné lieu à des observations analogues et plus
caractéristiques encore. Voici deux expériences :
Pression initiale, o",373 ; moitié de la pression atmosphérique. Capacité
du tube : 4"°" »5. i3oo''-i325°. i heure.
Le tube est rempli de carbone feuilleté et enduit pulvérulent. — Volume
gazeux final réduit : 2""', 97; c'esl-à-dire supérieur au volume initial ré-
duit ; 2""', 2 5.
Ce gaz est sensiblement exempt d'oxvde de carbone. Il renferme :
Hydrogène 2,72
Formelle o,o5
Azote o , 20
2,97
D'après la pression initiale du formène, on aurait dû obtenir 4"" >5o
d'hydrogène. D'où il résulte qu'un tiers environ de l'hydrogène a transpiré,
ou a été brûlé; le forméne ayant presque complètement disparu.
10. Formène pur. — Pression initiale, o"',36o (sur 0,756 pression atmo-
sphérique). Capacité du tube : 4"°',o.
Le tube, porté jusqu'à 1 100° dans l'espace d'une demi-heure environ, a
été refroidi et retiré, sans l'ouvrir. Il était rempli de carbone libre, comme
ci-dessus.
Le lendemain, il a été réchaufFé pendant i heure et porté à i3oo°, puis
maintenu i heure à cette température.
Après refroidissement, le tube était redevenu blanc et transparent, sans
conserver trace de carbone.
J'avais pensé d'abord que le tube perforé avait laissé pénétrer par
quelque fêlure l'air directement, lequel avait brûlé le carbone. Mais l'exa-
men approfondi du Inbe a fait tomber cette hypothèse. En effet, en l'ou-
vrant sur le mercure 2 heures après, on a trouvé que la pression y était à
peu près la moitié de la pression atmosphérique (c'est-à-dire voisine de
celle du début); ce qui exclut la possibilité d'une perforation, qui aurait
dû rétablir l'équilibre de pression avec le dehors pendant la longue durée
du refroidissement et de la conservation consécutive.
Il contenait alors 2""', 12, formés principalement d'azote, avec un peu
d'oxygène et d'acide carbonique.
SÉANCE DU -2- MARS igoS. 825
Il résulte de ces faiti que les gaz de l'air avaient pénétré peu à peu par
endosmose, pendant la seconde période de l'expérience.
2 volumes de formène, ou plutôt le carbone et l'hydrogène correspon-
dants, ont ainsi été brûlés peu à peu, tant au dehors du tube que dans son
intérieur, aux déjjens de l'oxygène de l'air. On voit par là qu'il ne convie ut
pas de prolonger indéfiniment le chauffage des vases de silice fondue.
Ces faits montrent que la silice fondue (puis solidifiée) se comporte,
jusqu'à un certain point, vis-à-vis des gaz, à la façon d'une membrane ani-
male, susceptible d'endosmose et d'exosmose : la marche de ces phéno-
mènes dépendant de l'épaisseur de la |)aroi, de son ramollissement, de
l'adhérence à la paroi du carbone ou des autres produits solides de réac-
tion, de la dose d'alcali uni à la silice, des températures successives tra-
versées et de la durée de chacune d'elles; enfin de l'opposition qui existe
entre la composition constante de l'air extérieur et les variations de la
composition des gaz résultant des réactions graduelles de l'oxygène sur les
corps combustibles (hydrogène et carbone); c'est-à-dire <'e la composition
et de la tension variables des gaz inléri( urs.
ASTRONOMIE. — M. le Général Bassot, Directeur de l'Observatoire de
Nice, adresse la dépêche suivante :
Comète Giacobini, 26 mars, 8''ii"'/)9», t. m. de Nice. R S'-zi/,'" i4», D. P. 7r/37|".
Marche diurne : 3" temps, 75' arc. Mouvement ,\.-E. Grandeur : 12".
OPTIQUE. — Construction, dans un ntilwu oiiaque homogène, des rayons
lumineux qui y pénètrent par une face plane. Note de M. J. Cous-
SINESQ.
r. J'ai abordé la question de la délimitation latérale, des rayons lumineux
dans les milieux opaques homogènes, vers la fin de l'exposition étendue
que j'ai donnée récemment de la théorie mécanique de la lumière (' ). Mais
(') Au Tome II de l'Ouvrage inlilulé Throrie analyticjue de la chaleur, mise en
harmonie avec la Thermodynamique el avec la Théorie mécanique de la lumière.
p. 583 à 587.
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. C.\L, N" 13
io5
826 ACADEMIE DES SCIENCES.
je m'v suis borné aux corps isotropes, et il restait à traiter le cas des cris-
taux. C'est ce que je me propose de faire ici, dans la double hvpolhèse de
déplacements l, ■/), ^ de leur élher pendu'aires, propagés par ondes planes,
et de trois éc|uations de mouvement, aux dérivées partielles de E, •/), "C en t,
œ, y, 5, linéaires et à coefficienls constants.
Les ondes planes incidentes seront sujjposces avoir leur amplitude très
graduellement variable d'un point à l'autre de la face d'entrée, sur laquelle
cette amplitude sera donnée arbitrairement. Des lors, ^, r,, ^, dans le milieu
opaque, partout réglés sensiblement de manière à constituer un ou plu-
sieurs systèmes d'ondes planes, auront dans chacun de ces systèmes, aussi-
tôt après l'entrée, leurs propres amplitudes, la direction de leurs ondes et
les retards de phase de celles-ci sur les mouvements incidents, calculables
par la théorie de la réflexion el de la réfraction, qui y donnera, pour
chaque système, une amplitude partout proportionnelle à celle des oiules
incidentes, mais une direction d'ondes et un retard de phase constants.
Nous aurons à étudier la progression, dans le milieu opaque, de l'un
quelconque des systèmes d'ondes réfractées.
11. On reconnaît assez aisément que ;, t,, ^ y seront les parties réelles de
solutions svmboliqucs, '^.
où X- désigne le quotient de 27t j)ar la période vibratoire, L, M, N trois
constantes exprimant la propagation par leurs parties réelles /, m, n,
mais V extinction graduelle par leurs parties imaginaires, enfin, où L', M', N'
seront trois fonctions lentement variables de x, y, z, qui se réduiraient à des
constantes si les ondes étaient latéralement indéfinies.
On donnera les ra[jporls mutuels de/, m, n, qui définissent la direction
de la normale aux ondes planes, et ceux des parties imaginaires de I^, M, N,
qui définissent de même la direction de la normale à la face d'entrée. Alors,
en supposant qu'on ait considéré d'abord le cas simple d'ondes indéfinies
ou de L', M', N' constants, la substitution de ces valeurs (i) dans les équa-
tions du mouvement y aura transformé celles-ci en trois équations homo-
gènes du premier degré
où if) après suppres-
sion de ses facteurs Z\/— i, aura nécessairement été annulé. Or l'équa-
tion F(L,1M, N) — G, dédoublée par la séparation du réel d'avec l'imagi-
naire, aura complété la détermination de L, M, Nen faisant connaître, dans
leur partie réelle, la vitesse co de propagation, inverse de \ P -i- m'' -i- ir, et,
dans leur partie imaginaire, le coefficient d' extinction, ou d'absorption.
Enfin, deux des équations (2), devenues ainsi compatibles avec la troisième,
auront donné L', M', N' pro|)()rlionneIs à trois déterminants mineurs, >, a, v,
formés avec six des neuf éléments çp, /, i, ..., ij/j, et, dès lors, fonctions
entières connues de L, M, N; en sorte que L', M', N'auront été les produits
de "à, [j., V par une même constante I, de la forme e''^J^ .
Maintenant que, les ondes étant limitées latéralement, L, M, N ont
gardé /Jar définition leurs valeurs ainsi obtenues, mais que L', M', N', I sont
devenues des fonctions très lentement variables de x, y, z-, astreintes à
vérifier les trois équations du mouvement, les écarts h'— 11, W — ^.\,
N'— vl, qui s'annuleraient si les petites dérivées premières de I en x, y, z
n'existaient pas, seront naturellement de l'ordre de ces dérivées ('). Or,
celles-ci ne varieront, de quantités comparables à leurs valeurs totales, que
sur des étendues considérables (par rapport à la longueur d'onde); de sorte
que leurs propres dérivées seront comparativement négligeables. Ainsi,
l'on regardera comme des constantes, à coté de L', M', N', I, les dérivées
en X, y, z de ces quatre quantités; et, par suite, les dérivées de L', M', N'
seront cèdes de I, multipliées par \, y., v.
III. Dès lors, les dérivations en t, x, y, z des expressions (1) le ;, r,, "C
se feront, évidemment, en multipliant la fonction différentiée par — k\ — i
et par les facteurs respectifs constants
(3.) -'. f'+4r,7i.' ^' + ^t-;7^' ^+ Jidi-
Donc les équations de mouvement prendront la forme (2), mais où,
dans les polynômes o, /,
1 \dL d.r "^ r/M dy ^^ r/\ dz) °'
A cette condition, les deux des équations (2) qui, dans le cas I = const.,
avaient donné L', M', N' proportionnels à a, [j., v, seront encore compatibles
avec la troisième et assureront à L', M, N' des rapports, vanah'es, peu diffé-
rents de ceux de >., \j., v ou revenant pratiquement au même; car ce seront
les rapports mêmes des polynômes)., a, v où T., M, N seraient remplacés
par les trois dernières expressions (3).
Ainsi, la fonction I, ou e'^-/V=^, de a-, v, -, n'est astreinte qu'à vérifier
l'équation (/|).
Séparons, dans celle-ci, le réel de l'imaginaire. A cet effet, appelons
(5) P, Q,R les parties réelles et (/^^(ï, ^, a) les parties imaginaires
des trois dérivées partielles de F en L, M, N, qui sont des polynômes; et
observons, d'autre part, que les quotients, par I, des dérivées de I, sont les
dérivées analogues de i ^ j sf^^^. Il viendra
(6)
P
di
dr
+ Q
di
d)
+ R
di
dz
=
*l*t|-'4'
V
,dj
dx
isai
ntj
par V'
-+-
''f
=
-
'■, appe
di
lant
di
iv
:'-
4-Q^
+
R=
R le radicii
et traçant, à partir du point (.r, y, :■), suivant les deux directions constantes
(P, Q, R),('r, '^, a), deux chemins infiniment petits ds, ds' ,
, , di ,, di di .r di ,, , d'{i,j) , ^.,d-(l,j) _ ^
IV. Cela posé, coupons par les plans parallèles aux deux directions
(P, Q, R), (1», ^, c'a) la face d'entrée, dans le corps opaque, de la lumière
incidente; et, dans l'un quelconque de ces plans, prenons pour axe des Y
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 829
la section obtenue, en lui associant un axe des X normal, dirigé vers l'inté-
rieur du corps opaque. Si a, a' sont les deux anglesaigus (positifs ou néga-
tifs), faits avec les X par les deux directions (P, Q, R), ($, ^, Jl), les deux
premières relations (7) deviendront aisément
(8)
rt( ,r dj , fil ■ di . ,
-,,-- cos a — K -j^^ cosa = — -yr;Sina.-l-lv-TvSina
(l\ d\ (i\ a\
^r di , di ,, ,n . , dj .
K-7^cosa+ ^cosa = — K-yYsma — y^sina.
On voit qu'elles déterminent partout ' ''^' en fonction des '' J^^ , et
qu'elles feront, par conséquent, connaître /,/de proche en proche, à partir
de la face d'entrée X = o, où le coefficient d' amplitude e' est arbitrairement
donné pour toutes les valeurs de Y et oii la constante j de phase est, de
même, connue. L'intégration des deux équations simultanées (8) complé-
tera donc la solution du problème.
V. Le coefficient e' d'amplitude offre un intérêt particulier, puisque son
carré sera partout proportionnel à l'intensité de l'éclairement, abstraction
faite de l'exponentielle décroissante impliquée dans le dernier facteur
de (i) et exprimant l'absorption en quelque sorte normale. Et l'on pourra,
pour cette raison, a[)peler rayons lumineux les lignes du plan le long
desquelles les valeurs de i se transmettront, ou dont l'équation sera
i = const. Il y a donc lieu de formuler à part les lois qui régissent i.
Et d'abord, au départ de la face d'entrée où s'annule la dérivée de /
en Y, l'élimination âej entre les deux équations (8) donne
, , , ^^ . di cosa sina + Iv^ cosa' sina' di
(q) (pourX = o) -jr -\ ^ ui ri tv = o-
^->' \r / ct\ cos^a + K*cos-a' d\
Or, si l'on appelle p, dans le plan des XY, l'angle de réfraction, les deux
cosinus directeurs du rayon lumineux y seront cosp, siup; et la condi-
tion (9) donnera aisément, pour déterminer p, la formule
(•o) tangp = ^-^tangoc.
Grâce à ce que le coefficient d'amplitude c' est connu sur toute la f.ice
d'entrée X = o, et à (g) qui y fournira la dérivée première de i en X, la
83o ACADÉMIE DES SCIENCES.
troisième équation (7), aux dérivées j)arlielle.s secondes de i, achèvera de
déterminer partout cette fonction i et, par suite, les r.iyons lumineux (').
VI. I^e cas le plus simple est celui d'un corps transparent, où, L, M, N,
F(L, M, N) étant réels et P, Q, R égalant les trois dérivées partielles de
F(/, m, /i), iP, ^, A, R s'annulent, et la direction de ds s'obtient en joi-
gnant l'origine au point de contact de l'onde plane Lx -\- my -h nz :^ \ ,
partie de cette origine depuis l'unité de temps, avec l'enveloppe de toutes
les ondes planes analogues, censées orientées suivant tous les sens (/, rti, n).
Alors la première équation (7) exprime que «reste invariable le long même
des chemins /f/5, et que, par suite, les rayons lumineux se confondent avec
les droites données par la construction d'fluvgens ou de Frestiel.
Vient ensuite le cas d'un milieu translucide, où les parties imaginaires de
L, M, N, et les coefficients de ç, /, . . . , ■!/. figm-ant dans F(L, M, N) multi-
pliés par \j — i, sont assez faibles [)our avoir leurs carrés et [jroduits négli-
geables. Alors F(L, M, N) comprend une partie principale §{1, m, n),
identique à son expression dans le milieu rendu transparent par la suppres-
sion de ces petits coefficients, plus une petite partie tout entière affectée
de \/—i; en sorte que le dédoublement de l'équation F(L, M, N)^o
donne §{l, m, n) = o, pour déterminer la vitesse 10 de propagation et la
construction de l'onde courbe. De même, les dérivées de F(r^, M, H) ont
pour partie principale et réelle les dérivées mêmes de #(/, m, n). Par suite,
P, Q, R sont identiques à ces dérivées de j(/, m, n); et <-£, ^, A, R ont leurs
carrés négligeables, La troisième équation (7) et la relation définie (9)
deviennent donc
, . d'-i , ,- \ ai (Il , rli
(11) -T-r == O, (i)our\=;o) -jr^ -f- -TTrlaneia -= o ou -p = o.
^ ■ ds- ^' ^ d\ d\ " ds
C'est dire que les rayons lumineux i = const. se confondent, aux quantités
près négligées du second ordre, avec les chemins rectilignes f'ds, donnés
eux-mêmes par la construction d'Huygens ou de Fresnel dans le milieu censé
rendu transparent comme il vient d'être dit.
(') Ou peut voir, uux. pages 584 à SSj du Tome II cité plus liaul, l'application, à
un corps isotrope, de ceUe théorie générale des rayons lumineux dans les milieux
opaques homogènes, et l'exjilicalion qu'elle donne des dispersions anomales pro-
duiles par ces milieux.
SÉANCE DU 1-1 MARS iqo5. 83l
PATHOLOGIE. — Sur le Surra et sur la différenciation des Trypanosnmiases.
par MM. A. Laveran et F. Mesxil.
On a l'habitiule de désigner sous le nom de Surra des maladies épizoo-
tiques ou enzooliques des Equidés, des Camélidés, des Bovidés et des
Canidés de l'Inde, de la Birmanie, de l'fndo-Chine, des Indes néerlan-
daises, des îles Philippines et de Maurice, dues à un trypanosome vu pour
la première fois par G. Evans, aux Indes, en 1880.
Jusqu'ici le Surra, à l'exception de celui de Maurice, n'a été étudié
expérimentalement que dans les pays d'origine. Aucune comparaison défi-
nitive n'a donc été faite entre ces virus d'origines variées, qui peut-être
appartiennent à plusieurs espèces. Aussi, bien que l'origine indienne du
Surra de Maurice ne fasse pas de doute pour nous ('), avons-nous saisi
avec plaisir l'occasion qui nous a été ofTette (-) de faire cette comparaison
entre le Surra de Maurice et celui de l'Iude.
Au point de vue morphologique, nous n'avons relevé aucune différence
importante entie les trypanosomes des deux origines, que nous avons par-
ticulièrement comparés dans le sang du chien et de la souris. Les dimen-
sions sont sensiblement les mêmes. Les granulations cytoplasmiques,
quand elles existent, ne sont jamais ni très nombreuses, ni très grosses, et
sont localisées dans la moitié antérieure du corps. L'extrémité postérieure,
de forme variable, est généralement effdée; la partie post-centrosomique
est très courte (moins de ii^ à 4'*, 5). La membrane ondulante présente des
plis généralement très marqués, en nombre variable de 3 à 5, et même
jusqu'à 6.
L'action pathogène sur les animaux de laboratoire révèle quelques diffé-
rences dans la virulence des deux trypanosomes.
La première souiis, qui nous a été apportée d'Angleterre, avait été inoculée avec
i"^""' de sang de coliaye; elle n'a montré des trypanosomes dans son sang que 9 jours
après et elle est morte en 18 jours j. Depuis, les souris inoculées avec le sang de cobaye
se sont montrées beaucoup plus sensibles. Inoculées sous la peau avec un sang riche en
(') A. Laveras et F. Mesnil, Trypanosomes et Trypanosomiases, Paris, 1904, p. 221.
(-) Je remercie M. Cli.-J. Martin, directeur du Lister Institute, pour l'offie gra-
cieuse qu'il a bien voulu nie faire du virus indien. Ce virus lui a été apporté de l'Inde
par A. Lingard; il provient d'un clianieau. — F. M.
832 ACADÉMIE DES SCIENCES.
païasites, elles ont succombé en 5 jours 4 à lo jours î avec incubations de 3 à 6 jours.
Inoculées dans le piriloine, la mort survient en 3 jours ^ à 8 jours -| (incubation i à
4 jours).
Après passage par rat ou souris, le virus s'exalte pour la souris, qui, inoculée sous
la peau, meurt en 3 jours | à 8 jours | (moyenne 6 jours) avec 2 à 4 jours d'incuba-
tion et, inoculée dans le péritoine, en 2 jours | à 3 jours | (moins de i jour d'incubation).
Une souiis giise sauvage, inoculée sous la peau, est morle en - jours | (inculjation
4 jours).
Sauf pour la première souris et quelques-unes des autres souris inoculées sur cobaye,
le nombre des trypanosomes dans le sang ne subit jamais de baisse jusqu'au moment de
la mort où il est au moins égal.aux nombre des hématies. La raie hypertrophiée pèse
généralement is chez une souris de 20»'.
(Quatre rats ont été inoculés avec du sang de souris riche en Irvpanosomes, deux
dans le péritoine, deux sous la peau. Dans le premier cas, l'incubation a été inférieure
à 24 heures et la mort est survenue en 3 jours | et 4 jours. Dans le second cas, l'incu-
bation a été de 3 jours et 3 jours \; mort en 5 jours | et 6 jours J.
Deux chiens ont succombé en 12 et i3 jours. Incubation 3 jours. Fièvre continue
avec température entre 3g° et 4o", pouvant même dépasser 4o°, jusqu'à la mort. Trypa-
nosomes abondants dans le sang avec une période de diminution vers le milieu de la
maladie. Aucune lésion externe. Amaigrissement considérable ; le second chien, de7''S,
était tombé à 4''°, 800. Hypertrophie de la rate : exemple, 60? chez le chien de 7''?.
Les quatre premiers cobayes, inoculés avec le sang de la première souris, sont morts
en 76 à 88 jours (moyenne 80). Les suivants (de passage par cobaye) ont succombé
plus vite (de 20 à 77 jours ). La durée moyenne, portant sur l'ensemble des cobayes (i3)
est de 57 jours.
Après une durée d'incubation de quelques jours, assez variable d'ailleurs, les trv-
panosomes apparaissent dans le sang et y restent en plus ou moins grand nombre (sou-
vent nombreux), jusqu'à la mort. Nous n'avons noté aucune lésion externe.
Deux lapins inoculés, l'un dans le péritoine, l'autre sous la peau, avec du sang de
souris, sont morts en 27-28 jours très amaigris, mais sans lésions externes. L'examen
microscopique journalier du sang a été négatif sauf le septième jour chez le premier
lapin, et les 4 ou 5 deiniers jours chez ks deux; mais le sang était infectant à très
petite dose pour la souris.
Une chèvre de 3i''s, inoculée le 9 février sous la peau de l'oreille avec i""' de sang
de cobaye à trypanosomes assez nombreux, a montré des parasites à l'examen microsco-
pique les i3, i4, i5 et 18 février; on n'en a plus revu à l'examen journalier qui n'a été
abandonné que le ii mars; mais l'inoculation à la souris montre que la chèvre est tou-
jours fortement infectée. La chèvre a montré une forte réaction thermique qui a dé-
buté le cinquième jour ; pendant un mois, la température est lareinent descendue au-
dessous de 4o") i' J s 6u plusieurs poussées à 4'" et niénie une fois à 4'''j5. Depuis le
i5 mars, la température est au voisinage de Sg".
Un bovidé neuf inoculé à Alfort a contracté une infection des plus caractérisées
{y.injra).
D'i ne façon générale, notre Surra de l'Inde s'est montré plus virulent
SÉANCE DU 27 MARS IQoS. 833
pour les animaux de laboratoire que le Surra de Maurice. Les rats et les
souris inoculés sous la peau avec ce dernier virus succombent en 1 1 jours
(chiffre moven) avec 5 jours d'incnbalion ('); de plus, les animaux
résistent encore 2 à 3 jours, alors que les trypanosomes sont 1res nom-
breux dans le sang. Les souris et rais inoculés avec le Surra de l'Inde s'in-
fectent plus vite et, lorsque les trypanosomes arrivent à être très nombreux,
ils succombent généralement dans les i^i heures. De même, nous voyons
les chiens succomber en 12 jours avec le Surra de l'Inde; avec celui de
Maurice, la mort survenait en 25 à 3o jours (moyenne 28). Avec les co-
bayes également, on a des chiffres moins élevés.
Mais nous savons qu'il ne faut attribuer à ces différences, à la vérité
assez légères, qu'une valeur toute relative, et, pour s'en convaincre dans
le cas présent, il suffit de citer les chiffres de Lingard pour la durée de ré-
sistance des chiens infectés expérimentalement avec le virus de l'Inde (i/J '^,
21, 27 ^, 29, 34, 36, 47 et 97 jours).
A notre demande, MM. Vallée et Panisset ont expérimenté à l'école d'AI-
fort le Surra de l'Inde sur des Bovidés ayant l'immunité pour le Surra de
Maurice; ces observateurs ont bien voulu nous remettre la Note sui-
vante :
Deux veau\ brûlons sont inoculés de Surra de Maurice le 6 juillet igoS; la maladie
évolue chez eux et, pendant plusieurs mois, il est possible de déceler la présence de
Irypan. dans le sang. Au bout d'une année, les trypan. ne sont plus décelables et une
réinoculation du même virus pratiquée le 19 juillet 1904 permet de constater que ces
animaux ont acquis l'immunité contre le Surra de Maurice,
Deux inoculations successives avec le virus de la Mbori pratiquées les 8 août et
19 septembre 190^ restent sans effet (^).
Le i5 décembre 19014. les deux veaux sont inoculés avec du sang de cobaye très
riche en trypan. du Surra indien, en même temps qu'une vache bretonne neuve devant
servir de témoin. Le sang recueilli les 23 eL 3o décembre 1904 chez la vache infecte à
très petite dose les souris et les cobayes, celui des veaux n'est pas infectant même à
très forte dose. Le 18 janvier 1900, on recueille chez chacun des veaux ico'^'"' de sang
qui sont injectés immédiatement, par moitié, dans le péritoine de deux chiens. Les
quatre animaux inoculés sont encore indemnes le 20 mars.
La vache témoin a eu une infection grave à laquelle elle a failli succomber, son sang
est encore infectant (mars igo.î).
Cette expérience établit indiscutablement l'identité du Surra indien et du Surra de
Maurice.
(') Laveiian et Mesml, Op. cit.. p. 234.
(') Comptes rendus, 1904, t. CXXXIX, p. 901.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N' 13 ) lO^
834 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Celte expérience très intéressante et très concluante est une nouvelle
application d'une méthode qui a donné déjà d'excellents résultats dans
l'étude des trvpanosomiases (comme dans celle des maladies virulentes en
général) et qui peut se résumer ainsi : deux Irypunosomiase:^ voisines étant
données, rechercher si les animaux ayant acquis l'immunité pour l'une
d'elles sont aptes ou non à contracter la seconde.
Dans un récent travail ('), le professeur R. Kochaémis l'opinion que les
expériences basées sur cette méthode, qui nous ont permis de séparer le
Surra du Nagana, n'étaient pas concluantes pour les motifs suivants :
1° Les expériences ont été faites sur des chèvres, c'est-à-dire sur des
animaux qui sont très peu sensibles au Surra et qui, par suite, sont très peu
aptes à l'étude de cette maladie.
2° Les animaux qui paraissent avoir acquis l'immunité pour une trypa-
nosomiase conservent pendant longtemps des trypanosomes et, si le sang
de la chèvre immunisée contre leNagana et inoculée ensuite de Surra s'est
montré virulent, c'est peut-être que cet animal était encore infecté de
Nagana.
3° De ce que des animaux ayant acquis l'immunité pour un trypiuiosome
s'infectent quand on leur inocule un trypanosoine d'une autre origine, on
ne peut pas conclure qu'il s'agit de parasites d'espèces différentes, des ani-
maux qui résistent à une variété peu virulente d'un trypanosome pouvant
être infectés par une variété plus virulente.
Il nous paraît assez facile de répondre à notre éminent contradicteur.
1° Pour se procurer des animaux immunisés contre le Surra ou le Na-
gana, on ne peut pas, bien entendu, avoir recours aux espèces chez les-
quelles ces infections sont toujours mortelles et l'on est obligé d'employer
des animaux, tels que les chèvres, chez lesquels ces trvpanosomiases
peuvent se terminer spontanément (-) par guérison. Le Surra et le Nagana
sont d'ailleurs loin de produire, chez les Caprins, des infections aussi lé-
gères que semble le croire H. Koch; plusieurs chèvres ont succombé au
cours de nos expériences sur ces trypanosomiases. La rareté des trypano-
sonies dans le sang des chèvres infectées n'est jjus un motif sulfisant pour
(') R. Koch, Ueber die Trvpanosomenkrankheilcn {Deitlsc/ie nied. ]\'oclieiisclu\,
1904, 11° 4-7).
(2) Chose curieuse, les animaux guéris d'une trypanosomiase à l'aide d'un traitement,
par l'acide arsénieux et le trypanrolh, par exemple, n'ont pas l'immunité pour cette
Irypanosotniase.
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 835
déclarer ces animaux impropres à l'expérimentation, puisqu'il est facile de
constater, à l'aide des animaux d'épreuve, si l'infection existe ou non et
même à quel degré, d'après la rapidité |)lus ou moins grande avec laquelle
ces animaux s'infectent et d'après la quantité de sang qui est nécessaire
pour produire l'infection.
Nos expériences sur des chèvres ont été confirmées d'ailleurs par des
expériences sur des Bovidés que Roch ne mentionne pas. Vallée et Carré
ont montré qu'une vache ayant l'immunité pour le Nagana restait sensible
au Surra ('). Vallée et Panisset ont constaté de même, par des expé-
riences sur des Bovidés, que les animaux ayant l'immunité pour le Surra ne
s'infectaient pas de Mbori et ils ont pu en conclure que la Mbori n'était
qu'une forme du Surra (-).
La même méthode a donné de bons résultats pour l'étude d'autres try-
i)ano3omiases et les chèvres n'ont pas été les seuls animaux employés. Au
cours de nos recherches, une chèvre et un mouton immunisés contre le
Nagana se sont montrés aussi sensibles au Caderas que des animaux neufs(^).
Ligniéres a fait la contre-partie de cette expérience en établissant qu'un
bœuf, un mouton et un porc guéris de Caderas étaient aussi sensibles au
Nagana que les animaux neufs des espèces corespondantes (*). Enfin No-
card et Ligniéres ont constaté que des chiens ayant l'immunité pour la
Domine se montraient aussi sensibles au Nagana et au Caderas que les
animaux neufs (^).
2" Des animaux guéris en apparence d'une Irypanosomiase, ôt paraissant
avoir acquis l'immunité pour cette maladie, peuvent conserver pendant
assez longtemps des trypanosomes dans leur sang; cela est vrai, mais on
tomberait dans une véritable exagération en faisantdeces infections latentes
une règle générale dans les trypanosomiases. Il ne paraît pas douteux qu'un
grand nombre d'animaux qui guérissent se débarrassent complètement de
leurs trypanosomes. Nous pensons que c'était le cas de la chèvre guérie de
Nagana, qui ne réagissait plus aux injections de sang nagané, dont le sang
n'était plus infectant, qui, à la suite de l'inoculation du Surra, a réagi et
(') Vallée et Carré, Comptes rendus, 19 octobre igoS.
(") Vallée et Panisset, Comptes rendus, 21 novembre 1904.
(^) Laveuan et IVIesnil, Comptes rendus, 17 novembre 1902.
(*) L1GNIÈRF.S, Bol. Agricult. y Ganad., liuenos Aires, f"' février 1903.
(') NocAHD, Soc. de Biologie, 4 mai 1901. — Ligriêrès, Riv. Soc. med.
t. X, igo2, p. ii2-ii4-
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont le sang est devenu infectant à très petite dose pour les animaux
d'épreuve.
L'expérience rajiportée plus haut ne nous semble laisser aucun doute
sur le fait de la guérison complète des deux veaux qui, inoculés successi-
vement avec le Surra de Maurice, avec la Mbori et avec le Surra de l'Inde,
ont fourni en fin de compte du sang qui, inoculé à très forte dose à des
chiens (2 chiens inoculés sur chaque veau avec 5o""' de sang chacun),
n'était pas infectant.
Nous nous sommes assurés que, chez les rats ayant l'immunité pour
Trypan. Lewisi, à la suite d'une atteinte de celte trypanosomiase, le sang
n'était plus infectant. Trois rats guéris ont été saignés à blanc et la totalité
du sang a été injectée dans le péritoine tie rats neufs qui ne se sont pas
infectés. Un des rats d'épreuve inoculé postérieurement avec le Trypan.
Lewisi a contracté une infection intense, ce qui prouve que la première ino-
culation n'avait pas produit chez lui d'infection même légère.
3° Un animal qui a résisté à un virus faible s'infecte quelquefois lors-
qu'on lui inocule un virus fort de même espèce. C'est là un fait connu,
aussi avons-nous prévenu l'objection en inoculant le virus le moins fort à
des animaux ayant acquis l'immunité pour le virus le plus fort. C'est le cas
de notre chèvre qui, immunisée pour le Nagana, s'est infectée de Surra.
C'est le cas du Bovidé de Vallée et Carré qui s'est infecté de Surra dans
les mêmes conditions. Il n'est pas douteux que le Nagana du Zoulouland,
avec lequel nous avons expérimenté, ne soit plus virulent que le Surra de
Maurice.
Le fait qu'un animal immunisé pour une variété d'un trypanosome se
réinfecte quand on lui inocule une variété plus virulente du même trypa-
nosome, ne peut pas être accepté d'ailleurs comme une règle; il semble
plutôt que ce soit une exception. Dans l'expérience rapportée plus haut, on
voit que des Bovidés immunisés avec le Surra de Maurice ne se sont pas
infectés avec le virus du Surra de l'Inde, qui est cependant plus virulent
que le premier.
En résumé : i" Le Surra de Maurice est de même espèce que le Surra de
l'Inde;
2° On peut admettre, à l'heure actuelle, pour le Surra, trois variétés
qui sont, par ordre de virulence décroissante : le Surra de l'Inde, le Surra
de Maurice et la Mbori ;
3° La méthode qui nous a servi à différencier le Surra du Nagana a
donné aussi d'excellents résultats pour l'étude des variétés du Surra.
SÉANCE DU 27 MARS ipoS. 887
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les plantes houillères des sondages
d'Éply, Lesménils el Ponl-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle). Note de
M. R. Zeiller.
Dans les Notes présentées par eux aujourd'hui même à l'Académie (' ),
M. Cavallier et M. Nicklès font connaître les résultats des sondages
exécutés pour la recherche de la houille à Pont-à-Mousson, à Éply et à
Lesménils et dont l'un, celui de Pont-à-Mousson, vient de rencontrer
une couche de houille de o"',70 d'épaisseur. Les empreintes végétales con-
tenues dans les carottes extraites de ces sondages avaient permis, depuis
plusieurs mois déjà, d'affirmer qu'ils avaient atteint le terrain houiller et
de rapporter les couches traversées à l'étage westphalien.
Dans la première quinzaine de juillet igo'i, le sondage d'Éply avait tra-
versé, en effet, des schistes roiigeâtres ou violacés qu'à leur faciès on eût
pris pour des schistes permiens, mais dans lesquels on avait recueilli, entre
681"' et 68/1°, 5o de profondeur, de nombreuses empreintes que MM. Nic-
klès et Villain voulurent bien soumettre immédiatement à mon examen.
J'y avais reconnu les espèces suivantes :
Splienopleris affine à Spli. obtusiloba Biongl., mais non déterminable avec préci-
sion; Sphen. quadridactylites Gulbier; Sphen. Cœmansi Kaàrx; Pecopteris pennœ-
formis Biongt. ; Nevropleris gigantea Sternberg; Nevr. heterophylla Brongl.; Nevr.
rarinervis Bunbury; Linopteris obliqua Bunbury (sp.) {L. sub-Brongniarti Gr.
Euty). — Sphenophyllum sp., probablement assimilable aux formes les plus décou-
pées du Sphen. cuneifoUam Sternb., var. saxiJragœfoUum. — Cordaites principalis
Germar (sp.); Cordaicarpus Cordai Geinilz (sp.).
C'était là une flore westphalienne bien caractérisée, avec deux des
espèces typiques des régions élevées du Aveslphalien, Nevropteris rarinervis
et Linopteris obliqua, qui apparaissent dans le bassin de Valenciennes vers
le haut de la zone moyenne et abondent dans la zone supérieure.
Un peu plus bas, dans les schistes gris traversés entre 684"", 5o et 690"", on avait
rencontré :
JYei'ropteris lielerophylla; Nei.'r. rarinervis: Nevr. tenuifolia Schlot. (sp.);
Linopteris obliqua, accompagné d'autres feuilles du même type générique, mais à
nervation plus finement anastomosée, correspondant exactement aux formes du bassin
(•) Voir infra, p. 898 et
838 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la Sane liguiées par M. Potonié (') comme Lin. neiiropteroi'lcs Gulbier (sp.);
Calamités cî. Cw<« Biongl.; Stigmaria ficoidcs Sternb. (sp.).
Enfin, à ySS"" el "SS™, on a observé : Pecopteris phimasa Arlis (sp.); Lin. obli(ju(i,
Lin. neiiroptcroides; el Sphenophyllum citneifnliiim. var. aaxifraga'folium.
Tvcs échantillons dn somlage de I.esménils, recueillis à diverses pro-
fondeurs comprises entre SoS™ et 1 134"", et qui m'avaient été communiqués
par M. Villain au commencement du mois de février dernier, n'étaient pas
moins probants; j'y avais constaté les espèces ci-après :
SphenopleriS oblu.'siloba Brongt.; Sphen. cf. Dnmcsi Slar ; Pecopteris pennœ/ormix ;
Lonchopteris Defrancei Brongt. (sp.); Ma riopteris miirica ta Sch\ol. (sp.); Mar. lati-
folia Brongt. ( sp.) ; Alethopleris lonchitica Schlot. ( sp.) ; AI. Dacreitxi Brongt. ( sp.) ;
Nevropteri.i cf. Scheuchzeri IIofFm.; New. gigantea; Linopteris neuropteroidcs. —
Sphenophyllum emarginalum Brongt.; Sphen. cuneifolium, var. saœifragœfolium .
— Cingularia ^j/j/crt Weiss (épi). Calamités Cistihrongl. — Lepidophloios? {vamea\Ji\.
mal conservés); I^epidophylltim rnajus Brongt.; I^epidostrobus variabilis Lindl. et
WviW.. — Cordaites borassi/olius Sievnh. (sp.); Cord. cL principalis; Dorycordaites
palmœformis Ga>pp. (sp.); Cordaicarpus Cordai.
On remarque dans cette liste deux espèces, Lonchopteris Defrancei et
Cingularia typica, qui n'ont été observées jusqu'ici que dans le seul bassin
houiller de la Sarre, dans l'étage de Sarrebiùck (-), et dont la présence est
par conséquent intéressante, en ce qu'elle attesterait, s'il en était besoin,
qu'on a bien aiïaire ici à un prolongement de ce bassin.
Enfin, les échantillons du sondage de Pont-à-Mousson que M. Cavallier a
bien voulu me communiquer, recueillis à des profondeurs comprises
entre Sio"" et 818™, c'est-à-dire à peu de distance du toit de la couche de
de houille, m'ont offert :
Mariopleris muricata ; Alethopleris cf. Serli Brongt. (sp.) I^inopleris neitro-
pteroides. — Sphenophyllum cuneifolium, var. sarifragœfolium. — Sigillaria sp.
(Sigillaire à côtes étroites, décortiquée). — Cordai/es cf. principalis; Cordaicarpus
Cordai.
Si l'ensemble de ces espèces indique nettement le westphalien, c'est-à-
dire l'élage de Sarrebrûck (^Saarbritcker Schichlen), il ne permet pas cepen-
dant de préciser exactement à quelle zone de cet étage peuvent être
(') H. PoTOMÉ, Abbildungen und Beschreibungen fnssiler Pllanzen-Rcste,
Lief. II, 28.
(*) Le Lonch. Defrancei a été, il est vrai, d'après M. Potonié, retrouvé dans le
bassin de la Rulii', mais sur un seul point, à la mine de Gladbeck.
SÉANCE DU ^7 MARS IgoS. 83f)
îdenlifiées les couches rencontrées dans ces sondages. Il y a, comme on
sait, dans le bassin de la Sarre deux zones productives, séparées par un
intervalle stérile de Sdo" à 5oo™ d'épaisseur, les untereSaarbrûckerSchichten,
la zone des charbons gras, correspondant à peu près à la zone moyenne du
bassin de Valenciennes, et les minière Saarbriœker Schichten, la zone des
charbons flambants, comprenant deux horizons, dont l'inférieur correspon-
drait à la zone supérieure du bassin de Valenciennes, l'horizon supérieur
renfermant déjà quelques espèces de la flore stéphanienne qui ne se montrent
pas dans le Pas-de-Calais, même dans les couches les plus élevées. Mais la
flore de la zone inférieure de Sarrebrûck et celle de l'horizon inférieur
de la zone moyenne ne diffèrent guère l'une de l'autre que par le degré de
fréquence de certaines espèces, ainsi qu'il ressort des listes communiquées
par M. Potonié à M. Leppla (' ), et ce sont là des différences qui ne sau-
raient être appréciées en connaissance de cause sur les quelques échantillons
que peuvent fournir des carottes de sondages.
Quelques espèces, comme Mariopteris lalifolia, Alethopteris Serli, Nevro-
pleris rarinems, seraient, il est vrai, de nature à faire songer à un niveau
relativement élevé; mais outre, qu'elles apparaissent déjà dans le bassin de
Valenciennes vers le haut de la zone moyenne, certaines autres, comme
Cingularia typica, répandu surtout dans l'étage inférieur de Sarrebrûck,
donneraient plutôt l'impression inverse, et en fin de compte l'incertitude
même où l'on est, pour l'attribution de la flore recueillie dans ces son-
dages, entre la zone inférieure et la zone moyenne, pourrait donner à
penser qu'elle correspond à un niveau intermédiaire, les schistes traversés
au sondage de Lesménils représentant en ce cas le niveau stérde intercalé
entre les deux zones productives de Sarrebrûck. Mais ce n'est là qu'une
pure présomption, ou plutôt même qu'une simple possibilité, et il est im-
possible quant à présent, non seulement de rien affirmer, mais de conclure
même à une probabilité dans l'un ou l'autre sens. Au surplus, au point de
vue pratique, n'est-il pas certain qu'à la distance où l'on est des parties,
même les moins éloignées, actuellement explorées du bassin de Sarrebrûck,
on retrouvera aux mêmes niveaux géologiques la même constitution miné-
ralogique, la même richesse en combustible minéral; il suffit de rappeler,
pour se mettre en garde contre des assimilations trop hâtives, quelles diffé-
rences on observe, dans le bassin de Valenciennes, dans la constitution des
('} A. Leppla, Geologische SIdzze des Saarhriicker Sleiiikohlengebirges, 1904,
p. 22 et 28.
84o ACADÉMIE DES SCIENCES.
dépôts d'un même âge suivant qu'on a affaire à la région du Nord ou bien
à celle du Pas-de-Calais.
Quoi qu'il en soit, et quelque réserve qu'il convienne de garder au point
de vue industriel, les résultats actuellement acquis constituent dès mainte-
nant un remarquable succès au point de vue géologique : dans l'étude qu'il
avait faite en 1902, M. Nicklès concluait (') qu'on pouvait, dans la région
de Pont-à-Mousson, « compter dans une certaine mesure sur l'arasement »
des terrains primaires, et que, sans pouvoir rien affirmer, il était permis
« d'espérer que, l'arête anticlinale ayant été arasée, le permien et leliouiller
supérieur stériles auraient été balayés par la transgression triasique ».
Or c'est là précisément, ainsi que l'atteste la constitution de la flore, ce
qui s'est trouvé réalisé : les sondages sont passés directement du trias infé-
rieur dans le westphalien, et l'on ne pouvait demander une prévision scien-
tifique plus exacte.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés monochlorés du mélhylcyclohexane.
Note de MM. Paul Sabatier et Alp. Mailhe.
Le méthylcyclohexane, issu de l'hydrogénation directe du toluène par
la méthode Sabatier et Senderens {Comptes rendus, t. CXXXII, 1901,
p. 1254), subit régulièrement des substitutions sous l'action du chlore
gazeux, au voisinage de la température ordinaire. Le fractionnement du
liquide obtenu en sépare un produit monochloré, de formule C'H"CI,
qui bout à 1 57^-159° sous la pression ordinaire, en se décomposant un peu,
et qui est semblable à celui que Milkowski avait obtenu par la chloruration
directe de l'heptanaphlène du Caucase. Le liquide qui demeure est formé
de dérivés chlorés supérieurs, d'odeur assez infecte, qui se décomposent
partiellement quand on les distille sous pression ordinaire : en faisant la
distillation sous 20°"", on sépare des produits dichlorés CH'^Cl", passant
de 120° à i3o°; des dérivés trichlorés C'H"CI% passant de 140" à ij5°;
des dérivés tétrachlorés C'H'°CP, passant de 180° à 200°. Contrairement à
ce qui avait lieu pour le cyclohexane (^), nous n'avons pu jusqu'à présent
obtenir aucun produit cristallisé.
(') t^. Nicklès, De l'e-rislence possible de la houille en Meurthe-et-Moselle et des
points oii il faut la chercher, p. 16. Nancy, 1902.
(-) Paul Sabatier et A. Mailhe, Comptes rendus, 27 juillet 1908.
SÉANCE DU 27 MARS 1905. t^4 r
Le dérivé monochloré a été préparé en grande quanlité et, malgré des
rectifications réitérées, le point d'éhnllition est demeuré compris entre
i57°et i59°, sans qu'il ait été possible de resserrer davantage cet intervalle
de températures. Nous en avons conclu que c'est un mélange de deux ou
de plusieurs dérivés chlorés isomères, et nous nous sommes proposé d'en
élucider la constitution.
La formule assignée au méthylcyclohexane :
<■■"■- «<™;:™:>c..-
permet de prévoir l'existence de cinq dérivés monochlorés de formule dif-
férente, le chlore pouvant être substitué, soit dans le terme CH' (dérivé
chloré primaire), soit dans le terme CH (dérivé chloré tertiaire), soit dans
les termes CH-, (2, 3 ou /j) (dérivés chlorés secondaires orlho, meta ou
para). Ces cinq composés sont les éthers chlorhydriques des cinq alcools
correspondants, issus du méthylcyclohexane. Nous avons donc préparé ces
cinq élhers, en faisant réagir à froid le perchlorure de phosphore sur chacun
des alcools : cette formation donne toujours lieu à la séparation d'une cer-
taine dose de carbure naphtylénique CH'-.
Le mél/tylolcyc/o/iexane, C"H".CH-OH, jtréparé par l'action du trioxy-
mélhylène sur le chlorure de cyclohexylm;ignésium (' ), fournit le dérivé
chloré primaire C*H".CH-Cl, liquide incolore, d'odeur analogue à celle
du chlorocyclohexane, f/° = i ,oo38. Il bout sans décomposition appréciable
à 166° sous 760'"'" (corr.).
Les trois mélhylcyclohexanoh secondaires, préparés facilement par l'hy-
drogénation directe des trois crésols sur le nickel réduit (-'), fournissent
de même les trois dérivés secondaires CH\C"H'"Cl.
Le dérivé ortho bouta i56°en se décomposant un peu. Sa densité est
r/»= 1,001.
Le dérivé mêla bout à 107", avec une légère décomposition :",= 1,011.
Ledérivé para bouta i58°, sans décomposition appréciable: r/", = 0,992.
Le mélhylcyclohexanol \.\ (tertiaire), \)réparé par l'action de la cyclo-
hexanone sur l'iodure de méthylmagnésium (' ), fournitle chlorure tertiaire,
(' ) Paul Sabatier et A. Maujie, Comptes rendus, i" août 1904.
(2) Paul Sabatier el A. Mailhe, Comptes rendus, 6 février igoS.
(') Paul Sabatier et A. Mailhe, Comptes rendus. 3o mai 1904.
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N- 13.) Ï07
8^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui bout à i48°-i ji° en se détniisrint assez fortement : r/° =0,996. Ce der-
nier chlorure avait déjà été préparé par Markownikoft" et Tscherdynzeff
(Chem. Centrait., 1900, t. II, p. 63o).
Si l'on compare les points d'ébullilion des cinq chlorures à celui du
dérivé chloré direct du méthylcyclohexane, on en conclut que celui-ci ne
contient en proportion appréciable ni le chlorure primaire, ni le chlorure
tertiaire, mais qu'il peut renfermer les trois chlorures secondaires.
Pour résoudre la question, nous avons, avec une molécule entière
(r32e,5) du dérivé chloré direct, préparé, selon la méthode Grignard, le
composé chloromagnésien correspondant :
., /Cl
Mer
et nous avons soumis ce dernier à l'action prolongée d'oxygène pur et sec.
Ainsi que l'a indiqué M. Bouveault, l'oxydation se produit avec dégagement
de chaleur, et fournit une masse solide cristalline que l'eau froide décom-
pose en oxychlorure de magnésium et alcool, correspondant au dérivé
chloré primitif.
Nous avons ainsi obtenu un mélange de méthylcyclohexanols passant
de i63° à 1 74" ; 'e fractionnement l'a séparé en deux fractions : l'une, repré-
sentant à peu près les f de la dose totale, passe de 164° à 166°; l'autre, qui
comprend environ les |, passe de 171° à 173°. Il n'y a pas de méthylcy-
clohexanone.
La première fraction est formée à'orthomélhylcyclohexanol, bouillant
à i65°. Nous avons v.érif)é que son phényluréthane, prismes assez solubles
dans l'alcool froid, fond à io5°-io6°, comme le phényluréthane de l'alcool
ortho.
La seconde fraction correspond aux points d'cbullition des deux alcools
meta el para. Pour en reconnaître la nature, nous avons préparé le phényl-
uréthane, qui, soumis à la cristallisation fractionnée dans l'alcool froid, se
sépare en cristaux aciculaires assez solubles fondant à 93°, et une quantité
beaucoup moindre de crisîaux peu solubles fondant au-desiius de 1 10°. Le
premier est le dérivé mêla, le second est le dérivé [Kira (').
On voit donc que le dérivé monochloré direct, fourni par l'action du
(') P.vrL Sahatif.r el M,4U.Hr. CoinfUes rendus, 6 fév
SÉANCE DU 27 MARS IQoS. 843
chlore sur le méthylcyclohexane et reclificulion du produit à la pression
orilinaire, est constitué à peu près par :
I de chlorure secondaire ortho ;
' de chlorure secondaire meta, associé à une petite quantité du chlo-
rure ortho. Il n'y demeure pas en proportion appréciable de chlorure pri-
maire, ni de chlorure tertiaire.
Pourtant les analogies indiquent que c'est ce dernier qui doit prendre
naissance de préférence dans l'action directe du chlore sur le carbure.
Mais sans doute soit pendant la réaction elle-même, à cause de la chaleur
qu'elle développe, soit pendant la rectification, le chlorure tertiaire se dé-
double en acide chlorhydrique et métliylcyclohesène i . i . Ces deux derniers
peuvent se recombiner, le chlore se plaçant en position ortho. Le chlorure
ortho ainsi engendré est plus stable que le tertiaire, mais il subit toutefois
une destruction analogue, donnant de l'acide chlorhydrique et du méthyl-
cyclohexène 1 .ri. Ces deux derniers peuvent se recombiner en engendrant
du chlorure meta. Enfin une petite portion de celui-ci se dissocie de même
«n acide chlorhydrique et mélhylcyclohexène î.3, dont la recombinaison
fournit une certaine dose du chlorure para. Finalement, tout le chlorure
tertiaire primitif a disparu, laissant seulement un mélange des chlorures
secondaires ortho, meta, avec un peu de para.
M. (iKASDiDiEK, présentant une série de Cartes de l'archipel arctique
américain, s'exprime en ces termes :
J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie, au nom de leur
auteur, M. Isachsen, capitaine de cavalerie dans l'armée norvégienne, une
série de Cartes à diverses échelles de l'archipel arctique américain qui est
situé au nord de la baie de Baffin et au nord-ouest du Groenland entre 75"
et 82° de latitude nord, et 82" et 109° de longitude ouest de Paris.
Ces Cartes ont été levées par le capitaine Isachsen, qui était le topograj)he
de l'expédition Sverdrup, pendant les quatre années et demie que la mission
est restée dans ces régions; elles apportent une très notable addition à nos
connaissances sur les terres polaires. Eu effet, la plus grande partie de
l'énorme surface que couvre l'archipel arctique était inconnue. Les Cartes
dressées par M. Isachsen nous révèlent un amas de grandes îles dont il a
tracé les conloiirs avec exactitude : côLe nord de North Devou, côtes sud
et ouest des Terres du Roi Oscar et de Graut, lies d'Heiberg, de Ringnes et
du Roi Christian, chenal du Prince Royal Gustave qui les sépare.
S/i/t ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Sverdrup a inséré clans le récit de son voyage la Carte d'ensemble de
ces terres à „„„l„„„, d'après les levés du capitaine Isachsen ; mais les Cartes
à grande échelle des alentours de la baie de Buchanan et du Jones Sound,
que j'ai l'honneur de déposer aujourd'hui sur le bureau de l'Académie et
qui sont à ^~^^, sont inédites. Le courage et le soin avec lescpiels
M. Isachsen a fait ses levés dans ces régions inhospitalières, où le travail
est si dur et si pénible, méritent nos éloges.
M. A. GiARD fait hommage à l'Académie d'une brochure intitulée : Les
tendances actuel/es de la Morphologie et ses rapports avec les autres sciences.
(Conférence faite au Congrès des Sciences et Arts de l'Exposition de
Saint-Louis.)
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
res|)ondant, pour la Section de Mécanique, en remplacement de M. W.
Gibbs.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 53,
M. van't Hoff obtient la majorité absolue des suffrages.
M. va\'t Hoff est élu Correspondant de l'Académie.
CORRESPONDANCE.
M. S.-W. BcRXHAM adresse des remerciments à l'Académie pour la
distinction dont ses travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique.
ASTRONOMIE. — Ephèmérlde pour la recherche de la première comète pério-
dique de Tempel (1867 II) en 1900. Note de M. R. Gautier, présentée
par M. Lœwy.
Découverte en 18O7, observée de nouveau en 1873 et en 1879, la pre-
mière comète périodique de Tempel n'a pas été revue à des retours prévus
de i88j, de 1892 et de 1898. Il est inutile de revenir ici sur l'histoire de
SÉANCE DU 27 MARS igo.*). 845
cette comète dont j'ai donné un aperçu dans une Note insérée awK Comptes
rendus du 2 mai 1898 ('). Je rappelle seuletnent que les perturbations exer-
cées par Jupiter sur le mouvement de la comète on t eu pour effet d'augmenter,
dans une forte proportion, la distance périhélie de la comète; elle est actuel-
lement presque le double de ce qu'elle était en 1867. Puis, il est probable
que l'éclat intrinsèque de la comète a diminué.
Doit-on, pour cela, la considérer dès maintenant comme dissipée et per-
due pour nous? C'est possible, mais ce n'est pas du tout certain, et il m'a
semblé qu'il fallait tenter encore une fois sa recherche cette année. Voici,
en particulier, pourquoi : Le retour de i8g8 se faisait dans de mauvaises
conditions, rop[)osition de la comète ayant eu lieu, cette année-là, six mois
avant l'époque du passage au périhélie. Le retour de igo5 se présente beau-
coup mieux, le passage au périhélie se produisant au printemps, peu avant
l'opposition.
Je n'ai cependanl pas jugé nécessaire de continuer le calcul des perturbations exer-
cées par Jupiter de 1898 à 1900 sur le mouvement de la comète. Celle période corres-
pond à un éloignemenl toujours très grand des deux astres et l'action troublante de la
planète a dû être faible, comme elle l'avail été de 1878 à 1879 et de i885 à 1892. Je
suis donc parti, pour le calcul de l'éphéméride de 1905, des éléments de l'orbite que
j'avais obtenus en 1898 (^). Ces éléments donnent, comme date du passage au périhélie,
le 19 avril 1905. Pour tenir un peu compte de l'action des planètes, action qui se mani-
feste en général par un retard, j'ai reporté celle date au 20 avril à minuit. Je n'ai rien
changé aux valeurs des autres éléments, et j'ai basé mes calculs sur le système d'élé-
ments suivants :
T= igoS, avril 20,5, t. m. Berlin. (== io°/i7'2
ii=: 542", 68. Q= 7'-*°4i'7
o / , ^o../ '- \ moyen 1900.
ç.=: 230420. aj=lt)8"4oo) •' ^
equinoxe
Le calcul des perturbations n'ayant pas été fait pour la dernière période, de 1898
à igo.j, et l'exactitude de la valeur du moyen mouvement diurne d'un astre, qui n'a pas
été observé depuis 26 ans bientôt, ne pouvant pas être garantie, j'ai admis que l'époque
du passage au périhélie pouvait être erronée de it 12 jours, et j'ai calculé trois éphé-
mérides parallèles, en fixant celte date au 2,5 iiiai,au20,5 avril et au 8,5 avril. Pour
l'éphéméride centrale, calculée sur les éléments ci-dessus, l'opposition doit avoir lieu
le 6 juin à une distance de i.ii de la Terre. Pour les deux autres, l'opposition aurait
lieu quelques jours avant et après. Cette triple éphéméride sera publiée tout au long
dans les Astronomische NachriclUen. J'en donne seulement ici une partie en me bor-
(') Comptes rendus, t. CXXVl, p. 1207.
(-) Comptes rendus, t. GXXVI, p. 1259.
846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nanl à fournir les positions de la comète de i en 4 jouis pour minuit, temps mojen
de Berlin.
Epliéméridc pour minuit, temps moyen de Berlin.
1905,0. 5 1905,0.
Date.
T = avi
■il 20,5.
— — =« -~
-— — .— — -
1905.
a 1905,0.
G 1905.0.
a 1905,0.
2 1905,0.
Mars 27,5
i6'.'53T26'
-'6- 9.9
Il m 5
17. 16. 18
-i8°. 2,3
3i,5
57. 7
27-9
20.46
21 , I
^vrii 4,5
J7. 0.23
46,2
24.5.
40,2
8,5
3.14
— 17. 5,0
28.32
59,8
12,5
5.35
24,3
3. .48
— 19.20,0
16,5
7.28
44,4
34.37
4> , I
20,5
8.52
-18. 5,4
36.58
—20. 3,3
24,5
9.45
27,4
38.49
26,5
28,5
(0. 6
5o,5
4o. 10
5o,9
\UÏ 2,5
9.55
-i9-'4,6
40. 58
— 21 . 16,5
6,5
9. i3
39,7
41-.3
43,4
ao,5
S. 1
— 20. 5,8
40.56
-22.11,4
i4,5
6.20
32,9
40. 8
4o,4
18,5
4- 14
—21- 0,7
38. 5o
-23.10,3
22,5
J.4S
28,9
37. 4
^ 40,9
26,5
16. 58. 58
37,4
34.-52
3o,5
55.57
— 22.26,0
32.18
43, '0
luin 3,5
52.48
54,3
29.26
-25.13,9
7>5
49-37
-23.22,2
26.22
44,2
11,5
46.29
49.4
23.1.
— 26. i3,5
i5,5
43. 3o
— 34.15,9
19-59
4i,6
.38. ic)
-i9:36',5
43.30
54,9
48.20
—20. i3,6
52.48
32,9
56.52
52,8
, 0.32
-2i.i3,5
3.45
35,4
6.3o
58,4
8.46
—22.22,6
10. 3i
48,1
11-44
-23.i5,i
12.25
43,5
12.33
-24.13,3
12. 9
44, 1
11.13
— 2J. 16,0
9-48
48,5
7.53
— 26.21,5
5.34
54,5
2.54
— 27.27, 1
59.58
58,9
.56. 5o
— 28.29,5
Il ne me reste plus qu'à exprimer le vœu que les observatoires, qui dis-
posent d'instruments à grand pouvoir optique ou d'instruments photogra-
phiques appropriés à la recherche des astres faibles, veuillent Lien scruter
attentivement le ciel dans les régions comprises entre les limites extrêmes
de celle éphéméride. Il serait de la plus haute importance, pour la théorie
de cette comèle intéressante, que l'on pût enfin obtenir quelques obser-
vations au cours de cette opposition, qui se présente mieux que la précé-
dente, au point de vue de la distance à la Terre. La position de la comèle
est, en revanche, assez australe et les observatoires qui seront le mieux
placés pour sa recherche sont ceux qui sont situés à des latitudes basses de
notre hémisphère ou dans l'hémisphère austral.
SÉANCE DU 27 MARS ipoS. 847
MÉCANIQUE. — Sur la loi de Coulomb. Note de M. L. Lecornu,
présentée par M. Painlevé.
Les observations que M. Painlevé a bien voulu formuler, dans la séance
du i3 mars, au sujet: de ma Communication du 7, appellent de ma part
quelques explications complémentaires. Ainsi que je l'ai indiqué, mon but
était simplement d'établir la possibilité de concilier la loi de Coulomb sur
le frottement de glissement avec les équations de la dynamique, en tenant
compte de l'élasticité des solides naturels. Il est incontestable que la moindre
force appliquée à un pareil solide entraîne une déformation correspon-
dante, et c'est là un fait qu'on n'a pas le droit de négliger a priori. Pour le
faire figurer dans les calculs, j'ai supposé la proportionnalité de chaque
force élémentaire au déplacement de son point d'application : c'est l'hypo-
thèse usitée dans la théorie de la résistance des matériaux. J'ai examiné
séparément l'influence de la déformation normale, puis celle de la défor-
mation langentielle, et montré que chacune d'elles suffit, à elle seule, pour
faire disparaître les difficultés signalées. Sans doute, il serait plus logique
de considérer simultanément les deux effets; maison compliquerait ainsi
le problème sans grand profit pour la discussion des princi|)es; d'ailleurs
la part d'influence de chaque mode de déformation dépend de la constitu-
tion des corps mis en présence.
Maintenant, on peut se demander jusqu'à quel point les résultats aux-
quels je suis parvenu doivent être tenus pour vraisemblables : c'est là une
question d'appréciation.
Ainsi que le fait remarquer M. Painlevé, l'accélération du mouvement
d'enfoncement du disque, calculée en négligeant la déformation tangen-
tielle, est supérieure à l'accélération en chute libre et elle est en outre
d'autant plus grande que la planche est plus résistante; mais le temps
nécessaire pour anéantir la vitesse de glissement diminue à mesure que
cette accélération augmente, de sorte que je ne vois là rien de paradoxal.
Quant à la grandeur des forces mises en jeu, elle est analogue à celle
que l'on constate dans tous les phénomènes de percussion.
En ce ((iii concerne l'exennple cité sous le 11" o par M. Painlevé, l'équalion n'est vraie
que si le point C n'est soumis à aucune traclion. S'il existe une traction T, cette équa-
tion devient
K--)- /^cos-e^ ' ' tv-H- ^-cos-(J
848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et, dans ces conditions, il n'est plus permis de dire que C doit s'arrêter avant que 0
ait atteint la valeur 0,, si grande que soit la traction T. Relativement à l'exemple du
n" 6, il n'est pas douteux que, si tangœ < /, la roue ne peut être mise en mouvement par
un couple agissant dans le sens indiqué : à l'état statique un pareil couple n'aurait,
suivant moi, d'autre efTel que d'appliquer fortement la roue contre ses guides, ce qui
permettrait le développement de la force tangenlielle nécessaire pour équilibrer le
couple. C'est là un fait à' archonte ment analogue à ceux qui se rencontrent couram-
ment dans la statique des systèmes doués de frottement. Ajoutons que, plus le couple
serait grand, plus les pressions normales seraient considérables, et que ces pressions
produiraient un surécartement des guides, en vertu duquel la roue se coincerait de
plus en plus, en glissant sur le guide dénué de frottement et roulant sur l'autre.
En somme, l'arcboutement slalique est connu depuis longtemps, et sa
constatation expérimentale constitue une vérification de la loi de Coulomb ;
les phénomènes dont il s'agit présentement ne sont autre chose que des cas
à'arcboutement dynamique, différant des autres par l'intervention des forces
d'inertie, qui prennent momentanément des valeurs considérables. Il serait
assurément intéressant de soumettre à leur tour ces phénomènes au con-
trôle de l'expérience; mais, lors même que les prévisions du calcul se trou-
veraient déjouées, tout ce qu'on pourrait en conclure, c'est que la loi de
Cotdomb est physiquement fausse : on ne serait pas fondé à ajouter qu'elle
est incompatible avec les principes généraux de la Mécanique, et il demeu-
rerait loisible d'imaginer l'existence de solides élastiques obéissant à cette
SPECTROSCOPIE. — Sur un nouveau dispositif pour l'emploi des méthodes de
spcctroscopie interfèrentielle. Note de M. Cii. Fabry, présentée par
M. H. Deslandres.
Lorsqu'on veut étudier par les méthodes interférenlielles les diverses
radiations d'im spectre un peu complexe, il est nécessaire d'isoler ces
diverses radiations et de les étudier séparément. On est amené, pour cela,
à former un spectre de la source qu'on étudie et à isoler avec une fente
une radiation de ce spectre, pour l'envoyer ensuite dans l'appareil interfé-
rentiel. C'est ce que nous avons fait, M. Perot et moi, pour appliquer notre
méthode des franges de lames argentées (') au spectre du fer et au spectre
(') Fabry et Perot, Théorie et applications d'une nouvelle méthode de spcctro-
scopie interfèrentielle {Annales de Chimie et de Physique, 7° série, t. XVI, 1899,
p. ii5).
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 849
solaire (' ). L'emploi de ce disposilif n'est pas sans présenter quelques dif-
ficultés : il est difficile de séparer des raies très rapprochées, à moins
d'employer des fentes extrêmement fines qui laissent passer fort peu de
lumière; l'observateur qui regarde les anneaux d'interférence ne sait pas
par quelle radiation ces anneaux sont produits, et il faut employer des dis-
positifs convenables pour éviter toute confusion; enfin, l'emploi de cette
méthode ne permettrait sans doute pas l'élude de l'ultra-violet par la pho-
tographie : il faudrait un tâtonnement peu commode pour amener sur la
fente une raie non visible et, si même ce problème était résolu, on ne pour-
rait ainsi étudier qu'une radiation après l'autre, et l'on perdrait un des
grands avantages de la méthode photographique, qui est de donner en une
pose les matériaux nécessaires à de nombreuses études.
Ces considérations m'ont amené à étudier le dispositif suivant, qui fait
disparaître ces difficultés. Il s'applique à toutes les méthodes inlerféren-
tielles; je supposerai qu'on veuille l'appliquer à la méthode des franges de
lames argentées, qui présente de grands avantages.
On veut étudier un spectre formé de nonibreuses raies brillantes, tel que le spectre
du fer dans l'arc électrique. La source de lumière est placée au foyer d'une lentille
d'une dizaine de centimètres de distance focale, et le faisceau émergent traverse
l'appareil interférentiel, composé de deux surfaces de verre argentées, placées en
regard et rigoureusement parallèles. On sait que cet appareil donne, en lumière mono-
chromatique, des anneaux d'interférence localisés à l'infini. Une lentille, placée à la
suite, projette dans son plan focal une image de ces anneaux, lis n'y sont pas directe-
ment observables à cause du grand nombre de radiations monochromatiques superpo-
sées, qui produiraient une confusion inextricable; il s'agit de les séparer. Je place
pour cela, dans le plan focal où ces anneaux viennent se peindre, la fente d'un spec-
troscope sans astigmatisme. Cette fente étant laissée un peu large, on verra, dans
l'oculaire du spectroscope, chaque raie sous forme d'un rectangle, dans lequel se
dessinent les anneaux correspondants. Si les radiations du spectre ne sont pas très
nombreuses, on peut laisser la fente très large, et observer des anneaux, complets; si
les raies sont serrées, on rétrécira la fente, et l'on verra seulement des portions d'an-
neaux, parfaitement suffisantes pour toutes les éludes. On peut arriver à une fente
presque linéaire, et chaque raie apparaît alors comme formée de points brillants sé-
parés par des espaces sombres; la position de ces points brillants fournit les mêmes
renseignements que donne, dans le cas ordinaire, l'aspect des anneaux.
Dans tous les cas, on a une vue d'ensemble du spectre, et l'on ne peut commettre
aucune erreur sur la radiation que l'on examine. Tous les anneaux sont, à la fois, con-
centrés sur le petit rectangle correspondant, et une seule pose photographique permet
(') Fabhy et Pv.n.or, Annales df Chimie et de Physique, 7= série, t. \XV, 1902.
C. R., 19C.5, 1" Semestre. (T. CXL, N" 13.) I-'7
Eau.
o,5o
1,35
i8',3
2,o4
16,7
At. K.
1,71 16,7
2,22 16
3,7 l4,2
3,71
V. — Acide trichloracétique (renfermant une trace d'eau).
At. k. At. K-
0,7/4
20,5
>.94
•8,9
1,06
'9'7
2,07
18
1,40
18,3
VI.-
- Acide sulfu
riqiie (fondant de 10°, 28 à
10", 48)-
At-
K.
At.
K.
o,3i
19.2
2,12
'9.2
0,98
19.9
2,68
'9.9
1,66
•9>5
3,o4
'9.6
Vil. -
lodure de polassiiim.
At.
K.
At.
K.
o,o35
4o
0,82
4o
o,i4
40
I
39,8
VIII. — Nitrate de potassium.
At. k. At. k.
0,20 4o,3 0,32 4o,2
o,3i 38,9
Dans les mesures VII et VllI je me suis arrêté quand la solution était presque
saturée.
On voit que les courbes obtenues en portant les \j en abscisses et les K
en ordonnées sont des droites descendant vers l'axe des A, lorsqu'on envi-
SÉANCE DU 27 MARS IQoS. 857
sage l'alcool, le chloroforme, le benzène et l'eau. Leurs ordonnées à l'ori-
gine sont presque les mêmes, elles sont comprises entre 19 et 20 ; ce nombre
doit donc représenter la constante cryoscopique de l'acide cyanhydrique.
La même ordonnée à l'origine se rencontre chez les droites correspon-
dant aux cas des acides trichloracétique et sulfurique. LeS idées que l'on se
fait des ions nous conduisent alors à tirer la conséquence suivante : les
deux acides, quoique fortement dissociés clectrolytiquement en solutions
aqueuses, ne le sont passensiblement en solutions cyanhydriques de mêmes
concentrations, et ceci s'accorde parfaitement avec les observations de
Kahlenberg, d'après lequel ces solutions sont mauvaises conductrices. Les
idées de Nernst ne s'appliquent donc pas dans ce cas, du moins sans cor-
rections.
Par contre, d'après Kahlenberg, les solutions cyanhydriques des sels de
potassium sont meilleures conductrices que les solutions aqueuses de
même concentration. Or j'ai trouvé justement qu'elles fournissent des
abaissements doubles de ceux observés dans les six premiers cas; tout se
passe donc ici comme si l'iodure et le nitrate de potassium étaient presque
complètement dissociés en deux ions.
J'ajouterai que, dans tous les cas étudiés, la distillation m'a permis de
récupérer à l'état de pureté la presque totalité de l'acide cyanhydrique
utiUsé.
CHIMIE ORGANIQUE. — Éthylate ferrique. Note de M. Paul îVicolardot,
présentée par M. A. Ditte.
En 1884, Grimaux (') annonça qu'il avait préparé l'éthylate ferrique
Fe^(C^H^O)* à l'état de liquide ou de vernis brun, en traitant le perchlorure
de feranhytire, en solution dans l'alcool absolu, par 6"°' d'éthylate de
sodium. D'après ce savant, il se dépose du chlorure de sodium pur et, dans
la liqueur, il ne reste plus de chlore.
Traité par l'eau, le liquide brun se coagule plus ou moins vite, suivant
la quantité d'eau ajoutée; mais, au début, la solution présente tous les
caractères des composés préparés par M. I>échamp en solution aqueuse et
dont j'ai établi récemment la vraie nature (-).
(•) Comptes rendus, t. XCVIII, 1884, p. io5.
(-) Comptes rendus, t. CXL, igoS, p. 3io.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL,' N° 13.) ' 09
858 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si réellement l'éthylate t'errique ne renfermait pas de chlore, il permet-
trait de préparer par addition d'eau l'hydrate ferrique soluble hypothétique ;
il serait lui-même l'alcoolate ferrique soluble. Au point de vue de la nature
des combinaisons ferriques dites complexes, ce point étant d'une impor-
tance capitale, j'ai cru devoir reprendre l'étude de l'éthylate ferrique.
En opérant dans les mênnes conditions indiquées par Grimanx, on observe tout
d'abord que le précipité obtenu n'est jamais blanc. Il est toujours ferrugineux et ne
peut être considéré comme du chlorure de sodium pur.
En ajoutant l'éthylate de sodium molécule par molécule, on obtient toujours un pré-
cipité ferrugineux, et l'on constate que la réaction de l'éthylate sur le perchlorure se
produit très lentement, comme dans le cas d'une élhérification. Le précipité ferrugi-
neux n'est pas insoluble dans l'alcool absolu; il ne le devient qu'à la longue. En solu-
tion alcoolique se produit une réaction semblable à celle que l'on obtient en ajoutant,
dans une solution aqueuse de chlorure ferrique, des oxydes (de plomb, d'argent, etc.)
dont les chlorures sont insolubles dans l'eau. Il se forme un composé soluble de la mo-
dification brune ou jaune et un précipité renfermant tout l'oxyde ajouté avec du fer.
Ce précipité, pendant quelque temps, est soluble dans l'eau.
Quand on a ajouté un peu plus de 5™°' d'éthylate de sodium au perchlorure de fer,
on obtient, en attendant un temps suffisant pour permettre à la réaction de se produire
complètement, un composé brun, renfermant plus de i""' de sesquioxyde de fer pour
imoi de chlore. Ce composé est soluble quand on le traite par l'eau. En continuant
l'addition de l'éthylate, on prépare toute une série de termes qui deviennent identiques
aux composés de la modification brune, lorsqu'on les additionne d'eau. Le dernier
terme s'obtient en traitant le perchlorure par (3™°' d'éthylate. Après avoir laissé à
l'éthylate de sodium le temps de réagir, on obtient une liqueur brune qui retient tou-
jours du chlore. Le rapport de l'oxyde au chlore est alors
Fe20':Cl = 22: 1,
rapport très voisin de celui observé dans les termes les plus polymérisés de la modifi-
cation brune en solution aqueuse.
En solution alcoolique, on retrouve donc le premier et le dernier terme obtenu en
solution aqueuse.
Si l'on cherche à enlever tout le chlore par addition d'une nouvelle quantité d'éthy-
late de sodium, on constate qu'il ne se produit aucun précipité, quelle que soit la quan-
tité d'éthylate ajouté. La liqueur ferrique reste toujours d'un brun noir et, au bout
d'un certain temps, elle ne renferme que des traces insignifiantes de chlore.
Mais le composé n'est pas non plus de l'éthylate ferrique, il renferme
des quantités plus ou moins grandes de sodium, que l'analyse met en évi-
dence. Il est, d'ailleurs, facile de constater immédiatement la présence du
sodium en traitant la liqueur par l'eau ; si l'on a ajouté beaucoup d'éthylate
de sodium, il se forme un précipité immédiat, (^e précipité est dû à la trans-
SÉANCE DU 27 MARS IQoS. 809
f'ormalion du sodium en soude; celle-ci réagit sur le dérivé ferrique et le
précipite. La liqueur surnageante possède, d'ailleurs, une réaction forte-
ment alcaline. Le composé n'est donc pas de l'élbylate ferrique, mais une
combinaison de fer et de sodium, soluble dans l'alcool.
Il est possible d'obtenir un composé de cette nature, soluble dans l'eau,
qui ne précipite pas paries alcalis. Pour cela, il suffit d'ajouter un très léger
excès d'éthylale de sodium en plus des 6™°'. A la longue, le chlore est en-
tièrement entraîné sous la forme du précipité déjà décrit et la solution sur-
nageante étendue d'eau n'est plus précipitée par l'ammoniaque, ni par la
soude, même à l'ébuUition.
On peut donc, dans l'alcool absolu, obtenir des combinaisous de fer et
de sodium analogues qui dans l'eau s'obtiennent en présence des polyalcools,
des acides à fonction alcool et phénol, et c'est ce qui permet d'expliquer,
comme je l'avais indiqué précédeinmeut, |)ourquoi les précipités obtenus
à l'aide des acides à fonction alcool ou phénol se redissolvent dans les
alcools.
En résumé, Vélhylale ferrique soluble n'existe pas plus que Xhydtale
ferrique soluble.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les urées subslituées de la leucine (/) naturelle.
Note de MM. Hugoune.vq et Morel, présentée par M. Armand Gautier.
La carbimide de l'éther élhylique de la leucine
COAzCh( \ch«
^CO-OC^H^
préparée, comme il a été dit dans une Note précédente, nous a permis
d'obtenir les urées substituées suivantes :
AzH - CH - CH-— CH<^J^Jj'
1° Acide leucine-liydantoCquc C0{ COOH • — Une molé-
^AzH^
cule de la carbimide réagit sur une molécule de AzH' dissoute dans l'eau, avec un
dégagement de chaleur tel qu'il est bon de refroidir. On obtient l'éther éthylique de
l'acide leucine-hydantoïque. Cet étiier, saponilié par ébullition avec l'eau alcaline,
donne l'acide correspondant qui se précipite ijuand on acidulé par un acide minéral.
Il a été identifié par l'analyse élémentaire et par le point de fusion (300°) avec le pro-
^6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
diiil que nous avons obtenu par action de la leucine sur Turée el avec le corps
obtenu par I^inner (') en cliauflant avec l'urée la cyanhydrine de la valéraldélnde
(C'H^-CHOH-GAz)
puis hydratant par la baryte l'h^danloïne obtenue.
2° Urée niLcle de la leucine et de l'aniline C0( TWr. ' \COOH —
Une molécule de la carbimide réagit sur une molécule d'aniline avec dégagement de
chaleur pour donner l'élher élhylique de l'urée mixte. Celui-ci, privé de re.\.cès
d'aniline par lavage à l'eau chiorhydrique, puis saponifié, donne un acide qui se préci-
pite de ses solutions alcalines, quand on acidifie la liqueur, sous la forme d'un liquide
épais cristallisant difficilement.
L'urée obtenue cristallise, par un refroidissement prolongé, en fines aiguilles fondant
à iiS"; ce point de fusion diffère de celui de l'urée (i65°) d'Emil Fischer {^) résultant
de l'action de l'isocyanate de phényle sur la leucine racémique synthétique et il
diffère également du point de fusion (120°) du dérivé de l'isoleucine préparée par
Ehrlicl, (3).
L'urée mixte de la leucine naturelle el de l'aniline est un corps cristallisé, blanc, très
peu soluble dans l'eau froide, plus soluble dans l'eau bouillante, plus soluble dans
l'alcool el l'élher, donnant des sels alcalins solubles et un sel de cuivre d'un beau bleu
vert, peu soluble dans l'eau, soluble dans l'alcool. Ses sels de plomb el d'argent sont
insolubles.
0° Urée symétrique de la leucine COf La car-
\az1I_Ch(;^0«« /C1I3
bimide (i molécule), versée goutte à goutte dans une solution sodique de leucine
naturelle (i molécule) refroidie à 0°, réagit quand on agite les deux liquides. Après
3o minutes, la carbimide disparaît et tout se dissout dans l'eau; il s'est fait une urée
mixte de l'éther éthylique et du sel de soude de la leucine; ou saponifie cet éther par
ébullilion au sein de l'eau et l'on précipite par acidification un acide qui est l'urée
symétrique de la leucine.
Ce corps cristallise très difficilement, soit au sein des dissolvants, soit à l'état sec dans
le vide, même au-dessous de 0°. U est peu soluble dans l'eau froide, plus soluble dans
l'eau bouillante d'où il se précipite par refroidissement en formant une éniulsion. Il
est très soluble dans l'alcool, soluble dans l'élher et la benzine. Il donne des sels
alcalins solubles dans l'eau, un sel de cuivre soluble dans l'eau et l'alcool; un sel de
plomb et un sel d'argent insolubles.
(') PiNNER, Ber. d. deutsch. Chem. Ges., t. X\ el XXII.
{-) Fischer, Ber. d. deutsch. Chem. Ges., t. XXXIII, p. 2881.
(') Ehrlich, Ber. d. deutsch. Chem. Ges., t. XXXVII, p. i83o.
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 861
iN^ous poursuivons sur ce corps inLéressant des recherches en vue
d'étudier l'action qu'exercent sur lui les diastases.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques iodomercurates de pyridine.
Note de M. Maurice François, présentée par M. H. Moissan.
Dans une précédente Communication j'ai étudié la combinaison de la
pyridine el de l'iodure mercurique (G'H'^ Az)2HgI- et montré qu'elle avait
des propriétés bien différentes de la combinaison de même forme d'une
aminé primaire (').
Outre ce composé, j'ai pu préparer à l'état de cristaux volumineux et
bien purs quatre combinaisons d'iodhydrate de pyridine et d'iodure mercu-
rique, c'est-à-dire quatre iodomercurates de pyridine.
Ces composés prennent naissance par action d'une solution d'iodhydrate
de pyridine sur l'iodure mercurique. Ils se forment encore par mélange
d'une solution de chlorhydrate de pyridine contenant ou non un excès
d'acide chlorhydrique, sur une solution d'iodure mercurique dans l'iodure
de potassium, solution analogue au réactif de Valser et obtenue en dissol-
vant 100° Hgl- et 7.58 Kl dans assez d'eau pour obtenir un litre de réactif.
Je ferai remarquer que la pyridine hbre donne avec la même solution
mercurique non un iodomercurate, mais le composé (C'H* Az)-llgl-, dont
j'ai parlé plus haut, fondant d'après mes expériences à 1 12'^ en un liquide
jaune.
1° (C=H5Az.IlI)2HgI-. — On prépare ce corps en mélangeant 20"»" de pyridine el
20™' d'acide chlorhydrique, puis ajoutant à ce mélange 100'"'' de la solution d'iodure
mercurique ci-dessus indiquée; il se forme un trouble abondant, puis il se dépose ua
liquide huileux jaune.
On porte au bain-marie pendant quelques instants, on laisse refroidir à 3o" et Ton filtre à
cette température le liquide surnageant. I^ar refroidissement complet, ce liquide laisse
déposer des cristaux nacrés incolores qu'on essore à la trompe sans lavage et qu'on
dessèche dans l'air sec; l'eau mère réchauffée avec le liquide huileux jaune resté au
fond du vase en dissout une nouvelle portion et fournit de nouveaux cristaux. Le ren-
dement est de i5,io à chaque cristallisation.
Cet iodomercurate a donné à l'analyse :
Mercure pour 100 : 22,64; iode pour 100 : 07,80; pyridine pour 100 : ig,36.
Il est en tables incolores et fond à iSg".
(') Comptes rendus, t. CXXXVII, p. 1069.
862 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° CMi'^Az.III.HgP. — Il se produit dans les mêmes conditions que le précédent
lorsque la |)roportion de pyridine est plus faible; 5''"' de pyridine transformée par
addition d'acide chlorhydique en chlorhydrate légèrement acide et occupant 25''"'', sont
versés goutte à goutte dans 5oo""' de la solution mercurique ci-dessus maintenue à
l'ébullition. La liqueur reste transparente, mais par refroidissement il se dépose des
gouttelettes jaunes huileuses qui se rassemblent en une couche volumineuse; puis, ce
qui reste dissous cristallise en aiguilles jaunes. On sépare facilement les cristaux de la
couche inférieure solidifiée et on les recueille comme les précédents, sans lavage.
On l'obtient par une méthode plus régulière en chauffant au bain-marie dans une
fiole conique de 750™', i^,7rj d'iodure mercurique, .'ie,54 d'iodhydrate de pyridine et
10'^"'' d'eau. La combinaison se fait rapidement et il se produit un liquide dense inso-
luble, de couleur jaune foncé, se solidifiant par refroidissement. On ajoute 625''"' d'eau
et l'on chauffe de nouveau; le liquide jaune se dissout en i heure environ. La solution
abandonnée au refroidissement (temp. voisine deo") laisse déposer des aiguilles jaune
pâle ayant plus de 5"", qu'on recueille sans lavage et qu'on sèche à l'air.
Ce composé fond à i5i° et a fourni à l'analyse :
Mercure pour 100 : 3o,2o; iode pour 100: 07,62; pyridine pour 100: 12, o5.
Les deux com[)osés siiivanîs se produisent lorsque l'iodhydrate de pyri-
dine est chauiré en présence d'nn grand excès d'iodnre mercurique.
3° (C'H' Az.HI)^(HgP)^. — On chauffe pendant 2 heures vers 90° dans un grand
matras gs d'iodhydrate de pyridine, 188 d'iodure mercurique et 25oos d'eau. Il reste
de l'iodure mercurique non dissous. On laisse refroidir à 60°; pendant ce refroidisse-
ment, il se dépose un peu d'iodure mercurique; mais, vers 60°, apparaissent quelques
cristaux jaunes. On filtre rapidement à cette température et on laisse refroidir jusqu'à 20°;
les cristaux déposés sont immédiatement séparés pour éviter la cristallisation de l'io-
domercurate précédent; ils sont essorés à la trompe sans lavage et séchés sur du chlo-
rure de calcium. Le rendement est de 5s, 3o.
Ce corps est en cristaux d'un jaune plus foncé que le précédent et fond à 101°. Son
analyse a donné :
Mercure pour 100 : 33,42 ; iode pour 100 : 57,89 ; pyridine pour 100: 9,17.
4° C'H'Az.HI(Hgl')^. — Ce composé a été obtenu en dissolvant 6o5 d'iodure mer-
curique dans 90""' d'acide iodhydrique incolore à 33 pour 100, complétant avec de
l'eau eoD"^""' et versant dans ce mélange 90""' de solution aqueuse de pyridine à i pour
100. Il se forme un précipité qu'on redissout à la chaleur du bain-marie. Par refroi-
dissement, il se dépose des cristaux jaune d'or en tables très brillantes que l'on sépare
de leur eau mère après 2 heures pour éviter la cristallisation de l'iodomercurate
C^H^Az.HI.HgP.
Ces cristaux sont déposés humides sur une plaque de porcelaine poreuse et séchés
sur l'acide sulfurique à l'obscurité. Ils brunissent généralement pendant cette dessic-
cation par suite de la production d'une trace d'iode aux dépens de l'eau mère riche en
acide iodhydrique qu'ils peuvent entraîner; mais ils reprennent leur couleur jaune et
leur éclat par exposition à l'air libre. Ils fondent à 121".
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 863
L'analyse donne :
Mercure pour 100 : 35,98; iode pour 100 : 513,89 ; pyridine pour 100 : 7,08.
Tous ces iodomercurates subissent par action de l'eau une décomposition
limitée produisant de l'iodure mercurique insoluble et de l'iodhydrate de
pvridine dissous; ils se comportent dans cette action comme l'iodomercu-
rate d'ammonium. Cette décomposition est d'autant plus marquée que le
corps considéré contient plus d'iodure mercurique.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la chaleur de formation de l'hydrure et de l'azoture
de calcium. Note de MM. A. Guxtz et Hexry Basset junior, présentée
par M. A. Haller.
L'un de nous a mesuré autrefois la chaleur de formation des hydrures et
azotures de lithium et de baryum. Pensant que cela pouvait présenter
quelque intérêt nous avons fait la même détermination pour les composés
correspondants du calcium.
Pour les préparer nous avons d'abord essayé d'employer le calcium que les usines
électrochimiques de Bitterfeld livrent maintenant à bon marché; mais ce métal très
compact se laisse difficilement transformer intégralement en hydrure ou azoture; de
plus il renferme de petites quantités de fer et de silicium. On obtient au contraire un
métal cristallisé pur et d'un emploi facile en utilisant une propriété signalée par Kahl-
baum('): la grande volatilité du calcium au rouge dans le vide; mais pour éviter
l'adhérence extrême du métal déposé sur des parois chaudes que signale ce savant,
nous avons eu soin d'opérer la condensation du métal sur un tube en fer poli refroidi
par un courant d'eau. Le métal cristallisé ainsi obtenu se laisse alors aisément détacher
et séparer en petits morceaux plus facilement attaquables que le métal compact.
L'hydrure de calcium a été préparé en chaufTanl au rouge du calcium dans un cou-
rant d'hydrogène et sa pureté vérifiée par l'analyse.
Pour mesurer la chaleur de formation de ce composé, on dissout, dans une solution
étendue d'acide chlorhydrique, le calcium et son hydrure.
Nous avons ainsi trouvé, vers 10° :
Casol. -t- rtlICl étendu = CaCr-diss.+ H^ sec. . . + i29'''',o
Ca H'^ sol. + « H Cl étendu = Ca CP diss. + 2 FP sec . . . + 82'-'', 8
La chaleur de dissolulion de l'azoture de calcium a été mesurée de même en tenant
(') W.-A. Kahlbaim, Verhandlungen der naturforschenden Gcsell.
Bd. XV, Heft I, p. 4-
864 ACADÉMIE DES SCIENCES.
compte de la petite quanlilé de métal qu'il contient et qu'il nous a été impossible
d'éviter.
L'expérience a donné pour
Ca'N=+«HCI étendu = 3CaCI' diss. -j- -îNH'Cl diss. ... + 342C='i,7
Ces données permettent de calculer les chaleurs de formation cherchées
en admettant, avec M. Berthelol ('),
Ca O anhy. + 2 H Cl étendu ... 4- ^e'-»', r
On trouve :
Ca sol. + H- gaz. = Ca H'^ sol. ... + /jôcai, 2
3Casol.H-N2gaz.= Ca^N2sol...-f-ii2c»i,2
Nos expériences permettent de calculer également, pour la chaleur
d'oxydation de calcium,
Casol.+ Ogaz. = CaOsol... + i5iCai,9
Ce nombre est un peu plus grand que celui trouvé par M. Moissan en
dissolvant du calcium dans l'eau; cela tient probablement à ce que, dans
la méthode de M. Moissan, l'état final de la solution ne peut être défini
exactement, puisqu'il restait toujours de la chaux non dissoute dans la
solution.
Toutes les chaleurs de formation des composés du calcium, calculées à
partir des éléments avec le nombre de Thomsen et qui sont celles que l'on
trouve dans la Thermochimie de M. Berlhelot, doivent donc être augmen-
tées de + 20^"', 4» qui est la différence entre le nombre i5i^''',9 que nous
avons trouvé pour la chaleur d'oxydation du calcium et la valeur i3i^''',5
indiquée par Thomsen. C'est ainsi que la chaleur de formation du carbure
de calcium qui, d'après les expériences de M. de Forcrand (-), serait néga-
tive et égale à — 7^"', 23, devient positive après correction et l'on a :
C= diamant + Ca so].=: CaC^ sol. . .-mS^^^iS
(') Berthelot, Thermochimie, t. II, p. 284.
{'') De Forcrand, Comptes rendus, t. CXX, p. 684-
SÉANCE DU 27 MARS igo5. 865
CHIMIE PHYSIQUE. — Applications din'rses du principe de Watt à la disso-
ciation des carbonates de plomb et d'argent. Note de M. Albert Colso.v,
présentée par M. G. Lemoine.
I. L'expression rationnelle de tout changement d'état réversible et hété-
rogène L= ■^(«'— ") jê' pour être limitée aux phénomènes comparables
aux vapeurs saturées, exige une condition propre aux vapeurs. Celle-ci se
déduit du principe de la paroi froide de Walt, en écrivant que ^ est
positif; de là résulte que L est aussi positif. Donc :
Pour qu'une action hétérogène présentant une phase gazeuse soit réver-
sible, il faut que la chaleur de condensation L soit positive au-dessus de la
température à laquelle la dissociation commence. Telle est la conclusion
qui résulte de l'application que je viens de faire du principe de Watt.
Cependant le carbonate de plomb qui remplit celte condition, puisqu'il est
formé avec dégagement de chaleur, ne donne |)as lieu, d'après Debray ('),
à une décomposition réversible. Moulier pensait que les observations de
Debray pouvaient se représenter par une courbe figurative entièrement
située à droite de la courbe des tensions (le dissociation. Cette remarque
est vraie pour la dissociation de l'oxyde d'argent qui n'est, en effet, réver-
sible que sous de fortes pressions, comme l'a établi M. Le Chatelier, mais
elle ne s'applique pas au carbonate de plomb; car je montrerai plus loin
que la reconstitution de ce sel est possible sous de faibles pressions.
Puisque la décomposition du carbonate de plomb est rationnellement
réversible, j'ai pensé que l'impossibilité de sa reconstitution tenait à un
accident expérimental tel que l'altération d'un facteur de la réaction. Or,
d'après M. L. Henry, les oxydes métalliques se polymérisent facilement
par la chaleur; il est donc possible que l'oxyde de plomb ail été altéré à la
température à laquelle opérait Debray. C'est, d'ailleurs, ce que pressentait
ce savant quand il comparait l'oxyde de plomb formé à 35o" à la magnésie
calcinée, si différente de l'oxyde anhydre MgO issu de la dissociation de
l'hydrate Mg( OH)-.
(') Comptes rendus, t. LXXXVI, p. 5i3.
C. K., 1905, i" Semestre. (T. CXL, N» 13.),
866 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai commencé par constater : i" que l'oxyde blanc PbO est capable d'absorber le
gaz carbonique; 2° qu'à SSo" l'oxyde qui résulte de la décomposition du carbonate
CO'Pb est coloré comme la lilharge et, par conséquent, diffère de l'oxyde blanc.
Puis j'ai cherché à détruire la polymérisation de l'oxyde coloré de la même façon que
j'ai modifié autrefois l'oxyde Ag'O pour obtenir la réversibilité delà décomposition du
carbonate d'argent ('). A cet effet j'ai introduit une petite quantité d'eau dans l'appa-
reil à dissociation où se trouvait de la lilharge en atmosphère carbonique, et j'ai
constaté qu'à 180° le gaz carbonique est lentement mais continuellement absorbé, sur-
tout quand on renouvelle la surface de l'oxyde. L'action inverse est donc possible,
même en partant de la litharge, soit qu'il se forme des traces d'acide carbonique CO^H^,
soit qu'un peu d'hydrate Pb(0H)2 se renouvelle sans cesse au contact de l'eau, grâce
au mécanisme que M. Berthelot a rendu familier aux chimistes.
TI. On objectera que l'introduction d'eau dans l'appareil transforme le
système monovariant CO'Pb^PbO ■+- CO' en systèiBe bivariant. Cela est
certain, et il est évident que la pression qui règle l'équilibre ne dépend
plus uniquement de la température, elle change aussi avec la tension de la
vapeur d'eau. Toutefois, une autre application du principe de la paroi
froide, celle qui est journellement employée pour les machines, permet de
lever immédiatement cette difficulté. Entourons le tube manométrique de
glace fondante, la tension de l'eau devient fixe et l'équilibre rentre dans le
cas des systèmes monovariants. Voici par quelles expériences assez frap-
pantes j'ai réussi à confirmer cette prévision théorique.
Tout d'abord j'ai constaté, comme je l'avais fait pour le carbonate d'argent, que le
carbonate de plomb sec et chauffé au voisinage d'anhydride phosphorique, se décom-
pose partiellement et donne des tensions fixes à températures fixes, pourvu qu'on ne
dépasse pas la température dont on cherche la tension. J'ai trouvé 8"'" à 10'°"' à i8.5°,
32™",5à2io°, 102"" à 233°, etc.
Dans ces conditions, le gaz carbonique dégagé ne rentre pas en combinaison, même
quand la pression s'est rétablie'après enlèvement de gaz CO^. Au contraire, en opérant
en atmosphère humide, sur du carbonate de plomb précipité mais incomplètement
séché à iio" (eau o,5 pour 100 environ), on retrouve aussi des tensions fixes; mais
celles-ci s'annulent quand on rei'ienl à la température ordinaire; donc il y a ré-
versibilité. Celle-ci est d'autant plus rapide que la température a été moins élevée :
ainsi la reconstitution du carbonate dissocié à 210° atteint 90 pour 100 en i heure, si
en cours d'opération on a enlevé i à 2 pour 100 d'acide carbonique. Quand on reste
à i85", l'excès de pression diminue aussi, mais très lentement.
La valeur des tensions trouvées en atmosjjlière humide, quand on entoure de glace
(') Conditions de rci-ersibilitc {^Comptes rendus, \<"' sem. 1901, p. 467).
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 867
le tube manométrique et quand on déduit la tension de la vapeur d'eau à 0°, ne difTére
pas sensiblement des tensions sèches, ainsi qu'il résulte du Tableau suivant :
Tensions
Tensions humides
Températures. sèches. corrigées.
184 Vapeur d'aniline 10 12
210 » de benzoate d'éthyle 32,5 33
233 » de quinoléine 102 io4
280 « de glycérine 548
En résumé : 1° Théoriquement et pratiquement, la décomposition du
carbonate de plomb, comme celle du carbonate d'argent, est réversible
quand on détruit les polymérisations produites par la température. Cette
conclusion s'étend probablement aux autres carbonates métalliques.
2° Une complète absence d'eau s'oppose non seulement à la reconsti-
tution des carbonates d'argent et de plomb, mais elle ralentit encore leur
décomposition au point qu'un équilibre obtenu en 6 ou 7 heures en atmo-
sphère humide exige 10 à 12 fois plus de temps quand la décomposition du
carbonate s'effectue en dehors de toute trace d'eau absorbable par P^O%
dans des conditions de chauffage identiques. C'est là probablement encore
un fait général.
THERMOCHIMIE. — Chaleur de. formation des oximes.
Note de M. Ph. Landrieu.
Nous avons déterminé de deux façons différentes la chaleur dégagée
dans la formation des oximes à partir des aldéhydes et acétones et de l'hy-
droxylamine : d'une façon directe par voie humide, d'une façon indirecte
par la mesure des chaleurs de formation au moyen de la bombe calorimé-
trique de M. Berthelot.
1" Voie humide. — Lorsqu'on fait agir les acétones ou les aldéhydes
dissous sur l'hydroxylamine dissoute dans l'eau pure, la réaction est trop
lente pour qu'on puisse mesurer la chaleur dégagée, mais en présence d'un
excès de soude elle devient très rapide; à cause de l'accélération attri-
buable à la combinaison de l'oxime avec l'alcali. Pour connaître la valeur
thermique de la réaction en l'absence de NaOH nous avons eu recours
au procédé indiqué par M. Berthelot pour la mesure de la chaleur dégagée
dans les actions lentes (').
(') Mécanique chimique, t. 1, p. Sy.
H68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1. AcÉTOXiME. — Nous avons fait parcourir à iii>s corps deux cycles dilTérents.
État initial : Chiorh>drale d'hydrovylamiiie (i™"'^ 2') 200
Acétone (CIP— GO — CH') (i ■"<='== 2') 200
NaOH (3'"°i= 2') 200
État final : 600'^'"' d'une solution contenant : Oxinie, NaCI, à la dilution i™°i=6'
et NaOH à la dilution 2'"<'' = 6'.
Cal
Premier cycle : 200 Az H* O Cl H- 200 NaOH (3™°'=2i). Chai. dég. + 6, Si
Les 400'"° précédents + 200 acétone(i™'''= 2') » -{-16, 58
Q, +28,09
Deuxième cycle : 200 Az H'OCl 4- looNaOH (2"°'= i') -h 5, 06
L'hydroxylamine est mise en liberté (3 déterminations pour chaque
mesure). Aux 3oo™' précédents on ajoute 200 acétone (i"''i=:2').
La réaction se produit lentement, on peut la suivre au thermomètre.
Elle est complète au bout de quelques heures. On ajoute alors
ioo<:"''NaOH (4""'i— 2') + 5,3o
n, 10,36
La différence Q = Q,— Q2:=+ 12,78 représente la chaleur dégagée par l'action de
l'acétone sur l'hydroxylamine.
H. Aldoxime. — On répète la même série de mesures en parlant de l'aldéhyde éthy-
lique. On trouve :
g, = 24,08 I r.-n- , o
^ , \ Difierence : 4-12,7».
Remarque. — En suivant au thermomètre le dégagement de chaleur dans l'action
de l'acétone sur l'hydroxylamine, on peut connaître à chaque instant la quantité
d'oxime formée. Au bout du temps t elle est proportionnelle à l'élévation de tempéra-
ture corrigée du refroidissement. La marche de la réaction devrait s'exprimer par
1 —il — = />. En réalité k décroît légèrement avec le temps, sans doute à cause de la
dilution croissante.
2° Bombe caloriméuique :
\. AcÉTOXiME (ffceVo/ie).
Cal
Chaleur de combustion de l'acétoxime crist. (3 déterminations). . . +490>4
Chaleur de formation » ^ • • • +34 |
» de l'acétoxime dissoute -H 82,8 )
SÉANCE DU ?7 MARS ipoS. obg
On tire de là, pour la réaction :
Acétone + l,ydrox.ylannine = oxime + eau : <) -^ - •
On avait trouvé précédemment -Ma'^'', 7 par voie liumide. .. ,,,n
La concordance de ces deux nombres vérifie le chiffre donne par M. Berthelol ( )
pour la chaleur de formation de l'hydroxylamine dissoute, chiffre détermine par un
procédé ditïérent.
II. Aldoxime {aldéhyde éChyli'jue). ^^^
Chaleur de combustion de Taldoxirae cristallisée 't^ll'fi
Chaleur de formation » "*" ^° '
„ de l'aldoxime dissoute H-io.7)
Pour la réaction :
Aldéhyde + hydroxylamine = oxime + eau : Q +12^" ,9
On avait trouvé par voie humide -'ri-i'^''^']-
Les aldéhydes et les acétones d'un poids lïioléculaire pitts élevé n'étant
pas solubles,la chaleur dégagée dans la réaction est calculée à partir des
corps à l'état solide.
III. MfiBMï.tTmLCÈioxmE {méthyléthylcélone) liquide.
Chaleur de combustion de C*H'AzO liquide '^^qcI'I
Chaleur de formation »
Par analogie avec Tacéloxime, on peut évaluer sa chaleur de fusion à 2'^'\, ce qui
donnerait
Chaleur de formation de la méthyléthylcétoxime solide -t-SS^^'i, 2
On a ainsi :
Mélhyléthylcétone solide C^ ) + hydroxylamine solide ^ ^
=z méthyléthylcétoxime solide + H'-O solide -H12 %2
IV. Benzaldoxime cristallisée (aldéhyde benzoïque). ^^^
Chaleur de combustion de la benzaldoxime 907>6
Chaleur de formation » '
Benzaldéhyde solide + hydroxylamine solide
=: benzaldoxime solide -H H^O solide +1 1 ,4
(^) Annales de Chimie et de Physique. „ , , ^ ,
n La chaleur de fusion de la méthyléthylcétoxime est calculée d après la formule
. — = 3o. L est connu.
T
^7Ô ACADÉMIE DES SCIENCES.
V. MÉTnTLPHÉNYLCÉTOXiME Cristallisée {acétophénone).
Chaleur de combustion de la méthylphén ylcétoxime ,055""'
Chaleur de formation „
H- 9,8
Acétophénone solide + hydroxjlàmine solide
= mélhylphénylcétoxime solide + H^O solide +10,7
VI. Campboroxime.
Chaleur de combustion de la camphoroxime i^s/l
Chaleur de formation „ ' ' ./o'
Camphre sol. + hydroxylaniine sol. = camphoroxime sol'.+ H^o' sol'. +ioS
Vil. DiPHÉNYLCÉTOXIME.
Chaleur de combustion de la diphénylcétoxime jôa^c^i -8
Chaleur de formation „ "' 'r.i'io
• — 22*^»', 38
J'ai trouvé pour la benzopliénone :
Chaleur de formation j_ cal a
^~ 9 î'*
et, par suite,
Benzophénone solide + hydroxylamine solide
= diphénylcétoxime solide -h H«0 solide +iiCai j
On volt que la réaction générale offre une valeur sensiblement constante
pour la formation des oximes.
CHIMIE JÉGÉTALE. ~ Sur l' origine et la composition de l'essence de racine de
Benoîte; glucoside et enzyme nouveaux. Note de MM. Em. Bouuquelot
et H. Hérissex.
^ La racine de Benoîte {Geumurbanum\..) desséchée, présente, lorsqu'elle
n'est pas trop ancienne, une faible odeur de girofle. Les recherches de
Trommsdorff (,8i8) ont établi que cette racine contient une essence parti-
culière que l'on peut obtenir par les procédés ordinaires. Mais, tandis que
Trommsdorff considérait celte essence comme différente de l'essence de
girofle, Bnchner (i844), se basant sur quelques propriétés communes aux
deux essences (odeur, solubilité dans les alcalis) les a rapprochées, au
contraire, l'une de l'autre, sans avoir pu toutefois démontrer l'identité
d'aucun des principes qu'elles renferment.
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 87 1
Nous avons songé à combler cette lacune; mais, auparavant, nous avons
dû résoudre une autre question que suggère l'observation que voici, et
qu'il est facile de répéter.
Si l'on arrache un pied de Benoîte avec précaution, de façon que la
racine reste intacte, on peut constater que celle-ci ne présente pas d'odeur.
Mais si, ensuite, on la froisse entre les doigts et si l'on attend quelques
instants, l'odeur caractéristique se manifeste.
C'est là une particularité qui rappelle ce que l'on sait depuis longtemps
de l'essence de feuille de Laurier-cerise, par exemple, qui ne préexiste pas
dans la feuille, et dont l'odeur ne se fait sentir que lorsqu'on froisse les
tissus, et cela par suite de la réaction d'un enzyme (émulsine) sur un glu-
coside (laurocérasine), ces deux principes se trouvant ainsi mis en contact.
Supposant qu'il devait en être de même pour l'essence de Benoîte, nous
avons fait les expériences suivantes :
D'une part, on a découpé de la racine fraîclie de Benoîte, et on l'a fait tomber au
fur et à mesure dans de l'alcool à gS" contenu dans un ballon et préalablement poi'té
à l'ébullilion. On a relié le ballon à un réfrigérant à reflux et continué l'ébullition
pendant 3o minutes. On a alors séparé le liquide alcoolique et on Ta distillé sous pres-
sion réduite jusqu'à réduction à l'état d'extrait. Cet extrait devait contenir le principe
qui, dans notre hypothèse, donnait naissance à l'essence.
D'autre part, on a pilé une certaine quantité de racine avec du sable, de façon à
obtenir un mélange pulvérulent qu'on a épuisé avec de l'alcool à 90° froid. Après quoi,
on a fait sécher la poudre résiduelle à la température de 3o°. Cette poudre (poudre
fermentaire) devait renfermer l'enzyme susceptible d'agir sur le principe contenu
dans l'extrait.
Ayant observé que l'extrait présentait une légère odeur de girofle qui pouvait pro-
venir d'un peu d'essence formée pendant le découpage de la racine, nous l'avons repris
par l'alcool à gS", puis nous avons additionné la solution alcoolique de 3"' d'éther.
L'extrait s'est précipité, débarrassé complètement, cette fois, du produit odorant.
En effet, le précipité séparé donnait avec l'eau une solution complètement inodore.
On a constaté alors :
1° Que, en ajoutant à cette solution un peu de poudre fermentaire, il se développait
une odeur très nette de girofle, et que le mélange soumis ensuite à la distillation
donnait un liquide à odeur de girofle et précipitant en gris sale par le perchlorure
de fer;
9° Que ces réactions ne se produisaient pas lorsque la poudre fermentaire avait été,
au préalable, délayée dans l'eau et portée à 100°.
Il se trouvait ainsi démontré que l'essence ne préexiste pas dans la racine de Benoîte
et qu'elle résulte de l'action d'un enzyme sur un principe particulier, présents tous
deux dans-cet organe.
Dès lors, de nouvelles questions se posaient, parmi lesquelles nous avons
872 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étudie celles qui sont relatives : 1° à la nature du principe producteur d'es-
sence; 2° à la nature du corps à odeur de girofle; 3" à l'individualité de
l'enzyme. Nous ne pouvons ici que résumer brièvement nos expériences
en énonçant les conclusions qui en découlent :
1° Le composé odorant provient du dédoublement d'un ghicoside. En effet,
lorsqu'on ajoute à la solution d'extrait, qui est dextrogyre et légèrement
réductrice, de la poudre fermentaire, on constate, corrélativement à la
production d'essence, une augmentation du pouvoir réducteur et de la
déviation (formation d'un sucre droit, vraisemblablement du glucose).
2° Le composé odorant est de Veugènol. Il nous a fallu, pour étudier ce
point, chercher à obtenir une proportion suffisante d'essence. Nous y
sommes arrivés en opérant, non pas sur des racines desséchées, mais sur
des racines fraîches, et en nous inspirant des premiers résultats de notre
travail : on a broyé ces racines, on les a mises à macérer dans l'eau pendant
24 heures et, seulement alors, on a procédé à la distillation. En agitant
le produit distillé avec de l'éther, on a obtenu environ is d'essence par
kilogramme. Celte essence traitée par le chlorure benzoïque et la soude a
donné un composé cristallisé qui a été identifié avec le benzoyieugénol.
C'est donc l'eugénol qui est le composé odorant de l'essence ; il en constitue
d'ailleurs la majeure partie, ce qui rapproche cette dernière de l'essence
de girofle.
3" L'enzyme est un enzyme particulier. En effet, aucun des ferments que
nous avons essayés (émulsine, invertine, ferments de [' Aspergillus niger)
n'est susceptible de dédoubler le glucoside. Ajoutons que cet enzyme ne
passe pas en solution dans Teau, fixé peut-être, qu'il est, par un des prin-
cipes de la plante. Ajoutons encore que nous ne l'avons rencontré, jus-
qu'ici, que dans la Benoîte, bien que nous l'ayons recherché dans plusieurs
plantes fournissant de l'eugénol (feuilles de Cannellier de Chine, de Giro-
flier, d'Illicium anisatum \j., Clous de girofle).
En dernier lieu, nous avons essayé d'isoler le glucoside en partant de
l'extrait déjà purifié à l'aide de l'éther. Ou a redissous cet extrait dans de
l'alcool à qS", puis ajouté à la solution obtenue, et sans mélanger, 1^°'
d'élher. Il s'est déposé à la longue sur les parois du vase des sphérocristaux
qui, séparés et dissous dans l'eau, ont donné, avec la poudre fermentaire,
de l'eugénol.
Nous proposons d'appeler le glucoside, géine, et l'enzyme, géase.
SÉANCE DU 27 MARS 190,'». 878
MINÉRALOGIE. — Sur les bases expérimentales de l'hypothèse réticulaire.
Note de M. G. Friedei., présentée par M. Michel Lévy.
L'étude (les modes de symétrie possibles pour un faisceau en vertu de
la seule loi d'Haûy conduit à ce résultat que le nombre des holoédries
compatibles avec cette loi est non pas de 6 (la syméirie ternaire ne s'intro-
duisant comme holoédrie que par le réseau, soit sous la forme de la loi de
Bravais, soit par l'hypothèse de la structure périodique), mais bien de 8,
soit encore 8 systèmes cristallins.
On démontre en elfet que tout axe d'ordre 2, 4 ou 6 d'un faisceau est
nécessairement ime arête possible de ce faisceau, et le plan normal un
plan possible du faisceau. D'où il résulte que les paramètres de deux arêtes
symétriques par rapport à l'un de ces axes sont en rapport rationnel et
peuvent par suite être pris égaux. Pour les axes ternaires, cette propriété
n'est plus générale. Si elle est réalisée, l'axe ternaire peut être dit axe
ternaire radonnel, et il est aisé de voir que les groupes qui ne contiennent
que des axes d'ordre 2, 4, 6 ou ternaires rationnels sont d'une part les
6 holoédries effectivement connues dans les cristaux, d'autre part leurs
26 mériédries.
Mais la loi d'Haùy, si elle était seule, permettrait en outre l'existence
A'axes ternaires irrationnels jouissant des propriétés suivantes : Ils ne sont
pas des arêtes possibles du faisceau, ni leur plan normal un plan possible
du faisceau; trois arêtes x, y, z symétriques par rapport à un tel axe ont
des paramètres a, b, c en rapports irrationnels, mais tels que «' : è' : c' : abc
sont rationnels; ces trois arêtes peuvent être néanmoins physiquement
identiques, car on définit le même faisceau en portant respectivement sura?,
y, z les paramètres a, b, c, ou b, c, a, ou c, a, b.
On démontre que deux holoédries sont possibles avec de tels axes. L'une comporte
un axe ternaire irrationnel, un plan de symétrie alterne normal, un centre. Son
groupe de symétrie est naturellement le même que celui de l'une des 26 mériédries
précédentes (symétrie de la dioplase) mais elle en diiïère beaucoup en ce qu'elle est
une holoédrie. L'autre comporte 4 axes ternaires irrationnels, 3 axes binaires trirec-
tangulaires, 4 plans de symétrie alterne normaux aux axes ternaires, 3 plans de symé-
trie normaux aux axes binaires, un centre. Le groupe de symétrie est le même que
celui de la pyrite, mais c'est une holoédrie. Dans l'un et l'autre cas, aucune addition
de faces conformes à la loi d'HaOy ne peut augmenter la syméirie du faisceau. Cha-
cune de ces holoédries comporte une seule mériédrie, qui est son hémiédrie holoaxe.
C, R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N" 13.) ' ' '
^7^i ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce sont donc 4 lypes de faisceaux cristallins à ajouter aux 32 types connus, et que
nen ne permet d'ehminer si l'on part, comme fait expérimental, de la seule loi d'Haiiy
Un reseau ne peut posséder un axe ternaire irrationnel. Si donc il existait un cris-
lal ayant par toutes ses propriétés un a^e ternaire, cet axe étant pour le faisceau un
axe ternaire irrationnel, il serait impossible de trouver pour ce cristal un réseau ayant
cet axe pour axe ternaire et dont les faces du cristal fussent des plans réticulaires
Il est aisé de voir quels seraient les caractères auxquels on reconnaîtrait les cristaux
appartenant a l'un de ces deux systèmes ternaire irrationnel ou cubique irrationnel
Bien qu'aucun de ces caractères ne puisse passer pour absolument décisif, il semble
excessivement probable que de tels cristaux n'existent pas parmi les espèces jusqu'ici
connues. C est la un fait d'observation complètement indépendant de la loi d'Haiiv et
que l'on introduit implicitement en posant prématurément l'hyi^othèse réticulaire^
11 résulte de là que i'hypolhèse réticulaire implique une donnée d'obser-
valion indépendante de la loi d'Hauy, et qui peut s'exprimer sous l'une
des formes suivantes, équivalentes :
1° Il n'existe pas, dans les cristaux, d'axes ternaires irrationnels.
2° Forme moins particulière : tout axe d'un cristal est une arête de son
faisceau, possible en vertu de la loi d'Haiiy, et le plan perpendiculaire un
plan possible du faisceau.
3° Forme qui conduit tout naturellement à l'hypothèse réticulaire :
deux arêtes symétriques par rapport à un axe d'un cristal et qui par suite
ne se distinguent pas physiquement entre elles ont des paramètres en rap-
ports rationnels et que l'on peut par conséquent toujours prendre égaux;
ce qui autorise à attribuer hypothétiquement au paramètre une matérialité
physique.
4° Forme plus voisine encore de l'hypothèse réticulaire : on peut tou-
jours trouver un réseau dont les faces du faisceau soient des plans réticu-
laires et qui possède tous les éléments de symétrie du faisceau, donc ceux
du cristal.
En résumé : Aucune théorie, sous peine d'être applicable aux corps
amorphes anisotropes aussi bien qu'aux cristaux, ne peut aboutir au
réseau sans prendre pour base expérimentale la loi d'Hauy. Si donc on
part de cette loi énoncée sous sa forme la plus générale (lof des caracté-
ristiques rationnelles) et si l'on cherche, sans hypothèse, ses conséquences
logiques, on reconnaît qu'elle suffit bien à réduire à 32 le nombre des
groupes de symétrie possibles dans un cristal, mais qu'elle laisse possible
4 types, constituant deux systèmes cristallins, en réalité inconnus dans les
cristaux et incompatibles avec l'hypothèse réticulaire.
On remarquera que la loi de Bravais, forme précisée par la loi d'Hauy,
SÉANCE DU 27 MAU.s igoS. 875
qui s'exprime directement au moyen d'un réseau B possédant au minimum
la symétrie du cristal, im|)lique avec la loi d'Hniiy l'autre loi énoncée ci-
dessus. Si l'on prend la loi de Bravais pour hase expérimentale, on élimine
par là les axes ternaires irrationnels et l'on arrive par suite aux 32 types
connus comme seuls possibles dans les cristaux. En même temps que
l'énoncé de la loi fondamentale, la définition de l'holoédrie et de la mérié-
drie, qui en est la conséquence directe, doit être modifiée parallèlement.
Un faisceau mérièdre devient celui dont on peut augmenter la symétrie par
addition de faces qui sont des plans réliculaires du réseau B et qui ont
même aire réticulaire que les faces existantes. En d'autres termes, un fais-
ceau mérièdre devient celui dont le réseau B est plus symétrique que le
faisceau. Les lioloédries sont alors tous les modes de symétrie possibles
pour un réseau. D'oîi l'introduction de la symétrie ternaire comme holoé-
drie. H va de soi que la loi de Bravais, loi d'observation, ne nécessite^ pas
plus que ne le fait la loi d'Haiiy, la matérialisation du réseau B, c'est-à-dire
l'hypothèse réticulaire. Mais elle suffit à elle seule à justifier cette hypo-
thèse, en la rendant fl'ailleurs indiiférente au point de vue des modes de
symétrie possibles, tandis qu'à la loi des caractéristiques rationnelles il est
nécessaire d'ajouter un autre fait indépendant pour que l'hypothèse du
réseau apparaisse comme suffisante.
ZOOLOGIE. — Sur un Polyiioïdien {Lepidasthenia Digueli nov. sp.) com-
mensal d'un Balanoglosse du golfe de Californie. Note de M. Cii. Ghavier,
présentée par M. Perrier.
Parmi les Entéropneutes recueillis par M. L. Diguet dans le golfe de Cali-
fornie en 1904, l'une des formes appartenant au genre Balanoglossus Délie
Chiaje Spengel char, emend. se classe parmi les géantes du groupe, car elle
peut atteindre i™, 5o de longueur et est comjjurable, par conséquent, par
sa taille, au Balanoglossus gigas Fr. Mûller. Comme chez toiites les espèces
du même genre, la région branchiale et la partie antérieure de la région
hépatique sont recouvertes sur la face dorsale par deux replis insérés
latéralement; ces ailes génitales de Spengel circonscrivent une cavité tubu-
laire spacieuse ouverte vers le haut, le long de la ligne médiane dorsale,
suivant laquelle elle s'affrontent.
La plupart des Balanoglossus trouvés par M. Diguet donnaient asile à un
Polynoïdien commensal appartenant au genre LepidastheniaMalmgren dont
OyO ACADEMIE DES SCIENCES.
il est une espèce nouvelle et qui représente la plus grande forme actuelle-
ment connue du groupe auquel il appartient; il mesure jusqu'à 3o'='° de lon-
gueur. En outre, l'un de ces Polynoïdiens portait, fixé sur son dos, un cu-
rieux Stomatopode également nouveau, du genre Lysiosquilla Dana étudié
par M. Coutière et qui offre, en même temps qu'un cas intéressant de
commensalisme superposé, un fait curieux de mimétisme. L'ornementation
de sa face dorsale pigmentée rappelle celle qu'on observe chez le Polynoï-
dien; de plus, à sa partie postérieure, il existe deux taches circulaires de
teinte foncée qui ressemblent beaucoup aux élytres du Polychète liôte et
commensal.
Le tube dorsal limité latéralement par les ailes génitales du Balanoglosse
constitue un gîte avantageux pour le Polynoïdien. L'eau s'y renouvelle
constamment pour les besoins de la respiration de l'hôte; d'autre part,
les Polynoïdiens sont des animaux paresseux, d'allure lente; les élvtres
donnent à leur corps une certaine rigidité. Le commensal trouve donc
chez celui qui l'héberge, non seulement un abri d'où il est facile de sortir
et où il est tout aussi aisé de rentrer, mais encore un véhicule commode
qui le transporte dans le milieu où il trouve lui-même les éléments de sa
nourriture.
Ce Polynoïdien est le second Polychète mentionné jusqu'ici comme com-
mensal des Entéropneustes. A. Giard a, en effet, trouvé en 1882 chez deux
espèces de Ikdanoglossus des îles Glénans [Balanoglossus salmoneus-Bala-
noglossus (Glossobalanus Spengel 1902), Sarniensis Kœhler 1886, Balano-
glossus Robinii-B. Clavigerus Délie Chiage 1829] un commensal appartenant
à la famille des Hésioniens, V Anoplonereis (Ophiodionnus) Eerrmanni.
Avec ses trois antennes, dont les deux latérales ont une insertion margi-
nale, le commensal du Balanoglossus de Basse-Californie se range parmi
les Polynoïdiens de forme allongée, com|)lètement vêtus par les élytres, à
segments fort nombreux (les plus grands individus en ont plus de 200), à
parapodes subbirèmes, pour lesquels ont été créés les genres Lepidasthenia
Malmgren (1867) et Lepidametria Webster (1879). Ces deux genres ne
différeraient d'ailleurs que par la répartition des élytres qui serait absolu-
ment régulière dans le genre Lepidasthenia et qui présenterait des anoma-
lies variées dans le genre Lepidametria. Or l'étude du Polynoïdien recueilli
par M. L. Diguet nous a montré que, parmi les exemplaires vivant dans les
mêmes conditions et appartenant incontestablement à la même espèce, les
uns ont leurs élytres disposées très régulièrement, tandis que les autres
offrent à considérer des anomalies purement individuelles et que, chez
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 877
quelques-uns de ceux-ci, la perturbation n'affecte qu'un nombre limité de
segments, la Régulation (H. Driesch 1897-1902) se produisant par l'inter-
calation d'une élytre complémentaire, c'est-à-dire par l'intervention
répétée de la cause même du trouble introduit dans la répartition de ces
appendices.
H.-P. Johnson a observé des faits du même ordre (1897, 1901) chez des
formes voisines delà précédente : Polynoe gigas Johnson, Lepidonolus Lordi
Baird et anss'\ chezV Harmolhoe iuta Grube. S.Orlandi (i8g6)a faitconnaître
chez le Lepidinotus clava Mont, une anomalie qui rentre dans le même cadre.
Le seul caractère différentiel fondé sur la répartition des ély très pour séparer
les deux genres Lepidaslhenia et Lepidamctria n'a donc aucune stabilité et
n'est pas propre à ces genres. Le premier de ces deux genres doit seul être
conservé.
La perturbation qui rompt la symétrie dans une région plus ou moins
étendue du corps chez les diverses espèces du genre Lepidasthenia pro-
vient, en somme, de la substitution d'une élytre à un cirre dorsal ou inver-
sement. Le remplacement d'un organe par un autre, complètement différent
et inséré au même point, a presque toujours pour cause un traumatisme.
Il n'est donc pas invraisemblable de ramener l'anomalie dans la distribution
des cirres et des élytres à un cas d'hétéromorphose provoqué par une lé-
sion existant au niveau du cirre ou de l'élytre supplémentaire, à l'époque
de la formation et de l'individualisation du segment correspondant.
Il est à remarquer que l'anomalie n'atteint jamais la partie antérieure du
corps; les 12 premières paires d'élytres qui existent seules chez beaucoup
de Polynoïdiens (et même généralement un bien plus grand nombre)
restent à l'abri de ces perturbations.
Il y a peut-être une relation, tout à fait obscure actuellement, entre le
mode de vie de ces Polychètes et les anomalies qu'ils présentent. Tous
vivent en commensalisme; leurs hôtes sont variés : Polychètes (^Amphilrile
ornata, Thelepus crispas, etc.); Mollusques (Fissurella cralitia , Glyphis
aspera, Cryptochilon Slelleri); Echinodermes {Dermasterias imbricata; Uala-
noglossus). La cause initiale de ces anomalies est probablement banale,
puisqu'elle peut agir à des époques très variables au cours du développe-
ment, dans les habitats les plus différents.
On peut enfin observer que la substitution d'une élytre à un cirre dorsal
sur l'un des côtés d'un segment ne fournit pas un argument en faveur de
l'homologie de ces organes comme on pourrait le penser. C. Herbst(i896-
1899) et T. -II. Morgan (1898) ont montré que, suivant le niveau où l'on
^7^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
pratique la section de l'œil pédoncule des Décapodes Podophtalmes, il
régénère un organe oculiforme ou il apparaît un organe antenniforme.
Le résultat de l'hétéromorphose n'est donc pas indépendant de la nalui
du traumatisme.
BIOLOGIE. - De la cause des variations de la longueur de l'inleslin chez les
larves de Rana esculenta. Note de M. Emile Yusg, présentée par M. Yves
Delage.
Nous avons vu dans une Note précédente ( ') que l'intestin des larves de
grenouille s'allonge rapidement durant la période qui précède l'apparition
de leurs pattes postérieures. Il atteint en moyenne plus de huit fois la lon-
gueur du corps chez les larves soumises au régime végétal et cinq fois cette
longueur chez celles nourries exclusivement de viande. Dès lors l'intestin se
raccourcit progressivement à lasuite des métamorphoses et, quand celles-ci
sont achevées, il est réduit à un minimum d'environ i i fois la longueur
du corps, le même, ou à peu près, pour toutes les jeunes grenouilles, quel
.qu'ait été jusque-là leur régime alimentaire.
Quelle est la cause de ce raccourcissement?
Je l'attribue, pour une part, au jeûne qu'observent tous les têtards
pendant leurs métamorphoses. En effet, ils cessent alors de manger et leur
intestm se vide. Or les observations faites sur les grenouilles adultes mon-
trent que l'mtestin qui n'est plus distendu par des aliments se raccourcit.
Il diminue en moyenne de { de sa longueur totale durant le sommeil hiver-
nal et jusqu'à { de cette longueur chez les individus soumis à un jeûne
expérimental prolongé pendant dix mois.
Afin de m'assure.- s'il en est de même chez les huves. j'ai prélevé des têtards issus
dune même ponte et élevés dans des conditions normales et je les ai divisés en
dcMx lots de 4o individus chacun. Ceux du premier lot (vase A) furent complètement
privés de nourriture; ceux du second lot (vase B) reçurent à manger du papier à f.ltrer
Le papier ne constitue pas un aliment, car il n'est pas digéré; néanmoins les têtards en
remplissent constamment leur intestin et le rendent sous forme de cylindres moulés
sur celui-ci.
Les têtards A et B sont donc réellement inanitiés, ils cessent de s
métamorphosent pas, mais ceux du vase A meurent de faim les
acci
....v,... y^,, ,„a.s ceux uu vase a meurent de laim les premiers, et leu.
ide se raccnnrnit rla^/ontonu ....„ „„l..: .,r,:.. i , • , ...
intestin vide se raccourcit davantage que celui plein de papier des têtards du' ^
B.
(,') Comptes rendus, t. CXXXIX,
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 879
Ainsi, après un mois de jeûne, les mesures prises sur 10 individus A. donnent pour
le rapport de la longueur de l'inleslin à la longueur du corps le cliifiVe moyen 2,8,
tandis que 10 individus B donnent pour le même rapport le chiffre moyen 8,9. Au
début de l'expérience, le rapport en question était de 4,5, et à la fin il élait monté à
8,2 (inesures prises sur les congénères nourris normalement). L'inanition a donc bien
pour résultat de raccourcir l'intestin chez les larves comme chez les adultes.
Le fait que le raccourcissement est retardé par la présence de substances
indigestes, mais qui tiennent de la place, plaide en faveur de l'hypothèse
qui attribue l'allongement de l'intestin dans le régime végétal à la plus
grande quantité des aliments ingérés (action mécanique). Cependant,
Babak vient de montrer (') par une série d'expériences que les protéines
végétales exercent sur la longueur de l'intestin des larves de grenouille une
influence d'ordre chimique plus forte que le poids des aliments. Il s'agira
donc, dans les expériences ultérieures, de faire la part qui revient à ces
deux facteurs dans le déterminisme des dimensions du tube digestif chez
les végétariens et chez les carnivores. Indépendamment de toute excitation
chimique, le rôle mécanique exercé par les aliments dans ce déterminisme
me paraît dès maintenant indéniable.
BIOLOGIE. — Sur la croissance en poids du cobaye. Note de
M"" M. Stefanowska, présentée par M. Alfred Giard.
Mes recherches ont porté sur une vingtaine de cobayes, depuis leur
naissance jusqu'à l'âge de 2 ans, que je pesais régulièrement tous les jours
au début de mes expériences, puis trois fois par semaine, ensuite deux fois
par semaine, et enfin tous les huit jours. L'alimentation de ces animaux
consistait principalement en carottes et en avoine; de plus, on ajoutait sou-
vent du son, du foin en hiver et du trèfle en été.
Si Ton examine les courbes ci-après, on remarque que l'augmentation
du poids, à partir de la naissance, qui est d'abord très rapide, diminue au
fur et à mesure que l'âge de l'animal grandit, ainsi que l'a signalé MinoL {' );
j'avais noté le même fait dans une précédente communication sur la souris
blanche {Comptes rendus, 4 mai igoS).
La courbe de sentiment, qui suit les observations, tourne d'abord sa
(1) Cenlralblalt fiir Physiologie, Bd. XVHl, n" 21.
(2j Mi.TOT, The Journal of Physiology, t. Ml, 2, p. 97.
88o ACADÉMIE DES SCIENCES.
concavité vers l'axe des temps, puis vers l'axe des poids, pour s'infléchir
définitivement vers l'axe des temps. Le premier point d'inflexion se pro-
duit à une époque qui est en général comprise, sur les dix courbes que
nous avons relevées, entre les f et les | du temps correspondant au poids
maximum.
La courbe des femelles est visiblement perturbée par les grossesses;
pour coordonner les observations, on a fait passer une courbe de senti-
ment par la ligne de leurs poids minima, qui peut être considérée comme
leur courbe normale, abstraction faite de ces accidents.
M.Bastiena calculé les courbes de sentiment tracées sur les figures; elles
peuvent se représenter par des hyperboles dont les équations sont :
{Fig. i), les courbes du mâle et de la femelle se confonrlant à peu près :
(5x —y)y — 3S-J0X -\- B/jor— 20000=0,
(o,5y — œ) (liy -{- x) -+- 4200a;— 2 4oor + 271000 = o.
Fig.
Fig. 3.
t
.-•• r^
X
i
f
m,.
r«4,
s
>
(Fig. 2) :
{6x — y)y ~ SSooa: ■
{'] X — y)y — 4oooa:
{o,Sy — x){o,6y-it-x)-\- 83oa;-
(o, 3 j — ic) (27 -f- a?) -f- 2610a; ■
[oooj — loiooo = o (mâle),
700 y — 70000 = 0 (femelle),
6G0J + 234000 = o (mâle),
570 y — 233ooo = o (femelle).
SEANCE DU 27 MAPS 1903.
PHYSIOLOGIE. — Sur les chaleurs de combustion des tissas ne/veux et muscu-
laire, en fonction de Page, chez le cobaye. Note de M. J. Tribot, pré-
sentée par M. Alfred Giard.
En vue de préciser l'évolution avec l'âge de ce que M. Ernest Solvay
appelle V énergie fixée Ep('), problème à la solution duquel concourent
d'autre part diCférentes recherches sur la croissance, déjà publiées ou en
cours d'exécution ('), nous avons recherché comment varient les chaleurs
de combustion des tissus nerveux et musculaire de l'animal en fonction de
l'âge de cet animal.
A cet effet, M"^ M. Stefanowska a bien voulu nous fournir des tissus ner-
veux et musculaires de cobayes de différents âges. Ije tissu musculaire a
été soigneusement dépouillé de toute aponévrose; le tissu nerveux était
privé de sang par lavage à l'eau éthérée.
Les tissus étaient soigneusement séchés à 4o°-5o'' dans le vide, durant 24 heures,
puis ils étaient pulvérisés finement et séchés de nouveau, jusqu'à poids constant, à
l'étuve à 8o°-85°. Enfin, la combustion s'effectuait dans l'obus calorimétrique; Topé-
ration terminée, on pesait le résidu et l'on dosiiil volumétriquement l'acide azotique
formé.
Les résultats, rapportés à is de matière sèche, ont été les suivants :
Ages. Tissu musculaire. Tissu nerveux,
jours Cal Cal
II 7:720 11,682
16 8,208 i2,o_'|3
23 8,5o8 12,264
55 8,526 12,817
73 8,700 j2,35o
86 9,i44 i2,38o
120 8,164 i4,"85
180 ir,658 11,423
3oo 8,848 10,008
54o 8,712 9,036
Dans leur allure générale, les deux courbes relatives au tissu musculaire
(') Ernest Solvay, Formules d'introduction à l'Énergétique, p. 6.
(^) Cii. Henry et L. Bastien, Sur la croissance de l'homme et sur la croissance des
êtres vivants en général {Comptes rendus, i4 novembre 1904)- — M"= Stefa.nowska,
Comptes rendus, i" février 1904, 4 mai igoS, 2 janvier igoS.
G. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N« 13.) I 12
882 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et au lissu nerveux, qui relient les points d'observation, présentent entre
elles une grande analogie. Pour les deux tissus, la vitesse d'accroissement,
d'abord rapide jusqu'au vingt-troisième jour, ralentiljusqu'au quatre-vingt-
sixième jour, puis s'accroît de nouveau, jusqu'à un maximum atteint vers
le cent vingtième jour pour le tissu nerveux et le cent quatre-vingtième
jour pour le tissu musculaire.
On voit également que l'allure de ces courbes se rapproche sensiblement
de celle des courbes relatives à la croissance en poids des mêmes animaux,
l'évolution énergétique étant seulement plus rapide que l'évolution en
poids.
Nous compléterons ces données par de nouvelles déterminations et par
l'analyse chimique des tissus : ce qui permettra d'éliminer dans une cer-
taine mesure les perturbations d'ordre individuel.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Contribution à l'étude de la dyscrasie acide. Noie de
M. A. DESGHEzet de M"* Bl. Guende, présentée par JM. Ch. Bouchard.
Nous nous sommes proposé d'étudier l'influence de la fonction acide
organique sur les échanges nutritifs. Comme les acides de la série grasse
sont facilement brûlés dans l'organisme avec production finale d'acide car-
bonique qui s'élimine par la voie pulmonaire, nous avons, de préférence,
fait porter nos recherches sur les acides aromatiques d'une combustion
complète plus difficile et qui, pour cette raison, s'éliminent surtout par
l'émonctoire rénal. Nous nous sommes, en outre, adressés à des acides de
constitution générale identique, mais présentant des modes différents de
saturation du carbone. On sait que le caractère de non-saturation conféré
à une molécule acide par la présence d'une liaison éthylénique ou acéty-
lénique a pour effet d'accroître le caractère électro-négatif, c'est-à-dire
acide de cette molécule. Nous avons donc également recherché de quelle
façon ce caractère acide additionnel modifierait l'action physiologique due
au groupement acide proprement dit. Guidés par ces considérations, nous
avons expérimenté sur l'acide phénylpropioaique
C« H^ - CH=' - CH- - CO- H
et sur les deux composes éthylénique et acétylénique corresj)ondants, les
acides cinnamique, CH^ — CH = CH — CQ-H, et phénylpropiolique,
C°H^-C^C -CO=H.
Arides
saturés.
olbylétt.
acétylÙD.
o',34
o"76
0:48
o,223
0,427
0,207
o,o36
o,o56
o,o4o
i,5o
2,87
1,39
0,66
0,82
0,72
16,1 »/o
.3,.%
>9.3Vo
27%
32»/o
34»/a
SÉANCE DU 27 MARS igo5. H83
Nos expériences ont été faites sur quatre séries de cinq cobayes d'âge et de sexe iden-
tiques. Ces séries étaient choisies de poids équivalents. J-es animaux de la première
servant de témoins, chaque cobaye des trois autres séries a reçu quotidiennement, par
la voie stomacale, oSjO.î de Tnn des acides précédents. Les quantités d'albumine
détruites et d'éléments urinaires excrétées ont et/- rapportées, cliaque 24 heures, au
kilogramme d'animal.
1" Résultats moyens des 20 premiers jours :
Témoins.
Urée 0,80
Azote total o , 449
Acide phosphorique 0,o38
Albumine dét 3,22
Rapport azoturique 0,82
Rapport de l'acide phosphor. à l'azote total. 8,.5"/„
Augment. du poids inil. des animaux 3o »/„
2° Résultats moyens obtenus du 25" au 55" jours ;
Acides
Témoins. saturés. élliylén. acétylén,
e g s s
Urée 0,98 o,83 0,73 0,62
Azote total o,564 0,476 0,427 o,3i3
Acide phosphorique o,o5i 0,076 0,061 o,o64
Albumine dét 3, 80 3,19 2,88 2,09
Rapport azoturique 0,80 0,73 0,80 0,77
Rapport de l'acide phosphor. à l'azote total. g»/» iS.g"/» i4!4''/o 20,5<'/o
Augment. du poids inil. des animaux 48 °/o 60 °/o 62 "/„ 69 '■/o
3° Résultats observés 75 jours après que Ton a complètement [suspendu l'admini--
tration des acides organiques. Nous donnons les moyennes de 20 jours :
.\cides
Témoins. saturés. étliylénique. acélylénique.
Urée 0,47 0,23 0,35 0,24
Azote total 0,293 0,209 o,23i 0,177
Acide phospl)ori(|ue o,o55 o,o39 0,026 o,o32
Album, dét 1,97 i.4i ',J6 1,19
Rapport azoUiiique 0,7,5 0,62 0,70 0,60
Rapport de l'acide phospho-
rique à l'azote total 18,7 Vo 18,6 "/o 11,2 "/o "Sjl'/o
hUerprè talion des résultats fournis par ces Tableaux. — 1° L'élaboralion
(le la matière proléique est diminuée sous i'influeace de la dyscrasie pro-
881
ACADÉMIE DES SCIENCES.
voquee par l'acide phénylpropionique et ses analogues. La valeur des
coefficients azotnriques montre que la qualité de cette élaboration est éga-
lement très réduite par l'acide saturé et l'acide acétylénique. Les rapports
de l'acide phosphoriqne à l'azote total éliminés, plus élevés, pendant les
deux premières phases de l'expérience, chez les animaux en état de dvs-
crasie. indiquent une destruction prépondérante des albumines phospho-
rees, c'est-à-dire des noyaux cellulaires.
2° Quand la molécule d'acide n'a pas tous ses atomes de carbone saturés,
le résultat diffère selon qu'il s'agit d'une liaison éthylénique ou acétylé-
n.que. La double liaison exerce, en effet, dans l'acide cinnamique, une
mfluence favorable puisqu'elle compense, partiellement au point de vue
quantitatif, complètement au point de vue qualitatif, l'influence inverse
exercée sur la destruction de l'albumine par la fonction carboxviée. Ou
peut supposer, comme nous chercherons à l'établir, que cette double liai-
son favorise les échanges nutritifs en donnant naissance à l'oxyde éthylé-
nique puis au glycol correspondants.
3° Les cellules de l'organisme conservent à distance, c'est-à-dire Ion-
temps après suppression de sa cause directe, la nouvelle modalité vitale qui
leur est imprimée par la dyscrasie acide.
MÉDECINE. - Action du permanganate de calcium sur les toxines tétanique
diphténtique et la tuberculme. Note de M. J. Baudrax. présentée par
M. d'Arsonval. ^
^ Dans une Note précédente {Comptes rendus, t. CXXXIX, n°23, p. looo)
j'ai étudié l'action du permanganate de calcium sur certains alcaloïdes,'
notamment sur la strychnine. Cette fois, j'envisagerai les toxines tétanique
diphténtique et la tuberculine.
La même méthode leur fut appliquée, la liqueur oxydante agissait par
fractions et à 37°. Il est difficile de saisir le moment où la transformation
est complète. Cependant, certains réactifs d'alcaloïdes peuvent donner
quelques indications. Mais le terme final est indiqué par l'eau gayacolée à
I pour 100. Le produit filtré, acidulé de quelques gouttes de HCl au -^
donne alors une coloration et un précipite rouge vineux au boutade'
12 heures à 37**.
Tous ces produits renferment du calcium et du manganèse
Toxine tétanique. - Traitée après dilution au ^„, par l'alcool absolu, la
toxine donne une solution et un précipité.
SÉANCE DU 27 MARS IQoS. »85
La solution, évaporée à basse température, accuse avec le réactif de
Frcilule une coloration bleu ardoise, .levenant violette a chaud; avec
Tacide sulfurique à 1,8 de densité une coloration violette devenant rose a
la chaleur.
Le précipité repris par l'eau ne donne rien dans ces conditions.
Dans les deux cas, l'eau gayacolée est nisensible.
Mode opératoire. - .- de toxine, dont Tacli vile éuit lelle que^ de -nùmèu-e cube
tuait un cobaye du poids de 45o. en 48 l^eures, sont étendus a .00- d eau et ox,des j , -
n,'à ce que les réactions précédentes soient annulées et que l'eau gayacolée donne la
couleuretie précipité types ('). L'opération demande plusieurs semaines pour être ter-
.i I. La solution qui en résulte est évaporée dans le vide, quelques -l'|g~;
représentent le résidu blanc, amorphe. Il est précipité par l'alcool. La partie alcoolique,
vapoL, laisse percevoir une odeur aromatique déther benzoïque dej a observée avec
Lst^chnine et^ue je retrouverai plus tard dans les sérums. Avec l'eau oxygénée
et le gayacol, elle se colore en rose, se rapprochant ainsi des anaeroxydases.
Le précipité, redissous dans l'eau acidulée, donne au gayacol la coloration spécifique
rappelant celle des oxydases. j-r- . ■. 1 ^'^,,. rl^
'Lpérùnentation physiologique.- Le produit brut modifie est étendu deau de
façon qu'il représente la solution tétanique d'où ,1 est dérive.
Un cobaye de 470^ reçoit, mélangés, 1- de toxine pure et autant de modifiée. 11
^"Un Iir::'::: . droite et . gauche, en même te.ps, 1- de chacun des produits
ci-dessus II n'en est nullement incommode.
Un t'isième est traité dans les mêmes conditions à 1. heures dintervalle sans en
éprouver aucun efTet. , ji„„,:r.„
En portant la toxine modifiée à loo" pendant quelque temps, elle n a plus d action
sur la toxine pure. La dose mortelle n'a pu être dépassée.
Toxine diphténùque. - Pour ce produit, j'ai remarqué que le choix du
permanganate n'était pas indifférent. En effet, tous les sels alcahns furent
essayés : sodium, potassium, ammonium, sans résultat. Les animaux mou-
rurent avec des lésions caractéristiques de diphtérie. La toxtne diphte-
ritique étendue au ^ fut précipitée par l'alcool La partie alcoolique éva-
porée donne la réaction suivante : acide sulfunque et bichromate de
potassium; coloration rouge sang. .
Le mode opératoire, l'actton sur le gayacol en liqueur aqueuse acide ou
neutre provenant de l'alcool, se traduisent de la même laçon qu avec la
(.) En traitant la toxine par le trichlorure d'iode ou la chaleur modérée, les mêmes
réactions peuvent s'observer.
^^^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
toxine tétanique. L'expérimentation physiologique pratiquée dans des
conditions identiques m'a conduit aux mêmes résultats.
Tuberculine. - La même méthode fut également employée pour la
tubercuhne. Mais je n'ai pu trouver, au point de vue chimique, ,me réac-
tion colorée, bien que j'en aie essayé un nombre assez respeclable.
Pour la tuberculine, il importe d'éviter la présence de la glycérine J'y
SUIS arrivé en faisant agir l'alcool; le précipité renferme à la fois des
peptones et la tuberculine qui y adhère. Il faut alors une très grande quan-
tité de permanganate de calcium pour la transformation et le seul réactif
qui ait pu m'en indiquer la fin fut le gayacol. Encore pour la produire, en
mdieu ac.de ou neutre, avec H^0=, doit-on éliminer, par le carbonate de
sodium, l'excès de Ca renfermé.
L'expérimentation physiologique fut pratiquée sur un très grand nombre
d animaux tuberculeux et toujours elle m'a donné des résultats identiques
de survie, chez tous. Que les deux solutions, renfermant chacune o^4o de
tuberculine brute et autant de modifiée aient été injectées ensemble, ou
séparément à 12 heures d'intervalle, aucun animal n'est mort et n'en a été
incommode. Loin de là, chez quelques-uns, les ganglions ont diminué et
Jes ulcères se sont cicatrisés, en prolongeant leur existence, comparative-
ment aux témoins. Il m'a fallu environ o^3o de permanganate de calcium
pour transformer ,-' des toxines tétanique ou diphtéritique et 3^ pour la
tuberculine.
PATHOLOGIE. - Sur un cas d'ostéomalacie ayant déterminé des déformations
extrêmes du squelette et terminé par une rétrocession spontanée des lésions.
Note de M. P. Berger, présentée par M. Lannelongue.
Le cas sur lequel j'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie est
un exemple des déformations les plus généralisées et les plus extrêmes
auxquelles puissent conduire l'osléomalacie. On ne peut guère lui comparer
que celui de la femme Supiot, dont l'observation fut publiée par Morand
dans le Journal des Savants, en i^Sa.
I. Chez Godezenne, le sujet de notre observation, le processus ostéo-
malacique a débuté en iSgS h la suite d'une opération d'ostéotomie supra-
condyl.enne du fémur gauche, pratiquée pour un genu valgum qui n'était
probablement que le premier indice de la maladie. Aussitôt après se mani-
feslerentun ramollissement, puis des inflexions des os des jambes droite et
SÉANCE DU 27 MARS IQoS. 887
çauche; en 1896, le ramollissement ossenx gagna les fémurs, le bassin etc.;
en i8û7, il se propagea aux membres supérieurs; dès 1898, les déforma-
tions étaient devenues extrêmes et Godezenne présentait presque I aspect
sous lequel nous le voyons aujourd'hui.
L'envahissement de chacun des segments du squelette était annonce
par une période douloureuse, puis le membre était frappé d'une inertie
complète due à une sorte d'asthénie musculaire quiaccompagnaitle ramol-
lissement osseux, enfin se manifestaient et s'accroissaient graduellement
les déformations caractéristiques.
Celles-ci, chez Godezenne, ont atteint surtout les membres, mais le
bassin, le thorax, le crâne et la face ne sont pas restés indemnes.
Les photographies que je soumets à l'Académie montrent le raccourcissement les
inflexions, les torsions et les plissements qu'ont subis les membres. \oic. quelques
chiffres qui donnent une idée de la diminution de longueur des différents segments du
membre inférieur et du membre supérieur :
Longueur de la cuisse droite o> 19°
„ » gauche 0,175
de la jambe droite o,i3o
„ » gauche o, 120
du pied droit o,iSo
„ ,) gauche 0,180
„ de l'humérus droit 0,100
„ „ gauclie O,o85
„ du cubitus droit 0,220
„ „ gaucht 0,200
La diminution de la taille, qui résulte des déformations osseuses, a réduit celle de
Godezenne, qui était de ,^57, à moins de i^" (o^95) quand on la mesure de la plante
des pieds au sommet de la tête. .
Les o. illaques ont subi les viciations qui caractérisent la déformation osteomala-
rinue- les épines iliaques antérosupérieures ne sont distantes que de 17-=".
le ;ràne présente les lésions du cranio-tabés, son diamètre antéroposténeur a d.-
n.inué, le transversal s'est accru, 11 est devenu luacLycéphale. La face ele-mem s est
déformée les cavités orbitaires paraissent avnl,- dluuuué de capac.te, d'où resuite un
cer^Iin dXié d'exophtalmie : le's pommettes se sont élargies, la saillie du menton s'est
notablement effacée. , • . i ,1 „
Les parties du squelette qui restent les moins déformées sont le rachis et la cage tho-
'"orvoit sur les radiographies les pièces du squelette tordues, contournées, plissées,
remontées sur elles-mêmes, encore reconnaissables à leur double contour, plus sem-
blables à des circonvolutions intestinales qu'i des os, prouvant par leur transparence
le degré de décalcification qu'elles ont subi. L'examen de ces radiograph.es démontre
fi88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en outre que les déformations osseuses, dans le cas présent, résultent de l'inflexion
graduelle des os due à leur ramollissement et non point à des fractures dont on ne
trouve nulle part la trace.
II. L'observation de Godezenne esl intéressante à un autre point de
vue.
Lorsque, en 1898, les déformations du squelette ont atteint chez lui un degré presque
égal à celui qu'elles présentent aujourd'hui, Godezenne était réduit à une imniobilité
complète; la tête seule jouissait encore de ses mouvements et sa main droite pouvait
exécuter sur le lit quelques légers déplacements par une sorte de reptation.
L'étal général du sujet était d'ailleurs des plus graves; il existait une anurie presque
totale et ce qu'il rendait d'urine renfermait des quantités notables d'albumine. La
peau était constamment baignée d'une sueur fétide et il existait un aflaiblissement
extrême et cette sorte de susceptibilité nerveuse ([u'on a souvent notée dans les cas de
ce genre.
L'état général est redevenu meilleur aujourd'hui: les urines sont émises en quantité
normale (looo"'"'' par 24 heures) et elles ne contiennent plus d'albumine; les sueurs ont
disparu.
Godezenne se sert habituellement de sa main droite pour manœuvrer divers objets,
et il peut soulever, spontanément et sans douleur, son membre supérieur gauche, le
plus déformé et même les deux extrémités inférieures hors de la gouttière où il est placé.
Il est certain que ce retour du mouvement est di'i à un travail de recon-
solidation du squelette, travail très incomplet encore, mais dont on a la
preuve en comparant les radiographies faites en 1898 à celles que nous
avons fait faire tout récemment.
Ainsi le processus ostéomalacique, chez Godezenne, paraît avoir passé
par deux phases successives :
Par une période de décalcification et de production des déformations
osseuses, de 1890 jusqu'à 1899 environ; puis, depuis cette époque, par une
période de recalcificalion el de fixation des déformations par une sorte de
reconsolidation qui est encore très incomplète.
Cette tendance à l'amélioration, qu'on observe bien rarement dans l'os-
téomalacie, n'a jamais été constatée, à noire connaissance, dans des cas
aussi graves et où la déformation ait été aussi prononcée; elle s'est pro-
duite ici spontanément, car tous les traitements ont été employés sans
succès, depuis le traitement classique par l'huile phosphorée, jusqu'à
l'action répétée du chloroforme que l'on avait considéré comme un agent
sj)écifique.
Cependant, chez Godezenne, les éliminations calcaires, qui s'élèvent à
9^ par looo*^™' d'urine, persistent encore aussi considérables qu'elles étaient
SÉANCE DU 27 MARS IQoS. 889
jadis. Il s'est même produit, sous leur influence, une complication qui ne
nous a été révélée que par les rayons Rôntgen.
On voit en effet, au niveau de l'excavation pelvienne, sur les radiogra-
phies, deux ombres d'un noir absolu, circulaires, qui se touchent parleurs
bords et qui ne peuvent être attribuées qu'à la présence de deux calculs
situés dans la cavité vésicale. Une autre ombre, plus irrégulière, mais de
même intensité, qu'on observe à la région rénale gauche, semble indiquer
qu'il existe également un calcul dans le rein de ce côté.
C'est la première fois que l'on constate l'existence d'une lithiase rénale
et vésicale, survenue au cours d'une ostéomalacie. L'immobilité à laquelle
est condamné le malade fait que cette complication ne s'était révélée par
aucun trouble apparent des fonctions, m par aucun symptôme particul
1er.
RADIOTHÉRAPIE. — Sur l'action nettement favorable des rayons X dans les
adénopathies tuberculeuses non suppurées. Note de M. J. Bf.rgosié, pré-
sentée par M. Bouchard.
Les cas dans lesquels l'action favorable des rayons X sur les adénopathies
tuberculeuses a été constatée sont encore trop rares pour qu'on ne signale
pas les résultats obtenus lorsqu'ils se présentent avec toute la netteté dési-
rable.
J'ai eu l'occasion de traiter depuis 6 mois, par l'application de rayons X,
quatre malades atteints d'adénopathies tuberculeuses non suppurées :
voici le résumé succinct de ces observations :
T Jeune fille, 24 ans, atteinte depuis l'adolescence d'adénopalhie ganglionnaire du
cou d'un seul côté. État général bon, rien aux poumons, chaîne trachéo-bronch.que a
peine augmentée, cœur de volume normal. C'est un groupe des ganglions cervicaux,
en bas et en arrière, qui est pris, formant l'induration classique difficilement mobile
sur les plans sous-jacenls; grosseur d'une noix aplatie. Médications nombreuses sans
succès ; applications de pâtes caustiques ayant produit des adhérences de la peau et des
cicatrices vicieuses. Cinq séances de radiothérapie à .5 jours, puis à i mois d'inter-
valle Rayons n" 5 du radiochromomètre de Benoist, 2 à 3 unités H chaque fois. Des
les premières séances amélioration sensible, aujourd'hui diminution considérable du
volume des ganglions, division de l'induration, qui est à peine sensible, cicatrice
aplanie et de bonne couleur. Étal général parfait.
II. Jeune homme, 22 ans, réformé pour pléiade ganglionnaire cervicale; debul il y
a quatre ans. Ablation, il y a deux ans, de deux de ces ganglions, dont l'espèce patho-
logique a été constatée. Continuation du développement malgré les traitemenls phy-
siques et médicamenteux les plus divers. Aujourd'hui adénite s'étendanl des deux
côtés; dissymétrie considérable de la face et du cou. A droite les ganglions parotidiens,
G. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N° 13.)
^90 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mastoïdiens, cervicaux et sous-maxillaires ne forment plus qu'une masse fixée, dure,
bosselée. L'un d'eux sous le lobule de l'oreille a le volume d'un œuf de poule. La' masse
ganglionnaire du côté droit se réunit à celle du côté gauche beaucoup moins marquée
par une ligne de ganglions sous-maxillaires du volume d'un œuf de pigeon. Chaîne
trachée-bronchique à peu près normale; cœur ijelit; pas d'atteinte des sommets. Bon
état général. Huitséances de radiothérapie, mêmes rayons, intensité faible (2 à 3 H)
chaque semaine, résultat lent, mais nettement favorable. Quatre séances (.5 et 6 H)
chaque quinzaine; radiodermite vive, mais superficielle, guérissant vite. Résultat favo-
rable des dernières séances beaucoup plus marqué : face presque symétrique, masse
ganglionnaire droite réduite des trois quarts, ganglions mobiles et séparés roulant sous
le doigt; à gauche presque plus rien. Les ganglions sus-claviculaires non traités n'ont
pas changé de volume. État général aussi bon sinon meilleur; aucun inconvénient.
in. Femme, 3o ans, hérédit.;. positive; état général bon. Adénite cervicale dès
)4 ans; en progrès malgré quelques variations. Aujourd'hui à gauche chapelet volu-
mineux de ganglions cervicaux dont deux du volume d'une grosse noix entraînant une
dissymétrie faciale très marquée; à droite chaîne beaucoup moins volumineuse, cepen-
dant micropolyadénie cervicale, ganglions sous-maxillaires et deux ganglions mastoï-
diens du volume d'une grosse amande. Cinq séances à i5 jours d'intervalle, mêmes
raj'ons, mais intensités fortes marquant légèrement en brun sur la peau. Résultats :
amélioration considérable; région cervicale gauche dégagée; volume du plus gros
ganglion semblable à celui d'une petite amande sans sa coque, à droite plus de gan-
glions sous-maxillaires; les mastoïdiens, pris comme témoins et non traités, n'ont pas
changé de volume.
IV. Jeune fille, 17 ans, très grande et très forte; volumineux lymphome du creux
axiUaire gauche remplissant toute l'aisselle, faisant saillie en avant et déformant la
région. Masse unique du volume d'une très grosse orange coupée diamétralement et
appliquée par la tranche sur les tissus. Ni douleur, ni adhérence, ni fluctuation. Mi-
cropolyadénie cervicale du même côté, sans ganglions parotidiens ou sous-maxillaires.
Cœur petit; chaîne trachéo-bronchique. Variations syraptomatiques de la température
le soir ; en cure d'air à Arcachon. A fait divers traitements inefficaces. Cinq séances de
radiothérapie, hebdomadaires; mêmes rayons que précédemment, intensité faible;
petite amélioration. Trois nouvelles séances à quinzaine suivies de radiodermite légère
rougissant fortement, puis brunissant la peau; à la suite, amélioration considérable.
Aujourd'hui la masse ancienne roule sous le doigt et a le volume d'une amande sans sa
coque. Etat général aussi satisfaisant, sinon meilleur.
En résumé, dans ces cas de polyadénopaUiies tuberctileuses non suppu-
rées, l'action des rayons X a été nettement favorable.
Elle a amené la régression de tous les ganglions tuméfiés traités, mais
rarement leur disparition complète.
Les ganglions voisins non traités et protégés contre l'action des rayons X
n'ont pas été modifiés.
Les radiations les plus efficaces paraissent être celles qui, soit par leur
quantité, soit par leur qualité, produisent une inflammation marquée de la
peau .
rapi
SÉANCE DU 27 MARS igoS. ^9^
Aucune conséquence de cette régression ganglionnaire, quelquefois
ide sur l'état général des malades n'a pu être constatée.
PALÉONTOLOGIE. - Les découvertes paléontolo gigues deM.\e Morgan en
Perse. Note de M. H. Douvillê, présentée par M. Albert Gaudry.
Dans les voyages archéologiques qu'il a exécutés en Perse depuis 1889,
M. 1. de Morgan n'a pas négligé le côté géologique, et d a -pporte des
séries très nombreuses de fossiles recueillies soit au nord, dans 1 Elbour .
soit au centre, sur la route de Téhéran à Ispahan, mais -^^-^ , mais le Trias n a pas encore ete
signalé. Les dépôts sédimentaires recommencent avec le Jurassique me-
rieur et ils débutent par des dépôts charbonneux qui passent peu a peu a des
couches marines; c'est un faciès bien connu dans 1 Europe orientale
(Steyerdorf) et qui se prolonge jusque dans l'Inde (Gondwana) et a Mada-
gascar. Après cet épisode, la mer recouvre une grande partie de la région
pendant toute la période jurassique, c'est la Thelys de Neumayr; et la
^^ ACADÉMIE DES SCIENCES
rab„:r'''"° de ces formations pana.t se re.rouve,- „a„s la reg,„„ ,,e
Une
tacé
ce q lil e io h". "",""";'' "' "" ""^^ *'"'' '•- "'«■-'""' do
Rml.sles tout a fa.l comparables à ceux du Mid, de la France, mailTs son
2 ns var,es, les HippurUes font défaut et b,en peu nombreux s"„Vl s Ra
r::r:— T::L^:-riirdX-^:-r£
nouveau (Polyp^yckus) qu, atteint une taille énora^e ^ ^ "
c'ettZ^Jr"' 'VVl '''''°P'^^ '^'' ""^ -^-^'^é extraordinaire •
ce rrs sôn^ 1 "' '' ^^:,^«^^-" '' Gauthier nous ont n^ontré que
rope et en aI '" ^^""" ' -'? '" ^" ^""^"^ ^ '^ ^^-^ ^P^^- «n Eu-
Zues esB f "' T '" ''" "^ ''^"-"^^ spécifiquen^ent; les Mol-
3en; ''^^^^^'"''.P°''- -"t' -' «ontrau-e, presque les mêmes. C'est à ce
;~ei;:c:nreor "^ '---'- ^"■~ ^-/--)-
étau'ml-nsTofl'T'^ "''''" ^°"^ particuhèrement u.téressants : la mer
était moins profonde, sa température était élevée et la faune qui s'v est
ZeZz:rr '^ r'^^ ^'^^'^^-^^ «^^^ •- f--- éocéneTd ';:.
e' luT nous co :r'''r''' "' "'^^^^'^"'^ P-"- '^ d.sfnguer. Une fo.s
tion de ,7"!/ r '' ^'""^^' '"^""^^« ''- f-'- ^ q— i les condi-
Xeti reTcTt '^^."---'/-f--^ se mod.fient d'une manière
b u!c ;ie„ ouT 1 ""■ ^^^\^«"'^-^"^ q-"d ces conditions changent
^brusquement que Ion peut observer une discontinuité dans les fauLs;
SÉANCE DU 27 MARS igoS. SgS
l'exemple que nous venons de citer monire bien que cette discontinuité
n'est que locale : très marquée en Europe, elle n'existe pas dans le
Louristan. C'est là certainement un des faits les plus importants qu. a>ent
été mis en évidence par les découvertes de M. de Morgan.
T.a communication marine persista, pendant l'Eocène, et es couches a
Nummulites s'y développent comme en Europe et comme dans le nord-
oue' t de l'Inde ; elle n'a été définitivement interrompue que par les mouve-
ments qui ont amené la formation des grandes chaînes de montagne, Py-
rénées, Alpes, Himalaya.
Cet aperçu rapide suffit pour montrer toute la valeur des découvertes de
M de Morgan en Perse ; elles font grand honneur non seulement a l explo-
rateur lui-même, mais encore à notre pays, qui a permis de les réaliser.
Il est peu de périodes où une seule nation ait autant contribué aux pro-
grés de nos connaissances géologiques; il nous suffira d'ajouter aux travaux
que nous venons de résumer les explorations du Yunnan par les missions
Leclère et Lantenois. les travaux déjà publiés sur Madagascar et ceux qui
vont l'être prochainement sur cette île et sur la Nouvelle-Calédonie, ceux
dont la Tunisie a été l'objet, les explorations en cours au Maroc, entin les
découvertes faites par nos officiers dans le nord de l'Afrique et qui ont ete
si bien coordonnées et mises en valeur par M. de Lapparent.
GÉOLOGIE. - Sur la décom'erle de la houille en Meurlhe-et-Moselle.
Note de M. C. Cavallier, présentée par M. Alfred Picard.
Le 19 mars igoS, l'Administration des Mines a constaté officiellement
la découverte de la première couche de houille dans le département de
Meurthe-et-Moselle. C'est sur le territoire de la ville de Pont-à-Mousson,
au sondage exécuté par la Société anonyme des hauts fourneaux et fon-
deries de cette ville, dans l'usine même, que M. Bailly. Ingénieur au Corps
des Mines, a constaté l'existence d'une couche de charbon de 70"=- environ
de puissance, à 8ig- de profondeur, et à 638- au-dessous du niveau de la
mer.
Ce fait sera l'un des plus importants de ceux qui auront marque la cam-
pagne de recherches du prolongement vers l'ouest du bassin houiller de
Sarrebriick. Cette campagne, abandonnée vers i8g5 après les difficultés
presque insurmontables rencontrées dans la mise en exploitation et notam-
ment dans le fonçage des puits sur les confins du bassin de la Sarre, fut
reprise en iSgg, lors de la hausse des combustibles.
894 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Vers la fin de 1900, le bilan des travaux était déjà fort intéressant. Un sondage à
Longeville (Lubeln), près de Saint-Awold. avait rencontré, à environ 600" de profon-
deur, une couche de charbon de 4"" de puissance. A Hargarten, un sondage de aSc" de
profondeur, exécuté en i5 jours, avait également rencontré le charbon. A JXiederwisse,
à Bouzonviile, à OberdorfT, des sondages étaient commencés.
La hausse du charbon avait aussi provoqué, chez les métallurgistes de Meurthe-
et-Moselle, le désir de se rendre maîtres de cette importante matière première.
La Société des hauts fourneaux et fonderies de Pont-à-Moiisson suivait
pas à pas les sondages exécutés entre Saint-Awold et Bouzonviile, et se de-
mandait si le bassin ne se prolongeait pas jusqu'à la Moselle, et dans quelle
direction probable.
C'est ce qu'elle demanda à M. Nicklès, au commencement de dé-
cembre 1900. C'est ce que les Sociétés de Pont-à-Mousson, de Micheville
et de Saintignon et C" demandèrent à MM. Marcel Bertrand et Bergeron,
à la même époque.
La réponse de M. Nicklès, après étude des terrains, fut nette. Il indiqua
comme région la plus favorable, pour une première recherche, la région
même où fut installé plus tard le sondage d'Éply.
L'élude très documentée de MM. Marcel Bertrand et Bergeron pouvait
se résumer en ceci : la ligne d'épaisseur minimum des morts terrains passe
très probablement à Cheminot-Lesménils; le terrain houiller affecte dans
la région de Lorraine la forme de dômes qu'il faut étudier, car l'on peut,
suivant qu'un sondage sera exécuté sur le sommet d'un dôme, ou sur la
retombée, ou entre deux dômes, atteindre le terrain houiller à une profon-
deur très variable.
Ces études et les renseignements de fait fournis par les recherches lor-
raines ont déterminé le commencement des sondages aux environs de
Pont-à-Mousson.
Le Tableau suivant rapproche la coupe de deux sondages relativement
proches de la frontière française, ceux de Faulquemont III (F. III) et de
Mainvillers (M.), de celle du sondage de Pont-à-.Mousson (P.-à-M.). Ces
trois sondages ont été forés par la Société Bonne-Espérance (Vogt et C''') :
V. III. M. P.-à-M
Terrain où se trouve l'orifice Muschelkalk Keuper Lias
Cote de niveau de Torifice 245,00 25o,oo 181,00
Épaisseur de Lias » » 11 3, 00
Epaisseur de Keuper » i20,3o 284,60
Epaisseur de Muschelkalk 75, 00 182, 5o i45,5o
Epaisseur des grès (grès bigarré et grès
vosgien) 4Si)O0 439, 5j 296,00
SÉANCE DU 27 MAKS IpoS. ^9^
„. i„. M. P-àM.
Épaisseur de FargUe compacte rouge brique,
que M. Van Verveke, géologue à Stras-
bourg, classe dans les couches moyennes
d'Ottweiler, et bancs de conglomérats
alternant avec bancs de gj^s .90, ;;^.B5
Profondeur du ton du houiller 7.Ji,^3 _56, ,0 -624,00
Cote de niveau du toit du houiller -5o6,45 -56., 20 4,
Épaisseur totale des morts terrains à tra-
verser entre le toit des grès bigarrés et le ^^^ ^^^ ^^^^^^
toit du houiller
C'est p-.r suite de l'amincissement considérable indiqué par la dernière
ligne du Tableau précédent que le terrain houiller se trouve, en Meurthe-
et-Moselle, à une profondeur inespérée.
1 .«'t A,, tiniiillpr nar raDDort au niveau de la mer,
Il faut remarquer encore que le toit du hoinllu, par rapport a
est aux cotes suivantes :
Mainvillers. HémiUy. Éply. Po„t-à-Mousson.
-56., 20 -490 -5o5 -*^^^
Le toit du houiller est donc très sensiblement -.■-7^;'7';.\f P^J^^/gf,? ''^•
La distance de ces deux sondages, suivant la direction de 1 anticlinal, est de 82 .
Quelle sera l'étendue du bassin houiller de Meurthe-et-Moselle?
Dans la direction du sud-ouest, le terrain houiller paraît peu incliné. Si, à Greney
et à Martincourt, ce terrain houUler est encore accessible et s', est productif, on
.n„rra ialonner de nouveaux sondages dans la direction de LerouviUe. ^ ^ ^ _^
de Lesménils indique une inclii
d'environ 28-- par mètre. Le sondage de Vilcey-sur-Tre>,
à-Msson montrera si cette inclinaison reste stationnaire en allant vers 1 ouest, ou
■^ ' . -i'-,. :«.,.. .^r.,,,.rQipni p faire suDDOser.
pour., jalonner de non.e.u. «ondas.» dans I» d.r.cuon „«■,,„»..„.
" y.„',e nord, ,e .ond.,. d. l,e,n,é»n. indi,ne un. -'."■»";;;_,.'- ;>;;»-:'::.
allant vers l'ouest, ou
à-Mousson, montrera SI i;ci.ic ...^.•..- — " . , r-
si elle diminue comme certaines considérations pourraient hî faire supposer
V -s le sud, la question est plus complexe. La grande faille de Sarrebruck rejette le
terr ns au sud de .5oo» au moins. Ce rejet se maintient-il vers l'ouest? Les avis sont
partage sur l'existence et l'amplitude du rejet de lafaïUe à hauteur de F- q--" "
Mais L sondages de Laborde, d'Abaucourt, de Four-à-Chaux de Nomeny d une part,
1 sondages de Brin et de Belleau, d'autre part, donneront la réponse a la question.
Enfin, quelle pourra être la richesse du bassin houiller de Meurthe-
et-Moselle ?
Les sondages de Lorraine ne donnent encore que peu d'indications Cependant le
sond g de FaulquemontllI a recoupé, sur I66^55 de houiller. .4-",35 de charbon
en sept couches de o^20, 4Mo, .^6o, o^6o,3-,65. 2^3o et o^ 90 de puissance.
ACADEMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE _S,/r/.. recherches de homlle en Meurthe-et-Moselle.
Note de M. R. IV.cklès, présentée par M. R. Zeiller.
Comme complément à la Note de M. Cavalher annonçant la découverte
d une couche de houdie de o^ 70 dans le sondage entrepns par lui à Vont
a-Mousson, .1 me para t mtéressant de donner à l'Académie quelques détails
sur les résultats acqu:s à ce jour dans les deux sondages que font de
Eply et a Lesmends les Socétés lorraines de charbonnages réun.es et qu
son depu.s plus.eurs mois déjà en plein terrain houiller? Cette rencontr
du terrain houd er et la constatation à Éply d'une petite couche de
charbon eta.ent déjà de nature, en effet, à faire concevoir de séntse
espérances, auxquelles l'importante découverte de M. Cavallier vien de
donner la plus heureuse confirmation.
Je m'étais jusqu'à présent abstenu de faire connaître les renseignements
qu. m ont ete obligeamment fournis sur les résultats de ces son'daTs au
fur eta mesure de leur avancement (<), parce qu'ils m'avaient été co^mmu"
mques a t.tre confidentiel. Il me paraît aujourd'hui d'autant plus inZé
de rompre le silence, que les résultats obtenus ayant été peu à peu
ébruites, et même publiés par des tiers, il convient de dire avec plus'd
précision en quoi ils consistent. ^
Le sondage d'Éply, commencé à la cote d'altitude de ,79^ a atteint le terrain
■l'i'V" commencement de juillet 1904, à la profondeut'd 65^ et a t a
a 691^50 une couche de houille trop mince sans doute pour être exploitable ma
dont 1 épaisseur n'a pu être évaluée exactement. On avait acrmis la cerH ^ 1
9.Wour 100 de mat.éres volatiles et 8,90 de cendresfuuellX Jo eh™ o^-":r
fond; ^?%'=°"^'«'- « 7.6™,8o. Un accident a arrêté les travaux à 706^ de p;;.
fondeur, mais le sauvetage vient d'être opéré et le fonçage va reprendre Les couches
traversées consistent surtout en conglomérats et schistes argileux
Au sondage de Lesménils, commencé à la cote de ,96™, on a r;nconti-é le houiller
(') Je tiens à remercier ici M. Villain, directeur des Sociétés lorraines de charbon
nages reunies, ainsi que M. Cavallier, administrateur-directeur de h Ll rT
sut; 'r^"^^"^ " '°"'^"^^ '^ Pont-à-Mousson, de n,wt rtoisÎà ub eTlL r^
sultats des constatations faites dans leurs sonda-es
vemLfrof ""'"''"'"'''" ^""^''■'^ '^ ''^ ''"'^' ^-^'^strielte de l'Est, 3o no-
SÉANCE DU 27 MARS igoS. °91
le .. août .904, à 776- de profondeur, el on est n^alntenant à .370^ "'«y-^ ;;--f
qu'une sta^pe stéHle de schistes gréseu. et conglomérats avec .^e -es filet h -
îonneux; mais, en raison de la forte inclinaison des couches 1 epa.sseu. "Ule do t et e
pour le h'oniller réduite dans une forte proportion. Les.én. s, fP^ J-^^;^;;^ ^
pendage des couches, semblerait constituer un niveau plus récent que Pont-a-Mousson.
A Pont-à-Mousson (orifice : 181-) le sondage a atteint le homller rubéfie a 789 ,
le houiller de faciès normal à 8o5"^ et la couche de houille à 8,9- après avoir traverse
con-lomérals, schistes argileux et schistes gréseux.
Les caractères lithologiques des échantillons recueillis dans ces trois sondages rap-
pellent ceux du westphalien de Sarrebrtlck : la teneur élevée en hydrocarbures les
rattache au type des charbons flambants.
Aux sondages d'Éplv, de Lesménils. de Pont-à-Mousson, le westphalien
afûeure immédiatement ou presque immédiatement au-dessous des terrains
secondaires. Le westphalien forme ainsi la partie profonde de I anticl.nal
dont j'ai indiqué l'axe (') comme passant par Éply et Atton en me basant
sur les déformations d'allure produites par les mouvements posthumes
dans les couches secondaires; dont j'ai aussi fait connaître la retombée
nord vers Chemiuot et la retombée méridionale au sud d Eply. L allure
spéciale de cet anticlinal ou plutôt de cette portion d'anttclmal, si dilte-
rente de l'allure d'autres régions de Meurthe-et-Moselle, qui rappellent
trait pour trait les cuvettes et les dômes {Mulde el Sattel) de la Lorraine
annexée, comme l'avaient pressenti MM. Marcel Bertrand et Bergeron,
n'implique d'ailleurs aucune présomption défavorable au stijet de ces der-
En ce qui regarde les terrains secondaires qui recouvrent le terrain
houiller, je me bornerai, pour le moment, à attirer l'attention sur la res-
semblance des grès inférieurs avec le grès rouge permien, soitqu il s agisse
ici réellement du grès permien, et alors la transgression qui a arase la
• région serait arrivée à l'anticlinal vers la fin du thuringien, soit plutôt
parce que les grès triasiques inférieurs, renfermant une proportion consi-
dérable d'éléments remaniés du permien, en auraient comme dans d autres
régions (Avevron, Hérault) pris la teinte et l'aspect.
La surface'arasée du houiller présente une particularité remarquable :
sous l'influence sans doute de l'eau fortement minéralisée du grès qui les
recouvre, les couches noires ou gris foncé du westphalien sont devenues
(') NiCKLÈs, De l'existence possible de la houille en Mearthe-et-Moselle, el des
points où il faut la chercher. Nancy, Jacques, 1902.
R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 13.)
ii4
898 ACADÉMIE DES SCIENCES.
roses ou violettes (' ) sur une épaisseur variant entre lô" et 25"" environ à
partir de la surface arasée, et quel que soit le pendage des couches. Or, à
Éply, les empreintes végétales talqueuses de ces schistes violets n'appar-
tiennent, d'après les déterminations faites si obligeamment par M. Zeiller,
qu'à des formes west|)haliennes et non au permien comme on aurait pu le
croire.
Entre les grès et la surface arasée du westphalien existe donc une lacune
considérable correspondant à l'arasement total du permien, du stéphanien,
et d'une partie, sans doute assez faible, du westphalien. Cet arasement,
sans lequel on n'avait dans mon opinion aucun espoir d'aboutir, aurait en-
levé une épaisseur de 36oo™, si toutefois ces étages ont eu en Meurthe-et-
Moselle la même puissance qu'à Sarrebrûck, et aurait arrêté son effet à très
peu près au point souhaité |)our l'industrie de Meurthe-et-Moselle.
Sans cet arasement, que j'avais prévu comme un espoir réalisable (-),
il eût été impossible de songer à rencontrer le houiller à des profondeurs
accessibles, la simple prévision d'un prolongement du bassin de Sarrebrûck
vers le sud-est s'imposant d'elle-même avec évidence à l'examen des cartes
géologiques, mais étant, à elle seule, sans valeur pratique.
Les sondages en cours d'exécution et les sondages futurs permettront
seuls desavoir si le westphalien, si riche en couches exploitables dans la
région de Sarrebrûck, sera également productif en Meurthe-et-Moselle.
Bien que, dans les terrains sédimentaires, et spécialement dans le terrain
houiller, la nature des sédiments soit susceptible de se modifier sur de faibles
distances, la découverte d'une couche exploitable à Pont-à-Mousson, ainsi
que d'une ou deux petites couches à Éply est faite pour donner bon espoir.
C'est la première fois que l'on constate en Meurthe-et-Moselle la présence
de la houille exploitable : l'importance de ce fait et ses conséquences pos-
sibles au point de vue industriel n'échapperont à personne.
GÉOLOGIE. — • Découverte de la houille exploitable en Lorraine française.
Note de M. Francis Laur. (Extrait.)
Nous avons la grande joie patriotique d'informer l'Académie que, dans
la nuit du dimanche au lundi 21 mars, le sondage de Pont-à-Mousson a
{') Le sondage d'Alton, enU-epris à la cote de 180'", vieut d'entrer récemment dans
ces schistes violets à 74g™, 5o.
(-) Loc. cil., p. iG, § ■^". MM. Marcel Bertrand et Bergeron avaient, de leur côté,
émis ridée de l'arasement {ibid., p. 6).
SÉANCE DU 27 MARS iqo^. 899
recoupé à 8ir "ne veine de houille de 80- parfaitement compacte et
pure (charbon flambant).
Cette couche est la même que celle traversée à Eply a la profondeur de
700™ environ, en septembre dernier, mais qui avait été mal étudiée.
Le terrain houiUer paraît donc tout à fait régulier et la couche se trouve
au même horizon géologique à 6"- ou 7'^- de distance. Il y en a beaucoup
d'autres en dessous, l'étage moyen de Sarrebrûck dans lequel on est entre
en contenant 117.
En résumé, nous estimons que le bassin houiUer, qui va être successi-
vement reconnu et jalonné par les i5 sondages en cours, est un des plus
larges et des plus puissants du nord de l'Europe. Il aurait, d'après nos
études, 25''» de largeur et irait ainsi jusqu'au nord de Nancy.
Quant à sa longueur, elle est probablement considérable sous le bassin
de Paris.
PHYSIQUE DU GLOBE. - Sur la marche de la solidification de la Terre.
Note de M. A. Leduc, présentée par M. Lœvvy.
Dans leur Note du 23 janvier, MM. Lœwyet Puiseux rappellent les deux
théories de la solidification de la Terre, soit à partir de la surface, soit à
partir du centre, et présentent en ces termes l'objection fon.lamentale for-
mulée contre la première par les partisans du « noyau solide » :
Le passage à l'élat solide se fait par petites portions sous l'influence du refroidisse-
ment superficiel. Que deviennent les scories formées?. . .
La plupart des substances minérales se contractent en se solidifiant, a 1 inverse de
ce qui se passe pour l'eau. Elles ne vont donc point flotter comme des glaçons, mais
plonger à l'intérieur, où elles repasseront à l'élat liquide, sous l'influence d une lem-
pérature plus élevée.
Cette objection n'a aucune portée; car le raisonnement qu'on vient de
lire et dont la conclusion est que les scories ne sauraient flotter, n'est
applicable qu'à certaines catégories de corps tels que les corps simples ou
les alliages eulectiques, et non à un ensemble complexe tel qu'une planète
encore complètement à l'élat liquide et dont la solidification va commencer
par suite du refroidissement superficiel.
Ce raisonnement suppose, en effet, que le corps qui vient de se solidi-
fier, et qui est désigné sous le nom pourtant bien significatif de scorie, est
chimiquement identique à la masse liquide au sem de laquelle d a pris
naissance. Or ce n'est évidemment pas le cas.
^OO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Celte masse liquide peut être considérée comme un mélange d'un grand
nombre de corps différant notamment par leur densité et leur point de
fusion. Sa solidification sous l'influence d'un refroidissement lent peut se
comparer à celle des alliages en proportions quelconques, et doit se pour-
suivre de la manière suivante.
Les corps les moins fusibles vont se solidifier d'abord à la surface, soit
qu'ils préexistent dans le mélange, ou qu'ils se forment à ce moment par
la réunion d'éléments convenables. Le fait capital est que ces corps solidi-
fiés n'ont pas la même composition chimique que le milieu liquide ambiant;
ils peuvent donc être plus ou moins denses que lui, indépendamment de la
considération (invoquée seule et à tort) du changement de volume qui
accompagne le changement d'état.
Deux cas se présentent alors :
1° Si le solide ainsi formé à la surface est plus dense que le liquide am-
biant, il plonge et repasse à l'état liquide, conformément aux observations
rappelées j)lus haut;
2° Mais si le corps solidifié est moins dense que ce liquide ambiant, i! va
bel et bien flotter à la surface.
Ainsi pourra se former une première ébauche de la lithosphère au moyen
des seuls matériaux plus légers à l'état solide que le milieu liquide restant à la
même température.
Cette croûte subira, surtout au début, de nombreuses dislocations, 'qui
auront d'ailleurs pour effet d'y englober des masses plus ou moins impor-
tantes de liquide sous-jacent, plus dense par conséquent. Malgré cela, la
densité moyenne de la lithosphère devra être notablement inférieure à
celle de la masse liquide centrale, ainsi qu'il est bien étabti par l'expérience.
A mesure que la solidification se poursuivra, la densité moyenne du
noyau liquide augmentera. Il est facile d'en suivre les conséquences.
Revenons maintenant aux corps lourds dont le point de fusion est rela-
tivement élevé, et plaçons-nous dans l'hypothèse où toute la masse fluide
est formée de corps intimement mélangés (il n'y a donc pas de surface de
séparation entre liquides de densités différentes, et la masse spécifique
n'augmente de la surface au centre qu'en raison de l'accroissement de
pression).
Soit T la température au centre, qui est vraisemblablement maxima.
Si nous admettons, avec Barus, que le point de fusion des corps s'élève
toujours avec la pression, nous pouvons concevoir qu'un corps lourd, qui
s'est solidifié soit à la surface soit au sein du liquide, puisse gagner le centre
sans fondre. Cela se produira nécessairement lorsque la température T du
SÉANCE DU 27 MARS IQoS. 90I
centre sera devenue inférieure au point de fusion du corps considéré sous
l'énorme pression qui règne en ce centre. ,j;r,..,t;nn à li
Il pourrai y avoir ainsi, à partir d'un certain moment, sol.d.ficat.on a la
fois centrifuge et centripète, ce qui concilierait les deux théories.
L'existence d'un noyau solide central serait beaucoup plus probléma-
tique SI le point de fusion des corps, e„ général, pa-ait par un maximum
comme cela semblerait résulter des expériences de M. Damien et de
"^ E^^rqiiestion se compl,quera,t beaucoup si l'on ^«-.t admettre que
la masse liquide primitive fût séparée en couches de densités ddfe. entes.
MÉTÉOROLOGIE. - L'inJJuence des éclipses sur ie mouvement de l'atmosphère.
ISote de MM. W. de Fonvieli.e et Paul Borde.
M H -H. Clayton, un des météorologistes du Weather Bureau a
publié dans le Tome XLIII des Mérrioires d'Harvard Collège, un travail for
intéressant dans lequel il examme l'influence que les éclipses peuvent
exercer sur les mouvements de l'atmosphère. Ce savant pense que dans la
première phase, c'est-à-dire depuis le premier contact jusqu a 1 epoq«« ^e
la totalité, l'effet doit être le même que celui d'un coucher de soleil ordi-
naire et que, dans la seconde phase, l'effet doit être inverse, c est-a-dire
analogue à un lever.
L'Idée nous a paru féconde; en effet, les deux phases sont séparées par
une période d'obscurité dont la durée est négligeable. Les effets contradic-
toires se succédant pour ainsi dire sans interruption, U do.t être beaucoup
plus facde que dans les jours ordinaires de constater la nature de chacun
d'eux. Pour arriver à ce résultat, il suffit de se placer dans des conditions
meilleures que M. H.-H. Clayton, dont la démonstration ne manque peut-
être de netteté que parce qu'il s'est borné à combiner des observations
faites à terre au lieu d'avoir recours à des observations aéronautiques. Cette
conviction fait que nous avons chaudement approuvé le plan présente par
le colonel Vives y Vich, de l'armée espagnole, et développe dans une bro-
chure dont TAcadémie a sans cloute reçu un exemplaire. En conséquence,
nous avons proposé à la Société française de Navigation aérienne, qui a
adopté notre motion, d'envoyer à Burgos un ballon monte par ses plus
habdes pilotes et, nous l'espérons, une personne déjà célèbre par des
observations astronomiques exécutées eu ballon, avec succès. Nous terons
tous nos efforts pour représenter dignement l'Aéronautique nationale dans
une circonstance aussi importante. D'autre part, nous avons conseille a nos
9°^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
collègues qui ont déjà désigné M. Carton, l'aéronaule bien connu, de
IZZ^^T^t T T'*^"" l'-P-ience exécutée avec tant de talent
par M Dorothée Rlumpke, aujourd'hui M- Jsaac Roberts, et dont les
résultais ont été présentés dans la première séance de juin xgoo par
at;;::^;.:-^""' '- '''''''-'- '- ^-- -^-^ -- ^-e l.
Mais en même temps que la Société française envoyait un télégramme de
el.ctafons au colonel V.vès y Vich, elle adoptait une motion supplémen-
taire : PWp lifmrlaii^ r^,-m ^«„ „^ . . - i'
., ., . • ' r^"--- "">- "njiiuii buppiemen-
décidait que ses aéronautes emporteraient des actinomètres
serabl.b es a ceux qui ont permis aux aéronautes allemands de prendre
deux mille mesures de l'activité du rayonnement calorifique du Soleil au
. . -~j v,...^...^ >-aiL.i luuue uu soieil au
cours de soixante-quinze ascensions scientifiques. Ces résultats sont décrits
e commentes dans le troisième Volume des Voyages aériens scientifiques
publies en 1901 par M. Assmann, directeur de l'observatoire de Te^el Ils
fourniront une base scientifique sérieuse pour discuter les mesures pi'ises
pendant toute la durée de l'éclipsé depuis le premier jusqu'au dernier
contact en se tenant au-dessus des nuages et autant que possible sans
changer de niveau. Comme le vent n'existe pas en ballon, on pourra peut-
être simplifier la construction de l'actinomètre et le rendre enregistreur
D un autre côté les mouvements propres du ballon étant insignifiants par
rapport a ceux de 1 éclipse qui parcourt sur la Terre une distance de 3ooo-
a 4000 par heure, on pourra supposer que le ballon reste fixé en un point
repondant a la moyenne des diverses positions qu'il a successivement
occupées pendant la durée de l'éclipsé. Par une coïncidence d,gne d'être
notée, ces mouvements .propres, qu, ne nuisent point à l'observation, sont
précieux pour apprécier les changements de direction et d'intensité du
vent qui se produisent depuis le premier jusqu'au dernier contact.
OCÉANOGRAPHIE. - Relation entre la densUé et la saltnilé des eau. de mer
Note de M. A. Chevallier.
La Conférence internationale pour l'étude de la mer, qui s'est tenue à
Stockholm en 1899, recommandait, parm, les décisions qu'elle a prises
une révision expérimentale des Tables donnant la relation entre la quantité
d halogènes, la densité et la safinité de l'eau de mer. M. Knudsen, de
Copenhague a effectué ce travail de révision et l'a fait paraître en 1901
sous le nom de Hydrographische Tabellen. ^
d'e'^h?ntaio"'d'''' ^'°t' "'^"^ '' '^"""'' ''' ^''^''^'^ ^- -^ly-s
d échantillons d eau récoltés en 190. et X903 par le yacht Princesse-Mce
SÉANCE DU 27 MARS igoS. 9^3
appartenant à S. A. S. le Prince de Monaco. Il a représenté ces résultats
« par un graphique dans lequel les halogènes et l'aode sulfur.que sont en
abscisses et les densités K «" ordonnées. Les différents points sont distri-
bués sur une aire et non sur une ligne. Il en résulte qu a une même dens.te
normales: correspondent, aussi bien pour les halogènes que pour acide
sulfurique plusieurs points situés sur une même verticale a des distances
les uns des antres de beaucoup supérieures aux limites d erreur. Or toute
Table, impliquant une relation fixe et immuable, est figurée graphi-
quem nt p'rle l.gne. Puisqu'il n'en est pas ainsi pour les c-.cteris iques
physiques'et chimiques, on peut assurer de la façon a P - f-^-'l^
Ï^^Jte Table, de quelque manière qu'elle ait été calculée, tendant a établir
une relation de ce genre, n'est qu'une simple approximation de la vente
incapable de servir à des travaux précis. Les eaux de ^Oce^^^f^'
donc point une unité de constitution chimique et ne sauraient e t e com-
parée à des dissolutions dans une plus ou moins grande quantité d eau
distillée d'un mélange de différents sels dans des proportions respectives
"oerconsi^érations précédentes, il résulte que deux eaux de mer ayant
™éme densité à o" peuvent contenir des poids différents de chlorure de
sodium, chlorure de magnésium, sulfate de magnésium, etc. et inver-
sement: Je me suis demandé si ces eaux de même densité, mais de compo-
sition chimique différente, pouvaient avoir même salinité.
Les principaux sel. contenus dans l'eau de me. sont les suivants -^NaCl, MgCl^
M^O^ CA. puis, en .nantit, plus faibles KC.N.^ ^I^ ^SlnÎSs;
J'ai supposé une eau de -;---" ^^ ^ ^ olZns plus ou ..oins diluées
-"^-P^f '"^'^V:°;;/ ■ : UÏ 00 /ée n.esu.ée au pycnoLtre en prenant les
et, pour chacune d «"-' « '^ ;'',;, j^^^^^^ ,, ,, i^y^nt une méthode appropriée
précautions nécessaires; la sahnUe a eteouienuee p j ,„i; 1, ^nntfnnp dans un
à chacun des sels étudiés; on dosait la quantité de matière sohde contenue
poids déterminé de liqueur et l'on réduisait à 1000. de la solution.
Voici les résultats obtenus :
Uensilc.
Salinité.
Donsilé.
Saliniic.
DCDsilC.
,00192
36,65
I,o3522
35
.,02349
,00.54
22,19
16, 65
, ,02X32
1,0.595
20
1,0. 33o
i,oo653
Ces chifires ont été mis sous forme de graphique. On a porte n ^1--- ^^ -
sites à o" et en ordonnées les salinités correspondantes. On a joint pa un ^'^U co l nu
^points se rapportant à une n.ême solution. On a obtenu ainsi un faisceau de lignes
9^^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
faisant entre elles des angles différents et qui partent toutes d'un „.ê„.e point situé sur
1 axe des . et donne par la salinité o de Peau douce, dont la densité à o' est o 00088
Ces lignes sont sensiblement des droites et leur aranH^ r»„ 1 ••• <^^99988.
d'exactitude de la méthode employée ' ^ '"'' "°""''^ '' ^'"-''
courbe du chlorure de sodium. ^ ^ '*
Le graphique montre les écarts énormes qui existent entre les salinités
des hqnet,rs d.fferentes : une eau de mer qui ne contiendrait que du ch o!
rure de sodmm dans la proportion de 35^ pour zooo^ par exemple, aurait
une denstle ^ de ,,0.667, tandis que, si elle renfermait 35^ de'sulfate
magnésie et nen que cela, elle aurait une densité de i ,03694, soit 0,010.7
en plus. '
On peut en conclure que deux eaux de mer de même densité n'auront
même salm.te qu autant que la composition chimique sera identique ce
'r sXté'T' ''"'' '7 ^^"^'^ '^-''''' '^ ^"^ ''«' ^ ^" précédel;„t!
La salmite d une eau de mer est une caractéristique qu'il est impossible
de mesurer directement d'une man.ère à la fois précise et rapide T ne
chlore" ''VT'^'"'"?'' "" '°"^"^ '' ^'^'^^«- ^'^"-^ l^V'antité de
chlore nest pas toujours la même pour une même densité, il en résulte
TliniS" "" ""™' chloruration n'ont pas forcément la même
réclr"' '^'" ' '?'•"''" ^"'' ^''^"""'' P^""- '«- 1- échantillons
act et eTacTrr' 1 T^'"""^ '' '^'"'^' ' °° ^" P^^^"--^-' "P-=^^'-
de mer d ' "'""'' exclusivement à caractériser une eau
de mer du moins pour les recherches délicates comme celles relatives à la
c.rculat.on océanique. Le terme de salinité pourrait être conservé, mais
seulement pour les personnes qui, comme les zoologistes, les pécheurs,
n ont pas besoin d une grande précision et à qui il suffit de savoir qu'une
eau est un peu plus ou un peu moins salée qu'une autre.
M. B. KuRiLOFF adresse une Note Sur le peroxyde de zinc.
(Renvoi à la Section de Chimie.)
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
N" 13.
TABLE DES ARTICLES Séance du 27 mais 190d.)
MEMOIRES ET C03IMUIVICATI0IVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages
M. Berthelot. — Sur les vases de silice
fondue; leur emploi en Chimie Si
M. Bkrthelot. — Sur les vases de silice
fondue; leur perméabilité 8j
M. Bassot adresse de Nice une dépèchg re-
lative à la comète Giacobini 82
M. J. BoussiNKSQ. — Construction, dans ufi
milieu opaque homogène, des rayons lumir
neux qui y pénétrent par une face plane.. 82
MM. A. Laveran et F. Mesnil. — Sur le
Surra et sur la différenciation des Trypa-
nosomiases 8 '.
M. R. Zeiller. — Sur les plantes houillères
des sondages d'Éply, Lesniénils et Pont-
à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)
MM. Paul Sabatier et Alp. Mailhe. — Sur
les dérivés monochlorés du métbylcyclo-
hexane
M. Gbandidieh présente une série de
Cartes de l'Archipel arctique américain.
M. A. GiaBP fait hommage à l'Académie
d'une brochure intitulée : « Les tendances
actuelles de la Morphologie et ses rapports
iivec les autres sciences »
NOMINATIONS.
M. van't Hoff es
l'Académie pour
élu Correspondant 1
Section de .Mécaniqu
iplacenient de AL fV. Gibbs 844
CORRESPONDANCE.
M. S.-W. BURNHAM adresse des remerci-
ments à l'Académie pour la distinction
dont ses travaux ont été l'objet dans la
dernière séance publique 84^
M. R. Gautier. — Ephéméride pour la
recherche de la première comète pério-
dique de Tempel (1S67 II) ca 1905 844
M. L. Lecornu. — Sur la loi de Coulomb.. 84-
M. Ch. Fabry. — Sur un nouveau dispositif
pour l'emploi des méthodes de spectros-
copie interférentielle 848
M. GumcHANT. — Électromètre à sextants
et à aiguille neutre 85i
MM. C. Matignon et Desplantes.— Oxyda-
tion des métaux à froid en présence de
M. Le.spieau. — Études cryoscopiques faites
dans l'acide cyanhydrique 8.5,î
M. Paul NicoLARDOT. — Éthylate ferrique.. 867
MM. HuGouXENQ et Morel. — Sur les urées
substituées de la leucine (/) naturelle.... 809
AL Maurice François. — Sur quelques iodo-
mercurates de pyridine 8(ii
MM. A. GuNTZ et Henry Basset. — Sur la
chaleur de formation de l'hydrure et de
l'azoture de calcium 863
M. Albert Colson. — Applications diverses
du principe de Watt à la dissociation des
carbonates de plomb et d'argent 865
M. Ph. Landrieu. — Chaleur de formation
des oximes 867
.MM. Em. Bourquelot et H. Hérissey. —
Sur l'origine et la composition de l'essence
de racine de Benoîte : glucoside et enzyme
nouveaux 870
M. G. Friedel. — Sur les bases expérimen-
tales de l'hypothèse réticulaire 873
M. Ch. Gravier. — Sur un Polynoïdien
( Lepidasthenia Digueti, nov. sp. ) com-
mensal d'un Balanoglosse du golfe de Ca-
lifornie. ... ; .......-.:.........." "S75
AL Emile Yung. — De la cause des varia-
W 13.
SD/TE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages,
tions de la longueur de l'intestin chez les
larves de Hana esculenta 878
M"' M. Stefanowska. — Sur la croissance
en poids du cobaye 8_„
M. J. Tribot. — Sur les chaleurs de com-
bustion des tissus nerveux et musculaire,
en fonction de l'âge, chez le cobaye 881
M. A. Desgrez et M"« Bl. Guende. — Con-
tribution à l'étude de la dyscrasie acide... 882
M. J. Baudran. — Action du permanganate
de calcium sur les toxine~5 tétanique, diph-
téritique et la tuberculine 884
M. P. Berger. — Sur un cas d'ostéomalacie
ayant déterminé des déformations extrêmes
du squelette et terminé par une rétroces-
sion spontanée des lésions 886
M. J. Bergonié. — Sur l'action nettement
favorable des rayons X dans les adéno-
pathies tuberculeuses non suppurées. . . 88n
M. H. DouviLLÉ. - Les découvertes paléoal
tologjques de M. de Morgan en Perse. . . 8ni
M. C. Cavallier. - Sur la découverte de
la houille en Meurthe-et-Moselle 8q3
M R. NicKLÈs. - Sur les recherches de
houille en Meurthe-et-Moselle 8g6
M. Francis Laur. — Découverte de là
houille exploitable en Lorraine française.. Sq8
M. A. Leduc. — Sur la marche de la soli-
dification de la Terre 8
MM.^ W. DE FoNviELLE et Paul Bordé.' "-
L'influence des éclipses sur le mouvement
de l'atmosphère
M. A. Chevallier. - Relation entre ia den-
sité et la salinité des eaux de mer 902
. B. Kurilopf adresse une Note « Sur le
peroxyde de zinc .1 ;.. ..
PARIS. _ IMPRIMERIE G A UT II t K R - V I L L A R S,
Quai des Grands-Augustins, 56.
ÀPR 24 1905
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
NM4 (3 Avril 1905).
^ PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1905
KÈGLEMENT RELiTIF ALI COMPTES RENDU.^
Adopte dans les séances des 23 juin i86
2 RT 2'| MAI l8'
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de L' Académie se. composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
/jB pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article I '''■. — Impression dr-s travaux
de r Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
oupar un Associé étrangerde l'Académie comprennent
au plus G pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne- sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3'. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés né le son
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en si
blique ne font pas partie des Comptes rendu
Article 2. — Impression des travaux des h
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des |.
qui ne sont pas Membres ou Correspondants tj, ,
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou (
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoin
tenus de les réduire au nombre de pages req
Membre qui fait la présentation est toujours n
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils
pour les articles ordinaires de la correspondan
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à lirer\àe chaque Membre doit êtn
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plu
le jeudi à 10 heures du matin ; faute';d'être r
temps, le titre seul du Mémoire est inséré
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvc
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahioi
Article 4. — Planches et tirage à pai
Les Comptes rendus ne contiennent ni plai
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures se
autorisées, l'espace occupé par ces figures con
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais d
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rappc
les Instructions demandés par le Gouvernemen
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administ
fait un Rapport sur la situation des Comp.'es
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution
sent Règlement.
détrsefjutcrSrianu'ÔlurtlT'r T '^"""' '"'"' P^'^*"'" ^^"" ""'•""'"^ P" "■"■ '^ Secrétaires perpétuels sont priés
aeposer Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séaace su
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 5 AVRIL 1903.
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIKES ET COMMIINICATIOINS
DES MEMBRES ET DES COH RllSPON DANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CHIMIQUE. - Sur fempM du tube chaud et froU dans l'élude
des réactions chimiques; par M. BERT.iELor.
1.
1. On connait les ingénieuses expériences de H. Sainte-Claire Deville et
aes savants de son école, à l'aide desquelles .Is croyaient !->-- ^«™J-
trer l'existence de réactions réalisables à hautes températures, ™- «^^
nesubs.ste aucune trace dans les cond, nous ord.na.res ^' ^^^^.^^^s
ment lent, par suite de recombina.sons ou décompositions — 7' ^ ';;
températures intermédiaires. Ces expériences consistent, pour la plupart
daT. l'emploi d'un tube métallique, ma.ntenu à basse te™perat.^e par un
circulation d'eau intérieure; tand.s qu'.l est placé au centre ^ ^ ^^^e plu
gros de terre ou de porcelaine, chauffé hu-même au sein d un foyer de
rutestempératures.knsl-espaceannulairequiséparelestubesc,^^^^^^^^^^^
des gaz, dont, en raison du ramoll.ssement de la porcelaine, les tempera
tures ne doivent guère dépasser i3oo° à 1400°.
Cependant, à l! surface du tube fro.d intérieur on dépose ivers react s
tels que la teinture de tournesol, l'iodure de potassium de ^^^T.Tu^es
lique, etc., destinés à caractériser les corps recherches. Ça s d autre
essais, on peut aspirer, par la paroi d'un tube poreux, une paitie des gaz
subitement refroidis, pour en faire l'analyse. ,,,,,p„ps ne
2. Les constatations matérielles fa.tes par ces habdes observateurs ne
sauraient évidemment con.porter aucuu .loute. Ma,s en est au re
des conclusion, théoriques, relatives à l'existence réelle aux températures
C. R., .905, ." Semestre. (T. CXL, N* 14.)
9o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
élevées de cerlains corps, ou des réactions chimiques dont on recueille les
produits a la température ordi—--
maire.
3. En effet, la préexistence à une haute température de ces produits et de
ces réactions, constatés à froid, a été admise sans discussion comme etabHe
par les essais précédents; tandis qu'elle repose seulement sur quelques
hypothèses, qu il paraît utile de signaler d'une manière explicite; d'autant
plus qu II nés agit pas de systèmes homogènes, maintenus dans toutes leurs
parues a une température constante, comme on le fait le plus souvent en
Thermodynamique, mais d'un ensemble hétérogène, offrant dans ses diffé-
rentes régions toutes les températures comprises entre deux limites
Or, cette préexistence aurait pu et dû être démontrée, soit par des
épreuves d'ordre physique, telles que mesures de densité, de réfraction
analyse spectrale, etc.; soit par la pers.slance des composés, à la suite d'un
refrouissement progressif et un peu pins lent : comme on le fait par
exemple pour 1 acétylène et les carbures d'hydrogène dont la reconnais-
sance ne nécessite pas l'emploi du tube chaud et froid
Pour admettre une semblable préexistence à haute température, il fau-
dans les condifons d un refro.dissement plus lent : soit parce qu'au cours
• nL f':'''^'''''^':' '-^^ '!« régénèrent en sens inverse les substances
préexistantes avant réchauffement (dissociation); soit parce qu'au con^
complète '""' '' *"'" ' ''"" clécomposés ou transformés d'une façon
Cette régénération, cette décomposition, cette transformation exigeant
comme toute action chmnque, une certaine durée, aux températures aux:
quelles elles s effectuent, on espère les prévenir, en tout ou partie, par un
refroidissement brusque c'est-à-d.re dont la vitesse est supérieure celle
d ex^èr^llTer "^ '''''' ^ '''' '' '''''''''' ^on,.rn.nL de ce genre
vet iïre'^'"" f Tr/''' P'''^"«'"^"«« ^^««™pli« ^«ns ces conditions
s'reTt dfrt ^°rP^'°"f ^- - --P-^«"^ P- d'une man-èreléces-
saire et dans tous les cas la préexistence à haute température des corps
d'uTemm " ""'"* T^' '^"'- ^"" °" '""^ ^°"^--^ ^^'^'^ ^-''-t
un emmagasinement .i'energie, accompli pendant le passage par les tem-
pérât res intermed,a,res, et correspondant à la différence des énergies
u fonciu ":'" 'empératures extrêmes : ce qui arrive pour un liquide
surtondu, compare au solide résultant de son changement d'état, ou bien
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. 907
encore pour un corps solide, réputé retenir une partie de sa chaleur de
fusion (hydrate de chloral).
On peut envisager aussi l'existence de deux étals distincts, dimorphes
ou isomériques, d'un même corps à une même température; dont l'un
correspond à un emmagasinement d'énergie. Tel est, par exemple, le car-
bone réduit en vapeur vers 3 000° par l'arc électrique, dans la synthèse de
l'acétylène, comparé au carbone ordinaire solide et polymérisé, qu'il est
susceptible de reproduire à de [dus basses températures, lequel diffère du
carbone gazeux par la perte d'une très forte somme d'énergies.
Mais l'étude des faits nous oblige à admettre dans un grand nombre de
conditions la transformation de l'énergie calorifique en énergie électrique :
par ionisation, par effluve, par courant thermoélectrique; transformation
qui résulte, dans les réactions présentes, de la coexistence des régions
froides et des régions chaudes, au sein d'un même système, et de la chute
progressive et continue de température des unes aux autres. Cette trans-
formation se produirait spécialement au contact de la paroi froide, c'est-
à-dire dans la partie du système qui est maintenue à la température la plus
basse.
J'ai déjà exposé ces idées dans un Mémoire publié en 1901 (').
5. L'emploi des tubes de silice fondue, comme récipients des gaz, m'a
paru offrir des ressources inattendues, pour étudier les problèmes soulevés
par les réactions spéciales du tube chaud et froid. En effet, ces vases
peuvent être refroidis d'une façon instantanée, depuis i/Joo° jusqu'à la
température ordinaire, en projetant subitement le tube rouge, tout entouré
d'une enveloppe de platine, au sein d'un bassin rempli d'eau froide. Il n'y
a ni rupture du tube, ni pénétration d'eau. L'expérience est facile et je n'y
ai jamais observé ces accidents, inévitables avec les tubes de verre, de
porcelaine, ou de terre. Toute la masse, gaz et tube, passe ainsi d'une
température à l'autre, aussi subitement que dans le tube chaud et froid, et
même avec cette différence que le passage avec le tube métallique s'opère
surtout sur la couche gazeuse en contact avec lui et non sur la masse
entière; en outre la paroi du tube siliceux ne se prête pas aussi facilement
qu'une paroi métallique aux chutes de potentiel électrique.
(') Annales de Chimie et de Physique, ']'-■ série, l. XXII, p. [^[^r> et suiv., spécia-
lement p. 455.
9o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A \l [Z7'r "^r l'"'r '" '^'P'"^ ^'^ ^'"^^-^^^^^ ^ ^^-^^ température ;
avec le concours de la vapeur d'eau, à haute température-
A la reun.on de l'hydrogène et du carbone, sous les différents états du
SvdrLt"r • 'T"' ^"'^'''' ^^•'•^''"^ ^^«•'P'^^ (strictement privé
d hydrogène), et a la décomposition inverse des carbures d'hydrogène tels
que : acétylène, formène. naphtaline; " ^
A runion de l'azote et du carbone, sous ses différents états : diamant
graphite, carbone amorphe; '
A la décomposition inverse de l'azoture de carbone (cyanogène)-
Aux relations entre le carbone et l'oxygène, constatées •
Parla réaction du diamant sur l'oxygène.
Par l'action de la chaleur sur l'oxvde de carbone
Ri par l'action de la chaleur sur l'acide carbonique.
et 'rtJli tZff7 " "f "" '"","" P" "' '^^"■''■^ ""'''' '-i-- -^- '3.5»
t re afin d éviter VT '" ''"'iT '" '^" ''""^ '^^"'"^ ^ '« P'^ «^^^^ ^-P-
Dans U nh? ! ^ ' ''"' P""''''' '"' '^''' "^"^ ^ la perméabilité de la silice
cube m- .t , / ^'^ eudiometrique, avec mesures à ^ de centimètre
dans un vase de rn.' 7 i^''"'"'' '" P'^?''"' ""^ P'^'^^ quantité du réactif sensible
scel é et en la ,-o , T""'"'' " ' '"^-'J"--' '« «- pointe capillaire du tube
intérieurs On .ni T . ^ l , ' ^" ^"■'" '^^ '^ ?■•«**■«" 'édnhe des gaz
(') Annales de Chimie et de Physique, 6< série, t. XIV, p. 279.
SÉANCE T)V 3 AVRIL TQOD. 9^9
donnée filtrée; solution qu'il est facile de rendre sensible au mén.e degré que la pré-
Pour l'acide azotique, on délaie du ^^^^^^-^^^S:::^^^^^^^-
furique concentré, de façon à former une pâte blanche, sufhsamn.ent
bilité de . goûtas est à peu près la -^n^ q;^e c^essu. ^__^^ _^^^^^^^^ ^^^^^^
'='*'"'" zotique, on délaie du sulfate ferreux pur pulvérisé, dans de l'acide su
^ ' - •■- blanche, suffis?-mpnt fluide. La sens
ci-dessus.
■upré^ëed'..». ir.Ve d'.clde c..boni,>.« M accusé, p
''ï:„';,:l'"c'::b.r.. <..h,d„sén., .„ .*»„„. .>■... p.» '■«"y'^;';- -■;• ^
,„uu. (A de c.„Un,«.. c.b., de e,,,onu„ c.,,..e„ an^o. çaU^.^^
élimination de la vapeur ammoniacale dans le gaz transvase, a
dadde étendu, on procède a son analyse eudiomeU-ique par combustion.
1. Oxygène pur. - C.pacùé -lu U.be r',o; press.on u.itu.le o- 36;
tetlpérauf-e : 'heure ,.our porter le Utbe . t3oo>, plus . heure , a t3oo .
Refroidissement instantané. r , i ^ .o.if^i-m;,it
Absence absolue d'o.one, à ,-i, de milHgramme près. Le tube renfem.a.t
environ 3 milligrammes d'oxygène.
Il résulte de cette expérience que l'ozone ne s'est pas forme sous m-
fluence d'une haute température. Sa n amfestatton au moyen du tube
chaud ou froid résulte probablement d'. ne actton é ectnque, exercée u
vo.smage de la paro. frotde (ion.sat.on, effluve, etc.). Je rappe lera. qu a
[a température o^rdmau-e on peut former l'ozone par la -ule dference^ e
potent^.1 d'une pde de 5 à 6 volts, agissant a crcu.t ouvert ( ), a fortwn,
avec courant alternatif et effluve, etc.
2. A.ote et oxygène, à volumes égaux. - (a). Gaz satures d humtd.te
Capacité du tube 3-.6. Pression mtt.ale o.",38. Température i3ooO-.3.3 ,
I heure. Refroidissement instantané.
Aucune trace d'acide azotique ou azoteux, d'après le react.f ferreux,
(è). Autre expérience semblable. Aucune trace d'acide, d après le tour-
"^(c). Autre expérience semblable. Refroidissement lent. Ou vérifie que
le rapport des deux gaz est resté le même.
11 résulte de ces expériences que l'acide azotique ne prend pas naissance
a haute température. Je rappellerai qu'il se forme aisénaent a froid, sous
l'influence de l'effluve, ou de l'.ouisation des gaz (phosphore).
3. Carbone et hydrogène. - Diamant en très petits cristaux brillants.
Poids : o^o4I2, Capacité du tube : 4^"*,2. Pression initiale : o".4o. i3oo-
i325, 1 heure. - Refroidissement instantané.
(") Essai de Mécanique chimique, t. II, p. Syi.
9IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ni acétylène, ni trace de carbure d'hydrogène
Les .7 centièn.es de l'hydrogène initial avaient transpiré a. dehors.
bo!;ilant 'f"!f" ~ ^'•'^^^'^^P-'fié par l'acide chlorhydrique
bon, lant. pn,s par le chlore gazeux, l'azote et l'hydrogène successivement
en^ployes au rouge. o,o34.. Capacité du tube : 1^,1 Pression Ini X
o ,JcS. .3oo-i325. I heure. - Refroidissement instantané
onur:::.:-.?^^^ '^ ^^^'-^^ '''''-''^- ^-^ --''-- ^^ '^^-.^ne
5. Carbone et hydrogène. - Charbort amorphe, purifié comme ci-dessus
avec un so.n extrême. Poids : o.,ot8. Capacité du tube : 4-. PreL on
..tiSt'." "' '''-' '' -''-' '''y'-^'-- H^^-g^ne transpiré:
11 résulte de ces expériences que le carbone, sous les trois formes dédia
mant, de graphite, de carbone amorphe bien purifié, ne s'unit par^'hyd o
gène a iSaS», sous la seule influence de la chaleur ^ ^
Jai fait depuis 5o ans de nombreux essais, dans des conditions très
diverses, pour combiner le carbone amorphe avec l'hydrogène p^^^"^^^^^
influence de l'échauffement au rouge vif Or ,e n'ai /Z.
ment prwe d hydrogène, d'alcalis et de fer
Observons que celte purification ex.ge une action très prolongée an chlore
exécutée sur de petues quantités de matière, quelquef grammes au 1!:
la purification complète de quantités un peu notables de^carZe d'or£ê
organique étant toujours incertaine. carnone d origine
Au contraire l'union de l'hydrogène avec le carbone, quel qu'en soit
1 état a froid, a lieu immédiatement sous l'influence de l'arc'électrLe vel
30000; circonstance où l'action propre de l'électricité concourt ave 1 éti
gazeux du carbone, état qui communique à cet élément uneler'e trè
supérieure a celle du carbone solide et suffisante pour rendrela co^b^
naison exothermique. J'ai insisté ailleurs sur ces conditions
7. Acétylène. - Pression initiale ; 0^89. Capacité du tube : 4-,..
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. 9"
x3oo-i3.5, . heure. Il ne subsiste pas trace d'acétylène. Le tube est rempli
par un charbon noir et brillant.
Volume du gaz final : l'^'-Sa. Composition :
H i.i5
CH* 0,06
CO 0,1^
Aï o.'9
■ P.è, ,1e la n,oi„é de l-h,d.ogè„e a Ua„s,iré. « a pé.é.ré de l'azote et de
r„,y,.„e, leqnel a f„™,é ^«'•"^fj;';.":^"': Capacité du tube : /,-.5.
t f^r:;::; ^z^:sï^,^^:^^ ■. ,'-,.5 vo,„.e observé
f:;'. ftl : :-:97. ChaAo„ dépo.. e„ e„dait pu,v.™le„t et adhérant
au vase; un peu brillant.
Composition du gaz final :
H 2-7'-
CH' O'O^
Az O'20
11 „•, a pas d'aeétylène. On au.a,t d. trouver H = 4-,^. Prés de la
moitié a donc transpiré. ,^nnT'^'>5 i heure. Carbone
9. mr^,^.ne. - -•-.^'^rnL C tl'^ ûe .tt n„dr„g.„e ava.t
nréciuite L expérience a ete décrue \ j- i
precip te. p nroffressive, et l'azote avait pénètre. Il n y avaii
transpiré, par une action progressive,
plus de carbure gazeux appréciable. ..i«„^p, ^7^ et f 8); sans
'■ une trace de for..„e ^"^'"^^"^ X^^^^^J^^H^^..,..
doute à cause du temps necessa, e P»"' » f^^ , ,3,5.. j^,„u per-
Pazote pur et le carbone sous ses t-s eU de ./- J^ J^^^ ^^ ^^^_^^_
amorphe bien purifié cV hydrogène. Il ne s est to ^^^^ ,
.ène La de.'nière expérience a porte sur un tube jaugeant 29
^oid sous une pression ^ ;-;j"-*^f ^XP^^cirique on obtient aisément
Je rappellerai que sous l'influence de 1 arc eiecmq^^
froii
(•) Comptes rendus, t. CXL, p. 828.
(2) Comptes rendus, t. CXL, p. 824.
9^^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'acide cyanhydrique, avec l'azote et le carbone contenant de l'hydro
gène ou s,.p e„,ent de l'eau. Mais avec des éléments absolu.en exil
d hydrogène l.bre ou combiné, je n'ai pas observé de cyanogène '
D autre par,, let.ncelle électr.que décompose entièrement en éléments
ce même cyanogène, contrairement à ce qui arrive avec l'acétylène
13. Decomposrtwn inverse de l-azoture de carbone. - On a remol. le h,h.
e cvanogène. Capa.té du tube voisine de Zo^: Pression nZ o^ 38
catn uUeTeure"^^^""" ''' -ce de graphUe véntable. d^'après vénfi-
Voici l'analyse des gaz recueillis :
Volume total <="'
Cyanogène inaltéré ;
Azote .... '''^
i4,i
Il y avait donc décomposition du cyanogène ; sauf une trace, qu. aurait
exige un temps plus long pour disparaître. ^
14. Cyanogène décomposé par une action plus rapide. - Ce corps a été
d.nge lentement à travers un tube de porcelaine, porté à iW. A e mt
ment on a recuedl, les gaz dégagés. Ils entraînaient en dose notab e Tne
^:^Zr l-acyanogène; ce qui montre que la condensât!
moléculaire du cyanogène était assez active dans ces conditions
tiaz recuedh pendant lo minutes : 200"="'.
Sur 100 volumes :
Cvanogène
Azote ." Il
63
On^aVeltm,': 'Z^ZT''''' •''°° ' '-'■ "'"''"^ ^ — •
Cyanogène
Azote 9^
7
Pendant les ■ 5 mitjutes suivantes, la température baisse de looo» à Soo».
On a recueilli 80- de cyanogène sensiblement pur
relativTm ''if ""' "^"""""^ ^"' '' cyanogène résiste pendant un temps
relativement long a une température inférieure à looo". A 1400" même, sa
décomposition est encore assez lente.
En définitive, le cyanogène résiste mieux que l'acétylène à une influence
SÉANCE DU H AVRIL IQoS. 9'^
prolongée de la chaleur, avec polymérisation également ; mais celle-ci donne
lieu à des produits moins nombreux et moins abondants que la benzine et
les autres polymères pyrogénés de l'acétylène. Avec l'étincelle électrique,
la stabilité de l'acétylène est au contraire supérieure à celle • ^^AX, p. 44i-
(2) Ann. de Chim. et de Phys., 6^ série, t. XXIV, p. i26-i32.
G. R., igoâ, I" Semestre. (T. CXL, N° 14 )
9'4
ACADEMIE DES SCIENCES.
refroidissement instantané d'nne masse gazeuse, saisie à une température
constante et portée subitement, dans son ensemble, à une température
plus basse, également constante. Cette étude ne donne pas les mêmes
résultats que ceux qui ont été observés au moyen du tube chaud et froid,
et elle tend à en infirmer les interprétations, relatives à la formation de
certains corps gazeux aux hantes températures et sous leur seule influence.
ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle comète Giacohini {iç)o5 mars 26)
faites à l'Observatoire de Paris {équatorial de la tour de l'Ouest). Note
de M. G. BiGouRDAN.
Dates.
1905.
3. b
3i c
3i b
3i 0
a io39BD-f
b 1009 BD-)-
c Anonyme
d 996 BD H-
e 1007 BD-+
f 1016BD-+
Dates.
1905.
9.20.30,7
9-45.37,9
9.19.58,6
9.35.20, I
9-46. 7,9
9. .56. 45, 4
0.29, 10
0.32,91
o. 5,93
0.27,33
o. 2,38
0.24, 10
Déclinaison.
— l'.5l",4
— 0.36, I
+ 5-47>7
-H 1.44,0
-h 7.36,6
+ 2.5o, I
de
comparaisons.
Positions des étoiles de comparaison.
9.5
9,5
9.5
8,6
moyenne
1905,0.
h m &
5 . 5o . 54 , I 2
6. 2.3i,64
6. 2.54,85
5.45. 7,79
5.46.50, 80
6. 4- 1,72
jour.
+0,06
-HO, 12
+0,12
Déclinaison
moyenne
1905,0.
hi3?28'53l5
h 1 6 . 59 . 43 , 5
(-17. 5, 1,3
-i3.2i . 19,3
h 1 3.21 .59,6
1-16.59. 20,0
jour.
-ii';4
— 10,3
-10,3
Positions apparentes de la comète.
Temps moyen
(JePE
ars 28 8.58. 8
38 9.23. II
3i 8.4
3i 9
3i 9
3i 9
|8
11.53
22 .29
Asc. droite
apparente.
5. 5i .23,43
5. 5i .27,09
6. 2.25,83
6. 2.27.64
6. 2.29,38
6. 2.30,87
Log. fact
parallaxe.
î,5oo
î,533
1,490
T,5i3
T,528
î,54i
Déclinaison
apparente.
-13.26.49,7
-13.28. 5,0
-17. 5.20,9
-17. 6.35,0
-17. 7. 9,8
-17- 7-4i,i
4:4
Rapp. k d et e.
Rapp. à /.
Rapp. à /.
A.G. Leipzigl, 1827.
A. G. Leipzig!, 1848.
A.G. Berlin A, 194t.
Log. fact.
parallaxe.
o,75o
0,759
0,718
0,725
0,730
0,735
Aai.
4(13.
Comparaisons.
546,38
+ 7'.33','8
3.2
k. 3,37
+ 6.52,3
6.4
i.3o,o8
+ 0.23,5
6.4
I. 6,87
+ 5.41,3
6.4
SÉANCE DU 3 AVRIL IpoS. 9l5
Remarques : 1905. Mars 28. — La comète est une nébulosité de grandeur i2,5-i3,
arrondie et de 2', 5 environ de diamètre; elle est très notablement plus brillante vers
le centre, où se trouve une condensation granuleuse de 5" à 6" de diamètre et qui res-
sort assez bien sur la nébulosité.
Mars 3i. — La comète paraît un peu plus brillante que le 28 mars. C'est une nébu-
losité arrondie et de i',5 environ de diamètre, présentant vers le centre une conden-
sation un peu difluse, un peu large, assez granuleuse, et qui ressort assez bien sur la
nébulosité.
Les positions relatives des étoiles a, b, c respectivement par rapport à d, e^f ont
été déterminées avec l'équatorial; on a obtenu :
* a— -k d..
i^ a — ir e. .
i,h- * /..
* c — * /.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la dépendance entre les intégrales de diffé-
rentielles totales de première et de seconde espèce d'une surface algébrique.
Note de M. Emile Picaud.
On sait que M. Castelnuovo a démontré récemment (^Comptes rendus,
23 janvier igoS) que le nombre des inté^grales simples de première espèce
d'une surface algébrique est égal è^ Pg— Pn, et celui des intégrales simples
de seconde espèce à ^(pg — Pn)- Dans le numéro actuel fies Comptes rendus
(voir plus loin) M. Severi donne une nouvelle démonstration de ce même
théorème; ces deux démonstrations reposent sur les propriétés des sys-
tèmes linéaires de courbes tracés sur les surfaces algébriques. Je voudrais,
à l'occasion de la très intéressante Note de M. Severi, indiquer en quelques
lignes le principe d'une autre démonstration que je possède, depuis quelque
temps déjà, du même théorème, et où je reste dans l'ordre d'idées que j'ai
constamment utilisé dans mes recherches sur la théorie des fonctions algé-
briques de deux variables.
Je remarque d'abord (d'après un théorème que nous avons établi indé-
pendamment l'un de l'autre, M. Severi et moi, et sur lequel s'appuie
d'ailleurs M. Castelnuovo) que la question revient à démontrer que le
nombre des intégrales simples de première espèce est la moitié du nombre
des intégrales sim|)les de seconde espèce. Cette observation faite, je procède
de la manière suivante :
C)i6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Soient
o intégrales distinctes de première espèce de la courbe entre .r et z
f{x,y,z)=o,
en représentant par/= o l'équation de la surface; désignons par
,,' ,,'- ,..-/'
les ip périodes de I/,, qui sont des fonctions de r, et posons
Jl = u\ + u>\ {A-=i, 2, ...,ip),
où M* et i>l sont (les fonctions réelles des deux variables réelles y' et y", si
l'on ay = y-hiy".
J'envisage les 2/j équalionsdu premier degré en a,, b,, a.,, h.,, ..., a^,, hp,
(i) a,"* - è, (■';+..• + «/,"*- ^,^'^=(:a- (X- = i, 2, .... 2/)).
en désignant par C,, . . ., C,/, des constantes ree//p5 satisfaisant à l'ensemble
des équations du type
Ck=T)i[C, + mlC^+...+ fni_pC^p {k =^ i, 2, .. ., ip),
où les m sont des entiers réels relatifs à une substitution quelconque du
groupe de l'équation dilîérentielle linéaire E, que j'ai tant de fois consi-
dérée. On sait que le nombre des C restant arbitraires est égal au nombre r
des intégrales distinctes de seconde espèce.
Je montre que les équations (i) déterminent pour les a et b des fonctions
uniformes de y' et/"; île plus, toutes les combinaisons
sont des fonctions analytiques de y, et enfin l'expression
(a, + /i,)^4-...+ (a„4-i7.,,)yf
est le coefficient de dx dans une intégrale de différentielle totale de pre-
mière espèce de la surface.
Il résulte de cette analyse que les intégrales de première espèce de la
surface dépendent de r constantes arbitraires réelles, tandis que les inté-
SÉANCE DU 3 AVRIL ipoS. 917
grales de seconde espèce dépendent de r constantes arbitraires complexes.
On en déduit aisément qne le nombre des intégrales de seconde espèce est
double du nombre des intégrales de première espèce; c'est la proposition qu'il
s'agissait d'établir, et qui se trouve ainsi démontrée, en restant à un point
de vue purement fonctionnel et très simple.
SPECTROSCOPIE. — Variations des spectres de bandes du carbone avec la
pression, et nouveaux spectres de bandes du carbone. Note de MM. H.
Deslandres et d'Azambuja.
Dans une Note récente ('), l'un de nous a exposé les variations curieuses
que subissent, aux pressions croissantes du gaz, les spectres de bandes et
en particulier les spectres du |)ôle négatif ou de la lumière cathodique.
Ces derniers spectres qui sont attribués à l'action des rayons cathodiques
sur les molécules gazeuses, sont émis par le gaz entier aux pressions très
basses et ont alors une structure très simple, qui a fait l'objet d'une Note
spéciale en 1902 {-). Mais, aux pressions croissantes, lorsque la partie du
gaz qui émet le spectre avec intensité se réduit de plus en plus et est confinée
à une petite région de la cathode, le spectre offre des complications de
structure qui sont fort intéressantes; car elles impliquent une modification
intime de la molécule elle-même ou tout au moins des conditions dans les-
quelles elle est excitée. De nouvelles séries de raies qui, à un vide avancé,
étaient à peine visibles, croissent rapidement en intensité avec la pression
et arrivent même à surpasser les autres séries à la pression atmosphérique.
Jusqu'à présent, les seuls spectres de bandes sur lesquels on ait con-
staté ces variations en détail et d'une manière complète sont le groupe
négatif de l'air ou de l'azote, et le groupe du carbone attribué au cyano-
gène. Or, nous nous sommes proposé d'étudier avec soin au même point
de vue le groupe négatif du carbone, qui a une structure simple et se prête
à celte recherche.
Le groupe négatif du carbone est un spectre de bandes, signalé pour la
première fois en 1902, qui apparaît à la cathode dans les composés oxy-
{') Deslandres, Groupe de bandes négatif de l'air avec une forte dispersion. Va-
riations du spectre avec la pression {Comptes rendus, igo^, t. GXXXIX, p. ll']^)■
(-) Deslandres, Simplicité des spectres de la lumière cathodique dans les gaz
azotés et carbonés {Comptes rendus, 1902, t. CXXXVII, p. k^j).
9l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gênés et hydrogénés du carbone; il est surtout intense avec les composés
oxygénés, oxyde de carbone et acide carbonique, qui ont été les seuls
composés du carbone employés dans ces recherches (voir le dessin général
du spectre et le dessin d'une bande résolue en raies fixes dans la Note des
Comptes rendus , t. CXXXVII, p. 459).
Le groupe comprend seize bandes, ultra-violettes (de X280 à >.20o),
tournées vers le rouge, qui sont simples en ce sens que cliacuue, au moins
aux basses pressions, est formée par une seule série de raies en progression
arithmétique. Quelques autres raies supplémentaires apparaissent aussi,
mais elles sont à peine visibles.
Ces bandes négatives du carbone sont à rapprocher des bandes néga-
tives de l'azote, déjà étudiées, qui sont formées aussi aux basses pressions
par une série unique; il y a même un point commun de plus, c'est l'exis-
tence dans les bandes des deux gaz d'un espace obscur près de l'arête,
espace obscur qui est dû à ce que plusieurs raies consécutives de la série
unique manquent ou sont faibles.
L'étude des variations se fait simplement en juxtaposant sur la même
plaque le spectre d'un tube de Geissler à une pression voisine de o^^jS, et
le spectre du point brillant de la cathode, dans un autre tube à électrodes
plus rapprochées, où les pressions croissent jusqu'à la pression atmosphé-
rique. Le tube de Geissler donne le groupe négatif et aussi les groupes de
bandes du pôle positif appelés les deuxième, troisième et quatrième groupes {^).
Lorsque la pression augmente, toutes les bandes gagnent en étendue, les
différences d'intensité entre les raies, de la tête à la queue, étant beaucoup
moindres; de plus, le groupe négatif perd son espace obscur, qui est
envahi, de même que la tète, par les raies d'une série nouvelle qui s'en-
chevêtrent avec les premières raies.
Bref, les variations sont presque exactement les mêmes qu'avec le
groupe négatif de l'air, déjà étudié; elles sont seulement plus difficiles à
discerner, à cause de l'intensité moindre de la lumière et de la dispersion
plus faible du spectroscope.
Les bandes positives, d'autre part, éprouvent des modifications ana-
logues, quoique moins tranchées; mais ces bandes, qui ont une structure
plus complexe, exigent des appareils plus puissants, et les résultats obtenus
avec elles seront présentés ultérieurement.
(•) Voir Deslandres, Spectre de bandes ultraviolet des composés hydrogénés et
oxygénés du carbone {Comptes rendus, t. CVI, 1888, p. 842).
SÉANCE DU 3 AVRIL ipoS. 919
Dans l'état actuel des recherches, cette modification spéciale des spectres
de bandes avec la pression apparaît avec une grande probabilité comme un
fait général.
Spectres de bandes nouveaux. — Au cours de ces études avec les gaz
oxyde de carbone et acide carbonique, nous avons rencontré deux spectres
de bandes nouveaux.
Le groupe négatif de l'air, spécial au point de la cathode, dans l'étin-
celle ordinaire à la pression atmosphérique, est émis, comme on sait, par
l'étincelle entière, lorsque l'on ajoute une capacité et une inductance
suffisantes.
Le groupe négatif du carbone n'a pas la même propriété; il ne se
montre pas dans l'étincelle entière avec une capacité et une inductance;
les deuxième, troisième et quatrième groupes positifs disparaissent égale-
ment; par contre, le premier groupe positif, qui est le spectre de Swan ou
des hydrocarbures, est émis fortement; en même temps, apparaissent de
nouvelles bandes entre )^4io et >.33o, dégradées vers le violet, qui sont
résumées dans le Tableau suivant :
Intensités
(de I à 10,
10 étant
Longueur
Nombre
la plus forte).
d'onde.
devibrations.
Remarques.
?
4680,62?
2.364,7 )
Noyées dans les bandes intenses
?
4372,57?
22869,8 i
du premier groupe.
5
4102,47
24375,6
8
3852,26
25958,8
6
3607,44
27720,5
4
3593,43
27828,6
6
3587,83
27872,0
I
3399,87
29412,9
4
3398,20
29427,3
Les bandes 'X4io et X385, qui sont isolées et fortes, sont aisément
résolues en raies fines; leur division en séries arithmétiques sera étudiée
ultérieurement.
Ces bandes nouvelles, données aussi par l'acide carbonique, ont été
obtenues avec des électrodes de cuivre, d'argent et d'aluminium, et donc
semblent devoir être rapportées au gaz carboné lui-même et au mode par-
ticulier d'excitation avec inductance et capacité. Elles apparaissent avec
qao ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'inductance seule, et sont alors noyées dans un fond continu; dès que
l'on ajoute une capacité, elles augmentent aux dépens du fond qui tend à
disparaître.
L'acide Ciirbonique a donné aussi un spectre nouveau, spécial au point
brillant de la cathode, avec la pression atmosphérique et l'étincelle ordi-
naire. Outre les deuxième, troisième, quatrième groupes positifs et le
groupe négatif du carbone, on a, entre >. 4oo et l3io, des bandes nou-
velles, dégradées vers le rouge, et obtenues avec des électrodes de cuivre,
d'aluminium et d'argent.
Leur intensité varie avec la pression et semble passer par un maximum
pour o'",3o de mercure; avec une pression plus forte, elles s'estompent
dans un fond continu; et, d'autre part, sont invisibles aux pressions plus
basses, vers 5°""; elles sont complexes, avec un grand nombre de têtes
assez peu nettes dont les principales sont relevées dans le Tableau ci-
dessous.
Longueur Nombre
Intensité. d'onde. de vibrations.
8 i 385,29 209,55
8 I 384,95 259,78
8 i 367,49 272,12
8 (367,10 272,40
8 I 366, 3o 273,00
9 / 35i,i5 284,78
rj I 35o,68 285,16
8 ( 35o,36 285,42
7 1 337,79 296,04
6 ' 337,54 296,26
6 337,28 296,49
8 ' 337,05 296,69
4 ( 325,46 307, 25
2 I 325, (o 307,60
2 ( 324,94 307,75
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les graines trouvées attachées
au Pecopteris Pluckeneli Schht. Note de M. Grand'Eury.
En recherchant les plantes dont proviennent les graines fossiles, j'ai
découvert des frondes déterminables de Pecop. Pluckeneti Schl. auxquelles
SÉANCE DU 3 AVRIL 1905. 92 1
sont fixées, non une ou quelques-unes, mais des centaines de petites
graines bien conformées, ce qui prouve par le fait que des fougères du
terrain houiller autres que les Névroptéridées sont à élever au rang de
Gymnospermes et à placer auprès des Cycadées.
Le Pecop. Pluckeneti est répandu dans toute la série, épaisse de looo"",
des couches de Saint-Étienne, et avec ses feuilles se trouvent fréquemment
mêlés des Carpolithes granulatus Gr. ( ' ) ou graines très petites que souvent
l'on ne discerne bien que sous la loupe. L'association des unes avec les
autres est parfois très intime et, bien qu'il s'agisse d'une fougère fossile
ordinaire, je n'ai pas été très surpris de la trouver portant de pareilles
graines; plus de vingt échantillons en font foi, ces échantillons se com-
plètent les uns les autres et sont assez bien conservés pour que l'on puisse
se rendre compte du mode d'attache des graines, de leurs rapports avec
les feuilles, de leur forme, etc. A l'appui de celte Note, j'en adresse plu-
sieurs au Muséum (laboratoire de Paléontologie végétale), et je donne
ci-après la photographie de deux fragments de frondes fertiles.
Les frondes fructifères sont peu modifiées : sur des feuilles ordinaires
de Pecop. Pluckeneti se montrent quelques rares graines isolées; d'autres
feuilles de cette espèce sont en partie stériles en partie fertiles; plus rare-
ment les mêmes feuilles sont tout entières fertiles ; sur les plus fertiles j'ai
compté jusqu'à 100 graines par décimètre carré; dans ce cas les frondes
sont plus étroites, le limbe réduit, mais les rachis, les nervures et les extré-
mités des pennes sont ceux de ladite espèce.
Les graines, étant beaucoup plus charbonneuses que le limbe foliaire, se
détachent nettement en noir sur l'empreinte des feuilles. Elles sont fixées
au bout de fortes nervures aboutissant et s'arrêtant net à leur base non
cordiforme, sans autre rapport de contact avec la feuille. Sur les échantil-
lons les moins écrasés, on les voit formant un angle très ouvert avec le
plan du limbe, et il est facile de se convaincre que, vivantes, elles se dissi-
mulaient et |)endaient librement sous les frondes fructifères.
Les graines attachées, étant en voie de croissance, offrent des aspects
changeants. Les plus jeunes, longues de S""", larges de S™"", situées à l'ex-
Irémité d'une fronde en vernation, ont tout à fait l'apparence d'ovules nus
à micropyle évasé. Au second degré de développement le plus souvent, les
graines devenues ovales aiguës, sont entoinées d'une marge ou aile plus ou
(') Flore carbunifùre, 1877 (l'I. AA.YllI , Jii^ . 7).
C. K., lyoj, 1" Semestre. (T. CXL, N° 14.) ' '7
922
ACADEMIE DES SCIENCES.
moins échancrce au sommet, qui les fait ressembler, quoique notablement
plus petites et plus minces, au Card. crassus Lesq. f '), et ce n'est pas une
chose peu curieuse de les voir prendre ainsi sans contrainte, évidemment
pour faciliter leur dissémination, uneforme si analogue aux S«wrt/YYw/.y que,
isolées dans cet étal, on les pourrait aisément confondre a\ec les graines
aussi petites de certains Dory-Cordaites. Et c'est sans doute en arrivant à
maturité que les mêmes graines, avant de tomber, s'ornent de quelques gra-
nulations, car c'est pourvues de ces petites aspérités que gisent, parmi ses
feuilles, les graines du Pecop. Pluckeneti.
Sur d'autres feuilles de la même espèce, on remarque d'autres vestiges
de fructification dans lesquels M. J.-T. Sterzel (-) a vu des sores disposés
comme ceux des Dicksonia. Ces vestiges ont l'apparence de tout petits
boutons de 1°"" de diamètre, limités par une dépression annulaire, et
marqués d'un point central. Ces boutons de forme et de dimension con-
stantes, distribués systématiquement au fond des sinus des pinnules, et ali-
mentés par des nervures spéciales, constituent des organes de première
importance; ils ne ressemblent pas aux cicatrices laissées par la chute des
(») Coal Flora carb. Pennsylvania, p. 812, PI. CW, fig. 12, PI. C\, /;,'. 6 à g.
('-) Zeitschrift der dealscli. geol. Gesellschaft, i886, p. 778 et 797.
SÉANCE DU 3 AVRIL igo5. 928
graines; je présume que ce sont des réceptacles d'anthères. Mais, comme
d'ordinaire, l'organe mâle manque totalement.
Il n'en reste pas moins acquis qu'au Pecopteris Pluckeneti appartiennent
les graines les plus petites, communes et nombreuses, du bassin de Saint-
Étienne, et, si l'on n'en connaît pas la structure comme celle du Lagenostoma
Zo7waa:j rapproché du Sphenopieris Hônifighaitsi^r. par l'intermédiaire des
Ly ginodendron ('), elles sont au moins rattachées directement et indiscuta-
blement aux feuilles de Fougère qui les ont portées.
MEMOIRES PRESENTES.
M. Gustave Lamare soumet au jugement de l'Académie un Mémoire Sur
la construction d'une machine multiplicatrice rapide.
(Renvoi à une Commission composée de MM. Maurice Levy,
Appell, Humbert. )
(') Philos. Transactions Royal Sociely of Ldiidon, 1904, p- aSo.
924 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
M. van't Hoff, élu Correspondant pour la Section de Mécanique, adresse
des remercîments à l'Académie.
M. le Skcbéïaike peupétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
I" Une brochure de M. il. Moissan intituléL> : La Chimie mincmle, ses
relations avec les autres sciences;
2" Les trois [)remiers fascicules de la Revista de Chiinica para c applicada
fondée par le professeur A.-J. Ferreira da Silva.
ASTRONOMIE. — S(ir la noiwelle comète Giacobini. Note de M. Giacobim,
jirésentée par M. Bassot.
J'ai riionneur de présenter à l'Académie les observations, les éléments
et l'éphéméride de la nouvelle comète que j'ai rencontrée le 23 mars der-
nier, à l'aide de l'équatorial coudé de l'Observatoire de Nice.
Élcnieiils de la comète calculés à l'aide des observations
des 26, 28 el 3o mars de Nice.
T —1905 avril 4, 141 l'aiis,
9079 0,70
» 3o S. 33. ij 4 i-4'î,^ T-0M7 ".6'
SÉANCE UU 3 AVRir, iqo5.
925
Observations de la comète.
Daie».
1!)0J.
Mars ■!&
" 27
11. /,9
— 1
36,72
8. 6
— I
4,76
48.59
-ho
39,81
6.34
+4
21, 5i
I9-I9
^-4
23,91
24.33
-t-2
36,75
2.11
0
44,64
j. 8
0
44, >4
Nûinbie
'i\
,1e compar.
Etoiles.
Obs
. i5,o
18
[O
a
G
.33,2
i4
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h
J
.12,7
21
10
c
G
.22,8
i5
10
d
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.08,2
i5
10
d
G
.18.0
i4
10
e
J
.26,6
16
16
f
J
.35,7
16
10
f
G
Positions moyennes des étoiles de rnmpai
Étoiles. Autorités.
a Leipzig I, i84o
b Leipzig I, 1868
■c Leipzig I, i853
d Leipzig I, 1848
e Leipzig I, igiS
/ Leipzig I, i883
droite
un
polaire
au
moyenne.
jour.
moyenne.
jour.
h m .s
s
0 ,
5.45.50, 5b
+o,i4
78.57.36,3
-t- I 2 , 3
5.48.45,92
-1-0, 12
77.57.20,0
-1-12,0
5.47- 6,99
+0,1 3
77.41..30,.
H-I2,0
5.46.00,80
4-0. 10
76. .38. 0,4
-f-ii,5
5.52.23,79
-1-0, II
75 19.40,4
-1-10,6
5.59.14,15
-1-0,12
74.10.41,8
-1-10,7
Dates
1905.
Mars 26
27...
27.. .
28
28.. .
3o...
3o...
Positions apparentes de la comète.
5 . 44 . 1 3 ,
Log.lact.
Distance polaire
Log. fact
parallaxe.
apparente.
parallaxe
T,45o
79. 3. 3,8
0,703,1
T,444
77.49.58,8
0,689,,
T,525
77-47.55.0
0,707,.
1,442
76.36.49,1
o,676„
1,473
76.36.13,7
o,68i„
T,575
75.19.33,0
0,701,,
T,436
74.10.25,9
o,649„
T,448
74.10.16,9
o,656„
5.47.41,28
5.47.46,93
5.5i . 12 ,4i
5.5i.i4,8i
5.55. o,65
5.58.29,63
5.58.3o, i3
I\ol.a. — Les lettres G et J désignent respectivement les observateurs Giacobini et
Javelle; le premier observant à l'équatorial coudé de o"',4o d'ouverture, le second au
griinil équntorinl de o"",76.
9^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Éléments provisoires de la comèle Giacobini {\ç\oj, mars 26).
Noie de M. E. Maubaxt, présentée par M. Lœwy.
On a utilisé l'observation tlu 26 mars faite à Nice et les observations des
28 et 3i mars obtenues par M. Bigonrdaii à l'Observatoire de Paris.
Dates,
Temps moyen
Ascension droite
Iteelinaison
1905.
rie Paris.
apparente.
apparente.
h m s
Il m '^
Mars 26. . .
... 7. 5,. 57
5.44- '4
+ 10. 56. 56
,. 28...
. . . 9. 10.40
5.51.25,26
+ 13.27.27,4
» 3i...
... 8.58.51
6. 2.27,06
+ 17. 6.i5,2
» 3i...
... 9.1.48
6. 2.29,26
-H I 7 . 7 . 8,1
On en a déduit une |)arabole dont voici les éléments :
T=ri9o5 avril 3,8o238, temps moyen de Pa
Q ^156.5. '.45" j
j= 4o-43. 6 I 1905,0
w =: 357.53.32 )
log^ = 0,04944.
Représentation du lieu moyen : O — C
( ces fi d'K =r o,
i rfp=o.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Le théorème d' Abel sur les surfaces algébriques.
Note de M. Francesco Severi, présentée par M. Emile Picard.
1. Il y a deux questions qu'on peut poser sur une surface algébrique, en
se plaçant au point de vue analogue à celui du théorème d'Abel pour les
courbes. Ou bien on demande une condition pour qu'un système algé-
brique de courbes (algébriques) soit renfermé totalement dans un système
linéaire; ou bien on demande une condition pour qu'une involution de
groupes de points soit régulière (c'est-à-dire que son ordre de connexion
linéaire soit^, = i ).
Dans cette Note, je donne ces conditions, au moyen des intégrales de
Picard attachées à la surface.
SÉANCE DU 3 AYRII, 1905. 927
Je commence à énoncer ce que je nomme Ir premier théorème d' Abel sur
les surfaces :
Soient I,, I2, .., l^ les intégrales de différentielles totales attachées à une
surface F, et soient a-,, a-,, . . ., x„ les poin/s communs à deux courbes (algé-
briques) tracées sur la surface et variables dans une même série algébrique :
alors, pour que cette série soit renfermée dans un système linéaire, il faut et il
suffit que les sommes
l,(x,)+...+ \n{-r„) (/* = i, ...,q)
demeurent constantes.
La nécessité de la condiliori dont on pnrle s'établit par elle-même, en
s'appuyant sur le théorème d'Abel pour les courbes. Mais la démonstration
de la réciproque, quoique simple, n'est pas si immédiate. J'ai posé à la base
de cette recherche le lemme qui suit :
Si, dans une courbe algébrique, on a une série algébrique {irréductible) S
de groupes de v points, telle que l'ensemble des n groupes qui passent par le
point X variable sur la courbe (y compris le point x compté n fois), se meut
dans une série linéaire {d'ordre /iv), alors tous les groupes de S sont contenus
dans une même série linéaire.
De ce lemme je tire la suffisance de la condition énoncée, en généra-
lisant un raisonnement bien connu de M. Humbert {.Journal de Math.,
1894).
2. Comme une conséquence immédiate du premier théorème d'Abel,
je vais établir qu'u/ie surface algébrique, ayant les genres p„, p,,, possède
Pg — Pn intégrales de Picard de première espèce et ^{p„ — p„) intégrales de
deuxième espèce.
Pour ce qui coiicenie la relation entre l'irréi;ularité et Texislence d'intégrales de
première et de deuxième espèce, j'applique seulement, dans la démonstration que je
vais exposer, les propositions données dans ma Note des Rendiconli dei Lincei (sep-
tembre 1904), et le beau théorème de M. Enriques, concernant les systèmes complets
non linéaires qui appartiennent à une surface irréguliére (Voir Comptes rendus,
16 janvier).
Soit |C| un système linéaire régulier de courbes tracées sur la surface F. D'après
M. Enriques, ce système appartient à une série algébrique 'Z, ccP{p = /'^, — p„), de sys-
tèmes linéaires. Si .r,, x,, r„ sont les points cumijuins à deux courbes d'un de ces
systèmes, on aura :
I/,(.r,)+...-^I,(,r„) = e/„ lA = i, ..., 7).
où I,, ..., I,, sont les intégrales indépendantes de première espèce attachées à F, el
f)28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les c sont des constantes. Grâce à la suffisance de la condition donnée du premier tliéo-
rème d'Âbel, le groupe des quantités c,, c^ c, ne pourra pas être le même par
deux, systèmes différents de S. Donc les c sont susceptibles de . D'un autre côté, en désignant par r le nombre des inté-
grales de deuxième espèce, on a (t;oi> maNote des /.//ice?, n" 2) : /• — ^ ;^/>. Ces inéga-
lités, jointes à l'autre rl'>.q, qu'on obtient aisément {voir, par exemple, le n° 3 de ma
Note dans les Alti deU'Accadeniia Ji Torino, 22 janvier), donnent + ^
(Comptes rendus, 16 janvier), par une méthode où joue, d'une manière
admirable et systématique, le groupe d'une certaine équation différen-
tielle E.
4. En terminant, je me borne à énoncer ce que je nomme le second théo-
rème d'Abel sur tes surfaces :
Soient encore I,, . . ., I^ les intégrales de première espèce attachées à une
sur/ace F, et (a;,, x.^, . . ., .i*„) un groupe de points, mriable dans une im>o-
lution R de F. La condition nécessaire et suffisante pour que K soit régulière
est alors que les sommes
l,(a-,) + ... + \,(x,) (h = i,...,q)
demeurent constantes.
On en tire, par exemple, que sur une surface, qui ne contient pas de fais-
ceaux irrationnels, toute involution d'une série continue est régulière.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles linéaires du
second ordre à solution périodique. Note de M. Maxi.me Bôcher, présentée
par M. Emile Picard.
On sait comment M. Picard s'est servi de la méthode des approximations
successives pour démontrer quelques-uns des théorèmes de Sturm sur les
solutions réelles des équations différentielles linéaires du second ordre.
Plus récemment, M. Mason a emplové les principes du calcul des variations
SÉANCE DU 3 AVRIL IQoS. 929
pour établir les mêmes propositions et d'autres propositions analogues. Ces
deux méthodes ont un avantage incontestable sur celle de Sturm. C'est de
se prêter facilement à une généralisation aux équations aux différences
partielles. Il en est autrement quand on se restreint aux équations diffé-
rentielles ordinaires, au moins quand elles sont linéaires et du second
ordre. En effet, la méthode de Sturm est, dans ce cas, bien plus générale
que celle de MM. Picard et Mason. Il paraît même que, dans tous les cas
qui peuvent être traités par ces dernières méthodes, la méthode très simple
indiquée par Sturm au bas de la page 182 du premier Volume du Journal
de Liouvil/e sera a|)plicQble. Ainsi la méthode de Sturm aurait aussi l'avan-
tage de la simplicité sur les méthodes plus récentes. Toutefois, dans la
recherche des solutions périodiques, la méthode de M. Mason paraît l'em-
porter sur la méthode de Sturm.
Je vais montrer ici comment on peut, jusqu'à un certain point, suppléer
à ce défaut en traitant ce cas comme simple corollaire des cas les plus
simples.
Soit l'équation différentielle
où A désigne une fonction positive de période w et A un paramètre. Il
s'agit de prouver qu'il existe une infinité de valeurs réelles de 1 pour
lesquelles l'équation (i) admet une intégrale périodique, non identique-
ment zéro, de période oj. On trouve facilement une équation transcendante
en \ dont les racines sont précisément les valeurs désirées. Désignons, en
effet, par j, et y^ les deux intégrales de (i) qui satisfont, quelle que soit
la valeur de \, aux conditions
y,(a) = i, y^(^a) = o, y,(a) = o, y^{a) == ^ .
Pour qu'une intégrale 7 = c,)', 4- c. Va .h'L la période oj, il faut et il suffit
qu'on ait
<^i v,(a -+- oi)-t- c.^y..{a ■+- o>) = c,,
c,y,{<^ -+- '") + '"sJU" + "'.* = '^2-
La condition nécessaire et suffisante pour que ces deux équa'tions soient
satisfaites par des valeurs de c,, (\, qui ne soient pas toutes deux nulles, se
réduit facilement à la forme
(2) v,(a + o>")-h j';(a + o,)- 2 = 0.
c. F.., icjo,",, i" Semestre. (T. CXL. N° 14 ) I 18
p3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'est l'équation en X qu'il s'agissait de trouver. Nous voulons maintenant
démontrer que cette équation a une infînilé de racines réelles.
A cet effet, considérons l'équation ^^(a -I- to) = o qui, d'après un théo-
rème iondamental de Sturm, a un nombre illimité de racines réelles et
positives. Si nous désignons ces racines, rangées par ordre de grandeur,
par lo, >.,, lo, ..., la fonction /^(a;) aura pour la valeur 1 = !„ exactement
n racines dans l'intervalle a<^x <^a + to.
En se servant de la formule 7,7^ — Ja/', = i» "" trouve que le premier
membre de (2) se réduit, quand 1 a une des valeurs )^o» ^t » ■ • ■■> '"^ ^^ forme
s,ly,{a + o>)
\/ji{(i-
Or, quand 1 = ^, la quantité j, (a -H o>) est positive, si n est impair,
négative si n est pair. 11 s'ensuit que dans chaque intervalle l^'SlS'k„+,
l'équation (2) a au moins une racine. Ainsi, l'existence d'une infinité de
valeurs réelles de 1 pour lesquelles l'équation différentielle (i) a une solu-
tion de période 10 est démontrée.
On peut facilement aller un peu plus loin si l'on considère les racines de
l'équation en 1
/j(a 4- w) = o.
On prouve ainsi, par des raisonnements tout à fait analogues à ceux dont
nous venons défaire usage, que, tétant un entier positif quelconque, il
existe au moins deux valeurs réelles de >> pour lesquelles l'équation (i) a
une solution de périodes qui s'évanouit exactement Q.k fois dans l'inter-
valle a < vSa-htù, pourvu toutefois qu'on compte deux fois une valeur
de 1 pour laquelle toutes les solutions de (i) ont la période a>.
La méthode dont je me suis servi a l'avantage de s'appliquer sans aucune
modification à l'équation
(3) S+/H^)£+?^^'^)^=°'
où la fonction périodique /> n'est restreinte qu'à la condition
et la fonction q, périodique en x, dépend de 1 de telle façon que, quand >.
croît de IkL, q croisse continuellement, pour chaque valeur de x, d'une
valeur négative ou nulle à -f- co . Il est même suffisant que cette crois-
SÉANCE DU 3 AVRIL IQoS. gSl
sance uniforme ait lieu pour toutes les valeurs de x qui sont contenues
dans un intervalle, quelque petit qu'il soit.
Ce n'est qu'après avoir écrit ces lignes que j'ai vu la Note dans un des
derniers numéros des Comptes rendus où M. Tzitzéica s'est servi de la mé-
thode de M. Picard pour établir les théorèmes de M. Mason sur l'équa-
tion (i) dont il a été question dans celte Note. La méthode de M. Tzitzéica,
pas plus que celle de M. Mason, ne paraît |)as devoir s'appliquer à l'équa-
tion plus générale (3).
Il est bien probable que, pour peu que dans (3) le coefficient q croisse
avec X pour toute valeur de x, il ne pourra pas exister plus de deux valeurs
de^ pour lesquelles l'équation (3) ait une solution périodique qui s'éva-
nouit 2k fois dans l'intervalle aa|)lace l'avait déjà vu d'ailleurs. La notion de
934 ACADÉMIE DES SCIENCES
invariable ne subsiste plus, et l'on doit considérer plusieurs exprès
~7h>
la masse cinétique ou leibmzienne - —. ^> la masse hamillo-
W 1 (^V
nienne — > et la masse maupertuisienne - -t— ; cette dernière doit notamment
attirer l'attention. Il s'introduit des valeurs critiques de la vitesse, qui peuvent
être telles que la vitesse de la lumière. Le mouvement rectiligne et uni-
forme ne correspond plus seul à la force nulle, tout en conservant cepen-
dant un rôle prépondérant. Ici apparaît la notion d'état naturel, et nous
arrivons à cette conclusion que la dynamique classique est simplement l'étude
de Vétat de mouvement infiniment voisin de l'état de repos. Comme on est
parvenu à une conclusion analogue pour la Statique, ce point de vue nou-
veau est particulièrement intéressant, car il indique comment peuvent se
séparer les différentes énergies dans le système énergétique.
Si l'on déduit, à la manière habituelle, la théorie du corps invariable de
la considération du point matériel, on est amené à adjoindre au corps une
certaine fonction W des six arguments ^, y), *(, p, q, r qui déterminent le
mouvement d'un trièdre invariablement lié. La méthode de l'action va-
riable, entendue de la même façon <|ue pour le point matériel, donne la
définition des systèmes de quantités de mouvement et de forces extérieures.
La notion d'énergie cinétique résulte, comme précédemment, du travail des
forces, et l'on est conduit immédiatement à définir le centre d'inertie et les
axes (Vmerûe à unmstant donné; l'étude du mouvement du corps, lorsqu'il
n'y a pas de forces extérieures, justifie, dans une certaine mesure, l'intro-
duction de ces dernières notions, sur lesquelles Laplace avait hésité; nous
obtenons, en particulier, un théorème qui se réduit, dans l'état de mouve-
ment infiniment voisin de l'état de repos, au suivant, dont l'énoncé n'est
donné dans les Traités que pour le cas |)articulier de la rotation :
Si un corps invariable, qui n'est sollicité par aucune force extérieure, com-
mence à être animé d'un mouvement hélicoïdal autour d'un axe principal de
l'ellipsoïde central d'inertie, il continue indéfiniment à être animé du même
mouvement hélicoïdal autour du même axe.
Il est digne d'attention que les équations du mouvement relatif peuvent
s'interpréter en substituant à W(E, r), C,/), y, r) une fonction de forme plus
complexe, qui fait intervenir les éléments de définition du trièdre attaché
au corps par rapport au trièdre mobile de référence. On est conduit à une
généralisation d'un autre ordre reposant sur l'idée de trièdre matériel,
q\çs^tjT3^4A''Ç\.'!U.r ilMfiÇ. (Ji^pqint matériel auquel sont adjointes trois direc-
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. gSS
lions reclangulaires. Cette nouvelle notion joue un rôle capital dans la
théorie des corps déformables, en permettant d'unifier des théories qui,
jusqu'ici, n'avaient pas de contact; son intérêt réside, en particulier, dans
ce fait qu'elle comprend en elle-même la notion de trièdre caché, que l'on
peut introduire ici par l'application de l'idée bien connue d'Helmholtz.
Nous commençons à indiquer, pour la Dynamique, le rôle du trièdre
tériel dans la première Note du Livre de M. Chwolson.
ma
CHIMIE MINÉRALE. — SuT les propriétés de l'anhydride tungstique comme
colorant céramique. Note de M. Albert Granger, présentée par M. A,
Ditte.
La belle couleur jaune de l'anhydride tungstique et sa stabilité aux tem-
pératures utilisées dans l'industrie céramique l'on fait proposer plusieurs
fois comme colorant de grand feu. Hertwig (') seul semble avoir obtenu
des résultats satisfaisants, mais son Mémoire ne donne pas la description du
procédé qu'il a suivi; il signale, comme ses prédécesseurs, la tendance
qu'ont les couvertes tungstifères à s'opaliser quand elles subissent un coup
de feu.
J'ai pensé qu'aux températures employées pour le décor en feu de
moufle il était possible d'obtenir facilement du jaune sans courir le risque
de voir le colorant disparaître en opacifiant le fondant. Mes prévisions
n'ont été vérifiées qu'en partie.
En cuisant vers 800° de l'anhydride tungstique, mêlé de monosilicate de plomb comme
fondant, on a du jaune. L'introduction d'acide borique dans le fondant, en remplace-
ment partiel de la silice, et d'oxyde de zinc (tout en gardant le rapport des bases aux
anhydrides silicique et borique égal à i) n'a pas détruit la coloration; le jaune est
peut-être même un peu plus vif. En revanche, un coup de feu fait diminuer la colo-
ration. Le fondant peut même dissoudre le colorant et cristalliser confusément par
refroidissement en formant une couche blanche. Au lieu d'un fondant de cet ordre
j'ai employé ensuite l'oxyde de bismuth; ce dernier corps m'a donné satisfaction. Le
jaune obtenu résiste mieux que le précédent à une cuisson trop élevée.
J'ai cherché ensuite si l'opacification amenée par l'introduction de l'anhydride
tungstique dans les couvertes était un phénomène général. Les couvertes de por-
celaines, les glaçures plombeiises deviennent laiteuses ordinairement quand on les
additionne de ce composé. Avec 6 pour 100 d'anhydride tungstique une glaçure bary-
(') Spreclisaal, igoS,
936 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tique que j"ai essayée devenait opaque à la manière des glacures employées dans la
fabrication de la faïence stannifère. Elle s'appliquait bien sur terre cuite. On peut
cependant préparer des glaçures, renfermant de l'anhydride tungstique, parfaitement
transparentes. Dans une glaçure correspondant à la formule générale M0.2SiO' j'ai
introduit o"'"', i d'alumine, puis j'ai remplacé o"'°',5 de SiO' par de l'anhydride
borique et o"'"', i de SiO- par de l'anhydride tungstique. Comme base j'ai employé
de la soude, de la chaux, et de l'oxyde de plomb, mélangés dans le rapport
Na-0, CaO, aPbO. Le verre basique ainsi produit était facilement fusible et parfai-
tement transparent; il était jaunâtre. En remplaçant l'oxyde de plomb par de la
baryte, on a de même un verre transparent. C'est dans une glaçure de cet ordre,
mais dont la teneur en silice et en alumine avait été augmentée d'un tiers environ, que
j'ai constaté l'opacification.
Je me propose détiulier plus à fond ces réaclions spéciales et de cher-
cher à déterminer les condilions à réaliser pour produire ou éviter l'opa-
lisation dans certains verres et glaçures. Jusqu'ici ces phénomènes n'ont
fait l'objet d'aucune élude détaillée. Ils sont suffisamment intéressants au
point de vue pratique pour mériter un examen plus approfondi, dont j'in-
diquerai ultérieurement les résultats.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation des hydrosuljites. Note de M. Billt,
présentée par M. H. Moissan.
L'hydrosulfite de sodium a été préparé, pour la première fois, sans l'in-
termédiaire du zinc par M. Moissan ('), qui l'obtint en faisant réagir le
gaz sulfureux sur l'Iiydrure de sodium.
Quelque temps après, la Badische (-) prit un brevet pour l'obtention
industrielle des hydrosulfites par l'action de l'anhydride sulfureux sur le
sodium en présence d'un solvant neutre tel que l'éther, la ligroïne, etc.
Ce résultai m'a |)aru très étonnant, car, ayant essayé l'action de l'anhy-
dride sulfureux sur le sodium en présence d'élher anhvdre, j'avais été à
même de constater qu'd ne se produisait aucune réaction.
J'ai donc répété ces expériences avec grand soin et elles ont toutes donné
invariablement un résultat négatif.
L'anhydride sulfureux ne réagit pas sur le sodium en présence d'im sol-
vant neutre.
(, ') Moissan, Comptes rendus, 27 octobre 1902.
(■-) BadUclie Aiiilin undS. F., 19 novembre i90>. ; «janvier 1904. Nr. i48-i'
SÉANCE DU 3 AVRIL IQoS. 987
Il n'en est pas de même lorsque la réaction a lieu en présence d'alcool
absolu.
Il semble donc nécessaire que, pour obtenir l'hydrosulfite, le sodium et
l'anhydride sulfureux se trouvent en présence d'un réactif attaqué par le
métal.
En poursuivant cette étude avec le magnésium, on observe que l'anhy-
dride sulfureux réagit fort bien sur ce métal, en présence d'alcool absolu,
pour donner un hydrosulfite.
On fait arriver un courant de gaz sulfureux sec dans un ballon contenant du ma-
gnésium, en poudre ou en ruban, recouvert d'alcool absolu, l'attaque s'effectue
rapidement; cet hydrosulfite est soluble dans l'alcool contenant un excès d'anhydride
sulfureux; la coloration jaune de la liqueur permet de supposer qu'elle contient un
hvdrosuifite acide particulier; je me propose de l'étudier. Quand on laisse la solution
dans le vide, le départ de l'anhydride sulfureux est accompagné d'un dépôt du sel;
si l'on évapore à sec et à froid, on obtient une combinaison alcoolique d'hydrosulfUe
de magnésium, insoluble dans l'alcool absolu. Les solutions alcooliques du sel magné-
sien donnent, avec des liqueurs alcooliques d'azotate d'argent et de chlorure mercu-
rique, les mêmes réactions que les solutions aqueuses.
11 semble bien ici que, le magnésium n'attaquant pas l'alcool absolu, il doit y avoir
union directe des composants; cependant il me paraît plus vraisemblable qu'il y a
d'abord une attaque préalable de l'alcool par le magnésium et que, seulement alors,
la formation d'hvdrosulfite a lieu. En effet, le magnésium seul mis en présence d'alcool
absolu est susceptible de fournir un alcoolate avec dégagement d'hydrogène; à i5o° en
tube scellé la réaction est complète.
Le mécanisme de la réaction du sodium et du magnésium pourrait donc
être envisagé comme suit :
Ce métal attaquant l'alcool forme une trace d'alcoolate et d'hydrure qui
réagit alors sur l'anhydride sulfureux au fur et à mesure de sa formation,
l'hydrogène se reportant sur une nouvelle |)ortion du métal qui n'a pas
réagi.
Cette interprétation est peut-être applicable à la préparation de l'hydro-
sulfite de zinc d'après M. Nabi (') ou à celle des hydrosulfîtes de calcium,
aluminium, fer que j'obtiens en tube scellé à froid en laissant le métal
plusieurs jours au contact de l'alcool absolu saturé de gaz sulfureux.
Ces expériences seront continuées pour obtenir les alcoolales.
(') Nabl, Monatshefle Jïir Cheniie, 1899, p. 679.
(T. CXL, N- 14
Ç)38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l' acide acélyl-lactique.
Noie de M. V. Auceu, présentée par M. H. Moissan.
Les inflications fournies sur ce composé sont contradictoires : Wisli-
cenus(') l'a obtenu par saponification de l'acétyl-lactate d'éthyle, sons
forme d'une huile indistillable, dont il ne fournit ni la composition, ni les
constantes physiques. C'est en se basant sur l'analyse de ses sels qu'il lui
attribue la formule CH'.CH — CO-H.
OCOCH'
De son côté, Siegfried (^) aurait obtenu une substance ayant la même
formule, retirée de l'extrait de viande. L'acide de Siegfried fond à i66° et
même se polyniérise au bout de quelque temps et ne fond plus même au-
dessus de 20o°» L'auteur dit en avoir obtenu une petite quantité en chauf-
fîint ensemble de l'acétate et du lactate de zinc.
J'ai repris l'étude de ce composé et cherché à le préparer par des mé-
thodes plus simples et plus avantageuses. J'ai obtenu d'excellents résultats,
soit en traitant le lactate de chaux ou l'acide lactique par le chlorure
d'acétyle, soit en faisant réagir l'anhydride acétique sur l'acide lactique ou
son sel de chaux.
Expérience. — Le lactate de chaux, anhydre (aSos) est traité dans un ballon muni
d'un réfrigérant, ascendant, par du chlorure d'acétyle {8os) versé lentement par un
entonnoir à robinet. La réaction se poursuit d'elle-même vers 60°. On la termine au
bain-marie. Le produit formé, extrait à l'éther ou au benzène, est un sirop qu'on frac-
tionne dans le vide. On prend les perlions bouillant dans les environs de i65°-i72°
sous 70°"" ou i4o°-i5o'' sous 3o""". L'huile incolore obtenue se prend en masse cristal-
line, par refroidissement. On l'essore à froid et on la presse entre des doubles de buvard
pour obtenir un produit pur fondant à 39°-4o°.
En faisant tomber peu à peu 4oo5 de chlorure d'acétyle dans 2008 d'acide lactique, il
se dégage abondamment de l'acide chlorhydrique. Le produit fractionné dans le vide
fournit 85s d'acide fusible à Sg". Si l'on augmente la proportion de chlorure d'acide,
le rendement diminue et peut tomber à zéro.
Le mélange de 1'"°' d'acide lactique et 1"°' d'anhydride acétique se fait sans éléva-
tion de température; mais au bout de quelques minutes il se produit un échaulTement
progressif, et il est bon de refroidir pour éviter la projection du liquide qui arrive la-
(') Lieb. Ann., t. CXXV, i863, p. 61.
(') Jjer. deiilscli. chem. GeselL, t. XXII,
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. g'ig
pidemenl au poinl d'ébullition. Après quelque temps de chaufle vers iSo", on distille
le tout dans le vide, et l'on obtient comme précédemment l'acide fusible à 89° avec un
rendement qui peut atteindre 5o pour loo de la théorie.
Les produits obtenus dans ces trois préparations sonl identiques. La
substance, incolore, cristalline, fond à 39°-4o°. Elle est déliquescente,
soluble dans l'alcool et la benzine, moins dans l'éther de pétrole. Son
point d'ébullition est i67°-i7o'', sous 78'"'"; i48''-i5o°, sous 5o'"'".
L'analyse a fourni :
C pour
11
Oil'O'.
45,8
45,45
6,2
6,2.
La cryoscopie, en solution benzénique, a fourni : V.M., i35; calculé,
l32.
L'étude des propriétés chimiques du produit a confirmé ces résultats
analytiques.
La solution aqueuse, évaporée dans le vide, fournit le produit inaltéré, ce qui
éloigne toute supposition d'avoir affaire à un anhydride. La solution saturée par la
soude, en présence de phtaléine, indique un acide monovalent. Exemple : 18, 344
d'acide exige 0,897 de NaOH; théorie 0,407. Il n'a pas été possible d'obtenir des sels
purs de cet acide. En particulier, la solution de l'acide, saturée au carbonate de
baryum, fournit une solution neutre qui, laissée à froid dans le vide, s'acidiHe len-
tement, ce qui prouve une hydrolyse partielle à froid. Le sel obtenu est d'ailleurs
gommeux. '
Les essais tentés en vue de distiller et fractionner le liquide huileux, obtenu par la
méthode de Wislicenus, ont toujours échoué, et les portions qui possèdent le même
point d'ébullition que l'acide acétyl-lactique n'ont jamais cristallisé après amorçage
avec le produit fusible à 89°.
En résumé : il est possible que Wislicenus ait eu en mains un acide acé-
tyl-lactique très impur, mais les propriétés du produit pur s'éloignent tel-
lement de celles de l'acide de Siegfried, que l'élude plus approfondie de ce
dernier s'impose. Il est possible qu'il représente un polymère ou un iso-
mère stéréochimique particulier. Il serait, en tout cas, nécessaire de trouver
une méthode avantageuse de préparation de cette substance, car Siegfried
semble n'en avoir jamais eu que de petites quantités entre les mains.
94o ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les combinaisons des ferments cliloraluminiques
avec les hydrocarbures el le gaz chlorhydriqne. Noie de M. G. Gustavsox,
présentée par M. H. Moissan.
En étudiant l'action de chlorure d'isopropyle sur le benzène et le chlo-
rure d'aluminium, j'ai trouvé qu'en observant les conditions ci-dessous,
on peut obtenir un composé chlorhydrique cristallin et de couleur jaunâtre
conformément à l'équation
A1^'C1» + 2CM1*-^6(CH')»CHC1
= APC1''(C°H'((CH')*CH)')»HC1 4- 5HCI.
On prend les matières réagissantes en quantités indiquées par l'équation, et Ton
ajoute peu à peu du chlorure d'isopropyle à du benzène additionné de chlorure d'alu-
minium finement pulvérisé et tamisé; le tout est refroidi au moyen d'un mélange ré-
frigérant. La réaction s'accomplit en deux phases. Il se forme en premier lieu le fer-
ment isopropylique, qui reste combiné avec du benzène
APC1«-H2G«H«-h3(GH')'CHC1=:APC1«C'H'[(CH')^CH]'G«H«-+-3HC1.
Le mélange est encore liquide; mais si l'on continue d'ajouter le chlorure d'isopro-
pyle, tout se prend en une masse cristalline de couleur jaune
APCFr/H'[(CHrCHpOH«H-3iCH^)--CUCl
= APC1«(C«H'[(CH')*CH]»)'HC1-K2HCI.
H faut remuer énergiquement cette masse, pour terminer la réaction. Mais, si l'on
prend du benzène eldu chlorure d'isopropyle en très léger excès, on obtient plus sûre-
ment la réalisation complète de la réaction. Avant l'analyse on exprime la substance
dans des tubes tarés au moyen de papier à filtrer bien séché. Le dosage du chlore, de
l'aluminium et du gaz chlorhydrique (ce dernier étant mis en liberté par réchauffe-
ment des corps en réaction et absorbé par de l'eau) a donné 35,5 pour loo de Cl,
7,5pourioodeAlet4,8pourioodeHCl.LaformuleAr^Gl«(C'H'[(CH')'CH]^rHCl
exige 34,9 pour loo de Cl, 7,5 pour 100 de Al et 5, i pour 100 de H Cl.
L'action de l'eau sur ce composé n'est pas très violente, elle produit un carbure
qui bout à 234°-236°; 5,9 de substance ont donné 3,09 de carbure, au lieu de 3,19;
os, Il 19 de carbure ont donné os,36i9 de CO^ et 0,1179 de H'O; soit, en centièmes,
88,2 pour 100 de C et 11,7 pour 100 de H. La formule C=H2[(CH')>CH]' exige 88,28
pour 100 de G et 11,77 pour 100 de H. Le nouveau carbure se caractérise par le sulfosel
magnésien,
(C«tP[(CH')'CH]'S0')'MgH-7H'0,
très peu soluble : i partie de sel se dissolvant dans les i4i4 parties d'eau à 19°.
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. 94'
Si l'on chauffe le corps jaune, il fond à 55° en se dissociant d'après l'équation
A1'C1«(C«H'[(CH')'CHP)''HC1
=:Al'-Cl«C''H'[(CH»)^CH]'+CMP[(CH'rCH]'^-HCI.
Le gazchlorhydrique se dégage en grande partie et il reste deux couches superposées.
En les examinant, j'ai trouvé que la couche supérieure était constituée par le triiso-
propylbenzène et la couche inférieure par le ferment, A1'C1'G°H'[{CH')'CH]' com-
biné avec une petite quantité du carbure ci-dessus. Si l'on fait passer du gaz chlor-
hydrique dans ces deux couches en les refroidissant jusqu'à — io°, tout se prend de
nouveau et forme un corps jaune.
Si l'on agite ce corps jaune avec du benzène il se forme aussi deux couches super-
posées. La couche inférieure est constituée par la combinaison du ferment avec du
benzène A1»CPC'II'[(CH')«CH]'6C«H«, et la couche supérieure par du benzène et
ses dérivés isopropyliques. Ainsi le corps jaune se dissocie aisément en dégageant du
gaz chlorhydrique et mettant à nu le ferment cliloraluminique, ce dernier pouvant de
nouveau entrer en réaction avec du benzène et le chlorure d'isopropyle ajouté et
former le corps jaune.
Les faits cités se répètent pour les autres séiie^. Si l'on fait passer du gaz chlorhy-
drique dans un mélange de ferment chloralumiiiique (') Al^Cl''C'H'(C''tP)' et de
carbure C*H^(C'^P)^ refroidis jusqu'à température de — io°, on obtient le composé
cristallin de couleur jaunâtre A1»C1=[C«H'(C2H^)=']' HCl (trouvé : 89,6 pour 100 de Cl
et 8,7 pour 100 de Al; théorie : 89,6 pour 100 de Cl et 8,6 pour 100 de Al). En faisant
réagir le chlorure d'isopropyle sur le composé A1-C1'C^H^(C^ H')^C"HS à tempéra-
ture de — 10°, on obtient le composé mixte APCI'^C«H^(C'H5)'C«tP[{CH^)^CH]'HCI,
toujours de couleur jaune. Si l'on fait réagir le chlorure butylique tertiaire sur le
benzène additionné de chlorure d'aluminium, on voit se produire, à la température
(Je — 10°, le composé cristallin de couleur jaune clair; l'élude de ce corps, très peu
stable, n'est pas encore terminée. Il est à remarquer que le composé analogue amylique
tertiaire qui contient C«H*(C=^H")' se présente comme un liquide peu foncé.
Ainsi les ferments chloraliiminiques qui se forment en premier lieu, avec
production de chaleur, quand les chlorures alcooliques sont mis en pré-
sence du benzène et du chlorure d'aluminium, sont doués d'une propriété
remarquable de s'unir simultanément avec les carbures et le gaz chlorhy-
drique. Sans doute celte propriété est liée intimement à la partie la plus
importante des réactions de MM. Friedel et Crafts, c'est-à-dire avec la
transformation des chlorures alcooli{[ues et du benzène en carbures aro-
naatiques et gaz chlorhydrique.
(') G. GusTAVso.N, Sur les composés de chlorure d'aluminium à /onction de fe
ment {Comptes rendus, t. CXXXVI, igoS, p. io65).
94» ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les hydrures de phénanthrène.
Noie de M. Pierre Breteau, présentée par M. A. Ilaller.
En hydrogénanl le phénanthrène par l'acide iodhydriqne, M. Grœbe
obtint, en tB^S, le tétrahydrure de phénanthrène, G'*H'\ et l'octo-
hydrure de phénanthrène, C'*H".
En 1887, MM. Bamberger et Lodter, confirmant les données de
M. Grœbe, préparèrent le même tétrahydrure. G'* H'*, en hydrogénanl le
phénanthrène au moyen du sodium et de l'alcool amylique.
En 1889, MM. Liebermann et Spiegel ayant hydrogéné le phénanthrène
par l'acide iodhydrique, obtinrent un perbydrure de phénanthrène. G'" H.-*.
Ils ont ajouté que celui-ci est accompagné d'autres hydrures moins hydro-
génés, qui n'ont pu être séparés et dont l'étude n'a pas été poursuivie.
J'ai préparé divers hydrures de phénanthrène en appliquant à ce carbure
la méthode d'hydrogénation de MM. Sabalier et Senderens. La présente
Note a pour objet de faire connaître quelques-uns des résultats obtenus;
ils concernent l'hexahydrure et l'octohydrure. Le premier de ces corps n'a
jamais été décrit, le second a été seulement cité par M. Grœbe.
En faisant passer, un peu au-dessous de 200°, un courant d'hydrogène pur enlraînanl
de la vapeur de pliénanthrène sur du nickel réduit à température convenable, on
obtient un liquide jaunâtre, qui est un mélange d'hexahydrure et d'oclohjdrure de
phénanthrène. Ces deux hydrures ne peuvent êlre séparés par cristallisation dans un
mélange réfrigérant, ni par formation de la combinaison picrique de l'un deux. On
arrive à les isoler par la distillation fractionnée dans le vide.
Un premier fractionnement portant sur 4208 du mélange a donné : J97S de produit
bouillant à iSS" sous iS"""; 43s passant de 108° à 163°; 676 de 168» à 172° et to5s de
175° à 180°. Cette dernière portion a donné, après rectifications, loos d'hexahydrure
de phénanthrène, bouillant à i65''-i67'' sous iS""». La première portion (1976 à i58»
sous i3"™), fractionnée à nouveau plusieurs fois, a fourni finalement loos d'oclo-
hydrure de phénanthrène bouillant à i23°-i24° sous jS"»".
Hexahydrure de phénanthrène, C"H'^ — L'hexahydrure de phénanthrène con-
stitue un liquide très légèrement coloré en jaune, cristallisable dans un mélange réfri-
gérant et fondant ensuite à — 3°; il bout à 3o5''-3o7'' sous 760'""', à i65°-i67<' sous
iS"»"". Sa densité esta 0° : i,o53; à i5° : i,o43. L'indice de réfraction [«]„ est à iS",! : 58o.'
La réfraction moléculaire a été trouvée égale à 58,71 (le calcul donne pour C"H'« :
58,65).
L'hexahydrure de phénanthrène est peu soluble dans l'alcool froid, assez soluble
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. 943
dans l'alcool chaud, solvible dans l'acide acétique cristallisable, l'éllier, la benzine ou
le chloroforme. Chauffé avec une solution alcoolique, saturée à froid, d'acide picrique,
il donne un picrate cristallisé, fusible à + io6°. En solution acétique, il fournit, par
addition de brome, deux dérivés bromes cristallisés : l'un, fusible à -4- iSo» et insoluble
dans l'éllier; l'autre, fusible à+ i/Ja" et soluble dans i'éther.
L'hexahydrure de phénanthrène est facilement oxydable: l'acide nitrique dilué, le
permanganate de potasse, l'acide chromique l'attaquent déjà à froid; on n'obtient pas
de phénanthrènequinone dans les conditions où ce corps est produit à partir du phé-
nanthrène.
Octohydritre de phénanthrène, C'*H". — Ce composé constitue un liquide inco-
lore, ne cristallisant pas à — io°; il bout à 28o">-285o sous 760""", à i23''-i24° sous i3""".
Sa densité esta 0° : 1,006; à -+-i5° : 0,998. L'indice de réfraction [«Jd, mesuré à +i5°,
a été trouvé égal à 1,587. ^^ réfraction moléculaire est par conséquent 58,48
(Sg, o5 pour C'*H").
L'oclohydrure de phénanthrène est peu soluble dans l'alcool froid, plus soluble dans
l'alcool chaud, très soluble dans I'éther, la benzine et le chloroforme; il se dissout
moins dans l'acide acétique cristallisable que l'hexahydrure ; il ne donne pas de picrate
cristallisé dans les conditions où l'hexahydrure en fournit. En solution acétique, il pro-
duit avec le brome des dérivés bromes liquides, peu stables, perdant facilement HBr
par distillation dans le vide ou par entraînement à la vapeur d'eau. L'oclohydrure de
phénanthrène est facilement oxydable; il semble se comporter comme l'hexahydrure
vis-à-vis les divers agents d'oxydation et ne pas donner de phénanthrènequinone
dans les mêmes conditions.
CHIMIE. — Sur la rétrogradation des amidons artificiels. Note de M. E. Roux,
présentée par M. L. Maquenne.
En vue d'étendre à leurs propriétés chimiques les analogies que pré-
sentent, par leurs caractères extérieurs, les amidons artificiels (' ) dérivés
de la fécule ou de l'aiiivllocellulose avec les amidons naturels, nous avons
commencé par étudier leur rétrogradation, phénomène qui, comme on le
sait, est un caractère essenliel de la fécule gélifiée.
1. Rétrogradation sous i influence de l'eau seule. — Les expériences sui-
vantes ont porté sur trois tvpes d'amitions artificiels, en solution à 3,3
pour 100, faites en chauffant 10 minutes à 100°, puis 4 minutes à i5o°, tem-
pérature qu'il est nécessaire d'atteindre pour obtenir dans tous les cas une
dissolution parfaite. Les échantillons témoins ont été saccharifiés de suite
(') Comptes rendus, t. CXL, p. 44».
944 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à 56°, les autres n'ont été soumis à l'action du malt qu'après avoir été
conservés préalablement à lo" pendant un temps variable. Comparative-
ment on a opéré de la même manière sur des empois de fécule de même
concentration.
Les amidons arlificiels employés étaient entièrement solubles : A à i5o°, B à 120°
et C à 100°. Les échantillons A et C représentent les types extrêmes et B le type
moyen des amidons artificiels que nous avons obtenus avec l'amylocellulose. A et B
bleuissent fortement par l'eau iodée, tandis que C ne donne qu'une coloration vio-
lette.
Amjlocellulose pour 100 de nialiére
amylacée.
Solutions fraîches o
1 heure 43,6
23,0
1,8
0,2
„
„
,,
30,9.
6,1
0,7
37,2
10,7
2,4
38,7
»
4,0
^ , , ,2 heures »
Solutions \ , .„ ,
1 4 " ôOjh
servees ' „
6 » »
9,4 " 60, I
72 » »
Ces résultats montrent, tout d'abord, que la fécule, rendue soluble par
un court chauffage à i5o°, rétrograde comme les empois faits à 100° ou
à 120°. Ils font voir, en outre, que les amidons artificiels rétrogradent
tous sous l'inOuence du temps à la température ordinaire. Cette transfor-
mation, presque instantanée avec l'échantillon A, est d'autant plus rapide
que les amidons employés sont eux-mêmes plus insolubles; dans tous les
cas elle se produit plus vite qu'avec la fécule ordinaire : la différence est
déjà remarquable si l'on compare celle-ci à l'échanlillon C qui, cependant,
ainsi que nous l'avons déjà dit, est entièrement soluble à 100°. Il y a là une
particularité sur laquelle nous pensons revenir plus tard.
Cette rétrogradation est la cause du trouble qui se produit avec le temps
dans toutes les dissolutions d'amidons solubles, quelle qu'en soit l'origine
et quel qu'ait été leur mode de préparation.
2. Rétrogradation sous l'influence des acides et des bases. — Les expériences ont
porté sur des solutions à 4 pour 100 d'un amidon artificiel très soluble (dérivé de la
fécule), que l'on a saccharifiées à fond à 56°, soit immédiatement, soit après avoir été
préalablement conservées 5 jours à 0°. Certains échantillons ont été additionnés de
SÉANCE DU 3 AYUIL I<)o5. f)'):'
doses variables d'acide sulfurique ou de potasse, puis saturi-s liés r\acleiiient au mo
ment où ils ont été traités par I" malt.
ainylacco.
Solution fraîche 0,00
normale .'> ,3.")
Solutions l à 0, I pour lou deSO'II- 6,35
conservées ] à i ,0 » 0,35
5 jours j à 0,0 ! pour 100 i!c KOII 6,80
' à I , o » o , 3o
Comme on le voit, les conditions optiraa de la rétrogradation sont une
acidité relativement forte (i pour 100 de SO'H^), ou bien une alcalinité
très faible (0,02 pour 100 de ROH) : ce sont exactement celles qui ont été
reconnues favorables par M. Maquenne pour l'empois de fécule préparé
à 120° (').
3. Influence de la chaleur sur la rétrograilalion. — L;i rétrogi-adation des
solutions d'amidons artificiels conservées à froid étant établie, nous avons
recherché à quelle température elle cesse de se produire et constaté
qu'après plusieurs jours à 100° les liqueurs restent claires et entièrement
saccharifiables, mais qu'à 60° il se produit lentement un léger précipité.
A ce point de vue encore les amidons artificiels se comportent donc comme
les empois de fécule ordinaire, qui ne rétrogradent pas à chaud.
A basse température les solutions d'amidons artificiels rétrogradent très vite, comme
on l'a vu, mais le précipité qui se forme ainsi et qui résiste à la saccharification pré-
sente un caractère intéressant : il ne peut être redissous qu'à une température qui est
celle à laquelle le produit initial était lui-même soluble. Ainsi, en refroidissant à 10°,
pendant un instant seulement, une solution d'un amidon artificiel soluble à i5o°, on
obtient un précipité, insaccliarifiable, qui ne se redissout plus qu'à celte même tem-
pérature de i5o°; et cependant la même solution serait restée limpide si on l'avait
ramenée et maintenue à 100° sans autre refroidissement.
La même remarque s'applique aux. résidus de saccharification que fournissent les
empois de fécule rétrogrades.
La fécule se comporte doiic éorrime un amidon artificiel qui ne se dissou-
drait qu'à i5()°; d'ailleurs elle ne donne de solutions vraies (ju'à cette
température.
('; Annale!! de Chimie et de Pkysiijue, 8" série, t. 11, p. \o().
C. R., iijoi, I" Semestre. (T. C.\L, N» 14.) ' 20
9/i6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Conclusions. — l. \a rélrogradation est une propriété commune à toutes
les formes bleuissant par l'iode, naturelles ou artificielles, de la matière
amylacée : elle est plus rapide chez ces dernières que chez les autres.
II. Le produit résultant de la rétrogradation ne se dissout qu'à la tempé-
rature à laquelle l'amidon primitif, artificiel ou naturel, était lui-même
soluble et devient ainsi saccharifiable : il a les mêmes propriétés que lui; la
rélrogradation est donc bien un retour à l'état initial, ainsi que M. Maquenne
l'a admis pour la première fois.
Nous nous proposons de revenir sur les conséquences que comportent
ces conclusions.
CHIMIE PHYSIQUE. — Injluenre de la f onction élhyléniqtte dans une molécule
active. Note de M. J. Minguix, présentée par M. A. Haller.
L'exaltation du pouvoir rotatoire sous l'influence de la double liaison a
été mise en évidence par un certain nombre de savants, notamment par
MM. Haller ( ' ), Walden, Eykmann, Zeiinsky, Rupe, etc. Nous-mêine avons
montré que le méthylène-camphre et l'éthylidène-camphre avaient un pou-
voir rotatoire bien supérieur à leurs dérivés saturés correspondants (-).
Dernièrement encore, nous constations que les déviations permanentes des
succinate, maléate et fumarate de strychine étaient différentes et allaient en
croissant depuis le succinate jusqu'au fumarate ( ').
Nous nous sommes aperçu également que la déviation donnée par le
crotonate de strychnine était plus élevée que celle du butyrate.
Nous avons voidu nous assurer s'il en était de même avec les éthers-sels
actifs de ces mêmes acides. Pour cela, nous nous sommes adressé aux sels
d'amyle et aux sels de bornvle.
Succinate, inalcalc. fiiinaialc d'amyle. — Nous avons |)rcpar(; ces élliers on fai-
sant bouillir, au réfrigérant ascendant pendant 24 lieures ejiviron, une certaine quan-
tité de ces acides avec un excès d'alcool amylique actif, donnant une déviation de
(') A. IIalleh, Comptes rendus, l. CXIII, p. 2^. — Comptes rendus, t. CXXWl,
p. 788, 1222, i6i3. — A. Haller et P. -Th. Mllleu, Comptes rendus, t. CXXVIII,
p. i3-o. — Eykmann, Berichle, t. XXIV, p. 1278. — Walden, Zeitschrift fiir physil.n-
lische Chemie, t. XX, p. 569. — Zelinsky, t. XXXIV, p. 3255. — Rupe, Ann. der
CItemie, t. CCCXXVII, p. 157.
(2) MiNGUiN, Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 751 . — Comptes rendus, t. CXXXMII,
p. 577.
(') MiNGuiN, Comptes rendus, t. CXL, p. 2^3.
SÉANCE DU 5 AVRH. JC)o5. 9^7
:■ — 9°, sous une épaisseur
"' avec un lube de 20"^'".
ou bien encore a — — i°2' pour 9." dissous dans
> olatoires.
Succinate d'amyle 2 :=4- g. o 170
M aléa le 1 - - 1 1 . 3o 160
Fumarate y-- : iS.^o '"•^
Comme avec les sels de strychnine, la double liaison maléiqiie exalte moins le pou-
:iir rotatoire que la double liaison fumarique.
Nous avons eu soin de saponifier ces étliers et dr nous assurer que l'alcool amylique
;généré jouissait du même ponvoii- rotatoire que l'alcool dont on était parti.
:<■■ ilissous
(tan>
aS^n"' d'alcool absolu.
Tube de nu"'.
Alcool amylique dont on est parti
du succinate.
du maléate. .
du fumarate.
M. Walden donne, pour le succinate et le fumarate d'amyle qu'il a préparés autre-
fois, les nombres a= + 3°,6i, pour le succinate, et a= H- .5", 7.1, pour le fumarate;
robservation étant faite sous une épaisseur de 10='" (').
La dilT'érence entre nos résultats et ceux de M. Walden doit probablement être
attribuée au mode de préparation employé par ce savant. On sait, en eflfet, que l'alcool
amylique se racémise facilement en présence de HG| ou de li'SO'.
Butyrate et croloncite d'iimyle. — Ces étliers ont été préparés comme les précé-
dents.
Pouvoirs rota/oires.
Sans dissolvant. sous la
Tube de 10"". pression ordinaire.
Butyrate d'amyle 7. — -1- -j." \& 17?."
Crotonate d'amyle x r- 4- .3"3o' 180°
Ces nombres se rapprochent sensiblement de ceux de M. Walden (-) et de celui de
M. Guye pour le butyrate (').
(') Zeilsclnifl fin- pjiysikalische Cheiiiie, I. \X, p. 5-^0.
(2) Ibid., t. XX, p. 574.
(') Bull. Soc. cliint.. 3" série, l. XI. p. mu.
)/,8
ACADEMIK DES SCIENCES.
L'rtloool ;iniyli()iie régénéré de ces éthers a très sensiblement le même pouvoir rota-
toire que l'alcool primitif :
2B dissous dans -ib'^rn' d'alcool.
Tube de 20=".
Alcool amvlique régénéré du butyrate a = — oo56'
» » du crotonatP a = — o''d6'
Succinate et fumarale de bornyle (— -j.). — Pour préparer le fumarate de bornvle,
nous avons suivi le processus indiqué par M. Haller à propos du succinate (') :
o". 3c)2 dans ^.Vni^ d'alcool.
Tube de ^o"'.
Succinate de bornyle fondant à 83" a r=z — i"22'
Fumarate de liornyle fondant à io2"-io5°. ... 2 =— t°42'
Nous n'avons pas pu préparer le raaléate; il s'est toujours transformé en fumarate
dans les conditions de l'expérience.
Butyrate et crolonale de bornyle (—a). — Nous avons obtenu ces deux composés
en chauffant, dans des matras à la température de i5o°, chacun de ces acides avec la
quantité équimoléculaire de bornéol (-) :
i%4o dans 25"n' d'alcool.
Points d'ébullition. Tube de 20'".
Butyrate do bornyle. . . ^.47° pression ordinaire a =: — .1°3o'
CrotonatP 178° 19""° de pression a ^ — 4° 44'
Il est évident que les liquides sans dissolyanl auraient donné des diffé-
rences beaucoup plus appréciables.
ZOOLOGIE. — La cnnstiiution de l'arête ligamentaire et l'évolution du liga-
ment chez les Acéphales actuels analogues a/i.r Rudistes (jEtheriidœ). Note
de M. R. A\THoxY, présentée par M. E. Perrier.
Ainsi que je Tai dit dans une précédente Note(^), chez les Acéphales
dimyaires fixés en position pleurothétique {Dimyidœ, Charnidœ, Mypcha-
midœ, Chamostreidœ, Mtheriidœ, Rudistœ, Chondrodontidœ), l'arrondisse-
ment entraîné par la fixation pleurothétique peut s'accomplir entre autres
procédés, par enroulement (Charnidœ) ou par pseudo-plicature {.Elheriidœ,
Ru dis ta').
(') Comptes rendus, t. CVIII, p. 4 10.
( = ) Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 238.
(') R. Antho.n'y, Archives de Zool. expérimentale, 1904.
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. 949
Avant pu chez les iEthéries (^JEtheria plumhea Feruss., Mlheria CaiUaudi
Feruss.) suivre le développement de la coquille depuis le début jusqu'à la
forme adulte qui chez WElheria CaiUaudi Feruss., rappelle si bien les
anciens Hippurites (') (voir la figure 2 de la Note citée), je me suis parfai-
tement rendu compte de la marche de ce processus d'arrondissement
(pseudo-plicature) et de la formation de l'arête ligamentaire qu'elle entraîne
ainsi que des modifications consécutives du ligament.
La coquille des iEthéries ci-dessus désignées est avant la fixation en tout semblable
à un petit Unionidé et plus spécialement, en raison de son absence de dents, à une
petite Anodonte (-). Comme TAnodonte, elle est nacrée, verdàtre, allongée d'avant en
arrière. Au moment où elle a atteint 2"™ ou 3™'" de long elle se fixe, indistinctement
Le ligament (coupe sagittale) chez \'Vnio Pictorum, chez V^iheria
CaiUaudi Keruss. de ô"" (individu récemment fixé), chez
V/Etheria CaiUaudi Feruss. adulte. Les parties fibreuses du liga-
ment sont en noir plein; à lire de haut en bas.
par l'une où l'autre valve, mais toujours à la fois par la partie antérieure et la partie
postérieure de cette valve, et non pas comme chez les Chamostrea et certaines chames
par la partie antérieure seulement.
Aussitôt la fixation produite l'animal commence à s'arrondir. Pour cela, les zones
d'accroissement de la coquille que le manteau sécrète, comme l'on sait, dans toute la
région de la valve ne donnant pas insertion au ligament, commencent peu à peu à
(') R. Anthony, Organisation et Morphogénie {Comptes rendus, 1904).
(2) Au point de vue des affinités les yEtheriidœ doivent être incontestablement 1
tachés aux Unionidœ.
(po A-CADPMIE DES SCIENCES.
remonter dorsalemeiU par rapport ^ ,ce 4,ernier. Lorsqu'un certain nombre (le couches
se sont produites il existe en la région dorsale un véritable pli en forme d'éperon au
fond duquel se trouve rextrémité postérieure du ligament. Ce dernier qui, comme l'on
sait, croît chez les Lamellibranches d'avant en arrière, trouve donc postérieurement un
obstacle à son allongement; sa partie fibreuse dorsale, ou ne s'allonge plus du tout ou
par\ient péniblement à contourner la plicature; sa jiartie élastique, gênée également
dans son développement antéro-postépieur repopsse d'une part en avant le bord car-
dinal de la coquille ([ui s'incurye, d'autre part en arrière le ligament fibreux dorsal
(jui se rompt se détachant de son point d'origine.
On arrive ainsi à la disposition du ligament des /Ethéries adultes
(voir la figure). Leur bord cardinal présente alors d'arrière en avant : i° un ■
repli profond (l'arête ligamentaire) qui répond à la plicature et au fond
duquel s'insère le ligament fibreux dorsal; 2° une concavité qui loge le liga-
ment élastique; 3° une convexité légère répondant aux parties ventrale et
umbonale du ligament. Chez les formes à longs talons comme WElheria
Caillaudi Feruss. le repli devient un sillon, la concavité une gouttière et
la convexité un léger bourrelet le long desquels se développent les i)arties
ligamentaires précitées (voir la figure :>. de la Note citée dans les Comptes
rendus de 1904).
Ces trois parties du ligament sont au niveau du plan sagittal respective-
ment en connexion les unes avec les autres, la partie fibreuse dorsale affec-
tant la forme d'un triangle à surface courbe dont deux des bords confinent
aux replis ligamentaires des valves et l'autre, l'antérieur, est libre. La figure
rend compte de l'évolution ontogénique normale du ligament chez les
Mlheriidœ.
La convergence manifeste de ces animaux, vers le type des Rudistes auto-
rise à considérer qi)e l'arête ligamentaire de ces derniers, pour la production
de laquelle on doit invoquer les mêmes causes, a dû se développer d'une
façon vraisemblablement analogue.
BOTANIQUE. — La milose heterotypiquc chez les As^omycêtes.
Note de M. Re.vk Maire, présentée par M. Guignard.
D^tns une Note du 9 novembre igoS, nous avions étudié I3 cytologie
d'une Pézize, le Galactirna succosa, et décrit sommairement les mitoses de
l'asque, où nous avions signalé l'existence de protochromosomes, granu-
lations c)irQm3tiques assez nombreuses qui se forment à la prophase de la
première division et se réimissent à la métaphase en quatre éléments de
SÉANCE DU 3 AVRIL IçyoS. 9.ÏI
plaque équatoriale. Une étude plus approfondie de la première mitose de
î'asque nous a permis d'élucider la significahou de ces protochromosomes
et de reconnaître un certain nombre de caractères spéciaux de cette dîvi-
Le noyau secondaire de t'asque, au nioraenL de son maximum de laille, préfente des
filaments chroitiatiques longs, lins et entremêlés, qui proviennent de ceux qui lui ont,
été apportés par les deux noyaux, primaires lors de la karyogamie qui a lieu dans le
jeune asque.
Un peu plus taid, ces lilaments s'accolent et se fusionnent deux, à deux, sans qu'il
nous ait été possible de constater si cet accolenienl résultait d'un reploiement du
même filament ou de l'union de deux filaments dill'érenls. En même temps les filaments
chromatiques se portent sur un côté du noyau, puis se /•a«îrt.«e/i^ en une pelote serrée.
Cette pelote subit une désintégration en granulations diVômâtiques, les protoclirômo-
somes, qui se réunissent ati moment de l'apparition du ceritrosome et de son aster
inlranucléaire, en quatre éléments de plaque équatoriale.
Ces quatre éléments présentent une scission longitudinale manifeste : leurs deux
moitiés se séparent à la mélaphase, puis subissent une nouvelle scission longitudinale.
Cette scission est le plus souvent complète, de sorte qu'à l'anaphase on peut compter
près de chaque pôle huit éléments chromatiques; mais d.'autres fois elle se fait irré-
gulièrement, ce qui amène des différences de nombre entre les éléments de deux agglo-
mérations polaires appartenant à la même mitose.
A la prophase de la deuxième division, onvoit léapparailre huit éléments chroma-
tiques qui se réunissent deux- à deux en quatre éléments de plaque équatoriale à la
métaphase. Les deux parties de chaque élément de plaque équatoriale se séparent
bientôt pour se rendre aux pôles opposés du fuseau. On peut compter à l'anaphase de
la seconde division quatre chromosomes près de clia(|ne pôle.
La première division est donc précédée d'un synapsis assez semblable
à celui décrit par Strasburger dans le Thaliclrurn purpuraxens , et les proto-
chromosomes doivent être interprétés comme correspondant à des amas
irréguliers des corps constituants des chromosomes nommés par Stras-
burger gamosomes. Ce caractère, joint à ceux: de la scission longitudinale
préexistant à la métaphase, et dé la seconde scission longitudinale à la
mélaphase, scission qui ici est souvent complète tandis qu'elle reste le
plus souvent incomplète chez les Phanérogames, montre que la première
mitose de I'asque est une mitose hétérotypique analogue à celles de la
plupart des gonotoconles végétaux.
De même la seconde mitose, qui présente dès la prophase ses chromo-
somes-fils séparés, présente les caractères d'une mitose homoty[)ique.
A la troisième division, au contraire, le spirème se scinde directement en
952 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quatre chromosomes qui ne se divisent qu'à la métaphase; cette troisième
division est donc une mitose typique.
Nous avons constaté dans quelques autres Ascomvcètes des phénomènes
analos^ues, avec quelques légères différences de détail, mais c'est dans le
Galactinia succosa que nous avons pu observer la série la plus complète.
La constatation du caractère hétérotypique de la première mitose de
l'asque est un argument de plus en faveur de l'hypothèse qui admet l'exis-
tence d'une réduction numérique des chromosomes immédiatement après
la karyogamie qui se produit dans cet organe. Cette hypothèse s'appuie
d'autre part sur les numérations de chromosomes de Harper et de Dangeard.
Dans le Pyronema conjluens, ces deux auteurs sont d'accord pour compter
le même nombre de chromosomes dans les mitoses de l'asque et dans celles
des cellules sous-jacenfes. Il faut dire toutefois qu'aucun de ces auteurs
n'est absolument affirmatif, et que pour l'un le nombre des chromosomes
est de lo, tandis qu'il est de 4 pour le second. Guilliermond a essayé sans
succès une pareille comparaison chez Humaria rutilans. Nous avons obtenu
quelques belles images de mitoses conjuguées dans les hyphes ascogènes de
Galactinia succosa, mais malheureusement elles se rapportaient toutes à un
stade avancé de l'anaphase, oij la numération des chromosomes n'est plus
possible.
Ajoutons, pour terminer, que dans les mitoses de Galactinia on peut
constater facilement la formation iiuléj^endante des centrosomes et du
fuseau d'une part, des irradiations polaires de l'autre; la figure achroma-
tique y a très nettement une double origine.
GÉOLOGIE. — Sur le rôle possible des charriages en métallo génie.
Note de M. L. De Launay, présentée par M. Michel Lévy.
On ne semble pas avoir songé jusqu'ici à tirer des notions nouvellement
acquises en tectonique les conséquences qu'elles entraînent pour la for-
mation des gites métallifères et l'on persiste un peu trop à envisager
chacun de ces gites en lui-même sans lui restituer sa place réelle dans un
ensemble de faits tectoniques et pétrographiques qui doivent garder leur
solidarité réciproque et sans essayer de se retracer la position qu'occu-
paient, dans la profondeur des terrains, au moment de leur cristallisation,
les minerais aujourd'hui amenés par l'érosion au voisinage de la superficie.
SÉANCE DU > AVlilL 1905. y'),'^
J'ai déjà fait une première application de cette idée eu introduisant la
notion de profondeur originelle comme une des explications du Ivpe
régional ('); je voudrais montrer également le rôle que l'on peut attribuer,
en métallogénie, aux charriages, en m'appuyant sur un exemple parti-
culier.
La notion des charriages, c'est-à-dire en réalité des plis couchés étendus
à de grandes distances, a pris récemment une extension qu'on ne lui
soupçonnait pas d'abord. Il arrive, dès lors, que l'on connaît des exemples
de plus en plus nombreux de gîtes métallifères englobés dans ces lames de
terrains, que les hypothèses actuelles conduisent à imaginer charriées.
Quand un tel cas se présente, on peut faire deux suppositions : ou bien
admettre que la formation du gîte est antérieure au charriage, ou la
regarder comme postérieure. Si le gîte est antérieur au mouvement, il est
évident qu'un fragment de filon, emporté ainsi plus ou moins loin de son
origine primitive, doit apparaître brusquement coupé à la base de la nappe
charriée et ne présente, dès lors, aucune continuité profonde; s'd est pos-
térieur, le gisement reste, au contraire, continu comme si aucun déplace-
ment horizontal n'avait eu lieu. Pratiquement, on voit donc combien la
conclusion a d'importance, puisque d'elle dépend la continuité indus-
trielle du gîte. Théoriquement, les relations d'un gîte métallifère avec une
partie charriée peuvent apporter plus d'un enseignement sur l'âge relatif
ou même absolu des deux phénomènes. Il serait donc intéressant de
grouper les ftiits qui peuvent se rapporter à cet ordre d'idées et qui ont dû
être mal interprétés autrefois; il faudrait notamment reprendre, avec cette
lumière nouvelle, certains cas où divers fdons d'une région semblent s'ar-
rêter à une même profondeur. Le travail est trop vaste et les documents
trop imparfaits pour que j'aie pu encore l'attaquer dans son ensemble.
Je me contenterai donc de citer une zone très métallisée, quel'on suppose aujourd'hui
charriée; c'est la bande est-ouest des Alpes orientales, qui s'étend au nord du massit
cristallin des Tauern, d'innsbruck, à Schwaz, Kleinkogel, Brivlegg, Kitzbuchel, Léo-
gang, Schladraing, Eisenerz, etc. Les gisements y sont, pour la plupart, des imprégna-
tions interslratiiiées à sulfures de fer, cuivre ou nickel, c'est-à-dire à minerais qui
semblent en principe directement dérivés des roches basiques dans la profondeur.
Même si l'on admet, comme diverses considérations le font supposer, que ces métalli-
sations soient d'âge tertiaire, il y a des chances pour qu'elles soient aiitéiieures à la
^') La Science i;éologiijue, igoJ, p. 621.
C. K., 190Ô. i" Semestre. (1. CXL, >■ 14.) 121
f)T4 ACADEMIE DES SCIENCES.
mise en pince, ayant été connexes des premiers ])lissemenls, dont le clianlnge parait
être, au contraire, le dernier terme.
Un cas plus net et tout à fait dilTérenl est relui de Monte Catini, en Toscane, où les
minerais de cuivre sont dispersés dans une so(-te de salbande argileuse passant à un
conglomérat, à la base d'une roclie verlé dont ils dérivent et a son rontacl avec le ter-
rain éocène, sur lequel cette diabase paraît avoir été mécaniquement déplacée. Avec
les anciennes théories, où l'on prenait les gîtes métallifères dans leur état actuel sans
faire intervenir ni altération oxydante ni encore bien moins un déplacement analogue
à ceux dont il s'agit ici, ce gisement était à peu prés incompréhensible. Il me semble,
au contraire, que toutes les observations faites sur place se coordonnent bien quand on
suppose, après la cristallisatioh primitive, un transport (qui n'a pas besoin d'avoir été
bien long) suivi d'une altération.
Les minerais, composés de pyrite un jieu ciii\ieiise ou de chalcopyrite, auraient
alors formé d'abord, au contact immédiat de la diabase ou dans sa masse même, un
gîte de ségrégation avec départ peu accentué par fumerolles sulfurées, comme cV'st
un cas si fréquent pour les pyrites de Scandinavie.
Puis, il y aurait eu déplacement de la roche verte et de son gîte métallifère de con-
tact, avec production d'une salbande horizontale, foriTiéé de débris dés roches voisines
(diabase, eupliotide et serpentine) et dissémination connexe du minerai en boules, en
galets, en granules, qui portent très fréquemment des stries à leur surface. Enfin,
l'introduction des eaux oxydantes superficielles, |)articnlièrement facile dans cette
masse inhomogène et brécliiforme intercalée entre une roche basique et un calcaire
éocène, aurait exercé sur les minerais une action de cémentation, qui, trouvant des
nodules de pyrite cuivreuse déjà mécaniquement préparés et morcelés, y aurait amené
la répartition actuelle du cuivre par zones d'enrichissement concentriques, analogue
celle que réalise un grillage oxydant industriel. Quand les réactions sont inachevées
on trouve ainsi, d'ordinaire, à Monte Catini des boules renfermant au centre de 1
chalcopyrite, au dehors de la j)liilli|isite recouverte d'oxyde de fer. Diverses ob
valions, et notamment la niodilication progressive du minei-ai moven en ]irof'nnd<
semblent confirmer ces hypothèses.
GÉOLOGIE. — Sur Vexistence de schistes à graptoUthcs, à Haci-El-Khenig
{Sahara central). Note de M. G.-B.-M. Flamand.
La présence du terrain silurien n'a été jusqu'à ce jour que soupçonnée
dans le Sahara et dans l'Afrique du Nord, aucune découverte de fossiles
n'étant venue confirmer les attributions hyjiothéliques que l'on avait pu
faire çà et là; il en est encore particulièrement ainsi en ce qui concerne
les pénéplaines et les massifs schisteux qm', vers le sud, succèdent aux
grands escarpements gréseux dévoniens des tassilis de l'Ahenet, du Mony-
dir et des Azdger et leur servent de subslralimi ; mais, en tout cas, il pa-
SÉANCE DU ■') AVl;l[, I<)o5. C)")'.
paissait improbable que la présence du silurien dût être s,i^mi\ée au nord
de ces mêmes plateaux.
Au cours tle l'été 1902, M. le chef de bataillon Cauvet, commandant
supérieur de Touggoiirl, bien connu par ses recherches d'hydrologie appli-
quée dans le Sahara des Chaànba-Mouadiii, m'annonçait un envoi de
roches provenant de la région méridionale du Tidikell, auxquelles étaient
joints les échantillons recueillis et rapportés j)ar M. le capitaine Cottenest,
au cours de son raid si remarquable au pays des Ahoggar (').
Parmi les roches qqe çpt envoi contenait : roches cristallophylliennes
(gneiss amphiboliques d'Aceksem, micaschistes, etc.) se montraient plu-
sieurs échantillons de schistes argileux à ernpieinles fossiles sur lesquels j'ai
l'honneur d'appeler aujourd'hui l'attention de l'Académie.
Je dois à l'exlrème obligeance de M. le capitaine Cottenest les rensei-
gnements ci-joints concernant cet important gisement. Je suis heureux de
l'en remercier ici publiijuement.
Les schistes argileux gris et rosés d'El-Khenig(ou mieux argiles schisteuses
légèrement micacées) sont éminemment fissiles; découpés en plaquettes
parallélépipédiques, ils présentent sur chacun des feuillets que l'on peut
très facilement détacher de la masse de très nombreuses empreintes de
graplolithes dans l'état de conservation le plus habitnel à ce genre de
fossiles.
Les schislcs argileux à graplolithes se montrent à environ rio'"" sud-est
d'In-Salah (Tidikelt) dans la vallée de l'Oued el-Botha, à 4oo'" !>i' sud-est
du puits (Haci) d'El-Khenig et, sensiblement au confluent de l'Oued
Ag-Maàmmar, ils constituent, en ce point, une petite gara d'argiles multi-
colores (campement de M. le capitaine Cottenest, du 26 mars 1902).
Ces empreintes sont assez souvent dessinées en cieu\ sans qu'une substance étran-
gère les remplisse; la Gupibélite ou les particules charbonneuses qui constituent
ordinairement la matière de celles-ci dans les gisements classiques sont ici remplacées
par un silicate aluminoferrugiMeux qui, en quelques cas, est réduit à un simple enduit
ferrugineux. Lilhologiquemenl cf-, schistes à g raplo/it/tes du Sahara central se rap-
prochent plutôt des Ijpes de roches des gisements espagnols (Barcelone) que des
schistes ainpéliteux de i'Europe centrale.
(') Cet envoi fut maiheureuseni.ent égaré tin long temps et je vieus seuicweiit, ily
quelques jours, de le recevoir, grâce aux soins de M. le lieutenant-colonel Laquiére
directeur des all'aires indigènes de la division d'Alger.
()56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A quelques exceptions près, les espèces qui s'y montrent appartiennent au groupe
(les Diplograptidés de Lapworih ; on y relève : une forme, la plus commune, très
voisine de Diplograptus palmeus Barr. à hydrosome de longueur assez variable et
pouvant atteindre 29.""" sur certains exemplaires; elle est en moyenne de 9™™ à 10""",
la largeur n'excédant jamais (extrémités des hydrolhèques opposés) 3'"", 5. Canaux
souvent visibles, cellules disposées suivant deux rangées opposées et alternantes, forme
générale lancéolée, plus rarement l'extrémité distale porte des prolongements exté-
rieurs de l'axe; l'extrémité proximale assez rapidement ogivale. Le Diplograptus
cf. palmeus Barr. se montre en un grand nombre d'exemplaires parmi les plaquettes
schisteuses d'El-Khenig.
Diplograptus, sp. ind. — Quelques-uns, parmi les précédents, présentent, avec une
forme générale identique, à la largeur près qui est plus développée, des hydrothèques
terminés par des prolongements épineux relativement longs (largeur totale : trois fois
celle du D. palmeus Barr.).
Diplograptus aff. foliaceus Murcli, de taille plus petite que les précédents.
Un exemplaire pourrait aussi être rapproché d'une espèce du genre Climaco-
graptus (?) Clim. ajf. typicalis Hall par la forme nettement rectangulaire de la
silhouette des hydrolhèques, disposés sur deux rangées opposées, sur un espace rela-
tivement assez long (ou mieux encore du Climacograptus conferlus Lapw. (Cf. Quart.
Journ. geol. Soc, pi. X.XXIV, fig. 46. 4rf, 4/ et p. 631-672, p. 602), ce qui le dilléren-
cierait du genre Dicranograptus.
On trouve encore, parmi les graptolithes d'El-Khenig, quelques rares exemplaires
dont la silhouette un peu effacée ne présente qu'une seule rangée de cellules; ils pa-
raissent appartenir aux Monoprionidés et se rapprocheraient plus particulièrement de
Mnnograpliis aJf. priodoii Barr.; mais leur détermination reste un peu douteuse.
Celte faune remarquable de graptolithes caractéristique du Silurien éta-
blit donc définitivement la présence des assises de ce système dans le
Sahara central; le gnind développement des individus du genre Diplo-
graptus et leur association avec quelques exemplaires de Monoprionidés
pourraient peut-être faire considérer le niveau d'Haci-El-Klienig comme
bien voisin des quatrième et cinquième zones à graptolithes (Ordovicien
supérieur, Gotlandien inférieur), mais toutefois avec certaines réserves
(présence du genre Climarograplus?).
Cette importante découverte vient combler une des lacunes qui existaient
dans nos connaissances sur la constitution des formations primaires du
Sahara central. Elle vient, en outre, montrer qu'au nord des tassilis
(Monydir) le prolongement général des couches sud-nord est, par
place, interrompu et que par relèvement (faille ou anticlinal), le sub-
stratum immédiat, des assises dévoniennes apparaît dans cette direction;
elle vient, enfin, encore appuyer manifestement ce que j'avançais na-
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. 9^7
guère (') au sujet des conditions générales et de l'hydrologie du Tidikelt
et, en particulier, du mode d'alimentation du Feggaguir.
On ne saurait trop se montrer reconnaissant envers M. le capitame Cotte-
nest auquel la Science est redevable de celte belle découverte.
GÉOLOGIE. — Sur la présence du Carbonifère moyen et supérieur dans le Sahara.
Note de M. Emile Haug, présentée par M. de Lapparent.
La présence de terrains carbonifères dans le Sahara algérien fut indiquée
pour la première fois d'une manière certaine par M. Foureau(-), en 1894.
Les déterminations préliminaires faites par mon regretté prédécesseur
Munier-Chalmas conduisirent tout d'abord à l'attribution de ces terrains au
Carbonifère inférieur ou Dmantien, étage dont l'existence fut reconnue plus
tard dans le Ti.likell et dans la région de Figuig par divers géologues. Une
étude approfondie des matériaux recueillis par M. Foureau m'a amené à
ranger les grès et calcaires carbonifères de l'erg d'Issaouan dans le Mos-
covien et dans l'Ouralien, c'est-à-dire dans les étages moyen et supérieur
du système carbonifère.
Le substratum de cette série est constitué, dans toute la région traversée par
M. Foureau en 1894 et iSgS, par des grès siliceux assez puissants, qui possèdent une
grande extension dans le Tassili des Azdjer, et que leurs fossiles font attribuer au
Dévonien inférieur.
Le Carbonifèi^e débute par des grès très analogues, à concrétions ferrugineuses, qui
sont assez riches en empreintes végétales, en particulier sur les berges de l'oued
Assekkifaf. Les plus communes appartiennent au genre Lepidodendron. représenté
par tous ses états de décorticalion successifs, pour lesquels les anciens auteurs avaient
créé les genres Bergeria, Aspidiaria, Knorria. etc. La plupart de ces restes sont
spécifiquement indéterminables, mais une des empreintes permet de reconnaître sur
une partie de sa surface une forme de coussinets foliaires caractéristique d'espèces
westphaliennes, telles que Lepidodendron lycopodioides Sternb. ou Lepidodendron
(1) G.-B.-M. Flamand, La Géographie, Mission au Tidikelt, n» o, t. 1, mai 1900.—
Une mission d'exploration au Tidikelt {Annales de Géographie, t. XX, mai 1900,
p. 241-242). —Sur le régime hydrographi'jue du Tidikelt {Archipel touatien)
{Comptes rendus, 21 juillet 1902). — Bulletin du Comité de l'Afrique française,
février 1904, Supplément, p. 69. — Ibid, mars 1900.
( = ) F. Foureau, Sur la présence du terrain carbonifère dans le Sahara {Comptes
rendus, t. CXLV, 1" octobre 1894, p. S76-579, i fig.)-
Ç)58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
obomtuin Steiiib., et bien dillërente de celle que l'on observe cbez Lepidodendroii
Vellheimianitm Sternb., du Dinaolien. Une autre eropreinte a été reGoniuie par
M. Zeillei- comme appaitenaiil vraisemblablemeal au genre Omp/talop/i/oios Wlnle,
et assez voisine d'O. anglicus (Slernb.) Kidston, des Upjjer Coal 3/easnres d'Angle-
terre. Ce type est entièrement inconnu dans le Carbonifère inférieur.
Il convient donc d'attribuer au Westphalien ou Moscovien les grès à Lepidodendron
de l'erg d'Issaouan et il est dès lors impossible de placer dans le Dinantien les couches
calcaife^ qui leur sont superposé.es.
Des calcaires rouges spathiques et des calcaires gris en plaquettes reposent, d'après
M. Foureau, directement sur les grès à Lepidodendron. J'y ai reconnu les espèces
suivantes : Productus longispinus Sow., Pr. semirelicidalits Mari.. Spirifer reclan-
gulus Kulorga, Sp. cf. triangiilaris Mart., Syringothyrls afF. cuspidadis Mart. Il est
en outre fort proi)able que les beaux échantillons de lihipidoniella Michelii^i (Lév.)
OEhl., avec leurs impressions musculaires et ovariennes admirablement .conservées,
que M. Foureau a recueillies dans l'grg d'Issaouan, proviennent des mêmes couches.
Toutes ces espèces sont en quelque sorte banales dans le Carbonifère et n'indiquent
aucun niveau précis, à l'exception toutefois de Spirifer reclangulus Kut., qui est une
forme ouralienne. Par contre, à ma connaissance, le genre Syringolliyris n'a encore
été cité que dans le Dinantien. Si l'on considère les calcaires en plaquettes comme
raoseoviens, la contradicticn eiitre ces deux données paléontologiques s'explique aisé-
ment et l'accord s'établit avec la Jéteimination basée sui' les végétaux des cpuclies
immédiatement sous-jacentes.
Je ne puis préciser la position stratigraphique de couches à Crinoïiles et à Zoan-
thaires, très développées dans l'erg d'Issaouan, car les échaiitillons ra^ppoj-tés par
M. Foureau ne permettent aucune détermjuatlon spéciiiquiv
En revanche, les calcaires à frodfcciiis Cora semblent bieij occuper, dans la région,
le sommet de la série carbonifère. Us sont tantôt rouges, tantôt gris et forment, par
places, une véritable lumachelle, dans laquelle on trouve, à côté des Bradiiopodes, 4es
Gastéropodes indéterminables et, fait assez inattendu, des Clymenia, malheu-
reusement assez niai conservées. Les Bracliiopodes apparliennent au.\ espèces suijva.tii..es ;
Productus Cora A. d'Orb., Pr, Unealus Waag., Pr. gallalinensis Girty, Pr. injlalus
M'Chesney, Caniaroplioria cf. Purdoni^^^^. Toutes ces espèces sont exclusiveme#l
ouralienJies, à Tevception de Productus gallalinensis, qui a été cité à la fois dans Je
Dinantieu et dans l'Ouralien. Je n'hésite donc pas à placer les calcaires à Produclusàe
l'Er^ d'Issaouan dans l'Ouralien, c'est-à-dire dans le Carbonifère supérieur.
Il me paraît ainsi démontré que, clans le nord du Tassili, le Dévonien
inférieur supporte directement une série carbonifère, comprenant le Mos-
covien et l'Ouralien, à l'exclusion du Dinantien. Le Moscovien y est trans-
gressif, comme dans le Timaa, comme dans l'Amérique arctique, -dan^
i'Iowa, dans le Missouri et comme au Brésil. Dans les environs d'Jgli et de
Figuig, par contre, il semble qwe.le JP^yonjen supérieur supporte en con-
cordance le Carbonifère inféri^iur, x;omnië p»r CKemple dans -l'Arde««e
SÉANCE DU 3 AVRIT, Tf;o5, 9>f^
l>elge. De plus, cetle série esl plissée, tandis que, plus an sud, les couches
dcvoniennes el carbonifères sont sensiblement horizontales.
La snpcrposilion directe du Moscovien aux grès du Dévonien inférieur
semble d'ailleurs être un fait assez commun dans le Sahara, dès que l'on a
quitté la zone des plissements hercyniens. On peut inférer des observa-
tions de Lenz qu'elle se retrouve dans le Sidiara marocain, entre Foum-el-
Hassan et les dunes d'Ighîdi. Overweg signale une série analogue entre
iMourzouli et Ghàt. Enfin, dans la Basse-Egypte et dans la presqu'île du
Sinaï, les grès nubiens, dont la base est certainement dévonienne, sup-
portent inimédialement des calcaires dont l'âge moscovien a été établi
d'une manière certaine par .Scheliwien.
Nulle part jusqu'ici, dans tout cet immense espace, on n'a signalé la
moindre trace de houille dans les terrains carbonifères. Il est malheureu-
sement à peu près certain que le Sahara algérien n'est pas mieux partagé.
En ce qui concerne l'Erg d'issaouan on pouvait conserver l'espoir de ren-
contrer des terrains houillers au-dessus des calcaires à P'roduclus, tant que
ces calcaires étaient rangés dans le Carbonifère inférieur; mais aujourd'hui
que leur attribution au Carbonifère moyen et supérieur ne fait plus de
doute, il n'est plus guère permis de garder d'illusions au sujet de la possi-
bilité de découvertes futures justifiant la construction d'un chemin de fer
iranssaliarieu à travers le Grand Erg.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur un halo exlraordinairc, obseivé à Paris.
Note de M. Loris Besson, présentée par M. Mascarl.
Ee 26 mars 1905, à l'Observatoire de iMontsouris, j'ai pu observer, du
commencement à la fin, un halo qui a présenté plusieurs particularités
remarquables. Voici, dans l'ordre de leur apparition, les phénomènes
constatés :
A 5'> du soir, le sommet du cercle de 22", large et vivement coloré, se montre
liendant quelques minutes dans des cirrus qui envahissent le ciel.
A S'^S", les parhélies ordinaires, assez pâles, sont visibles un moment.
A 5'' 20'", le parhélie de droite reparaît seul, avec un éclat assez vif. Une mesure
approximative me donne pour sa distance au Soleil : 23°; l'écart entre celle valeur et
celle qu'indique la théorie reste dans les limites de l'erreur possible.
l^ien que l'heure soit trop avancée .pour que l'arc circurazénithal puisse normalemenl
g6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
se montrer, je surveille attentivement le ciel entre le Soleil et le zénitli. J'ai bientôt lieu
de m'en féliciter, car, àSi^aS"', je vois se dessiner un arc irisé pâle, mais très distinct,
tout à fait semblable à un arc circumzénithal de faible longueur. Au moyen d'un
instrument que je décrirai plus loin, je mesure la hauteur de cet arc au-dessus de
l'horizon. Je la trouve de Sg".
Le Soleil est à 8", ainsi que le parhélie de droite, toujours visible. La dislance de
l'arc au Soleil est donc de Si". Ce ne peut être le véritable arc circumzénithal, qui se
forme, comme on sait, à 46° du Soleil. Pendant la durée de visibilité du phénomène,
qui n'a pas dépassé une minute, j'ai répété plusieurs fois la mesure de la hauteur de
l'arc irisé, que j'ai toujours trouvée de 69".
Vers 5''3o, je revois à plusieurs reprises une coloration à 59°-58° de hauteur.
A 5''34, une tache irisée assez vague, semblable au sommet du halo ordinaire, se
montre à 34° de hauteur au-dessus de l'horizon, dans le vertical du Soleil; l'astre est
à 6°. La dislance de cette tache au Soleil est donc de 28° : c'est encore un phénomène
anormal.
A 5''38, une tache irisée analogue apparaît à 28", le Soleil étant à 5". C'est, celte
fois, le vrai sommet du halo ordinaire.
A 5'>44, toute la partie supérieure de ce halo, assez brillante, se dessine. Hauteur
du sommet : 27°. Hauteur du Soleil : 5°. Ce dernier phénomène se dissipe ensuite
peu à peu. Quant au parhélie de droite, il s'est etlacé déjà depuis un certain temps.
En somme, le halo qui vient d'être décrit a présenté, en outre du cercle
ordinaire et des parhélies ordinaires de 22°, deux arcs irisés anormaux :
l'un à 5 1° au-dessus du Soleil ayant l'aspect d'un arc circtiinzénilhal, l'autre
à 28° au-dessus du même astre, sous la forme d'une simple tache diffuse.
Les cirrus qui ont donné naissance à ces phénomènes venaient de
W 2i°N. Le rapport de leur hauteur à leur vitesse était de i63. Comme ils
étaient très vraisemblablement à plus de 7000"°, leur vitesse devait être
supérieure à 42™ par seconde.
L'instrument qui m'a servi à mesurer les hauteurs angidaires est con-
stitué par un tube de verre de S""" de diamètre, quatre fois recourbé à
angle droit, de manière à former un rectangle de 18'^^'" de base et de 21*='"
de hauteur.
A l'intérieur de ce tube, dont les extrémités ont été soudées l'une à
l'autre, on a enfermé une certaine quautilé de mercure.
Pour mesurer la hauteur angulaire d'un point du ciel, on vise ce point au
moyen de deux repères tracés sur les deux branches montantes de l'instru-
ment, qu'on maintient dans un plan vertical. Il suffit alors de noter le
niveau du mercure dans la branche la plus rapprochée de l'œil, relative-
ment à une graduation gravée sur le verre.
SÉANCE DU 3 AVRIL 1903. 96 1
Cet instrument fournit les hauteurs miijulaires à moins d'un degré près.
Il a l'avantage d'être très portatif et d'un emploi rapide. Tl se prête, en
outre, à l'observation de phénomènes très pâles, qui seraient invisibles dans
le tube d'une lunette.
La hauteur de 8", trouvée pour le Soleil à S^iS"^, est confirmée par le
calcul astronomique qui donne 7° 56' exactement.
M. I.-A. Melnikov adresse une Note sur un appareil destiné à expliquer
U aurore hnrèale. le magnétisme terrestre et V électricité atmosphérique.
M. A. Levs adresse u ne Note Sur le mercuriacétate de résorcine mercurique
et de phloroglucine triacétomercurique.
M. H. Pécheux adresse une Note sur les Résistivàés de quelques alliages
d'aluminium.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
BULLETIN BIBI.HtCKAPIIKjUE.
Ouvrages reçus dans la séanck du i3 mars igoS.
(Suite.)
Anales de la Comision. geodesica mexicana, formados bajo la direccion del inge-
niero ânuel Anguiano; Totno I. Mexico, 190^; 1 vol. in-f".
The Quarterly Journal of ihe Geological Society; vol. LXI, part 1, february igoS.
Londres; i fasc. in-8".
Casopis pro pestovani mathemaliky afysiky ; voL XX.\III, n»» i, 5; vol. XXXIV,
n"' 1, 2, 3. Prague, 1904-1903; 5 fasc. in-8°.
Nalurœ novitales : Bibliographie neuer Erscheinungen aller Lànder auf dem
Gebiete der Naturgeschichte und der exacten Wissenschaften, herausgeg. v. R.
Friedl«p(DKr u. Sohn; Jahrgang XXVII, igoS, n° 1-3. Berlin; 3 fasc. in-S".
C. R., ic)o5, 1" Semestre. (T. CXL, N" 14.) 122
q62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Zeilsclirift des Mdhrischen Landesmuseums, lierausgeg. v. der Màl.rischen
Museumsgesellschaft; Bd. V, Heft 1. Brunn, igoS; i fasc. in-S".
Natuurkundige Verhandelingen van de Hollandsclie Maatschappij der Weten-
schappen. Derde Verzameling, Diel VI, Eerste Stuk. Haarlern, igoô ; i fasc. in-4°.
The british Journal of children's diseases, edited by Geobge Cahpenter ; vol. II,
n° 1, january igo.ï. Londres, Adlard et fils; i fasc. in-8°.
The Thompson Yales and Johnston Laboratories Report; vol. VI, part I, january
igoS. Londres, Williams et Norgate; i fasc. in-4°.
Archives des Sciences biologiques, publiées par l'Institut impérial de Médecine
expérimentale à Saint-Pétersbourg; t. XI, Supplément. Saint-Pétersbourg, igo4;
I vol. in-4°-
Censo y division territorial de los Estados de Nuevo Leone, Tamaulipas, Tabasco,
y de los Estados del Norte. Mexico, igo4; 4 fasc. in-4".
Ouvrages reçus uans la séance du 20 mars igo5.
Connaissance des Temps ou des mouvements célestes pour le méridien de Paris, à
l'usage des astronomes et des navigateurs, pour l'an 1907, publiée par le Bureau des
Longitudes. Paris, Gauthier- Villars, igoS; i vol. in-8°. (Présenté par M. Lippmann.)
Carte de l'éclipsé totale de Soleil des 29 et 3o août igoS; lieu des points d'où l'on
peut en observer les phases; Carte dressée sous la direction du Bureau des Longitudes.
Paris, Gauthier-Villars, igoS; 1 fasc. in-8°. (Présentée par M. Lippmann.)
M. W. Waldeyer, Correspondant de l'Institut, fait hommage à l'Académie des trois
Opuscules suivants :
Wilhelm His. Nekrolog, von W. Waldeter. Leipzig, Georg Thieme, 1904; i fasc.
in-8°.
Bemerkungen iiber Gruben, Kanàle und einige andere Desonderheiten ani Kôr-
per des Grundbeins {os basilaire), von W. Waldeîer. Leipzig, 1904; 1 fasc. in-S».
Bemerkungen iiber das « Tibiale externum », von W. Waldeîer. Berlin, igo4;
I fasc. in-8°.
Neuf feuilles de diverses Caries publiées par le Service géographique de l'Armée :
France, au sirô'oôo' "° ^ *" •" Aix-la-Chapelle.
Tunisie, au tôV^ôô • "" ^7- Kasserine; a" 5i, Sidi- Ali-Ben- Aoun;n° 57, El-Aguareb.
Algérie, au âTïôïïo {Extrême Sud d'), feuilles 1-4.
Algérie, au -f^^^ : n° 66, Aïne-Mahdi.
M. Charles Janet fait hommage des trois Opuscules suivants :
Observations sur les Guêpes. Paris, C. Naud, igo3; i fasc. in-8°.
Description du matériel d'une petite installation scientifique; \" partie. Limoges,
Ducourtieux et Goût; igo3; i fasc. in-8°.
Observations sur les Fourmis. Limoges, Ducourtieux et Goût, 1904; 1 fasc. in-S".
SÉANCE DU 3 AVRIL igoS. 903
Le monde de Jupiter, par Lucien Libf.iit. Rouen, Lecerf fils, igoS; i fasc. in-S".
Les cavernes et les cours d'eau souterrains du Mendip-Hills {Somerset, Angle-
terre); explorations de i(,oi-i9o4, par M. Herbf.rt-E. Blach. {Spelunca, l. V, n^SQ.)
Paris; i fasc. in-S".
Bulletin mensuel du Bureau central météorologique de France, publié par
M. Mascart, Directeur; année igoS, n° 1, janvier igoS. Paris, Gaulhier-Villars; i fasc.
in-^".
Bulletin de la Société française de Minéralogie; t. XXVIII, n" 1, janvier igoS.
Paris, Ch. Béranger; i fasc. in-S".
La .ïei'ue électrique, publiée sous la direction de M. J. Blondin; paraissant deux
fois par mois; i' année, l. III, n" 29, i5 mars igo5. Paris, Gaulhier-Villars; i fasc.
in-4°.
Archives de Médecine navale, recueil publié par ordre du Ministre de la Marine;
t. LXXXIII, n" 1, janvier igoâ; Paris, Imprimerie nationale; i fasc. in-8°.
L'Université de Paris, revue de la Vie universitaire. Organe mensuel de l'Association
générale des Étudiants de Paris; XX= année, n°l, janvier igoS. Paris, au siège de l'Asso-
ciation ; I fasc. in-8°.
Mémoires de la Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de
Cherbourg, pub. sous la direction de M. L. Corbière ; t. XXXIV. Paris, J.-B. Baillière
et fîls, 1904 ; I vol. in-8°.
Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers;
6' série, t. VII, année igo4. Angers, Germain et G. Grassin, 1904; i vol. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 27 mars igoa.
Les tendances actuelles de la Morphologie et ses rapports avec les autres sciences;
Conférence faite au Congrès des Sciences et Arts de l'Exposition de Saint-Louis
(U. S. A.), le 21 septembre 1904, par M. Alfred Giard, Membre de l'Institut. Paris,
Bureaux de la Revue scientifique, s. d.; i fasc. in-S». (Hommage de l'auteur.)
Une série de Cartes à diverses échelles de l'archipel Arctique américain qui est
situé au nord de la baie de Bajjin et au nord-ouest du Groenland entre 76° et 82°
de latitude nord et 82° et 109° de longitude ouest de Paris, levées par le capitaine
Isachsen, topographe de l'expédition Sverdrup, i8g8-igo2. Londres, New-York et
Bombay, Longmans, Green et C'", s. d.; g feuilles de divers formats. (Présentées par
M. Grandidier. Hommage de l'auteur.)
Bulletin de la Société nationale d'Agriculture de France, compte rendu mensuel;
t. LXV, année igo5, n" 1. Paris, Philippe Renouard; i fasc. in-8''.
Bulletin de la Société d'Anthropologie de Lyon, t. XXIII, igo4. Lyon, H. Georg;
Paris, Masson et C'', igo5 ; i vol. in-8".
Royal Institution of Great Brilain. List of the Members, OJficers and Pro-
fessors, igo4. Londres, 1 fasc. in-S".
Ç)6'\ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Observations mode at thc Hongkong observalory in lire year ujoS, by \V. Dobruck,
Director. Hongkong, Norunha el G'", 1904; i fasc. in-4°.
Catalogue of right-ascensions of 2120 soulhern stars for tlie epocli 1900, front
observations made at the Hongkong observatory during the years 1898 to 1904, by
W. DoBFRCK, Director. Âppendix to Observations made at the Hongkong observatory
in 1903. Hongkong, Noronlia et G'", igoS; i fasc. In-^".
Kodaikanal observatory. Bulletin, n" 1, by G. Micuik Smith, Director. Madras,
Imprimerie du Gouvernement, 1906 ; i fasc in-4°.
Carta fotografica del Cielo, zona — 9°; n<" 9, 18, 19, ■2^^, 36, 37, 50, 08, 59, 67, 68,
71, 80,89, lOi, ioO, 163 y 180; Observatorio de Marina de San Fernando. 18 feuilles
in-plano.
Études des phénomènes de marée sur lescôtes néerlandaises. II. Résultais d'obser-
vations faites à bord des bateaux-phares néerlandais, par J.-P. va>; der Stok.
Utrecht, Kemink et fils, igoS; i fasc. in-8°.
Bergens Muséum. Hydrographical and biological investigations in norwegian
fiords, by O. NoROGAARD. The Protistplankton and the Diatoms in the Boltom
samples, by E. Jorgensiw, with 21 plaies and 10 figures in the text. Bergen, John Grieg,
1900; I vol. iii-f".
Cleiocrinus. by FRA^K Springer, with one plate. (Menioirs of the Mus. of compar.
Zoôlogy at Harvard Collège, vol. XXV, n" '1.) Cambridge, U. S. A., igoô; i fasc.
in-4".
Faune entomologique de l'Afrique tropicale : Buprestides, par Ch. Kerremans.
I. Introduction. .Julodines. (Annales du Musée du Congo, série III : Zoologie, t. III,
fasc. 1.) Bruxelles, Spinaux et G'", 1904; i fasc. in-f".
L' arnia divisoria « Macchetto ». Biella, igoS; i fasc. in-12.
Campana del Acre. La lancha Iris, aventuras y peregrinaciones, por Arthlii
PoSNANSKY, con 7 fotograbados. La Paz (Bolivie), 1904; i fasc. in-S".
Bulletin du Musée océanographique de Monaco: n°^ 23- -27. Monaco, au Musée
océanographique, igoS; 5 fasc. in-8°.
Bulletin de l' Académie royale des Sciences et des Lettres de Danemark, igo5, n° 1 .
Gopenhague; 1 fasc. in-S".
Proceedings of the Royal Irish Academy; vol. XXV, section B : Biological, geo-
logical and chemical Science; numhen 1, 2. Dui)lin, igor); i fasc. in-8°.
Transactions of the American Society of mechanical Engineers; vol. XXV, 1904.
New-York, 1904'. 1 vol. 111-8°.
• On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VILLARS,
Quai des Grands-Auguslins, n° 55.
spuig i835 les COMPTES RENDDS hebdomadaires paraissent régulièremenl le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4". Deui
es, l'une par ordre alphabcuque des matières, l'autre par ordre alphabétique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit:
Paris : 30 Ir. — Départements: 40 fr. — Union postale: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
chez Messieurs :
\
Chaix.
\
Uufr. '
■ns
. . . Courtin-Hecquel.
, Germain et Grassin.
\ Gastineau.
nne
. . . Jérôme.
f '"'
.. Régnier.
Fcret.
eaux . . . .
... Laurens.
Muller(G.)
Renaud
, Derrien.
' F. Robert.
••• 'Oblin.
1 Uzel fréies.
Jouan
ibéry....
lourg . . .
, Henry.
• • 1 Marff,„.ri.
/ Nourry.
Ratel,
1 Rey.
\ Lauverjat.
) Degez.
l Drevet.
j Gratier et
Foucher.
\ Bourrbgno
( Dombre.
J Thorez.
) Quarré.
Lyon.
hez Messieur'
Banmal.
M— Texier.
Bernoux et Ou
Georg.
Eiïantin.
f Vitte.
Marseille Ruât.
\ Valat.
Montpellier |couletetnis.
i/oulins Martial Place.
(Jacques.
Grosjean-Mauf
Sidot frères.
Nantes .
1 Guisl'bau.
j Veloppé.
iBarma.
Appy.
Orléans Loddé.
Poitiers
\ Blanchier.
•î Lévrier.
Hennés
. . . Plihon et Her
Bocliefort
... Girard (M"")
Houen
iLanglois.
\ Lestringant.
S'-Étienne . . .
... Chevalier.
Toulon
i Ponteil-Liurles
■ ■ j Rumèbe.
1 Gimet.
Suppligeon.
Giard.
Lemaitre.
On souscrit à l'étranger,
i Messieurs :
Feikema Caarel
sen et C'V
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asber et G'-.
' Dames.
^«'■''« I FriedLander et fils.
Mayeret Muller.
Berne Schmid Francke.
Sologne Zanichelli.
[ Lamertin.
Amsterdam .
ruxelles
Bucharest .
Mayolez et Audiarte.
' Lebègue et O'.
Sotchek et G*.
Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et C»
Christiania Cammermeyer.
Constantinople . . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand •. Hoste.
Gênes Beuf.
, Cherbuliei.
Genève j Georg.
' Stapelmohr.
La Haye .
Lausanne .
Belinfante
\ Benda.
' Payol et G'
; Bartb.
\ Brockhaus.
Leipzig < Kœhler.
I Lorentz.
' Twietmeye;
, Desoer.
^'^»« Gnusé.
frères .
Luxembourg .
Hachette et G'*.
Nutl.
V. Back.
Madrid Romoy Fussel.
I Gapdeville.
' F. Fé
l Bocca frères.
■ j Hœpli.
. Tastevin.
jMarghieridiGius
■ ) Pellerano.
Milan . .
Moscou .
Naples .
Dyrsen et Pfeiffer.
New- York Stechert.
Lemcke et Buechner
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C'V
Païenne Beher.
Porto Magalhaès et Moniz
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garn er.
! Bocca frères.
Loescher et G".
Botterdam Kramors et fils.
Stockholm Nordiska Boghaadel
Zinserlin. ■.
S'-l^étersbourg .
Varsovie.
Vérone . .
Vienne .
Zurich .
i Wolff.
Bocca frères.
I Brero
I Clausen.
Boseoberg et Sellier.
Gebethner et Wolff.
Drucker.
, Frick.
I Gerold et C'V
Meyer et Zeller.
'ABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 a 3i Décembre i85o.) Volume in-4°; i853. Prix 25 fr.
Tomes 32 1 61. —( i" Janvier i85i à 3i Décembre 1 865.) Volume in-4°; 1870. Prix 25 fr.
Tomps 62 i 91. — (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix 25 fr.
Tomes 92 a 121. — ( i'^'' Janvier (88i à 3i Décembre 1S95.) Volume in-4°; 1900. Prix 25 fr.
UPPLÈMENT AUX COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
lie I. — Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBEset A.-J.-J. SoLiBR. — Mémoire sur le Calcul des Pertu bâtions qu'éprouvi
(mélL■^, par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phé.iomènes digestifs, particulièrement dans la digestion <
es grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4>, avec Sa planches; i856 25
e II. — Mémoire sur les vers mleslinaui, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Scieni
uis remise pour celui de i856, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les diiïérents terrai
ire de
i853,
ant l'ordre de leur superposition,
qui existent entre l'état actuel du
Discuter la question de leur apparition ou de
ègne organique et ses états antérieurs», par M, le Pi
rdi
ifes
ipar
K k même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Sarants à l'Académie des Sciences
N^ 14.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 5 avril 1903.)
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE LACADÈMIE.
M. Berthelot. — Sur l'emploi du tube
chaud et froid dans lëtu^le des réactions
chimiques
M. G. BiGouiiDAN. — Observations de la nou-
velle comète Giacobini ( igoô, mars 26)
faites à l'Observatoire de Paris (équato-
rial de la Tour de l'Ouest)
M. Emile Picard. — Sur la dépendance
entre les intégrales de différentielles totales
Page
de première et de seconde espèce d'une
surface algébrique 9
MM. H. Desl.^ndres et' d'Aza.mbuja. — Va-
riations des spectres de bandes du carbone
avec la pression, et nouveaux spectres de
bandes du carbone gi
M. Grand'Kuky. — Sur les graines trouvées
attachées au Pecopteris Pliickeneti Schlot. 9;
MEMOIRES PRESENTES.
M. Gustavk Lamahe soumet au jugement de
l'Académie un Mémoire « Sur la conslruc-
nchine multiplicatrice rapide ».
CORRESPONDANCE
M. VANT HoFF, élu Correspondant pour la
Section de Mécanique, adresse des remer-
ciments à l'Académie
M. le Secrétaire pekpetukl signale : 1" une
brochure de .M. H. Moissan intitulée :
« La Chimie minérale, ses relations avec
les autres sciences «; ■j" les premiers fas-
cicules de la « Revista de Chimica pura
eapplicada ■> fondée parle professeur >J.-/.
Ferreira da Silva
M. Giacobini. — Sur la nouvelle comète
Giacobini
M. E. Maubant. — Éléments provisoires de
la comète Giacobini (igoS, mars 26)
M. Franoe-sco Severi. — Le théorème d'Abel
sur les surfaces algébriques
M. Maxime Bocher. — Sur les équations
différentielles linéaires du second ordre à
solution périodique
M. E. Traynard. — Sur une surface hyper-
elliptique
MM. Eugène et François Cos.serat. — Sur
la dynamique du point et du corps inva-
riable, dans le système énergétique
M. Albert Granûer. — Sur les propriétés
de l'anhydride tungstique comme colorant
céramique
M. BiLLY. — Sur la préparation des hydro-
sulfites
M. V. Auger. — Sur l'acide acétyl-lactique.
M. G. GusTAVsoN. — Sur les combinaisons
des ferments chic
iiminiques
des
M. Pierre Breteau. — Sur les hydrures de
phénanthréne
M. E. Roux. — Sur la rétrogradation des
amidons artificiels
M. J. MiNGUiN. — Influence de la fonction
éthylénique dans une molécule active
M. R. Anthony. — La constitution de l'arèie
ligamentaire et l'évolution du ligament
chez les Acéphales actuels analogues aux
Rudistes { .Vtheriidœ )
M. René Maire. — La mitose hétérotypique
chez les Ascomycètes
M. L. De Launay. — Sur le rôle possible des
charriages en métallogénie
M. G.-B.-M. Flamand. — Sur l'existence de
schistes à graptolithes, à Haci-EI-Khenig
(Sahara central)
M. Emile Haug. — Sur la présence du Car-
bonifère moyen et supérieur dans 'le Sa-
hara
M. Louis Besson. — Sur un halo extraordi-
naire, observé à Paris
M. L-A. Melxikov adresse une Note sur un
appareil destiné à expliquer « L'aurore
boréale, le magnétisme terrestre et l'élec-
tricité atmosphérique »
M. A. Leys adresse une Note « Sur le mer-
curiacétate de résorcine mercurique et de
phloroglucine triacétomercurique »
M. H. PÈcHEUX adresse une Note sur les'
a Résistivités de quelques alliages d'alumi-
hydrocarbures et le gaz chlorhydriqi
Bulletin bibliographique
PARIS, - IMPRIMERIE G A UT H [ B R - V IL L A R S .
Quai des Grands-Augustins, oi.
■S) y
1905
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDIS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
K J5 (10 Avril 1905
^PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRK
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Granfls-Augustins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF Ail COMPTES RENDIS
Adopté dans f.es séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1873
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de L' Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article I'
Impression des travaux
l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ouparun Associéétrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Sava
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pcrson
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de TA
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires s
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomr
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet exti
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le f
pour les articles ordinaires de la correspondance c
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rei
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus ta
le jeudi à 10 heures du matin ; faute' d'être rem:
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dan:
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planch
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures sei
autorisées, l'espace occupé par ces figures compt
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrai
fait un Rapport sur la situation des Comptes rem
après riin[iii'ssion de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'' Autrement la présentation sera remise à la séaace suiva
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 AVRIL i 903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIllES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES GOR RESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Remarques sur la reconnaissance de la couronne
solaire en dehors des éclipses totales. Note de M. H. Deslandres.
Dans une Note récente (Comptes rendus, t. CXL, p. 768, 20 mars igoS),
M. Hansky décrit des expériences fort intéressantes faites, l'année dernière,
au mont Blanc, pour photographier la couronne solaire.
Hansky s'est servi du grand réfracteur à deux verres, de o^.So d'ou-
verture, installé dans l'observatoire du sommet, qui reçoit la lumière des
astres, réfléchie par un miroir plan argenté de o", 4o. La plaque photogra-
phique, sensible au rouge, est placée au foyer de l'objectif, recouverte par
des écrans minces, colorés et combinés de manière à ne laisser passer que
les rayons rouges extrêmes, au delà de la longueur d'onde 660. L'image du
disque solaire, très brillante, est arrêtée par un écran circulaire en laiton
noirci, superposé aux écrans précédents et un peu plus large que l'image.
Le négatif obtenu, après une pose variable de 3o secondes à 2 minutes,
montre un halo uniforme autour du cercle en laiton. Pour tirer de celte
épreuve la couronne, Hansky fait plusieurs positifs et négatifs successifs,
de manière à augmenter les contrastes, et finalement s'arrête à une image
reproduite dans les Comptes rendus, qu'il donne comme représentant avec
une grande probabilité la couronne même du Soleil. Cette image montre
des plages lumineuses, jusqu'à une distance égale au tiers du diamètre
solaire et donc s'étend jusqu'à la couronne extérieure.
Cependant, le résultat ainsi présenté prête à la critique, d'autant que le
dispositif expérimental employé n'est pas assurément le plus convenable
pour le but à atteindre. Je sm's conduit à présenter quelques remarques.
Semestre. (ï. CXL, N" 15.)
123
q66 ACADEMIE DES SCIENCES.
La photographie directe de la couronne solaire en dehors des éclipses
est une question déjà ancienne, qui a suscité de nombreuses recherches.
Le premier essai a été fait par sir Huggins en 1882, avec un miroir métal-
lique et l'emploi exclusif des rayons violets (' ). Les images circumsolaires
obtenues avaient les formes coronales observées dans les éclipses et, à de
courts intervalles de temps, étaient semblables; mais leur origine solaire a
été démentie par les expériences systématiques faites dans des stations de
grande altitude et pendant l'éclipsé de 188B.
J'ai fait moi-même en particulier quelques petits essais en 1893 avec
des méthodes différentes; ces tentatives et l'étude théorique des conditions
du problème m'ont conduit à la conclusion suivante (Bulletin astrono-
mique, février 1894, p- 66, et Observations de l' éclipse totale de 1893, Gau-
thier-Villars, 1896, p. 72) : la recherche doit être tentée avec des rayons
de longueur d'onp halo résultant est, comme la couronne, pins lumineux près
du bord solaire; il est variable avec le poli spéculaire et la propreté des
surfaces, avec la nature et la qualité des verres, et donc ne peut être cal-
culé à l'avance. Mais, comme il peut être très supérieur à la couronne
elle-même, il me semble nécessaire de mesurer directement son intensité
dans une expérience préalable, avant d'emplover un objectif ou un dispositif
quelconque à la recherche délicate de la couronne.
Le simple miroir concave, poli avec grand soin, employé en i883 par
sir Huggins el dirigé directement vers le ciel, est donc bien préférable au
système précédent avec objectif à deux verres (') et miroir auxiliaire. On
pourrait aussi emplover une lentille simple de quartz, que j'ai déjà recom-
mandée en 1893 (^ ).
Dans son expérience, Hansky arrête sur la plaque l'image intense du
disque solaire par un écran métallique noirci; mais, avec une pose poussée
jusqu'à 2 minutes, cet écran doit s'échauffer, échauffer l'air ambiant et
produire un trouble sérieux des images coronales, dont les contrastes sont
par eux-mêmes faibles. Je propose de le remplacer par un petit miroir, lé-
gèrement incliné sur la plaque, qui réfléchirait les rayons du disque non
vers l'objectif, mais vers les alentours, et éviterait en partie l'accumulation
de chaleur près de la plaque. Une solution meilleure, comme on le verra
plus loin, consiste à écarter complètement l;i lumière du disque solaire.
De plus, l'image finale de la couronne est extraite en quelque sorte du
négatif original par une série de positifs et de négatifs; or ces opérations
successives inspirent une certaine défiance. Sur ce point encore, il me
semble nécessaire d'organiser des expériences préliminaires, faites dans le
laboratoire avec deux sources lumineuses, l'une forte, semblable à un halo,
l'autre faible, semblableàla couronne et superposées sur la même plaque.
Les négatifs obtenus, avec des rapports variables entre les poses des deux
(') Le poli opLique, comme on sait, est considéré comme plus facile à réaliser avec
les lentilles qu'avec les miroirs; car la différence de marche, due à une petite aspérité
de la surface, est environ quatre fois plus grande pour le rayon réfléchi que pour le
rayon réfracté. Mais, à égalité de poli des surfaces, si l'on tient compte de tous les
éléments, la quantité de lumière diffusée par réfraction sur quatre surfaces est supé-
rieure à la quantité diffusée par réflexion sur une seule.
(^) Comptes rendus, t. CXVl, p. 127. — Le quartz prend un très beau poli et est
exempt de phosphorescence. Le faisceau doublement réfléchi, (]ui est unique, peut être
arrêté par un diaphragme.
SÉANCE DU lO AVRIL ipoS. ^69
sources, seraient traités comme ceux de la couronne solaire, ce qui permet-
trait de reconnaître dans quelles limites la méthode est applicable.
Hansky, il est vrai, appuie sa conclusion sur ce fait que deux plaques
exposées au mont Blanc, à i heure d'intervalle ont donné sensiblement
le même résultat. L'argument a sa valeur, mais un intervalle de i heure
est-il suffisant? Les conditions de l'expérience et en particulier les lumières
étrangères à la couronne ont dû varier très peu dans ce court intervalle.
Si, le 3o août prochain, lors de l'éclipsé totale visible en Europe, le
temps est beau an mont Blanc, on aura une bonne occasion de juger la mé-
thode et le dispositif de M. Hansky: mais auparavant on peut les soumettre
à une première vérification, facile à réaliser, en cherchant à photographier
non pas la couronne, mais les protubérances.
Les épreuves directes des éclipses totales, faites avec une faible pose,
montrent les protubérances très intenses, et la couronne intérieure plus
faible, jusqu'à 2' ou 3' du bord; la différence est la même avec l'observa-
tion oculaire. Or les écrans colorés employés l'année dernière par Hansky
absorbent toute la lumière de longueur d'onde inférieure à 660 et donc la
radiation rouge C de l'hydrogène, émise fortement par les protubérances,
et de longueur d'onde égale à 656. H suffit de les modifier légèrement pour
que l'absorption commence seulement à X64o. L'image devra alors com-
prendre les protubérances que l'on peut, d'autre part, relever au spec-
Iroscope.
La photographie directe des protubérances, sans l'intermédiaire du
spectroscope, serait déjà un résultat fort miportant; et, si elle était réalisée,
elle serait un encouragement sérieux pour la recherche de la couronne
moyenne et extérieure, plus difficiles à obtenir, parce qu'elles sont beau-
coup plus faibles.
En résumé, dans le problème qui nous occupe, l'un des grands obstacles
est la lumière étrangère développée par la lumière du disque dans les ap-
pareils employés jusqu'ici. Je suis conduit à indiquer un dispositif très
simple, facile à organiser partout, qui écarte complètement la lumière du
disque, et évite la plupart des diificultés précédentes.
Il suffit d'avoir un petit cercle opaque, large par exemple de 3o°"", et de
le diriger vers le Soleil, de manière que la perpendiculaire au milieu du
cercle passe par le centre de l'astre; en arrière, à 3", sur cette perpendi-
culaire, on place un œilleton muni d'écrans colorés, qui ne laissent passer
que le rouge extrême, et l'on regarde le ciel derrière l'œilleton. Le petit
cercle, qui a le même angle apparent (3o' d'arc) que le Soleil, le masque
970 ACADEMIE DES SCIENCES.
entièrement, et l'on n'aperçoit que les alentours du Soleil en lumière
rouge. Ce petit appareil, extrêmement simple, peut, pour les raisons déve-
loppées plus haut, donner la couronne plus sûrement que le grand sidé-
rostat polaire du mont Blanc.
On peut, d'ailleurs, substituer à l'œil un appareil photographique. On
remplace par exemple le cercle de So™"" par un cercle de 4o°"" et l'œilleton
par un objectif large de lo™"^ (différence entre 40™" et 3o""") et de distance
focale égale à 200™" ou Soo""'". D;ins ces conditions, l'objectif et la plaque
ne reçoivent aucun rayon venant du disque solaire; ils sont illuminés seu-
lement par les alentours immédiats du Soleil. L'objectif est couvert, par-
tiellement pour les points de o' à 5' du bord, et complètement pour les
points plus éloignés.
L'image obtenue, certes, est petite; mais elle est pure de tout mélange,
autant que possible. La seule lumière étrangère qui subsiste est la lumière
diffuse du ciel.
Celle-ci peut, d'ailleurs, être mesurée directement; je propose de joindre
au petit appareil précédent un petit photomètre qui donne l'éclat de la
région circumsolaire par comparaison avec une lampe-étalon. La photo-
graphie de la couronne sera tentée seulement si l'éclat mesuré n'est pas
trop supérieur à l'éclat de la couronne observée dans les éclipses totales.
Cette opération préliminaire sera très utile avec toutes les méthodes et
tous les dispositifs.
La lumière circumsolaire varie avec les stations, avec les heures et les
jours dans chaque station. Le 3 septembre, jour des essais de M. Hansky
au mont Blanc, un léger halo blanchâtre était discernable autour du
Soleil; il semble difficile en effet, même à 4800"", d'échapper, sous nos
latitudes, aux cirrus et aux aiguilles de glace dont la hauteur moyenne
atteint 9000™.
Mais, peut-être, avons-nous à notre portée des stations plus favorables
à ces études, où le ciel est moins variable et moins chargé de cirrus, et
dont l'accès, d'autre part, est plus facile. En particulier les hauts plateaux
et le désert de l'Algérie, sur lesquels j'ai déjà appelé l'attention, offrent des
conditions exceptionnelles pour les observations astronomiques, surtout
dans la province d'Oran. Je propose que l'on entreprenne la reconnais-
sance sérieuse de cette région, reconnaissance appuyée sur des mesures
photométriques précises de la lumière circumsolaire.
SÉANCE DU 10 AVRIL rgoS. 97 1
MINÉRALOGIE. — Conclusions à tirer de l'étude des enclaves Iwniœogènes pour
la connaissance d'une province pèlro graphique. — Santorin. Note de
M. A. Lacroix.
La considération des enclaves homœogènes des roches volcnniques d'une
province pétrographique donnée a une importance capitale pour l'histou-e
du magma dont elles proviennent les unes et les autres; ces enclaves sont
en effet le résultat de cristallisations profondes, effectuées à ses dépens.
Quand elles sont allomorphes (*), c'est-à-dire holocristallines et grenues
et arrachées à des masses complètement consolidées en profondeur, elles
nous fournissent des notions sur le passé plus ou moins lointain du magma ;
quand elles sont plésiomorphes , c'est-à-dire d'ordinaire semi-cristallines et
formées à la façon de glaçons dans le magma en voie d'ascension, ou d'épan-
chement, elles nous prouvent une évolution plus récente, réminiscence du
passé ou indication sur l'avenir possible des portions du magma non encore
venues au jour. Dans tous les cas, ces enclaves nous apprennent quels
sont les types de roches grenues de profondeur que le magma est capable
de fournir, soit par la consolidation intégrale de son type moyen (enclaves
homœogènes homologues), soit par différenciation basique (') ou hétéro-
généité originelle (enclaves antilogues).
Si cette conception, à laquelle m'ont conduit des observations multi-
pliées, poursuivies depuis quinze ans dans un grand nombre de centres
volcaniques, est exacte, les enclaves homœogènes ne doivent pas être
simplement étudiées par comparaison avec la roche qui les englobe, mais
encore dans leurs relations avec les autres roches volcaniques de la pro-
vince pétrographique.
Si, en effet, les enclaves homologues de la roche englobante doivent
représenter sa forme profonde, ses enclaves antilogues peuvent être les
équivalents de profondeur, c'est-à-dire les homologues des roches plus
basiques de la même série pétrographique. Cette équivalence est souvent
voilée par des différences minéralogiques considérables, résultant de la
différence des conditions qui ont présidé à la consolidation de portions de
{^) La Montagne Pelée et ses éruptions, 190/4, p. 537-
(2) Je laisse de côté ici les enclaves {endopoLy gènes), résultanl de l'endomorphi
du magma par digestion de roches basiques.
972 ACADEMIE DES SCIENCES.
même composition chimique du magma, s'effectuant, pour les unes en
profondeur et pour les autres à la surface; dans ce cas, la comparaison,
au point de vue chimique, des enclaves et des roches en place vient
éclairer la question d'une façon remarquable
Ces différences minéralogiques apparaissent en particulier dans les types
acides où le quartz n'existe que dans les formes grenues (enclaves ou
roches de profondeur en place) du magma, alors qu'il reste à l'étal virtuel
dans le verre des formes d'épanchement, à moins que des conditions spé-
cialement favorables, comme cela a été le cas pour certaines des andésites
du dôme de la Montagne Pelée, ne permettent à la silice de s'individualiser
sous forme de quartz jusqu'au voisinage de la surface. De même, dans les
types basiques, le phénomène n'est pas moins net : on voit, en effet ('),
la biotile et la hornblende constituer les minéraux ferro-magnésiens domi-
nants de diorites, de gabbros et d'enclaves homœogènes d'andésites et de
basaltes qui, eux, ne renferment que de l'olivine et des pyroxènes en fait
d'ortho et de métasilicates.
Dans l'étude d'une jirovince pétrographique, les enclaves homœogènes
ne doivent donc pas être considérées, ainsi qu'on l'a fait trop souvent jus-
qu'à présent, comme de simples accidents minéralogiques plus ou moins
intéressants; elles doivent figurer dans l'étude du magma au même titre
que les roches jouant un rôle géologique et, à tous égards, elles viennent
s'intercaler rigoureusement au milieu d'elles, soit parce que leur compo-
sition chimique, sinon minéralogique, est semblable à celle de quelques-
unes d'entre elles, soit parce qu'elles complètent la série pétrographique
en offrant des types dont l'équivalent ne s'est pas épanché ou n'est pas
connu encore à l'état de roche de profondeur en place (-). Ma monogra-
phie des roches récentes et anciennes de la Martinique m'a fourni une
première confirmation de cette règle; je me propose, dans cette Note, de
poursuivre ma démonstration à l'aide de certaines enclaves homœogènes
d'une autre région volcanique.
(') J'ai fait voir comment les enclaves homœogènes homologues des leucotéphrites
de la Somma sont des monzonites à feldspalhides; l'expérience de MM. Fouqué et
Michel-Lévy, qui a fourni une roche à leucite en partant d'un mélange de microcline
et de biotite, pourrait être citée aussi, avec bien d'autres exemples expérimentaux ou
observés sur le terrain.
(2) La missourite, Vijolite, Vai'ezacite ont été connues sous forme d'enclaves ho-
mœogènes de leucitites, de néphélinites et de basaltes, bien avant d'avoir été ren-
contrées dans des gisements en place.
SÉANCE DU lO AVRIL ipo'î. g-j3
En 1896, à la suite d'un voyage dans l'Archipel grec, j'ai montré que les
tufs ponceux de l'éruption qui a creusé la baie de Santorin renferment, en
grande quantité, des blocs, parfois énormes, de roches leucocrates, holo-
cristallines, que j'ai désignées sous le nom de microtinites, parce qu'elles
sont aux andésites ce que les sanidinites sont aux trachvtes. Elles sont
essentiellement constituées par des plagioclases de basicité variée, souvent
zones, associés, suivant les types, à de la biotite, à de l'hypersthène, à de
l'augite, à de la hornblenm\\.h, l'autre beaucoup plus rare, le Benthonec-
tes filipes Smilh. Le Gennadas elegatis Smith, signalé d'abord dans les eaux
américaines, paraît assez répandu dans l'Atlantique oriental et dans la
Méditerranée.
2" Slénopiclex. — Cette petite famille est représentée par trois espèces,
le Stenopus spinosus Risso, la Richardina spinicincla A. Milne-Edwards et la
Spongicola evoluta sp. n., dont les deux dernières ont été découvertes par
le Talisman et le Travailleur.
Je ne dirai rien de la Richardina spongicola, sinon qu'elle a été figurée par
A. Milne-Edwards dans son Recueil de Crustacés nouveaux ou peu connus, qI que
ses représentants sont peu nombreux dans la collection soumise à mes
recherches. Elle n'est pas coniuie dans la Méditerranée, mais on la trouve
dans l'Océan indien, où elle a été recueillie par les zoologistes de Ylnvesti-
galor. C'est toujours un Crustacé de petite taille.
La Spongicola evoluta présente un plus grand intérêt. Très voisine de la
Sp. Kœhleri Caullery capturée dans le golfe de Gascogne par le Caudan,
elle s'en distingue au premier abord par son rostre mieux armé, par son
telson élargi en arrière et par l'endopodite plus long de sa nageoire caudale.
Elle présente la même formule branchiale que les deux autres espèces du
genre, la Sp. venusla de Haan et la Sp. Kœhleri; toutefois, les épipolites de
ses maxillipèdes sont transformés en l.imes aussi larges que longues, et
ceux des pattes ambulatoires ont tous disparu, laissant pour vestiges de
larges cicatrices. En somme, l'espèce qui nous occupe est à un degré d'évo-
lution bien plus avancé que les deux autres; elle n'a plus que les cicatrices
des appendices épipodiaux qui caractérisent son ancêtre immédiat, la
Spongicola Kœhleri, appendices qui existent vraisemblablement encore dans
ses larves. Nulle autre espèce, à mon avis, ne conserve mieux la trace de
ses modifications évolutives. La Sp. evolula a été capturée par le Talisman,
au large des côtes du Sahara, sur un fond de 882™. Comme les autres
Spongicola, elle doit sans iloute se loger dans une Éponge.
984 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE DE LA VISION. — Le conflit de f image primaire et de l'image
accidentelle, appliqué à la théorie de l'inévitable variabilité des impressions
rétiniennes qu'excitent les objets éclairés par des sources lumineuses de valeur
constante. Note de M. A. Ciiauveau.
Nous ne pouvons pas voir un objel quelconque, éclairé de n'importe
quelle manière, sans en percevoir à la fois V image primaire ou objective
et V image accidentelle ou subjective qui en est l'accompagnement nécessaire.
La coexistence et la superposition ou la disjonction de ces deux images
entraînent des modifications spontanées, absolument inévitables, dans la
coloration et l'éclat avec lesquels l'objet apparaît à l'observateur. Ces modi-
fications sont bien connues des spécialistes qui se sont appliqués à la
détermination difficile et encore controversée du mécanisme qui préside
à la formation de Vimage accidentelle. On peut très bien les étudier en elles-
mêmes, comme conséquences du conflit des deux images, sans se préoc-
cuper du mécanisme de la formation de ces images. L'explication immédiate
de la variabilité des caractères de la visibilité des objets devient alors très
simple et retient facilement l'attention.
Il y a, pour cette étude, des procédés qui sont à la portée de tout le
monde. Je me crois tenu d'indiquer la meilleure manière de les mettre eu
œuvre.
D'ispositif expérimental. — On peut recourir au procédé usuel qui consiste à
regarder un morceau de papier blanc de forme géoinélrique régulière, tel un quadri-
latère allongé, posé sur un écran sombre, noir ou coloré.
Il faut, naturellement, se conformer à toutes les indications classiques qui ont pour
but d'assurer, au moment de l'observation, la libération de la membrane rétinienne
de toute persistance d'impressions consécutives antérieures.
L'écran qui forme le fond sur lequel se détache l'objet observé se trouve dans les
conditions les plus favorables s'il est éclairé par un ciel couvert d'une couche nuageuse
peu épaisse, de teinte gris clair.
On se trouve bien d'opérer dans une grande et longue pièce, nue, pourvue d'une
seule fenêtre, à l'une de ses extrémités. En exposant l'écran plus ou moins loin de
cette fenêtre à la lumière du ciel, on obtient toutes les intensités d'éclairage dont on
peut avoir besoin. Il est avantageux pour l'opérateur de faire ses observations en
tournant le dos directement à la fenêtre, pour éviter les colorations propres à l'inter-
vention de l'éclairage de l'œil par \a fenêtre latérale.
Il va sans dire qu'il n'y a dans ces indications rien de nécessaire et qu'on peut opérer
dans toutes les conditions d'éclairage, même à la lumière artificielle. Mais il faut alors
SÉANCE DU lO AVRIL igoS. qSS
tenir compte de» colorations qui sont le fait de la nature de la lumière ou des reflets
qu'elle emprunte aux objets ambiants. On comprend néanmoins qu'il y a loui avan-
tage à essayer d'agir dans les conditions les plus simples, avec de la lumière blanclie.
Image résultante. — Il estenlendu que l'impression produite sur la rétine
par la fisure géométrique observée est complexe. Ce que l'œil voit, en regar-
dant cet objet blanc, est une image résultarUe formée par la su|)erposition
de deux images : Vimage objective, primaire; {'image subjective, dite acciden-
telle ou consécutive.
Pour le prouver, il suffît d'opérer la disjonclion partiel!*' des deux images
au moyen du petit arlidce ci-après, qui permet d'obtenir d'un seul coup
tous les renseignements dont il est nécessaire de se pourvou-.
La figure I représente un écran noir sur lequel on a collé un petit parallé-
logramme de papier blanc très épais. Au centre est percée une ouverture
pour l'mtroduction à frottement d'une épingle, dont la tête est en sadlie
sur la figure et qui, fichée sur une pelote dure, fait l'olfice d'un axe
autour duquel on peut imprimer certains déplacements au système, pen-
dant que le regard se fixe avec la plus grande altention au centre même de
la figure. Pour faciliter celte attention, sans laquelle il n'y a pas de bonne
expérience, un petit cercle est tracé autour du trou et de la tête d'épingle
qui le couvre. C'est sur l'aire circonscrite par ce cercle que doit s'opérer
l'accommodation.
Après quelques secondes de fixation du regard, si l'on imprime à l'écran
un double déplacement, qui lui donne et lui relire instanlanément la posi-
tion de la figure II, pendant l'instant très court où il garde cette position.
()86 ACADÉMJE DES SCIENCES,
l'image |)riiiiaire, aa, et l'image accidentelle, hl>, se (iisjoigaeiit par leurs
angles. L'image accidentelle, toujours négative, se montre telle qu'elle s'est
imprimée sur la rétine, c'est-à-dire dans sa position première. Là où elle
n'est pas restée en conjonction avec l'image primaire, c'est-à-dire vers ses
angles, elle s'enlève nettement en noir sur noir. Quant à l'image primaire,
la seule qui ait changé de position, elle prend sur ses angles un ton blanc
très vif, parce que ces parties se sont mises en rapport avec des points de
la rétine qui ne sont pas occupés par l'image accidentelle ou consécutive.
Ce ton blanc, par son contraste avec la teinte grise plus ou moins foncée
qui couvre les parties ce de la figure, où s'est continuée la conjonction des
deux images, fait parfaitement juger du degré d'assombrissement que
l'image primaire peut éprouver de l'intervention de son image consécutive.
En somme, Yimage résultante qui est perçue dans ces conditions est tou-
jours grise, jamais d'un blanc franc.
Influence de la couleur de l'écran sur celles des images objective et subjective.
— Toutes les constatations dont il vient d'être parlé se répètent lorsque la
figure blanche observée repose sur des fonds colorés, remplaçant le fond
noir. Seulement, dans les points où s'opère la disjonction fugitive des deux
images, on voit toujours ['image objective avec la couleur complémentaire
de celle de l'écran et l'image subjective avec la teinte même de cet écran.
Quanta la région où la superposition des âeux images se conserve en per-
manence, la couleur propre de la figure géométrique y est plus ou moins
voilée par une teinte mixte résultant de la combinaison de celles des deux
images composantes. C'est donc comme avec l'écran noir. Mais ici, dans le
ton mixte qui assombrit le blanc de l'objet observé, prédomine et se dis-
tingue toujours la couleur du fond à un faible degré de saturation.
Marche de l' obnubiicuion de l'image primaire par l'image consécutive dans
le cas de l'écran noir. — Je suppose le cas iiléal du noir absolu, qu'il n'est
pas rare, dans des conditions favorables d'éclairage, de réaliser prati-
quement d'une manière suffisante. Si l'écran, nu, ayant été attentivement
regardé pendant une vingtaine de secondes, on y laisse tomber le parallé-
logramme de papier, disposé ad hoc, la couleur blanche de cet objet est, ««
tout premier moment, perçue dans tout son éclat, sans la moiniire altération
apparente. C/est qu'alors V image accidentelle n'existe pas encore. Mais elle
commence son apparition à ce moment même, c'est-à-dire à l'instant précis
où l'accommodation de la vue sur le centre de la figure en fait voir dis-
tinctement Yimage primaire. La notion de l'exacte contemporanéité de la
formation des deux images s'impose de suite. Ce qui est consécutif dans
SÉANCE DU lO AVRIL IQoS. 987
Viinage subjectwe, ce n'est pas sa naissance, mais l'accroissement de sa va-
leur par rapport à celle de Vimage objective. Celle-ci prend immédiatement
tonte sa valeur. Celle-là, d'abord insaisissable tant elle est faible, s'accentne
graduellement. Elle arrive avec rapidité à prendre ime valeur qu'elle ne
peut jamais dépasser et autour de laquelle s'effectuent les oscillations,
bien connues, que l'observateur constate pendant qu'il s'efforce, le plus
souvent infructueusement, de maintenir la superposition des deux images,
en continuant à accommoder sa vue sur le point central de la figure.
C'est dans cette dernière période que les caractères de la variabilité de
l'image priaiaire se manifestent avec les plus grands écarts. Mais on cons-
tate aussi ces caractères pendant la période précédente. L'augmentation
de l'éclat de l'image objective est facilement amenée par les grandes inspi-
rations et les mouvements des muscles palpébraux ou sourciliers. Ce sont
là, en effet, des agents d'affaiblissement des images accidentelles.
Marche de l' obniibilation de r image primaire par l'image consécutive dans
le cas des écrans colorés. — C'est exactement la même que dans le cas de
l'écran noir. Seulement l'image primaire, vue sur le fond coloré, après que
ceUii-ci a été attentivement regardé pendant une vingtaine de secondes,
n'est jamais blanche. Elle apjjaraît toujours avec la couleur complémentaire
de celle du fond, souvent même assez fortement saturée. Ainsi, sur» le
rouge, l'image est d'un vert bleu très vif; sur le bleu indigo, d'un beau
jaune, etc.
C'est sur celte teinte complémentaire qu'au moment même où l'objet se
place sous l'œil accommodé de l'observateur commence à apparaître et se
développe la teinte pro|)re de l'image consécutive, c'est-à-dire la couleur
fondamentale de l'écran. D'où rafTaiblissement de l'éclat de l'image pri-
maire, éclat qui peut instantanément reparaître sous l'action des influences
signalées tout à l'heure.
Influence de l'affaiblissement de l'intensité de la source lumineuse sur les
valeurs respectives de l'image primaire et de l'image accidentelle de l'objet
éclairé. — On réalise les conditions qui permettent d'étudier celte in-
fluence, d'une part en s'éloignant de plus en plus de la fenêtre par laquelle
pénètre dans la pièce la lumière éclairante, d'autre part en rétrécissant les
dimensions de cette fenêtre à l'aide des volets pliants dont elle peut être
pourvue. Enfin on a recours aux lueurs extrêmement atléiuiées de la (in
du crépuscule ou de l'aurore naissante.
Tout se passe avec les éclairages graduellement décroissants comme
avec l'éclairage initial. Seulement on fait cette importante constatation
go» ACADEMIE DES SCIENCES.
que, dans le conflit des images, l'action de l'image primaire devient de
moins en moins prépondérante. Celle de l'image accidentelle arrive à pré-
dominer et finit, comme on le sait, par éteindre complètement la visibilité
de l'image primaire.
Les valeurs respectives de r image primaire et de l'image accÂdentelle dans le
cas de déplacement incessant du regard accommodé sur la surface de l'objet
observé. — A l'inverse de l'extinction complèle de l'imnge primaire, peut-on
arriver à en conserver l'éclat en entravant plus ou moins la formation de
l'image accidentelle? Étant donné l'influence que la fixité du regard exerce
sur cette formation, il semble que, si l'œil, accommodé à la distance de
l'objet observé, se promène sur sa surface sans s'arrêter en aucune région
particulière, la couleur blanche de cet objet ne puisse être couverte par la
teinte de l'image accidentelle au point d'en être réellement assombrie.
Mais l'expérience montre que ce résultat ne s'obtient que d'une manière
incomplète avec les écrans colorés et qu'il faut recourir à l'observation du
blanc stir fond noir pour se rapprocher du succès. Celui-ci n'est jamais
irréprochable. Mais il est certain que, dans les conditions ci-dessus indi-
quées, V éclat du blanc sur noir ne semble pas sensiblement diminué par les
variations spontanées tenant à l'image accidentelle. Il est en tout cas plus fixe.
Effets de r oscillation du regard entre deux points seulement de la surface
de l'objet observé. — Si l'application erratique du regard, accommodé à la
surface de l'objet qui s'enlève en blanc sur noir, conserve à l'éclat de
l'image primaire une valeur à peu près constante, il n'en est pas de même
lorsque le déplacement de l'angle optique ne s'opère qu'entre deux points
déterminés de la surface. Ainsi, la figure blanche en forme de parallélo-
gramme rectangle qui sert d'objet d'observation peut être divisée en
deux parties par une ligne transversale coupant à angle droit le grand
axe de la figure. On obtient de celte manière deux figures, à peu
près carrées, dont on marque les centres par un point noir plus ou moins
étendu. L'œil s'adapte à l'un de ces centres, le droit par exemple, et s'y
accommode. On provoque ainsi la naissance d'une image accidentelle, qui
s'étale sur la totalité de la figure, avec les mêmes apparences de vigueur
dans la moitié gauche que dans l'autre. Si alors, la direction du regard
changeant brusquement, il se porte de la moitié droite sur le centre de la
moitié gauche, celle-ci s'assombrit pendant que celle-là s'éclaire. Le
rappel du regard à sa première position produit l'effet inverse : la moitié
gauche s'éclaire; la moitié droite s'assombrit. Ces alternatives croisées
d'obscurcissement et d'éclairage peuvent se poursuivre presque indéfini-
SÉANCE DU fO AVRIL I9o5. 989
ment, tout en s'atténnant sensiblement quand les déplacements alternants
de l'image accidentelle négative se succèdent très rapidement.
Il n'y a là qu'un mode particulier de disjonction des images primaire et
accidentelle. Cependant il était nécessaire de le signaler, parce qu'il peut
s'introduire à notre insu dans les observations et contribuer à modifier les
caractères de visibilité de l'image primaire.
Limace primaire et l'image accidentelle dans le cas où l'objet est vu double
par l'effet d'une accommodation primitive lointaine. — Considérons le cas où
l'écran et l'objet blanc qui s'en détache, au lieu d'être regardés directe-
ment, sont placés à proximité du trajet du regard fixé sur un point éloigné.
Ils sont vus doubles et, suivant la distance où ils se trouvent de l'œil, leurs
deux silhouettes sont tout k fait séparées ou chevauchent l'une sur l'autre.
Elles apparaissent nécessairement avec peu de netteté. Mais on peut tou-
jours, dans des conditions favorables d'éclairage et si les dimensions et la
forme de l'objet blanc s'y prêtent, arriver, après des tâtonnements plus ou
moins nombreux, à projeter ces silhouettes sur un rideau imaginaire où
l'œil accommodé à la distance réelle de l'objet en distingue très nettement
tous les détails.
Elles tendent, naturellement, à se rejoindre et à se fusionner. Le main-
tien de leur disjonction est singulièrement favorisé si l'on a eu soin de
couper en deux la figure blanche par un gros trait vertical. Cette ligne
noire forme comme une limite imposée au croisement des deux silhouettes
qui, alors, ne se superposent plus que dans les deux moitiés adjacentes.
La figure se compose ainsi de trois parties égales : l'une, moyenne, vue
avec les deux yeux; les deux autres, latérales, vues, la gauche avec l'œil
droit, la droite avec l'œil gauche.
La figure ainsi transformée par un artifice de vision se comporte exacte-
ment comme la figure simple vue dans les conditions ordinaires; elle se
prête aux mêmes constatations si l'on y étudie les relations de l'image pri-
maire et de l'image consécutive.
Ainsi, quand l'œil se promène sans se fixer nulle part sur l'ensemble de
la figure, l'éclat de l'image primaire, toujours plus vif dans la partie moyenne
vue avec les deux yeux, paraît rester invariable. Avec celte image primaire
coïncide certainement une très faible image consécutive. Toutefois, aucun
artifice ne parvient à en déceler l'existence d'une manière certaine.
Mais, aussitôt que la vue se fixe sur le centre de l'une des trois parties
de la figure, la couche grise de l'image accidentelle s'étale sur l'image pri-
C. K., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 15.) ' 20
990 ACADÉMIE DES SCIENCES.
maire et esL mise en évidence par les moyens qui opèrent la disjonction des
deux images.
Conclusion. — Cet exposé systématique résume succinctement l'étude de
l'influence que le conflit des images objective et subjective exerce sur l'éclat
et la visil)ilité des objets qui se présentent, dans certaines conditions, à
l'examen de notre œil. Il n'a pas d'autre mérite que de bien faire voir à
quelles difficultés et quelles embûches sont exposés les physiologistes ap-
pelés à se prononcer sur la valeur relative de telles ou telles impressions
rétiniennes.
CHIMIE MiNliRALE. — Chaleur (le formation de l' liydrure de sodium. Acidité
de la molécule d'hydrogène. Note de M. de FoKcitAXD.
I. Dans un travail publié il y a cinq ans('), j'ai montré que l'on pouvait
calculer l'acidité d'un composé hydrogéné en tenant compte de la nature
des éléments unis à l'atome d'hydrogène salifiable et de leur éloignement.
Je concluais notamment que Vacldité propre de l'atome d'hydrogène so-
lide était de + i8c«',43.
En réalité, ce nombre n'exprime pas exactement la valeur tliermique de
la réaction
H-sol. + Nasol. = NaHsol. + Hgaz
comme on le verra plus loin, cette dernière réaction donnant V acidité de la
molécule d'hydrogène solide, mais les deux valeurs sont assez voisines et
l'on peut passer de l'une à l'autre.
Les belles expériences de M. Moissan ayant permis de préparer l'hy-
drure îNaH, je me suis proposé de déterminer sa chaleur de formation et,
par là, de vérifier le résultat annoncé.
L'expérience paraît simple, M. Moissan nous ayant appris que Thydrure NaH se
dissout instantanément dans l'eau et que l'hydrogène dégagé ne s'enflamme pas.
Quant au calcul à faire pour rapporter le nombre à H- solide, il est possible en appli-
quant la relation générale — = — =: 3o, qui donne pour H- : o*^"', 60.
II. Les plus grandes difficultés expérimentales viennent de la prépara-
tion même de l'hydrure Na H, lorsqu'on veut l'obtenir exempt à la fois
(') Comptes rendus, t. GX.VX, 1900, p. 1020 et 17J8; t. CXXXI, 1900, p. 36.
SÉANCE DU lO AVRIL ipoS. gi)!
de sonde et de sodinm, et en quantité suffisante. J'ai suivi exactement les
prescriptions données par M. Mois'^an, qui doivent être observées minu-
tieusement sons jjeine de tout compromettre. Les seules modifications que
j'ai apportées sont l'emploi d'un laveur à sulfate chromeux pour retenir les
dernières traces d'oxvgène, et le mode de chauffage du tube au moyen d'un
chaiifle-lube électrique réglé à 3'75°-38o°.
Il m'a fallu chaque fois de 24 à 3o heures d'expérience non interrompue
pour réunir en avant des nacelles un dépôt d'hydrure blanc, ayant l'aspect
d'un volumineux tampon de ouate, et dont le poids atteignait seulement
de -j""^ à aS'"^.
Ces poids sont très faibles et l'on doit apporter beaucoup de précision
aux lectures pendant l'opération calorimétrique.
Voici les résultats de quatre expériences :
I. u. UI. IV.
Poids de l'hydrure Na U os,oi20 ok.oSSo 08,0227 08,0070
Chaleur de dissolulion pour 246. . -|-23'^^',79 +27*^'', 69 -+-26'^"', i3 +25''"', 65
La moyenne est 4- 25"^^', 80.
Malgré la difficulté des expériences, je crois que l'erreur possible
n'atteint pas 1*^='' en plus ou en moins.
Il suffit de retrancher ce nombre ,88.
La différence est de — 35*^"', 48. Ce nombre exprime l'influence négative
de l'atome du sodium.
SÉANCE DU lO AVRIL rgoS. 998
PHYSIOLOGIE. — Sur la réduction de i oxyhémoglobine.
Note de MM. R. Lépixe eL Boulud.
Une Note de M. le professeur Jaboulav {Lyon médical, aS septembre 1904)
où se trouve signalée la longue durée de la réduction de l'oxyliémoglobine,
dans un cas de shock chirurgical (après une aneslhésie prolongée), nous a
inspiré l'idée de rechercher méthodiquement si l'oxyhémoglobine de diffé-
rents sangs anormaux est réduite, dans le même temps, par un agent
réducteur toujours le même, et en quantité exactement proportionnelle à
celle de l'hémoglobine.
Après d'assez nombreux tâtonnements, nous nous sommes arrêtés à la
méthode suivante :
Nous préparons une solution décinormale de sulfate ferreux, et une solution de per-
manganate de potasse qui permet de vérifier le titre de la précédente. 5'^'"' de la solu-
tion de sulfate ferreux sont étendus à loo™' avec de Teau distillée, privée de la plus
grande partie de l'air qu'elle renferme, par une ébuUition prolongée. C'est cette solu-
tion qui constitue notre réactif réducteur. Elle est préparée au moment de chaque
expérience, après vérification du titre de la liqueur initiale.
Afin d'employer chaque fois une quantité de réactif exactement propor-
tionnelle à la quantité d'hémoglobine sur laquelle on opère (ce qui est
absolument indispensable), il faut, préalablement, faire un dosage aussi
précis que possible de l'hémoglobine. Nous faisons ce dosage avec le colo-
rimètre de Dubosq, en prenant comme étalon une solution de rouge, dont
la couleur correspond à celle que l'on obtient en diluant 1""' de rouge
normal dans 99*""' d'eau (' ).
Pour déterminer le temps de la réduction, nous retirons de l'intérieur du
vaisseau, avec une seringue dePravaz bien calibrée, o^^^S de sang, et nous
l'introduisons, sans contact avec l'air, dans un tube contenant So""'' d'eau
bouillie et refroidie à la température du laboratoire. Nous y ajoutons alors
notre réactif réducteur; et, juste à partir de ce moment, nous comptons
exactement le nombre de minutes qui s'écoulentjusqu'à la fusion des deux
bandes d'absorption du spectre de l'oxyhémoglobine. Nous avons soin que
(') Il serait préférable de doser l'oxyliémoglobine. C'est ce que nous avons fait plu-
sieurs fois avec l'hématospectroscope d'Hénocque. Mais nous n'avons pas trouvé que
cet instrument nous donnât des résultats suffisamment précis.
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le tube placé devant le spt'ciroscope soit à une distance invariable de la
lampe (').
Pour o™',5 de sang norm;d, nous ajoutons i""',/} de notre réactif (-).
Si la couleur d'un sang donné était moitié de ia couleur du sang normal,
nous ajouterions, naturellement, o""\'j.
En opérant exactement dans ces conditions nous avons constaté les faits
suivants :
1° Le temps de réduction de l'oxyhémoglobine dans le sang artériel d'un
chien normal est compris, généralement, entre i8 et 20 minutes.
2° Si l'on dilue le sang normal de moitié, des trois quarts, etc., avec de
l'eau bouillie, et qu'on emploie la moitié, les trois quarts de la quantité de
réactif précédemment indiquée, le temps de réduction reste le même (18 à
20 minutes).
3° Dans l'anémie, naturellement avec une quantité de réactif propor-
tionnelle à l'hémoglobine, le temps de réduction est très augmenté. Ainsi,
chez un chien, le lendemain d'une infusion intraveineuse de 1' d'eau dis-
tillée, le temps de réduction, qui était normal avant l'infusion, s'est élevé
à 38 minutes et, après une infusion de sérum d'un chien anormal, à 70 mi-
nutes. Chez un autre chien rendu également anémique, le temps de réduc-
tion était de 65 minutes.
4° L'inhalation prolongée de chloroforme et d'éther augmente aussi
beaucoup le temps de réduction.
5° L'infection microbienne du sang, par divers microbes, notamment
par un staphylocoque très virulent, ayant amené une forte réaction fébrile,
a paru sans influence sensible sur le temps de réduction.
6° Dans le sang veineux normal, le temps de réduction est généralement
moindre de 3 minutes, relativement à celui du sang artériel.
La recherche du temps de réduction par notre méthode peut être faite
chez l'homme, car il est très facile, avec une aiguille stérilisée, de recueil-
lir o'^"'',5 de sang dans une veine à l'abri de l'air. Chez [)lusieurs anémiques.
(') Celle-ci est une source de chaleur; or le temps de réduction est diminué par
rélévation de la température.
(^) Nous nous sommes arrêtés au choiv (arbitraire) de i""\4, parce qu'avec 1"="''
seulement de réactif le temps de réduction est trop long, ce qui rend l'observation
incommode. Il est à remarquer que si, pour o'''"',5 de sang, on prenait o""',7 de réactif,
c'est-à-dîre la moitié, le temps de réduction deviendrait bien siqjérieur au double du
temps de réduction nécessaire avec i''°',4 dfe réactif.
SÉANCE DU lO AVRIL I9o5. 9^5
nous avons observé que le temps de réduction s'élevait à ,\o, 5o et jusque
60 minutes.
Comme nous dosons l'hémoglobine par colorimétrie, et que, dans divers
états pathologiques, il n'y n pas corrélation entre la couleur du sang et sa
teneur en fer (Ch. Bohr, Bard, Rosin et Jelleneck, etc.), on aurait pu
objecter que notre dosage d'hémoglobine est erroné, et que, en consé-
quence, la discordance que nous signalons entre la quantité d'hémoglobine
et le temps de réduction n'est pas réelle. Mais l'énorme écart que nous
avons trouvé entre le temps normal de réduction et celui de l'anémie fait
tomber cette objection, car l'erreur possible sur la détermination de l'hé-
moglobine est loin d'atteindre un pareil écart.
Dans nos recherches, poursuivies depuis plusieurs mois, nous avons été
aidés d'une manière aussi intelligente que dévouée par M. Sargeul, prépa-
rateur de notre laboratoire.
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur/e^Rhabdocarpus, les graines et l'évolution
des Corddilèes. Note de M. Graxd'Eury.
Les Cordaïtes, n'ayant pas excité la curiosité comme les autres plantes
houillères, ont été délaissées et sont très incomplètement représentées
dans les collections.
Ce sont cependant des fossiles répandus et abondants, remplissant dans
le bassin franco-belge de nombreux bancs de schistes, et formant à Saint-
Etienne une partie notable de la houille. Eminemment phyllomanes, elles
sont surtout représentées par des feuilles très grandes par rapport aux
faibles rameaux qui les ont portées. Leur bois à l'état de tiges souvent
sidcrifiées, et de fusain, joue dans la houille le rôle des bois résineux dans
le lignite, et, bien que de nature ligneuse, leurs tiges dressées font partie
des forêts fossiles et leurs racines abondent dans les sols de végétation
fossiles : aussi leurs branches, feuilles, fleurs et graines se trouvent-elles
souvent rassemblées comme les débris de plantes enfouis ensemble, non
seulement dans le Stéphanien, mais aussi à Jiigersfreude près Sarrebruck,
à Cuesmes près iVlons, à Dorignies près Douai, etc.
Aux trois genres de ces feuilles uniformément striées, que, autrefois, j'ai
pu distinguer en faisant apjiel aux organes de reproduction, je suis eu
mesure d'en ajouter un quatrième des plus importants, réunissant les vrais
Rhabdocarpus connu?, de forme et de structure, à des feuilles particulières
que d'autre part je crois pouvoir raccorder aux Poroxyloa.
996 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces feuilles repliées, déchirées, rarement entières, sont les plus grandes du genre,
étant susceptibles d'atteindre une longueur de i™ et une largeur de o"", i5 à o'",20.
Très minces et striées d'une manière analogue au Corel, piincipalis Ger., elles sont
recouvertes de nervures invraisemblablement égales jusqu'au bord et jusqu'au bout.
Mais, vers leur base d'attache, les feuilles s'atténuent et se rétrécissent rapidement, les
nervures se renforcent, se condensent, et, particularité qui m'avait échappé, elles sont
remplacées par des stries irrégulières qui ne correspondent plus d'une face à l'autre;
la lame charbonneuse se dédouble et la feuille passe insensiblement à un pétiole.
Celui-ci s'adapte aux cicatrices très épaisses situées sur coussinets de branches peu
charbonneuses et striées, bien dififérentes par conséquent de celles des Cordaïtes. Or,
par leurs stries, les pétioles et branches reflètent la structure corticale des Poroxylas, et
les cicatrices, par leurs traces vasculaires, la section anatomique de la base des feuilles.
Enfin, avec ces feuilles très nombreuses au milieu et en haut du Stéphanien, gisent
leurs branches, beaucoup de Rhabdocarpus, et des axes floraux auxquels sont attachés
de gros et longs bourgeons mâles et femelles, sans bractées.
En rai.son de cette communauté de gisement, les Rhabdocarpus se rap-
portent aussi bien à ces feuilles et branches que les Cardiocarpus aux Cor-
daïtes, Petits, les Cardiocarpus ressemblent assez aux graines insérées sur
les épis de Cordaïtes pour que leur attribution à ces plantes ne laisse aucun
doute; on s'accorde aussi à leur rapporter les moyens et même les plus gros
tels que Card. reniformis, drupaceus Br., bien qu'on ne les puisse pas mieux
relier par le fait à ces feuilles que les graines polygones et polyptères aux
Névro[)téridées.
Les Cardiocarpus, tous symétriques par rappoi't à un plan, sont excessi-
vement variés de grosseur, de forme, de structure.
Tout au contraire les feuilles sont si analogues que, v compris celle des
Rhabdocarpus, les fragments n'en sont que difficilement déterminables, et
il les faut avoir complètes et les examiner et comparer avec la plus grande
attention, pour saisir entre elles quelques différences constantes louchant
la forme des feuilles, leur extrémité, l'épaisseur du limbe, la nervation
serrée ou espacée, égale ou inégale, uniforme ou plus dense vers le milieu
que sur les bords, etc.
Comme diversité, les graines l'emportent de beaucoup sur les feuilles et,
même en faisant plus que leur part aux variations ordinaires, aux états de
conservation, à l'inconnu, la disproportion persiste. On a institué au moins
cinq fois plus d'espèces de graines que d'espèces de feuilles de Cordaïtes.
En maints endroits, avec des feuilles peu différentes, sont associés plusieurs
types de graines. Dans les Calcédoines de Grand'Croix en particulier, on a
reconnu autant de genres de graines que l'on a pu distinguer d'espèces de
feuilles. En cherchant à rattacher spécifiquement les graines aux feuilles
SÉANCE DU lO Avr.iL igoS. 997
j'en ai trouvé d'assez différentes, dans le Westphalien et le Sléphanien,
avec les mêmes feuilles ou des feuilles très semblables du Cord. Corassi-
folius St.
L'évolution des Cordaïtées fait également bien ressortir l'anomalie.
Envisageons d'abord les Dory-CordaUes dont les feuilles sont seulement
plus minces et les nervures plus fines en bas qu'en haut du terrain houiller.
Dans le bassin franco-belge, les feuilles sontaccompagne.es de Gard. Lindleyi
Carr., Piteairniae Lind. cornutus Davv., graines que j'ai trouvées à Anzin,
à Sin, portées au bout de pédicelles à'AntholItes analogues à ceux décrits
par M. Carruthers ('). Dans le bassin de la Loire, ces feuilles sont accom-
pagnées de Saiimropsis fluitans Daw. forensis Gr., graines que j'ai trouvé
appliquées à la base d'écaillés florales d'autres sortes d'Antholites {-).
Jusqu'à présent je n'ai pas rencontré dans le Sléphanien les Antholites du
Westphalien, et réciproquement. Quoiqu'il en soit, à des feuilles qui s'iden-
tifient au Cord.palmaeformis Gopp. ou qui s'en rap[)rochent, appartiennent
deux genres de fleurs et cinq espèces de graines.
Avec les CorJaïtes peu différentes des Dory-Cordaïtes se trouvent d'autres
graines, déjà variées, mais petites dans le Westphalien moyen, avec des
Cardiocarpus du type emarginal us Gopp. à Louisenthal, Liévin, etc. Dans
l'étage des Cordaïtes, où le groupe manifeste son maximum de puissance
par des épis mâles et femelles extrêmement nombreux, les graines sont
très variées parmi des feuilles que séparent de simples nuances, et, sans
que ces feuilles changent sensiblement de la base au sommet de la série
des couches à Saint-Étienne, les graines sont loin de rester les mêmes, de
nouveaux types apparaissant en haut.
D'après tout cela, ne pourrait-on se représenter l'évolution des Cor-
daïtées comme s'étant principalement opérée sous la poussée de forces
internes, par les organes de reproduction, pendant que, sous l'influence
d'un climat invariable pesant sur un milieu marécageux, les feuilles et
autres organes de végétation ont comparativement pu changer. On avu (^)
que les graines des Névraptéridées sont également plus diversifiées que
les feuilles. Les Cryptogames vasculaires les plus fixés dans le temps ont
enfin varié davantage par les organes de fructification que par ceux de
végétation; qu'il me suffise ici de citer le Calamités SuckoiviBr., dont toutes
(') Geological Magazine, février 1872 (e\lrail p. 7).
(-) Géol. paléont. du bassin h, du Gard, 1890, p. 33i.
(') Comptes rendus, i4 novembre 1904, p. 78».
G. R., igoS, i« Semestre. (T. CXL, N" 15.) '-7
998 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les parties ont été réunies à Tamines (bassin de la Sambre), à Courmunaz
en bas, et au Treuil, en haut du Stéphanien; à ces trois endroits, les
tiges, branches et feuilles sont tout au moins semblables, tandis que les épis
connexes sont génériquement différents, ceux de Tamines se rapprochant
beaucoup du Palaeostachya gracillima Weiss, et ceux du Treuil étant iden-
tiques au Calamostachya vulgaris Gr. Les échantillons recueillis seront
publies et envoyés au Muséum.
RAPPORTS.
Rapport présenté au nom de la Commission chargée du contrôle scientifique
des opérations géodésiques de l' Equateur.
(Commissaires : MM. les Membres du Bureau; MM. Bouquet de la Grye,
Hait, Bassot, Lœwy; H. Poincaré, rapporteur.)
La Commission chargée du contrôle de l'expédition de l'Equateur s'est,
comme les années précédentes, réunie pour entendre le rapport de M. le
commandant Bourgeois sur les opérations de l'année 1904. Elle a eu le
regret de constater que les conditions climalériques ne se sont pas amé-
liorées et que le retard qui s'était produit dans les années précédentes s'est
encore accentué. Il y a 2 ans, nous pouvions espérer qu'on pousserait
jusqu'à Cuenca avant la fin de igoS; il y a i an, nous comptions encore
qu'on atteindrait ce point vers le milieu de 190 |. En réalité, c'est seulement
en novembre que les stations qui entourent cette ville ont pu être ter-
minées. Depuis, on n'a pas pu marcher plus rapidement, de sorte qu'au
mois de janvier on était encore à Tinajillas et Narihuima, à jo""" et 80''™
au sud de Cuenca.
Ces retards sont extrêmement fâcheux et nous devons d'abord en
rechercher la cause. Les renseignements fournis par les indigènes avaient
fait croire que la contrée au sud de Riobamba était moins brumeuse que
celle du nord. Ces renseignements étaient inexacts; les indigènes, en
effet, ne s'aventurent pas volontiers dans les hautes régions et n'en con-
naissent pas bien le climat; en outre, ils n'apprécient pas les conditions
météorologiques au même point de vue que les géodésiens et s'inquiètent
peu des visibilités à grandes distances. On a donc été obligé de séjourner
SÉANCE DU lO AVRIL 190 ). 999
aussi longtemps dans les nouvelles stalions que dans les anciennes, les
brumes s'opposant aux observations. Ces séjours prolongés à de grandes
altitudes étaient d'ailleurs très pénibles pour le personnel. A Soldados, la
foudre est tombée deux fois sur le campement. On était presque constam-
ment entouré de nuages, et les officiers équaloriens, qui accompagnaient la
mission et n'avaient jamais pénétré dans cette partie du pays, étaient
étonnés d'y trouver un temps si constamment mauvais.
En revanche, d'autres incidents, qui avaient contribué à retarder les
travaux dans les années précédentes, ne se sont heureusement pas repro-
duits. Il n'y a plus eu de destruction de signaux. Les efforts faits par le
Gouvernement équatorien et le clergé local paraissent enfin avoir produit
leurs fruits.
Malheureusement la santé du personnel a laissé à désirer, ce qui a occa-
sionné aussi quelques retards. M. le capitaine Peyronnel, chef de la mission
par intérim, a été atteint de fièvre et obligé d'interrompre son travail pen-
dant plusieurs jours; les autres officiers, et en particulier M. le capitaine
Lallemand et M. le docteur Rivet, ont été aussi fortement éprouvés.
M. l'adjudant Lallemand, frappé par la fièvre jaune, a dû être rapatrié.
Le personnel secondaire n'a pas été non plus épargné et plusieurs hommes
ont été malades.
Enfin, les travaux ont subi, à la fin de l'année 1904, des retards imprévus
par suite de la présence au Pérou de la peste bubonique qui a empêché la
marche rapide des opérations de reconnaissance.
M. le capitaine Maurain, malade, a quitté l'Equateur au mois de juin; il
a été remplacé, comme chef par intérim de la mission, par M. le capitaine
Peyronnel qui était arrivé depuis la fin de janvier 1904. M. le docteur Pàvet,
qui avait pnssé en congé les premiers mois de l'année 190/1, a repris son
poste à la fin de mai; on sait qu'il fournil à la mission un concours actif,
non seulement comme médecin et comme naturaliste, mais encore comme
observateur. M. Maurain ne devant pas retourner en Amérique, M. le
capitaine Massenet qui doit le remplacer est arrivé le 22 février 1903; il a
pris le commandement par intérim auquel son ancienneté lui donnait droit.
D'autre part, M. le capitaine Perrier est parti en congé au commencement
de décembre et il doit retourner en Equateur au mois de mai; il sera
accompagné de M. le capitaine Noirel, chargé spécialement des observa-
tions de pendule.
Triangulation. — On en était resté, à la fin de l'année précédente, au
côté Danas-Sinigallay, à la hauteur du chemin de fer de Guayaquil; on en
lOOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
était, à la fin de 1904, au côté Tinajillas-Narihuima, à un degré environ
plus a» sud; on avait donc fiiit seulement 1 1 stations, sans parler des opé-
rations astronomiques de Cuenca. Il est probable que les slations de
Chilla-Cocha et Fierro-Urcii sont aujourd'hui terminées et que nos obser-
vateurs sont actuellement à Guacha-Urcu et Colambo (latilude tfio' envi-
ron, latitude de Payta 5°5'). M. le capitaine Perrier a fait la reconnaissance
et la construction des signaux jusqu'à la frontière péruvienne. Les brigades
se suivent maintenant parallèlement, de sorte que les opérations sur les
deux chaînes est et ouest sont simultanées à la même hauteur. Deux points
sont à signaler. Dans les quatre dernières stations, on a employé l'héliostat
concurremment d'ailleurs avec les mires, les signaux ayant été préalable-
ment construits par les reconnaissances. On a observé en effet que, dans
celte région, malgré la fréquence des brumes, le Soleil brille dès que les
nuages sont dissipés, en sorte que, à part les jours où la visibilité est nulle,
l'emploi de l'héliostat est possible.
D'ailleurs, comme l'héliostatest doublé par la mire, comme nous venons
de l'expliquer, on n'est pas exposé à perdre une journée favorable.
En second lieu, afin de rattraper autant que possible le temps perdu,
le capitaine Peyronnel, chef par intérim en 1904, a cru devoir remplacer les
triangles de 5o''"de côté, qui avaient d'abord été prévus, par des triangles
beaucoup plus grands de 100'-" environ: le nombre des stations se trouvera
donc considérablement diminué, mais en revanche on peut se demander si
le nombre des jours de visibilité suffisante ne va pas diminuer dans la même
proportion. Toutefois les officiers ont observé qu'en dehors des jours,
malheureusement trop fréquents, où les nuages couvrent les sommets les
plus rapprochés et où aucune opération n'est possible, la vue s'étend à de
grandes distances. Nous ne pouvons que nous en rapporter à leur expé-
rience du pays.
Nous devons observer que les dimensions de ces triangles devront être
progressivement réduites à mesure qu'on approchera de la nouvelle base à
mesurer, afin de faciliter le rattachement de cette base. D'un autre côté il
va y avoir une assez brusque inflexion de la chaîne vers l'Ouest afin de
rejoindre la côte à Payta et un brusque changement d'altitude au moment
où l'on franchira la frontière péruvienne.
Aslronomic . — Une station astronomique avait été installée à Cuenca.
Les opérations furent terminées au mois d'avril. La longitude fut déter-
minée par M. Maurain à Cuenca et parM. Perrier à Quito; la latitude et
l'azimut l'avaient été antérieurement. Le nombre des déterminations à
SÉANCE DU lO AVRIL igoS. lOOl
Cuenca est surabondant; à Quito le temps a été moins favorable, mais les
déterminations sont amplement suffisantes, la marche de la pendule étant
bien connue par les observations de M. Gonnessiat.
Une station astronomique avait également été prévue vers le quatrième
parallèle.
L'emplacement n'en est pas encore choisi; nous discuterons plus loin
l'opportunité de la création de cette station.
La station astronomique principale de Payta doit surtout attirer notre
attention; on y a déjà mesuré la latitude, il reste à y faire l'azimut et la
longitude. Payta est relié à Cuenca par Machala, Chacras et les lignes péru-
viennes. On pourra donc mesurer, soit la différence Payta-Cuenca, soit la
différence Payta-Quito.
Latitudes du troisième ordre. — On a continué à mesurer les latitudes en
chacun des sommets de la triangulation. L'astrolabe Claude-Driencourt qui
sert à ces opérations continue à donner toute satisfaction. Les officiers
sont maintenant complètement familiarisés avec l'emploi de cet instrument.
Il est intéressant de signaler que les latitudes de Souzahim et Yansaï ont
été observées au théodolite et à l'astrolabe; les résultats calculés pour
Yansaï accusent une différence insignifiante, o",i2 environ. Cette concor-
dance justifie l'emploi exclusif de l'astrolabe dans la plupart des stations.
Nivellement de précision. — Le nivellement de précision est aujoui-d'hui
terminé, sauf la traversée du Guayas. D'abord dirigé par M. l'adjudant Lal-
lemand, il fut, après la maladie et le départ de ce sous-officier, confié au
sergent Lecomte, qui s'est acquitté de sa triche d'une façon très satisfai-
sante.
Pendule. — Notre opinion sur l'importance des observations pendulaires
n'a pas changé, et il importe d'autant plus de s'en occuper qu'elles ont été
presque complètement laissées de côté jusqu'ici. Il aurait été à désirer,
tant à ce point de vue que pour d'autres raisons, que i\L le commandant
Bourgeois pût retourner en Equateur. Mais malheureusement les nécessités
du service en France ne le permettent pas. M. le capitaine Noirel doit
partir le 26 avril en emportant un appareil Defforges. Cet officier est
accoutumé aux mesures de gravité.
Rattachement de Machala. — Dès le début de la mission, on s'était rendu
compte de la nécessité de mesurer la déviation de la verticale dans le sens
est-ouest. Pour cela il fallait déterminer la différence de longitude géodé-
sique et la différence de longitude astronomique d'un point de la côte et
d'un point de la méridienne de Quito. Il fallait donc trouver sur la côte un
I002 ACADÉMIE DES SCIENCES.
point qu'il fût possible de relier à la chaîne, tant télégraphiquement que
géodésiquement. On avait d'abord songé à Gnayaquil qui est en communica-
tion télégraphique avec Quito, et qu'on pouvait joindre géodésiquement à
la chaîne par l'intermédiaire de l'île de Puna. Toutefois le passage par l'île
de Puna, outre qu'il aurait entraîné un certain nombre de stations supplé-
mentaires, n'était pas sans présenter quelques difficultés,
La situation s'est heureusement modifiée par la construction d'une nou-
velle ligne télégraphique. La station de Machaia, petit port de mer, vers 4"
de latitude Sud, est maintenant reliée au réseau télégraphique; d'autre part
elle est visible de deux stations de la chaîne, celle de Narihuiua et celle de
Chilla Cocha; ces deux stations sont aujourd'hui terminées, la première
certainement, la seconde probablement,et les visées ont pu être faites, grâce
à la présence du sergent Lecomte qui, après avoir terminé le nivellement,
s'est rendu à Machaia. Ce sous-officier est d'ailleurs en état de faire lui-
même la mesure de l'angle Narihuina-Machala-Chilla Cocha de sorte qu'il
ne resterait à faire en cette station que les opérations astronomiques.
Conclusions. — Les lignes précédentes ont montré quelles difficultés ont
rencontrées nos officiers, quels efforts ils ont laits pour les surmonter et
que la situation actuelle ne peut en aucune façon leur être imputée. Mais
il n'en est pas moins vrai que cette situation est fâcheuse et il convient
d'examiner les moyens d'y faire face.
Il n'y a, évidemment, que deux partis à prendre, ou bien arrêter le tra-
vail au moment où les ressources déjà votées seront épuisées, ou bien le
poursuivre jusqu'au bout en se résignant aux sacrifices nécessaires. Ce
n'est pas à nous, évidemment, qu'il appartient de décider, puisqu'une
question de dépense est soulevée, mais nous pouvons du moins émettre un
avis.
Jusqu'où les ressources actuelles nous permettraient-elles d'aller? Un
examen minutieux de l'état des crédits a permis au Service géographique
de répondre à cette question. Il faudrait :
x° Raccourcir l'arc d'un degré environ, soit du sixième de sa longueur en
s'arrêtant au voisinage du côté Guacha-Urcu-Colambo.
2° Renoncer à mesurer la base du Sud avec un appareil de haute préci-
sion en se contentant d'un appareil plus léger.
En effet, l'arc n'étant pas poussé jusqu'au bord de la mer, il faudrait
prendre l'emplacement de base dans les montagnes où l'emploi de la règle
est impossible, d'autant que le transport de la règle dans ces régions entraî-
nerait d'importantes dépenses.
SÉANCE DU 10 AVRIT, I9o5. IOo3
3° Supprimer les observations pendulaires.
4° Renoncer au raltachement de Machala.
Il suffit d'énoncer ces conditions pour montrer qu'une pareille solution
est inadmissible. Ce serait une véritable faillite; la France n'aurait fait
mi'une œuvre incomplète, qui ne répondrait nullement aux promesses
faites à l'Association internationale géodésique, et elle se verrait exposée à
voir son travail inachevé repris par d'autres puissances. Nous verrons
d'ailleurs que ce programme restreint entraînerait lui-même de grandes
difficultés.
i" Il est clair que le raccourcissement de l'arc diminue sa valeur scienti-
fique. Il avait été question d'abord de le prolonger vers le Nord jusque sur
le territoire colombien; ce premier projet ne put être exécuté par suite des
événements politiques; on résolut alors de compenser la réduction néces-
saire de la partie septentrionale par une prolongation correspondante de la
partie méridionale, ce qui offrait en même temps l'avantage de pousser
jusqu'à la mer, à Payta, où l'on devait trouver un emplacement très favo-
rable pour la mesure des bases. Il s'agirait aujourd'hui de renoncer à cette
prolongation.
2° N'allant plus jusqu'à la mer, on n'aurait plus d'emplacement assez uni
pour l'emploi des règles et la base du Sud y perdrait en précision, ce qui
serait d'autant plus fâcheux que la base de vérification du Nord n'a pu non
plus être mesurée qu'avec les fils. Mais ce n'est pas tout, et l'on peut se de-
mander s'il sera même possible de trouver un emplacement se prêtant à la
mesure d'une base par les fils. La région est, en effet, très accidentée et
il n'y a rien de comparable à ce qu'on appelle plus au Nord la plaine inter-
andine. De plus, les stations construites forment de grands triangles et, pour
passer à une base de longueur raisonnable, il faudrait un assez grand nombre
de stations intermédiaires si l'on veut que le rattachement se fasse avec
quelque précision.
3° L'abandon des observations pendulaires serait plus déplorable encore.
Nous n'avons pas à revenir sur les raisons qui ont été exposées dans les
précédents rapports et qui démontrent l'importance des mesures de gra-
vité. Rappelons seulement que jusqu'ici une seule station a été faite, celle
de Riobamba.
4"^ Pour que la mesure de l'arc de méridien conserve toute sa valeur, il
faut qu'on soit assuré que cet arc n'est pas altéré par un relèvement anor-
mal du géoide, dû à l'attraction des Andes. Or ce relèvement ne peut être
évalué que de deux manières, ou bien par la comparaison des observations
I0o4 ACADÉMIE DES SCIENCES,
jiendulaires, ou bien par la mesure des différences de longitude tant géo-
désiques qu'astronomiques entre un point de la côte et un point des Andes.
Si l'on renonce aux observations pendulaires, le premier moyen nous
échappe, car la mesure unique effectuée jusqu'ici ne permet aucune com-
paraison. Si, d'autre part, on renonce au rattachement de Machala, le
second moyen nous fait également défaut; dans le projet primitif la trian-
gulation touchait la côte en deux points seulement, à Payta et à Machala
et ces deux points seraient abandonnés.
Telles sont les raisons qui ne nous permettent pas de nous arrêter à la
première solution. Il faut maintenant se rendre compte des dépenses sup-
plémentaires qu'entraînerait l'adoption de la seconde. Les évaluations du
service géographique les portent à iSoooo''''. Fort heureusement l'inter-
vention d'un généreux donateur facilite beaucoup la solution et nous per-
met d'entrevoir un résultat digne de la France. Le prince Roland Bonaparte
met à la disposition du gouvernement de la République, à titre de fond de
concours, une somme de loo ooo'''', à la condition que l'œuvre soit poussée
jusqu'au bout. Les crédits nouveaux à demander au Parlement se rédui-
raient ainsi à 5o ooo''''.
Il semble que, dans ces conditions, l'hésitation ne soit pas permise et
qu'il y ait lieu de maintenir le plan primitif, et de rejeter déiinitivement le
programme restreint dont nous avons montré plus haut les inconvénients ;
mais on pourrait encore se demander si une solution intermédiaire ne
serait pas possible. Nous observerons d'abord qu'on épargnerait ainsi du
temps, mais que les charges du budget ne seraient pas diminuées et se
trouveraient même accrues, puisque le concours du prince Roland Bona-
parte ne nous est offert qu'en vue de l'achèvement de l'arc jusqu'à Payta.
D'autre part, si le rattachement de Machala et les observations de pendule
sont absolument indispensables pour estimer le relèvement du géoïde, le
])rolongemcnt de l'arc jusqu'à la mer nous est également imposé par la dif-
ficulté de trouver un emplacement de base convenable dans la région mon-
tagneuse. D'ailleurs, des observations astronomiques ont déjà été faites en
ce point par le capitaine Maurain. Ces considérations ne semblent pas per-
mettre de s'arrêter à une solution intermédiaire.
Si l'on maintient les projets primitifs, il y a lieu de se demander à quel
moment on peut espérer que l'exécution en sera achevée. A cet égard, nous
(levons nous en ra|)porter aux évaluations de M. le capitaine Perrier qui a
fait la reconnaissance des régions où l'on doit opérer, et qui par un long
séjour en Equateur a acquis une grande expérience de ces contrées. Cet
SÉANCE DU lO AVRIL igoS. IOo5
officier estime qu'à la date du i"' avril igo), toutes les stations actuellement
construites seront terminées, sauf les deux dernières où l'on ne peut opérer
tant que les signaux des stations suivantes ne seront pas établis. Pendant
les mois d'avril, mai, juin, juillet deux des officiers opéreraient la recon-
naissance du dernier tronçon de l'arc et y construiraient les signaux. Pen-
dant ce temps les autres officiers feraient la station de Machala, y détermi-
neraient la latitude, y feraient les observations de pendule, et mesureraient
la différence de longitude Cuenca-Machala.
Les stations à construire seraient vraisemblablement au nombre de lo,
y compris les termes de la base. M. Perrier estime à 7 mois la durée des
opérations géodésiques dans ces stations (avec deux brigades), de telle
sorte que ces opérations seraient terminées en février 190G.
Pendant ce temps, deux autres officiers se rendraient à Guacha-Urcu et
Colambo, les deux dernières stations actuellement construites; ils y feraient
la géodésie et deux latitudes au cercle méridien, ce qui les mènerait à la
fin d'octobre. Ils feraient ensuite la différence de longitude Colambo-Cuenca
qui serait terminée à la fin de l'année igoS.
On aurait pu se demander si l'on n'aurait pas pu supprimer cette station
astronomique de Colambo; mais on doit observer d'une part que ce point
est à une altitude très différente de celles de Machala et Payta, et qu'il im-
porte d'avoir une détermination astronomique d'un point situé à la fois
dans la partie sud de l'arc et dans la région montagneuse, et d'autre part
que les opérations ne .s'en trouveront pas retardées, puisque, d'après l'ex-
posé qui précède, les officiers qui procéderont à cette détermination ne
pourraient pas facilement être utilisés ailleurs à ce moment.
De fin décembre à fin mars, on installera la station de Payta et l'on fera
la différence de longitude Payta-Machala.
Enfin, de fin mars au milieu de mai, ou mesure la base de Payta, d'une
part avec trois fils Jiiderin en métal invar avec réglettes en invar et poids
tenseurs, d'autre part avec la règle bimétallique Brunner ou mieux avec la
nouvelle règle en métal invar.
Pendant ce temps M. le capitaine Noirel, opérant indépendamment, ferait
les déterminations pendulaires.
Si ce plan pouvait être exécuté, tout serait terminé au mois de mai 1906.
M. le capitaine Perrier, instruit par l'expérience, a fait les évaluations de
temps d'une façon aussi large que possible. Néanmoins nous avons déjà été
si souvent déçus que l'on pourrait conserver quelques craintes de voir ce
délai dépassé. Ce qui toutefois doit nous rassurer, c'est que l'on va décidé-
R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N° 15.)
128
loo6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment sortir de la Cordillère pour entrer dans la région péruvienne où les
conditions climatériques sont très différentes. Le retard, s'il s'en produit un,
ne serait que de quelques semaines. Le calcul des crédits a d'ailleurs été
fait dans l'hypothèse où les oj)érations dureraient jusqu'à la fin du pre-
mier semestre 1906, et les officiers croient pouvoir nous garantir que
cette date ne sera pas dépassée.
Quoi qu'il en soit, il nous semble qu'il y a lieu d'approuver le |)lan qui
nous est proposé. En terminant, adressons nos remercîments aux vaillants
Français dont le courage et la persévérance ne se sont jamais démentis, et
aussi au prince Roland Bonaparte dont la généreuse intervention nous
aidera à atteindre le résultat désiré.
IVOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les concours de l'année iqoS.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Mathématiques : Pria; Francœur. — MM. Jordan, Poincaré, Emile Picard,
Appell, Painlevé, Humbert, Maurice Levy, Darboux, Boussinesq.
Mécanique : Prix Montyon, Fourneyron, Poncelet. — MM. Maurice Levy,
Boussinesq, Deprez, Lèaulé, Sebert, Vieille, Haton de la Goupillière,
Schlœsing, Poincaré.
Navigation : Prix extraordinaire de la Marine, Plumey. — MM. Maurice
Levy, Bouquet de la Grye, Grandidier, Boussinesq, Deprez, Léauté, Bassot,
Guyou, Sebert, Hatt, Berlin, Vieille.
Astronomie : Prix Pierre Gazman, Lalande, Valz, G. de Pontècoulanl,
Damoiseau. — MM. Janssen, Lœwy, Wolf, Radau, Deslandres, Bigourdan,
Poincaré, Lippmann, Darboux.
Cette Commission est également chargée de présenter une question pour
le Prix Damoiseau qui sera décerné en 1908.
GÉoGHAPiiiE : Prix Gay, Tchihatchef. — 1\L^L Bouquet de la Grye, Gran-
didier, Bassot, Guyou, Hait, Berlin, de Lapparent, Perrier, Van ïieghem.
Celte Commission est également chargée de présenter une question pour
le Prix Gay qui sera décerné en 1908.
SÉANCE DU lO AVRIL igoS. IO07
Physique : Prix Héberl, Tliighes, Gaston Planté, La Caze. — jMM. Mascart,
Lippmann, Becquerel, Potier, VioUe, Amagat, Berlhelot, Poincaré, Maurice
Levy.
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giarolnni (iCjO^, a) faites à l'Obser-
vatoire d'Alger, à V équatorial coudé de o'",3i8. Note de MM. Rambaud
et Sy, pré.sentée par M. Lœwy.
Temps
<>'
-*
Nombre
Dates.
moyen
-___—— — ~
de
1905.
Étoiles.
d'Alger,
h m s
àjR.
A®.
compar.
Observ
Mars 28. .
a
9. I I .25
— 0.46,24
~r4: 9:8
12: 10
S
28..
a
9.37.31
-0.42,48
— 12.52,9
12:12
R
29..
. 1}
8.59.15
-0.38,46
— 2. 1,7
12:12
S
29..
. I>
9.36.45
—0.33,06
- 0. 5,8
12: 12
R
3o..
c
9. 16. 12
-o.3o,53
4- 5. 5,3
12:12
S
3o..
. c
9.46.23
—0.26,24
-f- 6.36,8
12:12
R
b...
c. . .
Ascension
droite a
moyenne 1905,0. jo
Positions des étoiles de comparaison.
Réduction Réduction
Déclinaison
moyenne 1905,0.
5.52.10,97 -1-0,12 -1-13.41.45,8
5.55.37,99 +o,ia -(-14.42.21,0
5..59.i4,i5 -f-o,i2 +15.49. 1 S, 2
our. .\utorites.
II "5 A.G., Leipzig, n" 1908
ii,i A.G., I.eip/.ig-, n" 1939
-10,7 A.G., Berlin, 11° 1883
Dates.
Ascension droite
Log. fact.
Déclinaison
Log. fact
1905.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe
Mars 28
. 5.5l"24',85
7,6o3
+ 13°. 27'. 24", 5
0,623
28....
. 5.51.28,61
T,633
+ 13.28.41,4
0,639
29....
. 5. .54. 59, 65
1,590
+ 14.40. 8,2
o,6o3
29....
. 5.55. 5,o5
T,635
+ 14.42. 4,1
0,629
3o....
. 5.58.43.74
î,6i5
+ .5.54.13,8
o,6o3
3o....
. 5.58.48,o3
T , 656
+ 1 5. 55. 44, 3
o,634
L'image de \a comète est une nébulosité sensiblement ronde, très diffuse, ayant un
diamètre d'environ i'3o".
Le 28, à cause de la pureté du ciel, on a distingué une faible condensation dont
l'éclat était comparable à celui d'une étoile de lo*" grandeur.
[Oo8 ACADÉMIR DES SCIENCES.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Obsen-alions actinométriqiies au sommel du mont
Blanc en igo4. Note de M. A. Hansky, présentée par M. Janssen.
Grâce à l'aimable invitation et au concours de M. Janssen, j'ai pu conti-
nuer l'année dernière mes recherches actinométricjues au sommet du mont
Blanc.
Dans ce but, je fis deux ascensions.
La première fois, je passai 8 jours au sommet (du 28 août au 4 sep-
tembre) et, la seconde, 4 jours (du 20 au 23 septembre).
Le temps ne m'a pas beaucoup favorisé pendant ce premier séjour.
Chaque jour, entre 2'' et 4'' après midi, le brouillard s'élevait, restait jus-
qu'à 8''du matin et, pendant la nuit, nous avions des orages, des tourmentes
de neige et un vent très fort.
Dans ces conditions, les courbes actinométriques n'ont j)u être tracées
qu'aux environs de midi, c'est-à-dire dans leurs parties les moins utiles
pour les calculs de la constante solaire (à cause de la dépression à l'heure
de midi). J'obtins en tout cinq courbes avec l'actinograplie de Crova (les
29, 3o août et i*', 2, 3 septembre) et je fis un grand nombre de détermina-
tions directes. Le 3i août, une très forte tourmente, qui dura toute la jour-
née, m'empêcha d'observer.
La pression barométrique, très forte le jour de mon ascension (428'"'"),
est descendue jusqu'à 419""". 5 le 2 septembre pour remonter à 4'-i2"""
le 4.
La température de l'air fut en moyenne — 12° C. et varia dans les limites
suivantes :
Le 29 août, maximum à 3'' après midi — 10°, minimum à 7'' soir — t3";
le 3o, minimum à 10'' soir — 12°; le i''"' septembre, maximum à 5'' aju-ès
midi — 16°, minimum à minuit — 20°, j; le 2 septembre, minimum à 2'' du
matin — 23", maximum à 2'' après midi — \^f; le 3, maximum à 2'' après
midi — i4°, et minimum à 7'' après midi — iG",5. Vers minuit, la tempé-
rature s'est élevée à — i3° et est restée presque constante jusqu'à ma des-
cente.
L'état hygrométrique de l'air fut en moyenne (quand il n'y avait pas de
brouillard) 4o pour 100 le 29 août avec un minimum de 3o pour 100 à 1 1''
soiret 55 pour 100 les i*"'', 2 et 3 septembre avec les miniraa de45 pour 100
les matins (de 2'' à S*").
SÉANCE DU lO AVRIL 190;). IO09
Les maxima suivants de la radiation solaire ont été observés : le 29 août,
i^^^'.^o à l'^S" (temps moyen du mont Blanc); le 3o. l'^^'.SS à y'' 18"'; le
I" septembre, tC='',64 à loi^aS""; le 2 septembre, iC='',6i à lo^SS-», et le 3,
1^^=1,72 à iihSS-".
La seule courbe que j'ai pu calculer fut celle du 2 septembre; elle m'a
donné les valeurs suivantes pour la constante solaire A.
Pour les masses atmosphériques :
lu o"',8 1,0 !,■>. 1,4 1)6 1,8 2,0
p 0,52 0,39 0,49 o,5o 0,62 0,64 0,65
A 2<^''',i6 1,97 2,t3 2,16 2,42 2,46 2,49
On voit que, même avec des conditions météorologiques assez défavo-
rables, on obtient, pour la constante solaire, la valeur 2*^"', 5.
Lors de ma deuxième ascension le temps a été beaucoup meilleur. La
pression barométrique fut très faible, notamment : 417™™ 1<" 20 septembre,
/|i4°"" le 22 et 4 16""" le 23. Il n'y avait presque pas de vent et le ciel restait
clair. Seulement le brouillard montait quelquefois du côté de l'Italie, ce qui
gênait les observations. La température fut très basse : le 21, min. à 4''
matin — 21", max. à i'' après midi — i5"; le 22, min. à 3'' matin — 21°,
max. à 2'' après midi — iG"; le 23, min. à 6'' matin — 19".
L'état hygrométrique de l'air fut : le 20, min. 47 pour 100 à (3'' matin;
le 21, à 7'' malin et 6'' après midi, min. 67 pour 100 et en moyenne le jour
80 pour 100; le 22, min. à 10'' soir 2G |)our 100 et en moyenne 80 pour 100,
et le 23, min. à 6'' malin 44 pour 100 avec une moyenne de 5o pour 100.
Trois courbes actinométriques ont été obtenues (les 21, 22 et 23 sep-
tembre).
Le 21 à 3'' après midi le brouillard couvrit le sommet et j'ai dû aban-
donner mes observations. Le maximum de la radiation solaire a clé à
11^55" de ic»i,6i.
Le 22 la courbe a été complète. Par moments le brouillard montait et
dans l'atmosphère on voyait la présence de la fuie poussière de neige. La
polarisation n'a pas été supérieure à 4» pour 100.
A cause de toutes ces conditions, le maximum de la radiation solaire n'a
été que i'^'''',59 à 1 0^1 5™ et à 1 1''43".
Les calculs ont donné pour la constante solaire les valeurs entre 2^"', t3
et2C-',3i.
C'est le 23 septembre que j'ai eu les meilleures conditions météorolo-
giques. Malgré le vent de l'ouest, le ciel restait très clair le matin; au
moment du lever du Soleil, le « rayon vert » a été visible, ce qui indiquait
lOIO ACADEMIE DES SCIENCES.
l'absence de la vapeur d'eau dans les couches supérieures de l'atmosphère.
La polarisation fut assez faible, entre l\5-5o pour loo.
La courbe actinométrique élait ascendante avec une régularité parfaite
depuis le lever du Soleil (5^42™ temps moyen du mont Blanc) jusquà 9'',
mais après 9'' les sinuosités commencèrent à se produire et vers 1 2'' fai dû
terminer mes observations, parce que le ciel s'est couvert de cirri.
Le maximum de la radiation solaire a été observé, à 9'' 3'" et à i (''^S'",
de iC->i,66.
Les calculs ont donné pour la constante solaire les valeurs suivantes.
Pour les masses :
i"\5
3,0
3.5
3,0
3,5
4,0
4,5
0,53
0,61
0,67
0,72
0,70
0,6;
5,5o
^.,74
3,0.
3,o3
3,11
2,7^
Les valeurs 3^"', 01, 3'^-''', 23, 3*^"', 11 correspondent aux parties de la
courbe les plus régulières.
Ainsi la valeur la plus probable pour la constante solaire d'après mes
observations de 1904 est
3C^',23,
ce qui confirme mes conclusions précédentes.
Qu'il me soit permis en terminant de présenter mes remercîments les
plus distingués à M. Janssen, qui m'a donné la possibilité d'exécuter ce
travail, et à M. Crova, dont les conseils et les instruments m'ont été de la
plus grande utilité.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le genre des fonctions entières.
Note de M. Eugène Fabry, présentée par M. Poincaré.
M. Lindelof et M. P. Boutroux ont montré que la somme de deux fonc-
tions de genre/) — i peut être de genre p. Je me propose de signaler des
fonctions, de genre p et p — i , dont la différence est constante. Soit
1
les racines a„ étant réelles, et, à j)artir d'un rang fini
a,^ = /?log"«, i<;y.^2,
/est de genre/) — i. Je vais montrer quey\r. ) + c, où c n'est pas nul, est
SÉANCE DU lO AVKIL igoS.
de genre/?. Soit
z = ré'" , a.,^ I <; /• <; rtv5
V auginenlanl indéfiniment.
-im"-T*{i:r"-''y:^ ■-■■■}■
v + l
or, on a les inégalités
où h reste fini et tend vers '—
a — 1
1 7=1 I L 1 J \ 1 /
e tendant vers o avec -•
2;iog|i - f |<2;io8(i + £)i|og^ + 2log(2sia^)+2lug(^^-,)
> 2logsin^ — vU+ I + ;^ +...+ 7~)'
lorsque /j = i, le dernier terme se réduit à va.
Il en résulte que, si sin- ne lend pas vers o, log|/(s)| est compris
entre les deux valeurs
^,(,/_,)(- logvCOS/?co ± h),
h restant fixe. Et dans tous les cas, si H >/i et si cos/xu > r-^, |/(-)| tend
I0I2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vers o. Si cos^w<< rVT' 1/(^)1 i^ugmente indéfiniment avec v. M. P. Bou-
troux a oblenii un résultat analogue pour les fonctions de genre o (Acta
math., t. XXVIII, p. t36).
L'argument de /(s) est
^L Cn V'nJ 2 \aj p-1 \
1
^^L /'< \('nj p-i-i J ^ ^ V CnJ
Si co varie de o à 2t:, il est compris entre
(— logv sin/;co dr A').
y,(a-,)
Soit sine = .— ;— > supposons rfixe, et o. croissant de o à 27:.
Lorsque /?o> varie de - + s + 2y?- à ^ — £ -)- 2^-7:, /(z) décrit un
contour très grand, l'argument de/(^) et celui de/(z) + c subissent la
même variation
-~^ — r ( loiïv cos - rh H' ) ;
lorsque po) varie de — + s + 2X- à — — j + 2/.- le module de /(-) tend
vers o; et, si v est assez grand, l'argument de /(s) + c ne varie pas.
Enfin, si poi varie de - — a + A- à - + s + /c-k, le module de/(^) croît
constamment si k est pair, décroît si k est impair, et l'argument de /(s) -+- c
varie au plus de ± '^ [(1 — cose) logv ± H']. Mais (f — cos£)Iogv
tend vers o; et, lorsque w varie de 0 à 27:, l'argument àe/(z)-\- c augmente
de — ^-^ (logv rh A), oîi h est inférieur à une quantité fixe.
Dans la circonférence de rayon r = v''log''v, le nombre des racines de
/' -h c est 71 = — logv rt h), et, si /„ est le module du zéro de rang n,
on a
par suite, si 1 <; y-'ân, la série V -^ est divergente, et/ -H c est de genre/?.
On peut même préciser la distribution des zéros. En décrivant simulta-
SÉANCE DU lO AVRIL 190,*;. IOl3
nément les circonférences de rayons a, , vi. a^, pa variant entre les
valeurs - -f- /et: rh e, |iiiis r entre «^-i ^^ «v. on peut démontrer qu'entre ces
limites le nombre des zéros est ^^ zt /i. Ces zéros sont de la forme
'•<-"'" '^('^û^)-
A étant imagfinaire de module fini. Si les zéros de/ + c sont représentés
par b„, il en résulte que V —est unesérie semi-convergente. Cela confirme,
comme on pouvait le prévoir, que cette fonction est de la classe de celles
indiquées par M. Boulrimx (Comptes rendus, i3 janvier 1902) qui, quoique
de genre/?, ont les propriétés des fonctions de genre p — i.
Les mêmes résultats s'obtiennent en remplacent c par un polvnome, ou
même par la plupart des fonctions de genre yo — r. On peut aussi multiplier
/(:■) par un facteur exponentiel. Ils s'appiif[ueut également à des fonctions
plus générales dont les zéros sont distribués moms régulièrement, et à des
fonctions à zéros imaginaires. Mais les arguments jouent alors un rôle im-
portant, car ^ — peut alors être beaucouj) plus petit. Par exemple si /(s)
admet tous les zéros b„ = a^e '' , oiik = 0, 1 , 2 . . ., o — r , et si - est entier,
/(z) -h C est de genre /j; mais si - a'est pas entier, V — = o et les résultat.^^
précédents ne s'appliquent plu?
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de MoUl^c.
Note de M. P. Zervos, jiré, entée par M. Paiideve.
1. Soit donnée une équation dill'érentielle de la forme
On tiemande d'exprimer y,, y-. y„-t-i eu fonction tl'un pai amètie Z,
de certaines tbnctions arbitraires hl-, ce paramètre et des dérivées de ces
fonctions.
2. Moiige, comme on sait, a donné dans le cas de trois variables {/i = li)
c h. 1905, 1" Semestre. (T. C\L, >,' 150 ''-^',)
IOl4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la solution la plus générale ( ' ). Elle consiste à prendre les équations
iV A- V
V = o, -=o. ^=o.
où V = o donne l'intégrale complète de l'équation adjointe
F(x,y, z, p, (/) ^ u.
3. On pourrait être tenté de croire que d'une manière analogue dans le
cas de quatre variables (n = 3) les équations correspondantes
aV i^V A^V
nous fournissent la solution la plus générale.
4. Je montre qu'j7 n'en est pas ainsi en général. Je vais montrer ici cela
en particulier pour l'équation
( 2 ) d-z- ■+■ dy'^ -h (/z- — ds'^
qu'on trouve dans le Mémoire de M. Darboux (-) où est exposée la méthoile
générale de M. Darboux pour exprimer sans aucun signe de quadrature eu
fonction d'un paramètre arbitraire les valeurs les plus générales de y,,
y., j„ satisfaisante l'équation
/( dy^ , dy., , . . . , dy„ ) — o,
où / est une fonction bomogène quelconque à coefficients constants des
différentielles dy,, dy., dy„.
5. Je vais montrer, autrement dit, qu'on ne peut pas dire que les w, y,
z, s tirées des équations
— X,
, .r -
-JoJ -
- =u-
= a.
— :v[
1)^ -
- y, y -
- 2-'„ Z
= <
— X
Ix -
- y^y '
-'■>
= a.
— .ï
„a;-
-JoV-
-O
=: a.
(3)
(') MoNGE, Supplément oii l'on fait voir que les équations aux différences ordinaires
poui- lesquelles les conditions d'intégrabilité ne sont pas satisfaites sont susceptibles
d'une véritable intégration, etc. {Mémoires de l'Académie des Sciences, 1784)- Voir
Darboux, Solutions singulières des équations aux dérivées partielles {Mémoires des
Savants étrangers de l'Académie, i883). — Goursat, Leçons sur l'intégration des
équations aux dérivées partielles du premier ordre (Chapitre IX, § 76).
C) Darboux, Sur la résolution dé l'équation dx^+dy'^-h dz'-^ds- et de quelques
équations analogues {Journal de Liouville, 4" série, t. III, 1887).
SÉANCE DU lO AVRIL IpoS. IOl5
donnent la solution de l'équation. (2), les Xo, y„, a^ étant des fonctions
arbitraires de la variable indépendante, par conséquent indépendantes
entre elles. En effet, des deux dernières des équations (3), on tire
('1 ) -~ ^"« ^^ '~ y"ù ^^y ~ '-Idz z= Q.
D'autre part, considérons les équations (')
dx dy d: ds
•^0 y» ^0 '
Prenons les deux premières écrites sous la forme
— xl d.v — r'ô '*')• :'odz
d'oîi, en vertu de l'équation (4), on a
- ''^>« — jLr«.= 2'ô=o;.
mais z'l= ï — xl — yl, d'où
=0=0 + ='0' = - ^'0 - y'o - ^n< - j„y;.
Donc, il nous reste
•^'o' = — ^'0 — y'o^
ou encore
-l"'o=-('-^l-yl)(-^''-^y'o)'
mais zz|, = — ^o^l — Jo/u' P^r conséquent on aura définitivement
(5) K' -+- ,>v = i-^oy» — ^'„ro)'-
D'oîi il résulte que, pour que les équations (3) donnent la solution cher-
chée, il faut que les x^, y^ ne soient pas indépendantes entre elles, mais
qu'elles soient liées par l'équation (5). Il suffit, par exemple, qu'on ail
assujetti les fonctions x^^, j, à la relation
(b) < + yl = ^
pour que les quantités x, y, s, 5 tirées des équations (3) donnent. les
valeurs satisfaisant à l'équation (2).
Les remarques au point de vue géométrique qu'on peut faire ici résultent
^ ') Darbolx, Mémoire cité Sur la résoluUon, elç. [p. 3i5, formules tag), (3o)].
iot6 académie des sciences.
encore, roinme cas particuliers, des considérations géométriques de M. Dar-
boux (').
6. Reprenons l'érpiation (i). Je démontre que, dans le cas général, les
fonctions J',, jKa. •• "yn+i 'le 'a variable indépendante t satisfont aux n -\- i
équations suivantes :
^{y^-y-i V„^,,«,.«2, ...,a„)=o, 2é])a,a,= )=o,
A., =^ V-; -^ r +- ^r-i-' ( '•
Essayons de trouver toutes les intégrales particulières qui soient indi
pendantes de tp.
Posons
$= - F(r).
Des équations (a) il (6) on tir-e
T = o(^) devient
H = -,:(±-.l)-c,/„,f;.
(') Lamé, Leçons sur l'Élasticité, p.
(2) T= ^]; C=:o.
IOl8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cherchons toutes les intégrales de ia forme E(r)cos(m(p).
Posons
::3-. - E(rV-os(wo).
Des équations (a) et (b) on lire
T=- '^^sïu(m)'-^
ox ., '^'E(/-) ..(ï'Eir) .(l'Eir)
L'équation caractéristique
m-{l\ — m- ) -h l\m-k + (2m- — /\) /c- — /^P — k* = o
a 4 racines
A'i = m,
X., = — w,
X-, = m — 2,
/r,, = — (m -h 2).
L'intégrale générale de [fl) sera
Donc, les expressions des efforts intérieurs sont :
(m = 1 , 2, 3, . . ).
C./«
SÉANCE DU lO AVRIL iqoS. loi 9
Lés prëmîers tertnes sont les mêmes que dans la solution de M. Ribière.
La dilatation cubique est :
H = ;t r (Br-l- -^ )rosmcp -^ ( ^ -+- aC^, /n — -+- C, ),
2(X + ;ji.)\ /■'",/ ^ 2(/. -f-'p.) \ Vô '"() /
6 est une fonction harmonique.
Il reste à déterminer A, B, A-., D, C et C, pour vérifier les conditions à la
surface et aux naissances. On peut suivre une méthode indiquée par
M. Ribière.
Celte solution montre l'avantage présenté par la proposition de M. Mau-
rice Levy.
Il est évident que cette méthode peut être appliquée à la solution de
l'équilibre du prisme tirt)il.
AÉRONAUTIQUE. — Sur la Stabilité longilwlinale des ballons dirigeables.
Note de M. L. Torres, présentée par M. Appell.
M. le colonel Renard a adressé dernièrement à l'Académie trois Commu-
nications (') dans lesquelles il affirme que la difficulté de la direction des
ballons provient de l'instabilité longitudinale et indique la manière d'y
remédier par l'emploi de surfaces placées vers la poupe qu'il appelle
pennes. Je suis d'autant plusd'accord avec cette manière de voir que j'avais
exprimé ces mêmes opinions dans un Mémoire présenté à l'Académie (^');
C) Comptes rendus, U CXXXVIU, p. i4o5 et 1576; et t. GXXXIX, p.- i83.
(^) « Il semble que les (lifficultés présentées acluellemeiit par le problème de l'Aéro-
nautique viennent moins de l'insuffisance des moteurs que du défaut de stabilité des
ballons. ..
Rapport sur un Mémoire de M.- Torres concernant un uvant-proj-et de ballon
dirigeable, présenté à V Académie dans la séance du 26 mai 1902 (^Comptes rendus,
t. cxxxv, p. i4i).
Dans le Mémoire objet de ce Rapport j'insiste longuement sur l'importance de la
stabilité et j'indique l'utilité de surfaces stabilisatrices placées vers la poupe, par ces
mots (p. 3o) :
« Je pense que le ballon, tel que je viens de le décrire, offrira une stabilité suffi-
sante, et qu'on n'aura pas à s'occuper des variations dans le point d'application de la
résistance R, dont j'ai parlé au commencement; mais, si des expériences préliminaires
ou une étude-plus serrée de la question font voir qu'il est nécessaire d'en tenir compte,
on pourra les rendre inoflfensives ou, mieux encore, les utiliser pour ramener le ballon
I()20 ACADEMIE DES SCIENCES.
mais les études de M. Renard l'ont conduit à une solution qu'il me ?emble
nécessaire de rectifier pour éviter que son autorité incontestable ne puisse
induire en erreur les personnes qui s'occupent d'Aéronautique.
Un ballon dirigeable B (Jig. i) doit être relié à sa nacelle N de façon à constituer
un système qui puisse être considéré comme rigide, soit parce qu'il l'est réellement,
soit parce que l'on a employé la suspension Iriaugulée préconisée par Dupuy de Lôme.
Ce système est soumis, pendant qu'il marche, à l'action de quatre forces ( fîg. i) :
A, poussée de l'air ambiant, égale aux poids du volume d'air déplacé par le système,
appliquée au centre de gravité de ce volume, G ;
P, poids du système, appliqué à son centre de gravité. G,;
F, force propulsive, dont la ligne d'application coïncide avec l'axe de l'hélice;
R, résistance à la marche, qui varie d'intensité el de position avec la vitesse du sys-
tème et avec l'inclinaison de l'axe du ballon.
Si les quatre forces A, P, F, R s'équilibrent pendant qiiu le ballon marche avec son
axe horizontal, à une vitesse déterminée, nous dirons que le système est équilibré pour
cette vitesse.
On pourra, en général, l'équilibrer pour une vitesse quelconque entre certaines
limites. Décomposons, pour simplifier les explications ultérieures, le poids P en deux
autres />!, /^, appliqués aux points, o,, o, et qui représentent : le premier, l'ensemble
des poids fixes (l'enveloppe du ballon, l'hydrogène qui la remplit, la nacelle, etc.); et
à sa position horizontale; pour y parvenir, ou ajoutera au ballon deux voiles horizon-
tales, triangulaires, attachées à la pointe postérieure de son enveloppe et à une barrt
horizontale, perpendiculaire à l'arbre p et fixée à celui-ci au point a. »
SÉANCE DU lO AVRIL iqoS. 7 02I
le second, l'ensemble des poids mobiles (lest, aéronautes, etc.). Plus la vitesse sera
grande, plus il faudra rapprocher de la proue les poids mobiles, pour que le couple de
rappel formé par les forces A et P équilibre exactement le couple de renversement
formé par les forces F et R.
Considérons un ballon équilibré et imaginons que, sans changer sa vitesse, on fasse
prendre à son axe une inclinaison si petite qu'on voudra. En général, l'équilibre sera
rompu et les cinq forces A, p,,/), F, R donneront une résultante qui ne passera pas
par le centre de gravité. Le moment de cette résultante par rapport au centre de
gravité du système fera donc tourner celui-ci soit pour le ramener à la position nor-
male (équilibre stable), soit pour l'en éloigner (équilibre instable).
Or M. Renard paraît croire que la rotation du système est déterminée par le mo-
ment de cette résultante par rapport au centre de gravité du volume occupé par
r hydrogène, ou centre de poussée de l'hydrogène, comme il l'appelle lui-même; et
il arrive ainsi à imaginer, pour stabiliser les ballons marchant à grande vitesse, un
ballonnet de poupe, B {jig. 2), qu'on remplit d'air, pour rapprocher de la proue le
centre de poussée de l'hydrogène. La solution est complétée par des ballonnets exté-
rieurs (pennes), dont je n'ai pas à parler.
Or, il est aisé de voir que le ballonnet de poupe ne peut produire qu'un
effet nuisible.
Supposons d'abord que le système {fig. 2), avec son ballonnet de
poupe, B, rempli d'hydrogène, est équilibré pour la vitesse V, le centre de
gravité de l'ensemble des poids mobiles/?, étant au point o indiqué [)ar la
figure. Imaginons maintenant qu'on remplisse le ballonnetd'air ; on alourdit,
par cette opération, le système d'un poids tu égal à la force ascensionnelle de
l'hydrogène qiii remplissait le ballonnet; il faudra donc l'alléger d'autant,
en jetant du lest; l'ensemble des poids mobiles sera donc maintenant
tc,(tc, =//— tu). Si nous voulons, dans ces conditions, équilibrer de nouveau
le système pour la vitesse V, il faudra faire en sorte que la résultante des
poids TC et TC, soit appliquée suivant la verticale op, parce que les autres forces
que nous avonsa considérer (A,/),, F, R) ne peuvent changer eu rien par
la substitution de l'air à l'hydrogène; en somme nous n'aurons fait que dé-
placer le centre de gravité de l'ensemble primitif des poids mobiles,/*, du
point o au point o' .
Donc par l'emploi du ballonnet de poupe nous diminuerons le poids dont
on peut disposer dans la nacelle et, en même temps, nous ferons monter le
centre de gravité du système, ce qui est nuisible au point de vue de la sta-
bilité.
Semestre. (T. CXL, N" 15.)
ACADEMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur le diamagnclisjne du bismuth.
Note de M. A. Lkduc, présenlée par M. Lippmann.
On sait qu'un bâtonnet cylindrique de bismuth convenablement suspendu
entre les pôles d'un électro-aimant s'oriente équatorialemept, c'est-à-dire
perpendiculairement à la direction du champ magnétique.
Cependant Faraday a constaté qu'un fragment de bismuth ne s'oriente pas
toujours de manière que sa plus grande dimension soit perpendiculaire aux
lignes de force.
L'influence de la cristallisation, qui se manifeste ainsi, a été mise en évi-
dence |par les expériences de Plûcker sur divers cristaux et expliquée par
celles de Tyndall et Knoblauch sur les poudres magnétiques ou diamagné-
tiques(i848à i85i).
Quoique le bismuth appartienne au système cubique, il paraît certain
qu'une sphère taillée dans un cristal de ce métal s'orienterait dans le champ,
les lignes de plus grand tassement tendant à se placer équatorialement. Il
est probable d'ailleurs que, conformément aux idées émises par M. P.
Weiss ( ' ) à propos de ses expériences sur la magnélite cristallisée, ces lignes
sont les axes ternaires.
Mais il serait peut-être difficile de tailler une sphère dans un crislal de
bismuth.
Voici une expérience en quelque sorte réciproque, beaucoup plus facile à
réaliser, et que j'ai faite en 1886, alors que j'étudiais les propriétés du bis-
muth dans le champ magnétique.
J'ai pensé que si l'on faisait cristalliser du bismuth dans le champ, chaque
cristal tendrait à s'orienter, au moment de sa formation, comme il le ferail
ensuite s'il était isolé. El, comme il en serait de même dans toute la masse
cristalline, l'intervention du champ aurait pour effet de déterminer dans
sa propre direction un tassement minimum, c'est-à-dire un maximum de per-
méabilité.
Ces prévisions furent réalisées de la manière suivante :
Je remplis de bismuth fondu plusieurs petits ballons de verre aussi sphériques que
possible, de 2°" de diamètre environ, placés dans le champ intense produit par un
(') Journal de Physique, 1" série, t. V, 1896, p. 435.
SÉANCE DU lO AVRIL T9o5. 109,3
électro-aimanl horizontal de Faraday (4ooo à 5ooo G. G. S.)- I^e métal cristallise dans
ce champ.
Chacune des sphères de bismuth solide ainsi obtenue peut être suspendue ensuite
dans ce même champ au moyen d'un fil fi\é à un bouchon que l'on enfonce dans le col
du petit ballon où elle a été moulée. Elle reprend alors l'orientation qu'elle avait
au moment de sa solidification, et si, en l'absence du champ, on lui imprime un
mouvement de rotation en tordant le fil, elle s'arrête rapidement si l'on excite le champ,
dans une position telle que la direction de perméabilité maxima soit confondue
avec celle du champ.
Il est biea probable qti'on obtiendrait le iBÔine résultat si l'on pouvait
faire cristalliser ainsi dans un champ magnétique intense de la magnétite,
par exemple, ou de la pyrrhotine, ou toute autre substance magné tique ou
diamagnétique.
PHYSIQUE. — ContrihiUion à l'étude de V ionisation dans les flammps.
Note de M. Pierre Massoulier, présentée par M. J. VioUe.
J'ai déjà montré (') que les flammes d'éther sont le siège d'une ionisa-
tion en volume intense. J'ai fait voir, en outre, que cette ionisation dé-
pend non seulement de la température, mais aussi des réactions chimiques
qui se produisent dans la flamme.
C'est pour mettre ce dernier [joint plus nettement en évidence que j'ai
introduit du gaz carbonique dans mes flammes. J'ai pu observer ainsi un
abaissement très notable de la température et, simultanément, un accrois-
sement considérable de l'intensité du courant recueilli sous voltage constant.
Par exemple, j"ai opéré sous 88"'''' avec des électrodes à 2"°> l'une de l'autre et à i"'^
au-dessus du bec. La flamme bleue était obtenue par la combustion d'un courant d'air
de 80' à l'heure saturé de vapeur d'éther. En mélangeant à cet air du gaz carbonique
j'ai observé les faits suivants :
Dcîbil de C0=. Électrodes. Courant ( = ).
o orangé clair ï4
9' à l'heure » 2'
18' » orangé 3i
361 „ rouge 4i
45' » rouge sombre 35
66' .. noir 33
(') Comptes rendus, 23 janvier et 6 mars igoS.
(■-) I™™ représente 2. lo"' ampère.
I024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces résultats s'interprètent immédiatement en admettant que le gaz carbonique se
dissocie dans la flamme et que : i° cette dissociation, en absorbant de la chaleur,
abaisse la température du milieu ; a° qu'elle fournit un appoint très important à la pro-
duction des ions puisque le courant devient trois fois plus intense malgré la diminu-
tion très notable des mobilités liée à l'abaissement de température et malgré l'accrois-
sement de vitesse du courant gazeux qui permet à un plus grand nombre d'ions
d'échapper à l'action du champ.
Ces phénomènes paraissent bien devoir être rattachés à la dissociation
du gaz carbonique, car, si on le remplace par un autre gaz non susceptible
de se dissocier, de l'air par exemple, l'efFet produit est tout autre : en
augmentant progressivement de 5-2} à l'heure le débit de l'air, la tempé-
rature varie fort peu et parait plutôt s'élever tandis que le courant baisse
et tombe à 4-
Je me propose, d'ailleurs, de préciser et d'étendre ces recherches sur
les relations qui peuvent exister entre les phénomènes chimiques et la
dissociation.
PHYSIQUE . — Sur la variation de la dij^èrence de potentiel au contact des dis-
solutions miscibles d'électrolytes. Note de M. M. Chanoz, présentée par
M. d'Arsonval.
Préliminaires. — Considérons deux liquides A et B miscibles et amenés
au contact dn-ectement.
1° Supposons que A est une dissolution aqueuse d'un électrolyte pur non
hvtirolysable et B de l'eau distillée. Pour passer de A à B on rencontrera
des couches de transition dont la teneur en corps dissous diminuera régu-
lièrement jusqu'à zéro, quelle que soit l'épaisseur de ces couches intermé-
diaires. Par suite la différence de potentiel V^ — Vg (intégrale des différences
de potentiel partielles au contact des couches successives intermédiaires)
sera toujours la même, indépendante de la façon dont se fera le con-
tact A, B.
2° Si A el B sont des dissolutions aqueuses de corps purs différents ou si,
A étant de l'eau pure, B est une dissolution d'un mélange de deux corps, il
n'en sera pas nécessairement ainsi. On peut en effet imaginer que les cou-
ches de transition différeront de composition suivant que l'on aura laissé
agir la seule diffusion ou que l'on provoquera un mélange au niveau de la
zone de séparation.
SÉANCE DU lO AVRIL ipoS. 102'!
Expériences. — Voici les premiers résultats de nos recherches expéri-
mentales sur ce sujet.
A. On dispose la chaîne suivante, symétrique pour les concentrations,
Zn I SO*Zn I SO^Na^'IWo'fsO'Na' | SO'Zn | Zn.
Tous les contacts liquides, sauf (1), ont lieu par superposition suivant les densités,
sans précautions spéciales.
Le contact SO*Na^ | H-0 se produit en faisant écouler SO^Na- par un tube de verre
étroit dans une grande masse d'eau distillée.
Dans ces conditions, SO'Na^ étant pur, on ne constate aucune différence de potentiel
dans le circuit.
Cela vérifié les deux chaînons SO*Na- symétriques sont remplacés par SO'Na- conte-
nant des traces de SO'H" (dissolution de densité 1007 contenant par litre oe,5o en-
viron de SO*H^).
Si les contacts (I) et (II) sont obtenus par simple superposition sans précautions spé-
ciales, on n'a pas de différence de potentiel. Mais dès que l'écoulement se produit, le
côté SO*Na^ mobile devient négatif.
L'expérimentation nous a démontré :
i" Que le phénomène, dans de certaines limites, est indépendant de la pression. Il
n'est donc pas comparable au phénomène de Quincke pour l'écoulement de l'eau dans
des tubes;
2° Que le courant électrique développé suit la loi de Ohm. Il s'agit donc d'une véri-
table force électromotrice.
Cette force électromotrice n'est pas négligeable; elle atteint environ
56 millivolts pour la solution dont nous avons parlé.
B. L'expérience suivante, faite avec SO*Cu commode à étudier à cause de sa couleur,
prouve que le phénomène observé est lié à l'existence d'une sur/ace nette de sépara-
tion créée par l'écoulement.
Dans un flacon cylindrique on superpose et fait arriver à volonté une dissolution
de SO'Cu et de l'eau distillée. Un tube de vidange étroit, muni d'un robinet, a son
ouverture horizontale située à l'intérieur, dans le plan de séparation des deux liquides.
En ouvrant ce robinet on peut donc renouveler les couches avoisinant la surface de
séparation.
La chaîne
Zn I SO*Zn I SO^Cu I H-^ O ! SO'Cu | SO'Zn | Zn
étant complétée et réunie à l'électromètre, on constate ce qui suit :
Avant l'ouverture du robinet les deux contacts H^OISO^Cu obtenus de la même
façon par superposition des mêmes liquides sont comparables. Il n'y a pas de diffé-
rence de potentiel dans le circuit. On ouvre le robinet. La surface de séparation cor-
respondante, facile à observer à cause de la coloration bleue de SO*Cu, devient tran-
I026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chée. Le côlé SO'Cu attenant à cette surface se montre négatif : c'est aussi le signe
que prend SO'Cu dans l'expérience où on le fait s'écouler dans une grande masse d'eau
distillée.
La différence de potentiel augmente avec la netlelé plus grande de la
surface de séparation. Elle atteint un maximum qui est très voisin de la
valeur constatée dans le cas de l'écoulement d'im filet de la dissolution dans
l'eau pure.
C. Si l'on arrête l'écoulement du robinet de vidange, en évitant le bras-
sage des liquides, on constate que la différence de potentiel diminue len-
tement en persistant plusieurs heures, même après que la diffusion très
visible de SO''Cu a supprimé la netteté de la surface de séparation.
Ce fait intéressant constaté avec un sel dit pur, du commerce, nous
amena cependant à penser : i" que SO'Cn employé était légèrement acide
et que 2° le phénomène observé dans nos expériences était dû à la diffusion plus
rapide des traces de SO*H^ contenu dans la dissolution saline, acide qui, dans
le cas de formation d''une surface fraîche de séparation, pouvait donner une
couche nouvelle intermédiaire entre H'O et la dissolution saline.
Les expériences suivantes prouvent qu'il en est bien ainsi.
a. La dissolution de SO*Cu, qui donnait par écoulement dans l'eau une différence de
potentiel de 60 millivolls, est agitée quelques instants avec l'eau de baryte. Le liquide
décanté ne donne plus que quelques millivolts.
b. Ce liquide devenu presque inactif est additionné de traces de SO'H-. L'expé-
rience d'écoulement donne une forte différence de potentiel.
c. On fait des chaînes liquides à contacts immobiles obtenus sans précautions spé-
ciales.
La chaîne SO*Gu acide | H^O | SO'Cu acide, on le sait, ne donne pas de différence
de potentiel dans le circuit.
La chaîne SO' Gu acide | SO' H= dilué j H^ O | SO' Cu acide nnntre une différence de
potentiel de même ordre de grandeur que celle constatée dans les expériences décrite;-,
et le côté SO'Cu aliénant à l'acide est négatif. C'est donc la vérification de l'hypo-
thèse faite. CJne autre preuve indirecte est fournie par cette dernière expérience.
d. On provoque d'un côté d'une chaîne symétrique, l'écoulement dans H-0 de
SO'Na^ contenant des traces de NaOH. Ce côté At\\enl positif ; il élAxl négatif <\\iAnA
SO'Na* renfermait des traces de SO'H^.
Ces recherches se continuent dans le laboratoire de M. Gouy. Nous en ferons con-
naître les résultats.
SÉANCE DU TO AVRIL T9o5. IO27
PHYSIQUE. — Sur le dichroïsme produit par le radium dans le quartz incolore
et sur un phénomène thermo-électrique observé dans le quartz enfumé à
stries. Note de M. N. Egoroff, présentée par M. Mascart.
1. Il V a deux ans, j'ai voulu in'assurer si la coloration produite dans le
quartz par le radium n'était pas accompagnée de changements dans la
marche des rayons. J'avais à ma disposition une lame de 2™™, 7 d'épaisseur,
taillée par M. Jobin parallèlement à l'axe et coupée ensuite en deux moitiés
carrées identiques. Par la méthode des spectres cannelés, j'ai cherché à
me rendre compte s'il n'y avait pas une différence de marche dans les
rayons ayant traversé les deux portions de la lame, l'une fortement teintée
par le radium, l'autre laissée incolore.
J'ai pu constater avec un spectroscope à vision directe deux, systèmes de franges d'in-
terférence, séparés par une ligne correspondant à la surface de contact des deux
moitiés de la lame, dans lesquels toutes les franges visibles de l'un étaient exactement
dans le prolongement de celles de l'autre, avec celte seule différence que, dans le sys-
tème correspondant à la moitié teintée, les franges étaient traversées par une bande
d'absorption transversale.
Bien que par cette méthode je n'aie pas observé de différence dans la marche des
rayons, j'ai examiné la moitié teintée de la lame à l'aide d'une loupe dichroscopique
et j'ai pu constater que cette moitié présentait un dichroïsme identique à celui qu'on
observe ordinairement dans le quartz enfumé. J'ai soumis la même plaque à l'action
du radium pendant une semaine : la teinte ainsi que le dichroïsme se trouvèrent ren-
forcés et en môme temps apparurent dans la plaque quelques stries teintées disposées
à 45° de l'axe. Lin phénomène analogue d'apparition de stries a été observé plus récem-
ment par MM. Salomonsen et Dreyer [Comptes rendus, t. CXXXIX, 1904, p. 533).
2. Ces faits m'ont donné l'idée de rechercher des quartz naturels à stries
enfumées. J'ai eu la chance d'en trouver un échantilhm dans la collection
minéralogique du Musée de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg,
et M. Tchernichefï, directeur du Musée, a eu l'amabilité de mettre cet
échantillon à ma disposition. C'est une lame de 5°"" environ d'épaisseur,
taillée à peu près parallèlement à l'axe et limitée sur deux des côtés par des
faces naturelles (une pyramidale, l'autre prismatique). Elle présente un
système remarquable de stries enfumées disposées parallèlement aux faces
naturelles (en forme de corniche angulaire). Eu comparant la disposition de
ces stries avec celles qu'avait produites le radium dans la lame fournie par
M. Jobin, j'ai été conduit à admettre que cette dernière a été découpée
I028 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la partie pyramidale du cristal. J'ai découpé, dans la lame que m'a
offert M. Tchernichefï, une petite plaque; je l'ai décolorée par la chaleur
et je l'ai soumise ensuite à l'action du raduim pen-lant lo jours. Les stries
qui reparurent ont été identi(piesà celles de la portion de ce cristal laissée
à l'état naturel comme témoin.
3. Un autre échantillon de quartz à stries enfumées du Brésil, taillé à
peu près perpendiculairement à l'axe, m'a été fourni par M. Grebel, de
Genève. Dans ce cristal les stries sont parallèles aux axes secondaires et,
au milieu de la partie transparente en forme de trapèze, sont disposées en
forme de trèfle trois taches triangulaires enfumées légèrement jaunâtres,
les sommets des triangles se touchant presque au milieu du trapèze. La
disposition particulière des taches m'a conduit à essayer l'effet de la chaleur
dans deux conditions différentes :
a. Je chauffe le milieu de la plaque à l'aide d'une tige chaude en laiton et j'obtiens,
par la méthode des poudres de M. Kundt (mélange de soufre et de minium), la figure
en forme d'étoile démontrant le phénomène ordinaire àe. piézo-électricité.
b. Je soumets la plaque à un échauffement uniforme en la plaçant sur une large
plaque de laiton chauff'ée à 100° C.
J'observe alors, par la même méthode des poudres, une figure repro-
duisant l'aspect des stries et des taches triangulaires du trapèze, les espaces
transparents entre les stries et les Lâches étant couverts de minium indi-
quant une éleclrisation négative. C'est là, je crois, un phénomène thermo-
électrique nouveau.
11 me semble que le dichroisme provoqué par le radium dans le quartz
incolore, la décoloration bien connue du quartz enlumé par la chaleur et
le nouveau phénomène thermo-électrique constaté dans le quartz naturel à
stries enfumées constituent un groupe de phénomènes qui nous mettra,
peut-être, sur la voie d'une relation intime existant entre la coloration du
quartz enfumé, de l'améthyste, de la fluorine colorée, du sel gemme
bleu, etc., et les phénomènes de radioactivité, qui se produisaient à l'inté-
rieur de notre globe dans les temps passés. Les faits exposés plus haut sont
les premiers résultats de recherches que je continue et dont j'espère avoir
bientôt l'honneur de communiquer à l'Académie les résultats ultérieurs (').
(') Je remercie mon ami M. A. Guéorguiewsky du concours zélé qu'il a bien voulu
me prêter dans ces recherches.
SÉANCE DU lo AVRIL iqo5.
PHYSIQUE. — Dispositif auto-arnortisseur applicable aux inouvemenls
pendulaire et oscillatoire. Note de M. V. Crémieu, présentée par M. Poincaré.
Les systèmes amortisseurs connus sont basés soit sur des frottements
liquides ou gazeux; soit sur des frottements magnétiques créés par des
courants induits dans un champ puissant.
Pour les premiers, on sait qu'il y a de nombreux inconvénients provenant
de la difficulté de réglage, des effets capillaires, de la difficulté de transport
des appareils.
Pour les autres, la nécessité d'avoir un champ magnétique puissant exige
l'emploi d'aimants dont la masse est toujours énorme par rapport à celle de
l'appareil qu'on veut amortir.
Le dispositif suivant permet de remédier à ces inconvénients.
Soit, par exemple, un pendule formé d'une masse P, oscillant autour de l'arête des
couteaux CC, portés par les plans SS. On dispose entre les couteaux, dans la masse de
l'appareil, une cavité cylindrique MNRT, dont l'axe coïncide avec l'arête des couteaux.
Dans MNRT, on place un disque D muni d'un contrepoids A, et d'un petit axe qui
viendra reposer sur deux pivots de façon à coïncider exactement avec l'axe du cylindre
MNRT. On a ainsi disposé un second pendule à l'intérieur du premier. On remplit
alors le cylindre d"un liquide visqueux de façon qn'aucune bulle d'air ne puisse y
demeurer.
Dans ces conditions l'on constate que, pour une valeur convenable du rapport des
périodes du disque et du pendule, ce dernier écarté de sa position d'équilibre y revient
sans oscillation. En modifiant légèrement la valeur de ce rapport l'on règle à volonté
le nombre des oscillations qui précèdent le retour à l'immobilité.
G. K., 190a, I" Semestre. (T. CXL, N° 15.) ' -^ '
it)3b acadéMîé des sciences.
Fonctionnement de l'appareil. — La théorie complète de ce système serait
extrêmement complexe. Mais on peut se faire une idée approximative de
son fonblidiiiiement. Exarhinons d'abord un cas piiis simple.
Supposons Ife disque D suppHrriê, lé liquide visqueux ôcfcUpaht seul lit
cavité. On peut, par la pensée, décomposer ce liquide en une série de
couches jjarallèlés aux bases du cylihdre. Si l'on cortiiiiunique à P Une
impulsion bi-usqiié; rihërlie des couchés liquides centrales letH' fera préiidhe
un retard par rap[)ort aux couches Voisines dés parois sbiidèâ. Il eh résul-
tera des courants liquidés; le travail effectué contre là viscosité ainsi thise
enjeu polirra amortir les mouvements de P. Pour une valeur convenable
du rapport des vitesses de P aux vitesses de ces courants, on aura im appa-
reil apériodique.
Mais on voit que l'amortissement dépend des cdui-ahts liquides; piar
conséquent, de l'impulsion communiquée à P. Poui- une impulsion faible,
il n'y aura pas de courant appréciable, pas d'amortissement. Pour une
impulsion trop forle; au contraire, il y aura des courants trop intenses, et
d'ailleurs désordrtnilés.
Lés nioiiveiiiéiits césserorit d'être oscillatoires; on n'aura de plus auciin
amortissement. Ces différents points ont été vérifiés expérimentalement.
Rétablissons maintenant le disque D, dont la période est très courte par
rapport à celle de P. Quand P reçoit une impulsion, D sera d'abord
entraîné par le liquide (et aussi par les frottements des pivots, mais ces
derniers sont négligeables). Par suite de sa très courte période, D reviendra
très vite vers sa position initiale. Ainsi D est soumis à un entraînement qui
dépend de la viscosité du liquide; mais il prend une vitesse fonction de sa
période propre, vitesse qu'd communiquera au liquide. Il agira donc comme
régulateur pour les mouvements intérieurs du liquide. Il augmente ces mou-
vements dans le cas d'impulsions trop faibles; il les diminue et les ordonne
dans le cas d'impulsions trop fortes.
Avantages de r auto-amortisseur. — L'expérience a montré que ce dispo-
sitif présente les avantages suivants :
1° Il supprime toute difficulté dé Ihalisport et de réglage dés appareils.
Lés actions cajjillaires n'y interviennent pas.
2° il permet de réduire beaucoup le rapport de la masse du système
amortisseur à la masse du système ^imorti. Ceci tient sans doute à ce que
c'est l'inertie du cylindre liquide qui intervient, et par conséquent le carré
dil rayon de ce cylindre.
On peut du reste diminuer encore lé rayon de la cavité et, par suite, la
SÉANCE DU lo AVRIL ipoS. lo3l
masse de liqijide nécessaire, en augmentant la surface de frottement entre
le liquide et le système pendulaire intérieur, grâce à l'artifice suivant : On
substitue au disque unique P une sorte de pile de disques de même rayon,
présentant entre eux des intervalles de quelques millimètres.
Par exemple, on a pu rendre apériodique un système pendulaire pesant p.oos, ayant
une période de 6 secondes et une longueur de 35"'", avec une pile de 3 disques de
mjca distants de 2"°' et ayant fin rayon de 35""'. '^a cavité dans laquelle plongeaient
ces disques avait 6°"" de hauteur et contenait 20? d'un mélange d'huile, de vageline et
de pétrole. La pério)Je des disques était ,de o%2.
Dispositif auto-amortisseur sans liquide. — Avec une pile de disques suffi-
samment nombreux, pré.sentant entre eux, et laissant entre les extrémités
de la pile et les parois du cylindre des intervalles de l'ordre du demi-milli-
mètre, on peut supprimer le liquide. Sous des épaisseurs aussi faibles, la
viscosité de l'air suffit à produire l'amortissement.
C'est ainsi que, dans le dispositif précédent, l'apériodicilé était obtenue pour une
pile de 9 disques de mica, pesant ensemble et avec le contrepoids 6e, 5, et présentant
une période de o',4. La construction est seulement beaucoup plus délicate que dans
le cas du liquide.
Dans ce cas particulier, l'inertie de l'air n'intervenant |)as, on peut faire
une théorie approchée de l'appareil en appliquant les équa|Lipns classiques
du pendule, dans lesquelles qn introduit un terme de frpttemprit proppr-
tionnel à la différence dps vitesses des deux peridules.
Application aux appareils de torsion à axe vertical. — Elle est des plus
sipjples. Lp cylindre sep à axe vertical, coïncidant aypc celui de l'appareil;
au lieu de contrepoids A, les disques Q portefpnt un .-jimant de mpmeiit
magnétique convenable, oscillant spit dans le champ terrestre, soit sous
l'action de pièces de fer doux fixées dans le bâti.
ÉLECTRICITÉ. — Sur iifie photographie d'éclair montrant une incandescence
de l'flir. Npte de M. Esi. Touchet, présentée par M. JJppmann.
Certains éclairs, particulièrement ceux d'une grande intensité, semblent
persister un certain temps en s'éteignant graduellement. Ce phénomène
n'est pas très fréquemment visible. Il se produit généralement après des
éclairs linéaires très brillants. On voit alors, sur le fond noir du ciel, une
image de l'éclair lui-même, occupant exactement la place où celui-ci avait
in32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jailli, d'une couleur jaune verdâtre ou rougeàtre et dont l'éclat diminue
très rapidement. On y distingue les petits détails masqués par l'irradiation
dans l'éclair principal. Il ne s'agit pas là d'une impression rétinienne car
j'ai pu constater simultanément l'existence des deux images, l'impression
rétinienne étant mobile avec l'œil.
Cette lueur peut atteindre une durée d'une seconde ou deux. Elle a été
comparée par M. Liais à la traînée d'un bolide, par M. Prinz, à celle d'une
fusée, par M. Pockel, à l'aspect du filament d'une lampe à incandescence
lorsqu'on vient de rompre le courant (') et par l'auteur à une phosphores-
cence analogue à celle laissée par une étincelle électrique sur de la craie
(^Bulletin de la Société astronomique de France, juillet 1897, p. 203).
Dans son excellente Etude de la forme et de la structure de V éclair par la
photographie, M. W. Prinz écrit, après avoir rappelé que certains éclairs
sont constitués par plusieurs décharges succes^ves se produisant à la même
place: « — Les intervalles entre les décharges partielles qui constituent
l'étincelle atmosphérique sont ordinairement voisins de o%i, c'est-à-dire
qu'ils sont près de la limite de perception visuelle Ainsi s'explique le
tremblotement de la lumière produit par l'éclair et l'illusion que l'on a sou-
vent d'une lueur particulière qui succéderait au sillon lumineux lui-
même »
Nos observations montrent qu'il s'agit là de deux phénomènes différents.
Le tremblotement de la lumière des éclairs est dû, en effet, à des dé-
charges successives empruntant toutes le même chemin, à de petits détails
près. Ce sont ces éclairs que M. H. -H. Hoffert a appelés « intermittent
lightning flashes » dans son Mémoire paru dans les Proceedings of the Phy-
sical Society of London, 1889, p. 176.
Mais la lueur particulière succédant immédiatement à certains éclairs
semble produite par l'incandescence des éléments de l'air atmosphérique
portés à une très haute température par la décharge électrique {Bulletin de
la Société astronomique de France, mars 1904, p. i/iO-
J'ai donc cherché à obtenir des photographies mettant en évidence l'exis-
tence de cette lueur résiduelle. J'y suis parvenu dans une photographie
prise au cours du violent orage du 12 avril 1904, à 9'' 40™ fbi soir.
L'appareil était tenu à la main, aussi immobile que possible. La surprise causée par
(') Celte comparaison est certainement la meilleure et rend le mieux compte des
faits.
SEANCE DU lo AVRIL igoS.
ro33
une forte décharge nous fil faire un brusque mouvement. L'éclair, très intense, fut suivi
immédiatement de cette lueur particulière décroissante qui disparut au bout de a se-
condes environ. La plaque, au développement, montra l'éclair très détaillé el bordé
ri', m côté, dans toute sa longueur, d'un éclairemenl continu, semblable à un ruban.
avec maxima de lumière. Cet éclairement, causé par Pétalemenl sur la plaque sen-
sible du sillon incandescent ayant succédé à l'éclair, n'aurait pas été décelé sans le
brusque mouvement fait au moment de l'explosion. On reconnaît, en examinant ce
ruban, que le mouvement n'a pas été uniforme el il est facile, en outre, d'en détermi-
ner la direction.
Ea résumé, on peut attribuer à l'incandesceuce des gaz de l'air la lueur
continue qui persiste quelques instants après certains éclairs et obtenue
antérieurement sur diverses photographies prises par d'autres expérimen-
tateurs.
to34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'èthérificalion de la glycérine.
Note de M. Marcel P. -S. Guédras.
J'ai constaté, en préparant des matières plastiques à base de caséine,
glycérine et acide acétique, la formation d'éthers glycériques.
Dans ses beaux travaux sur les éthers de la glycérine, M. Bertbelot nous
a fait savoir : qu'un acide monobasique, en présence d'un excès , le mélange a été addi-
tionné d'un excès d'eau. L'iuiile jaune qui se précipite est extraite à l'éther : on obtient
finalement 6s du composé, /\ \C°H'', sous forme d'une huile épaisse, dégageant
-0
beaucoup d'azote parles acides étendus à chaud, a\ec production de monométhylani-
line et de phénol.
Analyse :
Calculé. Trouvé.
Azote diazoïque 13,27 13,54
Ce corps avait été obtenu déjà par la réaction
CH'i + C'H^N^— N — CH^r^ Nal-t- G'H^N^— N(f^'f,. •
I XC'rl''
Na
SÉANCE DU m AVRIL igoS. Io39
Monoéthylaniline. — Par mélange de chlorure de diazobenzène dissous, sur une
solution alcoolique de monoéthylaniline et précipitation aqueuse après 5 heures de
contact, on obtient de même l'éthyldiazoaminobenzèDe : /■. XCH'^, huile jaune
orange, se solidifiant partiellement par l'action du temps, très facilement décompo-
sable par les acides en phénol et aminé.
Monoben-yUmiline. — Cette base, traitée par la méthode précédemment décrite,
donne le composé : /\ \C*H% qui est obtenu sous forme de liquide hui-
0
leux rouge, se solidifiant par te temps et fusible alors à 74».
Ce corps a déjà été obtenu, non par copulation directe, mais par benzylation du
diazoaminobenzène-sodium.
Dibenzy lamine. — Le corps : .x XCH-.C^H^ sobtient par mélange d'une
solution aqueuse de G^H^N'Cl et d'une solution alcoolique de dibenzylamine.
Le phényidiazodibenzylamine cristallise dans la solution en fines aiguilles jaune
pâle fondant à 83°.
Analyse.
Trouvé. Calculé.
Azote diazoïque 9,1 9,3
Diétlirlamine. — Le chlorure de diazobenzène en solution aqueuse se copule faci-
lement avec la diéthylamine en solution alcoolique, en donnant une huile rouge brun,
que l'on purifie par extraction à l'éther.
Eu partant de 5? d'aniline on obtient 4^,5 d'un liquide rouge très (luide ne s'épais-
sissant ni par le froid, ni par l'action du temps.
/C^H= Analyse.
^^ " Trouvé. Calculé.
Azote diazoïque ï5,90 i5,8i
La phényldiazodiéthylamine, bien desséchée, est un corps assez stable qui peut être
distillé et bout à 258'>-24o°.
Le dérivé correspondant à la diméthylamine a déjà été préparé par copulation.
Propriétés générales des diazoaminés secondaires. —En récapitulant les
observations que nous avons faites dans la préparation des diazoaminés
Io4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
secondaires, nous pouvons résumer ainsi les propriétés caractéristiques de
ces composés :
Les diazoaminés secondaires prennent naissance par copulation des
dérivés diazoïques des aminés primaires avec les aminés secondaires grasses
ou aromatiques.
La réaction est très facile avec l'aniline, ses produits de substitution, les
toluidines et les naphtylamines; elle donne des résultats moins nets avec
les xylidines, nuls avec les acides aminés aromatiques.
Parmi les dérivés de substitution de l'aniline, l'acide sulfanilique ne
donne pas de dérivé diazominé secondaire, mais le dérivé azoïque.
Les diazoaminés secondaires sont peu stables, à l'exception de ceux qui
dérivent des aminés secondaires grasses.
Les diazoaminés secondaires aromatiques se transforment par transposi-
tion moléculaire en azoïques, comme les diazoaminés primaires, et dans
les mêmes conditions, c'est-à-dire en présence d'un excès d'aminé; celle-ci
peut être primaire ou secondaire.
Soumis à l'action des acides étendus, ils dégagent leur azote diazoïque
avec formation d'un phénol et de Famine secondaire suivante ;
RN-.NR'R"4-H-0 = R0H + N= + NHR'R".
Conformément aux indications delà théorie on n'observe pas, dans cette
réaction, les migrations qui ont été constatées dans la décomposition des
diazoaminés primaires.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les hydrates d' acétol. Note de M. André Klixg,
présentée par M. Troost.
Ayant constaté précédemment (') que la dissolution de l'acétol dans
l'eau s'accompagnait de transpositions moléculaires, j'ai pensé que celles-ci
devaient se produire par l'intermédiaire d'hydrates de stabilités variables
suivant les conditions expérimentales.
Pour prouver expérimentalement l'existence de ces hydrates dans les
solutions aqueuses d'acétol, j'ai étudié les variations des diverses pro-
priétés physiques de celles-ci et, entre autres, celles de la viscosité. A cet
effet, je me suis adressé à la méthode indiquée par MM. Varenne et Go-
(') KuNO, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 970, et t. CXXXV'II, p. ;56.
SÉANCE DU lO AVRIL igoS. Io4l
defroy('). J'ai emplové leur chronostiliscope légèrement modifié en vue
d'augmenter sa sensibilité.
J'ai opéré à une température constante de 17° en faisant, à propos de chaque
mélange, une série de trois déterminations et n'acceptant les résultats qu'autant que
la différence entre les durées d'écoulement correspondant à chacun d'eux était infé-
rieure à 3 ou 4 secondes (erreur relative max. comprise entre o,3 et 2,3 pour 100) (-).
Pour une proportion donnée d'acétol et d'eau, il a toujours été opéré sur plusieurs
échantillons différents et l'on a pris la moyenne des résultats.
L'acétol employé avait été fraîchement préparé et soigneusement rectifié dans le
vide.
Le Tableau ci-dessous résume les résultais de mes déterminations. La con-
centration C pour 100 des mélanges en acélol y est exprimée pondéra-
lement. L'unité de temps adoptée T y est la seconde :
)our 100
. T.
G pour 100
. T.
c pour .00.
T.
C pour 100.
T.
0
'77
39,9
320
65, 0
417
81,0
45o
3.9
,89
42,5
333
67,0
434
86,0
443
i3,3
212
45,7
337
67,5
436
87,5
44o
21 ,0
237
49,0
36o
68,0
436
89,0
438
27,5
259
5i,o
375
69,0
43o
91 ,0
43o
3i,3
273
54,0
38o
71 ,0
425
95,0
395
34,2
290
58, 0
390
75,0
437
lOO.O
382
37,1
3o6
62,0
4io
79>o
453
Si, à l'aide de ces données, on trace une courbe on constate qu'elle pré-
sente une série de points singuliers.
Les deux plus nets sont compris entre les abscisses 79 et 81, l'autre aux
environs de 67, ce sont des points maxima correspondant à la composi-
tion des hydrates
C'H''0% H^'O (C = 8o,4)
et
C'H«0^2H^O (0 = 67,0),
Deux autres points singuliers moins nets semblent correspondre aux hy-
drates
C^H'^0=. 4H^0 (C = 5o,6)
et
2C»H«0^lIH^0 (C = 42,7).
(') Varenne et GoDEFROY, Comptes rendus, t. CXXXVlll, p. 79.
C) Il a en outre été vérifié, dans chaque cas, que les nombres de gouttes tombées
durant la première et la dernière minute d'écoulement étaient égaux à une unité près.
Io42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Deux points singuliers successifs sont réunis par une courbe concave
analogue à celles qui représentent les viscosités fies mélanges de liquides
réputés sans action l'un sur l'autre ('). (Alcool et G" H" ou CS^; acétate
d'éthyle et C°H% etc.)
Si, au lieu d'employer pour les déterminations de l'acétol fraîchement
rectifié, on part d'un acétol abandonné quelque temps à lui-même on
constate que la viscosité de l'acétol s'est accrue. Avec les dissolutions
aqueuses de cet acétol modifié on obtient des courbes analogues, mais non
identiques à celles fournies par le même produit fraîchement distillé ; lesdeux
courbes ne sont plus superposables, ce qui indique que l'acétol modifié ne
reprend pas sa constitution au sein de l'eau. Cette modification de l'acétol
avec le temps correspond probablement à une condensation car la rectifi-
cation d'un acétol vieilli donne naissance à des résidus de points d'ébulli-
tion supérieurs à celui du produit primitif.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'emploi des métaux ammoniums en Chimie orga-
nique : préparation des carbures forméniques. Note de M. Paul Lebeau,
présentée par M. Henri Moissan.
Les recherches de M. Joannis et de M. Hugot sur le potassammonium et
le sodammonium, celles plus récentes de M. Moissan sur les métaux ammo-
niums alcalins et alcalino-terreux en général, ainsi que nos propres obser-
vations concernant l'emploi de ces combinaisons pour la préparation des
arséniures alcalins et alcalino-terreux, ont surabondamment démontré que
ces divers composés se prêtaient très bien à l'obtention de nombreux dé-
rivés des métaux capables de fournir ces ammoniums substitués.
Nous avons pensé qu'il serait intéressant de rechercher comment ces
divers métaux ammoniums se comporteraient vis-à-vis de composés orga-
niques représentant les types des principales fonctions. Les résultats que
nous avons obtenus jusqu'ici ont été fort encourageants et nous nous propo-
sons de poursuivre cette étude. Le métal ammonmm que nous avons de
préférence employé est le sodammonium; cependant, dans quelques cas
spéciaux, nous avons eu recours au calcium-ammonium.
Nous donnerons dans cette Note nos résultats concernant l'action du
(') Dlstan, Cheinic. Soc, 1904.
SÉANCE DU ro AVRIL 1905. Io43
sodammonium sur les composés halogènes monosubstitués des carbures
forméniques.
Chlorure de mélhyle. — L'appareil que nous utilisons dans ces expériences est d'une
grande simplicité. Il se compose d'une chambre à réaction constituée par un tube à
essai de 2"=" à S'"» de diamètre, fermé par un bouchon de caoutchouc. Ce bouchon
laisse passer : un tube muni d'un robinet et servant à l'arrivée du gaz ammoniac, puis
un autre tube qui est en communication avec un siphon de chlorure de méthyle et
enfin un troisième tube servant au départ des produits gazeux. Ce dernier débouche
dans une cuve à eau, sous une faible couche de meieure. Le gaz ammoniac est desséché
sur la potasse et sur le sodium, conformément aux indications données par M. Moissan.
Pour faire une opération, on commence par placer dans le tube à essai 4° à 5" de
sodium et l'on remplit tout l'appareil de gaz ammoniac. On refroidit ensuite avec le
mélange d'anhydride carbonique et d'acétone, en maintenant un fort courant de gaz
ammoniac, de manière à produire sur le sodium 10''"' à iS"™' de gaz liquéfié qui donne
aussitôt une belle solution bleue, à redets cuivrés, de sodammonium.
On dirige alors dans cette solution un courant de chlorure de méthyle. La réaction
est immédiate et l'on recueille un produit gazeux. La solution de sodammonium se
décolore peu à peu, en même temps qu'une matière solide blanche prend naissance.
Lorsque la décoloration est complète, on arrête le courant de clilorure de méthyle.
Si le courant de chlorure de méthyle est trop rapide, une petite quan- .
tité de ce corps est entraînée avec le gaz dégagé. On peut éviter cet incon-
vénient en intercalant entre le tube à réaction et la cuve à eau un laveur
constitué par un tube à essai contenant une solution de sodammonium
dans l'ammoniac liquide. Le gaz est purifié par liquéfaction au moyen de
l'air liquide en utilisant le dispositif décrit |)ar M. Moissan. L'analyse eudio-
mélrique montre qu'il est constitué par du mélhane pur.
lodure d'éthyle. — Nous avons employé de l'iodure d'éthyle bien rectifié
et séché par son contact avec le sodium à la température ordinaire.
On fait tomber l'iodure goutte à goutte dans la solution de sodammonium au moyen
d'un tube à brome. La réaction se produit instantanément et, comme dans le cas pré-
cédent, avec dégagement gazeux.
Le gaz desséché et purifié a été soumis à l'analyse eudiométrique et
nous avons reconnu qu'il était constitué par de l'éthane pur.
lodure de propyle. — L'iodure de propyle se comporte exactement
comme l'iodure d'éthyle, et dès que cet iodure est en présence de la solution
de sodammonium, la réaction a lieu avec dégagement de gaz; toutefois
elle se produit un peu moins rapidement et une partie de l'iodure de pro-
pyle traverse la solution sans réagir et forme, à la partie inférieure, une
Io44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
couche incolore que l'on fait disparaître par agitation. Le gaz recueilli et
purifié comme précédemment est du propane pur.
Nous donnerons, à titre d'exemple, les nombres correspondant à la combustion
eudiomélrique de ce corps, que nous avons faites avec l'eudiométre de M. Riban, et
en suivant les indications données par M. Berlhelot pour ces manipulations de gaz.
Gaz i,o8 Calculé
Oxygène 8,65 pour
• Observé. C'H«.
Volume total 9,78 Contracture 3,23 3,24
Après explosion 6, do Volume CO' 3,25 3,24
Après absorption pour KOH. . 3,25 Oxygène employé. . 5,4o 5,4o
Il est évident que, pour obtenir un gaz aussi pur que possible, il faut
éviter avec soin l'introduction de toute trace d'humidité, ce qui entraîne-
rait la formation d'hydrogène libre.
Nous avions tout d'abord pensé que le sodammonium pouvait réagir
par son sodium comme ce métal dans la réaction de Wurtz ou comme le
zinc dans la réaction de Frankland en donnant, au moyen d'un iodure
alcoolique, le carbure saturé possédant un nombre double d'atomes de car-
bone. Le sodium, pouvant être envisagé comme étant sous une forme
active, élait engagé, en effet, dans une combinaison facilement dissociable
dès la température ordinaire en gaz ammoniac et métal libre. Les faits
nous ont conduit à chercher ici une autre interprétation et à faire inter-
venir le rôle de la molécule de sodammonium Az-H'Na" agissant à la fois
par son hydrogène et par son sodium. Nous reviendrons prochainement sur
le mécanisme de ces réactions.
L'action hydrogénante des métaux ammoniums ne s'arrête pas aux com-
posés monosubstitués, elle se produit encore pour les dérivés polvsubsli-
tués des divers carbures gras ou aromatiques. Les essais préliminaires que
nous avons faits dans cette voie nous permettent d'affirmer que les métaux
ammoniums doivent être considérés comme des réactifs précieux en
Chimie organique. Ils donnent lieu à des réactions qui s'effectuent à des
températures inférieures à celle de l'ébullition de l'ammoniac liquide et
dans lesquelles les |)olymérisations et autres phénomènes secondaires se
trouvent singulièrement atténués.
SÉANCE DU lO AVRIL igo/î.
ro45
MINÉRALOGIE. — Sur risodimorphùme . Note de M. Fred. Wallerant,
présentée par M. de Lapparent.
Les azotates de thallinm et d'ammonium sont tous deux polymorphes,
le premier pouvant être cubique, rhomboédrique ou orthorliombique,
tandis que le second est tour à tour cubique, quadratique ou orthorhom-
bique. Néanmoins ils peuvent se mélanger pour cristalliser. Ceiniélange se
produisant très difficilement par dissolution, j'ai dû opérer par fusion. La
figure ci-dessous donne un résumé des résultats obtenus. Sur l'axe des x.
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on a porté le tant pour loo en poids d'azotate d'ammonium en allant de
gauche à droite, et l'on a pris comme ordonnées les températures des
transformations polvmorphiques : on a ainsi divisé le plan en domaines
de stabilité pour les différentes formes.
Si le tant pour loo de AniAzO' est inférieur à 3,2, les mélanges cristallisés, en se
refroidissant, sont successivement cubiques, rhomboédriques quasi-cubiques et ortho-
C. R., iqoS, i" Semestre. (T. CXL, N° 15.) I ^3
Io46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rhombiques, comme le TIAzO% et présentent le même faciès que les cristaux de ce
dernier. Mais si les proportions de AmAzO' restent comprises entre 3,2 et 5,8, il doit
se former côle à côte deux espèces de crislgiuît pudiques, renfermant les uns 3,2 et les
autres 5,8 de AmAzO', cgr à la lepnpéra^ure constante de io4° on voit ces cristaux
cubiques devenir, les uns rhomboédriques, les autres quadratiques, les premiers deve-
nant orlhorhoinbiqties à, la températqre constante de 68°; seule la proportion des
cristaux quadratiques augmente lorsque le tant pour loo de AmAzO' se rapproche
de 5,8. Au delà de cette limite les cristaux quadratiques existent seuls; si le domaine
qui les concerne a été marqué quasi-quadratique, cela tient à ce que, quand la pro-
portion de Am AzO' augmente, ils deviennent progressivement orthorhombiques, l'angle
des axes optiques pouvant atteindre la" dans l'iuiile. Les cristaux quacjratiques se
maclept avec la plus grande facilité suivant les plans ^' sous l'influence de la pression;
les mêmes raacles se retrouvent dans les cristaux quasi-quadratiques, mais en outre
ceux-ci se maclent suivant les plans h', et les cristaux, dont les axes optiques sont
dans les plans m, sont orientés sensiblement à 90°. Si l'on chaufle ces cristaux quasi-
quadratiques, on les voit devenir uniaxes à une température voisine de 35° : les macles
suivant A' disparaissent et la ligne neutre devient une croix noire, ces modifications se
produisant de la façon la plus continue, la plus graduelle : il y a continuité absolue
entre l'uniaxie et |a biaxie. Quand la proportion de AniAzO' dépasse 8,4 les cristaux
quasi-quadratiques se transforment en cristaux orthorhombiques à faciès du AniAzO'.
puis, pour les proportions suivantes, par refroidissement les mélanges prennent suc-
cessivement les cinq formes de AmAzO^
On voit d'après la même figiii e qu'à la températui-e ordinaire on obtient
en mélangeant les deux sels trois séries de cristaux : la première comprend
des cristaux à faciès du TlAzO', négatifs, la seconde des cristaux quadra-
tiques ou quasi-quadratiques positifs, et la troisième des cristaux à faciès
du AmAzO' négatifs, dont l'angle des axes optiques croît en même temps
que la proportion de TlAzO' diminue. Mais tandis que les deux premières
séries sont séparées par une lacune, correspondant à un mélange de cris-
taux à composition fixe, les deux suivantes passent brusquement de l'une à
l'autre.
C'est, je crois, le premier exemple de deux corps donnant en se mélan-
geant trois séries de cristaux ; il nous montre que la notion d'isodimor-
phisme doit être largement généralisée et en outre que deux formes
instables, comme les formes quasi-quadratiques, peuvent devenir stables
parleur mélange.
SÉANCE DU lo AVRIL 1903. lo/jy
BOTANIQUE. — Une nouvelle Euphorbe à caoutchouc.
Note de M. He.vri Jumelle, présentée par M. Gaston Bonnier.
Une seule Euphorbe à caoïilchoiic est connue jusqu'alors : c'est une
espèce de Madagascar, VEuphorbia Intisy, qui pousse exclusivement dans
cette brousse rocailleuse et aride du sud de l'île qu'on nomme, d'ailleurs,
souvent la « brousse à Inlisy ».
La nouvelle Euphorbe à caoutchouc que nous signalons aujourd'hui est
encore de Madagascar, mais elle croît dans le nord-ouest, dans l'Ambongo.
Fait curieux, la découverte de cet arbre, qui ne remonte qu'à mai igoS, aurait eu
lieu, d'après M. Perrier de la Bathie, à qui nous devons nos échantillons botaniques,
à peu près dans les mêhîies circonstances que, plus àhclenhëméht, celle de V Intisy (').
« Quatre enfants sakalaves, nous écrit notre correspondant, jouaient dans les bois
qui avoisinaient un champ de maïs où travaillaient leurs parents. Ils avisèrent des
aibres qui donnaient un liquide blanchâtre et, par amusement, firent bouillir ce lait.
L'ébullitlon provoqua la formation d'un coagulât élastique, qui était du bon caout-
chouc. »
Ce caoutchouc est aujourd'hui vendu sur le marché de Soalala.
L'arbre producteur, que les Sakalaves ont nommé pirahazo, atteint 12""
de hauteur et davantage, d'après les renseignements qui nous ont été four-
nis par M. de la Bathie et M. le lieutenant Paulet, commandant le cercle
d'Andranomovo. Le tronc, nu jusqu'à au moins 5" au-dessus du sol, porte
ensuite de nombreux rameaux étalés. Il est à écorce grisâtre, avec, çà et là,
des excroissances ligneuses plus ou moins fortes.
Les feuilles sont caduques, alternes, spatulées, larges au sommet et s'at-
téuuant progressivement vers le pétiole. La plupart de celles que nous
avons vues avaient un limbe de lo""" environ de longueur, sur 4""". 5 de
largeur. Quelques-unes cependant avaient iS*^" sur 6*"". Le sommet, qui
porte utl court acumen bien net, est ordinairement uh peu ovale chez les
individus qui poussent en bois rocailleux; mais il est arrondi sur les pieds
vivant en sols humides.
Le pétiole a i"^"" à i'-''",5 et est muni, à sa base, de deux toutes petites
(') H. Jumelle, Les plantes à caoutchouc cl à gutla. igoS, p. 181
Io48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
glandes fslipulaires. La nervure principale est saillante sur la face infé-
rieure et'il en sort, sous un angle très ouvert, vingt-cinq paires environ de
nervures secondaires.
Les cyathiums sont isolés ou par deux ou trois aux sommets des rameaux.
Chacun est porté par un petit pétlicelle de 6°"" à S™™ et est unisexué. On
peut trouver des cyathiums mâles et des cyathiums femelles sur le même
rameau.
Dans les cyathiums mâles, les sommets libres des cinq bractées sont à peu
près aussi larges que longs (S""" environ de côté) et laciniés sur le bord
supérieur; ils sont jaune verdàtre. Les cinq glandes, qui sont de môme
couleur, Sont plus larges (9""") que longues (5°""), arrondies et très légère-
ment'denleiées; leur forme esl, à peu près, celle des glandes de notre
Euphorbia helioscopia.
Dans les cyathiums femelles, qui sont plus petits que les précédents, le
bord de ces mêmes glandes est un peu plus épais et forme (du moins à l'état
sec) une sorte de bourrelet en fer à cheval très proéminent. L'ovaire est à
trois loges el caché par les bractées; seuls sont saillants les trois styles qui
le surmontent.
Nous ne connaissons pas les fruits.
Mais les divers caractères que nous venons de relever sont assez parti-
culiers pour que nous pensions pouvoir affirmer que l'espèce n'a pas encore
été décrite; nous la nommons Euphorbia elaslica.
Ce serait, du reste, jusqu'alors, un arbre assez rare.
Dans les endroits où on le rencontre, il pousse eu colonies. Son habitat
préféré semble les bois très secs des terrains calcaires, bien qu'il s'accom-
mode encore, à la rigueur, des sols humides.
Notre correspondant nous le signale principalement au sud d'Andrano-
mavo, vers le plateau calcaire du Tampoketsa, qui appartient au Lias.
La richesse en caoutchouc serait grande. Sur un pied de 12™ de hauteur,
M. Perrier de la Bathie a obtenu, sans abatage el par saignées transversales,
342^ de caoutchouc sec; et les Sakalaves prétendent qu'il est des arbres
de 30" pouvant fournir 3''^ de produit. M. le lieutenant Paulet dit, en tout
cas, en avoir vu recueillir 2''''' sur un tronc abattu et incisé annulairement.
Les branches supérieures et les feuilles ne donnent qu'une substance
résineuse.
Le caoutchouc que nous avons examiné est de bonne qualité, du moins
lorsqu'il s'agit d'échantillons préparés par certains procédés que nous
SÉANCE DU lO AVRIL igoS. Io49
décrirons ailleurs. Il résiste bien à la température de 4°° à 45" et n'a pas
tendance à tourner au gras. Brut, il contient 89 pour 100 environ de
caoutchouc vrai, 9,5 de résines et i,o3 de substances minérales.
Contrairement à ce qui a lieu pour la plupart des laits de Landolphia et
de Mascarenhasia de Madagascar, la coagulation du lait de pirahazo se
produit très facilement par simple ébullition. L'alcool, l'acide sulfurique
agissent moins rapidement; et, seule, la décoction de rhizomes de vahea
monjery a donné de très bons résultats, parmi les liquidt^s coagulants
essayés.
i' de latex contient, au moins, 320'* de caoutchouc.
C'est là une teneur supérieure à celle de tous les laits de Landolphia de
l'île.
Et VEuphorbia elastica étant, d'autre part, à lait plus abondant que les
Mascarenhasia, l'arbre que nous venons de décrire serait donc peut-être,
actuellement, parmi toutes les plantes à caoutchouc connues aujourd'hui
à Madagascar, l'espèce qui fournit, à la fois, la plus grande quantité de lait
et le lait le plus riche.
L'abatage est inutile.
Il serait à désirer qu'on recherchât si, comme ce n'est pas invraisem-
blable, il y a, en des points de l'Ambongo autres que le cercle d'Andrano-
mavo, et, par exemple, sur les grands plateaux déserts de l'ouest, des
peuplements encore inconnus de cette intéressante Euphorbe.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Action de l'èlher et du chloroforme sur des
graines sèches. Note de M. Paui, Iîecoueuei., présentée par M. Gaston
Bonnier.
Quelques physiologistes se sont déjà occupé de l'action de l'élher et du
chloroforme sur la vie des graines desséchées ('). Comme les uns ont
avancé que l'influence de ces deux substances anesthésiques était sans effet
sur le protoplasme de la graine sèche pendant que d'autres affirmaient le
contraire, nous avons cherché à étudier de plus près cette question.
(') Coupm, Action des vapeurs anesthésiques sur la vitalité des graines sèches et
humides {Comptes rendus, t. GXXIX, p. 56 1). — Kurzvelly, Résistances des orga-
nismes végétaux desséchés aux substances toxiques {Jahrb. f. Wiss. Bot.,
t. XXXVItl, p. 34 O- — ScHiBiDT, Actiondes vapeurs de chloroforme sur des semences
à l'état de vie ralentie (Ber. deutsch. Botan. Ges., l, XIX, 1901, p. 71-76).
lo5o ACADEMIE DES SCIENCES.
Nous n'avons pas seulement varié les expériences dé nos prédécesseurs,
nous en avons institué de nouvelles, d'abord pour connaître le rôle du chlo-
roforme et de i'éther à l'état liquide qui n'avait pas encore élé élucidé,
ensuite pour rechercher quelles étaient les modifications morphologiques
et chimiques produites sur le contenu des cellules de l'embryon.
Les graines sur lesquelles nos investigations ont porté ont élé celles de
pois, de lupin, de trèfle, de luzerne, de blé.
Ces graines furent réparties en quatre lots, <;ontenant le même nombre
pour chaque espèce.
Le premier lot était constitué avec des graines à téguments intacts, desséchées par le
vide et la baryte caustique jusqu'à ce qu'il n'y eût plus de perte de poids. Le deuxième
comprenait des graines desséchées de la même manière, mais ayant leur tégument
enlevé dans la région de la radicule. Le troisième était composé avec des graines à
téguments intacts, dont la dessiccation était naturelle, c'est-à-dire telle qu'elle se
trouve dans les graines que nous livrent les grainetiers. Enfin, dans le quatrième lot
nous avions aussi des graines à l'état de dessiccation naturelle mais dont les téguments
avaient élé perforés.
Chaque lot de graines fut ensuite partagé en quatre parts égales et chaque part fut
placée le 24 mars 1904 dans un flacon contenant du chloroforme ou de I'éther à l'état
liquide ou à l'état gazeux. Ces 16 flacons bouchés à l'émeri furent mis dans un placard
à l'abri de la lumière dont l'action aurait pu décomposer le chloroforme ou nuire à la
faculté germinative des graines.
Le 22 mars igoS une partie des graines fut retirée et étendue sur du papier-fillre
pour que les liquides et les vapeurs dont elles étaient imprégnées puissent s'évaporer.
Ensuite, au bout de quelques jours ces graines furent portées sur de la sciure de bois
humide dans autant de verres qu'il y avait de flacons et bientôt après nous constations
les résultats suivants :
1° Les graines de pois, de luzerne, de trèfle, de lupin, aux téguments
intacts, du premier et du troisième lot, qui avaient séjotirué pendant
363 jours dans les liquides et les vapeurs duchloroforuieet d'éther, avaient
toutes germé.
2° Toutes les graines aux téguments perforés, du deuxième et du qua-
trième lot, qui avaient subi dans les mêmes conditions les mêmes actions
decesanesthésiques, avaient perdu leur pouvoir germinatif.
Il n'y eut qu'une exception, pour le grain de blé de Bordeaux, dont le
tégument a été perméable.
Ainsi les téguments secs des graines, qui comme le pois, la luzerne, le
trèfle et le lupin sont composés de plusieurs assises à parois fortement cuti-
nisés et d'un rt'sîe d'albumen desséché mucilagineux, paraissent être aussi
SÉANCE DU !0 AVRIL IpoS. to5l
imperméables aux liquides et aux vapeurs de chloroforme et d'étlier que
pour l'alcool absolu dont nous nous étions déjà occupé ici (').
Par contre la membrane des cellules de la plantule et leur cytoplasme, à
leur état ordinaire, ou maximum de dessiccation, sont perméables à ces
liquides et à ces vapeurs qui, une fois qu'ils ont pénétré, déterminent la
perte du pouvoir germiuatif.
Nous avons essayé de nous rendre compte de ce qui s'était pas:>é dans
les embrvons des graines dont les téguments avaient été perforés.
Pour cela nous avons pratiqué des coupes comparables dans des radi-
cules mortes ou vivantes de pois et de lupin.
Ces coupes ont été traitées pendant quelques minutes dans une solution
aqueuse de rouge neutre, très étendue, puis observées dans une goutte
d'eau au microscope.
Les cellules de l'épiderme de l'écorce et même du cylindre central des
radicules, tuées par le liquitle ou la vapeur de chloroforme, paraissaient
être fortement plasmoivsées. Le sac protoplasmique, encore très contracté,
était entièrement détaché de la membrane cellulaire. Le noyau, d'un rouge
beaucoup plus intense, montrait par les irrégularités de sa forme qu'il
avait subi une certaine contraction. Les grains d'aleurone et d'amidon
semblaient intacts.
Pour savoir s'il n'y avait pas eu d'altération dans les albuminoïdes, nous
avons fait agir, toujours comparativement, sur quelques-unes des coupes,
le réactif de Mdon. La réaction n'a pas été la même sur la cellule tuée et
sur la cellule vivante. La cellule chloroformée donnait une coloration d'un
rouge brique très pâle, très effacé, nous indiquant qu'il y avait dû avoir là
des modifications chimiques spéciales. Quelques gouttes de chloroforme,
où avaient séjourné les graines décortiquées, ayant été évaporées, lais-
sèrent comme résidu de nombreuses gouttelettes d^ matières grasses.
Les mêmes recherches ont été faites sur les cellules des radicules du
pois et du lupin tuées par l'éther. Le protoplasma et le noyau étaient
beaucoup moins contractés; le réactif de Milon n'a pas présenté, pour les
albuminoïdes, les différences que nous avions obtenues plus haut. Enfin
l'évaporation du liquide a aussi décelé la présence de matières grasses.
En résumé, le chloroforme et l'éther ayant dissous les matières grasses
de la cellule, n'en ont pas moins eu une action tout à fait difierente. L'un
(') P. Becquerel, Hésistance de certaines ^laiiies à l'action de l'alcool absolu
{Comptes rendus^ 9 mai 1904 )•
ACADEMIE DES SCIENCES.
a produit une plasmolyse, une contraction du protoplasma et du noyau
beaucoup plus énergique que l'autre, et a commencé à désorganiser les
substances albuminoides.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la formation et le rôle des matières grasses
chez les Champignons. Note de M. A. Perrier, présentée par M. Roux.
Au cours de recherches sur l;i production de quelques principes immé-
diats chez les végétaux, j'ai été amené à étudier la formation et le rôle des
matières grasses que l'on rencontre normalement chez les Champignons.
L'étude de ces substances a donné lieu, chez les animaux, à un grand
nombre dé recherches expérimentales. Chez les végétaux, ou ne possède à
leur sujet que quelques observations relatives à la production des huiles
dans les fruits et les graines oléagineuses ('). Leur origine a été attribuée
soit à la fonction chlorophyllienne elle-même, soit à la transformation des
hydrates de carbone élaborés dans les parties vertes de la plante; mais il
est difficile, chez les végétaux supérieurs, de faire la part qui revient à
chacune de ces deux hypothèses, en raison de la connexion des différentes
fonctions et de leur répercussion les unes sur les autres. Avec les Cham-
pignons chez lesquels on est plus maître des conditions d'expérience et de
nutrition, la question se simplifie.
La présence de matières grasses chez les Champignons avait déjà été si-
gnalée par quelques auteurs. On les avait observées dans les spores dé
Tuber et d'un certain nombre d'autres Ascomycètes ("), dans le mvcélium
de VEurotiopsis Gayoni ('), dans la cellule de levure, surtout de la levure
âgée ('), ce qui les avait fait considérer, chez ces derniers organismes,
comme des produits de dégénérescence {'•").
Mes observations n'ont porté que sur un petit nombre d'espèces : Peni-
(') A. MuNTZ, Recherches chimiques sur la maturcUion des graines {Annales des
Sciences naturelles, t. III, 1886, p. 68).
{^) De Bary, Morphol. u. Physiol.der Pilze, 1886, p. 182. — L. Errera, Thèse,
Bruxelles, 1882, p. 62.
(^) Laborue, Annales de l'inslilal Pasteur, 1887, p. i. — Mazé, Ibid.. t. XVI,
p. 26.
(*) DucLAUx, Traité de Microbiologie, t. III, p. i53 61469. — Nutrition intracel-
lulaire [Annales de l'Institut Pasteur, t. III, 1889 (2= Mém.)].
{^) Laborde, Annales de l'Institut Pasteur, 1897, p. 36.
SÉANCE DU 10 AVRIL 1905. Io53
cillum glaucum, Citromyces, Aspergillus, levure, Eurotiopsis Gayoni, Miicor
mucedo, Corynespora Mazéi; mais je crois qu'elles pourront facilement être
généralisées.
Les matières grasses décelables par l'analyse microchimique ont été ex-
traites, à l'élher sec, du mycélium pulvérisé avec du sable de Fontainebleau
calciné. Ce sont ces substances solubles à l'éther qui seront désignées sous
le vocable matières grasses.
J'ai employé, comme milieu de culture, le liquide Raulin avec une dose
moitié moindre d'acide tartrique et, comme aliment hydrocarboné, l'une
des substances suivantes : sucre, acide lactiipie, alcool éthylique, mannite,
glycérine, etc. f-es Tableaux I et II résument quelques-uns des résultats
obtenus avec Y Eurotiopsis Gayoni.
Tableau I. — Cultures ^'Eurotiopsis Gayoni sur sucre interverti.
Sucre initial : ioe,53i.
Age Poids sec Sucre
de la culture du mycéliuai consommé Matières grasses
en jours. en grammes. en grammes. pour 100.
2 0,4276 I ,096 l3,7l
3 0,7675 2,367 i7>34
5 1,4609 4,869 23, 04
8 1,5967 6,147 3i,24
II 1,5260 7,027 34,06
23 I , i6o5 io,5i3 10, 4>
Tableau II. — Cultures o?'Eiirotiopsis Gayoni sur alcool éthylique.
Alcool initial : 2S,844-
Age Poids sec Alcool
de la culture du mycélium consommé Matières grasses
en jours. en grammes. en grammes. pour 100.
4 1,2484 1,836 21,62
5 1,1617 2,84o 13,78
7 i,oo3 » 7,71
10 0,8734 » 4,23
12 0,8187 " ^'°9
18 0,7912 » 2, 17 (')
(') La matière grasse n'a pas (ont à fait disparu si l'on prend à la lettre les résultats
du Tableau II. Mais il ne faut pas oublier que l'éther sec dissout également d'autres
substances : cholestérine, lécithine, résines, matières colorantes, et c'est à ces deux
derniers produits qu'il faut rapporter la petite quantité d'extractif trouvé à la sixième
ligne.
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N" 15.) l34
Xo54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous voyons que les matières grasses apparaissent dès le début de la cul-
ture; elles Yont en augmentant, peuvent atteindre et dépasser 3o pour loo
du poids sec. Elles se maintiennent à pi ii près constantes en présence
d'un excès d'aliment; elles disj)araissent, au contraire, dès que celui-ci
vient à manquer dans le mdieu.
Nous sommes donc amenés à les considérer comme des substances de
réserve.
Leur formation n'est pas en relation directe avec la nature de l'aliment
ternaire offert à la plante : l'alcool, en particulier, produit des aliments de
réserve au même titre que les hydrates de carbone.
Les matières grasses doivent, par suite, être considérées comme des
produits de synthèse complexe, se produisant par l'intermédiaire de la
matière albuminoïde elle-même.
ZOOLOGIE. — Sur quelques points de l anatomie des organes mâles des Èdtntès
Tardigrades, et sur leurs moyens de fixation. Note de M. Rkmy Perrier,
présentée par M. Edmond Perrier.
Les Édentés américains conservent toute leur vie les testicules inclus
dans la cavité abdominale. Cette disposition, exceptionnelle chez les Mam-
mifères, et qu'on ne retrouve que chez les Cétacés et les Monotrènies, est-
elle, comme chez ces derniers, une disposition ancestrale? N'est-ce qu'un
phénomène de régression, comme on peut en constater dans d'autres
points de l'organisation de ces Mammifères? Pour élucider cette question,
qui peut éclairer l'origine même, encore obscure, des Edentés, j'ai étudié
les connexions des organes génitaux avec les parois abdominales voisines;
ce sont en effet les ligaments et les muscles assurant la fixation des testi-
cules qu'on s'accorde à considérer comme les organes directeurs de la
migration de ces organes. Mes études ont porté spécialement sur les Bra-
dypodidés, parce qu'ils paraissent être les tormes actuelles les plus primi-
tives du groupe. J'ai pu trouver dans la collection d'Anatomie comparée
du Muséum un très jeune Unau {Choloepus didactylus) et un Ai adulte
{Bradypus cuculliger) mâles, qui m'ont été de bons matériaux d'étude.
Les organes mâles des Paresseux ont été décrits par Meckel, par Rapp,
et plus récemment par Klinckowstrom (1894), qui a fait une étude com-
parative des organes génitaux des Édentés. Mais ces descriptions, déjà
incomplètes pour ce qui a trait aux organes eux-mêmes, ne donnent que
peu de renseignements sur leurs moyens de fixation.
SÉANCE DU lO AVRIL ipoS. Io55
Les organes génitaux internes, interposés entre le rectum et la vessie,
comprennent trois |iarties : i° les deux testicules, ovoïdes chez l'Aï adulte,
en forme d'onglets sphériques chez l'Unau, contigus de part et d'autre du
plan médian, mais non reliés l'un à l'autre, comme le dit Rapp, par un
repli du péritoine; i° iumiédiatement derrière eux, un sac impair, à parois
épaisses et musculeuses, dont ils semblent deux prolongements, et que
j'appellerai le sac péridéférentiel.
Au bord externe des testicules court Vépididyme, très nettement formé,
mais qu'on ne peut mettre en évidence que par dissection. En arrière,
l'épididyme se continue par le canal déférent. Les deux canaux, cachés à
l'intérieur du sac, y décrivent de nombreuses circonvolutions, «nies par
un tissu conjoiictif compact. Une coupe transversale menée à travers le sac
péridéférentiel le montre divisé par des cloisons sagittales en quatre loges :
les deux médianes sont occupées par les replis des deux canaux déféreras,
à lumière très étroite, à é|jaisse paroi musculeuse; les deux loges latérales
sont remplies par les vésicules séminales, jusqu'ici méconnues, quoique très
bien développées et s'étendant sur toute la longueur du sac péridéférentiel,
mais cachées à son intérieur.
Des replis péritonéaux fixent les organes génitaux internes à la paroi
dorsale de l'abdomen, sans déplacement possible. Sur chaque côté de la
paroi dorsale court un pareil repli, qui se fixe en arrière sur le bord aminci
du sac péridéférentiel, puis à la face distale du testicule, et devient libre en
avant de celui-ci, sous forme d'une lame saillante, partant du pôle antérieur
du testicule, pour aller se perdre en avant dans le péritoine. De nom-
breuses et fortes fibres conjonctives, développées à son intérieur, lui
donnent la valeur d'un ligament. Chez le jeune Unau, où les capsules sur-
rénales, énormes (une fois et demie le volume du rein, davantage chez le
fœtus), font fortement saillie dans la cavité abdominale, le repli partant
du testicule va longer le bord externe de la capsule, lui formant un ourlet
saillant, avant d'aller se perdre dans le péritoine. Cette disposition est le
reste d'une connexion ancestrale, car on a signalé à diverses reprises la
communauté d'origine des capsules, soit avec des glandes génitales, soit
avec leurs conduits (corps de Wolff). Chez l'Ai adulte, les capsules, comme
les reins, sont profondément enfoncées dans le tissu sous-péritonéal extrê-
mement développé, et le repli péritonéal va sans déviation jusqu'au voisi-
nage du diaphragme.
Chez l'Unau, le repli péritonéal passe à la fois sur le testicule et l'épidi-
dyme, leur formant une enveloppe commune, qui ne laisse aucune solution
Io56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de continuité entre l'un et l'autre. La disposition est bien plus compliquée
chez l'Ai, où se constitue autour du testicule une sorte de capuchon ne
laissant libre qu'une petite portion de l'organe et dont la lame ventrale
renferme l'épididyme, aminci et étalé à son intérieur.
En résumé, dans leur direction générale, les deux replis courent obli-
quement d'avant en arrière, se rapprochant en arrière pour limiter un
cul-de-sac où est logé le rectum. Le point capital est le suivant : Aucune
connexion n'existe entre les organes génitaux et la région inguinale; il n'y a,
chez les Paresseux, ni repli, ni ligament inguinal. La disposition est celle
qu'on retrouve dans les embryons de tous les Mammifères. Rlaatsch a
montré, en effet, que du corps de Wolff (et de l'ébauche génitale, qui lui est
conliguë), part un repli péritonéal, qui s'étend aussi bien en avant (^repli
diaphragmatique^ qu'en arrière. C'est ce repli continu que nous retrouvons
ici. Il existe aussi chez les Monotrèmes, mais les tieux lamelles qui le
forment s'écartent largement l'une de l'autre en arrière du testicule; la
lamelle médiane atteint la colonne vertébrale près du rectum; l'autre gagne
la paroi ventrale de l'abdomen et vient se terminer, au voisinage de l'épi-
pubis, dans la région inguinale. C'est en connexion avec cette dernière, que
se développera, chez les Mammifères supérieurs, le ligament inguinal, qui
est, d'ajjrès l'opinion générale, l'organe directeur de la descente du testi-
cule. Chez les Paresseux, les deux lamelles suivent la première direction,
et la disposition réalisée est ainsi plus simple que chez les Monotrèmes
eux-mêmes. Elle explique l'absence de toute formation ligamentaire ingui-
nale et par suite la permanence des testicules dans la cavité abdominale.
Comme on ne trouve aucune trace d'une connexion antérieure des or-
ganes génitaux avec la région inguinale, cette permanence doit être,
semble-t-il, considérée comme étant vraiment une disposition primitive.
A mon sens, les Edentés se sont séparés de la souche commune des Mammi-
fères avant que ne se soit établi le processus de la descente des testicules.
Aussi n'y a-t-il pas lieu de chercher des relations qui ne sauraient exister
entre les Edentés et l'un quelconque des autres ordres de Mammifères.
L'origine des Edentés doit être reportée très loin en arrière, conclusion
conforme d'ailleurs avec les données de la Paléontologie. Ils appa-
raissent en elïeldès les premières couches tertiaires sud-américaines (for-
mation Pehuenche), et on les y trouve associés exclusivement à des formes
très primitives, qu'Ameghino a rattachées aux Plagiaulacidés et aux Toxo-
dontes.
L'existence de testicules inguinaux chez les Edentés africains (Pangolin,
SÉANCE DU lO AVRIL 1905. ïo5']
Oryctérope) ne saurait infirmer les conclusions précédentes, car tout
porte à croire que ces dernières formes n'ont rien de commun avec les
vrais Édentés américains et que leur ressemblance n'est que le fait d'une
convergence secondaire. J'ai indiqué ailleurs (Félix Bernard, Eléments
de Paléontologie, p. 924) les raisons sur lesquelles s'appuie celte manière
de voir.
PHYSIOLOGIE. — Poids de l'encéphale en fonction du poids du corps chez
les Oiseaux. Note de MM. L. Lapicque et i». Girard, présentée par
M. Dastre.
Nous avons pesé l'encéphale de 112 oiseaux appartenant à 58 espèces
différentes. Il y avait dans la Science très peu de documents sur ce sujet;
et encore les quelques chiffres publiés, fort anciens déjà, ne nous ont pas
paru utilisables. Nous sommes redevables d'une partie de nos matériaux
au Muséum d'Histoire naturelle, et d'une autre, très importante, à l'obli-
geance du Prince de Monaco.
La relation entre le poids du corps et le poids de l'encéphale a été, pour
les Mammifères, exprimée d'une façon exacte par Eugène Dubois. Si l'on
compare deux espèces semblables, mais très différentes parle poids, comme
un chat et un tigre, appelant E le poids de l'encéphale, et S le poids du
corps chez le premier, E' et S' ces grandeurs chez le second, on peut poser
arbitrairement E:E'= cS'':S"', c étant une constante, et calculer l'expo-
sant de relation r. Dubois ayant fait ce calcul pour 7 paires d'espèces a
trouvé pour r des valeurs peu' différentes entre elles, dont la moyenne est
o,56. Admettant comme règle générale que le poids du corps intervient à
cette puissance comme facteur du poids de l'encéphale, on obtient dans
chaque cas particulier la valeur de l'autre facteur (^coefficient de céphalisa-
tion) en résolvant par rapport à c l'équation E = cS"'^*, où E et S sont
donnés par l'expérience. Les Mammifères classés d'après la valeur de ce
coefficient c se disposent dans un ordre satisfaisant par rapport à ce que
nous pouvons penser de leurs fonctions cérébrales.
Notre série nous apparut comme très complexe; c'est-à-dire qu'entre
Oiseaux de familles différentes la loi devait présenter des différences, au
moins quantitatives, considérables. Puis nous reconnûmes que les Oiseaux
domestiques présentaient des rapports particuliers et qu'il fallait les mettre
,o58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à part. Finalement nous avons considéré comme particulièrement impor-
tantes les valeurs de r trouvées dans les comparaisons suivantes :
Geai à corneille o,5o
Geai à corbeau 0,06
Sarcelle à canard sauvage o , 5o
Mouette à goëland o,55
Émouchet à buse 0,60
Ces nombres donnent une moyenne très analogue à celle trouvée par
Dubois comme valable pour l'ensemble des Mammifères. Faisant l'hypo-
thèse que le même exposant de relation o,56 est valable approximative-
ment pour l'ensemble des Oiseaux, nous avons calculé avec cet exposant,
au moyen des poids de corps et d'encéphale observés par nous, la valeur
du coefficient dans chaque cas. Voici des exemples des nombres obtenus;
nous nous limitons ici à des séries naturelles bien nettes et présentant une
échelle de grandeurs suffisante :
Poids
du corps. de rencéphalc. c.
Perruche ( Palœornis docilis) 90 3 , 678 o , 29
Verro(\\xe.\.{Chrysolisamazonicus). 34o 7,828 o,3o
Via {Pica rustica) 85 2,935 0,24
Geai (Garrulus g-landarius) i5o 3,985 o,25
ChoacA (Cori'us monedula) 280 5,555 0,26
CovneiWe (Corviis cornije) 5oo 8,455 0,26
Corbeau (6'o/'(VM co/-o/ie) 56o 8,435 0,24
Émouchet {Accipiter nistis) 245 3, 170 o, i4
B\xie.{Buteovulgaris) 960 7.328 o,io
Mouelie {Sterna hirundo) 2-5 3, 100 o,i3
GoéX&nà {Larus argentatus) looo 6,828 0,1 3
S^TCtiU {Alias querquedula) 3o5 3, 200 o,i3
» {Dendrocygna sp.) 4o5 4 > 188 O' '4
» {Fuligula nyroca) 655 4,9i5 o,i3
Cana^rA s&u\as,e {Anas bosclias).. . 9i5 5,745 0,12
Pigeon (Columbadomestica) 270 1,978 0,08
Feiisan {r/iasianus colchicus) i25o 3,835 0,06
Paon (Pavocrislatus) 2220 5,718 0,07
De nos chiffres nous concluons :
i" La formule donnée par Dubois pour exprimer le poids de l'encéphale
SÉANCE DU lo AVRIL igOD. loSp
en fonction du poids du cori)s E = cS'' traduit convenablement les faits
quand on l'applique aux Oiseaux ;
2° La valeur de l'exposant de relation est la même chez les Oiseaux que
chez les Mammifères, environ o,56;
4° Le coefficient de céphalisation fait apparaître entre diverses familles
des différences considérables, assez conformes à la notion vulgaire d'intel-
ligence des Oiseaux.
On peut, à titre simplement de curiosité, comparer les valeurs des coef-
ficients de céphalisation obtenus par nous pour les Oiseaux avec les valeurs
calculées pour les Mammifères par Dubois; on trouve que le coefficient
des Gallinacés est du même ordre que celui du rat et du hérisson, celui
des canards est un peu au-dessous de celui du lapin, et les perroquets se
placeraient entre le lori et le macaque.
PHYSIOLOGIE DE LA VISION. — Sur l' allernance des éclipses et des éclats
des objets faiblement éclairés. Note de AL Tu. Lullix, présentée
par M. A. Chauveau.
Dans une récente Communication à la Société de Physique et d'Histoire
naturelle de Genève j'ai montré que, lorsqu'on fixe attentivement un petit
écran phosphorescent, il disparaît pour i-eparaître lorsqu'on fait dévier lé-
gèrement la direction du regard. M. Chauveau a cité cette expérience, à
l'occasion d'une intéressante Note qu'il a présentée dernièrement à l'Aca-
démie des Sciences.
De nouvelles recherches m'ont permis de constater qu'on peut obtenir
l'inverse de l'expérience précédente en fixant, sur un écran phosphorescent,
fortement insole, de petits carrés de papier noir séparés les uns des autres
par une distance de S""^ à lo*^™. Si l'observateur se place alors à i™ environ
et fixe attentivement un des carrésde papier, il le voit disparaître complète-
ment; une légère déviation du regard le fait aussitôt reparaître. En main-
tenant le regard absolument fixe, oh fera persister pendant longtemps l'im-
pression de l'effacement total du carré de papier noir.
Ainsi que le fiut remarquer M. Chauveau, ces phénomènes ne sont pas
spéciaux à la lumière phosphorescente; l'expérience que je viens de décrire
réussit aussi à la lumière du jour et à celle du gaz; cette dernière, qui
a l'avantage d'être très facile à régler, m'a paru préférable. Les résultats
ne sont cependant jamais aussi nets que ceux de l'écran phosphorescent.
|o6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Spectroscopie du sang et de l'oxyhémoglobine.
Note de MM. M. Pikttre el A. Vii,a, présentée par M. Roux.
I. Dans une Note du 6 février nous faisions rereiarquer la propriété que
possède le fluorure de sodium de transporter à X ^ 612 la bande X = 634
observée dans les solutions de sang ou d'ox\hémoglobine. Depuis nous
avons déterminé que la réaction des fluorures était d'une très grande sen-
sibilité et qu'en solution neutre elle peut déceler la présence de-j~^de
fluorure de sodium.
Dans certaines conditions cette limite peut être reculée bien au delà; en
effet une légère acidité acétique (deux gouttes d'acide à 8 pour 100), dans
les solutions fluorées de matière colorante, permet d'abaisser la teneur en
fluorure jusqu'à , „„„„„„ .
Cette extrême sensibilité de réaction peut servir à déceler la présence du
fluor en solution quelle que soit sa combinaison et apporter une certitude
de plus dans la caractérisation du sang au point de vue médico-légal.
Il en résulte aussi qu'il est impossible de manipuler en présence de fluo-
rures la substance colorante du sang, intacte ou altérée (ferricyanure de
potassium, nitrite de soude, etc.,) sans qu'une migration de la bande ne se
produise.
Mais nous avons constaté que l'action du nitrite de soude sur les solu-
tions fluorées d'oxyhémoglobine ne se résout pas en une simple augmen-
tation d'intensité de la bande du fluor; si l'on ajoute du nitrite de soude à
une solution fluorée d'oxyhémoglobine on observe un déplacement bien
net vers la gauche du spectre et l'axe de la bande X= 612 devient
X = 620.
Les acides minéraux : nitrique, sulfurique eu solution étendue offrent
également un transport de la bande vers la gauche tlu spectre et un arrêt
stable vers 7^ = 634; l'addition d'acide chlorhydrique donne immédiate-
ment une bande >. = 652 qui peut être ramenée à 1 = 612 par un excès de
fluorure.
La cause déterminante de ces changements de position peut être attri-
buée à l'action préalable du fluor. Dans toutes ces actions énergiques il
faut tenir compte de la quantité des réactifs en présence; la plus grande
masse de l'un pouvant intervenir dans le sens de sa réaction.
SÉANCE DU JO AVRIL IÇfo",. loGl
II. Ail cours d'expériences faites avec du sang on de roxyhémoglobine
de cheval en solution fluorée à 2 pour 1000, M. Etard nous fit remarquer
la présence d'une baude nouvelle >. = 671 difficile à observer.
Voici les meilleures conditions pour l'obtenir. Employer: 1° des solutions
riches en substance colorante, 2" des tubes de 20°"" à 3o''™ de long, 3° un
éclairage puissant. Si l'on se sert de sang, il est nécessaire de filtrer afin
d'avoir des solutions parfaitement limpides.
Il est très probable que cette bande n'est pas seulement due à l'action
du fluorure de sodium, car nous l'avons aperçue dans d'autres circonstances
et nous pensons que les solutions fluorées augmentent l'intensité d'une
manifestation optique appartenant vraisemblablement à la matière colo-
rante elle-même. Nous n'en conclurons pas qu'il existe un corps nouveau
caractérisé par la seule présence de cette bande d'absorption.
III. A la longue liste des réactifs les plus disparates (acides, oxydants,
réducteurs, etc.) qui, mis en contact avec l'oxyhémoglobine cristallisée,
fraîche, exagèrent l'intensité de la bande 1 = 634, nous ajouterons : la des-
siccation. En effet, la simple exposition à l'air de cristaux récents, rouge
vermeil, d'oxjhémoglobine, et plus rapidement le séchage dans le vide,
par courant de gaz secs inertes ou d'oxygène, produisent le même phé-
nomène.
IV. Nous avons étudié l'influence de quelques agents physiques, en par-
ticulier la chaleur et la lumière.
A 0° ou un peu au-dessus aucune bande dans le rouge n'est généralement perceptible,
mais, si l'on chaufTe lentement, on voit apparaître la bande X =: 634 dés iS", parfois
à 20°, dans certains cas à 38°. Au reste, nous avons noté, dans ces observations faites
avec du sang et non avec de l'oxyhémoglobine cristallisée, des variations suivant les
espèces et ]es individus d'une même espèce, variations indiquant qu'il faut tenir compte
non seulement du pigment, mais encore des complexes différents qui l'accompagnent
dès l'opération du laquage.
Une exposition, même prolongée, au rayonnement d'une source intense (lumière de
l'arc) ne modifie pas le spectre d'une solution de san^ maintenue à o" et ne présentant
pas déjà d'absorption dans le rouge.
Nous concluons : que l'oxyhémoglobine cristallisée, telle que l'a définie
Hoppe Seyler et après lui tous les auteurs, possède un spectre à trois
bandes, et, d'une manière plus générale, que la matière colorante du sang,
dès qu'elle est mise en liberté, n'est plus identique à ce qu'elle est dans le
complexe globulaire, c'est-à-dire dans les conditions d'activité vitale.
C. R., iç,oj, 1" Semestre. (T. C\L, N° 15.) i35
ACADEMIE DES SCIENCES.
Nous avons représenté graphiquement, suivant la méthode de Rollet ('
les relations d'intensité des trois bandes de roxyhénioglobine.
X-675 :X-634i I oc=575 i /3-535 ^
650 625 600 550 5 25
Les observations ont été faites à l'aide d'un tube de ao*^" de longueur.
Sur la figure, les abscisses représentent les longueurs d'onde; les ordon-
nées sont, en milligrammes, les quantités de substance cristallisée fraîche
(à 5o pour loo d'eau) dans loo""'.
Ce schéma montre que la bande a du vert apparaît la première à la con-
centration de iHTTnnra' '•' 'ja'ide (ï à la concentration de ,„„'„„„ et la bande
A = G34 à partir de ;~~. Dès -^ les deux bandes a et {i sont confondues,
la bande dans le rouge subsiste seule.
(') Rou,ET, Uliit and littbcuc.
I"l'arlie).
( Hen
IJandb. der PhyxioL. t. IV,
SEANCE DU m AVRIL igoD. io63
CHIMIE BIOLOGIQUE. - Sur la présence normale de V alcool et de l'acétone
dans les tissus et liquides de l'organisme. Note de M. F. Maig.non, présentée
par M. A. Chauveaii.
La présence de l'alcool a déjà été signalée, dans un certain nombre de
tissus et liquides de l'organisme (Béchamp, Bajewsky, A. Gautier). De
même, l'existence normale de l'acétone dans l'urine est un fait admis au-
jourd'hui (Jaksch, Argenson, Cotton).
J'ai entrepris de nouvelles recherches à ce sujet, et j'ai décelé la présence
de ralcool et de l'acétone, à l'élnt normal, et d'une façon constante, dans
tous les tissus, l'urine et le sang.
J'ai soumis à l'exnnien les organes suivants : nniscles, cœur, foie, raie, reins, pou-
mon, testicules, peau, tendons, cerveau, le sang et Tmine; ceci, chez le chieii, le cheval
et le cobaye.
Pour beaucoup de ces tissus, j'ai prélevé les fragments sur Taninial vivant, en ayant
soin de les tuer immédiatement dans l'eau bouillante.
Recherche el dosage de l'alcool et de l'acétone dans les tissus. — Un fragment de
tissu, prélevé sur l'animal vivant ou récemment tué, est découpé en menus morceaux,
et porté au bain-marie à ioo° pendant i heure, dans son poids et demi d'eau distillée.
Le ballon renfermant le mélange est prolongé d'un hmg tube, afin d'éviter les perles
par évaporalion.
Au bout d'une heure, on presse et l'on liltre. Le bouillon obtenu est déféqué à l'acé-
tate basique de plomb et, après filtration, on précipite l'excès de plomb par l'acide
sulfurique.La liqueur, filtrée à nouveau, est distillée une première fois en présence de
l'acide sulfurique, et une seconde fois en présence de la baryte.
Pour le sang, la défécation à l'azotate mercurique (liquide de Patein et Dufau) est
préférable ; on filtre et l'on distille. Le liquide obtenu est distillé à nouveau en présence
de l'acide sulfurique, puis de la baryte.
Pour l'urine, la défécation n'est pas nécessaire, on distille immédiatement avec
l'acide sulfurique. Dans toutes ces distillations, on ne recueille que la première moitié
du liquide; la totalité de l'alcool el de l'acétone s'y trouve contenue.
Le dernier dislillatum est ramené à la moitié de la quantité primitive de ti.-,su ou de
liquide. Pour loo? on ramènera, par exemple, à 5o''"\
Ce liquide sert directement au dosage. Pour la recherche qualitative, il est bon de le
concentrer par une nouvelle distillation dont on ne recueille que le premier dixième.
Recherche qualitative. — Dans ce liquide concentré, j'ai pu mettre en évidence,
avec beaucoup de netteté, la présence de l'alcool, et cela, à l'aide de diverses réactions :
1° Réaction de l'iodoforme, au moyen de l'iode et de la potasse; on obtient des
cristaux caractéristiques d'iodoforme formant un dépôt plus ou moins abondant;
Io64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2" Formation des élhers acétiques et butyriques, reconnaissables à l'odeur;
3° Réduction du mélange bichromate et acide sulfiirique : virage au bleu et déga-
gement d'aldéhyde reconnaissable à l'odeur;
4° Réaction du cacodyle après transformation de l'alcool en acide acétique, par le
mélange oxydant : acide sulfurique et bichromate.
J'ai décelé, dans ce même liquide, la présence de l'acétone, au moyen de la réaction
de Le Nobel, basée sur la formation d'iodoforrae, en jirésence de l'iode et de l'ammo-
niaque.
En ajoutant ces deu\ substances à la liqueur, j'ai obtenu de beaux, cristaux d'iodo-
forme, reconnaissables au microscope.
Les autres réactions de l'acétone ne sont pas assez sensibles pour être positives a\ ec
des quantités aussi faibles que celles sur lesquelles on opère.
Recherche quantitalive. — J'ai dosé l'alcool à l'aide du procédé Nicloux, en ajou-
tant la solution de bichromate de potasse, par gouttes de ^^ de centimètre cube;
chaque goutte correspondant 9
mm'
2,5
3,3
3,7
4.5
62 40
.... 34
80 88
Foie
28
i4o 35
Reins
.... 45
80 55
2 , .J
i5
16
1 ,2
>. »
tlei-\ eau
.... ''-^
I o5 66
[o65
Alcool. Acétone. Alcool. Aceionc.
Chien 1 an 21 2,1 Chien i an 17 2,3
Chien I an el demi. 16 4,9 Chien âgé 28 7,8
Chien âgé 18 4,> Chien âgé 26 4,4
Les quantités d'alcool el d'acétone sont données en millimètres cubes, ;el corres-
pondent à looos de tissus, ou à 1000™' de sang ou d'urine.
Conclusions. — L'alcool et l'acétone se rencontrent à l'état normal, et
d'une façon constante, dans tous les tissus de l'organisme, dans le sang et
dans l'urine; ce sont des produits normaux de l'économie.
Ces deux substances préexistent bien pendant la vie de l'animal, car en
prélevant les tissus sur le sujet vivant, et en les tuant immédiatement dans
l'eau bouillante, la recherche de l'alcool et de l'acétone donne toujours des
résultats positifs.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches sur l' hématogéne.
Note de MM. Hcgounenq et Morel, présentée par M. Armand Gautier.
L'assimilation des éléments minéraux de l'organisme, en particulier du
fer, du calcium et du magnésium, peut être étudiée chez l'embryon d'oi-
seau, pour lequel il est possible de connaître exactement les substances
aux dépens desquels s'effectue la formation des tissus de l'animal.
Miescher ('; et Bunge (^) ont découvert, dans le jaune d'œuf de poule,
(') Medicinisch-chenuschc Unlersuchungcn , herausgegeben von Hoppe-Seyier.
p. 5o2.
(-) ZeiLscliiiJ'l J'iir physiologische C hernie, t. IX, p. 49'
Io6(> ACADÉMIE DES SCIENCES.
une substance qui semble contenir tout le fer que l'embryon assimilera :
c'est l'hématogène auquel le dernier de ces savants attribue un r(Me pré-
pondérant dans la formation de l'hémoglobine.
La constitution de cet hématogène est encore inconnue; Miescher et
Bunge en ont publié des analyses élémentaires assez peu concordantes et
l'ont classé, peut-être à tort, dans le groupe des nucléines. Rossel (') n'a
pas réussi à y mettre en évidence les bases des nucléines (guanine, adc-
nine, hypoxanthine). Nous nous sommes proposé d'étudier plus complè-
tement ce corps intéressant.
Préparation de l'hématogène. — Mous avons préparé de grandes quantités de celle
substance en suivant la raélhode donnée par Bunge, nous efforçant d'obtenir un
produit aussi pur que possible. Nous avons donc poussé la digestion pepsique de la
\ltelliiie jusqu'à obtention d'un résidu qui, traité par KOH et SO'Cu (réaction du
hiurel), ne donne pas de coloration violette soluble dans l'alcool, puis débarrassant
complètement ce résidu des corps gras qui étaient combinés avec l'albumine dans la
vilelline déjà dégraissée.
Nous avons ainsi obtenu une poudre à peine colorée en brun très clair, donnant à
l'épreuve du biuret une coloration violette, soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool,
se colorant en rouge avec le réactif de Millon et laissant, après calcinallon au four à
moulle, 5,36 pour loo de cendres blanches.
Analyse é/émen/aire. — Nous l'avons effectuée complètement, cliercliaiit le clilore.
le brome, l'iode, l'arsenic que nous n'avons pas pu > déceler, et dosant le calcium et
le magnésium non encore signalés à côté du fer, du phosphore, du C, de 111, de l'O,
de l'Az, du S, déjà connus.
Nous avons trouvé comme composition centésimale :
C .\A,o
H (3,9
A/. i'^,,6
P. 8,7
Fc 0,455
Ca o , 352
M g o, 126
S traces
O 27,367
Le dosage des éléments minéraux a été elTeclué par la mélhode donnée par l'un de
nous (^) à propos de l'analyse des cendres du fo'tus, la recherche de l'arfenie par la
nuîtiiode d'/Vrmantl Gautier.
C) Zeitsclirift fiir physiologischc Chemie, l. X, p. 248.
(-) HuGOUNENQ, Journal de Phjsiol, et de Pathol. généra
'.le. t. 1, p. 700 et t. Il, p
SÉANCE DU lO AVRIL I9o5. 1067
Les chifîres de nos analyses diffèrent un peu de ceux de Bunge. Cette différence
tient peut-être aux précautions prises pour purifier l'hématogèue de toute trace
d'albumine et de graisse.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence de l'état de liquéfaction de V amidon sur sa
transforma lion par les diastases saccharifianles. Note de MM. A. Fernbach
et J. Woi.i-i', présentée par M. Roux.
Nous avons montré, clans une Note antérieure {Comptes rendus,
t. CXXXIX, p. 1217), que le phénomène de coagulation de l'amidon
dépend de l'état de liquéfaction dans lequel se trouve cette substance.
Nous venons démontrer aujourd'hui que, ainsi que nous l'avions indiqué
dans la même Note, l'état de liquéfaction joue également un rôle très impor
tant dans la saccharification de l'amidon.
On sait depuis longtemps que, si l'on fait agir une macération de malt sur
de l'empois, il y a une superposition de l'action liquéfiante et de l'action
saccharifiante qui ne permet pas de faire la part de chacune de ces deux
actions. Il fallait donc, pour les étudier séparément, se servir d'un extrait
saccharifiant exempt de propriétés liquéfiantes appréciables, et, à cet effet,
nous avons employé un extrait d'orge, préparé en faisant macérer pendant
quelques heures, dans 100""' d'eau distillée, lo^ d'orge moulue, soigneu-
sement triée au préalable, afin d'éviter la présence de toute graine étran-
gère contenant une diastase liquéfiante.
Il fallait également trouver une méthode [lermettant de doser les sucres
réducteurs et la dextrine, sans que le dosage fût gêné par la présence
d'amidon à l'étal d'empois ou à l'état soluble. Le procédé que nous avons
employé consiste à précipiter ces deux derniers corps par un excès d'eau de
baryte saturée, méthode qui a été préconisée j)arvon Asbolh (liepert. anal.
Chem., t. VII, p. 299) pour le dosage de l'amidon. Nous nous sommes
assurés que la baryte précipite, dans les conditions où nous avons opéré,
tout ce qui est colorable en bleu par l'iode, sans entraîner une quantité
sensible de dextrine ni de sucres réducteurs. Après filtration, on élimine
l'excès de baryte par l'acide sulfurique, qui, ajouté en quantité convenable,
sert ensuite à transformer en glucose la dextrine etlemaltose existant dans
la liqueur à côté du glucose.
Dans une première expérience nous avons opéré comparativement sur de Tempois de
Io68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fécule à 4,5 pour loo, chauffé à ioo°, a, el sur le même empois fortement liquéfié par
chauffage pendant 2 heures à i4o''-i45°, b. Après 5 heures d'action de l'extrait d'orge,
nous avons trouvé les chiffres suivants, corrigés de ce qui a été apporté par cet extrait :
A.
Sucres réducteurs
exprimés
en glucose.
R.
Sucres réducteurs
et dcxtrines
exprimés
en amidon.
4,'')°. Tio».
45". fin".
os,5oi os,42i
os, 6.58 os,55o
o6.53i os, 482
08,735 0^,724
Températures
25*^"' d'empois a -I- 5''"' d'extrait d'orge ■.
25™' d'empois b + 5''°'' d'extrait d'orge
On arrive à des résultats analogues si l'empois, au lieu d'être liquéfié
par chauffage sous pression, a été soumis au préalable à l'action liquéfiante
d'une trace d'extrait de malt.
On prépare trois ballons contenant 25™' d'empois ordinaire; les ballons II et III sont
soumis, à 70", à l'action de o™',25 de macération à 10 pour 100 d'un malt à faible
pouvoir diastasique; après liquéfaction, on détruit la dlaslase par ébullition. Puis, les
ballons I et II, additionnés de 5™' d'extrait d'orge, sont maintenus pendant 3 heures
à 58°, le ballon III étant conservé comme témoin pour servir à corriger le chiffre fourni
par le ballon II. Voici les chiffres trouvés (les colonnes A et B ayant la même signifi-
cation que ci-dessus); l'expérience 2 ne diffère de l'expérience 1 qu'en ce que les pou-
voirs diastasiques des solutions sont un peu plus élevés.
Expérience 1. Expérience 2.
Ballon I o,2i4 o,39,o o,3.î3 o,.536
„ H o,35o o,5i3 0,418 0,628
„ 111 traces trarcs 0,026 0,081
Il résulte de ces chiffres que l'actiou liquéfiaute préalable de l'extrait de
malt produit le même effet que le chauffage sous pression. Dans tous les
cas, il reste une proportion considérable d'amidon non transformé.
Il n'en est plus de même si on laisse se poursuivre l'action liquéfiante de
l'extrait de malt, ajouté en quantité tout à fait insuffisante pour produire
seule la saccharifîcation totale.
C'est ce que prouvent les chiffres suivants, relaliis i des expériences dans lesquelles
SÉANCE DU lo AVRIL igoS. loGf)
on a fait agir sur Je même empois, soit de l'extrait d'orge, soit de l'extrait de malt,
soit les deux ensemble.
A. B.
I. aS^™' d'empois -f- 5"^'"' d'extrait d'orge o,2i4 0,822
II. 25™' d'empois -+- o""'', 35 d'extrait de malt o,o65 0,166
III. 25"^' d'empois -+- 5''°'' d'extrait d'orge + o""',25 d'extrait de malt. o,384 0,907
Il faut noter que le ballon III, à la fin de l'expérience, ne contient plus d'amidon
colorable par l'iode. On voit d'autre part que la somme des quantités d'amidon trans-
formé par les deux extraits séparément est bien inférieure à ce qu'ils ont transformé en
agissant ensemble.
En comparant l'action de l'extrait d'orge sur des empois d'amidon de
céréales diverses et d'amidon de pomme de terre, nous avons observé que
ces amidons de céréales se saccharifient beaucoup plus facilement et pro-
fondément que la fécule; il semble que leur état de fluidité, à la tempéra-
ture à laquelle on opère la saccharification, les rapproche des empois de
fécule liquéfiés dont nous avons parlé plus haut.
MÉDECINE. — Dyscrasie acide expérimentale {Modifications de l'organisme.
— Variations toxiques. — Lésions spéciales. — Anaphylaxie tuberculeuse).
Note de M. Ciiarriv, présentée par M. d'Arsonval.
Dans le domaine des faits relatifs à la dyscrasie acide, l'expérimentation
nous a permis d'obtenir des résultats qui nous paraissent intéressants.
Au cours d'une première série de recherches, nous avons divisé, en trois groupes
égaux, 9 lapins soumis à d'identiques conditions d'existence. — Tous les 2 ou 4 jours
et durant 8 semaines, les sujets de l'un de ces groupes ont reçu, sous la peau, i'"'' d'une
solution assez étendue (i pour i5o d'eau) d'acide lactique; à ceux du second groupe,
en observant ces mêmes intervalles et pendant ces 8 semaines, ou a, également par
voie sous-cutanée, injecté i"^"' d'un liquide constitué par los de chlorure de sodium,
12B de phosphate de soude et 1000''™" d'eau. — Quant aux trois autres lapins, indemnes
de toute injection, ils ont servi de témoins.
Après cette longue préparation, à tous ces animaux et par voie intra-veineuse, on a
inoculé une semblable dose de culture pyocyanique. — La moyenne des survies des
lapins acidifiés a été de 44 heures; chez les sujets minéralisés, cette moyenne a atteint
92 heures, et, pour les normaux, elle n'a pas dépassé 60. D'autre part, chez ces sujets
minéralisés, les poils sont habituellement plus lisses, l'urine un peu plus abondante,
G. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 15.) l36
lOno ACADEMIE DES SCIEN'CES.
le rapport azolurique légèrement supérieur (0,91 au lieu de 0,87), le sérum plus bac-
téricide et l'agglutination plus accentuée.
En somme, on enregistre un ensemble de phénomènes révélant, clans les
échanges ou lès plasmas, des modifications en général favorables à une
augmentation de la résistance à rinfeclion ; un examen parallèlement
pratiqué chez les autres animaux montre que la dyscrasie acide s'oppose
à la genèse de ces modifications (' ).
Une deuxième série de recherches nous a conduits à reconnaître que, déposé dans le
derme, o",ot d'acide lactique dilué (i pour 5 d'eau) est sensiblement aussi toxique
que I" pris par ingestion. — Les difficultés de l'absorption intra-digestive, l'action du
mucus, la neutralisation d'une partie de cet acide par les substances minérales rencon-
trées dans le conduit gastro-intestinal, peut-être l'intervention de la muqueuse du
jéjunum ou celle du foie, autrement dit, divers facteurs concourent à expliquer une
pareille dilléreiice de toxicité.
Or, il n'est pas sans intérêt de connaître l'influence exercée par cet acide
lactique administré par la bouche. A notre époque, des coutumes alimen-
taires ou thérapeutiques récemment développées font qu'on consomme
abondamment des produits tels que le képhir, le lait caillé, les pâtes ali-
mentaires, etc. , susceptibles de livrer une notable proportion de ce principe.
Sans doute, au point de vue des fermentations putrides digestives, ses heu-
reux effets sont rais en évidence par les améliorations enregistrées pendant
certaines gastro-entérites; néanmoins, il convient de se tenir en garde
contre les conséquences d'un usage excessif.
Une nouvelle catégorie d'expériences apprend que, pour engendrer des troubles va-
riés, il suffit, durant 2 ou 3 semaines, tous les 3 ou 4 jours, soit d'injecter, sous
la peau de lapins pesant environ 2^?, oe,oi à os, o5 d'acide lactique étendu (-), soit de
faire ingérer à ces lapins des proportions correspondant à une dose quotidienne de i^.
Dans ces conditions, alors que, normalement et par litre, la teneur des urines en
matières minérales ne dépasse pas 7S, ordinairement chez les animaux acidifiés soumis
à une identique alimentation elle s'élève au-dessus de los. En outre, quand la durée de
(') Il est permis de rapprocher ces résultats de nombreuses constatations analogues
faites au cours d'anciennes expériences (\oir Soc. Biol. 1899). Toutefois, à cette
époque nous avons utilisé un mélange complexe formé de trois acides, lactique,
acétique, oxalique.
(') Tous les acides ne sont pas nuisibles au même titre; l'acide pliosplii>ri(|iif , par
exemple, peut être utile.
SÉANCE DU lO AVRIL 190'). IO7I
l'expérience est suffisante, exprimée en soude et pour loo, dans la glande biliaii-e l'alca-
linité fléchit de 0,028 à o,oi3 et, au sein du parenchyme rénal, de 0,01/4 à 0,011.
Physiologiquement limitée à la cavité stomacale, sous cette influence la réaction acide
s'éterid quelque peu au delà du duodénum. — Histologiquement, dans les viscères,
dans les reins, avant tout dans le foie, on décèle des hémorragies, parfois un léger
degré de sclérose ; mais la plus curieuse altération consiste dans l'apparition, au pour-
tour des lobules hépatiques, d'îlots clairs formés de cellules dépourvues de graisse, de
protoplasma, de noyau, réduites en définitive à leur enveloppe, véritable membrane
propre ou simple couche périphérique du cytoplasma plus ou moins épaissi (M. Entre
ces zones détériorées et les parties saines, les transitions sont brusques.
Ainsi, dans ces territoires, on constate l'absence de nombj'eiix noyaux
qui, à l'état normal, pour un unique élément anatomique de la glande
biliaire, sont fréquemment doubles; avec eux doivent fatalement dispa-
raître leurs principes constituants, c'est-à-dire des albumines pliosphorées,
des nucléines, sources des bases xanthiques, de l'acide uriquc, etc. Or,
d'après M. Desgrez et M"^ Guende (^), au cours de cette dyscrasie acide,
c'est précisément sur cette catégorie d'albumines que porte spécialement
la destruction et la dislocation de ces substances fait qu'aux émonctoires il
est possible de retrouver leurs dérivés xanthiques ou urique : l'Histologie
et la Chimie se complètent.
Ajoutons que d'anciennes expériences (') permettent de prévoir, consé-
cutivement à ces injections d'acides, un abaissement de la résistance de
l'organisme aux infections. J'ai reconnu qu'à l'égard de la tuberculose cet
abaissement peut être très considérable; ainsi l'inoculation d'une culture
de bacilles de Koch, assez atténuée pour laisser les témoins survivre
durant 6 à 8 semaines, en i^ ou 16 jours amène la mort de cobayes soumis
à ces injections, et déjà les granulations sont manifestes ( '). Or, aussi bien
que cet acide lactique et pour une part en provoquant, surtout dans les
cavernes, la genèse de ce corps, le virus tuberculeux évoluant entraîne et
la diminution de l'alcalinité humorale et la déminéralisation, phénomènes
dont il est aisé de concevoir les multiples influences nuisibles; en d'autres
termes, grâce à ce virus, on voit se réaliser deux modifications propres
(') Ces préparations, dues à M. Le Play, fournissent, pour la solution de cette
tion de structure, d'importants renseignements.
(') \oir Soc. bioL. mars igoS.
(') Exp. de M. Arloing, de MM. NoCard et Roux.
(*) Exp. faites avec MM. Dehérain et di Chiara.
1072 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à exercer sur son développement une puissante action. Dès lors, sans vou-
loir tout réduire à ces facteurs, nos recherches montrent par quel méca-
nisme les processus bacillaires engendrent une sorte d'anaphylaxie : par
suite, on comprend comment une première atteinte du mal prédispose
à des poussées ultérieures.
GÉOLOGIE. — Sur l'âge du granité des Alpes occidentales et l'origine
des blocs exotiques cristallins des Klippes. Note de M. C.-G.-S. Sandberg,
présentée par M. de Lapparent.
L'examen pélrographique de diverses roches des Alpes, joint à une étude
approfondie des cartes géologiques détaillées de la France et de la carte
géologique de la Suisse, m'a conduit à constater que, dans les Alpes occi-
dentales et suisses, les parties frontides et médianes des anticlinaux ne
présentent que peu ou point de métamorphisme. Au contraire, dans leurs
parties profondes, le métamorphisme va en augmentant à mesure qu'on se
rapprociie de leurs racines.
Par contre, les charnières des synclinaux sont fortement métamorphi-
sées, et la transformation diminue d'intensité à mesure qu'on s'éloigne de
ces charnières. Enfin, le phénomène A'a toujours en s'accentuant quand on
marche de l'extérieur vers l'intérieur des Alpes.
Il s'ensuit forcément que la cause à laquelle est dû le métamorphisme
agissait encore pendant la période du plissement, et que son siège doit être
cherché dans la partie profonde du géosynclinal, que seule l'intensité du
plissement a pu tenir éloignée des charnières anticlinalesen la rapprochant
des charnières synclinales.
En recherchant la cause de ce métamorphisme, j'ai constaté, en me ba-
sant sur les travaux de divers auteurs, que, dans quelques-uns des syncli-
naux, des dépôts d'âge relativement récent se sont transformés en cor-
néennes, schistes à minéraux, etc.sortesde transformations qui ne peuvent
être produites que par Vinjluence directe de roches èruptives non encore con-
solidées et rentrent dans ce qu'on appelle le mi'tamorphisme de contact.
C'est donc à des roches èruptives sous-jacentes qu'il convient de les
attribuer.
Comme d'ailleurs, dans les synclinaux en question, il y a des sédiments
d'âge oligocène qui sont devenus cristallins, la conséquence est que ces
roches èruptives doivent être considérées comme oligocènes.
SÉANCE DU !0 AVRII. 19OJ. I oyS
Enfin, les manifestations dynamiques étant allées en s'accentuant de l'ex-
térieur à l'intérieur de la chaîne, on doit s'attendre à constater, dans cette
direction, une augmentation de l'intensité du phénomène, dû aux mouve-
ments de la roche éruptive sursaturée d'agents minéralisateurs, mouve-
ments qui facilitaient la sortie de ces derniers.
Il suit également de là que les représentants non métamorphiques des
terrains sédimentaires doivent se rencontrer, dans les nappes de charriage,
en compagnie des témoins étirés du noyau éruptif qui a pris part au plisse-
ment.
Ces témoins se trouvent, en effet, dans certains blocs exotiques des Klippes,
lesquels, comme on sait, sont de la même nature que le granité des Alpes.
Je suis ainsi conduit à regarder le granité des Alpes occidentales comme
étant d'âge oligocène. J'y vois une explication rationnelle du mode d'ac-
centuation du métamorphisme alpin, question qui, soulevée en iqo3,
comme l'une des plus importantes, au Congrès géologique de Vienne, y
était restée sans solution, aussi bien que celle de l'origine des blocs cristal-
lins exotiques.
Je me propose, du reste, de développer ces considérations dans un pro-
chain travail.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le tremblement de terre de Lahore et les
variations de V aiguille aimantée à Paris. Note de M. Th. Moureaux,
présentée par M. Mascart.
Les journaux ont annoncé que des secousses de tremblement de terre,
d'une grande violence, ont été ressenties le 4 avril, dans la journée, à
Lahore (Indes britanniques).
Les dégâts sont considérables : un grand nombre de maisons se sont
écroulées, notamment l'hôtel de ville; la gare, qui est une sorte de forte-
resse, est gravement endommagée, ainsi que la cathédrale; de nombreuses
personnes ont péri.
Sur les courbes de variations magnétiques relevées à l'Observatoire du
Val-Joyeux le 4 avril, on remarque des épaississements dus aux vibrations
des aimants, depuis i'' 19™ jusqu'à i''4i"du matin (temps moyen de Paris),
soitde6'"7'" '' s la séance nu '^ avril 190.1.
La Chimie minérale, ses relations m'ec les autres sciences, par Henki Moissan,
Membre de rinstilul. Paris, G. Steinheil, 1904; i fasc. iii-8». (Hommage de l'auteur.)
M. Edmond Maillet adresse soixante-deux brochures sur divers sujets de Mathéma-
tiques, de Mécanique, d'Hydrologie, de Météorologie, et une Notice et son supplé-
ment sur ses travaux scientifiques. 62 fasc. de divers formais.
Poissons des côtes d'Espagne et de Portugal (océan Atlanti<[uo), par A. Clignv,
Directeur de la Station aquicole de Boulogne-sur-Mer; ■!' partie. S. I. n. d. ; i fasc.
in-4°.
SÉANCE DU lO AVRIL igoS. loyS
■ Bulletin de la Société zoologique de France; t. XXIX, n"' 1-9, janvier igo/i-février
igoo. Paris, au siège de la Société ; 9 fasc. in-8".
Novo planisfero ad usa délia Marina, per IJ.-F. Faccin. Pavie, 1900 ; i fa:c. in-8°.
(Hommage de l'auteur.)
Das electro-pneumatisclie Molorsystern der Atniosphdre als ein Teil des allgemei-
nen Natur-Mechanismus, von Konrad Keller ; zweiteumgearbeitete Auflage. Zurich,
1904; I fasc. in-S".
Revista de Cliimica para e applicada; fundalores : Prof. A.-J. Ferreira da Silva,
Prof. Alhehto d'Aguiar, José Pereira Salgado; anno I, n^^ 1-3, i5 de janeiro-i5 de março
de iqo). Porto; 3 fasc. in-S".
Ouvrages reçus dans la séance du 10 avril igo5.
Rapport sur les travaux du Bureau central de l' Association géodésique interna-
tionale en 1904 et programme des travaux pour l'exercice de igo5. Leide, E.-J. Brill,
igoS; I fasc. in-/i°.
Les végétaux utiles de l'Afrique tropicale française, études scieiililiques et agro-
nomiques publiées sous le patronage de MM. Edmond Perrier, Membre de l'Institut,
E. Roume, par M. Auguste Chevalier; vol. 1, fasc. 1. Paris, Ph. Renouard, igoS; i fasc.
in-8°.
Recherches spéléologiques dans la chaîne du Jura, par E. Fournieu, 6" campagne
igo3-i9o4, avec 8 figures. {Spelunca, t. V, n" W.) Paris, au siège de la Société de
Spéléologie, igoS; i fasc. in-8''.
Annuaire de la Fondation Thiers. igo5, nouvelle série. Issoudun, imp. Gaignaull,
igo5 ; I fasc. in-8".
L'Anthropologie, paraissant tous les deux. mois. Rédacteurs en chef : MM. Boule,
Verneau; t. XVI, n° 1, janvier-février igo5. Paris, Masson et C'"; i fasc. in-S».
Anuario de la Real Academia de Ciencias cxactas fisicas y naturales, igoS.
Madrid; i vol. in-24.
El tercer aniversario de la fundacion de la Sociedad astronomica de Mexico, por
J. Galindo y Villa. Mexico, igoS; i fasc. in-12.
The University of Missouri. {Bull, of the University of Missouri, vol. VI, n" 1,
january igoS.) i fasc. in-8°.
Annual report of ihe hoard of scientificadvicefor India, for «Ae year igoS-igo/i,
by A. -T. Gage. Calcutta, Imprimerie du Gouvernement, igoS; i fasc. in-zi".
The American Ephenieris and Nautical Almanac for the year 1908, first édition.
Washington, 1904; i vol. in-4°.
Bergens Muséum. Aarsberetning for 1904. Bergen, igoS; i fasc. in-8°.
JO76 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Bergens Muséums aarbog 190/4, udgivel af Bergens Muséum ved D"- .1. Bri;m:horst.
Bergen, igoS; i fasc. in-S".
Archives du Musée Teyler; série II, vol. IX, i" et 2= parties. Haarlem, igo^; 2 fasc.
in-4°.
Revisla de la Real Academia de Ciencias exaclas. fisicas y naturales de Madrid;
t. II, n" 1. Madrid, igoS; i fasc. in-8".
W 15.
TABLE DES ARTICLES (Séance du lO avril 1903.)
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIONS
MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
1. H. Deslandres.
connaissance de
couro
dehors des éclipses totales
M. A. Lacroix
olaire
Conclusions à tirer de
TludTdes enclaves homœogènes pour la
connaissance d'une province pelrogra-
phique. Sanlorin...,
M. Gaston Bonnier.
teau des Nilghirris .".",•■■".'■,■■
M E -L. Bouvier. - Sur les Peneides et les
'Sténopides recueillis par les expéd.l.ons
françaises et monégasques dans 1 Allan-
Les plantes du pla-
M. A. CllAUVEAU.
Pages
Le conflit de l'image
lage accidenlelle, ap-
pliqué à la théorie de l'inévitable variabi-
lité des impressions rétiniennes qu'excitent
les objets éclairés par des sources lumi-
neuses de valeur constante ••
M. DE l<0RCRAND. - Chaleur de formation de
l'hydrure de sodium. Acidité de la molé-
cule d'hydrogène ','"'À "
MM. R. LÉPINE et BoULi-D. - Sur la réduc-
tion de l'oxyhémoglobine
M. Grand'Eury. - Sur les liliabdocarpus
les "raines et l'évolution des Coidailées.,
9S4
993
993
RAPPORTS
M H. PoiNC.^RE. - Rapport présenté au
nom de la Commission chargée du contrôle
ilique des opérations géodésiques •
NOMINATIOIMS.
Commission chargée déjuger 1«^°"^°"" ^"
prix Francceur pour igoo : MM- Joidan,
Poincarë, Emile Picard, Appelle Pain-
levé, Humbert. Maurice Levy. Darboux,
Boussinesq •
Commission chargée de juger lés concours
des prix Montyon (Mécanique;, Fourneyron,
Poncelet pour 190.5 ; MM. Maurice Levy,
Boussinesq. Deprez . /-caule. •'^e^'ii-i'
Vieille, llalon de la Goupilberr. Schlœ-
siiig, f'oincaré ; '
Commission chargée déjuger les eonc.urs du
prix exlruor.linaire de la Manne et du
prix Plumey pour 190a : Maurice Lcvy,
Bouquet de la Grye. Grandulier. Bous-
sinesq, Deprez, Leauté, Bassol. Guyou,
Sebert, Hatt, Berlin, Vieille
Comi
chargée de juger les (
ursdes
prix Pierre Guzman, Lalande, Vak, 0. de
Poiitécoulant, Damoiseau pour .903 :
MM. Janssen, Lœwy, Wolf, Badau.
Deslandres, Bigourdan, Poincarë, Lipp-
mann. Darboux "" '
Commission chargée de juger les concours
des prix Gay, Tchihatchef pour 1905 :
MM. Bouquet de la Grye, Grandidier,
Bassot, Guyou, Hatt, Berlin, de Lappa-
rent. Perrier, Van Tieghem 'o»"
Commission chargée déjuger les concours
des prix Hébert, Hughes, Ga=ton Plante,
La Caze pour 190) : MM. Mascart, Lipp-
mann. Becquerel. I^olier. Violle, Ania-
gat. Berthelol, Poincarë, Maurice Levy. 1007
CORRESPONDANCE
Il WSli'i
— Observations
aclinome-
MM. RaMBAud et Sv
1 l'Ob-
coudé
„,„etdu mont Bla
icen 190V
comète Giacobini (
Kjoj, a) faites
M.
'
..■
un. — Sur legenr
e des lonc-
servatoire d'Alger,
à l'equatorial
01,
. fuliere
N- 15.
SUITE DR LA TABLK DRS ARTICLES.
Pages.
M. V. Zf.uvos. — Sur le problème de Mongc. ioi3
M. Belzecki. — Sur l'équilibre d'élasticité
des voûtes en arc de cercle i"i6
M. L. ToRRES. — Sur la stabilité longitudi-
nale des ballons dirigeables icuç)
M. A. Lf.dIjC. — Sur le diamagnétisme du
bis
M. Pierre Massoulier — Contribution à
l'étude de l'ionisation dans les flammes...
M. Chanoz. — Sur la variation de la diffé-
rence de piilenliel au contact des dissolu-
tious miscibles d'électrolytes
M. N. Egoroff. — Sur le dicliroïsme pro-
duit par le radium dans le quartz inco-
lore et sur un phénomène thermo-électrique
observé dans le quartz enfumé à stries...
M. V. Crkmieu. — Dispositif auto-amortis-
seur applicable aux mouvements pendu-
laire et oscillatoire
M. Em. Touchet. — Sur une photographie
d'éclair montrant une incandescence de
l'air
M. Marcel P. -S. Guédras. — Sur l'éthérifi-
calion de la glycérine
MM. Lespieau et Chavanne. — Liquéfaction
de l'aliène et de l'aHylène
M. A. Frébault. — Sur l'hydrogénation du
benzonitrile et du paratolunitrile.
MM. LÉO ViGXON et A. Slmonet. — Diazoa-
minés secondaires
M. André Klinq. — Sur les hydrates d'acétol.
M. Pai'l Lebeau. — Sur l'emploi des métaux
ammoniums en Chimie organique : prépa-
ration des carbures forméniques
M. Fred. Wallerant. ' — Sur l'isodimor-
Pl-isme
M. Henri Jumelle. — Une nouvelle Euphorbe
à caoutchouc
Bulletin biblioghaphioie..
Pages.
M. Paii. Bkoquerel. — Action de l'éther et
du chloroforme sur des graines sèches 10^9
M. S.. Perrier. — Sur la formation et le rrMe
des matières grasses chez les Champignons io.5>
M. Rémy Perrier. -Sur quelques points de
l'anatomie des organes mâles des Édenlés
Tardigrades, et sur leurs moyens de fixa-
M.M. L. Lapicque et P. Girard. — Poids de
l'encéphale en fonction du poids du corps
chez les Oiseaux 1057
M. Th. Lullin. — Sur l'alternance des
éclipses et des éclats des objets faible-
ment éclairés loScj
.MM. M. PiETTRE et A. V'iLA. — Spectroscopie
du sang et de l'oxyhèmoglobine lofio
M. F. Maignox. — Sur la présence normale
de l'alcool et de l'acétone dans les tissus et
liquides de l'organisme io63
MM. HuGOUNENQ et Morel. — Recherches sur
l'hématogène io65
MM. X. Fernbach et J. VVolff. — Influence
de l'état de liquéfaction de l'amidon sur sa
transformation par les diastases sacchari-
fiautes 1067
M. Chabrin. — Dyscrasie acide expérimen-
tale (Modifications de l'organisme. Varia-
tions toxiques. Lésions spéciales. Ana-
phylaxie tuberculeuse) 10C9
M. C.-G.-S. Sandberg. — Sur l'âge du gra-
nité des Alpes occidentales et l'origine des
blocs exotiques cristallins des Klippes.... n'-i
.VI. Tu. MouREAUX. — Sur le tremblement de
terre de Lahore et les variations de l'ai-
guille aimantée à Paris 10-3
M. Francis Laur envoie une nouvelle Com-
munication (( Sur la découverte du terrain
houiller exploitable en France « 10-4
P\RIS. - IMPRIMKRIE (iVUTHlKR-VILLARS.
Quai des Grands-Augustins, 55.
1905
30M premii:r sesiestre.
COMPTAS RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
N" 16 (17 Avril 1905).
V.T
PARIS,
GAUTHIER-VILIARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai (les Grands-Augustins, 55.
1905
RÈGLEMENT REimF ALI COMPTES RENDLS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 2.\ mai 18-0
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l'Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
/|8 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Ar.TICLE 1'^
Impression des tixivaux
r Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
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cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académiff avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des piix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
les Savants étrangers à lAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Seciétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'' Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au-
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas xMembres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis., Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer 'àe chaque Membre doit être remis!
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard
le jeudi à lo heures du matin ; faute'd'être remis
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans 1
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé ai
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches,
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des' figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
L« tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article .5.
Tous les six mois, la Commission administrative
fait un Rapport sur la situation des Comptes rendui
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sontchnrgés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 17 AVRIL 1905,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison des fêtes de
Pâques, la séance du lundi 24 avril sera remise au mardi 2.5.
NAVIGATION. — Deuxième Note sur le principe des navires à flottaison
cellulaire; par M. Bertin.
En 1884, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, sous les auspices
de Dupuy de Lomé, une Note, insérée aux Comptes rendus du i3 mars, où se
trouve décrit un système de protection dont l'emploi s'est étendu peu à peu
à toutes les classes de bâtiments de guerre, cuirassés de ligne ou croiseurs,
et qui est universellement adopté depuis 4 ou 5 ans.
A la Note du i3 mars a été joint, comme l'indique cette Note, un extrait
de mes premiers projets de navires à flottaison cellulaire, dont le plus
ancien remonte au commencement de 1870, avec les calculs relatifs à l'effet
probable des projectiles sur l'immersion, l'assiette, la stabilité à\m navire
disposé suivant ce système. Ces calculs, surtout ceux relatifs à la stabilité,
ont reçu, depuis 21 ans, des développements importants.
A la fin de celte même Note, l'adoption simultanée du cuirassement et
du cloisonnement était prévue par l'énoncé de cette remarque, que les
deux systèmes, loin de s'exclure, se prêtent un mutuel appui. Il est intéres-
sant de voir aujourd'hui comment s'est opérée la combinaison.
La lenteur, avec laquelle s'est accomplie la transformation annoncée pour
la flotte, surprendra peut-être. La cause n'en est point, chez nous du moins,
dans une démonstration insuffisante des principes qui commandaient cette
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 16.) 1^7
1078 ACADÉMIE DES SCIENCES.
transformation. C'est souvent en dehors de In discussion technique que se
trouverait l'origine des hésitations qui ont conduit, soit à des mesures tran-
sactionnelles insuffisantes, soit même à des retours en arrière que Dupuy
de Lomé n'eût point soufferts en son temps. Je n'ai du reste à mentionner
ces tergiversations que pour en signaler la disparition finale en France à
partir de 1898.
Deux motifs distincts ont eu raison des résistances qui s'opposaient à
l'adoption, sur les cuirassés, des dispositions déjà préconisées pour eux, il
y a 35 ans.
IjC premier de ces motifs a été l'impossibilité constatée de rendre impé-
nétrable, soit une ceinture de cuirasse, soit un pont blindé. La recherche
de l'invulnorabilité des jjarties vitales conduisait, dès lors, à placer le pont
et la cuirasse de manière à superposer leurs effets au lieu de les juxtaposer.
Le pont a pris ainsi la position qui convient aux navires à flottaison cellu-
laire; la ceinture est devenue une protection extérieure dp 1;» tranche prq-
teclrice, limitant le nombre des avaries dont aucune n'est mortelle, mais
qui deviennent dangereuses par leur muUi|)lication. Celte évolution logi(]ue
a été accomplie d'abord en Italie sur les cuirassés de la classe Sardegna; on
en trouve un exemple, contemporain du Sardegna, sur le petit croiseur
japonais Chiyoda, mis en chantier en 1888.
Le second motif a été l'insuffisance reconnue des dimensions de l'ancien
caisson blindé pour garantir la stabilité du navire contre les avaries cou-
rantes de combat. La nécessité de développer la surface cuirassée à la flot-
taison, soit dans le sens de la longueur, sur les navires anglais, soit dans
celui de la hauteur sur les nôtres, a conduit à réduire l'épaisseur des
plaques. L'obligation est ainsi devenue plus absolue, de superposer la pro-
tection du pont à celle de la ceinture, pour les parties vitales du navire.
Dans mes premiers projets, la hauteur de la tranche cellulaire a toujours
été suffisante pour assurer la stabilité, mais j'étais guidé, à celte époque,
par le sentiment des dangers possibles, bien plus que parle calcul. L'étutle
exacte de l'eflet des projectiles pour détruire graduellement la stabilité a
été faite à partir de 1890-1891 seulement; la méthode employée est décrite
dans une Note de M. Leflaive, insérée aux Comptes rendus du 23 mars 1896.
La question de la hauteur du caisson, au |)oint de vue stabilité, se prèle
à deux solutions.
La portion cuirassée du navire au-dessus de l'eau, qui doit assurer la
stabilité quand la superstructure en tôlerie a été criblée de projectiles, agit
sur la stabilité par ses deux dimensions transversales, par sa largeur et par
SÉANCE DU 17 AVlilL igoS. 1079
sa hauteur ('). Or, à égalité d'effet sur la stabilité, l'accroissement de hau-
teur et l'iiccroissement de largeur du cais-^on agissent très inégalement sur
le poids de cuirasse. En doublant, par exemple, la hauteur de la ceinture,
très insuffisante sur certains navires, on double le poids, déjà énorme, de
celte ceinture. Pour donner la même augmentation à la stabilité du caisson
blindé, il suffit d'accroître sa largeur du dixième environ, ce qui n'exige
qu'une addition de poids insignifiante. Ainsi, toutes choses égales d'ailleurs,
le déplacement du navire varie, selon que la stabilité protégée et cuirassée
est demandée, soit à la largeur du caisson, soit à sa hauteur.
La première solution, qui est celle des monitors, a été appliquée sur le
Henri-IV, où l'on rencontre la combinaison du monitor et du navire à su-
perstructures armées et habitables, propre à la longue navigation et au
combat en haute mer. Les similaires du Henri-IV, si le modèle se répand,
pourront s'appeler cuirassé s-monitors.
La seconde solution est adoptée en Angleterre depuis onze ans. Elle est
appliquée en France sur les cuirassés du type Patrie, mis en chantier en
1900, dont l'étude remonte à 1 891 . Elle est du reste suivie maintenant par-
tout. Elle comporte les formes usuelles de tous les navires, celles même
des paquebots, ou mieux celles des croiseurs. Par suite, les cuirassés pré-
sentant cette disposition peuvent assez justement recevoir le nom de cui-
rassés-croiseurs .
Pour préciser le sens et la portée des mots qui précèdent, il est bon de
noter que Celui de cuirassé-croiseur est pris, par opposition, à celui de
cuirassé-monitor. Quant aux noms des croiseurs Cuirassés et des cuirassés-
croiseurs, ils se trouvent accidentellement, par leur quasî-similitude,
exprimer les grandes ressemblances existant, en fait, entre les deux sortes
de navires qu'ils désignent.
J'ai préparé jadis deux projets de monitors à flottaison cellulaire, le
16 juin 1870 et le 5 juin 1878, 20 ans, puis 12 ans avant l'étude des cui-
rassés type Patrie. Cette antériorité ne provient pas d'une préférence
arrêtée pour l'un des deux modèles actuels; elle a eu sa source dans la
conviction que la limite de déplacement fixée par les programmes de 1870
et 1878 ne permettait pas de construire des cuirassés-croiseurs, sans le
sacrifice complet des conditions de stabilité indispensables.
Le parallèle entre les deux systèmes de ouifassés met en lumière trop
(') La celnluie cuirassée a toujours régné, en France, sur toute la longueur tlu na-
vii-e.
Io8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'avantages ou de défectuosités propres à chacun d'eux, pour qu'il soit
permis de se prononcer sans une expéiience, approfondie. I^e cuirassé-
monitor, à égal déplacement et à mêmes qualités de vitesse et distance
franchissable, aura une cuirasse plus épaisse ou une artillerie plus formi-
dable; de plus, il se prête mieux à la protection contre la torpille White-
head. Le cuirassé-croiseur présente des dispositions générales plus
conformes aux habitudes maritimes et offre plus de commodités de loge-
ments; il court moins de dangers du côté des coups de pont; enfin, il se
prête à toutes les combinaisons intermédiaires conduisant au croiseur-
cuirassé, tandis que son rival est essentiellement distinct du croiseur. La
raison décisive, qui pourrait fixer le choix entre les modèles Henri-IV el
Patrie, pour les cuirassés à grand déplacement de l'avenir, serait une diffé-
rence accentuée dans la manière de se comporter sur la houle du large.
Les premiers essais, en concordance avec les calculs théoriques, indiquent
que le Henri-IV \)onTr&\l faire feu de toute son artillerie par des temps qui
interdisent aux cuirassés-croiseurs l'usage des pièces de gros et de moyen
calibre. Une campagne à la mer, dans des conditions comparatives, serait
nécessaire |)Our permettre de voir, de ce fait, dans le cuirassé-monitor, le
véritable navire de combat de haute mer.
Il reste un mot à dire de l'application de la ceinture cuirassée à la tranche
cellulaire des croiseurs.
Les premiers croiseurs cuirassés ont été dotés d'une vitesse peu supé-
rieure à celle des cuirassés-croiseurs actuels. Le Dupuy-de-Lome et ses
dérivés ont ainsi un rang intermédiaire entre les navires de course et ceux
de combat. Le Jeanne-d' Arc représente la première tentative pour combiner
les qualités nécessaires à tous les croiseurs, avec le cuirassement assurant la
supériorité militaire sur les croiseurs sans cuirasse; son modèle s'est vite
répandu et, après quelques retours malheureux en arrière, il s'est déve-
loppé jusqu'à atteindre, chez nous comme ailleurs, i4ooo* de déplacement.
Les croiseurs cuirassés, qui n'auraient pas besoin, à mon avis du moins,
d'être très nombreux, ne peuvent pas se dispenser d'être très gros. L'effet
de la combinaison d'une belle vitesse alliée à une grande puissance militaire
se fait également sentir, d'ailleurs, sur le développement des cuirassés-
croiseurs. Le navire le plus récent de cette classe, mis en chantier à
Yokoska, sur le modèle agrandi des derniers cuirassés anglais, dépla-
cera 19000'; il ne va guère coûter moins de 5o millions au budget du Japon.
Je joins à la présente Note un exemplaire de deux Mémoires formant
aujourd'hui la suite de l'extrait de mes premiers projets annexé à la Note
SÉANCE DU 17 AVRIL igoS. Io8l
du i3 mars 1884. Les trois documents réunis donnent l'exposé assez com-
plet de l'étude que j'ai commencée à la fin de 1869 et que je viens seule-
ment d'achever, au sujet de la protection du navire de combat.
Le premier de ces Mémoires, qui remonte au i5 juin 1900, a été écrit
pour les constructeurs. Il indique surtout les précautions à prendre dans
la construction des cofferdams, dans l'emménagement de la tranche cellu-
laire, et dans tout ce qui concerne la protection des écoutilles du pont
blindé.
Le second Mémoire, le plus important des deux, qui porte la date du
25 février 1904, est particulièrement destiné aux commandants des navires
à flottaison cellulaire. Il contient l'exposé des mesures à prendre, pour
tirer tout le parti possible des moyens de défense actuels, qui ne sont pas
encore connus universellement, bien qu'ils n'aient pas varié depuis la pre-
mière application faite sur le Sfax. Ce Mémoire renferme aussi l'exposé
des résultats connus sur l'effet des avaries de combat au point de vue de
la stabilité, résultats qui constituent la principale addition faite, depuis la
Note du i3 mars 1884, à l'étude du princi|)e des navires à flottaison cellu-
laire.
Le Mémoire du 25 février 1904 présente une lacune assez importante,
relative à l'évaluation du moment d'inclinaison, auquel le navire est sou-
mis pendant le combat et auquel le moment de stabilité après avaries doit
faire équilibre. La solution du dernier des problèmes que j'ai eu à me
poser, relativement aux propriétés défensives du navire à flottaison cellu-
laire, est donnée dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à
l'Académie le 6 février igoS.
PATHOLOGIE. — Trailemerit mixte par V acide arsénieux et le trypanroth
des infections dues au Trypanosoma gambiense. Note de M. A. Laverax.
Dans des Notes antérieures j'ai montré qu'on obtenait de bons résultats,
dans le traitement des trypanosomiases et eu particulier des infections pro-
duites par Trypanosoma gambiense, chez le rat et che^ le chien, en asso-
ciant l'acide arsénieux au trypanroth et en faisant des traitements successifs
à l'aide de ces médicaments (').
J'ai poursuivi ces recherches et je les ai étetKhies aux singes, les résultats
(' ) A. Laveran, Comptes rendus, séances des 4 juillet 1904 et 3o janvier igoS.
Iô82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que j'ai obtenus chez ces animaux confirment ceux que j'ai déjà fait con-
naître pour fl'autrés espèces animales.
L'expérience dont je désire rendre compte aujourd'hui a porté sur deux
Macacus sinicus infectés avec (ki virus provenant d'un nègre de l'Ougaiida
atteint de maladie du sommeil, virus qui m'a été fourni très aimablement
par M. le D'" D. Bruce.
Ce virus est très actif pour les macaques. Deux M. rhésus inoculés à
l'Institut Pasteur avec ce virus de l'Ouganda sont morts en 33 et 63 jours ( ' ).
L'acide arsénieux a été donné à la dose de i™^, le trypanroth à la dose
de 2"=s environ par kilogramme d'animal.
J'ai employé, en injections hypodermiques, la solution arsenicale dont
la formule suit :
Acide arsénieux. -. o,5o
Bicarbonate de soude o,5o
Eau distillée ... 200,00
ce qui donne une solution d'acide arsénieux à 2 pour 1000.
Ces injections n'ont provoqué aucun accident chez les singes.
Le trypanroth a été administré aussi en injections hypodermiques, je me
suis servi d'une solution à. 2 pour 100.
Sous l'influence des injections répétées de trypanroth, la peau des
singes prend une coloration d'un rose vif qui donne à ces animaux un aspect
singulier; cette coloration est surtout apparente à la face. Les urines sont
fortement colorées en rose; il m'a été impossible de recueillir les urines
pour rechercher si elles étaient devenues albumineuses à un moment donné.
Deux mois après la cessation du traitement, la coloration rose de la
peau commence à s'effacer, mais elle est encore très apparente.
L'un des singes (n°Ii) a présenté, au cours de son traitement, un
larmoiement très marqué cpii s'explique probablement par la présence de
trypanroth dans la sécrétion des glandes lacrymales.
Le singe n" I a été soumis à quatre traitements successifs, à 8 ou 10 jours
d'intervalle, chaque traitement comprenant : une injection hypoder-
mique d'acide arsénieux et, 2 ou 3 jours après, une injection de
trypanroth. Le singe n° II n'a subi que trois traitements.
Je résume les observations des deux singes.
(') A. LAVEHANet F. Mesnil, Trypanosomcset Trypanosomiases, P
SÉANCE DU 17 AVRIL IQoS. Iq83
I. Un Macacus sinicits, mâle, pesant ii*?, 58o, est inoculé |e 5 janvier igoS sur un rH
infecté fie Trypan. gafubiense (virus de l'Oug^iuln). A cpl effet ^\\i sang cjijué cju rat
est inpculé sous la peau d'une des cpisses. L'ex^amen à\\ sang du singe fait avant l'ino-
culiilion n'a rien réyélé d'anormal. — i5 janvier. Trjpanosonies très rares dans le sang
du singe. — 16 janvier. Trypanosoraes rares. Le singe reçoit : acide arsénjeux,
i"'8, 5 en injection hypodermique. — 18 janvier. Je ne trouve plus aucun trypanosome
à l'examen du sang; trypanrolli 3''s. — 23 et 34 janvier. Examens du sang négatifs. ^
24 janvier- Acide arséniens, i"??, 5- ^- ^6 janvier, frypaprpth, 3"^^. — Les exapnens
du saqg fajfs les a(5 et 29 jsnyipc et 3 février sont négatifs. — 3 février. Acide arsér
niepx, i""?, 5. — 6 février. Jrypan|oth, 3"^?. — 9 février. Examen du sang toujours
négatif. Le singe va très bien, il pèse i""?, 63o. La peau a pris, surtout à la face, une
couleur d'un rose vif. — 17 février. Aucun trypanosome à l'examen du sang. — 18 fé-
vrier. Acide arsénieux, i^i,b. — ai février. Trypanroth, 3'5. — Du 23 février au
17 avril, l'examen du sang fait tous les 4 à 5 jours est constamiuent négatif. Le sjnge va
très bien, jl ppsp i''p, 630 le 21 paars et }''s, Ciio le 8 avril. Dans les premiers jpurs
d'avril la teinte rouge produite par le Irypanrolli conamence à diminuer d'intensité.
II. Un Macacus sinicus femelle, pesant i''s,8oo, est inoculé le 12 janvier igoS sur
un lat infecté de Trypan. gambiense (virus de l'Ouganda). Le sang du rat, dilué
dans de l'eau citratée, est inoculé sous la peau d'une des cuisses. Le sang du singe exa-
miné au préalable n'a rien montré d'anormal. — 22 janvier. L'examen du sang du singe
révèle l'esislpuce de trypanosomes rares. Inoculation sous-cufanée d'acide arsénieux,
2""?. — 24 janvier, pxarnen du sang négatif; trypnnrpth, i^%'. — Des examens du sang-
faits les 29 janvier et i" février sont négatifs. — i''"' février, acide arsénieux, 2™?. —
3 février, trypanroth, 4'°- — 9 février, pas de trypanosomes à l'examen du sang;
poids, i''s,89o. — i3 février, exanien du sang négatif; trypanroth, 3"'s. — Du 17 fé-
vrier au 17 avril l'examen du sang fait tous les 4 à 5 jours ne révèle jamais la présence
de trypanosoraes. Le singe est coloré en rose vif, cette coloration est surtout apparente
à la face. A la fin de février et au commencement de mars, on note du larmoiement.
Les urines sont fqrtement teintées en rose. Le poids varie peu; 8 mars, i''?, 79P;
2t mars, i'<5,86o; 8 avril, i"*?, 830.
Le.s singes I el II dans le sang de.sqiiels aucun trypanosome n'a été vu,
depuis 89 joui-s chpz l'un, depuis 83 jours chez l'autre, me paraissent guépi^,
(]es expériences, comme mes expériences antérieures sur des rats et des
chiens, alteslenl l'efficacilé de la méthqde thérapeutique que je préconise
et qtii i^eut se résumer ainsi : traitements successifs à 8 011 10 jours d'inter-
valle, chaque traitement coiTiportant une dose forte d'acide arsénieuîf (en
injection sous-cutanée ou intra-veineuse) et une dose forte de trypanroth ;
trois à quatre traitements suffisent en général.
L'acide arsénieux a été employé avant moi, par un grand nombre d'obser-
vateurs, dans le traitement des trypanosomiases et le mérite d'avoir décou-
vert les propriétés du trypanroth revient à MM. Ehrlich et Shiga, mais, si
l'on réfléchit que ces médicaments, employés isolément, ne procurent,
Io84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans les trypanosomiases, que des améliorations passagères et que le traite-
ment mixte ne réussit pas non plus, en général, si l'on attend les rechutes
pour le reprendre, on voudra bien, je l'espère, reconnaître que j'ai fait faire
un progrès à la question. J'ajoute que les infections que j'ai réussi à guérir
ont une évolution qui était considérée jusqu'ici comme toujours ou presque
toujours mortelle chez les animaux employés dans mes expériences.
Il n'y a pas de motif pour que le traitement qui a réussi dans les infec-
tions expérimentales du rat, du chien et des singes par Trypanosoma gam-
hiense ne réussisse pas également dans les infections naturelles, chez
l'homme, et je crois que, dès maintenant, on serait autorisé à essayer de ce
traitement chez des sujets atteints de trypanosonùase. La difficulté sera de
déterminer les doses d'acide arsénieux et de trypanrolh qui devront être
prescrites; des tâtonnements seront inévitables. Les chances de succès
seront d'autant plus grandes que la maladie sera à une période moins
avancée de son évolution. Il est douteux que le traitement puisse donner
encore de bons résultats quand les accidents du côté du système cérébro-
spinal ont acquis une certaine intensité; on se rappellera d'autre part que
le trypanroth est irritant pour les reins ('), on surveillera les urines et l'on
ne prescrira pas ce médicament aux malades atteints de néphrite.
IVOMEVATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Commis-
sions de prix chargées de juger les concours de l'année igoS.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Chimie : Prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts insalubres), La Gaze, Bor-
din. — MM. Troost, Gautier, Moissan, Dilte, Lemoine, Haller, Berthelot,
Schlœsing, Carnot.
Minéralogie et Géologie : Prix Delesse, Fontannes, Alhumbert. —
MM. Gaudry, Bertrand, Michel Lévy, de Lapparent, Lacroix, Barrois,
Zeiller, Moissan, Perrier.
Botanique : Grand prix des Sciences physiques, Prix Desmazières, Mon-
tagne, Thore. — MM. VauTieghem, Bornel, Guignard, Bonnier, Prillieux,
Zedler, Perrier, Giard, Chatin.
(') A. Laveran, Comptes rendus, 3o janvier igoi.
SÉANCE DU 17 AVRIL igoa. Io85
Zoologie : Prix Savigny. — MM. Ranvier, Perrier, Chatin, Giard,
Delage, Bouvier, Grandidier, Laveran, Lannelongue.
MÉDECINE : Prix Montyon {Médecine et Chirurgie), Barbier, Bréanl,
Godard, du Baron Larrey, Bellion, Me'ge, Dusgate, Serres.— MM. Bouchard,
Guyon, d'Arsonval, Lannelongue, Laveran, Dastre, Roux, Delage, Perrier,
Chauveau, BrouardeL
CORRESPONDANCE .
ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle comète Giacobini (i()o5, mars 26),
faites à l'Observatoire de Toulouse {écjuatorial Brunner-Henry^; par M. F.
RossARD, présentées par M. Lœwy.
Date:
1905
Étoiles
Comète.
- Étoile.
Nombre
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(0.
comparaisons
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+ 2.23,6
18:20
Positions des étoiles de j:oinparaisoii.
Dates.
1905.
■*•.
r.r.
Asc. droite
moyenne
1905,0.
Réduction
jour.
Déclinaison
moyenne
1905,0.
KéducLion
Autorités.
ivril 7..
8..
8..
a 1336BD
61 32 1 BD
c 1332BD
9,4
9,3
9,0
6.30.39,5
6.35.52,1
6.36.57,80
+ 0, (3
+ 0, 12
+ 0,12
+25. 17', 8 -7:4
+26.31,4 -7,0
+ 26.30.39", 2 -7,0
Posit. approchée
Posit. approchée
Cambridge, noSWO
1905.
Avril
Positions apparentes de la comète.
9. 3.18
8.07.10
8.57. 1 3
Ascensio
droite
6.31.DI,:
6. 35. 28,:
6.35.28,1
,073
,575
apparente.
+25.24,3
+26.32 ,3
+26.32.55",8
o,585
0,564
0,564
Hemeslre. (T. G.\.L, N° 16.
138
lo86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur V équation différenlielle y" -ir\k(x) y ~ o.
Note de M. Max Maso.v, préseiilée par M. Emile Picard.
Beaucoup de questions liées à l'équation différentielle
(i) y' + ^A(ir)j = o
sont des cas spéciaux du problème : Délerminer le paramètre 1 de façon
qu'il existe une solution de l'équation (i) qui satisfasse aux conditions
\ «./(«"O + «2.y(^2) + «3/(^0 +- a,y'{x.,) = o,
\ ^. j(-^<) + b._y{x,) + h,y\x,) + b„y'{x,) = o.
Je me bornerai ici au cas oîi l'on a d^^ = f/o,,, en écrivant rf^ = '^i^k — «a^;-
Pour qu'il existe une solution autre que zéro des équations (i), (2), \\
faut et il suffit que \ soit racine d'une fonction transcendante D(X). Si \ est
racine simple de D().), il y a une seule solution -i, ; si \ est racine double
il y en a deux, rj,, r,^.
D'autre part, si \ n'est pas racine de D(>.)> '1 existe une solution de
l'équation
(i') j" + ^A(a;)r=/(aO,
qui satisfait aux conditions (2) quelle que soit f{x). Il faut et \\ suffit que
la fonction f{x) satisfasse à la condition
(^)
/ /"y,, dx = o,
si \ est racine simple de D()v), et aux conditions
/ f-f] I dx — o, / fr,., dx = 0,
si 1 est racine double.
On prouve l'existence d'une suite infinie de i-acines réelles X,, de ])(>-)
d'une manière analogue à celle dont j'ai fait usage dans certains cas parti-
culiers (Math. Annalen, t. LVIIl, 1904-, Journal de Mathématiques, 5« série,
t. X, 1904).
Considérons les valeurs de l'expression
SÉANCE DU 17 AVRIL igoS. I087
formée pour les fonctions j qui satisfont aux équations (2) et à la condition
/ Al'- fix = T (A > o dans une partie au moins de l'intervalle).
Il existe une limite inférieure T.,, pour ces valeurs J(r) pourvu qu'on
ait, pour toutes les fonctions v<
c'est-à-dire si les coefficients a, b des équations (2) satisfont à une des
conditions suivantes :
," ^/,.2=<>, ^4., = 0;
2" (L,(l,, — cr\^::o, r/,,r/,,:o, d,,d^,lo;
3° r/,,r/,, — r/;,>o, r/,,d,,^o, d.,.,d^^>o.
La limite inférieure \ est racine de D( a). En effet, s'il en était autrement,
on trouverait qu'on pourrait déterminer une fonction /(a?), telle que la
solution de l'équation
satisfasse à toutes les conditions du problème minimum et donne à l'expres-
sion J une valeur moindre que >.„.
Ajoutons au problème de minimum la condition
/ kY„yd.v = o.
Soit >, la limite inférieure nouvelle des valeurs de J. Supposons d'abord
que X, = X„. Si >.„ n'était pas racine double de D(>.), il y aurait une solution
de l'équation
X"+X„ A. )- = ./,
sous les conditions (2), pour chaque fonction/, pourvu que
/"' V„./W.r = o.
Mais, comme auparavant, on démontre que cela est impossible. Si X, >>.o,
on démontre d'une manière analogue que T., est racine de D('X), et ainsi
de suite.
Il existe donc une suite infinie de racines \,, de D(l) et de solutions r„ des
équations (i). (2). La fonction y^ est solution du problème
J( v) = minimum
X
Io88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SOUS les conditions (/i.) et
I A.y-(Ix = }, I Ay,vdx=^o {i = o,i n — \),
et 1„ est la valeur minimum de J. On suppose
/ \.dx ^ o:
dans le cas contraire le tliéorème doit être légèrement modifié.
Si la fonction A change de signe, on arrive à une seconde suite infinie
de valeurs 1„ en remplaçant la condition
I A j- d.T = I par / A v" dx = — \ .
La méthode ci-dessus s'applique avec des modifications très simples à
l'équation
y"-i-p(.x)y-h[lA(cc) - B(^)].y =- o,
où B(a:) > o.
Examinons de plus près les solutions périodiques de l'équation (i)
quand la fonction A est périodique avec la période w, c'est-à-dire les solu-
tions de l 'équation (i) sous les conditions
(I) Y{a)—y(a-hoi) = o, y(a) — y(a-+-iù) = o.
Désignons les valeurs A„ dans ce cas par !,,„ et les solutions j„ par )',,„.
Écrivons de même 1^„, "a^ „ et y..j,,y-^,„ pour les conditions
(II) y(a)=o, y(a + co)=o,
(III) y(«)=o, v'(a + >,,„, !.„, I3,,, comme valeurs minima, on démontre
qu'on a
D'ailleurs, on sait par les théorèmes de Sturm que les fonctions Vj^, Vs.n
ont exactement n racines dans l'intervalle a < as- < a + w, si h fonction A
ne change pas de signe. D'où l'on démontre facilement le théorème :
Si la fonction A ne change pas de signe, les solutions périodiques y t^om-,,
J, 2„ ont exactement y.m racines dans l'intervalle a'^x .
SÉANCE DU 17 AVRIL ipoS. I089
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la relation qui existe entre la vitesse de com-
bustion des poudres et la pression. Note de M. R. Liouville, présentée
par M. Vieille.
Dans une Note récente {Comptes rendus, i3 mars igoS) j'ai montré
comment la pression, produite en vase clos par un explosif, s'exprime en
fonction du temps, quand la vitesse de combustion est proportionnelle à la
puissance | de la pression.
Si l'on voulait supposer que celte vitesse est proportionnelle à la pres-
sion elle-même, les formules, obtenues par un procédé tout analogue,
seraient encore plus simples; mais il y a une différence essentielle à signaler:
la pression atmosphérique, négligeable en toute hypothèse pour la partie
des courbes accessible à l'étude expérimentale, avait pu être remplacée
par zéro dans le cas de l'exposant |; la même simplification ne serait pas
permise dans le cas de l'exposant i , car la pression, supposée nulle d'abord,
resterait nulle indéfiniment. Je désigne, dans ce dernier cas, par j l'expres-
sion / yr '''''' 6" conservant pour tout le reste les notations antérieures et,
dès que y surpasse, par exemple, jj, je trouve que toute l'approximation
désirable est obtenue : 1° pour la pression, en employant la formule
P = — î—iil—; oo pour le temps, en emplovant la relation suivante :
1 — /■ 1^ ( / ) ' ' ' ■"
as/tii
où M représente le module des logarithmes népériens et C une constante. Il
est inutile de calculer celle-ci, puisque l'origine vraie du tracé expérimental
n'est pas connue.
Il reste à comparer, avec l'expérience, les tracés théoriques, qui corres-
pondent aux puissances | et i de la pression, ce dernier donné par l'équa-
tion (i), le premier par l'équation (5) de ma Note précédente.
Pour le faire avec toute la précision nécessaire il convient de remarquer
que les derniers points du tracé expérimental doivent être laissés de côté.
La fin du tracé se perd en effet dans la largeur d'un trait recliligne, en sorte
lOQO ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'il est impossible d'y lire avec certitude le temps correspondant à la
pression maximum; de plus, les petits écarts de la loi de combustion, dus,
soit à l'imperfection de forme des grains, soit aux légers défauts d'homo-
généité de la matière, peuvent y dissimuler la loi générale. Il faut donc,
pour déterminer la valeur de t, employer, avec le premier point lu sur le
tracé expérimental et corres|iondant à une pression d'au moins 200*^8:^ un
dernier point situé à quelques dixièmes de millimètre du trait final, soil
vers une pression d'environ igoo""», dans les conditions ordinaires d'expé-
rience; cet intervalle comprend d'ailleurs toute la partie utile du fonction-
nement de l'explosif. M. Vieille, à qui je dois ces observations sur l'étendue
utilisable des tracés expérimentaux, a bien voulu reprendre quelques dé-
terminations en vue de les comparer avec la théorie. Voici, par exemple,
le cas d'une poudre en grains cubiques. Pour cette sorte de groins, a — 3,
X = i, [ji. = ^; la vitesse de combustion étant proportionnelle à la puis-
sance | de la pression, il s'introduit les fonctions elliptiques qui corres-
pondent à ^3 = 777, ^'2 = 0; leur demi-période réelle, to,, et la demi-
période, purement imaginaire, o)[^ (non primiiive), sont données par les
relations ( ' )
co.= 2,0497, o>; = io,2e - ;
la fin de la combustion correspond à U = —■ Le Tableau suivant
contient, pour une série de valeurs de / (en millièmes de seconde), les
valeurs de la pression, expérimentales et théoriques : 1° dans l'hypothèse
de l'exposant j; 2° dans rhvpothèse de l'exposant i.
t (l,OU. '2,511. (1.70. 10,10. 10,T.S. 14,84. 18,89.
Pression expérimentale 879 5nl^ 960 i3oo i368 1718 iQ^o
Pression tliéorique (exposant I) . . 879 5-4 980 tSao i388 1788 i945
Pression théorique (exposant i ). . 879 364 'o35 l'igo i438 1758 1915
On voit que l'exposant | donne ime représentation excellente des résul-
tats expérimentaux; l'exposant i laisse des écarts bien plus importants.
Le même échantillon de grains cubiques a été essayé sous la densité de
chargement (rapport \ ilu poids initiiil de la charge en grammes, au volnuie
(') Les notations sont celles d'Halphen {Traité des fonctions elliptiques). Les
calculs numériques ont été faits au moyen des séries S» et vérifiés de diverses manières,
à l'aide des formules que donne la théorie.
SÉANCE DU 17 AVRIL ICjoS. IO91
de la chambre, en centimètres cubes), de o.aS; la pression maximum
atteint alors environ 2600''^.
On reconnaît d'abord sans peine que, quel que soit l'exposant adopté,
!a courbe théorique des pressions se déduit, sans erreur appréciable, de
celle qui convenait à la densité de chargement de 0,2, par une simple modi-
fication des échelles pour les abscisses et pour les ordonnées.
Ce changement fait et, sans toucher à la valeur de x qui résultait du tracé
obtenu sous la densité de chargement de 0,2, les pressions théoriques repré-
sentent bien l'expérience dans le cas de l'exposant |; les écarts, en général
très faibles, ne dépassent guère ioo''s. Dans le cas de l'exposant i, les dif-
férences sont beaucoup plus fortes et atteignent fréquemment aSo''^.
RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX. — Arcs associés à des longerons par des mon-
tants verticaux articulés. Note de M. Pigeaud, présentée par M. Maurice
Levy.
M. Considère a récemment fait connaître {Comptes rendus, t. CXL) une
méthode de calcul des arcs reliés à des longerons continus par des mon-
tants verticaux articulés. Celte méthode, qui est à certains égards une
généralisation de la méthode dite des poutres correspondantes, suppose le
cas limite de montants en nombre infini et de longueur invariable.
Ces hypothèses simplificatives limitent le champ d'application de la
méthode aux associations d'arcs et de longerons de même nature. Un arc
articulé ne pourrait être associé à un longeron encastré, par exemple, que
si une certaine discordance était permise entre les déplacements verticaux
vers les extrémités, ce qui implique des montants verticaux en nombre
limité. On retomberait alors dans le cas des arcs continus étudiés par
M. Maurice Levy.
En revanche cette étude du cas bmite a le très grand avantage de per-
mettre l'énoncé de certaines conclusions générales.
Le but de la présente Note est de préciser la portée de la première pro-
position énoncée par M. Considère et de montrer qu'elle suffit pour faire
rentrer le calcul des arcs associés dans la théorie ordinaire des arcs isolés.
Celle proposition n'est pas enlièrement rigoureuse, car, en égalant les dérivées
secondes des expressions qui donnent les déplacements verticaux, de l'arc et du longe-
ron, on trouverait la relation suivante, dans laquelle les lettres accentuées se rapportent
ACADÉMIE DES SCIENCES.
M'
El'
H i \ dy \ .
. d-^
1092
au longeron
Mais on peut se rendre aisément compte que, en dehors des régions où M est excep-
tionnellement petit, les deux derniers termes du second membre sont négligeables par
rapport au premier; ils sont de l'ordre de ^j tandis que le premier est de l'ordre
de ^- L'erreur commise en les supprimant est comparable à celle que l'on commet
P Po
en substituant la formule
B — 1 — 1
EI - p p„
à la formule complète
^ — li—— -\ — L
ëî^pV es"^""; p„"
Lorsque M est exceptionnellement petit, sa valeur exacte n'a du reste aucun intérêt,
ni en elle-même, ni surtout lorsqu'il s'agit de l'utiliser au calcul d"une intégrale s'éten-
dant à une fraction importante de l'arc.
On peut donc admettre, avec M. Considère, que la caractéristique du
genre d'ouvrages envisagé soit la relation
(0
M'
ËF
M M"
~ei^"ei"'^
ds ds
en posant M' =
= M + M',
1"=I + 1'^'^.
Cela posé, on arrive aisément à cette autre proposition qui n'est pas une
conséquence directe et rigoureuse de (i), mais qui est très suffisamment
exacte pour les besoins de la pratique :
Lorsqu'un arc est associé à un longeron de même nature, les réactions totales
des appuis (^poussée et, s'il y a lieu, moments totaux d'encastrement) sont
égales aux réactions qui se produiraient dans un arc de même nature, consi-
déré isolément, ayant une section S, un moment d'inertie l", et qui serait soumis
aux mêmes charges extérieures et aux mêmes variations de température que
le système proposé.
Pour la justifier il suffit :
1° De constater que M" est indépendant des réactions des 'montants verticaux et
SÉANCE DU 17 AVRIL TQoS. IOqS
fonction seulement des charges appliquées au système et des réactions totales des
appuis;
1" De remplacer -^ par ^ dans les équations qui servent à déterminer les réactions
des appuis de l'arc proposé et de constater que les équations transformées, contenant
alors les réactions totales des appuis, ne difTèrent de celles qui détermineraient les
réactions relatives -a l'arc fictif que par quelques-uns des termes correctifs.
Les termes correcliFs conlenant la poussée sont exactement ce qu'ils
doivent être pour l'arc fictif. Quant aux autres, ils sont généralement négli-
geables en entier. Pour les arcs articulés, cela résulte des Tables de Bresse,
pour le coefficient \; pour les arcs encastrés, cela résulte de notre étude
détaillée des arcs circulaires à section constante.
Au surplus, il ne serait pas même nécessaire de supposer négligeables
en entier ces termes correctifs dépendant des actions verticales. Il suffit de
négliger, dans le calcul d'intégrales étendues à l'arc entier, les différences
entre les actions verticales qui seraient exercées sur une même poutre
droite, d'abord par les charges appliquées au système proposé et ensuite
par les charges réellement supportées par l'arc (réactions des montants
verticaux). Or, ces deux syslèmes de charges sont statiquement équivalents.
Les réactions totales des appuis une fois déterminées, on peut tracer la
courbe des M" et la relation (i) conduit au partage de ces moments entre
l'arc et le longeron. Celte méthode paraît il'une grande simplicité théorique
et pratique.
il y aurait peu de chose à changer pour traiter le problème de l'associa-
tion de deux arcs.
PHYSIQUE. — Propriétés opiiqucs du fer lonoplaslique.
Note de M. L. Houi.i.evigue, présentée par M. iMascart.
Les pellicules transparentes de fer, placées dans un champ magnétique
perpendiculaire à leur plan et traversées normalement par de la lumière
polarisée, transforment une vibration rectiligne et une vibration elliptique
dont le grand axe est incliné sur le plan de la vibration incidente. Celte
propriété, analogue à celle que possèdent, en dehors de toute action magné-
tique, les solutions de sels de chrome et de cuivre étudiées par M. Colton,
suggère une explication idenlique : on peut penser que la vibration recti-
ligne incidente se décompose en deux circulaires inverses dont les inten-
sités, égales à l'entrée dans la lame, diminuent inégalement par suite d'une
C. R., iQû5, I" Semestre. (T. CXL, N" 16.) '^9
I094 ACADÉMIE DES SCIENCES.
différence dans leurs coefficients d'absorption; celte hypothèse a été iiiili-
quée par M. Colton ('); d'autre part, M. Righi, qui a constaté le premier
l'eUipticitéilela lumière transmise (^), croit pouvoir attribuer l'effet observé
à une ince;alité des pouvoirs réflecteurs du fer pour les deux circulaires.
Pour élucider celle queslioii, j'ai opéré sur les trois lames de fer a, d, c obtenues
par ionoplastie dont j'ai isolé les parties les meilleures, présentant une transparence
grise uniforme, sans trous visibles. Les épaisseurs de ces Irois pellicules, dans les par-
ties isolées, étaient de i^VV- pour n, 38V-V- pour d, ^-V-V- pour c.
J'ai déterminé pour ces trois lames, par le procédé décril pu- M. (lutUm, les angles p
et œ qui définissent le phénomène : p pouvoir rotatoire = iiiiylu de lu vibration inci-
dente avec le grand axe de la vibration elliptique émergente; ce, angle qui fait connaître
le rapport des a\es a et ^ de l'ellipse émergente par la relation - r= tango.
I/expérience prouve que les valeurs de p croissent avec le champ, non
proportionnellement, mais, comme l'a montré Kundt, en tendant vers un
maximtim. Les valeurs de 9 croissent également avec le champ. On peut
s'en rendre compte d'après les nombres suivants; le champ H a été mesuré
en sitbslituant à la pellicule de fer une lame de verre dont le pouvoir rota-
toire avait été déterminé par comparaison avec le sulfure de carbone :
.. i>So(.
24,8
.7.8
24
28
3o
3o,8
0,00682
(/
I 2800
. . . . 7800
0,00627
o,oo45i
0 , 00606
0.00-07
c
c . .
. .. i3Soo
1 4 i5o
1 4800
c
. . . . 1 7900
o,oo77q
Ces nombres inhrment nettement l'hypothèse de deux circulaires ab-
sorbés inégalement. En effel, les intensités de ces circulaires, égaux à leur
entrée dans la lame d'épaisseur s, pourraient être représentées à leur sortie
par
(') Recherches sur la polarisation rotatoire magnétique ( Eclairage électrique,
I" août 1896.)
(2) Il Nuovo Cimenta, t. XXI. 1887, p. 89.
SÉANCE DU 17 AVRIL 1905. IO(j5
S el y étant les coefficients d'absorption ; on lire de là
On devrait donc avoir :
log laiis( ^5 -I- -i)
- (y — B) loge = constante.
Or, on voit que, dans un champ voisin de i3ooo, les valeurs de
loglang(4j +'f),
loin de varier proportionnellement à 24, '^8 et 47, sont égales, aux erreurs
d'expérience j^rès, pour les trois lames.
Biréfringence nalurelle du fer. — Rundt a constaté ( ' ) que certains dépôts
de fer et d'autres métaux, effectués par projection cathodique à l'aide d'une
cathode tréspetile, présentent une biréfringence notable; je n'ai [)u aucune-
ment retrouver cette propriété dans les lames métalliques uniformes que
je prépare à l'aide de cathodes planes; en particulier, trois lames de fer,
d'épaisseur 11^^, 42i'i^el S%^^, étudiées à l'aide du dispositif désigné ci-des-
sus (l'électro étant supprimé), n'ont manifesté aucun dédoublement de la
frange sombre observée au spectroscope. Or l'appareil [lermettait de mettre
en évidence une différence de marche inférieure à y^ = o^''^, 58. On voit
.!ouc qu'en api)elant n et n' les deux indices, on aurait, pour la lame
de 581*1" : („' _ n) 58 — Cette divergence ne peut
élre attribuée qu'à une différence profonde entre la structure moléculaire
des dépôts coniques étudiés par Rundt et celle des pellicules uniformes,
telles que je les obtiens par ionoplastie.
(') Doppelbrechang des Lichtes in Metallscfiichten, welche durch Zerslauhen
einer Kalhode hergestelll si/id {A/in. der.Phys. iind Chemie. t. XWII. 1886, p. 09).
IOy6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Théorie et imilalion du vol à voile. Note de M. Albert Bazin,
présentée par M. d'Arsonval.
En 1888, dans un Mémoire à l'Institiit, je proposais une théorie méca-
nique du vol à voile basée sur les mouvements internes du vent que j'ap-
pelais ybrce latente du vent. Ces variations de vitesse du vent paraissaient
suffisamment démontrées par des observations sur les fumées, les oscilla-
tions d'une girouette et les variations d'un anémomètre ordinaire. Elles ont
été de|)uis lors étudiées et mises en lumière par les professeurs Langley et
Zahm. Four concevoir comment le vodier peut les employer à son ascen-
sion ou à sa progression horizontale, il faut s'abstraire du mouvement relatif
au sol et n'envisager que celui du voilier relatif à l'air qui le porte.
La théorie du cerf-volanc démontre que Toiseau recevant obliquement
sous ses ailes immobiles un courant d'air re/a/// horizontal peut se soutenir
indéfiniment en équilibre si sa vitesse relatives l'air demeure constamment
suffisante et qu'il peut s'élever si elle vient à augmenter.
Or un vent de vitesse variable peut être représenté dans un plan hori-
zontal par une série indéfinie de courants V, V, V" de vitesses contraires
pour un observateur qui participerait à la vitesse moyenne V de ce vent.
Si, pourvu d'une vitesse relative initiale v suffisante à sa suslension,
le voilier aborde le courant V sous un angle plus grand que l'angle
limite a, (cosa, = ---), efi vertu de son inertie sa vitesse relative au mi-
lieu V deviendra résultante de v et V. Cette résultante est plus grande
que V. Il y a donc augmentation de vitesse relative et par suite sustension
ou ascension.
Si, après avoir consommé cet excès de vitesse en ascension ou en pro-
gression horizontale, il revient au courant V° ou en aborde un autre V"
sous un angle oc plus petit que a,, la même accélération relative se pro-
duira, et ainsi de suite.
L'angle limite a., étant •< ° quels que soient V et v, on établirait par
un calcul de probabilité que le voilier, décrivant une trajectoire horizon-
tale généralement quelconque, voit "sa vitesse relative constanunent entre-
tenue par ces mouvements internes du vent, il peut donc s'y soutenir indé-
finiment et même s'élever sans dépense de force. D'autre part, il peut
prévenir ces variations de vitesse et, infléchissant sa trajectoire contre
SÉANCE DU 17 AVRIL igoS. IO97
le vent relatif, en tirer toujours le meilleur p;uli au bénéfice de sa susten-
sion et de son ascension.
Et comme il parcourt dans le vent de grands espaces en peu de temps on
conçoit qu'il y rencontre une somme de variations suffisante, c'est-à-dire
une énergie capable de compenser ou même d'excéder le travail d'entraî-
nement qu'il y subit. I/imilation du vol à voile est donc susceptible de
procurer la direction aérienne, quel que soit le vent, comme ce vol paraît
le faire pour les grands oiseaux exclusivement voiliers.
A l'ajjpui de ce qui précède nous avons cherché à reproduire schémaliqu^ment le
glissement d'un voilier dans un tel vent et suivant les trois dimensions de l'espace, en
l'assimilant au roulement d'une bille sur des trajectoires solides ascendantes, et nous
avons réussi à la faire cheminer contre la pesanteur en imprimant à ces trajectoires des
mouvements alternatifs horizontaux et uniformément variés analogues aux mouvements
réciproques des courants d'air.
Il est toutefois une manœuvre du voilier qui, en l'absence de courants
ascendants, paraît inexplicable en l'état de nos connaissances mécaniques.
C'est celle des goélands, en mer, progressant horizontalement et directe-
ment contre un vent violent sans autres mouvements que de légers balan-
cements latéraux.
Une autre manœuvre, observée par Mouillard, paraît être du même
ordre; il s'agit d'un aigle s'élevant sans vitesse initiale, verticalement, à
une grande hauteur sans perdreau vent, manœuvre étonnante à propos de
laquelle cet auteur enlre\'oit une nouvelle force (.V aspiration du vent.
La curieuse expérience suivante peut encore être rappiochée de ces phénomènes :
une balle de liège est placée dans le goulot d'une bouteille couchée horizontalement
et peut entrer et sortir librement; si l'on souflle énergiquement sur l'orifice, cette
balle est toujours projetée en dehors et comme aspirée contre le courant d'air.
Ces effets d'aspirations (s'ils étaient démontrés) viendraient s'ajouter à
ceux de la force latente du vent au bénéfice de la susLension.
En présence des récents progrès de l'Aviation, nous ne craignons pas de
conclure à la possibilité d'imiter le vol des voiliers au moyen d'aéroplanes
de surfaces, de formes et de poids convenables, et capables d'assurer dans
tous les cas leur équilibre et leurs changements de direction.
Et, pour cela, une première règle technique générale se dégage de ce
qui précède, que l'on peut énoncer ainsi :
« Pour s'élever dans le vent, l'aéroplane voilier, quelle que soit sa trajec-
toire, doit toujours venir dans le vent relatif. »
logB
ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Emploi des cenlrifugeurs pour Vanayse des cacaos et des
chocolats. Note de MM. F. Bordas el Tou.-laix, présentée par
M. (l'Arsonval.
La force centrifuge avait été indiquée par M. d'Arsonval, dès iSgS,
comme pouvant être un moyen d'analyse et de dissociation, mais jusqu'ici
ce principe n'avait guère été utilisé dans les laboratoires.
La méthode que nous exposons ne nécessite pas de vitesses aussi grandes
que celles mises en œuvre par M. d'Arsonval ; il suffit, en effet, pour éviter
des fdtrations pénibles, sinon impossibles, d'avoir des appareils qui tournent
avec une vitesse de 1900 à 2000 tours à la minute.
Dans ces conditions, les précipités adhèrent suffisamment au fond du Inbe
pour que, par simple décantation des liquides surnageant, on n'entraîne
aucune pfircelle de précipité.
Les recherches que nous avons entreprises sur la composition dt's cho-
colats, chocolats au lait, etc., nous ont obligés à faire une élude complète
des cacaos.
Nous avons constaté que les différents cacaos qui se trouvent dans le
commerce n'offraient pas de grandes variations de composition. Les
chiffres qui suivent représentent la com[)osition moyenne des principaux
cacaos :
Traitement
par le mé
lange
ïraiteEiicnl à l'eau.
eau-alcool e
t éti.u
Cacao
Cacan
dégraissé et sec
dégraissé c
:t sec
iMaUercs
^
— —
Humidité.
Cendres.
grassses.
Insoluble. Soluble.
Insoluble.
Solut
3,11
3,19
54,37
32,85 9,67
3l,65
10,1
42,52
42,6
3
Tous les dosages ont été obtenus en épuisant succe^sivement les cacaos
par l'élheret l'eau à l'aide du centrifugeur. L'épuisement total de la matière
grasse demande à peine une demi-heure tandis qu'avec les méthodes habi-
tuelles il ne faut pas moins de 738 heures.
SÉANCE DU 17 AVRIL ipOD. IO99
Épilixemrnt a
Il criitr
'7'
'is;eiir.
Éther sulfuviqvie.
Sulfure dp rarbone.
Éther de pétrole.
Appareil!
Soxhlet.
!'■'■ épuisement.
pour 100,
5o,3
?'■'■ épuisement.
pour ion.
!""• épuisement.
pour mil.
49-6
„
2' »
4..
a» )>
4,3
a" >'
4,3
.')4 , 00
?,-
0, 1
,'5'-
0,0,
3^
0, 1
»
Total... 5'|.') 'i'oial... 54. 1 Total... 54, o
On voit que, déjà aprè.s le premier épuisement et en quelques minutes,
on enlève les -—^ de la matière grasse.
En étudiant les chiffres fournis pnr la composition moyenne des cacaos
on voit que l'on peut obtenir des coefficients qui sont susceptibles de
donner des indications utiles sur la constitution d'un cacao à examiner.
Pour doser tous les éléments d'un chocolat on centrifuge successi-
vement : 1° par l'éther pour avoir la matière grasse et 2° par l'eau qui
donne une solution renfermant le sucre que l'on dose par les méthodes
habituelles. Nous ferons remarquer qu'il n'y a pas lieu de tenir compte du
volume occupé par l'insoluble du cacao, de sorte que toutes les formides
plus ou moins pratiques de JVIM. Caries, Gonnermann, etc. restent sans
emploi.
En se servant des coefficients dont nous parlons plus haut on obtiendra,
avec le résidu des deux opérations ci-dessns, la quantité de cacao, ainsi que
le rapport qui existe entre le cacao dégraissé et l'insoluble.
On pourra enfin, par un examen microscopique de ces résidus, déter-
miner la pureté du cacao. I/analyse des chocolats au lait formés de cacao,
de sucre et de lait desséché nécessite l'emijloi il'une solution de phosphate
trisodique à j~^ pour maintenir la caséine en solution; ce traitement se
place après l'épuisement de la matière grasse, les autres opérations se font
d'après les procédés ordinaires et ne présentent aucune difficidté.
PHYSIQUE. — Nouvelle méthode d'analyse rapide rlti lait.
Note de MM. V. Iîordas el Touplaix, présentée [)ar M. li'Arsonval.
Jusqu'ici on a pro|)osé beaucoup de mélhoiles pour fiire l'analyse des
laits, mais aucune ne donne rapidement et sûrement la composition com-
plète d'un lait.
Avec les unes on ne dose qu'une partie des élénients, avec les autres on
IIOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
dose tous les éléments du lait, mais l'analyse demande souvent 2 jours et,
la plupart du temps, on est obligé de doser la caséine par différence, à
cause de l'incertitude des méthodes employées.
Dans la méthode que nous exposons, nous avons rechi-rché, en outre de
l'exactitude, la rapidité et la simplicité des opérations en nous servant des
appareils à centrifuger.
On verse goutte à goutte 10'^"'' de lait dans un tube en verre taré contenant une so-
lution composée d'alcool à ôS" acidifié par l'acide acétique.
On laisse reposer pendant quelques instants puis on centrifuge. Après décantation,
on relave le précipité en le délayant dans 3o™' d'alcool à 5o°. On centrifuge à nouveau
et l'on décante. Les liquides ainsi obtenus sont recueillis et l'on dose le lactose par la
liqueur de Fehling.
L'extraction du beurre se fait sur le précipité provenant de l'opération précédente.
On fait deux épuisements en ajoutant d'abord 2"^' d'alcool à 96°, puis 3o™' d'éther
ordinaire. On centrifuge chaque fois pendant quelques minutes et l'élher est recueilli
dans un vase taré à reflfet d'y être évaporé el l'on pèse le beurre après dessiccation.
Il ne reste plus, dans le lube du centrifugeur, que la caséine en poudre fine qui se
dessèche rapidement à basse température. On la |ièse dans le tub.- même du centrifu-
geur qui a été taré préalablement.
On complète tous ces dosages en faisant les cendres sur irV"'" dr lall.
Ce procédé d'analyse supprime toutes les ftltrations et tous les épuise-
ments, ainsi que la dessiccation longue et fastidieuse de la caséine. Une
seide prise d'essai permet de faire tous les dosages dans le même tube par
épuisement et précipitation successifs. Enfin, \\ suffit de très peu de lait
pour en faire l'analyse.
On pourra emplover celte méthode pour analyser les laits qui arrivent si
souvent caillés au laboratoire. On devra alors évaluer le volume de l'échan-
tillon, séparer ensuite au centrifugeur le caillé du petit-lait et faire l'ana-
Ivse complète sur chaque partie. On évitera alors l'emploi d'antiseptiques
pour la conservation des laits soumis aux analvses légales.
PHYSIQUE. — Avertisseur de la présence des gaz d'éclairage ou du grisou.
Note de MM. Hauger et Pescheux, présentée par M. Lip|)m;mn.
Cet appareil se coinpose d'une balance de précision très sensible portant
à l'une des extrémités du fléau un récipient contenant de l'air normal,
équilibré à l'autre extrémité par un plateau de même surface lorsque l'air
ambiant est dans les conditions normales de respirabilité.
SÉANCE DU 17 AVRIL 190a. IIOI
Si l'air change de composition, sa densité se modifie suivant la propor-
tion de gaz mélangée.
Dans ce cas, l'air contenu dans le récipient étant invariable |)arce que
son étanchéité absolue empêche l'intrusion du mélange ii l'intérieur,
l'équilibre se trouve rompu.
Si les éléments étrangers sont plus légers que l'air, le récipient entraîne
le fléau dans le sens de sa chute, et inversement quand le mélange est
plus dense; l'instrument ainsi influencé, eu cas de danger, plonge une
aiguille dans un godet de mercure et ferme un circuit électrique actionnant
une sonnerie ou tout autre appareil, même à distance, ce qui, pour les
mines, peut être d'une grande utilité, et, pour les locaux privés, peut à
volonté mouvoir un déclenchement ouvrant un châssis de fenêtre et pro-
voquer, de façon automatique, simplement l'avertissement de la sonnerie
ou l'aération par châssis mobile et sonnerie simultanée.
L'aiguille, réglable à volonté, peut ainsi donner le degré de sensibilité
que l'on veut obtenir suivant la proportion du mélange.
Pour neutraliser les influences atmosphériques de pression et de tem-
pérature, nous avons établi sur le fléau deux compensateurs, l'un corri-
geant les variations de pression composé d'un anéroïde agissant sur un
levier multiplicateur déplaçant longitudinalement une tare mobile (cava-
lier glissant sur un fil).
Les influences thermiques sont compensées par une spirale bi-métallique
actionnant de même un levier et agissant de même manière sur un cavalier
mobile. Ces instruments, réglés sous cloche et en étuve, sont ainsi inva-
riables aux diverses pressions et températures.
PHYSIQUE. — Luminescence de l'acide arscnieux. Note de M. Gri\cHAST,
présentée par M. Haller. (Extrait.)
La cristalloluminescence de l'acide arsénieux, étudiée par Rose, se produit
comme l'a reconnu Baudrowski avec toutes les variétés d'acide arsénieux
etne dépend que de la concentration de la liqueur en HCl; la luminescence
serait due à un |)hénomène chimique correspondant à la réaction réversible
As=0' + 6HCl:i3H=0 + 2AsCl».
Semestre. (T. C\L, N« 16.) I^O
I102 ACADEMIE UES SCIENCES.
SPECTROSCOPIE. — Sur le spectre d'émission de l'arc électrique à haute
tension. Noie de MM. J. de Kowalski el P. Joye, présenlée par
M. Lipjîmann.
Dans une Noie jjrcsenlée anlérieuremenl à l'Académie des Sciences par
l'un de nous sur l'arc électrique à haule leiisioii jaillissant enlre électrodes
mclalliques, on démontrait qu'il existait un certain accord entre les expé-
riences et la théorie de M. Stark.
D'après M. Slark, l'arc électrique commence à se produire au moment
où la température de la surface de la cathode est assez haute pour produire
une sorte d'évaporaliondu métal de la cathode. On pouvait donc s'attendre
à ce que l'aspect du spectre lumineux de l'arc influencé par les vapeurs mé-
talliques fût différent du spectre aux environsde l'anode. Il était aussi inté-
ressant d'étudier l'influence qu'aurait l'intensité du courant dans l'arc sur
l'aspect de ce spectre.
Nous avons entrepris dans ce but de nouvelles ex|)criences dont nous
avons l'honneur de présenter les résultats, tpu ont confirmé toutes nos pré-
visions.
- Nous avons obtenu des photographies qui montrent un spectre à bandes dues surtout
aux vapeurs nitreuses qui se forment dans l'arc, mais du côté de la cathode on remarque,
en outre, de fortes lignes dues au métal formant la cathode.
Ces lignes apparaissent seulement à la cathode. Nous Tavuns vérilié en inversant le
courant.
La longueur de ces lignes dépend de l'intensité du courant. A une certaine intensité
les lignes correspondant au métal traversent toute la hauteur du spectre, elles sont en
même temps élargies du côté de la cathode. L'étude de ces lignes coupées nous paraît
très intéressante. Les métaux ([ue nous avons observés étaient le cadmium et le zinc.
Pour le cadmium nous avons trouvé les lignes suivantes :
5o86
4800
4678
36io (
36i3 j
4680
334.5 double.
double.
3466
3467
34o4
3-261
33o3 double
3282
2070
SÉANCE DU 17 AVRIL ipoS. I 1 o3
Or ces lignes se trouvent être les mêmes que M. de Watteville avait trouvées dans
son remarquable travail sur les spectres des llammes. Elles sont identiques avec les
ligues caractéristiques pour le spectre des mélaux évaporés dans le cône de la flamme.
Nous tenons à faire remarquer que la ligne 3.>Si, qui est très faible dans la flamme
apparaît d'une manière nette dans notre spectre.
Ce fait démontre donc définitivement l'existence des vapeurs métalliques
aux environs de la cathode et cela dans un état et à une température ana-
logues à ceux qu'on trouve dans le cône d'une flamme à gaz.
ÉLECTRICITÉ. — Sur une mel/inde simple pour l'étude des étincelles oscillantes.
Note de M. G. A. IIemsai.ech, présentée par M. Lippmann.
Le principe de la méthode est basé sur le fait déjà connu, à savoir qu'un
courant d'air dirigé sur une étincelle oscillante peut séparer les oscillations
les unes des autres. Ainsi beaucoup de physiciens, notamment Lehmanu ('),
Klingelfuss(-) et Zehnder('), ont pu démontrer les oscillations électriques.
Mais leurs méthodes ne permettent pas d'effectuer des mesures à cause de
de l'instabilité du phénomène. Or j'ai réalisé un dispositif qui permet d'é-
tudier les oscillations avec quelque précision, de mesurer leur fréquence et
même de photographier le spectre d'une oscillation quelconque.
Deux électrodes en forme de plaques, en cuivre, A et B (Jlff.i), d'environ 8°"" d'épais-
seur, ayant chacune un des bords cunéiforme et aiguisé, sont placées Tune en face de
l'autre de telle sorte que les bords cunéiformes soient dans un même plan et légèrement
inclinés l'un par rapport à l'autre. A la surface supérieure de chacune des électrodes et
près du bord cunéiforme sont vissées des plaquettes a et b. Celles-ci servent à serrer
et à maintenir en position deux fils de platine. Ces fils, qui jouent un rôle capital
dans notre dispositif, sont fixés de manière à dépasser légèrement les bords aiguisés
de A et B; la distance entre eux est de 3""" environ. Le courant d'air qui sort de
l'orifice (diamètre 3""") d'un tube de verre placé à une distance de 3'"™ à 6"" au-
dessus des électrodes, parcourt l'espace libre entre les bords cunéiformes. Il est très
important que le cnurant d'air reste constant.
Dans nos expériences l'étincelle oscillante est produite par la décharge
d'un condensateur de plaques à travers une self-induction. Le condensateur
(') O. Leeimann, Die elektrischen Lichlersctieinungen, p. 24o.
('-) Klingelfcss, Driiàé's Annalen, t. V, 1901, p. 837.
(') L. Zehnder, J/nd, t. IX, 1902, p. 899.
IIo4 ACADÉMIE DES SCIENCi:S.
est en dérivation sur un transformateur Rocheforl, actionné pnr nn inter-
rupteur GaifTe. I.e nombre d'étincelles par seconde. était généralement de
20 à 3o.
Sans le courant d'air l'étincelle éclate entre les fils de platine et aucune
oscillation n'est visible. Lorsqu'on fait passer un courant d'air suffisamment
fort on voit l'étincelle se tlécomposer en ses différents constituants. Si le
^H.
courant d'air est constant le phénomène devient très net et immobile. On
peut alors à l'aide d'une loupe l'étudier à l'aise. On aperçoit d'abord un
trait de feu fin, brillant et rectiligne, qui relie les fils de platine : c'est /a
décharge initiale.
Au-dessous de ce trait droit on voit une série de traits plus larges, cur-
vilignes, moins lumineux et de couleur rose violacée : ce sont les oscillations ;
elles éclatent entre les bords aiguisés de A et B. Nous avons pu obtenir
jusqu'à 16 oscillations, mais les 6 à 10 premières seules sont immobiles et
régulières. Au voisinage d'un des fils de |)laline on voil une traînée de
vapeur de platine assez brillante. Les surfaces des bords cunéiformes sont
sillonnées çà et là de lueurs violacées très prononcées ayant des formes
très nettes de ramifications; ces lueurs constituent la gaine négative.
La figure 2 est la reproduction d'une photographie d'ime série d'étin-
SÉANCE DU 17 AVRIL igoS. IIo5
celles oscillantes obtenue avec (de gauche à droite) i, 2. 3 et /j plaques
condensatrices; la capacité de chacune était de 0,0008 niicrofarad ; la
self-induction, restée constante pour cette série: 0,042 henry; la vitesse
du courant d'air : 36 mètres-seconde; temps de pose : { seconde; l'agran-
dissement de la planche : 2,5 fois environ. Les décharges initiales sont en
haut de la figure.
Nons donnerons ultérieurement les résultats de l'examen spectrosco-
pique; qu'il suffise pour le moment de dire que la décharge initiale donne
le spectre de lignes de l'air et les oscillations les spectres de bandes de
l'azote. La vapeur métallique ne semble pas participer au transport du cou-
rant électrique. La décharge initiale qui éclate entre les fils de platine
ionise l'air com|)ris entre eux. Cet air ionisé est entraîné par le courant et
sert comme pont conducteur aux oscillations qui suivent.
Il est absolument nécessaire que les décharges initiales de toutes les étin-
celles successives éclatent toujours entre les fils de platine; c'est alors seu-
lement que les oscillations respectives se superposent exactement et que
l'oeil a l'impression d'un phénomène immobile et continu.
Avec ce même dispositif nous avons également obtenu les intermittences
et la bande lumineuse de l'étincelle continue de Feddersen.
La vitesse du courant d'air reste à peu près uniforme jusqu'à une dis-
tance de 10™" à 12™°' de l'orifice. De nos mesures il résulte que la fré-
quence des oscillations comprises dans cet espace est de 27400 par seconde
pour une plaque condensatrice; elle varie pour 2, 3 et 4 pliiques comme
l'inverse des racines carrées de ces nombres; le phénomène observé est
donc conforme à la théorie. Nous avons vérifié l'ordre de grandeur de cette
valeur de la fréquence à l'aide de nos expériences antérieures (').
L'inclinaison des oscillations par rap|)ort à la direction du courant d'air
nous permet de mesurer la vitesse des particules de l'azote qui transportent
le courant électrique (ions). Pour une fréquence d'oscillations de 27400,
celte vitesse est de 29 mètres-seconde; elle diminue avec l'augmentalion
de la capacité et elle est directement proportionnelle à la fréquence d'oscilla-
tions.
Les détails seront publiés ultérieurement.
(') A. Hemsalech, Comptes rendus, t. CXXXIl,
Doctorat, p. i5-i9, Paris, 1901.
Io6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTRICITÉ. — Méthode et appareil de dosage dans tes applications médi-
cales de l'électricité statique. Noie de M. L. Bexoist, préseniée par
M. Lippmann.
Malgré les services que l'électricité statique a déjà rendus à la Médecine,
cette branche de la Thérapeutique ne possède encore ni méthodes, ni appa-
reils de dosage. Le type de machine statique employée, le nombre et le dia-
mètre de ses ])lateaux, leur vitesse de rotalion, la longueur d'étincelle
obtenue, etc., ne constituent que des renseignements indirects et très insuf-
Hsants, et l'on a pu dire justement que \;\ franklinisalion se donne encore à
des doses inconnues.
J'ai essayé de combler cette lacune, en proposant aux électrothérapeutes
une méthode et un appareil de dosage précis, fondés sur la considération
de la densité électrique.
Étant donné qu'un sujet isolé, et mis en communic;ilion avec une ma-
chine électrostatique, se trouve recouvert d'une couche d'électricité eu
équilibre mobile, c'est-à-dire constamment renouvelée en proportion
même de ses fuites, de manière à conserver ses épaisseurs constantes, tant
que les causes de fuite et l'alimentation sont elles-mêmes constantes, il est
évident que l'épaisseur de celte couche électrique, autrement dit la densiie
électrique en un point bien défini, doit constituer le facteur principal qui
détermine les effets phvsiologiques et thérapeutiques obtenus dans le bain
statique; ce facteur est d'ailleurs simultanément fonction des causes de
fuites et des constantes d'alinienlation, c'est-à-dire du potentiel et du débit
de la source.
Celte densité n'est pas une constanle générale pour toute la surface
électrisée; c'est une constanle locale, c'est-à-dire qui n'aura de signification
précise qu'autant qu'elle sera prise sur une région bien définie, et de pré-
férence au centre d'une surface plane suffisamment étendue : la face dor-
sale ou palmaire de la main tendue remplit piatiquement ces conditions.
J'ai reconnu que la densité ainsi mesurée, quand on emploie une bonne
machine électrostatique de dimensions moyennes, était de l'ordre de gran-
deur d'un petit nombre d'unités C.G.S. de quantité d'électricité, par
exemple lo unités C.G.S. par centimètre carré.
Telle est donc l'unité même qu'd convient de prendre dans la pratique
médicale
SÉANCE DU 17 AVRIL 190-). I I07
Comme cette unité n'a pas encore reçu des physiciens de nom particu-
lier et qu'il serait fort incommode, dans l'usage journalier, de l'appeler un
tiers de. millimicrocoulomb. je propose de lui donner le nom de Fll\^'KLI^^ Ce
nom estd'autaiit mieux indiqué que l'emploi médical de l'électricité statique
a déjà reçu le nom i.\& franklinisation.
On (hra donc que l'unité C.G.S. d'électricité est le franldin et que le
coulomb vaut 3 X 10" franklins. Ou dira qu'un bain électrostatique est à la
dose de \ o fi anklins \oYS(i\n^ la densité électrique, mesurée sur la face dor-
sale de la main tendue, est de 10 franklins par centimètre carré.
Pour appli(pier celte méthode, j'ai réalisé un dleclro-densimèlre (') com-
po>é il'un éleclromètre et d'un disque d'épreuve, combinés de manière à
donner, d'une fnçon sûre et précise, la densité en franklins par centimètre
carré, sur la région explorée.
L'élecliomèti-e, à feuille iraluiniiiiuiii mobile, esL caraclérisé essenlielleineiU par les
dispositifs suivants :
1° Une capacité variable, et par suite réglable à une valeur donnée, grâce à deux
plateaux parallèles dont l'un fixe et isolé, porte la feuille mobile, et dont l'autre peut
se rapproclier plus ou moins du premier jusqu'à ce que la capacité de l'appareil soit
exactement de 10'=" pour un angle de divergence de 45°;
2° Un cylindre récepteur terminant à sa partie supérieure le système isolé, et dans
lequel on peut intégralement transférer les charges à mesurer.
3" Un système de graduation assurante l'œil nu la lecture précise des angles de
divergence au demi-degré près, grâce à l'emploi (qui m'a déjà servi dans mou viseur
stadimétrique pour la photographie, 1897) de cadres d'alignement qui obligent l'œil à
se placer sur l'intersection de deux plans rectangulaires, et, par cela même, sur un axe
de visée qui passe exactement par le centre d'un quadrant divisé et par l'axe de rota-
tion de la feuille mobile; la division en degrés est doublée d'une division donnant en
franklins les densités cherchées.
4° Un disque d'épreuve soigneusement isolé, mais en même temps protégé par un
cylindre métallique d'où il peut sortir par le jeu d'un ressoit, soit pour ellectuer le
contact d'épreuve, soit pour transférer intégralement sa charge à l'éleclromètre.
L'appareil ainsi réalisé, et accompagné de sa courbe de voltage, peut
servir non seulement au tlosage électro-médical, m lis aussi aux diverses
mesures de laboratoire en électricité statique.
(') Alvergnial, Chabaud-ïhurneyssen, construcli
I08 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Mode déformation de quelques déiivès monosubslàtiés
de l'urélhane. Note de M. F. Bodroux, |)résentée par M. Troost.
Quand on fait tomber par |)etites portions du carbonate neutre d'élhyle
dans de l'éther, tenant en dissohilion ou en suspension le dérivé magné-
sien d'une aminé aromatique primaire, il se produit une vive réaction.
Celle-ci cesse au bout de quelques instants.
Avec l'aniline, le résultat de l'opération est la phénylurélhane, dont la
formation est exprimée par les équations suivantes :
C-H'-NH-Mg-I co/OC'H-^^.„,_^^,_;,"_-^^.|| /OC'H.
"^ • O- My-I
, NH-C«H' H v
aW"- NH - C - ()..-Il*+ O, = C'W - NH- + CH^ - NH - COOC-H^
0_|Mg-I \V
Une des fonctions élher-sel du carbonate d'élhyle étant respectée dans
cette réaction, j'aivarié le mode opératoire. Au lieu d'agir à la température
du laboratoire, j'ai porté l'élher à l'ébullition :
y" Pendant plusieurs heures après l'introduction du carbonate d'éthyle;
2° Pendant l'introduction du réactif, en effectuant celle-ci goutte à
goutte et très lentement.
Dans ces conditions le rendement en phénylurélhane augmente; de 5o
pour loo il passe à 80 pour 100, mais, en même temps, il y a formation
d'une petite quantité de diphénylurée symétrique
Z(ùnV - NHMgl + CO( ^,X.m = ^"^^^ - NH - C -NH - CH^ + 2Mg( ^
^^^■" \OMgI ^^
.NH-C'H*
C'MP-NH~C- |NH-C''H'+ H
\ôi Mgl H - 6
=c.„.-.H.;<°".co<™--";
SÉANCE DU 17 AVRIL igoS. IIO9
Le carbonate neutre d'éthyle ne réagit pas sur le dérivé magnésien de
l'ammoniac : les toluidines ortho et para, la p-naphtylamine se comportent
au contraire comme l'aniline et j'ai obtenu avec un assez bon rendement les
uréthanes correspondantes.
BOTANIQUE. - Pétales inversés du Clieiranthus Cheiri L. var. X-gynan-
Iherus DC et fausse cloison des Crucifères. Note de M. C. Gerbf.r, présentée
par M. Alfred Giard.
On sait que les fleurs du Cheiranthus Cheiri L. var. \-gynantherus DC se
distinguent de loin des fleurs normales du Violier. Les pétales sont épais,
vert pâle et non minces, jaune brun comme dans ces dernières; ils sont en
lames étroites, lancéolées, planes, ou chiffonnés, repliés en divers sens sur
eux-mêmes, appliqués contre la colonne stamino-carpellaire par les sépales
qui les cachent plus ou moins, et non à limbe largement étalé comme dans
le type normal; enfin, la face tournée vers le calice est presque dépourvue
de glandes et de poils qui, au contraire, sont assez abondants sur la face
regardant l'axe; c'est l'inverse qui se remarque chez les sépales correspon-
dants et chez l'onglet des pétales des fleurs normales; aussi est-on porté à
les considérer comme des pétales inversés, présentant la face ventrale vers
l'extérieur et la face dorsale vers l'intérieur.
C'est ce que l'anatomie confirme en révélant, dans leur onglet, une
méristèle à système libéroligneux renversé, c'est-à-dire à bois externe et à
liber interne.
Si, d'autre part, on examine le calice, on remarque que les deux sépales
médians présentent ordinairement, à une certame hauteur, soit deux
pomtes, soit deux lobes latéraux; quelquefois, ces quatre lobes sont
remplacés par quatre sépales petits, alternant avec les quatre sépales
normaux, et par suite superposés aux pétales inverses.
L'anatomie montre que : pointes, lobes latéraux des sépales médians,
sépales supplémentaires diagonaux, appartiennent à la corolle.
Si, en effet, on pratique une série de coupes transversales à partir de la région où
les quatre mériphvtes calicinaux ont abandonné le cylindre central, on voit ce dernier
présenter quatre hernies libéroligneuses diagonales; ces hernies deviennent bientôt
des demi-circonférences, puis se détachent de la stèle et se dirigent, à travers l'écorce,
à la périphérie, en rabattant vers l'intérieur leurs arcs latéraux jusqu'à ce que ces
derniers se rejoignent; il en résulte la formation de quatre pseudostèles diagonales.
C. R., iQOÔ, I" Semestre. (T. CXL, i\° 16.) ^ t^
\
IIIO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un peu plus haut on voit chaque pseudoslèle se couper en deu\ grands arcs libéro-
li^neux : l'un externe, l'autre interne, grâce au départ de deux petits faisceaux laté-
raux qui innerveront les bords des deux sépales normaux voisins.
L'arc externe a ses éléments normalement orientés (bois interne, liber externe); il
innervera le petit sépale diagonal ou le lobe correspondant du sépale normal médian.
L'arc interne a ses éléments renversés (bois externe, liber interne); il innervera
l'onglet du pétale qui ne tarde pas à se détacher du fa\ix sépale diagonal et contient
une méristèle inverse (').
Nous avons déjà rencontré ailleurs des méristèles renversées [étamines
carpellisées de la Giroflée (-), fausse cloison de toutes les Crucifères (')],
et chaque fois nous avons constaté la présence d'ovules. Rien donc d'éton-
nant à ce que les bords des pétales inversés que nous étudions portent
parfois des ovules, ainsi que Diichartre l'a signalé.
D'autre part, l'évolution du système libéroligneux des carpelles placen-
taires des Crucifères ('') est identique à celle du système libéroligneux du
phyllome pélalique (pétale inversé + faux sépale diagonal) : même phase
pseudostèle; même départ de deux petits faisceaux latéraux allant innerver
les bords des deux feuilles voisines (carpelles valves); même division de la
pseudoslèle en une méristèle externe normale (occupant la région de
la paroi ovarienne superposée à la fausse cloison) et une méristèle interne,
renversée (occupant la périphérie de la fausse cloison). Nous sommes donc
amenés à considérer le carpelle placentaire et la région périphérique cor-
respondante de la fausse cloison comme constituant un phyllome semblable
au phyllome pétalique du Cheiranthus Cheiri L. var. 1-gynantherus DC.
De même que le pétale inversé est une ramification (dédoublement si l'on
préfère) du pseudosépale superposé, ramification se produisant perpendi-
culairement à son plan, de même, la région périphérique de la fausse cloison
est une ramification (dédoublement si l'on préfère) du carpelle placentaire
superposé, se produisant perpendiculairement à son plan.
Quant à ta fausse cloison, elle résulte de la concrescence, soit directement
entre eux, soit par l'intermédiaire de ce qui reste de l'axe floral, des deux lobes
(') Parfois l'onglet pétalique se ramifie lui-même et engendre plusieurs pétales qui
reçoivent leur système libéroligneux de la méristèle renversée; il se produit en un mot
des fleurs doubles particulières par un processus comparable à celui que nous avons
décrit dans le type normal {^Réunion biologique de Marseille, ii avril igoS).
(^) Comptes i-endus, i8 juillet 1904.
(') B. Se. Fr. et Belg., t. XXXIIL
{'') B. Soc. hnt. Fi .. t. XLVI, p. xvii et xvni, fig. 2, 3, 4, 5.
SÉANCE DU 17 AVRIL IçjoS. Illl
carpellaires ferliles inverses ainsi définis. Ainsi se trouve confirmée une fois
de plus la théorie carpellaire de la fausse cloison des Crucifères que nous
soutenons depuis plusieurs années.
Il est vrai que la ramification ou le dédoublement ne frappe, dans le car-
pelle placentaire, que le système libéroligneux; il n'est pas suivi de la
constitution de deux pièces distinctes, comme dans le cas du phyllome
pétalique; mais il y a peut-être à cela une raison mécanique : l'absence de
place.
On peut, pour tenir comjite de cette différence, modifiei' légèrement la
théorie précédente et dire que la fausse cloison est constituée par la concres-
cence des deux carpelles placentaires avec ce qui reste de l'axe floral (tissu
parenchymateux le plus généralement), concrescence se produisant dans la por-
tion de la région de la nervure médiane de ces feuilles carpellaires qui contient
les faisceaux inverses.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l'analyse minéralogique des terres arables. Note
de M. J. DuMONT, présentée par M. Maquenne.
Dans son Cours d' Agriculture (t. I, p. 3oi) de Gasparin rapporte qu'ayant
examiné au microscope les éléments d'une terre du Bordelet, après les avoir
séparés en trois lots par des lévigations successives, il y constata la présence
du quartz, du feldspath, des micas, des grenats, del'olivine, de la calciteet
de la plupart des minéraux constitutifs des roches éruptives. C'est le pre-
mier exempled'analysemicroscopique des sols qui soit à notre connaissance.
Les récents travaux effectués par MM. Delage et Lagatu confirment de
tous points les observations précédentes et montrent de quelle utilité peut
être l'analyse minéralogique pour les études d'agrologie.
Ces déterminations qualitatives fournissent évidemment des renseigne-
ments précis sur l'origine de la terre arable; mais, quand on veut savoir dans
quel rapport les minéraux originels varient d'une terre à l'autre ou d'un
sable à l'autre, il faut de toute nécessité en déterminer exactement le poids :
l'analyse minéralogique quantitative devient alors indispensable.
Je me propose, dans cette Note, d'exposer la méthode de sépara-
tion que j'ai adoptée pour mes recherches. Elle comprend deux séries
d'opérations qui ont pour objet : la première, d'isoler les éléments origi-
nels, les sables non encore altérés par les agents chimiques; la seconde, de
séparer les espèces minérales que ces éléments contiennent en diverses
proportions.
1112 ACADÉMIE DES SCIENCES.
a. Séi'Akation des composants sableux. — Le sable grossier et le sable fin, tels qu'on
les obtient actuellement par la méthode d'analyse physique, ne sont jamais purs;
chaque grain sableux se trouve recouvert d'un enduit colloïdal, humo-argileux, très
riche en composés ferriques, qui résiste énergiquement à Faction désagrégeante de
l'eau. Pour détruire ce revêtement protecteur, pour décaper les particules terreuses,
j'utilise avantageusement Vacic/e oxalique. Voici, du reste, l'ordre des traitements
successifs qui permettent d'obtenir des sables d'une remarquable pureté. Je prends un
poids connu de terre fine et sèche; si les débris végétaux, y sont abondants, je les éli-
mine préalablement en triturant la matière dans une solution de nitrate de calcium
(à 60 pour 100) ayant une densité supérieure à celle de l'humus. Cela fait, je procède
au décapage : le résidu terreux est attaqué lentement, à l'ébullition, par une quantité
d'acide oxalique telle qu'il reste encore, après la décomposition du calcaire ('), une
partie d'acide pour 10 parties environ de terre. On prolonge l'attaque, au bain de sel,
pendant 1 heure au moins; on filtre et on lave le résidu à l'eau azotique (pour entraîner
l'oxalate de calcium) puis à l'eau distillée. La terre est ensuite recueillie soigneusement
et mise en digestion, un jour ou deux, dans une solution ammoniacale: l'ammoniaque
dissout les substances humiques. Les éléments sableux ou silicates sont séparés au cen-
trifiigeur: l'argile reste en suspension, tandis que les sables se rassemblent dans le bas.
A la vitesse de 1000 tours, une demi-heure de rotation suffit en général pour une bonne
séparation; on décante le liquide boueux, on le remplace par de l'eau ammoniacale et
l'on recommence plusieurs fois la séparation jusqu'à ce que le liquide, après turbinage,
soit d'une limpidité parfaite. Les matières sableuses, privées ainsi de toute trace d'ar-
gile, sont recueillies, sécliées et pesées; on peut les calciner modérément et les peser
de nouveau pour voir si les substances organiques ont été complètement éliminées. Il
est facile, ensuite, de classer les sables purs par ordre de finesse en les tamisant.
b. Séparation des espèces minékales. — Pour déterminer la proportion de mica, de
feldspath, de quartz ou de toute autre espèce minérale existant dans une roche donnée,
on a conseillé l'emploi de solutions de densités intermédiaires, soit la liqueur de Thoulet
(iodure mercurique dissous dans l'iodure de potassium), soit de l'iodure de méthylène
dont on modifie le poids spécifique en y ajoutant du xylène en quantité convenable. Je
me sers de la même méthode, en m'aidant encore du cenlrifugeur.
Après avoir pulvérisé convenablement les sables grossiers, j'en prélève is ou os,5,
que j'introduis dans le tube du cenlrifugeur, d'abord avec le liquide le plus dense (2,8),
de façon à séparer les éléments ferro-inagnésiens; les minéraux plus légers qui se
rassemblent à la surface passent successivement dans les solutions de densité décrois-
sante. Si l'on veut bien isoler les espèces minérales, il faut centrifuger deux ou trois
fois de suite, avec chaque solution, en ayant soin de désagréger ou d'immerger chaque
fois les matériaux légers qui pourraient entraîner, dans leur ascension rapide, des élé-
ments plus lourds. Une rotation de 10 minutes suffit ordinairement pour les sépara-
tions ; les produits qui tombent au fond de chaque solution sont recueillis, lavés, séchés
(') On poiinail, à la rigueur, détruire le calcaire préalablement avec les acides mi-
éraii\, comme pour l'analyse physique du soi, et ne faire le décapage que sur le résidu
iblo-argileux; c'est pour éviter un lavage pénible que nous opérons autrement.
SÉANCE DU 17 AVRIL igoD. "IJ
et pesés. 11 convient de s'assurer toujours de leur pureté par un examen microsco-
pique; si la séparation laissait à désirer, on la recommencerait en modifiant un peu la
densité des liquides ou en pulvérisant plus finement les matériaux, recueillis.
On arrive facilement, après quelques tàlonnemenls inévitables, à de bons
résultats. C'est ainsi que la séparation du quartz et du feldspath orthose,
qui est pourtant une des plus délicates que j'aie rencontrées jusqu'ici, peut
se faire de façon très convenable de cette manière (' ).
Il me reste à indiquer maintenant les résultats que j'ai obtenus pour
différentes roches et pour des sols formés sur place; ces résultats seront
publiés prochainement.
ZOOLOGIE. — Sur quelques Cruslacés provenant des campagnes de la
Princesse-Alice ( ///e(! à grande ouverture). Note de M. H. Coutière,
présentée par M. Bouvier.
Au cours de ses deux dernières campagnes scientifiques, S. A. S. le Prince
de Monaco a fait usage d'un filet vertical, à grande ouverture, destiné à
être descendu à une profondeur donnée, puis remonté avec toute la vitesse
possible, de façon à capturer les organismes vivant aux différents niveaux
de la colonne verticale qu'il parcourt.
Le modèle employé à bord de la Princesse- A lice est dû au D'' J. Richard.
Il consiste en un sac de toile d'emballage long de 6°, suspendu à un cadre
de fer horizontal de 3" de côté.
Cette Note concerne seulement les Macroures Eucyphotes recueillis par
le nouvel engin, et ne peut donner par suite qu'une idée approchée de son
efficacité pour la capture des animaux batliypélagiques d'allures rapides :
Espèces capturées.
Acanlhephyra purpurea A. M. -Edwards
Oodepus longispinus Sp. Bâte.
Acanlhephyra purpurea A. M. -Edwards,
Pandalus (Stylop.) Bichardi n. sp.
(1) J'utilise avantageusement ces procédés de séparation pour l'analyse physique
du sol.
Colonne
uméios
verticale
des
Sondes
explorée
talions.
en niêlres.
par le lilct
1639
3ooo-o
1736
5oo-o
1768
0817
3ooo-o
»
»
»
1797
5422
2000-0
rtl4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Colonne
Numéros
verticale
des
Sondes
explorée
stations.
en mélrcs.
par le filel.
1797
5422
2000-0
Espèces capturées.
Oplophorus Grimaldii n. sp.
). » » Acanlhepkjra pur/jurea A. M.-Edwards.
1834 1440 1000-0 Hyinenodora parva n. sp.
» I) » Caricyphus aculiis 11. .sp.
» i> » Pericliinencs sp.
1851 3410 0000-0 Hymenodora pari'a n. ip.
» » » Caricyphus bigibbosus n. sp.
1856 3620 3200-0 Acanthephyra purpurea A. M. -Edwards.
» » 0 Acanth. (Systellaspis) debilis A. M. -Edwards.
Jusqu'à présent, les Acanthephyra, les Oplophorus, les Bymenodora, les
Pandalus, avaient été caplurés à l'aide de nasses ou de chaluts, par des
profondeurs pouvant dépasser 5ooo™, mais toujours sur le fond. Le nouvel
engin, en recueillant ces espèces à 2000™ au moins au-dessus de fonds
semblables, établit de la façon la plus saisissante l'énorme distribution ver-
ticale que possèdent ces Crustacés. On voit aussi, par la présence simul-
tanée, dans les captures, de ces espèces et d'animaux de surface tels que les
Oodepus et les Caricyphus, que le filet à grande ouverture remplit parfaite-
ment le but cherché.
Les résultats obtenus sont aussi di^s plus remarquables au point de vue
des espèces nouvelles recueillies.
\J Hymenodora parva n. sp. est représentée par deux exemplaires un peu
différents, de petite taille, rappelant d'assez près l'espèce du Challenger
H. roslrata Sp.Bate, mais s'en éloignant par la denticulation plus serrée du
rostre, le troisième pléosomite gibbeux et un peu épineux en arrière.
h'Oplophorus Grimaldii n. sp. est un magnifique Crustacé, facile à distin-
guer des autres espèces du genre par la forme du scaphocérite dont la
pointe porte un prolongement interne récurrent. On ne trouve d'autre
exemple de cette disposition que chez un Lophogastridé, Ceratolepis ha-
mala G.-O. Sars, et l'on peut remarquer aussi que les épines du bord ex-
terne du scaphocéi ite, chez les Oplophorus , ne se retrouvent également que
dans cette famille de Schizopodes (à part les Thalassocaris qui sont très
probablement des larves d'Oplophores). De même que les Acanthephyra,
les Oplophores portent des organes lumineux à la base des uropodes, des
pléopodes, sur les pédoncules oculaires et, en plus, sur divers points de la
carapace et des membres; le plus étendu de ces organes, en forme de
bande transversale, occupe la base de la cinquième paire de pattes thora-
SÉANCE DU 17 AVRIL ipoS. IIl5
ciques. Les Uymenodora parva paraissent également porter de ces organes
lumineux, au moins sur les ophtalmopodes.
Le Pandalc de nouvelle espèce est remarquable par son rostre démesuré
(trois fois le céphalothorax), très grêle et épineux, par le troisième pléo-
somite pourvu d'une épine médiane très étroite et par les pattes ihora-
ciques relativement courtes. Celles de la première paire ne portent pas
trace de pince didactyle. Cette dernière disposition étant de beaucoup la
plus générale chez les Pandalidés, comme Cauliery et, depuis, Caïman,
Borradaile l'ont fait remarquer, il me paraît nécessaire de réunir dans le
sous-genre Stylopandahis les espèces tlont la première paire se termine par
une épine axiale.
C'est sur le Pandahts (Stylopandalus) Rirhardi que j'ai constaté pour la
première fois les phanères en formes d'écaillés caractéristiques de tous les
Pandalidés (sauf peut-être de Pandalma brevirostris Rathke, parmi les
espèces que j'ai pu étudier). Depuis, j'ai retrouvé les mêmes phanères chez
les Acanthephyra purpiireaat pulchra, ce qui augmente encore l'intérêt que
présente ce singulier revêtement.
Le genre Caricyphus Sp. Bâte a été fondé pour quelques formes, visible-
ment immatures, et du plus haut intérêt. D'après la formule branchiale
et les appendices buccaux, il s'agit d'Hippolytidés voisins des genres Hippo-
lyte, Tozeiima, Caridinn, dont le carpe de la deuxième paire est pauci-
articulé. Ces Crevettes sont remarquables par la persistance, non seulement
des exopodiles thoraciques, mais de plusieurs autres caractères primitifs,
dont le plus singulier est la division en deux articles très distincts de l'en-
dopodite sur les maxilles de la première [laire, comme chez les Pénéides.
Peut-être la forme définitive des organes se dessine-t-elle brusquement en
quelques mues, après une existence embryonnaire très longue (^Car. bigih-
hosus a plus de So™" du rostre au telson, taille que n'atteignent pas beau-
coup d'adultes dans les genres comparables); peut-être s'agit-il aussi
d'Hippolytidés devenant adultes sans perdre ces curieux caractères pri-
mitifs, parallèlement à leurs congénères qui suivent le mode ordinaire,
beaucoup plus abrégé, de développement.
Le genre Oodepus Sp. Bâte, fondé aussi sur des formes larvaires, me
paraît bien se rapporter, comme l'a dit Salv. Lo Bianco, à des larves de
Thalassinidés, et ne peut plus être conservé parmi les Eucyphotes.
IIl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Sur l'excitation des nerfs par le minimum d'énergie;
application à i électrodiagnostic. Note de M. Cluzet, présentée par
M. Dastre.
3'ai déjà montré (') que la durée d'excitation de la décharge de conden-
sateur qui correspond au minimum d'énergie est égale à j, a el h étant les
coefficients de la formule de G. Weiss (Q — a -h ht); en outre, j'ai montré
que cette durée d'excitation est la même pour tous les nerfs sciatiques nor-
maux de grenouille, quelles que soient les conditions expérimentales.
D'ailleurs, la formule donnant la durée d'excitation t d'une décharge de
condensateur dont la capacité est C dans un circuit de résistance R devient
pour le minimum d'énergie {loc. cit.)
De ce que y est constant, il résulte que RC l'est aussi; c'est-à-dire que
le produit de la résistance du circuit de décharge par la capacité donnant
le seuil de l'excitation avec le minimum d'énergie est indépendant des con-
ditions expérimentales pour tous les nerfs sciatiques normaux de grenouille.
Je n'ai emplové dans mes expériences que rana esculenta mais on peut,
au moven des formules indiquées dans mes précédentes Notes, déduire la
durée d'excitation par le minimum d'énergie, d'expériences faites, par cer-
tains auteurs, sur rana temporaria et, par d'autres, sur des grenouilles dont
l'espèce n'est pas nommée; on obtient, dans la presque totalité des cas,
une durée comprise entre o, 0007 et o,ooo85 sec.
Des expériences faites sur les nerfs de l'homme et qui ont été publiées,
on peut déduire, au moyen des formules que j'ai données ('), la durée
d'excitation par le minimum d'énergie ; on trouve, à peu près constamment,
des valeurs très voisines de 0,00020 sec.
Ces résultats sont utiles pour l'électrodiagnostic. On sait, en effet,
qu'aucune méthode d'exploration employée jusqu'ici ne donne des résul-
tats comparables entre eux. De ce que, notamment, deux nerfs différents
(') Comptes rendus, t. CXXWll, p. 670, et t. CXXXVllI, p. âg.
SÉANCE DU 17 AVRIL IQoS. 1117
pris sur deux personnes différentes présentent des réactions quantitatives
différentes (variant souvent du simple au quintuple), on ne peut conclure
exclusivement à une différence d'excitabilité : la différence peut être due à
une différence de conditions expérimentales, de la résistance des tissus in-
terposés par exemple.
La recherche des valeurs de |> durée d'excitation par le minimum
d'énergie, donnera au contraire des résultats comparables entre eux,
puisque cette quantité ne dépend que de l'excitabilité du nerf. La formule
d'excitation par décharges de condensateur permet d'ailleurs de déterminer
facilement a et h. En effet, h égale {loc.cit.) l'intensité du courant continu
qui, après fermeture, détermine le seuil de la contraction musculaire, le
voltage correspondant donne la valeur de la quantité 6R, dont la connais-
sance est nécessaire. Pour avoir a il suffit de chercher le potentiel de
charge Vo qui donne, avec un condensateur de capacité C, le seuil de
l'excitation et d'appliquer la formule
[v.-«r(,
La détermination de b et de />R se fera donc en cherchant, comme
d'habitude, l'intensité et le voltage qui donnent NFeS, on cherchera
ensuite V„, nécessaire à la détermination de a, en ajoutant à la suite de
l'installation ordinairement employée une clé de Morse à 3 contacts ou une
clé de Sabine et un condensateur.
Pour la précision de la méthode il faut prendre la capacité la plus petite
que permettent d'employer l'étal du nerf et le potentiel dont on dispose,
de manière que V„ soit aussi différent que possible de èR.
En opérant ainsi avec une capacité de 0,01 ou de 0,0?. microfarad, j'ai
obtenu, pour les nerfs facial, médian, cubital au poignet et au coude, scia-
tique poplité externe, pris sur 10 personnes adultes normales, des valeurs
comprises entre 0,00018 et 0,00020 sec.
H reste à savoir si les valeurs obtenues dans certains cas pathologiques
diffèrent assez de la valeur moyenne normale 0,00020 pour rendre cette
méthode utilisable eu électrodiagnostic; les recherches que je poursuis
actuellement me permettent d'espérer qu'il en sera ainsi.
(T. C\.L, N" M
.42
ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Physiologie de la rate {fonction biligénique).
Note de MM. Charrin et Moussu, présentée par M. Dastre.
L'expérimentation permet d'éclairer, par des données précises, la ques-
tion si discutée des rapports fonctionnels de la rate et du foie.
Au niveau du fond de la vésicule biliaire d'un chien on établit une fistule et, grâce
à une série d'analyses, on fixe la teneur du liquide qui s'écoule en ses divers principes
constituants.
Celte composition une fois déterminée, une ou deux semaines après l'établissement
de celle fistule, on enlève la raie. Dès le lendemain et, plus encore, au bout de 4 à
6 jours, habituellement la bile se décolore partiellement; ses divers éléments devien-
nent moins abondants. — Voici, d'ailleurs, des moyennes dégagées de vingt a iialyses :
Bile de chien normal (sans fistule et non splénectomisé) :
Eau, poui- 100 : 83,8. Extrait sec : i6,i. Matières minérales: 1,2. Matièi es orga-
niques : i5 {').
Bile de chien avec fistule, mais pourvu de raie :
Eau : 89. Extrait sec : 10. Matières minérales : 1,10. Matières organiques : 9.
Bile de chieu avec fistule et dératé :
Eau : 96,40. Extrait sec : 3, 20. Matières minérales : 0,60. Matières organiques : 2,70.
Quand, recueillant la bile au moment de l'opération, on supprime immédiatement la
rate, on observe des modifications qui se produisent dans le même sens : 4 fois
celle ablation a été faite 8 et i5 jours après la création d'une fistule ; chez 12 animaux,
elle a été pratiquée sans attendre.
En dehors des chiens, ces expériences ont porté sur 2 porcs et 3 lapins; bien que
moins marqués, en particulier chez ces porcs, les résultats obtenus sont analogues.
Pour expliquer ces diminutions, on ne saurait invoquer une influence
inhibilrice profonde de l'opération retentissant par voie nerveuse sur l'acti-
vité hépatique. S'il en était ainsi, vraisemblablement on constaterait ces
modifications dès l'existence de ces fistules, sans attendre la suppression
splénique; le premier choc serait probablement suffisant. D'autre part,
quand les voies biliaires ne s'infectent pas, même après plusieurs semaines,
la glande n'offre pas de lésion appréciable; elle semble parfaitement fonc-
tionner et réagir. Si, en effet, on injecte, sous la peau ou dans le péritoine
de ces animaux porteurs de fistule et privés de rate, un certain volume de
(1) Toutes les quanlités soiiL rapportées
SÉANCE DU 17 AVRIL I9o5. I I 19
sanç, on note, dans la pigmentation du liquide qui s'échappe par cette fistule,
un relèvement plus ou moins accentué. — C'est sans doute à un mécanisme
de cet ordre qu'il convient d'attribuer la lenteur relative enregistrée dans
l'apparition de ces modifications biliaires. Au cours des opérations néces-
sitées par ces expériences, fatalement des hémorragies se produisent et,
aussi bien que ces injections de sang, ces extravasations font que la cellule
hépatique reçoit, dans des proportions variables, des matériaux, pigmen-
taires ou autres, propres à lui permettre de fabriquer des principes biliaires.
Ces données sont de nature à mettre sur la voie du mécanisme des phé-
nomènes observés ou tout au moins à permettre une hypothèse. — D'après
les travaux de Potier, de Barberi, de Morgenroth, de Jawein, etc., l'hémo-
lyse s'effectue dans le parenchyme splénique, de préférence dans les couches
périphériques et aux dépens des vieux globules. Grâce à cette hémolyse,
des matières colorantes (hémoglobine), minérales (potasse, soude, fer),
organiques (composants de l'albumine, etc.) se trouvent libérées. Dès lors,
la veine splénique, qui, au lieu de se jeter dans le tronc cave plus rapproché
et dont le courant est plus rapide, se rend à un réseau capillaire, peut
transporter au foie tous ces produits, générateurs des substances biliaires.
Il nous paraît utile d'indiquer que, spécialement chez les sujets de nos
expériences, la bile présente, dans sa composition, de nombreuses varia-
tions liées sans doute, en partie, à des influences nerveuses, circulatoires,
alimentaires, etc. L'ancienneté de la fistule qui, parfois, retentit peut-être
faiblement sur le foie, peut-être aussi le séjour du liquide dans l'intérieur
de la vésicule, divers facteurs sont susceptibles d'agir sur cette composition.
Des analyses pratiquées dans ces conditions montrent entre quelles limites
se meuvent ces variations.
Variations de composition de la bile de chiens porteurs de fistule, mais non dératés :
eau, 83,5 à 93,7 pour 100; extrait sec, 6,3 à 16, 5 pour 100; matières minérales, 0,8
à 1,5 pour 100; matières organiques, 6,7 à i5 pour lOO.
A l'état normal, on observe aussi des oscillations; mais, ordinairement, la richesse
en ces différents produits est un peu pins considérable. Pour les chiens privés de rate,
cette richesse fléchit, au contraire, bien davantage : les moyennes que nous avons
données démontrent ces affirmations. Toutefois, quelque indiscutables que soient ces
oscillations, elles ne sont, en générai, jamais aussi prononcées que dans le cas d'abla-
tion de la rate (' ). . .
(') Il n'est que juste de citer les beaux, liavf
II20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ajoutons qu'à la longue les différences s'atténuent; des suppléances
paraissent s'établir. Ajoutons également que, chez un lapin, pour être
moins active, la simple ligature du pédicule splénique n'en a pas moins
provoqué des effets comparables.
Désormais nos recherches nous autorisent à conclure que la rate exerce
sur le foie une indéniable action; cette action, en dehors probablement
des influences hématopoïéliques, anti-toxiques, martiales, etc., consiste
essentiellement dans une fonction biligénique, dont l'importance est liée
à celle de la bile elle-même.
PHYSIOLOGIE. — Action du suc intestinal sur la sécrétion entérique.
Note de M. Albert Frocin, présentée par M. Dastre.
L'injection intra-veineuse de suc intestinal chez un animal porteur de
fistules de Thiry provoque une sécrétion immédiate et abondante de suc
intestinal.
Cette action excito-sécrétoire du suc ne semble pas devoir être rap-
portée à des ferments solubles. En effet, la substance qui fait sécréter
n'est pas précipitée par l'addition de 4™' d'alcool à gS"; elle n'est pas
détruite par un chauffage de lo minutes à ioo°.
La liqueur de macération, appelée sécrétine, possède également ces deux
caractères : solubilité dans l'alcool, résistance à l'ébullition; et, comme
nous avons montré antérieurement que l'injection intra-veineuse de sécré-
tine provoque la sécrétion entérique ('), on pourrait supposer que c'est à
elle que le suc intestinal doit son action sécréioire.
Un certain nombre de faits prouvent qu'il n'en est pas ainsi. L'action
excitante du suc intestinal sur la sécrétion entérique n'est pas due à la
sécrétine.
Dans une expérience, Flnjection intraveineuse de suc intestinal chez un animal por-
de la suppression de la rate sur les pigments biliaires. Toutefois, cet auteur n'a pas
indiqué les changements de composition des divers autres principes de la bile et la
teneur en pigment ne leur est pas toujours parallèle.
(') C. Deleze.n.ne et A. Frouin, La sécrétion physiologique du suc intestinal. Action
de l'acide chlorhydricjue sur la sécrétion duodénale {Soc. de Biol., 20 février 1904,
t. LVI, p. 319).
SÉANCE DU 17 AVRIL igoS. II2I
leur de fistule duodénale, dont la sécrétion était de 8™' en 7 heures, a provoqué la
sécrétion de iq^"" en i heure. Contrairement à l'injection de sécrétine, l'injection intra-
veineuse de S"^»', lo™' ou 20'='"' de suc intestinal chez un animal porteur d'une fistule
temporaire du canal de Wirsung n'a aucune action sur la sécrétion pancréatique.
On doit donc conclure que le suc intestinal ne contient pas de sécrétine.
D'ailleurs, l'addition de suc intestinal à une solution de sécrétine bouillie
et neutralisée détruit cette substance. Le mélange est sans action sur la
sécrétion pancréatique. La sécrétine ne saurait donc exister dans la sécrétion
spontanée de l'intestin.
Enfin, une dernière preuve que l'action sécrétoire du suc intestinal n'est
pas due à la sécrétine, c'est le caractère de localisation de cette action opposé
au caractère d'universalité sécrétoire de la sécrétine. L'injection intra-vei-
neuse de sécrétine détermine, en effet, la sécrétion du suc pancréatique,
de la bile, du suc intestinal. Le suc intestinal, au contraire, injecté à des
animaux porteurs de fistules salivaire, biliaire ou pancréatique perma-
nentes, n'a aucune action sur la sécrétion de ces glandes.
Le suc intestinal d'une espèce provoque la sécrétion intestinale d'une
autre espèce animale; le suc intestinal de fistule permanente du bœuf, par
exemple, injecté au chien, produit la sécrétion du suc intestinal chez ce
dernier.
11 y avait lieu de se demander si, dans les conditions normales, le principe
excito-sécrétoire spécifique coni&ni\i\ans\e ?,ncin\,es,\:ina\ pouvait se résorber
et augmenter la sécrétion du suc.
L'ingestion de 5o™' de suc chez un animal porteur d'une fistule jéjunale, opéré
depuis plus d'une année, et dont la sécrétion était de 4™' en 7 heures, a provoqué
la sécrétion de 12'='"', 6 de suc et les jours suivants de 8™', 3, 11™', 2 et 9™', 4 dans le
même temps.
L'injection ou l'ingestion du suc, l'ingestion de macérations de muqueuse intesti-
nale dans l'eau physiologique produisent non seulement une augmentation immédiate
de la sécrétion, mais celte augmentation se manifeste pendant plusieurs jours.
Les choses se passent comme si la résorption de certaines parties du suc
intestinal augmentait la sécrétion entérique.
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE Blor.OGlQUE. — Recherches sur la lactcisc animale.
Note (le M. II. Iîieruy, présentée par M, Dastre.
En collaboration avec M. Gmo Salazar, j'ai montré que la lactase, fer-
ment soluble qui dédouble le sucre de lait en glucose et galactose, ne se
rencontre ni dans le suc pancréatique, ni dans le suc intestinal de fistule
duodénale, et qu'elle paraît localisée, chez le chien tout au moins, dans les
cellules de la muqueuse intestinale. La question de la présence de la lac-
tase dans le suc pancréatique ayant donné lieu à des affirmations contraires,
de la part de Weinland et de Bainbridge, j'ai repris mes expériences.
En voici les résultats :
{. Le suc pancréatique déjeunes chiens à la mamelle ne contient pas de
lactase.
2. Le suc pancréatique de chienne en lactation ne renferme pas de fer-
ment soluble capable d'hydrolyser le sucre de lait.
3. Un chien reçoit sous la peau, pendant 4 on 5 jours, des injections
quotidiennes d'extrait de muqueuse intestinale d'un chien soumis au ré-
gime lacté pendant plusieurs semaines. On pratique, chez cet animal, une
fistule de canal de Wirsung et l'on recueille une portion A de suc pancréa-
tique. On fait alors à ce chien une nouvelle injection sous-cutanée de la
même macération intestinale encore riche en lactase, et l'on recueille une
autre portion B de suc pancréatique.
Contrairement à l'assertion de Bainbridge, on ne peut déceler de lactase
ni dans A, ni dans B. Il n'y a pas d'adaptation de la sécrétion pancréatique
à l'alimentation laclosique.
Sachant que l'action de la lactase est influeiirée par l'état du milieu, j'ai
opéré tantôt sur le suc pur (réaction alcaline), tantôt sur le suc additionné
de quelques gouttes d'acide acétique (réaction neutre) et en présence
d'antiseptiques variés (fluorure de sodium, chloroforme, toluène). La
recherche des sucres de dédoublement était faite simultanément par l'em-
ploi du polarimètre et l'examen des ozasones.
Tous mes résultats ont été négatifs.
SÉANCE DU 17 AVRIL 1905. I I 23
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la recherche du formol dans le lait.
Noie de M. E. Nicolas, présentée par M. A. Chauveau.
MM. Manget et Marion ont proposé un procédé rapide et sensible de
recherche dn formol dans le lait, basé sur l'emploi du diamidophénol ou
de l'amidol. Il consiste à saupoudrer légèrement le lait d'amidol ou d'ami-
dophénol et à observer après quelques minutes. Le lait normal, carbonate
ou borate développe une coloration saumon; le lait formolé une coloration
jaune serin, sensible au j^^^ (')•
Le diamidophénol et l'amidol peuvent être utilisés d'une autre façon et
devenir la base d'un procédé de recherche du formol dans le lait, également
très simple et plus sensible encore que le précédent.
On sait que les niéla-diamines donnent avec les aldéliydes une forte fluorescence
verte (Bêla de Bilto). La mélaphénylène-diamine présente celte propriété à uii degré
très accusé; il en est de même du diamidophénol C^H'(OH) (Azll'')^ , 4 ou de son
chlorhydrate, l'amidol, chez lesquels les groupements AzH= sont en position meta l'un
par rapport à l'autre.
Les solutions d'aldéhyde formique, additionnées de cristaux d'amidol, se colorent en
jaune, ou en jaune orangé et deviennent très fluorescentes. La réaction est beaucoup
plus rapide à chaud qu'à froid. Les liquides privés d'aldéhyde, au contraire, se co-
lorent rapidement en rouge, puis en brun et ne manifestent aucune fluorescence.
La fluorescence apparaît encore en présence des acides acétique et lac-
tique et d'une très faible proportion d'acides chlorhydrique et sulfurique;
les alcalis l'empêchent de se produire.
La réaction qui précède peut être appliquée, de la façon suivante, à la
recherche du formol dans le lait : Précipiter la caséine par de l'acide acé-
tique au ^ ou de l'acide lactique, et fdtrer. Ajouter au filtrat, placé dans
un tube à essai, quelques cristaux (un excès) d'amidol. Boucher le tube
et attendre quelques instants.
La précipitation de la caséine peut encore être réalisée par le chlorure
de sodium ou mieux le sulfate de magnésium dissous à saturation dans le
lait ; on obtient, par ce procédé, des lactosérums très limpides, sur lesquels
(') Comptes rendus, i3 octobre 1902, p. ô84.
II24 ACADEMIE DES SCIENCES.
on peut faire la réaction, à froid. Si, pour activer celle-ci, on voulait chauffer
ces liquides, il faudrait, au préalable, les débarrasser des matières albu-
minoïdes coagulables qu'ils renferment, par l'addition d'acide acétique et
filtration consécutive.
Cette méthode de recherche, qui ne nécessite que des manipulations
simples, permet d'obtenir une belle fluorescence verte avec des laits for-
mulés (addition, au lait, de formol à l\o pour loo) à i pour Sooooo et dans
des proportions même inférieures à j^,,^.
J'ajoute que la réaction de MM. Manget et Marion ne me paraît être
qu'une conséquence de l'application directe au lait de la précédente.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Production cV alcool et d'acétone par les muscles.
Note de M. F. Maignan, présentée par M. A. Chauveau.
Dans une précédente Note j'ai montré que l'alcool et l'acétone se ren-
contrent à l'état normal dans les tissus.
D'où provient cet alcool? Le protoplasme animal est-il capable d'effec-
tuer la fermentation alcoolique du glucose, au même titre que le proto-
plasme végétal? C'est la question à laquelle je vais répondre par l'affirma-
tive dans cette Note.
Stoklasa et ses élèves, Feinschmitit, Simacek ont essayé de démontrer
l'existence, dans les tissus animaux, d'une diastase analogue à la zymase
de Biichner. I^es conclusions de ces auteurs ont été infirmées par Conheim,
Battelli, Portier qui n'ont pu reproduire les expériences de Stoklasa, en se
plaçant d'une façon certaine à l'abri des microbes.
J'ai abordé la question d'une autre façon, en recherchant si la quantité
d'alcool peut augmenter dans un tissu, isolé de l'animal, et placé dans des
conditions permettant sa survie. J'ai étudié en même temps les variations
de l'acétone.
Technique suivie dans les expériences. — Je ne parlerai, dans celle Noie, que des
expériences relatives aux muscles.
Un chien est tué par la section des gros vaisseaux du cou. On prélève les muscles
de la cuisse que l'on divise en plusieurs lots. Le premier sert au dosage de l'alcool et
de l'acétone dans le tissu frais, les autres sont placés après flambage dans une solu-
tion de fluorure de sodium à i pour lOO. Le tout est placé à l'éluve à 38°. Lorsque le
séjour à l'éluve ne doit être que de quelques heures, on peut laisser les tissus au
contact de l'air.
SÉANCE DU 17 AVRIL tpoS. H 25
Ces fragments sont repris au bout d'un temps variable (4 heures à 16 jours) et
servent à doser à nouveau l'alcool et l'acétone. Il faut avoir soin, lorsqu'on utilise le
fluorure de sodium, de ne prendre pour le dosage que les parties centrales; les tissus
de la périphérie étant plus ou moins modifiés au contact de cette substance éminem-
ment toxique.
En opérant ainsi on écarte, d'une façon certaine, toute intervention microbienne,
lorsqu'on emploie pour les expériences des sujets sains. J'ai d'ailleurs ensemencé
maintes fois des milieux de culture aérobies et anaérobies avec les produits de raclage
des fragments retirés du fluorure de sodium, et je n'ai jamais obtenu de culture.
Les expériences, ainsi conduites, ont donné les résultats résumés dans
le. Tableau suivant :
Agé..
alcool 55
7 ans
alcool 42
A^é
alcool 43
5 ans.
alcool 52
0
alcool 61
1 an
, alcool 3.
( acétone 3
Très :
igé....
( alcool 23
(_acelone 3
Les
quanti
tés d'alcool et d'à
♦
ionl données en inillimèlres cubes, et correspondent à 1000? ne tissu.
Conclusions. - Nous voyons, d'après ces expériences, que les muscles,
prélevés sur un animal vivant et placés dans des conditions permettant leur
survie, produisent de l'alcool et de l'acétone; mais, tandis que l'acétone
va constamment en augmentant, l'alcool augmente pendant les premiers
jours et diminue ensuite.
Les tissus sont donc capables de détruire l'alcool après l'avoir formé,
tandis qu'ils sont impuissants à simplifier la molécule acétone.
L'alcool, en disparaissant, doit probablement se transformer en acide
acétique, par un phénomène d'oxydation direct ou indirect. J'ai, en effet,
toujours décelé la présence de l'acide acétique dans les tissus; ceci au
moyen de la réaction du cacodyle et par la formation de l'éther acétique.
La réaction du perchlorure de fer est également positive.
Cet acide acétique doit, à son tour, subir le sort de tous les acides orga-
C. B., iqoS, 1" Semestre. (T. CXL, N° 16.) ^^
1120 ACADÉMIE DES SCIENCES.
niques introduits dans l'organisme, cest-à-ilire se transformer en acide
carbonique et en eau par oxydation.
La transformation du glucose en alcool doit donc être considérée comme
un mode de destruction du glucose. Ce processus, qui s'observe dans les
muscles isolés, doit aussi se produire pendant la vie de l'animal, puisque,
sur le sujet vivant, les tissus renferment toujours de l'alcool.
M. Ed. Maillet adresse une Note Sur la classification des sources, en
France et en Algérie, d'après leur débit.
M. Gabriel Zauikjanz adresse une Note Sur les lois fondamentales des
vapeurs et des gaz.
M. P.-A. Da\geard adresse une Note intitulée • Ascodesmis et Bowliera.
La séance est levée à f\ heures.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 17 avril 1905.
Note sur les cofferdams des bâtiments de guerre, cuirassés et croiseurs, [)ar
E. Bertin. Paris, 1900; i fasc, autographié, in-^". (Hommage de l'auteur.)
Cuirassés et croiseurs. Note sur la puissance défensive, particulièrement sur la
stabilité après ai'aries de combat, par E. Bertin. Paris, 1904; i fasc, autographié, iii-^".
(Hommage de Tauleur.)
Flore de France ou description des plantes qui croissent spontanément en France,
en Corse et en Alsace-Lorraine, par G. Rouï, J. Foucaud et K.-G. Camus, continuée
par G. Rouy; tome IX. Paris, les fils d'Emile Deyrolle; Asnières, G. Rouy, 1900; i vol.
in-8°. (Présenté par M. Guignard.)
SÉANCE DU 1- AVRIL ipoS. . I 1 27
Société des Ingénieur!; civils de France. Annuaire dd igoS. Paris, hôtel delà
Société; i vol. iii-8°.
Mémoires eL Compte rendu des travaux île la Société des Ingénieurs civils de
France; Bulleliii de janvier 1905. Pari?, hôtel de la Société; 1 fasc. in-8".
M"= Ch. Dufouk adresse une Notice biographique de M. le D'' Charles Dujour,
professeur à Morges, Suisse, el vingt-trois Opuscules publiés par ce savant sur divers
sujets relatifs aux sciences mathématiques et physiques. il\ fasc. in-S".
Ordos, esquisse orographique et géologique par V.-A. Obhoutchef, avec une Carte.
s. 1. 1904; 1 fasc. in-4°. (En langue russe.) (Hommage de l'auteur.)
Note on the détermination of the longitude Paris-Greenwich in the year 1902.
{Monthly Notices of R. A. S., janvier igoS.) i lasc. in-8°.
War die magnetische Deklination vor Kolumbus erster Reise nach Amerika
talsdchlich unbekannt? Vortrag gehalten am 19. August 1904 auf dem XVI. interna-
tionalen Amerikanistenkongress zu Stuttgart, von D-- August Wolkenhauer. Brème,
Garl Schiinemann, 1904; i fasc. in-S".
Verhandlangen der ôsterreichischen Gradmessungs-Kommission; Protokolle uber
die am 29. Mai 1901, 29. Dezember 1902 und kjoS abgehaltenen Sitzungen. Vienne,
1908-1904; 2 fasc. in-8°.
Astronomische Arbeiten des K. K. Gradmessungs-Bureau, ausgefiihrl unter der
Leitung des llofrathes Theodoh v. Opi'OLZEr, nach dessen Tode herausgeg. v. Hofrath
Prof. D'- Edailnd Weiss und D' Robert Sciirah; Bd. XIII. Ldngenbestimmungen .
Vienne, igoS; 1 fasc. in-4°.
Annual report of trie Direclor Kodaikanal and Madras observalories for 1904.
Madras, imprimerie du Gouvernement; 1 fasc. in-4''.
Extracts from narrative reports of the Survey of India for the season 1902 igoS,
prepared under the direction of lieutenant-colonel F.-B. Longe. Calcutta, imprimerie
du Gouvernement, igo5; i fasc. in-4''.
The national physical Laboratory. Report for the year 1904. Londres, Harrisson
et fils, igo5; i fasc. in-S".
Royal botanic Gardens, Kew. Bulletin of miscellaneous information : AppendixII,
igoS, contents : Catalogue of the Library, additions received during 1904. Londres,
igo5 ; I fasc. in-8°.
Digestion experiments with poullry, by E.-W. Browîs. (U. S. Départ, of Agricul-
ture. Bureau of animal industrie; Bull, n" 30.) Washington, imprimerie du Gouver-
nement, igo4; I fasc. in-8°.
Was fehlt dem Menschen noch zum Ftug? von Karl Neupert. Bamberg, W.-E.
Hepple, igoS; 1 fasc. in-S".
The institution of mechanical Engineers. Li^t of Merabers, 1" march igoS; articles
and by-lavvs. Londres; i vol. in-8°.
Transactions of the American philosophical Society, held at Philadelphia for pro-
moting usefui knowledge; vol. XXI, new séries, part 1, article 1 : The morphology of
II 28 . ACADÉMIE UES SCIENCES.
Ihe x/.iiU of ihe f'e/ycosaiirian gerius Dimelrodon, bj lî.-C. Case. Philadelphie,
igoô ; I fasc. iii-'J".
(Séance du lo avril 190.5. )
Noie (le M. de Foivrancl, (Chaleur de formation deThydrure de sodium.
Page gg'î, lignes i5 el 16, au lieu de
-CFP ou -CH- A,
sez
= GH=' ou =(;h- II.
Noie de MM. Lépine el lioidud, Sur la réduolioii de roxyhemoglobiiie
Page 993, lignes aS et 24, «" lieu de rouge normal, liRt'z sang normal.
r 16.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 17 avril 1903.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Prksidknt annonce à l'Académie qu
en raison des fêles de Pâques, la séance (
lundi 24 avril sera remise au mardi 23.
M. Bertin. — Sur le principe, des navires
IloUaison cellulaire 1077
\1. A. Laveran. — Trailenicnt mixle par
l'aciilc arsénieux et le trypanrolh des in-
fect ions ducs au Trynaiiosoma gambiense. loSi
NOMINATIONS.
Commission chargée de juger le concours des
prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts in-
salubies), La Gaze, Bordin pour 1905 :
MM. Troost, Gautier, Moissan, Ditle, Le-
moine, Haller, Berthelot, Schlœsing,
Carnot
Commission cliargée de ju:;cr 1.- concours
des prix Delesse, KoTit;iiin(s, MLiinibert
pour 1905 : MM. Gaiit/i \ . r.r: inm.l. Mi-
chel Lévy, de Lapparciit, l.uirni.v. Bar-
rois. Zeiller, Moissan, Perrier
Commission chargée déjuger les concours du
grand prix des Sciences physiques, des prix
Desmaziéres, Montagne, Thorc pour 190.5 :
MM. Van Tieghem, liorncl, Guignard.
Bonnier , Prillieux , Zeiller, l'erricr,
Giard, Chaliii io8i
Commission chargée de juger les concours du
pri\ Savigny pour irjoô: MM. lianvier, Per-
rier. Chatin, Giard. Delase. Bouvier.
Gr.,n.!hlicr. Ims.,,,,,. Im,, nrt..„ .^ ue ,„s;,
llclli' n.Mégc, liusgale, Serres pour ]9o5 :
MM. Bouchard, Guyon, d'Arsonval, Lan-
nelongue, Laverait, Daslre. Boi(.v. Delage.
Perrier. Chnuvcaii. Brniiardcl ". .
CORRESPONDANCE.
M. F. UossARD. — Observalions de la nou
vclle comète Giacobini (iqo.5, mars 9.6
faites à l'Observatoire de Toulouse (équa
torial Brunner-llenry )
M. M.iX iM.\s(jN. — Sur loquulion différen
.ielley+AA(x)v = o
M. li. Liorvn.i.i:. ^ Sur la relation qui cxist
M. HouLLi:vn;i
fer ionoplasi
M. AuiERT Ba
MM. f. Bordas et Touplain. — Emploi des
cenirifugeurs pour l'analyse des cacaos et
des chocolats rogS
MM. 1''. Bordas cl Touplain. — Nouvelle mé-
thode d'analyse rapide du lait 1099
M\l, Hauoer etPESCHUUX. — A vcrlisscur de
la présence des gaz d'éclairage ou du i;ii-
sou cioo
M. GuiNCUANT. — Luminescence de l'acide
iMM. J. DE K0WAI.SKI et P. JoVE. — Sur le
spectre d'émission de l'arc électrique à
haute tension 1 102
M. G. -A. IlEMSALEcri. — Sur une méthode
simple pour l'étude des élincclles oscil-
m
SU/TK OK LA TAlil.l', DKS ARTICLES.
1. L. Benoist.
sage dans le
réiectr
Mélliode et appare
applications médi
statique.
M. F. BoDRoux. — Mode de (ornialion de
quelques dérivés monosuhstilués de l'uré-
thane
M. C. GEunKH. — Pétales inverses du Chei-
ranthus Cheiri L. \Av.\-gynantherus DC
et fausse cloison des Crucifères
M. J. DuMONT. — Sur l'analyse minéralpgique
des terres arables
M. H. CouTiiîRE. — Sur quelques Crustacés
provenant des campagnes de la Piincesse-
rllice (filet à grande ouverture)
M. Cluzet. — Sur l'excitation des nerfs par
le minimunn d'énergie; application à l'élec-
trodiagnostic
Bl'I.LETIN BIBLIOGRAPHIQUE
1> 112G
M. Gabriel Z.uiikjanz adresse une Note « Sur
les lois fondamentales des vapeurs et des
ga?." '"G
M. P. -A. Dangeard adresse une Note inti-
tulée : Ascodesmis et Boudieia 1 126
iiîG
ii?8
PAKIS. — IMPRIMEKIE (i A U T H l E R - V I L L A R S.
Quai des Grands-Augustins, 55.
Le Gérant : Ga
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
K 17 (25 Avril 1905)
PARIS,
GAUTHIER- VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Auguslins, 55.
"^1905
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 2/, mai 1870
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l' Académie SQ composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Acaflémie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
/|8 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Artu
Impression des travaux
l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de r Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages pai- année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3->. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Sam
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'A
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
suiiié qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires se
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomn
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet exti
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le f(
pour les articles ordinaires de la correspondance o
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer 'àe chaque Membre doit être ren
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tai
le jeudi à ro heures du matin ; faute d'être remi;
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planche
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures serai
autorisées, l'espace occupé par ces figures compte
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des a
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrati'
fait un Rapport sur la situation des Comptes rendi
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pr
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivant
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU MARDI 2o AVRIL 1903,
PRÉSIDÉE PAR M. 11. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
BOTANIQUE. — Deux observations relatives à la flore des Jeunes taillis.
Note de M. P. Fliche.
La jjremière, et surtout la seconde saison de végétation consécutives k
l'exploitation d'un taillis, le tapis végétal couvrant le sol, présente un
contraste complet avec celui que l'on observait précédemment. Ce con-
traste est dû, pour partie, au développement beaucoup plus considérable,
à la mise à fleurs bien plus abondante, d'espèces vivaces qui avaient résisté
plus ou moins bien au couvert; mais il est dû aussi à l'apparition, en quan-
tité souvent énorme, d'espèces annuelles, bisannuelles ou même vivaces,
ces dernières étant des espèces de lumière disparaissant quand le couvert
est complet. D'où viennent les espèces de toutes ces catégories ? La question
a été fort controversée : les uns admettent exclusivement des apports de
graines venues d'endroits situés hors de la coupe; d'autres admettent, pour
partie au moins des espèces et des individus, la germination de graines
restées inactives dans le sol depuis la dernière exploitation. Malgré de
nombreuses observations produites à l'appui de cette dernière manière de
voir par plusieurs forestiers et botanistes, tout récemment en France par
M. Poisson, elle est non seulement discutée, mais même rejetée d'une
façon absolue par quelques personnes compétentes. La question étant tort
intéressante à tous égards, il y a donc lieu de ne négliger aucune observa-
tion nouvelle, de celles surtout qui semblent à l'abri de toute critique;
c'est le cas, à mon avis, pour les deux que je vais relater ( ' ).
(,') Elles oui été faites dans des taillis sans futaie.
C. R., igcS, I" Semestre. (T. GXL, JN" 17.) ^44
ll3o ACADÉMIE DES SCIENCES,
La première a clé faite clans le bois de Champfêtu, aux environs de
Sens (Yonne). I/ajonc commun {Ulex europœus) n'y est pas spontané, non
plus que dans le pays avoisinant; îl y fut introduit, au commencement du
siècle dernier, jjoiir servir de remise au gibier, mais seulement en quelques
points, distants les uns des autres; arbrisseau de pleine lumière, il déj)érit
dès que le massif est reconstitué; or, depuis l'époque de son introduction,
il se montre abondant et vigoureux après chaque exploitation, mais exclu-
sivement dans les endroits où il a été introduit, ne se disséminant pas,
même dans une coupe, en dehors de la tache primitive formée par lui,
celle-ci ayant pu, d'uilieurs, s'étendre ou se réduire légèrement; l'apport
desgraines semble ici impossible, bien que parfois, non toujours, quelques
buissons de l'espèce aient pu subsister sur les bords de la coupe au soleil;
pourquoi, en le supposant possible, cet apport se ferait-il toujours aux
mêmes endroits, jamais ailleurs? Je dois faire ob'^erver toutefois que cette
observation, si concluante paraisse-t-elle, a été faite dans des taillis exploités
jeunes.
La portion du bois où l'ajonc a été introduit ayant pour origine des
plantations de bouleaux et de saules marceaux a été exploitée d'abord
à lo ans, puis successivement, à mesure que les essences plus longévives
s'y installaient, à des âges plus avancés; depuis i5 ans, la révolution, suivant
l'expression consacrée en langage forestier, a été portée à 2.5 ans, mais
progressivement, sans suspendre les exploitations, en réduisant la surface
exploitée; la coupe la plus âgée, où l'on a constaté la dernière apparition
de l'ajonc, a été exploitée à un âge très sensiblement inférieur à 2.5 ans.
La seconde observation, se référant à un taillis à la révolution de 35 ans,
est, comme on va le voir, encore plus intéressante à tous égards; elle porte
sur VEuphorbia lathyris L. Celte plante ne paraît être spontanée nulle part
en France, mais elle y est naturalisée en des stations fort disséminées; c'est
ainsi qu'elle se présente en Lorraine où, en dehors de la localité dont il va
être question, neuf autres seulement sont citées dans la dernière édition
de la Flore de Lorraine de Godron; on ne peut même affirmer que dans
toutes la plante existe encore aujourd'hui. Aussi y eut-il quelque élonne-
ment parmi les botanistes de Nancy, lorsqu'en 1872 on la rencontra en
abondance, très bien fleurie, puis fructifiée, dans un endroit où elle n'avait
jîas encore été signalée, au canton de la Petile-Malpiei-re, dans la grande
forêt de Haye. Elle s'y trouvait dans un taillis de 2 ans, et ce n'était certai-
nement pas la première coupe du canton où elle avait apparu ; celui d'un an
la i)résentait, mais non fleurie.
SÉANCE DU 2.5 AVRIL Ipoï. Il3l
En 1874, le 2 juin, elle formait des fourrés clans la coupe de 2 ans, mais
on ne la rencontrait plus qu'il l'état de pieds isolés dans celle de 3 ans;
elle avait totalement disparu de la coupe de 4 'i"s f'î' "^ l'avait observée
si abondante en 1872. Il me semble évident que cette diminution d'abord,
cette disparition ensuite, à mesure que le couvert se reconstituait, était due
à l'influence de celui-ci et non à une mauvaise qualité de la graine; cepen-
dant, pour faire disparaître complètement le doute, je semai à l'automne
(les graines de l'espèce récoltées à la Petile-Malpierre, les unes dans la
pépinière domaniale de Bellefontaine, les autres à côté de celles-ci, à une
distance de quelques mètres, sur le même versant, sous un perchis âgé
d'environ 70 ans, au canton du Val-Thiébaut. Ces dernières restèrent
inertes, alors que les premières germèrent fort bien, donnant des plantes
vigoureuses. Dès lors il me parut démontré que 1'^'. foMjm se montrait,
après l'exploitation, parce que ses graines, conservées dans le sol, rece-
vaient alors la quantité de chaleur nécessaire pour germer, mais que, le
taillis atteignant l'âge de 4 ans, les graines, n'ayant plus cette même quantité
de (haleur, restaient à l'état de vie ralentie jusqu'à l'exploitation suivante;
j'introduisis même cette notion dans mon enseignement. Il était intéres-
sant de vérifier cette conclusion au moment d'une nouvelle exploitation;
c'est ce que j'ai eu la satisfaction défaire à la fin de l'automne dernier; le
i4 novembre, je trouvais un pied cVE. lathyris bien fructifié dans la coupe
n° 2 exploitée en 1902-1903, un assez grand nombre de pieds de l'année,
non encore fleuris, dans la coupe n" 3 exploitée en 1903-1904, séparée par
la coupe n° 4, actuellement en exploitation, de celle oii l'espèce a été
observée, pour la première fois, en 1872, en abondance, mais alors qu'elle
avait déjà apparu dans la coupe antérieure.
Cette localité de la Malpierre est intéressante, à divers titres, en ce qui
concerne VE. lathyris; à l'y voir si abondante, si vigoureuse, il semblerait
qu'il y eût là un argument en faveur de la spontanéité de l'espèce en cet
endroit, puisqu'il est aujourd'hui fort éloigné des habitations, et même de
champs cultivés de quelque importance. Or, il n'en a pas toujours été ainsi :
on a trouvé, il y a une quarantaine d'années, à proximité, vers la fontaine
du Noirval, d'importants restes gallo-romains prouvant qu'on y avait traité
le minerai de fer, dans un fourneau du type dit à la catalane. Les Romains,
du temps de l'Empire, employaient l'i?. lathyris comme plante ofticinale,
nous le savons par le témoignage de Pline; d me parait non seulement pro-
bable, mais certain, que la plante a été introduite par les habitants de la
station gallo-romaine dont il vient d'être question; qu'elle s'est maintenue.
Il 32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quand la forêt a repris possession du sol; que par suite, avant que celle-ci
ait été soumise à des coupes régidières de taillis sans futaie, la plante a pu
subir des périodes de vie ralentie, sous forme de graines conservées dans le
sol, bien plus longues que celle de 35 ans dans les conditions actuelles.
Je puis ajouter, en terminant cette Note, que cet exemple d'une plante
abondante, vigoureuse, en pleine forêt et cependant d'ancienne intro-
duction, montre combien il faut être prudent lorsqu'on étudie ces questions
d'indigénat dans les pays depuis longtemps habités par l'homme. Si l'on
n'avait pas trouvé à proximité d'importants restes gallo-romains, sans nul
doute on eût vu dans cette station de la Malpierre un argument solide
pour admettre la complète spontanéité en Lorraine, d'une plante dont
l'origine reste jusqu'à présent si obscure.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un Ouvrage de M. E. Wickersheimer, Ingénieur en chef
des Mines, ayant pour titre : Les principes de la Mécanique.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un nouvel embrayage.
Note de MM. leducDEGciciiEetHENRiGiLARDoxi, présentée par M. Appell.
Considérons {fig. i) un tambour T de centre O, à l'intérieur duquel
frotte un patin/? relié au centre O par les deux bielles OA et AB; pour un
choix convenable de l'angle a de OB et Ali, l'appareil constitue un em-
brayage grâce auquel le patin/? est entraîné, ([uelle que soit la résistance à
vaincre.
Désignons en effet par S la composante normale de la réaction de la
bielle AB sur le patin, et par P la force tangentielle d'entraînement du tam-
bour; le patin, par la liaison OAB, est assujetti à tourner autour de O; la
somme des moments des forces qui agissent sur lui par rapport à O est donc
nulle, et l'on a, en négligeant les frottements aux axes,
S tang(j(a — b) — Pa,
en désignant para le ravou du tambour et [)ar b la distance du point B au
SÉANCE DU 25 AVRIL igoS.
tambour. Or, pour que le patin ne glisse pas, il faut que
ii33
(0
P^s/,
d'où
tans;c;
< «/
condition indépendante de S; donc, dès que a remplira la condition (i ), il
y aura entraînement, quelle que soit la pression S.
Ce dispositif bien connu n'est pas progressif, car, la valeur de n étant
parfaitement déterminée par les dimensions de l'appareil, il v a coince-
ment dès que le patin touche le tambour.
Une modification, permettant de faire varier <7, rend l'appareil progressif.
Lorsque c sera plus grand que l'angle limite ç, il y aura glissement du
patin avec entraînement partiel (ou freinage); et l'entraînement sera com-
plet lorsque a tombera au-dessous de la valeur . = oooi^i^), les cannelures du spectre
sont bien nettes lorsque la fente est fine. En l'élargissant jusqu'à o°"°, i
les cannelures disparaissent, et le pointillé des raies solaires devient par-
faitement net. Quelques-unes des raies les plus fortes (la raie F par exemple)
ne donnent pas d'interférences parce qu'elles ne sont pas assez fines.
Avec une différence de marche de lo™", un grand nombre de raies
montrent encore un pointillé parfaitement net. Lorsque la différence de
marche atteint 20™™, quelques-unes des raies, dans la régioti des grandes
longueurs d'onde, donnent des interférences, d'ailleurs peu nettes. Il
semble difficile d'obtenir, au moyen des raies du spectre solaire, des inter-
férences dont le numéro d'ordre dépasse 35 000 à 40000.
Le dispositif que je viens de décrire présente sur l'ancien, que M. Pérot
et moi avons employé pour l'étude du spectre solaire ( ' ), les avantages que
j'ai fait ressortir dans ma précédente Communication; il permet, en parti-
culier, l'application facile de la photogra|)hie et, par suite, l'étude des pe-
tites longueurs d'onde, dont l'observation oculaire est impossible. Il per-
mettra de prolonger la courbe de correction aux tables de Rowland que
nous avons donnée jusqu'à la longueur d'ontle 464*^"^ (')• I-e nombre de
raies qu'on peut étudier est beaucoup moins limité qu'avec l'ancien dispo-
(') Fabrv et PéroTj Mesures de longueurs d'onde en valeur absolue; spectre so-
laire et spectre du fer {Annales de Chimie et de Physique, 7" série, t. XXV, p. 98,
l()02).
(-) Loc. cit. Il n'est pas inutile de rappeler que cette courbe s'applique uniquement
aux nombres de Kowland pour le spectre solaire, et qu'elle ne résout pas le problème
du choix des radiations à prendre comme repères pour les mesures spectroscopiques.
Voira ce sujet les rapports présentés à la Conférence on solar research (Saint-Louis
1904 ) par MM Crew, Perot et Fabry, Kayser, Jewell {Astrophysical Journal, t. XX
et XXI).
SÉANCE DU 25 AVRIL igoS. I I Bg
sitif. La nouvelle mélhoile pourra peut-être rendre des services pour l'étude
de très faibles déplacements des raies.
RADIOLOGIE. — Sur les variations d'éclat données par un tube de Crookes.
Note de M. S. Turchini, présentée par M. d'Arsonval.
L'dlumination d'un écran fluorescent par les rayons X dépend de la
quantité et de la qualité des rayons émis. J'ai étudié systématiquement ces
variations d'éclat en fonction des constantes du circuit : étincelle équivalente ,
intensité au secondaire, fréquence de l interrupteur , bobine employée.
Pour cela, j'ai comparé les éclats d'un écran au plalino-cyanure de
baryum, placé à une distance fixe d'un tube de Crookes, à celui d'une
plage voisine éclairée par une lampe à incandescence à voilage fixe, munie
de verres colorés, donnant l'égalité de teinte aux deux plages.
J'ai établi ainsi la relation qui existe entre l'étincelle équivalente E du
tube, l'éclat fluoroscopique F de l'écran et l'intensité i du courant qui tra-
verse le tube. La relation entre ces trois variables est une surface qui sera
représentée par les courbes de niveau pour i = constante ( ' ).
Eclat de l'écran en fonction de l'étincelle équivalente. — I^es premières
déterminations ont été faites avec une bobine de 25*^" d'étincelle et l'inter-
rupteur Villard à 22 interruptions par seconde. Les intensités, en milli-
ampères, ont été de o,3, o,4, o,5 et o,(). Voici quelques-uns des nombres
obtenus :
Étincelles
équivalenles.
Éclats.
o,6i
l,IO
1 , 1.5
I , i5
1,31
'.77
2,6
2,6
Éuncelles
équivalentes.
Éclats.
o,74
1,52
1,83
8,2....
8,7...,
10. . . .
omA,5.
1,87
1,29
2,l3
i =
6
8,5....
6,5. .7
8,5...
= omA,6.
11.7..
3,3
i4
i5
3 3
(') Celle surface a été représentée dans ma thèse pour le doctorat en médecine :
Etudes expérimentales sur la puissance du tube à rayons ^Y dans ses divers modes
d'emploi {12 mais 190J).
Il4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'éclat de l'écran à intensité constante augmente avec l'étincelle équiva-
lente, jusqu'à ce qu'elle atteigne lo*^"' à 12"", et se maintient constante
après.
L'éclat de l'écran croît avec l'intensité à étincelle équivalente constante.
Les courbes de cette variation sont des lignes droites, et le taux de variation
augmente très rapidement avec l'intensité, et d'autant plus que l'étincelle
équivalente est plus longue.
J'ai eu les mêmes résultats avec une bobine de 45<^"d'élincelle et l'inter-
rnpteur-turbine à i5 interruptions par seconde.
Avec une fréquence plus élevée (126 interruptions par seconde), une
intensité de i^^.iS et cette même bobine, l'éclat de l'écran passe par un
maximum pour une étincelle équivalente de i i'^'" environ. De même avec
les fréquences de 63 et 126 interruptions par seconde, et une intensité
de o^^jô, l'éclat de l'écran présente un maximum, fait qui n'a lieu ni avec
cette bobine, et des fréquences plus basses, ni avec la bobine de 25'''",
quelle que soit la fr'équence.
Éclat de l'écran en fonction de la fréquence de l'interrupteur. — Les fré-
quences ont été mesurées comme je l'ai indiqué dans une Note précé-
dente ('). Voici quelques nombres relatifs à la petite bobine, pour
/ = o'"*, 5 :
Inlerruplioiis par seconde.
3L 63. 126.
Étincelles Étincelles Éiincelles
équivalentes. Éclats. équivalentes. Éclats. équivalentes. Eclats.
STS... 1,98 STS... 1,87 S.'S... 1,32
10 2,16 9,2... 2,04 9 ',6
16 i3,5... 2,1
L'éclat de l'écran à intensité constante diminue quand la fréquence des
interruptions augmente, ce qui est dû sans doute à ce que, lorsque la fré-
quence augmente, l'étincelle maxima que donne la bobine pour une inten-
sité donnée, diminue et se rapproche trop de l'étincelle équivalente du
tube.
Avec la grosse bobine et i5 ou 3i interruptions par seconde, on obtient
les mêmes résultats, mais avec les fréquences de 63 et i2(i interruptions et
(') Variations de l'étincelle équivalente du tube à rayons X {Comptes rendus,
6 inar.s 1905).
SÉANCE DU s"» AVRII, igoS. I 1 4 i
une intensitéde o"'\6, on a un maximum vers lo*"" d'étincelle équivalente.
Voici les nombres qui le prouvent :
iTuptions par scronde.
ncelles. Éclats.
8^"^ 0,08
Éclat de l'écran avec deux bobines différentes. — En comparant les éclats
obtenus en excitant le tube avec une bobine de so'^'" et une bobine de 45*^"
d'étincelle, on s'aperçoit que, toutes choses égales d'ailleurs, l'éclat est
plus grand pour la petite bobine que pour la grosse. Voici quelques nombres
obtenus avec ? ^ o"'*, 6.
Peli
le bo
bine.
Étincelles.
87-5. .
Éclats.
9. . 1 3
3,3
3 37
S, 5 • .,77
11,5 2,52
Il semble donc qu'il serait plus avantageux, pour la production des
rayons X, d'employer une bobine de petites dimensions, qu'une forte bo-
bine, toutes choses égales. L'avantage est réel pour les petits régimes; mais
avec une petite bobine on atteint diflicilement une intensité de i"*; et alors
le tube durcit très rapidement, tandis qu'avec une forte bobine, le régime
s'obtient facilement et le tube se comporte bien.
Étude d'une bobine à self variable. — Ma bobine de 45'^'" d'étincelle a
un primaire à self-induction variable. J'ai obtenu les nombres suivants en
variant la self :
Self ent
ière.
Él
incelles.
Si
;lf
réduite.
Étincelles.
875..
Éclats.
■ '-77
• 2,29
. 2,44
Éclats.
• 1,45
.. 1,87
.. 2,08
10, .5...
i3,8...
10,2. .
i3,7..
Avec une même bobine, on aura donc avantage à employer toute la
self du primaire, avec les interrupteurs mécaniques, donnant les fréquences
de 20 à 3o par seconde.
Ii42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MICROGRAPHIE. — Application du microscope à l'examen du caoutchouc.
Note (le M. Pierre Bkeuil.
Nous nous sommes occupé depuis quelque temps de la micrographie des
caoutchoucs ; nous avons opéré soit par voie de transparence, soit par voie
de réflexion; un même microscope spécialement organisé nous a permis
d'obtenir des photographies dans chaque cas. Pour la transparence il n'y a
aucune difficulté spéciale pourvu que l'échantillon examiné soit assez
mince; nous n'avons pas essayé d'ailleurs de faire des coupes qui offrent de
réelles difficultés, nous avons surtout étudié des peaux obtenues par évapo-
ralion de solutions de caoutchoucs dans divers solvants ou des lanières
minces transparentes. Pour la réflexion il est nécessaire de disposer d'une
source lumineuse puissante, un arc de 20 ampères a été utilisé par nous.
Une première série d'essais sur des mélanges de gomme Para manufacturée conte-
nant 5 pour 100 de soufre en fleur ou 10 pour 100 de sulfure d'antimoine et soit vulca-
nisés soit non vulcanisés, nous a montré, pour les gommes non vulcanisées dissoutes
dans différents solvants, des ramifications de même nature quel que soit le solvant;
ces ramifications sont dues au soufre, on les obtient en effet en évaporant lentement
une solution de soufre dans le sulfure de carbone. Butschli les a décrites dans ses
éludes sur la microstructure du soufre. Pour les gommes vulcanisées au contraire, qui
sont partiellement snlubles dans les solvants précédents, on obtient une peau réticulée
avec parfois quelques rameaux provenant du soufre non combiné à la gomme.
Une deuxième série d'essais a pu être faite grâce à l'amabilité de M. Boutaric,
ingénieur des établissements Bergougnan de Clermoni-Ferrand, qui a bien voulu nous
communiquer une collection d'échantillons de même gomme Para contenant le même
pourcentage de soufre, mais vulcanisés dans des conditions de temps et de température
variées.
Le soufre dans le mélange non vulcanisé est réparti en grains plus ou moins fins et
d'une façon plus ou moins régulière; chauffé à 1 14°- 120" pendant 1 5 minutes le mélange
montre des accumulations de cristaux paraissant provenir de l'accolement des plus
gros cristaux du mélange non vulcanisé; chaufle à i28"-i36° pendant i5 minutes le
mélange montre que les gros cristaux ont émis des rameaux reclilignes dendritiques
donnant naissance eux-mêmes à des rameaux secondaires plus courts, ces rameaux
commencent à s'enchevêtrer; à cette température on constate aussi, dans le cas où
l'on a affaire aux petits grains de soufre, des rameaux fins analogues à ceux du soufre
des solutions ci-dessus; enfin il est à noter que certains gros cristaux continuent à
absorber les grains de soufre plus petits qui les environnent, formant autour d'eux une
véritable cour.
Chauffé pendant id minutes à \[\!\<'-\b2° le mélange contient des rameaux de soufre
SÉANCE DU 9.5 AVRIL 1905. Il43
de plus en plus enchevêtrés, raccumulalion des rameaux paraît donc croître avec la
température en même temps que leur finesse augmente. D'une façon générale ils s'irra-
dient d'un centre plus loufl'u qui les nourrit, de sorte que, si l'on maintient pendant
plus d'une heure par e\emple une température de i45°i on n'aperçoit plus qu'une
masse régulière avec des sillons plus clairs qui sont les zones de jonction de deux ou
plusieurs centres d'émission, et dans ces sortes de failles les cristaux ramifiés qui
subsistent encore envoient leurs bras plus ou moins finement dentelés.
Quand enfin le temps et la température ont été assez élevés on n'aperçoit plus
qu'une nappe continue de gomme colorée uniformément avec quelques lignes cependant
et quelques cristaux de soufre libre.
Ces constatations n'ont pas seulement été faites sur les lames du mélange
précédent incluses entre lamelles de verre et sur des solutions mixtes de
gomme et de soufre dans le sulfure de carbone, mais aussi sur des caout-
choucs de chambres à air de bicyclettes préalablement distendues au moyen
d'air comprimé : il serait possible, d'après ce dernier procédé, de rendre
transparente en l'amincissant uniformément une fine lame de caoutchouc.
Des échantillons variés de caoutchouc souple et d'ébonite préalablement
dressés et polis, d'après les méthodes de métallographie, puis attaqués par
SO'H- et AzO'H, ont accusé à l'examen, p:u- réflexion, une structure su-
perficielle constamment la même, qui est caractérisée, en général, par une
a|)parence réseautée; il est possible, à notre avis, d'admettre que les joints
des cellules ainsi obtenues proviennent des jonctions des rameaux dont il
est question plus haut, qui, étant moins sulfurées que les régions qu'elles
bordent, se laisseraient autrement attaquer parles acides que ces régions
elles-mêmes. On aurait ainsi le moyen de voir comment la vulcanisation a
été réussie.
Enfin des gouttes de gutta-percha examinées au microscope ont accusé
une structure finement grenue dont la trame paraîtrait connexe de la na-
ture et de la pureté de cette gulla. Les impuretés ou les adjuvants du caout-
chouc et de la gutta pourraient par cette méthode microscopique être
assez bien décelés, croyons-nous.
BOTANIQUE. — Le diagramme Jlor al des Crucifères.
Note de M. Gerber, présentée par M. Alfred Giard.
Depuis un certain nombre d'années nous avons poursuivi, d'une façon
continue, les recherches les plus variées en vue d'essayer de jeter quelque
clarté sur la constitution si curieuse de la fleur des Crucifères.
II 44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces recherches ayant été publiées dnns divers Recueils, nous tenons à
en donner ici un résumé où nous exposerons les méthodes que nous avons
suivies et les résultats auxquels nous sommes arrivé.
A. Principes adoptés. — i° La fleur des Crucifères doil trouver son explication
dans l'étude des plantes de cette famille, abstraction faite de toute considération tirée
de parenté plus ou moins réelle avec d'autres familles.
2° Les feuilles florales, comme les feuilles ordinaires, pouvant soit se diviser en
lobes, soit se souder les unes avec les autres, et cela parfois dès leur apparition à
l'extérieur, il est impossible de se fier uniquement à la morphologie externe ou à
l'organogénie apparente.
3° L'appareil le plus résistant, le moins sujet à varier, étant l'appareil conducteur,
on ne doit pas négliger l'étude anatomique de cet appareil, pour caractériser une
feuille, surtout dans son trajet à travers l'écorce de la tige où les influences extérieures
sont réduites au minimum.
• 4° Les cas tératologiques étant le plus souvent dus à l'exagération d'un ou de plu-
sieurs caractères, peuvent être consultés avec fruit, car ils permettront ensuite de
retrouver ce caractère dans le type normal où il avait passé inaperçu.
5° Le type auquel on doit rapporter les feuilles florales, pour juger de leur valeur,
étant la feuille ordinaire et le système conducteur de celle-ci, quelle que soit sa posi-
tion sur la tige et sa forme, se rattachant toujours, dans le cylindre central, à un arc
libéroligneux continu, bien sépaié des arcs voisins, nous considérons, dans la fleur,
comme appartenant à une même feuille, tout ce qui est innervé par un système con-
ducteur se réunissant finalement en un seul arc libéroligneux, dans la stèle, et rien
que cela.
B. Résultats obtenus. — i° Si l'on pratique une série de coupes transver-
sales à travers une tige, à partir du point où un arc libéroligneux du
cylindre central se différencie en système conducteur foliaire, on voit,
aussi bien pour une feuille florale que pour une feuille ordinaire, le
cylindre central pousser une légère hernie dans l'écorce, l'arc libéro-
ligneux passer dans cette hernie, puis, seulement alors, se diviser, selon
qu'il est plus ou moins grand, en cinq, quatre, le plus souvent trois (méri-
phyte trifasciculé de M. Lignier), deux faisceaux très rapprochés les uns
des autres; ensuite la hernie s'accentue, le faisceau médian abandonne la
stèle et pénètre dans l'écorce, suivi bientôt des faisceaux latéraux qui
s'écartent de plus en plus de lui; l'ensemble s'épanouit enfin en éven-
tail et entre dans la feuille ordinaire ou la feuille florale qui s'isole de la
tige.
■1° Les arcs libéroligneux de l'axe floral sont, en général, beaucoup plus
petits que ceux de l'axe végétatif; aussi ne se ramifient-ils pas, d'ordinaire,
quand ils ont passé dans la hernie. Néanmoins, ceux qui innerveront les
SÉANCE DU 25 AVRIL 1905. Il'p
carpelles placentaires, étant assez gros, se divisent en trois faisceaux prin-
cipaux : un externe et deux latéraux. Ces derniers se rabattant vers l'inté-
rieur constituent la mérislèle inversée ovulifère de la périphérie de la fausse
cloison.
Dans le cas où le nombre des grands arcs libéroligneux de l'axe floral
est plus élevé, les feuilles florales situées au-dessous des feuilles carpel-
laires reçoivent, elles aussi, des mériphytes trifasciculés (étamines carpel-
lisées et phyllomes pétniiques de Cheiranlhus Cheiri L. var. 1-gynan-
therusDC, phyllomes pétaliques des nombreuses Crucifères à fleurs doubles
chez lesquelles, autour d'un gynécée et d'un androcée normal, on trouve
une corolle à nombreux pétales et parfois un calice à huit sé|)ales).
3° T.es arcs libéroligneux des feuilles florales se détachent du cylindre
central dans l'ordre suivant :
I. Dans le plan droite-gauche : deux arcs opposés, unifasciculés pour les
deux sépales latéraux, souvent gibbeux.
II. Dans le plan antéro-postèrieur : deux arcs opposés, unifasciculés pour
les deux sépales médians.
III. Dans deux plans diagonaux : quatre arcs, types réduits d'arcs trifas-
ciculés, envoyant chacun deux petits faisceaux latéraux dans les bords des
deux sépales voisins, tandis qu'un gros faisceau, normal, pénètre dans
le pétale.
IV. Dans le plan droite-gauche : deux arcs opposés, pour les deux éta-
mines courtes latérales; ces deux mériphytes sont des types réduits de
mériphytes trifasciculés bien développés quand les deux étamines sont car-
pellisées.
V. Dans deux plans obliques, généralement pins rapprochés du plan
antéro-postérieur que les plans diagonaux : quatre arcs pour les quatre éta-
mines longues dites diagonales. Ces quatre mériphytes sont des types
réduits de mériphytes trifasciculés bien développés quand les quatre éta-
mines longues sont carpellisées.
VI. Dans le plan droite-gauche : deux arcs opposés, unifasciculés. pour
les deux valves de l'ovaire.
VII. Dans le plan antéro-postérieur : deux arcs opposés, trifasciculés,
pour les deux rayons placentaires et la fausse cloison; le faisceau médian
de chaque mériphyte trifasciculé forme une méristèle normale et les deux
faisceaux latéraux, une méristèle renversée située à la face interne delà
méristèle normale et à la périphérie de la fausse cloison.
4° Les quatre sépales, les quatre pétales et les six étamines de la fleur
G. K., 1903, I" Semestre. (T. CXL, N° 17.) l46
, I ',6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des Crucifères doivent être considérés comme ayant la valeur de qualorz'^
feuilles distinctes.
Quant au gynécée, il est formé de quatre ftMiiiles : deux valvaires, sté-
riles; deux placentaires, fertiles. Ces quatre feuilles sont concrescentes par
leurs bords; en outre les deux feuilles placentaires sont concrescentes par
leur nervure médiane avec l'axe île la fle;n-; il en résulte une cloison divi-
sant l'ovaire en deux loges.
5° La stèle de l'axe floral se reconstiluo, d'habitude, après le départ de
chaque verticille de mériphytes foliaires.
6° Le gynécée biloculaire doit être considéré comme le type normal,
|)rimitif; il est la conséquence de la dislocation du cylindre central en deux
grands arcs et deux petits, par le départ des quatre méri|)hytes staminaux
diagonaux.
7° Les gynécées triloculaire, quadriloculaire simple ou avec ovaire
emboîté sont des types anormaux, n'ayant aucune signification au point de
vue du gynécée primitif ou final des Crucifères; ils sont dus à la non-recon-
stitution de la stèle de l'axe floral après le départ des mériphytes allant
aux six étamines (type triloculaire), ou aux six étamines, aux quatre pétales
et aux quatre sépales (type tétraloculaire). Les six, huit, douze arcs restant
dans la stèle deviennent immédiatement les mériphytes des six, huit, douze
feuilles carpellaires qui entrent dans la constitution de ces gynécées anor-
maux.
8" La formule florale des Crucifères est, d'après nos recherches :
S(2,+ 2,„).P'4rf).E(2,^-/,^).C(■^,,^-2,„^).
BOTANIQUE. — Production expérimentale de l'appareil ascosporè de la
Morille. Note de AL 3ïari.\ Molliard, présentée par M. Gaston Bonnier.
J'ai montré, dans des Notes précédentes ('), qu'en partant de l'asco-
spore ou de la chair de l'appareil s[)orjfere de la Morille on obtient aisé-
ment un mycélium qui reste stérile eu cultures pures; si l'on vient à
l'introduire dans un sol additionné de diffcreutes substances organiques
(') Mycélium et forme conidienne de la Morille {Comptes rendus, ii fév. 190.^).
- Forme conidienne et sclérotes de Morchella esctilenta Pers. (/îec. gén. de Bot,,
XVI, p. 909).
SÉANCE DU 2.^ AVKIL IQoS. Il47
on observe un abondant développement de la forme conidienne qui n'est
autre chose que la Mucédinée décrite par Malruchot sous le nom de
Costantinella crislata.
D';uilre part les cultures du mycélium de la Morille donnent lieu, en
milieu stérile, à la formation de sclérotes; ceux-ci se produisent dans les
cultures qui proviennent de l'ascospore et ont été renouvelées un certain
nombre de fois, ou bien, plus rapidement, dans celles qu'on a effectuées à
partir du mycélium qui porte les conidies.
Les sclérotes sont particulièrement développés dans les cultures fûtes
sur du pain trempé et stérilisé; dans des ballons de la contenance de i' on
obtient, au bout de quelques mois, au-dessus du suhstratum et contre la
paroi du verre, un anneau compact formé par des sclérotes d'abord distincts
puis confluents; cette croûte épaisse, constituée par un faux tissu en tout
semblable à celui qui forme la chair de l'appareil ascos|ioré, dont il a la
saveur, peut mesurer 5''" de hauteur et dans certains points jusqu'à 2""
(l'épaisseur; elle atteint quelquefois le poids de do*? par ballon dans îles
cultures de 6 mois.
Mais jamais dans des milieux stériles ou n'observe la formation d'asques.
Le fait qu'on a souvent signalé l'apparition de Morilles en des endroits où
avaient été enfouis des fruits tels que des poires ou des pommes, ou divers
autres organes végétaux riches en réserves sucrées : topinambours, arti-
chauts, etc., m'a amené à tenter la culture delà Morille dans un sol auquel
j'ajoutais des pommes en même temps que le mycélium obtenu précé-
demment en cultures pures; deux de ces essais viennent d'être couroniiés
de succès.
L'un d'eux se rapporte à un semis de mycélium de Morcfiella esculenta (ail au mois
de mai igoS dans du terreau contenu dans un pot de aS'" de diamètre et auquel il
avait été ajouté de la compote de pommes à une profondeur de lO"^ environ; laissé eu
même temps que d'autres pots traités de la même façon dans une serre froide, il ne
produisit, comme eux, en 1908 et 1904, que la forme conidienne; transporté en oc-
tobre 1904 dans un jardin et enterré jusqu'à sa partie supérieure, il vient de donner
(10 avril igoS) deux Morilles normalement constituées, mais très petites, alors que les
pots laissés dans la serre pendant l'hiver n'ont offert aucun appareil ascosporé ; il est
probable que pour ces derniers l'humidité n'a pas été suffisante.
Le second essai correspond à un carré de terreau d'environ So'^"' de côté et 20"^" de
profondeur; il y avait été ajouté à la fin du mois de décembre dernier environ 5''3 de
compote de pommes en même temps que du mycélium qui avait été cultivé sur carottes;
20 jours après ce semis toute la surface du terreau était recouverte d'un tapis uniforme
de Costantinella, et trois petites Morilles viennent d'y apparaître.
Il est à noter que dans ces cultures en terreau on n'observe pas les nombreux
II 48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sciciotes qui se conslituenl dans les cultures pures; comme criiutie paît au début de
leur formation les appareils ascosporés ne se distinguent ni par leur forme ni par leur
structure du faux tis>u des sclérotes, il est logique de considérer ceux-ci comme
n'étant qu'une forme stérile des appareils hyméniens.
Nous avons donc réusM, en prenant l'ascospoi-etle la Morille comme point
de départ, à obtenir la forme conidienne, puis la forme ])arfaite de ce
Champignon. Ces essais ne nous donnent pour le moment qu'un résultat de
laboratoire, mais établissent les principes essentiels de la culture ration-
nelle de la Morille; celle-ci consistera, dans ses grandes lignes, à enfouir
à l'automne des fruits sans utilisation, tels que des pommes blettes, dans
un sol où Ion introduira en même temps le mycélium de l'espèce ou de la
variété de Morille qu'on désirera récolter et qui aura été obtenu au préa-
lable en cultures pures; la forme parfaite ai^paraîtra dès le printemps
suivant.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — L'assimilation chlorophyllienne chez les jeunes
pousses des plantes; applications à la Vigne. Note de M. Ed. Griffon, pré-
sentée par M. Gaston Bonnier.
Lorsque les organes assimilateurs sont encore jeunes, peu colorés en
vert, on comjjrend que la décomposition du gaz carbonique soit très faible
et que la respiration l'emporte; au fur et à mesure que ces organes se diffé-
rencient, qu'ils prennent une teinte plus foncée, l'assimilation du carbone
s'exerce d'une façon plus intense et c'est de l'oxygène qui est dégagé à la
lumière.
Boussingault, en 1807, s'était posé la question de savoir si les feudies
naissantes sont douées de la faculté de décomposer l'acide carbonique et,
en expérimentant sur la Vigne, le Haricot, l'Épinard, la Laitue, le Vernis
du Japon, il y avait répondu d'une façon positive. Mais il n'a effectué au-
cune mesure volu métrique, se bornant à mettre en évidence les dégage-
ments d'oxygène à l'aide d'un bâton de phosphore qui luit dans l'obscu-
rité. Toutefois il admettait qu'à la lumière les feuilles naissantes respirent
plus qu'elles n'assimilent et par conséquent émettent du gaz carbonique.
J ai repris cette étude par la méthode des échanges gazeux en atmosphère
confinée contenant de 5 à 10 pour 100 de gaz carbonique. En outre je me
suis occupé des toutes jeunes feuilles encore réunies dans le bourgeon,
des jeunes pousses entières et aussi de leurs feuilles, de leurs entre-nœuds
SÉAN'CE UU 20 AVRIL igo5. I '49
et de leurs vrilles considérés isolément. Enfin, après chaque expérience,
-j'ai recherché l'amidon formé dans les organes employés; cette recherche
présentait un certain intérêt, car, selon Cuboni, les sommités de la Vigne,
par exemple, ne produisent pas d'amidon et se comportent comme de véri-
tables parasites aux dépens des parties inférieures, ce qui légitime leur
suppression par l'opération cuiturale connue sous le nom d'écimage.
Parmi les très nombreuses expériences que j'ai exécutées au cours des
années 1898, 1904 et 1900, je ne retiendr;ii ici que celles qui suffisent à
justifier les conclusions contenues dans la présente Note.
A. Echanges gazeux. — a. Bourgeons. Le 4 mais igoS, des bourgeons de Pivoine
longs de 5"^'° à 7"^"" portent la teneur du gaz carbonique du milieu qui les contient de
3,5o à 8,90 pour 100. Le même jour des bourgeons de Lilas près d'éclore font passer
la proportion d'acide carbonique de 4;26 à 9,04 pour 100, la température variant
entre 19° et 28° selon que le soleil était ou non couvert de nuages. Des résultats de
même sens ont été obtenus aussi bien à la lumière directe qu'à la lumière diffuse. De
plus le quotient respiratoire _ n'a varié que de yoo ^" passant de la lumière à l'obs-
curité (0,94 au lieu de 0,95).
Ce qui tend à montrer que l'assimilation doit être extrêmement faible et
que, dans tous les cas, elle est facilement masquée par la respiration.
De pareils résultats avaient déjà été obtenus en partie par Garreau,
en i85i, dans ses remarquables études sur la respiration des plantes et j'ai
vérifié qu'on pouvait les étendre aux bourgeons du Poirier, du Marronnier,
du Tilleul, etc. J'ai constaté en outre que les folioles isolées des bourgeons
non éclos ne dégagent pas non plus d'oxvgène à la lumière; mais quand
les bourgeons sont épanouis, que la nutation a étalé leurs folioles, ils sont
alors capables de dégager de l'oxygène.
Ainsi un bourgeon épanoui de Lilas a ramené la teneur en acide carbonique de
7,1 1 à 6,75 pour 100, et il en a été à peu près de même jsour les bourgeons du Spirœa
ariœfolia.
p. Jeunes rameaux feuilles. — Le i5 juin 1904, des jeunes pousses de Vigne,
longues de So""» environ et portant cinq feuillfs plus ou moins développées, sont
exposées à la lumière diffuse dans de l'air contenant 9,80 pour 100 d'acide carbonique,
la température étant de 22°. Au bout de 2 heures, la teneur en gaz carbonique s'élevait
à 12, 3o pour loo. Mais le lendemain, par un temps plus clair, des pousses semblables
aux précédentes n'ont dégagé que 0,76 pour 100 d'acide carbonique au lieu de 2,5o
pour 100.
Donc, avec une plus forte intensité lumineuse, la respiration l'a emporté
" I'" '
-.liseiv,
•r, par e\em|
[lie, (|iie des somn
irboiiif
|iie (lo
1 r,33 pour
100 à r i,o5 pour
II, Ço ACADÉMIE DES SCIENCES,
fie 1res peu sur l'assimilation et il en a été de même avec des jeunes pousses
de Rosier, de P. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Rureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
hre, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont .] ,,
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séaiicini;
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des S,n
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persoi e
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1'. i
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours not
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet ex
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer |de chaque Membre doit être
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus]
le jeudi à 10 heures du Imatin ; faute[|d'être
temps, le titre seul du Mémoire est inséré
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoi
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier|
Article 4. — Planches et tirage à par
Les Comptes rendus ne contiennent ni plai
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures ser
autorisées, l'espace occupé par ces figures compti'
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des { |
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Tous
Article 5.
les six mois, la Commission administrati
fait un Rapport sur la situation des Comptes rend
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pi
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent taire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
Qeposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séancesuivan
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 1"^ MAI i 903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIRES ET GOMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES COB RESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Nouvelles recherches sur la combinaison chimique;
par M. Bertiielot.
J'ai poursuivi mes expériences relatives à l'influence d'une haute tempé-
rature, suivie d'un refroidissement brusque, sur la combinaison chimique.
Je vais m'occuper spécialement de la formation du gaz ammoniac au moyen
de ses composants, azote et hydrogène : formation dont on avait admis la
réalisation, dans des conditions restées d'ailleurs un peu obscures, au
moyen du tube chaud et froid.
Rappelons que toutes mes expériences ont été exécutées à volume sen-
siblement constant et par conséquent sous une pression croissant avec la
température en général, ainsi qu'avec le degré de décomposition des gaz
composés en particulier. Aucune trace de mercure n'est introduite dans
les tubes, soit avant, soit pendant leur remplissage au moyen des gaz.
Le chauffage du gros tube de terre ou de porcelaine est produit à l'aide
d'une large bande de platine, épaisse de ^ de millimétré environ, enroulée
en forme d'hélice autour du tube de terre et dans laquelle circule un cou-
rant alternatif de 20 à i5 ampères, avec voilage de 80 à 90 volts. Ce gros
tube de terre renferme le petit tube de silice, scellé au chalumeau, et
enveloppé complètement par une mince feuille de platine, destinée à le
préserver du contact du gros tube. Je rappellerai encore que les gaz
sont introduits dans le tube de silice sous une pression initiale voisine
d'une demi-atmosphère, dans la plupart des cas; tandis que leur pression
devient double ou triple de celle de l'atmosphère, au moment où la tem-
pérature est le plus élevée; mais qu'elle est retombée à une demi-atmo-
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. GXL, N° 18.) 1 47
Il54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sphère et au-dessous, lorsqu'on a plongé les tubes tout rouges dans l'eau,
ou qu'on les a laissés refroidir lentement dnns l'iitmosphère et conservés
plusieurs heures avant de les ouvrir sur le mercure, afin de recueillir les
gaz subsistants. Ces conditions excluent l'hypolhèse et la possibilité de toute
pénétration directe des gaz atmosphériques au cours des ex[)ériences, par
fissures ou petits trous, et autrement que p;u' endosmose.
Voici les expériences :
1. Azote et hydrogène : Az -(- H'. — Rapports des volumes employés i:3.
Pression. initiale o™, 382 (')• — i3oo°. i heure à température fixe (-).
Refroidissement instantané. — Il ne s'est pas formé la moindre trace de
gaz ammoniac, décelable par l'introduction d'une bulle de gaz chîorhy-
drique. î^es parois du tube siliceux n'en retenaient pas davantage, isolable
par un lavage acide. Le rapport final en volumes entre les gaz du mélange
a été trouvé
Az = 42; H = 78,
rapport voisin de i à 2; c'est-à-dire que l'hydrogène a disparu en plus
forte dose que l'azote.
En somme, d'après les mesures, il y avait perte de 8 volumes d'azote et
de 72 volumes d'hydrogène, sans doute par transpiration. L'hydrogène
qui sort ainsi du tube doit brûler aussitôt au contact de l'air, et même avant
d'avoir traversé complètement la paroi.
2. Azote et hydrogène. — Expérience conjuguée. Mêmes rapports : chauf-
fage simultané dans le même tube de terre. Pression initiale o^jSôS. —
i3oo°. I heure. Refroidissement lent.
Nulle trace d'ammoniaque formée.
Rapport final en volumes : Az := 64; H = 121 ; voisin de i : 2.
Azote perdu = 11 volumes; H = 104.
Ce sont sensiblement les mêmes rapports que dans l'expérience conju-
guée avec refroidissement brusque.
Ainsi l'azote et l'hydrogène purs ne se combinent pas dans les conditions
précédentes, conditions où n'intervient d'ailleurs aucun corps étranger.
(') Dans toutes les expériences, on a mesuré sinuillanémenl la pression atmosphé-
rique, au même moment.
(-) Atteinte seulement au bout d'une première lieure de chaufl'age graduel, dans
toutes les expériences.
SÉANCE DU I"' MAI 1905. Il55
métal ou autre, susceptible de former des composés azotés ou hydrogénés
jouant le rôle d'intermédiaires (catalysateiirs).
Comme contrôle, j'ai institué l'expérience réciproque de la décomposi-
tion du gaz ammoniac.
3. Gaz ammoniac pur. — Ce gaz étant formé avec condensation de
moitié, j'ai dû remplir le tube sous une pression initiale moitié moindre,
afin que la pression finale, après réaction, pût être la même à peu près que
dans les essais précédents.
Pression initiale, o'^.igS. — i3oo°, i heure. — Les gaz recueillis sont
formés par un mélange d'azote et d'hydrogène, ne renfermant plus aucune
trace d'ammoniaque.
Rapports de volume ; Azote =65; hydrogène = i5o.
Azote perdu = i3volumes; H = 84 volumes [par transpiration (' )].
Ce sont à peu près les mêmes rapports (jue ci-dessus, l'expérience d'ail-
leurs n'a pas été simultanée.
Ces essais confirment la réalité d'une décomposition totale et non réver-
sible de l'azoture d'hydrogène par la chaleur.
Rappelons à cet égard des observations anciennes, faites avec le concours
de l'électricité, lesquelles fournissent des résultats différents.
L'hydrogène et l'azote se combinent en effet par l'action de l'électricité
silencieuse (effluve), laquelle décompose aussi en sens inverse le gaz am-
moniac. Les deux phénomènes contraires, provoqués à froid dans des
conditions d'effluve aussi semblables que possible, aboutissent à un même
équilibre, dans lequel 3 centièmes des g;iz composants sont combinés,
d'après mes anciennes expériences (-).
En faisant traverser les gaz composants par une série d'étincellc^ élec-
triques, on observe facilement des traces de combinaison, susceptibles
d'être constatées en accumulant les effets par l'absorption des produits au
moyen d'un acide : expérience déjà relatée dans les anciennes éditions du
Traité élémentaire de Chimie de Regnault. A l'époque de ses essais exécutés
avec le tube chaud et froid, H. Deville expliquait ce résultat par la haute
température de l'étincelle et le refroidissement brusque des produits, c'est-
à-dire par des conditions calorifiques. En réalité, on obtient ainsi le résidu
(') Une parlie de ces perles pourrait être allribuée à une transpiration du gaz am-
moniac lui-même. Cependant celle-ci n'a pas été sensible au-dessous de iooo° (comme
il sera dit plus loin), dans des conditions semblables de durée et d'épaisseur des vases.
('^) Essai de Mécanique chimique, t. Il, p. 3-j.
Il56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'une action tl'effluve, exercée autour de l'élincelle dans la région refroidie ;
action semblnble à celle qu'on réalise à froid. Dans tous ces effets d'effluve
interviennent des phénomènes attribuables à ce que l'on appelait autrefois
la charge électrique des g.iz, qui se traduit dans le langage d'aujourd'hui
par leur ionisation.
J'ai cru utile de vérifier par des expériences directes l'influence du refroi-
dissement brusque sur un mélange d'azote, d'hydrogène et de gaz
chlorhydrique : dans la pensée que cet acide pourrait exercer une influence
déterminante sur la combinaison, ainsi qu'on en connaît de nombreux
exemples parmi les phénomènes attribués aux affinités prédisposantes ou à
l'état naissant; c'est-à-dire déterminés, suivant mon interprétation générale
et précise, parle concours d'une énergie supplémentaire, résultant de la
combinaison de l'acide avec la base qui tend à se former. Voici ces nou-
veaux essais.
4. Azote, hydrogène et gaz chlorhydrique, dans les rapports de volume
Az -t- H'+ HCl. — Pression initiale o'",3685. — i3oo°, i heure. Refroidis-
sement instantané.
On retrouve le gaz chlorhydrique (') et les deux autres composants:
azote = 48™'; hydrogène = 123"°'.
La perte relative sur l'hydrogène est supérieure à la perte sur l'azote
transpiré, comme plus haut.
Quant au clilorbytlrate d'ammoniaque qui aurait pu se former, il devrait
exister condensé aux parois intérieures du tube; mais on n'en a retrouvé
aucune trace. L'eau de lavage ne précipite même pas l'azotate d'argent.
5. Même expérience. Refroidissement lent :
Azote final = 47"°'; H = io8™'.
Pas trace de chlorhydrate d'ammoniaque.
6. Chlorhydrate d'ammoniaque. — Expérience de contrôle. On a pesé
un poids convenable de ce sel, on l'a introduit dans une ampoule où l'on a
fait le vide complet avec la trompe à mercure. — i3oo°. i heure.
Le sel a complètement disparu; les gaz recueillis renferment du gaz
(') Son dosage exact n'est guère possible dans ces conditions, en raison des traces
d'humidité que renferme le mercure de la cuve sur laquelle on récolte les gaz, après
l'expérience. Il faudrait opérer sur du mercure séché spécialement; ce qui complique
les essais.
SÉANCE DU l" MAI 1905. Il57
chlorhvdriqiie, plus
Azote = 33™', H = 6/,™'.
L'azole correspondant au poids du sel employé était presque intégrale-
ment conservé, tandis qu'un tiers de l'hydrogène avait transpiré.
En tout cas, il ne subsiste aucune trace de chlorhydrate d'ammoniaque
dans le tube.
J'ai encore fait les expériences suivantes, destinées à vérifier la stabilité
du gaz chlorhvdrique pur et celle du gaz ammoniac, à différentes tempé-
ratures.
7. Acide chlorhyrlrique gazeux. — Pression initiale : o'",356. — i3oo°.
I heure; refroidissement brusque.
On n'observe ensuite aucun gaz qui attaque le mercure, au moment où
le tube est ouvert sur la cuve. Les gaz recueillis sont dissous par une
petite quantité d'eau, sauf une bulle de o"°',o3, laquelle ne renferme pas
d'hydrogène (d'après combustion eudiométrique). Ce résidu est attri-
buable à une légère pénétration d'azote extérieur.
8. Acide chlorhydiique gazeux. — Pression initiale : o™,3726. Le petit
tube de silice, entouré d'une feuille de platine, a été placé dans un gros
tube de porcelaine vernie. On fait circuler dans le gros tube environnant
un courant lent d'air, que l'on dirige ensuite à travers un petit récipient
contenant quelques centimètres cubes d'azotate d'argent étendu, afin de
constater la transpiration des moindres traces de gaz chlorhvdrique. On a
maintenu successivement les températures que voici :
600°, I heure; iooo°, i heure; i3oo°, 5o minutes.
Jusque-là on n'a pas constaté de transpiration appréciable de gaz chlor-
hydrique.
On ouvre alors le tube de silice sur le mercure et l'on y introduit quel-
ques gouttes d'eau, qui dissolvent entièrement le gaz intérieur : ce qui
montre qu'il n'était pas décomposé, ou plutôt qu'il n'avait pas perdu au
cours de l'expérience l'un de ses composants en proportion supérieure à
l'autre.
9. Même expérience, portée à une température plus haute. Pression ini-
tiale o'",38i. On met i heure 3o minutes pour élever la température jus-
qu'à i4oo°. I^e gaz ne transpire pas encore.
Puis on passe de i4oo° à looo" en 20 minutes. On commence à aperce-
voir un louche dans l'azotate d'argent.
it58 académie des sciences.
i5oo°, 25 minutes. Le louche s'accuse de plus en plus.
Mais à ce moment le tube ramolli se j2;onfle et fait explosion. Ainsi la per-
méabilité n'a commencé à être sensible, pour une tlurée de quelques mi-
nutes, qu'entre i4oo°-i5oo°.
10. Stabilité relative du gaz ammoniac, AzH^. — Pression initiale o™,665.
600°, I heure.
Gaz initial, mesuré à la pression ordinaire : 2""', 16.
Gaz final, aux mêmes pression et température : 2""', 28.
kv.W 2,o4
Az libre 0,06
H libre 0,18
D'après le dosage total, l'azote initial du système subsiste, ainsi que l'hy-
drogène; c'est-à-dire qu'aucune transpiration n'a eu lieu.
Cependant, il y a eu décomposition partielle : soit 5,5 centièmes du gaz
initial. L'azote et l'hvdrogène produits étaient dans les rapports de i : 3.
Cette décomposition se serait poursuivie, en prolongeant l'expérience.
11. Gaz ammoniac, kïW . — Pression initiale o'",^78. 800°, i heure.
Refroidissement lent. Décomposition partielle, ayant fourni
Az o,23
H 0,70
Ce sont les rapports i :3; c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu transpiration
spéciale d'hydrogène.
La dose d'ammoniac décomposé est des 9,5 centièmes du gaz primitif.
12. Expérience semblable à 800°, i heure. — Mêmes rapports observés
entre l'hydrogène et l'azote. Dose décomposée: 10,0 centièmes; ce qui
concorde.
Il résulte de ces expériences que la décomposition du gaz ammoniac
commence déjà vers le rouge sombre.
Elle s'accélère à 800"; mais elle ne devient totale dans la durée de
I heure qu'à une température notablement plus haute, telle que i3oo°. A
ce moment, pour cette durée de temps et à la pression réalisée, il ne sub-
siste plus aucune trace d'ammoniaque, même en présence du gaz chlorhy-
drique.
Enfin la transpiration de l'hydrogène, en i heure, et avec les épaisseurs
des tubes employés (o""", 7), ne devient sensible que notablement au-dessus
de 800°.
SÉANCE DU 1" MAI igoS. IlSg
Voici maintenant deux expériences conjuguées et simultanée?, relatives
à une autre combinaison, susceptible cette fois de dissociation réversible,
l'hydrogène sulfuré.
13. Hydrogène sulfuré, H-S. — Pression initiale o'",3726. — i3oo°,
I heure. Refroidissement lent.
Le gaz recueilli demeure entièrement absorbable par une solution de
potasse.
La séparation de l'hydrogène et du soufre, qui a pu avoir lieu à haute
température, ne laisse aucune trace permanente, appréciable dans ces con-
ditions.
14. Hydrogène su furé. — Pression initiale o'",366. — ijoo", i heure.
Refroidissement instantan é.
Après action de la potasse sur les gaz, il subsiste cette fois une petite
quantité d'hydrogène libre, s'élevant aux 5 centièmes du volume du gaz
initial. C'est l'indice d'une dissociation produite à haute température.
On réussit à la constater, même sans ouviir le tube, en en refroidissant
brusquement la pointe seule : il s'y condense un peu de soufre, que le
réchauffement de la masse fait ensuite disparaître.
S'il est possible tie reconnaître ainsi la dissociation, c'est parce que la vi-
tesse de recombinaison de l'hydrogène et du soufre gazeux est inférieure à
celle du refroidissement du système dissocié. Mais on ne tire de Là aucune
mesure. Celle-ci ne pourrait résulter que d'une pr(5priété établissant l'état
actuel de ce gaz à haute température : par exemple une détermination de
densité.
L'ensemble des expériences que j'ai publiées dans la présente Note et
dans celle du 3 avril iQoS jette, ce semble, une lumière nouvelle sur les
rôles comparés de la chaleur et de l'électricilé pour déterminer les combi-
naisons et les ilécompositions, tant réversibles (dissociation) que non réver-
sibles.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la perméabilité des tubes de silice fondue;
pai' M. Berthei.ot.
En raison de l'intérêt que présente la perméabilité des parois de silice
fondue, il me paraît utile d'appeler l'attention sur les résultais constatés à
cet égard dans le cours de mes nouvelles expériences. Je parlerai d'abord
de l'hydrogène.
I i6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
1. Une ampoule renfermant quelques centimètres cubes d'hydrogène
pur, scellée sous la pression ordinaire, a été introduite dans le vide d'un
baromètre. Un baromètre conjugué, sans ampoule, était juxtaposé sur la
même cuve à mercure, dans l'atmosphère du laboratoire. Pendant i8 jours,
on n'a pu conslater aucune différence entre les deux instruments.
On a enfoncé ensuite verticalement, dans une cuvette profonde de i" et
remplie de mercure, le baromètre qui contenait l'ampoule, sans la briser;
puis on a ouvert, sous le mercure, un petit robinet qui le terminait. On
n'a pas recueilli la moindre trace de gaz. L'hydrogène ne transpire donc
pas, d'une façon appréciable, dans ces conditions de durée, de température
et d'épaisseur de la paroi de silice.
2. D'après les expériences sur la décomposition de l'ammoniaque, citées
dans mon autre Note, cette transpiration de l'hydrogène ne paraît pas ap-
préciable, en une heure, aux températures de 600° et 800°; du moins avec
les épaisseur (0°"", 7 environ) et constitution physique et chimique des
tubes que j'emploie.
Au contraire, à i3oo°, la transpiration de l'hydrogène est très manifeste,
durant la décomposition du gaz ammoniac et durant celle des carbures
d'hydrogène.
3. Celle du gaz chlorhydrique n'a été manifeste qu'au-dessus de i4oo°.
Celle de l'acide carbonique ne l'était guère à i3oo°.
4. La transpiration de l'azote n'est pas non plus sensible à 800°. Elle
doit être faible ou nulle à 1000°, d'après les observations thermométriques
de MM. Jacquerot et Perrot {Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. lo'i-x). Mais
elle paraît manifeste vers i3oo° à 1400", au bout de quelques heures, et celle
de l'oxygène encore davantage, d'après les expériences citées dans l'un
de mes précédents Mémoires {Comptes rendus, t. CXL, 27 mars igoS,
p. 824, 822, etc.).
Il m'a semblé opportun d'exécuter des expériences spéciales sur cette
question, ainsi que sur les changements de volume intérieur des tubes de
silice, résultant de leur ramollissement calorifique. Voici mes observations :
5. Un tube a été étiré en pointe iine, et le volume de l'air qu'il contenait
à la température ordinaire et sous la pression atmosphérique actuelle, me-
suré exactement au moyen de la trompe à mercure, ce qui a fourni S''"', 45 ;
volume qui doit être réduit à 5""', 35, en en retranchant celui de la partie
capillaire, enlevée au chalumeau au moment du scellement : c'est la capa-
cité initiale.
Ce tube ainsi jaugé, sans y introduire de mercure, a été rempli d'air, sous
SÉANCE DU 1^'' MAI 1905. I161
la pression de o"',28i5; puis scellé. Le volume de l'air qu'il contenait
alors, réduit à i5° et o",76, était i'"^\ç)'j.
On a porté le tube à 1400", et on l'a maiiilenu à cette température pen-
dant I heure; on l'a laissé refroidir lentement; puis on l'a relié avec la
trompe à mercure. On en a cassé la pointe fine, et l'on a évacué et recueilli
le gaz restant. F^e volume obtenu était, à un état réduit pareil : i'"'',58.
D'autre part, on a laissé ensuite rentrer l'air sous la pression atmosphé-
rique actuelle ( ' ) dans l'ampoule, et l'on a évacué et recueilli cet air comme
plus haut; ce qui a iburni la capacité finale : 6'"'\5i>.
La ca|)acité s'était donc accrue de i''°'',i5; soit d'un cinquième environ,
par l'effet du gonflement de la silice ramollie, soumise d'abord vers 1^00° à
une pression intérieure presque double de celle de l'atmosphère ambiante.
Cependant le volume réduit des gaz inclus avait diminué de o""°',39, c'est-
à-dire de 20 centièmes environ; |)ar l'effet de la transpiration provoquée
par cet excès de pression, joint avec les actions osmotiques propres de la
paroi sur l'azote et l'oxygène intérieurs.
Les gaz recueillis ont été analysés. Ils renfermaient à l'origine :
Azote i756
Oxygène 0,4'
A la fin de l'expérience, la proportion centésimale de l'oxygène dans le
mélange n'était |)lus que de 17,7 centièmes, au lieu de 20,8; dose normale
dans l'air atmosphérique. On en conclut pour l'étal final :
Azote 1 , 3o
Oxygène 0,28
7758
En somme, supposons le tube porté de 0° à 1400", en admettant que sa
capacité intérieure fût demeurée la même qu'à la température ordi-
naire, et qu'aucun gaz ne s'en fût échappé; la pression intérieure se serait
élevée à j**",9; c'est-à-dire à une valeur presque double de la pression
atmosphérique exercée sur ses parois. Mais avec les gaz recueillis à la fin
et avec la capacité acquise, supposée demeurée constante après refroidisse-
ment, la pression intérieure serait voisine de i*"", 2.
(') Mesurée et sensiblement la même qu'au clèliut.
C. R., 1903, I" Semestre. (T. CXL, N" 18.) l48
Ilbi ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ces conditions et durant l'espace d'une heure à f4oo°, la transpira-
tion (le l'azote s'est élevée à o^^'.aO, soit le sixième de son volume initial,
et la transpiration de l'oxygène à o"""', i3, soit le tiers environ de son vo-
lume initial. On peut remarquer que ces effets sont analogues par leur
grandeur relative à ceux qu'exercerait l'action dissolvante de l'eau sur l'air
atmosphérique. Sans insister sur ce rapprochement, il est permis d'ad-
mettre que, à une haute température, l'oxygène traverse la paroi de silice
en proportion notablement j)lus forte que l'azote; la perméabilité de cette
paroi pour l'hvdrogène étant d'ailleurs beaucouj) plus considérable.
Je recherche en ce moment jusqu'à quel point le verre porté à la tempé-
rature de son ramollissement serait perméable aux gaz : cette question
touche à une multitude de problèmes d'analyse chimique et autres d'une
grande importance.
Voici quelques observations relatives à la perméabilité du verre. — Avec un verre
dur il n'y a ni déformation des vases, ni transpiration de l'air jusqu'à 550°, d'après les
mesures prises avec mon petit thermomètre à gaz (Essaide Mécanique chimique, 1. 1,
p. 3oo), dont le point zéro se retrouve constant. — Avec le verre blanc ordinaire des
tubes fermés par un bout, la température de 55o° détermine un léger gonflement, sans
déperdition sensible d'hydrogène, dans l'espace d'une heure. Mais lorsque la tempéra-
ture est portée vers GoC-ôSo", le tube (rempli à froid sous une pression voisine d'une
demi-atmosphère) se gonfle fortement: sa paroi ramollie s'amincit et sa capacité aug-
mente d'un tiers environ. La dose d'hydrogène transpiré s'élève à un sixième environ
en I heure, ou moins (deux essais). — Je poursuis ces études.
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'iodure mercurique sur l'acide sulfiinque
et sur les sulfates de mercure. Note de M. Alfred Ditte.
J'ai montré en 1878 (^Ann. de Chim. et de Phys., 5* série, t. XVII,
p. 120) que les acides chlorhydrique et bromhydrique se combinent par
simple addition de leurs éléments avec le sulfate de mercure en formant
dfs produits SO'HgO.HCI; SO'HgO, HBr volatils sans décomposition et
qui peuvent être formés directement par l'union des chlorure et bromure
mercuriques avec l'acide sulfuriqae monohydraté. L'acide iodhydrique ne
donne rien d'analogue et l'acide sulfurique ne se combine pas davantage à
l'iodure mercurique. Si l'on vient à chauffer le mélange il y a dégagement
d'iode et formation de sulfate de mercure; Souville admet l'existence d'un
com|)osé HgOSO-'.oHgP que l'eau et la chaleur décomposent {Journal de
SÉANCE DU l'" MAI igoS. t l63
Phys., t. XXVI, p. 475), maison n'obtienl aucun produit volatil renfermant,
avec les éléments de l'acide sulfurique, ceux de l'iodure HgP. De même
une solution de sulfate mercurique ne dissout que très peu d'iodure et son
évaporation laisse une masse jaunâtre hérissée de petits cristaux qui, sou-
mise à l'action de la chaleur, laisse un résidu fixe et dégage de l'iode puis
de rit)dure Hgl^ Dans ce cas encore on n'observe pas de combinaison dé-
finie tl'acide sulfurique et d'iodure, ou de sulfate mercurique avec l'acide
iod hydrique.
Lorsqu'on chnuffe de l'iodure mercurique avec de l'acide sulfurique
monohydraté, cet iodure devient jaune à 126°; vers 200° il commence à se
sublimer et il vient se condenser en paillettes jaunes sur les parois du ballon.
La température s'élevant davantage, on voit apparaître un peu de vapeurs
d'iode qui se condensent au-dessus de l'iodure dans le col du ballon, et
quand on laisse refroidir on voit se déposer au bout de quelques jours,
quelquefois après quelques heures, des houppes soyeuses d'aiguilles
blanches adhérentes aux parois du vase.
La production de l'iode est de nature à surprendre; elle serait toute
naturelle si la réaction pouvait donner lieu à de l'acide iodhydrique, que
l'acide sulfurique décomposerait aussitôt; mais, dans ces conditions, ce gaz
ne peut pas se produire, la réaction :
HgPsol + SO'H-= SO'llyO + 2H[ - 62,1
étant fortement endothermique, et elle le serait eticore en considérant
HgP à l'état de vapeurs. On ne peut pas non plus attribuer la production
de l'iode à une dissociation de HgP sous l'influence de la chaleur; j'ai pu
constater en effet que cette dissociation ne commence pas avant 3oo° et
que jusqu'à ce degré la vapeur de HgP ne |)résente pas la moindre colora-
tion violette. Je me suis servi à cet effet d'une ampoule de verre ayant à peu
près i5o""" de capacité, reliée il une autre ampoule de 3''"' à V"'. rattachée
à la première par un tube droit contenant du HgP. On chauffe au bain
d'huile l'appareil préalablement privé d'air et contenant du HgP; l'iodure
se vaporise sans se décomposer et remplit les ampoules d'une vapeur qui,
jusque vers 3oo°, ne présente aucune coloration violette. En retirant brus-
quement l'appareil de l'huile, la vapeur qui remplit les ampoules se con-
dense sur les parois et donne lieu presque instantanément à la formation
de cristaux jaunes, qui deviennent rouges en majeure partie au bout de
très peu de temps, tandis que les autres, isolés, peuvent rester jaunes et
transparents pendant plus de 8 jours. Le poids de l'iodure renfermé dans la
Il64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
grande ampoule permet de déterminer la tension que possède la vapeur
de l'iodure HgP à la température du bain d'huile; j'ai trouvé ainsi pour la
valeur de cette tension maximum :
A ig5-2oo 1,5
210 ^,2
23o 2o,6
aSo 55,3 I , f . , ,-• j ,. .KO
„ la fusion (le 1 lodure a heu a aSS"
270 '^ï i9 '
3o8 267,0
Quand on opère dans un vase ouvert l'aclion de l'oxygène de l'air peut
être représentée par :
HgP sol. j. -I- SO' H- + O = SO' Hgsol + IP Ogaz + 2 1 + (y -t- y, - y, — 4,7)
[y étant la chaleur de dissolution, négligeable, du sulfate de mercure dans
l'acide monohydraté qui le dissout à peine; q, la chaleur de combinaison,
environ 7*^^', 5 (6,1 +i,4). de l'eau vapeur avec SO" H" liquide ;^2 la chaleur
de vaporisation de HgP dont on peut ne pas tenir compte tant qu'il y a du
HgP solide sur lecpiel SO*H^ peut agir]. Cette réaction serait possible;
mais, si l'on élimine l'oxygène en opérant dans un vase entièrement plein
d'acide sulfurique et muni d'un tube de dégagement qui lui est soudé, on
constate encore que l'iodure, jaune à partir de 126°, n'émet pas de vapeurs
sensibles jusqu'aux environs de 200°, mais qu'au-dessus de cette tempé-
rature il commence à dégager un peu d'iode qui, se dissolvant dans l'acide
sulfurique, le colore faiblement en violet jusqu'à une hauteur de 2"'" à 3'="
au-dessus de l'iodure. Vers 23o° la coloration violette devient plus intense
et l'on voit apparaître quelques rares bulles de gaz sulfureux dont le déga-
gement devient abondant vers i35". La couleur de l'iode disparaît par le
refroidissement et, au bout de quelques heures ou de quelques jours, i\ se
dépose en houppes d'aiguilles blanches, comme on l'a dit précédemment.
L'action de l'oxygène sur HgP ne saurait du reste expliquer ce dégage-
ment d'acide sulfureux; il tient à ce que l'acide sulfurique monohydraté
éprouve sous l'action de la chaleur une dissociation partielle. Déjà vers 260°
on observe une formation assez abondante de vapeurs d'anhydride en même
temps qu'il se forme de l'acide ordinaire, bouillant à 325". Or une trace
d'anhydride sulfurique suffit pour donner lieu à une action exothermique
avec formation diode et de gaz sulfureux :
Hg P jaune + i'SO' gaz = HgOSO'-f- SO-gaz + I+ i4C''i,6
SÉANCE DU l"^ MAI rgoS. Il65
et la petite quantité d'anhydride est reproduite par dissociation à mesure
qu'elle disparaît pour provoquer la réaction. Rien n'est plus facile que de
constater cette influence de l'acide sulfureux; quand on projette duHgP
dans de l'acide de Nordhausen, qui renferme de l'anhydride sulfiirique à
l'état de dissolution, il devient à froid instantanémentnoir, et si l'on chauffe
doucement, le dégagement d'acide sulfureux commence, pour devenir in-
tense à 100°; de l'iodure se dissout, quelques fumées blanches d'anhydride
sulfurique s'échappent en même temps, et l'on obtient une liqueur noire,
épaisse, que l'on voit se former également quand on met de l'iode en con-
tact avec de l'acide sulfurique chargé d'anhvdride, qui peut en dissoudre
des quantités considérables. Sellok {Deu/sc/i. chemische Gesellschaft, t. IV,
1871, p. 100) prétend avoir obtenu une combinaison cristallisée SO'P
en même temps qu'il y a oxydation partielle de l'iode. La liqueur sulfurique
noire préparée avec HgP donne un précipité rouge de cet iodure, quand on
la verse dans l'eau ; soumise à l'action de la chaleur elle devient peu à peu
incolore; par refroidissement il s'y forme des cristaux blancs de sulfate
mercurique pur, et la liqueur mère, abandonnée à elle-même, dépose au
bout de 24 heures et pendant plusieurs jours une matière blanche cristal-
lisée qui, après purification sur de la porcelaine poreuse dans l'air sec,
contient HgP, 3(SO''HgO). Quand on se sert d'acide sulfurique mono-
hydraté renfermant un peu d'acide de Nordhausen, la réaction est d'autant
moins intense que la |)roporlion de cet acide est plus faible.
L'action de HgP sur l'acide sulfurique |iur, action qui a lieu non pas
à froid, mais seulement au delà de 200", peut, d'après ce qui précède, être
attribuée, dans une certaine limite, à l'oxygène de l'air, quand on opère au
contact de l'atmosphère, mais surtout à la présence de petites quantités
d'anhydride sulfurique provenant de la dissociation de l'acide monohydraté,
et qui le régénère à mesure qu'il disparaît. Il ne se forme pas de combi-
naison renfermant uniquement les éléments de HgP et ceux de l'acide sul-
furique, mais un composé de sulfate et d'iodure mercuriques. Ce corps,
après cristallisation dans l'acide sulfurique, se présente sous la forme
d'aiguilles blanches, transparentes, ordinairement groupées en houppes.
Soumis à l'action de la chaleur, il fond en un liquide jaune qui, par refroi-
dissement, se prend en une masse blanche formée de fibres rayonnantes.
Au contact de l'eau froide, il devient jaune, puis rouge à la surface; l'eau
chaude le désagrège en donnant un dépôt d'iodure mercurique, mélangé
avec du sulfate tribasique de mercure.
Les combinaisons de sulfate et il'iodure de mercure peuvent, du reste.
Il(j6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
s'obtenir directement par l'action des deux sels l'un sur l'autre. Si l'on fait,
par exemple, une dissolution de sulfate mercurique dans de l'eau froide
renfermant, pour loos d'eau, 70^ d'acide sulfurique, liqueur qui dissout tort
peu de sulfate, puis qu'on ajoute de l'iodure HgP, celui-ci se dissout
en quantité assez notable et, au bout de quelques heures, la portion restée
non dissoute présente une teinte rouge moins foncée qiie celle de
l'iodure HgP; le liquide décanté est alors saturé de nouveau avec du sul-
fate mercurique et remis avec le précipité dont on voit la teinte s'affaiblir
encore. En répétant cette opération plusieurs fois successivement, l'iodure
se transforme tout entier en une masse blanche, d'un volume vingt fois
supérieur et formée par un réseau de fines aiguilles brillantes. Cette ma-
tière, séparée par filtration etséchée sur de la porcelaine poreuse, contient
HgP,4(SO'HgO) et retient, suivant la température, iS"»"' ou 18""' d'eau.
Celle-ci se dégage quand on chauffe, puis il se produit quelques vapeurs
d'iodure mercurique, enfin la masse fond, puis elle se décompose entière-
ment. L'eau détruit ce composé, à chaud comme à froid, en dissolvant de
l'acide sulfurique et du sulfate de mercure et laissant un mélange insoluble
de sous-sulfate et d'iodure mercuriques.
Un équilibre particulier s'établit dans la solution sulfurique de sulfate de
mercure entre le sel double et ses composants. Si l'on met un excès
d'iodure en contact à 16° avec une liqueur renfermant loos d'eau,
70S d'acide sulfurique et saturée de sulfate mercurique, quand toute
réaction a cessé et que l'équilibre est atteint, la liqueur renferme par litre
26^6 de sulfate mercurique et 3^2 de Hgl". Si l'on admet que tout celui-ci
est combiné, il reste 18^,2 de sulfate de mercure libre dans la liqueur qui
surnage l'excès de Hgp, sans pouvoir, à cette température de 16°, se com-
biner avec lui.
Quand la liqueur est moins riche en acide sulfurique, l'eau décompose
le sulfate mercurique en donnant lieu à des produits qui interviennent
à leur tour, et l'on voit apparaître le sulfate basique 2SO%3HgO; une
solution contenant loo^ d'eau et 60^ d'acide sulfurique, puis saturée de
sulfate de mercure, ne parait pas attaquer Hgl" au premier abord; cepen-
dant la teinte de celui-ci pâlit au bout de quelques heures et bientôt l'équi-
libre est atteint. Si alors on décante le liquide, pour le saturer de nouveau
avec du sulfate de mercure qui s'y dissout assez peu, puis qu'on le remette
en contact avec le précipité, celui-ci se transforme encore par l'agitation;
son volume devient au moins dix fois plus considérable et finalement il se
change en une bouillie blanche formée d'aiguilles brillantes qui con-
SÉANCE DU l" MAI ipoS. I 1 67
tiennent le HgP combiné à la fois avec les deux sulfates dans un corps de
formuleHsF(2SO%3HgO), (SO'HgO), 10 H^O. Dans des liqueurs encore
plus riches en eau, le sulfate neutre ne peut plus exister, et c'est le sulfate
basique, 2SO', 3HgO, qu'elles renferment, et dont la solubilité croît avec
la quantité d'eau; ce sulfate basique peut aisément se combiner avec Hgp.
Quand on agite ce dernier avec une solution de 4o^ d'acide sulfurique
dans loo^ d'eau saturée à froid de sulfate mercurique, celui-ci se dissout
en assez grande quantité, puis, au bout de quelques minutes, la liqueur se
trouble et dépose, surtout aux points du vase qui ont été frottés, de petits
mamelons blancs. En quelques instants le ballon est rempli d'un feutrage
de ces cristaux qui, après séchage sur de la porcelaine poreuse, con-
tiennent 2(2SO'.3HgO),HgP, ioH-0. Sous l'action de la chaleur de
l'eau se dégage et le sel jaunit légèrement pour redevenir blanc par le
refroidissement; à température plus élevée il laisse échapper de l'iodure
Hgl^ qui se condense en cristaux jaunes sur les parois du vase. Au contact
de l'acide azotique étendu le sel devient rouge en se décomposant à la
surface et dans une liqueur plus acide il se dissout lentement à chaud.
Quand la dissolution est formée de loo^ d'eau avec 20^ d'acide sulfu-
rique, et qu'on la sature de sulfate de mercure, l'iodure se transforme, au
bout de quelques instants, en un sel blanc rosé parfaitement cristallisé; ce
composé perd de l'eau, comme le précédent, sans fondre quand on le sou-
met à l'action de la chaleur, puis il dégage de l'iodure mercurique et se
décompose ensuite entièrement. Sa composition est exprimée par la for-
mule :
3(2SO%3HgO), 2HgI% loH-O.
Enfin, dans une liqueur ne contenant plus que lo^ d'acide sulfurique,
pour loo^ d'eau et saturée de sulfate mercurique, l'iodure se transforme
presque instantanément à froid avec augmentation de volume, en un sel
blanc tout à fait analogue aux précédents et renfermant (2 SO', 3 HgO), HgP.
Les liqueurs contenant moins de 7^ d'acide sulfurique pour loo** d'eau
décomposetit le sulfate mercurique en sous-sulfate 3 HgO, SO' insoluble et
n'agissent pas sur l'iodure de mercure, dans ces conditions.
:i68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le Irttnhlctnenl de terre du 29 ami.
Noie de M. Mascart.
Une dépêche de M. Marchand, directeur de l'Observatoire du Pic du
Miih, donne sur ce jjhénomène les renseignements suivants :
<( Samedi matin, à 2''i"'20', le sismographe de Bagnères-de-Bigorre
marque des vibrations horizontales de ~ de millimètre, venant du Nord-
Nord-Est. ))
Si l'on compare cette observation avec celle de Grenoble (l'^Sg^iS*), la
différence des temps paraît bien correspondre à la transmission des vibra-
tions par le sol.
D'autre part, M. Moureaux a constaté, sur les enregistreurs magnétiques
du Val-Joyeux et du Parc Saint-Maur, une perturbation spéciale à 2*^ j)ré-
cises.
L'écart de 45 secondes entre cette observation et celle de Grenoble peut
s'expliquer, sans doute, par le défaut de réglage ou de pointé des deux ap-
pareils et iJ est probable que la transmission magnétique a été instantanée.
Enfin, les baromètres enregistreurs du Parc Saint-Maur et du Bureau
central météorologique indiquent également une secousse, mais le déve-
loppement des courbes est insuffisant pour qu'il soit possible de déter-
miner l'heure exactement.
M. Berthelot fait hommage à l'Académie d'un Ouvrage intitulé : Traité
pratique de Calorimétrie chimique (2* édition), publié par M. Gauthier-
Vdlars.
Cette édition est augmentée par l'addition d'une première partie, repro-
duisant divers théorèmes relatifs à l'influence des conditions physiques sur
la chaleur dégagée dans les réactions, et mettant en évidence la signification
essentiellement expérimentale du principe du travail maximum et ses véri-
fications, toutes les fois qu'on tient compte uniquement de la chaleur utili-
sable et que les réactions sont rapportées à des états physiques compa-
rables.
M. R. Zeiller dépose sur le Bureau une brochure qu'il a publiée en col-
laboration avec M. P. Fliche, Sur une florule porllandienne des environs
de Boulogne-sur-Mer.
MAI igoS. 1169
NOMmATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Commis-
sions de prix chargées de juger les concours de l'année igoS.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Physiologie : Prix Monlyon {Physiologie expérimentale), Philipeaux,
Lallemand, Pourat. — MM. d'Arsonval, Chauveau, Bouchard, Laveran,
Roux, Giard, Dastre.
Médaille Arago, Médaille Lavoisier, Médaille Berthelot, Prix Trémont,
Gegner, Lannelongue. — MM. Troost, Poincaré, Darboux, Berthelot.
Maurice Levy, Bornet.
Prix Binoux {Histoire des Sciences).— MM. Berthelot, Darboux, Bouquet
de la Grye, Grandidier, Guyou, Poincaré, de Lapparent.
Prix Wilde. — MM. Berthelot, Maurice Levy, Mascart, Lœwy, Darboux,
de Lapparent, Troost.
Prix Saintour. — MM. Berthelot, Poincaré, Darboux, Troost, Gaudry,
Mascart, Moissan.
Prix Montyon {Statistique). — MM. de Freycinet, Brouardel, Picard
(Alfred), Haton de la Goupiilière, Laussedat, Carnot, Rouché.
Prix Petit d'Ormoy {Sciences rriathématiques pures ou appliquées). —
MM. Poincaré, Appell, Jordan, Darboux, Picard (Emile), Painlevé,
Humbert.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel appelle l'attention de l'Académie sur une
brochure de M. J. Villette intitulée : Les tremblements de terre dans les
Ardennes et les régions voisines. (Présenté par M. de Lapparent.)
G. R., 1905, I" Semestre. {'V. CXL, N" 18.) '49
II70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur la tribal uiniiiesce lice de l'acide arsenieux.
Note (le M. Gi'i.vciiANT (Extrail) (').
I. La luminescence lie l'acide arsenieux est due à la rupture et à la trans-
formation des cristaux après leur formation. Elle se produit avec toutes
les variétés, à la condition de les dissoudre d'abord en totalité, avant que
l'acide se sépare de nouveau en cristaux par l'effet du refroidissement;
c'est leur transformation dans la modification cubique qui produit le phé-
nomène.
La lumière produite donne un spectre visible, continu, y compris le
rou ge, mais dans lequel les radiations jaunes et vertes prédominent.
Ces radiations ont un grand pouvoir photorhimique : elles ont fourni
en 4 minutes, et à quelques centimètres de dislance, l'image d'un écran
sur la plaque photographique; leur action est comparable à celle d'un
brûleur Bunsen à flamme bleue, placé à i'".
La triboluminescence des cristaux isolés, ou en formation dans la disso-
lution, n'a produit aucune action sur l'électroscope. La lumière émise
semble identique à la lumière d'incandescence d'un corps solide; elle a
vraisemblablement la même origine.
IL J'ai trouvé une classe nouvelle de réactions luminescentes lors de
la réduction des hypochlorites et hypobromites; je signalerai simplement
ici les résultats de ces recherches :
j" Quand on verse de l'urine ou de l'urée pure sur un hy[)ochlorite un
peu concentré, par exemple l'extrait d'eau de Javelle, le chlorure de chaux,
il y a une vive luminescence. Le même fait s'observe dans l'appareil
d'Yvon quand on fait un dosage d'urée par un hypobromite alcalin. J'ai
obtenu la réaction de luminescence, soit avec l'urée à une concentration
quelconque et l'un des composés suivants :
Hypochlorile de soude, Hjpobromite de soude.
Chlorure dp chaux, Hypobromite de potasse;
soit avec l'hypobromite de soude concentré (286 de brome dans 44""'* <^le
lessive de-soude à 10™°' par litre) et l'un des composés suivants :
Oxamide SuHocvaiiure d'amnioniuiii Asparagine
Acide urif[ue Ammoniaque (très faible)
(') La première partie de ceUe Note a été présentée à l'Académie le 17 avril igoà.
SÉANCE DU I*'' MAI 1905. (171
Un grand nombre d'autres composés, de constitution chimique analogue,
n'ont donné aucune luminescence bien qu'il y ait souvent réaction vive
avec abondant dégagement gazeux.
La lumière émise ne présente aucune propriété spéciale; elle est très
pauvre en rayons photochimiques, mais permet néanmoins d'obtenir des
images en i5 à 20 minutes.
La cause de i émission de lumière est la production et la décomposition im-
médiate de chlorure d'azote.
Cette conclusion résulte des expériences suivantes :
1" Le spectre de luminescence est le même que celui que j'ai observé pendant la
décomposition explosive du chlorure d'azote (procédé éleclrolylique de Kolbe).
2° On peut produire la réaction des hjpocldorites sur l'urée en deux phases : pro-
duction du chlorure d'azote, décomposition explosive de ce corps avec émission de
lumière. Si Ton ajoute une solution d'urée à une solution concenliée d'acide hypo-
chloreux (préparé par la méthode de Balard), la réaction est toute diflerente de celle
qu'on observe en présence d'alcalis. Il n'y a d'abord aucune réaction, puis le mélange
se trouble après quelques minutes et il se rassemble sur les parois du vase de petites
gouttelettes huileuses ; ces gouttelettes font explosion avec émission de lumière en pré-
sence d'essence de térébenthine. Les alcalis déterminent également la décomposition.
La présence d'un excès d'alcali est d'ailleurs nécessaire pour que la décomposition de
l'urée par les hypochlorites ou hypobromites donne une effervescence avec production
de lumière.
Une solution concentrée d'hypobromite de soude donne encore une
luminescence assez vive quand on y projette quelques fragments d amal-
game de sodium. Les bulles d'hydrogène qui se dégagent s'entourent
d'une zone lumineuse. Comme l'hydrogène seul ne donne rien de sem-
blable, je pense que les particules d'amalgame de sodium entraînées par
le dégagement gazeux jo'.ient le rôle princi|)al dans cette luminescence.
PHYSIQUE. — Sur i impossibilité physique de mettre en évilence le mouvement
de translation de la Terre. N.>te de M. P. La.vgevix, présentée par
M. Mascart.
L On suit que toutes les expériences tentées pour mettre en évidence
le mouvement de translation de la Terre par rapport à l'éther électroma-
gnétique ont do.Hié des résultats négitil's. M. Lorenlz a inonlré récem-
II72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment('), en complétant des résultats antérieurs obtenus par lui-noême et
par M. Larmor (-), que la théorie des électrons /»reVoi!> de manière complète
et pour tous les ordres d' approximation l'impossibilité de mettre en évidence
par des mesures statiques, observation de positions d'équilibre ou de franges
noires en optique, le mouvement d'ensemble d'un système d'électrons si
l'observateur est entraîné avec lui. Le raisonnement suppose que toutes les
actions intérieures au système sont d'origine électromagnétique, et dé-
montre que dans ce cas le système entraîné subit dans le sens du mouve-
ment une contraction qui multiplie toute dimension linéaire parallèle au
mouvement par \] i — p^, si p est le rapport de la vitesse d'entraînement à la
vitesse de la lumière, les dimensions restant inaltérées dans toute direction
perpendiculaire.
L'application de cette théorie au mouvement de la Terre oblige à suppo-
ser que les forces élastiques ou de cohésion qui déterminent la configura-
tion des appareils de mesure sont d'origine électromagnétique ou se com-
portent comme telles, la même conclusion ne s'imposant pas pour la
gravitation, qui ne joue aucun rôle appréciable dans les expériences tentées
jusqu'ici.
IL Soit qu'on la considère comme une conséquence de l'origine électro-
magnétique des forces de cohésion ou comme une liaison imposée aux sys-
tèmes matériels, la contraction parallèle au mouvement suffit pour expli-
quer de manière complète le résultat négatif d'une expérience récente tie
MM. Trouton et Noble (*), d'après laquelle un condensateur plan, chargé
électriquement et suspendu à un fil de torsion, conserve une position d'é-
quilibre invariable quand la direction du mouvement de translation de la
Terre se déplace par rapport au plan vertical des plateaux. La théorie pré-
voit que si le condensateur garde une configuration invariable il doit au
contraire tendre à s'orienter avec ses plateaux parallèles au mouvement.
Le raisonnement suivant montre que celte tendance disparaît de manière
complète si l'on admet la contraction de M. Lorentz comme une liaison im-
posée au système, et permet de localiser dans le condensateur lui-même,
abstraction fiiite du système de suspension, la cause compensatrice du
couple prévu en l'absence de contraction.
(') H. -A. Lorentz, /lAac/. v. Wetensch te Amsterdam, 28 avril 1904.
(-) J. Larmor, Aether and Matter.
(■') Trouton and Noble, Phil. Trans.. A, t. CCIl igoS, p. i65.
SÉANCE DU I^'' MAI ipoS. II73
III. Une méthode générale pour résoudre le problème de la Dynamique
électromagnétique consiste dans l'application d'un principe analogue à
celui d'Hamilton en Mécanique et d'après lequel la manière dont un sys-
tème électromagnétique évolue entre deux configurations données aux
instants t„ et l\ est déterminée par la condition que l'intégrale (')
r\w,— W,„)dt
soit stationnaire pour toute variation virtuelle compatible avec les liaisons,
si We etW„, sont les énergies électrique et magnétique du système. Pour
une configuration d'équilibre, W^— W,„, la fonction de Lagrange (^) ne
varie pas avec le temps et la condition d'équilibre est simplement que cette
quantité soit maximum ou minimum.
L'explication du résultat négatif de MM. Trouton et Noble nécessite que,
pour le condensateur considéré, la fonction L = We— W,„ calculée en
tenant compte des liaisons, de la contraction de Lorentz en particulier,
soit indépendante de l'orientation des plateaux par rapport à la direction du
mouvement d'entraînement.
IV. Si l'on considère un condensateur plan chargé, ou d'une façon plus
générale un système électrisé quelconque dont la translation produit un
champ magnétique, il est facile de montrer, en calculant les énergies élec-
trique et magnétique, que si l'on suppose ce système contracté dans le
rapport \Ji-\-{i, la fonction de Lagrange !/, pour le système en mouve-
ment, a pour valeur
L' = L s/i-[i%
L étant la fonction de Lagrange pour le système en repos et non contracté.
L' est donc rigoureusement indépendante de l'orientation du système, et il
ne résulte, par suite du mouvement, aucun couple tendant à orienter le
condensateur; l'expérience de MM. Troulon et Noble doit bien donner un
résultat négatif à tous les ordres d' approximation et quelque soit le système
employé pour suspendre le condensateur. La compensation se produit à l'in-
térieur même du système électrisé supposé soumis â la contraction de
Lorentz.
(') J. Larmor, Aether and Matter.
(^) P. LA^GEVIN, Revue générale des Sciences, 3i mars igoS. [Cf. Max Abraham,
Ann. d. Physik, t. X, igoS, p. io5.)
!I74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
THERMODYNAMIQUE. — Sur la chaleur de vaporisation des i(az liquéfiés.
Note de M. E. Mathias, présentée par M. G. Lippmanîi.
Dans la théorie desfliiifles, les physiciens sont divisés sur deux questions :
celle de Vunivariance des étals saturés en équilibre et la question du point cri-
tique proprement dite.
Or, les expériences sur la chaleur de vaporisation des gaz liquéfiés, dont
j'ai eu l'honneur autrefois d'entrenir l'Académie et que j'ai, dans le cas de
l'acide carbonique, poussées jusqu'au voisinage immédiat du point critique,
ne laissent pas la place au doute quant à l'univariance des états saturés en
équilibre. Les adversaires de la théorie classique ont récusé mes expé-
riences en vertu d'un raisonnement que cette Note a pour but de faire
tomber.
Rappelons brièvement la mélliode. Le gaz liquéfié étant contenu dans un récipient
métallique plongé dans l'eau d'un calorimètre, on provoque une vaporisation modérée
du liquide et l'on compense, à chaque instant, le refroidissement du calorimèlre pro-
venant de la vaporisation par une source de chaleur connue, de manière que la tem-
rature t du calorimèlre reste sensiblement constante. L'expérience terminée, le réci-
pient métallique a perdu un poids t. et, toutes corrections faites, on a versé une
quantité de chaleur Q dans le calorimèlre sans que sa température change. Si S et S'
sont les densités du liquide et de la vapeur saturée à l, on a
Sous cette forme, on voit que la chaleur de vaporisation \ est le produit
de deux expressions dont la première ne renferme que des mesures indé-
pendantes de toute hypothèse, tandis que la seconde concentre sur elle
toutes les objections des adversaires de la théorie classique.
A cause de cela, je considérerai mes expériences comme donnant unique-
ment l'expression
(.. ^.= ?'
à laquelle je donnerai le nom (Fe chaleur de vaporisation apparente. Celte
nouvelle grandeur a toujours un sens expérimental, que l'expérience
d'écoulement du fluide sans détente sensible soit faite au-dessous du point
critique ou même au-dessus, près ou loin de cette température; en outre,
SÉANCE DU 1*"^ MA! l9o5. I 175
la mesure de !„ peut se faire en rapportant la température à une échelle
arbitraire, tandis que celle de 1, à cause du facteur ^ — ■> exige que la
température soit connue d'autant plus exactement qu'on e.^t plus près de la
température critique, au-dessous de laquelle on est obligé de rester pour
que le facteur en question ait un sens.
Au-dessous de la température critique, l'importance théorique de /,„ n'est
pas inférieure à celle de X; on a, en effet, d'après la formule deClapeyron,
A = A„ ^-^ r= A']' ^-^ J (T=2;3 4-0.
d'où l'on tire
(3) ^.= -^T,4^ („=i).
La formule (3) permet de vérifier avec la chaleur de vaporisation appa-
rente le principe de Carnot, comme la formule de Clapeyron permet la
vérification de ce principe sur T.. Comme 1, >.„ est une fonction toujours
décroissante de t; mais à la température critique elle tend vers la valeur
finie ( A„), = A l (^) • Pour C0% on a (.„),= oS^^V^G.
Si l'on utilise mes expériences sur l'acide carbonique pour la mesure
de \, on trouve que cette quantité, à une températuY-e donnée, est déter-
minée, indépendante du remplissage de l'appareil et qu'elle vérifie la rela-
tion (3), c'est-à-dire le principe de Carnot : V univariance des états saturés
en équilibre est démortlrée par là d'une façon purement expérimentale et l'ar-
gument des adversaires de la théorie classique (que la mesure de \ est un
cercle vicieux, puisqu'on admet par l'emploi du facteur de correction —g —
l'univariaiice des états saturés qu'on veut démontrerj ne porte plus.
L'intérêt du calcul de \ au moyen de mes expériences sur CO" provient
de ce que j'ai fait plus ou moins involontairement, le 8 et le 12 août 1889,
deux expériences restées inédites, l'une un peu au-dessus de Si", l'autre
légèrement au-dessous de celte température. Si l'on se rappelle qu'à
l'époque où ces mesures ont été faites on admettait 3i° pour température
critique de l'acide carbonique, on comprendra pourquoi les deux expé-
riences en question n'ont pu être utilisées par moi pour le calcul de X,
tandis qu'elles peuvent l'être aujourd'hui pour le calcul de >.o, comme le
II76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
montre le Tableau suivant qui ne contient que les mesures faites au voisi
nage immédiat du point critique :
- corrigé
de l'air
renfermé
e de l'expérience.
t.
T. (obs.).
dans C0^
Q-
\.
a
„
„
Cal
Cal
août 1889
3o,59
4', 283
4,25l
i3i,25
3o,9
août » ....
30,82
i,5o3
1,492
27,76
18,6
août »
80,968
1,468
.,457
28,8
,9,8
août »
Si, 16
i,.555
,,543
23,5
l5,2
A 3o°,59 et au-dessous, les valeurs de y.^, traduction des valeurs >^, véri-
fient le principe de Carnot, c'est-à-dire la formule (3). Mais les expériences
relatives à 3o°,82, 3o°,968, 3i°,i6 donnent nettement des nombres infé-
rieurs à la limite 25*^"', 26. Cela démontre jusqu'à l'évidence qu'à 3o°,59 le
liquide existe encore en présence de sa vapeur saturée avec ses propriétés
régulières, que dés lors le calcul de \ au moyen de la formule (i) est légi-
time jusqu'à 3o°,59, ce qui était démontré surabondamment déjà par la vé-
rification de la formule de Clapeyron à 3o'',59 et au-dessous.
Par contre, à 3o°,82 et au-dessus, l'état liquide régulier n'existe plus ; la
transformation de la phase liquide en phase gazeuse est déjà commencée et
d'autant plus avancée que la température est plus élevée et la densité
moyenne du remplissage plus faible, ce qui explique le passage de Xo ^^~
dessous de la valeur limite 25^^', 26. Si la diminution de la chaleur de va-
porisation apparente observée entre 3o'',59 et 3i°, 16 se poursuit au delà
avec la même rapidité, la transformatiou du liquide en gaz doit être totale
à une température à peine supérieure à la température critique vraie; mais
on ne peut l'affirmer, les expériences s'arrêtantà 31°, 16. Toutefois on peut
affirmer que la mesure purement expérimentale de la chaleur de vaporisa-
tion apparente \^, telle que mes expériences sur l'acide carbonique la
donnent, est capable à elle seule de résoudre le problème du point critique
comme celui de l'univariance des états saturés en équilibre, pourvu que les
expériences soient continuées au delà de la température critique.
THERMODYNAMIQUE. — Chaleur dans le déplacement de l'équilibre
d'un système capillaire. Note de M. Poxsot, présentée par M. Lippmann.
Soit un système composé d'une masse m d'un corps à l'état liquide en
équilibre avec une masse quelconque de sa vapeur. Le tout contenu dans
SÉANCE DU I*'" MAI ipoS. II 77
un vase clos dont la capacité pourra être maintenue constante ou rendue
variable parle déplacement d'un piston.
Si ce svslème n'est soumis à aucune autre action extérieure, la masse du
liquide étant invariable, le volume do ce liquide, sa surface ne dépendent
que de la température.
Si ce système est soumis à d'autres actions extérieures (champ magné-
tique, par exemple), on pourra, à température constante, en effectuant
des travaux extérieurs, produire des variations de la surface s de la masse
liquide et, par suite, lorsqu'on fera varier la température T, il sera possible
de conserver à la surface de la masse liquide une grandeur invariable, en
effectuant des travaux extérieurs. On aura
l'unité de chaleur étant celle équivalente à l'unité de travail.
Les deux principes de la Thermodynamique donnent :
(0 ()T ds T ~ >h dT '
La masse liquide peut être au contact de la paroi d'un vase et en contact
avec sa vapeur par une surface libre s, alors son volume et cette surface s
ne dépendent plus seulement de la température, mais dépendent encore
de l'enveloppe.
Je supposerai que le liquide mouille le vase et que la surface libre se
trouve dans une partie conique de ce vase; le diamètre étant assez petit,
la surface s est une surface de révolution, ayant même axe que celui du
cône; sa concavité étant tournée vers la base du cône, le sommet de celte
partie conique sera en communication avec un vase cylindricpie de très
grand diamètre, fermé par un piston mobile A; la niasse liquide occupera
encore ce vase. La vapeur sera également contenue dans un vase cylin-
drique également très grand et fermé par un piston B.
Dans ces conditions, l'expérience apprend que la pression p, positive ou
négative, exercée par la masse liquide sur l'unité de surface du piston A est
différente de la tension/ de la vapeur exercée sur le piston B.
A température constante, en faisant varier/) et /, et 5 le système prendra
un autre état d'équilibre; si T est variable, on pourra maintenir s constant.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 18.) '"iO
11-78 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans les deux cas, les travaux extérieurs peuvent être exprimés; si V est
le volume du liquide, V celui de la vapeur, la relation (i) ci-dessus, déve-
loppée, donne :
dp d\ df d\" _h _dpd\ d_ldY_
y^) ai ds "^ dT ds T - ôs ÔT ^ ds ÔT '
OV _ âW dV dp f)y _ d\_ ôX dp i^ _ _ ^ jl/L
'Ih ~7h,^ ôi^Ts'' 'ÏÏf~W!,^ <)p 5T' ôT,. ~ Op dTy
et l'on a trois égalités semblables concernant V; en portant les valeurs
développées dans la relation (2), on obtient
\^) '-^ - ^ [jTy ds ^ rfTv ds )^ H'^T ds, ^ dJ dsj
Je suis conduit à considérer dans la variation ds à température constante
deux variations successives : 1° une masse de liquide prise sous la pres-
sion p est transportée dans le volume compris entre les surfiices ^ et ^ + ds,
tandis que la vapeur comprise entre ces deux surfaces est transportée sous
le piston à la pression /"; 2° la pression en chaque point du système devient
celle qui correspond à l'équilibre de la surface s -+- ds.
La chaleur mise en jeu dans cette deuxième variation est, pour une
variation de surface égale à l'unité, représentée par le premier terme du
deuxième membre; donc celle correspondant à la première variation, s^,
est représentée par le terme suivant.
Première hypothèse. — Soit;^- =—-— = — -^; f/V, étant le volume
OSp os f ^Spf
compris entre les surfaces s ei s + ds; alors/— p représente la pression
capillaire 'i"; et, d'après un théorème de Bertrand,
ip— ^ = — A, tension superficielle.
ds '
Deuxième hypothèse. j^ indépendant de T; alors on a
c'est la formule classique.
SÉANCE DU 1" MAI IQoS. I I yg
Mais la première hypothèse est la négation des causes qui engendrent
les phénomènes capillaires. La tension d'adhérence entre un liquide et un
solide ne résulte-t-elle pas de leur attraction et ne doit-elle pas amener
dans ce champ d'altraôtion une variation de la densité du liquide à partir
de leur surface de contact?
Si je rappelle que la formule classique a été établie en considérant, pour
une masse de liquide, T et * comme deux variables indépendantes nor-
males, ce qui est contraire aux considérations exposées au commencement
de cette Noie, je conclurai qu'elle est inexacte ainsi que les conséquences
qu'on a pu en déduire (' ).
CHALEUI4. — Sur la différence de température des corps en contact.
Note de M. E. Rogovski, présentée par M. I.ippmann.
On peut déduire des Tables données dans une de mes Notes précéilentes
{Comptes rendus, t. CXXXVI, p. iBqi-k^qS) et des observations décrites
dans le Journal de la Société physico-chimique russe, t. XXXV, p. 238-292,
que la différence (le saut) de température (S) entre la surface des fds d'ar-
gent parcourus par des courants électriques et celle de l'eau qui les entoure,
augmente avec le flux (y) de chaleur par la surface de séparation, mais
elle n'est pas proportionnelle à ce flux. Voici la Table trouvée par l'inter-
polation graphique pour les fils d'argent pur plongés dans l'eau ayant la
vitesse de Sy*^'", i par seconde.
ImI de 0"", 4i5 de diamètre Kil de u""», 281 de diamètre
à la lempé- ù la tempé-
rature de l'eau = i7°,5C. ni turc de l'eau = i5'', 5 0.
cm-'
— 0,O3 0,40 —
1 ,95 0,1 0,55 3,55
7 , 90 0,5 3 , 00 2 , 60
i3, 20 1,0 6,10 2,16
17,45 i,-!» 8,80 1,98
21,10 2,0 II, 25 1,88
24,40 2,5 13,70 I ,78
(') Comptes rendus, t. CXVl
Il8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
De même pour les fils d'argent non chimiquement pur, à la vitesse du
courant d'eau de 37'^"', i par seconde :
Fil de û»-,3:.6 de di;
0,8 3,75 1,0 3,4
1,0 4i7 2>o 6,5
Kil de o"",
,194 de diamètr
Sr. cal.
'^cn.^se.;. .-
3,0
3 0
/j 0
5 0
60
80 ....
6,8 3,0 9,0
7,i5 t\,o 12,4
1,3
Nous voyons que cette différence ou ce saut dépend de même du dia-
mètre des fils en diminuant avec le diamètre.
Le saut de température {l) diminue avec la température (/„) de l'eau
ambiante. Pour un fd d'argent non chimiquement pur de diamètre o""°,3i8
et à la vitesse de l'eau 37'^^'",! par seconde, ce saut, pour les flux de chaleur
qui sont égaux à i, à i, 5 et à 2 "!" " " , a les valeurs suivantes :
Gr. ca
1
1,5
cm- sec.
.'ï.
rs.
S.
„
u
4,46
6,42
8,21
4,3i
6, 19
7,89
4,25
6,10
7>77
4,08
5,85
8,43
26
36
Le saut île température dépend de la vitesse du courant d'eau dans lequel
sont plongés les fds; il diminue avec la vitesse, comme cela est prouvé par
les observations suivantes sur le fd d'argent pur de diamètre o"'™,28i, à
la température de l'eau, i5'',5, et à la vitesse de l'eau, 57"", i (^57,,) et
io4'''" (~io'i) P^'' second:- :
o,o5a74 0,35
0,69200 4)3o
0,97762 6,00
2,5384o j3,90
0,20
1,75
3,i3
1,37
4,10
>,46
10,25
1,35
SÉANCE DU I*'' MAI igoS. I181
De même pour le fil de o-^^./tiS de diamètre à la température i7",j :
0. .ï.,,- ^.»'- ^"^
0,74160 '0,75 10, 3o i,o4
2,47605 24, 3o 16, 85 'i,4''>
On peut voir que le rapport entre les sauts de température pour les
vitesses O"]"", i et io4'^™ par seconde ne dépend presque pas du fltix de la
chaleur.
La température des fils a été déterminée par leur résistance (qui ne surpasse pas
o,o35 ohms) à o",025 près pour le fil de o""",28i de diamètre et à moins de o", 176 près
pour les autres; de même la température de l'eau ambiante a été mesurée à û'ioS près,
par conséquent on ne peut connaître la diflerence (saut) de température entre les fils,
et l'eau qu'à o", i près pour le fil de o""",28i de diamètre et à 0°, 25 près pour les
autres (').
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation des chlorures anhydres des mclaux rares.
Note de M. Camille Matignon.
J'ai montré qu'il était possible de déshydrater complètement les chlo-
rures hydratés des métaux rares, en opérant dans un courant de gaz chlor-
hydrique sec, à condition que la température soit maintenue dans des limites
bien déterminées (■-).
MM. Muthmann et Stuzel (■') ont préparé quelques chlorures anhydres
(') Je profite de Toccasion pour faire ici une remarque. Dans ma Note précé-
dente {Comptes rendus, t. CXXXVII, igoS, p. 1244-1246) on a pris par erreur, dans
les observations de M. Bède, le rayon des tubes pour leur diamètre. Par conséquent,
pour l'épaisseur de la couche d'eau supposée adliérente au fil de o"",4i5 de diamètre,
au lieu de o"'",oo64, il faut prendre 0°"", 00168 et, pour le fil de o'"'",28i de diamètre,
au lieu de o™™, 00272, o™",ooo95. Par conséquent, les nombres pour Ai„ et -^ doivent
être diminués en les muUiplianl par 0,26 et 0,35, et la différence 0 des températures
des fils et de l'eau à la surface de séparation trouvée par calcul ne peut se réduire à
plus de 1 ,5 pour 100 à cause de la formation d'une couche d'eau adhérente.
( = ) Comptes rendus, t. CXXXIll, p. 289; t. GXXXIV, p. 427 et i3o8.
(») BericlUe, t. XXXll, p. 34 1 3.
I i82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en transformant d'abord les sulfates en sulfures correspondants, puis ces
derniers en chlorures. M. Moissan (' ) a montré également que les carbures
de terres rares se transformaient en chlorures quand on les chauffait dans
un courant de chlore. Enfin M. Bourion et moi (-) avons appliqué notre
procédé général de chloruration des composés oxygénés à la transformation
des oxydes et sulfates, en opérant dans un courant de chlore mêlé de
vapeurs de chlorure de soufre.
La déshydratation dans le gaz chlorhydrique comme la chloruration
à partir du soufre et du chlore constituent de bonnes méthodes de pré-
paration, mais elles ont l'inconvénient d'être un peu lentes dans le cas des
métaux rares.
On peut préparer rapidement de grandes quantités de ces chlorures en
procédant de la façon suivante :
On chauffe, dans un courant de chlore et de gaz chlorhydrique chargé de vapeurs de
chlorure de soufre, la matière solide obtenue par évaporation de la solution chlorhy-
drique des oxydes. Cette évaporation, effectuée au bain de sable vers i3o°-i4o°,
fournit une substance qui contient peu d'oxychlorure et dont la composition se rap-
proche des chlorures monohjdratés dont j'ai signalé l'existence. Le départ de la der-
nière molécule d'eau dans ces conditions est très rapide et la substance ne contient
finalement aucune trace d'oxychlorure.
Tous ces chlorures sont d'une sensibilité remarquable à l'action de l'humidité et de
l'oxygène; il importe de les fondre dans un courant de chlore ou de gaz chlorhydrique
bien sec et bien débarrassé d'air. Par refroidissement, le chlorure se solidifie en se
divisant en une masse de cristaux transparents à facettes très brillantes. Ces cristaux
ne sont quelquefois réunis à la masse que par une de leurs deux extrémités, le reste du
cristal est isolé et nettement formé sur une longueur de plusieurs centimètres.
Ces chlorures fondus se dissolvent dans l'eau en dégageant une grande quantité de cha-
leur et en formant une solution très limpide; c'est la meilleure preuve de leur pureté.
Ils ont été tous analysés. Le chlore a été dosé sous la forme ordinaire et le métal
sous forme de sulfate anhydre. Ce dernier dosage constitue dans tous les cas un pro-
cédé très commode et de grande précision, quand il est convenablement appliqué.
Chlorure de lanthane. — Beaux cristaux transparents incolores.
Trouvé. Calculé. Trouvé. Calculé.
43,5 43,47 56,4 56,53
56,3
(') Comptes rendus, t. CXXXI, p. Sgo et 924.
( = ) Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. 63 1 et 760.
SÉANCE DU !«"■ MAI IQoS. II 83
Chlorure de ncodyme. — Cristaux transparents rose clair.
Chlore. Néodyme.
Trouvé. Calculé. Trouvé. Calculé.
42,4 42,6 57,3 57,4
57,3
Chlorure de praséodyme. — Cristaux transparents vert clair.
Praséodyme.
Trouvé. Calculé.
.56,70 56,88
56,68
Chlorure de sa ma ri u m. — Cristaux transparents jaune paille clair.
Chlore. Samarlum.
Trouvé. Calculé. Trouvé. Calculé.
4i,23 4i,52 58,36 58,47
4i,3o
Chlorure d'ytlrium. — La niasse cristalline fondue se présente avec des lamelles
ansparentes incolores. L'aspect est tout à fait dillérent des cristaux précédents.
Trouvé. Calculé.
45,52 45,38
En résumé, le mode opératoire indiqué permet de préparer très rapide-
ment et à l'état pur les chlorures anhydres des métaux rares ; il a l'avantage
de s'appliquer aussi commodément à de faibles qu'à de grandes quantités
de matière.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l'amidure de cœsium. Note de M. E. Rengade,
présentée par M. Henri Moissan,
L'étude de l'action de l'oxygène sur le csesiiim-ammonium, dont j'espère
pouvoir bientôt présenter les résultats à l'Académie, m'a conduit à m'oc-
cuper avant tout des réactions secondaires qui pouvaient se produire en
même temps : formation d'amidure de cœsium et oxydation possible de cet
amidure.
II 84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le cfesium-amtnonium, en solution dans l'ammoniac liquide, se décompose en effet
spontanément, comme les autres métaux-ammoniums, en amidure, avec dégagement
d'hydrogène. Mais cette transformation est très lente, beaucoup plus lente en parti-
culier que celle du cajsium-mélhylammonium ('). Ainsi, une solution de o",07 de
cœsium dans environ i"^"' d'ammoniac, maintenue en tube scellé à la température du
laboratoire, a mis 35 heures pour se décolorer complètement. La transformation est
plus rapide quand on opère avec le métal-ammonium sans excès d'ammoniac. Enfin
le cîesium absorbe peu à peu l'ammoniac gazeux même au-dessus de 4o°, température
à laquelle le métal-ammonium cesse de se former sous la pression atmosphérique ainsi
que l'a démontré M. Moissan (^). Vers 120° la réaclion est terminée après quelques
heures.
Si l'on chauffe plus fortement, on arrive à fondre l'amidure, qui dissout l'excès de
métal en se colorant en bleu, et dans ces conditions il suffit de quelques minutes pour
que la réaction soit complète. Mais le verre est un peu attaqué.
L'amidure qui a servi aux expériences que je vais décrire a été préparé en intro-
duisant le gaz sec dans un tube à robinet, préalablement vidé à la trompe, et conte-
nant le métal fondu, chauffé vers 120° au bain d'huile. Après quelques heures il ne
reste qu'une substance absolument blanche. On s'assure d'ailleurs que toute trace de
cœsium a disparu en condensant dans le tube de l'ammoniac liquide, qui ne doit
plus se colorer en bleu.
L'augmentation de poids du tube, vidé à la trompe, et l'hydrogène recueilli véri-
fient parfaitement l'équation
Cs-|-NH^=CsNH'--hH.
(Augmentation de poids rapportéeà l'amidure : 12.20 et 12,1 1 pour 100; calculé 12,04.
Hydrogène recueilli par milliatome de métal : 11™', 19 et 11""', 12; théorie 11""', 12.)
L'amidure de cœsium constitue un solide blanc, très facilement soluble dans l'am-
moniac liquide, d'où il cristallise en petits prismes ou lamelles microscopiques. Il fond
dans le vide aux environs de 260°.
C'est un corps très oxydable : si on laisse entrer de l'air ou de l'oxygène secs dans
le tube où il a été préparé, il jaunit immédiatement en s'échauffant beaucoup, en
même temps qu'il se dégage de l'ammoniac. Les volumes de l'oxj'gène absorbé et de
l'ammoniac dégagé sont dans le rapport de 3 à 2. Mais l'oxydation n'est cjue super-
ficielle.
Au contraire, si l'on fait arriver l'oxygène au contact de la solution dans l'ammoniac
à _ 60°, on constate une absorption rapide, en même temps qu'il se forme un préci-
pité insoluble. Quand l'oxygène n'agit plus malgré une agitation énergique, on fait le
vide pour extraire les gaz restants. Le contenu du tube, examiné au microscope, est
nettement hétérogène : il renferme des bâtonnets blancs translucides, groupés en tous
sens, et de tout petits cubes ou octaèdres très limpides. Les premiers cristaux sont
(') E. Rengade, Comptes rendus, t. CXL, 1905, p. 246.
(2) H. Moissan, Comptes rendus, t. CXXXVI, igoS, p.
SÉANCE DU l" MAI IçpS. Il85
insolubles dans l'ammoniac, tandis que les seconds s'y dissolvent et peuvent être ainsi
facilement séparés par décantation. On constate que leur solution aqueuse est sensi-
blement neutre à la phtaléine, réduit le perm;inf;anate acidulé et bleuit l'iodure de
potassium amidonné. La partie insoluble dans l'ammoniac est fortement alcaline.
D'ailleurs le réactif de Nessler indique l'absence complète d'ammoniaque. L'amidure
a donc été totalement oxydé : il s'est produit de l'azolite et de l'hydrate d'oxyde de
cœsium d'après l'équation
2CSNIP+ 0'= CsNO^+ CsOH + N\i\
Cette équation a du reste été vérifiée en mesurant : 1° le volume d'oxygène absorbé;
2° l'augmentation de poids du tube; 3" l'alcalinité de la solution aqueuse; 4° son pou-
voir réducteur vis-à-vis du pei tnanganate. Ce dernier est cependant un peu trop faible :
cela tient à ce que l'oxydation va, en partie, plus loin; il se produit une petite quan-
tité d'azotate, d'ailleurs assez faible, et que l'on peut estimer colorimélriquement au
moyen de la brucine : j'ai trouvé ainsi 7 pour 100 environ du poids de l'azotite : il ne
se produit pas d'hypoazotite.
L'anhydride carbonique n'agit pas à la température ordinaire sur l'amidure de
cœsium. A chaud il est rapidement absorbé.
L'eau décompose violemment cet amidure. Si la réaction se fait au contact de l'air,
il y a déflagration et inflammation. En faisant entrer de l'eau bouillie dans le tube à
amidure, vidé à la trompe, on obtient une solution immédiate sans dégagement gazeux.
L'alcalinité totale correspond, par millimolécule d'amidure mis en œuvre, à 20*^"' de
soude décinormale (trouvé I9'^"'',g3), ce qui vérifie l'équation
CsNH'-t- H^O = CsOlI + NH'.
En résumé, le cœsium-ammonium se décompose spontanément, mais
très lentement, en amidure et hydrogène. La formation d'amidure est beau-
coup plus rajjide en faisant agir l'ammoniac gazeux sur le métal à 120°.
L'amidure formé est décomposable par l'eau en ammoniaque et hydrate
d'oxyde de cœsium. Il est très facilement soluble dans l'ammoniac liquide
et celte solution absorbe rapidement l'oxygène à froid pour donner de l'hy-
drate et de l'azotite de cœsium, avec un peu d'azotate.
J'ai vérifié que cette oxydation de la solution ammoniacale d'amidure
n'est pas particulière au caesium : elle se produit également avec l'amidure
de potassium. Quant à l'amidure de sodium, l'oxygène est sans action sur
lui en présence d'aiTimoniac liquide, dans lequel il est du reste insoluble.
Semestre. (T. CXL, N- 18.)
Il86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau n'aclif du potassium. Noie de
M, EuGF.sîo PiNEiiuA Alvarez, présentée par M. DiUe.
Le nouveau réactif est une solution à 5 pour loo (saturée) (l'ncifle
naphtol-sulfonate sodique i, 2, 6 (iconogène)
/NH- I,
C<»tP-OH 2,
\SO'Na 6.
La dissolution doit se faire au moment de son emploi en utilisant de l'eau
distillée bouillie et froide; au besoin, on peut conserver cette dissolution
dans des flacons en verre noir pleins et bien bouchés.
La sensibilité de ce réactif est au moins aussi grande que celle du chlo-
rure platinique, il peut être utilisé avec les sels ammoniacaux comme aussi
avec les sels magnésiques, quand ces derniers se trouvent mêlés avec les
précipités (chlorure) en quantité suffisante pour ne pas devenir précipi-
tables par le carbonate ammonique.
Il est applicable à tout genre de composés potassiques dont la réaction
soit neutre, y compris l'iodure.
Son usage est par conséquent indiqué dans tous les cas où nous ne pou-
vons pas employer les réactifs connus jusqu'ici, comme, par exemple : le
chlorure platinique, le nitrite cobaltique, sodique, tartrate monosodique,
les acides fluosilicique, perchlorique, etc.
Comme réactif microchimique par voie humide, avec formation de cris-
taux, il est d'une utilité pratique incontestable parce que l'amide naphtol
sulfonate potassique 1.2.6 cristallise en grandes et belles lames nacrées,
orthorombiques.
Dans les expériences que nous avons réalisées, le sel potassique soumis
à l'analyse a été le chlorure pur dissous dans de l'eau distillée en solutions
contenant respectivement 10, 5, 2,5, 2 et i pour 100 dudit composé halo-
gène.
Nous avons opéré avec i'""' de chacune des solutions et le volume du réactif ajouté
a été vi;riablc suivant le degré de concentration de ces solutions; les quantités en poids
(le chlorure et d'amide naphtol-sulfonate sodique se sont toujours trouvées dans le rap-
port de I du premier et 3,5 du second, en agitant avec fréquence le tube d'essai quand
les solutions étaient diluées, pour favoriser la formation du précipité qui est blanc,
SÉANCE DU !'''• MAI igoS. II 87
cristallin, très brillant, d'amide naphtol-sulfonate potassique 1.2.6 peu solubie dans
l'eau et complètement insoluble dans l'alcool absolu.
La réaction n'est pas très rapide : quand les solutions potassiques contiennent
10 ou 5 pour 100 de chlorure, on voit apparaître peu d'instants après le précipité
cristallin caractéristique du potassium; si la quantité du composé potassique est
comprise entre 5 et 3 pour 100, les cristaux ne se voient clairement à l'œil nu qu'au
bout de 10 minutes; les liquides contenant 2,5 ou 2 pour 100 de chlorure exigent
peu de temps; et finalement, si nous mêlons 1""' de solution potassique à i pour 100
avec o'=°",6 de solution du réactif et si nous agitons fortement, nous verrons le préci-
pité au bout de quelques heuies seulement.
Les solutions de chlorure ammonique ne précipitent pas par l'action de ce réactif
et n'empêchent pas non plus la précipitation du potassium dans la dissolution.
Les sels magnésiques (Cl'Mg), en présence d'une quantité de chlorure ammonique
suffisante pour empêcher sa précipitation par le carbonate du même radical, ne don-
nent aucun précipité quaud on ajoute le réactif.
En opérant comme nous l'avons déjà dit tout à l'heure, avec i™' d'une solution
contenant 10 pour 100 de chlorure iilagnésique, 20 pour 100 de chlorure ammo-
nique et 5 |)0ur 100 de chlorure potassique, on ne linde pas à voir apparaître le pré-
cipité caractéristique du potassium dès qu'on v ajoute l'amide naphtol-sulfonate
sodique.
Un grand nombre de composés solubles des métaux lourds en dissolu-
lion ne précipilenl pas avec le nouveau réactif, comme, par exemple, les
sels ferriques et manganeux, mais par contre d'autres précipitent, comme,
par exemple, les sels de nickel et de cobalt, et le précipité est quelquefois
solubie dans un excès de précipitant, comme celui des sels cuivriques
(solution verte), tandis que d'autres ne le sont pas, celui de bismuth par
exemple.
En conséquence, nous pouvons affirmer que l'étude de l'action qu'exerce
l'amide naphtol-sulfonate sodique 1.2.6 sur les sels en général est d'une
grande importance en analyse chimique.
BOTANIQUE. — Sur les amdilioits de développeinenl du mycélium de la morille.
Note de M. G. Fnox, présentée |>ar M. Gaston Bonnier.
La culture de la morille préoccupe depuis longtemps les mycologues, et
plusieurs procédés ont déjà été indiqués |Jour provoquer le développement
de ce champignon ('). Les milieux de culture essayés ont toujours été
(') Kèpi.n, Sur la ciilttire de la morille (He\tie générale des Sciences. 1901).
Il88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
constitués par des matières organiques diverses provenant de débris végé-
taux tels que feuilles décomposées, résidus de pommes ou de poires,
déchets industriels de pâtes de bois, etc. Mais nous ne connaissons pas de
recherches qui aient été entreprises en vue de déterminer les exigences de
ce champignon, à l'exception toutefois des observations de M. MoUiard
relatives à l'influence des nitrates et des sels ammoniacaux (').
La présente Note est l'exposé succinct d'expériences faites en vue d'éta-
blir quels sont les éléments hydrocarbonés et minéraux qui sont les plus
favorables au développement de la morille. Une fois ces éléments bien
déterminés, il nous semble que l'étude de l'évolution complète du cham-
pignon, et particulièrement des conditions de formation de l'appareil asco-
sporé, sera facilitée et pourra être conduite avec plus de méthode.
Pour déterminer l'importance relative des différents éléments examinés,
nous nous sommes servi de cultures pures du mycélium, obtenu en par-
tant de la spore et développé sur un substratum quelconque, soit sur des
morceaux de carottes stérilisés. Ce mycélium a servi à ensemencer des ma-
tras contenant des liquides stérilisés de composition chimique exactement
définie. Nous avons fait usage de liquide de Knop et surtout de liquide
Raulin chez lequel le sucre candi a été remplacé successivement par les
différents sucres à examiner introduits à la dose de 5 pour loo, puis nous
avons éliminé un à un les principaux sels afin de préciser le rôle de chacun
d'eux. Nos expériences ont porté sur différentes espèces de morilles (Mor-
chellaconica, M. escidenla, M. vulgaris var. flava). Mais nous laissons de
côté pour le moment les faibles différences qui se manifestent entre ces
espèces.
I. Modifications clans la nature de Valiment hydrocarboné. — Ces modifications
correspondent à des différences très apparentes dans le développement du mycélium. En
présence de saccharose, de lévulose ou de raannite, le développement est défectueux ou
presque nul. 11 est abondant et rapide en présence de glucose, de sucre interverti,
d'inuline et d'amidon. Nous avons surtout obtenu de bons résultats avec l'inuline, qui
provoque un développement rapide du champignon à la surface du liquide de culture.
En une huitaine de jours environ, le mycélium couvre toute la surface, s'étendant en
profondeur dans le liquide et montant ensuite sur les parois du vase de culture. Des
dosages successifs de sucre, faits par prélèvements de liquide, montrent qu'il y a for-
mation de sucre réducteur avec disparition progressive d'inuline. En présence de glu-
cose, le développement, tout en étant abondant, s'est montré moins actif qu'avec
l'inuline.
(') MoLLiARD, Sur la forme conidienne de la morille et 'la formation des sclê-
rotes {fiei-ue générale de Botanique, 1904, et Comptes rendus, aS avril 1905).
SÉANCE DU l" MAI I9o5. II 89
II. Parmi les éléments minéraux dont nous avons examiné l'action, nous avons cons-
taté que les sels de fer ainsi que les sels de potasse ne sont pas nécessaires pour la nu-
trition du champignon. 11 convient toutefois d'être réservé à ce point de vue, étant
donnée la difficulté que l'on éprouve à garantir l'absence totale de ces éléments dans
des liquides de culture contenus dans des vases de verre. D'ailleurs la suppression des
sels de potasse amène un état particulier de l'appareil végétatif qui prend une teinte
noire plus accentuée que dans les liquides témoins et qui en outre perd toute cohésion
et toute solidité, se fragmentant facilement en pelotons mycéliens qui flottent dans le
liquide ou qui se fixent contre la paroi du vase comme déjeunes sclérotes.
Les sels de chaux, d'acide phosphorique et d'azote sont nécessaires. Dès qu'on les
supprime, le mycélium ne se développe pas ou tout au moins ne tarde pas à s'arrêter.
L'influence des sels de chaux est particulièrement nette : quand on ensemence avec
du mycélium de culture un matras dans lequel le liquide est dépourvu de sels de chaux
et de magnésie, on n'aperçoit aucun développement se produire; mais, si l'on vient à
ajouter une solution de nitrate de chaux, le mycélium s'étend bientôt sur la surface du
liquide qu'il ne tarde pas à recouvrir entièremejit.
Les sels de magnésie peuvent remplacer ceux de chaux sans pourtant posséder une
action aussi marquée.
III. L'influence de l'alcalinité du milieu de culture a déjà été signalée par M. Répin
en 1901. Nous avons constaté en préparant des solutions légèrement acidifiées par
de l'acide tartrique, neutres ou basiques, que le mycélium ne peut supporter une aci-
dité même légère. Les meilleures conditions sont réalisées par un liquide neutre ou fai-
blement alcalin. Quand l'alcalinité dépasse o,25 pour 100 (en potasse) le déve-
loppement est arrêté.
En outre, par une culture prolongée dans un même liquide, ce dernier d'abord
alcalin devient peu à peu neutre puis légèrement acide. C'est à cet état que nous avons
obtenu dans nos cultures la forme conidienne de la morille que M. Molliard a étudiée
et décrite en la rattachant au genre Costandnella et dont il a pu déterminer les con-
ditions de formation (').
Il résulte de ces diverses expériences que le mycélium de morille a besoin
jjour son développement d'une forte alimentation hydrocarbonée et l'inu-
îine ainsi qiie le glucose et l'amidon lui sont particulièrement favorables.
Il est moins exigeant sous le rapport des principes minéraux, mais ré-
clame néanmoins des phosphates, azotates et sels de chaux ou de ma-
gnésie, dans des milieux neutres ou très faiblement alcalins.
(■) Molliard, Comptes rendus, février igo^-
ACADEMIE DES SCIENCES.
ÉCONOMIE RURALE. — L'azotale de calcium (ou niliale de chaux)
en Agriculture. Note de M. E.-S. Iîelle.noux. (Exlrail.)
L'auteur propose de remplacer l'azotale de soude par l'azotale de chaux.
Il cite les faits suivants :
i" Deux, parcelles de terre, ciillivées en pommes de terre, avaient reçu en fumure
azotée, l'une du nitrate de soude, l'autre du nitrate de eiiau\ : les tubercules prove-
nant de la fumure au nitrate de cliaux. fournissaient une richesse en fécule supérieure
de i,8o pour looà la teneur en fécule des tubercules produits par la fumure au nitrate
de soude.
1° Deux, autres parcelles de terre, cultivées en betteraves sucrières, recevaient éga-
lement la fumure azotée, l'une au nitrate de soude, l'autre au nitrate de chaux : pour
celle dernière parcelle (au nitrate de chaux), la proportion de sucre dans les betteraves
était supérieure de 1,87 pour 100 à celle des betteraves cultivées au nitrate de soude.
Ces chiflVes ont été pris comme moyenne dans les résultats obtenus pendant plu-
sieurs années consécutives.
Pour préparer l'azotate de calcium (ou nitrate de chaux) qui devrait se
substituera l'emploi du nitrate de soude en Agriculture, l'auteur emploie un
moyen très simple et économique, basé sur les principes ou lois chimiques
de Bertholiet : c'est la réaction de l'azotate de sodium et du chlorure de
calcium, cette réaction donnant lieu à une formation d'azotate de calcium
(ou nitrate de chaux) et de chlorure de sodium qui se sépare le premier
pendant la concentration.
PHYSIOLOGIE. — Variation de la pression osmotique dans le muscle par la
contraction. Note de M. Stéphane Leuuc, présentée par M. d'Arsoiival.
Le membre postérieur de la Grenouille, détaché d'un coup de ciseau au
niveau de l'aine, dépouillé, et plongé pendant 24 heures dans une solution
de chlorure de sodium congelant à — o", 53, ne change pas de poids; dans
vingt expériences, nous n'avons pas constaté une variation dépassant le cen-
tième du poids initial. On doit donc admettre que la pression osmotique
dans le muscle est égale à celle de la solution, soit à i5", G"'™, 655. Dès que
l'on emploie une solution plus concentrée, les muscles diminuent de poids
par perte d'eau résultant de l'excès de la pression osmotique dans la solu-
tion. Mais si les muscles, immédiatement avant d'être plongés dans la solu-
SÉANCE DU I" MAI igoS. I 191
tion, sont soumis, à l'aide d'un courant électrique, à une série de contrac-
tions, leur poids augmente toujours dans la solution de Na Cl congelant à
— o'',53. Nous avons régulièrement constaté cette élévation dans plus de
soixante expériences.
Par exemple : alors que l'un des membres poslérieurs non excité d'une Grenouille
conserve un poids invariable dans la solution, l'autre membre du même animal, excité
une fois par seconde pendant 5 minutes, augmente de plus d'un dixième, exactement
des 0, io4 de son poids dans la même solution. Des muscles, ayant subi une excitation
de 8 minutes, ont encore augmenté des o, o^ de leur poids dans une solution de NaCl
congelant à — o",--i et ayant, à i5", une pression osmotique de 9"'™, 176.
Dans cinq expériences faites dans une solution de NaCl congelant à
— o°,53, nous avons obtenu les résultats suivants :
Augmentalion en fraclion du poids initial après 2^ heures de séjour
dans la solution.
Muscles excités une fois par seconde pendant
'Muscles témoins. :!""'. 4'".- 6"".
0,00 o,o-.',(j 0,084 0,094
0,01 0.034 o,o65 0,098
o,oo5 o,o4"> 0,079 0,097
0,00 0,0.37 0,070 0,095
0,00 0,082 0,072 0,096
Moyennes.... 0,0007.5.... o,o348 0,074 0,095
En excitant les deux pattes d'une grenouille par un même courant, l'une des pattes
étant libre, l'autre tendue par un poids, la patte tendue subit toujours, dans la solution
de NaCl congelant à — o°,53, une augmentalion de poids plus grande que la patte libre,
et cette augmentation s'accroît avec le poids tenseur.
Il résulte de ces expériences :
1° La contraction musculaire a pour conséquence l'élévation de la pres-
sion osmotique dans le muscle;
2° Cette élévation de la pression osmotique intramusculaire, provoquée
par la contraction, peut dépasser 2''"'",52i, 2'-k,6o4 par centimètre carré de
surface;
3° L'élévation de la pression osmotique intramusculaire est d'autant plus
grande que les excitations sont plus prolongées ou plus fortes;
Iiga ACADÉMIE DES SCIENCES.
4° L'élévation delà pression osmotiqiie dans un muscle qui se contracte
est, pour les mêmes excitations, d'autant plus grande que la contraction
rencontre plus de résistance; en d'autres termes, la pression osmotique
s'élève avec le travail accompli par le muscle ;
5° Ces changements si considérables de la pression osmolique, dans un
muscle qui se contracte, exercent nécessairement une influence prépondé-
rante, sinon unique, sur la production de la fatigue.
PHYSIOLOGIE. — Variations subies par le glucose, le glycogène, la graisse
et les albumines solubles au cours des métamorphoses du Ver à soie. Note
de MM. C. Vaney et F. Maignon, présentée par M. A. Chauveau.
L'élude |)hysiol()gique des métamorphoses des Insectes a fait l'objet d'un
nombre restreint de travaux parmi lesquels les plus importants sont ceux
de Bataillon (i8g3) et de Dubois et Couvreur (1901). Dans une première
série de recherches nous avons dosé, chaque jour de la métamorphose du
Ver à soie, les quantités de glucose, de glycogène, de graisse et de matières
albuminoïdes solubles renfermées dans les vers, chrysalides et adultes.
Nous avons toujours opéré sur des lois renfermant, autant que possible, un
nombre égal de mâles et de femelles. Pour l'étude des variations nous
avons établi, d'après nos dosages, d'abord les quantités de substance con-
tenues dans loo^, puis, par le calcul, nous avons ramené nos résultats à un
lot type de dix individus, dont les cocons d'un jour pesaient 22^, 29 et dont
nous avons suivi chaque fois les variations de poids.
Sans insister sur les procodés de dosage que nous avons employés, nous indiquerons
seulement que, pour le glucose, la défécation du bouillon a été obtenue au moyen de
l'azotate mercurique par la méthode de Patein et Dufau, et sa recherche qualitative
a été faite au moyen de la phénylliydrazine. Le dosage de cet hydrate de carbone a été
effectué au moyen de la liqueur de Fehling (formule de Pasteur), en opérant sur
-pj ou ^ de centimètre cube de liqueur après addition de pastilles de potasse
caustique pour empêcliei- la précipitation d'oxydule de cuivre. Nous avons dosé le gly-
cogène au moyen de la mélhode Frœnkel-Garnier ; pour les graisses, nous avons eu
recours à l'épuisement de l'éther et, pour les albumines solubles, nous avons coagulé
par la chaleur en présence d'un égal volume d'une solution saturée de sulfate de soude.
En opérant ainsi, nous avons oblenu les résultats résumés dans le
tableau suivant :
SÉANCE DU l" MAT ipoS. II93
Vfre (lu cocon
Qun
ntité de suV
stance co
nlenue
Poids de
ro indi-
dans 10 ind
vidus typ
es.
oids de
\ll>iimine
cocons.
vidus nus.
Glucose.
Gljcogéne
Graisse.
solublcs
,.
L-
g
j.
g
22,29
2. ,87
0
0, i54
0,706
0,348
19,45
18, o4
1,84
0,174
0,582
0,541
•7)9'
i5,4.
o^gl
0, 1 17
0, 469
o,.53i
16,90
.4,05
,,23
0, i85
0,608
0.5-28
16,33
i3,48
0,68
0, 2l4
o,5i4
0,459
16, it
13,26
i,3o
0, 2o3
0,374
0, 4a6
1.5,89
.3,04
0,71
0, igS
o,4oi
.5,78
12,93
o,,36
0, 162
0,384
1.5,67
12,82
.,96
0, i45
o,363
1 3, 53
12,68
0.18
0, .37
0,379
15,3-
12,53
o,.58
o,i44
0,270
0. .376
i5,23
12,38
0. 6ô
0,142
0.378
i5,t3
12,28
0.S8
0,060
0,343
.5,04
12,19
0,45
o,o83
0, 3o4
0,263
.4,75
11.90
0.26
0,089
0,256
i4,6o
11,73
0,64
0,080
0,224
0,1 38
■ 4.45
1 1 , 60
0.73
0, o4i
0,276
0, 094
7,00
0,18
0.068
0,373
o.ooo
Adultes accouplés .
Après accouplement
et ponte 3,20 o, o34 0,076
Les nombres du Tableau précédent correspondent à des lots renfermant
un nombre égal de mâles et de femelles.
Variation de poids. — Si nous construisons, à l'aide des nombres que
nous avons obtenus, la courbe des variations de poids, nous vovons que
cette courbe subit une chute rapide tout à fait au débutde la chrysalidation,
lors de la transformation de la larve en ciirysalide; elle se maintient ensuite
légèrement et régulièrement inclinée pendant toute la durée movenne de
la métamorphose, du 5" au 17' jour, pour redescendre ensuite rapidement
aux approches de Téclosion, c'est-à-dire au moment delà transformation de
la chrysalide en insecte parfait.
Les pertes de poids les plus grandes ont donc lieu au début et à la fin de
la nymphose ; elles coïncident avec les périodes pendant lesquelles s'opèrent
les modifications morphologiques les plus importantes : chrysalidation et
éclosion.
Glucose. — Cl. Bernard avait vu que les asticots ne renfermaient pas de
C. R., 1906, I" Semestre. (T. CXL, N° 18.) I 52
I,g/j ACADEMIE DES SCIENCES.
glucose et que celte substance apparaissait ])eiKlant le stade chrysalidaire
pour se maintenir ensuite chez l'adulte.
Pour Bataillon et Couvreur, la date d'a|)parilion du glucose, chez le ver
à soie, serait fixe; elle aurait lien, dans la larve, vers la fin du filage. Dans
cinq séries de recherches portant sur trois années différentes (1902-1903-
iQoZî), nous avons déterminé la date d'apparition du glucose et nous avons
vu que cette époque est très variable. Tantôt le glucose a apparu au
deuxième jour de filage; tantôt, au contraire, vers la fin de la chrysalida-
lion, au quinzième jour el même parfois à la veille de l'éclosion. Dans les
expériences résumées dans le Tableau, le glucose a apparu dès le deuxième
jour du filage et il s'est maintenu pendant toute la durée de nymphose en
présentant de grandes irrégularités.
Glycogène. — L'examen de nos résultats montre une formation brusque
de glycogène, dès le début du filage, fait constaté déjà par Bataillon et
Couvreur. La richesse en glvcogène passe par un maximum qui semble
coïncider avec le moment de la transformation du ver en chrysalide.
A partir de ce moment le glvcogène va sans cesse en diminuant. Il subit
une chute rapide immédiatement après ce maximum et une nouvelle baisse
à la veille de l'éclosion.
Graisse. — Si nous construisons la courbe de variations de la graisse,
nous voyons que, à part quelques oscillations dues à ce que l'on est obligé
d'opérer à chaque dosage sur des individus différents, l'allure générale
indique une disparition progressive de cette substance au cours de la nym-
phose. La chute est surtout rapide au début et à la fin de la chrysalidation.
Albumines soluhles. — Les chiffres que nous avons obtenus montrent, du
premier au deuxième jour du filage, un fort accroissement en albumines
solubles; puis, du deuxième jour jusqu'au moment de la chrysalidation,
cette teneur reste à peu près stationnaire; à partir de cette époque, on
observe une diminution régulière et rapide jusqu'au moment de l'éclosion.
Conclusions. — L La date d'apparition du glucose au cours de la nym-
phose est variable; elle peut se présenter depuis le début du filage jusqu'à
l'éclosion.
IL L'étude du chimisme des métamorphoses du ver à soie nous montre
une formation intense d'albumines solubles et de glycogène pendant le
filage et, à partir du moment oij la chrysalide est formée, une consommation
constante de ces substances. Au début de la nymphose, la production
d'albumines solubles et de glycogène surpasse la consommation, tandis
qu'après cette période la consommation l'emporte sur l'élaboration.
SÉANCE DU i" MAI igoS. Ii()5
Pour la graisse, la teneur va en diminuant dès le début; pendant toute la
durée de la nymphose, la consommation sm-passe toujours l'élaboration.
La chrysalide une fois formée consomme donc parallèlement les trois
sortes de réserves : azotées, grasses et hydiocarbonées.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur une combinaison fluorée de la niéthémoglobine.
Note de MM. J. Ville et E. Derkie.v, présentée par M. Armand Gautier.
Dans une Note précédente ( ' ) nous avons signalé la modification que le
fluorure de sodium imprime au spectre de la méthémoglobine; ce dernier
disparaît pour faire place à une bande d'absorption très foncée et bien
délimitée, située à droite de la bande, dans le rouge, de la méthémoglo-
bine. On constate en outre, à l'union du vert et du bleu, l'existence d'une
deuxième bande plus large que la précédente mais moins foncée. Nous
avons constaté que cette modification spectrale se produit également par
l'action d'une solution très diluée d'acide lluorhydrique. Nous avions donc
pensé qu'il se forme ainsi une combinaison Ouorée de la méthémoglobine.
Nous venons de l'obtenir, en effet, à l'état cristallisé.
Pour cela, une solution concentrée de méthémoglobine de cheval est additionnée d'une
solution, saturée à froid, de fluorure de sodium, jusqu'à ce qu'un échantillon convenable-
ment dilué ne présente plus le spectre de la niétiiémoglobine et que la bande dans le
rouge (centre à 1 = 634) ait complètement disparu pour faire place à la bande foncée
(centre à X = 612), qui caractérise surtout la transformation qu'éprouve la méthémo-
globine au contact du fluorure. Cette transformation est manifestée par la coloration
verdâtre de la mousse que donne l'agitation du liquide; en même temps la liqueur
devient dichroïque, offrant une coloration verte en couche mince et rouge pourjpre en
couche plus épaisse. Finalement on ajoute encore une nouvelle quantité de la solution
de fluorure de sodium, la moitié environ de celle déjà employée.
En ajoutant à cette liqueur fluorée le quart de son volume d'alcool à 90°, les deux
liquides étant refroidis ào°, nous n'avons jamais pu observer la formation de cristaux,
même en maintenant longtemps la préparation dans un mélange réfrigérant. Au con-
traire, nous avons obtenu un produit cristallisé en utilisant le sulfate ammonique,
préconisé par M. Schulz pour la préparation des cristaux, d'oxyhémoglobine. La liqueur
fluorée, additionnée de son volume d'une solution saturée à froid de ce sel, donne, si l'on
refroidit vers 0°, une cristallisation abondante formée de lamelles rhomboïdales très
minces ou de prismes clinorhombiques suivant la concentration et la rapidité de for-
mation de ces cristaux. Ils présentent le dichroïsme observé avec la solution fluorée :
(') Comptes rendus, t. CXL, p. 743.
II96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les lamelles apparaissent au microscope colorées en vert; les prismes, plus épais, oflTrenl
une coloration rouge pourpre.
Les lamelles rhomboïdales, examinées au niicrospectroscope, présentent le même
spectre d'absorption que celui signalé par la liqueur fluorée.
Les cristaux ainsi obleniis, qui se distinguent si nettement des cristaux de
la méthémoglobine, sont la forme cristallisée d'une combinaison fluorée
delà méthémoglobine. Toutefois cette combinaison est instable; les cristaux
ne peuvent être conservés que dans la liqueur où ils ont jiris naissance et
en présence d'un excès de fluorure de sodium. Lorsqu'on veut les recueillir
soit par filtration, soit par cenlrifugation, ils s'allèrent rapidement; la purée
cristalline perd sa couleur rouge pourpre, devient rouge brunâtre et l'on
constate au spectroscope leur transformation en méthémoglobine.
Celle combinaison lluorée se forme également par l'aclion de l'acide fluorhydrique.
Lorsque cet acide en solution très étendue (à 1 pour 1000 environ) est ajouté goutte à
goutte à une solution de méthémoglobine, en suivant au spectroscope les modifications
produites, on constate la disparition du spectre de la méthémoglobine acide, remplacé
par celui de la méthémoglobine fluorée.
Le spectre de la méthémoglobine fluorée est caractérisé par la présence
de deux bandes d'absorption : l'une, très nette et très foncée, située dans
le rouge orangé, entre C et D, dont le centre est à >. = 612; la seconde
plus large et moins foncée, placée entre C et F, à l'union du vert et du
bleu ; celte bande d'absorption rappelle la quatrième bande de la méthé-
moglobine acide, mais elle empiète plus sur le bleu que cette dernière et
son centre est à X = 494-
Comme l'oxyhémoglobine n'est pas modifiée dans son spectre par le
fluorure de sodium, le sjjectre de la méthémoglobine fluorée, caractérisé
par les deux seules bandes que nous venons de décrire, nous semble défi-
nitivement trancher la question concernant la nature des deux bandes
intermédiaires du spectre de la méthémoglobine acide. Il montre, en effet,
que ces deux bandes intermédiaires, qui disparaissent lors de la transforma-
tion de la méthémoglobine acide en méthémoglobine fluorée, ne sont pas
dues, comme l'ont admis certains auteurs, à un reste d'oxyhémoglobine non
transformée et qu'elles appartiennent bien à la méthémoglobine acide dont
le spectre est réellement constitué par quatre bandes d'absorption.
L'acide fluorhydrique, en solution très diluée, transforme la méthémoglobine alca-
line en méthémoglobine fluorée. Cette transformation, au contraire, ne s'observe pas
avec le fluorure de sodium. Lorsqu'on ajoute une solution de ce sel à une dissolution
SÉANCE DU l" MAI igoS. II97
de méthémoglobine alcalinisée par addition de quelques gouttes de soude ou de potasse
au dixième, on n'observe aucun changement spécial; le spectre de la méthémoglobine
alcaline persiste avec ses trois bandes caracléristiques.
Sous l'influence des alcalis, ainsi que des carbonates et bicarbonates alcalins, la
méthémoglobine fluorée est transformée en méthémoglobine alcaline; l'addition mo-
dérée d'acide chlorhydrique très dilué régénère la combinaison fluorée delà méthémo-
globine.
Si l'on ajoute avec précaution du sulfure ammonique à une solution de méthé-
moglobine fluorée placée devant la fente du spectroscope, on observe successivement
la formation de méthémoglobine alcaline, d'oxyhémoglobine et finalement d'hémoglo-
bine réduite. Cette succession de phénomènes est due à l'action du réducteur sur la
méthémoglobine alcaline préalablement formée par l'alcalinité du réactif.
Les sels neutres (chlorure de sodium, sulfate de sodium, sulfate de magnésium,
azotate de sodium, etc.) transforment la méthémoglobine fluorée en méthémoglobine
acide. C'est ainsi, par exemple, qu'en ajoutant goutte à goutte une solution saturée de
chlorure de sodium à une solution de méthémoglobine fluorée, on constate que la
bande dans le rouge orangé (centre à). = 6i2) diminue d'intensité en s'élargissant à
gauche par suite de la transformation partielle de la méthémoglobine fluorée en
méthémoglobine acide, la présence de cette dernière s'accuse de plus en plus, et finale-
ment on observe exclusivement la bande dans le rouge (centre à X=:634) avec les
autres bandes de la méthémoglobine acide. Celte action des sels neutres semble être
due à la formation de sels doubles ou de fluosels avec mise en liberté de méthémoglo-
bine acide.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — La philocatalase et ianticatalase dans les lissas
animaux. Noie de M. F. Battelli et M"* L. Ster.v, présentée par
M. A. Chauveau.
Les recherches dont nous allons exposer les résultats ont été faites dans
le laboratoire de Physiologie de l'Université de Genève.
Nous avons nonnéle nom d'a/îi/ca/atee (Société de Biologie, igoS) à un
ferment ayant la propriété de détruire la catalase en présence de l'oxy-
gène. Il est facile de montrer la présence de ce ferment dans plusieurs
tissus animaux, tels que la rate, le foie, le poumon. C'est la rate de bœuf,
et surtout celle de cheval, qui nous a semblé contenir une quantité
d'anticatalase plus grantle que les autres organes.
L'alcool, l'acétone, etc. détruisent presque complètement l'anticatalase; on ne peut
donc pas préparer l'anticatalase au moyen de ces réactifs. L'anticatalase est précipitée
en totalité par le sulfate d'ammonium à saturation. Après dialyse, à basse température,
on retrouve l'anticatalase intacte.
L'anticatalase n'est pas précipitée par l'acide acétique. La rate broyée, traitée par
II98 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trois volumes d'une solution d'acide acétiques i pour 1000, donne, après fdtration, un
extrait riche en anticatalase. Par évaporation dans le vide, à une température de 45°,
on obtient une solution concentrée d'anticatalase. dette solution, étant acide, se garde
plusieurs jours inaltérée.
Si l'on injecte une solution concentrée d'anticatalase dans les veines d'un chien ou
d'un lapin, on constate que Tanticatalase disparaît immédiatement du sang.
Le sérum sanguin possède le pouvoir d'empêcher l'action de l'anticatalase sur la ca-
lalase. Les extraits aqueux de muscles, de reins, de cerveau, possèdent de même cette
propriété à un haut degré. Si l'on mélange ensemble quelques centimètres cubes
d'extrait musculaire, d'une solution d'anticatalase et d'une solution de catalase, et
qu'on place le tout à /jo", on constate que la catalase n'est pas détruite par l'anticatalase.
Les extraits bouillis perdent cette propriété. L'extrait aqueux des muscles, du cer-
veau, etc., traité par l'alcool, donne un précipité qui empêche énergiquement l'action
de l'anticatalase sur la catalase.
Si l'on ajoute une faible quantité d'extrait musculaire à une grande quantité d'anti-
catalase, on constate que celle-ci est rapidement détruite à la température de ^0°,
beaucoup moins vite à 18° et pas du tout à 5°.
Dans pltisieurs tissus, de même que dans le sérum sanguin, il existe donc
une substance ayant les propriétés d'un ferment et présentant le pouvoir
de détruire l'anticatalase, en protégeant ainsi la catalase. Nous proposons
de donner à ce ferment le nom de philocatalase.
La philocatalase existe aussi dans les organes riches en anticatalase, tels
que la rate, le foie, etc., et dans lesquels l'action de ce dernier ferment est
prédominante. Pour le montrer il suffit de précipiter l'extrait aqueux de
ces organes par l'alcool, qui détruit l'anticatalase et laisse intacte la philo-
catalase. Nous ne pouvons pas dire si les organes, dans lesquels l'action de
la philocatalase est prédominante, contiennent aussi l'anticatalase, car nous
n'avons pas encore pu trouver un moyen qui détruise la philocatalase, tout
en laissant intacte l'anticatalase.
La philocatalase agit bien en milieu neutre, mais elle n'agit pas en milieu
acide. C'est pour cela que l'anticatalase se garde longtemps dans l'extrait
de rate acidifié par l'acide acétique, tandis qu'elle dispar;iît peu à peu dans
le même extrait neutralisé.
THÉRAPEUTIQUE. — Sur V action de V acide formiqae dans les mcdadies à trem-
blements. Note de M. E. Clément, présentée par M. E,-H. Amagat.
Parmi les actions que l'acide formique exerce sur le système musculaire
et que nous avons fait connaître (^Comptes rendus, mars 1904)1 il en est une
très remarquable, c'est celle qu'il a sur le tonus de togs les muscles.
SÉANCE DU 1"' MAI ipoS. I199
Elle se traduit chez les sujets par une sensation de fermeté des masses
musculaires.
Il était tout indiqué de rechercher ce que l'acide formique pouvait pro-
duire dans certaines formes de tremblements, oii le tonus est affaibli.
Je l'ai administré avec succès dans deux cas de tremblements 1res intenses,
chez une femme de 65 ans et un homme de 72 ans. La première avait son
tremblement depuis 10 ans et le second depuis 18 ans.
Ce ne sont pas des tremblements séniles, car le menton, les lèvres, la
tête sont immobiles.
Ils disparaissent au repos, ou du moins ils sont très atténués, ce qui les
sépare des tremblements parkinsoniens.
Quoique très exagéré dans l'exécution des mouvements volontaires, au
point que ces deux malades ne peuvent porter un verre à la bouche qti'en
se servant des deux mains, leur tremblement n'a pas le rythme, ni les
oscillations de celui de la sclérose en plaques. D'ailleurs tous deux ont la
perle des réflexes patellaires.
Dans ces deux cas, l'acide formique, administré à la dose habituelle de 4^
de la solution normale, a donné des résultats aussi rapides que surpre^
nants. En deux jours le tremblement a été assez modifié pour que ces ma*
lades aient pu boire aisément d'une seule main sans faire répandre un
verre à moitié plein.
Les jours suivants l'amélioration s'est accentuée, mais le tremblement
n'a pas complètement disparu. Il serait peut-être illusoire de compter sur
un succès plus complet, puisque les troubles moteurs sont anciens et
datent de lo et de 18 ans.
Ce qu'il y a de bien établi par ces faits, et bien d'autres analogues, c'est
qu'aucun médicament n'agit d'une manière aussi rapide et aussi nette, sur
ce trouble de la molilité. L'hyoscyamine, qui est le médicament de choix,
ne peut pas entrer en ligne de compte.
Nous ne pouvons encore rien affirmer au sujet de l'action de cet agent
dans la maladie de Parkinson.
Il y a lieu d'espérer qu'il donnera des résultats favorables dans la chorée
ou dans certaines formes de chorée.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — L^-s régions volcaniques traversées par la Mission saharienne.
Note (le MM. F. Foureau el Louis («EXTit. préseiilée par M. A. I.acroix.
Des régions volcaniques ont été traversées ou côtoyées par la Mission
saharienne.
Les premiers fragments de roches de celle origine, recueillis par l'un de
nous, ont été trouvés au nord du Grand-Erg et dans le Grand-Erg : ce
sont des scories et des laves basaltiques qui proviennent très vraisemblable-
ment du Ahaggar.
Ces données confirment la nature éruptive attribuée par Duveyrier à
certaines inontagnes de ce massif, de même que des explorations très
récentes (lieutenants Guillo-Lohan et Besset) en ont rapporté des basaltes
et une phonolite.
Plus au sud, dans le Tindesset, le Tinezzouatine et au pied méridional de
l'escarpement du Tassili, se trouvent, en plusieurs points, des scories basal-
tiques descendues de la crête méridionale du Tassili, dont la structure géo-
logique a déjà été entrevue par Duveyrier.
La partie de l'Adrar formée par les vallées de l'ouad Afara, de Touad
Affattakha et du bas ouadTiref, constitue la région volcanique la plus inté-
ressante qui ait été traversée par la Mission. On y rencontre des basaltes,
des phonoUtes, des léphrites à olivine, et des fragments d'une roche lampro-
phyrique riche en amphibole barkévicite qui rappelle certaines camptonites .
Les basaltes, cristallins ou vitreux, n'offrent rien de particulier; les phono-
lites se rapportent à des types pétrographiques distincts récemment signalés
par l'un de nous ('). Les léphrites à olivine sont intéressantes, non seule-
ment par leur composition minéralogique et chimique, mais encore par
leur grand développement : de grandes coulées s'étendent entre les ouadi
cités plus haut et le mont Télout que l'on doit considérer comme l'un des
principaux points d'émission de ces déjections; d'autres pitons de l'Adrar
paraissent également représenter des vestiges d'appareils plus ou moins
démantelés.
La région volcanique de l'itinéraire de la Mission qui offre le plus grand
développement s'étend entre Aguellal et l'ouad Tini, dans l'Aïr méridional;
sur un parcours de plus de iSo""", ce sont des volcans basaltiques avec tout
(') Comptes rendus, t. CXWIX, ji. /Ii3.
SÉANCE DU l'^''' MAI igOO. I201
leur cortège de laves, de scories et de tufs de projection qui paraissent des-
cendre des pics de Taguet et de Rombo, et de pics situés à l'est de ces der-
niers; puis on rencontre des produits analogues provenant du massif de
l'Aggatène et du Diguellane. Ces volcans basaltiques sont d'âge récent si
l'on en juge par la présence fréquente de cirques ou de cuvettes comme au
sud du Diguellane et au puits d'Aourarene et que l'un de nous considère
comme des cratères encore conservés.
Plus au sud, les plateaux de Ghraghar et de Tarhit sont couronnés par
des laves basaltiques; ils ont été antérieurement parcourus par Barth qui en
avait indiqué la structure géologique.
On abandonne là ces roches basaltiques pour rencontrer des roches de
couleur claire, sans doute moins étendues en surface, mais offrant beaucoup
plus d'intérêt au point de vue pétrographique.
La Mission a recueilli, dans l'ouad Aouderas, un fragment d'une pAono/z^e
à œgyrine qui offre la plus grande analogie de composition et de structure
avec celle de l'ouad Afara et un trachyte à œgyrine dont le métasilicate est
très décomposé.
Enfin, au sud du lac Tchad, aux Hadjar El-Khemis et aux environs de
Roussouri, se montrent des rhyolites à œgyrine et riebeckite déjà signalées par
l'un de nous ('). Ces dernières roches, riches en alcalis, rapprochées des
phonolites, des téphrites et des trachytes mentionnés ci-dessus, donnent,
avec le granité à riebeckite de Zinder, et diverses autres roches décrites
récemment par plusieurs auteurs, au Centre africain, un intérêt pétrogra-
phique tout particulier qui appelle l'attention des explorateurs futurs.
PHYSIQUE DU GLOBE. — M. Paulin adresse, de Grenoble, à la date du
29 avril, la dépêche suivante :
Sismographe Kilian-Paulin a enregistré aujourd'hui très forte secousse, direction
nord-sud, iiiSg^iS' malin, méridien de Paris.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
( ' ) Comptes rendus, t. GXL, p. 46.
Semestre. (1. CXL, N» 18.
ACADEMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i"' mai 1905.
Traité pratique de Calorimétrie chimique, par M. Berthelot, Secrétaire perpétuel
de l'Académie des Sciences; 1' édition, revue, corrigée et augmentée. Paris, Gaulhier-
Villars, i9o5; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Note sur une Jlorule portlandienne des environs de Boulogne-sur-Mer, pat
MM. P. Fliche et R. Zeiller. Paris, au siège de la Société géologique de France, 1904;
I fasc. in-8°. (Hommage des auteurs.)
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert i".
Prince souverain de Monaco, publiés sous sa direction avec le concour;. de M. Jules
Richard; fascicule XXIX : Mémoires océanographiques (i" série), par J. Thoulet ;
avec 9 planches. Imprimerie de Monaco, 190.5 ; 1 vol. in-4°.
Les tremblements de terre dans les Ardennes et les régions voisines, par J. Villette.
Sedan, imp. E. Laroche, igoS; i fasc. in-8°. (Présenté par M. de Lapparent. )
A. -A. Parmentier (l'jS-j-iSii), sa vie, son œuvre, hommages rendus à sa mémoire,
par René Lapierre. Angers, imp. A. Budin el C'% igoS; i fasc. in-S". (Hommage de
l'auteur.)
Bulletin de la Société industrielle de Bouen ; 33' année, n° 1, janvier et février igoS.
Rouen, au siège de la Société; i fasc. in-4°.
Comptes rendus des séances de la quatorzième Conférence générale de l'Associa-
tion géodésique internationale, réunie à Copenhague du ^ au i3 août igo3, rédigés
par le Secrétaire perpétuel H. -G. Van de Sande Bakhuïzen; vol. II : Rapports spéciaux ;
avec 20 cartes el planches. Berlin, Georg Reimer, igoS; i vol. in-4°.
The astronomical and astrophysical Society of America; sixlh meeting, Phila-
delphia, Pa., 1904, pub. by Frank-B. Littell. (Extr. de Science, n. s., vol. XXI.
n» 533, p. 406-424, 17 mars 190.5.) i fasc. in-8°.
Project for the Panama canal, by Lindon W. Bâtes; with gênerai plans and pro-
files of the waterway, the régulation Works and terminal harbors. s. 1. igo5; i fasc.
in-4°. (Hommage de l'auteur.)
Plantae bogorienses exsiccatae, novae vel minus cognitae quae in horto botanico
coluntur, auctore B.-P.-G. Hochreutiner, D'' Prof. Genevensi horti botanico Typis
Instiluti botanici bogoriensis, MCMIV. 1 fasc. in-4°.
Memoirs froni the biological Laboratory of the Johns Hopkins University; t. V:
Selected niorphological monographs. Baltimore, igoS; 1 vol. in-4".
SÉANCE DU l" MAI igoS. I2o3
The Johns Hopkins Unh'eisUy Circular; 1904, n°' 1-3, 5-8; igoS; n<" 1-2. Balti-
more, 1904-1905 ; 9 fasc. in-8".
American Journal of Mathematics, edited by Frank Morely, with coopération of
Simon Newcomb, pub. under the auspices of the Johns Hopkins University ; vol. XXVI,
n" 1-1; vol. XXVII, n° 1. Baltimore, 1904, 1906; 5 fasc. in-4°.
ERRATA.
(Séance du 10 avril igoS.)
Note fie M. A. Lacroix, Conclusions à tirer de l'étude des enclaves
homœogènes pour la connaissance d'une province pétrographique. San-
torin :
Page 973, ligne i4, au lieu de microliliques, lisez miarolitiques.
Note de M. lielzecki. Sur l'équilibre d'élasticité des voûtes en arc de
cercle :
Page 1018, dernière formule, au lieu de
R
lisez
==2(A/-"'--2Br'"-^ + ^,)cos(m
M. R. Zeiller présente une brochure qu'il a
publiée en collaboration avec M. P. Fliclie,
« Sur une florule portlandienne des envi-
rons de Boulogne-sur-Mer »
NOMINATIOIVS.
Commi-s.nn rh;,,:;rf ,1.. p.^r,- W rnnrours
des |.nx W W.li (n,\„o|,,,lr rxpéri-
menl-il.i. l'liili|HMn\, l,,illrni,iiiil. l'.nirat
pour iDu.') ; .MM. crArsuinal. C h, niveau,
Bouchard, Laveran, Houx, Giard,
Dastre
Commission chargée de juger le concours
des médailles .\rago, Lavoisier, Berthelot,
et des prix Trémont, Gegner, Lanne-
longue pour igoS ; MM. Troosl. Poincaré,
Darboux, Berthelot, Maurice Levy,
Dornet
Commission chargée de juger le concours
du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour 1905 : MM. Berthelot, Darboux,
Bouquet de la Grye, Grandidier, Guyou,
Poincaré, de Lapparent
Commission chargée de juger le concours
\IM. ncrthelol.
de Lapp
Comnn.M..
prix ,S.ui
Poimnr,
Mdscnl
nrnl. ri
rl,,,l_. <
iMur |iu(i
. I),(ih,
,y„5 ; MM
ttx. Troost,
Berthelot,
Gaudry,
Cor
/•icard
■,p,nu
prix Mmiiin M
MM. -■ l-rrvrnu
{Alfred), liai, u, .1
sedat, Carnot, Ilourhe iibii
Commission chargée de juger le concours
du prix Petit dOrmoy (Sciences mathé-
mathiques pures ou appliquées) pour igoS :
MM. Poincaré, Appell, Jordan, Darboux,
Picard (Emile), Painlevé, Humbert utig
CORRESPONDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale une br
chure intitulée : « Les tremblements (
terre dans les Ardennes et les régioi
voisines », par M. /. Villette
M. GuiNciiANT. — Sur la tribohiminesceo
de l'acide arsénieux
M. P. Lanoevin. — Sur l'impossibili
physique de mettre en évidence le mouve-
ment de translation de la Terre
M. K. Mathias. — Sur la chaleur de vapo-
risation des gaz liquéfiés
M. Ponsot. — Chaleur dans le déplacement
de l'équilibre d'un système capillaire
M. E. RooovsKi. — Sur la difl'érence de
N" 18.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
température des corps en contact
M. Camille Matignon. — Préparation des
chlorures anhydres des métaux rares
M. E. Rengade. — Sur l'amidure de cœsiurn.
M. EuGENio Pinerua Alvarez. — Sur un
nouveau réactif de potassium
M. G. Fron. — Sur les conditions de déve-
loppement du mycélium de la morille...
M. E.-S. Bellenoux. — L'azotate de ciilciuin
(ou nitrate de chaux) en Agriculture....
M. Stéphane Leduc. — Variation de la pres-
sion osmotique dans le muscle par la con-
traction
MM. C. Vaney et F. Maignon. — Variations
subies par le glucose, le glycogène, la
graisse et les albumines solubles au cours
Bulletin bibliographique..
Errata
Pages.
des métamorphoses du Ver à soie 1192
MM. J. Ville et E. DEnniEN. — Sur une
combinaison fluorée de la méthémoglo-
bine iiq5
M. F. Batielli et M"' L. Stern. — La phi-
locatalase et l'anlicatalase dans les tissus
animaux
M. E. Clément. — Sur l'action de l'acide
formique dans les maladies à tremble-
ments
MM. F. FouREAU et Louis Gentil. — Les
régions volcaniques traversées par la Mis-
sion saharienne
M. Paulin adresse une dépèche relative à
une secousse sismique ressentie à Grenoble.
I202
I2o3
PARIS. — IMPKIMEI
Quai des Gr
G\UTH[ER-VILLAKS.
-Augustins. 55.
U Gtranl : Gadtbibb-Villabs.
lUN 12 1115
-,6>^ 1905
PRE3IIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
N 19 (8 Mai J905
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Giands-Auguslins, 55.
1905
RÈGLEMENT REL4TIF ALI COMPTES RENDUS
[862 ET 24 MAI 1870
Adopte dans les séances des 23 juin
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de V Académie %ç. composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année. ,
Article 1"'.
— Impression des travaux
de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
oupar un Associéétrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
ou communiqués par
îmie comprennent au
Les extraits des Mémoires lus
les Correspondants de l'Acadéj
olus 4 pages par numéro.
^1 Correspondant de l'Académie ne peut donner
- pages par année.
aptes rendus ne reproduisent pas les dis-,
cuo:, verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
hre, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au]
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des SavanU
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Acaij
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un re-||
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
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tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé:
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet extrait
autant qu'ils le. jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remiSi
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remisai
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans iei
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au^
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches,
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
déîoLr7rWrlr°^r' ^ lAcadémie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
aeposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
JUN 12 IJ05
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 8 MAI 1903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE PHYSIQUE. — Exaltation du pouvoir rotatoire de molécules alipha-
tiques en passant à l'état de composés cycliques. Note de MM. A. Haller
el M. Desfontaines.
On sait que certains alcools polyatomiques, acides alcools, acides poly-
basiques, amides acides actifs, en passant, par perte d'eau, à l'état d'oxydes,
de lactones, d'anhydrides, d'imides, tous composés qui ont une structure
cyclique, éprouvent une augmentation dans leur pouvoir rotatoire (').
Remarquons cependant que, dans toutes ces molécules, l'un des chaî-
nons du noyau formé n'est pas constitué par du carbone, mais par de
l'oxygène ou de l'azote.
Da'ns une précédente Communication C), nous avons déjà appelé l'at-
tention sur l'augmentation de pouvoir rotatoire qu'éprouve l'éther p-mé-
thyladipique en passant à l'étal d'élher méthylcyclopentanonecarbonique,
dont tous les chaînons du noyau sont formés par du carbone et inverse-
ment sur la diminution de pouvoir rotatoire que manifestent les éthers pro-
pylméthyl- et ailylméthylcyclopentanonecarboniques en devenant acides
propylmélhyl- et allylméthyladipiques, molécules à chaîne ouverte.
Dans la présente Note, nous nous proposons de généraliser cette obser-
vation.
Nous avons d'abord reproduit un certain nombre d'éthers de l'acide
(') Dans son remarquable Traité de Stéréodiimie, M. A. Werner donne la li
principaux corps actifs auxquels nous faisons allusion (p. 1 87-1 38).
(^) A. Haller et Desfontaines, Comptes rendus, t. CXXXM, p. i6i3.
G. R., 1905, 1" 5eTOMtre. (T. CXL, N» 19.) ' -"^
ï2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fi-méthyladipique, dont l'un a été préparé jadis par M. Semmler (') et les
autres par M. Freundier (-).
Tous ces éthers ont ensuite été condensés en éthers méthylcyclopenta-
nonecarboniques par la méthode de M. Dieckmann ('), qui a préparé
l'éllier éthylique (').
CH'
.CO^CIP-GH-CH^CH^CO■^R-^Na
GIF - G Na GO'-R
GH-GO'R
= R0H + GH3— GII GO ou
CH^-
/ \
- GIl GO
GJI=
GIP-GH^
Ces combinaisons cycliques, traitées par du sodium en fil ou en poudre
et par des iodures alcooliques, donnent naissance aux éthers a-alcoyl-
S-méthyl-p-cyclopentanonecarboniques qu'une saponification à 170° par
de l'éthylale de soude d'abord, puis par de la potasse, transforme en acides
a-alcoyl-y-mélhyladipique :
R
/ GH^ R
GH2-G-G0=R / /
i i ^-?.kh0 = r0h + kg02-gh^gh-gh^cil-c02k.
ghh:h go
\ /
GH^
Ces acides sont ensuite mis en liberté, purifiés et analysés.
Nous donnons, dans les Tableaux suivants, les principales constantes
de ces différentes séries de corps.
Les pouvoirs rotatoires des composés liquides ont été pris sous une
colonne de 100°"°; ceux des corps solides ont été déterminés dans l'alcool,
et les pouvoirs rotatoires spécifiques ont été calculés au moyen de la for-
mule usuelle.
(') Semmler, Ber. deut. cliei». Ges., t. XXV, p. 3.i>i7.
(-) Freundler, Bull. Soc. chiin., (3), t. XIII, p. 6.
(^) Dieckmann, Ann. chein. Pharm., t. CGGVII, p. 78.
(') La constitution des éthers méthylcyclopentanonecaiboniques n'est pas encore
définiiivemenl établie. Des expériences en cours ont pour but de nous fixer sur ce
point. En attendant, nous adopterons avec M. Dieckmann la formiile (I), qui paraît la
plus probable.
SÉANCE DU H MAI igo5. I207
liîi concentration des solutions oscillait autour de ~ de molécule par
litre de dissolvant.
Le pouvoir rotatoire spécifique de l'acide méthvladipique employé était
[..],= + 9°i5'.
Tauleau I. — Constantes physiques des élhers '^-niélhyladipiques.
Noms des éllicrs. Point d'ébuUitioii. Densité. a„. [a]„.
Élher niétliylique. . . 126 (sous 16) i ,008 (à 18) + 3..5o + 8.49
Ether éthylique . ... i38 (sous i5) i,o4 (à 18) -H 2.3o -1-2.24
Élher propjlique. . . 166-167 (sous i6) 0,964 (à 20) -|- 2. 6 + 2.10
Éthei- isobutylique. . 178-180 (sous 20) o,g47 (à 18) H- 2. 4 + 2. 9
Tableau II. — Constantes des élhers o-méthyl, ^-cyclopentanonecarboniques
correspondants.
Noms des éthers. Point d'ébuUilion. Densité. «i,. [z]„.
Éther mélhylique. . . im (sous 16) 1,07 (ài5) -1-97.20 -I-91 . 7
Étlier éthylique. ... 118 (sous 18) 1 .o.j (à i5) -I-82.20 -4-78.24
Éther propylique. . . i23-i2'i (sousi.5) 1,029(310) -+-66.38 -(-64.45
Élher isobulylique. . 14.» (sous 2.5) 0,9.56 (à i5) -1-63. ij -+-66. 9
Tableau ill. — Constantes des éthers i-niéthyl-ix-alcoyl-^-pe/itanoneca/boniques.
Noms des étiiers. Point d'ébullition. D,;. oid. [a]i,.
a-o-diméthylcyclopenlanone-
carbonate de méthyle
j 100-106 (sous i5) i,o53 83. 10 78.
a-ethyl-o-melhylcyclopentanoue- ) ,, .., ,,.,_,
■' , , ., , ; 108-1 II (sous 10) i,o4i 01.40 09.14
carbonate de methyle. )
z-propYl-S-mélhylcyclopentanone- ) 00 , , x -/ ^ k5 o
1 t^J , ,, , i38-i4o (sous 22) i,o2 04. i4 53. 3
carbonate de methyle. )
a-allyl-â-niéthylcyclopenlanone- ) r o , d ^ r «o q
•^ , , , , [ 126-128 (sous i3) 1,029 60.00 58. 18
carbonate de méthyle. )
a-o-dimélhylcyclopentanone- J ^ , >,
, -^ '' ,,r, , 112-1 13 (sous i5) 1,01 70.00 70.00
carbonate d ethyle. )
a-éthyl-8-mélhylcyclopentanone- ) , , ^ , ► 50 -
•',•'•;,/, 124 (sous 10) 1,01 01.38 01. 7
carbonate d ethyle. )
3e-propyl-3-mélhylcycIopentanone- ) .,r n , ex k o - q
1 ^-^ ,, , , \ 136-107 (sous i5) 1,00 01. 8 01. S
carbonate d élhyle. )
«-allyl-5-mélhylcyclopentanone- I ,3 ^^, (,„„,, g) , ^^i 62.54 62.16
carbonate d'éthyle. j
a-isobutyl-S-mélhylcyclopentanone- ) „„ , , / kq 5 a^
■' , ,, , , 188-190 (sous 20) o,Q9^ 2().53 3o.33
carbonate d ethyle. )
a-S-diméthylcyclopentanone- ) . ,, , , , - ^ k„ „o
■^ -^ 1 ' i20-i2b (sous i4) 0,991 00.00 00.28
carbonate de propyle, )
l2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tableau IV. — Conslantes des acides ■j.-alcoyl-^-méthyladipiques.
Poids
de l'acide
Noms des acides. P. Fusion, dans imm". a,,. [ï]d.
Acide o!-Y-diméthyIadipique 80 0,2111 +0. 6 +4.44
Acide ï-élhyl-Y-méthyladipique 97-98 o,i355 +0.11 -l-i3.3i
Acide a-jM-opyl-Y-méthyladipique iio 0,1960 +0.20 +16. .58
Acide a-alivI-Y-méthyladipique 104 o, 1972 +0.82 +2-.53
L'examen de ces divers Tableaux montre tout d'abord et de la manière la
plus évidente, qu'il existe une différence considérable entre les pouvoirs
rotatoires spécifiques des éthers méthyladipiques (Tableau I) et ceux des
éthers cycliques, c'est-à-dire des éthers S-méthyl-[3-cyclopentanonecarbo-
niques correspondants.
La rotation de ces derniers est environ trente fois plus forte que celle des
premiers.
Il montre en outre : i" qu'au fur et à mesure que le poids molécu-
laire de ces éthers augmente, leur pouvoir rolatoire spécifique diminue,
ce qui est conforme à ce que l'on sait pour diverses séries d'éthers homo-
logues ; 2" que l'introduction en oc de nouveaux radicaux dans les molé-
cules cycliques a également pour effet de diminuer la rotation des éthers
mélhylcyclopentanonecarboniques; 3° que les acides a-alcoyl-y-méthyladi-
piques provenant de l'ouverture de la chaîne des éthers a-alcoyl-S-méthyl-
P-cyclopentanonecarboniques voient leur pouvoir rolatoire diminué dans
des proportions notables; 4° enfin que les composés allylés, comparés aux
dérivés a-propylés possèdent toujours un pouvoir rotatoire plus élevé de
quelques degrés, fait que nous avons déjà mis en évidence dans notre
premier Mémoire.
Pour rendre la comparaison plus frappante entre les éthers cycliques du
Tableau III et les composés du Tableau IV, il aurait fallu préparer les
éthers de ces derniers, éthers cjui n'auraient pas manqué de montrer une
rotation encore plus petite que celle des acides, mais la grande difficulté
que présente la préparation de notables quantités de ces acides alcoylmé-
thyladipiques nous a empêché jusqu'à présent d'entreprendre celle des
éthers.
SÉANCE DU 8 MAI igo5. 1209
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle synthèse de l'acide oxalique.
Note de M. H. Moissan.
Dans notre étude de la combinaison de l'anhydride carbonique et de
riiydrure de potassium ('), nous avons établi que, entre — 85° et -H 54°,
le gaz carbonique desséché avec le plus grand soin restait au contact de
l'hydrure sans produire aucune réaction.
Si, dans ce mélange, nous ajoutons une trace d'eau, correspondant à
celle qui est fournie parla tension de vapeur de la glace à — 80°, la combi-
naison se produit instantanément.
A partir de + 54", l'anhydride carbonique sec s'unit à l'hydrure, avec
dégagement de chaleur, pour donner un formiate
CO- + RH = HCO^R.
Il nous restait, pour terminer l'étude complète de cette réaction, à
rechercher si le phénomène était identique lorsque la température s'éle-
vait au delà de +54°.
Nous avons commencé par préparer, dans un tube de verre, une très
petite couche d'hydrure de potassium, puis nous avons fait passer un cou-
rant d'anhydride carbonique renfermant une trace d'eau, de façon à déter-
miner la combinaison entre l'hydrure et le gaz carbonique à la tempéra-
ture ordinaire. La transformation se produit de suite sans un grand déga-
gement de chaleur et le composé obtenu, qui est resté blanc, traité par
une solution étendue d'acide acétique, puis additionné de chlorure de cal-
cium, ne renferme pas trace d'acide oxalique, et fournit nettement tous les
caractères d'un formiate.
Nous avons préparé ensuite un tube qui renfermait une quantité beau-
coup plus grande d'hydrure, environ i^. Nous ferons remarquer qu'en em-
ployant les précautions que nous avons indiquées précédemment (-), c'est-
à-dire en ne chauffant le tube qu'à sa partie inférieure, cette préparation
ne demande pas plus de 8 heures.
(') H. AIoiSSAN, Elude de la combinaison de V acide carbonique et de l'hydrure
de potassium {Comptes rendus, t. CXXXVI, 1908, p. 785).
(-) H. MoissAX, Préparation et propriétés des hydrnres de potassium et de sodium
{Annales de Chimie et de Physique, 7" série, l. XXVII, 1902, p. S'ig).
I2IO ACADEMIE DES SCIENCES.
Nous avons ensuite porté cet hydrure à la température de -+- 80° et nous
avons fait arriver un courant de gaz carbonique sec. La combinaison se pro-
duit avec un grand dégagement de chaleur. Lorsque la masse de l'hydrure
est un peu forte, non seulement la couleur de ce composé devient plus
foncée, mais la surface se recouvre d'une petite couche noire. En reprenant
ensuite par une solution étendue d'acide acétique, comme précédemment,
il est facile de démontrer que l'hydrure a été transformé en un mélange
de formiate et d'oxalate de potassium.
Après traitement de la liqueur par le chlorure de baryum, on recueille
avec soin le résidu insoluble, qui est lavé par décantation. On traite en-
suite ce précipité par une quantité d'acide sulfurique insuffisante pour pro-
duire la décomposition complète du sel. Après filtration, le liquide évaporé
laisse déposer des prismes dont la forme est identique, au microscope, avec
ceux qui sont fournis par une cristallisation d'acide oxalique.
Les cristaux obtenus, par cette décomposition du sel de baryum, ne sont
pas efflorescents, ils sont solubles dans l'eau, peu solubles dans l'alcool, et
presque insolubles dans l'éther sec. Ils fondent à +98°. Chauffés avec de
l'acide sulfurique, ils fournissent un dégagement gazeux formé d'un mélange
à parties égales d'oxyde de carbone et d'anhydride carbonique.
La solution aqueuse, traitée par le nitrate de calcium, produit un précipité
blanc cristallin, insoluble dans l'acide acétique. Elle réduit le chlorure d'or
avec dépôt métallique; elle fournit, avec le sulfate de fer, un précipité
jaune. La dissolution concentrée dissout le bleu de Prusse.
La solution, additionnée d'une très petite quantité d'azotate d'urane, ne
s'altère pas à l'obscurité, et fournit au soleil un dégagement d'oxyde de
carbone et d'anhydride carbonique. Enfin, cette solution, traitée par l'azo-
tate d'argent, donne un composé blanc qui, séché, déflagre sous l'action
de la chaleur.
Ces caractères qualitatifs ont été confirmés par l'analyse centésimale du
composé obtenu qui nous a donné : carbone 1 8,g8 pour 100, hydrogène 4.99-
La formule calculée pour C^0''H^2H-0 fournirait : carbone 19,04,
hydrogène l\,-jQ), oxygène 76,20.
Tous ces caractères démontrent bien la formation d'oxalate de potassium
dans cette réaction
2Kh'+ 2C0-=C-0'K-4-H\
Cette formule a été vérifiée, d'ailleurs, par le dégagement d'hydrogène qui
doit correspondre à la quantité d'acide oxalique recueilli. Dans une de nos
SÉANCE DU 8 MAI IQoS. I2II
expériences, nous avons dosé l'acicls formique et l'acide oxalique, et nous
avons trouvé : acide oxalique os,o53 (en acide hydraté), acide formique
o^,oji. L'hydrogène mis en liberté a été recueilli et mesuré. Son volume
était de 9™', 20. La quantité théorique, qui aurait dû se produire d'après
l'équation précédente, est de q'^^Sô. Cette concordance nous indique que
la réaction est totale et qu'il ne se forme pas d'autre composé en quantité
appréciable. Du reste, lorsque la température ne dépasse pas ido" à 1 5o", le
liquide que l'on obtient est peu coloré. Si la réaction se fait vers 200" on
recueille après dissolution un liquide plus foncé.
Lasynthèsede l'acide oxalique a déjà été réalisée par différents chimistes,
soit en traitant le cyanogène par l'eau (VViihler), ou en oxydant le glycol
éthylénique (Wurtz), soit par l'oxydation du carbone par l'acide chro-
mique (x\l. Berthelot). Nous rappellerons aussiqueM. Drechsel a obtenu de
l'oxalate de sodium en chauffant à 35o" l'amalgame de sodium dans un cou-
rant d'anhydride carbonique. Mais ce qui nous a paru le plus intéressant,
dans ces nouvelles recherches, c'est la marche même de la réaction de
l'anhydride carbonique sur l'hydrure de potassium, qui, avec des composés
absolument secs, ne donne rien jusqu'à + j4°. puis, à cette température,
fournit du formiate de potassium et, enfin, produit un mélange de formiate
etd'oxalate lorsque la température s'élève entre 100° et 300".
Nous n'avons pas poursuivi l'étude de cette réaction au delà de cette tem-
pérature, parce que le phénomène devient alors beaucoup plus complexe,
et qu'elle a déjà été partiellement étudiée par MM. Merz et VVeith, qui ont
réalisé la transformation partielle du formiate acide de sodium en oxalate,
en chauffant rapidement ce composé à + 44o°»
Les mêmes expériences, répétées avec l'hydrure de sodium, nous ont
donné des résultats identiques.
PATHOLOGIE. — Pseiido-hému lozoaires endo globulaires.
Note de M. xV. Laverax.
Il arrive souvent que des éléments du sang normal plus ou moins modi-
fiés dans leur aspect, par suite de circonstances diverses, sont confondus
avec des hématozoaires endoglobulaires. A plusieurs reprises déjà (*), j'ai
attiré l'attention sur ces pseudo-parasites; je crois qu'il ne sera pas inutile
(') A. Lavkran, Soc. de Biologie, 27 mars 1897, 7 avril igoo et 25 avril igoS.
12 12 ACADEMIE DES SCIENCES.
de signaler de nouveau quelques-unes des causes d'erreur les plus com-
munes.
i" Etat l'acuolaire des hématies. — Lorsqu'une préparation de sang est
desséchée lentement et mal fixée, il se produit des vacuoles dans les héma-
ties; cette altération est très commune, en particulier, dans les hématies
des sujets anémiques.
Les vacuoles se présentent sous l'aspect d'espaces clairs, d'une l'éfrin-
gence particulière, attendu qu'il existe en général une petite bulle d'air au
niveau de chaque vacuole. Par les procédés ordinaires de coloration, on
n'arrive pas à colorer ces espaces clairs; toutefois, lorsque les préparations
soumises à l'action de réactifs colorants sont mal lavées aVant dessiccation,
un peu de matière colorante peut rester dans les vacuoles et simuler des
karyosomes.
Il semble qu'il soit facile d'éviter cette cause d'erreur; je dois dire ce-
pendant que j'ai eu mainte fois l'occasion de constater que des vacuoles des
hématies avaient été confondues avec des Hœmamœba ou des Piroplasma.
Le docteur Montoya y Florez a décrit, l'an dernier, un hématozoaire qui
serait spécial au paludisme de la Colombie (' ). A ma demande, ce confrère
a bien voulu m'envoyer des préparations contenant les éléments décrits par
lui comme des hématozoaires nouveaux, et j'ai ])u m'assurer qu'il s'agis-
sait, au moins pour la plus grande part ("), d'une altération vacuolaire des
hématies. J'ai fait reproduire, en les agrandissant, quelques éléments du
sang de l'homme et du crapaud ( ' ) empruntés à des dessins de M. Montoya
y Florez {Jig. I et M). Ces dessins, par eux-mêmes, laissaient déjà peu de
doutes sur la nature des altérations des hématies.
Il est bien probable qu'en Colombie le paludisme est produit par le même
hématozoaire que partout ailleurs; l'existence de Hœmamœba malariœ a été
constatée notamment au Venezuela, dans les Guyanes, au Brésil, dans la
République Argentine, pour ne parler que de l'Amérique du Sud.
(') Montoya y I'lorez, Parasilo ciel Paliidismo en Colomlna [Acad. de Medicina
de Medellin, 1904 ).
( -) Le docteur Montoya y Flo/ez a décrit, dans le sang frais, des éléments mobiles sur
!a nature desquels je ne suis pas fixé. Il ne s'agit pas, en tout cas, d'hématozoaires qui
devraient se retrouver dans les préparations de sang desséché.
(') M. Montoja y Florez. ayant trouvé des formes semblables dans le sang des ma-
lades atteints de paludisme et chez des crapauds anémiques, a été conduit ii admettre
chez les crapauds de Colombie une espèce de cachexie palustie {op. cit.. p. i:>).
SÉANCE DU 8 MAI IQOO. I2l3
2° Hématies nucléées. — Ces hématies, qui se rencontrent fréquemment
dans le sang des sujets anémiques, ont été confondues souvent avec des
II
Fig. I. — Hématies d'un homme anémique. — a, hématie normale. — 6, hématie entourée
de granulations qui en émanent. — Les autres hématies ont l'aspect vacuolaire ( gross. 85o D.).
Fig. II. — Hématies d'un crapaud anémique. Aspect vacuolaire (gross. looo D. environ).
hématies parasitées. D'ordinaire on ne trouve qu'un noyau dans chaque
hématie nucléée, mais on peut en trouver deux ou trois et le noyau
lobule (e,^?^. III) a quelquefois une certaine ressemblance avec un hémato-
zoaire en voie de segmentation.
m
0®0(5)V)
IV
(1
Fig. III. — Hématies d'un malade profondément anémié à la suite d'un accès hemoglobinurique.
Au milieu d'hématies normales on voit des hématies nucléées avec un noyau (a, a', a") ou plusieurs
noyaux (b, c, d, e) (gross. 85o D.).
Fig. IV. — Hématies d'un bovidé profondément anémié par la piroplasmose. — a, a', a", hématies
contenant une grosse granulation chromatique. — b, hématie mouchetée de volume normal. — c, c',
grandes hématies mouchetées. — d, hématie nucléée cl mouchetée. — e, glolnilin nucléé (gross.
85o D.).
La figure III représente, au milieu d'hématies normales, des hématies
c. R., igoS, ." Semestre. (T. CXL, N- 19) ' ^^
I2l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nucjéées dessinées dans des préparations de sang d'un malade qui venait
d'avoir une atteinte grave de bilieuse hémoglobinurique.
Les noyaux des hématies se colorent fortement et en totalité par les
couleurs basiques; on ne distingue pas, par la méthode de Romanowsky, ou
par celle que je préconise, un karyosome bien distinct du protoplasme,
comme cela a lieu pour les hématozoaires endoglobulaires.
3" Hémalies mouchetées. — Cet aspect des hématies, commun chez les ané-
miques, s'observe d'ordinaire dans des échantillons de sang plus ou moins
riches en hématies nucléées, mais la relation de fréquence est très variable;
tantôt les hématies nucléées sont communes et les hématies mouchetées
rares, tantôt c'est l'inverse qui se produit.
L'examen du sang à l'état frais ne révèle rien d'anormal ; après colora-
tion par les couleurs basiques et en particulier parla tliionine, on distingue,
dans un certain nombre d'hématies, des granulations colorées. Ces granu-
lations sont plus ou moins nombreuses et leur volume est variable ; dans
certaines hématies on ne distingue qu'une granulation arrondie, assez
grosse.
La figure IVreprésente des éléments du sang d'un bœuf fortement anémié
à la suite d'une atteinte de piroplasmose avec hémoglobinurie abondante.
Les hématies a, a', a" contiennent une grosse granulation chromatique
isolée ou accompagnée de fuies granulations ; en b, on voit une hématie
mouchetée de volume normal; en c etc', deux grandes hématies mouche-
tées ; en d, une hématie nucléée et mouchetée; en e, un globulin nucléé.
Les réactions colorantes des granulations des hématies mouchetées sont
les mêmes que celles de la chroraatine des noyaux des hématies.
Le D"^ A. Plehn, qui est cependant un excellent observateur, très au
courant de l'étude des hématozoaires endoglobulaires, a décrit les granu-
lations basophiles des hématies comme des formes initiales de l'hémato-
zoaire du paludisme ('). Il n'est pas douteux que d'autres observateurs
aient pris également ces granulations chromatiques pour des hématozoaires
endoglobulaires et en particulier pour des Piroplasma (-).
Il est facile de distinguer les granulations basophiles des hématozoaires.
(') A. Plehn, Soc. de méd. -de Berlin, 3i mai 1899 ei Weileres iiber Malaria,
lén^, 1901.
(') Voyez notamment : Lefas, L'anémie corpusculaire {Arch. gén. de méd.,
'2 1 mars igoS). Le Piroplasma décrit par Wilson et Chowning dans la Spotted fever
doit rentrer aussi très probablement dans cette catégorie de pseudo-liématozoaires.
SÉANCE DU 8 MAI igoS. I2l5
quand ces granulations sont fines et nombreuses; lorsqu'on trouve une
seule granulation dans une hématie {a", fîg. IV), le diagnostic différentiel
est un peu plus difficile. Ces granulations isolées ont souvent le volume de
Piroplasma et, dans des préparations colorées par de mauvais procédés, on
peut hésiter sur la nature, parasitaire ou non, de ces corpuscules.
Avec des préparations bien colorées (méthode de Romanowsky ou mé-
thode que je préconise : éosine-bleu à l'oxyde d'argent, tanin), l'hésitation
ne peut être de longue durée; les granulations basophiles se colorent d'une
façon uniforme, alors que, dans les hématozoaires, on distingue un karyo-
some d'un rouge violet, bien distinct du protoplasme qui est teinté en bleu.
Les Piroplasma ont souvent dans le sang pris sur l'animal vivant un
aspect piriforme, alors que les granulations basophiles sont toujours sphé-
riques; enfin les Piroplasma montrent d'ordinaire des formes en voie de
multiplication (par bipartition).
La relation qui existe entre l'état moucheté des hématies et les anémies
n'est pas douteuse; elle est établie par l'expérimentation, comme par
l'observation. Smith et Kilborne ont constaté qu'on pouvait faire appa-
raître à volonté les hématies mouchetées dans le sang d'animaux sains, en
soumettant ces animaux à des saignées répétées (' ). Lignières a refait avec
succès cette expérience (-).
On ne peut discuter que sur la question de l'origine des granulations :
pour les uns il s'agit d'une altération de l'hémoglobine, pour les autres les
granulations chromatiques proviennent du la destruction des noyaux des
hématies. Les granulations basophiles des hématies des anémiques sont
identiques à celles qu'on trouve dans le sang des Mammifères peu après la
naissance ('), ce qui paraît écarter l'idée d'une altération de l'hém^oglobine
et confirmer l'opinion des auteurs qui admettent que l'apparition de ces
granulations est liée à l'hématopoièse normale et à la disparition des
noyaux.
4° Hémalohlastes. — Quand les hématoblastes sont réunis en plaquettes,
ils sont faciles à reconnaître dans les préparations colorées ou non. Les
hématoblastes isolés ont été confondus plus d'une fois avec des hémato-
(') Smith et Kilborne, Recheiches sur la Jicvre du Texas, p. 67 et Planche IX,
Washington, iSgS.
(') LiGSiÈiiES, La Tristezn, p. 89, Buenos-Âires, 1900.
(^) Notamment souris et rats âgés de i à 2 jours.
I2lb ACADEMIE DES SCIENCES.
zoaires; la confusion est possible surtout lorsque les éléments se trouvent
accolés à des hématies; mais, dans ce cas, on trouve toujours des héma-
toblastes libres en grand nombre par rapport aux éléments accolés à des
hématies et simulant des hématozoaires endoglobulaires.
Avec des préparations de sang bien fixées et bien colorées, cette con-
fusion n'est pas possible. Après coloration par le procédé de Romanowskv
ou par le procédé que je préconise, on dislingue, dans les hématoblastes,
des granulations chromatiques plus ou moins agglomérées en noyaux, on
ne voit pas les karyosomes nets, bien délimités, bien distincts du proto-
plasme, grâce à leurs propriétés chromatiques différentes, qui caractérisent
les hématozoaires endoglobulaires.
Les causes d'erreur dans le diagnostic des hématozoaires endoglobulaires
signalées dans cette Note sont, en somme, faciles à éviter, mais aux condi-
tions suivantes : il faut que les observateurs se familiarisent avec l'étude
histologique du sang normal, avant d'aborder l'étude des hématozoaires, et
qu'ils adoptent, pour la recherche de ces parasites, la technique spéciale,
très simple d'ailleurs, qui permet d'obtenir des préparations du sang bien
fixées et bien colorées.
MAGNÉTISME. — De V hystérésis magnétique produite par un champ oscillant
superposé à un champ constant. Note de M. P. Duhem.
Nous avons déjà soumis à l'Académie une Note(') sur le sujet auquel
celle-ci va être consacrée; dans cette Note nous nous exprimions de la
manière suivante :
« Un champ magnétique subissant une oscillation double et symétrique
entre deux valeurs, Jînies — n et +•/), on demande quelle est la forme
limite de l'effet qu'il produit lorsque la durée d'oscillation tend vers o. On
trouve que ce cycle magnétique, décrit très rapidement entre deux valeurs
finies, équivaut à un cycle magnétique décrit lentement entre deux valeurs
infiniment petites, c'est-à-dire qu'il n'aimante pas le fer.... »
» Au lieu défaire osciller le champ magnétique entre deux valeurs égales
(') Siti' la suppression de V hystérésis magnétique par un champ magnétique
oscillant {Comptes rendus, séance du i4 décembre 1908, t. CXXXVIII, p. 1022).
SÉANCE DU 8 MAI igoS. 1217
et de signes contraires — r, et 4- 0, on peut le faire osciller entre deux
valeurs quelconques, ,TC„ — r, elXa-h rr, les raisonnements que nous avons
développés n'ont besoin, pour être appliqués à ce cas général, que de mo-
difications insignifiantes. Si l'on fait tendre vers o la durée de l'oscillation,
on constate que l'oscillation produite très rapidement entre les valeurs Je^ — -/)
et 5e„ -h ■/), qui diffèrent de 3Co de quantités finies, équivaut à une oscillation
produite tre's lentement entre deux valeurs différant infiniment peu de Je,,, w
En réalité, la généralisation indiquée en ce passage présente une com-
plication, demeurée inaperçue à une première analyse, et sur laquelle je
voudrais appeler l'attention de l'Académie.
Soient
H le champ magnétique à l'instant /;
m l'intensité d'aimantation au même instant.
Posons
TT/ f'H , dm
et soit ç(m, m') le coefficient de viscosité magnétique.
Tandis que H représente, selon nos dénominations habituelles ('), l'ac-
tion connue, A = H — ç(m, m')m' représente ïaction complète. Le point
d'abscisse H et d'ordonnée m décrit le tracé connu, tandis que le point
d'abscisse h et d'ordonnée m décrit le tracé complet.
Supposons que la valeur du champ H ait subi un nombre très considé-
rable d'oscillations entre les valeurs 3C(, — n et 3Co + r, ; le tracé connu et
le tracé complet sont alors tous deux des cycles fermés. IjB tracé connu est
un cycle compris entre les abscisses 5e„ — t) et Kg 4- -/i ; si les oscillations
sont extrêmement rapides, ce cycle est extrêmement aplati, en sorte que/w
subit seulement de très petites variations au voisinage d'une certaine va-
leur 31o; quant au cycle complet, il se réduit à un segment infiniment
petit, alternativement décrit dans les deux sens; ce segment passe par un
certain point de la ligne des états naturels, dont l'ordonnée est oit et dont
l'abscisse a une certaine valeur 3e.
Admettant que t représente la durée d'oscillation de H et que H — OCo,
par un choix convenable de l'origine du temps, devienne une fonction paire
de ^(oscillation symétrique), nous avions supposé que 3e était égal à 36^;
c'est cette supposition qui peut être inexacte.
(') Sur les déformations permanentes et l'hystérésis. Septième Mémoire :
Hystérésis et viscosité {Mémoires in-4° de l'Académie de Belgique, t. LXII, 1902).
12 £8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'équation qui détermine, en général, le tracé complet est
(i) dh -di(m) = f(mji)\dh\,
§ étant le potentiel interne et /le coefficient d'hystérésis. Comme ici le
point {h, m) est, sans cesse, infiniment voisin de la ligne des états naturels,
f(m,h) est, sans cesse, infiniment petit; en sorte que l'équation (i), en v
remplaçant h par sa valeur, donne
/ \ Tii / d;^ , àv\ , 1 , ûi' \ „
Si le coefficient de viscosité v est une fonction paire de m', hypothèse qui
comprend comme cas particulier celle où t' serait indépendant de m', on
satisfera évidemment à l'égalité (a) en supposant que m est une fonction
paire de t.
Dans ces conditions, rn' sera une fonction impaire de /, et il en sera de
même de
H — A = ('(/«, m')m' ,
en sorte que, dans le tracé connu, les cordes parallèles à l'axe des abscisses
admettront pour ligne diamétrale le tracé complet. 11 en résultera que X.
différera infiniment peu a'e 5e„.
Mais ces résultats supposent que v(^m, m') est fonction paire de m' ; or
celte supposition n'a rien de forcé; la symétrie exige seulement que la
fonction v garde sa valeur lorsque l'on change à la fois le signe de m et le
signe de m' ; la fonction v{m, m') est donc sûrement fonction paire de m'
pour la valeur particulière m =^ o de l'intensité d'aimantation; hors ce cas,
il n'y a aucune raison pour que v(m, m') soit fonction paire de m'.
Dès lors, le résultat auquel nous étions parvenu dans le cas où le champ
subit des oscillations symétriques très rapides entre deux valeurs égales et
de signes contraires, ne s'étend pas au cas général où ces oscillations se
produisent entre deux valeurs quelconques.
Dans ce cas général, on doit énoncer la proposition suivante :
Si le champ tnagnélique subit des oscillations extrêmement rapides et symé-
triques entre les valeurs 3C„ — -i) et Ko + '/i, l' aimantation finit par prendre une
valeur sensiblement constante S\\,; cette valeur est l'aimantation naturelle qui
correspondrait à une certaine valeur ac du champ ; nulle en même temps que Kp,
SÉANCE DU 8 MAI igoS. larg
la différence (3e ~ aCo) a une valeur qui dépend de 3e„ et de la loi
H — 5e„=F(/)
qui régit r oscillation du champ.
Laissant cette loi invariable, si l'on fait varier JCo, le point d'abscisse K^ et
d'ordonnée aiu décrit une ligne qui passe par l'origine des coordonnées et qui a
cette origine pour centre; cette ligne caractérise la loi H — je,, = F(<) qui régit
les oscillations du champ; elle ne coïncide pas, en général, avec la ligne des
étals naturels.
Cette ligne a, d'ailleurs, mêmes asymptotes que la ligne des états naturels;
ces asymptotes 3Vu = ±: [j. correspondent à la saturation du fer.
Dans une prochaine Communication, si l'Académie le permet, nous com-
parerons ces propositions aux faits d'expérience.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Travaux géodésujues et magnétiques aux environs
de Tananarive. Note du R. P. Colin.
I. Aux mois de septembre et octobre 1904 j'ai continué la triangulation
du secteur rectangulaire compris entre le sud et l'ouest de Tananarive, sur
un rayon minimum de 3o'"". Cette région a été couverte de 67 stations.
Les angles azimutaux observés sont au nombre de 1716, les distances zéni-
thales, au nombre de 5o3.
II. En même temps j'ai exécuté le levé magnétique de la région, en
observant les éléments sur 26 points.
Des 118 stations dont j'ai relevé les éléments magnétiques à Madagascar
aucune n'offre une aussi forte anomaHe que celle de Rantoandro. Tout le
sol de la montagne est jonché, sur un rayon d'environ 800", de grosses
pierres volcaniques, véritables aimants qui troublent la direction et l'in-
tensité des boussoles.
On remarque aussi un centre de perturbation, moindre que le précédent,
sur l'ancien volcan de Vontovorona. Contrairement à ce que nous avions
observé en 1901 dans la région des volcans de l'Itasy, ce centre influence,
sur une assez grande distance, les stations voisines de Ambohimanandray,
Merikanjaka, Fenoarivo, Soavina, Ankadivoribé, Androhibé et Antsaha-
dinta.
Le Tableau et la Carte ci-après indiquent les positions des stations
magnétiques ainsi que les résultats obtenus:
ACADÉMIE DES SCIENCES.
< < < i- <
S S c o 5
Z t/j en o O Z Z
S- %
S8 '-§
vS 5 'S UO '
B O O C
O (O O =
s -J s s
H < < ■«
SÉANCE DU 8 MAI igoî. I22I
Pendant l'année 1901, j'avais déterminé les éléments magnétiques_;en
trois stations comprises dans le Tableau précédent, et dont deux sont
situées sur le versant nord du massif volcanique de l'Ankaratra. Il est inté-
ressant de comparer les valeurs obtenues, après 3]années d'intervalle.
ENVIRONS
DE
TANANARIVE .
STATIONS MAGNETIQUES
tCBELlE 1 ; 200 000 •
. i i ; ; i ! a
MANJAKA
'BATO VONTOVCRONA
A Miantsoarivo, la déclinaison augmenterait de i2'9" vers l'ouest, l'in-
clinaison de i3'56", l'intensité diminuerait de o,oo323.
A Fehibé, la déclinaison a diminué de 33'23" vers le nord; l'inclinaison
ne varie pas; la composante horizontale aurait augmenté de o.ooSIg.
A Tsirangaina, point éloigné de 12'"" nord du massif, la déclinaison a
diminué de i5'9"vers le nord, l'mclinaison deb'37", l'intensité de o,oo325,
comme à Miantsoarivo.
D'après ces quelques résultats, il semblerait que la variiition annuelle
G. R., .goô, I" Semestre. (T. CXL, N" 19.) ^'"
1222 ACADEMIE DES SCIENCES.
des trois éléments magnétiques est anormale sur le versant nord du massif
de l'Ankaratra, à Miantsoarivo et à Ft^hibé; à mesure qu'on s'en éloigne
vers le nord, à Tsirangaina, elle devient régulière.
M. E. vox Leyde.v, Correspondant de l'Académie, présente, par l'inter-
médiaire de M. Bouchard, une brochure intitulée : Ueher die parasitàre
Théorie in der Aetiologie der Krebse,
MEMOIRES PRESENTES.
MÉCANIQUE. — Oscillations des véhicules de chemin de fer à l'entrée
en courbe et à la sortie. Mémoire de M. Georges Marié, présenté par
M. Léaulé. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoyé à la Commission du prix Montyon, Mécanique.)
Il est important de connaître les oscillations qu'éprouve un véhicule de
chemin de fer à l'entrée en courbe et à la sortie, quand la voie n'a pas de
raccordements paraboliques entre les parties rectilignes et circulaires du
tracé. J'ai étudié cette question il y a quelques années ( ' ) et, dans les re-
cherches qui font l'objet du présent Mémoire, je suis arrivé aux résultats
suivants :
Je montre que les oscillations de la caisse sur les ressorts, en travers, se
font autour d'un point sensiblement fixe que j'appelle centre d'oscillation
et que je désigne par c, ; pour les voitures, c^ est situé à l'intersection de
la verticale du centre de gravité de la caisse et du plan horizontal passant
par les points les plus hauts du contact des boîtes à huile avec les plaques
de garde.
Appelons P, le poids de la caisse, , sa force centrifuge dans la courbe,
h, la hauteur de son centre de gravité au-dessus de c,, b^ l'écarteraent des
ressorts d'un même essieu, a l'angle du dévers de la voie. Soient Q, et R,
les compressions de l'ensemble des ressorts de gauche et de ilroite, et S,
la réaction horizontale de la caisse après amortissement des oscillations
d'entrée en courbe. En ju-ojetant les forces sur deux axes horizontaux et
(') Pli cacheté déposé à PAcadémie le a8 mai 1901.
verti<
;aux, et en prenant les moments par rapport à c, on trouve
(0
Q, = ( — cosa H '- sii)7.| 4- ~ (, coso. — P, sinx),
(2)
R, = (-^cosa + -^ sinaj — ^-(<î), cosa — P, sinx),
(3)
S, = (1^, cosa — P, sina.
Appelons maintenant Q., Ko et S. les mêmes réactions, considérées cette
fois à la fin de la première oscillation d'entrée en courbe. Je montre que
l'action de la force centrifuge sur les ressorts produit, à la fin de la pre-
mière oscillation, un effet double de l'effet produit après amortissement
des oscillations; on a donc
(4)
().,
= ( — cosa + 2 ^ sina t + T-('.i<î', cosa
-P, sina),
(5)
R,
/Pi *! - \ /'i ^
= ( — cosa -+-'2 ~ sma i — -i (2*, cosa
— P, sina),
((i)
S,
= 2| cosa — P, sina.
Dans ces formules, les coefficients 2 qui sont devant 4>, doivent être rem-
placéspar un coefficient R <; 2 si le véhicule offre des frottements résistant
à l'oscillation en travers, comme ceux des lames de ressorts, ceux des
boîtes à huile sur les plaques de garde, etc. Il est facile de déduire de eesf
trois formules les trois réactions sur la voie Q„, R(, et S^ en tenant compte
du poids et de la force centrifuge simple de la partie non suspendue du
véhicule, de la hauteur du centre d'oscillation c, , du diamètre des roues, et
de l'écartement de la voie.
En ap|)liquant les mêmes principes à la sortie de courbe, je trouve les
trois réactions suivantes à la fin de la première oscillation :
(7)
Q.=
( -^ cosa J sina ) — ^ (, cosa + |-
'1 sina).
(«)
n,=
(-^ cosa '1 sina) -f- ,'-(<î>,COsa -+- \
'1 sina).
(9)
s., =■
— (4', cosa + P, sina).
Dans ces formules, il faut introduire devant $, un coefficient L ■< i s'd
y a des frottements résistant à l'oscillation en travers.
Les formules ci-dessus ont été établies en supposant le centre de gra^
vite de la caisse assez bas pour qu'on |)uisse négliger les variations du
moment du poitls de cette caisse dues à la flexion des ressorts. En pra-
tique, cela est souvent permis; mais j'indique une méthode qui permet de
1224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
traiter le cas général, en tenant compte des frottements et de la hauteur
du centre de gravité qui augmente l'amplitude des oscillations et leur durée.
Ces oscillations donnent en résumé des elf(!ts puissants cpii sont imiuié-
tants à j)reu)ière vue, m;iis on voit(|ue les froLlements en atténuent l'im-
porlanco, suilout pour les locomotives. Il est iulcressaut d'étuiiier la
superposition possible de ces oscillations avec celles cpii sont tlues à tl'autres
causes.
J'arrive aux conclusions suivantes dans le cas où l'on ne peut pas intro-
duire dans le tracé des courbes de raccordement longues : i° il faut y
mettre tout au moins des courbes de raccordement courtes comme on
le fait souvent; 2" si l'on donne à la voie le même dévers à l'entrée en
courbe et à la sortie, l'emploi du denii-dévers est plus avantageux que celui
du (levers théorique complet; 3° il y a lieu de construire le matériel de fi\-
çon qu'il présente des frottements suffisants pour résister, dans'une certaine
mesure, aux oscillations en travers; 4° il est bon de donner à la voie un
dévers supérieur à la moitié du dévers théorique à l'entrée en courbe et in-
férieur à cette moitié, à la sortie, puis de relier le tout par trois raccorde-
ments lents du dévers; 5° il est utile d'augmenter la résistance des voies en
travers, surtout aux points où les réactions horizontales du matériel sont
maxima; 6° il y a grand avantage à donner à tout le matériel une élasticité
horizontale assez grande avec frottements suffisants.
M. Pu. Duxau-Variixa présente, par l'intermédiaire de M. d'Arsonval,
un Mémoire Sur la solution du problème de Panama.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de diverses
Commissions.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Commission chargée de juger le concours du prix Petit d'Ormoy (^Sciences
naturelles) pour l'année igoS. — MM. Bornet, Gautlry, Giard, Perrier, Van
Tieghem, Guignard, Delage.
Commission chargée de présenter une question de Grand Prix des Sciences
mathématiques (Prix du Budget) pour l'année jyoS. — ftL\L Poincaré,
Darboux, Maurice Levy, Emile Picard, Jordan, Appell, Humbert.
SÉANCE DU 8 MAI igoS. 1225
Commission chargée de présenter deux questions de Grand Prix des Sciences
physiques {Prix du Budget), l'une pour l'année 1907 et l' autre pour l' année
1909.— MM. Guudry, Sclilœsing, Van Tieghein, Troosl, Moissan, Perrier,
IMascart.
Commission chargée de présenter une question de prix Bordin (Sciences phy-
siques) pour l'année 1901^. — MM. MoihSan, Gaiuliv, l'erner, Van Tiegliem,
Berlhelot, Schlœsing, ïroost.
Commission chargée de présenter une question de prix Vaillant pour l'année
1909. — MM. Berlhelot, Daiboux, Poincaré, Gaudry, Troost, Mascart,
Moissan.
Commission chargée de présenter une question de prix AIhumbert pour
l'année 1910. — MM. Berlhelot, Darboux, Bouquet de la Grye, Maurice
Levy, Gaudry, Poincaré, Troost,
CORIIESPOIVDAIVCE.
M. le 3Iaire de la ville de Lamarciie prie M. le Président de l'Aca-
démie de lui faire l'honneur d'accepler de faire partie du Conaité de patro-
nage pour l'érection d'un monument au colonel Renard.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Ouvrage suivant : Icônes Fungorum ad usuni Sylloges
Saccardianœ adcommodatœ, auctore k.-^. Berlese, Vol. III, fasciculus V
(postumus).
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Giacobini (igoS a) faites au
grand équatorial de l' Obsenatoire de Bordeaux. Note de M. Erîiest
EscLANGON, présentée par M. Lœwy.
Observ
•ations de la comète Giacobini
(i9o5«).
Temps sidéral
Nombre
Dales.
(ie
de
1005.
Étoiles.
Bordeaux.
Aï.
i'r.
comparaisons.
.vril 26. . .
>,
.2. 38°' 59' 96
-T-ii^^-jo
-4'. ili
24 : 6
27. ..
. . Ij
11. 32. 32, 08
-..35,97
-2.46,4
44 : II
I2a6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1900,0.
Ascension Réduction Distance Réduction
droite au polaire au
Étoiles. Autorités. moyenne. jour. moyenne. jour.
a... A. G. Bonn, n» 6493 S.io.Ss'ôS +0,19 !,-". ■j'.2-",i -i-o',4
b... A. G. Bonn, n° 6545 S. 16.20, 19 -1-0,19 46.3o,2i,3 -1-0,1
Positions apparentes de ta comète.
'leuips moyen Ascension Distance
Dates. de droite Log. fact. polaire Log. faet.
1005. Bordeaux. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
Avril 26.... 10.22. \ ,hh S. 9.10,12 ^1,727 47. .3.26J4 —0,466
27-... 9.11.48,64 8.1 4.44 )4i -rî,646 46.27.35,0 — 0,23o
GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces de Voss de la Géomélrie non-euclidienne.
Note de M. Alphonse De.molli.v.
Proposons-nous de déterminer, en Géométrie non-euclidienne, tous les
couples de surfaces (S) et (S,) applicables l'une sur l'autre, de manière
qu'aux lignes asymptotiques de l'une corresponde un réseau conjugué tracé
sur l'autre.
Ra|)portonsces surfaces à leur système conjugué commun ( », c) et soient
D du- + D" (•-, D, du- -H D; dv-
leurs secondes formes fondamentales. On a, en vertu des formules de
Codazzi (Bianchi, Lezioni, t. II, p. 491 et 492).
(0
(2)
(3)
dv
-
\ • i
D
+
i"
JD"
=
0,
OD"
Ou
-t-
\"\
D
-
\ la
JD-
=
: 0,
à,-
-
1?!
1
+
1 2
;->■■
-
0,
^du
-1-
) 22 (
( ' \
DD'
f^
D,
\ '2
i 2
!"■
=
0,
SÉANCE DU 8 MAI IpoS. 1327
et, à cause de la propriété supposée aux deux surfaces,
(4) DD; + D"D,:=.).
Des égalités (3) et (4) on déduit
D, = ±jD, 1), = :p/D".
Portons ces valeurs de D,, D", dans les équations (2) et comparons les
re
lations obtenues aux relations (i); il viendra
Ces égalités expriment que le réseau conjugué commun est exclusive-
ment composé de géodésiques. La solution du problème est dès lors la sui-
vante : appelons, en Géométrie non-euclidienne, comme en Géométrie
euclidienne, surface de Voss toute surface possédant un réseau conjugué
exclusivement composé de géodésiques. Cela posé, une des surfaces cher-
chées, (S), par exemple, pourra être prise arbitrairement parmi les sur-
faces de Voss; la surface (S,) sera alors une quelconque des deux surfaces
(symétriques l'une de l'autre) définies par les relations (5). Ces deux
formes possibles de la surface (S,) appartiennent à une série simplement
Infinie de surfaces de Voss applicables sur la surface (S) et dont la seconde
forme fondamentale est AD du- + -j- dv-, où h est un paramètre variable (').
Il est clair que la méthode actuelle s'applique aussi bien à la Géométrie
euclidienne qu'à la Géométrie non-euclidienne. Les résultats ci-dessus sont
vrais dans les deux Géométries; nous les avons déjà énoncés, en ce qui
concerne la première, dans une Note insérée aux Comptes rendus (séance
du 9 décembre 1901)-
Proposons-nous de déterminer les surfaces de Voss de la Géométrie non-
euclidienne. Nous nous placerons, pour fixer les idées, en Géométrie ellip-
tique, et nous ferons usage des méthodes de la Géométrie intrinsèque (voir
Comptes rendus, séance du 8 août 1904). I>a surface étant supposée n'être
pas minima, rapportons-la au réseau conjugué (a, v) formé de géodésiques
et attachons-lui un tétraèdre OiOoOjO,, autopolaire par rapport à la qua-
{') Parmi les surfaces de Voss se trouvent les surfaces minima. Si la surface (S) est
minima, il en sera de même de la surface (S,) et, aux lignes asyraptoliques de chacune
des surfaces, il correspondra, sur l'autre, le réseau des lignes de courbure.
(5)
1228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
drique fondamenlale et défini par la double condition que la face O, O4 O^
soit tangente à la surface en O^ et que l'arête 0.iO, soit tangente à la
courbe f^ = const. Les douze vitesses ç, ...,/', auront les valeurs suivantes,
où h est un paramètre arbitraire,
// cosw, a = /i sin(
(- = ^' ■^" = ^.t^"S'"' - = "' r^ = v ^• = °' '■' = -^.'
Les fonctions w et t satisfont au système ( ' )
0'-L~> /à- d^ \ .
du di- \dii dv )
(h da
^- = -j-COSw,
dv âv
di d- .
du du
entre les trois équations duquel on peut éliminer l'inconnue auxiliaire a.
Les variables co, t et c admettent les interprétations géométriques sui-
vantes : u est l'angle des lignes coordonnées, t = const. et a = const.
sont les équations des trajectoires orthogonales des lignes c = const. et
M = const.
A toute solution (u, t, g) du système ci-dessus les équations (5) feront
correspondre, par la variation de h, une simple infinité de surfaces de Voss
ajjplicables les unes sur les autres. Ce résultat est d'accord avec celui qui
a été indiqué plus haut.
Étant donnée une surface de Voss de la Géométrie euclidienne, on peut
en dédin're, on le sait, une congruence de Guichard (et même deux telles
congruences). En est-il de même en Géométrie non-euclitlienne? Les
tangentes aux ligues p- = const. sont normales à une famille de surfaces
parallèles, soit (2,) l'une d'elles. Sur celte surface, u el v sont les para-
mètres des lignes île courbure; envisageons la congruence lieu des tan-
gentes aux lignes c = const. Soient (1^) la seconde nappe de la surface
focale de cette congruence et p la longueur du segment focal. Les éléments
(') La méthode indiquée dans le texte s'applique évidemment à la Géomélrie eucli-
dienne. Dans ce cas, le premier terme de la parenthèse disparait et l'on retrouve l'équa»
lion des surfaces à courbure totale constante.
SÉANCE DU 8 MAI ipoS. 1229
linéaires des surfaces (2,) et (2.) sont donnés par les formules
,/sl = [A^sin^p - (J^y tang^p].///^- 2;;^ ^tang=p^./^' 4- {'^ff \'^^''z'\
avec y. premier non exceptionnel ('), k\-\-l^o (modV) et ±1, 8 = 0,
I, ..., ou i, quand V est réel et égala i ou pfp^- • • P^"' Pi' P^' •••' ?/> ^'*"''
des nombres premiers distincts, différents de X et : i" tels que le produit de
leurs plus petits résidus en valeur absolue (modX) soit < A, chacun de ces
résidus étant > 1 (^); 2" quand p<\ — 3 et que p,, p., ..., p^, sont racines
primitives (mod A); :j° quand /). — I.
{') J'appelle, d'après Kummer {Journ. de Math., i85i), nomljre premier non
exceptionnel tout nombre premier X^5 qui ne divise le numérateur d'aucun des
-^^^ premiers nombres de Bernoulli. Tout nombre premier > 5 et !: 100 autre que 87,
2 "^
59 ou 67 est non exceptionnel.
(^) A ce propos, j'établis, sans me servir des nombres complexes, que, si pi, p^, ...,
Pp satisfont à ces conditions (même quand X est [exceptionnel >3) et appartiennent
aux exposants y,,/,, ■ ■ ■ , fp (modX), on a
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 19.) ^^7
,23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il y a des exlensions à d'autres valeurs de v, et cette propriété reste
vraie pour 1 = 3, v = i .
ir. a;^" + /-"= 2"'(2M + 1)2'". - Avecn>2, m = k.i"-{-l, i<2",
M quelconque >o.
Exemple : x'" + j^" = 2" ( 2 M + i ) z'" .
III. cc^"^ar"-+-...-hxJ=2'"{2M + i)z^". — kvecn^z, m = k.'2"-h l,
/<;; 2', I < /< 2", M quelconque >o.
Exemples : x' + y'' = 2"'(2M + i):;* ; x\ + x\ + x\ = 2^(2 M + i)z\
avec, dans les deux cas, m = lik -i- 2. ou [\k + 3.
Il en résulte, en particulier, qu' d y a des nombres qui ne sont pas
sommes de moins de 2'"^' puissances (a")''"""' positives ^ o.
IV. a;'''' + j^'' = 41^-2*'^ (1^- quelconque);
x'f- +x''^ + ...+ xf = 4 1^-'"^.
[i2, a, quelconque].
V. a;>.2? + y>.2'=. V"Bz^-2°. _ [/« > o et 5±^ o(mod\2? )], où 2? est la plus
haute puissance de 2 qui divise). - i et B un nombre quelconque i)remier
au nombre premier impair quelconque >-.
Exemples : x"-^^-hy'^ = >."'Bs=\ où m > o et 5^ o(mod2X), a premier de
la forme 4;^, + 3; x^-'>'V- + y''^^= 2nY.z^''^V; [j. quelconque; x'+y' = 6z';
^.2o._^^,2»_ 2co:;^", w avant un facteur premier 4^, + 3.
VI. x^ + y^'-^iJ.z'^ (iJ.^i). - 1° Quand [i= 2^^.3°^ «f'af ou af'a^'af
(a,, a.,, a, nombres premiers distincts dont le plus grand n'est pas excep-
tionnel); 2° Quand |j. n'a aucun diviseur premier > 17.
VU. x^-\- Y^'=^ 'J-^^'- — Q^iand p/iioo, [j. n'étant aucun des nombres 2,
37, 59, 67 ou 74-
Je n'ai pu éviter l'emploi de la théorie des nombres complexes ou des
nombres idéaux de Rummer que pour les équations II, III, IV et V.
Il est intéressant de remarquer que, d'après ce qui précède, les seuls cas
où l'impossibilité de
pour a > 2, n'est pas complètement prouvée, sont ceux où a est impair et
où a= ■2(-2b + i), 2^ + J n'ayant d'autres diviseurs premiers que des
nombres 4/î- + i ; encore, dans ces deux cas, ai-je indiqué des formes très
variées de a pour lesquelles cette équation est encore impossible.
SÉANCE DU 8 MAI iqo5. I33l
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques points de la ihèorie des nombres et
la théorie des fondions. Note de M. Georges Rémoundos, présentée par
M. Appell.
1. Je me propose de communiquer à l'Académie quelques nouveaux
résultats, auxquels j'ai été conduit par l'application de ce théorème fonda-
mental de M. Borel, dont j'ai montré la fécondité dans mes Communications
antérieures (') et le théorème d'Hermite-Lindemann, dont j'ai signalé
l'analogie avec le précédent dans ma dernière Communication (Comptes
rendus, 1 6 janvier i9o5)(-).
Considérons une fonction /(^, h) de la forme
(i) /(s, «) = «"-^A,(=)«'-'-f-A,(3)«''-^ + ...^-A,(?0-
où les A,(=) désignent des fonctions entières quelconques et soit e*"'' le
plus grand des modules maximum de ces fonctions. Dans mes travaux anté-
rieurs, j'ai démontré que l'on doit considérer comme exceptionnelles les
valeurs de u, pour lesquelles on ait
(2) /(=,«) = Q(.)e"--',
où Q(s) désigne une fonction entière croissant moins vite que ef"""'-"
(a étant un nombre positif). Or, je démontre par la même méthode d'éli-
mination que l'on doit aussi considérer comme exceptionnelle une valeur «„
(le II, pour laquelle on ait
(3) /(=,'/„) = Q,(=)e"''-+Q..(.)e"-^' + ... + Q,„(=)e"-'-,
où les exposants H,(;), FJ.,(s), ..., H,„(:) croissent tous comme M(r),
tandis que les coefficients Qi(_z) croissent moins vite que g'"""'"" ; // est
impossible d'avoir v -{- i telles valeurs de u. Ce théorème généralise d'une
façon intéressante les résultats que nous avions jusqu'ici. Nous sommes en
présence de nouveaux cas d'exception, qui ne se caractérisent pas du tout
par une densité de zéros autre que celle qui convient à l'ordre de gran-
deur e"'"; tout au contraire, on montre aisément, à l'aide du théorème de
(') Comptes rendus. 20 avril igoS, 8 février igo/l, 20 juiji 1904, 8 août igo^-
(-) Celle Noie sera développée dans un Mémoire qui paraîtra prochainement.
T?32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Borel, que le second membre de (3) ne saurait jamais se mettre sous la
forme
Q(.)e"-,
la fonction Q(^) croissant moins vite que ?'*""'*"',
Ainsi, dans le cas oîi les A,(s) sont d'ordre fini, ces cas d'exception ne
cessent pas de satisfaire aux inégalités bien connues entre l'ordre de gran-
deur du module maximum et la densité des zéros.
Citons comme application les valeurs de u pour lesquelles f{z, u) est de
la forme sin W(=) ou bien cos ^(-), V(;) étant une fonction entière. De
telles valeurs de u sont exceptionnelles et leur nombre ne dépasse pas c, si
l'on ne compte pas celles pour lesquelles y(-) est une constante.
2. Nous avons un théorème analogue dans la théorie des nombres.
Si nous posons
(4) (l{u} — u'-^y^u"^' -f-...-t-Y^_,;< + y^,
où les coefficients de q{u) ne sont pas tous algébriques, les équations delà
forme
(5) y(w) = x-^ic"-. -t- A2e°'= + . .. +A,„e*-" (a, ^ o, a^ 7^ o, ..., a,„^ o)
qui admettent des racines algébriques sont exceptionnelles et leur nombre est
au plus égala v.
Ainsi q{u) ne donne, pour des valeurs algébriques de u, des nombres de
la forme sin« et cosa (a étant un nombre algébrique) que par exception.
.3. On peut établir aussi les théorèmes suivants :
H est impossible d'avoir c -+- i équations de la forme
(6) 9r(«) =: rt, -t- A,e". (/(//) = a. -t-AoP°'s ••■, q{u) = a,+^-\- k^,+^e'^'*'
admettant des racines algébriques, si parmi les exposants il y en a un qui
diffère de tous les autres.
Il n'y a quun nombre fini d'équations de la forme (6 ) ayant le même expo-
sant dans le second membre et admettant des racines algébriques, s'il y a au
moins deux coefficients transcendants distincts dans le polynôme q(u).
Nous avons aussi un théorème analogue dans la théorie des fonctions.
Voici maintenant un autre théorème plus général que le précédent :
S'il y a une infinité d'équations de la forme :
q{u) = a -\- A,e''-t- Aje"" + . . .4- k„,e''>".
SÉANCE DU 8 MAI ipoS. 1233
les nombres a. A,- et a,- étant algébriques, admettant des racines algébriques,
les seconds membres de ces équations auront exactement les mêmes puissances
de e ; il ne peut y avoir exception que pour un nombre fini de ces équations. En
d'autres termes, si un exposant figure dans une de ces équations, il figurera
aussi dans toutes les autres, sauj, peut-être, un nombre fini.
Le ihéorème analoc;ue de la théorie des fonctions s'énonce aisément.
SPECTROSCOPlE. — Sur un spectre nouveau observé dans la gadoline.
Noie de M. G. Urbain.
J'ai récemment décrit une méthode de |)réparation de la gadoline qui
permet d'isoler celte lerre rare dans un élal de purelé comparable à celui
d'un oxyde usuel considéré comme pur. Vingt fraclions consécutives de
mon fractionnement ont accusé le même poids atomique (157,2 = Gd).
J'ai enlrepris depuis l'étude des caraclères spectraux de cet élément et
je donnerai dans celle Note le résultat de mes recherches sur l'absorption.
Le gadolinlum, dont les sels sont incolores, ne présente pas d'absorption dans la partie
visible du spectre. En explorant ruliraviolet avec un spectrographe dont tous les
organes optiques sont en quartz, j'ai pu observer avec la solution neutre du chlorure,
dans l'ultra-violet extrême, le spectre suivant que je désigne par (A) :
/. ....
fi. De 3ii,6 à 3io,5. . . . Triplet dont les composants sont indistincts. Le premier
est fort; son intensité est constante de 3ii à 3l0,6.
Les deux autres sont moins forts et très diffus.
De 3o6,o à 3o5,7. . . . Forte.
De 3o5 , 6 à 3o5 , 5 Très forte.
De 3o5,/4 à 3o5,o. . . . Très foite.
Ce spectre peut être observé seulement dans les terres qui présentent le spectre de
ligne du gadolinium. Il se maintient identique à lui-même dans toutes les fractions de
gadolinium de poids atomique constant. 11 s'aflTaiblit graduellement dans les têtes eu-
ropifères et dans les queues terbifères.
Les premières observations ont été faites avec la gadoline extraite de la monasite.
Elles ont été répétées avec la gadoline extraite du xénotime et de la pechblende.
Il semble donc que ce speclre doive être allribuéau gadolinium. Cepen-
dant, comme mon gadolinium présenle le spectre de phosphorescence
cathodique ullra-violet que Sir W. Crookes attribue à un élément annoncé
par lui en 1898, le viclorium, on pourrait admettre de même que le speclre
d'absorj)lion (A) esl un caractère du victorium.
1234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Je ferai remarquer, toutefois, qu'il n'est nullement établi que le victo-
rium et le gadolinium soient dislincts. De même que le spectre (A), le
spectre de phosphorescence (viclorium) pourrait être considéré dans l'état
actuel de la question comme l'un des caractères spectraux du gadolinium.
Je soumets actuellement ma gadoline à des traitements absolument
distincts de ceux qui m'ont permis de l'isoler. Ces nouvelles recherches
permettront d'établir si les spectres d'étincelle, d'absorption et de phos-
phorescence caractérisent ou non le même élément gadolinium.
PHYSIQUE. — Sur la triboluminescence du sulfate de. potassium.
Note de M. D. (Bernez, présentée par M. G. Lemoine.
Le dégagement de lumière qui se manifeste lorsqu'on agite des solutions
concentrées de sulfate de potassium, pendant qu'elles cristallisent, a été
observé dès la fin du xvu« siècle, mais toujours fortuitement, dans des cir-
constances diverses que nul n'avait pu reproduire à volonté.
H. Rosé indiqua (') u" moyen sûr de réussir l'expérience : il fondait, dans un
creuset de platine, des poids moléculaires égaux de sulfate de potassium et de sulfate
de sodium, solidifiait la masse et, après avoir filtré le liquide chaud, il rabandonnail
à un refroidissement très lent. La solution, arrivée à une température convenable,
était agitée et s'illuminait d'une multitude d'éclairs. D'après H. Rose, la fusion avait
produit un seldouble vitreux soluble dans l'eau bouillante et, pendant le refroidissement,
le sulfate de potassium, laissant en solution le sulfate de sodium, cristallisait avec
émission de lumière. A l'appui de celte manière de voir, il faisait remarquer que les
mêmes matières, redissoutes puis refroidies, ne donnaient aucun effet lumineux et
qu'il en était de même du sulfate de potassium employé seul. Longtemps après,
M. Bandrowski, dans une étude très soignée de cette expérience, a précisé les propor-
tions des deux sels les plus favorables à son succès (-).
Depuis, on a continué à admettre : i'* que la luminescence du sulfate de
potassium se produit à l'instant où ce sel dissous sort de la combinaison
vitreuse et cristallise; u° que la condition nécessaire du phénomène est la
formation d'un sel double vitreux avec le sulfate de sodium ou un sel ana-
logue; 3" que le dégagement de lumière est très fugitif et que, pour le
reproduire, il faut recommencer, à nouveau, toutes les opérations; 4° que
(') Heniu Rose, Pogge^idorf Annalen, t. LU, i84i, p- 443 et 585.
(^) Bandrowski, Zeitschrifl fur physikalische Cliemie, t. XVII, 1895, p. 334-
SÉANCE DU 8 MAI ipoS. 1235
le sulfate rie potassinm seul ne donne pas de lumière. Les expériences que
je vais brièvement résumer sont en contradiction formelle avec ces
assertions.
1. Le mélange de sulfate de potassium et de sulfate anhydre de sodium était fondu
dans un creuset de platine, coulé en plaques, puis dissous dans l'eau distillée bouil-
lante; le liquide, filtré rapidement, tombait dans des vases chauds, isolés des contacts
extérieurs par plusieurs vases de même forme, entrant les uns dans les autres comme
les piles de vases de Bohême. On maintenait ces vases immobiles dans une chambre
absolument noire. J'ai assisté à la naissance des cristaux de sulfate de potassium qui se
déposaient sur le fond et les parois du vase et à leur accroissement lent. Malgré un
séjour préalable, longuement prolongé dans la chambre obscure, qui rend l'œil apte à
percevoir les plus faibles lueurs, je n'ai pu réussir à surprendre la moindre émission
de lumière. Au contraire, les mêmes vases s'illuminaient brillamment, juste au point
louché, lorsque j'amenais au contact d'un cristal une tige rigide de fer, d'argent ou de
platine; l'elTel était immédiat.
Il n'y a donc d'émission de lumière qu'au moment de la rupture des
cristaux déjà formés, rupture que l'on peut provoquer par l'agitation du
vase qui détermine le choc des cristaux les uns contre les autres ou contre
les parois du vase. Le sulfate de potassium |jroduit dans les conditions de
l'expérience est donc tribolumiuescent.
11. En vue de reconnaître s'il est nécessaire, pour observer la luminescence du sul-
fate de potassium, de l'engager au préalable dans une combinaison de nature vitreuse
avec le sulfate de sodium, j'ai répété les expériences de H. Rose et, comme lui, j'ai
constaté qu'on peut la provoquer en substituant aux sulfates de potassium et de
sodium les séléniates et les chromâtes de ces deux métaux, et aussi que, en associant
au sulfate de potassium le carbonate ou le chlorure de sodium, on observe les mêmes
effets. Dans ces deux derniers cas, on pourrait admettre que, en prolongeant l'action
de la chaleur sur les mélanges en fusion à haute température, il se fait, par double
décomposition, la dose du sulfate de sodium nécessaire à la production du phéno-
mène. En variant beaucoup les essais de ce genre avec des substances sur lesquelles
H. Rose et M. Bandrovvski n'avaient pas opéré, je trouvai que, en remplaçant le sul-
fate de sodium par les corps les plus divers tels que : sulfate ou molybdate de lithium,
azotate ou arséniate de sodium, fluorures de potassium et de sodium, bromure ou
iodure de sodium, etc., j'obtenais des résultats aussi brillants qu'avec le sulfure de
sodium; j'arrivai à penser que ces associations diverses pouvaient n'avoir pour eflet
que de constituer un milieu dans lequel le sulfate de potassium, plus soluble que dans
l'eau pure, mélangé à des corps tous très solubles dans l'eau froide, pouvait s'en
séparer abondamment, pendant le refroidissement, et donner de nombreux cristaux. Je
fus conduit ainsi à supprimer tout corps étranger et à faire des solutions de sulfate
de potassium pur dans l'eau bouillante, ou même tiède; je les laissai se refroidir très
lentement ou, si elles étaient froides, s'évaporer en repos.
1236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'observai que les cristaux obtenus étaient très nettement tribolumi-
nescents, jusqu'à ce que, par écrasement, ils fussent réduits en poussière.
III. Avant d'arriver à ce résultat j'avais reconnu que le phénomène, loin d'être fu-
gitif, est d'une permanence parfaite. Les cristau\ séparés des associations, faites par
fusion ignée, du sulfate de polass'um avec les sulfate, carbonate, azotate, borate, arsé-
niate, fluorure, chlorure, bromure et iodure de sodium ; fluorure de potassium, sulfate
et molybdate de lithium, et aussi ceux qui résultent de^ mélanges fondus de molyb-
date de potassium et de sulfate de sodium mis en expérience depuis le 5 mars jusqu'au
lo mai 1904, ont été essayés depuis ces époques, d'abord tous les deux jours, puis à des
intervalles plus éloignés et reconnus chaque fois comme élanl triboltiminescents.
Ils ont encore conservé touslcur propriété d'émettre de la lumière quand
on les brise, comme je viens de m'en assurer aujourd'hui, \ nrù 190J. De
plus, les liquides dans lesquels ils s'étaient déposés par refroidissement,
abandonnés eux-mêmes en repos à une évaporation lente pendant long-
temps, ont donné des cristaux qui, comme les autres, deviennent lumineux
par écrasement.
IV. J'ajouterai enfin que je me suis procuré des cristaux de sulfate de
potassium d'origines les plus iliverses, et les ai trouvés tous luminescents à
la rupture et que je n'ai constaté aucune différence sensible entre les pro-
priétés des cristaux obtenus par dissolution du sulfate de potassium fondu
au préalable et de ceux qu'on obtient au moyen du sel qui n'a pas subi
cette fusion.
THERMODYNAMIQUE. — Volume spécifique (l'un fluide, dans des espaces
capillaires. Note de M. Po.nsot, présentée par M. Lippmann.
Un tube capillaire, de section constante dans toute son étendue, met en
communication deux cylindres de très grande section fermés chacun par
un piston. Dans l'un de ces cylindres A se trouve une masse liquide sous
un volume V, dans l'autre B, une masse de la vapeur de ce liquiile sous un
volume V'; la surface de séparation de ces deux phases comprend un
ménisque dans le tube capillaire; je suppose que le liquide mouille la paroi,
p est la pression exercée par le liquide sur l'unité de surface du piston fer-
mant le cylindre A, / celle de la vapeur.
On peut, à température constante, et la masse de chaque phase étant
invariable, déplacer le ménisque d'une quantité dx, vers la vapeur par
exemple,' ou faire varier la température, le ménisque gardant la même
igoS. 1287
dx ou -!- ^dx,
en nppliquanL les deux principes de la Thermodynamique
SÉANCE
DU
S
MAI
iition dans
lel
ube :
^Q =
~dV
-lf/T +
-d\}
dx
+
dî^
dx
d'où
d dbr t:
dT dx T
_ d
~' Jx
d&r
dZr
dx
dSr
dT
dV
=PJf
::_dpdy
T - dT dx
df
-^df
d\'
dx'
.1 A-r
Hypothèse. — Supposons que l'état de chaque fluide soit le même dans
toute son étendue, on a
dV _ _ (^ _ _ ':^
dx àx dx
d\\ accroissement de volume du liquide dans le tube capillaire.
De plus, la chaleur 4^ est simplement équivalente aux travaux extérieurs ;
ou
d\ ,d\' d\,.r „x r^àV, d{f-p)
/-^ = const.
Ceci est manifestement contraire aux résultais expérimentaux, notam-
ment ceux de Wolf.
D'où le volume spécifique de chaque Jluide n'est pas le même dans toute son
étendue.
On sait que les hypothèses moléculaires émises pour expliquer les phé-
nomènes capillaires conduisent à la même conclusion.
Je peux faire remarquer que, dans le cas simple étudié, en considérant
la couche de liquide qui existe sur toute la paroi interne du tube capillaire
au contact de la vapeur, s étant sa surface totale, s diminue quand x croît
et quand dY ^ est positif, f — p représentant la pression capillaire 'î', on a
G. R., i.jo5, I" Semestre. (T. C\L, N- 19.
l58
1238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
immédiateiiK'iit T r/V, — — A ch
àV
et, avec l'hypothèse -ttjt indépendant de T,
formule classique reposant sur des hypothèses que la thennodynainique et
l'expérience déclarent inadmissibles.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la résistance dps fils métalliques pour les courants élec-
triques de haute fréquence. Note de MM. Asork Broca et Turchini,
l^résentée par M. Poincaré.
On calcule habituellement la résistance d'un fil métallique à section cir-
culaire pour des courants alternatifs en appliquant la formule bien connue
de lord Kelvin. Nous avons cherché à soumettre celle-ci au contrôle de
l'expérience en employant des décharges de condensateurs dont Ja fré-
quence a varié entre 142000 et 3 800 000 à la seconde.
Nous mesurons à chaque instant l'intensité efficace Ij. du courant de
haute fréquence parla déviation 6 de l'électrodynamomètre que nous avons
déjà décrit {Comptes rendus, t. CXXKVI, p. i6/|4) et réchauffement E pro-
duit par le même courant dans le fil en expérience. Nous déterminons
ensuite la déviation 6, de l'électrodynamomètre pour le courant continu I^
qui produit le même échauffement E du fil. Nous avons alors :
e = aTf, 0, = al;, E = ftR/.l^=6R,I;,
a et h étant les constantes des instruments, Ry et R^ les résistances du fil
respectivement pour les courants de haute fréquence et les courants
continus.
On déduit de là
e, _ l| ^ IV
0 ""■ \i K
La mesure des deux élongations 6, et 0. de l'électrodynamomètre permet
donc de déterminer le rap()ort des résistances du fil dans les deux condi-
SÉANCE DU 8 MAI igoS. 1289
lions de l'expérience, et de comparer ce rapport au ra])port calculé par
lord Kelvin.
Pour mesurer réchauffement E, nous avons utilisé deux types de calorimètres qui
ont donné les mêmes résultats. L'un est un thermomètre de Leslie composé de deux
tubes de 80*^" de long dans l'un desquels est le lil parcouru par le courant. On mesure
la dilatation de l'air par le déplacement d'un index de toluène horizontal; le courant
passe à chaque expérience pendant i minute, au bout de laquelle on lit le déplace-
ment de l'index.
Un second calorimètre se compose simplement d'un fil fixé à ses deux extrémités,
dont on mesure au microscope la variation de llèclie.
Ces deux appareils doivent être placés dans un conducteur creux, mis en communi-
cation par un point avec le circuit. Sans cette précaution, le gaz du premier subit des
modifications chirtiiqlies ou un échâufl'ement direct par l'effluve électrique et lé fil du
second subit des altt-actions éleClrostaticlues, ce qui fausse les mestUés dans léà déiix
cas.
Les deux appareils dorinent, avec le même fil, les mêmes résultats, à très peu près,
indiquant par cela même que le déplacement électrique dans l'air qui entoure le fil
produit un échaulfement négligeable quand il n'y a pas d'effluve.
Les capacités sont formées de bouteilles en verre. Nous avons indiqué dans une Note
précédente (ce Volume, p. 780) comment nous pouvlohs mesurer convenablement lés
capacités de dés bouteilles pour les fréquences employées. La self-induction est calculée
comme dans le cas de l'excitateur de Hlondlot, au moyen de la formule de M. Poinearé.
Nous avons obtenu les résultats suivants :
Pour les niétaux non magnétiques (cuivre et platiue) les écarts avec là
loi calculée par lord Kelvin sont peu considérables dans le cas des fré-
quences modérées. Cependant ils sont supérieurs aux erreurs d'expé-
riences et suivent une loi parfaitement déterminée.
Lord Kelvin a défini la variable en fonction de laquelle il calcule le rap-
port des résistances par l'expression
lorsque u. est la perméabilité magnétique du métal, c sa conductibilité élec-
trique en unités électromagnétiques C.G.S. et co = ^, T étant la période
du courant; dans le cas actuel, j;, = i . Four les valeurs inférieures à 8 de
la variable, réchauffement est plus grand que ne le veut la formule;
pour les valeurs supérieures à 8, il est plus petiti
I2/Jo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Voici les nombres oblenus avec un fil de cuivre de o""",,')q
=ri- mesure.
2.7 r,4o t,2
3,2 I ,55 1,4
4,5 7,) = 2.>,4I2,
où M est le poids moléculaire (base O^ = 32) et L le poids du litre normal
de gaz (o°C., i atmosphère, 'k = 45°, h = o). De fait, ces constantes a et 6,
déterminées au moyen des données critiques T^ et/?c. "^ satisfont approxi-
mativement à celte relation que dans le cas des gaz permanents à o^C.
(O-, H-, N-, CO). Avec les gaz liquéfiables, les écarts sont assez considé-
rables. Ce désaccord est attribuable aux variations des paramètres a et è
entre le point critique et l'état normal (o"C. et i atmosphère normale),
variations dont l'équation de M. van der Waals fait abstraction.
Tour les gaz permanents un mode de correction a déjà été indiqué (-).
En éludiant de près le cas des gaz liquéfiables, j'ai constaté que les valeurs o,, et b^
(•) Ph.-A. GtYE et L. Friderich, Arch. Se. pliys. nat. Genèi'c, 4« série, t. IX,
1900, p. .5o.5. Voir au Tableau I {toc. cil. ) les valeurs de a et b. Nous avions attribué
la valeur 22,/iio à la constante des gaz parfaits; d'après un Mémoire récent de M. D.
Berlhelot {Z. f. Elektroch., igo/J, p. 621) le nombre 22,412 paraît plus probable.
(-) Ph.-A. Guye, Comptes rendus, t. CXXXMII, 1904, p. J2i3. Avec la nouvelle
valeur de la constante des gaz parfaits, la formule, pour les gaz permanents, devient
" ^ '^ '' H /«=: 0,0000623.
(, + „)(,_/,)
Pour rendre tous les résultats comparables, j'indique ci-après les nouvelles valeurs
de M ainsi obtenues, qui ne dilTèrent d'ailleurs presque pas de celles précédemment
données :
H-=2,oi53, C0 = 28,003, N-^= 28,013, Arz= 39,866.
1342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vérifiaril la relation (i) peuvenl être calculées à partir des éléments a et h (décliiits de
Te- el/jf), au mciyeii des formules suivantes:
(2)
7„ = (7(^-^j , b^—b{v-\-^ Vl-|S^J, [i = 0,003229.
Les Gôrisidéfalions qili conduisent à ce résultat seront développées datisun Mémoire
détaillé où les t-estrictions à apporter à l'emploi des relations (2) seront aussi exposées.
La présente Note a donc pour but de montrer qu'en substituant à la formule (1) ci-dessus,
la suivante,
IVl 2*^ 4 I 2 L
(3) -j-(. + «„)(.- M ^22,4.2^ nubien M ^ „ ^ JJ) (. _ ,^)>
on peut calculer, au moyen des densités normales L des gaz liquéfiables, leurs poids
moléculaires exacts M et, par suite, les poids atomiques des éléments qui les cortsti-
tuent. Le Tableau qui suit contient les données numériques à l'appui de cette conclu-
sion; le choix des valeurs expérimentales de ï^, pc et L utilisées sera discuté dans le
Mémoire détaillé, ainsi que d'autres conclusions,
G:iï. CO-. rv-0. SÔ-. IICI. C=H=.
L 1)9768 1)977) 2,9266 1,6407 i)'707
Te 303,98 3ii,8 438,4 325 3o8,2a
p, 72,93 77,8 78,9 83 61, o3
«0X10^ 847 878 2644 g43 io55
b^'X.xo'^ 161 io6 205 i53 207
M 44)003 44,000 64,o65 36,484 26,018
Des valeurs de M on déduit le système suivant de poids atomiques :
Hydrogène. Carbone. Azote. Chlore.
deH-:i,oo77 de CO :i2,ooi de N= :i4)007 de HCl : 3.5,476
de CO- :i2,oo3 deN-0:i4,oo6
de C-ll- : 12 ,002
Sodfre. .\rgoh.
de SO- : 32 , o65 de Ar : 39 , 866
Pour la densité du proloxyde d'azote les résultats des divers expérimentateurs sont
compris entre L = 1,9774 et i ,9780; les constantes critiques ne sont pas déterminées
d'une façon très Concordante. Ces divel-s éléments conduisent à des valeurs dé N com-
prises entre 18,995 et i4,oIo, la valeur la plus probable étant i4,oo6.
Les poids atoaiiques les plus probables (azote excepté), déterminés gra-
SÉANCE DU 8 MAI I9o5. 1243
vitnétriquement, sont reproduits ci-après en regard des nouvelles valeurs
physicochimiques et des nombres de la Table internationale pour 1900 :
Klcmcnls. H. C. S. Cl. Ar.
,, , , ,, l 1,0076 12,000 32,o58 I „_ ,r.
Valeur probsbe \ , o 1 [ 00,407 »
•^ ( 1,0077 i2,oo4 82,074 \
Valeur physicochimique 1,0077 12,002 32,o65 35,476 89,866
Table internationale 1,008 12,00 82,06 35,45 89,9
Ija précision des mesures ne dépassant pas le 777^5, la dernière décimale
est incertaine; dans ces limites, la concordance ne laisse rien à désirer.
Seul le poids atomique de l'azote, tel qu'il résulte des densités des gaz W
et N-0 (1/1,007), diffère de la valeur usuelle (i4,o4 à 14, o5); les expé^
riences effectuées dans mon laboratoire sur la composition lUi gaz N'O
confirment la valeur N = \l\,o\ à i4,02 au maximum.
L'ensemble des vérifications précédentes est donc de nature à donner
confiance dans la méthode proposée; on pourrait lui réserver le nom de
méthode par réduction des éléments critiques pour la différencier de la méthode
des densités limites, avec laquelle elle se confond d'ailleurs au, point de vue
théorique, ainsi qu'il est aisé de le démontrer.
CHIMIE MINÉRALE. — Action du potassammonium sur le bromure de baryum.
Note de M. A. Joannis.
Depuis plusieurs années, j'ai commencé l'étude de l'action des ammo-
niums alcalins sur divers sels. Je rappellerai tout d'abord la Note prélimi-
naire 011, avant d'examiner l'action du sodam monium sur les chlorures métal^
liques, je recherchais l'action de ce corps sur le chlorure de sodium (Comptes
rendus, t. CXII, p. 392). Cetteétude était indispensable puisque le chlorure
de sodium paraissait devoir être un des produits de ces réactions. J'ai trouvé
ainsi quele chlorure de sodium, en solution dans l'ammoniac liquéfié, atta-
quait le sodammonium et produisait un chlorure de disodammonium
AzH-Na^Cl, facilement dissociable d'ailleurs en chlorure et amidure de
sodium. Cette réaction imprévue vient compliquer l'action des ammoniums
alcalins sur les sels métalliques.
Sans rechercher, pour le moment, les produits intermédiaires peu
stables qui peuvent se produire dans ces réactions, je décrirai dans cette
Note l'action du potassammonium sur le bromure de baryum. J'ai choisi à
dessein ces deux composés, plutôt que le sodammonium et le chlorure de
I3/,4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
baryum, parce que le bromure et l'amidure de potassium qui se forment
sont beaucoup plus solubles dans l'ammoniac Uquéfié que les chlorures de
potassium ou de sodium et que l'amidure de sodium; grâce à celte solubi-
lité, j'ai pu laver les produits obtenus à l'ammoniac liquide. J'ai d'abord
étudié l'action de l'ammoniac sur les bromures de baryum et de potassium.
Bromure de baryum ammoniacal. — Le bromure de baryum pur était complète-
ment desséché puis traité par un courant d'ammoniac pur et sec, obtenu comme je l'ai
décrit autrefois ( Comptes rendus, t. CIX, p. 900). U se forme un composé ammoniacal
pour lequel j'ai trouvé la formule BaBr^SAzH' i trouvé 7,988 et 8,02 pour le rapport
^ \, analogue par conséquent à celle que j"ai donnée autrefois pour le chlorure
{Comptes rendus, t. CXII, p. 228). La tension de dissociation de ce corps atteint la
pression de 760""" vers 35°, 4; j'ai constaté, aux diverses températures où j'ai opéré, que
la tension met un temps considérable, plusieurs heures, avant de devenir constante.
Bromure de potassium ammoniacal. — Le bromure de potassium se dissout dans
le gaz ammoniac liquéfié et, en refroidissant fortement la solution, on obtient une com-
binaison KBr, 4AzH' qui cristallise facilement et fond vers — 45°. A — So" l'ammoniac
liquéfié dissout environ 45 pour 100 de bromure de potassium. A l'état liquide, le bro-
mure de potassium ammoniacal n'a pas de tension fixe de dissociation; à l'état solide,
au-dessous de — 45°, sa tension de dissociation est notablement inférieure à la pression
atmosphérique; aussi ai-je dû, pour obtenir la composition de ce corps, employer la
méthode particulière que voici : pour avoir un milieu à température à peu près cons-
tante j'employais un bain d'acétone contenu dans un vase Dewar; un régulateur de tem-
pérature, un serpentin, parcouru par de l'acétone à —78°, et une petite lampe élec-
trique étaient immergés dans ce bain. Le régulateur de température servait à lancer
un courant électrique soil dans le petit moteur qui faisait circuler l'acétone 3—78° dans
le serpentin, soit dans la lampe électrique, de façon à refroidir ou à réchauffer un peu
le bain.
Dans ce bain, maintenu ainsi à température à très peu près constante, vers —60°,
étaient plongés deux tubes A et B, contenant des cristaux de KBr, 4AzH^ au sein
d'une solution saturée de ce composé dans l'ammoniac liquide; chacun de ces tubes
communiquait avec un manomètre barométrique; de plus, l'un d'eux. A, était en rela-
tion avec une trompe à mercure; en faisant fonctionner celle-ci, on put faire évaporer
l'ammoniac servant de dissolvant dans le tube A; pendant cette évaporation, la diffé-
rence de pression indiquée par les deux manomètres était d'environ i="; elle ne pou-
vait d'ailleurs dépasser sensiblement cette valeur, grâce à une disposition particulière,
trop longue à décrire, mais facile à imaginer. Cette dilTérence redevenait d'ailleurs
ant
uUe, lorsqu'on arrêtait la trompe ; mais, lorsque tout l'ammoniac servant de dissol
en A fut évaporé, celte différence ne redevint pas nulle par l'arrêt de la trompe et elle
put même être portée à So"" environ : c'est, en eflet, la différence qui existe à —60°
entre la tension de dissociation de KBr, 4AzH' et la tension de vapeur de sa solution
saturée; à ce moment je fermai à la lampe le tube contenant le bromure ammoniacal
SÉANCE DU 8 MAI igo.*). Jl\5
et une pesée m'indiqua la quantité d'ammoniac fixé (trouvé 3,96 et 4,2 au lieu de 4).
Il résulte de là que ce composé ne se formera que dans les expériences faites à très
basses températures.
Action du potassammonium sur le bromure de baryum ammoniacal. — Dans un
appareil en verre, composé de deux parties A et B, plein d'hydrogène sec, j'ai mis en A
un poids connu de BaBr^, et en B un poids connu de potassium, plus de a'" de ce
métal pour 1"°' de bromure; puis j'ai fait arriver de l'ammoniac pur et sec qui
a formé le composé BaBr^, 8AzH^ et du potassammonium; j'ai ensuite fait couler
celui-ci sur le bromure. La réaction est lente; elle dure 2 ou 3 jours; pendant ce
temps la pression augmente constamment par suite d'un dégagement lent d'hydrogène;
à l'aide d'un robinet dont l'appareil est muni, on laisse sortir du gaz de temps à autre
et l'on recueille l'hydrogène ainsi dégagé.
Quand la réaction est terminée, on lave le produit obtenu, à l'aide de l'ammoniac
liquéfié que l'on condense en A et que l'on décante en B, à 10 ou 12 reprises; puis
on laisse partir tout l'ammoniac; on sépare les deux parties A et B à la lampe. On
constate que le produit lavé, qui se trouve en A, est de l'amidure de baryum (AzH^)-Ba ;
en B se trouve du bromure de potassium, un peu d'amidure de potassium, provenant
de la décomposition spontanée du potassammonium et aussi d'amidure de baryum,
entraîné par les lavages. Dans cette partie aussi se trouve l'excès de potassium que
l'on a employé et qui n'a pas donné d'amidure.
L'équation suivante :
BaBr-+3AzH'K=:2KBr-i-Ba(AzH2)'+H=
représente donc les produits obtenus dans la réaction principale, lorsque celle-ci est
terminée
CHIMIE PHYSIQUE, — Sur i es colloïdes chloro-ferriques .
Note de M. G. Malkitaso, présentée par M. E. Roux.
De!i solutions suffisamment étendues de chlorure ferrique, par exemple
à 0,5 pour 100, fournissent par hydrolyse des colloïdes assez stables et dont
l'étude se présente dans les conditions les plus simples. J'ai cherché à éta-
blir la nature et la proportion des radicaux, qui doivent constituer les
micelles et quelques-unes des propriétés de celles-ci, par des dosages et
des essais exécutés comparativement sur la liqueur colloïdaleentièreetsur
le liquide que l'on obtient en les fdlrant au travers des membranes en coUo-
dion, qui retiennent en général les micelles.
Une solution de 5? de chlorure ferrique sublimé dans 1' d'eau soigneusement distillée,
abandonnée à l'éluveà 4o°, subit une hydrolyse lente, que l'on peut, comme l'a montré
C. R., 1905, I" Semestre. (T. C\L, N° 19.) I 5q
1246 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Foussereâu ('), suivre par l'augmentation de la conductibilité électrique. Dans ce cas
elle varie dans l'ordre de 9000 X io^« à ï3ooo X io-«. La liqueurdevienl d'unecouleur
jaune ocreuse et de plus en plus opaque, elle finit par former un sédiment. Tandis que
la sohuion primitive passait intégralement au travers d'une membrane de collodion. au
fur et à mesure que l'hydrolyse se poursuit, des quantités variables de Fe et Cl sont re-
tenues et forment un résidu acide qui n'adhère pas à la membrane. Le liquide filtré,
toujours optiquement acide, ne doit contenir que du Fe^Cl" et du HCl, car l'addition
d'acide n'amène aucun précipité, il a une conductibilité égale et quelquefois supé-
rieure à celle de la liqueur qu'on a mis à filtrer. Il est vraisemblable que l'hydrolyse se
poursuit.
A l'analyse, on trouve que les produits retenus par le filtre doivent avoir
une composition extrêmement variable et d'une façon continue. Je les re-
présenterai par la formide conventionnelle Fe- Cl" n F^O^H*, et dans mes
expériences n a varié de i,5 à 7,2.
La même solution primitive chauffée à l'autoclave entre 100° et i3o° devient d'une
couleur rouge brun, manifestement colloïdale, mais remarquablement limpide. La con-
ductibilité spécifique de ce liquide, aussitôt refroidi à 18°, passe de 9000 X lo"»
à environ 28000 x lO-^ elle descend ensuite lentement et atteint au bout d'une
semaine l'ordre de aoooo x io-«. Si l'on filtre sur du collodion les liqueurs fraîche-
ment préparées, surtout si elles ont été plus chauffées, on n'obtient pas toujours des
liquides parfaitement débarrassés de matières colloïdales, car on réussit à y amener
une précipitation par addition d'acide. En tout cas les premières portions du liquide
qui filtre et même le filtrat tout entier quand on a laissé après chauffage la solution
totale, sont des liquides presque parfaitement incolores et complètement débarrassés
de colloïdes. La conductibilité du liquide filtré peut quelquefois être inférieure à
celle de la liqueur totale, elle est égale quand celle-ci, avant la filtration, a atteint son
équilibre.
Le résidu reste sur le collodion sous forme d'un liquide brun sirupeux
et teint fortement la membrane. Par les analyses, je dois lui assigner la
formule HCl/iFe^O^HS où /i varie de 1,1 à 6,7.
J'ai attribué aux deux produits des formules qualitativement diffé-
rentes après avoir constaté que le résidu de la modification jaune desséchée
à froid d'abord et à 100° ensuite, reste soluble et ne perd que relative-
ment peu de son chlore, tandis que le résidu de la modification brune
devient en pareil cas presque complètement insoluble et il perd une pro-
portion plus grande de son chlore.
Les rapports entre les radicaux qui constituent les micelles ne sont
(') Annales de Chimie et de Physique, 6" série, t. \1,
SÉANCE DU 8 MAI igoS. 1 247
qu'accidentellement des nombres entiers, naême si l'on fait la part des
causes d'erreurs possibles. C'est que nous avons affaire à des mélanges
d'unités chimiquement et physiquement variées. En effet, en centrifugeant
une solution colloïdale, on peut la rendre hétérogène. Les couches supé-
rieures plus claires contiennent des micelles où le rapport du Cl au Fe est
nettement plus grand que dans les micelles des couches inférieures plus
opaques.
Il était à penser qu'en essayant de remettre les micelles en suspension
dans l'eau ptn-e, elles subiraient des modifications.
j'ai délayé dans de Teau de conduclibililé spécifique i.5 X lO"" les résidus de la
fdtralion des deux modifications étudiées et en filtrant et en répétant ce traitement,
j'ai obtenu des liquides contenant toujours du chlore et, seulement dans les premiers
lavages, des traces à peine sensibles de fer. Les eaux, des lavages successifs montraient
une conductibilité décroissante. Les valeurs, dans une série de 10 opérations, étaient,
par exemple : pour la modification jaune (83o, i3o, 66, 44 1 28, 26, 19, 17, la, io)x lO""
et pour la brune (97$, 176, 106, 77, 59, 4-4. 37, 3o, 28, 21) x io-«. Les préparations
que l'on obtient ainsi laissent de plus en plus sur les vases des dépôts adhérents,
signe qu'elles sont de moins en moins stables. Au bout du dixième lavage, le colloïde
de la modification jaune est précipité, celui de la modification rouge précipite si on le
chauffe.
La composition des micelles pendant ces la\age3 change d'une façon continue, leurs
propriétés physiques aussi. Jacques Duclaux a attiré mon attention sur le fait que les
micelles dans les solutions ainsi purifiées nionlreiU une charge propre, je veux dire que
la conductibilité du liquide filtré est supérieure à celle du liquide total. J'ai vu que cette
différence n'apparaît que dans les colloïdes oii i'é<[uilibre n'est pas atteint.
J'envisage les phénomènes exposés de la façon suivante : les molécules
de Fe-O^H* qui se forment par hydrolyse n'étant pas capables par elles-
mêmes de rester dispersées dans la masse du liquide devraient s'en séparer,
mais elles sont retenues dans la sphère d'attraction des ions Fe ou H. Il se
forme ainsi des groupements en proportions variables, qui ne peuvent être
considérés ni comme des molécules, ni comme des polymères, et que l'on
pourrait, par exemple, écrire : Fe-(«Fc-0''H°)Cl°, II(nFe-0''H'')Cl. Aux
variations de n, doivent correspondre des variations physiques des micelles;
les différences dans la nature de l'électrolyte doivent amener des diffé-
rences plus profondes de leurs caractères.
ACADEMIE DES SCIENCES.
ÉLECTROCHIMIE. — Réduction éleclrolytique des acides nilrocinnamiques .
Note de M. C. 3Iarie, présentée par M. H. Moissan.
Dans une Note récente (Comptes rendus, t. CXXXVI, p. i33i) j'ai montré
que l'hydrogène se fixait avec une grande facilité par électrolyse en pré-
sence de mercure sur la double liaison des acides incomplets comme l'acide
cinnamique, l'acide aconitique, etc. pour donner les acides saturés corres-
pondants. Dans celte Note j'étudierai comment se comportent à ce point
de vue les acides meta- et paranitrocinnamiques qui offrent à la fois leur
groupe nilréet leur double liaison à l'action réductrice ou hydrogénante du
courant.
L'électrolyse donne naissance d'abord aux acides azoxy et constitue
pour ces corps une méthode de préparation facile. Comme exemple je don-
nerai la préparation de l'acide m- azoxvcinnamique.
On dissout 2os d'acide nilré dans So™' de lessive de soude et 3oo™' d'eau, puis on
introduit la solution ainsi obtenue dans un bêcher contenant un vase poreux et chauffé
au bain-marie. Dans le vase poreux on introduit une solution saturée de carbonate de
soude et une anode de platine. La cathode est constituée également par une lame de pla-
tine (5= loo""'); l'intensité est de 5 ampères et l'on emploie une quantité de courant
un peu supérieure à celle calculée pour la réduction en azoxy. L'hydrogène n'appa-
raît qu'à la fin de la réduction. On sature ensuite de carbonate de soude le liquide
qui contient déjà à l'état précipité la majeure partie du sel de sodium de l'acide azoxy,
et l'on fait passer un courant de CO'. Finalement on essore à la trompe le dépôt jaune
obtenu ; on lave avec une solution de carbonate de soude et l'on décompose par l'acide
chlorhydrique pour mettre l'acide en liberté. Celui-ci est lavé à fond et séché. (Ren-
dement : 80 pour 100).
L'acide paranitrocinnamique se réduit de la même manière. Les acides
azoxycinnamiques ainsi préparés sont des corps jaunes insolubles dans l'eau
et les solvants usuels. Ils ne se dissolvent un peu que dans l'acide acétique
bouillant ou la pyridine à l'ébuUition. L'acide mêla fond à 335°-337''; l'acide
para se décompose sans fondre au-dessus de 36o°. Ils se dissolvent à chaud
dans l'acide sulfurique concentré avec une coloration rouge orangé intense.
La solution de l'acide meta, portée quelque temps à i5o°-i6o°, brunit; on
peut ensuite en retirer, par traitement à l'eau et neutralisation à la soude,
une petite quantité d'un corps cristallisé en belles lames jaunes, extrême-
ment légères, solubles dans l'eau, l'alcool, le benzène et fondant à 162°.
SÉANCE DU 8 MAI ipoS. 1249
Faute de matière, l'étude de ce corps n'a pas été poussée plus loin et sera
reprise plus lard.
L'acide /?-azoxycinnamique ne donne rien dans les mêmes conditions.
Les sels de soude de ces acides sont peu solubles dans l'eau, surtout en
présence d'un excès de carbonate de soude; l'acide carbonique en préci-
pite partiellement les acides. Les sels d'argent sont des précipites peu
colorés donnant, avec les iodures de mélhvie ou d'éthyle, des éthers. peu
solubles également qui cristallisent de l'alcool amylique chaud en paillettes
orangées extrêmement brillantes et légères. Les dérivés mêla sont moins
colorés et plus solubles que les dérivés para correspondants.
La réducliou précédente donne outre les acides azoxy une certaine quantité d'acides
aminés. Avec l'acide mêla, en saturant par H Cl les eaux mères alcalines de l'azoxy,
ou obtient par concentration le chlorhydrate de l'acide w-aminocinnamique (F. 182)
La proportion de cet acide croît avec l'excès de courant et peut atteindre aS pour 100
de la quantité théorique. L'acide ;re-aminohydrocinnamique ne se forme, dans ces
conditions, qu'en très petite quantité.
Avec l'acide para on n'obtient pas l'acide aminé, mais directement l'acide p-amino-
hydrocinnamique (F. i3i°) que l'on peut extraire à l'état de sel de cuivre de la solu-
tion débarrassée de Pazoxy.
Ces faits montrent déjà qu'il y a une différence dans la facilité avec
laquelle la chaîne latérale fixe l'hydrogène, suivant qu'elle est en position
mêla ou para. Cette différence s'affirme encore par le fait suivant : quand
on électrolyse une solution d'acide /j-nitrocinnamique avec une quantité
de courant insuffisante pour la réducliou en azoxy, on obtient de petites
quantités d'un acide nitré fusible à 161° et possédant toutes les propriétés
de l'acide p-nitroliydrocinnamique.
La fixation de l'hydrogène est si facile que l'électrolyse constitue le
meilleur moyen de transformer l'acide/j-aminocinnamique en acidep-amino-
hydrocinnamique.
Pour cela il suffit de traiter, par un léger excès de courant, la solution alcaline de
l'acide aminé en présence d'une cathode de mercure. L'hydrogène est absorbé inté-
gralement et, par le sel de cuivre, on retire facilement de la solution l'acide p-amino-
hydrocinnamique pur. Je rappellerai que Miersch (Ber., t. XCXV, p. 21 11) indique
que cette réduction exige plusieurs jours quand on l'efTectue à l'amalgame.
Acide orlhonitrocinnamique. — Cet acide, réduit dans les mêmes conditions que
les acides meta et para, ne donne pas d'azoxy. On obtient une solution fortement
colorée qui contient un acide aminé et dont l'étude n'a pas été poussée plus loin.
En résumé, les acides mêla- et paranilrucinnamique donnent, par élec-
I25o ACADÉMIE DES SCIENCES.
trolyse en solution alcaline, les acides azoxy correspondants. La position
du groupe nitro ou amino a une influence très nette sur la facilité d'hydro-
génation de la chaîne latérale. Les dérivés para donnent beaucoup plus
facilement que les dérivés meta les corps correspondants de la série hydro-
cinnamique.
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'oxyde de carbone sur l'oxyde d'argent. Son
application pour déceler des traces de ce gaz dans l'atmosphère. Note tle
M. Henri Dejcst, présentée par M. A. Dilte.
M. Berthelot a montré qu'une dissolution ammoniacale de nitrate d'ar-
gent est réduite par l'oxyde de carbone, même à froid, mais surtout à
l'ébuUition. Celte réaction est assez sensible pour pouvoir s'effectuer en
présence d'une grande quantité d'air (Bulletin de la Société chimique,
3* série, t. V, p. 369).
M. Armand Gautier a reconnu que cette réaction est différente suivant
qu'elle s'effectue à froid ou à chaud et suivant que le réactif est, ou non,
saturé; mais, lorsque l'oxyde de carbone est dilué dans un grand volume
d'air, la réacliou devient délicate, sinon impossible (Comptes rendus,
t. CXXVI, p. 873). M. Gautier a reconnu en outre que l'oxyde d'argent
humide absorbe lentement l'oxyde de carbone en se changeant en une
poudre noirâtre, amorphe, se comportant comme un carbonate d'oxydule
d'argent formé d'après la réaction
2Ag=0 + C0== Ag''CO' (')
En étudiant l'action de l'oxyde de carbone sur l'oxyde d'argent, à la
température ordinaire et à sec, nous avons reconnu que cet oxyde est
immédiatement ramené à l'état métallique, avec une élévation de tempé-
rature qui porte la masse vers 130" :
CO eaz + Ag'^0 solide =; Ag-^-r GO'-
II est quelquefois nécessaire d'élever très légèrement (40° ou 5o°) la
température de l'oxyde en un point pour fournir le travail préliminaire :
une fois commencée, la réaction dure à peine quelques secondes en don-
(') Comptes rendus, t. CXXVI, p. 8^5.
SÉANCE DU 8 MAI I9o5. I25l
nant naissance à de l'argent métallique blanc et à de l'acide carbonique
absorbable par la potasse.
Cette propriété, qui, à noire connaissance, n'avait pas encore été si-
gnalée, semble particulière à l'oxyde d'argent.
En présence de l'eau, on obtient également une réduction, mais la température delà
masse ne pouvant s'élever, la réduction de l'oxyde d'argent est très difficile et très
lente.
Cependant, en faisant, pendant i ou 2 heures, passer à froid un courant d'o\yde de
carbone dans de l'eau tenant en suspension un excès d'oxyde d'argent, on obtient,
entre autres, formation d'argent métallique, insoluble dans l'acide acétique et dans
l'ammoniaque, et formation d'une liqueur colorée en jaune marron. Abandonnée à
elle-même, cette liqueur dépose de l'argent métallique, que l'on peut lui enlever direc-
tement parfiltration, soit à travers un papier à fihre très fin, soit mieux à travers une
bougie Chamberland.
En dissolvant l'oxyde d'argent dans l'ammoniaque on obtient une liqueur incolore
où la réduction par l'oxyde de carbone se fait au contraire avec une grande facilité; la
dissolution brunit, puis noircit dès qu'elle est traversée par les premières bulles
d'oxyde de carbone. On obtient également formation d'un dépôt d'argent métallique et
d'une dissolution contenant entre autres de l'aciile carbonique et de l'argent en sus-
pension que l'on peut lui enlever par les procé^lés indiqués ci-dessus.
Cette réaction est suffisamment sensible pour qu'il soit possible de baser
sur elle une méthode de recherche de l'oxyde de carbone, méthode
approximative mais rapide. Cette méthode est particulièrement applicable
au dosage de l'oxyde de carbone qui peut être accidentellement mêlé à
l'atmosphère.
Au lieu de faire barboter l'air souillé d'oxyde de carbone dans le réactif (solution
ammoniacale contenant los par litre d'oxyde d'argent), ce qui exige l'emploi d'un sys-
tème d'aspiration, toujours lourd et encombrant, nous avons eu recours au dispositif
suivant :
Uu entonnoir, d'une capacité de 20""', se terminant par une douille effilée, est main-
tenu à quelques centimètres au-dessus d'un cristallisoir de même capacité.
L'effilure est assez fine pour que le réactif contenu dans l'entonnoir mette i heure
pour s'écouler goutte à goutte dans le cristallisoir ; le réactif oiTre ainsi, à l'atmosphère
dans laquelle se trouve l'appareil, trois surfaces de contact : une première dans l'enton-
noir, une deuxième dans le cristallisoir et une troisième à la surface de chaque goutte
pendant qu'elle se forme et pendant qu'elle tombe.
Pour se servir de l'appareil, on verse 20"""' environ de réactif dans l'entonnoir et on
les laisse s'écouler goutte à goutte dans le cristallisoir. Une fois l'entonnoir vidé, on le
remplit à nouveau, et par deux reprises, avec le réactif qui était passé dans le cristal-
lisoir.
Il ne reste plus alors qu'à comparer la coloratiim qu'a prise le liquide, primitivement
1252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
incolore, avec celles d'une échelle colorée qui accompagne l'appareil. Celte échelle
comprend trois teintes correspondant respectivement à des dilutions de l'oxyde de
carbone égales à y^, tôVôj luSuo- Cette dernière proportion est la plus faible généra-
lement estimée toxique, et c'est là le seul point intéressant pour un appareil destiné,
non pas à des recherches exactes, mais à permettre à toute per?onne, même peu fami-
lière avec les manipulations chimiques, de s'assurer de l'absence de l'oxyde de carbone
dans l'atmosphère où elle vit.
C'est pour cette même raison qu'il ne faut pas exagérer l'importance de ce fait qu'il
y a d'autres gaz que l'oxyde de carbone qui influencent le réactif: les deux gaz réduc-
teurs que nous avons pratiquement à redouter sont l'acétylène et l'hydrogène sulfuré.
Outre que leurs odeurs décèleront bien souvent leur présence, il est facile d'éliminer
de l'atmosphère où l'on opère toute action pouvant produire l'un ou l'autre de ces
deux gaz.
L'appareil, le réactif et les quelques accessoires ont été réunis en une boîte que son
petit volume (la'™ sur i6"") rend très facilement transportable.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le Strontium ammonium.
Noie (le M. Rœderer, |)résenlée par M. Haller.
Le calcium et le baryum donnent, comme on le sait, avec le gaz ammo-
niac (les ammoniums de formules Ca(?JH')% Ba(NH')"; il nous a semblé
intéressant de rechercher la composition du composé correspondant du
strontium.
Nous avons préparé ce corps en dirigeant NH^ sec sur du strontium pur refroidi
à — 60°.
Le métal se recouvre immédiatement d'efflorescences rouges mordorées qui se
résolvent ensuite sous l'influence d'un excès de NIF en un liquide bleu foncé; c'est
une solution de strontium ammonium dans un excès d'ammoniac liquide.
En enlevant du gaz ammoniac par le vide, on obtient d'abord un liquide huileux
bleu qui est la solution saturée d'ammonium dans Nil', il se dépose ensuite des cris-
taux mordorés d'ammonium solide dont la dissociation donne le métal primitivement
employé.
La tension de dissociation de l'ammonium est très faible à basse température, 10°""
environ à — 40"! mais augmente rapidement avec la température; elle est sensiblement
égale à 760"™ à la température de -I- 46°.
Nous avons analysé ce composé par la méthode de M. Joannis en cherchant à diverses
températures la composition du produit limite qui, en jjei dant une trace de NIF, donne
du strontium.
On trouve ainsi pour composition de l'aiumonium :
A —60" Sr + 6,38NH'
A— 23 Sr-h6,i5NH=
A o Sr-h6,oiNH'
SÉANCE DU 8 MAI 1905. I sfïS
A basse température, le strontium ammonium renferme donc un léger excès d'am-
moniac provenant de la dissolution de ce gaz dans le composé solide dont la formule
semble donc être Sr + 6.\H-.
Nos recherches montrent donc l'analogie de composilion de ce [)rodait
avec le baryum ammonium de formule Ba(NIF)^
CHIMIE MINÉRALE. — Osmose au travers des tubes en silice.
Note de M. G. Belloc, présentée par M. A. Qitle.
Les tubes en quartz fondu ont le grand avantage de pouvoir supporter
des températures élevées sous le vide, sans déformations sensibles. Sous
le patronage de la Société d'encouragement pour l'Industrie nationale, j'ai
entrepris une série de recherches sur les gaz occlus dans les aciers; les
tubes en porcelaine laissant fdtrer l'air au-dessus de 1000°, j'ai cherché à
utiliser les tubes en silice. Les premiers essais ont été satisfaisants; mais
après un certain nombre de chauffages successifs, l'analyse des gaz extraits
révèle la présence de l'acide carbonique; en même temps, le mercure de
la trompe se salit beaucoup, comme lorsqu'il est humide ; en outre il existe,
à froid, une certaine tension due à la présence de la vapeur d'eau.
Celte osmose de l'oxygène commence dès 600"; à celte température, ce gaz oxyde
l'hydrogène et Foxyde de carbone; mais au fur et à mesure que la température s'élève,
l'oxydation de ce dernier diminue et à 1 100° elle est nulle; on ne recueille pas trace
d'acide carbonique.
Le tube démonté laisse voir, dans la partie soumise à la chaufle, une teinte laiteuse,
insoluble dans l'eau régale. M. Osmund a eu l'obligeance d'étudier ce tube au micro
scope.
Les régions transparentes présentent la surface vitreuse normale, mais les régions
devenues laiteuses ont un aspect très particulier. On trouve d'abord de petites granu^
lations qui peuvent devenir, là où l'altération est plus profonde, comme les noyaux de
cellules polygonales jointives. Souvent le centre de ces cellules s'opacifie et, quelque-
fois, il s'en détache six branches. Enfin l'opacité peut envahir toute la cellule (l'examen
étant fait par transparence); les taches sombres s'éclairent au contraire par réflexion
et paraissent correspondre à de petits cristaux mal formés, avec une tendance aux
contours hexagonaux. D'après les travaux de M. Le Ghatelier sur les transformations
aWolropiques du quArlz {Comptes rendus, 20 mai et 12 août 1889) et en raison des
conditions de température et d'humidité auxquelles le quartz a été soumis, on peut,
avec quelques probabilités, les considérer comme de la tridyniile (').
(') Ou, tout au moins, une variété cristallisée de densité 2,2.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. GXL, N» 19.) 1""
1254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En somme, on est en présence d'un phénomène de dévitrification plus
ou moins avancée. La formation des cellules est à rapprocher de celle qui a
été observée sur le verre étiré au rouge sombre par MM. Osmond et
Cartaud {Baurnaterialienkunde, VI, Heft 18).
Ces observations sont en complet accord avec celles que M. Berthelot a
récemment communiquées à l'Académie.
CHIMIC MINÉRALE. — 5^//' un nouveau composé osmieux et une réaction de
l'usinium. Note de M. PixerCja Alvarez, présentée par M. A. Ditte.
En voulant déterminer, d'une façon précise, les circonstances les meil-
leures pour obtenir les produits successifs de réduction du peroxyde ou
tétroxyde d'osmium OsO' (acide osmique commercial) en solution aqueuse,
je suis arrivé à obtenir un nouvel iodavide osmieux dont la formule est
I^0s,2lH"? et qui, dissous, possède une belle couleur vert émeraude.
Ce composti est aussi avide d'oxygène et aussi peu stable que l'iodure ferreuN. (I-Fe).
mais il acquiert une grande stabilité en engendrant les iodosmites, surtout en présence
de solutions salines concentrées ou saturées, comme par exemple celles de chlorure de
potassium, de chlorure de calcium, etc., etc.
Le nouvel lodacide est soluble dans l'eau, beaucoup plus dans l'élher anhydre, et
insoluble dans le benzène et dans le chloroforme.
Avec les acides oxydants tels que l'acide nitri(|ue, la dissolution perd instantanément
la couleur verte et acquiert une coloration rouge comme quand on l'abandonne à l'ac-
tion de l'air.
Les nitritçs, en agissant sur ses dissolutions acides, donnent un précipité noir de
bioxyde d'osmium hydraté.
Ce composé décolore la solution de permanganate de potassium et réduit celle de
chromate acidifiée par l'acide sulfurique.
La réaction productrice du nouveau composé est d'exécution très facile, absolument
caractéristique et d'une sensibilité si extraordinaire qu'elle peut servir pour Véialua-
Lion coloriniétrique de l'osmium ea quantités de millièmes de milligramme.
Dans mes premières expériences, les corps réagissant ont été l'acide chlorhydrique
pur, concentré à 2a°B., l'iodure de potassium également pur. et la solution du composé
osmique (OsO').
J'ai remplacé ensuite avec avantage l'acide chlorhydrique par l'acide phosphorique
sirupeux à ladensité de 1,7.
Les quantités des corps réagissaot oui été 2""'' d'une solution aqueuse d'iodure de
potassium à i pour 100; i'^"'' d'acide chlorhydrique pur concentré à 22''B., ou d'acide
phosphorique sirupeux «de densité i ,7; o'^^'"',5 d'une solution aqueuse de peroxyde
d'osmium (acide osmique commercial) au centième, au millième ou au dix-millième.
SÉANCE DU 8 MAI iQoS. 1255
Pour opérer on verse avec une pipelle dans un lube d'essai les 2™' de la solution
d'iodure de potassium, on ajoute racidechiorhjdriqun ou mieux l'acide pliosphorique,
puis on agite le mélange et l'on verse immédiatement à froid dans la solution acidifiée
d'iodure, qui est incolore, une seule goutte ( ,V, de centimètre cube) de la solution
aqueuse de peroxyde d'osmium et, au bout de i ou 2 minutes, en agitant le liquide,
apparaît la coloration vert émeraude du composé osmieti.r.
La réaction est la suivante :
OsO'-MolH =POs, 2III -+- AH^O + 3I-.
En opérant avec des dissolutions d'acide osmicpie très étendues, il est bon d'ajouter
une petite quantité d'éther anhydre à la solution acide d'iodure, afin que l'iodure vert
d'osmium se dissolve dans la couche liquide éthérée surnageante.
Si la solution de peroxyde d'osmium (OsO*) était celle qu'on emploie généralement
dons les laboratoires de micrographie (i pour 100) il suffirait d'une seule goutte ( Jj de
centimètre cube) pour produire une coloration verte intense dans toute la masse du
liquide.
En ajoutant du benzène pur, ce liquide prendrait une coloration rouge groseille en
s'emparant de l'iode mis en liberté dans la réaction; en agitant le mélange pour favo-
riser l'oxvdation par l'air du composé vert osmieux, la couleur rouge du benzène aug-
menterait à mesure que l'iode se dissoudrait en plus grâhde quantité.
En employant une solution osmique contenant os,ooo5 d'acide osmique OsO* par
centimètre cube, il suffit d'une seule goutte (^ de centimètre cube), qui contient
os, 000020 de ce composé d'osmium, pour qu'apparaisse immédiatement, dans l'éther,
la teinte vert émeraude.
Si l'on ajoute de l'éther anhydre à la solution d'acide phosphorique et d'iodure
de potassium, puis une ou deux gouttes d'une solution qui contient cinq millièmes de
milligramme de peroxyde (os,ooooo5), on aperçoit encore dans la couche éthérée une
teinte verdàtre.
Il en résulte, par conséquent, que la production de ce compose vert d'osmium
peut servir pour déceler l' existence de trente-sept dico-millionièmes d'osmium
métallique.
J'ai opéré également cette réaction en décoloianl, au moyen d'une solution récente de
gaz sulfureux, quatre ou cinq gouttes d'une solution saturée d'iodure de potassium et
d'iode, à laquelle avait été mélangé préalablement le composé osmique et l'éther. Cette
opération constitue un excellent procédé pour produire l'iodure vert d'osmium très
stable.
Dans de nouvelles expériences j'ai remplacé la solution d'iodure de potassium iodé
par une solution d'iode dans l'acide iodhydrique ou par un mélange d'iode, d'acide et
de composé d'osmium.
Enfin, j'ai employé la solution iodhydrique diluée, obtenue par la réaction do l'iode
et du gaz sulfhydrique, en présence de l'eau, en éliminant l'excès de ce dernier par la
chaleur; les résultats ont été identiques ou à peu près. Nous devons remarquer cepen-
dant que, lorsqu'on utilise l'acide iodhydrique libre comme réactif, il faut l'employer en
I25Ô ACADÉMIE DES SCIENCES.
très grand excès el d'un seul cûu2i, pour arriver à obtenir l'iodacide osmieux. de cou-
leur verte sans production d'autres corps intermédiaires jaunes, rouges ou noirs.
Les mélanges générateurs d'acide iodhydrique (acide naissant) que nous avons men-
tionnés, sont beaucoup plus recommandables, et l'on doit employer des solutions d'io-
dure de potassium assez concentrées; pour rendre inaltérable le composé vert osmieux,
il convient d'ajouter un sel, tel que le chlorure de calcium cristallisé, par exemple.
Il est également bon, après avoir obtenu la solution osmieuse verte, d'ajouter
quelques fragments de carbonate de calcium pur (spath d'Islande) pour neutraliser
l'acide phosphorique en excès.
Faisant un choix parmi les nombreuses expériences réalisées, qui sont la
base des règles précédentes, j'indique ci-après deux de celles qui m'ont
donné un liquide stable d'une belle couleur verte, qu'on purifie en soumet-
tant ce liquide à l'action du benzène (C°H") afin qu'il dissolve tout l'iode
libre produit dans la réaction.
! Solution d'iodure de potassium (IK) à 20 pour loo 2
Acide phosphorique ( PO* H^ ) i
Solution osmique (OsO') à i pour 100 ^
Solution saturée de chlorure de calcium cristallisé (Cl-Ca, 611-0 ) 2
/ Solution d'iodure de potassium (IK) à 20 pour 100 2
„ ' Acide phosjihorique (PO*H^) 2
«Solution osmique (OsO*) à 1 pour 100 -^
Solution saturée de chlorure de calcium cristallisé (Cl-Ca, 6II-0) 3
Au lieu d'ajouter la solution saturée de chlorure de calcium à celle d'iodure osmieux,
il est préférable d'ajouter ledit chlorure à l'état solide, jusqu'à saturation, et ensuite les
petits cristaux de spath d'Islande. En lavant le produit avec du benzène il devient d'une
couleur verte très pure.
Comme conclusion, il résulte des études qui précèdent que non seule-
ment l'acide iodhydrique naissant est un bon réactil' qualitatif et quantitatif
des composés d'osmium, mais encore que ceux-ci (spécialement le per-
oxyde) le sont à leur tour des iodures, même lorsquils se trouvent en présence
de chlonires et de bromures.
CHIMIE ORGAMQUE. — Action des alcalis sur les solutions aqueuses d'acétol.
Note de M. André Kling, présentée par M. Troost.
Les dissolutions aqueuses d'acétol pur et parfaitement exempt d'éthers
acéloliques sont franchement acides vis-à-vis des différents indicateurs co-
lorés. Si l'on cherche à neutraliser leur acidité par addition d'alcalis, on
SÉANCE DU 8 MAI IQoS. 1257
voit que la saturation ne s'effectue pas du premier coup, et que les solution s
obtenues reviennent lentement de la neutralité à l'acidité. A froid, ce n'est
qu'après avoir opéré un grand nombre de neutralisations partielles qu'on
arrive à la neutralité définitive; à l'ébullition celte dernière est atteinte
beaucoup plus rapidement; sans, pour cela, être immédiate. Si, à une dis-
solution aqueuse d'acétol, définitivement neutralisée par un alcali, on ajoute
un excès de ce dernier, on constate que cet excès est tout entier à l'état de
liberté, et qu'à froid, il est immédiatement neutralisablepar l'acide ajouté ,
tandis qu'à chaud, la neutralisation de cet excès ne s'effectue, vers la fin,
que par étapes successives.
J'ai constaté que les résultats obtenus dans les titrages d'une même solu-
tion aqueuse d'acétol étaient indépendants de la nature de l'alcali, de la
dilution et de la température; cette dernière n'a d'influence que sur la
durée nécessaire pour atteindre la saturation définitive.
Il n'en est pas de même de la nature de l'indicateur qui influe considé-
rablement sur la valeur des résultats obtenus dans le titrage.
N
Ainsi, 2", 58 d'acétol titrés avec KOH à — exigent : ,
cms • mol mol
6,0 de cette soliilioii vis-;i-vis l'hélianthine, soii pour I d'acétol. o,oi de KOH
33.4 " 'e tournesol, » i )> . 0,09 »
33.5 » la phtaléine, » i ». 0,09 »
Ces résultats nous montrent donc que l'acétol aqueux fonctionne comme
un acide dont la force est de la grandeur de celle des pseudo-acides d'où
dérivent les indicateurs colorés employés en analyse. Il y a donc lieu de se
demander si l'acétol n'est pas lui-même un pseudo-acide.
On sait que ces pseudo-acides sont des composés qui, à l'état anhydre,
n'ont pas la constitution d'acides, mais qui, au contact de l'eau et surtout
en présence d'alcalis, se transforment en acides faibles. Hantszch a montré
que le passage de la forme normale de ces composés à la forme acide
(nommée depuis aci) ne s'effectue pas instantanément. Pendant toute la
durée de la transformation de la forme normale en forme aci, les constantes
physiques de la solution alcaline d'un pseudo-acide et en particulier sa
conductibilité électrique varient progressivement jusqu'à une limite cor-
respondant à la réalisation d'un état d'équilibre définitif entre les deux
formes, l'eau et l'alcali en présence.
J'ai donc étudié la conductibilité, à différents instants, de solutions alca-
lines d'acétol en vue de rechercher si elles se comportent comme des solu-
tions de pseudo-acides.
1258
ACADEMIE DES SCIENCES.
A cel elTet, j'ai employé lappareil de Kol)lrausch en me plîiçanl dans les condilions
telles que les déterminations aient le maximum de sensibilité. Pour cela j"ai opéré
avec des solutions d'acétol et d'alcali se saturant à peu près, à volumes égaux, vis-à-vis
de la phtaléine. De cette façon, on évite que les faibles diflérences de conductibilité
pouvant se produire ne soient masquées par une conductibilité trop grande, en valeur
absolue, due à un trop grand excès d'alcali libre. J'ai donc opéré avec des solutions
contenant respectivement i"°' d'acétol pour o'""', i3 de NaOH environ (provenant de
l'action de Na sur 11 011 (')].
Ij'appareil étant monté à la façon habituelle, il a été fait deux séries
d'expériences, dont les résultats sont consignés dans les Tableaux ci-
dessous. Dans ces Tableaux, T représente, en minutes, le temps écoulé à
partir du moment où les deux solutions d'acétol et d'alcali ont été mélan-
gées à température constante t, a la valeur de l'une des branches du pont,
X la résistance en ohms des mélanges; elle a été calculée dans chaque cas
à l'aide de la formule
ic = R X
Première exper
:i<:m' sol. acélol à i- | Diluliim de l'acélol dans le
^ ■ N
. , , „ .-,.. . '^' l mêlante = - ■
;,cni' sol. NaOH a — ] s
I 700 233,3
■i. 703 236,7
3 70.5 239,0
4 707 241,3
6 708 242,5
7 709 243,6
10 710 244,8
1.5 712 247,2
20 714 249,7
2.5 715 25o,9
3o 716 252,1
35 718 254,6
60 722 259,7
ce 722 2.59,7
L'examen de ce Tableau montre
1000 — a
Deuxième expérience
W =
100"''""
= 10»
8.
5cn.' s„l. a
télol
,J|ni,.„
un de 1
acélol
5em" sol. N
■y.
1OH
X î mél
... 84i
ïnge =
i6'
X.
528
5.
... 844
541
10.
... 845
545
. . . 855
fio^i
. . 858
... 861
(35 .
6x9
80.
... 861
619
-
... 8G1
619
x .
... 861
6.9
nie les valeurs de la résistance des
(') Trouvé, par le titrage direct avec la phtal
Q™f 1,064 environ de NaOH.
^ue i"^"' d'acétol correspond à
SÉANCE UU 8 MAI igoS. 1239
solutions aqueuses d'acétol vont en augmentant jusqu'à une certaine
limite. L'acétol se comporte donc comme nn pseudo-acide.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la saccharijiralion par le malt des amidons arti-
ficiels. Note de M. Eue. Roux, présentée par M. L. Maquenne.
Après avoir établi les analogies que présentent, au point de vue de leur
rétrogradation ('), les solutions d'amidons artificiels avec les empois de
fécule, il importait d'étudier, comparativement avec ces derniers, leur sac-
charification par le malt dans différentes conditions : c'est le résultat de ce
travail que nous allons faire connaître.
Nous rappellerons que, pour obtenir la saccharification des amidons
artificiels, ceux-ci doivent être dissous par l'eau à i5o" et que la diastase
doit être ajoutée aussitôt que possible à la liqueur encore chaude, pour
éviter sa rétrogradation, qui est alors très rapide. La même précaution est
nécessaire pour certains amidons naturels, celui de pois, par exemple, qui,
après avoir été chauffé à 120*', renferme encore 3 à 4 pour 100 d'amylocel-
lulose insoluble et non saccharifiable.
Saccharification à 56°. — Les expériences suivantes ont porté sur les trois
sortes d'amidons artificiels décrits dans la Note précédemment citée. Leur
solution à 3,3 pour 100 a été réalisée en chauffant 4 niinutes à i5o°. La
saccharification faite à 56°, en présence d'un excès de malt, a été prolongée
4 heures. On a dosé le maltose formé après avoir établi, au moyen de mal-
tose pur, le coefficient exact de réduction que présente ce sucre dans les
conditions opératoires adoptées. Nous avons ensuite déterminé le rap-
port -j du maltose anhydre formé à la quantité d'amidon solubilisé.
Amidon arlifîcieL\ 398,9
B 426,9
» C 387,6
Empois f 45""" ''"'O" 826,0
de 4"^ » 328,0
fécule 1 i5"' à 120" 642,0
chaufles ( i5'"li 100° 6.J1.6
) Comptes rendus, t. C\L, p. 943.
4l6,2
0,9.58
435,1
o,98^
445.9
0,965
399 >o
0,818
4oo,7
o,8i8
787.4
o,8i4
787,4
0,828
I26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il ressort de ces résultats que les amidons artificiels sont saccharifiés,
à 56", comme de la fécule, mais, aussi, qu'ils donnent une proportion de
maltose plus forte de j environ.
Pour obtenir une conBrmalion de ce fait im])ortant nous avons extrait,
en nature, le sucre formé dans la saccharification comparée d'un amidon
artificiel du type A et de la fécule et constaté, d'autre part, l'absence de
glucose dans les produits obtenus.
0,823
i Maltose
1 Devlrines....
\ Maltose
( Dextrines. . . .
. q3,2
.. 6,8
. . 54,3
.. 45,7
79>6
Produits isolés
P-
lOO.
20,4
3o,4
69,6
Le pouvoir rotatoire [a]n = + i3o°, ainsi que les caractères de la phény-
losazone obtenue ont montré que le sucre isolé était bien, dans les deux
cas, du maltose hydraté pur. L'amidon artificiel en a fourni près de deux
fois autant que la fécule.
Le rendement en maltose, avec la fécule, est celui qu'on obtient ludM-
tuellement, soit environ le tiers de la quantité réelle : avec l'amielon arti-
ficiel on a pu extraire les ^. Les dextrines qui se forment dans la sacchari-
fication de l'amidon artificiel sont presque complètement solubles dans
l'alcool, ce qui, en rendant plus difficile la séparation du maltose, diminue
beaucoup le rendement et fournit des eaux mères encore très riches, avec
lesquelles on obtient par la phénylhydrazine une abondante cristallisation
de maltosazone pure.
Saccharification à 67". — On sait que lorsque la température de saccha-
rification s'élève la quantité de maltose formée par la fécule diminue par
rapport à celle des dextrines : l'expérience suivante, faite à 67", montre
qu'il en est de même avec les amidons artificiels. Mais, comme précé-
demment, cette quantité reste supérieure à celle que fournit la fécule traitée
dans les mêmes conditions.
jMaltosc Amidon M
formé. solubilisù. \'
Amidon artificiel A 204,1 46o,8 o,55i
Fécule 1*^0,0 399,6 o,45o
Saccharification à 80°. — Le malt, préalablement chauffé à 80°, perd,
comme on le sait, ses propriétés saccharifiantes et conserve seulement le
SÉANCE DU 8 MAI ipoS. 1261
pouvoir de liquéfier les empois de fécule. T.e malt ainsi traité n'exerce
qu'une action à peu près nulle sur les amidons artificiels, même après
qu'ils ont été amenés à l'état de solution parfaite.
Sacchariflcation à 56° des solutions d'amidons artificiels rétrogrades. —
Afin de voir quelle influence exerce la rétrogradation sur les résultats de
la saccharification, nous avons déteiminé le rapport — dans les solutions
précédentes, traitées par le malt à 56°, après les avoir abandonnées à elles-
mêmes pendant des temps variables.
, , , w
\aleurs du rapport — •
Érhnnlillons A. B. C. Fécule!
Solutions fraîches 0,968 0,981 0,96.5 0,818
I 3 heures » 0,9.56 0,978 0,811
6 » 0,915 0,960 0,953 0,798
24 » o,95i 0,966 0,982 0,806
72 » » 0,960 » 0,785
Conservées
Les nombres précédents montrent que la partie restée saccharifiable
après la rétrogradation est semblable à la matière initiale, puisque le rap-
M
port j- a conservé une valeur à peu près constante, ou s'est à peine abaissé.
M. Maquenne (') avait déjà constaté ce fait avec les empois de fécule
rétrogrades.
Conclusions : 1° Les amidons artificiels sont saccharifiables par le malt,
comme la fécule. Ils donnent les mêmes produits de saccharification, c'est-
à-dire du maltose et des dextrines, lesquels se forment en proportions
relatives qui dépendent de la température à laquelle on a fait agir le malt,
ainsi que cela se produit avec la fécule.
1° Dans des conditions identiques de saccharification les amidons artifi-
ciels donnent plus de maltose que la fécule (environ \ en plus), et les dex-
trines qu'ils fournissent sont presque complètement solubles dans l'alcool.
Ces résultats établissent une nouvelle analogie entre les amidons artifi-
ciels et la fécule, qui vient s'ajouter à celles que nous avons déjà fait
connaître.
(') Ann. dti Chiin. et de fins., 8" série, l. II, p. log.
Semestre. (T. CXL, N» 19.)
[6t
[262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des métaux ammoniums sur les dérivés halo-
gènes du méthane. Note de M. E. CnAnLAV, présentée par M. Haller.
Les mélaux ammoniums présentent une aptiUide particulière à réagir, dès
la température ordinaire et au-dessous sur un grand nombre de corps,
comme le montrent les expériences de M. Joannis sur diverses combi-
naisons des métalloïdes, combinaisons qui, dans certains cas, ne réagissent
qu'à température élevée : l'action de l'oxyde azoteux sur les ammoniums
alcalins en est un exemple remarquable. J'ai pensé que ces ammoniums
réagiraient facilement sur les composés organiques et qu'il serait intéressant
de voir de quelle façon il se comportent vis-à-vis des différentes fonctions.
La Communication faite récemment par M. Lebeau {Comptes rendus,
t. CXL, p. 1042) m'oblige à faire connaître, dès maintenant, les résultats
des recherches que je poursuis depuis un an.
Les carbures d'hydrogène, exception faite de l'acétylène, n'ayant qu'ime
action très lente ou même nulle sur les ammoniums alcalins, j'ai tout
d'abord étudié l'action de ces ammoniums sur les dérivés chlorés ou iodés
des carbures.
Action du chlorure de mélhyle sur le sodaminonium. — Pour éludier cette action
je me suis servi de chlorure de mélhyle gazeux renfermé dans un gazomèlre à mercure
gradué; le gaz était dirigé dans un tube convenablement refroidi où se trouvait une
solution de sodanimonium. L'altaque se produit facilement, le métal ammonium se
décolore et un solide blanc prend naissance; il est constitué par du chlorure de sodium.
On arrête l'arrivée du chlorure de méthyle quand la couleur du sodammonium a dis-
paru. Pendant la réaction il se dégage un gaz qui n'est pas soUible dans l'eau, c'esl du
méthane.
De plus on constate que les gaz qui sortent de l'appareil onl une odeur très marquée
de niéthylamine.
La formule suivante rend compte de la réaction
2 Az IP . Na + 2 GH' . Cl = 2 \a Cl + CH» + CtP . Az 11'- -H Az H^
Des analyses faites sur plusieurs opérations viennent i'i l'appui de celle équation.
Ces résultats semblent indiquer que dans cette réaction le sodammonium agit à la
fois par son sodium et son ammoniac.
Action du chloroforme sur le sodammonium. — Cette action est plus complexe
que la précédente, et, dans plusieurs expériences, nous avons obtenu des proportions
différentes des divers produits qui se forment. On constate tout d'abord, pendant
l'action, un dégagement de gaz formé principalement de méthane (0™°', 38 pour 1'"°'
SÉANCE DU 8 MAI UjoS. 1 2G3
de chloroforme dans une expérience) accompagné de petites quanlilés d'étliylène el
d'acétylène. Après la réaction, dans le produit obtenu, qui a une couleur café au lait
clair, se Irouvenl du chlorure de sodium, de l'amidure de sodium et une quantité
notable de cyanure (de o'^''\i à o""'',^ pour i"'°' de chloroforme).
Je vais donner comme exemple la composition de ces divers produits obtenus avec
riodoforme.
Action de l'iodoforme sur le sodatnmontiiui. — L'iodoforme est assez soluble dans
le gaz ammoniac liquéfié à la température d"él)ulliiion de ce dernier. Si Ton refroidit
à — 78" la solution ammoniacale d'iodoforme, il ^e dépose des cristaux blancs étoiles
qui ont pour formule CHI^ H- AzH'.
Cette combinaison est stable à — 23°(ébullition du chlorure de méthyle), el sa ten-
sion de dissociation devient égale à la jiression atmosphérique à — 14° environ; au-
dessus, les cristaux perdent leur arnmoniac, et l'iodoforme jaune réapparaît.
Le sodammonium réagit énergiquement sur la solution ammoniacale d'iodoforme;
la solution bleu indigo prend d'abord la couleur du permanganate, puis se décolore
complètement. On obtient les mêmes produits qu'avec le chloroforme, en voici la
composition :
CHPmis 2miUunoi^67 Na Cv o'-'ii°><'i,26oi CM'' 20
P correspondant. 8'"i"i-",oi Nal -miiiimol^gg G^1I--1- C-H*. 0,9a
C- correspondant, aniiuiai g.- C* des carbures. o"""'^',836 < . ', "
^ ' ' / Az- 0,72
Je n'ai pu déterminer ce que devenait le carbone manquant.
Ces résultats montrent que la réaction est compliquée et ne peut se traduire par une
formule simple; comme avec le chloroforme, le sodium prend tout l'halogène. Quant
au carbone, le tiers environ se transforme en carbures d'hydrogène formés surtout de
méthane et une autre partie donne du cyanure en quantité variable.
Action du sodammonium sur le tétrachlorure de carbone. — Je n'ai pas constaté
avec ce dernier corps la présence de carbures élhyléniques ou acétyléniques; le gaz
recueilli est formé de méthane renfermant un peu d'azote. De même qu'avec les
dérivés trihalogénés la réaction est compliquée; voici les résultats d'une expérience :
CCI* mis g-ii'i^oi.oS NaCy /jn.iiHmoi cil'. a-'ii-oSôi
Cl^ correspondant. 36'"""='S 2 iNaC'l Sb-^i'i-So k/.'- . o^^i'i^SSe
C- correspondant. 9°'i"'=",o5 C'- des carbures. 2"''""",6i
Les gaz contiennent un peu de vapeurs de chlorure de carbone dont il est facile de
se débarrasser au moyen d'un bâton de potasse imbibé d'alcool.
[264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGAMQUE. — Sur l'emploi des métaux amrnonhum en Chimie
organique; formation des aminés primaires. Note de M. Paul Lkbe.vu,
présentée par M. Henri Moissan.
Nous avons montré, dans une précédente Communication ( '), que les
métaux ammoniums réagissaient sur le dérivé halogène monosubstitué
d'un carbure forménique, pour régénérer ce carbure. Il nous a paru que
cette hydrogénation pouvait être attribuée à la transformation du métal
ammonium en amidure. L'action du chlorure de méthyle sur le sodammo-
nium, par exemple, serait exprimée par l'équation suivante :
CH'Cl 4- Az-H«Na- = CH* -+- AzH-Na H- NaC! + AzH'.
Nous avons repris nos expériences dans le but de vérifier si tel était en
effet le mécanisme de la réaction.
Les produits de la réaction ne renfermaient pas d'amidure de sodium, ce qui nous
a conduit à supposer que ce dernier corps avait pu disparaître dans une réaction
secondaire, telle que la formation d'une aminé primaire, aux dépens du dérivé halogène
utilisé :
CH'Cl -H AzH-^Na = CH'. AzH=+ NaCI.
Dans ce cas, la monoéthylamine volatilisée en même temps que le gaz ammoniac
devait être recherchée dans l'eau ayant servi à dissoudre ce dernier gaz. La solution a
été évaporée à siccilé et le résidu sec a été épuisé par l'alcool absolu, qui ne dissout
que des traces de chlorure d'ammonium. L'évaporation de la solution alcoolique nous
a permis de recueillir une quantité suffisante de chlorhydrate d'aminé, pour isoler et
caractériser nettement la monoraélhylamine.
L'iodure d'éthyle, réagissant sur le sodammonium, donne également, à côté de
l'éthane, l'aminé primaire correspondante.
L'amidure de sodium a déjà été employé comme réactif en Chimie orga-
nique, par un certain nombre d'auteurs, notamment par MM. Titherley ( ^),
Franklin et Kraus ('), Alexeïeff('') et Bridil (" ). Plus récemment, M. Hal-
(') P. Lebeau, Comptes rendus, t. CXL, 1900, p. i04'!.
(-) TiTHERLEV, Journ. Chem. Soc., t. LXV, 1894, p. 5o4; t. LXXI, 1897, p. 46o;
t. LXXIX, 1901, p. 391; t. LXXXI, 1902, p. 1020.
(') Franklin et Kraus, Amer. Journ., t. XXIII, 1900, p. 277.
(') Alexeïeff, J. Soc.ph. cliim. russe, t. XXXIV, 1902, p. 52o.
{'') Brlhl, Rer. chem. GeselL, t. XXXVI, p. i3o6.
SÉANCE DU 8 MAI igoS. 1265
1er ( ' ) utilisait ce composé pour la préparation des cétones sodées exemptes
d'alcools sodés. La formation d'aminés, au moyen de l'amidure, a été sur-
tout observée dans son action sur les dérivés sulfonés aromatiques. Les
dérivés halogènes monosubstitués des carbures forméniques ne donne-
raient, d'après Titherley, et seulement au-dessus de 200°, que des produits
de destruction de leur molécule. Toutefois Alexeïeff a réussi à préparer, en
faisant agir l'iodure d'amyle sur l'amidure de sodium à 180" en tube scellé,
un mélange d'aminés, riche surtout en aminé tertiaire. Il était donc indis-
pensable de rechercher si l'amidure de sodium pouvait réagir sur un halo-
gène alcoolique, dans les conditions de nos expériences.
Si l'on verse, sur de l'amidure de sodium f(jndu et ensuite rapidement pulvérisé,
de l'iodure d'éthyle, il ne se produit aucune réaction visible à la température ordi-
naire, mais si l'on refroidit le mélange des deux substances, placé dans un gros tube
à essai, traversé par du gaz ammoniac sec, de manière à liquéfier quelques centimètres
cubes de ce gaz, il n'en est plus de même. L'amidure de sodium se dissout faiblement
dans l'ammoniac liquide et sa solution surnage la couche d'iodure d'étliyle. A — 40°
une réaction se produit et se manifeste par un dégagement de chaleur qui provoque
la vaporisation du gaz ammoniac à la surface de séparation des deux liquides. L'ami-
dure de sodium disparaît peu à peu et l'on trouve finalement dans le tube, après avoir
laissé la température s'élever, un résidu blanc volumineux d'iodure de sodium, rete-
nant de l'ammoniac et de la monoéthylamine. Celle dernière base a été en outre en
grande partie entraînée par le gaz ammoniac. Nous avons pu en isoler une quantité
suffisante pour la caractériser.
Nous sommes donc en droit d'admettre que dans l'action du métal am-
monium, l'hydrogénation est due à la transformation de ce composé en
amidure, ce dernier corps concourant ensuite à la formation d'une aminé.
Il en résulte que, pour 1™°' de sodammonium Az-II°Na^, 2'"°' d'un iodure
alcoolique, par exemple, doivent intervenir. Cette dernière vérification
a été faite dans l'étude de l'action de l'iodure de propyle normal sur le sod-
ammonium.
On a pesé exactement le sodium mis en expérience, et ce métal a été dissous dans le
gaz ammoniac liquéfié de manière à obtenir une solution de sodammonium. L'iodure
de propyle a été ajouté goutte à goutte et en agitant constamment jusqu'à décoloration
permanente. Le poids de l'iodure utilisé a été déterminé à os, 5 près. Nous avons obtenu
les résultats suivants ;
I. II. III.
Poids de sodium 2»,'3içi as ^.s,S83
Poids d'iodure consommé. .. . 17s i6s 20s, 5
(') IIaller, Comptes rendus, t. CXXXVIII, 190A, p. iiSg.
1266 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les poids d'iodiires calculés pour satisfaire aux équations suivantes :
( I ) C^ H" l -h \z' H' ^a^ = C H« -h Az 1 1- \a -+- Na I -r Az H",
(2) C^'HU-i-AzH^Na = C^H'AzH^-i- \al,
ou
2C'H'l-)-Az-ll«Xa^— C^H8 4-CMnA/.lP+ 2NaI + AzH',
seraient respectivement i6s,4, i46,8 et 2is, 3.
En outre, les volumes de gaz propane formé dans ces divers essais ont pu être éva
lues approximativement et ils se rapprochent d'une façon satisfaisante des volumes
calculés.
Dans la série aromatique, la réaction fournie par le sodammonium semble être com-
parable. La benzine monochlorée nous a donné de la benzine et de l'aniline.
Les métaux ammoniums, réagissant sur les dérivés mcnosubstitués des
carbures saturés, se comportent donc comme hydrogénants par suite de
leur transformation en amidure; ces derniers corps étant immédiatement
détruits poiu' fournir l'aminé primaire correspondante. Nous avons mon-
tré, en outre, que l'emploi de l'amidure de sodium pour la fixation du
groupe AzH^ pouvait être obtenu à basse température par l'utilisation d'un
dissolvant convenable. Nous ajouterons toutefois que pour conserver à
ces réactions leur simplicité il faut avoir soin d'éviter un excès de l'halogène
alcoolique qui pourrait donner des actions secondaires.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur un nouveau mode de caractérisation de la pureté
du lait basé sur la recherche de l'ammoniaque. Note de MM. A. Triixat
et Sauton, présentée par M. Roux.
En appliquant au lait la méthode delà recherche de l'ammoniaque basée
sur la réaction de l'iodurc d'azote, méthode déjà décrite par l'un denous('),
nous avons pu constater un fait intéressant : c'est que, parmi- les laits que
nous avons prélevés à Paris, un certain nombre contenaient de l'ammo-
niaque. Nous nous sommes demandé quelle était la cause de cette formation
d'ammoniaque et nous avons examiné si l'on pouvait en tirer un parti pour
caractériser la pureté du lait. Nous donnons dans cette Noie le résumé des
travaux concernant l'étude de cette question qui n'avait pas encore fixé
l'attention.
(') Comptes rendus, 6 févriei- 190.5.
SÉANCE DU '. Comme je l'ai montré,
cette déformation ne peut être le résultat de la translation observée, que si
dans la calcite des molécules symétriques sont diamétralement placées
SÉANCE DU 8 MAI igoD. 1269
relativement au plan 6'. Or à un moment donné, pendant la durée de la
translation, les droites joignant les centres de gravité de deux molécules
symétriques sont perpendiculaires sur le plan b' , qui est momentanément
un plan de symétrie du cristal. Si donc les conditions d'équilibre étaient
remplies, lorsque cette perpendicularité est acquise, le cristal de calcite se
trouverait transformé en un cristal orthorhnmbique, dont les trois plans de
symétrie seraient le plan h' , le plan d' perpendiculaire sur ce plan b' , et
un troisième plan perpendiculaire sur les deux précédents.
Cette analyse de la déformation nous montre que l'on ne pourra passer
d'une forme à l'autre par actions mécaniques que si le polymorphisme est
direct, c'est-à-dire si la particule complexe et le réseau de l'une peuvent
résulter delà déformation delà particule et du réseau de l'autre, et en second
lieu si les deux formes sont stables à la même température. Ces deux con-
ditions paraissent très rarement réalisées simultanément dans un même
corps. J'en ai constaté l'existence dans un mélange cristallisé contenant i^
d'azotate de thallium pour 7e d'azotate d'ammonium. Ce corps est stable à
la température ordinaire sous deux formes : dans la première il est quasi-
quadratique, positif, et se macle suivant les plans b' et A'; dans la seconde,
il présente l'ensemble des caractères de l'azotate d'ammonium : il est
quasi-ternaire, négatif, très biréfringent, et ne se macle pas. La forme i
étant seule stable aux hautes températures, et les cristaux s'obtenant par
fusion, c'est sous cette forme qu'ils se présentent. Mais si on les comprime
légèrement avec la pointe d'une aiguille, on les ramène à la forme 2, une
plage de la première donnant naissance à une plage unique de la seconde :
les deux formes sont donc bien orientées l'une par rapport à l'autre. Mais
le point intéressant de cette expérience consiste en ce que si l'on repasse
l'aiguille sur une plage 2 provenant de la transformation, on peut la trans-
former en une plage i. Le phénomène se présente donc avec toutes les
particularités de la production des macles artificielles; mais cette réversi-
bilité disparaît quand la proportion d'azotate d'ammonium dans le mélange
cristallisé est supérieure à 7 pour i.
On arrive encore assez facilement à se rendre compte des relations
d'orientation des deux formes, en déterminant l'orientation relative aux
ellipsoïdes optiques de certaines sections avant et après la déformation. On
établit ainsi que l'un des plans de macles h' de la forme i devient un plan
de symétrie de la forme 2, tandis que les deux plans m de symétrie de la
première forme deviennent des plans de macles de la seconde.
C'est le premier exemple connu de transformation polymorphique par
G. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N" 19.) ^^~
i27d ACADÉMIE DES SCIENCES.
actions mécimiqui S, mais il est fort probable que l'on en trouvera d'autres
thaiii tenant que l'attention est appelée sur ce sujet.
MINÉRALOGIE. — Sur l'étal de conservation des minéraux de la terre arable.
Note de M. Cayeux, présentée par M. Michel Lévy.
On enseigne de|Hiis longtemps que la terre arable résulte de la désagré-
gation et de la décorftposition des roches éruplives et sédimentaires. Cette
notion implique naturellement la présence dans le dépôt de minéraux
altérés ou en voie d'altération.
Les récentes recherches de MM. Delage et Lagatu (' ), dont les résultats
ont été communiqués à l'Académie, tendent à modifier complètement nos
idées à ce sujet. Suivant ces auteurs, la terre arable n'est pas formée de
minéraux plus ou moins décomposés, elle ne renferme que des espèces
minérales d'une pureté absolument parfaite. Cette idée fondamentale des
trâvalix de MM. Delage et Lagatu, si elle était confirmée, renouvellerait
tous les problèmes dont la solution dépend de la constitution de la terre
arable, et notamment celui de l'élaboration des solutions mJnérales desti-
liées aux végétaux.
L'analyse micrographique de nombreux échantillons de limons et sols
arables, commencée en 1890, m'a conduit à des conclusions différentes de
celles de MM. Delage et Lagatu sur l'état de conservation des minéraux.
Mes observations personnelles ttle permettent d'affirmer que la présence de
matériaux altérés à des degrés fort divers, et en proportions très variables, est
■ la règle absolument générale. Les feldspaths, le mica noir, les amphiboles
primordiales, les pyroxènes, le péridot, la magnétite, etc., c'est-à-dire tous
les minéraux essentiels des roches éruptives, à l'exception du quartz, sont
plus ou moins décomposés. La glauconie, ce silicate complexe, si digne
d'attention en raison de sa forte teneur en potasse et de sa grande diffusion,
se rencontre dans beaucoup de terres arables à tous les états, depuis le
grain franchement vert et intact jusqu'à l'élément entièrement transformé
en limonite et dépouillé de sa potasse.
(') A. Delage et Lagatu, Sur la constitution de la Icire arable (Comptes rendus,
l. CXXXIX, p. io43-io44); Sur les espèces minérales de la terre arable {Comptes
rendus, t. CXXXlX, p. i233-i235); Constitution de la terre arable, 25 pages; Mont-
pelliei', 1905.
SÉANCE DU 8 MAI igoS. 1271
Dans toutes les terres arables, dans tous les limons soumis à l'analyse
microscopique, la présence de minéraux en voie de décomposition est
constante. Je n'ai pas encore observé une seule terre dont tous les miné-
raux soient complètement dépourvus de traces d'altération.
J'ai reconnu, dans tous les échantillons que j'ai étudiés, trois classes
d'éléments, doués de propriétés bien distinctes :
1° Des minéraux inaltérables;
2° Des minéraux susceptibles de se dissoudre sans laisser de produits
d'altération ;
3° Des minéraux épigénisés, c'est-à-dire altérés. Les espèces de cette
dernière catégorie qui laissent des produits d'altération en se décomposant
sont très nombreuses; ce sont, pour la piii[)art, des silicates alcalins, des
silicates alcalino-terreux, des silicates ferro-magnésiens, dont la décompo-
sition met en liberté des bases dont plusieurs sont très importantes pour
l'Agriculture.
Ces faits, sur lesquels je reviendrai dans une étude détaillée, cloivent
servir de point de départ pour expliquer l'élaboration des solutions desti-
nées à l'alimentation des plantes. Après avoir reconnu qu'il n'y a dans la
terre végétale que des « espèces minérales d'une pureté absolument par-
faite », MM. Delage et Lagatu ont été conduits à formuler une théorie nou-
velle sur la préparation des solutions minérales servant à la nutrition des
plantes. Ils ont supposé que tous les matériaux de la terre arable peuvent
se dissoudre directement, que des minéraux complexes comme la biotite,
c'est-à-dire des silicates renfermant jusqu'à dix bases différentes ne se
décomposent pas, mais passent à l'état de solution dans l'eau.
S'il existe des minéraux en décomposition dans toutes les terres arables,
comme je crois pouvoir l'affirmer, la conception de la dissolution directe
de leurs éléments qui n'est appuyée par aucun fait d'expérience cesse d'être
une hypothèse nécessaire. On a admis jusqu'à ce jour que les solutions
minérales destinées aux plantes s'élaborent par dissolution ou par décompo-
sition, suivant la nature des matériaux, et que l'altération de nombreux
minéraux qui ne peuvent se dissoudre directement engendre des carbonates
solubles qui contribuent à alimenter les végétaux. C'est l'opinion qui s'im-
pose encore dans l'état actuel de nos connaissances.
[272 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Nouvelles espèces d'endophytes d'Orchidées. Note de M. Noei.
Beisxard, présentée par M. Gaston Bonnier.
J'ai montré (') que la germination des graines d'Orchidées exige le con-
cours des champignons endophytes qui vivent avec ces plantes. Mes pre-
mières expériences établissaient qu'un même champignon peut habiter
indifféremment des Orchidées diverses {Catlleya, Cypripedium) et servir
aussi bien à la germination des unes que des autres.
De nouvelles expériences, qui feront l'objet de cette Note, m'ont
démontré que certaines Orchidées (^Odontoglossiim, Phalœnopsis, Vanda),
connues des horticulteurs pour la difficulté excej)tionncMe de leur germi-
nation, dépendent d'espèces spéciales d'endophytes. En particulier, j'ai
obtenu, à partir de racines de Phalœnopsis arnabilis et iV Odontoglossum
grande, des champignons qui appartiennent manifestement à des espèces
assez voisines de celle du premier endojihyte que j'ai cultivé, mais qui en
diffèrent et qui diffèrent entre eux par des caractères morphologiques faci-
lement appréciables.
L'endophyte des Cattleycir que j'ai antérieurement décrit, donne dans les cultures
(faites, par exemple, sur morceaux de carotte) un voile de filaments rampants sur
lesquels se forment des bouquets de filaments moniliformes, à croissance limitée, simu-
lant les appareils sporifères (TOospora. Le champignon de V Odontoglossum donne,
au contraire, un abondant mycélium aérien duveteux et, tardivement, des filaments
moniliformes. L'endophyte du Phalœnopsis donne, de même et plus rapidement, un
mycélium aérien très abondant, puis, sur le verre, des filaments moniliformes qui
s'anastomosent et s'enchevêtrent en formant de petits sclérotes. Par ce caractère
particulier, l'endophyte du Phalœnopsis se rapproche manifestement des Bhizoctonia ;
j'ai comparé directement mes cultures à celles du Hhizoctonia Solani ; la ressemblance
est des plus nettes et le rapprochement qu'elle implique est beaucoup plus naturel
que celui dont j'avais indiqué la possibilité entre ces endophytes d'Orchidées et les
Oospora.
J'ai comparé l'action de ces trois champignons sur des semis de diverses
Orchidées; je retiendrai ici les résultats d'exi)ériences faites avec des
graines hybrides de Phalœnopsis {P. arnabilis x P. rosea).
(' ) Comptes rendus-, 21 septembre 1908 et 28 mars 1904 {Bévue générale de Bota-
nique, t. X\'l, 1904).
SÉANCE DU 8 MAI IQoS. 127^
Les graines ont été semées dans des tubes stérilisés, sur des plaques de colon hydro-
phile imbibées d'une décoction de salep, suivant une technique qui diffère peu de
celles que j'ai déjà appliquées. En semis aseptiques, ces graines, comme celles de
Cattleya. présentent un début de développement, verdissent, différencient des
stomates, mais ne forment jamais de poils et meurent au bout de quelques mois.
Le champignon des Cattleya, introduit dans les cultures à une époque quelconque,
non seulement ne provoque pas la germination, mais encore amène la mort rapide des
embryons qu'il envahit complètement. On sait qu'à l'ordinaire les Orchidées limitent
l'invasion de leurs endophytes par une digestion des hyphes dans un nombre notable
de cellules; dans le cas actuel cette réaction phagocytaire est à peine marquée; sou-
vent même elle est tout à fait nulle, l'embryon étant envahi dans toute sa masse avant
qu'aucune digestion ait eu lieu. Il y a là simplement une maladie parasitaire contre
laquelle la jeune plante n'a pas de moyens de défense efficaces.
Avec l'endophyte du Phalœnopsis, on obtient la germination régulière. L'infestalioii
présente à peu près l'étendue et les caractères de celle qu'on voit chez les plantules de
Cypripediiim; la réaction phagocytaire est bien marquée, insuffisante cependant pour
arrêter tout à fait la progression de l'endophyte. En même temps que l'infestation
progresse le développement se poursuit : la plantule forme d'abord des poils absor-
bants, puis donne, comme à l'ordinaire, un tubercule embryonnaire portant un bour-
geon au sommet. Dans ce cas, la vie en commun se prolonge ; on est dans les condi-
tions de la symbiose normale pour l'espèce.
Avec le champignon de VOdontoglossum, tout se passe de même au début : l'infes-
tation se produit par le mode habituel, le champignon envahit une partie de l'embrj'on
et le développement commence. Mais, au plus tard, dès que la poussée des poils absor-
bants s'est effectuée, une réaction phagocytaire intense se produit, le champignon est
digéré et détruit dans toutes les cellules qui sont à l'avant de la région infestée; les
progrès de l'infestation sont ainsi totalement arrêtés et, dès lors, le développement
s'arrête de même; les planlules de ces cultures restent stationnaires, tandis que celles
des cultures faites avec l'endophyte du Phalœnopsis continuent à progresser. La plan-
tule a donc l'immunité vis-à-vis de ce parasite et la symbiose est impossible.
A un point de vue théorique, il résulte de ces constatations que l'état dit
de symbiose esl en quelque soile un état de maladie grave et prolongée,
intermédiaire entre l'état des plantes atteintes d'une maladie rapidement
morlelle et celui des plantes qui jouissent d'inie immunité complète.
An point de vue pratique, il devient vraisemblable que les difficultés
exceptionnelles rencontrées par des horticulteurs pour taire germer les
graines de certaines espèces d'Orchiiiées tiennent en général, pour une
large |)art, à l'existence d'espèces particulières d'endophyles auxquelles ces
Orchidées sont spécialement adaptées.
[274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — La culture de la morille. Note de M. Cn. Rkpi\,
présentée par M. Roux.
Dans une récenle Communication ('), M. MoUiard a fait connaître le
résultat de ses recherches sur la culture de la morille. Ces recherches
présentent une complète analogie, quant à la méthode suivie et quant au
résultat obtenu, avec celles que j'ai moi-même publiées en 1901 (^) et qui
fournirent la première démonstration que la morille est un Champignon
saprophyte, cultivable à partir de l'ascospore sur des milieux convenable-
ment choisis.
Je me contenterai de rappeler ici que l'une des couches qui me donnèrent une récolte
de morilles était un compost de marc de pommes, l'autre était faite de feuilles d'arbres
enfouies dans un silo. Le mycélium, provenant de la germination de l'ascospore, avait
été au préalable cultivé pendant une année in vitro à l'état de pureté; il avait produit,
(Jans pet intervalle, des nodules de tissu dense semblables à ceux observés par M. Mol-
liard, mais que, pour ma part, je ne considère pas comme de vrais sclérotes, et une
forme conidienne dont j'ai seulement indiqué l'existence et la ressemblance avec un
Botrytis et qui se confond probablement avec celle dont M. MoUiard a donné une
description complète, Il s'écoula quatre ans entre l'introduction de ce mycélium dans
les couches et la première récolte, et il y eut deux récoltes succes^ives (printemps
de igof et de 1902).
Le point capital pour l'avenir de cette culture est de savoir quelles sont,
dans les milieux fort complexes mentionnés plus haut, les substances effec-
tivement utUiséespar le Champignon pour sa nutrition. M. MoUiard pense
que ce sont les sucres fermentescibles. Je crois, au contraire, que ce sont
exclusivement des composés du groupe des celluloses. Celle opinion est
basée sur les consitléralions suivantes :
1° Un très grand nombre d'essais que j'ai eiTectués, non seulement avec la plupart
des sucres connus, mais aussi avec d'autres substances plus ou moins facilement fer-
mpntescibles (amidon, pectose, alcools, sels organiques, etc.) m'ont prouvé que, si
quelques-unes de ces substances paraissent activer le développement du mycélium dans
(') Comptes rendus, l'i avril igoS.
(2) La culture de ta niorilte {Revue générate des Sciences pures et appliqut
1 j juillet 190 1).
SÉANCE DU 8 MAI 19o5. 1373
son tout jeune âge, elles sont sans eft'et sur le mycélium adulte et, dans tous les cas. ne
favorisent en rien la fructification;
2° Au cours de recherches antérieures ('), j'ai établi que, dans la culture du Cham-
pignon de couche sur fumier, la substance nutritive doit être eherchée parmi les élé-
ments du fumier insolubles dans l'eau et dans tous les solvants neutres, donc parmi
les matières cellulosiques, auxquelles la fermentation en meules a probablement fait
subir une modification qui les rend assimilables pour le Champignon ;
3° Dans le cas des milieux à base de pulpe de pommés, déposés en terre, il est évi-
dent que les sudrés ont dû disparaître très vite et cjU'ils lie sauraient avoir alimenté
une culture qui a duré des années; idi ehcore, c'est seulement la trame cellulosique
de la pulpe, bien autrement résistante, qui a pu jouer ce rôle ;
4° J'ai pu recueillir et analyser plusieurs cas de production spontanée de morilles
en extrême abondance sur des subslratums homogènes et bien déterminés; dans quel-
ques-uns de ces cas, il s'agissait de pâles de bois pouf la fabrication du papier, aban-
données sur le sol depuis un certain temps; ces pâtes avaient été mises au rebut pour
avoir subi une cuisson trop prolongée en liqueur alcaline ou acide, ce qui avait eu
pour résultat de transformer la cellulose en oxycellulose et, peut-être même, de l'hy-
drolyser partiellement (-).
J'ai mis à profit cette indication pour essayer de préparer un milieu spé-
cifique pour la morille par des méthodes purement chimiques en partant de
la cellulose, mais ces essais n'ont donné jusqu'ici que des résultats incom-
plets. Je suis amené à croire que, dans le cas de la morille comme dans
celui du Champignon de couche, la cooi^ération d'un microbe est nécessaire
pour procurer au Champignon l'aliment qui lui permet de parcourir le cycle
complet de son développement. Cela expliquerait pourquoi ni M. MoUia^-d,
ni moi n'avons pu obtenir d'appareils ascospoiés sur les milieux aseptiques,
bien que le développement du mycélium y fiit des plus copieiix; cela per-
mettrait aussi de comprendre pourquoi ra[)parition des morilles et de bien
d'autres Champignons supérieurs est strictement limitée à une époque de
l'année, en rattachant les phases de leur végétation aux révolutions saison-
nières (le la flore microbienne du sol.
(') Répin, La culture du Champignon de couche {Hevue générale des Sciences
pures et appliquées, i5 septembre 1897).
(-) Voir à ce propos les Communications de iM. lléo Vignoji {Comptes rendus,
20 septembre 1897 et 20 avril 1908 ).
î^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Action élective du chloroforme sur le foie.
Note de MM. M. Doyox et J. Billet, présentée par M. Dastre.
I. Doyon a démontré que le chloroforme détermine dans certaines con-
ditions, parallèlement : l'incoagubilité du sang, la disparition du fibrino-
gène du plasma et des lésions hépatiques. Cet auteur soutient que l'incoa-
gulabilité du sang et la disparition du fibrinogène du plasma dépendent
des lésions du foie,
II. Nous avons étudié les lésions hépatiques qui se produisent dans ces
conditions, et constaté de plus que le foie est lésé à l'exclusion de tous les
autres organes, sauf cependant le rein.
Nos expériences ont été faites sur le chien. Le chloroforme était introduit par
une sonde dans l'estomac, chaque jour, à la dose de 2S par kilogramme d'animal,
mêlé à 3'°' d'huile. La mort peut survenir dès le troisième jour, après deux ingestions,
mais souvent la survie est un peu plus longue.
A. Dans le foie, nous avons constaté les phénomènes suivants :
1. Des hémorragies abondantes; ces hémorragies se font généralement par plaques;
on voit un épanchement plus ou moins considérable de globules rouges; à ce niveau le
tissu hépatique est absolument dilacéré, les travées sont rompues, les cellules mêmes
sont plus ou moins fragmentées.
2. Une accumulation énorme de leucocytes poljiuiciéaires dans les espaces inter-
cellulaires.
3. Des lésions des cellules hépatiques. Ces lésions sont surtout accusées vers le centre
du lobule; elles se présentent sous trois états qui paraissent constituer trois étapes
progressives d'un même phénomène :
a. A un premier stade on constate de la dégénérescence hyaline; les cellules sont
peu atteintes, mais on n'y trouve pas trace de structure réticulaire ni de limites cellu-
laires; le noyau est sain.
b. A un autre stade le protoplasme est fragmenté, réduit à des granulations plus ou
moins grosses et sans structure (dégénérescence granuleuse).
c. A un dernier stade le protoplasme n'existe plus ou est réduit à de fines granula-
tions peu colorées; le noyau est peu coloré, fragmenté; parfois même il a complète-
ment disparu.
En général, on constate aussi de la dégénérescence graisseuse peu marquée, mais
assez diffuse.
B, Le rein présente des lésions de néphrite épithéliale aiguë. Déjà, en i88i,
Gh. Bouchard avait constaté l'apparition de l'albumine dans l'intoxication par le chlo-
roforme. Les muscles, le cœur, les muqueuses de l'estomac et de l'intestin grêle ne
présentent aucune lésion dans les conditions où nous sommes placés. Dans le sang on
SÉANCE DU 8 MAI IQoS. 1277
constate de l'hyperleucocytose. Exemple : chien de i4''s,200. Dans une carotide on
trouve, par millimètre cube de san^, 9207000 hématies et i55ooo globules blancs. On
donne, 2 jours de suite, 22B de chloroforme de la manière habituelle. Le troisième
jour le chien paraît malade. On trouve dans l'autre carotide, par millimètre cube de
sang, 10602000 hématies, 24000 globules blancs. Aussitôt après la prise d'essai le
chien est sacrifié; le sang est incoagulable ; il n'y a pas trace de caillots dans le cœur,
dans la veine porte, dans la veine cave inférieure ni dans aucun vaisseau.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la toxirilé des alcaloïdes urinaires. Note
de MM. H. Guii-LEMARD et P. Vraxceano, présentée par M. Armand
Gautier.
L'un de nous a montré (') que l'acide silicotungstique peut servir à
séparer de l'urine et à doser un certain nombre de corps qui répondent à
la plupart des réactions générales des alcaloïdes. Nous nous sommes pro-
posé de rechercher, en utilisant ce réactif, quelle part revient au corps à
fonction alcaloidique dans la toxicité globale de l'urine.
L La technique des expériences a été la suivante. On recueille 3' d'urine dont
on détermine la toxicité par la méthode de Bouchard, c'est-à-dire en injectant
le liquide dans la veine marginale du lapin à raison de 20'^'"' par minute et faisant la
correction d'isotonie comme l'ont indiqué MM. Claude et Balthazard (-). On dose
l'azote urinaire total, puis on concentre dans le vide ce qui reste d'urine de façon
que la teneur en azote du liquide obtenu soit de aos par litre environ. On ajoute au
liquide 5 pour 100 d'acide chlorhydrique et Ton filtre. Le filtrat est précipité complète-
ment par addition d'une solution d'acide silicotungstique à 5 pour 100. On essore le
précipité à la trompe et on le lave à l'eau distillée pour enlever l'excès d'acide chlorhy-
drique. Le précipité est dissous à froid dans la quantité minima d'eau légèrement am-
moniacale. On obtient ainsi une liqueur fortement colorée qui contient du silicotung-
state d'ammoniaque et les bases libres. Celte liqueur est concentrée dans le vide à l'état
de sirop, additionnée de quelques gouttes d'ammoniaque et traitée par un excès d'alcool
absolu qui laisse le silicolungstate d'ammoniaque et dissout la majeure partie des
bases. Le résidu est épuisé par l'alcool à 96° C. Les liqueurs alcooliques ainsi obtenues
sont évaporées à sec dans le vide. Le résidu est dissous dans 120'"° d'une solution de
chlorure de sodium 376 pour 1000 légèrement alcalinisée par du carbonate de soude,
et la solution ainsi obtenue est progressivement additionnée d'eau distillée jusqu'à ce
que son point de congélation soit de — 0°, 56. Ou a ainsi une liqueur colorée en jaune.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. i438.
(^) Journal de Physiol. et Palhol. gén.. 1900, p. 53.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 19.) l6''i
12'jS ACADÉMIE DES SCIENCES.
analogue comme aspect au sérum sanguin, faiblement alcaline, contenant uniquement
en solution les bases urinaiies libres et du chlorure de sodium isotonique au sang de
l'animal. On mesure la toxicité de ce liquide d'après la même technique que pour
l'urine.
II. La méthode ci-dessus permet de séparer la totalité des bases. Or, parmi ces bases,
la créatinine jouit de la propriété de n'être précipitée intégralement par l'acide silico-
tungslique qu'en solution concentrée, de déplacer facilement l'ammoniaque de ses sels
et d'être peu soluble dans l'alcool. Si donc on précipite l'urine non concentrée et
qu'on reprenne le résidu par une petite quantité d'alcool non ammoniacal, on laisse
à l'état de silicotungstate insoluble la presque totalité de la créatinine. L'expérience
directe nous a montré, en etTet, que dans ce cas, sur 08,01288 d'azote alcaloïdique,
os, 007 seulement appartiennent à la créatinine. Si, par contre, on précipite l'urine
concentrée et qu'on reprenne par un excès d'alcool le résidu rendu légèrement ammo-
niacal, on dissout la presque totalité de la créatinine. Cette remarque nous a permis
d'étudier séparément la toxicité du précipité alcaloïdique total et celle de ce précipité
privé de créatinine.
III. Nous résumerons ici quelques-unes des observations faites en sui-
vant cette méthode ; elles portent sur des urines normales.
Première expérience.
Quantité de bases isolées '^,446 pour 3ooo™'
Poids toxique par kilogramme de lapin. . . 08,280
Toxicité urinaire globale 0,69g 'oxie pour loo"'"''
Toxicité alcaloïdique u, 176 toxie pour loo''"'"
Il suit de là que, dans ce cas, sur 100 toxies globales, 25,o35 représentent
la toxicité alcaloïdique. L'urine avait été préci[)itée sans couceatration préa-
lable et le précipité alcaloïdique ne contenait qu'une trace de créatinine.
Deuxième expérience.
Quantité de bases isolées 28,680 pour 2000"''
Poids toxique par kilogramme de lapin.. . 18,200
Toxicité urinaire globale 0,610 toxie pour loo""'
Toxicité alcaloïdique 0,111 toxie pour loo'^"'
Il suit de là que dans ce cas sur 100 toxies globales 18,196 représentent
la toxicité alcaloïdique. Le précipité contenait la créatinine.
Troisième expérience.
Quantité de bases isolées 3s, 200 pour 2000™'
Poids toxique par kilogramme de lapin.. . is,44o
Toxicité urinaire globale 0,809 '^'^'^ pour 100""'
Toxicité alcaloïdique 0,088 toxie pour 100'="'
SEANCE DU 8 MAI igoS. 1279
Dans ce cas sur 100 toxies globales 2'i,5i2 représentent la toxicité alca-
loïdique. Le précipité contenait la créatinine.
Conclusions. — A l'état |)hysiologiqiie, la toxicité alcaloïdique entre pour
18 à 25 pour 100 dans la toxicité globale de l'urine.
La créatinine est sans influence notable sur la toxicité alcaloïdique; pour
tuer l'^s de lapin il faut en moyenne 0^,28 d'alcaloïdes sans créatinine et
i°,3o d'alcaloïdes, la créatinine comprise.
La toxicité alcaloïdique ne varie pas toujours dans le même sens que la
toxicité globale; elle n'est pas proportionnelle à la quantité des alcaloïdes,
elle dépend de la nature de ces substances.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Dosage du sucre dans le sang au moment de l'accou-
chement chez- la chèvre sans mamelles . Note de M. Porcher, présentée par
M. A. Chauveau.
Dans une Note antérieure j'ai montré que la chèvre que l'on faisait
couvrir, après avoir pratiqué sur elle au préalable l'ablation des mamelles,
présentait, au moment du part, une glucosurie intense.
Je me permettais d'en conclure que l'excès de glucose déversé dans le
sang, puis de là dans l'urine, peu après l'accouchement, était destiné, au cas
où la femelle aurait eu ses mamelles, à faire face à une transformation ulté-
rieure en lactose qui, ensuite, aurait été excrété dans le lait.
Il devenait intéressant d'effectuer des dosages comparatifs du sucre du
sang : 1° avant la délivrance, à un moment oii il n'y a pas encore gluco-
surie; 2'' dans les deux ou trois heures qui suivent, c'est-à-dire quand la
glucosurie est à son maximum ou à peu |)rès, et 3° quelques jours après cet
événement alors qu'il n'y a plus glucosurie.
Je donne ci-dessous les résultats obtenus avec une des deux chèvres qui
m'avaient déjà servi l'an dernier, la seconde ayant été sacrifiée dans un
autre but.
Clièvre couverte le 28 oclobre 1904.
Accouche le 2 avril igoS, à 8''3o™, d'un mâle el, à 9'', d\ine femelle.
A. Avant l'accouchement : pas de sucre dans les urines.
B. Après TaccouchemenL :
Première urine 8''45'" '• 3oo'°'' (2s, 5o de glucose au litre).
Deuxième urine .... 10'' 3o : 100""' (70s de glucose au lilre).
I28o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Troisième urine .... Jusqu'à minuit le 2 : c^o""' (26s de glucose au litre).
Quatrième urine. . . . Nuit du 2 au 3 : 200'^"'' (26s de glucose au litre).
Cinquième urine. ... 3 avril, jusqu'à 1 1^ du matin : So'"' (98, 70 de glucose au litre).
Sixième urine 3 avril, ii'" à 2'' : 55™' (4»,3o de glucose au litre).
Septième urine Soir du 3 et nuit du 3 au 4 : 160'^™' (i^, 40 de glucose au litre).
Huitième mine 4 au matin et 5 au matin : iSo™'. L'urine ne réduit plus.
Dosages du sucre du sang :
Saignée à la jugulaire du 3i mars Glucose : o,44 ai' litre.
Saignée à la jugulaire du 2 avril (après l'ac-
couchement à 10'' 45" du matin) Glucose : 2,85 au litre.
Saignée à la jugulaire du 6 avril Glucose : o,3o au litre.
Il en résulte que lors de l'accoucheraent, de suite après la délivrance, il
y a une hyperglycémie très accentuée dont la glucosurie est le signe immé-
diatemenl et facilement constatable.
Le foie entre donc en jeu, au moment du part, sous une influence dont
il reste à serrer de près le mécanisme intime, et le glucose qu'il dçverse en
excès dans le sang n'étant pas utilisé par la mamelle, puisque celle-ci fait
défaut, va apparaître dès lors dans l'urine.
A côté de ce phénomène mesurable qu'est l'hyperglycémie de la déli-
vrance, j'ai remarqué que le sang de la jugulaire à ce moment se coagulait
beaucoup plus rapidement que celui des récoltes qui ont précédé ou suivi
de quelques jours l'accouchement.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence de la sexualité sur la nutrition du Bombix
mori aux dernières périodes de son évolution. Localisation du glycogène,
des graisses et des albumines solubles au cours de la nymphose. Note de
MM. C. Vaxey et F. Maig.\on, présentée par M. A. Chauveau.
Nous avons dosé, en suivant les méthodes indiquées dans une Note pré-
céo8. Il aurait donc transpiré, soit
avant la fissure, soit après, 0""°, 63, c'est-à-dire un dixième environ; résultai
qui ne saurait être donné que comme une simple indication et sous toute
réserve, à l'appui d'ailleurs de l'expérience (4).
En tout cas, vers 8oo°-82o'', nous serions vers la limite où commence la
transpiration de l'oxygène, sous une épaisseur voisine de i™™ et une pression
supérieure à la pression atmosphérique.
(6). Carbone. Charbon de bois. — 0*^,010. Vide. 2 heures : 775°-8oo°.
Capacité initiale : 8'"'.
Tube complètement aplati par l'accolement des parois ojiposées. Péné-
tration de 2:az nulle. Charbon inaltéré.
1292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(7). Carbone. Graphite. — oe,oro. Expérience simultanée. Résultat
pareil.
(8). Oxyde de carbone. — Vre^sion initiale : o», 5/(65. 1 heure : Boo^-Sio".
Capacité initiale 9™N43 Finale -io^'.S
Volume du gaz initial réduit. 6<-"",73 Final 6'='"',5o
Gaz final : acide carbonique traces
Le gaz initial renfermait sur 10™', o : azote • • • o™ ,o3
Il a donc pénétré un peu d'oxygène, qui s'est changé en acide carbo-
nique, et un peu d'azote, comme avec le verre blanc.
Il résulte de ces expériences que la paroi des vases de verre, aussi bien
que celle des vases de silice fondue, est perméable aux gaz, lorsqu'ils sont
maintenus à une température de ramollissement et susceptibles d'échanger,
par voie osmotique, les gaz qu'ils renferment avec les gaz atmosphériques;
c'est-à-dire dans les conditions où ils conservent une continuité de
et une élasticité comparables à celles d'une paroi de caoutchouc, ou d'une
membrane colloïdale gonflée par une pression gazeuse intérieure.
L'intervention dans les phénomènes courants de la Chimie et de la Phy-
sique de semblables phénomènes n'a guère été soupçonnée jusqu'ici. Mais
désormais, il semble que, en fait, la pénétration et la dissipation des gaz,
intérieurs ou extérieurs aux vases réputés clos, tels que l'hydrogène,
l'oxygène, l'azote, l'hélium, les émanations des corps radioactifs, devront
être suspectées toutes les fois que les vases de verre, de silice, de terre,
de porcelaine même vernissée, auront été portés à une température voisine
de leur rannollissement; ce qui arrive, par exemple, dans les analyses
organiques, dans la réduction des métaux par l'hydrogène, dans les mesures
des hautes températures au moyen des thermomètres à gaz, dans les déter-
minations de poids atomiques, etc.
ACOUSTIQUE. — Propagation des sons musicaux dans un tuyau de 3™
de. diamètre. Note de MM. J. Violle et Th. Vautier.
Dans des Notes déjà anciennes (') nous avons soumis à l'Acadéinie les
premiers résultats de nos expériences relatives à la propagation du son à
(') Comptes rendus, t. C.XX, p. 140'^. «l '• CXXI, p. 5i.
SÉANCE DU I ") MAI rgoS. J 2g3
l'intérieur d'iiii long tuyau cylindrique de 3" de diamètre, s'étendant en
ligne droite sur une longueur de 2922"» entre Argentenii et Cormeilles, el
fermé à ses deux extrémités par des cloisons sur lesquelles le son venait
alternativement se réfléchir.
Nous examinerons aujourd'hui particulièrement ce qui concerne les sons
musicaux.
I. Le premier fait à noter est la conservation des propriétés acou-
stiques du son à grande vitesse. La portée dépend d'ailleurs de la hauteur
du son : les sons aigus portent beaucoup moins loin que les sons graves.
Tandis que l'uL, (32^'') de la grande flûte d'orgue de 16 pieds s'entend
nettement après un parcours de plus de 25"*™, le ré^ (44oo'^'') n'est déjà
plus, à 1800", qu'un bruit sans caractère musical, qui s'éteint quelques
cents mètres plus loin.
La nature de l'instrument, le mode d'émission du son influent d'ailleurs
beaucoup sur les résultats qui ne se prêtent guère à une analyse rigou-
reuse.
On peut cependant remarquer que, sur toute l'étendue de l'échelle
musicale, la portée d'un son dans notre tuyau s'est montrée en raison
inverse delà racine carrée du nombre de ses vibrations. Si, en effet, nous
désignons par n le nombre des vibrations rapporté à celui de iU_, et par/? la
portée estimée en doubles longueurs du tuyau c = 5844". nous avons (' ) :
n. \pi. p. p\[n.
iit^t I I 4, • • 4, ■ ■
H/, 2 1 ,4i4 3 4.24
ini^ 5 2,236 2 4:47
mi,, 20 4i472 I 4-4"
/«■>,; 102 10,1 0,43 4>34
Moyenne 4j3o
D'après la théorie de Rirchhoff, développée par lord Rayleigh (-), l'in-
tensité du son dans un tuvau cylindrique varie avec la distance x comme
(') Au degré d'exaclilude de ces mesures, la diminution de portée correspondant à
raiTaiblissement dû à cliaque réllexion, allaiblissement petit, mais certain, n'a pas
d'influence appréciable.
(-) Lord Iîayleigh, Thcory of ^ioiind, second édition, § 34 à laquelle un son musical cessera d'être percep-
tible sera donc déterminée par la relation
m'p = const., ou /^\ " ^ const.,
ce qui est précisément le résultat fourni par l'expérience. Cette concor-
dance n'est pas sans intérêt.
II. Biot, faisant jouer des airs de flûte à l'une des extrémités d'un canal
disposé dans la conduite d'Arcueil, avait trouvé que, malgré l'imperfection
des sons aigus, ces airs « se transmettaient à l'autre extrémité (distante
de 95 1'") sans altération dans les intervalles des différentes intonations »,
Regnault, au contraire, avec l'assistance de Rœnig, s'aidant de résona-
teurs, avait cru reconnaître que « la vitesse apparente des sons aigus est
sensiblement moindre que celle des sons graves ».
Ayant à notre disposition d'habiles instrumentistes, nous avons fait
émettre des sons dans les conditions variées que présentent les exécutions
musicales : sons isolés (notes tenues et coups de langue des cuivres, notes
filées et pizzicati des instruments à archet) ; sons se succédant suivant divers
dessins mélodiques (arpèges, batteries et, par préférence, d'une note grave
à une note très élevée); soqs simultanés de deux instruments (octaves,
arpèges en tierce ou en sixte); etc.
Au retour de ces sons, on n'a dans aucun cas constaté aucune altération
autre qu'un affaiblissement croissant avec la distance jusqu'à l'extinction
des propriétés acoustiques. Tant que les sons persistent, le rythme, la
hauteur, le timbre même se conservent.
Il n'en importait pas moins d'aborder la mesure directe de la vitesse
avec laquelle se propagent les différents sons musicaux, graves ou aigus.
La conservation de leurs propriétés acoustiques à l'intérieur de notre vaste
tuyau nous permettait de tenter cette mesure jusqu'ici irréalisable.
Nous devions, il est vrai, renoncer à enregistrer automatiquement des
sons de cette nature. Mais nous pouvions pointer le moment de leur per-
ception par l'oreille au moyen d'un toc du doigt sur une sorte de clavier
relié électriquement à un signal Deprez, dont le mouvement s'inscrivait
SÉANCE DU 15 MAI igoS. 129$
sur un cylindre tournant en même temps que les vibrations d'un diapason
chronométriqiie et que les secondes successives d'une horloge astrono-
mique.
Quelle précision comporte ce procède? Afin de le savoir, deux sortes de
mesures ont été effectuées :
1° A chaque série d'expériences sur les sons musicaux dans le tuyau, on
a pointé également au toc les passages du son du pistolet, enregistrés
d'autre part automatiquement au moyen de la capsule Marey. Quinze com-
paraisons ainsi effectuées ont donné comme valeur moyenne du retard
afférent au pointage par le toc o% 16, l'écart moyen (moyenne des écarts
faite sans avoir égard au signe) des observations particulières sur ce retard
moyen étant o', o38.
2° On a fait ensuite au laboratoire une cinquantaine d'expériences con-
sistant à pointer au toc, avec le même appareil qu'à Argenteuil, les sons
émis par un harmonium que l'on avait disposé de façon à lui faire marquer
automatiquement sur le cylindre de cet appareil (par un signal électroma-
gnétique) le moment où le son était émis. Le retard moyen du pointage au
toc sur l'instant exact de l'émission s'est montré de o%33, l'écart moyen
des observations particulières sur ce retard moyen étant o%o33.
Que le retard moyen du pointage d'un son musical, qui n'atteint que
progressivement sa pleine intensité, surpasse le retard dans le pointage du
son bref du pistolet, cela n'est point pour surprendre. Le fait important,
c'est que l'écart moyen est très sensiblement le même dans les deux cas,
o%o33 d'après les expériences les plus sures. L'écart moyen d'un intervalle
de temps mesuré par deux tocs successifs sera au maximum le double de
l'écart moyen d'un seul toc, soit o%o66.
Considérons maintenant les mesiu-es relevées à Argenteuil. Elles sont
résumées dans le Tableau ci-con'rc :
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SÉANCE DU l5 MAI igoS. 1297
Il suffit d'un coup (l'œil jeté sur ce Tiibleau pour constater qu'il n'y a
aucune tendance à une variation systématique des nombres, soit quand on
parcourt l'échelle des sons successifs ('), soit quand on change d'instru-
ment pour une même note.
L'écart moyen des 25o nombres observés par rapport à leur moyenne
est o%o47, de l'ordre de grandeur voulu par les mesures d'écart rapportées
ilus haut.
Si nous rapprochons pour quelques notes les moyennes de toutes les
observations sans distinction d'instrumenis ni de parcours, nous pouvons
dresser le petit Tableau qui suit :
«<_,=: I 17,37 (25 expériences avec 2 instruments sur 3 c)
uti = 2 17,38(19 » 4 » 2C)
Mij = 4 17,35 (3o » 3 » 2 c)
ul^ = 8 17,38 (18 ,. 3 I. 2 c) (2)
ut, =16 17,36 (7 ,. 2 .. I c)
mi,, ^■lo 17,39(2 » 2 » I c)
Moyenne i7>37
L'écart de ces nombres relativement à leur moyenne (prise indépen-
damment du nombre d'expériences dont ils résidtent) ne dépasse pas o', 02;
l'écart moyen est o%oi. Nous pouvons donc dire que :
A l'intérieur d'un tuyau de 3™ de diamètre, la vitesse des différents sons
musicaux est la même, à moins de -p^ près, dans toute l'étendue de l'échelle
musicale comprise entre ut_^ et mi^, la hauteur variant de i à 20.
IIL On se rappelle la modalité singulière qu'affecte le son après un
certain parcours dans notre large tuyau.
Qu'un instrument lance une note dans le tuyau à Argenteuil, le son
s'enfuit vers Cormeilles, s'y réfléchit, revient à Argenteuil, oîi l'on entend
d'abord la note émise, puis séparément un certain nombre d'harmoniques
de cette note qui se succèdent à des intervalles courts mais distincts de
l'harmonique le plus élevé au plus grave.
On n'a entendu aucun harmonique supérieur au sol^, \m\ peu plus élevé
( ') On n'a pas à s'occuper ici de ce que les sons aigus sont moins ralentis par l'effet
(le la paroi que les sons graves, les mesures n'étant pas assez précises pour déceler la
différence qui en résulte dans les durées de propagation.
(^) La basse, qui n'a pas donné le deuxième retour sur iit^, l'a donné sur mi^
(7 expériences) comme elle l'avait donné sur la^ et si.^ (2 expériences); la moyenne de
ces 9 expériences, 17% 37, peut donc être admise pour un deuxième retour sur «^3, à
joindre au premier retour 17^,39, moyenne aussi de 9 expériences.
1298 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lui-même qu'on aurait pu le supposer d'après ce que nous avons flit sur la
portée des sons.
L'harmonique le plus grave qui soiL revenu est le }t,, conformément à la
théorie que M. Brillouin a donnée du phénomène considéré comme dû à
des ondes planes non uniformes.
En pointant au toc après chaque son musical tous les harmoniques
perceptibles, nous avons pu déterminer les retards de ces harmoniques
relativement au son fondamental.
Malgré certains écarts notables, provenant manifestement des variations
dans le mode d'émission, les 35o nombres ainsi obtenus sont en somme
assez concordants pour établir que :
La durée de propagation d'un son harmonique est indépendante de la
hauteur du son fondamental initial, ainsi que de la nature de l'instrument
employé.
Quant à la manière dont varie le retard d'un harmonique sur le son fon-
damental, tant avec la longueur d'onde de cet harmonique qu'avec la dis-
tance, elle reste un peu incertaine. Un certain temps est sans doute néces-
saire à l'organisation des trains d'ondes, susceptibles de se modifier en
route. Pour saisir toutes les circonstances du phénomène il faudrait opérer
dàlls des conditions irtvariables, le son étant émis par un procédé mécnni-
quement déterminé, indépendant du souffle de l'homme, ce qui ne paraît
pas irréalisable.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les menthones et menthols obtenus par la réduction
de la piilégone par l' action catalytique du nickel réduit. Noie de MAL A.
Ualler et C. Martine.
Comme le montrent leurs formules respecti\'es, la pulégone et la meu-
thone ont une structure analogiie, mais la dernière de ces molécules est
saturée et diffère de la première par deux atomes d'hydrogène en plus.
CH3 C!l^
IPCACH-
H-cl^CO
Cil
H-CACH^
H-C^CO
CH
CH= Cfl^ (^H^ CIP
SÉANCE DU l5 MAI igoS. 1 299
Les relations entre ces deux cétones cycliques sont justifiées par l'obser-
vation de MM. Beckmann et Pleissner (') qui, en traitant une solution
alcoolique d'hydrobromure de pulégone par de la poudre de zinc, ont
réussi à la transformer en nienthone, observation qui a été confirmée par
l'un de nous (^).
Quant à l'alcool saturé correspondant, il fut obtenu par les mêmes
auteurs en faisant agir à plusieurs reprises le sodium soit sur la menthone,
soit sur la pulégone elle-même en solution dans un liquide indifférent
comme l'éther. Dans les deux cas, on a recueilli, à côté de quanlités plus ou
moins abondantes de menthopinacone et de résines, un mélange de men-
thols duquel on n'a pu isoler que le menthol naturel caractérisé par un
benzoate fondant à 53''-54°. Ces relations sont encore corroborées par le
fait que la p-mélhylcyclohexanone, produit de dédoublement de la pulégone
sous l'influence de l'eau, donne naissance à de la menthone, quand on
traite son dérivé sodé par de l'iodure d'isopropyle ('). Cette menthone,
par réduction ultérieure, a également été convertie en menthol.
Dans le but d'éviter, dans la réduction de la pulégone, la formation de
produits résineux, et aussi pour nous rendre compte si, au cours de cette
réduction, il se forme plusieurs menthols, nous avons appliqué à cette
cétone la méthode d'hydrogénation de MM. Sabatier et Senderens et avons
réussi à l'additionner directement soit de 2*', soit de 4^' d'hydrogène,
suivant les conditions de l'expérience.
Dans le premier cas, nous avons obtenu une ou plusieurs cétones satu-
rées correspondant aux diverses menthones et, dans le second, un mélange
de menthols.
Pour rappeler l'origine de ces produits, nous les désignerons provisoire-
ment sous les noms de pulégornenthones et de pulégomenthols, en attendant
que nous ayons complètement élucidé la nature des différents isomères et
stéréoisomères qu'ils renferment.
Pulégomenthones : C"'H'*0. — i\lM. Sabatier et Senderens (*) ont mon-
tré que, aux environs de 200°, le nickel divisé agit sur les alcools primaires
et secondaires pour les transformer respectivement en aldéhydes et cé-
tones.
(') Bkckmann el I^LEissMiii, Li'elj. An/i. Client., i. tlCLXIl, p. 3o.
(-) C. M.uiTiKi;, Ann. de Cliiin. el de P/ija., 8" série, l. IJI, p. nô.
(^) A. IIallek el G. .Maktine, Comptes rendus, t. G.
('■) Sabatier et Senderens, Comptes rendus, t. CXX^Vl, p. 981-983.
l3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il nous était donc indiqué d'opérer à celte température pour obtenir les
pulégomenthones.
Des essais d'hydrogénation effectués dans les limites de 200" à 220" ont
confirmé cette prévision.
Mais, de notre côté, nous avons observé, en chauffant dans un courant
d'hydrogène un certain nombre de composés à fonction éthylénique et
cétonique, que, même dans les conditions les plus favorables pour la ré-
duction de cette dernière fonction, la double liaison est beaucoup plus
énergiquement atteinte que le groupement CO ('). Nous avons, dès lors,
pensé qu'il pouvait être possible, en augmentant simplement la vitesse
d'écoulement de la pulégone, d'obtenir que toute l'énergie d'une masse
donnée de nickel soit employée à la fixation de l'hydrogène sur la double
liaison et d'éviter ainsi, même si la température est celle qui convient pour
la production de l'alcool, la formation de ce composé. Nous avons vérifié
cette hypothèse.
A des températures variant de i4o° à 160° et en donnant à la pulégone
une vitesse d'écoulement 25*^ à Zo^ par heure, nous avons pu obtenir avec
une colonne de ponce nickelée de o™, 5o de longueur (nous nous étions
assurés au préalable que le nickel réduisait très bien les fonctions céto-
niques) un liquide parfaitement exempt de pulégone et ne renfermant que
des traces de pulégomenthols.
La quantité de substance ainsi transformée n'est pas supérieure à celle
qui peut être traitée aux températures de 2oo°-22o°, mais on évite par ce
moyen de voir se former des goudrons qui bientôt paralyseraient l'activité
des catalyseurs.
Le procédé qui nous a paru préférable pour la purification de la pulégo-
menthone, et qui convient aussi bien lorsqu'on soupçonne la présence de
traces d'alcools que de petites quantités de pulégone, est basé sur cette
observation que, contrairement à ces composés, la menthone n'est atta-
quée, par le permanganate de potasse à o", qu'après un contact prolongé.
Qu'elle ait été préparée à 200° ou à i5o° la pulégomenthone paraît être
la même dans les deux cas. Elle bout à g/î^-gS" sous lô'"™ de pression et
(') Ce fait avait déjà été observé sur certaines cétones non saturées, par M. Darzens
{Comptes rendus, t. CXL, p. 132). Il concorde avec l'observation faite jadis par l'un de
nous sur le benzylidènecamplire et analogues qui, par réduction au moyen de l'amal-
game de sodium, fournissent des alcoylcamplires et non des alcoylbornéols (A. Halleb,
Comptes rendus, t. CXII, p. i/igS; t. CXIIl, p. 10).
SÉANCE DU l5 MAI igoS. l3oi
dévie à droite le plan de la lumière polarisée. Cette déviation est faible et
quelque peu variabJe suivant les échantillons. Nous l'avons trouvée com-
prise, pour / = ioo°"^, entre ay = + 5" et + 8". Cette cétone se combine à
rhvdroxylamine, mais son oxime reste huileuse. Sous l'influence de l'acide
chlorhydrique sec, elle se condense avec l'aldéhyde benzoïque pour donner
une hydrochlorobenzylidènementhone identique à celle que fournit la
menthone provenant du menthol naturel. Point de fusion : i/jo". Pouvoir
rotatoire en solution à 6,9 pour 100 dans le chloroforme [a.J„ = — 5o"43.
Nous pensons cependant que cette pulégomenthone est constituée par
un mélange de menthones, et nous poursuivons son étude en vue de fixer
ce point.
Pulégomenthols C"'H-''0. — Les températures qui nous ont paru le plus
convenables pour réaliser, au sein de l'appareil de MM. Sabatier et Sen-
derens, la fixation de 4 atomes d'hydrogène sont celles de i5o" à i(Jo°. Mais
en raison de la résistance de la fonction cétonique à l'hydrogénation, il est
nécessaire de prolonger l'action du catalyseur et pour cela de réduire nota-
blement la vitesse d'écoulement de la pulégone.
Nous avons cependant pu, avec une colonne de ponce nickelée de o™, 5o
de longueur, transformer intégralement lo" à 12° par heure de pulégone
en pulégomenthols.
Le produit brut possède l'odeur et la saveur du menthol naturel, avec
toutefois une arrière odeur de moisi; c'est un liquide de pouvoir rotatoire
faible, compris, pour l'échantillon que nous avons examiné, entre x„ = -+- G"
etai, = -i- 8°(/= 100°™). Il distille à peu près entièrement (90 1197 pou'' ^00)
de 107° à 109° sous 16'°" de pression. Par réfrigération dans un mélange
de glace et de sel, ce liquide se prend en une bouillie cristalline qui peut
être essorée à froid. Les cristaux ainsi séparés sont soumis à une série de
cristallisations par réfrigération de leur solution dans du pétrole léger.
Nous avons ainsi obtenu :
a. Un menthol identique au menthol naturel. Point de fusion : 43''-44°-
En solution alcoolique à 4 pour 100 : a„= — i''52', d'où [<>■-]„= — 4^°4t)'.
h. \jn pulégomenthot a (') fonilant à 84°-85°, soluble dans tous les dis-
solvants organiques usuels et possédant une odeur beaucoup moins fraîche
(') Le point (le fusion de ce menthol se rappioclie de celui de l'isomentliol (7S"-8i°)
de Beclvraann (Joiirn. f. praktische Cheniie, t. i.V, p. 29). Il est de plus dex.trogyre
comme celui du savant allemand [a] = -+- a'^oo'.
C. K., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N" 20.) lt)6
l3dl ACADÉMIE DES SCIENCES.
qùefcelle du menthol ordinaire (' ). En sôlulion alcoolique à /J pour loo :
a,,= +ri2', d'où [x];, = + 3o". En solution alcoolique à 20 pour lOo :
ap=+ i|"38', d'où [7:\^,= -h 23" 10'.
Le produit huileux restant après extractiofï de ces cristaux est chauffé
pértdant quelques heures au bairt-nflàfrie avec de l'anhydride phtalique et
transformé dittsi iuiégralement en éthers phtaliqdes acitles. Ces éthers,
sôUmisà une série de cristallisations fractionnées dans l'alcool, fournissent :
I" Un phtalate acide fondant à io/if''-io5'' (|ui correspond au pulégomen-
thol a fondant à 84°-85°. En solution alcoolique à 4,724 pour 100 :
ai^^^_,ojg'^ fl'où |a]„ = + 27<'3o'. Ce phtalate est soluble dans l'élher,
l'alcool, la benzine, le chloroforme, un peu soluble dans l'éther de pétrole
bouillant.
2" iJn phtalate fondant à laS" qui correspond au menthol naturel. Pour
une solution alcoolique à 7,0 pour 100: %„ = — 7", d'où [a]„= — gi°2'.
3" IJii phtalate acide fondant à i37"-i38", également soluble dans l'éther^
l'alcool, Ut benzine, le chloroforme; mais à peu près insoluble dans l'éther
de pétrole. Pour une solution alcoolique à 7,3 pour 100 : a,j= 4- o°4c('j
d'oùfa]„=+8"53'.
Comme les précédents, ce phtalate est très facilement saponifié h la
température du bain-marie par la potasse aqueuse très étendue.
c. L'alcool dinsi régénéré bouta 2i2"-2i2",5 (corr.); il possède la com-
position du menthol. Nous le désignerons souS le nom de pulégomenlhol p.
C'est un liquide sirupeux qui perd toute mobilité quand on le refroidit
dans un mélange de glace et de sel, mais ne montre cependant aucune
tendance à cristalliser. Pour une longueur de 100'"'" et à i4", son pouvoir
folatoire est de aj, = -f- 2", 6.
Nous nous proposons de continuer l'étude de ces différents menthols
et dé les comparer avec ceux qu'on obtient, soit par hydrogénation des
menthones naturelles, soit par hydrogénation des menthoues synthétiques.
Nous avons égaleriient réduit par le procédé de AIM. Sabatier et Sandèrens :
La carvonei qui nous a fourni un mélange de dihydrocarvols bouillant
à 2i6"-2i8° sous la pression normale et donnant une 'phénylurélhane
fondant à io7''-ioB'^.
(') MM. A. Weinër el Conrad ont conslalé des dilléreiices d'odeui' semblables avec
les éltiers méliiyliqiies des acides tiahsliexalivdr()|i!itali.|ues dioil et i;auclie (/A'/-, dcul.
C/icm. Gcs.. I.'WXII, |.. iobi I.
SÉANCE DU l5 MAI 1900. I.3o3
I.a f/iuYOfic. qui nous a donné le thuvol, bouillant à ao^^-aio" sous la
pression normale.
T,e citronnellol, qui a été converti en dihvdrocitronnellol, bouillant à locf-
\i\° sons irV""". Nous avons préparé l'élher pyriiviqne de cet alcool; il
xiisliUe à i/iV'-i i6" sous i'>""" et donne une semicarbazone fondant à 124"-
\jî Itipinéul, fusible à 3>", ipn, réduit à la température de i kî", nous a
fourni de l'hexahydrocymène.
li'étude tle tons ces composés est poursuivie.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la constitution . la saccliarificatioii et la réirogra-
(laùon des empois de Jécide. Note de MM. L. Maquexne et Eue. Roux.
On admet d'ordinaire que le grain d'amidon, abstraction faite d'une
petite quantité d'amyiocelhilose, d'une trace de matières azotées et de
principes minéraux, est chimiquement homogène et que les couches super-
posées qui s'y observent diffèrent seulement par leur état d'agrégation
physique, qui modifie leur perméabilité et, par conséquent, leur résistance
aux divers réactifs. On admet également que la faculté de fournir des mu-
cilages plus ou moins consistants est un caractère spécifique de la matière
amylacée et que la liquéfaction des empois constitue la première étape de
leur saccharification.
C'est au moyen de ces hypothèses que l'on explique toutes les particula-
rités de l'action de l'iode, des aciiles ou de l'extrait de malt sur l'amidon
naturel; l'étude que nous poursuivons depuis déjà plusieurs années sur la
rétrogradation des empois de fécule, l'amylocellulose et les amidons arti-
ficiels (' ) nous a montré qu'elles sont l'une et l'autre inexactes. Loin d'être
homogène le grain d'amidon est un mélange de corps doués <)e propriétés
chimiques absohunent différentes qui, dans tous les cas, réagissent chacun
pour leur compte, comme s'ils étaient seuls, dont l'existence enfin va nous
conduire à modifier profondément les théories classiques qui touchent à la
consliluLion et à la saccharification des amidons naturels.
(') Maquenne, Comptes rendus, t. CXXXVII, p. 88, 797 et 1266; t. CXXXVIII,
p. 2i3 el 37.5 ; Bull. Soc. Chim., 3° série, t. XXIX, p. 1218, et Annales de Chini. et
de Phys., 8" sirie, t. M, p. log.— Roux, ComiUcs rendus, t. CXL, p. !\\o, 9'|3 et 12J9;
Bull. Soc. Chini., 3" série, t. XXXIII, p. ^yi-
l3o/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
1. L'amidon naturel est un mélange (V amylocellulose et d'une matière muci-
lagineuse non amylacée. — 1 . D'après son mode de préparation l'amidon
artificiel n'est autre chose que de l'amylocellulose purifiée; or, nous avons
récemment fait voir qu'il donne avec le malt de 96 à 98 pour 100 de mal-
tose, tandis que la fécule ordinaire n'en fournit, dans les mêmes conditions,
que 82 pour 100.
Supposant que cette différence tient à la présence, dans la fécule, d'un
corps non saccharifiable qui est éliminé partiellement dans la préparation
de 1 amidon artificiel, nous avons essayé de purifier celui-ci davantage en le
dissolvant dans l'eau, le laissant rétrograder et le soumettant encore à l'ac-
tion du malt.
Après trois traitements de ce genre lo» d'un amidon artificiel peu soluble,
obtenu par précipitation de l'amylocellulose dissoute dans l'eau à iSo",
nous ont donné 4^, .y d'un produit qui, saccharifié en solution limpide à 56°,
a fourni 102 de maltose pour loo de matière sèche.
Ce résultat, très voisin du nombre io5 qu'indique la théorie, dans l'hy-
pothèse d'une transformation complète en maltose, nous donne la preuve
que les traitements dont nous venons de parler conduisent à une purifica-
tion de l'amidon initial; il montre en outre qu'il est possible d'obtenir la
matière amylacée sous une forme telle que les diastases du malt la conver-
tissent entièrement en sucre.
Si enfin on observe que ces modifications résultent uniquement de l'ac-
tion de l'eau et de l'amylase sur l'empois de fécule, sans que jamais celui-ci
se soit trouvé en contact avec quelque réactif susceptible de l'attaquer pro-
fondément, ainsi qu'il arrive dans la préparation des amidons solubies de
Ntegeli ou de Salomon, on ne peut s'emijccher d'en conclure que la ma-
tière amylacée naturelle est un mélange ou une combinaison instable qui,
sous les influences précitées, se dédouble en un produit entièrement trans-
formable en maltose, l'amylocellulose proprement dite, et une autre ma-
tière qui ne fournit pas de sucre sous l'action du malt.
La fécule, ne donnant, dans les conditions les plus avantageuses, que 80
à 82 pour 100 de maltose, renferme donc une même proportion d'amylo-
cellulose, et non ~ seulement, comme on l'admettait jusqu'ici.
2. Lorsqu'on ajoute de l'iode à une solution limpide d'amidon artificiel,
assez diluée pour qu'elle reste transparente après refroidissement complet,
on obtient une belle coloration d'un bleu pur, qui est plus intense que
celle qu'aurait donnée dans les mêmes conditions le même poids sec de
fécule ordinaire.
SÉANCE DU l5 MAI igoS. i3o5
L'expérience faite avec des liqueurs à 5 dix-millièmes, chauffées 4 minutes
à i5o°, puis additionnées de la même quantité d'iode, nous a montré que
sous une épaisseur de i5°"" la solution d'amidon artificiel présente une
coloration de même intensité et de même teinte qu'une colonne de 19"""
de la solution de fécule. Celle-ci se comporte donc vis-à-vis de l'iode
comme si elle renfermait 78,9 pour 100 d'amylocellulose et 21,1 pour loo
de matière inerte.
Ces résultats viennent confirmer manifestement ceux que nous avaient
fournis les expériences précédentes; ils nous permettent d'ajouter que la
coloration bleue que prennent les solutions de matière amylacée avec l'iode
est exclusivement due à l'amylocellulose qu'elles contiennent, en un mot
que la partie du grain d'amidon qui donne du maltose à la saccharification
diastasique est la même qui bleuit par l'iode.
3. De même que l'inuiine, son correspondant dans la série du fructose,
l'amidon artificiel purifié ne donne de gelée ni avec l'eau bouillante, ni
avec les lessives alcalines ; il en est de même de la matière amylacée qui a
été amenée par un réactif quelconque, acide ou diastase, à l'état de solu-
tion parfaite. La faculté que possède l'amidon naturel de se convertir en
empois par ébuUilion avec l'eau n'appartient donc pas à l'amylocellulose
qu'il renferme, mais bien à la substance étrangère dont nous venons de
j)arler, qui se rapproche ainsi des composés pectiques.
Le glucose étant le seul sucre que l'on ait jusqu'à présent réussi à carac-
tériser dans les produits d'hydrolyse de la fécule, il est probable que ce
corps appartient à la classe des dextroses; nous proposons de lui donner
le nom à'amylopectine, qui a l'avantage de ne rien préjuger sur sa véritable
nature.
IL Mécanisme de la saccharification diastasique. — L'amylopectine, nette-
ment distincte, comme on vient de le voir, de l'amylocellulose, ne doit pas
être modifiée dans le même sens que celle-ci par les diastases de l'orge
g rmée. C'est en effet ce que l'on observe quand on traite comparativement
un empois de fécule et une solution d'amylocellulose par l'extrait de malt
atténué à 80° : le premier se liquéfie rapidement, tandis que la seconde
reste inaltérée.
L'effet de liquéfaction est donc indépendant de l'effet de saccharification;
il n'affecte pas les mêmes corps, donne naissance à des produits différents,
en un mot ne lui est aucunement nécessaire.
Il est vraisemblable, d'après cela, que ces deux effets sont l'œuvre de
deux diastases différentes, l'amylase ordinaire (amylase proprement dite et
j3o6 académie des sciences.
iiextrinase de Dnclaiix) et une diastase liqiiéfianle. résistant mieux que
cette dernière à l'action de la chaleur et qu'on j)ourrait appeler amylopec-
tinase.
Dans le$ conditions les plus avantageuses, c'est-à-dire au-dessous de 56°,
le résidu dextriniforme de la saccharification, qui résiste à toute action
ultérieure du malt, provient uniquement de l'amyiopectine; au-dessus de
cette température il s'accroît des dextrines qui résultent du dédoublement
incomplet de l'amylocellulose et, à 80°, de i'amyloceilulose elle-même, qui
n'est plus attaquée, ainsi que le montre lu persistance de la coloration
bleue par l'iode.
in. Mécanisme de la rétrogradation. — L'amylocellulose, qui se sépare
des empois de fécule sous l'action du froid, donne, avec l'eau surchauffée,
des solutions d'oîi elle se dépose rapidement : le produit reprend alors ses
propriétés primitives, et la même suite de transformations peut être effec-
tuée indéfiniment (').
(loiiîHie il n'y a aucune raison de supposer que l'amidon naturel se com-
porte à cet égard autrement que les amidons artificiels, il faut conclure de
là que l'amylocellulose y existe toute formée, mais qu'elle ."s'y trouve sous
une forme particulière (peut-être à l'état de solution solide dans l'amyio-
pectine) qui lui permet de se redissoudre fjjcilement dans l'eau chaude.
C'est un état semblable à celui qu'affecte l'inuline dans le s. — 1° L'amidon naturel est un mélange de deux substances
essentiellement différentes. La plus abondante, en partie soluble à loo",
intéo^ralement soluble dans l'eau surchauffée, sans jamais fournir d'empois,
est identique à la matière déjà connue sous le nom tVamylocelhilose; à l'état
dissous elle bleuit par l'iode et se transforme entièrement en maltose sous
l'action du malt à basse température, à l'état solide elle résiste sans alté-
ration ni changement de couleur à ces deux réactifs.
La seconde est un corps mucilagineux que nous proposons d'appeler
amylopectiiie ; elle ne se colore pas par l'iode, même à l'état liquide, et se
dissout dans l'extrait de malt sans donner de sucre réducteur. C'est à cause
de sa présence dans l'amidon naturel que celui-ci se gélatinise sous l'action
de l'eau bouillante ou des alcalis.
L'amidon artificiel ne diffère de l'amidon naturel que par l'absence d'amy-
lopectine.
2° L'amylocellulose peut subsister indifféremment, entre certaines limites
de température et en présence d'un excès d'eau, sous la forme solide et
sous la forme liquide. On peut passer de l'une à l'autre en chauffant le
produit solide avec de l'eau sous pression ou en refroidissant ses dissolu-
tions concentrées : c'est ce dernier changement d'état qui constitue la
rétrogradation.
3" L'amylopectine est capable de retarder la rétrogradation de l'amylo-
cellulose, aussi bien dans le grain d'amidon naturel que dans les empois.
Inversement, toute influence tendant à dissoudre l'amylopectine favorise
la rétrogradation, c'est-à-dire la précipitation de l'amylocellulose.
4" L'action des diastases liquéfiantes sur l'empois d'amidon ne porte que
sur l'un de ses composants, l'amylopectine; elle doit donc être nettement
séparée de celle des diastases saccharifiantes, qui s'exerce uniquement sur
l'amylocellulose.
MINÉRALOGIE. — Les carbonates basiques de magnésie de l'éruption
de Santorin en i866. Note de M. A. Lacroix.
Dans son étude des sels des fumerolles de l'éruption de Santorin, en i866,
M. Fouqué a décrit(') des croûtes cristallines, essentiellement constituées
par du chlorure desodium (avec de petites quantités de sulfate, de carbonate
(') Santorin et ses éruptions. I^aris, 1879, p. 2i3.
SÉANCE DU l5 MAI IQoS. l3or)
de soude et de chlorure de magnésium), et contenant une proportion va-
riable de carbonate de magnésie.
La production d'un carbonate terreux n'ayant été observée dans les fu-
merolles d'aucun autre volcan et M. Foucpié ne s'étant occupé que de l'é-
tude chimique en bloc de ces produits salin?, il m'a paru intéressant de re-
chercher sous quelle forme minéralogique s'y trouve le carbonale de ma-
gnésie, espérant en outre en déduire cpielques conclusions sur son mode
de formation.
Les échantillons qife mon regretté maître avait conservés et qu'il a bien
voulu donner à la collection du Muséum sont constitués par des fragments
d'andésite, recouverts par une croûte saline, très cristalline, sur laquelle
s'observent des taches blanches, formées, suivant les morceaux, soit par
une matière floconneuse légère, soit par une poudre très fine, un peu plus
dense; ces minéraux sont semblables à ceux que l'on peut extraire des
mêmes échantillons en dissolvant dans l'eau tous les selssolubles qui les
constituent en grande partie.
Ces minéraux insolubles se comportent, au point de vue chimique, de la
même façon; après une dessiccation à ioo°, ils donnent, par calcinatioii, de
l'acide carbonique et de l'eau et un résidu de magnésie. CbauITés à l'ébulli-
tion dans une solution d'azotate de cobalt, ils prennent immédiatement
une coloration lilas; enfin, ils se dissolvent, à /rojc?, dans l'acide chlor-
hyilrique avec une vive effervescence. Il résulte de ces diverses propriétés
qu'ils sont constitués, non par de la giobertite, mais par un carbonate ba-
si(iue de magnésie.
L'examen microscopique confirme d'ailleurs cette manière de voir; le
minéral floconneux est isotrope et peu réfringent; la poudre fine, au con-
traire, est constituée entièrement par des sphérolites biréfringents, attei-
gnant o™'",o5 de diamètre. Ils sont, soit libres et alors parfaitement sphé-
riques, soit accolés en grand nombre côte à côte et, dans ce cas, moins
réguliers de forme. En lumière polarisée parallèle, on constate le phéno-
mène de la croix noire ; le signe de l'allongement des fibres est positif, la
biréfringence maximum peut être estimée à environ 0,008 à 0,009.
La quantité de matière (jue j'ai à ma disposition est insuffisante pour
permettre une analyse quantitative, mais il est possible d'identifier ces
produits par la comparaison de leurs propriétés et de celles de produits de
laboratoire. On sait, en effet, que la précipitation d'un sel de magnésie par
un excès de carbonate de soude fournil un précipité floconneux, extrême-
ment léger, qui n'est autre chose que la magnésie blanche des pharmacies,
C. B., iç,û5, 1" Semestre. (T. C\L, N" 20.) 1*^7
l3ro ACADÉMIE DES SCIENCES.
En variant les con(!ilions de la précipilation, on n'obtient jamais ainsi qu'un
proflnit amorphe, mais cehii-ci se transforme toujours assez rapidement en
une pondre fine, cpiand il est maintenu pendant quelque temps à l'élmlli-
tion dans son eau mère. J'ai constaté que ce |irccipilé, dont Fritzsche a
signalé (') déjà la slrucliire sphérolitiqne et dont il a déterminé la composi-
tion [4 MgCO', Mg(0H)^4H'0], possède exactement les mêmes proprié-
tés optiques que le minéral de Sanlorin; les préparations microscoj)iques
formées par un mélanga de sphérolites naturels et des sjihérolites artificiels
ne permettent d'établir entre eux aucune distinction. Ces propriétés sont
fort différentes de relies du carbonate [3MgCO\ Mg(OH)S 311=0], se
Irouvaut dans la nature à l'élat cristallisé (liydromagnésite) et paraissant
constituer le précipité amorphe dont il vient d'être question.
Ce carbonate basique sphérolitique étant pour la première fois observé
dans la nature, il est nécessaire de lui donner un nom dans la nomenclature
minéralogique; je propose celui de giorgiosiie, pour rappeler son gisement
dans la lave du Giorgios, édifié par l'éruption de 1866.
Quant au mode de formation de ce minéral, il est évidemment de nature
secondaire; on peut le démontrer de plusieurs façons différentes.
I/examen microscopique de lames minces, taillées dans les dépôts
salins intacts, montre en effet que ceux-ci sont essentiellement constitués
par l'enchevêtrement de cubes de chlorure de sodium, riches en inclusions
liquides. I>es carbonates de magnésie ne sont pas engio bés par ces cristaux,
ils remplissent leurs interstices et sont, par suite, de forma tion postérieure.
En dissolvant dans l'eau quelques fragments de ces sels, on n'isole pas
seulement des carbonates déjà formés, mais on eu précipite encore une
petite quantité; suivant la température de l'expérience, il se forme ainsi,
soit le tvpe amorphe, soit des sphérolites biréfringents. Ces minéraux
résultent donc, sans aucun doute, de la précipilation, par le carbonate de
soude, des sels de magnésie solubles, associés en petite quantité au chlo-
rure de sodium. Cette précipitation a commencé à ss produire aussitôt que
la température des laves a été assez abaissée pour permettre à la vapeur
d'eau des fumerolles de se condenser ou à l'eau de pluie de ruisseler à la
surface des croûtes salines; celles-ci ont pu alors se dissoudre partielle-
mont, l^e carbonate sphérolitique ne se formant qu'à la température de
l'ébulliiion (prolongée), sa proJuclion a dû précéder dans le temps celle
du carbonate amorphe qui, lui, n'a pu preatire naissance qu'après le re-
froidissement plus ou moins complet de la lave.
(') Pog^. Ann.. l. XX.WIJ, i836, p. 3o^.
SÉANCE DU l5 MAI 19OJ. \Ul
En résumé, les carbonates de magnésie de Sanlorin représentent à l'état
naturel les diverses formes de magnésie hlanche des laboratoires; ils ne
doivent pas être considérés comme des minéraux primaires de fumerolles
volcaniques, mais comme des produits, formés par une réaction secon-
daire, aux dépens des minéraux normaux de celles-ci; leur genèse esl,
par conséquent, indépendante des conditions qui ont présidé à la crislal-
lisalion de ces derniers.
La température, voisine de 100° C, nécessaire à la cristallisation tlu
composé : 4MgC0% Mg(Ori)^, ^H^O, explique pourquoi il n'a pas encore
été rencontré dans la nature, comme produit d'altération atmosphérique
lie minéraux magnésiens, alors que l'iiydromagnésite, qui se forme à
une température inférieure, est, au contraire, assez abondante.
Il me piirait utile d'appeler sur ce nouveau minéral l'attention de ceux
qui auront l'occasion de suivre de près îles éruptions volcaniques, les sels
solubles de magnésie n'étant pas très rares dans les fumerolles à haute
température (chlorure de magnésium dans celles des éruptions de i855 et
de 187-2 au Vésuve, d'après Scacchi) qui louliennent parf )is aussi des car-
bonates alcalins.
AÉRONAUTIQUE. — Expériences d'eitlixenierU d'un hc.iir.opière.
Note de S. A. S. le Prince UE Monaco.
1/appareil expérimenté est un hélicoptère construit par M. M. Léger,
ingénieur à Monaco. Il a deux hélices coaxiales, superposées et tournant
en sens inverse. J_,'axe commun de ces hélices, vertical dans la position île
montée, s'incline vers l'avant pour obtenir la translation horizontale ou
oblique, ce qui dispense de l'emploi de toute autre hélice. J^a charnière
du gouvernail étant oblique, on peut, au moyen de celui-ci, orienter l'ap-
pareil aussi bien pendant la montée ou la descente que penilant la marche
horizontale ou oblique.
Ces expériences ont été faites dans l'une des grandes salles ilu Musée
océanographique de Monaco.
L'appareil expérimenté est une réduction en demi-grandeur de celui
qui doit enlever une personne. Les hélices mesiirent 6™, 25 de diamètre et
i"',75 de largeur, dans leur partie la plus large. Elles sont construites en
tôle d'aluminium contreventées et offrent une rigidité parfaite. Chacune
d'elles pèse 21'''''. L'appareil complet, comprenant les hélices et leurs axes.
l3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le Iraiti d'engrenages leur transmettant le nnoiivemenl du moteur, le châs-
sis, le gouvernail, en un mot l'appareil complet, sauf le moteur, pèse 85^^.
I.e mouvement, fourni par une dynamo, était communiqué à l'appareil,
au moven d'un arbre de i™ de longueur, terminé à chacune de ses extré-
mités |)ar une transmission à la cardan. Le poids de cette transmission,
porté par rap|)areil, était de 5''^.
L'appareil était en outre chargé de quatre poids en plomb, de 5'^^ chacun,
accrochés à chacun des pieds du châssis.
Le poids total à enlever était donc : 8^^^ ]K)ur l'appareil -+- sS'^b de poids
mort = iio''s.
Ce poids fut entièrement soulagé à chaque essai par un courant de
/|0 ampèies sous i4o volts, mesurés aux bornes de la dynamo; soit
5Goo watts.
La vitesse de rotation des hélices était de 4o tours à la minute. Le ren-
dement de la dynamo (mesuré au frein de Prony, précisément pour cette
intensité de 4o ampères et i4o volts) étant de 8o pour loo, la force utili-
sée a été de
56oo X o,8o = 4,480 watts,
soit 6,1 chevaux de 7$ kilogrammètres ou 457 kilogrammètres. On peut
admettre pour le poids d'un moteur 2''^ par cheval, y compris la provision
d'essence pour une marche de i heure. Le poids mort de 25''''' peut alors
se décomposer ainsi :
jo j5kg représentant 7'^^'"', 5, force plus que suffisante pour enlever et
conduire l'appareil;
2" io''B représentant le poids d'un homme de 8o's; tuais, ici, les documents réunis en quelques niinutes
sont beaucoup plus nombreux et il n'y a pas à craindre l'intervention des
erreurs personnelles; le temps de jiose n'est pas élevé. Au point de vue
astronomique, si l'on veut déterminer par la photographie les coordonnées
. = o, g el /i seront des constantes.
On reconnaît ainsi que la force (X, Y) cherchée doit être ou centrale,
ou parallèle à une direction fixe.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la rigidité élcclrostalique des gaz aux pressions élevées.
Note de MM. Ch.-Eug. Guye et H. Guye.
L'intérêt très actuel que présente la décharge disruptive dans les gaz
nous a engagés à étudier l'influence des pressions élevées sur le potentiel
explosif. Les gaz en expérience, soigneusement purifiés et desséchés, ont
été : l'azote, l'air, l'oxygène, l'hydrogène et l'anhydride carbonique.
Le dispositif employé élait le suivant : A l'extrémité d'un tube de Cailletet étaient
soudées deux électrodes de platine (,1""" de diamètre) soigneusement aplanies et dis-
SÉANCE DU l5 MAI igoS. l32I
tantes d'environ o""",2. Afin d'éviter les actions perturbatrices pouvant provenir de
charges électriques localisées sur le verre, une capsule de platine placée à l'intérieur
du tube et en communication avec l'électrode supérieure recouvrait complètement
les électrodes; seuls deux petits orifices disposés sur deux diamètres rectangulaires
permettaient d'observer l'étincelle à l'intérieur de la capsule. La pression était
mesurée à l'aide de manomètres à azote en rapport avec la pompe de compression et
gradués d'après les expériences de M. Amagat. La mesure des potentiels a été effec-
tuée au moyen d'un électromètre absolu de iMM. Bichat et Blondlol par un dispositif
ra])pelant celui de MAI. Abraham et Lenioine, avec quelques modifications. Dans
toutes les expériences la distance explosive était la même, et nous nous sommas
assurés, au moyen d'un microscope et d'un micromètre, que la pression était sans
iufiueuce sur cette distance. Enfin, les précautions nécessaires ont été prises pour
éviter les variations de température résultant de la compression ou de la détente des
Le Tableau qui suit résume les résultats obtenus; les pressions/? sont exprimées en
mètres de mercure à o"; les potentiels explosifs en C.G.S. électrostatiques.
2,07
3,-8
10,67
10,26
8,84
5,95
15,72
i5,.7
12,85
8,i3
'9)70
16,42
10,37
23,53
23! 16
20,22
i3,38
27.09
26,99
24,06
.5,63
3l,42
30,2 2
27,8.
17,33
34,82
33,39
3o,44
18,59
40,87
38,63
35, o3
21,66
44,66
43,65
39,41
23,52
00,78
49,87
45,59
28,01
6,60
8,12
9,95
24, A4
29,50 » » » „
32,70 56, 4i 55,82 51,59 33, 3o
37,40 » »
39
39,60 » „ „ „
40,70
44,80
45,3o
47,65
5o,8o
54,60
60, 5o
65,10
10, i5
9,4o
10,46
i4,o8
.3,73
.4,39
17,13
■ 6,58
17,20
20,64
'9,07
20,67
28,78
22, i5
23,48
27,67
25,02
27.25
3o,43
28,01
3o,oi
34,73
31,78
35,92
39,34
36,56
4o,55
45,77
42,85
46,84
52,28
„
„
56,24
47, o5
52,78
59,08
»
,>
60,78
„
„
60, 85
„
„
58, 5o
09,50
55,59
61,25
»
„
63,77
60, o3
57,96
65
62,71
60,78
59,06
59.-5
»
59,56
62,74
60,19
L examen de ces chiffres conduit aux conclusions suivantes :
1° Jusqu'aux environs de lo^'"", le potentiel explosif croît linéairement
l3 22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec la pression; ce résultat confirme donc les expériences de M. Wolf,
effectuées dans ces limites.
2° Pour des pressions plus élevées, le rapport du potentiel explosif à la
pression va en diminuant; les courbes représentatives du potentiel explosif
en fonction de la pression ont dans leur ensemble une allure parabolique
que nous nous réservons de discuter ailleurs.
30 Dans toutes nos expériences sur l'azote, la courbe du potentiel explosif
a montré un maximum dans le voisinage du maximum de compressibilité
de ce gaz {pv = minimum). Les expériences sur l'air ont montré également
un léger relèvement de la courbe pour/? == 65"° de mercure.
4" Avec l'hydrogène et l'oxygène, pour lesquels le minimum de pv se
trouve en dehors de la limite de nos expériences, nous n'avons rien con-
staté de semblable.
5° Les quelques expériences effectuées sur la rigidité électrostatique de
CO^ au voisinage du point critique semblent indiquer une diminution du
potentiel explosif en ce point; toutefois la décomposition partielle du gaz
qui doit résulter du passage de l'étincelle rend alors le phénomène plus
complexe qu'avec les gaz précédents et l'interprétation devient délicate.
6° Des expériences effectuées en présence d'un sel de radium ou en
faisant agir les rayons X n'ont pas donné de résultats sensiblement diffé-
rents.
ÉLECTRICITÉ. - Sur les effets respectifs des courants de Foucault et de l'hys-
térésis du fer sur les étincelles oscillantes. Note de M. G.-A. Hemsaleci,
présentée par M. Lippmann.
On sait (') que, en introduisant un noyau de fer dans une bobine de
self-induction placée dans le circuit de décharge d'un condensateur, les
oscillations sont plus ou moins détruites selon la constitution du noyau.
Ainsi, un tuyau mince de fer détruit toutes les oscillations sauf la première
sans changer sensiblement leur fréquence, tandis qu'un noyau compose
de fils de fer isolés diminue leur fréquence sans toutefois les amortir autant.
Dans le premier cas, nous avons deux causes qui influent : les courants de
(M J.-J. Thomson, Smithsonian report, p.sSi. Washington, ,898. - J.-A. Fleming
Electrical oscillations and eleciric .va.es, p. 18-20; Canior Lectures, London
. G.-A. Hemsalecu, Thèses de Doctorat, p
12-20. V
SÉANCE DU I ■) MAI igoS. IJ23
Foucault et le magnétisme du fer. Dans le deuxième cas, l'influence des
courants de Foucault est presque supprimée. Les expériences suivantes ont
été entreprises dans le bnt de différencier ces deux causes et de préciser
l'action de chacune d'elles. La méthode employée était celle que j'ai indi-
quée dernièrement ( ' ) et qui met en évidence les effets en question d'une
manière très nette.
Une bobine de self-induction, formée par deux couches de fil de cuivre isolé et en-
roulé sur un cylindre en carton, est insérée dans le circuit de décharge d'un conden-
sateur de plaques (capacité : 0,0008 inicrofarad chacune). Elle a les dimensions sui-
m
-m
rjg. I. — l'JlVts des courants de Foiicaiill. liR- '■ — r.iiei^ <\r 1 ii\^irirsis.
vantes : longueur, 92'-"; diamètre extérieur du carton, 21™, 6; épaisseur du carton,
C^^-.SS; nombre de tours par couche, 254; diamètre du fil, o"",!; coefficient de self-
induction, 0,012.5 henrj. Dans le même circuit et en série avec cette self-induction est
inséré le dispositif décrit dans ma Note précédente (p. iio3). Le condensateur est en
dérivat'on sur une bobine d'induction. Lorsqu'on fait fonctionner cette dernière, on
aperçoit entre les plaques de cuivre les oscillations, séparées les unes des autres par le
courant d'air.
(') Comptes rendus, t. CAL, igoS,'^- 'io3.
l324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si maintenant on introduit progressivement dans la bobine de self-induction un cy-
lindre en tôle de zinc, on constate une augmentation progressive de la fréquence d'os-
cillations qui atteint un maximum lorsque la tôle couvre complètement la paroi du
cylindre en carton sur lequel est enroulée la bobine ; de plus, on constate <[ue le nombre
des oscillations dans chaque décharge reste constant. La figure i est la reproduction
d'une photographie d'une série d'étincelles oscillantes obtenue en introduisant progres-
sivement (du haut en bas) dans la self-induction un tuyau mince en zinc ayant ac™ de
diamètre et i" de longueur. Les décharges initiales sont du côté droit de la planche.
La fréquence d'oscillations par seconde est de aSooo pour la première étincelle; elle
dépasse 5oooo pour la dernière lorsque le tuyau est complètement introduit. La valeur
de ce coefficient d'augmentation est, dans les conditions expérimentales données, a, ig.
Elle semble être indépendante de la capacité, mais varie comme l'inverse de la dislance
entre ia surface extérieure de la tôle de zinc et la paroi de la bobine de self.
Un cylindre en zinc fendu dans toute sa longueur ne produit pas l'elTet signalé : la
discontinuité du cylindre empêche les courants de Foucault de circuler. Nous avons
utilisé ce fait pour éliminer TelTet des courants de Foucault dans le cas d'un cylindre
en fer.
L'introduction d'un tuyau en fer engendre la suppression des oscillations à l'excep-
tion de la première ('). Ce phénomène est admirablement accusé par notre disposif à
l'aide duquel on voit les oscillations disparaître l'une après l'autre au fur et à mesure
qu'est introduit un cylindre en tôle de fer (diamètre, 19"", 5; longueur, i") dans la
bobine. On peut alors constater une légère augmentation de la fréquence d'oscilla-
tions (1,3 fois environ) due aux courants de Foucault. Pour éliminer l'action de
celles-ci, nous avons remplacé le cylindre continu par un cylindre fendu : la suppres-
sion des oscillations est presque la même qu'avec un cylindre continu, mais la fréquence
d'oscillations est légèrement diminuée (de 5 pour 100 environ). La série de photogra-
phies de la figure 2 a été obtenue en introduisant progressivement un cvlindre fendu
en fer doux dans la bobine de self.
En résumé les courants de Foucault augmentent la fréquence d'oscillations
par seconde sans influer sur le nombre des oscillalions dans chaque décharge.
L'hystérésis du fer détruit les oscillations et en diminue plus ou moins la
fréquence.
En terminant, mentionnons encore les faits suivants, qui sont tous faci-
lement démontrés à l'aide de notre dispositif :
1. Si, après avoir détruit les oscillations à l'aide du cylindre en fer, on
glisse le cylindre en zinc entre celui de fer et la paroi de la bobine de
manière à former écran autour du fer, les oscillations reparaissent avec la
fréquence augmentée par les courants de Foucault.
2. Un circuit magnétique fermé a donné le même résultat qu'un circuit
ouvert.
(') Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. 917.
SÉANCE DU l5 MAI IQoS. l'ilj
3. Deux cylindres de fer (fendus) de jo'^" de long chacun, introduits
dans la bobine et isolés l'un de l'iiutre par une plaque de bois de 2""
d'épaisseur, ont le même effet qu'un seul cylindre de i™ de long.
4. Avec un noyau (5o''"' de long et 10"" de diamètre) composé d'un
grand nombre de fils de fer doux (diMmèlre du fil : 1°""), on aperçoit
encore trois oscillations complètes et la fréquence d'oscillations est dimi-
nuée considérablement, comme l'a déjà observé pour ce cas M. Marchant (' ).
RADIOLOGIE. — Élude de la puissance radio graphique d'un tube à rayons X.
Note de M. S. Turchixi, présentée par M. d'Arsonval.
En appelant I l'intensité du courant qui passe dans un tube à rayons X,
et T le temps de pose, si le produit IT est constant, à étincelle équivalente
constante, l'impression radiographique est toujours la même (-).
Avant déterminé les variations d'éclat données par un tube à rayons X
en radioscopie (^), j'ai répété les mêmes expériences au point de vue
radiographique.
Sur une plaque sensible et dans sa partie ceiiUale, afin d'éviter autant que possible
le voile des bords, j'ai fait seize poses de 5 secondes chacune. Pour cela, au milieu
d'une large plaque de plomb, j'ai découpé seize petits carrés, et j'ai posé le réseau
ainsi constitué sur le châssis contenant la plaque sensible. Au moyen de lames de plomb
convenablement disposées, quinze de ces carrés étaient toujours recouverts, pendant
que le seizième subissait l'action des rayons X.
Huit de ces poses correspondent à une grosse bobine de 45°™ d'étincelle, les huit
autres à une petite bobine de 25'^"' d'élincelle. Les huit poses correspondant à chaque
bobine ont été faites avec quatre étincelles équivalentes: i3, 10, 8 et 6 centimètres.
Pour chaque étincelle on a employé deux intensités : o"''^,4 et o°''^,6. La fréquence de
l'interrupteur était de 3i interruptions par seconde, fréquence que j'ai vue dans une
étude précédente être la meilleure.
J'ai obtenu ainsi seize carrés difléreninieut impressionnés, qui ont été soumis à des
mesures photométriques par la méthode de Camichel (*).
(') l\alure {London), t. LXII, 1900, p. ni.
(*) D'AksoiNVAl, Dispositif pennetLant de rendre identiques les tubes à rayons X
{Comptes rendus, t. GXXXVIII, p. 1142).
(^) TuiiCUiNi, Sur les variations d'éelat d'mt tube à rayons X {Comptes rendus,
17 avril igoS, n° 16).
{'') Caiuchki. , Sur la speetrophotométrie plwlographiijue {Comptes rendus,
t. CXXXMI, p. i4i3).
G. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N- 20.) 1^9
[3 26
La i:
ACADEMIE DES SCIENCES,
impressionnée étant placée devani le pliotoii
j'ai formé sur celte
plaque, au moyen d'une lentille, l'image réelle d'un petit trou éclairé par un bec Auer.
Cela fait, en amenant successivement sur celte image les diverses plages impression-
nées, on en mesurait la transparence.
Pour avoir des nombres absolus, j'ai déterminé l'abàorplion de la lumière par la géla-
tine non impressionnée. Four cela j'ai utilisé les parties de la plaque qui avaient été
protégées par la lame de plomb et développées en même temps que les plages impres-
sionnées. Le nombre lu au photomètre a été : 38.
L'intensité de l'impression radiographique sera ])r(niiiiliiiniielle à
(-
V38
N étant le nombre lu au photomètre pour chaque plage impressionnée.
\ oici alors les nombres que j'ai obtenus :
Numéros
des plages Étincelles
impressionnées. équivalentes.
(sy
Numéros
des plages
impre
.3 )
lO )
(fi)'
2,G6
]
... i3 1
3 . ..
. lO \
5
8
... 6
1,87
k
10
1,73
6
... S
.,28
8
6
3, .5
3
2,5o
1,65
L'examen de ces nombres montre que l'impression radiographique. à
intensité constante augmente avec l'étincelle équivalente, jusque vers 10''"'
d'étincelle; à ce moment la courbe est praliqueinent confondue avec une
asymptote horizontale.
On voit également que les impressions obtenues avec la petite bobme,
toutes choses égales d'ailleurs, sont plus fortes que celles qui ont été obte-
nues avec la grosse bobine.
Ces résultats sont identiques à ce qui a été vu en Radioscopie et per-
mettent de dire que le tube de Crookessuiten Radiographie les mêmes lois
qu'en Radioscopie.
Il ressort de celte étude que, en Radioscopie et en Radiographie, il n'y
SÉANCE DU l") MAT rpoS. l327
a aucun avantage à employer des étincelles équivalentes supérieures à lo"^'"
ou la*""", ce que la pratique courante avait d'ailleurs déjà reconnu.
Quoiqu'on n'ait pas encore pu faire de mesures, il est vraisemblable
que les effets radiothérapiques doivent suivre les mêmes lois que les effets
radioscopiques et radiographiques.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la conductibilité des gaz issus d'une flamme.
Note de M. Eugène Bloch, présentée par M. Mascart.
I. M. Mac Clelland a fait en 1898 (' ) l'étude delà conductibilité que pré-
sentent les gaz issus d'une flamme. Un bec Bunsen ordinaire était placé sous
une cheminée métallique, dans laquelle se trouvaient des électrodes isolées
qu'on pouvait relier à uu électromètre; les gaz étaient aspirés par une
trompe à eau. La mesure de la mobdité des ions faite par la méthode dite
des courants gazeux, qui a été imaginée à cette occasion, a conduit au ré-
sultat suivant : à mesure que les gaz se refroidissent en s'éloignant de la
flamme, les mobilités diminuent; à io5" elles sont de o""'",/) environ, mais
la température n'a pu être abaissée davantage.
J'ai applit|ué depuis (-) la méthode des courants gazeux à l'étude de l'io-
nisation par le phosphore et par diverses réactions chimiques, et j'ai trouvé
tlans tous les cas des mobilités de l'ordre de o""",oi. En rapprochant ces
nombres de ceux qui avaient été trouvés par M. Townsend (') pour les gaz
de l'électrolyse, j'ai pu conclure à l'existence d'une classe nouvelle de gaz
ionisés caractérisée par la petitesse de la mobilité des ions. M. Laugevin ( ^ )
a signalé récemment un nouvel exemple de gros ions en étudiant l'ionisa-
tion propre de l'air atmosphérique.
Les expériences de M. Mac Clelland rendaient dès lors probable l'hypo-
thèse que les gaz issus d'une flamme se rangeraient dans la même catégo-
rie, à condition d'être ramenés à la température ordinaire. Le même fait
était aussi rendu vraisemblable par les expériences que M. Langevin et
moi (^) avons faites sur la mesure du rapport i dans ces gaz. Je me suis
proposé d'élucider définitivement cette question.
(') Mac Clelland, Phil. Mag., t. XLVl, 189S, p. 29.
(-) E. Bloch, Ann. de Chim. et Phys.,l. IV, igoS, p. 2.j.
(') TowNsiiND, Phil. Mag., t. XLV, 1898, p. 125.
(') P. Langevin, Comptes rendus, l. GXL, 190.J, p. 282.
(■') P. I^ANGEViN el E. Bloch, Comptes rendus, l. CXXXIX, igo^, p. 792.
l328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
II. La mélhode employée consiste à envoyer clans un condensateur cylin-
drique les gaz issus de la flamme d'un petit bec de gaz. On mesure à la ma-
nière habituelle, au moyen d'un électromètre Curie sensible, les courants
qu'une différence de potentiel donnée entre les armatures peut faire passer
à travers le gaz. Si, sans toucher à la flamme ni au courant d'air qui en-
traîne les gaz qu'elle émet, on fait croître progressivement cette différence
de potentiel, on construira la courbe dite de saturation. I.a connaissance
des dimensions géométriques de l'appareil et de la valeur absolue du débit
d'air permettra de déduire de cette seule courbe la valeur de la mobilité des
ions dans les conditions de l'expérience : il suffira pour cela, comme l'a
montré M. Langevin (loc. cit.), de chercher les points de la courbe où la
courbure est très prononcée.
La flamme est très petite (i'"'" à 2"™), ce qui permet de refroidir très rapi-
dement les gaz qui en sont issus. Le courant d'air qui entraîne les gaz est
produit par une canalisation d'air comprimé : il est débarrassé de poussières
et d'ions par filtration sur du coton. Le débit du gaz est mesuré au moyen
d'un manomètre étalonné du type Topler, parle procédé décrit antérieu-
rieurement (^loc. cit ).
Voici les principaux résultats obtenus :
i" Plus les gaz s'éloignent de la flamme, et plus la saturation est difficile;
elle devient aussi moins nette, car la courbure des courbes s'étale sur un
espace de plus en plus grand. En d'autres termes, la mobilité des ions dimi-
nue et devient moins bien définie.
2" Lorsque le temps mis |)ar le gaz à aller de la tlamme au condensateur
croît de quelques secondes à 22 minutes, la mobilité décroît de i""™ à o°^™,oi
environ. Les courants de saturation sont plus forts quand le tube extérieur
est chargé négativement (dans le rapport de 5 à 4 environ). Le gaz doit
donc emporter une charge négative; ce fait est facile à vérifier au cvlindre
de Faraday (').
Dans les expériences citées plushaut et relatives à la mesure du rapport s,
les mobilités utilisées étaient de o™™,5 à i'°"; on s'explique ainsi le résultat
obtenu, e = 0,7.
3" Il faut au moins i5 on 20 minutes aux gaz issus de la flamme pour que
les ions aient pris un état définitif d'équilibre correspondant à la mobilité
de o""",oi. Cet état final ne semble pas résulter seulement d'un refroidis-
sement progressif du gaz, mais bien plutôt d'un accroissement lent d'une
(') \"oir Lord Kelvin, A'ali/re. avril 1897.
SÉANCE DU IT MAI IpoS. l329
agglomération nialérielle qui se serait formée autour du centre chargé. Un
thermomètre montre en effet que le refroidissement complet des gaz ne
demande pas plus d'une trentaine de secondes.
En résumé, les ions contenus dans les gaz issus d'une flamme prennent,
au bout d'un temps suffisamment long, une mobilité d'équilibre de l'ordre
deo"", oi. Ils doivent donc être classés eux aussi dans la catégorie des
gros ions. L'étude précédente est, de plus, en faveur de l'hypothèse qu'il
ne saurait exister aucune mobilité stable intermédiaire entre celles des gros
ions et celle des petits ions ou ions ordinaires.
MAGNÉTISME. — Sur V ionisation et le coefficient d'aimantation des solutions
aqueuses. Note de M. Georges Meslix, présentée par M. Mascart.
I. Après avoir détermiué les coefficients spécifiques d'aimantation d'un
certain nombre de sels ('), j'ai étudié au même point de vue les solutions
de quelques-uns d'entre eux, et cette étude m'a amené à constater que le
pouvoir magnétique ne se conservait pas toujours dans le phénomène de la
dissolution, du moins lorsqu'il s'agit de sels fortement magnétiques : autre-
ment dit, le pouvoir magnétique de la solution ne peut se calculer, dans ce
cas, en faisant la somme algébrique des pouvoirs magnétiques relatifs au
dissolvant et au sel dissous.
Pour mettre en évidence ce résultat et pour le présenter en même temps
d'une façon systématique, j'ai calculé le pouvoir magnétique de la substance
dissoute, par différence des pouvoirs magnétiques de la solution et du dis-
solvant; voici les résultats obtenus avec la solution aqueuse de sulfate de
cuivre :
Coefficients
d'aimantation
Sulfate de cuivre. ( par rapport à l'eau ).
A Télat solide 9,2
En solution de densité I , i6i5 8,4
I,l43:-. 8
» " i.ogSC) 7,9
» » i,o8oX 7,9
>, >. 1,0669 7,8
» » 1 , o5o 7,9
>> » 1 , 039.5 7,9
(') Comptes rcndiix, t. G.XL, p. 782.
l3'^o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce Tableau manifeste un écart not;ible par rapport lui même cnefficient
déterminé pour le sel solide: cet écart, qui va en s'accenliiant au fur et à
mesure qu'on s'adresse à des solutions plus étendues, tend rapidement vers
une valeur limite, de sorte que le phénomène peut s'interpréter en admet-
tant une décomposition graduelle de la molécule saline en éléments moins
magnétiques, cette ionisation étant complète à partir d'une certaine dilu-
tion.
Avec le ferricyanure de potassium j'ai obtenu :
Cocfflcienls
(raiiiiant;iliun
Ferricyanure île potassiuin. ( par rapport à l'eau ).
A Tétat solide 11,4
l'"n solution de dcnsilii i , i8o3 9,3
i,i4o'"> 9,2
r,ii3o 8,8
1,0882 8.8
1,08-5 8,8
1,0706 8,6
» » i,o54S 8,4
» Il 1 ,0875 S
Ces résultais sont d'accord avec ceux que l'on peut tirer des expériences
faites par Becquerel et par Quiucke sur ces mêmes solutions.
On a en effet :
Pour le sulfate de cuivre de densité 1 , 1263 (lix. de Herquerel). . . 8,1
I^oui- le fenicjanuie de polassluni >> 1 , i38i (Ex. de Quincke) .... 9,2
Les nombres ainsi calculés (et corrigés du niaguétisine dt- l'air dans le
cas des expériences de Quincke) s'encadrent très bien dans les Tableaux
précédents et j'ai pensé qu'on pouvait alors se servir des expériences de
ces mêmes physiciens sur d'autres solutions pour manifester un semblable
écart par ra|)port aux résultats que m'av;iieut doiuiés les sels solides.
Ainsi, pour le sulfate de fer solide, j'avais oliliun 60
L'expérience de Becquerel sur la solution de deu-iti- 1 , 1920 donne 55
» » ■■ " ].i72S ,, 53
» Quincke » ■ 1,2217 " 53
» » ■■ •■ 1 .o-5o I. 52,6
Ces différences ne se manifestent, il me semble, qu'avec les sels forte-
ment magnétiques; je n'ai pu les mettre en évidence pour les sels diama-
SÉANCE DU ]5 MAI IpoS. l33l
gnétt'ques ou faiblement parainagnéliques; il est vrai que, pour ces corps,
le calcul présente une grande incertitude, car le coefficient relatif à la partie
dissoute s'obtient par la différence de deux quantités très voisines, puis-
qu'elles sont relatives l'une à la solution, l'autre au dissolvant.
D'ailleurs, pour les corps de la première catégorie que j'ai étudiés plus
haut, le pouvoir magnétique se conserve pendant la dilution, à partir d'une
certaine concentration et le désaccord n'apparaît que si l'on compare le
cas des dilutions étendues avec celui des solutions concentrées ou des sels
solides; d'une manière générale, les résultats obtenus avec les solutions
ne peuvent être appliqués aux sels cristallisés qu'avec une certaine réserve
et, pour cette raison, les nombres donnés pour le magnétisme atomique
ne peuvent être considérés comme exacts, lorsqu'ils sont le résultat d'une
telle interprétation.
II. J'ai constaté une anomalie semblable, mais un peu plus complexe,
avec l'alcool éthvlique plus ou moins hvdraté, dont le coefficient spécifique
d' aimantât ion n eut pas toujours intermédiaire entre ceux de l'alcool pur et de
l'eau.
Si l'on part de l'alcool absolu, dont le coefficient diamagnétique, i,o3o,
est un peu supérieur à celui de l'eau pris pour unité et qu'on y ajoute pro-
gressivement de l'eau, on obtient un liquide dont le coefficient magnétique
va d'abord en croissant en valeur absolue, passe par un maximum voisin
de 1,045 pour une teneur de 4 pour 100 en eau et décroît pour reprendre
sa valeur initiale pour 8 pour 100 d'eau, de sorte que dans cet intervalle
le coefficient magnétique est supérieur aux coefficients des deux consti-
tuants; la différence est d'ailleurs très faible et voisine de la précision dont
on peut répondre, mais des expériences multiples m'ont donné des écarts
systématiques et toujours dans le même sens.
Ce résultat peut être rapproché de celui qui a été obtenu pour les ten-
sions de vapeur des mélanges d'alcool et d'eau : l'alcool à 96 pour 100 pré-
sente, aux environs de 78", une tension de vapeur légèrement supérieure
à celle de l'alcool pur; il y a donc, pour ce mélange et sous la pression
ordinaire, une température d'ébullition minimum ('), et c'est ce qui
explique pourquoi la distillation de l'esprit-de-vin fournit, non de l'alcool
absolu, mais de l'alcool à 96° (mélange à point d'ébullition constant de
Young).
(,') Young, Fractional distillation, Chap. 111.
i33:
ACADEMIE DES SCIENCES.
MAGNÉTISME. — Propriétés de la pyrrJiolinc dans le plan magnétique.
Note de M. Piekke Weiss, présenlce par M. .1. VioUe.
Dans une Note antérieure (') j'ai montré que la pyrrholine, ou pyrite
magnétique, n'est susceptible de s'aimanter que parallèlement au plan de
base du prisme hexagonal dont les cristaux de cette substance semblent
dériver.
Les mesures dans ce plan magnétique ont donné des résultats très va-
riables d'un échantillon à l'autre, possédant tout au plus la symétrie clino-
rhombique, à la place de la symétrie hexagonale attendue. La raison de
cette complexité apparaît à l'examen de la courbe ci-dessous {fig. i ), dans
laquelle j'ai porté en abscisses les azimuts d'un champ magnétique
o./,o- m- 1
C
\
\
\
constant, de 4ooo gauss, agissant dans le plan magnétique et en ordonnées
les composantes de l'aimantation perpendiculaires au champ. Le phéno-
mène se reproduit à i8o° de distance.
celle courbe j'ai recours i'i une image. Supposons que nous fassions
nagnélique dans le plan d'une plaque elliptique de fer doux. Aux
p. Le
Pour inlerpr
lourner le cliai
axes, l'aimanlalion coïncidera avec le clu
land axe sera un maximum, le petit
un minimum d'ainiaûlalion. Pour toute autre direction du champ, raimantation sera
plus voisine du grand axe que le champ. Dans la rotation continue du champ, l'aiman-
tation tournera donc plus lentement que celui-ci dans le voisinage du grand axe et plus
vite dans le voisinage du petit axe. Si l'ellipse est très allongée, dans le voisinage du
minimum la composante de l'aimanlalion perpendiculaire au champ passera presque
(') Comptes rendus, t. CXXVI, 1898, p. 1099.
SEANCE DU 1.5
instantanément d'une très grande valeur néi
comme le représente la figure 2.
La figure r résulte visiblement de l'additi
logues à celles de la figure 2. construites à de
par rapport aux autres de 60° et de 120°.
MAI igoS. i333
ntl\e à une très grande \aleur positive,
m des ordonnées de trois courbes ana-
i èclielles dilTérentes et déplacées les unes
Nous supposerons donc que l'édifice comple\e du cristal est formé par la juxtaposi-
tion de cristaux élémentaires dont les plans magnétiques sont parallèles et qui pos-
sèdent chacun un maximum et un ininimum d'aimantation rectangulaires. Ces cristaux
sont associés dans le plan magnétique sous des orientations difi'érant entre elles de 60"
ou, ce qui revient au même, de 120°.
L'amplitude des variations brusques (AA', BB', CC, fig. i) donne l'importance
relative des trois composantes. Cherchant à isoler la pyrrhotine élémentaire, j'ai déter-
miné la composition de plusieurs centaines d'échantillons. Pour certains d'entre eux
les trois amplitudes étaient sensiblement les mêmes, pour d'autres deux éléments pré-
dominaient, pour d'autres encore un seul était |)répondérant. Mais, même en divisant
la matière en tout petits fragments, je n'ai pu rencontrer un échantillon absolument
simple. J'ai mesuré sur un petit clivage :
Première direction. Deuxième direrliun. Troisième ilirerlioii.
rop petit poui
3
mesures précises.
L'existence de la matière simple est donc certaine. N'ayant pu l'isoler,
j'ai décrit ses propriétés de mesures faites sur des cristaux complexes.
Pour une matière dans laquelle un des éléments prédomine, j'ai déterminé
par tâtonnements les deux coefficients par lesquels il faut multiplier les
ordonnées, pour les retrancher ensuite avec une avance de 60° et de 120°,
afin que le reste représente les propriétés de la pyrrhotine élémentaire.
Dans la figure 3, la courbe I est expérimentale, elle se rapporte à une pyr-
rhotine dans laquelle les cristaux élémentaires sont eiitre eux comme
C. R., 1903, I" Semestre. (T. CXL, N° 30.) 1/°
a334
ACADÉIVUE DES SCIENCES.
i(ùo : 5,4 : 19 'G. La courbe II est corrii^ée des deux cristaux parasites,. Le
critérium de cette correction est la rcgid;irité de la courbe entre A et fi.
La composante de l'aimantation parallèle ;ui champ est traitée de même,
et ces opérations sont répétées pour plusieurs valeurs du champ. Les lois
Fig. 3.
ex[)érimenlales de l'élément simple ainsi obtenues sont compatibles avec la
symétrie orthorhombique.
Le ferromagnétisme est donc, dans certains cas, un moyen d'investiga-
tion des groupements cristallins. Je décrirai prochainement les propriétés
magnétiques de l'élément simple de la pyrrhotine.
PHOTOGRAPHIE. — Sur l'identité de cause du silhoueltage blanc et du
silhouetlage noir. Note de M. A. GrÈBiiAK», présentée par M. G.
J.ippraann.
D'après la spécialité d'un exemple cité dans ma Note du i3 mars iqo"),
l'on a pu croire, quoiqu'il fût spécifié ([u'il s'agissait à'inversion, qu'en
donnant, d'une manière générale, au silhouettage Virradiatioa pour cause
première et le surdéveloppement pour cause révélatrice, ceci ne pouvait s'ap-
pliquer au silhouettage blanc [qui était cependant celui dontj'avais présenté
un exemple, tout iui[)rimé ( '), et obtenu à travers un objectif, à la Société
de Physique, le jour où y lut soulevée la question], et affirmé que .rien de
semblable ne s'observe sur les images données par un o;bjectif (-). En réa-
lité, il suffit d'ime application judicieuse du diagramme invoqué (''), pour
(') A. GuÉBilARD, Sur L'inversion pliotogr(iphier à l'analyse, il peut se faire aussi que
des quantités très minimes d'un corps actif communiquent à des cristaux
très différents la même propriété. J'ai pensé qu'il y aurait plus de sûreté
dans les conclusions résultant des expériences à n'essayer que les composés
chimiques préparés avec des corps dont on peut éliminer les éléments
étrangers par les procédés ordinaires de purification.
Les essais ont été fails dans une cliambre obscure oii il esl nécessaire de séjourner
an moins 20 minutes avanl de faire aucune observation, si l'on a élé aiitérieureniénl
exposé à la grande lumièi-e du jour. Celte précaution, signalée par tous ceux qui ont
clierclvé à percevoir de faibles lueurs, est indispensable et elle explique l'insuccès des
observateurs auxquels a échappé la connaissance des corps faiblement luminescents.
Les cristaux placés dans un vase de verre un peu épais étaient écrasés contre la' paroi
avec une lige i-igide de j:)latine.
La liste suivailte indique : 1° les composés formés par les acides miné-
raux-avec les métaux; 2° ceux qui résultent de l'union d'acides organiques
avec les métaux.
I. Arséniale monobarvtique. Azotates d'aluminium, de baryum, de cadmium,
de lanthane et ammonium, de lanthane, ammonium el praséodyme; de lanthane,
didyme et potassium ; de lanthane et sodium; de lithium, de mercure, de strontium.
Borate d'ammonium, biborates de potassium, de sodium.
Bromates de baryum, potassium, sodium. Bromures de potassium, sodium.
Chlorates de baryum, strontium. Chloroplatinate de potassium.
Chlorures de bai^um; s-oditim, strontium, palladium tétra-ammonique.
Cyanure raercurique. Ferrocyanure de lithium et potassium.
Fluorures d'ammonium, sodium. Hyposulfate el hyposulfite de potassium.
Hypophosphates acides d'ammonium, de potassium.
lodales d'argent, de potassium. lodure de baryum.
Molybdates de magnésium, de potassium et sodium.
Orthophosphales diammonique, dichromique. dimanganiqne. monoBodique, mono-
strontique, d'uranyle. Pyrophosphates disodique, létrasodique, thalleux.
Phosphites diplombique, monosodique.
Platinocyanures de baryum, lithium, magnésium, potassium el sodium, yttriurn.
Sulfates d'aluminium el d'ammonium, potassium, rubidium, ihallium (aluns).
Sulfates de cadmium, cérium, cuivre, lithium; lithium et potassium, magnésium et
ammonium, magnésium et potassium, nickel et ammonium, nickel el potassium, po-
tassium, uranvie, uranyle et polassium, \ttrium, zinc et poliissium, zinc el ihailium.
SÉANCE DU r"- MM i(^.OJ. t'3'5(^
II. Acétates d'uranjle, d'uraujle et .sodiiun. (alrate d'ammoiiliiiii .
For.miales, de calcium, cuivre, lilhiiim, stronlium, zinc.
Malate acide d'ammonium. .Oxalates iieuLre d'aminoniLim, acide de litlilum.
Pliénylène-^bisidfite de potassium. Pliénylsidlate de sodium. Sun liml.- il\i]]iriLOMiiim.
Tarira tes acide et neutre d'amnaonium, de potassium ; acide de i nliidi le sodium;
d'ammonium et sodium droit et gaviche; de potassium et sodium droit; iieide et neutre
de lliallium; émétique de tliallium.
En tout, une centaine de composés triholuminescents en y comprenant
les six composés rappelés par M. L. T.schi)iigaeff, l'oxalate d'ammonium
signalé par lui et le bitartrate de potassium indiqué antérieurement. Sur
ces loo composés, 74 sont purement minéraux, les 26 autres sont des sels
de métaux à acides organiques. On voit donc que la triboliiminescence
n'est pas nne propriété spéciale surtout aux composés organiques. Sans
doute, avec un irislrumeut plus sensible que l'œil humain, il serait possible
de la manifester dans un très grand nombre de composés chimiques de
nature quelconque.
CHilMIE MINÉRALE. — Propriétés de quelques chlorures anhydres
de métaux rares. Note de M. C.v.mili,e Matignox.
J'ai indiqué précédemment (') les différentes méthodes suivies pour la
préparation des chlorures anhydres des métaux rares; depuis, j'ai déter-
miné les propriétés physiques des chlorures de lanthane, praséodyme,
néodyme et sa marin m.
Forme cristalline. — La masse liquide de ces cidorures fondus se solidifie eu for-
mant des aiguilles enchevêtrés, isolées parfois sur une longueur de plusieurs centi-
mèlres, mais raltacliées le plus souvent à la masse par kurs extrémités. Dans le cas
du samarium, l'une des extrémités de ces aiguilles est souvent libre et présente .par
suite un pointement. Toutefois l'extrême déliquescence de ces sels n'a pas permis de
faire des mesures d'angle sur ces aiguilles. Les cristaux. 4e ces dinTérents cidorures pa-
raissent absolument identiques; ils sont sans doute isomorphes entre eux, propriété
reconnue pour les autres sels. Tous ces chlorures ressemblent d'une façon frappante à
certaine variété d'arragonite connue sous le nom A'arragonile bacillaire.
Couleur. — Le chlorur^î de lanthane est incolore à toutes les températures, celui de
néodyme est rose avec une pointe de violet; à sa température de fusion, il devient ver-
(') Comptes rendus, t, CXXX.ll.I, p. sSg; 1. (JWX.IV, p. 427 et idoS; t. CXXXVtlI,
p. .jgj et 92_î; t. CXL, p. 118t.
l3/|0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dàlre. Les chlorures de praséodyme el de samarium sont respeclivemenl vert clair et
jaune paille clair, leur leinte se fonce assez fortement quand la température s'élève.
Densité. — La densité de ces cldorures, préalablement fondus, a été prise dans le
nitrobenzène, en opérant par la méthode ordinaire du flacon. Le nitrobenzène a l'avan-
tage de ne pas s'échapper par les fermetures les mieux rodées, comme le font la plupart
des autres liquides organiques beaucoup plus mobiles. Toutes ces densités ont été rap-
portées à l'eau à 4° '■
Lanthane dl^ = 3,9^7
Praséodyme <^J^=r 4iOi7
Néody me (ij * == 4 > 1 9^
Samarium r/J* =; '\,[\^^
Point de fusion. — La sensibilité de ces chlorures à l'action de l'oxygène ou de
l'eau oblige à déterminer leur point de fusion dans un courant de gaz inerte bien des-
séché. Le chlorure, grossièrement concassé, est introduit dans un petit creuset au
milieu duquel plonge la soudure d'une pince Le Chatelier, puis le tout est disposé au
centre d'un tube parcouru par un courant de gaz chlorhydrique. On détermine la tem-
pérature à la fusion et à la solidification; cette dernière est particulièrement commode
à déterminer; quand la température s'abaisse, le chlorure reste quelque temps sur-
fondu, puis lorsque la surfusion cesse, la température remonte jusqu'au point de fusion.
L'aiguille du galvanomètre qui descendait lentement remonte alors brusquement et
indique ensuite la température cherchée.
On a trouvé les températures suivantes :
Lanthane 907
Praséodyme S 18
Néodyme 78.5
Samarium 686
ClKileur de dissolution dans l'eau. — La dissolution a été faite dans des propor-
tions voisines de la composition MCI'i3ooH-0 à la température de 17". Les chaleurs
de dissolution moléculaires, déterminées dans ces conditions, ont les valeurs qui
suivent :
Lanthane 3i ,3o
Praséodyme 33 , 5o
Néodyme 35, 4o
Samarium 37,40
Afin de pouvoir calculer la chaleur de formation de ces chlorures à partir des oxydes
correspondants, j'ai mesuré aussi la chaleur dégagée par la dissolution des oxydes dans
une solution chlorhydrique étendue.
Chaleur de dissolution dans l'acide chloi'hydrique étendu. — Les oxydes sont pré-
parés par la calcination des oxalates précipités eux-mêmes dans une solution de nitrates.
Comme les produits obtenus sont toujours un peu carbonates, on les chaufl'e fortement
SÉANCE DU l5 MAI 1905. l34l
dans un courant d liydiogène. Les oxydes ainsi purifiés se dissolvent immédiatement
dans une solution clilorhydrique étendue et froide :
M^O^ solide + 6HC1 dissous = 2 MCI' dissous 4- 3 H- 0 liquide 4- Q.
On a trouvé pour Q défini par l'équation précédente :
Lanthane ii4,6
Praséodynie 106, ■2
Néodyme io5 ,5
Samarium 94.6
Les expériences ont été faites à 17» et la solution clilorhydrique employée contenait
une demi-molécule par litre.
Chaleur de forinalioii à partir des oxydes. — Va\ désignant par O, la moitié de la
chaleur dégagée dans l'équation suivante :
M'^O' solide + 6IIC1 gazeux =: aMCI^ solide + 3H=0 solide + 2Q,,
on trouve pour Q; les quantités do chaleur indi([uées dans le Tableau :
Lanthane 80 , 3
Praséodyme 73,9
Néodyme 71,6
Samarium 64,2
Je montrerai ultérieurement toutes les conséquences qu'il est possible de déduire de
Jj('ï> |)ro[)rLélt's cludiées peuvent cire lésiimces dans le Tableau suivant
L.i. l'i-. Md. Sm.
Masse alonii(jue i38,6 i4o,.j 1^3, 6 1 5o
Densité 3,947 4,017 4, 190 4,'i'J5 *
Point de fusion 907" Si 8" 780" 686"
Chaleur de dissolution 3i'"',3 33'''',5 35'"', 4 37'-'', 4
Chaleur de formation à partir
de l'oxyde et du gaz chlor-
hydrique 80'^"', 3 73''''',9 71'^-'', 6 64''"', 2
CHIMIE MINÉRALE. — Sur Une réaction du rhodium.
Noie de M. PiSeuija Alvarez, présentée par M. A. Ditte.
Le liquide bleu qui, d'après Clans, se produit avec le précipité vert d'hy-
drate orlhorhodique [Ilh(ÛHy'J obtenu en oxydant indirectement par le
C. K., 190J, I" Semestre. (V . C\L, N" 20.) I?'
l342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chlore on un hvpochlorite une solution ;ilcaline d'un sel rie rhodium, peut
être un caraclère analytique d'une grande valeur, pour l'enseignement dans
le laboratoire, des réactions de ces composés, en opérant de la façon que
nous allons décrire.
A une solution aqueuse diluée d'un sel soluble quelconque de rhodium,
comme par exemple le chlororhodate sodique
(RhCl',3ClNa = RhCi"Na^)('),
on ajoute un excès de soude (NaOH) pour obtenir une dissolution alcaline
de sesquihydrate de rhodium [Rh(OH)'H-Oj (-) et ensuite on fait agir
sur ce liquide le mélange gazeux produit par la réaction à froid de l'acide
chlorhydrique concentré sur le chlorate de potassium; on opère avec un
tube d'essai pourvu d'un autre tube plus étroit, conducteur du gaz, et dont
l'extrémité est introduite dans la solution.
Les pliénomèiies que nous observons sont les suivants : tout d'abni-cl la solution alca-
line de chororhodale de sodium très diluée et presque incolore acquiert une couleur
d'un jaune roiigeâtre qui passe immédiatement au rouge; cette coloration rouge
devenant bientôt ti-ès intense, il arrive un moment, si le courant gazeux de chlore con-
tinue d'agir, où le liquide louchit et commence à se troubler par l'apparition d'un
faible précipité vert qui se dissout finalement en donnant un liquide d'une belle cou-
leur bleue dont la nuance est très semblable à celle d'une solution de composé cu-
prique dans l'ammoniaque : le composé soluble qui communique la couleur bleue au
liquide est le perrhodate de sodium (RhO'Na^), de Claus.
En faisant réagir ce liquide sur une solution récente de gaz sulfureux, il perd instan-
tanément sa couleur bleue et acquiert une légère coloration jaune, due au sulfate rho-
dique qui se produit.
Le peroxyde de sodium et le persulfate décolorent aussi le liquide avec une vive
effervescence d'oxygène, les composés peroxydes alcalins et le perrliodale.
Le chloroforme, Féther anhydre et le benzène pur ne dissolvent pas ce composé
bleu de rhodium.
L'aniline pljre prend une coloration rouge (due à la réduction partielle du composé
perrhodique) et le liquide se décolore.
En résumé : la production de l'acide perrhodique ou du perrhodate de
sodium, de la façon que nous venons d'indiquer, nous fournit une réaction
(') Nous avons obtenu le chlororhodate de soude en chaulTant au rouge un mélange
de rhodium commercial en poudre, avec quatre fois son poids de chlorure de sodium
fondu; le mélange est introduit dans un tube de verre d'iéna, traversé par un courant
de chlore sec.
(2) La formule Uh(OIi)'HMJ e,t celle du sesquihydrale île rhodium hydraté.
SÉANCE DU l5 MAI lQo5. l'343
facile, caractéristique et sensible, pour distinguer le rhodium de tous les
autres métaux du même gtoupe.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action (Jes métaiLr (utirnoniums sur ks alcools : méthode
générale pour la préparation des alcoolales. Note de M. E. Chablav, pré-
sentée par M. A. Haller.
Au point de vue de l'énergie des réactions, il y a lieu de diviser les
alcools en alcools primaires, secondaires et tertiaires. J'ai réussi à préparer
les akooiates à basse température; du moins tous les alcools sur lesquels
j'ai opéré m'ont donné de bons résultats. En principe, cette préparation
consiste à dissoudre séparément le métal alcalin et l'alcool dans l'ammo-
niaque liquiele et à mélanger ensuite les deux solutions ammoniacales. La
manière d'opérer étant la même pour tous les alcools, je vais la décrire
sommairement une fois pour toutes.
L'appareil est tout en verre et se compose de deux branches réunies par un lube plus
étroit soudé à chacune d'elles. Dans l'une de ces branches on introduit, avec les pré-
cautions connues, le métal alcalin fondu dans un courant d'hydrogène, dans l'autre une
quantité exactement connue d'alcool. On fait ensuite communiquer l'appareil, par des
tubes de plomb, d'une part avec le réservoir d'ammoniaque, d'autre part avec un
appareil destiné à recueillir l'hydrogène. Gel appareil est analogue à celui de Dupré
pour le dosage de l'azote; la sonde y est remplacée par de l'acide sulfurique moyenne-
ment étendu qui absorbe l'ammoniac; le tube de dégagement qui plonge dans le mer-
cure a une hanleur suffisante pour servir de tube barométrique. On condense ensuite
de l'ammoniac en refroidissant les deux, branches avec GO- solide et l'acétone ; le métal
alcalin se dissout en donnant la liqueur bleu indigo caractéristique; l'alcool également
se dissout. Quand on juge suffisante la quantité d'ammoniac condensé, on procède à la
réaction en versant la solution du métal ammonium dans la solution de l'alcool. C'est
ici qu'il y a lieu de distinguer les alcools primaires, secondaires et tertiaires.
Alcools primaires. — Avec les alcools primaires, la réaction est instantanée; dès que
le métal ammonium arrive au contact de l'alcool, la décoloration a lieu et de l'hydro-
gène se dégage en même temps que le dérivé sodé qui est insoluble se précipite. On
continue à verser le métal ammonium jusqu'à coloration persistante; à ce moment, la
réaction est terminée et le dégagement d'hydrogène cesse. Mes expériences ont porté
sur l'alcool éthylique absolument anhydre et j'ai trouvé que la quantité d'hydrogène
fournie correspondait à la quantité d'alcool employée.
Alcool éthylique 4,2'2 miUimolécules
Hydrogène correspondant. . 4i2i2 milliatomes ou 47"'"'
H'^ trouvé 48''°''
l3/,4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces résultais montrent que la réaction du métal ammonium a été celle
du métal alcalin lui-même; elle peut se traduire par l'équation suivante :
R.CH-.OU + AzH^Na = R.CH^ONa + AzlP + H.
L'analyse du produit sodé m'a conduit aux mêmes résultats; pour le
préparer on opère d'une façon un peu différente sur laquelle j'insisterai à
propos des alcools polyatomiques.
Alcools secondaires et terliaiies. — Ces alcools se comporlenl un peu autrement
que les alcools primaires; mais n'ayant pas remarqué entre les alcools secondaires et
tertiaires de dilTérence sensible au point de vue de l'énergie de la réaction, je ne les sé-
parerai pas. Mes expériences ont porté sur l'alcool isoprop3lique et sur le trimélhylcar-
binol; l'action est bien moins énergique qu'avec les alcools primaires. Quand on verse
le métal ammonium dans l'alcool, la coloration bleue persiste quelques instants et, an
fur et à mesure que la quantité d'alcool libre diminue, le phénomène se ralentit. On
ne peut avoir de renseignements absolument exacts par le dégagement d'hydrogène,
car la réaction principale est masquée par la réaction secondaire bien connue
aA/H^ I\a = 5..A/-ir^— N'a 4- 11^
Cependant, cette réaction étant excessivement lente, on peut la distinguer de la réac-
tion principale.
Il faut avoir recours à l'analyse du produit sodé; pour le préparer on opère inverse-
semenl, c'est-à-dire que l'on verse l'alcool en excès (2"'°' ou 3""°' d'alcool pour i" de
métal alcalin) dans la solution de sodammonium. On a alors un abondant dégagement
d'hydrogène et, au bout de i ou 2 heures, la décoloration est terminée; de cette façon
on obtient des dérivés sodés cristallisés combinés avec un excès d'alcool. Ces composés
sont solubles dans l'ammoniaque liquide, tandis que les dérivés des alcools primaires
sont insolubles, amorphes et exempts d'alcool combiné.
Isopropylate de sodium. — Je l'ai obtenu parfaitement blanc; il se conserve ainsi
indéfiniment dans une atmosphère d'ammoniac. Il se colore rapidement à l'air, comme
l'a décrit M. de Forcrand.
Trimélhylcarbinol sodé. — Ce corps se présente, en combinaison alcoolique, en
belles aiguilles solubles dans l'ammoniac liquéfié. Son analyse ne m'a jamais donné de
résultats concordants quant à la quantité d'alcool combiné. Mais, en chauffant modé-
rément le produit cristallisé, dans le vide, avec une lampe à alcool, on voit les cristaux
s'effleurir et il ne reste bientôt plus qu'une poudre blanche de trimélhylcarbinol
sodé pur.
J'ai voulu surtout montrer dans cette Note la différence qui existe dans
l'énergie des réactions entre les métaux ammoniums et les trois fonctions
alcool. Ces faits sont conformes aux données thermochimiques de M. de
Forcrand établissant des différences entre les fonctions alcool primaire,
secondaire et tertiaire.
SÉANCE DU i.*^ MAI iqo'). l345
CHIMIE ORGANIQUE. — Propionylcarbinol et dérivés. Note
de M. André Klixg, présentée par M. ïroost.
Dans une précédente Note (') j'ai étudié en détail la réaction du Cl sur
la méthviéthylcétone aqueuse, en présence de marbre, qui m'a fourni
deux dérivés monochlorés C-H'^COCH^Cl et CH'C0CHC1CH\ Je m'oc-
cuperai aujourd'hui de l'alcool cétonique en C* correspondant à la cétone
chlorée primaire.
L'alcool G'- IPCOCH^ OH a élé obtenu pour la première fois par Wolff (-) dans la
décomposition de l'acide mélhyltétronique par l'eau, il en décrivit l'hydrazone et l'osa-
zone. Cet alcool fut retrouvé par M. Reymenant (^) dans le produit de saponification
des élhers-sels du propionylcarbinol par les alcalis. J'ai constaté que le meilleur
moyen pour le préparer avec des rendements avantageux consiste à saponifier son for-
miate en le chauflant 8 à lo heures à ioo° avec de l'alcool méthylique sec (rendement
à partir du forniiate : 45 pour loo environ).
C'est un liquide bouillant à 79°-8o° sous SC"™ et à i53"-i54'' sous 760""". Sa densité
d\l = i,o365 et son indice de réfraction «14,5— i,43i5. Il est très soluble dans l'eau,
l'alcool, l'éllier. Il réduit la liqueur de Feliling et j'ai constaté que, dans cette réaction,
qui peut servir au dosage du propionylcarbinol, is de cet alcool cétonique fait passer
à l'état d'oxydule 18, 36 de cuivre. L'oxyde Cu(OH)- en solution aqueuse bouillante
est également réduit par le propionylcarbinol qui passe à l'état d'acide oxybutyrique
C'H^CHOHCO-II, qui a été caractérisé par les réactions et l'analyse de son sel de
zinc. Cette réaction est analogue à celle que fournit l'acétol dans les mêmes condi-
tions (*). Le propionylcarbinol se combine à l'hydroxylamine en solution aqueuse pour
donner une oxime fondant à 6o°-6i° et au bisulfite de soude pour fournir une combi-
/OH
naison cristallisée répondant à la formule C-IPC. CH-QH. Par contre, il ne se
combine pas à l'alcool méthylique par chauflfage, même en présence d'une trace
de H Cl. Quant à sa solution aqueuse elle jaunit lentement à froid, rapidement à chaud,
sous l'influence des alcalis.
Réduit, au sein de l'eau, par l'amalgame de Na ou de Al, le propionylcarbinol est
transformé en un mélange de butanone, butanol-2 et butanediol-i .2. La cétone a été
caractérisée à l'étal de semi-carbazone fondant à 137°, le butanol isolé en nature a été
analysé; il bouillait à gSo-gg"; quant au butanediol, sa température d'ébullition était
I92'>-I94°; il a été analysé et l'on a constaté [par la méthode que nous avons décrite
(') Kling, Comptes rendus, t. XCL, 3o janvier igoS, p. 3
(2) WoLFF, An. Liebig, t. CCLXXXVIII, p. 191.
(^) V. Reymenant, Bull. Ac. r. Belg., 1900, ]). 733.
(') IvLixu, Comptes rendus, t. CXL, 8 mai 1900, p. 1206.
l346 ACADÉMIE t)ES SCIENCES.
M. Viard el moi (')] <[iie c'était bien le glycol |iriiiiaire secondaire. Avec l'amalgame
de Na, les rendements en alcool et cétone sont de i5 ])onr loo environ, en glycol de i3
à i/l pour loo.
Cette léaction, en tous points analogue à celle fournie par l'acétol dans les mêmes
conditions, nous conduit donc à admettre que, dans sa solution aqueuse, le propionyl-
carbiool existe sous la forme aci C'H^C. ,CH-' qui, par réduction, donne
.....-..^QHr^.j. ,,/rCMi^COCH' ,.u Cni^CHOHCH'
•^■^ ''\ÏÏ7'^"""^"^CMPCHOHCllMJ[I.
[.'action de la semicarhazide sur le propionylcarbinol est particulière-
nieal iiilcressanle :
Kn chauU'ant en solution aqueuse les deu\ réactifs, puis en évaporant l'eau, on
obtient une masse cristalline d'où le chloroforme bouillant extrait une substance qui,
recristallisée dans l'eau, fond à 66° et répond à la formule C^H"0-N^ Si l'on opèi-e,
non plus en présence d'eau, mais en solution dans l'alcool absolu et en parlant de la
semicarbazide pure, on obtient, après évaporalion de l'alcool, des cristaux fondant à
iSSo-iSô" et répondant à la même formule que ceux obtenus en solution aqueuse.
Analyses.
N calculé
Poids V:.l.-Mi- N pour
deinaticrc. lUj N. II. /. Irouvé. C"H'"O^N'.
Produits fondant à 66" 0,1857 j6,(> 770 \'j° 39,08 28,97
„ » i35"-i36" o,"9'î9 48. J 764 18» ■'•9,01 »
Due série de recristallisations dans l'alcool du produit fondant à 66° ne peroiettent
pas d'élever son point de fusion, de même qu'une longue ébullition avec l'eau du pro-
duit fondant à i35°-i36'', est incapabk de le faire passer à la forme fusible à 66°. Les
deux produits obtenus par l'action de la semicarbazide sur l'acétjlcarbinol sont donc
isomériques et ne sont pas transformables l'un dans l'autre par simple recristallisation
dans un solvant convenable. Or, tandis que le produit i35"-i36° présente une faible
solubilité dans l'eau et un point de fusion relativement élevé, l'autre est très soluble
dans l'eau et fond relativement à basse température. 11 est donc vraisemblable que la
formule GMIHl — CH-OH doit être attribuée à celle des combinaisons ayant
11
N-NII _CO-NH^
le plus de ressemblances avec les semicarbazones des autres alcools cétoniqucs, c'est-
à-dire au produit de point de fusion élevé. Quant à celui qui fond à 66°, ce serait un
^Nj|_iVM__CO-NH^
propionylcarbiuolate de semicarbazide C-H^C CII^ formé par la
O
forme tautomérique aci de l'alcool cétonlquê.
(') Kli.ng et Viard, Comptes rendus, t. CX\\\ 111,
SÉANCE DU l5 MAI ipoS. l347
Éthers du itvnpionylcarbinol . — Le forminle qui m'a servi à préparer le propionyl-
carbinol a été obtenu en cliauflanl une partie de formiale de K sec el une partie de
célone chlorée correspondante. Il bout à i76°-i78°, sa densité r/J • r^ i ,09/46 el son
indice de réfraction «,-= I ,^2^5. 11 donne une semi-carbazide fondant à iiS" après
recristallisalion dans le chloroforme ou l'alcool et que l'eau bouillante saponifie.
Conslilution d a propionylcarhinol et de ses èthers. — Les réactions que nous
venons d'indiquer monlient que le propionylcarbinol est comparable à son
homologue inférieur l'acélol et qu'en solution aqueuse il prend la forme
/OH
d'un acide de constitution roprésenlée par C-H'^C CH\ Cet acide est
\0/
moins énergique que celui fourni par l'acétol puisqu'il ne se combine |)as
avec l'alcool iTiétliylique cotitime le fait ce dernier. Par contre, il paraît
plus stable. En effet, tandis que le pseudo-acide de l'acétol est, en solution
aqueuse, ramené à la forme cétonique par la semi-carbazide et se combine
avec elle pour donner une semi-carbazone normale, il n'en est pas de même,
ainsi que nous l'avons vu plus haut, du pseudo-acide dérivant du propio-
nylcarbinol.
Enfin, le propionylcarbinol anhydre paraît être un mélange des deux
formes tautomériques. Son indice de réfraction moléculaire expérimental
est, en effet, de 21,998, tandis que les valeurs calculées de cet indice pour
la fonne cétonique el pour la forme aci sont respectivement 22,216
et 21,612, c'est-à-dire que la valeur trouvée esta peu près à égale distance
des deux valeurs calculées.
Avec l'acétol, au contraire, il y a accord entre la valeur trouvée et la
valeur calculée pour la forme cétonique :
Valeur trouvée : IRM 17, 6^3
Valeur calculée pour CH^CO CH^Oll 17,614
Ce résultat est corroboré par les expériences de Perkin sen. qui, en déter-
minant la rotation magnétique de l'acétol, a trouvé 3, 65o au lieu de 3, 679
exigé par la formule cétonique.
Quand aux éthers-sels du propionycarbinol, ils n'existent que sous la
forme cétonique C^H^CO CH" — R, ainsi rpi'il résulte de leurs réactions et
(le la considération de leurs indice de réfraction moléculaire.
Formiale de propionylcarbinol :
Indice de réfraction mol. trouvé '37,070
» calculé pour C■-11■C0GH^C0•■'- H.. 5-7,008
(348 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Conlrihulion à l'élude des dérivés du henzodi-
hydrofurfurane. Note de MM. A. Guyqt et J. Catel, présentée par
M. A. Haller.
Nous avons décrit, dans une précédente Communication (' ), un dérivé
triphénylé monohydroxylé du benzodihydrofurfurane obtenu, entre autres
voies, en faisant agir le bromure de phénylmagnésium sur la diphényl-
phtalide.
Les propriétés de ce composé et, en particulier, l'extrême facilité avec
laquelle il se prête à la préparation d'un grand nombre de dérivés y-substi-
tués du dihydrure d'anthracène, ainsi que nous le montrerons dans un pro-
chain Mémoire, nous ont engagé à étudier son homologue inférieur, obtenu
en traitant, dans les mêmes conditions, la monophénylphtalide par le bro-
mure de phénylmagnésium :
CH-C/II' CH-C'H= CH-OH^
CO C COH-C^H».
/\
BrMgO C/IF
Le dipliényloxy-a.a'-benzo-|i.p'-clihydro-a.a'-furfurane qui se forme ainsi avec
d'excellents rendements se présente en petits cristaux incolores, facilement solubles
dans tous les véhicules organiques; il est à noter qu'en opérant d'une façon inverse
lors de sa préparation, c'est-à-dire en versant la solution de monophénylphtalide dans
une solution éthérée de bromure de phénylmagnésium, on observe, en outre, la for-
mation d'une certaine quanlité d'orlhobenzhydryltriphénylcarbinol :
XOH
/C»H*
\C«rF
"" ^CH 011-0"= Hs
déjà décrit dans notre précédente Communication (').
Le diphényloxy-a.a'-benzo-p.p'-dihydro-a.a'-furfurane perd avec la plus grande
facilité une molécule d'eau par simple dessiccation à l'éluve (d'où l'impossibilité de lui
assigner un point de fusion même approximatif) ou mieux par ébullition de ses solu-
tions dans l'acide acétique cristallisable ou par addition d'une trace d'acide chlorhy-
(Irique à ses solutions alcooliques et se transforme quantitativement en un produit
(') A. GiiYOT et J. Catel, Comptes rendus, t. CXL. p. 254.
SÉANCE DU r:") MAI [()i>5. l349
cristallisé en magnifiques feuillets dorés, d'un jaune intense, dont les solutions benzé-
niques possèdent une fluorescence verte de toute beauté.
On pourrait expliquer le mécanisme cie cette déshydralalion de diffé-
rentes façons et concevoir, entre autres hvpotiièses, un départ d'une molé-
cule d'eau avec formation d'un noyau anthracénique. Mais le point de fusion
peu élevé du nouveau corps (12^°), le fait qu'il se transforme sous l'in-
fluence de l'amalgame de sodium en un diphényl-a,.a'-benzo-p. |î'-dihydro-
a.a'-furfurane (point de fusion, 96") :
/
CH
CH
\
on-
dont la constitution n'est pas douteuse, car nous en donnerons plus bas un
autre mode de formation, et surtout sa transformation flicile et quantitative
en o-dibenzovlbenzène
CO - C« H'
par oxydation de ses solutions acétiques au moyen du bichromate de
potasse, excluent l'hypothèse d'un noyau anthracénique et nous conduisent
à représenter sa formation par l'équation
C«II'
/ C" IP C« H'
C / /
C^H'/j JJ^|\o = HîO+G«H'(^|^0 ou mieux C«H*^^0
^^7 ^^ C C
G \ \
\ C'' H' C H=
Nous appelons l'attention sur ce nouveau mode de formation de l'o-dibenzoylbenzène,
car il permet d'obtenir des quantités considérables d'un composé jusqu'alors extrême-
ment rare, à peine étudié et connu seulement par une courte publication de Zincke (').
(') Zi.NCKE, Berickte cl. d. chein. GcselL, t. IX, p. 3i.
0. R., 1905, i" Semestre. (T. CXL, N" 20.) 17^
l35o ACADEMIE DES SCIENCES.
Nous nous réservons, pour quelque temps, l'élude de cette Y-dicétone dont nous avons
préparé une dihydrazone (point de fusion, i65») et une phtalazine (point de fusion, 195°)
de constitutions
G» H'
0:
C^H'
G = N — NH -
-G=H=
G = N - NH -
-OW
C«H»
C'W
par l'action respective de la phénylhydrazine et de l'hydrate d'iiydrazine sur les solu-
tions alcooliques de la cétone. Gomme la phtalazine simple, décrite par Gabriel et
Pinckes ('), la diphénylphtalazine jouit de propriétés basiques fortement accusées;
elle est soluble dans les acides minéraux très étendus et donne un chloroplatinale par-
faitement cristallisé.
Traité par l'amalgame de sodium, le dibenzoylbenzène ortho fixe 4"' d'hydrogène
et donne l'o-dibenzhydrylbenzène (P. F. 128°) :
/GH0H-C«H5
^ NCKOH-C^H^
composé qu'on obtient encore, ainsi qu'on pouvait le prévoir, par réduction du
diphényloxy-a.a'-benzo-p.p'-dihydro-a.a'-furfurane. Ce diol, traité en solution acé-
tique par quelques gouttes d'acide chlorhydrique, perd 1™°' d'eau et reproduit le
diphényl-a.a'-benzo-p. P'-dihydrofurfurane :
GH-C^H^
G«H*/ ^O
GH — G'' H-
déjà obtenu par réduction du produit de déshydratation jaune décrit plus haut.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la méthémoglobine. Note de MM. 31. Piettre
et A. ViLA, présentée par M. Emile Roux.
Nous avons annoncé, dans une Note du 6 février igo5, que le sang frais
en solution aqueuse et l'oxyhénaoglobine récemment préparée par la mé-
thode classique, présentent au spectroscope, outre les deux bandes * et p,
une bande dans le rouge \ = 634, et q^ue cette bande, sous l'influence du
fluorure de sodium, vient occuper une position bien déterminée: X = 612.
(') Gabriel et Pinckes, Berichte d. d. chem. Gesell., t. XXVI, p. 2220.
SÉANCE DU l5 MAI igoS. l35l
Le 6 mars, une nouvelle Communication précisait la spécificité et la sen-
sibilité de cette réaction des fluorures et de l'acide fluorhydrique sur l'oxy-
hémoglobine.
Le i3 mars, MM. Ville et Derrien publièrent une Note sur une modification de la
méthémoglobine. Citant notre première Communication dans les Comptes rendus du
6 février, ces auteurs ont admis, tout en acceptant nos faits et nos chififres, que cette
bande X = 634, devait être attribuée à la méthémoglobine, dont on ignore les pro-
priétés spécifiques, la composition chimique et que l'on ne peut préparer à l'état cris-
tallisé, tandis qu'elle était refusée à l'GKvhémoglobine, corps cristallisé, bien défini et
facile à reproduire.
Pour justifier cette théorie, MM. Ville et Derrien ont utilisé sur l'oxyhémoglobine,
traitée préalablement par des agents chimiques divers (ferricyanure de potassium,
nitrite de soude, palladium hydrogéné, etc.), notre réaction des fluorures et de l'acide
fluorhydrique. En même temps ils proposaient de faire servir à la recherche (') de la
méthémoglobine cette même réaction dont la sensibilité est telle qu'il est impossible de
« manipuler le pigment sanguin en présence de fluorures solubles ou d'acide fluorhy-
drique sans qu'elle se manifeste à l'examen spectroscopique (') ».
L'interprétation {^) de ces faits en faveur de la méthémoglobine ne nous semble pas
d'ailleurs avoir une valeur démonstrative suffisante; en effet, MM. Ville et Derrien
parlent de la « méthémoglobine acide, alcaline, etc. » sans donner de méthode cer-
taine de préparation. A plus forte raison le dérivé fluoré de la méthémoglobine méri-
terait l'exposé d'une technique démonstrative et le rapport analytique des éléments
dosés.
Autant que nous avons pu le comprendre, les cristaux rhombigues ou clinorhom-
bir/ues de ce composé, obtenus en solution saline saturée à froid de sulfate d'ammo-
niaque et de fluorure de sodium maintenue à o° ne seraient pas isolables. Il ne s'agit
donc que d'une simple observation spectroscopique de matières fluorifères fournissant
un phénomène optique déjà signalé par Menzies (*) comme appartenant à la méthémo-
globine. La bande qui apparaît dans ces conditions n'était pas repérée en l avant notre
travail et le transport de >. = 634 à la position {i\e X rr 612 n'avait pas été constaté.
Nous ajouterons que nous obtenons des cristaux tout à fait semblables à la tem-
pérature ordinaire en centrifugeant des globules rouges de cheval dans une solution
saturée de sulfate d'ammoniaque chimiquement pur. Une vitesse de 4000 tours à la
minute réalise mécaniquement une hémolyse partielle permettant au pigment libéré de
former dans ce milieu exempt de fluorure une combinaison cristallisée isolable ayant
l'aspect de larges rhombes polarisant la lumière.
Nous ne pouvons même à la lumière dos faits que nous avons antérieu-
(') Ville et Derrien-, Comptes rendus, t. CXi^, p. 743.
('-) PiETTRE et ViLA, Comptes rendus, t. CXL, 10 avril, p.
{'■') Ville et Derrien, Comptes rendus, t. CXL, p. iigô.
(■•) Menzies, Journ. Physiol., t. XVII, 189.5.
l352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
remenl publiés suivre l'exposé des auteurs eu l'absence de toute mention
de cette technique spectrale que nous savons fort délicate. Les bandes va-
rient, en effet, avec la concentration, selon que l'on observe dans des cuves
ou dans des tubes longs et selon la nature des solutions.
Selon nous il n'y a pas encore là de données suffisantes pour conclure à
l'existence d'un composé fluoré de la mélhémoglobine. Il serait tout aussi
plausible d'admettre qu'il existe une méthémogiobine chlorurée.
La présence des deux bandes \ = 494 et ■). = 612 qui caractériseraient
\-d méthémogiobine Jluorée de MM. Ville et Derrien ne suffit pas pour justifier
leur manière de voir.
En effel, nous avons déjà donné le chiffre 7v = 494 (') pour la bande dans
le bleu, nous proposant de préciser plus tard les faits suivants, observés tou-
jours d'après la méthode spectroscopique indiquée au début de notre tra-
vail :
Le sang frais et l'oxyhémoglobine fluorée ou non donnent une bande
dans le vert bleu 1 = 494 comme axe.
L'addition de ferricyanure de potassium aux solutions de sang ou d'oxy-
hémoglobine non fluorées provoque un recul de cette bande à >. ^ 5oo ( Ja-
derholm, Bertin-Sans).
Les solutions à la fois fluorées et ferrie) aiuirées |)ossèdenl, outre les
bandes > = 612, X = 575 et>. = 494» <^leux faibles absorptions dans le vert :
A = 549, "^ = 527 qui résultent du dédoublement de la bande 1 = 535.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches sur le mode d'action de la philo -
calalase. Note de M. F. Battelli et de M"" L. Stern, présentée
par M. A. Chauveau.
Nous avons fait, dans le laboratoire de physiologie de l'Université de
Genève, une série de recherches pour éclaircir le mécanisme de l'action de
la philocatalase. Nous avons donné le nom de philocatalase à un ferment
très répandu dans les tissus animaux, qui n'agit pas directement sur la
catalase, mais qui possède la propriété de protéger la catalase contre
l'action destructive de l'anlicatalase.
Dans de précédentes expériences nous avions constaté le fait suivant. Si
à une quantité donnée de calalase on ajoute des doses modérées d'antica-
(') A. ^ILA el M. l-'iETiitE, Biil/clin de la Société chimique, 5 mai 190J.
SÉANCE DU 13 MAI Iyo5. l353
talase et de philocatalase, on constate que la catalase n'est point attaquée
par l'anticatalase. Ce résultat pourrait faire supposer que la philocatalase
détruit immédiatement et complètement l'anticatalase. Mais l'inexactitude
de cette supposition peut cire démontrée par des expériences dans les-
quelles on met en présence ces deux ferments avant d'ajouter la catalase.
En agissant ainsi on constate que l'anticatalase n'est que [)eu à peu détruite
par la philocatalase.
Or, l'inactivité absolue de l'anticatalase, en présence d'une dose suffi-
sante de philocatalase, est due à un autre phénomène, qui consiste dans la
régénération de la catalase par la philocatalase.
La régénération est beaucoup plus rapide à la température de 4°° qu'à
la température de i8°. A 4o", la philocatalase régénère, au bout de lo mi-
nutes, à peu près toute la catalase qu'elle est susceptible de réactiver; et,
si la quantité de philocatalase est suffisante, toute la catalase est régénérée
après ce laps de temps. En outre, une solution de philocatalase portée à
l'ébullition perd la propriété de régénérer la catalase.
Exemple. — On prend plusieurs tubes (A, I:!, C, D), qui conliennenl chacun lo""'
d'une solution de catalase décomposant 3o- de II'O- dans l'espace de lo minutes. On
ajoute à chaque tube 2'^'"' d'une solution d'anlicataiase correspondant à is d'une rate
de cheval. On place les tubes dans le thermostat à l\o°. Au bout de 10 minutes tous
les tubes sont retirés du thermostat et plongés dans l'eau à 18°. Le dosage de la cata-
lase dans le premier tube A montre qu'elle ne détruit plus que i3s de H^O- en 10 mi-
nutes.
Dans les tubes B et C on ajoute une solution de philocatalase correspondant à 2S de
muscle de bœuf. Dans le tube D on ajoute la même solution de philocatalase portée
préalablement à l'ébullition. Les tubes B et D sont placés au thermostat, le tube C est
laissé à la température de 18°. Au bout de 10 minutes on fait le dosage de la catalase
dans les trois tubes. Nous rapportons dans le Tableau suivant les valeurs relatives aux
([uantités de H^O^ (en grammes) détruites par le contenu de chaque tube dans l'espace
de 10 minutes.
t.-t- Anticat. Cat.-i- Amical. Cat. + Antici
.0" à 40°. lo» à 40-. 10- à 4o°.
H-O^ décomposé en 10™. . . iSs 3os 32s i is
Ces résultats montrent que dans le tube B, placé à 4©°, la philocatalase a régénéré
toute la catalase. Dans le tube C, laissé à 18", wnt partie seulement de la catalase a été
régénérée après 10 minutes. Dans le tube D la catalase a diminué, parce que la philo-
i354
ACADÉMIE
DES
SCIENCES,
catalase ava;
il été délru
ite par
rébullitidi
n, ell
'aiuicafalase
sanl encore
une partie
de cata
lase.
D'après ces expériences nous sommes portés à admettre que l'anticatalase
forme probablement avec la catalase une combinaison labile, qui est
détruite par la philocatalase avec régénération de la catalase.
La catalase n'a pas seulement, comme la plu|)art des enzymes, son anti-
ferment. Nous venons de voir qu'elle est en outre protégée et régénérée
par l'action d'une autre enzyme qu'on pourrait appeler un philo fer ment. Ce
philoferment a des propriétés bien distinctes des kinases, car il n'active pas
la catalase normale, qui n'a pas été altérée par l'anticatalase.
La philocatalase protège la catalase par un double mécanisme, c'est-à-
dire en détruisant d'un côté l'anticatalase et en régénérant de l'autre côté
la catalase.
ÉCONOMIE RURALE. — Recherches sur l'adhérence comparée des solutions de
verdet neutre et des bouillies cupriques, employées dans la lutte contre le
mildiou. Note de MM. E. Chuard et F. Porchet.
Dansdiversesrégionsviticoles, l'emploi de solutions à environ i pour loo
de verdet neutre (acétate neutre de cuivre) tend à se substituer, depuis
quelques années, à celui des bouillies cupriques, dont la préparation et la
manipulation ne sont pas sans quelques difficultés pour le viticulteur.
Facilement soluble dans l'eau, inoffensif pour le feuillage de la vigne, aux
concentrations utilisées, de o,5 à i,5 pour loo, le verdet neutre est d'une
application très commode et s'est montré, dans les nombreux essais que
nous avons pu contrôler, d'une efficacité au moins égale à celle des bouillies
à la chaux ou à la soude. Le seul inconvénient que lui reprochent les viti-
culteurs, de ne pas laisser de traces apparentes à distance sur le feuillage
de la vigne, disparaît si Ton ajoute à la solution mie petite quantité d'une
poudre inerte et légère, telle que la poudre de talc ou de kaolin.
On peut se demander, étant donné la grande solubilité de ce produit, si
l'eau de pluie n'entraîne pas rapidement le résidu laissé par un traitement
au verdet et formant sur les feuilles de la vigne un léger enduit, à peine
perceptible, à moins d'v regarder de près. Les recherches que nous avons
faites à ce sujet ont mis en évidence un fait d'une haute importance, qui, à
notre connaissance du moins, n'a pas encore été mentionné dans les publi-
cations concernant les traitements contre le mildiou : c'est que par simple
SÉANCE DU I^ï MAI iqoS. l355
évaporalion à l'air de la sokilion diluée, appliquée sur les feuilles au moyen
du pulvérisateur, le verdet neutre se transforme en verdet basique, inso-
luble ou du moins difficilement soluble dans l'eau, de telle sorte qu'un
lavage, même très prolongé, n'arrive pas à l'entraîner et laisse toujours une
certaine proportion de cuivre sur les feuilles traitées.
Ainsi nous avons pulvérisé, dans les conditions de la pratique, sur trois lots A, B, C
de rameaux de vigne, une solution à o, 5 pour loo de verdet neutre. Sur le lot A, la
quantité de cuivre déposé par le traitement a été déterminée après sécliage sans aucun
lavage. Sur le lot B, après lavage abondant correspondant à une forte pluie, i!\ heures
après le irailemeiU; sur le lot C, après même lavage, 6 heures seulement après le trai-
tement.
Si l'on représente par lOo la quantité de cuivre existant sur les rameaux non lavés,
lot A, on trouve pour le lot B : 8i ,o; pour le lot C : 6i ,5.
Dans le cas le plus défavorable, d'un lavage abondant presque immédiatement après
séchage du traitement, l'entraînement du cuivre n'atteint pas 4" pour loo de la quan-
tité totale.
Un autre essai a été fait sur feuilles de vigne détachées étalées sur une surface
plane, traitées au pulvérisateur par une solution de verdet à i pour lOO, séchées rapi-
dement au soleil et lavées i heure après le traitement, à grand jet, à raison de 500'^'°'
par feuille. Dans ces conditions, exagérées à dessein, nous pensions ne plus retrouver
de cuivre sur les feuilles. L'analyse a montré qu'il en demeurait 12, 5 pour 100 de la
quantité appliquée.
Il suffit donc qu'un traitement au verdet neutre ait eu le temps de sécher complè-
tement, pour qu'il y ait fixation sur les feuilles, à l'état insoluble ou difficilement
soluble, d'une quantité de cuivre capable d'exercer une action fungicide analogue à
celle du verdet basique ou verdet gris.
Ces essais de laboratoire ont été contrôlés au cours de l'année dernière, par des essais
en grand, portant sur l'efficacité comparée des trois traitements principaux : 1° à la
bouillie bordelaise; 2° à la bouillie bourguignonne (soude); 3° au verdet neutre.
Ces traitements ont été appliqués sur des vignes d'essais au nombre de huit, dans
diverses régions du vignoble du canton de Vaud, daus des conditions identiques et aux
mêmes dates, à quatre reprises difl'érentes. Des échantillons moyens de feuilles ont été
prélevés après la vendange et employés au dosage du cuivre; voici les résultats
obtenus :
Qitanlilé de cuivre en milligrainines par feuille.
Vigne de
Nyon . . .
Aubonne
Morges .
CuUy...
ordelaise.
bou
"." ~
Verdet
neulrc.
2,028
2,000
2,340
3,172
2,392
I 1720
2,ll3
2,55o
1,855
i,io4
0,584
0,896
[356
ACADEMIE DES :
scn
nou
ÎNCES.
illie
Verdel
Vigne de :
bordelaise.
1,224
jurguignonne.
2,Oo4
0,844
0,636
2 , 556
1,684
Aigle
Orbe
Grandson .
Bellerlve. .
2,784
0,764
0,856
1,784
2, 172
1,268
>,3i6
i,o36
Ces chiffres mettent nettement en évidenc;- le fait indiqué plus haut, de
la fixation d'une notable proportion du cuivre du verdet à la surface des
feuilles de vigne. Mais, pour en tirer des conclusions relatives à l'adhé-
rence comparée de chacun des traitements, il faut faire entrer en ligne de
compte les quantités de cuivre appliquées par chacun des trois traitements
étudiés. Nous avons recueilli les données nécessaires pour établir ces quan-
tités, et déterminer en quelque sorte la quantité théorique de cuivre reçu
par chaque feuille. Ces quantités sont, en moyenne, exprimées en milli-
grammes de cuivre par feuille :
[" Trailemenl à la bouillie bordelaise .
2° Traitement à la bouillie bourguignoi
3° Traitement au verdet neutre
Avec cette donnée, nous pouvons maintenant exprimer l'adhérence de
chacun des trois produits, calculant au moyen du Tableau précédent le
pour 100 de cuivre demeuré sur les feuilles. Nous trouvons ainsi que le
traitement à la bouillie bordelaise a laissé sur les feuilles (prises au moment
de la vendange), de 4,5 à 19 pour 100 du cuivre appliqué, le traitement
à la bouillie bourguignonne, de 3,3 à 22,0 pour 100, le traitement au
verdet, de 8,8 à 3i,9 pour 100. Le verdet neutre s'est donc montré plus
adhérent que les bouillies, si l'on tient compte des quantités de cuivre
appliquées dans les traitements.
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une pourriture bactérienne des Choux.
Note de M. Georges Delacroix, présentée par M. Prillieux.
Dans la seconde moitié de Tété de igol, la Station de p:(thol()gie végé-
tale a reçu de plusieurs endroits du nord de la France des échantillons de
diverses sortes de Choux, présentant des lésions de nécrose avec colo-
ration livide et élimination progressive des tissus atteints. Ces lésions
SÉANCE DU l5 MAI ipoS. iSSy
siègent nu «lébiit à la face supérieure des pétioles des feuilles du bas de la
tii^e, et peu à peu la pourriture gagne et détruit fréquemment le bourgeon
terminal.
Le Chou-fleur surtout, puis le Chou-rouge, le Chou de Milan frisé, le Chou pommé
à feuilles lisses sont fréquemment atteints, alors que le Chou de Bruxelles paraît pour
aiiisi dire indemme. Le dégât peut devenir considérable, pour le Chou-fleur en parti-
culier.
Dans bon nombre de cas, sous l'influence de la sécheresse la maladie peut s'arrêter
parla constitution d'un liège cicatriciel aux dépens d'une couche cellulaire non encore
atteinte et l'extension de cette sorte de chancre se trouve limitée. Dans la portion située
au-dessous, des bourgeons latéraux peuvent se développer, mais ils n'acquièrent jamais
un développement suffisant pour pouvoir être mis en vente.
Au microscope, le contenu et la membrane cellulaires dans les tissus atteints pren-
nent une coloration foncée, le noyau ne présentant jamais d'hypertrophie, et les
cellules, encore bien vivantes renferment dans leur cavité de nombreuses bactéries
que j'ai démontré être la cause de la maladie.
Le mal n'a été observé jusqu'ici que dans les sols tourbeux de marais desséchés où
la matière azotée se trouve toujours en proportion considérable. Il est à supposer que
ce fait constitue pour les Choux une circonstance aggravante et les prédispose à la
contamination bacillaire, par suite de la surabondance de substance azotée dans le
milieu interne de la plante. Aussi y aurait-il lieu d'essayer l'action des amendements
phosphatés et surtout potassiques sur l'évolution de la maladie.
Les bactéries, mobiles, comme je l'ai dit, sont animées d'un mouvement oscillatoire
rapide, mais leur translation est assez lente. Elles sont isolées dans les cellules et en
forme de bâtonnets à extrémités mousses. Elles se cultivent bien dans les milieux bac-
tériologiques usuels. Le bouillon de veau ordinaire et les milieux qui en contiennent,
gélatine ou gélose, prennent une teinte vert urane pâle, fluorescente, qui se montre
dès le second jour de culture à 2^° C, devient brun clair dans les cultures âgées et perd
bientôt cette fluorescence. Le bouillon se trouble, donne un dépôt blanc sale et ne
forme à sa surface qu'un voile peu appréciable et seulement dans les cultures encore
jeunes. La gélatine n'est pas liquéfiée par celte bactérie; on y voit des colonies bril-
lantes un peu convexes, sans marge différenciée, à peu près arrondies, de coloration
blanc sale. Les caractères sont à peu près identiques sur gélose; la coloration du
milieu en vert urane est seulement plus faible que sur gélatine. La pomme de terre
employée comme milieu de culture se colore en brun livide et les colonies bactériennes
ont les mêmes caractères que sur gélatine et gélose. Dans le bouillon, ces éléments bac-
tériens peuvent s'agréger en courtes chaînes de deux ou trois éléments cylindriques,
arrondis aux deux extrémités, d'une dimension de i,25 (x à 1,7.5 |j. de long, sur une lar-
geur de 0,5 |j: à 0,75 ix, les éléments isolés étant toujours en tous cas plus nombreux.
Cette bactérie ne montre aucune production gazeuse dans les divers milieux où nous
l'avons cultivée. Elle se colore bien avec les colorants ordinaires et ne prend pas
le Gram. Je n'y ai constaté ni spores ni cils vihratiles. Et, comme je ne la crois pas
décrite, je l'appelle Bacillux brassicce^orus nov. sp.
Des infections ont été faites, à la Station de l'alhologie végétale, sur diverses espèces
C. R., 1905, I" Semestre. (T. C\L, N" 20.) 1 7-'5
l358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de Choux, chou frisé, chou quintal, chou-fleur, chou moellier. Elles ont donné des
résultats probants dans la proportion de trois fois sur quatre, aussi bien avec la pulpe
de la plante malade qu'avec une culture première jeune delà bactérie, prélevée direc-
tement sur la plante atteinte. Ces infections ont été faites dans des conditions diverses,
avec ou sans blessure préalable des tissus. Le plus souvent, l'infection ne se réalise
pas quand il n'y a pas eu antérieurement de solution de continuité; cependant, e//e est
possible. Le suc exprimé de la pulpe malade, privé de bactéries par filtration et intro-
duit dans les tissus, produit aussi une lésion, mais elle ne s'étend guère. La cause de
la détérioration des tissus est donc bien une sécrétion bactérienne, mais je n'en puis
spécifier la nature. Le produit de ce jus, précipité par l'alcool fort, recueilli sur un
filtre, séché puis redissous dans l'eau, ne m'a, au contraire, et en aucun cas, donné de
lésion sur les Choux. On peut donc penser qu'il ne s'agit pas ici d'une matière diasta-
sique. Les cultures, traitées de même, et aussi bien une première culture directement
prélevée sur un chou malade, n'ont donné que des résultats négatifs.
La maladie dont je viens de parler est différente de deux maladies bacté-
riennes connues sur les Choux: l'une due au Pseudomonas campestris
Er\Yin-F. Smith ('), répandue aux États-Unis, mais qu'on rencontre aussi
en Europe ; l'autre, observée au Canada et produite par le Bacillus oleraceœ
F.-C. Harrison (-). Dans la « pourriture bactérienne» des Choux, les symp-
tômes du mal et les caractères de la bactérie sont tout autres que dans ces
deux cas.
Le traitement comporte l'arrachage et la destruction des pieds de Choux
malades, soit par l'incinération, soit par un enfouissement très profond.
Une sévère alternance de culture qui permet seule la disparition des germes
répandus dans le sol est non moins nécessaire. Il est regrettable que celte
précaution soit trop souvent négligée dans les jardins maraîchers.
AGRONOMIE. — Classification et nomenclature des terres arables d'après
leur constitution mécanique. Note de M. H. Lagatu, présentée par
M. Miintz.
La subdivision d'une terre arable en trois fractions, cailloux, graners,
terre fine, prête à d'intéressantes déductions pour la pratique agricole et
(') D'' Erwin-F. Smitu, Pseudomonas campestris (Painmel), the cause of a
brown-rot in Ciuciferous plants, ia Centralblatt fiir Bakteriologie, W" Abt., t. IH,
1897, p. 284, 4o8, 1478.
{=') F.-C. Hariuson, -4 bactcrial diseuse of Cauli/lower and allied plants {Ibid.,
t. XIII, 1904, p. 461 i85).
SÉANCE DU l5 MAI igo^. i35g
pnut servir de base à une nomenclature spéciale. Mais, pour abréger, je
laisserai de côté cette interprétation.
J'examinerai particulièrement, dans cette Note, lAconstitalion mécanique
de la terre fine, c'est-à-dire de la fraction passant au tamis conventionnel de
lo fds au centimètre. Cette terre fine commande les propriétés mécaniques
de la terre complète, les cailloux et les graviers jouant, en général, un rôle
mécanique à peu près nul à l'égard non seulement de la cohésion et de la
plasticité, mais aussi de la circulation des fluides à laquelle fait obstacle la
terre fine seule, avec ses propriétés intrinsèques.
Les lévigalions, effectuées selon la méthode de M. Th. Schlœsing père, adoptée par
le Comité des Stations agronomiques, subdivisent la terre fine en trois lots : sable
grossie/-, sable fin, argile (').
Le sable grossier est l'agent de division, d'aération, de perméabilité; son rôle sera
exprimé dans la nomenclature en disant qu'il rend les terres légères; sa proportion
désirable pour une bonne constitution mécanique est, selon moi, comprise entre 600
et 700 pour 1000.
\^e. sable fin est l'agent de tassement et d'asphyxie, par contiguïté des particules très
ténues qui le constituent; son rôle sera exprimé dans la nomenclature en disant qu'il
rend les terres battantes; sa proportion désirable pour une bonne constitution méca-
nique est, selon moi, comprise entre 200 et 000 pour tooc.
l^'argile est l'agent de plasticité quand la lerre est humide, de cohésion et de
dureté quand la terre est sèche. Convenons d'exprimer dans la nomenclature ce double
râle en disant que l'argile rend les terres plastiques; sa proportion désirable pour
une bonne constitution mécanique est, selon moi, comprise entre 60 et 100 pour looo.
Il convient, en outre, de désigner par un qualificatif les propriétés qui résultent de
l'ensemble sable fim et argile; nous dirons que cet ensemble rend les terres fortes.
L'étude à la fois analytique et agricole d'un très grand nombre de terres
m'a conduit à individualiser certains groupes de terres, dont le Tableau
synoptique est présenté dans la figure ci-après par le procédé graphique
décrit dans ma précédente Note.
Les limites de ces groupes sont évidemment moins précises que ne sem-
blent l'indiquer les lignes de séparation : chacune de ces lignes est enve-
loppée d'une gaine d'indécision.
( ' ) On a proposé bien d'autres modes de subdivision ; mais le procédé de M. Schlœ-
sing ne me paraît le céder actuellement à aucun autre pour la constance des résultats
et la sécurité de l'interprétation. On peut d'ailleurs préciser davantage la constitution
mécanique du sable fin et de l'argile selon les indications du même savant {Comptes
rendus, i" sem. 1908, p. 1608, 2° sem., p. 869).
l36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
De multiples vérifications m'autorisent à penser que, au moins à titre de
première approximation, l'interprétation, en quelque sorte automatique,
qu'on obtient en marquant sur ce graphique le point représentatif d'une
terre analysée, mérite pleine confiance.
\
Classification et. Nomenclature
...
\
des terres arables
3'ciprâi) ùl conohluXumj meamtofiu/
de l3 fnd.ci passàni au tâmii de 10 fik au cenlimèLre
\
\ a . Sable fin
700
^\ Conslituanls y . Argile
^\ I . Sable grossier
\
400
\
ire, p/^>t,;M>
forle,-tr„pl.^l^q.e.
;-:x\
?sn
\
m
p/i,l,,..l
hrLe^.pIlUigu,!
trti ferle, -plêil„,,,,>\^
\
légère!
u» ce^ hrleu
„..„ \
...... ^
P^un pe. betUnte.
0
100 !00
300 400
600 700 800 500 1000
Sable fin
Remahques. — (7. Il y a cependant une critique à formuler à l'égard des terres très
calcaires. Selon les conventions actuelles, les lévigations qui conduisent à l'argile sont
effectuées après destruction du calcaire par l'attaque à l'acide nitrique étendu et froid :
de la sorte, à l'argile véritablement indépendante s'ajoute l'argile résiduelle de l'attaque
du calcaire et cette dernièi-e, partie constitutive des grains de sable calcaire, n'a pas le
même rôle mécanique. A la vérité, la plasticité existe généralement dans ces terres
parce qu'une terre très calcaire est ordinairement riche en éléments fins, dont l'en-
semble, quand il est humide, forme une masse plastique; mais c'est la cohésion de la
terre sèche qui n'existe plus et qu'on risque d'admettre d'après ce dosage erroné de
l'argile et d'invoquer à la place du tassement. En fait, on rencontre des terres très cal-
caires, dosant i5o d'argile pour looo, qui possèdent la plasticité mais non la cohésion.
h. On sait que l'humus intervient mécaniquement, allégeant les terres fortes, don-
nant de la cohésion aux terres légères. Mais cette action diverse ne peut être appréciée
qu'après l'étude de la constitution mécanique de la partie minérale, dont il vient d'être
SÉANCE DU l5 MAI igoS. l36l
parlé. D'ailleurs, dans les terres de grande culuue, l'influence mécanique de l'humus
est souvent très peu importante.
c. On pourra être tenté de contester la légitimité des limites choisies pour la défini-
tion de la terre franche type, celle dont la constitution mécanique me paraît la meil-
leure. Suivant que les terres les plus répandues dans une région s'approchent du type
des terres fortes ou de celui des terres légères, le terme de terre franche s'applique à
des constitutions assez différentes. Quant aux raisons qui ont déterminé le choix, des
limites ici adoptées, leur développement ne saurait trouver place dans cette Note.
Quoi qu'il en soit, la classification et la nomenclature étudiées que je
propose peuvent servir de première base à une discussion relative à l'inter-
prétation des résultats fournis par la méthode du Comité des Stations agro-
nomiques, méthode qui n'est elle-même qu'un premier essai d'analyse mé-
canique.
ANATOMIE. — Terminaison des nerfs moteurs dans les muscles striés
de l'Homme. Note de M. R. Odiek.
J'ai l'honneur de faire connaître à l'Académie le résultat de mes
recherches sur le mode de développement des terminaisons motrices des
nerfs dans les muscles striés de l'Homine.
Depuis plusieurs années le sujet m'a préoccupé et, sur trente-deux en-
fants examinés, cinq seulement ont fourni des préparations valables.
Sauf erreur de ma part, cette question n'a pas encore été résolue et les
terminaisons motrices humaines étaient encore à trouver.
Chez l'Homme comme chez les divers animaux supérieurs décrits, un
nerf afférent aborde perpendiculairement une fibre musculaire et s'engage
sous le sarcolemme.
Chez l'enfant de 5 mois, le plus jeune que j'aie examiné, le nerf rampe parallèlement
au muscle sans se bifurquer. Il présente sur ces cotés des épines espacées, insérées par
une base large : le nerf et ces épines donnent absolument l'image d'une branche de
rosier.
Les épines doivent être considérées comme des bourgeons destinés à donner nais-
sance à des branches secondaires.
Dans un stade plus avancé, en effet, chez l'enfant de 6 à 7 mois, le nerf terminal a
conservé la structure générale décrite ci-dessus, mais il est plus long. Par suite, il est
plus mince. De même, les épines sont longues et effdées.
Alors que chez l'enfant de 5 mois on trouve au plus cinq à six épines sur un même
l362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nerf, cliez celui de 6 à 7 mois, il y en a souvent quinze à vingt et elles sont bifides à
maints endroits.
Chez l'enfant de huit mois, les épines ont totalement disparu elles terminaisons mo-
trices semblent arrivées à leur complet développement.
Elles sont de deux ordres :
Les unes, comme chez la Grenouille, forment un véritable réseau qui recouvre la
musculature : les mailles en sont étirées dans le sens de la longueur des fibres.
Les autres se terminent par une sorte de boucle semblable à celle qui se voit chez
le Cobaye (et que j'ai décrite dans les Arc/iices expérimeniales de Médecine, juil-
let 1904 )• Comme chez ce rongeur, on rencontre souvent dans les muscles de la jambe
humaine (chez l'enfant de 8 mois) un gros tronc nerveux d'où émerge un véritable
bouquet de plaques motrices en forme de boucle, supportées chacune par un filament
cjlindraxile unique.
Sur certaines préparations, on en compte jusqu'à ireute-neuf reliées à un seul tronc
afférent.
Toutes les préparations ont été examinées après dissociation. Elles ont été faites par
la méthode au chlorure d"or et à l'acide formique.
ÉNERGÉTIQUE. — Sur le problème dit du travail statique; essai de dissociation
des énergies mises en jeu. Note de M. Erxest Solvay, présentée par
M. Dastre.
Dans une Note précédente (') j'ai dit en substance que, lorsqu'un
muscle élève ou soutient une masse, il n'y a pas de relation générale
a priori entre le soi-disant travail statique des physiologistes et l'énergie
mise enjeu. Je me proposerai, dans la présente Note, d'étudier, au moyen
d'un mode de représentation simple, le cas particulier d'un muscle qui
élève lentement une masse et d'essayer de dissocier les deux éléments de la
dépense énergétique que j'ai appelés : énergie de sustentation et tramil
d'élévation.
Si nous considérons l'élévation d'une charge de poids p = rtig par un
moteur cinétique à action continue et d'une puissance disponible constante
égale à w, la vitesse maxima v„ avec laquelle peut se mouvoir la masse
est r„ = — ) que nous appelons vitesse d'élévation normale. Il y aura élévation
lente lorsque la masse s'élèvera avec une vitesse moindre v^<^v,„ la puis-
sance strictement nécessaire à celte élévation dans des conditions nor-
(') Comptes rendus, 24 mai 1904, p-
SÉANCE DU l5 MAI igoS. l363
maies étant iv^ = p('^ et moindre que la puissance disponible tv. La diffé-
rence E = (if — «^^ représente réner2;ie inutilisée par unité de temps. C'est
cette dépense d'énergie qu'il s'agit d'interpréter.
Au poinl de vue cinétique, tout se passe, dans le cas d'une élévation lente, comme si,
pendant chaque intervalle de temps infinimeiU petit dt, la masse s'élevait d'abord
avec la vitesse normale pendant le temps — /, puis restait stationnaire pendant le
temps II {)'l'-- " e" est de même au point de vue énergétique. Pendant ce
temps dt, la masse accumule une quantité d'énergie égale à
Wedt ^ pVcdt,
qu'on peut encore écrire /:>(•„ x —dt\ on voit ain'i qu'elle est la même que si la masse
s'élevait d'abord avec la vitesse normale r„ pendant le temps —dt, puis restait immo-
bile pendant un temps ( i f j'''^» durant lequel la quantité d'énergie fournie par le
moteur
P^'ui^^-~^dt=p{y„-,,)dt
est dépensée sans effet utile pour l'élévation. Or cette quantité est précisément Erf<,
qui reçoit ainsi une interprétation simple : c'est V énergie de sustentation, notion claire
qui doit se substituer à la notion vague de « travail statique ».
On peut encore mieux, mettre en lumière le caractère de sustentation que prend
l'énergie inutilisée, en considérant un jet lluide vertical d'une hauteur de charge h
débitant un poids /> = /?i^ de liquide par unité de temps. La puissance disponible à
l'origine est
W = - //M'-=: pli.
Une fois le régime établi, le jet élève indéfiniment à cette hauteur A, par unité de
temps, un poids/) de fluide, qui y arrive sans vitesse; le jet transforme ainsi intégra-
lement en travail d'élévation l'énergie disponible à l'orifice. Introduisons maintenant
dans le jet, à une distance h' du niveau supérieur, un obstacle qui le fasse dévier à
angle droit; le jet élève encore indéfiniment à ce niveau intermédiaire le même poids p
de fluide, n'accomplissant plus ainsi qu'un travail d'élévation moindre iv' =zp(^h — h').
Mais le fluide atteint ce niveau en conservant une vitesse v =z^2ff/i et par suite une
puissance E ^zph' qui n'a pas été utilisée j)our l'élévation. Or, nous savons que, lors de
la déviation à angle droit, il y a une pression vive exercée par le jet sur l'obstacle,
laquelle équilibre un poids précisément égal à celui de la partie du jet supprimée. Nous
voyons encore ici apparaître la sustentation dès que toute l'énergie disponible du mo-
teur ne se transforme plus intégralement en travail d'élévation.
,364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tout moteur à action cinétique continue, si on le considère au point de
vue le plus général et en négligeant toutes les circonstances accessoires,
peut toujours, tant au point de vue énergétique qu'au point de vue quan-
tité de mouvement, être assimilé à un jet fluide strictement équivalent : au
fonctionnement du moteur dans des conditions qui permettent l'utilisation
intégrale de son énergie disponible correspond le cas de l'élévation libre
du jet, sans déviation, et par suite sans sustentation; au fonctionnement du
moteur dans des conditions entraînant une perte d'énergie, correspond,
pour un jet ascendant, le cas de la déviation avec sustentation.
On étendrait facilement les considérations qui précèdent, au cas d'un
moteur continu quelconque et notamment au cas d'un moteur électrique.
Il suffirait pour cela d'établir une assimilation entre le courant électrique et
un jet, chaque courant défini ayant son jet représentatif. Il en serait de
même pour le muscle qui élève un poids, si l'on pouvait déterminer la va-
leur du flux d'énergie musculaire, ce flux admettant également un jet repré-
sentatif.
Il nous semble que ce système de représentation énergétique par jets
fluides, convenablement généralisé, est susceptible d'applications fécondes.
GÉOLOGIE. — Sur les grandes nappes de recouvrement de la zone du
Piémont. Note de MM. Maurice Lugeox et Emile Argand, présentée
par M. Michel Lévy.
Dans les synthèses tectoniques de la chaîne alpine, qui ont fait l'objet
d'importants travaux durant ces dernières années, une vaste région restait
à interpréter. Il s'agissait fie savoir si l'ossature de la grande zone cristalline
du mont Rose-Piémont comportait également de grandes nappes de recou-
vrement, ainsi qu'on pouvait le prévoir depuis que l'un de nous avait montré
dans la coupe du Simplon (') la présence de vastes plis empilés et déversés
vers le nord-ouest.
Les documents existants, complétés par les travaux exécutés sur le terrain
par l'un de nous, révèlent, dans la partie de la zone mont Rose-Piémont
comprise entre Bonueval et le massif du Tessin, l'existence de sept nappes
superposées, plus uu moins digitées, toutes déversées vers l'extérieur de la chaîne.
(•) Sur la coupe géologique du Simplon {Comptes rendus, 24 mars 1902).
SÉANCE DU i '; MAI l()o5. l365
r.es éléments tectoniques de celte région, qui s'étend sur une longueur
de 200'"" et une largeur maximum de 90'^'" sont de haut en bas :
A. La nappe de la Dent-Blanche (nappe VFI), vaste lambeau de recouvre-
ment flottant entièrement sur un substratum mésozoïque. T/une au moins
des digitations frontales est conservée à Gignod sous la forme d'une tête
anticlinale plongeante de gneiss.
a. Le synclinal mésozoïque de Roisan, bande étroite et localement écrasée,
sépare sur une longueur de 25'^'" au moins la nappe de la Dent-Blanche de
la nappe suivante.
B. La nappe du mont Mary-mont Emilius (nappe VI). Elle est complète-
ment écrasée sous la précédente dans le haut val Tournanche, d'où elh^
augmente raj^idement de largeur vers le sud-ouest. Celte nappe franchit la
Doire Baltée entre Vdlefranche et Saint-Marcel; elle forme sur la rive
gauche du vallon de ce nom wn. magnifique recouvrement sur les roches
vertes mésozoïques du substratum et va culminer dans les hauts sommets
du mont Emilius; en même temps les axes des plis se relèvent fortement
vers le sud-ouest.
La masse gneissique du mont Emilius se raccorde à sa racine (gneiss
Sesia-Val di Lanzo) par les diversss formations analogues qui jaloniiciit
l'arêle Punta-Glacier-Rafré et atteignent la Doire près d'Issogne. A celte
nappe se rattache le lambeau de recouvrement de Pillonet, sur la crête cpii
sépare le val Tournanche de la vallée de Challant.
b. La grande fenêtre ou regard de Chàlilloii-Zermatl. — Elle s'étend
entre les masses plongeantes du mont M u'v, le recouvrement du mont
Emilius et leur racine représentée par le gneiss Sesia couché vers l'exté-
rieur de la chaîne.
Elle entre en ra|)port au norfl avec d'autres formations que nous exami-
nerons plus loin, et à l'est avec le synclinal d'Alagna séparant les nappes V
et VI. A Arceza, dans le val Challant, une coupole de gneiss apparaît sous
les terrains mésozoïques; elle appartient à la nappe suivante.
C. La nappe du mont Rose-Grand-Paradis ( nappe V). — L'homologie tecto-
nique de ces deux massifs est très étroite et la voûte surbaissée d'Arceza,
située exactement sur la ligne cjui les joint, indique très probablement leur
continuité en profondeur.
A son extrémité nord-est, le gneiss du mont Rose flotte sur le synclinal
qui occupe la partie supérieure des vallées de Zwischbergen, Bognanco et
Antrona. Ce phénomène est dû au relèvement de l'axe des plis vers le
c, K., .903, ." Semestre. (T. CXL, N» 20.) i']'\
l36G ACADÉMIE DES SCIENCES.
iiord-est. Au delà du synclinal précité hi nappe du mont Rose est entière-
ment décapée par l'érosion. Dans le Furgenthal apparaît, d'après Gcrlach,
une petite fenêtre mésozoïque sous le gneiss du mont Rose. La racine,
encore en continuité parfaite avec la nappe, rejoint par Bannio le gneiss
du Tessin; tdie est localement renversée vers le sud-est.
En conséquence, à la notion de dùm? du monl Rose doit succéder défini-
tivement celle de la nappe, ainsi que l'un de nous l'avait prévu dans une
Note antérieure.
Puisque la coupole de gneiss du Grand-Paradis joue le même rôle tecto-
nique que celle du mont Rose, à laquelle elle se relie par la coupole d'Ar-
ceza, il en résulte que, là encore, à la notion de dôme doit succéder celle
de pli couché.
Le Grand-Paradis n'est que la carapace d'une grande nappe encore enfouie.
C. Quant à la bande mésozoïque, formée de plusieurs éléments tecto-
niques, et que l'on voit s'étendre d'Aoste par le col de Fenêtre, Evolèiie,
le Bruneggliorn, Zermatt, Saas et le Weissmies, elle sert de substratum à
la nappe Vil et enveloppe le pli frontal de la nappe du mont Rose (V).
Plus loin, elle sert de substratum à cette dernière, et la sépare de la
nappe IV, dans la région où celle-ci commence à se coucher (Camughera).
D. La nappe du Grand Saint-Bernard {\\?i'^\^&\y). — Du col de Rhême, elle
remonte vers le nord et va former le grand anticlinal couché des schistes
de Casanna en Valais. Celui-ci flotte librement à son extrémité orientale
sur un étroit synclinal qui le sépare du gneiss du Monte-Leone (nappe III).
Une portion replisséede la nappe IV vient s'insinuer sous les nappes VU
et VI et sur la nappe V en formant deux énormes faux synclinaux, très
probablement continus en profondeur; l'un est compris entre la Dent-
Blanche (VII) et le mont Rose (V) et forme le massif des Mischabel,
l'autre s'introduit entre les débris de la nappe du mont Emilius (VI) et le
Grand-Paradis (V); nous l'appelons massif de Valsavaranche . Ce dernier
massif est considéré par M. Novarese (') comme formant un grand anti-
clinal couché au sud sur le Grand-Paradis; il représente pour nous un faux
synclinal couché vers l'extérieur de la chaîne, comme tous les i)lis de la
région.
Ce déversement apparent au sud résulte de l'intersection entre la sur-
face actuelle du relief et les accidents tectoniques.
(') /{ilevamento i(C(iliiL;ico dclle Alpi occidi-iilali . iiel iXot)- 19011.
SÉANCE DU l5 MAI igoS. l36-
Le noyau de la nappe est indiqué par le gneiss deZwischbeigeii et par la
bande fortement feldspathisée qui lui fait suite à l'ouest.
Le petit massif de Camughera, dans l'est, près de Domo d'Ossola, fait
également partie de la nappe IV, à laquelle il se relie par dessous le syn-
clinal du val Bogaaiîco. Il est taillé dans la région où les racines droites
des nappes IV et V commencent à se coucher vers l'extérieur de la chaîne.
La racine va se perdre dans le gneiss du Tessin.
Les nappes III, II et I ont déjà fait l'objet d'une Communication anté-
rieure; elles apparaissent au jour dans la région du Simplon et se pro-
pagent suivant leur direction axiale vers les massifs tessinois. Ce sont les
nappes du Monte-Leone, de Lehcndun et lV A/itieorio.
iMÉTÉOROLOGIE. - Sur un halo e.vUaonUnaire. Note de M. Perxteb,
présentée par M. E. Mascart.
A propos du halo extraordinaire décrit par M. Besson dans les Comptes
rendus ^n 3 avril irjoS, il me paraît intéressant de constater qu'avec une
hauteur du Soleil de 8" la hauteur théorique sur l'horizon de l'arc langent
supérieur du halo de 46°, d'après la théorie de Bravais (5wr les halos, p.^gG)
est précisément 59", la valeur mesurée de M. Besson. La (ormule de Bravais
pour le calcul de la hauteur // de cet arc sur l'horizon :
{il étant l'indice de réfraction et H la hauteur du Soleil) donne, pour
/^ = 1 , 3 1 et II = 8", h = 58°58'.
D'après cette théorie de Bravais, l'arc tangent supérieur du halo de 46°
n'est, en réalité, langent qu'avec une hauteur du Soleil de 22"8'; la théorie
de Galle {Pogg. Ann., t. XLIX, p. 264), au contraire, le veut toujours, et
avec toutes les hauteurs du Soleil, tangent au halo. La théorie de Bravais
suppose des prismes de glace dont l'axe est stable et sans balancements,
mais quand même tournant autour de l'axe; Galle exige les mêmes prismes
non seulement tournant autour de l'axe vertical, mais ce dernier doué aussi
de balancements horizontaux. J'avoue que j'ai longtemps et beaucoup douté
de la possibilité des conditions de Bravais : axes verticaux stables, tournant
sur eux-mêmes et, néanmoins, sans les moindres balancements. Les obser-
vations seules pouvaient en décider.
jM:)S ACADEMIE DES SCII'NCES.
Ou n'a jusqu'à présent que deux mesures de la hauteur de cet arc circum-
zénilhal sur l'horizon : colle de M. Besspn, qui nous occupe dans cette Note,
et une série de treize mesures exécutées par Ekaina pendant l'expédition po-
laire hollandaise en 1 882-1 883 (Mij'ne Waarnemingen omirent de halo,
p. 58). L'une et les autres se rapportent à l'arc de Bravais. De là il ne ré-
sulte pas que l'arc tangent de Galle ne se réalise pas dans la nature; de
plus, on n'en peut pas même déduire que son apparition soit plus rare que
celle de l'arc langent de Bravais, mais tous les doutes sur la réalité du der-
nier sont dissipés.
Qu'il me soit permis encore d'expliquer la tache irisée, semblable au som-
met du halo ordinaire et distante du Soleil de 28°, qu'a vue et mesurée
i\I. Besson. Elle était, sans doute, un fragment du halo de Scheiner. Bra-
vais nomme ainsi lui halo très rare, produit par des angles dièdres de
70°32', qu'on trouve dans les cristaux de glace des diverses combinaisons
du prisme avec la pyramide; ils donnent une déviation minimum de
27°45'.
M. Marcel P. -S. Gukdkas adresse une Note Sur l'existence du pétrole
dans le déparlement du Var.
(Renvoi à la Section de Minéralogie.)
M. Charles Bussv adresse un modèle de Calendrier perpétuel.
I a séance est levée à "> heures.
M. B.
N^ 20.
TABLE DES ARTICLES (Séance du lo mai 1903.)
ME3I0IRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORUESl'ONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. le Président annonce le décès de M. Po-
tier
i\I. Bertiielot. — Perméabilité des vases de
128G
MM. J. ViOLLE et Th. Vautier. — Propaga-
tion des sons musicaux dans un tuyau de
3" de diamètre 1295
MM. A. Halleb et C. M.iRTiNE. — Sur les
menthiines et menthols obtenus par la ré-
duction de la pulégnne par l'action cata-
lytique du nickel réduit i3gS
Pages
MM. L. Maquenne et Euu. Houx. - Sur la
constitution, la saccharification et la ré-
trogradation des empois de fécule iSoii
M. A. Lacroix. — Les carbonates basiques
de magnésie de l'éruption de Santorin
S. A. S. le Prince de Monaco. — Expériences
d'enlèvement d'un hélicoptère i3ii
M. GusTAF Retzius fait hommage du
Tome XII de ses « Biologische Untersu-
chungen » (nouvelle série) i3i2
NOMINATIONS.
M. Louis Henry est élu Correspondant pour
la Section de Chimie, en remplacement de
de M. Williarnson
I MM. Emile Picard et Moissan sont
membres d'une Commission chargée de la
1.3 I vérification des comptes de l'année igo^... i3i3
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre du Cojimerce, de l'Industrie,
DES Postes et Télégraphes prie l'Aca-
démie de dresser des listes de candidats
pour deux chaires au Conservatoire na-
tional des Arts et Métiers
M. le Secrétaire perpétuel signale les Ou-
vrages suivants : « Le opère di Galileo
Galilei », Volume W ; « Eléments de
Physiologie )),par M. F. Laulanié; « Les
récents progrès de la Chimie »
MM. Jean MASCARTet VV. Ebert. — Lunette
méridienne photof^raiihique pour déter-
miner les ascenscocis droites
M. CyParissos Stei'Hanos. ~ Sur les forces
donnant lieu à des trajectoires coniques..
MM. Ch. Eug. Guye et H. Guye. — Sur la
rigidité électrostatique des gaz aux pres-
sions élevées
M. G. -A. Hemsalech. — Sur les effets res-
pectifs des courants de Foucault et de
l'hystérésis du fer sur les étincelles oscil-
lantes
M. S. Turchini. — Etude de la puissance
radiographique d'un tube à rayons X
M. Eugène Bloch. — Sur la conductibilité
des gaz issus d'une flamme
.M. Georges Meslin. — Sur l'ionisation et le
coefficient d'aimantation des solutions
aqueuses
M. Pierre Weiss. — Propriétés de la pyrrho-
tine dans le plan magnétique
M. A. Guébhard. — Sur l'identité de cause
du silhouettage blanc et du silhouettage
M. D. Gernez. — Triboluminescence des
composés métalliques
M. Camille Matignon. — Propriétés de
quelques chlorures anhydres de métaux
rares
M. PiNERUA Alvarez. — Sur une réaction
du rhodium
M. E. Charlay. — Action des métaux am-
moniums sur les alcools : méthode géné-
rale pour la préparation des alcoolates.. .
3^7
N" 20.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
M. André Kling. — Propionylcarbinol et
dérivés '■^4^
MM. A. GuYOT et J. Catel. — Contribution
à l'étude des dérivés du benzodihydrofur-
furane. '■^■4^
MM. M. PiETTRE et K. ViLA. — Sur la mélhé-
moglobine i35o
M. F. Battelli et M"" L. Stern. — Re-
cherches sur le mode d'action de la philo-
calalase '352
MM. E. Chuard et F. Porcuet. — Recherches
sur l'adhérence comparée des solutions de
verdet neutre et des bouillies cupriques,
employées dans la lutte contre le mildiou. i354
M. Georges Delacroix. — Sur une pourri-
ture bactérienne des Choux i356
M. H. Lagatu. — Classification et nomen-
Pages.
clature des terres arables d'après leur con-
stitution mécanique i358
M. R. Odier. — Terminaison des nerfs mo-
teurs dans les muscles striés de l'Homme. i36i
M. Ernest Solvay. — Sur le problème dit
du travail statique; essai de dissociation
des énergies mises en jeu l'iHrt
MM. Maurice Lugeon et Emile Argand. —
Sur les grandes nappes de recouvrement
de la zone du Piémont i364
M. Pernter. — Sur un halo extraordinaire. 1367
M. Marcel P. -S. Guedhas adresse une Note
i< Sur l'existence du pétrole dans le dépar-
tement du Var > i368
M. Charles Bussy adresse un modèle de
« Calendrier perpétuel >> i3ti8
PARIS. — IMPRIMERIE G A UT H l E R - V I L L A R S .
Quai des Grands-Augustins, 55.
1905
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
K 21 (22 Mai 1905)
^ PAKIS,
GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALI COMPTES RENDUS
Adopté dans lf,s séances des 2 3 juin 18G2 et 2.\ mai 1873
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances.
de L' Académie &Q composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'anal vs<- des \î.''iiiMiiv< mi \..!es
présentés par des savants (■•Ir.ni^fi- u 1
Chaque cahier ou numéro des (Jor,
48 pages ou G feuilles en moyenne.
2() numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
AcKJiMJiir.
iples rendus
Impicssion des travaux
r i endémie .
Les extrait? vl,- M
iparuii AssiiciiM'lrii
Membre
r>rennent
Un Membre de TAcad
Comptes rendus plus de .jo pages par
Toute Note iiumiiscriLe d'un Mcml
diMiih' (111 d Miii' personne étrangère i
rai Ire dan^ le Compte rendu de la semaine
a élé remise le Jour même de la séance.
Les iiap})orts ordinaires sont soumis ;i
ut donne
' année,
lue de r
ui^ [)0urr;
Aca-
1 pa-
leme
coni-
Lc
[la
Membre
Gou
Tu:LE 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être ren
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tat
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvové
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
AdxicLE 4. — Planches et tirage à part.
- Les Comptes rendus ne contiennent ni planchel
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures sera
autorisées, l'espace occupé par ces figures cor
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais de^
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappor!
les Instructions demandés par le Gouvernement.
AuTicLt: 5.
Tous les six. mois, la Commission administrali'
fait un Rapport sur la situation des Comptes rendi
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution dupr
sent Règlement.
Les Savants étrangers à 1 Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de 1
îeposer au Secrétariat aM plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séancesuivant
JUN IS 190S
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 22 MAI 1903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
BIOLOGIE ANIMALE. — Nouvelles expériences de parlhéno genèse expèrimenlale
chez Âsterias. Note de M. Yves Delage.
J'ai entrepris une série d'expériences pour déterminer le mode d'action
des agents de la parthénogenèse expérimentale. Ces expériences sont en-
core trop peu avancées pour permettre une conclusion générale; mais elles
m'ont fait connaître quelques particularités intéressantes que j'énumérerai
très brièvement.
i'' Le fait, signalé par moi en 1902, qu'une augmentation de pression os-
motique n'était pas nécessaire pour déterminer la parthénogenèse se con-
firme par de nouveaux exemples. Plusieurs des réactifs employés, chlorure
de manganèse, phosphate monobasique de sodium, etc., agissent aussi bien,
si ce n'est mieux, lorsque la concentration totale du mélange est inférieure
à celle de l'eau de mer, 0,460 au Ueu de o,520, tandis qu'à une concentra-
tion supérieure, 0,600, leur efficacité est très diminuée.
2° Une solution de chlorure de manganèse dans l'eau distillée, à la con-
centration de l'eau de mer, m'a fourni non seulement de nombreuses segmen-
tations, mais même des blastules qui ont éclos et nagé. C'est un fait très
digne d'attention que la parthénogenèse ait pu être déterminée par un
liquide ne contenant pas d'eau de mer et au moyen d'un sel qiU n'existe pas
dans l'eau de mer, si ce n'est à dose infinitésimale comme tant d'autres
substances.
Des solutions au même degré de concentration formées soit de chlorure
de sodium, soit de chlorure de potassium, soit d'un mélange de ces deux
C. R., iqo5, I" Semeitre. (T. CXL, N- 21.) '7^
1,370 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sels à la proportion où ils sont dans l'eau de mer, additionnées ou non de
sulfate de magnésium, ne m'ont donné que de rares et très mauvaises seg-
mentations dont aucune n'a abouti à la blastule nageante.
3" Le phosphate monobasique de sodium s'est montré agent efficace de
parthénogenèse.
4° En ajoutant à l'eau de mer chargée d'acide carbonique (qui donne les
merveilleux résultats que j'ai fait connaître) un excès de carbonate de chaux
dont une partie se dissout par l'effet de l'acide carbonique sous pression,
on obtient des blastules non moins belles que par l'acide carbonique seul,
mais qui présentent une particularité remarquable. Un grand nombre
d'entre elles sont soudées les unes aux autres, d'une manière très solide,
par deux, par trois ou même par quatre, et vivent aussi bien que les
individus isolés. Bientôt les individus soudés se fusionnent en un individu
simple, polygastrique, avec autant d'invaginations stomacales qu'il y a
d'individus fusionnés en un seul. Je les ai soumis aux conditions ordinaires
d'élevage et ferai connaître, s'il y a lieu, leur évolution ultérieure.
MAGNÉTISME. — De l' hystérésis magnétique produite par un champ oscillant
superposé à un champ constant. Comparaison entre la théorie et V expérience.
Note de JVI. P. Duhem.
Dans une Note précédente ( ' ) nous avons demandé à la théorie de l'hys-
térésis la prévision des effets produits, en un aimant, par un champ qui subit
des oscillations symétriques, très nombreuses et très rapides, entre deux
valeurs 3Co — -n et X.^ -t- -/i. Nous nous proposons aujourd'hui de comparer
les propositions que nous avons obtenues aux résultats des expériences
très intéressantes qui ont été effectuées par M. Gh. Maurain (^).
M. Maurain a employé successivement diverses sortes de champs oscil-
lants. Il a constaté, en premier lieu, que « pour qu'une de ces actions élec-
tromagnétiques réduise complètement l'hystérésis, il faut qu'elle atteigne
une certaine amplitude dans sa variation ».
(') Z>e l'hystérésis magnétique produite par un champ oscillant superposé à un
champ vo'nilant {iHomples rendus, séance du 8 mai igo5, t. o)
sin(/
tend vers zéro avec S.
Cet énoncé est compliqué; de plus, il ramène l'étiicie de la convergence
ou de la divergence d'une expression à une étude analogue pour d'autres
expressions; mais, d'une part, on pourrait faire la même objection aux
conditions de Lipschilz, du lîois-Reymond, Dini, Jordan, qu'il s'agit de
réunir en un énoncé unique et, d'autre part, une partie de la complication
disparaît si l'on consent à perdre en généralité.
On peut remarquer, par exemple, que la condition i" est vérifiée si x
est un point de continuité ou un point régulier, c'est-à-dire un point en
lequel f(^x -+- o) et fl^x — o) existent et vérifient l'égalité
/(a' + 0)4-/(^-0)-2/(x-) = 0.
Quant à la condition i°, qu'on peut écrire de bien des manières, elle
est vérifiée lorsque les deux intégrales
tendent vers zéro avec S.
L'énoncé indiqué contient tous les énoncés mentionnés au début; voici,
par exemple, comment on arrive à l'énoncé de Dirichlet.
Ce qui fait la difficulté de l'étude de la condition 2°, c'est le signe | | ; ce
signe peut être supprimé quand -^r— - varie toujours dans le même sens, et
l'on vérifie alors facilement que la condition 2° est vérifiée. D'ailleurs, si
ç(i) varie toujours dans le même sens, on voit de suite, en imitant les rai-
sonnements de M. Jordan, que(p(i) peut être considérée comme la diffé-
rence de deux fonctions m,(t), ..(/), telles que '^\ et '^^^J- soient tou-
jours dans le même sens. Cela conduit à l'énoncé de Dirichlet et à celui
de M. Jordan.
Le théorème indiqué fournit facilement une généralisation d'un théo-
rème de M. Féjer : Si l'on applique aux séries de Fourier le procédé de som-
mation par la moyenne arithmétique qu emploie M. Féjer, la série représentera
SÉANCE DU 22 MAI IQoS. l38l
la fonction en tous les points où la condition i° de l'énoncé précédent est
remplie. On déduiL facilement de là que : quelle que soit la l'onction /con-
venable (c'est-à-dire ayant une intégrale), elle est représentée par sa série
de Fourier, sommée par le procédé de M. Féjer, partout, sauf tout au plus
pour les points d'un ensemble de mesure nulle.
Il est peut-être intéressant de remarquer que tout autre procédé de
sommation ne peut pas donner plus, en un certain sens, puisque deux
fonctions qui ne diffèrent que |)ar les points d'un ensemble de mesure nulle
ont la même série de Fourier. D'autre part, on ne peut pas non plus espérer
mieux en s'adressant à des expressions analytiques plus compliquées, car
j'ai pu construire des fonctions qui, dans tout intervalle, échappent à loule
représentation analytique et par conséquent telles que, quelle que soit
l'expression analytique que l'on choisisse, cette expression n'égalera pas la
fonction aux points d'un ensemble qui est certainement non dénombrable
et partout dense.
GÉOMÉTRIE. — Sur les courbes minima. Note de M. E. Vessiot,
présentée par M. Emile Picard.
1. Considérons la courbe minima (ou de longueur nulle) (C), définie
par les équations
x + iy= 2F"(a), ac ~ iv = - ■2\'V"{\) -+- ^Wa) - 4 F(^).
z^i\Y'\-K)--zV'{-K).
On peut lui associer une variable s, que nous appellerons son pseudo-arc,
et qui sera définie par la condition
qui se réduit à
ds = \/ir"(l) dl.
Ce pseudo-arc est visiblement un invariant de la courbe (C), par rapport
au groupe des mouvements, et va servir à trouver tous les invariants dilTé-
rentiels de (C), relatifs au même groupe('). Il suffit d'abord de remarquer
( ' ) Ces invariants ont été trouvés par Soplms Lie, comme application de ses théories
générales. Voir, par exemple, Lie-Scheffers, Varies, uber coiUin. Grupperi, p. 694-
382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que 1 = -3 ^^^y- se transforme projectivement, quand on fait subir à (C)
un déplacement, pour en conclure qu'on aura l'un des invariants cherchés
en prenant le schwarzien
!(î^sy-i^<^"')'^t^^F")^-4F"'Pi.
c'est bien l'invariant fondamental obtenu par vSophus Lie; il se présente
ici comme l'analogue de ia courbure ou de la torsion d'une courbe quel-
conque, puisque >. définit la direction de la tangente, et aussi du plan oscu-
lateurde(C).
2. A un autre point de vue, on aura des segments invariants associés à
chaque point M de (G), en prenant, d'abord le segment MT, ilont les pro-
jections sur les trois axes de coordonnées sont
,..p dx , cIy dz
ds (/s ds '
et ses dérivées géométriques, prises par rapport à s. La première est un
segment MU, de longueur wn, orthogonal à MT, et dont les projections
sont
«,TT / d'j; ,, d-y , d- z
ds- ' ds- ' ds^
Nous considérons en même temps le segment MV, qui est, comme MT,
de longueur nulle et orthogonal à MU, et tel que le produit géomé-
trique MT.MV soit égal à 2. Les projections sont
a ' b ' f
Ces trois segments MT, MU, MV définissent, en réalité, un système de
forme invariable, dont le mouvement est ainsi associé à (C). Et l'on obtient
ainsi des formules, analogues aux formules classiques de Serret-Frenet,
à savoir :
o?a _ , db _ p, de ,
ds ~ '^' 7ù ~^ ' ds ~'^ '
da" -, , db" To' de" ., ,
ds ■ ' ds ^ ^ ds
da' I , , c?3' • / T ; 7 " \ dy'
SÉANCE DU 22 MAI tpoS. l383
Elles introduisent l'invariant
m'^m'-m'
qui n'est autre que 2$; et redonnent tons les résultats de Lie sur les inva-
riants cherchés et la congruence des courbes minima.
La rotation instantanée, dans le mouvement considéré, a pour projection
sur les trois axes de coordonnées
p = iaa-a"), (,= '-(Jb — h"), r=-^(3c-c").
Sa grandeur est yT. L'axe hélicoïdal instantané coïncide avec l'axe du
cylindre de révolution osculateur à la courbe (C), déjà considéré par
SchefTers; il rencontre à angle droit le segment MU en un point w tel que
3. Les résultats précédenis peuvent être utdisés, comme nous le mon-
trerons dans un travail plus étendu, pour la théorie générale des courbes
et des surfaces. Tons les éléments fondamentaux relatifs à une courbe
gauche dérivent de ceux qui se rapportent à ses deux développées minima;
tous les éléments fondamentaux d'une surface dérivent de ceux qui se
rapportent à ses courbes minima.
Pour ne citer qu'un exemple, la courbure moyenne d'une surface est
donnée par la formule
où s est le pseudo-arc d'une courbe minima (C) de la surface, J son inva-
riant fondamental, et 2P la projection du segment MV, défini plus haut,
sur la normale à la surface.
4. On peut également rattacher la théorie générale des courbes, et celle
des lignes de courbure d'une surface, à l'étude des surfaces réglées à géné-
ratrices isotropes. C'est ainsi que l'on est conduit, par exemple, aux for-
mules bien simples
X -h iy = -P(l)-hf P'(0' a- -iy = q{t) + ( Q'(t),
P'(n + r-Q'{t) __ P'it)-\-t'-Q'{t)
poui
cprimer, en fonction explicite d'une même variable, l'arc s et les
l384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
coordonnées r, y, z d'un point courant d'une courbe gauche quel-
conque (' ).
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la compressibililé de différents gaz au-dessoiis de i^""
et la détermination de leurs poids moléculaires. Note de MM. Adriex
Jaquerod et Otto Sciiei'eu, présentée par M. G. Lemoine.
La détermination de la compressibilité des gaz aux pressions inférieures
à l'atmosphère a pris une grande importance comme moyen d'obtenir leurs
poids moléculaires exacts par la méthode des densités limites L„ (-). La
den>ité limite se déduit très simplement du poids du litre normal du gaz
(à o° et sous 7G0"""), L, et de l'écart a qu'il |)rcscnte par rapport à la lui
de Mariotte entre o et 1"'"'. On a, en effet,
L„ = L(i-a\
en adoptant la notation de M. D. Berlhelot qui définit a par
I — ^^ = «(/>,- y"o).
/'o''u
où p, = i^"" et p„ = o.
Des déterminations exactes de la compressibilité des gaz aux faibles
pressions ont été faites par M. Leduc, M. Chappuis et Lord Rayleigh (').
A part les déterminations de M. Chappuis qui ne se rapportent qu'à trois
gaz, il n'existe pas de mesures directes de la compressibilité des gaz à o°et
au-dessous d'une atmosphère, et il faut recourir à des corrections toujours
un peu incerlaines, pour ramener les coefticients à 0°.
Pour combler cette lacune, nous avons mesuré la compressibilité de
différents gaz à 0°, entre 400'""' et 8oo-""» de mercure environ, et pour les
(>) On sait que ce problème a élé résolu par J.-A. Senet et M. Darboux. Les for-
mules précédentes sont, malheureusement, compliquées d'imaginaires.
{'^) Daniel Berthelot, Comptes rendus, t. CXW I. p. 954. et Lord Rayi.kigh, Roy.
Soc. Proc, t. L, 1892, p. 4/18.
(») M. Leduc : entre 1"'™ et 2"'", vers là" {Ann. de Chirn. et Pliys., 7" série, t. XV,
,898). — M. Chappuis : entre diverses pressions à 0°, seulement pour H% N- et CO^
{Travaux et Mémoires du Bureau international des Poids et Mesures, 1908). —
Lord Rayleigh : vers 10", trois séries, à de très basses pressions, entre 75'"™ et lôo™"',
et entre 12""' et i°«'" {Pliil. Trans. Royal Soc., London, A, 196, 1901, 108, 1902 et
380, 1905).
SÉANCE DU ■X>. MAI IQoS. 1 385
gaz très compressibles également entre 200°"" et 400""". Les résultais de la
première partie de ces recherches font l'objet de la présente Noie.
L'appareil dont nous nous sommes servis se compose essentiellement de deux am-
poules cylindriques en verre épais, d'une capacité totale de 420<''"' environ, réunies
entre elles par un tube capillaire, et reliées, également par l'intermédiaire d'un tube
capillaire, à un manomètre à mercure soigneusement construit, de i4""° de diamètre
intérieur. La branche courte de ce manomètre porte un repère formé d'une pointe de
verre opaque, et constitue un espace nuisible analogue à celui d'un thermomètre à gaz
(capacité : l'^'jS environ).
Les deux ampoules de verre qui contiennent la masse principale du gaz en expé-
rience peuvent être entourées de glace pilée et arrosée d'eau pure. Elles sont en com-
munication avec un réservoir à mercure, de soile que l'on peut à volonté refouler le
gaz dans l'ampoule supérieure, ou lui laisser occuper le volume total. Des traits, tracés
sur les capillaires de jonction (diamètre intérieur : i"»") permettent un repérage très
exact des volumes (soigneusement calibrés au mercure à 0°, ainsi que Vespace nuisible).
Des thermomètres, lus au centième de degré, permettent toutes les corrections néces-
saires. On a tenu compte du changement de volume du verre par la variation de la
pression intérieure.
La pression était mesurée avec une échelle millimétrique sur verre; un micromètre
donnait le -^ de millimètre.
L'appareil étant entouré de glace et le gaz occupant les deux réservoirs, on amène
le mercure du manomètre en coïncidence avec la pointe de Vespace nuisible, et on re-
lève la pression (400°"° environ) ainsi que les indications des dilTérents thermomètres.
Puis on comprime le gaz dans le réservoir supérieur ell'on répète l'opération, la pres-
sion étant voisine de Sco»". On possède alors tous les éléments pour le calcul des pro-
duits pv et de la constante a.
Résultats. — Dans la troisième colonne du Tableau ci-après figurent les
écarts A de la loi de Mariolle par centimètre, qui montrent la variation de
la compressibililé avec la pression pour les gaz facilement liquéfiables
(NH% S0-). La valeur de a a été calculée en utilisant seulement les expé-
riences plus précises entre 4oo'^°' et 800'"'". Pour calculer a exactement
entre o""" et 760°"" il serait d'ailleurs nécessaire de connaître les rapports
^~- jusqu'à de très faibles pressions.
L indique les poids des litres normaux des différents gaz employés,
d'après les meilleures déterminations; M indique les poids moléculaires
calculés par la formule
^^L(.-.)x3.
L'(i — a )
OÙ L' et a' se rapportent à l'oxygène.
C. R., igoS, 1" Semestre. (T. C.\L, N» 21.) ^77
i386
ACADEMIE DES SCIENCES.
Gar.
niillimèlres.
centimètre.
a.
L.
M.
H'
400-800
0,0000068
—0, 00062
0,089873
2,of56
(P
400-800
0,0000127
-1-0,00097
1,42900
32,00 (base)
NO
400-800
0,00001.54
-1-0,001 17
.,3402
3o,oo5
NfP
400-800
0,0002008
-HO, 01 527
0,7708 (■)
17,014
»
20O-4oO
0,0001997
»
n
»
SO'
400-800
o,ooo3i4i
-1-0,02 386
2,92664
64,o36
«
300- ^oo
o,ooo3io6
„
„
Nous avons encore expérimenté sur VhéUiini et trouvé pour a la ^aleu^ — o,ooo48;
mais, par suite d'une impureté reconnue après coup dans ce gaz, une petite correction
est nécessaire et amènerait a dans le voisinage de —0,00060. On peut donc seulement
conclure que l'hélium, comme l'hydrogène, est à 0° moins compressible que ne le
voudrait la loi de Mariette, l'écart étant même un peu supérieur à celui de l'hydrogène.
Le calcul du poids moléculaire e\act est d'ailleurs impossible par suite du manque de
données sur la densité précise de l'héliuin.
La valeur de a obtenue |iour l'hydrogène est presque identique à celle
donnée par lord Rayleigh ( — o,ooo53); celle de l'oKygène est un peu plus
élevée (0,00094).
Les poids moléculaires calculés coïncident pratiquement avec les résultats
des meilleures méthodes analytiques, dans le cas des gaz éloignés de leur
point d'ébullition, à condition d'admettre pour le poids atomique de l'azote
un nombre voisin de i4,oi, qui résulte d'un ensemble de travaux récents.
Pour les gaz facilement liquéfiables, les poids moléculaires calculés sont
trop faibles, ce qui résulte probablement du fait que l'écart de compressi-
bililé varie d'une façon appréciable avec la pression, ce qui ressort d'ailleurs
nettement de nos déterminations.
CHIMIE PHYSIQUE. — Poids atomique de l'azote déduit du rapport des densités
de l'azote et de l'oxygène. Note de M. Philippe-A. Guye, présentée par
M. G. Lemoine.
La méthode des densités-limites ainsi que celle des réductions des élé-
ments critiques à o°C. (-) s'appuient l'une et l'autre sur une extrapola-
(') Détermination jusqu'ici inédite de MM. Guye et Pintza
(*) Ph.-â. Guye, Comptes rendus, t. CXL, igoS, p. 1241.
SÉANCE DU 2-l MAI 1900. 1387
tion. Oïl peut en contrôler les résultats par une méthode basée sur l'inter-
polation, comme il suit :
On démontre dans la théorie des états correspondants (van der Waals) qu'entre les
densités de deux gaz, c?, et ,, déterminées dans des conditions correspondantes de
température (T, et T,) et de pression (/*, et p^), on a la relation
^ _ M, /V, IV,
M, et Mj étant les j)oids moléculaires, T,^, />^._ tl T,., p^, les constantes critiques d«s
deux corps. En raison des conditions de correspondance, celte relation peut s'écrire :
t{, _ M, ^ T,
d, ~ M, p, T,
ou bien
r/,T| .AT, _ M,
/., • TT - m;"
A un facteur constant près, ~ — - et -^ — - représentent les densités gazeuses, déter-
Pi Pi
minées à T,,/;, et à T,, p.^^ puis ramenées à o" C. et à i'"° par les formules des gaz
parfaits (lois de Mariotle et de Gaj'-Lussac). Doue :
Les densités des gaz, déterminées dans des conditions de température et rfç pres~
sion correspondantes^ ramenées à cC et à 1°"" par les formules des gaz parfaits,
sont rigoureusement propoitionnelles aux poids moléculaires de ces gaz.
On retrouve ainsi, théoriquement, la relation que M. Leduc a déduite de
ses recherches expérimentales sur les gaz. Les poids atomiques admis par
cet auteur, et qui vérifient le théorème ci-dessus :
H= 1,0076, C=i2,oo4, N = i4,oo5, 01 = 35,470, 8 = 32, o56
sont d'ailleurs en parfait accord avec ceux obtenus précédemment par la
méthode de réduction des éléments critiques à o°C.
Il est cependant intéressant de vérifier ce théorème dans les conditions
du maximum de précision : i" lorsque les températures et pressions corres-
pondantes des deux gaz comparés sont choisies pour réduire les interpola-
tions au minimum; 2° lorsqu'on prend comme températures correspon-
dantes de comparaison celles auxquelles les deux gaz satisfont presque
exactement aux lois de Mariette et d'Avogadro-Ampère; d'après M. D,
Berthelot, cette température est égale a 2,45 T^,. — Voici les résultats
obtenus dans ces conditions, pour le ra|)[)ort des densités de l'azote à
l'oxygène.
l388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Densités correspondantes des gaz 0'^ et A' à _^ „„ et ■ ^^,^- — Les constantes
critiques sont T^ = i54,2, /j<,= 5o""",8 pour 0% et T^ = i28, /?^= SS^'-^.ô pour N^;
considérant l'oxygène à ioo°C. et sous 760"™, les conditions correspondantes pour
l'azote seront 37''C. et SoS"". Soient dès lors: pour l'oxygène : L' poids du litre
normal, (3 coefficient de dilatation à volume constant, entre 0° et 100°, sous la pression
initiale de 557"™ à 0°, pression qui correspond à 760"'" à 100°; A coefficient moyen
d'écart de la loi de Mariolte à 0° pour une difTérence de pression de i™"" ; pour l'azote :
L' poids du litre normal, ex coefficient de dilatation à pression constante sous la pression
de 5o3""", A' coefficient d'écart à la loi de Mariette à 0°, pour 1""'. Le rapport des den-
sités de l'azote à l'oxygène (0= 16), tel qu'on l'obtiendrait en opérant dans les condi-
tions correspondantes précitées et ramenant par le calcul à 0° et i'"'", est exprimé par
17 1 + A(76o — 557)+ ioo(^ — •■) _
~^' L I -4- A'(76o — 5o3)-i- ioo(a — -;)
Passant aux valeurs numériques tirées des expériences de Lord Rayleigh, de M. Le-
duc, de M. Chappuis et de MM. Makower et Noble, on a
Azole. Oxygène.
A' = 0,000 000 566 (Cil.) A = 0,00000121 (R.)
ï =0,00366912 (Ch.) p =ro,oo36723i(M.etN.)
Coefficient des gaz parfaits 7 = 0,00366190 (D. Berthelot).
16 — = i 4,oo3 (R.) ou 1*1,001 (L.), soit en moyenne i4,oo2
R = 14,002 X 1 ,00087 = i4,oi4.
Avec les valeurs A' et A des expériences de M. Leduc, le facteur de correction devien-
drait 1 , 00083 ; la différence est négligeable.
Densités aux températures d'Avogadro-Ampère. — Ces températures (2,45 T^)
sont, pour l'azote, 4o° C. et, pour l'oxygène, io5° C.
On peut alors considérer les deux gaz sous la même pression (r'""'); il suffit de
connaître les coefficients de dilatation, sous i»"», entre 0° et loS», pour O^ (soit a) et
entre o" et 40° pour N^ (soit a'). Le rapport corrigé des densités se réduit à
R = i6
L' 1 -+- 1 o5 ( a — ■(■ )
L 1 + 43 (a'— y)
Vu la petitesse des corrections, on peut prendre, pour a et a', les valeurs données
par M. Leduc enlie o" et 100° sous i"'™, soit a = 0,003671 et a' = o,oo3668. On a alors,
tous calculs faits, une valeur qui contrôle la précédente :
R =: 14,002 X 1 ,00061 = i4,oi 1.
Comparaison des diverses méthodes physicochimiques (pour le rapport de
SÉANCE DU 22 MAI ipoS. 1 SSp
l'azote à l'oxygène), en mettant en évidence le facteur de correction
rapporte au même rapport [-j^ =ji\,qoij :
Facteurs Poids
Méthodes. de correelion atomique N.
1. Densités correspondantes, cas général (G) i,ooo85 i4,oi4
2. Densités corr., température Avogadro(G) i, 00061 i4,oii
3. Densités corr., volumes moléculaires (Leduc 1. . . i,ooo4o i4;Oo8
4.. Densités à 1067° (Jaquerod et Perrol) (•) i,ooo4i i4,oo8
5. Densités limites à 0° (D. Berthelot, Rayleigh ) . . i ,000 38 14,007
6. Réduction à 0° des éléments critiques (G) i,ooo/i4 i4,oo8
Moyenne 1 ,000 Sa x i4,oo2 — 14,009
Aux erreurs d'expérience près, les valeurs du facteur de correction,
obtenues par interpolation (méthodes 1,2,3,4) concordent avec celles
déduites par extrapolation (méthodes 5, 6). La valeur moyenne N = 14,009
peut donc être regardée comme la valeur la plus probable du poids ato-
mique de l'azote, tel que le donne le rapport corrigé des densités des gaz
azote et oxygène.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la fusibilité des mélanges que le sulfure d'anti-
moine forme avec le sulfure cuivreux et le sulfure mercurique. Note de
M. H. PÉi.ABOx, présentée par M. H. Moissan.
Le sulfure cuivreux Cu^S et le sulfure mercurique HgS se dissolvent
dans le sulfure d'antimoine fondu et maintenu à une température suffisam-
ment élevée. Nous nous sommes proj)osé d'étudier la solidification des
liquides ainsi obtenus.
Dans le cas du sulfure cuivreux, si la proportion de ce corps dans le mélange ne
dépasse pas un quart de molécule pour i"""' de sulfure d'antimoine, la température de
la solidification commençante baisse régulièrement à mesure que le mélange s'enrichit
en sulfure de cuivre. Si l'on construit la ligne de fusibilité en portant en ordonnées les
valeurs de la température de solidification, en abscisses les valeurs correspondantes du
rapport R de la masse de sulfure cuivreux à la masse totale du mélange, on a une pre-
mière portion presque droite allant du point de fusion du sulfure d'antimoine [55.5°]
pour R = 0 au point dont les coordonnées sont R = 0,110, T = 498°-
Si R continue à croître, la température de solidification s'élève régulièrement et les
points de la ligne de fusibilité sont situés sur une seconde partie droite inclinée sur
(') \'aleur jusqu'ici inédite.
l3go ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'axe des abscisses en sens inverse de la précédente. Il existe donc un mélange eulec-
tique dont la composition est déterminée par ia valeur o,iio du rappoit R. Cetle com-
position est voisine de celle du mélange Sb'S' -+- \ Cu-S.
Les mélanges qui contiennent plus de a""*' de sulfure cuivreux pour i'°"' de sulfure
d'antimoine donnent deux points de solidification très nets : la température de la soli-
dification commençante, d'autant plus élevée que la proportion de sulfure cuivreux
est plus forte, et la température de la solidification finissante qui reste voisine de oyo""
si l'on ne fait pas croître la proportion de sulfure cuivreux au delà de lo""'. La tem-
pérature de 5-0", la seule que l"on trouve pour le mélange Sh-S'-+- f (^u'^S, ne corres-
pond à aucune particularité de la ligne de fusibilité.
La température de la solidification commençante ne |)eut être déterminée avec exac-
titude que si Ton a soin d'éviter le phénomène de la surfusion qui se produit ici très
facilement. On observe même que le liquide qui devrait se solidifier le premier reste
en surfusion pendant que l'autre prend l'état solide, la surfusion cesse d'elle-m^me,
soit après la solidification totale de ce dernier, soit pendant cette solidification. Ain^i,
après avoir aipené à 680° le niélange Sb-S^-(- 3Cu^S, nous l'avons laissé refroidir; la
température, qui baissait d'abord régulièrement de un demi-degré par seconde, est
demeurée ensuite stationnaire et égale à Syo" pendant 5 minutes; elle a baissé d^
quelques degrés, puis s'est relevée rapidement jusqu'à .578° pour diminuer enfin cons-
tamment.
En empêchant la surfusion, nous avons observé deux arrêts dans la
diminution de la température, l'un à 607°, l'autre à la température de Syo"
trouvée précédemment. Nous avons observé des phénomènes analogues
avec le mélange Sb^ S' -1- 5 Gu" S ; la température, après être restée station-
naire pendant 2 minutes (encore à 570°), s'est relevée en 5 secondes jus-
qu'à 600°. Ici la surfusion du liquide, qui, en réalité, doit se soUdifier
à 625" (nombre trouvé en évitant la surfusion), a cessé pendant la solidifi-
cation de l'autre liquide.
En remplaçant dans les expériences précédentes le chlorure cuivreux
par le sulfure mercurique, nous avons pu construire une portion de la
ligne de fusibilité des mélanges obtenus. Cette ligne comprend encore
deux parties droites inclinées en sens inverse et dessinant lin V. Il existe
donc aussi un mélange eutectique qui fond à une température voisine de
455'' et dans lequel le rapport R de la masse de sulfure mercurique à la
masse totale du mélange a la valeur 0,34- I^a température de solidification
des mélanges plus riches en sulfure mercurique se détermine plus difficile-
ment; cela tient à ce que, aux températures auxquelles on doit amener les
mélanges pour les fondre, le sulfure mercurique se volatilise et va se con-
denser dans les parties les plus froides de l'appareil, entraînant avec lui un
peu de sulfure d'antimoine. H faut, dans ce cas, s'arranger de manière que
SÉANCE DU 22 MAI igoS. IJQI
la partie vaporisée soit négligeable devant la masse totale du mélange ou
mieux déterminer par l'analyse la composition du mélange qui reste dans
l'appareil après qu'on a mesuré la température de solidification. Les expé-
riences sont limitées au mélanges qui renferment moins de S""' de sulfure
mercurique contre i™°' de sulfure d'antimoine, les autres ne fondent sous
la pression atmosphérique qu'après avoir perdu à l'état de vapeur suffi-
samment de sulfure mercurique pour que leur composition soit ramenée
dans les limites précédentes. On pourrait les étudier, mais à la condition
d'opérer en tube scellé.
La température de solidification la plus élevée que nous avons trouvée
sous la pression atmosphérique est 590°; elle correspond au mélange pour
lequel le rapport R a la valeur 0,68. Remarquons que, pendant la subli-
mation du sulfure mercurique pur, la température reste constante et voisine
de 5go°.
Les résultats des expériences précédentes permettent de calculer la
constante cryoscopique du sulfure d'antimoine et de vérifier qu'elle est
bien égale au nombre trouvé par MM. Guinchant et Chrétien (') au moyen
des solutions de sulfure d'argent et de sulfure de plomb dans le sulfure
d'antimoine.
Nous avons en effet trouvé les nombres suivants en désignant par P le
poids du corps dissous dans loo^ de sulfure d'antimoine, par C l'abaissement
du point de solidification :
Sulfure cuivreux. M = ,5S.
1^ 3,o5 4,74 7,12 1 1 ,'i5
C i5° 23° 34° 52°
C
P 4,906 4,8:1 4,77 4,66
Par suite, on a pour l'abaissement à l'origine (-rf j =5,o4, d'où,
la constante cryoscopique. K = 5,o4 X 1 18 = yg'^.
Sulfure mc-rcuri,|ue. M = ,:în.
P 4,82 10,34 i9>6o 3o.22
G lô» 3(1" 5o° 68°
p 3,11 2,9 2,55 2,25
poi
(') GuiNCHA.NT et Chrétien, Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. 1269.
l392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on a alors (pj = 3,4 d'où K = 3,4 x 2^2 = 788. Les deux valeurs de K
sont voisines de 790, nombre trouvé par MM. Guinchant et Chrétien.
CHIMIE PHYSIQUE. — Équilibre entre l'acétone et le chlorhydrate
d'hydroxy lamine. Note de M. Philippe Laxdrieu.
La réaction des acétones et aldéhydes sur les sels d'hyaroxylamine
donne lieu à un phénomène d'équilibre chimique. Nous avons déterminé
les limites de celte réaction pour l'acétone et le chlorhydrate d'iiydroxyla-
mine, et les variations de cette limite avec la dilution.
Les auteurs qui ont étudié cette question ont jusqu'ici évalué les limites
par titrage de l'acide mis en liberté; mais, la vitesse des réactions étant rela-
tivement grande, les limites se déplacent pendant les opérations d'une
façon très notable. En particulier les chiffres donnés par Pratri et Frances-
coni (') ne sauraient être acceptés sans réserves.
Nous avons eu recours à un procédé tout ii fait différent basé sur la ther-
mochimie et qui est à l'abri des critiques que nous venons de formuler.
Nous amenons les corps dissous de l'état d'équilibre où ils se trouvent à un
état final connu, et nous mesurons au calorimètre la chaleur dégagée dans
cette transformation. Connaissant d'autre part la chaleur dégagée lorsqu'on
amène au même étal final chacun des deux systèmes qui par leur opposi-
tion forment l'équilibre, on peut calculer les proportions relatives de
ceux-ci.
Soit la réaction: acétone diss.-{-AzH*0 Cl diss.= oximeHCl diss.-h H^O.
Si nous partons de i"""' en solution et si x représente la proportion
d'oxime formée, nous avons en solution dans l'état d'équilibre
(i — a;) (acétone -+-AzH'OCl) et .c oximeHCl.
Un excès de soude amène le tout à l'état final NaCl + oxime -H NaOH.
Soit Q la quantité de chaleur dégagée dans celte transformation.
On a déterminé d'autre part les quantités de chaleur :
Qi, qui correspond à la réaction
Acétone 4- AzI^OCl -+- NaOH en excès = NaCl -t- oxime + i\a OH,
et Q2, qui correspond à la réaction
Oxime H Cl -h XaOH en excès = -\a Cl -)- oxime -f- NaOH.
(') Gazetla chimica Liai., t. XXIV, 1894, p. aïo, et 1902, p. 42J.
SÉANCE DU 2 2 M\I fpoD. iSgS
On a donc
(i — a;)Q, + .i-(^).,= Q,
L'étiule des limites a été faite pour les dilutions suivantes :
1 24
Les quantités Q, et Qo variant avec la dilnlion, nous avons fait une série
de déterminations pour des dilutions voisines de celles existant dans la
solution en équilibre.
I"»'.
(Az
H»
N;
OCl + acctoi
aOH
IC)
Ox
imellCl-i-N^
en exci-s.
lOU
Q-
X.
4
6
8. . .
23, l3
25, 19
26 , 06
28,52
18,21
20,77
2(,l5
22,20
24,52
'9.o4
21,66
22,25
23, 3o
25,99
0,84
0,80
0,75
0,72
12.
24
48
o,63
Les nombres trouvés pour x vérifient assez bien la loi générale d'action
de masse exprimée par la formule
y «logC =. coiist.
Dans le cas qui nous occupe, en rapportant les différentes dilutions à un
même volume et en appelant N le nombre de molécules dissoutes de ce
volume, l'équation devient
Voici les valeurs de K calculées pour les différentes dilutions :
1"°'. Valeurs de K.
4' 54
6 49
8 4i
12 46
24 46
G. R., 1905, I" Semestre. (T. C\L, N- 21.) 17^
l'igf^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSICO-CHIMIE. — Recherches physico-chimiques sur l'hémolyse (U). Noie
de M"" P. Cernovodeav'u et M. Yictor Hexki, présentée par M. Dastre.
1° L'étude de l'hémolyse des globules rouges de poule, de chien et de
cheval par les sérums de ces animaux montre que la loi suivant laquelle se
produit l'hémolyse varie avec la nature des globules et du sérum. Ainsi
l'hémolyse des globules de poule par le sérum de chien est très lente dans
les cinq à dix premières minutes, puis elle s'accélère et se produit suivant
la loi logarithmique (voir Comptes rendus, 9janvier igoS). Pour l'hémolyse
des hématies de cheval par le sérum de chien, la première phase de mise en
train est l)eaucoup plus courte et l'hémolyse se produit ensuite suivant une
loi plus rapide que la logarithmique, de sorte que, au bout de 3o minutes,
la réaction est presque terminée. Avec certaines substances, par exemple
la saponine, la fin de l'hémolyse est atteinte au bout d'un temps encore
plus court, une dizaine de minutes seulement.
L'étude de ces différences montre qu'il existe une relation étroite entre
la vitesse d'absorption de l'hémolysine par les globules et la loi suivant
laquelle se produit l'hémolyse.
Plus la vitesse (V absorption de l'hémolysine est grande, plus la durée de
mise en train sera courte et plus la vitesse d'hémolyse sera rapide.
Nous avons en eflet déterminé (') la vitesse d'absorption des hémolysines par diffé-
rents globules en employant deux méthodes distinctes qui sont la méthode de centri-
fugation et la méthode d'addition fiactionnée des globules; on trouve, par exemple,
que l'hémolysine du sérum de chien est absorbée par les hématies de poule en cinq à
dix minutes (à 3i°) ; les globules de cheval absorbent l'iiémolysine du sérum de chien
en moins de cinq minutes; enfin M. Zangger, en opérant dans les mêmes conditions,
trouve que la saponine est absorbée par les hématies du chien en moins de deux mi-
nutes.
2'' Toute action qui modifie la vitesse et la proportion d'absorption d'une
hémolysine par des globules détermines produit une modification dans la vi-
tesse d'hémolyse de ces globules.
Ainsi, soit un liquide A qui, additionné à une émulsion de globules G, produit une
hémolyse déterminée; si nous ajoutons à l'émulsion G un corps B capable de former
avec A un complexe, l'hémolyse sera diminuée; si le corps B, au lieu de se trouver
('j P. (JiiUNOVOi)EAiNU ei V. Henri, Société de Biologie, lo mars igoS.
SEANCE DU 22 MAI ipoS. iSyS
dans le liquide iiilerglobulaire de réinulsion G, est d'abord fixé sur les globules (ce
que l'on obtient soit en laissant le contact un certain temps, soit en centrifugeant le
mélange de G -H B et en éniulsionnant les globules ainsi imbibés avec B dans NaCl à
8 pour looo), le complexe G -H B ainsi obtenu fixera plus énergiquement que G seul le
corps A; l'hémolyse obtenue sera plus intense. De même, on comprend que le résultat
sera différent suivant que l'on ajoutera à l'émulsion G, d'abord B et puis A, ou bien A
avant B.
Nous pouvons citer comme exemples : i° l'hémolyse des globules quelconques par
l'hydrate de fer colloïdal et l'action empêchante exercée par un sérum quelconque;
1° l'hémolyse des globules de poule par le sérum de chien et l'action de l'hydrate de
fer colloïdal; 3" l'hémolyse des globules de poule par le sérum de chien et l'action em-
pêchante ou activante exercée par le sérum de clieval (').
Voici quelques exemples numériques : les nombres indiquent les proportions de glo-
bules hémolyses après lO minutes :
40'^"' émuls. de globules de chien H- i'^"'' hydr. de fer colloïdal 8,0
ko"'"' « « » -t- 1'^'"' sérum de chien -H i'-"' hydr. de fer 2,8
4o'°'' 1) » » -H i'^'"" hydr. de fer + 1™° sérum de chien 4>7
4o""° B » n -I- i'"''hydr. defer + io°''''après, 1"^^°'' sér.dech. 5,3
Des résultats analogues s'obtiennent en faisant agir sur des globules de poule le sé-
rum de chien et celui de cheval. Ainsi on trouve que le sérum de cheval ajouté à une
émulsion d'hématies de poule diminue l'action liéniolytique du sérum de chien; cette
diminution est plus intense, lorsque le sérum de cheval est ajouté le premier; elle est
plus faible si on l'ajoute après le sérum de chien. Les hématies de poule ne sont pas
hémolysées par le sérum de cheval; mais, si l'on centrifuge un mélange de globules de
poule et de sérum de cheval, et qu'ensuite on émulsionne ces globules dans NaCl à 8
pour 1000, on trouve qu'ils s'hémolysent bien plus fortement par le sérum de chien que
des globules non chargés avec le sérum de cheval.
Enfin un résultat important pour l'analyse de l'hémolyse est que le sérum de cheval
chauffé à 56" empêche moins l'action du sérum de chien que ne le fait le sérum normal.
Voici un exemple :
30°"' émuls. glob. poule -t-o''"', 3 sér. chien 43 ,5 hémolyses en 4o"'"'
3o''°'' )> » » + i'^°'',5sér.cheval-4-o™',3sér. chien.. 6,1 » »
3o™' » » » -h l'^^Ssér.chev.Sôo-l-of^'jSsér.chien. 16,9 » »
3° Lorsqu'un sérum est capable d' hémolyser plusieurs espèces de globules, en
faisant agir ce sérum sur un mélange de ces différents globules on obtient une
hémolyse inférieure à la somme des hémolyses partielles correspondant à chaque
espèce de globules.
Ce résultat est intéressant pour la discussion du problème de la pluralité des hémo-
lysines contenues dans un même sérum.
(') P. Cernovodeanu et V. HeiNri, Société de lUologu-, 20 mai igo5.
l3()6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Voici un L'\eiii])le numérique; les nombres indiquent lei quantités d'iiémogiobine
mises en liberté.
20"="'' ém. gl. poule -f- 20'"'' NaCI à 8 pour looo A-o""',- sér.
de chien f^6 après 2i minutes
20""' ém. gl. cheval + 20'"'' NaCl à 8 pour 1000 + o''"'',7 sér.
de chien 32 »
20'^™' ém. gl. poule + 20™' ém. gl. cheval -^ o™',7 sér. de
chien Ig »
4° L'action produite par le mélange de deux sérums hc mol y tiques, pour des
globules d'une certaine espèce, est plus forte que la somme des deux actions par-
tielles correspondant à chacun des deux sérums.
Par exemple, l'hémolyse des globules de cheval par un mélange des sérums de chien
et de poule est plus forte que la somme des deux, actions partielles.
20™'' ém. gl. cheval + o'^"'',.5 sér. chien. 11,8 pour 100 hémolyses en 3o minutes
20"""' » -f- i'^"',o sér. poule. 11,1 »
20™' » +o™\r> sér. chien
+ 1"^"'° sér. poule 5-, 1 »
Tous ces résiillats petivent êlre raltacliés à des propriétés générales des
colloïdes, surlout à l'action réciproque des colloïdes les uns sur les autres.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des métaux ammoniums sur les alcools
polf atomiques. Note de M. E. Chablay, présentée par M. A. Haller.
Le procédé de préparation des alcoolates au moyen des ammoniums mé-
talliques devient plus intéressant avec les alcools polyatomiques : glycol,
glycérine, érythrite, mannite. On sait, en effet, que cette préparation
devient de plus en plus difficile à mesure que l'on avance dans la série et
qu'elle exige des moyens détournés. A partir de la glycérine, on ne peut
plus faire réagir directement le métal alcalin ; avec ce dernier alcool, l'at-
taque est très lente à froid, et, si l'on chauffe, la matière noircit et il se
produit une explosion. On est alors obligé de (aire réagir les métaux alca-
lins en présence d'alcool éthylique ou les éthylates correspondants dissous
dans l'alcool ; on obtient ainsi des alcoolates cristallisant avec un certain
nombre de molécules d'alcool éthylique. L'emploi des métaux ammoniums
SÉANCE DU 22 MAI igoS. îSpy
permet de généraliser le procédé de préparation des alcoolates; on évite
en outre les inconvénients que je viens de signaler, les réactions sont
instantanées et se font à froid et les alcoolates ainsi obtenus sont très purs
et exempts d'alcool.
Je n'ai obtenu, parce procédé, que des dérivés monosubstitués. Avec les
alcools polyatomiques, la mesure de la quantité d'hydrogène dégagé prend
une importance capitale, car elle permet de voir à quel degré la substi-
tution s'est faite. Je vais donner le procédé général de préparation en pre-
nant comme exemple la raannite.
Préparation de la niannite monosodée. — La mannite est déjà très soluble dans le
gaz ammoniac liquéfié vers — /jo"; à la température ordinaire et sous pression on en
dissout encore davantage. Si dans un tube préalablement taré on dissout une quantité
connue de mannite dans l'ammoniac liquide et qu'on laisse partir l'ammoniac en
excès en maintenant l'appareil dans la glace, on constate par une nouvelle pesée qu'il
s'est formé la combinaison
CH' - OH — (Cn — OH )' - CIP— OH + AzH^
Ce corps est cristallisé, stable à o" sous la pression atmosphérique, mais facilement dis-
sociable en mannite et ammoniac; à o" la tension de dissociation est égale à 520"°' et
elle devient égale à la pression atmosphérique à i4".
Pour préparer le dérivé sodé, il y a intérêt à opérer d'une façon inverse de celle pré-
cédemment indiquée, qui consiste à verser le métal ammonium jusqu'à coloration per-
sistante. On emploie un excès de mannite que l'on verse dans la solution de sodammo-
nium ; celle-ci est décolorée en qirelques instants et l'on a alors dans l'une des branches
de l'appareil un mélange de mannite monosodée et de mannite ammoniacale. Comme
celle-ci est seule soluble dans l'ammoniac liquide, on peut l'enlever par une série de
lavages en y condensant de l'ammoniac et décantant chaque fois dans l'autre branche;
on a ainsi d'un côté le dérivé alcalin très pur et de l'autre la mannite en excès. Une
fois les lavages terminés, on laisse partir l'ammoniac en excès; le dérivé sodé ainsi
obtenu retient un peu d'ammoniac dont il est facile de se débarrasser en faisant le vide
dans l'appareil.
Quand on veut avoir un produit bien pur, il vaut mieux employer le potassammo-
nium; on sait en effet que les métaux ammoniums se décomposent lentement en ami-
dure et hydrogène suivant la réaction
2ÂzIPK = 2AzHMv-f-H%
de sorte qu'il y a toujours un peu d'amidure mélangé au produit; l'amidure de potas-
sium étant très soluble dans l'ammoniac liquide, on l'enlève par les lavages en même
temps que la mannite en excès; au contraire l'amidure de sodium étant peu soluble ne
peut être enlevé de cette façon.
r3q8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Voici les résultais obtenus avec la mannite :
Dégagement d'hydrogène. Dosage du potassium.
Mannite 3">'"i""', 8i3 Mannite potassée o""""""', 869
H« théorique S-i'''^', 8i3 ou la^'.ô Potassium théorique ..... . o'"!'""', 869
HMrouvé 13<-°'',4 Potassium trouvé o">'"i»',366
Ervthrite. — L'érvthrile est également très sohible dans Tammoniac liquide; en
opérant comme avec la mannite, j'ai constaté que i">°' d'érvthrite fixe 4°°' d'ammoniac :
CH= _ OH — (Cil - OH)^— Cli= - OH + 4 Az n\
corps très bien cristallisé et facilement dissociable.
L'analyse du dérivé potassé m'a conduit aux mêmes résultats que pour la mannite.
Glycol et glycérine. — Pour ces deux alcools, je me suis contenté de mesurer le
dégagement d'hydrogène; il correspond à la formation du glycol et de la glycérine
raonosodés.
J'ai prépai'é également les dérivés sodés du menlhol et du bornéol; ces
deux alcools sont très solubles dans l'ammoniac liquide. En raison de
leur fonction alcool secondaire, ils agissent moins énergiquement que la
mannite et l'érylhrite.
Avec les alcools de la série grasse dérivant des hydrocarbures non saturés,
j'ai obtenu des résultats différents; je les ferai connaître très prochainement.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur tes acides beiizhydroxamiqiie et dihenzhydroxa-
mique. Note de M. R. Marquis, présentée par M. H. Moissan.
L'acide dibenzhydroxamique C'H^c/ j peut s'obtenir, soit
en traitant l'hydroxylamine par 2""°' de chlorure de benzoyle, soit en trai-
tant, par i"""' de ce réactif, l'acide benzhydroxamique CfP.C^^
J'ai observé, occasionnellement, la transformation de l'acide benzhy-
droxamique en acide dibenzhydroxamique dans des circonstances qui me
paraissent mériter d'être signalées.
1. Quand on additionne de cyanure de potassium une solution aqueuse, froide, d'acide
benzhydroxamique, on ne constate d'abord aucune réaction apparente. Mais si, au bout
de quelques heures, on acidulé la liqueur par de l'acide acétique, on observe la forma-
SÉANCE DU 22 MAI IQo5. '399
tion dun précipité cislallia presque insoluble clans l'eau. Ce précipité cristallise dans
l'alcool en aiguilles prismatiques fondant à .65o et a été identifié, par ses propriétés et
par une analyse, avec l'acide dlbenzlivdroxamiqije. , ■ .
La réaction se formule simplement, il y a enlèvement de ,"-' d hydroxylam.ne a
2moi d'acide benzhydroxamique
.C^H^C/S;;,-CXK=CMP.C/Î^;;,,,.„.^CNH.NH^011.
Il est bien probable que l'acide cyanhydrique et l'hydroxylamine se combinent pour
former de Tisurétine ('); cependant je n'ai pas pu déceler ce compose, d ailleurs assez
peu stable et se détruisant facilement.
La transformation de l'acide benzhydroxamique en acide d.benzhydroxamique n est
pas ounntilative; je n'ai jamais obtenu un rendement supérieur a oo pour ,00. Ce
rendement est d'ailleurs fonction du temps, de la concentration, et de la quantité de
cyanure. Il paraît plus élevé en présence d'une petite quantité d acide acétique, insuf-
fisante pour saturer tout le cyanure; mais il est à remarquer que la réaction na plus
lieu en liqueur acide. Voici les conditions les meilleures : on dissout a chaud is d acide
benzhydroxamique dans 5o™' d'eau, on laisse refroidir et l'on ajoute 2^ de cyanure de
potassium ; puis, après dissolution de celui-ci , o-', 5 d'acide acétique. Apres . 2 heures,
on acidulé par Tacide acétique; on recueille environ o=,4 d'acide dibenzhydroxamique
sensiblement pur. ..,,,•. 1
A chaud la réaction du cyanure de potassium sur l'acide benzhydroxamique est plus
complexe. Il se fait sans doute transitoiremeul du dibenzhydro.amate de potassium,
mais ce dernier est immédiatement décomposé, comme l'a montre Lossen (-), et 1 on
n'observe que les produits de cette décomposition, c'est-à-dire la diph.nyluree et 1 acide
benzoïque. Il se fait aussi une petite quantité d'aniline. , ,. -^ , ,
II Le nitrite de sodium provoque également la transformation de 1 ac.de benzhy-
droxamique en acide dibenzhydro.amique; mais ici celte réaction est tout a fait acces-
soire et la proportion d'acide dibenzhydroxamique formée est infime. La majeure parue
du produit est transformée en acide benzoïque, ce qui est tout à fait conforme, d ail-
leurs, au mode général de réaction de l'acide nitreux sur les oximes.
,e d'acide benzhydroxamique étant dissous dans 5o™' d'eau, si l'on ajoute 25 de
nitrite de sodium, on constate au bout de quelques heures la formation de cristaux
d'acide dibenzhydroxamique dont le poids ne dépasse pas quelques centigrammes. La
liqueur, acidulée, ne laisse précipiter que de l'acide benzoïque.
Si l'on opère à chaud, il se forme encore principalement de l'acide benzoïque, très
peu d'acide dibenzhydroxamique et une petite quantité de nitrobenzène. On observe
une trace, seulement, de diphénylurée.
III Enfin l'éther acétylacétique peut aussi transformer l'acide benzhydroxamique en
dibenzhydroxamique. Il suffit de chauffer quelques heures, au bain-mane, des quan-
tités équimoléculaires des deux corps. On obtient, par cristallisation du produit dans
(') Lossen et Schifferdecker, Liebig'.t Ann., t. CLXVl. p. 291.
("-) BericlUe, t. XXVII, p. \lfiy-
l4oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'alcool, 5o pour loo environ d'acide dibenzl)ydroxamique. L'étude de cette réaction
n'est d'ailleurs pas terminée, il est possible qu'elle conduise à des résultats plus inté-
ressants.
En résumé, en présence de certains corps capables de se combiner à l'hy-
droxylamine, 2"°' d'acide benzhydroxamiqne perdent 1"°' d'hydroxylamine
pour former 1™°' d'acide dibenzhydroxamique.
Le fait est d'autant plus remarquable que l'acide benzhydroxamiqne est
stable, à froid, vis-à-vis des acides, même de l'acide sulfurique concentré.
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouveau mode de préparation des élhers mésoxaliques.
Leur condensation avec tes élhers cyanacéliques . Note de M. Ch. Schmitt,
présentée par M. A. Haller.
Nous avons préparé les éthers mésoxaliques avec un rendement atteignant
65 pour 100 en faisant passer un courant de vapeurs nitreuses dans les
éthers maloniques correspondants en présence d'anhydride acétique et
d'éther suivant la méthode qui a permis à MM. L. Bouveault et A. Wahl (')
d'obtenir le dicétobutyrate d'élhyle au moyen de l'éther acétylacétique.
Les vapeurs nitreuses étaient obtenues par déconiposition par l'eau du sulfate acide
de nitrosyle, provenant lui-même de l'action de l'acide sulfurique concentré, refroidi
dans un mélange réfrigérant, sur le nitrite de soude desséché à 120°.
Les proportions nécessaires sont pour 200S d'éther malonique : 9008 de nitrite et
3ooo8 d'acide sulfurique. Le passage du courant gazeux a duré 2 ou 3 jours.
Le produit de la réaction est distillé dans le vide pour chasser l'éther, l'ankydride
acétique et l'éther malonique resté intact. On recueille ce qui passe de gS" à i3o°sous
,5mm_25nimpoyp [g niésox.alate d'éthyle, de lOO" à 140° pour le mésoxalale de méihyle.
Les huiles qu'on obtient ne tardent pas à cristalliser en belles tables incolores.
Mésoxalate de méthyle. — Ce corps ou plutôt son hydrate fond à 81° comme celui
qu'ont obtenu MM. L. Bouveault et A. Wahl ( = ) par action du peroxyde d'azote sur
le nitrosomalonale de méthyle. La phénylhydrazone est identique à celle qu'ont obtenue
V. Pechmann (') et Bulow ('), le premier en traitant la phénylhydrazone du mésoxa-
lale acide de méthyle par le diazométhane, le second par action du chlorure de diazo-
benzène sur le malonate de méthyle. Elle fond à 61" et sa solution sulfurique, qui ne
.donne rien par le perchlorure de fer, se colore en violet par le bichromate de potasse.
(') L. Bouveault et A. Waql, Comptes rendus, t. CXXXVIII, 1904, p. 1221.
(^) L. Bouveault et A. Wahl, Bull. Soc. chim., 3= sér., t. XXIX, 1903, p. 963 et
96.5.
(^) V. Pechman.\, D. ch. G., t. XXVIII, 1890, p. 858.
(') BiJLOw, D. cit. G., t. XXXVII, 1904, p. 4171.
SÉANCE DU 2 2 MAI 1903. l4oi
Mésoxalate d'éthvle. — Cet éiher fond à 57° comme celui de MM. L. Bouveaull et
A.Wahl. Nous n'avons pu obtenir sa phénylliydrazone; mais, en le condensant avec les
étiiers cyanacéli(jues en présence de pipéridine, nous avons préparé les dérivés suivants :
Le tricarboxéthyl-i.i.i-cyan-i-élhylèneàa formule
CnPCO=\ /CN
fond à 25°-26". Il résulte de l'union de molécules égales des deux élhers :
(C^tPCO=)^C(OH)^+CH'-/^Q,ç,jj,= -atPO + (C=H'CO'-)=C = CCNCO'C'H^
On ajoute au mélange de mésoxalate d'éthvle (17s) et de cyanacétate d'éthyle (12?)
quinze gouttes de pipéridine et l'on abandonne à la température ordinaire pendant
i5 jours. On distille ensuite dans le vide. La partie qui passe entre i6o"-t70'' sous
i2mm_,5mm gg prend en masse dans la glace. Les cristaux sont placés sur des lames de
porcelaine poreuse puis purifiés par cristallisation dans l'éther et la Iigroïne.
Le tétracarboxéthy l-i.i-mélhyl-\ .Z-dicyano-i .a-propane
C^H^-CO\ /CHCNGOOCH^
Ç^W-^ CO^/^ ^ \CHCNCOOCH'
a été obtenu en plaçant dans un ballon 26-' de mésoxalate d'éthyle, 3,!§ de cyanacétate
de méthyle et quinze gouttes de pipéridine. Les cristaux qui se forment sont recueillis
au bout de 3 semaines et purifiés par cristallisation dans l'alcool bouillant. Ce corps
fond à io3" et est peu soluble dans l'éther et l'alcool froid.
On peut l'obtenir plus rapidement en portant \ :: heures au bain-marie, mais il est
alors moins pur et moins abondant. Il se forme en même temps une huile verdàtre dont
il est assez difficile de le débarrasser.
Lorsqu'on fait passer dans les solutions dans l'alcool à 85° un courant d'acide chlor-
hydrique, on obtient par évaporation un corps fondante 99» et répondant à la formule
C"H3'i\'0'=
(poids moléculaire trouvé : 5.53; calculé : 545). Il semble qu'il y ait eu condensation de
2"°' du corps précédent avec élimination de i""' d'ammoniaque, de S""' d'acide carbo-
nique et de 3""°' d'alcool métliyli<[ue :
2C'=H'»N2 0»+ 5H2 0=rC"IP>N^O''--H3CH30H + 3CO=H=-NPP.
De même, l'ammoniaque fournit un composé complexe fondant à io5"-io6''et auquel
les analyses et la détermination du poids molécnlaire (trouvé : 5 r6; calculé : ôig) attri-
buent la formule C"IP^\'0".
Nous continuons l'étiule de ces dérives «t, pour fixer leur constitution,
nous préparons des homologues du tétracarboxéthyldicyanopropane.
(T. cxL, N" 21.) 179
l4b2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Basicité de Vnxygènc pyraniqnc. Sels doubles halo-
gènes de quelques métaux et de dinaphlojiyryle. Note de MM. R. Fosse et
L. Lesage, ])résentée par m. A. Haller.
Dans diverses combinaisons, le radical organique, non azoté, dinaphto-
pyryle
_(.jj/C"'H«\q
ioue le même rôle qu'un atome de métal alcalin, le potassium, par exemple.
Cette analogie entre le potassium et le pyryle est frappante, si l'on com-
pare la formule du chloroplatinate de potassium à celle du chloroplatinate
de dinaphtopyryle, premier type connu, d'une nouvelle classe de sels doubles
de l'oxygène, découvert par l'un de nous ('),
PtCl" + 2CI - R. PtCP + 2CI - q/CH^Xçh.
\C"'H'=/
La même conclusion s'impose à la vue des formules de plusieurs des nou-
veaux sels doubles, dinaphto-pyryl-métalliqtics, décrits dans cette Note :
Cliloroplatinite de dinaphlopyryle
PtCP+ 2 Cl - 0/g^~)CH,
jolis cristaux verts, ressemblant à de la fuchsine cristallisée; obienus pai- l'action du
chloroplatinite de potassium sur le chlorure de pyrvle.
Chlorure double d'or el de dinaphtopyryle
AuCP+Cl-0<^^J^^CII,
poudre roiige minium, formée de cristaux visibles au microscope.
Bromure double de mercure et de dinaphtopyryle
HgBr^ + Br - 0(^^^^ClI,
beaux cristaux rouges à reflets dorés.
(•) R. Fosse, Comptes rendus, 8 juillet, 22 juillet 1901; Bull. soc. c/u'm., t. XW,
28 juin 1901 , |). 707 ; Bévue générale des Sciences pures et appliquées, i5 ocl. 1902.
SÉANCE DU 22 MAI igoS. l4o3
Bromure double de cuivre cl de dinaplitopyrylc
CuB,.^^B.-0CH,
jolis cristaux veils.
Bromure double de cadmium et de dinaj-lilcpyryhe
CdBr-^+ s^Br - 0<^g^^CHV
cristaux rouges à reflets verts.
Bromure double de fer et de dinaphtopyryle
FeBr^ + Br-0((^J^^CH,
cristaux rouges à reflets dorés.
Bromure double de manganèse et de dinaphtopyryle
M„Br^ + .(Br-0CH),
beaux cristaux rouges à reflets dorés.
Bromure double de cobalt et de dinaphtopyryle
CoBr-^^.(Br-0<§;;^>CH),
cristaux rouges à reflets métalliques.
Nous continuons l'étude des sels doubles de inétaux et de dinaphto-
pyryle.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — De quelques circonstances qui influent sur l'état
physique de l'amidon. Note de MM. J. Wolff et A. Ferxb.ich,
présentée par jM. E. Roux.
Nous ayqns signalé aqtérieurefnent(Cc>^n/;/e5 rendus, t. CXXXIX, p. 1217;
t. CXL, p. 1067) le rôle impartant joué par l'élat de liquéfaction de la
fécule dans les phénomènes de coagulation et de saccharificalion. Conduits
à étudier quelques circonstances qui influent sur l'état de liquéfaction,
nous avons constaté qu'il dépend de modifications minimes dans la nature
et la réaction des sulistances qui accompagnent j'amidon.
La fécule de pomme fie terre d^ commerce, à réla(. d'(;mpois, est toujours acide à la
phuléine et alcaljnq à Thélianthine ; elle se compurle copiiue si elle renjerruail à la fois
l4o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des phosphates primaire et secondaire, ou des corps agissant de même sur ces indi-
cateurs.
Les chiffres qui expriment cette acidité et cette alcalinité varient, entre autres, avec
la nature de l'eau qui a servi à extraire la fécule. En voici un exemple :
Un même échantillon de pommes de terre, divisé en deux. lots, a été traité pour en
extraire la fécule d'une part avec de l'eau distillée, d'autre part avec de l'eau ordi-
naire. Avec la fécule obtenue on a préparé des empois à 4j6 pour loo d'amidon sec
dont 5o'^"' exigent :
Aciililc à la ijhtaléine. Acidité à l'hélianlhine.
f Soude T- en cin^j. ( Ac. sulfurique
A. Fécule extraite à l'eau distillée 3 , i i , 1 5
B. Fécule extraite à l'eau ordinaire i ,3 2,90
Si l'on chauffe ces deux empois à 120° pendant une demi-heure, on constate une
grande différence dans la fluidité qu'ils manifestent à froid. Nous avons soumis leur
viscosité à une mesure grossière, en déterminant le temps qu'ils prennent pour s'écouler
d'une même burette de 25'^"'', qui, remplie d'eau distillée, se vide en 25 secondes. Il a
fallu pour A 4"''"43* et pour B 10™'°.
La différence de réaction qui accompagne la difl'érence de viscosité est due à la neu-
tralisation d'une partie des corps acides par le calcaire de l'eau; car, si l'on additionne
la fécule A de doses croissantes de carbonate de chaux, sa viscosité augmente progres-
sivement :
100 dans l'eaudistillé
Le même effet se manifeste si l'on emploie pour la neutralisation du carbonate de
soude ou de potasse; mais il est beaucoup moins marqué qu'avec la chaux. Ainsi deux
échantillons de la même fécule, amenés à la même acidité vis-à-vis de la phtaléine
(2'^°'', 2) par lavage à l'eau ordinaire ou au carbonate de potasse, suivi d'un lavage à
l'eau distillée, ont fourni des empois qui, traités comme les précédents, ont exigé res-
pectivement pour leur écoulement 4"'°4à' et 2'°'"35=. Nous avons constaté des influences
du même ordre avec de l'amidon de froment.
Ati lieu d'une augmentation, on peut aussi observer des effets de dimi-
nution de la viscosité. La fécule, même extraite à l'eau distillée, renferme
encore des sels, entre autres une petite quantité de sels de chaux, et, d'après
ce que nous venons devoir, on comj)rend que, si on lui enlève une partie
empois ;
j 4,(5 POUI
Id.
id.
Id.
id.
Acidité
Durée
à ,
la pbtaléine
d'écoulement
("
cen II mètres
après
cubes
\ d'I.eure
à .25«.
de
-r.>
min s
1,25
2,8
-l-a^s
,7C0'Ca. 6,20'
' ; •
+ 5">ï
CO^Ca. 10
0,65
SÉANCE DU 22 MAI igoS. l4o5
de ces sels tie chaux, on diminuera sa viscosité. On y arrive, en effet, en
soumettant à froid la fécule pendant un temps très court (i5™'° à So'"'") à
l'action de l'acide chlorhydrique dilué (à jj^), et la lavant ensuite à fond à
l'eau distillée. En opérant de la même manière que plus haut avec la fé-
cule A, la durée de l'écoulement de son empois s'abaisse de 4™'"45* à 28'.
Ce cliaiigement n'est pas dû, comme on pourrait être tenté de le croire, à une action
pendant le chauflage sous pression d'une trace d'acide chlorhydrique retenu par la
fécule; car elle ne donne pas le moindre louche lorsqu'on l'attaque par l'acide nitrique
concentré en présence de nitrate d'argent.
La fécule traitée à l'acide donne des empois qui manifeslent déjà à 100°
une diminution considérable de viscosité. La neutralisation j^artielle par la
soude, à doses croissantes, réduit tie plus en plus celte perte de viscosité,
et la neutralisation complète par le carbonate de chaux empêche la fluidifi-
cation de l'empois. Ces empois, chauffés à 100° seulement, diffèrent de
ceux chauffés sous pression en ce qu'ils repassent peu à peu à l'état de
gelée compacte, d'autant plus vile qu'ils ont été ramenés plus près de la
neutralité à la phtaléine.
Les transformations dont nous venons de parler ne sont pas limitées à la
fécule à l'état d'empois; on les observe aussi avec l'amidon cru. Celui-ci,
traité comme plus haut à l'acide (') et à l'eau distillée, puis séché vers 3o°,
donne à 80° un empois aussi visqueux que la fécule primitive. Mais si,
après séchage à 3o°, on soumet l'amidon cru à l'action d'une température
plus élevée, il se transforme peu à peu en amidon soluble, donnant des
solutions parfaitement limpides.
A looo-iio", cette modification se fait au bout d'une heure et demie environ, sans
que l'acidité varie; à 46°, elle a lieu en 8 à 10 jours; mais elle peut déjà se produire
très lentement à la température ordinaire.
L'aspect microscopique des grains d'amidon qui subissent ce changement reste nor-
mal. A 46° il ne se produit ni sucre réducteur, ni dextrine, et à 100° il ne s'en forme
que des traces indosables, de sorte qu'on trouve là un mode nouveau de préparation de
l'amidon soluble.
On arrive ainsi, sans modification apparente de son aspect
microsco-
(') Nous avons obtenu le même résultat avec les acides acétique et formique, mais
il faut opérer avec des solutions plus concentrées (i pour 100). Nous avons également
essayé l'acide oxalique, qui, dans les mêmes conditions, produit une transformation
beaucoup moins profonde des sels de la fécule.
l4f>6 ACADÉMIE DES SCIENCEg.
pique, et par un simple changement dans la réaction des sels qui l'accom-
pagnent, à rendre l'aniidon impropre à la coagulation, ])arce que ses solu-
tions se trouvent dans l'étal de liquéfaction trop avancée dont nous avons
eu l'occasion de parler antérieurement. Il se peut que des conditions de
transformations analogues soient réalisées dans la nature, et l'on y trouve
peut-être l'explication d'une des causes de variation considérable de l'état
physique des divers amidons naturels.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches sur la lactase animale. Note
de M. Cu. PoRcuEtt, jirésentée par M. Chauveau.
La lactase, c'est-à-dire le ferment soluble qui dédouble le lactose en
glucose et galactose, les deux hexoses dont il est un mode de conjugaison,
a été soupçonnée, tout d'abord, dans le monde microbien.
Dans le règne animal, recherchée par M. Dastre {Arch. de Phys., 1890, j3. io3), qui
ne la trouve ni dans le suc pancréatique, ni dans le suc intestinal, elle fut rencontrée d'une
façon positive et presque simultanément par Paiitz et Vogel {Zeit. f. Biol., t. XXXII,
1895, p. SCi) d'une part, Rôhniann et Lappe (-6e/'. d. deutsch. ch. Ges., t. XXVIIl,
1895, p. 25o6) d'autre part. Ensuite, elle fit l'objet de travaux qui, par ordre chrono-
logique, appartiennent à Pregl {PJlug. Arch., t. LXl, 1896, p. 35(^), Mendel [PJUig.
Àrch., t. LXlli, 1896, p. 425), E. Fischer et Niebel (Sitz. d. kôn. preuss- Akad. d.
Wissench. zu Berlin, 1896, p. 73); Portier {Soc. de Biol., 1898, p. SSy), Orban
{Prager med. Woch., 1899, p. 427, 44i et 454), Rolimann et Nagano {Pjlïtg. Arch.,
t. XGV, 1903, p. 533), Bierry et Gmo-Salazar {Soc. de Biol., 23 juillet 1904 et
i5 avril 1905 ).
Le but de cette Note est de préciser les conditions dans lesquelles on
doit opérer, selon nous, pour obtenir une lactase très active.
Presque tous les auteurs sont d'accord avec M. Dastre pour certifier que la lactase
ne se trouve pas dans le suc intestinal obtenu par la fistule de Thirv ou celle de Vella
{voir surtout Pregl, Mendel, Rohn^ann et Nagano), et qu'il faut la rechercher unique-
ment dans la muqueuse intestinale.
Tantôt l'intestin, après avoir été ouvert et lavé soigneusement, est découpé, haché,
puis broyé à consistance de 'bouillie (liohnjann et Lappe, Portier, Orb.an, BieiM-y),
tantôt la muqueuse est détachée par raclage (E. l'^ischer et Niebel, Weinland, Orban).
Dans l'un et l'autre cas, une quantité mesurée de la pâte obtenue, après addition de
lactose, est mise en présence (l'un antjseptjque [chloroforme, toluèpe, thyniol, fluo-
rure de sodium à 2 jjour 100 (Portier) ou à saturation (4 pour 100 : E. Fischer et
Niebel, Bierry)] dont le choix est loin d'être indill'érenl, ainsi qu'on le verra plvis
loin ; puis on porte à l'étuve.
SÉANCE bt 22 MAI igo^i. ^ ^OJ
Nous avons pensé à subsliliier à l'emploi de ces procédés un peu grossiers
celui des méthodes que von Wittich (P/Iûi^. Arch., t. II, 1869, p. igS) a
préconisées potlr l'extraction de quelques diaslases et qui utilisent soit
l'éther saturé d'eau, soit la glycérine. Nous donnons aujourd'hui les résul-
tats que nous a fournis l'éthor saturé d'eau.
L'animal (chevreau n'ayant, jusqu'ici, bu au biberon qile du lait de chèvre) est sa-
crifié par section du cou. L'intestin est immédiatement détaché, ouvert et lavé, puis,
après avoir été très grossièrement essoré, pour enlever l'eau en excès, suspendu au
sein d'éther saturé d'eau. Il ne doit pas s'écouler plus de 3o minutes entre le moment
où l'animal est sacrifié et celui où l'intestin est placé dans l'éther. Nous appelons
l'attention sur ce fait, très important selon nous, que le lavage, tout en étant suffisant,
doit être aussi faible que possible; un lavage à grande eaii comme en réclalilehl cer-
tains auteurs (Portier, Weinland), suivi même du raclage de la muqueuse avec le pouce
(Fischer et Niebel), enlève une grande quantilé de lactase. 28s,35 de lactose ont été
entièrement dédoublés en 48 heures par 1000'"'" d'eau d'un lavage cependant 1res mo-
déré A\\n intestin entier de chevreau; 4» de mucus enlevés par le pouce promené
doucement sur la muqueuse ont hydrolyse 12s, 00 de lactose en 48 heures.
Nous pensons que le lavage à trop grande eau d'un intestin peut suffire dans cer-
tains cas à expliquer la faible activité de la lactase qu'on en retire.
Au bout de 3 ou 4 jours, on recueille l'extrait aqileilx qlii s'est rassemblé au-dessous
de l'éther; un intestin de chevreau en fournit environ 120™' à i3o""'. Il est composé
de deux couches : l'urie, inférieure, qui se rassemble la première au fond du flacon, la
moins abondante, un peu rosée, assez triobile; l'autre, supérieure, blanchâtre, plus
épaisse et qui semble être due, en quelque sorte, à la desquamation de la muqueuse
intestinale; elle est également plus riche en lactase que la précédente.
Quoi qu'il en soit, l'extrait total ainsi obtenu hydrolyse énergiquement le lactose,
• sans qu'il soit nécessaire d'additionner, au préalable, la liqueur sucrée d'un peu
d'acide, comme le recommandent quelques cliercheuhs. La solution de lactose est à
5 pour lôo, titre moyen sous lequel ce sucre oxi'^le dans les laits; on porte à l'étuve à
37°-38°, en présence d'un témoin, préalablenieiil soumis à l'ébuUition, et après addi-
tion de 28 de toluène.
La lactase que j'ai obtenue du chevreau dans les conditions rapportées plus haut a
toujours été en état d'agir sur les solutions de lactose de concentration semblable à
belle du lait et cela m'a ainsi permis d'apprécier avec exactitude le degré de dédouble-
ment du lactose.
Nous produirons, dans un travail plus détaillé, les nombreux chiffres
que nous avons en main, mais nous tenons à fournir dés maintenant ceux
que nous a procurés un extrait d'intestin de chevreau, en présence de to-
luène d'une part, de fluorure de sodium d'autre part, afin d'apprécier l'ac-
tion nettement retardatrice de ce dernier antiseptique :
Lactose : Ss, Eau : loo''™', Eitrdit : lo"^"''.
l4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(-^ [,nn.- ,00). (', pour .no).
Après 6 heures, l.actose liydiolysé. ... Ga pour loo 3o pour loo
)' 24 )) M .... 100 » (') 70 »
Le suc total du même animal aurait dédoublé, tous calculs faits, 36^ de
lactose en 6 heures. Avec un autre chevreau, j'aurais pu dédoubler 123''' en
17 heures au plus. Nous sommes donc loin, surtout si l'on tient compte en
outre delà diflérence détaille des animaux, du chiffre de Weinland, lequel
avait trouvé que tout l'intestin d'un veau était capable d'hydrolvser 22^ à 23^
de lactose en 4 heures 45 minutes.
J'en conclus que le procédé de von Wittich, à l'élhor saturé d'eau, appli-
qué à l'intestin des animaux à la mamelle, est capable de fournir un extrait
très riche en lactase, très propre donc à l'étude de celte intéressante dias-
tase.
HISTOLOGIE. — Contribution à l'étude des teintures histologiques. Note
de MM. G. Halphe.v et André Riche, présentée par M. Armand Gautier.
On connaît les services rendus à l'histologie par la coloration des coupes.
La technique en est souvent délicate, et ses procédés sont plutôt empruntés
à l'empirisme qu'à la théorie. Nous avons donc cherché à l'éclairer en nous
basant sur les données chimiques. Pour atteindre ce but, nous avons étudié
l'action des colorants sur des coupes de différents tissus animaux fixés
à l'alcool, en opérant toujours dans les mêmes conditions : la matière
colorante a été dissoute dans mille fois son poids d'eau, et la teinture
effectuée directement dans ce bain et à froid. L'excès de couleur était éli-
miné par l'eau, et la déshydratation obtenue, non pas avec l'alcool, qui
dissout les principes colorants fixés, mais avec un mélange de 1"^°' d'alcool
absolu et de 3''°' à 4^°' d'éther de pétrole, mélange qui absorbe l'eau sans
dissoudre sensiblement de matière colorante.
L'expérience a montré que l'addition de faibles quantités d'acides aux
solutions des colorants dits acides augmente leurs [propriétés tinctoriales;
c'est exactement le contraire qui se produit avec les colorants basiques
dont la teinture est facilitée par la présence de petites quantités d'alcali.
( ' ) L'hydrolyse totale, dans ce cas, a été sûrement réalisée avant les 24 heures, mais
il ne m'avait pas été possible de faire des essais antérieurs.
SEANCE DU 22 MAI igOD. I '1O9
En appliquant ces constatations, nous avons réussi à obtenir, avec un même colo-
rant, des élections variables et aussi à produire avec les colorants acides, des difTéren-
ciations qu'on n'obtient habituellement qu'avec les colorants basiques, et en particulier
l'élection de colorants acides par les nucléines acides des noyaux cellulaires.
Ces résultats s'expliquent aisément quand on tient compte des propriétés
à la fois acides et basiques des albuminoïdes. En effet, toute matière colo-
rante étant un sel dans lequel le principe colorant est, selon les cas, acide
ou basique, ce principe doit, par cela même, pouvoir se fixer dans certaines
conditions sur le groupement fonctionnel basique ou acide de l'albumi-
noïde, et ces conditions dépendent à la fois des puissances respectives de
ces groupes fonctionnels, de leur influence réciproque et du degré de sta-
bilité du sel qui constitue la matière colorante.
Or, cette stabilité de la matière colorante peut être aisément modifiée en
faisant varier la composition du bain de teinture. Si, en effet, on fait agir
une base minérale sur une couleur basique, le principe colorant tendra à
être mis en liberté et, par suite, aura plus de facilité à contracter combi-
naison avec le radical acide de l'albuminoùle, d'où phénomène de teinture
plus marqué. Inversement, en acidifiant la solution d'un colorant acide, le
principe colorant acide libéré pourra plus aisément se fixer sur la partie
basique de l'albuminoïde. Les phénomènes de régression procèdent du
même principe.
Quand on place dans un même bain de teinture les substances consti-
tutives des tissus animaux, on constate qu'elles possèdent des aptitudes
inégales à fixer le colorant. On en peut conclure que les groupes acides et
basiques des différents albuminoïdes ont des puissances chimiques diffé-
rentes ; par suite, l'étude des conditions de teinture doit amènera la déter-
mination de leurs valeurs relatives. Pour évaluer ces valeurs nous avons
dû nous préoccuper de l'action qu'exercent, sur les tissus organisés, les
liquides fixateurs et durcissants que l'on fait réagir sur eux pour pouvoir les
conserver et les couper.
Nous avons reconnu, en particulier, que le formol et la liqueur de Mïiller modifient
profondément les puissances respectives des fonctions acides et basiques des albumi-
noïdes; il en est de même, bien qu'à un degré moindre, pour l'alcool et l'action de la
chaleur.
Il a donc fallu se préoccuper de conserver, de couper et de colorer les tissus par
d'autres procédés que ceux habituellement employés dans la technique de l'histologie.
Nous y sommes parvenus en desséchant, à la température ordinaire, les organes ou
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N» 21.
180
•4'0 ACADÉMip DES SCIENCES.
fragments d'organes, sous des cloches contenant de la glycérine ou mieux de l'acide
sulfurique, avec ou sans présence de chloroforme destiné à entraver l'action des mi-
crobes.
Les coupes ainsi préparées diffèrent notablement de celles que l'on obtient par les
procédés habituels : certaines d'entre elles décolorent, peu à peu, la fuchsine qui les a
primitivement colorées, propriété qu'elles perdent si, avant la teinture, on les fait
séjourner dans l'alcool; ces phénomènes semblent se rattacher à la présence, dans les
tissus ainsi conservés, de ferments protéolytiques qui font défaut lorsque la conserva-
lion a été obtenue par l'alcool.
Il importe aussi de signaler que, dans les coupes de tissus conservés par
dessiccation sous cloche, on n'observe ni noyaux ni cellules d'aucune sorte,
soitdirectement, soit après coloration, tandis que ces éléments apparaissent
dans ces mêmes coupes par un traitement préalable à l'alcool. Ou constatei
aussi que le tissu sec possède la propriété de décomposer avec énergie
l'e^u oxygénée, propriété des tissus vivants que les tissus conservés à l'al-
cool ne possèdent pour ainsi dire pas. Nous continuons l'étude de ces plié-
npfiiènes.
MINÉBALOGIE. — Sur quelques minéraux du Djebel-Ressas (Tunisie).
Note de M. L. Jecker, présentée par M. A. Lacroix.
Lamine du Djebel-Ressas, située à 25''™ au sud-est de Tunis, a été ex-
ploitée par les Romains pour l'extraction du plomb. Depuis 1868, elle est
exploitée pour minerai de zinc, mais, depuis quelques années, elle fournit
surtout des minerai de plomb.
Comme dans beaucoup d'autres mines de la même région, les minerais
incrustent une série de cassures des calcaires jurassiques; l'amas principal,
exploité à ciel ouvert, se trouve à l'intersection de deux cassures princi-
pales; il renferme une grande quantité de calcaire stérile, non minéralisé.
Les minerais de zinc consistent essentiellement en smithsonite ferrifère
et en hydrozincite blanche, très légère; les minerais de plomb, en galène,
mélangée de blende. Le sulfure de plomb est souvent en partie transformé
en un mélange compact de cérusi^e et d'anglésite. Il existe un assez grand
nombre de minéraux accessoires, qui sont surtout ceux présentant de l'in-
térêt au point de vue scientifique.
En outre de sa forme com[)acte, la smithsonite constitue par places des
masses fibrobacillaires à larges clivages rliomboédriques courbes; elles
sont parfois associées à de la calamine, également fibrolamellaire (ce der-
SÉANCE DU 2 2 MAI ipoS. l4ll
nier minéral constihie aussi, à Uii seul, de belles stalactites à structure
fibreuse). Ces deux minéraux sont souvent colorés en jaune d'or par du
sulfure de cadmium (greenockite) pulvérulent, qui se trouve aussi parfois
en enduit à la surface de la blende. Mais les deux minéraux les plus intéres-
sants de ce gisement sont la cérusite et la leadhillite ; les plus beaux cristaux
se trouvent dans des poches tapissées d'hvdrozincite; grâce à la structuré
terreuse de celle-ci, il est parfois possible de les isoler complètement;
quelques-uns de ceux que j'ai étudiés atteignent 2<^™ de plus grande
dimension.
Les cristaux non maclés de cérusite sont tous allongés suivant l'arête pg^ ;
les formes les plus communes sont les suivantes : p(^ooi ), ^' (oio), ^-(i3o),
w(i lo), A'(ioo), p-(oi2), e'(oi i), e''(*^3i), è^(i i i),e'(i2i),a^(2i i), mais
on constate, suivant les échantillons, de grandes variations dans leur im-
portance relative.
Il existe de fréquentes macles suivant m et suivant g^; ces dernières, par
leur beauté, placent le gisement qui nous occupe sur le même rang que la
mine de Monteponi en Sardaigne. Le plus souvent, elles sont composées
par deux individus et peuvent être isolées à l'état complet de leur gangue;
elles se présentent sous la forme d'une pyramide aiguë (g* g' = 57° i8')
constituée par quatre faces e* et c' ; la nature des formes qui leur sbnt as-
sociées donne des aspects caractéristiques aux divers échantillons étu-
diés. Le plus souvent, rextrémilé dé la maele, opposée au sommet de la
pyramide est occupée par un large angle rentrant, déterminé par deux
faces g^, g'' d'ordinaire associées à g^(35o) et m très développées; il existe
fréquemmeilt en outre de petites facettes/?, e^, e^, h', g^, a-, Ir . Excep-
tionnellement, on voit se développer de larges faces ^-, parallèles au plan
de macle, suivant lequel s'aplatit alors le groupement.
Un type moins fréquent est celui dans lequel l'angle rentrant disparaît
ert totalité ou en partie par suite du grand développement de deux faces
A', h' jusqu'à leur rencontre mutuelle ou bien par l'apparition de quatre
faces t', b' . Ce type de macle est fréquemment compliqué par de petites
facettes g^ , g-, m, a-.
La leadhillite est beaucouj) plus rare que la cérusite ; elle se présente sOus
la forme des lames à contours hexagonaux, empilées à axes imparfaitement
parallèles. Ces cristaux, blancs ou d'un jaime d'or, présentent presque
toujours d'assez nombreuses facettes, difficiles à mesurer à cause de leur
l4ï2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
striation; il est cependant possible d'affirmer l'existence des formes sui-
vantes qui accompagnent la base : m(iio), o-(2oi), «'(ici), «^(âoi),
1 1 _
d'^(iii), b-(ïïi). Le clivage basique et les propriétés optiques sont ceux
de la leadhillile normale. L'existence de ce sulfocarbonate de plomb est
particulièrement à signaler, étant donné le très petit nombre de gisements
dans lesquels il est connu jusqu'à présent.
Je n'ai pas trouvé, parmi les échantillons examinés, trois minéraux, la
voltzite, la willemite et la zincile, que M. Stacke a signalés au DJebel-Ressas
en 1876 (').
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Variation des caractères liistologiques des Je.uilles
dans les galles du Juniperus Oxycedrus L. du Midi de la France et de l'Al-
gérie. Note de M. C. Houard, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une précédente Communication (-') j'ai montré comment les feuilles
anormales des Genévriers des Alpes pouvaient lutter contre le climat sec
et froid des hautes altitudes en développant leurs appareils d'assimilation
et de sécrétion et en renforçant leurs éléments de soutien. Il est intéressant
de rechercher comment, dans le climat sec et chaud du Midi de la France
ou dans les régions brûlantes de l'Algérie, se comportent les feuilles anor-
males constituant les diplérocécidies du Juniperus Oxycedrus.
\. — Genévrier Oxycèdre di; Midi de la I'rance.
A. Cécidie ovoïde charnue, due à une larve de Cécidomyide, et formée
aux dépens des deux verticilles terminaux d'une pousse. Recueillie dans la
vallée de la Cèze (Gard).
La feuille normale mesure environ iS™'" de longueur sur i™"',25 de large et presque
autant en épaisseur; elle possède cinq à six rangées de slomales à la face supérieure et
des cellules chlorophylliennes nombreuses, serrées, assez allongées; le canal sécréteur
a un diamètre moyen de 3o!^, le parenchyme comprend des cellules rameuses régu-
lières; enfin, le faisceau libéro-ligneux, presque arrondi, à liber bien développé, pos-
sède des ailes de tissu aréole formées chacune d'une vingtaine de vaisseaux.
Les aiguilles anormales du verticille externe de la cécidie mesurent g*"'" de loii-
(') Verhandl. K. geol. Heisclis. Il (>«., 1876, p. 5G.
(•-) Comptes rendus, t. CXL, 1905, p. 56-58.
SÉANCE DU 22 MAI IQoS. l4l^
gueur. 6"" de largeur et 3™™ d'épaisseur. L'accroissemenl en largeur de leurs dimen-
sions transversales provient de la multiplication et de l'hypertrophie des cellules
du parenchyme, qui s'isolent par de grands méats, et aussi de l'augmentation du
nombre des cellules épidermiques et des files de stomates.
Pourtant, la grande hypertrophie de la région assimilatrice n'a qu'une très faible
répercussion sur les dimensions du faisceau libéro-ligneux et du canal sécréteur;
le tissu aréole seul double le nombre de ses cellules ponctuées.
II. — GlîNÉVRIER O.VVCÈDRE DE l'AlGÉRIE.
La feuille normale du Genévrier de cette région diffère déjà de la feuille
saine du même arbuste croissant dans le Midi de la France par les carac-
tères histologiques suivants : tissu aréole plus développé, faisceau étalé
mais moins épais, canal sécréteur d'un diamètre un peu supérieur, fibres
hypodermiques et péricycliques nombreuses et bien développées. Plusieurs
de ces caractères, que l'on pourrait appeler sahariens, s'exagèrent encore
dans les feuilles anormales constituant les galles de ce Genévrier.
B. Cécidie ovoïde, affectant la même forme que la précédente. Recueillie
à Saïda.
Les feuilles du verticille externe sont élargies à la base (4°"" ou 5"") et très courtes
(jQinm à 12'""' au lieu de 25"'" à So""'"). L'hypertrophie énorme du parenchyme cortical
retentit peu sur les dimensions du canal sécréteur et du faisceau libéro-ligneux; les
ailes vasculaires de ce dernier sont peu développées et les stomates espacés apparaissent
en petit nombre. Ainsi, toutes proportions gardées, les appareils d'assimilation et de
sécrétion manifestent une certaine tendance à la réduction.
G. Cécidie fusiforme allongée, constituée par deux verticilles de feuilles
déformées. Même provenance que B.
Les aiguilles du second verticille acquièrent les trois quarts de la longueur nor-
male; elles sont très aiguës, renflées dans leur moitié inférieure et munies d'une forte
carène dorsale. Leurs grandes dimensions en largeur et en épaisseur, qui atteignent
deux fois environ celles de la feuille saine, proviennent de la multiplication et de
l'hypertrophie des cellules du parenchyme. Ces dernières contiennent peu de chloro-
phylle : aussi les stomates sont-ils absents à la face supérieure du limbe afin d'éviter
une trop grande transpiration. Le faisceau libéro-ligneux lui-même acquiert une assez
grande taille, sans toutefois s'accroître dans la même proportion que le parenchyme
environnant; ses vaisseaux de bois seuls acquièrent un diamètre triple environ du
diamètre normal, mais ils restent peu nombreux et irrégulièrement disposés; ses ailes
vasculaires bien développées comprennent plusieurs grosses cellules aréolées de tailles
très variées. Enfin, le canal sécréteur augmente peu ses dimensions normales.
Le tissu de soutien des feuilles (cellules de l'hypoderme et fibres péricycliques situées
à la face inférieure du faisceau) présente lui-même une remarquable modification.
t4l4 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
Il se développe en abondance dans les aiguilles normales du Genévrier Oxycèdre de
l'Algérie qiril pirotège contre une transpiration trop active durant la période de séche-
resse {'). On le trouve de même bien développé dans les feuilles hypertrophiées, dont
il assure la protection contre la dessiccation, mais il comprend seulement de grandes
cellules à parois sinueuses, minces et non lignifiées.
En résumé, l'étiKle liistologique des galles du Junipcrus Oxycefirus
(cécidie de la Cèze et cécidies de Saïda) nous montre les faits suivants :
Dans le climat tempéré de la France, le tissu chlorophyllien des aiguilles
anormales, les stomates, les ailes vasculaires augmentent leurs dimensions;
le faisceau et le canal sécréteur conservent les leurs. Plus au sud, en
Algérie, les galles sont soumises à un climat sec et à une haute température;
obligées de se protéger de façon efficace, les feuilles déformées présentent
des stomates très rares, un tissu parenchymaleux mal différencié et pauvre
en chlorophylle, un faisceau et un canal sécréteur peu développés malgré
la grande hypertrophie de tous les tissus environnants, des fibres nom-
breuses, mais non lignifiées. îl y a, dans ce dernier cas, accentuation des
caractères sahariens que présentent déjà les feuilles normales du Gené-
vrier de la région algérienne, afin de résister à la dessiccation.
BOTANIQUE. — Sur la biologie du Melampyrum pratense.
Note de L. Gautier, présentée par M. Gaston Bonnier.
On sait que le Melampyrum pratense est une plante communément
répandue en été, de juin à septembre, dans les bois et les taillis défrichés
plutôt que dans les prés. Comme toutes les Rhinanthacées à la tribu
desquelles elle appartient, cette plante est une hémiparasite. Ce genre de
parasitisme a été entrevu pour la première fois par Decaisne en 1847.
Depuis, les Rhinanthacées et le Melampyrum pratense en particulier ont
été l'objet de nombreuses études anntomiques ou physiologiques par
MM. Chatin, de Solms-Laubach, Leclerc du Sablon, etc.; mais leur bio-
logie est moins bien connue, et l'on possède peu de renseignements précis
sur les hôtes de ces |)lantes et sur leur manière de vivre.
Le Melampyrum pratense que j'ai étudié à ce point de vue m'a conduit à
(') Résultat conforme au\ recherches anatomi((ues et expérimentales de MM. "\\'.
Russell (1895) et G. Bonnier (1902), concernant les plantes de la région méditerra-
néenne.
SÉANCE DU 22 MAI rpoS. i^llS
de curieuses observations; c'est l'une d'elles que je signale dans celte
Note.
La présence de cette plante sous les hautes futaies de nos forêts ou dans les bois
défrichés est assez singulière. Dans nos régions, en efifet, les Phapérogames qui se loqa-
lisent dans cet habitat sont assez peu nombreuses; et (^ans la forêf de Fontainebleau,
où j'ai recueilli mes observations, pendant mon séjour au Laboratoire fie Biologie végé-
tale, le Melampyrum pratense est, par endroits, très abondant. Il y croît au milieu de
végétaux les plus divers sans que rien extérieurement puisse donner d'indication sur
son hôte préféré.
Si l'on examine attentivement l'appareil radiciilaire du Melampyrum pratense, on
remarque qu'il se ramifie e), s'étale à un niveau parliculièrenieqt riclie en racines de
toutes sortes, lesquelles forment une couche épaisse au sein d'un terreau abondant
presque entièrement constitué d'}iumus. Ces racines appai'l'pnnent à des végétaux
4iv^rs; (.les arbres. Hêtre, Chêne, Charme, Sapin, etc.; des Graminées : Festucaovina,
Aira Jlexuosa; des Bruyères, etc.
D'après Prillieux (*), dans le Melampyrum pratense : « les suçoirs adhèrent le
plus souvent à des organes morts en voie de décomposition, tels que des débris de
tiges, de feuilles et de racines, et même à de petites masses d'humus ».
En déterrant soigneusement le Melampyrum pratense, on remarque, en eilet, que
quelques-uns des suçoirs sont entourés de petites masses d'humus. Ces masses d'humus
se montrent presque entièrement constituées jjar des filaments mycéliens qui entrent
en contact intime avec les stiçoirs et les entourent d'un chevelu serré pénétrant à leur
intérieur. D'autres suçoirs sont li|Dyes de toute adhérence, et d'autres, enfin, son[,
attachés à des racines vivantes d'un aspect tout particulier.
Ce sont des racines ramifiées en dichotomie; les ramifications, nombreuses, sont
courtes, plus ou moins régulières et renflées à leur extrémité. Il semble que les suçoirs
du Melampyrum pratense aient une certaine affinité pour ces sortes de racines; car
les radicelles de la plante parasite, en courant parmi les racines des nombreuses plantes
voisines et les tiges feuillées de mousse, n'attachent leurs suçoirs qu'aux racines en
branche de corail à l'exclusion des autres.
Avec quelques précautions, on peut parvenir à conserver l'ailhérence du
Melampyrum pratense avec les racines coralloïdes auxquelles il est toujours
fixé, et remonter ainsi à l'origine de ces dernières. J'ai pu, de cette façon,
déterminer avec précision la plante hospitalière pour laquelle le Melam-
pyrum pratense semble avoir une préférence niarquée : c'est le Hélre.
L'identification des racines coralloïdes auxquelles se fixent les suçoirs,
avec celles du Hêtre, est facile. On peut d'ailleurs en avoir une vérification
par le fait suivant : des racines de Hêtre, arrachées dans le voisinage de la
(') Pkillieux, Maladies des plantes agricoles, 1890.
l4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plante parasite, conservent, en beaucoup de points, des suçoirs adhérents
avec leur fragment de radicelle.
Cette affinité des suçoirs du Melampyrum pratenae pour les racines du Hêtre pré-
sente un certain intérêt, car la forme dite coralloïde des racines est, d'après Frank,
un symptôme de l'infection. Elle est spéciale aux espèces à mycorliizes; on ne la ren-
contre que dans les racines infestées par des champignons filamenteux. Or, les racines
du Hêtre sont pourvues, dans leurs ramifications terminales, d'une gaine mycélienne
entourée de filaments brun noirâtre, formant un chevelu compact qui retient les
grains de sable en formant ainsi sur le système radiculaire un revêtement en chapelet
caractéristique. C'est à ce niveau que les suçoirs du Melampyrum pratense sont fixés
de préférence, et les hyphes s'enchevêtrent autour des deux racines en contact en
passant de l'une à l'autre. Ainsi, les suçoirs du Melampyrum s'allient avec les myco-
rhyzes du Hêtre comme ils s'alliaient avec les fdaments mycéliens de l'humus. Détachés
de la racine hospitalière, ils conservent ces filaments autour de leurs suçoirs; on ne
peut les en détacher sans les briser.
En résumé, le Melampyrum pratense affectionne particulièrement les
sols riches en humus; il semble y rechercher la présence des champignons
humicoles qui constituent en grande partie, d'après Frank, l'humus de nos
forêts. De plus, les mycorhizessont liées à la présence de l'humus et, dans
les forêts, comme celle de Fontainebleau, où les chutes de feuilles sont
abondantes, elles ont toute facilité de se développer.
Le Hêtre, abondant en cet endroit, a ses racines infestées des filaments
mycéliens de l'humus; les suçoirs du Melampyrum pratense s'y fixent de
préférence à toute autre racine et s'allient intimement aux mycorhizes de
l'arbre.
Si l'on considère ces niycorhizes comme ayant un rôle dans l'alimenta-
tion, il n'est pas invraisemblable de croire que le Hêtre, mieux armé que
les plantes voisines dans la lutte pour l'existence, détourne à son profit
les subtances nutritives du sol, et que le Melampyrum pratense a ainsi tout
avantage à fixer ses suçoirs sur un si puissant appareil d'absorption.
L'humus abondant, chargé d'byphes, le voisinage du Hêtre ou d'une
autre espèce à mycorhizes, comme conséquence, pourront donc être con-
sidérés comme des facteurs aptes à favoriser les habitudes parasites du
Melampyrum pratense et à justifier le choix de son habitat.
SÉANCE DU 2?. MAI ipoS. l4l7
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur les Iran s far mations des matières azotées
chez les graines en voie de maturation. Note de M. G. Axdré.
J'ai examiné, il va quelque tempsciéjà ('), les transformations qu'éprouvent
les matières protéiques depuis le début de la germination jus(|u'au moment
où la plante totale a retrouvé le poids de la matière sèche de la graine d'où
elle est sortie. Pour compléter les études que j'ai publiées récemment (-)
sur l'évolution des matières minérales et organiques pendant la maturation
des graines, je vais m'occuper aujourd'hui des variations que subissent.
chez quelques graines en voie de maturation (haricot d'Espagne, lupin
blanc, maïs), ces mêmes matières protéiques (albumine, légumine, amides
solubles dans l'eau) en me servant des procédés de séparation dont il a été
question dans ma Communication de l'année 1902. Je ne présenterai ici
que le Tableau relatif au développei)ient des graines du lupinblanc.
!. II. m. IV.
Graine 6 juillet' i8 juiUcl. a, juillet 8 août,
initiale. 'QO-'i- '9o4- ■9o4- '9o4-
% s (T S _ B ,
Poids (le loo unités sèche? 3i,o6 0,8982 1,0881 11, 85 24, (^o
/ Azote total i.9"o 0,0187 0,0498 o,.5794 1,2472
l Azote de l'albumine 0,0090 000 0,0819
'. , { Azote de la légumine 0,872 o 0,0019 0,0867 0,1180
unîtes J , , . ...
I Azote des composes amides
'\ solubles dans Teau 0,882 o,oi45 o,o4o6 0,8282 0,5067
Eau pour 100 de matière sèche 9i6*J 82,88 88,27 77'6i 68,22
I. Ij albumine végétale, que l'on ne rencontre qu'en très faibles quantités
dans la graine non germée, disparaît ra|)idement sitôt que la germination a
commencé. Elle ne semble exister qu'a l'état de traces ou même être tota-
lement absente pendant les premiers stades de la formation des graines que
j'ai examinées : on ne la trouve que dans les dernières périodes de la matu-
ration. C'est ainsi que, chez le lupin blanc, lorsque le poids de la graine
se rapproche du poids définitif et s'élève, à la quatrième prise d'échantillon,
aux quatre-vingts centièmes de ce poids, l'albumine, absente jusque-là.
(') Comptes rendus, t. GXXXIV, 1902, p. 990.
(*-j Comptes rendus, l. CX.XXVIII, p. i5io et 1712; t. CXXXIX, 1904, p.
G. K., iyo5, 1" Semestre. (T. CXL, N° 21.) I^'
l4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
apparaît : mais la proportion en est faible, car l'azote de cette albumine
n'est que le quarantième environ de l'azote total.
D'après mes recherches antérieures, l'azote de la légumine représente
successivement le quart de l'azote total (graine non germée), puis le cin-
quième, le septième, le onzième, le vingt-quatrième, quantités qui répon-
dent à des époques pendant lesquelles le végétal total possède un poids
moindre que celui de sa graine. La légumine n'existe qu'en faibles quan-
tités chez la graine, au début de sa formation. C'est ainsi que, chez le hari-
cot d'Espagne, alors que le poids de ses graines, supposées sèches, n'est
que le deux cent cinquantième et même le quarantième du poids des graines
parfaites, l'azote de la légumine n'est que le vingtième environ de l'azote
total. Dans un stade plus avancé, lorsque le poids de la graine sèche est le
tiers environ de celui de la graine complète, le poids de la légumine s'ac-
croît et son azote représente le dixième de l'azote total. Cet azote s'élève
au quart de l'azole total dans la graine à maturité. Il en est de même chez
le lupin blanc : lorsque le poids de sa graine, supposée sèche, est succes-
sivement le trentième, le tiers, les quatre cinquièmes du poids de la graine
])arfaitc, l'azote de la légumine représente environ 4. 6, 9 pour 100 de
l'azote total de la graine mûre; chez cette dernière, l'azote de la légumine
est le cinquième de l'azote total.
II. L'azote des composés amidés soliibles (après séparation de la légumine
et de l'albumine) subit, au fur et à mesure des progrès de la germination,
une notable augmentation dont le maximum coïncide avec le moment où
la graine germée possède le poids minimum, ainsi que je l'ai montré anté-
rieurement.
Au contraire, pendant le développement de la graine, cet azote amidé
soluble est d'autant plus abondant que la graine est plus jeune. Il repré-
sente successivement, chez le lupin blanc, aux diverses périodes exami-
nées, 72, 81, 56, 4o pour 100 de l'azote total : il diminue donc pendant la
maturation et ne figure plus que pour 20 pour 100 dans la graine mûre. Il
en est de même chez le haricot d'Espagne et le maïs.
Cette transformation des amides solubles en matières protéiques inso-
lubles correspond à la déshydratation lente de la graine dans sa gousse.
C'est également pendant cette déshydratation que se produit le mouvement
de migration très marquée des substances nutritives vers la grame (').
Quant à l'azote des matières proléiques insolidjles, à l'inverse de celui
(') Comptes rendus, l. G.VXXVIII, 1904, j>. iTuo.
SÉANCE DU 22 MAI [QoS. l^ig
des amides, il augmente nécessairement avec le développement de la graine.
III. L'ensemble des faits que je viens de signaler montre d'>7 2,07
Semaine au pain de munition.
i32o ioi3 i,4i '4)39 0,47 0,21 4i79 2,01
4oo8 de pain complet contenant 2B, 328 d'acide phosphorique contre 08,70 contenus
dans la même quantité de pain blanc, on aurait dû trouver une augmentation de 18, 628
de P^'O^ s'il était entièrement assimilable; or, on trouve seulement une différence
de 05,89, correspondant à peine au quart de l'excès d'acide phosphorique du pain
complet sur le pain blanc! Gomme le poids du corps a diminué de 6oos pendant ce
temps, on ne peut guère admettre que la différence ait été fixée dans l'organisme, à
moins que ce ne soit à l'étal de phosphates terreux peu solubles et inactifs, ce qui serait
loin d'être un avantage!
Le pain de munition, bien que ne contenant que is,o5 de P^O' par 4oo8, donne un
chilFre d'acide phosphorique presque aussi élevé que le pain complet qui en contient
deux fois plus.
Si nous admettons que l'acide phosphorique du pain blanc est entièrement assimilé,
en retranchant o',7o, quantité contenue dans 4ooe de ce pain, de is, 68, quantité
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 31.) 1^2
,/Jc><3 ACADÉMIE DES SCIENCES.
moyenne éliminée quolidiennemeiit, il reste enviioii is par joiir (08,98) apporté par
les autres aliments. Or, en relranchanl 08,98 des 2», 01 fournis par le pain de munj-
iion, il reste iS,o3 de P'O^ pour 4oob de ce pain, ce qui correspond à une teneur
de 0,267 po'"" "^o> chiffre bien voisin de 0,26^ pour 100, moyenne défi ana^ses de
ce pain! L'acide phosphorique d.n pain de munition, comme celui du pain blanc,
serait donc à peu près entièrement assimilable et représenterait presque toute la quan-
tité utilisable conleuue dans le graiu de blé, puisque le pain complet n'en fournit
guère davautage {o,oi5 pour loo soulement de plus).
Le pain complet élçnt plus riche en azpte que le paii) blanc, nous aurions dû trou-
ver cle ce chef une augnienlaiion d'urée de is,3o; au lieu cle cela, nous trouvons une
diminution de i6,85. Avec le pain de munition, dont la teneur en azote est la même
que celle du pain complet, nous avons eu une a u 1; me /i ta lion de 0^,48 n'urée, cliillre
inférieur à l'augmentation pj-évue.
Cette diminution de l'urée semble d\\e à ce que le son exagère le pérjstaltisme dp
l'intestin et exerce une actijon laNatjive assez marquée pendant les quelques jxjurs sui-
vant la semaine d'ejipériences pour entraîner une perte de poids de i^s. Ce n'est pas
au seig),e du pai^i Kii.eipp qu'est dû pet effet, car l'usage de pain de seigle pur, sans
son, ne m'a jamais causé pareil inconvénient.
Pendant les semaines au pain blanc et au pain de munition, le poids s'étnit main-
tenu sensiblement constant tandis ([ue, pendant la semaine au pain complet, j'ai perdu
600S.'
Haig admet que le pain complet renferme o,o4 pour 100 de xanthines. Dans le cas
actuel, si le pain complet semble n'avoir pas eu grande induence sur l'acide urique, il
a aug^nenté le cbiirre des composis xantlio-uriques de 0,08 par rapport au pain blanc
et de o,i5 par rapport au pain de munition. D'après les proportions indiquées par
Haig, 4oos contietidraient os, 16 de .xanthines.
L'acidité urinaire est aussi plus élevée qu'avec le pain blanc et le pain de munition.
l'aiii
Hi
PM3^
"U.ve
XiUll
Rappui t z-r—.
* ' Urée
„ Acide uririiua
Rappprt jT-T
En résumé, en ce qui me concerne, le pain complet n'oÛre aucun ayan-
la^e sur le pin hi.s, il ne founuL pas sensiblement plus ci'acide phospljo-
rique assimilable et ;! abaisse le taux de l'urée au lieu de l'augmenter. U a
en outre l'tnconvénient d'apporter une quantité sensible de purines, il irrite
l'intestin et entrave l'assimilation des autres aliments.
Le iJain bis, au contraire, donae des résultats supérieurs au pain blanc,
avoir aucun djes inconvénients du pain comj)ie,l.
SslU
SÉANCE DU 1-1 MAI IQoS. l/|27
Mon expérience personnelle étant en contradiction formelle avec les
affirmations de nombreux végétariens je souhaite qu'elle suscite des
recherches précises qui permettront d'élucider la question.
• La séance est levée à 4 heures et quart.
BULLETIN BIBLIOGKAPMIQUE.
Ouvrages reçus dans la séanoi: du i5 bai igoS.
Les récents progrès de la Chimie, conférences failes au Laboratoire de Chimie
organique de la Sorbonne, sous la direction de M. A. Haller. Membre de l'Institut.
Paris, Gauthier-Villars, 1904; i vol. in-8°. (Présenté en hommage par M. Haller.)
Biologische Untersuchungen, von Prof, ii' Gustav Retzius; neue Foigc, XII, mit
20 Tafeln. Stockholm et léna, tgoS; i vol. in-f". (Hommage de l'auteur.)
Le opère di Galileo GaLilei, edizione nazionale, vol. XV. Florence, 1904; i vol.
in-4°.
Èlénienls de Physiologie, par F. Laulanié; 2'^ édition, avec 356 figures intercalées
dans le texte. Paris, Asselin et Houzeau, iyo5; i vol. in-4°. (Présenté par
M. Cliauveau. )
{A SLuyre.)
ERRATA.
(Séance du i^'' mai igoS.)
Note de M. Stéphane Leduc, Variation de la pression osmotique dans le
muscle par la contraction :
Page 1191, Tableau, au lieu de Muscles excités une fois par seconde pendant 2"%
4'"^, 6=""^, lisez 2™'°, 4™'"! 6™'".
Note de MM. /. Ville et E. Dertien, Sur une combinaison fluorée de la
méthémoglobine :
Page 1196, ligne 21, au lieu de entre G et F, lisez entre B et F.
[428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Sé;ince du 8 mai igoS.)
Noie de M. Ponsot, Volume spécifique d'un fluide dans des espaces
capillaires :
Page 1238, ligne 2, an lieu de
j' — ^ - ^ £f
^ ~ "dT ~ d.c as '
lisez soit
as ôj; Os
OV,
Même page, ligne 3, au lieu de avec l'Iivpothèse -=• indépendant de T,
lisez avec l'hypothèse —r-^ indépendant de T,
L- t'^^
Note de MM. C. Vaney et F. Maignon, Influence de la sexualité sur la
nutrition du Bombyx mori aux dernières périodes de son évolution
Page 1281, ligne i, pour le glycogène contenu dans les chrysalides femelles de
17 jours au lieu de 06,069, lisez 08,089.
Page 1283, ligne 3, au lieu de en faveur du glycogène aux dépens des graisses, lisez
en faveur de la formation du glycogène aux dépens des graisses.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VILLARS,
Quai des Graiids-Augustins, n" 55.
ipuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement lo Dimanche. Ils forment, à la fia de Tannée, deux volumes in-4°. Deui
ss.rune par ordre alphabétique des matières, l'autre par ordr-i alph:jbctique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
rt du i" Janvier.
Le prix de inbnnncment est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 30 Ir. — DcpjrlemuiUs: 40 fr. — Union postale: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
cliez Messieurs :
chez Me.-^sieurs ;
Icrran frères
LorienC
jlianmal.
^ Cl,aix.
" JM-Texier.
. . , Jourilan,
nernoo, et Cumin
/ liuir.
Georg.
...: Effantin.
, Germain et Grassin.
Sovy.
1 Vitle.
Marseille
... fiujt.
ne
Ualac.
. . lîcgnier.
Montpellier..
■•• j Goulet el fils.
( Feret.
Moulins
... Martial Place.
... Laurens.
' Muller(G.)
Jacques.
A'ancy
... Grosjean-Maupin
. ...
Sidol frères.
/Derrien.
1 K. Hobert.
Nantes
••jVelorpé.
•• jOblin.
1 Uzel frères
l Barma.
.. Jouan.
Nîmes...
Tbibaud
( Henry.
Loddé
urg ...
■■ (Maiguerie.
[ Elanch.er.
) Lévrier.
nt-Ferr
/ Rniiv
Tiennes
.. Plibon et Hervé.
/ Nourry.
lioehefort . . .
.. Girard (M"").
Rouen
jLanglois.
liey.
f Leslringant.
\ Lauverjat.
S'-Étienne
.. Chevalier.
] Degez.
Toulon
( Ponteil-Durles.
\ Drevel.
) Rumèbe.
( Gralier et C*.
Gimet
Toulouse
• 1 Privât.
helle . .
. Foucher.
Boisselier.
[ Bourdignon.
Tours
.. Pérical.
i Donibre.
Suppligeon.
\ Quarré.
) Giard.
/ Lemaitre.
On souscrit à l'étrî
chez Messieurs:
Athènes
Barcelone . .
Deck.
Vcrdagucr.
Asher et G''.
Dames.
' M a vers
Bucharest .
iider et CU.
Millier.
Schmid Franche.
Zanichelli.
Lamertin.
Sotcl
Alcal
Kilia
DeiRhlnn, Bell <
Canimcrmcyei
Otto Kcil.
Budapest.
Cambridgi
Christianii
Constantin
Copenhague Ilûst et fils,
Florence Seeber.
Gand Iloste.
Gènes Beuf.
1 Chcrbulicz.
Genèv
Georg.
Stapelmohr.
La Haye Bel in fa nie frères.
( Benda.
Lausanne
( Pavot et C'V
i' Barth.
Erockbaus.
Kœhlor.
Lorenl/..
Twietnieyer.
. Dcsricr.
Leipzig.
ii;:
au.
belle et G'*.
( Nutt.
Luxembourg V. BUck.
; Ruiz etc.
Madrid RomoyFusseL
) Capdeville.
\ F. Fé.
( Hœpli
Moscou Tastev
Aeiv- York .
Odessa . . .
Oxford..
Palerme.
Porto
Prague. .
Pio-Janei,
Borne
I Marghieri diCius.
\ Pellerano.
Dyrsea et l'feiffer.
' Stecherl.
Lemcke et [luechaer
Bousseau.
Parker et G'V
Reber.
Magalliaés et Monii
Bocca frères.
Loesclicr et G".
Rotterdam Kramors et fils.
Stockholm Nordislia Bogliand
S'-fétersOou
\Vo
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I Bocca frères.
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BLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" à 31. — (3 Août iS35 ii 3i Uecoiiibro i«Jo. ) Vulnmo in-4°: i853. Prix
Tomes 32 à 61. —( i" Janvier iSJi à3iDcecinlM0 i 8Gi. ) Volu.me in-4°; 1870. Prix
Tomes 62 ;i 91. — (i" Janvier 18G6 à 3i Décembre 1880. ) Volume in-4°; 1889. Prix
Tomes 92 à 121. — (1" Janvier 1881 à 3i Décembre 1S9S.) Volume in-i"; 1900. Prix ,
PPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
I.- Mémoire surquclques points de la Phvsiolnjiedes Algues, par MM. A. DERiiE.set A.-J.-J. Solier. - Mémoire sur le Calcul d
îles, par M. IIan.sen. — Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du suc pancréatique dans les phe.iornéues digestifs, parliculi
■' grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4», avec 32 planches: i856
II. — Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — E.-^sai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85
concours de iS5.3, et puis remise pour celui de iM56, savoir: » Etudier les lois de la dislribution des corps organisés fussil
entaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question le leur apparition ou de leur .lisparition successive ou
ides rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs», par .\1. le Professeur Bronn. In-',", ave
u'éprouvenl
igestion des
. . 25 fr.
la même Librairie les Mémoires de L Académie des Sciences, et les Uémoires présentés par divers SâTïnts à I Académie des Sciences.
iT 21.
TABf.E DES AHTICLES (Séance du 22 mai 190i5.)
MEMOIRES ET GOMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
l'ages.
M. Yves Delaqe. — Nouvelles expériences
de parthénogenèse expérimentale chez
Asterias 'Sôg
M. P. DUHEM. — De l'hystérésis magnétique
produite par un champ oscillant superposé
à un champ constant. Comparaison entre
la théorie et l'expérience 1370
S. A. S. le Prince dk Monaco. — Sur la cam-
pagne de la « Princesse-Alice »... iS^.i
M. le Secuktaire perpétuel signale un Re-
cueil de pièces manuscrites relatives aux
Pages,
sur le " Calcul des probabilités > i3-G
M. le Secrêtaibe perpétuel présente le
Tome X des « CEuvres complètes de Chris-
tiaan Huygens ) i3'j7
M. Chauveau fait hommage de 1' « Exposé
des Travaux de l'Association de l'Institut
Marey en 1904 >• iS^S
S. A. S. le prince he Monaco fait hommage
du fascicule WIX des résultats de ses
campagnes scientifiques : n Mémoires océa-
nographiques " (i" série), par J. Thon/et. 13^8
CORRESPOIV D AIVCE .
M. Henri Lebesgce. — Sur une condition
de convergence des séries de Fourier ij^S
M. E. Vessiot. — Sur les courbes minima. i38i
MM. Adrien Jaquerod et Otto Scheuer. --
Sur la compressibililé de dilférents gaz
au-dessous de 1""° et la détermination de
leurs poids moléculaires i384
M. Philippe-.\. Guye. — Poids atomique de
l'azole déduit du rapport des densités de
l'azote cl de l'oxygène i386
M. H. PÉLABON. — Sur la fusibilité des mé-
langes que le sulfure d'antimoine forme
avec le sulfure cuivreux et le sulfure mer-
curiquc 1 089
M. Philippe Landbieu. — Équilibre entre
l'acétone et le chlorhydrate d'hydroxyla-
mine iSga
M"' P. Cehnovodeanu et M. Victor Henri.
— Recherches physico-chimiques sur l'hé-
molyse ( II ) 1 394
M. E Chablay. — Action des métaux am-
moniums sur les alcools polyalomiques. . . iSgô
M. R. Marquis. — Sur les acides benzhy-
droxamique et dibenzhydroxamique 1898
M. Ch. Schmitt. — Nouveau mode de pré-
paration des éthers mésoxaliques. Leur
condensation avec les éthers cyanacétiqnes. i4oo
MM. R. Fosse et L. Lesage. — Basicité de
l'oxygène pyranique. Sels doubles halo-
gènes de quelques métaux et de dinaphto-
pyyie....:
MM. J. WoLFF et A. Fernbach. — De
quelques circonstances qui influent sur
l'état physique de l'amidon
M. Cm. Porcher. — Recherches sur la lac-
tase animale
MM. G. Halphen et A. Riche. — Contribu-
tion à l'étude de teintures histologiques. . .
M. L. Jecker. — Sur quelques minéraux du
Djebel-Ressas ( Tunisie )
M. C. HoUABD. ^ Variation des caractères
histologiques des feuilles dans les galles du
Juniperus Oxycedrus L. du Midi de la
France et de l'Algérie
.M. L. Gautier. — Sur la biologie du Melain-
pyruin pratense
M. G. André. — Sur les transformations des
matières azotées chez les graines en voie
de maturation
M. J. Chaîne. — Observations sur les inter-
sections tendineuses des muscles polygas-
triques '
MM. L. Vallois etc. Fleiq. — Le graphique
respiratoire chez le nouveau-né 1
M. Pierre Fauvel. — Sur la valeur alimen-
de dillérenls pains :
1427
Xill
IMPRIMERIE GAUTHIER-
Quai des Grands-Augustins. 55.
juM 14 i«w 1905
^Ci^ PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMAItAlRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
IT 22 (29 Mai 1905).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALI COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS ..ES SÉANCES DES .3 au.N ^S6. ET ./, MAI .H^S ^^
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l'Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
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26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article I'
— Impression des travaux
de l' Académie.
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ouparunAssociéét.anoerderAcadémie comprennent
au plus (5 pages par numéro.
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Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a ete remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3'. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
Ils donnent lecture à l'Académie avant de les re
•nettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
prejudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
-noires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimes dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont h
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séan
bhque ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. - Impression des travaux des 5^
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persane
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'i
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requi:
Membre.qui fait la présentation est toujours non
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet e>
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3. i
Le bon à tirer de chaque Membre doit être n
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus t
le jeudi à .0 heures du matin ; faute d'être ren
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dar
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. - Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni |)lanckî
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures serai,
autorisées, l'espace occupé par ces figm-es compt.
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à -part des articles est aux frais des.
leurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement;
Article 5.
mois, la Commission admiuistrati
Tous le
fait un Rapport sur la situation des Comp/es rend
après rimpression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution dupr
sent lîèùlement.
séance, avant 5 Autreoieut la présentation sera remise à la séance suivant
lUN 14, 190}
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 29 MAI iî)Oi>,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET GOMMUNICATIONJ?
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Transmission précise de l'heure parle téléphone.
Note de M. E. Gcyou.
A la suite d'un vœu exprimé par la Clu.mbre syndicale de l'Horlogerie
de Paris, l'Observatoire du Bureau des Longitudes s'est occupé de recher-
cher un procédé permettant d'utiliser, pour la transmission précise de
l'heure, les facilités de communication que procure aujourd'hui le réseau
téléphonique.
On peut évidemment transmettre l'heure soit par l'envoi d un signal a
un instant convenu, soit en énonçant verbalement les battements de la
pendule. Mais ces procédés ne sont pas susceptibles d'une grande préci-
sion; et ce qu'il s'agissait d'obtenir c'est un moyen de transmission suscep-
tible de fournir au destinataire les mêmes résultats que s'il se trouvait au-
près de la pendule elle-même. j . • j
Ce desideratum a été réalisé par la transmission directe du bruit des
battements de la pendule, au moyen d'un microphone spécial introduit
dans la boite de l'instrument, sans faire intervenir, bien entendu, aucun
contact électrique susceptible d'en troubler le mouvement. L'expéditeur se
borne à numéroter à la voix deux ou trois battements et le destinataire
continue à compter à l'oreille.
Ce procédé essayé, dans le réseau parisien d'abord, puis dans le reseau
général, a donné d'excellents résultats. L'heure a été transmise avec plein
succès à Paris au Service des chronomètres de la Marine et à plusieurs hor-
logers de précision. Enfm, le 25 mai, le contre-torpilleur VEscopetle, actuel-
lement à Brest, a pu régler ses chronomètres sur la pendule de 1 Observa-
C. R., i9o5, I" Semestre. (T. CXL, N° 32.)
ï43o ACADÉMIE DES SCIENCES.
toire de Montsonris, et le surlendemain, le Directeur de TObservalcre de
n Manne a Lor.ent le heutenant de vaisseau E. Perret, a pu comparer son
heure a la notre. M. Perret, qui est très habile observateur, a pu ainsi
constater qu en tenant compte de la d.fférence de longitude adoptée, elles
étaient d accord a o%i 5 près.
Ce mode de transmission de l'heure paraît appelé à rendre de très
grands services a 1 horlogerie et aux établissements scientifiques qui ont
besoin de connaître 1 heure avec précision, et cela, non seulement à Paris
mais encore dans toutes les localités reliées au réseau téléphonique. Le^
ports de guerre et de commerce pourraient se dispenser d'établir des obser-
vatoires astronon..ques pour régler les chronomètres des navires en par-
tance; d eur suffirait de posséder une pendule ou même un chronomètre
et de régler de temps à autre cet instrument par le téléphone
Il pourrait même être utilisé pour la détermination des longitudes; grâce
olrTT"'"l.'""'' '"^ battements, les observateurs des deux stations
pourraient en effet, noter les heures de leurs observations à une seule et
même pendule.
L'Observatoire du Bureau des Long.Uides, actuellement muni de quatre
bonnes pendules, a organisé un service de comparaisons journalières ana-
logue a celui qui est applique sur les navires en mer pour déduire d'uu
iZrd f "'"'" ''""'^ '' '^^'^ "^^^^^^'- ' la détermination de
long,tudes. De sorte que, actuellement, de tous les postes du réseau télé-
phonique, on peut obtenir l'heure moyenne de Pans avec toute la précision
q^epeut reahser un observatoire, muni de quatre bonnes pendule réglées
1 une par 1 autre dans l'intervalle des observations.
N^irr aT'""^ i7"r'"^^^^^^^ " ^^"^^ ^'--"^-^ ^^-^--
noie de MM. A. Halleu et A. Cod«é>ié«os.
Des recherches anlérieures (•) onl montré que, vis-i-vis les iodares
»lcool,c,„es, les c.„„phres cp„„sode e. cv„„op„tassé se comporL,"
SÉANCE DU 29 MAI ipoS. l43l
comme des corps énoliques et fournissent des éthers de la forme
/G - C\
c»H": il
NCOR
Ces éthers, sons l'influence de l'acide cldorhydrique, donnent naissance
à des chlorures alcooliques et régénèrent le camphre cyané.
Quand, aux iodures alcooliques, on substitue les éthers monochlora-
cétiques, a-monobromopropionique et a-bromoisobutyriqne, on obtient
également des combinaisons dans lesquelles le reste de la molécule acide
se trouve uni à l'oxygène du cyanocamphre
C€N '}
CCN ,
Il +CH'-C1.C0'^R
^CONa
= C»H"( Il y
\CO€H
GO^R
Comme les alcoylcyanocamphres énoliques ces combinaisons se scindent
sous l'influence de l'acide chlorhydrique en camphre cyané et vraisembla-
blement en les acides halogènes primitifs.
/C — CN
Oyanocamphacétate d'éthyle : CW" ' . — 35^,4 de
' ^ COCH=.CO=C=H'
camphre cyané dissous dans 200^ de xylène pur sont additionnés de 5^ de
sodium en fil. Quand tout le métal a disparu on verse dans le ballon 24^, 4
d'éther monochloracétique. Aucune réaction ne se produit à froid. On
chauffe pendant 10 heures et, après refroidissement, le liquide est lavé
avec de l'eau, puis épuisé par de la soude pour enlever les dernières traces
de camphre cyané non entré en réaction. Après avoir été séchée sur
du chlorure de calcium, la solution est rectifiée dans le vide de i5""°.
Au-dessous de 100° il passe du xylène et de l'éther monochloracétique non
entré en réaction, puis le thermomètre monte rapidement à 170°. Entre 170°
et 200" on recueille une huile jaunâtre que l'on soumet à une nouvelle rec-
tification. On obtient finalement un liquide liuileux distillant entre 190°-
200° sous i5"™, insoluble dans l'eau et les alcalis, soluble dans l'alcool, le
chloroforme et le benzène et qui présente la composition et les propriétés
du cyanocamphacétate d'éthyle.
Sa densité à 0° est égale à 1,09 et son pouvoir rotatoire spécifique
[^J,. = + 79°- 11-
Traité à plusieurs reprises par de l'acide chlorhydrique concentré, cet
élheir se scinde en camphre cyané fondant à r27"-i28° et probablement en
acide monochloracétique qu'on n'a pas cherché à isoler.
'^|32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/ ( : r;N
Cyanocamphacétate de méthyle : C*ïi'\ — En substi-
\COCH^CO-CH^
tuant, dans l'opération précédente, le chloracétate de méthyle au chlor-
acélate d'éthyle, on obtient de même une huile jaune bouillant à iSo-'-iSô"
sous 25""° et qui, au bout de quelques mois, fournit des cristaux fondant
à 67°.
Ce composé, dont le pouvoir rotatoire spécifique; [a]^ = + 78°, 10, pos-
sède les mêmes propriétés chimiques que son homologue supérieur.
Ces deux élhers s'obtiennent avec des rendements meilleurs quand, au
lieu d'employer les éthers chloracétiques, on se sert des dérivés iodacé-
tiques. Tous deux, saponifiés avec de la potasse alcoolique, fournissent le
/CCN
même acide cyanocamphacéliqueC^W\ i< . C'^t acide, pu-
\CO-CH^CO^H
rifié par une série de cristallisations dans l'alcool, le benzène mélangé au
chloroforme, le xylène, se présente sous la forme de cristaux fondant à
98°-99° et dont le pouvoir rotatoire [a]„= + 1 13°,69.
Il est insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'éther, la ligroïne, le ben-
zène, le chloroforme, peu soluble dans le xylène à froid, mais se dissolvant
dans le même carbure bouillant.
Le sel de potassium C'H'^O'NK. se présente sous la forme de fines
aiguilles blanches solubles dans l'eau et dans l'alcool.
Le sel de cuivre [C"H**'0'N]^Cu, obtenu par double décomposition
entre le sel de potassium et l'acétate de cuivre, constitue une poudre
amorphe d'un gris clair, insoluble dans l'eau, mais soluble dans le chloro-
forme et les alcools méthylique et éthylique.
/C.CN
Cyanocamphacétaimde : C'H'''; 1 . — Obtenu en chauf-
\COCFI-.CONH=
faut à 100°, en tube scellé, de l'éther cyanocamphacétique avec un excès
d'une solution de NH' dans l'alcool absolu, ce corps se présente d'abord
sous la forme d'une huile qui se solidifie au bout de quelques jours dans le
dessiccateur à acide sulfurique. Cristallisé dans le benzène, il fond à 120°
et possède le pouvoir rolatoire [ajo = -h gS", 73.
/C.CN pu.
Cyanocampho-rj.-propionates d'élhvle ; C^ ]]'''(^ 1 y ^^n _ _
\COCH— CO^C=H^
L'opération consistant à faire agir l'éther a-bromopropionique sur le
camphre cyanosodé a été conduite comme celles qui ont abouti à la forma-
tion des éthers cyanocamphacétiques. Après avoir séparé par lavage le
SÉANCE DU 29 MAI igo5. l/l33
camphre cyané non entré en réaction et, |)ar distillation, le xylène et
l'excès tl'éther oc brome, on a recueilli vers 2o5°, sous i8°"°, une huile qui
ne tarda pas à se prendre en masse. Ce produit, ne possédant pas de point
de fusion fixe, tout en ayant la composition de l'éther cherché, fut soumis
à une série de cristallisations qui permirent de le fractionner en deux corps,
dont l'un fond à 49°, et l'autre à 74°, 5.
L'analyse et la cryoscopie dans le benzène des deux combinaisons con-
duisirent à leur assigner, à toutes deux, la formule C'H^'O^N. L'une n'est
donc pas le polymère de l'autre. Traitées par de l'acide chlorhydrique con-
centré, elles fournissent l'une et l'autre, et en quantité théorique, du
camphre cyané.
Ces corps diffèrent toutefois entre eux par leur action, en solution alcoo-
lique, sur la lumière polarisée.
Le cyanocampho-cL-piopionate d'éthyle fondant à 49° dévie à droite,
[ix][, = + i44°>o8, et cristallise en belles aiguilles. Il est en général plus
soluble que son isomère gauche dans les dissolvants organiques, notam-
ment dans l'alcool méthylique, qui se prête facilement à la séparation des
deux corps.
Le cyanocampho-a.-propionate d'élhyle fondant à ']^°,5 dévie au contraire
à gauche [a]o = — 33°, 78 et cristallise en tablettes blanches, solubles
dans l'alcool, le chloroforme et le benzène.
Ces deux éthers ne sont donc que des isomères physiques et doivent leur
isomérie à l'introduction dans leur molécule d'un nouvel atome de carbone
asymétrique. L'éther a-bromopropionique CH'.CH Br.CO^C'H' renferme
en effet i atome de carbone répondant à ces conditions. Mais, préparé au
moyen d'une molécule symétrique, il ne peut être que racémique. Si on le
greffe sur un corps également asymétrique, mais actif, celui-ci, tout en se
fixant sur le composé racémique, forme deux individualités distinctes, deux
éthers cyanocampho-a-propioniques avec chacun des constituants actifs de
l'éther a-bromopropionique, de la même manière que les bases actives,
quinine, cinchonine, cinchonicine, forment en se combinant à l'acide
racémique deux tartrates distincts.
Dans le camphre cyané nous avons donc un nouveau moyen de séparer
certains racémiques en leurs composants actifs.
Cvarwcampho-ix-propionates de mèlhyle : C*H'
■^ -^ ^ ^ ^ \COCH-CO-CH^
Avec l'a-bromopropionate de méthyle, on obtient de même une huile qui
cristallise. Du produit brut on peut également séparer, par une série de
CCN ,CW
l434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cristallisations successives clans l'acool mélhylique, le benzène et l'éther :
1° un éther droit fondant à l\lf et de pouvoir rotatoire [a]p = + i7.V',44';
1° un éther gauche cristallisant dans le système clinorhombique (Wyrou-
boff), dont le point de fusion est 8o°-8i° et le pouvoir rotatoire spécifique
[*]ii= — l\i",']&; comme les deux homologues supérieurs, ces deux éthers
fournissent du camphre cyané quand on les chauffe avec de l'acide chlor-
hydrique.
Acides cyanocampho-^-propioniques : C'H'''C i / ^^^ — j
' \COCH-CO^H
saponification des éthers a été effectuée comme celle de l'éther cyano-
campho-acétique, au moyen de la potasse alcoolique ou de l'éthylate de
sonde.
M éther droit a fourni un acide droit fondant à 109° et possédant le pou-
voir rotatoire [a]n = -l- 93°, 06'.
Les sels d'ammonium, d'argent, de cuivre ont pour formules respectives
C'^H^«O^N^C'^H"0''NAg, (C'*H"0»N)^Cu; seulie premier est cristal-
lisé et soluble dans l'eau.
\j éther gauche a donné naissance à de l'acide cyanocampho-a-propio-
nique également droit, fondant à 85", et dont le pouvoir rotatoire
[a] =+ i3°,/i3', c'est-à-dire inférieur à celui de son isomère.
Cet acide a fourni des sels d'ammonium, d'argent et de cuivre. Quand
on traite les sels d'argent de l'acide droit, provenant de l'éther dextrogyre,
et de l'acide également droit, mais de plus faible rotation, provenant de
l'éther lévogyre, respectivement par de l'iodure d'éthyle, on régénère les
deux éthers droit et gauche avec leur même pouvoir rotatoire et leur
même point de fusion.
Cyanocampho-a.-propionamides dérivées des éthers droit et gauche :
/CCN
\CONH=
— On chauffe en tube scellé, à 100°, pendant une journée, les éthers avec
un excès d'alcool saturé d'ammoniaque. On évapore et l'on fait cristalliser
dans l'alcool méthylique et l'acétone.
Vamide dérivée de l'éther droit cristallise en fines aiguilles fondant à
170", 5 et posséilant le pouvoir rotatoire [(x]„= + 93°, 02.
Vamide dérivée de l'éther gauche se présente sous la forme de belles
aiguilles blanches solubles dans le benzène, l'éther, la ligroïne et le
SÉANCE DU 2() MAI igo.l. 1-435
chloroforme. Elle foiid à i83° et possèiio le |)ouvoir rotatoire
(a]„=4-7>..o.
/CCN
CyanocamphoisolmtYraLe d'éthyle:(\*\V\ i /(CH')- • — Cet élher
a été préparé, comme ses homologues inférieurs, en chauffant au bain
d'huile du camphre cyanosodé avec de l'éther a-bromoisobutyrique. Il se
présente sous la forme d'une huile bouillant entre 22o''-226° sous 18""" et
que l'acide chlorhydrique transforme en camphre cyané.
En résumé, ces recherches montrent : 1° que, vis-à-vis des éthers sels
halogènes, le camphre cyanosodé se comporte comme une molécule éno-
lique et donne naissance à des éthers complexes dans lesquels le groupe-
ment C'H"'(^ Il remplace l'élément halogène des éthers sels employés;
\CO '
2° que ces nouveaux composés se laissent saponifier par la potasse
alcoolique pour fournir les acides correspondants susceptibles de donner
des sels et des amides, tandis que, sous l'influence de l'acide chlorhydrique
concentré, ils se scindent en camphre cyané et probablement en éthers
sels halogènes actifs; 3° que le camphre cyanosodé, molécule active, en se
combinant avec un éther halogène asymétrique et inactif par compensation,
nous fournit un nouveau moyen de |)ro(lnire des isomères actifs et de sépa-
rer les racémiques en leurs deux composants.
Nous nous proposons d'appliquer cette réaction à d'autres molécules
inactives renfermant des atomes de carbone asymétriques, et aussi de
séparer les divers produits actifs provenant de la saponification au moyen
des hydracides. Nous avons en particulier l'intention de produire' ainsi des
acides propioniques a halogènes actifs (|iii nous conduiront aux acides-
alcools (lacliques) et amino-acides actifs.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE. — Oscillations des locomotives sous l'action de diverses forces
perturbatrices . Mémoire de M. Geouges I)Iarië, présenté par M. Léauté.
(Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission du prix Montyon, Mécanique).
Il y a plus de 5o ans que l'on connaît l'influence perturbatrice de la force
d'inertie des pièces oscillantes, el celle de la force centrifuge des pièces
l436 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tournantes des locomotives. Le Chatelier a montré comment l'on peut
réduire l'effet de ces forces au moyen de contrepoids placés dans les roues
motrices; il a étudié aussi l'influence des variations de la pression de la
vapeur sur les pistons, et diverses oscillations de la locomotive pendant la
durée d'une révolution des roues motrices. Yvon Villarceau et, dans ces
dernières années, M. Nadal ont donné à ce sujet des théories plus mathé-
matiques. D'autre part, M. Pochet et M. Nadal ont recherché les effets de
la conicité des bandages.
Mais il reste à voir si la répétition périodique de ces perturbations est
susceptible d'augmenter l'amplitude des oscillations dans une mesure telle
qu'il puisse en résulter un déraillement.
Dans le présent Travail, je montre que ces perturbations ne donne-
raient lieu qu'à une oscillation minime si elles n'agissaient qu'une fois,
mais qu'elles peuvent occasionner des oscillations successives augmentant
jusqu'à une limite plus ou moins élevée, suivant l'intensité des frottements
qui les amortissent; de plus, j'établis que l'amplitude maxima de ces oscil-
lations augmente avec la vitesse, contrairement à ce que l'on croit habi-
tuellement.
Les oscillations de la locomotive sont occasionnées principalement par la force
d'inertie des pièces oscillantes, par la force centrifuge des pièces tournantes et par
l'influence de la conicité des bandages. Ces diverses causes tendent à donner à la loco-
motive une oscillation autour d'un axe vertical passant par le centre de gravité, une
oscillation de translation horizontale, enfin des balancements autour des axes d'oscil-
lations transversales et longitudinales dont j'ai montré l'existence. Pour les oscillations
autour des axes, il est aisé d'évaluer la demi-force vive de rotation d'après les mo-
ments connus des impulsions des forces perturbatrices. Pour l'oscillation de transla-
tion, on opère de la même manière en considérant les quantités de mouvement et les
impulsions au lieu de leurs moments. Cela posé, il reste à voir si ces oscillations, con-
sidérées isolément, peuvent devenir dangereuses.
Dans ce but, je recherche les conditions les plus défavorables du synchronisme entre
la durée d'une révolution des roues motrices et la durée d'une oscillation complète de
la machine. Le synchronisme simple ne se présente que pour les vitesses faibles. Pour
les très grandes vitesses, il peut exister trois révolutions des roues motrices pendant
une oscillation complète; en général, les cas de synchronisme avec multiples impairs
sont les plus défavorables. L'amplitude des oscillations augmentera jusqu'à ce que le
travail du frottement du déplacement latéral du boggie, des lames de ressorts, etc.,
pendant l'oscillation simple, soit au moins égal à la demi-force vive due à l'impul-
sion des forces perturbatrices. Cette méthode ne constitue pas une théorie mathéma-
tique des oscillations successives dues à toutes les perturbations réunies; mais elle
donne, pour chaque nature d'oscillations, la valeur des frottements qui limitent l'ampli
tude maxima dans une mesure suffisante pour éviter tout danger.
On s'est demandé si les roues, par leur action gyroscopique, pouvaient
SÉANCE DU 29 MAI IQoS. 1487
opposer une résistance efficace à leur soulèvement; je montre qu'il n'en
est rien.
Le calcul prouve que les locomotives actuelles de trains rapides, à quatre
cylindres et munies de boggies à déplacement latéral avec frottements, ne
sont généralement pas sujettes à des oscillations assez fortes pour entraîner
par elles-mêmes des déraillements, même aux plus grandes vitesses; mais
il faut éviter de trop diminuer les frottements.
On peut même augmenter encore notablement les vitesses, sans incon-
vénient à ce point de vue; mais il y a lieu de surveiller la voie pour s'as-
surer que les efforts latéraux des locomotives, qui augmentent avec la vi-
tesse, ne donnent pas à la longue des déplacements horizontaux des rails,
ce qui pourrait occasionner des déraillements.
Enfin, jiour fixer la limite de la vitesse. i\ convient d'examiner la super-
position de toutes les causes d'oscillations que j'ai étudiées.
Les conclusions auxquelles je suis conduit sont les suivantes : 1° il faut
diminuer le plus possible les oscillations en agissant sur les causes qui les
produisent; 2° il faut donner au matériel de la souplesse dans tous les
sens, avec frottements partout suffisants, pour amortir rapidement les
oscillations que l'on ne peut éviter.
CORRESPONDANCE.
M. Louis Hexrv, élu Correspondant pour la Section de Chimie, adresse
desremercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance les Ouvrages suivants :
1° The norwegian north polar expédition, iSg3- 1 8g6 : Scienlijic results
edited by Fridtjof Nansen (Volume VI).
2° Le four èleclrique. Son origine, ses transformations et ses applications,
forces naturelles. Électrométallurgie. Chimie par voie sèche, par Adolphe
Minet (Premier fascicule).
Semestre. (V. CXL, N» 22) I°4
[438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fractions continues algébriques de
Laguerre. Note de M. R. de Montessus de Ballore, présentée par
M. Appell.
1. J'ai montré récemment (') comment on pouvait déduire des indica-
tions de Laguerre un développement en fraction continue de la fonc-
tion Z, (z) vérifiant l'équation différentielle
I = (pz + q)Z,{z.)-i-g„ +g,z.+ g,z'-^...^g,z'
Z, est la somme d'un polynôme, facile à calculer, et d'une fonction Z(z)
(0
z,
vérifiant l'équation différentielle
(az + h)(cz-\-d)'^^ =(pz + q)Z + s
où a, h, c, d, p, q, s sont des constantes.
Pour diverses raisons, le cas le plus intéressant est celui de p = o. Je
supposerai cette condition réalisée.
2. Je vais montrer que le développement en fraction continue auquel
je fais allusion représente la fonction pour toute valeur de z le rendant
convergent, c'est-à-dire en dehors du segment de droite joignant les points
d'affixes >
a c
Je partirai de la relation (i) et de celle-ci
(^)
\ (az-^b)(cz-i-d)^^^ -^y;.—^^
obtenue au paragraphe 29 du Mémoire précédemment cité, où y^ désigne
la réduite du rang n du développement. On sait en outre que
(3) z(.)-^ = ^H-^.-^.+...= (^).
C) Rendiconti del Cire. mat. di Palcrmo, igoô, et Thèse de Doctorat.
SÉANCE DU 29 MAI IQoS. lA^Q
Posant
Z( = )-^ = W„(s) et limW„(:;) = WÙ),
les relations (i) et (2) donnent
(/,) (az + b)(cz + d)'-^^ - W = o, W = C(az ^ è)",(>= + r//..
Pour s = oo, Z(3), qu'on suppose exjjressément développable en série,
tend vers i„ et il est facile de s'assurer qu'il en est de même de ^fl W(x)
doit donc être nul, ce qui nécessite
C = o et W = o.
3. Les polynômes U„, V„ sont définis par la loi de récurrence
U„^, — (2/i+i)(P:; + Q)U„-f-(«^R=-«^)U„_, = o,
V„^, - (2« + 1) (P- + 0)y„+ (^n-R^ - io-)V„„, = o,
P = ac, 2 0 = ad -h bc, 2 R = ad — bc, 2 a> = r/, p — o.
De plus,
(az + b) (cz + ) -^V„= |>(Pi; + Q ) - .o]V„- (n-^R^ - co^) V„_,.
Supposons a, b, c, cl, q réels et, pour fixer les idées, ac < o. Soit v le plus
petit entier positif vérifiant les relations
o — -•
Dans ces conditions, la suite
Y,„ -V„_,, V„_,., -V„_„ ..., ±V„ ±W, (/i>v-i)
l44o ACADÉMIE DES SCIENCES.
est elle-même une suite de Sturm, ce qui permet de montrer que l'équation
V„=o («>v-l)
a n — V H- I racines réelles dans l'intervalle — -, ■
On voit ainsi que chacun des polynômes V„ s'annule d'autant plus sou-
vent sur le segment — -, que son indice n est plus élevé.
J'ai montré dans le Mémoire cité qu'en tous les points du plan de la va-
riable z, sauf peut-être le segment ~ -, — -> la suite des réduites conver-
geait. La remarque que je viens de faire, jointe à celle-ci : les racines de V„
situées sur le segment , — - séparent les racines de V„_, situées sur le même
segment, et à quelques autres, permet d'affirmer que sur le segment en
question la suite des réduites est divergente.
ANALYSE MATHÉMATIQUE . — Sur les équations aux dérivées partielles du
type elliptique. Note de M. S. Bernsteix, présentée par M. Emile
Picard.
1. Nous nous proposons dans cette Note de généraliser une proposition
relative aux fonctions harmoniques découverte par M. Schwarz.
Le théorème que nous avons démontré est le suivant :
Théorème. — Soit z une solution de l'équation
où / est une fonction analytique quelconque; si, sur un contour analytique
fermé ^, zse réduit à une fonction analytique de l'arc, si, de plus, elle est finie
ainsi que ses dérivées des deux premiers ordres à l'intérieur de C et sur C, elle
peut être prolongée analytiquement à l'extérieur de C.
Pour établir cette proposition, j'ai eu recours au calcul des limites de
Cauchy, après avoir remarqué que l'équation
(-) £^ + ï^ = ^^*-'.>-^
entraîne les inégalités, telles que
<>-[F(a-,v)],„
SÉANCE DU 29 MAI igoS. l44l
OÙ u est la solution de l'équation (2) qui s'annule sur la circonférence de
rayon R, le symbole ( j désignant le maximum (pour \/x- 4- v-:'^R) de la
série des modules des coefficients du développement trigonométrique
correspondant.
2. Il y a lin cas particulièrement intéressant. C'est celui où /est un polynôme du
, , . . àz âz df , „ . . . „,
second degré par rapport a -v— et -r— avec -r^ > o et ou 1 on sait a priori que 1 équa-
tion (i) admet au moins une solution régulière pour toute valeur finie de x et y (par
exemple z^=o). J'ai montré, dans une Note (') antérieure, que dans ces conditions le
problème de Dirichlet admet toujours une solution. Or la démonstration s'appuie
essentiellement sur la possibilité de limiter supérieurement les dérivées des deux pre-
miers ordres de s à l'intérieur d'une circonférence C, ainsi que sur la circonférence
elle-même, lorsqu'on connaît les deux dérivées premières de z par rapport à l'arc de
cette circonférence. Par conséquent, dans ce cas notre théorème se réduit simplement
à ceci :
Une surface satisfaisant à l'équation {i) ne peut pas a^'oir de bords naturels ana-
lytiques.
Ce cas présente d'ailleurs d'autres analogies avec les fonctions harmoniques sur
lesquelles j'aurai encore l'occasion de revenir.
3. Si à la place de l'équation (1) nous considérons l'équation
d-z
(3) Ag-f-2B;^-.cg = l. (AC-B^>o),
où A, B, C, D sont des fonctions analytiques de x, v, z, ^, ^, notre
■' ' ■ dx dy
théorème subsiste encore. Seulement, si l'on veut se débarrasser de l'hypo-
thèse parasite de l'existence des dérivées troisièmes, on est obligé de com-
pléter en quelques points la théorie des équations linéaires à coefficients
non analytiques.
J'ai commencé cette étude par l'examen de l'équation (3) dans laquelle
Yi^oc, y), au lieu d'être supposée finie, est comparable à '- -■, où oc <^ 2.
On constate que ce cas ne se distingue pas essentiellement de celui
où y. = o. Une première application que j'ai faite de cette étude est la
démonstration que toutes les solutions de l'équation (3) admettant des
(') 24 octobre 1904. Dans celte Note j'avais fait une hypothèse supplémentaire dont
je suis parvenu à me débarrasser.
l442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dérivées finies des deux premiers ordres sont analytiques. Je rappelle que dans
ma Thèse j'ai été obligé d'admettre l'existence des dérivées troisièmes.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'inlerpolation des fonctions continues par
des polynômes. Note de M. Martin Krause, présentée par M. Emile
Picard.
Le but de cette Note est de construire effectivement les polynômes
P^,y(a?) qne M. Borel définit dans ses Leçons sur les fonctions de variables
réelles et les développements en séries de polynômes , |)age 80.
Au lieu d'une fonction /(a;) définie et continue entre o et i, considérée
par M. Borel, choisissons une fonction définie et continue entre o et -, et
posons
n.=i2;/(f)^-^'^-^-
Introduisons les fonctions —
pour
pour
pour
'1 " -^
ou aussi que le polynôme
Y',Jx) = - A., — -f- A, fi - . . . ± A.,„ -^
wv / - t .2 '41 -'"2m!
représente la même fonction (fpg(^) avec l'approxim ation -^^■
Les constantes Aon,+o. s'écrivent
'^1[-
et conduisent aux sommes de la forme
S = COS?<.I-'^+ COS2?<.2-'' +. . .-1- C0S(/— l)?/(/— l)-'^,
quej'ai traitée dans mon travail : Ziir Théorie der ultra-bernoullischen Zahlen
und Functionen {lierichte der Leipziger Geselhchaft der Wissenschaften, 1 90 -2) .
Il s'ensuit la représentation (p. 169)
S = ^ rcos/^B':;,//, " ) + isin/uB;^//, ^) 1,
ou aussi, pour l=zq^,u = — :
Les fonctions K^,,(', u) sont définies par l'équation
l4/|4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OU aussi par
où l'on a posé
Nous aurons donc pour A^^^^^ l'expression
2c„s„.j-cos,.B:,[,-,5ii±i)i]
(Voir aussi Volterr.v, Rendiœnli del Circolo juat. di Palermo, 1897, et
Lerch, Actamal., t. XX Vil.)
ÉLECTROTECHNIQUE. — Fabrication électrolytique de fils métalliques très fins.
Noie de M. Henri Abraham, présentée par M. J. VioUe.
J'ai employé un mode opératoire assez voisin du procédé de fabrication
des fils de platine dits à la Woltaston, et qui est bien connu.
Le fil dont on veut diminuer la section est pris comme électrode positive dans
une électrolyse ; on mesure de temps en temps sa résistance électrique, et l'on
arrête le courant quand la section du fil a atteint la imleur voulue.
Le courant est amené à la fois aux deux bouts du fil par des tiges métalliques aux-
quelles le fil a été soudé. On a soin que ces tiges ne plongent pas dans le bain électro-
lytique pour éviter la formation de couples locaux. Le fil pend librement en dessous de
ces tiges, et il est maintenu dans le bain par deux crochets de verre auxquels on donne
une forme en col de cygne, afin que, lorsque l'on retirera le fil, il ne se produise pas de
lame liquide dont la tension superficielle pourrait amener la rupture du fil.
L'expérience se fait commodément dans une cuvette photograjjliique en porcelaine
où le fil est très visible. Le fil, les tiges métalliques et les crochets de verre sont fixés
sur un support en ébonile dont la forme est facile à concevoir.
Le bain doit être très dUué, afin que sa résistivité soit très grande, et que,
par conséquent, le courant se distribue uniformément sur toute la longueur
du fil sans qu'il soit besoin de donner aux deux électrodes une position re-
lative rigoureu-sement définie. Presque toute la résistance du liquide se
trouve en effet au voisinage immédiat du fil fin.
SÉANCE DU 29 MAI igoS. l445
On peut employer, comme bain, de l'eau distillée contenant quelques
millièmes de son poids de sulfate de cuivre, pour le traitement des fds de
cuivre, ou bien une quantité analogue de nitrate d'argent pour le traite-
ment des fils d'argent.
V opération doit être conduite très lentement, afin que le sel métallique qui
se forme autour du fil ait le temps de se diffuser dans le bain. Faute de cette
précaution, le régime de l'électrolyse devient instable. Là où, par hasard,
le courant aura été trop fort, il se sera formé un excès de sel; le bain y est
donc devenu trop conducteur, le courant y augmente, et le fil est bientôt
coupé. Si on laisse, au contraire, assez de temps au sel formé pour qu'il
puisse se diffuser dans le bain, le régime de l'électrolyse est stable. Ce
sont, en effet, les parties les plus épaisses du fil qui sont rongées de préfé-
rence, puisque c'est au voisinage de ces points que la résistance de la
couche liquide voisine est la plus faible.
Les intensités de courant qui conviennent sont de l'ordre du centième
d'am|)ère par centimètre carré de surface de fil. On diminue l'intensité à
mesure que le fil devient i)lus fin : la fabrication d'un bon fil peut durer
une demi-heure.
Voici deux exeni[)les de résultats très faciles à obtenir et qui sont loin
d'être à la hmite de ce que l'on peut faire :
Nous caractériserons chaque fil par le couple nécessaire pour en tordre une longueur
de I"" d'un angle de ^-^'^j^- de radian, qui correspondrait à une déviation de i'"'" à i™.
1° Fil de cuivre rond, diamètre initial 21!^. Le traitement électrolytique a été continué
jusqu'à ce que sa résistance fût devenue /;,■'' f"i' plus grande :
Valeur du couple avant traitement 0,00060 dyne-centimètre
Valeur du couple après traitement o,oooo3 dyne-centimètre
2° l"il plat en bronze phosphoreux ayant près de -^ de millimètre de large sur un
peu plus de -^^ de millimètre d'épaisseur. Le traitement électrolytique a été continué
jusqu'à ce (|ue sa résistance fût devenue 12 fois plus forte :
Valeur du couple avant traitement 0,008 dyne-centimètre
Valeur du couple après traitement 0,00006 dyne-centimètre
J'ajouterai encore que les fils traités avec les précautions indiquées con-
servent une homogénéité suffisante pour qu'on puisse calculer approxima-
tivement leur nouvelle charge de ru])tnre tout simplement en divisant leur
charge de rupture ancienne par le rapport de leur résistance électrique
acluelle et de leur résistance électrique initiale.
G. t;., igoD, I" Semestre. (T. CXL, N° 22.) lf^5
'416
ACADEMIE DES SCIENCES.
PHOTOGRAPHIE. - Sur Virradiaùon langenliclle.
Note de M. A. Guébhard, présentée par M. Lippmann.
En attribuant comme origine aux phénomènes inexpliqués du silhouet-
tagephotographiquerirradiationtangenlielle('),demêmequesirW.Abney
avait attribué à l'irradiation normale les auréolements dits de haloÇ-), j'ai
peut-être insuffisamment fait ressortir l'importance que peuvent prendre
les premiers, même séparés, autant qu'il est possible ( = ) des seconds^
comme on y arrive en opérant sur pellicule mince ou sur papier.
La figure i reproduit en fac-similé à peine réduit le photogramme ou
épreuve positive (négatif du négatif original) de deux portions "réunies de
phototypes (vitroses Lumière) demeurés exposés pendant toute la journée
du 8 avril igoS, à la lumière directe d'un ciel très clair, à Suint-Vallier-de-
I ') Comptes rendus, t. CXL, i3 mars igoô, p. 71.J.
{-) Cap. Abney, On photographie irradiation, Philos. Magaz.. 4= série, t. L, i8-.3,
p. 46-52. ' ' / »
(') Séparation qui est peut-êire une cumulation, car, en supposant même que le
subslratum de la couche sensible absorbe une quotité notable de l'énergie lumineuse,
il est certain que sa surface renvoie par irradiation diflfuse une bonne part de ce qu'on
l'empêche de renvoyer par réflexion et réfraction. Quant à ces deux dernières elles
sont encore notables avec les vitroses et c'est à elles que sont dues les apparences de
trij.le maximum et minimum do la zone de silhouettaee.
SÉANCE DU 29 MAI igoS. '44?
Thiev (Upes-Mantimes; altitude 720-) sous une cache graduée translucide
de o à n épaisseurs de pap.er blanc écolier, du poids de 0^69 au décimètre
carré, dont ds étaient eu partie séparés par une c^che opaque eu pap.er
émail noir, fenêtrée de trous circulaires d'un peu moms de .-de d.amet. e.
Dévelop,>ement d'une heure, en dilution décimale de métoqmuoue.
Le bol-d mféneur de la figure montre, de gauche à droite, 1 échelle des lu-
mières montante jusqu'à un certain maximum, puis descendante, et encore
remontante sur la bande exposée à nu ('), conformément a la figuratu^n
que nous avons récemment donnée de la fonction photographique (-)• Sur
la partie protégée par la cache noire, ce qui frappe le plus, c est naoïns l em-
piétement conside.^ble des phénomènes d'irradiation et les transformations
prévues du silhouettage résultant, du noir au blanc (^), que la grande dif-
férence de leur extension à partir des circonférences ou des bords droits :
différence facile à comprendre, puisque la même énergie qui s epand dans
un cas sur un rectangle s'étale en éventail dans l'autre, sur une portion de
zoneélémentaire, et ne devrait, dans l'hypothèsed^^ane répartition uniforme,
y atteindre qu'à une distance égale à r (^1 + ^^ - i) , si r est le diamètre
de l'ouverture circulaire etjla distance d'uradiation à partir du bord droit :
formule sensiblement vérifiée par la figure i ('). ,■ inn...
Mais de là résulte aussi l'impossibdité d'appliquer au calcul des distances
une simple loi d'émission unicenlrale ( " ), ainsi que l'avait fait Abney, qui
après avoir été conduit, par les figures . et 3. à une équation de la fo.me
Y_l '■"' ^. la même pour l'une et l'autre irradiation, ne put jamais
obteni*r;;oÏÏrirradiation tangenlielle, les excellentes vérifications expéri-
mentales de l'irradiation vitreuse. C'est que l'autre opère certainement u-
le sel sensible d'une manière très différente de celle qu on a coutume d attri-
(.) Nous avons, depuis lo.-s, malg.-é des circonstance, météorologiques défavorables
obtenu des réascensiLs bien plus complètes, mais sans arriver encoie a depasseï
franchement le second maximum.
C2\ rntnnip'i rendus t CXL, i5 mai iQoS, p. i334. ., , .
M E^^lîÎ^lSrement par d'autre^ù, sans faire varier l'intensité d'éclairement,
nous avons observé les variations de x en fonction de r.
rM II semble «u'il y aurait lieu surtout de tenir compte, pour la marche des
ra ois dit^olLIe molécules transforméesen centres secondaireseldea^^^^^^^^^^^
à laqu lie, en supposant une distribution hexagonale des particules opaques, en.en e
des parallaxes fermerait le cercle à l'irradiation. Les dimensions des -lecule, ^hc
ne sont pas du tout négligeables par rapport à leurs distances, non plus que
réflexions multiples à l'intérieur de la couche sensible.
(448
ACADÉMIE DES SCIENCES.
buer à la lumière. S'agissant de celle-ci, chacun penserait que deux rayons
tombés sur un grain de bromure y devraient superposer toujours leurs
actions, quelle que fût leur direction; or, vaguement sur la figure i, mais
très nettement sur beaucoup d'autres faites dans ce but spécial, on distingue,
à la rencontre des champs d'irradiation, une répulsion caractérisée. La
bissectrice d'un angle est ligne neutre. Deux cercles en se rapprochant, au
lieu de se fondre en courbes lemniscatiques, se dépriment : non pas tout à
fait (du moins n'ai-je pu encore l'observer) suivant la formule potentielle
des forces centrales en raison inverse du carré de la distance, mais très
nettement, avec une ligne minimale intermédiaire. Serait-ce donc que
l'énergie irradiante serait de la nature des radiations électriquement pola-
risées, portant en elles une cause de répulsion réciproque? Ou bien serait-ce
que deux actions arrivées en ligne droite sur le glomérule, mais en sens
opposés, s'annuleraient? Malgré l'attrait de la première hypothèse, un détail
d'observation semble corroborer la seconde. Lorsqu'on examine à la loupe
une irradiation centrale, on la voit formée de vraies émissions rectilignes,
mais non de rayons continus : d'une série de points très noirs, suivis excen-
triquement d'une sorte d'ombre lumineuse, projetée en pointe effilée,
comme si l'effet photographique de la force irradiante ne se produisait
qu'au delà du point de choc, par une projection matérielle de particules
détachées des orbes moléculaires, ou par la simple élongation de ceux-ci.
On concevrait alors que deux chocs contraires, mais ne dépassant pas la
limite de compressibilité du microcosme atomique, s'annulassent purement
et simplement. Les deux hypothèses, mécanique et électrique, ne sont,
d'ailleurs, point exclusives l'une de l'autre, ni même de celle des forces
centrales à potentiel, et leur importance, qui dépasse de beaucoup la simple
théorie de l'acte photographique, justifiera certes des observations nou-
SÉANCE DU 29 MAI igoS. l449
velles. Les deux hypothèses ne sont pas absolument exckisives l'une de
l'autre, ni même de celle d'une force centrale à potentiel. Et si tel est le
mode d'action de la lumière à l'intérieur de la gélatine, qui oserait affirmer
qu'il n'en soit pas de même à la surface? La question dépasse tant la portée
du simple acte photographique qu'elle justifiera, certes, des observations
nouvelles.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherche du phosphore blanc libre dans le sulfure
de phosphore. Note de M. Léo Vignon, présentée par M. H. Moissan.
Le sulfure de phosphore industriel est employé depuis quelques années
par les manufactures nationales de l'État français à la place du phosphore
blanc dans la fabrication des allumettes ordinaires s'enflammant partout.
Depuis l'adoption de ce produit la nécrose phosphorée semble avoir dis-
paru des manufactures françaises.
Pour que ce résultat s'obtienne d'une manière constante, il est essentiel
que le sulfure de phosphore employé soit exempt de phosphore blanc libre.
Par suite, la recherche du phosphore blanc libre dans le sulfure de phos-
phore industriel, et par extension dans le phosphore rouge, constitue un
problème analytique important pour l'hygiène des manufactures : mes
recherches ont eu pour but de résoudre ce problème.
Le sulfure de phosphore industriel correspond à la combinaison P* S'.
Le produit pur est un corps solide jaune pâle, cristallisé, fondant à lOG^-iSy";
on l'obtient, dans l'industrie, par réaction directe du phosphore rouge et
du soufre à température convenable.
J'ai trouvé pour la composition moyenne du sulfure de phosphore in-
dustriel :
Sulfure de phosphore P*S' 92,35
Soufre (en excès) i , i3
Phosphore amorphe (en excès) i ,06
Acide phosphorique 2,81
Acide sulfurique i , 02
Eau, sable, non dosé i ,63
100,00
En vue de la recherche du phosphore blanclibre, j'ai réalisé divers essais
comparatifs qui ont porté : a, sur du sulfure de phosphore P*S' chimi-
quement pur; b, sur du sulfure de phosphore industriel; c, sur du phos-
phore blanc fraîchement purifié.
l45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le sulfure de phosphore industriel agité et fnitté dans un mortier au contact de l'air,
étant examiné dans la chambre noire, ne donne ni phosphorescence ni odeur. Chauffé
vers Sc-^o" il émet des vapeurs qui noircissent le papier à l'azotate d'argent, mais
aussi le papier à l'acétate de plomb.
Les points de fusion sont : sulfure pur 167°, sulfure industriel i65''-i67°.
La méthode Mitscherlich (distillation avec l'eau) a été expérimentée a\ ec les trois
produits. J'ai observé des lueurs dans les trois cas, quoique le sulfure pur ne contienne
pas de phosphore blanc libre.
L'étude de la distillation du sulfure pur montre qu'une partie du sulfure est entraînée
pendant la distillation; une fraction du sulfure entraîné est décomijosée, en donnant
des lueurs pouvant être attribuées à du phosphore blanc libre; en dosant ces différentes
fractions j'ai obtenu :
Sulfure soumis Su I l'un- Sulfure Sulfure
à la distillation, non i-nlrainé entraîné. décomposé.
Sulfure pur P' S'.. . . 0,9345 o,.j'|i3 0,06^2 o,o36
Le volume initial de la liqueur étant 3.5o'="'', et celui du dislillatum 25o'"''.
La méthode des dissolvants ne permet de tirer aucune conclusion précise sur la pré-
sence du phosphore blanc libre.
Celle des points d'ébullition, sous pression réduite, peut donnerquelques indications
utiles mais peu sensibles.
En effet, sous 3o""" de pression, on a :
Points d'ébullition.
Sulfure pur 25o°-254°
Sulfure industriel 25o°-2.54°
Sulfure pur + 2,6^ pour 100 phosphore blanc. i6o°-26o'>
» +1,80 » » monte lentement à 2.J0"
Recherche du phosphore par l'hydrogène. — En plaçant les sulfures dans l'appa-
reil à hydrogène suivant les prescriptions de Blondlot, j'ai obtenu dans tous les cas
une réaction positive, ce qui n'aurait pas dû se produire avec le sulfure pur.
Ce fait s'explique par la décomposition du sulfure pur dans l'appareil à hydrogène :
le poids de ce sulfure avait en effet diminué de 7 pour 100, le point de fusion s'était
abaissé à i48°-i52°.
Mais, si l'on fait passer un courant d'hydrogène pur(Dalmon, Neubauer) sur le sul-
fure de phosphore, le sulfure de phosphore ne subit pas de décomposition, et le phos-
phore blanc libre se décèle facilement. La réaction est très nette.
Le sulfure pur, le sulfure industriel ont donné une réaction négative. Le sulfure pur
additionné de 2 pour 100 de phosphore blanc libre fournit au contraire une réaction
positive. La proportion de phosphore peut être abaissée beaucoup, sans que les indices
disparaissent: phosphorescence de l'hydrogène examiné dans la chambre noire, com-
bustion avec flamme verte donnant de l'acide phosphorique qui peut être condensé et
caractérisé.
En résumé la présence du phosphore blanc libre dans le sulfure de phos-
phore insdustriel ne peut pas être caractérisée parla méthode Mitscherlich,
SÉANCE DU 29 MAI igoS. I^Sl
mais elle est facilement mise en évidence par l'action d'un courant d'hydro-
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur une réaction à vitesses discontinues du sulfate
chromique vert. Note de M. Albert Colsov, présentée par M. G. Lemoine.
Dans le sulfate vert de chrome Cr-(SO')' que j'ai décrit {Comptes rendus .
1 janvier igoS) tout l'acide est en comJjinaison ; je l'ai constaté au calori-
mètre. De plus, en ajoutant 6"'°' KOH à la dissolution récente d'une molé-
cule de ce sulfate pur, il se décompose complètement en dégageant 57'^''', 2,
d'après mes expériences. Ce nombre correspond à 37*^^' pour la saturation
de l'hydrate chromique par l'acide 3S0'Jl- dilué, au lieu de 49^''',2 qu'in-
dique M. Berthelot pour la formation du sulfate violet. L'isomérie des
deux sels est donc établie, et, dans notre sel vert, l'acide est moins éner-
giquement fixé sur le chrome que dans le sulfate violet.
Ce fait, que je ne puis discuter complètement ici, semble indiquer que la
décomposition de notre sulfate est facile. En réalité, elle est irrégulière et
elle m'a comluit à étudier l'une des faces de la question des radicaux dissi-
mulés.
Notre sulfate vert Cr'(SO')^ 8H=0 (7, > H^O quand au vide on joint
l'action de l'anhytiride P^O'^) renferme, d'après sa synthèse, deux radi-
caux SO' dont la fixation sur le chrome diffère de celle du troisième
groupe SO'. A cette constitution dissymétrique doit répondre un dédou-
blement spécial. Et, en effet, l'addition de 1'"°' BaCl^ à la dissolution éten-
due de 1™°' Cr-(SO')' fournit un précipité immédiat avec un dégagement
de chaleur de 7^^',! 5 d'après mes mesures. D'autre part, l'addition brusque
de 2"'°' ou de 3™°' BaCl- à la molécule de sel chromique donne encore un
précipité immédiat, mais la liqueur reste indéfiniment trouble ('), impossible
à filtrer, et le dégagement de chaleur n'augmente pas sensiblement. Je
n'ai pas trouvé de nombre supérieur à 7'^''', 6 quand l'excès de chlorure de
baryum varie de 2 à 3 BaCl-; donc une seule molécule BaSO' se forme
immédiatement et les deux autres radicaux SO* sont dissimulés dans notre
sel.
Le sulfate chromique violet modifié par ébiillition présente une anomalie
(') Ce liquide trouble évaporé à froid dans le vide, 3 semaines après
abandonne BaCl- que j'ai pu séparer des sels de clirome par l'alcool.
l452 ACADÉMIE DES SCIENCES.
semblable, indiquée par MM. Favre et Valson et remarquablement précisée
par M. Recoura; mais notre sel, préparé dans la glace fondante, diffère
absolument des sels modifiés par la chaleur, en dehors de l'anomalie si-
gnalée.
Les radicaux sulfuriques SO^ non précipités par un excès de BaCl^ ne
sont pas comparables au cyanogène des ferrocyanures; car celui-ci est dis-
simulé à la faveur du fer qui lui-même perd ses propriétés. Dans notre sel,
au contraire, l'oxyde chromique conserve ses propriétés essentielles : il est
entièrement précipité par les réactifs, même à froid. Il n'est donc pas
admissible que la précipitation de l'acide sulfurique combiné à cet oxyde
cesse totalement après entraînement du premier radical SO*. Cela est
d'autant moins probable que la précipitation des autres radicaux SO* est
exothermique, de sorte que la réaction commencée doit être totale. L'ap-
parence contraire est due uniquement à des changements brusques variés
et considérables dans la vitesse de décomposition, mais non à l'annulation
réelle de cette vitesse : c'est ce que je vais établir.
1° Je me suis assuré qu'à l'ébullition toute discontinuité cesse : la décom-
position ilu mélange (SO'')'Cr^+ 3BaCl- est totale en quelques minutes;
2° La préci|)itation qui, vers i5°, semble limitée à la formation d'une
molécule SO'Ba, continue en réalité; car, en prélevant journellemeut 20"''
du liquide trouble qui surmonte le précipité et pesant le sulfate de baryte
produit par l'ébullition, j'ai vu que les poids décroissent quand le temps ou
quand la température augmente;
3° A température constante, une simple modification du mode opératoire
accélère la décomposition du mélange. Vers 18°, à une dissolution renfer-
mant au maximum un dixième de molécule Cr-(SO*)' par litre, ajoutons le
tiers du BaCl- nécessaire à la précipitation totale des 3S0^ : le précipité
correspondant de SO'Ba se dépose complètement en i heure. Rajoutons
alors un autre tiers de BaCP : le mélange des liquides se trouble à nouveau,
mais il s'éclaircit en quelques heures en déposant la totalité du baryum sous
forme SO*Ba. L'addition du troisième tiers BaCl" produit un effet analogue;
tandis qu'en ajoutant d'emblée les deux tiers ou tout le chlorure de ba-
ryum à la molécule de sulfate chromique, la liqueur reste indéfiniment
trouble, nous l'avons vu. Répétée sur des dissolutions plus concentrées,
l'expérience garde la même allure; mais la vitesse de décomposition est
ralentie en proportion du carré de la concentration.
Presque tous les corps à fonctions multiples offrent des exemples de dis-
continuité variable avec la température : acide phosphorique (Joly), ses-
SÉANCE DU 29 MAI igoS. l4-'53
quioxydes (Recoura), terres rares (E. Wyroiiboff et Verneuil); mais il
apparaît ici un autre genre de discontiniiilé, un changement de vitesse
à température constante dû à une modification opératoire, qui montre
bien que la lenteur d'une précipitation ne prouve rien touchant la con-
stitution des sels. La pratique de l'analyse prouve que la précipitation d'un
sulfate, d'un oxalate, etc. n'est pas toujours immédiate : il faut attendre
parfois un jour entier pour être certain d'une précipitation totale, souvent
même opérer à chaud. On n'en conclut pas que les premières portions
décomposées par le réactif sont autrement constituées que les dernières;
mais que l'ionisation, c'est-à-dire la décomposition par l'eau du sel et de son
réactif (décomposition indispensable pour former les éléments du préci-
pité), est plus lente à la fin qu'au début.
Cette explication classique rend également compte de l'influence si
considérable du mode opératoire sur la vitesse des réactions ci-dessus expo-
sées. La réaction
SO' = Cr\ SO^-Cr-Cl,
1 )SO'' + BaCl-^= SO'Ba+ _^ .,
SO' = Cr/ SO' = Cr-CI
donne un chlorosulfate dans lequel les deux atomes Cl remplaçant le radical
mobile SO^ participent de cette mobilité, c'est-à-dire s'ionisent facilement,
surtout dans un liquide exempt de chlore. L'ion Cl, ou si l'on veut l'acide IICI
dissocié par l'eau, réagissant sur la base du sel dissous, forme un chlorure
et donne finalement
3(S0')-Cr-Cl-=Cr=Cr' + (S0^)'Cr-;
de sorte que le sulfate tribasique régénéré précipite de nouveau par BaCP.
Au contraire, si le chlorosulfate se trouve au contact d'un excès de chlo-
rure de baryum, l'ionisation de ce réactif, augmentant la tension du chlore
dans la dissolution, s'oppose à la dissociation du chlorosulfate, où les deux
radicaux SO^ conservent sensiblement leurs propriétés, en particulier leur
lenteur d'ionisation. Cette explication trouve une confirmation dans les
mesures calorimétriques et dans les analyses chimiques que j'ai faites.
Après précipitation complète du premier radical SO" par BaCl^, l'addition
d'une nouvelle molécule BaCP dégage en effet 5^^', 2; ce nombre s'élève
à 7C»',3 par molécule si l'on ajoute seulement ^BaCP. De plus le liquide
résultant de la première précipitation, quand on l'évaporé à froid dans le
vide, fournit un solide qui, par l'alcool à 92", se sépare en produits chlorés
solubles et en sulfate chromique Cr-(SO'')" insoluble.
Semestre. (T. CXL, N» 22)
186
l45i ACADÉMIE DES SCIENCES.
En résumé, la dissimulation d'ua radical est un iait qui se rattache à la
notion de vitesse des réactions introduite en Chimie par M. Berlhelot et dont
M. Lemoine, MM. Giddberg et Waage ont déjà tiré tant de beaux résultats.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques propriétés physiques du propane.
Note de M. Pacl Lebeau, présentée par M. H. Moissan.
Le j)ropane, découvert par M. Berthelot (') dès iSS^, dans ses recher-
ches sur sa méthode universelle d'hydrogénation, a été rencontré ensuite
dans les pétroles d'Amérique par Ronald s (") et par Lefebvre (^).
Les constantes |)hysiqu es du propane ont fait l'objet d'un certain nombre
de déterminations. Mais il existe entre ces doimées de telles divergences
que nous avons cru devoir reprendre quelques-unes d'entre elles.
En utilisant le procédé général de préparation des carbures que nous
avons antérieurement décrit (*), nous avons obtenu de grandes quantités de
propane pur. Des échantillons de ce gaz ont été préparés en partant soit
de l'iodure de propyle, soit de l'iodure ou du chlorure d'isopropyle. Les
dérivés halogènes utilisés avaient été préalablement purifiés avec soin.
Point d'ébulluioii. — Le point d'ébullition du piopaue que l'on trouve le plus sou-
vent mentionné dans les Traités de Chimie organique est — 17°. En 1889, M. 01s-
zewski C*) donna, comme point d'ébullition d'un propane préparé par la méthode de
Schorlemmer, —45°. Une nouvelle détermination fut faite en iSgS par M. Hainlein C)
sur un gaz obtenu en utilisant la réaction de Kôhnlein: action de l'iodure de propyle
sur le chlorure d'aluminium en tubes scellés à i3o° pendant 20 heures. D'après cet au-
teur le point d'ébnlition serait — Z']".
Nous avons fait plusieurs séries d'expériences, en soumettant à l'ébullition sous la
pression atmosphérique plusieurs centimèti-es cuJjes de propane liquide. La température
était donnée par un galvanomètre relié à un couple fer-constantan dont la graduation
avait été préalablement faite avec un thermomètre étalon à éther de pétrole. L'aiguille
du galvanomètre est restée rigoureusement fixe pendant toute la durée de l'ébullition.
( ') Berthelot, Ann. Ch. Ph., 3° série, t. LI, 1857, P- '**'•
(■-) RoNiiDS, /. chein. Society, Lond.^ 2"= série, t. lll, 1869, p. 54.
(^) Lefkbvre, Comptes rendus, t. LXVII, 1869, p. i352.
(*) Lebeau, Comptes rendus, t. CXL, igoS, p. 1042.
(°) Olszew'ski, Bulletin international de l'Académie des Sciences de Cracovie,
S89.
(") Hainlein, Ann. Chem. Pharm. Liehig, t. CGLXXXII, 1895, p. 245.
SEANCE DU 29 MAI
Mous avons obtenu les résultats suivants :
1905.
1455
Propane de l'iodure de propyle normn
Propane de l'iodure d'isopropyle . . . ,
Propane du clilorure d'isopropyle. . . .
-.'■.4,5
-14,5
H — 767
Nous avons reconnu que ce dernier échantillon renfermait des traces de chlorure
d'isopropyle. Après une nouvelle purification, nous avons fait une seconde détermi-
nation qui nous a encore conduit au même point d'ébullition : — 44°, 5. En dehors de
toute erreur imputable à une mauvaise graduation, un fait, {|ui permet de rejeter
absolument le point d'ébullition — 87°, est que le mercure est solide dans le propane
liquide.
Point de solidification. — M. Olszewski avait observé que le propane était fluide
à la température de — i5i°. En condensant ce gaz dans un tube à essai plongé dans
l'air liquide récemment préparé, nous avons reconnu que le propane était encore net-
tement liquide et ne présentait pas de viscosité apparente. Le point de solidification
du propane est donc inférieur à — igS".
Température et pression critiques. — • Le point critique a été trouvé par M. Ols-
zewski comme étant 97° et la pression critique ^a'"". M. Hainlein a été conduit à
adopter, comme température critique, 102°. Nos déterminations, faites avec l'appareil
de M. Cailletet et aussi en observant la disparition du ménisque dans un tulbe scellé
contenant du propane liquide, nous ont donné sensiblement les mêmes résultats que
ceux observés par M. Olszewski. Il nous a été ici facile de vérifier que la température
critique 102° est inexacte en constatant que, soit dans le tube de l'appareil Cailletet,
soit dans le tube de Natterer, il n'existe aucun ménisque à la température de l'eau
bouillante : la disparition du ménisque se produisant nettement à 97°, 5.
Solubilité. — Nous avons, en outre, fait quelques observations concernant la solu-
bilité du propane dans différents liquides. A 17", 8, looi'"' d'eau dissolvent G''"', .5 de
gaz. H = 753"«"".
Nos autres résultats sont consignés dans le Tableau suivant :
Alcool absolu
Éther
Chloroforme
Benzine
Essence de térébenthine
Le propane liquide dissout l'iode, en se colorant en violet, dans le voisinage de
température d'ébullition.
Conclusions . — Le propane pur bout
'ression
Vol
lûmes de gaz
lillimètres
dissous
mercure.
Température.
dans io"i d'eau.
754
16,6
790
7->7
id.
926
id.
21,6
1399
id.
21,5
l452
id.
17,7
1.58-
température de —44°. 5. La
l456 ACADÉMIE DES SCIENCES.
température critique est 97°, j et la pression critique est de 45-'''™. Ces dé-
terminations sont très voisines des résultats obtenus antérieurement par
M. Olszewski.
Le propane est soluble dans un assez grand nombre de réactifs et cette
sohibilité est pUis grande que dans le cas du méthane et de l'éthane.
Enfin, le propane est encore liquide à —195°; nous ajouterons que
l'éthane pur préparé par notre procédé est aussi liquide à cette tempé-
rature.
Il est intéressant de rapprocher ces résultats de ce fait que le méthane,
premier terme de la série des carbures saturés, prend l'état solide et cris-
tallise à — 184° d'après les déterminations de M. Olszewski, confirmées
récemment par MM. Moissan et Cha vannes (').
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le méthylacétylcarbinol. Note de M. André Kling,
présentée par M. Troost.
Le méthylacétylcarbinol ou métbylacétol CH'COCHOHCH' fut décou-
vert par Pechmann (-) dans les produits de réduction du biacétvie par le zinc
et l'acide sulfurique et fit l'objet d'un travail de Vladesco (') qui l'obtint
dans la saponification de CH'COCHClCH' parla potasse ou la soude alcoo-
liques.
Il m'a paru intéressant, pour servir de com|)lément aux recherches que
j'ai publiées antérieurement (^) sur l'acétol et le propionylcarbinol, de
reprendre l'étude de ce composé et de comparer ses réactions à celles des
cétones mono-alcools primaires.
Le produit sur lequel j'ai opéré a été préparé par la méttiode indiquée par Vladesco
et, pour le purifier, j'ai utilisé la propriété qu'il jjossède de se polymériser en présence
du zinc en une masse cristalline insoluble dans l'élher et qui, après lavage à l'aide de ce
liquide, régénère le méthylacétol parfaitement pur par simple distillation.
J'ai constaté que le mélhjlacétol pouvait encore être obtenu par oxydation du bula-
nediol 2.3 CH'.CHOH CHOHCH^ sous linfluence des bactéries oxydantes telles la
bactérie du sorbose et le mycoderma aceti. Ces oxydations marchent régulièrement lors-
qu'on les effectue dans des bouillons d'eau de levure contenant 3 à 5 pour 100 de gly-
(') Moissan et Chavannks, Comptes icru/us, t. CXL, lyoS, p. 407.
(') Pechmann, Bericlit., t. XXIII, p a/lai.
(^) Vladesco, Bul. Soc. chim., 3' série, t. VI, p. Sio.
(*) Kling, Comptes rendus, t. GXXXV, p- 23i; t. CXL, p. io4o.
. . SÉANCE DU 29 MAI igoS. l/iSy
col. Elles aboutissent à la transformation de la moitié, au [)lus, du glycol en métliyl-
acétol; le résida non fermentescible est formé par l'énantiomorphe droit qui a été isolé
et qui a fourni au polarimèlre une déviation de 2° (pour i''"'). L'alcool cétonique a
donc été produit aux dépens de la forme à pouvoir rotatoire gauche.
Je reviendrai ultérieurement sur celte oxydation biochimique du butane-
diol 2.3 pour en préciser davantage le mécanisme.
Le méthylacétol est un liquide à odeur agréable bouillant à i44°-i45°;
sa densité dH = i ,0108 et son indice de réfraction «,5 = 1 ,4i94-
Ainsi que l'ont montré Peclimann et Vladesco, il réagit sur la phénylhydrazine et
sur la liqueur de Fehiing qu'il réduit en se transformant lui-même en acide acétique.
J'ai en effet constaté que la réaction de Gu(OH)- sur les solutions aqueuses et alca-
lines de méthylacétol ne fournit pas d'autres acides que l'acide acétique; de plus, si
l'on détermine la quantité de cuivre réduite à l'état d'oxydule dans l'action d'un excès
de liqueur de Fehiing sur i^de méthylacétol, ou constate qu'elle est de 26,85 alors que
celle calculée d'après l'équation
CIPGOCHOH.CH^-f- 2() = aCH'COMl
serait de 28,87.
La semicarbazide, en solution aqueuse, se combine immédiatement au méthylacétol
pour donner une semicarbazone de propriétés normales (différence avec le propionyl-
carbinol), bien cristallisée, peu soluble dans l'eau et fondant à i84°-i85<'. Cette com-
binaison est précieuse pour l'identification du méthylacétol et pour son extraction de
liqueurs étendues (en particulier dans le cas où il provient de la fermentation du bu-
tanediol).
Le méthylacétol se combine avec le bisulfite de soude pour donner un
/O H
composé cristallisé répondant à la formule CH'C CHOH — GH',
SO^Na
soluble dans l'eau, insoluble dans l'élher.
La réduction du méthylacétylcarbinol par les amalgames de Na ou de Al
fournit de la bulanone, ilu butanol -i et du butanediol 2.3 avec un ren-
dement de 12 à i5 pour 100 en alcool et cétoneet de 21 pour 100 eu glycol.
Nous en conclurons donc que, de même (|ue l'acétol et le propionylcar-
binol, le méthylacétol existe dans ses solutions aqueuses sous une forme
,OH
oxydique CH'C- -CH — CH^ taulomère de la forme cétonique
\ O /
CH'COCHOHCH^ — Le méthylacétol anhydre paraît, du reste, être un
mélange de deux tormes tautomères. — En effet, son indice de réfraction
moléculaire, déterminé d'après les données indiquées ci-dessus, est 21,826,
l458 ACADÉMIE DES SCIENCES. .
tandis que les valeurs de cet indice calculées pour les deux formes sont
respectivement
22,216 ponr CH^COCHOH.CH'
/OH
21,612 ). CIPC^- ^CFI-CH\
■ O^'
L'existence dans le produit anhydre de la forme oxydique permettrait
peut-être d'expliquer pourquoi le méthyhicélol abandonné à lui-même se
transforme en un dimére fondant à 127°-! 28° tandis qu'en présence de Zn
c'est un autre dimère fondant vers 90" qui prend naissance. Il est possible
que l'un de ces dimères soit la combinaison d'une molécule de méthylacé-
tol oxyde et d'une molécule célonique, tandis que l'autre résulterait de la
polymérisation de molécules d'une seule et même forme. Ou encore
qu'entre les deux dimères il y aurait les différences exprimées par les
schémas suivants :
OH H H ()H
C1J3— G — C — CH^ CIJ'— G — G — CU^
O O et 00
CH'— G — G — CH' GIF — G — G — GH>
on H 01! II
C'est un point que je cherclieà élucider.
Le métliylacétol ne se combine pas à l'alcool méthylique par chauffage,
même en présence d'une trace de HCl; sa solution aqueuse se colore par
les alcalis, surtout à chaud.
On voit donc que cet alcool cétonique secondaire possède des réactions
générales comparables à celles de l'acétol et du propionylcarbinol.
J'ajouterai enfin qu'en liquide Raulin le méthylacétol substitué au sucre
y est brûlé par le pénicillium glaucum qui commence par attaquer à l'énantio-
niorphe gauche, puis ensuite fait disparaître le droit.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l' oxyde-demétlioélhénylbenzène{méÛ\y\sly ro\ène).
Note de M. Tiffeneau, présentée par M. A. Haller.
Une courte Note du professeur Riages parue dans le dernier Bericht de la
Sociéié chimique allemande (p. 1969) m'oblige à publier de suite la partie
SÉANCE DU 29 MAI igoS. 1439
personnelle d'un travail d'ensenïble enlrepris en collaborât ion avec M. Four-
neau (')sur les oxydes d'élhylène. Ce travail de collaboration comprend
l'étude générale des oxydes d'élhylène : préparation, catalyse, action des
dérivés organomagnésiens, etc.; toutefois, tandis que M. Fourneau s'est
réservé personnellement l'action des aminés, j'ai, de mon côté, étudié spé-
cialement les oxydes d'éthylène aromatiques dissymétriques, dont le repré-
sentant le plus simple, l'oxyde de méthoéthénylbenzène, rentre dans le
cadre de ma Thèse sur le méthoéthénylbenzène et sur les migrations mo-
léculaires de ses dérivés.
L'oxyde de méthoélliénylbenzène se prépare soll par action de la potasse aqueuse (^)
à rébuUitioii sur la chlorhydrine du méthoélhenylljenzène obtenue elle-même par ac-
tion de la chloracétone sur le bromure de phénylmagnésium, soit encore en agitant assez
longtemps avec de la potasse sèche pulvérisée une solution éthérée de l'iodliydrine du
méthoéthénylbenzène; cette dernière méthode est générale, car elle s'applique à tous
les carbures arcimatiques : styrolène, allylbenzène, etc.
Cet oxj'de se forme encore par action du sodium métallique sur la solution éthérée
de la chlorhydrine ci-dessus :
2C«H»- C(OH) (Clin — CH^^Cl -H aNa = a^aCl -\~ 2H -+- aC^fP- CCCH') - CHK
\ /
0
L'oxyde de méthoéthénylbenzène bout vers 84''-C''H=-C = C-CH%
il en est de même de la formation de tolane (■^) à partir du phénylchlo-
rostyrolène.
Les antres oxydes d'éthylène 1.2 que j'ai préparés subissent |)his diffici-
lement cette isomérisation; les oxydes d'éthylène i.3 ne se transforment
ni par la chaleur ni par les acides.
Traité par le bromure de phénylmagnésium, l'oxyde de méthoélhényl-
benzène donne l'alcool secondaire G'H'— CH(CH') — CHOH — C°H*
bouillant vers iSS^-igo" sous 20™™. Toutes ces recherches sont poursuivies
en ce qui concerne les oxydes d'éthylène homologues.
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèses dans la série anlhracénique . Condensation
des dérivés du benzodihydrofurfurane en dérivés anthracéniques •^sub-
stitués. Note de MM. A. Guyot et J. Catel, présentée par M. A. Haller.
En poursuivant l'étude des dérivés du benzodihydrofurfurane décrits
dans nos précédentes Communications ('), nous avons observé que ces
composés se condensent très facilement, sous l'influence de l'acide sulfu-
rique concentré, en dérivés y substitués de l'anthracène et de son hydrure.
Indépendamment de l'intérêt théorique que présente cette réaction, il
importe de faire remarquer qu'elle constitue actuellement le procédé de
préparation le plus commode d'un grand nombre de dérivés anthracé-
niques y substitués.
(') TiFFENnAi:, Comptes rendus, t. CXXXV, p. 1848.
(2) BuTTENBERG, Ltebig's Anncilen, t. CCLXXIX, p. 828.
(=') A. Guyot et J. Catel, Comptes rendus, t. GXL, 1900, p. 254 et i348.
SÉANCE DU 29 MAI igoS. l'iôl
Le mécanisme de cette condensation peut s'expliquer très simplement.
Il Y a d'abord fixation d'une molécule d'eau sous l'influence de l'acide
sulfurique concentré, avec rupture du noyau furfuranique et formation
d'un produit d'hydralation intermédiaire :
/ \ \c/
H C« H^ I
qui se condense ensuite en dérivé anthracénique par la réaction bien
connue :
/ OH *^""' /C\
\ I /OH Ç
A l'appui de celte interprétation, nous mentionnerons que nous avons
également observé la transformation en dérivés anlhracéniques de ces
produits d'hydratation dont nous admettons la formation transitoire et que
nous avons décrits dans nos précédentes Communications.
Bien qu'on puisse faire agir l'acide sulfurique sur les composés lurfura-
niques solides et finement pulvérisés, il est cependant plus avantageux
d'o|)érer au sein d'un véhicule neutre :
On dissout une partie du dérivé furfuranique dans 5 à 10 parties de benzine pure,
on ajoute 3 parties d'acide sulfurique concentré et l'on agite énergiquemeiil. La con-
densation est terminée après quelques minutes de contact. On étend d'eau, on dé-
cante, on sèclie el l'on filtre la solution benzénique qui abandonne par évaporation
des cristaux du composé anthracénique cherché.
Nous avons pu transformer ainsi :
Le triphényl-a . a'-benzo-fi . [i'-ddiydro-y. . x'-furfurane
G» H'/ ^0
GH-G'
H-
(T. CXL, N" 22.)
C. R., 1905, I" SemeHve. (T. CXL. N" 22.) 1^7
l462 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en diphénylanthracène :
\c(
Le diphényl-a . a'-benzo-fi . fi'-dihvdro-x . z'-furfiirane
CH — C'H'^
C«H'( )0
et son isomère, le diphényl-a. x-benzo-S.fi'-dihydro-x.a.'-furfurane
GH-
c
en phénylanthracène.
Le tétraphényl-a,.a'-beiizc)-p.p'-dihydro-a.x'-fuifiirane diméthyl-amidé :
G
G'IP-^^C/H'-NCCH')-
en son isomère, le dérivé diméthylamidc du dihydrure d'anlhracène
y-lriphénylé-y-hydroxvlé :
C
G .
HO/'"\CMl'-\(GJr')-
Le mécanisme de la réaction exposé plus haut ne suffit pas pour justifier
la formule de constitution que nous assignons à ce dernier produit. On
peut en effet concevoir par le même mécanisme la formation de l'isomère
GsH= G«H=
G
G
: HO^^G'H'
SÉANCE DU 29 MAI igoS. r463
dans lequel le groupe diméthylamidé se trouve fixé sur un noynu benzé^
nique faisant partie du complexe aniliracénique. Mais le fait que notre
dérivé, chauffé en solution acétique avec un léger excès de diméthvlaniline,
reproduit le dihydrure d'anthracène y-tétraphénylé tétraméthyldiamidé
symétrique sous ses deux formes stéréoisomères cis et trans :
C«H= C«H'-N(CH')^ OW C«H*-N(CH')2
c c
C«H'/\C«H' et C«H'/\0H*
C C
/\ /\
C«H5 CH'-NCCH^)' (CH')^N-C«H* OH»
composés déjà obtenus par une autre voie ('), exclut cette seconde for-
mule de constitution, qui, d'ailleurs, ne rendrait pas compte de l'existence
de deux stéréoisomères.
Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, nous avons également
observé des condensations analogues avec les produits dérivés des précé-
dents par hydratation et ouverture du noyau furfuranique.
L'o-benzhydryltriphénylcarbinol CH':; qh nous a donné le
CHOH - cni'
diphénylanthracène
\C«H'
L'o-dibenzhydrylbenzène <^°ï^\('fjQ{^ _ f ej^. et son isomère, le car-
CW-OH
binol C/H'* ^ yOH , nous ont fourni le monophénylanthracène
CH
La plupart des composés employés dans ces différentes svnthèses sont
(') A. Hallek et A. Glyot, Comptes rendus, t. CXL, igoS, p. S/jS.
l464 ACADÉMIE DES SCIENCES.
connus; nous en avons donné la préparation dans nos précédentes com-
munications. Seuls, le composé carbinolique C^H^ „ , „ ,,5„5.2 ^^ ^°"
produit de déshydratation, le diphényl-a.o-.-benzo-p.p'-dihvdro-z.a.'-furfii-
t:H-
rane C°H\ .0 n'ont pas encore été décrits. Nous obtenons le
c«H*-c-c«ri*
premier de ces composés, à côté d'antres produits, dans l'action du bro-
mure de phénylmagnésium sur la phtaliiie; le diphényl-a..x-benzo-p.p'-
dihydro-a.a'-furfurane en dérive quantitativement par déshydratation (ac-
tion à chaud de l'acide chlorhydrique sur une solution acétique du premier).
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la mélhylnataloéniodine et la nalaloémodine.
Note de iM. E. Léger, ()résentée par M. H. iMoissan.
En 1902 (*), j'ai obtenu dans l'action deNa^O" sur les aloïnesde l'aloès
de Natal l'éther-oxyde méthylique d'une trioxymélhylanthraquinone nou-
velle : la nalaloémodine. Les petites quantités de matière dont je dispo-
sais alors ne m'ont pas permis de poursuivre l'étude de ces corps et je n'ai
dû indiquer qu'avec réserve la composition de l'émodine nouvelle.
Grâce à l'extrême obligeance de M. le professeur Greenish, de Londres,
auquel j'adresse mes remercîments, j'ai pu me procurer une quantité
importante d'aloès de Natal, ce qui m'a permis de confirmer l'existence des
composés anthraquinoniques déjà signalés et d'en préparer quelques
dérivés.
MélhylruUaloénwdine : C« H^ ( OH )/ ^C H (OH ) (OCH^ ) (CH^ ). — Ce composé,
qui a été décrit comme étant formé d'aiguilles jaune orangé jjâie, possède en réalité
une coloration rouge orangé dont l'intensité \ arie avec les conditions de la crislalli-
salion.
Maintenue pendant i5 à )8 heures à une température \oisine de 3oo° avec un grand
excès de KOH, la mélhylnataloémodine se change en grande partie en une matière
pulvérulente noire soluble dans les alcalis. Après dissolution du pioduit de la fusion,
sursaturation par SO* H-, filtration et extraction du liquide à l'élher, ce dernier enlève
un acide qui, cristallisé dans l'eau, se dépose en aiguilles incolores fort peu solubles à
froid. Le rendement trop faible ne m'a permis de faire l'analyse de cet acide, mais ses
caractères concordent en tous points avec ceux de l'acide a-oxyisophtalique qui,
comme l'on sait, sont très tranchés : très faible solubilité dans l'eau froide, insolubi-
lité dans le chloroforme bouillant, coloration rouge cerise de la solution aqueuse par
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. un.
SÉANCE DU 29 MAI r9o5. i465
le perchlorure de fer, sublimable vers 220", fusible à -i- 298° (corrigé). Â •4-295"
l'acide dégage des gaz et charbonne (').
L'acide AzO'H fumant agit avec une extrême violence sur la méthylna-
taloémodine; il se dégage des vaj)eurs nitreuses en abondance. Le produit
de la réaction ne renferme ni dérivé nitré du corps primitif, ni acide pi-
crique ou phlalique, mais seulement de l'acide oxalique.
L'action du brome est beaucou)) plus lente même à chaud. Elle donne
lieu à des dérivés de substitution.
Mélhylnataloénwdinti penlabromée : C'"H"Bi-^0^. — Un composé ayant une com-
position voisine de celle qui est représentée par cette formule s'obtient en chauffant
en tubes scellés pendant 60 heures à iSo" la méthylnataloémodine avec un très grand
excès de brome.
Après cristallisation dans l'alcool mélhylique où il est extrêmement peu soluble,
même à chaud, le produit forme des aiguilles louge acajou fusibles à +293°-295° (cor-
rigé) beaucoup plus solubles dans l'acide acétique cristallisable ou dans le toluène.
Analyse : trouvé, Br=:58,i9; calculé, 68,91. Ce dérivé brome est insoluble dans SO*H*
concentré, il se dissout dans les alcalis dilués avec une coloration rouge cerise.
Chauffée 4 heures à i3o° avec de l'anhydride acétique et de l'acétate de
sodium, la méthylnataloémodine se change en un dérivé diacélylé.
La diacétylméthylnataloémodine :
C« H^ (C^ H^ O- )\ro/^' H (CMl' Cy- ) (OCIP ) (CH^ ) .
Cristallise de l'alcool méthylique en longues aiguilles jaunes brillantes anhydres,
solubles dans l'alcool élhylique, le chloroforme, à peine solubles dans l'éther, inso-
lubles dans l'eau, fusibles à -t- 169° (corrigé). Analyses : trouvé, C = 60,19; H = 4>92-
Calculé, C = 65,2i; H=4,89.
La nalaloêmodine : C'H^ (OH)<^^^^C<=H(OH )-(CH3) -t- H'^O s'obtient en chauf-
fant à 180° en tubes scellés la méthylnataloémodine avec H Cl saturé à 0°. Il y a pro-
duction simultanée deCH^CI qui brûle avec une flamme verte à l'ouverture des tubes.
Une nouvelle analyse a donné C=: 66,27 ; H = 3 ,82 ; théorie, C = 66,67 ; H = ■^i/O-
Eau de cristallisation : trouvé, 6,99; calculé, 6,25.
Ce corps constitue la troisième des nombreuses trioxymélhylanthraqui-
nones que laiïse prévoir la théorie. Séché à i3o°, il fond à -+- 2i4",5 (cor-
rigé). Il se dissout en rouge groseille dans SO^H- concentré. Sa solution
dans l'eau alcalme est rouge cerise; elle passe au violet par addition d'un
grand excès d'alcali. Ce dernier caractère la dislingue des deux autres
(*) Le point de fusion varie avec les auteurs pour l'acide oc-oxyisophtalique : 288"-
285° (corrigé), Oscar Jacobsen; 3o5°-3o6'', Schall.
'S6
ACADEMIE DES SCIENCES.
émodines dont les solutions alcalines sont à peine modifiées par un excès
d'alcali.
Chauffée à iSo" avec de l'anhydride acétique et un peu d'acétate de so-
dium fondu, la nataloémodine fournit un dérivé triacélylé; ce qui concorde
avec le remplacement de OGH^ par OH dans la formation de ce corps aux
dépens de la méthylnataloémodine.
Latriacétylnataloémodine : C'}î\C-H'0'')('^yC'H(Cm^O-y{CW). — Cris-
tallise de l'alcool métliylique en aiguilles jaune citron longues et minces, anhydres,
peu solubles même à chaud, fusibles à -+- 3o3°,7 (corrigé). Analyse: trouvé, 0 = 63,34;
H = 4,i3; calculé, G = 63, 63; H = 4.o4.
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l' acidité des alcools éthyliques du commerce et
sur ses variations à la température ordinaire. Noie de MM. René Dichemiji
et Jacques Dourle.v, présentée par M. Schlœsing fils.
En contrôlant l'opinion que nous avons émise dans une précédente Note
(^Comptes rendus, 3i décembre 1904). que la plupart des alcools du com-
merce étaient acides, nous avons constaté que, non seulement l'alcool est
susceptible de s'oxyder à l'air jusqu'à l'apparition de l'acide acétique, mais
que l'acidité ainsi produite est sujette à des variations en plus ou en moins
assez importantes. Voici quelques-uns de nos résultats les plus saillants:
d'alcools de ùetterwei:.
Degré 96',6
Éthers 0 440
dalcooh
de mélasses.
Flegmes de betl
Éliieis
Élhers
Aldéhydes O.OOC
Acidité initiale.. 0,048
Aldéhydes
Acidité ini
iale.: o"''
Aldéhydes
Nature des récipient? .
[ Après 5 Jou
Veirc Tcrl.
Verre blanc.
Verre rerl.
Verre blanc
Verre vert.
Verre blanc.
Verre vert.
Verre blanc.
Verre blanc
—0,537
-o,.95
— o,oo3
+0,006
+o,oi8
— 0,0216
+0,192
+O,o54
+0,060
-0.543
—0,370
>.
»
+0,024
+0,240
+0,066
»
,.
«
-f-0,019
-1-0, oij
+o,o6S
„
-o,4o5
+o,oo3
„
+0,018
-0,0.2
+0,068
+0,0792
+0,072
+0,072
-0,507
—0,333
—0,340
"
+0,006
+0,04
+0,0.44
+0,072
»
..
+0,0.2
+0,024
+0,006
+0,072
»
»
»
+0,024
+0,000
+0,08.
»
+0,006
»
(') Acidité calculée en G^H'O^ el détern
100''"' d'alcool, avec de la soin
le à os,4 de NaOH pa
SÉANCE DU 29 MAI l<)o5. 1467
M. Trillat ayant signalé l'oxydation de l'alcool à froid, dans une foule de
cas, avec production d'aldéhydes qui se transforment ullérieurement en
produits d'éthèrification {Comptes rendus, 1903, et Oxydation des alcools,
Naud, 1901), nous avons pensé que l'apparition de l'acide acétique pouvait
être attribuée de même à l'influence de l'oxygène de l'air, et nous avons
effectué les deux essais suivants :
A. Deux alcools ont élé conservés mi-partie dans le vide, mi-partie à l'air libre :
, ( Degré de l'alcool : q6° ) r^ .
1. . • , ,■ Température : i8'\
( Acidité primitive : oS, 021 par litre )
ÉcliaiUilIon Échanlillon
conservé à l'air. conservé dans le vide.
Acidité gagnée par litre après 8 jours. +o5,oo3 — O8,oo3
i Degré de l'alcool 90"
-^ I Acidité primitive o,oi4
1 Élhers o,o52
( Aldéhydes Traces
Acidité gagnée après 3o jours — os,oo3 — o6,oo5
L'acidité a augmenté à l'air libre (alors qu'elle a diminué dans le vide), par suite
d'une oxydation de l'alcool dont la rapidité a dépassé celle de la saturation de l'acide
par l'alcali du verre.
B. Dans un alcool renfermant o8,oi5 d'acide libri' par litre, nous avons fait barboter
pendant 3 heures, à la température ordinaire, 36' d'air préalablement débarrassé de
son acide carbonique. Après l'expérience l'acidité avait augmenté de os,oo3 par litre.
Le même alcool, soumis au même traitement pendant 6 heures, après saturation de
l'acide libre par la soude, nous a donné une augmentation d'acidité de os, 008 par litre.
Dans un second échantillon, exempt de produits réducteurs, et dont l'acide libre
avait été exactement neutralisé par la soude, nous avons fait barboter 72' d'air et
nous avons constaté, après barbolage, une acidité de o8,oi4 par litre.
Ces essais nous paraissent bien démontrer le rôle joué par l'oxygène de l'air dans
l'apparition de l'acide acétique.
Quant aux variations de l'acidité, dont nous ne saurions donner aujourd'hui une ex-
plication rigoureuse, nous pensons cependant qu'elles pourraient résulter d'une dilTé-
rence entre les vitesses d'oxydation de l'alcool d'une part, et de la saturation de l'acide
produit par les bases du verre d'autre part.
Nous avons constaté que les alcools d'ancienne fabrication ne renferment presque
jamais plus de os,o5o d'acide libre par litre et que leur acidité ne varie à nouveau que
si on les change de récipient. De même, toutes les fois que nous avons saturé l'acide
libre d'un alcool par la soude, nous avons constaté que l'acidité augmentait ensuite
rapidement, jusqu'à un maximum qui varie suivant les alcools et les impuretés qu'ils
renferment.
1/(68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ainsi qu'on pouvait le prévoir d'après le travail de M. Trillat sur la com-
plexité de l'action catalylique des métaux (Société chimique , M)oi, p. 939),
la nature des récipients renfermant l'alcool semble avoir une influence sur
les variations de l'acidité.
C'est ainsi qu'elle augmente plus rapidement dans les verres verts que
dans les verres blancs, soit que les premiers aient une action catalytique,
soit qu'ils soient plus difficilement attaquables que les seconds.
Nous consignons ci-dessous les variations d'acidité d'un même échan-
tillon d'alcool renfermé dans des récipients différents :
Degré 90°
Acidité primitive o,oi4
Aldéhydes traces
Éthers o , 0.Î2
Nature des récipients : Verre vert. Verre blanc. Fer étamé. Cuivre.
Acidité gagnée après 34 jours +0,0024 — o,oo36 i-o,oo36 — 0,0024
Nous croyons pouvoir, dès maintenant, résumer comme suit nos essais :
L'alcool, à la température ordinaire, est susceptible de s'oxyder len-
tement au contact de l'air jusqu'à l'apparition de l'acide acétique.
L'acidilé est sujette à des variations dans des limites de temps assez res-
treintes.
Nous tenons à signaler que M. Mathieu a présenté récemment (Congrès
de l'Association des Chimistes de sucrerie, 11 mars 1905) des résultats de
même nature à propos de l'acidité des vins.
CHIMIE PHYSIQUE. — Conductibilité des solutions colloïdales.
Note de M. J. Duclaux, présentée par M. Emile Roux.
On sait que d'une façon générale les solutions colloïdales sont peu con-
ductrices, c'est-à-dire que leur conductibilité est beaucoup plus petite que
celle des solutions cristalloïdes eyMtVa/eAi/e^, contenant à l'état de dissolu-
tion ordinaire les mêmes éléments en quantité égale. Ainsi la conductibilité
d'une solution colloïdale d'hydrate ferrique est beaucoup plus faible qu'elle
ne le serait si cet hydrate était dissous et électrolytiquement dissocié,
comme l'hydrate de potassium par exemple.
Cependant cette conductibilité n'est jamais nulle : comme il est impos-
sible que la solution soit rigoureusement exempte de cristalloïdes, on rap-
SÉANCE Di; 29 MAI IilOD. 1469
porte généralement la faible conductibilité observée à ces traces de subs-
tances dissoutes; dans celte hypothèse, la conductibilité du liquide ne
changerait pas d'une f:içon appréciable si par un moyen mécanique quel-
conque on en séparait les micelles.
Elle ne pourrait non plus rester exactement la même, puisque, comme
les ions, les micelles se déplacent dans un champ électrique, avec une vi-
tesse du même ordre que la leur : ce déplacement produit nécessairement
un courant. Ainsi, la quantité d'électricité transportée par la matière à l'état
de miceile n'est pas nulle : elle est dans un certain rapport avec celle que
transporte la matière à l'état d'ion, et ce rapport est très petit : la question
qui se pose est simplement de déterminer sa valeur, ou du moins son ordre
de grandeur.
Cette question serait immédiatement résoluble si l'on pouvait faire la
synthèse d'une solution colloïdale, comme on fait celle d'une solution ordi-
naire, à partir de ses éléments. Mais un colloïde pur, desséché ou préci-
pité, ne se redissout pas dans l'eau par simple contact. Dans un cas par-
ticulier, en employant la pulvérisation électrique (procédé de Bredig), il
n'est pas certain qu'aucune réaction chimique n'accompagne la désagréga-
tion du métal sur lequel on opère. On est donc ramené à étudier la sépa-
ration de la miceile et du liquide intermicellaire. On peut la réaliser par une
filtration sur collodion suivant le procédé indiqué récemment par leD^'lVIal-
fitano (Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 1221) : la membrane de collodion
retient les micelles et se laisse traverser par les cristalloïdes du liquide
intermicellaire, qui passe sans altération. Il est facile de comparer sa' con-
ductibilité à celle qu'avait le mélange avant l'opération.
En faisant l'expérience avec des solutions très pures, on constate que les
deux conductibilités ne sont pas égales. Le liquide concentré sur le filtre a
une conductibilité supérieure, et la différence est d'autant plus grande
qu'on le concentre davantage. Ainsi une solution d'hydrate ferrique de
Graham, contenant par litre 0,032"' de fer et ayant une conductibilité de
1 13. lo"", donne par filtration un liquide incolore de conductibilité 82. lo"",
tandis que le résidu, concentré au ^^ et contenant toutes les micelles, monte
à 280.10"*. Dans ce liquide la conductibilité propre des micelles est donc
d'environ 200. io~'.
On peut en déduire approximativement la charge de la matière formant la miceile
En effet, celle conductibilité est due, d'une part, au transport de la miceile, de l'autre
à la marche en sens contraire de l'ion électronégatif, ici le chlore. Les vitesses des
deux déplacements sont d'environ 5H- par seconde ou 5.io~* centinaèlre dans un champ
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N« 22.) 188
l470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de I volt par centimètre : la somme {u + c) est donc de lO"^ centimètre. A travers Une
section de i"^"'', pour cette valeur du champ, la quantité d'électricité qui passe par
seconde est, d'après la valeur de la conductibilité donnée plus haut,
200. io~*.
La solution contenant par litre o'',32 de fer ou, par centimètre cube,
0,96 10^' valence-gramme,
portant chacune une quantité d'électricité 7, l'intensité du courant est encore
io-\(/.o,96. iQ-^ = 7.0,96. lo"''.
En égalant ces deux expressions on trouve
q ^ 200 environ.
Ce nombre est environ 5oo fois plus faible que celui qui correspond à la
vaience-gramme d'un ion. Ainsi la charge électrique de la micelle et. par
suite (les vitesses de transport étant à peu près les mêmes), la conductibilité
de la solution colloïdale, est ici le j^ de ce qu'elle serait pour une solution
cristalloïde de même concentration. Ce nombre n'est d'ailleurs pas fixe :
il semble pouvoir prendre pour un colloïde déterminé une valeur quel-
conque au-dessus d'un certain minimum, et j'ai obtenu pour d'autres solu-
tions d'hydrate ferrique des nombres voisins de j^'^. Une solution de ferro-
cyanure de cuivre a donné le chiffre ^; le sulfure d'arsenic ■~^.
Ainsi la conductibilité des solutions colloïdales, quoique faible, n'est nul-
lement négligeable. Elle est petite si on la rapporte à la masse totale du
colloïde. Mais j'ai montré déjà par l'étude de la composition chimique (')
qu'une très faible partie seulement de cette masse est active, c'est-à-dire
prend part aux réactions chimiques : qu'en particulier il n'y a pas dispro-
portion entre cette fraction active et la quantité d'un sel coagulant néces-
saire pour précipiter le colloïde. Il n'y a pas non plus disproportion avec la
conductibilité. Je montrerai prochainement que la faible pression osmo-
tique des colloïdes est encore en rapport avec la valeur de cette fraction,
qui est ainsi chimiquement el physiquement active, et que le ra|jprochement
de ces diverses relations permet de déduire simplement les unes des autres
les propriétés des colloïdes.
(') Thèse de Doctorat. Paris, 1904, p. 4; et 81.
SÉANCE DU 29 MAI igo5. 1471
MINÉRALOGIE. — Sur la présence de noiiméite à l'état détritique dans
rÉocène néo-calédonien. Noie de M. Deprat, présentée par M. Michel
Lévy.
Je rappellerai que j'ai eu l'occasion de signaler, il v a peu de temps, de
concert avec M. Piroutet, la présence de l'Éocène en ]Nouvelle-Calédonie('),
d'après mes études sur des échanlillous rapportés par lui, et qu'il attribua
primitivement au Carbonifère (-) par suite d'une erreur commise en déter-
minant comme Piroulines des Orthophragmina, Operculines, accompagnées
d'autres formes typiques, notamment des Nummulites, le tout constituant
une forme pourvue d'un cachet nettement éocène. M. Piroutet paraît
avoir cependant définitivement accepté mon attribution de ce niveau à
l'Eocène ('), attribution que je compte démontrer en indiquant en même
temps l'identité presque absolue qui existe entre l'Éocène javanais décrit
par Verbeck ( ') et l'Eocène néo-calédonien au [loint de vue du faciès des
dépôts.
Les dépôts éocènes néo-calédoniens paraissent débuter par un conglomérat à grosses
Orthophragmina épaisses appartenant aux Discocyclines, avec toute une faune de
petites Nummulites, des Lithothamnes, etc. Ces conglomérats, dont les éléments,
d'après M. Piroutet, sont fort variables comme grosseur suivant les points, renferment
des débris roulés de toutes les roches appartenant à des périodes antérieures; on y
observe surtout des fragments roulés de roches serpentineuses provenant de la décom-
position des péridotites, gabbros, etc., qui forment dans Tile des massifs si puissants.
Ces conglomérats passent par transitions à des grès quartzeux. d'un gris bleu, bien
développés, prés de Popidéry, contenant, comme les premiers, une faune abondante
à^Orliiophragmina, Nummulites, etc. C'est dans ce niveau extrêmement détritique,
ainsi que dans les conglomérats, que j'ai observé un minéral dispersé en rares frag-
ments dans quelques-unes de mes préparations microscopiques, et dont toutes les
propriétés sont celles de la nouméile.
(') J. Deprat et M. Piroutet, Sur l'existence et la situation tectonique anormale
des dépôts éocènes en Nouvelle-Calédonie {Comptes rendus, 16 janvier igo^)-
(^) M. ViViOmf.T, Note préliminaire sur la géologie d' une partie delà Nouvelle-
Calédonie {Bulletin de la Société géologique de France, 4° série, t. III, p. 160).
(') M. Piroutet, Sur la géologie de la Nouvelle-Calédonie {Bulletin de la Société
d'Histoire naturelle du Doubs, n" 10, igoS, p. S^).
(') Verbeck et Feunema, Description géologique de Java et de Madœra, Amster-
dam, i8q6.
l472 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nettement distinct de la giauconie, très abondante, il se montre transparent en
lumière naturelle, d'un vert plus ou moins vif, avec une structure zonée rappelant au
microscope celle de la calcédoine. En lumière polarisée, aux niçois croisés, il se montre
formé de bandes alternativement amorphes et fibreuses; les bandes fibreuses enve-
loppent un assemblage de petits sphérolithes à croix noire. Les fibres sont pourvues
d'un allongement de signe (+); dans une section, le minéral paraît presque uniaxe
tant les axes optiques sont peu écartés. Après décapage d'une lame mince par la ben-
zine pour enlever le baume du Canada, l'action prolongée de H Cl ou d'AzO'H
bouillant ne donne que des résultats négatifs, tandis que la giauconie est attaquée ( ').
L'ensemble de ces propriétés indique bien la nouinéite ( ").
Le minéral n'existe qu'en 1res (letits fragments, rares, atteignant au
maximum i""", roulés ou anguleux. Par suite de la fragilité de la nouméite,
il paraît bien évident que ce minéral ne peut provenir de loin. Étant donné
qu'il tire son origine de la décomposition de certains éléments (olivine)
des péridotites et si l'on ajoute, comme je l'ai indiqué plus haut, que les
conglomérats Iransgressifsde l'Eocène contiennent ces mêmes roches à l'état
de galets roulés, on devra y voir un argument sérieux en faveur de l'âge
anléterliaire (probablement crétacé) d'une partie au moins des péridotites
et gabbros néo-calédoniens et du cortège de roches variées qui les accom-
pagne.
BOTANIQUE. — Les Ca/eiers sauvages de la Guinée française. Note de
M. A. Chevalier, présentée par M. Ph. van Tieghem.
Dans une précédente Note, nous avons fait connaître une nouvelle espèce
de Coffea, spéciale au centre de l'Afrique, le C. excelsa, espèce produisant
un café dont la teneur en caféine et les qualités d'arôme et de goût font
une sorte très estimable.
Dans la Guinée française existent d'autres Caféiers .sauvages également
intéressants, pour l'élude desquels nous avons rassemblé de nombreux
documents au cours de la mission que nous a confiée M. Roume, gouver-
neur général de l'Afrique occidentale. En attendant l'élaboration d'une
(') Un essai microchiniique sur un fragment soigneusement isolé d'une lame mince
m'a donné la réaction caractéristique de la magnésie.
(') Les propriétés optiques sont bien nettement celles indiquées par M. Lacroix
{Minéralogie de la France et de ses colonies, l. I, p. 439, Paris, Baudry) pour la
nouméite des gisements de la Nouvelle-Calédonie.
SÉANCE DU 29 MAI igoS. l47^
étiule monographique plus détaillée du genre Coffea, poursuivie en colla-
boration avec M. Dubard, nous croyons utile de faire connaître dès main-
tenant le résultat de nos premières investigations.
Le CoJ/ea liberica Hiern n'a pas encore été rencontré à l'état spontané en
Guinée française. Il existe peut-être dans le haut Cavally et dans les forêts
du Kissi, sur la frontière de la République de Libéria.
Un autre Coffea de cette région, demeuré pour nous introuvable, est le
Coffea Afzelil Hiern, espèce mal connue, rencontrée autrefois à Sierra-
Léone sur notre frontière.
De tous les Caféiers spontanés en Afrique occidentale, l'espèce la plus
anciennement connue et que nous avons pu étudier plus à loisir est le
Coffea slenophylla G. Don, qui produit le café de Rio-Nunez récolté depuis
longtemps à Sierra-Leone et en Guinée française.
Dans cette dernière colonie, c'est habituellement un arbre de 4'" î» t)"
de haut, qui croît à l'élat spontané dans les galeries forestières bordant
les rivières torrentielles et sous les grands bois des lieux humides. Il est
surtout fréquent du dixième au onzième parallèle Nord et du quinzième au
seizième degré de longitude ouest de Paris, dans le haut des rivières, entre
4oo'" et yoG"" d'altitude et de looi"" à 3oo'"" de la mer, dans une contrée
où il tombe de l'^.So à 3"" d'eau par an. Plus près de la mer, dans les con-
trées où l'altitude est inférieure à 3oo" et où les pluies sont plus abon-
dantes, par exemple à Boké, sur le Rio-Nunez, point où l'on embarque
encore chaque année une petite quantité de ce café, il n'existe qu'à l'état
cultivé et cette culture a été vraisemblablement introduite par les Portu-
gais au xvn* ou au xviii*' siècle. Il est spontané dans le haut Rio-Nunez ou
Pétouia-Bauvéet sur les bords de son affluent, leKakandi, dans lehautRio-
Pongo ou Fatalia et son affluent le Bambaya. Enfin, il est répandu dans les
provinces de Rébou, de Bové Kompéta et de Bové Guémé. Il fait totale-
ment défaut dans le bassin des rivières du Fouta-Djalon se rendant aux
fleuves Gambie, Sénégal et Niger. Vers Sierra-Leone, il existerait près de
plusieurs rivières du bassin des Scarcies.
Espèce de goût et d'arôme exquis, le Cojfea slenophylla se recommande
spécialement pour être cultivé dans les pays moatagneux bien irrigués et
toujours sous ombrage. Cette dernière condition n'a malheureusement pas
été observée dans la plupart des plantations faites jusqu'à ce jour en
Guinée.
M. Dybowski a signalé une autre espèce, décrite par M. E. De Wildenian
sous le nom de Coffea afftnis. C'est un Caféier voisin du C. slenophylla, mais
l474 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bien distinct par ses grandes feuilles de 15"=°' à 22'™ de long sur 5'^'° à 8'="', 5
de large. Il se différencie très nettement des Caféiers du groupe C. liberica
etc. canephora |)ar ses petits fruits devenant à maturité d'un noir luisant
sans passer d'abord par la teinte rouge. Ce Caféier, originaire probable-
ment de Sierra-Léone, est cultivé dans quelques jardins à Conakrv, mais il
n'a pas encore été trouvé en Guinée française à l'état spontané, à notre
connaissance.
Il existe enfin en Guinée une troisième espèce de Caféier, observée pour
la première fois |)ar M. le D'' Maclaud dans les contreforts occidentaux du
Fouta-Djalon. Sur les indications de notre ami xM. Maclaud et grâce aussi à
l'obligeance de M. l'Administrateur Gautier, nous avons pu retrouver ce
Caféier, recueillir des documents qui permettront d'en faire l'étude com-
plète et nous avons pu établir, par l'examen d'abondants matériaux frais,
que cette plante constitue une espèce nouvelle possédant les caractères
suivants :
CoFFEA Maclaudi Sp. nov. — Arbuste de 4"" à 5'" de liaut, à rameaux grêles, cylin-
driques, peu comprimés au sommet. Feuilles glabres ovales-lancéolées, plus rarement
oblongues, longues de 18™ à 25'", sur 6™ à 'S,''^^5 de large, peu coriaces, plutôt minces,
papyracées, cunéiformes à la base, toutes plus ou moins brusquement terminées par
un étroit acumen, long de lo"™ à 20"'"', très aigu et apiculé au sommet. Pétiole de
gmm à i5mm jg long. Ncrvures secondaires au nombre de 8 ara paires. Stipules longues
de 6""° à 9™™ recouvertes d'un enduit résineux, larges, triangulaires à la base, puis
brusquement terminées en pointe allongée, très aiguë. Fleurs non épanouies en glomé-
rules arrondis, denses, sessiles, situées à l'aisselle des feuilles, toutes recouvertes d'un
enduit résineux abondant et accompagnées de bractées foliacées formant des caiicules.
Inflorescences composées de petits groupes de 3 à 5 fleurs, enfermées dans un calicule
commun formé de 2 petites folioles opposées, lancéolées très aiguës, apiculées par la
nervure médiane, la partie libre étant longue de 5"'" à 6™", soudée à sa base avec deux
écailles opposées plus courtes el non apiculées constituant les stipules de ces folioles.
Pas de second calicule spécial à chaque fleur. Pédicelle très court. Calice à peu près
nul au moment de l'anthèse. Corolle à 5 lobes ovales. Fruits mûrs ovoïdes, légèrement
comprimés, à disque grêle saillant, dépassant la cicatrice du calice. Cerises sèches
mesurant ordinairement lo™"" de long sur 8™™ de large. Graines ovoïdes à face aplatie,
mesurant 8™" de long sur 5"" à 6""° de large.
Le Coffea Maclaudi croît dans le Haut Konkouré, à environ aSo''" de la
côte et à 700"" d'altitude. Jusqu'à présent, il n'a été rencontré qu'en un
seul point, près du village de Bilima, au pied d'un massif rocheux, sous un
ombrage épais et constamment humide, dans un sol caillouteux. M. l'ad-
ministrateur Bastier, qui a fait récolter les cerises miires en janvier, évalue
le rendement à 4oos de grains par pied et l'arbuste ne fructifierait qu'une
SÉANCE DU 29 MAI ipoS. ^^']5
année sur denx. D'après nos pesées, on compte 10600 graines sèches au
kilogramme.
Nous avons dégusté le café fabriqué avec le Cnf/ea Maclaadi et nous
l'avons trouvé excellent. Sa saveur est un peu amère, comme celle de tous
les cafés produits par des arbustes sauvages, mais elle est agréable et elle
rappelle beaucoup le café du Coflea excclsa, malgré l'éloignement de ces
deux espèces.
MICROBIOLOGIE AGRICOLE. — Sur /'Oïdium lactis et la maturation de la
crème et des fromages. Note de MM. .T. Arthauij-Berthet, présentée
par M. Emile Roux.
VOidium lactis a déjà été étudié par un certain nombre d'auteurs : Bre-
feld, Hansen, Grawitz, Duclaux, Jensen, Marchai. Lang et Freundenreich.
Au cours de recherches que j'ai faites sur l'industrie laitière depuis la fin
de igo2, à l'Institut Pasteur, dans le laboratoire de M. Mazé et sous sa
direction, ou dans différentes missions d'études en Normandie et dans la
Brie, j'ai réuni à son sujet quelques observations théoriques et pratiques
qui feront l'objet de la présente Note.
L'O. lactis se rencontre presque toujours dans le lait, la crème, le beurre
et sur les fromages au moins au début de la fabrication. Il vit d'ailleurs un
peu partout sur les substances organiques, dans le sol, sur les litières, les
fourrages, etc. ; il suffit d'employer une méthode d'isolement convenable
pour l'y trouver. J'ai pu ainsi isoler de nombreuses variétés dont je pour-
suis l'étude morphologique et physiologique et dont j'observe l'action sur
le lait ou ses produits dérivés.
Pour ceUe dernière partie, j'ai surtuut employé comme moyen d'éludé la pasteuri-
sation à 65" pendant 5 minutes. J'ai vérifié que VO. lactis, les levures, les mycodermes
et de nombreux ferments de la caséine, introduits dans de la crème ou du lait frais
stériles, meurent toujours dans ces conditions. De plus, et cela est essentiel, on
n'observe pas de ffoût de cuit et le lait conserve la faculté de coaguler par la présure.
C'est donc là une pasteurisation pratique, satisfaisante pour les industries relatives
aux beurres et aux fromages. On ne peut l'obtenir que très difficilement avec les pas-
teurisaleurs proposés jusqu'ici et basés sur l'emploi de l'eau chaude ou de la vapeur
d'eau; le degré et la durée de chauftage sont très variables. J'ai eu l'idée d'appliquer
à la pasteurisation la fixité de température des vapeurs saturantes fournies par un
liquide à point d'ébullition convenable, et nous avons réalisé avec MM. Mazé et Perrier
un appareil reposant sur ce principe.
1476 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La pasteurisation ainsi comprise peut être employée dans la fabrication du beurre
et des fromages et y apporter de notables améliorations. Elle détruit dans la crème les
microorganismes provoquant le rancissement et, parmi eux, l'un des plus dangereux
est VO. kictis. J'étudie en ce moment l'action de cette moisissure sur les matières
grasses et plus généralement ses relations avec les corps gras. La pasteurisation favorise
ainsi la conservation du beurre. .l'ai reconnu d'autre part que la crème, ensemencée
avec un mélange convenable de ferments lactiques provenant de nos meilleurs beurres
de Normandie, de Bretagne et des Charentes, additionné de levures et de ferments de
la caséine appropriés, donne un produit qui atteint les qualités de finesse et de bou-
quet des excellents beurres d'isîgny. L'oïdium n'intervient donc pas dans la maturation
normale de la crème; c'est par contre, comme je l'ai dit plus haut, une cause impor-
tante du rancissement,
Dans l'industrie fromagère, VO. lactis constitue souvent une véritable maladie appelée
la graisse ou la frisure, particulièrement sur les fromages à mucédinées.
Mais, dans certains cas, il exerce une influence favorable ou même joue un rôle
essentiel dans la maturation, comme l'a montré M. Marchai pour les fromages belges
de Hervé et de Cassette ('), et comme je l'établirai pour ceux de Camembert, de
Pont-l'Évêque, de Maroilles, etc. La pasteurisation et la méthode analytique sont
encore ici d'excellents moyens de recherches. Pour éviter les causes de contamination,
il suffit de stériliser tout le matériel employé et d'enfermer les fromages d'essai, à
partir de la mise en moules, dans de grandes boîtes de Pétri.
Ce dispositif m'a permis de faire très régulièrement, au moyen de ia pasteurisation
du lait et d'un ensemencement rationnel de ferments, de nombreuses séries de fromages
et de noter quelques résultats intéressant d'une façon directe ou indirecte VO. lactis.
Les ferments lactiques sont nécessaires et indispensables pour empêcher, par l'acide
lactique qu'ils produisent aux dépens du lactose, un développement exagéré de celte
mucédinée. Ils agissent de même à l'égard des ferments butyriques et de certains fer-
ments nuisibles de la caséine. Ce sont donc de véritables agents autorégulateurs de la
maturation. Ils aident d'autre part à l'action de la présure et favorisent considérable-
ment l'égouttage. Un fromage sans ferments lactiques reste mou, s'égoutte mal, se
déforme, est livré à diverses causes d'altération et mûrit hâtivement sans acquérir les
qualités recherchées.
VO. lactis ainsi que les mycodermes, les levures, comme l'a écrit Duclaux pour le
Pénicillium {^), brûlent l'acide lactique à la surface du fromage; il en est de même pour
les traces d'alcool et d'acide acétique. Je l'ai vérifié en les cultivant sur un milieu
minéral qui ne contenait que l'un de ces corps comme aliment carboné. On le voit
plus directement encore en faisant des fromages avec ou sans moisissure, toutes les
autres conditions étant égales d'ailleurs : sans moisissure, la pâte reste acide alors que
dans le cas contraire elle devient alcaline.
h'O. lactis, ainsi (\iiele Pénicillium, interviennent aussi dans la sapidité du fromage,
directement par leur action sur ses éléments constitutifs ou indirectement par les pro-
duits de digestion que donnent à leurs dépens diverses bactéries, en particulier du
(') Marchal, Annales de la Société Belge de microscopie, t. Xl\, 1890, p. 29.
SÉANCE DU 29 MAI iQoS. 1477
genre lyrolhrix. J'ai été ainsi amené à choisir, parmi les nombreuses variétés que
l'on rencontre dans la nature, celles qui donnent les meilleurs résultais. La niétliode
indiquée plus haut était indispensable pour faire cette sélection, car il faut tenir
compte des phénomènes de symbiose et de parasitisme qui se passent entre les mucé-
dinées et les bactéries constituant la flore spéciale de chaque sorte de fromages.
Toutes ces espèces sécrètent, avec les produits sapides propres à chacune d'elles, les
différentes diastases qui contribuent à faire mûrir le fromage. Toutes, en particulier,
donnent de la caséase, diastase mise en évidence par Duclaux('), etqui solubilise pro-
gressivement la caséine. Mais ici, il faut faire la part du rôle de l'ammoniaque. Ce
corps ne change pas seulement la réaction du milieu, mais il agit directement sur la
caséine par son pouvoirdissolvant. J'ai fait chez M. Guérault, en novembre et décembre
derniers à La Fère-Champenoise (Marne), des fromages avec du lait pasteurisé et non
ensemencé, et j'ai pu leur faire acquérir à volonté en 12 heures, 24 heures ou plusieurs
jours, sous l'influence de l'ammoniaque, l'aspecl et la consistance de la pâte d'un fro-
mage affiné. Ces résultats corroborent et expliquent des faits analogues cités par
MM. Lindet, L. Ammann et Hondet (-) et par M. Lézé ('). Il y a lieu de les utiliser
convenablement dans les caves d'affinage.
On voit ainsi que l'on peut, par cette méthode d'étude, non seulement
appliquer l'analyse aux actions microbiennes et étudier le rôle d'un micro-
organisme tel que l'O. laclis, mais encore l'étendre aux actions physiques
ou chimiques dont l'ensemble préside aux transformations multiples que
comportent ces différents phénomènes de maturation.
CRYPïOGAMlE. — Sur le Stearophora radicicola, Champignon des racines
de la Vigne. Note de MM. L. Mangi.v et P. Viala, présentée par
M. Guignard.
Au cours de nos recherches sur la Phthiriose de la Vigne en 1899, nous
avons observé, dans les tissus des racines de Vignes mortes ou mourantes,
un Champignon que nous retrouvions ensuite dans des racines attaquées
par le Phylloxéra, le Cœpophagus echinopus, l'Anguillule du Chili, le Grt-
bouri, racines dont il complétait la destruction. Nous l'avons retrouvé en
1901 et 1902, puis en 1904 et igoS, dans des racines de Vignes provenant
d'Algérie et surtout de Tunisie qui dépérissaient sous l'action de causes
(') DuCLAUX, Troisième Mémoire sur le lait [Annales de l'Institut agronomique,
t. IX, i884).
(^) Lindet, L. AjuiAiNN et Houdet, Annales de V Institut agronomique, oct. igo4.
(^) Lézé, Préparation et maturation des caillés de fromagerie, janvier lyo").
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 22. j 1^9
1478 ACADÉMIE DES SCIENCES.
non délerminées. La présence de ce Champignon dans les tissus encore
vivants (écorce, liber mou, rayons médullaires, zone génératrice) des ra-
cines de Vignes algériennes et tunisiennes peut faire penser qu'il joue un
rôle parasitaire. Les expériences d'inoculation en cours et une étude sur
place des Vignes malades pourront seules nous permettre de définir ce
rôle. Toutefois, l'action panssitaire de ce Champignon sur les animaux a
été nettement établie par MM, les D^' Charrin et Le Play (voir ci-après).
Des inoculations de culture pure leur ont permis d'observer chez les Lapins
et les Cobayes des lésions très graves dont ils rendent compte dans une
Note spéciale.
Ce Champignon, auquel nous donnons le nom de Stearophora radicicola,
a été isolé et cultivé, depuis igoo, sur milieux solides et liquides. Son
étude extrêmement délicate et son organisation très particidière ont néces-
sité de très longues observations et des cultures très variées. Nous obtenons
maintenant, sur certains milieux, des plaques pures du Champignon qui
ont 20"" à 25'™ de diamètre et une épaisseur de a"""» à 6""". Nous indique-
rons plus tard l'action qu'd exerce sur les milieux et notamment sur les
corps gras (huiles, graisse, beurre, etc.), sur lesquels il pousse vigoureu-
sement.
Dans les racines phthiriosées, phylloxérées, cépophagées, aussi bien que dans celles
qui sont peut-être déprimées par son action directe (Tunisie et Algérie), le Stearo-
phora radicicola pénètre les tissus de tout le système radiculaire, mais il s'arrête tou-
jours au niveau du collet et ne remonte pas dans la tige, manifestant ainsi une locali-
sation très caractéristique. Sur une coupe de racine envahie, le mycélium, très «rêle
et incolore ou noir, à parois épaisses et à articles parfois très courts, s'insinue dans
tous les tissus de l'écorce et du bois; celui-ci est parfois zébré de lignes noires visibles
a lœil nu dans la région des vaisseaux, des rayons médullaires, et parfois même de
la zone génératrice (Tunisie). Le mycélium se condense le plus souvent dans les vais-
seaux sous l'aspect de masses brunes mamelonnées qui remplissent toute la lumière de
ceux-ci et qu. sont des sclérotes. Des sclérotes plus petits peuvent être disséminés, cà
et la, dans les cellules du tissu conjonctif de l'écorce, de la zone génératrice et d^s
rayons médullaires; ils en occupent toute la cavité.
En culture, le mycélium forme un lacis grisaille de fins filaments qui. peu à peu se
condense, brunit, et forme des plaques épaisses carbonacées, dures et cassantes comme
de la braise. L'ensemble des plaques est formé, pour les neuf dixièmes, par des sclérotes
disposes en séries radiales. Ils sont ovoïdes ou sphériques, plus ou moins confluents,
d un noirfonce; leur diamètre oscille entre So^et ,00!^. La trame est constituée par un
pseudo-parenchyme formé, dan., toute l'épaisseur, de cellules polyédriques à lamelle
moyenne brun foncé ou noire et à membrane interne incolore; les cellules sont rem-
plies, quand les sclérotes sont mûrs, de très gros globules de graisse. Cette graisse
représente au moins les quinze centièmes du poids total de la matière sèche; extraite
SÉANCE DU 2() MAI igo5. ï^'jg
par l'éther, elle a un aspect blanc jaunâire, elle est onctueuse et émet une odeur de
suif très caractéristique.
Quand les plaques arrêtent leur végétation sur milieu épuisé, il se forme, aux dépens
des sclérotes et au bout d'un temps assez long, deux sortes d'organes fructifères,
difTérents de ceux qu'on est habitué à rencontrer chez les Champignons. On voit, en
effet, se développer un lacis de filaments bruns ou noirs, ayant l'aspect d'un buisson
d'épines; sur les diverses branches de ce buisson noir, se détachent, latéralement et
en grand nombre, des filaments extrêmement ténus, terminés en pointe effilée et plus
oa moins incolores. Ces filaments, véritables poils fructifères, longs de 2oi^ à ^oV-,
larges de it"' à 2^-, formés d'une file de 2 à 4 cellules, produisent leurs spores exclusive-
ment dans la cellule terminale, longue de 10!^ à 3ol^, qui est toujours incolore. Les
spores paraissent y naître à la suite d'un certain nombre de bipartitions successives du
noyau de la cellule mère et sont généralement au nombre de huit. Elles s'échappent
successivement à travers le sommet très effilé de la cellule sporifère; elles sont sub-
ovoïdes, presque fusiformes, et ont it^ à iH-,5 de longueur etoi^,8 à i H- d'épaisseur.
Leur forme, qui rappelle celle de bacilles très courts, nous les a fait confondre, au
début, avec des baclériacées, et nous a fait rejeter, pendant deux ans, un très grand
nombre de cultures que nous croyions contaminées. L'extrême petitesse de ces corps
explique leur cheminement dans les tissus de la ^ igné, même à travers la lumière des
cellules, et, dans les tissus animaux, leur passai^e facile dans les vaisseaux sanguins et
lymphatiques.
Un second organe de reproduction apparaît, sur d'autres milieux de culture, aux
dépens des gros filaments bruns, dans la région des cloisons. Là, soit sur le parcours
d'un filament, soit au niveau de l'insertion d'un rameau, la membrane se dédouble en
une partie interne, qui garde le calibre du filament, et en une partie externe dilatée en
ampoule traversée par le filament. Cette ampoule mesure lol^ à i5l* de diamètre. C'est
dans l'espace laissé entre les deux feuillets de la membrane ainsi dédoublée que se
forment un certain nombre de spores, en tout semblables à celles des poils fructifères.
L'ensemencement souvent répété de ces spores dans nos milieux de culture nous a
permis de reproduire les grosses plaques carbonacées et de démontrer leur relation
d'origine avec le Slearophora radicicola.
Nousavions d'abord songé à raltacher cette espèce nouvelle au groupe,
d'ailleurs mal nommé, des Endoconidium; mais les données vagues et
insuffisantes, publiées sur la genèse des spores dans ce genre, ne nous ont
pas permis de confirmer l'assimilation, et nous espérons pouvoir établir,
dans un travail ultérieur, que le Stearophora constitue un groupe spécial
représentant vraisemblablement un type primitif d'Ascomycètes à asques
dissociées.
l48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PATHOLOGIE ANIMALE. — Action pathogène du Stearophora radicicola sur
les animaux. Noie de MM. Charriv et Le Play, présentée par M. Gui-
gnard.
Le Champignon {Stearophora radicicola), étudié d'autre part (voir ci-
dessus) par MM. Mangin et Viala, est doué d'intéressantes propriétés pa-
thogènes. Grâce aux cuhures pures qu'il nous ont fournies, nous avons
réussi à établir qu'il est apte à déterminer chez les animaux des troubles
graves.
A la suite d'injections sous-cutanées ou intra-péritonéales, on voit se
développer, sous la peau ou dans les séreuses, une série de nodosités
de volume variable, dont les plus considérables peuvent présenter les
dimensions d'un œuf de pigeon. Par leur aspect, leur nombre et leurs dis-
positions, ces nodosités évoquent au premier abord l'idée d'une carcinose.
De nature à la fois inflammatoire et parasitaire, ces pseudo-tumeurs sont
constituées par de rares fibrilles conjonctives, des lymphocytes et quelques
leucocytes polynucléaires; elles renferment, en outre, le Champignon à
l'état de sclérotes, de filaments mycéliensou plus exceptionnellement d'ar-
ticles ovoïdes disjoints, contenant tous un pigment noir qui donne à ces
nodosités l'apparence de productions mélaniques.
On retrouve le Stearophora dans l'intimité des viscères; sa migration
a pu s'y produire par les spores qui sont au plus i^rosses comme des bac-
téries et peut-être aussi par les plus fins filaments mycéliens; dans ce der-
nier cas, sa diffusion nous permet de comprendre comment des bactéries,,
dont les proportions sont plus réduites, peuvent franchir les épithéliums
et se répandre un peu partout.
Dans le foie, on rencontre des lésions disposées en îlots. Au centre de
ces îlots, on décèle des filaments mycéliens plus ou moins étendus et entre-
croisés et des sclérotes nettement caractérisés; à leur niveau, le paren-
chyme hépatique est raréfié ou même, çà et là, disparu; en s'éloignant, on
aperçoit des débris cellulaires et, à la périphérie de ces lésions nodulaires
nettement limitées par une capsule fibreuse, existent des novaux assez
nombreux et des globules blancs. En définitive, ce processus rappelle l'hé-
patite insulaire accompagnée de formations adénomateuses, autrement dit,
rappelle certains néoplasmes. Aussi de telles constatations sont-elles émi-
nemment suggestives. Grâce aux activités phagocytaires ou aux attributs
SÉANCE DU 29 MAI igoS. l48l
humoraux, par places tout au moins, le parasite disparaît et, si l'examen a
lieu tardivement, on ne découvre plus que ces processus qui relèvent en
même temps et d'une inflammation néoplasique et de la méianose. Sans
doute ici la présence de quelques éléments polynucléaires rapproche ces
modifications du domaine de cette inflammation; en revanche, l'absence
de suppuration, les analogies de la trame avec celles de quelques adénomes
ou même de quelques sarcomes fascicules, l'existence des granulations pig-
mentaires, tous ces caractères conduisent inévitablement à penser aux
tumeurs mélaniques; on est amené à se demander si, tout au moins dans
quelques cas, la genèse si discutée de ces néoplasmes ne relève pas de l'in-
tervention de parasites de cet ordre.
Les altérations rénales portent de préférence sur les cellules des tubuli.
Le Champignon se présente sous forme d'articles ovoïdes; il ne s'allonge
pas en fdaments réguliers et continus comme dans le foie; en outre, les
cultures établissent qu'à ce niveau sa vitalité est inférieure à ce qu'elle est
dans la glande biliaire; on le trouve encore dans celte glande alors que le
rein n'en contient plus. Ces différences morphologiques et physiologiques
tiennent, en partie, à la diversité des principes qui constituent ces deux
viscères. Quand, parallèlement, on cultive le Stearophora, d'un côté, dans
des milieux renfermant avant tout des hydrates de carbone, de l'autre, dans
des bouillons où l'albumine et l'urée ont remplacé ces hydrates de carbone,
on voit bien vite que, dans les premiers rappelant plus ou moins élémen-
tairement le parenchyme hépatique, le développement, le fonctionnement,
le nombre, la nature des principes toxiques engendrés sont tout autres que
dans les seconds qui correspondent plutôt au tissu rénal ; dans ces seconds
bouillons, l'évolution est plus restreinte. Une fois de plus on conçoit com-
ment, non seulement d'espèce à espèce, mais pour un même animal,
d'organe à organe, les processus morbides varient.
Dans la rate, dans la partie médullaire des capsules surrénales, dans le
système nerveux, etc., on découvre des foyers hémorragiques de variable
importance.
Les globules rouges et l'hémoglobine du sang sont en diminution. On
est en présence d'une anémie d'origine parasitaire, en même temps quanti-
tative et qualitative.
A coup sûr, ces données sont intéressantes; néanmoins, elles sont peut-
être moins importantes que les modifications (nodosités, courbures, etc.)
portant sur le squelette : ces modifications s'accomjiagnent d'une diminu-
tion de l'eau, de l'acide phosphorique et de la chaux.
l482 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'analyse du tibia et du péroné, pris sur des animaux inoculés, nous a donné les
chifTres suivants : poids 08,5078; lî^O pour 100, 29,91; P^ O', 29,48; CaO, 5i ,3. Ces
mêmes os, chez des témoins, analysés de la même façon, ont fourni des résultats sensi-
blement différents : poids is, 3o5 ; H^O pour 100, 86,62; P^O», 33,5; CaO, 57,2. En
outre, la radiographie montre que les premiers sont plus transparents.
Les analyses urinaires, comme, du reste, l'amaigrissement, l'état des poils, etc., in
diquent aussi des troubles de la nutrition. Chez les sujets infectés, par litre, l'urée atteint
6,4; l'acide phosphorique o,436; le coefficient azoturique s'abaisse à o, 83. Chez les té-
moins, ces chiffres, pour 1000, correspondent à 5,77 (urée), 0,878 (P-0^), 0,89 (-r— rp)-
L'alcalinité humorale, la température offrent des oscillations et, sans doute, grâce à
ces troubles anatomiques et fonctionnels, à ces lésions et à ces tares chimiques, les in-
fections secondaires deviennent plus faciles.
On voit que le Slearophora est capable de provoquer une série de
désordres, de se montrer nettement pathogène. Parmi ces désordres, il est
permis de mettre en évidence, et de retenir avant tout antre, les pseudo-
tumeurs mélaniques, l'anémie, les altérations du squelette. Ces résultats
sont d'autant plus importants que d'autres parasites végétaux du groupe des
Champignons nous ont permis de les réaliser. A ces diverspoinls de vue,
quand il s'agit d'établir le rôle des agents pathogènes, on ne saurait trop tenir
compte des troubles que ces infiniment petits peuvent engendrer.
ZOOLOGIE. — Phénomènes de sexualité dans le développement
des Actinomyxidies. Note de MM. M. Caullery et F. Mesxil.
Nous avons décrit l'an dernier (') un type d'Actinomyxidies (Sphcerac-
tinomyxon stolci C. et M.), parasite d'Oligochètes marins, et fait connaître,
pour la première fois, les traits principaux du développement de ces curieux
Protozoaires. Léger qui, de son côté, étudiait une forme voisine {Triactino-
myxon ignotuni Stolc) arrivait à des résultais tout à fait analogues (-).
Voici le résumé des points les plus importants : aux dépens d'un premier
stade binucléé s'en forme un autre, composé de deux cellules internes et
de deux cellules externes enveloppantes. Ces deux dernières se distendront
(sans se diviser désormais) pour former la paroi d'un kyste où s'effectuera
tout le développement. Les deux cellules internes se multiplieront et
(') Comptes rendus de la Société de Biologie, 5 mars 1904, p. 408.
(-) Comptes rendus de la Société de Biologie, 3r mai 1904, p. 844-
SÉANCE DU 29 MAI IQoS. l483
auront donné à un certain moment tlix cellules dont deux grosses et huit
petites. Un peu plus tard, le kyste renferme huit masses pluricellulaires
qui deviennent les parois d'autant de spores et huit autres masses pluri-
nucléaires, d'abord extérieures aux premières, mais qui pénétreront fina-
lement à l'intérieur de celles-ci pour former le tissu germinal des spores.
Nous avions cru (et Léger s'était rallié à cette opinion) que les huit petits
éléments du stade à dix cellules internes donnaient naissance aux parois
des spores et les deux grosses cellules du même stade, par des divisions
répétées, au tissu germinal.
Nous avons pu compléter ces premières recherches, faites sur des maté-
riaux très restreints, grâce à l'obligeance de M. Ch. Pérez qui a retrouvé
à Royan, en abondance, Sphœractinoinyxon stolci et nous en a fourni à
diverses reprises. Nous avons pu ainsi suivre d'une façon précise la diffé-
renciation des spores et de leur contenu et mettre en évidence que leur
formation a pour base un phénomène de sexualité, important pour la
connaissance du cycle évolutif des Actinomyxidies, entièrement nouveau
dans ce groupe et dont on ne connaît pas encore d'équivalent dans les
types voisins, tels que les Myxosporidies. Nous n'en donnerons ici que les
traits essentiels, devant publier incessamment un Mémoire détadlé avec
planches.
Après le slade à 10 cellules internes rappelé plus haut, les deux grosses cellules se
divisent à leur tour (les huit petites restant au repos) et le kyste arrive à contenir .?e«;:e
cellules sensiblement égales. Elles se conjuguent deux à deux. Les deux éléments
d'un couple ont des noyaux uu peu inégaux et de structure difl'érente. Il semble donc
bien qu'il y ait une certaine anisogamie. Les corps cellulaires des deux conjoints,
d'abord distincts, se confondent (la cloison de séparation disparaît) et se condensent;
les noyaux se rapprochent, s'égalisent, présentent alors un magnifique réseau chro-
matique et s'accolent intimement.
Le kyste ne renferme plus, dans les stades suivants, que huit masses. Chacune d'elles
passe par une série d'états plurinucléaires et même pluricellulaires; l'un des noyaux
nous a paru en général plus gros; les stades que nous avons observés présentent suc-
cessivement 3, 4, 5, 6, 7, 8 noyaux en tout. Ensuite, chacun des huit corps se sépare
en deux portions : d'une part, vers le centre du kyste, s'isole un ensemble de six cel-
lules qui ne se diviseront plus, mais formeront une enveloppe sporale (trois des cellules
produisent les capsules polaires, les trois autres l'enveloppe proprement dite); d'autre
part, contre la paroi du kyste, une masse renfermant plusieurs noyaux et provenant
du noyau plus gros que nous avons signalé ci-dessus. II y a donc désormais, dans le
kyste, seize masses : au centre, les huit enveloppes sporales; à la périphérie, les huit
masses germinales dont nous avons décrit l'an dernier l'évolution ultérieure; nous
avons reconnu en plus, cette année, leur décomposition finale en nombreux sporozoïtes
uninucléés (Cf. Triactinomyxon). Les phénomènes précédents sont accompagnés
l484 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'expulsions cliromati(|ues que nous nous bornons à indiquer. Léger en a signalé d'ail-
leurs chez Triactinoinr-ron.
Il résulte donc de nos observations que la difTérenciation des enveloppes sporales et
des masses germinales est le résultat d'une véritable conjugaison, qui paraît légère-
ment anisogamique. Tout donne à penser que les huit petites cellules du stade 10
donnent les huit gamètes d'une des catégories et les deux grosses cellules, les huit ga-
mètes de la seconde catégorie. L'anisogamie serait donc plus nette au stade 10 (ju'au
moment même de la conjugaison. Si le stade 10 a une signification anisogamique,
celle-ci est non moins manifeste au moment où le kyste ne renferme que six cellules.
Nous en trouvons la trace également au stade à quatre cellules internes; l'existence
même d'un stade à trois cellules internes nous donne lieu de penser que les deux cel-
lules internes primitives sont déjà sexuellement diiïérentes (').
Ces faits indiquent une différenciation très haute chez les Actinomyxidies
et qui se manifeste, au cours du développement, en un mécanisme d'une
régulation parfaite. La description donnée l'an dernier par Léger du déve-
loppement de Triaclinomyxnn laisse supposer que l'on retrouvera, chez les
autres Actinomyxidies, l'é piivalent exact de ce que nous décrivons ici, en
particulier la conjugaison des gamètes.
Nous insisterons, dans notre Mémoire détaillé, sur la comparaison avec
les phénomènes de sexualité connus chez les autres Sporozoaires, en parti-
culier chez les Grégarines, et nous chercherons s'il est possible d'inter-
préter dans ce sens certains phénomènes qui accompagnent la sporulation
des Myxosporidies.
EMBRYOGÉNIE. — Les phénomènes histogéniques de la reproduction asexiielle
chez les Sahnacines et les Filogranes. Note de M. A. Malaqui.v, présentée
par M. Edmond Perrier.
La reproduction asexuelle des Salmacines et des Filogranes est préparée
longtemps avant toute manifestation extérieure de la scissiparité, par
(') Il est possible que le stade binucléé initial résulte de la fusion d'éléments uni-
nucléés que nous avons observés dans les cellules de l'épithélium intestinal de l'hôte
et qui s'accomplirait dès leur arrivée dans la cavité générale. Léger a émis l'opinion
que, chez Triaclinomyxon, il y avait probablement à ce moment une copulation.
Nous n'avons jamais vu là de fusion des deux noyaux et nous croyons qu'il y a sim-
plement juxtaposition, la conjugaison véritable s'efTectuant plus tard, comme il résulte
dé la description ci-dessus; la formation du stade binucléé n'en serait que le
prélude.
SÉANCE DU 29 MAI igoS. l485
l'accumulation dans chacun des segments postérieurs ou abdominaux de
quatre masses histogéniques spéciales, situées entre les faisceaux muscu-
laires (dorsaux et ventraux) et l'endothélium cœlomique et qui peuvent
être, en conséquence, considérées comme mésodermiques, dans le sens
topographique du mot. Au maximum de leur développement, ces masses,
formées de cellules de couleur jaunâtre, distendent les anneaux du ser-
pulide; elles font hernie vers la cavité générale qui se trouve ainsi très
réduite, et donnent à cette région postérieure du corps l'aspect habituel
à la région génitale du corps chez les Annélides.
Chez la Filograna implexa ces cellules sont de taille relativement grande : i5H- à 22!^,
irrégulièrement polyédriques par compression réciproque. Elle ont un noyau très
chromatique, central, au milieu d'une substance formée de sphérules réfringents ana-
logues, sinon identiques, à ceux de la substance lécilhique.
Au fur et à mesure de Taccroissement des segments en avant du pyçidium, des élé-
ments embryonnaires, mésenchymateux, s'accumulent dans l'espace compris entre
l'ectoderme et les somites cœlomiques, espace qui n'est autre que le hlastocœle ou
hœmocœle. L'ensemble de ces éléments indifterenciés donne principalement naissance
aux muscles et au sang; ceux d'entre eux qui ne se spécialisent pas s'immobilisent
entre les fibres longitudinales et l'endothélium périlonéal. Dans les individus se prépa-
rant à la schizogenèse, ces éléments produisent les masses histogéniques par l'accu-
mulation de la substance de réserve jaunâtre et l'augmentation progressive de leur
volume.
Il est très important de remarquer que ce matériel histogénique occupe
précisément la place où se développent les cellules sexuelles des Filo-
granes et Salmacines. En outre, l'examen comparatif des segments en voie
d'accroissement d'un individu sexué et des segments correspondants d'un
individu se préparant à la reproduction asexuelle montre une ressem-
blance extrême, au point de vue histologique, des cellules sexuelles et des
cellules des niasses histogéniques. Il y a plus, chez la Filograna implexa,
j'ai constaté, dans les segments situés en avant de l'individu schizogénique,
la production d'ovules dont l'accroissement est restreint, il est vrai, mais
qui tombent comme les ovules ordinaires dans le cœlome. Or ces ovules
proviennent d'amas histogéniques semblables à ceux qui en arrière sont
placés dans le schizozoïte.
L'activité des masses histogéniques débute dans les segments antérieurs de la région
asexuelle, mais pas nécessairementdans le plus antérieur. Les histoblastes se multiplient
activement par karyokinèse et se fractionnent en éléments mobiles, mésenchymateux,
de petite taille, 5l^ à &V-, à gros noyau, très semblable aux aniœbocytes. Ces cellules se
portent vers la périphérie, s'insinuant entre les faisceaux musculaires longitudinaux,
r. R., ic,o5, I" Semestre. (T. CXL. N" 22.) '9"
i486 académie des sciences.
bouleversant leurs fibres, et traversant par effraction la mince couche des muscles cir-
culaires, vont s'intercaler dans Pépiderme ancien.
Cette poussée de cellules migratrices vers l'extérieur est d'abord localisée à l'endroit
de la région dorsale où proliféiera la tête de l'individu fissipare, par intercalation entre
les éléments de l'épiderme ancien, puis par l'adjonction continuelle d'éléments nou-
veaux, venus de la profondeur même. Les cellules anciennes de l'épiderme ne prennent
aucune part à ces phénomètnes de prolifération.
Bientôt la rénovation s'étend; de nombreux histoblastes, se détachant des amas his-
togéniques, viennent augmenter l'épaisseur de l'épiderme, puis la couche ainsi rénovée
se plisse vers l'extérieur, s'évagine et forme le bourrelet saillant, qui est le phénomène
initial de la prolifération schizogénique externe.
Ainsi la blastogeiièse de la zone nouvellement acquise est la conséquence
d'un phénomène de rénovation exagéré qui a son siège loin de la surface.
Tous les organes et tissus nouvellement formés dans la sclii/.ogenèse tirent
leur origine de la multiplication et de la migration de ces cellules mésen-
chymateuses ; le vaste slomodeum annulaire du schizozoïte, l'appareil
branchial sont les conséquences de cette prolifération active. Le cerveau,
les bandes musculaires des segments nouveaux, l'épithélium intestinal, etc.
tirent leur origine de ces histoblastes.
Les amas histogéniques participent d'une autre manière à la schizogenèse.
Ainsi que je l'ai indiqué d;ins une Note précédente, seuls les segments anté-
rieurs du schizozoïte (la tête avec les branchies, les deux premiers segments
thoraciques) sont nouveaux, les segments thoraciques qui suivent résul-
tent de la métamorphose des segments anciens abdominaux. Cette trans-
formation est la conséquence de lasuppression d'organes préforniés (soies,
muscles, etc.), par une phagocytose typique. Ce phénomène est surtout
démonstratif [)our les soies, organes dont la plus grande partie est externe.
Ces soies sont attirées vers l'intérieur du corps, puis englobées, fragmen-
tées par les phagocytes. Ces derniers ne sont pas autre chose que certains
des histoblastes qui ne sont pas divisés et sont restés de grande taille.
A la fin de ces phénomènes de transformation interne, c'est-à-dire à la
fin de la schizogenèse, les cellules des amas histogéniques se fusionnent et
ces derniers prennent l'aspect d'un syncitium à noyaux multiples.
Ainsi que le montre ce court exposé, la schizogenèse ou reproduction
asexuelle des Salmacines et Filogranes est reliée étroitement à la reproduction
sexuelle par les phénomènes histogéniques qui Wiccompagnenl, puisque le
matériel de la prolifération est homologue au matériel sexuel lui-même. Il
s'ensuit de plus qu'il ex-iste un matériel histogénique spécial, pour la repro-
duction asexuelle, indépendant des feuillets ou des tissus anciens et fonc-
SÉANCE DU 29 MAI igoS. 1487
tionnels. Le matériel en question est indifférencié, ses éléments n'ont subi
aucune usure ni adaptation fonctionnelles; ils sont migrateurs, se trans-
portent vers les lieux de prolifération et y deviennent, selon l'endroit, épi-
derme avec ses annexes sétigères, cellules nerveuses, fibres musculaires,
épithélium intestinal, etc. (').
PATHOLOGIE. — Des variations du coefficient de déminéralisation chez les ani-
maux en étal de dyscrasie acide. Note de M. A. Desgrez et de M"* Bl.
GuEXDE, présentée par M. Ch. Bouchard.
On sait que le coefficient de déminéralisation a pour mesure le rapport
de la tfuanlité des matières minérales à celle des substances totales dis-
soutes dans les urines. Nous avons recherché les variations que subit ce
rapport sous l'influence de la dyscrasie engendrée : 1° par un acide orga-
nique, l'acide phénylpropionique; 2" par un acide minéral, l'acide chlor-
hydrique.
Expériences. — On a d'abord établi la valeur normale du coefficient de déminérali-
sation pour un lot de cinq cobayes mâles recevant une alimentation de composition
constante. Chacun de ces animaux a ensuite reçu, par voie stomacale, os, o5 d'acide
phénylpropionique par il\ heures pendant un mois. Les déterminations chimiques ont
porté sur les i5 derniers jours de cette période, puis l'administration de l'acide
organique a été suspendue pendant 20 jours. Afin de rechercher, comme dans nos
précédentes expériences, l'influence possible de la dyscrasie après suppression de sa
cause directe, on a encore fait les déterminations pendant les 5 derniers jours de
cette période de repos. Dans la dernière partie de l'expérience, les animaux ont reçu,
pendant [^o jours consécutifs, 0^,0/4 d'acide chlorhydrique renfermant os,oi3 de HCl
pur. Pendant cette dernière période, on a eft'ectué 19 déterminations du coefficient de
déminéralisation.
Le résidu fixe de l'urine a été obtenu par dessiccation à froid, dans le vide, en pré-
sence de l'acide sulfurique, jusqu'à constance de poids. Les matières minérales ont été
dosées par calcination modérée de résidu sec, épuisement du charbon par l'eau bouil-
lante et dessiccation de cette solution. On a calciné à part le résidu charbonneux de
l'épulseraent précédent, puis pesé et totalisé les deux résultats.
( ' ) Ce matériel est vraisemblableiiienl celui de la rénovation normale des tissus. 11
jpondrait, jusqu'à uji certain point, au matériel de la régénération de L. Schieltze.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Valeurs des coefficients de démiiiéialisalinn
II. Période
III. Période
IV. Période
deladjscrasie
de repos
de la dyscrasie
Sormales.
organique.
(i5' au 20° jour).
minérale.
0,68
o,65
0,69
0,76
0,61
0,68
0,68
0,70
0,66
0,62
0,6.5
0,77
o,58
o,63
0,66
0,77
0,66
0,67
0,68
0,86
0,59
0,67
0,8a
0,67
0,66
o,8q
»
0.77
0,73
»
0,66
0,67
»
0,77
0,77
>>
0,75
0,70
»
0,70
0,83
»
0,78
0,72
«
0,71
0,70
)>
0,78
o,83
» » » o,83
» « » 0,80
0,73
Moyennes : o,63 0,69 0,67 Oj77
Le coefficient de déminéralisation, dont la valeur normale était de o,63,
a donc pris successivement les valeurs moyennes suivantes : 0,69 sous l'in-
fluence de la dyscrasie organique, 0,77 sous l'influence de la dyscrasie
minérale. Si l'on considère que les éléments minéraux agissent, au point
de vue physique, en favorisant les déplacements moléculaires d'une cellule
à l'autre; au point de vue chimique, en stimulant la destruction progressive
de la matière organique, on s'explique facilement comment l'élimination
exagérée de ces éléments peut amener les trouhles de la vie cellulaire que
nous avons décrits comme caractéristiques de la dyscrasie acide. Le coef-
ficient moven, 0,67, obtenu à la fin de la période de repos démontre une
fois encore que l'état dyscrasique peut persister après suppression de sa
cause première.
La méthode expérimentale directe apporte ainsi une nouvelle confirma-
tion des doctrines de M. Bouchard qui a mis (ie|)uis loni;lcm])s en lumière
SÉANCE DU 29 MAI IQoS. 1489
les relations cliniques qui existent entre les troubles de la nutrition pro-
duits par la diathèse acide et la spoliation de l'organisme en éléments
minéraux.
PATHOLOGIE. — Reproduction expérimentale du cancer de l'homme.
Note de M. Mayet, présentée par M. Ch. Bouchard.
J'ai indiqué en 1893 le rat blanc comme le terrain le plus favorable
pour la reproduction expérimentale du cancer de l'homme.
Après de nombreuses expériences négatives chez le chien, j'ai obtenu
un résultat probant chez cet animal.
Un chien bien portant de forte taille a reçu à deux reprises, les 4 et
i4 mai 1904, 20'"' et 4o'°'' de macération de tissu d'un énorme myome
utérin (examiné au microscope). Le liquide filtré au fdlre de porcelaine ne
contenait aucun élément anatomique.
Cet animal, mort cachectique le 18 mai 1905, a présenté une tumeur de
la rate du volume d'une noix, à tissu d'apparence encéphaloïde et composé
de plusieurs amas de cellules fusiformes, à un ou deux noyaux, à proto-
plasma relativement volumineux, entouré d'une zone de cellules embryon-
naires (sarcome). Ce fait confirme ma proposition antérieure que les pro-
duits liquides des tumeurs peuvent faire naître loin du lieu d'introduction
des néoplasmes à structure de cancer, mais variée et différente de celle de la
tumeur initiale.
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. — Sur la maladie des chiens.
Note de M. H. Carré, présentée par M. E. Roux.
Dans une Note précédente {Comptes rendus du 6 mars 1903) j'ai montré
que la virulence parfois très grande du jetage de chiens atteints de la ma-
ladie au début, était due à la présence d'un agent pathogène traversant
certains filtres.
Dans la présente Note je voudrais attirer l'attention sur quelques lésions
qui se rencontrent presque constamment dans la maladie du jeune âge.
L'inoculation de deux gouttes de jetage non filtré à un jeune chien pro-
voque une forte élévation de température (4°°, 5 et plus); le petit animal,
très gai pendant les deux ou trois premiers jours, a bientôt moins d'appé-
l490 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tit; les aboiements se font rares, puis cessent complètement. Le chien reste
étendu inerte sur le côté, pousse quelques fiables plaintes et meurt dans le
coma le plus complet, après une chute extrêmement brusque de la tempé-
rature au-dessous de 33°, le 6^-7* jour.
Les téguments eNternes ne présentent aucune lésion; le cadavre, dépouillé même
aussitôt après la mort, dégage parfois une odeur fade, repoussante; son aspect est
normal. La seule lésion visible à l'autopsie consiste en un épanchement péricardique
limpide, jaune clair, peu abondant (i'=i"'-3'=°'').
Cette sérosité est stérile sur les divers milieux; cependant, injectée à la dose de
quelques gouttes à un chien neuf, elle le tue dans le même temps, avec les mêmes
symptômes, la même courbe thermique et la même lésion, si caractéristiques de l'in-
fection par le jetage.
Les animaux, un peu plus âgés résistent mieux et, cliez eux, la maladie é\olue plus
lentement avec ses symptômes bien connus : coryza, éruption cutanée, jetage et toux
profonde survenant au moindre effort.
Un tel animal, sacrifié 13 à 1 5 jours après l'élévation thermique initiale, montre dans
les plèvres un exsudât limpide, jaune clair, dont la quantité peut atteindre 100'"''.
Cette sérosité est également virulente.
Le cœur est couvert de taches hémorragiques, le péricarde contient quelques centi-
mètres cubes de sérosité.
Le médiastin, infiltré outre mesure, est transformé en une masse gélatiniforme
transparente.
Cet épanchement péricardiqne ne fait jamais défaut dans la maladie expérimentale;
je l'ai retrouvé, avec tous ses caractères et ses propriétés, à l'autopsie de chiens morts
de la maladie naturelle dans les hôpitaux de l'Ecole d'Alfort.
Cette lésion n'a pas encore été signalée; les traités classiques les plus
récents n'en font pas mention.
Il est une autre lésion que l'on continue à regarder comme caractéris-
tique de la maladie : c'est l'éruption cutanée de vésico-pustules.
Trasbol a fait voir que le conlenu de ces pustules est inoculable et provoque l'appa-
rition de pustules semlilables. Ces pustules sont causées par un microcoque particu-
lier décrit par tous ceux qui ont cherché, dans les pustules, l'agent spécifique de la
maladie (Mathis, Marcone et Meloni, Jacquot et Legrain). Cette éruption est due à
une infection secondaire au cours de la maladie du jeune âge. Kitt a constaté que le
chien qui a présenté une éruption après l'inoculation du microcoque des pustules
n'avait aucune immunité contre la maladie. J'ai pu confirmer ces résultats.
Les chiens qui ont présenté l'éruption considérée comme typique de la maladie du
jeune âge, à la suite de l'inoculation d'une culture pure du microbe extrait des pus-
tules, restent aussi sensibles que les animaux neufs à l'infection par les sérosités viru-
lentes.
SÉANCE DU 29 MAI IQoS. 1491
Le microcoque des pustules est, du reste, un agent banal qui, ainsi que fai
pu le constater, habite normalement l'intestin du chien.
Si, dans les conditions nnlnrellesde leur apparition, les |nistnles peuvent
être considérées comme un signe certain et fréquent de la maladie des
chiens, elles ne constituent nullement une lésion spécifique de cette affec-
tion et peuvent tout aussi bien apparaître chez les chiens au cours d'une
infection provoquée par un virus filtrant difFérent de celui de la maladie
des chiens.
C'est ainsi qu'en inoculant à un ctiien neuf du virus aphteux, j'ai obtenu une éruption
cliniquement et bactériologiqueraent identique a celle de la maladie du jeune âge :
celle-ci étant guérie, une nouvelle éruption se manifestait à l'occasion d'une inoculation
de virus de la maladie des chiens.
Inversement, il a été possible d'obtenir chez de jeunes chiens deux éruptions suc-
cessives, la première procédant d'une infeclion par le virus de la maladie, la seconde
relevant d'une infeclion aphteuse.
D'ailleurs, au cours de recherches, poursuivies à Alfort en collaboration avec
MM. Roux et Vallée, nous avons souvent constaté que les porcelets aphteux pré-
sentent, outre les aphtes spécifiques, une éruption semblable à celle que l'on rencontre
sur les chiens en puissance de maladie.
Tant par ces |)articularités que par les symptômes et les lésions qu'il
provoque, et la propriété qu'il possède de traverser certains fdtres, le virus
de la maladie des chiens mérite d'être rapproché de celui de la fièvre
aphteuse.
GÉOLOGIE. — Sur les homologies dans les nappes de recouvrement de la zone
du Piémont, Note de MM. Maurice Lugeo.x et Emile Argaxd, présentée
par M. Michel Lévy.
Nous avons établi que quatre grandes nappes de recouvrement super-
posées s'étendaient dans les Alpes cristallines de la zone du Piémont entre
Bonneval elle Simplon, où nous voyons apparaître un ensemble de trois
nouvelles nappes plus profondes que l'un de nous a déjà signalées (').
1° Nappe du Monle-Leone (nappe IH). Nous lui rattachons la bande
gneissique de Ganter, qui paraît se relier à la nappe III par-dessous l'extré-
mité orientale de la nappe IV.
(') Comptes rendus, mai 1900, p. i364.
l492 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Sous la nappe III se trouve une zone synclinale couchée présentant
certaines particularités dans lesquelles M. Stella (') voit une impossibilité
géométrique au raccordement aérien des nappes. Nous estimons, au con-
traire, que ce problème comporle plusieurs solutions en faveur de la théorie
des nappes. Nous y reviendrons plus tard.
3" La nappe du Lebendun (nappe II).
4" Un étroit synclinal couché qui supporte cette nappe.
5° La nappe d' Antigorio (nappe I).
6° Cette najjpe s'appuie sur un synclinal mésozoiqiie couché, sous lequel
apparaît à Crodo une cou|)ole gneissique formant probablement la cara-
pace d'un pli couché plus profond. La coupole de gneiss rencontrée par le
tunnel du Simplon au-dessous du gneiss d'Anligorio se rattache peut-être à
cette carapace de Crodo; peut-être aussi dépend-elle d'un pli encore plus
profond.
Ainsi, en allant de la Denl-Blanche vers les massifs (essinois, nous pouçons
établir l'existence de sept nappes de recouvrement superposées.
Ainsi s'expliquent, comme M. Termier l'a montré pour les Alpes orien-
tales, ces énormes épaisseurs de terrains cristallins.
On ne connaît aucune limite en profondeur à ces grandioses manifes-
tations tangentielles.
L'un des traits les plus saillants de cette vaste région est la présence du
grand ensellement transversal et l'élévation graduelle des axes des plis de
part et d'autre de celte dépression. C'est grâce à ce phénomène que nous
constatons, en marchant de l'ouest vers l'est, l'arrivée au jour de nappes
de plus en plus profondes.
Cette élévation passe par un maximum dans le massif du Tessin, où les
synclinaux n'apparaissent que d'une manière sporadique. Ce massif est
découpé dans la racine commune aux diverses nappes, en arrière des char-
nières synclinales.
La ligne axiale passe par un autre maximum d'altitude dans la coupole
du Grand-Paradis.
La région la plus déprimée de l'ensellement répond en gros au cours du
Buthier entre Gignod et Aoste et se prolonge en aval de cette ville. C'est
au voisinage de celte cuvette transversale, correspondant à l'intervalle
(') Stella, Il problenia tettonico dell'Ossola et del Scmpione {Boll. Soc. geol.
italiana,t. XXIV, igoS, p. loi). — Stella, Il problema geo-teltonico dell'Ossola etdel
Sempione {Bol/, del R. Comitalo geologico. igoS).
SÉANCE DU 29 MAI rgoS. i493
entre les horsts du mont Blanc et de l'Aar, que les grands témoins des
nappes supérieures étaient placés dans les conditions les plus favorables à
leur conservation.
De part et d'autre de l'ensellement, les deux groupes Grand-Paradis-
Valsavaranclie et mont Rose-Mischabel jouent un rôle tectonique iden-
tique; leur remarquable symétrie est encore un effet de l'élévation des axes
des plis vers le sud-ouest pour le premier groupe, vers le nord-est pour le
second.
Le rôle des massifs hercyniens se traduit très nettement par la production
de plis à arrêt forcé; les têles frontales cherchent à remonter vers la surface
comme pour franchir l'obstacle (gneiss de Ganter). La naissance dans les
nappes de replis à déversement sud est due également au serrage contre
les massifs hercyniens. Ce sont des vagues eu retour.
La résistance de ces anciens horsts, combinée ou non avec l'affaissement
de la plaine du Pô, provoque souvent, sur de grandes longueurs, soit le
renversement des racines droites vers l'intérieur de la chaîne, soit la for-
mation de plissements postérieurs à la naissance des nappes.
Les relations de ces faits avec les phénomènes dinariques ne paraissent
pas douteuses, au moins dans la région envisagée.
Tels sont les grands traits de la tectonique des Alpes cristallines de la
zone du mont Rose-Piémont.
Ils étayent ce que l'un de nous avait amorcé et ils sont une éclatante
confirmation des grandes conceptions synthétiques de MM. Suess et Ber-
trand.
Les Alpes se montrent de plus eu plus comme un pays de nappes.
M. GcsTAVE Lamare: adresse un Projet de construction d'une horloge
hydraulique.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. Serue Socolow adresseiine Note suv des Correlatiom régulières remar-
quables du système planétaire.
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
M. F. Uesselgrkn adresse une Note sur Les intervalles de la gamme mu-
sicale et leurs rapports avec le comma.
(Renvoi à la Section de Physique.)
C. R., igoS, 1" Semestre. (T. CXL, ^• 32.) IQ'
I49'l ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Dems La.\ce adresse une Note sur la Fabrication de peintures nor-
males, à base de zinc, remplaçant ta céruse.
(Renvoi a la Section de Cliimie.)
A 4 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois (juarls.
M. B.
tUI.I.ETIK BIBLIttGRAPHiQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i5 mai igoS.
(Suite.)
Les Mousses de Madagascar, par MM. F. Renauld ei J. Cardot; Atlas, 4° partie.
(Histoire physique, naturelle et politique de Madaga'icar, publiée par Alfred
Grandidier; vol XXXIX : Histoire naturelle des plantes; oi' fasc.) Paris, Imprimerie
nationale, igoi. (Offerl en hommage par M. Grandidier.)
Atlas universel de Géographie, par Pétri et Jules de Schokalskt; fasc. 11, 12.
Saint-Pétersbourg, A.-Ph. Marx, 1904; 1 fasc. in-f". ( Présenté par M. Grandidier. )
Transcription phonétique universelle, sténo-phonographie, adaptation du système
sténographique russe de M. A. Tebné, par le D' Jean Zimmermann ; I. Théorie. II. Pra-
tique. Montmorency et Saint-Pétersbourg, s. d. ; s fasc. in-8°.
Les fournitures interchangeables. Henri Picard et frère. Paris, 1904-1905; 2 vol.
in-4<'.
Société internationale des Électriciens. Annuaire pour igoS. Paris, Gauthier-
Villars; I fasc. in-4°.
Annales de la Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles-lettres
du département de la Loire; 2' série, t. XXV, année igoS, \" livraison, janvier-mai.
Saint-Etienne, J. Thomas et C'", igoS; i fasc. in-8°.
Astronomische Beobachtungen au/ der kôniglichen Sterntiarte zu Berlin;
série II, Bd. II und III. Berlin, igo4; 2 vol. et i fasc. in-4°.
Annals of the astronomical Observatory of Harvard Collège; vol. LVIII, part 1.
Cambridge, Mass., igo4; i fasc. in-4°.
Bulletin mensuel de l'Observatoire météorologique de l'Université d'Upsal;
vol. XXXVl, année igo4. Upsal, 1904-1900; i fasc. in-4°.
Annali delV Ujjicio centrale meteorologico e geodimimico italiano; série seconda :
vol. XIV, parte III, i8g2; vol. XX, parte 1, 1898; vol. XXI, pirte I, 1899; vol. XXII,
parte I, 1900. Rome, 1.904; 4 vol. in-4°-
SÉANCK DU 29 MAI ipo5 I 495
Explorations géologiques dans les régions aurifères de la Sibérie : Région auri-
fère d'iénissei, livr. K-7, 8; 1^-6, 8, 9; liégion aurifère de Lena, livi;. 6-11; texte et
cartes. Saint-Pétersbourg, 1903-1904; 6 fasc. in-8° et 6 feuilles in-plano.
Matériaux pour la Carte géologique de la Suisse, publiés par la Commission géo-
logique de la Société helvétique des Sciences naturelles aux frais de la Confédération;
nouvelle série, livraisons 17-19. Berne, 1904-1905; 3 fasc. in-4°.
First annual report of the Henry Phipps Institute for the study, treatement and
prévention of tuberculosis. Philadelphie, 1900; 1 vol. in-8°.
Reports from the laboratory of the Royal Collège of Physicians Edinburgh;
vol. IX. Edimbourg, iQOÏ; 1 vol. in-8".
Index-Catalogue of médical and veterinary Zoology, part 7-10, by Ch. Wardell
Stiles and Albeiit Hassal. Washington, Imprimerie du Gouvernement, 1904-1905;
5 fasc. in-S".
Bulletin of the United States national Muséum, n" 50 : The hirds of North and
Middle America, by Robkrt Rinr.WAY, part 111. Washington, 1904 ; i vol. in-S".
Ouvrages reçus da.ns la séance du 22 .mai 1905.
OEuvres complètes de C hristiaan Huygens, publiées par la Société hollandaise des
Sciences; t. XI : Correspondance, 1691-1695. La Haye, Martinus Nijhoff, igoS; i vol.
in-4°. (Offert par les Directeurs de la Société hollandaise des Sciences. )
Travaux de l' Association de l'Institut Marey, par MM. Chauveau, Kronecker.
Atbanasiu, Wallër, Errera. Paris, Masson et C'=, 1906; i vol. in-4°. (Hommage de
M. Chauveau, Président de l'Association. )
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert I",
Prince souverain de Monaco, publiés sous la direction et avec le concours de M. Jules
Richard. Fasc. XXIX : Mémoires océanographiques (i'" série), par J. Thoulet, avec
9 planches. Imprimerie de Monaco, igoS; i fasc. in-4°. (Présenté en hommage par
S. A. S. le Prince de Monaco.)
Notice sur les travaux de M. Louis Henry, professeur à l'Université de Louvain,
Correspondant de l'Institut de France. ( Evlr. de la Bibliographie de l'Université
catholique de Louvain, 1899-1903.) Louvain, typ. Cli. Peeters ; i fasc. in-8''.
Décades zoologiques de la Mission scientifique permanente d'exploration en
Indo-Chine : Oiseaux, première décade. Hanoï, imp. F. -H. Schneider, 1905 ; i fasc.
in-4''. (Présenté par M. Delage, au nom de M. Boutan, directeur de la Mission.)
La lutte antituberculeuse. Bulletin mensuel; numéro spécial : Assemblée générale
de la Fédération antituberculeuse française. Paris, s. d. ; i fasc. in-8">.
Service géographique de l'Armée. Carte d' Asie centrale, au looooo", en couleurs :
Boukhara; Asterabad; Maimènè; Hérat; Merv. 5 feuilles in-plano.
Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Infé-
rieure; 5' volume de la 8' série, 1904. Nantes, igoS; i vol. in-8°.
Actes de la Société linnéenne de Bordeaux : vol. LIX, 7' série, tome IX. Bordeaux,
1904; I vol. in-8".
Bulletin météorologique du département de l' Hérault, année 1904. Montpellier,
1905 ; I fasc. in-4°.
149^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ueber die Ursache der Sonnenjlecken, von H. Rudolph. Vienne, 1899; i fasc. m-!^".
LtiflelektrUitdt und Sonne nstrahlung, von H. Rudolph. Leipzig, 1908; i fasc.
in-8°.
Ueber die Unzuldssigkeit der gegenwartigen Théorie der Materie, von H. Rudolph
Coblentz, 1905 ; i fasc. in-S".
Nociones sobre la Paleontologia argenlina, por N. Rojas .Vcosta. Buenos-Aires
1904; T fasc. in-12. '
Hiuoria nalural de Corrientes, por N. Rojas Acosta. Corrienles, .ûoA- i fasc
in-8°. ' '
Idiommy dialectos indigenas del continente hispano sud-amer icano con la nomina
de las tribus indianas de cada terrilorio, por Carlos Prince. Lima, 190,5 ; in-8"
Republica de Chile. Oficina de lArnites. La Cordillera de las Andes entre las la-
titudes 46° i 00° S., Luis Riso Patron; con 1 gralico, 1 mapa i 10 folugrados. Santia^^o
du Chili, igoS; in-4°. "
Jahrbuch fur das Eisenhïutenwesen; Jalir-ang III. Dusseldorf, 1906; i vol. in-8°.
Observatoire royal de Belgique. Annuaire astronomique pour iqo6. Bruxelles"
1905 ; 1 vol. in-12. " '
ERRA TA.
(Séance du 23 janvier igoS.)
Remarques de M. ûarboux :
Page 2i5, supprimer le signe — dans le second membre de l'équation (22).
Même page, remplacer dans les équations (22) et (28),
S/»; 8/«; h<
respectivement par
Kf. Kfy KA.
Même page, équation (28), au lieu de a, lisez Q' .
(Séance du 22 mai iQoS.)
Note de M. L. Jecker, Sur quelques minéraux du Djebel-Ressas (Tuni
sie) :
Page .41 (, ligne 12, au lieu de e'{i2i), a^(2ii), lisez e,{i2i), a,{2ii).
Page i4i2, ligne 8, au lieu de Stacke, lisez Stache.
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
Depuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. Deui
blés l'une t^ar ordre ali)liabéli<|ue des matières, l'autre par ordr« alphabétique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
part du i" Janvier.
Le. prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit:
Paris : 30 fr. — Départements: 40 fr. — Union postale: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
Cliaix.
' Jdurdan,
' RulV.
Courtin-llecqu
, GeiDiain et Gia
' Gastineau.
•sançon Kegnier.
; Feret.
irdeaax Laurens.
hambery .
\erbourg .
y. Hc.bert.
OIjiiii.
llzel frères
, Henry.
( Margueri
Juliut.
' Bouy.
I Nuurry.
Ralel.
I Rey.
\ Lauverja
/ Uegeî.
, Urev
chez Messieurs :
j Ba„mal.
I M- Teiier.
Lyon.
\ Georg.
EfTantin.
Savy,
f Ville.
Marseille Ruai.
l V'alat.
Montpellier j c„^^g^ et nis.
i/oulins Martial Place.
! Jacques.
Grosjean-Ma.if
Sidol frères,
l Guisl'liau.
'^««'«^ I Veloppé.
l Barma.
'"^■'ce j Appy.
Mmes Tbibaud.
. Loddé.
Orléans
l'oitiers.
fiennes Plihon et Hervé.
BochvforL Girard {M"")-
Rouen ./Uansl-.s.
I Lestringanl.
S'-Étlenne Chevalier.
^ , l Ponleil-lîurles.
Toulon .... '
/ Gralier
Bochelle . . . Fouche
! Havre ■
lie
Bourdignon.
Domhre.
Thorez.
Quarré.
Valenciennes
Rumèbe.
, Gimet.
i Giard.
/ Lemailre.
On souscrit à l'étranger,
Amsterdan
chez Messieurs :
Feikema Caarel -
' sen et C'V
Athènes 1. Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et G".
Dames.
Berlin Friedlander et fils.
Mayerel Millier.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanicbelli.
Lamerlin.
Bruxelles Mayolez et Audiarte.
' Lebègue et C'v
Solchck et G».
Bucharest Alcalay.
Budafiest Kilian.
Cambridge Deightoo, Bell et G».
Christiania Cammermeyer.
Constantino/'le . . Olto Keil.
Copenhague Hôsl et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
, Cherbulie».
Genè<>e ) Georf;.
' Stapelmohr.
La Haye Belinfanle frères.
Lausaii
Liège .
chez Messieurs:
, Dulau.
Londres
. . . 1 Hachette el G'*.
' Nutl.
Luxembourg
, . . V. BUck.
Ruiz el C'«.
Madrid
\ Romo y Fussel.
••• Capdeville.
' F. Fé.
Milan
1 Bocca frères.
■■• JHcepli.
Moscou
. . . Tastevin.
'^"Ples
[ Marghieri di Gius
■■■ ) Pelleran...
Dvrsen et l'feiffer.
A'eiv- rork . . .
... Slechert.
Lemcke et Buei-I.iier
Odessa
... Rousseau.
Ox/ord
... Parker et C-.
. ... Reber.
. . . Magolhaès et Moniz
. .. Hivnac.
Bio Janeiro .
l Bocca frères.
Borne
■•■■ JLoescheret G".
Rotterdam . .
... Kramers el fils.
Stockholm . . .
.... Nordiska Boghandel
S'-Rétersbourg .. yv^iff
,e....
1 Benda
■•• IPayotelG".
1 Barlb.
Brockbaus.
... < Kœhler.
1 Bocca frères.
) Brero
•••••jClausen.
1 Rosenberg et Sellier,
Vérone
i Lorenlz
' Twietmeyer.
, Desoer.
.... Drucker.
\ Frick.
Zurich
.. . Meyer el Zeller.
Gnusé.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes !";> 31. - (3 Août i835 a 3i Décembre ,85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 25 r.
Tomes 32 a 61. - ( ." Jar.vier ,S5, à 3, Décembre .865. ) Volume .n-4;; .870. Pr x 25 r
Tomes 62 a 91. — (i" Janvier 1866 a 3i Décembre ,SSo.)Volume in-4°; 1889. Prix ^5 r.
Tomes 92 à 121. - (:" Janvier ,88, à 3> Décembre ,Sç,5.) Voinme in-4-, -900. Prix 25 Ir.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : , ^ , , ^ p , K„i.„. „„>nro„ven,
uurji.i, . , , D, i„i„i.^„.AK < nar \IM \ UERBBseiA-J-J.SoLiBR. — Mémoiresur le Calcul des Perlubations OU éprouveni
^.'^:Xl'lTù:Tjr'''-tr:TJ^^^^ phè..omènes digestifs, parl,culiere,„e„i dans la 3,gesl,on de.
.atières grasses, par M. Claude Beknard. Volume in-4% avec 32 planches; .8.16 .■"■■;': i" '"s^n'nàr l'Aradémie des Sciences
Tome II.-MéJoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. V.n Bcn.o..^ -Essai d'une -P-^-^/^^^O-f'-f cor"s '::^:i^^Zi^^:'^é,^^^^^^
Dur le concours de ,853, el puis remise pour celui de i85b, savo r : « Etudier les '°'«^^5 '^ '^'*'"°"Y°' ^^' ^"[^^ ou simultanée. - Rechenl.er la
sédiinentaires, suivant l'ordre deleur superposition. - Discuter la question de leur appantioa ou de leur '"'/P^"'-'»" '""^n 7- avec 1 nlanches : .86.. . . 25
nalure les rapports qui existent entre l'étal actuel du règneorganiqueetsesétals antérieurs», parM. le Professeur Bronn.!"-.
■; planches :
A la même Librairie les
Mémoires de T Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers SaTants à l'Académie des Sciences
N" 22.
TABLE DES ARTICLES (Séance du «29 mai 1903.)
MEMOIRES ET COMMUIVICATlOIVS
DES MEMBRRS ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. E. GuYOi'. — Transmission précise de
riieure par le téléphone 1429
MM. A. 1I.41.I.HR et X. CoiiBibiKNus. — Sur
les' acides cyanocaniphacétique, cyanocai
pho-a-propionique. cyaiiocampho-i-isob
lyrique et leur* prinripaiix dérivé*
Pages.
M. Geokqks M^
MEMOIRES PRESENTES.
Oscillations des loco-
)n de diverses forces
perturbât
CORRESPONDANCE .
M. Loris Henhy, élu Correspondant pour
la Section de Chimie, adresse des remer-
clments à l'Académie
M. le SECRÉTAinE PERPÉTUEL signale les Ou-
vrages suivants : 1° « The norwegian north
polar expédition : scientific résults, iSgS-
iSjfi » , 2° « Le four électrique. Son origine,
ses transformations et ses applications «•,
par Adolphe Minet (i" fascicule)
M. R. DE MoNTESsus DE Ballore. — Sur les
fractions continues algébriques de Laguerre.
M. S. Bernstein. — Sur les équations aux
dérivées partielles du type elliptique
M. Martin Krause. — Sur l'interpolation
des fonctions continues par des polynômes.
M. Henri Abraham. — Fabrication éleclro-
lytique de fils métalliques très fins
M/ A. GuÊBHARD. — Sur l'irradiation tan-
gentielle
M. Léo Vignon. — Recherche du phosphore
blanc dans le sulfure de phosphore
M. Albert Col.son. — Sur les réactions à
vitesses discontinues du sulfate chromique
vert.^
M. Pall Lebeau. — Sur quelques propriétés
physiques du propane
M. André Klinu. — Sur le méthylaçétylcar-
binol,
M. Tipfeneau. - Sur l'oxyde de méthoéthé-
nyl benzène ( méthylstyrolène )
MiVl. A. GuYOT et J. Catel. — Synthèses
dans la série anthracénique. Condensation
des dérivés du benzodihydrofurfurane en
dérivés anthracéniques v substitués. .....
M. E. LÉOEH. — Sur la mélhylnataloémodiiie
et la nataloémodine
.M.\l. René Duchemin et jAcgUE.s Docrlen. —
Sur l'acidité des alcools élhyliques du com-
merce et sur ses variations à la tempéra-
ture ordinaire. .'
M J. DucLAUx. — Conductibilité des solu-
tions colloïdales
Bl l.LETIN BlBLIOGIlAPHIOtE
Eriutv
âges
M. Deprat. - Su
à l'état délritiqi
donien
M. A. Chevalier. — Les caféiers sau
de la Guinée française
M. J. Arthaud-Berthet. — Sur ['oïdium
laclis et la maturation de la crème et des
fromages
MM. L. Mangin et P. Viala. — Sur le Stea-
rophora radicicola. Champignon des ra-
cines de Id Vigne
MM. Charrin et Le Play. — .\ction patho-
gène du Stearophora radicicola sur les
MM. Caullery et V. Mesnil. — Phénomènes
de sexualité dans le développement des
Actinomyxidies
M. A. Malaquin. — Les phénomènes histo-
géniques de la reproduction asexuelle chez
les Salmacines et les Filogranes 1
M. A. Desgrez et M"' Bl. Guende. — Des
variations du coefficient de déminéralisa-
tion chez les animaux en étal de dyscrasic
acide 1
M. Mayet. — Reproduction expérimentale
du cancer de l'homme i
M. H. Carre. — Sur la maladie des chiens, i
MM. Maurice Lugeon et Emile .\rgand. —
Sur les homologies dans les nappes de re-
couvrement de la zone du Piémont 1
M. Gustave Lamare adresse un « Projet île
construction d'une horloge hydraulique .■.
M. Serge Socolov adresse une Note sur de-
« Corrélations régulières remarquables dn
système planétaire u
M. F. Hesselgren adresse une Note sur a Les
intervalles de la gamme musicale et leurs
rapports avec le comnia »
M. Denis Lanue adresse une Note sur la
(1 Fabrication de peintures normales, à
base de zinc, remplaçant la céruse »
1494
1496
- IMPRIMERIE GAUTHIKR-VILLARS.
Quai des Grands-Augustios. i5.
11)U5
PREMIER SE3IESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBUOMADÂIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
T03IE CXL.
r 23 (5 Juin 1903
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALI COMPTES RENDUS
ADOPTÉ DANS LES SÉANCES nPfi .-. tt,,.. .o<.„ „„. , /H-^i^l^UO
.ES SÉANCES DES
23 JUIN 1862 ET l\ MAI 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de l'Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Acaclémie.
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26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
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ouparunAssociéétrangerdel'Acadéraie comprennent
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démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
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demie; cependant, si les Membres qui y ont pris
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Ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
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e dans es séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion
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temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans 1
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé ,1,
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Les Comptes rendus ne contiennent ni planches, '
ni figures.
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teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
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Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie m ' fl • • ' ~
^^Poser au Secrétariat au plus tard ^'>^^:^:j^:^^Z^^°^^^ ^" ff' ''' '''^''^'' ^^^^^^^'^ ^^^ P^^^^ ^« ^«
séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séanoesuivante.
lUH Ï6 1905
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 JUIN 1903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MÉMOIRES ET COMMUIVlCATlOrV^
DES MEMBRES ET DES GORRKSPONDANTS DE I/AGAI>EMIE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison .les fêles de la
Pentecôte, la séance du lundi 12 juin sera remise au mardi i3.
THERMOCHIMIE. - ObservcUions sur les méthodes employées en calonmétrie et
spécialement sur la détermination de la chaleur de combustion des composés
organiques; par M. Bertuelot.
I.
1. Le travail accompli dans la formation des composés organiques, ainsi
que dans leurs décompositions et métamorphoses réciproques, n'avait pas
été mesuré d'une façon générale jusqu'à l'époque où j'ai établi, en 1863 V),
qu'il pouvait être calculé rigoureusement, d'après la connaissance des cha-
leurs de combustion de ces composés.
Cet ordre de déterminations n'imporle pas moins dans les études concer-
nant la chaleur annuale, la respiration, la nutrition, et l'emploi industriel
des combustibles.
2. Les premières mesures de chaleur de combustion qui aient été exé-
cutées sont dues à Lavoisier : elles consistaient àbrùler les corps dans une
atmosphère d'oxygène, sous la pression ordinaire, au sein d'un calori-
mètre.
Ses procédés, fort imparfaits d'ailleurs, ont été successivement pertec-
(1) Annales de Chimie et de Physique, 4" série, L. VI, p,^,:
C, K., 1905, i" Semesire. (
C.\L, N- 23.) ^9'"^
1498 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tiennes par Dniong, par Andrews, par Favre et Silbermann, dont les expé-
riences font partie de l'histoire de la Science.
Sans prétendre la retracer, il suffira de rappeler que la combustion directe
opérée dans ces conditions est toujours plus 011 moins insuffisante et qu'elle
doit être complétée par une opération simultanée fort pénible, la détermi-
nation du poids et de la nature d'une fraction des gaz non brûlée, et par le
calcul un peu hypothétique de la quantité de chaleur qu'elle serait suscep-
tible de dégager. D'ailleurs la durée considérable de la combustion pro-
prement dite introduit des corrections très notables, altribuables à l'in-
fluence inévitable du réchauffement ou du refroidissement, dû aux milieux
ambiants; ce qui diminue la certitude et la précision des résultats définitifs.
II.
Cette ancienne méthode de la combustion progressive par un cou-
rant d'oxygène, agissant sous la pression atmosphérique, est celle que
M. Thomsen a d'abord suivie dans ses expériences, il y a aS à 3o ans. Mais,
après s'être conformé exactement aux errements de ses prédécesseurs, il a
cru devoir les modifier, en ce qui concerne du moins les composés orga-
niques susceptibles d'être réduits en vapeur sous l'influence d'une tempé-
rature, même élevée; tout en conservant le principe d'une combustion
progressive. Ses résultats sont consignés dans un grand Ouvrage, publié
en 1881-1886, sous le titre de Thermochemische Untersuchungen. L'auteur
opère cette vaporisation au moyen d'im instrument qu'il désigne sous le
nom de brûleur universel, et il brûle la vapeur mélangée d'oxygène, tou-
jours d'une façon progressive, dans un calorimètre spécial. Pour simplifier
son expérience, il suppose que la correction attribuable aux gaz non brûlés
est négligeable; sans justifier d'ailleurs en fait celle opinion, et contraire-
meut aux constatations de tous les savants qui se sont occupés de la ques-
tion; en outre les inévitables corrections du refroidissement, plus ou
moins dissimulées, subsistent.
Enfin, ce qui est plus grave, l'emploi du brûleur universel exige l'inter-
vention d'un combustible étranger, l'hvdrogène, employé pour vaporiser la
substance mise en expérience, et par suite l'addition d'une quantité énorme
de chaleur auxiliaire. L'auteur prétend éliminer l'influence de cette addi-
tion, en suivant un système de compensation qui lui est particulier. Ses hypo-
thèses à cet égard ne paraissent pas avoir trouvé d'adepte, car aucun expé-
rimentateur n'a adopté son mode d'opérer. Aussi toutes les déterminations
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. 1^99
exécutées avec le concours du brûleur universel ont-elles été jugées par
les personnes compétentes suspectes d'inexactitudes, de grandeur variable
d'ailleurs suivant des conditions mal définies.
La question semblait vidée depuis vingt ans, lorsque M. Thomsen a cru
devoir y revenir (') récemment, non sans quelque âpreté; sans apporter,
d'ailleurs, aucune nouvelle expérience ou justification expérimentale, mais
seulement avec des arguments de statistique, tirés de ses propres essais et
de leur conformité avec certaines hypolhèscs adoptées par lui. Il a prétendu
expliquer les fiivergences de ses résultais avec ceux des nombreux savants
qui, en France et à l'étranger, ont poursuivi le même ordre d'éludé, en atta-
quant les méthodes qu'ils ont suivies.
Sans vouloir perpétuer une polémique regrettable, ainsi renouvelée par
un savant honorable, il paraît cependant nécessaire d'entrer dans de nou-
velles explications.
Observons d'abord qu'en principe on ne saurait justifier une méthode
en se bornant à faire la statistique des résultats obtenus par un auteur et
leur concordance avec ses hvpothèses. En effet, de semblables accords
peuvent résulter simplement de la régularité du mode d'opérer, alors même
que ce mode serait erroné, et de la tendance inconsciente de l'opérateur
à diriger la marche de ses expériences, de façon à obtenir des chilïres con-
formes à ceux calculés à l'avance, en écartant systématiquement ceux qui
en divergent. Il y a là une suggestion involontaire, à laquelle succombent
les personnes même les plus disposées à se tenir en garde, comme le mon-
trent les faits bien connus relatifsà la baguette divinatoire, et une multitude
d'autres.
Dans le cas actuel, il est facile de démontrer l'illusion de semblables cal-
culs, d'après l'examen précis des limites d'erreur des mesures thermomé-
Iriques les plus parfaites, limites 3, 4 et jusqu'à lo fois aussi considérables
que celles des concordances invoquées par l'auteur; et cela particulière-
ment quand il s'agit de comparer les différences des valeurs thermiques des
termes successifs des séries numériques exprimant les chaleurs de combus-
tion moléculaires. Ces valeurs variant proportionnellement aux poids molé-
culaires, leurs erreurs croissent aussi proportionnellement, jusqu'à devenir
lo et 20 fois aussi grandes, lorsqu'on passe des premiers termes dune série
à des termes plus élevés. Ces premiers termes eux-mêmes offrent souvent
des anomalies; elles ont été constatées par tous les phvsiciens qui ont
(') Zeitschrift fiii- pkysikalische Chenue., t. LI, igoô, p. 6.
l5oO ACADÉMIE DES SCIENCES.
recherché des relations régulières entre la composition chimique et les
propriétés physiques : points d'ébuUition, points de fusion, courbes de
tensions de vapeur, densités et volumes moléculaires, pouvoirs réfringents
spécifiques, etc. La concordance absolue entre les valeurs des différences
des chaleurs moléculaires de combustion est donc purement artificielle. En
fait, plusieurs savants, en France et en Allemagne, ont essayé de calculer
a priori les chaleurs de connbustion des composés organiques, comme le
fait M. Thomsen, mais d'après des voies différentes; et ils ont conclu à
l'inexactitude des mesures de cet auteur; en confirmant, au contraire, les
mesures faites dans mon laboratoire, dans ceux de mes élèves et dans celui
du regretté Stohmann. En tout cas, il est périlleux de prétendre contrôler
l'exactitude de données expérimentales par leur comparaison avec de pré-
tendues constantes thermochimiques et avec des hypothèses incertaines.
Sans aborder la discussion détaillée de tous les emplois non justifiés du
brûleur universel, il convient de signaler surtout l'incorrection de son appli-
cation à la combustion des composés chlorés et analogues, en raison de l'igno-
rance où nous sommes de l'état réel de ces composée au moment de leur com-
bustion. En effet, on sait que la combustion des sapeurs qui renferment de
l'hvdrogène combiné, aussi bien que celle de leur mélange avec un excès
d'hvdrogène libre, donne naissance à un mélange de chlore libre, d'oxv-
gène libre, de gaz chlorhydrique, d'eau et d'hydrates chlorhydriques divers
en vapeurs saturées; système instable dont la composition se modifie rapi-
dement, au cours du trajet que ce mélange parcourt en sortant du calori-
mètre pour arriver aux appareils dans lesquels l'auteur absorbe le chlore
resté libre au dernier point de ce trajet. Non seulement la constitution
finale des vapeurs contenant de l'eau et de l'acide chlorhydrique est incon-
nue; mais la dose même du chlore libre, mesurable à ce dernier moment,
n'est pas la même qu'au point de départ, et son évaluation demeure tou-
jours imparfaite. Les calculs d'ailleurs sont compliqués et appuyés sur des
hypothèses incertaines. Les seules expériences correctes à cet égard seraient
celles où la totalité du système gazeux demeurerait au sein du calorimètre
et y serait ramenée immédiatement à un état invariable, par suite de la dis-
parition complète du chlore libre et des vapeurs saturées. C'est précisément
ce que j'ai pris soin de réaliser et de vérifier dans mes propres expériences.
Mais M. Thomsen n'a jamais observé cette règle. C'est pour ce motif, joint
à l'incertitude résultant de l'introduction d'une source de chaleur étrangère,
que toutes les expériences faites avec le brûleur universel sur les composés
chlorés doivent être écartées, comme peu correctes.
SÉANCE DU 5 JUIN 1900. I 5o r
A forliori, en esl-il de même de celles où un chlorure de cnrhone est va-
porisé dans nn grand excès d'hydrogène libre et le tout brûlé par l'oxygène :
condition recherchée par l'auteur, mais dans laquelle la chaleur de forma-
tion propre du chlorure de carbone est novéeen quelque sorte dans l'énor-
mité de la chaleur de combustion de cet excès d'hydrogène.
Il ne paraît pas nécessaire d'insister davantage sur ces points.
Rappelons cependant, dans un autre ordre, les doutes relatifs aux cha-
leurs d'oxydation des métaux adoptées par M. Thomsen, valeurs dont plu-
sieurs ont été reconnues fort inexactes depuis les rectifications de M. Mois-
san (chaleur d'oxydation du calcium portée à -|-r45*^*' au lieu de i3i,5
d'après Thomsen : erreur 10 pour 100), de M. Guntz (chaleur d'oxydation
du baryum mesurée, tandis que M. Thomsen avait construit des Tableaux
avec un chiffre purement hypothétique), de M. Joannis (chaleur de disso-
lution du potassium dans l'eau, trouvée 45^*', 2 : au lieu de 48,1, Thom-
sen : erreur 8 pour 100); et plus généralement l'incertitude des calculs qui
appliquent aux métaux, pris dans leur état usuel, des cliiflres obtenus
pour des états différents, tels que ceux du platine ou du palladium, ou
bien encore ceux réalisés en précipitant un métal par nn autre métal.
L'influence considérable que la diversité d'états d'un même métal exerce
sur sa chaleur de combinaison est démontrée, entre autres, par mes expé-
riences sur les états allotropiques de l'argent métallique. Ces difîérences
font varier de 4 Calories la chaleur de formation de l'oxyde d'argent, selon
que l'on part de l'argent battu en feuilles, ou de l'argent cristallisé; l'écart
étant de 2 Calories pour l'argent précipité de ses sels par une lame de
cuivre ('). Ces écarts s'élèvent jusqu'à 3o pour 100 de la chaleur d'oxy-
dation admise par M. Thomsen pour l'argent.
La nécessité dans les études thermochimiques et éleclrochimiques de
ramener les états divers des métaux à un type unique, c'est-à-dire à un état
initial et rigoureusement défini, n'avait pas été aperçue autrefois. Elle
rend aujourd'hui indispensable pour presque tous une revision d'ensemble
des données relatives à leurs chaleurs de combinaison; les chiffres consi-
gnés dans les Thermochemische Untersuchimgen n'ayant plus aujourd'hui
qu'un caractère historique provisoire, comme ceux de Favre et Silbermann
d'autrefois.
(') Annales de Chimie et. de Physique, 7" série, t. XXH, p. 3i i.
[5o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ITI.
Venons à l'examen desmélhodes mises en œuvre pour la combustion des
matières organiques au moyen delà bombe calorimétrique, méthodes dont
M. Thomsen ne semble pas avoir compris les princi|)es essentiels.
Ces principes sont les suivants : on doit procéder à une transformation
intégrale des produits, de façon à réaliser un état final absolument défini
au sein même du calorimètre ; on doit, en outre, opérer d'une façon presque
instantanée, pour réduire toutes les corrections à ne représenter que de
très petites fractions de la chaleur mesurée.
Dans ces conditions, les modes intermédiaires de la transformation,
objectés d'un façon vague par M. Thomsen, n'influent en rien sur la chaleur
totale dégagée. Telle est la caractéristique de toutes mes mesures. Elles ont
été exécutées dans mes recherches par deux méthodes différentes, l'une
applicable aux gaz, l'autre aux substances solides ou liquides, fixes ou de
volatilité quelconque, et j"ai donné tous les résultats exacts sans exception
ni correction supplémentaire
Méthode de détonation. — Il y a aS ans, j'ai opéré par détonation sur les
gaz combustibles, parfaitement purs, mélangés en proportion aussi rigou-
reuse que possible avec l'oxygène pur, sous une pression initiale de i*'
à 2" dans un récipient d'acier, doré à l'intérieur et entièrement immergé
dans un calorimètre (' ). On détermine l'explosion par une étincelle. La
combustion est instantanée, et opérée à volume constant; elle est totale
dans ces conditions, comme le savent tous les chimistes et comme j'ai pris
le soin de le vérifier par l'analyse et la pesée des |)roduits.
La chaleur est cédée aussitôt au calorimètre et l'expérience complète ne
dure pas plus de quelques minutes, sans opération complémentaire.
J'ai procédé de même pour déterminer la chaleur de formation du
bioxyde d'azote, en faisant détoner l'élhylène mélangé, d'une pari avec le
bioxyde d'azote, d'autre part avec l'oxygène pur, et faisant la dilférence des
deux résultats ; j'ai opéré de même avec le bioxyde d'azote el le cyanogène.
Cette détermination capitale m'a [)ermis de fixer la chaleur de formation
par les éléments de l'acide azotique, des azotates, de la nitroglycérine, de
la poudre coton, el des déiivés nitrés; c'est-à-dire de fournir pour la pre-
(1) Annales de Chimie et de Physique, 5" série, l. \X, p. aS-.
SÉANCE DU 5 JUIN ipoS. l5o3
mière fois les données rigoureuses indispensables à la définition des matières
explosives.
J'ai suivi cette marche pour l'étude thermochimique d'un certain nombre
de gaz hydrocarbonés et j'en ai fuit l'ai^plication à plusieurs autres com-
posés, possédant une tension de vapeur suffisante pour être entièrement
vaporisés, d'une façon permanente et à froid, dans le volume exact d'oxy-
gène susceptible de les brûler. Ajoutons que les différences, faibles d'ordi-
naire, qui existent entre les données consignées dans mon dernier Ouvrage
(^Thermochimie : données et lois numériques, 1897) et les résultats obtenus à
l'origine, c'est-à-dire d'après les méthodes anciennes, par M. Thomsen,
sont explicables par le caractère incomplet de ses combustions progressives
et par la présence des impuretés, constatées par lui-même dans les gaz sur
lesquels il a opéré (').
De même, en opérant à la fois par délcuiation et aussi par les méthodes
anciennes de combustion, j'avais rectifié la valeur inexacte de la chaleur de
combustion de l'oxyde de carbone, fixée à G6*^''',8 par M. Thomsen {Berichle
de Berlin, 187 i). J'ai obtenu par combustion ordinaire 68, 18 et par déto-
nation 68,28. M. Thomsen a rectifié depuis son premier chilfre, conformé-
ment à mes indications.
Je ne rappellerai pas l'erreur considérable qu'il avait commise sur la
chaleur de combustion de la benzine et qu'il a dû rectifier également, en
raison des indications de M. Stohmann et des miennes.
Une correction plus grave encore, démontrée par les méthodes de com-
bustion, est celle de la chaleur de formation du gaz ammoniac par ses élé-
ments. M. Thomsen avait fixé ce chiffre à -+-26^"', 7, eu se fondant sur des
déterminations incorrectes. En 187g, j'ai reconnu cette erreur en brûlant
le gaz ammoniac par l'oxygène et j'ai trouvé pour la chaleur de formation
de i'""' de ce composé : -+-12^^', 2 ( -), Quelques mois après, M. Thomsen a
répété mes expériences, les a vérifiées et il a rertifié son erreur.
Méthode (le la bombe calorimétrique avec oxygène comprimé. — La méthode
de détonation que j'avais ainsi appliquée aux gaz et aux matières très vola-
tiles ne pouvant être employée pour les matières fixes ou peu volatiles, j'ai
été conduit, il y a 20 ans, à la modifier; de façon à instituer une méthotle
(') Par exemple, celle de son élhylène contenant, d'après ce savant, une dose notable
de l'ormène, etc. Sur ce point comme sur diverses autres rectifications, voir ma Note
au Bulletin de la Société chimique pour ib)S4, p. 4-
(-) Annales de Chimie et de Physique, 5" série, t. XX, p. 254.
l5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
universelle de combustion pour tous les corps combustibles, quel qu'en fût
l'état, et même aux corps fixes, solides ou liquides.
Tous ces corps en effet peuvent être brûlés presque instantanément dans
l'oxygène comprimé à 25"'"' et employé en grand excès, de façon que le pro-
duit final contienne au moins, sur loo volumes gazeux, 60 volumes d'oxv-
gène libre. Telle est la méthode de la bombe calorimétrique à oxygène
comprimé, méthode d'une réalisation facile, donnant lieu à des mesures
très promptes et presque exemptes de corrections. La combustion y est
intégrale, comme plusieurs savants l'ont vérifié dans une multitude de cas,
en analysant les gaz de cette combustion. Ce résultat rend frivole toute
objection fondée sur la marche intermédiaire suivant laquelle cette com-
bustion peut s'accomplir. En effet, c'est un principe de Thermochimie que
la chaleur totale dégagée dépend uniquement de l'état initial et de l'état
final, étant indépendante des états intermédiaires.
La grande exactitude de cette méthode a été constatée en fait par les
nombreux expérimentateurs qui l'ont mise en cause, non seulement en
France, mais dans les autres pays et notamment en Allemagne, où elle a
été éprouvée par des savants exercés, tels que Stohmann et M. E. Fisher.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la dynamujue de l'électron.
Note de M. H. Poixcaré.
Il semble au premier abord que l'aberration de la lumière et les phéno-
mènes optiques qui s'y rattachent vont nous fournir un moyen de déter-
miner le mouvement absolu de la Terre, ou plutôt son mouvement, non
par rap]Kirt aux autres astres, mais par rapport à l'élher. Il n'en est rien;
les expériences où l'on ne tient compte que de la première puissance de
l'aberration ont d'abord échoué et l'on en a aisément découvert l'expli-
cation; mais Michelson, ayant imaginé une expérience où l'on pouvait
mettre en évidence les termes dépendant du carré de l'aberration, ne fut
pas plus heureux. Il semble que cette impossibilité de démontrer le mou-
vement absolu soit une loi générale de la nature.
Une explication a été proposée par Lorentz, qui a introduit l'hypothèse
d'une contraction de tous les corps dans le sens du mouvement terrestre;
cette contraction rendrait compte de l'expérience de Michelson et de toutes
celles qui ont été réalisées jusqu'ici, mais elle laisserait la place à d'autres
expériences plus délicates encore, et plus faciles à concevoir qu'à exécuter.
SÉANCE DU 5 JUIN IQoS. j5>i5
qui seraient de nature à mettre en évidence le mouvement absolu de la
Terre. Mais, si l'on regarde l'impossibilité d'une pareille constatation
comme hautement probable, il est permis de prévoir que ces expériences,
si on parvient jamais à les réaliser, donneront encore im résultat négatif,
Lorentz a cherché à compléter et à modifier son hypothèse de façon à la
mettre en concordance avec le postulat de l'impossibilité complète de la
détermination du mouvement absolu. C'est ce <]n'il a réussi à faire dans son
article intitulé Electrnmagnetic phenomena in a systein moving with any
velocity smaller ihan ihat of light (^Proceedings de l'Académie d'Amsterdam,
27 mai 1904).
L'importance de la question m'a déterminé à la reprendre; les résultats
que j'ai obtenus sont d'accord sur tous les points importants avec ceux de
Lorentz; j'ai été seulement conduit à les morlifier et à les compléter dans
quelques points de détail.
Le point essentiel, établi par Lorentz, c'est que les équations du champ
électromagnétique ne sont pas altérées par une certaine transformation
(que j'appellerai du nom de Lorenlz) et qui est de la forme suivante
(i) x' = klÇr + £/), y' = /y, z' = Iz, l' = kl{t 4- tx),
X, y, z sont les coordonnées et t le temps avant la transformation, x' , y',
:;' et t' après la transformation. D'ailleurs s est une constante qui définit la
transformation
k= '_
et /est une fonction quelconque de s. On voit que dans cette transforma-
tion l'axe des œ joue un rôle particulier, mais on peut évidemment con-
struire une transformation où ce rôle serait joué par une droite quelconque
passant par l'origine. L'ensemble de toutes ces transformations, joint à
l'ensemble de toutes les rotations de l'espace, doit former un groupe;
mais, pour qu'il en soit ainsi, il faut que /= i ; on est donc conduit à sup-
poser /= I et c'est là une conséquence que Lorentz avait obtenue par une
autre voie.
Soient p la densité électrique de l'électron, ç, ri, i^ sa vitesse avant la trans-
formation ; on aura pour les mêmes quantités p', ^', ri', '(' après la transfor-
mation
= ^p(' + ^^)'
P'q'= ^p(^ -hc),
C. K., ..,o3, 1" Semés,
rre (T. CXL, N» 23.)
'9^
l5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces formules diffèrent un peu de celles qui avaient été trouvées par Lo-
renlz.
Soient maintenant K, Y. Z et \', Y', Z' les trois composantes de la force
avant et après la transformation, la force est rapportée à l'unité de volume;
je trouve
(3) X'=J(X + eSX;). \-=l, Z'=|.
Ces formules diffèrent également un peu de celles de Lorentz; le terme
complémentaire en IXl rappelle un résultat obtenu autrefois par M. Lié-
nard.
Si nous désignons maintenant par X,, Y,, Z, et X,, Y',, Z\ les compo-
santes de la force rapportée non plus à l'unité de volume, mais à l'unité de
masse de l'électron, nous aurons
(4) x; = Ji(x. + azx.E), Y; = ili. z; = i^.
Lorentz est amené également à supposer que l'électron en mouvement
prend la forme d'un ellipsoïde aplati; c'est également l'hypothèse faite par
Langevin, seulement, tandis que Lorentz suppose que deux des axes de
l'ellipsoïde demeurent constants, ce qui est en accord avec son hypothèse
/= I, Langevin suppose que c'est le volume qui reste constant. Les deux
auteurs ont montré que ces deux hypothèses s'accordent avec les expé-
riences de Raufmaiin, aussi bien que l'hypothèse primitive d'Abraham
(électron sphérique). T>'hypothèse de Langevin aurait l'avantage de se suf-
fire à elle-même, puisqu'il suffit de regarder l'électron comme déformable
et incompressible pour expliquer qu'd prenne quand il est en mouvement
la forme ellipsoïdale. Mais je montre, d'accord en cela avec Lorentz, qu'elle
est incapable de s'accorder avec l'impossibilité d'une expérience montrant
le mouvement absolu. Cela tient, ainsi que je l'ai dit, à ce que / = i est la
seule hypothèse pour laquelle l'ensemble des transformations de Lorentz
forme un groupe.
Mais avec l'hypothèse de Lorentz, l'accord entre les formules ne se fait
pas tout seul; on l'obtient, et en même temps une explication possible de
la contraction de l'électron, en supposant que l'électron, déformable et
compressible, est soumis à une sorte de pression constante extérieure dont le
travail est proportionnel aux variations du volume.
Je montre, par une application du principe de moindre action, que, dans
SÉANCE DU 5 JUIN 1906. iSoy
ces conditions, la compensation est complète, si l'on suppose que l'inertie
est un phénomène exclusivement électromagnétique, comme on l'admet
généralement depuis l'expérience de Kaufmann, et qu'à part la pression
constante dont je viens de parler et qui ygit sur l'électron, toutes les forces
sont d'origine électromagnétique. On a ainsi l'explication de l'impossibilité
de montrer le mouvement absolu et de la contraction de tous les corps
dans le sens du mouvement terrestre.
Mais ce n'est pas tout : Lorentz, dans l'Ouvrage cité, a jugé nécessaire de
compléter son hypothèse en supposant rpie toutes les forces, quelle qu'en
soit l'origine, soient affectées, |)ar une translation, de la même manière
que les forces électromagnétiques, et que, par conséquent, l'effet produit
sur leurs composantes par la transformation de Lorentz est encore défini
par les équations (4).
Il importait d'examiner cette hypothèse de plus près et en particulier de
rechercher quelles modifications elle nous obligerait à apporter aux lois de
la gravitation. C'est ce que j'ai cherché à déterminer; j'ai été d'abord con-
duit à supposer que la propagation de la gravitation n'est pas instantanée,
mais se fait avec la vitesse de la lumière. Cela semble en contradiction avec
un résultat obtenu par Laplace qui annonce que cette propagation est,
sinon instantanée, du moins beaucoup plus rapide que celle de la lumière.
Mais, en réalité, la question que s'était posée Laplace diffère considérable-
ment de celle dont nous nous occupons ici. Pour Laplace, l'introduction
d'une vitesse finie de propagation était la seule motlification qu'il apportait
à la loi de Newton. Ici, au contraire, cette modification est accompagnée
de plusieurs autres; il est donc possible, et il arrive en ellel, qu'il se pro-
duise entre elles une compensation partielle.
Quand nous parlerons donc de la position ou de la vitesse du corps atti-
rant, il s'agira de cette position ou de cette vitesse à l'instant où Voiide gra-
vifique est partie de ce corps; quand nous parlerons de la position ou de la
vitesse du corps attiré, il s'agira de cette position ou de celte vitesse à
l'instant où ce corps attiré a été atteint par l'onde gravifique émanée de
l'autre corps; il est clair que le premier instant est antérieur au seconti.
Si donc X, y, z sont les projections sur les trois axes du vecteur qui joint
les deux positions, si la vitesse du corps attiré est 'i, r,, '(, et celle du corps
attirant ç,, vi,, ?^,, les trois composantes de l'attraction (que je pourrai
encore appeler X,, Y,, Z, ) seront des fonctions de a;, J', s, ^, •/), C ç,, r,,, d-
Je me suis demandé s'il était possible de déterminer ces fonctions tle telle
l5o8 ACADÉMIE DES SCTENCES.
façon qu'elles soient iifTeclées parla transformation de Lorentz conformé-
ment aux équations (4) et qu'on retrouve la loi ordinaire de la gravitation,
toutes les fois que les vitesses l, n, C, ç,. r,,, C, sont assez petites pour qu'on
puisse en négliger les carrés devant le carré de la vitesse de la lumière.
La réponse doit être affirmative. On trouve que l'attraction corrigée se
compose de deux forces, l'une parallèle au vecteur x, y, z, l'autre à la
vitesse ^,, -/i,, "C,.
La divergence avec la loi ordinaire de la gravitation est, comme je viens
de le dire, de l'ordre de l'- ; si l'on supposait seulement, comme l'a fait
Laplace, que la vitesse de propagation est celle de la lumière, cette diver-
gence serait de l'ordre de l, c'est-à-dire loooo fois plusgrande. Il n'est donc
pas, à première vue, absurde de supposer que les observations astrono-
miques ne sont pas assez précises pour déceler une divergence aussi petite
que celle que nous imaginons. Mais c'est ce qu'une discussion approfondie
permettra seule de décider.
PHOTOGRAPHIE. — Photographies en couleurs du spectre négatives
var transmission. Note de M. G. Lippmaxn.
On sait que l'on obtient la reproduction photographique des couleurs en
employant une couche sensible de nature quelconque, pourvu qu'elle soit
transparente, et adossée, pendant la pose, à un miroir de mercure. Les cou-
leurs du modèle sont visibles par réflexion après développement de la
plaque.
La nature de la couche sensible est d'ailleurs indifférente : on obtient
des couleurs soit avec des couches de gélatinobromure d'argent, soit avec
des couches de gélatine ou d'albumine, ou de cellulose bichromatée (').
Quand la couche sensible est formée d'une pellicule bichromatée, on la
C) Pour opérer sur cellulose, on fait dissoudre cette substance dans la liqueur de
Schweizer, on coule sur verre. Après que la couche a fait prise, on la décolore par un
lavage à l'acide chlorhjdrique étendu; puis on rimbilje de bichromate de potasse à
3 ou 4 pour ICO et on la fait sécher. La couche sèche est exposée dans le châssis à mer-
cure, jusqu'à ce que la trace de l'image soit visible en brun. Il ne reste plus qu'à laver
la plaque à l'eau pure, pour enlever le bichromate : les couleurs apparaissent en même
temps.
SÉANCE DU 5 JUIN igoj. I SoQ
fixe par un simple lavage ;i l'eau : les couleurs apparaissent en même temps,
visibles tant que la couche est humide. Elles disparaissent par dessiccation
et reparaissent chaque fois que l'on rend de l'humidité à la plaque (').
Ce phénomène tient sans doute à l'action exercée par la lumière sur les
propriétés hygrométriques de la pellicule. La substance bichromatée de-
vient moins gonflable par l'eau, partout où l'action lumineuse a été plus
forte, c'est-à-dire dans les maxima d'interférence. L'humidité rend la
plaque hétérogène au point de vue physique et optique en se répartissant
dans sa masse suivant une loi périodique.
Je me suis demandé si l'on ne pourrait pas remplacer, dans cette expé-
rience, l'eau, qui s'évapore, par une matière solide et fixe.
J'ai imbibé la plaque, non plus d'eau pure, mais d'une dissolution
aqueuse d'iodure de potassium : après séchage les couleurs subsistent
encore, mais faiblement visibles; l'ioduie de potassium est donc demeuré
dans la plaque en se partageant inégalement entre les maxima et minima
d'interférence.
Vient-on à verser sur les couches ainsi chargées d'iodure de potassium à
l'état sec une dissolution de nitrate d'argent à 20 pour 100, les couleurs
deviennent extrêmement brillantes : on |)eut ensuite laver la plaque et la
faire sécher; les couleurs subsistent après séchage avec tout leur éclat.
Il s'est sans doute formé de l'iodure d'argent qui demeure inégalement
réparti dans l'épaisseur de la pellicule. Mais celle-ci demeure transparente
et l'iodure est dissimulé à l'état de solution dans la couche solide; il n'en
produit pas moins un renforcement des couleurs, qui subsistera après le
séchage.
En outre, on constate sur ces épreuves, que j'ai l'honneur de présenter
à l'Académie, que les couleurs vues par transparence sont changées en
leurs complémentaires, et que les négatifs ainsi obtenus sont brillants. Si
l'on arrivait quelque jour à obtenir le même résultat en partant, non plus
de couches bichromatées, qui sont peu sensibles et peu isochromatiques,
mais de pellicules au gélatinobromure, on pourrait multiplier les épreuves
en couleurs par tirage au chàssis-presse, comme dans le cas de la photo-
graphie ordinaire.
(') Dans le cas de la gélatine, qui se gonfle fortement, il ne faut pas remouiller com-
plètement la plaque, mais riuimecter avec l'haleine, ou mieux la passer à l'alcool.
l5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation et propriétés du chlorure et du bromure
de thorium. Note de MM. II. AIoissan el MaetiiVSEn.
Le chlorure de thorium a été déjà l'objet d'un certain nombre de re-
cherches : son existence avait été indiquée par Berzélius(') en 1826, et
son étude reprise par Chydénius(-) en i863. En i885, M. Troost (')a dé-
terminé sa densité de vapeur. Krùss et Nilson {'•) ont préparé ce chlorure
par l'action de l'acide chlorliydrique sur le métal impur. Ils ont donné un
certain nombre de ses propriétés et déterminé aussi sa densité de vapeur.
MM. Moissan et Étard {'") ont préparé le chlorure de thorium par l'action
du chlore sur le carbure. Enfin, MM. Matignon et Delépine (•*) ont obtenu
le même composé, cristallisé, par l'action d'un mélange d'oxyde de carbone
et de chlore sur la thorine.
Préparation. — Nous avons repris la mélhotle de MM. Moissan et Étard,
en faisant agir le chlore, bien sec, soit sur le carbure de thorium, ou
mieux sur une l'onte de thorium aussi riche que possible en métal. Cette
fonte de thorium avait été préparée, au four électrique, par l'action du
charbon de sucre sur de la thorine pure. La réaction se produit à haute
température, et le chlorure vient se condenser dans la partie froide du tube.
On obtient ainsi une pou ire jaune, plus ou moins cristalline, dont la colo-
ration est due à un excès de chlore. On peut se débarrasser de cet excès
de gaz, en sublimant lentement le chlorure dans un courant d'hydrogène
sec. Par condensation, on obtient une masse cristalline, transparente. Mais
nous ne devons pas oublier que, pendant la préparation et la sublimation
de ce composé, les vapeurs de chlorure de thorium attaquent la couverte
du tube de porcelaine, de telle sorte qu'il devient assez difficile d'obtenir
un produit absolument pur.
De plus, lorsque ce chlorure a été préparé sous forme d une poussière
(') Berzélius, Traité dt Chimie, édit. française, 1826, et Ann. Clieni. Ph. Pogg.,
t. XYI, 1829, p. 385.
( = ) Chydénius, Ann. der Cliem. und Pharm., t. CXXVII, i863, p. 33.
(') Tkoost, Comptes rendus, t. Cl, i885, p. 36o.
(*) Krïss et NiLSON, Ber. cheni. Gesell., t. XX, 1887, p. i665.
(") Moissan et Étard, Comptes rendus, t. CXXII, 1896, p. 573.
(') Matigaon et Delépine, Comptes rendus, t. CXXXII, 1901, p. 37.
SÉANCE DU 5 JUIN ipoS. l5ll
cristalline, il est tellement hygroscopique, que son maniement et son
transvasement d'un appareil clans un autre deviennent presque impossibles.
Si l'on fait l'analyse de ces derniers échantillons, ils donnent toujours des
chil'fres un peu itderieurs à la formule TiiCl*, par suite de cette action iné-
vitable de riiumidité de l'air. Il existe peu de composés aussi hygrosco-
piques que le cidorure de ihorium.
Nous avons alors monté un appareil, dans lequel on pouvait d'abord
faire l'attaque du carbure de thorium par le chlore, dans un tube de porce-
laine; puis, en remplaçant le chlore par un courant d'hydrogène, sublimer
ensuite le chlorure obtenu, et l'amener, par volatilisation, dans un tube de
verre terminé par plusieurs ampoules, où il était possible de le recueillir.
On évitait ainsi tout transvasement et tout maniement en présence de l'air.
Bien entendu, notre appareil était primitivement séché avec le plus grand
soin, et nos gaz bien privés d'humidité. La dernière sublimation se faisait
dans le vide, de façon à faire passer le chlorure d'une ampoule dans une
autre. Malgré toutes ces précautions, et bien que les deux dernières
ampoules ne fussent pas attaquées, il se formait toujours, à la sortie du
tube de porcelaine, une petite quantité d'une poudre blanche qui renfer-
mait du thorium, du chlore et de l'oxygène.
Cet oxychlorure était produit grâce à l'attaque de la porcelaine. De même,
surtout lorsque l'attaque du métal par le chlore durait longtemps, nous
trouvions quelques petits cristaux de chlorure d'aluminium facilement
volatilisables. Enfin, il se formait parfois dans la première partie de l'opé-
ration un anneau très mince de sesquichlorure de fer. Ce métal provenait des
électrodes du four électrique, d'où il avait été volatilisé puis fixé sur le
carbure de thorium au moment de sa prépnration. Nous nous étions assu-
rés, au préalable, que notre thorine, bien blanche, ne contenait pas de
fer.
Cette expérience, conduite avec lenteur, nous a donc permis, malgré
l'attaque de la porcelaine, de séparer, à l'état solide et cristallisé, du chlo-
rure de thorium qui était toujours comparable à lui-même.
Propriétés. — Le chlorure de thorium, ainsi préparé, était incolore
lorsqu'il se présentait en cristaux, et blanc lorsqu'il était fondu. S'd n'est
pas pur, il se colore lentement en gris, et cette décomposition paraît
s'accentuer sous l'action de la lumière et du temps. Les échantUlons bien
cristallisés restent inaltérés, ils ne sont que très peu radioactifs.
Il fournit, avec l'eau, une solution acide complètement incolore qui,
par évaporation, donne facilement une solution sursaturée de l'hydrate
1.^12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de M. Cleve ThCl', 8H-0 ('). Ce chlorure est soluble dans l'alcool absolu,
dans l'alcool à «jS" et dans l'élher saturé d'ean. Sa solution alcoolique, par
évaporation, l'abandonne à l'état cristallisé. L'éther sec en dissout des
traces, mais le chlorure de thorium est insoluble dans le benzène, le
toluène, l'essence de térébenthine, le chloroforme et le sulfure de car-
bone. La densilé a été déterminée au moyen du benzène rectifié sur le
sodium métallique, et nous a donné, pour le composé cristallisé, le
chiffre 4.59- La détermination des températures de fusion et d'ébullition
du chlorure de thorium a été assez délicate, à cause de l'attaque du verre
et de la porcelaine par la vapeur de ce composé. La détermination a été
faite au moyen d'un couple platine platine-iridié. Le chlorure, chauffé
de 5oo° à 625" dans le vide, ne donne pas, après lo minutes, (le sublimé
visible. Entre 720° et ■^So" on voit apparaître nettement des cristaux, mais
le chlorure n'entre pas en fusion; nous avons trouvé comme point de
fusion 820". Nous rappellerons ici que MM. Rriiss et Nilson avaient pris
sa densité de vapeur à des températures com[)rises entre 1000° et i/joo".
Nous indiquerons quelques propriétés nouvelles de ce compose qui
viennent s'ajouter à celles qui sont déjà connues. Le fluor déplace le chlore
de ce composé dès la température ordinaire, et, si l'on chauffe légèrement,
l'attaque se produit avec violence, et toute la masse est portée à l'incan-
descence. Porté au rouge dans un courant d'oxygène, il donne de la tho-
rine. Le chlorure de thorium, maintenu au rouge sombre dans un courant
de vapeur de soufre entraîné par de l'hydrogène, fournit de l'acide chlorhy-
drique et un sulfure noir, mélangé d'une petite quantité de poudre jaune
qui est un oxysulfure de thorium. On peut séparer ce dernier composé en
attaquant par l'acide chlorhydrique, qui dissout le sulfure noir et laisse
intact le |)récipité jaune. Chauffé dans les mêmes conditions en présence
de vapeurs de sélénium, ce chlorure fournit un sèléniure de couleur noire,
analogue à celui qui a été signalé par MM. Moissau et Étard dans l'action
du séléniimi sur le carbure de thorium. Maintenu au rouge dans un cou-
rant de vapeurs de phosphore, il fournit un phosphure noir. Il n'est pas
attaqué à 600° par le bore et le silicium, mais, à cette température, le cal-
cium le réduit avec incandescence. Il en est de même du thorium métal-
lique en petits cristaux.
Au contact de l'ammoniac liquéfié, il se désagrège et fournit une poudre
cristalline de chlorure de thorium ammoniacal peu soluble dans le liquide
(') Cleve, Jahresb., 1874, p. 261.
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. lf)l3
où elle s'est formée et comparable aux composés préparés par Chytlénius et
par Mattews (').
Projeté sur l'azotate ou le chlorate de potassium en fusion, ce sel se
décompose rapidement sans incandescence.
Analyses. — L'analyse de ce chlorure de thorium a été faite tout d'abord
sur des échantillons qui avaient été transvasés d'un tube dans un autre,
ainsi que nous l'avons fait remarquer précédemment, et. dans ce cas, les
dosages du chlore et du thorium étaient toujours trop faibles, par suite
de l'action décomposante de l'humidité de l'air. En recueillant directement
les échantdlons dans les tubes de verre qui ont été scellés et pesés, nous
avons obtenu les déterminations suivantes :
II.
Théorie.
62, /io^
37,60
62,12
Thorium 6' ,94
Chlore 38, o5
Ces analyses, faites sur des échantillons très bien cristallisés, ne sont
cependant |)as absolument concordantes.
Bromure de thorium. Préparation. — Ce composé, obtenu antérieurement
par MM. Troost et Ouvrard en faisant agir la vapeur de brome sur un mé-
lange de thorineetde charbon (-), a été préparé, dans les mêmes conditions
que le chlorure, par l'action des vapeurs de brome sur la fonte de thorium.
Le sublimé obtenu a été distillé, une première fois dans l'hydrogène, et
une seconde fois dans le vide, dans un appareil identique à celui que nous
venons de décrire. Nous avons ainsi obtenu, à volonté, des cristaux trans-
parents et une masse blanche fondue. Les échantillons de ce bromure de
thorium, conservés dans de petits tubes scellés, à la lumière diffuse du
laboratoire, nous ont présenté un curieux phénomène de décomposition
très lente. Ils deviennent lentement gris, en abandonnant des vapeurs de
brome. La solubilité de ce bromure est comparable à celle du chlorure.
Sa densité, prise dans le benzène sec, nous a donné les chiffres suivants :
densité des cristaux, 5,62; densité du sel fondu, 5,67. Il n'est que très peu
radioactif.
En chauffant le bromure, dans le vide, à une température comprise
entre 600° et 620°, la tension de vapeur est déjà suffisante pour produire
(') Mattews, Journ. amer. chem. Soc, t. .\X, 1898, p. 81 5.
(^) Troost el Ouvrard, Annales de Chimie el de Piiysique. 6' série, t. XVII,
p. 227.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 23.) ' 9^
l5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un léger sublimé. Après une chauffe de 6 heures à 710", le bromure est
complètement sublimé, dans le vide, en aiguilles brillantes, sans laisser de
résidu. Son point d'ébullition est voisin de 725". Le bromure de thorium
fond plus bas et est plus facilement volatilisable que le chlorure.
, Le fluor attaque ce composé, à la température ordinaire, avec incan-
descence. Dans un courant de chlore, il suffit de chauffer légèrement pour
chasser tout le brome. Maintenu au rouge dans un courant d'oxygène il
donne de la thorine et des vapeurs de brome. L'iivdrogène sulfuré et l'hy-
drogène sélénié fournissent, au rouge sombre, un sulfure et un séléniure
qui possèdent les [)ropriétés du sulfure noir tt du séléniure préparés au
moyen du chlorure.
Le bromure de thorium est réduit au rouge sombre par le calcium avec
incandescence.
Le bromure anhydre, comme le chlorure, se délite daus l'ammoniac li-
quéfié à — 40°, puis foisonne et donne un bromure ammoniacal.
Le bromure de thorium est complètement soluble dans l'eau, et cette
solution, évaporée sur l'acide sulfurique, dans le vide, à froid, ne tarde
pas à se concentrer, puis à devenir légèrement rouge. Il se forme bientôt
une abondante cristallisation, et, lorsque toute l'eau est évaporée, le résidu
correspond à un hydrate à 8™°' d'eau, ThBr*, 8H-0, comparable au chlo-
rure hydraté de M. Cleve.
Si l'on fait bouillir cette solution aqueuse de bromure de thorium, en
présence de l'air, puis que l'on sèche à l'étuve jusqu'à + 160°, le bromure
de thorium s'oxyde et l'on obtient un composé blanc se rapprochant de la
formule ïhOBr^
Analyses. — Le bromure de thorium anhydre nous a donné les
chiffres suivants :
I. H. TlK-oiic.
Thorium 41167 42,07 42)09
Brome 58, o4 58, 01 ■'TiQ'
Les analyses, faites sur deux échantillons d'oxybromure préparés dans
des conditions différentes, nous ont fourni :
I. U. Théorie.
Thorium 55,24 J/i^î» 5G,92
Brome 35,85 35, i4 39,17
En résumé, le chlorure de thorium ThCl' et le bromure ThBr* se pré-
parent avec facilité, par l'action du chlore ou du brome sur la fonte de
SÉANCE DU 5 JUIN tpoS. l5l5
thorium. Mais ces deux composés, fondus ou en vapeurs, attaquent le
verre et la porcelaine avec facilité, et rendent difficile leur obtention dans
un grand état de pureté. On comprend, dès lors, qu'il ait été assez difficile
de fixer leur densité de vapeur. Ils possèdent, l'un et l'antre, les pro-
priétés générales des composés de ce groupe.
PATHOLOGIE. — Sur un cas de transmission par des ixodes de la spirillose
et de la piroplasmose bovines. Note de MM. A. Laveran et Vallke.
Le 23 avril dernier, l'un de nous recevait la Note suivante île M. Theiler,
vétérinaire à Pretoria (Transvaal), accompagnant un envoi de larves de
tiques : « Je vous envoie des larves de Rhipicephalus decoloratus. C'est la
tique qui transmet la spirillose des Bovidés ('). Vous n'avez qu'à mettre
les larves sur un Bovidé et, après une quinzaine de jours, vous constaterez
l'existence de la spirillose chez cet animal. Je ne doute pas du succès, j'ai
produit la spirillose de cette manière à maintes reprises. »
La tique mère avait été prise, bien entendu, sur un Bovidé infecté de
spirillose.
Les larves étaient bien vivantes à leur arrivée à Paris.
Le i!\ avril, des larves de tiques en grand nombre sont déposées sur une vache nor-
mande de 3 ans, neuve. La vache est isolée dans une écurie du Service des maladies
contagieuses à l'Ecole vétérinaire d'Alfort et des précautions minutieuses sont prises
j)our empêcher la dispersion des larves. Ces larves se fixent sur l'animal, principale-
ment au niveau des points où la peau est mince, et ne tardent pas à grossir.
La recherche des spirilles dans les larves écrasées ne donne que des résultats néga-
tifs (recherche à l'état frais ou sur des frottis colorés).
Du 8 au 12 mai, conformément aux prévisions de M. Theiler, l'examen du sang de
la vache révèle l'existence de spirilles. Les spirilles, faciles à voir dans le sang frais,
sont peu nombreux; les examens du sang faits les 8, g, lo, ii et 12 mai révèlent de 5
à 10 parasites dans une préparation ordinaire.
Du 8 au 12 mai, la vache ne présente aucun symptôme morbide, sa température
reste normale.
A partir du i3 mai, l'examen du sang ne révèle plus l'existence de spirilles.
Le 16 mai, la lempératiire de la vache s'élève brusquement à 4'J°,5 et, le 19 au
malin, elle atteint 41°.
(') A. Laviîiîan, Comptes rendus. 3 novembre rgoa et 30 avril igo3.
Journ. of compar. Palliol. a. Tlierap., mars 1904.
l5l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le 17 mai, on constate l'existence dans le sang de nombieux Piroplasma bigeminum
types, il n'y a pas de P. parviim.
La piroplasmose aiguë évolue avec ses symptômes caractéristiques, mais sans hémo-
globinurie. La prostration est intense. Mort dans la nuit du 21 au 22 mai.
L'autopsie révèle toutes les lésions de la piroplasmose aiguë.
Les larves de Rh. decoloralus déposées sur la vache le 24 avril ne mesuraient que
G""", 5 de long; le 18 mai, la tête, l'encolure, la croupe de la vache étaient couvertes
de centaines de tiques presque toutes adultes, gorgées de sang et, du 18 au 21 mai,
beaucoup de ces tiques se détachaient pour pondre.
Des larves de tiques provenant d'un deuxième envoi de M. Theiler ont
été déposées le 1" mai sur un jeune bovin de race tarenlaise. Cet animal
n'a pas présenté de trouble morbide jusqu'ici (3 juin) et l'existence de
spirilles n'a pas élé constatée dans le sang.
Enfin des larves de tiques du preinier envoi ont été déposées le 16 mai
sur un mouton berrichon qui ne s'est pas infecté.
Ces résultats négatifs s'expliquent : très peu de tiques ont pris sur le
jeune bovin et aucune ne s'est attachée sur le mouton.
L'expérience de transmission de la spirillose bovine rapportée plus haut
nous semble particulièrement probante, en raison des conditions dans
lesquelles elle a été faite; cette spirillose n'a jamais été observée en France,
ni même en Europe et l'on ne peut pas mettre en doute l'infection du
bovidé par les larves de tiques provenant du Transvaal.
D'ailleurs ce mode de transmission n'est pas un fait isolé dans l'histoire
des spirilloses. Il résulte des travaux de Marchoux, Salimbeni et Borrel ( ' ),
qu'une tique, Argas minialus, propage la spirillose brésilienne des poules.
D'autre part les recherches de Cook, Ph. Ross et Milne, confirmées par
Dutton et Todd, ont montré que la Tick fevcr àe l'Afrique équaloriale, pro-
pagée par Orniihodorus Savignyi var. cœca, était une spirillose (^).
Theiler a constaté l'existence de spirilles chez des moutons au Transvaal
et il aurait été intéressant de produire la spirillose avec les mêmes larves
de tiques, chez un bovidé et chez un mouton; malheureusement aucune
des larves que nous avons déposées sur le mouton ne s'est fixée.
Le bovidé sur lequel nous avions déposé les larves de R/i. decoloralus, et
(') Marchoux et Salimbeni, Ann. de Vlnstilut Pasieur, igoS. — Borkel et Marchoux,
Soc. de Biologie, 26 février igo.j.
(^) K.-\\. Cook, Journ. of trop, rned., i5 janvier 1904. — Pu, -IL Ross et A.-D.
Milne, Brit. med. Journal, 26 novembre 1904; Brit. med. Journal, 6 mai 1900. Ar-
ticle nécrologique consacré à Dulton.
SÉANCE DU 5 JUIN 19o5. l5l']
qui s'était infecté d'abord tle spiriilose, a succombé à une piroplasmose
aiguë. Ce fait s'explique facilement; en effet, au Transvaal, les infections
mixtes par les spirilles et les piroplasmes sont de règle chez les bovidés; il
n'est pas douteux que le bovidé infecté de spiriilose, sur lequel a été nourrie
la tique qui a fourni les larves avec lesquelles nous avons fait notre expé-
rience, était également atteint de piroplasmose; les infections dues au Piro-
plasma sont souvent latentes chez les bovidés et de longue durée. Le rôle
des tiques dans la transmission de la |)iruplasmose bovine, démontré par
lesbelles recherches de Smith et Kilborne, souvent vérifiées, est aujourd'hui
bien connu; nous n'avons donc pas à insister sur cette partie imprévue de
notre expérience.
En résumé, l'expérience qui fait l'objet de cette Note montre que les
larves de Rhipicephalus decoloratus provenant d'une tique nourrie sur un
bovidé infecté de spiriilose peuvent transmettre cette maladie à des bovidés
sains. Des recherches poursuivies au Transvaal avaient déjà conduit
M. Theiler à cette conclusion, mais il était intéressant de faire une expé-
rience en dehors de la zone d'endémicité de la spiriilose bovine.
L'expérience faite [lar nous à Alfort avec des larves de tiques provenant
du Transvaal montre en outre, une fois de plus, que la piroplasmose bovine
est propagée par les ixodes.
PALÉONTOLOGIE. — L'évolution des Mammifères tertiaires, méthodes
et principes. Note de M. Charles Depéret.
Les Mammifères tertiaires sont assurément, de tous les animaux fossiles,
ceux qui ont apporté, en faveur de l'hypothèse de l'évolution, les faits les
plus intéressants et les arguments d'apparence la plus démonstrative.
Cependant les recherches que je poursuis depuis 25 ans sur les groupes les
plus divers de Mammifères fossiles m'ont amené peu à peu à la conviction
qu'un grand nombre des faits d'évolution paléontologique réputés les plus
solides sont fort loin d'être indiscutables, et même que beaucoup des filia-
tions généralement admises doivent être regardées comme tout à fait
inexactes. L'hypothèse transformiste n'a rien à perdre, à mon sens, à se
dégager de ces conceptions douteuses ou erronées, qui enlèvent aux
données de la Paléontologie le degré de précision et de certitude que l'on
est en droit d'exiger de toute recherche scientifique.
Il m'a paru qu'une bonne part de ces incertitudes étaient dues à la défec-
l5t8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tuosité ries métliorles employées pour établir la filiation des êtres fossiles
et je tne propose de faire d'abord un exposé critique de ces méthodes, en
même temps que je m'efforcerai d'établir, en les fixant par des exemples,
les principes qui m'ont servi de guide dans cet ordre de recherches.
La méthode généralement suivie repose sur la considération des adapta-
tions fonctionnelles. Elle a reçu sa plus remarquable expression dans les
beaux travaux de W. Rowalevsky et de M. A. Gaudry.
Elle consiste à étudier, dans une série de genres qui se succèdent plus ou
moins exactement dans l'ordre chronologique, les modifications fonction-
nelles d'un seul organe ou d'un seul groupe d'organes. La nature de ces
organes est d'ailleurs variable suivant les groupes étudiés : c'est ainsi que
la réduction des doigts latéraux chez les Imparidigités et les Paridigités, la
complication des prémolaires chez les Tapiridés, celle des tuberculeuses
chez les Ursidés, le développement progressif des os nasaux chez les
Rhinocéridés, celui des bois chez les Cervidés, ont été pris à tour de rôle
comme fils conducteurs dans l'établissement des séries de formes ou enchaî-
nements, auxquelles on a attribué la valeur de séries naturelles, dont les divers
termes seraient apparentés par voie de descendance.
Cette méthode présente, à mon avis, les plus grands dangers. Elle
entraîne, en effet, à confondre l'évolution réelle d'un groupe naturel d'ani-
maux fossiles avec ce qui n'est effectivement que Vévolution fonctionnelle
d'un organe dans une série de genres appartenant à des rameaux naturels
différents, et n'ayant entre eux aucun rapport de parenté directe. Deux
exemples de ces séries que je considère comme artificielles, celle des
Équidés et celle des Ursidés, éclaireront cette démonstration.
La filiation des Équidés a été étudiée parallèlement en Europe par
Huxley et Rowalewsky, en Amérique par Marsh et Co|)e. Je ne m'occu-
perai ici que de la série européenne, qui, partant du Palœotherium et du
Paloplotheriujn. aboutirait au Cheval par l'intermédiaire de Y Anchitherium
et de VHipparion. Ces genres forment, en effet, un série très remarquable
(presque toujours citée comme exemple classique d'évolution), au point de
vue de l'atrophie graduelle des deuxième et quatrième doigts et de la pré-
dominance définitive du troisième doigt dans la patte solipède du Cheval.
Cependant M'"' Pavlow, ainsi que MM. Schlosser et Weithofer, ont prouvé
que ni \& Palœotherium ni VHipparion (j'ajouterai volontiers ni l'Anchithe-
rium) ne sauraient être compris dans la filiation directe du Cheval. Ce sont
des rameaux distincts et parallèles, éteints sans laisser de rejetons, et dont
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. iSig
les relations hypothétiques ne pourront être retrouvées un jour qu'en
remontant à des périodes beaucoup plus anciennes. L'observation géolo-
gique établit, du reste, d'une manière formelle qu'il n'existe aucun passage
graduel entre ces genres; le dernier Palœotherium était éteint depuis long-
temps, sans se transformer, lorsque est apparu le premier Anchitheriurn, et ce
dernier avait à son tour disparu, sans modification, avant d'être brusque-
ment remplacé par l'invasion des Hipparion. La prétendue filiation des
Équidés est une apparence trompeuse, qui nous donne seulement le pro-
cédé général par lequel une patte tridactyle d'Ongulé peut se transformer,
dans des groupes divers, en une patte monodactyle, en vue d'une adapta-
tion à la course; mais elle ne nous éclaire nullement sur l'origine paléonto-
logique des Chevaux.
La filiation des Ours a été l'objet, de la part de MM. Gaudry et Boule,
d'une étude fondée sur le développement [progressif des tuberculeuses et la
réduction corrélative des prémolaires chez divers types de Carnassiers ter-
tiaires. Cette filiation partirait des Amphicyon pour aboutir aux Ursus par
l'intermédiaire de VHemicyon du Miocène moyen, des Hyœnarctos du Mio-
cène supérieur et du Pliocène, et enfin de VOEluropus 'àc\.ue.\. Cette série,
assez bien ordonnée au point de vue spécial de l'augmentation de grandeur
et de surface des tuberculeuses, me paraît inexacte, en tant que filiation
naturelle. Il suffira, pour le démontrer jusqu'à l'évidence, de constater
qu'il existe, dès le Miocène moyen, de petits Carnassiers qui présentent
déjà, dans leur structure dentaire et ostéologique, sauf la taille, presque
tous les caractères des véritables Ours. M. Schlosser a donné avec raison
le nom à'Ursavus à ces Ours en miniature, dont une espèce {U. Depereli
Schl.) existe dans le Miocène supérieur de Souabe et du Bas-Dauphiné,
et dont l'un de mes élèves, M. Gaillard, a fait connaître une forme plus
petite (f. primœvus) dans le Miocène moyen de La Grive-Saint-Alban. Ces
faits laissent prévoir la découverte d'67-5acw5 encore plus minuscules dans
le Miocène inférieur et l'Oligocène. MM. Gaudry et Boule ont donc étudié
seulenaent divers degrés d'adaptation des dents tuberculeuses à un régime
omnivore chez plusieurs groupes de Carnassiers; ils ne me paraissent point
avoir élucidé l'origine réelle du groupe des Ours.
Il devient maintenant facile, grâce à ces exemples, de préciser, au point
de vue des principes généraux de l'évolution, les genres d'erreur auxquels
peut dotmer lieu l'emploi de la méthode précitée :
1° Établissement de filiations artificielles, faisant descendre les uns des
autres des genres qui n'ont entre eux aucun lien généalogique réel. Un cri-
l520 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tériiim formel de ces filiations inexactes est Vabsence totale de formes de
passage entre les genres faussement groupés. Et il ne suffit nullement de
plaider, comme on l'a fait souvent depuis Darwin, l'insuffisance des docu-
ments paléonlologiques. Les formes de passage entre ces genres, non seu-
lement n'existent pas, mais ne peuvent pas avoir existé, puisqu'il s'agit de
rameaux distincts et parallèles, ayant eu chacun une évolution et une
histoire indépendantes.
2° Durée trop courte attribuée à l'évolution des groupes. — Cette allure
rapide, qui transformerait un Palœotherium en un Cheval depuis l'Oligo-
cène, un Amphicyon en un Ours depuis le Miocène moyen, ne répond pas
à la réalité des faits. J'essaierai de montrer que les rameaux phyléliques
naturels sont extrêmement longs et se poursuivent parallèlement sans se
souder presque jusqu'au début des temps tertiaires, et peut-être même
beaucoup plus loin.
La méthode à laquelle j'ai été conduit (') repose sur les principes géné-
raux suivants :
1. Chaque famille et même chaque grand genre de Mammifères fossiles
forme, non pas une série unique, mais un faisceau multiple de rameaux
phyléliques ayant évolué parallèlement pendant une longue durée des
temps géologiques.
2. La constitution exacte et réelle de ces rameaux doit se faire pas à pas
et sans lacunes, d'étage en étage et même de sous-étage en sous-étage, en
utilisant, non pas un organe isolé, mais l'ensemble de l'organisation (mo-
laires, canine, incisives, caractères crâniens et squelettiques).
3. Cette reconstitution est grandement facilitée par une loi des plus
générales en Paléontologie : la loi de l'augmentation progressive de gran-
deur des espèces d'un même rameau en allant des formes les plus anciennes
vers les plus jeunes qui deviennent souvent géantes.
4. Ces formes géantes qui terminent chaque rameau sont condamnées à
un arrêt d'évolution et s'éteignent sans laisser de descendants.
5. La majeure partie des rameaux phylétiques se terminent brusquement
à leur partie supérieure par l'extinction totale du rameau. Un petit nombre
seulement a eu la sève nécessaire pour se poursuivre jusqu'aux espèces ac-
tuelles.
G. A leur partie inférieure, les rameaux phylétiques ])euvent se suivre
(') M. le D"'Stehlin de Bàle a suivi des principes semblables dans ses beaux travaux
qui font suite aux remarquables Mémoires de son maître Riitimeyer.
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. l52I
plus OU moins longtemps, mais s'arrêtent presque toujours aussi d'une
manière brusque, ou plutôt ils semblent s'arrêter, parce que l'observateur
se trouve en présence d'un hialus, dû à une émigration lointaine du groupe
considéré. L'évolution des rameaux se présente ainsi comme une ligue
brisée dont les différents fragments sont empruntés à des centres géogra-
phiques parfois fort éloignés et souvent môme inconnus.
7. La convergence ou la soudure des rameaux entre eux ne peut être
observée que très exceptionnellement. Elle a dû avoir lieu à des époques géo-
logiques très reculées (tertiaire inférieure ou époque secondaire), pour
lesquelles les documents d'observation sont très incomplets ou même tout
à fiiit absents.
Je me propose de démontrer prochainement la valeur de ces principes,
en les appliquant à la reconstitution de l'histoire géologique de quelques
groupes de Mammifères tertiaires, et je commencerai cette étude par l'im-
portante fiiniille des Anthracothèridés.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Observations magnétiques à Tananarive.
Note du R. P. Colin.
Comme les années précédentes, j'ai déterminé toutes les semaines les
valeurs absolues des trois éléments magnétiques, à l'observatoire de Tana-
narive, avec les instruments de Brunner. La série de douze mois que j'ai
l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie correspond à l'année
météorologique sous nos latitudes; elle commence avec la saison sèche,
depuis mai jusqu'à octobre, et se termine avec la saison pluvieuse, depuis
novembre jusqu'à avril inclusivement.
Voici les résultats obtenus :
Mesures absolues de la déclinaison, en 1904 et 1903.
Mai
Heures.
Déclinaison NW.
Dates
Heui
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Déclinaison NW.
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29.
ACADEMIE DES SCIENCES.
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9.50.55
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9.51 .22
9.49.55
9.54.26
9.51. 7
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54. 7-48
sures absolues de la composante horizontale, en 1904 et 1903.
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Composante
horizontale.
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0,25520
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0,25483]
0,25525 f j^L
0,20534 (g
0,25534)
On déduit de ces observation,?, qu'à Tananarive, depuis le mois de
mai 1904 jusqu'en avril iguS : 1° la déclinaison à diminué de 7'32"; un
maximum a eu lieu au mois d'août, un minimum en février; 2° l'inclinaison
a augmenté de i'5"; un maximum s'est produit en janvier, un minimum
en septembre; 3° la composante horizontale a diminué de 0,00028; elle a
éprouvé un maximum en novembre, un minimum en mars.
l524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Emile Picahd fait hommage à l'Académie du Tome I des OEuvres fie
Charles Hermite, qu'il publie sous les auspices de l'Académie des Sciences.
M. PoiNCAKÉ fait hommage à l'Académie de son Volume intitulé : La
valeur de la Science, qui fait suite à l'Ouvrage qui porte pour titre : La
Science et l'Hypothèse.
M. Gastox Boxxier fait hommage à l'Académie du fascicule IV du Cours
de Botanique qu'il publie en collaboration avec M. Leclerc du Sablon. Ce
fascicule, qui termine le Volume des Phanérogames, renferme toutes les
familles de Monocotylédones, l'historique de la classification des Angio-
spermes, la morphologie et l'anatomie des Gymnospermes, les familles de
Gymnospermes, la comparaison entre les Angiospermes et les Gymno-
spermes, l'historique de la morphologie et de la classification des Gymno-
spermes.
S. A. S. le Prince de Moxaco fait hommage à l'Académie d'une Carte
générale bathymétrique des océans, dressée par ordre de S. A. S. le Prince
DE Monaco, d'après le Mémoire de M. le professeur Thoulet, sous la di-
rection de M. Charles Sauerwein, par M. Tollemer et plusieurs colla-
borateurs.
Cette Carte comprend 24 feuilles au ,„,,'„,„o et i feuille d'assemblage.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de candidats à la Chaire de chaux, ciments, céramique et verrerie du
Conservatoire national des Arts et Métiers.
Pour l'élection du candidat à présenter en première ligne :
Au premier tour de scrutin, le nombre des 'votants étant 54,
M. Verneuil obtient 4i suffrages
M. Damour » 11 »
Il y a 2 bulletins bU
SÉANCE DU ^> JiiN rgoS. i5-25
Pour l'élection du candidat à présenter en deuxième ligne :
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46,
M. Damour obtient 39 suffrages
M. Rosenstiehl » 4 »
M. Granger » - "
M. Prud'homme » i "
Pour l'élection du candidat à présenter en troisième ligne :
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 4°,
M. Granger obtient 36 suffrages
M. Rosenstiehl » i »
M. Damour » 1 "
Il y a 2 bulletins blancs ou nuls.
En conséquence, l'Académie proposera à M. le Ministre du Commerce,
de l'Industrie, des Postes et des Télégraphes, la liste suivante :
En première ligne M. Verneuil.
En deuxième ligne M. Damour.
En troisième liffne M. Graxger.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de candidats à la Chaire de matières colorantes, blanchiment, teinture,
impression et apprêt du Conservatoire national des Arts et Métiers.
Pour l'élection du candidat à présenter en première ligne :
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45.
M. Rosenstiehl obtient 32 suffrages
M. Prud'homme » 9 "
M. Lemoult » ~ »
Il y a 2 bulletins blancs.
Pour l'élection du candidat à présenter en deuxième ligne .'
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 36,
M. Prud'homme obtient 23 suffrages
M. Lemoult » 9 "
11 y a 2 bulletins blancs.
l526 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Pour l'élection du candidat à présenter en troisième ligne :
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 28,
M. Lemoult obtient 22 suffrages
Il va 6 bulletins blancs.
En conséquence, l'Académie proposera à M. le Ministre du Commerce,
de l'Industrie, des Postes et des Télégraphes, la liste suivante :
En première ligne M. Rosexstiehl.
En deuxième ligne M. Prud'homme.
En troisième ligne M. Lemoult.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Ouvrage suivant :
Les fours électriques et leurs applications industrielles, par Jean Escard.
Préface de Henri Moissan. (Présenté par M. H. Moissan.)
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Principes de Géométrie anallagmatique
et de Géométrie réglée intrinsèques. Note de M. A. Demoullv.
J'api^elle Géométrie anallagmatique la partie de la Géométrie oi^i l'on
étudie les figures dont les propriétés ne sont pas altérées par les transfor-
mations du groupe conforme.
On peut se proposer de constituer, en Géométrie anallagmatique, une
théorie analogue à celle du Irièdre mobile, en Géométrie euclidienne, et à
celle du tétraèdre mobile, en Géométrie cayleyenne (voir, dans les Comptes
rendus, notre Note du 8 août 1904). Les propriétés des coordonnées penta-
sphériques conduisent alors à prendre comme figure de référence mobile
un système de cinq sphères deux à deux orthogonales.
Voici comment j'ai développé cette idée, l'hiver dernier, dans mon en-
seignement à l'Université de Gand.
Soit If un système fixe formé de cinq sphères deux à deux orthogonales.
C'est la figure de référence relative à un système de coordonnées penta-
sphériques (X,, X^, X3, X,, X»). Soit, d'autre part, ^„, un système mobile
SÉANCE DU 5 n'TN igo5. 1^1']
dépendant d'un paramètre u et formé également de cinq sphères deux à
deux orthogonales S,., Sp, S^, Sg, S^. Nous définirons ces sphères par les
équations
a., X, + 3C,X, + a,X, + oc, X, + a,X5 = O.
£,X, +£,X. +S3X, +£,,X, +£,X, =o,
et nous poserons
Sa.': = a; 4- aj + a: -I- y.; 4- x^ = i ,
(a,, P), Y,, S,, £,)' •••• (''•S' P^' Ï5' '^■' '•) *'*"'• cinq solutions du système
suivant d'équations aux inconnues a, ^, y, S, e :
du
r8 - n
• - ?J - l£.
- ra + p'i
— ■Oîî-jy.s,
du
q^--p(p
- Il - V£,
di
?a 4- r,[i -H "(7
-^3,
dz
du ""
>^ot 4- y.[i + vy
4- G?»,
où
l'on a posé
P = s,,f'
? = S'-.È^
, r = Sp,
^-s.S'
-s,:g
. !: = Sy,
-S.^' .=
^^:è. ' =
■^'('dTc'
dii
c ïv dt,
a = So,-; —
' du
Les dix quantités p, q, r, l, n, C, >-, ;-'•. -'. -^ peuvent être appelées les vitesses
du système 2„,.
Réciproquement, étant données dix fonctions de u, il existe un système 1,„
dont ces fonctions sont les vitesses et qui, pour u = u^, coïncide avec un
système 2°„ formé de cinq sphères, deux à deux orthogonales, et arbitraire-
ment choisi. Tous les mouvements de i,„ qui correspondent aux divers
choix possibles de 2"^ se déduisent de l'un d'eux au moyen des 00'» trans-
formations du groupe conforme.
l528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cela posé, envisageons, en même temps que le système mobile i,„, un
point M, mobile ou fixe, et soient, à Yinslanl u, (.r,, x.,, x^, x^, x^) ses
coordonnées pentasphériques prises par rapport au système 2,,, (' ). A l'ins-
tant u -+- Lu, le point M occupera une nouvelle position M' dont les coor-
données, prises par rapport au même système 1,„, pourront s'écrire
a-, 4- V, Am + J, -- -}- •••
11 s'agit d'exprimer en fonction de x,, r, et de leurs dérivées par
ipport il // les quantités ( A^,_, . . ., V,,), (J,^ ', ),
Or, on a
(A)
). Xr, + ç X, -Jr qx,, — rx., + -^
V,.
V,
V,,
V,..= fsx.— i^j-,
Vj., = A X, — [J.X., — ^ X^— r,x
L, X.,
'j.X;, + r, X:, -H r.r, — /'.r,., -f- ^^^^ .
du '
dXj.
du ''
dx,
lu''
— ; j'..
et des formules analogues pour (J,._ J^J,
L'étude des déplacements à 2, 3, .... 8, 9 paramètres ne présente aucune
difficulté. Supposons, par exemple, que le système i„, dépende de deux
paramètres u et c. Lorsque u variera seul, il admettra les vitesses/?, q, r, l,
■f], 'C, ^, [J; V, a et, lorsque v variera seul, les vitesses/;,, y,, r,, ^,, ■/),, î^,, X,,
l).,, V,, c,. Ces vingt vitesses sont liées par dix relations qu'il est inutile
d'écrire ici. Réciproquement, si ces relations sont vérifiées, il existera
00'» mouvements pour lesquels les vitesses seront les vingt fonctions consi-
dérées.
Quant aux formules qui donnent le déplacement absolu d'un point de
coordonnées relatives {x x^), on les déduira des formules (A).
J'espère avoir bientôt 1 honneur d'indiquer les résultats que j'ai obtenus
en appliquant la théorie générale exposée ici à l'étude des surfaces et des
(') I.es coordonnées relalwes (x,, . . . , jJj) sont liées
(\,, . . ., X5) par des relations telles que la suivante :
coordonnées absolues
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. 1629
enveloppes de sphères dont les deux nappes se corresponderil avec conser-
vation des lignes de courbure ou avec conservation des angles.
Après les développements qui précèdent, quelques mots suffiront pour
caractériser la Géométrie réglée intrinsèque. Adoptant, pour définir une
droite, les coordonnées de M. Klein, on prendra comme figure de réfé-
rence fixe le système formé par six complexes linéaires deux à deux en
invoiution et l'on rapportera les figures étudiées à une figure de référence
mobile également formée de six complexes linéaires deux à deux en invo-
iution. Les formules que l'on obtiendra sont identiques à celles de la
Géométrie anallagmatique de l'espace à quatre dimensions, à celles de la
Géométrie cayleyenne de l'espace à cinq dimensions et enfin à celles qui
sont relatives au mouvement autour d'un point fixe de la figure de l'espace
à six dimensions formée de six droites issues de ce point et deux à deux
orthogonales.
AÉRONAUTIQUE. — Nouvelles expériences d'enlèvement de l'hélicoptère
nM. Léger 1), au musée océanographique de Monaco. Note de M. Lkgkr.
Les expériences d'enlèvement de l'appareil (') ont été continuées en aug-
mentant progressivement le poids mort soulevé et les |nussances données
par le moteur, afin d'éprouver la résistance mécanique, de voir quelles
parties céderaient les premières et d'en déduire le coefficient de sécurité
pour la marche normale.
A cet effet, une seconde dynamo fut attelée à la première au moyen
d'une courroie.
Dans une première expérience le poids mort fixé à l'appareil était de So''*^.
Sous une force de 10 chevaux, l'enlèvement a eu lieu si brusquement que
les huit coriles qui retenaient l'appareil furent rompues d'un seul coup;
chacune de ces cordes était cependant capable de porter un homme sans se
rompre; la rupture des huit cordes eut lieu par traction simple, mais il
faut tenir compte de ce fait qu'elles étaient attelées en biais et qu'il y a eu
choc, l'appareil étant violemment projeté en l'air lorsque les cordes se sont
tendues.
L'appareil ayant brisé ses amarres, son clan continua et s'arrêta seule-
ment lorsqu'il fut maintenu par l'arbre qui se reliait à la dynamo et qui fut
(') ('oi)iplcs rendus, ij mai igoî, p. i3ii.
G. R., 1905, 1" Semestre. (T. C\L, N- 23.) IQ*-*
l53o ACADÉMIE DES SCIENCES.
tordu. Le courant avait été interrompu dès que la rupture des cordes s'était
produite.
L'ajjpareil fut remis en expérience et fixé par des amarres plus fortes ;
les poids furent augmentés et l'on arriva ainsi jusqu'à enles'er loo''» de
poids mort avec une force qu'il a été malheureusement impossible de me-
surer exactement, mais qui fut certainement inférieure à i5 chevaux; on
peut l'évaluer à 12 chevaux.
Ces ioo''8 étaient ainsi constitués : le D"' Richard, Directeur du Musée océanogra-
phique, qui avait pris place sur une planchette fixée à l'appareil au moyen de deux
cordes. Le D' Richard pèse jl''?; il fut enlevé trois fois, la dernière avec 26''s de poids
en plomb dont une partie était attachée aux pieds de l'appareil et le reste placé dans
les poches du docteur.
Dès que les hélices ont tourné, l'appareil a fait un bond vertical, enlevant toute sa
charge si brusquement que l'on a craint une nouvelle rupture des cordes le fixant au
sol, et le courant fut interrompu aussitôt.
L'aisance avec laquelle s'est enlevé l'appareil prouve qu'il aurait pu soulever un
poids plus grand encore avec la force qui lui était fournie.
La vitesse de rotation était de 60 tours par minute.
A la suite de l'essai, j'ai constaté des déformations dans les arbres des hélices. Ces
arbres sont constitués par des tubes d'acier de S''" à 6'"" de diamètre et de i'"",o
d'épaisseur. L'incident ayant également faussé le train d'engrenages, il a été impos-
sible de continuer l'expérience.
On notera que ces déformations proviennent d'efforts latéraux sur les engrenages et
que, dans l'appareil définitif, ces efforts s'équilibrant deux à deux, le môme accident
n'est pas à craindi-e.
Les hélices n'ont subi aucune avarie et n'ont pas semblé soulTrir de l'eflort qu'elles
ont supporté.
On peut donc dire que l'appareil a soulevé un homme de 7:'|''8 avec le poids repré-
sentatif du moteur nécessaire et la provision d'essence pour une marche de i heure.
Au point de vue du coefficient de sécurité, on voit qu'il est franchement supérieur
à 2, lorsque l'appareil fonctionne avec 6'=''=' et chargé de 2.5''s de poids mort, ce qui
correspond à la marche normale du grand appareil.
Enfin, voici ce que donnent ces chiffres reportés au grand appareil :
loo''^ de poids mort enlevé par le petit appareil correspondent à 8oo'*s
pour le grand.
Sur ces 800''^ i| faut prendre :
Moteur de loo'''", y compris la provision d'essence nécessaire ^^
à une marche de 1 heure 200
Voyageur 75
lieste disponible sa-j
Total 800
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. l53l
Ces 525''s pourront servir à obtenir des vitesses horizontales plus grandes
ou bien à emporter d'autres voyageurs ou du combustible pour une marche
de plus longue durée.
En tout cas, ce chiffre est assez considérable pour montrer que le projet
comporte une marge suffisante pour donner toutes les conditions de sécu-
rité et de bon fonctionnement désirables.
HYDRAULIQUE. — Nouveau mode d'applicalion du tube de Pitol-Darcy à la
mesure de la vitesse des conduites d'eau sou s pression. Note de M. H. Bellet,
présentée par M. Boussinesq.
Pour pouvoir déterminer le rendemen t d'un moteur hydraulique alimenté
par une conduite forcée, il est nécessaire de pouvoir mesurer aussi exacte-
ment que possible le débit de cette conduite.
Voici un nouveau dispositif qui, adapté au tube de Pitot-Darcy, permet
de mesurer la vitesse avec une très grande approximation. Il est basé sur
le même principeque l'appareil enregistreur dont M. Mesnager a entretenu
l'Académielans sa Note du ii janvier 190 4; mais il est plus sensible, car
il peut déceler une différence de pression pouvant être inférieure à j^ de
millimètre d'eau. Il consiste à relier l'un des ajutages du Pitot-Darcy à l'une
des branches d'un tube en U, non capillaire, dans lequel on a préalable-
ment versé un liquide A, non miscible à l'eau et un peu plus dense que
celle-ci, et à relier l'autre ajutage à l'autre branche de l'U, de manière à
constituer un circuit complètement fermé.
Lorsque l'eau de la conduite est animée d'une certaine vitesse, la pres-
sion n'étant pas la même dans les deux ajutages, il se produit, dans les
deux branches du tube en U, une dénive Uation des surfaces de contact de
l'eau et du liquide A. Si l'on désigne par d la densité par rapport à l'eau du
liquide A, et par A la hauteur de la dénivellation produite, la relation qui
donne la vitesse v en fonction de h est
k étant le coefficient pratique du Pitot-Darcy. Ce coefficient est d'ailleurs
très voisin de l'unité.
On voit immédiatement que la sensibilité du manomètre pourra être
très grande, et qu'elle le sera d'autant plus que la densité du liquide A sera
elle-même plus voisine de l'unité.
r532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au lie» d'employer un liquide plus dense que l'eau, on peut également
employer un liquide moins dense. Il suffit simplement de renverser le tube
enU."
Le liquide employé A doit être non miscible à l'eau et insoluble dans
celle-ci. Il ne doit pas mouiller le verre et, pour faciliter les lectures, il
doit être coloré, ou bien il doit dissoudre une matière colorante insoluble
dans l'eau. Tels sont, par exemple, le sulfure de carbone (f/= 1,27 envi-
ron), le tétrachlorure de carbone (rf= 1,64 environ), la benzine {d= o,85
environ), les huiles de pétrole, etc.
Le sulfure de carbone, notamment, donne de bons résultats. Sa densité
est voisine de 1,27 et l'on peut facilement le colorer avec l'iode, qui est
insoluble dans l'eau en présence du sulfure. La séparation du sulfure
d'avec l'eau se fait suivant un ménisque très marqué et elle est très nette.
Les vitesses employées dans les conduites d'eau sont généralement com-
prises entre 1°' et 3"" par seconde. Or la mesure de la dénivellation peut
se faire à i™™ près; ce qui, pour une vitesse de i", correspond à une erreur
sur la vitesse de 3°"" seulement, de sorte que cette vitesse peut être estimée,
abstraction faite du coefficient k du Pitot-Darcy, avec une approximation
atteignant o,3 pour 100.
Lorsqu'on soumettra l'appareil à des pressions différentes, la densité du
liquide A pourra varier légèrement; mais, sans déterminer exactement la
valeur de cette densité, non plus que celle du coefficient k, il suffira de tarer
préalablement l'appareil en laboratoire, pour un liquide donné, et de
dresser une Table correspondante, pour avoir tous les éléments nécessaires
à une mesure.
MAGNÉTISME. — Propriétés magnétiques de l'élément simple de la pyrrhotine .
Note de M. Pierre Weiss, présentée par M. J. Violle.
Dans une Note précédente (') j'ai montré qu'un cristal de pyrrolhine
est formé par l'association de trois cristaux élémentaires, juxtaposés sous
des angles de 120° et établi comment on peut atteindre les lois expérimen-
tales de l'élément constituant de ce groupement.
Soit, pour cet élément, OX la direction de facile aimantation, OY celle
de difficile aimantation dans le plan magnétique XOY. Supjiosons la gran-
(') CoDiples rendus, t. CXL, ij mai iguj, ]). i332.
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. l533
deuretla direction du champ et de l'ainiantation correspondante caracté-
risées par H et a, I et cp. Nous faisons ici abstraction de l'hystérèse. Décom-
poson
Fig.
H en Hi, dirigé suivant OY et H, dirigé parallèlement à I. Le
jpport j-^;-^ = N est constant quels que soient H et a. Tout se passe donc
I sino
comme si la substance annulait, par un phénomène démagnétisant dû à sa
structure, une composante du champ proportionnelle à la composante de l'aiman-
tation dans la direction de difficile aimantation et si ensuite la composante
restante était parallèle à i aimantation.
Ceci posé, on sait que le travail effectué par le champ quand l'extrémité
du vecteur I se déplace de di et de I û?-^
~
/
/
/
'/
/
/
/
/
/
20OO mO 6000 8C00 lOOOOHgau
Celte remarque, rapprochée du fait consistant dans l'obtention de la
saturation pour une valeur finie duchamp, montre que cette valeur est d'au-
tant plus faible que l'expérience est plus correcte, et, comme rien n'indique
pour cette valeur une limite inférieure, nous ferons l'hypothèse sui-
vante :
Dans la direction de facile aimantation, l'intensité d'aimantation atteint
la saturation dès les champs les plus faibles et la conserve jusqii aux champs les
plus élevés.
L'expérience donne autant de vérifications de l'isotropie après déduction
du champ démagnétisant qu'il y a de directions 9 pour lesquelles la loi
d'aimantation a été déterminée. J'ajoute dans la figure 2 la courbe OB'C
correspondant à OY. Si la matière était parfaitement continue et illimitée,
devrait coïncider avec la ligne brisée OBC, tracée en donnant au
ell
point B une abscisse égale au champ démagnétisant maximum
NI,„= 73oogauss.
Il doit y avoir les mêmes différences d'abscisses entre OB'C et la ligne
brisée OBC qu'entre OA et l'axe des ordonnées. Ces premières différences
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. l535
sont un peu plus grandes, pas assez ce|)eii(lant pour altérer le caractère de
la courbe OB'C.
Pour toute direction oblique sur les axes, la saturation est atteinte dès une
valeur très petite du champ, mais la direction de l'aimantation coïncide
au début avec OX. Lorsque le champ auijmente en conservant une direc-
tion fixe, la direction de l'aimantation se rapproche de celle du champ,
mais ne l'atteint que ponr H = oo. La composante de l'aimantation dans la
direction du champ part donc de Icos-/. et tend asymplotiquement vers la
saturation; la courbe ODE représente cette composante pour a. = 45°.
On conçoit aisément que les courbes d'aimantation des substances
usuelles, qui sont des enchevêtrements de cristaux, résultent de la super-
position de courbes, telles que OAC, OB'C, ODE, dues aux phénomènes
démagnétisants propres aux édifices cristallins et à ceux de la structure
grossière de la matière.
CHIMIE. — Sur une propriété des alliages étain- aluminium, bismuth-
aluminium, magnésium -aluminium. Note de M. H. Péchecx,
présentée par M. J. VioUe.
J'ai indiqué, en mai 1904 {Comptes rendus, t. CXXXVIII, n° 19) l'action
de l'eau distillée (à traces de chlorure de sodium), à froid, sur les alliages
limés d' é tain-aluminium : la décomposition de l'eau est très manifeste.
Ayant recueilli une portion des gaz dans une pclile cloche très étroite, je les avais
soumis à raction d'une solution de pyrogaliol dans la potasse; ce liquide, à constante
capillaire plus élevée que l'eau distillée, produisait un ménisque très accentué, me
donnant l'apparence d'une absorption de gaz (oxygène), Verreur due au ménisque
étant de l'ordre de grandeur du volume de gaz recueilli (f de centimètre cube
environ).
J'ai pu, depuis cette époque, obtenir une plus grande quantité de gaz, recueilli dans
une clocbe à diamètre plus large; j'ai obtenu ainsi, avec un lingot limé de 2'="»' de
Sn AP, 5"™' à 6™»" d'hydrogène au bout de 20 minutes; un alliage limé de bismuth-
aluminium me fournissait plus d'hydrogène encore, dans le même temps; enfin les
alliages limés Mg Al donnent lieu à un dégagementplus abondant encore; l'oxygène de
l'eau oxydant Valuminium,
Dans la solution de sulfate de cuivre (densité 1,1) les mêmes alliages fournissent
une décomposition plus active de Veau, en même temps qu'une décomposition du
sulfate de cuivre (due au métal qui accompagne l'aluminium); l'alliage Bi Al à
75 pour 100 d'Al, fournit alors 1 5°'"' d'hydrogène en 20 minutes, 3 fois plus que l'alliage
Sn AP, de volume égal; les alliages Mg Al, dont les deux métaux sont réducteurs de
l'eau, donnent une décomposition plus vive.
l536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les alliages ZnAl, PbAI, qui ne fournissent pas de décomposition avec
l'eau pure, décomposent celle du sulfate de cuivre; l'eau de la solution de
sulfate de zinc (densité i,4), n'est décomposée, lentement, que par les
mêmes alliages, et dans le même ordre.
L'ordre et l'activité de ces décompositions correspondent bien à l'exo-
thermie des solutions employées : la plus exothermique (SO^Zn) étant plus
difficile à décomposer; la moins exothermique (SO'Cn), la plus facile.
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'oxygène sur le cœsium-ammonium.
Note de JM. E. Rengade, présentée par M. H. Moissan.
Lorsqu'on fait arriver de l'oxygène pur et sec au contact de caesium-
ammonium dissous dans un excès d'ammoniac liquéfié, à — (5o°, on cons-
tate une absorption rapide du gaz, en même temps qu'il se produit un
abondant précipité. Bientôt la coloration bleu foncé du métal ammonium
disparaît, et il ne reste qu'un précipité blanc en suspension dans l'ammo-
niac.
En agitant celui-ci au contact d'un excès d'oxygène, on ne tarde pas à le
voir se colorer en rouge, puis en brun foncé. La coloration diminue ensuite
d'intensité, et finalement devient jaune serin. A ce moment l'absorption de
l'oxygène est terminée. Ces phénomènes rappellent ceux observés par
M. Joannis dans l'oxydation du potassammonium (').
Si, une fois la décoloration du métal ammonium obtenue, on chasse l'excès d'ammo-
niac, et qu'on détermine l'augmentation de poids du tujje à e\péiieiicc, on trouve
qu'elle correspond à très peu près à la quantité d'oxjgène contenue dans le bioxyde
Cs-O". Cependant, si l'on n'a pas pris de précautions spéciales, le contenu du tube est
loin d'être de l'oxyde pur : si on le chaufi'e vers i5o° en un point, il se produit aussitôt
une explosion et le tube se recouvre d'un enduit noir brillant de caesium volatilisé. En
même temps il se dégage de l'azote. Le même phénomène se produit si l'on essaie de
décomposer par l'eau le contenu du tube. Il suffit même d'y laisser entrer un peu
d'oxygène ou d'air secs. Enfin si l'on mesure l'oxygène absorbé pendant l'oxydation du
métal ammonium, on trouve qu'il est loin de correspondre à l'augmentation de poids
du tube, et que son volume est d'autant plus faible que l'on a mis plus de temps à
edectuer celte oxydation. D'ailleurs il ne s'est pas dégagé sensiblement d'hydrogène.
Il y a donc eu fixation des éléments de l'ammoniac.
Tous ces faits s'expliquent facilement en admettant que, dès que le bioxyde Cs^O-
s'est formé, il réagit sur l'excès de métal ammonium en donnant de l'amidure et del'hy-
(') JoAKMS, Comptes rendus, l. CWl, if>93, p. li-o.
SÉANCE DU 5 JUIN I9o5. l537
drale de c«sium suivaut l'équation
Cs^O^ -f- 2NH'Cs = aCsOH -f- îCsNH-.
En sorte que, une fois l'excès d'ammoniac chassé, on se trouve en présence d'un
mélange de CsOH, CsNH^ et Cs=0- : si l'on chauiTe ce mélange, le bioxyde réagit sur
l'amidure avec formation de csesium métallique et dégagement d'azote
CiHr- 4- Cs NH== aCsOIi H- Cs + N.
Si, au lieu de chaufler le tube, on y fait rentrer de l'oxygène, celui-ci oxyde une partie
de l'amidure; il en résulte une forte élévation de température ('), suffisante pour pro-
voquer l'explosion du reste du mélange. L'eau produira encore plus facilement le même
phénomène.
On peut, d'ailleurs, mettre en évidence la formation de l'amidure lors de l'oxydation
lente, en lavant à l'ammoniac liquéfié le produit de cette oxydation. Le liquide de
lavage laisse, en s'évaporant, des cristaux d'amidure et la matière insoluble, mélange
d'oxyde hydraté et de bioxyde, ne détonne plus quand on la chauffe et se dissout dans
l'eau en donnant un peu d'eau oxygénée.
Dès lors, pour avoir l'oxyde Cs-0^ aussi pur que possible, il faudra
mener très rapidement l'oxydation du métal ammonium; on y arrive en
agitant la solution au contact d'un excès d'oxygène, que l'on enlève au
moyen de la trompe dès que la décoloration se produit. La substance obte-
nue en opérant de cette manière, décomposée par l'eau et le noir de pla-
tine, donne une solution ne contenant que des traces d'ammoniaque et nn
dégagement d'oxygène à peu près théorique (trouvé par milliatome de
cœsium mis en œuvre, 5""', 46 au lieu de 5™', 56), Cet oxyde constitue un
précipité assez volumineux, d'un blanc légèrement rosé, et cristallisé au
microscope en petites aiguilles enchevêtrées. Chauffé, il fond, sans décom-
position, en un liquide jaunâtre, se solidifiant par refroidissement en une
masse blanche cristalline.
Cet oxyde, en suspension dans l'ammoniac, fixe facilement l'oxygène,
en même temps que la couleur se fonce progressivement et devient brun
chocolat. En s'arrêtant au maximum de coloration, on obtient un corps
répondant à la formule Cs^O'. Il est bien moins volumineux que le précé-
dent et se présente au microscope sous forme de petits losanges très nets.
Chauffé, il noircit, puis fond en donnant un liquide noir cristallisant par
refroidissement. Trouvé par milliatonne de cœsium : oxygène absorbé,
i6""',2 au lieu de i6™',8; oxygène actif, io""',43 au lieu de ii"°',2.
(') E. Rengade, Comptes rendus, t. CXL, 1900, jj. ii83.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 23 ) 197
ï53H ACADÉMIE DES SCIENCES.
Enfin, en continuant l'action de l'oxygène sur l'oxyde brun en jjrésence
d'ammoniac liquéfié, on finit, après une agitation prolongée, par obtenir
un précipité jaune serin qui, observé au microscope, forme de petites ai-
guilles jaunes. La mesure de l'oxygène absorbé pendant sa formation ainsi
que de celui qui se dégage au contact de l'eau et du noir de platine conduit
à la formule Cs'O'. Il y a cependant des traces d'azotite et d'azotate de
caesium (et, par suite, d'oxyde hydraté) provenant de l'oxydation ulté-
rieure de la petite quantité d'amidure formée pendant la décoloration du
métal ammonium. (Résultats d'une expérience : augmentation de poids rap-
portée au métal, 23,93 au lieu de 24,06. Oxygène absorbé, par milliatome
de caesium, 22™', 26 au lieu de 22"'"', 4- Oxygène actif, i5'""',63 au lien
de lÔ^-^'.S.)
On a, bien entendu, un oxyde très impur et contenant une forte pro-
portion d'azotite et d'azotate si l'on a opéré lentement l'oxydation du métal
ammonium.
En résumé, l'oxydation rapide du cœsium ammonium dissous dans un
excès d'ammoniac donne les oxydes Cs-O' blanc rosé, Cs-0* jaune, et un
oxyde intermédiaire Cs-0' brun foncé, tous trois en cristaux microsco-
piques. Si l'on ne donne accès à l'oxygène que peu à peu, de manière à
retarder la décoloration du métal ammonium, celui-ci réagit sur le bioxyde
formé en donnant de l'amidure et de l'hydrate de protoxyde.
CHIMIE ORGANIQUE. — Phénols pyraniqiies. Note de MM. R. Fosse
et A. RoBypi, présentée par M. A. Haller.
Des précédentes publications de l'un de nous (') il résulte : que le
bromure de dinaphtopyryle se copule avec les monophénols sodés pour
donner une nouvelle classe de phénols monopyrylés, présentant la cu-
rieuse propriété d'être insolubles dans les alcalis aqueux, solubles dans les
alcalis alcooliques. Cette anomalie de la fonction phénol est due à la pré-
sence de l'oxygène pyranique, dont la basicité sature l'acidité de Thy-
droxyle. Il se forme une sorte de sel de l'oxygène que l'on peut représenter
par l'une ou l'autre des formules suivantes :
/OHV\ /G'"H'\
R 0-H. R n H.
(') R. Fosse, Comptes rendus, 23 noveinl)re igoS. i"'' février 1904.
SÉANCE DU 5 JUIN IQoS. l53()
Dans la présente Note, nous indiquerons les résultats de la copidalion
pyrylique de la résorcine, du pyrogallol et du diéthylméta-aminophénol.
1. Le bromure de dinaphtopyryle et le dinaphtopyranol peuvent réagir
plusieurs fois sur une seule molécule de polyphénol. Nous avons ainsi
obtenu : un diphénol dipyrylé, avec la résorcine; un tripliénol Iripyrylé,
avec le pyrogallol. Dans ces phénols, à chaque hydroxyle correspond i'^^
d'oxygène pyranique; ils sont insolubles dans les alcalis aqueux, solubks dans
les alcalis alcooliques .
Méiadioxypliényl-bis-dinaph topyryle :
Insoluble dans les alcalis aciueux, soluble dans les alcalis alcooliques. Crisiallisc i
sa solution dans réllier acétique. Se déconqiose sans fondre.
Diacétate de dioxyphényl-bà-dinaphtopyryle :
Cet élher a été i^réparé par l'action de Fanliydride acétique sur le corps précéder
11 se présente en petits cristaux blancs, se décomposant sans fondre.
Trioxyphényl-tri-dinaphtopyiyle :
/C"H'
/C'ni«\ /\/\ /C'«H»\
^\C'«H«/*^" OH ^^"\C'»H»/^-
L'addition d'une petite quantité de pyrogallol à une solution acétique de dinaphto-
pyranol produit une décoloration rapide et la formation de belles aiguilles incolores.
Celles-ci, lavées à l'alcool, purifiées par plusieurs cristallisations dans l'élber acétique,
analysées, répondent à la formule du pyrogallol tripyrylé. Il se décompose saus fondre,
est insoluble dans les lessives alcalines, soluble dans les alcalis alcooliques.
Triacélate de trioxyphényUridinaphlopyryle :
(Gl^'-œ^v-=G«^[cll<^;;;;;)o]^
Beaux cristaux blancs, solubles dans le toluène, fondant vers 370°.
l54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
2. Dans la copulation avec la résorcine, nous avons pu obtenir, à côté
du diphénol dipyrylé, le diphénol monopyrylé possédant deux hydroxyles
pour un seul atome d'oxygène pyranique, et la propriété de se dissoudre
à froid dans les alcalis aqueux.
Copule avec 1""°' de bromure de pyryie, il engendre le diphénol dipy-
rylé indiqué plus haut, insoluble dans les alcalis aqueux, soluble dans
les alcalis alcooliques.
Le métadioxyphényldinaphlopy ryle
OH
se décompose sans fondre au delà de Soo" et est soluble dans les alcalis aqueux.
Diacétate de métadioxyphényldinaphtopyryle :
Cristaux blancs du toluène, fondant à 23o''-23[''.
3. Le bromure de dinaphtopyryle réagit deux fois sur i"""' de diéthyl-
méta-aminophénol pour produire un aminophénol dipyrylé, insoluble
dans les acides et les alcalis aqueux, soluble dans les alcalis alcooliques.
Diéthyltnéta-aminophénol-bis-dinaph topyryle :
Petits cristaux se colorant légèrement en violet, foudani
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau réactif de V aconitine. Note de
M. EuGEMo PiNERUA Alvarez, présentée par M. A. Ditte.
L'alcaloïde employé pour l'étude a été l'aconitine pure et cristallisée
Gehe de Dresde (Saxe).
Il se présente en poudre de couleur blanche, cristalline, et très brillante ; à l'aide du
microscope on voit que la plus grande partie, presque tout, est constituée par des la-
melles hexagonales dérivées d'un prisme orthorhombique par la modification des angles
SÉANCE DU 5 JUIN igo5. Il4'
aigus, accompagnée de quelques petites masses amorphes. Il fond à 19^°, se trans-
formant en un liquide jaune rougeàlre qui reste longtemps en surfusion.
Par l'action de l'acide suifurique concentré (D =ri,84), au moment du contact des
deux corps, l'alcaloïde se teinte de couleur orangée peu intense et la solution en est
incolore.
En ajoutant de la saccharose pure à l'aconiline, puis de l'acide suifurique, on ne
voit pas apparaître la couleur roujje qu'acquièrent certaines aconitines commerciales
en agissant sur les mêmes corps. Il se saponifie facilement avec une solution alcoolique
de potasse (KOH) en aconine et acide benzoïque sans production sensible de véra-
trine.
En faisant agir l'acide nitrique (D — 1,42) sur l'alcaloïde, évaporant la solution
jusqu'à siccité dans un bain-marie, et ajoutant ensuite la solution alcoolique de
potasse, nous n'avons pas observé la couleur pourprée de la réaction vératrique de la
pseudaconiline {A. ferox, anthora, etc.). En chauffant légèrement l'aconitine avec
l'acide phosphorique médicinal ou avec l'acide sirupeux nous n'avons vu ni la couleur
rouge, ni la couleur violette, en opérant avec des quantités variables jusqu'à os,oo'2
d'aconitines, comme le recommande Adelhein.
Avec les réactifs généraux des alcaloïdes (Mayer, Wagner, Marmé, Dragendorff,
Scheibler, Godefroy, Schullze, Wormley, etc., etc.) nous n'avons observé aucun phé-
nomène caractéristique.
De tout ce que nous avons dit ci-dessus il résulte que l'aconitine essayée
était presque pure, contenant seulement de très petites quantités de bases
amorphes.
Et il résulte aussi, en conséquence, que jusqu'à présent nous manquons
de réactifs chimiques (') qui permettent d'affirmer l'existence de cet alca-
loïde dans un cas quelconque d'investigation analytique, puisque ceux que
l'on considère comme caractéristiques ne sont pas applicables à Vaœnitine
pure, napaconiline ou henzoil aconine , provenant de A. napellus.
Après de nombreuses réactions pratiquées conformément h des plans
distincts, nous avons obtenus les résultats que nous avons exposés en fai-
sant agir sur l'alcaloïde le brome pur, l'acide nitrique bromure et la potasse
alcoolique, en opérant de la manière suivante :
Nous avons soumis des quantités variables (o^.oooS à 0^,002) de l'alca-
loïde, dans un petit creuset de porcelaine, à l'action de 5 à 10 gouttes de
( ' ) lîu réalité les uniques caractères donl on s'est servi, ou que l'on a employés pour
distinguer cet alcaloïde de tous ses congénères sont : la saveur, la forme cristalline, la
rénction niicrochimique, productrice de l'iodhydrate d'aconitine cristallisée proposée
par A. Jiu-gens de Dorpat,, et enfin, l'action physiologique (période des grandes pul-
sations), mais tous ces caractères sont incertains ou de peu d'utilité dans les recherches
analytiques les plus fréquentes.
l542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
brome pur, en chaufïant légèrement le mélange dans un bain-marie pour
favoriser la réaction.
Nous ajoutons immédiatement de i^'à 2""' d'acide nitrique fumant et
évaporons, jusqu'à siccité, dans le même bain-marie en ajoutant un peu
plus de brome quand l'acide se décolore, laissant un produit d'oxydation
de couleur jaune. Nous ajoutons ensuite de o""\5 à 1"°' de solution alcoo-
lique saturée de potasse (ROH) en employant pour la préparer de l'alcool
élhyiique pur (0 = 0,796) et nous évaporons à siccité; on obtient ainsi
une masse de couleur rouge ou brune plus ou moins intense, suivant la
quantité d'aconiline et on laisse refroidir le creuset, puis on verse dans
sou intérieur 5 à 6 gouttes d'une dissolution aqueuse au -^ ^^ sulfate de
cuivre; on voit bientôt, après avoir bien baigné la surface interne du creu-
set avec la solution cuprique, celle-ci prendre une couleur d'un vert très
intense.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la dilatation et la densité de quelques gaz à haute
température ; application à la détermination de leurs poids moléculaires.
Note de MM. Adrie.v Jaquerod et F. -Louis Perrot, présentée par
M. G. Lemoine.
I. Comme suite à nos recherches sur le point de fusion de l'or et la dila-
tation des gaz à haute température (') nous avons essayé de mesurer ce
repère pyrométrique au moyen du tiiermomètre à hélium. Les formules
données par M. Daniel Berthelot (*) permettent, en effet, de calculer que
la correction à appliquer aux indications d'un tel thermomètre, pour les
ramener à l'échelle thermodynamique absolue, serait à 1000° inférieure à
o°,ooi, donc bien plus faible que les erreurs d'expérience.
Nous avons déjà annoncé (') que la silice laisse bien diffuser l'hélium au
rouge avec une grande rapidité. De nouveaux essais, faits avec des am-
poules en porcelaine et en platine, ne nous ont pas permis d'obtenir encore
des résultats satisfaisants (').
(') Comptes rendus, t. CXXXVIII, 1904, p- loSa.
{'*) Travaux et Mémoires du Bureau international des Poids et Mesures, jgo^.
(') Comptes rendus, t. CXXXIX, 1904.
(*) La porcelaine laisse échapper l'hélium à 1000° plus rapidement que rhydrogèue,
l le platine semble Vabscrber légèrement.
SÉANCE DU 5 JUIN 1906. l5^.i
II. Dans le but de calculer le coefficient de dilatation de différents gaz
entre o" et 1067°, nous avons donc été forcés de choisir comme substance
thermomélrique normale l'un des gaz expérimentés par nous; l'azote était
dès lors tout indiqué : c'est en effet celui qui se rapproche le plus de l'état
parfait, et dont le coefficient de dilatation entre o" et 100° est le mieux
connu. C'est aussi celui pour lequel nous possédions le plus de mesures du
point de fusion de l'or : leur moyenne, corrigée d'après les formules de
M. D. Berthelot, nous a donné la température de 1067°, 4, que nous avons
adoptée comme base de nos calculs. Ceci posé, il était facile, au moyen des
données de nos expériences, de calculer les coefficients moyens de dila-
tation entre 0° et io67<',4. Les chiffres obtenus sont les suivants :
Pression initiale Coefficient d'expansion
approximative (volume constant)
Gaz. A "'■ entre 0° et 1067°.
Azote 24'j o,oo3 6643
Air 230 0,003 6643
Oxygène 180-230 0,0036652
Oxj-de de Cffi'bone 230 0,003 6648
(240 0,003 6756
Acide carbonique j ^^jq 0,0036713
Comme on le voit, les coefficients des quatre premiers gaa sont très voisins les uns
des autres, les différences étant à peine supérieures aux erreurs d'expérience. Pour
l'acide carbonique, la différence est marquée, comme il fallait s'y attendre; c'est de
plus le seul gaz pour lequel il ait été possible d'observer la variation du coefficient
avec la pression initiale (les valeurs obtenues conduisent au nombre o,oo366i pour le
coefficient limite).
En ce qui concerne l'azote, le coefficient de dilatation ci-dessus n'est pas
expérimental; il résulte de la dilatation entre 0° et 100° (o,oo3G65o) et de
la correction indiquée plus haut. Ce résultat admis, les autres coefficients
lui sont entièrement comparables, ayant été obtenus dans des conditions
absolument identiques. Ils sont par conséquent indépendants de la tempé-
rature vraie de fusion de l'or.
III. Comme application de ces déterminations, nous avons calculé la
densité des gsz étudiés à 1067°, et \e\Ar poids moléculaire par rapport à
l'oxygène (O- = Sa).
Pour cela on ramène tout d'abord la densité à la pression moyenne de 2.50"™, en
tenant compte des compressibilités respectives (M, puis on calcule la pression qu'exer-
(') Nous avons utilisé pour cela les mesures de Lord Rayle,igh, entre o"'">,5 et 1=""'.
j5/|4 académie des sciences.
ceraient, à 1067°, 4, 'es difiérents gaz, en les dilatant à volume constant; enfin on
ramène la pression à 760""™ en supposant qu'à haute température ces gaz suivent la
loi de Mariette. Cette supposition est absolument légitime, car on calcule au moyen
des formules de M. D. Berthelot que, à 1067°, tous ces gaz sont, comme l'hydrogène
à o", moins compressibles que ne le voudrait la loi de Mariette, mais que les écarts
sont si faibles qu'ils conduiraient à des corrections inférieures à ,„àoo ■
Poids
Poids Poids moléculaire
du du à 1067»
litre normal (') litre rapporté
à o" à 1067°, 4 à
Gaz. et sous 76U""". et sous 760"". l'oxygène.
Oxygène l'UaSgS o'',29071 32
Azote i,25o45 0,25451 28,0155
Oxyde de carbone i,25o25 0,25445 28,009
Acide carbonique ',97677 0,39966 43,992
On voit que, pour CO et GO', les poids moléculaires trouvés concordent
à moins de jj^ avec les résultats de l'analyse. Pour l'azote, la valeur
obtenue correspond au poids atomique N — i4>oo8, identique à la
moyenne de toutes les déterminations physico-chimiques de cette con-
stante.
La valeur trouvée pour CO' montre que la dissociation de ce gaz au
point de fusion de l'or doit être inférieure à j^.
CHIMIE PHYSIQUE. — Pression osmotique des solutions colloïdales.
Note de M. J. Duclaux, présentée par M. E. Roux.
J'ai indiqué dans une précédente Communication (-) que dans une solu-
tion colloïdale, formée comme on sait de micelles en suspension dans un
liquide, la conductibilité électrique totale était la somme de deux termes
correspondant, l'un au liquide et aux cristalloïdes qu'il tient en solution,
l'autre aux micelles elles-mêmes qui ont un pouvoir conducteur propre,
comparable ou même supérieur à l'autre dans des solutions colloïdales assez
pures.
Ainsi la micelle peut être considérée comme un très gros ion, neutralisé
par un ou plusieurs ions ordinaires de signe contraire, retenus près de la
(') Moyenne des déterminations de Lord Rayleigh et M. Leduc.
(') Comptes rendus, l. GXL, p. i468.
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. i545
surface comme le sont ceux qu'un métal abandonne au liquide dans lequel
il est plongé.
J'ai cherché si ces ions d'espèce |)arlicnlière avaient des propriétés iden-
tiques à celles des ions ordinaires et si, en particulier, il leur correspondait
encore une pression osmotique en rapport avec leur nombre.
On a déjà cherché à mettre en évidence l'existence d'une pression osmotique très
faible des colloïdes par la méthode habituelle des vases semi-perméables. En réalité,
cette méthode ne leur est pas applicable. En effet, la pression osmotique d'une solu-
tion colloïdale par rapport à l'eau pure, telle qu'on la mesure au moyen de ces vases,
est, comme la conductibilité, la somme de deux termes correspondant, l'un à la
micelle, l'autre au liquide intermicellaire : ce second terme ne peut être nul, puisque,
en raison des phénomènes d'équilibre entre la micelle et le liquide qui l'entoure, ce
dernier ne peut pas se réduire à de l'eau pure; on ne peut donc rien conclure quant à
l'existence du premier terme.
Au contraire, il est facile d'arriver au résultat en utilisant la propriété
qu'ont les membranes de collodion d'être imperméables aux micellesetde
laisser passer sans altération le liquide dans lequel elles flottent. En opé-
rant de cette manière, on constate l'existence d'une pression osmotique
notable, pouvant par exemple dépasser i" d'eau.
On peut la mettre en évidence et la mesurer par plusieurs procédés : soit en laissant
filtrer la solution à travers un manchon cylindrique vertical de collodion (la différence
de niveau entre le liquide à l'intérieur du manchon et le liquide filtré tend alors vers
une limite stable); soit en établissant dès l'origine l'égalité des deux niveaux, en em-
ployant à l'extérieur le liquide filtré dans une opération précédente, et mesurant la
dénivellation qui s'établit; soit encore en filtrant sous pression, auquel cas le liquide
colloïdal dans le manchon se réduit à un volume limite, sous lequel il a une pression
osmotique justement égale à celle que l'on exerce sur lui. Les trois procédés donnent
pour la pression osmotique des nombres à peu près concordants : cependant ceux que
l'on obtient par filtration sous pression sont toujours plus forts, vraisemblablement
par suite de la pénétration des micelles jusqu'à une certaine profondeur dans les pores
du collodion et de leur plus grande concentration dans ces pores.
Ainsi les micelles du colloïde ont une pression osmotique propre : elles
agissent qualitativement comme des ions ordinaires. On peut chercher
à poursuivre l'analogie par des mesures quantitatives.
La mesure de la différence de conductibilité entre la solution colloïdale
et le liquide intermicellaire, et la connaissance des vitesses de transport,
donnent, comme je l'ai indiqué (foc. cit.) la mesure de la quantité d'élec-
tricité transportée par les micelles, c'est-à-dire du nombre d'ions actifs
G. R., igoS, I" Semestre. (T. CXL, N° 23.) 198
}546 ACADEMIE DES SCIENCES.
qu'elles renferment, en entendant pnr là aussi bien les ions qui chargent
la micelle que ceux qui ia neutralisent à l'exlérieur. Si ce sont encore ces
ions qui sont osmotiquemenl actifs, et si leurs propriétés sont indépendantes
de leur concentration , il (^olty avoir proportionnalité entre la pression osmo-
tiqiie et leur nombre, et par suite aussi pour une même solution plus ou
moins concentrée entre cette pression et la conductibilité propre des
micelles, mesurée p;vr différence.
C'est en eflel ce que l'on observe, du moins en première approximation. V'orcT les
nombres qui se rapportent à une même solution d'hydrate ferrif[ue plus ou moins
concentrée : les pressions osmotiques sont en centimètres, les conductibilités en unités
absolues :
Rapport.
Pressions.
CondiK
o,ti
9-
1 ,D
22
4,'
4o
II ,o
91
48,0
3io
8
6,5
Les nombres de la dernière colonne ne sont pas constants : mais on voit
que, tandis que la pression osmotique varie de i à 80, le rapport ne Tarie
que de i à 2. Nous avons supposé, d'ailleurs, que les propriétés des ions
micellaires étaient indépendantes de leur concentration. Ceci suppose im-
plicitement que les micelles sont elles-mêmes indépendantes les unes des
autres : si l'on veut, que leur assemblage est un gaz, tandis qu'on sait
depuis Spri ng (') que leurs propriétés s'expliquent bien mieux si l'on
admet que cet assemblage, quoique peu résistant, est un solide dont les
parties sont unies par une force de cohésion. D'ailleurs si cette indépen-
dance était réelle, la conductibilité propre des micelles devrait être pro-
portionnelle à leur concentration, tandis qu'elle augmente, pour la solu-
tion étudiée plus haut par exemple, de i à 35 quand la concentration ne
varie que de i à 18. Il n'est donc pas en contradiction avec nos hypothèses
que nous constations pour la pression osmotique des irrégularités du
même ordre.
D'ailleurs celte pression n'est pas la même que celle d'une solution cristalloïde de
même concentration en ions. Reprenant les nombres cités plus haut, nous pouvons
calculer le nombre absolu d'ions actifs que coiuieiit la solution colloïdale, et la pres-
(') Trav. chim. Pays-Bas, t. IX, igor, [>. 20^.
SÉANCE DU 5 11 TIN I9o5. iô^"]
sion qu'exercerait un nombre égal d'ions ordinaires; nous obtenons ainsi les nomlDres
•de la premièru colonne, en regard de ceuv de la deuxième qui donnent la pression
observée :
Rapport.
4,3 0,6 o,i4
19,5 4,1 0'2I
IJOjO 48,0 0,32
Le rapport est beaucoup plus petit que l'unité : ce résultat est facile à interpréter
en remarquant que les ions ne sont pas ici complètement libres, formant des assem-
blages complexes où ils ne peuvent avoir la même activité.
Avec cette réserve, il semble qu'on pourra étendre aux solutions colloï-
dales toutes les lois qui s'appliquent aux solutions ordinaires. A un point
de vue purement qualitatif, l'existence d'une pression osmotique tendant
à produire une expansion du système micellaire explique la stabilité indé-
finie des solutions colloïdales. Il est certain, d'autre part, que les mem-
branes semi-perméables formées de colloïdes, en particulier les membranes
celhdaires des organismes vivants, n'ont pas à l'égard des échanges osnio-
tiques l'inertie qu'on leur attribue en général.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Analogie entre V amidon coagulé par l'amylocoagu-
Lase et l'amidon de pois. Note de MM. A. Fernbacii et J. Woi.ff, i)re-
sentée par M. E. Roux.
En étudiant diverses variétés d'amidons, afin de rechercher s'ils se
prêtent aux phénomènes de coagulation que nous avons observés pour la
fécule de pomme déterre, nous avons été frappés par les particularités que
présente l'amidon de pois, et nous avons reconnu qu'il se rapproche sin-
gulièrement de l'amidon de pomme de terre coagulé.
L'amidon de pois sur lequel nous avons expérimenté a été extrait par lévigation à
l'eau distillée de pois verts préalablement broyés. Bouilli avec de l'eau, cet amidon ue
fournit pas d'empois, mais donne une solution liltrable sur papier, en laissant un fort
résidu colorable en bleu par l'iode. L'aspect de ce résidu au microscope diffère tota-
lement de l'amidon primitif : au lieu de grains sphériques ou légèrement ovoïdes,
dans lesquels on distingue nettement des couches concentriques, ou ne voit plus que
des masses qui semblent représenter le squelette des grains à l'état naturel; on retrouve,
en elTel, la forme des granules, mais il n'en reste plus qu'une portion très peu réfrin-
gente, avec, au centre, un noyau nettement visible, l'aspect général rappelant celui
d'un globule de sang de grenouille. A la suite d'une saccharification à 70" par le malt.
l548 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ou après ébullition avec l'acide sulfurique étemlu. on obtient un résidu qui, morpho-
logiquemenl, a exactement le rnênie aspect, mais qui ne se colore jilus parl'iode qu'en
rose ou en brun, le noyau central se colorant beaucoup plus que le ]50ur[our.
Le résidu de la saccliarification présente les mêmes caractères que celui qu'on obtient
en saccharifianl un coagulum formé par l'action de l'amylocoagulase sur l'empois de
fécule; il se dissout dans la potasse, et la solution neutralisée donne par l'iode une
coloration bleu intense.
L'amidon coagulé et l'amidon de pois présentent en outre d'autres analogies intéres-
santes : tous deux., bouillis avec une faible quantité d'eau (i de matière pour lo
à i5 d'eau), donnent une gelée opaque par le refroidissement. Si l'on emploie plus
d'eau et qu'on filtre, le liquide passe clair et se trouble ensuite rapidement en donnant,
suivant la concentration, un précipité pulvérulent ou gélatineux. Quelle que soit la
forme du précipité, il n'est pas saccharifiable intégralement à 70°, et le résidu a
encore les caractères de l'amylocellulose. Mais, si l'on reçoit le liquide qui filtre dans de
l'extrait de malt, la saccharification est intégrale.
Cette analogie est d'autant plus frappante que nous avons rencontré dans le pois
vert, aussi bien dans les graines que dans les cosses, de l'amylocoagulase active, com-
parable en tous points à celle de l'orge, du froment ou du malt.
L'analogie se retrouve encore lorsqu'on étudie quantitativement la ma-
nière dont les deux amidons se comportent vis-à-vis de l'amylase du malt.
Pour faire cette comparaison et pouvoir doser la portion d'amylocellulose
qui résiste à un extrait de malt à 70°, nous avons utilisé les observations
(le M. E. Roux {Comptes rendus, t. CXL, p. 943 et 1259) qui a constaté,
entre autres, que les portions les plus résistantes de l'amylocellulose sont
solubles à i5o°.
Nous avons pu ainsi reconnaître que, dans l'atnidon que nous avons extrait
du pois, il y a de 82 à 83 pour 100 d'amidon soluble à 100° et saccharifiable
à 70°, le complément à 100 représentant ce qui se dissout entre 100" et
iSo". La portion qui reste non saccharifiable après chauffage à 100° et re-
froidissement prolongé s'élève à 22 pour 100 environ; elle se compose de
ce qui n'est soluble qu'entre 100° et i5o°, augmenté de ce qui se précipite
entre 100" et la température ordinaire (4 pour 100 environ).
Il y a donc dans cet amidon de pois une très forte [)roportion (l'amylo-
cellulose résistant à la saccharification par le malt, et les chiffres que nous
venons d'indiquer sont très voisins de ceux qu'on rencontre dans certains
cas en examinant la fécule coagulée. En effet, en coagulant de l'empois plus
ou moins chauffé, soit par l'extrait de malt, soit par l'extrait de pois, nous
avons trouvé que le coagulum renfermait les proportions centésimales sui-
vantes d'amylocellulose non saccharifiable à 70" : i5, 8; 20, 17; 25; 27; 27 ;
3t,5; 39,3; 43,4.
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. l549
L'amidon rie pois nous offre donc l'exemple d'un amidon naturel pré-
sentant les mêmes caractères que l'amidon coagulé que nous pouvons pro-
duire artificiellement en partant de la fécule de pomme de terre.
CHIMIE BIOLOGIQUE.— Sm/- la met hémoglobine et sa comhimdson fluorée.
Note de MM. J. Ville et E. Derrien, présentée par M. Armand Gautier.
Dans une Note du i3 mars dernier, nous faisions remarquer que la
modification, imprimée par le fluorure de sodium au spectre de la méthé-
moglobine, pouvait donner la raison des faits signalés par MM. Piettre et
Vila ('), coucernant la présence d'une nouvelle bande dans le spectre de
l'oxyhémoglobine. Cette bande nous paraissant devoir être attribuée à une
méthémoglobinisatiou partielle de la matière colorante du sang.
Dans une nouvelle Note du !"■ mai, nous avons fait connaître l'obten-
tion de cristaux qui, par leurs caractères et les conditions de leur prépara-
tion apparaissent comme la forme cristallisée d'une combinaison fluorée de
la méthémoglobine.
MM. Piettre et Vila (^) ont mis eu doute l'existence de celte combinaison
fluorée, contestant d'ailleurs à la méthémoglobine le caractère d'un corps
chimiquement défini et alléguant que cette substance ne peut être obtenue
à l'état cristallisé.
A ce propos nous ferons d'abord observer qu'il est difficile de ne pas se
ranger à l'opinion généralement admise, qui considère la méthémoglobine
comme une espèce chimique optiquement défiaie, opinion basée sur l'en-
semble des caractères de ce corps et sur l'étude spectrophotométriqnc
qu'en ont faite Hûfner, Otto et particulièrement R. von Zeynek (^), ces
auteurs ayant en outre montré que la méthémoglobine de sang de cheval
et de porc peut être obtenue cristallisée, aussi bien que l'oxyhémoglobine, et,
comme cette dernière, peut être purifiée par plusieurs cristallisations suc-
cessives.
D'ailleurs, pour préparer les cristaux de la combinaison fluorée en ques-
(') PiiiTTRE el Vila, Comptes rendus, t. CXL, p. 090.
(-) l^iETTRE el Vila, Comptes rendus, l. CXL, p. i35o; Bull, de la Société c/ii-
mirjue, 3= série, t. XXXIII, p. 578.
{') HuEFNER et Otto, Zeit. physiol. Chem.. L \'ll, p. 65; R. vo.n Zey:5. l563
PHYSI0I,0GIE. — Du contraste simnltanc des couleurs. Note de M. A. Poi.ArK,
présenlée par M. d'Arsonval.
Les lois expérimentales du contraste simultané des couleurs sont bien
connues ; quant à son mécanisme physiologique on est encore réduit à des
hypothèses. La question s'est beaucoup compliquée par le fait qu'on ne se
mettait pas toujoiu's dans les conditions nécessaires pour éliminer toute
influence des images accidentelles, de sorte que contraste simultané et
contraste successif ont été souvent confondus et, à l'heure actuelle, la part
n'est pas encore faite entre ces deux phénomènes qui me paraissent de
nature très différente.
Je reprends donc l'étude du contraste simultané pur et pour v arriver
j'ai recours à un épiscotister que je fais tourner devant l'œil avec la vitesse
et l'ouverture convenables. J'observe ainsi à une certaine distance des
plages de papier gris, fixées sur des fonds diversement colorés. Eti réglant
i'épiscotister de manière à donner na temps d'admission d'une fraction de
seconde (o%i en général) suivi d'un intervalle suffisamment long (plu-
sieurs secondes) je constate les faits sinv;iiits :
Les plages incolores deviennent franchement jaunâtres sur fond bleuet restent à peu
près incolores sur fond rouge, lorsque je les observe avec mes yeux naturellement
hypermétropes, en relâchant l'accommodation. Les mêmes plages paraissent, au con-
traire incolores sur fond bleu et verdàtres sur fiind rouge, lorsque je place devant l'œil
un verre convergent qui corrige totalement mon hypermétropie, ou même la surcor-
rige un peu.
Avec des plages plus grandes le phénomène est le même, sauf que la teinte complé-
mentaire s'étend sur une zone marginale dont le diamètre apparent est constant (').
Tous ces effets s'observent le mieux^ avec les couleurs extrêmes du spectre. Ainsi le
fond bleu et le fond rouge donnent les meilleurs résultats, tandis que le vert en donne
de moins caractéristiques.
Ces expériences montrent que, lorsqu'on se met absolument à l'abri des
images accidentelles, le contraste ne se produit pas toujours, mais seule-
ment dans le cas où l'œil est à peu près accommodé pour les radiations
dominantes de la couleur inductrice. Dans le cas contraire, les plages grises
paraissent demeurer à peu près incolores, mais en fait il se produit là une
( ') Dans le voisinage immédiat de la plage le fond devient souvent blanchâtre.
^^^à ACADÉMIE DES SCIENCES.
induction homonyme qui passe plus ou moins inaperçue, probablement à
cause de la couleur relativement très vive de la plage inductrice.
Mais si l'effet de l'induction homonyme est souvent difficile à voir avec
des plages grises, on peut le mettre bien en évidence avec des plages colo-
rées; ainsi une plage verte sur fond rouge devient blanche qulind elle
subit l'induction homonyme, de même qu'une plage bleue devient rose
clair, etc.
Donc, induction hétéronyme quand l'œil est accommodé pour les radiations
dominantes de la couleur inductrice et induction homonyme dans le cas
contraire, tel est le résultat expérimental. Son interprétation me paraît
simple :
Les couleurs employées dans les expériences sont complexes; or comme l'œil n'est
point achromatique, il se produit une dispersion de lumière complémentaire ('), lors-
qu'on accommode pour l'extrémité du spectre correspondante aux radiations dominantes
du fond et une dispersion de ces dernières, lorsqu'on accommode pour l'extrémité
opposée.
Dans une Note antérieure (^) j'ai montré combien cette disjjersion est appréciable ■
elle peut donc suffire pour déterminer l'induction homonyme ou hétéronyme selon le
cas.
On comprend ainsi pourquoi les effets sont plus marqués avec des couleurs induc-
trices correspondantes aux extrémités du spectre; dans ce cas toute la dispersion de
rœil est mise enjeu, tandis qu'elle ne l'est qu'en partie pour les couleurs moyennes.
On comprend également pourquoi le bleu donne encore de meilleurs résultats que le
rouge, sa complémentaire étant plus lumineuse.
En somme il ressort des expériences indiquées dans cette Note que le
phénomène du contraste simultané des couleurs apparaît même avec des
éclairs lumineux de o', i , ce qui élimine complètement les images acciden-
telles par mouvement de l'œil; un mouvement réflexe exigeant ce temps
pour commencer à se produire. Mais dans ces conditions l'effet du contra.ste
dépend de l'état de l'accommodation de l'œil; en outre la teinte complé-
mentaire ne s'étend qu'à des zones ayant le diamètre apparent correspon-
dant au chromatisme de l'œil. C'est donc celui-ci qui joue le rôle essentiel
dans la production du contraste simultané pur.
(') J'entends par lumière complémentaire d'une couleur le mélange de toutes les
radiations de cette couleur à l'exception des radiations dominantes.
(') Comptes rendii. 16
„
84,89
.2,40
6,3o4
■23
»
82,41
■5,24
6,394
3.3
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6,447
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»
78,75
1.5,82
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60
»
77. '54
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70
0
76,01
16,55
6,679
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18,80
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»
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7,125
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»
37,28
58, 02
8,89.5
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»
.53 , 2.5
5-2 , o4
6,544
600
»
71,87
1 8 , 56
6,219
Albumi-
Matières
de
Doïdes
grasses
combustic
pour 100.
pour 100.
{ = )•
Cal
76,23
22,02
5,872
1
■?
?
1
?
5,995
60,54
37,25
6,o85
48,37
4i,.53
6,2.52
48,12
46,67
6,470
48, o3
46,76
6,547
47>85
46,94
6,715
47,78
46,98
6,832
47,32
47,35
7,425
35,61
07 , o4
8,290
35,94
.55,. 52
7,56o
35,98
55,14
7,408
36, 18
55,o4
7,384
86,67
54,81
7, '95
36,75
54,86
7, 157
4i,.2
.54,21
7 , oo5
(') Comptes rendus, 27 mars 1905.
(-) Par suite d'une légère erreur qui
les chiffres primitifs sont modifiés.
L'énergie fixée (Ep de M. Ernest Solvay) est une fonction périodique de l"i
î'était glissée dans nospremi
l566 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On voit d'après ce Tableau que :
1° La teneur en matière grasse passe par un maximum atteint vers le
180'' jour pour le tissu musculaire, et le 120" jour ])oin- le tissu nerveux;
2° La teneur en matières albuminoïdes passe par un minimum atteint
aux mêmes époques, respectivement pour chaque tissu.
La chaleur de combustion de la graisse étant plus grande que celle de
l'albumine dans le rapport 8,9 à 4) i. la chaleur de combustion totale du
tissu doit passer par un maximum à une date qui doit coïncider avec la
date du maximum de la teneur en graisse.
MÉDECINE. — Sur une nouvelle méthode de protection contre les rayons
de Rôntgen. Note de M. J. Bergosié, présentée par M. Bouchard.
Le danger qu'il y a à s'approcher souvent et à de faibles distances d'un
tube de Crookes en fonction est aujourd'hui parfaitement reconnu de tous.
De graves lésions de la peau à marche néoplasique ont été observées et
l'action atrophiante des rayons de Rontgen, sur les glandes génitales en
particulier ('), permet de i)révoir que des désordres, tout aussi graves
mais plus cachés, se produiraient à la longue sur l'organisme de ceux qui
tous les jours utilisent les rayons X, soit pour le diagnostic, soit pour la
thérapeutique.
Les moyens de protection que l'on utilise acluellemenl pour préserver Tentourage
du malade traité ou observé peuvent être classés en deux catégories : i" les enve-
loppes opaques pour les rayons de Rôntgen placées au voisinage de leur centre
d'émission ; 2° les écrans protecteurs placés au voisinage de l'opérateur ou recouvrant
la partie de son corps à protéger. Dans la première catégorie, il faut ranger les tubes
de Crookes en verre opaque et à fenêtre transparente et les localisateurs divers. Dans
la deuxième, beaucoup plus nombreuse, il faut ranger tout l'attirail protecteur si
varié : lunettes, gants, tabliers, armures, étoffes opaques, paravents de plomb, guérite
plombée, etc. Le principal défaut des localisateurs est de provoquer une modification
du champ électrique autour du tube, modification qui rend défectueux le fonctionne-
ment de celui-ci. Le plus grand défaut des protecteurs est de gêner les mouvements
de celui qui les revêt.
(') Voir à ce sujet : 1" Bergonié et Tribondeal', Action des rayons S. sur le testicule
du rat blanc {Société de Biologie, 12 novembre, 17 décembre 1904 et 21 janvier
igo5). — 2° Bergonié, Tribondeau et Récamier, Action des rayons X sur l'oi'aire de
la lapine {Société de Biologie, séance du 7 févi-ier igoi).
SÉANCE DU 5 JUIN I9o5. l567
La nouvelle méthode de protection, employée déjà depuis six mois dans
le service d'électricité médicale de l'Université de Bordeaux et des hôpi-
taux, ne présente aucun de ces inconvénients. Son principe très simple
consiste à placer tout l'entourage du malade au-dessus du plan horizontal
prolongeant l'anficathode et, au-dessous de ce plan, le malade seul. L'espace
est ainsi virtuellement divisé en deux parties, dont l'une, la supérieure,
est si complètement indemne de rayons X, qu'on peut y manier la plaque
sensible radiographique auprès du tube sans risques de voile.
La réalisation pratique de ce dispositif est aussi simple que son principe : le plan
du lit servant à la radiographie ou la radiothérapie est à peine plus élevé que celui du
parquet du laboratoire, si bien que, pour les applications radiothérapiques ordinaires,
le plan mené par l'anticathode vient au plus au niveau de l'articulation du genou pour
l'entourage. Dans les opérations de radiographie avec le radiolimitateur compresseur,
à peu près même hauteur du plan horizontal limitant la aone dangereuse. Dans les
grandes radiographies du bassin, ce plan peut s'élever jusqu'aux deuv tiers de la
cuisse d'un homme moyen, jamais jusqu'au-dessus de ses organes génitaux. Pour des
hauteurs du tube plus élevées encore, très rarement employées, ou pour placer même
nos jambes dans la zone de sécurité, nous avons des sièges surélevés portant nos pieds
à o™,5o du sol.
Une pratique déjà longue de ce dispositif ne nous en a révélé aucun inconvénient.
Les avantages en sont nombreux : suppression complète de tout localisateur et sim-
plification sensible de l'appareillage, surveillance parfaite du fonctionnement du tube,
durée plus grande de celui-ci, mesure facile de la qualité des rayons émis, etc. Au
point de vue de la sécurité, elle est si complète que nous n'avons plus, depuis l'emploi
de ce dispositif, observé sur nous-mêmes une seule poussée de radiodermite; les lé-
sions chroniques anciennes de quelques-uns d'entre nous ont une tendance à guérir;
le port de guêtres ou jambières opaques a été reconnu inutile; nous n'avons plus ni
lunettes, ni gants, ni tabliers, etc.
Ce dispositif ne peut s'appliquer à la radioscopie.
PARASITOLOGIE. — Sur la dénomination de l' agent présumé de la syphilis.
Note de M. Paul Vcillemin, présentée par M. Gtiignard.
En raison de l'exlrême retentissement de la découverte de Schaudinn et
Hoffmann, il est regrettable que l'agent probable de la syphilis, appelé
par ces savants Spirochœle pallida, soit présenté au public sous un nom
qu'il ne saurait garder. Le genre Spirochœle fut créé en i833 par Ehren-
berg pour le Sp . plicatilis . Cette espèce, avec son corps hélicoïdal et flexible,
ses extrémités obtuses, sa propagation par scission transversale, se relie
aux Myxophycées, malgré l'absence de phycochrome, par l'intermédiaire
l568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des Glaucospira, ainsi que Lagerheim l'établif en 1892. C'est un tvpc de
Bactérie parente des Algues, ce que j'appelle une Leucophycée.
Les affinités du Spirochœte pallida doivent être cherchées, au contraire,
du côté des Protozoaires. Telle est l'opinion de Schandiiin. Cette opinion
est rendue très probable par la biologie et la pathologie comparées.
La rareté relative des états visibles du parasite dans les chancres à leur
début, leur présence dans les lésions du nouveau-né, qui s'explique par
filtration des germes à travers le placenta, donnent à penser que l'agent de
la syphilis parcourt plusieurs stades, revêt diverses formes et notamment
des formes plus petites que celles qu'on a vues, le rattachant aux virus
ultra-microscopiques. Schaudinn nous a montré que, [)ar de semblables
réductions, le Trvpanosome issu de VHœmamœba Ziemanni passe par un
stade comparable au Spirochœte pallida pour parvenir à des dimensions qui
atteignent et dépassent peut-être les limites de la visibilité.
La dourine, appelée vidgairement syphilis des chevaux, est causée par
le Tryoanosoma equiperdum, dont les formes de multiplication accélérée,
d'après Schneider et Buffard, sont moins différenciées que les Trypano-
somes typiques.
Malgré l'insuffisance des données morphologiques, il est donc vraisem-
blable que l'agent de la syphilis a d'étroites affinités avec l'agent de la dou-
rine, qu'il offre un hétéromorphisme et une évolution complexe qui, en le
rapprochant des Flagellâtes ou mieux des Sporozoaires, l'éloignent des Spi-
rilles, des Bactéries en général et surtout des Algues. Voilà pourquoi le nom
de Spirochœte ne lui convient pas.
Tout en subissant la nécessité de créer un nom générique nouveau pour
les formes animales qui ressemblent au Spirochœte, nous pensons qu'il est
bon de garder le même radical pour rappeler la similitude qui a frappé
Schaudinn. Nous proposerons le nom de Spironema pour les Protozoaires
spirales à bouts aigus qui diffèrent des Trypanosomes par la réduction de
l'appareil nucléaire, de la membrane ondulante et de son prolongement
flagelliforme. Le Spirocbète pâle deviendra ainsi, dans la nomenclature
régulière, le Spironema pallidum.
GÉOLOGIE. — Le grisou aux sondages de Lorraine,
Note de M. Framcis Laur.
Il y a à peine huit jours le sondage d'Alton (à 4'^'" au sud-est de Poul-à-
Mousson) a rencontré une seconde couche de houille quia donné, à l'orifice
SÉANCE DU 5 JUIN igoS. 1,^69
(lu trou de sonde, du gaz inflammable venant du fond, à travers la colonne
d'eau de 900'°, crever à la surface sous forme de grosses bulles. La présence
du grisou dans les couches du nouveau bassin hoiiiller indique la nature
des charbons qui donneront certainement des cokes industriels.
PHYSIQUE nu GLOBE. — Ascensions de ballons-sondes exécutées au-dessus de
la mer par S. A. S. le Prince de Monaco au mois d'avril iqoS. Note de
M. H. Hebgesell.
En avril igoS S. A. S. le Prince de Monaco a réalisé pour la première
fois le plan de faire des ascensions au-dessus de la mer. Ces ascensions ont
été exécutées d'après deux méthodes que j'avais proposées, en se servant de
ballons de caoutchouc fermés, pouvant monter avec une force ascension-
nelle constante et atteignant ainsi de très grandes hauteurs.
Nous avons employé chaque fois un système de deux ballons, dont l'un
devait éclater wi se détacher à une certaine hauteur, tandis que l'autre,
plus petit, qui commençait à tomber après la perte du premier ballon, devait
servir de parachute à l'instrument. Unflotteur était attaché à 5o"' du ballon.
Dès que ce flotteur atteignait la surface de l'eau, le ballon se maintenait à
une hauteur de 5o™ au-dessus de la mer, servant aussi de marque au navire
qui était à la poursuite des appareils. En effet, immédiatement après le lan-
cer, la Princesse- Alice commençait à suivre les ballons à toute vitesse pour
qu'on ne les perde pas des yeux. Cela put être réalisé dans la plupart des
cas. Deux fois cependant les ballons furent cachés par des nuages subite-
ment formés ; cela n'a pas empêché de retrouver plus tard dans l'un des cas
le ballon et l'instrument, se tenant au-dessus de l'eau. Dans les cinq ascen-
sions qui ont été exécutées, le succès n'a donc failli qu'une fois (' ).
Il va sans dire que ces ascensions ne peuvent se faire que par un beau
temps clair et quand la vitesse des courants aériens sujjérieurs n'excède
pas trop la vitesse du navire. D'après les expériences faites l'année der-
nière, avec nos ascensions de cerfs-volants, ces conditions ne semblent pas
très rares.
En jugeant nos premières ascensions il faut tenir compte de ce que les
(') Le système complet, composé de deux ballons, d'un flotteur et d'un instrument,
vient d'être retrouvé le 6 mai dans le golfe de Saint-Tropez, à 168 milles dans l'ouest
de son point de départ.
0. K., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 23.) 20I
IJ70 ACADEMIE DES SCIENCES.
conditions iitmospliériques étaient alors défavorables. EfTeclivoment, an
mois d'avril, la mer entre la Corse et la Principauté de Monaco était presque
toujours occupée par une dépression barométrique causant de forts cou-
rants aériens et rendant parfois très difficile la poursuite des ballons.
Nous avons employé deux méthodes pour faire tomber le système des
ballons, dès qu'ils atteignent une hauteur donnée. Pour employer la pre-
mière méthode, on gonfle plus fortement le ballon chargé des flotteurs, de
sorte qu'il éclate plus tôt que le Ijallon servant de parachute. Cette méthode
permet d'atteindre des hauteurs assez grandes, mais elle a le défaut de ne
pouvoir fixer suffisamment la hauteur maxima, et par là la durée de
l'ascension. Sans doute, on peut régler cette hauteur en gonflant plus ou
moins le ballon ; mais le moment où le ballon éclate dépend encore d'autres
causes, comme la qualité du caoutchouc, et il y a ainsi toujours quelque
incertitude sur la hauteur maxima obtenue. Avec la seconde méthode on
n'attend pas l'éclatement du ballon, mais on le décroche automatiquement.
A la pression voulue la plume du barographe de l'enregistreur forme
contact : ime petite pile sèche de poids minime actionne uy électro-aimant
qui ouvre le crochet par où le ballon supérieur est retenu. On règle le
contact d'avance pour Imiiter l'ascension à une hauteur voulue.
En modifiant le degré de gonflement tles ballons et le poids du flotteur
empoi té on peut faire varier dans de larges limites la vitesse verticale de la
montée et de la descente. Dans la plupart îles cas on préférera une grande
vitesse verticale, pour assurer la venldation du thermographe enregistreur
et pour abréger la durée de la poursuite. Dans les ascensions décrites plus
loin la vitesse verticale était de 5*" le plus souvent; la durée de l'ascension,
qui dépendait de la hauteur maxima, variait entre 33'" et 58"". L'instru-
ment enregistreur était muni de mon thermographe à tube et en plus d'un
thermographe bimétallique du système de M. Teisserenc de Bort.
Dans la description qui va suivre je ne parlerai pas des résultats météo-
rologiques et ne décrirai que la méthode.
4 M>ril 1905, 9'»35'", a. — Ascension avec deux ballons île i5oo™™ de diamètre, sans
crochet automatique^ Ciel presque sans nuages^ le vent est faible, en bas, mais augmente
considérablement avec la hauteur. Après i5 minutes, les nuages qui se sont formés
cachent les ballons. Le second ballon avec l'instrument est retrouvé le lendemain à
6'' du matin, se tenant au-dessus de l'eau.
Altitude maximum : 8900'". Température minimum : —46", 3.
Durée de l'ascension : 58 minutes. Vitesses veiticales : à la montée, 5'", 6 par
seconde; à la descente, 4", 8.
7 avril 1905, 3'',/^. — Deux ballons de i5oo"""; crochet automatique réglé pour la
SÉANCE DU 5 JUIN 1905. 1:171
pression de 3oo""». Temps olair. Le navire suit les ballons dans la direction du SE;
après 20 minutes, on observe f|ue le ballon supérieur se détache. A la descente le ballon
est perdu de vue pendant un certain temps. A 5'', p. on le retrouve, se tenant à 5o"'
au-dessus de l'eau. Tout est ramené sans accident.
Altitude maximum : 6870". Température minimum : — 36°, a.
Durée : 45 minutes. Vitesse verticale : à la montée, 5"°, 6; à la descente, 4'°i7-
i4 m'rll, V'iô'", p. — Deux ballons de i5oo"" de diamètre; crochet automatique,
réglé pour SSo™"" seulement, parce que les courants supérieurs paraissent très forts.
Temps clair. Direction des ballons NSo^E. Le navire suit à toute vitesse; après 19 mi-
nutes, on voit que le déclenchement a fonctionné; le ballon est redescendu à 4''- A S*",
tout est ramené à bord en bon état.
Altitude maximum : 6o.5o". Température minimum : — 28", 2. Durée : 47 minutes.
Vitesse verticale : 5",o (montée), 3"°, 8 (descente).
19 avril, 10'', a. — Deux ballons de i35o™""et de iSoo"" de diamètre initial. Le pre-
mier est fortement gonflé pour qu'il éclate bientôt. Temps clair. Le ballon, qui ne cesse
d'être visible, éclate après 11 minutes. A ii''45"'i «■ tout est ramené à bord.
Altitude maximum : 4oio™. Température minimum : — 10°, o. Durée : 33 minutes.
Vitesse verticale: 5™, 4 (montée), 3"», 2 (descente).
19 avril, il" 28"», p. — Deux ballons de i5oo"'™ dediamèlre initial. Le premier ballon
n'est pas gonllé plus fortement que le ballon inférieur; car nous avons l'intention d'at-
teindre une grande hauteur. Temps clair. La vitesse horizontale des ballons, petite au
commencement, augmente à mesure que les ballons montent ; le navire reste en arrière.
Après 37 minutes, le ballon supérieur éclate; le ballon inférieur, qui commence à des-
cendre, est encore visible pendant 7 minutes.
Enfin, il disparaît derrière un nuage et ne peut être retrouvé, bien (|ue le navire
continue dans la direction observée à la fin. D'après la vitesse verticale, qu'on peut
évaluer avec une assez grande précision d'après la force ascensionnelle, le ballon a dû
monter à 11^^ au moins. Au moment où le ballon a éclaté, la hauteur angulaire était
de 38°. La distance a donc été de 20!^™. Cela ])iouve qu'on pourra voir les ballons jus-
qu'à cette distance avec de bonnes jumelles.
Ces ascetisions au-dessus de la Méditerranée ont démontré que la mé-
thode des ballons-sondes, qui a eu tant de succès sur terre, peut égale-
ment être employée au-dessus des océans avec un grand avantage. Dans des
conditions plus favorables que l'on peut, d'après nos expériences, trouver
dans la région des alizés et des calmes, on atteindra des hauteurs de plus
de i5'''"sans perdre les ballons de vue. On étudiera ainsi non seulement
les courants aériens dans le voisinage de l'équateur jusqu'à de grandes
altitudes, mais encore d'autres phénomènes météorologiques tels que
la position de cette zone isotherme découverte par MM. Teisserenc deBort
et Assmann.
On peut donc applaudir vivement au projet de S. A. S. le Prince de Mo-
naco de continuer pendant l'été prochain les ascensions de ballons-.sondes
au-dessus île l'Atlantique.
l^'jl ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — M. Paulin adresse, de Grenoble, la dépêche
suivante :
Sismographe Kilian-Paulin a enregistré secousse sisinique, direction nord-ouest,
i^'juin, 4'' 52™ 28* matin, méridien Paris.
M. W. Grosseteste signale un tremblement de terre ressenti à Grasse.
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
(Séance du 8 mai igoS.)
Note de M. .4. Demoulin, Sur les surfaces de Voss de la Géométrie non-
euclidienne :
Page 1227, ligne 4, au lieu de
D, = ±/D, D'; — q:(D",
lisez
(5) D,=:±«D, D'; = q;/D".
Page 1228, ligne 5, remplacer (5) par (V).
Même page, ligne 9, au lieu de
(h à' .
-r- = -T- sinoj,
du Ou
d'y ô-
-— = -— cosw.
i)u Ou
Même page, ligne |5, au lieu de les équations (o), Huez les équations (V).
(Séance du 29 mai igoS.)
Note de M. Paul Lebeaii, Sur quelques propriétés physiques du pro-
pane :
Page i/|55, dans le Tableau représentant la solnhiliiê du pi-opane, au lieu de 10 vo-
lumes d'eau, lisez 100 volumes de liquide.
N^ 23.
TABLE DES ARTICLES (Séance du iî juin 190i>.)
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pag
M. le Président annonce à l'Académie que,
en raison des fêles de la Penlecôte, la
séance du lundi 12 juin sera remise au
mardi i3" i
M. lîERTHELOT. — Observations sur les mé-
Ihodes employées en calorimétrieet spécia-
lement sur la détermination de la chaleur
de combustion des composés organiques . . 1
M. H. PoiNCARÉ. — Sur la dynamique de
l'électron ■
M. G. LiPPSiANN, — l'lir.i,,:;rapliies en cou-
leurs du sperlrr 11. -iMivc^ p^ir transmission. J
MM. H. MoissAx L-i M AirnN.si..N. — Prépara-
tion et propriétés du clilorure et du bro-
mure de thorium 1
iVlM. A. L.WERAX et VALLitE, — Sur un cas
de transmission par des ixodes de la spi-
rillose et de la piroplasinose bovines 1
M. Charles Depéret. — L'évolution de
Mammifères tertiaires, méthodes et prin
ipes.
Le R. P. Colin. — Observations magnétiques
à Tananarive 1621
M. É.MiLE Picard fait hommage à l'Académie
du Tome I des « OEuvres de Charles Her-
mite > i'>2!5
.M. PoiNCARE fait hommage à l'Académie de
son Volume intitulé : « La valeur de la
Science « >524
M. Gaston Bonnier fait hommage à l'Aca-
démie du fascicule IV du « Cours de Bota-
nique » qu'il publie en collaboration avec
M. Leclerc du Sablon i52i5
S. A. S. le Prince de Monaco fait hommage à
l'Académie d'une « Carte générale bathymé-
trique des océans » i524
NOMIIVATIONS.
Liste de candida
s ;, la Chaire de chaux,
Liste de candidats
:, 1;, Chaire de matières
(ue et verrerie du Conser-
colorantes, 1>I:iîh
1 de. Arts et Métiers :
sion et appi( 1 •
n (■111-. lA.itoire national
." M.Verneuil.
'•M. Dainour.i"M. Gran-
des Arts et .M.t
2" M. Prud'liom
ris : 1 M. RosenstiehI.
me. ■■■■ M. Lenwult
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire rEiiPETt;EL smnale 1 Ou-
vrage suivant : Cl Lf-N loin-, .Icrinques et
leurs applications ... p^n- ./.,/;/ />(;■(/.... 1 ij'>
M. A. Demoulin. — l'iiiiriprs ,1c Cr.jijiétrie
anallagmatique et de Gconiétric réglée
intrinsèques iS^S
M. Léger. — Nouvelles expériences d'enlè-
vement de l'hélicoptère « M. Léger », au
musée océanographique de Monaco 1029
M. H. Bellet. — Nouveau mode d'applica-
tion du tube de Pitnt-Darcy à la mesure
de la vitesse des Cunduil., d', 111 -0115 pres-
i5:ii
M.
lEHRE VVeISS
iques
M. II. Pecheux. —
iges
nium, magnisuiiii-.il uiiiim
M. E. Rengadi.. — A. iHiii de l'oxygène sur
le cœsium-amnioniniii
MM. R. Fosse et A. Kobyn. — Phénols pyra-
niques
M. EuGENio Pinerua .\lv.\rez. — Sur un
nouveau réactif de l'aconitine
M,M. Adrien Jaquerod et F. -Louis Perrot.
— Sur la dilatation et la densité de
quelques gaz 5 haute température. Appli-.
calion à la déti ruiinatioii de leurs poids
M. J. Uuc
ique des
SUITE DR LA TABLE DES ARTICLES.
Pages,
solutions colloïdales i3 H-
MM. A. Fern'bach et J. Wolff. — Analogie
entre l'amidon coagulé par l'amylocoagu-
lase et l'amidon de pois i''-i7
MM. J. Ville et E. Derhien. — Sur la mé-
thémoglobine et sa combinaison fluorée... i.54ç)
.M.N.-A. Babbiebi. — Les cérébrinesel l'acide
cérébrique préexistent dans le tissu ner-
veux à l'exclusion du protagon i JJi
M. Leclerc du Sablon. — Sur les effets de
la décortication annulaire i5')3
MM. A. Delage et H. Lagatu. — Sur les
résultats obtenus par l'observation des
terres arables en plaques minces i555
M. Louis Lapicque. — Recherches sur l'eth-
nogénie des Dravidiens : Les Kader des
monts d'Anémalé et les tribus voisines i.').j8
M. Ch. Gravier. — Sur l'évolution des
formes sexuées chez les Néréidiens d'eau
douce •• '^Iji
M. A. Polaçk. — Llu contraste simultané
Errata
Pages,
des couleurs i563
M. J. Triiîot. — Sur les chaleurs de combus-
tion et la composition chimique des tissus
nerveux et musculaire chez le cobaye, en
fonction de l'âge i56J
.M. J. Berqonié. — Sur une nouvelle mé-
thode de protection contre les rayons de
Rontgen i56fl
M. P.AUL VuiLLEMiN. — Sur la dénomination
de l'agent présumé de Ja syphilis i J67
M. Fr-incis Laur. — Le grisou aux son-
dages de Lorraine..^ i568
M. H. Hergesell. — Ascensions de ballons-
sondes exécutées au-dessus de la mer par
S. \. S. le Prince de Monaco au mois
d'avril igoS i56i(
M. Paulin- adresse une dépêche relative à une
secousse sismique ressentie à Grenoble ... 1072
M. \V. Grosseteste signale un tremblement
de terre ressenti à Grasse 1072
PARIS. - IMPRIMERIE G A UT H I E R - V I L L A R S.
Quai des Grands-Augùstins. 55.
"ÏUL -17 1905
PRE31IER SEMESTRE.
COMPTES KENDUS
HEBDOMADAIHES
DES SÉANCES.
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL
K 24 (13 Juin 1905).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, liMPRIMEUR-LIBRAlRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUS
MAI 1875
Adopte dans les séances des 23 juin 1862 et 21
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de V Académie ?,& composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1''
— Impression des travaux
de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parun Associéétrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des M
emoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3-'. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont |
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus] mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont quu.
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance u
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Scnoh
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personîs
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ai-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d"nn >
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires si'
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomnî!
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet extiii
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le f 1
pour les articles ordinaires de la correspondance o
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à lirer de chaque Membre doit être rer
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tai
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remi
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches \el tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planche
ni ligures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraie
autorisées, l'espace occupé par ces figures compîei
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des a
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrati'
fait un Rapport sur la situation des Comptes rendi
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pr
sent Rèdement.
i:Lr^tcSr: ,f^;!!:^t?^^i^!f^"i^!'" Py^-"^- ^-^ '«^-■■- P- ^^- l- secrétaires perpétuais sont priés de I
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède
séance, avant 5*'. Autrement la présentation sera remise àla séancesuivant
jUL 17 1905
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU MARDI 15 JUIN 1905,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Action du fluor sur les composés oxygénés de l'azote.
Note de MM. Henri Moissax et Paul Lebkau.
L'un de nous a démontré antérieurement que chaque bulle de fluor, qui
arrive au contact d'acide azotique ordinaire, fournit une décomposition
accompagnée d'une flamme et que le fluor gazeux, mis en présence des
vapeurs d'acide azotique, produit une violente détonation (').
L'intensité de celte réaction nous a amenés à reprendre l'étude métho-
dique de l'action du fluor sur les composés oxygénés de l'azote. Après un
certain nombre d'expériences préliminaires, nous avons reconnu que ces
réactions étaient très complexes et qu'il fallait tout d'abord étudier l'action
du fluor sur le peroxyde d'azote. En effet, ce dernier corps se produit dans
un grand nombre de transformations des composés oxygénés de l'azote et
son" intervention peut fournir des réactions secondaires qui compliquent
notablement cette étude.
Action du fluor sur le peroxyde d'azote. — Pour réaliser cette étude nous
nous sommes servis d'une chambre à réaction en verre dans laquelle ou
peut faire arriver les deux gaz par des tubes de platine bien calibrés. Ces
derniers entrent, à frottement doux, dans des tubes de verre placés verti-
calement à la partie supérieure de notre ai)pareU, de telle sorte que l'on
puisse fermer la portion supérieure de l'espace annulaire au moyen d'une
goutte de paraffine qui ne tarde pas à se solidifier. La gaine gazeuse, très
(') MoissAN, Nouvelles recherches sur le Jhior (Ann. de Chim. et de Phys.. &' ■
rie, t. XXIV, 1891, p. 224).
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N° 24.1 202
l574 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mince, qui reste enlre les deux tubes empêche le fluor d'enflammer la
paraffine et fournit une fermeture suffisamment étanche. Ce dispositif a,
du reste, été déjà employé par M. Berthelot dans son appareil à ozone (').
Notre appareil de verre, lavé au préalable par un mélange d'acide
chromique et d'acide sulfurique, puis séché avec le plus grand soin, était
rempli de vapeurs nitreuses bien sèches. On fait arriver ensuite un courant
de gaz fluor exempt d'acide fluorhydrique et l'on reconnaît bientôt qu'il
ne se produit aucune combinaison. Nous avons varié les conditions de
l'expérience et nous n'avons jamais obtenu, à la sortie de l'appareil, qu'un
mélange des deux gaz dans lequel prédominait tantôt le fluor, tantôt le
peroxyde d'azote.
D'autre part, nous avons liquéfié du fluor sur du ()eroxyde d'azote so-
lide, puis nous avons laissé l'appareil en verre qui contenait le mélange
revenir lentement à la ten)péralut'e orditiaire. Pendant ce réchauffement,
le fluor s'est dégagé tout d'aboi-d, jjuis le peroxyde d'azote s'est liquéfié,
a repris l'état gazeux et s'est dégagé ensuite en conservant toutes ses
propriétés.
Nous avons varié la forme de cette expérience et les résultats ont tou-
jours été concordants. I^e fluor n'a pas d'action sur le peroxvde d'azote à
la température ordinaire.
Action du fluor sur l'oxyde azoteux. — Lorsque, daiis une éprouvette
contenant du fluor, sur la cuve à mercure, on fait arriver dé l'oxyde azo-
teux, il né se produit aucune réaction soit à la lumièi'e difluse, soit à la
lumière solaire. L'expérience peut être continuée pendant 48 heures, le
résultat est le même. Si l'on agite eilsuite le mélange gazeux avec du tner-
cure, tout le fluor est absorbé et le volume d'oxvde azoteux, introduit dans
l'expérience, se i-etrouve avec toutes ses propriétés. L'analyse eudiotné-
trique a démontré que sa composition n'avait pas varié.
Action de la chaleur sur le mélange de fluor et d'oxyde azoteux. — Nous
avons utilisé, dans cette étude, la Chambre à réaction en verre dblit hdus
avons parlé précédemment, et, pour élever la température du mélange
gazeux, nous avons placé une spirale de platine devant l'biivértLiie
du tube abducteur qui amenait le fluor. Cette spirale dé platine pouvait
être portée à une température plus ou moins élevée, mesurée à l'avance
au moyen d'un courant électrique d'intensité déterminée. Aussitôt que la
(') Ukrthelot, Formation tliermique de l'ozone {Ànn. de Chini. et de l'Iiy.s.,
5" série, l. X, 1877. p. 162).
SÉANCE DU i3 JUIN ir)o5. i">']')
température du platine atteint 4oo", le fluor attaque ce métal et donne du
fluorure de platine, mais sans qu'il y ait ronibinaison de l'oxyde azoteux et
du fluor. De même le mélange gazeux d'oxvde azoteux et de fluor, chauffé
au rouge sombre dans une cloche courbe en verre de Bohême, nous a
fourni du fluorure de silicium et de l'oxygène sans que le volume d'oxyde
azoteux ait été modifié.
Action de fétincelle d'inditclion sur un mélange de fluor et d'oxyde azo-
teux. — Dans un tube de verre, dont la paroi donne passage à deux fils de
platine, nous avons introduit 9""', 4 d'oxyde azoteux et lo""',! de fluor. Ou
a fait jaillir ensuite l'étincelle et, tout d'abord, nous avons constaté, autour
des fds (le platine, d'abondantes fumées blanches, puis, peu à peu, le gaz a
pris la couleur des vapeurs nitreuses. Sous la double action du fluor et des
vapeurs nitreuses, en présence de l'étincelle d'induction, le mercure s'at-
taque rapidement et sa surface se recouvre d'un enduit blanc. Grâce à
l'élévation de température, le verre est, de même, légèrement attaqué. Après
avoir fait passer l'étincelle d'une façon intermittente pendant i5 minutes,
nous avons procédé à l'analyse du gaz. Après agitation avecle mercure, il
est resté 11™°, 9. Une goutte d'eau, introduite dans le mélange, s'est recou-
verte d'un léger voile de silice en mênse temps que le volume est" ramené
à II'"'', 8. Enfin, après le traitement par le pyrogallate de potassium, il ne
nous est resté que5'^'"\9i d'un mélangegazeux d'azote et d'oxyde azoteux.
Sous l'action de l'étincelle d'induction, le (luor réagit sur l'oxyde azoteux
et il se produit une réaction complexe; les composés formés sont fixés par
le mercure et nous n'avons obtenu aucun composé fluoré de l'azote.
Action du fluor sur l'oxyde azotique. — Si, dans une éprouvelte remplie
d'oxyde azotique sur la cuve à mercure, nous faisons arriver, lentement,
du gaz fluor, ce dernier entre en combinaison avec production d'une flamme
de couleur jaune pâle. Les produits de la réaction sont aussitôt absoriiés
par le mercure et l'on observe une forte contraction.
Action du fluor sur l'oxyde azotique en excès. — Pour réaliser cette expé-
rience, nous avons employé la chambre à réaction en verre, décrite pré-
cédemment, que nous avons fait suivre de deux petits condensateurs dis-
posés dans des vases de Dewar et d'un tube horizontal à ampoules de verre
séparées par des étranglements. Les différents raccords de cet appareil,
tout en verre, étaient formés par des tubes a frottement doux, dont l'espace
annulaire était fermé par de la paraffine, ainsi que nous l'avons indiqué
précédemment.
L'appareil étant rempli d'oxyde azotique absolument' sec, nous faisions
loyt) ACADEMIE DES SCIENCES.
arriver le couranL de fluor pur par le petit tube abducteur en platine. Il se
produit une combinaison immédiate rendue manifeste par l'apparition d'une
petite flamme peu visible à l'extrémité du tube de platine. Des vapeurs
lourdes se produisent qui se condensent en un enduit blanchâtre sur la
paroi de verre, et l'atmosphère de la chambre à réaction se colore en
ronge orangé par suite de la formation de vapeurs de peroxyde d'azote.
Dans les tubes à condensation refroidis à — 80", il se dépose un corps
solide de couleur bleue et, à l'extrémité de la série d'ampoules, il se dégage
un gaz produisant au contact de l'air des vapeurs rutilantes. On maintient
l'arrivée de l'oxyde azotique et du fluor et, après une heure de marche, on
termine l'expérience. On scelle les diverses ampoules et on les remplace
par un .nouveau tube, en même temps que l'on sort les récipients des
mélanges réfrigérants contenus dans les tubes de Dewar. Les corps solides,
condensés à —80°, reprennent l'état gazeux, emplissent les nouvelles
ampoules qui, finalement, sont scellées par un trait de chalumeau. Les
produits gazeux des deux séries d'ampoules, ainsi que le gaz de la chambre
à léaction, sont analysés.
Les parties les plus volatiles, recueillies jjendanl l'expérience, ne ren-
fermaient aucun composé fluoré, mais un mélange d'azote et d'oxyde azo-
tique, ce dernier ayant échappé à la réaction. Les proportions relatives des
deux gaz ne présentaient aucune constance. Les ampoules provenant de la
volatilisation du corps bleu condensé à —80" possédaient la coloration des
vapeurs nitreuses. L'analyse nous a démontré que ce produit était formé
d'un mélange de peroxyde d'azote et d'oxyde azotique dans lequel dominait
ce dernier gaz. Le gaz de la chambre à réaction contenait un mélange de
peroxyde d'azole, d'oxyde azotique et d'azote. Enfin, le produit solide con-
densé dans la chambre à réaction renferme du fluor, du platine et des
composés nitreux. Il n'est pas homogène et varie d'une expérience à l'autre,
il se décompose au contact de l'eau en donnant l'odeur pénétrante de
l'ozone.
Le fluor, réagissant sur un excès d'oxyde azotique, ne fournit donc pas
de composé fluoré volatil. La chaleur, dégagée dans la réaction, décompose
l'oxyde azotique en azote et oxygène et ce dernier gnz, réagissant sur l'excès
d'oxyde azotique, produit du peroxyde d'azote.
Action de l'oxyde azotique sur le Jluor en excès. — Nous avons utilisé le
même dispositif, en ayant soin d'emplir tout d'abord l'appareil de verre bien
sec de gaz fluor. L'oxyde azotique était amené par u\\ tube abducteur en
platine, très lentement, de façon à maintenir toujours un excès de fluor. La
SÉANCE DU l3 JUIN igoS. l5']']
combinaison se produit encore avec une flamme blafarde, mais on n'observe
plus la production de vapeurs nitreuses. Pour éviter l'attaque des parois de
verre de la chambre à réaction, on la refroidit au moyen d'oxygène liquide
dont le point d'ébullition est inférieur au point de liquéfaction du fluor.
Dès le début de la réaction, il se condense, sur la paroi de verre, un
corps solide blanc d'aspect neigeux, tandis qu'à l'extrémité de l'appareil il
se dégage constamment du fluor. Lorsque la quantité du corps solide blanc
parait suffisante, on fait cesser l'arrivée des gaz et l'on refroidit les deux
petits condensateurs à — 80°, grâce à un mélange d'anhydride carbonique
et d'acétone. On enlève ensuile l'oxygène liquide qui entoure la chambre
à réaction , puis on laisse la température de cette dernière s'élever lentement.
Le corps solide blanc, qui s'est produit dans cette réaction, ne tarde pas
à se transformer en un liquide incolore qui se vaporise facilement. En
même temps, on voit se condenser, dans le tube refroidi à — 80°, un autre
liquide incolore, tandis qu'il se dégage à l'extrémité du tube à ampoules
un gaz possédant les propriétés actives du fluor. On scelle les ampoules
pour recueillir une partie de ce gaz. Enfin, le composé liquide à — 80° est
volatilisé, à son tour, puis recueilli dans une nouvelle série d'ampoules
qui permettent de procéder à l'étude de ses propriétés. Ce composé ga-
zeux renferme de l'azote, du fluor et de l'oxygène.
Nous reviendrons prochainement sur l'étude de ses propriétés.
ASTRONOMIE. — Les ombres mouvantes de l'éclipsé totale de Soleil-
du 12 r7iai 1706. Note de M. G. Rayet.
L'écHpse totale de Soleil du 29-80 août prochain donne une sorte d'ac-
tualité aux descriptions anciennes des phénomènes accessoires qui accom-
pagnent la totalité. A ce point de vueje voudrais signaler aux astronomes la
Note suivante relative aux ombres mouvantes de l'éclipsé totale du 1 2 mai
1 706 :
« J'étais à Narbonne le 12 mai 1706, jour de l'éclipsé de Soleil qui y fui totale. Je
n'étais âgé que de neuf ans, mais mon père, qui était fort curieux de ces choses-là, me
fa remarquer tout ce qui se passait. Ce qui m'est resté le plus présent à l'imagination
ce fut un accident qui m'inspira beaucoup de crainte. Un peu avant que le Soleil ne
commença à se dégager, m'étant tourné du côté du Nord, je vis la face d'une maison,
éloignée de nous d'environ 20 pas, agitée, en apparence, comme l'est la surface d'une
large rivière lorsqu'un grand vent y souffle dans la direction opposée à son cours. La
crainte que cette maison ne lotnbàl me fit écrier. Mon père me rassura en me faisant
lOyS ACADÉMIE DES SCIENCES,
observer de grandes ondulations d'ombre et de lumière pasie, qui se peignoient sur le
mur, et y produisoienl cette apparence d'agitation. Ces ondu!atiiiii>, ;iutiint que je
peux m'en souvenir, avoienl une direction oblique faisant avec lliorizon un angle
obtus, du côté du couchant.
» C'est ce que j'ai l'honneur de certifier à la réquisition du très célèbre astronome
M. Delisle. A Paris, ce i8 août 1-65.
« De Joly,
)' Adjoint-conseiller de M. le duc d'Orléans. »
h» description que M. de Joly donne du phénomène des ombres mou-
vantes est vraiment remarquable; elle est écrite sur un papier tout jauni
que j'ai trpuvé intercalé dans le volume de Delisle intitulé : Mémoires pour
servir à l'histoire et aux progrès de l'Astronomie, de la Géographie et
er. Tome P''.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une solniinn du problème de Monge relatif
à l'équation f{dx y, dx.,, . . ., dx„) = o à coefficients variables. Note de
M. M. BoTTASso, présentée par M. E. Picard.
1. Il s'agit de trouver, sans aucune quadrature, les fonctions x^,x.,
.r„^., d'un paramètre qui satisfont à l'équation différentielle
(i) /(*'. aWM'7='---'7«^.) = o, 7y=^ (y = 2,3,...,« + i).
Monge (Mém. de l'Acad., 1784) a donné la solution pour n = 2. M. J.
Serret (yoMr/i. de Liouville, 1848) a résolu le problème lorsque (i) se réduit
à l'expression de l'élément linéaire de notre espace. De nouvelles et élé-
gantes formules pour ce cas ont été données par M. Darboux i^Journ. de
Liouville, 1887), avec la méthode pour trouver la solution lorsque (1) se
réduit à une relation à coefficients constants en q.,^ .... r/,,^,. Pour le cas
le plus général on doit, tout récemment, à M. Zervos (^Comptes rendus du
10 avril igoS) un système de « + i équations (dont n — 1 différentielles
linéaires) nécessaires et suffisantes, auxquelles les fonctions x^, ..., x„^^
doivent satisfaire. M. Zervos est parti de l'intégrale complète V = o de
l'équation aux dérivées partielles du premier ordre
(^) l'(-ï' >-ïW../' ,/-'„) = o, Pi=-^ (/=i,2 n).
l58n ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'on obtient, on éliminant les ç-^ y,,^, entre (i ) et les relations
Pi P2 '" Pn — I '
Q,= ^ (y = .,3,. ..,. + ,).
C'est en m'inspirant de cette Note que j'ai obtenu ma méthode pour la
résolution du problème dans le cas général.
2. J'ai d'abord montré que le problème (ainsi que pour « = 2) est équi-
valent à trouver, sans aucune quadrature, toutes les lignes intégrales (ou
enveloppes de caractéristiques) de (2) avec l'équation Y = o.
Ensuite, d'une proposition générale que j'ai établie sur la théorie des
enveloppes dans un hyperespace, j'ai déduit les théorèmes :
Pour qu'une suite 1 simplement infinie de caractéristiques de (2). admette
une enveloppe, en dehors de l'intégrale singulière, il faut et suffit qu'une des
conditions suivantes soit remplie :
I. Que les équations
(3) V(,r,......v„^,,./,,...,«„)=o, 2£«/ = 0'
1=1
soient à la fois vérifiées pour les valeurs aft) et h/f t), définissant 1, pourvu
que ces valeurs ne vérifient pas identiquement, quel que soit t, toutes les n équa-
tions de la première colonne ( ' ).
II. Que I, appartienne à une intégrale générale, sans appartenir à aucune
intégrale complète de (2).
III. Que 1 appartienne à n —1 intégrales générales n^(.« = o, i ,...,« — 2),
chacune obtenue par l'élimination des a, entre les équations
V = o, ©/a., ..,a„)=zo, r,, ' ' .' = o // = 2, 3 n);
où les 0(= o sont, dans l'espace a,, . . ., a„, n — i hypersurfaces qui se rac-
cordent tout le long de la ligne image des râleurs a, définissant 1, et pas
ailleurs.
(') L'ensemble de ceî formules (3) et (4), Juqiu'
îulie. au fond, que celui île M. Zervos.
SÉANCE DU l3 JUIN igoS. l58l
3. Si les 9, = o vérifient celte dernière condition pour une suite r, de va-
leurs des cil, simplement infinie, et si, pour simplifier, l'on suppose qu'elles
ne soient à la fois satisfaites que pour une autre suite simple r,, suivant
laquelle o„ = oet ç, = o, par exemple, ne sont pas raccordées; j'ai montré
qu'on trouvera les expressions a?,(a,) des coordonnées d'une courbe inté-
grale de (2), en résolvant, par rapport aux Xi, après l'élimination des
ûj, . . ., a„, les équations
V=:o, o, = o (5 = 0, !,...,« — 2); 1','^^'°"', = o, (A = 2,:'j, ...,«);
' '-'(,«11 <^'ll)
•^ d(77;;i77)''--'dk:^''^«-^^-^'J_^
et posant enfin dans les expressions trouvées \ = o. l^orsque T. n'existe
pas, on peut poser >. = o, avant toute résolution.
4. D'après les théorèmes II et III, la résolution du problème proposé
s'obtiendra en cherchant l'envelopije d'une suite 1 de caractéristiques,
simplement infinie et arbitraire, qui ap|)artient à une intégrale générale
quelconque n^ du type indiqué. Pour le n" 3 cette résoliUioa se ramène à
trouver n — 2 fonctions cp„,(f7 a„) (/// = i, 2, ...,« — 2) telles que
les hvpersurfaces
««). Xr(«i. ••-.««) sont essentiellement les n — i fonc-
tions arbitraires qui entrent (ainsi qu'il était nécessaire) dans la résolution
que nous venons d'indiquer pour le problème proposé.
ÉLECTRICITÉ. — La mesure de la capacité des longs câbles sous-marins.
Noie de M. Devacx-Charbonnei., présentée par M. H. Becquerel.
J'ai eu l'occasion, depuis quelques mois, d'expérimenter une nouvelle
méthode pour mesurer la capacité des câbles sous-mai'ins. Cette méthode
paraît susceptible de donner des résultats plus précis que celles qui sont
généralement employées. Elle consiste essentiellement à charger en même
temps que le câble un condensateur placé en cascade et de capacité
connue. La capacité du câble se déduit de la charge prise par le conden-
sateur. Le dispositif expérimental est fort simple et les calculs n'offrent
aucune difficulté.
Soient respectivement G et X les capacités du condensateur et du càl)le, li le poten-
tiel de la pile d'essai, V celui de rarmature commune, on a, en exprimant que les
charges prises sont égales,
(A) C(E-V)=XV.
Si l'on sépare le condensateur et qu'on mette à la terre la face qui était au potentiel
SÉANCE DU l3 JUIN igoS. 1 583
V, il prendra un cuinplémenl de charge
Q, =CV.
((u'on mesurera sans difficulté avec un galvanomètre balistique.
Avec la pile seule, le condensateur prend une charge
O, = CE
qu'on mesure de la même façon, et la capacité X du câble est finalement donnée par
la formule
La méthode est fort commode, les nombres obtenus dans différentes
séries de mesures concordent bien entre eux, ce qui garantit l'exactitude
des résultats. Pour le câble récemment posé de Brest à Dakar, on a tou-
jours obtenu, malgré la différence des conditions expérimentales, des
valeurs comprises entre io85,8 et 1087,4 microfarads.
Cette précision paraît due à deux causes : la rapidité de la charge et l'éli-
mination des phénomènes parasites tels que les courants lelluriques et les
charges résiduelles du diélectrique.
On sait, en elïet, que la durée de la charge d'un câble est fonction de sa constante
de temps (produit de la capacité par la résistance). Celte constante est de 6 à 8 se-
condes pour les grands câbles. Si le câble est mis en relation directe avec une pile, le
calcul montre que le temps de charge est égal à 3 fois la constante de temps; il dure
donc près d'une demi-minute. Ce temps est réduit au quart, quand on place, comme
dans le cas présent, un condensateur en cascade devant le câble. Il en résulte que la
mesure est beaucoup moins troublée par les quelques pertes qui peuvent provenir,
soit de l'imperfection de l'installât ion, soit de légers défauts d'isolement du câble lui-
même.
Quant aux courants telluriques et aux charges résiduelles, ces divers phénomènes
ont pour effet d'ajouter une charge positive ou négative à celle du câble. L'équa-
tion (A) doit donc être complétée par un terme s qui s'introduit dans le deuxième
membre. Le potentiel V de l'armature interne sera différent suivant qu'on emploiera
le pôle positif ou le pôle négatif de la pile, et Ion aura les deux relations
C(E — V,,)=:rXV,,-f-e,
C(E- V„)=:XV„— E,
qui, ajoutées, conduiront aux mêmes calculs que la relation (A).
Il suffira, en somme, de prendre pour Q, la moyenne des nombres obtenus en positif
et en négatif.
On pourra aussi opérer d'une façon un peu différente et plus commode pour estimer
l'importance du terme s et suivre sa variation. Il suffira de faire une mesure de Q,
l584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'abord sans la pile, puis avec la pile et d'ajouter algébriquement les deux résultats,
le premier étant dû au\ phénomènes parasites seuls, le second étant la somme de ces
phénomènes et de la charge régulière par la pile.
Tout ceci suppose, il est vrai, la constance delà valeur s pendant les (pielques secondes
que durent les mesures; mais celte hypothèse a été reconnue généralement exacte, si
l'on prend soin d'opérer les diderentes charges pendant des temps égaux.
La mélhode est encore bonne dans des cas où celles qui sont actuelle-
ment connues seraient inapplicables. Ainsi, il a été possible de mesurer très
exactement la capacité d'un câble reliant la France à l'Amérique du Nord
malgré la présence d'un grave défaut d'isolement. En effet, l'application
préalable d'une forte pile positive avait développé, comme il arrive tou-
jours en pareille circonstance, une polarisation assez forte au point défec-
tueux; cette polarisation joue un rôle analogue à celui d'une charge rési-
duelle, et l'on retombe dans le cas général. Ce fait est d'une grande
importance. Il permet de déterminer le point de rupture d'un câble, dans
le cas où le conducteur est en mauvaise communication électrique avec
l'eau de la luer, circonstance dans laquelle les méthodes fondées sur la
mesure de la résistance du cuivre ne donnent que des résultats incertains.
La précision des résultats obtenus a permis de reconnaître que la capa-
cité des câbles posés est supérieure de 3 à 4 pour loo à celle qui a été
mesurée en usine. Ce phénomène, qui avait déjà été pressenti, paraît
nettement établi, et semble dij à une diminution d'épaisseur du diélec-
trique causée par les énormes pressions auxquelles il est soumis au fond
des mers.
La méthode se prête commodément à une vérification de la théorie
mathématique, car elle permet de mesurer à différentes époques le poten-
tiel à l'origine du câble et de le comparer avec le nombre donné par le
calcul. J'ai pu ainsi constater que la valeur calculée est un peu plus
grande. Il est probable que la résistance intérieure de la pile et la péné-
tration de la charge dans le diélectrique, dont on ne tient pas compte, sont
la cause de cette divergence.
Enfin j'ai remarqué que l'influence des courants telluriques est géné-
ralement négligeable, alors même que l'observation directe montre qu'ils
sont importants et rapidement variables. Ceci semble prouver que les varia-
lions du potentiel sont lentes et peu considérables sur la plus grande partie
du câble qui se trouve immergé dans les grandes [)rofondeurs et que, par
conséquent, ces variations sont surtout locales et superficielles.
SÉANCE DU l3 JUIN igoD. l585
THERMOÉLECTRICITÉ. — Pouvoir tJiermoélectrique et effet Thomson.
Note de M. Poxsot, présenlée par M. Lippmann.
Lorsque deux sections d'un fil métallique sont maintenues à des tempé-
ratures différentes 6 et 6„, 6>9„, et qu'on fait passer un courant élec-
trique dans ce fd, on peut mettre en évidence l'effet Thomson. Nous igno-
rons la nature des phénomènes produisant cet effet, mais nous savons que
cet effet est proportionnel à l'intensité du courant et qu'd change de signe
par un renversement du courant. Nous admettons que les phénomènes
qui se produisent sont réversibles dans les conditions de réversibilité du
courant électrique.
On peut comparer ces phénomènes réversibles se produisant dans un fil
entre des sections 6, 6 + <^6, 6 + 2^0, . . ., par le passage de i coulomb à
ceux dont seraient le siège des machines de Carnot identiques fonctionnant
entre les mêmes températures et utilisant, par suite, la chute d'une quan-
tité constante, s, d'entropie. Le rendement de toutes ces machines étant
indépendant de leur nature, les phénomènes accompagnant le passage de
I coulomb entre deux sections de température 6 et 6„ transforment en
énergie électrique une quantité de chaleur 5(6 — ()„) ou réciproquement,
£ étant le potentiel de l'énergie électrique, ~, positif ou négatif, est une
constante caractéristique de chaque conducteur, c'est le coefficient de
l'effet Thomson dans ce conducteur.
Les soudures d'un élément thermoélectrique formé de deux, métaux A et B étant à
des températures 0 et 0,,, q étant la chaleur absorbée à la soudure chaude 0, r/,, celle
rendue à la soudure froide Oj, quand l'élément fonctionne en abandonnant de l'énergie
dans un circuit extérieur, le courant allant dans A de la soudure 0;, à la soudure G, j'ai
pu établir (') l'expression de la force électroniotrice e de cet élément en posant
On en tire
(■)
(■■>-)
de _ q
rfô ~ Ô'
(') Complet rendus, 27 octobre 1902
ACADEMIE DES SCIENCES.
(3)
(4) ^ = c. — hiiogo„.
Si l'on considère O, aussi rapproché que possible du zéro absolu et 0 croissant à partir
deOo, ^ est positif par définition, d'où (i) j- est positif; -^ négatif et — positif.
Ca une valeur finie; la relation (4) indique que j^, positif, croît indéfiniment quand
0„ tend vers zéro, cela exige que B soit positif.
Ç.^C-n-BlogO: ^^^5,
par conséquent, à une température 0 telle que
, , C - B
7 passe par un maximum. 11 devient égal à zéro à une température 0„ (point neutre)
telle que
puis devient négatif.
La force électromotrice e = -y + B(0 — 0„) — ^r, passe par un maximum quand
q:=o (i), et change de signe (point d'inversion correspondant à 0„) quand les valeurs
// et (/„ réunies atteignent la valeur B(0 — 0„).
Cela posé, considérons de gauche à droite une chaîne de mélaux, à une
températme 0 inférieure à celle du point neutre le plus bas d'un couple
quelconque formé par deux métaux consécutifs, ces métaux étant disposés
dans un ordre tel qu'un courant électrique absorbe de la chaleur en pas-
sant d'un métal à celui qui est à sa droite, q étant positif, B est également
positif; or, - = —■ est ce qu'on a apjielé le pouvoir thennoélectriqiie, à la
température G, d'un métal par rapport à celui qui est à sa droite; B est
l'excès de la valeur du coefficient de l'effet Thomson dans un métal sur la
valeur de ce coefficient dans le métal suivant; ilonc, avec la condition de
température énoncée plus haut, le classement des métaux d'après la valeur
décroissante du coefficient de l'effet Thomson est celui dans lequel le pouvoir
thermoélectrique d'un métal par rapport au suivant est positif.
On pourrait ajouter que le pouvoir thermoélectrique d'un métal par
SÉANCE DU l3 JUIN IQoS. l587
rapport à celui qui termine la liste et l'excès de son coefficient deThoinson
sur celui de ce dernier vont constamment en décroissant d'un métal au
suivant.
Rosinff(') ayant déterminé expérimentalement le coefficient de l'effet
Thomson, el. considérant les résultats connus sur le pouvoir thermoélec-
trique de couples de métaux (Tables de Tait), a formulé une remarque
presque identique à la loi énoncée ci-dessus en signalant des exceptions.
Si, d'ailleurs, on compare la liste des métaux établie par Mathiessen
d'après leur pouvoir thermoélectrique ra|>porté au plomb à la liste des
métaux donnée par M. Le Roux, d'après la grandeur du coefficient de
Thomson, on ne trouve pas non plus entre elles une concordance absolue.
Le raisonnement par lequel j'ai établi la loi précédente montre qu'elle
n'est rigoureusement vraie que dans une condition bien définie de la tem-
pérature, condition qui n'est pas remplie dans les comparaisons précé-
dentes.
MAGNÉTISME. — La pyrrliotine, fermniagnélique dans le plan magnélique
el paramagnélique perpendiculairement à ce plan. Note de M. Pierre
Weiss, présentée par M. J. VioUe.
Les expériences déjà anciennes, au moyen desquelles la propriété du
plan magnétique de la pyrrliotine a été établie, ont été faites dans des
champs relativement faibles de quelques centaines d'unités. Elles consis-
taient dans la mesure du courant induit dans une bobine placée dans le
champ d'un électro-aimant, lorsqu'on y introduit la pyrrhotine, le plan ma-
gnélique perpendiculaire au champ.
Reprise avec un champ de lo ooo gauss cette méthode a donné des résul-
tats très irréguliers. J'ai trouvé ainsi une aimantation perpendiculaire au
plan magnélique souvent très notable, allant de 9 à i6 pour 100 de l'aiman-
tation parallèle au plan. Mais des causes d'erreur, telles que les défauts
d'orientation, la présence possible d'impuretés magnétiques, l'influence dif-
ficile à analyser de la non-uniformité du champ, m'empêchèrent d'attribuer
une portée décisive à ces expériences.
Une méthode meilleure s'esl présentée d'elle-même lorsque j'ai employé la mesure
du couple exercé sur la substance à la détermination de la composante de l'aimanlation
(') Journal de Physique , 1900, p. -i'j.
i588
ACADEMIE DES SCIENCES.
parallèle au champ. Supposons que la substance possède clans la direction ])erpendicu-
laire au plan magnétique une faible susceptibilité K. Soit AB le plan magnétique, vei-
lical, de la substance suspendue à un fil de torsion dans le champ H, horizontal, d'un
fort électro-aimant, faisant un angle a avec AB. Le couple exercé sur la substance sera
11(1 — KHcosa) sina, et, puisque K est petit, avec une approximation suffisante, si
y. =: 10°, cosa — I. Comme H et a sont connus, cette mesure donne I — KH, c'est-à-dire,
si AB est aimanté à saturation, au lieu de l'intensité d'aimantation à saturation Ij,, une
aimantation apparente I„ — Kll, d'autant plus petite que H est plus grand. Si K est
constant, la saturation apparente décroît linéairement et la rapidité de sa décroissance
donne la grandeur de K. Suivant que l'on trouve une saturation apparente constante
ou décroissante, le plan magnétique sera, par conséquent, rigoureux ou non. Si la satu-
ration n'est pas tout à fait atteinte, comme cela arrive pour les cristaux de pjrrhotine
complexes dont deux des éléments au moins ne se présentent pas dans la direction de
facile aimantation, on observe la différence entre l'accroissement de 1 et celui de Kll.
Cette différence peut être voisine de zéro et donner l'illusinn d'une saturation appa-
rente constante qui inviterait à conclure à K = o. Il faut donc faire la correction des
substances parasites dont la direction de facile aimantation n'est pas horizontale. Le
Tableau suivant contient les résultats ainsi obtenus.
Saturation corrigée
.Saturation
apparente
de la
de
; la
susceptibilité normale
H.
Aimantât
ion brute.'
matière
simple.
K = 3.4x.o-^
J992gauss
53,95
C.G.S.
45,9
C.G.S.
46,5 C.G.S.
/4000
55,00
45,6
46,85
73 iO
55,42
44,94
47-22
10270
54, 5 1
43,7
46 , 9
iii4o
54,32
43,6
47> '
On y voit comment les saturations apparentes sont régulièrement décroissantes et
comment elles sont rendues constantes, au degré de précision des expériences, dans la
dernière colonne, par l'addition de 3i4 X io-^\l. Nous devons donc admettre que la
susceptibilité normale au plan est 3i4 X lo-^ En la ramenant à l'unité de masse par
division par la densité du fer dans la pvrrhotine, qui est 1,79, on obtient
y = 0,000 170.
Ce nombre multiplié par 56 donne la susceptibilité atomique y r; — 0,0098.
Potir neuf composés ferreux et ferriques, ^a est compris entre 0,0127 et
SÉANCE DU l3 JUIN ipoS. iSSg
o,oi5i ('). La même quantité, déduite par la loi des variations thermiques
du paramagnétisme de Curie, de ses observations sur le fer et la magnélite
au-dessus de la température de perte du ferromagnétisme, est
ya = 0,0074 (')•
La susceptihililé atomique du fer dans la pyrrhotine, mesurée perpendiculai-
rement au plan magnétique, est donc très voisine de la susceptibilité atomique
du fer dans les corjjs paramagnètiques .
Il convient de lever une objection. Cette susceptibilité n'a été reconnue
que grâce à son anisolropie. Une susceptibilité paramagnétique isotrope
eût passé maperçue e
t doit être recherchée.
Les objections qui rendent suspecte la méthode d'induction pour l'expé-
rience de zéro ci-dessus décrite ne s'appliquent pas à l'expérience analogue
pour la mesure de l'intensité d'aimantation à saturation dans le plan
magnétique. J'ai trouvé, en unité arbitraire, pour la même substance :
H.
Aimantation brute.
mat
ière simple.
i45o gauss
44,75
38,4
2945
45,72
38,4
5i25
46,78
38,4
5970
47, i5
38,5
6980
47,46
38,4
La saturation est donc bien constante, il n'y a plus de susceptibilité
paramagnétique superposée aux phénomènes déjà aperçus. Si l'on ne crai-
gnait d'attribuer une trop grande importance à la coïncidence numérique
des susceptibilités paramagnètiques, reposant sur l'étude, assez exacte il est
vrai, d'une seule substance, la dernière colonne de ce Tableau suffirait
à montrer que la saturation exclut le paramagnétisme et que, par suite, ces
phénomènes dépendent de la même cause profonde.
(' ) Du Bois, Rapports du Congrès iniernalioiicd de Physique, l. Il, 1900, p. 496-
(^) Du Bois, toc. cit., p. 494-
Semestre. (T. CXL, JS°
204
iS^O ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur le poids atomicjuc véritable de l'azote.
Note i3. K'194; i. GXXXIX, 1904, p. 679.
(-) J.-S. Stas, OEuvres complètes, Bruxelles, t. ]. 1894. p. jSi. — Nouvelles
recherches {Mémoires de l'Académie de Bruxelles, l. XXXV, i865, p. 289. Traduc-
tion allemande d'Aronstein, Leipzig, 1867, p. 322).
SÉANCE DU l3 JUliN' IÇJoS. l59I
poids atomiques, le procédé de calcul est de même importance que le procédé expéri-
mental.
Signalons un seul exemple, pris dans la refnnle du calcul des poids atomiques de
M. F.-W. Clarke (') : K SS.Si;; Cl 33, i;;)-. KGl 74,025. Ces valeurs se trouvent
page 70 de l'ouvrage cité, comme résultat final des réductions mathématiques des plus
complètes (ayant égard aux erreurs probables, etc.), mais considérant toutes les dé-
terminations en bloc, ereeha'tnées, comme le faisait Stss lui-même. Il va sans dire que
ces résultats ou sont impossibles ou démontrent un changement du poid's de l'a ma-
tière par l'acte même de la combinaison chimique'; car la valeur trouvée pour KCI
difl'ère de la somme de K et Cl. la dépassant de 0,029, soit yôin; du poids atomique du
chlore.
J'ai 'lonc repris la question en 1901 dans mon Ouvrage Les poids ato-
miques absolus (M, clans lequel j'ai donné une exposition complète d'après
les méthodes les plus directes; j'ai trouvé le poids atomique de l'azoLe i4
exactement pour O = 16. Je regrette sincèrement d'avoir répondu dans
cet Ouvrage aux critiques de mes travaux antérieurs; j'omettrais toutes ces
critiques dans une édition future.
Enfin,, il n'est plus question de i4,oi on de tout autre nombre voisin de
14,000; les déterminations récentes de M. Ph.-A. Guye, comme celles an-
térieures de M. Leduc et de lord Rayleigh (Abs. at. weiglits, p. 161-167),
ne donnent aucun support à l'opinion qu'il y peut exister une fraction tan-
gible (excédant 0,001) à ajouter ou bien à soustraire de la valeur i4 pour
obtenir le poids atomique de l'azote, celui de l'oxygène étant posé 16 exac-
tement.
CHIMIE ORGAMQUE. — Sur un mode de formation d'acétol et d'acide pyru-
vique par oxydation directe de l'acétone. Note de M. Pastuueau, présentée
par M. A. Haller.
En oxydant l'acétone au moyen de l'eau oxygénée concentrée, Wôlfen-
stein a obtenu le superoxyde (C^W'O'-f.
Bœyer et Villiger, dans des conditions un peu différentes, ont obtenu
le superoxyde (C H" O-)-.
Par oxydation de l'acétone au inoyen de l'eau oxygénée, à 2 pour 100
(') Â re-cakulcUion of ike aloinic wcighls [Sinitlisonian Instilution, Washing-
ton, 1897 (870 pages i'n^8°)].
(^) The (tbsolute atomic weighCs (Saint-Louis, 1901, 3o/i pages in-S").
iSga ACADÉMIE DES SCIENCES.
de H''0^ j'ai obtenu, outre le superoxyrle (C''H«0=)=, de l'acétol et de
l'acide pyruvique.
Dans un matras de aSo™", on mélange, en refroidissant, 5o™' d'acide sulfuriqiie pur
avec loo™' d'eau oxygénée à io'°' (H^O'^ : 2 pour 100 en poids). Au mélange refroidi
on ajoute aS'^"' d'acétone.
Au bout de 3 à 5 minutes il se forme des cristaux de superoxyde-acétone que Ton
sépare par fillration.
La liqueur filtrée, exactement neutralisée par le carbonate de soude, est partielle-
ment distillée. L'acétone en excès passe d'abord entre 60° et 80".
Par entraînement avec la vapeur d'eau, on recueille une liqueur aqueuse odorante,
ne renfermant plus trace d"eau oxygénée et contenant de l'acétol.
Le liquide, privé d'acétone et d'acétol, est évaporé à sec au bain-marie. Le résidu
est repris par l'alcool absolu bouillant. Par distillation de l'alcool, on recueille le
pyruvate de sodium qui est purifié par cristallisation dans l'alcool.
100 parties d'acétone donnent : 21 parties de superoxyde (CH^O-)', 33 parties
d'acétol CH3 — CO — CH-— OH, 75 parties d'acide pyruvique CH^— CO — COOH.
Remarque. — La réaction est la même si l'on remplace l'acide sulfuriciue par l'acide
azotique, mais elle est beaucoup moins rapide.
Superoxyde. — Les cristaux recueillis, lavés à l'eau distillée, séchés dans le vide,
sont purifiés par sublimation à 70°.
J'ai constamment trouvé, pour des cristaux provenant de préparations dilTérentes,
i3i°,5 comme point de fusion (tube capillaire fermé); Baeyer et Williger ont indi-
qué i32°-i33°.
Outre les réactions signalées par les auteurs, j'ai remarqué que, par hydrogénation à
froid, au moyen du mélange, limaille de zinc, limaille de fer, en présence de soude, le
superoxyde se transforme en acétone.
L'acide sulfurique au dixième, en tube scellé, à 100°, le transforme quantitativement
en acétone.
Par bromuration directe, en tube scellé, à 100°, on obtient un mélange d'acétone
tétrabromée et d'acétone pentabroraée.
Acélol. — L'acétol a été isolé de la liqueur obtenue comiiie il est dit
plus haut, au moyen de la phénylhydrazine.
Ce corps a été caractérisé par les réactions suivantes :
L'osazone obtenue fond à i45°-i48°. Elle est soluble dans l'acide sulfu-
rique concentré en donnant une coloration vert olive, (jui passe au bleu
et au violet. Ce sont là les caractères de l'osazone du méllivlg[lyoxal.
Mais le corpsqui a donné cette osazone n'est pas le méthylglyoxal; c'est
bien l'acétol, car le liquide entraîné parla vapeur d'eau est sans action sur
la fuchsine "'; ^/o=: 1,028. A la pression ordinaire, il bout vers 258''-262<' en se
transformant partiellement en un composé aldéhydique.
Nous poursuivons ces recherches.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des éthers chloracétiques sur les dérivés halo-
géno-magnésiens de l'aniline. Note de M. F. BooRorx, présentée par
M. Troost.
J'ai montré, dans une précédente Communication, que les éthers-sels
des acides monobasiques réagissent facilement sur les dérivés halogéno-
magnésiens des aminés aromatiques primaires, en donnant des complexes
qui, décomposés par l'eau, fournissent des anilides.
Avec le chloracétate d'élhyle et l'iodure de magnésium phénylamine j'ai
obtenu un produit solide, imprégné d'une huile à odeur irritante. Ce
composé, qui cristallise dans l'alcool en lamelles blanches, fondant en se
décomposant un peu entre 143° et i44°, est l'iodacétanilide dont la forma-
tion peut être exprimée par les équations suivantes :
\1I — C'tF
CIPCl
. , /OCMP /0-MgCl
'\l! =Mg( -+- c— Nil — C^H-
-iNH - C«H- ^I I \NII - CJP
yOMu(J
C— Ml -f>lj
OH CO-i\H-C=H»
_ C«H'— ^iIP^-Mg( + I
Ml -ON'- Il 011 \C1 CIPl
CIPI
On trouve, en effet, du chlore dans les eaux qui ont servi à détruire le
complexe magnésien.
Ce résultat anormal m'a engagé à essayer l'action du chloracétate
d'éthyle sur l'éthéroiodure de magnésium. J'espérais obtenir ainsi, par
double décomposition, l'iodacétate d'éthyle :
2CM-CI - COO C-H' 4- MgP = Mg CL^ + 2CH- 1 - COO C-H\
C'est en effet ce qui a eu lieu.
c. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N« 24.) 205
iSgS ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sur la dissolution élhérée d'iodure de magnésium, obtenue soit en faisant agir l'iode
sur le magnésium en présence d'éther, soit par l'action de l'iode sur l'iodure d'éthjde
magnésium, le chloracétate d'élhyle réagit énergiquement à froid. Après traitement
par l'eau, l'éther décanté, décoloré par agitation avec un peu de mercure, a été chassé
par distillation. Il est resté une huile dense, d'odeur irritante, que la vapeur d'eau
entraîne en la décomposant partiellement. Ce corps rectifié en présence d'un globule
de mercure passe, sous la pression ordinaire, entre 178° et 180°.
La transformation du chloracétate d'éthyle est à peu près complète.
Sur l'iodure de magnésium phénylamine, l'iodacétate d'élhyle ne réagit que faible-
ment. Le produit de l'opération est une masse goudronneuse qu'imprègne un grand
excès d'iodacétate d'éthyle et d'où il ne m'a pas été possible d'extraire un composé
défini.
Les faits qui précèdent montrent que l'action du chloracétate d'éthyle
sur l'iodure de magnésium phénylamine s'effectue dans deux sens diffé-
rents : une partie du réactif agita ta fois par sa fonction éther-sel et par son
atome de chlore en fournissant le complexe qui, ultérieurement, donnera
l'iodacétanilide; l'autre partie agit seulement par son halogène, donne de
l'iodacétate d'élhyle qui persiste en nature dans le mélange et plus tard
souille le produit solide de l'opération.
Le résultat est tout différent quand on emploie le chloracétate d'éthyle
et le bromure de magnésium phénylamine. Il se forme uniquement dans
ce cas la chloracétanilide
C"H^— NH — CO - CH==C1.
Il était intéressant de chercher comment le dichloracétale et le trichloracétate
d'éthyle se comportent vis-à-vis de l'iodure de magnésium phénylamine. J'ai constaté
que pour ces corps tout se passe d'une façon normale, les atomes de chlore ne partici-
pant pas à la réaction.
Avec le dichloracétale d'élhyle j'ai, en ellét, obtenu la dichloracétanilitle
CIP-NH-^ CO — CllCl^
et, avec le trichloracétate d'élhyle, la trichloracétanilide
Cqjô—NH^ CO-CCI'.
SÉANCE DU l3 JUIN igoS. 1599
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques composés de l'acide azélaïque.
Note de M. A. Bouchowet, présentée par M. H. Moissan.
Les composés dérivés de l'acide azélaïque sont encore peu connus.
M. Etaix (') a étudié cependant quelques produits, tels que l'anhydride,
le chlorure, le dibenzoyie heptane et sa dioxime, l'azélamide et l'acide
amidé correspondant. Derlou (^) croit avoir trouvé l'azélaone, mais ce
produit n'a pas été analysé. Quant aux éthers, on ne connaît jusqu'ici que
l'éther diméthylique et l'éther diéthylique (').
Nous avons songé à préparer l'éther diphénylique en faisant réagir le
chlorure d'azélayle sur le phénol, suivant la réaction
Le chlorure d'azélayle a été préparé de la façon suivante qui donne de bons rende-
ments : On pèse looe environ de P Cl% qu'on introduit dans un ballon à distiller de aSos
après l'avoir exactement taré; on chaufTe au bain d'huile à 120° pour éliminer l'ox}'-
chlorure de phosphore que contient toujours le perchlorure industriel; on obtient
du PCl^ absolument sec. On repèse, on obtient par différence le poids 'de PCH contenu
dans le ballon.
On verse alors par petites quantités Tacirle azélaïque qu'on a soigneusement desséché.
On n'introduit, bien entendu, que le poids exigé par la formule ci-dessus. Il se forme
un liquide rougeàtre que l'on chauffe au bain d'huile jusqu'à i5o°; on opère dans le
vide, sous pression de 20"" : l'oxychlorure de phosphore distille; dans le ballon il
reste le chlorure d'azélayle.
A ce dernier on ajoute la quantité de phénol exigée par la théorie. Il faut bien avoir
soin que le phénol employé soit aussi pai'faitemenl sec. On chauffe au bain d'huile, au
réfrigérant ascendant pendant une joui-née, la température ne dépassant pas 160°.
Après refroidissement, nous avons retiré la masse contenue dans le ballon; celle-ci
se présente sous la forme d'un solide brun noirâtre, à reflets blanchâtres. On la dissout
dans l'alcool bouillant et l'on filtre plusieurs fois sur du noir animal lavé à l'acide.
Après refroidissement, on évapore dans le vide. 11 se farme des aiguilles légères, colo-
rées en jaune : on les essore et l'on fait cristalliser de nouveau. Le produit final (azé-
late neutre de phényle) est alors constitué par de belles aiguilles blanches, d'aspect
floconneux.
(') Etaix, Ann. de Chim. et de Phys., ^ série, t. IX, p. 898.
(^) Dkrlou, Berichte. t. XXXI, p. i960.
(^) Miller, Comptes rendus, 1899, 2° semestre, p, 182.
l6oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'azélate de phéuyle fond à 48°-49° au IjIoc Maquenne. 11 esl peu soluble dans
l'alcool froid, beaucoup plus soluble dans l'alcool bouillant; très soluble dans l'élher,
la benzine et le sulfure de carbone; peu soluble dans la ligroïne. Analyse : Trouvé,
C = 7,3,52; H = 7,32. Calculé, € = 74.11; H = 7,0.5.
Il nous a paru intéressant de préparer l'acide thioazélaïque en parlant
de l'azélale de phényle. La réaction esl la suivante :
,,-,„, ,.„^C0^C«H5 rru.rM. ,.„,,- COSNa
(^" )' xC0^C«H3 -^ '^'^^ = .CMi'OH ^ (CIP).,^^Qg^,^.
Le ihioazélale de sodium ainsi obtenu, traité par HCl, donne :
COSINa
(CH^)^
\COSNa -^ -"-'-' — > \C0SH
L'opération est conduite comme il suit : on dissout a» de sodium dans i5o"'' d'alcool
absolu; on sature cette solution de H^S sec : on a donc ainsi une solution alcoolique
de NaHS; on ajoute à cette solution i4°i7 d'azélate de pliényle et Ton chaulTe le
mélange au bain d'huile et au réfrigérant ascendant pendant une journée, sans
dépasser 110°. On évapore ensuite dans le vide la solution, il se forme un dépôt conte-
nant le mélange de phénol et d'azélate de sodium. On filtre; la masse retenue parle
filtre est traitée par l'éther absolu; ce dernier dissout le phénol. En filtrant de nouveau
et lavant la matière insoluble avec de l'éther, |niis laissant sécher, on obtient linale-
ment le ihioazélate de sodium.
Ce dernier esl très soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool et l'éther. Analyse :
Trouvé, S = 23,98; IVa= 17,14. Calculé, S ;= 24,24; Na = 17,42.
Pour isoler l'acide thioazélaïque, on le dissout dans l'eau, on ajoute la quantité né-
cessaire de HCl et l'on agite à l'éther, La solution éthérée est évaporée dans le vide;
il se dépose des aiguilles jaune clair, d'une odeur caractéristique commune aux thio-
acides.
L'acide thioazélaïque fond à 72°-- 4°; il est peu soluble dans l'eau et décomposé par
un excès d'eau. 11 est très soluble dans l'éther, la benzine, l'alcool, le sulfure de car-
bone et la ligroïne.
Si l'on traite soit une solution de thioazélate de sodium, soit d'acide
thioazéla'ique par une solution d'acétate de ploinb, ce dernier produit un
préci|)ité blanc jaunâtre qui passe rapidement au brun et enfin au noir,
surtout si l'on chauffe : cette réaction a d'ailleurs été observée potir l'acide
ihiosuccinique (').
Nous avons neutralisé une solution aqueuse de tbioazélale de sodium par
(') P. Wi:sELKY, BiiU. Sol: dtiin., t. XIU, p. 348.
SÉANCE DU I.H JUIN igoS. 1601
1;) quantité de 1 dissous dans le RI, conformément à la formule
/rOSN;i /COS
' \COSNa \COS
Eu agitant à i'éther et en-laissant évaporer la solution éthérée dans le
vide, nous avons obtenu une huile jaune que nous n'avons pu faire cristal-
liser.
Nous nous proposons de continuer l'étude des produits de condensation
de l'acide azélaïque.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la spcirléine. Action de Viodare de mélhyle.
Note de MM . Chakles Moureu et Amand Valeir , présentée par
M. H. Moissan.
Nous avons entrepris, il y a deux ans (Comples rendus, 1908; liull. Soc.
chim. y série, t. XXIX, p. ii35), une élude méthodique delà spartéine,
en vue de jeter quelque lumière sur sa constitution. Après avoir définitive-
ment fixé par de nombreuses analyses la formule de cet alcaloïde, et con-
trôlé sa nature de base bilertiaire non mélhylée à l'azote, nous avons mis
en évidence son caractère saturé, en montrant qu'elle résistait à l'action
des réducteurs les plus énergiques, et que l'hydrospartéine antérieure-
ment décrite était de tous points identique à la spartéine.
Depuis la publication de notre Mémoire, plusieurs auteurs se sont
occupés, dans des sens différents, de la spartéine. MM. R. Willstàtter et
et W. Marx {Berichte, t. XXXVII, p. 235 1) ont fait l'intéressante remarque
que cette base est identique à la lupiuidiue des semences de lupin; ils ont,
en outre, préparé quelques produits d'oxydation nouveaux (Berichte,
t. XXX Vm, p. 1772).
Le caractère saturé de la spartéine, établi par nos recherches, a été
pleinement confirmé par MM. Wackernagel et Wôlfenstein (Berichte,
t. XXXVII, p. 3238). Ces savants, ayant répété nos expériences, sont arri-
vés aux mêmes conclusions, qu'ils ont alfermies, au surplus, en s'assurant
que l'action du potassium-alcool amylique laissait également la spartéine
intacte (').
(') Celle résislance de la sparléiue concorde, ainsi que nous l'avons indiqué, avec
celle obser\alion que cel alcaloïde ne décolore pas le permanganale en solulion acide.
l6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mentionnons encore une observation de M. Semmler (Rerichte,
t. XXXVII, |). 2/128) concernant la réfraction moléculaire de la spartéiiie,
et un travail de MM. Scholtz et Pawlicki sur quelques iodoalcoylates
(Arch. d. Pharm., 1904).
Nous avons institué une nouvelle série de recherches sur le même sujet.
Elles nous ont conduits à d'importants résultats pour la connaissance de la
constitution de la spartéine. Nous indiquerons sommairement, dans cette
première Note, les faits que nous avons observés en faisant une étude
approfondie de l'action de l'iodure de méihyle sur la base.
lodoinéthylales 2 el 2'. — «. On met en contact poids égaux de spartéine récemment
distillée, d'iodure de raéthyle et d'alcool métlivlique. Après i!\ heures, le mélange,
sensiblement limpide, est cliaufTé à reflux pendant i heure; on élimine ensuite l'alcool
méthylique el l'excès d'iodure de méthyle par distillation. Le résidu ainsi obtenu est
solide el parfaitement blanc; son poids indique que la spartéine a fixé exactement
jnioi d'iodure de méthyle.
Ce produit est très soluble dans l'eau. Sa composition centésimale correspond à la
formule C'^H^" Az'.CHM. Il est lévogyre, el le pouvoir rolatoire (dans l'eau à environ
8 pour 100) oscille, suivant les préparations, entre les deux valeurs extrêmes — 26"
et — 28°. Il est formé du mélange de deux iodométhylales isomériques, que nous dé-
signons par les lettres a et a'. On peut en isoler facilement l'un d'eux à l'état pur par
cristallisation d'abord dans l'alcool et ensuite dans l'eau. L'iodométhylate ainsi obtenu
est identique au corps déjà décrit par Baraberger {Lieb. Annal., 1886, p. 368) et par
nous-mêmes ([2]„ = — 22075); il est relativement peu soluble dans l'eau, nous l'appel-
lerons iodométhylate a.
Le produi t resté en dissolution dams les eaux mères a un pouvoir rolatoire supérieur,
en général, à — 00°. Par cristallisations successives dans divers solvants (alcool
absolu, acétone mélangée d'alcool, éther acétique, alcool éthéré), nous avons pu l'élever
jusqu'au chiffre — 36°, 9. La poudre blanche ainsi obtenue, confusément cristalline, est
extrêmement soluble dans l'eau; elle répond d'ailleurs à la formule C'°H2^\z^.CIPl.
C'est un mélange des deux iodométhylales; il esl riche en iodométhylate et', dont le
pouvoir rolatoire et la solubilité dépassent de beaucoup le pouvoir rolatoire et la solu-
bilité de l'isomère a.
b. L'action de l'iodure de méthyle sur la spartéine en solution mélhvlique et sous
pression (à 110°) mérite une mention spéciale. MM. Schollz et Pawlicki ont reconnu
dans cette expérience, sans d'ailleurs en établir le mécanisme, la formation d'un
iodhydrate d'iodométhylale C'°H-* Az^ClI M . III régénérant sous l'action de tapotasse
l'iodométhylate de Bamberger.
A ce propos, nous avons à rappeler que, au cours d'un Mémoire relatif à la hipinidine,
MM. Willslatter et Fourneau avaient, avant nous, signalé que la s])artéine n'était pss
attaquée par ce réactif. Nous ignorions la remarque de ces auteurs au moment de
notre publicalion en 1908.
SÉANCE DU l3 JUIN 19o5. i6o3
En étudiaiU de près la réaction, nous avons observé qu'il se produisait en abon-
dance un gaz, lequel n'est autre que l'oxyde de mélhyle (CH^)-O. Sa formalion ré-
sulte naturellement de l'action de l'iodure de métiiyle sur l'alcool niélhylique. avec
élimination d'acide iodhydrique, que fixent immédiatement, en favorisant ainsi cette
élimination, la spartéine et ses iodométhylates.
En effet, indépendamment de l'iodhj'drate d'iodométhylale précipité, lequel se forme
en grande quantité ([a]i, = — 17°, i , d'après nos mesures en solution aqueuse, et que
nous appellerons iodhydrale d'iodométhylate a, parce que les alcalis ou les carbo-
nates alcalins en libèrent l'iodométhylate a pur), nous avons reconnu la production
d'un second iodhydrate d'iodométliylate, plus soluble que le précédent et de pouvoir
rotatoire plus élevé, qui est l'isomère a' correspondant à l'iodométhylate a'. Un mé-
lange des deux iodhydrates d'iodométhylates riclie en l'isomère plus soluble nous a
fourni, sous l'action de la soude étendue, un mélange des deux iodométhylates a et œ'
riche en isomère a', qui a donné, par cristallisation dans l'alcool absolu, un produit de
pouvoir rotatoire — 46", 3. Nous considérons ce chiffre, le plus élevé que nous ayons
observé, comme très approché de la valeur exacte du pouvoir rotatoire de l'iodomé-
thylate a'.
Signalons enfin, dans la même réaction, la formalion d'une certaine dose d'iodhydrate
de spartéine C'H-* Az-. HI, que nous avons pu isoler à l'état pur ([-y.]i, = — i i^jOS en
solution dans l'alcool méthylique absolu).
En résumé il résulte de ces expériences, dont le détail sera publié ail-
leurs, que l'iodure de mélhyle, en agissant sur la spartéine, produit tou-
jours, outre l'iodométhylate déjà connu, un isomère qui eu diffère nette-
ment par son pouvoir rotatoire beaucoup |ilus élevé et son extrême solubilité
dans l'eau. Nous reviendrons prochainement sur la nature de cette isomérie,
et nous démontrerons qu'elle est d'ordre sléréochinnique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la pyrolyse de la gomme laque.
Note de MM. A. Etard et E. Wallée, présentée par M. Haller.
I. La gomme laque n'est pas, comme la j)lupart des exsudais végétaux,
un produit d'évolution biologique normal; c'est une sécrétion accidentelle
causée par une blessure, faite à quelques espèces végétales (Artocarpées,
Légumineuses, etc.), par la piqûre d'un insecte du genre Goccus.
Elle intervient ainsi comme agent protecteur. Si certains auteurs pré-
tendent que la laque est une sécrétion de l'insecte lui-même, transformant
la sève, elle ne cesserait pas d'être un enduit protecteur de la blessure ou
de l'insecte.
C'e>t la résistance aux agents extérieurs, qu'elle doit à son origine, que
l'industrie utilise.
l6o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ijes travaux dont la laque commerciale a été l'objet ont surtout été diri-
gés en vue d'analyse et de recherches de falsifications.
Farner ('), par l'emploi judicieux de quelques solvants, a noté de faibles
quantités de cires, dans lesquelles Benedikt et Ulzer (°) ont trouvé les
alcools cérylique et myricique avec leurs éthers, ce qui a été confirmé par
Gascard ('). Cela ne joue qu'un rôle bien secondaire dans la masse de la
matière.
Nous nous sommes efforcés de connaître les fonctions prédominantes de
la laque, en étudiant les produits massifs de sa décomposition pyrogénée
qui est remarquable.
II. La pyrogénation de cette matière seule est difficile à effectuer; il faut
l'additionner de son volume de sable. C'est ce mélange qui a été soumis a
l'action de la chaleur dans une cornue en fer reliée à un système de conden-
sation convenable.
La dislillation, conduite assez lentement, fournit un distillât représentant environ
72 pour 100 de la laque employée.
Cette résine est donc une association assez simple de fondions chimiques abon-
dantes.
Il reste dans la cornue 22 pour 100 d'un coke très léger, provenant sans doute
d'amyloïdes, et ne donnant que des traces de cendres. La partie gazeuse ne forme que
6 pour 100 du tout; elle n'a pas été examinée.
Le produit distillé se sépare assez rapidement en deux couches, l'inférieure est
constituée par de l'eau, la supérieure est une huile visqueuse de densité <:/=; 0,97.5,
brune, présentant une légère fluorescence.
Cette huile desséchée représente en poids 52 pour 100 de la gomme résine mise en
œuvre.
L'agitation avec de l'eau acidulée n'enlève qu'une très faible partie basique qu'on
écarte.
Ensuite, avec une lessive alcaline faible, on obtient une émulsion qui peut se
réduire par l'éther. En utilisant cette propriété, on arrive à séparer 200s de matière
à fonction acide par kilogramme, tandis qu'il reste Soos de corps neutres en solution
dans l'éther.
III. La partie insoluble dans les alcalis et les acides, constituant la por-
tion neutre, possède l'odeur très intense et très tenace des carbures terpé-
niques élevés.
(') Arc/i. der Pharm., t. CCXXXVII, p. 3.5-48.
(') Monatshefle fiir Chemie, t. IX, p. 579.
(^) Thèse de la Faculté de Pharmacie, 1898.
SÉANCE DU l3 JUIN igo5. i6o5
La distillation dans un courant de vapeur d'eau permet d'entraîner un liquide vert,
à odeur caractéristique, qui donne au fractionnement deux maxima très nets : l'un
faible à ijo^-iyS", l'autre bien plus important à 23o''-24o° que plusieurs tours amènent
à 335''-34o°.
Celle huile, vert bleu, est soluble dans l'alcool, le benzène, peu soluble dans l'acide
acétique, elle fixe environ son poids de brome et l'analyse indique un carbure terpénique :
Trouvé : C 88,1 8; H 11,07. Théorie (G^ H')" : C 88,24; H 11,76.
Examinée au spectroscope, elle présente une bande à bords estompés dans le jaune.
La fraction 1700-175° n'a pu être exactement identifiée, bien qu'elle appartienne au
groupe du dipenlène.
Le résidu de l'entraînement à la vapeur d'eau, repris par l'acétate d'éthyle, laisse
une matière blanche, onctueuse, purifiée facilement par des cristallisations dans
l'alcool bouillant, d'où elle se dépose par refroidissement, sous forme de paillettes
blanches, inodores, solubles dans CHCl^ et G''H°. Elle ne représente pas plus de
I pour 100 de la laque.
L'analyse élémentaire
C 86,2; il i3,9
est celle d'un carbure saturé très élevé, ne fixant pas de brome et se rapprochant de
Ce type paraffinique est fréquent, il fond à 6i°-62° et bout vers 360°, comme les car-
bures analogues qui accompagnent les chlorophylles.
La partie soluble dans l'acétate d'éthyle, fractionnée) après élimination du solvant,
fournit un maximum très net vers Sio", dont la composition élémentaire est celle d'un
polyterpène :
Trouvé : C 88,34; Hii.Sa. Théorie : C 88 ,24 ; H 11,76.
Au-dessus de 360" il y a décomposition de la ])elite partie de matière résiduelle.
IV. La partie soluble dans la potasse, libérée par l'acide chlorhydrique
et l'éther, possède une odeur d'acide gras très prononcée.
Sa distillation s'eiTeclue presque entièrement, un peu au-dessus de 3oo", avec décom-
position.
Sous 100™'" on a un maximum abondant à 28o"-290". Le sel sodique de celte por-
tion forme, avec l'acétate de plomb, un magma complètement soluble dans l'éther, ce
qui indique un acide non saturé que l'acide sulfurique met en liberté.
IjG sel de plomb analysé donne les chiffres suivants :
Tlioorie
pour
Trouvé. C«H«0'P1).
C 55 , 87 56 , 1 S
H 8,72 8,58
0 9,38 8,32
Pb 26, o3 26,92
C. R., ic)o5, I" Semestre. (T. CXL, ^• 24.) 2oG
l6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'acide obtenu est donc constitué par de l'oléique pur, à côté duquel on trouve ce-
pendant un peu de ses produits de décomposition, comme les acides caproïque et sé-
bacique, celui-ci bien caractérisé par son sel de plomb insoluble dans l'éther et son
point de fusion.
Conclusions. — Ces expériences donnent des résultats nets et abondants,
elles tendent à jeter quelque jour sur la constitution des résines, encore
trop négligée. De même qu'il existe un acétate de bornyle et d'autres
éthers terpéniques analogues; de même, de nombreuses résines semblent
être des éthers d'acides élevés et de polvterpènes.
La gomme laque deviendrait ainsi comparable aux mélanges artificiels
siccatifs, employés comme agents de protection.
Elle nous apparaît expérimentalement comme l'oléate peu stable d'une
série continue de polyterpènes. A l'état isolé ces produits siccatifs sont ré-
pandus dans un grand nombre d'espèces végétales. Combinés, ils sont à la
base des vernis industriels.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur l'a fjinité des maticres colorantes artificielles
pour le tissu conjonctif. Note de i\Ii\I. Curtis et l*. Lemoult.
La coloration élective du tissu conjonctif à l'aide de mélanges d'acide
picrique et de fuchsine sulfonée, si fréquemment employés en technique
histologique (méthode de von Giesen, Hansen), donne des nuances très
belles au début, mais fugaces et qui souvent disparaissent assez rapidement :
pour remédier à ce grave inconvénient, l'un de nous a utilisé des mélanges
colorants, dans lesquels on remplace l'un ou l'autre des coitiposants par
des corps de même nature.
En ce qui concerne les corps nitrés, succédanés de l'acide picrique, qui
étaient ici à peine en cause, nous avons constaté que l'on peut employer
sans changement appréciable les dérivés Irinitrés des crésols, du ,8 naphtol
et de la résorcine, mais que l'emploi des composés dinitrés (du crésol 1.4
et du ^ naphtol) ne donne pas de résultats satisfaisants.
En ce qui concerne les matières colorantes non nitrées, nous en avons
trouvé quelques-unes qui répondent au but proposé et nous avons pu, en
groupant les résultats, trouver dans les conditions de l'expérience l'une des
causes de l'affinité des colorants dn triphènvlméthane et des azoïques pour
le tissu conjonctif.
Ces conditions expérimentales doivent être précisées; on emploie assez
SÉANCE DU l3 JUIN iQoS. 1607
souvent, ea effet, en histologie, pour la préparation des pièces à étudier,
certains composés métalliques, comme les chromâtes, le chlorure mercu-
riqiie, l'acide osmique, etc. qui, en même temps qu'ils fixent, jouent le rôle
de mordants et procurent aux tissus des affinités d'emprunt variables sui-
vant les cas. Pour éviter cette complication et avoir des résultats compa-
rables entre eux, nous n'avons employé que des pièces traitées uniquement
par l'alcool, ce réactif ne modifiant en rien les propriétés histo-chimiques
des tissus.
Les colorants du triphénylmélhane utilisés par nous se classent en trois groupes :
Premier groupe. — l'uchsine acide (';, parafuchsine acide, violet rouge 4RS,
violet rouge 5RS;
Deuxième groupe. — Bleu Irisulfoné, bleu de Bavière DBF, bleu d'aniline à l'eau;
Troisième groupe. — Bleu carmin surfin, bleu cjanol, vert solide e\tra-bleuàlre,
verts acides J et B, violet formyle S4B, violets acides loB et 6B.
Ces produits sont dissous dans l'eau saturée à froid d'acide picrique et la liqueur
imprègne pendant quelque temps la préparation liistologique.
S'il s'agit d'un colorant du premier groupe, le tissu conjonctif à l'exclusion des autres
se colore seul en rouge ou rouge violacé. Même après i!\ heures de contact, alors que
l'acide picrique colore presque uniformément la préparation d'une nuance de fond
jaune, le tissu conjonctif reste rouge; il y a éleclivilé absolue enti-e le tissu et le colo-
rant. S'il s'agit du second groupe, les résultats sont moins nets; en variant la concen-
tration du bain et la durée du contact, on arrive encore à colorer le tissu conjonctif
d'une manière plus intense que les autres, mais le protoplasma cellulaire se colore lui
aussi et, au bout d'un certain temps, on n'a plus qu'une préparation confuse où se
retrouvent toutes les nuances, du bleu au jaune verdâtre et au jaune pur; il n'y a plus
ici d'électivité propre, mais seulement une affinité plus ou moins accentuée entre le
tissu conjonctif et le colorant. Enfin les colorants du troisième groupe teignent en
masse et indistinctement le protoplasme cellulaire et les portions conjonctives.
De ceci il résulte que l'affinité que nous avons étudiée est réglée par le
nombre dégroupes sulfonés : elle ne s'afilnne nettement que quand la
molécule colorante contient trois de ces groupes; encore faut-il qu'ils
soient fixés sur chacun des noyaux du chromogène (violet rouge 4RS et
fuchsine acide, meilleurs que bleu trisuifo et bleu de Bavière), c'est-à-dire
répartis symétriquement dans la molécule; dans ce cas, il y a fixation élec-
tive, en présence d'acide picrique.
Nous avons étudié également quelques azuïque^ dont voici la liste rangée par ortlre
(') Nous employons ici les termes courants en nsage dans les Traités spéciaux rela-
tifs aux matières colorantes artificielles.
l6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de sulfonation croissante : ponceau de Hœchst, bordeaux R, azofuclisine G, ponceau 4R,
azorubine S, écarlate de Biebrich, rouge solide D, ponceau spécial (Saint-Denis),
ponceau 3R, ponceau S extra, bleu diamine BX ; noir diamine BH; bleu diamine aB;
bleu diamine 3B, bleu diamine pur A, noir naphtol B. Cet ordre est également celui
de l'affinité croissante pour le tissu conjonclif : les corps qui n'ont pas plus de deux
groupes sulfo ne donnent que des résultats médiocres, souvent même confus, tandis
qu'au contraire les colorants trisulfonés teignent exclusivement ce tissu conjonclif alors
que le reste de la préparation se teint en jaune; cette propriété s'accentue encore avec
lesazoïques tétrasulfonés. En outre, à égalité de sulfonation, c'est le colorant qui ren-
ferme les groupes SO' H simultanément dans tous ses noyaux qui sera le meilleur et nous
retrouvons ainsi l'influence de la distribution symétrique des groupes acides, déjà
signalée plus haut.
Nous avons essayé d'employer des colorants polyhydroxylés dans l'espoir que le
caractère acide dû à l'accumulation des groupes OH aurait un elTet analogue à celui
qui est dû aux S02H,mais l'expérience n'a pas confirmé celte attente; les colorants de
ce genre sont inutilisables.
En résumé, nous avons montré que, pour développer l'électivité du
tissu conjonctif pour certaines matières colorantes, il faut opérer en pré-
sence d'acide picrique ou d'un autre dérivé trinitré et que, en outre, il faut
s'adresser à des colorants (triphénylméthane..., mono ou polyazoïques)
ayant au moins trois groupements sulfo (SO'H) fixés dans le chromogène
et autant que possible répartis uniformément. Entre autres, on réalise une
électivité tout à fait satisfaisante par l'emploi des fuchsines acides, des
violets rouges 4RS et 5 RS qui teignent le tissu conjonctif en rouge, ou bien
par l'emploi du ponceau S extra, du bleu diamine 2B ou du noir naphtol B,
qui le teignent respectivement en rouge ou en bleu et présentent l'avantage
de fournir des colorations persistantes.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE . — Sur les résen'es hydrocarbonées des arbres à feuilles
persistantes. Note de M. Leclerc or Sablox, présentée par M. Gaston
Bonnier.
J'ai dosé, aux différentes époques de l'année, les réserves hydrocarbonées
dans la racine et la tige du Chêne vert, du Pin d'Autriche et du Fusain du
Japon. J^e Tableau suivant donne les résultats obtenus avec le Chêne vert.
La première colonne verticale est relative aux sucres, la deuxième aux
matières amylacées transformables en glucose paruneébullition de i heure
dans de l'acide chlorhydrique à 10 pour 100, la troisième est la somme des
SÉANCE DU l3 JUIN igoS. 1609
deux premières. Les chiffres expriment la quantité de la substance dosée
rapportée à 100 parties de la matière sèche analysée.
Sucres
21 janvier 3,8
i5 mars i , 3
5 mai i , 3
a:t jiun.
16 août ,
i>9
4 octobre 2,2
2.5 novembre 2,8
16 janvier 2,5
ières amylacées.
27,6
32, I
38,6
28,1
i3,6 '
20,4
20,2
27,4
Total.
3i,4
33,4
39>9
29,8
i5,5
22,6
23,0
29.9
o'i juin 1 . '1
16 août
. . . 1,1
4 octobre
... .,4
25 novenabre.. . .
... 1,6
16 janvier
... 2,8
17,6
'9-7
17,0
17,0
.7.3
•5,9
21,6
22,4
23,3
'9.2
18,1
18,4
18,9
18,7
On constate d'abord que les variations sont beaucoup plus considérables pour la
racine que pour la tige; dans les deux cas, le maximum a lieu au commencement de
mai et le minimum en août. On se souvient au contraire que, chez les arbres à feuilles
caduques, le maximum a lieu en octobre et le minimum en mai. Il est facile de se
rendre compte de la cause de ces différences en comparant, par exemple, le Chêne vert
avec le Châtaignier. Au mois d'octobre, unecertainequantité de réserve s'est accumulée
dans la tige et la racine de ces deux arbres; il y en a davantage chez le Châtaignier
parce que l'assimilation est plus intense en été dans les feuilles caduques que dans les
feuilles persistantes. Mais, à la fin d'octobre, les feuilles du Châtaignier tombent et, par
conséquent, l'assimilation cesse; on comprend donc que le maximum des réserves soit
atteint à ce moment. Chez le Chêne vert, au contraire, l'assimilation continue pendant
tout l'automne et l'hiver; il est donc naturel que les réserves augmentent; et cela
d'autant plus que, pendant cette période, la dépense est réduite à son minimum ; il n'y
a pas formation de nouvelles pousses et l'intensité de la respiration est fortement
diminuée par l'abaissement de la température; on sait au contraire que rinduence de
la température sur l'intensité de l'assimilation est relativement faible. On conçoit donc
que chez le Chêne vert le maximum des réserves soit atteint au commencement du
printemps, au moment où les nouveaux bourgeons vont s'ouvrir.
Après l'épanouissement des bourgeons, les réserves sont employées à la formation des
l6lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
nouvelles pousses; de là une diminution considérable de ces réserves, aussi bien chez
le Chêne vert que chez le Châtaignier. Mais chez le Châtaignier Tassiiuilation plus in-
tense a bientôt réparé les perles dues à la croissance, et dès la fin de mal les réserves
commencent à augmenter. Chez le Chêne vert, au contraire, les feuilles, qui assimilent
toute l'année, assimilent au printemps et en été avec moins d'intensité que les feuilles
caduques; il est donc naturel que le minimum ait lieu plus tard, en août.
Le Pin d'Autriche m'a donné des résultais tout à fait comparables à ceux
du Chêne vert. Le maximum des réserves a lieu en mai; puis il y a une
brusque diminution et un minimum au commencement de juillet; les ré-
serves augmentent ensuite jusqu'au commencement du printemps suivant.
Pour le Fusain du Japon, dont la végétation est plus précoce, le maximum
a lieu un peu plus tôt, en mars, et le miniinum en été, vers le mois d'août.
En somme, le maximum des réserves, qui chez les arbres à feuilles ca-
duques a lieu en automne au moment de la chute des feuilles, est atteint
chez les arbres à feuilles ])ersistantes au coinmencement du printemps,
lorsque les bourgeons vont s'ouvrir. Le minimum, qui est en mai chez les
arbres à feuilles caduques, est reporté en juillet ou en août chez les arbres
à feuilles persistantes. Ces différences s'expliquent facilement par ce fait
que, dans les feuilles persistantes, l'assimilation a lieu pendant toute l'année
avec un intensité relativement faible, tandis que les feuilles caduques assi-
milent seulement de mai en octobre, mais avec plus d'intensité.
BOTANIQUE. — Un nouveau Bananier de Madagascar.
Note de M. Pascal Claverie, présentée par M. Gaston Bonnier.
Plusieurs espèces de Musa indigènes sont connues dans l'Afrique orien-
tale, mais on n'a jamais signalé, à notre connaissance, de représentant du
genre qui soit spécial à Madagascar. Tel serait le cas cependant pour le
Bananier que M. Perrier de la Bathie a rencontré à Ankaladina, dans la
région du Betsiboka, ainsi que sm'les plateaux d'Ankara et du Tampoketsa
sur le Mahavavy.
Ce Bananier, appelé Isirohoroka par les Sakalaves, est une grande
plante de 5" à 6™ de hauteur, et dont le tronc est renflé à la base en un
épais tubercide de 2™, do de circonférence.
C'est une espèce sans rejets, qui, d'avril en octobre, est réduite au tronc et aux.
gaines, car aucun limbe ne persiste pendant la saison sèche.
SÉANCE DI! j'-J JUIN igoS. l6ll
Les feuilles sont pendantes, étalées, et plus ou moins déchirées; leur iimbe descend,
en s'amincissant, le loog de la nervure médiane, jusqu'à Ja gaine.
Les inflorescences sont énormes et peuvent peser plusieurs kilogrammes; elles sont
pendantes et glabres, et portent jusqu'à 60 bractées florifères, qui sont de plus en plus
petites de la base au sommet.
Aux aisselles de chacune sont t8 à 20 fleurs, à pétales d''«n blanc rosé.
Le calice de ces fleurs est formé de trois sépales concrescents, dont le médian est
situé en avant.
La corolle est représentée par un tépale trilobé dont le lobe médian est aigu et les
deux latéraux arrondis.
Des six étamines de la fleur typique des Musacées, l'une est toujours avortée dans
l'espèce de Madagascar. Les cinq autres sont à filets blancs et à anthères rosées; elles
renferment, dans leurs quatre sacs polliniques, des grains de pollen globuleux, jaunes,
à surface verruqueuse.
Le pistil se compose d'un ovaire triloculaire, surmonté par un style simple que ter-
mine un stigmate trifide. Chaque loge renferme deux rangées d'ovules anatropes,
horizontaux.
Quant aux fruits, appelés voantsirohoro/.a p^r les indigènes, nous ignorons malheu-
reusement les dimensions qu'ils peuvent atteindre, car nous ne savons pas si les spéci-
mens que nous avons eus à notre disposition étaient parvenus à maturité. Il est pro-
bable que non.
Ces fruits étaient allongés, de 5'™,. 5 de longueur, de i™s5 de largeur et encore sur-
montés du périanthe. A l'intérieur étaient de minuscules graines à surface lisse. Nous
ne savons pas davantage s'ils sont comestibles; M. Perrier de la Bathie nous dit seu-
lement que, lorsqu'ils sont desséchés, les Sakalaves en font des colliers, qu'ils portent
comme amulettes.
Les indigènes, d'ailleurs, connaissent bien encore, à un autre point de vue, oejUiisa,
car ils emploient, à l'occasion, le bord des gaines pour en faire des liens.
Notis nous pi-oposons d'indiquer plus tard quels sont les caractères ana-
tomiques qui peuvent expliquer la résistance de ces bords et nous ferons
en niême temps l'étude de la filasse, dont une certaine quantité a élé
envoyée à M. Jumelle par M. Perrier de la Bathie.
Mais, dès maintenant, nous avons cru bon de signaler les principauN:
caractères de ce Musa, qui ne concordent entièrement avec ceux d'aucune
autre espèce déjà décrite.
Notre Musa, par son tronc renflé à la base, l'absence de rejets, la forme
des diverses pièces du périanthe, appartient à la section des Physocaulis; eL
il se place, par le nombre des fleurs de chaque série et l'aspect de ses inflo-
rescences, au voisinage du Musa Enseteàe l'Afrique orientale.
Mais il s'en distingue neltemenL par le nombre des étamines et la
hauteur de sa tige.
Il diffère des Musa venlricosa et Schweinjurthii ^Sir\s.iovmeAe son tépale;
lGl2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et fies Musa Buchanini, superba, nepalensis par le nombre plus considérable
(le ses fleurs et la position pendante de ses inflorescences.
Enfin il s'éloigne netlemenl du Musa proboscidea par le nombre plus faible
de ses fleurs, par sa tige renflée à la base, par la forme de ses bractées flo-
rifères fortement allongées et par ses inflorescences beaucoup plus ra-
massées.
L'aspect général de cette espèce de Madagascar est d'ailleurs bien dififé-
reiiL de celui qu'indique Oliver dans les Icônes, pour le Musa proboscidea.
Nous croyons donc pouvoir, sans hésiter, considérer comme une espèce
nouvelle ce Musa de l'Ambongo, que nous nommerons Musa Perrieri.
MICROBIOLOGIE AGRICOLE. — Surl'oiàmm lactis et la maluralion de la crème
et des fromages. Note de M. P. Mazé, présentée par M. E. Roux.
Dans une Note communiquée à la séance du 29 mai, M. Arthaud-Berthet
avance certains faits au sujet desquels je ne pense pas comme lui; mais je
me bornerai à présenter seulement quelques remarques sur quelques
points particuliers :
Pour M. Arthaud-Berthet, la « graisse » et la » frisure » sont identiques
et constituent une même maladie des fromages à pâte molle due à \ oïdium
lactis. Il V a en effet de l'oïdium sur les fromages « graisseux », sur les
fromages « frisés », comme sur tous les fromages,, à quelques rares
exceptions près. Mais il reste encore à démontrer que la graisse soit due
uniquement à V oïdium lactis. La « frisure » n'a rien de commun avec la
« graisse », de l'avis de tous les praticiens, qui la recherchent particuliè-
rement sur le camembert et ne la voient pas d'un œil défavorable sur le
brie.
M. Arthaud-Berthet prépare des fromages en quelques heures au moyen
(le l'ammoniaque. Les fromages obtenus de cette façon peuvent être com-
parés aux fromages industriels. L'industrie fromagère a ses procédés em-
piriques qui mettent en oeuvre des associations microbiennes variées. La
Science n'a pas, jusqu'ici, démêlé les actions complexes qu'exercent ces
associations, de façon à permettre aux fromagers d'en tirer un parti avan-
tageux.
SÉANCE DU l3 JUIN IQOJ. l6l3
GÉOLOGIE. — Les anciennes lignes de rivage du Sahel d' Alger.
Note de M. le Général de La.mothe.
J'ai observé récemment clans le Sahcl plusieurs faits qui complètent
ceux exposés dans une précédente Note (').
i" La surface ondulée des dépôts marins littoraux, représentés principa-
lement par des poudingues, est, sur certains points, recouverte par de
puissants amas de matériaux d'origine subaérienne (alluviale ou éolienne);
ces amas forment de vastes plateaux nivelés, inclinés vers la mer, et
limités de ce côté par des talus rapides ou des falaises. Ce sont les débris
d'anciennes plaines côlières (Ancient coaslal plains des géologues améri-
cains). Une plaine donnée est, au moins en partie, contemporaine du niveau
de la mer qui a succédé au niveau dont elle recouvre les dépôts marins.
Près de Zéralda, quatre plaines côtières sont superposées les unes au-
dessus des autres, comme les gradins d'un escalier de géants : le bord du
talus de la principale d'entre elles (plaine côtière de la Trappe) se main-
tient sensiblement horizontal pendant plusieurs kilomètres.
Les anciennes plaines côtières ne nous renseignent pas toujouis sur l'altitude des
anciens rivages; mais elles sont une preuve de leur existence et de leur abaissement
par étapes successives, interrompues par des périodes de stabilité relative et, dans
quelques cas, par des mouvements positifs. Elles permettent de suivre et à' identifier
le long de la côte les poudingues d'une même nappe, malgré les dilFérences d'altitude
des affleurements et leur discontiiuiité. Enfin, le nivellement de la surface de quelques-
unes d'entre elles, sur de grandes étendues, exclut la possibilité d'un gondolement
ultérieur des dépôts littoraux qu'elles recouvrent et conduit, par suite, à rejeter l'Iiy-
pothèse de mouvements lents de l'écorce terrestre pour expliquer la disposition
ondulée des affleurements de ces dépôts.
Il existe d'anciennes plaines côtières non seulement dans le Sahel d'Alger, mais
encore sur un grand nombre de points des côtes algériennes et tunisiennes. Je citerai
notamment les environs de Djidjeli, d'Hammamet et de Sousse.
2° La plaine côtiére qui a succédé au niveau de ly" est une des mieux
conservées de l'Algérie et la plus fréquente. Je l'ai observée à Oran, Arzeu,
Mostaganem, Cherchell, Bérard, Port-Gueydon, etc.
A Bérard, j'ai trouvé des silex taillés qui sont, par suite, contemporains
d'un Éléphant du groupe Antiquus, El. iolensis Pomel.
(') Comptes rendus, 26 décembie 1904.
G. H., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N° 24.) '^-^1
l6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3" Dans celte même localité, les poudingues marins du niveau de ) y"'
reposent sur d'anciennes dunes fortement cimentées, dont les strates très
minces plongent à 45" vers l'est; ils sont, d'autre part, recouverts par les
sédiments de la plaine côtière qui correspondent, comme je l'ai montré,
à une époque où le niveau de base était descendu au-ilessous du niveau
actuel.
On a donc ici une nouvelle preuve que les mouvements négatifs qui ont
abaissé successivement la ligne de rivage à la cote i 7, puis à la cote actuelle,
ont été interrompus par des mouvements /)05fV?y>, en d'autres termes, que
le niveau de base a subi, pendant cette période, des oscillations alternativement
positives et négatives. Après le niveau de So™, il y a eu d'abord un mouve-
ment négatif qui a amené le niveau de base au-dessous de la cote 17, puis
un mouvement positif qui l'a relevé à cette cote; un autre mouvement
négatif l'a abaissé au-dessous du niveau actuel, et un deuxième mouvement
positif l'v a ramené.
PÉTHOGRAPHIE. — Sur la gladkaïte, nouvelle roclf. ftlonienne dans la dunilc.
Note de MM. L. Duparc et F. I*earce, présentée par M. A. Lacroix.
En explorant le bassin supérieur de la rivière Wagran (Oural du Nord),
nous avons trouvé un nouveau gisement de dunite massive, qui perce en
boutonnière au milieu desgabbros ouralilisés, qui affleurent sur de grandes
étendues dans cette région. Cette dunite forme une assez longue créle rou-
geàtre, ap|)elée Gtadkaïa-Sopka, qui est orientée à peu près Nord-Sud, et
sépare les deux sources de la rivière Travianka, affluent gauche de Wagran.
L'affleurement de dunite est en partie circonscrit par une mince zone de
pyroxénites à olivine passant latéralement à des variétés feldspalhiques
(tilaïtes), qui sépare la dunite des gabbrosouralitisés. La dunite elle-même
est absolument banale; au microscope, elle paraît exclusivement formée
de grains idiomorphes d'olivine, réunis à quelques rares octaèdres de fer
chrome, elle présente toujours un commencement de serpentinisation.
Dans la partie Sud de Gladkaïa-Sopka, et perçant nettement la dunite
qui l'environne de toutes parts, on trouve un gros filon d'une roche gri-
sâtre, à grain fin, paraissant à l'œil nu feidspathique et micacée, et présen-
tant absolument l'aspect de certains types filoniens trouvés antérieurement
par nous dans la dunite massive de ré|)erc)n du Koswinskv.
Au microscope, les éléments constitutifs de celle roche sont : la magné-
SÉANCE nu (3 JUIN 190,5. l6l5
ttte, l'apatite, le mica noir, le mica blanc, la hornblende, l'épidole, les
plagioclases et le quartz.
La magnétite est très rare, elle se présente en petits grains de forme
plus ou moins oclaédriqiie, dispersés entre les autres éléments.
L'apatite est rare également et forme quelques petites aiguilles à allon-
gement négatif. Elle se rencontre à l'état libre dans les feldspaths ou en
inclusions dans la hornblende.
La biotite est quantitativement inférieure à l'amphibole. Elle se rencontre en petites
lamelles aplaties parallèlement à/j(ooi), sans contours géométriques. Elle est uniaxe
négative, la biréfringence «„ — «,,=: o,o4, !e polychroïsme très intense est comme suit :
7!^,^ brun rouge très foncé, /;^, = jaunâtre pâle.
Le mica blanc est très constant et se présente en lamelles incolores qui sont généra- -
lement cantonnées à l'intérieur des feldspaths ou de l'épidote. Les lamelles, parfois
assez grandes, s'éteignent parallèlement au clivage pipoi) et sont biaxes, négatives,
avec 2 V assez grand.
La hornblende, qui forme l'élément ferro-magnésien le plus important, est un peu
spéciale. Les cristaux informes sont allongés suivant la zone du prisme, assez rarement
maclés selon /«'(loo), et souvent accolés par leurs faces m{i 10) à /)(ooi) du mica.
Sur ^'(010), ng s'éteint à 22° du clivage m, les trois biréfringences principales mesu-
rées sur plusieurs sections par le compensateur ont été trouvées de ng — «p= 0,020,
^g — n,n=o,oo'i et /i„j — «p= o,oi56. Le signe optique est négatif, l'angle 2V oscille
autour de 47° environ, la dispersion est forte dans le sens p > c. Le polychroïsme très
intense est comme suit : «^,= vert bleuâtre très foncé, /i„,= verl, «p=: jaunâtre très
pâle.
Vépidote est abondante et forme des plages géné^aleraenl très irrégulières, qui sont
souvent à proximité de la hornblende qu'elles moulent et emprisonnent même ainsi
que le mica. Elle est de couleur légèrement grisâtre, sa biréfringence n^ — /;p= o,o38.5,
la bissectrice aigué est négative, l'angle 2V est grand.
Les feldspal/i.'i îormtnl l'élément prédominant, ils sont très frais, maclés selon la loi
de l'albite, plus rarement selon celle de Karlsbad ou de la péricline. De nombreuses
déterminations ont montré qu'ils sont compris entre l'oligoclase-albite et l'andé-
sine Ab^ An^.
Certains cristaux renferment un noyau kaolinisé, qui paraît avoisiner sou\eiil le
mica blanc ou l'épidote; ce noyau conserve parfois un contour géométrique qui
rappelle alors les profils habituels de la face ^'(010).
Le quartz est alsondant et se trouve en grains intercalés entre les éléments précités.
Quant à la structure, elle est panidiomorphe grenue, et absolument caractéristique.
Nous proposons pour cette roche le nom de gladkaïle.
La composition de la gladkaïle est la suivante :
510^=62,20, A120='= 19,63, Fe-0'=:i,i3, FeO = 3,93, CaO = 6,64, MgO= i,5i,
Na20 = 4,54, K,^0=; 1,06. Perte au feu =0,86. Total : 100,70.
l6l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La gladkaïte forme flnnc un nniiveau terme de la nirieiise série filonienne qui accom-
pagne la dunite massive et dont nous avons antéiienrement donné la descii])tion (').
HYDROLOGIE. — Sur le débit probable des sources dans le bassin de la Seine
pendant le second semestre de ipoS. iNoledeMM. F. Lau.vav elE. Maillet,
présentée par M. Maurice Levy.
La grande pénurie du débit des sources pendant les saisons chaudes
(i'^'' mai-i" novembre) de 1870 et de 1874 a été prévue plusieurs mois à
l'avance, vers mai-juin, par Belgrand et M. G. Lemoine, d'après les faibles
quantités de pluie de la saison froide antérieure (i*"" novembre-i" mai) et
les bas débits précédents des sources. C'est une application remarquable
de la loi de Dausse d'après laquelle, dans le bassin de la Seine, oîi domi-
nent les terrains perméables, les pluies de la saison chaude, en général,
profitent peu aux cours d'eau et aux sources profondes.
Depuis, un certain nombre de prévisions de même nature ont été faites,
et des graphiques ont même été établis (-) pour permettre d'évaluer avec
plus de précision l'abaissement probable du débit de certaines sources.
Dans cet ordre d'idées, la situation actuelle des sources paraît particu-
lièrement intéressante. La saison chaude dernière a été peu pluvieuse, et
la saison froide assez peu(') (sauf vers l'aval du bassin). La cote de la Seine
à l'échelle du pont d'Austerlitz à Paris, pendant la saison froide ipo/j-igoo,
n'a pas dépassé 2™ : c'est le maximum de saison froide le plus bas depuis
1874. Le minimum atteint par la Marne à la Chaussée pendant la saison
chaude 190^ ( — o"\88) est le plus bas depuis 1893. Enfin la source de
Cérilly (Vanne) a eu le débit minimum assez faible de 98' par seconde en
décembre 1904 et, en mai 190.5, le débit de 147', exceptionnellement bas
pour cette époque.
Aussi croyons-nous pouvoir formuler la prévision suivante : pendant le
deuxième semestre de 1905, le débit minimum annuel des sources pro-
fondes aura plutôt tendance à diminuer sensiblement ou à atteindre à nou-
(') L. DupARC et F. Peauce, Recherches géologir/ucs et pélrographiriues sur l'Oural
du Nord, voL I {Mémoires de la Société de Physique de Geiiè\e, 1902).
(') E. Maillet, Comptes rendus, mai 1902 el novembre 1903.
(') Moyennes géométriques des hauteurs de pluie correspondantes pour l'ensemble
du bassin : SoS™"" et 287"'™; moyennes de ces moyennes de 1881 à 1900 : SjS"'"" el
320""°. La saison froide est comptée du 1='' novemjjre au 3o avril.
SÉANCE DU l3 JUIN 1Ç)o5. 1617
veau des chifïres assez bas dans la majeure partie du bassin de la Seine,
sauf vers l'aval de Paris. Ainsi l'on peut s'attendre au tarissement de la
source supérieure de la Somme (Marne) vers la fin de juin ; on peut pré-
voir pour la source de Cérilly (Vanne) le débit minimum de 73' environ,
et pour celle, voisine, d'Armenlières (et Drains) le débit minimum de
260' (' ) environ.
Toutefois une saison chaude exceptionnellement sèche ou pluvieuse
pourrait rendre ces prévisions moins exactes sur certains points.
M. j\. Bell Dawson adresse une Note Sur les niveaux de marée et plans
de référence dans le Canada oriental.
M. Victor Fattelay adresse une Note Sur un essai de démonstration du
phénomène de la trempe des aciers.
M. J. (»ODi\ adresse un Mémoire Sur l'emploi alimentaire des nucléines
pour les armées.
I.a séance est levée à 3 heures trois quarts.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 29 mai iqoj.
Observatoire national, astronomique, chronométrique et météorologique de
Besançon : 16" Bulletin chronométrique, année 1908-1904, pub. par M. A. Lebeuf.
Besançon, igoS; i fasc. in-/l°. (Présenté par M. Lœwy.)
Sur les caractères de divisibilité, par E. Lebox. (Exlr. de L'Enseignement mathé-
matique, VU" année, n" 3, i5 mai 1905.) Paris, Genève; 1 fasc. in-S". (Hommage de
l'auteur.)
Le four électrique, son origine, ses transformations et ses applications, par
Adolphe Minet; i" fascicule. Paris, A. Hermann, 1905; i fasc. in-Zi".
(') Ce sont des chiffres très bas.
l6l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Compagnie des Chemins de fer du Midi, assemblées générales ordinaire et
extraordinaire des actionnaires du ii ai'ril igoô, présidence de M. Léon Aicoc :
Rapports du Conseil d'administration, résolutions de l'Assemblée. Paris, inip.
Buttner-Thierry, igoS; i fasc. in-4°.
Le Félibrige latin, revue mensuelle des œuvres et des faits qui intéresseot les Asso-
ciations de liltéralure mé^idionale, publiée sous la direction de M. RoQUlî-FEURiEit ;
année 1897, août-septembre : Inauguration du monument de Moi/uin-Tendon,
27 avril 1896. Montpellier, 1897; i fasc. in-8''.
Bulletin technique pour favoriser le développement du Commerce cl de l'Indus-
trie. Directeur : H. Hodier. 1" année, n" 1, 20 mai igoS. Paris; i fasc. in-f».
The norvegian north polar Expédition, 1898-1 896. Scientific results, edited by
Fridtjof Nassen; vol. VI; pub. by the Fridtjof Nansen fund for tlie advancement of
science. Londres, Christiania, New-York, Bombay, Leipzig, igoS; 1 vol. in-^°.
Les prix Nobel en 1902. Stockholm, Imprimerie royale P. -A. Norstedt et fils.
1900; I vol. in-8°.
M. Mathus Lerch, Professeur à l'Université de Fribourg, en Suisse, adresse en
hommage la collection des Mémoires qu'il a publiés dans diverses Revues sur des
questions d'Arithmétique, d'Algèbre et d'Analyse. (E\tr. de divers Périodiques scien-
tifiques.) 79 fasc. de divers formats.
Nemerteans of the west and norlh-west coasts of America, by Wesley R. Coe, with
twenty-five plates. {Bull, of the Muséum of comparative ZoÔlogy at Harvard
Collège; vol. XLVII.) Cambridge, Mass., igoS; i vol. in-S".
The arc spectrum of scandium and its relation to celestial spectra, by Sir Norman
LocKYER and F.-E. Baxandall. (Extr. des Proceedings of the Royal Society,
vol. LXXIV.) I fasc. in-8°.
On the stellar Une near \ 4686, by Sir Norman Lockïer and F.-E. Baxa?«dall.
(Extr. des Proceed. of the Royal Society, vol. LXXIV.) i fasc. in-S».
Die jâhrliche und tàgliche Période der erdmagnctischcn Elemcnte, v(jn D' H.
Fritsche; pub. VI. Riga, 1905 ; i fasc. in-8'>.
Report of the tweniy-fourth Meeting of British Association for the Advancement
of Science, held at Cambridge in august 1904. Londres, John Murray, iQoS; 1 vol.
in-S",
Sveriges geologiska undersôkning : série A^, n°' 119, 121, 124-, 127, 128; série kc,
n°» 5, 8; série A,,\. 1. 11" 3, febraary-niaicli ; Catalogue
igo^-igoS. Cincinnati, Ohio; i fasc. in-12.
Memorie délia R. Accademia dei Lincei: Classe di Scienze fisiclie, maleinaliche e
naturali; 5" série, vol. V, fasc. 1, 2. Rome, igo'i; 9. fasc. in-4".
Renie hlilulo lombarde di Scienze e Letterc : Rendiconli : 2= série, vol. XXXVll,
fasc. 7-10; vol. XXXVIU, fasc. 1-3. Milan, 1904-1905; 7 fasc. in-8°.
RoUettino delV hlitulo agrario di Scandicci, pressa Firenze: 2" série, vol. VI,
années IX-XII, 1901-1904. Florence, 1906, i vol. in-4''.
Annales de l' Observatoire royal de Belgique, éditées aux frais de l'Etat; nouvelle
série : Physique du Globe, t. I, II; Annales astronomiques, t. XVIII, t. IX, fasc. i.
Bruxelles, 1904; 3 vol. et i fasc. in-4°.
Monthly weallier Rei'iei,v ; \o\.WX.\\, n° 13: Annualsumniary, 1904; vol. XXXIII,
n° 1, janiiary igoS. Washington, igoS; 2 fasc. in-4°.
Boletin de la Real Sociedad geografica; t. XLVII, i""' trimestre de rgo5. Madrid,
igoS ; I fasc. in -8°.
Annales de la Société géologique de Belgique; t. XXXII, F" livraison, 28 février
igoo. Liège; i fasc. in-8°.
Records of the geological Survey of India : vol. XXXI, parts 3 and k, 1904 ; vol.
XXXII, parts 1 and 4, igoS. Calcutta, 1904-igor); 4 fasc. gr. in-8°.
Journal and proceedings of the Royal Society oflVeivSouth Wales; vol. XXXVII,
igo3. Sydney, igo4; i vol. in-S".
Ouvrages reçus dans la séance du 5 juin igo5.
OEuvres de Charles Herniite, publiées sous les auspices de l'Académie des Sciences,
par Emile Picard, Membre de l'Institut; t. I. Paris, Gaulhter-Villars, igoS; i vol.
in-8°. (Présenté en hommage par M. E. Picard.)
La valeur de la Science, par H. Poincaré, Membre de rinslllul. Paris, Ernest
Flammarion, s. d.; i vol. in-12. (Hommage de l'auteur.)
Cours de Botanique : Anatomie, Physiologie, Classification ; Applications agricoles,
industrielles, médicales; Morphologie expérimentale; Géographie botanique; Paléon-
tologie; Historique, par MM. Gaston Bonnier, Membre de l'Institut, et Leclerc
duSablon, à l'usage des élèves des Universités, des écoles de médecine et de pharmacie,
et des écoles d'agriculture; fasc. IV (i" partie), t. I (fin). Paris, Librairie générale de
l'enseignement, s. d. ; i fasc. in-8°. (Hommage des auteurs.)
Les fours électriques et leurs applications industrielles, par Jean Escard ; préface
de Hknri Moissan, Membre de l'Institut. Paris, V"'' Ch. Dunod, igo5; i vol. in-8''.
(Présenté en hommage par M. Moissan.)
Carte générale bathymétrique des océans, dressée par ordre de S. A. S. le Prince
de Monaco, d'après le Mémoire de M. le professeur Tiioulet, sous la direction de
M. Charles Sauerwein, M. Tollemer et plusieurs collaborateurs; échelle de , 0 g o'o u u u •
S. 1. n. d.; 24 feuilles et i feuille d'assemblage, in-plano. (Hommage de S. A. S. le
Prince de Monaco.)
Voyage minier au nord-ouest canadien, par J.-M. Bkll. Paris, au siège de la Société
des Ingénieur^ civils de France, igo5; i fasc. iii-8".
lb20 ACADEMIE DES SCIENCES.
Gites aurifères du Klondikc (Yukon, Canada), par J.-M. Bell. Saint-Etienne,
J. Thomas et O", igoS; i fasc. in-S".
Trois mois de fonclionnement de l'Infirmerie indigène d'Ain-Bessem, par le D'
J. PoujOL. Aglia-Alger, 1904; i fasc. in-8".
Prophylaxie de la syphilis dans la commune mixte d'Aïn-Bessem (Alger), par le
D'' J. ]^ouJOL. Aglia-Alger, F. Montégut et A. Deguili, igoS; i fasc. in-8°.
Annales de rinsLitut national agronomique (Ecole supérieure d'Agriculture);
■2' série, t. IV, fasc. I. Paris, J.-B. Baillière et fils, et Librairie agricole, igoS; i vol.
Mémoires de l' Académie des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Lyon : Sciences
et Lettres; 3° série, t. VIIL Paris, J.-B. Baillière et fils; Lyon, Alexandre Hey, igoS;
i vol. in-4°.
Précis analytique des travaux de l'Académie des Sciences, Belles-I^ellres et Arts
de Bouen, pendant l'année 1903-1904. Rouen, imp. Léon Gy; Paris, A. Picard, 1904;
I vol. in-8°.
E RUAT A.
(Séance du 5 juin igoS.)
Note de M. N.-A. Barhieri, Les cérébrines et l'acide cérébriqiie pré-
existent dans le tissu nerveux à l'exclusion du protagon :
Page i55i, ligne 1, au lieu de Liebreicht, en 1876, lisez Liebreicht, en 1864.
Page i552, ligne 18, au lieu de
C = 82,7,
lisez
0 = 82,76.
Même page, ligne 20, au lieu de
G2u)^3^o■^
Usez
C'"1I"0.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
Depuis i835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. Daui
Tables, l'une par ordre alpliabétique des matières, l'autre par ordrg alphabétique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
«t part du i" Janvier.
Le prix.de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit:
Paris : 30 fr. — Départements: 40 fr. — Union postale: 44 fr.
On souscrit dans les départements,
Agen.
Alger .
Amiens.
Angers .
Bayonne .
Besançon .
Bourge
iBrest .
Caen
Chambéry. .
Cherbourg .
CUrmont-Ferr .
Douai
Grenoble
La Rochelle .
Le Havre
Lille
j Chaix.
Jourdan,
( Ruff.
Courtin-Hecqu
l Germain et Gra
1 Gastineau.
Jérôme.
Régnier.
/ Feret.
j Laurens.
( Muller(G.)
Renaud.
Derrien.
F. Robert.
Oblin.
Uzel frères
Jouan.
Perrin.
( Henry.
( Marguerie.
) Juliol.
I Bouy.
(Nourry.
Ratel.
Rey.
) Lauverjat.
I Degez.
i Drevet.
Gralier et G'-.
Bourdignon.
Dombre.
I Thorez.
Quarré.
chez Messieurs :
l Baumal.
■ M- Texier.
Bern
tCun
\ Georg.
; ElTanlin,
Savy.
f Vitte.
Marseille Ruât.
l Valat.
Montpellier j Goulet et fils.
Moulins Martial Place.
Jacques.
Grosjean-Maupii
Sidot frères.
iGuist'hau.
Veloppé.
iBarma.
Appy.
Nime^ Thibaud.
Orléans Loddé.
tichier.
Lyon.
Nancy.
Nantes .
Poitie
Rennes ... .
Roche/art
Rouen
S'-Étienne .
Toulon
Valenciennes .
Lévrier.
Plihon et Hervé.
Girard (M»").
Langlois.
Lestringant.
Chevalier.
Ponteil-Burles.
Rumébe.
Gimet.
Privât.
Boisselier.
Péricat.
Suppligeon.
Giard.
Lemaitre.
On souscrit à l'étranger,
Amsterdam ,
chez Messieurs :
) Feikema Caarel-
■ j sen et G'V
Athènes Beck.
Barcelone ...... Verdaguer.
, Asher et G''.
' Dames.
Serlin ' Friedlander et Bis.
( Mayeret MUlIer.
Berne Schmid Francke.
Bologne Zanichelli.
/ Lamertin.
Bruxelles Mayolez et Audiarte.
( Lebègue et G'*.
, Sotchek et G*.
Bucharest J Alcalay.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et C".
Christiania Gammermeyer.
Constantinople . . Otto Keil.
Copenhague Hôst et fils.
Florence Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
I Gherbuliez.
Genève j Georg.
( Stapelmohr.
La Haye
Lausanne
Belinfante fr
( Benda.
i Payot et G'*.
/ Barth.
\ Brockhaus.
Leipzig < Kœhler.
i Lorentz.
' Twielmeyer.
) Desoer.
■^'«o« (Gnusé.
chez Messieurs:
Londres
Dulau.
. . . Hachette et G'«.
Nutt.
Luxembourg
... V. Bûck.
Ruiz et G'*.
Madrid
Romo y FusseL
••■ GapdeviUe.
F. Fé.
Milan
l Bocca frères.
■•■|HœpU.
Moscou
. . . Tastevin.
Naples
iMarghieridiGius.
••■ jpellerano.
Dyrsea et Pfeiffer.
New-York....
... . Stechert.
Lemcke et Buechner
Odessa
. . . Rousseau.
Oxford
Palerme
... Parker et G".
... Reber.
Porto
. . . Magalhaès et Moniz
Prague
... Rivnac.
Rome.
Rio-Janeiro Garnier.
Bocca frères.
Loescher et G".
Rotterdam Kramcrs et fils
Stockholm Nordiska Boghan
Zinserlin,;.
S'-Pétersbourg . . < .^y^jjf
( Bocca frères.
\ Brero.
^«'•'" Glausen.
I Rosenberg et Sellier.
Varsovie Gebethner et Wolff.
Vérone Drucker. ,
l Frick.
^'«""« JGeroldetG'*.
Zurich . . .
Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes l" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o.) Volume in-4"' ; i853. Prix
Tomes 32 à 61. - ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix . . .
Tomes 62 à 91. — ( i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix ...
Tomes 92 à 121. — (i" Janvier 1881 à 3i Décembre 1895.) Volume in-4°; 1900. Prix ..
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I. — Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. .\. DERBEset A.-J.-J.Solikr. — Mémoire sur le Calcul des Pertubations Qu'éprouvent
les Comètes, par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des
matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec Sa planches: [856 • 25 fr.
Tome II. — Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden.- Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
pour le concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les dillérents terrains
sédimenlaires, suivant l'ordre deleur superposition. -Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. - Rechercherla
nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs», par M. le Professeur Bro
25 fr.
25 fr.
25 fr.
25 fr.
, avec 7 planches ;
25 b
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N^ 24.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 15 juin 190o.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MM. Henri Moissan et Paul Lebeau. —
Action du lluor sur les composés oxygénés
de l'azote J
M. G. Rayet. — Les ombres mouvantes de
l'éclipsé totale de Soleil dii 12 mai 1706 ..
M. BiGouBDAN fait hommage à l'Académie
Pages,
d'une Broclutie sur les « Eclipses de So-
leil » 1578
I. Bertin fait hommage à l'Académie d'une
Note « Sur la position du centre de résis-
tance latérale » i5-8
CORRESPOND AIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale divers
Ouvrages de M. G. Eiffel, et de MM. Joa-
chim Barrande et Jaroslav Perner
M. M. BoTTASSO. — Sur une solution du pro-
blème de Monge relatif à l'équation
f(dx^, dx.^, .... dx,,) = o
à coefficients variables
M. Devaux-Charbonnel. — La mesure de la
capacité des longs câbles sous-marins
M. PoN.sOT. — Pouvoir thermoélectrique et
ellct Thomson
M. Pierre Weiss. — La pyrrhotine, ferro-
magnétique dans le plan magnétique et
paramagnétique perpendiculairement à ce
plan
^L G.-D. MiNRiciis. — Sur le poids atomique
véritable de l'azote
^r. Pastureau. — Sur un mode de forma-
tion d'acétol et d'acide pyruvique par
oxydation directe de l'acétone
MM. BouvAULT et R. Looquin. — Action du
sodium sur les éthers des acides monoba-
siques à fonction simple de la série grasse.
MM. Fourneau et Tiffeneau. — Sur quelques
oxydes d'éthylène aromatiques raonosub-
stitués
M. F, BoDRoux. — Actions des éthers chlo-
racétiques sur les dérivés halogénoma-
gnésiens de l'aniline
M. A. B0UCIIONNET. — Sur quelques com-
posés de l'acide azélaïque
.MM. Charles Moureu et Amand Valeur. —
Bulletin bibliographique
Errata
Sur la sparléine. Action de l'iodure de
méthyle
MM. A. Étard et E. Wallée. — Sur la
pyrolyse de la gomme laque
MM. CuHTis et P. Lemoult. — Sur l'affinité
des matières colorantes artificielles pour
le tissu conjonctif
M. Leclerc du Sablon. — Sur les réserves
hydrocarbonées des arbres à feuilles per-
sistantes
M. Pascal Claverie. — Un nouveau Bana-
nier de Madagascar
M. P. Mazë. — Sur l'oïdium lactis et la
maturation de la crème et des fromages..
M. le Général DE Lamothe. — Les anciennes
lignes de rivage du Sahel d'Alger
MM. L. DuPARc et F. Pearce. — Sur la glad-
kdite, une nouvelle roche filonienne dans
la du ni te
MM. F. Launay et E. Maillet. — Sur le
débit probable des sources dans le bassin
de la Seine pendant le second semestre
de igoD
M. N. P.ELL DAW.SON adresse une Note « Sur
les niveaux de marée et plans de référence
dans le Canada oriental »
M. Victor Fattelay adresse une Note « Sur
un essai de démonstration du phénomène
de la trempe des aciers »
M. J. GoDiN adresse un Mémoire « Sur l'em-
ploi alimentaire des nucléincs pour les
armées i>
G. 7
I M P K I M E K I E
yuai des Grands
GAUTHIKR-V
Augustias. 5o.
PREMIER SEMESTRE
COMPTES RENDUS
(HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXL.
N^ 25 (19 Juin 1905
^ PARIS,
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Graiuls-Auguslins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUS
Adopté dans i.es séances des 23 juin 1862 et 2', mai 18-75
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de L'Académie se composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Ciiaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article I"'.
— Impression des travaux
de l' Académie .
personne étrangère ne pourra pa-
que si elle
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associéétranger de l'Académie comprennent
au plus () pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une
raître dans le Compte rendu de la semai
a été remise le jour même de la séance.
l-es Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3:>. pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie ; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
Rapports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au-
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. - Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Auticlic i. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches,
ni ligures.
Dans le cas exceptionnel où des figures seraient
autorisées, l'espace occupé par ces figures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Tous les six mois, la Commission administrative
fait un Rapport sur la situation des Compies rendus
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Rèdement.
poser secrétariat au plus tard le Samedi qu, précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séancesuivante.
JUL
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 19 JUIN 1903,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDA.NTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la préparation et les propriétés du firtorure d'azotyle.
Note de MM. Henri Moissax et Paul Lebeau.
Dans une précédente CommiinicaLion nous avons démontré que
l'oxyde azotique brûlait dans une atmosphère de fluor et produisait un
composé gazeux (') condensable en un solide blanc à la température
d'ébullition de l'oxvgène. Sous l'influence d'une élévation de température,
ce solide entre en fusion et fournit un liquide incolore; ce dernier atteint
bientôt son point d'ébullition et donne un mélange gazeux partiellement
condensable à — 80°. La partie volatile, peu abondante, présente les
propriétés suivantes : ce gaz non condensable dans l'oxygène liquide à
— 182°, 5 (^) est incolore sous une faible épaisseur, possède l'odeur du
fluor, n'attaque pas le verre sec à froid, décompose l'eau en donnant de
l'oxygène ozonisé et de l'acide fliiorhydrique, enflamme le carbone et le
soufre à la température ordinaire et est entièrement absorbable à froid
par le mercure.
Ce gaz est donc du fluor pur, il provient d'une condensation du fluor
dans le composé blanc, solidifié à — 182", "i, c'est-à-dire à quelques degrés
seulement du point de liquéfaction du fluor qui est de — 187°.
(') H. MoissAN et I^. Lebrau, Action du Jluorsur les composés oxygénés de l'azote
{Comptes rendus, l. CXL, igoS, p. i.jjS).
(*) Sir James Dewaiî, Annales de Clnniie et dr Physique, 7= série, t. XXIII, 1901,
p. 417-
R., 190J, 1" Semestre. (T. CXL, ^° 25.
208
l(J22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous nvons ensiiile procédé à l'éfiule du corps li(|ui(le c )ndensé à —80".
Son analyse nous a démontré qu'il était entièrement formé de fluorure
d'iizotyle AzO-F.
Préparation du fluorure d'azotyle. — Pour obtenir le fluorure d'azoLyle
pur, nous faisons réagir l'oxyde azotique sur un excès de fluor et nous con-
densons le produit à la température de —80°. Il est nécessaire ensuite de
rectifier ce liquide une ou deux fois pour le séparer complètement du fluor
en excès qu'il retient facilement en solution. On utilise, à cet effet, le
dispositif suivant : la chambre de réaction est suivie de quatre condensa-
teurs, dans lesquels on peut distiller successivement le fluorure d'azotyle
liquide. Après une deuxième rectification, et lorsque l'on a séparé toute la
partie antérieure de l'appareil, on fait suivre le condensateur d'un tube à
ampoules et, en retirant le vase de Devv^ar, on laisse le corps liquide re-
prendre lentement l'état gazeux. Ces ampoules sont ensuite séparées par la
flamme du chalumeau et conservées à l'abri de la lumière pour déterminer
les propriétés du gaz. Il nous a été impossible d'opérer autrement, puisque
le fluorure d'azotyle, comme nous le verrons plus loin, décompose l'eau et
attaque le mercure.
Dans nos j)remières recherches, nous avons démontré que, dans l'action
de l'oxyde azotique sur le fluor en excès, du gaz azote était mis en liberté.
Ce dégagement permet de comprendre la formation du fluorure d'azotyle,
qui se produit grâce à l'élévation de température due à la combinaison
aAzO -t- F = AzO*F -h Az.
Propriétés physiques. — Le fluorure d'azotyle est un gaz incolore, d'une
odeur très irritante et qui attaque fortement les muqueuses; respiré même
en très petite quantité, il produit une irritation douloureuse et persistante.
Son point de fusion est de — iSg"; son point d'ébuUition — 63°, 5.
l^a densité de ce gaz a été déterminée sur un grand nombre d'échantillons
provenant de préparations différentes. Ce fluorin-e d'azotyle attaquant
énergiquement toutes les matières organiques qui peuvent être emplovées
comme lubréflants, nous avons dû déterminer la densité au moyen des
ampoules mêmes dans lesquelles ce gaz avait été recueilli.
Mais, pour ces déterminations, nous avons eu soin de placer, entre le
condensateur qui renfermait le fluorure d'azotyle liquide à — 80° et le tube
à ampoules, un long serpentin de verre de 1res jietit diamètre, entouré
d'une masse d'eau qui possédait la même température que l'air ambiant.
SÉANCE DU IC) JUIN ipoS. 1023
En laissanL la vaporisation du liquide se produire lentement, on ramène
ainsi le gaz à la température de la pièce dans laquelle se f;iit l'expérience.
Tjorsque tout le tube à ampoules est rempli de gaz fluorure d'azotyle, on
ferme, au moyen du chalumeau, les parties étranglées, très fines, qui sé-
parent ces différentes ampoules. Chacune d'elles est pesée, puis on l'ouvre
en coupant l'une tie ses extrémités dans de l'eau contenue dans une capsule
de platine. Le gaz est décomposé et l'ampoule se remplit d'eau. Elle est
vidée, puis lavée à l'eau distillée ainsi que le fragment de verre qui en a
été détaché. On prend le poids total du verre. Le volume de l'ampoule est
déterminé en la pesant pleine de merciu-e. Il est facile enfin d'en déduire
la densité du gaz.
Nous avons obtenu les résultats suivants :
Première série de déterminations Df,z=2,i^ — a, 21 — ■i,2!\
Deuxième » Do:=2,3i — 3,24 — 2,29
Troisième » Dj— 2,25 — 2,20
Oiialrième ■ Do=:2,f7 — '.,22
La densité théorique du fluorure d'élhvle étant de ■î.aC), nos détermi-
nations sont très voisines de ce chiffre.
Propriétés chimiques. — Le fluorure d'azotyle est un gaz qui possède une
grande activité chimique et qui réagit sur la plupart des corps simples :
métalloïdes et métaux. Cependant il ne se combine pas à froid à l'hy-
drogène.
D'après sa préparation, ce corps n'a pas d'action sur le fluor; il ne réagit
pas sur le chlore, mais l'iode sec, })lacé dans un tube de verre, traversé
par un courant de gaz fluorure d'azotyle, entre de suite en réaction eu
produisant d'abondantes fumées denses de pentafluorure d'iode. En même
temps il se produit un enduit blanc autour de ohaqne cristal d'iode et le
verre est attaqué.
Avec le soufre, il n'y a pas de réaction à froid, ni même à la température
de fusion de ce métalloïde. Il en est de môme avec le sélénium. La vapeur
de soufre décompose le fluorure d'azotyle, mais à une température où le
tube de verre est fortement corrodé et dans des conditions où la réaction
devient très complexe.
L'azote est sans action sur le fluorure d ;izotyle, mais le phosphore rouge,
l'arsenic et l'antimoine décomposent cr gaz dès la température ordinaire
et produisent bientôt une vive incandescence.
16^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le fluorure d'azotyle attaque le bore à la température ordinaire avec iiti
grand dégagement de lumière et de chaleur; il se produit du fluorure de
bore, de l'azote et de l'anhydride borique.
Le silicium cristallisé brûle aussi dans le fluorure d'azotyle, mais la
réaction n'est que superficielle; elle s'arrête bientôt et est moins vive
qu'avec le gaz fluor. Le carbone amorphe, pulvérulent et bien sec, ne
réagit ni à froid, ni au rouge sombre sur ce gaz.
Le fluorure d'azotyle est décomposé par les métaux alcalins et alcalino-
terreux, tantôt à froid, tantôt sous l'iufluence d'une faible élévation de
température. Le thorium cristallisé est attaqué par ce g.iz à la tempéra-
ture ordinaire et brûle avec un vif éclat. L'aluminium en poudre n'est pas
attaqué à froid. Le fer réduit, légèrement chauffé, le décompose égale-
ment. Par agitation avec du mercure, ce gaz est complètement absorbé.
Le fluorure d'azotyle réagit sur un très grand nombre de composés et
se comporte, tout à la fois, comme un oxydant et un fluorurant. Il déplace
l'iode et le brome des iodures et des bromures à froid; il n'agit pas, qu'il
soit gazeux ou liquide, sur l'oxyde rouge de mercure; il attaque le verre
légèrement chauffé ou à froid, à la longue, en donnant un mélange de
vapeurs nitreuses et de gaz oxygène. Il se fixe alors sur le verre sans le
dépolir sensiblement en produisant un léger phénomène d'irisation et ce
n'est qu'après un lavage à l'eau que l'on s'aperçoit que la surface a été
attaquée.
Parmi ces décompositions, l'action sur l'eau a été étudiée quantitative-
ment et qualitativement. L'eau absorbe complètement ce gaz en produisant
de l'acide azotique et de l'acide fluorhydrique. ^Nous avons pris un poids
déterminé de fluorure d'azotyle dans une ampoule et, après décomposi-
tion, nous avons titré l'acidité au moyen d'une liqueur de soude. Cette
acidité, calculée en acide sulfurique, a été trouvée dans une première
expérience égale à 0^,149; théoriquement, elle devait être de 0^,148.
Dans une seconde expérience, nous avons trouvé o8,i5or; Lt théorie
indiquait 0^,1 53. Ce qui nous permet de représenter cette réaction par
l'égalité
AzO-F-h H='0 = AzOHl + HF.
Ce gaz réagit aussi sur un grand nombre décomposés organiques. L'al-
cool l'absorbe avec un grand liégagemeat de chaleur, en fournissant bien-
tôt l'oilt'ur du nitrate d'étbyle. L'éther réagit aussi très énergiquement. Le
SÉANCE DU 19 JUIN IQoS. I^^^S
benzène l'absorbe de môme en fournissant du nitrobenzène et un produit
volatil agissant violemment sur les yeux. L'essence de térébenthine est atta-
quée aussi rapidement par le fluorure d'azotyle. Il en est de même pour le
chloroforme et le tétrachlorure de carbone. Dans ces réactions, le fluorure
d'azotyle agit par le fluor et par le groupement AzO".
Analyse. — Pour établir la composition de ce nouveau gaz, nous avons
utilisé la réaction qu'il nous fournit avec l'eau. A cet effet, le gaz contenu
dans plusieurs ampoules, et dont on avait au préalable déterminé le poids,
était absorbé par de l'eau distillée placée dans une capsule de platine. La
liqueur acide était ensuite alcalinisée par une solution de carbonate de
sodium et introduite dans une fiole jaugée pour l'amener à un volume
connu. Cette solution alcaline renfermait tout l'azote à l'élat d'azotate et le
fluor à l'état de fluorure de sodium.
Le fluor a été dosé sous forme de fluorure de calcium. A cet effet, la
liqueur a été additionnée de chlorure de calcium et le mélange de fluorure
et de carbonate a été, après calcination, traité par l'acide acétique. Après
évaporation à siccité et lavage à l'eau, on a recueilli et pesé le fluorure de
calcium.
Pour le dosage de l'azote, nous avons eu recours à la transformation de
l'azote nitrique en oxyde azotique par l'action des sels ferreux; le gaz était
recueilli et mesuré sur le mercure. Nous avons obtenu les résultats sui-
vants :
TliL-orie
1. 2. pour AzO-Iv
Fluor 28,01 29,06 ■'■9.2'l
Azole .. 20, oO 20, y I 2i,j3
Pour vérifier ces analyses, qui ne sont que les dernières de toute une
série, nous avons songé à décomposer nu volume connu de fluorure d'azo-
tyle par du fer réduit, légèrement chauOe.
L'expérience a été disposée de la façon suivante : une ampoule à pointe
effilée, pleine de gaz fluorure d'azotyle, est engagée par l'une de ses extré-
mités dans un tube de verre rempli de fer réduit par l'hydrogène, bien pur.
Ce tube, qui est d'un diamètre un peu supérieure l'extrémité de l'ampoule,
est relié à une trompe à mercure par un tube de verre à robinet. Autour
de la pointe de l'ampoule qui pénètre dans ce dernier tube a été enroulé
un petit fil de platine dans lequel on pourra faire passer un courant élec-
trique. L'ampoule de verre, pesée au préalable, est réunie au tube qui ren-
1626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ferme le fer réduit par un masticage à la gomme laque. On commence par
faire le vide sur le fer réduit, p-uis on chauffe ce métal vers 4oo°- On fait
alors passer le courant électrique dans le tube de platine, de façon à
échauffer rapidement la pointe effilée du tube, qui est remplie de fluorure
d'azotyle.
Cette pointe, ramollie par la chaleur, s'ouvre et laisse, sons l'action du
vide, échapper le gaz de l'ampoule, qui vient aussitôt se décomposer au
contact du fer. On arrête le courant électrique dès que le soufflage du
verre est produit. On ouvre le robinet et l'on recueille lentement le gaz k
la trompe, tout en continuant à chauffer le tube qui contient le fer. Ce gaz
est de l'azote.
L'ampoule renfermait 28 ""',4 de fluorure d'azotvle. I.e volume du gaz
azote recueilli était de i3""',8. Théoriquement, nous aurions dû re-
cueillir i4""',2.
Ces deux chiffres sont assez voisins pour vérifier la formule AzO-F.
Cette détermination vient donc corroborer les analyses précédentes.
Conclusions. — En résumé, nous avons démontré, dans ces recherches,
que le fluor ne réagissait pas à la température ordinaire sur l'oxyde azoteux
et le peroxyde d'azote et qu'il donnait avec l'oxyde azotique un nouveau
composé gazeux, le fluorure d'azolyle AzO'F.
Ce gaz de densité 2,24, dont le point de fusion est de — i3g" et le point
d'ébidlition —63°, 5, possède une grande activité chimique. Bien qu'il ne
se combine pas à froid à l'hydrogène, au soufre et au carbone, il réagit à la
température ordinaire sur le bore, le silicium, le phosphore, l'arsenic, l'an-
timoine et l'iode. Il décompose l'eau froide avec production d'acide fluor-
hydrique et (l'acide azotique, il réagit sur un grand nombre de composés
organiques el, dans toutes ces réactions, il intervient tout à la fois par son
fluor et par le grou|)ement AzO".
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur des ihuYones alcoylées et des eonibinaisons de la
ihuyone avec des aldéhydes aromaliques . Note de M. A. IIallek.
Comme la méthylhexanone, le camphre, la menthone, etc., la thuyone
• /CO
contient un complexe ( 1 dans lequel le croupe Cil- se prèle à des
\CH^ 1.1
substitutions, analogues à celles que nous avons obteiuies avec la men-
SÉANCE DU 19 JUIN igoS. 1627
thone et la méthylhexanone ('), et aussi à des condensations avec les
aldéhydes aromatiques.
M. Semmler (-) a, en effet, montré qu'en traitant la lliuyone ou lana-
cétone par de l'élhylatc de sodium et de l'aldéhyde benzoiïjue, on obtient
/CO
un composé liquide C'H'\ 1 qui se trouve être un isomère
du benzylidènecamphre préparé autrefois par nous.
Nous avons reproduit ce com[)osé et préparé des dérivés analogues avec
d'autres aldéhydes aromatiques, dans le but de nous rendre compte de
l'influence qu'exerce sur le pouvoir rotaloire de la molécule thuyone la
présence d'un chaînon aromatique fixé sur le noyau par une double
liaison.
La thuvone qui a servi à nos préparations distillait à SV'sous i3'"'", avait
pour densité D!/ = 0,9206 et comme poiivoir rotatoire [x],, = 4- 74" '^o'.
Comme nous avons efiectué nos condensations par l'intermédiaire
d'amidure de sodium, au lieu d'éthylate, nous nous sommes d'abord assuré
si cet amidure n'exerçait aucune autre action que l'action substituante sur
la thuyone. Dans ce but, nous avons chauffé une solution éthérce de la
cétone cyclique avec de l'amidure pulvérisé et avons régénéré la thuyone
de sa combinaison sodée au moyen de l'eau. Après dessiccation, la cétone
régénérée s'est montrée, comme point d'ébuUition, identique au produit
primitif, mais n'avait plus que le pouvoir rotatoire [^-Ji, = 4- 45" ^7'.
/CHR
Préparation des alcoyllhuyones CNl' ^ 1 . — On dissout la ihuyone
dans deux fois son volume d'élher anhydre, on y ajoute la quantité théo-
rique d'amidure de sodium bien pulvérisé et l'on chaufl'e au bain-marie
dans un appareil à reflux. Quand la presque totalité de l'amidure a tlisparu,
on introduit peu à peu l'iodiire alcoolique et l'on continue à chauffer
jusqu'à complète réaction. Après refroidissement, on agite avec de l'eau,
on dessèche la liqueur éthèrée surnageante, on sépare l'éther par distilla-
tion, et le liquide résiduaire est fractionné dans le vide.
IjCs produits obtenus sont en général des liquides mobiles, dont l'odeur
rappelle vaguement celle de la thuyone et qui, tous, donnent très facile-
ment des seiui-carbazones.
(') A. Haller, Comptes rendus, l. CXXXVIII, p. iSg; t. CXI., p.
(') Semmleu, Ber. deut. cliem. Ges., l. XXXVI, p, 436;.
1628 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/CHCH'
La méthyllluiyonc (.'H"(' 1, bout à 90° sous lô™""; elle fournit
une semi-carbazone qui cristallise très confusément dans l'alcool en don-
nant des croûtes blanches, fondant d'abord à 16/1", pour se solidifier
ensuite, et refondre à i83°-i84°.
Indépendamment de ce produit monosubstitué, on obtient une certaine
quantité de liquide bouillant à une température plus élevée et qui est sans
doute constitué par de la diméthylthuvone.
Véthyllhuyone C*H'''(' 1 distille à 93°-f)G" sous i3""°. Sa semi-
carbazone cristallise en petites aiguilles réunies autour d'un centre commun,
peu solublesdans un mélange d'éther et d'éther de pétrole et qui possèdent
aussi deux points de fusion. Le premierest situé à i3i° et le second à 171°.
/CHCH'
La propylthuyone C*H' '\ i_ bout à 107"-! 10" sous 16""". La semi-
carbazone cristallise en petites aiguilles groupées comme celles de l'homo-
logue inférieur et fondant à i64''-i66°.
ISallyllhuyone Ç}W"(\_ passe entre io8°-iio° sous ij"". La
semi-carbazone se présente sous la forme d'aiguilles mamelonnées qui
fondent à i3o"-i3i°, pour se solidifier immédiatement après, et refondre
à i5o"-i5i".
Comme la thuyone elle-même, tous ses homologues dévient la lumière
polarisée à gauche.
a pour / = 5o""»
Alcoyllliuyones. Densité J'. et « = i5°. [a]u-
Mélh) Itliuyone 0,9102 — 7-24 — 16. 16
Éthyllliuyone 0,91.55 —22. 9 —48.23
Propylthuyone 0,9102 — 22. 2 — 48.28
Allyliluiyone 0,92.54 — 20. 3o — 5o.47
Étant donnée l'action qu'exerce l'amidure de sodium seul sur la rotation
de la thuyone, on ne peut guère tirer de conclusions des nombres expri-
mant le pouvoir rolatoire des dérivés alcoylés de cette cétone. Ces nombres
varient, d'ailleurs, d'une préparation à une autre de ces dérivés. C'est
ainsi que deux préparations différentes de la mélhvllhuyone nous ont
donné : la première, un produit de rotation [a],, = — i4"5i', et la seconde,
un liquide de pouvoir rotaloire [5'-]d= — 16" 16'.
Nous nous proposons de revenir sur ces composés.
SÉANCE Dl' 19 JUIN tpoS. 1629
Condensation de l\ thuyone sodée avec des aldéhydes aromatiques.
/C^CHCH*
— Bcnzylidcnethuyone C*\VK^ . — Ainsi que nous lavons
indiqué, ce composé a été obtenu par M. Semmler (/oc. cil.) en condensant
de la Ihuyone avec de l'aldéhyde benzoïque en présence d'éthylale de
sodium.
Nous avons reproduit ce dérivé en ajoutant l'aldéhyde aromatique à de
la thuyone sodée au préalable par de l'amidure. Le produit de la réaction
a été traité par l'eau, et le liquide élhéré surnageant, après avoir été séché,
fut distillé et rectifié. On obtient un liquide jaunâtre et visqueux bouillant
à i76°-i78° sous 12""" (178» sous 9"", Semmler), et présentant la compo-
sition du produit décrit par le savant allemand.
/C = CHC'H''OCH^
Anisylidênethuyone C*H''*(^i . - Préparé comme la
benzvlidène thuyone, ce dérivé se présente sous la forme de petites
aiguilles blanches qui, après plusieurs cristallisations dans l'alcool, fondent
à 85°. Il bout à 223°-224° sous i^""-
/C = CHC«H^O-CH-
Pipéronytidènelhuyone C*H'\ 1 . — Par condensa-
tion du pipéronal avec la thuyone sodée, on obtient la pipéronylidène-
thuyone qui cristallise en petites écailles blanches jaunissant à la lumière
et fondant à i ilf.
Pouvoirs rotatoires. — En solution dans l'alcool absolu, à i j", pour une
longueur de 100™", ces dérivés ont accusé les pouvoirs rotatoires suivants :
Poids
de la
substance
dans 20"»'. a. [«Iri.
Benzylidènethuyone 0,5901 — '7,26 — 090,8
Anisylidênethuyone 0,5780 — 23,58 —829,3
Pipéronylidènelhuyone o,4723 — 18, o4 — 763,0
Les nombres qui précèdent montrent une fois de jjIus combien le pouvoir
rotatoire de certaines molécules cycliques peut être exalté par la fixation,
au moyen d'une double liaison sur le noyau actif, de radicaux aldéhydiques
aromatiques. Comme pour les dérivés analogues et isomères du camphre ('),
(■) A. Haller et P. -Th. Mili.f.r, Comptes rendus, t. CXXVIII, p. iSyo.
C. R., igoS, 1" Semestre. (T. C\L, N" 25.) 209
l6'3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous remnrqnons qu'a concentration à peu près éjjale le pouvoir rotatoire
spécifiqiK! [x][, (le ces molécules va en augmentant de la benzylidéne-
thuyone à la pipéronylidènelhuyone pour arrivera 829", 3 avec l'anisyli-
dènethuyone.
La température élevée à laquelle distillent tous ces composés et la faci-
lité relative avec ia<|uelle la thuyone peut être transposée en son isomère
l'isotliuvone, nous a fait crain Ire que, dans les conditions où nous avons
opéré, notre cétone n'ait subi celte transformation isomérique et que nos
produits ne soient des dérivés de l'isotliuvone :
CïP cw CH' en»
\/ \/
GH CTI
G GII
CuYl\c = GH - H y\^^ = CH — R
/ CH3G/
Gn'-^/'co %/^'^
CH G
GH' CH3
Dérivés de la thuyone. Dérivés de l'isolhuyone.
Nous avons donc préparé de l'isothuyone dans le but d'obtenir de la
pipéronylidèneisothuyone et delà comparer avec la pipéronylidènethuyone,
son isomère. Wallach(') prépare l'isolhuyone en faisant bouillir pendant
8 à 10 heures au réfrigérant ascendant 23^ de thuyone avec ^5™' d'acjde
sulfurique dilué (r°' SO''H= + 2™'H=0), recueillant le produit et le recti-
fiant.
Nous avons trouvé plus simple d'introduire la thuyone dans de l'acide
sulfurique concentré, refroidi à 0°, de verser ensuite le produit sur de la
glace, de recueillir l'huile et de l'entraîner par un courant de vapeur d'eau.
Les rendements en isothuyone sont supérieurs à ceux obtenus par le pro-
cédé de Wallach, la ihuyone étant presque intégralement transformée en
son isomère. A la rectification, il ne reste en effet qu'un faible résidu qui
charbonne, en dégageant de l'acide sulfureux, quand on élève la tempéra-
ture.
L'isothuyone obtenue dans ces conditions est un liquide jaunâtre, bouil-
hint à 2 29*'-23i'' à la pression ordinaire et qui possède par conséquent le
(') VVai-lagh, Ann. Cheni., t. CGL.VXXVI, p. loi, et t. CGCXXHI, p. 333.
SÉANCE DU 19 JUIN igoS. l63l
même point (rébiillitlon (23o°-23i") que lui assigne Wallach. Le produit
préparé par nous availle pouvoir rolatoire [»'-]i,= + 4" 32', déviation pro-
bablement due à la présence de petites quantités de tbuyone non trans-
formée en son isomère.
PipéronylûiéneisolhiiyoneCU"''^ 1 . — Ce corps a
été préparé comme son isomère. De l'isothuyone, étendue de deux fois son
volume d'éther sec, a été traitée par la quantité théorique d'amulure de
sodium, puis, après le dégagement de l'ammoniaque, le dérivé sodé fut
additionné d'une solution élhérée d'aldéhyde pipéronyliquc. Ou chauffe
légèrement et l'on abandonne le mélange à lui-même jusqu'au lendemain.
Après un traitement approprié, on ol)tient un corps manifestement jaune,
assez peu soluble dans l'alcool froid, mais soluble dans l'alcool bouillant
d'où il cristallise en aiguilles aplaties, très légères, d'un jaune foncé et
fondant à i3i"-i32<'.
Ce composé diffère donc notablement de son isomère par son point de
fusion, ainsi que par sa couleur, qu'U doit, sans aucun doute, à sa fonction
cétonique et aux deux doubles liaisons que renferme le noyau de la
cétone.
11 est du reste complètement inactif, ce qui justifie l'opinion que nous
avons émise plus haut, que la rotation de l'isothuyone est due à son mélange
avec un peu de thuyone active.
M. Bertiielot fait hommage- à l'Académie d'un Ouvrage qu'd vient le
publier sous le litre de Science cl libre pensée.
M. Bertin fait hommage à l'Académie d'une Note intitulée De l'expé-
rience de iracliun trannersa/e appliqucc à Cctude de la lésaUime de Veau .i
la marche des JloUeurs.
iG32
ACADEMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDAIVCE .
ASTROXOMIE. - Observations '!e la comète Ga'obiiii (190) a) J ailes au.
grand équuturial de l' Obsetvaloire de Bordeaux. NoLe de M. Ernest
ESCI.AXGOS.
Dates.
1905.
Mai 2.
9-
Obsenritions de la comète Giacobini (igoSa).
Temp.'i sidéral
de
Étoiles. Bordeaux. Aa. A'i".
I I .40. 0,78
13.27.33,16
-T-2.2I ,4l
+ 1. 9,53
+6. 6,6
+3.59,0
Nombre
de
comparaisons.
24 : 6
20 : 5
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1905,0.
Ascension
droite
moyenne.
Réduction
jour.
Distance
polaire
moyenne.
a. B.B. VI, +46% n" U40 8.42.10,34 +0,18 43.4i.i3,5
b. A.G. Bonn, 11° 71G0 9.25.44)4^ +0,24 4i-i4-55,2
Dates.
l'JOS.
Distance
polaire
Positions apparentes de la comète.
Temps mojcn Ascension
de droite Log. fact.
Bordeaux. apparente. parallaxe. apparente.
Mai 2 8.59°.'36'58 8'.44"3i',93 +1,622 43°47'. iS's
9 10.19.19,98 9.26.54,20 +T,744 4t-i8-5i,i
Log. fact.
parallaxe.
— 0,064
— o, 245
La coruèle, déjà très faible le 2 mai, est parvenue le 9 à l'evlrême limite de visibi-
lilé à cause de la présence de la Lune; d'ailleurs le ciel était, ce jour-là, médiocre.
MAGNÉTISME. — De l'influence de la concenlralion sur les propriétés magné-
tiques des solutions de cobalt. Noie de M. P. Vaillant, présentée par
M. J. VioUe.
La nu'lhode de mesure employée dans les expériences que j'ai l'honneur
de sounitllre à l'Académie esl la méthoile de loi-sion de Becquerel.
SÉANCE DU ig JUIN igoS. if^S3
Un parallélépipède de verre, Immergé dans la solution, est suspendu entre les deux
pôles d'un électro par deux fils d'argent parallèles de o"",04 de diamètre et distants
de 1°"" environ. Le parallélipipède étant amené dans une position déterminée, on excite
l'électro et, en tordant le bifilaire, on ramène le système oscillant dans sa position pre-
mière. Le sinus de l'angle de torsion, multiplié par l'excès du poids du système sus-
pendu sur le poids de liqnide déplacé, est proportionnel au couple magnétique appli-
qué au parallélipipède.
L'angle de torsion e=t lu à la minute sur le limbe d'un goniomètre Babinet au centre
duquel est suspendu le bifilaire.
Le système oscillant entraîne un petit miroir qui donne, sur une échelle transparente
placée à 2™, une image nette du filament d'une lampe à incandescence. Dans chaque
expérience, on ramène par torsion le spot sur une même division de l'échelle.
Pour éviter les déplacements de zéro dus aux différences de poussée hydrostatique,
le parallélépipède a été rendu mobile autour de deux axes horizontaux rectangulaires.
Le courant circulant dans l'électro est de 3 ampères, au lieu de 26 que supporte nor-
malement l'enroulement. On évite ainsi réchauffement du liquide pendant l'expé-
rience et on réalise un courant plus constant tout en conservant à la mesure une sensi-
bilité suffisante. Le courant peut ètie facilement défini à ^fj; ampère près et maintenu
constant à ce degré d'approximation.
La suspension bifilaire comporte une sensibilité d'autant moindre que la solution
étudiée est plus étendue. En outre, elle complique les calculs. Mais elle m'a donné des
résultats beaucoup plus concordants que la suspension unifilaire.
Résultats. — Soit A le coefficient d'aimantation d'une solution qui contient par
litre N équivalents d'eau et n de sel. On peut écrire, en désignant par k' et K des coef-
ficients caractéristiques de l'eau et du sel,
(i) A = K'N-hK«.
D'autre pa'rt, si les molécules dissociée et non dissociée ont, au point de vue magné-
tique, des propriétés différentes, on doit avoir
(2) K = cS-i-c'(i-S),
c et c' étant des coefficients caractéristiques des molécules dissociée et non dissociée,
et 3 le degré de dissociation de la dissolution.
Dans le Tableau qui suit, les K sont rapportés à la température de 16", température
moyenne des expériences. Ils sont d'ailleurs exprimés en unités arbitraires. Pour
ramener les K directement mesurés à leur valeur à 16°, on s'est servi des coefficients
de variation avec la température donnés par Quincke. Les c et les c' ont été calulés,
pour chaque sel, par comparaison de chaque solution à la suivante.
o,3oio
0,649
i4io
»
»
o,6i33
o,58i
'397
1477
1286
i,/i236
0,479
i366
i524
1220
2,9489
0,335
i326
i5ii
1233
l634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Co(.
AzO')^
o,3234
0,6468
1,2936
2,5872
o,654
0,589
0,495
o,365
.394
1378
i35i
i3i6
•479
,496
.487
1233
1209
CoSO'.
o,38i3
0,346
i338
.471
.268
0,7626
1,5302
0,287
0,218
l334
i3oo
1572
i533
1224
1239
3,o5o4
0,145
1279
»
»
On voit, d'après ces quelques chiffres, que :
K varie peu avec la concenlralion et la nature du radical acide ( résultats
(le M. Quincke);
Pour chacun des sels étudiés, conliairement à ce que M. Meslin a observé
pour les sels de cuivre, K diminue lorsque la concentration augmente.
La variation de K. semble bien due à l'ionisation, au moins en ce qui
concerne le nitrate de Co; pour le chlorure et le sulfate, les valeurs de c
et de c' sont assez discordantes. La cause en est peut-être dans l'existence
simultanée dans la solution de plusieurs hydrates, en proportion variable
avec la concentration et de propriétés magnétiques différentes. J'ai déjà
eu l'occasion de constater ('), en comparant les solutions de nitrate et de
chlorure de cobalt au point de vue coloration, que les changements de cou-
leur de ces dernières ne pouvaient s'expliquer uniquement [)ar l'ionisation.
Ce qui paraît justifier cette explication c'est qu'aux faibles concentrations,
où l'état d'hydratation reste vraisemblablement stationnaire, les valeurs
de c sont sensiblement les mêmes pour les trois sels.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur nu sulfate ferrique basique.
Note de M. A. Recocra.
Au cours de recherches sur le sulfate ferrique, j'ai eu l'occasion d'isoler
un sulfate basique dont la composition est intéressante en ce qu'elle donne
des indications sur la constitution des sels ferriques hydratés. Ce sel ba-
(') Annales de Chimie et de l'Iiysitjue, IV
SÉANCE DU 19 JUIN igoS. l635
sique joue, en outre, comme je le ferai voir, un rôle important dans les
phénomènes qui se passent dans les solutions de sulfate ferrique, quand on
les évapore, dans le but d'isoler le sulfate ferrique hydraté.
Préparation du sulfate basique. — On fait une dissolution concentrée
de sulfate ferrique en mettant en contact du sulfate anhydre pur avec
son poids d'eau; au bout de 24 heures environ le sulfate est complète-
ment dissous et l'on obtient une solution brun foncé. Cette solution,
quoique très concentrée, est partiellement hydrolysée et renferme de
l'acide libre. Dans le but de séparer l'acide libre, on verse sur la liqueur
4 ou 5 fois son volume d'acétone, on agite quelques instants et l'on aban-
donne le tout dans un flacon bouché. Les deux liquitles ne se mêlent pas
et forment deux couches séparées. Au contact de la solution de sulfate
l'acétone s'empare peu à peu de l'eau et de l'acide sulfurique libre, et l'on
constate en effet que, d'une part, le volume de la solution aqueuse va en
diminuant, et que, d'autre part, l'acétone, qui reste incolore, s'enrichit
progressivement en acide sulfurique. Au bout de 2 jours de contact envi-
ron, la solution aqueuse commence à se solidifier, en se transformant
en une matière solide, blanc jaunâtre, qui en quelques heures se bour-
soufle et prend l'aspect d'une éponge, occupant un volume très supé-
rieur à celui de la dissolution primitive.
La transformation est alors terminée. On essore le mélange à la trompe,
afin de séparer l'acétone de la matière solide. On constate que l'acétone
n'a point dissous de sel ferrique, mais unitjuement de l'acide sulfurique. La
matière solide, qui est pulvérulente, est lavée plusieurs fois avec de l'acé-
tone et abandonnée à l'air.
Composition. — On obtient ainsi une poudre blanc jaunâtre, très soluble dans l'eau,
qui est un sultale basique de composition bien définie. En faisant varier les conditions
de la préparation, j'ai toujours trouvé la même composition, soit
Fe'O' I™"' SO' 0.n-"l,.jy
ce qui correspond exactement à la formule
6[Fe20', 3SO»], Fe-0».
Ce sulfate basique est hydraté et la composition de l'hydrate coiidnit à des conclu-
sions intéressantes. Il n'est pas possible de déterminer exactement la richesse en eau
de l'hydrate à l'air libre, parce que sa composition varie légèrement avec l'état hvgro-
métrique de l'air. Mais, si l'on étudie sa composition à i'étuve ou dans l'exsiccaleur, on
arrive à des résultats très nets.
Si on le chaufTe à l'étuvc à des températures régulièrement croissantes, on constate
l636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que, jusque vers 120°, il perd de l'eau assez facilement; mais, au delà de 120°, la perle
d'eau devient beaucoup plus lente et beaucoup plus difticile. Il était donc indiqué de
déterminer sa composition à 120".
Maintenue à l'étuve à 120° jusqu'à poids absolument constant, sa composition est la
suivante :
Trouvé. Calculé.
Fe'O' ■ i I
SO' 2,564 2-57
H^O 2,56 2,5;
La conclusion qui s'impose immédiatement est que, dans ce composé, ïPO est
vraisemblablement uni à SO', c'est-à-dire que dans ce sel l'acide existe à l'état
rfeSO'H' tout formé.
Sa composition brute est donc exprimée par :
Fe2 0^(2.57)SO'•H^
ou en multipliant par 7 :
6[Fe^O',3SO''H2],Fe-^0\
Ceci est confirmé par l'élude de la composition de l'hjdrale à l'air sec. Conservé
dans un exsiccateur, il perd de l'eau d'abord assez rapidement, puis avec une extrême
lenteur. Au bout de 6 mois il a atteint un poids constant. Sa composition est alors :
Trouvé. Calculé.
Fe^O' I I
SO» 2,5G 2,57
H^O 5,57 5,57
ce qui conduit à la même conclusion relativement à l'existence de SO*H^ dans le com-
posé. Sa foimule brute est 7Fe-0', iSSO'iSgH'O i[u'on peut interpréter vraisembla-
blement ainsi :
6[Fe^(OH)S3SO'H^],Fe2(OH)«.
Ainsi donc la composition de ce sulfate basique apporte une confirma-
tion aux idées émises par M. Wyrouboff {Bull. Soc. chim., 3^ série,
t. XXVII, p. 666) sur la constitution ties sels des .sesquioxydes. Pour
M. Wyrouboff, dans un sel normal, l'hydrate R-(OH)° et l'acide existent
intégralement; l'intégrité des deux molécules est respectée et les deux
parties constituantes conservent toutes leurs réactions, mais si l'intégrité est
atteinte, si les hydroxyles deviennent matières à échanges, et si la combi-
naison se forme avec élimination d'une ou jjjusieiu's molécules" d'eau, on a,
non plus des sels, mais des composés complexes dans lesquels les carac-
tères propres de l'oxyde et de l'acide sont partiellement ou totalement
dissimulés.
SÉANCE DU 19 JUIN igoS. 1637
Il eût été intéressant de pouvoir vérifier ce dernier point sur les deux
hydrates du sulfate basique que j'ai décrits. Malheureusement, contraire-
ment à ce qui a lieu pour les composés complexes du chrome, qui conservent,
au moins pendant quelque temps, en dissolution leur existence, ceux du fer
sont immédiatement détruits par la dissolution.
Je montrerai prochainement que ce sulfate ferrique basique est intéres-
sant à un autre point de vue et qu'il joue un rôle dans la formation du sulfate
ferrique neutre hydraté solide, lorsque celui-ci prend naissance dans l'éva-
poration de sa dissolution.
CHIMIE MINÉRALE. — Propriétés chimiques du chlorure anhydre de néodyme.
Note de M. Camille Matignon.
J'ai étudié précédemment un certain nombre de propriétés physiques du
chlorure de néodyme ('); la présente Note est consacrée à l'exposé de
quelques-unes de ses propriétés chimiques.
Hydrogène. — Le chlorure anhydre chauffé dans l'hydrogène sec, depuis sa tempé-
rature de fusion jusque vers 1000°, reste complètement inaltéré; il n'y a pas trace de
sous-chlorure.
Cette propriété, qu'il partage d'ailleurs avec le chlorure de praséodyme, les dis-
tingue tous deux, du chlorure de samarium, lequel, dans les mêmes conditions, donne
lentement un sous-chlorure de samarium SmCl- (*).
Dès maintenant, j'appelle l'attention sur cette différence de propriété, différence im-
portante qui peut être utiliséepour la séparation du samarium, comme je le montrerai
par la suite.
Oxygène. — L'air sec conduit lentement sur le chlorure fondu le transforme peu
à peu en oxychlorure cristallisé NdOCI. On peut suivre la réaction, grâce à la diffé-
rence de teinte présentée par le chlorure fondu et l'oxychlorure; le premie.r est brun,
presque noir, tandis que l'oxychlorure est clair; ce dernier est en outre infusible
à 1000°.
25,3836 de chlorure, après une expérience prolongée pendant huit heures, ont subi
une diminution de poids de ob, 5253, correspondant exactement à la réaction
NdCF-HO = NdOa-t-CP.
Trouvé. Calculé.
Poids d'oxychlorure rapporté au poiils
de chlorure 77)96 78,00
(') Comptes rendus, t. GXXXIII, 1901, p. 289; t. CXL, iqoS, p. 1339.
(^) C. Matignon et E. Gazes, Bulletin de la Société philoniathique, g'-' série, t. \'I,
1904, p. 269.
C. R., igoS, 1" Semestre. (T. CXL, N° 25.) 2IO
l638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1^'oxychloriire se présente au fond de la nacelle en petites lamelles très brillantes
de teinte mauve, la plus grande partie de la matière s'est accumulée sur les bords en
donnant une niasse très dure formée par un agrégat des mêmes cristaux. Examinés
au microscope, les cristaux les mieux formés ressemblent beaucoup à la fluorine, ils
n'ont pas d'action sensible sur la lumière polarisée et sont très probablement cubiques.
L'arrêt très net de la réaction au terme oxychlorure montre qu'au-dessous de looo"
il est impossible, dans ces conditions, de passer à l'oxyde.
Eau. — L'eau conduit au même résultat que l'oxygène. Le chlorure est d'abord
fondu dans un courant d'hydrogène sec, puis l'hydrogène est ensuite chargé de vapeur
d'eau; il y a peu à peu départ de gaz chlorhydrique et transformation en oxyclilorure
qui se présente exactement avec le même aspect que précédemment. 3k,oi3o après
3 heures de réaction ont donné 25,355o d'oxychlorure,
NdCl»+ H=0 = iVdOCl + 2HCI,
Trouvé. Calculé.
Poids d'oxychlorure 78,16 78,00
Chlore. — Le chlore liquide est sans action sur le chlorure de néodyme. Ce dernier
corps, maintenu pendant 3 ans au contact de l'élément liquide sec et soumis pendant
ce temps aux variations de température extérieure, n'a pas laissé apparaître le moindre
cristal sur les parois du tube. Il n'y a ni action chimique, ni dissolution sensible.
Hl. — Le gaz iodhydrique sec transforme lentement le chlorure en induré.
La réaction est très délicate à conduire : il faut chauller assez fort pour que la substi-
tution se produise et éviter d'autre part la fusion du mélange, sinon la réaction, ne se
produisant plus que par la surface, devient extrêmement lente et pratiquement impos-
sible à achever.
NdCl'-H 3HI =r NdP-H 3IIC1.
Dans une première expérience, 08,6778 de chlorure ont donné is, ^047 d'iodure;
dans une deuxième, O", 9853 ont fourni 2S,o58'i d'iodure.
I. II. Calcule.
Poids d'iodure rapporté au poids de chlorure. . . 207,25 208,91 209,60
L'ioduré fondu est un produit noir qui se solidifie en gat-dant sa couleur foncée;
au-dessous de sa température de fasiott, il existe une température pour laquelle la
substance devient subitement claire. Ce changement de teinte correspond évidemment
à une transformation allotropique, transformation qui se produit en sens inverse par
échauffement.
IIBr. — Ce gaz se comporte comme son analogue l'acide iodhydrique, il change le
chlorure en bromure.
Le bromure de néodyme, comme le chlorure, présente à chaud une coloration
foncée qui faiblit peu à peu par refroidissement, pour donner à la température ordi-
naire un corps qui rappelle tout à fait le chlorure, tant par sa teinte que par sa forme
cristalline.
SÉANCE DU 19 JUIN igoS. lÔSg
08,9843 de chlorure ont donné, après l'action du gaz bromhydrique. une substance
pesant is, 41^2 :
Ndœ+ 3HBr = NdBr'+ 3HC1.
Trouvé. Calculé.
Poids de bromure rapporté au chlorure i5i,7 i53,20
AzH^. — L'ammoniac est sans action sur le chlorure de néodvrae à la tempéra-
ture du rouge; à froid, le gaz est absorbé abondamment, la matière augmente beaucoup
de volume en même temps que la teinte s'affaiblit; il se forme plusieurs composés
d'addition en ce moment à l'étude.
P//'. — Ce gaz ne décompose pas le chlorure de néodyme avec formation de phos-
phure.
PAL — Le phosphure d'aluminium ne fait pas la double décomposition avec le
chlorure de néodyme au-dessous de 1000"; il n'y a pas départ de chlorure d'aluminium
et, quand on examine le produit final, on reconnaît au microscope les cristaux carac-
téristiques de phosphure d'aluminium (') dilués dans la masse du chlorure fondu.
Repris par l'eau, le mélange se sépare aussitôt en chlorure soluble et phosphure
initial insoluble et attaquable lentement par l'eau.
C^H^. — • A froid, l'acétylène ne se fixe pas sur le chlorure de néodyme. A chaud,
l'acétylène éprouve les phénomènes de polymérisation connus, mais la décomposition
est activée par la présence du chlorure qui agit comme agent catalytique. A la fin de
l'expérience, la nacelle est remplie par une masse solide noire, mélange intime de
charbon et de chlorure. L'eau délite cette masse en dissolvant le chlorure initial et
abandonnant le charbon qui se présente parfois avec une surface très réfléchissante.
Ce charbon ne contient pas trace de graphite, car il se dissout intégralement dans le
mélange acide azotique et chlorate de potasse.
En résumé, l'étude systématique des propriétés chimiques du chlorure
de néodyme conduit à la préparation d'un oxychlorure cristallisé par deux
méthodes distinctes ainsi qu'à la préparation des bromure et iodure de
néodyme anhydres, composés qui se trouvent ainsi préparés pour la pre-
mière fois. En outre, l'action de l'hydrogène établit une différence impor-
tante entre le néodyme et l'élément voisin, le samariuiïi. Ces études chi-
miques sont continuées.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur une méthode de détermination des chaleurs spéci-
fiques des solutions. Chaleur moléculaire des bons et des mauvais électrolytes .
Note de MM. P. -Th. Muller et C. Fuchs, présentée par M. A. Haller.
Les bons électrolytes se distinguent des autres substances, en solution
aqueuse, par un grand nombre de propriétés. Nous avons voulu nous rendre
(•) C. Matignon, Comptes rendus, t. CXXX, 1900, p. 1391.
1^40 ACADÉMIE DES SCIENCES.
compte de l'allure des deux classes de corps au point de vue des chaleurs
spécifiques, el, pour éviter les variations de température considérables
qu'exige la méthode de la fiole, nous avons eu recours au chauffage élec-
trique. '^
On fait passer un couranl constant, loujoM.s de même durée, à travers une résis-
tance totalement immergée dans le liquide du calorimètre et constituée par un ser-
pentin de verre rempli de mercure. L'élévation de température est d'environ 2°, 5. La
quantité de chaleur cédée au système est la même dans chaque expérience, puisque le
coefficient de température de la résistance électrique du mercure est inférieur à-i-
On règle facilement la constance du courant (fourni par des accumulateurs) à l'aidé
d un ampèremètre sensible el d'un rliéostat de précision. Nous évitons de faire des
mesures électriques et évaluons directement, avec le thermomètre, la quantité de cha-
leur constante rj, dans le calorimètre rempli d'eau.
Soient a le poids en eau du calorimètre, du serpentin, etc., p le poids de la solu-.
lion, c sa chaleur spécifique, 0 l'élévation de température corrigée, l'équation
(«-t-/JC)0 = .;
nous donne la clialeur spécifique de la solution, à la température de l'expérience
Les résultats obtenus sont très concordants si l'on a soin d'agiter mécaniquement
le liquide du calorimètre et de fermer celui-ci jaar un couvercle convenable. L'erreur
relative ne dépasse pas deux millièmes.
La chaleur moléculaire de la solution est (M + iSn)c, où M désigne le
poids moléculaire du corps dissous, n le nombre de molécules d'ea^u qui
dissolvent M. Si l'on admet d'abord que l'eau dissolvante conserve la
chaleur spécifique i, on voit que la chaleur moléculaire du corps dissous est
égale à (M -+-1 8«)c - i8n.
Cette chaleur moléculaire varie avec la dilution et diminue à mesure
qu'on étend la solution ; elle peut même devenir négative, ainsi qu'il résulte
des travaux de Marignac et de Thomsen.
Par contre, et il semble que cette remarque n'ait pas encore été faite,
cette diminution continue de la chaleur moléculaire ne s'observe que chez
les bons électrolytes, la variation est nulle ou très peu accentuée pour les
électrolytes médiocres. C'est ce que nous avons vérifié en étudiant les
alcools méthylique, éthylique, propylique, les acides formique, acétique,
propiotnque, butyrique, lactique et borique. L'ammoniaque et la saccha-
rose que Marignac et Thomsen avaient compris dans leurs recherches se
comportent de même.
A quoi attribuer cette différence fondamentale? Dès 1879, M. Ber-
lhelot(<) mentionnait, à propos des chaleurs spécifiques des solutions, la
(') Berthelot, Mécanique chimique, t. L p. 5o8.
SÉANCE DU 19 JUIN igoS. l64l
formation probable « d'hydrates dissous qui existent au sein de la liqueur
dans un état de dissociation partielle, variable avec la quantité d'eau et la
température ». Admettons d'ailleurs, avec Puschl ('), que la chaleur spé-
cifique de l'eau combinée est inférieure à celle de l'eau libre, et nous nous
rendons compte de la chaleur spécifique négative de certains électrolytes.
La variation de cette grandeur indique que l'hydrate change de composi-
tion, la quantité d'eau fixée croissant à mesure que l'on dilue davantage.
Quant à la constance de la chaleur spécifique des mauvais électrolytes,
elle nous porte à croire que ces molécules s'hydratent beaucoup moins que
les bons électrolytes, en sorte que les changements d'hydratation devien-
nent négligeables.
Les bons électrolytes existant surtout sons la forme d'ions et les médiocres
sous la forme de molécules neutres, il s'ensuit que l'hydratation, décelée
par l'élude des chaleurs spécifiques, est, en général, corrélative de l'exis-
tence d'ions. Ce sont principalement les ions qui s'hydratent, et la quan-
tité d'eau combinée croît constamment avec la dilution, dans les limites des
expériences, c'est-à-dire jusqu'à la concentration quart-normale. MM. Jones
et Getman (^) sont arrivés h des conclusions semblables dans leur étude
de la conductibilité et de la dépression cryoscopique des solutions concen-
trées. De notre côté, nous poursuivons les recherches relatives à la chaleur
spécifique des dissolutions.
THERMOCHIMIE. — Recherches sur les formiates de mercure.
Note de M. Raoul Varet.
On ne connaît pas les chaleurs de formation des formiates de mercure,
aussi ai-je institué quelques expériences en vue de déterminer les princi-
pales données thermochimiques relatives à ces composés. Ce sont les résul-
tats obtenus au cours de cette étude que j'ai l'honneur de soumettre à
l'Académie.
I. FoHMiATE MERCUREUX, — Préparation. — L'oxyde jaune de mercure se
dissout facilement dans l'acide formique étendu pour donner du formiate
mercurique. Ce dernier se transforme rapidement en formiate mercureux
(') PusciiL, Monalshefic. t. \.\li, lyoi, y. 77.
('■') JoNiis el Getman, Amer, chcniic. J .. t. \\\1I, 190^, p. 3o8.
l642 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cristallisé selon l'équation
2Hg(CHO^)= = Hg-(CHO-)= + CH-0= + COv
C'est cette réaction que j'ai utilisée pour préparer le sel qui a servi à mes
déterminations.
Données lliernioehiniiqucs. — Pour déterminer la chaleur de formation du formiate
mercureux, j'ai utilisé deux Tiiéthodes qui se contrôlent mutuellement.
I. On fait agir sur le sel de mercure solide un excès d'iodure de potassium dissous.
Il se produit d'abord, entre les sels en présence, une double décomposition complète,
qui engendre du formiate de potassium dissous et de l'iodure mercureux précipité. Ce
dernier sel est décomposé par l'excès d'iodure alcalin en mercure métallique précipité
et iodure mercurique qui se dissout. On mesure ensuite l'efTel thermique dû aux
actions réciproques qui s'exercent dans la liqueur finale, entre les iodures de potas-
sium, de mercure et le formiate de potasse. J'ai ainsi trouvé vers 17°
/ Hg'(CHO=)^ sol. +12,5X1(1"°'= 2')
(i) ) =Hgliq. + IIgPdiss. + 2KCHO^diss.-t-io,.5KIdiss., dégage.. +3i'--^',67
( Hgl^diss. + IO, SKI diss. M- aKCHO'diss. dégage +0^=',!
Sachant que, dans les mêmes conditions, la formation (à partir des éléments pris dans
leur ét^t actuel) de 2 Kl dissous dégage -)- iSo'^'^o, celle de HgP dissous + 3oC»',8 et
que celle de 2KCHO- dissous. dégage +326'-=', 2, on en conclut :
HgMiq. +C2 diamant + H'- gaz. + 20'- gaz. = Hg-(CHO-)- sol. dégage. + i75c»',2
2° Dans l'autre méthode dont je me suis servi pour déterminer la chaleur de forma-
tion du formiate mercureux, j'ai utilisé la solution d'iodure alcalin qui m'avait servi
dans les expériences précédentes, mais additionnée d'iode, celte fois. Dans ce cas tout
le mercure est transformé en iodure mercurique.
J'ai trouvé vers 17° :
1 Hg-(CH0-)2 sol. + 12,5 Kl diss. + 51 diss.
(2) I r=2HgPdiss.+2KCHO''diss. + jo,5KIdiss.+3Idiss. dégage. + 63^"', 08
[ 2lIgPdiss.+ 2KCHO- diss. +10, SKIdiss. +3Idiss. dégage.. + 0^^1,2
En utilisant les mêmes données auxiliaires que précédemment, et tenant compte de
la chaleur de dissolution de P, soit — 0*^"', 2, on en conclut :
Hg' liq.+ C- diamant + H'^ gaz + 2O' gaz = Hg={CH02)2 sol. dégage. . . + i75c^',o
J'adopterai comme moyenne pour la formation du formiate mercureux solide, à partir
des éléments pris dans leur état actuel, la valeur
HgMiq. + G^ diamant + H- gaz + 2O' gaz = Hg-(CIIO^)- sol. dégage.. . + 175*^'', 1
II. Formiate mercurique. — Données thei inochimiqitcs. — a. L'oxyde jaune de mer-
SÉANCE DU 19 JUIN ipoS. l643
cure récemment précipité se dissout instanlanément dans un grand ewès d'acide for-
mique étendu.
J'ai trouvé vers 18" :
HgO préc. + SCH^OMi""' = 2"')
= Hg(CII02)^diss. + IP01iq. H-6CH^0-^ diss. dégage -I- yc^'.ô
b. Il est moin» aisé de fixer rigoureusement la chaleur de neutralisation de l'oxyde
mercurique par la quantité équivalente d'acide formique.
La dissolution complète de l'oxyde exige quelques minutes, pendant lesquelles le
formiale mercurique formé se décompose partiellement en formiate mercureux, acide
formique et anhydride carbonique. Néanmoins, celte transformation étant au début
lente et régulière, il est possible de fixer la quantité de chaleur qui lui correspond et.
qui vient accroître l'effet thermique dû à la neutralisation de l'oxyde mercurique par
l'acide formique.
En tenant compte de cette réaction secondaire, j'ai trouvé, vers 19° :
HgOsol.H-3CH^O^(i»'='=2') = Hg(CHO-)-=diss.+ H201iq., dégage.. -4- 5c»',85
On en conclut :
Hg liq. + CMiamant -H H= gaz + 2O- gaz + eau = Hg(CH0^)-2 diss., dé-
gage.
i6i'-i,5
En résumé, on a, pour la formation (à partir des éléments pris dans leur état actuel)
des formiates de mercure, les valeurs suivantes :
Hg- liq. + C- diamant + H^ gaz + aO^ gaz = Hg"-{CHO=)* sol. dégage.. . +i75C='i, i
Hg liq. -+- C^ diamant + H^ gaz+ 20^ gaz+ eau = Hg(CHO^y^ diss +i6iC''i,5
On a également
Hg(CHO^)-^ diss. + 6CH^0= diss. dégage + i''"',S
Ces résultats sont à rapprocher de ceux obtenus par M. Berlhelot pour
l'acétate mercurique et de ceux que j'ai donnés pour l'acétate mercureux.
Ils exj)liquent la transformation rapide du formiate mercurique en for-
miate mercureux, acide formique et anhydride carbonique : réaction qui
dégage +53^'*', 2. De même la décomposition du formiate mercureux en
mercure liquide, acide formique liquide et anhydride carbonique gazeux
met en liberté +20*^*', 7. Des divers modes de décomposition de ce sel que
l'on peut imaginer, c'est celui qui correspond au maximum thermique.
Ces réactions sont des conséquences (Id principe du travail maximum et
en fournissent de remarquables confirmations.
l644 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques nouvelles substances azotées clinaphtopy-
raniques. Note de M. A. Robyn, présentée par M. -A. Haller.
M. Fosse a établi antérieurement que le bromure de dinaphtopyryle réa-
git sur la dimcthyl et la diéthylaniline pour donner des aminés aromatiques
dialcoylées résultant du remplacement d'un atome d'hydrogène du noyau
de l'aminé par le radical dinaphtopyryle. Nous nous sommes proposé d'étu-
dier l'action du bromure de pyryle sur d'autres aminés.
Ayant fait réagir ce sel sur l'aniline, i'ortho-, la meta-, la paratolui-
dine et l'a-naphtylamine, nous avons obtenu de nouvelles substances azo-
tées mono ou dipyrylées qui dérivent, par élimination d'hydracide, soit de
molécules égales des corps réagissants, soit de i"°' de base et de 2""°' de
bromure de pyryle.
Nous les représentons par des formules brutes :
1° Dinaphto-pyrrle-aiiiline :
c«h«.Az.ch(J^,„JJ^\o.
Cristaux blancs fondant vers 25o°-253"' en se décomposant, solnbles dans le benzène
et le toluène ; insolubles dans l'alcool.
2" Dinaphto-pyryle-orlho-toluidine :
C'H'.Az.ch(^[^!;J^'^o.
Corps blanc cristallisé fondant à 270°-27i". Soluble dans le benzène et le toluène.
3" Bi.'i-dinaplUo-pyrylc-niéta-loluidine :
fond à 27.5°. Moins soluble dans le benzène que les précédents.
4" Dinaplito-pyryle-pai-a-toluidine :
c'H^.z.cn<^:;;;:>o
fond à 232"-233'. Soluble dans le benzène et le toluène.
5° Dinaplilo-pyryle-rj.-nfiplitylaniine :
C"'ll»Az.CH
/C'»II'''
\C>«11''
Cristaux légèrement colorés fondant à 255°-26o".
SÉANCE DU 19 JUIN igoS. lÔ'jS
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la sparléinr. Sle'reoùomerie ries deux iorlométhy-
lales. Note de MM. Charles Mouueu et Amand Yaleur, préseiitce par
M. H- Moissan.
Il résulte de nos récentes expériences {Comptes rendus, i3 juin igoS)
que, dans l'action de l'iodure de méthyle sur la spartéine, il y a toujours
formation de deux iodométhylates isomériques. Quelle est la nature de
cette isomérie?
La spartéine, rappelons-le, est une diamine bilertiaire. Si l'on désigne
par A et B les deux atomes d'azote, il est naturel d'admettre, a priori, que,
dans l'un des isomères, c'est l'azote A qui porte l'iodure de méthyle, tandis
que, dans le second, c'est l'azote B, l'isomérie se traduisant dès lors par les
deux formules suivantes :
^"j\az,„^C<*H=«^Az,„„ Az„=C"H-^Az.e,^J;"'
Nous allons montrer, par des expériences simples et d'une grande netteté,
qu'il faut rejeter cette manière de voir.
a. Prenons l'iodliydrate d'iodométhylate de MM, Scholtz et Pawlicki {{.irch. de
Pharin., igo^), [^Ju^— '7°! d'après nos expériences), très facile à obtenir par l'ac-
tion à 100° de l'iodure de méthyle sur la spartéine en solution méthylalcoolique, et
que nous avons appelé antérieurement iodhydrate d'iodométhylate a. Soumettons ce
corps à l'action progressive de la chaleur, dans un ballon muni d'un tube latéral et
chauffé au bain d'acide sulfurique. On constate, à 282° (corr.), une décomposition assez
brusque du produit, et un liquide distille, qui présente tous les caractères de l'iodure
de méthyle. Lorsque la réaction est terminée, le contenu du ballon est un liquide lim-
pide, à peine coloré. Par refroidissement, il se solidifie en une masse blanche, entiè-
rement cristallisée, laquelle, chauffée de nouveau, fond à 230°. Ce nouveau corps est
de l'iodhydrate de spartéine. 11 est, en effet, très soluble à chaud et peu soluble à froid
dans l'eau, la soude en libère de la spartéine, et son pouvoir rotatoire coïncide avec
celui de l'iodhydrate de spartéine préparé par l'action directe de l'acide sur la base.
Ajoutons que la perte de poids subie par l'iodhydrate d'iodométhylate a été trouvée
sensiblement égale à la perte théorique; en sorte que l'équation suivante exprime très
exactement la réaction :
C'=H"Az^CH'I.HI = C'=H==Az^HI^-CIFI.
Nous avons observé que le second iodhydrate d'iodométhylate découvert par nous
(isomère «') subit la même décomposition sous l'influence de la ciialeur. L'expérience
G. R., igoS, 1" Semestre. (T. CXL, N" 25.) 211
ï6/i6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
a été faite sur un mélange des deux isomères riche en isomère a'; la réaction a com-
mencé à une température un peu inférieure à la précédente, l'élimination d'iodure de
mélhyle s'est efTecluée en proportion quantitative, et le résidu final était identique à
riodhydrate de spartcine obtenu en partant de l'isomère a.
Les faits qui précèdent nous autorisent immédiatement à formuler une
importante conclusion : l'iodure de méthyle est fixé au même atome d'azote
dans les deux iodomèthylales isomériques .
En effet, dans chacun des deux iodhydrates d'iodomélhylate, il est clair
que l'un des atomes d'azote porte l'iodure de méthyle et le second l'acide
iodhydrique. Or, après leur décomposition par la chaleur, c'est le même
iodhydrate qui demeure comme résidu dans les deux cas. Donc, dans les
deux iodhvdrates d'iodomélhylate, c'est le même azote (soit l'azote A) qui
portait l'acide iodhydrique ; et, par suite, c'est également sur le même azote
(soit l'azote B) (jue se trouvait fixé l'iodure de méthyle.
b. On peut alléguer, à la rigueur, que, la décomposition des deux iodhy-
drates d'iodomélhylate isoméiiques se faisant à une température relative-
ment élevée, elle peut être accompagnée, dans l'un des deux cas, d'une
migration moléculaire, dont le résultat serait le transport de l'acide iodhy-
drique de l'un des alomes d'azote sur l'autre, lequel serait seul capable
de donner un iodhydrate stable. Malgré le peu de vraisemblance de cette
supposition, nous avons tenu à apporter à l'appui de notre thèse une preuve
décisive.
Ayant ciiaufTé de l'iodhydrate de spartéine, avec un excès d'iodure de méthyle
à i35°, nous avons observé qu'il s'était formé, à côté d'une très forte proportion d'io-
domélhylate a, une certaine dose d'iodomélhylate y.' (l'un et l'autre étant naturellement
combinés à l'acide iodhydrique).
Ici, l'un des deux azotes (soit l'azote A) était initialement bloqué par
l'acide iodhydrique; c'est donc l'autre azote, et l'autre seul, qui demeurait
apte à fixer de l'iodure de méthyle. Puisque deux iodométhylates ont pris
naissance dans la réaction, l'iodure de méthyle s'est nécessairement fixé,.
dans l'un et l'autre cas, sur l'azote B.
Résumé et conclusions. — i° Les deux iodhvdrates d'iodomélhylate de
spartéine isomériques se décomposent quantitativement, sous l'action de
la chaleur, en iodure de méthyle et iodhydrate de spartéine, lequel est le
même dans les deux cas ;
2" L'action de l'iodure de méthyle sur l'iodhydrate de spartéine donne
naissance aux deux iodométhylates (unis à l'acide iodhydrique);
SÉANCE DU 19 JUIN igoS. 1^47
30 Dans les deux iodomélhylates isomériques, l'iodure de niéthyle est
fixé sur le même azote.
Il suit de là que l'isomérie des deux corps ne peut être due qu'à une
disposition différente des radicaux autour du même atome d'azote dans
l'espace : en d'autres termes, elle est d'ordre stéréochimique.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence des électrolytes sur la précipitation mutuelle
des colloïdes de signe électrique opposé. Note de M. Larouier des Baxcels,
présentée par M. Dastre.
On sait que le mélange de deux colloïdes de signe électrique opposé
donne lieu, en général, à un précipité et que ce précipité est soluble dans
un excès de l'un ou de l'autre des colloïdes. On sait, d'autre part, que les
colloïdes sont, en général, précipitables par les électrolytes; et, de plus,
que c'est la valence du métal qui commande la précipitation des colloïdes
négatifs, la valence de l'acide qui commande celle des colloïdes positifs.
Il est intéressant de rechercher si l'addition d'un nouveau corps au mé-
lange de deux colloïdes de signe opposé est capable d'eu modifier la pré-
cipitation mutuelle. On peut se demander, en particulier, si l'ad-lition de
ce corps est en état de faciliter ou, au contraire, d'empêcher la formation
du précipité. On peut se demander, en outre, si le précipité formé est
dissociable en ses éléments. Ces questions se rattachent directement à celle
des colorants et des décolorants, d'une part, à celle de l'unmunité (toxines,
antitoxines, sensibilisatrices, etc.), de l'autre.
Je me suis proposé d'abord d'étudier l'inflaencedes électrolytes sur la précipitation
mutuelle des colloïdes. Mes recherches ont porté, en particulier, sur les couples sui-
vants : hydrate ferrique colloïdal (colloïde positif) et bleu d'aniline (colloïde négatif);
hydrate ferrique colloïdal (positif) et bleu de mélhyle (négatif); hydrate ferrique col-
loïdal (positif) et rouge congo (négatif); d'autre part, sulfure d'arsenic colloïdal
(négatif) et hydrate ferrique colloïdal (positif); sulfure d'arsenic colloïdal (négatif)
et violet deméthyle (positif). J'ai employé les électrolytes suivants : azotate et sulfate
d'ammonium, azotate et sulfate de sodium, azotate et sulfate de zinc, azotate de
baryum.
1" Le mélange des deux colloïdes de signe opposé donne lieu à une préci-
pitation qui, pour une proportion convenable, est totale; V addition d'un élec-
trolyle capable de précipiter l'un des deux colloïdes fait obstacle à la précipi-
tation mutuelle de ceux-ci.
l648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
\'oici un exemple :
Expérience du i juin 1905. — Hydrate ferrique colloïdal, solution dialjsée conte-
nant 08,75 de fer par litre. Bleu d'aniline, solution dialysée contenant is, 25 par litre.
Sulfate d'ammonium en solution saturée. Les nudanges sont, dans chaque cas, amenés
au même volume par addition d'eau distillée.
1. 2™' bl.-)- I goutte fer coll. : Traces de précipité; liqueur surnageante bleue.
2. » -H 2 goultes » : Précipité plus abondant; liqueur bleu pâle.
3. » -1- 3 » » : Précipité total ; liqueur incolore.
^- » H- 5 )) » : Précipité total; liqueur incolore.
^- » H- 10 » 1) : Précipité partiel (redissolution du précipité); li-
queur bleu violet.
D'autre part, l'addition de sulfate d'ammonium, capable de précipiter l'hydrate
ferrique colloïdal, donne dans les mêmes conditions :
6. 2""' bl.-4- logouttessulf. ammon.-t- 1 goutte fer coll. : Précipité partiel; liqueur
bleue.
'• » -H » » -1-2 gouttes » : Précipité partiel; liqueur
bleue.
8- >' + » » -l- 3 » 1) : Précipité partiel; liqueur
bleue.
9- » + » » -1- 5 » » : Précipité partiel; liqueur
bleue.
10. » -H » » H- 10 » » : Précipité partiel; liqueur
bleue.
Le précipité partiel augmente avec la quantité de fer.
L'action inhibitrice de l'électrolyte, qui dans un couple tel que le pré-
cédent précipite le colloïde positif, est d'autant plus énergique, toutes
choses égales d'ailleurs, que la valence de l'acide est plus élevée.
L'action inhibitrice de l'électrolyte, qui dans un couple (tel que, par
exemple, sulfure d'arsenic colloïdal et violet de méthyle) précipite le
colloïde négatif, est d'autant plus énergique, toutes choses égales d'ailleurs,
que la valence du métal est plus élevée.
2" Le précipité résultant du mélange, de deux colloïdes de signe opposé peut
être dissocié, en général, par V addition d'un électrolyte capable de précipiter
l'un des éléments du couple.
Ainsi, l'addition de sulfate d'ammonium (capable de précipiter l'hydrate ferrique
colloïdal) au précipité de bleu d'aniline et hydrate ferrique colloïdal met en liberté le
bleu d'aniline; l'addition de sulfate d'ammonium au précipité de rouge congo et hy-
drate ferrique colloïdal met en liberté le rouge congo, etc.
Toutefois les colloïdes très instables, tels que les colloïdes métalliques,
SÉANCE DU 19 JUIN IQoS. 1649
ne paraissent pas susceptibles de solubilisalion nouvelle après précipitation
totale. En outre, certains précipités ne sont pas dissociables; c'est le cas
notamment des précipités granuleux que donnent le sulfure d'arsenic col-
loïdal et le violet de méthyle.
3° Si, à des mélanges contenant une quantité constante d'un colloïde A
(^négatif, par exemple) et des quantités croissantes d'un électrolyte ne précipi-
tant pçis ce colloïde, on aJQUle une même quantité d'un colloïde B (positif),
on observe les effets suivants : il se prodidl toujours un précipité; ce précipité est
composé, pour des quantités faibles de l électrolyte, d'un mélange de A et B,
pour des quantités croissantes de l' électrolyte, de B seul, enfin, pour des quan-
tités plus fortes encore de V électrolyte, d'un mélange de A et B.
Il en résulte que les liqueurs surnageantes contiennent au début une
quantité minime du colloïde A, puis des quantités croissantes, et enfin des
quantités décroissantes de celui-ci.
Voici un exemple : expérience du 16 juin igo5. — Mêmes liqueurs que dans l'expé-
rience du 2 juin.
1. 2''"'' bl.-t- 5 gouttes fer coll. : Précipité total; liqueur incolore.
2. 2""" bl. -H 5 gouttes fer coll. -1- i goutte suif. aram. dilution j'ô : Précipité abondant;
liqueur bleu très
pâle.
6. a*^"'' bl.-t- 5 gouttes fer coll. -+- 1 goutte suif. amm. dilution -Jj- : Précipité moins abon-
dant; liqueur plus
foncée.
20. 2™' bl. -(- 5 gouttes fer coll. -f- 5 gouttes suif. amm. saturé : Précipité partiel (mi-
nimum); liqueur
bleu foncé (colora-
tion maxima).
24. 2™' bl. H- 5 gouttes fer coll. + 4o gouttes suif. amm. saturé : Précipité abondant;
liqueur bleu très
pâle ( même aspect
que 2).
CRISTALLOGRAPHIE. — Sur une nouvelle forme du tartrate de thallium et sur
les mélanges isomorphes des tartrates de thallium et de potassium. Noie de
M. Jea\ Herbette, présentée parM. !.. Maquenne.
Le tartrate droit neutre de Tl a été obtenu par Des Cloizeaux sous la
l65o ACADÉMIE DES SCIENCES.
forme de cristaux hydratés, 2C^H'0°Tl-,H-0, appartenant au système
binaire ;cescristaux ont été considérés par Rammelsberg comme isomorphes
avec ceux du tartrale de R. Cependant une solution de tarlrate de K ne
cristaUise pas si l'on y jette un fragment du sel de Des Cloizeaux ; une solu-
tion équimoléculaire des deux tarlrales de Tl et de R, amorcée de la même
façon, laisse déposer du tartrate de Tl pur.
D'autre part, une solution fortement concentréedetartratede Tl, amorcée
à l'aide du tartrate de R, donne naissance à des cristaux qui ont la même
composition que ceux de Des Gloizeaux, mais des propriétés toutes diffé-
rentes. Nous les désignerons sous le nom Aq forme M.
Par ses caractères cristallographiques la forme M, dont nous indiquons
ci-dessous les constantes, se rapproche beaucoup du tartrate de R. Nous
avons cru utile de rappeler les constantes de ce dernier sel, en respectant
les paramètres calculés par Marignac.
Tarlrate de Tl (forme M). Tartrate de K.
Système terbinaire. Système binaire.
«: è: c—:3, io56: 1 : 3,9407 rt:6:c=:3, 0869:1:3, 970; p^Sg^io'
Négatif; r > v Négatif; /■ < c
Plan des axes parallèle à oio l^laii des axes perpendiculaire à oio
Biss. aig. perpendiculaire à oo i Biss. aig. à 21° de la normale à 001,
dans l'angle ooi-îoo
2E = 70° (rouge), 69" (jaune), 2 E = 102° (rouge), io4°(vert),
66» (bleu) 106° (violet)
Comme le tartrate de Tl et celui de R, tout en présentant des formes
très voisines, appartiennent à des systèmes cristallins différents, il semblait
intéressant de recherclier s'ils donneraient des mélanges isomorphes. Or
nous avons pu préparer, en faisant varier dans la solution aqueuse les
proportions des deux sels et en amorçant chaque fois avec du tartrate
de R, 17 échantillons de cristaux mixtes; la teneur en Tl a passé de 71,2
pour 100 dans le premier échantillou à 3,8 dans le 17". Les cristaux ont
toujours été proportionnellement plus riches en Tl que la solution, et
jamais leur composition n'a paru être celle d'un sel double.
Au point de vue cristailographique, il nous a paru avantageux de répartir
les cristaux mixtes ainsi obtenus en cinq types, non pas que nous ayons
constaté le passagi brusque d'un type à l'autre, mais parce qu'il devient
plus facile, par cet artifice, de faire ressortir les modifications progressives
SÉANCE DU 19 JUIN 1905. t65l
du réseau. On trouvera, clans le Tableau suivant, les caractères de ces
cinq types, et la teneur en Tl des échantillons qui les ont fournis :
Teneur eu Tl
Type. pour mo. a. c. fi.
Tartrate de Tl (form«M). . . 72,21 3,io.56 3,9^107 90. o
Type mixte 1 71,2 à 68,6 8,162 8,980 89.34
» II 67,-5 à 60,7 3,1760 4.o65 88.56
» III 54,0 à 49)7 3,100 4) 000 88.36
« IV 42,5 à 19,7 3,077 3,990 88.44
» V 1 5 , .5 à 6,0 3 , 08 1 3 , 990 88 . 59
Tarirate de K: '3,8 à 0,0 8,0869 8,970 89.10
La forme M, ainsi que les types I et II, se présente en prismes limités par 00 i, 100,
îoi, loi et leurs parallèles; pourtant toi et sa parallèle manquent généralement
dans la forme M; à l'extrémité, qui est d'ordinaire la seule intacte, se trouvent les
faces 3 r I, 3 i T, accompagnées, dans quelques individus du type II, par les faces i i 5,
T I 5. Les types III, IV et V offrent le même aspect prismatique, les faces 100, Too
tendant à prédominer dans les deux derniers; mais, tandis que le type III porte les
faces îi I, I iT, les types IV et V portent iii, et îiT, l'autre extrémité du cristal, qui
est très rarement intacte, ne montrant guère que oïo.
Les propriétés optiques se modifient d'une manière continue; nous signalons ci-
dessous les étapes les plus caractéristiques :
Angle (le la biss.
;iig. avec la normale
à 001
Teneur eu Tl. Plan des axes. apparent, réel. Dispersion. (jaune).
72,21 pour 100 (forme M). 010 o o /■ > c 69
54,0 010 II » /•>(' 84
Environ 82,0 » 21 18 » o
3,8 perp. càoio 26 » r . (Présenté p;ir M. Mascart. Hommage de l'auteur.)
Études pratiquer de Météorologie et observations comparées des stations de beau-
lieu. Sèvres et Vacquey, pour l'année 1908, par G. Eiffel. Texte et planches. Paris,
L. Maretheux, 1903; 1 vol. et i fasc. in-4°. (Présenté par M. Mascart. Hommage de
l'auteur.)
Les observations courantes en Météorologie et comparaison des stations de Beau-
lieu, Sèvres et Vacquey; conférence faite à la Société astronomique de France le
4 janvier igoS par G. Eiffel. Paris, igoS; i fasc. in-S". (Homninge de l'auteur.)
Théorie exacte et notation finale de la musique, par Bruno. Porto, 1908; i fasc.
in-8° oblong.
Report of the New-York meteorological Observatory 0/ the Department of Parks,
Central Park, New-York City, for theyear 190Ô ; Daniel Draper, Direclor. New-York,
1900 ; I fasc. in-4°.
Memoirs of the British aslronomical Association; vol. XIV, part 1 : Thirteenth
Report of the section for the observation of meteors; Director : Walter-E. Beslet.
Londres, igoS; i fasc. in-S».
Observations néerlandaises pour les études internationales des nuages en 1896-
1897. Utrecht, 1904; I fasc. in-4°.
Annuaire de VInstitut royal néerlandais de Météorologie, 55' année, 1908 :
A. Météorologie; B. Magnétisme terrestre. Utrecht, 1904-1905; i vol. et 1 fasc.
in-4°.
Jahrbuch des meleorologischen Observatoriums in Zagreb ( Agram ), fiir dus
Jahr 1902; Jahrg. H. Agram, 1904; i fasc. in-f°.
Annuaire de l'Académie serbe, pour 1904. Belgrade, 1905; i vol. in-12.
Annuaire de l'Académie des Sciences de l'Empereur François-Joseph I" , pour
1904, i5° année. Prague, igoS; 1 vol. in-12.
Bulletin international de l'Académie des Sciences de Cracovie (Classe des Sciences
mathématiques et naturelles) ; n« 1-3, janvier-mars igoS. Cracovie; 3 fasc. in-S°-
Académie des Sciences de l'Empereur François-Joseph I" . Bulletin, vol. XI II,
année 1904, et Bulletin international, résumé des travaux présentés (Classe des
Sciences mathématiques, naturelles et de la Médecine); 9' année, 1904. Prague, 1904;
1 vol. et I fasc. in-4''.
Archives des Sciences biologiques, publiées par l'Institut impérial de Médecine
expérimentale à Saint-Pétersbourg; t. XI, n"* 1-2. Saint-Pétersbourg, igoS (édition
française), l fasc. in-4°.
Oefversigt af Finska Vetenskaps-Societetens Fôrhandlingar ; t. XLVI, 1908-1904.
Helsingfors, 1904; i vol. in-8°.
Bergens Muséums Aarbog, igo5, udgivet afBergens Muséum ved D-'J. Bruncborst,
Museets Direktor; 1»'= Hefte. Bergen, igoS; 1 vol. in-S".
Mitteilungen der Naturhistorischen Gescllschaft in Colmar: neue Folge, Bd. VII,
Jahre i9o8-igo4. Colmar, igo4 ; i vol. in-S°.
Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, publ. par la Société hol-
lob» ACADEMIE DES SCIENCES.
landaise des Sciences à Haailem el rédigées par J. Bosscha, secrétaire; série II, t. X,
i" et 2° livraisons. La Haye, Martinus NijhoiT, igoS; i fasc. in-8°.
Bullelin du Musée océanographique de Monaco; n"= 3i-38, i"-25 mai 1905.
Monaco; 5 fasc. in-8°.
Archives italiennes de Biologie; revues, résumés, reproductions des travaux scien-
tifiques italiens, sous la direction de A. Mosso ; l. XLIII, fasc. 1. Turin, Ilerman
Loesclier, igoS; i fasc. in-8°.
Publicalions 0/ thc MassachuseUs gênerai hospital, vol. I, number 1, may igoS :
The biology of thc microorganism of aclinomycosis, by James Homer Wiugut. Boston ;
I fasc. in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; Bulletin de janvier 1903.
Mulhouse-Paris; i fasc. in-4°.
ERRATA.
(Séance du 3o janvier 1906. )
Noie de M. H. Hergesell, Sur les ascensions de cerfs-volants exécutées
sur la Méditerranée et sur l'océan Atlantique à bord du yacht de S. A. S.
le Prince de Monaco, en 1904 :
Page 332, ligne 22, au lieu de qu'au niveau de la mer on Irouve 22° à So", lisez
qu'au niveau de la mer on trouve 22" à 23°.
Page 333, lignes 11 et 12 du calcul, au lieu de
Hauteur. Température.
4ooo 1,5
45oo 5,6
lisez
4ooo —1,5
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Oxford
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.. Tastevin.
JMarghieridiGiu,
••ÎPellerano.
Dyrseo et Pfeiffer.
' Uzel frères
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.. Parker et G'v
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■ ( Dornbre.
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Prague
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Rome
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Stockholm
S'- l'étersbourg .
Turin . . .
Poitiers
Bennes
Bochefort . .
Rouen
S'-É tienne . . .
Toulon
Toulouse
Tours
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HeZ '^par"'M'!'H'A"^TN''- ^L^n^ire'iu^ r'rrU^'H'' ""■ "^ "'•""';:*" A.-J-'-Sol.er. - Mémoiresur le Calcul des Pertubations qu'éprouven,
. grasses, par M. Guauok B^rarvôînm^rn^^ avec S^^anchësr.Sô's"':"'.'"':'"'^ '''"^ '" P"*---- «^'S-^'f^- particulieremen, dans la ^ige^tio: Tel
"ncoï^Te'^l": «p'ut r"embi"rou/ceU'de-"/856':avorr^": EtTc^'Yeslois d??"^H^' '\l'"-'tion de Prix proposée' en is^; pa; rAcadémie'des S.," 1
=ntaires. suivant l'ordre de leui superposf ion Discuter la aûen.on!^^^ 1"' '"'P' organisés fossiles dans les différents terrain,
. .les rapports qui existent entre l'éfat ^a.uel du .é^.;:rg^^n'i;2ërtré'?a\:'=a:tere^^^^^^^ a^vecTp-Uncfes ^l^^^'^t^
la même Librairie les Mémoires de lAcadémie des Sciences, et les Mémoires
résentés par divers Savants à lAcadémie des Sciences.
r 25.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 19 juin 1903.)
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MM. Henbi Moissan et P.A.UL Lebkau. —Sur
la préparation el les propriétés du fluo-
rure d'azotyle
M. A. Halleb. -Surdeslhuyones alcoylees
el des comliinaisons de la Ihuyone avec
des aldéhydes aromatiques
M. Berthelot fait hommage à l'Académie
Pages.
d'un Ouvrage qu'il vient de publier S'ou
le titre de " Science et libre pensée ». ..
M. Bertin fait hommage à l'Académie d'un
Note intitulée .■ De l'expérience de tractio
transversale appliquée à l'étude de I
résistance de l'eau i
teurs »
la marche des flot-
CORRESPONDAIVCE.
M. Ernest Esclangon. — Observations de
la comète Giacobini ( igoS a) faites au
grand équatorial de l'Observatoire de Bor-
deaux
M. P. Vaillant. — De l'influence de la con-
centration sur les propriétés magnétiques
des solutions de cobalt • ■ • ■
M. A. Recoura. — Sur un sulfate ferrique
basique.
M. Camille Mationon. - Propriétés chi-
miques du chlorure anhydre de néodyme.
MM. P.-Th. Ml-llek et G. Fucus. — Sur une
méthode de détermination des chaleurs
spéciCques des solutions. Chaleur molécu-
laire des bons et des mauvais èleclrolyles.
M. Raoul Vaeet. — Recherches sur les for-
miates de mercure
M. A. ROBYN. — Sur quelque:, nouvelles
substances azotées dinaphlopyraniques
MM. Chaiîles Moureu et Amand V'ALEtiR. —
Sur la spartéine. Stéréoisomérie des deux
iodomélhylates
M. Larguier des Bancels. — Influence des
électrolytes sur la précipitation mutuelle
des colloïdes de signe électrique opposé.. .
M. Je.an Herbette. — Sur une nouvelle
Bulletin bibliographiqle
Errat\
forme de tarlrale de thallium el sur les
mélanges isomorphes des tartrates de thal-
lium et de potassium • ■
M. Paul Becquerel. — .Action de l'air
liquide sur la vie de la graine
M. Louis Boutan. — Un ennemi du café au
Tonkin. Le A'ylotrechus du bambou sec.
M. Louis Lapicque. — Recherches sur l'eth-
nogénie des Dravidiens. Relations anthro-
pologiques entre les tribus de la montagne
et les castes de la plaine
M. Louis Gkntil. — Sur la présence de
schistes à Graplolithes dans le Haut-Atlas
marocain
M. E.-A. Martel. — Sur la formation de la
grotte de Rochefort (Belgique) et sur la
théorie des effondrements
M. Mabcellin Boule. — Sur l'évolution des
Mammifères fossiles
MM. W. DE Konvielle el Paul Borde. —
La météorologie des éclipses totales de
Soleil
M. iMarcel p. -S. GUKDRAS adresse une
u Théorie relative à la formation des
gites pétroliféres »
1 (i()<;
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GAUTHIblK-VILLARS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1905
RÈGLEMENT RELATIF AL'X COMPTES RENDUS
Adopté dans i.ks séances des 23 juin 1862 et 2/1 mai 1875
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances
de L' Académie ?,Q composent des extraits des travaux
de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
/|8 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Arti
— Impression des travaux
de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parun Associe étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Toute Note manuscrite d'un Membre de l'Aca-
démie ou d'une personne étrangère ne pourra pa-
raître dans le Compte rendu de la semaine que si elle
a été remise le jour même de la séance.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 3:i pages par année.
Les Comptes rendus ne reproduisent pas les dis-
cussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Aca-
démie; cependant, si les Membres qui y ont pris
part désirent qu'il en soit fait mention, ils doivent
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont
ils donnent lecture à l'Académie avant de les re-
mettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
qu au-
Rapports relatifs aux prix décernés ne 1
tant que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blifjue ne font pas partie des Comptes rendus.
Artici
2 _
Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être Tobjet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. I^e
Membre qui fait la pi'éséntation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance ofli-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remi#
à l'Imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
le jeudi à lo heures du matin ; faute d'être remis à
temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le
Compte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au
Compte rendu suivant et mis à la fin du cahier.
Akïiclk 4. — Planches et tirage^ à part.
Les Comptes rendus ne contiennent ni planches,
ni figures.
Dans le cas exceptionnel où des figures scL-aient
autorisées, l'espace occupé par ces ligures comptera
pour l'étendue réglementaire.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le (jouvernement.
Article .5.
Tous les six mois, la Commission administralive
fait un Rapport sur la situation des Comp!es rendus
après l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à I Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM.
déposer au Secrétariat an plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S»'.' Autrement la
les Secrétaires perpétuels sont priés de les
présentation sera remise à la séance'suivante.
JUL i" 1S05
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 26 JUIN 190S,
PRÉSIDENCE DE M. TROOST.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Les oiseaux observés en Belgique; V Partie : Les Gymnopaides, par
M. Marcel de Contreras. (Présenté par M. Yves Delage.)
2° Goudronnage des routes par le feu, supprimant l'usure, les poussières et
la boue, par A. Francou, architecte. (Présenté par M. Liinnelongue.)
ASTRONOMIE. — Sur une détermination de la constante d'aberration au moyen
des observations de trois étoiles très voisines du Pôle. Note de MM. H. Renan
et W. Ebert, présentée par M. Lœwy.
Dans différentes notes, que nous avons eu l'honneur de soumettre à
l'Académie, nous avons à plusieurs reprises exposé les résultats de nos
recherches sur l'application des nouvelles méthodes de M. Lœwy, relatives
à la détermination de la latitude, et à celle des coordonnées absolues des
étoiles circumpolaires. Pour l'exécution de notre travail publié dans les
Annales de l'Observatoire de Paris {Observations de 1900), nous avions choisi
trois étoiles très voisines du Pôle; et remarquant alors que nous avions à
notre disposition une longue suite d'observations très précises de ces
étoiles, nous avons été conduits à penser qu'il nous serait possible d'en
déduire un yjrocédé susceptible d'une très grande exactitude pour calculer
la valeur de la constante d'aberration.
Ce sont les résultats aiixquels nous sommes parvenus qu'd nous a paru
intéressant d'indiquer ici, surtout afm de montrer comment, si l'on pouvait
avoir une série d'observations assez prolongée, on arriverait sans aucun
G. R., 1905, ." Semestre. (T. GXL, N° 26.) 2l4
1670 ACADÉMIE DES SCIENCES.
doute à apporter une sérieuse contribution à l'étude d'une des questions
les plus controversées de l'Astronomie.
Il est utile de rappeler en effet que la plus grande incertitude règne encore sur la
valeur de cette constante; pour ne citer que des valeurs relativement récentes, N^'ren
a trouvé 2o",48i (nombre adopté par Oppolzer), W. Struve donne 20", 44^ (valeur
employée par Le Verrier); l'usage de la méthode de Talcott a fourni des résultats si
discordants que les nombres obtenus varient entre 20", 3i et 20", 53. Jusqu'en 1900, la
Connaissance des temps a employé la valeur 20", 445; à partir de 1901, selon la con-
vention adoptée par la Conférence internationale des étoiles fondamentales^ c'esi de
la valeur 20", 4? qu^ l'on se sert pour les calculs de ce recueil.
Une grave complication que l'on rencontre dans les recherches de ce genre provient
de ce que, dans presque tous les procédés employés jusqu'ici, il est nécessaire de faire
intervenir la variation des latitudes.
Dans notre méthode, au contraire, chaque soirée d'observation nous donne la position
véritable du pôle au jour considéré; nous n'avons donc pas à tenir compte de cette
variation, dont la recherche présente de si grandes difficultés.
Nos observations, réparties sur les années 189g, 1900 et les premiers mois de 1901,
nous ont fourni pour les trois étoiles choisies les positions suivantes :
\ i3L a= 3'.'i8".'55'.3, P = i8.48",32
Equinoxe moyen de 1900,0 . ./^j^ «=15.29.18,2, P= 7.9,32
(66L a=i5.55. 2,5, P = i3. 46,95
Afin de simplifier les calculs, et surtout en vue de la réduction à un même équinove,
nous avons été amenés à employer des coordonnées rectangulaires, en posant
^ = Pcosa, T, = Psin2;
et nous avons donné, aux pages 206, 207 et 20S de notre Mémoire, un Tableau conte-
nant les valeurs individuelles de ces quantités, comptées à partir de l'équinoxe indiqué.
Dans nos réductions, nous avons adopté le nombre 20", 445 comme valeur provisoire
de l'aberration ; soit v cette constante, et appelons Av son accroissement, que nous
voulons calculer. Comme on le voit sans peine, et comme nous l'avons montré à la
page 85 de notre Mémoire, il en résultera pour ; et r, des accroissements donnés par
les formules
A^ = AjsinO,
A-f) = — AVCOSCO COS0,
en désignant par to l'inclinaison de l'écliptique, et par O la longitude vraie du Soleil.
Pour éliminer autant que possible l'influence d'une erreur que nous aurions pu
commettre sur les valeurs des pas des deux vis de notre micromètre, nous avons sup-
primé toutes les séries d'observations dans lesquelles, par suite des conditions atmo-
sphériques, nous n'avions pu effectuer nos mesures que sur une ou deux de nos trois
étoiles; le nombre des séries complètes ainsi conservées est de 75.
SÉANCE DU 26 JUIN 1905. 1671
Cela posé, prenons pour coordonnées de nos U-ois étoiles les valeuis données dans
noire Mémoire :
i31> î=+ 729,33, T, =+86o',92,
74 L ç := — ^262,39, T| nr — 339,82,
66 D 1 = - 428,87, 71=— 707,05;
nous considérons le centre de gravité du triangle ainsi formé, pour lequel nous adop-
tons les valeurs
f — -H 12", 69, T, = — 6i",98.
Occupons-nous d'abord de la coordonnée ;, chaque soirée d'observation nous don-
nera une équation de la forme
.r, H- biY -t- c ;,=:«, ;
Xi étant la correction à ajouter à la valeur de ?,
y étant la valeur de Av, et 61 étant égal à sinO,
;;, étant le mouvement propre en S, et c le temps écoulé depuis 1900,0.
Le nombre désigné ici par «, doit être pris égal à la dilférence entre la moyenne
des trois valeurs de \ obtenues dans la soirée et le nombre indiqué plus haut -|-i2",69.
Désignant de même par x^ la correction de la coordonnée t), et par -2 son mouve-
ment propre, appelant b^ la valeur de — cosO, et «j la différence entre la moyenne de
trois valeurs de r, obtenues dans une soirée et le nombre — 61", 98 donné ci-dessus,
nous avons posé
./■2= vCj COSUJ, ;2=^^C0S(U, «2^= «îj COS(u,
et chaque soirée d'observation nous a encore donné une équation
Nous avions donc ainsi i5o équations du premier degré par rapport à cinq inconnues
^,, x'^, Zi, 3', et y; nous leur avons appliqué la méthode des moindres carrés, et leur
résolution nous a fourni la valeur de notre inconnue principale >', et son erreur pro-
bable.
Ne pouvant entrer ici dans le détail des calculs, nous nous contenterons
d'indiquer que nous avons ainsi trouvé notre correction Av égale à — o",oi i ,
avec une erreur probable de o",o3o; si bien que, de l'ensemble de nos
observations, nous déduisons
± o",o3o.
Qu'il nous soit permis, en terminant, de signaler l'importance du pro-
cédé que nous venons d'exposer. Malheureusement, l'idée de cette nou-
velle application des méthodes de M. Lœwy ne nous étant venue à l'esprit
qu'après l'exécution de notre travail, nous ferons remarquer que nos
1672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
recherches n'avaient pas été dirigées dans le sens le plus favorable à la réa-
lisation des conditions nécessaires pour le but que nous nous proposons ici.
Par une série plus prolongée, et en accumulant les mesures surtout aux
époques de l'année où les coefficients, sin O el cosQ, dej dans nos équa-
tions, passent par leurs valeurs extrêmes ±1, on arriverait certainement
à des résultats d'une très haute précision, mettant ainsi en évidence une
fois de plus la fécondité de ces nouvelles méthodes d'observation.
GÉOMÉTRIE. — Sur la recherche des surfaces isothenniques.
Note de M. L. Raffy.
La recherche des surfaces isolhermiques dépendant de fonctions arbi-
traires est dominée par le théorème suivant : Les caractéristiques de l'équation
aux dérivées partielles des surfaces isothermiques sont les lignes de courbure et
les lignes de longueur nulle. C'est ce que l'on vérifie en se reportant, par
exemple, à l'équation donnée par M. Darboux (^Théorie des surfaces, t. II,
p. 200) ou à toute autre équation similaire (l'OîV ci-après). Il suit de là que
les arguments des fonctions arbitraires ne peuvent être que les paramètres
des lignes de courbure et ceux des lignes de longueur nulle.
J'emploie, en conséquence, pour la recherche des surfaces isolhermiques,
l'équation dont Ossian Bonnet, dans son célèbre Mémoire sur la théorie des
surfaces applicables {Journal de l'École Polytechnique, cahier XLII, 1867)
a fait dépendre la détermination des surfaces d'élément linéaire
fp^T», P)f/af/p.
Ici les variables sont les paramètres des lignes de longueur nulle; l'in-
connue est la coordonnée complexe \=i x -ir iy; ses dérivées étant dési-
gnées par/), q, r, s, t, l'équalion du problème est la suivante :
quand on eu connaît une solution (cp, ^), la surface correspondante s'obtient
par des quadratures.
L'équation (i) est, relativement à la fonction (p, une équation de Laplace,
qu'il y a intérêt à consiilérer comme telle. En effet, si l'on suppose nuls
ses deux invariants h el k, on retrouve deux classes importantes de sur-
faces, savoir : (pour ^ = o) les surfaces minima et (pour s^o) les surfaces
n)
SÉANCE DU 26 JUIN igoS. 167^
imaginaires (B) d'Ossian Bonnet flont j'ai fait connaître précédemment les
propriétés essentielles (Comptes rendus, 27 juin et 11 juillet 1904). Ces
surfaces (B) sont isothermiques, comme les surfaces minima, dont elles
dérivent.
Pour que la surface définie par une solution (cp, l) de l'équation (i) soit
isothermique, il faut et il suffit que l'on ait
(2) 2B„/y9„— 2A„y(p^ + (A„/ — B„r)9 = 0;
ici, A(,(a) et Bo(!i) désignent des fonctions que l'on serait en droit de sup-
poser l'une et l'autre égales à l'unilé, comme le fait O. Bonnet, mais aux-
quelles il vaut mieux laisser toute leur indétermination : on se réserve
ainsi le moyen de simplifier considérablement certains calculs et de faciliter
la comparaison avec des résultats connus.
J'ai discuté le système formé par les équations (i) et (2). Si l'on cherchait
à en éliminer ^, on obtiendrait pour cp deux équations aux dérivées partielles
du cinquième ordre. Aujcontraire, le système étant linéaire et homogène par
rapport à ç, l'élimination de ç ne présente pas de difficultés et donne pour
la fonction c, l'unique équation aux dérivées partielles du quatrième ordre que
voici :
) Kl" p '^ \p (il ■ p- P'i r) \ Hl \p ^/ J
et sur laquelle on vérifie immédiatement le théorème énoncé au début.
En effet, les dérivées quatrièmes de E ne figurant que dans le groupe
l'équation différentielle des caractéristiques se réduit à
(A„r/a^— B„' il" ! ^
qui atteint la différence 12" — li' ou aU cosO, c'est-à-dire la vitesse de la Terre, combinée
avec 2ï). Les deux auteurs supposent 9 nul.
Pour obtenir le svnchronisme, avec conservation de la phase comme au
repos, les deux auteurs proposent de commander les deux roues dentées,
éloignées de lo""", par des moteurs synchrones alimentés par un même
courant polyphasé. Sup|)osons la fréquence assez grande pour que le cou-
rant polvphasé commande rigoureusement la phase; ce n'est pas par rapport
an temps général, c' est par rapport au temps local que celte liaison électrique
conservera, pendant le mouvement, la phase au départ, car le circuit élec-
trique participe au mouvement de translation de la Terre. Soit ©„ la phase
au départ; la phase c( est la composante de la force électiomotcice de déplacement nous appellerons
un coefficient tel que - p% donne l'échaufTeuîent dû à ce courant. Nous aurons alors
en calquant le raisonnement de lord Kelvin,
■■)d:
(4)
S est la section droite du fil; les intégrales sont étendues à celte section. On peut les
transformer en intégrales de ligne. Substituant (3) dans (2), il vient
a = -/Aa-t-^^Ap, fi =-^ ^ Aa -/ Af!
avec
)(l6r.-^c'+ A--(o2)'
/_ A(o _ A-
g ~~ [\-nc "^ 2ct'
T étant la période du courant. De ces relations on peut tirer, comme me l'a fait
marquer M. Poincaré,
J{a^+f-)dS = mod /i^y(a A^- p A.)./S = mod -^^^ j^^^a ^ _ p ^^
étendue au contour du fil, dont p est le rayon.
a et p sont les parties réelles et imaginaires de la solution de l'équation
dp- p dp ^
(Mascart, Traité d'Éleclricilc. t. I, p. 716), ce qui montre que
P = J„(p(^/A^,>=— 4iTCoj<) = Jo'[7(cosç. 4- / sinç)],
en posant
(notation de lord Kelvin) et
Y=pv'wy/i-v|j, tang2 = -|.
SÉANCE DU i6 JUIN ipoS. 1679
Jo est la fonction de Bessel connue. Pour v assez grand, ojl a
•2COS 7 ^ T (cos'f -+- isincp)
(5) J„=- ■
:-'/ (coso -h i sina)
Ceci étant, on a, pour l'expression (4), en posant
■2 àp "^2 dp
(6) -,~i — mod :^- — ■■ -—^ c !-^
Rc- tang-^2-^-Hi 4sin33), se réduit, d'après (5),
R/ tang-20-f-v y2
ï-i = mod ' '
Re tang'-2-f •+■ I 4sin!5(— Y sins»)
Pour 20 voisin de 90° ceci est à peu près indépendant de v.
Faisons l'hypothèse 20 = 80", la courbe théorique et les courbes expé-
rimentales sont confondues pour les trois fils de o'"'",^, o™'",32 et o"*'", i4
entre les fréquences de Sooooo et 1200000, où le fil s'échauffe plus que ne
le veut la loi de lord Kelvin. Au delà il faut admettre, pour expliquer les
faits, que 2(p décroît rapidement pour atteindre une valeur à peu près
constante aux environs de 3 000000. Pour cette fréquence et le fil de o""", 67,
f
en supposant v = o, on trouve 29 = 4o°, — = i,ig.
Le fil de o'"'°,32 donnerait alors un echauffement théorique de 2,2 au
lieu de 2,5 mesuré expérimentalement. Le fil de o™™, i4 donnerait 1,1 au
lieu de i,3 mesuré. Toutes les autres hypothèses sur v et ç donneraient des
écarts plus grands. Peut-être les formules approchées employées com-
portent-elles pour les valeurs faibles de y des erreurs de cet ordre, peut-
être y a-t-il un phénomène non encore étudié, qui se passe à la surface
des fils et la chauffe d'autant plus que la fréquence est plus élevée.
L'amortissement des courants n'introduirait que des termes de l'ordre du
millième.
Définissons /i- par k =^ —> ç étant la vitesse de la lumière; et posons
Pour - variant de 5oo 000 à i 200 000 : «- = a, . 2, 7 . 1 o'
Pour3oooooo /r = a.io'-.
l68o ACADÉMIE DES SCIENCES.
La variation de n^ pour les fréquences plus élevées étant faible.
D'autres hypothèses sur k et v peuvent peut-être rendre compte des faits,
mais je crois pouvoir tirer, de ce qui précède, cette conclusion :
Le cuivre possède pour les fréquences aux environs de i oooooo un
pouvoir inducteur spécifique de l'ordre de lo". Au delà de la fréquence
de 3oooooo, n* décroît à peu près proportionnellement à -r.
Pour les fréquences plus basses, l'expérience manquant, on ne peut rien
dire.
ÉLECTRICITÉ. — Sur les phénomènes de l'arc chantant.
Note de M. A. Bloxdel, présentée par M. Mascart (').
J'ai reconnu, par l'analyse d'un grand nombre de courbes oscillogra-
phiques (-), qu'avec des électrodes en charbon homogène on peut obtenir
des types extrêmes très différents d'arcs chanlants, l'un continu, l'autre
discontinu, dont les courbes sont bien caractérisées respectivement parles
clichés n°* 52 et 21 ci-joints, obtenus tous les deux avec la tension d'ali-
mentation ordinaire voisine de 120 volls et une faible self-induction dans le
circuit d'oscillation.
Le premier type, figure n" 52, auquel correspond un son musical u^sez pur, se pré-
sente seulement si l'écart entre les charbons est plutôt fort et au moins de l'ordie de
celui d'un bon arc industriel (3°>™,5 à 4°"" ou davantage) et le plus facilement quand
le circuit d'alimentation ABDF ne contient qu'une résistance morte ou faiblement
inductive et que le courant n'est pas trop voisin du courant limite de stabilité.
Le deuxième type, figure n° 21, auquel correspond un son plus strident ou sifflant,
s'obtient quand l'arc est court par rapport au voltage employé (par exemple, o°"'',5 à
i'""',5 à la tension de iio, 120 volls), et surlout facilement quand on ajoute de la self-
induction dans le circuit d'alimentation. Mais on obtient, même sans la self-induction,
des courbes analogues (courbes 4o et 40i si les autres conditions sont remplies. Le
phénomène se ramène d'ailleurs au cas de la décharge fractionnée découveiL autrefois
par Gaugain, en supprimant dans le montage précédent la self-induction / du circuit
dérivé.
(') Note présentée à la séance du i3 juin igoS.
(-) J'ai fait construire dans ce but, en 1902, par MM. Dobkevitch et Nagel, un oscillo-
graphe triple bifilaire (d'après le principe que j'ai exposé à l'Académie, en mars iSgS).
J'ai été assisté pour l'exécution des expériences (efl!"ectuées de janvier à avril 1900),
par MM. Boulin et Bethenod, ingénieurs électriciens, qui m'ont prèle le concours le
plus efficace.
f\-AAi\J-^^MjVj
Fig. I. — Cliché oscillograpbiqiie n" 52 : éci
(126 volts), 2,3 ampères (self, L = 0); C
surée, 54o. — Courbe supérieure : tensio
horizontale supérieure représentant
dans l'arc (échelle 3"" par ampère). — C
par ampère).
Kig. :>.. — Cliché oscillographique n" M : éc
C = 16 microfarads et / = o,oo3.') henry. 1
oyenii
"" ; intensité
microfarads et / = o,c
,re les bornes de l'arc
de la source). — Cou
be inférieure : courant di
, i"",3; intensité nioyeni
iience mesurée, 457-
du courant d'alimeutation
0345 henry; fréquence me-
( échelle o"", 17 par volt,
rbe intermédiaire : courant
condensateur (échelle 3""
e, 1,4 ampère (L = 0,290)
l682 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces phénomènes peuvent s'expliquer aisément par les propriétés de l'arc entre char-
bons homogènes, au point de vue de la stabilité. Soit BcA la courbe théorique de sta-
bilité d'un arc (loi de variation de la différence de potentiel) quand on diminue son
courant en augmentant la résistance d'alimentation au delà de la valeur normale (cor-
respondant à la droite d'alimentation DM,). Par suite du phénomène bien connu (voir
M""" H. Ayrton, The Electric arc) des retards de régime dus à réchauffement et au
refroidissement des électrodes, quand on fait varier l'intensit-é entre deux limites IJ et
I",, le point de régime M, décrit, non pas à proprement parler une petite droite, mais
un petit cycle anbqa. Une semblable variation n'est pas possible sans condensateur,
car la variation de courant d'alimentation correspondant aux. deux tensions extrêmes
et obtenue en menant les deux horizontales ain, hp jusqu'à leur rencontre avec la
droite DM, est limitée entre les deux abscisses l'I". Pour que l'oscillation soit possible,
il faut donc que le courant échangé entre l'arc et le condensateur comble la différence
entre l'î I', et l'I"; l'expérience du régime du premier type, l'arc musical, correspond
précisément à ce cas.
Le courant d'alinienUition peut même subir une oscillation encore bien plus fuible;
quand le circuit d'alimentation est un peu inductif, une partie du courant d'alimenta-
tion sert à compenser les pertes d'énergie par effet Joule ou autre dans le circuit
oscillant, grâce au fait que la branche de charge anb du cycle est au-dessus de la
branche de décharge hqa ; le condensateur reçoit ainsi plus d'énergie qu'il n'a à en res-
tituer. L'amplitude de l'oscillation ab s'établit d'elle-même, de façon que l'aire de la
boucle égale l'énergie perdue dans le circuit d'oscillation. L'ionisation des gaz chauds
quand l'écart est grand empêche d'ailleurs les extinctions brusques, de même que dans
l'arc alternatif.
Le second type (régime sifflant) correspond au cas où le régime moyen, Mj par
exemple, devient voisin de la limite de stabilité. Soit cKT la partie de cycle décrite
pendant que l'Intensité diminue à partir d'un maximum L, ; au point de tangence T de
la droite DT qui limite la stabilité, l'arc s'éteint et le voltage remonte jusqu'à ce qu'il
atteigne une certaine tension U' (par exemple) nécessaire pour le rallumage et qui
varie suivant l'écart, les charbons, la durée du refroidissement, etc.; le cycle se réta-
blit alors par un parcours descendant dfc^ et ainsi de suite. Ainsi s'expliquent les dis-
continuités de l'arc sifflant. Plus la force électromolrice d'alimentation E est élevée,
plus ce régime est facile à maintenir, même avec une intensité plus faible de courant,
parce que le rallumage se fait plus facilement par l'ionisation de la cathode. La même
figure montre que si l'on augmente le courant à l'excès et, par exemple, au régime M3,
comme la courbe de stabilité tend à devenir horizontale, voire même à remonter (sauf
dans le cas plus complexe de sifflement par excès de densité de courant), il n'est alors
plus possible d'obtenir la charge du condensateur pendant une diminution du courant
dans l'arc et par conséquent l'arc cesse de chanter, ce qui est bien conforme à l'expé-
rience.
SÉANCE DU 26 JUIN igoS. t683
PHYSIQUE. — Appareil et méthode de mesure des coefficients d'aimantation.
Note de M. Georges Meslin, présentée par M. Mascart.
I/appareil que j'emploie pour la mesure des coefficients d'aimantation est
constitué par l'association d'une balance de torsion et d'un électro-aimant;
mais ce qui caractérise la méthode, c'est que, d'une part, les deux bobines,
munies de pièces polaires convenables, ne sont jamais excitées simul-
tanément, mais toujours l'une après l'autre et tout spécialement pour fixer la
position du corps en expérience; d'autre part, une étude méthodique du
champ permet de connaître l'action exercée en chaque point sans qu'il
soit nécessaire d'équilibrer cette action jiar une torsion convenable pour
ramener le corps à sa position initiale; on évite ainsi d'intervenir en dépla-
çant le limbe gradué dont les balances de torsion sont munies généralement
à la partie supérieure; en dehors de ce fait que le tambour en question ne
permet pas d'évaluer les angles d'une façon très précise, on produit tou-
jours, en le déplaçant, un ébranlement nuisible à l'exactitude des mesures.
Il est évidemment beaucoup plus précis de mesurer la torsion par la déviation
elle-même, qu'on observe par un procédé amplificateur, mais cette méthode
ne peut être utilisée que si l'on connaît l'action exercée aux différents points
du champ oii le corps s'arrêtera, car cette action est variable en raison de
la non-uniformité du champ qui est précisément la cause du phénomène
observé. L'étude de cette action, qui est une fonction du champ, m'a amené
à reconnaître l'existence d'une région où sa variation linéaire simplifie très
heureusement les mesures et permetunecomparaison rapide des coefficients
d'aimantation.
C'est d'ailleurs en cherchant à supprimer toute cause d'ébranlement
que j'ai été amené à modifier le dispositif de MM. Curie et Chéneveau ; dans
l'appareil imaginé par ces physiciens, on observe l'action successivement
exercée dans un sens, puis dans un autre, par le champ magnétique d'un
aimant en fer à cheval qu'on transporte en faisant balayer par les lignes
de force l'espace où se trouve le corps étudié ; ces lignes de force sont per-
pendiculaires au déplacement de l'aimant et la partie non uniforme du
champ exerce une action généralement perpendiculaire au champ; l'aimant
est entraîné par une glissière actionnée par une manivelle sur laquelle
l'opérateur a o-i^ pendant qu il observe le déplacement du corps à l'aide d'un
microscope et d'un micromètre; quelle que soit la régularité de ce mouve-
l684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment, il est bien difficile de le réaliser sans produire de légers ébranle-
ments qui varient à chaque demi-lnur de la manivelle dont la vitesse doit
d'ailleurs changer avec l'amortissement obtenu pour la partie mobile ;
d'autre part, le transport de l'aimant d'une côté à l'autre de l'appareil en-
traîne une dissymétrie qui limite la précision des mesures.
Pour éviter ces inconvénients, j'ai voulu réaliser la production du champ
sans mouvement appréciable à l'aide d'un interrupteur indépendant de l'ap-
pareil, en créant d'ailleurs un champ non uniforme dont la décroissance
soit assez rapide pour entraîner une action énergique, puisque la partie uni-
forme n'est pas directement utilisée.
Ainsi donc, tandis quedans l'appareil de MM. Curie et Ghéneveau
est perpendiculaire au champ et peut être représentée par k
l'action effic
„ £/Hy , , ,.
Hy — 7-^, dans le dis-
dx
positif que j'ai utilisé la force effective est dirigée comme le ehamp et a pour valeur
dWv , ,, d\\ , , • • , r, 1 • .in
— ~- ou kinW — dans la partie axiale. Pour obtenir ce résultat, li
dy d\
A' m H y "'''' ou kinn — aans la pa
était constitué de la façon suivante {fi.
îppa
i) : ABCD représente la cage vitrée d'une
I
Fi g.
balance de torsion dont le fil projeté en O porte une longue aiguille soutenant à l'une
de ses extrémités un micromètre m visé par un microscope M et à l'autre extré-
mité un tube T contenant le corps que l'on étudie; les vitres de la cage sont percées
d'ouvertures circulaires qui laissent pénétrer les bobines H' et H" munies de pièces
polaires convenables entre lesquelles se trouve la partie inférieure du tube T; un com-
mutateur permet d'envoyer le courant dans l'une ou l'autre des bobines. Si le corps
placé dans la partie médiane est diamagnétique, il est alors repoussé par la bobine
excitée et vient prendre aussitôt, grâce à un amortissement convenable, une position
d'équilibre qu'on observe au microscope; le déplacement est d'ailleurs indépendant du
sens du courant excitateur et un inverseur permet de se mettre en garde contre les
effets du magnétisme rémanent.
La position initiale étant indiquée par la division // du micromètre, on excite suc-
cessivement l'une et l'autre des deux bobines, les numéros visés deviennent n' dans le
SÉANCE DU 16 JUIN igo?. i685
premier cas et n" rlans le second; posons
n — n':= a' et n" — « = a".
Pour que l'expérience sur un second corps donne des résultats qu'on puisse comparer
au\ précédents, il faudrait être certain de l'identité des positions finales pour les deux
corps; nous verrons d'autre part qu'il suffit d'être fixé sur l'identité des positions
initiales; c'est à quoi sert alors la seconde bobine; on remarque, en effet, que, si la
division n correspondait rigoureusement au point médian des deux bobines, les deux
déviations seraient exactement symétriques et a' serait égal à a"; si a' est supérieur
à a", on sera ainsi averti que la position initiale du corps était plus rapprochée de H'
que de H" : on tordra alors légèrement le tambour supérieur, mais cette torsion sera
exercée avant l'opération et l'on procédera ainsi à des déterminations successives en
prenant comme points de départ les différentes divisions du micromètre; pour chacune
de ces positions, on déterminera la déviation produite par la bobine de gauche et celle
provenant de la bobine de droite; on construira les deux courbes qui représentent ces
actions en fonction de la division initiale du micromètre; ces deux courbes, l'une
ascendante, l'autre descendante, se coupent en un point qui indique la position médiane
initiale déterminée d'ailleurs par la symétrie de ces deux courbes.
J'indiquerai plus lard une propriété de ces courbes qui permet de les
transformer simplement pour en déduire le coefficient d'aimantation.
CHIMIE MINÉRALE. — Hydrolyse deS solutions 1res concentrées
de sulfate ferrique. Note de M. A. Recoura.
Je me propose de décrire dans cette Note des phénomènes assez curieux
dont les solutions très concentrées de sulfate ferrique sont le siège. Dans
une Note précédente {Comptes rendus, 19 juin 1900) j'ai montré qu'une
dissolution concentrée de sulfate ferrique, obtenue en dissolvant le sulfate
anhydre dans son poids d'eau, se dédouble complètement quand on la
laisse en contact quelques jours avec l'acétone, en acide sulfurique, qui se
dissout dans l'acétone, et en sulfate basique solide, blanc jaunâtre, soluble
dans l'eau, qui a pour composition 6[Fe=0', 3SO']Fe^O% Aq.
Mais l'hydrolyse de celle dissolution et la formation du sulfate basique
peuvent être constatées directement sans avoir recours à aucun artifice. On
enferme celte dissolution très concentrée dans un flacon bien bouché et on
l'abandonne à la température ordinaire. Au bout d'une dizaine de jours on
voit apparaître au fonil du flacon un dépôt solide blanc jaunâtre, qui
s'accroît d'abord très lentement, puis avec une rapidité croissanle, et qui,
au bout de i mois environ, a envahi la totalité de la liqueur. On a alors
G. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N» 26.) 2^6
l686 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une bouillie claire homogène, qui est constituée par le mélange du corps
solide pulvérulent et de la liqueur. Si l'on effectue alors la séparation, on
constate que le corps solide n'est autre chose que le sulfate basique dont
il vient d'être question et que la liqueur est une dissolution de sulfate
ferrique renfermant un excès d'acide sulfurique. Daçis une dissolution ren-
fermée depuis 2 mois, en flacon fermé on a trouyé que le liquide séparé du
solide avait pour composition Fe-Q', (3,33)SO* et que 43 pour loo du fer
étaient à l'élat de sulfate basique solide et 57 pour 100 à Fétat de sulfate
acide dissous.
Ainsi donc une solution très concentrée de sulfate ferrique se dédouble spon-
tanément dans un flacon fermé ÇT1. sulfate basique solide (quoique soluble) de
composition bien déterminée 6[Fe-0% 3S0^]Fe'0% Aq. et un sulfate acide
dissous (ou mélange de sulfate neutre et d'acide libre). Mais ce dédoublement
n'est pas instantané; il est en fonction du temps. La rapidité et la grandeur
de ce dédoublement sont grandement influencées par différentes circon-
stances que je vais examiner.
Injlaence d'un germe. — J'ai dit que lorsqu'on abandonne la solution roncentrée
de sulfate ferrique à elle-même, dans un flacon fermé, ce n'est qu'au bout d'une
dizaine de jours qu'on voit apparaître les premiers germes du dépôt de sulfate basique.
Mais si, après avoir fait la solution de sulfate, on lui ajoute aussitôt quelques germes
de sulfatp basique, ceux-ci devieiin,çnt un centre de développement, et le dépôt solide
commence dès le premier jour et s'accroît de jour en jour. Ainsi le contact du sulfate
basique avec la liqueur provoque le dédoublement. Mais néanmoins ce dédoublement
se poursuit avec une grande lenteur, parce que, la liqueur étant sirupeuse, les échanges
entre les didérentes couches de liquide sont extrêmement lents. C'est ainsi que l'on
peut constater que, alors qu'un abondant dépôt de sulfate basique s'est déjà produit, et
que p«r suite la liqueyp s'est enrichie aotablejnent en acide sulfurique, la couche
supérieure du liquide limpide a conservé sa. composition première. Mais si, au lien
d'abandonner la liqueur au repos, on l'agite de temps en teinps avec une baguette, de
façon à maintenir le dépôt solide en suspension dans la liqueur sirupeuse, alors la for-
mation du sulfate basique est grandement accélérée.
Influence de la concentration de la dissolution. — Les expériences que je viens de
relater ont été faites avec c^es dissolutions ^enfermant poids égaux de sulfate anhydre
et d'eau, c'est-à-dire ayant la composition Fe''' 0^,380^, 22 IJ-O. Avec des dis^olu-
tiçt^s plus concentrées le dédoublement est plus rapide et le dépôt de sulfate basique
plus abondant. Ainsi, si l'on fait une dissolution avant la composition
Fe-0S3S0',i5H'-O,
cette solution, en vase fermé, commence à déposer du sulfate basique au bout de
24 heures, et 12 heures après elle est complètement prise, formant une masse spon-
gieuse humide et molle. Dans ce cas il n'est pas possible de séparer mécaniquement le
SÉANCE DU 26 JUIN IQoS. tfJS?
liquide du solide, mais on y parvient en délayant la matière dans l'alcool absolu, dans
lequel le sulfate basique est insoluble. On constate ainsi que 80 pour 100 du fer sont
à l'état de sulfate basique solide, et 20 pour 100 à l'état liquide ayant la composition
Fe*0\(4,72)SO^ On voit que la proportion de sulfate basique est beaucoup plus
abondante, et de plus l'étal d'équilibre entre le sulfate basique et la liqueur acide est
atteint presque tout de suite. J'ai constaté qu'au bout de 4 mois il est le nlême qu'au
bout de 6 jours. Au contraire, avec des dissolutions f lus étendues, ledépôt de sulfate
basique est moins rapide et moins abondant, et il cesse complètement au-dessous
d'une certaine concentration. Ainsi une dissolution ayant la composition
Fe-0^3S0^28H-0
ne donne lieu à aucun dépôt de sulfate basique, quel que soit le temps qu'on la con-
serve (2 ans).
Influence de la température. — C'est à la température de 20° environ que le dépôt
de sulfate basique se produit le plus rapidement. Aux basses températures il est beau-
coup plus lent. Ainsi la solution Fe-OS 3S0S i5H-0 qui, comme je l'ai dit, se prend
en masse au bout de 36 heures à la température de 20°, ne commence à déposer du
sulfate basique qu'au tout de 6 jours, à la température de 0°, et la transformation
n'est terminée que le dixième jour.
Conclusions. — Toutes ces circonstances qui influent sut- la formation du
sulfate basique indiquent qu'on ne se trouve pas en présence d'un phé-
nomène d'hydrolyse simple, mais qu'il y a en même temps une transfor-
mation moléculaire. On peut s'feri reridrë compte directement de la façon
suivante. Au début, alors qu'il n'y a aucun dépôt de sulfate basique, le
sulfate neutre est déjà hydrolyse, car, si l'oh agite la solution pendant
I minute avec de l'acétone et si l'on sépare immédiatement l'acétone de la
solution (qui est restée limpide), on constate dans l'acétone la présence de
beaucoup d'acide sulfiirique (plus des | de la quantité correspondant à
l'hydrolyse totale). Donc, dés le début, la solution de sulfate ferrique ren-
ferme une notable quantité d'acide libre, et par suite du sulfate basique en
quantité correspondante. Si celui-ci ne se dépose qu'à la longue, c'est
qu'il subit lenteinent une transformation moléculaire, qui le rend moins
soluble. Cette transformation moléculaire est prouvée par le fait que, au
début, la liqueur (qui, comme je viens de le montrer, est un mélange
d'acide sulfurique libre et de sulfate basique dissous) est instantanément
soluble dans l'alcool absolu, employé même en grand excès; tandis qu'au
bout de I mois, quand la liqueur a déposé du sulfate basique, l'alcool ne
dissout que la partie restée liquide et pas le sulfate basique. Celui-ci, qui,
au début, était soluble dans l'alcool, y est donc devenu insoluble.
Les phénomènes que je viens de décrire permettent d'expliquer, comme
l688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
je le montrerai, ce qui se passe quand on évapore les solutions de sulfate
ferrique dans le but de préparer le sulfate ferrique hydraté.
CHIMIE MINÉRALE. — Combinaisons du chlorure (V aluminium
avec l' oxychlorure de carbone. Note de M. E. Baui».
Lorsqu'on liquéfie de roxychlorure de carbone sur du chlorure d'alumi-
nium anhydre, ce sel se dissout entièrement et si on laisse alors se dégager,
à la température ordinaire, l'excès de gaz liquéfié, il reste un produit
liquide incolore se solidifiant à — 2° et ayant pour composition
Al*Cl%5C0CF.
Ce corps a une tension de dissociation égaie à 760""" de mercure à -\- Se".
Il abandonne 2COCI* et il reste un deuxième composé liquide
Al'CISSCOCP,
se solidifiant à + 9".
Celui-ci se dissocie à son tour à + 5.5° en donnant un produit solide cristallisé en
aiguilles soyeuses réunies en houppes et répondant à la formule
2A1^C1«,C0C1^
Ce dernier corps ne se dissocie qu'à H- i.5o°.
Ces trois composés se dissolvent dans Teau en donnant une solution de chlorure
d'aluminium tandis qu'une partie du gaz se dégage.
C'est pourquoi la dissolution en vue de l'analyse a dû être faite dans une liqueur
étendue de potasse.
On peut encore obtenir les deux tiernières combinaisons par distillation du chlorure
d'aluminium dans un courant d'oxychlorure de carbone parfaitement sec.
Dans les parties froides de l'appareil on obtient le dérivé li(iuide
A1-C1«,3C0C1S
el dans les parties plus chaudes des cristaux du corps
2A12C1^C0C1^
L'oxyde de carbone ne se combine pas au chlorure d'aluminium par
simple addition. Mais, si l'on dirige dans un tube chauffé au rouge un mé-
lange de vapeur de chlorure d'aluminium et d'oxyde de carbone, ce dernier
est réduit partiellement avec formation de charbon, d'alumine et de chlore.
Le chlore forme, avec l'oxyde de carbone en excès, de l'oxychlorure qui
SÉANCE DU 26 JUIN IQoS. 1689
s'unit au chlorure d'aluminium et l'on obtient une petite quantité des deux
derniers composés que je viens de décrire.
Ceux-ci existent dans le chlorure d'aluminium du commerce, où ils proviennent de
l'oxyde de carbone qui se forme dans la préparation.
Lorsqu'on sublime ce chlorure d'aluminium impur, la combinaison oxyclilorocarbo-
nique se dissocie, puis se reforme dans les parties froides.
Il en est encore de même si l'on fait la sublimation sur de l'aluminium en poudre,
car l'oxychlorure de carbone se dégage à une température trop basse pour être décom-
posé par l'aluminium.
Pour avoir du chlorure d'aluminium pur, le mieux est de faire une sorte de subli-
mation fractionnée en entraînant par un courant d'azote ou d'hydrogène, dans un long
tube à analyse, les vapeurs du chlorure à purifier.
Les impuretés telles que les combinaisons oxychlorocarboniques se condenseront les
premières, tandis que le chlorure d'aluminium pur sera constitué par les parties les
plus volatiles.
En résumé, j'ai montré l'existence de trois nouvelles coinbinaisous :
A1-C1«,5C0CI-,
APCl«,3C0CP,
2Al^Cl%C0Ch'.
La seconde correspond au carbonate neutre Al-0%3C0^ qui n'a pas été
isolé.
La dernière se trouve dans le chlorure d'aluminium du commerce.
Enfin, la solution de chlorure d'aluminium dans l'oxychlorure de car-
bone liquide pourra peut-être permettre de réaliser des synthèses qui
n'étaient pas possibles avec le chlorure d'aluminium solide.
CHIMIE MINÉRALE. — Constitution et propriétés des aciers à l'élain, des aciers
au titane et des aciers au cobalt. Note de ftL Léox Guillet, présentée par
M. Ditte.
Nous avons étudié la constitution et les propriétés des aciers à l'étain,
des aciers au titane et des aciers au cobalt, suivant la méthode que nous
avons adoptée pour nos recherches sur les aciers spéciaux.
Aciers à l'étain. — De o à 0 pour 100 d'étain, on trouve la même constitution que
pour les aciers au carbone ordinaire. A 5 pour 100 une attaque un peu prolongée
montre autour de la perlite des taches blanches semblables à celles que l'on trouve
1690 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans certains aciers au silicium. A 10 pour 100 d'étain, les taches blanches sont plus
importantes; maison n'a \>ai tracée de graphite. Tout le carbone est à l'élal de caibure
de fer.
En résumé, Félain commence pat entrer en solution dans le l'ei- et se sépare sous
forme d'un composé défini, lorsqu'il y a saturation; le carbone est toujours à l'état de
carbure de fer, du moins pour une teneur ne dépassant pas 10 pour 100 d'étain. Les
aciers à Félain ne sont plus susceptibles d'être laminés dès que la teneur en étain
dépasse i pour 100; ils sont alors extrêmement durs et fragiles. Le recuit a même
influence sur ces aciers que sur les aciers ordinaires; dans aucun cas nous n'avoiis eu
à noter la précipitation du carbone à l'état de graphite. La trempe rie produit de la
martensite que là où préexiste la perlile, il semble donc que la solution fer-stanriUre
de fer ne dissout pas le carbone.
Aciers au titane. — Nous avons étudié des aciers au titane contenant jusqu'à
g pour 100 de ce métal; leS uns renfermaient peu de carbone, et les autres envii-on
0,700; dans tous les cas nous avons trouvé à ces aciers même constitution qu'aux
aciers ordinaires; la micrographie paraît donc indiquer que le titane entre en solution
dans le fer.
Lés essais mécaniques ne montrent aucune amélioration très sensible des qUàlilék de
l'acier; toutefois, dans les aciers à haute teneur en carbone, on note une charge de
rupture plus élevée que pour les aciers ordinaires; il semble d'ailleurs que la ferrite
de ces aciers est beaucoup plus dure que celle des aciers au carbone ordinaire, comme
si tout le litane s'y était concentré; c'est ainsi que nous avons obtenu les résultats
suivants :
Composiiion.
0,122 o,4i5
o, 187 1)39
o, iSg 2 ,57
0,760 o,325
0,611 2,57
o,635 4,63
o,65o 8,71 117,5
Le recuit agit sur ces aciers comme sur les aciers ordinaires; la trempe modifie ces
aciers comme des aciers au carbone, en présentant cependant une différence dans les
propriétés mécaniques plus sensible que dans les aciers au carbone ordinaires.
En résumé, l'étude micrographique, aussi bien que l'étude des propriétés mécaniques
des aciers au titane, inoiilrë cjue ce mêlai a une influence très faible sur les pf-bprtétés
des aciers et que ces alliages ne présentent aucun intérêt industriel.
Aciers au cobalt. — Nous avons étudié des aciers renfermant jusqu'à 60 pour 100
de cobalt, tous ces échantillons sans exception sont perliliques, le cobalt n'amène
aucune transformation dans la microstruclure des alliages fer-carbone. Les propriétés
mécaniques sont d'ailleurs très peu modifiées, toutefois la charge de rupture et les
limites élastiques croissent lentement tandis que les allongements et les strictions se
SÉANCE DU 26 JUIN ipoS. 169!
moflifient en sens conlraire. Les aciers au cobalt ne présenlenl donc aucun inlérôl
industriel, ils ne rappellent en rien les aciers au nickel.
En résumé, les recherches que nous avons faites sur les aciers à
l'étain, au titane et au cobalt montrent que ces métaux entrent en solution
dans le fer et que le carbone de ces aciers est, du moins dans la limite de
nos expériences, à l'état de carbure de fer. Les propriétés mécaniques de
cps aciers n'er» font prévoir auciine utilisation industrielle; elles montrent
clairement la différence très nette qui existe entre les aciers à l'étain, au
titane et les aciers au silicium d'une part et les aciers au nickel et au cobalt
d'autre part.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'hydrogénation des àldoximes. Note
de M. S,. ilfAiMiE, présentée par M. H. Moissan.
L'hydrogénation des oximes, que l'on réalise habituellement par l'amal-
game de sodium, peut se faire très aisément par la méthode de MM. Sabatier
et Senderens, à l'aide du nickel divisé et de l'hydrogène. En opérant à une
température comprise entre 180° et 220°, on obtient tout d'abord produc-
tion d'une aminé primaire de même richesse carbonée que l'oxime, formée
selon la réaction
RC = NOH . R' + 2H- = H^O + RCH . NH^ . R'.
Mais <à la température de la réaction, le nickel exerce un dédonblement
de l'aminé primaire, semblable à celui que MM. Sabatier et Senderens ont
signalé dans l'hydrogénation des nitriles et de l'aniline. Il y a formation
de gaz ammoniac et d'aminé secondaire selon la formule
2R'/ • \K/ I
Dans certains cas, il y a même formation d'une très petite quantité
d'aminé tertiaire ( \:H J N.
En réghnt conv^?nablement l'arrivée de l'oxime et de l'hydrogène iow-
jours employé en excès, on obtient la transformation totale de l'oxime
en un mélange d'aminés très faciles à condenser.
Le cuiyre divisé [)eut réaliser ausfei l'Iiydrogén^tion des oximes et conduit
également à ^ formatijon 4'amines primaire et s^ondaire.
l6g2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ethanaldojrime. — Lorsqu'on entraîne par un courant d'hydrogène des vapeurs
d'acélaldoxime sur du nickel divisé provenant de la réduction de son oxyde et porté à
une température comprise entre iSo" et 200°, on obtient un abondant dégagement de
gaz primaire ammoniac, et un liquide où l'on peut mettre en évidence la présence d'une
aminé par la réaction de la carbylamine. Ce liquide, soumis au fractionnement, a
permis d'isoler en quantité notable la diéthylamine brûlant à 57", et une faible dose de
triétliylamine distillant entre 88" et 91".
T^e produit dominant dans cette hydrogénation est la diétliylamine, ce qu'on peut ex-
pliquer facilement par la très grande volatilité de i'étliyiamine qui échappe en grande
partie à la condensation.
OE nanthaldoxime . — L'œnantiialdoxime ou oxime de l'aldéhyde heptylique fond à
5o" et bout à 195°. Elle subit aisément l'iiydrogénation vers iio"-2io". Le liquide con-
densé laisse par fractionnement : i3 parties d'aminé primaire, 6 parties d'aminé secon-
daire, I partie d'aminé tertiaire.
L'aminé primaire C'H'mNH^ ou araino-heptane, obtenue précédemment par Gold-
schmidt en hydrogénant l'œnanthaldoxime à l'aide de l'amalgame de sodium, est un
liquide incolore, d'odeur désagréable, bouillant à lôS". Elle donne par action de l'iso-
cyanate d^phényle la phénylheplylurée
CO
\NHG'H'
qui cristallise en aiguilles prismatiques fondant à 63".
L'aminé secondaire (C'H'5)-NH ou diheptylamine n'avait jamais été décrite. C'est
un liquide incolore qui bout à 271° sous 750""', peu soluble dans l'eau, bleuissant for-
tement le tournesol et donnant un carbonate et un chlorhydrate cristallisés très déli-
quescents. Mis dans la glace, il se prend en une masse solide qui. essorée à la trompe,
laisse des aiguilles incolores fondant à So".
L'araine tertiaire (C'H'^)'iN, qui bout vers SSo" sous 762°"", a été obtenue en trop
petite quantité pour qu'il soit permis d'en déterminer les constantes physiques.
Benzaldoxime. — L'hydrogénation régulière de la benzaldoxime est impossible à
réaliser, puisque ce corps se décompose par distillation en acide benzoïque et benza-
mide. Néanmoins, lorsqu'on dirige, en même temps que de l'hydrogène, les vapeurs ob-
tenues en chauflTant de la benzaldoxime dans une nacelle placée à l'une des extrémités
d'un tube contenant du cuivre divisé, sur ce cuivre chauffé à 220-230", on recueille un
liquide qui fournit par le fractionnement : 6 parties d'aldéhyde benzoïque, 2 parties
de benzylamine, i partie et demie de dibenzylamine et i demi-partie de tribenzyla-
mine. — Le nickel dans les mêmes conditions n'a produit que du toluène.
11 semble donc qu'une partie de la benzaldoxime ait échappé à la décomposition par
l'ébullition et ait subi l'hydrogénation régulière par le cuivre à la manière des
aldoximes. En réalité la réaction est plus complexe. Lorsqu'on dirige des vapeurs de
benzaldoxime sur du cuivre chaulTé vers 220°, elles se dédoublent en un mélange
d'aldéhyde benzoïque, d'un peu d'acide benzoïque, d'eau et de benzonitrile. Le nickel
produit un résultat analogue. En présence du cuivre le benzonitrile s'hydrogène et se
transforme en un mélange d'aminés (les trois benzylamines), et l'aldéhyde benzoïque
SÉANCE DU a6 jriN rgoS. 1693
n'est pas modifié. En présence du nickel à ^oo^-^io", le bcnzonitrile et l'eisence
d'amandes amères sont transformés en toluène.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la hromiiralion de la paraldèhyde.
Note de M. J*. Fueindler, présenléepar M. H. Moissan.
L'action du brome sur la paraldèhyde a été étudiée dans diverses con-
ditions par M. Piniier ('). Cet auteur n'a isolé de produits définis qu'en
opérant en présence d'éther acétique.
Mes recherches sur le bromacétal (-) m'ont conduit à reprendre cette
question, et je suis arrivé à un tout autre résultat que M. Pinner en modi-
fiant quelque peu sa méthode.
En effet, la bromuration de la paraldèhyde s'effectue mal à la tempéra-
ture ordinaire, et elle est accompagnée d'une crotonisalion plus ou moins
complète. Si l'on a soin, au contraire, d'opérer entre — 5" et 0°, la réac-
tion se poursuit normalement, surtout à la lumière, et l'on obtient de
l'aldéhyde bromacétique que je décrirai plus tard et dont j'ai indiqué
(Joe. cit.) la transformation en acétal.
Cette méthode ne permet pas de préparer l'aldéhyde dibromacétique,
car un excès de brome ne réagit pas sensiblement à froid. Mais si, après
avoir ajouté une deuxième molécule de brome, on laisse la masse se ré-
chauffer spontanément et si on la projette ensuite sur un mélange de glace
et de carbonate de soude, on obtient en abondance (75 pour 100 de la
théorie), un précipité cristallin, blanc, répondant à la formule C^H^Br^O.
IjBs autres produits de la réaction sont constitués essentiellement par de
l'aldéhyde bromacétique, avec très peu de bromoforme et de bromal.
Ce composé CBr^H^O peut être purifié facilement par cristallisation
dans l'éther ou dans l'acétone ou par distillation dans le vide; il est inso-
luble dans l'eau, soluble dans la plupart des liquides organiques et distille
à i45°-i47'* sous iS""". La vapeur d'eau l'entraîne assez facilement. Il se
présente généralement sous la forme de gros prismes fusibles à 63''-64".
Le mode de formation de cette substance ne permet pas de lui attribuer
d'antre formule que celle d'une aldéhyde tétrabromobulyrique,
CH-Br.CHBr.CBr-CHO;
(') Ann. Chem., t. CLXXIX, p. 67.
(^) I^KEiNDLER et Ledru, Compltis rendus, t. CXL, p. 79^.
G. K., 1905, I" Semestre. (T. CXL, N» 26.) 21 7
j694 ACADÉMIE DES SCIENCES.
j'ai pu, en effet, la reproduire en petite quantité en crotonisant l'aldéhyde
bromacétique par l'acide sulfurique concentré et en fixant ensuite du
brome sur l'aidchyde dibromocrotonique brute ainsi obt<'nne :
2Cii-Br.CH0 = CH^Br.CH = CBr.CHO + H^O,
CH^Br.CH = CBr.CHO + Br^ = CH^Br.CHBr.CBr^.CHO.
Cette constitution s'accorde d'ailleurs avec certaines propriétés du corps;
en revanche, ce dernier ne présente aucune des réactions que l'on est
habitué à rencontrer chez les aldéhydes.
Ainsi, l'aldéhyde létrabroniobuljrique ne forn^e ni hydrate, ni semicarbazone, ni
biaulfitique; elle n'est sensiblement pas attaquée par le perbromure de phosphore
à 100°, ni par les alcalis aqueux concentrés (33 pour loo) en présence desquels on
peut l'entraîner sans décomposition notable.
En revanche, il suffit de chauffer le composé en questioii pendant f|uelques minutes
avec de l'alcool pour le décomposer complètement en l)romure d'élhyle, aldéhyde
bromacétique, bromacétal et très probablement en bromacélate d'élhyle. D'autre pari,
l'acide nitrique fumant (mfiis non l'acide ordinaire) l'oxyde énergiquement à froid,
en donnant de l'acide bvomacétique et de l'acide bromhjdrique, mais pas d'acide
oxalique. Le magnésium se dissout dans une solution éthérée de l'aldéhyde tétra-
bromée; après traitement par l'eau, on obtient une résine blanclie ainsi (ju'un peu
d'aldéhyde butyrique normale. L'action de la poudre de zinc et de l'eau bouillante
fourqit de l'aldéhyde ci-otonique. Enfin, lorsqu'on chauffe dans le vide un mélange
intime d'aldéhyde et de soude pulvérisée en grspd excès, il distille en quantité théo-i
rique un mélange de bromures éthyléniques et acétyléniques, malheureusement très
oxvdables, parmi lesquels un composé possédant toutes les propriétés du bromure de
propargyle brome CH-Br.C= CBr de M. Lespieau ('). Dans le résidu solide qui est
à peine coloré, j'ai pu déceler une petite quantité d'acide formique. Cette dernière
réaction rapproche un peu le produit en question du bromal.
En résumé, la broniuralion de la paraldéhyde à basse température
fournit de l'aldéhyde bromacétique; celle-ci se crotonise au-dessus de o"
en présence d'acide bromhydrique, mais cette crotonisation est limitée. En
présence d'un excès de brome, l'aldéhyde dibromocrotonique se transforme;
en aldéhyde lélrabromobutyrique. corps inerte et très stable, mais dont U
chaîne se disloque aussitôt qu'on lui enlève de l'acide bromhydrique. Ee
complexe CH-Br.ÇBr = CÇr.GHO serait donc instable.
(') Ann. Chini. P/iys., r série, t. XI, p. 269.
SÉANCE DU 26 JUIN ipoS. 1695
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques nouvelles ^-cétoaldéhydes. Noie de
MM. F. Couturier el G. Vigxo\, présentée par M. A.. Haller.
On sait, par les travaux de Claisen, que le formiate d'étliyleet les acétones
R _ CO — CH' réagissent en présence de l'éthylate de sodium pour donner
les p-cétoaldéhydes, R - CO — CH = CHOH, dont la forme stable est celle
d'acétones-alcools non saturés.
Les Ci-cétoaldéhydes à chaîne linéaire donnent des composés métalliques
très bien cristallisés, mais présentent une grande instabilité lorsqu'on
cherche à les isoler, et se polymérisent spontanément en donnant un dé-
rivé trisubstitué de la benzine.
Claisen et Meyerowitz ont appliqué la même réaction aux acétones de
formule R — CO — CH- — R', et ont obtenu dans ce cas des cétoaldéhydes
tout à fait stables, pouvant parfois se distiller sans décomposition, et ré-
pondant à la formule R — CO — C = CH OH ; ce sont des composés à chaîne
R'
arborescente dans lesquels l'atome d'iiydrogène compris entre le groupe-
ment cétonique et le groupement alcoolique terminal est remplacé par un
radical hydrocarboné quelconque.
Nous nous sommes proposé de rechercher si les substitutions dans le
radical hydrocarboné R des cétones de forme R — CO — CH', qui abou-
tissent à des formes arborescentes différentes de celles indiquées ci-dessus,
pouvaient avoir une influence sur la stabilité des cétoaldéhydes.
Noils avons employé, pour l'obtention des nouvelles cétoaldéhydes, la
méthode de Claisen, modifiée par Temploi du sodium métallique sur un
mélange d'éther formique et des cétones choisies. Le sel de sodium de la
cétoaldéhyde formée, dissous dans l'eau glacée, acidulé par l'acide acé-
tique et traité par de l'acétate de cuivre soigneusement privé d'acétate
basique, a donné le sel de cuivre de la cétoaldéhyde qui a été purifié par
lavage à l'éther de pétrole et cristallisation dans l'éther.
Nous avons ainsi obtenu les corps suivants :
I. Diélhylacélylaldéhydc :^„^^Gn-CC>-~CA\=iCnO\\. - Cette céloaldé-
hyde aéléptépai-éepar condensation de la dlétliylniéthylcélone cl de l'éther formique.
Son sel de cuivre (G^H'^O-)^ Gu se présente sous la forme de très gros cristaux d'un
bleu noir très foncé, solubles dans l'éther, et fondant à 68°.
1696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Celui-ci, traité par l'acide sulfurique à 20 pour 100, se décompose avec mise en
liberté de la cétoaldéliyde qui distille à 6o"-62<> sous i3"'"', et à i-3"-i7(° à la pression
ordinaire sans aucune décomposition.
La diéthj'lacélylaldéliyde donne une semicaibazone qui, purifiée par lavage à la ben-
zine et cristallisation dans l'alcool niélliylique absolu, se présente en fines aiguilles
blanches, fusibles à 162°.
II. Trimélhylacélylaldèhycle (CH^)' C— CO — CH — CH OH préparée par conden-
sation de la pinacoline avec l'étlier formique; son sel de cuivre (C'H"0-)-Cu cristal-
lise en belles tables bleu foncé, fusibles à 12.5-126°, solubles dans l'éther et l'al-
cool. Celui-ci, décomposé par l'acide sulfurique à 20 pour 100, donne un liquide
incolore, à réaction fortement acide, à odeur piquante, bouillant à 53°-54° sous
i3""" et distillant à i48° sous la pression ordinaire sans décomposition. La trimétlijl-
acétylaldéhyde libre ainsi formée réduit la liqueur de Fehiing, réduit le nitrate
d'argent et donne avec le perchlorure de fer une belle coloration rouge sang.
La seraicarbazone est cristallisée en aiguilles blanches fusibles à 166".
III.' Isovalérylaldéhyde ^[Jj^^GH - CIP - CO - CH == CH OH préparée par
condensation de la méthylisobutylcétone et de l'éther formique; son sel de cuivre
(C'H'*0*)-Cu cristallise en aiguilles bleues, fusibles à i42''-i43°, solubles dans
l'éther.
La décomposition de ce dernier par SO'lI-a permis d'isoler la cétoaldéhyde et de
la distiller dans le vide ; elle bout à 5i°-53'' sous i3"™, mais se décompose si on la
distille sous la pression ordinaire: de plus, elle jaunit assez rapidement et au bout de
quelques jours il se sépare du liquide des gouttelettes d'eau décelant une altération
avec formation probable d'une tricétone par élimination de 3™°' d'eau.
IV. Isobutylacétylaldéhycle ^us/CH — CH-- CIP- CO - CH = CHOH pré-
parée avec la méthylisoamylcétone dans les conditions précédemment indiquées. Son
sel de cuivre (C'H''0-)'Cu fond à 120°; sa décomposition par l'acide sulfurique
donne un liquide fortement coloré en rouge, se polymérisanl déjà sous l'influence du
chlorure de calcium et se décomposant en grande partie à la distillation dans le vide :
il passe seulement quelques gouttes de liquide incolore, bouillant à 6-°--o°, parais-
sant être la cétoaldéhyde libre.
Il résulte île nos recherches que la stabilité des |i-céLoalcléhycles n'est
pas néces.sairemerit liée à la forme arborescente indiquée par Claisen et
Meyerowitz, et que l'on peut obtenir des cétoaldéhydes stables de la forme
R — CO — CH = CflOH, à la condition que le radical hydrocarboné R
soit lui-même à chaîne arborescente.
Si, d'autre part, nous comparons les diverses cétoaldéhydes obtenues,
au [)oint de vue de leur stabilité, nous conslalons que ces corps paraissent
d'autant plus stables que la substitution dans le radical hydrocarboné,
aboutissant à une forme arborescente, se fait sur un carbone plus rappro-
ché du groupement célonique.
SÉANCE DU 26 JUIN igoS. rGpy
C'est ainsi que la dièlhylacèlylaldéhyde et la trimèthylacétylaldéhyde,
dans lesquelles la substitution affecle le carbone immédiatement lié au
groupe cétonique, sont assez stables pour être conservées à l'abri de la
lumière pendant plusieurs mois sans altération sensible.
U isovaléry [aldéhyde dans laquelle la chaîne arborescente est séparée du
groupe CO par un groupe CH- est déjà moins stable; enfin 1' isobutylacélyl-
aldéhyde, dans la formule de laquelle se trouvent deux groupes CH^ inter-
calaires l'est encore beaucoup moins et participe ainsi des propriétés des
p-cctoaldéhydes à chaîne linéaire saturée qui ne peuvent exister à l'état
libre.
Le nombre relativement faible de corps préparés ne nous permet
cependant pas de conclure à une loi générale; nous nous proposons d'en
poursuivre la vérification et d'étendre la réaction aux corps à radicaux
hydrocarbonés non saturés.
CHIMIE ORGANIQUE. — lodomercurates et chloroiodomercurate de monométhyl-
aminé. Note de M. Maurice François, présentée par M. H. Moissan.
L'iodure mercurique est susceptible de se combiner à l'iodhydrate
d'aniline en donnant des iodomercurates et à la fois à l'iodhydrate et au
chlorhydrate d'aniline en donnant des chloroiodomercurates contenant à
la fois de l'iodhydrate d'aniline, du chlorhydrate d'aniline et l'iodure mer-
curique.
On peut préparer des combinaisons analogues en parlant de la monomé-
thylamine.il esta remarquer que, tandis que les iodomercurates sont jaunes,
les chloroiodomercurates jusqu'ici étudiés sont sensiblement incolores; ils
cristallisent d'ailleurs avec la plus grande facilité comme les iodomer-
curates.
La mélhylamine employée pour la préparation des corps qui suivent
avait été obtenue au moyen de l'acétamide brome et complètement privée
d'ammoniaque par le procédé Jarry.
lodornercurcUe CWk/.\\\..l\'d,\-. — On place dans un tube à essais 4^1 54 d'iodure
mercurique (j^ de molécule), 28,40 d'iodliycliate do monomélhylamine (-^ de molécule)
et 2*^'"' d'eau ; on cliauffe légèrement. Tout se dissout et, par refroidissement, il se
dépose de fines aiguilles jaunes que l'on sépare par décantation de la majeure partie
de leur eau mère; la bouillie cristalline restante est jetée sur une plaque de porcelaine
poreuse et séchée sur cette plaque dans une cloche garnie d'acide sulfurique.
rfipS ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'eau mère iiljandoiinée à l'évaporatioh lente sur l'acifle sulfUrique laisse déposer des
cristaux beaucoup plus volumineux du même corps : ce sont des aiguilles jaunes ayant
jusqu'à 10'^"" de longueur sur 2™" d'épaisseur.
Le dosage du mercure, de l'iode et de la mélhylamine fournil des cliilTres corres-
pondant exactement à la formule indiquée; savoir : mercure (pour 100) 32.67; '°''^
(pour 100) 62,22; méthjlamine (pour lOo) 4i95-
Ce corps fond à 173°. Il est soluble dans l'alcool absolu et dans l'éther sans décom-
position apparente. 11 est très soluble dans l'acide acétique cristallisable et se dépose
en cristaux par refroidissement de la solution saturée à chaud; les cristaux ne sont pas
mêlés d'iodure mercurique. 11 est insoluble dans le chloroforme.
La chaleur le décompose en ses éléments, iodure mercurique et iodliydrate de
mélhylamine, qui se déposent séparément sur la paroi froide.
Il est décomposé par l'eau en iodure mercurique insoluble et iodhydrate de mélhyl-
amine dissous; la décomposition est incomplète si le poids de l'eau employée ne dépasse
pas celui de l'iodomercurale.
lodomercurate (CH'^Az, HI)-HgP. — On place dans un tube 98,08 d'iodure mer-
curique (^ de molécule), 12»', 80 d'iodhydrate de mélhylamine (^^ de molécule) et
3"""' d'eau. Par une légère action de la chaleur, lout se dissout. Si on laisse refroidir
lentement, il se dépose de grandes tables jaune pâle ressemblant au ferrocyanure de
potassium. On fait tomber les cristaux sur une pla([ue de porcelaine poreuse et on les
dessèche sur l'acide sulfurique.
L'analyse de ce corps donne : mercure pour 100, 25, 10; iode pour 100, 65,68;
mélhylamine pour 100, 8,17.
11 fond à 221"; il est insoluble dans le chloroforme et dans l'éther anhydre, soluble
dans l'alcool absolu. Très soluble dans l'acide acétii|ue çliaiid, il s'en déj)0se bien
cristallisé par refroidissement.
Il se dissout très abondamment dans l'eau sans déjjôt d'iodure mercurique.
Ckloroiodomercurale (GH' AzHCl)'-HgP. — On place encore dans un tube à
essais 4°i54 d'iodure mercurique (yj de molécule), 3s, 90 de chlorhydrate de niélhyl-
dttiine {y^ de molécule) et 4""' d'eau. Par l'action de la chaleur, tout se disMuii r;qii-
demenl et l'on voit se déposer par refroidissement des cristaux nacrés, InillnnU,
tabulaires, qui sonl recueillis et desséchés comme les deux corps ci-dessus décrils.
Ce corps a donné à l'analyse : mercure pour 100, 33,26; iode pour 100, [\'ii^)'2\
chlore pour 100, 12, 4o; mélhylamine pour 100, 10,60.
Il est en cristaux incolores fondant à iSg", solubles dans l'alcool absolu, insolubles
dans l'éther et le chloroforme. Il est soluble dans l'acide acétique surtout à chaud; la
solution saturée à chaud laisse déposer d'abord des cf'isiaux d'iodure mercurique,
puis, un peu plus lard, des cristaux plats incolores du chloroiodomercurate.
Au contact de la moindre quantité d'eau, il est décomposé en iodure mercurique
rouge, insoluble, et chlorhydrate de mélhylamine dissous.
SÉANCE DU 2G JUIN ipoS. 1699
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérivés de la hulyroïne et de la
capronoine. Note de MM. L. Bouveault et René Locquin, présentée
par M. A. Hnllcr.
Nous avons indiqué dans une précédente Note comment on peut se pro-
curer la butyroïne et la capronoine (') en partant des butyrate et caproate
d'éthyle. Pour établir la constitution de ces deux dérivés, nous avons
cherché à y mettre en évidence les deux fonctions alcool et acétone.
La butyroïne donne naissance à une arj'me bouillant à i43° sous 10™";
l'une et l'autre fournissent des semicarbazones fusibles respectivement à
i4i°-i45° (147° corr.) et à 92° sur le bain de mercure.
La fonction alcoolique de la butyroïne est décelée par la formation d'un
pyruvale bouillant à i34''-i38" sous 12°"" dont la monosemicarbazone fond
à 145° (147° corr.).
L'oxydation même ménagée delà butyroïneet de la capronoine ne donne
naissance qu'aux acides correspondants. Au contraire, la déshydrogénation
par la méthode Sabatier et Senderens conduit aisément au dibutyryle et ai;
dicaproyle. Ces deux a. dicétones se combinent au bisulfite de sodium et
sont régénérées de cette combinaison au moyen du carbonate de sodium.
Elles sont jaunes, bouillent, la première à 168° sous 760""", la seconde à
iio°-ii5'' sous i5™" et fournissent "des dioximes fondant res|)ectivement
à i82°-i83<' (187° corr.) et i8i°-i82" (186° corr.).
L'hydrogénation de ces deux cétones alcool par le sodium et l'alcool
les transforme en un mélange des deux glycols bisecondaires symétriques.
Voctanediol !\-5-'x, qui provient de la Inilyroïne, est liquide et bout à iiS^-iao"
sous 10™°'. Son isomère p est cristallisé et fond à 1230-124° (12.5" corr.) en se sublimant.
Ces deux glycols ne se combinent qu'à une seule molécule d'acide pyruvique ; chanfles
en tube scellé à 180" avec de l'acide sulfurique étendu ils se transforment tous les deux
en octanone !\ dont nous parlerons plus loin.
L'iiydrogénatiop de la capronoine donne naissance à un mélange de deux glycols
solides qu'on peut séparer par cristallisation fractionnée.
Le dodécanediol 6-7-a fond à 54° et bout à 1 55°- 160° sous io™"\ Son isomère p
fond à i35°-i36° ( corr. ). Tous les deux sont déshydratés à 200° par l'acide sulfurique
étendu et fournissent la dodécanoiie 6 dont nous reparlerons également.
(') M. Bertliglot ay£((\t bien voulu nous faii'e remarquer que ]e terme de caproïne
avait déjà été employé pour le glyçéride de l'acide caproïque, nous désignerons par |e
mot de capronoine (de Capronsaiire) le corps qqe nqus sypns découvert.
1700 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ces liydrogénalions par le sodium et l'alcool il se forme, en même temps que
les glvcols, des produits d'Iiydro.jénation i)\us avancée, ii savoiv les alcools secondaires
correspondants que la distillation fractionnée permet de séparer sans difficulté (')
R_C0-CII(nil)_H + ,.ii!^lI!0-+-H-CH'-CH(01I)-H.
h'oclanol !^. donni:' par la liulyroïne, est un li(]iiide mobile, incolore, présentant
une odeur assez agréable et bouillant à 71» sous 10""». Son pyiuvale bout à loS"-! 10°
sous io""° et fournit une semicarbazone pulvérulente fusible à 96". Oxvdé par le
mélange cbromique, il donne Voclanone !\ bouillant à i65°-iG8° sous 760""", identique
au produit provenant delà déshydratation de l'octanediol. La semicarbazone de cette
oclanone fond à ioo''-ioi° sui' le bain de mercuie.
Le dodécanolù bout à 119" sous 9"'"'; il est cristallisé et fond a 3o°. Son pyrmale
bout à iSoo-iSî" sous 10""° et donne wne semicarbazone bien cristallisée fusible à
93"-94°- L'oxydation de cet alcool parle mélange cliromique fournit Vacétone corres-
pondante qui bout à 112° sous g""» et se congèle en cristaux fusibles à 9". La semi-
carbazone de la dodécanone 6 se forme, mais elle reste liquide; son oxinie bout sans
décomposition à 147° sous 10""".
On savait déjà, par calcination des sels de clianx des acides R — CO'H,
obtenir les acétones R — CO — R qu'on désigne généralement en rempla-
çant |)ar one le suffixe ic/uc de l'acide (Ex. : acide jjutyrique : butyrone). Le
procédé que nous avons décrit permet d'obtenir avec autant de facilité les
homologues immédiatement supérieurs de ces acétones, homologues qu'on
peut représenter par la formule générale R — CO — Cil' — R et désigner
alors du nom de l'acétone R — CO — R précélée du préfixe Ao/wo (Ex. :
acide butyrique : homobutyrone).
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une phytostêrine-alcool hivalenl .
Note de M. T. Klobb, présentée par M. A. Haller.
J'ai montré récemment (|ue Varnistérine. principe neutre crislallisahle de
V Arnica monlana. se rangeait par ses réactions colorées parmi les phylosté-
rines et que sa molécule renfermait probablement 2*' d'oxygène (-). Les
expériences suivantes établissent l'existence de deux fonctions alcool.
1° L'anhydride acétique donne un dérivé diacélyU.
On chaude j)endaut 3 heures à i4o°-i.5o"; en projetant dans le li(]uide re'roidi
(') Une obser\alion du iiaMue genre a été faite récemment par .^L A. Kling sur
l'acétoïne qu'il obtient par un procédé tout dillérenl.
(') Comptes rendus, t. CXXXVilI, 190^, p. 763.
SÉANCE DU 2G JUIN igoS. 1701
mi cristal provenant d'une opération antérieure, le tout se prend en masse. Après cris-
tallisation dans l'alcool on obtient généralement un acétate a C"H'*( O.C'H'O)'
en assez gios cristaux octaédriques fusibles à iSi^-iSS" (bloc Maquenne). D'autres
fois il se dépose un acétate ^ en longs prismes fondant à lOC-ioi" souvent réunis deux
à deux et formant une màcle en fer de lance comme le g^pse; séparés mécaniquement
des premiers, ces cristaux donnent les mêmes chifTres à l'analyse. Enfin quelquefois
l'acétate se dépose en boules blanches opaques, amorphes. En solution dans le benzène
(45 dans 100"'') l'acétate a donne à +22" une déviation droite comme l'arnistérine elle-
même; a,, = +74°, 2. Cryoscopie dans le benzène : litre de la solution 7s dans looR,
abaissement trouvé o'',7i. Poids moléculaire trouvé 48.>; calculé pour la formule
en C^» : 498.
2° Action (lu chlorure de henzoyle.
On mélange rarnisléririe avec assez de réactif pour former une pâle claire el l'on
chauffe à ébullilion pendant quelques minutes. On dissout dans l'alcool et l'on évapore à
sec. I.e produit étant solidifié, dissous dans le chloroforme et additionné d'alcool, donne
des lamelles nacrées renfermant du chloroforme de cristallisation; essorées et mises en
contact avec de l'alcool froid celles-ci se transforment en une poudre cristalline plus
ii hémolyse les globules dans leur
volume d'eau par quelques gouttes d'éllier. La liqueur filtrée cristallise en moins d'une
heure dans un mélange de glace et de sel.
(') Voir ma Note, Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 1219.
17»^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces cristau\ sont sLisceplibles d'êlre lavés abondamnienl à l'eau pure glacée sans
qu'il s'en dissolve une quantité appréciable. Ce sont du petits tétraèdres à contours
bien arrêtés se rassemblant comme un sable fin.
Si l'on reçoit la liqueur des globules hémolyses dans une solution saturée de tluoiuie
de sodium (6""' à j"'"'') et (ju'on laisse cristalliser au froid, on obtient des cristaux lout
comme dans le premier cas.
Celte oxyhémoglobine, quoique née dans un milieu saturé de fluorure, donne des
solutions ne présentant pas spectroscopiquement le caractère que nous avons
signalé (').
Ces cristaux, qui se sont trouvés dans des conditions si favorables pour contenir du
fluor, donnent, néanmoins, en solution, la bande X =634- Comme toujours, l'addition
d'une trace de fluorure de sodium provoque dans cette même solution la migration
de À = 634 à >■ = 612.
Au contraire, la liqueur fluorée, eau mère des cristauv dont nous venons de décrire la
réaction spectroscopique, présente un spectre d'absorption dont la bande du rouge est
située à X = 6i2. Tout le fluorure reste donc dans la liqueur mère ou passe dans les
eaux de lavage.
Conclusion. — L'oxyhémoglobine n'csl sensible spectroscopiquemenL
qu'aux fluorures en solution. Les cristaux nés en milieux fluorés ne pos-
sèrlent pas, lorsqu'ils sont purs, la caractéristique optique du fluor.
Nous ferons remarquer à nouveau la sensibilité de celte réaction en
signalant qu'on l'obtient, en solution acétique étendue, avec des dérivés
fluorés dont l'insolubililé est très grande. Outre des fluorures préparés
par voie de précipitation, tels que les fluorures de lithium, de calcium, de
baryum, de strontium, dont la troisième eau de lavage offre encore la réac-
tion indiquée, nous avons recherché et observé le même phénomène dans
les eaux ayant servi à léviger des minéraux fluorifères pulvérisés, tels que
des fluorines, une cryolithe, une topaze.
CHIMIE vÉGicTALE. — Sur tes variations simultanées des acides organiques
chez quelques plantes grasses. Note de M. G. A\dré.
La plupart des végétaux renferment généralement dans les sucs cellu-
laires de leurs divers organes plusieurs acides ou sels d'acides organiques.
Les variations qu'éprouve chacun de ces acides, malgré le nombre consi-
dérable des travaux exécutés sur l'acidité en général, ont été rarement
étudiées au point de vue quantitatif. Le problème est fort compliqué à
(') Comptes rendus, t. (iXL, p. Sgo.
SÉANCE DU 26 JUIN Kjoï. 1 709
cause (le l'absence d'une méthode exacte et rapide de séparation des
acides les plus communs que l'on rencontre dans les plantes (oxalique,
tartrique, citrique, maiique). J'ai essayé néanmoins d'aborder celte ques-
tion en utilisant deux plantes grasses, particulièrement intéressantes dans
le cas actuel : Mesembrianlhemum crislallinum eiSedumazureitm dont j'ai en-
trepris antérieurement l'étude au point de vue des variations des matières
salines, de l'azote et des substances ternaires (').
Les éclianlillons de ces deux plantes que j'ai examinés ne renfermaient, en quantités
dosables, que les acides oxalique et maiique; l'acide tartrique faisait absolument dé-
faut et la présence de l'acide citrique, que j'ai recherchée à l'aide de divers procédés et,
entre autres, au moyen du réactif de Denigès, y était douteuse (-). Je dirai, très rapi-
dement ici, que j'ai employé la méthode bien connue de précipitation des acides à
l'aide de l'acétate de plomb, en opérant chaque fois sur la plante totale, finement
broyée, soit en présence de l'eau seule, soit de l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique,
capable de dissoudre les oxalates insolubles. J'ai dosé l'acide oxalique à l'état d'oxa-
late de calcium en prenant les précautions signalées autrefois par MM. Berthelot et
André (^). Dans la liqueur, séparée par filtralion des sels calcaires insolubles et réduite
à un petit volume, on ajoute de l'alcool fort qui précipite le malale de calcium, ou
mieux, de l'acétate de plomb en solution alcoolique qui précipite du malate de plomb.
Ces malates sont recueillis sur filtre taré, séchés et pesés : on en vérifie la composition
par le dosage de la chaux ou celui du plomb. Celle méthode sommaire, mais suffisante,
permet d'étudier les variations des deux acides oxalique et maiique. Voici le Tableau
des expériences :
Acide oxalique pour luo Acide Kau
de matière sèche : maiique Acide dans
_, pour ion oxalique 100 parties Poids
des des de total du de
oxalates oxalates matière -F acide végétal 100 pieds
solubles. insolubles. sèche. maiique. frais. secs.
I. 26 mai 1904 10,53 11,9-î 3,67 1.J,.J9 96,34 44,98
II. i3juin (i,i6 9,68 4,4o i4.o8 96,54 074,82
III. I''- juillet (repiquage). 5,29 5,5o 10,81 16, 3i 94,58 2187,67
IV. 22 juillet (floraison).. 4,86 4,79 " " ^9,79 4873,23
V. 17 août 1,90 2,56 i3,83 16,39 90>38 9042,80
I. 23 mai 1904 o,i5 1,67 7,62 9,29 96,99 3,4o
II. 7 juin 0,23 0,25 8,73 8,98 96,89 8,40
III. 21 juin, début (lor.. . o,45 1,62 8,42 10, o4 94,34 i42,74
IV. 8juillet ■ traces 0,74 "0,i3 10,87 '93,89 302,72
V. 29 juillet traces o,35 7,72 8,07 93,06 379,96
(') Comptes rendus, t. CXXXVII, 1903, p. 1272; t. CXXXVIII, 1904, p. 639.
(2) MM. Berg et Gerber (/fecwe gén. de Bolan., t. VIII, 1896, t. 295) ont signalé,
dans les Mesembrianlhemum, la présence de l'acide citrique.
(3) Annales de Chimie et de Physique, 6' série, t. X, 1887, p. 289.
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CXL, N" 26.) ^'9
1710 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I. Mesemhiiaitlhrmum crislallinum. — Chez celte plante, la formation de
l'acide oxalique a lieu surtout dans les feuilles et les oxalates solubles y
dominent à tous les moments de la végétation, ainsi que l'ont montré
MM. Bertiielot et André ('). Lorsqu'on rapporte à un pied sec moyen du
végétal la quanlilé d'acide oxalique total dosée, on remarque que celle-ci
va en diminuant à mesure que la plante avance en âge. J'ai retrouvé la
même relation, poussée beaucoup plus loin et ayant trait, à la fin de l'expé-
rience, à des végétaux dont le poids était presque le quadruple de ceux
examinés en i885.
Au contraire, la quantité de l'acide malique va sans cesse en croissant.
La somme des acides oxalique (oxalates solubles et insolubles) et malique
est à peu près constante pendant toute la durée de la végétation ; elle figure
pour ^ de la masse totale sèche. L'acide oxalique se détruit donc, peut-être
par simple oxydation, et la formation de l'acide malique est indépendante
de cette destruction. Il est, en effet, naturel de penser que l'acide oxalique
représente l'avant-dernier terme de l'oxydation des hydrates de carbone,
le terme ultime étant évidemment l'acide carbonique. Peut-être aussi l'acide
malique prendrait-il naissance par réduction de l'acide oxalique des oxa-
lates solubles : 2C-H = 0' H- H' = CMi'O' + 3H-0 sous l'influence de la
fonction d'assimilation, ainsi que MM. Berthelot et André l'ont admis pour
la formation de l'acide oxalique lui-même. Mais les faits actuellement
connus rendent peu vraisemblable cette interprétation.
Chez le M. cristallinum. la proportion des liydrates de carbone soluliles, faible au
début, augmente ullérieurement. On peut admettre que, l'acide malique étant le pre-
mier terme de l'oxydation des hydrates de carbone, sa proportion augmente avec la
quantité de ceux-ci. Il pourrait d'ailleurs exister un certain équilibre : les expériences
de A. Mayer (-) paraissant démontrer que la réduction des acides végétaux dans les
feuilles de plantes grasses insolées donne lieu à la production des mêmes substances que
celles du gaz carbonique aérien.
Il semble, étant donnée la dose notable de l'acide oxalique dans le jeune âge, que
les phénomènes d'oxydation soient plus intenses à ce moment dans la plante que dans
une période plus avancée de la végétation.
Ce qui caractérise donc la végétation du M. crislallinum, c'est, d'une part, la
nature de ses cendres dans lesquelles prédomine toujours la potasse et, d'autre part,
l'abondance de l'acide oxalique dans le jeune âge suivie de sa diminution progressive
qui coïncide avec une formation continue d'acide malique.
IL Sedurn asureum. — Tout autre est le processus d'acidification chez ce
(') Loc. cit., p. 343.
(^) Lamhv. Vers. Stat., t. XXX, 1884, p. 217.
SÉANCE DU 26 JUIN 190.'). 17II
végétal dont les cendres renferment plus de chaux que de potasse. La pro-
portion de l'acide oxalique total y est toujours très faible : les oxalates
sokibles disparaissent même vers la fin de la vie de la plante. Au contraire,
l'acide malique existe, même dans la plante très jeune, en quantité notable,
demeurant à peu près constante pendant tout le cycle de la végétation. La
proportion des hydrates de carbone solublos est relativement élevée
(■f!j de la matière sèche) dans ce végétal dés les débuts de son dévelop-
pement; il doit probablement y avoir une relation entre leur présence et
celle de l'acide malique.
Ainsi, la proportion centésimale de l'eau restant élevée et très voisine
chez les deux végétaux examinés ici, la différence entre leur teneur respec-
tive en acides oxalique et malique peut être imputée à la nature et aux
quantités différentes des bases qu'ils contiennent, ainsi qu'à leur teneur
inégale en hydrates de carbone solubles.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la production d'un cidre doux.
Note de M. G. Warcollier, présentée par M. E. Roux.
L'industrie cidrière réclame de plus en plus, pour satisfaire sa clientèle,
des cidres limpides, doux, mousseux, bouquetés, agréables.
Jusqu'à présent on n'a jamais réussi à diriger la fermentation de façon
à obtenir régulièrement et sûrement des produits cjui répondent à ces
desiderata.
Les travaux de Pasteur ('), de Deuys Cochin (^) et ceux, plus récents,
de M. Mazé (') ont montré que la vie anaérobie de la levure est limitée et
que la zyraase, qui dédouble le sucre en alcool et acide carbonique, disparaît
peu à peu en vie anaérobie et laisse intacte une quantité plus ou moins
granile de sucre non transformé. Si bien qu'on peut obtenir à volonté un
moût plus ou moins fermenté suivant qu'on règle la quantité de levure
initiale et la multiplication de celle-ci par l'accès plus ou moins ménagé
de l'air.
Partant de ces données, j'ai pensé que le meilleur moyen d'obtenir un
cidre doux était de préparer un moût de pommes aussi peu riche que pos-
(') I-'astelr, Éludes sur la bière, 1876.
(') D. Coc.iiiN, Annales de Chimie et de Physiqi,
(') Mazé, Annales de l'Institut Pasteur, 1904.
1912 ACADEMIE DES SCIENCES.
sible en oxygène «lissons, de l'ensemencer avec nne quanlilé limitée de
levure et de le placer à l'abri de l'air pendant toute la durée de la fermen-
tation.
Dans ces conditions, la fermentation doit s'arrêter d'elle-même, avant la
disparition complète du sucre. En soutirant ensuite le cidre à l'abri de l'air,
il semble donc possible, a priori, d'obtenir un cidre doux qui gardera
indéfiniment les caractères et les qualités organoleptiques que la fermenta-
lion lui aura donnés.
I. Pour vérifier ces dédiiclions, j'ai pris un moût de pommes stérilisé depuis un an par
trois chaufTes à 65° à 24 heures d'intervalle, et je l'ai réparti dans des bouteilles de 1'
environ de capacité, en opérant rapidement afin d'éviter le contact prolongé de l'air.
Les bouteilles ont été remplies presque complètement et fermées chacune à l'aide d'un
bouchon de caoutchouc percé de deux trous : l'un laissant passer un tube à dégagement
d'acide carbonique qui plonge sous l'eau, l'autre un tube de verre permettant de faire
passer à volonté un courant de CO" à la surface du liquide pour chasser tout l'air delà
bouteille ou pour empêcher toute entrée d'eau ou d'air par le tube à dégagement.
Les bouteilles onl été ensemencées avec une levure vigoureuse de cidre, isolée au
laboratoire.
Les unes ont reçu 10™' d'un moût en pleine fermentation provenant d'un matras
Pasteur et les autres ^ de centimètre, obtenu en opérant des dilutions dans un moût
stérile. Dans les premières bouteilles, la fermentation a lieu en présence de beaucoup
de levure et dans les secondes avec des traces.
Le même jour on a mis à fermenter à la même température de iS" du même moût
placé dans des bouteilles semblables, ensemencées de la même façon les unes avec
beaucoup de levure, les autres avec des traces, mais fermées par un simple tampon
de coton.
L'expérience a duré i\'\ jours; au bout de ce temps on a dosé le sucre restant et l'al-
cool.
Voici les chiffres obtenus .'
Sucre total
pour 1000 Alcool
exprime pour 1000
Densité. en glucose, en volume.
Moùl témoin io48 106,1 o
N" 1 . Fermentation;) rabriderair(lracesdeievure). io3i 61, 5 2,5
N°2. Fermentation à l'abri de l'air (beaucoup) ... . ioo5 7,7 6,0
N" 3. Fermentation à l'air (traces de levure) ioo4 5, 80 6,0
N" h. Fermentation à l'air (beaucoup) loo^ 6, 10 6,0
Au moment où l'on a mis fin à l'expérience, le n° l était tout à f;ût lim-
pide et la fermentation y était arrêtée depuis 8 jours; à la dégustation,
le cidre était bon mais trop sucré. Les n° 2, 3, 4 étaient fermentes à fond.
SÉANCE DU 3,G JUIN igo5. 1713
troubles, et bien inférieurs comme qualité au précédent. Le cidre n° 1, sou-
tiré à l'abri de l'air en présence de CO-, s'est conservé sans entrer de nou-
A'eau en fermentation.
II. Dans d'autres essais, en opérant dans des conditions identiques, nous sommes
parvenus à obtenir un cidre doux en partant d'un moût ensemencé avec des traces de
levure, en faisant fermenter à l'abri de l'air à 35°. A celte température au bout de
8 jours seulement, la zymase est détruite et la fermentation s'arrête complètement.
Les cidres obtenus sont bons, mais dépourvus de CO- qu'il est facile de leur rendre en
les saturant de ce gaz sous pression après les avoir soutirés.
III. En partant de moûts non stériles, bien déféqués, obtenus par les procédés
habituels de fabrication, nous avons réussi à obtenir des cidres se conservant doux en
faisant des soutirages successifs à l'abri de l'air, de façon à opérer la fermentation
avec des traces de levure et en vie anaérobie.
Les mêmes moûts fermentes par les procédés ordinaires de la pratique courante ont
donné des cidres qui sont devenus secs au bout de trois mois.
IV. En opérant la mise en bouteilles à l'abri de l'air d'un cidre de densité 1025 et
très limpide, c'est->à-dire ne renfermant que des traces de levure, et en emplissant com-
plètement les bouteilles, sans laisser de chambre à air, nous sommes parvenus à obte-
nir un cidre parfait, très mousseux.
Toutes les bouteilles, couchées dès kur remplissage, ont sensiblement la même
pression de CO', peuvent être ouvertes sans danger de projection de liquide et ne
présentent entre elles aucune différence à la dégustation, ce qui n'arrive pas quand la
mise en bouteilles est faite d'après les procédés habituels, c'est-à-dire opérée en pré-
sence de l'air, avec beaucoup de levure, et en laissant une chambre à air entre le
liquide et le bouchon.
Tous ces résultats indiquent qu'on peut obtenir des cidres doux en fûts,
en bouteilles, sans craindre une multiplication ultérieure de levure et
une fermentation consécutive.
Je me propose maintenant de justifier ces faits au point de vue pratique
et de montrer qu'avec les connaissances que nous possédons aujourd'hui
sur la physiologie de la levure, il devient possible de porter dans l'indus-
trie du cidre des améliorations intéressantes.
ZOOLOGIE. — Le genre Alabes de Ciwier. Note de M. Léo\ Vaillant,
présentée par M. E. IVrrier.
Le genre Alahes établi par Cuvier en 1817 pour un petit Poisson apode
donné comme venant des Indes et placé par lui dans le voisinage des
Symbranches, après avoir été admis par van der Hœven, Swainson, en
dernier lieu par C. Dutnéril(i856), a disparu depuis des Traités d'Ichtyo-
lyi/l ACADÉMIE DES SCIENCES.
logie. Les types conservés au Muséum, avec d'autres exemplaires pro-
venant de la Nouvelle-Hollande et acquis de Verreaux en 1846, ont été
cependant étudiés par Kaup vers i855, mais cet auteur, qui avait inscrit
lui-même la désignation Alabes Cuvieri sur l'im des bocaux, s'en est tenu
à cette indication manuscrite.
Ayant repris l'étude de cet animal, j'ai reconnu qu'il avait été décrit une
seconde fois par Richardson sous le nom de Cheilobranchus dorsalis dans le
voyage de Erebus and rc/ror( 1844-1848).
Il n'est aucunement douteux qu'il ne s'agisse de Poissons du même
genre, peut-être de même espèce, si toutefois ils doivent être considérés
comme parvenus à leur forme définitive, question encore incertaine. C'est
dans les mêmes parages, l'Australie, que ces animaux ont été recueillis;
la description donnée par l'ichtyologisle anglais s'applique, on peut dire
textuellement, aux exemplaires du Muséum; les figures confirment ce
rapprochement, les moindres détails s'y retrouvent ; ainsi, par exemple,
les nageoires impaires sans rayons, sauf la caudale, laquelle en présente
neuf, articulés, simples; la position des pores céphaliques, la petite papille
anale et la disposition radialement plissée de la peau qui la précède, etc.,
se voient très nettement sur la plupart de nos exemplaires.
On s'explique toutefois que Richardson n'ait pas fait le rapprochement,
n'ayant à sa disposition que la description, déjà ancienne, de Cuvier. Ainsi
il n'y a pas en réalité de pectorales; l'auteur du Règne animal désigne sans
aucun doute sous ce nom les lambeaux cutanés, appendus à la lèvre posté-
rieure de l'orifice branchial, auxquels l'iclilyologiste anglais emprunte le
nouveau nom générique. Quant au petit disque concave situé entre ces
deux lambeaux, ce n'est pas une ventouse à beaucoup |)rès aussi nettement
constituée que celles connues ciiez les Liparis, par exemple, ou autres
poissons dits discoboles. Ou distingue seulement, et non chez tous les
individus, une sorte d'ovale transversal, reconnaissable, sous certaines
incidences de lumière, à de petits points brillants, régulièrement espacés,
qui en indiquent le contour. Il est facile de comprendre que cette dis-
position ait pu échapper à Richardson et aux ichtyologistes tels que
MM. Gûnther, Macleay, qui ont depuis observé ces Poissons.
D'ailleurs cet être, dont l'aspect général rappelle celui de l'Anguille à
l'état de Civelle ou même de Leptocéphale, est-il arrivé à son entier déve-
lo|)pement? ne représente-t-il pas plutôt un état larvaire, auquel cas le
disque cotyloïde pourrait bien n'être qu'un organe transitoire? La question
peut être posée.
V Alabes, tel qu'il nous est connu, doit être regardé cependant comme
SÉANCE DU 2(3 JUIN ll^oS. 1710
sorti (]e la période embryonnaire proprement dite. Son .squelette, scléro-
denlineux, présente un état de développement assez avancé pour qu'on
puisse juger qu'il est ;irrêté dans ses caractères princi[)aux. Ainsi, pour ne
citer que les faits les plus frappants, la mâchoire supérieure est uniquement
constituée par l'intermaxillaire, derrière lequel se trouve un maxillaire
indépendant; la colonne vertébrale se termine par un appareil hypural
typique présentant, sous la vertèbre terminale relevée, une plaque calcifiée
triangulaire, qui supporte les rayons de la caudale.
Ce Poisson chorignathe horistorachidien ne peut être maintenu dans la
sous-classe des Apoda, ni même rapproché des Sy/nôrancAjV/ce, qui se rangent
parmi les Abdominales Merognathi. Ses affinités sont plutôt avec la famille
des Blenniidœ de la sous-classe des Acanlhopterygii.
PHYSIOLOGIE. — signification physiologique des cellules 0 urates chez les
Melliféres solitaires. Note de M. L. Semichon, présentée par M. E.-L.
Bouvier.
Les celbdes à urates, signalées par Fabre en i856, ont été retrouvées
chez tous les Hyménoptères.
Plusieurs interprétations ont été proposées au sujet de leur rôle, bien
qu'on s'accorde à reconnaître qu'elles sont excrétrices.
Fabre, en i863, montre que chez beaucoup d'Hyménoptères, carnassiers à l'élat
larvaire, les cellules à urates apparaissent peu après la sortie de l'œuf. Mais il ne les
rencontre pas dans les larves végétariennes des Mellifériens, des Cimbex et des Ten-
ihrèdes, pendant la période active, tandis qu'il en trouve pendant l'abstinence et la
vie ralentie; or, à ce moment l'animal, vivant sur lui-même, est Carnivore.
Cette remarque conduit Fabre à admettre que les urates sont la conséquence du
régime Carnivore ou de la vie ralentie.
Berlese (1901) considère les urates comme dus au dédoublement intracellulaire de
produits albuminoïdes.
Karawaiew (Fourmis) et Anglas (Guêpes, Abeilles) ont admis que les cellules à
urates avaient une action digestive sur les cellules adipeuses. Cette opinion est for-
mellement contredite par Terre, Mesnil et Pérez. Pour ces auteurs elles n'exercent ni
phagocytose, ni lyocytose (terme adopté par Anglas pour désigner la phagocytose
sans englobement).
Mes recherches ont porté sur des larves appartenant, les unes, à des fa-
milles distinctes, les autres, à une même famille, mais différentes par la
durée de leurs stades. Ces conditions me semblaient favorables à la m,ise
17 16 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en évidence de varialions; néanmoins un certain nombre de fails sont
communs à l'ensemble des Mellifères examinés.
L'apparition des cellules à urates est précoce. Los produits d'excrétion
s'y déposent à l'état solide peu après la sortie de l'œuf et augmentent de
volume à mesure que la larve grandit ; pendant ce temps la nourriture est
végétale (pâtée de miel et de pollen). A partir du moment où la larve de-
vient inactive et immobile, les cellules à urates' et leur contenu ne su-
bissent plus d'augmentation apparente, même chez les larves {Megachite
argenlata F., Dasypoda plumipes Pz.) qui hivernent pendant plusieurs
mois. Il n'y a pas, non plus, augmentation apparente chez les Nymphes, ni
chez les adultes immatures, c'est-à-dire pendant la période oij l'animal ne
prend aucune nourriture. Chez l'adulte immature, les cellules à urates
décroissent en volume et probablement en nombre; elles disparaissent,
même plusieurs mois avant la vie libre, chez Y Anthophora personala lUig. et
X'Osmia cornuta Latr, Elles existent encore souvent, au début de la vie
libre, chez les Haliclus quadricinctus F., Megachile argentata F., Andrena
nigroœenea (Kby) lUig.
Mes observations ne concordent donc pas avec celles de Fabre. Mais
il esta remarquer que, cet auteur n'ayant pas donné les noms des Melli-
fères qu'il avait examinés, je n'ai pu contrôler directement ses assertions
sur les mêmes espèces. Quoi qu'il en soit, son interprétation physiologique
est inapplicable à celles que j'ai étudiées : il semblerait plutôt que l'abon-
dance des urates résulte de la vie active et d'une nourriture abondante
(ce qui concorderait avec l'opinion de Berlese sur la digestion des albumi-
noïdes).
J'ai soumis au jeûne, avant leur période de repos, des larves d'âges différents
{Megachile argentata, Osmia corniila) et j'ai constamment observé chez elles une
accélération du dépôt des urates. Dans ce cas il y a, sans doute, autopliagie mais
concurremment vie active, car la larve fait, pour atteindre sa nourriture absente, des
efTorts considérables, qui durent pendant plusieurs jours; il n'est pas possible de la
faire tenir tranquille sans lui donner à manger, et, par conséquent, de distinguer
si l'abondance des urates est due à un surcroît de travail musculaire, plutôt qu'à un
état maladif produit par celle perturbation du régime. En tout cas, ce n'est pas ici la
surabondance de nourriture d'une larve peu active, qui favorise la localisation des
urates.
Mes préparations ne m'ont pas montré de fails qui mililenl en faveur de l'opinion de
Karawaiew ou d'Anglas.
En résumé, chez les Mellifères solitaires que j'ai étudiés (^Anthophora
SÉANCE DU 2() JUIN ipOD. 1717
personata lUig., Osmia conuila Latr,, Megachile argenlata F., Dasypoda
plumipes Pz., EalicUis quadricinclus F.), les ce//M/e5 à «ra^e^ apparaissent de
bonne heure, comme chez les Hyménoptères carnassiers. Elles semblent
inactives pendant toute la période de vie ralentie. Elles sont en décroissance
chez les adultes immatures et peuvent exister au début de la vie libre. Au
cours du nourrissement de la larve, elles augmentent rapidement lorsque
l'animal est privé d'aliments; il est vrai qu'alors il fait preuve d'une activité
musculaire insolite. La formation et l'accroissement des dépôts d'urates ont
lieu surtout durant la vie active larvaire, et sans qu'il y ait ingestion de ma-
tières animales (').
PHYSIOLOGIE. — Action hématoly tique et toxicité générale du sérum
d'Anguille pour la Marmotte. Note de MM. L. Camus et E. Gley,
présentée par M. Bouchard.
Nous avons montré, il y a quelques années (^), que le sérum d'Anguille
possède une action hématolytique extrêmement énergique; chez quelques
espèces animales cependant, les hémiilies résistent fortement à cette action;
telles sont, en particulier, les hématies du Hérisson (^) ; nous avons étudié,
dans les publications citées ci-dessous, les conditions de cette immunité
naturelle.
Il était intéressant de rechercher si d'autres animaux hibernants présen-
teraient la même immunité. C'est ce que nous avons vu sur la Marmotte
(^Arctomys Marmota).
11 faut des dilutions de sérum d'Anguille comprises entre j^j et ^ pour
que, dans des solutions de chlorure de sodium isotoniques, l'hémoglobine
des globules de Marmotte ddfuse légèrement au bout de i5 à 20 heures. La
résistance de ces i-lobiiles est donc très gninde, puisque d'autres Rongeurs,
(') J.-U. Fabre, Annales dus Sciences naturelles, i856 et i863. — Karawaiew,
Zeitscliri/t f. wissenschaftliche Zoologie, 1898. — Anglas, Ilotes préliminaires et
Thèse, Paris, 1900. — Mesml, Comptes rendus Société de Biologie, 1900. — Terre,
Comptes rendus Société de Biologie, 1900. — Berlese, Rivista diPatologia végé-
tale, t. IX, 1901. — Perez, ISotes préliminaires et Thèse, Paris, 1902.
(2) L. Camus et E. Gley, Comptes rendus, 3i janvier 1898, p. 428, et Arcli. intern.
de Pharmacodynamie, t. V, 1898, p. 247-3o5.
(^) L. Camus et E. Gley, Comptes rendus, 24 juillet 1899, p. 281, et Ann. de
l'Institut Pasteur, t. XIII, 1899, p. 779-787.
C. B., igoD, 1" Hemeure. (T. C\L, N- 26.) 220
1718 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le Lapin et le Cobaye par exemple, laissent encore diffuser leur hémo-
globine, comme nous l'avons montré (loc. cil.), dans des solutions conte-
nant ,^l^g de sérum d'Anguille.
Les hématies de la Marmotte ne sont pas plus résistantes au sérum de
Chien qui, cependant, sur les animaux usuels de laboratoire, est beaucoup
moins globulicide que le sérum d'Anguille; elles laissent, en effet, diffuser
leur hémoglobine dans des dilutions du sérum de Chien à ^^-75. c'est-à-dire
presque aux mêmes doses que le sérum d'Anguille.
Ces faits nous ont conduits à étudier comparativement raction toxique générale de
ces deux sérums sur la Marmotte. Nous avions vu dans nos recherches antérieures que
le Hérisson, dont les hématies sont si résistantes, est notablement moins sensible à
l'action toxique du sérum d'Anguille que le Lapin. Ainsi apparaissait, chez cet animal,
une relation entre la résistance spéciale des hématies et la résistance générale de l'or-
ganisme. En élail-il de même chez la MarmoUe? Or, en injection intra-veineuse ('),
le sérum d'Anguille s'est montré plus toxique pour cet animal que pour tous ceux sur
lesquels on en a jusqu'à présent étudié l'action. Des doses de o'^"', 2 à o'"'.! par kilo-
gramme amènent en effet la mort en 5 à 6 minutes; il en est de même avec les doses
de o''°'',o5 et o°"'',o3 par kilogramme; un animal encore est mort avec une dose de
o'^"",o2 (dix fois moindre que celle qui lue le Lapin), mais cette fois en quelques
heures; un autre a résisté, sans avoir présenté de troubles, à une dose de o'^°'',oi.
Au contraire, la Marmotte résiste parfaitement à l'injection intra-veineuse de 5'^"''
et même de 10'^™' de sérum de Chien par kilogramme. Ainsi, quoique l'action globuli-
cide de ce sérum soit presque identique à celle du sérum d'Anguille, il n'en existe pas
moins entre ces deux liquides des différences profondes qui se manifestent për une
différence considérable dans la toxicité générale, puisque nous avons observé des Mar-
mottes qui ont résisté à des doses de sérum de Chien trois cents fois supérieures à la
dose mortelle de sérum d'Anguille.
Ces expériences nous ont donc permis de dissocier les propriétés toxiques
du sérum d'Anguille, mieux que nous n'avions pu le faire antérieurement
(loc. cit.) au moyen du chauffage à 56° qui abolit l'action globulicide, mais
qui diminue aussi, et dans une très forte mesure, l'action toxique générale.
Celle-ci peut être séparée de la propriété hématolytique et, ince versa,
comme nos expériences le prouvent, la résistance des hématies à ce poison
n'implique nullement la résistance de l'organisme en général.
(') Dans des expérieiices intéressantes, R. Blanchard {Soc. de Biol., i3 juin 1908,
p. 786) a déterminé la toxicité du sérum d'Anguille pour la Marmotte, mais par injec-
tion sous-cutanée ; dans cette condition, ce liquide est trois à quatre fois moins toxique
qu'en injection intra-veineuse chez le Lapin.
SÉANCE DU 2(i JUIN iqoo. 1719
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la présence du venin dans les œu/s
de Vipère. Note de M. C Phisalix, présentée par M. A. Chauveau.
Dans une précédente Communication (') j'ai montré que les œufs de
Crapaud contiennent une certaine quantité des principes actifs du venin,
et j'ai admis que ces poisons spécifiques jouent un rôle important dans le
développement de l'oeuf et les phénomènes de l'hérédité. Pour donner
plus de valeur à cette hypothèse, il était nécessaire de la corroborer par
de nouveaux faits et de rechercher si, chez d'autres animaux venimeux,
les principes caractéristiques du venin se fixaient aussi sur les œufs. Les
expériences que j'ai faites à ce point de vue sur différentes espèces montrent
qu'il en est réellement ainsi. La présente Note sera consacrée aux résultats
obtenus avec les œufs de Vipera aspis. Chez ce reptile, l'ovaire commence
à fonctionner à la fin de mars et, si l'on sacrifie des femelles vers la fin
d'avril, on trouve, dans chaque ovaire, un chapelet formé de 5 à lo ovules
de grosseurs différentes et dont le grand axe varie de a""" à iS»". Après
avoir seclionné l'enveloppe de l'ovule à l'une de ses extrémités, il suffit de
presser légèrement à la surface pour en faire sortir le contenu; on obtient
ainsi une purée épaisse légèrement jaune, à réaction faiblement acide,
constituée en grande partie par le vitellus. Diluée dans l'eau et inoculée au
cobaye, cette purée ovulaire détermine des accidents qui ont tous les
caractères de ceux de l'intoxication par le venin lui-même.
C'est d'abord une action locale qui se manifeste par un gonflement
accentué résultant d'un œdème hémorragique, puis les phénomènes gé-
néraux se succèdent comme dans l'envenimation vipérique, abaissement
progressif de la température, suivi de troubles moteurs et respiratoires qui
aboutissent à la mort.
La substance qui produit ces symptômes d'envenimalion a des propriétés
physiques identiques à celles du venin. Elle ne passe pas à la dialyse et
s'atténue par l'action de la chaleur. C'est ce qui résulte des expériences
suivantes :
Expérience. — Des ovules de vipère entourés de leur membrane d'enveloppe sont
mis en macération pendant plusieurs jours dans de l'eau chloroformée; on les retire,
on en extrait le contenu et on l'inocule au cobaye. Dans ces conditions, la purée vilel-
(') Comptes rendus, i4 décembre igo3.
1^20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
line esl aussi toxique que si elle avait été fraîchement préparée, tandis que, au
contraire, l'eau de macération est complètement inoffensive.
Les principes actifs ne dialysent donc pas à travers la membrane d'en-
veloppe de l'ovule. Aussi ne diffusent-ils que très lentement dans les tissus
et, quand la dose est suffisante pour amener une mort rapide, on eu
retrouve la plus grande partie intacte au point d'inoculation.
Expérience. — On inocule, dans le péritoine d'un cobaye de 290", 4*^'"°) 5 d'une
émulsion contenant 2'''"',5 de vitelius de vipère. Après la mort, qui arrive en i heure
3o minutes, on extrait 4"™° d'épanchement que l'on injecte dans l'abdomen d'un cobaye
de 420S. La température s'abaisse progressivement de 89,6 à 33,2 et l'animal succombe
en 6 heures avec tous les symptômes de l'envenimation.
Sous l'influence du chauffage, l'émulsion vitelline s'atténue d'autant
plus que la temj^érature s'élève davantage. Sa virulence n'est pas modifiée
à 58°-6o°. Ce n'est qu'à partir de 70° que l'action de la chaleur devient
manifeste; à 80°, les principes toxiques sont rapidement détruits.
Expérience. — 4'^°'' d'émulsion contenant 2'^"' de vitelius ont été maintenus dans un
bain à 80° pendant 20 minutes, puis inoculés dans la cavité périlonéale d'un cobaye
de 190S. Or l'animal, qui aurait succombé très rapidement si l'émulsion n'avait pas été
chauffée, n'a éprouvé aucun symptôme d'envenimation.
La quantité de vitelius nécessaire pour déterminer la mort par injection
sous-cutanée est de 2""'" et les ovules contenus dans l'ovaire d'une vipère de
taille moyenne fournissent à peu près celte quantité vers la fin du mois
d'avril. La quantité de sang nécessaire pour produire les mêmes effets dans
les mêmes conditions est à peu près le double. Les ovules fixent donc les
principes actifs du venin qui circule dans le sang, et la quantité de venin
qu'ils accumulent dans leur protoplasma s'accroît à mesure qu'ils aug-
mentent de volume. Les petits ovules longs de 2™'° à 4"" n'en contiennent
encore qu'une très faible quantité. Aucun autre organe ne fixe ainsi le
venin; le foie, le pancréas, les glandes thyroïdes, le thymus, inoculés en
quantité équivalente à celle des ovules, n'ont déterminé aucun symptôme
d'envenimation.
En résumé, au moment de i'ovogenèse chez la vipère, les principes actifs
du venin s'accumulent dans les ovules. Il est probable que d'autres sub-
stances spécifiques passent aussi du sang dans l'ovule et que ces substances,
de même que le venin, interviennent dans le développement de l'œuf. S'il
en est ainsi, les phénomènes mécaniques de l'ontogenèse seraient accom-
SÉANCE DU 26 JUIN igoS. 1721
pagnés de phénomènes chimiques qui joueraient un rôle essentiel dans la
formation des organes et dans le mécanisme de l'hérédité.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur le problème dit du travail statique : dèrnar-
l'age; considérations générales . Note de M. Ebxest Solvay, présentée par
M. Dastre.
Dans une Note précédente (') j';ii montré l'avantage qu'il y a à sub-
stituer à la notion de travail statique la notion d'énergie de sustentation,
énergie dépensée sans effet utile pour l'élévation, lorsqu'un moteur ciné-
tique à action continue et d'une puissance disponible constante W élève
lentement une charge de poids/? =^mg, c'est-à-dire avec une vite.sse Vg,
plus petite que la vitesse normale ^'„, qui correspond à l'ulilisation intégrale
de la puissance du moteur; cette dernière vitesse peut s'exprimer par la
}X — !i P
p ~ 1 //
appelé le jel représentatif du moteur, et par f^ la vitesse qui, a|)rès le temps /
de chute, correspond à la hauteur A du jet moteur.
Je voudrais aujourd'hui dissocier les deux termes de la dépense énergé-
tique : énergie de sustentation et travail d'élévation durant la phase ini-
tiale du mouvement ascensionnel de la charge, phase de démarrage, jien-
dant laquelle la masse est progressivement amenée par l'action du moteur
à passer du repos à la vitesse ascensionnelle de régime.
Considérons d'abord le cas où cette vitesse de régime est la vitesse normale définie
ci-dessus. Cette vitesse, quelle que soit d'ailleurs sa direction, pourrait être acquise
naturellement par une chute libre de la masse m. La hauteur de cette chute serait
— Li — -1_ ^' — _L
_ r W^ _ I vl P^
~ 2^' p^ ~ 1g 4 p"-
^^
près une durée égale à
'2^' - 1 ^ - 1 !1° £
g ~ 8 P '^ S -i P
=
2 p
En vertu du principe d'assimilation aux jets fluides que j'ai exposé précédemment,
ces éléments serviront à définir le jet représentatif du démarrage et il va de soi que
cette durée et cette hauteur seront celles qui devront être attribuées à l'acte du démai^
(') Comptes rendus, i5 mai igoS.
1722 ACADÉMIE DES SCIENCPS,
rage, si cejui-ci est efTecliié, soit par un moteur fonctionnant dans les conditions théo-
riques normales ci-dessus définies, soit par un ressort normal construit de manière à
emmagasiner graduellement l'énergie de la masse en voie de chute pour la restituer
graduellement en sens inverse à la délente. Les éléments temps et hauteur du dé-
marrage normal sont ainsi définis. Quant à la dépense d'énergie, puisque c'est par
l'action du moteur de puissance W que le démarrage s'elTeclue, elle est égale à
1 W2 I
E = W X ^, = - -— = mvl = - P//.
g P 2
Si l'on remarque que cette énergie s'emploie simultanément à corpmuniquer à la
charge la vitesse ('„ et à élever cette charge à la hauteur /«„, l'on constate que pendant
la période du démarrage normal la moitié de l'énergie totale niv\ mise en jeu par le
moteur se potentialise, en produisant un trai'ail ph„ d'élévation, tandis que l'autre
moitié s'emmagasine à l'état cinétique sur la charge, lui communiquant la force
vive \m<'\, qu'elle conservera intégralement pendant toute la période de régime.
Celte force vive pourra être restituée en travail au moment où cessera l'action du
moteur, la vitesse ('„ permettant à la charge de s'élever à la hauteur /(„ et de potentia-
liser ainsi l'énergie lésiduelle. Le démarrage normal, comme l'élévation normale en
régime, ne comporte donc définitivement aucune énergie de sustentation. Le rendement
est en réalité égal à l'unité. •
Ce n'est pas ce qui arrive dans le cas de l'élévation lente par le moteur considéré,
quand le démarrage a pour effet de produire une vitesse de régime (',<; t'„- La hauteur
de démarrage est, comme précédemment, la hauteur de chute kg correspondant à cette
vitesse; mais le temps du démarrage t^, effectué dans ces conditions avec une moindre
W I W
puissance effective W' = /)('c, est tci=^t'„>:. ry? = — — = '«• L'énergie totale dépensée
est donc la même que dans le cas du démarrage normal, mais elle comprend, outre le
travail d'élévation effectué />Ae et la force vive \ m\'l communiquée à la charge, une
énergie de déviation E, donnée par la relation
mvl ^=ph,-h - mç: + E,,
ni- 2 £
d'où
E,= OT(r;i- vi).
Il en résulte pour le rendement |a valeur --|} expression dont le sens est conforme
aux données courantes de l'observation, aussi bien mécanique que physiologique : les
démarrages les plus rapides étant notoirement les plus économiques.
Pour résumer notre point de vue d'ensemble, si l'on considère non plus l'énergie,
mais une unité que nous appellerons cinélie et qui représente une quanlilé de mou-
vement multipliée par un temps de chute 6, on a les identités suivantes, dont nous
dissocions les termes en leurs éléments différents suivant la position du point :
^ ' ' ' " (C)M^e=Pe.
SÉANCE DU 26 JUIN I9o5. 1723
Les cinéties (A) de jets iluides, les cinédes (B,) et (B,) de masses solides M = 7h6,
les cinéties potentielles (C) de masses solides sont transformables les unes dans les
autres. Si (A) est continu, (BJ et (G) seront également continus. On peut obtenir (C)
directement avec (A) déviant à angle droit au-dessous de M ; indirectement (B,) el(C)
avec (A) par l'intermédiaire d'un moteur cinétique à action continue, ainsi que nous
l'aVons montré ci-dessus pour (B,).
Les formules de la présente Note el des précédentes ainsi que les points
de vue dont elles découlent, points de vue qui devront être développés
ultérieurement, nous paraissent ajjporler à la question controversée du
travail statique une base théorique dont il sera possible notamment de
rapprocher les données empiriques de l'énergétique musculaire.
MÉDECINE. — Traitement du cancer cutané par le radium.
Note de MM. Jules Rehxs et Paul Sal.mon, présentée par M. E. Roux.
Il est démontré que, avec le radium comme avec les rayons Rontgen, on
provoque la résorption de cancers superficiels. Mais actuellement, l'emploi
du radium semblait réservé aux tumeurs peu volumineuses, et en parti-
culier aux épithéiiomes bénins ('), l'epithéliome perlé par exemple. On
peut, en réalité, s'adresser à des cancers véritables mesurant par exemple
4*^^" de diamètre.
Chez un malade porteur d'un épithéliome de la lèvre inférieure, épithéliome de i""^
de diamètre, le néoplasme s'est résorbé après huit séances d'application de notre
boîte de bromure de radium. Finalement, le résultat thérapeutique et esthétique
paraît remarquable; une cicatrice à peine apparente marque sa trace sur la lèvre non
déformée.
Après ce succès, nous avons abordé le traitement d'une tumeur plus volumineuse. 11
s'agissait d'un cancer de l'aile du nez chez une femnle âgée, cancer du diatnètre de
3'^'",5. C'était uri éfiithéliome épais, bourgeonnant, dont la nature cancéreuse épi-
théliomateuse se prouvait et par l'adénopathie sous-maxillaire, et par l'examen histo-
logique pratiqué sur un fragment enlevé par biopsie. La malade, ajoutoas-le, avait
refusé toute intervention chirurgicale.
La disparition de la tumeur a nécessité environ 76 jours de traitement, soit i4 séances
d'application de radium. Finalement, la cicatrice apparaît souple, légèrement pig-
mentée, l'aile du nez a repris un aspect normal.
C) Jules Rehns et Paul Saljion, Action du radium sur tes épithéiiomes bénins
(Soc. de Biologie, 1904).
17^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A propos de ces deux cas, nous désirons faire un certain nombre de re-
marques.
Tout d'abord, la période de traitement, 2 à 3 mois, laisserait le cancer
libre de s'accroître, de se ^généraliser; cette objection est faite par les chi-
rurgiens, partisans de l'intervention hâtive, rapide. Dans les deux cas ob-
servés par nous, la tumeur a régressé lentement, et localement le résultat
a été parfait. Cependant, nos deux malades, avant le début du traitement,
étaient porteurs de ganglions lymphatiques cancéreux. Et chez la malade
au cancer de l'aile du nez, un petit nodule sous-cutané s'est formé, au
cours du traitement, au voisinage du ganglion sous-maxiliaire envahi.
De plus, les séances nécessitaient une mise en place de la boîte au ra-
dium pendant un temps qui variait de i5 minutes à i heure. Le radium ap-
pliqué pendant un laps de temps aussi considérable n'a produit ni douleur,
ni gangrène des tissus, ni radiodermite prolongée au voisinage, ni aucun
autre signe d'inflammation. Or, sur la peau saine, celte même quantité de
radium produisait, après 3 minutes d'application, une rougeur marquée.
On doit se demander si l'on aurait pu abréger la durée du traitement, soit
en prolongeant le temps d'application de la substance radioactive, soit en
multipliant le nombre des séances, soit en emplovant une dose de bromure
de radium d'un poids plus élevé, d'une activité plus grande. Si nous avions
eu une plus grande quantité de sel de radium à notre disposition, le malade
aurait-il guéri plus vite? Ou, en d'autres termes, la guérison peut-elle
s'accélérer en raison directe de la puissance du produit radioactif? Ceci
n'est nullement évident. Il est possible que l'on puisse gagner quelques
jours, mais il faut remarquer que la tumeur cancéreuse ne disparaît pas
brusquement, rapidement. Elle semble se résorber, se replier sur elle-
même. Après deux semaines, pendant lesquelles le néoplasme reste station-
naire, après une période pendant laquelle les effets radioactifs paraissent
s'accumuler, la tumeur diminue de volume. Cette diminution une fois com-
mencée marche assez vite; c'est ainsi qu'une tumeur de 3*^^'", 5 de diamètre,
après 1 4 jours, mesurait 2*"", 4, et 7 jours après, 2''".
Les avantages du traitement des néoplasmes cutanés par le radium et les
rayons Rôntgen par rapport à la méthode chirurgicale sont comparables. Il
en est ainsi, par exen)ple, pour la cicatrice obtenue, restaurant à peu près
la forme antérieure de la région. La douleur, l'infection locale, les hémor-
ragies, sont bientôt supprimées.
Comparée aux appareils fournisseurs de rayons Rôntgen, la boîte de
SÉANCE DU 26 JUIN 1905. 1723
radium constitue un appareil plus aisément maniable et d'une activité
constante. L'emploi du radium est à la portée de tout médecin, qui n'a pas
à se préoccuper comme avec les rayons X de la nature et de l'intensité du
courant électrique, de l'état hygrométrique de l'atmosphère, etc. Nous
avons pu confier la boîte de radium au malade qui, devant une glace,
surveillait l'application de l'appareil. Nous nous sommes bornés à mesurer
le temps de pose; nous fixions en outre soigneusement les points d'appli-
cation de la boîte de radium.
A la campagne, dans les petites villes, où l'on ne peut aisément se servir
des appareils à rayons Rôntgen, à la campagne, où les médecins hésitent à
recourir à l'intervention sanglante, où les cancroïdes et cancers cutanés ne
sont pas rares, il serait avantageux que l'on paisse prêter aux praticiens
(puisque substance presque inusable) une dose active de cette substance
précieuse. Devant la facilité d'emploi du radium, et étant donnée la sensi-
bilité des épithéliomes cutanés aux applications locales de substance radio-
active, on ne peut que regretter que le radium, à cause de son prix élevé,
ne puisse actuellement rentrer dans la pratique médicale courante.
GÉOLOGIE. — Sur l'existence d'un remarquable gisement pliocène à Tétouan
(Maroc). Note de MM. Louis Gentil et A. Boistel, présentée par M. A.
de Lapparent.
Un seul gisement néogène a été signalé, jusqu'ici, sur les côtes du Rif,
au Maroc; il a été découvert par M. Oskar Lenz aux abords de la ville de
Tétouan ('). L'illustre explorateur en a fait une description et donné une
liste d'une trentaine de Mollusques dressée par l'éminent paléontologiste
Th. Fuchs, d'après les matériaux recueillis. Ce dernier rapproche cette
faune de celle de Lapugy (Hongrie mériilionale) et la place au niveau
miocène du deuxième étage méditerranéen.
Lors d'un récent voyage au Maroc, l'un de nous (Louis Gentil) a eu
l'occasion d'explorer les environs de Tétouan en compagnie de M. Gaston
Buchet, chargé de mission par le Ministère de l'Instruction publique; il a
recueilli, dans le gisement même fouillé par M. Oskar Lenz, les éléments
d'une importante faune.
( ' ) Beitràge zur Kenntniss der Tertidrbildungen in Nord und Westafrika ( Verli .
d. k. k. geologischen Reichsanslalt, Wien). i883, p. 225-229.
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL. N° 26.) '-i^I
1726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous nous propo<;ons, par la présente Note, d'indiquer sommairement
les caractères de cette faune et les conclusions que nous suggère son exa-
men, qui sont en parfaite harmonie avec l'observation stratigraphique de
ce remarquable horizon fossilifère.
An voisinage imniédial de la ville (le Télnuan, dans la vallée de l'oued Bou Sfilia, se
iriontren|, appuyées sur le ïpassif pripaire et jurassique du Djebel Dorsa, la succes-
sion des assises suivantes, en allant de bas en haut :
1° Banc de poudingue à galets de roches primaires et jurassiques (2" à 3"");
2° Argiles bleues, un peu sableuses, avec intercalation de lits de sables (20"" à So™) ;
3° Grès calcarifères jaunes ou brunâtres souvent friables (20™ à So™).
Les poudingues renferment quelques fossiles; seule une Huître épaisse, du type
Qslrea, Velain,i Mun. Chalin., s'y nfionlre assez bien conservée.
Les argiles bleues renferment des grains de quartz et de très petites lamelles de
mica, qui leur donnent parfois une consistance sableuse; elles se délitent superficielle-
ment en prenant une teinte ocracée. Les restes de Mollusques, déjà abondants dans les
argiles assez pures pour être exploitées comme terre à poteries, pullulent à certains
niveaux sableux, au point de former de véritables faluns.
La faune de Tétouan, essentiellement marine, est très riche; le nombre
des espèces actuellement reconnues atteint le chiffre considérable de 200.
Ce sont, en majorité, des Lamellibranches et des Gastropodes auxquels se
joignent des dents de Squales, des Crustacés, des Polypiers, des bryo-
zoaires, des Foraminifères.
Nous pouvons citer parmi les espèces les plus itiiportantes :
Arca dilinni Lk., A. laclca L., A. pectfnata Broc, Pecten benedLCtii.% L., P. coni-
planatus Sow., P. boUenensis Font., P. scabrellus Lk., P. opercularis L., P. variu.i
L., P. piisio L., P. cristatiis Bronn, Radula inflata Chemn., Cardila riifescens Lk.,
Liicina spinifera Mont., L. borealis L., Jagonia relicitlala Poli, Cardium mulli-
coslatum Broc, C . papillosum Poli, C. cypriuni Broc, Venus verrucçsa L-, V. mul-
tHqpiçilahl^., y.ovala Pennl., Circe minima Mont., yenerupi^ irus L., Psammobia
fœroensis Chemn., Ps. uniradiata Broc, Corbiila gibba 0\\\., C. revoliita Broc,
Chenopus Ultiiigerianus Bisso, Ch. pes pelicani L., Turritella vermicularis Br.
varr., Natica helicina Broc, A'. Josephinia Bisso, Vermelus intortiis Lk., Erato
lœvis Don., Morio echinophora L., Triton affine Desh., Ranella marginata Martin,
(forme dépourvue d'ornements), Fasciolaria acanlhiopkora Font., Nassa clathrata
Bonn., Columbelia semicaudata Bon. < C. telr^gana^tonia fon\.. Murex spinicosta
Bronn, Mitra scrobiculata Broc, var. Massoti Font., M. striafida Broc, Ancilla
obsoleta Broc, Surcala dimidiata Broc, Pleurotorna turricula Broc, Drillia Al-
lioniiBaW., Balhytoma calaphracta Bioc, Pseudotoma intorta Broc, Terebra fus-
cataBroc, Conus Broccliii Bronn, Ringicula Grateloupi Mich., R. Gaudryi Morlet,
Dentalium sexangulum Schrôt., e(.c. etc.
SÉANCE DU 26 JUIN igoS. 1727
Cette faune ne peut, comme l'a pensé M. Fuchs, être classée dans le
deuxième étage méditerranéen; elle appartient incontestablement au Plai-
sancien.
L'association de Turbo tubercidatus, Ranella rriarginala, Tutrilella vei-mi-
cularis, Che.nopus Uuingerianus et Peclen hollenensis suffit à caractériser les
couches les plus inférieures du Pliocène.
La faune des argiles bleues de Tétouan offre des àndlogiés ft-àppatites avec
celles deMillas et du Boulon, dans le Roussilloti; de Los Téjares, îltix en-
virons de Malai,'a, en Es[)agne; du Sahel d'Oràn, des Trois Palmiers et de
Douera, en Algérie.
L'assise gréseuse qui surmonté les argiles fenfertiie beaucoup rtioins de
fossiles, parmi lesquels Pectuncidus bimacùlatus Poli, et des Huîtres;
M. Fuchs y a signalé des Peclen, Turrilella vermiculâris et Ranella marginata.
Le Pliocène de Tétouan s'appiiie sur le flanc oriental de la chaîne pri-
maire et jurassique qui s'étend au nord de la ville en f)rolongéant la chaîne
du Rif. 11 forme Une bande littorale laissant surtout affleut-er les grès supé-
rieut-s dans le Haoliz jusqu'au voisinage du RaS Taff. Les argiles fossili-
fères apparaissent principalement à proximité de ht chaîne précédente par
suite du relèvement des couches au bord du bassin. Enfin le Pliocène
pénètre assez profondément vers l'ouest, à plus de iS''™ des côtesi dans la
coupure de la chaîne par la vallée de l'oued Bou Sfiha.
Un coup d'œil jeté sur le Maroc septentrional, figuré sur la Carte géolo-
gique internationale d' Europe, semblerait indiquer qu'il y avait, île ce côté,
à l'époque miocène, une communication avec l'Océan. Une telle commu-
nication existait, on le sait, par le détroit Nord-Bétique, comme il y avait,
vraisemblablement aussi, un détroit Sud-Rifaih, hiais rieii d'artalogue ne
pouvait exister à la latitude de Tétouan. D'ailleurs la Carte géologique inter-
nationale d'Europe est à modifier profondément de ces côtés, comme pour
beaucoup d'autres régions marocaines : l'un de nous le montrera assez
prochainement.
Quoiqu'il en soit, les couches pliocènes de Tétouan méritent une étude
attentive qui ajoutera une page intéressante à l'Histoire de la Méditerranée
occidentale.
Nous croyons pouvoir, dès maintenant, admettre que la mer Plaisancienne
pénétrait, comme à Malaga et à Millas, dans un golfe assez étroit au bord
de l'emplacement duquel s'élèvent> aujourd'hui^ les minarets pittoresques
de la ville sainte du Rif.
I72B ACAUEMIK DES SCIENCES.
PALÉONTOLOGIE. — Existence d'une faune saumàtre dans les sables de l'argile
plastique d'Issy (Seine). Noie de M. L. Cayeux, présentée par M. Marcel
Bertrand.
On sait que le niveau de sable qui divise l'argile plastique des environs
de Paris en glaises et fausses glaises renferme de la pvrite et du fer carbo-
nate. Mon attention a été appelée l'année dernière, dans la grande carrière
d'Issy, sur des rognons pyrileux paraissant contenir des débris de test de
Mollusques. Les recherches dont cette observation a été le point de départ
ont abouti à la découverte d'échantillons riches en débris de coquilles et
passant même à de vraies lumachelles.
Le sulfure de fer est disséminé dans le sable sous forme de rognons, le
plus souvent de plaques irrègulières, mesurant jusqu'à ©""jSo de longueur.
Au moment de leur extraction, les nodules sont incrustés de sable, et ne
montrent aucun vestige de fossiles; une longue exposition à la pluie fait
apparaître de nombreux débris de Mollusques.
La plupart des rognons sont fossilifères. Les formes dominantes sont des Lamelli-
branches. Les Cyrènes abondent et appartiennent certainement à plusieurs espèces;
les seuls individus déterminables se rapportent à Cyrena cuneiformis.
Les exemplaires de Gastéropodes sont beaucoup moins fréquents; ce sont des Pota-
mides et des Mesalia dont l'état de conservation ne permet pas de fixer les espèces.
Il résulte de ces données que les sables en question (sables d'Auteuil) corres-
pondent à un épisode nettement saumàtre, et qu'une lagune saumàtre s'est étendue
jusqu'au sud de Paris vers la fin du Sparnacien.
Beaucoup de plaques et de rognons de pyrite sont traversés par des filets charbon-
neux parfois très abondants. La présence de débris végétaux se traduit souvent à la
surface des échantillons par des proéminences en forme de bâtonnets pyriteux, simples
ou ramifiés, dont plusieurs sont fisluieux. Ces bâtonnets dégagés par l'érosion pluviale
atteignent au plus 2™ de longueur; ils sont couchés sur les nodules ou dressés de ma-
nière à lui donner un aspect hérissé. Ils produisent par places un véritable feutrage
qui constitue à lui seul la plus grande partie de la roche.
Le test des Mollusques est pyriteux. Quant aux nodules, ils sont très riches en grains
de quartz anguleux; ce sont en réalité des rognons de grès à ciment de niarcassile.
Les éléments de quartz sont loin d'être juxtaposés; la distance qui les sépare aujour-
d'hui est telle qu'il faut admettre l'existence d'une gangue pour les maintenir en place
à l'origine même du dépôt. La substitution de la pyrite au calcaire des coquilles, obser-
vée sur une grande échelle, permet de supposer que le premier ciment était partielle-
ment calcaire. Les nombreux débris végétaux pyritisés qui font corps avec la rocbe, en
perdant leur individualité dés qu'ils pénètrent à l'intérieur des nodules, me paraissent
SÉANCE DU 26 JUIN igoS. 1 729
signifier que des détrilus végétaux s'ajoutaient au calcaire pour constituer la première
gangue. Le ciment actuel résulterait ainsi d'une substitution de la marcassite à du cal-
caire et à des matières organiques.
Les échantillons de pyrite s'altèrent très rapidement quand ils sont débarrassés
de la masse de sables qui les enveloppe. Ils s'hydratent, s'oxydent et abandonnent
notamment une variété de sulfate de fer hydraté, la mélantériie (Fe SO*, 7H^0) sur
laquelle M. Lacroix a déjà appelé l'attention. Les fossiles se recouvrent en quelques
jours d'eflloiescences iilanches et sont rapidement détruits.
PALÉONTOLOGIE. — Sur l'origine des éolil/ns. Note de M. Marcelux
Boule, |)résenlée |wr M. Albert Ganrlry.
Depuis quelque temps la question de l'existence de l'Homme dans nas
pays pendant l'ère tertiaire, basée sur des silex portant des tr.ices d'un
travail intentionnel, préoccupe vivement les préhistoriens sur de nombreux
points du globe, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Russie, en
Egypte, dans l'Inde, etc.
D'après un éminent géologue belge, M. Rutot, qui s'est placé à la tête de
ce nouveau mouvement, il faut ajouter à la période paléolithique et à la
période néolithique, une période plus ancienne qu'on a nommée éolithique.
Celle-ci ne comprend aucun type taillé de forme intentionnelle, mais seule-
ment des formes naturelles, utilisées directement. On a donné à ces outils
primitifs et grossiers le nom d'éolithes. On croit les reconnaître à la présence
de retouches, c'est-à-dire de petits éclats enlevés comme d'une façon systé-
matique, suivant les besoins, ou résultant de l'utilisation.
Une quantité énorme d'éolillies se trouvent dans les graviers quaternaires,
mélangés avec des instruments de formes déterminées et classiques.
M. Rutot a décrit, dans les graviers du Nord de la France et de la Belgique,
plusieurs industries de ce genre : l'industrie reulélienne, l'industrie
majjlienne, l'industrie mesvinienne, etc. Mais ces objeLs se rencontrent
également dans des terrains beaucoup plus anciens; les pierres éclatées de
l'Oligocène de Thenay, du Miocène d'Olta et d'Aurillac, du Pliocène d'An-
gleterre, etc., sont des éolilhes. Et. ici, la question devient beaucoup plus
grave, puisque les adeptes des théories nouvelles s'appuient sur ces faits
pour admettre l'existence de l'Homme ou de son précurseur immédiat pen-
dant l'ère tertiaire.
Je n'ai pas cessé, depuis 20 ans, de combattre ces théories; d'abord parce qu'il m'a
paru imprudent d'admettre l'existence de l'Homme tertiaire en l'absence de tout
i73o ÀCADÊÎVIIE DES SCIENtÈS.
témoignage direct, c'esl-à-dire en l'absence de tout document ostéologlque; ensuite
parce que j'ai toujours été convaincu que les éolilhes sont dus à des causes naturelles.
J'avais eu l'occasion, en effet, d'en rencontrer dans toutes les âllUviôns anciennes de
caractère torrentiel et renfermant des cailloux, de silex. En Auvergne et dans le Velay,
au cours de mes explorations pour le Service de la Carte géologique, j'en avais trouvé
sur un grand nombre de points, au milieu de couches oligocènes ou miocènes occu-
pant des milliers de kilomètres carrés d'étendue, je me demandais comment on pourrait
instituer des expériences pour résoudre le problème des éolithes, lorsque M. Laville,
préparateur à l'École des Mines, nous a mis en présence, M. Carlailhac, correspondant
de l'Institut, le D"' Obermaier et moi, de telles expériences réalisées par hasard et
journellement dans un établissement industriel.
11 y a, dans la commune de Guerville, près de Mantes, une usine qui fabrique du
ciment en mélangeant de la craie et de l'argile plastique. La craie renferme, comme
toujours, des rognons de silex qui sont rejetés par l'exploitation. Des wagonnets la
'transportent de la carrière à l'usine contiguë et la déversent, avec Une certaine quan-
tité d'argile, dans des bassins circulaires dits dél'dyetirs. Ces cuves ont environ 3" de
diamètre et i™, 4o de profondeur. L'eau qui les alimente arrive par des conduits et
ressort par des tamis latéraux en entraînant les parties les plus fines du mélange de
craie et d'argile. L'eau est mise en mouvement au moyen d'une loue horizontale,
située au-dessus de la nappe liquide, mais aux rayons de laquelle sont suspendues des
herses en fonte plongeant dans l'eail ; la vitesse de rotation dé cette rciue à la circon-
fetence est d'envirtJn 4"°-
L'èaii est ainsi animée d'un mouvement lourbillonnaire qui entraîne, non seulement
les particules crayeuses et argileuses, mais encore un certain nombre de silex qui ont
échappé à l'attention des carriers et ont été versés dans les délayeurs avec la craie.
Ces silex sont donc soumis à des chocs mutuels, très nombreux pendant une période
de 29 heures. Lorsque l'appareil est arrêté, les cailloux demeurent au fond du bassin
où ils sont recouverts d'un enduit crayeux. On les retire des cuves pour les laver et les
mettre en tas, car ils servent à fabriquer du béton.
Or ces cailloux de silex, qui ont subi clans les délayeurs les actions
dynamiques d'un tourbillon arlificiel comparables de tous points aux
actions dynamiques d'un cours d'eau torrentiel, offrent tous les caractères
des anciens graviers de rivières; il est facile d'y retrouver, en quelques
minutes de recherches, toutes les formes les plus caractérisées d'éolithes,
celles qui sont données comme typiques. Mes compagnons et moi avons pu
faire une collection de silex admirablement retouchés, identiques aux
pierres nommées par M. Rutot : percuteurs, rabots, silex à encoches, etc.
Nous avons également recueilli des cailloux présentant le cône de percus-
sion regardé, en général, comme la marque infaillible de la taille inten-
tionnelle.
SÉANCIî Dr 26 JUIN iqOT. 17.31
VALÈQî\rOLOGlE. — Figiirafions du Lion et de l'Ours des cavernes et du BJiino-
ceros lichorhinus sur [çs parois des grottespar l'Homme de l'époque du
Benne. Note de MM. Carjtax, Breuil et Pjîyrqxy, présentée par
M. Albert Gaudry.
Nous avons eu l'honneur, dans diverses Communications, d'exposer
à l'Académie les premiers résultats de nos investigations dans plusieurs
grottes de la Dordogne, sur les parois desquelles nous avons découvert de
nombreuses gravures et peintures exécutées par les Hommes de l'époque
du Renne. Nous avons continué ces recherches. ]îlles ont amené la décou-
verte de plusieurs figures d'animaux intéressantes à divers titres. En effet,
ces figures sont assez complètes et assez précises dans leurs détails, pour
qu'il soit possible de déterminer les espèces auxquelles appartiennent les
animaux figurés.
C'est ainsi que nous avons pu recueillir une trentaine de représentations
gravées du Mammouth, bien caractérisé par son front bombé, son crâne
élevé, les longs poils dont il était recouvert et que certaines figures
montrent, traînant par terre, sous le ventre. C'est là une indication nette,
par l'épaisseur de la toison dont il était recouvert, de la température très
froide qui devait régner alors. On sait d'ailleurs que les Mammouths,
découverts presque entiers dans les terres gelées de la Sibérie, étaient trps
poilus.
Certaines représenlations sont inédites. Tel est le cas pour deux gravures se rappor-
tant certainement à des félins. La pnerpiére existe dans le fond de la grotte de Pqnl-
de-Gaume sur les parois d'un fort étroit passage et à 3" de hauteur. L'animal repré-
senté tout entier est nellement caractérisé par la forme de sa tête, l'aspect de son
corps, sa lopgue queue relevée, ses pattes courtes. Ses dirpepsiops sopt : gS"^" de lon-
g.ueur et Sy"" de hauteur. Il fait partie d'un groupe semblant forp^er up véritable
tableau. Devant lui, en eflel, et lui faisant face, sont gravés quatre chevaux admira-
blement dessinés. Comme le félin est figuré notablement plus gros que les chevaux, on
peut supposer qu'il s'agit lu de I3 représentation d'un Felis leo var. spelœq.
Une autre gravure (celle-ci sur les [)arois de la grotte des Combarelles)
figure aussi un félin dont seule la partie antérieure est visible (65^™ de
longueur sur 42"°' de hauteur), le reste disparaissant sous la stalagmite.
Les caractères de la forte musculature de la face sont typiques. Sa repré-
sentation est bien plus soignée dans ses détails que celle du félin entier.
1732 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'ailleurs, ces deux figures se complètent cl s'expliquent l'une par
l'antre.
Sur les parois des Combarelles, égalemenl, nous avons relevé une figure profondé-
ment gravée et qui représente, tout entier, un Ours. C'est une bête lourde, trapue, à
grosses pattes, à front bombé. On peut admettre que c'est la représentation fidèle de
VUrsus spelœus, réalisant bien l'idée que s'en faisaient les paléontologistes d'après
l'examen de ses os. Cette image mesure ôC™ de longueur sur 45'™ de hauteur.
Enfin nous signalerons une figure peinte an trait rouge, dans le fond de
la grotte de Font-de-Gaiime, non loin du groupe du Félin et des Chevaux et
à 2"" environ de hauteur, derrière une saiUie de rocher qui la dissimulait si
bien que nous avons été longtemps avant de la découvrir. Elle représente,
également tout entier, un Rhinocéros bicorne. Il mesure 68"^"" de longueur
sur Z'i'"^ (le hauteur au garrot. Une sorte de crinière de poils courts est figu-
rée sur le haut de la léle. On voit l'indication de poils également sous le
maxillaire inférieur, sur le dos, à l'extrémité des pattes et au-dessous du
ventre qui traîne presque à terre. La forme du museau et celle de la tète,
beaucoup plus allongée que celle des rhinocéros actuels, sont tout à fait
caractéristiques. Les deux cornes sont très bien indiquées : l'antérieure
plus longue notablement et plus large que la postérieure. On reconnaît
ainsi dans cette figure le Rhinocéros tichorhinus avec sa toison, comme celle
des sujets découverts dans les terres glacées quaternaires de l'extrême
nord sibérien.
Ces diverses figures ont un réel intérêt de nouveauté. C'est ainsi, par
exem|)le, que jusqu'ici on ne connaissait aucune représentaLion de Félins et
de Rhinocéros entiers et qu'on supposait même que le Rhinocéros tichorhinus
n'existait plus à la fin de l'époque du Renne.
M. Farid Boulad adresse une Note Sur une détermination rapide des
moments d'inertie.
M. DussAUD adresse une Note sur un Nouveau procédé d'amplification des
sons,
A 3 heures trois quarts l'Académie se forme en Comité secret.
SEANCE DU 26 JUIN ipoS.
1733
COMITE SECRET.
La Section de Physique présente la lisLe suivante de candidats à la place
laissée vacante |)ar le décès de M. A. Puiier :
En première ligne
En seconde ligne, par ordre alphabèdque
M. Pierre Curie.
MM. BouTY.
Gervez.
Pem.at.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
l,a séance est levée à l\ heures.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 19 juin igoô.
Science et libre pensée, par M. Berthklot, Sénateur, Membre de l'Académie fran-
çaise, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences. Paris, Galmann-Lévy, 1906 ;
I vol. in-S". (Hommage de l'auteur.)
De l'expérience de traction transversale appliquée à l'étude de la résistance de
l'eau à la marche des flotteurs, par L.-E. Bertjn, Membre de l'Institut. (Extr. des
Memorie délia Pontificia Academia rotnana dei Nuovi Lincei, vol. XXIII.) Rome,
igoS; I fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Travaux géodésiques et magnétiques aux environs de Tananarive, par le R. P.
Colin, Correspondant de l'Institut. (Extr. des Comptes rendus des séances de V Aca-
démie des Sciences, t. CXL, p. 1219; séance du 8 mai igoS.) Paris, Gauthier-Villars ;
I fasc. \n-[\°. (Hommage de l'auteur.)
Mikroskopische Physiographie der Minerialen and Gesteine, ein HUlfsbuch bel
mikroskopischen Gesteinsstudien ; Bd. I, zweite Hâlfte : Die petrographisch wichtigen
Mineralien, von H. Rosenbuscb und E.-A. Wulfing; zweite Hâlfte : Spezieller Teil,
vierte ncu bearbeitete Auflage, von H. Rosenbusch. Stuttgard, E. Schweizerbart, igoS ;
1 \ùl. in-8°. (Hommage de M. H. Rosenbusch, Correspondant de l'Institut.)
C. R., 1900, I" Semestre. (T. CXL, N" 26.) 222
hM
ACADEMIE DES SCIENCES.
M. BiîRTi.N préseiile au nom de l'auleur les (leu\ Opuscules suivants pour lecijnciuirs
rlii prix de Mécanique :
Les théories du choc et Vexpérieiice, par le Comte de Maiipf.oii d'Ableiges. Paris,
Gauthier- Villars, igoS; i fasc. in-S".
Déformations des solides sous l'action des forces peu alU'Ics, j)ar le Comte de Mau-
PEOU d'Ableiges. Paris, Gaulhier-Villars, 1904 ; i fasc. in-S".
Les trai-aujr de Millon sur les blés, par A. Balland. l^aris, H. Charles-Lavauzelle,
s. d.; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Berthelot, pour le concours du prix Binoux.)
Experiments on the fusibility of blast-furnace slags, by O. Boudouard. lion and
Sleel Inslilule; may igoô; i fasc. in-8". (Hommage de l'auteur.)
Cypéracées. Descriptions et figures des Cypéracées de France, Suisse et Belgique,
par T. Husnot; i" livraison, contenant presque tout le genre Carex et la clef analy-
tique des espèces. Cahan, par Atliis (Orne), i9o5; 1 fasc. in-4''. (Hommage de l'auteur.)
Les Spirochaetes de Schaudinn et Hoffman et les formes évolutives de l'hémopro-
tiste de la syphilis, par M. Re.né Hohand. Lyon, 1900 ; 1 fasc. in-S".
Présence de diastases dans les liquides physiologiques, leur origine et leur signi-
fication pathologique dans ces milieux, par P. Harckman. Tournai, H. et L. Casler-
man, 1908; i fasc. in-8°.
Goudronnage des routes par le feu, supprimant l'usure, les poussières et la boue,
par A. Francou; 2' éd. Paris, Auch, cliez i'autfur, igoS; i fasc. in-S".
Report of the Astronomer royal lo the Board of visitors of royal Observatory,
Greemvich, read at the annuel Visitation of llie ro^al Observatory, igoa june 3, by
W.-H.-M. Chrislie. i fasc. in-4<>.
Transvaal nielcorological Department. Observations for the period \^' July iç)oi-
3o"' june 1904, i^vith Appendix. First Report. Pretoria, printed at the Government
printingand stationery office, 1905 ; i fasc. i 0-4°.
Annuaire géologique et niinéralogique de la Russie, rédigé par Neischtafowitsch,
vol. VII, livr. 6. Novo-Âlexandria, igoâ; i fasc. in-4°.
Observations météorologiques publiées par l'Institut météorologique central de
la Société des Sciences de Finlande : 1898-1894. Helsingfors, igo.a; in-f°.
Etat des glaces et des neiges en Finlande pendant l'hiver 1894-1895, exposé pai-
Axel Heinrichs. Helsingfors, 1900; 1 fasc. in-4''.
Meteorological observations at stations of the second order, for the year 1900,
wilh frontispiece map; pub. by Direction of the meteorological Council. Edimbourg,
igoS; I fasc. in-4°.
Annual report of the Minister of Mines for the year ending 3i^' december 1904,
being an account of mining opérations for gold, coal, etc., in Ihe Province of
British Columbio\ printed by autliority of the Législative Assembiy. Victoria, B. C,
igoS ; I vol. in-8°.
Annals of the New-York Academy of Sciences; vol. XVI, part I. Lanca-ter, P;i.,
1903 ; 1 fasc. in-8°.
Proceedingsof the American Academy of Arts and Sciences: \q\. XLl, 11°^ 1 and 2.
Boston, Massachusetts, igo.?; 2 fasc. in-8°.
Sammelschrift der matheniatisch-nalurmssenschafllicharztlichen Section der
SÉANCE DU 26 JUIN 1905. 1735
Sevcenko-Gesellschaft dcr Wissenschaflen in Lemberg; Bd. X. Lemberg, igoS;
I vol. in-S°.
Ouvrages reçus dans la séance du 26 juin 1900.
Inauguration du médaillon d'Emile Laurent, à l' Institut agricole de GembLoux,
7 mai 1905. (Exlr. des Annales de Gemblouc du l'-'-jiiin 1903.) Gand, Victor van
Doosselacre, 1900; i fasc. in-8°.
Les Oiseaux observés en Belgique, par Marcel de Contreras; I'" partie : Les Gyni-
nopaides, suivie d'une Nolice sur les aberrations dans le plumage. ( E\lr. du journal
Chasse et Pêche.) Bruxelles, F. Vanbuggenlioudl, 1900; 1 vol. in-8". (Présenté par
M. Yves Delage. Hommage de l'auteur.)
Rapport sur les nivellements de précision exécutés dans les ci m/ parties du monde,
suivi du Rapport spécial sur les travaux du nivellement général de la France de
1901 à igoS inclus, et d'une Note sur le cercle azimutal, à microscopes, du Service
technique du Cadastre, par Ca. Lallemand. (Extr. des Comptes rendus des séances
de la Conférence générale de l'Association géodésique internationale, tenue à
Copenhague en août igoS.) Leyde, E.-J. Brill, 1904; i fasc. in-4°. (Hommage de
l'auteur.)
La France et le Siam, Communication faite à la Société académique indo-chinoise
de France dans sa séance du 3i octobre 1897, par Parfait-Charles Lepesqueuk. Paris,
au siège de la Société, 1897; i fasc. in-S». (Hommage de Fauteur.)
Mines de houille rendues réfractaires à l'ankyloslome par des eaux salées de fil-
tration, par le D"' A. Manouvriez. Paris, Jules Rousset, igoS; i fascin-S". (Hommage
de l'auteur.)
Comité international des Poids et Mesures. Procès-verbaux des séances; 2' série,
t. 111, sesï^ion de 190.5. Paris, Gauthier-Villars, igoS; i vol. in-S".
Archives de Médecine et de Pharmacie militaires, publiées par ordre du Ministre
de la Guerre; paraissant une fois par mois, t. XLV. Paris, les fils Rozier, 190.5; i vol.
in-8°.
Compte rendu des séances du Conseil d'hygiène publique et de salubrité du
déparlement de la Seine; n" 14- : Séance du Qj'uin igoS. Paris; i fasc. in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture, Sciences et Industrie de Lyon; 8' série,
t. H, 1904. Lyon, H. Georg; Paris, J.-B. Baillière et fils, igo5; t vol. in-S".
Bulletin de la Société industrielle d'Amiens; t. XLIH, n» I, janvier-février igoS.
Amiens ; i fasc. in-4°.
L'eclisse solare del 3o agoslo 1905 : Risultali del calcolo per la città di Schio e
per le principali città del Veneto, per D. Francesco Faucin. Schio, L. Marin, igo5 ;
I fasc. in-8°.
Contributions from the Solar Observatory Mount Wilson, CaliforrUa. n" 1 : -4
study of the conditions for solar research al Mount Wilson, California, by George
E. Hale, Direclor. N" 2 : The Solar Observatory of the Carnegie Institution of Was-
1736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
hington, by Georiie Hale, Direclor. Washlnij;loii, llie Gai-negie Insllliition, igoS; 2 fasc.
in-8°.
Solar Physics Cominittee. Mean annual variations of barometric pressure and
rainfall in certain régions. Londres, igoS; i fasc. in-4".
Die Ergebni'ise der Triangulierungen der k. 11. A. militàr-geograp/iisc/ien Ins-
titutes; Bd. I-III. Vienne, igoi-igoS; 3 vol. in-4°-
Tlie Waterlilies, a monograph of tlie genus Nyinphœa, by Henry-S. Conard ;
pub. by the Carnegie Institution nf Washington, igo5; i vol. in-4''.
Flora Uruguaya, del prof. J. Arechavai.eta ; lomo II, entrega 2, p. i6i-2g2 :
Cactaceas y Ficoidaceas. Montevideo, igo5; 1 fasc. in-4''.
ERRATA.
(Séance du \5 juin igoS.)
Page i6o3, au lieu de Note de MM. A. Etard et E. Wallée, lisez Note de MM. A.
Etard et E. \ allée.
FIN DU TOME CENT-QUARANTIÈME.
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER-VILLARS,
Quai des Grands-Aue^ustins, n" 55.
i83S les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. Deux
uip pnrordie alphabétique des matières, l'autre par ordr^ alphabétique des noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
I i" Janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit:
Paris : 30 fr. — Départements: 40 fr. - Union postale: 44 fr.
0
n souscrit dans lej départements,
On souscrit à l'étranger,
rbe/. Messieurs :
Cl.aix.
. 'Jourda,.,
' Kuli.
. Courlin-IIecquel.
' Gastineau.
. Jérôme.
Kégnier.
Feret.
. Laurens.
' Muller (G.)
. Kenaud.
Uerrien.
F. Koberl.
• Oblin.
' Uzel frères
. Jouan.
. Perrin.
, Henry.
1 Marguerie.
Juliot.
liouy.
Nourry.
• Ralel.
Key.
( Lauverjat.
■ / L)ej;ez.
) '^■•<=^''='-
(Gratieret G'-.
. Foucher.
) Bourdignon.
• ) Dombre.
\ Thorez.
1 Quarré.
chez Messieurs :
, Baumal.
c
Amsterdam .. .
Athènes
lez Messieurs :
Feikema Caarel-
' sen et C'V
Beck.
Verdaguer.
Asher et C-'.
Dames.
Friediander el fils.
Mayeret Muller.
Schmid Francke.
Zanichelli.
Lamerlin.
Mayolez et Audiarte.
' Lebégue et C'-.
Sotchek et C'.
Alcalay.
Kilian.
Deighton. Bell et C-.
. Cammermeyer.
Otto Keil.
Hôst et fils.
Seeber.
Hoste.
Beuf.
, Cherbuliez.
Georg
' Stapelmohr.
Belinfante frères.
i Benda.
i Payol et C.
/ Barth.
Brockbaus.
< Kcehler.
i Lorentz.
' Twietmeyer.
, Desoer.
Gnusé.
Londres
Luxembourg . .
Madrid
chez Messieurs:
Dulau
Lyon
Marseille
Montpellier...
uoulins
Nancy
Nantes
■ i M" Texier.
B-nnux et Cumin.
^Georg.
.. , ElTantin.
f Vitte.
.. Ruât.
l Valat.
■ • 1 Goulet et fils.
.. Martial Place.
Jacques.
... GrosjeHn-Maupin.
Sidot frères.
IGuist'hau.
. Hachette et C».
' Nutt.
Barcelone ......
.. V. Bùck.
, Ruiz etC'v
i Romo y Fussel.
■•)Capdeville.
' F. Fé.
l Bocca frères.
If on
Moscou
Naples
New- York
Odessa
• 1 Hoepli.
Bruxelles
Bucharest
Budapest
Cambridge
Christiania
Constantinople .
Copenhague
Florence
Gand
Gènes
. Tastevin.
i MargliieridiGiu»
•• j Pellerano.
DyrseB et Pfeififor.
. Slechert.
Nice
■ • 1 Veloppé.
i Barma.
■• ) Appy.
Thibauii
. Rousseau.
Porto
Prague
Bio-Janeiro . . .
Borne
Botterdam ....
Stockholm
S'- l'étersbourg
e er.
nbery
Orl ans
... Loddé
. Magalliaés et Monu
bourg
nont-Ferr .
\ Blanch.er.
■••j Lévrier.
.. Rivnac.
. Garn er.
\ Bocca frères.
• j Loescheret C'v
. Kramors et fils.
.. Nordiska Boghaodel
rtocliefort ....
Bouen
.. Girard (M"").
iLanglois.
oble
ochelle . . .
S'-Étienne ....
Toulon
Toulouse
Tours
Valenciennes .
1 Lestringant.
. . Chevalier.
i Ponteil-Burles.
■■ ) Rumebe.
( Gimet.
• 1 Privât.
Boisselier.
.. Péricat.
Suppliseun.
J Giard.
• ■ / Lemaitre.
La Haye
Lausanne
Leipzig
Lice
• j Wolff.
1 Bocca frères.
\ Brero
1 Bosenlierg et Sellier
. Gebethoer et WolIT.
. Drucker.
""' *
Vienne .
» Frick.
Zurich
. Meyer et Zeller.
FABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
ïdiiies 1" ;'i 31. — (3 Août i835 H 3i Décembre i85o. ) Volume in-4»; i853. Prix 25 fr.
Tomes 32 à 61. — (("Janvier iS5i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 25 fr.
Tomes 62 • 91. — (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880. ) Volume in-4°; 1889. Prix 25 fr.
Tomes 92 h 121. — (i" Janvier 1881 à 3i Décembn^ i^^g^-) Volume in-4°; 1900. Priï 25 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
nel — Mémoire surquelques points de la Pli vsiologiedes Algues, par MM. A. UKitsEset A.-J.-J.SoLigR. — Mémoire sur le Calcul des Pertubations ou'éprouvent
Dmétes, par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des
ires grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4", avec 3j planciies; i856 25 fr.
me II. — Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Pnx proposée en i85o par l'Académie des Sciences
le concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir :« Etudier les lois de '- ^ -^^ . j._ . — ...a.. «,
inipiitaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur appa
,urc des rapports qui existent entre l'état actuel du régne organiqueetsesétals anténeu
bution des corps organisés fossiles dans les différents terrains
n ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher!»
parM. le Professeur Bronn. In-4", avec 7 planches ; 1861 .. . 25 fr
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers SaTants à rAcadémie des Sciences.
N^ 26.
TABLE DES ARTICLES (Séance du 26 juin 1903.)
CORRESPOND AIVCE.
,669
.le \:i
VI. EDouAnD lîiiANLY. — Appareil île Télémé-
canique sans lil (le ligne
M. Anuue Bhoca. — Sur le pouvoir inducteur
spécilique Jes rnélaux
M. A. Blondel. — Sur les phénomènes de
M. Geokûes Meslin. — Appareil el iiHlIiude
de mesure des coefficients d .11111,1111, il mu . .
M. A. Recoura. — Hydrol\sr .les snliiii,,iis
très concentrées de sulfate Icrnque
M. K. riun. — Comliinaisons du chlorure
d'aluininiuin avec l'ox ychlorure de car-
bone :
M. Léon Guillet. — Constitution et pro-
priétés des aciers à l'étain, des aciers au
titane et des aciers au cohalt
M. A. Mailhe. — Sur l'hydrogénation des
aldoximes
M. P. Fkkundler. — Sur la bromiiraiion
de la paraldéliyde
MM. K. Couturier et G. \'ignon. — Sur
quelques nouvelles ?-cétoaldéhydes
M. Maurice François. — lodoniercurates et
cliloroiodomercuratedemonoiiielhylamine
MM. !.. Bouveaui.t el René Locquin. - Sur
qioiques di-iiMs de la butyroïne et de la
Pag
-phényl
•70.3
I combustion du soufre
M H. GiRAN.
dans la bombe calorimétrique 1^04
MM. M. CiEiTRE et \. ViLA. - L'oxyhémo- '
"i"*^-"» de cobaye. Action des fluorures .. 1707
M. G. Andrf
bur les variatior
simulta-
nées des acides
plantes grasses. .
paniques chez quelques
m. (j. Warcoi-Lier. — Sur la produ
d'un cidre doux ....
M. Léon Vaillant. — Le ijeinr- i/,,/,
du séruii
M. T. Klobb. — Sur une phytostérine-alcoo
bivalent
M. E. Milliau. — Procédé pour détermine;
la pureté du beurre de coco
MM. E. LouïsE et F. Moutier. — Toxicologii
M. L. Semichon. — Sign
gique des cellules à ur;
féres solitaires
MM. L. Camis et K. Gley
tolytique et toxicité g
d'Anguille pour la Marmotte i^i-
M. G. Phisalix. — Sur la présence du venin
dans les œufs de Vipère 1713
M. Ernest Solvay. — Sur le problème dit
du travail slatique : démarrage: considé-
rations générales j-j,
MM. Jules Rehns et Paul Salmon. — Traite-
ment du cancer cutané par le radium 171.3
MU. Louis Gentil et A. Boistel. — Sur
l'existence d'un remarquable gisement
pliocène à Télouan (Maroc ) 1-25
M. L. C.4YEUX. — Existence d'une faune sau-
mâtre dans les sables de l'argile plastique
d'Issy (Seine) ,-oS
iM. .Ma
iM .M .
l'iiAX. lÎHKun. et I',.m;uny. - Figu-
rations du Lion et de l'Uurs des cavernes
et du Rhinocéros tichorhinus sur les pa-
rois des grottes par l'Homme de l'époque
du Renne ,7.3,
M. Farid Boulad adresse une Note .. Sur
une détermination rapide des moments
d'inertie » 1^3,5
M. DusSAUD adresse une Note sur un n Nou-
veau procédé d'amplification des sons. ... 173a
COMITE SECRET.
Liste de candidats présentés par
de Physique, à la place laissée v
Bulletin bibliographiqle
Errata
le décès de M. Potier: 1° AL Pierre Curie;
2° U\\. Bouty, Cernez, Pellat 1783
>733
•■ 1786
IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS.
Quai des Grands-Augustins, 55.
5 0^0^
T A B I. E S
DES COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PREMIER SEMESTRE I90S.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES
JANVIER - JUIN 1905.
TABLE DES MATIERES DU TOME CXL.
Pages.
AB.SORPTION DE LA LUMIÉRK. — Sur l'exis-
lence ri'uti ellipsoïde cl'iibsnrplion dans
tout cristal translucide, même .sans
plan de symétrie ni axe principal ; par
M. J . Boiissinesii 4" •
— Formule rationnelle du coefficient de
rabsor|ilion de la lumière par un corps
translucide quelconque; par M. /.
Bous.siiiesr/ 622
— Construction, dans un milieu opaque
homogène, des rayons lumineux qui
y pénètrent par une face plane; par
M. y. lioiissiiiesii 8-25
Académie. — État de l'Académie au i"
janvier igoS 5
— U.Mrisc'irt, Président sortani, fait con-
naître à l'Académie l'état où se trouve
i'impreision des Recueils qu'elle publie
et les cliangemenis surveims parmi les
Membres et les Correspondants pendant
le cours de l'année 1904 i2
— M. le Secrétaire perj>éluet annonce à
C. R., 1905, I" Semestre. (T. G\L.)
-53
Pages
l'Académie que le Tome CXXXVIII des
Comptes rendus eslen distribution au
Secrétariat
— iM. le Président annonce à l'.^cadémie
que, en raison des fêtes de Pâques, la
séance du lundi 24 avril sera remise
au mardi 25 1077
— M. le Président annonce à l'Académie
que, en raison des fêtes de la Pente-
côle, la séance du lundi 12 juin sera
remise au mardi 1 3 i497
Voir Candidatures, Collège de France,
Commissions, Conservatoire des Jrts
et Métiers, Décès de Membres et
Correspondants, Nominations.
AciDKs. — Sur l'acide lactyllactyllactique et
le dilaclide de l'acide lactique inactif;
par M.\I. £. Jungfleisch et M. Cod-
cltdt 5o9.
— Sur l'acide lactique droit ; par MM. E.
Jungjleisch et M. Godcliot 719
— Sur l'acide acétvl-lactique; par M. /'.
22-3
,738
TABLE DES MATIERES.
J-ages
Juger g38
— Sur l'acide oxéthylcrotonique et l'acide
éttiylérylhriqiie; par M. Lespieau 723
— Migration de la liaison élliyléiiique dans
les acides non saturés acycliques; |)ar
MM. E.-E. Blaisi- et A.' Luttrin^er.. \\%
— Caractérisation des laclones au moyen
de rhydrazitie;parM.M. E.-E. Biaise
et A . Lullringfr y])ytoslérine-alcool bivalent;
par M. T. Khbb 1700
— Sur l'anéthoglycol (i;lycol de l'anéthol);
par MM. E.Varenne ei L. Godefroy. Sgi
— Sur la décomfiosilion de l'alcoul o-nitro-
benzylique, sous l'influence de la soude
aqueuse et de la soude alcoolique; par
M. P. Carré C63
— Sur le décaliydronaphtol-p et l'octohy-
drure de naphtaline ; par M. Henri
Leroux Sgo
^'oir Aliments, Amino/iiunis, Me/ilhol,
HJéthylei i loli e.ran e .
Aloéhvdes. — Sur une nouvelle léactiofl
des aldéhydes et l'isomérie de leurs
oximes; par M. A. Conduché 434
— Errata relatifs à cette Communication. 616
— Sur la bromurationde la paraldeiiyde;
par M . P. Freundler 1693
— Sur l'acétal brome; parMM. i'. /^rtw^-
dler et Ledru 794
Aliments. — Sur la valeur alimentaire de
ditTérents pains;pa-r M. Pierre Fauvel. 1424
— Le moelleux des vins; par M. A.
Mûntz 346
— Sur la composition des eaux-de-vie
de vifls ; pa r M . X. Rocrjnes 5 1 1
Voir Chimie industrielle. Hydrologie,
Lait, Physique nppU'iuée.
Alliages. — Sur la trempe des lîronzes;
TABLE DES MATIERES.
par M. Lénn Giiillet So;
— Constituant spéciiil obtenu dans la
trempe d'un bronze d'aluminium; par
M. P. Breiiil 687
— Sur une propriété des alliages étain-
aluminium, bismuth-aluminium, ma-
gnésium-aluminium; par M. H. Pé-
ckiux i53J
Amidon. — Sur la coagulation diastasique
de l'ami'lon; par MM. /. Wulff si A.
Fernbacli 9:1
— Influence de l'état de liquéfaction de
l'amidon sur sa transformation par les
diastasessaccharifiantes; par MM. /.
Wolffei A. Fernbach 1 067
— De quelques circonstances qui influent
sur l'état plivsique de l'amiflon; par
MM. J. Wo/(fel A. Fernbach i4o3
— Analogie entre l'amidon coagulé par
l'amylocoagulase et l'amidon de pois;
par MM. y. Wotff el £. Fenibncli. . . 1547
— Sur la transformtition de l'amylocellu-
lose en amidon, par M. Eugène Roux. 440
.— Sur la sacch.irificalion par le malt des
amidiins artificiels; par Eugène Houx. 1269
— Sur la rétrogradation des amidons arti-
ficiels; par M. Eugène Rnu.v 943
^ Sur la constitution, la Siiccharification
et la rétrogradation des empois de
férule; par MVI. L. Maqucnnc et
Eugèr.e Roux. 1 3o3
Aminés. — Action du permanganate de
potassium sur les sels d'hydroxylamine
(nitrate, pliosphale, arséniale); par
M. L.-J . Simon 639
— Suruneméthodede dosage volumétri.|ue
de rhydroxyl.imine; par L.-J. Simon. 724
"- Équilibre entre l'arélone et le chlorhy-
drate d'hydroxylamine; par M. Plii-
ti[ipc Lnndneu 1 392
— lodomercurates et chloriodomerrurates
de monométhylamine; par M. Mau-
rice François 1697
— Application aux nitriles de la méthode
d'hydrogénation directe par catalyse :
synthèse d'aminés primaires, secim-
daires et tertiaires, par MM. PnulSa-
bnlier et J .-B. Senderens 482
— Sur l'hydrogénation du benzonitrile et
du paratolunitrile, par M. A. Frèlmult. io36
— Glycérophosphates de pipérazine; par
M . A. Asiruc 7 >7
Voir Ammoniums, Aznïquis.
Ammoniums (Métaux). — Sur le méthyl-
1739
Pages.
amidure de caesium; par M. E. Rcn-
gade 2 {6
— Sur l'amidure de caesium; par M. E.
Rengade. 1 1 83
— Action de l'oxygène sur le cœsium-
ammonium; par M. E. Rcigadc i536
— Action du polassammonium sur le bro-
mure de baryum; par M. A. Jonf/nis. 1243
— Snrle strontium ammonium; par .M.yjœ-
derer 1 25?.
— Sur l'emploi ries métaux ammoniums
en Chimie organique : préparation des
cai bures forméniques; par M. Paul
Lebeim 1042
— Sur l'emploi des métaux ammoniums
en Chimie organique; formation des
aminés primaires; parM.Paui Libeou. 1261
— Action des métaux ammoniums sur les
dérivés halogènes du méthane; par
M. E. Clfdilay 1262
— Action des métaux ammoniums sur les
alcools : méthode générale pour la
préparation des alcoolates; par M. E.
CImbtay i343
— Action des métiiux ammoniums sur les
alrools polyatomiques; par M. E. Cha-
blay .3911
Analyse mathématique. — Sur les subs-
titutions à trois variables et les courbes
invariantes par une transformation de
contact; par M. .S'. Laites 29
— La série de Taylor sur le cercle de con-
veruence; par M. Paul Dicncs 489
— Sur une condition de convergence des
séries de Fourier; par M. Henri Le-
be\gue 1 378
— Sur quelques théorènies de Iliemann ;
par M. P. Fcitnu 069
Voir Eiir
la nitrification du nili ilc lU- mhkIi' pur
le ferment nitrique; par MM. A. /■'""/-
langer et L. Massai OS;
- Sur les propriétés antiseiitiques de cer-
taines fumées et sur leur utilisation;
par M. J. TrilUit 797
Voir Lait, Parasites, Pathologie.
Ballons dirigeables. — Sur la stabilité
longitudinale des ballons dirigeables;
par M. L. Torres
Voir Jéroiiautique.
BIOLOGIE.
Communication osmotique chez les
Poissons entre le milieu intérieur et le
milieu extérieur (à propos de deux
Notes de M. Quinion); par M. Jean
Gaiitrelet • • '"**
Boitgaini'illia fruticosa K\\. esl le faciès
d'eau agitée du Bougaitudllia rainosa
Van Ben ; par M. Paul Haltez 4 ^7
De la cause des variations de la longueur
de l'intestin chez les larves de liann
rscidenta; par M. Emile Yiiag 8;8
Sur la croissance en poids du cobaye ;
par M"" M. Stefanowska «79
■ Poids de l'encéphale en fonction du
poids du corps chez les Oiseaux ; par
MM. L. Laplcque et P. Girard ïo57
Nouvelles expériences de parthénoge-
nèse expérimentale chez Asterias; par
M. Yves Deiage iSGg
Sur l'accroisfement du poids des sub-
stances organiques et minérales dans
l'avoine en fonction de l'âge; par
M""' M. Stefanowska 58
- Anomalies héréditaires provoquées par
des iraumatismes ; par M. Blaringlieni. 878
- Sur la biologie du Mclanipyruin pra-
tensc ; par M. Z. . Gautier 1 4 ■ 4
Voir Insectes, Phjsique Inologique.
BOTANIQUE.
- Hyphoïde» et bacléroïdes; par M. Paul
l'iiiliemin 5-2
- Un nouveau type cellulaire de Gréga-
rine à cytoplasme métamérisé; par
M. Louis Léger 324
- Sur l'accentuation des caractères alpins
des feuilles dans les galles de Gené-
vriers ; par M. C. Houard 56
- Les plantes du plateau des Nilghirris;
par M. Gaston Bonnier 97^
- Deux observations relatives à la dore
des jaunes taillis; par M. P. I-liche... 1129
_ £7-m/a relatifs à cette Communication. 1204
- Variations des caractères histologiques
des feuilles dans les gallesdu Jiiniperus
Oxyreitrus L. du Midi de la France et
de l'Algérie; par M. C. Houard i4i2
Voir Paléontologie végétale, Pathologie
végétale.
Bulletin bibliographique.— 63, 111,175,
276, 336, 399, 400, 471, 55o, 616,
750, 8i4, 961, 1074, 1126, tiJi,
1202, 1283, 1427, 1494, 1617, '006,
1733.
i74a
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Camphbks. — Camphène, camphénylone,
isobornéol et camphre; par MM. L.
Baiiveault et G, Rlnnci . , 93
— ^ SurIc'S aciclescyanor,am|>hacétiqiie, cya-
nocampho o(-propioni(iue, cyHnooam-
plio-a-isobutyrique el leurs principaux
dérivés; parMM. A. Haller e\, A . Cou-
réménos 1 43o
Candidatures. — Candidats présentés pour
la place vacante dans la Section de Phy-
sique, par la décès de M. J. Potier ;
1° M. Pierre Curie. ■?." MM, Bmily,
Cernez, Peltnt ". . ijSB
Caoutcmouc. —Voir Flnretropirnle, Micro-
graphie .
Capillvbité. — Sur un mode de visée des
surfaces larges de mercure ; par M. J.
J^'-'S^' 79
— Chaleur dans le déplacement de l'équi-
libre d'un système capillaire; par
M. Ponsnt 1 176
— Volume spécifique d'un fluide dans des
espaces capillaires; par M. Pon.mt. . . . 1286
— Errata relatifs à cette Communication. 1428
Voir Diélectrique!!, Ph/sique.
C-ARBURES d'hydrogène ET LEURS DÉRIVÉS.
— Sur quelques constantes du méthane
pur et sur l'aclion du méthane solide
sur le fluor liquide; par MM. Henri
Moisxan et Chavnnnes 407
— Sur quelques propriétés physiques du
propane, par M. Paul Lebraii i45i
^^ Errata relatifs à cette Communication. 1572
— Sur quelques oxydes d'éthylène aroma-
tiques monosubslilués; par MM. Four-
neau et Tijfeneau i Sgj
— Liquéfaction de l'aliène et de l'allylène;
par MM. Lc.ipieiin et Chnvanne io35
— Séparation de trois mélhylanlhracènes
obleiius dans l'action du chlorure de
méthylène et du chlorure d'aluminium
sur le toluène ; par .\) . James Lavaux. . 44
— Synthèse dans la série anthracénique.
ill. Dihydrure d'anthracène Y-télraphé-
nyléetses dérivés; par MM. A. Haller
et A. Cujot 283
— ii'/Ta?a relatifs à cette Communication. 4oo
— Synthèse dans la série anthracénique.
iv. Dérivés diamidés tètraalcuylés sy-
métriques du dihydrure d'anlhracène
Pages.
Y-tétraphénylo; par MM. A. Haller et
A. Cujot 343
— Sur l'oxyde de métlioétliénylbenzène
(méthyUtyroléne); par M. Tijfeneau. i458
— Produits d'oxydation de l'octohydrure
d'anlhracène; dihydro-oxanlhranol et
hexahydroanthone; par M. Marcel
Codchnt 25o
— Synthèses dans la série anthracénique.
Condensation des dérivés du ben/.odi-
hydrofurfurane en dérivés anthracé-
niques Y-substitnés; parMM, A. Guyot
et/ Caiel. , - 1460
— Sur les hydrures de phénanthrène; par
M . Pierre Bretenu 942
— Mode de formation de quelques dérivés
monosubslilués de l'urélhane; par
M. F. Bndroux 1108
— Sur les combmaisons de< ferments chlo-'
roaluminiques avec des hydrocarbures
et le gaz, chlorhydrique; par M. G.
Custnvuon , 940
Voir Alcools, Ammoniums, Archêola^
gie, Méthylcyclohexane .
CÉTO.vES. — Sur un isomère de l'acétone
trichlorée; par MM. G. Perrier et E.
Prost 146
— Action de l'amalgame de maiinésium sur
la diinélhylcétone; par MM. **". Coa-^
turier et L. Meunier. .............. ya
— Sur la chloruralion de la mélhyléthyl-
cétone; par M. Aiulré Kling 3 12
— Sur quelques nouvelles p-céloaldé-
hydes; par MM. F. Couturier ni G.
J'igiion I ^^95
— Sur la méthylnaialoémodino cl la nala-
loémodine; parM..Ê. Léger 1464
— Sur des thuyones alcoylées et des com-
binaisons de la thuyone avec des aldé-
hydes aromatiques; par M. A. Haller. 1626
— Sur une nouvelle méthode de synthèse
des cétones saturées par la méthode de
réduction catalyliqiie; par M. Darzens. 132
Voir Alcools, Menthol, Méthylcyclohe-
xnne.
Chaleur. — Pouvoir refroidissant d'un
courant fluide sur un ellipso'ide à axes
inégaux, immergé dans ce courant;
par M. J . Boussinesq i5
— Conductibilité extérieure ûusuperûcielle.
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
i639
représentative, pour an ( orps donné,
du pouvoir refroidissant d'un ooursjit
fluide ; par M. J . Bnus.ù/teni
— Sur une mélliorie de détermination des
fhalejais spécifiques dos solulions.
Chaleur inoléful.iire des tons et des
mauvais électroivtes ; par MM. P. -Th.
Militer et C. Fuchs ,
— Sur la chaleur de vaporisation des g.iz
liquéfiés; par M. E. Matldas. . , 1 174
Voir CapiUiirité, Hjilrolngir, Phnsplio-
r^.sceiicfi, l'hyswloi^if végétale. Phy-
siiiuc du ffhhe, Tlienno/-ae-
lage, Perrier, Chaiwenu, Brouardel.
Commission chargée de juger les con-
cours des prix Montyon (Physiologie
expérimentale), Philipeaux, Lallemand,
Poural pour it)o5: ^\\\. d' Arsomal,
Cliauveau, Bouchard, Laveran, Roiijc,
Giard, Dastre
Commission chargée de juger les con-
cours des médailles el des prix Tré-
mont, Gegner, Lonnelongue pour igoî :
MM. Troosl, Poincare, Darbou-t ,
Berlhelot, Maurice Levy, Bornet
Commission chargée de juger le con-
cours du prix Binoux (Histoire des
Sciences) pour igoâ : MM. Bertlietot,
Darboiuc, Bouquet de lu Grye, Grau-
didier, Guyou, Poincare, de Luppa-
rent
Commission chargée de juger les con-
cours du prix Wilde pour igoS :
MM. Berthelot, Maurice Levy, Mas-
cart, Lœwy, Darboujc, de Lappa-
reitt, Troost
Commission chargée de juger le con-
cours du prix Saintour pour i9o5 :
MM. Bertlielot, Poincare, Darbouc,
Troost, Gaudry, Mascart, Moissau .
Commission chargée de juger le con-
cours du prix Montyon (Statistique)
pour igo5 : MM. de Freycinet, Brouar-
del, Picard {Alfred), Haton de la
Goupillièrc, Laussedat, Carnet, Rou-
elle
Commission chargée de juger le con-
cours du prix Petit d'Ormoy (Sciences
mathématiques pures et appliquées)
pour igoi : MM. Pnincaré, Appell,
Jordan, Darboux, Picard (Emile),
Pairdevé, Humbert
Commission chargée déjuger leconcours
du prix Petit d'Ormoy (Sciences na-
turelles) pour l'année igoâ : MM. Bor-
nât, Gaudry, Giard, Perrier, l'an
Tiegliein, Guignard, Delage
Commission chargée de présenter une
question de grand prix des Sciences
matWmatiques (prix du Budget) pour
l'année igo8 : MM. Poincare, Dar-
116g
1169
boiix, Maurice Levy, Emile Picard,
Jordan, Apped, Humbert 1224
— Commission chargée de présenter deux
questions de grand prix des Sciences
physiques (prix du Budget), l'une pour
l'année igoj et l'autre pour l'année
igog: MM. Gaudry, Schlœsing, Van
Tiegliem, Troost, Moissan, Perrier,
Mascart
— Commission chargée de présenter une
question de prix Bordin ( Sciences phy-
siques) pour l'an née* igo8 : MM. Mois-
san, Gaudry, Perrier, Fan Tiegliem,
Bertlielot, Schlœsing, Troost
— Commission chargée de présenter une
question de prix Vaillant pour l'année
igog : MM. Bertlielot, Darboux, Poin-
care, Gaudry, Truost, Mascart, Moif-
— Commission chargée de présenter une
question de prix AIhumbert pour l'an-
née igio : MM. Bertlielot, Darboux,
Briur/uet de la Grj)e. Maurice Levy,
Gaudry, Poincare, Troost
COMPBESSIBILITÉ DES GAZ. — VoIr Poids
atomiques et moléculaiics.
CONSKBVATOIRE NATIONAL DES ArTS ET
MÉTIERS. — M. le Ministre du Com-
merce, de l'Industrie, des Postes et
Télégraphes invile l'Académie à dresser
des listes de candidats pour deux
Chaires au Conservatoire national des
Arts et Métiers
— Liste de candidats à la Chaire de chaux,
ciments, céramique et verrerie du
Conservatoire national des Aris et Mé-
tiers: 1° M. fcrneidl; 2" M. Damoiir ;
3° M. Granger
— Liste de candidats à la Chaire de ma-
tières colorantes, blanchiment, tein-
ture, impression et apprêt du Conser-
vatoire national des Arts et Métiers :
i" M. Bosenstielil; 2° M. J'rud'lioinme;
3° M. Lcnoult
CRISTALLOGRAPHIE.
— Sur les azotates de potasse et d'ammo-
niaque et sur la loi de Bravais; par
M- Frédéric Walleraut 9.64
— Sur l'isodimorpliisme ; \iir U. Frédéric
Wallerant 447 et io45
— Sur les transformations polymorphiques
par actions mécaniques; par M. Fréd.
Wallerant 1268
TABLE DES MATIERES.
>749
Pages.
— Sur les bases expérimentales de l'hy-
pothèse réticulaire ; par M. G. Frie-
del 73o et S73
Voir Absorptinn de la lumière, Miné-
ralogie.
Crustacés. — Sur les Palinurides el les
Eryonides recueillis dans l'Atlantique
oriental par les e.\péditions françaises
el monégasques; par M. E.-L. Bou-
vier 479
— Sur les Pénéides et les Stéiiopides re-
cueillis par les expédilions française? et
monégasques dans l'Atlantique orien-
tal ; par M . E.-L. Buuvier 980
— Sur une forme de phanères propresaux
Pandalidœ ; par M. H. Couticre. . . . G74
— Sur les Alpheidœ des Laquedives et des
Maldives ; par M. H. Coulière 736
— Sur quelques crustacés provenant dos
cam[)agiies de la Princesxe-Alice (filet
à grande ouverture); par M. //. Cou-
855
517
1472
161C
Pages
Cryoscopik. — Études cryoscopiqucs faites
dans l'acide cyanhydrique; par M. Les-
pieiiu
Voir Chimie physique.
Cultures. — Un caféiernouveau de l'Afrique
centrale; par M. Aug. Chemlicr
— Les caféiers sauvages de la Guinée fran-
çaise; par M. Aug. Chevalier
— Un nouveau bananier de Madagascar ;
par RL Paul Clairrie
— Les exigences du tabac en principes fer-
tilisants; par MM. J.-C/i. Girard et
E. Rnusseau.v 733
Voir Agronomie, Flore tropicale. Hydro-
logie, Insectes, Pathologie végétale,
nticulture.
Cycles mixtes.— Contribution à l'étude des
dérivés du benzodiliydrofurfurane; par
MM. J. Guroi elJ.' Catet... 25} et i348
— Errata relatif à cette Communication.. 4°°
— Sur quelques iodomcrcurales de pyri-
dine; par M. Maurice François 861
DÉCÈS DE MeMBRKS ET DE CORRESPONDANTS.
— M. le Président annonce le décès
de M. .4. Potier 1285
Densité des (az. — Voir Poids- atomiques
et moléculaires.
DiASTASKS. — A propos de l'assimilation en
dehors de l'organisme; par M. Ch,
Bernard Sog
— Recherches sur le mode d'action de la
pliilocatalase; par M. /•'. Batelli el
M"" L.Strrn l3>2
Voir Amidon.
Diélectriques. — Mesure de la conducti-
bilité des diélectriques au moyen des
gaz ionisés; par M. Charles Nord-
nmnn 38
— Sur la chaleur dégagée dans la paraffine
soumise à l'action d'un champ électro-
statique tournant de fréquence élevée;
par MM. P. Densoel Ch.-Eug. Guje. 433
— Sur la rigidité électrostatique des gaz
aux pressions élevées; par MM. Ch.-
Eug. Guj e et H. Guye 1 32o
— Tension superficielle d'un diélectrique
dans le champ électrique; [larM. Ch.
Fortin 576
— Sur la variation du pouvoir inducteur
spécifique du verre avec la fréquence;
par MM. André' Broca et Turchini. . 780
Dilatation des gaz. — Voir Poids ato-
miques et moléculaires.
Dissolutions. — Voir Colloïdal.
Dynamique des gaz. — Sur l'onde explo-
sive; par M. E. Jouguet 711
Éclipses. — Observations de l'éclipsé par-
tielle de Lune du 19 février igoj; par
M. G. Bigourdan 473
— Sur l'observation de l'éclipsé partielle de
Lune du 19 février igoS; par M. Pui-
seiix 55y
Les ombres mouvantes de l'éclipsé
totale de Soleil du 12 mai 1706; par
M. G. Rayet 1577
L'inlluence des éclipses sur les mouve-
ments de l'atmosphère; par MM. W.
de Fonvielle et Paid Bordé 901
'j5o
TABLE DES MATIÈRES.
— La météorologie des éclipses totales du
Soleil; par MM. fF. de Fomielle et
Paul Bordé • i665
ÉcoNOMiK RURALE. — Volr Agronomie.
ÉLASTICITÉ. — Calcul des ponts en arc et
des ponts suspendus; par M. Consi-
dère 202
— Errata relatifs à cette Communication. 400
— Faculté que le béton armé possède de
supporter de grands allongements; par
M. Considère 291
— Sur 1« calcul des arcs encastrés; par
M, Figeaud 774
— Arcs associés à des longerons par des
montants verticaux articulés ; par
M. Pigcaud I og r
— Sur l'équilibre d'élasticité des voûtes en
arc de cercle; par iM. Belzecki 1016
— Errata relatifs à celte Communication. i2o3
ELECTRICITE.
- Électromôtre à .sextants et à aiguille
neutre ; par M. Gidncliant
- Fiein synchronisant électromagnétique;
par M. Henri Ahraltwn
- Sur la variation de la différence de po-
tentiel au contact des dissolutions mis-
cibles d'électrolytes; par M. Chanoz.
- Fabrication électrolytique de fils métal-
liques très fins; par M. Henri Abra-
ham
- La mesure de la capacité des longs
câbles sous-marins; par M. Devaiix-
Chiirboiitiel
- Sur les phénomènes de l'arc chantant;
par M. A. Blondel
- Sur le pouvoir inducteur spécifique des
métau.\ ; par M. André Brocri
Voir Diélectriques, Haute fréquence,
Hydroliifiie, Ions dans les gaz, Ondes
électr!(iues. Physique biologique, Ra"
dioactivité. Rayons cathodiques, Spec-
Iroscopie, Thermoélectricité.
Électricité atmosphérique. — Sur une
phologra|ihie d'éclair montrant une
incandescence de l'air; par M. Em.
Touchel
Électricité médicale. — Action atro-
phique glandulaire des rayons X; par
M. Foveau de Courmelles
— Sur l'action nettement favorable des
rayons X dans les adénopathies tuber-
culeuses non suppurées; par M. /.
B'ergonié 889
— Sur une nouvelle méthode de protec-
tion contre les rayons de Rontgen; par
M. J . Bergonié i566
— Méthode et appareil de dosage dans les
applications médicales de l'électricité
slaliiiue; par M. L. Benoist 1 106
Voir d'Arsonvulisation, Physique biolo-
gique.
Électrodvsamioue. — Champ magnétique
auquel est soumis un corps en mouve-
ment dans un champ électrique; par
M. H. Pellat 229
— Sur la dynaini(]ue de l'électron; par
M. H. Poincaré i5o4
Électrolyse. — Sur l'électrolyse d'acides
organiques au moyen du courant alter-
natif; par MM. Joseph Petit et André
Brochet 442
— Sur la dissolution électrolytique du
platine dans l'acide sulfurique; par
MM. André Brochet et Joseph Petit.. 655
— Réduction électrolytique des acides ni-
trocinnamiquos; par M. C. Marie ... 1248
Embryologie. — Les phénomènes histo-
géniqnes de la reproduction asexuelle
chez les Salmacines et les Filogranes;
par M. A. Malaquin i484
Énergétique biologique. — Sur la me-
sure de l'énergie disponible par un
dynamomètre totaliseur-enregistreur ;
par M. Charles Henry 809
— Sur le problème dit du travaU statique ;
essai de dissociation des énergies
mises en jeu ; par M. Ernest Solvay. . i362
— Sur le problème dit du travail statique :
démarrage; considérations générales;
par M. Ernest Sohay 1721
Équations difi'érentielles. — Sur les
équations du type parabolique; par
M. S. Bernstein iS;
— Sur les équations aux dérivées partielles
du type elliptique; par M. S. Bern-
stein 1 44»
— Sur rapproximaiion des fonctions par
des polynômes dans ses rapports avec
la théorie des équations aux déiivées
partielles; application au problème de
l'état initial en Physique mathéma-
tique; par M. A. Buhl 216
— Sur les équations dilTérentielles du se-
TABLE DES MATIERES.
1751
cond ordre renfermant un paramètre;
par M. G. Tzitzéica aaî et 492
— Sur l'équation différentielle
7"+XA(r)jc = o;
par M. Mnx Mason 1086
— Sur les équations différentielles liné-
aires du second ordre à solution pério-
dique; par M. Maxime Boclier 928
— Sur les solutions des sysièmes d'équa-
tions différentielles linéaires à coeffi-
cients monodromes; par M. Ed. Mail-
let 357
— Sur les équations linéaires aux dérivées
partielles; par M. Hadumard 423
— Sur l'intégration approchée des équa-
tions différentielles; par M. Emile
Colton 494
— Sur le problème de Monge; par M. P.
Zervos • io[3
— Sur une solution du problème de Monge
relatif à l'équation
f{dx^, dx-i, . . ., dxii) = o
à coefficients variables ; par M. Bnttns.10 1 379
Errata. — 112, 176, 276, 400, 616, 816,
i2o3, 1284, 1427. MgS, 1372, 1620,
1668, 1736.
ÉTHEBS. — Sur la fixation directe des dé-
rivés éthéroorganiques sur la liaison
éthylénique des élhers-sels non satu-
rés; par ISIM. E.-E. Biaise et A.
Cnurlot 370
— Sur la non-existence de deux dioximido-
butyrales d'élhyle stéréoisomères; par
MM. L. Bmweault et A. Wald 438
— Sur réthéiification de la glycérine; par
M . Marcel P. -S. Gucdras i o34
— Nouveau mode de préparation rieséthers
mésoxaliques. Leur condensation avec
les éiliers cyanacétiques; par M. Cli.
Schmitt 1 400
— Actinn du sodium sur les éthers des
arides monobasiques à fonction sim[jle
de la série grasse; par MM. Bonreaidl
et R. Loctjuin i jgS
Étincelle. — Sur une méthode simple
pour l'élude des étincelles oscillantes;
par M. G.- A. Hemsalirh i io3
— Sur les effets respectifs des courants de
l-'oucault et de l'hystérésis du fer sur
les étincelles oscillantes; par M. G.-
A. Hemsalecli 1 322
Exploration. — Télégramme adressé de
Puerto-Madryn; [lar'W. Jean Charcnt. 617
Explosifs. — Voir Dynaiidqiie des gaz.
Poudres.
Farines. — Voir Chimie analytique.
Fer. — Epaisseur des lames transparentes
de fer; par M. L. Hnidlevigue iîS
— Projjriétés optiques du fer ionoplastique;
par M. Hoidlei'if^'ue 1090
Voir Chimie inorganique.
Flore tropicale. — Une Bignoniacée à
gomme de Madagascar; par M. Henri
Jumelle. 170
— Deux Dalbergia à palifjiiiidrt^ (!(_■ Ma-
dagascar; par U. Henri Jnnielir. .. . 4J1
— Une nouvelle Euphoibe à caoutchouc;
par M. Henri Jumelle io47
— Deux lianes caoutchoutifères mécon-
nues; par M. £. de ^Vildeman 5i5
Fluorescence. — Sur la fluorescence; par
M. C. Cnmichet 139
Fonctions. — Sur les fonctions limites
ef les opérations fonctionnelles; par
M. Maurice Fréchet 27
— La notion d'écart dans le Calcul fonc-
tionnel ; par M. Maurice Fréchet. . . . 772
— Sur l'intégrale de Poisson et les lignes
singulières des fonctions analytiques;
par M. P. Fatou '. 359
— Sur legenredes fondions entières; par
M. Eugène Fahry loio
— Sur l'interpolation des fonctions conti-
nues par des polynômes; par M. Mar-
tin Krausf 1442
— Sur les zéros des fonctions entières
d'ordre infini non IransBni; par M. Ed.
Maillet 3oo
— Sur les fonctions d'une infinité de va-
riables; par M. Maurice Fréchet.. . . 567
Force centrifuge. — Au sujet de la dé-
viation des corps dans la chute libre;
par M. de Sparre 33
— Sur la déviation des graves vers le sud
et sur la courbure des lignes de force;
par M. Maurice Fauché 226
— Sur la déviation des corps dans la chute
[752
TABLE DES MATIERES.
Papes.
. 363
libre ; par M. de Sparre
— Sur la déviation des graves; par U.^fnu■
rice Foitché 4'27
FnoTTiîsiKNT. — Sur !<■ frottement de glis-
sement; par M. L. Leatrnu 635
Sur les lois du frottement de glisse-
ment; par M. Paul Painhoé
Sur la loi de Coulomb; par M. L. Le-
GÉODÉsiE. — Rapport présenté au nom de
la Commission chargée du contrôle
scientifique des opérations géodésiques
de l'Equateur; par M. H. Poincaré. .
Voir Miignétisme terrestre.
GÉOLOGIE.
Errata relatifs à une Communication
du 26 décembre 1904 sur les anciennes
lignes de rivage du Sahel d'Alger; par
M. de Lcimothe 276
Sur la relation des phénomènes erra-
tiques avec le modelé des hautes val-
lées glaciaires; par W.Paid Girardin. 397
Existence d'une faune saumàtre dans
les sables de l'argile plastique d'issy
(Seine); par M. L. Cayeux 1728
Sur le niveau diatomifère du ravin des
Egravats, près le mont Dore (Puy-de-
Dôme; ; [lar M. Lauby 268
Le bassin houiller de la Lorraine fran-
çaise; par M. Francis Laur 267
Sur les plantes houillères des sondages
d'Eply, Lesménils et Pont-à-Mousson
(Meurthe-et-Moselle); par M. R. ZeU-
ier 837
Sur la découverte de la houille en
Meurthe-et-Moselle; parM.C Ca^'al-
Uer 893
Surlesrecherchesde houilleen Meurthe-
et-Moselle ; par M. R. Nicklès 896
Découverte de la houille exploitable en
Lorraine française; par M. Francis
Laur " 898
Le grisou aux sondages de Lorraine;
par M. Francis Laur 1 568
Sur la tectonique de la région située
au nord de la montagne Noire; par
M. Jutes Ber^croii 466
Sur les plis couchés de Saint-Jean-de-
Bruges (Hérault); par M. René Nic-
f't^" 329
Sur la formation de la grotte de Roche-
fort (Belgique) et sur la théorie dos
effondrements; par M. E.-J. Martel. i66[
Sur l'âge du granité des Alpes occiden-
tales et l'origine des blocs exotiques
cristallins des Klippes; par M. C.-G.-
S. Sandberg 1072
Sur les grandes nappes de recouvrement
de la zone du Piémont; par MM. Mau-
rice Lugcon et Emile Argand i3(')4
Sur l'existence de hautes terrasses
dans l'Oural du Nord; par MM. L.
Duparc et F. Pearcc 333
La formation charbonneuse sénonienne
des Balkans ; par M. L. de Lounay. . . 609
Les anciennes lignes de rivage du Sahel
d'Alger; par M. le général r/e i-c/wn/Zic. 161 3
Esquisse orogénique des chaînons de
l'Atlas au nord-ouest du Chott el
Hodna ; par M. Savornin i55
Sur l'extension des mers crétacées en
Afrique; par M. /. de Lappurcnt. . . . 349
Sur la constitution du Djebel Hadid
(Maroc occidental); par M. Paul
Lcmoinr 393
Surunecoupe géologique du Haut-Atlas,
dans la région du Glaoui (Maroc);
par M. PciuL l.ciwnne 690
Les régions volcaniques traversées par
la Mission marocaine; par MM. F.
Fi'ureau el Louis GeiilU 1200
Sur la présence des schistes à Graptoli-
thes dans le Haut-Atlas marocam; par
M. Louis Gentil 1 659
Sur l'existence d'un remarquable gise-
ment pliocène à Tétouan ( Maroc) ; par
MM. Loids Gentd et J. Boistel 1725
Sur l'existence de schistes à Graptoli-
thes, à Haci-el-Khenig ( Sahara cen-
tral); par M. G.-B.-M. Flamand... 954
Sur les terrains éocenes dans le Maroc
occidental ; par M. A. Brives 396
Sur les dépôts de l'Éocène moyen du
Sénégal ; par M. .S'. Chautard 744
Sur la présence du Carbonifère moyen
et supérieur dans le Sahara ; par
TABLE DES MATIERES.
Pa(;es.
M. Emile Haiig 9^7
- Observations géologiques recueillies par
la Mission Chari-Lac Tchad ; par M. H.
Courtct 160
- Sur l'existence et la situation tectonique
anormale de dépôts éocènes en
Nouvelle-Calédonie; par MM. J. De-
prat et M. Piroutet 1 58
Voir Chimif agricole, Géologie. Hydro-
logie, Minéralogie, Nappes de char-
riage, Paléoitiologie.
GÉOMÉTRIE. — Sur la généralisation d'un
théorème élémentaire de Géométrie ;
par M. //. Poincaré
— Sur les surfiices de Voss de la Géomé-
trie non-euclidienne; par .M. Alphonse
Demoiilin 1
— Errata relatifs à cette Communication.
— Principes de Géométrie anallagiiiatique
et de Géométrie réglée intrinsèques;
par M. Ali>honse Demoulin
— Sur quelques théorèmes relatifs aux sur-
faces algébriques de connexion linéaire
supérieure à l'unité; par M. Emile
Picard
— Sur les surfaces algébriques irrégu-
lières; par M. Federigo Enriqnes
— Sur les intégrales des différentielles to-
tales appartenant à une surface irrégu-
lière ; par M. G. Castebmovo
— Sur la totalité des courbes tracées sur
1753
Pages.
une surface algébrique et sur les inté-
grales de Picard attachées à la surface ;
par M. Francesco Severi 36i
Sur la dépendance entre les intégrales
de diiTérentielles totales de première
et de seconde espèce d'une surface
algébrique ; par M . Emile Picard. ... 9i5
Sur les surfaces algébriques de genre
zéro ; par M. Federigo Enriqnes 564
■ Le théorème d'Abel sur les surfaces
algébriques; par M. Francesco Severi. 926
Sur une surface hyperelliptique ; par
M. E. Traynard 218 et gSi
■ Sur les familles de surfaces à trajec-
toires orthogonales planes ; par M. S.
Carrus 208
- Note sur la Communication précédente;
par M. Gaston Darboux 211
- ii>/a/a relatifs à cette Communication. 1496
- Familles de Lamé à trajectoires ortho-
gonales planes. Familles de surfaces à
lignes de courbures planes; par M. .!>'.
Garnis 562
- Sur les trajectoires orthogonales d'une
famille de surfaces; par M. G. Dar-
boux 618
- Des surfaces applicables sur le parabo-
loïde de révolution; par M. G. Dar-
— Sur la recherche des surfaces isother
miqups; par M. L. Rajfy
— Sur les courbes minima; par M
P^essiol
E.
H
Haute fréquence. — Sur la résistance
des fils métalliques pour les courants
électriques de haute fréquence; par
MM. André Broca et Tiirchini 1238
Voir Diélectriques, Electricité.
HÉMOGLOBINE. — Observation sur les
bandes d'absorption de l'oxyhémoglo-
biiie; par MM. M. Piettre et A. Vila. 390
— Étude speclroscopique de l'oxyhémoglo-
bine; par MM. M. Piettre eV A. f-'HtJ. 685
— Spectroscopie du sang et de l'oxyhémo-
globine;par MM. M. Piettre et A.
Fila '06°
— Sur la méthémoglobine; par MM. M.
Piettre et A. fila i35o
— L'oxyhémoglobine de cobaye. Action
des fluorures; par MM. M. Piettre et
C. R., 1905, I" Semestre. (T. CXL.)
A . Fila
— Modification du spectre de la méthé-
moglobine par le fluorure de sodium;
par MM. E. Derrien et /. Ville. . . ..
— Sur une combinaison fluorée de la mé-
thémoglobine; par MM. E. Derrien et
J . l'iile
— Errata relatifs à cetle Communication
— Sur la méthémoglobine et sa combinai-
son fluorée; par MM. £. Derrien et
y. Fille
— Sur la réduction de l'oxyhémoglobine;
par MM. R. Lépine et Boulud
Histologie. — Sur quelques formes nor-
malesde l'amitose dans les cpilhéliums
de revêtement des Mammifères ; par
M. Pncaut
223
i549
993
676
17 5/,
TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
— Coulribulion à l'étude des teintures
hislolo.a;ii]ues; par MM. G. Halphen
et J. Riche i4o8
— Sur l'affinité des matières colorantes
arlificiilles pour le tissu oonjonctif;
par MM. Curiis et P. Lemoiilt 1606
Voir Repraduction.
Hydraulioue. — Nouveau mode d'applica-
tion du tube de Pitol-Darcy à la mesure
de la vitesse des conduites d'eau sous
pression; par M. H. BeUrt ,. i53i
Hydrodynamique, — Sur la vidange des
systèmes de réservoirs; par M. Ed.
Maillet ; 12
Hydrologie. — Sur la source de Hammam
Mous>a près de Tor (Sinaï) ; par MM.
R. Fourtau et N . Genrgiadés 166
^-r Sur la cause de l'appauvrissement des
sources dans les régions de plaines:
par M. Iloulhcr 382
— Sur l'application de la thermomélrie au
captage des eaux d'alimentation; par
Pages.
M. E.-A. Martel 607
— Sur le débit probable des sources dans
le bassin de la Seine pendant le second
semestre de igoS; par .M.M. F- Ladilœ n a pas de rap-
port avec l'infection de cet oiseau
par V Htdteridiiwi Daniletvsfyi : par
M. Thiroux 109
1081
83 1
Viticulture. — Recherches sur l'adhé-
rence comparée des solutions de verdel
neutre et des bouillies cupriques em-
ployées dans la lutte contre le mildiou ;
par MM. E. Chuard et F. Porchet . . . i354
Voir Physiologie végétale.
Volcans. — Voir Météorologie, Physique
du Globe.
Zoologie. — Voir Annélides, Crustacés,
Histologie, Insectes, Mamnnfères,
Mollusques, Protozoaires, Physiologie
TABLE DES AUTEURS.
ABRAHAM (Henri). - Frein synchroni-
sant électromagnétique
— Fabrication éleclrolytique des fils métal-
liques très Dns '
ALBERT DE MONACO (S. A. S. le Prince).
— Expériences d'enlèvement d'un héli-
coptère '
— Sur la campagne de la Princesse- Alice, i
— Fait hommage à l'Académie du fasci-
cule XXVUl des Résultats de ses cam-
pagnes scientifiques : « Méduses prove-
nant des campagnes des yachts Hiron-
delle et Princesse-Alice », par Otto
Maas
— Fait hommage à l'Académie du fascicule
XXIX desRésullats de ses campagnes
scientifiques : « Mémoires océanogra-
phiques » (i" série), par /. Thoulet.
— Fait hommage à l'Académie d'une Carte
générale bathymélrique des océans.. .
ALBÉRT-LÉVY et PÉCOUL ( A.). — Dosage
de l'oxyde de carbone dans les atmos-
phères confinées
ALIX (.Idst) et BAY(Isioore). — Sur l'é-
volution du carbone dans les combus-
tibles
ALVAREZ (Eugenio-PiSeria ). — Sur un
nouveau réactif de potassium
— Sur un nouveau composé osmieux et une
réaction de l'osmium
^ Sur une réaction du rhodium
— Sur un nouveau réactif de l'aconiline. .
AMAGAT est élu membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
des Prix Hébert, Hughes, Gaston
Planté, La Caze pour igoS
AMANN (Dom M.) et ROZET (Dom Ci..).
— Ombre secondaire observée sur les
1708
5.4
Pages.
anneaux de Saturne en octobre, no-
vembre et décembre 1904 297
ANDRÉ (G.). — Sur les transformations
des matières azotées chez les graines
en voie de maturation i4'7
— Sur les variations simultanées des acides
organiques chez quelques plantes
grasses
ANTHONY (R.). — La constitution de
l'arête ligamentaire et l'évolution du
ligament chez les Acéphales actuels
analogues aux Rudistes {Aetlieriidœ). 948
APPELL est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les Concours ;
du prix Francœur pour igoS 1006
— Du prix Petit d'Ormoy( Sciences mathé-
matiques pures ou appliquées) pour
1905
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question de
Grand Prix des Sciences mathémati-
ques (prix du Budget) pour 1908
ARGAND (EMILE) et LUGEON (Maurice).
— Sur les grandes nappes de recou-
vrement de la zone du Piémont i364
— Sur les homologies dans les nappes de
recouvrement de la zone du Piémont. i49'
ARSANDAUX (H.). — Sur l'extension
des roches alcalines dans le bassin de
l'Aouache 449
ARSONVAL (d') est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours: des prix Montyon( Médecine
et Chirurgie), Barbier, Bréant, Go-
dard, du baron Larrey, Bellion, Mèze,
Dusgate, Serres pour igoS io85
— Des prix Monlyon (Physiologie expéri-
■ 69
w4
1766
MM.
TABLE DES AUTEURS.
mentale), Philipeaux, Lallemand, Pou-
ral pour 1905
ARTIIAUD-BERTHET( J.). - Sur VoMum
lactis et la maUiralion de la crème des
fromages •
ASTRUC (A.). — Glycéropliosphales de pi-
MIH. Pages,
pérazine ; 27
AUGER ( V.). — Sur l'acide acétyl-lactique. 988
AZAMBUJA (D')et DESLANDRES (H.). -
Variations des spectres de bandes du
carbone avec la pression et nouveaux
spectres de bandes du carbone 917
B
BABÈS ( A.) et OCEANU (P.). - Les effets
physiologiques de l'ovariotomie chez
la chèvre 1 7i
BACHELIER (L.) soumet au ju-ement de
l'Académie un Mémoire intitulé :
« Probabdilés continues du troisième
genre » -295
BARBIERI (N.-A.>. — Les cérébrines et
l'acide cérébrique préexistent dans le
tissu nerveux à l'exclusion du prota-
gon i55i
— Errata relatifs à cette Communication. 16-20
BARROIS est élu membre de la Com-
mission chargée de juger les Concours
des prix Delesse^ Fontannes, Alhura-
bert pour igoï 1084
BASSET (Henry) et GUNTZ (A.). - Sur
la chaleur de formation de l'hydrure
et de l'azolure de calcium 8G3
BASSOT. — Présentation de trois Volumes
des Antinles de VOiscrvalolie de
Nice 1 98
— Adresse de Nice une dépêche relative à
la comète Giacobini 825
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les Concours : du pris
exiraordin.iire de la Marine et du prix
Plumey , pour igo5 1006
— Des prix Gay, Tchihatchef pour 1905.. 1006
BATTELLI (F.) et STERN (M'" L.). — La
philocatalase et l'anticalase dans les
tissus animaux • 1 197
— Recherches sur le mode d'action de la
philocatalase i35>
BAUD(E.). — Combinaisons du chlorure
d'aluminium avec l'oxychlorure de car-
bone 1688
BAUDOUIN (Marcel). — Du mode de fixa-
tion dorsale du Lernceerticus Sprallœ
sur son hôte 3-26
BAUDRAN (].). — Action du permanganate
de calcium sur les toxines tétaniques,
diphlérilique et la tuberculine 884
BAY (Isidore). — Remarques sur la réac-
tion de la diphénylamine avec l'acide
niti'que •'. 79<'
BAY (IsiDOKE) cl ALIX (Just). — Sur l'é-
volution du carbone dans les combus-
tibles 377
BAZIN (Albert). — Théorie et imitation
du vol à voile 1096
BECQUEREL (Henri) est élu membre
de la Commission chargée de juger la
Concours des prix Iléhert, Hughes,
Gasion Planté, La Caze pour 1905 1007
BECQUEREL (Paul). - Recherche sur la
radioactivité végétale 54
— Action de l'éther et du chloroforme sur
les graines sèches 1049
— Action de l'air liquide sur la vie de la
graine 1662
BELLENOUX (E.-S.). — L'azotate de cal-
cium (ou nitrate de chaux) en Agri-
culture 1 190
— Adresse une Note « Sur la culture de
la Pomme de terre » 696
BELLET (H.). —Nouveau mode d'applica-
tion du tube de Pitot-Darcyà la mesure
de la vitesse des conduites d'eau sous
pression i53i
BELLOC ( G.). — Osmose au travers des
tubes en silice i2J3
BELZECKI. — Sur l'équilibre d'élasticité
des voûtes en arc de cercle 10 16
— Errata relatifs à cette Communication. i2o3
BËNNETT (G.-T.) adresse à l'Académie
une lettre relative à un théorème sur
la transformation d'un mouvement de
rotation autour d'un axe en un mouve-
ment de rotation autour d'un autre
axe 275
BEN0I6T (L.). — Méthode et appareil de
dosage dans les applications médicales
de l'électricité statique iioG
BERGER (P.) — Sur un cas d'ostéomalacie
ayant déterminé des déformations ex-
trêmes du squelette et terminé par
une rétrocession sponlatiée des lésions. 886
TABLE DES
MM. Pages.
BERGERON (Jules). — Sur la tectonique
de la région située au nord de la Mon-
tagne-Noire 466
BERGET (A.). — Sur un mode de visée
des surfaces larges de mercure 79
BERGONIÊ (.1.). — Sur l'action nettement
favorable des rayons X dans lesadéno-
pathies tuberculeuses non suppurées. S89
— Sur une nouvelle méthode de protec-
tion contre les rayons deRonIgen. . .. i566
BERNARD (Ch.). — A propos de l'assimi-
lation en dehors de l'orgimisme 5o<)
BERNARD (NoEL). — Nouvelles espèces
d'endophvtes d'Orchidées 127';
BERNSTEIN (S.). — Sur les équations du
tyr>e panibolique 187
— Sur les équations aux dérivées partielles
du type elliptique i44o
BERTHELOT. — Nouvelles recherches sur
les altérations séculaires des subs-
tances hydrocarbonées d'origine orga-
nique 177
— Quelques métaux trouvés dans les
fouilles archéologiques eu Egypte iSj
— Sur les vases de silice fondue; leur
emploi en Chimie 817
— Sur les vases de silice fondue; leur
perméabilité 82 1
— Sur l'emploi du tube chaud et froid
dans l'étude des réactions chimiques. . goS
— Nouvelles recherches sur la combi-
naison chimique 1 153
— Sur la perméabilité des tubes de silice
fondue 1169
— Perméabilité des vases de verre 1286
— Observations sur les méthodes em-
ployées en calorimélrie et spéciale-
ment sur la détermination de la cha-
leur de combustion des composés
organiques 1497
— Fait hommage à l'Académie de la deu-
xième édition de son -< Traité pratique
fie Calorimélrie chimique» 11C8
— Fait hommage à l'Académie de son
Ouvrage «Science et libre-pensée ». i63i
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
Hébert, Hughes, Gaston Piaulé, La
Caze pour igoS 1007
— Des médaillesArago,Lavoisier,Berthelot
et des prix Trémont, Gegner, Lanne-
longue pour 190) 1 169
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour 1905 II 69
AUTEURS. 1767
MM. Pages .
— Du prix Wilde pour igoS 1169
— Du prix Saintour pour 1905 1169
— Des prix Jecker, Cahours, Monlyon,
(Arts ini^alubres), La Caze, Boidin
pour igoS io84
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : de
prix Bordin (Sciences physiques)
pour igo8 122-3
— De prix Vaillant pour 1909 1225
— De prix AIhumbert pour 1910 122-j
— M. le Seci-étnire ppr^ètiirl annonce à
l'Académie que leTome CXXXVIH des
Comptes rendus est en distribution
au Secrétariat, 753. — Pré.-enle le
Tomell des OEuvrrsde Logiierre, 486.
— Signale, parmi les pièces imprimées
de la Correspondance : — La bobine
d'induction, par M. H. Jrnia^nat, 27.
— Laboratoire scieniifi(|ue international
du mont Rose. Travaux de l'année
1903, publiés par M. A. Mnsso, 486.
— Accumulateurs électriques, par
M. L. Jtimau, 487. —Nouvelles Tables
d'intérêts composés et d'annuités, etc.,
par F. Vintèjoux, 632. — La Chimie
minérale, ses relations avec les autres
sciences, par M. H. Moisstin, 924. —
Les trois premiers fascicules de la « Re-
visla de Chimica pura e applicada »,
fondée par le professeur^.-/. Verreira
da Silva, 924. — Les principes de la
Mécanique, par M. F. fFickersheimer,
1 1 32. — « Icônes fungorum ad usum
Sylloges SaccardiansB adcommodalae,
auclore A. N. Bedese », i225. — Le
opère di Gatileo Gidilei, volume XV. —
Éléments de Physiologie, par F. Lati-
larné. — Les récents [irogrès de la
Chimie, i3î3.— The norvegian north
polar expédition scientific results,
1893-1896. — Le four électrique, par
Adiilphe Minet, 1437. — Dix années
d'observations météorologiques, à
Sèvies(Seine-et-Oise),de 1892 a 1901,
par G. Eiffel. — Éludes pratiques de
Météorologie et observations compa-
rées des stations de Beaulieu, Sèvres
et Vacquey, pour l'année igo3. — Les
observations courantes en Météorolo-
gie, par G. Eiffel. — Système silurien
du centre de la Bohème, par Jinichim
Barramle, 1577. — Les oiseaux obser-
vés eu Belgique; \" Partie : les Gym-
1768
TABLE DES AUTEURS.
MM.
nopaides, par M. Marcel de Contreras.
— Goudronnage des roules par le feu,
par A. Fiiincim 1669
BERTHEI.OT et GAUDECHON. — Reclier-
clies thermochimiques sur la strych-
nine et sur la brucine 753
BERTIN (E.). - Sur la giration des
navires 33-
— Sur le principe des navires à flottaison
cellulaire 1077
— F.iit hommage à l'Académie d'une Note
sur la position du centre de résis-
tance latérale 1 378
— Fait hommage à l'Académie d'une Note
intitulée « De l'expérience de traction
transversale appliquée à l'étude de la
résistance de l'eau à la marche des
flotteurs )) i63i
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : du prix
extraordinaire de la Marine et du prix
Plumey pour 1905 1006
— Des prix Gay, Tcliihatchef pour ;9o5.. looG
BERTIN-SANS (H.) etGAGNIÈUE (J.). -
Sur le mécanisme de l'aceommodation. 387
BERTRAND (.Léon> — Sur le rôle des
charriages dans les Pyrénées de la
Haute-Garonne et de l'Ariège 542
BERTRAND (Marcel) est élu membre de
la Commission chargée de juger les
Concours des prix Delesse, Fonlannes,
Alhumbert pour igoS 1084
BESSON (Louis). — Sur un halo extraor-
dinaire, observé à Paris 939
BIERRY (H.). — Recherches sur la lac-
tase animale 1 r>.2
BIGOURDAN (G.). —Observations delà
nouvelle comète Borrelly(i9o4,^.-)'«'tes
à l'Observatoire de Paris (équatorial
de la tour de l'Ouest, de o"',3o5 d'ou-
verture) l32
— Observations de l'éclipsé partielle de
Lune du 19 février 1905 473
— Observations de la nouvelle comète
Giacobini (1905, mars 26) faites à
l'Observatoire de Paris (équatorial de
la tour de l'Ouest ) 914
— Fait hommage à l'Académie d'une bro-
chure sur « Les éclipses de Soleil «... i •■)78
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les concours des prix
Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de
Pontécoulant, Damoiseau pour 1905. 1006
BILLET (J.jetDOYON (M.). — Action élec-
MM.
Pages.
. 1276
trique du chloroforme sur le foie
BILLY. — Sur la préparation des hydrosul-
fites '. 936
BLAISE (E.-E). — Sur l'oxygène quadri-
valent 661
BLAISE (E.-E.). etCOURTOT (A.) — Sur
la fixation directe des dérivés éthéro-
organomagnésiens sur la liaison éthy-
lénique des éthers sels non saturés. .. 370
BLAISE (E.-E.) et LUITRINGER (A.). -
Migration de la liaison éthylénique
dans les acides non saturés acycli-
qups 1 48
— Caractérisalion des laclones au moyen
de l'hydrazine 790
BLANC (G.) et BOUVE.\ULT (L.). -
Camphène, camphénylone, isobornéol,
et camphre gS
BLARINGHEM. — Anomalies héréditaires
provoquées par des traumatismes 378
BLOCH (Eugène). — Sur la conductibilité
des gaz issus d'une flamme 1 327
BLONDEL (A.). — Sur les phénomènes de
l'arc chantant 1 680
BLOT (.4.) demande l'ouverture d'un pli
cacheté contenant un « Mémoire sur
l'Aviation mécanique » 47°
BOCHER (Maxime). — Sur les équations
différentielles linéaires du second ordre
à solution périodique 928
BODROUX(F.). - Mode de formation de
quelques dérivés monosubslitués de
l'uiéthane tio8
— Actions des éihers chloracétiques sur
les dérivés halogénomagnésiens de lani-
1597
1725
5o
BOISTEL (A.) et GENTIL (Louis). - Sur
l'existence d'un remarquable gisement
pliocène, à Tétouan (Maroc)
BONJEAN (Ed.). — Eau oxygénée à l'état
naissant. Activité bactéricide sur les
germes des eaux
BONNIER (Gaston). — Les plantes du pla-
teau des Niighirris 975
— Fait hommage à l'Académie du fasci-
cule IV du Cours de Botanique qu'il
publieen collaboration avec M. Leclerc
du Sablon i524
— Est élu membre de la Commission char-
gée de juger les Concours du Grand
Prix des Sciences physiques, des prix
Desmazières, Montagne, Thore pour
1905 1084
BORCÉA (L). — Sur quelques faits relatifs
TABLE DES
MM. Pages.
au développement du rein des Elasmo-
branches 672
BORDAS (F.)etTOUPLAlN.— Emploi des
centnfugeurs pour l'analyse des cacaos
et des rliocolals loyS
— Nouvelle méthode d'analyse rapide du
lait 1099
BORDAS ( L.). — Sur les glandes (salivain s,
céphaliqiK'S et rnélathoiaciques ) de
quelques Hémiptères 5c)5
BORDÉ (Paul) et FONVIELLE (W. de).
— L'influence des éclipses sur les
mouvements de l'atmosphère goi
— La météorologie des écli|ises totales de
Soleil i66J
BOREL (Emile). — Sur une propriété des
ensembles fermés ,.. agS
BORNET l'st élu membre des Commis-
sions chargées de juger les Concours :
du ijrix Petit d'Ormoy (Sciences natu-
relles) pour 1905 r2'24
— Du Grand Prix des Scienres physiques,
des prix Desmazièfe. llontaijtie, Thoie
pour 190 j 1081
— Des mé tailles Arago, Lav(iis;er, B^r-
thelot et des prix Trémotit, Gegner,
Lannelongue pour igoS 1169
BORRELLY. — Comète e 1904, découverte
le 28 décembre 1904, à l'observatoire
de Marjeille io4
BOTTASSO. — Sur une solution du pro-
blème de iMunge relatif à l'équation
/((/j-i,^/.r ,(lx,i)= G à coefficients
>579
BOUCHARD est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les Concours :
des prix Moulyon (Médecine et Chi-
rurgie), Barbier, Bréant, Godard, du
Baron Larrey, Bt-lliou, Mège, Dusgate,
Serres pour igoS
— Des prix Monlyon (Physiologie expéri-
mentale), Philipeaux, Lallemand ,
Pourat pour igo5
BOUCHONNE! (A.). — Sur quelqiiescom-
posésde l'acide azélaïque
BOUCHONNE! (A.) et CHABRIÈ (C). -
Sur les fluorures d'indium et de rubi-
dium
BOUDOUARD (0.). - Influence de la va-
peur d'eau sur la réduction des oxydes
de fer par l'oxyde de carbone et l'an-
hydride carbonique
BOULE (Maiicklli.x). — Les Lions des
cavernes
C. K.
1900,
Semestre (T. C\L.)
AUTEURS. lyfig
MM. Pages.
— Sur l'évolution des .Mammifères fossiles. 1662
— Sur l'origine des éolilhes 1-29
BOULLANGEK (E.) et MAS50L (L.). —
Sur l'action des sels ammoniacaux sur
la nitrification du nitrite de soude par
le ferment nitrique G87
BOULUD et LÉPLN'E (R.). - Sur la réduc-
tion de l'oxyhémogliibine ggS
BOUNHIOL(J.P.). —Mesures respiratoires
sur les poissons marins (io
BOUQUET DE LA GRYE est élu membre
des Commissions chargées de juger les
Concours : du prix extraordinaire de
la Marine et du prix Plumey pour igo5. looG
— Des prix Gay, Tchihatclu'f pour igo5. . 1006
— Du pris Binoux (Histoire des Sciences)
pour igo5 1 1 Gg
— Est élu membre de la Commission char-
gée de présenter une question de prix
AIhumbert pour igio 1225
B0UR0Uf;LOT(EM.)et'HÈRlSSEY (H.). -
Sur l'origine et la composition de l'es-
sence de Benoîte : glucoside et enzyme
nouveaux 870
ROUSSINESQ (J.). —Pouvoir refroidissant
d'un courant fluide sur un ellipso'ide à
axes inégaux, immergé dans ce cou-
rant i5
— Conductibilité extérieure ou superfi-
cielle, représentative, pour un corps
donné, du pouvoir refroidissant d'un
courant fluide 65
— Sur l'existence d'un ellipsoïde d'absor-
ption dans tout cristal translucide,
même sans plan de symétrie ni axe
principal 401
— Formule rationnello du coefficient de
l'absorption de la lumière par un corps
translucide quelconque 622
— Construction, dans un milieu opaque
homogène, des rayons lumineux qui y
jiénètrent par une face plane 825
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
Moiityon (Mécanique), Fourneyron,
Poncelet pour 1903 1006
— Du prix extraordinaire de la Marine et
du prix Plumey pour igoà 1006
BOUÏAN (Louis). — Un ennemi du caféau
Toiikin. Le Xylotrechus du bambou
sec 1654
BOUTY est porté sur la liste de candidats
présentés, pour la Section do Physique,
pour la place laissée vacante par le dé-
2-7
f770
TABLE DES AUTEURS.
MM. p
ces de M. Potier
BOUVEAULT(L.) et BLANC (G ). - Cam-
phène, camphénylone, isobornéol et
camphre
BOUVEAULT (L.) et LOCQUIN (R.). -
Action (lu sodium sur les éihers des
acides monobasiques à fonction simple
de la série grasse
— Sur q\ielques dérivés de la bulyioïne et
de la capronoïne
BOUVEAULT (L.) et WAHL (A.). - Sur
la non-existence dedeuxdioximidobu-
tyrates d'élhyle stéréoisonières
BOUVIER (E.-L.i. - Sur les Palinurideset
l'^s Eryouides recueillies dans l'Atlan-
tique oriental par les expéditions fran-
çaises et monégasques
— Sur les Pénéides et les Sténopides re-
cueillies par les expéditions françaises
et monégasques dans l'Atlantique
oriental
-- Est élu membrede la Commission char-
gée déjuger le concours du prix Savi-
gny pour igoS
BOUVIER (E.-L.)etSEURAT (G.).- Eu-
inedon roiniclnr, Crabo commensal
d'un Oursin
BRAXLY (Edouard). — Distribution et
contrôle d'actions i>roduites à distance
par les ondes électriques
— Appareil de télémécanique sans fil de
ligne
BRASIL (Louis). — La résorption phagocy-
taire des éléments reproducteurs dans
les vésicules séminales du Lumbriciis
hcrciileus Sav
— La genèse des gamètes et l'anisogamie
chez les Monocysds du Lombric
BRETEAU (Pierre). — Sur les hydrures
(le pliér.aiitlirène
BKEUIL (PiERiiB). — Constituant spécial
obtenu dans la trempe d'un bronze
d'aluminium
— A[)plication du microscope à l'examen
du caoutchouc
BREUIL, PEYRONY et CAPITAN. - Ftgu-
ration du Lion, de l'Ours des cavernes
et du Rhinocéros sur les parois des
grottes par l'Homme de l'époque du
Renne i
BREYDEL(A,). — Sur les dapL'ers (le
g 80
MM. Pages,
l'électricitéatraosphériquepourraéros-
tation et les movens d'y remédier.. . . 714
BRILLOUIN (!VL\RCEL). - Indétermina-
tion de la trajectoire limite des pla-
neurs rigides. . . ,. , 570
— Le mouvement de la Terre et la vitesse
de la lumière 1674
BRIVKS (A.). — Sur les terrains éocènes
dans le Maroc occidental SgS
BROCA (André). — Sur le pouvoir induc-
teur spécifique de.-< métaux
BROCA (André) et TURCHINI. - Sur la
variation du pouvoir inducteur spéci-
fique du verre avec la fréquence
— Sur la résistance des fils métalliques
pour les courants électriques de haute
fréquence
BROCHET (André) et PETIT (Joseph).
— Sur l'électrolyse d'acides organi-
ques au moyen du courant alternatif.
— Sur la dissolution éleclrolylique du pla-
tine dans l'acide sulfurique
BROUARDEL. — Est élu membre des
(Commissions chargées de juger les
concours : des prix Monlyon (Méde-
cine et Chirurgie), Barbier, Bréant,
Godard, du Baron Larrey, Bellion,
Mège, Dusgate, Serres pour igoS. . . .
— Du prix Montyon (Statistique) pour
igo5
BRUHAT (J.) et DUBOIS (H.). — Sur les
perborates
BRUiNEL (LÉON). — Thymomenthol et
dérivés 339,
— Sur le menlhone dérivé des hexahydro-
thymols
BRUST (Alfred) adresse une Note ayant
pour titre: « De l'application des ondes
'hertziennes pour éviter les abordages
do la mer » 275
BUHL (A.). — Sur l'approximation des
fonctions par des polynômes dans ses
rapports avec la théorie des équations
aux dérivées partielles; application ait
problème de l'élat initial en Physique
mathématique. atô
BUN.4U-VARILLA (Ph.) présente un Mé-
moire « Sur la solution du problème
de Panama » 1224
BUSSY (Charles) adresse un modèle de
Calendrier perpétuel i368
.677
780
1238
42
657
io85
ii6g
;io6
79*
TABLE DES AUTEURS.
(771
MM Hages.
C AMICHEL ( C. ). — Sur la nuorei^cencp ... i Sg
CAMUS (L.) et GLEV ( E. ;. — Action liéma-
lolytique et toxicité gt^nôrale du sé-
rum d'Anguille pour la Marmotte. ... 1717
CAPITAN. — l'Homme et le Mammouth à
l'époque quaternaire sur l'emplace-
ment de la rue de Rennes 168
CAPITAN, BREUIL etPEYRONY. — Figu-
ration du Lion, de l'Ours des cavernes
et du Rhinocéros sur les parois des
grottes par l'Homme de l'époque du
Renne i73i
CARNOT est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les concours :
des prix .lecker, Cahours, Montyon
(Arts insalubres), La Caze (Chimie),
Bordin pour igoS 1084
— Du prix Montyon (Statistique) pour
igo5 1 iGg
CARRÉ (H.). — Sur la maladie des
jeunes chiens t)8g
— Sur la maladie des chiens t48g
CARRÉ (P.). — Sur la décomposition de
l'acool o-nitrobenzyliqne, sous l'in-
fluence de la soude aqueuse et de la
soude alcoolique 653
GARROS (S.). — Sur les familles des
surfaces à trajectoires orthogonales
planes 20S
— Familles de Lamé à Irajeetoires ortho-
gonales planes. Familles de surfaces à
lignes de courbure planes 'A'yi
CARTIER (J.-D.) adressa une Note» Sur la
gamme musicale» 81 3
CASTELNUOVO (G. ). - Sur les intégrales
de différentielles totales appartenant à
une surface irrégulière -rm
CATEL (J.) et GUYOT (A.). — Contribu-
tion à l'étude des dérivés du benzodi-
hydrofurfurane ^54 et 4ofi
— Contribution à l'étude des dérivés du
benzodihydrofurfurane i348
— Synthèses dans la série anthracénique.
Condensation des dérivés du benzodi-
hydrofurfurane en dérivés anthracéni-
ques Y substitués 1 4Po
CAULLERY et MESNIL (F.). - Phéno-
mènes de sexualité dans le développe-
des Actinomyxidies l 'fi'i
CAVALLIER (C). - Sur la découverte
MM. Paijes.
de la houille en Meurthe-et-Moselle. . 8g3
CAYEUX (L.). — Sur l'état de conserva-
tion des minéraux île la terre arable. 1270
— Existence d'une faune saumâtre dans
les sables de l'argile plastique d'Issy
(Seine) 1728
— Figure en deuxième ligne sur la liste
descandidatsprésentée à M. le Ministre
de l'Instruction publique, pour la
chaire d'Histoire naturelle des corps
inorganiques vacante au Collège de
France par suite du décès de
M . Fnuqué •>&
CAZALBOU adresse des remercîmenis à
l'Académie 55g
C.FRNOVODEANU ( M"« P.) et HENRI
(Victor). — Recherches physico-chi-
miques sur l'hémolyse (II) i3g4
C.llABLAY (E.). —Action des métaux am-
moniums sur les dérivés halogènes du
méthane 1262
— .action des métaux ammoniums sur les
alcools : méthode générale pour la pré-
paration des alcoolates 1 343
— Action des métaux ammoniums sur les
alcools polyatomiques 1396
(H.VBRIÉ (C.) et BOUCHONNFT (A.).
— Sur les fluorures d'indium et de
rubidium 90
CHAINE (J.). — Caractères des muscles
polygastriques 593
— Observationssur les intersections tendi-
neuses des muscles polygastriques 1419
rilALLAMKL (A.) et MOUTIER (A.). —
Étuile comparative sur l'action de la
cage auloconductrice et du lit conden-
sateur dans le traitement de l'hyper-
tension artérielle par la d'Arsonvalisa-
tion 462 et 602
— De l'abaissement de la pression arté-
rielle au-dessous de la normale par la
d'Arsonvalisation 742
i:H.\NOZ (M.). — Résultats d'une année
d'étude de la conductibilité électri(|ue
de l'eau du Rhône îi Lyon 748
— Sur la variation de la diflérence de po-
tentiel au contact des dissolutions mis-
cibles d'électrolvtes 1024
(;il.\NOZ (M.) etPÉRRIGOT (M.). - A
propos d'une prétendue démonstration
\qnn
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
de l'existence dos rayons N parla pho-
tographie d'écrans au sulfure de cal-
cium insolé 86
CHARABOT ( EuG.) et HÉBERT (Alex. ). -
Consommation de matières odorantes
chez la plante étiolée 455
CHARABOT (Eue.) et LALOUE (G.). -
Répartitions successives de l'e^tragol
et des composés lerpéniqiies entre les
divers organes d'une plante annuelle. 667
CHARCOT ( Jean) adresse un télégramme de
Puetto-Madryn •. 617
CHARRIN. — Dysrrasie acide expérimen-
tale (Modifications de l'organisme. Va-
riations toxiques. Lésions spéciales.
Anaphylaxie tuberculeuse).... 1069
CHARRIN et LE PLAY. - Existence du
rachitisme intra-utérin Sa;
— Variations des processus morbides sui-
vant la composition des organes 53 1
— Action pathologique du Straroiiliorn
rndiricoUi sur les animaux 1480
CHARRIN et MOUSSU. - Physiologie de
la rate (fonction biligénique) 1 1 18
CHATIN est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les concours :
du Grand Prix des Sciences physiques,
des prix Desmazières, Montagne, Thore
pour igoâ 1084
— Du prix Savigny pour igoS io85
CHAVANNE et LESPIEAU. - Liquéfaction
de l'aliène et de l'allylène loJi
CHAVANNE et MOISSAN ( Hhnri). - Sur
quelques constantes physiques du cal-
cium et sur l'amalgame de calcium. \i.).
— Sur quelques constantes du méthane
pur et sur l'action du méthane solide
sur le fluor liquide 407
CHAUTARD (S.). - Sur les dépôts de
l'éocene nioven du Sénégal 744
CHAUVEAU (K.). - Sur les variations
d'éclat et les écli[)ses totales des images
primaires formées sur la rétine par de
très faibles sources lumineuses de va-
leur constanle 761
— Le conflit de l'image primaire et de
l'image accidenlelle, appliqué à la théo-
rie de l'inévitable variabilité des im-
pressions rétiniennes qu'excitent les
objets éclairés par des sources lumi-
neuses de valeur constante 984
— Fait hommage à l'Académie de 1' 0 Ex-
posé des Travaux de l'Association de
l'Institut Marey en 1904 » 1878
MM. Pages.
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
Montyon ( Médecine et Chirurgie), Bar-
bier, Bréant, Godard, du Baron Larrey,
Bellion, Mège, Dusgate, Serres pour
1905 io85
— Des prit .Montyon ( Physiologie expéri-
tale), Philipeaux, Lallemand, Pourat
pour 1905 1169
CHEVALIER (Auc). - Un caféier nouveau
de l'Afrique centrale 517
— Les cafi^iers sauvages de la Guinée fran-
çaise 1472
CHEVALLIER (A.)- Relation entre la
densité et la salinité des eaux de mer. 902
CHOFARDET(P.). — Ob.-^ervations de la
comète Borrelly (1904 e) faites à l'Ob-
servatoire de Besançon, avec l'équato-
rial roudé i53
CHRÉTIEN ( II.) H TRIBOT(J.). - Sur un
hydrate colloïdal de fer obtenu par
électrodialyse et sur quelques-unes de
ses propriétés 144
CHUARD (E.) et PORCHET (P.). — Re-
cherches sur l'adhérence comparée des
solutions de verdet neutre et des
bouillies cupriques employées dans la
lutte contre le mildiou i354
CLAVERIE (Pascal). — Un nouveau bana-
nier de Madagascar 1610
CLÉMENT (E.). — Myélites par toxines
tuberculeuses 392
— Sur l'action de l'acide formique dans les
maladies à tremblements i [98
CLIGNY (A.). —Variations géographiques
(les Pleuronectides 526
CLUZEÏ. — Sur l'excitation des nerfs par
le minimum d'énergie; application à
l'électrodiagnostic 1 1 16
COLIN (Le R. P.). — Travaux géodésiques
et magnétiques aux environs deTana-
narive 1219
— Observationsmagnétiqiies àTananarive. i52i
COLSON (Albert). — Sur l'existenee d'un
sulfate vert normal de sesquioxyde de
chrome 42
— Sur la cryoscopie des sulfates 372
— Applications diverses du principe de
Watt à la dissociation des carbonates
de plomb et d'argent 865
— Sur les réactions a vitesscsdiscontinues
du sulfate cljromique vert i45i
CONDUCHÉ (A,). — Sur une nouvelle réac-
tion des aldéhydes et l'isomérie de
TABLE DES AUTEURS.
MM.
Pa"
leurs oximes
— Er/vira rc\al\k h cvlUi Communication.
COiN'SIDÈRE. - Calcul des punis en arrs
et des ponts suspendus
— Errnin relatif à celte Communication .
— Faculté que le béton armé possède de
supporter de grands allongements. . . .
COPAUX (H.). — Propriétés physiques du
cobalt et du nickel fondus
COSSEKAT ( Eugène) et COSSER AT (Fran-
çois). — Sur la dynamique du point et
du corps invariable, dans le sy.^tème
énergétique
COTTOn' (Emile). — Sur l'intégration
apiirochéedes équatious différentielles.
COUKÉMÉNOS (A.) et HALLER (A.). -
Sur les acides cyanocamphacétiques,
cyanocampho-a-propionique, cyano-
campho-a-isobutyrique et leurs prin-
cipaux dérivés i
COURTET (H.). — Observations géologi-
ques recueillies par la mis.-^ion Chari-
Lac Tchad
— Les sels de la région du Tchad
COURTOT (A.) et BLAISE ^E.-E.). — Sur
la fi.'iation directe de.s dérivés élhéro-
organomagnésiens sur la liaison éthv-
1773
MM. Paçes.
lénique des éthers-sels non saturés.. . 370
C.OUTIÈRE (H.). — Sur une forme rie pha-
néres propres aux Pinnhdiilœ 674
— Sur les ////ï/fe/rfœdes Laquedives et des
Maldives 736
— Sur quelques cru.«tacés provenant des
campagnes de la Princesse- Alice (filet
à grande ouverture) (ii3
COUTURIER (F.) et MEUNIER (L.). —
Aciion de l'amalgame de magnésium
sur la diméthylcétcne 721
COUTURIER (F.) et VIGNON(G.). - Sur
quelques nouvelles ^-cétoaldéhydes. . 1695
CRÉMIEU (V.).— Atiraction observée
entre gouttes liquides suspendues dans
un liquide de même densité 80
— Dispositif auto-amortisseur applicable
aux mouvements pendulaire et oscil-
latoire 1029
CURIE (PiERBE) est porté sur la liste de
candidats présentés, par la Section de
Physique, pour la place laissée vacante
par le décès de M. Potier 1733
CURTIS et LEMOULT (P.) -Sur l'affinité
des matières colorantes artificielles
pour le tissu conjonctif 1 606
DAMOUR (E.) figure en deuxième ligne
sur la liste de candidats présentés
à M. le Ministre du Commerce, de
l'Industrie, des Postes et Télégraphes
pour la chaire de chaux, ciment, céra-
mique et verrerie du Cimservatuiie
national des Arts et Métiers \'y.>\
DANGEARD (P.-A.) adresse une Note inti-
tulée Ascodesiiis et Bnuiliera 1 12G
DANNE (.1.). — Sur un nouveau minéral
rad I fere 241
DARBOUX (Gaston). — Note sur une
Communication de M. S. Cnrrus 9.1 1
Errata relatifs à celte Communication... r4g6
— Sur les trajectoires orthogonales d'une
famille de surfaces 618
— Des surfaces applicables sur le parabo-
lo'ide de révolution G97
M. le Secrétaire per/jéliteLAimunce la mort
de M. Emite Fernet 553
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
Francœur pour 1 906 1 006
— Des prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
G. de Ponlécoulant, Damoiseau pour
1905 1006
— Des médailles Arago, Lavoisier, Berthe-
lot et des prix Trémunt, Gcgner, Lan-
nelongue pour igoS 1169
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour 1905 1169
— Du prix Wilde pour 1905 1 169
— Du prix Saintour pour 1905 1 169
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences et ma-
thématiques pures ou appliquées) pour
i9o!> 1169
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : de
Grand Prix des Sciences mathéma-
tiques (prix du Budget) pour 1908... 1224
— De prix Vaillant pour 1909 1225
— De prix Alhumbert pour 1910 122.5
M. le Sicrétdire perpétuel présente un Vo-
lume impriiueà l'Ub-ervalûire d'Abba-
dia, sous le titre : Ohsrrvalions jaites
au cercle iiiériilien : en 1899 et 1900,
ink
TABLE DES AUTEURS.
Pages
66. — Présente le Volume XII des Atli
del Congresso internazionale di Scienze
storiche (Roma, 1-9 aprile igoS), 4'9.
—Signale parmi les pièces imprimées de
laCorresponfiance : International Asso-
ciation of Académies. Second gênerai
Asspmbly, held in London, may a5-27
1904, under the direction of Ihe Royal
Sncicty of Londoti, 79. — Cours du
Collège de France de 1880 à 1904 et
Travaux du l.iboratoire de 1875 à 1904,
par M. Cli.-A. François- Franck, -295.
— Le Calcul des résidus et ses appli-
cations à la théorie des fonctions, par
Ernst Lindelôf, 708. — La Science
géologique; ses méthodes, ses résul-
tats, ses problèmes, son histoire, par
M. L. de Launny, 708. — Malgaigne
(i8o6-i8G5). Étude sur sa vie et ses
idées d'après ses écrits, des papiers de
de famille et des souvenirs particuliers,
par E. Pilastre, 558. — Un recueil
de pièces manuscrites contenant les mi-
nutes des cours de Lamé sur le calcul
des probabilités. — Le Tome X des
CEuvres complètes de Christinan
Haygens^i'i-;-]. — Les fours électriques,
par Jean Escard 1 526
DARZENS( Georges). — Sur une nouvelle
méthode de synthèse des cétones sa-
turées par la méthode de réduction
cataly tique i5i
DASTRE est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : des
prix Montyon( Médecine et Chirurgie),
Barbier, Bréant, Godard, du Baron
Larrey, Bellion. Mège, Dusgale, Serres
pour 1905 io85
— Des prix Montyon (Physiologie expéri-
mentale), Philipeaux, Lallemand, Pou-
rat pour 1901 1 169
DAWSON ( \V. Bell) adresse un Mémoire
relatif à l'ti Installation dos marégraphes
sous les climats rigoureux et dans les
régions lointaines » 63 1
— Adresse une Note u Sur les niveaux de
marée et plans de référence dans le
Canada oriental » 1617
DEJUST (Henri). — Action de l'oxyde
decarbonesur l'oxyded'argent. Son-ap-
plication pour déceler des traces de
ce gaz dans l'atmosphère i25o
DELACROIX (Georges). — La rouille
blandie du tabac et la nielle ou mala-
MM. PaRes.
die de la mosaïque 678
— Sur une pourriture bactérienne des
Choux i356
DELAGE (A.) et L.\GATU fH). - Sur les
résultats obtenus par l'observation des
terres arables en plaques minces i555
DELAGE (Yves).— Nouvelles expériences
de parthénogenèse expérimentale chez
Asterins 1 369
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours :
— Du prix Savigny pour 1905 io85
— Des prix Montyon (Médecine et Chi-
rurgie) Barbier, Bréant, Godard, du
Baron Larrey, Bellion, Mège, Dusgate,
Serres pour 1905 io83
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences natu-
relles) 1224
DEMOULIN (Alphonse). — Sur les sur-
faces de Voss de la Géométrie non-
euclidienne t226
Errata relatifs à cette Communication.. . . 1372
— Principes de Géométrie anallagmatique
et de Géométrie réglée intrinsèques. . iSaô
DENZO (P.) et GDYE (Ch.-Eug.). — Sur
la chaleur dégagée dans la paraffine
soumise à l'action d'un champ électro-
statique tournant de fréquence élevée. 433
DEPÉRET (Charles). — L'évolution des
Mammifères tertiaires, méthodes et
principes 1517
DEPR-4T (J.). — Sur la présence de nou-
méite à l'état détritique dans l'Eocène
néo-calédonien 1471
DEPRAT (J.) et PIROUTET (M.) - Sur
l'existence et la situation tectonique
anormale des dépôts éocènes en Nou-
velle-Calédonie i58
DEPREZ (Marcel) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
concours : des prix Montyon (Méca-
nique), Fourneyron, Poncelet pour
1905 1006
— Du prix extraordinaire de la Marine et
du prix Plumey pour 1905 1006
DERRIEN (E.) et VILLE (J.). - Modifi-
cation du spectre de la méthémoglo-
bine par le fluorure de sodium 743
— Sur une combinaison fluorée de la mé-
thémoglobine i igS
Errata relatifs à cette Communication. . . . 1281
— Sur la méthémoglobine et sa combi-
naison fluorée 1 349
DESFONTAI.NES (M.) et HALLEU (A.).
TABLE DES
MM. Pages.
Exaltation fin pouvoir ratatoire de mo-
lécules aliphatiques en passant à l'état
(le composés cycliques i2o5
DESGREZ (A.) et GUENDE (M"' Bl.). —
Contribution à l'étude de la dyscrasie
acide 882
— Variations du coefficient do déminéra-
lisation chez les animaux en état de
dyscrasie acide 1487
DESL.4NDRES (II.). — En-ata Te\al\fs à
une Communication sur le groupe de
bandesnégatifde l'air, du 26 décembre
1904 17G
— Remarques sur la reconnaissance de la
couronne solaire en dehors des éclipses
totales 965
Errata relatifs à cette Communication. . . . 1284
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les concours des prix
Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de
Pontécoulant. Damoiseau pour igoâ.. rooG
DESLANDRES (H.) et dÂZAMBU.IA. -
Variations des spectres de bandes du
carbone avec la pression et nouveaux
spectres de bandes du carbone 917
DESPLANTES et MATIGNON (C). -
Oxydation des métaux à froid en pré-
sence de l'ammoniaque 853
DEVAUX-CHARBONNEL. - La mesure
de la capacité des longs câbles sous-
marins t582
DIÉNERT (F.). —Action du magnésium et
de la magnésie sur les microbes 273
DIENES (Paul). - La série deTaylor sur
le cercle de convergence 489
DITTE (Alfbed). — Action de l'iodure
mercurique sur l'acide sulfuriqueetsur
les sulfates de mercure 1 162
— Est élu membre de la Commission char-
gée de juger les concours des prix
Jecker, Claliours, Monlyon (Arts insa-
lubres), La Gaze, Bordin pour 1905 . . 1084
DOP (Pail). — Sur la biologie des Sapro-
légniées 454
DOURLEN (Jacques) et DUCHE.MIN (René).
— Sur l'acidité des alcools éthyliques
du commerce et sur ses variations à la
AUTEURS. 1775
MM. Pages.
temijéralure ordinaire 1466
DOUVILLÉ ( H.). — Les découvertes pa-
léontologiques de M. de Mnrgan en
Perse 891
DOYON(M.) et BILLET (J.). — Action
élective du chloroforme sur le foie. . . . 1276
DOYON (M.), MOREL (A.) et KAREFF(N.).
— Effets du phosphore sur la coagula-
bilité du sang. Origine du fibrinogène. 800
DRIENCOURT. — Sur la précision de posi-
tions géographiques obtenues en cours
de voyage avec l'astrolabe à prisme. . 3o2
— Sur la détermination par transport de
temps des différences de longitude à
iMadagascar et à la Réunion 689
DUANE (William). — Sur l'ionisation due
à l'émanation du radium 58 1
— Sur l'ionisation produite entre deux pla-
teaux parallèles par l'émanation du ra-
dium 786
DUBOIS (H. ) et BRUHAT (J.). — Sur les
perborates 5o6
DUCHEMIN (René) et DOURLEN (Jac-
OiES). — Sur l'acidité des alcools
éthyliques du commerce et sur ses
variations à la température ordinaire. i465
DUCLAUX (J.). — Conductibilité des solu-
tions colloïdales 1468
— Pression osmotique des solutions col-
lo'i'dales 1 544
DUHEM ( P.). — De l'hystérésis magnétique
produite par unchamposcillant super-
posé il un champ constant iai6
— De l'hystérésis magnétique produite
par unchamposcillant superposé à un
champ constant. Comparaison entre la
théorie et l'expérience 1870
DUMONT (J.). — Sur la valeur agricole des
matières humiques 256
— Sur l'analyse minéralogtque des terras
arables 1 1 1 1
DUPARC (L.) et PEARCE (F.). — Sue
l'existence de hautes terrasses dans
rOural du Nord 333
— Sur la glailhaîte, une nouvelle roche
filonienne dans la (limite i6r4
EBERT (W.) et MASCART (Jean). — Lu- 1
nette méridienne photographique pour
déterminer les ascensions droites i3i4l
EBERT ( \V.) et RENAN (IL). — S'jr une
détermination de la constante d'aber-
ration au moyen des observations de
1776
MM.
TABLE DES AUTEURS.
Pages .
trois étoiles très voisines du pôle. . . . 1669
EGOROFF (N.). — Sur le dicliroïsme pro-
duit par le radium dans le quartz
incolore et sur un phénomène thermo-
électrique observé dans le quartz en-
fumé à stries 102.S
ENRIQL'ES (Fedrrigo). — Sur les surfaces
algébriques irrégulières 1 33
— Sur les surfaces algébriques de genre
zéro 564
MM. Pages.
ESCLANGON (Ernest). — Observations
de la comète Giaciibini (igoSn) faites
au grand équatorial de l'Observatoire
de Bordeaux i'2'25 el i632
ÉTARD (A.) et VALLÉE (E.). — Si.r la
pyrolyse de la gomme laque i6oi
— Errata relatif à cette Communication.. lyïô
ETGES(P.) adresse une " Contribution à
l'étude des rayons N » O96
F
FABRY (Ch.). — Sur les spectres des fluo-
rures alcalino-terreux dans l'arc élec-
trique
— Sur un nouveau dispositif pour l'emploi
des méthodes de spectroscopie inier-
férentie le
— Sur l'application au sperlre solaire des
métlioiies de spectroscopie inlerféren-
FABRY (Eue). — Sur lo genre des fonc-
tions entières 1
FATOU (P.). — Sur l'intégrale de Poisson
et les lignes singulières des fonctions
analytiques
— Sur quelques théorèmes de Riemann.. .
FATTELAY (V.) adresse une Note « Sur
un essai de démonstration du phéno-
mène de la trempe des aciers »
FAUVEL (Pierre). — Sur la valeur alimen-
taire de différents pains
FAYET (G.).— Sur le caractèreellipliquede
la nouvelle comète Borrelly (i9o4t'K.
— Sur la nouvelle comète à courte pé-
riode 1904 p (Borrelly, 28 déc. 1904).
FAYET (G.) et MAUBANT (E.). — Éléments
provisoires et ephémériile de la nou-
velle comète Borrelly (igoi, déc. 28).
FERNBACH (A.) et WOLFF "(J.). — Sur la
coagulation diastasique de l'amidon . .
— Inûuence de l'état de liquéfosulfite OJ
GAUDECIIÛN et BERTHELOT. - Recher-
ches thermochimiques sur la strych-
nine et sur la brucine 7".
GAUDRY (Albebt). - Est élu membre des
Coi^missions chargées de juger les
Concours : du prix Petit d'Onnoy
(Sciences naturelles) pour 190Ï \in
— Des prix Delesse, Fontannes, Alhumbert
pour 1905 loS
— Du prix Saintour pour igoâ 1 i('
— Est élu inembie des Commissions char-
gées de présenter une question : de
Grand Prix des Sciences physiques
(prix du Budget) pour 1907 r',9
C. R.. 1905, I" Semestre. (T. C\L.)
— Du même prix pour 1909 12?.5
— De prix Bordin (Sciences physiques)
pour 1908 19.25
— De prix Vaillant pour 1909 liîî
— De prix Alhumbert pour 1910 1225
(JAUTIER (Abmand) est élu membre
de la Commissien chargée de juger les
Concours des prix .lecker, Cahours,
Alontynn 1 Arts insiilubres), La Caze,
Bordin pour ujoi 1084
GAUTIER (L.). - Sur la biologie du Me-
laiiipynim prrtlcnse 1 .1 1 {
GAUriElf(ll.). — Ëphéméride pour la re-
cherche de la première comète pério-
dique de Tempel (1867, II) en 1905. . 8)4
GAUTRELFT (Jean). — Communication
osmolique chezIesPoissoiisentre le mi-
lieu intérieur et le milieu extérieur ( à
propos de deux Notes de M. Quinton). 108
228
177
TABT.IC DES AUTEURS.
Pages.
MM.
GENTIL (Louis). — Sur la présence de
schistes à graptolilhes dans le Haiif-
Ailas marocain 1O59
GENTIL (Louis) el BOISTEL (A.). — Sur
l'existence d'un remarquable gisement
pliocène à Tétouan (Maroc) 1725
GENTIL (Louis) etFOUIŒAU(F.). - Sur
les roches cristallines rapportées par
la Mission saliarieinie 4G
— Les régions volcaniques traversées par
la Mission marocaine i^oo
GEORGIADÈS (N.) et FOURTAU (R.). —
Sur la source de Hammam Moussa près
de Tor (Sinaï) iGO
GERBER (G.). - Pétales inverses du Chei-
ratithtis Clieirl L. ver, \-gynnntlieriis
DC et fausse cloison des Crucifères. . . 1 109
— Le diagramme floral des Oucifères. . . . 1 143
GERNEZ (D.). — Sur la lumière émise par
les cristaux d'acide arsénieux ii3i
— Sur la triboluminescence du sulf.ite de
potassium 1234
— Triboluminescence des composés mélal-
li(iues 1337
— Est porté sur la liste de candidats pré-
sentés par la Section de Physique pour
la place laissée vacante par le décès de
m.Pntier 1733
GIACOBINL — Sur la nouvelle comète Gia-
cobini 924
GlARl) (A.) fait hommage à l'Académie
d'une brochure intitulée : « Les ten-
dances actuelles de la Morphologie et
ses rapports avec les autres sciences ». S^4
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : du Grand
Prix des Sciences physiques, des prix
Desmazières, Montagne, Thore pour
1 goS 1 084
— Du prix Savigny pour igoô io85
— Des prix Montyon ( Physiologie expéri-
mentale), Phdipeiuix, Lallemand,
Poural pour igoi 1 169
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences natu-
relles) pour igoj 1224
GILARDONI ( Henri ) et GUICHE (duc m;).
— Sur un nouvel embrayage 1 132
GIRAN (H.). — Sur la combustion du
soufre dans la bombe calorimétrique.. 1704
GIRARD (A.-Cii.)etROUSSEAUX (E.). —
Les exi;;ences du tabac en principes
fertilisants 733
GIRARD (P.) etLAPIQUE (L.). — Poids
de l'encépliaU; en fonction du poids du
M VI. Pages.
corps chez les Oiseaux 1057
GIRARDIN (Paul). - Sur la relation des
phénomènes erratiques avec le modelé
des hautes vallées glaciaires 397
GLEY (E.) et CAMUS (L.). — Action
héniatolytique et toxicité générale du
sérum d'Anguilli! pour la Marmotte. . . 171 7
GODCHOT (Marcel) — Produits d'oxyda-
tion de l'ùctohydrure d'anthracène;
dihydro-oxantliranol et hexahydroan-
throne 25o
GODCHOT (M.) et JUNGFLEISCH (E.).
— Sur l'acide lactyllactyllactique et le
dilactide de l'acide lactique inactif. . . 5o2
— Sur l'aride lactique droit 719
GODEFROY (L. ) et VARENNE (E.). — Sur
l'anélhoglycol (glycol de l'anéthol). . . agi
GODIN (J.) adresse un Mémoire « Sur
l'emploi alimentaire des nucléines
pour les armées » 161 7
GRAND'EURY. — Sur les graines trouvées
attachées au Pecopteris Pluckeneti
Schlot 920
— Sur le Rhahdocarpus, les graines et
l'évolution des Corda'i'tées ggâ
GRANDIDIER présente une série de Cartes
de l'Archipel arctique américain 843
— Est élu membre des Commissionschargées
déjuger les concours: du prix extra-
ordinaire de la Marine, du prix Plumey
pour igo5 1006
— Du prix Gay, Tchihatchef pour igo5. . 1006
— Du prix Savigny pour igoS io85
~ Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour igoi 1169
GR.4NGER (Albbrt). — Sur les propriétés
de l'anhydride tung»tique comme colo-
rant céramique g35
— Figure en troisième ligne sur la liste
de candidats présentés à M. le Minis-
tre du Coujmerce, do l'Industrie, des
Postes et Télégraphes pour la chaire de
chaux, ciments, céramique et verrerie
du Conservatoire national des Arts et
Métiers 1624
GRAVIER (Ch.). — Sur un Polyno'idieu
{ Lcpidastheiiia Digueti, nov. sp.l
commensal d'un Bahuioglosse du golfe
de Californie 875
— Sur l'évolution dos formes sexuées cliez
les Néréidiens d'.Mii don.:.' i5Gi
GRIFFON (Ed.). - I, a-innUili.m ddoro-
pliyllienne chez le.^ jeune? imussfs des
plantes; applications à la \'igne 11 48
TABLE DES AUTEURS.
GliOSSETESTE ( W.) signale un Lrenible-
ment de terre ressenti ù Grasse
GUÉBHARD (A.). — Sur la cause, du sil-
houeltage pliotograpiiiqiic
— Erroia relatifs à cette Communica-
tion
— Sur l'identité de cause du silhouellage
blanc et du silhoiiettage noir
— Sur l'irradiation tangentielle
GUÉDRAS (AUncEL P.-S.)- - Sur l'étlié-
ritication de la glycérine
— AdresseuneNole«Surlanitro-caséine».
— Adresse une Note « Sur l'existence du
pétrole dans le département du Var».
— Adresse une « Théorie relative à la
formation des gîtes pétrolifères »
GUENDE (M'" Bl.) et DESGREZ (A.). —
— Contribution à l'étude de la dyscrasie
acide
— Des variations du coefficient de démi-
néralisation chez les animaux en état
de dyscrasie acide
GUÉRIN"(P.). — Sur l'appareil sécréteur
des Diptérocarpéi'S .-
GUICHR (duc DE) et GILARDONI (Henui).
— Sur un nouvel embrayage
GUIGNARD fait hommage à l'Académie
d'un Ouvrage intitulé : Centenaire
de l'Ecole supérieure de Pharmacie
de l'Université de Paris, iSoS-igoS..
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les Concours : du Grand
Prix des Sciences physiques, des prix
Desmazières, iWontyon, Thore pour
igo5
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences natu-
relles) pour igoS
GUILLAUME (J.). - Observation de la
comète Borrelly ( igo4 e) faite àl'équa-
lorial Brunner (o^jiô) de l'Observa-
toire de Lyon
— Observations du Soleil faites à l'Obser-
vatoire de Lyon (équatorial Brunner de
"■"lie) pendant le quatrième trimestre
de igo4
GUILLEMAHD (H.) et VRANCEANO (P.)-
— Sur la toxicité des alcaloïdes uri-
naires
GUILLEMINOT (H.) - L'aire cardiaque
chez les tuberculeux guéris
GUILLET (LÉON). — Sur la trempe des
bronzes
— Constitution et propriétés des aciers à
l'étain, des aciers au titane et des
'779
.iges
iiciers au cobalt
GUINCIIANT. — Électrométre ;. sextants
et à aiguille neutre 85i
— Luminescence de l'acide arsénicux iioi
— Sur la triboluminescence de l'acide
arsénieux 1 1 -o
GUNTZ (A.) et BASSET (Henry). — Sur
la chaleur de formation de l'hydrure
et de l'azoture de calcium 863
GUSTAVSON (G.). — Sur les combinai-
sons des ferments chloroaluminiqnes
avec des hydrocarbures et le gaz chlôr-
hydriqiie 940
GUTTON (C). — Sur l'intensité des im-
pressions photogra|ihiques produites
par de faibles éclairements 573
GUYE (Ch.-Eug.) et DENSO (P.^ — Sur
la chaleur dégagée dans la paraffine
soumise à l'action d'un ch.imp électro-
statique tournant de fréquence élevée. 433
GUYE (Ch.-Ecg.) et GUYE ( H.). - Sur la
ligidité électrostatique des gaz aux
pressions élevées i32o
GUYE (Ch.-Eug.) et SCHIDLOF (A.). -
Hystérésis magnétique aux fréquences
élevées dans le nickel et les aciers au
nickel 36g
GUYE ( Philippe-A.) — Nouveau nioile de
calcul des poids moléculaires exacts des
gaz liquéfiables à partir de leurs den-
sités; poids atomiques des éléments
constituants: hydrogène, azote, argon,
chlore, soufre, carbone 1241
— Poids atomique de l'azote déduit du rap-
port des densités de l'azote et de l'oxy-
gène i386
GUYON est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger le concours des
prix Montyon (Médecine et Chirurgie),
Barbier, Bréant, Godard, du Baron
Larrey, Bellion, Mège, Uusgate, Serres
pour igoâ io85
GUYOT (A.) et CATEL (J ). — Contribu-
tion à l'étude des dérivés du benzo-
dihydrofurfurane '254
— Errata relatif à cette Communication. 400
— Contribution à l'étude des dérivés du
benzodihydrofurfurane 1 348
— Synthèses de la série anthracéniiue.
(Condensation des dérivées du benzodi-
hydrofurfurane en dérivés anthracé-
niques ^-substitués i4cur-cnri>i:istreur
HENRY (l.ni iM (•>! éUi C.orrespoiidanl,
pour 1,1 Su( iKiii (!■■ Chimie, en rempla-
cenieiilde .\l. Williamsnn ;
— Adre.-se des rcmercîuienl- à l'Académie. :
HERBETIE (Jean). — Sur une nouvelle
forme de tartrate de tliallium et sur
les mélanges isomorphes des tartrates
de thallium et de potassium i
HERGESELL (M.-H.). — Sur les ascen-
sions de cerfs-volants exécutées sur la
Méditerranée et sur l'Océan à bord du
yacht de S. A. S. le prince de Monaco,
en 1904
— Errala relatifs à cette Communication.
— Ascensions de ballons-sondes exécutées
au-dessus de la mer par S. A. S. le
prince de Monaco au mois d'avril igoS.
HÈRISSf.Y (H.) et BOUR(jUELUT (Esi.).
— Sur l'origine et la composition de
l'essence de benoîte : giucoside et en-
zyme nouveaux
DES AUTEURS.
178.
1590
56
^\9
569
MM. Pages.
HÉRISSON. — Sur un nouvel embrayage. 365
IlESSELGREN (F.) adresse une Note sur
« Les intervalles de la gamme musicale
et leurs rapports avec le comma »... 1493
niNRlCHS ("G.-D.). — Sur les météorites
d'Amana 545
— Sur l'uniformité de composition des
météorites d'Amana C12
— Sur le poids atomique vérit.ible de
l'azote
HOUARD (C). — Sur l'accentuation de:
caractères alpins des feuilles dans le:
galles des Genévriers
— Variation des caractères histologiques
des feuilles dans les galles de Juiii-
pctus ox\cedrits L. du Midi de la
France et de l'Algérie 1412
IIOULLEVIGUE (L.)': - Épaisseur des
lames transparenles de fer 4ji8
— Propriétés opliijues du fer ionoplastique iog'3
IIOULLIER. — Sur la cause de l'.ipp.iu-
vrissemenl des soui ces dans les régions
de plaines
IIUGOUNENQ et MOHEL (Albkrt). -
Soudure de la leucine naturelle <
l'acide carbnmique
— Sur la carbimide de la (/) leucine nalu
relie
— Sur les urées substituées de la leucine
(0 naturelle 859
— Recherches sur l'hématogène io65
UUMBERT est élu meuib're des Com-
missionschargées déjuger les concours:
du prix Francœur pour 1905 1006
— Du prix Petit d'Ormuy (Sciences mathé-
matiques [lures ou ap[)liquées) 1169
— Est élu membre de la Commission char-
gée de présenter une question de
Grand Prix des Sciences mathéma-
tiques ( prix du Budget ) pour 1908.. . 1224
382
5o5
JAMMES(L.)et MANDOUL (H.). — Sur
la biologie des Cestodes
JANSSEN (J.). — Surune récente ascension
au Vésuve
— Remarques sur une Note de M. ,/.
Hansky
— Est élu membre de la Coiuiiu.-sion
chargée de juger les cui cours 'les |)ri\
Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de
Pontécoulant, Damoiseau pour igo5.. 1006
.lAQUEROD (Adrien) et PERROF (F.-
Louis). — Sur la dilatation et la den-
sité de quelques gaz à haute tempéra-
ture. A|iplication à la détermination de
leurs poids moléculaires 1 54'^
J i()UEKOI) (Adrien) et SCHEUER (OrTO).
Sur la coinpressibililé île dillëreiits
gaz au-dessous de i"'"' et la délermi-
r782
TABLE DES AUTEURS.
MM.
Pages.
nation de leurs poids moléculaires... i384
JARD1.\. — Action de l'acide azotique sur
les fibres végélalcs 3i/i
JECKER (L.), — Sur quelques minéraux du
Djebel-Ressas (Tunisie) i4to
— Errata relatifs à cette Communication
JOANMS(A.). — Action du potassammo'
nium sur le bromure de baryum
JORDAN est élu membre des Commis-
sions cliargée« de juger les concours :
du prix Francœur pour igo5 ioo(
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences ma Ihé-
matiques pures ou appliquées) pour
1905 ii6(
— Est élu membre de la Commission char-
gée de présenter une question de
Grand Prix des Sciences mathématiques
M9'>
124:1
pour 1908
.TOUGUET (E.). - Sur l'onde explosive..
.lOYE (P.) et KOWALSKl (J. de). - Sur
le spectre d'émission de l'ai-c électrique
à haute tension
.lUMELLE (Henri). - Une Bignoniacée à
gomme de Madagascar
— Deux Dnlbergia'd. palissandre de Mada-
gascar
— Une nouvelle Euphorbe à caoutchouc. .
.lU.NGFLEISCH (E.). - Sur la pho,s|iliores-
cence du phosphore
.lUiNÛFLELSCH (E.) et GODCMOT .
— Errnia relatifs à cette Communifation. i r>-
— Les roches éruptives basiques de la
Guinée française i m
— Conclusions à tirer de l'étude des en-
claves homœcgènes pour la connais-
sance d'une province pétrographique.
Sanlorin 97 1
— Errata relatifs à cette Communication. laoi
— Les carbonates basiques de magnésie
de l'éruption de Sanlorin en 1866 i3oS
— Est élu membre de la Commission char-
gée de juger les Concours des prix
Delesse, Fontannes, Alhumberl pour
1905 iot< j
L.\GATU (H.). - Sur l'analyse dite phy-
K0\VALSK1(.L DK) et ,IOVE (P.). — Sur
le spectre d'émission de l'arc électrique
à haute tension 1 102
KRAU.SE (^LvRTl^'). — Sur l'interpolation
des fonctions continues par des poly-
nômes i44'i
KRONECKER(H.). — L'extension des états
fonctionnels de l'oreillette au ventricule
se fait-elle par voie musculaire ou |iar
voie nerveuse' Sag
KUKILOFF (B.) adresse une Note .< Sur le
peroxyde de zinc » 904
sicn-rhimujue de la terre arable 669
- Classification et nomenclature des terres
arables d'après leur constitution méca-
nique i358
LAG.-VTU (IL) et DELAGE (A.). — Sur les
résultats obtenus par l'observation des
terres arables en plaques minces. . . . i55d
LAGERLOF (von Daniel) adresse une Note
en allemand intitulée : « Recherches
thermochimiques sur la constitution
des carbures d'hydrogène » 614
LALOUE (G.) et CHARABOT (Eue). -
Répartitions successives de ^e^lragol
et dos composés terpéniques entre les
divers organes d'une plante annuelle. C67
LAMARE (Gustave) soumet au jugement
do l'Académie un Mémoire « Sur la
TABLE DES AUTEURS.
Pages.
1783
Pages.
' construction d'une machine multipli-
catrice rapide » -, • •
_ Adresse un « Projet de construction
d'une horloge hydraulique » • •
LAMOTIIE (Gén.'rid w.l- — Errain rela-
tifs à une Kole sur les anciennes lignes
de rivage du Sahel d'Alger, du 2G dé-
cembre igo.'i ,'"-',' \
— Les anciennes lignes de rivage du bahel
d'Alger
LAMY (Henri) et MAYER (André). -
Sur le pouvoir sécréteur du rein <>« '
LANCE (Denis) adresse une Noie sur la
« Fabr, cation de peintures normales,
à base de zinc, remplaçant la céruse ». i49i
LANDRIEU (l'iMLiPi'K). - •■•lialeur de
formation des oximes *^^'7
— Équilibre entre l'acétone et le chlorhy-
drate d'hydroxylamine i^'ji
LANGEVIN ( P.). - Sur une formule fon- ^ _
dainentale de la théorie ciiiélique. . . . jJ
— Sur les ions de l'atmosphère '^'^
— Sur l'impossibilité physique de mettre
en évidence le mouvement .de transla-
tion de la Terre "7i
MOUUN (M.). -Sur
;• des ions de l'almo-
gSa
1616
LANGEVIN (P.) e
un enregistrei
sphère ;•
LANNELONGUE est élu membre des
Commissions chargées de juger les
concours : du pris Savigny pour
igoS • ■ ■.'
— Des prix i\lontyon (iVlédecine et Chi-
rurgie), Barbier, Bréant, Godard, du
Baron Larrey, Bellion, Mège, Dusgate,
Serres pour 1 go5 • •
LAPICQUE (Louis). — Sur l'excitation
des nerfs par les ondes électriques très
brèves ' ."
_ llecherches sur l'ethnogénie des Dravi-
diens : Les Kader des Monts d'Ane-
malé et les tribus voisines
_ Recherches sur l'ethnogénie des Dra-
vidiens. Relations anthropologiques
entre les tribus de la montagne et les
castes de la plaine
LAPICQUE (M. et M'"" l.ouis )
des processus d'excitation
renis muscles
LAPICQUE (Louis) et GIHARD (P.). -
Poids de l'encéphale en fonction du
poids du corps chez les Oiseaux
LAPPARENT (A. de). -Sur l'extension des
mers crétacées en Afrique 349
Durée
■ dillé-
lo5
— Est élu membre des Commissions char-
gées déjuger les concours : des prix
Gay, Tchihatchef pour igoS 1006
_ Des prix Delesse,Fontannes,Alhumbert
pour igo5 -*
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour igo5 ' •• "^9
— Du prix Wilde pour igo5 nbg
LARGUIER DES BANCELS. - Iniluence
des électrolvtes sur la précipitation
mutuelle des coUoi'des de signe élec-
trique opposé • '^47
LATTES (S.).—Surles substitutions a trois
variables et les courbes invariantes
par une transformation de contact 2g
LAUBY. — Sur le niveau diatomifère du
ravin des Égravats, près le mont Dore
( Puy-de-Dôme) ^^8
L.\UNAY (L. DE). —La formation char-
bonneuse sénonienne des Balkans. ... 60g
_ Sur le rôle possible des charriages en
mélallogénie
LAUNAY (F.) et MAILLET (E.). -bur le
débit probable des sources dans le
bassin de la Seine pendant le second
semestre 1905 ■
LAUR (Francis). — Le bassin houiUer de
la Lorraine française '^^7
— Découverte de la houille exploitable eu
Lorraine française ^9^
_ Le grisou aux sondages de Lorraine. .. labS
_ adresse une nouvelle Note « Sur la dé-
couverte du terrain houiller exploi-
table en France » '°74
LAUSSEDAT (A.). - Sur une carte topo-
graphique d'une assez grande étendue
levée en très peu de temps à l'aide de
la Photographie
- Est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours du prix
Montyon (Statistique) pour igoS. . . .
L-WAUX(J.mies). — SéparationdeS dimé-
ihylanthracènes obtenus dans l'action
du chlorure de méthylène et du chlo-
rure d'aluminium sur le toluène
.WERAN (A.). — Trypanosomiases et
tsétsé dans la Guinée française. ......
- Traitement mixtes des Trypanosomiases
par l'acide arsénieux et le trypanroth.
- Traitement mixte par l'acide arsénieux
et le trypanroth des infections dues au
Trypcmosoina gnmbiensi: • • ■ ■
- Pseudo-hématozoaires endoglobulaires.
- Est élu membre des Commissions char-
4i3
116g
1784
MM. Pages,
gées de juger les concours : du [irix
Savigny pour igoS To8J
— Des prix Monlynn (Médecine et Chirur-
gie), Barbier, Bréani, Go inrd, du Baron
Larrey, Bellion, Mège, Dusgate, Serres
pour 1905 io8â
— Des prix Jlontyon (Phy.siolo.izie expéri-
mentale), Pliilipeaux, Lallemand, Pou-
rat pour 1905 1 169
LAVE1UN(.4.) et MESNIL (P.). — Sur
le Suna el sur la différenciation des
Trypanosomiases 83 1
L.WERAN (A.) et VALl.ÉEi. — Sur uncas
de transmission par des ixodes de 11
spinlloseetdelapiroplasmosebovines. i5i5
LÉAUTÉ est élu membre des Commissions
cliargées de juger les concours : des
prix Monlyon (Mécanifiue^ Fourney-
ron, Poncelet pour igoS 1006
— D(i prix extraordinaire de la Marine el
du prix Plimiey pour 1903 looG
LEBliAU (Paul). — Surl'enipioi des méiaux
ammoniums en Chimie organique :
prépar.ilion des carbures forruéni-
rpies I o.'iJ
— Sur l'emploi des métaux ammoniums en
Cliiiiiie organique : formation des
aminés primaires 1264
— Sur quelques propriétés physiques du
propane 1 45 j
— Errata relatifs à cette Communicalion. \b-i
LEBEAU (Paul) et MOISSAN (Hknrij. —
Aclion du fluor sur les composés oxy-
génés de l'azole lôjî
— Sur la préparation et les propriétés du
fluorure d'azolyle 1G21
LEBESGUE (Henri). — Sur une condition
de convoigenre des séries de Fouricr. 13-8
Ll'CI.EliC DU SABLÛN. - Sur les ehan-
gemenls de composition du fruit des
Cucurbilacées 320
— Sur les effets de la décorticaliun annu-
lidre 1353
— Sur les réserves hydrocarbonées des
arbres à feuilles persistantes. 1608
LECOKNU (L.). — Sur le frottement de
glissement 63 1
— Sur la loi de Coulomb 847
LE CdVEC (H.) adresse une Note « Sur
1 ' Aphif. put 1) 1 1 5 1
LEDRU et FREUNDLER (P.). -Sur l'a-
célal brome 794
LEDUC (A.). — Sur quelques densités de
gaz et la précision qu'elles comportent. 642
TABLE DES AUTEURS.
MM. Papes.
— Sur les poids atomiques fie l'hydrogène
et de l'azote et la précision atteinte
dans leur détermiiiation 717
— Sur la marche de la solidification de la
Terre 899
— Sur le diamagnétisme du bismuth .... 1022
LEDUt^ (St.). — Variation de la pression
osmotique dans le muscle par la con-
traction I igo
— Erniia relatifs à cette Communication. 1427
LÉGER (E.). -Sur la mélhyln.italoémodine
et la nataioémodine 1464
LÉGER (Louis). —Un nouveau type cellu-
laire de Grégarine à cytoplasme méta-
mérisé 324
LÉGER (M.). — Nouvelles expériences
d'enlèvement de l'hélicoptère a M. Lé-
ger » au musée océanographique de
Monaco 1 32g
LEMOINE (Georges) est élu membre de
la Commission chargée de juger les
Concours des prix Jerker, Cahours,
.M'intyoM (Arts insalubres), La Caze,
Bordin pour igo5 1084
LE.MOINE ( Paul). — Sur la constitution du
Djebel Hiidid (Maroc occidental) 393
— Sur une coupe géologique du Haut-
Atlas, dans la région du Glaoui (Maroc). Ggo
LEMOULT ( P.). — Action du pentachlorure
de |ihospliore sur les aminés cycliques
tertiaires. Synlhè-es des matières colo-
rantes et formation de phosphore 248
— Figure en troisième ligne sur la liste de
candidats présentée à M. le Minisire du
Commerce, de l'Industrie, des Postes
et Télégraphes, pour la Chaire de ma-
tières colorantes, blanchiment, tein-
ture, impression et appièt du Conser-
vatoire des Art-! et Métiers iSîî
LEMOULT (P.) el CURTIS. — Sur l'affinité
des matières colorantes artificielles
pour le tissu conjonciif 1606
I.ÉI'LNE (R.) et BOULUD. — Sur la ré.luc-
tion de l'oxyhémogluhine 993
— Errat.i relatifs à cetle Communicalion. 1128
LE PL.\Y Ht CHAKRIN. — Existence du
rachitisme intra-iilérin 827
— Variations des processus morbides sui-
vant la fomposiliim des organes 53i
— Action pallinlog que du Sttarop.'tora
nuliciciitu sur les animaux i48o
LEROUX (llE.N'ni). — Sur le décahyilro-
naphtol-^ et l'octohydruie de naph-
taline 5go
TABLE DES AUTEURS.
Pages.
84
MM.
LE ROUX (F.-P.). — De l'action des très
basses températures sur la phospho-
rescence de certains sulfures
— De l'action des très basses tempéra-
tures sur la phosphorescence des sul-
fures. Rappel d'un Mémoire de MM. A.
et L. Lumière '^'
LESAGE (L.) et FOSSE (R.). - Basicité de
l'oxygène pyranique. Sels doubles ha-
logènes de quelques métaux et de
dinaphtopyryle i4
LESPIEAU. — Action de l'acide cyanhy-
drique sur l'épiéthyline 436
— Sur l'acide oxéthylcrotonique et l'acide
éthylérythrique 7^3
— Études cryoscopiques faites dans l'acide
cyanhydrique 855
LESPIEAU et CHAVANNE. - Liquéfaction
de l'aliène et de l'allylène io35
LE'VY (Maurice) est élu membre des Com-
missions chargées de juger les con-
cours : du prix Francœur pour 1903. 1006
— Des prix Montyon (Mécanique), Four-
neyron, Poncelet pour igoî ioo6
— Du prix extraordinaire de la Marine et
du prix Pluniey pour igoâ 1006
— Des prix Hébert, Hughes, Gaston Planté,
La Gaze pour igoS 1007
— Des médailles Arago, Lavoisier, Berthe-
lot et des prix Trémont, Gegner,
Lannelongue pour igoj 1)69
— Du prix Wilde pour 1 go5 1 1 69
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : de
Grand Prix des Sciences mathéma-
tiques pour 1908 1224
— De prix Alhumberl pour igio 1223
LÉVY (Michel) Sgure en première ligne
sur la liste de candidats présentée à
M. le Ministre de rintruction publique,
pour la chaire d'Histoire naturelle des
corps inorganiques, vacante au Collège
de France par suite du décès de
M. Fuuqué 26
— Est élu membre de la Commission char-
gée de juger les Concours des pnx
Delesse, Fontanes, Alhumbert pour
1905 1084
LEYDEN (von) fait hommage d'une bro-
chure intitulée « Ueber die parasitUre
Théorie in der Aetiologie der Krebse »
LEYS (A.) adresse une Note « Sur le mer-
curiacétate de résorcine mercurique et
de phloroglucine triacétomercurique ». g
C. R., 1905, 1" Semestre. (T. CAL.)
1785
Pages.
1222
MM.
LIOD VnXE ( R.). — Sur les pressions dé-» e-
loppées, à chaque instant, en vase clos
par des poudres colloïdales de diverses
formes •• 7o8
— Sur la relation qui existe entre la vitesse
de combustion des poudres et la pres-
sion 1089
LIPI'MANN (G.). — Franges d'interférence
produites par le système de deux mi-
roirs perpendiculaires entre eux ■>.i
— Présente, au nom du Bureau des Longi-
tudes : 1° La « Connaissance des
Temps » pour l'an ir,o7; 1" Une
« Carte de léclipse totale de Soleil des
29 et 3o août 1905 »
— Photographies en couleurs du spectre
négatives par transmission 1
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les Concours : des prix
Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de
Pontécoulant, Damoiseau, pour igo5.
— Des prix Hébert, Hughes, Gaston Planté,
La Caze, pour 1 go5
LOCQUIN (René) et BOUVEAULT (L.). -
Action du sodium sur les éthers des
acides monobasiques à fonction simple
de la série grasse
— Sur quelques dérivés de la butyroïïie et
de la capronoïne
LCEVVY. — Précautions à prendre dans le
mode d'exécution de certaines re-
cherches de haute précision 553
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les Concours : des prix
Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de
Pontécoulant, Damoiseau pour igoS. 1006
— Du prix Wilde pour igoS 1 169
LCEWY et PUISEUX. — Étude des photo-
graphies lunaires. Considérations sur
la marche de la solidification dans l'in-
térieur d'une planète 192
LOISEL (Gustave). — Stérilité et alopécie
chez des cobayes soumis à l'influence
d'extraits ovariens de grenouille 738
LOUISE (E.) et MOUTIER (F.). - Toxico-
logie du mercure-phényle 1 7o3
LUGEON (MAuniCK) et ARGANI) (Emile).
— Sur les grandes nappes de recou-
vrement de la zone du Piémont i364
— Sur les homologies dans les nappes de
recouvrement de la zone du Piémont. 1491
LULLLN (Th.). — Sur l'alternance des
éclipses et des éclats des objets faible-
ment éclairés loSg
229
768
1006
.593
"fa99
LUTTRINGER (A.) et BLAISE (E.-E.).
Migration de la liaison éthylénique
dans les acides non saturés acycliques. i48
— Caractérisation des lactones au moyen
de l'hydrazine ygo
LUTZ (L.). — Sur l'emploi de la leucine
TABLE DES AUTEURS.
Pages .
MM- Pai;«b.
et de la tyrosine comme sources d'azote
pour les végétaux 3«o
— Sur l'assimilabilité comparée des sels
ammoniacaux, des aminés, des amides
et des nitriles 665
M
-MAIGNON (F.). - Sur la présence nor-
male de l'alcool et de l'acétone dans
lestissus et liquides de l'organisme io63
— Errata relatifs à cette Communication. iao3
— Production d'alcool et d'acétone par les
muscles 1 12/j
— Errata relatifs à cette Communication. 1204
MAIGNON (F.) etVANEY (C). - Varia-
tions subies par le glucose, le glyco-
gène, la graisse et les albumines solu-
bles au cours des métamorphoses du
Ver à soie 1 192
— Influence de la sexualité sur la nutrition
du Bombyx mon'aux dernières périodes
de son évolution. Localisation du gly-
cogène, des graisses et des albumines
solubles au cours de la nymphose 1280
— Errata relatifs à cette Communication. 1427
MAILHE (Alp.). —Sur l'hydrogénation des
aldoximes 1691
MAILHE (Alp.) et SABATIER (Paul). —
Sur les trois méthylcyclohexanones et
les méthylcyclohexanols correspon-
dants 35o
— Sur les dérivés substitués du méthylcy-
clohexane 840
MAILLET (Ed.). - Sur les zéros des fonc-
tions entières d'ordre infini non trans-
fini 3oo
— Sur les solutions des systèmes d'équa-
tions différentielles linéaires à coeffi-
cients monodromes 357
— Sur la vidange des systèmes de réser-
voirs 712
— Adresse une Note « Sur la classification
des sources, en France et en Algérie,
d'après leur débit » 1 126
— Sur l'équation indéterminée
x'^-hy^— bz" 1229
MAILLET (Ed.) et LADNAY (F.). — Sur le
débit probable des sources dans le
bassin de la Seine pendant le second
semestre de igoS 1616
MAIRE (RiîNÉ). — La mitose hétérotypique
chez les Ascomycètes 960
MALAQDIN (A.). — Les phénomènes his-
togéniques de la reproduction asexuelle
chez les Salmacines et les Filogranes. 1484
MALFITANO (G.). — Sur les colloïdes
chloroferriques 1245
MANDOUL (H.) et JAMMES (L.). - Sur
la biologie des Cestodes 271
MANGIN (L.) et VIALA (P.). - Sur le Stca-
rophora radiricola, Champignon des
racines de la Vigne 1477
MANSUY (H.). — Examen des fossiles rap-
portés du Yunnan par la mission Lan-
tenois 692
MAQUENNE (L.) et ROUX (Eue). - Sur
la constitution, la saccharificaiion et la
rétrogradation des empois de fécule.. i3o3
MARAGE. — Sensibilité spéciale de l'oreille
physiologique pour certaines voyelles. 87
Différentes sortes d'otites scléreuses. . . 6o3
MARCH (F.) et HALLER (A.). - Sur une
nouvelle méthode de synthèse de déri-
vés alcoylés de certains alcools cycli-
ques saturés. Préparaliond'homologues
du menthol 474
— Étude des i-méihyl-4-benzylcyclohexa-
nols et I -méthyl-4-dibenzylcyclohexa-
nols 624
MARIE (C). — Réduction électroly tique
des acides nitrocinnamiques 1248
MARIÉ (Georges). — Oscillation des véhi-
cules de chemin de fer sur leurs res-
sorts de suspension 637
— Oscillations des véhicules de chemin de
fer à l'entrée en courbe et à la sortie. 1222
— Oscillations des locomotives sous l'ac-
tion de divers forces perturbatrices.. . i435
MARQUIS (R.). — Sur les acides benzhy-
droxamique et dibenzhydroxamique. . 1898
MARTEL (E.-A). - Sur l'application de
la thermoraétrie au captage des eaux
d'alimentation 607
Sur la formation de la grotte de Roche-
TABLE DES AUTEURS.
'787
MM. Pages
fort (Belgique) et sur la théorie des
efTondrements 1 6G
MARTINE (C.) et HALLER (A.). - Sur
une synthèse de la menthone et du
menthol > 5
— Sur les menthones et menthols obtenus
parla réduction de la pulégone par l'ac-
tion calalytique du nickel réduit 129
MARTINSEN et MOISSAN (H.). - Prépa-
ration et propriétés du chlorure et du
bromure de thorium 1 5 1
MASCART (E.). — Président sortant, fait
counaître à l'Académie l'état oij se
trouve l'impression des recueils qu'elle
publie et les changements survenus
parmi les Membres et les Correspon-
dants pendant le cours de l'année 1904. 1 3
— Sur le tremblement de terre du 29 avril
1905
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
Hébert, Hughes, Gaston Planté, La
Caze pour igoS 1006
— Du prix Wilde pour 1905 1169
— Du prix Saintour pour 1905 116
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : de
Grand Prix des Sciences physiques
(Prix du Budget) pour 1907 129,5
— Du même prix pour 1909 1225
— Du prix Vaillant pour 1909 1225
MASCART (Jean) et EBERT (W.). — Lu-
nette méridienne photographique pour
déterminer les ascensions droites i3]4
MASON (Max). — Sur l'équation différen-
tielle /'-+- X A( jr)y = o 1086
MASSOL (L.) et BOULLANGER (E.). -
Sur l'action des sels ammoniacaux sur
la nitrification du nitrile de soude par
le ferment nitrique 687
MASSOULIER (Pierre). — Contribution à
l'étude de l'ionisation dans les flam-
mes a34, 647 et 1023
MATIGNON (Camille). — Prévision d'une
réaction chimique formant un système
monovariant 5i3
— Préparation des chlorures anhydres des
métaux rares 1181
— Propriétés de quelques chlorures anhy-
dres de métaux rares 1 îjg
— Propriétés chimiques du chlorure anhy-
dre de néodyme i637
MATIGNON (C.) et DESPLANTES. -
Oxydation des métaux à froid en pré-
MM. Pages,
sence do l'ammoniaque 853
MATIGNON (C.) et TRANNOY (R.). -
Combinaisons du chlorure de samarium
avec le gaz ammoniac i4i
MATHIAS (É.). — Sur la chaleur de vapo-
risation des gaz liquéfiés 1171
MATIN (Le Journal LE) communique une
nouvelle dépêche de M. Jean Charcot. 708
MAUBANT (E.). — Éléments provisoires
de la comète Giacobini( 1905, mars 26). 926
MAUBANT (E.)etFAYET(G.). -Éléments
provisoires et éphéméride de la nou-
velle comète Borrelly ( 1904, déc. 28). io5
MAYER (André) et LAMY (Henri). —
Sur le pouvoir sécréteur du rein G83
MAYET. — Reproduction expérimentale
du cancer chez l'homme 1487
MAZÉ (P.). — Sur ['oïtlium lactis et la
maturation de la crème et des fro-
mages 1012
MELIKOFF (P.). - Sur les perborates ... 5o2
MELNIKOV (S. -A.) adresse une Note sur
un appareil destiné à expliquer « L'au-
rore boréale, le magnétisme terrestre
et l'électricité atmosphérique » 961
MENDELSSOHN (Maurice). —De l'action
du radium sur la torpille {Torpédo
mnrmorata ) 463
MESLIN (Georges). —Sur les coefficients
d'aimantation spécifique des liquides. 237
— Sur le coefficient d'aimantation du bis-
muth et sur quelques points de repère
dans l'échelle diamagnétique 499
— Sur le coefficient d'aimantation spéci-
fique et la susceptibilité magnéiique
des sels 782
— Sur l'ionisation et le coefficient d'aiman-
tation des solutions aqueuses 1329
— Appareil et méthode de mesure des coef-
ficients d'aimantation i683
MESNIL (F.) et CAULLERY. — Phéno-
mènes de sexualité dans le dévelop-
pement des Actinomyxidies 14^2
MESNIL (F.) et LAVERAN (A.). — Sur
le Surra et sur la différenciation des
Trypanosomiases 83i
MEUNIER (L.) et COUTURIER (F.). —
Action de l'amalgame de magnésium
sur la diméthylcétone 72'
MILLER (G.-A.). — Sur les sous-groupes
invariants d'indice /.|2 32
MILLIAU(E.). — Procédé pour déter-
miner la pureté du beurre de coco. . . 1702
MILLOCHAU. — Sur une mesure de la
TABLE DES AUTEURS.
m\. Pages
hauteur de la couche renversante, oh-
tenue à l'aide de la grande lunette de
l'Observatoire du mont Blanc 354
MINGUIN (i.). — Dissociation des sels de
strychnine, décelée par leur pouvoir
rotatoire. Pouvoir rotatoire dans les
séries homologues. Influence de la
double liaison 243
— Influence de la fonction éthylénique
dans une molécule active 946
MINISIRR DU COMMERCE, DE L'INDUS-
TRIE, DES POSTES ET TÉLÉGRA-
PHES (M. le) invite l'Académie à
dresser des listes de candidats pour
deux Chaires au Conservatoire national
des Arts et Métiers i3i3
MINISTRE DE LINSTRUCTION PUBLIQUE
ET DES BEAUX-ARTS (M. le) invite
l'Académie à lui présenter une liste de
candidats à la Chaire d' « Histoire natu-
relle des corps organisés » vacante au
Collège de France par suite du décès
M. Marey 20^
MOISSAN (Henri). — Sur l'augmentation
de volume de la fonte liquide saturée
de carbone au four électrique, au mo-
ment de la solidiflcation i85
— Sur quelques expériences nouvelles rela-
tives à la préparation du diamant 277
— Étude du siliciure de carbone de la mé-
téorite de Canon Diablo 4o5
— Sur une nouvelle synthèse de l'acide
oxalique 1209
— Fait hommage à l'Académie de deux
nouveaux fascicules du Traité de Chi-
mie minérale, publié sous sa direc-
tion 419
— Est nommé membre d'une Commission
chargée de la vérification des comptes
de l'année 1904 i3i3
— Est élu membre des Commisions char-
gées de juger les concours : des prix
Jecker, Cahours, Montyon ( Arts insa-
lubres), La Caze, Bordin pour igoS. . 1084
— Des prix Delesse, Fontannes, Alhumbert
pour 1905 ,084
— Du prix Saintour pour igo5 1 169
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : do
Grand Prix des Sciences physiques
(prix du Budget) pour 1907 1225
— Du môme prix pour 1909 1225
— De prix Bordin (Sciences physiques)
pour 1908 '. ,223
MM. Pages.
— De prix Vaillant pour 1909 1226
MOISSAN (Henri) et CHAVANNES. - Sur
quelques constantes physiques du cal-
cium et sur l'amalgame de calcium. . 122
— Sur quelques constantes du méthane
pur et sur l'action du méthane solide
sur le fluor liquide 407
MOISSAN (Henri) et LEBEAU (Paul). —
Action du fluor sur les composés oxy-
génés de l'azote 1573
— Sur la préparation et les propriétés du
fluorure d'azotyle 1621
MOISSAN (II.) etMARTINPEN. - Pré-
paration et propriétés du chlorure et
du bromure de thorium i5io
MOISSAN (H. ) et OSMOND (F.). — Étude
micrographique de la météorite de
Caûon Diablo yi
MOLLIARD (Marin). — Production expé-
rimentale de l'appareil ascosporé delà
Morille 1 146
MONTESSUS DE BALLORE (R. de). - Sur
les fractions continues algébriques de
Laguerre 1433
MOREL (Albert) et HUGOUNENQ. -- Sou-
dure de la leuciiie naturelle à l'acide
carbamique i5o
— Sur la carbimide de la (/) leucine
naturelle 5o5
— Sur les urées substituées de la leucine
\l) naturelle sSg
— Recherches sur l'hématogène io65
MOREL (Albert), KAREFF (N.) et DOYON
(M.). — Efl'ets du phosphore sur la
coagulabilité du sang. Originedufibri-
nogène 800
MOREUX (Th.). - La grande tache solaire
de février igo5 487
— Sur la constitution des taches solaires. 632
MOULIN (M.) et LANGEVIN (P.). — Sur
un enregistreur des ions de l'atmo-
sphère 3o5
MOUREAUX (Th.). — Sur la valeur des
éléments magnétiques au i" janvier
1905 107
Sur le tremblement de terre de Lahore
et les variations de l'aiguille aimantée
à Paris 1073
MOUREU (Charles) et VALEUR (Amand).
— Sur la spartéine. Action de l'io-
dure deméthyle 1601
Sur la spartéine. Stéréolsomérie des
deux iodométhylates 1645
MOUSSU et CHARRIN. - Physiologie de
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
la rate (fonction biligénique) 1118
MOUTIER (A.) et CHALLAMEL (A.). -
Élude comparative sur l'action de la
cage autoconductrice et du lit conden-
sateur dans le traitement de l'hyper-
tension artérielle par la d'Arsonvalisa-
tion 462 et 60 >
— De l'abaissement de la pression arté-
rielle au-dessous de la normale par la
1789
MM. Pages.
d'Arsonvalisation 742
MOUTIER (F.) etLOUiSE (E.). - Toxico-
logie du mercure-phényle 1708
MULLER (P.-Th.) et FUCHS (C). — Sur
une méthode de détermination des
chaleurs spécifiques des solutions.
Chaleur moléculaire des bons et des
mauvais électrolytes 1639
MÙNTZ (A.). — Le moelleux des vins 346
N
NICKLÈS (René). — Sur les pli? couchés
de Saint-Jean-de-Buèges (Hérault). . . 329
— Su ries recherches dehouilleenMeurthe-
et-Moselle 896
NICOLARDOT (P.). — Sesquioxyde de fer
colloïdal, modification brune 3io
— Élhylate ferrique 857
NICOLAS (E.). — Sur la recherche du for-
mol dans le lait 1 123
NICOLLE (Charles). — Reproduction ex-
périmentale de la lèpre chez le singe. 539
NORDMANN (Charles). - Mesure de la
conductibilité des diélectriques au
moyen des gaz ionisés 38
— Enregistreur à écoulement liquide de
l'ionisation atmosphérique 43o
OCEANU (P.) etBABES(A.). - Les effets
physiologiques de l'ovariotomie chez la
chèvre
ODIER (R.). — Terminaison des nerfs
moteurs dans les muscles striés de
O
l'homme i36i
OSMOND(F.)etMOISSAN (H.). - Étude
micrographique de la météorite de
Canon-Diablo 71
PACAUT. — Sur quelques formes normales
de l'Amilose dans les épithéliums de
revêtement des mammifères 676
PAINLEVÉ (Paul). — Sur les lois du frot-
tement de glissement 702
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours ; du prix
Francœur pour 1905 ioo6
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences niathé-
ruatiques pures ou appliquées) pour
1905 1 169
PARISET. — Hydrolyse du glycogène hé-
patique produite par l'injection de
l'amylase dans la veine porte 534
PASTUREAU. — Sur un mode de forma-
tion d'acétol et d'acide pyruvique par
oxydation directe de l'acétone i5gi
PAULL'NI. — Dépêche relative à une secousse
sismique ressentie à Grenoble 1201
— Dépêche relative à une secousse sismi-
que ressentie à Grenoble 1 572
PEARCE (F.) et DUPARC (L.).- Sur l'exi-
stence de hautes terrasses dans l'Ou-
ral du Nord 333
— Sur la ^laMaïte une nouvelle roche fi-
lonienne dans la dunite 1614
PÉCHEUX (H.) adresse une Note intitulée :
« Action de l'aluminium et de quelques
alliages d'aluminium sur l'eau de
quelques solutions salines » 614
— Adresse une Note sur les « Résistivités
de quelques alliages d'aluminium »... 961
— Sur une propriété des alliages étain-
aluminium, bismuth-aluminium, ma-
gnésium-aluminium i535
PÉCOUL (A.)et ALBERT-LÉVY. - Dosage
de l'oxyde de carbone dans les atmo-
sphères confinées 98
PÉLABON (H.). - Sur la fusibilité des
mélanges que le sulfure d'antimoine
1790
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
forme avec le 'sulfure cuivreux et le
sulfure mercurique i SSg
PELLAT (H.). —Champ magnétique auquel
est soumis un corps en mouvement
dans un champ électrique 229
— Est porté sur la liste des candidats pré-
sentés par la Section de Physique pour
la place laissée vacante par le décès de
M. Potier lySS
PERNTER. — Sur un halo extraordinaire. i36-
PERRIER (A.). — Sur la formation et le rôle
des matières grasses chez les Champi-
gnons io52
PERRIER (Edmond) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
concours : des prix Gay, Tchihatchef
pour igoS loo'J
— Des prix Delesse, Fontannes, Alhumbert
pour igoS 10S4
— Du Grand Prix des Sciences physiques,
des prix Desmazières, Montagne,
Thore pour 1905 1084
— Du prix Savigny pour igo5 io85
— Des prix Montyon (Médecine et Chirur-
gie), Barbier, Bréant, Godard, du Ba-
ron Larrey, Bellion, Mège, Dusgale,
Serres pour igoS ioS5
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences natu-
relles) pour igo5 1224
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : de
Grand Prix des Sciences physiques
(prix du Budget) pour igo7 1225
— Du même prix pour igog 1225
— Du prix prix Bordin (Sciences physi-
ques) pour 1908 1225
PEdRIER (G.). — Préparation de moûts
de pommes pratiquement stériles 024
PERRIER (G.) et PROST (E.). — Sur un
isomère de l'acétone trichlorée 146
PERRIER (Rémy). — Sur quelques points
de l'anatomie des organes mâles des
Édentés Tardigrades et sur leurs
moyens de fixation io54
PERRIGOT (M.) et CHANOZ (M.). — A
propos d'une prétendue démonstration
de l'existence des rayons N par la pho-
tographie d'écrans au sulfure de cal-
cium insolé ■'^0
PERROT (F. -Louis) et JAQUEROD
(Adrien). — Sur la dilatation et la
densité de quelques gaza haute tem-
pérature. Applicaiionà la détermination
de leurs poids moléculaires 1542
MM. Pa(;es.
PESCHEDX et HAUGER. — Avertisseur de
la présence des gaz d'éclairage ou du
grisou 1 1 00
PETIT (Joseph) et BROCHET (André). —
Sur l'électrolyse d'acides organiques
au moyen du courant alternatif 442
— Sur la dissolution électrolytique du pla-
tine dans l'acide sulfurique (355
PETOT (A.). — Sur le mode de fonction-
nement du différentiel des automo-
biles 497
PEYRONY, CAPITAN et BREUIL. - Figu-
ration du Lion, de l'Ours des cavernes
et du Rhinocéros sur les parois des
grottes par l'Homme de l'époque du
Renne 1731
PHISALIX(C.). — Influence de l'émanation
du radium sur la toxicité des venins. 600
— Sur la présence du venin dans les œufs
de Vipère 171g
PICARD (Alfred) est élu membre de la
Commission chargée de juger le con-
cours du prix Montyon (Statistique)
pour igo5 n6g
PICARD (Emile). — Sur quelques théo-
rèmes relatifs aux surfaces algébriques
de connexion linéaire supérieure à
l'unité 117
— Sur la dépendance entre les intégrales
de différentielles totales de première
et de seconde espèce d'une surface
algébrique 915
— Fait hommage à l'Académie du Tome 11
de son « Traité d'Analyse » 207
— Fait hommage à l'Académie du Tome I
des « Œuvres de Charles Hermite
— Est nommé membre d'une Commission
chargée de la vérification des comptes
de l'année 1904
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours ; du prix
Francœur pour igo5 ioo6
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences mathé-
mathématiques pures ou appliquées)
pour igoS 1169
— Est élu membre de la Commission char-
gée de présenter une question de Grand
Prix des Sciences mathématiques (prix
du Budget) pour igo8 1224
PIETTRE (M.) et VILA (A.). — Observa-
tions sur les bandes d'absorption du
sang et de l'oxyhémoglobine Sgo
— Étude spectroscopique de l'oxyhémo-
globine 685
l524
i3i3
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
— Spectroscopie du sang et de l'oxyhénio-
I79Ï
Pages.
MM.
POLACK (A.). — Du contraste simultané
des couleurs i563
Sur la mélhémoglobine i3 io PONSOT. — Chaleur dans le déplacement
— L'oxyhémuglobine du cobaye
des fluorures
PIGEAUD. — Sur le calcul des arcs en-
castrés 774
— Arcs associés à des longerons par des
montants verticaux articulés 109
PIROUTET (M.) et DEPRAT (J.). - Sur
l'existence ol la situation tectonique
anormales de dépôts éocènes en Nou-
velle-Calédonie i58
POINCARÉ (H.). — Sur la généralisation
d'un théorème élémentaire de Géomé-
trie
— Sur la dynamique de l'électron i5o4
— Rapport présenté au nom de la Com-
mission chargée du contrôle scienti-
fique des opérations géodésiques de
l'Equateur 998
— Fait hommage à l'Académie du premier
Volume de ses « Leçons de Mécanique
céleste » 26
— Fait hommage à l'Académie de son Vo-
lume intitulé : « La valeur de la
Science » i524
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : du prix
Francœur pour 1905 1006
— Des prix Montyon (Mécanique), Four-
neyron, Poncelet pour 1905 1006
— Des prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
G. de Pontécoulant, Damoiseau pour
1905 1006
— Des prix Hébert, Hughes, Gaston Planté,
La Caze pour 1905 1007
— Des médailles Arago, Lavoisier, Ber-
thelot, et des prix Trémont, Gegner,
Lannelongue pour igos 1 169
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour 1905 1169
— Du prix Saintour pour 1905 iiGg
— Dn prix Petit d'Ormoy (Sciences mathé-
matiques pures ou appliquées) pour
1903 1169
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : de
Grand Prix des Sciences mathématiques
( prix du Budget) pour 1908 1224
— De prix Vaillant pour 1909 1225
— De prix Alhumbert pour 1910 1225
de l'équilibre d'un système capillaire. 1176
— Volume spécifique d'un fluide dans des
espaces capillaires i236
— Errata relatifs à cette Communicalien. 1427
— Pouvoir thermoélectrique et effet Thom-
son i585
PORCHER (Ch.). — Dosage du sucre dans
le sang au moment de l'accouchement
chez la chèvre sans mamelles 1279
— Recherches sur la lactase animale 140G
PORCHET (F.) et CHUARD (E.). — Re-
cherches sur l'adhérence comparée des
solutions de verdet neutre et des bouil-
lies cupriques employées dans la lutte
contre le mildiou 1 354
POSTERNAK (S.). — Sur la composition
chimique et la signification des grains
d'aleurone 322
POTIER est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours des prix
Hébert, Hughes, Gaston Planté, La Caze
pour 1905 1006
— Sa mort est annoncée à l'Académie 1285
POZZI-ESCOT (Emm.) adresse une Note in-
titulée : « Étude de quelques dérivés
de l'acide amino-éthanoïque : L Syn-
thèse et propriétés des acides thio-
hydantoïques monosubstitués » 174
PRILLIEUX est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger les concours du
Grand Prix des Sciences physiques, des
prix Desmazières, Montagne, Thore
pour 1905 io84
PKOST (E.) etPERRIER (G.). - Sur un
isomère de l'acétone trichlorée 146
PRUD'HOMME figure en deuxième ligne sur
la liste de candidats présentée à M. le
Ministre du Commerce, de l'Industrie,
des Postes et Télégraphes pour la
Chaire de matières colorantes, blan-
chiment, teinture, impression et ap-
prêt du Conservatoire national des
Arts et Métiers i525
PUISEUX. - Sur l'observation de l'éclipse
partielle de Lune du 19 février 1895. 559
PLISEUX et LŒWY. - Étude des photo-
graphies lunaires. Considérations sur
la marche de la solidification dans
l'intérieur d'une planète 192
1792
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
RADAU est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours des prix
Pierre Gusman, Lalande, Valz, G. de
Pontécoulant, Damoiseau pour igoS.. looC
RAFFV (L.). — Sur la recherche des sur-
faces isotliermiques 167?.
RAMBAUD et SY. — Observations de la
comète Giacobini {d 1904) faites à
l'observatoire d'Alger, à l'équalorial
coudé de o"', 3 1 8. iù
— Observations de la comète Borrelly {r,
1904) faites à l'observatoire d'Alger, à
l'équalorial coudé de o'",3i8 i54
— Observations de la comète Giacobini
(1905, a) faites à l'observatoire d'Al-
ger, à l'équatorial coudé de o"",3i8.. . 1007
RAMIREZ (G.) adresse un « Essai sur
un nouveau procédé de Navigation
aérienne » 549
RANVIER est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours du prix
Savigny pour igoS io85
RAYET (G.). — Observations delà comète
Borrelly (28 décembre 1904) faites, au
grand équatorial de l'observatoire de
Bordeaux, par M. F. Court) 78
— Observations de la comète Borrelly
(1904, e) faites au grand équatorial de
l'observatoire de Bordeaux, par M. F.
Court)- 206
— Les ombres mouvantes de l'éclipsé to-
tale de Soleil du 12 mai 1706 1677
RECOURA (A.). - Sur un sulfate ferrique
basique i634
— Hydrolyse des solutions très concentrées
de sulfate ferrique i685
REHiNS (Jules) et SALMON (Paul). —
Traitement du cancer cutané par le
radium 1723
RÉMOUNDOS (Georges). —Sur quelques
points de la théorie des nombres i35
— Sur quelques points de la théorie des
nombres et de la théorie des fonc-
tions ia3i
RENAN (H.) et EBEKT (W.j. —Sur une
détermination de la constante d'aber-
ration au moyen des observations de
trois étoiles très voisines du pôle 1669
RENGADE (E.). — Sur le méthylamidure
de caesium 246
MM. Pages.
— Sur i'amidure de cœsium 1 183
— Ac(ion de l'oxygène sur le cœsium-
ammonium i536
RÉPIN (Chari.es). — La culture de la
morille 1274
RETZIUS (Gustw). — Fait hommage à
l'Académie du Tome XII de ses « Bio-
logische Untersuchungen )) (nouvelle
férié) i3i2
RICHE (A.) et HALPHEN (G.). -Contri-
bution à l'étude des teintures histolo-
giques 1 408
RIESZ (F.). — Sur un théorème de
M . Bnrcl 224
RIPPAS (Wladisiir de) adresse une Note
« Sur les triangles égyptiens » 1 1 .'> 1
ROBYN(A.). — Sur quelques nouvelles
substances azotées dinaphtopyra-
niques 1644
ROBYN (A.) et FOSSE (K.). — Phénols
pyraniques i538
ROCQUES (X.). - Sur la composition des
eaux-de-vie de vin 5ii
RŒDERER. — Sur le strontium ammo-
nium 1252
ROGOVSKY (E.).— Sur les rayons catho-
diques émis par l'anode 575
— Sur la différence de température des
corps en contact 1 1 79
ROSENSTIEHL figure en première ligne
sur la liste des candidats présentés à
M. Ministre du Commerce, de l'Indus-
trie, des Postes et Télégraphes, pour
la Chaire de matières colorantes,
blanchiment, teinture, impression et
apprêt du Conservatoire national des
Ans et Métiers t525
ROSSARl) (F.). - Observations delà nou-
velle comèle Giacobini ( 1905, mars 26)
faites à l'Observatoire de Toulouse
(équatorial Brunner-Henry) io85
ROUCHÉ est élu membre de la Commis-
sion chargée de ju;,'er le concours du
prix Montyo-n (Statistique) pour igoS. 11C9
ROUGERIE (Me') adresse une Note « Sur
les causes de la formation des cou-
rants atmosphériques » i i5i
ROUSSEAUX (E.) et GIRARD (A.-Cn).
— Les exigences du tabac en prin-
cipes fertilisants 733
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
ROUX (Emile) est élu membre des
Commissions chargt^es de juger les
concours : des prix Montyon (Médecine
el Chirurgie), Barbier, Bréant, Godard,
du baron Larrey.Bellion, Mège, Dus-
gate, Serres pour igoS io85
— Des prix Montyon (Physiologie expéri-
mentale), Philipeaux, Lallemand,
Pourat, pour igoS 1169
ROUX (Eugène). — Sur la transforma-
tion de i'amylocellulose en amidon. . . 44»
— Sur la rétrogadation des amidons arti-
'793
MM. Paces.
ficiels 943
— Sur la saccharification par le malt des
amidons artificiels laîg
ROUX (EiGÈNE) et MAQUENNE (L.).
— Sur la constitution, la saccharifica-
tion et la rétrogradation des emplois
de fécule i3o3
ROZET (Dom Cl.) et AMANN (Dom M.).
— Ombre secondaire observée sur les
anneaux de Saturne en octobre,
novembre et décembre 1904 297
SABAT (Bronislaw). — Action du bro-
mure de radium sur la résistance élec-
trique des métaux 644
SABATIER (Paul) et MAILHE (A.).— Sur
les trois mélhylcyclohexanones et les
méthylcyclohexanols correspondants.. 35o
— Sur les dérivés monochlorés du méthyl-
cyclohexane 840
SABATIER (Paul) et SENDERENS (J.-B.).
— Application aux nitriles de la mé-
thode d'hydrogénation directe par
catalyse : synthèse d'aminés primaires,
secondaires et tertiaires 482
SALET. — Sur une application du dia-
phragme-iris en Astronomie 56 1
S.4LM0N (Paul) et REHNS (.Iules). —
Traitement du cancer cutané par le
radium i7'.«3
SANDBERG (C.-G.-S.). — Sur l'âge du
granité des Alpes occidentales et l'ori-
gine des blocs exotiques cristallins des
klippes 1072
SAUTONetTRILLAT(A.). — Sur un nou-
veau mode de caractérisation de la
pureté du lait, basé sur la recherche
de l'ammoniaque 1266
SAVORNIN. — Esquisse orogénique des
chaînons de l'Atlas au nord-ouest du
Chott el Hodna 1 55
SCHEUER (Otto) et JAQUEROD (Adrien).
— Sur la compressibilité de dirtérents
gaz au-dessous de i°'" et la détermi-
nation de leurs poids moléculaires... i384
SCHIDL0F(A.) et GUYE (Ch.-Eug.). -
Hystérésis magnétique aux fréquences
élevées dans le nickel et les aciers au
nickel 369
SCHLŒSING (Th.) est élu membre des
C. K., 1905 1" Semestre. (T. CXL.^
Commissions chargées déjuger les con-
cours : des prix Montyon (Mécanique)
Fourneyron, Poncelet pour 1905 looG
— Des prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts
insalubres), La Gaze (Chimie), Bordin
pour 1905 1084
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : de
Grand Prix des Sciences physiques
(prix du Budget) pour 1907 i2'.>5
— Du même prix pour 1909 12?,")
— De prix Bordin (Sciences physiques)
pour 1908 122^
SCHM1TT(Ch.). — Nouveau mode de pré-
paration des éthers mésoxaliques. Leur
condensation avec les éthers cyanacé-
ticpies' ' 400
SCIIULTEN (A. DE) - Sur la fiedierite. . 3i J
SEBERT est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : des
prix Montyon (Mécanique), Fourney-
ron, Poncelet pour igo5 looG
— Du prix extraordinaire de la Marine et
du prix Plumey pour 1905 looG
SÉGUY (Gaston). — Sur les propriétés
radioactives photogéniques du corail
calciné placé dans le vide radiant et
soumis à l'influence des rayons catho-
diques 83
SEMICHON (L.). —Signification physiolo-
gique des cellules à nitrates chez les
Mellifères solitaires i7'5
SENDERENS (J.-B.) et SABATIER(Paul).
— Application aux nitriles de la
méthode d'hydrogénation directe par
catalyse : synthèse d'aminés primaires,
secondaires et tertiaires 482
SÉRÉGÉ (H.). — Sur l'indépendance ana-
280
1794
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
tomique et fonctionnelle des lobes du
foie 8o4
SEURAKG.) et BOUVIER (E.-L.)- —
Eiimrdon com'iclor, Crabe commensal
d'un Oursin 629
SEVERI (Francesco). — Sur la totalité des
courbes tracées sur une surface algé-
brique et les intégrales de Picard atta-
chées à la surface 36i
— Le théorème d'Abel sur les surfaces
algébriques 926
SIMON (L.-J.). — Action du permanganate
de potassium sur les sels d'hydroxyla-
mine (nitrate, phosphate, arséniate). 659
— Sur une méthode de dosage volumétri-
que de l'hydroxvlamine 724
SIMONET (A.) et VIGNON (Léo). - Dia-
zoaminés de la diphénylamine, dérivés
des homologues de l'aniline et des
naphtylamines 788
— Diazoaminés secondaires.
SOCOLOV(Serge) adresse une Note sur des
« Corrélations régulières remarquables
du système planétaire »
SOLVAY (Ernest). — Sur le problème dit
du trnvait statique ; essai de dissocia-
tion des énergies mises en jeu
— Sur le problème dit du travail statique :
io38
MM. Pages.
démarrage; considérations générales. 1721
SPARRE (de). - Au sujet de la déviation
des corps dans la chute libre 33
— Sur la déviation des corps dans la chute
libre 363
STEFANOWSKA (M"° M.). — Sur l'accrois-
sement de poids des substances orga-
niques et minérales dans l'avoine en
fonction de l'âge 58
— Sur la croissance en poids du cobaye. . 879
STÉPHANOS (Cyparissos). — Sur les
forces donnant lieu à des trajectoires
coniques 1 3 1 8
STERN (M"« L.) et BATTELLI (F.). — La
philocatalase et l'anticatalase dans les
tissus animaux 1 197
— Recherches sur le mode d'action de la
philocatalase 1 352
SY et RAMBAUD. — Observations de la
comète Giacobini (d 1904) faites à
l'Observatoire d'Alger, à l'équatorial
coudé de o™,3i8 46
— Observations de la comète Borrelly (e,
1904) laites à l'Observatoire d'Alger,
à l'équatorial coudé de 0°', 3i8 i54
— Observations de la comète Giacobini
(1905,0) faites à l'Observatoire d'Al-
ger, à l'équatorial coudé de o^iSiS. . 1007
TEISSERENC DE BORT (L.). - Variation
de la température quotidienne dans
la haute atmosphère 4G7
TEODORESCO (E.-C). - De l'action
qu'exercent les basses températures
sur les zoospores des Algues 522
THIROUX (M.). - L'infection du Paddce
orjzivora par le Trypanosoma paddœ
n'a pas de rapports avec l'infection de
cet oiseau par V Halteridium Dani-
lewskyi 1 09
TIFFENEAU. - Sur l'oxyde de méthoé-
thénylbenzène [mèthylstyrolène) i458
TIFFENEAU et FOURNEAU. - Sur quel-
([ues oxydes d'éthylène aromatiques
monosubstitués 1595
TISSOT (J.). — Les proportions des gaz
du sang artériel, pendant le cours de
l'anesthésie chloroformique, restent
invariables tant que la ventilation pul-
monaire reste à peu près normale — 384
— Recherches expérimentales sur les re-
lations entre la pression artérielle et
les doses de chloroforme absorbées;
l'examen continu de la pression arté-
rielle permet d'éviter sûrement tous
les accidents de l'anesthésie chlorofor-
mique, quel que soit le procédé de
chloroformisation employé 459
Étude expérimentale des conditions qui
déterminent la pénétration des vapeurs
de chloroforme dans le sang pendant
l'anesthésie chloroformique et de l'in-
fluence des variations de la ventilation
pulmonaire sur cette pénétration 681
Étude expérimentale des relations entre
la pression artérielle et la ventilation
pulmonaire dans l'anesthésie par le
chloroforme. Le polypnée est une cause
déterminante des accidents de la chlo-
roformisation 806
Figure en seconde ligne sur la liste des
candidats présentés à M. le .Ministre
de riustruction publique pour la chaire
TABLE DES AUTEURS.
[795
MM. Pages,
d' « Histoire naturelle des corps orga-
nisés » vacante au Collège de France
par suite du décès de M. Mnrej 353
TORRES ( L.). — Sur la stabilité longitudi-
nale des ballons dirigeables 1019
TOUCHET (Em.). —Sur une photographie
d'éclair montrant une incandescence de
l'air io3i
TOUPLAIN et BORDAS (F.). — Emploi des
centrifugeurs pour l'analyse des cacaos
et des chocolats 1098
— Nouvelle méthode d'analyse rapide du
lait 1099
TOURNEUX (L.) adresse un Mémoire inti-
tulé : « Un mal ancien du cuir et de
la peau. La guérison » 120
TRANNOY (R.) et MATIGNON (C). -
Combinaisons du chlorure desamarium
avec le gaz ammoniac i\\
TRÂYNARD (E.).— Sur une surface hyper-
elliptique 2i8et gSi
TRIBOT (J.). — Sur les rhaleurs de com-
bustion des tissus nerveux et muscu-
laire, en fonction de l'âge, chez le
cobaye 881
— Sur les chaleurs de combustion et la
composition chimique des tissus ner-
veux et musculaire chez le cob.iye, en
fonction de l'âge 1 565
TRIBOT (J.) et CHRÉTIEN (H.). — Sur
un hydrate colloïdal de fer obtenu par
électrodialyse et sur quelques-unes de
ses propriétés t44
TRILLAT (A.). — Sur les propriétés anti-
septiques de certaines fumées et sur
leur utilisation 797
TRILLAT (A.) et SAUTON. - Sur un nou-
veau mode de caractérisation de la
pureté du lait, basé sur la recherche
de l'ammoniaque 1266
TRILLAT et TURCHET. — Nouveau pro-
cédé de recherche de l'ammoniaque :
application pour caractériser la pureté
des eaux 374
TROOST. — M. le Président communique
un télégramme de M. Jean Charcot.. 617
— Annonce à l'Académie qu'en raison des
fêtes de Pâques la séance du lundi 24
rlM. Pages. •
avril sera remise au mardi 25 1077
— Annonce à l'Académie le décès de
M. Potier 1285
— M. le Président est invité, par M. le
Maire de la ville de Lamarche, à faire
partie du Comité de patronage pour
l'érection d'un monument au colonel
Renard 1225
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des prix
jocker, Cahours, Montyon (Arts insa-
lubres), La Gaze, Bordin pour 1905. . 1084
— Des médailles Arago, Lavoisier, Berthe-
lot et des prix Trémont, Gegner, Lan-
nelongue pour igoS 1 '69
— Du prix Wilde pour igo5, i lOg
— Du prix Saintour pour igo5 11C9
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question au
Grand prix des Sciences physiques
(Prix du Budget) pour 1907 1225
— Du même prix pour 1909 1225
— Du prix Bordin (Sciences physiques)
pour [908 '225
— De prix Vaillant pour igog 1225
— De prix Alhumbert pour igio 1225
TURCHET et TRILLAT. — Nouveau pro-
cédé de recherche de l'ammoniaque :
application pour caractériser la pureté
des eaux 374
TURCHINI (S.). — Variation de l'étincelle
équivalente du tube à rayons X 64g
— Sur les variations d'éclat données par un
tube do Crookes 1 1 3g
— Étude de la puissance radiographiquo
d'un tube à rayons X i325
TURCHINI et BROCA (André). - Sur la
variation du pouvoir inducteur spéci-
fique du verre avec la fréquence 780
— Sur la résistance des fils métalliques
pour les courants électriques de haute
fréquence i238
TZITZÉICA (G.). — Sur les équations dif-
férentielles linéaires du second ordre
renfermant un paramètre 223
— Sur les équations différentielles du se-
cond ordre renfermant un paramètre. 4g2
URBAIN (G.). — Sur la purification de la
gadoline et sur le poids atomique du
gadolinium
Sur un spectre nouveau observé dans
la gadoline ' 233
IJÇ)6
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
VAILLANT (Léon). — Le genre J/ahes de
Cuvier ! 1713
VAILLANT (P.). - De l'innuence de la
coiicentration sur les propriétés ma-
gnétiques des solutions de cobalt. . . . i632
VALEUIUAmand) et MOURKU (Charles).
— Sur lasparléine. Action de l'iodure
de méthyle 1601
— Sur la spartéine. Stéréoisomérie des
deux iodométhylates
VALLÉlî (E.)et ETARD(A.). - Sur la
pyrolyse de la gomme laque i6o3
— Errata relatif à cette Communication. lySe
VALLÉE et LAVERAN (A. ). - Sur un cas
de transmission par les ixodes de la
spirillose et de la piroplasmose
bovines i5i5
VALLUIS (L.) et FLEIG (G. ). — Le gra-
phique respiratoire chez le nouveau-
né 1422
VANEY (C.)et MAIGNON (F). — Varia-
tions subies par le glucose, le glyco-
gône, la graisse et les albumines solu-
bles au cours des métamorphoses du
Ver à soie • 1 192
— Influence ele la sexualilésur la nutrition
AxiBombyx mori aux dernières périodes
de son évolution. Localisation du gly-
cogène, des graisses et des albumines
solubles au cours de la nymphose. . . . 1280
— Errata relatif à cette Communication.. 1427
VAN TIEGHEM est élu membre des Com-
missions chargées de juger les con-
cours : des prix Gay, Tchihalchef pour
1905 1006
— Du Grand Prix des Sciences physiques,
des prix Desmazières, Montagne,
Thore pour 1903 1084
— Du prix Petit d'Ormoy ( Sciences natu-
relles) pour 1905 1224
— Est élu membre des Commissions char-
gées de présenter une question : de
Grand Prix des Sciences physiques
(Prix du Budget) pour 1907 1226
— Du même prix pour 1909 1225
— Du prix Bordin (Sciences physiques)
pour 1908 1225
VAN ' T HOFF est élu correspondant de
l'Académie pour la Section de Méca-
nique, en remplacement de M. W.
GM.f 8i4
— Adresse des remercimenis à l'Académie. 9>4
VARENNE (E.) et GODEFROY (L.). -
Sur l'anéthoglycol (glycol de l'ané-
thol) ". 591
VARET ( Raoul). — Recherches sur les
formiales de mercure 1G4 1
VAUTIER (Th.) et VIOLLE (J.). - Pro-
pagation des sons musicaux dans un
tuyau de 3" de diamètre 1292
VERNEUIL figure en première ligne sur la
liste de candidats présentée à M. le
Ministre du Commerce, de l'Industrie,
des Postes et Télégraphes pour la
chaire de chaux, ciments, céramique et
verrerie du Conservatoire national des
Arts et Métiers 1 524
VESSIOT (E.). — Sur les courbes
miniraa i38i
VIALA (P.) et MANGIN (L.). — Sur le
Stcarophnra raiiicirla. Champignon
des racines de la Vigne 1477
VIEILLE est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours ; des
prix Montyon (Mécanique), Fourney-
ron, Poncelet pour 1906 1006
— Du prix extraordinaire de la Marine et
du prix Plumey pour igoS looG
VIGNON (G. ) et COUTURIER (F.). - Sur
quelques nouvelles p-cétoaldéhydes. . 1695
VIGNON (LÉO). — Limite de copulation
du diazobenzèiie et de l'aniline 91
— Recherche du phosphore blanc dans le
sulfure de phosphore 1449
VIGNON (LÉO) et SIMONET (A.). —
Diazoaminés de la diphénylamine,
dérivés des homologues de l'aniline et
des naphlylamines 788
— Diazoaminés secondaires io38
VIL A (A.) et PIETTRE (M.). — Observa-
tions sur les bandes d'absorption de
l'oxyhémoglobine 390
— Étude spectroscopique de l'oxyhémo-
globine 685
— Speclroscopie du sang et de l'oxyhémo-
globine loGo
— Sur la mélhémoglobine i35o
— L'oxyhémoglobine de cobaye. Action des
fluorures 1707
ViLLARD (P.). - Sur lesilhouetlagepho-
TABLE DES AUTEURS.
1797
MM. Paces.
toijraphiqiie. Réponse à la Note de
U". A. Guébhard 785
VILLE (J.) et DERIIIEN (E.). — Modifica-
tion du spectre de la méthémoglobine
par le fluorure de sodium 743
— Sur une combinaison fluorée de la
méthémoglobine i igS
— Errata relatif à celte Communication.. 1427
— Sur la mélliémoglobine et sa combinai-
son fluorée
VIOLLE (J.). — Sur l'action des canons
paragréles
— Est élu membre de la Commission cliar-
i549
MM. Pages
gée de juger les concours des prix
Hébert, Hughes, Gaston Planté, La Caze
pour igoS looô
VIOLLE ( J. ) et VAUTIER ( Tu. ). — Propa-
gation des sons musicaux dans un
tuMiu de 3"" de diamètre i2()î
VRANCEANO(P.) et GUILLEMARD (H.).
— Sur la toxicité des alcaloïdes uri-
naires 1277
VUILLEMIN (Paul). - Hyphoïdes et Bac-
téroïdes 'jï
— Sur la dénomination de l'agent présumé
de la syphilis 1 567
w
WAHL ( A.) et BOUVEAULT ( L. ). - Sur la
non-existence de deux dioximidobuty-
rates d'élhyle stéréoisomères 438
VVALLERANT (Frédéric). — Sur les azo-
tates de potasse et d'ammoniaque et
sur la loi de Bravai.* 264
— Sur l'isudimorphisme.c 44? et 1045
— Sur les transformations polymorphiqiies
par actions mécaniques 1268
VVARCOLLIER (G.). — Sur la production
d'un cidre doux 171 1
WEISS (Pikrhe). — Propriétés de la pyr-
rhotine dans le plan magnétique i332
— Propriétés magnétiques de l'élément
simple de la pyrrhotine i532
— La pyrrhotine, ferromagnétique dans le
plan magnéli(|ue et paramagnétique
perpendiculairement à ce plan 1 587
WILDEMAN (E. de). - Deux lianes
caoutclioutifères méconnues 5i5
WINTUEBERT (L.). — Sur quelques os-
mionitriteset un nitrite d'osmium. .. . 585
VVOLF est élu membre de la Commission
chargée déjuger les concours des prix
Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de
Pontécoulant, Damoiseau pour 1905.. iuo6
VVOLFF (J.) et FERNBACH (A.). — Sur
la coagulation diastasiquede l'amidon. 95
— Influence de l'état de liquéfaction de
l'amidon sur sa transformation par les
diastases saecharifiantes 1067
— De quelques circonstances qui influent-
sur l'état physique de l'amidon i4o3
— Analogie entre l'amidon coagulé par
l'amylocoagulase et l'amidon de pois. . 1 547
YUNG (Emile). — Ue la cause des variations
de la louL'ueur de l'intestin chez les
larves de Ra/ia i:.\cukiHa 878
ZAHIKJANZ (.Gabriel) adresse une Noie
« Sur les lois fondamentales des
vapeurs et des gaz »
ZALACKAS (C). — Sur lanlidote de la
nicotine
ZEILLER(R.). — Sur les plantes houil-
lères des sondages d'Éply, Lesménils
et Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Mo-
selle)
Fait hommage à l'Académie d'une bro-
chuie « Sur une florule portlaii-
dienne des environs de Boulogne »,
MM.
publiée en collaboration avec M
Fliche 1,68
Est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : des
prix Delesse, Fontannes, AIhumbert
pour 1905 1084
TABLE DES AUTEURS.
Pages
Pages.
— Du Grand Prix des Sciences physiques,
des prix Desmazières, Montagne, Thore
pour 1905 1084
ZERVOS (P.). - Sur le problème de
Monge ,oi3
GAUTHIKR-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
36222 Paris. — Quai des Grands-Auguslios, 55.
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